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-The Project Gutenberg eBook of Conseils à un Jeune Homme pauvre qui vient
-faire de la littérature à Paris, by Maurice Magre
-
-This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and
-most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions
-whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms
-of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at
-www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you
-will have to check the laws of the country where you are located before
-using this eBook.
-
-Title: Conseils à un Jeune Homme pauvre qui vient faire de la
- littérature à Paris
-
-Author: Maurice Magre
-
-Release Date: April 10, 2021 [eBook #65052]
-
-Language: French
-
-Character set encoding: UTF-8
-
-Produced by: Laurent Vogel (This file was produced from images generously
- made available by The Internet Archive)
-
-*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK CONSEILS À UN JEUNE HOMME PAUVRE
-QUI VIENT FAIRE DE LA LITTÉRATURE À PARIS ***
-
-
-
-
- MAURICE MAGRE
-
- Conseils à un Jeune Homme
- pauvre qui vient faire de la
- littérature à Paris
-
-
- PARIS
- BERNARD GRASSET
- ÉDITEUR
- 49, Rue Gay-Lussac
-
- 1908
-
-
-
-
-DU MÊME AUTEUR
-
-
-POÉSIES
-
- _La Chanson des Hommes_.
- _Le Poème de la Jeunesse_.
- _Les Lèvres et le Secret_.
-
-CONTES
-
- _Histoire merveilleuse de Claire d’Amour_, suivie d’autres contes.
-
-THÉATRE
-
- _Le dernier Rêve_, 1 acte en vers (Odéon).
- _Le vieil Ami_, 1 acte en prose (Théâtre Antoine).
-
-EN PRÉPARATION
-
- _Velleda_, pièce en 4 actes en vers.
- _Le Marchand de Passions_, comédie en 3 actes, en vers.
- _Le jeune Homme_, comédie en 4 actes, en prose.
-
-
-
-
-I
-
-DE L’HOTEL GARNI
-
-
-O jeune homme qui viens faire de la littérature à Paris, qui as peu
-d’argent et pour la première fois apparais à la gare d’Orsay, arrête. Il
-est temps encore. Tu pourrais, ayant contemplé les quais mélancoliques,
-le Louvre bas, reprendre un train qui te remporterait vers la ville d’où
-tu viens. Tu gagnerais ainsi, peut-être, dix années de ta vie.
-
-Mais non! Tu te diriges allègrement vers le quartier latin, à pied, car
-une légende provinciale représente les cochers de fiacres, pauvres
-esclaves errants, comme des personnages injurieux et redoutables.
-
-Le choix d’un logis est une chose grave. Il faut payer d’avance le
-propriétaire de l’hôtel garni et tu seras condamné à rester un mois
-entier dans une chambre misérable, si tu cèdes à ta timidité et si tu
-acceptes la première venue, à cause de l’œil narquois du garçon qui te
-la fais visiter.
-
-Veille à ce que le numéro de cette chambre ne soit pas marqué sur la
-porte par un chiffre énorme. Tu entendras assez souvent dans l’hôtel des
-phrases telles que celles-ci:
-
-Les lettres du huit! Le huit a sonné! Une visite pour le huit!
-
-Tu souffriras de sentir ton nom dédaigné et tu ne peux te douter combien
-il te serait amer, de voir, à minuit, à la lueur de ta bougie qui
-vacille, se dresser encore ce numéro fatidique comme le symbole de ton
-existence, désormais anonyme, dans la grande ville.
-
-Veille encore à ce que cette chambre renferme une cheminée. Cela n’est
-point négligeable. Tes écrits se ressentiraient de cette absence. Ils
-seraient chétifs et grelottants, car il y a de grands vides sous les
-portes, et les fenêtres laissent passer l’air abondamment.
-
-N’examine pas les meubles. Ils sont laids et dégagent une odeur
-indéfinissable de vieilleries. Accoutume-toi à leur médiocrité. Seule la
-table mérite quelque intérêt. Si tu en soulèves le tapis, peut-être y
-trouveras-tu une curieuse inscription, attestant le passage d’un autre
-jeune homme semblable à toi.
-
-N’aie pas honte de la pauvreté de ton hôtel. Affecte au contraire d’en
-tirer vanité. Si quelque ami t’accompagne par la suite jusqu’à ta porte,
-raconte des anecdotes pittoresques sur ces vieux murs dont ton
-imagination te fournira les thèmes variés; parle des personnages
-illustres qui les ont habités. Ainsi tu seras aisément comparé à un
-héros de Balzac et même celui qui a un riche appartement enviera
-peut-être la fantaisie de ta vie.
-
-Crains cette grosse dame trop aimable et trop familière, cette gérante
-curieuse et bavarde. Elle te tend chaque soir ta bougie avec quelques
-paroles de bienveillance. Hâte-toi par un sourire complaisant de flatter
-la bonne tenue de sa maison, loue son esprit et même sa beauté, si elle
-y prétend encore.
-
-Car cette grosse dame jouit d’un pouvoir terrible et discrétionnaire.
-Elle peut te faire crédit des vingt francs que tu lui donnes tous les
-quinze jours pour la chambre où tu vis; elle peut au contraire
-empoisonner ton existence en te les réclamant âprement, elle peut
-t’obliger à t’enfuir de chez toi, le matin, avant qu’elle ne soit levée,
-pour ne rentrer que dans la nuit, quand elle dort.
-
-Crains-la aussi parce que sous le prétexte de faire ta chambre, elle
-compte ton linge, lit tes lettres, connaît ton existence aussi bien que
-toi.
-
-Et pourtant, souviens-toi aussi que lorsque le grand poète Oscar Wilde
-mourut dans un misérable hôtel de la rue des Beaux-Arts, un seul homme
-l’avait veillé à sa dernière heure, un seul homme suivit son enterrement
-et cet homme c’était son propriétaire.
-
-Sur le cercueil de l’auteur de _De Profundis_ il n’y avait qu’une
-couronne et sur cette couronne était écrit: A mon locataire!
-
-Qu’il soit beaucoup pardonné à la race persécutrice, avide du prix des
-chambres, en souvenir de celui qui apporta au grand homme abandonné de
-tous, le présent d’une suprême amitié.
-
-
-
-
-II
-
-LA QUESTION D’ARGENT
-
-
-L’argent! Tel est le problème quotidien et inexorable qui se posera
-d’abord à toi.
-
-Tu t’apercevras vite qu’à Paris, plus qu’ailleurs, les hommes sont
-divisés en deux catégories: ceux qui ont de l’argent et ceux qui n’en
-ont pas.
-
-Dans l’œil de ton interlocuteur, tu liras cette question: Comment
-vivez-vous? De quelle somme disposez-vous par mois?
-
-L’argent est en apparence bien caché dans la poche du gilet, dans le
-portefeuille. Et pourtant on le voit. La qualité de la cravate, la
-finesse du parapluie, la forme du chapeau parlent de lui, disent qu’il
-est là avec sa grande puissance. Mais si ta main porte un gant troué,
-cache-la bien dans ta poche. Par le petit trou du gant s’enfuirait toute
-l’illusion de la richesse.
-
-L’homme riche se reconnaît aussi à l’assurance. Il ose s’impatienter
-bruyamment dans les restaurants si on ne le sert pas assez vite. Il ose
-entrer dans un magasin, examiner mille objets et s’en aller sans en
-avoir acheté un seul, tandis que l’homme pauvre au contraire préfère
-prendre et payer un livre dont il n’a pas besoin, un chapeau qui ne lui
-va pas, plutôt que d’être jugé pauvre par l’œil sévère du marchand.
-L’homme riche ose donner un pourboire de deux sous à un cocher, en
-prétextant qu’il n’a justement pas de monnaie pour lui donner davantage,
-insoucieux de l’injure et du mépris du cocher, parce qu’il est riche.
-
-Quand tu comparaîtras devant un concierge un jour de pluie, la boue de
-tes souliers ne sera considérée comme un danger pour l’escalier que si
-tu as l’air timide et minable. La boue du riche ne tache pas. Dans le
-métropolitain, quand tu monteras en première avec un billet de seconde,
-l’employé, pour te réclamer dix centimes sera insolent, si tu sembles
-pauvre, obséquieux si ton aspect est élégant. Le riche est censé ne
-jamais duper.
-
-Il faut donc que tu paraisses avoir de l’argent de même que si l’on veut
-conserver un ami, il faut paraître heureux, simuler la joie.
-
-Pour cela, utilise ton argent avec sagesse, bien plus pour le superflu
-que pour le nécessaire.
-
-Ce n’est pas pour tes plaisirs que tu auras besoin d’argent. Après
-t’être étonné de la difficulté que l’on a à se procurer le moindre
-billet de théâtre et avoir admiré en secret ces innombrables gens qui
-disent «avoir leurs entrées partout», tu verras vite qu’en somme à Paris
-les plaisirs sont gratuits pour un jeune homme intelligent, parce qu’au
-lieu d’être la satisfaction de désirs immédiats ils sont faits du
-sentiment que l’individu progresse et s’agrandit.
-
-Les omnibus, le métropolitain, les consommations que tu prendras à côté
-des grands poètes des cafés constitueront presque toutes tes dépenses.
-Les modestes ressources dont tu disposes disparaîtront bien vite par la
-lente usure des petites sommes. N’hésite pas à manger mal dans des
-endroits obscurs et parmi des humbles, car les œufs et les légumes sont
-bons partout et ce superflu, qu’est un fiacre, si tu l’offres à propos,
-peut avoir une portée infinie sur l’ensemble de ta vie.
-
-Arrange-toi pour que tu n’aies pas sensiblement moins d’argent à la fin
-du mois qu’au commencement. Sans doute un de tes amis, étudiant ou
-écrivain, se flattera de manger en trois jours la pension de sa famille.
-C’est un prestige très grand qui tient à la fois de la splendeur des
-orgies et de l’attrait de la générosité. Ne t’y laisse pas prendre. Cet
-ami a certainement un oncle très riche auquel il peut écrire, ou bien il
-ment: il n’a reçu aucune pension et il n’a par conséquent, aucune peine
-à ne pas avoir d’argent. Tu serais forcé de porter ta montre au
-Mont-de-piété et l’on ne peut se passer d’une montre à cause de
-l’exactitude aux rendez-vous qui est indispensable. De plus tu
-négligerais de la retirer, et ainsi tu serais volé, n’ayant eu que le
-quart de sa valeur.
-
-A la dernière extrémité, vends plutôt les livres que tu possèdes. Mais
-s’ils t’ont été offert par quelque grand homme désireux de popularité
-parmi la jeunesse, gratte avec soin et habileté la dédicace.
-
-Au café, ne permets jamais à un plus pauvre que toi de payer les
-consommations. Mais, si tu peux, laisse ce soin à un plus riche.
-
-Aie toujours sur toi un sou neuf et même fais-le reluire chaque matin
-avant de sortir. Car avec ce sou neuf que tu tireras tardivement de ta
-poche, tu peux faire le geste de payer en laissant croire à la présence
-d’un louis.
-
-Tu n’es pas l’obligé de celui qui t’invite à déjeuner. Le sentiment de
-sa générosité, le plaisir de ta conversation ont largement dédommagé ton
-hôte des quelques francs qu’il a dépensés pour toi. Évite le mouvement
-spontané qui te poussera à louer le choix et l’abondance inusitée des
-mets. Il te sera ainsi épargné un fin sourire sur le visage de ton
-interlocuteur.
-
-Sache-le bien: Il n’y a pas de question d’argent pour qui méprise
-l’argent. Si tu as un ami millionnaire, ne sois pas, vis-à-vis de lui,
-arrogant comme certains orgueilleux, flatteur comme un parasite. Sois
-son égal, exactement comme si la formidable différence de la richesse
-n’existait pas.
-
-
-
-
-III
-
-IMPORTANCE DES HABITS
-
-
-Il ne faut jamais vendre ses habits. Dîne plutôt seul dans ta chambre,
-d’un morceau de pain et d’un peu de charcuterie sur un journal,--ce qui
-est le comble de l’horreur,--adresse-toi plutôt, si tu as trop besoin
-d’argent, à un gérant de café, en simulant pour cette occasion une
-personnalité joviale et familière, mais ne vends jamais tes habits.
-
-Ce sont eux qui te donnent ton assurance et ta fierté, qui te permettent
-de regarder le soir, à la lueur des becs de gaz, marcher à côté de toi
-ton ombre, une ombre honorable et connue, dont tu admires l’aisance et
-qui, elle, n’a pas l’air de ne pas avoir d’argent. Tu sais bien quelle
-triste allure ont les vieux complets qu’on a trop mis, dont les coudes
-luisent et où il y a des taches imparfaitement nettoyées. On est humble
-sous un costume humble. On est un jeune homme instruit, plein d’avenir,
-dans un complet neuf.
-
-On est aussi un jeune homme distingué et élégant, ce qui est très
-important pour l’amour, pour les merveilleuses possibilités de la rue.
-
-Les conducteurs d’omnibus, les domestiques, les garçons de café sont
-tous sensibles au costume. Tu devras mille petites faveurs de la vie à
-ton apparence extérieure.
-
-Un de mes amis vécut plus d’un an à Paris avec cinquante francs par
-mois. Il habitait une mansarde dont le plafond était moins haut que sa
-taille; il n’avait pas de meubles et il couchait sur des journaux
-froissés. Il dut sa force de résistance et son salut à une cape
-espagnole. Que lui importait en effet les privations, le froid, la
-misère! Il avait le sentiment d’être le jeune homme le plus beau et le
-plus romantique du monde.
-
-
-
-
-IV
-
-LES MAITRESSES
-
-
-Tu t’émerveilleras de la grande quantité de femmes que renferme Paris.
-Les coupés qui glissent vers le Bois de Boulogne, le frémissement des
-dessous luxueux, les visages ennuyés des grandes courtisanes,
-t’impressionneront profondément.
-
-Renonce d’abord à une illusion trop répandue. Tu n’auras pour maîtresse
-ni une femme du monde, ni une actrice célèbre. Ne demande pas pourquoi.
-Considère cela comme une vérité supérieure qu’il ne faut pas discuter.
-
-Il est vain d’importuner Liane de Pougy ou la belle Otero de lettres
-élégiaques. Sache bien que les lettres d’amour, quelle que soit leur
-beauté, n’ont aucune espèce d’influence sur cet ordre de femmes. Seules,
-des actions inattendues et audacieuses pourraient te servir. Mais tu as
-encore trop de timidité provinciale en toi pour en être capable.
-
-Tu connaîtras, dans des concerts, des jeunes filles qui sortent du
-Conservatoire, qui sont à l’Odéon et tu feras même dire des vers par
-l’une d’elles. Mais ne lui écris pas de lettres d’amour, surtout ne
-l’aime pas. Tu ne seras jamais qu’un étranger pour cette personne qui,
-vivant dans la compagnie de héros littéraires nourris d’un idéal
-sublime, n’a pas gardé pour elle-même la moindre parcelle d’un idéal
-quelconque.
-
-Elle ne saurait aimer qu’un maître dans son art, un de ces hommes rasés
-et simples qui ont vingt ans de théâtre derrière eux et assez d’autorité
-pour les tutoyer, la première fois qu’ils les voient.
-
-Tu auras donc les femmes des cafés, les modèles de tes camarades
-peintres, peut-être une couturière dont tu feras connaissance au
-restaurant, les maîtresses de tes amis. Mais les femmes des cafés sont
-vénales et, quand elles sont désintéressées, toute l’ambition de leur
-génie consiste à boire une quantité illimitée de boissons américaines
-jusqu’à une heure très tardive. Les modèles sont mal faits et épris des
-seuls peintres. Un abîme d’ennui te séparera de la couturière; les
-maîtresses de tes amis seront toutes laides.
-
-Résigne-toi donc à vivre sans maîtresse, profitant seulement de
-l’aventure amenée par le hasard. Regarde les portes qui s’ouvrent quand
-tu montes l’escalier, les fenêtres qui sont en face des tiennes, la
-boutique derrière les vitres de laquelle rêve peut-être un visage
-charmant. En choisissant ta chambre, tu as décidé de ta vie
-sentimentale, car pour une femme ordinaire le prestige d’être un voisin
-est plus grand que celui d’être beau ou illustre. Souviens-toi, du
-reste, que ceux qui passent leur temps à chercher des femmes n’en ont
-guère plus que ceux qui ne s’en occupent pas.
-
-Prends souvent le métropolitain. Ce lieu est favorable à des rencontres
-fortuites. Est-ce le sentiment de la vitesse, l’air irrespirable, la
-chaleur, la proximité des corps? il n’importe! Mais le regard des femmes
-est plus bienveillant qu’ailleurs, les moyens d’entrer en conversation
-sont plus aisés.
-
-Évite les grands magasins: on y fait des achats. Ne crains pas d’offrir
-le thé et les gâteaux: Tu seras un homme distingué.
-
-Si tu invites à dîner, parle de suite d’un curieux petit restaurant où
-il y a des peintres et où la cuisine est exceptionnelle. Tu peux alors
-aller chez n’importe quel modeste marchand de vins dont les prix sont en
-rapport avec tes ressources. Il te suffira de demander en entrant si M.
-Willette n’est pas venu ce soir, pour parer cet endroit, aux yeux de ta
-compagne, de tout le charme de la vie des artistes.
-
-Ces sortes de liaison commencent dans les fiacres. Elles sont éphémères
-comme une course à deux francs l’heure.
-
-Il vaut mieux. La vie à deux sans argent est un abîme de tristesse, même
-quand on aime. Sacrifie l’amour dès l’origine. Il te paralyserait,
-limiterait ton action et tu le verrais mourir tout de même, à cause des
-draps qu’on ne change pas assez souvent, de l’odeur de la cuisine qu’on
-fait chez soi, du repas pris parmi tes livres, à cause de cette rancune
-qu’engendre la pauvreté à deux.
-
-Reste seul, travaille davantage, applique-toi à conquérir les hommes, ce
-qui est bien plus important que de conquérir les femmes.
-
-Et dis-toi qu’il y a, avec une immense mélancolie, quelque douceur
-pourtant, dans le souvenir d’une main qui t’a échappé sans t’avoir donné
-toute sa chaleur, dans le souvenir d’un beau et cher visage disparu...
-
-
-
-
-V
-
-MANIÈRE DE SE CONDUIRE AVEC LES HOMMES INFLUENTS
-
-
-Étant sans maîtresse attitrée, tes jours seront libres. Le plus grand
-danger qui te guettera est celui des cafés où il fait chaud, l’hiver, où
-il y a des amis joyeux qui causent et boivent. N’y demeure qu’autant que
-cela sera nécessaire à resserrer des liens précieux d’amitié. Va dans la
-vie, n’importe où, au hasard, il y a une récolte dans chaque milieu.
-
-Tu verras des êtres divers; des antipathies et des sympathies naîtront
-autour de toi. Tu feras un choix et ta personnalité trouvera son chemin
-comme une rivière se creuse dans une montagne qu’elle descend.
-
-Ne va pas juger si un homme est important d’après son costume. A une
-certaine hauteur l’artifice du vêtement est inutile. L’homme important
-sait bien que sa puissance se dégage naturellement autour de lui comme
-une atmosphère. Tu seras même bien étonné un jour si tu vas aux courses,
-quand on te désignera un homme très modestement vêtu et qu’on te dira:
-C’est un Rothschild.
-
-Du reste l’estime d’un honorable pauvre est plus précieuse quelquefois
-que l’amitié d’un ministre.
-
-Mais songe que tes plus grands ennemis sont en toi. Ils sont cet afflux
-du sang à tes joues, cette paralysie déplorable qui te fera bégayer, te
-donnera une apparence humble et modeste, quand tu seras en présence du
-directeur du _Figaro_, ou de celui de l’Odéon. Tu serais jugé d’un coup
-d’œil, classé pour la vie, et sans que ce jugement soit susceptible
-d’appel, dans la catégorie des personnages de troisième plan, qu’on fait
-attendre, qu’on reçoit debout, auxquels on n’accorde que quelques
-minutes, qu’on ne croira jamais susceptibles de grandes choses.
-
-Résiste à cette voix qui te pousse à dire tout de suite à l’homme
-influent que tu vas solliciter: Mais oui, ma demande est exagérée et
-absurde. Il est légitime que vous la repoussiez. Excusez-moi de vous
-avoir dérangé.
-
-Ne tombe pas dans un excès contraire d’audace simulée; ne te flatte pas
-d’une influence illusoire sur tes camarades, ou d’une ambition démesurée
-que tu n’as pas: ce serait plus fâcheux encore; tu serais considéré
-comme un de ces dangereux arrivistes dont il faut refréner l’ardeur,
-dont on peut tout craindre.
-
-Ne sois pas trop aimable; ne sois pas timide, là est l’essentiel. Songe
-que toutes les fois que tu seras en présence d’un homme dont dépendra ta
-destinée, auquel tu viendras demander quelque chose, un combat obscur se
-livrera. Tu seras comme un guerrier désarmé qui attaque seul une immense
-ville fortifiée. Pour ne pas mourir, ne perds jamais de vue la
-conscience favorable que tu as de toi-même.
-
-
-
-
-VI
-
-LE PRESTIGE DU MONDE
-
-
-Tu seras invité certainement à quelque soirée, chose très honorifique
-dans ta situation. Cela te permettra d’écrire à tes parents: «Je vais
-beaucoup dans le monde, ces temps-ci.» Et la vision qu’ils auront
-aussitôt de toi, récitant des vers devant une cheminée, sous les
-lustres, parmi les acclamations de femmes couvertes de bijoux, sera
-douce à ces cœurs simples.
-
-Il se peut, il est vraisemblable que tu aies un habit. Si tu n’en
-possédais pas cependant, sache qu’il est, rue Saint-André-des-Arts, une
-boutique modeste où tu pourras en faire achat, moyennant une somme
-dérisoire. Là, une foule d’habits reposent, couchés les uns sur les
-autres. Certainement il en sera un à ta taille. Tu l’essaieras dans la
-boutique même. Veille pendant cette minute à ce qu’on ne t’aperçoive pas
-de la rue. Mais ce serait un bien grand hasard si Mlle Sorel ou la
-comtesse de Noailles passaient justement par là et regardaient à travers
-les carreaux.
-
-Tu entreras dans le monde, ivre de fierté et tremblant de peur. Tu
-t’émerveilleras d’abord, que tout aille si bien, que tu puisses saluer
-avec autant d’élégance, être présenté à des gens importants, prononcer
-des paroles suffisantes, serrer la main à droite et à gauche. Le sourire
-de la maîtresse de maison aura eu l’air de te marquer une estime
-particulière. La médiocrité incroyable des propos que tu entendras te
-rassurera peu à peu, te rendra l’estime de toi-même perdue dans la
-détresse du début.
-
-Alors, tu verras, dans un coin, un homme semblable à toi, mais plus
-modeste, plus timide, plus épouvanté, avec un habit frère du tien. Son
-œil triste, son attitude gênée, quelques mots prononcés à voix basse sur
-l’extrême chaleur, mendieront une parole de toi. Tu pourrais lui donner
-ce que tu cherches toi-même, un appui, le sentiment qu’il n’est pas
-absolument seul. Mais non! dans ta folie orgueilleuse, tu le mépriseras,
-tu pactiseras avec les hommes élégants, aux nœuds de cravates
-impeccables, avec la foule des ennemis.
-
-Plein de ta confiance en toi retrouvée, tu feras quelque démarche
-hardie, tu traverseras le salon, tu apercevras ta silhouette dans une
-glace et tu n’en seras pas mécontent.
-
-Cela durera jusqu’à la minute où tu auras regardé trop attentivement une
-jeune fille, une jeune fille dont le costume compliqué, les cheveux
-fins, la grâce délicate résumeront pour toi tous les charmes du monde
-parisien. Tu verras son regard froid et attentif, plein de curiosité,
-longuement fixé sur tes pieds. Ce regard sera sans mépris, sans ironie
-même, ce sera un regard qui constate, qui enregistre. Il enregistrera la
-forme surannée de tes bottines, la chute maladroite de ton pantalon.
-Pour la première fois de ta vie tu penseras à tes pieds et à leur grande
-importance.
-
-Avec une moue presque imperceptible, le visage charmant se sera détourné
-pour jamais. Tu regarderas autour de toi et tu t’apercevras que toutes
-les bottines voisines sont vernies et semblent neuves, tandis que les
-tiennes sont seulement cirées avec soin et déformées par des marches
-anciennes.
-
-Un horrible génie de comparaison naîtra tout d’un coup dans ton âme. Tu
-auras honte de tes cheveux trop longs, de ton col trop large, de ton
-gilet trop étroit. Ton pantalon te sera odieux parce qu’il n’aura pas de
-pli. Tu haïras ta mère ou ta sœur parce qu’elle t’aura donné tes boutons
-de manchettes. Ton habit se sera soudain fané sur ton dos; une tache que
-tu n’avais pas vue, se mettra à briller comme un phare. Le parfum de la
-benzine s’élèvera de tes gants nettoyés.
-
-Tu chercheras en vain celui que tu avais reconnu comme un homme de ta
-race, pour t’affliger avec lui de la stupidité immense des gens du
-monde. Trop tard! il aura déjà fui.
-
-Crois-moi. Gagne alors le buffet. Ces petits avantages que sont le vin
-et les gâteaux t’y attendent. L’être grossier qui est en toi pourra se
-dire que la soirée n’a pas été absolument perdue si le champagne était
-bon. C’est une curieuse illusion qui te fait croire que le maître
-d’hôtel te suit de l’œil et compte ce que tu prends. Cet homme solennel
-est sans ironie et pourquoi serait-il avare de richesses dont il
-dispose, mais qui ne sont pas les siennes?
-
-Il sera deux ou trois heures du matin quand tu sortiras. Les voitures,
-la nuit, coûtent un prix exorbitant. Tu rentreras tristement à pied.
-Mais, à mesure que tu t’éloigneras, tu t’apercevras que ton pas résonne
-avec autorité dans la rue vide, ton habit retrouvera son prestige perdu,
-tu entrouvriras même ton pardessus pour qu’un passant l’aperçoive et ait
-une haute idée de cette élégance.
-
-La fatigue, le champagne et ta jeune imagination te donneront le
-sentiment d’une vie mondaine de plaisirs. Et malgré tes déboires, quand
-tu arriveras à ta porte, tu sonneras avec un certain orgueil et la
-négligence du noceur blasé.
-
-
-
-
-VII
-
-POSSIBILITÉ DE FAIRE FORTUNE PAR LE JEU
-
-
-Les déceptions du monde inclineront ton esprit à des réflexions amères.
-Vers cette époque, longeant le fleuve d’or, de billets de théâtre et
-d’amours qui coule entre la Madeleine et la Porte Saint-Martin, tu
-rencontreras un ami peu connu de toi, qui te tutoiera et t’offrira de te
-protéger. Tu lui raconteras tes ennuis et il rira, te tapera sur
-l’épaule en t’affirmant qu’il peut te faire gagner beaucoup d’argent. Il
-te conduira dans des cercles. En ne jouant que sur certains coups sûrs,
-l’homme patient et qui a de la volonté gagne sans aucun risque, te
-dira-t-il.
-
-Tu glisseras, plein d’anxiété sur son sort, une pièce de cinq francs sur
-un de ces coups. Un hasard très rare voudra justement que tu perdes
-malgré toutes ses prévisions. Une somme plus importante confiée à ton
-nouvel ami partant pour les courses, disparaîtra de la même manière,
-contrairement au calcul et à la raison.
-
-Cela vaut mieux. Seuls, peuvent vivre du jeu, des personnages passagers,
-sans autre but précis que celui d’avoir de l’argent, sans foi en
-eux-mêmes. Tu n’es pas de ceux-là. Ne regrette ni l’illusion du luxe que
-donne le cercle, ni le dîner qui ne coûte rien, mais qu’il faut payer de
-conversations avec des vieillards, épaves de tous les mondes, que l’on
-ne trouve que là.
-
-Renonce au salon solennel où il y a tous les journaux illustrés, à
-l’orgueil d’être connu par des domestiques en uniforme.
-
-Les cartes à jouer ont un double visage. Pour avoir tes quelques sous,
-elles te tendent des billets de banque. Ne te laisse pas prendre à cette
-ruse grossière.
-
-
-
-
-VIII
-
-LES PETITES ANNONCES: EMPRUNTS, BEAUX MARIAGES, MAITRESSES
-DÉSINTÉRESSÉES
-
-
-En lisant le journal, un samedi, tu découvriras que la vie est riche et
-qu’elle s’offre à toi dans son infinie variété.
-
-Petites annonces du journal, vous êtes le paradis des espérances! Après
-t’être émerveillé de l’extraordinaire prospérité du commerce des vieux
-dentiers, tu liras avec allégresse l’offre d’un monsieur qui offre à
-n’importe qui de prêter n’importe quelle somme d’argent.
-
-Paris est plein de philanthropes qui ne demandent pas mieux que de
-favoriser de jeunes écrivains comme moi, te diras-tu. Le tout est d’être
-en relation avec eux; le journal est pour cela un commode intermédiaire.
-
-Ce philanthrope habite très loin, dans un faubourg. Sa maison est une
-misérable maison ouvrière. C’est sa femme qui vient ouvrir la porte et
-elle regarde anxieusement celui qui arrive comme si on venait l’arrêter.
-Le philanthrope est derrière un petit bureau; il est mal vêtu et mal
-rasé; il demande sévèrement au visiteur ce qu’il veut.
-
-Tu crains de t’être trompé, tu balbuties, tu parles confusément d’un
-emprunt possible. Alors l’homme sourit; il a vu d’un coup d’œil que tu
-es honorable, il comprend que tu as de l’avenir; il demande de quelle
-somme tu as besoin. Tu dis un chiffre; cinq cents francs par exemple. Il
-rit aussitôt parce que c’est une toute petite somme très facile à
-prêter.
-
-Tu le suis des yeux; l’argent est là dans un tiroir, il va te le donner
-tout de suite. Quel philanthrope!
-
-Il te promet en effet de te le donner, mais dans trois jours seulement.
-Il a une absolue confiance en toi mais les affaires sont les affaires.
-Il faut qu’il ait d’ici là une fiche de renseignements; c’est une simple
-formalité, l’usage de la maison. Les frais de cette fiche que donne une
-agence sont à la charge de l’emprunteur, bien entendu. Tu trouves cela
-trop légitime et tu lui donnes avec joie une somme qui varie entre trois
-et quinze francs. Vous vous quittez les meilleurs amis du monde et il
-doit t’écrire le surlendemain.
-
-Tu n’en entends plus jamais parler. Si tu en conçois quelque regret,
-console-toi en songeant que le philanthrope prêteur d’argent n’aurait
-peut-être pas dîné ce soir-là, ainsi que sa femme et ses enfants, sans
-l’argent de ta fiche. Et il ne t’a trompé en somme qu’à demi. Il a des
-renseignements sur toi; il sait désormais que tu es un jeune homme
-honorable. Celui qui vous offre à dîner n’est-il pas toujours honorable?
-
-Il y a aussi dans les petites annonces, de beaux mariages et des
-maîtresses désintéressées. Tu pourras te dire, qu’en effet, une foule
-d’admirables jeunes filles sans relations, d’étrangères aux yeux
-langoureux, de femmes désireuses de nouveauté mettent des annonces dans
-le journal.
-
-Cette distraction est inoffensive. Elle ne coûte qu’une boîte de papier
-à lettre élégant, des timbres, des démarches à la poste restante. Tu
-iras dans des kiosques d’omnibus, tenant à la main soit un bouquet de
-fleurs, soit un numéro du journal, comme signe de reconnaissance. Il
-t’arrivera d’y trouver une femme ayant passé la cinquantaine qui te fera
-fuir aussitôt. Il t’arrivera de te tromper, d’aller parler à des dames
-qui attendent simplement l’omnibus et d’être fort mal accueilli. Il
-t’arrivera d’être en butte à la moquerie de plusieurs jeunes gens,
-auteurs des lettres que tu auras reçues et qui seront venus guetter ta
-déconvenue.
-
-Peut-être un jour, sur l’offre d’une dot de plusieurs millions, iras-tu
-dans une agence matrimoniale. Mais quand une personne âgée, en te
-regardant bien en face, te demandera combien tu gagnes par an, tu te
-troubleras, tu diras qu’il ne s’agit pas de toi, que tu viens de la part
-d’un de tes amis fort riche et tu t’en iras en maudissant les petites
-annonces, ce marché trompeur de l’espoir, à un franc soixante-quinze la
-ligne.
-
-
-
-
-XI
-
-FAUT-IL AVOIR UNE SITUATION?
-
-
-Tu chercheras une situation et voilà le plus grand danger qui te guette,
-ta vie ou ta mort, selon ton étoile bonne ou mauvaise.
-
-Sur les dix personnes auxquelles tu te seras adressé, amis de ton père,
-députés de ton pays, vieilles dames qui ont beaucoup de relations, il y
-en aura neuf qui te promettront de faire des démarches et de décrire
-bientôt et dont tu n’entendras plus parler. Tu n’en seras qu’à demi
-fâché, l’état de celui qui cherche une situation est agréable parce
-qu’il est au bord de l’imprévu.
-
-Mais la dixième personne, un homme bienveillant, oisif et protecteur,
-sera saisi pour toi d’une mystérieuse activité, d’un inquiétant désir de
-te voir casé. De quelle reconnaissance ne devras-tu pas être chargé à
-l’égard de ce terrible ami! Il fera des visites avec toi, écrira des
-lettres élogieuses sur ton compte, et cela sans raison, à cause de la
-sympathie personnelle que tu lui auras inspirée. Il t’annoncera enfin
-qu’il a trouvé une situation sérieuse, un poste sûr.
-
-C’est alors qu’il te faudra un grand courage.
-
-Ce poste sûr tu dois le refuser, si quelque espérance est en toi, si
-quelque vertu t’anime. Mieux vaut déjeuner encore pour quelques sous,
-être un sujet de colère pour ta repasseuse, courir dans la rue lorsqu’il
-fait trop froid, ne plus revoir l’ami de ton père actif et bon.
-
-Tout jeune homme qui vient à Paris trouve cette situation. C’est une
-machine quelconque aux rouages inexorables, société industrielle, grande
-maison d’édition, compagnie d’assurances où il est jeté et broyé pour
-cent cinquante francs par mois avec la certitude d’en avoir deux cents
-dans dix ans.
-
-N’accepte pas, meurs plutôt.
-
-Surtout ne te dupe pas toi-même en acceptant à titre d’essai pour deux
-ou trois mois. La servitude dans laquelle tu tomberais, l’amitié de tes
-compagnons médiocres, les petits bonheurs du dimanche feraient
-rapidement de toi un lâche dont les désirs sont bornés. Tu perdrais
-l’habitude de l’effort véritable, qu’on accomplit pour soi-même,
-librement. Peut-être finirais-tu par croire que tes sept heures
-d’écriture constituent un louable travail. Tu serais invité dans de
-petits appartements par d’autres employés où des femmes laides mais
-laborieuses font le ménage, préparent le dîner. Le charme de la pauvreté
-propre et honnête te saisirait. Tu te trouverais des prétextes pour
-attendre les cent cinquante francs du mois suivant. Il te faudrait plus
-de force pour vaincre l’espérance misérable de cent cinquante francs,
-qu’il ne t’en a fallu pour vaincre ta province coalisée et venir à
-Paris.
-
-N’accepte que des situations incertaines. Les nouveaux journaux, les
-théâtres qui se fondent, les cabinets des ministres, si cela t’est
-possible, doivent être plus désignés à ton ambition, parce qu’ils sont
-passagers par leur nature. Tes maîtres n’exigeront pas trop de toi pour
-que tu n’exiges pas trop d’eux-mêmes. Ce seront des hommes dans ton
-genre avec quelques années de plus.
-
-Ne prête pas d’attention au mépris apparent que pourront te témoigner
-des médiocres, parce que tu ne gagnes pas un argent régulier.
-
-Si tu rencontres un ami arrivé, jadis semblable à toi, aujourd’hui bon
-fonctionnaire, richement marié et s’il te prend en pitié à cause de ton
-état instable, appuie-toi pour résister à son hypocrite sympathie, sur
-l’amour de toi-même, comme sur une colonne de marbre. Pardonne-lui
-l’excès de bonté qu’il te témoigne puisqu’il ne soupçonne même pas
-quelle hauteur tu veux atteindre.
-
-
-
-
-X
-
-LA RICHESSE QUE DONNE L’AMITIÉ
-
-
-Tâche d’avoir des amis.
-
-On les acquiert d’abord par son visage bienveillant, la facilité qu’on a
-à saluer des gens peu connus, à serrer des mains qui se tendent. Le goût
-des conversations sympathiques, l’amour qu’on a des autres et de
-soi-même font vite que beaucoup de gens ont du plaisir à vous voir.
-
-Mais ce n’est pas assez. Il faut choisir. Ne laisse pas au hasard d’une
-rencontre, à un voisinage, le soin de te donner des amis.
-
-Une fois que tu auras élu un ami dans ton cœur ne crains pas de
-l’importuner par des visites inattendues, des politesses excessives. Ne
-te laisse pas rebuter par sa froideur. Tu lui apportes, avec la
-prédilection de ta sympathie, une immense richesse, la même que tu
-attends de lui. Il comprendra forcément à la longue quel avantage vous
-avez tous deux à ce commerce idéal.
-
-Ce n’est jamais une aide matérielle que tu dois attendre de l’amitié.
-Garde-toi par exemple d’emprunter de l’argent à ton ami, même si tu l’as
-entendu déclarer plusieurs fois que l’argent est une chose méprisable,
-que lorsque l’un en a, l’autre doit en avoir, etc. On ne sait jamais
-jusqu’où plongent les racines de l’intérêt. Observe une semblable
-réserve si ton ami est très riche.
-
-Les biens de l’amitié sont plus précieux que n’importe quelle somme
-d’argent. Ils sont le sentiment que l’effort est partagé, que l’action
-solitaire qu’on accomplit est agrandie par la sympathie de l’ami, que
-l’injure qu’on reçoit, l’échec qu’on éprouve est diminué, rendu
-insignifiant ou plaisant par les commentaires favorables qu’en fait
-l’ami.
-
-Rends avec soin ce qui t’es donné dans ce domaine. Intéresse-toi aux
-moindres faits de la vie de ton ami, au récit de ses amours, aux détails
-de son budget, à ses souvenirs de service militaire.
-
-Ne dis jamais de mal de lui, car tout se sait. Surtout n’en pense pas
-quoi qu’il fasse. Aie pour lui la même indulgence que pour toi.
-
-S’il a une maîtresse, ne lui fais pas la cour. Elle se hâterait de l’en
-prévenir, en amplifiant ton audace, en transformant en perfidie ton goût
-naturel des femmes. Ne va pas non plus être trop froid à son égard, ne
-la regarde pas avec une complète indifférence. Elle te considérerait
-alors comme un mortel ennemi, elle t’accuserait de vouloir la faire
-rompre avec son amant et il lui serait très aisé de te brouiller avec
-lui; l’amour a toujours le pas sur l’amitié.
-
-Fais donc entendre une bonne fois à cette maîtresse par quelque parole à
-double sens que c’est elle que tu aurais aimée si l’amitié sacrée ne
-vous avait pas séparés irrévocablement. N’en parle plus jamais ensuite.
-Sa vanité sera satisfaite et elle attribuera tes indifférences pour elle
-à un scrupule sublime.
-
-N’attends aucun service de tes amis. Quand ils demanderont quelque chose
-pour toi ce ne ne seront que des choses très modestes, bien au-dessous
-de ta valeur. Tu t’étonneras que des êtres qui t’aiment, dont tu as
-éprouvé les sentiments, te méconnaissent ainsi, ne te jugent digne que
-d’avantages tellement médiocres que tu ne pourrais les accepter sans
-honte.
-
-Cela tient à ce qu’ils ne te situent pas dans la vie. L’amitié leur a
-révélé tes faiblesses. Ce sont elles qu’ils voient, plutôt que tes
-qualités.
-
-Seuls, des hommes que tu connais à peine oseront te rendre de vrais
-services. Tu auras à leurs yeux le prestige d’un talent qu’ils ignorent,
-dont ils ne savent pas les petits côtés.
-
-Tes amis ne peuvent t’offrir que la douceur de la main tendue, des
-projets qu’on fait ensemble, des espérances qu’on partage, le plaisir
-inestimable de se raconter l’un à l’autre...
-
-Et c’est bien assez.
-
-Mais, crois-moi, garde-toi de t’enorgueillir d’amitiés puissantes ou
-illustres. Ta force est dans les liens qui t’unissent à ceux qui sont
-semblables à toi, seraient-ils plus humbles même, à la troupe famélique
-de ceux que la vie n’a pas favorisés, aux poètes des hôtels garnis à
-deux francs, aux écrivains qui habitent au sixième une chambre parmi les
-bonnes du premier étage, aux auteurs dramatiques qui se font comédiens
-pour vivre.
-
-Sache bien que ces modestes compagnons avec leurs redingotes usées,
-leurs bottines où passe l’eau, leurs cheveux longs, ont une influence
-plus véritable que tous les hommes arrivés avec leurs paroles
-conventionnelles. Car leur désintéressement les précède et les défend,
-car seuls les cris qui partent d’en bas peuvent monter très haut et être
-entendus très loin.
-
-
-
-
-XI
-
-FORCE DE L’HOMME JOYEUX
-
-
-Il faut une grande force d’âme pour sentir, quand il fait froid, les
-bouffées chaudes des cafés devant lesquels on passe, où il y a des
-nappes blanches, des boissons qui miroitent et où l’on ne peut pas
-s’arrêter.
-
-Il est ennuyeux de ne pas manger à sa faim, dans le petit restaurant où
-l’on paie, d’être privé de dessert comme quand on était enfant et qu’on
-était puni, de regretter les vingt centimes que le café coûte en
-supplément.
-
-Il est ennuyeux de répondre à ses amis qui s’en vont en bande à Bullier
-qu’on est fatigué, qu’on a mal à la tête, alors qu’on a une envie folle
-de participer aux élégances de ce lieu, parce qu’on ne peut disposer de
-la petite somme que coûte l’entrée.
-
-Réclamations du propriétaire et du tailleur, papier qu’apporte l’employé
-de Dufayel, serviettes trouées, bottines ressemelées, odeurs de bois
-moisi, vous brisez le courage des cœurs les mieux trempés!
-
-O jeune homme, développe en toi ton allégresse, ta gaieté, sois, en
-dépit des événements et de la mauvaise fortune, un homme joyeux.
-
-L’homme joyeux est fort, même s’il est laid et mal vêtu, parce qu’il rit
-de celui qui est beau et élégant. L’homme joyeux regarde bien en face,
-serre la main très fort et fait comprendre tout de suite qu’il est
-joyeux.
-
-Lorsqu’il va dîner dans la maison du riche, il n’est pas sensible à
-l’ironie discrète, mais réelle, du laquais rasé qui prend
-obséquieusement son pardessus et qui en regarde la doublure déchirée,
-parce que, par son geste, par son attitude il a montré qu’il savait bien
-que la doublure était déchirée, que cela lui était égal, qu’il en riait,
-et que par-dessus le marché il riait du laquais rasé et de son pauvre
-métier.
-
-L’homme joyeux n’a pas de fausse honte; si le riche offre de lui prêter
-de l’argent, même s’il le fait à la manière habituelle des riches, d’une
-façon ostensible, humiliante, comme une aumône, il accepte et il a
-raison, car il sait que ce riche est un médiocre oisif, tandis que lui
-travaille de sa pensée. Il considère que c’est là un bienfait général
-que cette richesse, au lieu d’être jouée aux cartes, au lieu de payer
-des livrées, des tapis, des bijoux, au lieu de servir à entretenir un
-luxe criard, lui permette d’acheter des livres, un chapeau, des
-souliers, de donner vingt francs à une petite femme qui passe et qui n’a
-pas d’argent et il rit de l’humiliation qui lui est imposée par ce
-passage de la richesse d’une main dans l’autre, qui est une forme de la
-justice.
-
-Il n’aura qu’à se souvenir de Baudelaire et de ses créanciers, de
-Verlaine dans les cafés du quartier latin. Il pourra se dire, en voyant
-passer des voitures élégantes, que les biens les plus charmants, la
-lumière, la richesse des visages, la beauté de la ville sont à tous,
-qu’on voit mieux Paris quand on est à pied. Ainsi il ne connaîtra pas de
-la vie seulement la forme extérieure, la surface; il pénétrera jusqu’à
-son cœur par les ruelles tortueuses où il y a plus d’hommes qui vivent à
-mesure qu’elles deviennent plus étroites. Il saura plus de choses parce
-qu’il aura eu moins d’argent.
-
-L’homme joyeux rira de l’avarice des puissants, de leur soif de garder
-jalousement ce qu’ils ont acquis; il rira des conventions modernes, des
-efforts immenses vers des buts mesquins, des décorations, des honneurs,
-de la gloire dérisoire d’être directeur de quelque chose, préfet ou
-ministre, il rira des poètes officiels, des cuistres assermentés, des
-gérontes orgueilleux, des académiciens, des pontifes, de tous les mornes
-adorateurs de la médiocrité, de tout ce qui est immobile, figé, esclave.
-
-
-
-
-XII
-
-
-Y a-t-il une fin à ta course? Le petit appartement que tu conquerras par
-bien des efforts, les meubles de Dufayel, les livres achetés un à un,
-les portraits d’actrices dans des cadres à bon marché, résisteront-ils à
-l’assaut des créanciers, ou seront-ils emportés et dispersés? Ne
-seras-tu pas débordé par l’étrenne de la concierge, la feuille bleue de
-l’impôt, le fiacre imprudemment offert, le prix du pétrole et du
-charbon? Ne sentiras-tu pas, un soir, un immense écœurement pour la
-nourriture des bouillons Chartier, ton escalier où il y a des pots de
-lait à chaque étage, ton logis mal éclairé et trop étroit?
-
-As-tu vraiment du talent? Chacun le saura-t-il un jour? Ou ta maîtresse
-et un ou deux amis qui fondent avec toi des revues, en seront-ils seuls
-persuadés? Cette théorie est-elle bien vraie, qui dit que la chance
-passe tôt ou tard pour chacun et qu’il suffit de l’attendre et de
-l’aider? Trouveras-tu ton repas quotidien, loup de la fable? Ne
-regretteras-tu pas le collier du chien? Atteindras-tu le but, coureur?
-
-O jeune homme, ô mon frère, ici s’arrête ce que je sais?
-
-Plusieurs fois déjà je t’ai vu passer, je t’ai guetté et suivi dans la
-rue, afin de presser ta main. Et j’avais envie de m’élancer vers toi et
-de te dire:
-
-«Je sais. Comme la mienne autrefois, ta lampe fume à cause de la mèche
-qu’une femme de ménage négligente mouche mal. Il y a des cendres sur le
-foyer, une légère odeur de suie, une déchirure dans le tapis et
-peut-être aussi redis-tu, le soir, comme je l’ai fait, ces vers
-admirables:
-
- La maîtresse a quitté l’amant
- A cause de l’appartement.
-
-«Mais va, il y a des poèmes meilleurs encore et plus joyeux et une foule
-de tapis neufs dans les grands magasins. Du reste, la meilleure beauté
-n’est pas plus dans le luxe de l’endroit où l’on vit que dans le regard
-d’une maîtresse. Une belle lumière peut briller, même si la femme de
-ménage n’a pas nettoyé la lampe et si la mèche fume, tachant de
-poussière noire les portraits aimés...»
-
-Mais je n’ai pas osé. Devant toi, jeune homme pauvre, une grande
-timidité m’a saisi. Je me serais nommé et tu m’aurais dit:
-
-Qui êtes-vous?
-
-Et puis, par la puissance d’une invraisemblable espérance, n’aurais-tu
-pas souri de mes paroles?
-
-Et puis, quand je t’aurais dit la nécessité d’un effort patient et
-quotidien pour résister à tous tes protecteurs et ne pas obtenir les
-palmes académiques, peut-être, écartant ton pardessus et me montrant ta
-boutonnière, m’aurais-tu répondu avec orgueil.
-
-Je les ai.
-
-Aussi je t’ai regardé t’éloigner, chétif et mince, parmi les omnibus
-terribles, les maisons immenses. Tu n’avais pas l’air de connaître ta
-petitesse; tu tenais ta canne comme une épée. Et j’ai admiré avec quelle
-autorité peut résonner sur le pavé de la rue une bottine où il y a un
-trou.
-
-
-
-
-TABLE
-
-
- Pages
- I.--De l’hôtel garni 7
- II.--La question d’argent 13
- III.--Importance des habits 21
- IV.--Les maîtresses 25
- V.--Manière de se conduire avec les hommes influents 31
- VI.--Le prestige du monde 37
- VII.--Possibilité de faire fortune par le jeu 43
- VIII.--Les petites annonces: Emprunts, beaux mariages,
- maîtresses désintéressées 47
- IX.--Faut-il avoir une situation 53
- X.--La richesse que donne l’amitié 59
- XI.--La force de l’homme joyeux 65
- XII. 71
-
-
-Imp. BONVALOT-JOUVE, 15, rue Racine, Paris.
-
-
-*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK CONSEILS À UN JEUNE HOMME PAUVRE QUI
-VIENT FAIRE DE LA LITTÉRATURE À PARIS ***
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- The Project Gutenberg eBook of Conseils à un Jeune Homme pauvre… by Maurice Magre.
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-<div style='text-align:center; font-size:1.2em; font-weight:bold'>The Project Gutenberg eBook of Conseils à un Jeune Homme pauvre qui vient faire de la littérature à Paris, by Maurice Magre</div>
-
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-This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and
-most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions
-whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms
-of the Project Gutenberg License included with this eBook or online
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-
-<div style='display:block; margin-top:1em; margin-bottom:1em; margin-left:2em; text-indent:-2em'>Title: Conseils à un Jeune Homme pauvre qui vient faire de la littérature à Paris</div>
-
-<div style='display:block; margin-top:1em; margin-bottom:1em; margin-left:2em; text-indent:-2em'>Author: Maurice Magre</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>Release Date: April 10, 2021 [eBook #65052]</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>Language: French</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>Character set encoding: UTF-8</div>
-
-<div style='display:block; margin-left:2em; text-indent:-2em'>Produced by: Laurent Vogel (This file was produced from images generously made available by The Internet Archive)</div>
-
-<div style='margin-top:2em; margin-bottom:4em'>*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK CONSEILS À UN JEUNE HOMME PAUVRE QUI VIENT FAIRE DE LA LITTÉRATURE À PARIS ***</div>
-<p class="c g">MAURICE MAGRE</p>
-
-<h1>Conseils à un Jeune Homme
-pauvre qui vient faire de la
-littérature à Paris</h1>
-
-
-<p class="c gap">PARIS<br />
-<span class="large">BERNARD GRASSET</span><br />
-<span class="xsmall">ÉDITEUR</span><br />
-<b>49, Rue Gay-Lussac</b></p>
-
-<p class="c">1908</p>
-
-<div class="break"></div>
-
-<p class="c top4em large">DU MÊME AUTEUR</p>
-
-
-<p class="c">POÉSIES</p>
-
-<ul>
-<li><i>La Chanson des Hommes</i>.</li>
-<li><i>Le Poème de la Jeunesse</i>.</li>
-<li><i>Les Lèvres et le Secret</i>.</li>
-</ul>
-<p class="c">CONTES</p>
-
-<ul>
-<li><i>Histoire merveilleuse de Claire d’Amour</i>, suivie d’autres contes.</li>
-</ul>
-<p class="c">THÉATRE</p>
-
-<ul>
-<li><i>Le dernier Rêve</i>, 1 acte en vers (Odéon).</li>
-<li><i>Le vieil Ami</i>, 1 acte en prose (Théâtre Antoine).</li>
-</ul>
-<p class="c"><span class="sc">En Préparation</span></p>
-
-<ul>
-<li><i>Velleda</i>, pièce en 4 actes en vers.</li>
-<li><i>Le Marchand de Passions</i>, comédie en 3 actes, en vers.</li>
-<li><i>Le jeune Homme</i>, comédie en 4 actes, en prose.</li>
-</ul>
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak" id="ch1">I<br />
-DE L’HOTEL GARNI</h2>
-
-
-<p>O jeune homme qui viens faire de la littérature à
-Paris, qui as peu d’argent et pour la première fois
-apparais à la gare d’Orsay, arrête. Il est temps encore.
-Tu pourrais, ayant contemplé les quais mélancoliques,
-le Louvre bas, reprendre un train qui te remporterait
-vers la ville d’où tu viens. Tu gagnerais
-ainsi, peut-être, dix années de ta vie.</p>
-
-<p>Mais non ! Tu te diriges allègrement vers le quartier
-latin, à pied, car une légende provinciale représente
-les cochers de fiacres, pauvres esclaves errants,
-comme des personnages injurieux et redoutables.</p>
-
-<p>Le choix d’un logis est une chose grave. Il faut payer
-d’avance le propriétaire de l’hôtel garni et tu seras
-condamné à rester un mois entier dans une chambre
-misérable, si tu cèdes à ta timidité et si tu acceptes la
-première venue, à cause de l’œil narquois du garçon
-qui te la fais visiter.</p>
-
-<p>Veille à ce que le numéro de cette chambre ne soit
-pas marqué sur la porte par un chiffre énorme. Tu
-entendras assez souvent dans l’hôtel des phrases telles
-que celles-ci :</p>
-
-<p>Les lettres du huit ! Le huit a sonné ! Une visite
-pour le huit !</p>
-
-<p>Tu souffriras de sentir ton nom dédaigné et tu ne
-peux te douter combien il te serait amer, de voir, à
-minuit, à la lueur de ta bougie qui vacille, se dresser
-encore ce numéro fatidique comme le symbole de
-ton existence, désormais anonyme, dans la grande
-ville.</p>
-
-<p>Veille encore à ce que cette chambre renferme une
-cheminée. Cela n’est point négligeable. Tes écrits se
-ressentiraient de cette absence. Ils seraient chétifs et
-grelottants, car il y a de grands vides sous les
-portes, et les fenêtres laissent passer l’air abondamment.</p>
-
-<p>N’examine pas les meubles. Ils sont laids et dégagent
-une odeur indéfinissable de vieilleries. Accoutume-toi
-à leur médiocrité. Seule la table mérite
-quelque intérêt. Si tu en soulèves le tapis, peut-être
-y trouveras-tu une curieuse inscription, attestant le
-passage d’un autre jeune homme semblable à toi.</p>
-
-<p>N’aie pas honte de la pauvreté de ton hôtel. Affecte
-au contraire d’en tirer vanité. Si quelque ami t’accompagne
-par la suite jusqu’à ta porte, raconte des
-anecdotes pittoresques sur ces vieux murs dont ton
-imagination te fournira les thèmes variés ; parle des
-personnages illustres qui les ont habités. Ainsi tu
-seras aisément comparé à un héros de Balzac et même
-celui qui a un riche appartement enviera peut-être la
-fantaisie de ta vie.</p>
-
-<p>Crains cette grosse dame trop aimable et trop familière,
-cette gérante curieuse et bavarde. Elle te tend
-chaque soir ta bougie avec quelques paroles de bienveillance.
-Hâte-toi par un sourire complaisant de
-flatter la bonne tenue de sa maison, loue son esprit
-et même sa beauté, si elle y prétend encore.</p>
-
-<p>Car cette grosse dame jouit d’un pouvoir terrible
-et discrétionnaire. Elle peut te faire crédit des vingt
-francs que tu lui donnes tous les quinze jours pour
-la chambre où tu vis ; elle peut au contraire empoisonner
-ton existence en te les réclamant âprement,
-elle peut t’obliger à t’enfuir de chez toi, le matin,
-avant qu’elle ne soit levée, pour ne rentrer que dans
-la nuit, quand elle dort.</p>
-
-<p>Crains-la aussi parce que sous le prétexte de faire
-ta chambre, elle compte ton linge, lit tes lettres, connaît
-ton existence aussi bien que toi.</p>
-
-<p>Et pourtant, souviens-toi aussi que lorsque le
-grand poète Oscar Wilde mourut dans un misérable
-hôtel de la rue des Beaux-Arts, un seul homme l’avait
-veillé à sa dernière heure, un seul homme suivit son
-enterrement et cet homme c’était son propriétaire.</p>
-
-<p>Sur le cercueil de l’auteur de <i lang="la" xml:lang="la">De Profundis</i> il n’y
-avait qu’une couronne et sur cette couronne était
-écrit : A mon locataire !</p>
-
-<p>Qu’il soit beaucoup pardonné à la race persécutrice,
-avide du prix des chambres, en souvenir de
-celui qui apporta au grand homme abandonné de
-tous, le présent d’une suprême amitié.</p>
-
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak" id="ch2">II<br />
-LA QUESTION D’ARGENT</h2>
-
-
-<p>L’argent ! Tel est le problème quotidien et inexorable
-qui se posera d’abord à toi.</p>
-
-<p>Tu t’apercevras vite qu’à Paris, plus qu’ailleurs, les
-hommes sont divisés en deux catégories : ceux qui
-ont de l’argent et ceux qui n’en ont pas.</p>
-
-<p>Dans l’œil de ton interlocuteur, tu liras cette question :
-Comment vivez-vous ? De quelle somme disposez-vous
-par mois ?</p>
-
-<p>L’argent est en apparence bien caché dans la poche
-du gilet, dans le portefeuille. Et pourtant on le
-voit. La qualité de la cravate, la finesse du parapluie,
-la forme du chapeau parlent de lui, disent qu’il est
-là avec sa grande puissance. Mais si ta main porte
-un gant troué, cache-la bien dans ta poche. Par le
-petit trou du gant s’enfuirait toute l’illusion de la
-richesse.</p>
-
-<p>L’homme riche se reconnaît aussi à l’assurance. Il
-ose s’impatienter bruyamment dans les restaurants
-si on ne le sert pas assez vite. Il ose entrer dans un
-magasin, examiner mille objets et s’en aller sans en
-avoir acheté un seul, tandis que l’homme pauvre au
-contraire préfère prendre et payer un livre dont il
-n’a pas besoin, un chapeau qui ne lui va pas, plutôt
-que d’être jugé pauvre par l’œil sévère du marchand.
-L’homme riche ose donner un pourboire de deux
-sous à un cocher, en prétextant qu’il n’a justement
-pas de monnaie pour lui donner davantage, insoucieux
-de l’injure et du mépris du cocher, parce qu’il
-est riche.</p>
-
-<p>Quand tu comparaîtras devant un concierge un
-jour de pluie, la boue de tes souliers ne sera considérée
-comme un danger pour l’escalier que si tu as
-l’air timide et minable. La boue du riche ne tache
-pas. Dans le métropolitain, quand tu monteras en
-première avec un billet de seconde, l’employé, pour
-te réclamer dix centimes sera insolent, si tu sembles
-pauvre, obséquieux si ton aspect est élégant. Le
-riche est censé ne jamais duper.</p>
-
-<p>Il faut donc que tu paraisses avoir de l’argent de
-même que si l’on veut conserver un ami, il faut
-paraître heureux, simuler la joie.</p>
-
-<p>Pour cela, utilise ton argent avec sagesse, bien
-plus pour le superflu que pour le nécessaire.</p>
-
-<p>Ce n’est pas pour tes plaisirs que tu auras besoin
-d’argent. Après t’être étonné de la difficulté que l’on
-a à se procurer le moindre billet de théâtre et avoir
-admiré en secret ces innombrables gens qui disent
-« avoir leurs entrées partout », tu verras vite qu’en
-somme à Paris les plaisirs sont gratuits pour un jeune
-homme intelligent, parce qu’au lieu d’être la satisfaction
-de désirs immédiats ils sont faits du sentiment
-que l’individu progresse et s’agrandit.</p>
-
-<p>Les omnibus, le métropolitain, les consommations
-que tu prendras à côté des grands poètes des cafés
-constitueront presque toutes tes dépenses. Les modestes
-ressources dont tu disposes disparaîtront bien
-vite par la lente usure des petites sommes. N’hésite
-pas à manger mal dans des endroits obscurs et parmi
-des humbles, car les œufs et les légumes sont bons
-partout et ce superflu, qu’est un fiacre, si tu l’offres à
-propos, peut avoir une portée infinie sur l’ensemble
-de ta vie.</p>
-
-<p>Arrange-toi pour que tu n’aies pas sensiblement
-moins d’argent à la fin du mois qu’au commencement.
-Sans doute un de tes amis, étudiant ou écrivain,
-se flattera de manger en trois jours la pension
-de sa famille. C’est un prestige très grand qui tient à
-la fois de la splendeur des orgies et de l’attrait de la
-générosité. Ne t’y laisse pas prendre. Cet ami a certainement
-un oncle très riche auquel il peut écrire,
-ou bien il ment : il n’a reçu aucune pension et il n’a
-par conséquent, aucune peine à ne pas avoir d’argent.
-Tu serais forcé de porter ta montre au Mont-de-piété
-et l’on ne peut se passer d’une montre à cause de
-l’exactitude aux rendez-vous qui est indispensable.
-De plus tu négligerais de la retirer, et ainsi tu serais
-volé, n’ayant eu que le quart de sa valeur.</p>
-
-<p>A la dernière extrémité, vends plutôt les livres que
-tu possèdes. Mais s’ils t’ont été offert par quelque
-grand homme désireux de popularité parmi la jeunesse,
-gratte avec soin et habileté la dédicace.</p>
-
-<p>Au café, ne permets jamais à un plus pauvre que
-toi de payer les consommations. Mais, si tu peux,
-laisse ce soin à un plus riche.</p>
-
-<p>Aie toujours sur toi un sou neuf et même fais-le
-reluire chaque matin avant de sortir. Car avec ce sou
-neuf que tu tireras tardivement de ta poche, tu peux
-faire le geste de payer en laissant croire à la présence
-d’un louis.</p>
-
-<p>Tu n’es pas l’obligé de celui qui t’invite à déjeuner.
-Le sentiment de sa générosité, le plaisir de ta conversation
-ont largement dédommagé ton hôte des
-quelques francs qu’il a dépensés pour toi. Évite le
-mouvement spontané qui te poussera à louer le choix
-et l’abondance inusitée des mets. Il te sera ainsi
-épargné un fin sourire sur le visage de ton interlocuteur.</p>
-
-<p>Sache-le bien : Il n’y a pas de question d’argent pour
-qui méprise l’argent. Si tu as un ami millionnaire, ne
-sois pas, vis-à-vis de lui, arrogant comme certains
-orgueilleux, flatteur comme un parasite. Sois son
-égal, exactement comme si la formidable différence
-de la richesse n’existait pas.</p>
-
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak" id="ch3">III<br />
-IMPORTANCE DES HABITS</h2>
-
-
-<p>Il ne faut jamais vendre ses habits. Dîne plutôt seul
-dans ta chambre, d’un morceau de pain et d’un peu
-de charcuterie sur un journal, — ce qui est le comble
-de l’horreur, — adresse-toi plutôt, si tu as trop besoin
-d’argent, à un gérant de café, en simulant pour cette
-occasion une personnalité joviale et familière, mais
-ne vends jamais tes habits.</p>
-
-<p>Ce sont eux qui te donnent ton assurance et ta
-fierté, qui te permettent de regarder le soir, à la lueur
-des becs de gaz, marcher à côté de toi ton ombre,
-une ombre honorable et connue, dont tu admires
-l’aisance et qui, elle, n’a pas l’air de ne pas avoir d’argent.
-Tu sais bien quelle triste allure ont les vieux
-complets qu’on a trop mis, dont les coudes luisent
-et où il y a des taches imparfaitement nettoyées. On
-est humble sous un costume humble. On est un
-jeune homme instruit, plein d’avenir, dans un complet
-neuf.</p>
-
-<p>On est aussi un jeune homme distingué et élégant,
-ce qui est très important pour l’amour, pour les merveilleuses
-possibilités de la rue.</p>
-
-<p>Les conducteurs d’omnibus, les domestiques, les
-garçons de café sont tous sensibles au costume. Tu
-devras mille petites faveurs de la vie à ton apparence
-extérieure.</p>
-
-<p>Un de mes amis vécut plus d’un an à Paris avec
-cinquante francs par mois. Il habitait une mansarde
-dont le plafond était moins haut que sa taille ; il n’avait
-pas de meubles et il couchait sur des journaux
-froissés. Il dut sa force de résistance et son salut à
-une cape espagnole. Que lui importait en effet les
-privations, le froid, la misère ! Il avait le sentiment
-d’être le jeune homme le plus beau et le plus romantique
-du monde.</p>
-
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak" id="ch4">IV<br />
-LES MAITRESSES</h2>
-
-
-<p>Tu t’émerveilleras de la grande quantité de femmes
-que renferme Paris. Les coupés qui glissent vers le
-Bois de Boulogne, le frémissement des dessous
-luxueux, les visages ennuyés des grandes courtisanes,
-t’impressionneront profondément.</p>
-
-<p>Renonce d’abord à une illusion trop répandue. Tu
-n’auras pour maîtresse ni une femme du monde, ni
-une actrice célèbre. Ne demande pas pourquoi. Considère
-cela comme une vérité supérieure qu’il ne faut
-pas discuter.</p>
-
-<p>Il est vain d’importuner Liane de Pougy ou la belle
-Otero de lettres élégiaques. Sache bien que les lettres
-d’amour, quelle que soit leur beauté, n’ont aucune
-espèce d’influence sur cet ordre de femmes.
-Seules, des actions inattendues et audacieuses pourraient
-te servir. Mais tu as encore trop de timidité
-provinciale en toi pour en être capable.</p>
-
-<p>Tu connaîtras, dans des concerts, des jeunes filles
-qui sortent du Conservatoire, qui sont à l’Odéon et
-tu feras même dire des vers par l’une d’elles. Mais
-ne lui écris pas de lettres d’amour, surtout ne l’aime
-pas. Tu ne seras jamais qu’un étranger pour cette
-personne qui, vivant dans la compagnie de héros littéraires
-nourris d’un idéal sublime, n’a pas gardé
-pour elle-même la moindre parcelle d’un idéal quelconque.</p>
-
-<p>Elle ne saurait aimer qu’un maître dans son art,
-un de ces hommes rasés et simples qui ont vingt ans
-de théâtre derrière eux et assez d’autorité pour les
-tutoyer, la première fois qu’ils les voient.</p>
-
-<p>Tu auras donc les femmes des cafés, les modèles
-de tes camarades peintres, peut-être une couturière
-dont tu feras connaissance au restaurant, les maîtresses
-de tes amis. Mais les femmes des cafés sont
-vénales et, quand elles sont désintéressées, toute
-l’ambition de leur génie consiste à boire une quantité
-illimitée de boissons américaines jusqu’à une heure
-très tardive. Les modèles sont mal faits et épris
-des seuls peintres. Un abîme d’ennui te séparera de
-la couturière ; les maîtresses de tes amis seront toutes
-laides.</p>
-
-<p>Résigne-toi donc à vivre sans maîtresse, profitant
-seulement de l’aventure amenée par le hasard. Regarde
-les portes qui s’ouvrent quand tu montes l’escalier,
-les fenêtres qui sont en face des tiennes, la boutique
-derrière les vitres de laquelle rêve peut-être un visage
-charmant. En choisissant ta chambre, tu as décidé de
-ta vie sentimentale, car pour une femme ordinaire le
-prestige d’être un voisin est plus grand que celui d’être
-beau ou illustre. Souviens-toi, du reste, que ceux qui
-passent leur temps à chercher des femmes n’en ont
-guère plus que ceux qui ne s’en occupent pas.</p>
-
-<p>Prends souvent le métropolitain. Ce lieu est favorable
-à des rencontres fortuites. Est-ce le sentiment
-de la vitesse, l’air irrespirable, la chaleur, la proximité
-des corps ? il n’importe ! Mais le regard des femmes
-est plus bienveillant qu’ailleurs, les moyens d’entrer
-en conversation sont plus aisés.</p>
-
-<p>Évite les grands magasins : on y fait des achats. Ne
-crains pas d’offrir le thé et les gâteaux : Tu seras un
-homme distingué.</p>
-
-<p>Si tu invites à dîner, parle de suite d’un curieux
-petit restaurant où il y a des peintres et où la cuisine
-est exceptionnelle. Tu peux alors aller chez n’importe
-quel modeste marchand de vins dont les prix sont en
-rapport avec tes ressources. Il te suffira de demander
-en entrant si M. Willette n’est pas venu ce soir, pour
-parer cet endroit, aux yeux de ta compagne, de tout
-le charme de la vie des artistes.</p>
-
-<p>Ces sortes de liaison commencent dans les fiacres.
-Elles sont éphémères comme une course à deux francs
-l’heure.</p>
-
-<p>Il vaut mieux. La vie à deux sans argent est un
-abîme de tristesse, même quand on aime. Sacrifie
-l’amour dès l’origine. Il te paralyserait, limiterait ton
-action et tu le verrais mourir tout de même, à cause
-des draps qu’on ne change pas assez souvent, de
-l’odeur de la cuisine qu’on fait chez soi, du repas pris
-parmi tes livres, à cause de cette rancune qu’engendre
-la pauvreté à deux.</p>
-
-<p>Reste seul, travaille davantage, applique-toi à conquérir
-les hommes, ce qui est bien plus important que
-de conquérir les femmes.</p>
-
-<p>Et dis-toi qu’il y a, avec une immense mélancolie,
-quelque douceur pourtant, dans le souvenir d’une
-main qui t’a échappé sans t’avoir donné toute sa
-chaleur, dans le souvenir d’un beau et cher visage
-disparu…</p>
-
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak" id="ch5">V<br />
-MANIÈRE DE SE CONDUIRE AVEC LES HOMMES INFLUENTS</h2>
-
-
-<p>Étant sans maîtresse attitrée, tes jours seront libres.
-Le plus grand danger qui te guettera est celui des
-cafés où il fait chaud, l’hiver, où il y a des amis joyeux
-qui causent et boivent. N’y demeure qu’autant que
-cela sera nécessaire à resserrer des liens précieux
-d’amitié. Va dans la vie, n’importe où, au hasard, il
-y a une récolte dans chaque milieu.</p>
-
-<p>Tu verras des êtres divers ; des antipathies et des
-sympathies naîtront autour de toi. Tu feras un choix
-et ta personnalité trouvera son chemin comme une
-rivière se creuse dans une montagne qu’elle descend.</p>
-
-<p>Ne va pas juger si un homme est important d’après
-son costume. A une certaine hauteur l’artifice du
-vêtement est inutile. L’homme important sait bien
-que sa puissance se dégage naturellement autour de
-lui comme une atmosphère. Tu seras même bien
-étonné un jour si tu vas aux courses, quand on te
-désignera un homme très modestement vêtu et qu’on
-te dira : C’est un Rothschild.</p>
-
-<p>Du reste l’estime d’un honorable pauvre est plus
-précieuse quelquefois que l’amitié d’un ministre.</p>
-
-<p>Mais songe que tes plus grands ennemis sont en
-toi. Ils sont cet afflux du sang à tes joues, cette paralysie
-déplorable qui te fera bégayer, te donnera une
-apparence humble et modeste, quand tu seras en présence
-du directeur du <i>Figaro</i>, ou de celui de l’Odéon.
-Tu serais jugé d’un coup d’œil, classé pour la vie,
-et sans que ce jugement soit susceptible d’appel,
-dans la catégorie des personnages de troisième plan,
-qu’on fait attendre, qu’on reçoit debout, auxquels on
-n’accorde que quelques minutes, qu’on ne croira
-jamais susceptibles de grandes choses.</p>
-
-<p>Résiste à cette voix qui te pousse à dire tout de
-suite à l’homme influent que tu vas solliciter : Mais
-oui, ma demande est exagérée et absurde. Il est
-légitime que vous la repoussiez. Excusez-moi de vous
-avoir dérangé.</p>
-
-<p>Ne tombe pas dans un excès contraire d’audace
-simulée ; ne te flatte pas d’une influence illusoire sur
-tes camarades, ou d’une ambition démesurée que tu
-n’as pas : ce serait plus fâcheux encore ; tu serais considéré
-comme un de ces dangereux arrivistes dont il
-faut refréner l’ardeur, dont on peut tout craindre.</p>
-
-<p>Ne sois pas trop aimable ; ne sois pas timide, là
-est l’essentiel. Songe que toutes les fois que tu
-seras en présence d’un homme dont dépendra ta destinée,
-auquel tu viendras demander quelque chose,
-un combat obscur se livrera. Tu seras comme un
-guerrier désarmé qui attaque seul une immense
-ville fortifiée. Pour ne pas mourir, ne perds jamais de
-vue la conscience favorable que tu as de toi-même.</p>
-
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak" id="ch6">VI<br />
-LE PRESTIGE DU MONDE</h2>
-
-
-<p>Tu seras invité certainement à quelque soirée, chose
-très honorifique dans ta situation. Cela te permettra
-d’écrire à tes parents : « Je vais beaucoup dans le
-monde, ces temps-ci. » Et la vision qu’ils auront
-aussitôt de toi, récitant des vers devant une cheminée,
-sous les lustres, parmi les acclamations de femmes
-couvertes de bijoux, sera douce à ces cœurs
-simples.</p>
-
-<p>Il se peut, il est vraisemblable que tu aies un habit.
-Si tu n’en possédais pas cependant, sache qu’il est,
-rue Saint-André-des-Arts, une boutique modeste où
-tu pourras en faire achat, moyennant une somme
-dérisoire. Là, une foule d’habits reposent, couchés
-les uns sur les autres. Certainement il en sera un à
-ta taille. Tu l’essaieras dans la boutique même.
-Veille pendant cette minute à ce qu’on ne t’aperçoive
-pas de la rue. Mais ce serait un bien grand hasard si
-M<sup>lle</sup> Sorel ou la comtesse de Noailles passaient justement
-par là et regardaient à travers les carreaux.</p>
-
-<p>Tu entreras dans le monde, ivre de fierté et tremblant
-de peur. Tu t’émerveilleras d’abord, que tout
-aille si bien, que tu puisses saluer avec autant d’élégance,
-être présenté à des gens importants, prononcer
-des paroles suffisantes, serrer la main à droite
-et à gauche. Le sourire de la maîtresse de maison
-aura eu l’air de te marquer une estime particulière.
-La médiocrité incroyable des propos que tu entendras
-te rassurera peu à peu, te rendra l’estime de toi-même
-perdue dans la détresse du début.</p>
-
-<p>Alors, tu verras, dans un coin, un homme semblable
-à toi, mais plus modeste, plus timide, plus épouvanté,
-avec un habit frère du tien. Son œil triste, son
-attitude gênée, quelques mots prononcés à voix
-basse sur l’extrême chaleur, mendieront une parole
-de toi. Tu pourrais lui donner ce que tu cherches toi-même,
-un appui, le sentiment qu’il n’est pas absolument
-seul. Mais non ! dans ta folie orgueilleuse,
-tu le mépriseras, tu pactiseras avec les hommes élégants,
-aux nœuds de cravates impeccables, avec la
-foule des ennemis.</p>
-
-<p>Plein de ta confiance en toi retrouvée, tu feras quelque
-démarche hardie, tu traverseras le salon, tu apercevras
-ta silhouette dans une glace et tu n’en seras
-pas mécontent.</p>
-
-<p>Cela durera jusqu’à la minute où tu auras regardé
-trop attentivement une jeune fille, une jeune fille dont
-le costume compliqué, les cheveux fins, la grâce
-délicate résumeront pour toi tous les charmes du
-monde parisien. Tu verras son regard froid et attentif,
-plein de curiosité, longuement fixé sur tes pieds.
-Ce regard sera sans mépris, sans ironie même, ce
-sera un regard qui constate, qui enregistre. Il enregistrera
-la forme surannée de tes bottines, la chute
-maladroite de ton pantalon. Pour la première fois
-de ta vie tu penseras à tes pieds et à leur grande
-importance.</p>
-
-<p>Avec une moue presque imperceptible, le visage
-charmant se sera détourné pour jamais. Tu regarderas
-autour de toi et tu t’apercevras que toutes les bottines
-voisines sont vernies et semblent neuves, tandis
-que les tiennes sont seulement cirées avec soin et
-déformées par des marches anciennes.</p>
-
-<p>Un horrible génie de comparaison naîtra tout d’un
-coup dans ton âme. Tu auras honte de tes cheveux
-trop longs, de ton col trop large, de ton gilet trop
-étroit. Ton pantalon te sera odieux parce qu’il n’aura
-pas de pli. Tu haïras ta mère ou ta sœur parce qu’elle
-t’aura donné tes boutons de manchettes. Ton habit
-se sera soudain fané sur ton dos ; une tache que tu
-n’avais pas vue, se mettra à briller comme un phare.
-Le parfum de la benzine s’élèvera de tes gants nettoyés.</p>
-
-<p>Tu chercheras en vain celui que tu avais reconnu
-comme un homme de ta race, pour t’affliger avec
-lui de la stupidité immense des gens du monde. Trop
-tard ! il aura déjà fui.</p>
-
-<p>Crois-moi. Gagne alors le buffet. Ces petits avantages
-que sont le vin et les gâteaux t’y attendent.
-L’être grossier qui est en toi pourra se dire que la
-soirée n’a pas été absolument perdue si le champagne
-était bon. C’est une curieuse illusion qui te fait croire
-que le maître d’hôtel te suit de l’œil et compte ce que
-tu prends. Cet homme solennel est sans ironie et
-pourquoi serait-il avare de richesses dont il dispose,
-mais qui ne sont pas les siennes ?</p>
-
-<p>Il sera deux ou trois heures du matin quand tu
-sortiras. Les voitures, la nuit, coûtent un prix exorbitant.
-Tu rentreras tristement à pied. Mais, à mesure
-que tu t’éloigneras, tu t’apercevras que ton pas résonne
-avec autorité dans la rue vide, ton habit retrouvera
-son prestige perdu, tu entrouvriras même ton pardessus
-pour qu’un passant l’aperçoive et ait une
-haute idée de cette élégance.</p>
-
-<p>La fatigue, le champagne et ta jeune imagination te
-donneront le sentiment d’une vie mondaine de plaisirs.
-Et malgré tes déboires, quand tu arriveras à ta
-porte, tu sonneras avec un certain orgueil et la
-négligence du noceur blasé.</p>
-
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak" id="ch7">VII<br />
-POSSIBILITÉ DE FAIRE FORTUNE PAR LE JEU</h2>
-
-
-<p>Les déceptions du monde inclineront ton esprit
-à des réflexions amères. Vers cette époque, longeant
-le fleuve d’or, de billets de théâtre et d’amours qui
-coule entre la Madeleine et la Porte Saint-Martin, tu
-rencontreras un ami peu connu de toi, qui te tutoiera
-et t’offrira de te protéger. Tu lui raconteras tes
-ennuis et il rira, te tapera sur l’épaule en t’affirmant
-qu’il peut te faire gagner beaucoup d’argent. Il te
-conduira dans des cercles. En ne jouant que sur
-certains coups sûrs, l’homme patient et qui a de la
-volonté gagne sans aucun risque, te dira-t-il.</p>
-
-<p>Tu glisseras, plein d’anxiété sur son sort, une
-pièce de cinq francs sur un de ces coups. Un hasard
-très rare voudra justement que tu perdes malgré
-toutes ses prévisions. Une somme plus importante
-confiée à ton nouvel ami partant pour les courses,
-disparaîtra de la même manière, contrairement au
-calcul et à la raison.</p>
-
-<p>Cela vaut mieux. Seuls, peuvent vivre du jeu, des
-personnages passagers, sans autre but précis que
-celui d’avoir de l’argent, sans foi en eux-mêmes. Tu
-n’es pas de ceux-là. Ne regrette ni l’illusion du luxe
-que donne le cercle, ni le dîner qui ne coûte rien,
-mais qu’il faut payer de conversations avec des
-vieillards, épaves de tous les mondes, que l’on ne
-trouve que là.</p>
-
-<p>Renonce au salon solennel où il y a tous les journaux
-illustrés, à l’orgueil d’être connu par des domestiques
-en uniforme.</p>
-
-<p>Les cartes à jouer ont un double visage. Pour avoir
-tes quelques sous, elles te tendent des billets de banque.
-Ne te laisse pas prendre à cette ruse grossière.</p>
-
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak" id="ch8">VIII<br />
-LES PETITES ANNONCES : EMPRUNTS, BEAUX MARIAGES, MAITRESSES DÉSINTÉRESSÉES</h2>
-
-
-<p>En lisant le journal, un samedi, tu découvriras
-que la vie est riche et qu’elle s’offre à toi dans son
-infinie variété.</p>
-
-<p>Petites annonces du journal, vous êtes le paradis
-des espérances ! Après t’être émerveillé de l’extraordinaire
-prospérité du commerce des vieux dentiers,
-tu liras avec allégresse l’offre d’un monsieur qui offre
-à n’importe qui de prêter n’importe quelle somme
-d’argent.</p>
-
-<p>Paris est plein de philanthropes qui ne demandent
-pas mieux que de favoriser de jeunes écrivains comme
-moi, te diras-tu. Le tout est d’être en relation avec
-eux ; le journal est pour cela un commode intermédiaire.</p>
-
-<p>Ce philanthrope habite très loin, dans un faubourg.
-Sa maison est une misérable maison ouvrière. C’est
-sa femme qui vient ouvrir la porte et elle regarde
-anxieusement celui qui arrive comme si on venait
-l’arrêter. Le philanthrope est derrière un petit bureau ;
-il est mal vêtu et mal rasé ; il demande sévèrement
-au visiteur ce qu’il veut.</p>
-
-<p>Tu crains de t’être trompé, tu balbuties, tu parles
-confusément d’un emprunt possible. Alors l’homme
-sourit ; il a vu d’un coup d’œil que tu es honorable,
-il comprend que tu as de l’avenir ; il demande de
-quelle somme tu as besoin. Tu dis un chiffre ; cinq
-cents francs par exemple. Il rit aussitôt parce que
-c’est une toute petite somme très facile à prêter.</p>
-
-<p>Tu le suis des yeux ; l’argent est là dans un tiroir,
-il va te le donner tout de suite. Quel philanthrope !</p>
-
-<p>Il te promet en effet de te le donner, mais dans trois
-jours seulement. Il a une absolue confiance en toi
-mais les affaires sont les affaires. Il faut qu’il ait
-d’ici là une fiche de renseignements ; c’est une simple
-formalité, l’usage de la maison. Les frais de cette
-fiche que donne une agence sont à la charge de l’emprunteur,
-bien entendu. Tu trouves cela trop légitime
-et tu lui donnes avec joie une somme qui varie
-entre trois et quinze francs. Vous vous quittez les
-meilleurs amis du monde et il doit t’écrire le surlendemain.</p>
-
-<p>Tu n’en entends plus jamais parler. Si tu en conçois
-quelque regret, console-toi en songeant que le
-philanthrope prêteur d’argent n’aurait peut-être pas
-dîné ce soir-là, ainsi que sa femme et ses enfants,
-sans l’argent de ta fiche. Et il ne t’a trompé en somme
-qu’à demi. Il a des renseignements sur toi ; il sait
-désormais que tu es un jeune homme honorable.
-Celui qui vous offre à dîner n’est-il pas toujours
-honorable ?</p>
-
-<p>Il y a aussi dans les petites annonces, de beaux
-mariages et des maîtresses désintéressées. Tu pourras
-te dire, qu’en effet, une foule d’admirables jeunes
-filles sans relations, d’étrangères aux yeux langoureux,
-de femmes désireuses de nouveauté mettent
-des annonces dans le journal.</p>
-
-<p>Cette distraction est inoffensive. Elle ne coûte
-qu’une boîte de papier à lettre élégant, des timbres,
-des démarches à la poste restante. Tu iras dans des
-kiosques d’omnibus, tenant à la main soit un bouquet
-de fleurs, soit un numéro du journal, comme
-signe de reconnaissance. Il t’arrivera d’y trouver une
-femme ayant passé la cinquantaine qui te fera fuir
-aussitôt. Il t’arrivera de te tromper, d’aller parler à
-des dames qui attendent simplement l’omnibus et
-d’être fort mal accueilli. Il t’arrivera d’être en butte
-à la moquerie de plusieurs jeunes gens, auteurs
-des lettres que tu auras reçues et qui seront venus
-guetter ta déconvenue.</p>
-
-<p>Peut-être un jour, sur l’offre d’une dot de plusieurs
-millions, iras-tu dans une agence matrimoniale.
-Mais quand une personne âgée, en te regardant bien
-en face, te demandera combien tu gagnes par an, tu
-te troubleras, tu diras qu’il ne s’agit pas de toi, que
-tu viens de la part d’un de tes amis fort riche et tu
-t’en iras en maudissant les petites annonces, ce marché
-trompeur de l’espoir, à un franc soixante-quinze
-la ligne.</p>
-
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak" id="ch9">XI<br />
-FAUT-IL AVOIR UNE SITUATION ?</h2>
-
-
-<p>Tu chercheras une situation et voilà le plus grand
-danger qui te guette, ta vie ou ta mort, selon ton
-étoile bonne ou mauvaise.</p>
-
-<p>Sur les dix personnes auxquelles tu te seras
-adressé, amis de ton père, députés de ton pays, vieilles
-dames qui ont beaucoup de relations, il y en aura
-neuf qui te promettront de faire des démarches et de
-décrire bientôt et dont tu n’entendras plus parler.
-Tu n’en seras qu’à demi fâché, l’état de celui qui
-cherche une situation est agréable parce qu’il est
-au bord de l’imprévu.</p>
-
-<p>Mais la dixième personne, un homme bienveillant,
-oisif et protecteur, sera saisi pour toi d’une mystérieuse
-activité, d’un inquiétant désir de te voir casé.
-De quelle reconnaissance ne devras-tu pas être
-chargé à l’égard de ce terrible ami ! Il fera des visites
-avec toi, écrira des lettres élogieuses sur ton compte,
-et cela sans raison, à cause de la sympathie personnelle
-que tu lui auras inspirée. Il t’annoncera enfin
-qu’il a trouvé une situation sérieuse, un poste sûr.</p>
-
-<p>C’est alors qu’il te faudra un grand courage.</p>
-
-<p>Ce poste sûr tu dois le refuser, si quelque espérance
-est en toi, si quelque vertu t’anime. Mieux vaut déjeuner
-encore pour quelques sous, être un sujet de colère
-pour ta repasseuse, courir dans la rue lorsqu’il fait
-trop froid, ne plus revoir l’ami de ton père actif et
-bon.</p>
-
-<p>Tout jeune homme qui vient à Paris trouve cette
-situation. C’est une machine quelconque aux rouages
-inexorables, société industrielle, grande maison d’édition,
-compagnie d’assurances où il est jeté et broyé
-pour cent cinquante francs par mois avec la certitude
-d’en avoir deux cents dans dix ans.</p>
-
-<p>N’accepte pas, meurs plutôt.</p>
-
-<p>Surtout ne te dupe pas toi-même en acceptant à
-titre d’essai pour deux ou trois mois. La servitude
-dans laquelle tu tomberais, l’amitié de tes compagnons
-médiocres, les petits bonheurs du dimanche
-feraient rapidement de toi un lâche dont les désirs
-sont bornés. Tu perdrais l’habitude de l’effort véritable,
-qu’on accomplit pour soi-même, librement.
-Peut-être finirais-tu par croire que tes sept heures
-d’écriture constituent un louable travail. Tu serais
-invité dans de petits appartements par d’autres
-employés où des femmes laides mais laborieuses
-font le ménage, préparent le dîner. Le charme de
-la pauvreté propre et honnête te saisirait. Tu te trouverais
-des prétextes pour attendre les cent cinquante
-francs du mois suivant. Il te faudrait plus de force
-pour vaincre l’espérance misérable de cent cinquante
-francs, qu’il ne t’en a fallu pour vaincre ta province
-coalisée et venir à Paris.</p>
-
-<p>N’accepte que des situations incertaines. Les nouveaux
-journaux, les théâtres qui se fondent, les
-cabinets des ministres, si cela t’est possible, doivent
-être plus désignés à ton ambition, parce qu’ils sont
-passagers par leur nature. Tes maîtres n’exigeront
-pas trop de toi pour que tu n’exiges pas trop d’eux-mêmes.
-Ce seront des hommes dans ton genre avec
-quelques années de plus.</p>
-
-<p>Ne prête pas d’attention au mépris apparent que
-pourront te témoigner des médiocres, parce que tu
-ne gagnes pas un argent régulier.</p>
-
-<p>Si tu rencontres un ami arrivé, jadis semblable à
-toi, aujourd’hui bon fonctionnaire, richement marié
-et s’il te prend en pitié à cause de ton état instable,
-appuie-toi pour résister à son hypocrite sympathie,
-sur l’amour de toi-même, comme sur une colonne de
-marbre. Pardonne-lui l’excès de bonté qu’il te témoigne
-puisqu’il ne soupçonne même pas quelle hauteur
-tu veux atteindre.</p>
-
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak" id="ch10">X<br />
-LA RICHESSE QUE DONNE L’AMITIÉ</h2>
-
-
-<p>Tâche d’avoir des amis.</p>
-
-<p>On les acquiert d’abord par son visage bienveillant,
-la facilité qu’on a à saluer des gens peu connus, à
-serrer des mains qui se tendent. Le goût des conversations
-sympathiques, l’amour qu’on a des autres et
-de soi-même font vite que beaucoup de gens ont du
-plaisir à vous voir.</p>
-
-<p>Mais ce n’est pas assez. Il faut choisir. Ne laisse
-pas au hasard d’une rencontre, à un voisinage, le soin
-de te donner des amis.</p>
-
-<p>Une fois que tu auras élu un ami dans ton cœur ne
-crains pas de l’importuner par des visites inattendues,
-des politesses excessives. Ne te laisse pas rebuter
-par sa froideur. Tu lui apportes, avec la prédilection
-de ta sympathie, une immense richesse, la même
-que tu attends de lui. Il comprendra forcément à la
-longue quel avantage vous avez tous deux à ce commerce
-idéal.</p>
-
-<p>Ce n’est jamais une aide matérielle que tu dois attendre
-de l’amitié. Garde-toi par exemple d’emprunter
-de l’argent à ton ami, même si tu l’as entendu
-déclarer plusieurs fois que l’argent est une chose méprisable,
-que lorsque l’un en a, l’autre doit en
-avoir, etc. On ne sait jamais jusqu’où plongent les
-racines de l’intérêt. Observe une semblable réserve si
-ton ami est très riche.</p>
-
-<p>Les biens de l’amitié sont plus précieux que n’importe
-quelle somme d’argent. Ils sont le sentiment
-que l’effort est partagé, que l’action solitaire qu’on
-accomplit est agrandie par la sympathie de l’ami,
-que l’injure qu’on reçoit, l’échec qu’on éprouve est
-diminué, rendu insignifiant ou plaisant par les commentaires
-favorables qu’en fait l’ami.</p>
-
-<p>Rends avec soin ce qui t’es donné dans ce domaine.
-Intéresse-toi aux moindres faits de la vie de ton ami,
-au récit de ses amours, aux détails de son budget,
-à ses souvenirs de service militaire.</p>
-
-<p>Ne dis jamais de mal de lui, car tout se sait. Surtout
-n’en pense pas quoi qu’il fasse. Aie pour lui la
-même indulgence que pour toi.</p>
-
-<p>S’il a une maîtresse, ne lui fais pas la cour. Elle se
-hâterait de l’en prévenir, en amplifiant ton audace,
-en transformant en perfidie ton goût naturel des femmes.
-Ne va pas non plus être trop froid à son égard,
-ne la regarde pas avec une complète indifférence.
-Elle te considérerait alors comme un mortel ennemi,
-elle t’accuserait de vouloir la faire rompre avec son
-amant et il lui serait très aisé de te brouiller avec lui ;
-l’amour a toujours le pas sur l’amitié.</p>
-
-<p>Fais donc entendre une bonne fois à cette maîtresse
-par quelque parole à double sens que c’est elle que
-tu aurais aimée si l’amitié sacrée ne vous avait pas
-séparés irrévocablement. N’en parle plus jamais ensuite.
-Sa vanité sera satisfaite et elle attribuera tes
-indifférences pour elle à un scrupule sublime.</p>
-
-<p>N’attends aucun service de tes amis. Quand ils demanderont
-quelque chose pour toi ce ne ne seront
-que des choses très modestes, bien au-dessous de ta
-valeur. Tu t’étonneras que des êtres qui t’aiment,
-dont tu as éprouvé les sentiments, te méconnaissent
-ainsi, ne te jugent digne que d’avantages tellement
-médiocres que tu ne pourrais les accepter sans
-honte.</p>
-
-<p>Cela tient à ce qu’ils ne te situent pas dans la vie.
-L’amitié leur a révélé tes faiblesses. Ce sont elles
-qu’ils voient, plutôt que tes qualités.</p>
-
-<p>Seuls, des hommes que tu connais à peine oseront
-te rendre de vrais services. Tu auras à leurs yeux le
-prestige d’un talent qu’ils ignorent, dont ils ne savent
-pas les petits côtés.</p>
-
-<p>Tes amis ne peuvent t’offrir que la douceur de la
-main tendue, des projets qu’on fait ensemble, des
-espérances qu’on partage, le plaisir inestimable de se
-raconter l’un à l’autre…</p>
-
-<p>Et c’est bien assez.</p>
-
-<p>Mais, crois-moi, garde-toi de t’enorgueillir d’amitiés
-puissantes ou illustres. Ta force est dans les liens
-qui t’unissent à ceux qui sont semblables à toi, seraient-ils
-plus humbles même, à la troupe famélique
-de ceux que la vie n’a pas favorisés, aux poètes des
-hôtels garnis à deux francs, aux écrivains qui habitent
-au sixième une chambre parmi les bonnes du
-premier étage, aux auteurs dramatiques qui se font
-comédiens pour vivre.</p>
-
-<p>Sache bien que ces modestes compagnons avec
-leurs redingotes usées, leurs bottines où passe l’eau,
-leurs cheveux longs, ont une influence plus véritable
-que tous les hommes arrivés avec leurs paroles
-conventionnelles. Car leur désintéressement les précède
-et les défend, car seuls les cris qui partent d’en
-bas peuvent monter très haut et être entendus très
-loin.</p>
-
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak" id="ch11">XI<br />
-FORCE DE L’HOMME JOYEUX</h2>
-
-
-<p>Il faut une grande force d’âme pour sentir, quand
-il fait froid, les bouffées chaudes des cafés devant lesquels
-on passe, où il y a des nappes blanches, des
-boissons qui miroitent et où l’on ne peut pas s’arrêter.</p>
-
-<p>Il est ennuyeux de ne pas manger à sa faim, dans
-le petit restaurant où l’on paie, d’être privé de dessert
-comme quand on était enfant et qu’on était puni,
-de regretter les vingt centimes que le café coûte en
-supplément.</p>
-
-<p>Il est ennuyeux de répondre à ses amis qui s’en
-vont en bande à Bullier qu’on est fatigué, qu’on a mal
-à la tête, alors qu’on a une envie folle de participer
-aux élégances de ce lieu, parce qu’on ne peut disposer
-de la petite somme que coûte l’entrée.</p>
-
-<p>Réclamations du propriétaire et du tailleur, papier
-qu’apporte l’employé de Dufayel, serviettes trouées,
-bottines ressemelées, odeurs de bois moisi, vous
-brisez le courage des cœurs les mieux trempés !</p>
-
-<p>O jeune homme, développe en toi ton allégresse, ta
-gaieté, sois, en dépit des événements et de la mauvaise
-fortune, un homme joyeux.</p>
-
-<p>L’homme joyeux est fort, même s’il est laid et mal
-vêtu, parce qu’il rit de celui qui est beau et élégant.
-L’homme joyeux regarde bien en face, serre la main
-très fort et fait comprendre tout de suite qu’il est
-joyeux.</p>
-
-<p>Lorsqu’il va dîner dans la maison du riche, il
-n’est pas sensible à l’ironie discrète, mais réelle, du
-laquais rasé qui prend obséquieusement son pardessus
-et qui en regarde la doublure déchirée, parce que,
-par son geste, par son attitude il a montré qu’il savait
-bien que la doublure était déchirée, que cela lui était
-égal, qu’il en riait, et que par-dessus le marché il riait
-du laquais rasé et de son pauvre métier.</p>
-
-<p>L’homme joyeux n’a pas de fausse honte ; si le riche
-offre de lui prêter de l’argent, même s’il le fait à la
-manière habituelle des riches, d’une façon ostensible,
-humiliante, comme une aumône, il accepte et
-il a raison, car il sait que ce riche est un médiocre
-oisif, tandis que lui travaille de sa pensée. Il considère
-que c’est là un bienfait général que cette richesse,
-au lieu d’être jouée aux cartes, au lieu de payer des
-livrées, des tapis, des bijoux, au lieu de servir à entretenir
-un luxe criard, lui permette d’acheter des
-livres, un chapeau, des souliers, de donner vingt
-francs à une petite femme qui passe et qui n’a pas
-d’argent et il rit de l’humiliation qui lui est imposée
-par ce passage de la richesse d’une main dans l’autre,
-qui est une forme de la justice.</p>
-
-<p>Il n’aura qu’à se souvenir de Baudelaire et de ses
-créanciers, de Verlaine dans les cafés du quartier latin.
-Il pourra se dire, en voyant passer des voitures élégantes,
-que les biens les plus charmants, la lumière,
-la richesse des visages, la beauté de la ville sont à
-tous, qu’on voit mieux Paris quand on est à pied.
-Ainsi il ne connaîtra pas de la vie seulement la forme
-extérieure, la surface ; il pénétrera jusqu’à son cœur
-par les ruelles tortueuses où il y a plus d’hommes qui
-vivent à mesure qu’elles deviennent plus étroites. Il
-saura plus de choses parce qu’il aura eu moins d’argent.</p>
-
-<p>L’homme joyeux rira de l’avarice des puissants, de
-leur soif de garder jalousement ce qu’ils ont acquis ;
-il rira des conventions modernes, des efforts immenses
-vers des buts mesquins, des décorations, des
-honneurs, de la gloire dérisoire d’être directeur de
-quelque chose, préfet ou ministre, il rira des poètes
-officiels, des cuistres assermentés, des gérontes
-orgueilleux, des académiciens, des pontifes, de tous
-les mornes adorateurs de la médiocrité, de tout ce qui
-est immobile, figé, esclave.</p>
-
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak" id="ch12">XII</h2>
-
-
-<p>Y a-t-il une fin à ta course ? Le petit appartement
-que tu conquerras par bien des efforts, les meubles
-de Dufayel, les livres achetés un à un, les
-portraits d’actrices dans des cadres à bon marché,
-résisteront-ils à l’assaut des créanciers, ou seront-ils
-emportés et dispersés ? Ne seras-tu pas débordé par
-l’étrenne de la concierge, la feuille bleue de l’impôt,
-le fiacre imprudemment offert, le prix du pétrole et
-du charbon ? Ne sentiras-tu pas, un soir, un immense
-écœurement pour la nourriture des bouillons Chartier,
-ton escalier où il y a des pots de lait à chaque
-étage, ton logis mal éclairé et trop étroit ?</p>
-
-<p>As-tu vraiment du talent ? Chacun le saura-t-il un
-jour ? Ou ta maîtresse et un ou deux amis qui fondent
-avec toi des revues, en seront-ils seuls persuadés ?
-Cette théorie est-elle bien vraie, qui dit que la
-chance passe tôt ou tard pour chacun et qu’il suffit
-de l’attendre et de l’aider ? Trouveras-tu ton repas
-quotidien, loup de la fable ? Ne regretteras-tu pas le
-collier du chien ? Atteindras-tu le but, coureur ?</p>
-
-<p>O jeune homme, ô mon frère, ici s’arrête ce que
-je sais ?</p>
-
-<p>Plusieurs fois déjà je t’ai vu passer, je t’ai guetté et
-suivi dans la rue, afin de presser ta main. Et j’avais
-envie de m’élancer vers toi et de te dire :</p>
-
-<p>« Je sais. Comme la mienne autrefois, ta lampe
-fume à cause de la mèche qu’une femme de ménage
-négligente mouche mal. Il y a des cendres sur le
-foyer, une légère odeur de suie, une déchirure dans
-le tapis et peut-être aussi redis-tu, le soir, comme je
-l’ai fait, ces vers admirables :</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">La maîtresse a quitté l’amant</div>
-<div class="verse">A cause de l’appartement.</div>
-</div>
-
-<p>« Mais va, il y a des poèmes meilleurs encore et plus
-joyeux et une foule de tapis neufs dans les grands
-magasins. Du reste, la meilleure beauté n’est pas
-plus dans le luxe de l’endroit où l’on vit que dans le
-regard d’une maîtresse. Une belle lumière peut briller,
-même si la femme de ménage n’a pas nettoyé la
-lampe et si la mèche fume, tachant de poussière noire
-les portraits aimés… »</p>
-
-<p>Mais je n’ai pas osé. Devant toi, jeune homme pauvre,
-une grande timidité m’a saisi. Je me serais nommé
-et tu m’aurais dit :</p>
-
-<p>Qui êtes-vous ?</p>
-
-<p>Et puis, par la puissance d’une invraisemblable espérance,
-n’aurais-tu pas souri de mes paroles ?</p>
-
-<p>Et puis, quand je t’aurais dit la nécessité d’un effort
-patient et quotidien pour résister à tous tes protecteurs
-et ne pas obtenir les palmes académiques,
-peut-être, écartant ton pardessus et me montrant ta
-boutonnière, m’aurais-tu répondu avec orgueil.</p>
-
-<p>Je les ai.</p>
-
-<p>Aussi je t’ai regardé t’éloigner, chétif et mince,
-parmi les omnibus terribles, les maisons immenses.
-Tu n’avais pas l’air de connaître ta petitesse ; tu tenais
-ta canne comme une épée. Et j’ai admiré avec quelle
-autorité peut résonner sur le pavé de la rue une bottine
-où il y a un trou.</p>
-
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak">TABLE</h2>
-
-
-<table summary="">
-<tr><td colspan="2">&nbsp;</td> <td class="small r"><div>Pages</div></td></tr>
-<tr><td class="r"><div>I.</div></td>
-<td class="drap">— De l’hôtel garni</td>
-<td class="bot r"><div><a href="#ch1">7</a></div></td></tr>
-<tr><td class="r"><div>II.</div></td>
-<td class="drap">— La question d’argent</td>
-<td class="bot r"><div><a href="#ch2">13</a></div></td></tr>
-<tr><td class="r"><div>III.</div></td>
-<td class="drap">— Importance des habits</td>
-<td class="bot r"><div><a href="#ch3">21</a></div></td></tr>
-<tr><td class="r"><div>IV.</div></td>
-<td class="drap">— Les maîtresses</td>
-<td class="bot r"><div><a href="#ch4">25</a></div></td></tr>
-<tr><td class="r"><div>V.</div></td>
-<td class="drap">— Manière de se conduire avec les hommes influents</td>
-<td class="bot r"><div><a href="#ch5">31</a></div></td></tr>
-<tr><td class="r"><div>VI.</div></td>
-<td class="drap">— Le prestige du monde</td>
-<td class="bot r"><div><a href="#ch6">37</a></div></td></tr>
-<tr><td class="r"><div>VII.</div></td>
-<td class="drap">— Possibilité de faire fortune par le jeu</td>
-<td class="bot r"><div><a href="#ch7">43</a></div></td></tr>
-<tr><td class="r"><div>VIII.</div></td>
-<td class="drap">— Les petites annonces : Emprunts, beaux
-mariages, maîtresses désintéressées</td>
-<td class="bot r"><div><a href="#ch8">47</a></div></td></tr>
-<tr><td class="r"><div>IX.</div></td>
-<td class="drap">— Faut-il avoir une situation</td>
-<td class="bot r"><div><a href="#ch9">53</a></div></td></tr>
-<tr><td class="r"><div>X.</div></td>
-<td class="drap">— La richesse que donne l’amitié</td>
-<td class="bot r"><div><a href="#ch10">59</a></div></td></tr>
-<tr><td class="r"><div>XI.</div></td>
-<td class="drap">— La force de l’homme joyeux</td>
-<td class="bot r"><div><a href="#ch11">65</a></div></td></tr>
-<tr><td class="r"><div>XII.</div></td>
-<td>&nbsp;</td>
-<td class="bot r"><div><a href="#ch12">71</a></div></td></tr>
-</table>
-
-<p class="c gap small">Imp. <span class="sc">Bonvalot-Jouve</span>, 15, rue Racine, Paris.</p>
-
-
-<div style='display:block; margin-top:4em'>*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK CONSEILS À UN JEUNE HOMME PAUVRE QUI VIENT FAIRE DE LA LITTÉRATURE À PARIS ***</div>
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-
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-Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg&#8482;
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-generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary
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-Sections 3 and 4 and the Foundation information page at www.gutenberg.org.
-</div>
-
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-Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non-profit
-501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
-state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
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-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-The Foundation&#8217;s business office is located at 809 North 1500 West,
-Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887. Email contact links and up
-to date contact information can be found at the Foundation&#8217;s website
-and official page at www.gutenberg.org/contact
-</div>
-
-<div style='display:block; font-size:1.1em; margin:1em 0; font-weight:bold'>
-Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
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-public support and donations to carry out its mission of
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-status with the IRS.
-</div>
-
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-The Foundation is committed to complying with the laws regulating
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-States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
-considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
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-</div>
-
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-have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
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-approach us with offers to donate.
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
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-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
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-ways including checks, online payments and credit card donations. To
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-</div>
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-<div style='display:block; font-size:1.1em; margin:1em 0; font-weight:bold'>
-Section 5. General Information About Project Gutenberg&#8482; electronic works
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-Professor Michael S. Hart was the originator of the Project
-Gutenberg&#8482; concept of a library of electronic works that could be
-freely shared with anyone. For forty years, he produced and
-distributed Project Gutenberg&#8482; eBooks with only a loose network of
-volunteer support.
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-Project Gutenberg&#8482; eBooks are often created from several printed
-editions, all of which are confirmed as not protected by copyright in
-the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not
-necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper
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-</div>
-
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-Most people start at our website which has the main PG search
-facility: <a href="https://www.gutenberg.org">www.gutenberg.org</a>.
-</div>
-
-<div style='display:block; margin:1em 0'>
-This website includes information about Project Gutenberg&#8482;,
-including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
-Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
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