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-The Project Gutenberg EBook of Éloge du pet, by
-Claude-François-Xavier Mercier de Compiègne
-
-This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and
-most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions
-whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms
-of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at
-www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you'll
-have to check the laws of the country where you are located before using
-this ebook.
-
-
-
-Title: Éloge du pet
-
-Author: Claude-François-Xavier Mercier de Compiègne
-
-Release Date: June 14, 2020 [EBook #62399]
-
-Language: French
-
-Character set encoding: UTF-8
-
-*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK ÉLOGE DU PET ***
-
-
-
-
-Produced by Laurent Vogel, Christian Boissonnas and the
-Online Distributed Proofreading Team at https://www.pgdp.net
-(This file was produced from images generously made
-available by the Bibliothèque nationale de France
-(BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)
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-ÉLOGE DU PET,
-
-PRONONCÉ
-
-DANS LA SOCIÉTÉ
-
-DES FRANCS-PÉTEURS.
-
- _Difissâ nate pepedi._
-
-
-Profondément affligé de voir le Pet banni loin de ces murs, s'éloigner
-de la société des hommes, en gémissant tout bas; ma douleur s'est
-infiniment accrue, lorsque j'ai considéré que cette injuste
-proscription étoit contraire à la conservation de la république, et
-dans quel tems encore, respectables frères péteurs? dans un tems où,
-selon notre ancienne coutume, nous célébrons la fête du _Carnaval_ et
-du _Carême-prenant_.
-
-Est-il une action plus cruelle, plus déplorable, plus susceptible
-d'arracher des pleurs même à des yeux de fer, que celle de chasser d'un
-pays libre et de priver de toute société, non seulement le conservateur
-de la liberté publique, mais encore, j'aurai le courage de le dire,
-l'auteur, même de notre existence, l'arche de notre salut et les
-délices du peuple; enfin, de le siffler, de le rassasier d'opprobres.
-Quoi! il sera permis à d'autres pestes de différentes natures, telles
-que les filles, les escrocs, les voleurs et les juifs, d'infecter nos
-cités, tandis que le meilleur citoyen, celui dont il n'est personne qui
-ne vante les bienfaits, n'aurait pas même la permission de rester en
-_paix_ dans ses foyers, et d'y en respirer l'air natal! Est-il bien,
-possible que les hommes soient parvenus à a un tel degré de folie et
-d'aveuglement, que déjà c'en serait fait de mon illustre et malheureux
-client, de son existence et de son nom, s'il n'avait trouvé dans votre
-sein, honorables membres de notre bruyante société, des hommes assez
-courageux, assez jaloux de leur liberté, pour vouloir défendre leur
-_franc-péter_ contre la faction hypocrite et intolérante des _culs
-serrés_, qui le proscrivent sans pudeur?
-
-L'entreprise la plus difficile sans doute, je l'avoue, est celle qui
-a pour objet d'arracher aux vils esclaves de l'habitude et des vieux
-préjugés érigés en opinion dominante, des coutumes bizarres qu'une
-longue succession de siècles a consacrées, mais comme l'expérience nous
-a pleinement démontré que l'ignorance et une aveugle jalousie opéraient
-chez les hommes la variabilité des idées, je veux m'écrier avec Mahomet
-et Voltaire:
-
- «Je viens après mille ans changer ces lois grossières».
-
-J'ai donc conçu la possibilité d'une heureuse innovation, à la faveur
-de laquelle combattant et terrassant le préjugé qui, si longtems, a
-jeté de l'odieux sur le _pet_, je veux le venger et lui rendre tous les
-honneurs qui lui sont dûs.
-
-Je me flatte même de réussir, lorsque je vous aurai développé, d'une
-manière claire et précise, sa naissance, son éducation, sa profonde
-connaissance dans les arts libéraux, les qualités de son esprit,
-l'éclat de sa vertu, sa dignité et la somme d'utilité qu'il présente
-dans les affaires tant publiques que particulières. Les torrens de
-lumières qui jailliront de mon discours et les richesses de mon
-érudition, vont en un clin d'œil dissiper les épaisses vapeurs que la
-calomnie a osé amonceler contre lui, trop bien, hélas! secondée dans
-ses barbares projets, par la perfidie ou la stupidité de tous les
-cerveaux mal organisés. Permettez-moi de tousser, moucher, éternuer,
-cracher. D'abord je _pète_, et j'entre en matière.
-
-
-ANTIQUITÉ DU PET.
-
-_Son origine._
-
-Le premier objet qui se présente à mon esprit, mes chers frères, est
-l'antiquité du PET. Or, je le demande, quel est l'homme si borné, si
-lourd qu'il puisse être, qui ne conviendra pas que l'ancienneté du
-<sc>Pet</sc> ne le cède en rien à celle de l'univers et des humains.
-Vous le savez comme moi, je n'avais pas besoin de le dire, mais j'ai la
-parole, laissez-moi faire de l'esprit. Je prouve donc.
-
-Aussitôt que le suprême architecte de tout ce qui existe eut paîtri
-de ses divines mains cette superbe bête à deux pieds, sans plumes,
-appellée HOMME, lorsqu'il eut soufflé dans le sein de cette masse,
-encore inanimée et inerte, cet esprit subtil et igné qui lui donna la
-vie et le mouvement,[1] lorsque cette faculté d'exister eut besoin
-de se manifester au-dehors par l'exercice des fonctions animales,
-croira-t-on que le modeleur éternel ait ignoré le point le plus
-essentiel, et qu'il ait omis de donner à sa créature le moyen de
-pousser au dehors, l'air intérieur, qui, intercepté dans les capsules,
-nuisait à la perfection de son ouvrage? Ne voyons-nous pas le figuriste
-employer tous ses soins pour empêcher les globules d'air de se glisser
-entre le moule et la cire liquide qui doit se rassasier de l'empreinte?
-Dieu pouvait-il ignorer ce premier élément de l'art de modeler? non,
-sans doute. Ensuite, le premier homme, qui ne savait pas encore rougir
-et ne connaissait pas les lois tyranniques de la civilité, a-t-il
-pensé, croyez-vous, à comprimer, à étrangler au passage, cet air qui
-ravageait son sein et cherchait impatiemment une issue? non, tout
-s'accorde à nous faire croire qu'il péta au nez de celui qui venait de
-lui donner l'existence, et que l'Être suprême, loin de s'en fâcher, fut
-si content, d'avoir réussi, que pour récompenser son ouvrage, il forma
-le projet de lui donner une compagne. Observez donc, chers frères, que
-1^o. nous devons l'origine de la femme à un pet; 2^o. qu'Adam ayant
-pété, avant que de parler, le PET est incontestablement plus ancien que
-la parole. Sentez bien mon raisonnement.
-
-S'il vous fallait d'autres autorités pour vous convaincre que les
-premiers humains firent usage du PET, bien longtems avant qu'ils se
-servissent de la parole, j'invoquerais celle du savant Aristophanes,
-qui, dans sa comédie _des Grenouilles_, dit que les hommes, dans les
-premiers siècles d'une ignorance absolue, ne savaient faire autre chose
-que _péter_ au nez de leurs concitoyens et faire même encore plus,
-c'est-à-dire, pour parler plus proprement,
-
- In os oppedere et merdâ sodalem fœdare.
-
-comme faisait l'ange, chargé par le très-haut d'apporter à déjeûner à
-Ezéchiel, qui, par parenthèse, devait faire grand cas du PET, puisque
-ce qui le suit ordinairement ne lui déplaisait pas.
-
-La généalogie du PET est si claire, que si l'origine ci-dessus établie
-ne vous convient pas, je vais lui en trouver une autre. La nature,
-sur ce point, fut encore moins parcimonieuse envers mon héros;
-son origine fut illustre. Je ne m'étayerai point des prétentions
-hasardées de ceux qui le font descendre en droite ligne des _rectum_ de
-Jupiter ou d'Orphée, nommés l'un _merdeux_, l'autre _fimo delibutus_,
-c'est-à-dire, son synonime. Tout le monde sait que ses auteurs sont de
-la noblesse la plus éclatante et la mieux acquise (ce qui est encore
-plus rare), quoique la tradition qui nous l'enseigne ait éprouvé des
-variantes et des critiques.
-
-Aristophanes, dans une autre de ses comédies, intitulée PLUTUS, le dit
-fils d'un potage composé de pois et de riz: après avoir fait dire à
-Plutus: «J'avais mangé à moi seul la plus forte partie du potage»; il
-lui fait ajouter: «Je PÉTAI _d'une force incroyable, tant mon ventre
-était enflé_.»
-
-Si on en doit croire Chamæléon, poëte de Pont, le PET est fils de la
-fève. Il raconte à ce sujet qu'ayant vu certain jour un âne qui se
-bourrait de fèves, il eut une si grande envie d'en manger aussi, que
-le désir seul lui en tînt lieu et fit l'effet de l'aliment[2], chose
-merveilleuse et qui donne un terrible échec à tous les docteurs qui ont
-prétendu qu'il n'y avait pas d'effets sans cause. Ils m'objecteront que
-le rire a la propriété d'engendrer le PET, et dans ce cas je ne dispute
-plus; j'aime autant voir mon héros fils du rire, que des haricots; père
-lui-même de la gaîté, comme je le dirai par la suite, il n'en est que
-mieux le digne fils de son père.
-
-Télémachus d'Acharnie, faisait des fèves sa nourriture habituelle, afin
-de péter plus souvent, convaincu de la vérité de ce vieux proverbe,
-digne de l'école de Salerne.
-
- »Il faut pour vivre longtems,
- »A son cul donner force vents.
-
-Diphile, médecin de Siphnos, l'une des Cyclades, attribue aux raves
-l'honneur de la maternité: Zénon, chef de la secte stoïcienne,
-l'accorde aux lupins; c'est pour cette raison qu'ayant promulgué la
-loi qui accordait à tout le monde, de tel âge, de tel rang et de tel
-sexe qu'il fût, la liberté de PÉTER la plus, illimitée; il fit plus, il
-voulut se nourrir continuellement de ce légume, pour donner lui-même
-un exemple qui la rendit respectable. Je veux donc, pour n'être pas
-rebelle à l'autorité de tant de philosophes fameux, décerner le
-privilège de cette heureuse fécondité aux oignons, à l'ail, aux fèves,
-aux lupins, aux raves, au potage de pois et de riz, enfin à tous les
-autres alimens _pneumatiques_, pour me servir de l'expression grecque,
-ou _venteux_, si vous l'aimez mieux en français.
-
-Il est bien important, auguste Aréopage, que vous connaissiez
-imperturbablement toutes, les ramifications, généalogiques de mon
-héros, afin que l'éponge de notre jugement efface pour jamais les
-taches dont la malignité de quelques hommes mal intentionnés essaierait
-de le couvrir. Gardons-nous sur-tout d'assimiler ou de confondre le
-PET pour lequel je parle, avec cet atôme de PET, débile et maigre
-production de la _Polente_[3]; celui que Plaute a livré à l'ignominie,
-sur la scène de Rome, dans la comédie qui a pour titre: CURCULIO,
-et dont la parenté, un peu éloignée à la vérité, si toutefois elle
-existe, peut déshonorer notre héros; car, il n'est pas fait encore
-pour paraître sur la scène, quoiqu'au rapport de Plutarque, les
-rois de Chypre aient fait la même chose, à leur retour en Phénicie,
-lorsqu'Alexandre le Grand y étala orgueilleusement la pompe du
-triomphe. Pourquoi notre héros n'aurait-il pas les honneurs du théâtre,
-où il ne s'est encore glissé qu'_incognito_, puisqu'on y crache, que
-l'on y tousse, que l'on s'y mouche, etc.? Néron, Héliogabale et autres
-empereurs n'ont-ils pas aussi joué la comédie? Auguste n'a-t-il pas
-déclaré que les acteurs étaient exempts du fouet? Tite-Live nous assure
-que l'histrionnage ne déshonnorait point dans la Grèce. Macrobe va
-plus loin. Nulle part les acteurs n'ont été flétris par le préjugé.
-Mais supposons qu'il en ait été autrement; l'opprobre, s'il existait,
-ne doit frapper que ceux qui se donnent en spectacle sur les planches,
-sans y être forcés; or ce reproche ne pourrait être raisonnablement
-fait à mon client, puisqu'il y a été conduit par violence, et mis en
-action contre son gré, par un être de la plus vile condition, par un
-glouton, un parasite effronté et un plat bouffon.
-
-Il est, par exemple, extraordinairement difficile de résoudre une
-question qui a été longtems agitée et toujours sans succès: il
-s'agit de donner à mon héros, un corps, une figure, de déterminer
-sa taille, son port et sa couleur. Il faudrait pour expliquer tout
-cela se servir du ministère d'un coq amoureux, et employer celui qui,
-pardonnez-moi le terme, répand autour de lui les émanations les plus
-sensibles à l'odorat, et étale avec plus de magnificence la pourpre
-éclatante de son plumage. Cependant si, dans un doute de cette espèce,
-il est permis de recourir aux conjectures, nous devons présumer, eu
-égard à la très-petite ouverture de son logis, par laquelle il passe
-pourtant encore très-à l'aise, nous devons, dis-je, croire, qu'il est
-très-maigre et très-fluet. Nous pouvons sur ce point nous en rapporter
-au témoignage de Catulle, de ce poëte charmant, le plus joyeux et le
-plus plaisant des beaux esprits, à qui la nature bienfaisante avait
-donné une vue si bonne et si perçante, qu'il a pu voir le pet subtil et
-presqu'insensible de Libon.[4]
-
-O le plus fortuné des citoyens de Véronne! tu as eu l'honneur de voir
-en face notre invisible héros! hélas! aucun de nous n'a eu ce privilège
-glorieux et digne d'envie. Nous sommes trop profanes. Que dis-je,
-nous!... disons plutôt que, de mémoire d'homme, les dieux n'ont fait
-cette faveur à aucun être vivant.
-
-Quant à son idiôme, frères péteurs, c'est un autre prodige; semblable
-au St.-Jean de l'Evangile, à nos docteurs en théologie, et à beaucoup
-de nos orateurs modernes, tout le monde l'entend, personne ne peut le
-comprendre. Dans quelque contrée de la terre que vous l'entendiez,
-vous verrez avec étonnement qu'il parle dans un dialecte étranger, et
-totalement hors la portée de l'intelligence humaine, ce qui déconcerte
-tous les savans qui prétendent savoir toutes les langues, et le père
-Bougeant lui-même, qui a si bien expliqué celle des oiseaux. C'est au
-point que j'ai de la peine à convenir, qu'Aristophanes lui-même l'ait
-entendu et compris, lui pourtant qui causait bien familièrement avec
-lui et le quittait bien rarement; il dit dans sa comédie des _Nuées_:
-
-«Mon potage fait, dans mes entrailles, un bruit de tonnerre; c'est un
-fracas épouvantable, qui d'abord s'annonce par le son de _pappax_,
-bientôt, il redouble et l'on entend _pa-pap-pax_; et enfin, quand je
-suis sur la chaise, c'est l'explosion terrible de pa-pa-pap-pax».
-
-Or: ces paroles, pleines de l'harmonie descriptive, ce n'était pas
-devant quelques imbécilles, devant une poignée d'allemands épais et
-grossiers, que le sublime Aristophanes les proférait, mais bien devant
-le sage et immortel Socrate, qui goûtait ces choses bien mieux que
-nous. Il est donc évident, frères péteurs, que le PET a un dialecte
-à lui seul, et une éloquence qui lui est particulière; c'est donc
-avec une souveraine injustice que ses détracteurs, pour le perdre
-dans l'estime des hommes, l'accusent d'une bavarderie insignifiante,
-et nous-mêmes d'une torpeur coupable et d'un défaut de sentiment.
-Laissons, frères péteurs, ces hommes sans goût, déblatérer sans cesse
-contre notre héros; et l'accuser de prononcer difficilement, de
-bégayer, et d'avoir la langue pesante. Certes, il a trois dialectes
-bien distincts. A son enfance, c'est PA-PAX, à son adolescence, c'est
-PA-PA-PAX. A sa maturité, c'est PA-PA-PAP-PAX.
-
-Ce n'est pas une médiocre entreprise, pour la défense de notre client,
-que de faire voir qu'il a reçu par son éducation, tous les principes de
-la pudeur, de l'honnêteté, et que ses mœurs irréprochables répondent
-à cette éducation. Ce n'est pas au milieu de la pompe et du bruit des
-affaires publiques, que sa modestie est à l'aise, non; il ne se plut
-jamais que dans la solitude du cabinet, éloigné du tumulte des cours
-et des bruyantes assemblées: «Il s'est exilé du barreau et des palais
-somptueux des citoyens puissans».
-
-Il savoit trop combien il est important de se mettre à l'abri du
-froissement des affaires politiques, des haines civiles et des autres
-dangers qui nous environnent, pour ne pas se contenter des douceurs
-de la vie privée, comme Curius, et vivre sagement pour lui-même et
-non pour des ingrats. Ajoutons à cela, qu'il était assuré d'être plus
-utile à la république, (ce qui équivaut bien à la puissance), s'il
-se dérobait à l'avide et maligne curiosité des scrutateurs de ses
-habitudes particulières, et n'occupait les oreilles de ses concitoyens
-que dans la juste proportion de ses forces. C'est ce prudent amour de
-l'obscurité qui l'a décidé à préférer, pour demeure, les bains, les
-boudoirs et les endroits les plus reculés d'un logis, enfin les lits,
-comme le PET du jeune homme qu'Aristophanes nous représente enveloppé
-de cinq couvertures.
-
-Si nous considérons sa moralité, sa bienveillance envers les citoyens,
-n'est-elle pas la plus signalée? Je passe sous le silence tous les
-services précieux qu'il a prodigués à tout le monde. Qui de vous,
-frères péteurs, seroit assez ingrat, assez dénaturé, assez ignorant,
-assez effronté, pour révoquer en doute la reconnaissance qu'il a
-méritée de vous, de vos femmes, de vos enfans, de votre domestique, de
-notre république, en un mot, de tout le genre humain? Ses bienfaits
-sont si notoires que, non-seulement, les nations les plus éloignées
-et les plus barbares avouent ce qu'elles lui doivent de gratitude,
-mais encore les animaux, que leur instinct et leur nature portent à le
-chérir. En effet, la truye entend-elle le PET, elle accourt soudain, à
-son bruit, pour lui demander sa nourriture.
-
-Quoique l'amour de la solitude l'ait séquestré, il ne rougit pourtant
-pas de se permettre quelque distraction, et de se glisser quelquefois
-dans les assemblées publiques , pour s'y délasser, s'y mettre à
-son aise, et y apporter le rire et la gaîté, qu'il partage avec ce
-qui l'environne. Là, il se donne carrière au milieu de l'allégresse
-générale; il se plaît au milieu de ces éclats du gros rire, qui bien
-souvent brisent la barrière derrière laquelle il était caché. C'est ce
-qui m'autorise à croire que l'immortel Démocrite, le plus grand rieur
-de l'univers, sans contredit, en devait être par la même raison le plus
-intrépide péteur.
-
-L'austère Brutus et l'éloquent Cicéron n'étaient pas plus jaloux de la
-liberté que notre héros; car si l'on veut l'asservir ou l'emprisonner,
-il soulève les pierres, brise les obstacles, les liens et les chaînes;
-il se fait jour enfin, en faisant obéir les portes qu'on avait le mieux
-fermées.
-
-Si nous voulons détailler les facultés intellectuelles du PET, et la
-culture de son esprit, nous le trouverons certainement très-versé
-dans tous les genres de sciences et d'arts libéraux. Un seul exemple
-va prouver combien il était éloquent. Un jour que Métroclès, frère
-d'Hypparchie[5], et disciple de Théophraste, était concentré dans la
-méditation, il arriva, je ne sais comment, qu'ayant laissé échapper un
-pet, il rougit et en eut tant de honte et de chagrin, qu'il s'enferma
-chez lui, dans la ferme résolution de se laisser mourir de faim. Le
-philosophe Cratès, son beau-frère, en ayant été informé, se rendit
-auprès de lui, après avoir eu la précaution de manger des fèves et
-des lupins en abondance. Il fit tomber la conversation sur un sujet
-propre à faire diversion à la gravité de Métroclès, lui disant que ce
-serait une chose absurde et inouïe qu'il ne fût pas permis d'obéir à
-la nature, et qu'on dût se séparer de la société, parce qu'on a donné
-un libre cours à un peu d'air. A la fin de son discours, l'orateur
-lui-même lâche un pet énorme, pour joindre l'exemple au précepte
-et consoler Métroclès, en lui associant un coupable. Le remède fit
-merveille; Cratès, depuis ce tems, l'entendit, et Métroclès, rendu à
-ses études, fit les plus grands progrès dans la philosophie. O pouvoir
-étonnant de l'éloquence! Exploit digne d'une immortelle gloire! Cratès
-savait bien que toutes ses paroles n'auraient aucun poids, s'il ne les
-accompagnait de l'invincible éloquence du PET. Personne ne doutera que
-le fameux philosophe Cratès ne se fût approvisionné des raisonnement
-les plus victorieux, en entreprenant de combattre Métroclès, et
-pourtant toutes ces dépenses étaient en pure perte, si la vertu du PET
-ne fut venue à point donner de l'action et du mouvement à la langueur
-des lieux communs et des verbiages oratoires. Une seule monosyllabe,
-un seul son fit ce que Cratès n'eût pu opérer avec la plus riche et la
-plus vaste réunion de sentences.
-
-On doutera moins encore que le PET n'excelle dans l'art musical, si
-l'on veut bien lire le livre de Saint-Augustin, évêque d'Hyppone, _de
-la cité de Dieu_; où il dit: «qu'il est beaucoup de gens qui ont l'art
-de faire des pets si cadencés, si harmonieux et à volonté, qu'on serait
-tenté de croire qu'ils chantent par cette partie de leur corps, et
-ce qui est plus étonnant, ces pets n'ont aucune odeur, aucune suite
-désagréable».[6] On peut associer à ces musiciens de nouvelle espèce,
-ce germain qui accompagna Maximilien César et Philippe son fils, à leur
-arrivée en Espagne. Il n'y avoit aucun chant qu'il n'exécutât avec
-l'antipode de sa bouche. Aristote nous assure que la tourterelle pète
-fréquemment, quand elle chante, ce qui a donné lieu au proverbe: _La
-tourterelle chante_, lorsque quelqu'un donne carrière à son postérieur.
-Nicarque a dit aussi fort à propos, qu'il y a dans le PET une certaine
-mélodie confuse et naturelle.
-
-Tous ces avantages, frères péteurs, seraient d'une médiocre importance
-à l'histoire et à la gloire de mon héros, s'ils étaient privés de
-cette vertu qui régit les mœurs et devient la modératrice de toutes les
-actions humaines. Mon client est si richement doué des belles qualités
-du cœur, et des vertus Sociales, qu'on est tenté de le regarder comme
-un prodige. Un trait de sa reconnaissance s'offre à mon esprit: il est
-sans exemple qu'il ait jamais fait du mal à celui qui le laisse aller
-librement; tant il est scrupuleux observateur de la justice et du droit
-des gens. Semblable à Apollon, _ennemi des méchans_, il sauve du danger
-quiconque est travaillé par un tumulte intérieur et une plénitude
-fatigante qui menace ses jours.
-
-Qui ne sait pas que le PET est sur-tout recommandable par son respect
-pour la religion, cette mère de toutes les autres vertus? Témélaque
-d'Acharnie, pour l'avoir toujours à ses ordres, lui prodiguait les
-alimens qui lui sont les plus agréables, et ne mangeait tous les
-jours qu'une marmite de haricots, et cela, dans la seule vue de
-pouvoir célébrer par l'harmonie du PET la fête annuelle des mangeurs
-d'haricots[7]. O monument éternel de religion! mais pourquoi ne citer
-que Télémaque? les femmes de l'Attique ne trouvèrent aucun encens,
-aucun parfum plus digne d'être offert à l'honneur d'Apollon, que
-l'odeur suave du PET. Et pour que les thuriféraires ne se trouvassent
-jamais en défaut, il fut prescrit par une loi rigoureusement exécutée,
-que les habitans ne se nourriraient rien que de légumes.
-
-On ne peut trop admirer ici la sobriété du PET, et combien il est
-aisé de le nourrir. Heureux avec de l'ail, des lupins, des raves,
-des oignons, des féverolles, et autres mêts vils et abjects de cette
-espèce, il devient fort et vigoureux; il méprise les mets somptueux
-et recherchés du luxe et de l'opulence, qui l'énerveraient et le
-mèneraient au néant.
-
-Nul être vivant ne possède au même degré que mon client, cette
-imperturbable équité qui consiste à donner à chacun ce qui lui
-appartient, et à venger sévèrement les injustices. S'il prend à quelque
-personne la coupable fantaisie de le comprimer, de l'étouffer, et de
-l'arrêter dans sa marche, lorsqu'il veut sortir, il est si jaloux de
-jouir de tous ses droits, si ardent à défendre sa liberté, qu'il donne
-la torture au téméraire et pousserait son courroux jusqu'à lui donner
-la mort. Je citerais, frères péteurs, mille exemples de ceci, mais
-je crois plus sage de les passer sous le silence, pour ne pas vous
-ennuyer. S'il veut en agir plus humainement, la vengeance qu'il tire
-de cette audace, quoique plus douce, n'efface pas moins son injure.
-Car, si après avoir fait tous ses efforts pour le neutraliser, en lui
-opposant une porte bien fermée, on a réussi, il arrive que si, pour
-amortir sa violence et suspendre sa course, on entr'œuvre tant soit peu
-la porte; alors, nouveau protée, mon client change de sèxe, la mèche
-est éventée, le crime découvert et une odeur, que le pet n'eut jamais,
-annonce qu'il y a plus que du vent.
-
-Mon client soutient si bien son pouvoir et sa dignité, que s'il
-s'apperçoit que quelque plaisant veuille faire ses gorges chaudes à
-ses dépens et le mépriser, il devient furieux, jusqu'à ce qu'il ait
-fait subir l'insolent la peine du talion. Je citerai pour exemple,
-l'anecdote intéressante que Frédérick Dedekindt[8] a décrite, ainsi
-qu'il suit.
-
-«Un grand orateur avoit été envoyé en ambassade auprès d'une nation
-étrangère. Il avait à faire briller son éloquence devant un cercle de
-dames et de demoiselles d'honneur qui entouraient la princesse devant
-laquelle il parlait: lorsqu'il fut question de commencer sa harangue,
-la timidité et l'inquiétude s'emparèrent de son ame, et il tint les
-yeux baissés vers la terre. Il se remet néanmoins, et avant d'ouvrir
-la bouche, il salue, comme c'est l'usage. Mais tandis que le pauvre
-diable se courbe trop, cette posture donne passage à un vent de bonne
-taille». Il ne se déconcerte cependant pas, et sans rougir, il poursuit
-gravement son discours. L'auditoire fait semblant de n'avoir pas
-entendu le fugitif, excepté une jeune fille qui ne put s'empêcher de
-rire. Mais hélas! tandis qu'elle ne songe qu'à se donner carrière aux
-dépens de l'orateur, elle oublie elle-même de serrer les fesses, et
-trousse adroitement un pet si doux, si harmonieux, qu'on l'eût pris
-pour le son d'une lyre. L'orateur qui l'a entendu, quittant son sujet
-pour couvrir sa propre inadvertence, parle ainsi à cette assemblée de
-demoiselles: «Allons, mesdames, continuez, chacune à votre tour, ne
-vous gênez pas, car cela fait beaucoup de mal, et lorsque mon tour
-reviendra, je m'acquitterai bien de cette besogne.—La demoiselle qui
-avait d'abord ri, rougit jusqu'au blanc des yeux, et ne sçut plus de
-quel côté tourner ses regards. L'assemblée entière partit unanimement
-d'un grand éclat de rire qui acheva de la décontenancer, et la
-harangue n'alla pas plus loin». Vous voyez, pères péteurs, combien mon
-client fut prompt et sévère à punir l'insolente femelle qui s'était
-si bien amusée à ses frais, sans réfléchir que pareil malheur pouvait
-lui arriver. Qui est-ce qui n'a pas été à portée de se convaincre
-de la magnanimité, de la sublimité d'esprit de mon client? Aussitôt
-qu'il voit qu'un de ses compagnons est timide et tremblant, on le voit
-honteux de tant de couardise, tout entreprendre pour abandonner un
-indigne collègue, pour ne point paraître complice de sa poltronnerie
-et de sa pusillanimité. C'est ce qu'a éprouvé cette vieille dont parle
-Aristophanes, dans son _Plutus_, à qui la crainte faisait lâcher des
-vents plus puans que des pets de chats, et l'homme, qui vessait de
-peur, au rapport de Lucien. Voyant Aratus de Sycione tremblant et
-chancelant à l'approche d'une bataille, il aima mieux l'abandonner que
-de supporter la perte de sa propre estime, c'est au moins ce que nous
-rapporte Plutarque, dans la vie de ce citoyen. Mais ce courage n'est
-rien, mes chers auditeurs, auprès de ce qu'il fit, lorsque voyant le
-dieu Priape lui-même épouvanté par la présence de quelques vieilles
-sorcières, il le chassa de sa société, pétant d'une si grande force,
-au rapport d'Horace, que l'on eût cru que c'était un outre que l'on
-crévait.
-
-L'empereur Claude[9] a reconnu l'utilité du PET, dans une république,
-et combien la santé des citoyens souffrirait de son absence, s'il ne
-lui accordait le droit de bourgeoisie, après un long exil de la cité,
-et ne le remettait pour ainsi dire à l'endroit d'où on l'avait enlevé.
-Non-seulement il fut réintégré dans les droits de citoyen, mais encore
-admis aux _banquets publics, et aux fêtes nationales_. L'empereur
-exécuta ce qu'il avait longtems médité, et un arrêt fut rendu, par
-lequel il était permis de donner l'essor et la liberté aux pets, dans
-les festins. Certes, l'honneur d'être rappellé d'exil par un décret,
-n'avait encore été fait à personne. Mais, hélas! lorsque la cruelle
-mort eut enlevé à l'empereur romain le plus sage, la gloire qu'un tel
-édit lui avait faite, mon client fut encore obligé de se séquestrer de
-la société et du commerce des hommes, au grand détriment de l'existence
-publique; car enfin, s'il avait été conservé dans la jouissance de tous
-ses droits, et, si j'ose m'exprimer ainsi, dans les entrailles de la
-république, une foule d'incommodités ne nous aurait jamais assaillis.
-Claude avait été poussé à faire cette action de justice par les cris
-unanimes et le danger de tous les citoyens, et il n'avait pu se refuser
-à leur instance. Il se montra tellement le protecteur et l'ami de mon
-héros, que l'usage de la voix l'abandonna, avant la faculté de mettre
-mon client en action, j'ai pour garant de cette assertion Sénèque, qui,
-dans l'apothéose de Claude, conte que lorsque cet empereur rendit le
-dernier son de voix, on ne s'en apperçut que par un bruit épouvantable
-sorti de la partie par laquelle il s'exprimait le mieux.
-
-Le PET n'est-il pas précisément l'air que nous respirons? n'est-ce pas
-cet air-là que le chasseur Céphale, couché sous un arbre, sollicitait
-si amoureusement? Céphale n'adressait point ses vœux à ce souffle
-léger du zéphir, qui caresse les fleurs et diminue la chaleur de
-l'atmosphère, mais bien à l'air que l'exercice et l'agitation de son
-corps avaient fait résonner au-dedans de lui-même, et qu'à force de
-caresses et de prières, il voulait attirer au-dehors; voilà ce qui
-excita la jalousie de Procris. Eh quoi! pères péteurs! vous paraissez
-incrédules? vous remuez la tête: c'est à tort: eh bien, opposez-vous
-à son impétuosité, fermez-lui tout passage, et vous éprouverez
-certainement que l'homme ne peut pas se passer de son ministère: je
-ne parle pas seulement de cet air bruyant et mélodieux, mais de celui
-qui s'échappe tout doucement et fait ses évolutions sans tambour,
-ni trompette. Vous avez beau dire, aucun de vous ne vivrait un seul
-jour sans lui. C'est à lui que nous devons rapporter entièrement
-la conservation de nos familles, enfin une foule d'avantages que
-nous ne pouvons nier sans nous rendre coupables du vice honteux de
-l'ingratitude. A quoi bon citer, tous les bons offices qu'il nous rend
-dans le cours de notre vie privée?
-
-Aristophanes, dans sa comédie des nuées, a dit: Mon derrière est une
-trompette, et le mot est passé en proverbe. Or, je vous le demande, à
-quoi servirait la trompette, sans l'être qui peut en sonner? A quoi bon
-cette trompette, si le PET ne la remplissait de vent? Je me souviens
-d'avoir vu et entendu un certain bossu, qui avait si bien le PET à
-commandement, que, sans faire aucun effort, non-seulement il en faisait
-tant qu'il voulait, mais qu'il les graduait comme le chant, les rendait
-aigus ou flûtés, forts ou, presqu'insensibles. Il y a plus, il imitait
-avec eux les sons de la trompette et du clairon, il donnait le signal
-du combat, celui de la charge et celui de la retraite, comme s'il eût
-été en présence de l'ennemi.
-
-Aucun de nous ne niera l'urgence de se procurer la vie et des moyens
-de la gagner. Eh bien, une infinité de gens doivent à mon héros leur
-existence et leur fortune. J'en vais donner un exemple. Il y avait à
-Anvers un tabellion d'Amsterdam qui, toutes le semaines, voyageait,
-tantôt d'un côté, tantôt d'un autre. Ceux qui ont vécu dans sa
-familiarité, racontent qu'il était si versé dans l'art de péter, qu'il
-le faisait comme et autant de fois qu'il le voulait, sans en rougir et
-sans jamais se tromper. Un jour qu'il s'agissait de payer une mesure de
-la plus excellente bierre, il convint avec son compagnon qu'elle serait
-le prix de celui des deux qui ferait le plus de pets, en montant la
-tour _Marianne_, qui est de la plus grande hauteur. Des arbitres sont
-appellés, et les concurrens sont en marche. A chaque degré de cette
-tour, qui en a six cents vingt-trois, le tabellion fit un pet, et dit
-qu'il était prêt à en faire autant en la descendant, si son adversaire
-voulait parier une autre mesure. Mon héros lui valut donc l'avantage
-d'appaiser sa soif, sans altérer sa bourse; il pouvait arriver que
-le tabellion, épuisé de chaleur et de soif, se trouvât dépourvu de
-finances, et le PET lui fut très-utile.
-
-Je connais un mendiant, gueux de profession, qui, sachant donner à
-ses pets la cadence et les variations musicales, se sert de ce moyen
-pour gagner sa vie, en attrappant l'argent des curieux. On prétend
-qu'il y a des personnes qui se servent du PET, comme d'un éventail et
-d'un soufflet. Un homme de qualité étant à dîner avec un de ses amis,
-l'invita à se donner de l'air, lorsque les domestiques qui servaient
-à table furent congédiés. Celui-ci s'en défendit, alléguant qu'il
-avait une manière toute particulière. Eh bien, dit le maître du logis,
-faites-le à votre mode, comme vous l'entendrez. Le convive usant de la
-permission, leva la cuisse droite et fit un pet, disant qu'il n'avait
-pas d'autre manière de se rafraîchir.
-
-Rien n'est plus efficace que mon héros, pères péteurs, contre les
-sorts, les enchantemens, les philtres et les amulettes. Son bruit a la
-vertu d'épouvanter et de mettre en fuite les sorcières, les magiciennes
-et les empoisonneuses. On en voit un exemple dans Horace. Lorsque
-Canidie et Sagana évoquaient les ombres et exerçaient dans un jardin,
-les affreux mystères de leurs noirs enchantemens, en présence de
-Priape, ce dieu rempli de crainte fit un bruit semblable à l'explosion
-d'un pet; alors, vous eussiez étouffé à force de rire, en voyant
-l'odieux sacrifice interrompu, les sorcières épouvantées fuir à travers
-la ville; Canidie en courant, laissait tomber ses dents, Sagana sa
-haute coëffe, et toutes deux les herbes et les bandelettes enchantées
-qu'elles avaient sur les bras.
-
-Il est démontré par l'expérience et par l'usage de plusieurs siècles,
-pères péteurs, que ceux qui font le plus de cas du PET et lui donnent
-la plus grande latitude possible, sont bien récompensés de leur amitié
-pour lui, par une vie très-longue. Zénon de Chypre, lui-même, ce chef
-de la secte stoïcienne, qui décréta qu'il était aussi permis de péter
-que de roter, atteignit l'âge de soixante-douze ans, sans avoir jamais
-éprouvé la moindre indisposition; il aurait vécu un siècle, s'il ne
-s'était pas étranglé lui-même, pour terminer les douleurs que lui
-causait une chute dangereuse qu'il avait faite. Cratès, ce philosophe
-cynique, qui consola Métroclès, et le rendit à ses travaux, comme
-nous l'avons raconté précédemment, mourut dans l'âge le plus avancé,
-ou plutôt s'éteignit, comme une lampe. Métroclès lui-même, frère
-d'Hypparchie, et qui au rapport de Laërce, donnait amplement carrière
-à mon héros, pendant ses méditations philosophiques, ne mourut que
-parce que las de vivre, il se fit étouffer, pour n'avoir pas les
-incommodités de la décrépitude.
-
-De nos jours les Anglais ont bien rendu justice au PET, puisqu'au
-rapport de Furetière, tom. 2. de son dictionnaire universel, un vassal,
-dans le comté de Suffolck, devait faire devant le roi, tous les jours
-de Noël, un saut, un ROT et un PET.
-
-A quatre ou cinq lieues de Caen, un particulier, par droit féodal,
-a longtems exigé un pet et demi par chacun an. On voit encore dans
-certains cabinets d'antiquaires des figures égyptiennes du dieu PET,
-adoré à Pelouse.—Voy. _Chompré_, au mot _Crepitus ventris_.
-
-Ah! pères péteurs, il y a bien longtems que la race utile des portefaix
-et des forts de la halle serait éteinte, si le secours de mon héros
-ne les rafraîchissait et ne leur donnait la force de supporter leurs
-charges. Aristophanes, dans ses _Nuées_, nous parle de Xanthias, qui,
-près à succomber sous un fardeau trop pesant, invoque l'assistance
-du dieu PET, en disant: ma charge est si forte que, si quelque ame
-charitable ne vient me soulager, il faut que je pète.
-
-Petronianus Corax, homme de la même profession, se trouvant trop peu de
-forces pour porter un fardeau, et recourant au pet, pour retrouver de
-la vigueur, levoit la jambe avec facilité et lâchait un vent sonore,
-qui répandait sur la route un tourbillon de vapeurs méphitiques. Je ne
-suis pas le premier qui ait fait de l'utilité du PET la matière d'une
-ample et sérieuse dissertation; des érudits célèbres l'ont faite avant
-moi. Martial cite Symmaque en ces termes: «J'aimerais mieux t'entendre
-péter, car Symmaque dit que c'est une chose tout-à-la-fois salutaire,
-et qui provoque le rire et la gaîté.»
-
-J'ajouterai à ceci ce que Nicarque a dit autrefois: le PET conserve; et
-de même que les Grecs avaient coutume de dire à quiconque éternuait,
-_que les dieux te conservent!_ nous devons dire avec bien plus de
-raison à celui qui est travaillé par une colique venteuse, _que le_ PET
-_te conserve!_
-
-C'est donc une chose inouïe que cette haine, cette jalousie de
-quelques gens dépourvus de sens, qui, comblés des faveurs de mon
-héros, et devant lui vouer la plus vive reconnaissance, je ne sais
-par quelle fatalité attachée à lui seul, méprisent et sa personne et
-jusqu'à son nom. S'ils sont par hasard obligés de parler de lui, on
-les entend préluder par cette phrase banale: _sauf votre respect!_ O
-dieux immortels! dans quelle ville vivons-nous? dans quel siècle! Ils
-trouvent du mal dans la chose, ils en trouvent dans le mot! On trouve
-le PET une chose honteuse! certes, ce sont eux-mêmes qui devraient être
-honteux, ces ennemis de la vie des hommes et de la liberté publique!
-Tullius, ce modèle de l'éloquence romaine, et qu'on peut appeller le
-père et le prince des orateurs, a donné le nom de modestie à la liberté
-des paroles, assurant que cette opinion lui est commune avec Zénon. En
-effet, les Stoïciens avaient établi en principe que chaque chose doit
-s'appeler par son nom; de-là cet apophtegme de leur école: le sage
-parlera bien. Ils avaient sagement conclu qu'aucune expression n'est
-par elle-même, ni déshonnête, ni obscène. Quel est donc le délire de
-ces impies qui aiment mieux parler énigmatiquement et à mots couverts,
-que de se rendre intelligibles! Aimerions-nous mieux l'autorité de
-ces profanes insensés, que celle des respectables Stoïciens? Qu'ils
-ne l'espèrent pas. Que dirai-je encore de la folie de ces autres, qui
-se montrant favorables à mon héros, injurient d'une manière horrible,
-maudissent et donnent au diable sa taciturne sœur; eh pour quelle
-raison? parce qu'elle s'attache plutôt au nez qu'aux oreilles; et
-qu'elle se glisse sans bruit, comme les sicaires, sans qu'il soit
-possible de se défendre contre elle. Les Grecs l'ont nommée _Dolon_, ou
-_Deolon_ pour la distinguer de son bruyant et libre frère, auquel ils
-ont donné le nom de PORDEN.[10]
-
-Mais ceux qui blâment cette sœur ne font-ils pas autant de mal que
-s'ils intentaient un procès criminel à la discrétion, à la modestie
-et à la taciturnité, vertus dont les philosophes de l'antiquité
-avaient fait la base de leur sagesse. O tems! ô mœurs! ô siècle
-déplorable dans lequel la vertu même est érigée en crime! on outrage
-le respect, la politesse, tandis qu'on devrait les combler d'éloges!
-y aurait-il immodestie et impudence égales à celle d'interrompre un
-grave entretien par un bruit soudain, qui scandaleusement provoque
-les éclats de rire, et décontenance l'orateur? Non, certes, et vous
-avez la méchanceté de donner à cette prudente sœur, les épithètes de
-grossiére et d'irrévérente, lorsqu'elle est au contraire très-polie
-et très-respectueuse?... Que puis-je ajouter, si j'ai réussi à les
-convaincre de l'injustice des calomnies accumulées sur mon client!
-N'ont-ils pas essayé de couvrir, d'opprobre sa personne, sa moralité et
-ses habitudes, en les taxant de grossièreté et d'indécence? Cette sœur
-injustement calomniée me paraît au contraire abonder dans leur sens,
-si ce mot du sage Bias est vrai: le silence est une vertu louable,
-dans ceux dont la vie est impure et scandaleuse. Pythagore disoit
-aussi: _tais-toi, ou donne-nous quelque chose de meilleur que le
-silence._ Or, que dirait-elle qui valût mieux que sa taciturnité? S'ils
-m'objectent que ce vent incommode et blesse l'odorat, je répondrai
-qu'il a cela de commun avec une nation entière, celle des _Parthes_,
-qui ont tous l'haleine forte. Il pourrait dire, ce que jadis Euripide
-répondit à Decamnichus, qui lui reprochait ce même défaut: Je ne fais
-pas grand bruit, _mais je conserve beaucoup en moi_.
-
-Je mériterais, sans contredit, d'être regardé comme un avantageux, un
-téméraire, si je prétendais, pères péteurs, à la gloire de n'oublier
-aucune des qualités de mon héros; les anciens avaient de lui une
-si haute idée, qu'ils ne trouvèrent pas de symbole plus vrai, plus
-sûr, pour consacrer l'amitié, que la présence et la liberté de mon
-client, ce qui a fait dire à Martial: «Je ne vois pas de meilleure
-preuve, Crispus, de l'amitié que je te porte, que ton habitude de
-péter en ma présence». Il fut aussi chez eux le symbole de l'opulence;
-péter équivalait chez-eux à faire parade de ses richesses: ce qui
-est confirmé par ce proverbe: il est mort en pétant. C'est encore ce
-qu'entend Chrémylas, dans le _Plutus_, lorsqu'en parlant d'Argire,
-le plus riche citoyen d'Athènes, et le plus grand péteur, il dit:
-«N'est-ce pas son opulence qui l'enhardit à tant péter.»
-
-Nicarque, le plus ancien des auteurs d'épigrammes, voulant laisser à la
-postérité un digne éloge du PET, ne trouva rien de plus convenable à
-sa dignité, à sa bienfaisance, et à son autorité, que de le comparer à
-la majesté royale. C'est ainsi qu'il s'exprime: «Le PET cause la mort
-à une infinité de gens, lorsqu'il ne peut faire son explosion; il les
-conserve, quand il s'échappe à plusieurs bonds. Or, s'il a droit de
-vie et de mort sur les humains, pourra-t-on ne pas convenir que son
-pouvoir égale celui des plus grands Rois».
-
-Aristophanes nous raconte qu'un citoyen voulant honorer son dieu,
-trouva plus honorable de saluer la divinité avec un pet, qu'avec
-des paroles; «car aussi-tôt, dit-il, que je sentis l'approche de la
-divinité, je pétai d'une force miraculeuse». Les humains crurent qu'ils
-ne rendraient jamais à mon héros la somme des honneurs qu'il mérite,
-s'ils ne l'élevaient pas aux suprêmes honneurs de l'apothéose. C'est
-pour cette raison que les Egyptiens, le peuple le plus sage et le
-plus religieux de l'univers, le placèrent sur l'ALBUM[11] ou tableau
-de leurs dieux, et lui décernèrent des autels, des temples, des
-sacrifices, et des petits lits sur lequel on plaçait son simulacre. Si
-quelqu'un, affligé d'une colique de vents, avait eu le bonheur de s'en
-tirer par le secours de mon client, et d'échapper par là à une mort
-certaine, pénétré de reconnaissance, il suspendait en _ex-voto_, dans
-la chapelle de ce dieu indigète, un tableau où étaient gravés ces mots:
-
- CREPITUI VENTRIS CONSERVATORI.
- DEO PROPITIO.
-
- QUOD AUXILIO EJUS PERICULO LIBERATUS.
- N. N. M. F. BENEFICII MEMOR.
- VOTUM SOLVIT ET DE SUO P.
-
-c'est-à-dire:
-
- AU PET CONSERVATEUR,
- DIVINITÉ SECOURABLE,
- N. (_un tel_) DÉLIVRÉ DU PÉRIL,
-
- PAR SON SECOURS;
- ET RECONNAISSANT,
- A OFFERT CE VŒU, DE SON ARGENT.
-
-Vous ferai-je, pères péteurs, l'énumération des hommes illustres, et
-révérés de la postérité, qui ont joint à leur nom de famille, celui de
-PEDO, qui, en latin, signifie _péter_, comme pour associer leur arbre
-généalogique à celui de mon héros. Parmi eux se distingue l'antique
-et noble famille des PEDO; Pedo Albinovanus, Pedonius Costa, Pedanius
-Secundus, Asconius Pedianus, Pedius Consularis, Pedius Blœsus, Pedius
-surnommé _Quintus_. L. Peduceus, Sextus Peduceus, M. Juventius Pedo,
-M. Creperejus. Vous dirai-je combien de cités et de peuples ont
-emprunté leur nom du sien? Combien de plantes et de fruits, comme le
-_galeobdolon_, dont les feuilles triturées dans la main ont l'odeur
-d'une vesse de fouine, et l'_ono-perdon_ qui a la propriété de faire
-péter les ânes qui la mangent? à combien de proverbes il a donné lieu,
-tels que ceux-ci: «_Mes pets ne sont pas de l'encens._—_Un pet ne sent
-jamais mauvais pour celui qui le fait._—_Je tousse quand je pète._—_Tu
-pètes comme un mort._—_C'est péter devant un sourd_,» et mille autres
-qui doivent leur origine et leur gloire à leur analogie avec mon héros?
-
-Quoique toutes ces considérations soient plus que suffisantes pour
-transmettre sa gloire à la postérité la plus reculée, je croirais
-pourtant encore avoir oublié d'ajouter un fleuron à sa couronne, si
-sa destinée n'était pas aussi celle de tous les auteurs ou ennemis de
-la félicité privée. Car telle est la condition des choses humaines,
-que les plus belles actions, les plus rares talens, et la puissance,
-sont presque toujours en butte à la haine et aux coups de la plus
-basse envie. De-là vient, je ne sais par quelle fatalité, que bien
-loin de traiter notre héros avec le respect qui lui est dû, on est
-assez méchant, assez injuste, pour se déchaîner contre lui d'une
-manière outrageante, au mépris de la pudeur et des bienséances. On
-fait sur-tout un crime à mon accusé d'affecter vilainement l'odorat
-des assistans, de s'échapper, (comme on dit) sans compter avec l'hôte,
-lorsqu'on veut le comprimer, et de causer une très-grande honte à
-son gardien. Serait-ce avec raison qu'on le traiterait de fuyard et
-de vagabond, parce qu'impatient du frein et jaloux à l'excès de sa
-liberté, il s'échappe sans que son maître le sente? Toute personne,
-douée d'un jugement sain, voit combien une telle accusation est futile
-et inepte. Dans quelle contrée de l'univers trouverez-vous un homme
-qui, englouti dans un cachot, et chargé de chaînes, ne fera pas des
-efforts surnaturels; pour reconquérir cette douce liberté, l'objet de
-tous ses vœux et de ses pleurs, et sera assez insensé pour la rejetter,
-lorsqu'elle vient s'offrir à ses regards?
-
-Quelqu'un peut-il raisonnablement se plaindre de mon client, parce
-qu'il aurait l'haleine un peu forte, si ce proverbe est vrai: que nos
-pets sentent la rose pour nous. N'est-ce pas le comble de la barbarie
-que de retenir en prison, d'étrangler cet innocent, et de le traiter
-comme le plus grand scélérat, avant même qu'il ait été prévenu d'aucun
-crime? quelle faute grave a-t-il commise pour qu'on lui défende de
-jouir des avantages qui appartiennent à tous les êtres, de l'air
-et de la liberté? Si mon discours déjà plus long qu'il ne faut, ne
-m'avertissait de battre en retraite pour ne pas vous ennuyer, et vous
-faire repentir de la bienveillance avec laquelle vous m'avez écouté
-jusqu'ici, j'aurais, certes, beaucoup de choses encore à vous dire. Ah!
-c'est à vous, pères péteurs, qu'il appartient de défendre l'accusé
-contre les traits dont la calomnie l'accable. C'est à vous de rendre
-à la liberté cet être précieux, les délices de la république, le
-conservateur du peuple, et le plus ferme soutien de l'espèce humaine,
-sur-tout dans ces jours d'abstinence, où le carême, par la nature des
-alimens qu'il nous prescrit, nous expose aux plus grands dangers, si
-l'accusé ne nous défendait avec chaleur. Que diraient les nations
-étrangères, même les plus barbares, les pâtres eux-mêmes, et les
-muletiers qui ont du respect pour le PET! Craignez que la postérité
-ne vous accuse d'avoir laissé impunis les outrages qu'on lui fait.
-Si les ennemis superstitieux et pétris de sots scrupules s'obstinent
-à l'exiler, que, nouveaux Omar, ils jettent au feu la comédie des
-Nuées, dans laquelle Aristophanes permet de péter. Celui que vous
-jugez vous a rendu les plus grands services. Vous avez jusqu'ici
-soutenu sa dignité, celle de notre ordre est inséparable de la sienne;
-rappellez-le par un suffrage unanime. Si les exemples nationaux et
-journaliers ne vous suffisent pas, rappellez-vous les étrangers et ces
-Grecs les plus sages des mortels; Cratès et Zénon, les plus intrépides
-champions du PET, qui tous deux lui ont assuré sa liberté par une loi;
-Cratès chez les Cyniques, et Zénon dans la secte des Stoïciens, qui ne
-différaient que par la robe. Si ce n'eût pas été un acte de justice,
-croyez-vous que ces immortels philosophes, ces oracles de la vie
-humaine, eussent rendu ce décret? Vous avez l'exemple de l'antiquité
-pour guérir nos concitoyens de cette sotte honte attachée au PET. Vous
-vous attachez mon client par les liens de la reconnaissance. Que vous
-dirai-je enfin? vous assurez la conservation de la république, vous
-resserrez les anneaux de la société, vous affranchissez la pudeur de
-nos filles d'une foule de périls et d'embarras: vous affermissez la
-tranquillité des femmes, des enfans, des familles, enfin vous mettez le
-dernier sceau à votre réputation, à votre gloire, et à votre autorité.
-J'ai dit.
-
-_Ici finit le latin d'Emm. Martinus._
-
-
-DE LA NATURE ET DES DIFFÉRENTES SORTES DE PETS.
-
-Le PET est un vent renfermé dans le bas ventre, causé par le
-débordement d'une pituite attiédie, qu'une chaleur faible a atténuée
-et détachée sans la dissoudre; un air comprimé qui cherchant à
-s'échapper, parcourt les parties internes du corps, et sort enfin avec
-précipitation, quand il trouve une issue que la bienséance empêche
-de nommer. Sa définition est conforme aux règles les plus saines
-de la philosophie, puisqu'elle renferme le genre, la matière et la
-différence.
-
-Le pet sort par l'anus et en cela diffère du _rot_, ou rapport
-espagnol, qui sort par la bouche, quoiqu'il soit le résultat des mêmes
-causes.
-
-L'occasion se présente ici tout naturellement de parler du _rot_; il
-va de pair avec le _pet_, quoiqu'au rapport de plusieurs, il soit plus
-odieux que son analogue. Cependant on a vu à la cour de Louis XIV un
-ambassadeur, au milieu de la splendeur et de la magnificence qu'étalait
-à ses yeux étonnés l'auguste monarque français, lâcher un _rot_ des
-plus mâles, et assurer que dans son pays le _rot_ faisait partie de
-la noble gravité qui y régnait, ce qui lui a fait donner le nom de
-_rapport espagnol_.
-
-Les femmes qui se serrent pour avoir la taille fine, sont sujettes à
-péter beaucoup, selon le médecin _Fernel_, parce que leur intestin
-_cœcum_ est si flatueux et si distendu, que les vents qu'il renferme
-font autant de ravages qu'en faisaient autrefois ceux qu'Eole retenait
-dans les montagnes d'Eolie; de sorte que, par leur moyen, on pourrait
-entreprendre un long voyage sur mer: aussi est-ce avec beaucoup de
-raison qu'un peintre joyeux a placé une femme entre un moulin à eau
-par-devant, et un moulin à vent par-derrière, auxquels elle donne en
-même-temps l'action de leur emploi.
-
-Le savant auteur de _l'art de péter_ a examiné s'il fallait mesurer le
-PET, à l'aune, au pied, à la pinte, au boisseau, et voici la solution
-de ce problème, donnée par un excellent chymiste. Si en enfonçant le
-nez dans l'anus, de manière que la cloison du nez divisant l'anus
-également, fasse de vos narines une paire de balances, vous sentez de
-la pesanteur, en mesurant le PET qui sortira, il faut le prendre au
-poids; s'il est dur, c'est à l'aune ou au pied; s'il est liquide, c'est
-à la pinte; s'il est grumeleux, c'est au boisseau, etc. Si enfin, il
-est trop petit, imitez les gentilshommes verriers, soufflez au moule,
-jusqu'à ce qu'il ait acquis un volume raisonnable.
-
-Les grammairiens divisent les lettres en voyelles et consonnes; comme
-nous faisons plus qu'eux profession de ne point effleurer la matière,
-mais de la faire sentir et goûter, telle qu'elle est, nous divisons les
-PETS en _vocaux_ et en _muets_ ou _vesses_ proprement dits.
-
-Les _Pets vocaux_ se nomment _pétards_. On peut consulter là-dessus
-_Willichius Jodochus_, qui nous apprend que le _Pétard_ est un éclat
-bruyant, engendré par des vapeurs sèches. Il est _grand_ ou _petit_,
-suivant les causes et les circonstances. Le grand est _pléni-vocal_, et
-le petit _semi-vocal_.
-
-La grandeur du calibre d'où il sort, les alimens venteux dont ils
-se nourrissent, et la médiocrité de la chaleur naturelle dans les
-intestins, produisent chez les paysans le _grand Pet-pétard, ce phénix
-des pets, semblable à l'explosion des canons, et aux pédales de
-l'orgue, et dont la démonstration des tonnères, par Aristophanes ne
-donnerait qu'une très-faible idée.
-
-Le vrai PET ou le _pet clair_ n'a point d'odeur, mais on le confond
-avec le _pet muet_ ou _pet féminin_ et avec le _pet épais_ ou _pet de
-maçon_, qui présente le plus hideux spectacle, et de-là cette injustice
-que l'on fait à notre héros.
-
-Les _pets clairs_ sont _simples_ ou _composés_. Les _simples_
-consistent en un grand coup seul et momentané, Priape les compare à des
-outres crevées. Ils ont lieu quand la matière est abondante, composée
-de parties homogènes; quand la fissure d'où ils sortent est assez large
-et quand celui qui les pousse est robuste. Les _composés_ partent par
-éclats, et comme une décharge d'artillerie. On les nomme _diphtongues_
-et une personne robuste peut en faire vingt, tout d'une tire.
-
-Le pet est diphtongue, quand l'orifice est bien large, la matière
-copieuse, les parties inégales et mêlées d'humeurs chaudes et tenues,
-froides et épaisses. Alors s'opère une canonnade, où l'on distingue des
-syllabes diphtonguées, comme pa pa, pax, pa-pa-pa, pax, et toujours
-_crescendo_. Rien de plus joli, de plus récréatif que ce mécanisme
-des pets diphtongues, quand l'anus est assez ample, et entouré d'un
-_sphincter_ fort et élastique. C'est un de ces pets qui a fait fuir les
-sorcières dont nous avons parlé, page 40 de cette dissertation.
-
-
-_Terribles effets du pet diphtongue._
-
-Le _pet diphtongue_ est plus terrible que le tonnère. S'il ne foudroie
-pas, il étonne, rend les uns sourds et les autres hébêtés, et cela par
-l'extrême compression de l'air, qui devenu libre, ébranle tellement
-en sortant, les colonnes de l'air extérieur, qu'il peut détruire et
-arracher en un clin d'œil les fibres les plus délicates du cerveau,
-donner un mouvement de rotation à la tête, la faire tourner sur les
-épaules comme une girouette, briser à la septième vertèbre l'étui de
-la moëlle allongée, et par cette destruction, donner la mort. Hélas!
-combien de poulets tués dans les œufs, combien de fœtus avortés ou
-étouffés dans le sein de leurs mères, par la forte explosion du PET
-diphtongue! plus puissant que les exorcismes, il a plus d'une fois fait
-prendre la fuite au diable lui-même, et l'anecdote suivante, dont la
-vérité est constante, en fournit un exemple.
-
-Le diable tourmentait depuis longtems un homme pour qu'il se donnât
-à lui. Cet homme ne pouvant plus résister aux persécutions du
-malin esprit, y consentit sous trois conditions qu'il lui proposa
-sur-le-champ. 1^o. Il lui demanda une grande quantité d'or et d'argent;
-il la reçut dans l'instant; 2^o. il exigea qu'il le rendît invisible,
-le diable lui en enseigna les moyens et lui en fit faire l'expérience,
-sans l'abandonner. Enfin, cet homme était fort embarrassé sur ce qu'il
-lui proposerait en troisième lieu, qui pût mettre le diable dans
-l'impossibilité de le satisfaire, et comme son génie ne lui fournissait
-point à l'instant l'expédient qu'il en attendait, il fut saisi d'une
-peur dont l'excès le servit par hasard fort heureusement, et le sauva
-de sa griffe. On rapporte que dans ce moment critique, il lui échappa
-un pet diphtongue, dont le tapage ressemblait à celui d'une décharge de
-mousqueterie. Alors, saisissant avec présence d'esprit cette occasion,
-il dit au diable: «Je veux que tu m'enfiles tous ces pets, et je suis
-à toi». Le diable essaya l'enfilement, mais quoiqu'il présentât d'un
-côté le trou de l'aiguille et qu'il tirât de l'autre à belles dents,
-il ne put jamais en venir à bout. D'ailleurs, épouvanté par l'horrible
-tintamarre de ce _pet_, que les échos avaient rédupliqué, confus,
-forcené même de se voir pris pour dupe, il s'enfuit en lâchant une
-vesse infernale qui infecta tous les environs, et délivra de la sorte
-ce malheureux du danger éminent qu'il avait couru.
-
-Il est constant que dans tous les royaumes, républiques, villes,
-villages, hameaux, familles, châteaux de campagnes, où il y a des
-bonnes, des vieilles et des bergers, dans les livres et les histoires
-anciennes, il y a eu une infinité de maisons délivrées des diables,
-par le secours des _pets diphtongues_. Ce sont de petits _tonnères de
-poche_; leur vertu et leur salubrité sont actives et rétroactives, ils
-sont d'un prix infini; l'antiquité la plus reculée les a reconnus tels
-de-là ce proverbe des romains: UN GROS PET VAUT UN TALENT. Or, si l'on
-considère que le talent romain, valait 84 liv., 100 et 125 livres de
-notre monnoie, j'observerai en passant qu'un gros pet est plus lucratif
-qu'un beau poëme, car le tems est passé où un Alexandre donnait 480
-mille écus à Aristote pour son livre de la nature des animaux. Auteurs,
-cessez d'écrire, puisque les arts ne vous nourrissent plus; mangez des
-haricots et pétez.
-
-La nature des pets est variée à l'infini, suivant le climat, la
-condition, et le moral des individus. Un habile observateur les a
-classés de la manière suivante.
-
-1^o. _Pets départementaux._ Ceux-là ne sont pas si falsifiés que
-ceux de Paris, où l'on raffine sur-tout. On ne les sert pas avec
-tant d'étalage; mais ils sont naturels, et ont un petit goût salin,
-semblable à celui des huîtres vertes. Ils réveillent agréablement
-l'appétit.
-
-2^o. PETS DE MÉNAGE. Nous apprenons, d'après les remarques d'une grande
-ménagère de Pétersbourg, que ces pets sont d'un goût excellent dans
-leur primeur, et que quand ils sont chauds, on les croque avec plaisir;
-mais dès qu'ils sont rassis, ils perdent leur saveur, et ressemblent
-aux pillules, qu'on ne prend que pour le besoin.
-
-3^o. PETS DE PUCELLE. On écrit de l'île des Amazones, que les pets
-qu'on y fait sont d'un goût délicieux et fort recherchés. On dit qu'on
-ne les trouve que dans ce pays, mais je n'en crois rien. Toutefois on
-avoue qu'ils sont extrêmement rares; _rara avis in terris_. Voyez le
-_Roman de la rose_.
-
-4^o. _Pets de maître en fait d'armes._ Les lettres du camp près
-Constantinople, nous annoncent que les pets de ces escrimeurs sont
-terribles, et qu'il ne fait pas bon de les sentir de trop près,
-car, comme ils sont toujours plastronnés, on dit qu'il ne faut les
-approcher que le _fleuret à la main_.
-
-5^o. _Pets de demoiselles._ Ce sont des mets exquis, sur-tout dans les
-grandes villes, où on les prend pour du croquet à la fleur d'orange. Ce
-pet est un _semi-vocal_ ou petit pet, composé d'une matière très-sèche
-et très-déliée, qui se portant avec douceur le long du canal de sortie,
-qui est fort étroit, soufflerait à peine une paille. Ce _pet_ n'allarme
-point les nez sensuels, et n'est point indécent comme la vesse et le
-pet de maçon.
-
-6^o. PETS DE JEUNES FILLES. Quand ils sont murs, ils ont un petit goût
-de _revas-y_, qui flatte infiniment les véritables connaisseurs.
-
-7^o. _Pets de femmes mariées._ On aurait un long mémoire à transcrire
-sur ces pets; mais on se contentera de la conclusion de l'auteur, et
-l'on dira d'après lui, «qu'ils n'ont de goût que pour les amans, et
-que les maris n'en font pas ordinairement grand cas».
-
-8^o. _Pets de bourgeoises._ Les bourgeois de Rouen et de Caen nous
-ont envoyé une longue adresse en forme de dissertation, sur la nature
-des pets de leurs femmes. Nous voudrions bien les satisfaire, en
-imprimant en entier cette dissertation, mais les bornes que nous nous
-sommes prescrites nous le défendent. Nous dirons en général que le pet
-de bourgeoise est d'un assez bon fumet, lorsqu'il est bien dodu, et
-proprement accommodé, et que faute d'autres, on peut très-bien s'en
-contenter.
-
-9^o. _Pets de paysannes._ C'est ici le lieu de répondre à certains
-mauvais plaisans qui ont perdu de réputation les pets de paysannes. On
-nous mande des environs d'Orléans, qu'ils sont très-beaux et très-bien
-faits; quoiqu'accommodés à la villageoise, ils sont encore de fort bon
-goût. On assure aux voyageurs que c'est un véritable régal pour eux,
-et qu'ils peuvent les avaler en toute sûreté, comme la _montmorency_,
-et les gobets à courte-queue.
-
-10^o. _Pets de bergères._ Les bergères de la vallée de Tempé en
-Thessalie, nous donnent avis que leurs pets ont le véritable fumet
-du Pet, c'est-à-dire, qu'ils sentent le sauvageon, parce qu'ils sont
-produits dans un terrein où il ne croît que des aromates, comme le
-thim, le serpolet, la marjolaine, la sariette, etc., etc. Elles
-entendent qu'on fasse une grande différence de leurs pets avec ceux
-des autres bergères qui prennent naissance dans un terrain inculte:
-la marque distinctive qu'elles enseignent pour les reconnaître et n'y
-être pas trompé, c'est de faire comme on fait aux lapins de garenne,
-c'est-à-dire, flairer au moule.
-
-11^o. _Pets de vieilles._ Le commerce de ceux-ci est si désagréable,
-qu'on ne trouve point de marchand pour les négocier. On ne prétend
-pourtant point pour cela empêcher personne d'y mettre le nez. Le
-commerce est libre.
-
-12^o. _Pets de boulangers._ Nous recevons à leur sujet la note suivante
-du Hâvre; la voici telle qu'un maître boulanger de cette ville nous la
-transmet:
-
-«L'effort que fait l'ouvrier en faisant sa pâte, le ventre serré contre
-le pétrin, rend les pets diphtongues. Ils se tiennent quelquefois comme
-des hannetons, de sorte qu'on pourrait en avaler une douzaine, tout
-d'une tîre.» Cette remarque est des plus savantes et de fort bonne
-digestion. Ce pet est aspiré, ou petit pet _semi-vocal_, composé d'une
-matière humide et obscure: pour en donner l'idée et le goût, je ne puis
-mieux le comparer qu'à un pet d'oie: peu importe que le calibre qui le
-produit, soit large ou étroit; il est si chétif qu'on sent bien que ce
-n'est qu'un avorton.
-
-13^o. _Pets de potiers de terre._ Ces pets, sans contredit, sont faits
-au tour, mais ils n'en sont pas meilleurs. Ils sont sales, puans, et
-tiennent aux doigts. On ne peut pas les toucher, crainte de s'emberner.
-
-14^o. _Pets de tailleurs._ Ils sont ordinairement de très-bonne taille
-et ont un goût de prunes, mais les noyaux sont à craindre.
-
-15^o. _Pets de géographe._ Ceux-là, semblables à des girouettes,
-tournent à tout vent. Quelquefois cependant, ils s'arrêtent du côté du
-nord, ce qui les rend perfides.
-
-16^o. _Pets de courtisannes._ Vous pouvez prendre la galerie noire
-du Palais-Egalité, même tout le palais et les rues environnantes, si
-vous voulez faire des dégustations et des expériences pneumatiques sur
-cette nature de pets. On en trouve d'assez drôles; leur goût est assez
-appétissant: ils crient toujours famine, en langue allemande: mais
-prenez-y bien garde, il y a beaucoup d'alliage dans cette denrée. Si
-vous se trouvez pas mieux, prenez-les au poinçon de Paris.
-
-17^o. _Les pets de cocus._ Il y en a de deux sortes. Les uns sont doux,
-affables, mous, etc. Ce sont les pets des _cocus volontaires_; ils ne
-sont pas malfaisans. Les autres sont brusques, sans raison et furieux.
-Il faut s'en donner de garde; ils ressemblent au limaçon, qui ne sort
-de sa coquille que les cornes les premières. _Fœnum habent in cornu._
-Heureusement les pets des cocus malgré eux sont excessivement rares, de
-notre siècle, qui est celui de la tolérance et de la liberté.
-
-18^o. _Pets de savans._ Ces derniers sont précieux, non par leur
-volume, mais par la noblesse du foyer d'où ils sortent. Ils sont aussi
-très-rares, parce que les savans, rangés sur les banquettes du Palais
-national des sciences et des arts, à l'Institut ou aux Conseils,
-ne pouvant, dans une assemblée publique, interrompre une lecture
-importante, pour donner l'essor à un pet, sont obligés de le féminiser
-pour lui donner un passeport, et ne pas déranger l'ordre des travaux,
-des lectures et des motions. Ils sont en revanche vigoureux, quand ils
-sont les enfans de la solitude et de la liberté, car les savans de nos
-jours mangent plus de fèves que de poulardes.
-
-Quant aux petits auteurs, comme moi, nous avons carte blanche dans le
-cabinet; nous nous égayons par la bruyante harmonie du pet diphtongue;
-elle nous fournit des idées, dans la composition de l'ode, et son bruit
-se mêle agréablement à l'emphase avec laquelle nous récitons nos vers.
-Le célèbre Boursault fit certainement beaucoup de jolis pets, et les
-regarda avec beaucoup d'attention, pour les peindre avec autant de
-vérité et de goût, qu'il l'a fait dans son _Mercure galant_. Certes, il
-était plein de son sujet, quand il fait si bien dire à mon héros:
-
- Je suis un invisible corps,
- Qui de bas lieu tire mon être;
- Et je n'ose faire connoître;
- Ni qui je suis, ni d'où je sors.
- Quand on m'ôte la liberté,
- Pour m'échapper, j'use d'adresse,
- Et deviens femelle traîtresse,
- De mâle que j'aurais été.
-
-19^o. _Pets de commis._ Après ceux des fournisseurs de la république,
-ceux-ci sont les mieux nourris, et font honneur à la cuisine de leurs
-auteurs. Aussi m'est-il arrivé plus d'une fois en fréquentant les
-bureaux, d'entendre des salves de pets, dont les plumitifs indolens et
-désœuvrés s'amusent à se saluer réciproquement. C'est à qui développera
-la plus belle et la plus sonore basse-taille. C'est un concert brillant
-et bien soutenu. Si ces messieurs n'ont rien de mieux à faire, ils
-ont raison, il faut égayer l'ennui d'un bureau, et il vaut mieux péter
-pour tuer le tems, que de médire, de faire des libelles, ou de mauvais
-vers. D'ailleurs, j'ai amplement démontré les inconvénients terribles
-qu'occasionnerait la crainte de péter; et je ne puis trop louer ceux
-des commis laborieux qui, plus sages que Métroclès, dont j'ai parlé
-ci-dessus, aiment mieux passer pour grossiers, en lâchant le captif,
-que d'interrompre leur besogne, en allant péter dans le corridor, car
-un proverbe dit: «il vaut mieux péter en compagnie, que de crever dans
-un petit coin».
-
-L'anecdote suivante prouvera avec quelle sévérité mon héros punit ceux
-qui veulent s'opposer à ce qu'il jouisse du droit imprescriptible de
-citoyen français, libre et philosophe.
-
-
-LES TROIS ACCIDENS[12].
-
- Trop de crainte nous perd. Sans exorde plus ample,
- Je vais en donner un exemple.
-
- Nicette tenait dans sa main
-
- Un œuf frais qu'elle allait porter à sa grand'mère
- Le verglas qui couvrait la terre
- La faisait chanceler tout le long du chemin.
- Plus elle craint et moins elle est légère;
- Certain vent importun alors la tourmenta,
- Vent qu'elle eût bien voulu lâcher à la sourdine;
- Elle apperçoit qu'on l'examine,
- Et jusqu'au blanc des yeux le rouge lui monta.
- Le malheur fut complet par défaut d'assurance,
- Il survint un ruisseau qu'il fallut enjamber;
- Nicette lève un pied, glisse, perd la cadence,
- Et serrant bien les poings pour faire résistance,
- PÉTA, créva son œuf, et se laissa tomber.
-
-20^o. _Pets d'acteurs et d'actrices._
-
-J'ai déjà dit qu'ils ne paraissaient point sur la scène, mais puisqu'on
-y fait paraître des chevaux, il est probable qu'on leur accordera le
-même privilège: jusqu'à ce moment, ils s'y trouvent incognito et de
-contrebande, comme ceux des savans, en changeant de sexe. Notre théâtre
-offre tous les jours des innovations si heureuses dans le tragique, que
-je ne serais pas surpris d'entendre une pétarade arrangée par _Méhul_,
-_Gossec_ et _Chérubini_.
-
-
-LE PET DU VILAIN.
-
-Rutebeuf, le plus célèbre parmi les Trouvers Picards, celui d'entr'eux
-qui paraît avoir eu le plus d'esprit et d'imagination, n'a pas
-dédaigné de prendre la défense du PET, dans un tems où l'orgueil de la
-chevalerie, et la tyrannie féodale, accablaient de mépris les gens de
-la campagne. Voici ce qu'il raconte:
-
-«Un villageois, malade d'une indigestion, est à toute extrémité: Satan,
-selon sa coutume, envoie saisir l'ame, mais par dédain pour un objet si
-peu important, il n'emploie à cette vile fonction que le plus simple
-de ses satellites. Celui-ci n'imaginant pas que l'ame d'un _Vilain_
-dût sortir par le même passage que celle des autres, attache un sac à
-la porte opposée; tout-à-coup une crise heureuse (le secours du dieu
-PET,) soulage le malade. Le sot député voyant le sac se remplir, le
-lie promptement et va le porter à son souverain; mais Satan maudissant
-cette ame infecte, jure de n'en jamais recevoir qui ait habité un corps
-de vilain.
-
-Or maintenant, ajoute Rutebeuf, malheureux sur la terre, chassés du
-ciel, rebutés des enfers, je vous le demande, Messieurs, où iront ces
-infortunés?...»
-
-Ce conte de Rutebeuf mérite d'être cité, quoiqu'il ne soit pas de
-la bonne compagnie; il montre combien il a fallu d'efforts et de
-philosophie pour ramener les hommes au respect qu'ils doivent à la
-classe utile et respectable des cultivateurs.
-
-Parmi les écrivains anciens et modernes, qui ont écrit sur le _pet_
-et qui lui ont rendu les honneurs qu'il mérite, on peut citer
-_Bebelle_, _Frischlin_, _Marot_ et _St.-Evremond_. L'aimable philosophe
-St.-Evremond avait du PET une idée bien différente de celle que s'en
-fait le vulgaire. Il l'appellait un soupir, et disait un jour à sa
-maîtresse, devant laquelle il avait fait un PET:
-
- Mon cœur outré de déplaisirs,
- Etait si gros de ses soupirs,
- Voyant votre humeur si farouche;
- Que l'un d'eux se voyant réduit
- A n'oser sortir par la bouche,
- Sortit par un autre conduit.
-
-L'immortel _Clément_ MAROT n'a pas dédaigné de travailler sur le
-_cul_, sur le _pet_ et sur la _vesse_. Si je ne craignais de donner
-à ce volume, trop d'étendue, (car j'ai encor d'autres choses à vous
-dire) je rapporterais ici ses vers, mais pour ne pas remplir mon livre
-de l'esprit des autres, je vous prie de voir, pour ce qui regarde le
-cul, les blasons 24. et 34. tom. 3. édit. de la Haye, 1791. _in-12._,
-le blason 35., pour le pet et la vesse, et le blason 24. si vous êtes
-curieux d'y voir le c..
-
-Parler du _pet_ sans parler du cul, c'est décrire Rome sans parler du
-Capitole, il faut donc que je fasse son éloge en deux mots. Il est
-certainement la plus noble partie du corps, puisqu'il a l'honneur de
-se coucher le premier. C'est le cul qui répare tous les malheurs du
-corps. C'est par lui que toutes les humeurs et venins sont purifiés,
-et que l'on est rendu à la vie. La partie la plus essentielle de
-l'homme, c'est le cul. On peut vous crever un œil, et même tous les
-deux, sans que cela vous empêche de vivre. On peut vous couper les
-bras et les jambes; on peut vous faire l'opération qui rendit Abailard
-moine, on peut vous boucher les oreilles, et vous n'en vivrez pas
-moins, mais si on vous bouche le cul, je vous défie de vivre seulement
-quatre jours. Le supplice le plus cruel inventé par un tyran de l'Asie
-était de faire attacher un esclave sur une selle, en lui bouchant le
-derrière, et de le laisser dans cette posture, en lui donnant force
-à manger, jusqu'à ce que cette constipation forcée l'eût suffoqué
-lentement. Voyez le _Podicis encomium_, page 348 de _l'Amphitheâtrum
-sapientiæ Socraticæ_, par _Gasp. Dornavius_.
-
-
-QUESTION CHYMIQUE.
-
-_Esprit de pets pour enlever les taches de rousseur._
-
-On demande s'il est possible en chymie de distiller un pet et d'en
-tirer la quintessence. On a décidé pour l'affirmative, et il n'y a
-point de doute que le cit. Quinq... si fameux par ses lampes, sa crème
-de tartre, ses eaux odontalgique et virginale, etc., n'obtienne les
-plus satisfaisans résultats de la distillation d'un PET.
-
-Il vient tout récemment de reconnaître, après un long travail, que le
-pet est de la classe des esprits. Après avoir eu recours à son alambic,
-voici comme il procéda.
-
-Il fit venir une hibernoise de son voisinage, c'est-à-dire, de la
-halle, qui mange, à un repas, autant de viande que six rouliers en
-mangeraient de Paris à Montpellier. Cette femme, ruinée par son
-appétit et la chaleur de son foie, gagne sa vie comme elle peut. Il
-lui fit manger de la viande autant qu'elle en voulut et put manger,
-avec force légumes venteux. Il lui prescrivit de ne point péter ni
-vesser, sans l'avertir auparavant. Aux approches des vents, il prit un
-de ces larges récipients, tels qu'on les emploie pour faire l'huile
-de vitriol, et l'appliqua exactement à son anus, l'excitant encore à
-péter par d'agréables carminatifs et lui faisant boire de l'eau d'anis,
-enfin, de toutes les liqueurs de sa boutique, capables de répondre
-à son intention. L'opération s'est faite à souhait, c'est-à-dire,
-très-copieusement. Alors, notre chymiste satisfait prit une certaine
-substance huileuse ou balsamique dont il n'a pas voulu me dire le
-nom, la jetta dans le récipient et fit condenser le tout au soleil
-par circulation, ce qui produisit une quintessence merveilleuse.
-Il s'imagina que quelques gouttes de ce résultat pourraient enlever
-les taches de rousseur de la peau. Il en essaya le lendemain sur le
-visage de plusieurs jolies harangères du marché aux poirées, qui
-toutes perdirent sur-le-champ ces vilaines taches, et virent avec tout
-le plaisir qu'on peut s'imaginer, leur teint blanchir à vue d'œil.
-Les tendrons reconnaissans l'ont payé, dit-on, _in-cute_; c'est le
-salaire qui pouvait le mieux payer le galant et salace pharmacien.
-Alors, le journal de Paris, et des affiches disséminées avec profusion
-ont préconisé cette utile découverte, digne de faire le pendant des
-redingottes _à l'anglaise_ et des _dragées de Keiser_. On espère
-donc que nos beautés en perruque blonde, en coëffures à la _Titus_,
-à la _Caracalla_, feront une grande consommation de ce merveilleux
-spécifique, si précieux sur-tout aux habituées de Tivoli, de l'Elysée,
-d'Idalie, de Thélusson, de Paphos, Mousseaux, etc. Bref, elles feront
-la fortune du pharmacien à qui elles élèveront des statues, comme à
-un nouvel _Abdéker_, et à qui on ne pourra plus reprocher qu'il ne
-connaissait que la carte des pays bas.
-
-
-DU PET ARTIFICIEL.
-
-La plus précieuse observation que je puisse faire à l'avantage du
-PET, est celle, non moins étonnante que vraie, de son utilité, dans
-les mystères de la reine de Paphos et d'Amathonte. Cette déesse si
-voluptueuse et si sensuelle, sachant bien que toutes les jouissances
-qu'elle procure, seraient imparfaites, si la présence du dieu PET
-ne leur donnait la dernière période, et voulant concilier avec ce
-besoin, la délicatesse du sens olfactoire, chez ses prêtresses, a
-inventé elle-même le PET _artificiel_, dont le but est de conserver,
-dès son origine, ce qu'il a de réjouissant, en évitant ce qu'il
-a de désagréable à l'odorat. Elle a voulu que le bruit du PET se
-fondît agréablement avec celui des soupirs et des baisers, qu'il
-assaisonne, et au moyen d'une petite vessie remplie de parfums, adaptée
-ingénieusement sous.... mais le conte suivant va vous le dire:
-
-
-LES DEUX PETS.
-
-CONTE.
-
- Tant s'en faut que toujours la fin d'une aventure
- Réponde à son commencement;
- Telle promet d'abord une volupté pure,
- Qui se termine en un tourment.
- Bien l'éprouva Damon, français et gentilhomme;
- Car tout français se dit comte ou marquis,
- Ou gentilhomme au moins en quittant son pays,
- Et celui-ci se disait tel à Rome.
-
- Or, comme bien savez, un français n'est pas homme
- A se laisser ronger d'ennuis;
- Il choisit donc une Laïs,
- Qui, moyennant certaine somme,
- L'admit au rang des favoris.
- A Rome comme ailleurs, femme qui sait son prix,
- Ne livre rien sans savoir comme.
- À demain, lui dit-elle, et selon vos désirs,
- Je vous préparerai la voie
- Qui conduit aux plus grands plaisirs;
- Apportez seulement argent, vigueur et joie;
- Et vous verrez beau jeu si la corde ne rompt.
- Croyez que le galant ne manqua d'être prompt.
- Au rendez-vous il la trouve parée,
- De la façon que Cithérée
- Reçoit le Dieu Mars dans ses bras,
- Une moitié de ses appas
- Se trouvait assez éclairée,
- Pour que l'autre qu'on ne voit pas,
- Par le galant fut désirée.
- Un souper fin, tel qu'il le faut
- Dans les plaisirs d'un tête à tête,
- Fut le prélude de la fête
- Que payait bien notre ribaud.
- Ils mangèrent assez, mais ils ne burent guère,
- Longue nuitée et court repas,
- C'est ainsi qu'on fait à Cithère,
- Lorsqu'on s'y prépare aux ébats;
- Enfin notre bonne commère,
- Reçut Damon entre les draps.
- Ah! quelle volupté s'emparant du compère,
- Le défrayait de ses ducats!
- Tous ses sens occupés de l'amoureuse affaire,
- A de si grands transports livraient son ame entière,
- Qu'il paraissoit devenu fou.
- Les amours libertins, regardant son derrière,
- En un coin riaient tout leur saoul.
-
- Cependant la Laïs romaine,
- Gagne son argent de son mieux,
- Et d'un mouvement gracieux
- Aide l'agent qui se démène,
- Lorsque du souterrain tout d'un coup part un bruit
- Qui de Damon l'oreille blesse.
- Redoutant les effets de quelque odeur traîtresse,
- Il allait quitter le déduit.
- «Quoi! ce bruit vous fait peur, dit-elle,
- «Sachez qu'on aime ici les plaisirs réunis.
- »Continuez Damon: c'est un régal exquis,
- »Que pour votre odorat a préparé mon zèle,
- »Mettez sans crainte votre nez
- »Dans les draps parfumés d'une essence nouvelle,
- »Et ce bruit que vous soupçonnez,
- «Est l'heureux signal qui l'appelle».
- Il la croit, et fait bien alors de s'y fier.
- Une délicate vessie,
- Pleine de parfums d'Arabie,
- Qu'avait pressée à propos son fessier,
- Avait causé le bruit qui venait d'effrayer
- Damon, dans le moment le plus doux de sa vie.
-
- On appelle cela PET ARTIFICIEL,
- Ordinaire galanterie
- De toute femme d'Italie,
- Qui fait un trafic corporel.
-
- Cette volupté réunie,
- Mit le comble au plaisir de l'amant sensuel;
- Après un petit intervalle,
- Notre brave et vigoureux mâle,
- Se met à reprendre le jeu,
- Qui, par malheur, dure si peu.
- Un second bruit vient frapper son ouie;
- Nez aussi-tôt de plonger dans le lit,
- Pour cueillir à point tout le fruit
- De la précieuse ambroisie.
- Mais pour le coup ce fut un PET au naturel;
- Qui, sortant chaudement de la région sale, Fit un atmosphère mortel
- D'atômes imprégnés de matière fécale:
- Pour surcroît de malheur encore plus cruel,
- Un humide substanciel,
- S'attachant à l'engin trop voisin de la source,
- Abbattit sa vigueur et laissa sans ressource
- L'amoureux qui maudit l'air pestilenciel,
- Et dit en s'enfuyant. «Ah! de cette chrétienne
- »Devais-je pas me défier?
- »Et prévoir que le trou culier
- »D'une femelle italienne,
- »Ne pouvait être qu'un évier.»
-
-C'est à regret que j'obéis à la nécessité d'être historien fidèle, en
-rapportant un conte aussi graveleux,[13] mais, ne devant passer sous
-silence rien de ce qui a rapport à mon sujet, j'aime mieux encourir
-le risque d'une imprudence, que de passer pour ignorant, dans une
-matière où toute mon érudition doit être déployée. Au reste, _Bayle et
-Brantôme_ en ont fait autant. D'ailleurs ce conte me donne occasion
-d'apprendre aux lecteurs qu'il est du fameux abbé _Sabathier_ de
-Castres, auteur des _Trois Siècles de Littérature_, des _Siècles
-Payens_, des Mémoires de _miladi Kilmar_, et du _journal Politique
-National_, en 1789. Aujourd'hui à Vienne. Tandis que j'y suis, je
-citerai le trait suivant, cité par Nicodême Frischlin, (édit. de
-_Strasbourg_. 1525. _in-16_.)
-
-Quelqu'un ayant lâché un vent au milieu d'une nombreuse société, un
-de ses amis lui en fit reproche. Par Jupiter, répondit le péteur, il
-y a longtems que mon derrière désire parler, il ne lui manque que ta
-langue. Veux-tu la lui donner?
-
-Le trait de naïveté suivant, dans une fille d'auberge, plaira sans
-doute aux plus graves personnages.
-
-
-LE PET FRANÇAIS.
-
- Deux anglais arrivant dans un village en France,
- Etaient de fatigue harrassés,
- En outre fort embarassés,
- Pour trouver un lieu de pitance;
- Car tous les deux, ignorant le français,
- Aux paysans parlaient anglais;
- Les manans ne surent jamais
- Aucun autre langage,
- Que celui qu'on parle au village;
- Cependant le curé plus sage,
- Reconnoissant à leur baragouinage
- Qu'ils avaient besoin de manger,
- Et qu'ils cherchaient à se loger,
- Lors par le bras vous les prend et les mène
- A l'auberge la plus prochaine.
- L'hôte les voyant arriver,
- Et désirant chez lui les conserver,
- Les saluant, en suivant sa marotte,
- Il leur fait signe de s'asseoir,
- Puis bientôt appelant Javotte:
- Allons, dit-il, tire-moi cette botte;
- Près d'eux on s'empressait, oh! dame! il fallait voir:
- Chacun était jaloux de bien remplir sa tâche;
- Mais en voulant tirer trop fort,
- La Javotte fait un effort,
- Et devant tout le monde, avec grand fracas, lâche
- Ce qu'ordinairement avec soin chacun cache.
- Le pauvre maître consterné,
- En cas se trouvant très-peiné,
- Lui dit: «Puante, eh bien! que veux-tu que l'on dise
- »De notre honnêteté chez messieurs les Anglais?
- —Mais qu'est-ce que ça fait, dit-elle avec franchise,
- Ces deux messieurs n'savont pas le français.
-
-L'abbé de Marigny, a oublié dans son poëme sur le _pain béni_, dont
-j'ai donné une édition, de nous raconter l'anecdote suivante. Elle
-prouve que non-seulement _le Pet_ a le privilège d'égayer les sociétés,
-mais que les plus augustes mystères de la religion ne sont pas à l'abri
-de son humeur joviale et libre.
-
-
-LE PET BÉNI.
-
-Une bonne villageoise rendait le pain béni. Un cierge à la main, les
-barbes du bonnet et, la robe détroussées, elle était en présence du
-célébrant, et flanquée du bédaut. Sa timidité naturelle s'augmenta,
-lorsque le curé, pour payer son pain béni et son cierge, lui présenta
-le cul d'une assiette d'étain à baiser. La bonne dame était sourde
-passablement. Un PET assez ronflant qu'elle lâche, déconcerte la
-gravité des ministres de son culte. Curé, bédaut, enfans de chœur,
-suisse, enfin, chacun de ceux qui l'environne se serre les lèvres pour
-ne pas rire aux éclats. La bonne femme qui n'a pas fait attention à
-son échappée, croit que l'on rit de la petitesse de son pain béni, et
-dit pour s'excuser: «Ce n'est pas ma faute, Mr. le Curé: si j'avais
-eu du beurre et du sel, je l'aurais fait plus gros». Pour le coup, le
-quiproquo fut si plaisant, que chacun n'y put tenir. Le service divin
-fut interrompu, et bien en prit aux hommes d'église d'être obligés de
-se tourner vers l'autel, pour ne pas scandaliser les fidèles par leur
-rire qu'augmentait la contenance tranquille de la péteuse.
-
-J'ai dit qu'un pet avait mis en fuite des sorcières: il a quelquefois
-eu le mérite d'épouvanter ces fiers anglais qui se croient les dieux
-des mers, témoin le fait suivant rapporté par un anonyme.
-
-
-LE PET ET LE POLITIQUE.
-
- Au café, de grands politiques,
- Parlaient entr'eux des affaires publiques;
- Tel à la guerre et tel à paix croyait.
- Toutefois chacun convenait
- Que la guerre serait certaine
- Dès le premier coup de canon.
- De la triste réflexion
- Les pauvres gens très-fort en peine,
- Pour mieux penser à cet objet,
- Gardaient le plus profond silence.
- Un d'eux qui, par ennui, de bien bon cœur dormoit,
- Se retourne, s'agite, et lance un ferme pet.
- Oh! parbleu, de ce coup je déserte de France,
- Dit un milord, qui là pour lors était;
- Vous l'avez entendu? l'hostilité commence.
-
-Non-seulement le Pet est le père de la gaîté, mais ce qui doit encore
-le rendre recommandable aux républicains, il est celui de l'égalité.
-Il rapproche les distances que l'orgueil a mises entre le maître et le
-valet. Il rend le premier affable et donne de l'esprit au second.
-
-Un noble voulant s'amuser aux dépens de son laquais et l'embarrasser,
-leva la cuisse et donna l'essor à un gros PET; puis s'adressant à
-son domestique qui était présent: Cours après ce fuyard, dit-il, et
-rapporte-le moi, mort ou vif. Vite, dépêche-toi, il me le faut. Le
-valet, d'abord embarrassé, prend enfin son parti; il sort et rentre un
-moment après.—Je l'ai trouvé, not' maître. En même-tems s'approchant
-de lui, lâche un pet qui valait bien le premier, et lui dit: Le voilà!
-le gentilhomme fronce le sourcil d'abord, et finit par rire à gorge
-déployée. Je n'en finirais pas, et je ferais un volume _in-folio_, si,
-nouveau _Calmet_, ou _Montfaucon_, je me livrais aux recherches des
-traits historiques anciens et modernes, sur le pet. En voici un assez
-piquant.
-
-Un jour, entre la poire et le fromage, des citoyens qui ne comptaient
-des jours de leur vie que ceux qu'ils passaient à rire, proposaient
-diverses questions à résoudre. Un prêtre de Louvain, nommé Antoine, et
-un autre aussi plaisant que lui, agitaient la question de savoir quelle
-est la plus noble partie du corps humain. Celui-ci nomme les yeux.
-Celui-là le cœur. L'un dit que c'est le cerveau, tel autre dit autre
-chose, et chacun motive son opinion du mieux qu'il peut. Antoine, quand
-ce fut son tour, dit que c'est la bouche, et se fonde sur d'excellentes
-raisons. Son adversaire lui répond que c'est la partie sur laquelle
-nous nous asseyons. On réfute son avis, il persiste et le prouve en
-disant que d'ordinaire c'est toujours l'homme le plus distingué de la
-compagnie, qui s'assied le premier, que par conséquent c'est le cul
-qui jouit exclusivement de ce privilège. Les convives applaudirent par
-de grands éclats de rire à la justesse de son avis. Antoine vaincu
-dissimule son humeur; mais quelques jours après, rencontrant au même
-endroit, son adversaire, qui causait, tandis que l'on dressait le
-couvert, il s'approche de lui et lui lance le pet le plus vigoureux.
-Celui-ci se fâche. Va-t'en plus loin, vilain puant, lui dit-il, où
-diable as-tu appris à vivre?...—Chez toi, répond Antoine, en riant.
-Tu te fâches! eh pourquoi? si je t'avais salué de la bouche, tu me
-l'aurais rendu bien poliment; et parce que je te salue, avec la partie
-que toi-même as dit être la plus noble du corps humain, tu me traites
-de cochon! je suis plus poli que toi qui ne me le rends pas. Ainsi,
-Antoine, qui avait été vaincu dans la première occasion, eut cette fois
-tous les rieurs de son côté.
-
-L'ingénieux St.-Evremont, ayant eu le malheur de faire un PET, en
-présence de sa maîtresse, obtint son pardon, en lui envoyant les
-stances suivantes.
-
- Unique objet de mes désirs,
- Philis, faut-il que mes plaisirs
- Pour rien se changent en supplices,
- Et qu'au mépris de votre foi
- Un pet efface les services
- Que vous avez reçus de moi?
-
- Je sais bien, ô charmant objet,
- Que vous avez quelque sujet
- D'être pour moi toute de glace;
- Et je confesse ingénument,
- Puisque mon cul fait ma disgrace,
- Qu'elle n'est pas sans fondement.
-
- Si pourtant cette extrême amour,
- Dont j'eus des preuves chaque jour,
- Pour un pet s'est changée en haine,
- Vous ne pouviez jamais songer
- A rompre une aussi forte chaîne,
- Pour un objet aussi léger.
-
- S'il est vrai qu'on n'ose nier
- La porte à chaque prisonnier,
- Alors que la princesse passe:
- Ce pet pouvait avec raison,
- Vous demander la même grâce,
- Puisqu'il se voyait en prison.
-
- S'il ne s'est pas fort bien conduit,
- S'il a fait quelque peu de bruit,
- Lorsqu'il se fraya cette voie,
- C'est qu'il était si transporté
- Qu'il fit en l'air un cri de joie,
- En recouvrant sa liberté.
-
- Hélas! quand je viens à songer
- A ce sujet faible et léger
- Qui cause mon malheur extrême,
- Je m'écrie en ma vive ardeur:
- Fallait-il me mettre moi-même,
- Près de vous en mauvaise odeur?
-
- Si pour un _pet_ fait au hasard
- Votre cœur où j'ai tant de part,
- Pour jamais de moi se retire,
- Voulez-vous que dorénavant
- Vous me donniez sujet de dire
- Que vous changez au moindre vent?
-
-A ces jolis vers du délicat St.-Evremond, nous pouvons ajouter la
-réponse du célèbre cardinal du Perron, à Henri IV, dans une semblable
-circonstance. Ce prélat jouant aux échecs avec le monarque, lâcha un
-_pet_ en même-tems qu'il plaçait un cavalier; il fit pardonner cette
-liberté, en disant avec esprit: au moins, sire, ce cavalier n'est pas
-parti sans trompette.
-
-C'est ainsi que le comte de Cantagnède, de la maison de Menesès en
-Portugal, répara par un bon mot, une liberté pareille qu'il prit un
-jour avec le roi Don Jean IV. Ce roi, dont il était le favori, lui
-donnant un coup sur la fesse, il lui péta dans la main, et le roi
-restant confus et piqué de ce manque de respect: Sire, répond le
-favori, votre majesté peut-elle frapper jamais à une porte, qu'on ne la
-lui ouvre incontinent? Ce mot plut autant au roi que l'action l'avait
-offensé.
-
-Buchanan avait été précepteur des enfans de M. de Brassac; comme
-il était un jour à sa table, il lui arriva, en mangeant un potage
-bien chaud, de laisser aller un vent qui fit du bruit. Mais sans se
-déconcerter, il dit à ce vent qui était sorti malgré lui: Tu as bien
-fait de sortir, car j'allais te brûler tout vif.
-
-Un abbé italien, très-sujet à lâcher des vents, se trouvant en
-compagnie, en fit un très-intelligible, et jouant la surprise, se
-retourna en parlant à son derrière.—Che impertinente, lui dit-il,
-che indiscreto, parler cosi alto innanzi le Donne, è interrompere
-scioccamente una bella conversazione. «Vous êtes un impertinent,
-un indiscret, de parler si haut devant des dames, et d'interrompre
-insolemment une belle conversation».
-
-Un consul à qui le même accident arriva, tandis qu'il haranguait Henri
-le Grand, se tira aussi d'affaire avec esprit. Dès que le PET lui
-fut échappé, il se retourna vers son derrière: Taisez-vous, dit-il,
-sot que vous êtes, attendez du moins que j'aie fini. Le Prince, qui
-aimait la plaisanterie, trouva celle-ci fort bonne, et fut content dit
-harangueur.
-
-Tous les péteurs n'ont pas eu l'avantage de donner impunément l'essor à
-mon héros; l'aventure que je vais raconter prouve qu'il en est qui ont
-trouvé des gens grossiers, qui n'étaient pas disposés à en rire comme
-nous.
-
-Un homme obligé, dans un cabaret, de partager son lit avec un voyageur,
-l'avertit qu'il avait le ventre du monde le plus bruyant, et qu'il
-faisait un tintamarre épouvantable. Vous serez, dit-il, canonné toute
-là nuit par des vents horribles qui s'ouvrent le passage malgré
-moi. L'autre lui répond: mon ventre est plus modeste que le vôtre,
-mais il est plus traître. Vous serez incommodé toute la nuit par
-des vents discrets qui ne feront à la vérité aucun bruit, mais qui
-feront acheter chèrement leur discrétion à votre odorat. _Passe-moi
-l'émétique, je te passe la saignée._ Les deux coucheurs convinrent donc
-de se faire grâce mutuellement de leurs infirmités, mais le dernier
-se proposait de se mettre à l'abri de la canonnade par un stratagème.
-En effet, il prit un soufflet qu'il se mit entre les jambes, et dès
-que le premier fit jouer son artillerie, il souffla tellement le
-canonnier, que celui-ci fut obligé de quitter le lit, et d'aller porter
-sa batterie ailleurs. «O ciel, dit-il, quels vents glacés! je crois que
-cet homme a l'hiver dans le corps, je n'y puis plus tenir».
-
-Un homme dans une compagnie de gens de distinction, fut
-très-déconcerté, lorsqu'un vent coulis éclatant, forçant la prison,
-publia sa honte. Au moins, dit-il, vous ne direz pas que j'ai fait un
-coup de ma tête.
-
-Un autre se trouvant dans un cercle nombreux, fit la même chose, et
-s'écria: oh! pour celui-là, il est authentique, car c'est un pet passé
-par-devant notaires. En effet on remarqua, en riant beaucoup, qu'il y
-avait deux notaires dans la compagnie.
-
-Une jeune et belle héritière d'une des premières maisons d'Angleterre,
-dansant à un bal de la cour un menuet avec un jeune officier
-très-pauvre, lâcha un pet, et devint très-confuse. Le jeune militaire,
-pour tirer la princesse d'embarras, joua la honte et parut si confus,
-que toute la cour fut persuadée qu'il était le coupable. Il sortit donc
-au milieu des ris et des huées, qu'il souffrit avec un courage digne
-de Curtius. Ce généreux dévouement ne resta point sans récompense. La
-riche héritière en fut si reconnaissante, qu'elle offrit ses attraits,
-ses biens immenses et son amour à ce jeune héros, qui jamais n'eût osé
-prétendre à ce degré? d'éclat, si un _pet_ ne lui eût fourni une si
-favorable occasion.
-
-
-DES SIGNES ET DES EFFETS PROCHAINS DU PET.
-
-On en compte de trois sortes; les _apodictiques_, les _nécessaires_ et
-les _probables_.
-
-Les _apodictiques_ sont ceux dont la cause étant présente, annonce que
-l'effet ne tardera pas à se manifester. Ainsi un homme qui aura mangé
-des pois et d'autres légumes, des raisins, des figues nouvelles, qui
-aura bu du vin doux, caressé sa femme ou sa maîtresse, peut s'attendre
-à un signe prochain d'explosion.
-
-Les _nécessaires_ sont ceux où un second effet résulte du premier,
-comme le tintamarre, la mauvaise odeur, etc.
-
-Enfin, les _probables_ sont ceux qui ne se rencontrent pas toujours, et
-n'accompagnent pas ordinairement toutes les espèces de PETS, comme la
-contraction, le bruit ou l'aboiement du ventre, la toux et les petites
-ruses de chaises, d'éternuement ou de trépignements de pieds, pour ne
-pas être reconnu péteur. A ce propos je citerai pour exemple le moine
-dont il est question dans la pièce suivante:
-
- _Inter erat rasos abdomine venter anhelo
- Forte olim ludi pars, Grobiane, tui.
- Semper erat victu que satur potu que refertus,
- Thura dabat mensis non adolenda diis.
- Postici edebant male olentia sibila folles,
- Multa quid? hic monachus nil nisi flatus erat.
- Forsitan ad mensam cum Coenobiarcha sederet,
- Atque unâ monachus carperet iste cibos;
- Ecce velut displosa sonat vesica, decori
- Oblitus, laxo podice grande crepat:
- Tum crepitus fratrum bibulas ut transvolet aures,
- Et strepitum pedibus dat, gravitur que screat.
- Hic abbas, bone frater, ait, hoc transeat iste.
- Et strepuere pedes et crepuere nates._
-
-et cette épigramme citée par Rodolphe Gochlenius, sur quelqu'un qui
-employait la même ruse.
-
- _Rasus erat, memini, cujus postica pet anum,_
- _Fistula spirabat semper odore gravi.
- Forsan ut accubuit sumpturus prandia, ventris
- Mittebat crassum crassa sabura sonum,
- Atne quis missum posseœœt deprehendere bombum,
- En strepitum moto concitat ipse pede.
- Tunc strepitus non est crepitus, ridente sub ore,
- Increpitans ventos, Coenobiarcha refert._
-
-Il est donc important de prévenir les jeunes gens et les vieillards, de
-s'accoutumer à ne point rougir, lorsqu'ils péteront, mais d'en rire les
-premiers, pour égayer la conversation.
-
-On n'a point encore décidé si péter en pissant est un effet malin, ou
-bénin. Moi je le crois bénin, et je me fonde sur l'axiôme assez vrai
-qui dit:
-
- _Mingere cum bombis res est gratissima lumbis._
-
-En effet, pisser sans péter, c'est aller à Dieppe sans voir la mer.
-
-Cependant, il est ordinaire de pisser avant que de péter, parce que les
-vents aident à la première opération en comprimant la vessie; ils se
-manifestent ensuite.
-
-Comme il est des privations de tout genre, et qu'un assez grand nombre
-de personnes ne pètent que rarement et très-difficilement, que par
-conséquent il leur arrive une infinité d'accidents et de maladies, j'ai
-pensé que je devais écrire pour eux, et placer ici les remèdes et les
-moyens qui peuvent les exciter à rendre les vents qui les tourmentent.
-Je dirai donc en deux mots, qu'il y a deux espèces de remèdes, pour
-provoquer les vents, les _internes_ et les _externes_.
-
-Les _internes_ sont l'anis, le fenouil, les zédoaires, enfin tous
-les carminatifs et les échauffans. Les _externes_ sont les clystères
-et les suppositoires. Si l'on fait usage de tous les deux, on sera
-certainement soulagé.
-
-On demande s'il y a analogie entre les sons, si on peut les marier
-et en faire un ensemble de musique pétifique? On demande aussi
-combien il y a de genres de pets, par rapport à la différence du
-son? Quant à la première question, un musicien très-célèbre répond
-du succès de la musique demandée, et promet incessamment un concert
-de ce genre. A l'égard de la seconde question, on répond qu'il y a
-soixante-deux sortes de sons parmi les PETS. Car, selon Cardan, le
-podex peut produire et former quatre modes simples de pets, l'_aigu_,
-le _grave_, le _réfléchi_, et le _libre_. De ces modes, il s'en forme
-cinquante-huit, qui avec l'addition des quatre premiers, donne dans la
-prononciation 62 sons, ou espèces différentes de _pets_. Les compte qui
-voudra. _Qui potest capere, capiat._
-
-Il y a trois causes principales de la variété de ces sons, savoir: la
-_matière du vent_, la _nature du canal_ et la _force du sujet_. Si
-la matière du vent est sèche, le son du PET est clair. Plus elle est
-humide, plus il est obscur; plus elle est égale et de même nature, plus
-il est simple; plus elle est hétérogène, plus il est multisonore.
-
-Si le canal est étroit, le son sera aigu; s'il est large, le son sera
-grave. La preuve résulte de la grosseur ou de la délicatesse des
-intestins, dont l'inanition ou la plénitude influe beaucoup sur le son,
-car on sait que ce qui est vuide est plus sonore que ce qui est plein.
-La troisième cause de la différence du son, consiste dans la vigueur du
-sujet. Plus la nature pousse fortement et vigoureusement, plus le bruit
-du pet est grand, plus il est étoffé.
-
-Il est donc clair que la différence des sons naît de la différence
-des causes. On le prouve facilement par l'exemple des flûtes, des
-trompettes et des flageolets. Une flûte à parois épaisses et larges,
-donne son son obscur. Une flûte étroite et mince en rend un clair;
-enfin, une flûte dont les parois tiennent le milieu entre l'épais et
-le mince en rend un mitoyen. La constitution de l'agent est encore une
-cause qui prouve cette assertion. Que quelqu'un, par exemple, qui a
-le vent bon, embouche une trompette, il en tirera infailliblement des
-sons très-forts, et le contraire arrivera, s'il a l'haleine faible
-et courte. Disons donc que les instrumens à vent sont bien inventés
-et bien utiles pour l'appréciation des pets. Par eux, on tire des
-conjectures très-certaines. O admirables flûtes, tendres flageolets!
-graves cors de chasse! etc. Vous êtes bien faits pour être cités dans
-l'art de péter, quand on vous embouche mal; mais vous savez rendre une
-raison juste d'un son perçant ou grave, quand une bouche habile vous
-fait résonner. Soufflez donc habilement, musiciens.
-
-L'estime que m'inspire un confrère laborieux me fait une loi de citer
-la nouvelle machine que vient d'inventer le cit. Regnier, membre du
-Lycée des Arts, auteur d'une foule de découvertes utiles à l'humanité.
-Son aëromètre, servant à fixer la durée et la force de l'air, peut
-être employé, avec succès pour déterminer la nature et la force du PET,
-et je n'ai pas dû le passer sous le silence. (Voyez l'annuaire du Lycée
-des Arts, où l'on trouve tout, excepté mon nom, et je vous dirai un
-autre jour le POURQUOI.)
-
-
- QUESTION MUSICALE. DUO SINGULIER. BELLE INVENTION POUR FAIRE ENTENDRE
- UN CONCERT A UN SOURD.
-
-Un savant allemand a proposé ici une question très-difficile à
-résoudre; savoir s'il y a de la musique dans les PETS? _distinguo._
-Il y a de la musique dans les pets diphtongués, _concedo_: dans les
-autres, _nego_.
-
-La musique que produisent les pets diphtongues, n'est pas de celle
-qui s'exprime par la voix, ou par l'impulsion de quelque chose de
-sonore, comme d'un violon, d'une guitarre, d'un clavecin, etc. Elle ne
-dépend que du mécanisme du sphincter de l'anus, qui se resserrant ou
-s'élargissant, forme des sons graves, ou aigus. Les pets diphtongues
-font seuls de la musique.
-
-Deux petits garçons, mes compagnons d'école, avaient chacun un talent
-qui nous amusait tous trois. L'un rotait tant qu'il voulait sur
-différens tons, l'autre pétait de même. Le dernier, pour y mettre
-plus d'élégance et de raffinement, se servait d'un petit clayon à
-égouter les fromages, sur lequel il ajustait une feuille de papier;
-puis s'asseyant dessus à nud, et tortillant les fesses, il rendait des
-sons organiques et flûtés de toute espèce. La musique n'était pas à la
-vérité très-harmonieuse, ni les modulations fort savantes; il serait
-même difficile d'imaginer des règles de chant pour un pareil concert,
-et de faire aller ensemble, comme il faut, les bas et haut-dessus, les
-tailles et basses-tailles, les hautes et basses-contres, mais un habile
-compositeur pourrait en tirer un système musical digne d'être transmis
-à la postérité, dans le poëme de l'espagnol _Yriarte_, sur cet art.
-C'est une diatonique distribuée à la Pythagoricienne, dont on trouvera
-les _chroma_, en serrant les dents, on réussirait certainement. Veut-on
-obtenir des sons aigus? choisissez un corps rempli de fumées subtiles
-et un anus étroit. Voulez-vous des sons deux fois plus graves? faites
-jouer un ventre plein de fumées épaisses et un canal large. Le sac
-à vents secs rendra les sons clairs, et le sac à vents humides, des
-sons obscurs. Le bas ventre est une orgue polyphtongue, d'où l'on peut
-tirer, comme d'un magasin, au moins douze tropes ou modes de sons,
-dont on choisira seulement ceux consacrés à l'agrément, tels que le
-_lyxoleidien_, l'_hypolyxoleidien_, le _dorique_ et l'_hypadorique_.
-Ce qui est trop sensible détruit le sentiment. _A sensibili in supremo
-gradu destruitur sensibile_, c'est un axiôme de philosophie. On ne
-fera donc rien que de modéré, et l'on sera sûr de plaire. Autrement,
-on épouvanterait, en imitant les sons bruyants des cataractes de
-Schaffouse, des montagnes d'Espagne, des sauts de Niagara ou de
-Montmorency dans le Canada, qui rendent les hommes sourds et font
-avorter les femelles, avant qu'elles soient grosses.
-
-Avant de finir ce chapitre, je ne puis, en bon citoyen, me dispenser
-de dédommager des torts de la nature ceux de mes amis envers lesquels
-elle a usé de rigueur. Il s'agit de faire participer un sourd à cette
-musique.
-
-Il prendra donc une pipe à fumer, en appliquera la tête à l'_anus_ d'un
-concertant, et tiendra l'extrémité du tuyau entre les dents, comme
-on tient une montre par le bouton pour en observer le battement. Par
-le bénéfice de la contingence, il saisira tous les intervalles des
-sons dans toute leur étendue et leur douceur. Nous en avons plusieurs
-exemples dans _Cardan_ et _Baptiste Porta_, de Naples. Si quelqu'autre
-personne qu'un sourd, veut avoir ce plaisir et participer au goût, il
-pourra, comme le sourd, tirer fortement son vent. Alors, il recevra
-toutes les sensations et toute la volupté qu'il en pourra prétendre.
-
-
-DU PET MUET MAL-PROPREMENT DIT VESSE. DIAGNOSTIC ET PROGNOSTIC.
-
-Il s'agit maintenant de nous faire comprendre sans parler. Les
-_pets_ muets vulgairement appellés _vesses_, n'ont point de son,
-et se forment d'une petite quantité de vents très-humides. On les
-nomme en latin VISIA, du verbe _visire_, en allemand _feistein_, et
-en anglais _fitch_, ou _vetch_. Elles sont _sèches_ ou _foireuses_.
-Les sèches sortent sans bruit, et n'entraînent point avec elles de
-matière épaisse. Les _foireuses_ sont au contraire composées d'un vent
-taciturne et obscur, et emportent toujours avec elles un peu de matière
-liquide. Elles ont la vélocité d'une flèche ou de la foudre, et sont
-insupportables par l'odeur fétide qu'elles exhalent. Jean Despautère a
-dit qu'une liquide jointe à une muette dans la même syllabe, rend brève
-la voyelle douteuse, ce qui signifie que l'effet de la vesse foireuse
-est très-prompt.
-
-Un diable du pays latin voulant un jour lâcher un pet, et ne faisant
-qu'une vesse foireuse, s'écria avec colère et indignation, en
-maudissant la trahison de son derrière: _nusquam tuta fides?_ Il n'y a
-donc plus de bonne foi dans le monde! On fait donc très-bien, quand on
-craint ces vesses, de mettre bas les culottes, et de lever sa chemise,
-avant de les lâcher. Il faut être sage, prudent et prévoyant.
-
-Les vesses foireuses sortant sans bruit, sont un signe qu'il n'y a pas
-beaucoup de vents. La partie liquide qu'elles entraînent donne lieu
-de croire qu'elles sont salutaires. Elles indiquent la maturité de la
-matière, et qu'il est tems de soulager ses reins, suivant cet axiôme:
-
- _Maturum stercus est importabile pondus._
-
- C'est un lourd fardeau que l'envie d'aller à la selle.
-
-
-DE PETS OU VESSES AFFECTÉES ET INVOLONTAIRES.
-
-Le _pet affecté_ ne se passe guères parmi les honnêtes gens, si ce
-n'est parmi ceux qui logent ensemble et qui couchent dans le même lit.
-Alors, on affecte d'en lâcher pour se faire rire, ou pour se faire
-pièce; on les pousse si dodus et si distincts, qu'on pourrait les
-prendre pour des coups de couleuvrines. J'ai connu une dame qui se
-couvrant l'anus avec sa chemise, s'approchait d'une chandelle récemment
-éteinte, et pétant et vessant lentement et par gradation, la rallumait
-avec la dernière adresse. Mais une autre qui la voulut imiter ne
-réussit point, réduisit la mèche en une poudre ardente qui se dissipa
-bientôt en l'air, et se brûla le derrière, tant il est vrai que: _Il
-n'est pas permis à tout le monde d'aller à Corinthe_. Un amusement
-très-joli, c'est de recevoir une vesse dans sa main, de l'approcher du
-nez de celle ou de celui avec qui l'on est couché, pour les faire juger
-du goût ou de l'espèce.
-
-Le _pet involontaire_ a lieu à l'insçû de celui qui lui donne l'être,
-lorsqu'on est couché sur le dos, ou qu'on se baisse, ou qu'on fait
-de grands éclats de rire, ou enfin, quand on éprouve de la crainte.
-Celui-là est ordinairement excusable.
-
-
-EFFETS UTILES DES PETS ET DES VESSES.
-
-Tout pet est salutaire par lui-même, en tant que l'on se débarrasse
-d'un vent qui incommode. Cette évacuation détourne plusieurs maladies,
-la fureur, la douleur hypocondriaque, la colique, les tranchées, la
-passion iliaque, etc. Mais lorsqu'ils remontent, ou ne trouvent pas de
-sortie, ils attaquent le cerveau par la prodigieuse quantité de vapeurs
-qu'elles y portent, corrompent l'imagination, rendent mélancolique,
-frénétique, et engendrent d'autres maladies très-fâcheuses. De-là, les
-fluxions qui se forment par la distillation des fumées de ces météores
-sinistres, et qui descendent dans les parties inférieures: heureux
-quand on en est quitte pour la toux, et les catarrhes. Le plus grand
-mal est d'être incapable de toute application, et rebuté par l'étude et
-le travail. Partez comme moi de ce principe, cher lecteur, qu'il y a
-une utilité particulière à péter; je vais en citer plusieurs exemples.
-
-Une dame, dans un cercle nombreux, est attaquée d'un mal de côté:
-allarmée d'un accident si imprévu, elle quitte une fête qui semblait
-n'être faite que pour elle, et dont elle était l'ornement. On s'agite,
-on s'inquiète, on vole à son secours. La faculté s'assemble à la hâte,
-consulte, raisonne, cherche la cause du mal, cite force auteurs,
-s'informe de la conduite et du régime de la dame. La malade s'examine
-et se rappelle qu'elle a imprudemment retenu un gros pet qui lui
-demandait son congé.
-
-Une autre, sujette aux vents, retient douze gros _pets_ captifs, qui
-successivement essaient de se faire jour. Elle se met à la torture,
-pendant une longue séance, et se présente à une table bien servie,
-croyant y faire figure. Qu'arrive-t-il? elle dévore des yeux des mets
-auxquels elle ne peut toucher. Tout est plein, son estomach rempli de
-vents, ne peut plus recevoir de nourriture.
-
-Un petit maître, un abbé poli, un grave magistrat, tous trois
-également contrefaits, font de leur corps une caverne d'Eole; ils
-y introduisent les vents, l'un par ses éclats, l'autre ses doctes
-entretiens, le dernier dans ses longues harangues. Bientôt ils sentent
-l'effort d'une violente tempête intestine, se roidissent contre sa
-fureur. Pas un d'eux ne lâche le moindre pet; de retour chez eux, une
-violente colique que toute la pharmacie ne peut appaiser, les abat
-impitoyablement, et les met à deux doigts de la mort.
-
-Que de biens ne procure point un pet lâché à propos. Il dissipe tous
-les symptômes d'une maladie sérieuse, il bannit toutes craintes et
-tranquillise par sa présence les esprits allarmés. Tel se croyant
-dangereusement malade, appelle tous les sectateurs de Galien, qui
-tout-à-coup faisant un pet copieux, remercie la médecine, et se trouve
-parfaitement guéri. Tel autre se lève avec un poids énorme sur
-l'estomach, et sort du lit tout gonflé. Il n'a cependant fait la veille
-aucun excès. Sans goût, sans appétit, il ne prend aucune nourriture,
-s'inquiète, s'allarme; la nuit vient, et ne lui apporte que la faible
-espérance d'un sommeil interrompu. A l'instant où il se met au lit, une
-tempête s'élève dans la basse région, les intestins émus semblent se
-plaindre, et après de violentes secousses, un gros pet se fait jour et
-laisse notre malade confus de s'être inquiété pour si peu de chose.
-
-Une femme esclave du préjugé n'avait jamais connu les avantages du Pet.
-Depuis douze ans, victime malheureuse de sa maladie, et de la médecine,
-elle avait épuisé tous les remèdes. Eclairée enfin sur l'utilité du
-Pet, elle pète librement et souvent; dès-lors, plus de douleurs, elle
-jouit d'une santé parfaite.
-
-Si la _vesse_ trouble l'économie de la société par sa nature
-malfaisante, le _Pet_ est son antidote. Il la détruit, et l'empêche
-de paraître, lorsqu'il a eu lui-même assez de force pour se faire un
-passage, car il est évident, d'après tout ce que j'ai dit, qu'on ne
-vesse que parce qu'on n'a pas voulu péter, et que par-tout où se trouve
-le frère aîné le Pet, sa sœur, la vesse ne peut se trouver.
-
-Je trouve dans un très-ancien manuscrit, la pièce suivante, qui n'est
-pas sans mérite, et qui va très-bien à mon sujet.
-
-
-AIR: _De la Reynie._
-
- Ah! je prétends punir votre insolence,
- Remarquez bien ce que vous avez fait:
- Quoi, vous osez péter en ma présence,
- Savez-vous bien où peut aller un pet?
-
-RÉPONSE.
-
- Un pauvre PET réduit à l'esclavage,
- Las de souffrir une sale prison,
- Est-il puni pour se faire un passage?
- La liberté fut toujours de saison.
-
- Quoi, pour un PET échappé sans malice,
- Ai-je péché contre les réglemens?
- Déclarez-nous, grands juges de police,
- Si vous voulez aussi régler les vents.
-
- Un PET est-il assez de conséquence,
- Pour élever contre un cul tous nos sens?
- Ce pauvre cul, quoique plein d'innocence,
- Pour vous fléchir, vous donne de l'encens.
-
- Jamais un PET, soit dit sans vous déplaire,
- Ne fut poussé plus méthodiquement,
- J'avais aussi mes raisons pour le faire,
- Car jamais PET ne fut sans fondement.
-
- Veillez, ô guet, à nettoyer les rues,
- Réglez les jeux, la chair et le poisson;
- Mais sur les culs vous n'avez point de vues,
- Un cul peut tout dedans son caleçon.
-
- Que feriez-vous de nous en votre empire,
- Disaient les vents du nord et du levant;
- Vous qui grondez contre un simple zéphire
- Qui par hasard est venu du Ponant?
-
- Appaisez donc, Monsieur, votre colère,
- A quoi sert-il à moi de disputer?
- Vous permettez à mon âne de braire,
- Défendrez-vous à mon cul de PETER?
-
- Ah! si j'osais, mais je n'ose le dire,
- Ou, si j'osais vous le dire tout bas;
- Je n'en puis plus, mon mal de ventre empire,
- Je vais... sous moi.... ne le sentez-vous pas?
-
-Ce serait une injustice de croire que les rires excités par le PET,
-sont plutôt des signes de mépris et de pitié, que la marque d'une
-véritable joie. Le PET contient en lui-même un agrément essentiel,
-indépendant des lieux et des circonstances.
-
-Auprès d'un malade, une famille en pleurs attend le fatal moment qui
-va lui enlever un chef, un fils, un frère, un époux. Quel tableau
-désespérant et terrible! tout-à-coup, un PET parti avec fracas du
-lit du moribond, suspend la douleur des assistans, fait naître une
-lueur d'espérance et excite encore au moins un sourire. Si, près
-d'un moribond, où tout n'inspire que le deuil, le PET peut égayer
-les esprits et dilater les cœurs, doutera-t-on du pouvoir de ses
-charmes? En effet, susceptible de diverses modifications, il varie ses
-agrémens, et doit par-là plaire généralement. Tantôt précipité dans
-sa sortie, impétueux dans son mouvement, il imite le fracas du canon;
-alors il plaît à l'homme de guerre; tantôt, retardé dans sa course,
-gêné dans son passage par les deux hémisphères qui le compriment, il
-imite les instrumens de musique. Bruyant quelquefois dans ses accords,
-souvent flexible et moëlleux dans ses modulations, il doit plaire aux
-ames sensibles, et presqu'à tous les hommes, car il en est peu qui
-n'aiment pas la musique, puisque les brutes même en sont touchées. Le
-PET étant agréable, son utilité particulière et générale étant bien
-démontrée, sa prétendue indécence combattue et détruite, qui pourra lui
-refuser son suffrage? Cicéron, liv. I. des Offices, dit: _Ce qui est
-utile, agréable et honnête, est censé avoir une bonté et une valeur
-réelle._
-
-Loin de blâmer les péteurs, les anciens encourageaient au contraire
-leurs disciples à ne se point gêner. Les Stoïciens dont la philosophie
-était la plus épurée de ces tems-là, disaient que la devise des
-hommes était, _à la liberté_. Les plus grands philosophes, et Cicéron
-lui-même, préféraient la doctrine stoïque aux autres sectes qui
-traitaient de la félicité de la vie humaine. Tous, par des argumens
-sans réplique ont obligé leurs adversaires, de convenir que parmi
-les préceptes les plus salutaires à la vie, non-seulement les pets,
-mais encore les rots, devaient être libres. On peut voir ces argumens
-dans la 9e. épître familière de Cicéron à PŒTE, 174, et l'on y verra,
-entre une infinité de bons conseils, celui-ci: _Qu'il faut faire et
-se conduire en tout selon que la nature l'exige._ Il est donc inutile
-d'après cela, d'alléguer avec emphase les lois de la pudeur et de la
-civilité qui, toutes respectables qu'elles sont, ne doivent pourtant
-pas l'emporter sur la conservation de la santé et de la vie même.
-
-Mais enfin, s'il est encore quelqu'esclave de ce préjugé, sans le
-dissuader de péter, nous allons lui donner le moyen de dissimuler au
-moins son _pet_. Il aura donc soin de l'accompagner d'un vigoureux
-_hem_, _hem_. Si ses poumons ne sont pas assez forts, il affectera un
-grand éternuement; alors, il sera accueilli, fêté même de toute la
-compagnie, et comblé de bénédictions. S'il ne peut ni l'un, ni l'autre,
-il crachera bien fort, ou remuera bien fort sa chaise. S'il ne peut
-faire tout cela, qu'il serre les fesses bien fort. La compression et
-le resserrement du grand muscle de l'anus rendra femelle ce qui devait
-être mâle. Cette malheureuse finesse fera payer bien cher à l'odorat ce
-qu'elle épargne à l'ouïe, mais je ne garantis pas des suites funestes
-de cette ruse, et je conclus qu'il vaut mieux, comme l'archevêque
-que je vais citer, appeller l'attention sur un autre objet, par une
-transition ingénieuse:
-
- Notre archevêque Mitra,
- Prélat de bonne figure,
- Fit l'autre jour un gala,
- Où l'on ne but point d'eau pure.
-
- Un chanoine gros et gras,
- Et d'une épaisse encolure,
- Fit le plaisir du repas;
- J'en vais conter l'aventure.
-
- Assis sur son perroquet,
- Siège étroit pour sa quarrure,
- Il tomba sur le parquet,
- Sans se faire une blessure.
-
- Etendu comme un crapaud,
- Tout prêt à crever d'enflure,
- Il nous lâcha bien et beau
- Un vent de mauvaise augure.
-
- Au bruit de cet accident,
- Chacun rit outre mesure,
- Monseigneur dit gravement:
- Buvons tous, je vous conjure.
-
-Dans le siècle dernier, une vieille femme, sourde comme un pot,
-faisait ses prières dans l'église de Bonne-Nouvelle, à Paris.
-Profondément baissée devant l'image de Marie, elle lâchait à plusieurs
-reprises des _pets_ assez intelligibles. «Bonne femme, lui dit
-charitablement quelqu'un qui, placé derrière elle, les recevait
-de la première main, bonne femme, vous pétez... Ah! monsieur,
-répliqua-t-elle, je vous demande bien pardon; j'ai le malheur d'être
-sourde, et je croyais que c'était seulement des vesses». Il arriva la
-même chose à Œthon, qui n'était pas sourd, au rapport de Martial, livre
-12. épigr. 78., qui finit ainsi:
-
- »_Sed quamvis sibi caverit precando,_
- »_Compressis natibus Jovem et salutet,_
- »_Turbatus tamen, usque et usque pedit,_
- »_Mox_ Œthon, _deciesque, viciesque._
-
-Mes lecteurs me sauront gré de leur offrir l'énigme suivante:
-
- »_Ante domum quidam, seclam coeco parat antro,_
- «_Proripere incautus, nil metuensque mali,_
- »_Nam se exissetratus, quidam arcte comprimit, ipsis_
- »_In foribus; clamor surgat ut inde gravis._
-
-_SOLUTIO._
-
- »_Absque sono flatus saepe affectatus acuto,_
- »_Non affectatum ventris it in crepitum._
-
-_Henri_ BEBELLE, dont les facéties composées en 1506 sont si rares, que
-M. de la Monnoye lui-même paraît n'en avoir eu aucune connaissance,
-puisqu'il n'en dit rien, et que l'on ne trouve le titre de ce livre sur
-aucun catalogue, nous a conservé le trait suivant:
-
-Un orateur lâcha un PET, en présence du grand Sigismond, duc
-d'Autriche, qu'il haranguait: «Si vous voulez parler, dit-il en se
-retournant vers son derrière, il faudra que je me taise». Puis, sans
-faire paraître le moindre embarras, il continua sa harangue. Sa
-présence d'esprit et son ton flegmatique, dans un moment si périlleux,
-plurent tant à ce Prince qui aimait la gaîté, qu'il eut depuis lors
-toutes sortes d'égards pour cet orateur facétieux. Voilà la fortune
-d'un littérateur due à un pet. Il y a tant d'ouvrages encore meilleurs
-que celui-ci, qui ont conduit l'auteur à l'hôpital!
-
-En voici encore un tiré du même auteur:
-
-Un prêtre baptisait un enfant. Lorsqu'il en fut à ces paroles de
-l'exorcisme: _il fit de la boue avec son crachat_, la sage-femme qui
-tenait l'enfant et qui se baissait pour ramasser de la poussière, lâcha
-un pet énorme. Le prêtre étonné quitte sa lecture. «Voyez, dit-il aux
-assistans, quelle est la force miraculeuse des paroles sacrées, j'ai
-commandé à Satan de sortir, il est sorti, en remplissant l'air de sa
-puanteur, comme vous devez le sentir». La femme déconcertée, et qui
-n'a pas entendu ce qu'a dit le prêtre, dit que c'est l'enfant qui a
-pété et non pas elle.—Que le mal Saint-Jean t'arde, répond l'autre
-irrité. Car si tu es aussi impoli en naissant, en présence d'un prêtre
-respectable et dans un lieu saint, que feras-tu donc, dans un âge
-avancé?»
-
-Le père des Calembourgs, le fameux marquis de Bièvre, a dit plusieurs
-choses très-plaisantes sur le Pet. Comme j'écris de mémoire, et que
-cette partie de mon moral, jadis bien fournie, me manque souvent au
-besoin, je citerai seulement cette plaisanterie. Quelqu'un disait dans
-une société où il se trouvait, que la guerre était un terrible fléau,
-mais qu'heureusement il courait des bruits de paix (de _pet_.) oh! pour
-cela, dit le marquis, _ce n'est pas sans fondement_. L'orateur qui se
-disposait à faire de l'esprit sur son texte, fut arrêté tout court, au
-milieu de son vol, et tout le monde rit encore. (Le lecteur ne trouvera
-pas à présent le mot très-neuf).
-
-Mais je m'aperçois avec chagrin que le nombre obligé des pages que doit
-avoir mon volume, me force de finir, je remets donc à une autre édition
-tout ce qui me reste à dire sur le PET, ou aux deux ouvrages indiqués
-dans ma préface, si toutefois vous pouvez les trouver; et avant de
-fermer le volume, je veux vous donner un conseil dont vous sentirez
-toute l'importance.
-
-Si vous êtes dans un cercle nombreux, où un ignorant _incroyable_
-trouve le secret d'ennuyer, s'il vous assomme depuis une heure par
-mille impertinences débitées en arrangeant sa cravatte, relevant ses
-bottes, montrant ses dents, étalant ses grâces, soyez sûr que cet
-impitoyable ennemi de la société ne pourra résister à l'attaque d'un
-PET, qui l'arrêtera tout court, au milieu de l'éructation de ses
-sottises, tirera tous les esprits de la captivité, en faisant diversion
-au babil assassin de leur ennemi commun.
-
-S'il arrive qu'une assemblée brillante garde depuis deux heures un
-silence plus morne que celui des anciens chartreux; si, les uns par
-ignorance, les autres par timidité, enfin par cérémonie, on est près
-de se séparer sans avoir prononcé un seul mot, soyez sûr que le PET
-va ranimer tout le monde, épanouir les figures, dilater les cœurs, et
-prodiguer tous les charmes d'une conversation enjouée, saupoudrée de
-critique et de plaisanterie. D'où je conclus que le PET est le père de
-la joie, de la santé, de l'esprit, et de la liberté. J'ai fini. Adieu.
-
- _Claudite jam rivos pueri, sat prata biberunt._
-
-_P. S._ Il a paru, il y a longtemps, un _Art de péter_, parodié sur
-l'art poëtique de Boileau, et une pièce intitulée: _Généalogie de
-Milord PET_; mais il m'a été impossible de me procurer ces ouvrages. Il
-vient de paroître une pièce intitulée _Caquire_, par M. de _Vessaire_,
-parodiée de Zaïre, 1 vol. in-8^o. qui se trouve chez les mêmes
-libraires.
-
-
-
-
-RÉGLEMENT PROVISOIRE
-
-DE LA SOCIÉTÉ
-
-DES FRANCS-PÉTEURS.
-
-
-Tout récipiendaire doit avoir un état au moins honnête, de l'aisance et
-une sorte de crédit dans le monde.
-
-Il ne sera admis qu'aux deux tiers des suffrages.
-
-L'épreuve sera d'un an entier.
-
-On ne prendra point d'argent pour la réception d'un Franc-péteur. On
-devrait payer au contraire les hommes assez courageux pour oser devenir
-libres et procurer la liberté aux autres.
-
-Il faudra, pour être reçu, n'avoir pas moins de 24 ans, et pas plus de
-60.
-
-On exige du récipiendaire une disposition marquée pour l'éloquence, et
-sur-tout la connaissance de sa langue.
-
-Les Francs-péteurs n'auront au-dehors aucunes marques distinctives.
-Dans leurs assemblées seulement, ils porteront au cou un ruban blanc,
-au bout duquel pendra la figure en or de Zéphire, couronné de toutes
-sortes de fleurs, avec cette devise: A LA LIBERTÉ.
-
-Le lieu des séances se nomme _Case_.
-
-La formule du serment pour être reçu, est conçue en ces termes: «Tenant
-à grand honneur d'entrer dans la société des Francs-péteurs, je promets
-une constante soumission à son directeur et une tendre amitié à tous
-les frères. Ennemi déclaré du préjugé, je le combattrai en tous lieux,
-en pétant librement, souvent et méthodiquement».
-
-Cette formule prononcée à haute voix sera suivie d'une canonnade ou
-salve de pets, en signe d'allégresse.
-
-Les repas se font dans la salle du _Zéphire_ ou de la _Liberté_.
-
-Les discours d'éloquence ne seront prononcés que dans la _Case_, ainsi
-que les bons poëmes et odes, à l'honneur du Pet.
-
-Les petits madrigaux, quatrains, épitres, stances et couplets ne seront
-reçus qu'à table.
-
-Les Francs-péteurs ne feront des vers que dans l'intention de faire
-ensuite de meilleure prose.
-
-Les applaudissemens ne se manifesteront que par le bruit des pets.
-L'improbation, par le silence.
-
-Le recueil sera publié tous les ans, et marchera de pair avec celui des
-mille et une autres sociétés en vogue.
-
-Tous les deux mois, on tiendra la _Case_ ordinaire.
-
-Le conseil tiendra tous les huit jours.
-
-Chaque année, le premier ventôse, époque où les vents impétueux
-sont censés faire le plus de fracas, sera l'assemblée générale, où
-les officiers de chaque case feront l'extrait des délibérations du
-conseil; les trésoriers y rendront leurs comptes. Les réflexions et
-observations seront proposées par écrit et signées de leur auteur.
-
-Chaque case est composée d'un directeur, d'un vice-gérent ou directeur
-en second, d'un orateur, d'un foudroyant, d'un introducteur et d'un
-trésorier.
-
-Tous les officiers composeront le conseil, et y appelleront les cinq
-derniers officiers sortans de charge, avec les plus anciens frères; de
-sorte qu'ils seront toujours au nombre de douze.
-
-Il n'y aura point de chef, ni de secrétaire-général, ou perpétuel, car
-leur autorité balancerait d'abord et neutraliserait ensuite le pouvoir
-de l'universalité.
-
-Il ne pourra y avoir absolument qu'une Case d'établie dans chaque
-ville, excepté à Paris, où il y en aura trois, l'une au centre et les
-deux autres répondantes à l'orient et à l'occident.
-
-Chaque Case ne pourra être composée que de trente sujets exclusivement.
-Ils suffisent pour ramener à la liberté des concitoyens de bonne foi.
-
-La société aura des correspondans dans toutes les communes de la
-République; et dans les pays étrangers, un chef de correspondance,
-auquel tous les autres associés rendront compte de leurs opérations.
-
-On s'assemblera tous les deux mois, à 8 heures du matin, en été, et à
-dix en hiver. On fera un dîner honnête, mais frugal.
-
-Il n'y aura point de frères du second ordre.
-
-_Nota._ Si la société a lieu, on donnera plus d'étendue à ce réglement,
-mais le nom de la société ne changera pas.
-
-
-FIN.
-
-
-
-
-NOTE BIBLIOGRAPHIQUE.
-
-
-Les littérateurs qui, comme moi, voudroient se délasser de travaux plus
-sérieux, par la traduction des autres éloges comiques, seront bien aise
-sans doute de connaître l'ouvrage suivant, dans lequel ils trouveront
-une vaste carrière.
-
-Il est intitulé: AMPHITHEATRUM SAPIENTIÆ SOCRATICÆ JOCO-SERIÆ, hoc
-est, _Encomia et commentaria auctorum quà veterum, quà recentiorum
-propè omnium; quibus res, aut pro vilibus vulgò aut damnosis habitæ,
-styli patrocinio vindicantur, exornantur: opus ad mysteria naturæ
-discenda, ad omnem amœnitatem, sapientiam, virtutem, publicè privatèquè
-utilissimum, in 2 tom. partim ex libris editis, partim manuscriptis
-congestum tributumque, à GASPARE DORNAVIO philosopho et medico.
-HANOVIÆ, typis Vechelianis, 1619, in-folio._
-
-C'est dans ce recueil précieux que j'ai puisé une partie de mon éloge
-du PET.
-
-Voy. pag. 349, _Rodolphi Goclenii problemata de crepitu ventris_; et
-pag. 355, _De peditu ejusque speciebus, crepitu et visio, discursus
-methodicus in theses digestus, autore Buldriano Sclopetario, Blesense.
-Clareforti, apud Stancarum Cepollam, sub signo divi Blasii_, 1596.
-
-Parmi les éloges que contient ce recueil, et que nous n'avons pas
-cités dans la préface de cet ouvrage, pour ne pas la rendre trop
-longue, voici ceux qui nous paraissent les plus dignes de trouver des
-traducteurs:
-
- De la Fourmi, par _Erasme Ebner_, page 80.
-
- De l'Araignée. _Ant. Thylesius._ 112.
-
- De la Puce de Cath. Desroches. _Barn. Brisson._ 27.
-
- Du Moucheron. _Virgile_ et _Jean Ja comot._ 113.
-
- Du Ver luisant. _Mich. Gehlerus._ 173.
-
- Des Vers. _Ulysse Aldrovandus._ 171.
-
- De la Paille. _Fred. Widebramus._ 232.
-
- De la Colombe. _Ulyss. Aldrovand._ 374.
-
- De la Boue. _Joan. Majoragius._ 173.
-
- Du Chêne. _Gasp. Dornavius._ 201.
-
- De la Barbe. _Ant. Hotomanni._ 318.
-
- Du Cygne. _Jean Passerat._ 373.
-
- Du Scarabée. _Gasp. Dornavius._ 126.
-
- Du Cheval. _Juste Lipse._ 489.
-
- Du Chien. _Philippe Camerarius._ 517.
-
- Du Lièvre. _Titus Strozza._ 602.
-
- De la Porte. _Jean Campanus._ 657.
-
- Des Huîtres. _Michael Mayer._ 613.
-
- Du Singe. _Daniel Heinsius._ 539.
-
- De la Petitesse. _Ericius Puteanus._ 772.
-
- Du Rire. _Par le même._ 777.
-
- Du Mercure. _Mich. Mayer._ 604.
-
- Du Fer. _Nicolas Monard._ 614.
-
- De l'Eléphant. _Juste Lipse._ 480.
-
- De l'Alouette. _Ulys. Aldrovand._ 466.
-
- Du Plongeon. _Jacq. Eyndius._ 468.
-
- De l'Hirondelle. _Par le même._ 457.
-
- De la Pie. _Par le même._ 465.
-
- De la Grue. 470.
-
- Du Geai. _Par le même._ 455.
-
- Du Corbeau. _Jov. Pontanus._ 454.
-
- De la Chouette. _Euricius Cordus._ 455.
-
- Du Veau. _Mich. Mayer._ 505.
-
- Du Mouton. _Par le même._ 504.
-
-_Nota._ Je me propose de publier ceux des _Poux_, de la _paille_, de la
-_boue_, de la _cigogne_ et de l'_œuf_, si celui-ci a le succès que j'en
-espère.
-
-
-
-
-NOTES OMISES.
-
-
-A la page 79. PET DE NONNE.
-
-Les nones ont donné le nom de PET à une de leurs pâtisseries les
-plus exquises. Tout le monde connaît les _pets de nonne_, dont les
-directeurs, les abbés, les pater et les prélats, étaient si friands et
-toujours si bien approvisionnés. Ce PET est une espèce de croquignolle,
-un beignet de forme globulaire, appelé en latin: _monialis crepitus_.
-
-A la page 106.
-
-Un homme se trouvant dans un cercle nombreux après le dîner, se
-tenoit debout, appuyé sur la cheminée, et tournant le dos au feu,
-comme cela se pratique assez ordinairement. La trop vive chaleur du
-feu, qui l'incommodoit beaucoup, provoqua chez lui un vent des mieux
-conditionnés. Il s'en excusa en homme d'esprit et sans se déconcerter:
-«Je vous demande mille pardons, dit-il, mais je suis de la nature du
-bois verd, quand je brûle, je pète».
-
-
-
-
-POESIES
-
-_FUGITIVES_.
-
-
-LA PUCE,
-
-_Traduite du latin d'Ovide_,
-
- Insecte imperceptible et pourtant redoutable,
- Dont le dard importun plonge avec volupté
- Sur la peau de satin qui couvre un sexe aimable,
- Quels termes employer contre ta cruauté?
-
- De son sang le plus pur je te vois altérée,
- Nuancer de son corps les roses et les lys,
- D'un ébène inégal, d'une tache pourprée
- Qui déparent l'éclat de ses membres polis.
-
- Lorsque d'une beauté qui doucement sommeille,
- Tu ne respectes point les plus parfaits contours,
- Je la vois tressaillir; elle bondit, s'éveille,
- Et perd un songe heureux qu'inspiraient les amours.
-
- Errant impunément sur deux sphères de neige,
- Tu parcours en tyran les états de Cypris,
- Rien n'est inaccessible à ton cours sacrilège,
- Par-tout tu fais du mal et te crois tout permis.
-
- Je souffre, j'en conviens, des mortelles blessures
- Dont tu couvres les flancs de la beauté qui dort;
- Sur ses appas secrets tes nombreuses morsures
- Outragent un réduit fait pour un plus beau sort.
-
- Ah! pour te pardonner, il faut être toi-même,
- Déjà ton ennemi, que ne suis-je le mien!
- Que je meure, jaloux de ton pouvoir suprême,
- Si bientôt je n'acquiers un sort égal au tien.
-
- Signalant sa bonté par un charmant prodige,
- Si la nature en toi voulait me transformer!
- Et puis me rendre moi: quels plaisirs! mais que dis-je?
- Puce, je jouirais: mais, qu'est-ce sans aimer?
-
- N'importe, il faut calmer le feu qui me dévore,
- Ne pourrai-je devoir à quelqu'enchantement,
- Aux talens précieux du serpent d'Epidaure
- L'ivresse que promet un si doux changement?
-
- Des philtres de Circé, des charmes de Médée
- Le pouvoir est connu dans le vaste univers,
- Je devrais à leur gloire, alors bien décidée,
- Changeant d'être à mon gré, mes plaisirs les plus chers.
-
- Oh! comme profitant de la métamorphose,
- Et sous son dernier voile adroitement caché,
- Je serais à Cloé, quand sa paupière est close,
- Sans lui faire de mal, fortement attaché!
-
- Ensuite, parcourant un plus sombre parage,
- Je glisserais sans bruit vers le temple sacré,
- Où nul autre avant moi n'a porté son hommage,
- Où le trait de l'amour n'a jamais pénétré.
-
- Jusqu'à l'aube du jour poursuivant ma victoire,
- Je redeviendrais homme, afin de mieux sentir;
- J'appaiserais ma belle, en me couvrant de gloire,
- En la persuadant de tout mon repentir.
-
- Mais, si de ce miracle effrayée et surprise,
- Mon amante à mes feux opposant son courroux,
- Appellait ses valets: alors, sans lâcher prise,
- Je redeviendrais puce et les braverais tous.
-
- Ensuite avec Cloé, libre par leur absence,
- De ma première forme empruntant le moyen,
- Je prendrais à témoins les dieux, de ma constance,
- Je saurais la réduire à ne refuser rien.
-
- Moitié gré, moitié force, enfin Cloé vaincue,
- De ses trésors secrets me faisant l'abandon,
- Dirait, en soupirant, languissante, abattue,
- Ah! ne me quitte plus, et reçois ton pardon.
-
-
-LA PUCE,
-
-_Traduite du latin de Nicolas_ MERCIER _de Poissy_[14].
-
- AH! te voilà donc enfin prise!
- Maudite puce, je te tiens,
- Pour te perdre dans ma chemise
- Tu prends d'inutiles moyens.
- De mon repos vile adversaire,
- Depuis assez longtemps ton dard,
- Sur ma peau se donnant carrière,
- Rend vains ma recherche et mon art.
- O bonheur! viens donc, scélérate,
- Il faut, puisque je suis vainqueur,
- Que ma juste vengeance éclate
- Et punisse enfin ta noirceur.
- Oh! comme elle fait l'hypocrite!
- Lorsque sur elle l'ongle pend,
- Voyez comme, sans mouvement,
- Du châtiment qu'elle mérite
- Elle espère éloigner l'instant,
- Me tromper et prendre la fuite.
- Ton espoir est vain, tu mourras,
- Perfide! rien de ma colère
- Ne peut suspendre les éclats.
- Mais avant tout, il faut me faire
- L'aveu de tous tes attentats.
- Dis, combien de fois tes morsures,
- Le jour, la nuit, à tout propos,
- Ont troublé par mille blessures,
- Mes études et mon repos.
- Tu ne dis rien, mais le silence
- Me prouve encore ton offense.
- Monstre! allons, donnez-moi de l'eau,
- Du fer, du feu; que son supplice,
- Sous cent formes toujours nouveau,
- Bien lentement l'anéantisse.
- Ces pattes, il faut les trancher;
- Bon! noyons maintenant la tête,
- Et livrons son corps au bûcher
- Que j'ai construit d'une allumette.
-
- Ensuite, oubliant le délit,
- D'un grain de millet je vais faire
- La petite urne funéraire,
- Dont le socle est le pied du lit.
- Par cette succinte épitaphe,
- Dans le style élégiographe,
- Avertissons toutes ses sœurs
- De mettre un terme à leurs noirceurs.
- Je veux que leur troupe éperdue,
- Tremble enfin et fuie à la vue
- De ces épouvantables mots:
- »Ci-gît, après de longs supplices,
- »Une puce auteur de mes maux;
- »Ainsi périront ses complices,
- »Qui pourraient troubler mes travaux».
-
-
-ÉPITRE AU PLAISIR.
-
- O toi, dont la sublime essence,
- Les attraits, la douce influence
- Nous annoncent de ton auteur
- La sagesse et la bienfaisance,
- Ame de la nature immense!
- Salut! adorable enchanteur!
- D'un ami des arts et des roses,
- Qui cherche tes effets, tes causes,
- Embellis les loisirs touchans,
- De tes fleurs récemment écloses,
- Des coloris dont tu disposes
- Viens animer mes faibles chants.
-
- Plus habile à sentir qu'à peindre,
- Je ne te cherche pas, sans craindre,
- Au milieu de nos passions:
- Je veux te contempler, t'atteindre,
- Te savoir, te fixer, sans feindre
- Tes profondes impressions.
- Je pourrai manquer ton image,
- Sur l'aîle d'un léger nuage,
- Tu peux échapper à mes yeux;
- Mais si de mon stérile hommage
- Un seul sentiment est l'ouvrage,
- Si j'attendris, je suis heureux.
-
- A des calculs métaphysiques,
- A des discours scientifiques
- D'Estaing[15] donnant un vaste essor,
- Me laisse le cœur froid et vuide,
- L'homme de t'embrasser avide,
- En te voyant, te cherche encor.
- Je veux à ses mains enfantines
- Offrir des roses sans épines,
- Et le sentier le plus riant;
- D'ailleurs, de ta faveur suprême
- Je ne jouirais plus moi-même,
- On te perd en t'analysant.
-
- Quand, pour s'aimer dans son ouvrage,
- Dieu construisit à son image
- Le type des êtres divers,
- Toi seul, par ta chaleur féconde,
- Animas et peuplas du monde
- Les mornes et trop froids déserts.
- Avec l'astre dont la lumière
- Embrase la nature entière,
- Dieu te fit jaillir de ses mains;
- Docile à ta voix salutaire,
- Par toi des femmes la première
- Charma le premier des humains.
-
- Alors, timide, alors sans aîles,
- Riche des grâces naturelles,
- Et pur, comme un rayon du jour,
- Tu fus placé par la nature,
- Sur une touffe de verdure,
- Auprès de l'innocent amour;
- Las des travaux de la campagne,
- Auprès de sa chaste compagne
- Abel te retrouvait le soir;
- Des fruits offerts par la tendresse
- De leurs feux tempéraient l'ivresse,
- Lorsqu'entr'eux tu venais t'asseoir.
-
- Dans ses désirs insatiable
- Bientôt, à ton instinct aimable
- L'homme ennuyé ferma son cœur;
- Son art, en construisant des villes,
- Outrage et détruit tes asyles,
- Un luxe insolent est vainqueur.
- Pensant que tu ne peux suffire
- A son bonheur, à son délire,
- L'homme invente la volupté.
- L'intérêt devient son complice,
- Mais bientôt pour notre supplice
- Naît l'affreuse satiété.
-
- Ah! tu n'es pas ce que nos vices,
- Et nos erreurs, et nos caprices,
- T'ont fait dans leur aveuglement;
- Fils et charme de la nature,
- Un comme elle et sans imposture,
- Tu n'es que dans le sentiment.
- Armé du flambeau des furies,
- L'amour dans nos ames flétries
- Distille un poison empesté;
- Mais tu détestes ces contrées,
- Ou le cynisme des Térées,
- T'élève un trône ensanglanté.
-
- Les alcôves mystérieuses
- Où d'extases voluptueuses
- Se bercent d'insensés mortels,
- Ces bals où la magnificence
- Prodigue l'or à l'indécence
- Ne furent jamais tes autels;
- Avec tes étreintes si douces
- Je ne confonds pas les secousses
- D'une ardente velléité;
- L'_incroyable_ parfumé d'ambre
-
- Te voit mourir dans l'antichambre,
- Au boudoir tu n'as pas été.
-
- Quand, précédé par les haleines
- Des zéphirs caressans nos plaines,
- Mai riant vient tout rajeunir;
- Avec lui tu viens dans nos âmes
- Allumer de nouvelles flammes,
- Et disposer tout à s'unir.
- C'est toi seul dont la main brûlante
- Fait germer, fait croître la plante,
- Et la rend capable d'amour;
- C'est toi qui, la rendant nubile,
- Places sur sa tige fertile
- L'époux qui la rend mère un jour.
-
- Dans une douce promenade
- Rêver au bruit d'une cascade,
- A tous les heureux qu'on a faits,
- A ceux que l'on peut faire encore;
- A l'orphelin qui nous implore
- Rendre l'allégresse et la paix;
- Sur les nuages qu'elle dore
- Voir lentement poindre l'aurore
- Qui va ranimer les forêts;
- S'environner de la nature,
- Voilà l'ivresse la plus pure!
- O plaisir! voilà tes bienfaits!
-
-
-A l'Auteur de GÉRARD DE VELSEN.
-
- Amsterdam, le 15 juin 1797.
-
-Le GÉRARD DE VELSEN que j'ai publié n'est que ma propre traduction
-de votre original, entreprise dans les momens qui me restaient des
-affaires publiques, en 1793, période où votre GÉRARD me vint en mains.
-J'avais d'abord l'idée d'y ajouter quelques notes historiques,[16] mais
-crainte d'être regardé comme voulant allumer une chandelle au soleil,
-je m'en suis passé. D'ailleurs, la politique dans laquelle je me
-trouvais comme enseveli ne m'en laissa guère le loisir.
-
-Agréez l'hommage que le devoir et le sentiment m'inspirent, et que je
-m'empresse aussi de rendre aux rares talens qui vous distinguent si
-glorieusement. Daignez m'accorder votre précieuse amitié, en me croyant
-très-respectueusement, etc.
-
- GUILLAUME HOLTROP.
-
-
-A L'AUTEUR
-
-_Des Nuits d'Hiver et de la Conciergerie._
-
- De Vezoul, le 25 Prairial, an 5.
-
-Je lisais avant-hier vos _Nuits de la Conciergerie_,[17] mes sens
-étaient émus, mon imagination exaltée; je jetais? quelques idées sur
-le papier, j'y ajoutai des rimes, et c'est ce que j'ose vous offrir
-aujourd'hui. Pardonnez ce faible hommage: souriez à l'essai d'un jeune
-homme de seize ans qui demande et a besoin d'encouragement et d'exemple.
-
- Quelle âme sensible et naïve
- A tracé ces sombres tableaux?
- Quelle voix touchante et plaintive
- Gémit au fond de ces cachots?
- Quel pinceau!... quelle touche mâle!
- Qu'il sait bien choisir ses couleurs!
- Silence! son chagrin s'exhale!
- Qu'il peint bien ses justes douleurs!
-
- O toi dont le tendre délire
- Produit des accords si touchans;
- Toi, dont l'harmonieuse lyre
- Émeut, échauffe tous mes sens!
- Et toi, sa compagne chérie,
- Toi qui partageas ses malheurs,
- Souffre que mon âme attendrie
- Avec vous répande des pleurs.
-
- Quand sur l'émail de la prairie
- Un doux songe te fait errer,
- Avec toi, dans ta rêverie,
- Oh! qu'il m'est doux de m'égarer!
- Quand un autre songe t'inspire,
- Te change en guerrier courageux,
- A tes côtés je vois, j'admire
- Mon pays libre et vertueux.
-
- Quand ta Joséphine inquiette
- Vient te consoler en prison,
- De mon cœur ma bouche interprète
- Répète à chaque instant son nom.
- Quand par un ordre sanguinaire,
- Plongé vivant sous les tombeaux,
- Tu nous retraces ta misère,
- Je sens, je partage tes maux.
-
- Que tu sais bien de la nature
- Nous peindre les rians attraits!
- Que d'une ame innocente et pure
- Tu sais bien nous offrir les traits!
- Que ton simple et touchant ouvrage
- Remplit mes sens de volupté!
- Pardonne à ce trop faible hommage,
- C'est le cœur seul qui l'a dicté.
-
-
-RÉPONSE.
-
-A LA LETTRE PRÉCÉDENTE.
-
-Quoique votre trop flatteuse lettre, citoyen, et vos jolis couplets ne
-soient signés que de la lettre initiale B....l, je crois avoir deviné
-juste, en vous en croyant le père, et j'aime mieux courir le risque
-d'une erreur, que d'une ingratitude. Recevez l'expression de toute
-ma sensibilité: si la vérité ne dicte pas vos éloges, c'est au moins
-l'amitié, et ce dernier sentiment m'est si cher, j'en ai tant besoin,
-pour supporter mon infortune, que je lui pardonne tout.
-
- D'une captivité cruelle
- Vous louez trop le triste fruit,
- Mon cœur, au sot orgueil rebelle,
- Par votre encens n'est pas séduit.
- La complaisance maternelle
- N'a jamais fasciné mes yeux.
- Une éloquence naturelle
- Est pour moi l'art le plus heureux.
-
- Souffrant, prêt à cesser de vivre,
- Ai-je pu croire qu'à ces _Nuits_
- Le destin me ferait, survivre,
- Et finirait mes longs ennuis?
- Dans le sein d'une épouse chère
- J'épanchais ma sombre terreur;
- Je ne voulais qu'elle sur terre,
- Pour confidente et pour lecteur.
-
- Le neuf thermidor me rappelle
- A ses baisers, à son amour;
- Je ne renaissais que par elle,
- Pour elle je chéris le jour.
- De mes mains, la reconnaissance
- Laisse échapper le manuscrit.
- Un voile sert mon impuissance,
- Mais l'amour encor me trahit.
-
- C'est à vous de cueillir des palmes
- Au Pinde, et la rose à Paphos,
- Vous dont les jours sereins et calmes
- S'écoulent dans un doux repos.
- Seize ans, âme sensible, aisance,
- Forces, talens, vous avez tout:
- La carrière pour vous commence,
- Moi, je suis las et suis au bout.
-
-
-FIN.
-
-
-
-
-NOTES:
-
-[1] Les savans ne nous ont pas dit si l'Être suprême souffla dans la
-bouche d'Adam, pour l'animer, ou si ce fut dans, son antipode; cette
-question était, pourtant, aussi digne de leurs recherches, que tant
-d'autres inutiles.
-
-[2] Voilà un homme bien aisé à nourrir!...
-
-[3] La Polente est une bouillie faite avec de la farine d'orge brûlée.
-Elle est encore en usage dans plusieurs contrées d'Italie.
-
-[4] Subtile et leve peditum Libonis. CATULLE.
-
-[5] Ce Métroclès qui rougit pour un pet, est bien différent de sa sœur,
-qui, éprise pour le dégoûtant Cratès, non-seulement pétait bien en
-compagnie, mais faisait en public, ce que n'osait faire au lit avec sa
-femme le pudibond Louis IX. Voyez l'édition que j'ai donnée des amours
-d'Hypparchie et Cratès. 1 vol. in-18.
-
-[6] Voy. le _Naudaeana_, pag. 102 et 103; Paris, 1701, in-12. _Fr.
-Roger_ au voyage de la Terre Sainte, pag. 230, et les _Essais de
-Montaigne_, liv. Ier. chap. 20, page 62 de l'édition in-8^o.
-
-[7] Elle se célébrait à Athènes au mois d'octobre.
-
-[8] _Frédérick DEDEKIND_, allemand, publia dans le seizième siècle
-un ouvrage dans le goût de l'_Éloge de la folie_. C'est un éloge
-ironique de l'impolitesse et de la grossièreté, intitulé: _GROBIANUS
-sivè de incultis moribus et inurbanis gestibus_. _Francfort, 1558,
-in-8^o._ L'auteur paraît avoir eu plus de finesse dans l'esprit que ses
-contemporains n'en avaient alors. Il est rare de trouver ce poëme avec
-le GROBIANA qui en est la suite; aussi le dictionnaire historique ne
-parle-t-il pas de ce dernier poëme.
-
-[9] Voyez Suétone, vie de Claude César, chap. 32, page 274, _edit.
-Patini_.
-
-Les Juifs prétendent que quand ils pètent en faisant leurs prières,
-c'est un mauvais augure, et un bon, lorsqu'ils éternuent. Ils n'osent
-ni péter, ni allumer leur feu le jour du sabbat. Les Turcs sont de même.
-
-[10] L'ancien saxon _Purten_ ou _Furten_, le haut allemand _Fartzen_,
-et l'anglais _Fart_.
-
-[11] L'Album était une table blanchie sur laquelle les souverains
-prêtres, à Rome, écrivaient les choses les plus remarquables qui se
-passaient chaque année. C'était aussi un tableau sur lequel on écrivait
-les noms des magistrats et des officiers.
-
-[12] Un poëte latin moderne a traduit ce joli petit conte, avec tant
-d'élégance, que je ne puis résister au désir d'apprendre à ceux de mes
-lecteurs qui aiment encore la langue des _Ovides_, des _Horaces_, des
-_Santeuil_ et des _Sanadon_, qu'ils le trouveront imprimé dans mes
-_Matinées du printems_ (tome 1, page 121) qui se vendent chez le même
-libraire.
-
-[13] Voyez les quarts-d'heures d'un joyeux solitaire, 1 vol.
-in-12.......
-
-[14] Nicolas MERCIER, de Poissy, professeur de troisième au collège de
-Navarre, à Paris, et sous-principal des grammairiens, mort en 1657.
-On a de lui 1^o. un _Manuel des Grammairiens_; 2^o. un poëme latin
-intitulé: _De officiis Scolasticorum_; 3^o. une excellente édition
-d'Erasme; 4^o. _De Conscribendo epigrammate, opus curiosum. _ 2 part.
-Paris, 1653, in-8^o. belle édition, ornée d'un frontispice et du
-portrait de l'auteur.
-
-La république des lettres compte beaucoup d'écrivains qui ont porté
-le nom de Mercier: comme on confond tous les jours leurs ouvrages,
-je donnerai quelque jour leur biographie, avec une dissertation
-onomatique, sur l'origine de ce nom, dans la langue Celtique.
-
-[15] Voyez le recueil, que j'ai publié, des poëmes sur le Plaisir et la
-Volupté; 2 vol. in-18, fig.
-
-[16] Ces notes qui n'existaient pas dans la première édition de
-_Gérard de Velsen_, en 1793, se trouvent dans la seconde, qui est
-très-augmentée et beaucoup plus correcte.
-
-[17] Cet ouvrage en 2 vol. _in-18_, se trouve chez les mêmes libraires.
-
-
-
-
-TABLE des Matières.
-
-
- _Notice des différens éloges._ Voyez la Préface.
-
- _Antiquité du PET._ 5
-
- _Sa figure, sa taille, son langage, ses mœurs._ 14
-
- _Musique et éloquence du PET._ 24 _à_ 37
-
- _Arrêt de l'empereur Claude, qui donne pleine
- liberté de péter en public._ 33
-
- _Les deux péteurs d'Anvers._ 38
-
- _Le PET fait fuir les sorcières._ 40
-
- _Droits féodaux payés par un PET._ 42
-
- _Éloge de la Vesse, et mot de Pythagore._ 47
-
- _Comparaison du PET avec les rois._ 49
-
- _Apothéose du PET chez les Egyptiens._ 50
-
- _Plantes et familles qui ont pris leur nom du PET._ 52
-
- _Du Rot, ou rapport espagnol, et anecdotes._ 58
-
- _Procédés pour mesurer un PET._ 60
-
- _De la nature et des différentes sortes de PETS,
- au nombre de 26._ 61 _à_ 87
-
- _Portrait du PET, par Boursault._ 76
-
- _Les trois accidents. Conte._ 78
-
- _Le soupir de St.-Evremont._ 81
-
- _Éloge du Q._ 82
-
- _Esprit de PET pour les taches de rousseur._ 84
-
- _Le Pet français et le Pet béni._ 93 _et_ 95
-
- _Le Pet et le Politique._ 97
-
- _Le Pet rapporté par un valet._ 98
-
- _Mot d'un prêtre de Louvain sur le PET._ 99
-
- _Le Pet de St.-Evremond. Stances._ 101
-
- _Pets excusés par un bon mot._ 102 à 103
-
- _Le Péteur puni, et autres._ 105
-
- _Des signes et effets prochains du PET._ 108
-
- _Ruses pour couvrir un PET._ 109
-
- _Remèdes qui provoquent les Pets._ 111
-
- _Système musical de Pets._ 112 _à_ 119
-
- _De la Vesse et des Pets involontaires._ 119 _à_ 122
-
- _Effets utiles des Pets et Vesses._ 122 _à_ 127
-
- _Requête en vers pour le PET._ 129
-
- _Opinion des stoïciens, de Cicéron, et autres
- philosophes en faveur du PET._ 123 _à_ 132
-
- _Pet de chanoine bien dissimulé. Conte._ 133
-
- _Le Pet d'une sourde pris peur une Vesse._ 134
-
- _Facétie tirée de Henri Bebelle._ 135
-
- _Le Pet de la sage-femme._ 136
-
- _Mot du marq. de Bièvre sur des bruits de paix._ 137
-
- _Conseils importuns contre l'ennui._ 138
-
- _Règlement provisoire de la société des Francs-péteurs._ 140
-
- _Note bibliographique des éloges comiques._ 145
-
- _Poësies fugitives. La Puce, trad. d'Ovide._ 150
-
- _La Puce, de Nic. Mercier_ 153
-
- _Epître au Plaisir._ 156
-
- _A l'Auteur de Gérard de Velsen._ 161
-
- ————_des nuits d'hiver et de la Conciergerie._ 162
-
-
-_Fin de la table._
-
-
-
-
-NOTE DE TRANSCRIPTION
-
- Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été
- corrigées.
-
- L'orthographe et la ponctuation d'origine ont été conservées et
- n'ont pas été harmonisées.
-
- L’accent circonflexe (^) dénote des caractères en exposant.
-
- Les mots en italiques sont _soulignés_.
-
- AUTRES CORRECTION
- Page 56: paîtris --> pétris (et pétris de sots scrupules)
-
- VARIANTE INCHANGÉE
- St.-Evremond et St.-Evremont.
-
-
-
-
-
-End of the Project Gutenberg EBook of Éloge du pet, by
-Claude-François-Xavier Mercier de Compiègne
-
-*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK ÉLOGE DU PET ***
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-LIMITED TO WARRANTIES OF MERCHANTABILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE.
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-Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
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-Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
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-exists because of the efforts of hundreds of volunteers and donations
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-Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
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-generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary
-Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see
-Sections 3 and 4 and the Foundation information page at
-www.gutenberg.org Section 3. Information about the Project Gutenberg
-Literary Archive Foundation
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-The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
-501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
-state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
-Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
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-Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by
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-The Foundation's principal office is in Fairbanks, Alaska, with the
-mailing address: PO Box 750175, Fairbanks, AK 99775, but its
-volunteers and employees are scattered throughout numerous
-locations. Its business office is located at 809 North 1500 West, Salt
-Lake City, UT 84116, (801) 596-1887. Email contact links and up to
-date contact information can be found at the Foundation's web site and
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-Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
-Literary Archive Foundation
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-Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
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-freely distributed in machine readable form accessible by the widest
-array of equipment including outdated equipment. Many small donations
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-States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
-considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
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-where we have not received written confirmation of compliance. To SEND
-DONATIONS or determine the status of compliance for any particular
-state visit www.gutenberg.org/donate
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-Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic works.
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-Professor Michael S. Hart was the originator of the Project
-Gutenberg-tm concept of a library of electronic works that could be
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-distributed Project Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of
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-Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
-editions, all of which are confirmed as not protected by copyright in
-the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not
-necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper
-edition.
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-Most people start at our Web site which has the main PG search
-facility: www.gutenberg.org
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- The Project Gutenberg eBook of Éloge Du Pet,
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-
-The Project Gutenberg EBook of Éloge du pet, by
-Claude-François-Xavier Mercier de Compiègne
-
-This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and
-most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions
-whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms
-of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at
-www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you'll
-have to check the laws of the country where you are located before using
-this ebook.
-
-
-
-Title: Éloge du pet
-
-Author: Claude-François-Xavier Mercier de Compiègne
-
-Release Date: June 14, 2020 [EBook #62399]
-
-Language: French
-
-Character set encoding: UTF-8
-
-*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK ÉLOGE DU PET ***
-
-
-
-
-Produced by Laurent Vogel, Christian Boissonnas and the
-Online Distributed Proofreading Team at https://www.pgdp.net
-(This file was produced from images generously made
-available by the Bibliothèque nationale de France
-(BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)
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- La couverture de ce livre électronique a été crée par le transcripteur;
- l’image a été placée dans le domaine public.
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-<p><a href="#TN">Au lecteur</a></p>
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-<p><span class="pagenum"><a name="Page_1" id="Page_1">[Pg 1]</a></span></p>
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-
-<h1>ÉLOGE DU PET,</h1>
-
-<p class="ac noindent smaller">PRONONCÉ</p>
-
-<p class="ac noindent smaller">DANS LA SOCIÉTÉ</p>
-
-<p class="ac noindent larger">DES FRANCS-PÉTEURS.</p>
-
-
-<p class="ac noindent"><i>Difissâ nate pepedi.</i></p>
-
-
-<p class="noindent"><span class="smcap">Profondément</span> affligé de voir le Pet
-banni loin de ces murs, s'éloigner de la
-société des hommes, en gémissant tout
-bas; ma douleur s'est infiniment accrue,
-lorsque j'ai considéré que cette
-injuste proscription étoit contraire à
-la conservation de la république, et
-dans quel tems encore, respectables
-frères péteurs? dans un tems où, selon
-notre ancienne coutume, nous célébrons
-la fête du <i>Carnaval</i> et du <i>Carême-prenant</i>.</p>
-
-<p>Est-il une action plus cruelle, plus<span class="pagenum"><a name="Page_2" id="Page_2">[Pg 2]</a></span>
-déplorable, plus susceptible d'arracher
-des pleurs même à des yeux de
-fer, que celle de chasser d'un pays
-libre et de priver de toute société, non
-seulement le conservateur de la liberté
-publique, mais encore, j'aurai le courage
-de le dire, l'auteur, même de notre
-existence, l'arche de notre salut et
-les délices du peuple; enfin, de le siffler,
-de le rassasier d'opprobres. Quoi!
-il sera permis à d'autres pestes de différentes
-natures, telles que les filles, les
-escrocs, les voleurs et les juifs, d'infecter
-nos cités, tandis que le meilleur
-citoyen, celui dont il n'est personne
-qui ne vante les bienfaits, n'aurait
-pas même la permission de rester
-en <i>paix</i> dans ses foyers, et d'y en respirer
-l'air natal! Est-il bien, possible que
-les hommes soient parvenus à a un tel
-degré de folie et d'aveuglement, que
-déjà c'en serait fait de mon illustre et
-malheureux client, de son existence et<span class="pagenum"><a name="Page_3" id="Page_3">[Pg 3]</a></span>
-de son nom, s'il n'avait trouvé dans
-votre sein, honorables membres de
-notre bruyante société, des hommes
-assez courageux, assez jaloux de leur liberté,
-pour vouloir défendre leur <i>franc-péter</i>
-contre la faction hypocrite et
-intolérante des <i>culs serrés</i>, qui le proscrivent
-sans pudeur?</p>
-
-<p>L'entreprise la plus difficile sans
-doute, je l'avoue, est celle qui a
-pour objet d'arracher aux vils esclaves
-de l'habitude et des vieux préjugés
-érigés en opinion dominante, des coutumes
-bizarres qu'une longue succession
-de siècles a consacrées, mais comme
-l'expérience nous a pleinement démontré
-que l'ignorance et une aveugle jalousie
-opéraient chez les hommes la
-variabilité des idées, je veux m'écrier
-avec Mahomet et Voltaire:</p>
-
-<div class="blockquot">
-«Je viens après mille ans changer ces lois grossières».</div>
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_4" id="Page_4">[Pg 4]</a></span></p>
-
-<p>J'ai donc conçu la possibilité d'une
-heureuse innovation, à la faveur de laquelle
-combattant et terrassant le préjugé
-qui, si longtems, a jeté de l'odieux
-sur le <i>pet</i>, je veux le venger et lui
-rendre tous les honneurs qui lui sont
-dûs.</p>
-
-<p>Je me flatte même de réussir, lorsque
-je vous aurai développé, d'une manière
-claire et précise, sa naissance, son
-éducation, sa profonde connaissance
-dans les arts libéraux, les qualités de
-son esprit, l'éclat de sa vertu, sa dignité
-et la somme d'utilité qu'il présente
-dans les affaires tant publiques
-que particulières. Les torrens de lumières
-qui jailliront de mon discours
-et les richesses de mon érudition, vont
-en un clin d'œil dissiper les épaisses vapeurs
-que la calomnie a osé amonceler
-contre lui, trop bien, hélas! secondée
-dans ses barbares projets, par la perfidie
-ou la stupidité de tous les cerveaux<span class="pagenum"><a name="Page_5" id="Page_5">[Pg 5]</a></span>
-mal organisés. Permettez-moi de
-tousser, moucher, éternuer, cracher.
-D'abord je <i>pète</i>, et j'entre en matière.</p>
-
-
-<h3><span class="smcap">Antiquité du Pet.</span></h3>
-
-<p class="ac noindent"><i>Son origine.</i></p>
-
-<p>Le premier objet qui se présente à
-mon esprit, mes chers frères, est l'antiquité
-du <span class="smcap">Pet</span>. Or, je le demande,
-quel est l'homme si borné, si lourd
-qu'il puisse être, qui ne conviendra
-pas que l'ancienneté du <span class="smcap">Pet</span> ne le cède
-en rien à celle de l'univers et des
-humains. Vous le savez comme moi,
-je n'avais pas besoin de le dire, mais
-j'ai la parole, laissez-moi faire de l'esprit.
-Je prouve donc.</p>
-
-<p>Aussitôt que le suprême architecte
-de tout ce qui existe eut paîtri de ses
-divines mains cette superbe bête à deux
-pieds, sans plumes, appellée <span class="smcap">Homme</span>,
-lorsqu'il eut soufflé dans le sein de<span class="pagenum"><a name="Page_6" id="Page_6">[Pg 6]</a></span>
-cette masse, encore inanimée et inerte,
-cet esprit subtil et igné qui lui donna
-la vie et le mouvement,<a name="FNanchor_1_1" id="FNanchor_1_1"></a><a href="#Footnote_1_1" class="fnanchor">[1]</a> lorsque
-cette faculté d'exister eut besoin de
-se manifester au-dehors par l'exercice
-des fonctions animales, croira-t-on que
-le modeleur éternel ait ignoré le point le
-plus essentiel, et qu'il ait omis de donner
-à sa créature le moyen de pousser
-au dehors, l'air intérieur, qui, intercepté
-dans les capsules, nuisait à la
-perfection de son ouvrage? Ne voyons-nous
-pas le figuriste employer tous ses
-soins pour empêcher les globules d'air
-de se glisser entre le moule et la cire
-liquide qui doit se rassasier de l'empreinte?
-Dieu pouvait-il ignorer ce premier<span class="pagenum"><a name="Page_7" id="Page_7">[Pg 7]</a></span>
-élément de l'art de modeler? non,
-sans doute. Ensuite, le premier homme,
-qui ne savait pas encore rougir et ne
-connaissait pas les lois tyranniques de la
-civilité, a-t-il pensé, croyez-vous, à
-comprimer, à étrangler au passage,
-cet air qui ravageait son sein et cherchait
-impatiemment une issue? non,
-tout s'accorde à nous faire croire qu'il
-péta au nez de celui qui venait de lui
-donner l'existence, et que l'Être suprême,
-loin de s'en fâcher, fut si content,
-d'avoir réussi, que pour récompenser
-son ouvrage, il forma le projet de
-lui donner une compagne. Observez
-donc, chers frères, que 1<sup>o</sup>. nous devons
-l'origine de la femme à un pet; 2<sup>o</sup>. qu'Adam
-ayant pété, avant que de parler, le
-<span class="smcap">Pet</span> est incontestablement plus ancien que
-la parole. Sentez bien mon raisonnement.</p>
-
-<p>S'il vous fallait d'autres autorités pour
-vous convaincre que les premiers humains<span class="pagenum"><a name="Page_8" id="Page_8">[Pg 8]</a></span>
-firent usage du <span class="smcap">Pet</span>, bien longtems
-avant qu'ils se servissent de la parole,
-j'invoquerais celle du savant Aristophanes,
-qui, dans sa comédie <i>des
-Grenouilles</i>, dit que les hommes, dans
-les premiers siècles d'une ignorance absolue,
-ne savaient faire autre chose que
-<i>péter</i> au nez de leurs concitoyens et
-faire même encore plus, c'est-à-dire,
-pour parler plus proprement,</p>
-
-<div class="blockquot">
-In os oppedere et merdâ sodalem fœdare.</div>
-
-<p>comme faisait l'ange, chargé par le très-haut
-d'apporter à déjeûner à Ezéchiel,
-qui, par parenthèse, devait faire grand
-cas du <span class="smcap">Pet</span>, puisque ce qui le suit ordinairement
-ne lui déplaisait pas.</p>
-
-<p>La généalogie du <span class="smcap">Pet</span> est si claire, que
-si l'origine ci-dessus établie ne vous convient
-pas, je vais lui en trouver une
-autre. La nature, sur ce point, fut
-encore moins parcimonieuse envers mon
-héros; son origine fut illustre. Je ne<span class="pagenum"><a name="Page_9" id="Page_9">[Pg 9]</a></span>
-m'étayerai point des prétentions hasardées
-de ceux qui le font descendre en
-droite ligne des <i>rectum</i> de Jupiter ou
-d'Orphée, nommés l'un <i>merdeux</i>, l'autre
-<i>fimo delibutus</i>, c'est-à-dire, son
-synonime. Tout le monde sait que ses
-auteurs sont de la noblesse la plus éclatante
-et la mieux acquise (ce qui est
-encore plus rare), quoique la tradition
-qui nous l'enseigne ait éprouvé des variantes
-et des critiques.</p>
-
-<p>Aristophanes, dans une autre de ses
-comédies, intitulée <span class="smcap">Plutus</span>, le dit
-fils d'un potage composé de pois et
-de riz: après avoir fait dire à Plutus:
-«J'avais mangé à moi seul la plus
-forte partie du potage»; il lui fait
-ajouter: «Je <span class="smcap">Pétai</span> <i>d'une force incroyable,
-tant mon ventre était enflé</i>.»</p>
-
-<p>Si on en doit croire Chamæléon,
-poëte de Pont, le <span class="smcap">Pet</span> est fils de la
-fève. Il raconte à ce sujet qu'ayant vu
-certain jour un âne qui se bourrait de<span class="pagenum"><a name="Page_10" id="Page_10">[Pg 10]</a></span>
-fèves, il eut une si grande envie d'en
-manger aussi, que le désir seul lui en
-tînt lieu et fit l'effet de l'aliment<a name="FNanchor_2_2" id="FNanchor_2_2"></a><a href="#Footnote_2_2" class="fnanchor">[2]</a>,
-chose merveilleuse et qui donne un
-terrible échec à tous les docteurs qui ont
-prétendu qu'il n'y avait pas d'effets sans
-cause. Ils m'objecteront que le rire a la
-propriété d'engendrer le <span class="smcap">Pet</span>, et dans
-ce cas je ne dispute plus; j'aime autant
-voir mon héros fils du rire, que des haricots;
-père lui-même de la gaîté,
-comme je le dirai par la suite, il n'en
-est que mieux le digne fils de son père.</p>
-
-<p>Télémachus d'Acharnie, faisait des
-fèves sa nourriture habituelle, afin de
-péter plus souvent, convaincu de la
-vérité de ce vieux proverbe, digne de
-l'école de Salerne.</p>
-
-<div class="poetry-container">
- <div class="poetry">
- <div class="verse">Il faut pour vivre longtems,</div>
- <div class="verse">A son cul donner force vents.</div>
- </div>
-</div>
-
-<p>Diphile, médecin de Siphnos, l'une<span class="pagenum"><a name="Page_11" id="Page_11">[Pg 11]</a></span>
-des Cyclades, attribue aux raves l'honneur
-de la maternité: Zénon, chef de
-la secte stoïcienne, l'accorde aux lupins;
-c'est pour cette raison qu'ayant promulgué
-la loi qui accordait à tout le monde,
-de tel âge, de tel rang et de tel sexe
-qu'il fût, la liberté de <span class="smcap">Péter</span> la plus,
-illimitée; il fit plus, il voulut se nourrir
-continuellement de ce légume, pour
-donner lui-même un exemple qui la
-rendit respectable. Je veux donc, pour
-n'être pas rebelle à l'autorité de tant
-de philosophes fameux, décerner le privilège
-de cette heureuse fécondité aux
-oignons, à l'ail, aux fèves, aux lupins,
-aux raves, au potage de pois et de riz,
-enfin à tous les autres alimens <i>pneumatiques</i>,
-pour me servir de l'expression
-grecque, ou <i>venteux</i>, si vous
-l'aimez mieux en français.</p>
-
-<p>Il est bien important, auguste Aréopage,
-que vous connaissiez imperturbablement
-toutes, les ramifications, généalogiques<span class="pagenum"><a name="Page_12" id="Page_12">[Pg 12]</a></span>
-de mon héros, afin que
-l'éponge de notre jugement efface pour jamais
-les taches dont la malignité de quelques
-hommes mal intentionnés essaierait
-de le couvrir. Gardons-nous sur-tout
-d'assimiler ou de confondre le <span class="smcap">Pet</span> pour
-lequel je parle, avec cet atôme de
-<span class="smcap">Pet</span>, débile et maigre production de
-la <i>Polente</i><a name="FNanchor_3_3" id="FNanchor_3_3"></a><a href="#Footnote_3_3" class="fnanchor">[3]</a>; celui que Plaute a livré
-à l'ignominie, sur la scène de Rome,
-dans la comédie qui a pour titre:
-<span class="smcap">Curculio</span>, et dont la parenté, un peu
-éloignée à la vérité, si toutefois elle
-existe, peut déshonorer notre héros;
-car, il n'est pas fait encore pour paraître
-sur la scène, quoiqu'au rapport
-de Plutarque, les rois de Chypre
-aient fait la même chose, à leur retour
-en Phénicie, lorsqu'Alexandre<span class="pagenum"><a name="Page_13" id="Page_13">[Pg 13]</a></span>
-le Grand y étala orgueilleusement la
-pompe du triomphe. Pourquoi notre
-héros n'aurait-il pas les honneurs du
-théâtre, où il ne s'est encore glissé
-qu'<i>incognito</i>, puisqu'on y crache,
-que l'on y tousse, que l'on s'y mouche,
-etc.? Néron, Héliogabale et autres
-empereurs n'ont-ils pas aussi joué la comédie?
-Auguste n'a-t-il pas déclaré que
-les acteurs étaient exempts du fouet?
-Tite-Live nous assure que l'histrionnage
-ne déshonnorait point dans la
-Grèce. Macrobe va plus loin. Nulle
-part les acteurs n'ont été flétris par
-le préjugé. Mais supposons qu'il en
-ait été autrement; l'opprobre, s'il existait,
-ne doit frapper que ceux qui se
-donnent en spectacle sur les planches,
-sans y être forcés; or ce reproche ne
-pourrait être raisonnablement fait à
-mon client, puisqu'il y a été conduit par
-violence, et mis en action contre son
-<span class="pagenum"><a name="Page_14" id="Page_14">[Pg 14]</a></span>
-gré, par un être de la plus vile condition, par un glouton, un parasite
-effronté et un plat bouffon.</p>
-
-<p>Il est, par exemple, extraordinairement
-difficile de résoudre une question
-qui a été longtems agitée et toujours
-sans succès: il s'agit de donner
-à mon héros, un corps, une figure,
-de déterminer sa taille, son port et
-sa couleur. Il faudrait pour expliquer
-tout cela se servir du ministère d'un
-coq amoureux, et employer celui qui,
-pardonnez-moi le terme, répand autour
-de lui les émanations les plus
-sensibles à l'odorat, et étale avec plus
-de magnificence la pourpre éclatante
-de son plumage. Cependant si, dans
-un doute de cette espèce, il est permis
-de recourir aux conjectures, nous
-devons présumer, eu égard à la très-petite
-ouverture de son logis, par laquelle
-il passe pourtant encore très-à l'aise,
-nous devons, dis-je, croire,
-qu'il est très-maigre et très-fluet. Nous<span class="pagenum"><a name="Page_15" id="Page_15">[Pg 15]</a></span>
-pouvons sur ce point nous en rapporter
-au témoignage de Catulle, de
-ce poëte charmant, le plus joyeux et
-le plus plaisant des beaux esprits, à
-qui la nature bienfaisante avait donné
-une vue si bonne et si perçante, qu'il
-a pu voir le pet subtil et presqu'insensible
-de Libon.<a name="FNanchor_4_4" id="FNanchor_4_4"></a><a href="#Footnote_4_4" class="fnanchor">[4]</a></p>
-
-<p>O le plus fortuné des citoyens de
-Véronne! tu as eu l'honneur de voir
-en face notre invisible héros! hélas!
-aucun de nous n'a eu ce privilège glorieux
-et digne d'envie. Nous sommes
-trop profanes. Que dis-je, nous!...
-disons plutôt que, de mémoire d'homme,
-les dieux n'ont fait cette faveur
-à aucun être vivant.</p>
-
-<p>Quant à son idiôme, frères péteurs,
-c'est un autre prodige; semblable au
-St.-Jean de l'Evangile, à nos docteurs<span class="pagenum"><a name="Page_16" id="Page_16">[Pg 16]</a></span>
-en théologie, et à beaucoup de nos
-orateurs modernes, tout le monde l'entend,
-personne ne peut le comprendre.
-Dans quelque contrée de la terre que
-vous l'entendiez, vous verrez avec
-étonnement qu'il parle dans un dialecte
-étranger, et totalement hors la portée
-de l'intelligence humaine, ce qui déconcerte
-tous les savans qui prétendent
-savoir toutes les langues, et le père
-Bougeant lui-même, qui a si bien expliqué
-celle des oiseaux. C'est au point
-que j'ai de la peine à convenir, qu'Aristophanes
-lui-même l'ait entendu et
-compris, lui pourtant qui causait bien
-familièrement avec lui et le quittait
-bien rarement; il dit dans sa comédie
-des <i>Nuées</i>:</p>
-
-<p>«Mon potage fait, dans mes entrailles,
-un bruit de tonnerre; c'est un
-fracas épouvantable, qui d'abord
-s'annonce par le son de <i>pappax</i>,
-bientôt, il redouble et l'on entend<span class="pagenum"><a name="Page_17" id="Page_17">[Pg 17]</a></span>
-<i>pa-pap-pax</i>; et enfin, quand je
-suis sur la chaise, c'est l'explosion
-terrible de pa-pa-pap-pax».</p>
-
-<p>Or: ces paroles, pleines de l'harmonie
-descriptive, ce n'était pas devant
-quelques imbécilles, devant une
-poignée d'allemands épais et grossiers,
-que le sublime Aristophanes les proférait,
-mais bien devant le sage et immortel
-Socrate, qui goûtait ces choses
-bien mieux que nous. Il est donc évident,
-frères péteurs, que le <span class="smcap">Pet</span> a
-un dialecte à lui seul, et une éloquence
-qui lui est particulière; c'est
-donc avec une souveraine injustice que
-ses détracteurs, pour le perdre dans
-l'estime des hommes, l'accusent d'une
-bavarderie insignifiante, et nous-mêmes
-d'une torpeur coupable et d'un défaut
-de sentiment. Laissons, frères péteurs,
-ces hommes sans goût, déblatérer sans
-cesse contre notre héros; et l'accuser
-de prononcer difficilement, de bégayer,<span class="pagenum"><a name="Page_18" id="Page_18">[Pg 18]</a></span>
-et d'avoir la langue pesante. Certes,
-il a trois dialectes bien distincts. A son
-enfance, c'est <span class="smcap">Pa-pax</span>, à son adolescence, c'est
-<span class="smcap">PA-PA-PAX</span>. A sa maturité,
-c'est <span class="smcap">PA-PA-PAP-PAX</span>.</p>
-
-<p>Ce n'est pas une médiocre entreprise,
-pour la défense de notre client,
-que de faire voir qu'il a reçu par son
-éducation, tous les principes de la
-pudeur, de l'honnêteté, et que ses
-mœurs irréprochables répondent à cette
-éducation. Ce n'est pas au milieu de
-la pompe et du bruit des affaires publiques,
-que sa modestie est à l'aise,
-non; il ne se plut jamais que dans
-la solitude du cabinet, éloigné du tumulte
-des cours et des bruyantes assemblées:
-«Il s'est exilé du barreau
-et des palais somptueux des citoyens
-puissans».</p>
-
-<p>Il savoit trop combien il est important
-de se mettre à l'abri du
-froissement des affaires politiques, des<span class="pagenum"><a name="Page_19" id="Page_19">[Pg 19]</a></span>
-haines civiles et des autres dangers
-qui nous environnent, pour ne pas
-se contenter des douceurs de la vie
-privée, comme Curius, et vivre sagement
-pour lui-même et non pour des
-ingrats. Ajoutons à cela, qu'il était
-assuré d'être plus utile à la république,
-(ce qui équivaut bien à la puissance),
-s'il se dérobait à l'avide et maligne
-curiosité des scrutateurs de ses habitudes
-particulières, et n'occupait les
-oreilles de ses concitoyens que dans
-la juste proportion de ses forces. C'est
-ce prudent amour de l'obscurité qui
-l'a décidé à préférer, pour demeure,
-les bains, les boudoirs et les endroits
-les plus reculés d'un logis, enfin les
-lits, comme le <span class="smcap">Pet</span> du jeune homme
-qu'Aristophanes nous représente enveloppé
-de cinq couvertures.</p>
-
-<p>Si nous considérons sa moralité, sa
-bienveillance envers les citoyens, n'est-elle
-pas la plus signalée? Je passe<span class="pagenum"><a name="Page_20" id="Page_20">[Pg 20]</a></span>
-sous le silence tous les services précieux
-qu'il a prodigués à tout le monde.
-Qui de vous, frères péteurs, seroit
-assez ingrat, assez dénaturé, assez ignorant,
-assez effronté, pour révoquer en
-doute la reconnaissance qu'il a méritée
-de vous, de vos femmes, de vos
-enfans, de votre domestique, de notre
-république, en un mot, de tout le
-genre humain? Ses bienfaits sont si
-notoires que, non-seulement, les nations
-les plus éloignées et les plus
-barbares avouent ce qu'elles lui doivent
-de gratitude, mais encore les animaux,
-que leur instinct et leur nature
-portent à le chérir. En effet, la truye
-entend-elle le <span class="smcap">PET</span>, elle accourt soudain,
-à son bruit, pour lui demander
-sa nourriture.</p>
-
-<p>Quoique l'amour de la solitude l'ait
-séquestré, il ne rougit pourtant pas
-de se permettre quelque distraction,
-et de se glisser quelquefois dans les<span class="pagenum"><a name="Page_21" id="Page_21">[Pg 21]</a></span>
-assemblées publiques , pour s'y délasser,
-s'y mettre à son aise, et y apporter
-le rire et la gaîté, qu'il partage avec
-ce qui l'environne. Là, il se donne
-carrière au milieu de l'allégresse générale;
-il se plaît au milieu de ces
-éclats du gros rire, qui bien souvent
-brisent la barrière derrière laquelle il
-était caché. C'est ce qui m'autorise à
-croire que l'immortel Démocrite, le
-plus grand rieur de l'univers, sans
-contredit, en devait être par la même
-raison le plus intrépide péteur.</p>
-
-<p>L'austère Brutus et l'éloquent Cicéron
-n'étaient pas plus jaloux de la liberté
-que notre héros; car si l'on veut
-l'asservir ou l'emprisonner, il soulève
-les pierres, brise les obstacles, les
-liens et les chaînes; il se fait jour
-enfin, en faisant obéir les portes qu'on
-avait le mieux fermées.</p>
-
-<p>Si nous voulons détailler les facultés
-intellectuelles du <span class="smcap">Pet</span>, et la culture de<span class="pagenum"><a name="Page_22" id="Page_22">[Pg 22]</a></span>
-son esprit, nous le trouverons certainement
-très-versé dans tous les genres
-de sciences et d'arts libéraux. Un seul
-exemple va prouver combien il était
-éloquent. Un jour que Métroclès, frère
-d'Hypparchie<a name="FNanchor_5_5" id="FNanchor_5_5"></a><a href="#Footnote_5_5" class="fnanchor">[5]</a>, et disciple de Théophraste,
-était concentré dans la méditation,
-il arriva, je ne sais comment,
-qu'ayant laissé échapper un pet, il
-rougit et en eut tant de honte et de
-chagrin, qu'il s'enferma chez lui, dans
-la ferme résolution de se laisser mourir
-de faim. Le philosophe Cratès, son
-beau-frère, en ayant été informé, se
-rendit auprès de lui, après avoir eu<span class="pagenum"><a name="Page_23" id="Page_23">[Pg 23]</a></span>
-la précaution de manger des fèves et
-des lupins en abondance. Il fit tomber
-la conversation sur un sujet propre à
-faire diversion à la gravité de Métroclès,
-lui disant que ce serait une chose
-absurde et inouïe qu'il ne fût pas permis
-d'obéir à la nature, et qu'on dût se
-séparer de la société, parce qu'on a
-donné un libre cours à un peu d'air.
-A la fin de son discours, l'orateur lui-même
-lâche un pet énorme, pour joindre
-l'exemple au précepte et consoler Métroclès,
-en lui associant un coupable.
-Le remède fit merveille; Cratès, depuis
-ce tems, l'entendit, et Métroclès,
-rendu à ses études, fit les plus grands
-progrès dans la philosophie. O pouvoir
-étonnant de l'éloquence! Exploit
-digne d'une immortelle gloire! Cratès
-savait bien que toutes ses paroles n'auraient
-aucun poids, s'il ne les accompagnait
-de l'invincible éloquence du
-<span class="smcap">Pet</span>. Personne ne doutera que le fameux<span class="pagenum"><a name="Page_24" id="Page_24">[Pg 24]</a></span>
-philosophe Cratès ne se fût approvisionné
-des raisonnement les plus victorieux,
-en entreprenant de combattre
-Métroclès, et pourtant toutes ces dépenses
-étaient en pure perte, si la vertu
-du <span class="smcap">Pet</span> ne fut venue à point donner de
-l'action et du mouvement à la langueur
-des lieux communs et des verbiages
-oratoires. Une seule monosyllabe, un
-seul son fit ce que Cratès n'eût pu opérer
-avec la plus riche et la plus vaste
-réunion de sentences.</p>
-
-<p>On doutera moins encore que le <span class="smcap">Pet</span>
-n'excelle dans l'art musical, si l'on veut
-bien lire le livre de Saint-Augustin,
-évêque d'Hyppone, <i>de la cité de Dieu</i>;
-où il dit: «qu'il est beaucoup de gens
-qui ont l'art de faire des pets si cadencés,
-si harmonieux et à volonté,
-qu'on serait tenté de croire qu'ils chantent
-par cette partie de leur corps,
-et ce qui est plus étonnant, ces pets
-n'ont aucune odeur, aucune suite<span class="pagenum"><a name="Page_25" id="Page_25">[Pg 25]</a></span>
-désagréable».<a name="FNanchor_6_6" id="FNanchor_6_6"></a><a href="#Footnote_6_6" class="fnanchor">[6]</a> On peut associer à
-ces musiciens de nouvelle espèce, ce
-germain qui accompagna Maximilien
-César et Philippe son fils, à leur arrivée
-en Espagne. Il n'y avoit aucun chant
-qu'il n'exécutât avec l'antipode de sa
-bouche. Aristote nous assure que la tourterelle
-pète fréquemment, quand elle
-chante, ce qui a donné lieu au proverbe:
-<i>La tourterelle chante</i>, lorsque
-quelqu'un donne carrière à son postérieur.
-Nicarque a dit aussi fort à propos,
-qu'il y a dans le <span class="smcap">Pet</span> une certaine mélodie
-confuse et naturelle.</p>
-
-<p>Tous ces avantages, frères péteurs,
-seraient d'une médiocre importance à
-l'histoire et à la gloire de mon héros,<span class="pagenum"><a name="Page_26" id="Page_26">[Pg 26]</a></span>
-s'ils étaient privés de cette vertu qui
-régit les mœurs et devient la modératrice
-de toutes les actions humaines.
-Mon client est si richement doué des
-belles qualités du cœur, et des vertus
-Sociales, qu'on est tenté de le regarder
-comme un prodige. Un trait de sa reconnaissance
-s'offre à mon esprit: il est
-sans exemple qu'il ait jamais fait du
-mal à celui qui le laisse aller librement;
-tant il est scrupuleux observateur de la
-justice et du droit des gens. Semblable à
-Apollon, <i>ennemi des méchans</i>, il sauve
-du danger quiconque est travaillé par
-un tumulte intérieur et une plénitude
-fatigante qui menace ses jours.</p>
-
-<p>Qui ne sait pas que le <span class="smcap">Pet</span> est sur-tout
-recommandable par son respect
-pour la religion, cette mère de toutes
-les autres vertus? Témélaque d'Acharnie,
-pour l'avoir toujours à ses ordres,
-lui prodiguait les alimens qui lui sont les
-plus agréables, et ne mangeait tous les<span class="pagenum"><a name="Page_27" id="Page_27">[Pg 27]</a></span>
-jours qu'une marmite de haricots, et
-cela, dans la seule vue de pouvoir célébrer
-par l'harmonie du <span class="smcap">Pet</span> la fête annuelle
-des mangeurs d'haricots<a name="FNanchor_7_7" id="FNanchor_7_7"></a><a href="#Footnote_7_7" class="fnanchor">[7]</a>. O
-monument éternel de religion! mais
-pourquoi ne citer que Télémaque? les
-femmes de l'Attique ne trouvèrent aucun
-encens, aucun parfum plus digne
-d'être offert à l'honneur d'Apollon, que
-l'odeur suave du <span class="smcap">Pet</span>. Et pour que les
-thuriféraires ne se trouvassent jamais
-en défaut, il fut prescrit par une loi rigoureusement
-exécutée, que les habitans
-ne se nourriraient rien que de légumes.</p>
-
-<p>On ne peut trop admirer ici la sobriété
-du <span class="smcap">Pet</span>, et combien il est aisé
-de le nourrir. Heureux avec de l'ail,
-des lupins, des raves, des oignons, des
-féverolles, et autres mêts vils et abjects
-de cette espèce, il devient fort et vigoureux;
-il méprise les mets somptueux<span class="pagenum"><a name="Page_28" id="Page_28">[Pg 28]</a></span>
-et recherchés du luxe et de l'opulence, qui
-l'énerveraient et le mèneraient au néant.</p>
-
-<p>Nul être vivant ne possède au même
-degré que mon client, cette imperturbable
-équité qui consiste à donner à
-chacun ce qui lui appartient, et à venger
-sévèrement les injustices. S'il prend
-à quelque personne la coupable fantaisie
-de le comprimer, de l'étouffer, et de
-l'arrêter dans sa marche, lorsqu'il veut
-sortir, il est si jaloux de jouir de tous
-ses droits, si ardent à défendre sa liberté,
-qu'il donne la torture au téméraire
-et pousserait son courroux jusqu'à
-lui donner la mort. Je citerais, frères
-péteurs, mille exemples de ceci, mais
-je crois plus sage de les passer sous le
-silence, pour ne pas vous ennuyer. S'il
-veut en agir plus humainement, la vengeance
-qu'il tire de cette audace, quoique
-plus douce, n'efface pas moins son
-injure. Car, si après avoir fait tous ses
-efforts pour le neutraliser, en lui opposant<span class="pagenum"><a name="Page_29" id="Page_29">[Pg 29]</a></span>
-une porte bien fermée, on a réussi,
-il arrive que si, pour amortir sa violence
-et suspendre sa course, on entr'œuvre
-tant soit peu la porte; alors, nouveau
-protée, mon client change de sèxe, la
-mèche est éventée, le crime découvert
-et une odeur, que le pet n'eut jamais,
-annonce qu'il y a plus que du vent.</p>
-
-<p>Mon client soutient si bien son pouvoir
-et sa dignité, que s'il s'apperçoit que
-quelque plaisant veuille faire ses gorges
-chaudes à ses dépens et le mépriser, il
-devient furieux, jusqu'à ce qu'il ait fait
-subir l'insolent la peine du talion. Je
-citerai pour exemple, l'anecdote intéressante
-que Frédérick Dedekindt<a name="FNanchor_8_8" id="FNanchor_8_8"></a><a href="#Footnote_8_8" class="fnanchor">[8]</a> a
-décrite, ainsi qu'il suit.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_30" id="Page_30">[Pg 30]</a></span></p>
-
-<p>«Un grand orateur avoit été envoyé
-en ambassade auprès d'une nation
-étrangère. Il avait à faire briller son
-éloquence devant un cercle de dames
-et de demoiselles d'honneur qui entouraient
-la princesse devant laquelle
-il parlait: lorsqu'il fut question de
-commencer sa harangue, la timidité
-et l'inquiétude s'emparèrent de son
-ame, et il tint les yeux baissés vers la
-terre. Il se remet néanmoins, et avant
-d'ouvrir la bouche, il salue, comme
-c'est l'usage. Mais tandis que le pauvre
-diable se courbe trop, cette posture
-donne passage à un vent de bonne
-taille». Il ne se déconcerte cependant
-pas, et sans rougir, il poursuit gravement<span class="pagenum"><a name="Page_31" id="Page_31">[Pg 31]</a></span>
-son discours. L'auditoire fait semblant
-de n'avoir pas entendu le fugitif,
-excepté une jeune fille qui ne put s'empêcher
-de rire. Mais hélas! tandis qu'elle
-ne songe qu'à se donner carrière aux dépens
-de l'orateur, elle oublie elle-même
-de serrer les fesses, et trousse adroitement
-un pet si doux, si harmonieux,
-qu'on l'eût pris pour le son d'une lyre.
-L'orateur qui l'a entendu, quittant son
-sujet pour couvrir sa propre inadvertence,
-parle ainsi à cette assemblée de
-demoiselles: «Allons, mesdames, continuez,
-chacune à votre tour, ne vous
-gênez pas, car cela fait beaucoup de
-mal, et lorsque mon tour reviendra,
-je m'acquitterai bien de cette besogne.—La
-demoiselle qui avait d'abord ri,
-rougit jusqu'au blanc des yeux, et ne
-sçut plus de quel côté tourner ses regards.
-L'assemblée entière partit unanimement
-d'un grand éclat de rire
-qui acheva de la décontenancer, et la<span class="pagenum"><a name="Page_32" id="Page_32">[Pg 32]</a></span>
-harangue n'alla pas plus loin». Vous
-voyez, pères péteurs, combien mon
-client fut prompt et sévère à punir l'insolente
-femelle qui s'était si bien amusée
-à ses frais, sans réfléchir que pareil malheur
-pouvait lui arriver. Qui est-ce qui
-n'a pas été à portée de se convaincre de
-la magnanimité, de la sublimité d'esprit
-de mon client? Aussitôt qu'il voit qu'un
-de ses compagnons est timide et tremblant,
-on le voit honteux de tant de
-couardise, tout entreprendre pour abandonner
-un indigne collègue, pour ne
-point paraître complice de sa poltronnerie
-et de sa pusillanimité. C'est ce qu'a
-éprouvé cette vieille dont parle Aristophanes,
-dans son <i>Plutus</i>, à qui la crainte
-faisait lâcher des vents plus puans que
-des pets de chats, et l'homme, qui vessait
-de peur, au rapport de Lucien.
-Voyant Aratus de Sycione tremblant et
-chancelant à l'approche d'une bataille,
-il aima mieux l'abandonner que de supporter<span class="pagenum"><a name="Page_33" id="Page_33">[Pg 33]</a></span>
-la perte de sa propre estime, c'est
-au moins ce que nous rapporte Plutarque,
-dans la vie de ce citoyen. Mais
-ce courage n'est rien, mes chers auditeurs,
-auprès de ce qu'il fit, lorsque
-voyant le dieu Priape lui-même épouvanté
-par la présence de quelques vieilles
-sorcières, il le chassa de sa société, pétant
-d'une si grande force, au rapport
-d'Horace, que l'on eût cru que c'était
-un outre que l'on crévait.</p>
-
-<p>L'empereur Claude<a name="FNanchor_9_9" id="FNanchor_9_9"></a><a href="#Footnote_9_9" class="fnanchor">[9]</a> a reconnu l'utilité
-du <span class="smcap">Pet</span>, dans une république, et
-combien la santé des citoyens souffrirait
-de son absence, s'il ne lui accordait le
-droit de bourgeoisie, après un long exil<span class="pagenum"><a name="Page_34" id="Page_34">[Pg 34]</a></span>
-de la cité, et ne le remettait pour ainsi
-dire à l'endroit d'où on l'avait enlevé.
-Non-seulement il fut réintégré dans les
-droits de citoyen, mais encore admis
-aux <i>banquets publics, et aux fêtes
-nationales</i>. L'empereur exécuta ce qu'il
-avait longtems médité, et un arrêt fut
-rendu, par lequel il était permis de donner
-l'essor et la liberté aux pets, dans
-les festins. Certes, l'honneur d'être rappellé
-d'exil par un décret, n'avait encore
-été fait à personne. Mais, hélas! lorsque
-la cruelle mort eut enlevé à l'empereur
-romain le plus sage, la gloire qu'un tel
-édit lui avait faite, mon client fut encore
-obligé de se séquestrer de la société et du
-commerce des hommes, au grand détriment
-de l'existence publique; car enfin,
-s'il avait été conservé dans la jouissance
-de tous ses droits, et, si j'ose m'exprimer
-ainsi, dans les entrailles de la république,
-une foule d'incommodités ne
-nous aurait jamais assaillis. Claude avait<span class="pagenum"><a name="Page_35" id="Page_35">[Pg 35]</a></span>
-été poussé à faire cette action de justice
-par les cris unanimes et le danger de tous
-les citoyens, et il n'avait pu se refuser à
-leur instance. Il se montra tellement le
-protecteur et l'ami de mon héros, que
-l'usage de la voix l'abandonna, avant la faculté
-de mettre mon client en action, j'ai
-pour garant de cette assertion Sénèque,
-qui, dans l'apothéose de Claude, conte
-que lorsque cet empereur rendit le dernier
-son de voix, on ne s'en apperçut que par
-un bruit épouvantable sorti de la partie
-par laquelle il s'exprimait le mieux.</p>
-
-<p>Le <span class="smcap">Pet</span> n'est-il pas précisément l'air
-que nous respirons? n'est-ce pas cet air-là
-que le chasseur Céphale, couché sous
-un arbre, sollicitait si amoureusement?
-Céphale n'adressait point ses vœux à ce
-souffle léger du zéphir, qui caresse les
-fleurs et diminue la chaleur de l'atmosphère,
-mais bien à l'air que l'exercice
-et l'agitation de son corps avaient fait
-résonner au-dedans de lui-même, et<span class="pagenum"><a name="Page_36" id="Page_36">[Pg 36]</a></span>
-qu'à force de caresses et de prières, il
-voulait attirer au-dehors; voilà ce qui
-excita la jalousie de Procris. Eh quoi!
-pères péteurs! vous paraissez incrédules?
-vous remuez la tête: c'est à tort: eh
-bien, opposez-vous à son impétuosité,
-fermez-lui tout passage, et vous éprouverez
-certainement que l'homme ne peut
-pas se passer de son ministère: je ne
-parle pas seulement de cet air bruyant
-et mélodieux, mais de celui qui s'échappe
-tout doucement et fait ses évolutions
-sans tambour, ni trompette. Vous
-avez beau dire, aucun de vous ne vivrait
-un seul jour sans lui. C'est à lui que nous
-devons rapporter entièrement la conservation
-de nos familles, enfin une foule
-d'avantages que nous ne pouvons nier
-sans nous rendre coupables du vice honteux
-de l'ingratitude. A quoi bon citer,
-tous les bons offices qu'il nous rend dans
-le cours de notre vie privée?</p>
-
-<p>Aristophanes, dans sa comédie des<span class="pagenum"><a name="Page_37" id="Page_37">[Pg 37]</a></span>
-nuées, a dit: Mon derrière est une
-trompette, et le mot est passé en proverbe.
-Or, je vous le demande, à quoi
-servirait la trompette, sans l'être qui
-peut en sonner? A quoi bon cette trompette,
-si le <span class="smcap">Pet</span> ne la remplissait de
-vent? Je me souviens d'avoir vu et
-entendu un certain bossu, qui avait si
-bien le <span class="smcap">Pet</span> à commandement, que,
-sans faire aucun effort, non-seulement
-il en faisait tant qu'il voulait, mais qu'il
-les graduait comme le chant, les rendait
-aigus ou flûtés, forts ou, presqu'insensibles.
-Il y a plus, il imitait avec eux
-les sons de la trompette et du clairon,
-il donnait le signal du combat, celui
-de la charge et celui de la retraite,
-comme s'il eût été en présence de l'ennemi.</p>
-
-<p>Aucun de nous ne niera l'urgence
-de se procurer la vie et des moyens de
-la gagner. Eh bien, une infinité de
-gens doivent à mon héros leur existence<span class="pagenum"><a name="Page_38" id="Page_38">[Pg 38]</a></span>
-et leur fortune. J'en vais donner un
-exemple. Il y avait à Anvers un tabellion
-d'Amsterdam qui, toutes le semaines,
-voyageait, tantôt d'un côté,
-tantôt d'un autre. Ceux qui ont vécu
-dans sa familiarité, racontent qu'il était
-si versé dans l'art de péter, qu'il le faisait
-comme et autant de fois qu'il le
-voulait, sans en rougir et sans jamais se
-tromper. Un jour qu'il s'agissait de payer
-une mesure de la plus excellente bierre,
-il convint avec son compagnon qu'elle
-serait le prix de celui des deux qui ferait
-le plus de pets, en montant la tour
-<i>Marianne</i>, qui est de la plus grande
-hauteur. Des arbitres sont appellés, et
-les concurrens sont en marche. A chaque
-degré de cette tour, qui en a six cents
-vingt-trois, le tabellion fit un pet, et
-dit qu'il était prêt à en faire autant en
-la descendant, si son adversaire voulait
-parier une autre mesure. Mon héros lui
-valut donc l'avantage d'appaiser sa soif,<span class="pagenum"><a name="Page_39" id="Page_39">[Pg 39]</a></span>
-sans altérer sa bourse; il pouvait arriver
-que le tabellion, épuisé de chaleur
-et de soif, se trouvât dépourvu de
-finances, et le <span class="smcap">Pet</span> lui fut très-utile.</p>
-
-<p>Je connais un mendiant, gueux de
-profession, qui, sachant donner à ses
-pets la cadence et les variations musicales,
-se sert de ce moyen pour gagner
-sa vie, en attrappant l'argent des curieux.
-On prétend qu'il y a des personnes
-qui se servent du <span class="smcap">Pet</span>, comme d'un éventail
-et d'un soufflet. Un homme de qualité
-étant à dîner avec un de ses amis,
-l'invita à se donner de l'air, lorsque les
-domestiques qui servaient à table furent
-congédiés. Celui-ci s'en défendit, alléguant
-qu'il avait une manière toute particulière.
-Eh bien, dit le maître du logis,
-faites-le à votre mode, comme vous
-l'entendrez. Le convive usant de la permission,
-leva la cuisse droite et fit un
-pet, disant qu'il n'avait pas d'autre manière
-de se rafraîchir.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_40" id="Page_40">[Pg 40]</a></span></p>
-
-<p>Rien n'est plus efficace que mon héros,
-pères péteurs, contre les sorts, les
-enchantemens, les philtres et les amulettes.
-Son bruit a la vertu d'épouvanter
-et de mettre en fuite les sorcières, les
-magiciennes et les empoisonneuses. On
-en voit un exemple dans Horace. Lorsque
-Canidie et Sagana évoquaient les
-ombres et exerçaient dans un jardin, les
-affreux mystères de leurs noirs enchantemens,
-en présence de Priape, ce dieu
-rempli de crainte fit un bruit semblable
-à l'explosion d'un pet; alors, vous eussiez
-étouffé à force de rire, en voyant
-l'odieux sacrifice interrompu, les sorcières
-épouvantées fuir à travers la ville;
-Canidie en courant, laissait tomber ses
-dents, Sagana sa haute coëffe, et toutes
-deux les herbes et les bandelettes enchantées
-qu'elles avaient sur les bras.</p>
-
-<p>Il est démontré par l'expérience et par
-l'usage de plusieurs siècles, pères péteurs,
-que ceux qui font le plus de cas<span class="pagenum"><a name="Page_41" id="Page_41">[Pg 41]</a></span>
-du <span class="smcap">Pet</span> et lui donnent la plus grande latitude
-possible, sont bien récompensés
-de leur amitié pour lui, par une vie
-très-longue. Zénon de Chypre, lui-même,
-ce chef de la secte stoïcienne,
-qui décréta qu'il était aussi permis de
-péter que de roter, atteignit l'âge de
-soixante-douze ans, sans avoir jamais
-éprouvé la moindre indisposition; il aurait
-vécu un siècle, s'il ne s'était pas
-étranglé lui-même, pour terminer les
-douleurs que lui causait une chute dangereuse
-qu'il avait faite. Cratès, ce philosophe
-cynique, qui consola Métroclès,
-et le rendit à ses travaux, comme nous
-l'avons raconté précédemment, mourut
-dans l'âge le plus avancé, ou plutôt s'éteignit,
-comme une lampe. Métroclès
-lui-même, frère d'Hypparchie, et qui
-au rapport de Laërce, donnait amplement
-carrière à mon héros, pendant ses
-méditations philosophiques, ne mourut
-que parce que las de vivre, il se fit étouffer,<span class="pagenum"><a name="Page_42" id="Page_42">[Pg 42]</a></span>
-pour n'avoir pas les incommodités
-de la décrépitude.</p>
-
-<p>De nos jours les Anglais ont bien
-rendu justice au <span class="smcap">Pet</span>, puisqu'au rapport
-de Furetière, tom. 2. de son dictionnaire
-universel, un vassal, dans le
-comté de Suffolck, devait faire devant
-le roi, tous les jours de Noël, un saut,
-un <span class="smcap">ROT</span> et un <span class="smcap">Pet</span>.</p>
-
-<p>A quatre ou cinq lieues de Caen, un
-particulier, par droit féodal, a longtems
-exigé un pet et demi par chacun
-an. On voit encore dans certains cabinets
-d'antiquaires des figures égyptiennes
-du dieu <span class="smcap">Pet</span>, adoré à Pelouse.—Voy.
-<i>Chompré</i>, au mot <i>Crepitus ventris</i>.</p>
-
-<p>Ah! pères péteurs, il y a bien longtems
-que la race utile des portefaix et
-des forts de la halle serait éteinte, si le
-secours de mon héros ne les rafraîchissait
-et ne leur donnait la force de supporter
-leurs charges. Aristophanes, dans
-ses <i>Nuées</i>, nous parle de Xanthias,<span class="pagenum"><a name="Page_43" id="Page_43">[Pg 43]</a></span>
-qui, près à succomber sous un fardeau
-trop pesant, invoque l'assistance du
-dieu <span class="smcap">Pet</span>, en disant: ma charge est si
-forte que, si quelque ame charitable ne
-vient me soulager, il faut que je pète.</p>
-
-<p>Petronianus Corax, homme de la
-même profession, se trouvant trop peu
-de forces pour porter un fardeau, et
-recourant au pet, pour retrouver de la
-vigueur, levoit la jambe avec facilité et
-lâchait un vent sonore, qui répandait
-sur la route un tourbillon de vapeurs
-méphitiques. Je ne suis pas le premier
-qui ait fait de l'utilité du <span class="smcap">Pet</span> la matière
-d'une ample et sérieuse dissertation;
-des érudits célèbres l'ont faite avant
-moi. Martial cite Symmaque en ces
-termes: «J'aimerais mieux t'entendre
-péter, car Symmaque dit que c'est
-une chose tout-à-la-fois salutaire, et
-qui provoque le rire et la gaîté.»</p>
-
-<p>J'ajouterai à ceci ce que Nicarque a
-dit autrefois: le <span class="smcap">Pet</span> conserve; et de<span class="pagenum"><a name="Page_44" id="Page_44">[Pg 44]</a></span>
-même que les Grecs avaient coutume
-de dire à quiconque éternuait, <i>que les
-dieux te conservent!</i> nous devons dire
-avec bien plus de raison à celui qui est
-travaillé par une colique venteuse, <i>que
-le</i> <span class="smcap">Pet</span> <i>te conserve!</i></p>
-
-<p>C'est donc une chose inouïe que cette
-haine, cette jalousie de quelques gens
-dépourvus de sens, qui, comblés
-des faveurs de mon héros, et devant
-lui vouer la plus vive reconnaissance,
-je ne sais par quelle fatalité attachée à
-lui seul, méprisent et sa personne et
-jusqu'à son nom. S'ils sont par hasard
-obligés de parler de lui, on les entend
-préluder par cette phrase banale: <i>sauf
-votre respect!</i> O dieux immortels! dans
-quelle ville vivons-nous? dans quel siècle!
-Ils trouvent du mal dans la chose,
-ils en trouvent dans le mot! On trouve
-le <span class="smcap">Pet</span> une chose honteuse! certes, ce
-sont eux-mêmes qui devraient être honteux,
-ces ennemis de la vie des hommes<span class="pagenum"><a name="Page_45" id="Page_45">[Pg 45]</a></span>
-et de la liberté publique! Tullius,
-ce modèle de l'éloquence romaine, et
-qu'on peut appeller le père et le prince
-des orateurs, a donné le nom de modestie
-à la liberté des paroles, assurant que
-cette opinion lui est commune avec
-Zénon. En effet, les Stoïciens avaient
-établi en principe que chaque chose
-doit s'appeler par son nom; de-là cet
-apophtegme de leur école: le sage parlera
-bien. Ils avaient sagement conclu
-qu'aucune expression n'est par elle-même,
-ni déshonnête, ni obscène. Quel
-est donc le délire de ces impies qui aiment
-mieux parler énigmatiquement et
-à mots couverts, que de se rendre intelligibles!
-Aimerions-nous mieux l'autorité
-de ces profanes insensés, que celle
-des respectables Stoïciens? Qu'ils ne
-l'espèrent pas. Que dirai-je encore de
-la folie de ces autres, qui se montrant
-favorables à mon héros, injurient d'une
-manière horrible, maudissent et donnent<span class="pagenum"><a name="Page_46" id="Page_46">[Pg 46]</a></span>
-au diable sa taciturne sœur; eh
-pour quelle raison? parce qu'elle s'attache
-plutôt au nez qu'aux oreilles; et
-qu'elle se glisse sans bruit, comme
-les sicaires, sans qu'il soit possible
-de se défendre contre elle. Les Grecs
-l'ont nommée <i>Dolon</i>, ou <i>Deolon</i>
-pour la distinguer de son bruyant et
-libre frère, auquel ils ont donné le nom
-de <span class="smcap">Porden</span>.<a name="FNanchor_10_10" id="FNanchor_10_10"></a><a href="#Footnote_10_10" class="fnanchor">[10]</a></p>
-
-<p>Mais ceux qui blâment cette sœur
-ne font-ils pas autant de mal que s'ils
-intentaient un procès criminel à la discrétion,
-à la modestie et à la taciturnité,
-vertus dont les philosophes de
-l'antiquité avaient fait la base de leur
-sagesse. O tems! ô mœurs! ô siècle déplorable
-dans lequel la vertu même est
-érigée en crime! on outrage le respect,
-la politesse, tandis qu'on devrait les<span class="pagenum"><a name="Page_47" id="Page_47">[Pg 47]</a></span>
-combler d'éloges! y aurait-il immodestie
-et impudence égales à celle d'interrompre
-un grave entretien par
-un bruit soudain, qui scandaleusement
-provoque les éclats de rire, et
-décontenance l'orateur? Non, certes,
-et vous avez la méchanceté de donner à
-cette prudente sœur, les épithètes de
-grossiére et d'irrévérente, lorsqu'elle
-est au contraire très-polie et très-respectueuse?...
-Que puis-je ajouter, si j'ai
-réussi à les convaincre de l'injustice des
-calomnies accumulées sur mon client!
-N'ont-ils pas essayé de couvrir, d'opprobre
-sa personne, sa moralité et ses habitudes,
-en les taxant de grossièreté et
-d'indécence? Cette sœur injustement
-calomniée me paraît au contraire abonder
-dans leur sens, si ce mot du sage
-Bias est vrai: le silence est une vertu
-louable, dans ceux dont la vie est impure
-et scandaleuse. Pythagore disoit
-aussi: <i>tais-toi, ou donne-nous quelque<span class="pagenum"><a name="Page_48" id="Page_48">[Pg 48]</a></span>
-chose de meilleur que le silence.</i>
-Or, que dirait-elle qui valût mieux que
-sa taciturnité? S'ils m'objectent que ce
-vent incommode et blesse l'odorat, je
-répondrai qu'il a cela de commun avec
-une nation entière, celle des <i>Parthes</i>,
-qui ont tous l'haleine forte. Il pourrait
-dire, ce que jadis Euripide répondit à
-Decamnichus, qui lui reprochait ce
-même défaut: Je ne fais pas grand
-bruit, <i>mais je conserve beaucoup en
-moi</i>.</p>
-
-<p>Je mériterais, sans contredit, d'être
-regardé comme un avantageux, un téméraire,
-si je prétendais, pères péteurs,
-à la gloire de n'oublier aucune des
-qualités de mon héros; les anciens
-avaient de lui une si haute idée, qu'ils ne
-trouvèrent pas de symbole plus vrai,
-plus sûr, pour consacrer l'amitié, que la
-présence et la liberté de mon client, ce
-qui a fait dire à Martial: «Je ne vois
-pas de meilleure preuve, Crispus, de<span class="pagenum"><a name="Page_49" id="Page_49">[Pg 49]</a></span>
-l'amitié que je te porte, que ton habitude
-de péter en ma présence».
-Il fut aussi chez eux le symbole de l'opulence;
-péter équivalait chez-eux à
-faire parade de ses richesses: ce qui est
-confirmé par ce proverbe: il est mort
-en pétant. C'est encore ce qu'entend
-Chrémylas, dans le <i>Plutus</i>, lorsqu'en
-parlant d'Argire, le plus riche citoyen
-d'Athènes, et le plus grand péteur, il
-dit: «N'est-ce pas son opulence qui
-l'enhardit à tant péter.»</p>
-
-<p>Nicarque, le plus ancien des auteurs
-d'épigrammes, voulant laisser à la
-postérité un digne éloge du <span class="smcap">Pet</span>, ne
-trouva rien de plus convenable à sa
-dignité, à sa bienfaisance, et à son autorité,
-que de le comparer à la majesté
-royale. C'est ainsi qu'il s'exprime: «Le
-<span class="smcap">Pet</span> cause la mort à une infinité de
-gens, lorsqu'il ne peut faire son
-explosion; il les conserve, quand il
-s'échappe à plusieurs bonds. Or, s'il<span class="pagenum"><a name="Page_50" id="Page_50">[Pg 50]</a></span>
-a droit de vie et de mort sur les humains,
-pourra-t-on ne pas convenir
-que son pouvoir égale celui des plus
-grands Rois».</p>
-
-<p>Aristophanes nous raconte qu'un citoyen
-voulant honorer son dieu, trouva
-plus honorable de saluer la divinité avec
-un pet, qu'avec des paroles; «car
-aussi-tôt, dit-il, que je sentis l'approche
-de la divinité, je pétai d'une
-force miraculeuse». Les humains crurent
-qu'ils ne rendraient jamais à mon
-héros la somme des honneurs qu'il mérite,
-s'ils ne l'élevaient pas aux suprêmes
-honneurs de l'apothéose. C'est pour
-cette raison que les Egyptiens, le peuple
-le plus sage et le plus religieux de l'univers,
-le placèrent sur l'<span class="smcap">Album</span><a name="FNanchor_11_11" id="FNanchor_11_11"></a><a href="#Footnote_11_11" class="fnanchor">[11]</a> ou
-tableau de leurs dieux, et lui décernèrent<span class="pagenum"><a name="Page_51" id="Page_51">[Pg 51]</a></span>
-des autels, des temples, des
-sacrifices, et des petits lits sur lequel on
-plaçait son simulacre. Si quelqu'un, affligé
-d'une colique de vents, avait eu le
-bonheur de s'en tirer par le secours
-de mon client, et d'échapper par là à
-une mort certaine, pénétré de reconnaissance,
-il suspendait en <i>ex-voto</i>,
-dans la chapelle de ce dieu indigète,
-un tableau où étaient gravés ces mots:</p>
-
-<p class="ac noindent">
-<span class="smcap">Crepitui ventris conservatori.<br />
-Deo propitio.<br />
-<br />
-Quod auxilio ejus periculo liberatus.<br />
-N. N. M. F. beneficii memor.<br />
-Votum solvit et de suo P.</span><br />
-</p>
-
-<p>c'est-à-dire:</p>
-
-<p class="ac noindent">
-<span class="smcap">Au pet conservateur,<br />
-Divinité secourable</span>,<br />
-N. (<i>un tel</i>) <span class="smcap">Délivré du péril</span>,
-<span class="pagenum"><a name="Page_52" id="Page_52">[Pg 52]</a></span><br />
-<br />
-<span class="smcap">par son secours;<br />
-Et reconnaissant,<br />
-A offert ce vœu, de son argent</span>.<br />
-</p>
-
-<p>Vous ferai-je, pères péteurs, l'énumération
-des hommes illustres, et révérés
-de la postérité, qui ont joint à leur
-nom de famille, celui de <span class="smcap">PEDO</span>, qui,
-en latin, signifie <i>péter</i>, comme pour associer
-leur arbre généalogique à celui
-de mon héros. Parmi eux se distingue
-l'antique et noble famille des <span class="smcap">Pedo</span>;
-Pedo Albinovanus, Pedonius Costa,
-Pedanius Secundus, Asconius Pedianus,
-Pedius Consularis, Pedius Blœsus, Pedius
-surnommé <i>Quintus</i>. L. Peduceus,
-Sextus Peduceus, M. Juventius Pedo,
-M. Creperejus. Vous dirai-je combien
-de cités et de peuples ont emprunté leur
-nom du sien? Combien de plantes et
-de fruits, comme le <i>galeobdolon</i>, dont
-les feuilles triturées dans la main ont l'odeur
-d'une vesse de fouine, et l'<i>ono-perdon</i><span class="pagenum"><a name="Page_53" id="Page_53">[Pg 53]</a></span>
-qui a la propriété de faire péter
-les ânes qui la mangent? à combien de
-proverbes il a donné lieu, tels que ceux-ci:
-«<i>Mes pets ne sont pas de l'encens.</i>—<i>Un
-pet ne sent jamais
-mauvais pour celui qui le fait.</i>—<i>Je
-tousse quand je pète.</i>—<i>Tu
-pètes comme un mort.</i>—<i>C'est péter
-devant un sourd</i>,» et mille autres
-qui doivent leur origine et leur
-gloire à leur analogie avec mon héros?</p>
-
-<p>Quoique toutes ces considérations
-soient plus que suffisantes pour transmettre
-sa gloire à la postérité la plus reculée,
-je croirais pourtant encore avoir
-oublié d'ajouter un fleuron à sa couronne,
-si sa destinée n'était pas aussi celle de
-tous les auteurs ou ennemis de la félicité
-privée. Car telle est la condition des
-choses humaines, que les plus belles
-actions, les plus rares talens, et la puissance,
-sont presque toujours en butte à
-la haine et aux coups de la plus basse<span class="pagenum"><a name="Page_54" id="Page_54">[Pg 54]</a></span>
-envie. De-là vient, je ne sais par quelle
-fatalité, que bien loin de traiter notre
-héros avec le respect qui lui est dû, on
-est assez méchant, assez injuste, pour
-se déchaîner contre lui d'une manière
-outrageante, au mépris de la pudeur et
-des bienséances. On fait sur-tout un
-crime à mon accusé d'affecter vilainement
-l'odorat des assistans, de s'échapper,
-(comme on dit) sans compter avec
-l'hôte, lorsqu'on veut le comprimer, et
-de causer une très-grande honte à son
-gardien. Serait-ce avec raison qu'on le
-traiterait de fuyard et de vagabond,
-parce qu'impatient du frein et jaloux à
-l'excès de sa liberté, il s'échappe sans
-que son maître le sente? Toute personne,
-douée d'un jugement sain, voit combien
-une telle accusation est futile et inepte.
-Dans quelle contrée de l'univers trouverez-vous
-un homme qui, englouti dans
-un cachot, et chargé de chaînes, ne fera
-pas des efforts surnaturels; pour reconquérir<span class="pagenum"><a name="Page_55" id="Page_55">[Pg 55]</a></span>
-cette douce liberté, l'objet de
-tous ses vœux et de ses pleurs, et sera
-assez insensé pour la rejetter, lorsqu'elle
-vient s'offrir à ses regards?</p>
-
-<p>Quelqu'un peut-il raisonnablement se
-plaindre de mon client, parce qu'il aurait
-l'haleine un peu forte, si ce proverbe
-est vrai: que nos pets sentent la rose pour
-nous. N'est-ce pas le comble de la barbarie
-que de retenir en prison, d'étrangler
-cet innocent, et de le traiter comme
-le plus grand scélérat, avant même qu'il
-ait été prévenu d'aucun crime? quelle
-faute grave a-t-il commise pour qu'on
-lui défende de jouir des avantages qui appartiennent
-à tous les êtres, de l'air et de
-la liberté? Si mon discours déjà plus long
-qu'il ne faut, ne m'avertissait de battre
-en retraite pour ne pas vous ennuyer, et
-vous faire repentir de la bienveillance
-avec laquelle vous m'avez écouté jusqu'ici,
-j'aurais, certes, beaucoup de
-choses encore à vous dire. Ah! c'est à<span class="pagenum"><a name="Page_56" id="Page_56">[Pg 56]</a></span>
-vous, pères péteurs, qu'il appartient de
-défendre l'accusé contre les traits dont
-la calomnie l'accable. C'est à vous de
-rendre à la liberté cet être précieux, les
-délices de la république, le conservateur
-du peuple, et le plus ferme soutien de
-l'espèce humaine, sur-tout dans ces jours
-d'abstinence, où le carême, par la nature
-des alimens qu'il nous prescrit, nous
-expose aux plus grands dangers, si l'accusé
-ne nous défendait avec chaleur.
-Que diraient les nations étrangères,
-même les plus barbares, les pâtres eux-mêmes,
-et les muletiers qui ont du respect
-pour le <span class="smcap">Pet</span>! Craignez que la postérité
-ne vous accuse d'avoir laissé impunis
-les outrages qu'on lui fait. Si les
-ennemis superstitieux et pétris de sots
-scrupules s'obstinent à l'exiler, que,
-nouveaux Omar, ils jettent au feu la
-comédie des Nuées, dans laquelle Aristophanes
-permet de péter. Celui que
-vous jugez vous a rendu les plus grands<span class="pagenum"><a name="Page_57" id="Page_57">[Pg 57]</a></span>
-services. Vous avez jusqu'ici soutenu sa
-dignité, celle de notre ordre est inséparable
-de la sienne; rappellez-le par un
-suffrage unanime. Si les exemples nationaux
-et journaliers ne vous suffisent pas,
-rappellez-vous les étrangers et ces Grecs
-les plus sages des mortels; Cratès et Zénon,
-les plus intrépides champions du <span class="smcap">Pet</span>, qui
-tous deux lui ont assuré sa liberté par une
-loi; Cratès chez les Cyniques, et Zénon
-dans la secte des Stoïciens, qui ne différaient
-que par la robe. Si ce n'eût pas
-été un acte de justice, croyez-vous que
-ces immortels philosophes, ces oracles
-de la vie humaine, eussent rendu ce
-décret? Vous avez l'exemple de l'antiquité
-pour guérir nos concitoyens de
-cette sotte honte attachée au <span class="smcap">Pet</span>. Vous
-vous attachez mon client par les liens de
-la reconnaissance. Que vous dirai-je
-enfin? vous assurez la conservation de
-la république, vous resserrez les anneaux
-de la société, vous affranchissez la pudeur<span class="pagenum"><a name="Page_58" id="Page_58">[Pg 58]</a></span>
-de nos filles d'une foule de périls et
-d'embarras: vous affermissez la tranquillité
-des femmes, des enfans, des familles,
-enfin vous mettez le dernier sceau
-à votre réputation, à votre gloire, et à
-votre autorité. J'ai dit.</p>
-
-<p><i>Ici finit le latin d'Emm. Martinus.</i></p>
-
-
-<h3><span class="smcap">De la nature et des différentes
-sortes de Pets.</span></h3>
-
-<p>Le <span class="smcap">Pet</span> est un vent renfermé dans le
-bas ventre, causé par le débordement
-d'une pituite attiédie, qu'une chaleur
-faible a atténuée et détachée sans la dissoudre;
-un air comprimé qui cherchant
-à s'échapper, parcourt les parties internes
-du corps, et sort enfin avec précipitation,
-quand il trouve une issue
-que la bienséance empêche de nommer.
-Sa définition est conforme aux règles les
-plus saines de la philosophie, puisqu'elle
-renferme le genre, la matière et la différence.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_59" id="Page_59">[Pg 59]</a></span></p>
-
-<p>Le pet sort par l'anus et en cela diffère
-du <i>rot</i>, ou rapport espagnol, qui
-sort par la bouche, quoiqu'il soit le résultat
-des mêmes causes.</p>
-
-<p>L'occasion se présente ici tout naturellement
-de parler du <i>rot</i>; il va de
-pair avec le <i>pet</i>, quoiqu'au rapport de
-plusieurs, il soit plus odieux que son
-analogue. Cependant on a vu à la cour
-de Louis XIV un ambassadeur, au milieu
-de la splendeur et de la magnificence
-qu'étalait à ses yeux étonnés l'auguste
-monarque français, lâcher un <i>rot</i> des
-plus mâles, et assurer que dans son pays
-le <i>rot</i> faisait partie de la noble gravité
-qui y régnait, ce qui lui a fait donner
-le nom de <i>rapport espagnol</i>.</p>
-
-<p>Les femmes qui se serrent pour avoir
-la taille fine, sont sujettes à péter beaucoup,
-selon le médecin <i>Fernel</i>, parce
-que leur intestin <i>cœcum</i> est si flatueux
-et si distendu, que les vents qu'il renferme
-font autant de ravages qu'en faisaient<span class="pagenum"><a name="Page_60" id="Page_60">[Pg 60]</a></span>
-autrefois ceux qu'Eole retenait
-dans les montagnes d'Eolie; de sorte
-que, par leur moyen, on pourrait entreprendre
-un long voyage sur mer: aussi
-est-ce avec beaucoup de raison qu'un
-peintre joyeux a placé une femme entre
-un moulin à eau par-devant, et un moulin
-à vent par-derrière, auxquels elle
-donne en même-temps l'action de leur
-emploi.</p>
-
-<p>Le savant auteur de <i>l'art de péter</i> a
-examiné s'il fallait mesurer le <span class="smcap">Pet</span>, à
-l'aune, au pied, à la pinte, au boisseau,
-et voici la solution de ce problème,
-donnée par un excellent chymiste.
-Si en enfonçant le nez dans l'anus, de
-manière que la cloison du nez divisant
-l'anus également, fasse de vos narines
-une paire de balances, vous sentez de
-la pesanteur, en mesurant le <span class="smcap">Pet</span> qui
-sortira, il faut le prendre au poids; s'il
-est dur, c'est à l'aune ou au pied; s'il
-est liquide, c'est à la pinte; s'il est<span class="pagenum"><a name="Page_61" id="Page_61">[Pg 61]</a></span>
-grumeleux, c'est au boisseau, etc. Si
-enfin, il est trop petit, imitez les gentilshommes
-verriers, soufflez au moule,
-jusqu'à ce qu'il ait acquis un volume
-raisonnable.</p>
-
-<p>Les grammairiens divisent les lettres
-en voyelles et consonnes; comme nous
-faisons plus qu'eux profession de ne
-point effleurer la matière, mais de la
-faire sentir et goûter, telle qu'elle est,
-nous divisons les <span class="smcap">PETS</span> en <i>vocaux</i> et en
-<i>muets</i> ou <i>vesses</i> proprement dits.</p>
-
-<p>Les <i>Pets vocaux</i> se nomment <i>pétards</i>.
-On peut consulter là-dessus <i>Willichius
-Jodochus</i>, qui nous apprend
-que le <i>Pétard</i> est un éclat bruyant, engendré
-par des vapeurs sèches. Il est
-<i>grand</i> ou <i>petit</i>, suivant les causes et
-les circonstances. Le grand est <i>pléni-vocal</i>,
-et le petit <i>semi-vocal</i>.</p>
-
-<p>La grandeur du calibre d'où il sort,
-les alimens venteux dont ils se nourrissent,
-et la médiocrité de la chaleur naturelle<span class="pagenum"><a name="Page_62" id="Page_62">[Pg 62]</a></span>
-dans les intestins, produisent chez
-les paysans le <i>grand Pet-pétard,</i> ce
-phénix des pets, semblable à l'explosion
-des canons, et aux pédales de l'orgue,
-et dont la démonstration des tonnères,
-par Aristophanes ne donnerait qu'une
-très-faible idée.</p>
-
-<p>Le vrai <span class="smcap">Pet</span> ou le <i>pet clair</i> n'a point
-d'odeur, mais on le confond avec le
-<i>pet muet</i> ou <i>pet féminin</i> et avec le <i>pet
-épais</i> ou <i>pet de maçon</i>, qui présente
-le plus hideux spectacle, et de-là cette
-injustice que l'on fait à notre héros.</p>
-
-<p>Les <i>pets clairs</i> sont <i>simples</i> ou <i>composés</i>.
-Les <i>simples</i> consistent en un
-grand coup seul et momentané, Priape
-les compare à des outres crevées. Ils ont
-lieu quand la matière est abondante,
-composée de parties homogènes; quand
-la fissure d'où ils sortent est assez large et
-quand celui qui les pousse est robuste. Les
-<i>composés</i> partent par éclats, et comme
-une décharge d'artillerie. On les nomme<span class="pagenum"><a name="Page_63" id="Page_63">[Pg 63]</a></span>
-<i>diphtongues</i> et une personne robuste
-peut en faire vingt, tout d'une tire.</p>
-
-<p>Le pet est diphtongue, quand l'orifice
-est bien large, la matière copieuse, les
-parties inégales et mêlées d'humeurs
-chaudes et tenues, froides et épaisses.
-Alors s'opère une canonnade, où l'on distingue
-des syllabes diphtonguées, comme
-pa pa, pax, pa-pa-pa, pax, et toujours
-<i>crescendo</i>. Rien de plus joli, de plus
-récréatif que ce mécanisme des pets
-diphtongues, quand l'anus est assez ample,
-et entouré d'un <i>sphincter</i> fort et
-élastique. C'est un de ces pets qui a fait
-fuir les sorcières dont nous avons parlé,
-page 40 de cette dissertation.</p>
-
-
-<p class="ac noindent"><i>Terribles effets du pet diphtongue.</i></p>
-
-<p>Le <i>pet diphtongue</i> est plus terrible
-que le tonnère. S'il ne foudroie pas, il
-étonne, rend les uns sourds et les autres
-hébêtés, et cela par l'extrême compression<span class="pagenum"><a name="Page_64" id="Page_64">[Pg 64]</a></span>
-de l'air, qui devenu libre, ébranle
-tellement en sortant, les colonnes de
-l'air extérieur, qu'il peut détruire et
-arracher en un clin d'œil les fibres les
-plus délicates du cerveau, donner un
-mouvement de rotation à la tête, la faire
-tourner sur les épaules comme une girouette,
-briser à la septième vertèbre
-l'étui de la moëlle allongée, et par cette
-destruction, donner la mort. Hélas!
-combien de poulets tués dans les œufs,
-combien de fœtus avortés ou étouffés dans
-le sein de leurs mères, par la forte explosion
-du <span class="smcap">Pet</span> diphtongue! plus puissant
-que les exorcismes, il a plus d'une
-fois fait prendre la fuite au diable lui-même,
-et l'anecdote suivante, dont la
-vérité est constante, en fournit un
-exemple.</p>
-
-<p>Le diable tourmentait depuis longtems
-un homme pour qu'il se donnât à
-lui. Cet homme ne pouvant plus résister
-aux persécutions du malin esprit, y<span class="pagenum"><a name="Page_65" id="Page_65">[Pg 65]</a></span>
-consentit sous trois conditions qu'il lui
-proposa sur-le-champ. 1<sup>o</sup>. Il lui demanda
-une grande quantité d'or et d'argent; il la
-reçut dans l'instant; 2<sup>o</sup>. il
-exigea qu'il le rendît invisible, le diable
-lui en enseigna les moyens et lui en fit
-faire l'expérience, sans l'abandonner.
-Enfin, cet homme était fort embarrassé
-sur ce qu'il lui proposerait en troisième
-lieu, qui pût mettre le diable dans l'impossibilité
-de le satisfaire, et comme son
-génie ne lui fournissait point à l'instant
-l'expédient qu'il en attendait, il fut saisi
-d'une peur dont l'excès le servit par hasard
-fort heureusement, et le sauva de sa
-griffe. On rapporte que dans ce moment
-critique, il lui échappa un pet diphtongue,
-dont le tapage ressemblait à celui
-d'une décharge de mousqueterie. Alors,
-saisissant avec présence d'esprit cette
-occasion, il dit au diable: «Je veux
-que tu m'enfiles tous ces pets, et je suis
-à toi». Le diable essaya l'enfilement,<span class="pagenum"><a name="Page_66" id="Page_66">[Pg 66]</a></span>
-mais quoiqu'il présentât d'un côté le
-trou de l'aiguille et qu'il tirât de l'autre
-à belles dents, il ne put jamais en venir
-à bout. D'ailleurs, épouvanté par l'horrible
-tintamarre de ce <i>pet</i>, que les échos
-avaient rédupliqué, confus, forcené
-même de se voir pris pour dupe, il s'enfuit
-en lâchant une vesse infernale qui
-infecta tous les environs, et délivra de
-la sorte ce malheureux du danger éminent
-qu'il avait couru.</p>
-
-<p>Il est constant que dans tous les royaumes,
-républiques, villes, villages, hameaux,
-familles, châteaux de campagnes,
-où il y a des bonnes, des vieilles
-et des bergers, dans les livres et les histoires
-anciennes, il y a eu une infinité
-de maisons délivrées des diables, par le
-secours des <i>pets diphtongues</i>. Ce sont
-de petits <i>tonnères de poche</i>; leur vertu
-et leur salubrité sont actives et rétroactives,
-ils sont d'un prix infini; l'antiquité
-la plus reculée les a reconnus tels<span class="pagenum"><a name="Page_67" id="Page_67">[Pg 67]</a></span>
-de-là ce proverbe des romains: <span class="smcap">Un gros
-pet vaut un talent.</span> Or, si l'on considère
-que le talent romain, valait 84 liv.,
-100 et 125 livres de notre monnoie,
-j'observerai en passant qu'un gros pet
-est plus lucratif qu'un beau poëme, car
-le tems est passé où un Alexandre donnait
-480 mille écus à Aristote pour son
-livre de la nature des animaux. Auteurs,
-cessez d'écrire, puisque les arts ne vous
-nourrissent plus; mangez des haricots
-et pétez.</p>
-
-<p>La nature des pets est variée à l'infini,
-suivant le climat, la condition, et le
-moral des individus. Un habile observateur
-les a classés de la manière suivante.</p>
-
-<p>1<sup>o</sup>. <i>Pets départementaux.</i> Ceux-là
-ne sont pas si falsifiés que ceux de Paris,
-où l'on raffine sur-tout. On ne les sert pas
-avec tant d'étalage; mais ils sont naturels,
-et ont un petit goût salin, semblable
-à celui des huîtres vertes. Ils
-réveillent agréablement l'appétit.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_68" id="Page_68">[Pg 68]</a></span></p>
-
-<p>2<sup>o</sup>. <span class="smcap">Pets de ménage.</span> Nous apprenons,
-d'après les remarques d'une grande ménagère
-de Pétersbourg, que ces pets sont
-d'un goût excellent dans leur primeur,
-et que quand ils sont chauds, on les
-croque avec plaisir; mais dès qu'ils sont
-rassis, ils perdent leur saveur, et ressemblent
-aux pillules, qu'on ne prend
-que pour le besoin.</p>
-
-<p>3<sup>o</sup>. <span class="smcap">Pets de pucelle.</span> On écrit de
-l'île des Amazones, que les pets qu'on y
-fait sont d'un goût délicieux et fort recherchés.
-On dit qu'on ne les trouve que
-dans ce pays, mais je n'en crois rien.
-Toutefois on avoue qu'ils sont extrêmement
-rares; <i>rara avis in terris</i>. Voyez
-le <i>Roman de la rose</i>.</p>
-
-<p>4<sup>o</sup>. <i>Pets de maître en fait d'armes.</i>
-Les lettres du camp près Constantinople,
-nous annoncent que les pets de ces escrimeurs
-sont terribles, et qu'il ne fait pas
-bon de les sentir de trop près, car,
-comme ils sont toujours plastronnés, on<span class="pagenum"><a name="Page_69" id="Page_69">[Pg 69]</a></span>
-dit qu'il ne faut les approcher que le
-<i>fleuret à la main</i>.</p>
-
-<p>5<sup>o</sup>. <i>Pets de demoiselles.</i> Ce sont
-des mets exquis, sur-tout dans les grandes
-villes, où on les prend pour du croquet
-à la fleur d'orange. Ce pet est un <i>semi-vocal</i>
-ou petit pet, composé d'une matière
-très-sèche et très-déliée, qui se
-portant avec douceur le long du canal
-de sortie, qui est fort étroit, soufflerait
-à peine une paille. Ce <i>pet</i> n'allarme
-point les nez sensuels, et n'est point
-indécent comme la vesse et le pet de
-maçon.</p>
-
-<p>6<sup>o</sup>. <span class="smcap">Pets de jeunes filles.</span> Quand ils
-sont murs, ils ont un petit goût de
-<i>revas-y</i>, qui flatte infiniment les véritables
-connaisseurs.</p>
-
-<p>7<sup>o</sup>. <i>Pets de femmes mariées.</i> On aurait
-un long mémoire à transcrire sur
-ces pets; mais on se contentera de la
-conclusion de l'auteur, et l'on dira d'après
-lui, «qu'ils n'ont de goût que pour<span class="pagenum"><a name="Page_70" id="Page_70">[Pg 70]</a></span>
-les amans, et que les maris n'en font
-pas ordinairement grand cas».</p>
-
-<p>8<sup>o</sup>. <i>Pets de bourgeoises.</i> Les bourgeois
-de Rouen et de Caen nous ont
-envoyé une longue adresse en forme de
-dissertation, sur la nature des pets de
-leurs femmes. Nous voudrions bien les
-satisfaire, en imprimant en entier cette
-dissertation, mais les bornes que nous
-nous sommes prescrites nous le défendent.
-Nous dirons en général que le pet de
-bourgeoise est d'un assez bon fumet,
-lorsqu'il est bien dodu, et proprement
-accommodé, et que faute d'autres, on
-peut très-bien s'en contenter.</p>
-
-<p>9<sup>o</sup>. <i>Pets de paysannes.</i> C'est ici le
-lieu de répondre à certains mauvais plaisans
-qui ont perdu de réputation les pets
-de paysannes. On nous mande des environs
-d'Orléans, qu'ils sont très-beaux
-et très-bien faits; quoiqu'accommodés à
-la villageoise, ils sont encore de fort bon
-goût. On assure aux voyageurs que c'est<span class="pagenum"><a name="Page_71" id="Page_71">[Pg 71]</a></span>
-un véritable régal pour eux, et qu'ils
-peuvent les avaler en toute sûreté,
-comme la <i>montmorency</i>, et les gobets
-à courte-queue.</p>
-
-<p>10<sup>o</sup>. <i>Pets de bergères.</i> Les bergères
-de la vallée de Tempé en Thessalie,
-nous donnent avis que leurs pets ont le
-véritable fumet du Pet, c'est-à-dire,
-qu'ils sentent le sauvageon, parce qu'ils
-sont produits dans un terrein où il ne
-croît que des aromates, comme le thim,
-le serpolet, la marjolaine, la sariette,
-etc., etc. Elles entendent qu'on
-fasse une grande différence de leurs
-pets avec ceux des autres bergères qui
-prennent naissance dans un terrain inculte:
-la marque distinctive qu'elles enseignent
-pour les reconnaître et n'y
-être pas trompé, c'est de faire comme
-on fait aux lapins de garenne, c'est-à-dire,
-flairer au moule.</p>
-
-<p>11<sup>o</sup>. <i>Pets de vieilles.</i> Le commerce
-de ceux-ci est si désagréable, qu'on ne<span class="pagenum"><a name="Page_72" id="Page_72">[Pg 72]</a></span>
-trouve point de marchand pour les négocier.
-On ne prétend pourtant point
-pour cela empêcher personne d'y mettre
-le nez. Le commerce est libre.</p>
-
-<p>12<sup>o</sup>. <i>Pets de boulangers.</i> Nous recevons
-à leur sujet la note suivante du
-Hâvre; la voici telle qu'un maître boulanger de
-cette ville nous la transmet:</p>
-
-<p>«L'effort que fait l'ouvrier en faisant
-sa pâte, le ventre serré contre le pétrin,
-rend les pets diphtongues. Ils se
-tiennent quelquefois comme des hannetons,
-de sorte qu'on pourrait en avaler
-une douzaine, tout d'une tîre.» Cette remarque
-est des plus savantes et de fort
-bonne digestion. Ce pet est aspiré, ou
-petit pet <i>semi-vocal</i>, composé d'une
-matière humide et obscure: pour en
-donner l'idée et le goût, je ne puis
-mieux le comparer qu'à un pet d'oie:
-peu importe que le calibre qui le produit,
-soit large ou étroit; il est si chétif
-qu'on sent bien que ce n'est qu'un avorton.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_73" id="Page_73">[Pg 73]</a></span></p>
-
-<p>13<sup>o</sup>. <i>Pets de potiers de terre.</i> Ces
-pets, sans contredit, sont faits au tour,
-mais ils n'en sont pas meilleurs. Ils sont
-sales, puans, et tiennent aux doigts. On
-ne peut pas les toucher, crainte de
-s'emberner.</p>
-
-<p>14<sup>o</sup>. <i>Pets de tailleurs.</i> Ils sont ordinairement
-de très-bonne taille et ont un
-goût de prunes, mais les noyaux sont
-à craindre.</p>
-
-<p>15<sup>o</sup>. <i>Pets de géographe.</i> Ceux-là,
-semblables à des girouettes, tournent
-à tout vent. Quelquefois cependant, ils
-s'arrêtent du côté du nord, ce qui les
-rend perfides.</p>
-
-<p>16<sup>o</sup>. <i>Pets de courtisannes.</i> Vous
-pouvez prendre la galerie noire du Palais-Egalité,
-même tout le palais et
-les rues environnantes, si vous voulez
-faire des dégustations et des expériences
-pneumatiques sur cette nature de
-pets. On en trouve d'assez drôles; leur
-goût est assez appétissant: ils crient<span class="pagenum"><a name="Page_74" id="Page_74">[Pg 74]</a></span>
-toujours famine, en langue allemande:
-mais prenez-y bien garde, il y a beaucoup
-d'alliage dans cette denrée. Si vous
-se trouvez pas mieux, prenez-les au
-poinçon de Paris.</p>
-
-<p>17<sup>o</sup>. <i>Les pets de cocus.</i> Il y en a
-de deux sortes. Les uns sont doux, affables,
-mous, etc. Ce sont les pets des
-<i>cocus volontaires</i>; ils ne sont pas malfaisans.
-Les autres sont brusques, sans
-raison et furieux. Il faut s'en donner de
-garde; ils ressemblent au limaçon, qui
-ne sort de sa coquille que les cornes les
-premières. <i>Fœnum habent in cornu.</i>
-Heureusement les pets des cocus malgré
-eux sont excessivement rares, de notre
-siècle, qui est celui de la tolérance et de
-la liberté.</p>
-
-<p>18<sup>o</sup>. <i>Pets de savans.</i> Ces derniers
-sont précieux, non par leur volume,
-mais par la noblesse du foyer d'où ils
-sortent. Ils sont aussi très-rares, parce
-que les savans, rangés sur les banquettes<span class="pagenum"><a name="Page_75" id="Page_75">[Pg 75]</a></span>
-du Palais national des sciences et
-des arts, à l'Institut ou aux Conseils, ne
-pouvant, dans une assemblée publique,
-interrompre une lecture importante, pour
-donner l'essor à un pet, sont obligés de
-le féminiser pour lui donner un passeport,
-et ne pas déranger l'ordre des
-travaux, des lectures et des motions.
-Ils sont en revanche vigoureux, quand
-ils sont les enfans de la solitude et de la
-liberté, car les savans de nos jours
-mangent plus de fèves que de poulardes.</p>
-
-<p>Quant aux petits auteurs, comme
-moi, nous avons carte blanche dans le
-cabinet; nous nous égayons par la
-bruyante harmonie du pet diphtongue;
-elle nous fournit des idées, dans la composition
-de l'ode, et son bruit se mêle
-agréablement à l'emphase avec laquelle
-nous récitons nos vers. Le célèbre Boursault
-fit certainement beaucoup de jolis
-pets, et les regarda avec beaucoup
-d'attention, pour les peindre avec autant<span class="pagenum"><a name="Page_76" id="Page_76">[Pg 76]</a></span>
-de vérité et de goût, qu'il l'a fait
-dans son <i>Mercure galant</i>. Certes, il
-était plein de son sujet, quand il fait si
-bien dire à mon héros:</p>
-
-
-<div class="poetry-container">
-<div class="poetry">
- <div class="verse">Je suis un invisible corps,</div>
- <div class="verse">Qui de bas lieu tire mon être;</div>
- <div class="verse">Et je n'ose faire connoître;</div>
- <div class="verse">Ni qui je suis, ni d'où je sors.</div>
- <div class="verse">Quand on m'ôte la liberté,</div>
- <div class="verse">Pour m'échapper, j'use d'adresse,</div>
- <div class="verse">Et deviens femelle traîtresse,</div>
- <div class="verse">De mâle que j'aurais été.</div>
-</div></div>
-
-<p>19<sup>o</sup>. <i>Pets de commis.</i> Après ceux
-des fournisseurs de la république, ceux-ci
-sont les mieux nourris, et font honneur
-à la cuisine de leurs auteurs. Aussi
-m'est-il arrivé plus d'une fois en fréquentant
-les bureaux, d'entendre des
-salves de pets, dont les plumitifs indolens
-et désœuvrés s'amusent à se saluer
-réciproquement. C'est à qui développera
-la plus belle et la plus sonore basse-taille.
-C'est un concert brillant et bien<span class="pagenum"><a name="Page_77" id="Page_77">[Pg 77]</a></span>
-soutenu. Si ces messieurs n'ont rien de
-mieux à faire, ils ont raison, il faut
-égayer l'ennui d'un bureau, et il vaut
-mieux péter pour tuer le tems, que de
-médire, de faire des libelles, ou de mauvais
-vers. D'ailleurs, j'ai amplement
-démontré les inconvénients terribles
-qu'occasionnerait la crainte de péter;
-et je ne puis trop louer ceux des commis
-laborieux qui, plus sages que Métroclès,
-dont j'ai parlé ci-dessus, aiment
-mieux passer pour grossiers, en lâchant
-le captif, que d'interrompre leur besogne,
-en allant péter dans le corridor,
-car un proverbe dit: «il vaut mieux
-péter en compagnie, que de crever
-dans un petit coin».</p>
-
-<p>L'anecdote suivante prouvera avec
-quelle sévérité mon héros punit ceux
-qui veulent s'opposer à ce qu'il jouisse
-du droit imprescriptible de citoyen
-français, libre et philosophe.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_78" id="Page_78">[Pg 78]</a></span></p>
-
-
-<h2>LES TROIS ACCIDENS<a name="FNanchor_12_12" id="FNanchor_12_12"></a><a href="#Footnote_12_12" class="fnanchor">[12]</a>.</h2>
-
-<div class="poetry-container">
- <div class="poetry">
- <div class="stanza">
- <div class="verse">Trop de crainte nous perd. Sans exorde plus ample,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Je vais en donner un exemple.</div>
- </div>
- <div class="stanza">
- <div class="verse indent-0_5">Nicette tenait dans sa main</div>
- <div class="verse">Un œuf frais qu'elle allait porter à sa grand'mère</div>
- <div class="verse indent-0_5">Le verglas qui couvrait la terre</div>
- <div class="verse">La faisait chanceler tout le long du chemin.</div>
- <div class="verse indent-1_8">Plus elle craint et moins elle est légère;</div>
- <div class="verse">Certain vent importun alors la tourmenta,</div>
- <div class="verse">Vent qu'elle eût bien voulu lâcher à la sourdine;</div>
- <div class="verse indent-0_5">Elle apperçoit qu'on l'examine,</div>
- <div class="verse">Et jusqu'au blanc des yeux le rouge lui monta.</div>
- <div class="verse">Le malheur fut complet par défaut d'assurance,</div><span class="pagenum"><a name="Page_79" id="Page_79">[Pg 79]</a></span>
- <div class="verse">Il survint un ruisseau qu'il fallut enjamber;</div>
- <div class="verse">Nicette lève un pied, glisse, perd la cadence,</div>
- <div class="verse">Et serrant bien les poings pour faire résistance,</div>
- <div class="verse"><span class="smcap">Péta</span>, créva son œuf, et se laissa tomber.</div>
-</div></div></div>
-
-<p>20<sup>o</sup>. <i>Pets d'acteurs et d'actrices.</i></p>
-
-<p>J'ai déjà dit qu'ils ne paraissaient point
-sur la scène, mais puisqu'on y fait paraître
-des chevaux, il est probable qu'on
-leur accordera le même privilège: jusqu'à
-ce moment, ils s'y trouvent incognito
-et de contrebande, comme ceux
-des savans, en changeant de sexe. Notre
-théâtre offre tous les jours des innovations
-si heureuses dans le tragique, que
-je ne serais pas surpris d'entendre une
-pétarade arrangée par <i>Méhul</i>, <i>Gossec</i>
-et <i>Chérubini</i>.</p>
-
-
-<h3><span class="smcap">Le Pet du Vilain.</span></h3>
-
-<p>Rutebeuf, le plus célèbre parmi les
-Trouvers Picards, celui d'entr'eux qui
-paraît avoir eu le plus d'esprit et d'imagination,<span class="pagenum"><a name="Page_80" id="Page_80">[Pg 80]</a></span>
-n'a pas dédaigné de prendre
-la défense du <span class="smcap">Pet</span>, dans un tems où l'orgueil
-de la chevalerie, et la tyrannie
-féodale, accablaient de mépris les gens
-de la campagne. Voici ce qu'il raconte:</p>
-
-<p>«Un villageois, malade d'une indigestion,
-est à toute extrémité: Satan,
-selon sa coutume, envoie saisir l'ame,
-mais par dédain pour un objet si peu
-important, il n'emploie à cette vile fonction
-que le plus simple de ses satellites.
-Celui-ci n'imaginant pas que l'ame d'un
-<i>Vilain</i> dût sortir par le même passage
-que celle des autres, attache un sac à la
-porte opposée; tout-à-coup une crise
-heureuse (le secours du dieu <span class="smcap">Pet</span>,)
-soulage le malade. Le sot député voyant
-le sac se remplir, le lie promptement et
-va le porter à son souverain; mais Satan
-maudissant cette ame infecte, jure de
-n'en jamais recevoir qui ait habité un
-corps de vilain.</p>
-
-<p>Or maintenant, ajoute Rutebeuf,<span class="pagenum"><a name="Page_81" id="Page_81">[Pg 81]</a></span>
-malheureux sur la terre, chassés du ciel,
-rebutés des enfers, je vous le demande,
-Messieurs, où iront ces infortunés?...»</p>
-
-<p>Ce conte de Rutebeuf mérite d'être
-cité, quoiqu'il ne soit pas de la bonne compagnie;
-il montre combien il a fallu
-d'efforts et de philosophie pour ramener
-les hommes au respect qu'ils doivent à
-la classe utile et respectable des cultivateurs.</p>
-
-<p>Parmi les écrivains anciens et modernes,
-qui ont écrit sur le <i>pet</i> et qui lui ont
-rendu les honneurs qu'il mérite, on
-peut citer <i>Bebelle</i>, <i>Frischlin</i>, <i>Marot</i>
-et <i>St.-Evremond</i>. L'aimable philosophe
-St.-Evremond avait du <span class="smcap">Pet</span> une idée
-bien différente de celle que s'en fait le
-vulgaire. Il l'appellait un soupir, et disait
-un jour à sa maîtresse, devant laquelle
-il avait fait un <span class="smcap">PET</span>:</p>
-
-<div class="poetry-container">
-<div class="poetry">
- <div class="verse">Mon cœur outré de déplaisirs,</div>
- <div class="verse">Etait si gros de ses soupirs,</div>
- <div class="verse">Voyant votre humeur si farouche;</div><span class="pagenum"><a name="Page_82" id="Page_82">[Pg 82]</a></span>
- <div class="verse">Que l'un d'eux se voyant réduit</div>
- <div class="verse">A n'oser sortir par la bouche,</div>
- <div class="verse">Sortit par un autre conduit.</div>
-</div></div>
-
-<p>L'immortel <i>Clément</i> <span class="smcap">Marot</span> n'a pas
-dédaigné de travailler sur le <i>cul</i>, sur le
-<i>pet</i> et sur la <i>vesse</i>. Si je ne craignais de
-donner à ce volume, trop d'étendue,
-(car j'ai encor d'autres choses à vous
-dire) je rapporterais ici ses vers, mais
-pour ne pas remplir mon livre de l'esprit
-des autres, je vous prie de voir, pour
-ce qui regarde le cul, les blasons 24. et
-34. tom. 3. édit. de la Haye, 1791. <i>in-12.</i>,
-le blason 35., pour le pet et la
-vesse, et le blason 24. si vous êtes curieux
-d'y voir le c..</p>
-
-<p>Parler du <i>pet</i> sans parler du cul,
-c'est décrire Rome sans parler du Capitole,
-il faut donc que je fasse son éloge
-en deux mots. Il est certainement la plus
-noble partie du corps, puisqu'il a l'honneur
-de se coucher le premier. C'est le
-cul qui répare tous les malheurs du corps.<span class="pagenum"><a name="Page_83" id="Page_83">[Pg 83]</a></span>
-C'est par lui que toutes les humeurs et
-venins sont purifiés, et que l'on est rendu
-à la vie. La partie la plus essentielle de
-l'homme, c'est le cul. On peut vous
-crever un œil, et même tous les deux,
-sans que cela vous empêche de vivre.
-On peut vous couper les bras et les jambes;
-on peut vous faire l'opération qui
-rendit Abailard moine, on peut vous
-boucher les oreilles, et vous n'en vivrez
-pas moins, mais si on vous bouche le cul,
-je vous défie de vivre seulement
-quatre jours. Le supplice le plus cruel
-inventé par un tyran de l'Asie était de faire
-attacher un esclave sur une selle,
-en lui bouchant le derrière, et de le
-laisser dans cette posture, en lui donnant
-force à manger, jusqu'à ce que cette
-constipation forcée l'eût suffoqué lentement.
-Voyez le <i>Podicis encomium</i>,
-page 348 de <i>l'Amphitheâtrum sapientiæ
-Socraticæ</i>, par <i>Gasp. Dornavius</i>.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_84" id="Page_84">[Pg 84]</a></span></p>
-
-
-<h3><span class="smcap">Question chymique.</span></h3>
-
-<p class="ac noindent"><i>Esprit de pets pour enlever les taches
-de rousseur.</i></p>
-
-<p>On demande s'il est possible en chymie
-de distiller un pet et d'en tirer la
-quintessence. On a décidé pour l'affirmative,
-et il n'y a point de doute que le cit.
-Quinq... si fameux par ses lampes, sa
-crème de tartre, ses eaux odontalgique
-et virginale, etc., n'obtienne les plus
-satisfaisans résultats de la distillation
-d'un PET.</p>
-
-<p>Il vient tout récemment de reconnaître,
-après un long travail, que le pet
-est de la classe des esprits. Après avoir
-eu recours à son alambic, voici comme
-il procéda.</p>
-
-<p>Il fit venir une hibernoise de son voisinage,
-c'est-à-dire, de la halle, qui
-mange, à un repas, autant de viande
-que six rouliers en mangeraient de Paris<span class="pagenum"><a name="Page_85" id="Page_85">[Pg 85]</a></span>
-à Montpellier. Cette femme, ruinée par
-son appétit et la chaleur de son foie,
-gagne sa vie comme elle peut. Il lui fit
-manger de la viande autant qu'elle en voulut
-et put manger, avec force légumes
-venteux. Il lui prescrivit de ne
-point péter ni vesser, sans l'avertir auparavant.
-Aux approches des vents, il
-prit un de ces larges récipients, tels
-qu'on les emploie pour faire l'huile de
-vitriol, et l'appliqua exactement à son
-anus, l'excitant encore à péter par d'agréables
-carminatifs et lui faisant boire
-de l'eau d'anis, enfin, de toutes les liqueurs
-de sa boutique, capables de répondre
-à son intention. L'opération s'est
-faite à souhait, c'est-à-dire, très-copieusement.
-Alors, notre chymiste satisfait
-prit une certaine substance huileuse
-ou balsamique dont il n'a pas voulu
-me dire le nom, la jetta dans le récipient
-et fit condenser le tout au soleil par circulation,
-ce qui produisit une quintessence<span class="pagenum"><a name="Page_86" id="Page_86">[Pg 86]</a></span>
-merveilleuse. Il s'imagina que quelques
-gouttes de ce résultat pourraient
-enlever les taches de rousseur de la peau.
-Il en essaya le lendemain sur le visage
-de plusieurs jolies harangères du marché
-aux poirées, qui toutes perdirent sur-le-champ
-ces vilaines taches, et virent
-avec tout le plaisir qu'on peut s'imaginer,
-leur teint blanchir à vue d'œil. Les
-tendrons reconnaissans l'ont payé, dit-on,
-<i>in-cute</i>; c'est le salaire qui pouvait
-le mieux payer le galant et salace pharmacien.
-Alors, le journal de Paris, et
-des affiches disséminées avec profusion
-ont préconisé cette utile découverte,
-digne de faire le pendant des redingottes
-<i>à l'anglaise</i> et des <i>dragées de Keiser</i>.
-On espère donc que nos beautés en perruque
-blonde, en coëffures à la <i>Titus</i>,
-à la <i>Caracalla</i>, feront une grande consommation
-de ce merveilleux spécifique,
-si précieux sur-tout aux habituées de
-Tivoli, de l'Elysée, d'Idalie, de Thélusson,<span class="pagenum"><a name="Page_87" id="Page_87">[Pg 87]</a></span>
-de Paphos, Mousseaux, etc. Bref,
-elles feront la fortune du pharmacien à
-qui elles élèveront des statues, comme
-à un nouvel <i>Abdéker</i>, et à qui on ne
-pourra plus reprocher qu'il ne connaissait
-que la carte des pays bas.</p>
-
-
-<h3><span class="smcap">du Pet Artificiel.</span></h3>
-
-<p>La plus précieuse observation que je
-puisse faire à l'avantage du <span class="smcap">Pet</span>, est
-celle, non moins étonnante que vraie,
-de son utilité, dans les mystères de la
-reine de Paphos et d'Amathonte. Cette
-déesse si voluptueuse et si sensuelle, sachant
-bien que toutes les jouissances
-qu'elle procure, seraient imparfaites, si
-la présence du dieu <span class="smcap">Pet</span> ne leur donnait
-la dernière période, et voulant concilier
-avec ce besoin, la délicatesse du sens
-olfactoire, chez ses prêtresses, a inventé
-elle-même le <span class="smcap">Pet</span> <i>artificiel</i>, dont le but
-est de conserver, dès son origine, ce qu'il<span class="pagenum"><a name="Page_88" id="Page_88">[Pg 88]</a></span>
-a de réjouissant, en évitant ce qu'il a de
-désagréable à l'odorat. Elle a voulu que
-le bruit du <span class="smcap">Pet</span> se fondît agréablement
-avec celui des soupirs et des baisers,
-qu'il assaisonne, et au moyen d'une petite
-vessie remplie de parfums, adaptée
-ingénieusement sous.... mais le conte
-suivant va vous le dire:</p>
-
-
-<h3>LES DEUX PETS.</h3>
-
-<p class="ac noindent"><span class="smcap">Conte.</span></p>
-
-<div class="poetry-container">
- <div class="poetry">
- <div class="stanza">
- <div class="verse">Tant s'en faut que toujours la fin d'une aventure</div>
- <div class="verse indent-0_5">Réponde à son commencement;</div>
- <div class="verse">Telle promet d'abord une volupté pure,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Qui se termine en un tourment.</div>
- <div class="verse">Bien l'éprouva Damon, français et gentilhomme;</div>
- <div class="verse indent-1_8">Car tout français se dit comte ou marquis,</div>
- <div class="verse">Ou gentilhomme au moins en quittant son pays,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Et celui-ci se disait tel à Rome.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Or, comme bien savez, un français n'est pas homme</div>
- <div class="verse indent-0_5">A se laisser ronger d'ennuis;</div><span class="pagenum"><a name="Page_89" id="Page_89">[Pg 89]</a></span>
- <div class="verse indent-0_5">Il choisit donc une Laïs,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Qui, moyennant certaine somme,</div>
- <div class="verse indent-0_5">L'admit au rang des favoris.</div>
- <div class="verse">A Rome comme ailleurs, femme qui sait son prix,</div>
- <div class="verse indent-1_8">Ne livre rien sans savoir comme.</div>
- <div class="verse">À demain, lui dit-elle, et selon vos désirs,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Je vous préparerai la voie</div>
- <div class="verse indent-0_5">Qui conduit aux plus grands plaisirs;</div>
- <div class="verse">Apportez seulement argent, vigueur et joie;</div>
- <div class="verse">Et vous verrez beau jeu si la corde ne rompt.</div>
- <div class="verse">Croyez que le galant ne manqua d'être prompt.</div>
- <div class="verse indent-1_8">Au rendez-vous il la trouve parée,</div>
- <div class="verse indent-0_5">De la façon que Cithérée</div>
- <div class="verse indent-0_5">Reçoit le Dieu Mars dans ses bras,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Une moitié de ses appas</div>
- <div class="verse indent-0_5">Se trouvait assez éclairée,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Pour que l'autre qu'on ne voit pas,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Par le galant fut désirée.</div>
- <div class="verse indent-0_5">Un souper fin, tel qu'il le faut</div>
- <div class="verse indent-0_5">Dans les plaisirs d'un tête à tête,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Fut le prélude de la fête</div>
- <div class="verse indent-0_5">Que payait bien notre ribaud.</div>
- <div class="verse">Ils mangèrent assez, mais ils ne burent guère,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Longue nuitée et court repas,</div>
- <div class="verse indent-0_5">C'est ainsi qu'on fait à Cithère,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Lorsqu'on s'y prépare aux ébats;</div>
- <div class="verse indent-0_5">Enfin notre bonne commère,</div><span class="pagenum"><a name="Page_90" id="Page_90">[Pg 90]</a></span>
- <div class="verse indent-0_5">Reçut Damon entre les draps.</div>
- <div class="verse">Ah! quelle volupté s'emparant du compère,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Le défrayait de ses ducats!</div>
- <div class="verse">Tous ses sens occupés de l'amoureuse affaire,</div>
- <div class="verse">A de si grands transports livraient son ame entière,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Qu'il paraissoit devenu fou.</div>
- <div class="verse">Les amours libertins, regardant son derrière,</div>
- <div class="verse indent-0_5">En un coin riaient tout leur saoul.</div>
-</div>
-<div class="stanza">
- <div class="verse indent-0_5">Cependant la Laïs romaine,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Gagne son argent de son mieux,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Et d'un mouvement gracieux</div>
- <div class="verse indent-0_5">Aide l'agent qui se démène,</div>
- <div class="verse">Lorsque du souterrain tout d'un coup part un bruit</div>
- <div class="verse indent-0_5">Qui de Damon l'oreille blesse.</div>
- <div class="verse">Redoutant les effets de quelque odeur traîtresse,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Il allait quitter le déduit.</div>
- <div class="verse indent-0_5">«Quoi! ce bruit vous fait peur, dit-elle,</div>
- <div class="verse">«Sachez qu'on aime ici les plaisirs réunis.</div>
- <div class="verse">»Continuez Damon: c'est un régal exquis,</div>
- <div class="verse">»Que pour votre odorat a préparé mon zèle,</div>
- <div class="verse indent-0_5">»Mettez sans crainte votre nez</div>
- <div class="verse">»Dans les draps parfumés d'une essence nouvelle,</div>
- <div class="verse indent-0_5">»Et ce bruit que vous soupçonnez,</div><span class="pagenum"><a name="Page_91" id="Page_91">[Pg 91]</a></span>
- <div class="verse indent-0_5">«Est l'heureux signal qui l'appelle».</div>
- <div class="verse">Il la croit, et fait bien alors de s'y fier.</div>
- <div class="verse indent-0_5">Une délicate vessie,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Pleine de parfums d'Arabie,</div>
- <div class="verse indent-1_8">Qu'avait pressée à propos son fessier,</div>
- <div class="verse">Avait causé le bruit qui venait d'effrayer</div>
- <div class="verse">Damon, dans le moment le plus doux de sa vie.</div>
-</div>
-<div class="stanza">
- <div class="verse indent-1_8">On appelle cela <span class="smcap">Pet artificiel</span>,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Ordinaire galanterie</div>
- <div class="verse indent-0_5">De toute femme d'Italie,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Qui fait un trafic corporel.</div>
- </div>
- <div class="stanza">
- <div class="verse indent-0_5">Cette volupté réunie,</div>
- <div class="verse">Mit le comble au plaisir de l'amant sensuel;</div>
- <div class="verse indent-0_5">Après un petit intervalle,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Notre brave et vigoureux mâle,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Se met à reprendre le jeu,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Qui, par malheur, dure si peu.</div>
- <div class="verse indent-1_8">Un second bruit vient frapper son ouie;</div>
- <div class="verse indent-1_8">Nez aussi-tôt de plonger dans le lit,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Pour cueillir à point tout le fruit</div>
- <div class="verse indent-0_5">De la précieuse ambroisie.</div>
- <div class="verse">Mais pour le coup ce fut un <span class="smcap">Pet</span> au naturel;</div>
- <div class="verse">Qui, sortant chaudement de la région sale,
- Fit un atmosphère mortel</div>
- <div class="verse">D'atômes imprégnés de matière fécale:</div><span class="pagenum"><a name="Page_92" id="Page_92">[Pg 92]</a></span>
- <div class="verse">Pour surcroît de malheur encore plus cruel,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Un humide substanciel,</div>
- <div class="verse">S'attachant à l'engin trop voisin de la source,</div>
- <div class="verse">Abbattit sa vigueur et laissa sans ressource</div>
- <div class="verse">L'amoureux qui maudit l'air pestilenciel,</div>
- <div class="verse">Et dit en s'enfuyant. «Ah! de cette chrétienne</div>
- <div class="verse indent-0_5">»Devais-je pas me défier?</div>
- <div class="verse indent-0_5">»Et prévoir que le trou culier</div>
- <div class="verse indent-0_5">»D'une femelle italienne,</div>
- <div class="verse indent-0_5">»Ne pouvait être qu'un évier.»</div>
-</div></div>
-</div>
-<p>C'est à regret que j'obéis à la nécessité
-d'être historien fidèle, en rapportant un
-conte aussi graveleux,<a name="FNanchor_13_13" id="FNanchor_13_13"></a><a href="#Footnote_13_13" class="fnanchor">[13]</a> mais, ne
-devant passer sous silence rien de ce
-qui a rapport à mon sujet, j'aime mieux
-encourir le risque d'une imprudence,
-que de passer pour ignorant, dans une
-matière où toute mon érudition doit être
-déployée. Au reste, <i>Bayle et Brantôme</i>
-en ont fait autant. D'ailleurs ce conte
-me donne occasion d'apprendre aux lecteurs<span class="pagenum"><a name="Page_93" id="Page_93">[Pg 93]</a></span>
-qu'il est du fameux abbé <i>Sabathier</i>
-de Castres, auteur des <i>Trois
-Siècles de Littérature</i>, des <i>Siècles
-Payens</i>, des Mémoires de <i>miladi Kilmar</i>,
-et du <i>journal Politique National</i>,
-en 1789. Aujourd'hui à Vienne. Tandis
-que j'y suis, je citerai le trait suivant,
-cité par Nicodême Frischlin, (édit. de
-<i>Strasbourg</i>. 1525. <i>in-16</i>.)</p>
-
-<p>Quelqu'un ayant lâché un vent au
-milieu d'une nombreuse société, un de
-ses amis lui en fit reproche. Par Jupiter,
-répondit le péteur, il y a longtems que
-mon derrière désire parler, il ne lui
-manque que ta langue. Veux-tu la lui
-donner?</p>
-
-<p>Le trait de naïveté suivant, dans une
-fille d'auberge, plaira sans doute aux
-plus graves personnages.</p>
-
-
-<h3>Le Pet français.</h3>
-
-<div class="poetry-container">
-<div class="poetry">
- <div class="verse">Deux anglais arrivant dans un village en France,</div><span class="pagenum"><a name="Page_94" id="Page_94">[Pg 94]</a></span>
- <div class="verse indent-0_5">Etaient de fatigue harrassés,</div>
- <div class="verse indent-0_5">En outre fort embarassés,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Pour trouver un lieu de pitance;</div>
- <div class="verse indent-1_8">Car tous les deux, ignorant le français,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Aux paysans parlaient anglais;</div>
- <div class="verse indent-0_5">Les manans ne surent jamais</div>
- <div class="verse indent-1">Aucun autre langage,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Que celui qu'on parle au village;</div>
- <div class="verse indent-0_5">Cependant le curé plus sage,</div>
- <div class="verse indent-1_8">Reconnoissant à leur baragouinage</div>
- <div class="verse indent-0_5">Qu'ils avaient besoin de manger,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Et qu'ils cherchaient à se loger,</div>
- <div class="verse">Lors par le bras vous les prend et les mène</div>
- <div class="verse indent-0_5">A l'auberge la plus prochaine.</div>
- <div class="verse indent-0_5">L'hôte les voyant arriver,</div>
- <div class="verse indent-1_8">Et désirant chez lui les conserver,</div>
- <div class="verse indent-1_8">Les saluant, en suivant sa marotte,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Il leur fait signe de s'asseoir,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Puis bientôt appelant Javotte:</div>
- <div class="verse indent-1_8">Allons, dit-il, tire-moi cette botte;</div>
- <div class="verse">Près d'eux on s'empressait, oh! dame! il fallait voir:</div>
- <div class="verse">Chacun était jaloux de bien remplir sa tâche;</div>
- <div class="verse indent-0_5">Mais en voulant tirer trop fort,</div>
- <div class="verse indent-0_5">La Javotte fait un effort,</div>
- <div class="verse">Et devant tout le monde, avec grand fracas, lâche</div>
- <div class="verse">Ce qu'ordinairement avec soin chacun cache.</div><span class="pagenum"><a name="Page_95" id="Page_95">[Pg 95]</a></span>
- <div class="verse indent-0_5">Le pauvre maître consterné,</div>
- <div class="verse indent-0_5">En cas se trouvant très-peiné,</div>
- <div class="verse">Lui dit: «Puante, eh bien! que veux-tu que l'on dise</div>
- <div class="verse">»De notre honnêteté chez messieurs les Anglais?</div>
- <div class="verse">—Mais qu'est-ce que ça fait, dit-elle avec franchise,</div>
- <div class="verse">Ces deux messieurs n'savont pas le français.</div>
-</div></div>
-
-<p>L'abbé de Marigny, a oublié dans son
-poëme sur le <i>pain béni</i>, dont j'ai donné
-une édition, de nous raconter l'anecdote
-suivante. Elle prouve que non-seulement
-<i>le Pet</i> a le privilège d'égayer les sociétés,
-mais que les plus augustes mystères
-de la religion ne sont pas à l'abri de
-son humeur joviale et libre.</p>
-
-
-<h3><span class="smcap">Le Pet béni.</span></h3>
-
-<p>Une bonne villageoise rendait le pain
-béni. Un cierge à la main, les barbes
-du bonnet et, la robe détroussées, elle
-était en présence du célébrant, et flanquée
-du bédaut. Sa timidité naturelle<span class="pagenum"><a name="Page_96" id="Page_96">[Pg 96]</a></span>
-s'augmenta, lorsque le curé, pour payer
-son pain béni et son cierge, lui présenta
-le cul d'une assiette d'étain à baiser. La
-bonne dame était sourde passablement.
-Un <span class="smcap">Pet</span> assez ronflant qu'elle lâche, déconcerte
-la gravité des ministres de son
-culte. Curé, bédaut, enfans de chœur,
-suisse, enfin, chacun de ceux qui l'environne
-se serre les lèvres pour ne pas rire
-aux éclats. La bonne femme qui n'a pas
-fait attention à son échappée, croit que
-l'on rit de la petitesse de son pain béni,
-et dit pour s'excuser: «Ce n'est pas ma
-faute, Mr. le Curé: si j'avais eu du
-beurre et du sel, je l'aurais fait plus
-gros». Pour le coup, le quiproquo
-fut si plaisant, que chacun n'y put tenir.
-Le service divin fut interrompu, et bien
-en prit aux hommes d'église d'être obligés
-de se tourner vers l'autel, pour ne
-pas scandaliser les fidèles par leur rire
-qu'augmentait la contenance tranquille
-de la péteuse.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_97" id="Page_97">[Pg 97]</a></span></p>
-
-<p>J'ai dit qu'un pet avait mis en fuite
-des sorcières: il a quelquefois eu le mérite
-d'épouvanter ces fiers anglais qui se
-croient les dieux des mers, témoin le
-fait suivant rapporté par un anonyme.</p>
-
-
-<h3>Le Pet et le politique.</h3>
-
-<div class="poetry-container">
-<div class="poetry">
- <div class="verse indent-0_5">Au café, de grands politiques,</div>
- <div class="verse">Parlaient entr'eux des affaires publiques;</div>
- <div class="verse">Tel à la guerre et tel à paix croyait.</div>
- <div class="verse indent-0_5">Toutefois chacun convenait</div>
- <div class="verse indent-0_5">Que la guerre serait certaine</div>
- <div class="verse indent-0_5">Dès le premier coup de canon.</div>
- <div class="verse indent-0_5">De la triste réflexion</div>
- <div class="verse indent-0_5">Les pauvres gens très-fort en peine,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Pour mieux penser à cet objet,</div>
- <div class="verse indent-0_5">Gardaient le plus profond silence.</div>
- <div class="verse">Un d'eux qui, par ennui, de bien bon cœur dormoit,</div>
- <div class="verse">Se retourne, s'agite, et lance un ferme pet.</div>
- <div class="verse">Oh! parbleu, de ce coup je déserte de France,</div>
- <div class="verse indent-1_8">Dit un milord, qui là pour lors était;</div>
- <div class="verse">Vous l'avez entendu? l'hostilité commence.</div>
-</div></div>
-
-<p>Non-seulement le Pet est le père de
-la gaîté, mais ce qui doit encore le rendre<span class="pagenum"><a name="Page_98" id="Page_98">[Pg 98]</a></span>
-recommandable aux républicains,
-il est celui de l'égalité. Il rapproche les
-distances que l'orgueil a mises entre le
-maître et le valet. Il rend le premier affable
-et donne de l'esprit au second.</p>
-
-<p>Un noble voulant s'amuser aux dépens
-de son laquais et l'embarrasser, leva la
-cuisse et donna l'essor à un gros <span class="smcap">PET</span>;
-puis s'adressant à son domestique qui
-était présent: Cours après ce fuyard,
-dit-il, et rapporte-le moi, mort ou vif.
-Vite, dépêche-toi, il me le faut. Le valet,
-d'abord embarrassé, prend enfin
-son parti; il sort et rentre un moment
-après.—Je l'ai trouvé, not' maître. En
-même-tems s'approchant de lui, lâche
-un pet qui valait bien le premier, et lui
-dit: Le voilà! le gentilhomme fronce le
-sourcil d'abord, et finit par rire à gorge
-déployée. Je n'en finirais pas, et je ferais
-un volume <i>in-folio</i>, si, nouveau <i>Calmet</i>,
-ou <i>Montfaucon</i>, je me livrais aux recherches
-des traits historiques anciens et<span class="pagenum"><a name="Page_99" id="Page_99">[Pg 99]</a></span>
-modernes, sur le pet. En voici un assez
-piquant.</p>
-
-<p>Un jour, entre la poire et le fromage,
-des citoyens qui ne comptaient des jours
-de leur vie que ceux qu'ils passaient à
-rire, proposaient diverses questions à
-résoudre. Un prêtre de Louvain, nommé
-Antoine, et un autre aussi plaisant que
-lui, agitaient la question de savoir quelle
-est la plus noble partie du corps humain.
-Celui-ci nomme les yeux. Celui-là le
-cœur. L'un dit que c'est le cerveau, tel
-autre dit autre chose, et chacun motive
-son opinion du mieux qu'il peut. Antoine,
-quand ce fut son tour, dit que c'est
-la bouche, et se fonde sur d'excellentes
-raisons. Son adversaire lui répond que
-c'est la partie sur laquelle nous nous
-asseyons. On réfute son avis, il persiste
-et le prouve en disant que d'ordinaire
-c'est toujours l'homme le plus distingué
-de la compagnie, qui s'assied le premier,
-que par conséquent c'est le cul<span class="pagenum"><a name="Page_100" id="Page_100">[Pg 100]</a></span>
-qui jouit exclusivement de ce privilège.
-Les convives applaudirent par de grands
-éclats de rire à la justesse de son avis.
-Antoine vaincu dissimule son humeur;
-mais quelques jours après, rencontrant
-au même endroit, son adversaire, qui
-causait, tandis que l'on dressait le couvert,
-il s'approche de lui et lui lance le pet
-le plus vigoureux. Celui-ci se fâche. Va-t'en
-plus loin, vilain puant, lui dit-il,
-où diable as-tu appris à vivre?...—Chez
-toi, répond Antoine, en riant.
-Tu te fâches! eh pourquoi? si je t'avais
-salué de la bouche, tu me l'aurais rendu
-bien poliment; et parce que je te salue,
-avec la partie que toi-même as dit être
-la plus noble du corps humain, tu me
-traites de cochon! je suis plus poli que
-toi qui ne me le rends pas. Ainsi, Antoine,
-qui avait été vaincu dans la première
-occasion, eut cette fois tous les
-rieurs de son côté.</p>
-
-<p>L'ingénieux St.-Evremont, ayant eu<span class="pagenum"><a name="Page_101" id="Page_101">[Pg 101]</a></span>
-le malheur de faire un <span class="smcap">PET</span>, en présence
-de sa maîtresse, obtint son pardon, en
-lui envoyant les stances suivantes.</p>
-
-<div class="poetry-container">
-<div class="poetry">
-<div class="stanza">
- <div class="verse">Unique objet de mes désirs,</div>
- <div class="verse">Philis, faut-il que mes plaisirs</div>
- <div class="verse">Pour rien se changent en supplices,</div>
- <div class="verse">Et qu'au mépris de votre foi</div>
- <div class="verse">Un pet efface les services</div>
- <div class="verse">Que vous avez reçus de moi?</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Je sais bien, ô charmant objet,</div>
- <div class="verse">Que vous avez quelque sujet</div>
- <div class="verse">D'être pour moi toute de glace;</div>
- <div class="verse">Et je confesse ingénument,</div>
- <div class="verse">Puisque mon cul fait ma disgrace,</div>
- <div class="verse">Qu'elle n'est pas sans fondement.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Si pourtant cette extrême amour,</div>
- <div class="verse">Dont j'eus des preuves chaque jour,</div>
- <div class="verse">Pour un pet s'est changée en haine,</div>
- <div class="verse">Vous ne pouviez jamais songer</div>
- <div class="verse">A rompre une aussi forte chaîne,</div>
- <div class="verse">Pour un objet aussi léger.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">S'il est vrai qu'on n'ose nier</div>
- <div class="verse">La porte à chaque prisonnier,</div><span class="pagenum"><a name="Page_102" id="Page_102">[Pg 102]</a></span>
- <div class="verse">Alors que la princesse passe:</div>
- <div class="verse">Ce pet pouvait avec raison,</div>
- <div class="verse">Vous demander la même grâce,</div>
- <div class="verse">Puisqu'il se voyait en prison.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">S'il ne s'est pas fort bien conduit,</div>
- <div class="verse">S'il a fait quelque peu de bruit,</div>
- <div class="verse">Lorsqu'il se fraya cette voie,</div>
- <div class="verse">C'est qu'il était si transporté</div>
- <div class="verse">Qu'il fit en l'air un cri de joie,</div>
- <div class="verse">En recouvrant sa liberté.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Hélas! quand je viens à songer</div>
- <div class="verse">A ce sujet faible et léger</div>
- <div class="verse">Qui cause mon malheur extrême,</div>
- <div class="verse">Je m'écrie en ma vive ardeur:</div>
- <div class="verse">Fallait-il me mettre moi-même,</div>
- <div class="verse">Près de vous en mauvaise odeur?</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Si pour un <i>pet</i> fait au hasard</div>
- <div class="verse">Votre cœur où j'ai tant de part,</div>
- <div class="verse">Pour jamais de moi se retire,</div>
- <div class="verse">Voulez-vous que dorénavant</div>
- <div class="verse">Vous me donniez sujet de dire</div>
- <div class="verse">Que vous changez au moindre vent?</div>
-</div></div>
-</div>
-<p>A ces jolis vers du délicat St.-Evremond,
-nous pouvons ajouter la réponse<span class="pagenum"><a name="Page_103" id="Page_103">[Pg 103]</a></span>
-du célèbre cardinal du Perron, à Henri
-IV, dans une semblable circonstance.
-Ce prélat jouant aux échecs avec le monarque,
-lâcha un <i>pet</i> en même-tems qu'il
-plaçait un cavalier; il fit pardonner cette
-liberté, en disant avec esprit: au moins,
-sire, ce cavalier n'est pas parti sans
-trompette.</p>
-
-<p>C'est ainsi que le comte de Cantagnède,
-de la maison de Menesès en Portugal,
-répara par un bon mot, une liberté
-pareille qu'il prit un jour avec le
-roi Don Jean IV. Ce roi, dont il était
-le favori, lui donnant un coup sur la
-fesse, il lui péta dans la main, et le roi
-restant confus et piqué de ce manque de
-respect: Sire, répond le favori, votre
-majesté peut-elle frapper jamais à une
-porte, qu'on ne la lui ouvre incontinent?
-Ce mot plut autant au roi que l'action
-l'avait offensé.</p>
-
-<p>Buchanan avait été précepteur des
-enfans de M. de Brassac; comme il était<span class="pagenum"><a name="Page_104" id="Page_104">[Pg 104]</a></span>
-un jour à sa table, il lui arriva, en
-mangeant un potage bien chaud, de
-laisser aller un vent qui fit du bruit.
-Mais sans se déconcerter, il dit à ce
-vent qui était sorti malgré lui: Tu as
-bien fait de sortir, car j'allais te brûler
-tout vif.</p>
-
-<p>Un abbé italien, très-sujet à lâcher
-des vents, se trouvant en compagnie,
-en fit un très-intelligible, et jouant la
-surprise, se retourna en parlant à son
-derrière.—Che impertinente, lui dit-il,
-che indiscreto, parler cosi alto innanzi
-le Donne, è interrompere scioccamente
-una bella conversazione. «Vous êtes un
-impertinent, un indiscret, de parler
-si haut devant des dames, et d'interrompre
-insolemment une belle conversation».</p>
-
-<p>Un consul à qui le même accident arriva,
-tandis qu'il haranguait Henri le
-Grand, se tira aussi d'affaire avec esprit.
-Dès que le <span class="smcap">PET</span> lui fut échappé, il se retourna<span class="pagenum"><a name="Page_105" id="Page_105">[Pg 105]</a></span>
-vers son derrière: Taisez-vous,
-dit-il, sot que vous êtes, attendez du
-moins que j'aie fini. Le Prince, qui aimait
-la plaisanterie, trouva celle-ci fort
-bonne, et fut content dit harangueur.</p>
-
-<p>Tous les péteurs n'ont pas eu l'avantage
-de donner impunément l'essor à
-mon héros; l'aventure que je vais raconter
-prouve qu'il en est qui ont trouvé
-des gens grossiers, qui n'étaient pas disposés
-à en rire comme nous.</p>
-
-<p>Un homme obligé, dans un cabaret, de
-partager son lit avec un voyageur, l'avertit
-qu'il avait le ventre du monde le
-plus bruyant, et qu'il faisait un tintamarre
-épouvantable. Vous serez, dit-il,
-canonné toute là nuit par des vents horribles
-qui s'ouvrent le passage malgré
-moi. L'autre lui répond: mon ventre est
-plus modeste que le vôtre, mais il est
-plus traître. Vous serez incommodé toute
-la nuit par des vents discrets qui ne feront
-à la vérité aucun bruit, mais qui<span class="pagenum"><a name="Page_106" id="Page_106">[Pg 106]</a></span>
-feront acheter chèrement leur discrétion
-à votre odorat. <i>Passe-moi l'émétique,
-je te passe la saignée.</i> Les deux coucheurs
-convinrent donc de se faire grâce
-mutuellement de leurs infirmités, mais
-le dernier se proposait de se mettre à l'abri
-de la canonnade par un stratagème.
-En effet, il prit un soufflet qu'il se mit
-entre les jambes, et dès que le premier
-fit jouer son artillerie, il souffla tellement
-le canonnier, que celui-ci fut obligé de
-quitter le lit, et d'aller porter sa batterie
-ailleurs. «O ciel, dit-il, quels vents glacés!
-je crois que cet homme a l'hiver
-dans le corps, je n'y puis plus tenir».</p>
-
-<p>Un homme dans une compagnie de
-gens de distinction, fut très-déconcerté,
-lorsqu'un vent coulis éclatant, forçant
-la prison, publia sa honte. Au moins,
-dit-il, vous ne direz pas que j'ai fait un
-coup de ma tête.</p>
-
-<p>Un autre se trouvant dans un cercle
-nombreux, fit la même chose, et s'écria:<span class="pagenum"><a name="Page_107" id="Page_107">[Pg 107]</a></span>
-oh! pour celui-là, il est authentique,
-car c'est un pet passé par-devant notaires.
-En effet on remarqua, en riant beaucoup,
-qu'il y avait deux notaires dans
-la compagnie.</p>
-
-<p>Une jeune et belle héritière d'une des
-premières maisons d'Angleterre, dansant
-à un bal de la cour un menuet avec
-un jeune officier très-pauvre, lâcha un
-pet, et devint très-confuse. Le jeune
-militaire, pour tirer la princesse d'embarras,
-joua la honte et parut si confus,
-que toute la cour fut persuadée qu'il
-était le coupable. Il sortit donc au milieu
-des ris et des huées, qu'il souffrit avec
-un courage digne de Curtius. Ce généreux
-dévouement ne resta point sans récompense.
-La riche héritière en fut si
-reconnaissante, qu'elle offrit ses attraits,
-ses biens immenses et son amour à ce
-jeune héros, qui jamais n'eût osé prétendre
-à ce degré? d'éclat, si un <i>pet</i> ne
-lui eût fourni une si favorable occasion.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_108" id="Page_108">[Pg 108]</a></span></p>
-
-
-<h3><span class="smcap">Des signes et des effets prochains
-du Pet.</span></h3>
-
-<p>On en compte de trois sortes; les
-<i>apodictiques</i>, les <i>nécessaires</i> et les
-<i>probables</i>.</p>
-
-<p>Les <i>apodictiques</i> sont ceux dont la
-cause étant présente, annonce que l'effet
-ne tardera pas à se manifester. Ainsi un
-homme qui aura mangé des pois et d'autres
-légumes, des raisins, des figues nouvelles,
-qui aura bu du vin doux, caressé
-sa femme ou sa maîtresse, peut
-s'attendre à un signe prochain d'explosion.</p>
-
-<p>Les <i>nécessaires</i> sont ceux où un second
-effet résulte du premier, comme le
-tintamarre, la mauvaise odeur, etc.</p>
-
-<p>Enfin, les <i>probables</i> sont ceux qui
-ne se rencontrent pas toujours, et n'accompagnent
-pas ordinairement toutes les
-espèces de <span class="smcap">PETS</span>, comme la contraction,
-le bruit ou l'aboiement du ventre, la<span class="pagenum"><a name="Page_109" id="Page_109">[Pg 109]</a></span>
-toux et les petites ruses de chaises, d'éternuement
-ou de trépignements de pieds,
-pour ne pas être reconnu péteur. A ce
-propos je citerai pour exemple le moine
-dont il est question dans la pièce suivante:</p>
-
-<div class="poetry-container">
-<div class="poetry">
- <div class="verse"><i>Inter erat rasos abdomine venter anhelo</i></div>
- <div class="verse indent-1_5"><i>Forte olim ludi pars, Grobiane, tui.</i></div>
- <div class="verse"><i>Semper erat victu que satur potu que refertus,</i></div>
- <div class="verse indent-1_5"><i>Thura dabat mensis non adolenda diis.</i></div>
- <div class="verse"><i>Postici edebant male olentia sibila folles,</i></div>
- <div class="verse indent-1_5"><i>Multa quid? hic monachus nil nisi flatus erat.</i></div>
- <div class="verse"><i>Forsitan ad mensam cum Coenobiarcha sederet,</i></div>
- <div class="verse indent-1_5"><i>Atque unâ monachus carperet iste cibos;</i></div>
- <div class="verse"><i>Ecce velut displosa sonat vesica, decori</i></div>
- <div class="verse indent-1_5"><i>Oblitus, laxo podice grande crepat:</i></div>
- <div class="verse"><i>Tum crepitus fratrum bibulas ut transvolet aures,</i></div>
- <div class="verse indent-1_5"><i>Et strepitum pedibus dat, gravitur que screat.</i></div>
- <div class="verse"><i>Hic abbas, bone frater, ait, hoc transeat iste.</i></div>
- <div class="verse indent-1_5"><i>Et strepuere pedes et crepuere nates.</i></div>
-</div></div>
-
-<p>et cette épigramme citée par Rodolphe
-Gochlenius, sur quelqu'un qui employait
-la même ruse.</p>
-
-<div class="poetry-container">
-<div class="poetry">
- <div class="verse"><i>Rasus erat, memini, cujus postica pet anum,</i></div><span class="pagenum"><a name="Page_110" id="Page_110">[Pg 110]</a></span>
- <div class="verse indent-1_5"><i>Fistula spirabat semper odore gravi.</i></div>
- <div class="verse"><i>Forsan ut accubuit sumpturus prandia, ventris</i></div>
- <div class="verse indent-1_5"><i>Mittebat crassum crassa sabura sonum,</i></div>
- <div class="verse"><i>Atne quis missum posseœœt deprehendere bombum,</i></div>
- <div class="verse indent-1_5"><i>En strepitum moto concitat ipse pede.</i></div>
- <div class="verse"><i>Tunc strepitus non est crepitus, ridente sub ore,</i></div>
- <div class="verse indent-1_5"><i>Increpitans ventos, Coenobiarcha refert.</i></div>
-</div></div>
-
-<p>Il est donc important de prévenir les
-jeunes gens et les vieillards, de s'accoutumer
-à ne point rougir, lorsqu'ils péteront,
-mais d'en rire les premiers, pour
-égayer la conversation.</p>
-
-<p>On n'a point encore décidé si péter en
-pissant est un effet malin, ou bénin.
-Moi je le crois bénin, et je me fonde sur
-l'axiôme assez vrai qui dit:</p>
-
-<p>
-<i>Mingere cum bombis res est gratissima lumbis.</i><br />
-</p>
-
-<p>En effet, pisser sans péter, c'est aller
-à Dieppe sans voir la mer.</p>
-
-<p>Cependant, il est ordinaire de pisser
-avant que de péter, parce que les vents
-aident à la première opération en comprimant
-la vessie; ils se manifestent
-ensuite.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_111" id="Page_111">[Pg 111]</a></span></p>
-
-<p>Comme il est des privations de tout
-genre, et qu'un assez grand nombre de
-personnes ne pètent que rarement et très-difficilement,
-que par conséquent il leur
-arrive une infinité d'accidents et de maladies,
-j'ai pensé que je devais écrire
-pour eux, et placer ici les remèdes et les
-moyens qui peuvent les exciter à rendre
-les vents qui les tourmentent. Je dirai
-donc en deux mots, qu'il y a deux espèces
-de remèdes, pour provoquer les
-vents, les <i>internes</i> et les <i>externes</i>.</p>
-
-<p>Les <i>internes</i> sont l'anis, le fenouil,
-les zédoaires, enfin tous les carminatifs
-et les échauffans. Les <i>externes</i> sont les
-clystères et les suppositoires. Si l'on fait
-usage de tous les deux, on sera certainement
-soulagé.</p>
-
-<p>On demande s'il y a analogie entre
-les sons, si on peut les marier et en faire
-un ensemble de musique pétifique? On
-demande aussi combien il y a de genres
-de pets, par rapport à la différence du<span class="pagenum"><a name="Page_112" id="Page_112">[Pg 112]</a></span>
-son? Quant à la première question, un
-musicien très-célèbre répond du succès
-de la musique demandée, et promet incessamment
-un concert de ce genre.
-A l'égard de la seconde question, on
-répond qu'il y a soixante-deux sortes de
-sons parmi les <span class="smcap">PETS</span>. Car, selon Cardan,
-le podex peut produire et former quatre
-modes simples de pets, l'<i>aigu</i>, le <i>grave</i>,
-le <i>réfléchi</i>, et le <i>libre</i>. De ces modes,
-il s'en forme cinquante-huit, qui avec
-l'addition des quatre premiers, donne
-dans la prononciation 62 sons, ou espèces
-différentes de <i>pets</i>. Les compte
-qui voudra. <i>Qui potest capere, capiat.</i></p>
-
-<p>Il y a trois causes principales de la
-variété de ces sons, savoir: la <i>matière
-du vent</i>, la <i>nature du canal</i> et la <i>force
-du sujet</i>. Si la matière du vent est sèche,
-le son du <span class="smcap">PET</span> est clair. Plus elle est humide,
-plus il est obscur; plus elle est
-égale et de même nature, plus il est
-simple; plus elle est hétérogène, plus
-il est multisonore.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_113" id="Page_113">[Pg 113]</a></span></p>
-
-<p>Si le canal est étroit, le son sera aigu;
-s'il est large, le son sera grave. La
-preuve résulte de la grosseur ou de la
-délicatesse des intestins, dont l'inanition
-ou la plénitude influe beaucoup sur le
-son, car on sait que ce qui est vuide est
-plus sonore que ce qui est plein. La
-troisième cause de la différence du son,
-consiste dans la vigueur du sujet. Plus
-la nature pousse fortement et vigoureusement,
-plus le bruit du pet est grand,
-plus il est étoffé.</p>
-
-<p>Il est donc clair que la différence des
-sons naît de la différence des causes. On
-le prouve facilement par l'exemple des
-flûtes, des trompettes et des flageolets.
-Une flûte à parois épaisses et larges,
-donne son son obscur. Une flûte étroite
-et mince en rend un clair; enfin, une
-flûte dont les parois tiennent le milieu
-entre l'épais et le mince en rend un mitoyen.
-La constitution de l'agent est
-<span class="pagenum"><a name="Page_114" id="Page_114">[Pg 114]</a></span>encore une cause qui prouve cette assertion.<br />
-<span style="margin-left: 0.5em;">Que quelqu'un, par exemple, qui</span><br />
-a le vent bon, embouche une trompette,
-il en tirera infailliblement des sons très-forts,
-et le contraire arrivera, s'il a l'haleine
-faible et courte. Disons donc que
-les instrumens à vent sont bien inventés
-et bien utiles pour l'appréciation des
-pets. Par eux, on tire des conjectures
-très-certaines. O admirables flûtes, tendres
-flageolets! graves cors de chasse!
-etc. Vous êtes bien faits pour être cités
-dans l'art de péter, quand on vous embouche
-mal; mais vous savez rendre une
-raison juste d'un son perçant ou grave,
-quand une bouche habile vous fait résonner.
-Soufflez donc habilement, musiciens.</p>
-
-<p>L'estime que m'inspire un confrère
-laborieux me fait une loi de citer la nouvelle
-machine que vient d'inventer le
-cit. Regnier, membre du Lycée des
-Arts, auteur d'une foule de découvertes
-utiles à l'humanité. Son aëromètre, servant<span class="pagenum"><a name="Page_115" id="Page_115">[Pg 115]</a></span>
-à fixer la durée et la force de l'air,
-peut être employé, avec succès pour déterminer
-la nature et la force du <span class="smcap">Pet</span>, et
-je n'ai pas dû le passer sous le silence.
-(Voyez l'annuaire du Lycée des Arts, où
-l'on trouve tout, excepté mon nom, et je
-vous dirai un autre jour le <span class="smcap">pourquoi</span>.)</p>
-
-
-<h3><span class="smcap">Question musicale. Duo singulier.
-Belle invention pour faire entendre
-un concert a un sourd.</span></h3>
-
-<p>Un savant allemand a proposé ici une
-question très-difficile à résoudre; savoir
-s'il y a de la musique dans les <span class="smcap">PETS</span>?
-<i>distinguo.</i> Il y a de la musique dans les
-pets diphtongués, <i>concedo</i>: dans les
-autres, <i>nego</i>.</p>
-
-<p>La musique que produisent les pets
-diphtongues, n'est pas de celle qui s'exprime
-par la voix, ou par l'impulsion de
-quelque chose de sonore, comme d'un
-violon, d'une guitarre, d'un clavecin,
-etc. Elle ne dépend que du mécanisme<span class="pagenum"><a name="Page_116" id="Page_116">[Pg 116]</a></span>
-du sphincter de l'anus, qui se resserrant
-ou s'élargissant, forme des sons graves,
-ou aigus. Les pets diphtongues font seuls
-de la musique.</p>
-
-<p>Deux petits garçons, mes compagnons
-d'école, avaient chacun un talent qui
-nous amusait tous trois. L'un rotait tant
-qu'il voulait sur différens tons, l'autre
-pétait de même. Le dernier, pour y
-mettre plus d'élégance et de raffinement,
-se servait d'un petit clayon à égouter les
-fromages, sur lequel il ajustait une
-feuille de papier; puis s'asseyant dessus
-à nud, et tortillant les fesses, il rendait
-des sons organiques et flûtés de toute
-espèce. La musique n'était pas à la vérité
-très-harmonieuse, ni les modulations
-fort savantes; il serait même difficile
-d'imaginer des règles de chant pour un
-pareil concert, et de faire aller ensemble,
-comme il faut, les bas et haut-dessus,
-les tailles et basses-tailles, les hautes et
-basses-contres, mais un habile compositeur<span class="pagenum"><a name="Page_117" id="Page_117">[Pg 117]</a></span>
-pourrait en tirer un système musical
-digne d'être transmis à la postérité, dans
-le poëme de l'espagnol <i>Yriarte</i>, sur cet
-art. C'est une diatonique distribuée à la
-Pythagoricienne, dont on trouvera les
-<i>chroma</i>, en serrant les dents, on réussirait
-certainement. Veut-on obtenir des
-sons aigus? choisissez un corps rempli
-de fumées subtiles et un anus étroit.
-Voulez-vous des sons deux fois plus
-graves? faites jouer un ventre plein de
-fumées épaisses et un canal large. Le sac
-à vents secs rendra les sons clairs, et le
-sac à vents humides, des sons obscurs.
-Le bas ventre est une orgue polyphtongue,
-d'où l'on peut tirer, comme d'un
-magasin, au moins douze tropes ou
-modes de sons, dont on choisira seulement
-ceux consacrés à l'agrément, tels
-que le <i>lyxoleidien</i>, l'<i>hypolyxoleidien</i>,
-le <i>dorique</i> et l'<i>hypadorique</i>. Ce qui
-est trop sensible détruit le sentiment.
-<i>A sensibili in supremo gradu destruitur<span class="pagenum"><a name="Page_118" id="Page_118">[Pg 118]</a></span>
-sensibile</i>, c'est un axiôme de
-philosophie. On ne fera donc rien que
-de modéré, et l'on sera sûr de plaire.
-Autrement, on épouvanterait, en imitant
-les sons bruyants des cataractes de
-Schaffouse, des montagnes d'Espagne,
-des sauts de Niagara ou de Montmorency
-dans le Canada, qui rendent les hommes
-sourds et font avorter les femelles, avant
-qu'elles soient grosses.</p>
-
-<p>Avant de finir ce chapitre, je ne puis,
-en bon citoyen, me dispenser de dédommager
-des torts de la nature ceux de
-mes amis envers lesquels elle a usé de
-rigueur. Il s'agit de faire participer un
-sourd à cette musique.</p>
-
-<p>Il prendra donc une pipe à fumer,
-en appliquera la tête à l'<i>anus</i> d'un concertant,
-et tiendra l'extrémité du tuyau
-entre les dents, comme on tient une
-montre par le bouton pour en observer
-le battement. Par le bénéfice de la contingence,
-il saisira tous les intervalles<span class="pagenum"><a name="Page_119" id="Page_119">[Pg 119]</a></span>
-des sons dans toute leur étendue et leur
-douceur. Nous en avons plusieurs exemples
-dans <i>Cardan</i> et <i>Baptiste Porta</i>,
-de Naples. Si quelqu'autre personne
-qu'un sourd, veut avoir ce plaisir et
-participer au goût, il pourra, comme le
-sourd, tirer fortement son vent. Alors,
-il recevra toutes les sensations et toute
-la volupté qu'il en pourra prétendre.</p>
-
-
-<h3><span class="smcap">Du Pet muet mal-proprement dit
-Vesse. Diagnostic et prognostic.</span></h3>
-
-<p>Il s'agit maintenant de nous faire
-comprendre sans parler. Les <i>pets</i> muets
-vulgairement appellés <i>vesses</i>, n'ont
-point de son, et se forment d'une petite
-quantité de vents très-humides.
-On les nomme en latin <span class="smcap">VISIA</span>, du verbe
-<i>visire</i>, en allemand <i>feistein</i>, et en anglais
-<i>fitch</i>, ou <i>vetch</i>. Elles sont <i>sèches</i>
-ou <i>foireuses</i>. Les sèches sortent sans
-bruit, et n'entraînent point avec elles
-de matière épaisse. Les <i>foireuses</i> sont au<span class="pagenum"><a name="Page_120" id="Page_120">[Pg 120]</a></span>
-contraire composées d'un vent taciturne
-et obscur, et emportent toujours avec
-elles un peu de matière liquide. Elles
-ont la vélocité d'une flèche ou de la foudre,
-et sont insupportables par l'odeur
-fétide qu'elles exhalent. Jean Despautère
-a dit qu'une liquide jointe à une
-muette dans la même syllabe, rend brève
-la voyelle douteuse, ce qui signifie que
-l'effet de la vesse foireuse est très-prompt.</p>
-
-<p>Un diable du pays latin voulant un
-jour lâcher un pet, et ne faisant qu'une
-vesse foireuse, s'écria avec colère et
-indignation, en maudissant la trahison
-de son derrière: <i>nusquam tuta fides?</i>
-Il n'y a donc plus de bonne foi dans le
-monde! On fait donc très-bien, quand
-on craint ces vesses, de mettre bas les
-culottes, et de lever sa chemise, avant
-de les lâcher. Il faut être sage, prudent
-et prévoyant.</p>
-
-<p>Les vesses foireuses sortant sans bruit,<span class="pagenum"><a name="Page_121" id="Page_121">[Pg 121]</a></span>
-sont un signe qu'il n'y a pas beaucoup
-de vents. La partie liquide qu'elles entraînent
-donne lieu de croire qu'elles
-sont salutaires. Elles indiquent la maturité
-de la matière, et qu'il est tems de
-soulager ses reins, suivant cet axiôme:</p>
-
-<p>
-<i>Maturum stercus est importabile pondus.</i><br />
-<br />
-C'est un lourd fardeau que l'envie d'aller à la selle.<br />
-</p>
-
-
-<h3><span class="smcap">De Pets ou vesses affectées et
-involontaires.</span></h3>
-
-<p>Le <i>pet affecté</i> ne se passe guères
-parmi les honnêtes gens, si ce n'est
-parmi ceux qui logent ensemble et qui
-couchent dans le même lit. Alors, on
-affecte d'en lâcher pour se faire rire, ou
-pour se faire pièce; on les pousse si dodus
-et si distincts, qu'on pourrait les
-prendre pour des coups de couleuvrines.
-J'ai connu une dame qui se couvrant
-l'anus avec sa chemise, s'approchait d'une
-chandelle récemment éteinte, et pétant<span class="pagenum"><a name="Page_122" id="Page_122">[Pg 122]</a></span>
-et vessant lentement et par gradation,
-la rallumait avec la dernière adresse.
-Mais une autre qui la voulut imiter ne
-réussit point, réduisit la mèche en une
-poudre ardente qui se dissipa bientôt en
-l'air, et se brûla le derrière, tant il est
-vrai que: <i>Il n'est pas permis à tout le
-monde d'aller à Corinthe.</i> Un amusement
-très-joli, c'est de recevoir une vesse
-dans sa main, de l'approcher du nez de
-celle ou de celui avec qui l'on est couché,
-pour les faire juger du goût ou de
-l'espèce.</p>
-
-<p>Le <i>pet involontaire</i> a lieu à l'insçû
-de celui qui lui donne l'être, lorsqu'on
-est couché sur le dos, ou qu'on se baisse,
-ou qu'on fait de grands éclats de rire,
-ou enfin, quand on éprouve de la crainte.
-Celui-là est ordinairement excusable.</p>
-
-
-<h3><span class="smcap">Effets utiles des pets et des vesses.</span></h3>
-
-<p>Tout pet est salutaire par lui-même,
-en tant que l'on se débarrasse d'un vent<span class="pagenum"><a name="Page_123" id="Page_123">[Pg 123]</a></span>
-qui incommode. Cette évacuation détourne
-plusieurs maladies, la fureur, la
-douleur hypocondriaque, la colique,
-les tranchées, la passion iliaque, etc.
-Mais lorsqu'ils remontent, ou ne trouvent
-pas de sortie, ils attaquent le cerveau
-par la prodigieuse quantité de vapeurs
-qu'elles y portent, corrompent
-l'imagination, rendent mélancolique,
-frénétique, et engendrent d'autres maladies
-très-fâcheuses. De-là, les fluxions
-qui se forment par la distillation des fumées
-de ces météores sinistres, et qui
-descendent dans les parties inférieures:
-heureux quand on en est quitte pour
-la toux, et les catarrhes. Le plus grand
-mal est d'être incapable de toute application,
-et rebuté par l'étude et le
-travail. Partez comme moi de ce principe,
-cher lecteur, qu'il y a une utilité particulière
-à péter; je vais en citer plusieurs
-exemples.</p>
-
-<p>Une dame, dans un cercle nombreux,<span class="pagenum"><a name="Page_124" id="Page_124">[Pg 124]</a></span>
-est attaquée d'un mal de côté: allarmée
-d'un accident si imprévu, elle quitte une
-fête qui semblait n'être faite que pour
-elle, et dont elle était l'ornement. On
-s'agite, on s'inquiète, on vole à son secours.
-La faculté s'assemble à la hâte,
-consulte, raisonne, cherche la cause du
-mal, cite force auteurs, s'informe de la
-conduite et du régime de la dame. La
-malade s'examine et se rappelle qu'elle
-a imprudemment retenu un gros pet qui
-lui demandait son congé.</p>
-
-<p>Une autre, sujette aux vents, retient
-douze gros <i>pets</i> captifs, qui successivement
-essaient de se faire jour. Elle se
-met à la torture, pendant une longue
-séance, et se présente à une table bien
-servie, croyant y faire figure. Qu'arrive-t-il?
-elle dévore des yeux des mets auxquels
-elle ne peut toucher. Tout est
-plein, son estomach rempli de vents,
-ne peut plus recevoir de nourriture.</p>
-
-<p>Un petit maître, un abbé poli, un<span class="pagenum"><a name="Page_125" id="Page_125">[Pg 125]</a></span>
-grave magistrat, tous trois également
-contrefaits, font de leur corps une caverne
-d'Eole; ils y introduisent les
-vents, l'un par ses éclats, l'autre ses
-doctes entretiens, le dernier dans ses
-longues harangues. Bientôt ils sentent
-l'effort d'une violente tempête intestine,
-se roidissent contre sa fureur. Pas un
-d'eux ne lâche le moindre pet; de retour
-chez eux, une violente colique
-que toute la pharmacie ne peut appaiser,
-les abat impitoyablement, et les met à
-deux doigts de la mort.</p>
-
-<p>Que de biens ne procure point un pet
-lâché à propos. Il dissipe tous les symptômes
-d'une maladie sérieuse, il bannit
-toutes craintes et tranquillise par sa présence
-les esprits allarmés. Tel se croyant
-dangereusement malade, appelle tous les
-sectateurs de Galien, qui tout-à-coup
-faisant un pet copieux, remercie la médecine,
-et se trouve parfaitement guéri.
-Tel autre se lève avec un poids énorme<span class="pagenum"><a name="Page_126" id="Page_126">[Pg 126]</a></span>
-sur l'estomach, et sort du lit tout gonflé.
-Il n'a cependant fait la veille aucun excès.
-Sans goût, sans appétit, il ne prend
-aucune nourriture, s'inquiète, s'allarme;
-la nuit vient, et ne lui apporte que la
-faible espérance d'un sommeil interrompu.
-A l'instant où il se met au lit,
-une tempête s'élève dans la basse région,
-les intestins émus semblent se plaindre,
-et après de violentes secousses, un gros
-pet se fait jour et laisse notre malade
-confus de s'être inquiété pour si peu de
-chose.</p>
-
-<p>Une femme esclave du préjugé n'avait
-jamais connu les avantages du Pet. Depuis
-douze ans, victime malheureuse de
-sa maladie, et de la médecine, elle avait
-épuisé tous les remèdes. Eclairée enfin
-sur l'utilité du Pet, elle pète librement
-et souvent; dès-lors, plus de douleurs,
-elle jouit d'une santé parfaite.</p>
-
-<p>Si la <i>vesse</i> trouble l'économie de la
-société par sa nature malfaisante, le<span class="pagenum"><a name="Page_127" id="Page_127">[Pg 127]</a></span>
-<i>Pet</i> est son antidote. Il la détruit, et
-l'empêche de paraître, lorsqu'il a eu
-lui-même assez de force pour se faire
-un passage, car il est évident, d'après
-tout ce que j'ai dit, qu'on ne vesse que
-parce qu'on n'a pas voulu péter, et que
-par-tout où se trouve le frère aîné le
-Pet, sa sœur, la vesse ne peut se trouver.</p>
-
-<p>Je trouve dans un très-ancien manuscrit,
-la pièce suivante, qui n'est pas
-sans mérite, et qui va très-bien à mon
-sujet.</p>
-
-
-<p><span class="smcap">Air</span>: <i>De la Reynie.</i></p>
-
-<div class="poetry-container">
-
-<div class="poetry">
- <div class="verse">Ah! je prétends punir votre insolence,</div>
- <div class="verse">Remarquez bien ce que vous avez fait:</div>
- <div class="verse">Quoi, vous osez péter en ma présence,</div>
- <div class="verse">Savez-vous bien où peut aller un pet?</div>
-</div></div>
-
-<p class="ac noindent"><span class="smcap">Réponse.</span></p>
-
-<div class="poetry-container">
-
-<div class="poetry"><div class="stanza">
- <div class="verse">Un pauvre <span class="smcap">Pet</span> réduit à l'esclavage,</div>
- <div class="verse">Las de souffrir une sale prison,</div>
- <div class="verse">Est-il puni pour se faire un passage?</div>
- <div class="verse">La liberté fut toujours de saison.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Quoi, pour un <span class="smcap">PET</span> échappé sans malice,</div>
- <div class="verse">Ai-je péché contre les réglemens?</div><span class="pagenum"><a name="Page_128" id="Page_128">[Pg 128]</a></span>
- <div class="verse">Déclarez-nous, grands juges de police,</div>
- <div class="verse">Si vous voulez aussi régler les vents.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Un <span class="smcap">PET</span> est-il assez de conséquence,</div>
- <div class="verse">Pour élever contre un cul tous nos sens?</div>
- <div class="verse">Ce pauvre cul, quoique plein d'innocence,</div>
- <div class="verse">Pour vous fléchir, vous donne de l'encens.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Jamais un <span class="smcap">PET</span>, soit dit sans vous déplaire,</div>
- <div class="verse">Ne fut poussé plus méthodiquement,</div>
- <div class="verse">J'avais aussi mes raisons pour le faire,</div>
- <div class="verse">Car jamais <span class="smcap">PET</span> ne fut sans fondement.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Veillez, ô guet, à nettoyer les rues,</div>
- <div class="verse">Réglez les jeux, la chair et le poisson;</div>
- <div class="verse">Mais sur les culs vous n'avez point de vues,</div>
- <div class="verse">Un cul peut tout dedans son caleçon.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Que feriez-vous de nous en votre empire,</div>
- <div class="verse">Disaient les vents du nord et du levant;</div>
- <div class="verse">Vous qui grondez contre un simple zéphire</div>
- <div class="verse">Qui par hasard est venu du Ponant?</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Appaisez donc, Monsieur, votre colère,</div>
- <div class="verse">A quoi sert-il à moi de disputer?</div>
- <div class="verse">Vous permettez à mon âne de braire,</div>
- <div class="verse">Défendrez-vous à mon cul de <span class="smcap">PETER</span>?</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Ah! si j'osais, mais je n'ose le dire,</div>
- <div class="verse">Ou, si j'osais vous le dire tout bas;</div><span class="pagenum"><a name="Page_129" id="Page_129">[Pg 129]</a></span>
- <div class="verse">Je n'en puis plus, mon mal de ventre empire,</div>
- <div class="verse">Je vais... sous moi.... ne le sentez-vous pas?</div>
-</div></div>
-</div>
-
-<p>Ce serait une injustice de croire que
-les rires excités par le <span class="smcap">Pet</span>, sont plutôt
-des signes de mépris et de pitié, que la
-marque d'une véritable joie. Le <span class="smcap">Pet</span>
-contient en lui-même un agrément essentiel,
-indépendant des lieux et des
-circonstances.</p>
-
-<p>Auprès d'un malade, une famille en
-pleurs attend le fatal moment qui va lui
-enlever un chef, un fils, un frère, un
-époux. Quel tableau désespérant et terrible!
-tout-à-coup, un <span class="smcap">PET</span> parti avec
-fracas du lit du moribond, suspend la
-douleur des assistans, fait naître une
-lueur d'espérance et excite encore au
-moins un sourire. Si, près d'un moribond,
-où tout n'inspire que le deuil, le
-<span class="smcap">Pet</span> peut égayer les esprits et dilater les
-cœurs, doutera-t-on du pouvoir de ses
-charmes? En effet, susceptible de diverses
-modifications, il varie ses agrémens,<span class="pagenum"><a name="Page_130" id="Page_130">[Pg 130]</a></span>
-et doit par-là plaire généralement.
-Tantôt précipité dans sa sortie, impétueux
-dans son mouvement, il imite le
-fracas du canon; alors il plaît à l'homme
-de guerre; tantôt, retardé dans sa course,
-gêné dans son passage par les deux hémisphères
-qui le compriment, il imite
-les instrumens de musique. Bruyant quelquefois
-dans ses accords, souvent flexible
-et moëlleux dans ses modulations, il doit
-plaire aux ames sensibles, et presqu'à
-tous les hommes, car il en est peu qui
-n'aiment pas la musique, puisque les
-brutes même en sont touchées. Le <span class="smcap">Pet</span>
-étant agréable, son utilité particulière
-et générale étant bien démontrée, sa
-prétendue indécence combattue et détruite,
-qui pourra lui refuser son suffrage?
-Cicéron, liv. I. des Offices, dit:
-<i>Ce qui est utile, agréable et honnête,
-est censé avoir une bonté et une valeur
-réelle.</i></p>
-
-<p>Loin de blâmer les péteurs, les anciens<span class="pagenum"><a name="Page_131" id="Page_131">[Pg 131]</a></span>
-encourageaient au contraire leurs
-disciples à ne se point gêner. Les Stoïciens
-dont la philosophie était la plus
-épurée de ces tems-là, disaient que la
-devise des hommes était, <i>à la liberté</i>.
-Les plus grands philosophes, et Cicéron
-lui-même, préféraient la doctrine stoïque
-aux autres sectes qui traitaient de la félicité
-de la vie humaine. Tous, par des
-argumens sans réplique ont obligé leurs
-adversaires, de convenir que parmi les
-préceptes les plus salutaires à la vie,
-non-seulement les pets, mais encore les
-rots, devaient être libres. On peut voir
-ces argumens dans la 9<sup>e</sup>. épître familière
-de Cicéron à <span class="smcap">Pœte</span>, 174, et l'on y verra,
-entre une infinité de bons conseils, celui-ci:
-<i>Qu'il faut faire et se conduire en
-tout selon que la nature l'exige.</i> Il
-est donc inutile d'après cela, d'alléguer
-avec emphase les lois de la pudeur et de
-la civilité qui, toutes respectables qu'elles
-sont, ne doivent pourtant pas l'emporter<span class="pagenum"><a name="Page_132" id="Page_132">[Pg 132]</a></span>
-sur la conservation de la santé et de la
-vie même.</p>
-
-<p>Mais enfin, s'il est encore quelqu'esclave
-de ce préjugé, sans le dissuader de péter,
-nous allons lui donner le moyen de dissimuler
-au moins son <i>pet</i>. Il aura donc
-soin de l'accompagner d'un vigoureux
-<i>hem</i>, <i>hem</i>. Si ses poumons ne sont pas
-assez forts, il affectera un grand éternuement;
-alors, il sera accueilli, fêté
-même de toute la compagnie, et comblé
-de bénédictions. S'il ne peut ni l'un, ni
-l'autre, il crachera bien fort, ou remuera
-bien fort sa chaise. S'il ne peut faire tout
-cela, qu'il serre les fesses bien fort. La
-compression et le resserrement du grand
-muscle de l'anus rendra femelle ce qui
-devait être mâle. Cette malheureuse
-finesse fera payer bien cher à l'odorat ce
-qu'elle épargne à l'ouïe, mais je ne garantis
-pas des suites funestes de cette
-ruse, et je conclus qu'il vaut mieux,
-comme l'archevêque que je vais citer,<span class="pagenum"><a name="Page_133" id="Page_133">[Pg 133]</a></span>
-appeller l'attention sur un autre objet,
-par une transition ingénieuse:</p>
-
-<div class="poetry-container">
-<div class="poetry"><div class="stanza">
- <div class="verse">Notre archevêque Mitra,</div>
- <div class="verse">Prélat de bonne figure,</div>
- <div class="verse">Fit l'autre jour un gala,</div>
- <div class="verse">Où l'on ne but point d'eau pure.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Un chanoine gros et gras,</div>
- <div class="verse">Et d'une épaisse encolure,</div>
- <div class="verse">Fit le plaisir du repas;</div>
- <div class="verse">J'en vais conter l'aventure.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Assis sur son perroquet,</div>
- <div class="verse">Siège étroit pour sa quarrure,</div>
- <div class="verse">Il tomba sur le parquet,</div>
- <div class="verse">Sans se faire une blessure.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Etendu comme un crapaud,</div>
- <div class="verse">Tout prêt à crever d'enflure,</div>
- <div class="verse">Il nous lâcha bien et beau</div>
- <div class="verse">Un vent de mauvaise augure.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Au bruit de cet accident,</div>
- <div class="verse">Chacun rit outre mesure,</div>
- <div class="verse">Monseigneur dit gravement:</div>
- <div class="verse">Buvons tous, je vous conjure.</div>
-</div></div>
-</div>
-
-<p>Dans le siècle dernier, une vieille<span class="pagenum"><a name="Page_134" id="Page_134">[Pg 134]</a></span>
-femme, sourde comme un pot, faisait
-ses prières dans l'église de Bonne-Nouvelle,
-à Paris. Profondément baissée
-devant l'image de Marie, elle lâchait à
-plusieurs reprises des <i>pets</i> assez intelligibles.
-«Bonne femme, lui dit charitablement
-quelqu'un qui, placé derrière
-elle, les recevait de la première main,
-bonne femme, vous pétez... Ah! monsieur,
-répliqua-t-elle, je vous demande
-bien pardon; j'ai le malheur d'être
-sourde, et je croyais que c'était seulement
-des vesses». Il arriva la même
-chose à Œthon, qui n'était pas sourd,
-au rapport de Martial, livre 12. épigr.
-78., qui finit ainsi:</p>
-
-<div class="poetry-container">
-<div class="poetry">
- <div class="verse">»<i>Sed quamvis sibi caverit precando,</i></div>
- <div class="verse">»<i>Compressis natibus Jovem et salutet,</i></div>
- <div class="verse">»<i>Turbatus tamen, usque et usque pedit,</i></div>
- <div class="verse">»<i>Mox</i> Œthon, <i>deciesque, viciesque.</i></div>
-</div></div>
-
-<p>Mes lecteurs me sauront gré de leur
-offrir l'énigme suivante:</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_135" id="Page_135">[Pg 135]</a></span></p>
-<div class="poetry-container">
- <div class="poetry">
- <div class="verse">»<i>Ante domum quidam, seclam coeco parat antro,</i></div>
- <div class="verse indent-1_5">«<i>Proripere incautus, nil metuensque mali,</i></div>
- <div class="verse">»<i>Nam se exissetratus, quidam arcte comprimit, ipsis</i></div>
- <div class="verse">»<i>In foribus; clamor surgat ut inde gravis.</i></div>
-</div></div>
-
-<p class="ac noindent"><span class="smcap"><i>Solutio.</i></span></p>
-
-<div class="poetry-container">
-<div class="poetry">
- <div class="verse">»<i>Absque sono flatus saepe affectatus acuto,</i></div>
- <div class="verse">»<i>Non affectatum ventris it in crepitum.</i></div>
-</div></div>
-
-<p><i>Henri</i> <span class="smcap">Bebelle</span>, dont les facéties
-composées en 1506 sont si rares, que
-M. de la Monnoye lui-même paraît n'en
-avoir eu aucune connaissance, puisqu'il
-n'en dit rien, et que l'on ne trouve le
-titre de ce livre sur aucun catalogue,
-nous a conservé le trait suivant:</p>
-
-<p>Un orateur lâcha un <span class="smcap">PET</span>, en présence
-du grand Sigismond, duc d'Autriche,
-qu'il haranguait: «Si vous voulez parler,
-dit-il en se retournant vers son derrière,
-il faudra que je me taise». Puis,
-sans faire paraître le moindre embarras,
-il continua sa harangue. Sa présence
-d'esprit et son ton flegmatique, dans un<span class="pagenum"><a name="Page_136" id="Page_136">[Pg 136]</a></span>
-moment si périlleux, plurent tant à ce
-Prince qui aimait la gaîté, qu'il eut depuis
-lors toutes sortes d'égards pour cet
-orateur facétieux. Voilà la fortune d'un
-littérateur due à un pet. Il y a tant d'ouvrages
-encore meilleurs que celui-ci,
-qui ont conduit l'auteur à l'hôpital!</p>
-
-<p>En voici encore un tiré du même auteur:</p>
-
-<p>Un prêtre baptisait un enfant. Lorsqu'il
-en fut à ces paroles de l'exorcisme:
-<i>il fit de la boue avec son crachat</i>, la
-sage-femme qui tenait l'enfant et qui se
-baissait pour ramasser de la poussière,
-lâcha un pet énorme. Le prêtre étonné
-quitte sa lecture. «Voyez, dit-il aux assistans,
-quelle est la force miraculeuse
-des paroles sacrées, j'ai commandé à
-Satan de sortir, il est sorti, en remplissant
-l'air de sa puanteur, comme vous
-devez le sentir». La femme déconcertée,
-et qui n'a pas entendu ce qu'a dit le
-prêtre, dit que c'est l'enfant qui a pété<span class="pagenum"><a name="Page_137" id="Page_137">[Pg 137]</a></span>
-et non pas elle.—Que le mal Saint-Jean
-t'arde, répond l'autre irrité. Car si tu
-es aussi impoli en naissant, en présence
-d'un prêtre respectable et dans un lieu
-saint, que feras-tu donc, dans un âge
-avancé?»</p>
-
-<p>Le père des Calembourgs, le fameux
-marquis de Bièvre, a dit plusieurs choses
-très-plaisantes sur le Pet. Comme j'écris
-de mémoire, et que cette partie de mon
-moral, jadis bien fournie, me manque
-souvent au besoin, je citerai seulement
-cette plaisanterie. Quelqu'un disait dans
-une société où il se trouvait, que la
-guerre était un terrible fléau, mais
-qu'heureusement il courait des bruits de
-paix (de <i>pet</i>.) oh! pour cela, dit le
-marquis, <i>ce n'est pas sans fondement</i>.
-L'orateur qui se disposait à faire de l'esprit
-sur son texte, fut arrêté tout court,
-au milieu de son vol, et tout le monde
-rit encore. (Le lecteur ne trouvera pas
-à présent le mot très-neuf).</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_138" id="Page_138">[Pg 138]</a></span></p>
-
-<p>Mais je m'aperçois avec chagrin que
-le nombre obligé des pages que doit
-avoir mon volume, me force de finir,
-je remets donc à une autre édition tout
-ce qui me reste à dire sur le <span class="smcap">Pet</span>, ou
-aux deux ouvrages indiqués dans ma
-préface, si toutefois vous pouvez les
-trouver; et avant de fermer le volume,
-je veux vous donner un conseil dont
-vous sentirez toute l'importance.</p>
-
-<p>Si vous êtes dans un cercle nombreux,
-où un ignorant <i>incroyable</i> trouve le
-secret d'ennuyer, s'il vous assomme depuis
-une heure par mille impertinences
-débitées en arrangeant sa cravatte, relevant
-ses bottes, montrant ses dents,
-étalant ses grâces, soyez sûr que cet
-impitoyable ennemi de la société ne
-pourra résister à l'attaque d'un <span class="smcap">Pet</span>, qui
-l'arrêtera tout court, au milieu de l'éructation
-de ses sottises, tirera tous les
-esprits de la captivité, en faisant diversion
-au babil assassin de leur ennemi
-commun.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_139" id="Page_139">[Pg 139]</a></span></p>
-
-<p>S'il arrive qu'une assemblée brillante
-garde depuis deux heures un silence plus
-morne que celui des anciens chartreux;
-si, les uns par ignorance, les autres par
-timidité, enfin par cérémonie, on est
-près de se séparer sans avoir prononcé
-un seul mot, soyez sûr que le <span class="smcap">Pet</span> va
-ranimer tout le monde, épanouir les
-figures, dilater les cœurs, et prodiguer
-tous les charmes d'une conversation enjouée,
-saupoudrée de critique et de
-plaisanterie. D'où je conclus que le <span class="smcap">Pet</span>
-est le père de la joie, de la santé, de
-l'esprit, et de la liberté. J'ai fini. Adieu.</p>
-
-<p>
-<i>Claudite jam rivos pueri, sat prata biberunt.</i><br />
-</p>
-
-<p><i>P. S.</i> Il a paru, il y a longtemps, un
-<i>Art de péter</i>, parodié sur l'art poëtique de Boileau,
-et une pièce intitulée: <i>Généalogie de
-Milord <span class="smcap">Pet</span></i>; mais il m'a été impossible de
-me procurer ces ouvrages. Il vient de paroître
-une pièce intitulée <i>Caquire</i>, par M. de <i>Vessaire</i>,
-parodiée de Zaïre, 1 vol. in-8<sup>o</sup>. qui
-se trouve chez les mêmes libraires.</p>
-
-<hr class="chap" />
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_140" id="Page_140">[Pg 140]</a></span></p>
-
-
-
-
-<h2><a name="REGLEMENT_PROVISOIRE" id="REGLEMENT_PROVISOIRE">RÉGLEMENT PROVISOIRE</a>
-<br />
-<span class="smaller">DE LA SOCIÉTÉ</span><br />
-<span class="smaller smcap">des Francs-Péteurs.</span></h2>
-
-
-<p class="noindent"> <span class="smcap">
-Tout</span> récipiendaire doit avoir un état
-au moins honnête, de l'aisance et une
-sorte de crédit dans le monde.</p>
-
-<p>Il ne sera admis qu'aux deux tiers des
-suffrages.</p>
-
-<p>L'épreuve sera d'un an entier.</p>
-
-<p>On ne prendra point d'argent pour la
-réception d'un Franc-péteur. On devrait
-payer au contraire les hommes assez courageux
-pour oser devenir libres et procurer
-la liberté aux autres.</p>
-
-<p>Il faudra, pour être reçu, n'avoir
-pas moins de 24 ans, et pas plus de 60.</p>
-
-<p>On exige du récipiendaire une disposition
-marquée pour l'éloquence, et sur-tout
-la connaissance de sa langue.</p>
-
-<p>Les Francs-péteurs n'auront au-dehors
-aucunes marques distinctives. Dans leurs<span class="pagenum"><a name="Page_141" id="Page_141">[Pg 141]</a></span>
-assemblées seulement, ils porteront au
-cou un ruban blanc, au bout duquel
-pendra la figure en or de Zéphire, couronné
-de toutes sortes de fleurs, avec
-cette devise: <span class="smcap">A la liberté.</span></p>
-
-<p>Le lieu des séances se nomme <i>Case</i>.</p>
-
-<p>La formule du serment pour être reçu,
-est conçue en ces termes: «Tenant à
-grand honneur d'entrer dans la société
-des Francs-péteurs, je promets une constante
-soumission à son directeur et une
-tendre amitié à tous les frères. Ennemi
-déclaré du préjugé, je le combattrai en
-tous lieux, en pétant librement, souvent
-et méthodiquement».</p>
-
-<p>Cette formule prononcée à haute voix
-sera suivie d'une canonnade ou salve de
-pets, en signe d'allégresse.</p>
-
-<p>Les repas se font dans la salle du
-<i>Zéphire</i> ou de la <i>Liberté</i>.</p>
-
-<p>Les discours d'éloquence ne seront
-prononcés que dans la <i>Case</i>, ainsi que
-les bons poëmes et odes, à l'honneur du
-Pet.</p>
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_142" id="Page_142">[Pg 142]</a></span></p>
-
-<p>Les petits madrigaux, quatrains,
-épitres, stances et couplets ne seront
-reçus qu'à table.</p>
-
-<p>Les Francs-péteurs ne feront des vers
-que dans l'intention de faire ensuite de
-meilleure prose.</p>
-
-<p>Les applaudissemens ne se manifesteront
-que par le bruit des pets. L'improbation,
-par le silence.</p>
-
-<p>Le recueil sera publié tous les ans, et
-marchera de pair avec celui des mille et
-une autres sociétés en vogue.</p>
-
-<p>Tous les deux mois, on tiendra la
-<i>Case</i> ordinaire.</p>
-
-<p>Le conseil tiendra tous les huit
-jours.</p>
-
-<p>Chaque année, le premier ventôse,
-époque où les vents impétueux sont censés
-faire le plus de fracas, sera l'assemblée
-générale, où les officiers de chaque
-case feront l'extrait des délibérations du
-conseil; les trésoriers y rendront leurs
-comptes. Les réflexions et observations<span class="pagenum"><a name="Page_143" id="Page_143">[Pg 143]</a></span>
-seront proposées par écrit et signées de
-leur auteur.</p>
-
-<p>Chaque case est composée d'un directeur,
-d'un vice-gérent ou directeur en
-second, d'un orateur, d'un foudroyant,
-d'un introducteur et d'un trésorier.</p>
-
-<p>Tous les officiers composeront le conseil,
-et y appelleront les cinq derniers
-officiers sortans de charge, avec les plus
-anciens frères; de sorte qu'ils seront
-toujours au nombre de douze.</p>
-
-<p>Il n'y aura point de chef, ni de secrétaire-général,
-ou perpétuel, car leur
-autorité balancerait d'abord et neutraliserait
-ensuite le pouvoir de l'universalité.</p>
-
-<p>Il ne pourra y avoir absolument qu'une
-Case d'établie dans chaque ville, excepté
-à Paris, où il y en aura trois,
-l'une au centre et les deux autres répondantes
-à l'orient et à l'occident.</p>
-
-<p>Chaque Case ne pourra être composée
-que de trente sujets exclusivement. Ils<span class="pagenum"><a name="Page_144" id="Page_144">[Pg 144]</a></span>
-suffisent pour ramener à la liberté des
-concitoyens de bonne foi.</p>
-
-<p>La société aura des correspondans
-dans toutes les communes de la République;
-et dans les pays étrangers, un
-chef de correspondance, auquel tous les
-autres associés rendront compte de leurs
-opérations.</p>
-
-<p>On s'assemblera tous les deux mois,
-à 8 heures du matin, en été, et à dix en
-hiver. On fera un dîner honnête, mais
-frugal.</p>
-
-<p>Il n'y aura point de frères du second
-ordre.</p>
-
-<p><i>Nota.</i> Si la société a lieu, on donnera
-plus d'étendue à ce réglement,
-mais le nom de la société ne changera
-pas.</p>
-
-
-<p class="ac noindent larger">FIN.</p>
-
-<hr class="chap" />
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_145" id="Page_145">[Pg 145]</a></span></p>
-
-
-
-
-<h2><a name="NOTE_BIBLIOGRAPHIQUE" id="NOTE_BIBLIOGRAPHIQUE">NOTE BIBLIOGRAPHIQUE.</a></h2>
-
-<p><span class="smcap">
-Les</span> littérateurs qui, comme moi, voudroient
-se délasser de travaux plus sérieux,
-par la traduction des autres éloges
-comiques, seront bien aise sans
-doute de connaître l'ouvrage suivant,
-dans lequel ils trouveront une vaste
-carrière.</p>
-
-<p>Il est intitulé: <span class="smcap">Amphitheatrum Sapientiæ
-Socraticæ Joco-seriæ</span>, hoc
-est, <i>Encomia et commentaria auctorum
-quà veterum, quà recentiorum
-propè omnium; quibus res, aut pro
-vilibus vulgò aut damnosis habitæ,
-styli patrocinio vindicantur, exornantur:
-opus ad mysteria naturæ discenda,
-ad omnem amœnitatem, sapientiam,
-virtutem, publicè privatèquè
-utilissimum, in 2 tom. partim ex libris
-editis, partim manuscriptis congestum
-tributumque, à <span class="smcap">Gaspare<span class="pagenum"><a name="Page_146" id="Page_146">[Pg 146]</a></span>
-Dornavio</span> philosopho et medico.
-<span class="smcap">Hanoviæ</span>, typis Vechelianis, 1619,
-in-folio.</i></p>
-
-<p>C'est dans ce recueil précieux que
-j'ai puisé une partie de mon éloge du
-<span class="smcap">Pet</span>.</p>
-
-<p>Voy. pag. 349, <i>Rodolphi Goclenii
-problemata de crepitu ventris</i>; et pag.
-355, <i>De peditu ejusque speciebus,
-crepitu et visio, discursus methodicus
-in theses digestus, autore Buldriano
-Sclopetario, Blesense. Clareforti,
-apud Stancarum Cepollam, sub
-signo divi Blasii</i>, 1596.</p>
-
-<p>Parmi les éloges que contient ce recueil,
-et que nous n'avons pas cités dans
-la préface de cet ouvrage, pour ne pas
-la rendre trop longue, voici ceux qui
-nous paraissent les plus dignes de trouver
-des traducteurs:</p>
-
-<p>
-<span class="pagenum"><a name="Page_147" id="Page_147">[Pg 147]</a></span>De la Fourmi, par <i>Erasme Ebner</i>, page 80.<br />
-<br />
-De l'Araignée. <i>Ant. Thylesius.</i> 112.<br />
-<br />
-De la Puce de Cath. Desroches. <i>Barn. Brisson.</i> 27.<br />
-<br />
-Du Moucheron. <i>Virgile</i> et <i>Jean Ja comot.</i> 113.<br />
-<br />
-Du Ver luisant. <i>Mich. Gehlerus.</i> 173.<br />
-<br />
-Des Vers. <i>Ulysse Aldrovandus.</i> 171.<br />
-<br />
-De la Paille. <i>Fred. Widebramus.</i> 232.<br />
-<br />
-De la Colombe. <i>Ulyss. Aldrovand.</i> 374.<br />
-<br />
-De la Boue. <i>Joan. Majoragius.</i> 173.<br />
-<br />
-Du Chêne. <i>Gasp. Dornavius.</i> 201.<br />
-<br />
-De la Barbe. <i>Ant. Hotomanni.</i> 318.<br />
-<br />
-Du Cygne. <i>Jean Passerat.</i> 373.<br />
-<br />
-Du Scarabée. <i>Gasp. Dornavius.</i> 126.<br />
-<br />
-Du Cheval. <i>Juste Lipse.</i> 489.<br />
-<br />
-Du Chien. <i>Philippe Camerarius.</i> 517.<br />
-<br />
-Du Lièvre. <i>Titus Strozza.</i> 602.<br />
-<br />
-De la Porte. <i>Jean Campanus.</i> 657.<br />
-<br />
-Des Huîtres. <i>Michael Mayer.</i> 613.<br />
-<br />
-Du Singe. <i>Daniel Heinsius.</i> 539.<br />
-<br />
-De la Petitesse. <i>Ericius Puteanus.</i> 772.<br />
-<br />
-Du Rire. <i>Par le même.</i> 777.<br />
-<br />
-Du Mercure. <i>Mich. Mayer.</i> 604.<br />
-<span class="pagenum"><a name="Page_148" id="Page_148">[Pg 148]</a></span><br />
-Du Fer. <i>Nicolas Monard.</i> 614.<br />
-<br />
-De l'Eléphant. <i>Juste Lipse.</i> 480.<br />
-<br />
-De l'Alouette. <i>Ulys. Aldrovand.</i> 466.<br />
-<br />
-Du Plongeon. <i>Jacq. Eyndius.</i> 468.<br />
-<br />
-De l'Hirondelle. <i>Par le même.</i> 457.<br />
-<br />
-De la Pie. <i>Par le même.</i> 465.<br />
-<br />
-De la Grue. 470.<br />
-<br />
-Du Geai. <i>Par le même.</i> 455.<br />
-<br />
-Du Corbeau. <i>Jov. Pontanus.</i> 454.<br />
-<br />
-De la Chouette. <i>Euricius Cordus.</i> 455.<br />
-<br />
-Du Veau. <i>Mich. Mayer.</i> 505.<br />
-<br />
-Du Mouton. <i>Par le même.</i> 504.<br />
-</p>
-
-<p><i>Nota.</i> Je me propose de publier ceux
-des <i>Poux</i>, de la <i>paille</i>, de la <i>boue</i>, de
-la <i>cigogne</i> et de l'<i>œuf</i>, si celui-ci a le
-succès que j'en espère.</p>
-
-<hr class="chap" />
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_149" id="Page_149">[Pg 149]</a></span></p>
-
-
-
-
-<h2><a name="NOTES_OMISES" id="NOTES_OMISES">NOTES OMISES.</a></h2>
-
-
-<p>A la page 79. <span class="smcap">Pet de Nonne.</span></p>
-
-<p>Les nones ont donné le nom de <span class="smcap">Pet</span> à une
-de leurs pâtisseries les plus exquises. Tout le
-monde connaît les <i>pets de nonne</i>, dont les directeurs,
-les abbés, les pater et les prélats,
-étaient si friands et toujours si bien approvisionnés.
-Ce <span class="smcap">Pet</span> est une espèce de croquignolle,
-un beignet de forme globulaire, appelé
-en latin: <i>monialis crepitus</i>.</p>
-
-<p>A la page 106.</p>
-
-<p>Un homme se trouvant dans un cercle
-nombreux après le dîner, se tenoit debout,
-appuyé sur la cheminée, et tournant le dos au
-feu, comme cela se pratique assez ordinairement.
-La trop vive chaleur du feu, qui l'incommodoit
-beaucoup, provoqua chez lui un
-vent des mieux conditionnés. Il s'en excusa
-en homme d'esprit et sans se déconcerter:
-«Je vous demande mille pardons, dit-il,
-mais je suis de la nature du bois verd,
-quand je brûle, je pète».</p>
-
-<hr class="chap" />
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_150" id="Page_150">[Pg 150]</a></span></p>
-
-
-
-
-<h2><a name="POESIES" id="POESIES">POESIES</a><br />
-<i>FUGITIVES</i>.</h2>
-
-
-<h3>LA PUCE,<br />
-
-<i>Traduite du latin d'Ovide</i>,</h3>
-
-<div class="poetry-container">
-<div class="poetry"><div class="stanza">
- <div class="verse">Insecte imperceptible et pourtant redoutable,</div>
- <div class="verse">Dont le dard importun plonge avec volupté</div>
- <div class="verse">Sur la peau de satin qui couvre un sexe aimable,</div>
- <div class="verse">Quels termes employer contre ta cruauté?</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">De son sang le plus pur je te vois altérée,</div>
- <div class="verse">Nuancer de son corps les roses et les lys,</div>
- <div class="verse">D'un ébène inégal, d'une tache pourprée</div>
- <div class="verse">Qui déparent l'éclat de ses membres polis.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Lorsque d'une beauté qui doucement sommeille,</div>
- <div class="verse">Tu ne respectes point les plus parfaits contours,</div>
- <div class="verse">Je la vois tressaillir; elle bondit, s'éveille,</div>
- <div class="verse">Et perd un songe heureux qu'inspiraient les amours.</div><span class="pagenum"><a name="Page_151" id="Page_151">[Pg 151]</a></span>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Errant impunément sur deux sphères de neige,</div>
- <div class="verse">Tu parcours en tyran les états de Cypris,</div>
- <div class="verse">Rien n'est inaccessible à ton cours sacrilège,</div>
- <div class="verse">Par-tout tu fais du mal et te crois tout permis.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Je souffre, j'en conviens, des mortelles blessures</div>
- <div class="verse">Dont tu couvres les flancs de la beauté qui dort;</div>
- <div class="verse">Sur ses appas secrets tes nombreuses morsures</div>
- <div class="verse">Outragent un réduit fait pour un plus beau sort.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Ah! pour te pardonner, il faut être toi-même,</div>
- <div class="verse">Déjà ton ennemi, que ne suis-je le mien!</div>
- <div class="verse">Que je meure, jaloux de ton pouvoir suprême,</div>
- <div class="verse">Si bientôt je n'acquiers un sort égal au tien.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Signalant sa bonté par un charmant prodige,</div>
- <div class="verse">Si la nature en toi voulait me transformer!</div>
- <div class="verse">Et puis me rendre moi: quels plaisirs! mais que dis-je?</div>
- <div class="verse">Puce, je jouirais: mais, qu'est-ce sans aimer?</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">N'importe, il faut calmer le feu qui me dévore,</div>
- <div class="verse">Ne pourrai-je devoir à quelqu'enchantement,</div>
- <div class="verse">Aux talens précieux du serpent d'Epidaure</div>
- <div class="verse">L'ivresse que promet un si doux changement?</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Des philtres de Circé, des charmes de Médée</div><span class="pagenum"><a name="Page_152" id="Page_152">[Pg 152]</a></span>
- <div class="verse">Le pouvoir est connu dans le vaste univers,</div>
- <div class="verse">Je devrais à leur gloire, alors bien décidée,</div>
- <div class="verse">Changeant d'être à mon gré, mes plaisirs les plus chers.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Oh! comme profitant de la métamorphose,</div>
- <div class="verse">Et sous son dernier voile adroitement caché,</div>
- <div class="verse">Je serais à Cloé, quand sa paupière est close,</div>
- <div class="verse">Sans lui faire de mal, fortement attaché!</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Ensuite, parcourant un plus sombre parage,</div>
- <div class="verse">Je glisserais sans bruit vers le temple sacré,</div>
- <div class="verse">Où nul autre avant moi n'a porté son hommage,</div>
- <div class="verse">Où le trait de l'amour n'a jamais pénétré.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Jusqu'à l'aube du jour poursuivant ma victoire,</div>
- <div class="verse">Je redeviendrais homme, afin de mieux sentir;</div>
- <div class="verse">J'appaiserais ma belle, en me couvrant de gloire,</div>
- <div class="verse">En la persuadant de tout mon repentir.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Mais, si de ce miracle effrayée et surprise,</div>
- <div class="verse">Mon amante à mes feux opposant son courroux,</div>
- <div class="verse">Appellait ses valets: alors, sans lâcher prise,</div>
- <div class="verse">Je redeviendrais puce et les braverais tous.</div><span class="pagenum"><a name="Page_153" id="Page_153">[Pg 153]</a></span>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Ensuite avec Cloé, libre par leur absence,</div>
- <div class="verse">De ma première forme empruntant le moyen,</div>
- <div class="verse">Je prendrais à témoins les dieux, de ma constance,</div>
- <div class="verse">Je saurais la réduire à ne refuser rien.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Moitié gré, moitié force, enfin Cloé vaincue,</div>
- <div class="verse">De ses trésors secrets me faisant l'abandon,</div>
- <div class="verse">Dirait, en soupirant, languissante, abattue,</div>
- <div class="verse">Ah! ne me quitte plus, et reçois ton pardon.</div>
-</div></div>
-</div>
-
-<h3>LA PUCE,<br />
-
-<i>Traduite du latin de Nicolas</i> <span class="smcap">Mercier</span>
-<i>de Poissy</i><a name="FNanchor_14_14" id="FNanchor_14_14"></a><a href="#Footnote_14_14" class="fnanchor">[14]</a>.</h3>
-
-<div class="poetry-container">
-<div class="poetry"><div class="stanza">
- <div class="verse"><span class="smcap">Ah!</span> te voilà donc enfin prise!</div>
- <div class="verse">Maudite puce, je te tiens,</div>
- <div class="verse">Pour te perdre dans ma chemise</div>
- <div class="verse">Tu prends d'inutiles moyens.</div>
- <div class="verse">De mon repos vile adversaire,</div><span class="pagenum"><a name="Page_154" id="Page_154">[Pg 154]</a></span>
- <div class="verse">Depuis assez longtemps ton dard,</div>
- <div class="verse">Sur ma peau se donnant carrière,</div>
- <div class="verse">Rend vains ma recherche et mon art.</div>
- <div class="verse">O bonheur! viens donc, scélérate,</div>
- <div class="verse">Il faut, puisque je suis vainqueur,</div>
- <div class="verse">Que ma juste vengeance éclate</div>
- <div class="verse">Et punisse enfin ta noirceur.</div>
- <div class="verse">Oh! comme elle fait l'hypocrite!</div>
- <div class="verse">Lorsque sur elle l'ongle pend,</div>
- <div class="verse">Voyez comme, sans mouvement,</div>
- <div class="verse">Du châtiment qu'elle mérite</div>
- <div class="verse">Elle espère éloigner l'instant,</div>
- <div class="verse">Me tromper et prendre la fuite.</div>
- <div class="verse">Ton espoir est vain, tu mourras,</div><span class="pagenum"><a name="Page_155" id="Page_155">[Pg 155]</a></span>
- <div class="verse">Perfide! rien de ma colère</div>
- <div class="verse">Ne peut suspendre les éclats.</div>
- <div class="verse">Mais avant tout, il faut me faire</div>
- <div class="verse">L'aveu de tous tes attentats.</div>
- <div class="verse">Dis, combien de fois tes morsures,</div>
- <div class="verse">Le jour, la nuit, à tout propos,</div>
- <div class="verse">Ont troublé par mille blessures,</div>
- <div class="verse">Mes études et mon repos.</div>
- <div class="verse">Tu ne dis rien, mais le silence</div>
- <div class="verse">Me prouve encore ton offense.</div>
- <div class="verse">Monstre! allons, donnez-moi de l'eau,</div>
- <div class="verse">Du fer, du feu; que son supplice,</div>
- <div class="verse">Sous cent formes toujours nouveau,</div>
- <div class="verse">Bien lentement l'anéantisse.</div>
- <div class="verse">Ces pattes, il faut les trancher;</div>
- <div class="verse">Bon! noyons maintenant la tête,</div>
- <div class="verse">Et livrons son corps au bûcher</div>
- <div class="verse">Que j'ai construit d'une allumette.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Ensuite, oubliant le délit,</div>
- <div class="verse">D'un grain de millet je vais faire</div>
- <div class="verse">La petite urne funéraire,</div>
- <div class="verse">Dont le socle est le pied du lit.</div>
- <div class="verse">Par cette succinte épitaphe,</div>
- <div class="verse">Dans le style élégiographe,</div>
- <div class="verse">Avertissons toutes ses sœurs</div>
- <div class="verse">De mettre un terme à leurs noirceurs.</div>
- <div class="verse">Je veux que leur troupe éperdue,</div><span class="pagenum"><a name="Page_156" id="Page_156">[Pg 156]</a></span>
- <div class="verse">Tremble enfin et fuie à la vue</div>
- <div class="verse">De ces épouvantables mots:</div>
- <div class="verse">»Ci-gît, après de longs supplices,</div>
- <div class="verse">»Une puce auteur de mes maux;</div>
- <div class="verse">»Ainsi périront ses complices,</div>
- <div class="verse">»Qui pourraient troubler mes travaux».</div>
-</div></div>
-</div>
-
-<h3>ÉPITRE AU PLAISIR.</h3>
-
-<div class="poetry-container">
- <div class="poetry">
-<div class="stanza">
- <div class="verse">O toi, dont la sublime essence,</div>
- <div class="verse">Les attraits, la douce influence</div>
- <div class="verse">Nous annoncent de ton auteur</div>
- <div class="verse">La sagesse et la bienfaisance,</div>
- <div class="verse">Ame de la nature immense!</div>
- <div class="verse">Salut! adorable enchanteur!</div>
- <div class="verse">D'un ami des arts et des roses,</div>
- <div class="verse">Qui cherche tes effets, tes causes,</div>
- <div class="verse">Embellis les loisirs touchans,</div>
- <div class="verse">De tes fleurs récemment écloses,</div>
- <div class="verse">Des coloris dont tu disposes</div>
- <div class="verse">Viens animer mes faibles chants.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Plus habile à sentir qu'à peindre,</div>
- <div class="verse">Je ne te cherche pas, sans craindre,</div>
- <div class="verse">Au milieu de nos passions:</div>
- <div class="verse">Je veux te contempler, t'atteindre,</div>
- <div class="verse">Te savoir, te fixer, sans feindre</div><span class="pagenum"><a name="Page_157" id="Page_157">[Pg 157]</a></span>
- <div class="verse">Tes profondes impressions.</div>
- <div class="verse">Je pourrai manquer ton image,</div>
- <div class="verse">Sur l'aîle d'un léger nuage,</div>
- <div class="verse">Tu peux échapper à mes yeux;</div>
- <div class="verse">Mais si de mon stérile hommage</div>
- <div class="verse">Un seul sentiment est l'ouvrage,</div>
- <div class="verse">Si j'attendris, je suis heureux.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">A des calculs métaphysiques,</div>
- <div class="verse">A des discours scientifiques</div>
- <div class="verse">D'Estaing<a name="FNanchor_15_15" id="FNanchor_15_15"></a><a href="#Footnote_15_15" class="fnanchor">[15]</a> donnant un vaste essor,</div>
- <div class="verse">Me laisse le cœur froid et vuide,</div>
- <div class="verse">L'homme de t'embrasser avide,</div>
- <div class="verse">En te voyant, te cherche encor.</div>
- <div class="verse">Je veux à ses mains enfantines</div>
- <div class="verse">Offrir des roses sans épines,</div>
- <div class="verse">Et le sentier le plus riant;</div>
- <div class="verse">D'ailleurs, de ta faveur suprême</div>
- <div class="verse">Je ne jouirais plus moi-même,</div>
- <div class="verse">On te perd en t'analysant.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Quand, pour s'aimer dans son ouvrage,</div>
- <div class="verse">Dieu construisit à son image</div>
- <div class="verse">Le type des êtres divers,</div>
- <div class="verse">Toi seul, par ta chaleur féconde,</div><span class="pagenum"><a name="Page_158" id="Page_158">[Pg 158]</a></span>
- <div class="verse">Animas et peuplas du monde</div>
- <div class="verse">Les mornes et trop froids déserts.</div>
- <div class="verse">Avec l'astre dont la lumière</div>
- <div class="verse">Embrase la nature entière,</div>
- <div class="verse">Dieu te fit jaillir de ses mains;</div>
- <div class="verse">Docile à ta voix salutaire,</div>
- <div class="verse">Par toi des femmes la première</div>
- <div class="verse">Charma le premier des humains.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Alors, timide, alors sans aîles,</div>
- <div class="verse">Riche des grâces naturelles,</div>
- <div class="verse">Et pur, comme un rayon du jour,</div>
- <div class="verse">Tu fus placé par la nature,</div>
- <div class="verse">Sur une touffe de verdure,</div>
- <div class="verse">Auprès de l'innocent amour;</div>
- <div class="verse">Las des travaux de la campagne,</div>
- <div class="verse">Auprès de sa chaste compagne</div>
- <div class="verse">Abel te retrouvait le soir;</div>
- <div class="verse">Des fruits offerts par la tendresse</div>
- <div class="verse">De leurs feux tempéraient l'ivresse,</div>
- <div class="verse">Lorsqu'entr'eux tu venais t'asseoir.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Dans ses désirs insatiable</div>
- <div class="verse">Bientôt, à ton instinct aimable</div>
- <div class="verse">L'homme ennuyé ferma son cœur;</div>
- <div class="verse">Son art, en construisant des villes,</div>
- <div class="verse">Outrage et détruit tes asyles,</div>
- <div class="verse">Un luxe insolent est vainqueur.</div>
- <div class="verse">Pensant que tu ne peux suffire</div><span class="pagenum"><a name="Page_159" id="Page_159">[Pg 159]</a></span>
- <div class="verse">A son bonheur, à son délire,</div>
- <div class="verse">L'homme invente la volupté.</div>
- <div class="verse">L'intérêt devient son complice,</div>
- <div class="verse">Mais bientôt pour notre supplice</div>
- <div class="verse">Naît l'affreuse satiété.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Ah! tu n'es pas ce que nos vices,</div>
- <div class="verse">Et nos erreurs, et nos caprices,</div>
- <div class="verse">T'ont fait dans leur aveuglement;</div>
- <div class="verse">Fils et charme de la nature,</div>
- <div class="verse">Un comme elle et sans imposture,</div>
- <div class="verse">Tu n'es que dans le sentiment.</div>
- <div class="verse">Armé du flambeau des furies,</div>
- <div class="verse">L'amour dans nos ames flétries</div>
- <div class="verse">Distille un poison empesté;</div>
- <div class="verse">Mais tu détestes ces contrées,</div>
- <div class="verse">Ou le cynisme des Térées,</div>
- <div class="verse">T'élève un trône ensanglanté.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Les alcôves mystérieuses</div>
- <div class="verse">Où d'extases voluptueuses</div>
- <div class="verse">Se bercent d'insensés mortels,</div>
- <div class="verse">Ces bals où la magnificence</div>
- <div class="verse">Prodigue l'or à l'indécence</div>
- <div class="verse">Ne furent jamais tes autels;</div>
- <div class="verse">Avec tes étreintes si douces</div>
- <div class="verse">Je ne confonds pas les secousses</div>
- <div class="verse">D'une ardente velléité;</div>
- <div class="verse">L'<i>incroyable</i> parfumé d'ambre</div><span class="pagenum"><a name="Page_160" id="Page_160">[Pg 160]</a></span>
- <div class="verse">Te voit mourir dans l'antichambre,</div>
- <div class="verse">Au boudoir tu n'as pas été.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Quand, précédé par les haleines</div>
- <div class="verse">Des zéphirs caressans nos plaines,</div>
- <div class="verse">Mai riant vient tout rajeunir;</div>
- <div class="verse">Avec lui tu viens dans nos âmes</div>
- <div class="verse">Allumer de nouvelles flammes,</div>
- <div class="verse">Et disposer tout à s'unir.</div>
- <div class="verse">C'est toi seul dont la main brûlante</div>
- <div class="verse">Fait germer, fait croître la plante,</div>
- <div class="verse">Et la rend capable d'amour;</div>
- <div class="verse">C'est toi qui, la rendant nubile,</div>
- <div class="verse">Places sur sa tige fertile</div>
- <div class="verse">L'époux qui la rend mère un jour.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Dans une douce promenade</div>
- <div class="verse">Rêver au bruit d'une cascade,</div>
- <div class="verse">A tous les heureux qu'on a faits,</div>
- <div class="verse">A ceux que l'on peut faire encore;</div>
- <div class="verse">A l'orphelin qui nous implore</div>
- <div class="verse">Rendre l'allégresse et la paix;</div>
- <div class="verse">Sur les nuages qu'elle dore</div>
- <div class="verse">Voir lentement poindre l'aurore</div>
- <div class="verse">Qui va ranimer les forêts;</div>
- <div class="verse">S'environner de la nature,</div>
- <div class="verse">Voilà l'ivresse la plus pure!</div>
- <div class="verse">O plaisir! voilà tes bienfaits!</div>
-</div></div>
-</div>
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_161" id="Page_161">[Pg 161]</a></span></p>
-
-<h3>A l'Auteur de <span class="smcap">Gérard de Velsen</span>.</h3>
-
-<p>
-Amsterdam, le 15 juin 1797.<br />
-</p>
-
-<p>Le <span class="smcap">Gérard de Velsen</span> que j'ai publié
-n'est que ma propre traduction de
-votre original, entreprise dans les momens
-qui me restaient des affaires publiques,
-en 1793, période où votre
-<span class="smcap">Gérard</span> me vint en mains. J'avais d'abord
-l'idée d'y ajouter quelques notes
-historiques,<a name="FNanchor_16_16" id="FNanchor_16_16"></a><a href="#Footnote_16_16" class="fnanchor">[16]</a> mais crainte d'être regardé
-comme voulant allumer une chandelle
-au soleil, je m'en suis passé. D'ailleurs,
-la politique dans laquelle je me
-trouvais comme enseveli ne m'en laissa
-guère le loisir.</p>
-
-<p>Agréez l'hommage que le devoir et le<span class="pagenum"><a name="Page_162" id="Page_162">[Pg 162]</a></span>
-sentiment m'inspirent, et que je m'empresse
-aussi de rendre aux rares talens
-qui vous distinguent si glorieusement.
-Daignez m'accorder votre précieuse amitié,
-en me croyant très-respectueusement,
-etc.</p>
-
-<p>
-<span class="smcap">Guillaume Holtrop.</span><br />
-</p>
-
-
-<h3>A L'AUTEUR<br />
-<i>Des Nuits d'Hiver et de la Conciergerie.</i></h3>
-
-<p>
-De Vezoul, le 25 Prairial, an 5.<br />
-</p>
-
-<p><span class="smcap">Je</span> lisais avant-hier vos <i>Nuits de la
-Conciergerie</i>,<a name="FNanchor_17_17" id="FNanchor_17_17"></a><a href="#Footnote_17_17" class="fnanchor">[17]</a> mes sens étaient émus,
-mon imagination exaltée; je jetais? quelques
-idées sur le papier, j'y ajoutai des
-rimes, et c'est ce que j'ose vous offrir
-aujourd'hui. Pardonnez ce faible hommage:<span class="pagenum"><a name="Page_163" id="Page_163">[Pg 163]</a></span>
-souriez à l'essai d'un jeune homme
-de seize ans qui demande et a besoin
-d'encouragement et d'exemple.</p>
-
-<div class="poetry-container">
-<div class="poetry"><div class="stanza">
- <div class="verse">Quelle âme sensible et naïve</div>
- <div class="verse">A tracé ces sombres tableaux?</div>
- <div class="verse">Quelle voix touchante et plaintive</div>
- <div class="verse">Gémit au fond de ces cachots?</div>
- <div class="verse">Quel pinceau!... quelle touche mâle!</div>
- <div class="verse">Qu'il sait bien choisir ses couleurs!</div>
- <div class="verse">Silence! son chagrin s'exhale!</div>
- <div class="verse">Qu'il peint bien ses justes douleurs!</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">O toi dont le tendre délire</div>
- <div class="verse">Produit des accords si touchans;</div>
- <div class="verse">Toi, dont l'harmonieuse lyre</div>
- <div class="verse">Émeut, échauffe tous mes sens!</div>
- <div class="verse">Et toi, sa compagne chérie,</div>
- <div class="verse">Toi qui partageas ses malheurs,</div>
- <div class="verse">Souffre que mon âme attendrie</div>
- <div class="verse">Avec vous répande des pleurs.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Quand sur l'émail de la prairie</div>
- <div class="verse">Un doux songe te fait errer,</div>
- <div class="verse">Avec toi, dans ta rêverie,</div>
- <div class="verse">Oh! qu'il m'est doux de m'égarer!</div>
- <div class="verse">Quand un autre songe t'inspire,</div>
- <div class="verse">Te change en guerrier courageux,</div><span class="pagenum"><a name="Page_164" id="Page_164">[Pg 164]</a></span>
- <div class="verse">A tes côtés je vois, j'admire</div>
- <div class="verse">Mon pays libre et vertueux.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Quand ta Joséphine inquiette</div>
- <div class="verse">Vient te consoler en prison,</div>
- <div class="verse">De mon cœur ma bouche interprète</div>
- <div class="verse">Répète à chaque instant son nom.</div>
- <div class="verse">Quand par un ordre sanguinaire,</div>
- <div class="verse">Plongé vivant sous les tombeaux,</div>
- <div class="verse">Tu nous retraces ta misère,</div>
- <div class="verse">Je sens, je partage tes maux.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Que tu sais bien de la nature</div>
- <div class="verse">Nous peindre les rians attraits!</div>
- <div class="verse">Que d'une ame innocente et pure</div>
- <div class="verse">Tu sais bien nous offrir les traits!</div>
- <div class="verse">Que ton simple et touchant ouvrage</div>
- <div class="verse">Remplit mes sens de volupté!</div>
- <div class="verse">Pardonne à ce trop faible hommage,</div>
- <div class="verse">C'est le cœur seul qui l'a dicté.</div>
-</div></div>
-</div>
-
-<h3>RÉPONSE.<br />
-
-<span class="smaller">A LA LETTRE PRÉCÉDENTE.</span></h3>
-
-<p><span class="smcap">Quoique</span> votre trop flatteuse lettre,
-citoyen, et vos jolis couplets ne soient signés<span class="pagenum"><a name="Page_165" id="Page_165">[Pg 165]</a></span>
-que de la lettre initiale B....l, je
-crois avoir deviné juste, en vous en
-croyant le père, et j'aime mieux courir
-le risque d'une erreur, que d'une ingratitude.
-Recevez l'expression de toute ma
-sensibilité: si la vérité ne dicte pas vos
-éloges, c'est au moins l'amitié, et ce
-dernier sentiment m'est si cher, j'en ai
-tant besoin, pour supporter mon infortune,
-que je lui pardonne tout.</p>
-
-<div class="poetry-container">
-<div class="poetry"><div class="stanza">
- <div class="verse">D'une captivité cruelle</div>
- <div class="verse">Vous louez trop le triste fruit,</div>
- <div class="verse">Mon cœur, au sot orgueil rebelle,</div>
- <div class="verse">Par votre encens n'est pas séduit.</div>
- <div class="verse">La complaisance maternelle</div>
- <div class="verse">N'a jamais fasciné mes yeux.</div>
- <div class="verse">Une éloquence naturelle</div>
- <div class="verse">Est pour moi l'art le plus heureux.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Souffrant, prêt à cesser de vivre,</div>
- <div class="verse">Ai-je pu croire qu'à ces <i>Nuits</i></div>
- <div class="verse">Le destin me ferait, survivre,</div>
- <div class="verse">Et finirait mes longs ennuis?</div>
- <div class="verse">Dans le sein d'une épouse chère</div>
- <div class="verse">J'épanchais ma sombre terreur;</div><span class="pagenum"><a name="Page_166" id="Page_166">[Pg 166]</a></span>
- <div class="verse">Je ne voulais qu'elle sur terre,</div>
- <div class="verse">Pour confidente et pour lecteur.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">Le neuf thermidor me rappelle</div>
- <div class="verse">A ses baisers, à son amour;</div>
- <div class="verse">Je ne renaissais que par elle,</div>
- <div class="verse">Pour elle je chéris le jour.</div>
- <div class="verse">De mes mains, la reconnaissance</div>
- <div class="verse">Laisse échapper le manuscrit.</div>
- <div class="verse">Un voile sert mon impuissance,</div>
- <div class="verse">Mais l'amour encor me trahit.</div>
-</div><div class="stanza">
- <div class="verse">C'est à vous de cueillir des palmes</div>
- <div class="verse">Au Pinde, et la rose à Paphos,</div>
- <div class="verse">Vous dont les jours sereins et calmes</div>
- <div class="verse">S'écoulent dans un doux repos.</div>
- <div class="verse">Seize ans, âme sensible, aisance,</div>
- <div class="verse">Forces, talens, vous avez tout:</div>
- <div class="verse">La carrière pour vous commence,</div>
- <div class="verse">Moi, je suis las et suis au bout.</div>
-</div></div>
-</div>
-
-<p class="ac noindent larger">FIN.</p>
-
-<hr class="chap" />
-
-
-
-<p><span class="pagenum"><a name="Page_167" id="Page_167">[Pg 167]</a></span></p>
-
-
-
-
-<h2><a name="NOTES" id="NOTES">NOTES:</a></h2>
-
-<div class="footnotes">
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_1_1" id="Footnote_1_1"></a><a href="#FNanchor_1_1"><span class="label">[1]</span></a> Les savans ne nous ont pas dit si
-l'Être suprême souffla dans la bouche d'Adam,
-pour l'animer, ou si ce fut dans,
-son antipode; cette question était, pourtant,
-aussi digne de leurs recherches, que tant
-d'autres inutiles.</p></div>
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_2_2" id="Footnote_2_2"></a><a href="#FNanchor_2_2"><span class="label">[2]</span></a> Voilà un homme bien aisé à nourrir!...</p></div>
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_3_3" id="Footnote_3_3"></a><a href="#FNanchor_3_3"><span class="label">[3]</span></a> La Polente est une bouillie faite avec
-de la farine d'orge brûlée. Elle est encore
-en usage dans plusieurs contrées d'Italie.</p></div>
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_4_4" id="Footnote_4_4"></a><a href="#FNanchor_4_4"><span class="label">[4]</span></a> Subtile et leve peditum Libonis.
-<span class="smcap">Catulle.</span></p></div>
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_5_5" id="Footnote_5_5"></a><a href="#FNanchor_5_5"><span class="label">[5]</span></a> Ce Métroclès qui rougit pour un pet,
-est bien différent de sa sœur, qui, éprise
-pour le dégoûtant Cratès, non-seulement
-pétait bien en compagnie, mais faisait en
-public, ce que n'osait faire au lit avec sa
-femme le pudibond Louis IX. Voyez l'édition
-que j'ai donnée des amours d'Hypparchie et
-Cratès. 1 vol. in-18.</p></div>
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_6_6" id="Footnote_6_6"></a><a href="#FNanchor_6_6"><span class="label">[6]</span></a> Voy. le <i>Naudaeana</i>, pag. 102 et 103;
-Paris, 1701, in-12. <i>Fr. Roger</i> au voyage de
-la Terre Sainte, pag. 230, et les <i>Essais de
-Montaigne</i>, liv. Ier. chap. 20, page 62 de l'édition
-in-8<sup>o</sup>.</p></div>
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_7_7" id="Footnote_7_7"></a><a href="#FNanchor_7_7"><span class="label">[7]</span></a> Elle se célébrait à Athènes au mois
-d'octobre.</p></div>
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_8_8" id="Footnote_8_8"></a><a href="#FNanchor_8_8"><span class="label">[8]</span></a> <i>Frédérick <span class="smcap">Dedekind</span></i>, allemand, publia
-dans le seizième siècle un ouvrage dans
-le goût de l'<i>Éloge de la folie</i>. C'est un éloge
-ironique de l'impolitesse et de la grossièreté,
-intitulé: <i><span class="smcap">Grobianus</span> sivè de incultis moribus
-et inurbanis gestibus</i>. <i>Francfort, 1558, in-8<sup>o</sup>.</i>
-L'auteur paraît avoir eu plus de finesse dans
-l'esprit que ses contemporains n'en avaient
-alors. Il est rare de trouver ce poëme avec
-le <span class="smcap">Grobiana</span> qui en est la suite; aussi le dictionnaire
-historique ne parle-t-il pas de ce
-dernier poëme.</p></div>
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_9_9" id="Footnote_9_9"></a><a href="#FNanchor_9_9"><span class="label">[9]</span></a> Voyez Suétone, vie de Claude César,
-chap. 32, page 274, <i>edit. Patini</i>.
-</p>
-<p>
-Les Juifs prétendent que quand ils pètent
-en faisant leurs prières, c'est un mauvais
-augure, et un bon, lorsqu'ils éternuent. Ils
-n'osent ni péter, ni allumer leur feu le jour
-du sabbat. Les Turcs sont de même.</p></div>
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_10_10" id="Footnote_10_10"></a><a href="#FNanchor_10_10"><span class="label">[10]</span></a> L'ancien saxon <i>Purten</i> ou <i>Furten</i>, le
-haut allemand <i>Fartzen</i>, et l'anglais <i>Fart</i>.</p></div>
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_11_11" id="Footnote_11_11"></a><a href="#FNanchor_11_11"><span class="label">[11]</span></a> L'Album était une table blanchie sur
-laquelle les souverains prêtres, à Rome,
-écrivaient les choses les plus remarquables
-qui se passaient chaque année. C'était aussi un tableau sur lequel on écrivait les noms
-des magistrats et des officiers.</p></div>
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_12_12" id="Footnote_12_12"></a><a href="#FNanchor_12_12"><span class="label">[12]</span></a> Un poëte latin moderne a traduit ce
-joli petit conte, avec tant d'élégance, que
-je ne puis résister au désir d'apprendre à
-ceux de mes lecteurs qui aiment encore la
-langue des <i>Ovides</i>, des <i>Horaces</i>, des <i>Santeuil</i>
-et des <i>Sanadon</i>, qu'ils le trouveront imprimé
-dans mes <i>Matinées du printems</i> (tome 1, page
-121) qui se vendent chez le même libraire.</p></div>
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_13_13" id="Footnote_13_13"></a><a href="#FNanchor_13_13"><span class="label">[13]</span></a> Voyez les quarts-d'heures d'un joyeux
-solitaire, 1 vol. in-12.......</p></div>
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_14_14" id="Footnote_14_14"></a><a href="#FNanchor_14_14"><span class="label">[14]</span></a> Nicolas <span class="smcap">Mercier</span>, de Poissy, professeur
-de troisième au collège de Navarre, à Paris,
-et sous-principal des grammairiens, mort en
-1657. On a de lui 1<sup>o</sup>. un <i>Manuel des Grammairiens</i>;
-2<sup>o</sup>. un poëme latin intitulé: <i>De officiis Scolasticorum</i>; 3<sup>o</sup>. une excellente édition d'Erasme;
-4<sup>o</sup>. <i>De Conscribendo epigrammate, opus
-curiosum. </i> 2 part. Paris, 1653, in-8<sup>o</sup>. belle
-édition, ornée d'un frontispice et du portrait
-de l'auteur.
-</p>
-<p>
-La république des lettres compte beaucoup
-d'écrivains qui ont porté le nom de
-Mercier: comme on confond tous les jours
-leurs ouvrages, je donnerai quelque jour
-leur biographie, avec une dissertation onomatique,
-sur l'origine de ce nom, dans la
-langue Celtique.</p></div>
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_15_15" id="Footnote_15_15"></a><a href="#FNanchor_15_15"><span class="label">[15]</span></a> Voyez le recueil, que j'ai publié, des
-poëmes sur le Plaisir et la Volupté; 2 vol.
-in-18, fig.</p></div>
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_16_16" id="Footnote_16_16"></a><a href="#FNanchor_16_16"><span class="label">[16]</span></a> Ces notes qui n'existaient pas dans la
-première édition de <i>Gérard de Velsen</i>, en
-1793, se trouvent dans la seconde, qui est
-très-augmentée et beaucoup plus correcte.</p></div>
-
-<div class="footnote">
-
-<p><a name="Footnote_17_17" id="Footnote_17_17"></a><a href="#FNanchor_17_17"><span class="label">[17]</span></a> Cet ouvrage en 2 vol. <i>in-18</i>, se trouve
-chez les mêmes libraires.</p></div>
-
-</div>
-
-<hr class="chap" />
-
-<h2><a name="TABLE" id="TABLE"></a>TABLE DES MATIÈRES.</h2>
-
-
-<table id="TOC" class="matieres" summary="TABLE DES MATIÈRES">
- <tbody>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Notice des différens éloges.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_1">Voyez la Préface.</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Antiquité du <span class="smcap">Pet</span>.</i> </td>
- <td class="c2"><a href="#Page_5">5</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Sa figure, sa taille, son langage, ses mœurs.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_14">14</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Musique et éloquence du <span class="smcap">Pet</span>.</i> </td>
- <td class="c2"><a href="#Page_24">24 à 37</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Arrêt de l'empereur Claude, qui donne pleine
- liberté de péter en public.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_33">33</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Les deux péteurs d'Anvers.</i> </td>
- <td class="c2"><a href="#Page_38">38</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Le <span class="smcap">Pet</span> fait fuir les sorcières.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_40">40</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Droits féodaux payés par un <span class="smcap">Pet</span>.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_42">42</a></td>
- </tr> <tr>
- <td class="c1"><i>Éloge de la Vesse, et mot de Pythagore.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_47">47</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Comparaison du <span class="smcap">Pet</span> avec les rois.</i> </td>
- <td class="c2"><a href="#Page_49">49</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Apothéose du <span class="smcap">Pet</span> chez les Egyptiens.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_50">50</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Plantes et familles qui ont pris leur nom du
- <span class="smcap">Pet</span>.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_52">52</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Du Rot, ou rapport espagnol, et anecdotes.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_58">58</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Procédés pour mesurer un <span class="smcap">Pet</span>.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_60">60</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>De la nature et des différentes sortes de <span class="smcap">Pets</span>,
- au nombre de 26.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_61">61 à 87</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Portrait du <span class="smcap">Pet</span>, par Boursault.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_76">76</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Les trois accidents. Conte.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_78">78</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Le soupir de St.-Evremont.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_81">81</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Éloge du Q.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_82">82</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Esprit de <span class="smcap">Pet</span> pour les taches de rousseur.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_84">84</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Le Pet français et le Pet béni.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_93">93 et 95</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Le Pet et le Politique.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_97">97</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><span class="pagenum"><a name="Page_168" id="Page_168">[Pg 168]</a></span><i>Le Pet rapporté par un valet.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_98">98</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Mot d'un prêtre de Louvain sur le <span class="smcap">Pet</span>.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_99">99</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Le Pet de St.-Evremond. Stances.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_101">101</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Pets excusés par un bon mot.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_102">102 à 103</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Le Péteur puni, et autres.</i> </td>
- <td class="c2"><a href="#Page_105">105</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Des signes et effets prochains du <span class="smcap">Pet</span>.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_108">108</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Ruses pour couvrir un <span class="smcap">Pet</span>.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_109">109</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Remèdes qui provoquent les Pets.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_111">111</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Système musical de Pets.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_112">112 à 119</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>De la Vesse et des Pets involontaires.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_119">119 à 122</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Effets utiles des Pets et Vesses.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_122">122 à 127</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Requête en vers pour le <span class="smcap">Pet</span>.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_129">129</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Opinion des stoïciens, de Cicéron, et autres
- philosophes en faveur du <span class="smcap">Pet</span>.</i> </td>
- <td class="c2"><a href="#Page_123">123 à 132</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Pet de chanoine bien dissimulé. Conte.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_133">133</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Le Pet d'une sourde pris peur une Vesse.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_134">134</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Facétie tirée de Henri Bebelle.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_135">135</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Le Pet de la sage-femme.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_136">136</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Mot du marq. de Bièvre sur des bruits de paix.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_137">137</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Conseils importuns contre l'ennui.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_138">138</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Règlement provisoire de la société des Francs-péteurs.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_140">140</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Note bibliographique des éloges comiques.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_145">145</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Poësies fugitives. La Puce, trad. d'Ovide.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_150">150</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>La Puce, de Nic. Mercier</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_153">153</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>Epître au Plaisir.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_156">156</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1"><i>A l'Auteur de Gérard de Velsen.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_161">161</a></td>
- </tr>
- <tr>
- <td class="c1">————<i>des nuits d'hiver et de la Conciergerie.</i></td>
- <td class="c2"><a href="#Page_162">162</a></td>
- </tr>
- </tbody>
-</table>
-
-
-<p class="ac noindent"><i>Fin de la table.</i></p>
-
-<div class="transnote p4">
- <p class="ac noindent x-larger"> <a name="TN" id="TN"></a>Note de transcription:</p>
- <ul>
- <li>Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées.</li>
- <li>L'orthographe et la ponctuation d'origine ont été conservées et
- n'ont pas été harmonisées.</li>
- <li>L’accent circonflexe (^) dénote des caractères en exposant.</li>
- <li>Variante inchangées: St.-Evremond et St.-Evremont.</li>
- </ul>
-</div>
-
-
-
-
-
-
-
-
-<pre>
-
-
-
-
-
-End of the Project Gutenberg EBook of Éloge du pet, by
-Claude-François-Xavier Mercier de Compiègne
-
-*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK ÉLOGE DU PET ***
-
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-Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
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-Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
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-from people in all walks of life.
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-Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see
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-www.gutenberg.org Section 3. Information about the Project Gutenberg
-Literary Archive Foundation
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-The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
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-date contact information can be found at the Foundation's web site and
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-
-For additional contact information:
-
- Dr. Gregory B. Newby
- Chief Executive and Director
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-
-Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
-Literary Archive Foundation
-
-Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
-spread public support and donations to carry out its mission of
-increasing the number of public domain and licensed works that can be
-freely distributed in machine readable form accessible by the widest
-array of equipment including outdated equipment. Many small donations
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-States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
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-Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
-methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
-ways including checks, online payments and credit card donations. To
-donate, please visit: www.gutenberg.org/donate
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-Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic works.
-
-Professor Michael S. Hart was the originator of the Project
-Gutenberg-tm concept of a library of electronic works that could be
-freely shared with anyone. For forty years, he produced and
-distributed Project Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of
-volunteer support.
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-Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
-editions, all of which are confirmed as not protected by copyright in
-the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not
-necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper
-edition.
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-Most people start at our Web site which has the main PG search
-facility: www.gutenberg.org
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-This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
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-Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
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