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If you are not located in the United States, you -will have to check the laws of the country where you are located before -using this eBook. - -Title: Conseils à un Jeune Homme pauvre qui vient faire de la - littérature à Paris - -Author: Maurice Magre - -Release Date: April 10, 2021 [eBook #65052] - -Language: French - -Character set encoding: UTF-8 - -Produced by: Laurent Vogel (This file was produced from images generously - made available by The Internet Archive) - -*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK CONSEILS À UN JEUNE HOMME PAUVRE -QUI VIENT FAIRE DE LA LITTÉRATURE À PARIS *** - - - - - MAURICE MAGRE - - Conseils à un Jeune Homme - pauvre qui vient faire de la - littérature à Paris - - - PARIS - BERNARD GRASSET - ÉDITEUR - 49, Rue Gay-Lussac - - 1908 - - - - -DU MÊME AUTEUR - - -POÉSIES - - _La Chanson des Hommes_. - _Le Poème de la Jeunesse_. - _Les Lèvres et le Secret_. - -CONTES - - _Histoire merveilleuse de Claire d’Amour_, suivie d’autres contes. - -THÉATRE - - _Le dernier Rêve_, 1 acte en vers (Odéon). - _Le vieil Ami_, 1 acte en prose (Théâtre Antoine). - -EN PRÉPARATION - - _Velleda_, pièce en 4 actes en vers. - _Le Marchand de Passions_, comédie en 3 actes, en vers. - _Le jeune Homme_, comédie en 4 actes, en prose. - - - - -I - -DE L’HOTEL GARNI - - -O jeune homme qui viens faire de la littérature à Paris, qui as peu -d’argent et pour la première fois apparais à la gare d’Orsay, arrête. Il -est temps encore. Tu pourrais, ayant contemplé les quais mélancoliques, -le Louvre bas, reprendre un train qui te remporterait vers la ville d’où -tu viens. Tu gagnerais ainsi, peut-être, dix années de ta vie. - -Mais non! Tu te diriges allègrement vers le quartier latin, à pied, car -une légende provinciale représente les cochers de fiacres, pauvres -esclaves errants, comme des personnages injurieux et redoutables. - -Le choix d’un logis est une chose grave. Il faut payer d’avance le -propriétaire de l’hôtel garni et tu seras condamné à rester un mois -entier dans une chambre misérable, si tu cèdes à ta timidité et si tu -acceptes la première venue, à cause de l’œil narquois du garçon qui te -la fais visiter. - -Veille à ce que le numéro de cette chambre ne soit pas marqué sur la -porte par un chiffre énorme. Tu entendras assez souvent dans l’hôtel des -phrases telles que celles-ci: - -Les lettres du huit! Le huit a sonné! Une visite pour le huit! - -Tu souffriras de sentir ton nom dédaigné et tu ne peux te douter combien -il te serait amer, de voir, à minuit, à la lueur de ta bougie qui -vacille, se dresser encore ce numéro fatidique comme le symbole de ton -existence, désormais anonyme, dans la grande ville. - -Veille encore à ce que cette chambre renferme une cheminée. Cela n’est -point négligeable. Tes écrits se ressentiraient de cette absence. Ils -seraient chétifs et grelottants, car il y a de grands vides sous les -portes, et les fenêtres laissent passer l’air abondamment. - -N’examine pas les meubles. Ils sont laids et dégagent une odeur -indéfinissable de vieilleries. Accoutume-toi à leur médiocrité. Seule la -table mérite quelque intérêt. Si tu en soulèves le tapis, peut-être y -trouveras-tu une curieuse inscription, attestant le passage d’un autre -jeune homme semblable à toi. - -N’aie pas honte de la pauvreté de ton hôtel. Affecte au contraire d’en -tirer vanité. Si quelque ami t’accompagne par la suite jusqu’à ta porte, -raconte des anecdotes pittoresques sur ces vieux murs dont ton -imagination te fournira les thèmes variés; parle des personnages -illustres qui les ont habités. Ainsi tu seras aisément comparé à un -héros de Balzac et même celui qui a un riche appartement enviera -peut-être la fantaisie de ta vie. - -Crains cette grosse dame trop aimable et trop familière, cette gérante -curieuse et bavarde. Elle te tend chaque soir ta bougie avec quelques -paroles de bienveillance. Hâte-toi par un sourire complaisant de flatter -la bonne tenue de sa maison, loue son esprit et même sa beauté, si elle -y prétend encore. - -Car cette grosse dame jouit d’un pouvoir terrible et discrétionnaire. -Elle peut te faire crédit des vingt francs que tu lui donnes tous les -quinze jours pour la chambre où tu vis; elle peut au contraire -empoisonner ton existence en te les réclamant âprement, elle peut -t’obliger à t’enfuir de chez toi, le matin, avant qu’elle ne soit levée, -pour ne rentrer que dans la nuit, quand elle dort. - -Crains-la aussi parce que sous le prétexte de faire ta chambre, elle -compte ton linge, lit tes lettres, connaît ton existence aussi bien que -toi. - -Et pourtant, souviens-toi aussi que lorsque le grand poète Oscar Wilde -mourut dans un misérable hôtel de la rue des Beaux-Arts, un seul homme -l’avait veillé à sa dernière heure, un seul homme suivit son enterrement -et cet homme c’était son propriétaire. - -Sur le cercueil de l’auteur de _De Profundis_ il n’y avait qu’une -couronne et sur cette couronne était écrit: A mon locataire! - -Qu’il soit beaucoup pardonné à la race persécutrice, avide du prix des -chambres, en souvenir de celui qui apporta au grand homme abandonné de -tous, le présent d’une suprême amitié. - - - - -II - -LA QUESTION D’ARGENT - - -L’argent! Tel est le problème quotidien et inexorable qui se posera -d’abord à toi. - -Tu t’apercevras vite qu’à Paris, plus qu’ailleurs, les hommes sont -divisés en deux catégories: ceux qui ont de l’argent et ceux qui n’en -ont pas. - -Dans l’œil de ton interlocuteur, tu liras cette question: Comment -vivez-vous? De quelle somme disposez-vous par mois? - -L’argent est en apparence bien caché dans la poche du gilet, dans le -portefeuille. Et pourtant on le voit. La qualité de la cravate, la -finesse du parapluie, la forme du chapeau parlent de lui, disent qu’il -est là avec sa grande puissance. Mais si ta main porte un gant troué, -cache-la bien dans ta poche. Par le petit trou du gant s’enfuirait toute -l’illusion de la richesse. - -L’homme riche se reconnaît aussi à l’assurance. Il ose s’impatienter -bruyamment dans les restaurants si on ne le sert pas assez vite. Il ose -entrer dans un magasin, examiner mille objets et s’en aller sans en -avoir acheté un seul, tandis que l’homme pauvre au contraire préfère -prendre et payer un livre dont il n’a pas besoin, un chapeau qui ne lui -va pas, plutôt que d’être jugé pauvre par l’œil sévère du marchand. -L’homme riche ose donner un pourboire de deux sous à un cocher, en -prétextant qu’il n’a justement pas de monnaie pour lui donner davantage, -insoucieux de l’injure et du mépris du cocher, parce qu’il est riche. - -Quand tu comparaîtras devant un concierge un jour de pluie, la boue de -tes souliers ne sera considérée comme un danger pour l’escalier que si -tu as l’air timide et minable. La boue du riche ne tache pas. Dans le -métropolitain, quand tu monteras en première avec un billet de seconde, -l’employé, pour te réclamer dix centimes sera insolent, si tu sembles -pauvre, obséquieux si ton aspect est élégant. Le riche est censé ne -jamais duper. - -Il faut donc que tu paraisses avoir de l’argent de même que si l’on veut -conserver un ami, il faut paraître heureux, simuler la joie. - -Pour cela, utilise ton argent avec sagesse, bien plus pour le superflu -que pour le nécessaire. - -Ce n’est pas pour tes plaisirs que tu auras besoin d’argent. Après -t’être étonné de la difficulté que l’on a à se procurer le moindre -billet de théâtre et avoir admiré en secret ces innombrables gens qui -disent «avoir leurs entrées partout», tu verras vite qu’en somme à Paris -les plaisirs sont gratuits pour un jeune homme intelligent, parce qu’au -lieu d’être la satisfaction de désirs immédiats ils sont faits du -sentiment que l’individu progresse et s’agrandit. - -Les omnibus, le métropolitain, les consommations que tu prendras à côté -des grands poètes des cafés constitueront presque toutes tes dépenses. -Les modestes ressources dont tu disposes disparaîtront bien vite par la -lente usure des petites sommes. N’hésite pas à manger mal dans des -endroits obscurs et parmi des humbles, car les œufs et les légumes sont -bons partout et ce superflu, qu’est un fiacre, si tu l’offres à propos, -peut avoir une portée infinie sur l’ensemble de ta vie. - -Arrange-toi pour que tu n’aies pas sensiblement moins d’argent à la fin -du mois qu’au commencement. Sans doute un de tes amis, étudiant ou -écrivain, se flattera de manger en trois jours la pension de sa famille. -C’est un prestige très grand qui tient à la fois de la splendeur des -orgies et de l’attrait de la générosité. Ne t’y laisse pas prendre. Cet -ami a certainement un oncle très riche auquel il peut écrire, ou bien il -ment: il n’a reçu aucune pension et il n’a par conséquent, aucune peine -à ne pas avoir d’argent. Tu serais forcé de porter ta montre au -Mont-de-piété et l’on ne peut se passer d’une montre à cause de -l’exactitude aux rendez-vous qui est indispensable. De plus tu -négligerais de la retirer, et ainsi tu serais volé, n’ayant eu que le -quart de sa valeur. - -A la dernière extrémité, vends plutôt les livres que tu possèdes. Mais -s’ils t’ont été offert par quelque grand homme désireux de popularité -parmi la jeunesse, gratte avec soin et habileté la dédicace. - -Au café, ne permets jamais à un plus pauvre que toi de payer les -consommations. Mais, si tu peux, laisse ce soin à un plus riche. - -Aie toujours sur toi un sou neuf et même fais-le reluire chaque matin -avant de sortir. Car avec ce sou neuf que tu tireras tardivement de ta -poche, tu peux faire le geste de payer en laissant croire à la présence -d’un louis. - -Tu n’es pas l’obligé de celui qui t’invite à déjeuner. Le sentiment de -sa générosité, le plaisir de ta conversation ont largement dédommagé ton -hôte des quelques francs qu’il a dépensés pour toi. Évite le mouvement -spontané qui te poussera à louer le choix et l’abondance inusitée des -mets. Il te sera ainsi épargné un fin sourire sur le visage de ton -interlocuteur. - -Sache-le bien: Il n’y a pas de question d’argent pour qui méprise -l’argent. Si tu as un ami millionnaire, ne sois pas, vis-à-vis de lui, -arrogant comme certains orgueilleux, flatteur comme un parasite. Sois -son égal, exactement comme si la formidable différence de la richesse -n’existait pas. - - - - -III - -IMPORTANCE DES HABITS - - -Il ne faut jamais vendre ses habits. Dîne plutôt seul dans ta chambre, -d’un morceau de pain et d’un peu de charcuterie sur un journal,--ce qui -est le comble de l’horreur,--adresse-toi plutôt, si tu as trop besoin -d’argent, à un gérant de café, en simulant pour cette occasion une -personnalité joviale et familière, mais ne vends jamais tes habits. - -Ce sont eux qui te donnent ton assurance et ta fierté, qui te permettent -de regarder le soir, à la lueur des becs de gaz, marcher à côté de toi -ton ombre, une ombre honorable et connue, dont tu admires l’aisance et -qui, elle, n’a pas l’air de ne pas avoir d’argent. Tu sais bien quelle -triste allure ont les vieux complets qu’on a trop mis, dont les coudes -luisent et où il y a des taches imparfaitement nettoyées. On est humble -sous un costume humble. On est un jeune homme instruit, plein d’avenir, -dans un complet neuf. - -On est aussi un jeune homme distingué et élégant, ce qui est très -important pour l’amour, pour les merveilleuses possibilités de la rue. - -Les conducteurs d’omnibus, les domestiques, les garçons de café sont -tous sensibles au costume. Tu devras mille petites faveurs de la vie à -ton apparence extérieure. - -Un de mes amis vécut plus d’un an à Paris avec cinquante francs par -mois. Il habitait une mansarde dont le plafond était moins haut que sa -taille; il n’avait pas de meubles et il couchait sur des journaux -froissés. Il dut sa force de résistance et son salut à une cape -espagnole. Que lui importait en effet les privations, le froid, la -misère! Il avait le sentiment d’être le jeune homme le plus beau et le -plus romantique du monde. - - - - -IV - -LES MAITRESSES - - -Tu t’émerveilleras de la grande quantité de femmes que renferme Paris. -Les coupés qui glissent vers le Bois de Boulogne, le frémissement des -dessous luxueux, les visages ennuyés des grandes courtisanes, -t’impressionneront profondément. - -Renonce d’abord à une illusion trop répandue. Tu n’auras pour maîtresse -ni une femme du monde, ni une actrice célèbre. Ne demande pas pourquoi. -Considère cela comme une vérité supérieure qu’il ne faut pas discuter. - -Il est vain d’importuner Liane de Pougy ou la belle Otero de lettres -élégiaques. Sache bien que les lettres d’amour, quelle que soit leur -beauté, n’ont aucune espèce d’influence sur cet ordre de femmes. Seules, -des actions inattendues et audacieuses pourraient te servir. Mais tu as -encore trop de timidité provinciale en toi pour en être capable. - -Tu connaîtras, dans des concerts, des jeunes filles qui sortent du -Conservatoire, qui sont à l’Odéon et tu feras même dire des vers par -l’une d’elles. Mais ne lui écris pas de lettres d’amour, surtout ne -l’aime pas. Tu ne seras jamais qu’un étranger pour cette personne qui, -vivant dans la compagnie de héros littéraires nourris d’un idéal -sublime, n’a pas gardé pour elle-même la moindre parcelle d’un idéal -quelconque. - -Elle ne saurait aimer qu’un maître dans son art, un de ces hommes rasés -et simples qui ont vingt ans de théâtre derrière eux et assez d’autorité -pour les tutoyer, la première fois qu’ils les voient. - -Tu auras donc les femmes des cafés, les modèles de tes camarades -peintres, peut-être une couturière dont tu feras connaissance au -restaurant, les maîtresses de tes amis. Mais les femmes des cafés sont -vénales et, quand elles sont désintéressées, toute l’ambition de leur -génie consiste à boire une quantité illimitée de boissons américaines -jusqu’à une heure très tardive. Les modèles sont mal faits et épris des -seuls peintres. Un abîme d’ennui te séparera de la couturière; les -maîtresses de tes amis seront toutes laides. - -Résigne-toi donc à vivre sans maîtresse, profitant seulement de -l’aventure amenée par le hasard. Regarde les portes qui s’ouvrent quand -tu montes l’escalier, les fenêtres qui sont en face des tiennes, la -boutique derrière les vitres de laquelle rêve peut-être un visage -charmant. En choisissant ta chambre, tu as décidé de ta vie -sentimentale, car pour une femme ordinaire le prestige d’être un voisin -est plus grand que celui d’être beau ou illustre. Souviens-toi, du -reste, que ceux qui passent leur temps à chercher des femmes n’en ont -guère plus que ceux qui ne s’en occupent pas. - -Prends souvent le métropolitain. Ce lieu est favorable à des rencontres -fortuites. Est-ce le sentiment de la vitesse, l’air irrespirable, la -chaleur, la proximité des corps? il n’importe! Mais le regard des femmes -est plus bienveillant qu’ailleurs, les moyens d’entrer en conversation -sont plus aisés. - -Évite les grands magasins: on y fait des achats. Ne crains pas d’offrir -le thé et les gâteaux: Tu seras un homme distingué. - -Si tu invites à dîner, parle de suite d’un curieux petit restaurant où -il y a des peintres et où la cuisine est exceptionnelle. Tu peux alors -aller chez n’importe quel modeste marchand de vins dont les prix sont en -rapport avec tes ressources. Il te suffira de demander en entrant si M. -Willette n’est pas venu ce soir, pour parer cet endroit, aux yeux de ta -compagne, de tout le charme de la vie des artistes. - -Ces sortes de liaison commencent dans les fiacres. Elles sont éphémères -comme une course à deux francs l’heure. - -Il vaut mieux. La vie à deux sans argent est un abîme de tristesse, même -quand on aime. Sacrifie l’amour dès l’origine. Il te paralyserait, -limiterait ton action et tu le verrais mourir tout de même, à cause des -draps qu’on ne change pas assez souvent, de l’odeur de la cuisine qu’on -fait chez soi, du repas pris parmi tes livres, à cause de cette rancune -qu’engendre la pauvreté à deux. - -Reste seul, travaille davantage, applique-toi à conquérir les hommes, ce -qui est bien plus important que de conquérir les femmes. - -Et dis-toi qu’il y a, avec une immense mélancolie, quelque douceur -pourtant, dans le souvenir d’une main qui t’a échappé sans t’avoir donné -toute sa chaleur, dans le souvenir d’un beau et cher visage disparu... - - - - -V - -MANIÈRE DE SE CONDUIRE AVEC LES HOMMES INFLUENTS - - -Étant sans maîtresse attitrée, tes jours seront libres. Le plus grand -danger qui te guettera est celui des cafés où il fait chaud, l’hiver, où -il y a des amis joyeux qui causent et boivent. N’y demeure qu’autant que -cela sera nécessaire à resserrer des liens précieux d’amitié. Va dans la -vie, n’importe où, au hasard, il y a une récolte dans chaque milieu. - -Tu verras des êtres divers; des antipathies et des sympathies naîtront -autour de toi. Tu feras un choix et ta personnalité trouvera son chemin -comme une rivière se creuse dans une montagne qu’elle descend. - -Ne va pas juger si un homme est important d’après son costume. A une -certaine hauteur l’artifice du vêtement est inutile. L’homme important -sait bien que sa puissance se dégage naturellement autour de lui comme -une atmosphère. Tu seras même bien étonné un jour si tu vas aux courses, -quand on te désignera un homme très modestement vêtu et qu’on te dira: -C’est un Rothschild. - -Du reste l’estime d’un honorable pauvre est plus précieuse quelquefois -que l’amitié d’un ministre. - -Mais songe que tes plus grands ennemis sont en toi. Ils sont cet afflux -du sang à tes joues, cette paralysie déplorable qui te fera bégayer, te -donnera une apparence humble et modeste, quand tu seras en présence du -directeur du _Figaro_, ou de celui de l’Odéon. Tu serais jugé d’un coup -d’œil, classé pour la vie, et sans que ce jugement soit susceptible -d’appel, dans la catégorie des personnages de troisième plan, qu’on fait -attendre, qu’on reçoit debout, auxquels on n’accorde que quelques -minutes, qu’on ne croira jamais susceptibles de grandes choses. - -Résiste à cette voix qui te pousse à dire tout de suite à l’homme -influent que tu vas solliciter: Mais oui, ma demande est exagérée et -absurde. Il est légitime que vous la repoussiez. Excusez-moi de vous -avoir dérangé. - -Ne tombe pas dans un excès contraire d’audace simulée; ne te flatte pas -d’une influence illusoire sur tes camarades, ou d’une ambition démesurée -que tu n’as pas: ce serait plus fâcheux encore; tu serais considéré -comme un de ces dangereux arrivistes dont il faut refréner l’ardeur, -dont on peut tout craindre. - -Ne sois pas trop aimable; ne sois pas timide, là est l’essentiel. Songe -que toutes les fois que tu seras en présence d’un homme dont dépendra ta -destinée, auquel tu viendras demander quelque chose, un combat obscur se -livrera. Tu seras comme un guerrier désarmé qui attaque seul une immense -ville fortifiée. Pour ne pas mourir, ne perds jamais de vue la -conscience favorable que tu as de toi-même. - - - - -VI - -LE PRESTIGE DU MONDE - - -Tu seras invité certainement à quelque soirée, chose très honorifique -dans ta situation. Cela te permettra d’écrire à tes parents: «Je vais -beaucoup dans le monde, ces temps-ci.» Et la vision qu’ils auront -aussitôt de toi, récitant des vers devant une cheminée, sous les -lustres, parmi les acclamations de femmes couvertes de bijoux, sera -douce à ces cœurs simples. - -Il se peut, il est vraisemblable que tu aies un habit. Si tu n’en -possédais pas cependant, sache qu’il est, rue Saint-André-des-Arts, une -boutique modeste où tu pourras en faire achat, moyennant une somme -dérisoire. Là, une foule d’habits reposent, couchés les uns sur les -autres. Certainement il en sera un à ta taille. Tu l’essaieras dans la -boutique même. Veille pendant cette minute à ce qu’on ne t’aperçoive pas -de la rue. Mais ce serait un bien grand hasard si Mlle Sorel ou la -comtesse de Noailles passaient justement par là et regardaient à travers -les carreaux. - -Tu entreras dans le monde, ivre de fierté et tremblant de peur. Tu -t’émerveilleras d’abord, que tout aille si bien, que tu puisses saluer -avec autant d’élégance, être présenté à des gens importants, prononcer -des paroles suffisantes, serrer la main à droite et à gauche. Le sourire -de la maîtresse de maison aura eu l’air de te marquer une estime -particulière. La médiocrité incroyable des propos que tu entendras te -rassurera peu à peu, te rendra l’estime de toi-même perdue dans la -détresse du début. - -Alors, tu verras, dans un coin, un homme semblable à toi, mais plus -modeste, plus timide, plus épouvanté, avec un habit frère du tien. Son -œil triste, son attitude gênée, quelques mots prononcés à voix basse sur -l’extrême chaleur, mendieront une parole de toi. Tu pourrais lui donner -ce que tu cherches toi-même, un appui, le sentiment qu’il n’est pas -absolument seul. Mais non! dans ta folie orgueilleuse, tu le mépriseras, -tu pactiseras avec les hommes élégants, aux nœuds de cravates -impeccables, avec la foule des ennemis. - -Plein de ta confiance en toi retrouvée, tu feras quelque démarche -hardie, tu traverseras le salon, tu apercevras ta silhouette dans une -glace et tu n’en seras pas mécontent. - -Cela durera jusqu’à la minute où tu auras regardé trop attentivement une -jeune fille, une jeune fille dont le costume compliqué, les cheveux -fins, la grâce délicate résumeront pour toi tous les charmes du monde -parisien. Tu verras son regard froid et attentif, plein de curiosité, -longuement fixé sur tes pieds. Ce regard sera sans mépris, sans ironie -même, ce sera un regard qui constate, qui enregistre. Il enregistrera la -forme surannée de tes bottines, la chute maladroite de ton pantalon. -Pour la première fois de ta vie tu penseras à tes pieds et à leur grande -importance. - -Avec une moue presque imperceptible, le visage charmant se sera détourné -pour jamais. Tu regarderas autour de toi et tu t’apercevras que toutes -les bottines voisines sont vernies et semblent neuves, tandis que les -tiennes sont seulement cirées avec soin et déformées par des marches -anciennes. - -Un horrible génie de comparaison naîtra tout d’un coup dans ton âme. Tu -auras honte de tes cheveux trop longs, de ton col trop large, de ton -gilet trop étroit. Ton pantalon te sera odieux parce qu’il n’aura pas de -pli. Tu haïras ta mère ou ta sœur parce qu’elle t’aura donné tes boutons -de manchettes. Ton habit se sera soudain fané sur ton dos; une tache que -tu n’avais pas vue, se mettra à briller comme un phare. Le parfum de la -benzine s’élèvera de tes gants nettoyés. - -Tu chercheras en vain celui que tu avais reconnu comme un homme de ta -race, pour t’affliger avec lui de la stupidité immense des gens du -monde. Trop tard! il aura déjà fui. - -Crois-moi. Gagne alors le buffet. Ces petits avantages que sont le vin -et les gâteaux t’y attendent. L’être grossier qui est en toi pourra se -dire que la soirée n’a pas été absolument perdue si le champagne était -bon. C’est une curieuse illusion qui te fait croire que le maître -d’hôtel te suit de l’œil et compte ce que tu prends. Cet homme solennel -est sans ironie et pourquoi serait-il avare de richesses dont il -dispose, mais qui ne sont pas les siennes? - -Il sera deux ou trois heures du matin quand tu sortiras. Les voitures, -la nuit, coûtent un prix exorbitant. Tu rentreras tristement à pied. -Mais, à mesure que tu t’éloigneras, tu t’apercevras que ton pas résonne -avec autorité dans la rue vide, ton habit retrouvera son prestige perdu, -tu entrouvriras même ton pardessus pour qu’un passant l’aperçoive et ait -une haute idée de cette élégance. - -La fatigue, le champagne et ta jeune imagination te donneront le -sentiment d’une vie mondaine de plaisirs. Et malgré tes déboires, quand -tu arriveras à ta porte, tu sonneras avec un certain orgueil et la -négligence du noceur blasé. - - - - -VII - -POSSIBILITÉ DE FAIRE FORTUNE PAR LE JEU - - -Les déceptions du monde inclineront ton esprit à des réflexions amères. -Vers cette époque, longeant le fleuve d’or, de billets de théâtre et -d’amours qui coule entre la Madeleine et la Porte Saint-Martin, tu -rencontreras un ami peu connu de toi, qui te tutoiera et t’offrira de te -protéger. Tu lui raconteras tes ennuis et il rira, te tapera sur -l’épaule en t’affirmant qu’il peut te faire gagner beaucoup d’argent. Il -te conduira dans des cercles. En ne jouant que sur certains coups sûrs, -l’homme patient et qui a de la volonté gagne sans aucun risque, te -dira-t-il. - -Tu glisseras, plein d’anxiété sur son sort, une pièce de cinq francs sur -un de ces coups. Un hasard très rare voudra justement que tu perdes -malgré toutes ses prévisions. Une somme plus importante confiée à ton -nouvel ami partant pour les courses, disparaîtra de la même manière, -contrairement au calcul et à la raison. - -Cela vaut mieux. Seuls, peuvent vivre du jeu, des personnages passagers, -sans autre but précis que celui d’avoir de l’argent, sans foi en -eux-mêmes. Tu n’es pas de ceux-là. Ne regrette ni l’illusion du luxe que -donne le cercle, ni le dîner qui ne coûte rien, mais qu’il faut payer de -conversations avec des vieillards, épaves de tous les mondes, que l’on -ne trouve que là. - -Renonce au salon solennel où il y a tous les journaux illustrés, à -l’orgueil d’être connu par des domestiques en uniforme. - -Les cartes à jouer ont un double visage. Pour avoir tes quelques sous, -elles te tendent des billets de banque. Ne te laisse pas prendre à cette -ruse grossière. - - - - -VIII - -LES PETITES ANNONCES: EMPRUNTS, BEAUX MARIAGES, MAITRESSES -DÉSINTÉRESSÉES - - -En lisant le journal, un samedi, tu découvriras que la vie est riche et -qu’elle s’offre à toi dans son infinie variété. - -Petites annonces du journal, vous êtes le paradis des espérances! Après -t’être émerveillé de l’extraordinaire prospérité du commerce des vieux -dentiers, tu liras avec allégresse l’offre d’un monsieur qui offre à -n’importe qui de prêter n’importe quelle somme d’argent. - -Paris est plein de philanthropes qui ne demandent pas mieux que de -favoriser de jeunes écrivains comme moi, te diras-tu. Le tout est d’être -en relation avec eux; le journal est pour cela un commode intermédiaire. - -Ce philanthrope habite très loin, dans un faubourg. Sa maison est une -misérable maison ouvrière. C’est sa femme qui vient ouvrir la porte et -elle regarde anxieusement celui qui arrive comme si on venait l’arrêter. -Le philanthrope est derrière un petit bureau; il est mal vêtu et mal -rasé; il demande sévèrement au visiteur ce qu’il veut. - -Tu crains de t’être trompé, tu balbuties, tu parles confusément d’un -emprunt possible. Alors l’homme sourit; il a vu d’un coup d’œil que tu -es honorable, il comprend que tu as de l’avenir; il demande de quelle -somme tu as besoin. Tu dis un chiffre; cinq cents francs par exemple. Il -rit aussitôt parce que c’est une toute petite somme très facile à -prêter. - -Tu le suis des yeux; l’argent est là dans un tiroir, il va te le donner -tout de suite. Quel philanthrope! - -Il te promet en effet de te le donner, mais dans trois jours seulement. -Il a une absolue confiance en toi mais les affaires sont les affaires. -Il faut qu’il ait d’ici là une fiche de renseignements; c’est une simple -formalité, l’usage de la maison. Les frais de cette fiche que donne une -agence sont à la charge de l’emprunteur, bien entendu. Tu trouves cela -trop légitime et tu lui donnes avec joie une somme qui varie entre trois -et quinze francs. Vous vous quittez les meilleurs amis du monde et il -doit t’écrire le surlendemain. - -Tu n’en entends plus jamais parler. Si tu en conçois quelque regret, -console-toi en songeant que le philanthrope prêteur d’argent n’aurait -peut-être pas dîné ce soir-là, ainsi que sa femme et ses enfants, sans -l’argent de ta fiche. Et il ne t’a trompé en somme qu’à demi. Il a des -renseignements sur toi; il sait désormais que tu es un jeune homme -honorable. Celui qui vous offre à dîner n’est-il pas toujours honorable? - -Il y a aussi dans les petites annonces, de beaux mariages et des -maîtresses désintéressées. Tu pourras te dire, qu’en effet, une foule -d’admirables jeunes filles sans relations, d’étrangères aux yeux -langoureux, de femmes désireuses de nouveauté mettent des annonces dans -le journal. - -Cette distraction est inoffensive. Elle ne coûte qu’une boîte de papier -à lettre élégant, des timbres, des démarches à la poste restante. Tu -iras dans des kiosques d’omnibus, tenant à la main soit un bouquet de -fleurs, soit un numéro du journal, comme signe de reconnaissance. Il -t’arrivera d’y trouver une femme ayant passé la cinquantaine qui te fera -fuir aussitôt. Il t’arrivera de te tromper, d’aller parler à des dames -qui attendent simplement l’omnibus et d’être fort mal accueilli. Il -t’arrivera d’être en butte à la moquerie de plusieurs jeunes gens, -auteurs des lettres que tu auras reçues et qui seront venus guetter ta -déconvenue. - -Peut-être un jour, sur l’offre d’une dot de plusieurs millions, iras-tu -dans une agence matrimoniale. Mais quand une personne âgée, en te -regardant bien en face, te demandera combien tu gagnes par an, tu te -troubleras, tu diras qu’il ne s’agit pas de toi, que tu viens de la part -d’un de tes amis fort riche et tu t’en iras en maudissant les petites -annonces, ce marché trompeur de l’espoir, à un franc soixante-quinze la -ligne. - - - - -XI - -FAUT-IL AVOIR UNE SITUATION? - - -Tu chercheras une situation et voilà le plus grand danger qui te guette, -ta vie ou ta mort, selon ton étoile bonne ou mauvaise. - -Sur les dix personnes auxquelles tu te seras adressé, amis de ton père, -députés de ton pays, vieilles dames qui ont beaucoup de relations, il y -en aura neuf qui te promettront de faire des démarches et de décrire -bientôt et dont tu n’entendras plus parler. Tu n’en seras qu’à demi -fâché, l’état de celui qui cherche une situation est agréable parce -qu’il est au bord de l’imprévu. - -Mais la dixième personne, un homme bienveillant, oisif et protecteur, -sera saisi pour toi d’une mystérieuse activité, d’un inquiétant désir de -te voir casé. De quelle reconnaissance ne devras-tu pas être chargé à -l’égard de ce terrible ami! Il fera des visites avec toi, écrira des -lettres élogieuses sur ton compte, et cela sans raison, à cause de la -sympathie personnelle que tu lui auras inspirée. Il t’annoncera enfin -qu’il a trouvé une situation sérieuse, un poste sûr. - -C’est alors qu’il te faudra un grand courage. - -Ce poste sûr tu dois le refuser, si quelque espérance est en toi, si -quelque vertu t’anime. Mieux vaut déjeuner encore pour quelques sous, -être un sujet de colère pour ta repasseuse, courir dans la rue lorsqu’il -fait trop froid, ne plus revoir l’ami de ton père actif et bon. - -Tout jeune homme qui vient à Paris trouve cette situation. C’est une -machine quelconque aux rouages inexorables, société industrielle, grande -maison d’édition, compagnie d’assurances où il est jeté et broyé pour -cent cinquante francs par mois avec la certitude d’en avoir deux cents -dans dix ans. - -N’accepte pas, meurs plutôt. - -Surtout ne te dupe pas toi-même en acceptant à titre d’essai pour deux -ou trois mois. La servitude dans laquelle tu tomberais, l’amitié de tes -compagnons médiocres, les petits bonheurs du dimanche feraient -rapidement de toi un lâche dont les désirs sont bornés. Tu perdrais -l’habitude de l’effort véritable, qu’on accomplit pour soi-même, -librement. Peut-être finirais-tu par croire que tes sept heures -d’écriture constituent un louable travail. Tu serais invité dans de -petits appartements par d’autres employés où des femmes laides mais -laborieuses font le ménage, préparent le dîner. Le charme de la pauvreté -propre et honnête te saisirait. Tu te trouverais des prétextes pour -attendre les cent cinquante francs du mois suivant. Il te faudrait plus -de force pour vaincre l’espérance misérable de cent cinquante francs, -qu’il ne t’en a fallu pour vaincre ta province coalisée et venir à -Paris. - -N’accepte que des situations incertaines. Les nouveaux journaux, les -théâtres qui se fondent, les cabinets des ministres, si cela t’est -possible, doivent être plus désignés à ton ambition, parce qu’ils sont -passagers par leur nature. Tes maîtres n’exigeront pas trop de toi pour -que tu n’exiges pas trop d’eux-mêmes. Ce seront des hommes dans ton -genre avec quelques années de plus. - -Ne prête pas d’attention au mépris apparent que pourront te témoigner -des médiocres, parce que tu ne gagnes pas un argent régulier. - -Si tu rencontres un ami arrivé, jadis semblable à toi, aujourd’hui bon -fonctionnaire, richement marié et s’il te prend en pitié à cause de ton -état instable, appuie-toi pour résister à son hypocrite sympathie, sur -l’amour de toi-même, comme sur une colonne de marbre. Pardonne-lui -l’excès de bonté qu’il te témoigne puisqu’il ne soupçonne même pas -quelle hauteur tu veux atteindre. - - - - -X - -LA RICHESSE QUE DONNE L’AMITIÉ - - -Tâche d’avoir des amis. - -On les acquiert d’abord par son visage bienveillant, la facilité qu’on a -à saluer des gens peu connus, à serrer des mains qui se tendent. Le goût -des conversations sympathiques, l’amour qu’on a des autres et de -soi-même font vite que beaucoup de gens ont du plaisir à vous voir. - -Mais ce n’est pas assez. Il faut choisir. Ne laisse pas au hasard d’une -rencontre, à un voisinage, le soin de te donner des amis. - -Une fois que tu auras élu un ami dans ton cœur ne crains pas de -l’importuner par des visites inattendues, des politesses excessives. Ne -te laisse pas rebuter par sa froideur. Tu lui apportes, avec la -prédilection de ta sympathie, une immense richesse, la même que tu -attends de lui. Il comprendra forcément à la longue quel avantage vous -avez tous deux à ce commerce idéal. - -Ce n’est jamais une aide matérielle que tu dois attendre de l’amitié. -Garde-toi par exemple d’emprunter de l’argent à ton ami, même si tu l’as -entendu déclarer plusieurs fois que l’argent est une chose méprisable, -que lorsque l’un en a, l’autre doit en avoir, etc. On ne sait jamais -jusqu’où plongent les racines de l’intérêt. Observe une semblable -réserve si ton ami est très riche. - -Les biens de l’amitié sont plus précieux que n’importe quelle somme -d’argent. Ils sont le sentiment que l’effort est partagé, que l’action -solitaire qu’on accomplit est agrandie par la sympathie de l’ami, que -l’injure qu’on reçoit, l’échec qu’on éprouve est diminué, rendu -insignifiant ou plaisant par les commentaires favorables qu’en fait -l’ami. - -Rends avec soin ce qui t’es donné dans ce domaine. Intéresse-toi aux -moindres faits de la vie de ton ami, au récit de ses amours, aux détails -de son budget, à ses souvenirs de service militaire. - -Ne dis jamais de mal de lui, car tout se sait. Surtout n’en pense pas -quoi qu’il fasse. Aie pour lui la même indulgence que pour toi. - -S’il a une maîtresse, ne lui fais pas la cour. Elle se hâterait de l’en -prévenir, en amplifiant ton audace, en transformant en perfidie ton goût -naturel des femmes. Ne va pas non plus être trop froid à son égard, ne -la regarde pas avec une complète indifférence. Elle te considérerait -alors comme un mortel ennemi, elle t’accuserait de vouloir la faire -rompre avec son amant et il lui serait très aisé de te brouiller avec -lui; l’amour a toujours le pas sur l’amitié. - -Fais donc entendre une bonne fois à cette maîtresse par quelque parole à -double sens que c’est elle que tu aurais aimée si l’amitié sacrée ne -vous avait pas séparés irrévocablement. N’en parle plus jamais ensuite. -Sa vanité sera satisfaite et elle attribuera tes indifférences pour elle -à un scrupule sublime. - -N’attends aucun service de tes amis. Quand ils demanderont quelque chose -pour toi ce ne ne seront que des choses très modestes, bien au-dessous -de ta valeur. Tu t’étonneras que des êtres qui t’aiment, dont tu as -éprouvé les sentiments, te méconnaissent ainsi, ne te jugent digne que -d’avantages tellement médiocres que tu ne pourrais les accepter sans -honte. - -Cela tient à ce qu’ils ne te situent pas dans la vie. L’amitié leur a -révélé tes faiblesses. Ce sont elles qu’ils voient, plutôt que tes -qualités. - -Seuls, des hommes que tu connais à peine oseront te rendre de vrais -services. Tu auras à leurs yeux le prestige d’un talent qu’ils ignorent, -dont ils ne savent pas les petits côtés. - -Tes amis ne peuvent t’offrir que la douceur de la main tendue, des -projets qu’on fait ensemble, des espérances qu’on partage, le plaisir -inestimable de se raconter l’un à l’autre... - -Et c’est bien assez. - -Mais, crois-moi, garde-toi de t’enorgueillir d’amitiés puissantes ou -illustres. Ta force est dans les liens qui t’unissent à ceux qui sont -semblables à toi, seraient-ils plus humbles même, à la troupe famélique -de ceux que la vie n’a pas favorisés, aux poètes des hôtels garnis à -deux francs, aux écrivains qui habitent au sixième une chambre parmi les -bonnes du premier étage, aux auteurs dramatiques qui se font comédiens -pour vivre. - -Sache bien que ces modestes compagnons avec leurs redingotes usées, -leurs bottines où passe l’eau, leurs cheveux longs, ont une influence -plus véritable que tous les hommes arrivés avec leurs paroles -conventionnelles. Car leur désintéressement les précède et les défend, -car seuls les cris qui partent d’en bas peuvent monter très haut et être -entendus très loin. - - - - -XI - -FORCE DE L’HOMME JOYEUX - - -Il faut une grande force d’âme pour sentir, quand il fait froid, les -bouffées chaudes des cafés devant lesquels on passe, où il y a des -nappes blanches, des boissons qui miroitent et où l’on ne peut pas -s’arrêter. - -Il est ennuyeux de ne pas manger à sa faim, dans le petit restaurant où -l’on paie, d’être privé de dessert comme quand on était enfant et qu’on -était puni, de regretter les vingt centimes que le café coûte en -supplément. - -Il est ennuyeux de répondre à ses amis qui s’en vont en bande à Bullier -qu’on est fatigué, qu’on a mal à la tête, alors qu’on a une envie folle -de participer aux élégances de ce lieu, parce qu’on ne peut disposer de -la petite somme que coûte l’entrée. - -Réclamations du propriétaire et du tailleur, papier qu’apporte l’employé -de Dufayel, serviettes trouées, bottines ressemelées, odeurs de bois -moisi, vous brisez le courage des cœurs les mieux trempés! - -O jeune homme, développe en toi ton allégresse, ta gaieté, sois, en -dépit des événements et de la mauvaise fortune, un homme joyeux. - -L’homme joyeux est fort, même s’il est laid et mal vêtu, parce qu’il rit -de celui qui est beau et élégant. L’homme joyeux regarde bien en face, -serre la main très fort et fait comprendre tout de suite qu’il est -joyeux. - -Lorsqu’il va dîner dans la maison du riche, il n’est pas sensible à -l’ironie discrète, mais réelle, du laquais rasé qui prend -obséquieusement son pardessus et qui en regarde la doublure déchirée, -parce que, par son geste, par son attitude il a montré qu’il savait bien -que la doublure était déchirée, que cela lui était égal, qu’il en riait, -et que par-dessus le marché il riait du laquais rasé et de son pauvre -métier. - -L’homme joyeux n’a pas de fausse honte; si le riche offre de lui prêter -de l’argent, même s’il le fait à la manière habituelle des riches, d’une -façon ostensible, humiliante, comme une aumône, il accepte et il a -raison, car il sait que ce riche est un médiocre oisif, tandis que lui -travaille de sa pensée. Il considère que c’est là un bienfait général -que cette richesse, au lieu d’être jouée aux cartes, au lieu de payer -des livrées, des tapis, des bijoux, au lieu de servir à entretenir un -luxe criard, lui permette d’acheter des livres, un chapeau, des -souliers, de donner vingt francs à une petite femme qui passe et qui n’a -pas d’argent et il rit de l’humiliation qui lui est imposée par ce -passage de la richesse d’une main dans l’autre, qui est une forme de la -justice. - -Il n’aura qu’à se souvenir de Baudelaire et de ses créanciers, de -Verlaine dans les cafés du quartier latin. Il pourra se dire, en voyant -passer des voitures élégantes, que les biens les plus charmants, la -lumière, la richesse des visages, la beauté de la ville sont à tous, -qu’on voit mieux Paris quand on est à pied. Ainsi il ne connaîtra pas de -la vie seulement la forme extérieure, la surface; il pénétrera jusqu’à -son cœur par les ruelles tortueuses où il y a plus d’hommes qui vivent à -mesure qu’elles deviennent plus étroites. Il saura plus de choses parce -qu’il aura eu moins d’argent. - -L’homme joyeux rira de l’avarice des puissants, de leur soif de garder -jalousement ce qu’ils ont acquis; il rira des conventions modernes, des -efforts immenses vers des buts mesquins, des décorations, des honneurs, -de la gloire dérisoire d’être directeur de quelque chose, préfet ou -ministre, il rira des poètes officiels, des cuistres assermentés, des -gérontes orgueilleux, des académiciens, des pontifes, de tous les mornes -adorateurs de la médiocrité, de tout ce qui est immobile, figé, esclave. - - - - -XII - - -Y a-t-il une fin à ta course? Le petit appartement que tu conquerras par -bien des efforts, les meubles de Dufayel, les livres achetés un à un, -les portraits d’actrices dans des cadres à bon marché, résisteront-ils à -l’assaut des créanciers, ou seront-ils emportés et dispersés? Ne -seras-tu pas débordé par l’étrenne de la concierge, la feuille bleue de -l’impôt, le fiacre imprudemment offert, le prix du pétrole et du -charbon? Ne sentiras-tu pas, un soir, un immense écœurement pour la -nourriture des bouillons Chartier, ton escalier où il y a des pots de -lait à chaque étage, ton logis mal éclairé et trop étroit? - -As-tu vraiment du talent? Chacun le saura-t-il un jour? Ou ta maîtresse -et un ou deux amis qui fondent avec toi des revues, en seront-ils seuls -persuadés? Cette théorie est-elle bien vraie, qui dit que la chance -passe tôt ou tard pour chacun et qu’il suffit de l’attendre et de -l’aider? Trouveras-tu ton repas quotidien, loup de la fable? Ne -regretteras-tu pas le collier du chien? Atteindras-tu le but, coureur? - -O jeune homme, ô mon frère, ici s’arrête ce que je sais? - -Plusieurs fois déjà je t’ai vu passer, je t’ai guetté et suivi dans la -rue, afin de presser ta main. Et j’avais envie de m’élancer vers toi et -de te dire: - -«Je sais. Comme la mienne autrefois, ta lampe fume à cause de la mèche -qu’une femme de ménage négligente mouche mal. Il y a des cendres sur le -foyer, une légère odeur de suie, une déchirure dans le tapis et -peut-être aussi redis-tu, le soir, comme je l’ai fait, ces vers -admirables: - - La maîtresse a quitté l’amant - A cause de l’appartement. - -«Mais va, il y a des poèmes meilleurs encore et plus joyeux et une foule -de tapis neufs dans les grands magasins. Du reste, la meilleure beauté -n’est pas plus dans le luxe de l’endroit où l’on vit que dans le regard -d’une maîtresse. Une belle lumière peut briller, même si la femme de -ménage n’a pas nettoyé la lampe et si la mèche fume, tachant de -poussière noire les portraits aimés...» - -Mais je n’ai pas osé. Devant toi, jeune homme pauvre, une grande -timidité m’a saisi. Je me serais nommé et tu m’aurais dit: - -Qui êtes-vous? - -Et puis, par la puissance d’une invraisemblable espérance, n’aurais-tu -pas souri de mes paroles? - -Et puis, quand je t’aurais dit la nécessité d’un effort patient et -quotidien pour résister à tous tes protecteurs et ne pas obtenir les -palmes académiques, peut-être, écartant ton pardessus et me montrant ta -boutonnière, m’aurais-tu répondu avec orgueil. - -Je les ai. - -Aussi je t’ai regardé t’éloigner, chétif et mince, parmi les omnibus -terribles, les maisons immenses. Tu n’avais pas l’air de connaître ta -petitesse; tu tenais ta canne comme une épée. Et j’ai admiré avec quelle -autorité peut résonner sur le pavé de la rue une bottine où il y a un -trou. - - - - -TABLE - - - Pages - I.--De l’hôtel garni 7 - II.--La question d’argent 13 - III.--Importance des habits 21 - IV.--Les maîtresses 25 - V.--Manière de se conduire avec les hommes influents 31 - VI.--Le prestige du monde 37 - VII.--Possibilité de faire fortune par le jeu 43 - VIII.--Les petites annonces: Emprunts, beaux mariages, - maîtresses désintéressées 47 - IX.--Faut-il avoir une situation 53 - X.--La richesse que donne l’amitié 59 - XI.--La force de l’homme joyeux 65 - XII. 71 - - -Imp. BONVALOT-JOUVE, 15, rue Racine, Paris. - - -*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK CONSEILS À UN JEUNE HOMME PAUVRE QUI -VIENT FAIRE DE LA LITTÉRATURE À PARIS *** - -Updated editions will replace the previous one--the old editions will -be renamed. - -Creating the works from print editions not protected by U.S. copyright -law means that no one owns a United States copyright in these works, -so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the -United States without permission and without paying copyright -royalties. Special rules, set forth in the General Terms of Use part -of this license, apply to copying and distributing Project -Gutenberg-tm electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG-tm -concept and trademark. Project Gutenberg is a registered trademark, -and may not be used if you charge for an eBook, except by following -the terms of the trademark license, including paying royalties for use -of the Project Gutenberg trademark. 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Hart was the originator of the Project -Gutenberg-tm concept of a library of electronic works that could be -freely shared with anyone. For forty years, he produced and -distributed Project Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of -volunteer support. - -Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed -editions, all of which are confirmed as not protected by copyright in -the U.S. unless a copyright notice is included. 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You may copy it, give it away or re-use it under the terms -of the Project Gutenberg License included with this eBook or online -at <a href="https://www.gutenberg.org">www.gutenberg.org</a>. 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Il est temps encore. -Tu pourrais, ayant contemplé les quais mélancoliques, -le Louvre bas, reprendre un train qui te remporterait -vers la ville d’où tu viens. Tu gagnerais -ainsi, peut-être, dix années de ta vie.</p> - -<p>Mais non ! Tu te diriges allègrement vers le quartier -latin, à pied, car une légende provinciale représente -les cochers de fiacres, pauvres esclaves errants, -comme des personnages injurieux et redoutables.</p> - -<p>Le choix d’un logis est une chose grave. Il faut payer -d’avance le propriétaire de l’hôtel garni et tu seras -condamné à rester un mois entier dans une chambre -misérable, si tu cèdes à ta timidité et si tu acceptes la -première venue, à cause de l’œil narquois du garçon -qui te la fais visiter.</p> - -<p>Veille à ce que le numéro de cette chambre ne soit -pas marqué sur la porte par un chiffre énorme. Tu -entendras assez souvent dans l’hôtel des phrases telles -que celles-ci :</p> - -<p>Les lettres du huit ! Le huit a sonné ! Une visite -pour le huit !</p> - -<p>Tu souffriras de sentir ton nom dédaigné et tu ne -peux te douter combien il te serait amer, de voir, à -minuit, à la lueur de ta bougie qui vacille, se dresser -encore ce numéro fatidique comme le symbole de -ton existence, désormais anonyme, dans la grande -ville.</p> - -<p>Veille encore à ce que cette chambre renferme une -cheminée. Cela n’est point négligeable. Tes écrits se -ressentiraient de cette absence. Ils seraient chétifs et -grelottants, car il y a de grands vides sous les -portes, et les fenêtres laissent passer l’air abondamment.</p> - -<p>N’examine pas les meubles. Ils sont laids et dégagent -une odeur indéfinissable de vieilleries. Accoutume-toi -à leur médiocrité. Seule la table mérite -quelque intérêt. Si tu en soulèves le tapis, peut-être -y trouveras-tu une curieuse inscription, attestant le -passage d’un autre jeune homme semblable à toi.</p> - -<p>N’aie pas honte de la pauvreté de ton hôtel. Affecte -au contraire d’en tirer vanité. Si quelque ami t’accompagne -par la suite jusqu’à ta porte, raconte des -anecdotes pittoresques sur ces vieux murs dont ton -imagination te fournira les thèmes variés ; parle des -personnages illustres qui les ont habités. Ainsi tu -seras aisément comparé à un héros de Balzac et même -celui qui a un riche appartement enviera peut-être la -fantaisie de ta vie.</p> - -<p>Crains cette grosse dame trop aimable et trop familière, -cette gérante curieuse et bavarde. Elle te tend -chaque soir ta bougie avec quelques paroles de bienveillance. -Hâte-toi par un sourire complaisant de -flatter la bonne tenue de sa maison, loue son esprit -et même sa beauté, si elle y prétend encore.</p> - -<p>Car cette grosse dame jouit d’un pouvoir terrible -et discrétionnaire. Elle peut te faire crédit des vingt -francs que tu lui donnes tous les quinze jours pour -la chambre où tu vis ; elle peut au contraire empoisonner -ton existence en te les réclamant âprement, -elle peut t’obliger à t’enfuir de chez toi, le matin, -avant qu’elle ne soit levée, pour ne rentrer que dans -la nuit, quand elle dort.</p> - -<p>Crains-la aussi parce que sous le prétexte de faire -ta chambre, elle compte ton linge, lit tes lettres, connaît -ton existence aussi bien que toi.</p> - -<p>Et pourtant, souviens-toi aussi que lorsque le -grand poète Oscar Wilde mourut dans un misérable -hôtel de la rue des Beaux-Arts, un seul homme l’avait -veillé à sa dernière heure, un seul homme suivit son -enterrement et cet homme c’était son propriétaire.</p> - -<p>Sur le cercueil de l’auteur de <i lang="la" xml:lang="la">De Profundis</i> il n’y -avait qu’une couronne et sur cette couronne était -écrit : A mon locataire !</p> - -<p>Qu’il soit beaucoup pardonné à la race persécutrice, -avide du prix des chambres, en souvenir de -celui qui apporta au grand homme abandonné de -tous, le présent d’une suprême amitié.</p> - -<div class="chapter"></div> - -<h2 class="nobreak" id="ch2">II<br /> -LA QUESTION D’ARGENT</h2> - - -<p>L’argent ! Tel est le problème quotidien et inexorable -qui se posera d’abord à toi.</p> - -<p>Tu t’apercevras vite qu’à Paris, plus qu’ailleurs, les -hommes sont divisés en deux catégories : ceux qui -ont de l’argent et ceux qui n’en ont pas.</p> - -<p>Dans l’œil de ton interlocuteur, tu liras cette question : -Comment vivez-vous ? De quelle somme disposez-vous -par mois ?</p> - -<p>L’argent est en apparence bien caché dans la poche -du gilet, dans le portefeuille. Et pourtant on le -voit. La qualité de la cravate, la finesse du parapluie, -la forme du chapeau parlent de lui, disent qu’il est -là avec sa grande puissance. Mais si ta main porte -un gant troué, cache-la bien dans ta poche. Par le -petit trou du gant s’enfuirait toute l’illusion de la -richesse.</p> - -<p>L’homme riche se reconnaît aussi à l’assurance. Il -ose s’impatienter bruyamment dans les restaurants -si on ne le sert pas assez vite. Il ose entrer dans un -magasin, examiner mille objets et s’en aller sans en -avoir acheté un seul, tandis que l’homme pauvre au -contraire préfère prendre et payer un livre dont il -n’a pas besoin, un chapeau qui ne lui va pas, plutôt -que d’être jugé pauvre par l’œil sévère du marchand. -L’homme riche ose donner un pourboire de deux -sous à un cocher, en prétextant qu’il n’a justement -pas de monnaie pour lui donner davantage, insoucieux -de l’injure et du mépris du cocher, parce qu’il -est riche.</p> - -<p>Quand tu comparaîtras devant un concierge un -jour de pluie, la boue de tes souliers ne sera considérée -comme un danger pour l’escalier que si tu as -l’air timide et minable. La boue du riche ne tache -pas. Dans le métropolitain, quand tu monteras en -première avec un billet de seconde, l’employé, pour -te réclamer dix centimes sera insolent, si tu sembles -pauvre, obséquieux si ton aspect est élégant. Le -riche est censé ne jamais duper.</p> - -<p>Il faut donc que tu paraisses avoir de l’argent de -même que si l’on veut conserver un ami, il faut -paraître heureux, simuler la joie.</p> - -<p>Pour cela, utilise ton argent avec sagesse, bien -plus pour le superflu que pour le nécessaire.</p> - -<p>Ce n’est pas pour tes plaisirs que tu auras besoin -d’argent. Après t’être étonné de la difficulté que l’on -a à se procurer le moindre billet de théâtre et avoir -admiré en secret ces innombrables gens qui disent -« avoir leurs entrées partout », tu verras vite qu’en -somme à Paris les plaisirs sont gratuits pour un jeune -homme intelligent, parce qu’au lieu d’être la satisfaction -de désirs immédiats ils sont faits du sentiment -que l’individu progresse et s’agrandit.</p> - -<p>Les omnibus, le métropolitain, les consommations -que tu prendras à côté des grands poètes des cafés -constitueront presque toutes tes dépenses. Les modestes -ressources dont tu disposes disparaîtront bien -vite par la lente usure des petites sommes. N’hésite -pas à manger mal dans des endroits obscurs et parmi -des humbles, car les œufs et les légumes sont bons -partout et ce superflu, qu’est un fiacre, si tu l’offres à -propos, peut avoir une portée infinie sur l’ensemble -de ta vie.</p> - -<p>Arrange-toi pour que tu n’aies pas sensiblement -moins d’argent à la fin du mois qu’au commencement. -Sans doute un de tes amis, étudiant ou écrivain, -se flattera de manger en trois jours la pension -de sa famille. C’est un prestige très grand qui tient à -la fois de la splendeur des orgies et de l’attrait de la -générosité. Ne t’y laisse pas prendre. Cet ami a certainement -un oncle très riche auquel il peut écrire, -ou bien il ment : il n’a reçu aucune pension et il n’a -par conséquent, aucune peine à ne pas avoir d’argent. -Tu serais forcé de porter ta montre au Mont-de-piété -et l’on ne peut se passer d’une montre à cause de -l’exactitude aux rendez-vous qui est indispensable. -De plus tu négligerais de la retirer, et ainsi tu serais -volé, n’ayant eu que le quart de sa valeur.</p> - -<p>A la dernière extrémité, vends plutôt les livres que -tu possèdes. Mais s’ils t’ont été offert par quelque -grand homme désireux de popularité parmi la jeunesse, -gratte avec soin et habileté la dédicace.</p> - -<p>Au café, ne permets jamais à un plus pauvre que -toi de payer les consommations. Mais, si tu peux, -laisse ce soin à un plus riche.</p> - -<p>Aie toujours sur toi un sou neuf et même fais-le -reluire chaque matin avant de sortir. Car avec ce sou -neuf que tu tireras tardivement de ta poche, tu peux -faire le geste de payer en laissant croire à la présence -d’un louis.</p> - -<p>Tu n’es pas l’obligé de celui qui t’invite à déjeuner. -Le sentiment de sa générosité, le plaisir de ta conversation -ont largement dédommagé ton hôte des -quelques francs qu’il a dépensés pour toi. Évite le -mouvement spontané qui te poussera à louer le choix -et l’abondance inusitée des mets. Il te sera ainsi -épargné un fin sourire sur le visage de ton interlocuteur.</p> - -<p>Sache-le bien : Il n’y a pas de question d’argent pour -qui méprise l’argent. Si tu as un ami millionnaire, ne -sois pas, vis-à-vis de lui, arrogant comme certains -orgueilleux, flatteur comme un parasite. Sois son -égal, exactement comme si la formidable différence -de la richesse n’existait pas.</p> - -<div class="chapter"></div> - -<h2 class="nobreak" id="ch3">III<br /> -IMPORTANCE DES HABITS</h2> - - -<p>Il ne faut jamais vendre ses habits. Dîne plutôt seul -dans ta chambre, d’un morceau de pain et d’un peu -de charcuterie sur un journal, — ce qui est le comble -de l’horreur, — adresse-toi plutôt, si tu as trop besoin -d’argent, à un gérant de café, en simulant pour cette -occasion une personnalité joviale et familière, mais -ne vends jamais tes habits.</p> - -<p>Ce sont eux qui te donnent ton assurance et ta -fierté, qui te permettent de regarder le soir, à la lueur -des becs de gaz, marcher à côté de toi ton ombre, -une ombre honorable et connue, dont tu admires -l’aisance et qui, elle, n’a pas l’air de ne pas avoir d’argent. -Tu sais bien quelle triste allure ont les vieux -complets qu’on a trop mis, dont les coudes luisent -et où il y a des taches imparfaitement nettoyées. On -est humble sous un costume humble. On est un -jeune homme instruit, plein d’avenir, dans un complet -neuf.</p> - -<p>On est aussi un jeune homme distingué et élégant, -ce qui est très important pour l’amour, pour les merveilleuses -possibilités de la rue.</p> - -<p>Les conducteurs d’omnibus, les domestiques, les -garçons de café sont tous sensibles au costume. Tu -devras mille petites faveurs de la vie à ton apparence -extérieure.</p> - -<p>Un de mes amis vécut plus d’un an à Paris avec -cinquante francs par mois. Il habitait une mansarde -dont le plafond était moins haut que sa taille ; il n’avait -pas de meubles et il couchait sur des journaux -froissés. Il dut sa force de résistance et son salut à -une cape espagnole. Que lui importait en effet les -privations, le froid, la misère ! Il avait le sentiment -d’être le jeune homme le plus beau et le plus romantique -du monde.</p> - -<div class="chapter"></div> - -<h2 class="nobreak" id="ch4">IV<br /> -LES MAITRESSES</h2> - - -<p>Tu t’émerveilleras de la grande quantité de femmes -que renferme Paris. Les coupés qui glissent vers le -Bois de Boulogne, le frémissement des dessous -luxueux, les visages ennuyés des grandes courtisanes, -t’impressionneront profondément.</p> - -<p>Renonce d’abord à une illusion trop répandue. Tu -n’auras pour maîtresse ni une femme du monde, ni -une actrice célèbre. Ne demande pas pourquoi. Considère -cela comme une vérité supérieure qu’il ne faut -pas discuter.</p> - -<p>Il est vain d’importuner Liane de Pougy ou la belle -Otero de lettres élégiaques. Sache bien que les lettres -d’amour, quelle que soit leur beauté, n’ont aucune -espèce d’influence sur cet ordre de femmes. -Seules, des actions inattendues et audacieuses pourraient -te servir. Mais tu as encore trop de timidité -provinciale en toi pour en être capable.</p> - -<p>Tu connaîtras, dans des concerts, des jeunes filles -qui sortent du Conservatoire, qui sont à l’Odéon et -tu feras même dire des vers par l’une d’elles. Mais -ne lui écris pas de lettres d’amour, surtout ne l’aime -pas. Tu ne seras jamais qu’un étranger pour cette -personne qui, vivant dans la compagnie de héros littéraires -nourris d’un idéal sublime, n’a pas gardé -pour elle-même la moindre parcelle d’un idéal quelconque.</p> - -<p>Elle ne saurait aimer qu’un maître dans son art, -un de ces hommes rasés et simples qui ont vingt ans -de théâtre derrière eux et assez d’autorité pour les -tutoyer, la première fois qu’ils les voient.</p> - -<p>Tu auras donc les femmes des cafés, les modèles -de tes camarades peintres, peut-être une couturière -dont tu feras connaissance au restaurant, les maîtresses -de tes amis. Mais les femmes des cafés sont -vénales et, quand elles sont désintéressées, toute -l’ambition de leur génie consiste à boire une quantité -illimitée de boissons américaines jusqu’à une heure -très tardive. Les modèles sont mal faits et épris -des seuls peintres. Un abîme d’ennui te séparera de -la couturière ; les maîtresses de tes amis seront toutes -laides.</p> - -<p>Résigne-toi donc à vivre sans maîtresse, profitant -seulement de l’aventure amenée par le hasard. Regarde -les portes qui s’ouvrent quand tu montes l’escalier, -les fenêtres qui sont en face des tiennes, la boutique -derrière les vitres de laquelle rêve peut-être un visage -charmant. En choisissant ta chambre, tu as décidé de -ta vie sentimentale, car pour une femme ordinaire le -prestige d’être un voisin est plus grand que celui d’être -beau ou illustre. Souviens-toi, du reste, que ceux qui -passent leur temps à chercher des femmes n’en ont -guère plus que ceux qui ne s’en occupent pas.</p> - -<p>Prends souvent le métropolitain. Ce lieu est favorable -à des rencontres fortuites. Est-ce le sentiment -de la vitesse, l’air irrespirable, la chaleur, la proximité -des corps ? il n’importe ! Mais le regard des femmes -est plus bienveillant qu’ailleurs, les moyens d’entrer -en conversation sont plus aisés.</p> - -<p>Évite les grands magasins : on y fait des achats. Ne -crains pas d’offrir le thé et les gâteaux : Tu seras un -homme distingué.</p> - -<p>Si tu invites à dîner, parle de suite d’un curieux -petit restaurant où il y a des peintres et où la cuisine -est exceptionnelle. Tu peux alors aller chez n’importe -quel modeste marchand de vins dont les prix sont en -rapport avec tes ressources. Il te suffira de demander -en entrant si M. Willette n’est pas venu ce soir, pour -parer cet endroit, aux yeux de ta compagne, de tout -le charme de la vie des artistes.</p> - -<p>Ces sortes de liaison commencent dans les fiacres. -Elles sont éphémères comme une course à deux francs -l’heure.</p> - -<p>Il vaut mieux. La vie à deux sans argent est un -abîme de tristesse, même quand on aime. Sacrifie -l’amour dès l’origine. Il te paralyserait, limiterait ton -action et tu le verrais mourir tout de même, à cause -des draps qu’on ne change pas assez souvent, de -l’odeur de la cuisine qu’on fait chez soi, du repas pris -parmi tes livres, à cause de cette rancune qu’engendre -la pauvreté à deux.</p> - -<p>Reste seul, travaille davantage, applique-toi à conquérir -les hommes, ce qui est bien plus important que -de conquérir les femmes.</p> - -<p>Et dis-toi qu’il y a, avec une immense mélancolie, -quelque douceur pourtant, dans le souvenir d’une -main qui t’a échappé sans t’avoir donné toute sa -chaleur, dans le souvenir d’un beau et cher visage -disparu…</p> - -<div class="chapter"></div> - -<h2 class="nobreak" id="ch5">V<br /> -MANIÈRE DE SE CONDUIRE AVEC LES HOMMES INFLUENTS</h2> - - -<p>Étant sans maîtresse attitrée, tes jours seront libres. -Le plus grand danger qui te guettera est celui des -cafés où il fait chaud, l’hiver, où il y a des amis joyeux -qui causent et boivent. N’y demeure qu’autant que -cela sera nécessaire à resserrer des liens précieux -d’amitié. Va dans la vie, n’importe où, au hasard, il -y a une récolte dans chaque milieu.</p> - -<p>Tu verras des êtres divers ; des antipathies et des -sympathies naîtront autour de toi. Tu feras un choix -et ta personnalité trouvera son chemin comme une -rivière se creuse dans une montagne qu’elle descend.</p> - -<p>Ne va pas juger si un homme est important d’après -son costume. A une certaine hauteur l’artifice du -vêtement est inutile. L’homme important sait bien -que sa puissance se dégage naturellement autour de -lui comme une atmosphère. Tu seras même bien -étonné un jour si tu vas aux courses, quand on te -désignera un homme très modestement vêtu et qu’on -te dira : C’est un Rothschild.</p> - -<p>Du reste l’estime d’un honorable pauvre est plus -précieuse quelquefois que l’amitié d’un ministre.</p> - -<p>Mais songe que tes plus grands ennemis sont en -toi. Ils sont cet afflux du sang à tes joues, cette paralysie -déplorable qui te fera bégayer, te donnera une -apparence humble et modeste, quand tu seras en présence -du directeur du <i>Figaro</i>, ou de celui de l’Odéon. -Tu serais jugé d’un coup d’œil, classé pour la vie, -et sans que ce jugement soit susceptible d’appel, -dans la catégorie des personnages de troisième plan, -qu’on fait attendre, qu’on reçoit debout, auxquels on -n’accorde que quelques minutes, qu’on ne croira -jamais susceptibles de grandes choses.</p> - -<p>Résiste à cette voix qui te pousse à dire tout de -suite à l’homme influent que tu vas solliciter : Mais -oui, ma demande est exagérée et absurde. Il est -légitime que vous la repoussiez. Excusez-moi de vous -avoir dérangé.</p> - -<p>Ne tombe pas dans un excès contraire d’audace -simulée ; ne te flatte pas d’une influence illusoire sur -tes camarades, ou d’une ambition démesurée que tu -n’as pas : ce serait plus fâcheux encore ; tu serais considéré -comme un de ces dangereux arrivistes dont il -faut refréner l’ardeur, dont on peut tout craindre.</p> - -<p>Ne sois pas trop aimable ; ne sois pas timide, là -est l’essentiel. Songe que toutes les fois que tu -seras en présence d’un homme dont dépendra ta destinée, -auquel tu viendras demander quelque chose, -un combat obscur se livrera. Tu seras comme un -guerrier désarmé qui attaque seul une immense -ville fortifiée. Pour ne pas mourir, ne perds jamais de -vue la conscience favorable que tu as de toi-même.</p> - -<div class="chapter"></div> - -<h2 class="nobreak" id="ch6">VI<br /> -LE PRESTIGE DU MONDE</h2> - - -<p>Tu seras invité certainement à quelque soirée, chose -très honorifique dans ta situation. Cela te permettra -d’écrire à tes parents : « Je vais beaucoup dans le -monde, ces temps-ci. » Et la vision qu’ils auront -aussitôt de toi, récitant des vers devant une cheminée, -sous les lustres, parmi les acclamations de femmes -couvertes de bijoux, sera douce à ces cœurs -simples.</p> - -<p>Il se peut, il est vraisemblable que tu aies un habit. -Si tu n’en possédais pas cependant, sache qu’il est, -rue Saint-André-des-Arts, une boutique modeste où -tu pourras en faire achat, moyennant une somme -dérisoire. Là, une foule d’habits reposent, couchés -les uns sur les autres. Certainement il en sera un à -ta taille. Tu l’essaieras dans la boutique même. -Veille pendant cette minute à ce qu’on ne t’aperçoive -pas de la rue. Mais ce serait un bien grand hasard si -M<sup>lle</sup> Sorel ou la comtesse de Noailles passaient justement -par là et regardaient à travers les carreaux.</p> - -<p>Tu entreras dans le monde, ivre de fierté et tremblant -de peur. Tu t’émerveilleras d’abord, que tout -aille si bien, que tu puisses saluer avec autant d’élégance, -être présenté à des gens importants, prononcer -des paroles suffisantes, serrer la main à droite -et à gauche. Le sourire de la maîtresse de maison -aura eu l’air de te marquer une estime particulière. -La médiocrité incroyable des propos que tu entendras -te rassurera peu à peu, te rendra l’estime de toi-même -perdue dans la détresse du début.</p> - -<p>Alors, tu verras, dans un coin, un homme semblable -à toi, mais plus modeste, plus timide, plus épouvanté, -avec un habit frère du tien. Son œil triste, son -attitude gênée, quelques mots prononcés à voix -basse sur l’extrême chaleur, mendieront une parole -de toi. Tu pourrais lui donner ce que tu cherches toi-même, -un appui, le sentiment qu’il n’est pas absolument -seul. Mais non ! dans ta folie orgueilleuse, -tu le mépriseras, tu pactiseras avec les hommes élégants, -aux nœuds de cravates impeccables, avec la -foule des ennemis.</p> - -<p>Plein de ta confiance en toi retrouvée, tu feras quelque -démarche hardie, tu traverseras le salon, tu apercevras -ta silhouette dans une glace et tu n’en seras -pas mécontent.</p> - -<p>Cela durera jusqu’à la minute où tu auras regardé -trop attentivement une jeune fille, une jeune fille dont -le costume compliqué, les cheveux fins, la grâce -délicate résumeront pour toi tous les charmes du -monde parisien. Tu verras son regard froid et attentif, -plein de curiosité, longuement fixé sur tes pieds. -Ce regard sera sans mépris, sans ironie même, ce -sera un regard qui constate, qui enregistre. Il enregistrera -la forme surannée de tes bottines, la chute -maladroite de ton pantalon. Pour la première fois -de ta vie tu penseras à tes pieds et à leur grande -importance.</p> - -<p>Avec une moue presque imperceptible, le visage -charmant se sera détourné pour jamais. Tu regarderas -autour de toi et tu t’apercevras que toutes les bottines -voisines sont vernies et semblent neuves, tandis -que les tiennes sont seulement cirées avec soin et -déformées par des marches anciennes.</p> - -<p>Un horrible génie de comparaison naîtra tout d’un -coup dans ton âme. Tu auras honte de tes cheveux -trop longs, de ton col trop large, de ton gilet trop -étroit. Ton pantalon te sera odieux parce qu’il n’aura -pas de pli. Tu haïras ta mère ou ta sœur parce qu’elle -t’aura donné tes boutons de manchettes. Ton habit -se sera soudain fané sur ton dos ; une tache que tu -n’avais pas vue, se mettra à briller comme un phare. -Le parfum de la benzine s’élèvera de tes gants nettoyés.</p> - -<p>Tu chercheras en vain celui que tu avais reconnu -comme un homme de ta race, pour t’affliger avec -lui de la stupidité immense des gens du monde. Trop -tard ! il aura déjà fui.</p> - -<p>Crois-moi. Gagne alors le buffet. Ces petits avantages -que sont le vin et les gâteaux t’y attendent. -L’être grossier qui est en toi pourra se dire que la -soirée n’a pas été absolument perdue si le champagne -était bon. C’est une curieuse illusion qui te fait croire -que le maître d’hôtel te suit de l’œil et compte ce que -tu prends. Cet homme solennel est sans ironie et -pourquoi serait-il avare de richesses dont il dispose, -mais qui ne sont pas les siennes ?</p> - -<p>Il sera deux ou trois heures du matin quand tu -sortiras. Les voitures, la nuit, coûtent un prix exorbitant. -Tu rentreras tristement à pied. Mais, à mesure -que tu t’éloigneras, tu t’apercevras que ton pas résonne -avec autorité dans la rue vide, ton habit retrouvera -son prestige perdu, tu entrouvriras même ton pardessus -pour qu’un passant l’aperçoive et ait une -haute idée de cette élégance.</p> - -<p>La fatigue, le champagne et ta jeune imagination te -donneront le sentiment d’une vie mondaine de plaisirs. -Et malgré tes déboires, quand tu arriveras à ta -porte, tu sonneras avec un certain orgueil et la -négligence du noceur blasé.</p> - -<div class="chapter"></div> - -<h2 class="nobreak" id="ch7">VII<br /> -POSSIBILITÉ DE FAIRE FORTUNE PAR LE JEU</h2> - - -<p>Les déceptions du monde inclineront ton esprit -à des réflexions amères. Vers cette époque, longeant -le fleuve d’or, de billets de théâtre et d’amours qui -coule entre la Madeleine et la Porte Saint-Martin, tu -rencontreras un ami peu connu de toi, qui te tutoiera -et t’offrira de te protéger. Tu lui raconteras tes -ennuis et il rira, te tapera sur l’épaule en t’affirmant -qu’il peut te faire gagner beaucoup d’argent. Il te -conduira dans des cercles. En ne jouant que sur -certains coups sûrs, l’homme patient et qui a de la -volonté gagne sans aucun risque, te dira-t-il.</p> - -<p>Tu glisseras, plein d’anxiété sur son sort, une -pièce de cinq francs sur un de ces coups. Un hasard -très rare voudra justement que tu perdes malgré -toutes ses prévisions. Une somme plus importante -confiée à ton nouvel ami partant pour les courses, -disparaîtra de la même manière, contrairement au -calcul et à la raison.</p> - -<p>Cela vaut mieux. Seuls, peuvent vivre du jeu, des -personnages passagers, sans autre but précis que -celui d’avoir de l’argent, sans foi en eux-mêmes. Tu -n’es pas de ceux-là. Ne regrette ni l’illusion du luxe -que donne le cercle, ni le dîner qui ne coûte rien, -mais qu’il faut payer de conversations avec des -vieillards, épaves de tous les mondes, que l’on ne -trouve que là.</p> - -<p>Renonce au salon solennel où il y a tous les journaux -illustrés, à l’orgueil d’être connu par des domestiques -en uniforme.</p> - -<p>Les cartes à jouer ont un double visage. Pour avoir -tes quelques sous, elles te tendent des billets de banque. -Ne te laisse pas prendre à cette ruse grossière.</p> - -<div class="chapter"></div> - -<h2 class="nobreak" id="ch8">VIII<br /> -LES PETITES ANNONCES : EMPRUNTS, BEAUX MARIAGES, MAITRESSES DÉSINTÉRESSÉES</h2> - - -<p>En lisant le journal, un samedi, tu découvriras -que la vie est riche et qu’elle s’offre à toi dans son -infinie variété.</p> - -<p>Petites annonces du journal, vous êtes le paradis -des espérances ! Après t’être émerveillé de l’extraordinaire -prospérité du commerce des vieux dentiers, -tu liras avec allégresse l’offre d’un monsieur qui offre -à n’importe qui de prêter n’importe quelle somme -d’argent.</p> - -<p>Paris est plein de philanthropes qui ne demandent -pas mieux que de favoriser de jeunes écrivains comme -moi, te diras-tu. Le tout est d’être en relation avec -eux ; le journal est pour cela un commode intermédiaire.</p> - -<p>Ce philanthrope habite très loin, dans un faubourg. -Sa maison est une misérable maison ouvrière. C’est -sa femme qui vient ouvrir la porte et elle regarde -anxieusement celui qui arrive comme si on venait -l’arrêter. Le philanthrope est derrière un petit bureau ; -il est mal vêtu et mal rasé ; il demande sévèrement -au visiteur ce qu’il veut.</p> - -<p>Tu crains de t’être trompé, tu balbuties, tu parles -confusément d’un emprunt possible. Alors l’homme -sourit ; il a vu d’un coup d’œil que tu es honorable, -il comprend que tu as de l’avenir ; il demande de -quelle somme tu as besoin. Tu dis un chiffre ; cinq -cents francs par exemple. Il rit aussitôt parce que -c’est une toute petite somme très facile à prêter.</p> - -<p>Tu le suis des yeux ; l’argent est là dans un tiroir, -il va te le donner tout de suite. Quel philanthrope !</p> - -<p>Il te promet en effet de te le donner, mais dans trois -jours seulement. Il a une absolue confiance en toi -mais les affaires sont les affaires. Il faut qu’il ait -d’ici là une fiche de renseignements ; c’est une simple -formalité, l’usage de la maison. Les frais de cette -fiche que donne une agence sont à la charge de l’emprunteur, -bien entendu. Tu trouves cela trop légitime -et tu lui donnes avec joie une somme qui varie -entre trois et quinze francs. Vous vous quittez les -meilleurs amis du monde et il doit t’écrire le surlendemain.</p> - -<p>Tu n’en entends plus jamais parler. Si tu en conçois -quelque regret, console-toi en songeant que le -philanthrope prêteur d’argent n’aurait peut-être pas -dîné ce soir-là, ainsi que sa femme et ses enfants, -sans l’argent de ta fiche. Et il ne t’a trompé en somme -qu’à demi. Il a des renseignements sur toi ; il sait -désormais que tu es un jeune homme honorable. -Celui qui vous offre à dîner n’est-il pas toujours -honorable ?</p> - -<p>Il y a aussi dans les petites annonces, de beaux -mariages et des maîtresses désintéressées. Tu pourras -te dire, qu’en effet, une foule d’admirables jeunes -filles sans relations, d’étrangères aux yeux langoureux, -de femmes désireuses de nouveauté mettent -des annonces dans le journal.</p> - -<p>Cette distraction est inoffensive. Elle ne coûte -qu’une boîte de papier à lettre élégant, des timbres, -des démarches à la poste restante. Tu iras dans des -kiosques d’omnibus, tenant à la main soit un bouquet -de fleurs, soit un numéro du journal, comme -signe de reconnaissance. Il t’arrivera d’y trouver une -femme ayant passé la cinquantaine qui te fera fuir -aussitôt. Il t’arrivera de te tromper, d’aller parler à -des dames qui attendent simplement l’omnibus et -d’être fort mal accueilli. Il t’arrivera d’être en butte -à la moquerie de plusieurs jeunes gens, auteurs -des lettres que tu auras reçues et qui seront venus -guetter ta déconvenue.</p> - -<p>Peut-être un jour, sur l’offre d’une dot de plusieurs -millions, iras-tu dans une agence matrimoniale. -Mais quand une personne âgée, en te regardant bien -en face, te demandera combien tu gagnes par an, tu -te troubleras, tu diras qu’il ne s’agit pas de toi, que -tu viens de la part d’un de tes amis fort riche et tu -t’en iras en maudissant les petites annonces, ce marché -trompeur de l’espoir, à un franc soixante-quinze -la ligne.</p> - -<div class="chapter"></div> - -<h2 class="nobreak" id="ch9">XI<br /> -FAUT-IL AVOIR UNE SITUATION ?</h2> - - -<p>Tu chercheras une situation et voilà le plus grand -danger qui te guette, ta vie ou ta mort, selon ton -étoile bonne ou mauvaise.</p> - -<p>Sur les dix personnes auxquelles tu te seras -adressé, amis de ton père, députés de ton pays, vieilles -dames qui ont beaucoup de relations, il y en aura -neuf qui te promettront de faire des démarches et de -décrire bientôt et dont tu n’entendras plus parler. -Tu n’en seras qu’à demi fâché, l’état de celui qui -cherche une situation est agréable parce qu’il est -au bord de l’imprévu.</p> - -<p>Mais la dixième personne, un homme bienveillant, -oisif et protecteur, sera saisi pour toi d’une mystérieuse -activité, d’un inquiétant désir de te voir casé. -De quelle reconnaissance ne devras-tu pas être -chargé à l’égard de ce terrible ami ! Il fera des visites -avec toi, écrira des lettres élogieuses sur ton compte, -et cela sans raison, à cause de la sympathie personnelle -que tu lui auras inspirée. Il t’annoncera enfin -qu’il a trouvé une situation sérieuse, un poste sûr.</p> - -<p>C’est alors qu’il te faudra un grand courage.</p> - -<p>Ce poste sûr tu dois le refuser, si quelque espérance -est en toi, si quelque vertu t’anime. Mieux vaut déjeuner -encore pour quelques sous, être un sujet de colère -pour ta repasseuse, courir dans la rue lorsqu’il fait -trop froid, ne plus revoir l’ami de ton père actif et -bon.</p> - -<p>Tout jeune homme qui vient à Paris trouve cette -situation. C’est une machine quelconque aux rouages -inexorables, société industrielle, grande maison d’édition, -compagnie d’assurances où il est jeté et broyé -pour cent cinquante francs par mois avec la certitude -d’en avoir deux cents dans dix ans.</p> - -<p>N’accepte pas, meurs plutôt.</p> - -<p>Surtout ne te dupe pas toi-même en acceptant à -titre d’essai pour deux ou trois mois. La servitude -dans laquelle tu tomberais, l’amitié de tes compagnons -médiocres, les petits bonheurs du dimanche -feraient rapidement de toi un lâche dont les désirs -sont bornés. Tu perdrais l’habitude de l’effort véritable, -qu’on accomplit pour soi-même, librement. -Peut-être finirais-tu par croire que tes sept heures -d’écriture constituent un louable travail. Tu serais -invité dans de petits appartements par d’autres -employés où des femmes laides mais laborieuses -font le ménage, préparent le dîner. Le charme de -la pauvreté propre et honnête te saisirait. Tu te trouverais -des prétextes pour attendre les cent cinquante -francs du mois suivant. Il te faudrait plus de force -pour vaincre l’espérance misérable de cent cinquante -francs, qu’il ne t’en a fallu pour vaincre ta province -coalisée et venir à Paris.</p> - -<p>N’accepte que des situations incertaines. Les nouveaux -journaux, les théâtres qui se fondent, les -cabinets des ministres, si cela t’est possible, doivent -être plus désignés à ton ambition, parce qu’ils sont -passagers par leur nature. Tes maîtres n’exigeront -pas trop de toi pour que tu n’exiges pas trop d’eux-mêmes. -Ce seront des hommes dans ton genre avec -quelques années de plus.</p> - -<p>Ne prête pas d’attention au mépris apparent que -pourront te témoigner des médiocres, parce que tu -ne gagnes pas un argent régulier.</p> - -<p>Si tu rencontres un ami arrivé, jadis semblable à -toi, aujourd’hui bon fonctionnaire, richement marié -et s’il te prend en pitié à cause de ton état instable, -appuie-toi pour résister à son hypocrite sympathie, -sur l’amour de toi-même, comme sur une colonne de -marbre. Pardonne-lui l’excès de bonté qu’il te témoigne -puisqu’il ne soupçonne même pas quelle hauteur -tu veux atteindre.</p> - -<div class="chapter"></div> - -<h2 class="nobreak" id="ch10">X<br /> -LA RICHESSE QUE DONNE L’AMITIÉ</h2> - - -<p>Tâche d’avoir des amis.</p> - -<p>On les acquiert d’abord par son visage bienveillant, -la facilité qu’on a à saluer des gens peu connus, à -serrer des mains qui se tendent. Le goût des conversations -sympathiques, l’amour qu’on a des autres et -de soi-même font vite que beaucoup de gens ont du -plaisir à vous voir.</p> - -<p>Mais ce n’est pas assez. Il faut choisir. Ne laisse -pas au hasard d’une rencontre, à un voisinage, le soin -de te donner des amis.</p> - -<p>Une fois que tu auras élu un ami dans ton cœur ne -crains pas de l’importuner par des visites inattendues, -des politesses excessives. Ne te laisse pas rebuter -par sa froideur. Tu lui apportes, avec la prédilection -de ta sympathie, une immense richesse, la même -que tu attends de lui. Il comprendra forcément à la -longue quel avantage vous avez tous deux à ce commerce -idéal.</p> - -<p>Ce n’est jamais une aide matérielle que tu dois attendre -de l’amitié. Garde-toi par exemple d’emprunter -de l’argent à ton ami, même si tu l’as entendu -déclarer plusieurs fois que l’argent est une chose méprisable, -que lorsque l’un en a, l’autre doit en -avoir, etc. On ne sait jamais jusqu’où plongent les -racines de l’intérêt. Observe une semblable réserve si -ton ami est très riche.</p> - -<p>Les biens de l’amitié sont plus précieux que n’importe -quelle somme d’argent. Ils sont le sentiment -que l’effort est partagé, que l’action solitaire qu’on -accomplit est agrandie par la sympathie de l’ami, -que l’injure qu’on reçoit, l’échec qu’on éprouve est -diminué, rendu insignifiant ou plaisant par les commentaires -favorables qu’en fait l’ami.</p> - -<p>Rends avec soin ce qui t’es donné dans ce domaine. -Intéresse-toi aux moindres faits de la vie de ton ami, -au récit de ses amours, aux détails de son budget, -à ses souvenirs de service militaire.</p> - -<p>Ne dis jamais de mal de lui, car tout se sait. Surtout -n’en pense pas quoi qu’il fasse. Aie pour lui la -même indulgence que pour toi.</p> - -<p>S’il a une maîtresse, ne lui fais pas la cour. Elle se -hâterait de l’en prévenir, en amplifiant ton audace, -en transformant en perfidie ton goût naturel des femmes. -Ne va pas non plus être trop froid à son égard, -ne la regarde pas avec une complète indifférence. -Elle te considérerait alors comme un mortel ennemi, -elle t’accuserait de vouloir la faire rompre avec son -amant et il lui serait très aisé de te brouiller avec lui ; -l’amour a toujours le pas sur l’amitié.</p> - -<p>Fais donc entendre une bonne fois à cette maîtresse -par quelque parole à double sens que c’est elle que -tu aurais aimée si l’amitié sacrée ne vous avait pas -séparés irrévocablement. N’en parle plus jamais ensuite. -Sa vanité sera satisfaite et elle attribuera tes -indifférences pour elle à un scrupule sublime.</p> - -<p>N’attends aucun service de tes amis. Quand ils demanderont -quelque chose pour toi ce ne ne seront -que des choses très modestes, bien au-dessous de ta -valeur. Tu t’étonneras que des êtres qui t’aiment, -dont tu as éprouvé les sentiments, te méconnaissent -ainsi, ne te jugent digne que d’avantages tellement -médiocres que tu ne pourrais les accepter sans -honte.</p> - -<p>Cela tient à ce qu’ils ne te situent pas dans la vie. -L’amitié leur a révélé tes faiblesses. Ce sont elles -qu’ils voient, plutôt que tes qualités.</p> - -<p>Seuls, des hommes que tu connais à peine oseront -te rendre de vrais services. Tu auras à leurs yeux le -prestige d’un talent qu’ils ignorent, dont ils ne savent -pas les petits côtés.</p> - -<p>Tes amis ne peuvent t’offrir que la douceur de la -main tendue, des projets qu’on fait ensemble, des -espérances qu’on partage, le plaisir inestimable de se -raconter l’un à l’autre…</p> - -<p>Et c’est bien assez.</p> - -<p>Mais, crois-moi, garde-toi de t’enorgueillir d’amitiés -puissantes ou illustres. Ta force est dans les liens -qui t’unissent à ceux qui sont semblables à toi, seraient-ils -plus humbles même, à la troupe famélique -de ceux que la vie n’a pas favorisés, aux poètes des -hôtels garnis à deux francs, aux écrivains qui habitent -au sixième une chambre parmi les bonnes du -premier étage, aux auteurs dramatiques qui se font -comédiens pour vivre.</p> - -<p>Sache bien que ces modestes compagnons avec -leurs redingotes usées, leurs bottines où passe l’eau, -leurs cheveux longs, ont une influence plus véritable -que tous les hommes arrivés avec leurs paroles -conventionnelles. Car leur désintéressement les précède -et les défend, car seuls les cris qui partent d’en -bas peuvent monter très haut et être entendus très -loin.</p> - -<div class="chapter"></div> - -<h2 class="nobreak" id="ch11">XI<br /> -FORCE DE L’HOMME JOYEUX</h2> - - -<p>Il faut une grande force d’âme pour sentir, quand -il fait froid, les bouffées chaudes des cafés devant lesquels -on passe, où il y a des nappes blanches, des -boissons qui miroitent et où l’on ne peut pas s’arrêter.</p> - -<p>Il est ennuyeux de ne pas manger à sa faim, dans -le petit restaurant où l’on paie, d’être privé de dessert -comme quand on était enfant et qu’on était puni, -de regretter les vingt centimes que le café coûte en -supplément.</p> - -<p>Il est ennuyeux de répondre à ses amis qui s’en -vont en bande à Bullier qu’on est fatigué, qu’on a mal -à la tête, alors qu’on a une envie folle de participer -aux élégances de ce lieu, parce qu’on ne peut disposer -de la petite somme que coûte l’entrée.</p> - -<p>Réclamations du propriétaire et du tailleur, papier -qu’apporte l’employé de Dufayel, serviettes trouées, -bottines ressemelées, odeurs de bois moisi, vous -brisez le courage des cœurs les mieux trempés !</p> - -<p>O jeune homme, développe en toi ton allégresse, ta -gaieté, sois, en dépit des événements et de la mauvaise -fortune, un homme joyeux.</p> - -<p>L’homme joyeux est fort, même s’il est laid et mal -vêtu, parce qu’il rit de celui qui est beau et élégant. -L’homme joyeux regarde bien en face, serre la main -très fort et fait comprendre tout de suite qu’il est -joyeux.</p> - -<p>Lorsqu’il va dîner dans la maison du riche, il -n’est pas sensible à l’ironie discrète, mais réelle, du -laquais rasé qui prend obséquieusement son pardessus -et qui en regarde la doublure déchirée, parce que, -par son geste, par son attitude il a montré qu’il savait -bien que la doublure était déchirée, que cela lui était -égal, qu’il en riait, et que par-dessus le marché il riait -du laquais rasé et de son pauvre métier.</p> - -<p>L’homme joyeux n’a pas de fausse honte ; si le riche -offre de lui prêter de l’argent, même s’il le fait à la -manière habituelle des riches, d’une façon ostensible, -humiliante, comme une aumône, il accepte et -il a raison, car il sait que ce riche est un médiocre -oisif, tandis que lui travaille de sa pensée. Il considère -que c’est là un bienfait général que cette richesse, -au lieu d’être jouée aux cartes, au lieu de payer des -livrées, des tapis, des bijoux, au lieu de servir à entretenir -un luxe criard, lui permette d’acheter des -livres, un chapeau, des souliers, de donner vingt -francs à une petite femme qui passe et qui n’a pas -d’argent et il rit de l’humiliation qui lui est imposée -par ce passage de la richesse d’une main dans l’autre, -qui est une forme de la justice.</p> - -<p>Il n’aura qu’à se souvenir de Baudelaire et de ses -créanciers, de Verlaine dans les cafés du quartier latin. -Il pourra se dire, en voyant passer des voitures élégantes, -que les biens les plus charmants, la lumière, -la richesse des visages, la beauté de la ville sont à -tous, qu’on voit mieux Paris quand on est à pied. -Ainsi il ne connaîtra pas de la vie seulement la forme -extérieure, la surface ; il pénétrera jusqu’à son cœur -par les ruelles tortueuses où il y a plus d’hommes qui -vivent à mesure qu’elles deviennent plus étroites. Il -saura plus de choses parce qu’il aura eu moins d’argent.</p> - -<p>L’homme joyeux rira de l’avarice des puissants, de -leur soif de garder jalousement ce qu’ils ont acquis ; -il rira des conventions modernes, des efforts immenses -vers des buts mesquins, des décorations, des -honneurs, de la gloire dérisoire d’être directeur de -quelque chose, préfet ou ministre, il rira des poètes -officiels, des cuistres assermentés, des gérontes -orgueilleux, des académiciens, des pontifes, de tous -les mornes adorateurs de la médiocrité, de tout ce qui -est immobile, figé, esclave.</p> - -<div class="chapter"></div> - -<h2 class="nobreak" id="ch12">XII</h2> - - -<p>Y a-t-il une fin à ta course ? Le petit appartement -que tu conquerras par bien des efforts, les meubles -de Dufayel, les livres achetés un à un, les -portraits d’actrices dans des cadres à bon marché, -résisteront-ils à l’assaut des créanciers, ou seront-ils -emportés et dispersés ? Ne seras-tu pas débordé par -l’étrenne de la concierge, la feuille bleue de l’impôt, -le fiacre imprudemment offert, le prix du pétrole et -du charbon ? Ne sentiras-tu pas, un soir, un immense -écœurement pour la nourriture des bouillons Chartier, -ton escalier où il y a des pots de lait à chaque -étage, ton logis mal éclairé et trop étroit ?</p> - -<p>As-tu vraiment du talent ? Chacun le saura-t-il un -jour ? Ou ta maîtresse et un ou deux amis qui fondent -avec toi des revues, en seront-ils seuls persuadés ? -Cette théorie est-elle bien vraie, qui dit que la -chance passe tôt ou tard pour chacun et qu’il suffit -de l’attendre et de l’aider ? Trouveras-tu ton repas -quotidien, loup de la fable ? Ne regretteras-tu pas le -collier du chien ? Atteindras-tu le but, coureur ?</p> - -<p>O jeune homme, ô mon frère, ici s’arrête ce que -je sais ?</p> - -<p>Plusieurs fois déjà je t’ai vu passer, je t’ai guetté et -suivi dans la rue, afin de presser ta main. Et j’avais -envie de m’élancer vers toi et de te dire :</p> - -<p>« Je sais. Comme la mienne autrefois, ta lampe -fume à cause de la mèche qu’une femme de ménage -négligente mouche mal. Il y a des cendres sur le -foyer, une légère odeur de suie, une déchirure dans -le tapis et peut-être aussi redis-tu, le soir, comme je -l’ai fait, ces vers admirables :</p> - -<div class="poetry"> -<div class="verse">La maîtresse a quitté l’amant</div> -<div class="verse">A cause de l’appartement.</div> -</div> - -<p>« Mais va, il y a des poèmes meilleurs encore et plus -joyeux et une foule de tapis neufs dans les grands -magasins. Du reste, la meilleure beauté n’est pas -plus dans le luxe de l’endroit où l’on vit que dans le -regard d’une maîtresse. Une belle lumière peut briller, -même si la femme de ménage n’a pas nettoyé la -lampe et si la mèche fume, tachant de poussière noire -les portraits aimés… »</p> - -<p>Mais je n’ai pas osé. Devant toi, jeune homme pauvre, -une grande timidité m’a saisi. Je me serais nommé -et tu m’aurais dit :</p> - -<p>Qui êtes-vous ?</p> - -<p>Et puis, par la puissance d’une invraisemblable espérance, -n’aurais-tu pas souri de mes paroles ?</p> - -<p>Et puis, quand je t’aurais dit la nécessité d’un effort -patient et quotidien pour résister à tous tes protecteurs -et ne pas obtenir les palmes académiques, -peut-être, écartant ton pardessus et me montrant ta -boutonnière, m’aurais-tu répondu avec orgueil.</p> - -<p>Je les ai.</p> - -<p>Aussi je t’ai regardé t’éloigner, chétif et mince, -parmi les omnibus terribles, les maisons immenses. -Tu n’avais pas l’air de connaître ta petitesse ; tu tenais -ta canne comme une épée. Et j’ai admiré avec quelle -autorité peut résonner sur le pavé de la rue une bottine -où il y a un trou.</p> - -<div class="chapter"></div> - -<h2 class="nobreak">TABLE</h2> - - -<table summary=""> -<tr><td colspan="2"> </td> <td class="small r"><div>Pages</div></td></tr> -<tr><td class="r"><div>I.</div></td> -<td class="drap">— De l’hôtel garni</td> -<td class="bot r"><div><a href="#ch1">7</a></div></td></tr> -<tr><td class="r"><div>II.</div></td> -<td class="drap">— La question d’argent</td> -<td class="bot r"><div><a href="#ch2">13</a></div></td></tr> -<tr><td class="r"><div>III.</div></td> -<td class="drap">— Importance des habits</td> -<td class="bot r"><div><a href="#ch3">21</a></div></td></tr> -<tr><td class="r"><div>IV.</div></td> -<td class="drap">— Les maîtresses</td> -<td class="bot r"><div><a href="#ch4">25</a></div></td></tr> -<tr><td class="r"><div>V.</div></td> -<td class="drap">— Manière de se conduire avec les hommes influents</td> -<td class="bot r"><div><a href="#ch5">31</a></div></td></tr> -<tr><td class="r"><div>VI.</div></td> -<td class="drap">— Le prestige du monde</td> -<td class="bot r"><div><a href="#ch6">37</a></div></td></tr> -<tr><td class="r"><div>VII.</div></td> -<td class="drap">— Possibilité de faire fortune par le jeu</td> -<td class="bot r"><div><a href="#ch7">43</a></div></td></tr> -<tr><td class="r"><div>VIII.</div></td> -<td class="drap">— Les petites annonces : Emprunts, beaux -mariages, maîtresses désintéressées</td> -<td class="bot r"><div><a href="#ch8">47</a></div></td></tr> -<tr><td class="r"><div>IX.</div></td> -<td class="drap">— Faut-il avoir une situation</td> -<td class="bot r"><div><a href="#ch9">53</a></div></td></tr> -<tr><td class="r"><div>X.</div></td> -<td class="drap">— La richesse que donne l’amitié</td> -<td class="bot r"><div><a href="#ch10">59</a></div></td></tr> -<tr><td class="r"><div>XI.</div></td> -<td class="drap">— La force de l’homme joyeux</td> -<td class="bot r"><div><a href="#ch11">65</a></div></td></tr> -<tr><td class="r"><div>XII.</div></td> -<td> </td> -<td class="bot r"><div><a href="#ch12">71</a></div></td></tr> -</table> - -<p class="c gap small">Imp. <span class="sc">Bonvalot-Jouve</span>, 15, rue Racine, Paris.</p> - - -<div style='display:block; margin-top:4em'>*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK CONSEILS À UN JEUNE HOMME PAUVRE QUI VIENT FAIRE DE LA LITTÉRATURE À PARIS ***</div> -<div style='text-align:left'> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -Updated editions will replace the previous one—the old editions will -be renamed. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -Creating the works from print editions not protected by U.S. copyright -law means that no one owns a United States copyright in these works, -so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United -States without permission and without paying copyright -royalties. 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Redistribution is subject to the trademark -license, especially commercial redistribution. -</div> - -<div style='margin:0.83em 0; font-size:1.1em; text-align:center'>START: FULL LICENSE<br /> -<span style='font-size:smaller'>THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE<br /> -PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK</span> -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -To protect the Project Gutenberg™ mission of promoting the free -distribution of electronic works, by using or distributing this work -(or any other work associated in any way with the phrase “Project -Gutenberg”), you agree to comply with all the terms of the Full -Project Gutenberg™ License available with this file or online at -www.gutenberg.org/license. -</div> - -<div style='display:block; font-size:1.1em; margin:1em 0; font-weight:bold'> -Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg™ electronic works -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -1.A. 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Information about the Mission of Project Gutenberg™ -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -Project Gutenberg™ is synonymous with the free distribution of -electronic works in formats readable by the widest variety of -computers including obsolete, old, middle-aged and new computers. It -exists because of the efforts of hundreds of volunteers and donations -from people in all walks of life. -</div> - -<div style='display:block; margin:1em 0'> -Volunteers and financial support to provide volunteers with the -assistance they need are critical to reaching Project Gutenberg™’s -goals and ensuring that the Project Gutenberg™ collection will -remain freely available for generations to come. In 2001, the Project -Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure -and permanent future for Project Gutenberg™ and future -generations. 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