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+The Project Gutenberg EBook of Le mystère de la chambre jaune, by Gaston
+Leroux
+
+This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and
+most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions
+whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms
+of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at
+www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you
+will have to check the laws of the country where you are located before
+using this ebook.
+
+Title: Le mystère de la chambre jaune
+
+Author: Gaston Leroux
+
+Release Date: November 10, 2020 [EBook #13765]
+
+Language: French
+
+Character set encoding: UTF-8
+
+Produced by: Ebooks libres et gratuits at http://www.ebooksgratuits.com
+
+*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE ***
+
+
+
+
+
+Gaston Leroux
+
+LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE
+
+(1907)
+
+
+
+
+Table des matières
+
+
+ I. Où l'on commence à ne pas comprendre.
+ II. Où apparaît pour la première fois Joseph Rouletabille.
+ III. «Un homme a passé comme une ombre à travers les volets».
+ IV. «Au sein d'une nature sauvage».
+ V. Où Joseph Rouletabille adresse à M. Robert Darzac une phrase qui
+ produit son petit effet
+ VI. Au fond de la chênaie.
+ VII. Où Rouletabille part en expédition sous le lit.
+ VIII. Le juge d'instruction interroge Mlle Stangerson.
+ IX. Reporter et policier.
+ X. «Maintenant, il va falloir manger du saignant.»
+ XI. Où Frédéric Larsan explique comment l'assassin a pu sortir de
+ la Chambre Jaune.
+ XII. La canne de Frédéric Larsan.
+ XIII. «Le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de
+ son éclat.»
+ XIV. «J'attends l'assassin, ce soir.»
+ XV. Traquenard.
+ XVI. Étrange phénomène de dissociation de la matière.
+ XVII. La galerie inexplicable.
+ XVIII. Rouletabille a dessiné un cercle entre les deux bosses de
+ son front.
+ XIX. Rouletabille m'offre à déjeuner à l'auberge du «Donjon».
+ XX. Un geste de Mlle Stangerson.
+ XXI. À l'affût.
+ XXII. Le cadavre incroyable.
+ XXIII. La double piste.
+ XXIV. Rouletabille connaît les deux moitiés de l'assassin.
+ XXV. Rouletabille part en voyage.
+ XXVI. Où Joseph Rouletabille est impatiemment attendu.
+ XXVII. Où Joseph Rouletabille apparaît dans toute sa gloire.
+ XXVIII. Où il est prouvé qu'on ne pense pas toujours à tout.
+ XXIX. Le mystère de Mlle Stangerson.
+
+
+
+
+I
+
+Où l'on commence à ne pas comprendre
+
+
+Ce n'est pas sans une certaine émotion que je commence à raconter ici
+les aventures extraordinaires de Joseph Rouletabille. Celui-ci, jusqu'à
+ce jour, s'y était si formellement opposé que j'avais fini par
+désespérer de ne publier jamais l'histoire policière la plus curieuse de
+ces quinze dernières années.
+
+J'imagine même que le public n'aurait jamais connu toute la vérité sur
+la prodigieuse affaire dite de la «Chambre Jaune», génératrice de tant
+de mystérieux et cruels et sensationnels drames, et à laquelle mon ami
+fut si intimement mêlé, si, à propos de la nomination récente de
+l'illustre Stangerson au grade de grand-croix de la Légion d'honneur, un
+journal du soir, dans un article misérable d'ignorance ou d'audacieuse
+perfidie, n'avait ressuscité une terrible aventure que Joseph
+Rouletabille eût voulu savoir, me disait-il, oubliée pour toujours.
+
+La «Chambre Jaune»! Qui donc se souvenait de cette affaire qui fit
+couler tant d'encre, il y a une quinzaine d'années? On oublie si vite à
+Paris.
+
+N'a-t-on pas oublié le nom même du procès de Nayves et la tragique
+histoire de la mort du petit Menaldo? Et cependant l'attention publique
+était à cette époque si tendue vers les débats, qu'une crise
+ministérielle, qui éclata sur ces entrefaites, passa complètement
+inaperçue. Or, le procès de la «Chambre Jaune», qui précéda l'affaire de
+Nayves de quelques années, eut plus de retentissement encore. Le monde
+entier fut penché pendant des mois sur ce problème obscur,--le plus
+obscur à ma connaissance qui ait jamais été proposé à la perspicacité de
+notre police, qui ait jamais été posé à la conscience de nos juges. La
+solution de ce problème affolant, chacun la chercha. Ce fut comme un
+dramatique rébus sur lequel s'acharnèrent la vieille Europe et la jeune
+Amérique.
+
+C'est qu'en vérité--il m'est permis de le dire «puisqu'il ne saurait y
+avoir en tout ceci aucun amour-propre d'auteur» et que je ne fais que
+transcrire des faits sur lesquels une documentation exceptionnelle me
+permet d'apporter une lumière nouvelle--c'est qu'en vérité, je ne sache
+pas que, dans le domaine de la réalité ou de l'imagination, même chez
+l'auteur du _double assassinat, rue morgue_, même dans les inventions
+des sous-Edgar Poe et des truculents Conan Doyle, on puisse retenir
+quelque chose de comparable, QUANT AU MYSTÈRE, «au naturel mystère de la
+Chambre Jaune».
+
+Ce que personne ne put découvrir, le jeune Joseph Rouletabille, âgé de
+dix-huit ans, alors petit reporter dans un grand journal, le trouva!
+Mais, lorsqu'en cour d'assises il apporta la clef de toute l'affaire, il
+ne dit pas toute la vérité. Il n'en laissa apparaître que ce qu'il
+fallait pour expliquer l'inexplicable et pour faire acquitter un
+innocent. Les raisons qu'il avait de se taire ont disparu aujourd'hui.
+Bien mieux, mon ami doit parler. Vous allez donc tout savoir; et, sans
+plus ample préambule, je vais poser devant vos yeux le problème de la
+«Chambre Jaune», tel qu'il le fut aux yeux du monde entier, au lendemain
+du drame du château du Glandier.
+
+Le 25 octobre 1892, la note suivante paraissait en dernière heure du
+_Temps_:
+
+«Un crime affreux vient d'être commis au Glandier, sur la lisière de la
+forêt de Sainte-Geneviève, au-dessus d'Épinay-sur-Orge, chez le
+professeur Stangerson. Cette nuit, pendant que le maître travaillait
+dans son laboratoire, on a tenté d'assassiner Mlle Stangerson, qui
+reposait dans une chambre attenante à ce laboratoire. Les médecins ne
+répondent pas de la vie de Mlle Stangerson.»
+
+Vous imaginez l'émotion qui s'empara de Paris. Déjà, à cette époque, le
+monde savant était extrêmement intéressé par les travaux du professeur
+Stangerson et de sa fille. Ces travaux, les premiers qui furent tentés
+sur la radiographie, devaient conduire plus tard M. et Mme Curie à la
+découverte du radium.
+
+On était, du reste, dans l'attente d'un mémoire sensationnel que le
+professeur Stangerson allait lire, à l'académie des sciences, sur sa
+nouvelle théorie: _La Dissociation de la Matière_. Théorie destinée à
+ébranler sur sa base toute la science officielle qui repose depuis si
+longtemps sur le principe: rien ne se perd, rien ne se crée.
+
+Le lendemain, les journaux du matin étaient pleins de ce drame. _Le
+matin_, entre autres, publiait l'article suivant, intitulé: «Un crime
+surnaturel»:
+
+«Voici les seuls détails--écrit le rédacteur anonyme du _matin_--que
+nous ayons pu obtenir sur le crime du château du Glandier. L'état de
+désespoir dans lequel se trouve le professeur Stangerson,
+l'impossibilité où l'on est de recueillir un renseignement quelconque de
+la bouche de la victime ont rendu nos investigations et celles de la
+justice tellement difficiles qu'on ne saurait, à cette heure, se faire
+la moindre idée de ce qui s'est passé dans la «Chambre Jaune», où l'on a
+trouvé Mlle Stangerson, en toilette de nuit, râlant sur le plancher.
+Nous avons pu, du moins, interviewer le père Jacques--comme on l'appelle
+dans le pays--un vieux serviteur de la famille Stangerson. Le père
+Jacques est entré dans la «Chambre Jaune» en même temps que le
+professeur. Cette chambre est attenante au laboratoire. Laboratoire et
+«Chambre Jaune» se trouvent dans un pavillon, au fond du parc, à trois
+cents mètres environ du château.
+
+«--Il était minuit et demi, nous a raconté ce brave homme (?), et je me
+trouvais dans le laboratoire où travaillait encore M. Stangerson quand
+l'affaire est arrivée. J'avais rangé, nettoyé des instruments toute la
+soirée, et j'attendais le départ de M. Stangerson pour aller me coucher.
+Mlle Mathilde avait travaillé avec son père jusqu'à minuit; les douze
+coups de minuit sonnés au coucou du laboratoire, elle s'était levée,
+avait embrassé M. Stangerson, lui souhaitant une bonne nuit. Elle
+m'avait dit: «Bonsoir, père Jacques!» et avait poussé la porte de la
+«Chambre Jaune». Nous l'avions entendue qui fermait la porte à clef et
+poussait le verrou, si bien que je n'avais pu m'empêcher d'en rire et
+que j'avais dit à monsieur: «Voilà mademoiselle qui s'enferme à double
+tour. Bien sûr qu'elle a peur de la «Bête du Bon Dieu»!» Monsieur ne
+m'avait même pas entendu tant il était absorbé. Mais un miaulement
+abominable me répondit au dehors et je reconnus justement le cri de la
+«Bête du Bon Dieu»!... que ça vous en donnait le frisson... «Est-ce
+qu'elle va encore nous empêcher de dormir, cette nuit?» pensai-je, car
+il faut que je vous dise, monsieur, que, jusqu'à fin octobre, j'habite
+dans le grenier du pavillon, au-dessus de la «Chambre Jaune», à seule
+fin que mademoiselle ne reste pas seule toute la nuit au fond du parc.
+C'est une idée de mademoiselle de passer la bonne saison dans le
+pavillon; elle le trouve sans doute plus gai que le château et, depuis
+quatre ans qu'il est construit, elle ne manque jamais de s'y installer
+dès le printemps. Quand revient l'hiver, mademoiselle retourne au
+château, car dans la «Chambre Jaune», il n'y a point de cheminée.
+
+«Nous étions donc restés, M. Stangerson et moi, dans le pavillon. Nous
+ne faisions aucun bruit. Il était, lui, à son bureau. Quant à moi, assis
+sur une chaise, ayant terminé ma besogne, je le regardais et je me
+disais: «Quel homme! Quelle intelligence! Quel savoir!» J'attache de
+l'importance à ceci que nous ne faisions aucun bruit, car «à cause de
+cela, l'assassin a cru certainement que nous étions partis». Et tout à
+coup, pendant que le coucou faisait entendre la demie passé minuit, une
+clameur désespérée partit de la «Chambre Jaune». C'était la voix de
+mademoiselle qui criait: «À l'assassin! À l'assassin! Au secours!»
+Aussitôt des coups de revolver retentirent et il y eut un grand bruit de
+tables, de meubles renversés, jetés par terre, comme au cours d'une
+lutte, et encore la voix de mademoiselle qui criait: «À l'assassin!...
+Au secours!... Papa! Papa!»
+
+«Vous pensez si nous avons bondi et si M. Stangerson et moi nous nous
+sommes rués sur la porte. Mais, hélas! Elle était fermée et bien fermée
+«à l'intérieur» par les soins de mademoiselle, comme je vous l'ai dit, à
+clef et au verrou. Nous essayâmes de l'ébranler, mais elle était solide.
+M. Stangerson était comme fou, et vraiment il y avait de quoi le
+devenir, car on entendait mademoiselle qui râlait: «Au secours!... Au
+secours!» Et M. Stangerson frappait des coups terribles contre la porte,
+et il pleurait de rage et il sanglotait de désespoir et d'impuissance.
+
+«C'est alors que j'ai eu une inspiration.» L'assassin se sera introduit
+par la fenêtre, m'écriai-je, je vais à la fenêtre!» Et je suis sorti du
+pavillon, courant comme un insensé!
+
+«Le malheur était que la fenêtre de la «Chambre Jaune» donne sur la
+campagne, de sorte que le mur du parc qui vient aboutir au pavillon
+m'empêchait de parvenir tout de suite à cette fenêtre. Pour y arriver,
+il fallait d'abord sortir du parc. Je courus du côté de la grille et, en
+route, je rencontrai Bernier et sa femme, les concierges, qui venaient,
+attirés par les détonations et par nos cris. Je les mis, en deux mots,
+au courant de la situation; je dis au concierge d'aller rejoindre tout
+de suite M. Stangerson et j'ordonnai à sa femme de venir avec moi pour
+m'ouvrir la grille du parc. Cinq minutes plus tard, nous étions, la
+concierge et moi, devant la fenêtre de la «Chambre Jaune». Il faisait un
+beau clair de lune et je vis bien qu'on n'avait pas touché à la fenêtre.
+Non seulement les barreaux étaient intacts, mais encore les volets,
+derrière les barreaux, étaient fermés, comme je les avais fermés
+moi-même, la veille au soir, comme tous les soirs, bien que
+mademoiselle, qui me savait très fatigué et surchargé de besogne, m'eût
+dit de ne point me déranger, qu'elle les fermerait elle-même; et ils
+étaient restés tels quels, assujettis, comme j'en avais pris le soin,
+par un loquet de fer, «à l'intérieur». L'assassin n'avait donc pas passé
+par là et ne pouvait se sauver par là; mais moi non plus, je ne pouvais
+entrer par là!
+
+«C'était le malheur! On aurait perdu la tête à moins. La porte de la
+chambre fermée à clef «à l'intérieur», les volets de l'unique fenêtre
+fermés, eux aussi, «à l'intérieur», et, par-dessus les volets, les
+barreaux intacts, des barreaux à travers lesquels vous n'auriez pas
+passé le bras... Et mademoiselle qui appelait au secours!... Ou plutôt
+non, on ne l'entendait plus... Elle était peut-être morte... Mais
+j'entendais encore, au fond du pavillon, monsieur qui essayait
+d'ébranler la porte...
+
+«Nous avons repris notre course, la concierge et moi, et nous sommes
+revenus au pavillon. La porte tenait toujours, malgré les coups furieux
+de M. Stangerson et de Bernier. Enfin elle céda sous nos efforts enragés
+et, alors, qu'est-ce que nous avons vu? Il faut vous dire que, derrière
+nous, la concierge tenait la lampe du laboratoire, une lampe puissante
+qui illuminait toute la chambre.
+
+«Il faut vous dire encore, monsieur, que la «Chambre Jaune» est toute
+petite. Mademoiselle l'avait meublée d'un lit en fer assez large, d'une
+petite table, d'une table de nuit, d'une toilette et de deux chaises.
+Aussi, à la clarté de la grande lampe que tenait la concierge, nous
+avons tout vu du premier coup d'oeil. Mademoiselle, dans sa chemise de
+nuit, était par terre, au milieu d'un désordre incroyable. Tables et
+chaises avaient été renversées, montrant qu'il y avait eu là une
+sérieuse «batterie». On avait certainement arraché mademoiselle de son
+lit; elle était pleine de sang avec des marques d'ongles terribles au
+cou--la chair du cou avait été quasi arrachée par les ongles--et un trou
+à la tempe droite par lequel coulait un filet de sang qui avait fait une
+petite mare sur le plancher. Quand M. Stangerson aperçut sa fille dans
+un pareil état, il se précipita sur elle en poussant un cri de désespoir
+que ça faisait pitié à entendre. Il constata que la malheureuse
+respirait encore et ne s'occupa que d'elle. Quant à nous, nous
+cherchions l'assassin, le misérable qui avait voulu tuer notre
+maîtresse, et je vous jure, monsieur, que, si nous l'avions trouvé, nous
+lui aurions fait un mauvais parti. Mais comment expliquer qu'il n'était
+pas là, qu'il s'était déjà enfui?... Cela dépasse toute imagination.
+Personne sous le lit, personne derrière les meubles, personne! Nous
+n'avons retrouvé que ses traces; les marques ensanglantées d'une large
+main d'homme sur les murs et sur la porte, un grand mouchoir rouge de
+sang, sans aucune initiale, un vieux béret et la marque fraîche, sur le
+plancher, de nombreux pas d'homme. L'homme qui avait marché là avait un
+grand pied et les semelles laissaient derrière elles une espèce de suie
+noirâtre. Par où cet homme était-il passé? Par où s'était-il évanoui?
+N'oubliez pas, monsieur, qu'il n'y a pas de cheminée dans la «Chambre
+Jaune». Il ne pouvait s'être échappé par la porte, qui est très étroite
+et sur le seuil de laquelle la concierge est entrée avec sa lampe,
+tandis que le concierge et moi nous cherchions l'assassin dans ce petit
+carré de chambre où il est impossible de se cacher et où, du reste, nous
+ne trouvions personne. La porte défoncée et rabattue sur le mur ne
+pouvait rien dissimuler, et nous nous en sommes assurés. Par la fenêtre
+restée fermée avec ses volets clos et ses barreaux auxquels on n'avait
+pas touché, aucune fuite n'avait été possible. Alors? Alors... je
+commençais à croire au diable.
+
+«Mais voilà que nous avons découvert, par terre, «mon revolver». Oui,
+mon propre revolver... Ça, ça m'a ramené au sentiment de la réalité! Le
+diable n'aurait pas eu besoin de me voler mon revolver pour tuer
+mademoiselle. L'homme qui avait passé là était d'abord monté dans mon
+grenier, m'avait pris mon revolver dans mon tiroir et s'en était servi
+pour ses mauvais desseins. C'est alors que nous avons constaté, en
+examinant les cartouches, que l'assassin avait tiré deux coups de
+revolver. Tout de même, monsieur, j'ai eu de la veine, dans un pareil
+malheur, que M. Stangerson se soit trouvé là, dans son laboratoire,
+quand l'affaire est arrivée et qu'il ait constaté de ses propres yeux
+que je m'y trouvais moi aussi, car, avec cette histoire de revolver, je
+ne sais pas où nous serions allés; pour moi, je serais déjà sous les
+verrous. Il n'en faut pas davantage à la justice pour faire monter un
+homme sur l'échafaud!»
+
+Le rédacteur du _matin_ fait suivre cette interview des lignes
+suivantes:
+
+«Nous avons laissé, sans l'interrompre, le père Jacques nous raconter
+grossièrement ce qu'il sait du crime de la «Chambre Jaune». Nous avons
+reproduit les termes mêmes dont il s'est servi; nous avons fait
+seulement grâce au lecteur des lamentations continuelles dont il
+émaillait sa narration. C'est entendu, père Jacques! C'est entendu, vous
+aimez bien vos maîtres! Vous avez besoin qu'on le sache, et vous ne
+cessez de le répéter, surtout depuis la découverte du revolver. C'est
+votre droit et nous n'y voyons aucun inconvénient! Nous aurions voulu
+poser bien des questions encore au père Jacques--Jacques-Louis
+Moustier--mais on est venu justement le chercher de la part du juge
+d'instruction qui poursuivait son enquête dans la grande salle du
+château. Il nous a été impossible de pénétrer au Glandier,--et, quant à
+la Chênaie, elle est gardée, dans un large cercle, par quelques
+policiers qui veillent jalousement sur toutes les traces qui peuvent
+conduire au pavillon et peut-être à la découverte de l'assassin.
+
+«Nous aurions voulu également interroger les concierges, mais ils sont
+invisibles. Enfin nous avons attendu dans une auberge, non loin de la
+grille du château, la sortie de M. de Marquet, le juge d'instruction de
+Corbeil. À cinq heures et demie, nous l'avons aperçu avec son greffier.
+Avant qu'il ne montât en voiture, nous avons pu lui poser la question
+suivante:
+
+«--Pouvez-vous, Monsieur De Marquet, nous donner quelque renseignement
+sur cette affaire, sans que cela gêne votre instruction?
+
+«--Il nous est impossible, nous répondit M. de Marquet, de dire quoi que
+ce soit. Du reste, c'est bien l'affaire la plus étrange que je
+connaisse. Plus nous croyons savoir quelque chose, plus nous ne savons
+rien!
+
+«Nous demandâmes à M. de Marquet de bien vouloir nous expliquer ces
+dernières paroles. Et voici ce qu'il nous dit, dont l'importance
+n'échappera à personne:
+
+«--Si rien ne vient s'ajouter aux constatations matérielles faites
+aujourd'hui par le parquet, je crains bien que le mystère qui entoure
+l'abominable attentat dont Mlle Stangerson a été victime ne soit pas
+près de s'éclaircir; mais il faut espérer, pour la raison humaine, que
+les sondages des murs, du plafond et du plancher de la «Chambre Jaune»,
+sondages auxquels je vais me livrer dès demain avec l'entrepreneur qui a
+construit le pavillon il y a quatre ans, nous apporteront la preuve
+qu'il ne faut jamais désespérer de la logique des choses. Car le
+problème est là: nous savons par où l'assassin s'est introduit,--il est
+entré par la porte et s'est caché sous le lit en attendant Mlle
+Stangerson; mais par où est-il sorti? Comment a-t-il pu s'enfuir? Si
+l'on ne trouve ni trappe, ni porte secrète, ni réduit, ni ouverture
+d'aucune sorte, si l'examen des murs et même leur démolition--car je
+suis décidé, et M. Stangerson est décidé à aller jusqu'à la démolition
+du pavillon--ne viennent révéler aucun passage praticable, _non
+seulement pour un être humain, mais encore pour un être quel qu'il
+soit_, si le plafond n'a pas de trou, si le plancher ne cache pas de
+souterrain, «il faudra bien croire au diable», comme dit le père
+Jacques!»
+
+Et le rédacteur anonyme fait remarquer, dans cet article--article que
+j'ai choisi comme étant le plus intéressant de tous ceux qui furent
+publiés ce jour-là sur la même affaire--que le juge d'instruction
+semblait mettre une certaine intention dans cette dernière phrase: il
+faudra bien croire au diable, comme dit le père Jacques.
+
+L'article se termine sur ces lignes: «nous avons voulu savoir ce que le
+père Jacques entendait par: «le cri de la Bête du Bon Dieu». On appelle
+ainsi le cri particulièrement sinistre, nous a expliqué le propriétaire
+de l'auberge du Donjon, que pousse, quelquefois, la nuit, le chat d'une
+vieille femme, la mère «Agenoux», comme on l'appelle dans le pays. La
+mère «Agenoux» est une sorte de sainte qui habite une cabane, au coeur
+de la forêt, non loin de la «grotte de Sainte-Geneviève».
+
+«La «Chambre Jaune», la «Bête du Bon Dieu», la mère Agenoux, le diable,
+sainte Geneviève, le père Jacques, voilà un crime bien embrouillé, qu'un
+coup de pioche dans les murs nous débrouillera demain; espérons-le, du
+moins, pour la raison humaine, comme dit le juge d'instruction. En
+attendant, on croit que Mlle Stangerson, qui n'a cessé de délirer et qui
+ne prononce distinctement que ce mot: «Assassin! Assassin! Assassin!...»
+ne passera pas la nuit...»
+
+Enfin, en dernière heure, le même journal annonçait que le chef de la
+Sûreté avait télégraphié au fameux inspecteur Frédéric Larsan, qui avait
+été envoyé à Londres pour une affaire de titres volés, de revenir
+immédiatement à Paris.
+
+
+
+
+II
+
+Où apparaît pour la première fois Joseph Rouletabille
+
+
+Je me souviens, comme si la chose s'était passée hier, de l'entrée du
+jeune Rouletabille, dans ma chambre, ce matin-là. Il était environ huit
+heures, et j'étais encore au lit, lisant l'article du _matin_, relatif
+au crime du Glandier.
+
+Mais, avant toute autre chose, le moment est venu de vous présenter mon
+ami.
+
+J'ai connu Joseph Rouletabille quand il était petit reporter. À cette
+époque, je débutais au barreau et j'avais souvent l'occasion de le
+rencontrer dans les couloirs des juges d'instruction, quand j'allais
+demander un «permis de communiquer» pour Mazas ou pour Saint-Lazare. Il
+avait, comme on dit, «une bonne balle». Sa tête était ronde comme un
+boulet, et c'est à cause de cela, pensai-je, que ses camarades de la
+presse lui avaient donné ce surnom qui devait lui rester et qu'il devait
+illustrer. «Rouletabille!»--As-tu vu Rouletabille?--Tiens! Voilà ce
+«sacré» Rouletabille!» Il était toujours rouge comme une tomate, tantôt
+gai comme un pinson, et tantôt sérieux comme un pape. Comment, si
+jeune--il avait, quand je le vis pour la première fois, seize ans et
+demi--gagnait-il déjà sa vie dans la presse? Voilà ce qu'on eût pu se
+demander si tous ceux qui l'approchaient n'avaient été au courant de ses
+débuts. Lors de l'affaire de la femme coupée en morceaux de la rue
+Oberkampf--encore une histoire bien oubliée--il avait apporté au
+rédacteur en chef de _l'Époque_, journal qui était alors en rivalité
+d'informations avec _Le Matin_, le pied gauche qui manquait dans le
+panier où furent découverts les lugubres débris. Ce pied gauche, la
+police le cherchait en vain depuis huit jours, et le jeune Rouletabille
+l'avait trouvé dans un égout où personne n'avait eu l'idée de l'y aller
+chercher. Il lui avait fallu, pour cela, s'engager dans une équipe
+d'égoutiers d'occasion que l'administration de la ville de Paris avait
+réquisitionnée à la suite des dégâts causés par une exceptionnelle crue
+de la Seine.
+
+Quand le rédacteur en chef fut en possession du précieux pied et qu'il
+eut compris par quelle suite d'intelligentes déductions un enfant avait
+été amené à le découvrir, il fut partagé entre l'admiration que lui
+causait tant d'astuce policière dans un cerveau de seize ans, et
+l'allégresse de pouvoir exhiber, à la «morgue-vitrine» du journal, «le
+pied gauche de la rue Oberkampf».
+
+«Avec ce pied, s'écria-t-il, je ferai un article de tête.»
+
+Puis, quand il eut confié le sinistre colis au médecin légiste attaché à
+la rédaction de _L'Époque_, il demanda à celui qui allait être bientôt
+Rouletabille ce qu'il voulait gagner pour faire partie, en qualité de
+petit reporter, du service des «faits divers».
+
+«Deux cents francs par mois», fit modestement le jeune homme, surpris
+jusqu'à la suffocation d'une pareille proposition.
+
+«Vous en aurez deux cent cinquante, repartit le rédacteur en chef;
+seulement vous déclarerez à tout le monde que vous faites partie de la
+rédaction depuis un mois. Qu'il soit bien entendu que ce n'est pas vous
+qui avez découvert «le pied gauche de la rue Oberkampf», mais le journal
+_L'Époque_. Ici, mon petit ami, l'individu n'est rien; le journal est
+tout!»
+
+Sur quoi il pria le nouveau rédacteur de se retirer. Sur le seuil de la
+porte, il le retint cependant pour lui demander son nom. L'autre
+répondit:
+
+«Joseph Joséphin.
+
+--Ça n'est pas un nom, ça, fit le rédacteur en chef, mais puisque vous
+ne signez pas, ça n'a pas d'importance...»
+
+Tout de suite, le rédacteur imberbe se fit beaucoup d'amis, car il était
+serviable et doué d'une bonne humeur qui enchantait les plus grognons,
+et désarma les plus jaloux. Au café du Barreau où les reporters de faits
+divers se réunissaient alors avant de monter au parquet ou à la
+préfecture chercher leur crime quotidien, il commença de se faire une
+réputation de débrouillard qui franchit bientôt les portes mêmes du
+cabinet du chef de la Sûreté! Quand une affaire en valait la peine et
+que Rouletabille--il était déjà en possession de son surnom--avait été
+lancé sur la piste de guerre par son rédacteur en chef, il lui arrivait
+souvent de «damer le pion» aux inspecteurs les plus renommés.
+
+C'est au café du Barreau que je fis avec lui plus ample connaissance.
+Avocats, criminels et journalistes ne sont point ennemis, les uns ayant
+besoin de réclame et les autres de renseignements. Nous causâmes et
+j'éprouvai tout de suite une grande sympathie pour ce brave petit
+bonhomme de Rouletabille. Il était d'une intelligence si éveillée et si
+originale! Et il avait une qualité de pensée que je n'ai jamais
+retrouvée ailleurs.
+
+À quelque temps de là, je fus chargé de la chronique judiciaire au _Cri
+du Boulevard_. Mon entrée dans le journalisme ne pouvait que resserrer
+les liens d'amitié qui, déjà, s'étaient noués entre Rouletabille et moi.
+Enfin, mon nouvel ami ayant eu l'idée d'une petite correspondance
+judiciaire qu'on lui faisait signer «Business» à son journal _L'Époque_,
+je fus à même de lui fournir souvent les renseignements de droit dont il
+avait besoin.
+
+Près de deux années se passèrent ainsi, et plus j'apprenais à le
+connaître, plus je l'aimais, car, sous ses dehors de joyeuse
+extravagance, je l'avais découvert extraordinairement sérieux pour son
+âge. Enfin, plusieurs fois, moi qui étais habitué à le voir très gai et
+souvent trop gai, je le trouvai plongé dans une tristesse profonde. Je
+voulus le questionner sur la cause de ce changement d'humeur, mais
+chaque fois il se reprit à rire et ne répondit point. Un jour, l'ayant
+interrogé sur ses parents, dont il ne parlait jamais, il me quitta,
+faisant celui qui ne m'avait pas entendu.
+
+Sur ces entrefaites éclata la fameuse affaire de la «Chambre Jaune», qui
+devait non seulement le classer le premier des reporters, mais encore en
+faire le premier policier du monde, double qualité qu'on ne saurait
+s'étonner de trouver chez la même personne, attendu que la presse
+quotidienne commençait déjà à se transformer et à devenir ce qu'elle est
+à peu près aujourd'hui: la gazette du crime. Des esprits moroses
+pourront s'en plaindre; moi j'estime qu'il faut s'en féliciter. On
+n'aura jamais assez d'armes, publiques ou privées, contre le criminel. À
+quoi ces esprits moroses répliquent qu'à force de parler de crimes, la
+presse finit par les inspirer. Mais il y a des gens, n'est-ce pas? Avec
+lesquels on n'a jamais raison...
+
+Voici donc Rouletabille dans ma chambre, ce matin-là, 26 octobre 1892.
+Il était encore plus rouge que de coutume; les yeux lui sortaient de la
+tête, comme on dit, et il paraissait en proie à une sérieuse exaltation.
+Il agitait _Le Matin_ d'une main fébrile. Il me cria:
+
+--Eh bien, mon cher Sainclair... Vous avez lu?...
+
+--Le crime du Glandier?
+
+--Oui; la «Chambre Jaune!» Qu'est-ce que vous en pensez?
+
+--Dame, je pense que c'est le «diable» ou la «Bête du Bon Dieu» qui a
+commis le crime.
+
+--Soyez sérieux.
+
+--Eh bien, je vous dirai que je ne crois pas beaucoup aux assassins qui
+s'enfuient à travers les murs. Le père Jacques, pour moi, a eu tort de
+laisser derrière lui l'arme du crime et, comme il habite au-dessus de la
+chambre de Mlle Stangerson, l'opération architecturale à laquelle le
+juge d'instruction doit se livrer aujourd'hui va nous donner la clef de
+l'énigme, et nous ne tarderons pas à savoir par quelle trappe naturelle
+ou par quelle porte secrète le bonhomme a pu se glisser pour revenir
+immédiatement dans le laboratoire, auprès de M. Stangerson qui ne se
+sera aperçu de rien. Que vous dirais-je? C'est une hypothèse!...»
+
+Rouletabille s'assit dans un fauteuil, alluma sa pipe, qui ne le
+quittait jamais, fuma quelques instants en silence, le temps sans doute
+de calmer cette fièvre qui, visiblement, le dominait, et puis il me
+méprisa:
+
+--Jeune homme! fit-il, sur un ton dont je n'essaierai point de rendre la
+regrettable ironie, jeune homme... vous êtes avocat, et je ne doute pas
+de votre talent à faire acquitter les coupables; mais, si vous êtes un
+jour magistrat instructeur, combien vous sera-t-il facile de faire
+condamner les innocents!... Vous êtes vraiment doué, jeune homme.»
+
+Sur quoi, il fuma avec énergie, et reprit:
+
+«On ne trouvera aucune trappe, et le mystère de la «Chambre Jaune»
+deviendra de plus en plus mystérieux. Voilà pourquoi il m'intéresse. Le
+juge d'instruction a raison: on n'aura jamais vu quelque chose de plus
+étrange que ce crime-là...
+
+--Avez-vous quelque idée du chemin que l'assassin a pu prendre pour
+s'enfuir? demandai-je.
+
+--Aucune, me répondit Rouletabille, aucune pour le moment... Mais j'ai
+déjà mon idée faite sur le revolver, par exemple... Le revolver n'a pas
+servi à l'assassin...
+
+--Et à qui donc a-t-il servi, mon Dieu?...
+
+--Eh bien, mais... «à Mlle Stangerson...»
+
+--Je ne comprends plus, fis-je... Ou mieux je n'ai jamais compris...»
+
+Rouletabille haussa les épaules:
+
+«Rien ne vous a particulièrement frappé dans l'article du _Matin_?
+
+--Ma foi non... j'ai trouvé tout ce qu'il raconte également bizarre...
+
+--Eh bien, mais... et la porte fermée à clef?
+
+--C'est la seule chose naturelle du récit...
+
+--Vraiment!... Et le verrou?...
+
+--Le verrou?
+
+--Le verrou poussé à l'intérieur?... Voilà bien des précautions prises
+par Mlle Stangerson... «Mlle Stangerson, quant à moi, savait qu'elle
+avait à craindre quelqu'un; elle avait pris ses précautions; elle avait
+même pris le revolver du père Jacques», sans lui en parler. Sans doute,
+elle ne voulait effrayer personne; elle ne voulait surtout pas effrayer
+son père... «Ce que Mlle Stangerson redoutait est arrivé...» et elle
+s'est défendue, et il y a eu bataille et elle s'est servie assez
+adroitement de son revolver pour blesser l'assassin à la main--ainsi
+s'explique l'impression de la large main d'homme ensanglantée sur le mur
+et sur la porte, de l'homme qui cherchait presque à tâtons une issue
+pour fuir--mais elle n'a pas tiré assez vite pour échapper au coup
+terrible qui venait la frapper à la tempe droite.
+
+--Ce n'est donc point le revolver qui a blessé Mlle Stangerson à la
+tempe?
+
+--Le journal ne le dit pas, et, quant à moi, je ne le pense pas;
+toujours parce qu'il m'apparaît logique que le revolver a servi à Mlle
+Stangerson contre l'assassin. Maintenant, quelle était l'arme de
+l'assassin? Ce coup à la tempe semblerait attester que l'assassin a
+voulu assommer Mlle Stangerson... Après avoir vainement essayé de
+l'étrangler... L'assassin devait savoir que le grenier était habité par
+le père Jacques, et c'est une des raisons pour lesquelles, je pense, il
+a voulu opérer avec une «arme de silence», une matraque peut-être, ou un
+marteau...
+
+--Tout cela ne nous explique pas, fis-je, comment notre assassin est
+sorti de la «Chambre Jaune»!
+
+--Évidemment, répondit Rouletabille en se levant, et, comme il faut
+l'expliquer, je vais au château du Glandier, et je viens vous chercher
+pour que vous y veniez avec moi...
+
+--Moi!
+
+--Oui, cher ami, j'ai besoin de vous. _L'Époque_ m'a chargé
+définitivement de cette affaire, et il faut que je l'éclaircisse au plus
+vite.
+
+--Mais en quoi puis-je vous servir?
+
+--M. Robert Darzac est au château du Glandier.
+
+--C'est vrai... son désespoir doit être sans bornes!
+
+--Il faut que je lui parle...»
+
+Rouletabille prononça cette phrase sur un ton qui me surprit:
+
+«Est-ce que... Est-ce que vous croyez à quelque chose d'intéressant de
+ce côté?... demandai-je.
+
+--Oui.»
+
+Et il ne voulut pas en dire davantage. Il passa dans mon salon en me
+priant de hâter ma toilette.
+
+Je connaissais M. Robert Darzac pour lui avoir rendu un très gros
+service judiciaire dans un procès civil, alors que j'étais secrétaire de
+maître Barbet-Delatour. M. Robert Darzac, qui avait, à cette époque, une
+quarantaine d'années, était professeur de physique à la Sorbonne. Il
+était intimement lié avec les Stangerson, puisque après sept ans d'une
+cour assidue, il se trouvait enfin sur le point de se marier avec Mlle
+Stangerson, personne d'un certain âge (elle devait avoir dans les
+trente-cinq ans), mais encore remarquablement jolie.
+
+Pendant que je m'habillais, je criai à Rouletabille qui s'impatientait
+dans mon salon:
+
+«Est-ce que vous avez une idée sur la condition de l'assassin?
+
+--Oui, répondit-il, je le crois sinon un homme du monde, du moins d'une
+classe assez élevée... Ce n'est encore qu'une impression...
+
+--Et qu'est-ce qui vous la donne, cette impression?
+
+--Eh bien, mais, répliqua le jeune homme, le béret crasseux, le mouchoir
+vulgaire et les traces de la chaussure grossière sur le plancher...
+
+--Je comprends, fis-je; on ne laisse pas tant de traces derrière soi,
+«quand elles sont l'expression de la vérité!»
+
+--On fera quelque chose de vous, mon cher Sainclair!» conclut
+Rouletabille.
+
+
+
+
+III
+
+«Un homme a passé comme une ombre à travers les volets»
+
+
+Une demi-heure plus tard, nous étions, Rouletabille et moi, sur le quai
+de la gare d'Orléans, attendant le départ du train qui allait nous
+déposer à Épinay-sur-Orge. Nous vîmes arriver le parquet de Corbeil,
+représenté par M. de Marquet et son greffier. M. de Marquet avait passé
+la nuit à Paris avec son greffier pour assister, à la Scala, à la
+répétition générale d'une revuette dont il était l'auteur masqué et
+qu'il avait signé simplement: «Castigat Ridendo.»
+
+M. de Marquet commençait d'être un noble vieillard. Il était, à
+l'ordinaire, plein de politesse et de «galantise», et n'avait eu, toute
+sa vie, qu'une passion: celle de l'art dramatique. Dans sa carrière de
+magistrat, il ne s'était véritablement intéressé qu'aux affaires
+susceptibles de lui fournir au moins la nature d'un acte. Bien que,
+décemment apparenté, il eût pu aspirer aux plus hautes situations
+judiciaires, il n'avait jamais travaillé, en réalité, que pour «arriver»
+à la romantique Porte Saint-Martin ou à l'Odéon pensif. Un tel idéal
+l'avait conduit, sur le tard, à être juge d'instruction à Corbeil, et à
+signer «Castigat Ridendo» un petit acte indécent à la Scala.
+
+L'affaire de la «Chambre Jaune», par son côté inexplicable, devait
+séduire un esprit aussi... littéraire. Elle l'intéressa prodigieusement;
+et M. de Marquet s'y jeta moins comme un magistrat avide de connaître la
+vérité que comme un amateur d'imbroglios dramatiques dont toutes les
+facultés sont tendues vers le mystère de l'intrigue, et qui ne redoute
+cependant rien tant que d'arriver à la fin du dernier acte, où tout
+s'explique.
+
+Ainsi, dans le moment que nous le rencontrâmes, j'entendis M. de Marquet
+dire avec un soupir à son greffier:
+
+«Pourvu, mon cher monsieur Maleine, pourvu que cet entrepreneur, avec sa
+pioche, ne nous démolisse pas un aussi beau mystère!
+
+--N'ayez crainte, répondit M. Maleine, sa pioche démolira peut-être le
+pavillon, mais elle laissera notre affaire intacte. J'ai tâté les murs
+et étudié plafond et plancher, et je m'y connais. On ne me trompe pas.
+Nous pouvons être tranquilles. Nous ne saurons rien.
+
+Ayant ainsi rassuré son chef, M. Maleine nous désigna d'un mouvement de
+tête discret à M. de Marquet. La figure de celui-ci se renfrogna et,
+comme il vit venir à lui Rouletabille qui, déjà, se découvrait, il se
+précipita sur une portière et sauta dans le train en jetant à mi-voix à
+son greffier: «surtout, pas de journalistes!»
+
+M. Maleine répliqua: «Compris!», arrêta Rouletabille dans sa course et
+eut la prétention de l'empêcher de monter dans le compartiment du juge
+d'instruction.
+
+«Pardon, messieurs! Ce compartiment est réservé...
+
+--Je suis journaliste, monsieur, rédacteur à _l'Époque_, fit mon jeune
+ami avec une grande dépense de salutations et de politesses, et j'ai un
+petit mot à dire à M. de Marquet.
+
+--M. de Marquet est très occupé par son enquête...
+
+--Oh! Son enquête m'est absolument indifférente, veuillez le croire...
+Je ne suis pas, moi, un rédacteur de chiens écrasés, déclara le jeune
+Rouletabille dont la lèvre inférieure exprimait alors un mépris infini
+pour la littérature des «faits diversiers»; je suis courriériste des
+théâtres... Et comme je dois faire, ce soir, un petit compte rendu de la
+revue de la Scala...
+
+--Montez, monsieur, je vous en prie...», fit le greffier s'effaçant.
+
+Rouletabille était déjà dans le compartiment. Je l'y suivis. Je m'assis
+à ses côtés; le greffier monta et ferma la portière.
+
+M. de Marquet regardait son greffier.
+
+--Oh! Monsieur, débuta Rouletabille, n'en veuillez pas «à ce brave
+homme» si j'ai forcé la consigne; ce n'est pas à M. de Marquet que je
+veux avoir l'honneur de parler: c'est à M. «Castigat Ridendo»!...
+Permettez-moi de vous féliciter, en tant que courriériste théâtral à
+_l'Époque_...»
+
+Et Rouletabille, m'ayant présenté d'abord, se présenta ensuite.
+
+M. de Marquet, d'un geste inquiet, caressait sa barbe en pointe. Il
+exprima en quelques mots à Rouletabille qu'il était trop modeste auteur
+pour désirer que le voile de son pseudonyme fût publiquement levé, et il
+espérait bien que l'enthousiasme du journaliste pour l'oeuvre du
+dramaturge n'irait point jusqu'à apprendre aux populations que M.
+«Castigat Ridendo» n'était autre que le juge d'instruction de Corbeil.
+
+«L'oeuvre de l'auteur dramatique pourrait nuire, ajouta-t-il, après une
+légère hésitation, à l'oeuvre du magistrat... surtout en province où
+l'on est resté un peu routinier...
+
+--Oh! Comptez sur ma discrétion!» s'écria Rouletabille en levant des
+mains qui attestaient le Ciel.
+
+Le train s'ébranlait alors...
+
+«Nous partons! fit le juge d'instruction, surpris de nous voir faire le
+voyage avec lui.
+
+--Oui, monsieur, la vérité se met en marche... dit en souriant
+aimablement le reporter... en marche vers le château du Glandier...
+Belle affaire, monsieur De Marquet, belle affaire!...
+
+--Obscure affaire! Incroyable, insondable, inexplicable affaire... et je
+ne crains qu'une chose, monsieur Rouletabille... c'est que les
+journalistes se mêlent de la vouloir expliquer...»
+
+Mon ami sentit le coup droit.
+
+«Oui, fit-il simplement, il faut le craindre... Ils se mêlent de tout...
+Quant à moi, je ne vous parle que parce que le hasard, monsieur le juge
+d'instruction, le pur hasard, m'a mis sur votre chemin et presque dans
+votre compartiment.
+
+--Où allez-vous donc, demanda M. de Marquet.
+
+--Au château du Glandier», fit sans broncher Rouletabille.
+
+M. de Marquet sursauta.
+
+«Vous n'y entrerez pas, monsieur Rouletabille!...
+
+--Vous vous y opposerez? fit mon ami, déjà prêt à la bataille.
+
+--Que non pas! J'aime trop la presse et les journalistes pour leur être
+désagréable en quoi que ce soit, mais M. Stangerson a consigné sa porte
+à tout le monde. Et elle est bien gardée. Pas un journaliste, hier, n'a
+pu franchir la grille du Glandier.
+
+--Tant mieux, répliqua Rouletabille, j'arrive bien.»
+
+M. de Marquet se pinça les lèvres et parut prêt à conserver un obstiné
+silence. Il ne se détendit un peu que lorsque Rouletabille ne lui eut
+pas laissé ignorer plus longtemps que nous nous rendions au Glandier
+pour y serrer la main «d'un vieil ami intime», déclara-t-il, en parlant
+de M. Robert Darzac, qu'il avait peut-être vu une fois dans sa vie.
+
+«Ce pauvre Robert! continua le jeune reporter... Ce pauvre Robert! il
+est capable d'en mourir... Il aimait tant Mlle Stangerson...
+
+--La douleur de M. Robert Darzac fait, il est vrai, peine à voir...
+laissa échapper comme à regret M. de Marquet...
+
+--Mais il faut espérer que Mlle Stangerson sera sauvée...
+
+--Espérons-le... son père me disait hier que, si elle devait succomber,
+il ne tarderait point, quant à lui, à l'aller rejoindre dans la tombe...
+Quelle perte incalculable pour la science!
+
+--La blessure à la tempe est grave, n'est-ce pas?...
+
+--Évidemment! Mais c'est une chance inouïe qu'elle n'ait pas été
+mortelle... Le coup a été donné avec une force!...
+
+--Ce n'est donc pas le revolver qui a blessé Mlle Stangerson», fit
+Rouletabille... en me jetant un regard de triomphe...
+
+M. de Marquet parut fort embarrassé.
+
+«Je n'ai rien dit, je ne veux rien dire, et je ne dirai rien!»
+
+Et il se tourna vers son greffier, comme s'il ne nous connaissait
+plus...
+
+Mais on ne se débarrassait pas ainsi de Rouletabille. Celui-ci
+s'approcha du juge d'instruction, et, montrant _le Matin_, qu'il tira de
+sa poche, il lui dit:
+
+«Il y a une chose, monsieur le juge d'instruction, que je puis vous
+demander sans commettre d'indiscrétion. Vous avez lu le récit du
+_Matin_? Il est absurde, n'est-ce pas?
+
+--Pas le moins du monde, monsieur...
+
+--Eh quoi! La «Chambre Jaune» n'a qu'une fenêtre grillée «dont les
+barreaux n'ont pas été descellés, et une porte que l'on défonce...» et
+l'on n'y trouve pas l'assassin!
+
+--C'est ainsi, monsieur! C'est ainsi!... C'est ainsi que la question se
+pose!...»
+
+Rouletabille ne dit plus rien et partit pour des pensers inconnus... Un
+quart d'heure ainsi s'écoula.
+
+Quant il revint à nous, il dit, s'adressant encore au juge
+d'instruction:
+
+--Comment était, ce soir-là, la coiffure de Mlle Stangerson?
+
+--Je ne saisis pas, fit M. de Marquet.
+
+--Ceci est de la dernière importance, répliqua Rouletabille. _Les
+cheveux en bandeaux, n'est-ce pas? Je suis sûr qu'elle portait ce
+soir-là, le soir du drame, les cheveux en bandeaux!_
+
+--Eh bien, monsieur Rouletabille, vous êtes dans l'erreur, répondit le
+juge d'instruction; Mlle Stangerson était coiffée, ce soir-là, les
+cheveux relevés entièrement en torsade sur la tête... Ce doit être sa
+coiffure habituelle... Le front entièrement découvert..., je puis vous
+l'affirmer, car nous avons examiné longuement la blessure. Il n'y avait
+pas de sang aux cheveux... et l'on n'avait pas touché à la coiffure
+depuis l'attentat.
+
+--Vous êtes sûr! Vous êtes sûr que Mlle Stangerson, la nuit de
+l'attentat, n'avait pas «la coiffure en bandeaux»?...
+
+--Tout à fait certain, continua le juge en souriant... car, justement,
+j'entends encore le docteur me dire pendant que j'examinais la blessure:
+«C'est grand dommage que Mlle Stangerson ait l'habitude de se coiffer
+les cheveux relevés sur le front. Si elle avait porté la coiffure en
+bandeaux, le coup qu'elle a reçu à la tempe aurait été amorti.»
+Maintenant, je vous dirai qu'il est étrange que vous attachiez de
+l'importance...
+
+--Oh! Si elle n'avait pas les cheveux en bandeaux! gémit Rouletabille,
+où allons-nous? où allons-nous? Il faudra que je me renseigne.
+
+Et il eut un geste désolé.
+
+«Et la blessure à la tempe est terrible? demanda-t-il encore.
+
+--Terrible.
+
+--Enfin, par quelle arme a-t-elle été faite?
+
+--Ceci, monsieur, est le secret de l'instruction.
+
+--Avez-vous retrouvé cette arme?»
+
+Le juge d'instruction ne répondit pas.
+
+«Et la blessure à la gorge?»
+
+Ici, le juge d'instruction voulut bien nous confier que la blessure à la
+gorge était telle que l'on pouvait affirmer, de l'avis même des
+médecins, que, «si l'assassin avait serré cette gorge quelques secondes
+de plus, Mlle Stangerson mourait étranglée».
+
+«L'affaire, telle que la rapporte _Le Matin_, reprit Rouletabille,
+acharné, me paraît de plus en plus inexplicable. Pouvez-vous me dire,
+monsieur le juge, quelles sont les ouvertures du pavillon, portes et
+fenêtres?
+
+--Il y en a cinq, répondit M. de Marquet, après avoir toussé deux ou
+trois fois, mais ne résistant plus au désir qu'il avait d'étaler tout
+l'incroyable mystère de l'affaire qu'il instruisait. Il y en a cinq,
+dont la porte du vestibule qui est la seule porte d'entrée du pavillon,
+porte toujours automatiquement fermée, et ne pouvant s'ouvrir, soit de
+l'intérieur, soit de l'extérieur, que par deux clefs spéciales qui ne
+quittent jamais le père Jacques et M. Stangerson. Mlle Stangerson n'en a
+point besoin puisque le père Jacques est à demeure dans le pavillon et
+que, dans la journée, elle ne quitte point son père. Quand ils se sont
+précipités tous les quatre dans la «Chambre Jaune» dont ils avaient
+enfin défoncé la porte, la porte d'entrée du vestibule, elle, était
+restée fermée comme toujours, et les deux clefs de cette porte étaient
+l'une dans la poche de M. Stangerson, l'autre dans la poche du père
+Jacques. Quant aux fenêtres du pavillon, elles sont quatre: l'unique
+fenêtre de la «Chambre Jaune», les deux fenêtres du laboratoire et la
+fenêtre du vestibule. La fenêtre de la «Chambre Jaune» et celles du
+laboratoire donnent sur la campagne; seule la fenêtre du vestibule donne
+dans le parc.
+
+--_C'est par cette fenêtre-là qu'il s'est sauvé du pavillon!_ s'écria
+Rouletabille.
+
+--Comment le savez-vous? fit M. de Marquet en fixant sur mon ami un
+étrange regard.
+
+--Nous verrons plus tard comment l'assassin s'est enfui de la «Chambre
+Jaune», répliqua Rouletabille, mais il a dû quitter le pavillon par la
+fenêtre du vestibule...
+
+--Encore une fois, comment le savez-vous?
+
+--Eh! mon Dieu! c'est bien simple. Du moment qu'«il» ne peut s'enfuir
+par la porte du pavillon, il faut bien qu'il passe par une fenêtre, et
+il faut qu'il y ait au moins, pour qu'il passe, une fenêtre qui ne soit
+pas grillée. La fenêtre de la «Chambre Jaune» est grillée, parce qu'elle
+donne sur la campagne; les deux fenêtres du laboratoire doivent l'être
+certainement pour la même raison. «Puisque l'assassin s'est enfui»,
+j'imagine qu'il a trouvé une fenêtre sans barreaux, et ce sera celle du
+vestibule qui donne sur le parc, c'est-à-dire à l'intérieur de la
+propriété. Cela n'est pas sorcier!...
+
+--Oui, fit M. de Marquet, mais ce que vous ne pourriez deviner, c'est
+que cette fenêtre du vestibule, qui est la seule, en effet, à n'avoir
+point de barreaux, possède de solides volets de fer. _Or, ces volets de
+fer sont restés fermés à l'intérieur par leur loquet de fer, et
+cependant nous avons la preuve que l'assassin s'est, en effet, enfui du
+pavillon par cette même fenêtre!_ Des traces de sang sur le mur à
+l'intérieur et sur les volets et des pas sur la terre, des pas
+entièrement semblables à ceux dont j'ai relevé la mesure dans la
+«Chambre Jaune», attestent bien que l'assassin s'est enfui par là! Mais
+alors! Comment a-t-il fait, _puisque les volets sont restés fermés à
+l'intérieur?_ Il a passé comme une ombre à travers les volets. Et,
+enfin, le plus affolant de tout, n'est-ce point la trace retrouvée de
+l'assassin au moment où il fuit du pavillon, quand il est impossible de
+se faire la moindre idée de la façon dont l'assassin est sorti de la
+«Chambre Jaune», _ni comment il a traversé forcément le laboratoire pour
+arriver au vestibule!_ Ah! oui, monsieur Rouletabille, cette affaire est
+hallucinante... C'est une belle affaire, allez! Et dont on ne trouvera
+pas la clef d'ici longtemps, je l'espère bien!...
+
+--Vous espérez quoi, monsieur le juge d'instruction?...»
+
+M. de Marquet rectifia:
+
+--«... Je ne l'espère pas... Je le crois...
+
+--On aurait donc refermé la fenêtre, à l'intérieur, après la fuite de
+l'assassin? demanda Rouletabille...
+
+--Évidemment, voilà ce qui me semble, pour le moment, naturel quoique
+inexplicable... car il faudrait un complice ou des complices... et je ne
+les vois pas...»
+
+Après un silence, il ajouta:
+
+«Ah! Si Mlle Stangerson pouvait aller assez bien aujourd'hui pour qu'on
+l'interrogeât...»
+
+Rouletabille, poursuivant sa pensée, demanda:
+
+«Et le grenier? Il doit y avoir une ouverture au grenier?
+
+--Oui, je ne l'avais pas comptée, en effet; cela fait six ouvertures; il
+y a là-haut une petite fenêtre, plutôt une lucarne, et, comme elle donne
+sur l'extérieur de la propriété, M. Stangerson l'a fait également garnir
+de barreaux. À cette lucarne, comme aux fenêtres du rez-de-chaussée, les
+barreaux sont restés intacts et les volets, qui s'ouvrent naturellement
+en dedans, sont restés fermés en dedans. Du reste, nous n'avons rien
+découvert qui puisse nous faire soupçonner le passage de l'assassin dans
+le grenier.
+
+--Pour vous, donc, il n'est point douteux, monsieur le juge
+d'instruction, que l'assassin s'est enfui--sans que l'on sache
+comment--par la fenêtre du vestibule!
+
+--Tout le prouve...
+
+Je le crois aussi», obtempéra gravement Rouletabille.
+
+Puis un silence, et il reprit:
+
+--Si vous n'avez trouvé aucune trace de l'assassin dans le grenier,
+comme par exemple, ces pas noirâtres que l'on relève sur le parquet de
+la «Chambre Jaune», vous devez être amené à croire que ce n'est point
+lui qui a volé le revolver du père Jacques...
+
+--Il n'y a de traces, au grenier, que celles du père Jacques», fit le
+juge avec un haussement de tête significatif...
+
+Et il se décida à compléter sa pensée:
+
+«Le père Jacques était avec M. Stangerson... C'est heureux pour lui...
+
+--Alors, _quid_ du rôle du revolver du père Jacques dans le drame? Il
+semble bien démontré que cette arme a moins blessé Mlle Stangerson
+qu'elle n'a blessé l'assassin...»
+
+Sans répondre à cette question, qui sans doute l'embarrassait, M. de
+Marquet nous apprit qu'on avait retrouvé les deux balles dans la
+«Chambre Jaune», l'une dans un mur, le mur où s'étalait la main
+rouge--une main rouge d'homme--l'autre dans le plafond.
+
+«Oh! oh! dans le plafond! répéta à mi-voix Rouletabille... Vraiment...
+dans le plafond! Voilà qui est fort curieux... dans le plafond!...
+
+Il se mit à fumer en silence, s'entourant de tabagie. Quand nous
+arrivâmes à Épinay-sur-Orge, je dus lui donner un coup sur l'épaule pour
+le faire descendre de son rêve et sur le quai.
+
+Là, le magistrat et son greffier nous saluèrent, nous faisant comprendre
+qu'ils nous avaient assez vus; puis ils montèrent rapidement dans un
+cabriolet qui les attendait.
+
+«Combien de temps faut-il pour aller à pied d'ici au château du
+Glandier? demanda Rouletabille à un employé de chemin de fer.
+
+--Une heure et demie, une heure trois quarts, sans se presser», répondit
+l'homme.
+
+Rouletabille regarda le ciel, le trouva à sa convenance et, sans doute,
+à la mienne, car il me prit sous le bras et me dit:
+
+«Allons!... J'ai besoin de marcher.
+
+--Eh bien! lui demandai-je. Ça se débrouille?...
+
+--Oh! fit-il, oh! il n'y a rien de débrouillé du tout!... _C'est encore
+plus embrouillé qu'avant!_ Il est vrai que j'ai une idée...
+
+--Dites-la.
+
+--Oh! Je ne peux rien dire pour le moment... Mon idée est une question
+de vie ou de mort pour deux personnes au moins...
+
+--Croyez-vous à des complices?
+
+--Je n'y crois pas...»
+
+Nous gardâmes un instant le silence, puis il reprit:
+
+«C'est une veine d'avoir rencontré ce juge d'instruction et son
+greffier... Hein! que vous avais-je dit pour le revolver?...
+
+Il avait le front penché vers la route, les mains dans les poches, et il
+sifflotait. Au bout d'un instant, je l'entendis murmurer:
+
+«Pauvre femme!...
+
+--C'est Mlle Stangerson que vous plaignez?...
+
+--Oui, c'est une très noble femme, et tout à fait digne de pitié!...
+C'est un très grand, un très grand caractère... j'imagine...
+j'imagine...
+
+--Vous connaissez donc Mlle Stangerson?
+
+--Moi, pas du tout... Je ne l'ai vue qu'une fois...
+
+--Pourquoi dites-vous: c'est un très grand caractère?...
+
+--Parce qu'elle a su tenir tête à l'assassin, parce qu'elle s'est
+défendue avec courage, _et surtout, surtout, à cause de la balle dans le
+plafond_.»
+
+Je regardai Rouletabille, me demandant _in petto_ s'il ne se moquait pas
+tout à fait de moi ou s'il n'était pas devenu subitement fou. Mais je
+vis bien que le jeune homme n'avait jamais eu moins envie de rire, et
+l'éclat intelligent de ses petits yeux ronds me rassura sur l'état de sa
+raison. Et puis, j'étais un peu habitué à ses propos rompus... rompus
+pour moi qui n'y trouvais souvent qu'incohérence et mystère jusqu'au
+moment où, en quelques phrases rapides et nettes, il me livrait le fil
+de sa pensée. Alors, tout s'éclairait soudain; les mots qu'il avait
+dits, et qui m'avaient paru vides de sens, se reliaient avec une
+facilité et une logique telles «que je ne pouvais comprendre comment je
+n'avais pas compris plus tôt».
+
+
+
+
+IV
+
+«Au sein d'une nature sauvage»
+
+
+Le château du Glandier est un des plus vieux châteaux de ce pays
+d'Île-de-France, où se dressent encore tant d'illustres pierres de
+l'époque féodale. Bâti au coeur des forêts, sous Philippe le Bel, il
+apparaît à quelques centaines de mètres de la route qui conduit du
+village de Sainte-Geneviève-des-Bois à Montlhéry. Amas de constructions
+disparates, il est dominé par un donjon. Quand le visiteur a gravi les
+marches branlantes de cet antique donjon et qu'il débouche sur la petite
+plate-forme où, au XVIIe siècle, Georges-Philibert de Séquigny, seigneur
+du Glandier, Maisons-Neuves et autres lieux, a fait édifier la lanterne
+actuelle, d'un abominable style rococo, on aperçoit, à trois lieues de
+là, au-dessus de la vallée et de la plaine, l'orgueilleuse tour de
+Montlhéry. Donjon et tour se regardent encore, après tant de siècles, et
+semblent se raconter, au-dessus des forêts verdoyantes ou des bois
+morts, les plus vieilles légendes de l'histoire de France. On dit que le
+donjon du Glandier veille sur une ombre héroïque et sainte, celle de la
+bonne patronne de Paris, devant qui recula Attila. Sainte Geneviève dort
+là son dernier sommeil dans les vieilles douves du château. L'été, les
+amoureux, balançant d'une main distraite le panier des déjeuners sur
+l'herbe, viennent rêver ou échanger des serments devant la tombe de la
+sainte, pieusement fleurie de myosotis. Non loin de cette tombe est un
+puits qui contient, dit-on, une eau miraculeuse. La reconnaissance des
+mères a élevé en cet endroit une statue à sainte Geneviève et suspendu
+sous ses pieds les petits chaussons ou les bonnets des enfants sauvés
+par cette onde sacrée.
+
+C'est dans ce lieu qui semblait devoir appartenir tout entier au passé
+que le professeur Stangerson et sa fille étaient venus s'installer pour
+préparer la science de l'avenir. Sa solitude au fond des bois leur avait
+plu tout de suite. Ils n'auraient là, comme témoins de leurs travaux et
+de leurs espoirs, que de vieilles pierres et de grands chênes. Le
+Glandier, autrefois «Glandierum», s'appelait ainsi du grand nombre de
+glands que, de tout temps, on avait recueillis en cet endroit. Cette
+terre, aujourd'hui tristement célèbre, avait reconquis, grâce à la
+négligence ou à l'abandon des propriétaires, l'aspect sauvage d'une
+nature primitive; seuls, les bâtiments qui s'y cachaient avaient
+conservé la trace d'étranges métamorphoses. Chaque siècle y avait laissé
+son empreinte: un morceau d'architecture auquel se reliait le souvenir
+de quelque événement terrible, de quelque rouge aventure; et, tel quel,
+ce château, où allait se réfugier la science, semblait tout désigné à
+servir de théâtre à des mystères d'épouvante et de mort.
+
+Ceci dit, je ne puis me défendre d'une réflexion. La voici:
+
+Si je me suis attardé quelque peu à cette triste peinture du Glandier,
+ce n'est point que j'aie trouvé ici l'occasion dramatique de «créer»
+l'atmosphère nécessaire aux drames qui vont se dérouler sous les yeux du
+lecteur et, en vérité, mon premier soin, dans toute cette affaire, sera
+d'être aussi simple que possible. Je n'ai point la prétention d'être un
+auteur. Qui dit: auteur, dit toujours un peu: romancier, et, Dieu merci!
+le mystère de la «Chambre Jaune» est assez plein de tragique horreur
+réelle pour se passer de littérature. Je ne suis et ne veux être qu'un
+fidèle «rapporteur». Je dois rapporter l'événement; je situe cet
+événement dans son cadre, voilà tout. Il est tout naturel que vous
+sachiez où les choses se passent.
+
+Je reviens à M. Stangerson. Quand il acheta le domaine, une quinzaine
+d'années environ avant le drame qui nous occupe, le Glandier n'était
+plus habité depuis longtemps. Un autre vieux château, dans les environs,
+construit au XIVe siècle par Jean de Belmont, était également abandonné,
+de telle sorte que le pays était à peu près inhabité. Quelques
+maisonnettes au bord de la route qui conduit à Corbeil, une auberge,
+l'auberge du «Donjon», qui offrait une passagère hospitalité aux
+rouliers; c'était là à peu près tout ce qui rappelait la civilisation
+dans cet endroit délaissé qu'on ne s'attendait guère à rencontrer à
+quelques lieues de la capitale. Mais ce parfait délaissement avait été
+la raison déterminante du choix de M. Stangerson et de sa fille. M.
+Stangerson était déjà célèbre; il revenait d'Amérique où ses travaux
+avaient eu un retentissement considérable. Le livre qu'il avait publié à
+Philadelphie sur la «Dissociation de la matière par les actions
+électriques» avait soulevé la protestation de tout le monde savant. M.
+Stangerson était français, mais d'origine américaine. De très
+importantes affaires d'héritage l'avaient fixé pendant plusieurs années
+aux États-Unis. Il avait continué, là-bas, une oeuvre commencée en
+France, et il était revenu en France l'y achever, après avoir réalisé
+une grosse fortune, tous ses procès s'étant heureusement terminés soit
+par des jugements qui lui donnaient gain de cause, soit par des
+transactions. Cette fortune fut la bienvenue. M. Stangerson, qui eût pu,
+s'il l'avait voulu, gagner des millions de dollars en exploitant ou en
+faisant exploiter deux ou trois de ses découvertes chimiques relatives à
+de nouveaux procédés de teinture, avait toujours répugné à faire servir
+à son intérêt propre le don merveilleux d'«inventer» qu'il avait reçu de
+la nature; mais il ne pensait point que son génie lui appartînt. Il le
+devait aux hommes, et tout ce que son génie mettait au monde tombait, de
+par cette volonté philanthropique, dans le domaine public. S'il n'essaya
+point de dissimuler la satisfaction que lui causait la mise en
+possession de cette fortune inespérée qui allait lui permettre de se
+livrer jusqu'à sa dernière heure à sa passion pour la science pure, le
+professeur dut s'en réjouir également, «semblait-il», pour une autre
+cause. Mlle Stangerson avait, au moment où son père revint d'Amérique et
+acheta le Glandier, vingt ans. Elle était plus jolie qu'on ne saurait
+l'imaginer, tenant à la fois toute la grâce parisienne de sa mère, morte
+en lui donnant le jour, et toute la splendeur, toute la richesse du
+jeune sang américain de son grand-père paternel, William Stangerson.
+Celui-ci, citoyen de Philadelphie, avait dû se faire naturaliser
+français pour obéir à des exigences de famille, au moment de son mariage
+avec une française, celle qui devait être la mère de l'illustre
+Stangerson. Ainsi s'explique la nationalité française du professeur
+Stangerson.
+
+Vingt ans, adorablement blonde, des yeux bleus, un teint de lait,
+rayonnante, d'une santé divine, Mathilde Stangerson était l'une des plus
+belles filles à marier de l'ancien et du nouveau continent. Il était du
+devoir de son père, malgré la douleur prévue d'une inévitable
+séparation, de songer à ce mariage, et il ne dut pas être fâché de voir
+arriver la dot. Quoi qu'il en soit, il ne s'en enterra pas moins, avec
+son enfant, au Glandier, dans le moment où ses amis s'attendaient à ce
+qu'il produisît Mlle Mathilde dans le monde. Certains vinrent le voir et
+manifestèrent leur étonnement. Aux questions qui lui furent posées, le
+professeur répondit: «C'est la volonté de ma fille. Je ne sais rien lui
+refuser. C'est elle qui a choisi le Glandier.» Interrogé à son tour, la
+jeune fille répliqua avec sérénité: «Où aurions-nous mieux travaillé que
+dans cette solitude?» Car Mlle Mathilde Stangerson collaborait déjà à
+l'oeuvre de son père, mais on ne pouvait imaginer alors que sa passion
+pour la science irait jusqu'à lui faire repousser tous les partis qui se
+présenteraient à elle, pendant plus de quinze ans. Si retirés
+vivaient-ils, le père et la fille durent se montrer dans quelques
+réceptions officielles, et, à certaines époques de l'année, dans deux ou
+trois salons amis où la gloire du professeur et la beauté de Mathilde
+firent sensation. L'extrême froideur de la jeune fille ne découragea pas
+tout d'abord les soupirants; mais, au bout de quelques années, ils se
+lassèrent. Un seul persista avec une douce ténacité et mérita ce nom
+«d'éternel fiancé», qu'il accepta avec mélancolie; c'était M. Robert
+Darzac. Maintenant Mlle Stangerson n'était plus jeune, et il semblait
+bien que, n'ayant point trouvé de raisons pour se marier, jusqu'à l'âge
+de trente-cinq ans, elle n'en découvrirait jamais. Un tel argument
+apparaissait sans valeur, évidemment, à M. Robert Darzac, puisque
+celui-ci ne cessait point sa cour, si tant est qu'on peut encore appeler
+«cour» les soins délicats et tendres dont on ne cesse d'entourer une
+femme de trente-cinq ans, restée fille et qui a déclaré qu'elle ne se
+marierait point.
+
+Soudain, quelques semaines avant les événements qui nous occupent, un
+bruit auquel on n'attacha pas d'abord d'importance--tant on le trouvait
+incroyable--se répandit dans Paris; Mlle Stangerson consentait enfin à
+«couronner l'inextinguible flamme de M. Robert Darzac!» Il fallut que M.
+Robert Darzac lui-même ne démentît point ces propos matrimoniaux pour
+qu'on se dît enfin qu'il pouvait y avoir un peu de vérité dans une
+rumeur aussi invraisemblable. Enfin M. Stangerson voulut bien annoncer,
+en sortant un jour de l'Académie des sciences, que le mariage de sa
+fille et de M. Robert Darzac serait célébré dans l'intimité, au château
+du Glandier, sitôt que sa fille et lui auraient mis la dernière main au
+rapport qui allait résumer tous leurs travaux sur la «Dissociation de la
+matière», c'est-à-dire sur le retour de la matière à l'éther. Le nouveau
+ménage s'installerait au Glandier et le gendre apporterait sa
+collaboration à l'oeuvre à laquelle le père et la fille avaient consacré
+leur vie.
+
+Le monde scientifique n'avait pas encore eu le temps de se remettre de
+cette nouvelle que l'on apprenait l'assassinat de Mlle Stangerson dans
+les conditions fantastiques que nous avons énumérées et que notre visite
+au château va nous permettre de préciser davantage encore.
+
+Je n'ai point hésité à fournir au lecteur tous ces détails rétrospectifs
+que je connaissais par suite de mes rapports d'affaires avec M. Robert
+Darzac, pour qu'en franchissant le seuil de la «Chambre Jaune», il fût
+aussi documenté que moi.
+
+
+
+
+V
+
+Où Joseph Rouletabille adresse à M. Robert Darzac une phrase qui produit
+son petit effet
+
+
+Nous marchions depuis quelques minutes, Rouletabille et moi, le long
+d'un mur qui bordait la vaste propriété de M. Stangerson, et nous
+apercevions déjà la grille d'entrée, quand notre attention fut attirée
+par un personnage qui, à demi courbé sur la terre, semblait tellement
+préoccupé qu'il ne nous vit pas venir. Tantôt il se penchait, se
+couchait presque sur le sol, tantôt il se redressait et considérait
+attentivement le mur; tantôt il regardait dans le creux de sa main, puis
+faisait de grands pas, puis se mettait à courir et regardait encore dans
+le creux de sa main droite. Rouletabille m'avait arrêté d'un geste:
+
+«Chut! Frédéric Larsan qui travaille!... Ne le dérangeons pas!
+
+Joseph Rouletabille avait une grande admiration pour le célèbre
+policier. Je n'avais jamais vu, moi, Frédéric Larsan, mais je le
+connaissais beaucoup de réputation.
+
+L'affaire des lingots d'or de l'hôtel de la Monnaie, qu'il débrouilla
+quand tout le monde jetait sa langue aux chiens, et l'arrestation des
+forceurs de coffres-forts du Crédit universel avaient rendu son nom
+presque populaire. Il passait alors, à cette époque où Joseph
+Rouletabille n'avait pas encore donné les preuves admirables d'un talent
+unique, pour l'esprit le plus apte à démêler l'écheveau embrouillé des
+plus mystérieux et plus obscurs crimes. Sa réputation s'était étendue
+dans le monde entier et souvent les polices de Londres ou de Berlin, ou
+même d'Amérique l'appelaient à l'aide quand les inspecteurs et les
+détectives nationaux s'avouaient à bout d'imagination et de ressources.
+On ne s'étonnera donc point que, dès le début du mystère de la «Chambre
+Jaune», le chef de la Sûreté ait songé à télégraphier à son précieux
+subordonné, à Londres, où Frédéric Larsan avait été envoyé pour une
+grosse affaire de titres volés: «Revenez vite.» Frédéric, que l'on
+appelait, à la Sûreté, le grand Fred, avait fait diligence, sachant sans
+doute par expérience que, si on le dérangeait, c'est qu'on avait bien
+besoin de ses services, et, c'est ainsi que Rouletabille et moi, ce
+matin-là, nous le trouvions déjà à la besogne. Nous comprîmes bientôt en
+quoi elle consistait.
+
+Ce qu'il ne cessait de regarder dans le creux de sa main droite n'était
+autre chose que sa montre et il paraissait fort occupé à compter des
+minutes. Puis il rebroussa chemin, reprit une fois encore sa course, ne
+l'arrêta qu'à la grille du parc, reconsulta sa montre, la mit dans sa
+poche, haussa les épaules d'un geste découragé, poussa la grille,
+pénétra dans le parc, referma la grille à clef, leva la tête et, à
+travers les barreaux, nous aperçut. Rouletabille courut et je le suivis.
+Frédéric Larsan nous attendait.
+
+«Monsieur Fred», dit Rouletabille en se découvrant et en montrant les
+marques d'un profond respect basé sur la réelle admiration que le jeune
+reporter avait pour le célèbre policier, «pourriez-vous nous dire si M.
+Robert Darzac est au château en ce moment? Voici un de ses amis, du
+barreau de Paris, qui désirerait lui parler.
+
+--Je n'en sais rien, monsieur Rouletabille, répliqua Fred en serrant la
+main de mon ami, car il avait eu l'occasion de le rencontrer plusieurs
+fois au cours de ses enquêtes les plus difficiles... Je ne l'ai pas vu.
+
+--Les concierges nous renseigneront sans doute? fit Rouletabille en
+désignant une maisonnette de briques dont porte et fenêtres étaient
+closes et qui devait inévitablement abriter ces fidèles gardiens de la
+propriété.
+
+«Les concierges ne vous renseigneront point, monsieur Rouletabille.
+
+--Et pourquoi donc?
+
+--Parce que, depuis une demi-heure, ils sont arrêtés!...
+
+--Arrêtés! s'écria Rouletabille... Ce sont eux les assassins!...
+
+Frédéric Larsan haussa les épaules.
+
+«Quand on ne peut pas, dit-il, d'un air de suprême ironie, arrêter
+l'assassin, on peut toujours se payer le luxe de découvrir les
+complices!
+
+--C'est vous qui les avez fait arrêter, monsieur Fred?
+
+--Ah! non! par exemple! je ne les ai pas fait arrêter, d'abord parce que
+je suis à peu près sûr qu'ils ne sont pour rien dans l'affaire, et puis
+parce que...
+
+--Parce que quoi? interrogea anxieusement Rouletabille.
+
+--Parce que... rien... fit Larsan en secouant la tête.
+
+--«Parce qu'il n'y a pas de complices!» souffla Rouletabille.
+
+Frédéric Larsan s'arrêta net, regardant le reporter avec intérêt.
+
+«Ah! Ah! Vous avez donc une idée sur l'affaire... Pourtant vous n'avez
+rien vu, jeune homme... vous n'avez pas encore pénétré ici...
+
+--J'y pénétrerai.
+
+--J'en doute... la consigne est formelle.
+
+--J'y pénétrerai si vous me faites voir M. Robert Darzac... Faites cela
+pour moi... Vous savez que nous sommes de vieux amis... Monsieur Fred...
+je vous en prie... Rappelez-vous le bel article que je vous ai fait à
+propos des «Lingots d'or». Un petit mot à M. Robert Darzac, s'il vous
+plaît?»
+
+La figure de Rouletabille était vraiment comique à voir en ce moment.
+Elle reflétait un désir si irrésistible de franchir ce seuil au-delà
+duquel il se passait quelque prodigieux mystère; elle suppliait avec une
+telle éloquence non seulement de la bouche et des yeux, mais encore de
+tous les traits, que je ne pus m'empêcher d'éclater de rire. Frédéric
+Larsan, pas plus que moi, ne garda son sérieux.
+
+Cependant, derrière la grille, Frédéric Larsan remettait tranquillement
+la clef dans sa poche. Je l'examinai.
+
+C'était un homme qui pouvait avoir une cinquantaine d'années. Sa tête
+était belle, aux cheveux grisonnants, au teint mat, au profil dur; le
+front était proéminent; le menton et les joues étaient rasés avec soin;
+la lèvre, sans moustache, était finement dessinée; les yeux, un peu
+petits et ronds, fixaient les gens bien en face d'un regard fouilleur
+qui étonnait et inquiétait. Il était de taille moyenne et bien prise;
+l'allure générale était élégante et sympathique. Rien du policier
+vulgaire. C'était un grand artiste en son genre, et il le savait, et
+l'on sentait qu'il avait une haute idée de lui-même. Le ton de sa
+conversation était d'un sceptique et d'un désabusé. Son étrange
+profession lui avait fait côtoyer tant de crimes et de vilenies qu'il
+eût été inexplicable qu'elle ne lui eût point un peu «durci les
+sentiments», selon la curieuse expression de Rouletabille.
+
+Larsan tourna la tête au bruit d'une voiture qui arrivait derrière lui.
+Nous reconnûmes le cabriolet qui, en gare d'Épinay, avait emporté le
+juge d'instruction et son greffier.
+
+«Tenez! fit Frédéric Larsan, vous vouliez parler à M. Robert Darzac; le
+voilà!»
+
+Le cabriolet était déjà à la grille et Robert Darzac priait Frédéric
+Larsan de lui ouvrir l'entrée du parc, lui disant qu'il était très
+pressé et qu'il n'avait que le temps d'arriver à Épinay pour prendre le
+prochain train pour Paris, quand il me reconnut. Pendant que Larsan
+ouvrait la grille, M. Darzac me demanda ce qui pouvait m'amener au
+Glandier dans un moment aussi tragique. Je remarquai alors qu'il était
+atrocement pâle et qu'une douleur infinie était peinte sur son visage.
+
+«Mlle Stangerson va-t-elle mieux? demandai-je immédiatement.
+
+--Oui, fit-il. On la sauvera peut-être. Il faut qu'on la sauve.»
+
+Il n'ajouta pas «ou j'en mourrai», mais on sentait trembler la fin de la
+phrase au bout de ses lèvres exsangues.
+
+Rouletabille intervint alors:
+
+«Monsieur, vous êtes pressé. Il faut cependant que je vous parle. J'ai
+quelque chose de la dernière importance à vous dire.»
+
+Frédéric Larsan interrompit:
+
+«Je peux vous laisser? demanda-t-il à Robert Darzac. Vous avez une clef
+ou voulez-vous que je vous donne celle-ci?
+
+--Oui, merci, j'ai une clef. Je fermerai la grille.»
+
+Larsan s'éloigna rapidement dans la direction du château dont on
+apercevait, à quelques centaines de mètres, la masse imposante.
+
+Robert Darzac, le sourcil froncé, montrait déjà de l'impatience. Je
+présentai Rouletabille comme un excellent ami; mais, dès qu'il sut que
+ce jeune homme était journaliste, M. Darzac me regarda d'un air de grand
+reproche, s'excusa sur la nécessité où il était d'atteindre Épinay en
+vingt minutes, salua et fouetta son cheval. Mais déjà Rouletabille avait
+saisi, à ma profonde stupéfaction, la bride, arrêté le petit équipage
+d'un poing vigoureux, cependant qu'il prononçait cette phrase dépourvue
+pour moi du moindre sens:
+
+«_Le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son
+éclat._»
+
+Ces mots ne furent pas plutôt sortis de la bouche de Rouletabille que je
+vis Robert Darzac chanceler; si pâle qu'il fût, il pâlit encore; ses
+yeux fixèrent le jeune homme avec épouvante et il descendit
+immédiatement de sa voiture dans un désordre d'esprit inexprimable.
+
+«Allons! Allons!» dit-il en balbutiant.
+
+Et puis, tout à coup, il reprit avec une sorte de fureur:
+
+«Allons! monsieur! Allons!»
+
+Et il refit le chemin qui conduisait au château, sans plus dire un mot,
+cependant que Rouletabille suivait, tenant toujours le cheval.
+J'adressai quelques paroles à M. Darzac... mais il ne me répondit pas.
+J'interrogeai de l'oeil Rouletabille, qui ne me vit pas.
+
+
+
+
+VI
+
+Au fond de la chênaie
+
+
+Nous arrivâmes au château. Le vieux donjon se reliait à la partie du
+bâtiment entièrement refaite sous Louis XIV par un autre corps de
+bâtiment moderne, style Viollet-le-Duc, où se trouvait l'entrée
+principale. Je n'avais encore rien vu d'aussi original, ni peut-être
+d'aussi laid, ni surtout d'aussi étrange en architecture que cet
+assemblage bizarre de styles disparates. C'était monstrueux et
+captivant. En approchant, nous vîmes deux gendarmes qui se promenaient
+devant une petite porte ouvrant sur le rez-de-chaussée du donjon. Nous
+apprîmes bientôt que, dans ce rez-de-chaussée, qui était autrefois une
+prison et qui servait maintenant de chambre de débarras, on avait
+enfermé les concierges, M. et Mme Bernier.
+
+M. Robert Darzac nous fit entrer dans la partie moderne du château par
+une vaste porte que protégeait une «marquise». Rouletabille, qui avait
+abandonné le cheval et le cabriolet aux soins d'un domestique, ne
+quittait pas des yeux M. Darzac; je suivis son regard, et je m'aperçus
+que celui-ci était uniquement dirigé vers les mains gantées du
+professeur à la Sorbonne. Quand nous fûmes dans un petit salonet garni
+de meubles vieillots, M. Darzac se tourna vers Rouletabille et assez
+brusquement lui demanda:
+
+«Parlez! Que me voulez-vous?»
+
+Le reporter répondit avec la même brusquerie:
+
+«Vous serrer la main!»
+
+Darzac se recula:
+
+«Que signifie?»
+
+Évidemment, il avait compris ce que je comprenais alors: que mon ami le
+soupçonnait de l'abominable attentat. La trace de la main ensanglantée
+sur les murs de la «Chambre Jaune» lui apparut... Je regardai cet homme
+à la physionomie si hautaine, au regard si droit d'ordinaire et qui se
+troublait en ce moment si étrangement. Il tendit sa main droite, et, me
+désignant:
+
+«Vous êtes l'ami de M. Sainclair qui m'a rendu un service inespéré dans
+une juste cause, monsieur, et je ne vois pas pourquoi je vous refuserais
+la main...»
+
+Rouletabille ne prit pas cette main. Il dit, mentant avec une audace
+sans pareille:
+
+«Monsieur, j'ai vécu quelques années en Russie, d'où j'ai rapporté cet
+usage de ne jamais serrer la main à quiconque ne se dégante pas.»
+
+Je crus que le professeur en Sorbonne allait donner un libre cours à la
+fureur qui commençait à l'agiter, mais au contraire, d'un violent effort
+visible, il se calma, se déganta et présenta ses mains. Elles étaient
+nettes de toute cicatrice.
+
+«Êtes-vous satisfait?
+
+--Non! répliqua Rouletabille. Mon cher ami, fit-il en se tournant vers
+moi, je suis obligé de vous demander de nous laisser seuls un instant.»
+
+Je saluai et me retirai, stupéfait de ce que je venais de voir et
+d'entendre, et ne comprenant pas que M. Robert Darzac n'eût point déjà
+jeté à la porte mon impertinent, mon injurieux, mon stupide ami... Car,
+à cette minute, j'en voulais à Rouletabille de ses soupçons qui avaient
+abouti à cette scène inouïe des gants...
+
+Je me promenai environ vingt minutes devant le château, essayant de
+relier entre eux les différents événements de cette matinée, et n'y
+parvenant pas. Quelle était l'idée de Rouletabille? Était-il possible
+que M. Robert Darzac lui apparût comme l'assassin? Comment penser que
+cet homme, qui devait se marier dans quelques jours avec Mlle
+Stangerson, s'était introduit dans la «Chambre Jaune» pour assassiner sa
+fiancée? Enfin, rien n'était venu m'apprendre comment l'assassin avait
+pu sortir de la «Chambre Jaune»; et, tant que ce mystère qui me
+paraissait inexplicable ne me serait pas expliqué, j'estimais, moi,
+qu'il était du devoir de tous de ne soupçonner personne. Enfin, que
+signifiait cette phrase insensée qui sonnait encore à mes oreilles: _le
+presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat!_
+J'avais hâte de me retrouver seul avec Rouletabille pour le lui
+demander.
+
+À ce moment, le jeune homme sortit du château avec M. Robert Darzac.
+Chose extraordinaire, je vis au premier coup d'oeil qu'ils étaient les
+meilleurs amis du monde.
+
+«Nous allons à la «Chambre Jaune», me dit Rouletabille, venez avec nous.
+Dites-donc, cher ami, vous savez que je vous garde toute la journée.
+Nous déjeunons ensemble dans le pays...
+
+--Vous déjeunerez avec moi, ici, messieurs...
+
+--Non, merci, répliqua le jeune homme. Nous déjeunerons à l'auberge du
+«Donjon»...
+
+--Vous y serez très mal... Vous n'y trouverez rien.
+
+--Croyez-vous?... Moi j'espère y trouver quelque chose, répliqua
+Rouletabille. Après déjeuner, nous retravaillerons, je ferai mon
+article, vous serez assez aimable pour me le porter à la rédaction...
+
+--Et vous? Vous ne revenez pas avec moi?
+
+--Non; je couche ici...»
+
+Je me retournai vers Rouletabille. Il parlait sérieusement, et M. Robert
+Darzac ne parut nullement étonné...
+
+Nous passions alors devant le donjon et nous entendîmes des
+gémissements. Rouletabille demanda:
+
+«Pourquoi a-t-on arrêté ces gens-là?
+
+--C'est un peu de ma faute, dit M. Darzac. J'ai fait remarquer hier au
+juge d'instruction qu'il est inexplicable que les concierges aient eu le
+temps d'entendre les coups de revolver, «de s'habiller», de parcourir
+l'espace assez grand qui sépare leur loge du pavillon, tout cela en deux
+minutes; car il ne s'est pas écoulé plus de deux minutes entre les coups
+de revolver et le moment où ils ont été rencontrés par le père Jacques.
+
+--Évidemment, c'est louche, acquiesça Rouletabille... Et ils étaient
+habillés...?
+
+--Voilà ce qui est incroyable... ils étaient habillés... «entièrement»,
+solidement et chaudement... Il ne manquait aucune pièce à leur costume.
+La femme était en sabots, mais l'homme avait «ses souliers lacés». Or,
+ils ont déclaré s'être couchés comme tous les soirs à neuf heures. En
+arrivant, ce matin, le juge d'instruction, qui s'était muni, à Paris,
+d'un revolver de même calibre que celui du crime (car il ne veut pas
+toucher au revolver-pièce à conviction), a fait tirer deux coups de
+revolver par son greffier dans la «Chambre Jaune», fenêtre et porte
+fermées. Nous étions avec lui dans la loge des concierges; nous n'avons
+rien entendu... on ne peut rien entendre. Les concierges ont donc menti,
+cela ne fait point de doute... Ils étaient prêts; ils étaient déjà
+dehors non loin du pavillon; ils attendaient quelque chose. Certes, on
+ne les accuse point d'être les auteurs de l'attentat, mais leur
+complicité n'est pas improbable... M. de Marquet les a fait arrêter
+aussitôt.
+
+--S'ils avaient été complices, dit Rouletabille, _ils seraient arrivés
+débraillés_, ou plutôt ils ne seraient pas arrivés du tout. Quand on se
+précipite dans les bras de la justice, avec sur soi tant de preuves de
+complicité, c'est qu'on n'est pas complice. Je ne crois pas aux
+complices dans cette affaire.
+
+--Alors, pourquoi étaient-ils dehors à minuit? Qu'ils le disent!...
+
+--Ils ont certainement un intérêt à se taire. Il s'agit de savoir
+lequel... Même s'ils ne sont pas complices, cela peut avoir quelque
+importance. _Tout est important de ce qui se passe dans une nuit
+pareille..._»
+
+Nous venions de traverser un vieux pont jeté sur la Douve et nous
+entrions dans cette partie du parc appelée «la Chênaie». Il y avait là
+des chênes centenaires. L'automne avait déjà recroquevillé leurs
+feuilles jaunies et leurs hautes branches noires et serpentines
+semblaient d'affreuses chevelures, des noeuds de reptiles géants
+entremêlés comme le sculpteur antique en a tordu sur sa tête de Méduse.
+Ce lieu, que Mlle Stangerson habitait l'été parce qu'elle le trouvait
+gai, nous apparut, en cette saison, triste et funèbre. Le sol était
+noir, tout fangeux des pluies récentes et de la bourbe des feuilles
+mortes, les troncs des arbres étaient noirs, le ciel lui-même, au-dessus
+de nos têtes, était en deuil, charriait de gros nuages lourds. Et, dans
+cette retraite sombre et désolée, nous aperçûmes les murs blancs du
+pavillon. Étrange bâtisse, sans une fenêtre visible du point où elle
+nous apparaissait. Seule une petite porte en marquait l'entrée. On eût
+dit un tombeau, un vaste mausolée au fond d'une forêt abandonnée... À
+mesure que nous approchions, nous en devinions la disposition. Ce
+bâtiment prenait toute la lumière dont il avait besoin, au midi,
+c'est-à-dire de l'autre côté de la propriété, du côté de la campagne. La
+petite porte refermée sur le parc, M. et Mlle Stangerson devaient
+trouver là une prison idéale pour y vivre avec leurs travaux et leur
+rêve.
+
+Je vais donner tout de suite, du reste, le plan de ce pavillon. Il
+n'avait qu'un rez-de-chaussée, où l'on accédait par quelques marches, et
+un grenier assez élevé qui ne nous occupera en aucune façon». C'est donc
+le plan du rez-de-chaussée dans toute sa simplicité que je soumets au
+lecteur.
+
+Il a été tracé par Rouletabille lui-même, et j'ai constaté qu'il n'y
+manquait pas une ligne, pas une indication susceptible d'aider à la
+solution du problème qui se posait alors devant la justice. Avec la
+légende et le plan, les lecteurs en sauront tout autant, pour arriver à
+la vérité, qu'en savait Rouletabille quand il pénétra dans le pavillon
+pour la première fois et que chacun se demandait: «Par où l'assassin
+a-t-il pu fuir de la Chambre Jaune?»
+
+[Illustration]
+
+ 1. Chambre Jaune, avec son unique fenêtre grillée et son unique porte
+ donnant sur le laboratoire.
+
+ 2. Laboratoire, avec ses deux grandes fenêtres grillées et ses portes;
+ donnant l'une sur le vestibule, l'autre sur la Chambre Jaune.
+
+ 3. Vestibule, avec sa fenêtre non grillée et sa porte d'entrée donnant
+ sur le parc.
+
+ 4. Lavatory.
+
+ 5. Escalier conduisant au grenier.
+
+ 6. Vaste et unique cheminée du pavillon servant aux expériences de
+ laboratoire.
+
+Avant de gravir les trois marches de la porte du pavillon, Rouletabille
+nous arrêta et demanda à brûle-pourpoint à M. Darzac:
+
+«Eh bien! Et le mobile du crime?
+
+--Pour moi, monsieur, il n'y a aucun doute à avoir à ce sujet, fit le
+fiancé de Mlle Stangerson avec une grande tristesse. Les traces de
+doigts, les profondes écorchures sur la poitrine et au cou de Mlle
+Stangerson attestent que le misérable qui était là avait essayé un
+affreux attentat. Les médecins experts, qui ont examiné hier ces traces,
+affirment qu'elles ont été faites par la même main dont l'image
+ensanglantée est restée sur le mur; une main énorme, monsieur, et qui ne
+tiendrait point dans mon gant, ajouta-t-il avec un amer et
+indéfinissable sourire...
+
+--Cette main rouge, interrompis-je, ne pourrait donc pas être la trace
+des doigts ensanglantés de Mlle Stangerson, qui, au moment de s'abattre,
+aurait rencontré le mur et y aurait laissé, en glissant, une image
+élargie de sa main pleine de sang?
+
+--Il n'y avait pas une goutte de sang aux mains de Mlle Stangerson quand
+on l'a relevée, répondit M. Darzac.
+
+--On est donc sûr, maintenant, fis-je, que c'est bien Mlle Stangerson
+qui s'était armée du revolver du père Jacques, puisqu'elle a blessé la
+main de l'assassin. _Elle redoutait donc quelque chose ou quelqu'un?_
+
+--C'est probable...
+
+--Vous ne soupçonnez personne?
+
+--Non...», répondit M. Darzac, en regardant Rouletabille.
+
+Rouletabille, alors, me dit:
+
+--Il faut que vous sachiez, mon ami, que l'instruction est un peu plus
+avancée que n'a voulu nous le confier ce petit cachottier de M. de
+Marquet. Non seulement l'instruction sait maintenant que le revolver fut
+l'arme dont se servit, pour se défendre, Mlle Stangerson, mais elle
+connaît, mais elle a connu tout de suite l'arme qui a servi à attaquer,
+à frapper Mlle Stangerson. C'est, m'a dit M. Darzac, un «os de mouton».
+Pourquoi M. de Marquet entoure-t-il cet os de mouton de tant de mystère?
+Dans le dessein de faciliter les recherches des agents de la Sûreté?
+Sans doute. Il imagine peut-être qu'on va retrouver son propriétaire
+parmi ceux qui sont bien connus, dans la basse pègre de Paris, pour se
+servir de cet instrument de crime, le plus terrible que la nature ait
+inventé... Et puis, est-ce qu'on sait jamais ce qui peut se passer dans
+une cervelle de juge d'instruction?» ajouta Rouletabille avec une ironie
+méprisante.
+
+J'interrogeai:
+
+«On a donc trouvé un «os de mouton» dans la «Chambre Jaune»?
+
+--Oui, monsieur, fit Robert Darzac, au pied du lit; mais je vous en
+prie: n'en parlez point. M. de Marquet nous a demandé le secret. (Je fis
+un geste de protestation.) C'est un énorme os de mouton dont la tête,
+ou, pour mieux dire, dont l'articulation était encore toute rouge du
+sang de l'affreuse blessure qu'il avait faite à Mlle Stangerson. C'est
+un vieil os de mouton _qui a dû servir déjà à quelques crimes_, suivant
+les apparences. Ainsi pense M. de Marquet, qui l'a fait porter à Paris,
+au laboratoire municipal, pour qu'il fût analysé. Il croit, en effet,
+avoir relevé sur cet os non seulement le sang frais de la dernière
+victime, mais encore des traces roussâtres qui ne seraient autres que
+des taches de sang séché, témoignages de crimes antérieurs.
+
+--Un os de mouton, dans la main d'un «assassin exercé», est une arme
+effroyable, dit Rouletabille, une arme «plus utile» et plus sûre qu'un
+lourd marteau.
+
+--«Le misérable» l'a d'ailleurs prouvé, fit douloureusement M. Robert
+Darzac. L'os de mouton a terriblement frappé Mlle Stangerson au front.
+L'articulation de l'os de mouton s'adapte parfaitement à la blessure.
+Pour moi, cette blessure eût été mortelle si l'assassin n'avait été à
+demi arrêté, dans le coup qu'il donnait, par le revolver de Mlle
+Stangerson. Blessé à la main, il lâchait son os de mouton et s'enfuyait.
+Malheureusement, le coup de l'os de mouton _était parti et était déjà
+arrivé_... et Mlle Stangerson était quasi assommée, après avoir failli
+être étranglée. Si Mlle Stangerson avait réussi à blesser l'homme de son
+premier coup de revolver, elle eût, sans doute, échappé à l'os de
+mouton... Mais elle a saisi certainement son revolver trop tard; puis,
+le premier coup, dans la lutte, a dévié, et la balle est allée se loger
+dans le plafond; ce n'est que le second coup qui a porté...»
+
+Ayant ainsi parlé, M. Darzac frappa à la porte du pavillon. Vous
+avouerai-je mon impatience de pénétrer dans le lieu même du crime? J'en
+tremblais, et, malgré tout l'immense intérêt que comportait l'histoire
+de l'os de mouton, je bouillais de voir que notre conversation se
+prolongeait et que la porte du pavillon ne s'ouvrait pas.
+
+Enfin, elle s'ouvrit.
+
+Un homme, que je reconnus pour être le père Jacques, était sur le seuil.
+
+Il me parut avoir la soixantaine bien sonnée. Une longue barbe blanche,
+des cheveux blancs sur lesquels il avait posé un béret basque, un
+complet de velours marron à côtes usé, des sabots; l'air bougon, une
+figure assez rébarbative qui s'éclaira cependant dès qu'il eut aperçu M.
+Robert Darzac.
+
+«Des amis, fit simplement notre guide. Il n'y a personne au pavillon,
+père Jacques?
+
+--Je ne dois laisser entrer personne, monsieur Robert, mais bien sûr la
+consigne n'est pas pour vous... Et pourquoi? Ils ont vu tout ce qu'il y
+avait à voir, ces messieurs de la justice. Ils en ont fait assez des
+dessins et des procès-verbaux...
+
+--Pardon, monsieur Jacques, une question avant toute autre chose, fit
+Rouletabille.
+
+--Dites, jeune homme, et, si je puis y répondre...
+
+--Votre maîtresse portait-elle, _ce soir-là_, les cheveux en bandeaux,
+vous savez bien, les cheveux en bandeaux sur le front?
+
+--Non, mon p'tit monsieur. Ma maîtresse n'a jamais porté les cheveux en
+bandeaux comme vous dites, ni ce soir-là, ni les autres jours. Elle
+avait, comme toujours, les cheveux relevés de façon à ce qu'on pouvait
+voir son beau front, pur comme celui de l'enfant qui vient de
+naître!...»
+
+Rouletabille grogna, et se mit aussitôt à inspecter la porte. Il se
+rendit compte de la fermeture automatique. Il constata que cette porte
+ne pouvait jamais rester ouverte et qu'il fallait une clef pour
+l'ouvrir. Puis nous entrâmes dans le vestibule, petite pièce assez
+claire, pavée de carreaux rouges.
+
+«Ah! voici la fenêtre, dit Rouletabille, par laquelle l'assassin s'est
+sauvé...
+
+--Qu'ils disent! monsieur, qu'ils disent! Mais, s'il s'était sauvé par
+là, nous l'aurions bien vu, pour sûr! Sommes pas aveugles! ni M.
+Stangerson, ni moi, ni les concierges qui-z-ont mis en prison! Pourquoi
+qui ne m'y mettent pas en prison, moi aussi, à cause de mon revolver?»
+
+Rouletabille avait déjà ouvert la fenêtre et examiné les volets.
+
+«Ils étaient fermés, à l'heure du crime?
+
+--Au loquet de fer, en dedans, fit le père Jacques... et moi j'suis bien
+sûr que l'assassin a passé au travers...
+
+--Il y a des taches de sang?...
+
+--Oui, tenez, là, sur la pierre, en dehors... Mais du sang de quoi?...
+
+--Ah! fit Rouletabille, on voit les pas... là, sur le chemin... la terre
+était très détrempée... nous examinerons cela tout à l'heure...
+
+--Des bêtises! interrompit le père Jacques... L'assassin n'a pas passé
+par là!...
+
+--Eh bien, par où?...
+
+--Est-ce que je sais!...»
+
+Rouletabille voyait tout, flairait tout. Il se mit à genoux et passa
+rapidement en revue les carreaux maculés du vestibule. Le père Jacques
+continuait:
+
+«Ah! vous ne trouverez rien, mon p'tit monsieur. Y n'ont rien trouvé...
+Et puis maintenant, c'est trop sale... Il est entré trop de gens! Ils
+veulent point que je lave le carreau... mais, le jour du crime, j'avais
+lavé tout ça à grande eau, moi, père Jacques... et, si l'assassin avait
+passé par là avec ses «ripatons», on l'aurait bien vu; il a assez laissé
+la marque de ses godillots dans la chambre de mademoiselle!...»
+
+Rouletabille se releva et demanda:
+
+«Quand avez-vous lavé ces dalles pour la dernière fois?»
+
+Et il fixait le père Jacques d'un oeil auquel rien n'échappe.
+
+«Mais dans la journée même du crime, j'vous dis! Vers les cinq heures et
+demie... pendant que mademoiselle et son père faisaient un tour de
+promenade avant de dîner ici même, car ils ont dîné dans le laboratoire.
+Le lendemain, quand le juge est venu, il a pu voir toutes les traces des
+pas par terre comme qui dirait de l'encre sur du papier blanc... Eh
+bien, ni dans le laboratoire, ni dans le vestibule qu'étaient propres
+comme un sou neuf, on n'a retrouvé ses pas... à l'homme!... Puisqu'on
+les retrouve auprès de la fenêtre, _dehors_, il faudrait donc qu'il ait
+troué le plafond de la «Chambre Jaune», qu'il ait passé par le grenier,
+qu'il ait troué le toit, et qu'il soit redescendu juste à la fenêtre du
+vestibule, en se laissant tomber... Eh bien, mais, y n'y a pas de trou
+au plafond de la «Chambre Jaune»... ni dans mon grenier, bien sûr!...
+Alors, vous voyez bien qu'on ne sait rien... mais rien de rien!... et
+qu'on ne saura, ma foi, jamais rien!... C'est un mystère du diable!
+
+Rouletabille se rejeta soudain à genoux, presque en face de la porte
+d'un petit lavatory qui s'ouvrait au fond du vestibule. Il resta dans
+cette position au moins une minute.
+
+«Eh bien? lui demandai-je quand il se releva.
+
+--Oh! rien de bien important; une goutte de sang.
+
+Le jeune homme se retourna vers le père Jacques.
+
+«Quand vous vous êtes mis à laver le laboratoire et le vestibule, la
+fenêtre du vestibule était ouverte?
+
+--Je venais de l'ouvrir parce que j'avais allumé du charbon de bois pour
+monsieur, sur le fourneau du laboratoire; et, comme je l'avais allumé
+avec des journaux, il y a eu de la fumée; j'ai ouvert les fenêtres du
+laboratoire et celle du vestibule pour faire courant d'air; puis j'ai
+refermé celles du laboratoire et laissé ouverte celle du vestibule, et
+puis je suis sorti un instant pour aller chercher une lavette au château
+et c'est en rentrant, comme je vous ai dit, vers cinq heures et demie
+que je me suis mis à laver les dalles; après avoir lavé, je suis
+reparti, laissant toujours la fenêtre du vestibule ouverte. Enfin pour
+la dernière fois, quand je suis rentré au pavillon, _la fenêtre était
+fermée_ et monsieur et mademoiselle travaillaient déjà dans le
+laboratoire.
+
+--M. ou Mlle Stangerson avaient sans doute fermé la fenêtre en entrant?
+
+--Sans doute.
+
+--Vous ne leur avez pas demandé?
+
+--Non!...»
+
+Après un coup d'oeil assidu au petit lavatory et à la cage de l'escalier
+qui conduisait au grenier, Rouletabille, pour qui nous semblions ne plus
+exister, pénétra dans le laboratoire. C'est, je l'avoue, avec une forte
+émotion que je l'y suivis. Robert Darzac ne perdait pas un geste de mon
+ami... Quant à moi, mes yeux allèrent tout de suite à la porte de la
+«Chambre Jaune». Elle était refermée, ou plutôt poussée sur le
+laboratoire, car je constatai immédiatement qu'elle était à moitié
+défoncée et hors d'usage... les efforts de ceux qui s'étaient rués sur
+elle, au moment du drame, l'avaient brisée...
+
+Mon jeune ami, qui menait sa besogne avec méthode, considérait, sans
+dire un mot, la pièce dans laquelle nous nous trouvions... Elle était
+vaste et bien éclairée. Deux grandes fenêtres, presque des baies,
+garnies de barreaux, prenaient jour sur l'immense campagne. Une trouée
+dans la forêt; une vue merveilleuse sur toute la vallée, sur la plaine,
+jusqu'à la grande ville qui devait apparaître, là-bas, tout au bout, les
+jours de soleil. Mais, aujourd'hui, il n'y a que de la boue sur la
+terre, de la suie au ciel... et du sang dans cette chambre...
+
+Tout un côté du laboratoire était occupé par une vaste cheminée, par des
+creusets, par des fours propres à toutes expériences de chimie. Des
+cornues, des instruments de physique un peu partout; des tables
+surchargées de fioles, de papiers, de dossiers, une machine
+électrique... des piles... un appareil, me dit M. Robert Darzac, employé
+par le professeur Stangerson «pour démontrer la dissociation de la
+matière sous l'action de la lumière solaire», etc.
+
+Et, tout le long des murs, des armoires, armoires pleines ou
+armoires-vitrines, laissant apercevoir des microscopes, des appareils
+photographiques spéciaux, une quantité incroyable de cristaux...
+
+Rouletabille avait le nez fourré dans la cheminée. Du bout du doigt, il
+fouillait dans les creusets... Tout d'un coup, il se redressa, tenant un
+petit morceau de papier à moitié consumé... Il vint à nous qui causions
+auprès d'une fenêtre, et il dit:
+
+«Conservez-nous cela, Monsieur Darzac.»
+
+Je me penchai sur le bout de papier roussi que M. Darzac venait de
+prendre des mains de Rouletabille. Et je lus, distinctement, ces seuls
+mots qui restaient lisibles:
+
+ presbytère rien perdu charme,
+ ni le jar de son éclat.
+
+Et, au-dessous: «23 octobre.»
+
+Deux fois, depuis ce matin, ces mêmes mots insensés venaient me frapper,
+et, pour la deuxième fois, je vis qu'ils produisaient sur le professeur
+en Sorbonne le même effet foudroyant. Le premier soin de M. Darzac fut
+de regarder du côté du père Jacques. Mais celui-ci ne nous avait pas
+vus, occupé qu'il était à l'autre fenêtre... Alors, le fiancé de Mlle
+Stangerson ouvrit son portefeuille en tremblant, y serra le papier, et
+soupira: «Mon Dieu!»
+
+Pendant ce temps, Rouletabille était monté dans la cheminée;
+c'est-à-dire que, debout sur les briques d'un fourneau, il considérait
+attentivement cette cheminée qui allait se rétrécissant, et qui, à
+cinquante centimètres au-dessus de sa tête, se fermait entièrement par
+des plaques de fer scellées dans la brique, laissant passer trois tuyaux
+d'une quinzaine de centimètres de diamètre chacun.
+
+«Impossible de passer par là, énonça le jeune homme en sautant dans le
+laboratoire. Du reste, s'«il» l'avait même tenté, toute cette ferraille
+serait par terre. Non! Non! ce n'est pas de ce côté qu'il faut
+chercher...
+
+Rouletabille examina ensuite les meubles et ouvrit des portes
+d'armoires. Puis, ce fut le tour des fenêtres qu'il déclara
+infranchissables et «infranchies». À la seconde fenêtre, il trouva le
+père Jacques en contemplation.
+
+«Eh bien, père Jacques, qu'est-ce que vous regardez par là?
+
+--Je r'garde l'homme de la police qui ne cesse point de faire le tour de
+l'étang... Encore un malin qui n'en verra pas plus long qu'les autres!
+
+--Vous ne connaissez pas Frédéric Larsan, père Jacques! dit
+Rouletabille, en secouant la tête avec mélancolie, sans cela vous ne
+parleriez pas comme ça... S'il y en a un ici qui trouve l'assassin, ce
+sera lui, faut croire!»
+
+Et Rouletabille poussa un soupir.
+
+«Avant qu'on le retrouve, faudrait savoir comment on l'a perdu!...
+répliqua le père Jacques, têtu.
+
+Enfin, nous arrivâmes à la porte de la «Chambre Jaune».
+
+«Voilà la porte derrière laquelle il se passait quelque chose!» fit
+Rouletabille avec une solennité qui, en toute autre circonstance, eût
+été comique.
+
+
+
+
+VII
+
+Où Rouletabille part en expédition sous le lit
+
+
+Rouletabille ayant poussé la porte de la «Chambre Jaune» s'arrêta sur le
+seuil, disant avec une émotion que je ne devais comprendre que plus
+tard: «Oh! Le parfum de la dame en noir!» La chambre était obscure; le
+père Jacques voulut ouvrir les volets, mais Rouletabille l'arrêta:
+
+«Est-ce que, dit-il, le drame s'est passé en pleine obscurité?
+
+--Non, jeune homme, je ne pense point. Mam'zelle tenait beaucoup à avoir
+une veilleuse sur sa table, et c'est moi qui la lui allumais tous les
+soirs avant qu'elle aille se coucher... J'étais quasi sa femme de
+chambre, quoi! quand v'nait le soir! La vraie femme de chambre ne v'nait
+guère que le matin. Mam'zelle travaille si tard... la nuit!
+
+--Où était cette table qui supportait la veilleuse? Loin du lit?
+
+--Loin du lit.
+
+--Pouvez-vous, maintenant, allumer la veilleuse?
+
+--La veilleuse est brisée, et l'huile s'en est répandue quand la table
+est tombée. Du reste, tout est resté dans le même état. Je n'ai qu'à
+ouvrir les volets et vous allez voir...
+
+--Attendez!»
+
+Rouletabille rentrant dans le laboratoire, alla fermer les volets des
+deux fenêtres et la porte du vestibule. Quand nous fûmes dans la nuit
+noire, il alluma une allumette-bougie, la donna au père Jacques, dit à
+celui-ci de se diriger avec son allumette vers le milieu de la «Chambre
+Jaune», à l'endroit où brûlait, cette nuit-là, la veilleuse. Le père
+Jacques, qui était en chaussons (il laissait à l'ordinaire ses sabots
+dans le vestibule), entra dans la «Chambre Jaune» avec son bout
+d'allumette, et nous distinguâmes vaguement, mal éclairés par la petite
+flamme mourante, des objets renversés sur le carreau, un lit dans le
+coin, et, en face de nous, à gauche, le reflet d'une glace, pendue au
+mur, près du lit. Ce fut rapide.
+
+Rouletabille dit: «C'est assez! Vous pouvez ouvrir les volets.
+
+--Surtout n'avancez pas, pria le père Jacques; vous pourriez faire des
+marques avec vos souliers... et il ne faut rien déranger... C'est une
+idée du juge, une idée comme ça, bien que son affaire soit déjà
+faite...»
+
+Et il poussa les volets. Le jour livide du dehors entra, éclairant un
+désordre sinistre, entre des murs de safran. Le plancher--car si le
+vestibule et le laboratoire étaient carrelés, la «Chambre Jaune» était
+planchéiée--était recouvert d'une natte jaune, d'un seul morceau, qui
+tenait presque toute la pièce, allant sous le lit et sous la
+table-toilette, seuls meubles qui, avec le lit, fussent encore sur leurs
+pieds. La table ronde du milieu, la table de nuit et deux chaises
+étaient renversées. Elles n'empêchaient point de voir, sur la natte, une
+large tache de sang qui provenait, nous dit le père Jacques, de la
+blessure au front de Mlle Stangerson. En outre, des gouttelettes de sang
+étaient répandues un peu partout et suivaient, en quelque sorte, la
+trace très visible des pas, des larges pas noirs, de l'assassin. Tout
+faisait présumer que ces gouttes de sang venaient de la blessure de
+l'homme qui avait, un moment, imprimé sa main rouge sur le mur. Il y
+avait d'autres traces de cette main sur le mur, mais beaucoup moins
+distinctes. C'est bien là la trace d'une rude main d'homme ensanglantée.
+
+Je ne pus m'empêcher de m'écrier:
+
+«Voyez!... voyez ce sang sur le mur... L'homme qui a appliqué si
+fermement sa main ici était alors dans l'obscurité et croyait
+certainement tenir une porte. Il croyait la pousser! C'est pourquoi il a
+fortement appuyé, laissant sur le papier jaune un dessin terriblement
+accusateur, car je ne sache point qu'il y ait beaucoup de mains au monde
+de cette sorte-là. Elle est grande et forte, et les doigts sont presque
+aussi longs les uns que les autres! Quant au pouce, il manque! Nous
+n'avons que la marque de la paume. Et si nous suivons la «trace» de
+cette main, continuai-je, nous la voyons, qui, après s'être appuyée au
+mur, le tâte, cherche la porte, la trouve, cherche la serrure...
+
+--Sans doute, interrompit Rouletabille en ricanant, _mais il n'y a pas
+de sang à la serrure, ni au verrou!..._
+
+--Qu'est-ce que cela prouve? Répliquai-je avec un bon sens dont j'étais
+fier, «il» aura ouvert serrure et verrou de la main gauche, ce qui est
+tout naturel puisque la main droite est blessée...
+
+--Il n'a rien ouvert du tout! s'exclama encore le père Jacques. Nous ne
+sommes pas fous, peut-être! Et nous étions quatre quand nous avons fait
+sauter la porte!»
+
+Je repris:
+
+«Quelle drôle de main! Regardez-moi cette drôle de main!
+
+--C'est une main fort naturelle, répliqua Rouletabille, dont le dessin a
+été déformé _par le glissement sur le mur_. L'homme _a essuyé sa main
+blessée sur le mur! Cet homme doit mesurer un mètre quatre-vingt._
+
+--À quoi voyez-vous cela?
+
+--À la hauteur de la main sur le mur...»
+
+Mon ami s'occupa ensuite de la trace de la balle dans le mur. Cette
+trace était un trou rond.
+
+«La balle, dit Rouletabille, est arrivée de face: ni d'en haut, par
+conséquent, ni d'en bas.
+
+Et il nous fit observer encore qu'elle était de quelques centimètres
+plus bas sur le mur que le stigmate laissé par la main.
+
+Rouletabille, retournant à la porte, avait le nez, maintenant, sur la
+serrure et le verrou. Il constata qu'on avait bien fait sauter la porte,
+du dehors, serrure et verrou étant encore, sur cette porte défoncée,
+l'une fermée, l'autre poussé, et, sur le mur, les deux gâches étant
+quasi arrachées, pendantes, retenues encore par une vis.
+
+Le jeune rédacteur de _L'Époque_ les considéra avec attention, reprit la
+porte, la regarda des deux côtés, s'assura qu'il n'y avait aucune
+possibilité de fermeture ou d'ouverture du verrou «de l'extérieur», et
+s'assura qu'on avait retrouvé la clef dans la serrure, «à l'intérieur».
+Il s'assura encore qu'une fois la clef dans la serrure à l'intérieur, on
+ne pouvait ouvrir cette serrure de l'intérieur avec une autre clef.
+Enfin, ayant constaté qu'il n'y avait, à cette porte, «aucune fermeture
+automatique, bref, qu'elle était la plus naturelle de toutes les portes,
+munie d'une serrure et d'un verrou très solides qui étaient restés
+fermés», il laissa tomber ces mots: «ça va mieux!» Puis, s'asseyant par
+terre, il se déchaussa hâtivement.
+
+Et, sur ses chaussettes, il s'avança dans la chambre. La première chose
+qu'il fit fut de se pencher sur les meubles renversés et de les examiner
+avec un soin extrême. Nous le regardions en silence. Le père Jacques lui
+disait, de plus en plus ironique:
+
+«Oh! mon p'tit! Oh! mon p'tit! Vous vous donnez bien du mal!...»
+
+Mais Rouletabille redressa la tête:
+
+«Vous avez dit la pure vérité, père Jacques, votre maîtresse n'avait
+pas, ce soir-là, ses cheveux en bandeaux; c'est moi qui étais une
+vieille bête de croire cela!...»
+
+Et, souple comme un serpent, il se glissa sous le lit.
+
+Et le père Jacques reprit:
+
+«Et dire, monsieur, et dire que l'assassin était caché là-dessous! Il y
+était quand je suis entré à dix heures, pour fermer les volets et
+allumer la veilleuse, puisque ni M. Stangerson, ni Mlle Mathilde, ni
+moi, n'avons plus quitté le laboratoire jusqu'au moment du crime.»
+
+On entendait la voix de Rouletabille, sous le lit:
+
+«À quelle heure, monsieur Jacques, M. et Mlle Stangerson sont-ils
+arrivés dans le laboratoire pour ne plus le quitter?
+
+--À six heures!»
+
+La voix de Rouletabille continuait:
+
+«Oui, il est venu là-dessous... c'est certain... Du reste, il n'y a que
+là qu'il pouvait se cacher... Quand vous êtes entrés, tous les quatre,
+vous avez regardé sous le lit?
+
+--Tout de suite... Nous avons même entièrement bousculé le lit avant de
+le remettre à sa place.
+
+--Et entre les matelas?
+
+--Il n'y avait, à ce lit, qu'un matelas sur lequel on a posé Mlle
+Mathilde. Et le concierge et M. Stangerson ont transporté ce matelas
+immédiatement dans le laboratoire. Sous le matelas, il n'y avait que le
+sommier métallique qui ne saurait dissimuler rien, ni personne. Enfin,
+monsieur, songez que nous étions quatre, et que rien ne pouvait nous
+échapper, la chambre étant si petite, dégarnie de meubles, et tout étant
+fermé derrière nous, dans le pavillon.»
+
+J'osai une hypothèse:
+
+«Il est peut-être sorti avec le matelas! Dans le matelas, peut-être...
+Tout est possible devant un pareil mystère! Dans leur trouble, M.
+Stangerson et le concierge ne se seront pas aperçus qu'ils
+transportaient double poids... _et puis, si le concierge est
+complice!..._ Je vous donne cette hypothèse pour ce qu'elle vaut, mais
+voilà qui expliquerait bien des choses... et, particulièrement, le fait
+que le laboratoire et le vestibule sont restés vierges des traces de pas
+qui se trouvent dans la chambre. Quand on a transporté mademoiselle du
+laboratoire au château, le matelas, arrêté un instant près de la
+fenêtre, aurait pu permettre à l'homme de se sauver...
+
+--Et puis quoi encore? Et puis quoi encore? Et puis quoi encore?» me
+lança Rouletabille, en riant délibérément, sous le lit...
+
+J'étais un peu vexé:
+
+«Vraiment on ne sait plus... Tout paraît possible...»
+
+Le père Jacques fit:
+
+«C'est une idée qu'a eue le juge d'instruction, monsieur, et il a fait
+examiner sérieusement le matelas. Il a été obligé de rire de son idée,
+monsieur, comme votre ami rit en ce moment, car ça n'était bien sûr pas
+un matelas à double fond!... Et puis, quoi! s'il y avait eu un homme
+dans le matelas on l'aurait vu!...»
+
+Je dus rire moi-même, et, en effet, j'eus la preuve, depuis, que j'avais
+dit quelque chose d'absurde. Mais où commençait, où finissait l'absurde
+dans une affaire pareille!
+
+Mon ami, seul, était capable de le dire, et encore!...
+
+«Dites donc! s'écria le reporter, toujours sous le lit, elle a été bien
+remuée, cette carpette-là?
+
+--Par nous, monsieur, expliqua le père Jacques. Quand nous n'avons pas
+trouvé l'assassin, nous nous sommes demandé s'il n'y avait pas un trou
+dans le plancher...
+
+--Il n'y en a pas, répondit Rouletabille. Avez-vous une cave?
+
+--Non, il n'y a pas de cave... Mais cela n'a pas arrêté nos recherches
+et ça n'a pas empêché M. le juge d'instruction, et surtout son greffier,
+d'étudier le plancher planche à planche, comme s'il y avait eu une cave
+dessous...»
+
+Le reporter, alors, réapparut. Ses yeux brillaient, ses narines
+palpitaient; on eût dit un jeune animal au retour d'un heureux affût...
+Il resta à quatre pattes. En vérité, je ne pouvais mieux le comparer
+dans ma pensée qu'à une admirable bête de chasse sur la piste de quelque
+surprenant gibier... Et il flaira les pas de l'homme, de l'homme qu'il
+s'était juré de rapporter à son maître, M. le directeur de _L'Époque_,
+car il ne faut pas oublier que notre Joseph Rouletabille était
+journaliste!
+
+Ainsi, à quatre pattes, il s'en fut aux quatre coins de la pièce,
+reniflant tout, faisant le tour de tout, de tout ce que nous voyions, ce
+qui était peu de chose, et de tout ce que nous ne voyions pas et qui
+était, paraît-il, immense.
+
+La table-toilette était une simple tablette sur quatre pieds; impossible
+de la transformer en une cachette passagère... Pas une armoire... Mlle
+Stangerson avait sa garde-robe au château.
+
+Le nez, les mains de Rouletabille montaient le long des murs, _qui
+étaient partout de brique épaisse_. Quand il eut fini avec les murs et
+passé ses doigts agiles sur toute la surface du papier jaune, atteignant
+ainsi le plafond auquel il put toucher, en montant sur une chaise qu'il
+avait placée sur la table-toilette, et en faisant glisser autour de la
+pièce cet ingénieux escabeau; quand il eut fini avec le plafond où il
+examina soigneusement la trace de l'autre balle, il s'approcha de la
+fenêtre et ce fut encore le tour des barreaux et celui des volets, tous
+bien solides et intacts. Enfin, il poussa un ouf! «de satisfaction» et
+déclara que, «maintenant, il était tranquille!»
+
+«Eh bien, croyez-vous qu'elle était enfermée, la pauvre chère
+mademoiselle quand on nous l'assassinait! Quand elle nous appelait à son
+secours!... gémit le père Jacques.
+
+--Oui, fit le jeune reporter, en s'essuyant le front... la _Chambre
+Jaune était, ma foi, fermée comme un coffre-fort..._
+
+--De fait, observai-je, voilà bien pourquoi ce mystère est le plus
+surprenant que je connaisse, _même dans le domaine de l'imagination_.
+Dans le _Double Assassinat de la rue Morgue_, Edgar Poe n'a rien inventé
+de semblable. Le lieu du crime était assez fermé pour ne pas laisser
+échapper un homme, mais il y avait encore cette fenêtre par laquelle
+pouvait se glisser l'auteur des assassinats qui était un singe!... Mais
+ici, il ne saurait être question d'aucune ouverture d'aucune sorte. La
+porte close et les volets fermés comme ils l'étaient, et la fenêtre
+fermée comme elle l'était, _une mouche ne pouvait entrer ni sortir!_
+
+--En vérité! En vérité! acquiesça Rouletabille, qui s'épongeait toujours
+le front, semblant suer moins de son récent effort corporel que de
+l'agitation de ses pensées. En vérité! C'est un très grand et très beau
+et très curieux mystère!...
+
+--La «Bête du Bon Dieu», bougonna le père Jacques, la «Bête du Bon Dieu»
+elle-même, si elle avait commis le crime, n'aurait pas pu s'échapper...
+Écoutez!... L'entendez-vous?... Silence!...»
+
+Le père Jacques nous faisait signe de nous taire et, le bras tendu vers
+le mur, vers la prochaine forêt, écoutait quelque chose que nous
+n'entendions point.
+
+«Elle est partie, finit-il par dire. Il faudra que je la tue... Elle est
+trop sinistre, cette bête-là... mais c'est la «Bête du Bon Dieu»; elle
+va prier toutes les nuits sur la tombe de sainte Geneviève, et personne
+n'ose y toucher de peur que la mère Agenoux jette un mauvais sort...
+
+--Comment est-elle grosse, la «Bête du Bon Dieu»?
+
+--Quasiment comme un gros chien basset... c'est un monstre que je vous
+dis. Ah! Je me suis demandé plus d'une fois si ça n'était pas elle qui
+avait pris de ses griffes notre pauvre mademoiselle à la gorge... Mais
+«la Bête du Bon Dieu» ne porte pas des godillots, ne tire pas des coups
+de revolver, n'a pas une main pareille!... s'exclama le père Jacques en
+nous montrant encore la main rouge sur le mur. Et puis, on l'aurait vue
+aussi bien qu'un homme, et elle aurait été enfermée dans la chambre et
+dans le pavillon, aussi bien qu'un homme!...
+
+--Évidemment, fis-je. De loin, avant d'avoir vu la «Chambre Jaune», je
+m'étais, moi aussi, demandé si le chat de la mère Agenoux...
+
+--Vous aussi! s'écria Rouletabille.
+
+--Et vous? demandai-je.
+
+--Moi non, pas une minute... depuis que j'ai lu l'article du _Matin_,
+_je sais qu'il ne s'agit pas d'une bête!_ Maintenant, je jure qu'il
+s'est passé là une tragédie effroyable... Mais vous ne parlez pas du
+béret retrouvé, ni du mouchoir, père Jacques?
+
+--Le magistrat les a pris, bien entendu», fit l'autre avec hésitation.
+
+Le reporter lui dit, très grave:
+
+«Je n'ai vu, moi, ni le mouchoir, ni le béret, mais je peux cependant
+vous dire comment ils sont faits.
+
+--Ah! vous êtes bien malin...», et le père Jacques toussa, embarrassé.
+
+«Le mouchoir est un gros mouchoir bleu à raies rouges, et le béret, est
+un vieux béret basque, comme celui-là, ajouta Rouletabille en montrant
+la coiffure de l'homme.
+
+--C'est pourtant vrai... vous êtes sorcier...»
+
+Et le père Jacques essaya de rire, mais n'y parvint pas.
+
+«Comment qu'vous savez que le mouchoir est bleu à raies rouges?
+
+--Parce que, s'il n'avait pas été bleu à raies rouges, on n'aurait pas
+trouvé de mouchoir du tout!»
+
+Sans plus s'occuper du père Jacques, mon ami prit dans sa poche un
+morceau de papier blanc, ouvrit une paire de ciseaux, se pencha sur les
+traces de pas, appliqua son papier sur l'une des traces et commença à
+découper. Il eut ainsi une semelle de papier d'un contour très net, et
+me la donna en me priant de ne pas la perdre.
+
+Il se retourna ensuite vers la fenêtre et, montrant au père Jacques,
+Frédéric Larsan qui n'avait pas quitté les bords de l'étang, il
+s'inquiéta de savoir si le policier n'était point venu, lui aussi,
+«travailler dans la Chambre Jaune».
+
+«Non! répondit M. Robert Darzac, qui, depuis que Rouletabille lui avait
+passé le petit bout de papier roussi, n'avait pas prononcé un mot. Il
+prétend qu'il n'a point besoin de voir la «Chambre Jaune», que
+l'assassin est sorti de la «Chambre Jaune» d'une façon très naturelle,
+et qu'il s'en expliquera ce soir!
+
+En entendant M. Robert Darzac parler ainsi, Rouletabille--chose
+extraordinaire--pâlit.
+
+«Frédéric Larsan posséderait-il la vérité que je ne fais que pressentir!
+murmura-t-il. Frédéric Larsan est très fort... très fort... et je
+l'admire... Mais aujourd'hui, il s'agit de faire mieux qu'une oeuvre de
+policier... _mieux que ce qu'enseigne l'expérience!... il s'agit d'être
+logique_, mais logique, entendez-moi bien, comme le bon Dieu a été
+logique quand il a dit: 2 + 2 = 4...! IL S'AGIT DE PRENDRE LA RAISON PAR
+LE BON BOUT!»
+
+Et le reporter se précipita dehors, éperdu à cette idée que le grand, le
+fameux Fred pouvait apporter avant lui la solution du problème de la
+«Chambre Jaune!»
+
+Je parvins à le rejoindre sur le seuil du pavillon.
+
+«Allons! lui dis-je, calmez-vous... vous n'êtes donc pas content?
+
+--Oui, m'avoua-t-il avec un grand soupir. _Je suis très content_. J'ai
+découvert bien des choses...
+
+--De l'ordre moral ou de l'ordre matériel?
+
+--Quelques-unes de l'ordre moral et une de l'ordre matériel. Tenez,
+ceci, par exemple.»
+
+Et, rapidement, il sortit de la poche de son gilet une feuille de papier
+qu'il avait dû y serrer pendant son expédition sous le lit, et dans le
+pli de laquelle il avait déposé _un cheveu blond de femme_.
+
+
+
+
+VIII
+
+Le juge d'instruction interroge Mlle Stangerson
+
+
+Cinq minutes plus tard, Joseph Rouletabille se penchait sur les
+empreintes de pas découvertes dans le parc, sous la fenêtre même du
+vestibule, quand un homme, qui devait être un serviteur du château, vint
+à nous à grandes enjambées, et cria à M. Robert Darzac qui descendait du
+pavillon:
+
+«Vous savez, monsieur Robert, que le juge d'instruction est en train
+d'interroger mademoiselle.»
+
+M. Robert Darzac nous jeta aussitôt une vague excuse et se prit à courir
+dans la direction du château; l'homme courut derrière lui.
+
+«Si le cadavre parle, fis-je, cela va devenir intéressant.
+
+--Il faut savoir, dit mon ami. Allons au château.»
+
+Et il m'entraîna. Mais, au château, un gendarme placé dans le vestibule
+nous interdit l'accès de l'escalier du premier étage. Nous dûmes
+attendre.
+
+Pendant ce temps-là, voici ce qui se passait dans la chambre de la
+victime. Le médecin de la famille, trouvant que Mlle Stangerson allait
+beaucoup mieux, mais craignant une rechute fatale qui ne permettrait
+plus de l'interroger, avait cru de son devoir d'avertir le juge
+d'instruction... et celui-ci avait résolu de procéder immédiatement à un
+bref interrogatoire. À cet interrogatoire assistèrent M. de Marquet, le
+greffier, M. Stangerson, le médecin. Je me suis procuré plus tard, au
+moment du procès, le texte de cet interrogatoire. Le voici, dans toute
+sa sécheresse juridique:
+
+Demande.--Sans trop vous fatiguer, êtes-vous capable, mademoiselle, de
+nous donner quelques détails nécessaires sur l'affreux attentat dont
+vous avez été victime?
+
+Réponse.--Je me sens beaucoup mieux, monsieur, et je vais vous dire ce
+que je sais. Quand j'ai pénétré dans ma chambre, je ne me suis aperçue
+de rien d'anormal.
+
+D.--Pardon, mademoiselle, si vous me le permettez, je vais vous poser
+des questions et vous y répondrez. Cela vous fatiguera moins qu'un long
+récit.
+
+R.--Faites, monsieur.
+
+D.--Quel fut ce jour-là l'emploi de votre journée? Je le désirerais
+aussi précis, aussi méticuleux que possible. Je voudrais, mademoiselle,
+suivre tous vos gestes, ce jour-là, si ce n'est point trop vous
+demander.
+
+R.--Je me suis levée tard, à dix heures, car mon père et moi nous étions
+rentrés tard dans la nuit, ayant assisté au dîner et à la réception
+offerts par le président de la République, en l'honneur des délégués de
+l'académie des sciences de Philadelphie. Quand je suis sortie de ma
+chambre, à dix heures et demie, mon père était déjà au travail dans le
+laboratoire. Nous avons travaillé ensemble jusqu'à midi; nous avons fait
+une promenade d'une demi-heure dans le parc; nous avons déjeuné au
+château. Une demi-heure de promenade, jusqu'à une heure et demie, comme
+tous les jours. Puis, mon père et moi, nous retournons au laboratoire.
+Là, nous trouvons ma femme de chambre qui vient de faire ma chambre.
+J'entre dans la «Chambre Jaune» pour donner quelques ordres sans
+importance à cette domestique qui quitte le pavillon aussitôt et je me
+remets au travail avec mon père. À cinq heures, nous quittons le
+pavillon pour une nouvelle promenade et le thé.
+
+D.--Au moment de sortir, à cinq heures, êtes-vous entrée dans votre
+chambre?
+
+R.--Non, monsieur, c'est mon père qui est entré dans ma chambre, pour y
+chercher, sur ma prière, mon chapeau.
+
+D.--Et il n'y a rien vu de suspect?
+
+M. STANGERSON.--Évidemment non, monsieur.
+
+D.--Du reste, il est à peu près sûr que l'assassin n'était pas encore
+sous le lit, à ce moment-là. Quand vous êtes partie, la porte de la
+chambre n'avait pas été fermée à clef?
+
+Mlle STANGERSON.--Non. Nous n'avions aucune raison pour cela...
+
+D.--Vous avez été combien de temps partis du pavillon à ce moment-là, M.
+Stangerson et vous?
+
+R.--Une heure environ.
+
+D.--C'est pendant cette heure-là, sans doute, que l'assassin s'est
+introduit dans le pavillon. Mais comment? On ne le sait pas. On trouve
+bien, dans le parc, des traces de pas _qui s'en vont_ de la fenêtre du
+vestibule, on n'en trouve point qui _y viennent_. Aviez-vous remarqué
+que la fenêtre du vestibule fût ouverte quand vous êtes sortie avec
+votre père?
+
+R.--Je ne m'en souviens pas.
+
+M. STANGERSON.--Elle était fermée.
+
+D.--Et quand vous êtes rentrés?
+
+Mlle STANGERSON.--Je n'ai pas fait attention.
+
+M. STANGERSON.--Elle était encore fermée..., je m'en souviens très bien,
+car, en rentrant, j'ai dit tout haut: «Vraiment, pendant notre absence,
+le père Jacques aurait pu ouvrir!...»
+
+D.--Étrange! Étrange! Rappelez-vous, monsieur Stangerson, que le père
+Jacques, en votre absence, et avant de sortir, l'avait ouverte. Vous
+êtes donc rentrés à six heures dans le laboratoire et vous vous êtes
+remis au travail?
+
+Mlle STANGERSON.--Oui, monsieur.
+
+D.--Et vous n'avez plus quitté le laboratoire depuis cette heure-là
+jusqu'au moment où vous êtes entrée dans votre chambre?
+
+M. STANGERSON.--Ni ma fille, ni moi, monsieur. Nous avions un travail
+tellement pressé que nous ne perdions pas une minute. C'est à ce point
+que nous négligions toute autre chose.
+
+D.--Vous avez dîné dans le laboratoire?
+
+R.--Oui, pour la même raison.
+
+D.--Avez-vous coutume de dîner dans le laboratoire?
+
+R.--Nous y dînons rarement.
+
+D.--L'assassin ne pouvait pas savoir que vous dîneriez, ce soir-là, dans
+le laboratoire?
+
+M. STANGERSON.--Mon Dieu, monsieur, je ne pense pas... C'est dans le
+temps que nous revenions, vers six heures, au pavillon, que je pris
+cette résolution de dîner dans le laboratoire, ma fille et moi. À ce
+moment, je fus abordé par mon garde qui me retint un instant pour me
+demander de l'accompagner dans une tournée urgente du côté des bois dont
+j'avais décidé la coupe. Je ne le pouvais point et remis au lendemain
+cette besogne, et je priai alors le garde, puisqu'il passait par le
+château, d'avertir le maître d'hôtel que nous dînerions dans le
+laboratoire. Le garde me quitta, allant faire ma commission, et je
+rejoignis ma fille à laquelle j'avais remis la clef du pavillon et qui
+l'avait laissée sur la porte à l'extérieur. Ma fille était déjà au
+travail.
+
+D.--À quelle heure, mademoiselle, avez-vous pénétré dans votre chambre
+pendant que votre père continuait à travailler?
+
+Mlle STANGERSON.--À minuit.
+
+D.--Le père Jacques était entré dans le courant de la soirée dans la
+«Chambre Jaune»?
+
+R.--Pour fermer les volets et allumer la veilleuse, comme chaque soir...
+
+D.--Il n'a rien remarqué de suspect?
+
+R.--Il nous l'aurait dit. Le père Jacques est un brave homme qui m'aime
+beaucoup.
+
+D.--Vous affirmez, monsieur Stangerson, que le père Jacques, ensuite,
+n'a pas quitté le laboratoire? Qu'il est resté tout le temps avec vous?
+
+M. STANGERSON.--J'en suis sûr. Je n'ai aucun soupçon de ce côté.
+
+D.--Mademoiselle, quand vous avez pénétré dans votre chambre, vous avez
+immédiatement fermé votre porte à clef et au verrou? Voilà bien des
+précautions, sachant que votre père et votre serviteur sont là. Vous
+craigniez donc quelque chose?
+
+R.--Mon père n'allait pas tarder à rentrer au château, et le père
+Jacques, à aller se coucher. Et puis, en effet, je craignais quelque
+chose.
+
+D.--Vous craigniez si bien quelque chose que vous avez emprunté le
+revolver du père Jacques sans le lui dire?
+
+R.--C'est vrai, je ne voulais effrayer personne, d'autant plus que mes
+craintes pouvaient être tout à fait puériles.
+
+D.--Et que craigniez-vous donc?
+
+R.--Je ne saurais au juste vous le dire; depuis plusieurs nuits, il me
+semblait entendre dans le parc et hors du parc, autour du pavillon, des
+bruits insolites, quelquefois des pas, des craquements de branches. La
+nuit qui a précédé l'attentat, nuit où je ne me suis pas couchée avant
+trois heures du matin, à notre retour de l'Élysée, je suis restée un
+instant à ma fenêtre et j'ai bien cru voir des ombres...
+
+D.--Combien d'ombres?
+
+R.--Deux ombres qui tournaient autour de l'étang... puis la lune s'est
+cachée et je n'ai plus rien vu. À cette époque de la saison, tous les
+ans, j'ai déjà réintégré mon appartement du château où je reprends mes
+habitudes d'hiver; mais, cette année, je m'étais dit que je ne
+quitterais le pavillon que lorsque mon père aurait terminé, pour
+l'académie des sciences, le résumé de ses travaux sur «la Dissociation
+de la matière». Je ne voulais pas que cette oeuvre considérable, qui
+allait être achevée dans quelques jours, fût troublée par un changement
+quelconque dans nos habitudes immédiates. Vous comprendrez que je n'aie
+point voulu parler à mon père de mes craintes enfantines et que je les
+aie tues au père Jacques qui n'aurait pu tenir sa langue. Quoi qu'il en
+soit, comme je savais que le père Jacques avait un revolver dans le
+tiroir de sa table de nuit, je profitai d'un moment où le bonhomme
+s'absenta dans la journée pour monter rapidement dans son grenier et
+emporter son arme que je glissai dans le tiroir de ma table de nuit, à
+moi.
+
+D.--Vous ne vous connaissez pas d'ennemis?
+
+R.--Aucun.
+
+D.--Vous comprendrez, mademoiselle, que ces précautions exceptionnelles
+sont faites pour surprendre.
+
+M. STANGERSON.--Évidemment, mon enfant, voilà des précautions bien
+surprenantes.
+
+R.--Non; je vous dis que, depuis deux nuits, je n'étais pas tranquille,
+mais pas tranquille du tout.
+
+M. STANGERSON.--Tu aurais dû me parler de cela. Tu es impardonnable.
+Nous aurions évité un malheur!
+
+D.--La porte de la «Chambre Jaune» fermée, mademoiselle, vous vous
+couchez?
+
+R.--Oui, et, très fatiguée, je dors tout de suite.
+
+D.--La veilleuse était restée allumée?
+
+R.--Oui; mais elle répand une très faible clarté...
+
+D.--Alors, mademoiselle, dites ce qui est arrivé?
+
+R.--Je ne sais s'il y avait longtemps que je dormais, mais soudain je me
+réveille... Je poussai un grand cri...
+
+M. STANGERSON.--Oui, un cri horrible... À l'assassin!... Je l'ai encore
+dans les oreilles...
+
+D.--Vous poussez un grand cri?
+
+R.--Un homme était dans ma chambre. Il se précipitait sur moi, me
+mettait la main à la gorge, essayait de m'étrangler. J'étouffais déjà;
+tout à coup, ma main, dans le tiroir entrouvert de ma table de nuit,
+parvint à saisir le revolver que j'y avais déposé et qui était prêt à
+tirer. À ce moment, l'homme me fit rouler à bas de mon lit et brandit
+sur ma tête une espèce de masse. Mais j'avais tiré. Aussitôt, je me
+sentis frappée par un grand coup, un coup terrible à la tête. Tout ceci,
+monsieur le juge, fut plus rapide que je ne le pourrais dire, et je ne
+sais plus rien.
+
+D.--Plus rien!... Vous n'avez pas une idée de la façon dont l'assassin a
+pu s'échapper de votre chambre?
+
+R.--Aucune idée... Je ne sais plus rien. On ne sait pas ce qui se passe
+autour de soi quand on est morte!
+
+D.--Cet homme était-il grand ou petit?
+
+R.--Je n'ai vu qu'une ombre qui m'a paru formidable...
+
+D.--Vous ne pouvez nous donner aucune indication?
+
+R.--Monsieur, je ne sais plus rien; un homme s'est rué sur moi, j'ai
+tiré sur lui... Je ne sais plus rien...
+
+Ici se termine l'interrogatoire de Mlle Stangerson. Joseph Rouletabille
+attendit patiemment M. Robert Darzac. Celui-ci ne tarda pas à
+apparaître.
+
+Dans une pièce voisine de la chambre de Mlle Stangerson, il avait écouté
+l'interrogatoire et venait le rapporter à notre ami avec une grande
+exactitude, une grande mémoire, et une docilité qui me surprit encore.
+Grâce aux notes hâtives qu'il avait prises au crayon, il put reproduire
+presque textuellement les demandes et les réponses.
+
+En vérité, M. Darzac avait l'air d'être le secrétaire de mon jeune ami
+et agissait en tout comme quelqu'un qui n'a rien à lui refuser; mieux
+encore, quelqu'un «qui aurait travaillé pour lui».
+
+Le fait de la «fenêtre fermée» frappa beaucoup le reporter comme il
+avait frappé le juge d'instruction. En outre, Rouletabille demanda à M.
+Darzac de lui répéter encore l'emploi du temps de M. et Mlle Stangerson
+le jour du drame, tel que Mlle Stangerson et M. Stangerson l'avaient
+établi devant le juge. La circonstance du dîner dans le laboratoire
+sembla l'intéresser au plus haut point et il se fit redire deux fois,
+pour en être plus sûr, que, seul, le garde savait que le professeur et
+sa fille dînaient dans le laboratoire, et de quelle sorte le garde
+l'avait su.
+
+Quand M. Darzac se fut tu, je dis:
+
+«Voilà un interrogatoire qui ne fait pas avancer beaucoup le problème.
+
+--Il le recule, obtempéra M. Darzac.
+
+--Il l'éclaire», fit, pensif, Rouletabille.
+
+
+
+
+IX
+
+Reporter et policier
+
+
+Nous retournâmes tous trois du côté du pavillon. À une centaine de
+mètres du bâtiment, le reporter nous arrêta, et, nous montrant un petit
+bosquet sur notre droite, il nous dit:
+
+«Voilà d'où est parti l'assassin pour entrer dans le pavillon.»
+
+Comme il y avait d'autres bosquets de cette sorte entre les grands
+chênes, je demandai pourquoi l'assassin avait choisi celui-ci plutôt que
+les autres; Rouletabille me répondit en me désignant le sentier qui
+passait tout près de ce bosquet et qui conduisait à la porte du
+pavillon.
+
+«Ce sentier est garni de graviers, comme vous voyez, fit-il. _Il faut_
+que l'homme ait passé par là pour aller au pavillon, puisqu'on ne trouve
+pas la trace de ses pas du _voyage aller_, sur la terre molle. Cet homme
+n'a point d'ailes. Il a marché; mais il a marché sur le gravier qui a
+roulé sous sa chaussure sans en conserver l'empreinte: ce gravier, en
+effet, a été roulé par beaucoup d'autres pieds puisque le sentier est le
+plus direct qui aille du pavillon au château. Quant au bosquet, formé de
+ces sortes de plantes qui ne meurent point pendant la mauvaise
+saison--lauriers et fusains--il a fourni à l'assassin un abri suffisant
+en attendant que le moment fût venu, pour celui-ci, de se diriger vers
+le pavillon. C'est, caché dans ce bosquet, que l'homme a vu sortir M. et
+Mlle Stangerson, puis le père Jacques. On a répandu du gravier jusqu'à
+la fenêtre--presque--du vestibule. Une empreinte des pas de l'homme,
+_parallèle_ au mur, empreinte que nous remarquions tout à l'heure, et
+que j'ai déjà vue, prouve qu'«il» n'a eu à faire qu'une enjambée pour se
+trouver en face de la fenêtre du vestibule, laissée ouverte par le père
+Jacques. L'homme se hissa alors sur les poignets, et pénétra dans le
+vestibule.
+
+--Après tout, c'est bien possible! fis-je...
+
+--Après tout, quoi? après tout, quoi?... s'écria Rouletabille, soudain
+pris d'une colère que j'avais bien innocemment déchaînée... Pourquoi
+dites-vous: après tout, c'est bien possible!...»
+
+Je le suppliai de ne point se fâcher, mais il l'était déjà beaucoup trop
+pour m'écouter, et il déclara qu'il admirait le doute prudent avec
+lequel certaines gens (moi) abordaient de loin les problèmes les plus
+simples, ne se risquant jamais à dire: «ceci est» ou «ceci n'est pas»,
+de telle sorte que leur intelligence aboutissait tout juste au même
+résultat qui aurait été obtenu si la nature avait oublié de garnir leur
+boîte crânienne d'un peu de matière grise. Comme je paraissais vexé, mon
+jeune ami me prit par le bras et m'accorda «qu'il n'avait point dit cela
+pour moi, attendu qu'il m'avait en particulière estime».
+
+«Mais enfin! reprit-il, il est quelquefois criminel de ne point, _quand
+on le peut_, raisonner à coup sûr!... Si je ne raisonne point, comme je
+le fais, avec ce gravier, il me faudra raisonner avec un ballon! Mon
+cher, la science de l'aérostation dirigeable n'est point encore assez
+développée pour que je puisse faire entrer, dans le jeu de mes
+cogitations, l'assassin qui tombe du ciel! Ne dites donc point qu'une
+chose est possible, quand il est impossible qu'elle soit autrement. Nous
+savons, maintenant, comment l'homme est entré par la fenêtre, et nous
+savons aussi à quel moment il est entré. Il y est entré pendant la
+promenade de cinq heures. Le fait de la présence de la femme de chambre
+_qui vient de faire la Chambre Jaune_, dans le laboratoire, au moment du
+retour du professeur et de sa fille, à une heure et demie, nous permet
+d'affirmer qu'à une heure et demie, l'assassin n'était pas dans la
+chambre, sous le lit, à moins qu'il n'y ait complicité de la femme de
+chambre. Qu'en dites-vous, Monsieur Robert Darzac?»
+
+M. Darzac secoua la tête, déclara qu'il était sûr de la fidélité de la
+femme de chambre de Mlle Stangerson, et que c'était une fort honnête et
+fort dévouée domestique.
+
+«Et puis, à cinq heures, M. Stangerson est entré dans la chambre pour
+chercher le chapeau de sa fille! ajouta-t-il...
+
+--Il y a encore cela! fit Rouletabille.
+
+--L'homme est donc entré, dans le moment que vous dites, par cette
+fenêtre, fis-je, je l'admets, mais pourquoi a-t-il refermé la fenêtre,
+ce qui devait, nécessairement, attirer l'attention de ceux qui l'avaient
+ouverte?
+
+--il se peut que la fenêtre n'ait point été refermée «tout de suite», me
+répondit le jeune reporter. _Mais, s'il a refermé la fenêtre, il l'a
+refermée à cause du coude que fait le sentier garni de gravier, à
+vingt-cinq mètres du pavillon, et à cause des trois chênes qui s'élèvent
+à cet endroit._
+
+--Que voulez-vous dire?» demanda M. Robert Darzac qui nous avait suivis,
+et qui écoutait Rouletabille avec une attention presque haletante.
+
+«Je vous l'expliquerai plus tard, monsieur, quand j'en jugerai le moment
+venu; mais je ne crois pas avoir prononcé de paroles plus importantes
+sur cette affaire, _si mon hypothèse se justifie_.
+
+--Et quelle est votre hypothèse?
+
+--Vous ne la saurez jamais si elle ne se révèle point être la vérité.
+C'est une hypothèse beaucoup trop grave, voyez-vous, pour que je la
+livre tant qu'elle ne sera qu'hypothèse.
+
+--Avez-vous, au moins, quelque idée de l'assassin?
+
+--Non, monsieur, je ne sais pas qui est l'assassin, mais ne craignez
+rien, monsieur Robert Darzac, _je le saurai_.»
+
+Je dus constater que M. Robert Darzac était très ému; et je soupçonnai
+que l'affirmation de Rouletabille n'était point pour lui plaire. Alors,
+pourquoi, s'il craignait réellement qu'on découvrît l'assassin (je
+questionnais ici ma propre pensée), pourquoi aidait-il le reporter à le
+retrouver? Mon jeune ami sembla avoir reçu la même impression que moi,
+et il dit brutalement:
+
+«Cela ne vous déplaît pas, monsieur Robert Darzac, que je découvre
+l'assassin?
+
+--Ah! je voudrais le tuer de ma main! s'écria le fiancé de Mlle
+Stangerson, avec un élan qui me stupéfia.
+
+--Je vous crois! fit gravement Rouletabille, mais vous n'avez pas
+répondu à ma question.»
+
+Nous passions près du bosquet, dont le jeune reporter nous avait parlé à
+l'instant; j'y entrai et lui montrai les traces évidentes du passage
+d'un homme qui s'était caché là. Rouletabille, une fois de plus, avait
+raison.
+
+«Mais oui! fit-il, mais oui!... Nous avons affaire à un individu en
+chair et en os, qui ne dispose pas d'autres moyens que les nôtres, et il
+faudra bien que tout s'arrange!»
+
+Ce disant, il me demanda la semelle de papier qu'il m'avait confiée et
+l'appliqua sur une empreinte très nette, derrière le bosquet. Puis il se
+releva en disant: «Parbleu!»
+
+Je croyais qu'il allait, maintenant, suivre à la piste «les pas de la
+fuite de l'assassin», depuis la fenêtre du vestibule, mais il nous
+entraîna assez loin vers la gauche, en nous déclarant que c'était
+inutile de se mettre le nez sur cette fange, et qu'il était sûr,
+maintenant, de tout le chemin de la fuite de l'assassin.
+
+«Il est allé jusqu'au bout du mur, à cinquante mètres de là, et puis il
+a sauté la haie et le fossé; tenez, juste en face ce petit sentier qui
+conduit à l'étang. C'est le chemin le plus rapide pour sortir de la
+propriété et aller à l'étang.
+
+--Comment savez-vous qu'il est allé à l'étang?
+
+--Parce que Frédéric Larsan n'en a pas quitté les bords depuis ce matin.
+Il doit y avoir là de fort curieux indices.»
+
+Quelques minutes plus tard, nous étions près de l'étang.
+
+C'était une petite nappe d'eau marécageuse, entourée de roseaux, et sur
+laquelle flottaient encore quelques pauvres feuilles mortes de nénuphar.
+Le grand Fred nous vit peut-être venir, mais il est probable que nous
+l'intéressions peu, car il ne fit guère attention à nous et continua de
+remuer, du bout de sa canne, quelque chose que nous ne voyions pas...
+
+«Tenez, fit Rouletabille, voilà à nouveau _les pas de la fuite de
+l'homme_; ils tournent l'étang ici, reviennent et disparaissent enfin,
+près de l'étang, juste devant ce sentier qui conduit à la grande route
+d'Épinay. L'homme a continué sa fuite vers Paris...
+
+--Qui vous le fait croire, interrompis-je, puisqu'il n'y a plus les pas
+de l'homme sur le sentier?...
+
+--Ce qui me le fait croire? Mais ces pas-là, ces pas que j'attendais!
+s'écria-t-il, en désignant l'empreinte très nette d'une «chaussure
+élégante»... Voyez!...»
+
+Et il interpella Frédéric Larsan.
+
+--Monsieur Fred, cria-t-il... «ces pas élégants» sur la route sont bien
+là depuis la découverte du crime?
+
+--Oui, jeune homme; oui, ils ont été relevés soigneusement, répondit
+Fred sans lever la tête. Vous voyez, il y a les pas qui viennent, et les
+pas qui repartent...
+
+--Et cet homme avait une bicyclette!» s'écria le reporter...
+
+Ici, après avoir regardé les empreintes de la bicyclette qui suivaient,
+aller et retour, les pas élégants, je crus pouvoir intervenir.
+
+«La bicyclette explique la disparition des pas grossiers de l'assassin,
+fis-je. L'assassin, aux pas grossiers, est monté à bicyclette... Son
+complice, «l'homme aux pas élégants», était venu l'attendre au bord de
+l'étang, avec la bicyclette. On peut supposer que l'assassin agissait
+pour le compte de l'homme aux pas élégants?
+
+--Non! non! répliqua Rouletabille avec un étrange sourire... J'attendais
+ces pas-là depuis le commencement de l'affaire. Je les ai, je ne vous
+les abandonne pas. Ce sont les pas de l'assassin!
+
+--Et les autres pas, les pas grossiers, qu'en faites-vous?
+
+--Ce sont encore les pas de l'assassin.
+
+--Alors, il y en a deux?
+
+--Non! Il n'y en a qu'un, et il n'a pas eu de complice...
+
+--Très fort! très fort! cria de sa place Frédéric Larsan.
+
+--Tenez, continua le jeune reporter, en nous montrant la terre remuée
+par des talons grossiers; l'homme s'est assis là et a enlevé les
+godillots qu'il avait mis pour tromper la justice, et puis, les
+emportant sans doute avec lui, _il s'est relevé avec ses pieds à lui_
+et, tranquillement, a regagné, au pas, la grande route, en tenant sa
+bicyclette à la main. Il ne pouvait se risquer, sur ce très mauvais
+sentier, à courir à bicyclette. Du reste, ce qui le prouve, c'est la
+marque légère et hésitante de la bécane sur le sentier, malgré la
+mollesse du sol. S'il y avait eu un homme sur cette bicyclette, les
+roues fussent entrées profondément dans le sol... Non, non, il n'y avait
+là qu'un seul homme: L'assassin, à pied!
+
+--Bravo! Bravo!» fit encore le grand Fred...
+
+Et, tout à coup, celui-ci vint à nous, se planta devant M. Robert Darzac
+et lui dit:
+
+«Si nous avions une bicyclette ici... nous pourrions démontrer la
+justesse du raisonnement de ce jeune homme, monsieur Robert Darzac...
+_Vous ne savez pas_ s'il s'en trouve une au château?
+
+--Non! répondit M. Darzac, il n'y en a pas; j'ai emporté la mienne, il y
+a quatre jours, à Paris, la dernière fois que je suis venu au château
+avant le crime.
+
+--C'est dommage!» répliqua Fred sur le ton d'une extrême froideur.
+
+Et, se retournant vers Rouletabille:
+
+«Si cela continue, dit-il, vous verrez que nous aboutirons tous les deux
+aux mêmes conclusions. Avez-vous une idée sur la façon dont l'assassin
+est sorti de la «Chambre Jaune»?
+
+--Oui, fit mon ami, une idée...
+
+--Moi aussi, continua Fred, et ce doit être la même. Il n'y a pas deux
+façons de raisonner dans cette affaire. J'attends, pour m'expliquer
+devant le juge, l'arrivée de mon chef.
+
+--Ah! Le chef de la Sûreté va venir?
+
+--Oui, cet après-midi, pour la confrontation dans le laboratoire, devant
+le juge d'instruction, de tous ceux qui ont joué ou pu jouer un rôle
+dans le drame. Ce sera très intéressant. Il est malheureux que vous ne
+puissiez y assister.
+
+--J'y assisterai, affirma Rouletabille.
+
+--Vraiment... vous êtes extraordinaire... pour votre âge! répliqua le
+policier sur un ton non dénué d'une certaine ironie... Vous feriez un
+merveilleux policier... si vous aviez un peu plus de méthode... Si vous
+obéissiez moins à votre instinct et aux bosses de votre front. C'est une
+chose que j'ai déjà observée plusieurs fois, monsieur Rouletabille: vous
+raisonnez trop... Vous ne vous laissez pas assez conduire par votre
+observation... Que dites-vous du mouchoir plein de sang et de la main
+rouge sur le mur? Vous avez vu, vous, la main rouge sur le mur; moi, je
+n'ai vu que le mouchoir... Dites...
+
+--Bah! fit Rouletabille, un peu interloqué, _l'assassin a été blessé à
+la main_ par le revolver de Mlle Stangerson!
+
+--Ah! observation brutale, instinctive... Prenez garde, vous êtes trop
+«directement» logique, monsieur Rouletabille; la logique vous jouera un
+mauvais tour si vous la brutalisez ainsi. Il est de nombreuses
+circonstances dans lesquelles il faut la traiter en douceur, «la prendre
+de loin»... Monsieur Rouletabille, vous avez raison quand vous parlez du
+revolver de Mlle Stangerson. Il est certain que «la victime» a tiré.
+Mais vous avez tort quand vous dites qu'elle a blessé l'assassin à la
+main...
+
+--Je suis sûr!» s'écria Rouletabille...
+
+Fred, imperturbable, l'interrompit:
+
+«Défaut d'observation!... défaut d'observation!...
+
+L'examen du mouchoir, les innombrables petites taches rondes, écarlates,
+impressions de gouttes que je retrouve sur la trace des pas, _au moment
+même où le pas pose à terre_, me prouvent que l'assassin n'a pas été
+blessé. _«L'assassin, monsieur Rouletabille, a saigné du nez!...»_
+
+Le grand Fred était sérieux. Je ne pus retenir, cependant, une
+exclamation.
+
+Le reporter regardait Fred qui regardait sérieusement le reporter. Et
+Fred tira aussitôt une conclusion:
+
+«L'homme qui saignait du nez dans sa main et dans son mouchoir, a essuyé
+sa main sur le mur. La chose est fort importante, ajouta-t-il, _car
+l'assassin n'a pas besoin d'être blessé à la main pour être
+l'assassin!»_
+
+Rouletabille sembla réfléchir profondément, et dit:
+
+«Il y a quelque chose, monsieur Frédéric Larsan, qui est beaucoup plus
+grave que le fait de brutaliser la logique, c'est cette disposition
+d'esprit propre à certains policiers qui leur fait, en toute bonne foi,
+«plier en douceur cette logique aux nécessités de leurs conceptions».
+Vous avez votre idée, déjà, sur l'assassin, monsieur Fred, ne le niez
+pas... et il ne faut pas que votre assassin ait été blessé à la main,
+sans quoi votre idée tomberait d'elle-même... Et vous avez cherché, et
+vous avez trouvé autre chose. C'est un système bien dangereux, monsieur
+Fred, bien dangereux, que celui qui consiste à partir de l'idée que l'on
+se fait de l'assassin pour arriver aux preuves dont on a besoin!... Cela
+pourrait vous mener loin... Prenez garde à l'erreur judiciaire, Monsieur
+Fred; elle vous guette!...»
+
+Et, ricanant un peu, les mains dans les poches, légèrement goguenard,
+Rouletabille, de ses petits yeux malins, fixa le grand Fred.
+
+Frédéric Larsan considéra en silence ce gamin qui prétendait être plus
+fort que lui; il haussa les épaules, nous salua, et s'en alla, à grandes
+enjambées, frappant la pierre du chemin _de sa grande canne._
+
+Rouletabille le regardait s'éloigner; puis le jeune reporter se retourna
+vers nous, la figure joyeuse et déjà triomphante:
+
+«Je le battrai! nous jeta-t-il... Je battrai le grand Fred, si fort
+soit-il; je les battrai tous... Rouletabille est plus fort qu'eux
+tous!... Et le grand Fred, l'illustre, le fameux, l'immense Fred...
+l'unique Fred raisonne comme une savate!... comme une savate!... comme
+une savate!»
+
+Et il esquissa un entrechat; mais il s'arrêta subitement dans sa
+chorégraphie... Mes yeux allèrent où allaient ses yeux; ils étaient
+attachés sur M. Robert Darzac qui, la face décomposée, regardait sur le
+sentier, la marque de ses pas, à côté de la marque «du pas élégant». IL
+N'Y AVAIT PAS DE DIFFÉRENCE!
+
+Nous crûmes qu'il allait défaillir; ses yeux, agrandis par l'épouvante,
+nous fuirent un instant, cependant que sa main droite tiraillait d'un
+mouvement spasmodique le collier de barbe qui entourait son honnête et
+douce et désespérée figure. Enfin, il se ressaisit, nous salua, nous dit
+d'une voix changée, qu'il était dans la nécessité de rentrer au château
+et partit.
+
+«Diable!» fit Rouletabille.
+
+Le reporter, lui aussi, avait l'air consterné. Il tira de son
+portefeuille un morceau de papier blanc, comme je le lui avais vu faire
+précédemment, et découpa avec ses ciseaux les contours de «pieds
+élégants» de l'assassin, dont le modèle était là, sur la terre. Et puis
+il transporta cette nouvelle semelle de papier sur les empreintes de la
+bottine de M. Darzac. L'adaptation était parfaite et Rouletabille se
+releva en répétant: «Diable»!
+
+Je n'osais pas prononcer une parole, tant j'imaginais que ce qui se
+passait, dans ce moment, dans les bosses de Rouletabille était grave.
+
+Il dit:
+
+«Je crois pourtant que M. Robert Darzac est un honnête homme...»
+
+Et il m'entraîna vers l'auberge du «Donjon», que nous apercevions à un
+kilomètre de là, sur la route, à côté d'un petit bouquet d'arbres.
+
+
+
+
+X
+
+«Maintenant, il va falloir manger du saignant»
+
+
+L'auberge du «Donjon» n'avait pas grande apparence; mais j'aime ces
+masures aux poutres noircies par le temps et la fumée de l'âtre, ces
+auberges de l'époque des diligences, bâtisses branlantes qui ne seront
+bientôt plus qu'un souvenir. Elles tiennent au passé, elles se
+rattachent à l'histoire, elles continuent quelque chose et elles font
+penser aux vieux contes de la Route, quand il y avait, sur la route, des
+aventures.
+
+Je vis tout de suite que l'auberge du «Donjon» avait bien ses deux
+siècles et même peut-être davantage. Pierraille et plâtras s'étaient
+détachés çà et là de la forte armature de bois dont les X et les V
+supportaient encore gaillardement le toit vétuste. Celui-ci avait glissé
+légèrement sur ses appuis, comme glisse la casquette sur le front d'un
+ivrogne. Au-dessus de la porte d'entrée, une enseigne de fer gémissait
+sous le vent d'automne. Un artiste de l'endroit y avait peint une sorte
+de tour surmontée d'un toit pointu et d'une lanterne comme on en voyait
+au donjon du château du Glandier. Sous cette enseigne, sur le seuil, un
+homme, de mine assez rébarbative, semblait plongé dans des pensées assez
+sombres, s'il fallait en croire les plis de son front et le méchant
+rapprochement de ses sourcils touffus.
+
+Quand nous fûmes tout près de lui, il daigna nous voir et nous demanda
+d'une façon peu engageante si nous avions besoin de quelque chose.
+C'était, à n'en pas douter, l'hôte peu aimable de cette charmante
+demeure. Comme nous manifestions l'espoir qu'il voudrait bien nous
+servir à déjeuner, il nous avoua qu'il n'avait aucune provision et qu'il
+serait fort embarrassé de nous satisfaire; et, ce disant, il nous
+regardait d'un oeil dont je ne parvenais pas à m'expliquer la méfiance.
+
+«Vous pouvez nous faire accueil, lui dit Rouletabille, nous ne sommes
+pas de la police.
+
+--je ne crains pas la police, répondit l'homme; je ne crains personne.»
+
+Déjà je faisais comprendre par un signe à mon ami que nous serions bien
+inspirés de ne pas insister, mais mon ami, qui tenait évidemment à
+entrer dans cette auberge, se glissa sous l'épaule de l'homme et fut
+dans la salle.
+
+«Venez, dit-il, il fait très bon ici.»
+
+De fait, un grand feu de bois flambait dans la cheminée. Nous nous en
+approchâmes et tendîmes nos mains à la chaleur du foyer, car, ce
+matin-là, on sentait déjà venir l'hiver. La pièce était assez grande;
+deux épaisses tables de bois, quelques escabeaux, un comptoir, où
+s'alignaient des bouteilles de sirop et d'alcool, la garnissaient. Trois
+fenêtres donnaient sur la route. Une chromo-réclame, sur le mur,
+vantait, sous les traits d'une jeune Parisienne levant effrontément son
+verre, les vertus apéritives d'un nouveau vermouth. Sur la tablette de
+la haute cheminée, l'aubergiste avait disposé un grand nombre de pots et
+de cruches en grès et en faïence.
+
+«Voilà une belle cheminée pour faire rôtir un poulet, dit Rouletabille.
+
+--Nous n'avons point de poulet, fit l'hôte; pas même un méchant lapin.
+
+Je sais, répliqua mon ami, d'une voix goguenarde qui me surprit, _je
+sais que, maintenant, il va falloir manger du saignant_.»
+
+J'avoue que je ne comprenais rien à la phrase de Rouletabille. Pourquoi
+disait-il à cet homme: «Maintenant, il va falloir manger du
+saignant...?» Et pourquoi l'aubergiste, aussitôt qu'il eut entendu cette
+phrase, laissa-t-il échapper un juron qu'il étouffa aussitôt et se
+mit-il à notre disposition aussi docilement que M. Robert Darzac
+lui-même quand il eut entendu ces mots fatidiques: «Le presbytère n'a
+rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat...?» Décidément, mon
+ami avait le don de se faire comprendre des gens avec des phrases tout à
+fait incompréhensibles. Je lui en fis l'observation et il voulut bien
+sourire. J'eusse préféré qu'il daignât me donner quelque explication,
+mais il avait mis un doigt sur sa bouche, ce qui signifiait évidemment
+que non seulement il s'interdisait de parler, mais encore qu'il me
+recommandait le silence. Entre temps, l'homme, poussant une petite
+porte, avait crié qu'on lui apportât une demi-douzaine d'oeufs et «le
+morceau de faux filet». La commission fut bientôt faite par une jeune
+femme fort accorte, aux admirables cheveux blonds et dont les beaux
+grands yeux doux nous regardèrent avec curiosité.
+
+L'aubergiste lui dit d'une voix rude:
+
+«Va-t'en! Et si l'homme vert s'en vient, que je ne te voie pas!»
+
+Et elle disparut, Rouletabille s'empara des oeufs qu'on lui apporta dans
+un bol et de la viande qu'on lui servit sur un plat, plaça le tout
+précautionneusement à côté de lui, dans la cheminée, décrocha une poêle
+et un gril pendus dans l'âtre et commença de battre notre omelette en
+attendant qu'il fît griller notre bifteck. Il commanda encore à l'homme
+deux bonnes bouteilles de cidre et semblait s'occuper aussi peu de son
+hôte que son hôte s'occupait de lui. L'homme tantôt le couvait des yeux
+et tantôt me regardait avec un air d'anxiété qu'il essayait en vain de
+dissimuler. Il nous laissa faire notre cuisine et mit notre couvert
+auprès d'une fenêtre.
+
+Tout à coup je l'entendis qui murmurait:
+
+«Ah! le voilà!»
+
+Et, la figure changée, n'exprimant plus qu'une haine atroce, il alla se
+coller contre la fenêtre, regardant la route. Je n'eus point besoin
+d'avertir Rouletabille. Le jeune homme avait déjà lâché son omelette et
+rejoignait l'hôte à la fenêtre. J'y fus avec lui.
+
+Un homme, tout habillé de velours vert, la tête prise dans une casquette
+ronde de même couleur, s'avançait, à pas tranquilles sur la route, en
+fumant sa pipe. Il portait un fusil en bandoulière et montrait dans ses
+mouvements une aisance presque aristocratique. Cet homme pouvait avoir
+quarante-cinq ans. Les cheveux et la moustache étaient gris-sel. Il
+était remarquablement beau. Il portait binocle. Quand il passa près de
+l'auberge, il parut hésiter, se demandant s'il entrerait, jeta un regard
+de notre côté, lâcha quelques bouffées de sa pipe et d'un même pas
+nonchalant reprit sa promenade.
+
+Rouletabille et moi nous regardâmes l'hôte. Ses yeux fulgurants, ses
+poings fermés, sa bouche frémissante, nous renseignaient sur les
+sentiments tumultueux qui l'agitaient.
+
+«Il a bien fait de ne pas entrer aujourd'hui! siffla-t-il.
+
+--Quel est cet homme? demanda Rouletabille, en retournant à son
+omelette.
+
+--«L'homme vert!» gronda l'aubergiste... Vous ne le connaissez pas? Tant
+mieux pour vous. C'est pas une connaissance à faire... Eh ben, c'est
+l'garde à M. Stangerson.
+
+--Vous ne paraissez pas l'aimer beaucoup? demanda le reporter en versant
+son omelette dans la poêle.
+
+--Personne ne l'aime dans le pays, monsieur; et puis c'est un fier, qui
+a dû avoir de la fortune autrefois; et il ne pardonne à personne de
+s'être vu forcé, pour vivre, de devenir domestique. Car un garde, c'est
+un larbin comme un autre! n'est-ce pas? Ma parole! on dirait que c'est
+lui qui est le maître du Glandier, que toutes les terres et tous les
+bois lui appartiennent. Il ne permettrait pas à un pauvre de déjeuner
+d'un morceau de pain sur l'herbe, «sur son herbe»!
+
+--Il vient quelquefois ici?
+
+--Il vient trop. Mais je lui ferai bien comprendre que sa figure ne me
+revient pas. Il y a seulement un mois, il ne m'embêtait pas! L'auberge
+du «Donjon» n'avait jamais existé pour lui!... Il n'avait pas le temps!
+Fallait-il pas qu'il fasse sa cour à l'hôtesse des «Trois Lys», à
+Saint-Michel. Maintenant qu'il y a eu de la brouille dans les amours, il
+cherche à passer le temps ailleurs... Coureur de filles, trousseur de
+jupes, mauvais gars... Y a pas un honnête homme qui puisse le supporter,
+cet homme-là... Tenez, les concierges du château ne pouvaient pas le
+voir en peinture, «l'homme vert!...»
+
+--Les concierges du château sont donc d'honnêtes gens, monsieur
+l'aubergiste?
+
+--Appelez-moi donc père Mathieu; c'est mon nom... Eh ben, aussi vrai que
+je m'appelle Mathieu, oui m'sieur, j'les crois honnêtes.
+
+--On les a pourtant arrêtés.
+
+--Què-que ça prouve? Mais je ne veux pas me mêler des affaires du
+prochain...
+
+--Et qu'est-ce que vous pensez de l'assassinat?
+
+--De l'assassinat de cette pauvre mademoiselle? Une brave fille, allez,
+et qu'on aimait bien dans le pays. C'que j'en pense?
+
+--Oui, ce que vous en pensez.
+
+--Rien... et bien des choses... Mais ça ne regarde personne.
+
+--Pas même moi?» insista Rouletabille.
+
+L'aubergiste le regarda de côté, grogna, et dit:
+
+«Pas même vous...»
+
+L'omelette était prête; nous nous mîmes à table et nous mangions en
+silence, quand la porte d'entrée fut poussée et une vieille femme,
+habillée de haillons, appuyée sur un bâton, la tête branlante, les
+cheveux blancs qui pendaient en mèches folles sur le front encrassé, se
+montra sur le seuil.
+
+«Ah! vous v'là, la mère Agenoux! Y a longtemps qu'on ne vous a vue, fit
+notre hôte.
+
+--J'ai été bien malade, toute prête à mourir, dit la vieille. Si
+quelquefois vous aviez des restes pour la «Bête du Bon Dieu»...?
+
+Et elle pénétra dans l'auberge, suivie d'un chat si énorme que je ne
+soupçonnais pas qu'il pût en exister de cette taille. La bête nous
+regarda et fit entendre un miaulement si désespéré que je me sentis
+frissonner. Je n'avais jamais entendu un cri aussi lugubre.
+
+Comme s'il avait été attiré par ce cri, un homme entra, derrière la
+vieille. C'était «l'homme vert». Il nous salua d'un geste de la main à
+sa casquette et s'assit à la table voisine de la nôtre.
+
+«Donnez-moi un verre de cidre, père Mathieu.»
+
+Quand «l'homme vert» était entré, le père Mathieu avait eu un mouvement
+violent de tout son être vers le nouveau venu; mais, visiblement, il se
+dompta et répondit:
+
+«Y a plus de cidre, j'ai donné les dernières bouteilles à ces messieurs.
+
+--Alors donnez-moi un verre de vin blanc, fit «l'homme vert» sans
+marquer le moindre étonnement.
+
+--Y a plus de vin blanc, y a plus rien!»
+
+Le père Mathieu répéta, d'une voix sourde:
+
+«Y a plus rien!
+
+--Comment va Mme Mathieu?»
+
+L'aubergiste, à cette question de «l'homme vert», serra les poings, se
+retourna vers lui, la figure si mauvaise que je crus qu'il allait
+frapper, et puis il dit:
+
+«Elle va bien, merci.»
+
+Ainsi, la jeune femme aux grands yeux doux que nous avions vue tout à
+l'heure était l'épouse de ce rustre répugnant et brutal, et dont tous
+les défauts physiques semblaient dominés par ce défaut moral: La
+jalousie.
+
+Claquant la porte, l'aubergiste quitta la pièce. La mère Agenoux était
+toujours là debout, appuyée sur son bâton et le chat au bas de ses
+jupes.
+
+«L'homme vert» lui demanda:
+
+«Vous avez été malade, mère Agenoux, qu'on ne vous a pas vue depuis
+bientôt huit jours?
+
+--Oui, m'sieur l'garde. Je ne me suis levée que trois fois pour aller
+prier sainte Geneviève, notre bonne patronne, et l'reste du temps, j'ai
+été étendue sur mon grabat. Il n'y a eu pour me soigner que la «Bête du
+Bon Dieu!»
+
+--Elle ne vous a pas quittée?
+
+--Ni jour ni nuit.
+
+--Vous en êtes sûre?
+
+--Comme du paradis.
+
+--Alors, comment ça se fait-il, mère Agenoux, qu'on n'ait entendu que le
+cri de la «Bête du Bon Dieu» toute la nuit du crime?»
+
+La mère Agenoux alla se planter face au garde, et frappa le plancher de
+son bâton:
+
+«Je n'en sais rien de rien. Mais, voulez-vous que j'vous dise? Il n'y a
+pas deux bêtes au monde qui ont ce cri-là... Eh bien, moi aussi, la nuit
+du crime, j'ai entendu, au dehors, le cri de la «Bête du Bon Dieu»; et
+pourtant elle était sur mes genoux, m'sieur le garde, et elle n'a pas
+miaulé une seule fois, je vous le jure. Je m'suis signée, quand j'ai
+entendu ça, comme si j'entendais l'diable!»
+
+Je regardais le garde pendant qu'il posait cette dernière question, et
+je me trompe fort si je n'ai pas surpris sur ses lèvres un mauvais
+sourire goguenard.
+
+À ce moment, le bruit d'une querelle aiguë parvint jusqu'à nous. Nous
+crûmes même percevoir des coups sourds, comme si l'on battait, comme si
+l'on assommait quelqu'un. «L'homme vert» se leva et courut résolument à
+la porte, à côté de l'âtre, mais celle-ci s'ouvrit et l'aubergiste,
+apparaissant, dit au garde:
+
+«Ne vous effrayez pas, m'sieur le garde; c'est ma femme qu'a mal aux
+dents!»
+
+Et il ricana.
+
+«Tenez, mère Agenoux, v'là du mou pour vot'chat.»
+
+Il tendit à la vieille un paquet; la vieille s'en empara avidement et
+sortit, toujours suivie de son chat.
+
+«L'homme vert» demanda:
+
+«Vous ne voulez rien me servir?»
+
+Le père Mathieu ne retint plus l'expression de sa haine:
+
+«Y a rien pour vous! Y a rien pour vous! Allez-vous-en!...»
+
+«L'homme vert», tranquillement, bourra sa pipe, l'alluma, nous salua et
+sortit. Il n'était pas plutôt sur le seuil que Mathieu lui claquait la
+porte dans le dos et, se retournant vers nous, les yeux injectés de
+sang, la bouche écumante, nous sifflait, le poing tendu vers cette porte
+qui venait de se fermer sur l'homme qu'il détestait:
+
+«Je ne sais pas qui vous êtes, vous qui venez me dire: «Maintenant va
+falloir manger du saignant.» Mais si ça vous intéresse: l'assassin, le
+v'là!»
+
+Aussitôt qu'il eût ainsi parlé, le père Mathieu nous quitta.
+Rouletabille retourna vers l'âtre, et dit:
+
+«Maintenant, nous allons griller notre bifteck. Comment trouvez-vous le
+cidre? Un peu dur, comme je l'aime.»
+
+Ce jour-là, nous ne revîmes plus Mathieu et un grand silence régnait
+dans l'auberge quand nous la quittâmes, après avoir laissé cinq francs
+sur notre table, en paiement de notre festin.
+
+Rouletabille me fit aussitôt faire près d'une lieue autour de la
+propriété du professeur Stangerson. Il s'arrêta dix minutes, au coin
+d'un petit chemin tout noir de suie, auprès des cabanes de charbonniers
+qui se trouvent dans la partie de la forêt de Sainte-Geneviève, qui
+touche à la route allant d'Épinay à Corbeil, et me confia que l'assassin
+avait certainement passé par là, «vu l'état des chaussures grossières»,
+avant de pénétrer dans la propriété et d'aller se cacher dans le
+bosquet.
+
+«Vous ne croyez donc pas que le garde a été dans l'affaire?
+interrompis-je.
+
+--Nous verrons cela plus tard, me répondit-il. Pour le moment, ce que
+l'aubergiste a dit de cet homme ne m'occupe pas. Il en a parlé avec sa
+haine. Ce n'est pas pour l'«homme vert» que je vous ai emmené déjeuner
+au «Donjon».
+
+Ayant ainsi parlé, Rouletabille, avec de grandes précautions, se
+glissa--et je me glissai derrière lui--jusqu'à la bâtisse, qui, près de
+la grille, servait de logement aux concierges, arrêtés le matin même. Il
+s'introduisit, avec une acrobatie que j'admirai, dans la maisonnette,
+par une lucarne de derrière restée ouverte, et en ressortit dix minutes
+plus tard en disant ce mot qui signifiait, dans sa bouche, tant de
+choses: «Parbleu!»
+
+Dans le moment que nous allions reprendre le chemin du château, il y eut
+un grand mouvement à la grille. Une voiture arrivait, et, du château, on
+venait au-devant d'elle. Rouletabille me montra un homme qui en
+descendait:
+
+«Voici le chef de la Sûreté; nous allons voir ce que Frédéric Larsan a
+dans le ventre, et s'il est plus malin qu'un autre...»
+
+Derrière la voiture du chef de la Sûreté, trois autres voitures
+suivaient, remplies de reporters qui voulurent, eux aussi, entrer dans
+le parc. Mais on mit à la grille deux gendarmes, avec défense de laisser
+passer. Le chef de la Sûreté calma leur impatience en prenant
+l'engagement de donner, le soir même, à la presse, le plus de
+renseignements qu'il pourrait, sans gêner le cours de l'instruction.
+
+
+
+
+XI
+
+Où Frédéric Larsan explique comment l'assassin a pu sortir de la Chambre
+Jaune.
+
+
+Dans la masse de papiers, documents, mémoires, extraits de journaux,
+pièces de justice dont je dispose relativement au «Mystère de la Chambre
+Jaune», se trouve un morceau des plus intéressants. C'est la narration
+du fameux interrogatoire des intéressés qui eut lieu, cet après-midi-là,
+dans le laboratoire du professeur Stangerson, devant le chef de la
+Sûreté. Cette narration est due à la plume de M. Maleine, le greffier,
+qui, tout comme le juge d'instruction, faisait, à ses moments perdus, de
+la littérature. Ce morceau devait faire partie d'un livre qui n'a jamais
+paru et qui devait s'intituler: _Mes interrogatoires_. Il m'a été donné
+par le greffier lui-même, quelque temps après le «dénouement inouï» de
+ce procès unique dans les fastes juridiques.
+
+Le voici. Ce n'est plus une sèche transcription de demandes et de
+réponses. Le greffier y relate souvent ses impressions personnelles.
+
+_La narration du greffier:_
+
+Depuis une heure, raconte le greffier, le juge d'instruction et moi,
+nous nous trouvions dans la «Chambre Jaune», avec l'entrepreneur qui
+avait construit, sur les plans du professeur Stangerson, le pavillon.
+L'entrepreneur était venu avec un ouvrier. M. de Marquet avait fait
+nettoyer entièrement les murs, c'est-à-dire qu'il avait fait enlever par
+l'ouvrier tout le papier qui les décorait. Des coups de pioches et de
+pics, çà et là, nous avaient démontré l'inexistence d'une ouverture
+quelconque. Le plancher et le plafond avaient été longuement sondés.
+Nous n'avions rien découvert. Il n'y avait rien à découvrir. M. de
+Marquet paraissait enchanté et ne cessait de répéter:
+
+«Quelle affaire! monsieur l'entrepreneur, quelle affaire! Vous verrez
+que nous ne saurons jamais comment l'assassin a pu sortir de cette
+chambre-là!»
+
+Tout à coup, M. de Marquet, la figure rayonnante, parce qu'il ne
+comprenait pas, voulut bien se souvenir que son devoir était de chercher
+à comprendre, et il appela le brigadier de gendarmerie.
+
+«Brigadier, fit-il, allez donc au château et priez M. Stangerson et M.
+Robert Darzac de venir me rejoindre dans le laboratoire, ainsi que le
+père Jacques, et faites-moi amener aussi, par vos hommes, les deux
+concierges.»
+
+Cinq minutes plus tard, tout ce monde fut réuni dans le laboratoire. Le
+chef de la Sûreté, qui venait d'arriver au Glandier, nous rejoignit
+aussi dans ce moment. J'étais assis au bureau de M. Stangerson, prêt au
+travail, quand M. de Marquet nous tint ce petit discours, aussi original
+qu'inattendu:
+
+«Si vous le voulez, messieurs, disait-il, puisque les interrogatoires ne
+donnent rien, nous allons abandonner, pour une fois, le vieux système
+des interrogatoires. Je ne vous ferai point venir devant moi à tour de
+rôle; non. Nous resterons tous ici: M. Stangerson, M. Robert Darzac, le
+père Jacques, les deux concierges, M. le chef de la Sûreté, M. le
+greffier et moi! Et nous serons là, tous, «au même titre»; les
+concierges voudront bien oublier un instant qu'ils sont arrêtés. «Nous
+allons causer!» Je vous ai fait venir «pour causer». Nous sommes sur les
+lieux du crime; eh bien, de quoi causerions-nous si nous ne causions pas
+du crime? Parlons-en donc! Parlons-en! Avec abondance, avec
+intelligence, ou avec stupidité. Disons tout ce qui nous passera par la
+tête! Parlons sans méthode, puisque la méthode ne nous réussit point.
+J'adresse une fervente prière au dieu hasard, le hasard de nos
+conceptions! Commençons!...
+
+Sur quoi, en passant devant moi, il me dit, à voix basse:
+
+«Hein! croyez-vous, quelle scène! Auriez-vous imaginé ça, vous? J'en
+ferai un petit acte pour le Vaudeville.»
+
+Et il se frottait les mains avec jubilation.
+
+Je portai les yeux sur M. Stangerson. L'espoir que devait faire naître
+en lui le dernier bulletin des médecins qui avaient déclaré que Mlle
+Stangerson pourrait survivre à ses blessures, n'avait pas effacé de ce
+noble visage les marques de la plus grande douleur.
+
+Cet homme avait cru sa fille morte, et il en était encore tout ravagé.
+Ses yeux bleus si doux et si clairs étaient alors d'une infinie
+tristesse. J'avais eu l'occasion, plusieurs fois, dans des cérémonies
+publiques, de voir M. Stangerson. J'avais été, dès l'abord, frappé par
+son regard, si pur qu'il semblait celui d'un enfant: regard de rêve,
+regard sublime et immatériel de l'inventeur ou du fou.
+
+Dans ces cérémonies, derrière lui ou à ses côtés, on voyait toujours sa
+fille, car ils ne se quittaient jamais, disait-on, partageant les mêmes
+travaux depuis de longues années. Cette vierge, qui avait alors
+trente-cinq ans et qui en paraissait à peine trente, consacrée tout
+entière à la science, soulevait encore l'admiration par son impériale
+beauté, restée intacte, sans une ride, victorieuse du temps et de
+l'amour. Qui m'eût dit alors que je me trouverais, un jour prochain, au
+chevet de son lit, avec mes paperasses, et que je la verrais, presque
+expirante, nous raconter, avec effort, le plus monstrueux et le plus
+mystérieux attentat que j'ai ouï de ma carrière? Qui m'eût dit que je me
+trouverais, comme cet après-midi-là, en face d'un père désespéré
+cherchant en vain à s'expliquer comment l'assassin de sa fille avait pu
+lui échapper? À quoi sert donc le travail silencieux, au fond de la
+retraite obscure des bois, s'il ne vous garantit point de ces grandes
+catastrophes de la vie et de la mort, réservées d'ordinaire à ceux
+d'entre les hommes qui fréquentent les passions de la ville?
+
+«Voyons! monsieur Stangerson, fit M. de Marquet, avec un peu
+d'importance; placez-vous exactement à l'endroit où vous étiez quand
+Mlle Stangerson vous a quitté pour entrer dans sa chambre.»
+
+M. Stangerson se leva et, se plaçant à cinquante centimètres de la porte
+de la «Chambre Jaune», il dit d'une voix sans accent, sans couleur,
+d'une voix que je qualifierai de morte:
+
+«Je me trouvais ici. Vers onze heures, après avoir procédé, sur les
+fourneaux du laboratoire, à une courte expérience de chimie, j'avais
+fait glisser mon bureau jusqu'ici, car le père Jacques, qui passa la
+soirée à nettoyer quelques-uns de mes appareils, avait besoin de toute
+la place qui se trouvait derrière moi. Ma fille travaillait au même
+bureau que moi. Quand elle se leva, après m'avoir embrassé et souhaité
+le bonsoir au père Jacques, elle dut, pour entrer dans sa chambre, se
+glisser assez difficilement entre mon bureau et la porte. C'est vous
+dire que j'étais bien près du lieu où le crime allait se commettre.
+
+--Et ce bureau? interrompis-je, obéissant, en me mêlant à cette
+«conversation», aux désirs exprimés par mon chef,... et ce bureau,
+aussitôt que vous eûtes, monsieur Stangerson, entendu crier: «À
+l'assassin!» et qu'eurent éclaté les coups de revolver... ce bureau,
+qu'est-il devenu?»
+
+Le père Jacques répondit:
+
+«Nous l'avons rejeté contre le mur, ici, à peu près où il est en ce
+moment, pour pouvoir nous précipiter à l'aise sur la porte, m'sieur le
+greffier...»
+
+Je suivis mon raisonnement, auquel, du reste, je n'attachais qu'une
+importance de faible hypothèse:
+
+«Le bureau était si près de la chambre qu'un homme, sortant, courbé, de
+la chambre et se glissant sous le bureau, aurait pu passer inaperçu?
+
+--Vous oubliez toujours, interrompit M. Stangerson, avec lassitude, que
+ma fille avait fermé sa porte à clef et au verrou, _que la porte est
+restée fermée_, que nous sommes restés à lutter contre cette porte dès
+l'instant où l'assassinat commençait, _que nous étions déjà sur la porte
+alors que la lutte de l'assassin et de ma pauvre enfant continuait, que
+les bruits de cette lutte nous parvenaient encore et que nous entendions
+râler ma malheureuse fille sous l'étreinte des doigts dont son cou a
+conservé la marque sanglante_. Si rapide qu'ait été l'attaque, nous
+avons été aussi rapides qu'elle et nous nous sommes trouvés
+immédiatement derrière cette porte qui nous séparait du drame.»
+
+Je me levai et allai à la porte que j'examinai à nouveau avec le plus
+grand soin. Puis je me relevai et fis un geste de découragement.
+
+«Imaginez, dis-je, que le panneau inférieur de cette porte ait pu être
+ouvert _sans que la porte ait été dans la nécessité de s'ouvrir_, et le
+problème serait résolu! Mais, malheureusement, cette dernière hypothèse
+est inadmissible, après l'examen de la porte. C'est une solide et
+épaisse porte de chêne constituée de telle sorte qu'elle forme un bloc
+inséparable... C'est très visible, malgré les dégâts qui ont été causés
+par ceux qui l'ont enfoncée...
+
+--Oh! fit le père Jacques... c'est une vieille et solide porte du
+château qu'on a transportée ici... une porte comme on n'en fait plus
+maintenant. Il nous a fallu cette barre de fer pour en avoir raison, à
+quatre... car la concierge s'y était mise aussi, comme une brave femme
+qu'elle est, m'sieur l'juge! C'est tout de même malheureux de les voir
+en prison, à c't'heure!»
+
+Le père Jacques n'eut pas plutôt prononcé cette phrase de pitié et de
+protestation que les pleurs et les jérémiades des deux concierges
+recommencèrent. Je n'ai jamais vu de prévenus aussi larmoyants. J'en
+étais profondément dégoûté. Même en admettant leur innocence, je ne
+comprenais pas que deux êtres pussent à ce point manquer de caractère
+devant le malheur. Une nette attitude, dans de pareils moments, vaut
+mieux que toutes les larmes et que tous les désespoirs, lesquels, le
+plus souvent, sont feints et hypocrites.
+
+«Eh! s'écria M. de Marquet, encore une fois, assez de piailler comme ça!
+et dites-nous, dans votre intérêt, ce que vous faisiez, à l'heure où
+l'on assassinait votre maîtresse, sous les fenêtres du pavillon! Car
+vous étiez tout près du pavillon quand le père Jacques vous a
+rencontrés...
+
+--Nous venions au secours!» gémirent-ils.
+
+Et la femme, entre deux hoquets, glapit:
+
+«Ah! si nous le tenions, l'assassin, nous lui ferions passer le goût du
+pain!...»
+
+Et nous ne pûmes, une fois de plus, leur tirer deux phrases sensées de
+suite. Ils continuèrent de nier avec acharnement, d'attester le bon Dieu
+et tous les saints qu'ils étaient dans leur lit quand ils avaient
+entendu un coup de revolver.
+
+«Ce n'est pas un, mais deux coups qui ont été tirés. Vous voyez bien que
+vous mentez. Si vous avez entendu l'un, vous devez avoir entendu
+l'autre!
+
+--Mon Dieu! m'sieur le juge, nous n'avons entendu que le second. Nous
+dormions encore bien sûr quand on a tiré le premier...
+
+--Pour ça, on en a tiré deux! fit le père Jacques. Je suis sûr, moi, que
+toutes les cartouches de mon revolver étaient intactes; nous avons
+retrouvé deux cartouches brûlées, deux balles, et nous avons entendu
+deux coups de revolver, derrière la porte. N'est-ce pas, monsieur
+Stangerson?
+
+--Oui, fit le professeur, deux coups de revolver, un coup sourd d'abord,
+puis un coup éclatant.
+
+--Pourquoi continuez-vous à mentir? s'écria M. de Marquet, se retournant
+vers les concierges. Croyez-vous la police aussi bête que vous! Tout
+prouve que vous étiez dehors, près du pavillon, au moment du drame. Qu'y
+faisiez-vous? Vous ne voulez pas le dire? Votre silence atteste votre
+complicité! Et, quant à moi, fit-il, en se tournant vers M.
+Stangerson... quant à moi, je ne puis m'expliquer la fuite de l'assassin
+que par l'aide apportée par ces deux complices. Aussitôt que la porte a
+été défoncée, pendant que vous, monsieur Stangerson, vous vous occupiez
+de votre malheureuse enfant, le concierge et sa femme facilitaient la
+fuite du misérable qui se glissait derrière eux, parvenait jusqu'à la
+fenêtre du vestibule et sautait dans le parc. Le concierge refermait la
+fenêtre et les volets derrière lui. _Car, enfin, ces volets ne se sont
+pas fermés tout seuls!_ Voilà ce que j'ai trouvé... Si quelqu'un a
+imaginé autre chose, qu'il le dise!...
+
+M. Stangerson intervint:
+
+«C'est impossible! Je ne crois pas à la culpabilité ni à la complicité
+de mes concierges, bien que je ne comprenne pas ce qu'ils faisaient dans
+le parc à cette heure avancée de la nuit. Je dis: c'est impossible!
+parce que la concierge tenait la lampe et n'a pas bougé du seuil de la
+chambre; parce que, moi, sitôt la porte défoncée, je me mis à genoux
+près du corps de mon enfant, _et qu'il était impossible que l'on sortît
+ou que l'on entrât de cette chambre par cette porte sans enjamber le
+corps de ma fille et sans me bousculer, moi!_ C'est impossible, parce
+que le père Jacques et le concierge n'ont eu qu'à jeter un regard dans
+cette chambre et sous le lit, comme je l'ai fait en entrant, pour voir
+qu'il n'y avait plus personne, dans la chambre, que ma fille à l'agonie.
+
+--Que pensez-vous, vous, monsieur Darzac, qui n'avez encore rien dit?»
+demanda le juge.
+
+M. Darzac répondit qu'il ne pensait rien.
+
+«Et vous, monsieur le chef de la Sûreté?»
+
+M. Dax, le chef de la Sûreté, avait jusqu'alors uniquement écouté et
+examiné les lieux. Il daigna enfin desserrer les dents:
+
+«Il faudrait, en attendant que l'on trouve le criminel, découvrir le
+mobile du crime. Cela nous avancerait un peu, fit-il.
+
+--Monsieur le chef de la Sûreté, le crime apparaît bassement passionnel,
+répliqua M. de Marquet. Les traces laissées par l'assassin, le mouchoir
+grossier et le béret ignoble nous portent à croire que l'assassin
+n'appartenait point à une classe de la société très élevée. Les
+concierges pourraient peut-être nous renseigner là dessus...»
+
+Le chef de la Sûreté continua, se tournant vers M. Stangerson et sur ce
+ton froid qui est la marque, selon moi, des solides intelligences et des
+caractères fortement trempés.
+
+«Mlle Stangerson ne devait-elle pas prochainement se marier?»
+
+Le professeur regarda douloureusement M. Robert Darzac.
+
+«Avec mon ami que j'eusse été heureux d'appeler mon fils... avec M.
+Robert Darzac...
+
+--Mlle Stangerson va beaucoup mieux et se remettra rapidement de ses
+blessures. C'est un mariage simplement retardé, n'est-ce pas, monsieur?
+insista le chef de la Sûreté.
+
+--Je l'espère.
+
+--Comment! Vous n'en êtes pas sûr?»
+
+M. Stangerson se tut. M. Robert Darzac parut agité, ce que je vis à un
+tremblement de sa main sur sa chaîne de montre, car rien ne m'échappe.
+M. Dax toussotta comme faisait M. de Marquet quand il était embarrassé.
+
+«Vous comprendrez, monsieur Stangerson, dit-il, que, dans une affaire
+aussi embrouillée, nous ne pouvons rien négliger; que nous devons tout
+savoir, même la plus petite, la plus futile chose se rapportant à la
+victime... le renseignement, en apparence, le plus insignifiant...
+Qu'est-ce donc qui vous a fait croire que, dans la quasi-certitude, où
+nous sommes maintenant, que Mlle Stangerson vivra, ce mariage pourra ne
+pas avoir lieu? Vous avez dit: «j'espère.» Cette espérance m'apparaît
+comme un doute. Pourquoi doutez-vous?»
+
+M. Stangerson fit un visible effort sur lui-même:
+
+«Oui, monsieur, finit-il par dire. Vous avez raison. Il vaut mieux que
+vous sachiez une chose qui semblerait avoir de l'importance si je vous
+la cachais. M. Robert Darzac sera, du reste, de mon avis.»
+
+M. Darzac, dont la pâleur, à ce moment, me parut tout à fait anormale,
+fit signe qu'il était de l'avis du professeur. Pour moi, si M. Darzac ne
+répondait que par signe, c'est qu'il était incapable de prononcer un
+mot.
+
+«Sachez donc, monsieur le chef de la Sûreté, continua M. Stangerson, que
+ma fille avait juré de ne jamais me quitter et tenait son serment malgré
+toutes mes prières, car j'essayai plusieurs fois de la décider au
+mariage, comme c'était mon devoir. Nous connûmes M. Robert Darzac de
+longues années. M. Robert Darzac aime ma fille. Je pus croire, un
+moment, qu'il en était aimé, puisque j'eus la joie récente d'apprendre
+de la bouche même de ma fille qu'elle consentait enfin à un mariage que
+j'appelais de tous mes voeux. Je suis d'un grand âge, monsieur, et ce
+fut une heure bénie que celle où je connus enfin qu'après moi Mlle
+Stangerson aurait à ses côtés, pour l'aimer et continuer nos travaux
+communs, un être que j'aime et que j'estime pour son grand coeur et pour
+sa science. Or, monsieur le chef de la Sûreté, deux jours avant le
+crime, par je ne sais quel retour de sa volonté, ma fille m'a déclaré
+qu'elle n'épouserait pas M. Robert Darzac.»
+
+Il y eut ici un silence pesant. La minute était grave. M. Dax reprit:
+
+«Et Mlle Stangerson ne vous a donné aucune explication, ne vous a point
+dit pour quel motif?...
+
+--Elle m'a dit qu'elle était trop vieille maintenant pour se marier...
+qu'elle avait attendu trop longtemps... qu'elle avait bien réfléchi...
+qu'elle estimait et même qu'elle aimait M. Robert Darzac... mais qu'il
+valait mieux que les choses en restassent là... que l'on continuerait le
+passé... qu'elle serait heureuse même de voir les liens de pure amitié
+qui nous attachaient à M. Robert Darzac nous unir d'une façon encore
+plus étroite, mais qu'il fût bien entendu qu'on ne lui parlerait jamais
+plus de mariage.
+
+--Voilà qui est étrange! murmura M. Dax.
+
+--Étrange», répéta M. de Marquet.
+
+M. Stangerson, avec un pâle et glacé sourire, dit:
+
+«Ce n'est point de ce côté, monsieur, que vous trouverez le mobile du
+crime.»
+
+M. Dax:
+
+«En tout cas, fit-il d'une voix impatiente, le mobile n'est pas le vol!
+
+--Oh! nous en sommes sûrs!», s'écria le juge d'instruction.
+
+À ce moment la porte du laboratoire s'ouvrit et le brigadier de
+gendarmerie apporta une carte au juge d'instruction. M. de Marquet lut
+et poussa une sourde exclamation; puis:
+
+«Ah! voilà qui est trop fort!
+
+--Qu'est-ce? demanda le chef de la Sûreté.
+
+--La carte d'un petit reporter de _L'Époque_, M. Joseph Rouletabille, et
+ces mots: «L'un des mobiles du crime a été le vol!»
+
+Le chef de la Sûreté sourit:
+
+«Ah! Ah! le jeune Rouletabille... j'en ai déjà entendu parler... il
+passe pour ingénieux... Faites-le donc entrer, monsieur le juge
+d'instruction.»
+
+Et l'on fit entrer M. Joseph Rouletabille. J'avais fait sa connaissance
+dans le train qui nous avait amenés, ce matin-là, à Épinay-sur-Orge. Il
+s'était introduit, presque malgré moi, dans notre compartiment et j'aime
+mieux dire tout de suite que ses manières et sa désinvolture, et la
+prétention qu'il semblait avoir de comprendre quelque chose dans une
+affaire où la justice ne comprenait rien, me l'avaient fait prendre en
+grippe. Je n'aime point les journalistes. Ce sont des esprits brouillons
+et entreprenants qu'il faut fuir comme la peste. Cette sorte de gens se
+croit tout permis et ne respecte rien. Quand on a eu le malheur de leur
+accorder quoi que ce soit et de se laisser approcher par eux, on est
+tout de suite débordé et il n'est point d'ennuis que l'on ne doive
+redouter. Celui-ci paraissait une vingtaine d'années à peine, et le
+toupet avec lequel il avait osé nous interroger et discuter avec nous me
+l'avait rendu particulièrement odieux. Du reste, il avait une façon de
+s'exprimer qui attestait qu'il se moquait outrageusement de nous. Je
+sais bien que le journal _L'Époque_ est un organe influent avec lequel
+il faut savoir «composer», mais encore ce journal ferait bien de ne
+point prendre ses rédacteurs à la mamelle.
+
+M. Joseph Rouletabille entra donc dans le laboratoire, nous salua et
+attendit que M. de Marquet lui demandât de s'expliquer.
+
+«Vous prétendez, monsieur, dit celui-ci, que vous connaissez le mobile
+du crime, et que ce mobile, contre toute évidence, serait le vol?
+
+--Non, monsieur le juge d'instruction, je n'ai point prétendu cela. Je
+ne dis pas que le mobile du crime a été le vol _et je ne le crois pas._
+
+--Alors, que signifie cette carte?
+
+--Elle signifie que _l'un des mobiles_ du crime a été le vol.
+
+--Qu'est-ce qui vous a renseigné?
+
+--Ceci! si vous voulez bien m'accompagner.»
+
+Et le jeune homme nous pria de le suivre dans le vestibule, ce que nous
+fîmes. Là, il se dirigea du côté du lavatory et pria M. le juge
+d'instruction de se mettre à genoux à côté de lui. Ce lavatory recevait
+du jour par sa porte vitrée et, quand la porte était ouverte, la lumière
+qui y pénétrait était suffisante pour l'éclairer parfaitement. M. de
+Marquet et M. Joseph Rouletabille s'agenouillèrent sur le seuil. Le
+jeune homme montrait un endroit de la dalle.
+
+«Les dalles du lavatory n'ont point été lavées par le père Jacques,
+fit-il, depuis un certain temps; cela se voit à la couche de poussière
+qui les recouvre. Or, voyez, à cet endroit, la marque de deux larges
+semelles et de cette cendre noire qui accompagne partout les pas de
+l'assassin. Cette cendre n'est point autre chose que la poussière de
+charbon qui couvre le sentier que l'on doit traverser pour venir
+directement, à travers la forêt, d'Épinay au Glandier. Vous savez qu'à
+cet endroit il y a un petit hameau de charbonniers et qu'on y fabrique
+du charbon de bois en grande quantité. Voilà ce qu'a dû faire
+l'assassin: il a pénétré ici l'après-midi quand il n'y eut plus personne
+au pavillon, et il a perpétré son vol.
+
+--Mais quel vol? Où voyez-vous le vol? Qui vous prouve le vol? nous
+écriâmes nous tous en même temps.
+
+--Ce qui m'a mis sur la trace du vol, continua le journaliste...
+
+--C'est ceci! interrompit M. de Marquet, toujours à genoux.
+
+--Évidemment», fit M. Rouletabille.
+
+Et M. de Marquet expliqua qu'il y avait, en effet, sur la poussière des
+dalles, à côté de la trace des deux semelles, l'empreinte fraîche d'un
+lourd paquet rectangulaire, et qu'il était facile de distinguer la
+marque des ficelles qui l'enserraient...
+
+«Mais vous êtes donc venu ici, monsieur Rouletabille; j'avais pourtant
+ordonné au père Jacques de ne laisser entrer personne; il avait la garde
+du pavillon.
+
+--Ne grondez pas le père Jacques, je suis venu ici avec M. Robert
+Darzac.
+
+--Ah! vraiment...» s'exclama M. de Marquet mécontent, et jetant un
+regard de côté à M. Darzac, lequel restait toujours silencieux.
+
+«Quand j'ai vu la trace du paquet à côté de l'empreinte des semelles, je
+n'ai plus douté du vol, reprit M. Rouletabille. Le voleur n'était pas
+venu avec un paquet... Il avait fait, ici, ce paquet, avec les objets
+volés sans doute, et il l'avait déposé dans ce coin, dans le dessein de
+l'y reprendre au moment de sa fuite; _il avait déposé aussi, à côté de
+son paquet, ses lourdes chaussures;_ car, regardez, aucune trace de pas
+ne conduit à ces chaussures, et les semelles sont à côté l'une de
+l'autre, _comme des semelles au repos et vides de leurs pieds_. Ainsi
+comprendrait-on que l'assassin, quand il s'enfuit de la «Chambre Jaune»,
+n'a laissé aucune trace de ses pas dans le laboratoire ni dans le
+vestibule. Après avoir pénétré _avec ses chaussures_ dans la «Chambre
+Jaune», il les y a défaites, sans doute parce qu'elles le gênaient ou
+parce qu'il voulait faire le moins de bruit possible. La marque de son
+passage _aller_ à travers le vestibule et le laboratoire a été effacée
+par le lavage subséquent du père Jacques, ce qui nous mène à faire
+entrer l'assassin dans le pavillon par la fenêtre ouverte du vestibule
+lors de la première absence du père Jacques, avant le lavage qui a eu
+lieu à cinq heure et demie!
+
+«L'assassin, après qu'il eut défait ses chaussures, qui, certainement le
+gênaient, les a portées à la main dans le lavatory et les y a déposées
+du seuil, car, sur la poussière du lavatory, il n'y a pas trace de pieds
+nus ou enfermés dans des chaussettes, _ou encore dans d'autres
+chaussures_. Il a donc déposé ses chaussures à côté de son paquet. Le
+vol était déjà, à ce moment, accompli. Puis l'homme retourne à la
+«Chambre Jaune» et s'y glisse alors sous le lit où la trace de son corps
+est parfaitement visible sur le plancher et même sur la natte qui a été,
+à cet endroit, légèrement roulée et très froissée. Des brins de paille
+même, fraîchement arrachés, témoignent également du passage de
+l'assassin sous le lit...
+
+--Oui, oui, cela nous le savons... dit M. de Marquet.
+
+--Ce retour sous le lit prouve que le vol, continua cet étonnant gamin
+de journaliste, _n'était point le seul mobile de la venue de l'homme_.
+Ne me dites point qu'il s'y serait aussitôt réfugié en apercevant, par
+la fenêtre du vestibule, soit le père Jacques, soit M. et Mlle
+Stangerson s'apprêtant à rentrer dans le pavillon. Il était beaucoup
+plus facile pour lui de grimper au grenier, et, caché, d'attendre une
+occasion de se sauver, _si son dessein n'avait été que de fuir_. Non!
+Non! _Il fallait que l'assassin fût dans la «Chambre Jaune»_...
+
+Ici, le chef de la Sûreté intervint:
+
+«Ça n'est pas mal du tout, cela, jeune homme! mes félicitations... et si
+nous ne savons pas encore comment l'assassin est parti, nous suivons
+déjà, pas à pas, son entrée ici, et nous voyons ce qu'il y a fait: il a
+volé. Mais qu'a-t-il donc volé?
+
+--Des choses extrêmement précieuses», répondit le reporter.
+
+À ce moment, nous entendîmes un cri qui partait du laboratoire. Nous
+nous y précipitâmes, et nous y trouvâmes M. Stangerson qui, les yeux
+hagards, les membres agités, nous montrait une sorte de
+meuble-bibliothèque qu'il venait d'ouvrir et qui nous apparut vide.
+
+Au même instant, il se laissa aller dans le grand fauteuil qui était
+poussé devant le bureau et gémit:
+
+«Encore une fois, je suis volé...»
+
+Et puis une larme, une lourde larme, coula sur sa joue:
+
+«Surtout, dit-il, qu'on ne dise pas un mot de ceci à ma fille... Elle
+serait encore plus peinée que moi...»
+
+Il poussa un profond soupir, et, sur le ton d'une douleur que je
+n'oublierai jamais:
+
+«Qu'importe, après tout... _pourvu qu'elle vive!..._
+
+--Elle vivra! dit, d'une voix étrangement touchante, Robert Darzac.
+
+--Et nous vous retrouverons les objets volés, fit M. Dax. Mais qu'y
+avait-il dans ce meuble?
+
+--Vingt ans de ma vie, répondit sourdement l'illustre professeur, ou
+plutôt de notre vie, à ma fille et à moi. Oui, nos plus précieux
+documents, les relations les plus secrètes sur nos expériences et sur
+nos travaux, depuis vingt ans, étaient enfermés là. C'était une
+véritable sélection parmi tant de documents dont cette pièce est pleine.
+C'est une perte irréparable pour nous, et, j'ose dire, pour la science.
+Toutes les étapes par lesquelles j'ai dû passer pour arriver à la preuve
+décisive de l'anéantissement de la matière, avaient été, par nous,
+soigneusement énoncées, étiquetées, annotées, illustrées de
+photographies et de dessins. Tout cela était rangé là. Le plan de trois
+nouveaux appareils, l'un pour étudier la déperdition, sous l'influence
+de la lumière ultra-violette, des corps préalablement électrisés;
+l'autre qui devait rendre visible la déperdition électrique sous
+l'action des particules de matière dissociée contenue dans les gaz des
+flammes; un troisième, très ingénieux, nouvel électroscope condensateur
+différentiel; tout le recueil de nos courbes traduisant les propriétés
+fondamentales de la substance intermédiaire entre la matière pondérable
+et l'éther impondérable; vingt ans d'expériences sur la chimie
+intra-atomique et sur les équilibres ignorés de la matière; un manuscrit
+que je voulais faire paraître sous ce titre: _Les Métaux qui souffrent_.
+Est-ce que je sais? est-ce que je sais? L'homme qui est venu là m'aura
+tout pris... Ma fille et mon oeuvre... mon coeur et mon âme...
+
+Et le grand Stangerson se prit à pleurer comme un enfant.
+
+Nous l'entourions en silence, émus par cette immense détresse. M. Robert
+Darzac, accoudé au fauteuil où le professeur était écroulé, essayait en
+vain de dissimuler ses larmes, ce qui faillit un instant me le rendre
+sympathique, malgré l'instinctive répulsion que son attitude bizarre et
+son émoi souvent inexpliqué m'avaient inspirée pour son énigmatique
+personnage.
+
+M. Joseph Rouletabille, seul, comme si son précieux temps et sa mission
+sur la terre ne lui permettaient point de s'appesantir sur la misère
+humaine, s'était rapproché, fort calme, du meuble vide et, le montrant
+au chef de la Sûreté, rompait bientôt le religieux silence dont nous
+honorions le désespoir du grand Stangerson. Il nous donna quelques
+explications, dont nous n'avions que faire, sur la façon dont il avait
+été amené à croire à un vol, par la découverte simultanée qu'il avait
+faite des traces dont j'ai parlé plus haut dans le lavatory, et de la
+vacuité de ce meuble précieux dans le laboratoire. Il n'avait fait, nous
+disait-il, que passer dans le laboratoire; mais la première chose qui
+l'avait frappé avait été la forme étrange du meuble, sa solidité, sa
+construction en fer qui le mettait à l'abri d'un accident par la flamme,
+et le fait qu'un meuble comme celui-ci, destiné à conserver des objets
+auxquels on devait tenir par-dessus tout, avait, sur sa porte de fer,
+«sa clef». «On n'a point d'ordinaire un coffre-fort pour le laisser
+ouvert...» Enfin, cette petite clef, à tête de cuivre, des plus
+compliquées, avait attiré, paraît-il, l'attention de M. Joseph
+Rouletabille, alors qu'elle avait endormi la nôtre. Pour nous autres,
+qui ne sommes point des enfants, la présence d'une clef sur un meuble
+éveille plutôt une idée de sécurité, mais pour M. Joseph Rouletabille,
+qui est évidemment un génie--comme dit José Dupuy dans _Les cinq cents
+millions de Gladiator_. «Quel génie! Quel dentiste!»--la présence d'une
+clef sur une serrure éveille l'idée du vol. Nous en sûmes bientôt la
+raison.
+
+Mais, auparavant que de vous la faire connaître, je dois rapporter que
+M. de Marquet me parut fort perplexe, ne sachant s'il devait se réjouir
+du pas nouveau que le petit reporter avait fait faire à l'instruction ou
+s'il devait se désoler de ce que ce pas n'eût pas été fait par lui.
+Notre profession comporte de ces déboires, mais nous n'avons point le
+droit d'être pusillanime et nous devons fouler aux pieds notre
+amour-propre quand il s'agit du bien général. Aussi M. de Marquet
+triompha-t-il de lui-même et trouva-t-il bon de mêler enfin ses
+compliments à ceux de M. Dax, qui, lui, ne les ménageait pas à M.
+Rouletabille. Le gamin haussa les épaules, disant: «il n'y a pas de
+quoi!» Je lui aurais flanqué une gifle avec satisfaction, surtout dans
+le moment qu'il ajouta:
+
+«Vous feriez bien, monsieur, de demander à M. Stangerson qui avait la
+garde ordinaire de cette clef?
+
+--Ma fille, répondit M. Stangerson. Et cette clef ne la quittait jamais.
+
+--Ah! mais voilà qui change l'aspect des choses et qui ne correspond
+plus avec la conception de M. Rouletabille, s'écria M. de Marquet. Si
+cette clef ne quittait jamais Mlle Stangerson, l'assassin aurait donc
+attendu Mlle Stangerson cette nuit-là, dans sa chambre, pour lui voler
+cette clef, et le vol n'aurait eu lieu qu'_après l'assassinat!_ Mais,
+après l'assassinat, il y avait quatre personnes dans le laboratoire!...
+Décidément, je n'y comprends plus rien!...»
+
+Et M. de Marquet répéta, avec une rage désespérée, qui devait être pour
+lui le comble de l'ivresse, car je ne sais si j'ai déjà dit qu'il
+n'était jamais aussi heureux que lorsqu'il ne comprenait pas:
+
+«... plus rien!
+
+--Le vol, répliqua le reporter, ne peut avoir eu lieu qu'_avant
+l'assassinat._ C'est indubitable pour la raison que vous croyez _et pour
+d'autres raisons que je crois. Et, quand l'assassin a pénétré dans le
+pavillon, il était déjà en possession de la clef à tête de cuivre._
+
+--Ça n'est pas possible! fit doucement M. Stangerson.
+
+--C'est si bien possible, monsieur, qu'en voici la preuve.»
+
+Ce diable de petit bonhomme sortit alors de sa poche un numéro de
+_L'Époque_ daté du 21 octobre (je rappelle que le crime a eu lieu dans
+la nuit du 24 au 25), et, nous montrant une annonce, lut:
+
+«--Il a été perdu hier un réticule de satin noir dans les grands
+magasins de la Louve. Ce réticule contenait divers objets dont une
+petite clef à tête de cuivre. Il sera donné une forte récompense à la
+personne qui l'aura trouvée. Cette personne devra écrire, poste
+restante, au bureau 40, à cette adresse: M.A.T.H.S.N.» Ces lettres ne
+désignent-elles point, continua le reporter, Mlle Stangerson? Cette clef
+à tête de cuivre n'est-elle point cette clef-ci?... Je lis toujours les
+annonces. Dans mon métier, comme dans le vôtre, monsieur le juge
+d'instruction, il faut toujours lire les petites annonces
+personnelles... Ce qu'on y découvre d'intrigues!... et de clefs
+d'intrigues! Qui ne sont pas toujours à tête de cuivre, et qui n'en sont
+pas moins intéressantes. Cette annonce, particulièrement, par la sorte
+de mystère dont la femme qui avait perdu une clef, objet peu
+compromettant, s'entourait, m'avait frappé. Comme elle tenait à cette
+clef! Comme elle promettait une forte récompense! Et je songeai à ces
+six lettres: M.A.T.H.S.N. Les quatre premières m'indiquaient tout de
+suite un prénom. «Évidemment, faisais-je, «Math, Mathilde...» la
+personne qui a perdu la clef à tête de cuivre, dans un réticule,
+s'appelle Mathilde!...» Mais je ne pus rien faire des deux dernières
+lettres. Aussi, rejetant le journal, je m'occupai d'autre chose...
+Lorsque, quatre jours plus tard, les journaux du soir parurent avec
+d'énormes manchettes annonçant l'assassinat de Mlle MATHILDE STANGERSON,
+ce nom de Mathilde me rappela, sans que je fisse aucun effort pour cela,
+machinalement, les lettres de l'annonce. Intrigué un peu, je demandai le
+numéro de ce jour-là à l'administration. J'avais oublié les deux
+dernières lettres: S.N. Quand je les revis, je ne pus retenir un cri
+«Stangerson!...» Je sautai dans un fiacre et me précipitai au bureau 40.
+Je demandai: «Avez-vous une lettre avec cette adresse: M.A.T.H.S.N!»
+L'employé me répondit: «Non!» Et comme j'insistais, le priant, le
+suppliant de chercher encore, il me dit: «Ah! çà, monsieur, c'est une
+plaisanterie!... Oui, j'ai eu une lettre aux initiales M.A.T.H.S.N.;
+mais je l'ai donnée, il y a trois jours, à une dame qui me l'a réclamée.
+Vous venez aujourd'hui me réclamer cette lettre à votre tour. Or,
+avant-hier, un monsieur, avec la même insistance désobligeante, me la
+demandait encore!... J'en ai assez de cette fumisterie...» Je voulus
+questionner l'employé sur les deux personnages qui avaient déjà réclamé
+la lettre, mais, soit qu'il voulût se retrancher derrière le secret
+professionnel--il estimait, sans doute, à part lui, en avoir déjà trop
+dit--soit qu'il fût vraiment excédé d'une plaisanterie possible, il ne
+me répondit plus...»
+
+Rouletabille se tut. Nous nous taisions tous. Chacun tirait les
+conclusions qu'il pouvait de cette bizarre histoire de lettre poste
+restante. De fait, il semblait maintenant qu'on tenait un fil solide par
+lequel on allait pouvoir suivre cette affaire «insaisissable».
+
+M. Stangerson dit:
+
+«Il est donc à peu près certain que ma fille aura perdu cette clef,
+qu'elle n'a point voulu m'en parler pour m'éviter toute inquiétude et
+qu'elle aura prié celui ou celle qui aurait pu l'avoir trouvée d'écrire
+poste restante. Elle craignait évidemment que, donnant notre adresse, ce
+fait occasionnât des démarches qui m'auraient appris la perte de la
+clef. C'est très logique et très naturel. _Car j'ai déjà été volé,
+monsieur!_
+
+--Où cela? Et quand? demanda le directeur de la Sûreté.
+
+--Oh! Il y a de nombreuses années, en Amérique, à Philadelphie. On m'a
+volé dans mon laboratoire le secret de deux inventions qui eussent pu
+faire la fortune d'un peuple... Non seulement je n'ai jamais su qui
+était le voleur, mais je n'ai jamais entendu parler de l'objet du «vol»
+sans doute parce que, pour déjouer les calculs de celui qui m'avait
+ainsi pillé, j'ai lancé moi-même dans le domaine public ces deux
+inventions, rendant inutile le larcin. C'est depuis cette époque que je
+suis très soupçonneux, que je m'enferme hermétiquement quand je
+travaille. Tous les barreaux de ces fenêtres, l'isolement de ce
+pavillon, ce meuble que j'ai fait construire moi-même, cette serrure
+spéciale, cette clef unique, tout cela est le résultat de mes craintes
+inspirées par une triste expérience.»
+
+M. Dax déclara: «Très intéressant!» et M. Joseph Rouletabille demanda
+des nouvelles du réticule. Ni M. Stangerson, ni le père Jacques
+n'avaient, depuis quelques jours, vu le réticule de Mlle Stangerson.
+Nous devions apprendre, quelques heures plus tard, de la bouche même de
+Mlle Stangerson, que ce réticule lui avait été volé ou qu'elle l'avait
+perdu, et que les choses s'étaient passées de la sorte que nous les
+avaient expliquées son père; qu'elle était allée, le 23 octobre, au
+bureau de poste 40, et qu'on lui avait remis une lettre qui n'était,
+affirma-t-elle, que celle d'un mauvais plaisant. Elle l'avait
+immédiatement brûlée.
+
+Pour en revenir à notre interrogatoire, ou plutôt à notre
+«conversation», je dois signaler que le chef de la Sûreté, ayant demandé
+à M. Stangerson dans quelles conditions sa fille était allée à Paris le
+20 octobre, jour de la perte du réticule, nous apprîmes ainsi qu'elle
+s'était rendue dans la capitale, «accompagnée de M. Robert Darzac, que
+l'on n'avait pas revu au château depuis cet instant jusqu'au lendemain
+du crime». Le fait que M. Robert Darzac était aux côtés de Mlle
+Stangerson, dans les grands magasins de la Louve quand le réticule avait
+disparu, ne pouvait passer inaperçu et retint, il faut le dire, assez
+fortement notre attention.
+
+Cette conversation entre magistrats, prévenus, victime, témoins et
+journaliste allait prendre fin quand se produisit un véritable coup de
+théâtre; ce qui n'est jamais pour déplaire à M. de Marquet. Le brigadier
+de gendarmerie vint nous annoncer que Frédéric Larsan demandait à être
+introduit, ce qui lui fut immédiatement accordé. Il tenait à la main une
+grossière paire de chaussures vaseuses qu'il jeta dans le laboratoire.
+
+«Voilà, dit-il, les souliers que chaussait l'assassin! Les
+reconnaissez-vous, père Jacques?
+
+Le père Jacques se pencha sur ce cuir infect et, tout stupéfait,
+reconnut de vieilles chaussures à lui qu'il avait jetées il y avait déjà
+un certain temps au rebut, dans un coin du grenier; il était tellement
+troublé qu'il dut se moucher pour dissimuler son émotion.
+
+Alors, montrant le mouchoir dont se servait le père Jacques, Frédéric
+Larsan dit:
+
+«Voilà un mouchoir qui ressemble étonnamment à celui qu'on a trouvé dans
+la «Chambre Jaune».
+
+--Ah! je l'sais ben, fit le père Jacques en tremblant; ils sont
+quasiment pareils.
+
+--Enfin, continua Frédéric Larsan, le vieux béret basque trouvé
+également dans la «Chambre Jaune» aurait pu autrefois coiffer le chef du
+père Jacques. Tout ceci, monsieur le chef de la Sûreté et monsieur le
+juge d'instruction, prouve, selon moi--remettez-vous, bonhomme! fit-il
+au père Jacques qui défaillait--tout ceci prouve, selon moi, que
+l'assassin a voulu déguiser sa véritable personnalité. Il l'a fait d'une
+façon assez grossière ou du moins qui nous apparaît telle, _parce que
+nous sommes sûrs que l'assassin n'est pas le père Jacques, qui n'a pas
+quitté M. Stangerson_. Mais imaginez que M. Stangerson, ce soir-là,
+n'ait pas prolongé sa veille; qu'après avoir quitté sa fille il ait
+regagné le château; que Mlle Stangerson ait été assassinée alors qu'il
+n'y avait plus personne dans le laboratoire et que le père Jacques
+dormait dans son grenier: _il n'aurait fait de doute pour personne que
+le père Jacques était l'assassin!_ Celui-ci ne doit son salut qu'à ce
+que le drame a éclaté trop tôt, l'assassin ayant cru, sans doute, à
+cause du silence qui régnait à côté, que le laboratoire était vide et
+que le moment d'agir était venu. L'homme qui a pu s'introduire si
+mystérieusement ici et prendre de telles précautions contre le père
+Jacques était, à n'en pas douter, un familier de la maison. À quelle
+heure exactement s'est-il introduit ici? Dans l'après-midi? Dans la
+soirée? Je ne saurais dire... _Un être aussi familier des choses et des
+gens de ce pavillon a dû pénétrer dans la «Chambre Jaune», à son heure._
+
+--Il n'a pu cependant y entrer quand il y avait du monde dans le
+laboratoire? s'écria M. de Marquet.
+
+--Qu'en savons-nous, je vous prie! répliqua Larsan... Il y a eu le dîner
+dans le laboratoire, le va-et-vient du service... il y a eu une
+expérience de chimie qui a pu tenir, entre dix et onze heures, M.
+Stangerson, sa fille et le père Jacques autour des fourneaux... dans ce
+coin de la haute cheminée... Qui me dit que l'assassin... un familier!
+un familier!... n'a pas profité de ce moment pour se glisser dans la
+«Chambre Jaune», après avoir, dans le lavatory, retiré ses souliers?
+
+--C'est bien improbable! fit M. Stangerson.
+
+--Sans doute, mais ce n'est pas impossible... Aussi je n'affirme rien.
+Quant à sa sortie, c'est autre chose! Comment a-t-il pu s'enfuir? _Le
+plus naturellement du monde!»_
+
+Un instant, Frédéric Larsan se tut. Cet instant nous parut bien long.
+Nous attendions qu'il parlât avec une fièvre bien compréhensible.
+
+«Je ne suis pas entré dans la «Chambre Jaune», reprit Frédéric Larsan,
+mais j'imagine que vous avez acquis la preuve qu'on ne pouvait en sortir
+_que par la porte_. C'est par la porte que l'assassin est sorti. Or,
+puisqu'il est impossible qu'il en soit autrement, c'est que cela est! Il
+a commis le crime et il est sorti par la porte! À quel moment! Au moment
+où cela lui a été le plus facile, _au moment où cela devient le plus
+explicable,_ tellement explicable qu'il ne saurait y avoir d'autre
+explication. Examinons donc les «moments» qui ont suivi le crime. Il y a
+le premier moment, pendant lequel se trouvent, devant la porte, prêts à
+lui barrer le chemin, M. Stangerson et le père Jacques. Il y a le second
+moment, pendant lequel, le père Jacques étant un instant absent, M.
+Stangerson se trouve tout seul devant la porte. Il y a le troisième
+moment, pendant lequel M. Stangerson est rejoint par le concierge. Il y
+a le quatrième moment, pendant lequel se trouvent devant la porte M.
+Stangerson, le concierge, sa femme et le père Jacques. Il y a le
+cinquième moment, pendant lequel la porte est défoncée et la «Chambre
+Jaune» envahie. _Le moment où la fuite est le plus explicable est le
+moment même où il y a le moins de personnes devant la porte. Il y a un
+moment où il n'y en a plus qu'une: c'est celui où M. Stangerson reste
+seul devant la porte._ À moins d'admettre la complicité de silence du
+père Jacques, et je n'y crois pas, car le père Jacques ne serait pas
+sorti du pavillon pour aller examiner la fenêtre de la «Chambre Jaune»,
+s'il avait vu s'ouvrir la porte et sortir l'assassin. _La porte ne s'est
+donc ouverte que devant M. Stangerson seul, et l'homme est sorti._ Ici,
+nous devons admettre que M. Stangerson avait de puissantes raisons pour
+ne pas arrêter ou pour ne pas faire arrêter l'assassin, puisqu'il l'a
+laissé gagner la fenêtre du vestibule et qu'il a refermé cette fenêtre
+derrière lui!... Ceci fait, comme le père Jacques allait rentrer _et
+qu'il fallait qu'il retrouvât les choses en l'état_, Mlle Stangerson,
+horriblement blessée, a trouvé encore la force, sans doute sur les
+objurgations de son père, de refermer à nouveau la porte de la «Chambre
+Jaune» à clef et au verrou avant de s'écrouler, mourante, sur le
+plancher... Nous ne savons qui a commis le crime; nous ne savons de quel
+misérable M. et Mlle Stangerson sont les victimes; mais il n'y a point
+de doute qu'ils le savent, eux! Ce secret doit être terrible pour que le
+père n'ait pas hésité à laisser sa fille agonisante derrière cette porte
+qu'elle refermait sur elle, terrible pour qu'il ait laissé échapper
+l'assassin... Mais il n'y a point d'autre façon au monde d'expliquer la
+fuite de l'assassin de la «Chambre Jaune!»
+
+Le silence qui suivit cette explication dramatique et lumineuse avait
+quelque chose d'affreux. Nous souffrions tous pour l'illustre
+professeur, acculé ainsi par l'impitoyable logique de Frédéric Larsan à
+nous avouer la vérité de son martyre ou à se taire, aveu plus terrible
+encore. Nous le vîmes se lever, cet homme, véritable statue de la
+douleur, et étendre la main d'un geste si solennel que nous en courbâmes
+la tête comme à l'aspect d'une chose sacrée. Il prononça alors ces
+paroles d'une voix éclatante qui sembla épuiser toutes ses forces:
+
+«Je jure, sur la tête de ma fille à l'agonie, que je n'ai point quitté
+cette porte, de l'instant où j'ai entendu l'appel désespéré de mon
+enfant, que cette porte ne s'est point ouverte pendant que j'étais seul
+dans mon laboratoire, et qu'enfin, quand nous pénétrâmes dans la
+«Chambre Jaune», mes trois domestiques et moi, l'assassin n'y était
+plus! Je jure que je ne connais pas l'assassin!»
+
+Faut-il que je dise que, malgré la solennité d'un pareil serment, nous
+ne crûmes guère à la parole de M. Stangerson? Frédéric Larsan venait de
+nous faire entrevoir la vérité: ce n'était point pour la perdre de si
+tôt.
+
+Comme M. de Marquet nous annonçait que la «conversation» était terminée
+et que nous nous apprêtions à quitter le laboratoire, le jeune reporter,
+ce gamin de Joseph Rouletabille, s'approcha de M. Stangerson, lui prit
+la main avec le plus grand respect et je l'entendis qui disait:
+
+«Moi, je vous crois, monsieur!»
+
+J'arrête ici la citation que j'ai cru devoir faire de la narration de M.
+Maleine, greffier au tribunal de Corbeil. Je n'ai point besoin de dire
+au lecteur que tout ce qui venait de se passer dans le laboratoire me
+fut fidèlement et aussitôt rapporté par Rouletabille lui-même.
+
+
+
+
+XII
+
+La canne de Frédéric Larsan
+
+
+Je ne me disposai à quitter le château que vers six heures du soir,
+emportant l'article que mon ami avait écrit à la hâte dans le petit
+salon que M. Robert Darzac avait fait mettre à notre disposition. Le
+reporter devait coucher au château, usant de cette inexplicable
+hospitalité que lui avait offerte M. Robert Darzac, sur qui M.
+Stangerson, en ces tristes moments, se reposait de tous les tracas
+domestiques. Néanmoins il voulut m'accompagner jusqu'à la gare d'Épinay.
+En traversant le parc, il me dit:
+
+«Frédéric Larsan est réellement très fort et n'a pas volé sa réputation.
+Vous savez comment il est arrivé à retrouver les souliers du père
+Jacques! Près de l'endroit où nous avons remarqué les traces des «pas
+élégants» et la disparition des empreintes des gros souliers, un creux
+rectangulaire dans la terre fraîche attestait qu'il y avait eu là,
+récemment, une pierre. Larsan rechercha cette pierre sans la trouver et
+imagina tout de suite qu'elle avait servi à l'assassin à maintenir au
+fond de l'étang les souliers dont l'homme voulait se débarrasser. Le
+calcul de Fred était excellent et le succès de ses recherches l'a
+prouvé. Ceci m'avait échappé; mais il est juste de dire que mon esprit
+était déjà parti par ailleurs, car, _par le trop grand nombre de faux
+témoignages de son passage laissé par l'assassin_ et par la mesure des
+pas noirs correspondant à la mesure des pas du père Jacques, que j'ai
+établie sans qu'il s'en doutât sur le plancher de la «Chambre Jaune», la
+preuve était déjà faite, à mes yeux, que l'assassin avait voulu
+détourner le soupçon du côté de ce vieux serviteur. C'est ce qui m'a
+permis de dire à celui-ci, si vous vous le rappelez, que, puisque l'on
+avait trouvé un béret dans cette chambre fatale, il devait ressembler au
+sien, et de lui faire une description du mouchoir en tous points
+semblable à celui dont je l'avais vu se servir. Larsan et moi, nous
+sommes d'accord jusque-là, mais nous ne le sommes plus à partir de là,
+ET CELA VA ÊTRE TERRIBLE, car il marche de bonne foi à une erreur qu'il
+va me falloir combattre avec rien!»
+
+Je fus surpris de l'accent profondément grave dont mon jeune ami
+prononça ces dernières paroles.
+
+Il répéta encore:
+
+«OUI, TERRIBLE, TERRIBLE!... Mais est-ce vraiment ne combattre avec
+rien, que de combattre «avec l'idée»!
+
+À ce moment nous passions derrière le château. La nuit était tombée. Une
+fenêtre au premier étage était entrouverte. Une faible lueur en venait,
+ainsi que quelques bruits qui fixèrent notre attention. Nous avançâmes
+jusqu'à ce que nous ayons atteint l'encoignure d'une porte qui se
+trouvait sous la fenêtre. Rouletabille me fit comprendre d'un mot
+prononcé à voix basse que cette fenêtre donnait sur la chambre de Mlle
+Stangerson. Les bruits qui nous avaient arrêtés se turent, puis
+reprirent un instant. C'étaient des gémissements étouffés... nous ne
+pouvions saisir que trois mots qui nous arrivaient distinctement: «Mon
+pauvre Robert!» Rouletabille me mit la main sur l'épaule, se pencha à
+mon oreille:
+
+«Si nous pouvions savoir, me dit-il, ce qui se dit dans cette chambre,
+mon enquête serait vite terminée...»
+
+Il regarda autour de lui; l'ombre du soir nous enveloppait; nous ne
+voyions guère plus loin que l'étroite pelouse bordée d'arbres qui
+s'étendait derrière le château. Les gémissements s'étaient tus à
+nouveau.
+
+«Puisqu'on ne peut pas entendre, continua Rouletabille, on va au moins
+essayer de voir...»
+
+Et il m'entraîna, en me faisant signe d'étouffer le bruit de mes pas, au
+delà de la pelouse jusqu'au tronc pâle d'un fort bouleau dont on
+apercevait la ligne blanche dans les ténèbres. Ce bouleau s'élevait
+juste en face de la fenêtre qui nous intéressait et ses premières
+branches étaient à peu près à hauteur du premier étage du château. Du
+haut de ces branches on pouvait certainement voir ce qui se passait dans
+la chambre de Mlle Stangerson; et telle était bien la pensée de
+Rouletabille, car, m'ayant ordonné de me tenir coi, il embrassa le tronc
+de ses jeunes bras vigoureux et grimpa. Il se perdit bientôt dans les
+branches, puis il y eut un grand silence.
+
+Là-bas, en face de moi, la fenêtre entrouverte était toujours éclairée.
+Je ne vis passer sur cette lueur aucune ombre. L'arbre, au-dessus de
+moi, restait silencieux; j'attendais; tout à coup mon oreille perçut,
+dans l'arbre, ces mots:
+
+«Après vous!...
+
+--Après vous, je vous en prie!»
+
+On dialoguait, là-haut, au-dessus de ma tête... on se faisait des
+politesses, et quelle ne fut pas ma stupéfaction de voir apparaître, sur
+la colonne lisse de l'arbre, deux formes humaines qui bientôt touchèrent
+le sol! Rouletabille était monté là tout seul et redescendait «deux!»
+
+«Bonjour, monsieur Sainclair!»
+
+C'était Frédéric Larsan... Le policier occupait déjà le poste
+d'observation quand mon jeune ami croyait y arriver solitaire... Ni l'un
+ni l'autre, du reste, ne s'occupèrent de mon étonnement. Je crus
+comprendre qu'ils avaient assisté du haut de leur observatoire à une
+scène pleine de tendresse et de désespoir entre Mlle Stangerson, étendue
+dans son lit, et M. Darzac à genoux à son chevet. Et déjà chacun
+semblait en tirer fort prudemment des conclusions différentes. Il était
+facile de deviner que cette scène avait produit un gros effet dans
+l'esprit de Rouletabille, «en faveur de M. Robert Darzac», cependant
+que, dans celui de Larsan, elle n'attestait qu'une parfaite hypocrisie
+servie par un art supérieur chez le fiancé de Mlle Stangerson...
+
+Comme nous arrivions à la grille du parc, Larsan nous arrêta:
+
+«Ma canne! s'écria-t-il...
+
+--Vous avez oublié votre canne? demanda Rouletabille.
+
+--Oui, répondit le policier... Je l'ai laissée là-bas, auprès de
+l'arbre...»
+
+Et il nous quitta, disant qu'il allait nous rejoindre tout de suite...
+
+«Avez-vous remarqué la canne de Frédéric Larsan? me demanda le reporter
+quand nous fûmes seuls. C'est une canne toute neuve... que je ne lui ai
+jamais vue... Il a l'air d'y tenir beaucoup... il ne la quitte pas... On
+dirait qu'il a peur qu'elle ne soit tombée dans des mains étrangères...
+Avant ce jour, _je n'ai jamais vu de canne à Frédéric Larsan..._ Où
+a-t-il trouvé cette canne-là? _Ça n'est pas naturel qu'un homme qui ne
+porte jamais de canne ne fasse plus un pas sans canne, au lendemain du
+crime du Glandier..._ Le jour de notre arrivée au château, quand il nous
+eut aperçus, il remit sa montre dans sa poche et ramassa par terre sa
+canne, geste auquel j'eus peut-être tort de n'attacher aucune
+importance!»
+
+Nous étions maintenant hors du parc; Rouletabille ne disait rien... Sa
+pensée, certainement, n'avait pas quitté la canne de Frédéric Larsan.
+J'en eus la preuve quand, en descendant la côte d'Épinay, il me dit:
+
+«Frédéric Larsan est arrivé au Glandier avant moi; il a commencé son
+enquête avant moi; il a eu le temps de savoir des choses que je ne sais
+pas et a pu trouver des choses que je ne sais pas... Où a-t-il trouvé
+cette canne-là?...
+
+Et il ajouta:
+
+«Il est probable que son soupçon--plus que son soupçon, son
+raisonnement--qui va aussi directement à Robert Darzac, doit être servi
+par quelque chose de palpable qu'il palpe, «lui», et que je ne palpe
+pas, moi... Serait-ce cette canne?... Où diable a-t-il pu trouver cette
+canne-là?...»
+
+À Épinay, il fallut attendre le train vingt minutes; nous entrâmes dans
+un cabaret. Presque aussitôt, derrière nous, la porte se rouvrait et
+Frédéric Larsan faisait son apparition, brandissant la fameuse canne...
+
+«Je l'ai retrouvée!» nous fit-il en riant.
+
+Tous trois nous nous assîmes à une table. Rouletabille ne quittait pas
+des yeux la canne; il était si absorbé qu'il ne vit pas un signe
+d'intelligence que Larsan adressait à un employé du chemin de fer, un
+tout jeune homme dont le menton s'ornait d'une petite barbiche blonde
+mal peignée. L'employé se leva, paya sa consommation, salua et sortit.
+Je n'aurais moi-même attaché aucune importance à ce signe s'il ne
+m'était revenu à la mémoire quelques mois plus tard, lors de la
+réapparition de la barbiche blonde à l'une des minutes les plus
+tragiques de ce récit. J'appris alors que la barbiche blonde était un
+agent de Larsan, chargé par lui de surveiller les allées et venues des
+voyageurs en gare d'Épinay-sur-Orge, car Larsan ne négligeait rien de ce
+qu'il croyait pouvoir lui être utile.
+
+Je reportai les yeux sur Rouletabille.
+
+«Ah ça! monsieur Fred! disait-il, depuis quand avez-vous donc une
+canne?... Je vous ai toujours vu vous promener, moi, les mains dans les
+poches!...
+
+--C'est un cadeau qu'on m'a fait, répondit le policier...
+
+--Il n'y a pas longtemps, insista Rouletabille...
+
+--Non, on me l'a offerte à Londres...
+
+--C'est vrai, vous revenez de Londres, monsieur Fred... On peut la voir,
+votre canne?...
+
+--Mais, comment donc?...»
+
+Fred passa la canne à Rouletabille. C'était une grande canne bambou
+jaune à bec de corbin, ornée d'une bague d'or.
+
+Rouletabille l'examinait minutieusement.
+
+«Eh bien, fit-il, en relevant une tête gouailleuse, on vous a offert à
+Londres une canne de France!
+
+--C'est possible, fit Fred, imperturbable...
+
+--Lisez la marque ici en lettres minuscules: «Cassette, 6 bis, opéra...»
+
+--On fait bien blanchir son linge à Londres, dit Fred... les anglais
+peuvent bien acheter leurs cannes à Paris...»
+
+Rouletabille rendit la canne. Quand il m'eut mis dans mon compartiment,
+il me dit:
+
+«Vous avez retenu l'adresse?
+
+--Oui, «Cassette, 6 bis, Opéra...» Comptez sur moi, vous recevrez un mot
+demain matin.»
+
+Le soir même, en effet, à Paris, je voyais M. Cassette, marchand de
+cannes et de parapluies, et j'écrivais à mon ami:
+
+«Un homme répondant à s'y méprendre au signalement de M. Robert Darzac,
+même taille, légèrement voûté, même collier de barbe, pardessus mastic,
+chapeau melon, est venu acheter une canne pareille à celle qui nous
+intéresse le soir même du crime, vers huit heures.
+
+M. Cassette n'en a point vendu de semblable depuis deux ans. La canne de
+Fred est neuve. Il s'agit donc bien de celle qu'il a entre les mains. Ce
+n'est pas lui qui l'a achetée puisqu'il se trouvait alors à Londres.
+Comme vous, je pense «qu'il l'a trouvée quelque part autour de M. Robert
+Darzac...» Mais alors, si, comme vous le prétendez, l'assassin était
+dans la «Chambre Jaune» depuis cinq heures, ou même six heures, comme le
+drame n'a eu lieu que vers minuit, l'achat de cette canne procure un
+alibi irréfutable à M. Robert Darzac.»
+
+
+
+
+XIII
+
+«Le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat»
+
+
+Huit jours après les événements que je viens de raconter, exactement le
+2 novembre, je recevais à mon domicile, à Paris, un télégramme ainsi
+libellé: «Venez au Glandier, par premier train. Apportez revolvers.
+Amitiés. Rouletabille.»
+
+Je vous ai déjà dit, je crois, qu'à cette époque, jeune avocat stagiaire
+et à peu près dépourvu de causes, je fréquentais le Palais, plutôt pour
+me familiariser avec mes devoirs professionnels, que pour défendre la
+veuve et l'orphelin. Je ne pouvais donc m'étonner que Rouletabille
+disposât ainsi de mon temps; et il savait du reste combien je
+m'intéressais à ses aventures journalistiques en général et surtout à
+l'affaire du Glandier. Je n'avais eu de nouvelles de celle-ci, depuis
+huit jours, que par les innombrables racontars des journaux et par
+quelques notes très brèves, de Rouletabille dans _L'Époque._ Ces notes
+avaient divulgué le coup de «l'os de mouton» et nous avaient appris qu'à
+l'analyse les marques laissées sur l'os de mouton s'étaient révélées «de
+sang humain»; il y avait là les traces fraîches «du sang de Mlle
+Stangerson»; les traces anciennes provenaient d'autres crimes pouvant
+remonter à plusieurs années...
+
+Vous pensez si l'affaire défrayait la presse du monde entier. Jamais
+illustre crime n'avait intrigué davantage les esprits. Il me semblait
+bien cependant que l'instruction n'avançait guère; aussi eussé-je été
+très heureux de l'invitation que me faisait mon ami de le venir
+rejoindre au Glandier, si la dépêche n'avait contenu ces mots: «Apportez
+revolvers.»
+
+Voilà qui m'intriguait fort. Si Rouletabille me télégraphiait d'apporter
+des revolvers, c'est qu'il prévoyait qu'on aurait l'occasion de s'en
+servir. Or, je l'avoue sans honte: je ne suis point un héros. Mais quoi!
+il s'agissait, ce jour-là, d'un ami sûrement dans l'embarras qui
+m'appelait, sans doute, à son aide; je n'hésitai guère; et, après avoir
+constaté que le seul revolver que je possédais était bien armé, je me
+dirigeai vers la gare d'Orléans. En route, je pensai qu'un revolver ne
+faisait qu'une arme et que la dépêche de Rouletabille réclamait
+revolvers au pluriel; j'entrai chez un armurier et achetai une petite
+arme excellente, que je me faisais une joie d'offrir à mon ami.
+
+J'espérais trouver Rouletabille à la gare d'Épinay, mais il n'y était
+point. Cependant un cabriolet m'attendait et je fus bientôt au Glandier.
+Personne à la grille. Ce n'est que sur le seuil même du château que
+j'aperçus le jeune homme. Il me saluait d'un geste amical et me recevait
+aussitôt dans ses bras en me demandant, avec effusion, des nouvelles de
+ma santé.
+
+Quand nous fûmes dans le petit vieux salon dont j'ai parlé, Rouletabille
+me fit asseoir et me dit tout de suite:
+
+--Ça va mal!
+
+--Qu'est-ce qui va mal?
+
+--Tout!»
+
+Il se rapprocha de moi, et me confia à l'oreille:
+
+«Frédéric Larsan marche à fond contre M. Robert Darzac.»
+
+Ceci n'était point pour m'étonner, depuis que j'avais vu le fiancé de
+Mlle Stangerson pâlir devant la trace de ses pas.
+
+Cependant, j'observai tout de suite:
+
+«Eh bien! Et la canne?
+
+--La canne! Elle est toujours entre les mains de Frédéric Larsan _qui ne
+la quitte pas..._
+
+--Mais... ne fournit-elle pas un alibi à M. Robert Darzac?
+
+--Pas le moins du monde. M. Darzac, interrogé par moi en douceur, nie
+avoir acheté ce soir-là, ni aucun autre soir, une canne chez Cassette...
+Quoi qu'il en soit, fit Rouletabille, «je ne jurerais de rien», car M.
+Darzac _a de si étranges silences_ qu'on ne sait exactement ce qu'il
+faut penser de ce qu'il dit!...
+
+--Dans l'esprit de Frédéric Larsan, cette canne doit être une bien
+précieuse canne, une canne à conviction... Mais de quelle façon? Car,
+toujours à cause de l'heure de l'achat, elle ne pouvait se trouver entre
+les mains de l'assassin...
+
+--L'heure ne gênera pas Larsan... Il n'est pas forcé d'adopter mon
+système qui commence par introduire l'assassin dans la «Chambre Jaune»,
+entre cinq et six; qu'est-ce qui l'empêche, lui, de l'y faire pénétrer
+entre dix heures et onze heures du soir? À ce moment, justement, M. et
+Mlle Stangerson, aidés du père Jacques, ont procédé à une intéressante
+expérience de chimie dans cette partie du laboratoire occupée par les
+fourneaux. Larsan dira que l'assassin s'est glissé derrière eux, tout
+invraisemblable que cela paraisse... Il l'a déjà fait entendre au juge
+d'instruction... Quand on le considère de près, ce raisonnement est
+absurde, attendu que le familier--_si familier il y a_--devait savoir
+que le professeur allait bientôt quitter le pavillon; et il y allait de
+sa sécurité, à lui familier, de remettre ses opérations après ce
+départ... Pourquoi aurait-il risqué de traverser le laboratoire pendant
+que le professeur s'y trouvait? Et puis, quand le familier se serait-il
+introduit dans le pavillon?... Autant de points à élucider avant
+d'admettre _l'imagination de Larsan_. Je n'y perdrai pas mon temps,
+quant à moi, _car j'ai un système irréfutable_ qui ne me permet point de
+me préoccuper de cette imagination-là! Seulement, comme je suis obligé
+momentanément de me taire et que Larsan, quelquefois, parle... il se
+pourrait que tout finît par s'expliquer contre M. Darzac... si je
+n'étais pas là! ajouta le jeune homme avec orgueil. Car il y a contre ce
+M. Darzac d'autres «signes extérieurs» autrement terribles que cette
+histoire de canne, qui reste pour moi incompréhensible, d'autant plus
+incompréhensible que Larsan ne se gêne pas pour se montrer devant M.
+Darzac avec cette canne qui aurait appartenu à M. Darzac lui-même! Je
+comprends beaucoup de choses dans le système de Larsan, mais je ne
+comprends pas encore la canne.
+
+--Frédéric Larsan est toujours au château?
+
+--Oui; il ne l'a guère quitté! Il y couche, comme moi, sur la prière de
+M. Stangerson. M. Stangerson a fait pour lui ce que M. Robert Darzac a
+fait pour moi. Accusé par Frédéric Larsan de connaître l'assassin et
+d'avoir permis sa fuite, M. Stangerson a tenu à faciliter à son
+accusateur tous les moyens d'arriver à la découverte de la vérité. Ainsi
+M. Robert Darzac agit-il envers moi.
+
+--Mais vous êtes, vous, persuadé de l'innocence de M. Robert Darzac?
+
+--J'ai cru un instant à la possibilité de sa culpabilité. Ce fut à
+l'heure même où nous arrivions ici pour la première fois. Le moment est
+venu de vous raconter ce qui s'est passé entre M. Darzac et moi.»
+
+Ici, Rouletabille s'interrompit et me demanda si j'avais apporté les
+armes. Je lui montrai les deux revolvers. Il les examina, dit: «C'est
+parfait!» et me les rendit.
+
+«En aurons-nous besoin? demandai-je.
+
+--Sans doute ce soir; nous passons la nuit ici; cela ne vous ennuie pas?
+
+--Au contraire, fis-je avec une grimace qui entraîna le rire de
+Rouletabille.
+
+--Allons! allons! reprit-il, ce n'est pas le moment de rire. Parlons
+sérieusement. Vous vous rappelez cette phrase qui a été le: «Sésame,
+ouvre-toi!» de ce château plein de mystère?
+
+--Oui, fis-je, parfaitement: _le presbytère n'a rien perdu de son
+charme, ni le jardin de son éclat_. C'est encore cette phrase-là, à
+moitié roussie, que vous avez retrouvée sur un papier dans les charbons
+du laboratoire.
+
+--Oui, et, en bas de ce papier, la flamme avait respecté cette date: «23
+octobre.» Souvenez-vous de cette date qui est très importante. Je vais
+vous dire maintenant ce qu'il en est de cette phrase saugrenue. Je ne
+sais si vous savez que, l'avant-veille du crime, c'est-à-dire le 23, M.
+et Mlle Stangerson sont allés à une réception à l'Élysée. Ils ont même
+assisté au dîner, je crois bien. Toujours est-il qu'ils sont restés à la
+réception, «puisque je les y ai vus». J'y étais, moi, par devoir
+professionnel. Je devais interviewer un de ces savants de l'Académie de
+Philadelphie que l'on fêtait ce jour-là. Jusqu'à ce jour, je n'avais
+jamais vu ni M. ni Mlle Stangerson. J'étais assis dans le salon qui
+précède le salon des Ambassadeurs, et, las d'avoir été bousculé par tant
+de nobles personnages, je me laissais aller à une vague rêverie, _quand
+je sentis passer le parfum de la dame en noir_. Vous me demanderez:
+«qu'est-ce que le parfum de la dame en noir?» Qu'il vous suffise de
+savoir que c'est un parfum que j'ai beaucoup aimé, parce qu'il était
+celui d'une dame, toujours habillée de noir, qui m'a marqué quelque
+maternelle bonté dans ma première jeunesse. La dame qui, ce jour-là,
+était discrètement imprégnée du «parfum de la dame en noir» était
+habillée de blanc. Elle était merveilleusement belle. Je ne pus
+m'empêcher de me lever et de la suivre, elle et son parfum. Un homme, un
+vieillard, donnait le bras à cette beauté. Chacun se détournait sur leur
+passage, et j'entendis que l'on murmurait: «C'est le professeur
+Stangerson et sa fille!» C'est ainsi que j'appris qui je suivais. Ils
+rencontrèrent M. Robert Darzac que je connaissais de vue. Le professeur
+Stangerson, abordé par l'un des savants américains, Arthur-William
+Rance, s'assit dans un fauteuil de la grande galerie, et M. Robert
+Darzac entraîna Mlle Stangerson dans les serres. Je suivais toujours. Il
+faisait, ce soir-là, un temps très doux; les portes sur le jardin
+étaient ouvertes. Mlle Stangerson jeta un fichu léger sur ses épaules et
+je vis bien que c'était elle qui priait M. Darzac de pénétrer avec elle
+dans la quasi-solitude du jardin. Je suivis encore, intéressé par
+l'agitation que marquait alors M. Robert Darzac. Ils se glissaient
+maintenant, à pas lents, le long du mur qui longe l'avenue Marigny. Je
+pris par l'allée centrale. Je marchais parallèlement à mes deux
+personnages. Et puis, je «coupai» à travers la pelouse pour les croiser.
+La nuit était obscure, l'herbe étouffait mes pas. Ils étaient arrêtés
+dans la clarté vacillante d'un bec de gaz et semblaient, penchés tous
+les deux sur un papier que tenait Mlle Stangerson, lire quelque chose
+qui les intéressait fort. Je m'arrêtai, moi aussi. J'étais entouré
+d'ombre et de silence. Ils ne m'aperçurent point, et j'entendis
+distinctement Mlle Stangerson qui répétait, en repliant le papier: _«le
+presbytère n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat!»_ Et
+ce fut dit sur un ton à la fois si railleur et si désespéré, et fut
+suivi d'un éclat de rire si nerveux, que je crois bien que cette phrase
+me restera toujours dans l'oreille. Mais une autre phrase encore fut
+prononcée, celle-ci par M. Robert Darzac: _Me faudra-t-il donc, pour
+vous avoir, commettre un crime?_ M. Robert Darzac était dans une
+agitation extraordinaire; il prit la main de Mlle Stangerson, la porta
+longuement à ses lèvres et je pensai, au mouvement de ses épaules, qu'il
+pleurait. Puis, ils s'éloignèrent.
+
+--Quand j'arrivai dans la grande galerie, continua Rouletabille, je ne
+vis plus M. Robert Darzac, et je ne devais plus le revoir qu'au
+Glandier, après le crime, mais j'aperçus Mlle Stangerson, M. Stangerson
+et les délégués de Philadelphie. Mlle Stangerson était près d'Arthur
+Rance. Celui-ci lui parlait avec animation et les yeux de l'Américain,
+pendant cette conversation, brillaient d'un singulier éclat. Je crois
+bien que Mlle Stangerson n'écoutait même pas ce que lui disait Arthur
+Rance, et son visage exprimait une indifférence parfaite. Arthur-William
+Rance est un homme sanguin, au visage couperosé; il doit aimer le gin.
+Quand M. et Mlle Stangerson furent partis, il se dirigea vers le buffet
+et ne le quitta plus. Je l'y rejoignis et lui rendis quelques services,
+dans cette cohue. Il me remercia et m'apprit qu'il repartait pour
+l'Amérique, trois jours plus tard, c'est-à-dire le 26 (le lendemain du
+crime). Je lui parlai de Philadelphie; il me dit qu'il habitait cette
+ville depuis vingt-cinq ans, et que c'est là qu'il avait connu
+l'illustre professeur Stangerson et sa fille. Là-dessus, il reprit du
+champagne et je crus qu'il ne s'arrêterait jamais de boire. Je le
+quittai quand il fut à peu près ivre.
+
+«Telle a été ma soirée, mon cher ami. Je ne sais par quelle sorte de
+précision la double image de M. Robert Darzac et de Mlle Stangerson ne
+me quitta point de la nuit, et je vous laisse à penser l'effet que me
+produisit la nouvelle de l'assassinat de Mlle Stangerson. Comment ne pas
+me souvenir de ces mots: «Me faudra-t-il, pour vous avoir, commettre un
+crime?» Ce n'est cependant point cette phrase que je dis à M. Robert
+Darzac quand nous le rencontrâmes au Glandier. Celle où il est question
+du presbytère et du jardin éclatant, que Mlle Stangerson semblait avoir
+lue sur le papier qu'elle tenait à la main, suffit pour nous faire
+ouvrir toutes grandes les portes du château. Croyais-je, à ce moment,
+que M. Robert Darzac était l'assassin? Non! Je ne pense pas l'avoir tout
+à fait cru. À ce moment-là, je ne pensais sérieusement «rien». J'étais
+si peu documenté. «Mais j'avais besoin» qu'il me prouvât tout de suite
+qu'il n'était pas blessé à la main. Quand nous fûmes seuls, tous les
+deux, je lui contai ce que le hasard m'avait fait surprendre de sa
+conversation dans les jardins de l'Élysée avec Mlle Stangerson; et,
+quand je lui eus dit que j'avais entendu ces mots: «Me faudra-t-il, pour
+vous avoir, commettre un crime?» il fut tout à fait troublé, mais
+beaucoup moins, certainement, qu'il ne l'avait été par la phrase du
+«presbytère». Ce qui le jeta dans une véritable consternation, ce fut
+d'apprendre, de ma bouche, que, le jour où il allait se rencontrer à
+l'Élysée avec Mlle Stangerson, celle-ci était allée, dans l'après-midi,
+au bureau de poste 40, chercher une lettre qui était peut-être celle
+qu'ils avaient lue tous les deux dans les jardins de l'Élysée et qui se
+terminait par ces mots: «Le presbytère n'a rien perdu de son charme, ni
+le jardin de son éclat!» cette hypothèse me fut confirmée du reste,
+depuis, par la découverte que je fis, vous vous en souvenez, dans les
+charbons du laboratoire, d'un morceau de cette lettre qui portait la
+date du 23 octobre. La lettre avait été écrite et retirée du bureau le
+même jour. Il ne fait point de doute qu'en rentrant de l'Élysée, la nuit
+même, Mlle Stangerson a voulu brûler ce papier compromettant. C'est en
+vain que M. Robert Darzac nia que cette lettre eût un rapport quelconque
+avec le crime. Je lui dis que, dans une affaire aussi mystérieuse, il
+n'avait pas le droit de cacher à la justice l'incident de la lettre; que
+j'étais persuadé, moi, que celle-ci avait une importance considérable;
+que le ton désespéré avec lequel Mlle Stangerson avait prononcé la
+phrase fatidique, que ses pleurs, à lui, Robert Darzac, et que cette
+menace d'un crime qu'il avait proférée à la suite de la lecture de la
+lettre, ne me permettaient pas d'en douter. Robert Darzac était de plus
+en plus agité. Je résolus de profiter de mon avantage.
+
+«--Vous deviez vous marier, monsieur», fis-je négligemment, sans plus
+regarder mon interlocuteur, et tout d'un coup ce mariage _devient
+impossible à cause de l'auteur de cette lettre_, puisque, aussitôt la
+lecture de la lettre, vous parlez d'un crime nécessaire pour avoir Mlle
+Stangerson. IL Y A DONC QUELQU'UN ENTRE VOUS ET MLLE STANGERSON,
+QUELQU'UN QUI LUI DÉFEND DE SE MARIER, QUELQU'UN QUI LA TUE AVANT
+QU'ELLE NE SE MARIE!»
+
+«Et je terminai ce petit discours par ces mots:
+
+«--Maintenant, monsieur, vous n'avez plus qu'à me confier le nom de
+l'assassin!»
+
+«J'avais dû, sans m'en douter, dire des choses formidables. Quand je
+relevai les yeux sur Robert Darzac, je vis un visage décomposé, un front
+en sueur, des yeux d'effroi.
+
+«--Monsieur, me dit-il, je vais vous demander une chose, qui va
+peut-être vous paraître insensée, mais en échange de quoi _je donnerais
+ma vie_: il ne faut pas parler devant les magistrats de ce que vous avez
+vu et entendu dans les jardins de l'Élysée,... ni devant les magistrats,
+ni devant personne au monde. Je vous jure que je suis innocent et je
+sais, et je sens, que vous me croyez, mais j'aimerais mieux passer pour
+coupable que de voir les soupçons de la justice s'égarer sur cette
+phrase: «le presbytère n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son
+éclat.» Il faut que la justice ignore cette phrase. Toute cette affaire
+vous appartient, monsieur, je vous la donne, _mais oubliez la soirée de
+l'Élysée_. Il y aura pour vous cent autres chemins que celui-là qui vous
+conduiront à la découverte du criminel; je vous les ouvrirai, je vous
+aiderai. Voulez-vous vous installer ici? Parler ici en maître? Manger,
+dormir ici? Surveiller mes actes et les actes de tous? Vous serez au
+Glandier comme si vous en étiez le maître, monsieur, _mais oubliez la
+soirée de l'Élysée_.»
+
+Rouletabille, ici, s'arrêta pour souffler un peu. Je comprenais
+maintenant l'attitude inexplicable de M. Robert Darzac vis-à-vis de mon
+ami, et la facilité avec laquelle celui-ci avait pu s'installer sur les
+lieux du crime. Tout ce que je venais d'apprendre ne pouvait qu'exciter
+ma curiosité. Je demandai à Rouletabille de la satisfaire encore. Que
+s'était-il passé au Glandier depuis huit jours? Mon ami ne m'avait-il
+pas dit qu'il y avait maintenant contre M. Darzac des signes extérieurs
+autrement terribles que celui de la canne trouvée par Larsan?
+
+«Tout semble se tourner contre lui, me répondit mon ami, et la situation
+devient extrêmement grave. M. Robert Darzac semble ne point s'en
+préoccuper outre mesure; il a tort; mais rien ne l'intéresse que la
+santé de Mlle Stangerson qui allait s'améliorant tous les jours quand
+est survenu un événement plus mystérieux encore que le mystère de la
+«Chambre Jaune»!
+
+--Ça n'est pas possible! m'écriai-je, et quel événement peut être plus
+mystérieux que le mystère de la «Chambre Jaune»?
+
+--Revenons d'abord à M. Robert Darzac, fit Rouletabille en me calmant.
+Je vous disais que tout se tourne contre lui. «Les pas élégants» relevés
+par Frédéric Larsan paraissent bien être «les pas du fiancé de Mlle
+Stangerson». L'empreinte de la bicyclette peut être l'empreinte de «sa»
+bicyclette; la chose a été contrôlée. Depuis qu'il avait cette
+bicyclette, il la laissait toujours au château. Pourquoi l'avoir
+emportée à Paris justement à ce moment-là? Est-ce qu'il ne devait plus
+revenir au château? Est-ce que la rupture de son mariage devait
+entraîner la rupture de ses relations avec les Stangerson? Chacun des
+intéressés affirme que ces relations devaient continuer. Alors? Frédéric
+Larsan, lui, croit que «tout était rompu». Depuis le jour où Robert
+Darzac a accompagné Mlle Stangerson aux grands magasins de la Louve,
+jusqu'au lendemain du crime, l'ex-fiancé n'est point revenu au Glandier.
+Se souvenir que Mlle Stangerson a perdu son réticule et la clef à tête
+de cuivre quand elle était en compagnie de M. Robert Darzac. Depuis ce
+jour jusqu'à la soirée de l'Élysée, le professeur en Sorbonne et Mlle
+Stangerson ne se sont point vus. Mais ils se sont peut-être écrit. Mlle
+Stangerson est allée chercher une lettre poste restante au bureau 40,
+lettre que Frédéric Larsan croit de Robert Darzac, car Frédéric Larsan,
+qui ne sait rien naturellement de ce qui s'est passé à l'Élysée, est
+amené à penser que c'est Robert Darzac lui-même qui a volé le réticule
+et la clef, dans le dessein de forcer la volonté de Mlle Stangerson en
+s'appropriant les papiers les plus précieux du père, papiers qu'il
+aurait restitués sous condition de mariage. Tout cela serait d'une
+hypothèse bien douteuse et presque absurde, comme me le disait le grand
+Fred lui-même, s'il n'y avait pas encore autre chose, et autre chose de
+beaucoup plus grave. D'abord, chose bizarre, et que je ne parviens pas à
+m'expliquer: ce serait M. Darzac en personne qui, le 24, serait allé
+demander la lettre au bureau de poste, lettre qui avait été déjà retirée
+la veille par Mlle Stangerson; _la description de l'homme qui s'est
+présenté au guichet répond point par point au signalement de M. Robert
+Darzac_. Celui-ci, aux questions qui lui furent posées, à titre de
+simple renseignement, par le juge d'instruction, nie qu'il soit allé au
+bureau de poste; et moi, je crois M. Robert Darzac, car, en admettant
+même que la lettre ait été écrite par lui--ce que je ne pense pas--il
+savait que Mlle Stangerson l'avait retirée, puisqu'il la lui avait vue,
+cette lettre, entre les mains, dans les jardins de l'Élysée. Ce n'est
+donc pas lui qui s'est présenté, le lendemain 24, au bureau 40, pour
+demander une lettre qu'il savait n'être plus là. Pour moi, c'est
+quelqu'un qui lui ressemblait étrangement, et c'est bien le voleur du
+réticule qui dans cette lettre devait demander quelque chose à la
+propriétaire du réticule, à Mlle Stangerson,--«quelque chose qu'il ne
+vit pas venir». Il dut en être stupéfait, et fut amené à se demander si
+la lettre qu'il avait expédiée avec cette inscription sur l'enveloppe:
+M.A.T.H.S.N. avait été retirée. D'où sa démarche au bureau de poste et
+l'insistance avec laquelle il réclame la lettre. Puis il s'en va,
+furieux. La lettre a été retirée, et pourtant ce qu'il demandait ne lui
+a pas été accordé! Que demandait-il? Nul ne le sait que Mlle Stangerson.
+Toujours est-il que, le lendemain, on apprenait que Mlle Stangerson
+avait été quasi assassinée dans la nuit, et que je découvrais, le
+surlendemain, moi, que le professeur avait été volé du même coup, grâce
+à cette clef, objet de la lettre poste restante. Ainsi, il semble bien
+que l'homme qui est venu au bureau de poste doive être l'assassin; et
+tout ce raisonnement, des plus logiques en somme, sur les raisons de la
+démarche de l'homme au bureau de poste, Frédéric Larsan se l'est tenu,
+mais, en l'appliquant à Robert Darzac. Vous pensez bien que le juge
+d'instruction, et que Larsan, et que moi-même nous avons tout fait pour
+avoir, au bureau de poste, des détails précis sur le singulier
+personnage du 24 octobre. Mais on n'a pu savoir d'où il venait ni où il
+s'en est allé! En dehors de cette description qui le fait ressembler à
+M. Robert Darzac, rien! J'ai fait annoncer dans les plus grands
+journaux: «Une forte récompense est promise au cocher qui a conduit un
+client au bureau de poste 40, dans la matinée du 24 octobre, vers les
+dix heures. S'adresser à la rédaction de _L'Époque_, et demander M. R.»
+Ça n'a rien donné. En somme, cet homme est peut-être venu à pied; mais,
+puisqu'il était pressé, c'était une chance à courir qu'il fût venu en
+voiture. Je n'ai pas, dans ma note aux journaux, donné la description de
+l'homme pour que tous les cochers qui pouvaient avoir, vers cette
+heure-là, conduit un client au bureau 40, vinssent à moi. Il n'en est
+pas venu un seul. Et je me suis demandé nuit et jour: «Quel est donc cet
+homme qui ressemble aussi étrangement à M. Robert Darzac et que je
+retrouve achetant la canne tombée entre les mains de Frédéric Larsan? Le
+plus grave de tout est que M. Darzac, _qui avait à faire, à la même
+heure, à l'heure où son sosie se présentait au bureau de poste, un cours
+à la Sorbonne, ne l'a pas fait._ Un de ses amis le remplaçait. Et, quand
+on l'interroge sur l'emploi de son temps, il répond qu'il est allé se
+promener au bois de Boulogne. Qu'est-ce que vous pensez de ce professeur
+qui se fait remplacer à son cours pour aller se promener au bois de
+Boulogne? Enfin, il faut que vous sachiez que, si M. Robert Darzac avoue
+s'être allé promener au bois de Boulogne dans la matinée du 24, _il ne
+peut plus donner du tout l'emploi de son temps dans la nuit du 24 au
+25!..._ Il a répondu fort paisiblement à Frédéric Larsan qui lui
+demandait ce renseignement que ce qu'il faisait de son temps, à Paris,
+ne regardait que lui... Sur quoi, Frédéric Larsan a juré tout haut qu'il
+découvrirait bien, lui, sans l'aide de personne, l'emploi de ce temps.
+Tout cela semble donner quelque corps aux hypothèses du grand Fred;
+d'autant plus que le fait de Robert Darzac se trouvant dans la «Chambre
+Jaune» pourrait venir corroborer l'explication du policier sur la façon
+dont l'assassin se serait enfui: M. Stangerson l'aurait laissé passer
+pour éviter un effroyable scandale! C'est, du reste, cette hypothèse,
+que je crois fausse, qui égarera Frédéric Larsan, et ceci ne serait
+point pour me déplaire, s'il n'y avait pas un innocent en cause!
+_Maintenant, cette hypothèse égare-t-elle réellement Frédéric Larsan?
+Voilà! Voilà! Voilà!_
+
+--Eh! Frédéric Larsan a peut-être raison! m'écriai-je, interrompant
+Rouletabille... Êtes-vous sûr que M. Darzac soit innocent? Il me semble
+que voilà bien des fâcheuses coïncidences...
+
+--Les coïncidences, me répondit mon ami, sont les pires ennemies de la
+vérité.
+
+--Qu'en pense aujourd'hui le juge d'instruction?
+
+--M. de Marquet, le juge d'instruction, hésite à découvrir M. Robert
+Darzac sans aucune preuve certaine. Non seulement, il aurait contre lui
+toute l'opinion publique, sans compter la Sorbonne, mais encore M.
+Stangerson et Mlle Stangerson. Celle-ci adore M. Robert Darzac. Si peu
+qu'elle ait vu l'assassin, on ferait croire difficilement au public
+qu'elle n'eût point reconnu M. Robert Darzac, si M. Robert Darzac avait
+été l'agresseur. La «Chambre Jaune» était obscure, sans doute, mais une
+petite veilleuse tout de même l'éclairait, ne l'oubliez pas. Voici, mon
+ami, où en étaient les choses quand, il y a trois jours, ou plutôt trois
+nuits, survint cet événement inouï dont je vous parlais tout à l'heure.»
+
+
+
+
+XIV
+
+«J'attends l'assassin, ce soir»
+
+
+«Il faut, me dit Rouletabille, que je vous conduise sur les lieux pour
+que vous puissiez comprendre ou plutôt pour que vous soyez persuadé
+qu'il est impossible de comprendre. Je crois, quant à moi, avoir trouvé
+ce que tout le monde cherche encore: la façon dont l'assassin est sorti
+de la «Chambre Jaune»... sans complicité d'aucune sorte et sans que M.
+Stangerson y soit pour quelque chose. Tant que je ne serai point sûr de
+la personnalité de l'assassin, je ne saurais dire quelle est mon
+hypothèse, mais je crois cette hypothèse juste et, dans tous les cas,
+elle est tout à fait naturelle, je veux dire tout à fait simple. Quant à
+ce qui s'est passé il y a trois nuits, ici, dans le château même, cela
+m'a semblé pendant vingt-quatre heures dépasser toute faculté
+d'imagination. Et encore l'hypothèse qui, maintenant, s'élève du fond de
+mon moi est-elle si absurde, celle-là, que je préfère presque les
+ténèbres de l'inexplicable.
+
+Sur quoi, le jeune reporter m'invita à sortir; il me fit faire le tour
+du château. Sous nos pieds craquaient les feuilles mortes; c'est le seul
+bruit que j'entendais. On eût dit que le château était abandonné. Ces
+vieilles pierres, cette eau stagnante dans les fossés qui entouraient le
+donjon, cette terre désolée recouverte de la dépouille du dernier été,
+le squelette noir des arbres, tout concourait à donner à ce triste
+endroit, hanté par un mystère farouche, l'aspect le plus funèbre. Comme
+nous contournions le donjon, nous rencontrâmes «l'homme vert», le garde,
+qui ne nous salua point et qui passa près de nous, comme si nous
+n'existions pas. Il était tel que je l'avais vu pour la première fois, à
+travers les vitres de l'auberge du père Mathieu; il avait toujours son
+fusil en bandoulière, sa pipe à la bouche et son binocle sur le nez.
+
+«Drôle d'oiseau! me dit tout bas Rouletabille.
+
+--Lui avez-vous parlé? demandai-je.
+
+--Oui, mais il n'y a rien à en tirer... il répond par grognements,
+hausse les épaules et s'en va. Il habite à l'ordinaire au premier étage
+du donjon, une vaste pièce qui servait autrefois d'oratoire. Il vit là
+en ours, ne sort qu'avec son fusil. Il n'est aimable qu'avec les filles.
+Sous prétexte de courir après les braconniers, il se relève souvent la
+nuit; mais je le soupçonne d'avoir des rendez-vous galants. La femme de
+chambre de Mlle Stangerson, Sylvie, est sa maîtresse. En ce moment, il
+est très amoureux de la femme du père Mathieu, l'aubergiste; mais le
+père Mathieu surveille de près son épouse, et je crois bien que c'est la
+presque impossibilité où «l'homme vert» se trouve d'approcher Mme
+Mathieu qui le rend encore plus sombre et taciturne. C'est un beau gars,
+bien soigné de sa personne, presque élégant... les femmes, à quatre
+lieues à la ronde, en raffolent.»
+
+Après avoir dépassé le donjon qui se trouve à l'extrémité de l'aile
+gauche, nous passâmes sur les derrières du château. Rouletabille me dit
+en me montrant une fenêtre que je reconnus pour être l'une de celles qui
+donnent sur les appartements de Mlle Stangerson.
+
+«Si vous étiez passé par ici il y a deux nuits, à une heure du matin,
+vous auriez vu votre serviteur au haut d'une échelle s'apprêtant à
+pénétrer dans le château, par cette fenêtre!»
+
+Comme j'exprimais quelque stupéfaction de cette gymnastique nocturne, il
+me pria de montrer beaucoup d'attention à la disposition extérieure du
+château, après quoi nous revînmes dans le bâtiment.
+
+«Il faut maintenant, dit mon ami, que je vous fasse visiter le premier
+étage, aile droite. C'est là que j'habite.
+
+Pour bien faire comprendre l'économie des lieux, je mets sous les yeux
+du lecteurs un plan du premier étage de cette aile droite, plan dessiné
+par Rouletabille au lendemain de l'extraordinaire phénomène que vous
+allez connaître dans tous ses détails:
+
+[Illustration]
+
+ 1. Endroit où Rouletabille plaça Frédéric Larsan.
+
+ 2. Endroit où Rouletabille plaça le père Jacques.
+
+ 3. Endroit où Rouletabille plaça M. Stangerson.
+
+ 4. Fenêtre par laquelle entra Rouletabille.
+
+ 5. Fenêtre trouvée ouverte par Rouletabille quand il sort de sa
+ chambre. Il la referme. Toutes les autres fenêtres et portes sont
+ fermées.
+
+ 6. Terrasse surmontant une pièce en encorbellement au rez-de-chaussée.
+
+Rouletabille me fit signe de monter derrière lui l'escalier monumental
+double qui, à la hauteur du premier étage, formait palier. De ce palier
+on se rendait directement dans l'aile droite ou dans l'aile gauche du
+château par une galerie qui y venait aboutir. La galerie, haute et
+large, s'étendait sur toute la longueur du bâtiment et prenait jour sur
+la façade du château exposée au nord. Les chambres dont les fenêtres
+donnaient sur le midi avaient leurs portes sur cette galerie. Le
+professeur Stangerson habitait l'aile gauche du château. Mlle Stangerson
+avait son appartement dans l'aile droite. Nous entrâmes dans la galerie,
+aile droite. Un tapis étroit, jeté sur le parquet ciré, qui luisait
+comme une glace, étouffait le bruit de nos pas. Rouletabille me disait à
+voix basse, de marcher avec précaution parce que nous passions devant la
+chambre de Mlle Stangerson. Il m'expliqua que l'appartement de Mlle
+Stangerson se composait de sa chambre, d'une antichambre, d'une petite
+salle de bain, d'un boudoir et d'un salon. On pouvait, naturellement,
+passer de l'une de ces pièces dans l'autre sans qu'il fût nécessaire de
+passer par la galerie. Le salon et l'antichambre étaient les seules
+pièces de l'appartement qui eussent une porte sur la galerie. La galerie
+se continuait, toute droite, jusqu'à l'extrémité est du bâtiment où elle
+avait jour sur l'extérieur par une haute fenêtre (fenêtre 2 du plan).
+Vers les deux tiers de sa longueur, cette galerie se rencontrait à angle
+droit avec une autre galerie qui tournait avec l'aile droite du château.
+
+Pour la clarté de ce récit, nous appellerons la galerie qui va de
+l'escalier jusqu'à la fenêtre à l'est, «la galerie droite» et le bout de
+galerie qui tourne avec l'aile droite et qui vient aboutir à la galerie
+droite, à angle droit, «la galerie tournante». C'est au carrefour de ces
+deux galeries que se trouvait la chambre de Rouletabille, touchant à
+celle de Frédéric Larsan. Les portes de ces deux chambres donnaient sur
+la galerie tournante, tandis que les portes de l'appartement de Mlle
+Stangerson donnaient sur la galerie droite (voir le plan).
+
+Rouletabille poussa la porte de sa chambre, me fit entrer et referma la
+porte sur nous, poussant le verrou. Je n'avais pas encore eu le temps de
+jeter un coup d'oeil sur son installation qu'il poussait un cri de
+surprise en me montrant, sur un guéridon, _un binocle._
+
+«Qu'est-ce que c'est que cela? se demandait-il; qu'est-ce que ce binocle
+est venu faire sur mon guéridon?»
+
+J'aurais été bien en peine de lui répondre.
+
+«À moins que, fit-il, à moins que... à moins que... à moins que ce
+binocle ne soit «ce que je cherche»... et que... et que... _et que ce
+soit un binocle de presbyte!..._»
+
+Il se jetait littéralement sur le binocle; ses doigts caressaient la
+convexité des verres... et alors il me regarda d'une façon effrayante.
+
+«Oh!... oh!»
+
+Et il répétait: Oh!... oh! comme si sa pensée l'avait tout à coup rendu
+fou...
+
+Il se leva, me mit la main sur l'épaule, ricana comme un insensé et me
+dit:
+
+«Ce binocle me rendra fou! car la chose est possible, voyez-vous,
+«mathématiquement parlant»; mais «humainement parlant» elle est
+impossible... ou alors... ou alors... ou alors...»
+
+On frappa deux petits coups à la porte de la chambre, Rouletabille
+entrouvrit la porte; une figure passa. Je reconnus la concierge que
+j'avais vue passer devant moi quand on l'avait amenée au pavillon pour
+l'interrogatoire et j'en fus étonné, car je croyais toujours cette femme
+sous les verrous. Cette femme dit à voix très basse:
+
+«Dans la rainure du parquet!»
+
+Rouletabille répondit: «Merci!» et la figure s'en alla. Il se retourna
+vers moi après avoir soigneusement refermé la porte. Et il prononça des
+mots incompréhensibles avec un air hagard.
+
+«Puisque la chose est «mathématiquement» possible, pourquoi ne la
+serait-elle pas «humainement!... Mais si la chose est «humainement»
+possible, l'affaire est formidable!»
+
+J'interrompis Rouletabille dans son soliloque:
+
+«Les concierges sont donc en liberté, maintenant? demandai-je.
+
+--Oui, me répondit Rouletabille, je les ai fait remettre en liberté.
+J'ai besoin de gens sûrs. La femme m'est tout à fait dévouée et le
+concierge se ferait tuer pour moi... Et, puisque le binocle a des verres
+pour presbyte, je vais certainement avoir besoin de gens dévoués qui se
+feraient tuer pour moi!
+
+--Oh! oh! fis-je, vous ne souriez pas, mon ami... Et quand faudra-t-il
+se faire tuer?
+
+--Mais, ce soir! car il faut que je vous dise, mon cher, _j'attends
+l'assassin ce soir!_
+
+--Oh! oh! oh! oh!... Vous attendez l'assassin ce soir... Vraiment,
+vraiment, vous attendez l'assassin ce soir... mais vous connaissez donc
+l'assassin?
+
+--Oh! oh! oh! _Maintenant, il se peut que je le connaisse._ Je serais un
+fou d'affirmer catégoriquement que je le connais, car l'idée
+mathématique que j'ai de l'assassin donne des résultats si effrayants,
+si monstrueux, _que j'espère qu'il est encore possible que je me trompe!
+Oh! Je l'espère de toutes mes forces..._
+
+--Comment, puisque vous ne connaissiez pas, il y a cinq minutes,
+l'assassin, pouvez-vous dire que vous attendez l'assassin ce soir?
+
+--_Parce que je sais qu'il doit venir._»
+
+Rouletabille bourra une pipe, lentement, lentement et l'alluma.
+
+Ceci me présageait un récit des plus captivants. À ce moment quelqu'un
+marcha dans le couloir, passant devant notre porte. Rouletabille écouta.
+Les pas s'éloignèrent.
+
+«Est-ce que Frédéric Larsan est dans sa chambre? Fis-je, en montrant la
+cloison.
+
+--Non, me répondit mon ami, il n'est pas là; il a dû partir ce matin
+pour Paris; il est toujours sur la piste de Darzac!... M. Darzac est
+parti lui aussi ce matin pour Paris. Tout cela se terminera très mal...
+Je prévois l'arrestation de M. Darzac avant huit jours. Le pire est que
+tout semble se liguer contre le malheureux: les événements, les choses,
+les gens... Il n'est pas une heure qui s'écoule qui n'apporte contre M.
+Darzac une accusation nouvelle... Le juge d'instruction en est accablé
+et aveuglé... Du reste, je comprends que l'on soit aveuglé!... On le
+serait à moins...
+
+--Frédéric Larsan n'est pourtant pas un novice.
+
+--J'ai cru, fit Rouletabille avec une moue légèrement méprisante, que
+Fred était beaucoup plus fort que cela... Évidemment, ce n'est pas le
+premier venu... J'ai même eu beaucoup d'admiration pour lui quand je ne
+connaissais pas sa méthode de travail. Elle est déplorable... Il doit sa
+réputation uniquement à son habileté; mais il manque de philosophie; la
+mathématique de ses conceptions est bien pauvre...»
+
+Je regardai Rouletabille et ne pus m'empêcher de sourire en entendant ce
+gamin de dix-huit ans traiter d'enfant un garçon d'une cinquantaine
+d'années qui avait fait ses preuves comme le plus fin limier de la
+police d'Europe...
+
+«Vous souriez, me fit Rouletabille... Vous avez tort!... Je vous jure
+que je le roulerai... et d'une façon retentissante... mais il faut que
+je me presse, car il a une avance colossale sur moi, avance que lui a
+donnée M. Robert Darzac et que M. Robert Darzac va augmenter encore ce
+soir... Songez donc: _chaque fois que l'assassin vient au château_, M.
+Robert Darzac, par une fatalité étrange, s'absente et se refuse à donner
+l'emploi de son temps!
+
+--Chaque fois que l'assassin vient au château! m'écriai-je... Il y est
+donc revenu...
+
+--Oui, pendant cette fameuse nuit où s'est produit le phénomène...»
+
+J'allais donc connaître ce fameux phénomène auquel Rouletabille faisait
+allusion depuis une demi-heure sans me l'expliquer. Mais j'avais appris
+à ne jamais presser Rouletabille dans ses narrations... Il parlait quand
+la fantaisie lui en prenait ou quand il le jugeait utile, et se
+préoccupait beaucoup moins de ma curiosité que de faire un résumé
+complet pour lui-même d'un événement capital qui l'intéressait.
+
+Enfin, par petites phrases rapides, il m'apprit des choses qui me
+plongèrent dans un état voisin de l'abrutissement, car, en vérité, les
+phénomènes de cette science encore inconnue qu'est l'hypnotisme, par
+exemple, ne sont point plus inexplicables que _cette disparition de la
+matière de l'assassin au moment où ils étaient quatre à la toucher_. Je
+parle de l'hypnotisme comme je parlerais de l'électricité dont nous
+ignorons la nature, et dont nous connaissons si peu les lois, parce que,
+dans le moment, l'affaire me parut ne pouvoir s'expliquer que par de
+l'inexplicable, c'est-à-dire par un événement en dehors des lois
+naturelles connues. Et cependant, si j'avais eu la cervelle de
+Rouletabille, j'aurais eu, comme lui, «le pressentiment de l'explication
+naturelle»: car le plus curieux dans tous les mystères du Glandier a
+bien été «la façon naturelle dont Rouletabille les expliqua». Mais qui
+donc eût pu et pourrait encore se vanter d'avoir la cervelle de
+Rouletabille? Les bosses originales et inharmoniques de son front, je ne
+les ai jamais rencontrées sur aucun autre front, si ce n'est--mais bien
+moins apparentes--sur le front de Frédéric Larsan, et encore fallait-il
+bien regarder le front du célèbre policier pour en deviner le dessin,
+tandis que les bosses de Rouletabille sautaient--si j'ose me servir de
+cette expression un peu forte--sautaient aux yeux.
+
+J'ai, parmi les papiers qui me furent remis par le jeune homme après
+l'affaire, un carnet où j'ai trouvé un compte rendu complet du
+«phénomène de la disparition de la matière de l'assassin», et des
+réflexions qu'il inspira à mon ami. Il est préférable, je crois, de vous
+soumettre ce compte rendu que de continuer à reproduire ma conversation
+avec Rouletabille, car j'aurais peur, dans une pareille histoire,
+d'ajouter un mot qui ne fût point l'expression de la plus stricte
+vérité.
+
+
+
+
+XV
+
+Traquenard
+
+_Extrait du carnet de Joseph Rouletabille._
+
+
+La nuit dernière, nuit du 29 au 30 octobre, écrit Joseph Rouletabille,
+je me réveille vers une heure du matin. Insomnie ou bruit du dehors? Le
+cri de la «Bête du Bon Dieu» retentit avec une résonance sinistre, au
+fond du parc. Je me lève; j'ouvre ma fenêtre. Vent froid et pluie;
+ténèbres opaques, silence. Je referme ma fenêtre. La nuit est encore
+déchirée par la bizarre clameur. Je passe rapidement un pantalon, un
+veston. Il fait un temps à ne pas mettre un chat dehors; qui donc, cette
+nuit, imite, si près du château, le miaulement du chat de la mère
+Agenoux? Je prends un gros gourdin, la seule arme dont je dispose, et,
+sans faire aucun bruit, j'ouvre ma porte.
+
+Me voici dans la galerie; une lampe à réflecteur l'éclaire parfaitement;
+la flamme de cette lampe vacille comme sous l'action d'un courant d'air.
+Je sens le courant d'air. Je me retourne. Derrière moi, une fenêtre est
+ouverte, celle qui se trouve à l'extrémité de ce bout de galerie sur
+laquelle donnent nos chambres, à Frédéric Larsan et à moi, galerie que
+j'appellerai «galerie tournante» pour la distinguer de la «galerie
+droite», sur laquelle donne l'appartement de Mlle Stangerson. Ces deux
+galeries se croisent à angle droit. Qui donc a laissé cette fenêtre
+ouverte, ou qui vient de l'ouvrir? Je vais à la fenêtre; je me penche au
+dehors. À un mètre environ sous cette fenêtre, il y a une terrasse qui
+sert de toit à une petite pièce en encorbellement qui se trouve au
+rez-de-chaussée. On peut, au besoin, sauter de la fenêtre sur la
+terrasse, et de là, se laisser glisser dans la cour d'honneur du
+château. Celui qui aurait suivi ce chemin ne devait évidemment pas avoir
+sur lui la clef de la porte du vestibule. Mais pourquoi m'imaginer cette
+scène de gymnastique nocturne? À cause d'une fenêtre ouverte? Il n'y a
+peut-être là que la négligence d'un domestique. Je referme la fenêtre en
+souriant de la facilité avec laquelle je bâtis des drames avec une
+fenêtre ouverte. Nouveau cri de la «Bête du Bon Dieu» dans la nuit. Et
+puis, le silence; la pluie a cessé de frapper les vitres. Tout dort dans
+le château. Je marche avec des précautions infinies sur le tapis de la
+galerie. Arrivé au coin de la galerie droite, j'avance la tête et y
+jette un prudent regard. Dans cette galerie, une autre lampe à
+réflecteur donne une lumière éclairant parfaitement les quelques objets
+qui s'y trouvent, trois fauteuils et quelques tableaux pendus aux murs.
+Qu'est-ce que je fais là? Jamais le château n'a été aussi calme. Tout y
+repose. Quel est cet instinct qui me pousse vers la chambre de Mlle
+Stangerson? Qu'est-ce qui me conduit vers la chambre de Mlle Stangerson?
+Pourquoi cette voix qui crie au fond de mon être: «Va jusqu'à la chambre
+de Mlle Stangerson!» Je baisse les yeux sur le tapis que je foule et «je
+vois que mes pas, vers la chambre de Mlle Stangerson, sont conduits par
+des pas qui y sont déjà allés». Oui, sur ce tapis, des traces de pas ont
+apporté la boue du dehors et je suis ces pas qui me conduisent à la
+chambre de Mlle Stangerson. Horreur! Horreur! Ce sont «les pas élégants»
+que je reconnais, «les pas de l'assassin!» Il est venu du dehors, par
+cette nuit abominable. Si l'on peut descendre de la galerie par la
+fenêtre, grâce à la terrasse, on peut aussi y entrer.
+
+L'assassin est là, dans le château, car les pas ne sont pas revenus. Il
+s'est introduit dans le château par cette fenêtre ouverte à l'extrémité
+de la galerie tournante; il est passé devant la chambre de Frédéric
+Larsan, devant la mienne, a tourné à droite, dans la galerie droite, _et
+est entré dans la chambre de Mlle Stangerson_. Je suis devant la porte
+de l'appartement de Mlle Stangerson, devant la porte de l'antichambre:
+elle est entrouverte, je la pousse sans faire entendre le moindre bruit.
+Je me trouve dans l'antichambre et là, sous la porte de la chambre même,
+je vois une barre de lumière. J'écoute. Rien! Aucun bruit, pas même
+celui d'une respiration. Ah! savoir ce qui se passe dans le silence qui
+est derrière cette porte! Mes yeux sur la serrure m'apprennent que cette
+serrure est fermée à clef, et la clef est en dedans. Et dire que
+l'assassin est peut-être là! Qu'il doit être là! S'échappera-t-il
+encore, cette fois? Tout dépend de moi! Du sang-froid et, surtout, pas
+une fausse manoeuvre! «Il faut voir dans cette chambre.» Y entrerai-je
+par le salon de Mlle Stangerson? il me faudrait ensuite traverser le
+boudoir, et l'assassin se sauverait alors par la porte de la galerie, la
+porte devant laquelle je suis en ce moment.
+
+«Pour moi, ce soir, il n'y a pas encore eu crime», car rien
+n'expliquerait le silence du boudoir! Dans le boudoir, deux
+gardes-malades sont installées pour passer la nuit, jusqu'à la complète
+guérison de Mlle Stangerson.
+
+Puisque je suis à peu près sûr que l'assassin est là, pourquoi ne pas
+donner l'éveil tout de suite? L'assassin se sauvera peut-être, mais
+peut-être aurai-je sauvé Mlle Stangerson? Et si, par hasard, l'assassin,
+ce soir, n'était pas un assassin?» La porte a été ouverte pour lui
+livrer passage: par qui?--et a été refermée: par qui? Il est entré,
+cette nuit, dans cette chambre dont la porte était certainement fermée à
+clef à l'intérieur, «car Mlle Stangerson, tous les soirs, s'enferme avec
+ses gardes dans son appartement». Qui a tourné cette clef de la chambre
+pour laisser entrer l'assassin? Les gardes? Deux domestiques fidèles, la
+vieille femme de chambre et sa fille Sylvie? C'est bien improbable. Du
+reste, elles couchent dans le boudoir, et Mlle Stangerson, très
+inquiète, très prudente, m'a dit Robert Darzac, veille elle-même à sa
+sûreté depuis qu'elle est assez bien portante pour faire quelques pas
+dans son appartement--dont je ne l'ai pas encore vue sortir. Cette
+inquiétude et cette prudence soudaines chez Mlle Stangerson, qui avaient
+frappé M. Darzac, m'avaient également laissé à réfléchir. Lors du crime
+de la «Chambre Jaune», il ne fait point de doute que la malheureuse
+_attendait l'assassin_. L'attendait-elle encore ce soir? Mais qui donc a
+tourné cette clef pour ouvrir «à l'assassin qui est là»? Si c'était Mlle
+Stangerson «elle-même»? Car enfin elle peut redouter, elle doit redouter
+la venue de l'assassin et avoir des raisons pour lui ouvrir la porte,
+«pour être forcée de lui ouvrir la porte!» Quel terrible rendez-vous est
+donc celui-ci? Rendez-vous de crime? À coup sûr, pas rendez-vous
+d'amour, car Mlle Stangerson adore M. Darzac, je le sais. Toutes ces
+réflexions traversent mon cerveau comme un éclair qui n'illuminerait que
+des ténèbres. Ah! Savoir...
+
+S'il y a tant de silence, derrière cette porte, c'est sans doute qu'on y
+a besoin de silence! Mon intervention peut être la cause de plus de mal
+que de bien? Est-ce que je sais? Qui me dit que mon intervention ne
+déterminerait pas, dans la minute, un crime? Ah! voir et savoir, sans
+troubler le silence!
+
+Je sors de l'antichambre. Je vais à l'escalier central, je le descends;
+me voici dans le vestibule; je cours le plus silencieusement possible
+vers la petite chambre au rez-de-chaussée, où couche, depuis l'attentat
+du pavillon, le père Jacques.
+
+«Je le trouve habillé», les yeux grands ouverts, presque hagards. Il ne
+semble point étonné de me voir; il me dit qu'il s'est levé parce qu'il a
+entendu le cri de «la Bête du Bon Dieu», et qu'il a entendu des pas,
+dans le parc, des pas qui glissaient devant sa fenêtre. Alors, il a
+regardé à la fenêtre «et il a vu passer, tout à l'heure, un fantôme
+noir». Je lui demande s'il a une arme. Non, il n'a plus d'arme, depuis
+que le juge d'instruction lui a pris son revolver. Je l'entraîne. Nous
+sortons dans le parc par une petite porte de derrière. Nous glissons le
+long du château jusqu'au point qui est juste au-dessous de la chambre de
+Mlle Stangerson. Là, je colle le père Jacques contre le mur, lui défends
+de bouger, et moi, profitant d'un nuage qui recouvre en ce moment la
+lune, je m'avance en face de la fenêtre, mais en dehors du carré de
+lumière qui en vient; «car la fenêtre est entrouverte». Par précaution?
+Pour pouvoir sortir plus vite par la fenêtre, si quelqu'un venait à
+entrer par une porte? Oh! oh! celui qui sautera par cette fenêtre aurait
+bien des chances de se rompre le cou! Qui me dit que l'assassin n'a pas
+une corde? Il a dû tout prévoir... Ah! savoir ce qui se passe dans cette
+chambre!... connaître le silence de cette chambre!... Je retourne au
+père Jacques et je prononce un mot, à son oreille: «Échelle». Dès
+l'abord, j'ai bien pensé à l'arbre qui, huit jours auparavant m'a déjà
+servi d'observatoire, mais j'ai aussitôt constaté que la fenêtre est
+entrouverte de telle sorte que je ne puis rien voir, cette fois-ci, en
+montant dans l'arbre, de ce qui se passe dans la chambre. Et puis non
+seulement je veux voir, mais pouvoir entendre et... agir...
+
+Le père Jacques, très agité, presque tremblant, disparaît un instant et
+revient, sans échelle, me faisant, de loin, de grands signes avec ses
+bras pour que je le rejoigne au plus tôt. Quand je suis près de lui:
+«Venez!» me souffle-t-il.
+
+Il me fait faire le tour du château par le donjon. Arrivé là, il me dit:
+
+«J'étais allé chercher mon échelle dans la salle basse du donjon, qui
+nous sert de débarras, au jardinier et à moi; la porte du donjon était
+ouverte et l'échelle n'y était plus. En sortant, sous le clair de lune,
+voilà où je l'ai aperçue!»
+
+Et il me montrait, à l'autre extrémité du château, une échelle appuyée
+contre les «corbeaux» qui soutenaient la terrasse, au-dessous de la
+fenêtre que j'avais trouvée ouverte. La terrasse m'avait empêché de voir
+l'échelle... grâce à cette échelle, il était extrêmement facile de
+pénétrer dans la galerie tournante du premier étage, et je ne doutai
+plus que ce fût là le chemin pris par l'inconnu.
+
+Nous courons à l'échelle; mais, au moment de nous en emparer, le père
+Jacques me montre la porte entrouverte de la petite pièce du
+rez-de-chaussée qui est placée en encorbellement à l'extrémité de cette
+aile droite du château, et qui a pour plafond cette terrasse dont j'ai
+parlé. Le père Jacques pousse un peu la porte, regarde à l'intérieur, et
+me dit, dans un souffle.
+
+«Il n'est pas là!--Qui?--le garde!»
+
+La bouche encore une fois à mon oreille: «Vous savez bien que le garde
+couche dans cette pièce, depuis qu'on fait des réparations au
+donjon!...» et, du même geste significatif, il me montre la porte
+entrouverte, l'échelle, la terrasse et la fenêtre, que j'ai tout à
+l'heure refermée, de la galerie tournante.
+
+Quelles furent mes pensées alors? Avais-je le temps d'avoir des pensées?
+Je «sentais», plus que je ne pensais...
+
+Évidemment, sentais-je, «si le garde est là-haut dans la chambre» (je
+dis: «si», car je n'ai, en ce moment, en dehors de cette échelle, et de
+cette chambre du garde déserte, aucun indice qui me permette même de
+soupçonner le garde), s'il y est, il a été obligé de passer par cette
+échelle et par cette fenêtre, car les pièces qui se trouvent derrière sa
+nouvelle chambre, étant occupées par le ménage du maître d'hôtel et de
+la cuisinière, et par les cuisines, lui ferment le chemin du vestibule
+et de l'escalier, à l'intérieur du château... «si c'est le garde qui a
+passé par là», il lui aura été facile, sous quelque prétexte, hier soir,
+d'aller dans la galerie et de veiller à ce que cette fenêtre soit
+simplement poussée à l'intérieur, les panneaux joints, de telle sorte
+qu'il n'ait plus, de l'extérieur, qu'à appuyer dessus pour que la
+fenêtre s'ouvre et qu'il puisse sauter dans la galerie. Cette nécessité
+de la fenêtre non fermée à l'intérieur restreint singulièrement le champ
+des recherches sur la personnalité de l'assassin. Il faut que l'assassin
+«soit de la maison»; à moins qu'il n'ait un complice, auquel je ne crois
+pas...; à moins... à moins que Mlle Stangerson «elle-même» ait veillé à
+ce que cette fenêtre ne soit point fermée de l'intérieur...
+
+«Mais quel serait donc ce secret effroyable qui ferait que Mlle
+Stangerson serait dans la nécessité de supprimer les obstacles qui la
+séparent de son assassin?»
+
+J'empoigne l'échelle et nous voici repartis sur les derrières du
+château. La fenêtre de la chambre est toujours entrouverte; les rideaux
+sont tirés, mais ne se rejoignent point; ils laissent passer un grand
+rai de lumière, qui vient s'allonger sur la pelouse à mes pieds. Sous la
+fenêtre de la chambre j'applique mon échelle. Je suis à peu près sûr de
+n'avoir fait aucun bruit. «Et, pendant que le père Jacques reste au pied
+de l'échelle», je gravis l'échelle, moi, tout doucement, tout doucement,
+avec mon gourdin. Je retiens ma respiration; je lève et pose les pieds
+avec des précautions infinies. Soudain, un gros nuage, et une nouvelle
+averse. Chance. Mais, tout à coup, le cri sinistre de la «Bête du Bon
+Dieu» m'arrête au milieu de mon ascension. Il me semble que ce cri vient
+d'être poussé derrière moi, à quelques mètres. Si ce cri était un
+signal! Si quelque complice de l'homme m'avait vu, sur mon échelle. Ce
+cri appelle peut-être l'homme à la fenêtre! Peut-être!... Malheur,
+«l'homme est à la fenêtre! Je sens sa tête au-dessus de moi; j'entends
+son souffle. Et moi, je ne puis le regarder; le plus petit mouvement de
+ma tête, et je suis perdu! Va-t-il me voir? Va-t-il, dans la nuit,
+baisser la tête? Non!... il s'en va... il n'a rien vu... je le sens,
+plus que je ne l'entends, marcher, à pas de loup, dans la chambre; et je
+gravis encore quelques échelons. Ma tête est à la hauteur de la pierre
+d'appui de la fenêtre; mon front dépasse cette pierre; mes yeux, entre
+les rideaux, voient.
+
+L'homme est là, assis au petit bureau de Mlle Stangerson, _et il écrit._
+Il me tourne le dos. Il a une bougie devant lui; mais, comme il est
+penché sur la flamme de cette bougie, la lumière projette des ombres qui
+me le déforment. Je ne vois qu'un dos monstrueux, courbé.
+
+Chose stupéfiante: Mlle Stangerson n'est pas là! Son lit n'est pas
+défait. Où donc couche-t-elle, cette nuit? Sans doute dans la chambre à
+côté, avec ses femmes. Hypothèse. Joie de trouver l'homme seul.
+Tranquillité d'esprit pour préparer le traquenard.
+
+Mais qui est donc cet homme qui écrit là, sous mes yeux, installé à ce
+bureau comme s'il était chez lui? S'il n'y avait point «les pas de
+l'assassin» sur le tapis de la galerie, s'il n'y avait pas eu la fenêtre
+ouverte, s'il n'y avait pas eu, sous cette fenêtre, l'échelle, je
+pourrais être amené à penser que cet homme a le droit d'être là et qu'il
+s'y trouve normalement à la suite de causes normales que je ne connais
+pas encore. Mais il ne fait point de doute que cet inconnu mystérieux
+est l'homme de la «Chambre Jaune», celui dont Mlle Stangerson est
+obligée, sans le dénoncer, de subir les coups assassins. Ah! voir sa
+figure! Le surprendre! Le prendre!
+
+Si je saute dans la chambre en ce moment, «il» s'enfuit ou par
+l'antichambre ou par la porte à droite qui donne sur le boudoir. Par là,
+traversant le salon, il arrive à la galerie et je le perds. Or, je le
+tiens; encore cinq minutes, et je le tiens, mieux que si je l'avais dans
+une cage... Qu'est-ce qu'il fait là, solitaire, dans la chambre de Mlle
+Stangerson? Qu'écrit-il? À qui écrit-il?... Descente. L'échelle par
+terre. Le père Jacques me suit. Rentrons au château. J'envoie le père
+Jacques éveiller M. Stangerson. Il doit m'attendre chez M. Stangerson,
+et ne lui rien dire de précis avant mon arrivée. Moi, je vais aller
+éveiller Frédéric Larsan. Gros ennui pour moi. J'aurais voulu travailler
+seul et avoir toute l'aubaine de l'affaire, au nez de Larsan endormi.
+Mais le père Jacques et M. Stangerson sont des vieillards et moi, je ne
+suis peut-être pas assez développé. Je manquerais peut-être de force...
+Larsan, lui, a l'habitude de l'homme que l'on terrasse, que l'on jette
+par terre, que l'on relève, menottes aux poignets. Larsan m'ouvre,
+ahuri, les yeux gonflés de sommeil, prêt à m'envoyer promener, ne
+croyant nullement à mes imaginations de petit reporter. Il faut que je
+lui affirme que «l'homme est là!»
+
+«C'est bizarre, dit-il, _je croyais l'avoir quitté cet après-midi, à
+Paris!_»
+
+Il se vêt hâtivement et s'arme d'un revolver. Nous nous glissons dans la
+galerie.
+
+Larsan me demande:
+
+«Où est-il?
+
+--Dans la chambre de Mlle Stangerson.
+
+--Et Mlle Stangerson?
+
+--Elle n'est pas dans sa chambre!
+
+--Allons-y!
+
+--N'y allez pas! L'homme, à la première alerte, se sauvera... il a trois
+chemins pour cela... la porte, la fenêtre, le boudoir où se trouvent les
+femmes...
+
+--Je tirerai dessus...
+
+--Et si vous le manquez? Si vous ne faites que le blesser? Il
+s'échappera encore... Sans compter que, lui aussi, est certainement
+armé... Non, laissez-moi diriger l'expérience, et je réponds de tout...
+
+--Comme vous voudrez», me dit-il avec assez de bonne grâce.
+
+Alors, après m'être assuré que toutes les fenêtres des deux galeries
+sont hermétiquement closes, je place Frédéric Larsan à l'extrémité de la
+galerie tournante, devant cette fenêtre que j'ai trouvée ouverte et que
+j'ai refermée. Je dis à Fred:
+
+«Pour rien au monde, vous ne devez quitter ce poste, jusqu'au moment où
+je vous appellerai... Il y a cent chances sur cent pour que l'homme
+revienne à cette fenêtre et essaye de se sauver par là, quand il sera
+poursuivi, car c'est par là qu'il est venu et par là qu'il a préparé sa
+fuite. Vous avez un poste dangereux...
+
+--Quel sera le vôtre? demanda Fred.
+
+--Moi, je sauterai dans la chambre, et je vous rabattrai l'homme!
+
+--Prenez mon revolver, dit Fred, je prendrai votre bâton.
+
+--Merci, fis-je, vous êtes un brave homme»
+
+Et j'ai pris le revolver de Fred. J'allais être seul avec l'homme,
+là-bas, qui écrivait dans la chambre, et vraiment ce revolver me faisait
+plaisir.
+
+Je quittai donc Fred, l'ayant posté à la fenêtre 5 sur le plan, et je me
+dirigeai, toujours avec la plus grande précaution, vers l'appartement de
+M. Stangerson, dans l'aile gauche du château. Je trouvai M. Stangerson
+avec le père Jacques, qui avait observé la consigne, se bornant à dire à
+son maître qu'il lui fallait s'habiller au plus vite. Je mis alors M.
+Stangerson, en quelques mots, au courant de ce qui se passait. Il
+s'arma, lui aussi, d'un revolver, me suivit et nous fûmes aussitôt dans
+la galerie tous trois. Tout ce qui vient de se passer, depuis que
+j'avais vu l'assassin assis devant le bureau, avait à peine duré dix
+minutes. M. Stangerson voulait se précipiter immédiatement sur
+l'assassin et le tuer: c'était bien simple. Je lui fis entendre qu'avant
+tout il ne fallait pas risquer, «en voulant le tuer, de le manquer
+vivant».
+
+Quand je lui eus juré que sa fille n'était pas dans la chambre et
+qu'elle ne courait aucun danger, il voulut bien calmer son impatience et
+me laisser la direction de l'événement. Je dis encore au père Jacques et
+à M. Stangerson qu'ils ne devaient venir à moi que lorsque je les
+appellerais ou lorsque je tirerais un coup de revolver «et j'envoyai le
+père Jacques se placer» devant la fenêtre située à l'extrémité de la
+galerie droite. (La fenêtre est marquée du chiffre 2 sur mon plan.)
+J'avais choisi ce poste pour le père Jacques parce que j'imaginais que
+l'assassin, traqué à sa sortie de la chambre, se sauvant à travers la
+galerie pour rejoindre la fenêtre qu'il avait laissée ouverte, et
+voyant, tout à coup, en arrivant au carrefour des galeries, devant cette
+dernière fenêtre, Larsan gardant la galerie tournante, continuerait son
+chemin dans la galerie droite. Là, il rencontrerait le père Jacques, qui
+l'empêcherait de sauter dans le parc par la fenêtre qui ouvrait à
+l'extrémité de la galerie droite. C'est ainsi, certainement, qu'en une
+telle occurrence devait agir l'assassin s'il connaissait les lieux (et
+cette hypothèse ne faisait point de doute pour moi). Sous cette fenêtre,
+en effet, se trouvait extérieurement une sorte de contrefort. Toutes les
+autres fenêtres des galeries donnaient à une telle hauteur sur des
+fossés qu'il était à peu près impossible de sauter par là sans se rompre
+le cou. Portes et fenêtres étaient bien et solidement fermées, y compris
+la porte de la chambre de débarras, à l'extrémité de la galerie droite:
+Je m'en étais rapidement assuré.
+
+Donc, après avoir indiqué comme je l'ai dit, son poste au père Jacques
+«et l'y avoir vu», je plaçai M. Stangerson devant le palier de
+l'escalier, non loin de la porte de l'antichambre de sa fille. Tout
+faisait prévoir que, dès lors que je traquais l'assassin dans la
+chambre, celui-ci se sauverait par l'antichambre plutôt que par le
+boudoir où se trouvaient les femmes et dont la porte avait dû être
+fermée par Mlle Stangerson elle-même, si, comme je le pensais, elle
+s'était réfugiée dans ce boudoir «pour ne pas voir l'assassin qui allait
+venir chez elle!» Quoi qu'il en fût, il retombait toujours dans la
+galerie «où mon monde l'attendait à toutes les issues possibles».
+
+Arrivé là, il voit à sa gauche, presque sur lui, M. Stangerson; il se
+sauve alors à droite, vers la galerie tournante, «ce qui est le chemin,
+du reste, de sa fuite préparée». À l'intersection des deux galeries il
+aperçoit à la fois, comme je l'explique plus haut, à sa gauche, Frédéric
+Larsan au bout de la galerie tournante, et en face le père Jacques, au
+bout de la galerie droite. M. Stangerson et moi, nous arrivons par
+derrière. Il est à nous! Il ne peut plus nous échapper!... Ce plan me
+paraissait le plus sage, le plus sûr «et le plus simple». Si nous avions
+pu directement placer quelqu'un de nous derrière la porte du boudoir de
+Mlle Stangerson qui ouvrait sur la chambre à coucher, peut-être eût-il
+paru plus simple «à certains qui ne réfléchissent pas» d'assiéger
+directement les deux portes de la pièce où se trouvait l'homme, celle du
+boudoir et celle de l'antichambre; mais nous ne pouvions pénétrer dans
+le boudoir que par le salon, dont la porte avait été fermée à
+l'intérieur par les soins inquiets de Mlle Stangerson. Et ainsi, ce
+plan, qui serait venu à l'intellect d'un sergent de ville quelconque, se
+trouvait impraticable. Mais moi, qui suis obligé de réfléchir, je dirai
+que, même si j'avais eu la libre disposition du boudoir, j'aurais
+maintenu mon plan tel que je viens de l'exposer; car tout autre plan
+d'attaque direct par chacune des portes de la chambre «nous séparait les
+uns des autres au moment de la lutte avec l'homme», tandis que mon plan
+«réunissait tout le monde pour l'attaque», à un endroit que j'avais
+déterminé avec une précision quasi mathématique. Cet endroit était
+l'intersection des deux galeries.
+
+Ayant ainsi placé mon monde, je ressortis du château, courus à mon
+échelle, la réappliquai contre le mur et, le revolver au poing, je
+grimpai.
+
+Que si quelques-uns sourient de tant de précautions préalables, je les
+renverrai au mystère de la «Chambre Jaune» et à toutes les preuves que
+nous avions de la fantastique astuce de l'assassin; et aussi, que si
+quelques-uns trouvent bien méticuleuses toutes mes observations dans un
+moment où l'on doit être entièrement pris par la rapidité du mouvement,
+de la décision et de l'action, je leur répliquerai que j'ai voulu
+longuement et complètement rapporter ici toutes les dispositions d'un
+plan d'attaque conçu et exécuté aussi rapidement qu'il est lent à se
+dérouler sous ma plume. J'ai voulu cette lenteur et cette précision pour
+être certain de ne rien omettre des conditions dans lesquelles se
+produisit l'étrange phénomène qui, jusqu'à nouvel ordre et naturelle
+explication, me semble devoir prouver mieux que toutes les théories du
+professeur Stangerson, «la dissociation de la matière», je dirai même la
+dissociation «instantanée» de la matière.
+
+
+
+
+XVI
+
+Étrange phénomène de dissociation de la matière
+
+_Extrait du carnet de Joseph Rouletabille (suite)._
+
+
+Me voici de nouveau à la pierre de la fenêtre, continue Rouletabille, et
+de nouveau ma tête dépasse cette pierre; entre les rideaux dont la
+disposition n'a pas bougé, je m'apprête à regarder, anxieux de savoir
+dans quelle attitude je vais trouver l'assassin. S'il pouvait me tourner
+le dos! S'il pouvait être encore à cette table, en train d'écrire...
+Mais peut-être... peut-être n'est-il plus là!... Et comment se serait-il
+enfui?... Est-ce que je n'ai pas son échelle»?... Je fais appel à tout
+mon sang-froid. J'avance encore la tête. Je regarde: il est là; je
+revois son dos monstrueux, déformé par les ombres projetées par la
+bougie. Seulement, «il» n'écrit plus et la bougie n'est plus sur le
+petit bureau. La bougie est sur le parquet devant l'homme courbé
+au-dessus d'elle. Position bizarre, mais qui me sert. Je retrouve ma
+respiration. Je monte encore. Je suis aux derniers échelons; ma main
+gauche saisit l'appui de la fenêtre; au moment de réussir je sens mon
+coeur battre à coups précipités. Je mets mon revolver entre mes dents.
+Ma main droite maintenant tient aussi l'appui de la fenêtre. Un
+mouvement nécessairement un peu brusque, un rétablissement sur les
+poignets et je vais être sur la fenêtre... Pourvu que l'échelle!...
+C'est ce qui arrive... je suis dans la nécessité de prendre un point
+d'appui un peu fort sur l'échelle et mon pied n'a point plutôt quitté
+celle-ci que je sens qu'elle bascule. Elle racle le mur et s'abat...
+Mais déjà mes genoux touchent la pierre... Avec une rapidité que je
+crois sans égale, je me dresse debout sur la pierre... Mais plus rapide
+que moi a été l'assassin... Il a entendu le raclement de l'échelle
+contre le mur et j'ai vu tout à coup le dos monstrueux se soulever,
+l'homme se dresser, se retourner... J'ai vu sa tête... ai-je bien vu sa
+tête?... La bougie était sur le parquet et n'éclairait suffisamment que
+ses jambes. À partir de la hauteur de la table, il n'y avait guère dans
+la chambre que des ombres, que de la nuit... J'ai vu une tête chevelue,
+barbue... Des yeux de fou; une face pâle qu'encadraient deux larges
+favoris; la couleur, autant que je pouvais dans cette seconde obscure
+distinguer, la couleur... en était rousse... à ce qu'il m'est apparu...
+à ce que j'ai pensé... Je ne connaissais point cette figure. Ce fut, en
+somme, la sensation principale que je reçus de cette image entrevue dans
+des ténèbres vacillantes... Je ne connaissais pas cette figure «ou, tout
+au moins, je ne la reconnaissais pas»!
+
+Ah! Maintenant, il fallait faire vite!... il fallait être le vent! la
+tempête!... la foudre! Mais hélas... hélas! «il y avait des mouvements
+nécessaires...» Pendant que je faisais les mouvements nécessaires de
+rétablissement sur les poignets, du genou sur la pierre, de mes pieds
+sur la pierre... l'homme qui m'avait aperçu à la fenêtre avait bondi,
+s'était précipité comme je l'avais prévu sur la porte de l'antichambre,
+avait eu le temps de l'ouvrir et fuyait. Mais déjà j'étais derrière lui
+revolver au poing. Je hurlai: «À moi!»
+
+Comme une flèche j'avais traversé la chambre et cependant j'avais pu
+voir qu'«il y avait une lettre sur la table». Je rattrapai presque
+l'homme dans l'antichambre, car le temps qu'il lui avait fallu pour
+ouvrir la porte lui avait au moins pris une seconde. Je le touchai
+presque; il me colla sur le nez la porte qui donne de l'antichambre sur
+la galerie... Mais j'avais des ailes, je fus dans la galerie à trois
+mètres de lui... M. Stangerson et moi le poursuivîmes à la même hauteur.
+L'homme avait pris, toujours comme je l'avais prévu, la galerie à sa
+droite, c'est-à-dire le chemin préparé de sa fuite... «À moi, Jacques! À
+moi, Larsan!» m'écriai-je. Il ne pouvait plus nous échapper! Je poussai
+une clameur de joie, de victoire sauvage... L'homme parvint à
+l'intersection des deux galeries à peine deux secondes avant nous et la
+rencontre que j'avais décidée, le choc fatal qui devait inévitablement
+se produire, eut lieu! Nous nous heurtâmes tous à ce carrefour: M.
+Stangerson et moi venant d'un bout de la galerie droite, le père Jacques
+venant de l'autre bout de cette même galerie et Frédéric Larsan venant
+de la galerie tournante. Nous nous heurtâmes jusqu'à tomber...
+
+«Mais l'homme n'était pas là!»
+
+Nous nous regardions avec des yeux stupides, des yeux d'épouvante,
+devant cet «irréel»: «l'homme n'était pas là!»
+
+Où est-il? Où est-il? Où est-il?... Tout notre être demandait: «Où
+est-il?»
+
+«Il est impossible qu'il se soit enfui! m'écriai-je dans une colère plus
+grande que mon épouvante!
+
+--Je le touchais, s'exclama Frédéric Larsan.
+
+--Il était là, j'ai senti son souffle dans la figure! faisait le père
+Jacques.
+
+--Nous le touchions!» répétâmes-nous, M. Stangerson et moi.
+
+Où est-il? Où est-il? Où est-il?...
+
+Nous courûmes comme des fous dans les deux galeries; nous visitâmes
+portes et fenêtres; elles étaient closes, hermétiquement closes... On
+n'avait pas pu les ouvrir, puisque nous les trouvions fermées... Et
+puis, est-ce que cette ouverture d'une porte ou d'une fenêtre par cet
+homme, ainsi traqué, sans que nous ayons pu apercevoir son geste, n'eût
+pas été plus inexplicable encore que la disparition de l'homme lui-même?
+
+Où est-il? Où est-il?... Il n'a pu passer par une porte, ni par une
+fenêtre, ni par rien. Il n'a pu passer à travers nos corps!...
+
+J'avoue que, dans le moment, je fus anéanti. Car, enfin, il faisait
+clair dans la galerie, et dans cette galerie il n'y avait ni trappe, ni
+porte secrète dans les murs, ni rien où l'on pût se cacher. Nous
+remuâmes les fauteuils et soulevâmes les tableaux. Rien! Rien! Nous
+aurions regardé dans une potiche, s'il y avait eu une potiche!
+
+
+
+
+XVII
+
+La galerie inexplicable
+
+
+Mlle Mathilde Stangerson apparut sur le seuil de son antichambre,
+continue toujours le carnet de Rouletabille. Nous étions presque à sa
+porte, dans cette galerie où venait de se passer l'incroyable phénomène.
+Il y a des moments où l'on sent sa cervelle fuir de toutes parts. Une
+balle dans la tête, un crâne qui éclate, le siège de la logique
+assassiné, la raison en morceaux... tout cela était sans doute
+comparable à la sensation, qui m'épuisait, «qui me vidait», du
+déséquilibre de tout, de la fin de mon moi pensant, pensant avec ma
+pensée d'homme! La ruine morale d'un édifice rationnel, doublé de la
+ruine réelle de la vision physiologique, alors que les yeux voient
+toujours clair, quel coup affreux sur le crâne!
+
+Heureusement, Mlle Mathilde Stangerson apparut sur le seuil de son
+antichambre. Je la vis; et ce fut une diversion à ma pensée en chaos...
+Je la respirai... «je respirai son parfum de la dame en noir... Chère
+dame en noir, chère dame en noir» que je ne reverrai jamais plus! Mon
+Dieu! dix ans de ma vie, la moitié de ma vie pour revoir la dame en
+noir! Mais, hélas! Je ne rencontre plus, de temps en temps, et
+encore!... et encore!... que le parfum, à peu près le parfum dont je
+venais respirer la trace, sensible pour moi seul, dans le parloir de ma
+jeunesse!... c'est cette réminiscence aiguë de ton cher parfum, dame en
+noir, qui me fit aller vers celle-ci que voilà tout en blanc, et si
+pâle, si pâle, et si belle sur le seuil de la «galerie inexplicable»!
+Ses beaux cheveux dorés relevés sur la nuque laissent voir l'étoile
+rouge de sa tempe, la blessure dont elle faillit mourir... Quand je
+commençais seulement à prendre ma raison par le bon bout, dans cette
+affaire, j'imaginais que, la nuit du mystère de la «Chambre Jaune», Mlle
+Stangerson portait les cheveux en bandeaux... «Mais, avant mon entrée
+dans la «Chambre Jaune», comment aurais-je raisonné sans la chevelure
+aux bandeaux»?
+
+Et maintenant, je ne raisonne plus du tout, depuis le fait de la
+«galerie inexplicable»; je suis là, stupide, devant l'apparition de Mlle
+Stangerson, pâle et si belle. Elle est vêtue d'un peignoir d'une
+blancheur de rêve. On dirait une apparition, un doux fantôme. Son père
+la prend dans ses bras, l'embrasse avec passion, semble la reconquérir
+une fois de plus, puisqu'une fois de plus elle eût pu, pour lui, être
+perdue! Il n'ose l'interroger... Il l'entraîne dans sa chambre où nous
+les suivons... car, enfin, il faut savoir!... La porte du boudoir est
+ouverte... Les deux visages épouvantés des gardes-malades sont penchés
+vers nous... «Mlle Stangerson demande ce que signifie tout ce bruit.»
+«Voilà, dit-elle, c'est bien simple!...»--Comme c'est simple! comme
+c'est simple!--... Elle a eu l'idée de ne pas dormir cette nuit dans sa
+chambre, de se coucher dans la même pièce que les gardes-malades, dans
+le boudoir... Et elle a fermé, sur elles trois, la porte du boudoir...
+Elle a, depuis la nuit criminelle, des craintes, des peurs soudaines
+fort compréhensibles, n'est-ce pas?... Qui comprendra pourquoi, cette
+nuit justement «où il devait revenir», elle s'est enfermée par un
+«hasard» très heureux avec ses femmes? Qui comprendra pourquoi elle
+repousse la volonté de M. Stangerson de coucher dans le salon de sa
+fille, puisque sa fille a peur? Qui comprendra pourquoi la lettre, qui
+était tout à l'heure sur la table de la chambre, «n'y est plus»!...
+Celui qui comprendra cela dira: Mlle Stangerson savait que l'assassin
+devait revenir... elle ne pouvait l'empêcher de revenir... elle n'a
+prévenu personne parce qu'il faut que l'assassin reste inconnu...
+inconnu de son père, inconnu de tous... excepté de Robert Darzac. Car M.
+Darzac doit le connaître maintenant... Il le connaissait peut-être
+avant! Se rappeler la phrase du jardin de l'Élysée: «Me faudra-t-il,
+pour vous avoir, commettre un crime?» Contre qui, le crime, sinon
+«contre l'obstacle», contre l'assassin? Se rappeler encore cette phrase
+de M. Darzac en réponse à ma question: «Cela ne vous déplairait-il point
+que je découvre l'assassin?--Ah! Je voudrais le tuer de ma main!» Et je
+lui ai répliqué: «Vous n'avez pas répondu à ma question!» Ce qui était
+vrai. En vérité, en vérité, M. Darzac connaît si bien l'assassin qu'il a
+peur que je le découvre, «tout en voulant le tuer». Il n'a facilité mon
+enquête que pour deux raisons: d'abord parce que je l'y ai forcé;
+ensuite, pour mieux veiller sur elle...
+
+Je suis dans la chambre... dans sa chambre... je la regarde, elle... et
+je regarde aussi la place où était la lettre tout à l'heure... Mlle
+Stangerson s'est emparée de la lettre; cette lettre était pour elle,
+évidemment... évidemment... Ah! comme la malheureuse tremble... Elle
+tremble au récit fantastique que son père lui fait de la présence de
+l'assassin dans sa chambre et de la poursuite dont il a été l'objet...
+Mais il est visible... il est visible qu'elle n'est tout à fait rassurée
+que lorsqu'on lui affirme que l'assassin, par un sortilège inouï, a pu
+nous échapper.
+
+Et puis il y a un silence... Quel silence!... Nous sommes tous là, à
+«la» regarder... Son père, Larsan, le père Jacques et moi... Quelles
+pensées roulent dans ce silence autour d'elle?... Après l'événement de
+ce soir, après le mystère de la «galerie inexplicable», après cette
+réalité prodigieuse de l'installation de l'assassin dans sa chambre, à
+elle, il me semble que toutes les pensées, toutes, depuis celles qui se
+traînent sous le crâne du père Jacques, jusqu'à celles qui «naissent»
+sous le crâne de M. Stangerson, toutes pourraient se traduire par ces
+mots qu'on lui adresserait, à elle: «Oh! toi qui connais le mystère,
+explique-le-nous, et nous te sauverons peut-être!» Ah! comme je voudrais
+la sauver... d'elle-même, et de l'autre!... J'en pleure... Oui, je sens
+mes yeux se remplir de larmes devant tant de misère si horriblement
+cachée.
+
+Elle est là, celle qui a le parfum de «la dame en noir»... je la vois
+enfin, chez elle, dans sa chambre, dans cette chambre où elle n'a pas
+voulu me recevoir... dans cette chambre «où elle se tait», où elle
+continue de se taire. Depuis l'heure fatale de la «Chambre Jaune», nous
+tournons autour de cette femme invisible et muette pour savoir ce
+qu'elle sait. Notre désir, notre volonté de savoir doivent lui être un
+supplice de plus. Qui nous dit que, si «nous apprenons», la connaissance
+de «son» mystère ne sera pas le signal d'un drame plus épouvantable que
+ceux qui se sont déjà déroulés ici? Qui nous dit qu'elle n'en mourra
+pas? Et cependant, elle a failli mourir... et nous ne savons rien... Ou
+plutôt il y en a qui ne savent rien... mais moi... si je savais «qui»,
+je saurais tout... Qui? qui? qui?... et ne sachant pas qui, je dois me
+taire, par pitié pour elle, car il ne fait point de doute qu'elle sait,
+elle, comment «il» s'est enfui, lui, de la «Chambre Jaune», et cependant
+elle se tait. Pourquoi parlerais-je? Quand je saurai qui, «je lui
+parlerai, à lui!»
+
+Elle nous regarde maintenant... mais de loin... comme si nous n'étions
+pas dans sa chambre... M. Stangerson rompt le silence. M. Stangerson
+déclare que, désormais, il ne quittera plus l'appartement de sa fille.
+C'est en vain que celle-ci veut s'opposer à cette volonté formelle, M.
+Stangerson tient bon. Il s'y installera dès cette nuit même, dit-il. Sur
+quoi, uniquement occupé de la santé de sa fille, il lui reproche de
+s'être levée... puis il lui tient soudain de petits discours
+enfantins... Il lui sourit... il ne sait plus beaucoup ni ce qu'il dit,
+ni ce qu'il fait... L'illustre professeur perd la tête... Il répète des
+mots sans suite qui attestent le désarroi de son esprit... celui du
+nôtre n'est guère moindre. Mlle Stangerson dit alors, avec une voix si
+douloureuse, ces simples mots: «Mon père! mon père!» que celui-ci éclate
+en sanglots. Le père Jacques se mouche et Frédéric Larsan, lui-même, est
+obligé de se détourner pour cacher son émotion. Moi, je n'en peux
+plus... je ne pense plus, je ne sens plus, je suis au-dessous du
+végétal. Je me dégoûte.
+
+C'est la première fois que Frédéric Larsan se trouve, comme moi, en face
+de Mlle Stangerson, depuis l'attentat de la «Chambre Jaune». Comme moi,
+il avait insisté pour pouvoir interroger la malheureuse; mais, pas plus
+que moi, il n'avait été reçu. À lui comme à moi, on avait toujours fait
+la même réponse: Mlle Stangerson était trop faible pour nous recevoir,
+les interrogatoires du juge d'instruction la fatiguaient suffisamment,
+etc... Il y avait là une mauvaise volonté évidente à nous aider dans nos
+recherches qui, «moi», ne me surprenait pas, mais qui étonnait toujours
+Frédéric Larsan. Il est vrai que Frédéric Larsan et moi avons une
+conception du crime tout à fait différente...
+
+... Ils pleurent... Et je me surprends encore à répéter au fond de moi:
+La sauver!... la sauver malgré elle! la sauver sans la compromettre! La
+sauver sans qu'«il» parle! Qui: «il?»--«Il», l'assassin... Le prendre et
+lui fermer la bouche!... Mais M. Darzac l'a fait entendre: «pour lui
+fermer la bouche, il faut le tuer!» Conclusion logique des phrases
+échappées à M. Darzac. Ai-je le droit de tuer l'assassin de Mlle
+Stangerson? Non!... Mais qu'il m'en donne seulement l'occasion. Histoire
+de voir s'il est bien, réellement, en chair et en os! Histoire de voir
+son cadavre, puisqu'on ne peut saisir son corps vivant!
+
+Ah! comment faire comprendre à cette femme, qui ne nous regarde même
+pas, qui est toute à son effroi et à la douleur de son père, que je suis
+capable de tout pour la sauver... Oui... oui... je recommencerai à
+prendre ma raison par le bon bout et j'accomplirai des prodiges...
+
+Je m'avance vers elle... je veux parler, je veux la supplier d'avoir
+confiance en moi... je voudrais lui faire entendre par quelques mots,
+compris d'elle seule et de moi, que je sais comment son assassin est
+sorti de la «Chambre Jaune», que j'ai deviné la moitié de son secret...
+et que je la plains, elle, de tout mon coeur... Mais déjà son geste nous
+prie de la laisser seule, exprime la lassitude, le besoin de repos
+immédiat... M. Stangerson nous demande de regagner nos chambres, nous
+remercie, nous renvoie... Frédéric Larsan et moi saluons, et, suivis du
+père Jacques, nous regagnons la galerie. J'entends Frédéric Larsan qui
+murmure: «Bizarre! bizarre!...» Il me fait signe d'entrer dans sa
+chambre. Sur le seuil, il se retourne vers le père Jacques. Il lui
+demande:
+
+«Vous l'avez bien vu, vous?
+
+--Qui?
+
+--L'homme!
+
+--Si je l'ai vu!... Il avait une large barbe rousse, des cheveux roux...
+
+--C'est ainsi qu'il m'est apparu, à moi, fis-je.
+
+--Et à moi aussi», dit Frédéric Larsan.
+
+Le grand Fred et moi nous sommes seuls, maintenant, à parler de la
+chose, dans sa chambre. Nous en parlons une heure, retournant l'affaire
+dans tous les sens. Il est clair que Fred, aux questions qu'il me pose,
+aux explications qu'il me donne, est persuadé--malgré ses yeux, malgré
+mes yeux, malgré tous les yeux--que l'homme a disparu par quelque
+passage secret de ce château qu'il connaissait.
+
+«Car il connaît le château, me dit-il; il le connaît bien...
+
+--C'est un homme de taille plutôt grande, bien découplé...
+
+--Il a la taille qu'il faut... murmure Fred...
+
+--Je vous comprends, dis-je... mais comment expliquez-vous la barbe
+rousse, les cheveux roux?
+
+--Trop de barbe, trop de cheveux... Des postiches, indique Frédéric
+Larsan.
+
+--C'est bientôt dit... Vous êtes toujours occupé par la pensée de Robert
+Darzac... Vous ne pourrez donc vous en débarrasser jamais?... Je suis
+sûr, moi, qu'il est innocent...
+
+--Tant mieux! Je le souhaite... mais vraiment tout le condamne... Vous
+avez remarqué les pas sur le tapis?... Venez les voir...
+
+--Je les ai vus... Ce sont «les pas élégants» du bord de l'étang.
+
+--Ce sont les pas de Robert Darzac; le nierez-vous?
+
+--Évidemment, on peut s'y méprendre...
+
+--Avez-vous remarqué que la trace de ces pas «ne revient pas»? Quand
+l'homme est sorti de la chambre, poursuivi par nous tous, ses pas n'ont
+point laissé de traces...
+
+--L'homme était peut-être dans la chambre «depuis des heures». La boue
+de ses bottines a séché et il glissait avec une telle rapidité sur la
+pointe de ses bottines... On le voyait fuir, l'homme... on ne
+l'entendait pas...»
+
+Soudain, j'interromps ces propos sans suite, sans logique, indignes de
+nous. Je fais signe à Larsan d'écouter:
+
+«Là, en bas... on ferme une porte...»
+
+Je me lève; Larsan me suit; nous descendons au rez-de-chaussée du
+château; nous sortons du château. Je conduis Larsan à la petite pièce en
+encorbellement dont la terrasse donne sous la fenêtre de la galerie
+tournante. Mon doigt désigne cette porte fermée maintenant, ouverte tout
+à l'heure, sous laquelle filtre de la lumière.
+
+«Le garde! dit Fred.
+
+--Allons-y!» lui soufflai-je...
+
+Et, décidé, mais décidé à quoi, le savais-je? décidé à croire que le
+garde est le coupable? l'affirmerais-je? je m'avance contre la porte, et
+je frappe un coup brusque.
+
+Certains penseront que ce retour à la porte du garde est bien tardif...
+et que notre premier devoir à tous, après avoir constaté que l'assassin
+nous avait échappé dans la galerie, était de le rechercher partout
+ailleurs, autour du château, dans le parc... Partout...
+
+Si l'on nous fait une telle objection, nous n'avons pour y répondre que
+ceci: c'est que l'assassin était disparu de telle sorte de la galerie
+«que nous avons réellement pensé qu'il n'était plus nulle part»! Il nous
+avait échappé quand nous avions tous la main dessus, quand nous le
+touchions presque... nous n'avions plus aucun ressort pour nous imaginer
+que nous pourrions maintenant le découvrir dans le mystère de la nuit et
+du parc. Enfin, je vous ai dit de quel coup cette disparition m'avait
+choqué le crâne!
+
+... Aussitôt que j'eus frappé, la porte s'ouvrit; le garde nous demanda
+d'une voix calme ce que nous voulions. Il était en chemise «et il allait
+se mettre au lit»; le lit n'était pas encore défait...
+
+Nous entrâmes; je m'étonnai.
+
+«Tiens! vous n'êtes pas encore couché?...
+
+--Non! répondit-il d'une voix rude... J'ai été faire une tournée dans le
+parc et dans les bois... J'en reviens... Maintenant, j'ai sommeil...
+bonsoir!...
+
+--Écoutez, fis-je... Il y avait tout à l'heure, auprès de votre fenêtre,
+une échelle...
+
+--Quelle échelle? Je n'ai pas vu d'échelle!... Bonsoir!»
+
+Et il nous mit à la porte tout simplement.
+
+Dehors, je regardai Larsan. Il était impénétrable.
+
+«Eh bien? fis-je...
+
+--Eh bien? répéta Larsan...
+
+--Cela ne vous ouvre-t-il point des horizons?»
+
+Sa mauvaise humeur était certaine. En rentrant au château, je l'entendis
+qui bougonnait:
+
+«Il serait tout à fait, mais tout à fait étrange que je me fusse trompé
+à ce point!...»
+
+Et, cette phrase, il me semblait qu'il l'avait plutôt prononcée à mon
+adresse qu'il ne se la disait à lui-même.
+
+Il ajouta:
+
+«Dans tous les cas, nous serons bientôt fixés... Ce matin il fera jour.»
+
+
+
+
+XVIII
+
+Rouletabille a dessiné un cercle entre les deux bosses de son front
+
+_Extrait du carnet de Joseph Rouletabille (suite)._
+
+
+Nous nous quittâmes sur le seuil de nos chambres après une mélancolique
+poignée de mains. J'étais heureux d'avoir fait naître quelque soupçon de
+son erreur dans cette cervelle originale, extrêmement intelligente, mais
+antiméthodique. Je ne me couchai point. J'attendis le petit jour et je
+descendis devant le château. J'en fis le tour en examinant toutes les
+traces qui pouvaient en venir ou y aboutir. Mais elles étaient si mêlées
+et si confuses que je ne pus rien en tirer. Du reste, je tiens ici à
+faire remarquer que je n'ai point coutume d'attacher une importance
+exagérée aux signes extérieurs que laisse le passage d'un crime. Cette
+méthode, qui consiste à conclure au criminel d'après les traces de pas,
+est tout à fait primitive. Il y a beaucoup de traces de pas qui sont
+identiques, et c'est tout juste s'il faut leur demander une première
+indication qu'on ne saurait, en aucun cas, considérer comme une preuve.
+
+Quoi qu'il en soit, dans le grand désarroi de mon esprit, je m'en étais
+donc allé dans la cour d'honneur et m'étais penché sur les traces, sur
+toutes les traces qui étaient là, leur demandant cette première
+indication dont j'avais tant besoin pour m'accrocher à quelque chose de
+«raisonnable», à quelque chose qui me permît de «raisonner» sur les
+événements de la «galerie inexplicable». Comment raisonner?... Comment
+raisonner?
+
+... Ah! raisonner par le bon bout! Je m'assieds, désespéré, sur une
+pierre de la cour d'honneur déserte... Qu'est-ce que je fais, depuis
+plus d'une heure, sinon la plus basse besogne du plus ordinaire
+policier... Je vais quérir l'erreur comme le premier inspecteur venu,
+sur la trace de quelques pas «qui me feront dire ce qu'ils voudront»!
+
+Je me trouve plus abject, plus bas dans l'échelle des intelligences que
+ces agents de la Sûreté imaginés par les romanciers modernes, agents qui
+ont acquis leur méthode dans la lecture des romans d'Edgar Poe ou de
+Conan Doyle. Ah! Agents littéraires... qui bâtissez des montagnes de
+stupidité avec un pas sur le sable, avec le dessin d'une main sur le
+mur! «À toi, Frédéric Larsan, à toi, l'agent littéraire!... Tu as trop
+lu Conan Doyle, mon vieux!... Sherlock Holmes te fera faire des bêtises,
+des bêtises de raisonnement plus énormes que celles qu'on lit dans les
+livres... Elles te feront arrêter un innocent... Avec ta méthode à la
+Conan Doyle, tu as su convaincre le juge d'instruction, le chef de la
+Sûreté... tout le monde... Tu attends une dernière preuve... une
+dernière!... Dis donc une première, malheureux!... «Tout ce que vous
+offrent les sens ne saurait être une preuve...» Moi aussi, je me suis
+penché sur «les traces sensibles», mais pour leur demander uniquement
+_d'entrer dans le cercle qu'avait dessiné ma raison_. Ah! bien des fois,
+le cercle fut si étroit, si étroit... Mais si étroit était-il, il était
+immense, «puisqu'il ne contenait que de la vérité»!... Oui, oui, je le
+jure, les traces sensibles n'ont jamais été que mes servantes... elles
+n'ont point été mes maîtresses... Elles n'ont point fait de moi cette
+chose monstrueuse, plus terrible qu'un homme sans yeux: un homme qui
+voit mal! Et voilà pourquoi je triompherai de ton erreur et de ta
+cogitation animale, ô Frédéric Larsan!»
+
+Eh quoi! eh quoi! parce que, pour la première fois, cette nuit, dans la
+galerie inexplicable, il s'est produit un événement qui «semble» ne
+point rentrer dans le cercle tracé par ma raison, voilà que je divague,
+voilà que je me penche, le nez sur la terre, comme un porc qui cherche,
+au hasard, dans la fange, l'ordure qui le nourrira... Allons!
+Rouletabille, mon ami, relève la tête... il est impossible que
+l'événement de la galerie inexplicable soit sorti du cercle tracé par ta
+raison... Tu le sais! Tu le sais! Alors, relève la tête... presse de tes
+deux mains les bosses de ton front, et rappelle-toi que, lorsque tu as
+tracé le cercle, tu as pris, pour le dessiner dans ton cerveau comme on
+trace sur le papier une figure géométrique, _tu as pris ta raison par le
+bon bout!_
+
+Eh bien, marche maintenant... et remonte dans la «galerie inexplicable
+en t'appuyant sur le bon bout de ta raison» comme Frédéric Larsan
+s'appuie sur sa canne, et tu auras vite prouvé que le grand Fred n'est
+qu'un sot.
+
+Joseph ROULETABILLE
+
+30 octobre, midi.
+
+Ainsi ai-je pensé... ainsi ai-je agi... la tête en feu, je suis remonté
+dans la galerie et voilà que, sans y avoir rien trouvé de plus que ce
+que j'y ai vu cette nuit, le bon bout de ma raison m'a montré une chose
+si formidable que j'ai besoin de «me retenir à lui» pour ne pas tomber.
+
+Ah! Il va me falloir de la force, cependant, pour découvrir maintenant
+les traces sensibles qui vont entrer, qui doivent entrer dans le cercle
+plus large que j'ai dessiné là, entre les deux bosses de mon front!
+
+Joseph ROULETABILLE
+
+30 octobre, minuit.
+
+
+
+
+XIX
+
+Rouletabille m'offre à déjeuner à l'auberge du «Donjon»
+
+
+Ce n'est que plus tard que Rouletabille me remit ce carnet où l'histoire
+du phénomène de la «galerie inexplicable» avait été retracée tout au
+long, par lui, le matin même qui suivit cette nuit énigmatique. Le jour
+où je le rejoignis au Glandier dans sa chambre, il me raconta, par le
+plus grand détail, tout ce que vous connaissez maintenant, y compris
+l'emploi de son temps pendant les quelques heures qu'il était allé
+passer, cette semaine-là, à Paris, où, du reste, il ne devait rien
+apprendre qui le servît.
+
+L'événement de la «galerie inexplicable» était survenu dans la nuit du
+29 au 30 octobre, c'est-à-dire trois jours avant mon retour au château,
+puisque nous étions le 2 novembre. «C'est donc le 2 novembre» que je
+reviens au Glandier, appelé par la dépêche de mon ami et apportant les
+revolvers.
+
+Je suis dans la chambre de Rouletabille; il vient de terminer son récit.
+
+Pendant qu'il parlait, il n'avait point cessé de caresser la convexité
+des verres du binocle qu'il avait trouvé sur le guéridon et je
+comprenais, à la joie qu'il prenait à manipuler ces verres de presbyte,
+que ceux-ci devaient constituer une de ces «marques sensibles destinées
+à entrer dans le cercle tracé par le bon bout de sa raison». Cette façon
+bizarre, unique, qu'il avait de s'exprimer en usant de termes
+merveilleusement adéquats à sa pensée ne me surprenait plus; mais
+souvent il fallait connaître sa pensée pour comprendre les termes et ce
+n'était point toujours facile que de pénétrer la pensée de Joseph
+Rouletabille. La pensée de cet enfant était une des choses les plus
+curieuses que j'avais jamais eu à observer. Rouletabille se promenait
+dans la vie avec cette pensée sans se douter de l'étonnement--disons le
+mot--de l'ahurissement qu'il rencontrait sur son chemin. Les gens
+tournaient la tête vers cette pensée, la regardaient passer, s'éloigner,
+comme on s'arrête pour considérer plus longtemps une silhouette
+originale que l'on a croisée sur sa route. Et comme on se dit: «D'où
+vient-il, celui-là! Où va-t-il?» on se disait: «D'où vient la pensée de
+Joseph Rouletabille et où va-t-elle?» J'ai avoué qu'il ne se doutait
+point de la couleur originale de sa pensée; aussi ne la gênait-elle
+nullement pour se promener, comme tout le monde, dans la vie. De même,
+un individu qui ne se doute point de sa mise excentrique est-il tout à
+fait à son aise, quel que soit le milieu qu'il traverse. C'est donc avec
+une simplicité naturelle que cet enfant, irresponsable de son cerveau
+supernaturel, exprimait des choses formidables «par leur logique
+raccourcie», tellement raccourcie que nous n'en pouvions, nous autres,
+comprendre la forme qu'autant qu'à nos yeux émerveillés il voulait bien
+la détendre et la présenter de face dans sa position normale.
+
+Joseph Rouletabille me demanda ce que je pensais du récit qu'il venait
+de me faire. Je lui répondis que sa question m'embarrassait fort, à quoi
+il me répliqua d'essayer, à mon tour, de prendre ma raison par le bon
+bout.
+
+«Eh bien, fis-je, il me semble que le point de départ de mon
+raisonnement doit être celui-ci: il ne fait point de doute que
+l'assassin que vous poursuiviez a été à un moment de cette poursuite
+dans la galerie.»
+
+Et je m'arrêtai...
+
+«En partant si bien, s'exclama-t-il, vous ne devriez point être arrêté
+si tôt. Voyons, un petit effort.
+
+--Je vais essayer. Du moment où il était dans la galerie et où il en a
+disparu, alors qu'il n'a pu passer ni par une porte ni par une fenêtre,
+il faut qu'il se soit échappé par une autre ouverture.»
+
+Joseph Rouletabille me considéra avec pitié, sourit négligemment et
+n'hésita pas plus longtemps à me confier que je raisonnais toujours
+«comme une savate».
+
+«Que dis-je? comme une savate! Vous raisonnez comme Frédéric Larsan!»
+
+Car Joseph Rouletabille passait par des périodes alternatives
+d'admiration et de dédain pour Frédéric Larsan; tantôt il s'écriait: «Il
+est vraiment fort!»; tantôt il gémissait: «Quelle brute!», selon que--et
+je l'avais bien remarqué--selon que les découvertes de Frédéric Larsan
+venaient corroborer son raisonnement à lui ou qu'elles le
+contredisaient. C'était un des petits côtés du noble caractère de cet
+enfant étrange.
+
+Nous nous étions levés et il m'entraîna dans le parc. Comme nous nous
+trouvions dans la cour d'honneur, nous dirigeant vers la sortie, un
+bruit de volets rejetés contre le mur nous fit tourner la tête, et nous
+vîmes au premier étage de l'aile gauche du château, à la fenêtre, une
+figure écarlate et entièrement rasée que je ne connaissais point.
+
+«Tiens! murmura Rouletabille, Arthur Rance!»
+
+Il baissa la tête, hâta sa marche et je l'entendis qui disait entre ses
+dents:
+
+«Il était donc cette nuit au château?... Qu'est-il venu y faire?»
+
+Quand nous fûmes assez éloignés du château, je lui demandai qui était
+cet Arthur Rance et comment il l'avait connu. Alors il me rappela son
+récit du matin même, me faisant souvenir que M. Arthur-W. Rance était
+cet américain de Philadelphie avec qui il avait si copieusement trinqué
+à la réception de l'Élysée.
+
+«Mais ne devait-il point quitter la France presque immédiatement?
+demandai-je.
+
+--Sans doute; aussi vous me voyez tout étonné de le trouver encore, non
+seulement en France, mais encore, mais surtout au Glandier. Il n'est
+point arrivé ce matin; il n'est point arrivé cette nuit; il sera donc
+arrivé avant dîner et je ne l'ai point vu. Comment se fait-il que les
+concierges ne m'aient point averti?»
+
+Je fis remarquer à mon ami qu'à propos des concierges, il ne m'avait
+point encore dit comment il s'y était pris pour les faire remettre en
+liberté.
+
+Nous approchions justement de la loge; le père et la mère Bernier nous
+regardaient venir. Un bon sourire éclairait leur face prospère. Ils
+semblaient n'avoir gardé aucun mauvais souvenir de leur détention
+préventive. Mon jeune ami leur demanda à quelle heure était arrivé
+Arthur Rance. Ils lui répondirent qu'ils ignoraient que M. Arthur Rance
+fût au château. Il avait dû s'y présenter dans la soirée de la veille,
+mais ils n'avaient pas eu à lui ouvrir la grille, attendu que M. Arthur
+Rance, qui était, paraît-il, un grand marcheur et qui ne voulait point
+qu'on allât le chercher en voiture, avait coutume de descendre à la gare
+du petit bourg de Saint-Michel; de là, il s'acheminait à travers la
+forêt jusqu'au château. Il arrivait au parc par la grotte de
+Sainte-Geneviève, descendait dans cette grotte, enjambait un petit
+grillage et se trouvait dans le parc.
+
+À mesure que les concierges parlaient, je voyais le visage de
+Rouletabille s'assombrir, manifester un certain mécontentement et, à
+n'en point douter, un mécontentement contre lui-même. Évidemment, il
+était un peu vexé que, ayant tant travaillé sur place, ayant étudié les
+êtres et les choses du Glandier avec un soin méticuleux, il en fût
+encore à apprendre «qu'Arthur Rance avait coutume de venir au château».
+
+Morose, il demanda des explications.
+
+«Vous dites que M. Arthur Rance a coutume de venir au château... Mais,
+quand y est-il donc venu pour la dernière fois?
+
+--Nous ne saurions vous dire exactement, répondit M. Bernier--c'était le
+nom du concierge--attendu que nous ne pouvions rien savoir pendant qu'on
+nous tenait en prison, et puis parce que, si ce monsieur, quand il vient
+au château, ne passe pas par notre grille, il n'y passe pas non plus
+quand il le quitte...
+
+--Enfin, savez-vous quand il y est venu _pour la première fois?_
+
+--Oh! oui, monsieur... il y a neuf ans!...
+
+--Il est donc venu en France, il y a neuf ans, répondit Rouletabille;
+et, cette fois-ci, à votre connaissance, combien de fois est-il venu au
+Glandier?
+
+--Trois fois.
+
+--Quand est-il venu au Glandier pour la dernière fois, à «votre
+connaissance», avant aujourd'hui.
+
+--Une huitaine de jours avant l'attentat de la «Chambre Jaune».
+
+Rouletabille demanda encore, cette fois-ci, particulièrement à la femme:
+
+«_Dans la rainure du parquet?_
+
+--Dans la rainure du parquet, répondit-elle.
+
+--Merci, fit Rouletabille, et préparez-vous pour ce soir.»
+
+Il prononça cette dernière phrase, un doigt sur la bouche, pour
+recommander le silence et la discrétion.
+
+Nous sortîmes du parc et nous dirigeâmes vers l'auberge du «Donjon».
+
+«Vous allez quelquefois manger à cette auberge?
+
+--Quelquefois.
+
+--Mais vous prenez aussi vos repas au château?
+
+--Oui, Larsan et moi nous nous faisons servir tantôt dans l'une de nos
+chambres, tantôt dans l'autre.
+
+--M. Stangerson ne vous a jamais invité à sa table?
+
+--Jamais.
+
+--Votre présence chez lui ne le lasse pas?
+
+--Je n'en sais rien, mais en tout cas il fait comme si nous ne le
+gênions pas.
+
+--Il ne vous interroge jamais?
+
+--Jamais! Il est resté dans cet état d'esprit du monsieur qui était
+derrière la porte de la «Chambre Jaune», pendant qu'on assassinait sa
+fille, qui a défoncé la porte et qui n'a point trouvé l'assassin. Il est
+persuadé que, du moment qu'il n'a pu, «sur le fait», rien découvrir,
+nous ne pourrons à plus forte raison rien découvrir non plus, nous
+autres... Mais il s'est fait un devoir, «depuis l'hypothèse de Larsan»,
+de ne point contrarier nos illusions.»
+
+Rouletabille se replongea dans ses réflexions. Il en sortit enfin pour
+m'apprendre comment il avait libéré les deux concierges.
+
+«Je suis allé, dernièrement, trouver M. Stangerson avec une feuille de
+papier. Je lui ai dit d'écrire sur cette feuille ces mots: «Je m'engage,
+quoi qu'ils puissent dire, à garder à mon service mes deux fidèles
+serviteurs, Bernier et sa femme», et de signer. Je lui expliquai qu'avec
+cette phrase je serais en mesure de faire parler le concierge et sa
+femme et je lui affirmai que j'étais sûr qu'ils n'étaient pour rien dans
+le crime. Ce fut, d'ailleurs, toujours mon opinion. Le juge
+d'instruction présenta cette feuille signée aux Bernier qui, alors,
+parlèrent. Ils dirent ce que j'étais certain qu'ils diraient, dès qu'on
+leur enlèverait la crainte de perdre leur place. Ils racontèrent qu'ils
+braconnaient sur les propriétés de M. Stangerson et que c'était par un
+soir de braconnage qu'ils se trouvèrent non loin du pavillon au moment
+du drame. Les quelques lapins qu'ils acquéraient ainsi, au détriment de
+M. Stangerson, étaient vendus par eux au patron de l'auberge du «Donjon»
+qui s'en servait pour sa clientèle ou qui les écoulait sur Paris.
+C'était la vérité, je l'avais devinée dès le premier jour. Souvenez-vous
+de cette phrase avec laquelle j'entrai dans l'auberge du «Donjon»: «Il
+va falloir manger du saignant maintenant!» Cette phrase, je l'avais
+entendue le matin même, quand nous arrivâmes devant la grille du parc,
+et vous l'aviez entendue, vous aussi, mais vous n'y aviez point attaché
+d'importance. Vous savez qu'au moment où nous allions atteindre cette
+grille, nous nous sommes arrêtés à regarder un instant un homme qui,
+devant le mur du parc, faisait les cent pas en consultant, à chaque
+instant, sa montre. Cet homme, c'était Frédéric Larsan qui, déjà,
+travaillait. Or, derrière nous, le patron de l'auberge sur son seuil
+disait à quelqu'un qui se trouvait à l'intérieur de l'auberge:
+«Maintenant, il va falloir manger du saignant!»
+
+«Pourquoi ce «maintenant»? Quand on est comme moi à la recherche de la
+plus mystérieuse vérité, on ne laisse rien échapper, ni de ce que l'on
+voit, ni de ce que l'on entend. Il faut, à toutes choses, trouver un
+sens. Nous arrivions dans un petit pays qui venait d'être bouleversé par
+un crime. La logique me conduisait à soupçonner toute phrase prononcée
+comme pouvant se rapporter à l'événement du jour. «Maintenant», pour
+moi, signifiait: «Depuis l'attentat.» Dès le début de mon enquête, je
+cherchai donc à trouver une corrélation entre cette phrase et le drame.
+Nous allâmes déjeuner au «Donjon». Je répétai tout de go la phrase et je
+vis, à la surprise et à l'ennui du père Mathieu, que je n'avais pas,
+quant à lui, exagéré l'importance de cette phrase. J'avais appris, à ce
+moment, l'arrestation des concierges. Le père Mathieu nous parla de ces
+gens comme on parle de vrais amis... Que l'on regrette... Liaison fatale
+des idées... je me dis: «Maintenant que les concierges sont arrêtés, «il
+va falloir manger du saignant.» Plus de concierges, plus de gibier!
+Comment ai-je été conduit à cette idée précise de «gibier»! La haine
+exprimée par le père Mathieu pour le garde de M. Stangerson, haine,
+prétendait-il, partagée par les concierges, me mena tout doucement à
+l'idée de braconnage... Or, comme, de toute évidence, les concierges ne
+pouvaient être dans leur lit au moment du drame, pourquoi étaient-ils
+dehors cette nuit-là? Pour le drame? Je n'étais point disposé à le
+croire, car déjà je pensais, pour des raisons que je vous dirai plus
+tard, que l'assassin n'avait pas de complice et que tout ce drame
+cachait un mystère entre Mlle Stangerson et l'assassin, mystère dans
+lequel les concierges n'avaient que faire. L'histoire du braconnage
+expliquait tout, _relativement aux concierges_. Je l'admis en principe
+et je recherchai une preuve chez eux, dans leur loge. Je pénétrai dans
+leur maisonnette, comme vous le savez, et découvris sous leur lit des
+lacets et du fil de laiton. «Parbleu! pensai-je, parbleu! voilà bien
+pourquoi ils étaient, la nuit, dans le parc.» Je ne m'étonnai point
+qu'ils se fussent tus devant le juge et que, sous le coup d'une aussi
+grave accusation que celle d'une complicité dans le crime, ils n'aient
+point répondu tout de suite en avouant le braconnage. Le braconnage les
+sauvait de la cour d'assisses, mais les faisait mettre à la porte du
+château, et, comme ils étaient parfaitement sûrs de leur innocence sur
+le fait crime, ils espéraient bien que celle-ci serait vite découverte
+et que l'on continuerait à ignorer le fait braconnage. Il leur serait
+toujours loisible de parler à temps! Je leur ai fait hâter leur
+confession par l'engagement signé de M. Stangerson, que je leur
+apportais. Ils donnèrent toutes preuves nécessaires, furent mis en
+liberté et conçurent pour moi une vive reconnaissance. Pourquoi ne les
+avais-je point fait délivrer plus tôt? Parce que je n'étais point sûr
+alors qu'il n'y avait dans leur cas que du braconnage. Je voulais les
+laisser venir, et étudier le terrain. Ma conviction ne devint que plus
+certaine, à mesure que les jours s'écoulaient. Au lendemain de la
+«galerie inexplicable», comme j'avais besoin de gens dévoués ici, je
+résolus de me les attacher immédiatement en faisant cesser leur
+captivité. Et voilà!»
+
+Ainsi s'exprima Joseph Rouletabille, et je ne pus que m'étonner encore
+de la simplicité de raisonnement qui l'avait conduit à la vérité dans
+cette affaire de la complicité des concierges. Certes, l'affaire était
+minime, mais je pensai à part moi que le jeune homme, un de ces jours,
+ne manquerait point de nous expliquer, avec la même simplicité, la
+formidable nuit de la «Chambre Jaune» et celle de la «galerie
+inexplicable».
+
+Nous étions arrivés à l'auberge du «Donjon». Nous entrâmes.
+
+Cette fois, nous ne vîmes point l'hôte, mais ce fut l'hôtesse qui nous
+accueillit avec un bon sourire heureux. J'ai déjà décrit la salle où
+nous nous trouvions, et j'ai donné un aperçu de la charmante femme
+blonde aux yeux doux qui se mit immédiatement à notre disposition pour
+le déjeuner.
+
+«Comment va le père Mathieu? demanda Rouletabille.
+
+--Guère mieux, monsieur, guère mieux; il est toujours au lit.
+
+--Ses rhumatismes ne le quittent donc pas?
+
+--Eh non! J'ai encore été obligée, la nuit dernière, de lui faire une
+piqûre de morphine. Il n'y a que cette drogue-là qui calme ses
+douleurs.»
+
+Elle parlait d'une voix douce; tout, en elle, exprimait la douceur.
+C'était vraiment une belle femme, un peu indolente, aux grands yeux
+cernés, des yeux d'amoureuse. Le père Mathieu, quand il n'avait pas de
+rhumatismes, devait être un heureux gaillard. Mais elle, était-elle
+heureuse avec ce rhumatisant bourru? La scène à laquelle nous avions
+précédemment assisté ne pouvait nous le faire croire, et cependant, il y
+avait, dans toute l'attitude de cette femme, quelque chose qui ne
+dénotait point le désespoir. Elle disparut dans sa cuisine pour préparer
+notre repas, nous laissant sur la table une bouteille d'excellent cidre.
+Rouletabille nous en versa dans des bols, bourra sa pipe, l'alluma, et,
+tranquillement, m'expliqua enfin la raison qui l'avait déterminé à me
+faire venir au Glandier avec des revolvers.
+
+«Oui, dit-il, en suivant d'un oeil contemplatif les volutes de la fumée
+qu'il tirait de sa bouffarde, oui, cher ami, j'attends, ce soir,
+l'assassin.»
+
+Il y eut un petit silence que je n'eus garde d'interrompre, et il
+reprit:
+
+«Hier soir, au moment où j'allais me mettre au lit, M. Robert Darzac
+frappa à la porte de ma chambre. Je lui ouvris, et il me confia qu'il
+était dans la nécessité de se rendre, le lendemain matin, c'est-à-dire
+ce matin même, à Paris. La raison qui le déterminait à ce voyage était à
+la fois péremptoire et mystérieuse, péremptoire puisqu'il lui était
+impossible de ne pas faire ce voyage, et mystérieuse puisqu'il lui était
+aussi impossible de m'en dévoiler le but. «Je pars, et cependant,
+ajouta-t-il, je donnerais la moitié de ma vie pour ne pas quitter en ce
+moment Mlle Stangerson.» Il ne me cacha point qu'il la croyait encore
+une fois en danger. «Il surviendrait quelque chose la nuit prochaine que
+je ne m'en étonnerais guère, avoua-t-il, et cependant il faut que je
+m'absente. Je ne pourrai être de retour au Glandier qu'après-demain
+matin.»
+
+«Je lui demandai des explications, et voici tout ce qu'il m'expliqua.
+Cette idée d'un danger pressant lui venait uniquement de la coïncidence
+qui existait entre ses absences et les attentats dont Mlle Stangerson
+était l'objet. La nuit de la «galerie inexplicable», il avait dû quitter
+le Glandier; la nuit de la «Chambre Jaune», il n'aurait pu être au
+Glandier et, de fait, nous savons qu'il n'y était pas. Du moins nous le
+savons officiellement, d'après ses déclarations. Pour que, chargé d'une
+idée pareille, il s'absentât à nouveau aujourd'hui, _il fallait qu'il
+obéît à une volonté plus forte que la sienne_. C'est ce que je pensais
+et c'est ce que je lui dis. Il me répondit: «Peut-être!» Je demandai si
+cette volonté plus forte que la sienne était celle de Mlle Stangerson;
+il me jura que non et que la décision de son départ avait été prise par
+lui, en dehors de toute instruction de Mlle Stangerson. Bref, il me
+répéta qu'il ne croyait à la possibilité d'un nouvel attentat qu'à cause
+de cette extraordinaire coïncidence qu'il avait remarquée «et que le
+juge d'instruction, du reste, lui avait fait remarquer». «S'il arrivait
+quelque chose à Mlle Stangerson, dit-il, ce serait terrible et pour elle
+et pour moi; pour elle, qui sera une fois de plus entre la vie et la
+mort; pour moi, qui ne pourrai la défendre en cas d'attaque et qui serai
+ensuite dans la nécessité de ne point dire _où j'ai passé la nuit_. Or,
+je me rends parfaitement compte des soupçons qui pèsent sur moi. Le juge
+d'instruction et M. Frédéric Larsan--ce dernier m'a suivi à la piste, la
+dernière fois que je me suis rendu à Paris, et j'ai eu toutes les peines
+du monde à m'en débarrasser--ne sont pas loin de me croire
+coupable.--Que ne dites-vous, m'écriai-je tout à coup, le nom de
+l'assassin, puisque vous le connaissez?» M. Darzac parut extrêmement
+troublé de mon exclamation. Il me répliqua, d'une voix hésitante: «Moi!
+Je connais le nom de l'assassin? Qui me l'aurait appris?» Je repartis
+aussitôt: «Mlle Stangerson!» Alors, il devint tellement pâle que je crus
+qu'il allait se trouver mal, et je vis que j'avais frappé juste: _Mlle
+Stangerson et lui savent le nom de l'assassin!_ Quand il fut un peu
+remis, il me dit: «Je vais vous quitter, monsieur. Depuis que vous êtes
+ici, j'ai pu apprécier votre exceptionnelle intelligence et votre
+ingéniosité sans égale. Voici le service que je réclame de vous.
+Peut-être ai-je tort de craindre un attentat la nuit prochaine; mais,
+comme il faut tout prévoir, je compte sur vous pour rendre cet attentat
+impossible... Prenez toutes dispositions qu'il faudra pour isoler, pour
+garder Mlle Stangerson. Faites qu'on ne puisse entrer dans la chambre de
+Mlle Stangerson. Veillez autour de cette chambre comme un bon chien de
+garde. Ne dormez pas. Ne vous accordez point une seconde de repos.
+L'homme que nous redoutons est d'une astuce prodigieuse, qui n'a
+peut-être encore jamais été égalée au monde. Cette astuce même _la
+sauvera si vous veillez_; car il est impossible qu'il ne sache point que
+vous veillez, à cause de cette astuce même; et, s'il sait que vous
+veillez, il ne tentera rien.--Avez-vous parlé de ces choses à M.
+Stangerson?--Non!--Pourquoi?--Parce que je ne veux point, monsieur, que
+M. Stangerson me dise ce que vous m'avez dit tout à l'heure: Vous
+connaissez le nom de l'assassin!» Si, vous, vous êtes étonné de ce que
+je viens vous dire: «L'assassin va peut-être venir demain!», quel serait
+l'étonnement de M. Stangerson, si je lui répétais la même chose! Il
+n'admettra peut-être point que mon sinistre pronostic ne soit basé que
+sur des coïncidences qu'il finirait, sans doute, lui aussi, par trouver
+étranges... Je vous dis tout cela, monsieur Rouletabille, parce que j'ai
+une grande... une grande confiance en vous... Je sais que, _vous_, vous
+ne me soupçonnez pas!...»
+
+«Le pauvre homme, continua Rouletabille, me répondait comme il pouvait,
+à hue et à dia. Il souffrait. J'eus pitié de lui, d'autant plus que je
+me rendais parfaitement compte qu'il se ferait tuer plutôt que de me
+dire qui était l'assassin comme Mlle Stangerson se fera plutôt
+assassiner que de dénoncer l'homme de la «Chambre Jaune» et de la
+«galerie inexplicable». L'homme doit la tenir, ou doit les tenir tous
+deux, d'une manière terrible, «et ils ne doivent rien tant redouter que
+de voir M. Stangerson apprendre que sa fille est «tenue «par son
+assassin.» Je fis comprendre à M. Darzac qu'il s'était suffisamment
+expliqué et qu'il pouvait se taire puisqu'il ne pouvait plus rien
+m'apprendre. Je lui promis de veiller et de ne me point coucher de la
+nuit. Il insista pour que j'organisasse une véritable barrière
+infranchissable autour de la chambre de Mlle Stangerson, autour du
+boudoir où couchaient les deux gardes et autour du salon où couchait,
+depuis la «galerie inexplicable», M. Stangerson; bref, autour de tout
+l'appartement. Non seulement je compris, à cette insistance, que M.
+Darzac me demandait de rendre impossible l'arrivée à la chambre de Mlle
+Stangerson, mais encore de rendre cette arrivée si «visiblement»
+impossible, que l'homme fût rebuté tout de suite et disparût sans
+laisser de trace. C'est ainsi que j'expliquai, à part moi, la phrase
+finale dont il me salua: «Quand je serai parti, vous pourrez parler de
+«vos» soupçons pour cette nuit à M. Stangerson, au père Jacques, à
+Frédéric Larsan, à tout le monde au château et organiser ainsi, jusqu'à
+mon retour, une surveillance dont, aux yeux de tous, vous aurez eu seul
+l'idée.»
+
+«Il s'en alla, le pauvre, le pauvre homme, ne sachant plus guère ce
+qu'il disait, devant mon silence et mes yeux qui lui «criaient» que
+j'avais deviné les trois quarts de son secret. Oui, oui, vraiment, il
+devait être tout à fait désemparé pour être venu à moi dans un moment
+pareil et pour abandonner Mlle Stangerson, quand il avait dans la tête
+cette idée terrible de la «coïncidence...»
+
+«Quand il fut parti, je réfléchis. Je réfléchis à ceci, qu'il fallait
+être plus astucieux que l'astuce même, de telle sorte que l'homme, s'il
+devait aller, cette nuit, dans la chambre de Mlle Stangerson, ne se
+doutât point une seconde qu'on pouvait soupçonner sa venue. Certes!
+l'empêcher de pénétrer, même par la mort, mais le laisser avancer
+suffisamment pour que, _mort ou vivant, on pût voir nettement sa
+figure!_ Car il fallait en finir, il _fallait libérer Mlle Stangerson de
+cet assassinat latent!_
+
+«Oui, mon ami, déclara Rouletabille, après avoir posé sa pipe sur la
+table et vidé son verre, il faut que je voie, d'une façon bien
+distincte, sa figure, _histoire d'être sûr qu'elle entre dans le cercle
+que j'ai tracé avec le bon bout de ma raison_.»
+
+À ce moment, apportant l'omelette au lard traditionnelle, l'hôtesse fit
+sa réapparition. Rouletabille lutina un peu Mme Mathieu et celle-ci se
+montra de l'humeur la plus charmante.
+
+«Elle est beaucoup plus gaie, me dit-il, quand le père Mathieu est cloué
+au lit par ses rhumatismes que lorsque le père Mathieu est ingambe!»
+
+Mais je n'étais ni aux jeux de Rouletabille, ni aux sourires de
+l'hôtesse; j'étais tout entier aux dernières paroles de mon jeune ami et
+à l'étrange démarche de M. Robert Darzac.
+
+Quand il eut fini son omelette et que nous fûmes seuls à nouveau,
+Rouletabille reprit le cours de ses confidences:
+
+«Quand je vous ai envoyé ma dépêche ce matin, à la première heure, j'en
+étais resté, me dit-il, à la parole de M. Darzac: «L'assassin viendra
+«peut-être» la nuit prochaine.» Maintenant, je peux vous dire qu'il
+viendra «sûrement». Oui, je l'attends.
+
+--Et qu'est-ce qui vous a donné cette certitude? Ne serait-ce point par
+hasard...
+
+--Taisez-vous, m'interrompit en souriant Rouletabille, taisez-vous, vous
+allez dire une bêtise. Je suis sûr que l'assassin viendra _depuis ce
+matin, dix heures et demie_, c'est-à-dire avant votre arrivée, et par
+conséquent _avant que nous n'ayons aperçu Arthur Rance à la fenêtre de
+la cour d'honneur..._
+
+--Ah! ah! fis-je... vraiment... mais encore, pourquoi en étiez-vous sûr
+dès dix heures et demie?
+
+--Parce que, à dix heures et demie, j'ai eu la preuve que Mlle
+Stangerson faisait autant d'efforts pour permettre à l'assassin de
+pénétrer dans sa chambre, cette nuit, que M. Robert Darzac avait pris,
+en s'adressant à moi, de précautions pour qu'il n'y entrât pas...
+
+--Oh! oh! m'écriai-je, est-ce bien possible!...»
+
+Et plus bas:
+
+«Ne m'avez-vous pas dit que Mlle Stangerson adorait M. Robert Darzac?
+
+--Je vous l'ai dit parce que c'est la vérité!
+
+--Alors, vous ne trouvez pas bizarre...
+
+--Tout est bizarre, dans cette affaire, mon ami, mais croyez bien que le
+bizarre que vous, vous connaissez n'est rien à côté du bizarre qui vous
+attend!...
+
+--Il faudrait admettre, dis-je encore, que Mlle Stangerson «et son
+assassin» aient entre eux des relations au moins épistolaires?
+
+--Admettez-le! mon ami, admettez-le!... Vous ne risquez rien!... Je vous
+ai rapporté l'histoire de la lettre sur la table de Mlle Stangerson,
+lettre laissée par l'assassin la nuit de la «galerie inexplicable»,
+lettre disparue... dans la poche de Mlle Stangerson... Qui pourrait
+prétendre que, «dans cette lettre, l'assassin ne sommait pas Mlle
+Stangerson de lui donner un prochain rendez-vous effectif», et enfin
+qu'il n'a pas fait savoir à Mlle Stangerson, «aussitôt qu'il a été sûr
+du départ de M. Darzac», que ce rendez-vous devait être pour la nuit qui
+vient?»
+
+Et mon ami ricana silencieusement. Il y avait des moments où je me
+demandais s'il ne se payait point ma tête.
+
+La porte de l'auberge s'ouvrit. Rouletabille fut debout, si subitement,
+qu'on eût pu croire qu'il venait de subir sur son siège une décharge
+électrique.
+
+«Mr Arthur Rance!» s'écria-t-il.
+
+M. Arthur Rance était devant nous, et, flegmatiquement, saluait.
+
+
+
+
+XX
+
+Un geste de Mlle Stangerson
+
+
+«Vous me reconnaissez, monsieur? demanda Rouletabille au gentleman.
+
+--Parfaitement, répondit Arthur Rance. J'ai reconnu en vous le petit
+garçon du buffet. (Visage cramoisi de colère de Rouletabille à ce titre
+de petit garçon.) Et je suis descendu de ma chambre pour venir vous
+serrer la main. Vous êtes un joyeux petit garçon.»
+
+Main tendue de l'américain; Rouletabille se déride, serre la main en
+riant, me présente, présente Mr Arthur-William Rance, l'invite à
+partager notre repas.
+
+«Non, merci. Je déjeune avec M. Stangerson.»
+
+Arthur Rance parle parfaitement notre langue, presque sans accent.
+
+«Je croyais, monsieur, ne plus avoir le plaisir de vous revoir; ne
+deviez-vous pas quitter notre pays le lendemain ou le surlendemain de la
+réception à l'Élysée?»
+
+Rouletabille et moi, en apparence indifférents à cette conversation de
+rencontre, prêtons une oreille fort attentive à chaque parole de
+l'Américain.
+
+La face rose violacée de l'homme, ses paupières lourdes, certains tics
+nerveux, tout démontre, tout prouve l'alcoolique. Comment ce triste
+individu est-il le commensal de M. Stangerson? Comment peut-il être
+intime avec l'illustre professeur?
+
+Je devais apprendre, quelques jours plus tard, de Frédéric
+Larsan--lequel avait, comme nous, été surpris et intrigué par la
+présence de l'Américain au château, et s'était documenté--que M. Rance
+n'était devenu alcoolique que depuis une quinzaine d'années,
+c'est-à-dire depuis le départ de Philadelphie du professeur et de sa
+fille. À l'époque où les Stangerson habitaient l'Amérique, ils avaient
+connu et beaucoup fréquenté Arthur Rance, qui était un des phrénologues
+les plus distingués du Nouveau Monde. Il avait su, grâce à des
+expériences nouvelles et ingénieuses, faire franchir un pas immense à la
+science de Gall et de Lavater. Enfin, il faut retenir à l'actif d'Arthur
+Rance et pour l'explication de cette intimité avec laquelle il était
+reçu au Glandier, que le savant américain avait rendu un jour un grand
+service à Mlle Stangerson, en arrêtant, au péril de sa vie, les chevaux
+emballés de sa voiture. Il était même probable qu'à la suite de cet
+événement une certaine amitié avait lié momentanément Arthur Rance et la
+fille du professeur; mais rien ne faisait supposer, dans tout ceci, la
+moindre histoire d'amour.
+
+Où Frédéric Larsan avait-il puisé ses renseignements? Il ne me le dit
+point; mais il paraissait à peu près sûr de ce qu'il avançait.
+
+Si, au moment où Arthur Rance nous vint rejoindre à l'auberge du
+«Donjon», nous avions connu ces détails, il est probable que sa présence
+au château nous eût moins intrigués, mais ils n'auraient fait, en tout
+cas, «qu'augmenter l'intérêt» que nous portions à ce nouveau personnage.
+L'américain devait avoir dans les quarante-cinq ans. Il répondit d'une
+façon très naturelle à la question de Rouletabille:
+
+«Quand j'ai appris l'attentat, j'ai retardé mon retour en Amérique; je
+voulais m'assurer, avant de partir, que Mlle Stangerson n'était point
+mortellement atteinte, et je ne m'en irai que lorsqu'elle sera tout à
+fait rétablie.»
+
+Arthur Rance prit alors la direction de la conversation, évitant de
+répondre à certaines questions de Rouletabille, nous faisant part, sans
+que nous l'y invitions, de ses idées personnelles sur le drame, idées
+qui n'étaient point éloignées, à ce que j'ai pu comprendre, des idées de
+Frédéric Larsan lui-même, c'est-à-dire que l'Américain pensait, lui
+aussi, que M. Robert Darzac «devait être pour quelque chose dans
+l'affaire». Il ne le nomma point, mais il ne fallait point être grand
+clerc pour saisir ce qui était au fond de son argumentation. Il nous dit
+qu'il connaissait les efforts faits par le jeune Rouletabille pour
+arriver à démêler l'écheveau embrouillé du drame de la «Chambre Jaune».
+Il nous rapporta que M. Stangerson l'avait mis au courant des événements
+qui s'étaient déroulés dans la «galerie inexplicable». On devinait, en
+écoutant Arthur Rance, qu'il expliquait tout par Robert Darzac. À
+plusieurs reprises, il regretta que M. Darzac fût «justement absent du
+château» quand il s'y passait d'aussi mystérieux drames, et nous sûmes
+ce que parler veut dire. Enfin, il émit cette opinion que M. Darzac
+avait été «très bien inspiré, très habile», en installant lui-même sur
+les lieux M. Joseph Rouletabille, qui ne manquerait point--un jour ou
+l'autre--de découvrir l'assassin. Il prononça cette dernière phrase avec
+une ironie visible, se leva, nous salua, et sortit.
+
+Rouletabille, à travers la fenêtre, le regarda s'éloigner et dit:
+
+«Drôle de corps!»
+
+Je lui demandai:
+
+«Croyez-vous qu'il passera la nuit au Glandier?»
+
+À ma stupéfaction, le jeune reporter répondit «que cela lui était tout à
+fait indifférent».
+
+Je passerai sur l'emploi de notre après-midi. Qu'il vous suffise de
+savoir que nous allâmes nous promener dans les bois, que Rouletabille me
+conduisit à la grotte de Sainte-Geneviève et que, tout ce temps, mon ami
+affecta de me parler de toute autre chose que de ce qui le préoccupait.
+Ainsi le soir arriva. J'étais tout étonné de voir le reporter ne prendre
+aucune de ces dispositions auxquelles je m'attendais. Je lui en fis la
+remarque, quand, la nuit venue, nous nous trouvâmes dans sa chambre. Il
+me répondit que toutes ses dispositions étaient déjà prises et que
+l'assassin ne pouvait, cette fois, lui échapper. Comme j'émettais
+quelque doute, lui rappelant la disparition de l'homme dans la galerie,
+et faisant entendre que le même fait pourrait se renouveler, il
+répliqua: «Qu'il l'espérait bien, et que c'est tout ce qu'il désirait
+cette nuit-là.» Je n'insistai point, sachant par expérience combien mon
+insistance eût été vaine et déplacée. Il me confia que, depuis le
+commencement du jour, par son soin et ceux des concierges, le château
+était surveillé de telle sorte que personne ne pût en approcher sans
+qu'il en fût averti; et que, dans le cas où personne ne viendrait du
+dehors, il était bien tranquille sur tout ce qui pouvait concerner «ceux
+du dedans».
+
+Il était alors six heures et demie, à la montre qu'il tira de son
+gousset; il se leva, me fit signe de le suivre et, sans prendre aucune
+précaution, sans essayer même d'atténuer le bruit de ses pas, sans me
+recommander le silence, il me conduisit à travers la galerie; nous
+atteignîmes la galerie droite, et nous la suivîmes jusqu'au palier de
+l'escalier que nous traversâmes. Nous avons alors continué notre marche
+dans la galerie, «aile gauche», passant devant l'appartement du
+professeur Stangerson. À l'extrémité de cette galerie, avant d'arriver
+au donjon, se trouvait une pièce qui était la chambre occupée par Arthur
+Rance. Nous savions cela parce que nous avions vu, à midi, l'Américain à
+la fenêtre de cette chambre qui donnait sur la cour d'honneur. La porte
+de cette chambre était dans le travers de la galerie, puisque la chambre
+barrait et terminait la galerie de ce côté. En somme, la porte de cette
+chambre était juste en face de la fenêtre «est» qui se trouvait à
+l'extrémité de l'autre galerie droite, aile droite, là où, précédemment,
+Rouletabille avait placé le père Jacques. Quand on tournait le dos à
+cette porte, c'est-à-dire quand on sortait de cette chambre, «on voyait
+toute la galerie» en enfilade: aile gauche, palier et aile droite. Il
+n'y avait, naturellement, que la galerie tournante de l'aile droite que
+l'on ne voyait point.
+
+«Cette galerie tournante, dit Rouletabille, je me la réserve. Vous,
+quand je vous en prierai, vous viendrez vous installer ici.»
+
+Et il me fit entrer dans un petit cabinet noir triangulaire, pris sur la
+galerie et situé de biais à gauche de la porte de la chambre d'Arthur
+Rance. De ce recoin, je pouvais voir tout ce qui se passait dans la
+galerie aussi facilement que si j'avais été devant la porte d'Arthur
+Rance et je pouvais également surveiller la porte même de l'Américain.
+La porte de ce cabinet, qui devait être mon lieu d'observation, était
+garnie de carreaux non dépolis. Il faisait clair dans la galerie où
+toutes les lampes étaient allumées; il faisait noir dans le cabinet.
+C'était là un poste de choix pour un espion.
+
+Car que faisais-je, là, sinon un métier d'espion? de bas policier? J'y
+répugnais certainement; et, outre mes instincts naturels, n'y avait-il
+pas la dignité de ma profession qui s'opposait à un pareil avatar? En
+vérité, si mon bâtonnier me voyait! si l'on apprenait ma conduite, au
+Palais, que dirait le Conseil de l'Ordre? Rouletabille, lui, ne
+soupçonnait même pas qu'il pouvait me venir à l'idée de lui refuser le
+service qu'il me demandait, et, de fait, je ne le lui refusai point:
+d'abord parce que j'eusse craint de passer à ses yeux pour un lâche;
+ensuite parce que je réfléchis que je pouvais toujours prétendre qu'il
+m'était loisible de chercher partout la vérité en amateur; enfin, parce
+qu'il était trop tard pour me tirer de là. Que n'avais-je eu ces
+scrupules plus tôt? Pourquoi ne les avais-je pas eus? Parce que ma
+curiosité était plus forte que tout. Encore, je pouvais dire que
+j'allais contribuer à sauver la vie d'une femme; et il n'est point de
+règlements professionnels qui puissent interdire un aussi généreux
+dessein.
+
+Nous revînmes à travers la galerie. Comme nous arrivions en face de
+l'appartement de Mlle Stangerson, la porte du salon s'ouvrit, poussée
+par le maître d'hôtel qui faisait le service du dîner (M. Stangerson
+dînait avec sa fille dans le salon du premier étage, depuis trois
+jours), et, comme la porte était restée entrouverte, nous vîmes
+parfaitement Mlle Stangerson qui, profitant de l'absence du domestique
+et de ce que son père était baissé, ramassant un objet qu'elle venait de
+faire tomber, «versait hâtivement le contenu d'une fiole dans le verre
+de M. Stangerson».
+
+
+
+
+XXI
+
+À l'affût
+
+
+Ce geste, qui me bouleversa, ne parut point émouvoir extrêmement
+Rouletabille. Nous nous retrouvâmes dans sa chambre, et, ne me parlant
+même point de la scène que nous venions de surprendre, il me donna ses
+dernières instructions pour la nuit. Nous allions d'abord dîner. Après
+dîner, je devais entrer dans le cabinet noir et, là, j'attendrais tout
+le temps qu'il faudrait «pour voir quelque chose».
+
+«Si vous «voyez» avant moi, m'expliqua mon ami, il faudra m'avertir.
+Vous verrez avant moi si l'homme arrive dans la galerie droite par tout
+autre chemin que la galerie tournante, puisque vous découvrez toute la
+galerie droite et que moi je ne puis voir que la galerie tournante. Pour
+m'avertir, vous n'aurez qu'à dénouer l'embrasse du rideau de la fenêtre
+de la galerie droite qui se trouve la plus proche du cabinet noir. Le
+rideau tombera de lui-même, voilant la fenêtre et faisant immédiatement
+un carré d'ombre là où il y avait un carré de lumière, puisque la
+galerie est éclairée. Pour faire ce geste, vous n'avez qu'à allonger la
+main hors du cabinet noir. Moi, dans la galerie tournante qui fait angle
+droit avec la galerie droite, j'aperçois, par les fenêtres de la galerie
+tournante, tous les carrés de lumière que font les fenêtres de la
+galerie droite. Quand le carré lumineux qui nous occupe deviendra
+obscur, je saurai ce que cela veut dire.
+
+--Et alors?
+
+--Alors, vous me verrez apparaître au coin de la galerie tournante.
+
+--Et qu'est-ce que je ferai?
+
+--Vous marcherez aussitôt vers moi, derrière l'homme, mais je serai déjà
+sur _l'homme et j'aurai vu si sa figure entre dans mon cercle..._
+
+--Celui qui est «tracé par le bon bout de la raison», terminai-je en
+esquissant un sourire.
+
+--Pourquoi souriez-vous? C'est bien inutile... Enfin, profitez, pour
+vous réjouir, des quelques instants qui vous restent, car je vous jure
+que tout à l'heure vous n'en aurez plus l'occasion.
+
+--Et si l'homme échappe?
+
+--_Tant mieux!_ fit flegmatiquement Rouletabille. Je ne tiens pas à le
+prendre; il pourra s'échapper en dégringolant l'escalier et par le
+vestibule du rez-de-chaussée... et cela avant que vous n'ayez atteint le
+palier, puisque vous êtes au fond de la galerie. Moi, je le laisserai
+partir _après avoir vu sa figure_. C'est tout ce qu'il me faut: voir sa
+figure. Je saurai bien m'arranger ensuite pour qu'il soit mort pour Mlle
+Stangerson, _même s'il reste vivant_. Si je le prends vivant, Mlle
+Stangerson et M. Robert Darzac ne me le pardonneront peut-être jamais!
+Et je tiens à leur estime; ce sont de braves gens. Quand je vois Mlle
+Stangerson verser un narcotique dans le verre de son père, pour que son
+père, cette nuit, ne soit pas réveillé par la conversation qu'elle doit
+_avoir avec son assassin_, vous devez comprendre que sa reconnaissance
+pour moi aurait des limites si j'amenais à son père, _les poings liés et
+la bouche ouverte_, l'homme de la «Chambre Jaune» et de la «galerie
+inexplicable»! C'est peut-être un grand bonheur que, la nuit de la
+«galerie inexplicable», l'homme se soit évanoui comme par enchantement!
+Je l'ai compris cette nuit-là à la physionomie soudain rayonnante de
+Mlle Stangerson quand elle eut appris _qu'il avait échappé_. Et j'ai
+compris que, pour sauver la malheureuse, il fallait moins prendre
+l'homme que le rendre muet, de quelque façon que ce fut. Mais tuer un
+homme! tuer un homme! ce n'est pas une petite affaire. Et puis, ça ne me
+regarde pas... à moins qu'il ne m'en donne l'occasion!... D'un autre
+côté, le rendre muet sans que la dame me fasse de confidences... c'est
+une besogne qui consiste d'abord à deviner tout avec rien!...
+Heureusement, mon ami, j'ai deviné... ou plutôt non, j'ai raisonné... et
+je ne demande à l'homme de ce soir de ne m'apporter que la figure
+sensible qui doit entrer...
+
+--Dans le cercle...
+
+--Parfaitement, et sa figure ne me surprendra pas!...
+
+--Mais je croyais que vous aviez déjà vu sa figure, le soir où vous avez
+sauté dans la chambre...
+
+--Mal... la bougie était par terre... et puis, toute cette barbe...
+
+--Ce soir, il n'en aura donc plus?
+
+--Je crois pouvoir affirmer qu'il en aura... Mais la galerie est claire,
+et puis, maintenant, je sais... ou du moins mon cerveau sait... alors
+mes yeux verront...
+
+--S'il ne s'agit que de le voir et de le laisser échapper... pourquoi
+nous être armés?
+
+--Parce que, mon cher, _si l'homme de la «Chambre Jaune» et de la
+«galerie inexplicable» sait que je sais, il est capable de tout!_ Alors,
+il faudra nous défendre.
+
+--Et vous êtes sûr qu'il viendra ce soir?...
+
+--Aussi sûr que vous êtes là!... Mlle Stangerson, à dix heures et demie,
+ce matin, le plus habilement du monde, s'est arrangée pour être sans
+gardes-malades cette nuit; elle leur a donné congé pour vingt-quatre
+heures, sous des prétextes plausibles, et n'a voulu, pour veiller auprès
+d'elle, pendant leur absence, que son cher père, qui couchera dans le
+boudoir de sa fille et qui accepte cette nouvelle fonction avec une joie
+reconnaissante. La coïncidence du départ de M. Darzac (après les paroles
+qu'il m'a dites) et des précautions exceptionnelles de Mlle Stangerson,
+pour faire autour d'elle de la solitude, ne permet aucun doute. La venue
+de l'assassin, que Darzac redoute, _Mlle Stangerson la prépare!_
+
+--C'est effroyable!
+
+--Oui.
+
+--Et le geste que nous lui avons vu faire, c'est le geste qui va
+endormir son père?
+
+--Oui.
+
+--En somme, pour l'affaire de cette nuit, nous ne sommes que deux?
+
+--Quatre; le concierge et sa femme veillent à tout hasard... Je crois
+leur veille inutile, «avant»... Mais le concierge pourra m'être utile
+«après, si on tue»!
+
+--Vous croyez donc qu'on va tuer?
+
+--_On tuera s'il le veut!_
+
+--Pourquoi n'avoir pas averti le père Jacques? Vous ne vous servez plus
+de lui, aujourd'hui?
+
+--Non», me répondit Rouletabille d'un ton brusque.
+
+Je gardai quelque temps le silence; puis, désireux de connaître le fond
+de la pensée de Rouletabille, je lui demandai à brûle-pourpoint:
+
+«Pourquoi ne pas avertir Arthur Rance? Il pourrait nous être d'un grand
+secours...
+
+--Ah ça! fit Rouletabille avec méchante humeur... Vous voulez donc
+mettre tout le monde dans les secrets de Mlle Stangerson!... Allons
+dîner... c'est l'heure... Ce soir nous dînons chez Frédéric Larsan... à
+moins qu'il ne soit encore pendu aux trousses de Robert Darzac... Il ne
+le lâche pas d'une semelle. Mais, bah! s'il n'est pas là en ce moment,
+je suis bien sûr qu'il sera là cette nuit!... En voilà un que je vais
+rouler!»
+
+À ce moment, nous entendîmes du bruit dans la chambre à côté.
+
+«Ce doit être lui, dit Rouletabille.
+
+--J'oubliais de vous demander, fis-je: quand nous serons devant le
+policier, pas une allusion à l'expédition de cette nuit, n'est-ce pas?
+
+--Évidemment; nous opérons seuls, _pour notre compte personnel_.
+
+--Et toute la gloire sera pour nous?»
+
+Rouletabille, ricanant, ajouta:
+
+«Tu l'as dit, bouffi!»
+
+Nous dînâmes avec Frédéric Larsan, dans sa chambre. Nous le trouvâmes
+chez lui... Il nous dit qu'il venait d'arriver et nous invita à nous
+mettre à table. Le dîner se passa dans la meilleure humeur du monde, et
+je n'eus point de peine à comprendre qu'il fallait l'attribuer à la
+quasi-certitude où Rouletabille et Frédéric Larsan, l'un et l'autre, et
+chacun de son côté, étaient de tenir enfin la vérité. Rouletabille
+confia au grand Fred que j'étais venu le voir de mon propre mouvement et
+qu'il m'avait retenu pour que je l'aidasse dans un grand travail qu'il
+devait livrer, cette nuit même, à _L'Époque_. Je devais repartir,
+dit-il, pour Paris, par le train d'onze heures, emportant sa «copie»,
+qui était une sorte de feuilleton où le jeune reporter retraçait les
+principaux épisodes des mystères du Glandier. Larsan sourit à cette
+explication comme un homme qui n'en est point dupe, mais qui se garde,
+par politesse, d'émettre la moindre réflexion sur des choses qui ne le
+regardent pas. Avec mille précautions dans le langage et jusque dans les
+intonations, Larsan et Rouletabille s'entretinrent assez longtemps de la
+présence au château de M. Arthur-W. Rance, de son passé en Amérique
+qu'ils eussent voulu connaître mieux, du moins quant aux relations qu'il
+avait eues avec les Stangerson. À un moment, Larsan, qui me parut
+soudain souffrant, dit avec effort:
+
+«Je crois, monsieur Rouletabille, que nous n'avons plus grand'chose à
+faire au Glandier, et m'est avis que nous n'y coucherons plus de
+nombreux soirs.
+
+--C'est aussi mon avis, monsieur Fred.
+
+--Vous croyez donc, mon ami, que _l'affaire est finie?_
+
+--Je crois, en effet, qu'elle est finie et qu'elle n'a plus rien à nous
+apprendre, répliqua Rouletabille.
+
+--Avez-vous un coupable? demanda Larsan.
+
+--Et vous?
+
+--Oui.
+
+--Moi aussi, dit Rouletabille.
+
+--Serait-ce le même?
+
+--Je ne crois pas, _si vous n'avez pas changé d'idée_», dit le jeune
+reporter.
+
+Et il ajouta avec force:
+
+«M. Darzac est un honnête homme!
+
+--Vous en êtes sûr? demanda Larsan. Eh bien, moi, je suis sûr du
+contraire... C'est donc la bataille?
+
+--Oui, la bataille. Et je vous battrai, monsieur Frédéric Larsan.
+
+--La jeunesse ne doute de rien», termina le grand Fred en riant et en me
+serrant la main.
+
+Rouletabille répondit comme un écho:
+
+«De rien!»
+
+Mais soudain, Larsan, qui s'était levé pour nous souhaiter le bonsoir,
+porta les deux mains à sa poitrine et trébucha. Il dut s'appuyer à
+Rouletabille pour ne pas tomber. Il était devenu extrêmement pâle.
+
+«Oh! oh! fit-il, qu'est-ce que j'ai là? Est-ce que je serais
+empoisonné?»
+
+Et il nous regardait d'un oeil hagard... En vain, nous l'interrogions,
+il ne nous répondait plus... Il s'était affaissé dans un fauteuil et
+nous ne pûmes en tirer un mot. Nous étions extrêmement inquiets, et pour
+lui, et pour nous, car nous avions mangé de tous les plats auxquels
+avait touché Frédéric Larsan. Nous nous empressions autour de lui.
+Maintenant, il ne semblait plus souffrir, mais sa tête lourde avait
+roulé sur son épaule et ses paupières appesanties nous cachaient son
+regard. Rouletabille se pencha sur sa poitrine et ausculta son coeur...
+
+Quand il se releva, mon ami avait une figure aussi calme que je la lui
+avais vue tout à l'heure bouleversée. Il me dit:
+
+«Il dort!»
+
+Et il m'entraîna dans sa chambre, après avoir refermé la porte de la
+chambre de Larsan.
+
+«Le narcotique? demandai-je... Mlle Stangerson veut donc endormir tout
+le monde, ce soir?...
+
+--Peut-être... me répondit Rouletabille en songeant à autre chose.
+
+--Mais nous!... nous! exclamai-je. Qui me dit que nous n'avons pas avalé
+un pareil narcotique?
+
+--Vous sentez-vous indisposé? me demanda Rouletabille avec sang-froid.
+
+--Non, aucunement!
+
+--Avez-vous envie de dormir?
+
+--En aucune façon...
+
+--Eh bien, mon ami, fumez cet excellent cigare.»
+
+Et il me passa un havane de premier choix que M. Darzac lui avait
+offert; quant à lui, il alluma sa bouffarde, son éternelle bouffarde.
+
+Nous restâmes ainsi dans cette chambre jusqu'à dix heures, sans qu'un
+mot fût prononcé. Plongé dans un fauteuil, Rouletabille fumait sans
+discontinuer, le front soucieux et le regard lointain. À dix heures, il
+se déchaussa, me fit un signe et je compris que je devais, comme lui,
+retirer mes chaussures. Quand nous fûmes sur nos chaussettes,
+Rouletabille dit, si bas que je devinai plutôt le mot que je ne
+l'entendis:
+
+«Revolver!»
+
+Je sortis mon revolver de la poche de mon veston.
+
+«Armez! fit-il encore.
+
+J'armai.
+
+Alors il se dirigea vers la porte de sa chambre, l'ouvrit avec des
+précautions infinies; la porte ne cria pas. Nous fûmes dans la galerie
+tournante. Rouletabille me fit un nouveau signe. Je compris que je
+devais prendre mon poste dans le cabinet noir. Comme je m'éloignais déjà
+de lui, Rouletabille me rejoignit «et m'embrassa», et puis je vis
+qu'avec les mêmes précautions il retournait dans sa chambre. Étonné de
+ce baiser et un peu inquiet, j'arrivai dans la galerie droite que je
+longeai sans encombre; je traversai le palier et continuai mon chemin
+dans la galerie, aile gauche, jusqu'au cabinet noir. Avant d'entrer dans
+le cabinet noir, je regardai de près l'embrasse du rideau de la
+fenêtre... Je n'avais, en effet, qu'à la toucher du doigt pour que le
+lourd rideau retombât d'un seul coup, «cachant à Rouletabille le carré
+de lumière»: signal convenu. Le bruit d'un pas m'arrêta devant la porte
+d'Arthur Rance. «Il n'était donc pas encore couché!» Mais comment
+était-il encore au château, n'ayant pas dîné avec M. Stangerson et sa
+fille? Du moins, je ne l'avais pas vu à table, dans le moment que nous
+avions saisi le geste de Mlle Stangerson.
+
+Je me retirai dans mon cabinet noir. Je m'y trouvais parfaitement. Je
+voyais toute la galerie en enfilade, galerie éclairée comme en plein
+jour. Évidemment, rien de ce qui allait s'y passer ne pouvait
+m'échapper. Mais qu'est-ce qui allait s'y passer? Peut-être quelque
+chose de très grave. Nouveau souvenir inquiétant du baiser de
+Rouletabille. On n'embrasse ainsi ses amis que dans les grandes
+occasions ou quand ils vont courir un danger! Je courais donc un danger?
+
+Mon poing se crispa sur la crosse de mon revolver, et j'attendis. Je ne
+suis pas un héros, mais je ne suis pas un lâche.
+
+J'attendis une heure environ; pendant cette heure je ne remarquai rien
+d'anormal. Dehors, la pluie, qui s'était mise à tomber violemment vers
+neuf heures du soir, avait cessé.
+
+Mon ami m'avait dit que rien ne se passerait probablement avant minuit
+ou une heure du matin. Cependant il n'était pas plus d'onze heures et
+demie quand la porte de la chambre d'Arthur Rance s'ouvrit. J'en
+entendis le faible grincement sur ses gonds. On eût dit qu'elle était
+poussée de l'intérieur avec la plus grande précaution. La porte resta
+ouverte un instant qui me parut très long. Comme cette porte était
+ouverte, dans la galerie, c'est-à-dire poussée hors la chambre, je ne
+pus voir, ni ce qui se passait dans la chambre, ni ce qui se passait
+derrière la porte. À ce moment, je remarquai un bruit bizarre qui se
+répétait pour la troisième fois, qui venait du parc, et auquel je
+n'avais pas attaché plus d'importance qu'on n'a coutume d'en attacher au
+miaulement des chats qui errent, la nuit, sur les gouttières. Mais,
+cette troisième fois, le miaulement était si pur et si «spécial» que je
+me rappelai ce que j'avais entendu raconter du cri de la «Bête du Bon
+Dieu». Comme ce cri avait accompagné, jusqu'à ce jour, tous les drames
+qui s'étaient déroulés au Glandier, je ne pus m'empêcher, à cette
+réflexion, d'avoir un frisson. Aussitôt je vis apparaître, au delà de la
+porte, et refermant la porte, un homme. Je ne pus d'abord le
+reconnaître, car il me tournait le dos et il était penché sur un ballot
+assez volumineux. L'homme, ayant refermé la porte, et portant le ballot,
+se retourna vers le cabinet noir, et alors je vis qui il était. Celui
+qui sortait, à cette heure, de la chambre d'Arthur Rance «était le
+garde». C'était «l'homme vert». Il avait ce costume que je lui avais vu
+sur la route, en face de l'auberge du «Donjon», le premier jour où
+j'étais venu au Glandier, et qu'il portait encore le matin même quand,
+sortant du château, nous l'avions rencontré, Rouletabille et moi. Aucun
+doute, c'était le garde. Je le vis fort distinctement. Il avait une
+figure qui me parut exprimer une certaine anxiété. Comme le cri de la
+«Bête du Bon Dieu» retentissait au dehors pour la quatrième fois, il
+déposa son ballot dans la galerie et s'approcha de la seconde fenêtre,
+en comptant les fenêtres à partir du cabinet noir. Je ne risquai aucun
+mouvement, car je craignais de trahir ma présence.
+
+Quand il fut à cette fenêtre, il colla son front contre les vitraux
+dépolis, et regarda la nuit du parc. Il resta là une demi-minute. La
+nuit était claire, par intermittences, illuminée par une lune éclatante
+qui, soudain, disparaissait sous un gros nuage. «L'homme vert» leva le
+bras à deux reprises, fit des signes que je ne comprenais point; puis,
+s'éloignant de la fenêtre, reprit son ballot et se dirigea, suivant la
+galerie, vers le palier.
+
+Rouletabille m'avait dit: «Quand vous verrez quelque chose, dénouez
+l'embrasse.» Je voyais quelque chose. Était-ce cette chose que
+Rouletabille attendait? Ceci n'était point mon affaire et je n'avais
+qu'à exécuter la consigne qui m'avait été donnée. Je dénouai l'embrasse.
+Mon coeur battait à se rompre. L'homme atteignit le palier, mais à ma
+grande stupéfaction, comme je m'attendais à le voir continuer son chemin
+dans la galerie, aile droite, je l'aperçus qui descendait l'escalier
+conduisant au vestibule.
+
+Que faire? Stupidement, je regardais le lourd rideau qui était retombé
+sur la fenêtre. Le signal avait été donné, et je ne voyais pas
+apparaître Rouletabille au coin de la galerie tournante. Rien ne vint;
+personne n'apparut. J'étais perplexe. Une demi-heure s'écoula qui me
+parut un siècle. «Que faire maintenant, même si je voyais autre chose?»
+Le signal avait été donné, je ne pouvais le donner une seconde fois...
+D'un autre côté, m'aventurer dans la galerie en ce moment pouvait
+déranger tous les plans de Rouletabille. Après tout, je n'avais rien à
+me reprocher, et, s'il s'était passé quelque chose que n'attendait point
+mon ami, celui-ci n'avait qu'à s'en prendre à lui-même. Ne pouvant plus
+être d'aucun réel secours d'avertissement pour lui, je risquai le tout
+pour le tout: je sortis du cabinet, et, toujours sur mes chaussettes,
+mesurant mes pas et écoutant le silence, je m'en fus vers la galerie
+tournante.
+
+Personne dans la galerie tournante. J'allai à la porte de la chambre de
+Rouletabille. J'écoutai. Rien. Je frappai bien doucement. Rien. Je
+tournai le bouton, la porte s'ouvrit. J'étais dans la chambre.
+Rouletabille était étendu, tout de son long, sur le parquet.
+
+
+
+
+XXII
+
+Le cadavre incroyable
+
+
+Je me penchai, avec une anxiété inexprimable, sur le corps du reporter,
+et j'eus la joie de constater qu'il dormait! Il dormait de ce sommeil
+profond et maladif dont j'avais vu s'endormir Frédéric Larsan. Lui aussi
+était victime du narcotique que l'on avait versé dans nos aliments.
+Comment, moi-même, n'avais-je point subi le même sort! Je réfléchis
+alors que le narcotique avait dû être versé dans notre vin ou dans notre
+eau, car ainsi tout s'expliquait: «je ne bois pas en mangeant.» Doué par
+la nature d'une rotondité prématurée, je suis au régime sec, comme on
+dit. Je secouai avec force Rouletabille, mais je ne parvenais point à
+lui faire ouvrir les yeux. Ce sommeil devait être, à n'en point douter,
+le fait de Mlle Stangerson.
+
+Celle-ci avait certainement pensé que, plus que son père encore, elle
+avait à craindre la veille de ce jeune homme qui prévoyait tout, qui
+savait tout! Je me rappelai que le maître d'hôtel nous avait recommandé,
+en nous servant, un excellent Chablis qui, sans doute, avait passé sur
+la table du professeur et de sa fille.
+
+Plus d'un quart d'heure s'écoula ainsi. Je me résolus, en ces
+circonstances extrêmes, où nous avions tant besoin d'être éveillés, à
+des moyens robustes. Je lançai à la tête de Rouletabille un broc d'eau.
+Il ouvrit les yeux, enfin! de pauvres yeux mornes, sans vie et ni
+regard. Mais n'était-ce pas là une première victoire? Je voulus la
+compléter; j'administrai une paire de gifles sur les joues de
+Rouletabille, et le soulevai. Bonheur! je sentis qu'il se raidissait
+entre mes bras, et je l'entendis qui murmurait: «Continuez, mais ne
+faites pas tant de bruit!...» Continuer à lui donner des gifles sans
+faire de bruit me parut une entreprise impossible. Je me repris à le
+pincer et à le secouer, et il put tenir sur ses jambes. Nous étions
+sauvés!...
+
+«On m'a endormi, fit-il... Ah! J'ai passé un quart d'heure abominable
+avant de céder au sommeil... Mais maintenant, c'est passé! Ne me quittez
+pas!...»
+
+Il n'avait pas plus tôt terminé cette phrase que nous eûmes les oreilles
+déchirées par un cri affreux qui retentissait dans le château, un
+véritable cri de la mort...
+
+«Malheur! hurla Rouletabille... nous arrivons trop tard!...»
+
+Et il voulut se précipiter vers la porte; mais il était tout étourdi et
+roula contre la muraille. Moi, j'étais déjà dans la galerie, le revolver
+au poing, courant comme un fou du côté de la chambre de Mlle Stangerson.
+Au moment même où j'arrivais à l'intersection de la galerie tournante et
+de la galerie droite, je vis un individu qui s'échappait de
+l'appartement de Mlle Stangerson et qui, en quelques bonds, atteignit le
+palier.
+
+Je ne fus pas maître de mon geste: je tirai... le coup de revolver
+retentit dans la galerie avec un fracas assourdissant; mais l'homme,
+continuant ses bonds insensés, dégringolait déjà l'escalier. Je courus
+derrière lui, en criant: «Arrête! arrête! ou je te tue!...» Comme je me
+précipitais à mon tour dans l'escalier, je vis en face de moi, arrivant
+du fond de la galerie, aile gauche du château, Arthur Rance qui hurlait:
+«Qu'y a-t-il?... Qu'y a-t-il?...» Nous arrivâmes presque en même temps
+au bas de l'escalier, Arthur Rance et moi; la fenêtre du vestibule était
+ouverte; nous vîmes distinctement la forme de l'homme qui fuyait;
+instinctivement, nous déchargeâmes nos revolvers dans sa direction;
+l'homme n'était pas à plus de dix mètres devant nous; il trébucha et
+nous crûmes qu'il allait tomber; déjà nous sautions par la fenêtre; mais
+l'homme se reprit à courir avec une vigueur nouvelle; j'étais en
+chaussettes, l'Américain était pieds nus; nous ne pouvions espérer
+l'atteindre «si nos revolvers ne l'atteignaient pas»! Nous tirâmes nos
+dernières cartouches sur lui; il fuyait toujours... Mais il fuyait du
+côté droit de la cour d'honneur vers l'extrémité de l'aile droite du
+château, dans ce coin entouré de fossés et de hautes grilles d'où il
+allait lui être impossible de s'échapper, dans ce coin qui n'avait
+d'autre issue, «devant nous», que la porte de la petite chambre en
+encorbellement occupée maintenant par le garde.
+
+L'homme, bien qu'il fût inévitablement blessé par nos balles, avait
+maintenant une vingtaine de mètres d'avance. Soudain, derrière nous,
+au-dessus de nos têtes, une fenêtre de la galerie s'ouvrit et nous
+entendîmes la voix de Rouletabille qui clamait, désespérée:
+
+«Tirez, Bernier! Tirez!»
+
+Et la nuit claire, en ce moment, la nuit lunaire, fut encore striée d'un
+éclair.
+
+À la lueur de cet éclair, nous vîmes le père Bernier, debout avec son
+fusil, à la porte du donjon.
+
+Il avait bien visé. «L'ombre tomba.» Mais, comme elle était arrivée à
+l'extrémité de l'aile droite du château, elle tomba de l'autre côté de
+l'angle de la bâtisse; c'est-à-dire que nous vîmes qu'elle tombait, mais
+elle ne s'allongea définitivement par terre que de cet autre côté du mur
+que nous ne pouvions pas voir. Bernier, Arthur Rance et moi, nous
+arrivions de cet autre côté du mur, vingt secondes plus tard. «L'ombre
+était morte à nos pieds.»
+
+Réveillé évidemment de son sommeil léthargique par les clameurs et les
+détonations, Larsan venait d'ouvrir la fenêtre de sa chambre et nous
+criait, comme avait crié Arthur Rance: «Qu'y a-t-il?... Qu'y a-t-il?...»
+
+Et nous, nous étions penchés sur l'ombre, sur la mystérieuse ombre morte
+de l'assassin. Rouletabille, tout à fait réveillé maintenant, nous
+rejoignit dans le moment, et je lui criai:
+
+«Il est mort! Il est mort!...
+
+--Tant mieux, fit-il... Apportez-le dans le vestibule du château...
+
+Mais il se reprit:
+
+«Non! non! Déposons-le dans la chambre du garde!...»
+
+Rouletabille frappa à la porte de la chambre du garde... Personne ne
+répondit de l'intérieur... ce qui ne m'étonna point, naturellement.
+
+«Évidemment, il n'est pas là, fit le reporter, sans quoi il serait déjà
+sorti!... Portons donc ce corps dans le vestibule...»
+
+Depuis que nous étions arrivés sur «l'ombre morte», la nuit s'était
+faite si noire, par suite du passage d'un gros nuage sur la lune, que
+nous ne pouvions que toucher cette ombre sans en distinguer les lignes.
+Et cependant, nos yeux avaient hâte de savoir! Le père Jacques, qui
+arrivait, nous aida à transporter le cadavre jusque dans le vestibule du
+château. Là, nous le déposâmes sur la première marche de l'escalier.
+J'avais senti, sur mes mains, pendant ce trajet, le sang chaud qui
+coulait des blessures...
+
+Le père Jacques courut aux cuisines et en revint avec une lanterne. Il
+se pencha sur le visage de «l'ombre morte», et nous reconnûmes le garde,
+celui que le patron de l'auberge du «Donjon» appelait «l'homme vert» et
+que, une heure auparavant, j'avais vu sortir de la chambre d'Arthur
+Rance, chargé d'un ballot. Mais, ce que j'avais vu, je ne pouvais le
+rapporter qu'à Rouletabille seul, ce que je fis du reste quelques
+instants plus tard.
+
+. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
+
+Je ne saurais passer sous silence l'immense stupéfaction--je dirai même
+le cruel désappointement--dont firent preuve Joseph Rouletabille et
+Frédéric Larsan, lequel nous avait rejoint dans le vestibule. Ils
+tâtaient le cadavre... ils regardaient cette figure morte, ce costume
+vert du garde... et ils répétaient, l'un et l'autre: «Impossible!...
+c'est impossible!»
+
+Rouletabille s'écria même:
+
+«C'est à jeter sa tête aux chiens!»
+
+Le père Jacques montrait une douleur stupide accompagnée de lamentations
+ridicules. Il affirmait qu'on s'était trompé et que le garde ne pouvait
+être l'assassin de sa maîtresse. Nous dûmes le faire taire. On aurait
+assassiné son fils qu'il n'eût point gémi davantage, et j'expliquai
+cette exagération de bons sentiments par la peur dont il devait être
+hanté que l'on crût qu'il se réjouissait de ce décès dramatique; chacun
+savait, en effet, que le père Jacques détestait le garde. Je constatai
+que seul, de nous tous qui étions fort débraillés ou pieds nus ou en
+chaussettes, le père Jacques était entièrement habillé.
+
+Mais Rouletabille n'avait pas lâché le cadavre; à genoux sur les dalles
+du vestibule, éclairé par la lanterne du père Jacques, il déshabillait
+le corps du garde!... Il lui mit la poitrine à nu. Elle était sanglante.
+
+Et, soudain, prenant, des mains du père Jacques, la lanterne, il en
+projeta les rayons, de tout près, sur la blessure béante. Alors, il se
+releva et dit sur un ton extraordinaire, sur un ton d'une ironie
+sauvage:
+
+«Cet homme que vous croyez avoir tué à coups de revolver et de
+chevrotines est mort d'un coup de couteau au coeur!»
+
+Je crus, une fois de plus, que Rouletabille était devenu fou et je me
+penchai à mon tour sur le cadavre. Alors je pus constater qu'en effet le
+corps du garde ne portait aucune blessure provenant d'un projectile, et
+que, seule, la région cardiaque avait été entaillée par une lame aiguë.
+
+
+
+
+XXIII
+
+La double piste
+
+
+Je n'étais pas encore revenu de la stupeur que me causait une pareille
+découverte quand mon jeune ami me frappa sur l'épaule et me dit:
+
+«Suivez-moi!
+
+--Où, lui demandai-je?
+
+--Dans ma chambre.
+
+--Qu'allons-nous y faire?
+
+--Réfléchir.»
+
+J'avouai, quant à moi, que j'étais dans l'impossibilité totale, non
+seulement de réfléchir, mais encore de penser; et, dans cette nuit
+tragique, après des événements dont l'horreur n'était égalée que par
+leur incohérence, je m'expliquais difficilement comment, entre le
+cadavre du garde et Mlle Stangerson peut-être à l'agonie, Joseph
+Rouletabille pouvait avoir la prétention de «réfléchir». C'est ce qu'il
+fit cependant, avec le sang-froid des grands capitaines au milieu des
+batailles. Il poussa sur nous la porte de sa chambre, m'indiqua un
+fauteuil, s'assit posément en face de moi, et, naturellement, alluma sa
+pipe. Je le regardais réfléchir... et je m'endormis. Quand je me
+réveillai, il faisait jour. Ma montre marquait huit heures. Rouletabille
+n'était plus là. Son fauteuil, en face de moi, était vide. Je me levai
+et commençai de m'étirer les membres quand la porte s'ouvrit et mon ami
+rentra. Je vis tout de suite à sa physionomie que, pendant que je
+dormais, il n'avait point perdu son temps.
+
+«Mlle Stangerson? demandai-je tout de suite.
+
+--Son état, très alarmant, n'est pas désespéré.
+
+--Il y a longtemps que vous avez quitté cette chambre?
+
+--Au premier rayon de l'aube.
+
+--Vous avez travaillé?
+
+--Beaucoup.
+
+--Découvert quoi?
+
+--Une double empreinte de pas très remarquable «et qui aurait pu me
+gêner...»
+
+--Elle ne vous gêne plus?
+
+--Non.
+
+--Vous explique-t-elle quelque chose?
+
+--Oui.
+
+--Relativement au «cadavre incroyable» du garde?
+
+--Oui; ce cadavre est tout à fait «croyable», maintenant. J'ai découvert
+ce matin, en me promenant autour du château, deux sortes de pas
+distinctes dont les empreintes avaient été faites cette nuit en même
+temps, côte à côte. Je dis: «en même temps»; et, en vérité, il ne
+pouvait guère en être autrement, car, si l'une de ces empreintes était
+venue après l'autre, suivant le même chemin, elle eût souvent «empiété
+sur l'autre», ce qui n'arrivait jamais. Les pas de celui-ci ne
+marchaient point sur les pas de celui-là. Non, c'étaient des pas «qui
+semblaient causer entre eux». Cette double empreinte quittait toutes les
+autres empreintes, vers le milieu de la cour d'honneur, pour sortir de
+cette cour et se diriger vers la chênaie. Je quittais la cour d'honneur,
+les yeux fixés vers ma piste, quand je fus rejoint par Frédéric Larsan.
+Immédiatement, il s'intéressa beaucoup à mon travail, car cette double
+empreinte méritait vraiment qu'on s'y attachât. On retrouvait là la
+double empreinte des pas de l'affaire de la «Chambre Jaune»: les pas
+grossiers et les pas élégants; mais, tandis que, lors de l'affaire de la
+«Chambre Jaune», les pas grossiers ne faisaient que joindre au bord de
+l'étang les pas élégants, pour disparaître ensuite--dont nous avions
+conclu, Larsan et moi, que ces deux sortes de pas appartenaient au même
+individu qui n'avait fait que changer de chaussures--ici, pas grossiers
+et pas élégants voyageaient de compagnie. Une pareille constatation
+était bien faite pour me troubler dans mes certitudes antérieures.
+Larsan semblait penser comme moi; aussi, restions-nous penchés sur ces
+empreintes, reniflant ces pas comme des chiens à l'affût.
+
+«Je sortis de mon portefeuille mes semelles de papier. La première
+semelle, qui était celle que j'avais découpée sur l'empreinte des
+souliers du père Jacques retrouvés par Larsan, c'est-à-dire sur
+l'empreinte des pas grossiers, cette première semelle, dis-je,
+s'appliqua parfaitement à l'une des traces que nous avions sous les
+yeux, et la seconde semelle, qui était le dessin des «pas élégants»,
+s'appliqua également sur l'empreinte correspondante, mais avec une
+légère différence à la pointe. En somme, cette trace nouvelle du pas
+élégant ne différait de la trace du bord de l'étang que par la pointe de
+la bottine. Nous ne pouvions en tirer cette conclusion que cette trace
+appartenait au même personnage, mais nous ne pouvions non plus affirmer
+qu'elle ne lui appartenait pas. L'inconnu pouvait ne plus porter les
+mêmes bottines.
+
+«Suivant toujours cette double empreinte, Larsan et moi, nous fûmes
+conduits à sortir bientôt de la chênaie et nous nous trouvâmes sur les
+mêmes bords de l'étang qui nous avaient vus lors de notre première
+enquête. Mais, cette fois, aucune des traces ne s'y arrêtait et toutes
+deux, prenant le petit sentier, allaient rejoindre la grande route
+d'Épinay. Là, nous tombâmes sur un macadam récent qui ne nous montra
+plus rien; et nous revînmes au château, sans nous dire un mot.
+
+«Arrivés dans la cour d'honneur, nous nous sommes séparés; mais, par
+suite du même chemin qu'avait pris notre pensée, nous nous sommes
+rencontrés à nouveau devant la porte de la chambre du père Jacques. Nous
+avons trouvé le vieux serviteur au lit et constaté tout de suite que les
+effets qu'il avait jetés sur une chaise étaient dans un état lamentable,
+et que ses chaussures, des souliers tout à fait pareils à ceux que nous
+connaissions, étaient extraordinairement boueux. Ce n'était certainement
+point en aidant à transporter le cadavre du garde, du bout de cour au
+vestibule, et en allant chercher une lanterne aux cuisines, que le père
+Jacques avait arrangé de la sorte ses chaussures et trempé ses habits,
+puisque alors il ne pleuvait pas. Mais il avait plu avant ce moment-là
+et il avait plu après.
+
+«Quant à la figure du bonhomme, elle n'était pas belle à voir. Elle
+semblait refléter une fatigue extrême, et ses yeux clignotants nous
+regardèrent, dès l'abord, avec effroi.
+
+«Nous l'avons interrogé. Il nous a répondu d'abord qu'il s'était couché
+immédiatement après l'arrivée au château du médecin que le maître
+d'hôtel était allé quérir; mais nous l'avons si bien poussé, nous lui
+avons si bien prouvé qu'il mentait, qu'il a fini par nous avouer qu'il
+était, en effet, sorti du château. Nous lui en avons, naturellement,
+demandé la raison; il nous a répondu qu'il s'était senti mal à la tête,
+et qu'il avait eu besoin de prendre l'air, mais qu'il n'était pas allé
+plus loin que la chênaie. Nous lui avons alors décrit tout le chemin
+qu'il avait fait, _aussi bien que si nous l'avions vu marcher_. Le
+vieillard se dressa sur son séant et se prit à trembler.
+
+«--Vous n'étiez pas seul!» s'écria Larsan.
+
+«Alors, le père Jacques:
+
+«--Vous l'avez donc vu?
+
+«--Qui? demandai-je.
+
+«--Mais le fantôme noir!»
+
+«Sur quoi, le père Jacques nous conta que, depuis quelques nuits, il
+voyait le fantôme noir. Il apparaissait dans le parc sur le coup de
+minuit et glissait contre les arbres avec une souplesse incroyable. Il
+paraissait «traverser» le tronc des arbres; deux fois, le père Jacques,
+qui avait aperçu le fantôme à travers sa fenêtre, à la clarté de la
+lune, s'était levé et, résolument, était parti à la chasse de cette
+étrange apparition. L'avant-veille, il avait failli la rejoindre, mais
+elle s'était évanouie au coin du donjon; enfin, cette nuit, étant en
+effet sorti du château, travaillé par l'idée du nouveau crime qui venait
+de se commettre, il avait vu tout à coup, surgir au milieu de la cour
+d'honneur, le fantôme noir. Il l'avait suivi d'abord prudemment, puis de
+plus près... ainsi il avait tourné la chênaie, l'étang, et était arrivé
+au bord de la route d'Épinay. «Là, le fantôme avait soudain disparu.»
+
+«--Vous n'avez pas vu sa figure? demanda Larsan.
+
+«--Non! Je n'ai vu que des voiles noirs...
+
+«--Et, après ce qui s'est passé dans la galerie, vous n'avez pas sauté
+dessus?
+
+«--Je ne le pouvais pas! Je me sentais terrifié... C'est à peine si
+j'avais la force de le suivre...
+
+«--Vous ne l'avez pas suivi, fis-je, père Jacques,--et ma voix était
+menaçante--vous êtes allé avec le fantôme jusqu'à la route d'Épinay
+«bras dessus, bras dessous»!
+
+«--Non! cria-t-il... il s'est mis à tomber des trombes d'eau... Je suis
+rentré!... Je ne sais pas ce que le fantôme noir est devenu...»
+
+«Mais ses yeux se détournèrent de moi.
+
+«Nous le quittâmes.
+
+«Quand nous fûmes dehors:
+
+«--Complice? interrogeai-je, sur un singulier ton, en regardant Larsan
+bien en face pour surprendre le fond de sa pensée.
+
+«Larsan leva les bras au ciel.
+
+«--Est-ce qu'on sait?... Est-ce qu'on sait, dans une affaire
+pareille?... Il y a vingt-quatre heures, j'aurais juré qu'il n'y avait
+pas de complice!...»
+
+«Et il me laissa en m'annonçant qu'il quittait le château sur-le-champ
+pour se rendre à Épinay.»
+
+Rouletabille avait fini son récit. Je lui demandai:
+
+«Eh bien? Que conclure de tout cela?... Quant à moi, je ne vois pas!...
+je ne saisis pas!... Enfin! Que savez-vous?
+
+--_Tout!_ s'exclama-t-il... _Tout!_»
+
+Et je ne lui avais jamais vu figure plus rayonnante. Il s'était levé et
+me serrait la main avec force...
+
+«Alors, expliquez-moi, priai-je...
+
+--Allons demander des nouvelles de Mlle Stangerson», me répondit-il
+brusquement.
+
+
+
+
+XXIV
+
+Rouletabille connaît les deux moitiés de l'assassin
+
+
+Mlle Stangerson avait failli être assassinée pour la seconde fois. Le
+malheur fut qu'elle s'en porta beaucoup plus mal la seconde que la
+première. Les trois coups de couteau que l'homme lui avait portés dans
+la poitrine, en cette nouvelle nuit tragique, la mirent longtemps entre
+la vie et la mort, et quand, enfin, la vie fut plus forte et qu'on pût
+espérer que la malheureuse femme, cette fois encore, échapperait à son
+sanglant destin, on s'aperçut que, si elle reprenait chaque jour l'usage
+de ses sens, elle ne recouvrait point celui de sa raison. La moindre
+allusion à l'horrible tragédie la faisait délirer, et il n'est point non
+plus, je crois bien, exagéré de dire que l'arrestation de M. Robert
+Darzac, qui eut lieu au château du Glandier, le lendemain de la
+découverte du cadavre du garde, creusa encore l'abîme moral où nous
+vîmes disparaître cette belle intelligence.
+
+M. Robert Darzac arriva au château vers neuf heures et demie. Je le vis
+accourir à travers le parc, les cheveux et les habits en désordre,
+crotté, boueux, dans un état lamentable. Son visage était d'une pâleur
+mortelle. Rouletabille et moi, nous étions accoudés à une fenêtre de la
+galerie. Il nous aperçut; il poussa vers nous un cri désespéré:
+
+«J'arrive trop tard!...»
+
+Rouletabille lui cria:
+
+«Elle vit!...»
+
+Une minute après, M. Darzac entrait dans la chambre de Mlle Stangerson,
+et, à travers la porte, nous entendîmes ses sanglots.
+
+. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
+
+«Fatalité! gémissait à côté de moi, Rouletabille. Quels Dieux infernaux
+veillent donc sur le malheur de cette famille! Si l'on ne m'avait pas
+endormi, j'aurais sauvé Mlle Stangerson de l'homme, et je l'aurais rendu
+muet pour toujours... _et le garde ne serait pas mort!_»
+
+. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
+
+M. Darzac vint nous retrouver. Il était tout en larmes. Rouletabille lui
+raconta tout: et comment il avait tout préparé pour leur salut, à Mlle
+Stangerson et à lui; et comment il y serait parvenu en éloignant l'homme
+pour toujours «après avoir vu sa figure»; et comment son plan s'était
+effondré dans le sang, à cause du narcotique.
+
+«Ah! si vous aviez eu réellement confiance en moi, fit tout bas le jeune
+homme, si vous aviez dit à Mlle Stangerson d'avoir confiance en moi!...
+Mais ici chacun se défie de tous... la fille se défie du père... et la
+fiancée se défie du fiancé... Pendant que vous me disiez de tout faire
+pour empêcher l'arrivée de l'assassin, _elle préparait tout pour se
+faire assassiner!_... Et je suis arrivé trop tard... à demi endormi...
+me traînant presque, dans cette chambre où la vue de la malheureuse,
+baignant dans son sang, me réveilla tout à fait...»
+
+Sur la demande de M. Darzac, Rouletabille raconta la scène. S'appuyant
+aux murs pour ne pas tomber, pendant que, dans le vestibule et dans la
+cour d'honneur, nous poursuivions l'assassin, il s'était dirigé vers la
+chambre de la victime... Les portes de l'antichambre sont ouvertes; il
+entre; Mlle Stangerson gît, inanimée, à moitié renversée sur le bureau,
+les yeux clos; son peignoir est rouge du sang qui coule à flots de sa
+poitrine. Il semble à Rouletabille, encore sous l'influence du
+narcotique, qu'il se promène dans quelque affreux cauchemar.
+Automatiquement, il revient dans la galerie, ouvre une fenêtre, nous
+clame le crime, nous ordonne de tuer, et retourne dans la chambre.
+Aussitôt, il traverse le boudoir désert, entre dans le salon dont la
+porte est restée entrouverte, secoue M. Stangerson sur le canapé où il
+s'est étendu et le réveille comme je l'ai réveillé, lui, tout à
+l'heure... M. Stangerson se dresse avec des yeux hagards, se laisse
+traîner par Rouletabille jusque dans la chambre, aperçoit sa fille,
+pousse un cri déchirant... Ah! il est réveillé! il est réveillé!... Tous
+les deux, maintenant, réunissant leurs forces chancelantes, transportent
+la victime sur son lit...
+
+Puis Rouletabille veut nous rejoindre, pour savoir... «pour savoir...»
+mais, avant de quitter la chambre, il s'arrête près du bureau... Il y a
+là, par terre, un paquet... énorme... un ballot... Qu'est-ce que ce
+paquet fait là, auprès du bureau?... L'enveloppe de serge qui l'entoure
+est dénouée... Rouletabille se penche... Des papiers... des papiers...
+des photographies... Il lit: «Nouvel électroscope condensateur
+différentiel... Propriétés fondamentales de la substance intermédiaire
+entre la matière pondérable et l'éther impondérable.»... Vraiment,
+vraiment, quel est ce mystère et cette formidable ironie du sort qui
+veulent qu'à l'heure où «on» lui assassine sa fille, «on» vienne
+restituer au professeur Stangerson toutes ces paperasses inutiles,
+«qu'il jettera au feu!... au feu!... au feu!... le lendemain».
+
+. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
+
+Dans la matinée qui suivit cette horrible nuit, nous avons vu
+réapparaître M. de Marquet, son greffier, les gendarmes. Nous avons tous
+été interrogés, excepté naturellement Mlle Stangerson qui était dans un
+état voisin du coma. Rouletabille et moi, après nous être concertés,
+n'avons dit que ce que nous avons bien voulu dire. J'eus garde de rien
+rapporter de ma station dans le cabinet noir ni des histoires de
+narcotique. Bref, nous tûmes tout ce qui pouvait faire soupçonner que
+nous nous attendions à quelque chose, et aussi tout ce qui pouvait faire
+croire que Mlle Stangerson «attendait l'assassin». La malheureuse allait
+peut-être payer de sa vie le mystère dont elle entourait son assassin...
+Il ne nous appartenait point de rendre un pareil sacrifice inutile...
+Arthur Rance raconta à tout le monde, fort naturellement--si
+naturellement que j'en fus stupéfait--qu'il avait vu le garde pour la
+dernière fois vers onze heures du soir. Celui-ci était venu dans sa
+chambre, dit-il, pour y prendre sa valise qu'il devait transporter le
+lendemain matin à la première heure à la gare de Saint-Michel «et
+s'était attardé à causer longuement chasse et braconnage avec lui»!
+Arthur-William Rance, en effet, devait quitter le Glandier dans la
+matinée et se rendre à pied, selon son habitude, à Saint-Michel; aussi
+avait-il profité d'un voyage matinal du garde dans le petit bourg pour
+se débarrasser de son bagage.
+
+Du moins je fus conduit à le penser car M. Stangerson confirma ses
+dires; il ajouta qu'il n'avait pas eu le plaisir, la veille au soir,
+d'avoir à sa table son ami Arthur Rance parce que celui-ci avait pris,
+vers les cinq heures, un congé définitif de sa fille et de lui. M.
+Arthur Rance s'était fait servir simplement un thé dans sa chambre, se
+disant légèrement indisposé.
+
+Bernier, le concierge, sur les indications de Rouletabille, rapporta
+qu'il avait été requis par le garde lui-même, cette nuit-là, pour faire
+la chasse aux braconniers (le garde ne pouvait plus le contredire),
+qu'ils s'étaient donné rendez-vous tous deux non loin de la chênaie et
+que, voyant que le garde ne venait point, il était allé, lui, Bernier,
+au-devant du garde... Il était arrivé à hauteur du donjon, ayant passé
+la petite porte de la cour d'honneur, quand il aperçut un individu qui
+fuyait à toutes jambes du côté opposé, vers l'extrémité de l'aile droite
+du château; des coups de revolver retentirent dans le même moment
+derrière le fuyard; Rouletabille était apparu à la fenêtre de la
+galerie; il l'avait aperçu, lui Bernier, l'avait reconnu, l'avait vu
+avec son fusil et lui avait crié de tirer. Alors, Bernier avait lâché
+son coup de fusil qu'il tenait tout prêt... et il était persuadé qu'il
+avait mis à mal le fuyard; il avait cru même qu'il l'avait tué, et cette
+croyance avait duré jusqu'au moment où Rouletabille, dépouillant le
+corps qui était tombé sous le coup de fusil, lui avait appris que ce
+corps «avait été tué d'un coup de couteau»; que, du reste, il restait ne
+rien comprendre à une pareille fantasmagorie, attendu que, si le cadavre
+trouvé n'était point celui du fuyard sur lequel nous avions tous tiré,
+il fallait bien que ce fuyard fût quelque part. Or, dans ce petit coin
+de cour où nous nous étions tous rejoints autour du cadavre, «il n'y
+avait pas de place pour un autre mort ou pour un vivant» sans que nous
+le vissions!
+
+Ainsi parla le père Bernier. Mais le juge d'instruction lui répondit
+que, pendant que nous étions dans ce petit bout de cour, la nuit était
+bien noire, puisque nous n'avions pu distinguer le visage du garde, et
+que, pour le reconnaître, il nous avait fallu le transporter dans le
+vestibule... À quoi le père Bernier répliqua que, si l'on n'avait pas vu
+«l'autre corps, mort ou vivant», on aurait au moins marché dessus, tant
+ce bout de cour est étroit. Enfin, nous étions, sans compter le cadavre,
+cinq dans ce bout de cour et il eût été vraiment étrange que l'autre
+corps nous échappât... La seule porte qui donnait dans ce bout de cour
+était celle de la chambre du garde, et la porte en était fermée. On en
+avait retrouvé la clef dans la poche du garde...
+
+Tout de même, comme ce raisonnement de Bernier, qui à première vue
+paraissait logique, conduisait à dire qu'on avait tué à coups d'armes à
+feu un homme mort d'un coup de couteau, le juge d'instruction ne s'y
+arrêta pas longtemps. Et il fut évident pour tous, dès midi, que ce
+magistrat était persuadé que nous avions raté «le fuyard» et que nous
+avions trouvé là un cadavre qui n'avait rien à voir avec «notre
+affaire». Pour lui, le cadavre du garde était une autre affaire. Il
+voulut le prouver sans plus tarder, et il est probable que «cette
+nouvelle affaire» correspondait avec des idées qu'il avait depuis
+quelques jours sur les moeurs du garde, sur ses fréquentations, sur la
+récente intrigue qu'il entretenait avec la femme du propriétaire de
+l'auberge du «Donjon», et corroborait également les rapports qu'on avait
+dû lui faire relativement aux menaces de mort proférées par le père
+Mathieu à l'adresse du garde, car à une heure après-midi le père
+Mathieu, malgré ses gémissements de rhumatisant et les protestations de
+sa femme, était arrêté et conduit sous bonne escorte à Corbeil. On
+n'avait cependant rien découvert chez lui de compromettant; mais des
+propos tenus, encore la veille, à des rouliers qui les répétèrent, le
+compromirent plus que si l'on avait trouvé dans sa paillasse le couteau
+qui avait tué «l'homme vert».
+
+Nous en étions là, ahuris de tant d'événements aussi terribles
+qu'inexplicables, quand, pour mettre le comble à la stupéfaction de
+tous, nous vîmes arriver au château Frédéric Larsan, qui en était parti
+aussitôt après avoir vu le juge d'instruction et qui en revenait,
+accompagné d'un employé du chemin de fer.
+
+Nous étions alors dans le vestibule avec Arthur Rance, discutant de la
+culpabilité et de l'innocence du père Mathieu (du moins Arthur Rance et
+moi étions seuls à discuter, car Rouletabille semblait parti pour
+quelque rêve lointain et ne s'occupait en aucune façon de ce que nous
+disions). Le juge d'instruction et son greffier se trouvaient dans le
+petit salon vert où Robert Darzac nous avait introduits quand nous
+étions arrivés pour la première fois au Glandier. Le père Jacques, mandé
+par le juge, venait d'entrer dans le petit salon; M. Robert Darzac était
+en haut, dans la chambre de Mlle Stangerson, avec M. Stangerson et les
+médecins. Frédéric Larsan entra dans le vestibule avec l'employé de
+chemin de fer. Rouletabille et moi reconnûmes aussitôt cet employé à sa
+petite barbiche blonde: «Tiens! L'employé d'Épinay-sur-Orge!»
+m'écriai-je, et je regardai Frédéric Larsan qui répliqua en souriant:
+«Oui, oui, vous avez raison, c'est l'employé d'Épinay-sur-Orge.» Sur
+quoi Fred se fit annoncer au juge d'instruction par le gendarme qui
+était à la porte du salon. Aussitôt, le père Jacques sortit, et Frédéric
+Larsan et l'employé furent introduits. Quelques instants s'écoulèrent,
+dix minutes peut-être. Rouletabille était fort impatient. La porte du
+salon se rouvrit; le gendarme, appelé par le juge d'instruction, entra
+dans le salon, en ressortit, gravit l'escalier et le redescendit.
+Rouvrant alors la porte du salon et ne la refermant pas, il dit au juge
+d'instruction:
+
+«Monsieur le juge, M. Robert Darzac ne veut pas descendre!
+
+--Comment! Il ne veut pas!... s'écria M. de Marquet.
+
+--Non! il dit qu'il ne peut quitter Mlle Stangerson dans l'état où elle
+se trouve...
+
+--C'est bien, fit M. de Marquet; puisqu'il ne vient pas à nous, nous
+irons à lui...»
+
+M. de Marquet et le gendarme montèrent; le juge d'instruction fit signe
+à Frédéric Larsan et à l'employé de chemin de fer de les suivre.
+Rouletabille et moi fermions la marche.
+
+On arriva ainsi, dans la galerie, devant la porte de l'antichambre de
+Mlle Stangerson. M. de Marquet frappa à la porte. Une femme de chambre
+apparut. C'était Sylvie, une petite bonniche dont les cheveux d'un blond
+fadasse retombaient en désordre sur un visage consterné.
+
+«M. Stangerson est là? demanda le juge d'instruction.
+
+--Oui, monsieur.
+
+--Dites-lui que je désire lui parler.»
+
+Sylvie alla chercher M. Stangerson.
+
+Le savant vint à nous; il pleurait; il faisait peine à voir.
+
+«Que me voulez-vous encore? demanda celui-ci au juge. Ne pourrait-on
+pas, monsieur, dans un moment pareil, me laisser un peu tranquille!
+
+--Monsieur, fit le juge, il faut absolument que j'aie, sur-le-champ, un
+entretien avec M. Robert Darzac. Ne pourriez-vous le décider à quitter
+la chambre de Mlle Stangerson? Sans quoi, je me verrais dans la
+nécessité d'en franchir le seuil avec tout l'appareil de la justice.»
+
+Le professeur ne répondit pas; il regarda le juge, le gendarme et tous
+ceux qui les accompagnaient comme une victime regarde ses bourreaux, et
+il rentra dans la chambre.
+
+Aussitôt M. Robert Darzac en sortit. Il était bien pâle et bien défait;
+mais, quand le malheureux aperçut, derrière Frédéric Larsan, l'employé
+de chemin de fer, son visage se décomposa encore; ses yeux devinrent
+hagards et il ne put retenir un sourd gémissement.
+
+Nous avions tous saisi le tragique mouvement de cette physionomie
+douloureuse. Nous ne pûmes nous empêcher de laisser échapper une
+exclamation de pitié. Nous sentîmes qu'il se passait alors quelque chose
+de définitif qui décidait de la perte de M. Robert Darzac. Seul,
+Frédéric Larsan avait une figure rayonnante et montrait la joie d'un
+chien de chasse qui s'est enfin emparé de sa proie.
+
+M. de Marquet dit, montrant à M. Darzac le jeune employé à la barbiche
+blonde:
+
+«Vous reconnaissez monsieur?
+
+--Je le reconnais, fit Robert Darzac d'une voix qu'il essayait en vain
+de rendre ferme. C'est un employé de l'Orléans à la station
+d'Épinay-sur-Orge.
+
+--Ce jeune homme, continua M. de Marquet, affirme qu'il vous a vu
+descendre de chemin de fer, à Épinay...
+
+--Cette nuit, termina M. Darzac, à dix heures et demie... c'est
+vrai!...»
+
+Il y eut un silence...
+
+«Monsieur Darzac, reprit le juge d'instruction sur un ton qui était
+empreint d'une poignante émotion... Monsieur Darzac, que veniez-vous
+faire cette nuit à Épinay-sur-Orge, à quelques kilomètres de l'endroit
+où l'on assassinait Mlle Stangerson?...»
+
+M. Darzac se tut. Il ne baissa pas la tête, mais il ferma les yeux, soit
+qu'il voulût dissimuler sa douleur, soit qu'il craignît qu'on pût lire
+dans son regard quelque chose de son secret.
+
+«Monsieur Darzac, insista M. de Marquet... pouvez-vous me donner
+l'emploi de votre temps, cette nuit?»
+
+M. Darzac rouvrit les yeux. Il semblait avoir reconquis toute sa
+puissance sur lui-même.
+
+«Non, monsieur!...
+
+--Réfléchissez, monsieur! car je vais être dans la nécessité, si vous
+persistez dans votre étrange refus, de vous garder à ma disposition.
+
+--Je refuse...
+
+--Monsieur Darzac! Au nom de la loi, je vous arrête!...»
+
+Le juge n'avait pas plutôt prononcé ces mots que je vis Rouletabille
+faire un mouvement brusque vers M. Darzac. Il allait certainement
+parler, mais celui-ci d'un geste lui ferma la bouche... Du reste, le
+gendarme s'approchait déjà de son prisonnier... À ce moment un appel
+désespéré retentit:
+
+«Robert!... Robert!...»
+
+Nous reconnûmes la voix de Mlle Stangerson, et, à cet accent de douleur,
+pas un de nous qui ne frissonnât. Larsan lui-même, cette fois, en pâlit.
+Quant à M. Darzac, répondant à l'appel, il s'était déjà précipité dans
+la chambre...
+
+Le juge, le gendarme, Larsan s'y réunirent derrière lui; Rouletabille et
+moi restâmes sur le pas de la porte. Spectacle déchirant: Mlle
+Stangerson, dont le visage avait la pâleur de la mort, s'était soulevée
+sur sa couche, malgré les deux médecins et son père... Elle tendait des
+bras tremblants vers Robert Darzac sur qui Larsan et le gendarme avaient
+mis la main... Ses yeux étaient grands ouverts... elle voyait... elle
+comprenait... Sa bouche sembla murmurer un mot... un mot qui expira sur
+ses lèvres exsangues... un mot que personne n'entendit... et elle se
+renversa, évanouie... On emmena rapidement Darzac hors de la chambre...
+En attendant une voiture que Larsan était allé chercher, nous nous
+arrêtâmes dans le vestibule. Notre émotion à tous était extrême. M. de
+Marquet avait la larme à l'oeil. Rouletabille profita de ce moment
+d'attendrissement général pour dire à M. Darzac:
+
+«Vous ne vous défendrez pas?
+
+--Non! répliqua le prisonnier.
+
+--Moi, je vous défendrai, monsieur...
+
+--Vous ne le pouvez pas, affirma le malheureux avec un pauvre sourire...
+Ce que nous n'avons pu faire, Mlle Stangerson et moi, vous ne le ferez
+pas!
+
+--Si, je le ferai.»
+
+Et la voix de Rouletabille était étrangement calme et confiante. Il
+continua:
+
+«Je le ferai, monsieur Robert Darzac, parce que moi, _j'en sais plus
+long que vous!_
+
+--Allons donc! murmura Darzac presque avec colère.
+
+--Oh! soyez tranquille, je ne saurai que ce qu'il sera utile de savoir
+_pour vous sauver!_
+
+--_Il ne faut rien savoir_, jeune homme... si vous voulez avoir droit à
+ma reconnaissance.»
+
+Rouletabille secoua la tête. Il s'approcha tout près, tout près de
+Darzac:
+
+«Écoutez ce que je vais vous dire, fit-il à voix basse... et que cela
+vous donne confiance! Vous, vous ne savez que le nom de l'assassin; Mlle
+Stangerson, elle, _connaît seulement la moitié de l'assassin; mais moi,
+je connais ses deux moitiés; je connais l'assassin tout entier,
+moi!..._»
+
+Robert Darzac ouvrit des yeux qui attestaient qu'il ne comprenait pas un
+mot de ce que venait de lui dire Rouletabille. La voiture, sur ces
+entrefaites, arriva, conduite par Frédéric Larsan. On y fit monter
+Darzac et le gendarme. Larsan resta sur le siège. On emmenait le
+prisonnier à Corbeil.
+
+
+
+
+XXV
+
+Rouletabille part en voyage
+
+
+Le soir même nous quittions le Glandier, Rouletabille et moi. Nous en
+étions fort heureux: cet endroit n'avait rien qui pût encore nous
+retenir. Je déclarai que je renonçais à percer tant de mystères, et
+Rouletabille, en me donnant une tape amicale sur l'épaule, me confia
+qu'il n'avait plus rien à apprendre au Glandier, parce que le Glandier
+lui avait tout appris. Nous arrivâmes à Paris vers huit heures. Nous
+dînâmes rapidement, puis, fatigués, nous nous séparâmes en nous donnant
+rendez-vous le lendemain matin chez moi.
+
+À l'heure dite, Rouletabille entrait dans ma chambre. Il était vêtu d'un
+complet à carreaux en drap anglais, avait un ulster sur le bras, une
+casquette sur la tête et un sac à la main. Il m'apprit qu'il partait en
+voyage.
+
+«Combien de temps serez-vous parti? lui demandai-je.
+
+--Un mois ou deux, fit-il, cela dépend...»
+
+Je n'osai l'interroger...
+
+«Savez-vous, me dit-il, quel est le mot que Mlle Stangerson a prononcé
+hier avant de s'évanouir... en regardant M. Robert Darzac?...
+
+--Non, personne ne l'a entendu...
+
+--Si! répliqua Rouletabille, moi! Elle lui disait: «parle!»
+
+--Et M. Darzac parlera?
+
+--Jamais!»
+
+J'aurais voulu prolonger l'entretien, mais il me serra fortement la main
+et me souhaita une bonne santé, je n'eus que le temps de lui demander:
+
+«Vous ne craignez point que, pendant votre absence, il se commette de
+nouveaux attentats?...
+
+--Je ne crains plus rien de ce genre, dit-il, depuis que M. Darzac est
+en prison.»
+
+Sur cette parole bizarre, il me quitta. Je ne devais plus le revoir
+qu'en cour d'assises, au moment du procès Darzac, lorsqu'il vint à la
+barre «expliquer l'inexplicable».
+
+
+
+
+XXVI
+
+Où Joseph Rouletabille est impatiemment attendu
+
+
+Le 15 janvier suivant, c'est-à-dire deux mois et demi après les
+tragiques événements que je viens de rapporter, _L'Époque_ publiait, en
+première colonne, première page, le sensationnel article suivant:
+
+«Le jury de Seine-et-Oise est appelé aujourd'hui, à juger l'une des plus
+mystérieuses affaires qui soient dans les annales judiciaires. Jamais
+procès n'aura présenté tant de points obscurs, incompréhensibles,
+inexplicables. Et cependant l'accusation n'a point hésité à faire
+asseoir sur le banc des assises un homme respecté, estimé, aimé de tous
+ceux qui le connaissent, un jeune savant, espoir de la science
+française, dont toute l'existence fut de travail et de probité. Quand
+Paris apprit l'arrestation de M. Robert Darzac, un cri unanime de
+protestation s'éleva de toutes parts. La Sorbonne tout entière,
+déshonorée par le geste inouï du juge d'instruction, proclama sa foi
+dans l'innocence du fiancé de Mlle Stangerson. M. Stangerson lui-même
+attesta hautement l'erreur où s'était fourvoyée la justice, et il ne
+fait de doute pour personne que, si la victime pouvait parler, elle
+viendrait réclamer aux douze jurés de Seine-et-Oise l'homme dont elle
+voulait faire son époux et que l'accusation veut envoyer à l'échafaud.
+Il faut espérer qu'un jour prochain Mlle Stangerson recouvrera sa raison
+qui a momentanément sombré dans l'horrible mystère du Glandier.
+Voulez-vous qu'elle la reperde lorsqu'elle apprendra que l'homme qu'elle
+aime est mort de la main du bourreau? Cette question s'adresse au jury
+«auquel nous nous proposons d'avoir affaire, aujourd'hui même».
+
+«Nous sommes décidés, en effet, à ne point laisser douze braves gens
+commettre une abominable erreur judiciaire. Certes, des coïncidences
+terribles, des traces accusatrices, un silence inexplicable de la part
+de l'accusé, un emploi du temps énigmatique, l'absence de tout alibi,
+ont pu entraîner la conviction du parquet qui, «ayant vainement cherché
+la vérité ailleurs», s'est résolu à la trouver là. Les charges sont, en
+apparence, si accablantes pour M. Robert Darzac, qu'il faut même excuser
+un policier aussi averti, aussi intelligent, et généralement aussi
+heureux que M. Frédéric Larsan de s'être laissé aveugler par elles.
+Jusqu'alors, tout est venu accuser M. Robert Darzac, devant
+l'instruction; aujourd'hui, nous allons, nous, le défendre devant le
+jury; et nous apporterons à la barre une lumière telle que tout le
+mystère du Glandier en sera illuminé. «Car nous possédons la vérité.»
+
+«Si nous n'avons point parlé plus tôt, c'est que l'intérêt même de la
+cause que nous voulons défendre l'exigeait sans doute. Nos lecteurs
+n'ont pas oublié ces sensationnelles enquêtes anonymes que nous avons
+publiées sur le «Pied gauche de la rue Oberkampf», sur le fameux vol du
+«Crédit universel» et sur l'affaire des «Lingots d'or de la Monnaie».
+Elles nous faisaient prévoir la vérité, avant même que l'admirable
+ingéniosité d'un Frédéric Larsan ne l'eût dévoilée tout entière. Ces
+enquêtes étaient conduites par notre plus jeune rédacteur, un enfant de
+dix-huit ans, Joseph Rouletabille, qui sera illustre demain. Quand
+l'affaire du Glandier éclata, notre petit reporter se rendit sur les
+lieux, força toutes les portes et s'installa dans le château d'où tous
+les représentants de la presse avaient été chassés. À côté de Frédéric
+Larsan, il chercha la vérité; il vit avec épouvante l'erreur où
+s'abîmait tout le génie du célèbre policier; en vain essaya-t-il de le
+rejeter hors de la mauvaise piste où il s'était engagé: le grand Fred ne
+voulut point consentir à recevoir des leçons de ce petit journaliste.
+Nous savons où cela a conduit M. Robert Darzac.
+
+«Or, il faut que la France sache, il faut que le monde sache que, le
+soir même de l'arrestation de M. Robert Darzac, le jeune Joseph
+Rouletabille pénétrait dans le bureau de notre directeur et lui disait:
+«Je pars en voyage. Combien de temps serai-je parti, je ne pourrais vous
+le dire; peut-être un mois, deux mois, trois mois... peut-être ne
+reviendrai-je jamais... Voici une lettre... Si je ne suis pas revenu le
+jour où M. Darzac comparaîtra devant les assises, vous ouvrirez cette
+lettre en cour d'assises, après le défilé des témoins. Entendez-vous
+pour cela avec l'avocat de M. Robert Darzac. M. Robert Darzac est
+innocent. _Dans cette lettre il y a le nom de l'assassin_, et, je ne
+dirai point: les preuves, car, les preuves, je vais les chercher, mais
+_l'explication irréfutable de sa culpabilité_.» Et notre rédacteur
+partit. Nous sommes restés longtemps sans nouvelles mais un inconnu est
+venu trouver notre directeur, il y a huit jours, pour lui dire: «Agissez
+suivant les instructions de Joseph Rouletabille, _si la chose devient
+nécessaire_. Il y a la vérité dans cette lettre.» Cet homme n'a point
+voulu nous dire son nom.
+
+«Aujourd'hui, 15 janvier, nous voici au grand jour des assises; Joseph
+Rouletabille n'est pas de retour; peut-être ne le reverrons-nous jamais.
+La presse, elle aussi, compte ses héros, victimes du devoir: le devoir
+professionnel, le premier de tous les devoirs. Peut-être, à cette heure,
+y a-t-il succombé! Nous saurons le venger. Notre directeur, cet
+après-midi, sera à la cour d'assises de Versailles, avec la lettre: _la
+lettre qui contient le nom de l'assassin!_»
+
+En tête de l'article, on avait mis le portrait de Rouletabille.
+
+Les parisiens qui se rendirent ce jour-là à Versailles pour le procès
+dit du «Mystère de la Chambre Jaune» n'ont certainement pas oublié
+l'incroyable cohue qui se bousculait à la gare Saint-Lazare. On ne
+trouvait plus de place dans les trains et l'on dut improviser des
+convois supplémentaires. L'article de _L'Époque_ avait bouleversé tout
+le monde, excité toutes les curiosités, poussé jusqu'à l'exaspération la
+passion des discussions. Des coups de poing furent échangés entre les
+partisans de Joseph Rouletabille et les fanatiques de Frédéric Larsan,
+car, chose bizarre, la fièvre de ces gens venait moins de ce qu'on
+allait peut-être condamner un innocent que de l'intérêt qu'ils portaient
+à leur propre compréhension du «mystère de la Chambre Jaune». Chacun
+avait son explication et la tenait pour bonne. Tous ceux qui
+expliquaient le crime comme Frédéric Larsan n'admettaient point qu'on
+pût mettre en doute la perspicacité de ce policier populaire; et tous
+les autres, qui avaient une explication autre que celle de Frédéric
+Larsan, prétendaient naturellement qu'elle devait être celle de Joseph
+Rouletabille qu'ils ne connaissaient pas encore. Le numéro de _L'Époque_
+à la main, les «Larsan «et les «Rouletabille «se disputèrent, se
+chamaillèrent, jusque sur les marches du palais de justice de
+Versailles, jusque dans le prétoire. Un service d'ordre extraordinaire
+avait été commandé. L'innombrable foule qui ne put pénétrer dans le
+palais resta jusqu'au soir aux alentours du monument, maintenue
+difficilement par la troupe et la police, avide de nouvelles,
+accueillant les rumeurs les plus fantastiques. Un moment, le bruit
+circula qu'on venait d'arrêter, en pleine audience, M. Stangerson
+lui-même, qui s'était avoué l'assassin de sa fille... C'était de la
+folie. L'énervement était à son comble. Et l'on attendait toujours
+Rouletabille. Des gens prétendaient le connaître et le reconnaître; et,
+quand un jeune homme, muni d'un laissez-passer, traversait la place
+libre qui séparait la foule du palais de justice, des bousculades se
+produisaient. On s'écrasait. On criait: «Rouletabille! Voici
+Rouletabille!» Des témoins, qui ressemblaient plus ou moins vaguement au
+portrait publié par _L'Époque_, furent aussi acclamés. L'arrivée du
+directeur de _L'Époque_ fut encore le signal de quelques manifestations.
+Les uns applaudirent, les autres sifflèrent. Il y avait beaucoup de
+femmes dans la foule.
+
+Dans la salle des assises, le procès se déroulait sous la présidence de
+M. De Rocoux, un magistrat imbu de tous les préjugés des gens de robe,
+mais foncièrement honnête. On avait fait l'appel des témoins. J'en
+étais, naturellement, ainsi que tous ceux qui, de près ou de loin,
+avaient touché les mystères du Glandier: M. Stangerson, vieilli de dix
+ans, méconnaissable, Larsan, M. Arthur W. Rance, la figure toujours
+enluminée, le père Jacques, le père Mathieu, qui fut amené, menottes aux
+mains, entre deux gendarmes, Mme Mathieu, toute en larmes, les Bernier,
+les deux gardes-malades, le maître d'hôtel, tous les domestiques du
+château, l'employé de poste du bureau 40, l'employé du chemin de fer
+d'Épinay, quelques amis de M. et de Mlle Stangerson, et tous les témoins
+à décharge de M. Robert Darzac. J'eus la chance d'être entendu parmi les
+premiers témoins, ce qui me permit d'assister à presque tout le procès.
+
+Je n'ai point besoin de vous dire que l'on s'écrasait dans le prétoire.
+Des avocats étaient assis jusque sur les marches de «la cour»; et,
+derrière les magistrats en robe rouge, tous les parquets des environs
+étaient représentés. M. Robert Darzac apparut au banc des accusés, entre
+les gendarmes, si calme, si grand et si beau, qu'un murmure d'admiration
+plus que de compassion l'accueillit. Il se pencha aussitôt vers son
+avocat, maître Henri-Robert, qui, assisté de son premier secrétaire,
+maître André Hesse, alors débutant, avait déjà commencé à feuilleter son
+dossier.
+
+Beaucoup s'attendaient à ce que M. Stangerson allât serrer la main de
+l'accusé; mais l'appel des témoins eut lieu et ceux-ci quittèrent tous
+la salle sans que cette démonstration sensationnelle se fût produite. Au
+moment où les jurés prirent place, on remarqua qu'ils avaient eu l'air
+de s'intéresser beaucoup à un rapide entretien que maître Henri-Robert
+avait eu avec le directeur de _L'Époque_. Celui-ci s'en fut ensuite
+prendre place au premier rang de public. Quelques-uns s'étonnèrent qu'il
+ne suivît point les témoins dans la salle qui leur était réservée.
+
+La lecture de l'acte d'accusation s'accomplit comme presque toujours,
+sans incident. Je ne relaterai pas ici le long interrogatoire que subit
+M. Darzac. Il répondit à la fois de la façon la plus naturelle et la
+plus mystérieuse. «Tout ce qu'il pouvait dire» parut naturel, tout ce
+qu'il tut parut terrible pour lui, même aux yeux de ceux qui «sentaient»
+son innocence. Son silence sur les points que nous connaissons se dressa
+contre lui et il semblait bien que ce silence dût fatalement l'écraser.
+Il résista aux objurgations du président des assises et du ministère
+public. On lui dit que se taire, en une pareille circonstance,
+équivalait à la mort.
+
+«C'est bien, dit-il, je la subirai donc; mais je suis innocent!»
+
+Avec cette habileté prodigieuse qui a fait sa renommée, et profitant de
+l'incident, maître Henri-Robert essaya de grandir le caractère de son
+client, par le fait même de son silence, en faisant allusion à des
+devoirs moraux que seules des âmes héroïques sont susceptibles de
+s'imposer. L'éminent avocat ne parvint qu'à convaincre tout à fait ceux
+qui connaissaient M. Darzac, mais les autres restèrent hésitants. Il y
+eut une suspension d'audience, puis le défilé des témoins commença et
+Rouletabille n'arrivait toujours point. Chaque fois qu'une porte
+s'ouvrait, tous les yeux allaient à cette porte, puis se reportaient sur
+le directeur de _L'Époque_ qui restait, impassible, à sa place. On le
+vit enfin qui fouillait dans sa poche et qui «en tirait une lettre». Une
+grosse rumeur suivit ce geste.
+
+Mon intention n'est point de retracer ici tous les incidents de ce
+procès. J'ai assez longuement rappelé toutes les étapes de l'affaire
+pour ne point imposer aux lecteurs le défilé nouveau des événements
+entourés de leur mystère. J'ai hâte d'arriver au moment vraiment
+dramatique de cette journée inoubliable. Il survint, comme maître
+Henri-Robert posait quelques questions au père Mathieu, qui, à la barre
+des témoins, se défendait, entre ses deux gendarmes, d'avoir assassiné
+«l'homme vert». Sa femme fut appelée et confrontée avec lui. Elle avoua,
+en éclatant en sanglots, qu'elle avait été «l'amie» du garde, que son
+mari s'en était douté; mais elle affirma encore que celui-ci n'était
+pour rien dans l'assassinat de son «ami». Maître Henri-Robert demanda
+alors à la cour de bien vouloir entendre immédiatement, sur ce point,
+Frédéric Larsan.
+
+«Dans une courte conversation que je viens d'avoir avec Frédéric Larsan,
+pendant la suspension d'audience, déclara l'avocat, celui-ci m'a fait
+comprendre que l'on pouvait expliquer la mort du garde autrement que par
+l'intervention du père Mathieu. Il serait intéressant de connaître
+l'hypothèse de Frédéric Larsan.»
+
+Frédéric Larsan fut introduit. Il s'expliqua fort nettement.
+
+«Je ne vois point, dit-il, la nécessité de faire intervenir le père
+Mathieu en tout ceci. Je l'ai dit à M. de Marquet, mais les propos
+meurtriers de cet homme lui ont évidemment nui dans l'esprit de M. le
+juge d'instruction. Pour moi, l'assassinat de Mlle Stangerson et
+l'assassinat du garde «sont la même affaire». On a tiré sur l'assassin
+de Mlle Stangerson, fuyant dans la cour d'honneur; on a pu croire
+l'avoir atteint, on a pu croire l'avoir tué; à la vérité il n'a fait que
+trébucher au moment où il disparaissait derrière l'aile droite du
+château. Là, l'assassin a rencontré le garde qui voulut sans doute
+s'opposer à sa fuite. L'assassin avait encore à la main le couteau dont
+il venait de frapper Mlle Stangerson, il en frappa le garde au coeur, et
+le garde en est mort.
+
+Cette explication si simple parut d'autant plus plausible que, déjà,
+beaucoup de ceux qui s'intéressaient aux mystères du Glandier l'avaient
+trouvée. Un murmure d'approbation se fit entendre.
+
+«Et l'assassin, qu'est-il devenu, dans tout cela? demanda le président.
+
+--Il s'est évidemment caché, monsieur le président, dans un coin obscur
+de ce bout de cour et, après le départ des gens du château qui
+emportaient le corps, il a pu tranquillement s'enfuir.»
+
+À ce moment, du fond du «public debout», une voix juvénile s'éleva. Au
+milieu de la stupeur de tous, elle disait:
+
+«Je suis de l'avis de Frédéric Larsan pour le coup de couteau au coeur.
+Mais je ne suis plus de son avis sur la manière dont l'assassin s'est
+enfui du bout de cour!»
+
+Tout le monde se retourna; les huissiers se précipitèrent, ordonnant le
+silence. Le président demanda avec irritation qui avait élevé la voix et
+ordonna l'expulsion immédiate de l'intrus; mais on réentendit la même
+voix claire qui criait:
+
+«C'est moi, monsieur le président, c'est moi, Joseph Rouletabille!»
+
+
+
+
+XXVII
+
+Où Joseph Rouletabille apparaît dans toute sa gloire
+
+
+Il y eut un remous terrible. On entendit des cris de femmes qui se
+trouvaient mal. On n'eut plus aucun égard pour «la majesté de la
+justice». Ce fut une bousculade insensée. Tout le monde voulait voir
+Joseph Rouletabille. Le président cria qu'il allait faire évacuer la
+salle, mais personne ne l'entendit. Pendant ce temps, Rouletabille
+sautait par-dessus la balustrade qui le séparait du public assis, se
+faisait un chemin à grands coups de coude, arrivait auprès de son
+directeur qui l'embrassait avec effusion, lui prit «sa» lettre d'entre
+les mains, la glissa dans sa poche, pénétra dans la partie réservée du
+prétoire et parvint ainsi jusqu'à la barre des témoins, bousculé,
+bousculant, le visage souriant, heureux, boule écarlate qu'illuminait
+encore l'éclair intelligent de ses deux grands yeux ronds. Il avait ce
+costume anglais que je lui avais vu le matin de son départ--mais dans
+quel état, mon Dieu!--l'ulster sur son bras et la casquette de voyage à
+la main. Et il dit:
+
+«Je demande pardon, monsieur le président, le transatlantique a eu du
+retard! J'arrive d'Amérique. Je suis Joseph Rouletabille!...»
+
+On éclata de rire. Tout le monde était heureux de l'arrivée de ce gamin.
+Il semblait à toutes ces consciences qu'un immense poids venait de leur
+être enlevé. On respirait. On avait la certitude qu'il apportait
+réellement la vérité... qu'il allait faire connaître la vérité...
+
+Mais le président était furieux:
+
+«Ah! vous êtes Joseph Rouletabille, reprit le président... eh bien, je
+vous apprendrai, jeune homme, à vous moquer de la justice... En
+attendant que la cour délibère sur votre cas, je vous retiens à la
+disposition de la justice... en vertu de mon pouvoir discrétionnaire.
+
+--Mais, monsieur le président, je ne demande que cela: être à la
+disposition de la justice... je suis venu m'y mettre, à la disposition
+de la justice... Si mon entrée a fait un peu de tapage, j'en demande
+bien pardon à la cour... Croyez bien, monsieur le président, que nul,
+plus que moi, n'a le respect de la justice... Mais je suis entré comme
+j'ai pu...»
+
+Et il se mit à rire. Et tout le monde rit.
+
+«Emmenez-le!» commanda le président.
+
+Mais maître Henri-Robert intervint. Il commença par excuser le jeune
+homme, il le montra animé des meilleurs sentiments, il fit comprendre au
+président qu'on pouvait difficilement se passer de la déposition d'un
+témoin qui avait couché au Glandier pendant toute la semaine
+mystérieuse, d'un témoin surtout qui prétendait prouver l'innocence de
+l'accusé et apporter le nom de l'assassin.
+
+«Vous allez nous dire le nom de l'assassin? demanda le président,
+ébranlé mais sceptique.
+
+--Mais, mon président, je ne suis venu que pour ça! fit Rouletabille.
+
+On faillit applaudir dans le prétoire, mais les chut! énergiques des
+huissiers rétablirent le silence.
+
+«Joseph Rouletabille, dit maître Henri-Robert, n'est pas cité
+régulièrement comme témoin, mais j'espère qu'en vertu de son pouvoir
+discrétionnaire, monsieur le président voudra bien l'interroger.
+
+--C'est bien! fit le président, nous l'interrogerons. Mais finissons-en
+d'abord...»
+
+L'avocat général se leva:
+
+«Il vaudrait peut-être mieux, fit remarquer le représentant du ministère
+public, que ce jeune homme nous dise tout de suite le nom de celui qu'il
+dénonce comme étant l'assassin.»
+
+Le président acquiesça avec une ironique réserve:
+
+«Si monsieur l'avocat général attache quelque importance à la déposition
+de M. Joseph Rouletabille, je ne vois point d'inconvénient à ce que le
+témoin nous dise tout de suite le nom de «son» assassin!»
+
+On eût entendu voler une mouche.
+
+Rouletabille se taisait, regardant avec sympathie M. Robert Darzac, qui,
+lui, pour la première fois, depuis le commencement du débat, montrait un
+visage agité et plein d'angoisse.
+
+«Eh bien, répéta le président, on vous écoute, monsieur Joseph
+Rouletabille. Nous attendons le nom de l'assassin.»
+
+Rouletabille fouilla tranquillement dans la poche de son gousset, en
+tira un énorme oignon, y regarda l'heure, et dit:
+
+«Monsieur le président, je ne pourrai vous dire le nom de l'assassin
+qu'à six heures et demie! _Nous avons encore quatre bonnes heures devant
+nous!_»
+
+La salle fit entendre des murmures étonnés et désappointés. Quelques
+avocats dirent à haute voix:
+
+«Il se moque de nous!»
+
+Le président avait l'air enchanté; maîtres Henri-Robert et André Hesse
+étaient ennuyés.
+
+Le président dit:
+
+«Cette plaisanterie a assez duré. Vous pouvez vous retirer, monsieur,
+dans la salle des témoins. Je vous garde à notre disposition.»
+
+Rouletabille protesta:
+
+«Je vous affirme, monsieur le président, s'écria-t-il, de sa voix aiguë
+et claironnante, je vous affirme que, lorsque je vous aurai dit le nom
+de l'assassin, _vous comprendrez que je ne pouvais vous le dire qu'à six
+heures et demie!_ Parole d'honnête homme! Foi de Rouletabille!... Mais,
+en attendant, je peux toujours vous donner quelques explications sur
+l'assassinat du garde... M. Frédéric Larsan qui m'a vu «travailler» au
+Glandier pourrait vous dire avec quel soin j'ai étudié toute cette
+affaire. J'ai beau être d'un avis contraire au sien et prétendre qu'en
+faisant arrêter M. Robert Darzac, il a fait arrêter un innocent, il ne
+doute pas, lui, de ma bonne foi, ni de l'importance qu'il faut attacher
+à mes découvertes, qui ont souvent corroboré les siennes!»
+
+Frédéric Larsan dit:
+
+«Monsieur le président, il serait intéressant d'entendre M. Joseph
+Rouletabille; d'autant plus intéressant qu'il n'est pas de mon avis.»
+
+Un murmure d'approbation accueillit cette parole du policier. Il
+acceptait le duel en beau joueur. La joute promettait d'être curieuse
+entre ces deux intelligences qui s'étaient acharnées au même tragique
+problème et qui étaient arrivées à deux solutions différentes.
+
+Comme le président se taisait, Frédéric Larsan continua:
+
+«Ainsi nous sommes d'accord pour le coup de couteau au coeur qui a été
+donné au garde par l'assassin de Mlle Stangerson; mais, puisque nous ne
+sommes plus d'accord sur la question de la fuite de l'assassin, «dans le
+bout de cour», il serait curieux de savoir comment M. Rouletabille
+explique cette fuite.
+
+--Évidemment, fit mon ami, ce serait curieux!»
+
+Toute la salle partit encore à rire. Le président déclara aussitôt que,
+si un pareil fait se renouvelait, il n'hésiterait pas à mettre à
+exécution sa menace de faire évacuer la salle.
+
+«Vraiment, termina le président, dans une affaire comme celle-là, je ne
+vois pas ce qui peut prêter à rire.
+
+--Moi non plus!» dit Rouletabille.
+
+Des gens, devant moi, s'enfoncèrent leur mouchoir dans la bouche pour ne
+pas éclater...
+
+«Allons, fit le président, vous avez entendu, jeune homme, ce que vient
+de dire M. Frédéric Larsan. Comment, selon vous, l'assassin s'est-il
+enfui du «bout de cour»?
+
+Rouletabille regarda Mme Mathieu, qui lui sourit tristement.
+
+«Puisque Mme Mathieu, dit-il, a bien voulu avouer tout l'intérêt qu'elle
+portait au garde...
+
+--la coquine! s'écria le père Mathieu.
+
+--Faites sortir le père Mathieu!» ordonna le président.
+
+On emmena le père Mathieu.
+
+Rouletabille reprit:
+
+«... Puisqu'elle a fait cet aveu, je puis bien vous dire qu'elle avait
+souvent des conversations, la nuit, avec le garde, au premier étage du
+donjon, dans la chambre qui fut autrefois un oratoire. Ces conversations
+furent surtout fréquentes dans les derniers temps, quand le père Mathieu
+était cloué au lit par ses rhumatismes.
+
+«Une piqûre de morphine, administrée à propos, donnait au père Mathieu
+le calme et le repos, et tranquillisait son épouse pour les quelques
+heures pendant lesquelles elle était dans la nécessité de s'absenter.
+Mme Mathieu venait au château, la nuit, enveloppée dans un grand châle
+noir qui lui servait autant que possible à dissimuler sa personnalité et
+la faisait ressembler à un sombre fantôme qui, parfois, troubla les
+nuits du père Jacques. Pour prévenir son ami de sa présence, Mme Mathieu
+avait emprunté au chat de la mère Agenoux, une vieille sorcière de
+Sainte-Geneviève-des-Bois, son miaulement sinistre; aussitôt, le garde
+descendait de son donjon et venait ouvrir la petite poterne à sa
+maîtresse. Quand les réparations du donjon furent récemment entreprises,
+les rendez-vous n'en eurent pas moins lieu dans l'ancienne chambre du
+garde, au donjon même, la nouvelle chambre, qu'on avait momentanément
+abandonnée à ce malheureux serviteur, à l'extrémité de l'aile droite du
+château, n'étant séparée du ménage du maître d'hôtel et de la cuisinière
+que par une trop mince cloison.
+
+«Mme Mathieu venait de quitter le garde en parfaite santé, quand le
+drame du «petit bout de cour» survint. Mme Mathieu et le garde, n'ayant
+plus rien à se dire, étaient sortis du donjon ensemble... Je n'ai appris
+ces détails, monsieur le président, que par l'examen auquel je me livrai
+des traces de pas dans la cour d'honneur, le lendemain matin... Bernier,
+le concierge, que j'avais placé, avec son fusil, en observation derrière
+le donjon, _ainsi que je lui permettrai de vous l'expliquer lui-même_,
+ne pouvait voir ce qui se passait dans la cour d'honneur. Il n'y arriva
+un peu plus tard qu'attiré par les coups de revolver, et tira à son
+tour. Voici donc le garde et Mme Mathieu, dans la nuit et le silence de
+la cour d'honneur. Ils se souhaitent le bonsoir; Mme Mathieu se dirige
+vers la grille ouverte de cette cour, et lui s'en retourne se coucher
+dans sa petite pièce en encorbellement, à l'extrémité de l'aile droite
+du château.
+
+«Il va atteindre sa porte, quand des coups de revolver retentissent; il
+se retourne; anxieux, il revient sur ses pas; il va atteindre l'angle de
+l'aile droite du château quand une ombre bondit sur lui et le frappe. Il
+meurt. Son cadavre est ramassé tout de suite par des gens qui croient
+tenir l'assassin et qui n'emportent que l'assassiné. Pendant ce temps,
+que fait Mme Mathieu? Surprise par les détonations et par
+l'envahissement de la cour, elle se fait la plus petite qu'elle peut
+dans la nuit et dans la cour d'honneur. La cour est vaste, et, se
+trouvant près de la grille, Mme Mathieu pouvait passer inaperçue. Mais
+elle ne «passa» pas. Elle resta et vit emporter le cadavre. Le coeur
+serré d'une angoisse bien compréhensible et poussée par un tragique
+pressentiment, elle vint jusqu'au vestibule du château, jeta un regard
+sur l'escalier éclairé par le lumignon du père Jacques, l'escalier où
+l'on avait étendu le corps de son ami; elle «vit» et s'enfuit.
+Avait-elle éveillé l'attention du père Jacques? Toujours est-il que
+celui-ci rejoignit le fantôme noir, qui déjà lui avait fait passer
+quelques nuits blanches.
+
+«Cette nuit même, avant le crime, il avait été réveillé par les cris de
+la «Bête du Bon Dieu» et avait aperçu, par sa fenêtre, le fantôme
+noir... Il s'était hâtivement vêtu et c'est ainsi que l'on s'explique
+qu'il arriva dans le vestibule, tout habillé, quand nous apportâmes le
+cadavre du garde. Donc, cette nuit-là, dans la cour d'honneur, il a
+voulu sans doute, une fois pour toutes, regarder de tout près la figure
+du fantôme. Il la reconnut. Le père Jacques est un vieil ami de Mme
+Mathieu. Elle dut lui avouer ses nocturnes entretiens, et le supplier de
+la sauver de ce moment difficile! L'état de Mme Mathieu, qui venait de
+voir son ami mort, devait être pitoyable. Le père Jacques eut pitié et
+accompagna Mme Mathieu, à travers la chênaie, et hors du parc, par delà
+même les bords de l'étang, jusqu'à la route d'Épinay. Là, elle n'avait
+plus que quelques mètres à faire pour rentrer chez elle. Le père Jacques
+revint au château, et, se rendant compte de l'importance judiciaire
+qu'il y aurait pour la maîtresse du garde à ce qu'on ignorât sa présence
+au château, cette nuit-là, essaya autant que possible de nous cacher cet
+épisode dramatique d'une nuit qui, déjà, en comptait tant! Je n'ai nul
+besoin, ajouta Rouletabille, de demander à Mme Mathieu et au père
+Jacques de corroborer ce récit. «Je sais» que les choses se sont passées
+ainsi! Je ferai simplement appel aux souvenirs de M. Larsan qui, lui,
+comprend déjà comment j'ai tout appris, car il m'a vu, le lendemain
+matin, penché sur une double piste où l'on rencontrait voyageant de
+compagnie, l'empreinte des pas du père Jacques et de ceux de madame.»
+
+Ici, Rouletabille se tourna vers Mme Mathieu qui était restée à la
+barre, et lui fit un salut galant.
+
+«Les empreintes des pieds de madame, expliqua Rouletabille, ont une
+ressemblance étrange avec les traces des «pieds élégants» de
+l'assassin...»
+
+Mme Mathieu tressaillit et fixa avec une curiosité farouche le jeune
+reporter. Qu'osait-il dire? Que voulait-il dire?
+
+«Madame a le pied élégant, long et plutôt un peu grand pour une femme.
+C'est, au bout pointu de la bottine près, le pied de l'assassin...»
+
+Il y eut quelques mouvements dans l'auditoire. Rouletabille, d'un geste,
+les fit cesser. On eût dit vraiment que c'était lui, maintenant, qui
+commandait la police de l'audience.
+
+«Je m'empresse de dire, fit-il, que ceci ne signifie pas grand'chose et
+qu'un policier qui bâtirait un système sur des marques extérieures
+semblables, _sans mettre une idée générale autour_, irait tout de go à
+l'erreur judiciaire! M. Robert Darzac, lui aussi, a les pieds de
+l'assassin, et cependant, _il n'est pas l'assassin!_»
+
+Nouveaux mouvements.
+
+Le président demanda à Mme Mathieu:
+
+«C'est bien ainsi que, ce soir-là, les choses se sont passées pour vous,
+madame?
+
+--Oui, monsieur le président, répondit-elle. C'est à croire que M.
+Rouletabille était derrière nous.
+
+--Vous avez donc vu fuir l'assassin jusqu'à l'extrémité de l'aile
+droite, madame?
+
+--Oui, comme j'ai vu emporter, une minute plus tard, le cadavre du
+garde.
+
+--Et l'assassin, qu'est-il devenu? Vous étiez restée seule dans la cour
+d'honneur, il serait tout naturel que vous l'ayez aperçu alors... Il
+ignorait votre présence et le moment était venu pour lui de
+s'échapper...
+
+--Je n'ai rien vu, monsieur le président, gémit Mme Mathieu. À ce moment
+la nuit était devenue très noire.
+
+--C'est donc, fit le président, M. Rouletabille qui nous expliquera
+comment l'assassin s'est enfui.
+
+--Évidemment!» répliqua aussitôt le jeune homme avec une telle assurance
+que le président lui-même ne put s'empêcher de sourire.
+
+Et Rouletabille reprit la parole:
+
+«Il était impossible à l'assassin de s'enfuir normalement du bout de
+cour dans lequel il était entré sans que nous le vissions! Si nous ne
+l'avions pas vu, nous l'eussions touché! C'est un pauvre petit bout de
+cour de rien du tout, un carré entouré de fossés et de hautes grilles.
+L'assassin eût marché sur nous ou nous eussions marché sur lui! Ce carré
+était aussi quasi-matériellement fermé par les fossés, les grilles et
+_par nous-mêmes_, que la «Chambre Jaune!»
+
+--Alors, dites-nous donc, puisque l'homme est entré dans ce carré,
+dites-nous donc comment il se fait que vous ne l'ayez point trouvé!...
+Voilà une demi-heure que je ne vous demande que cela!...»
+
+Rouletabille ressortit une fois encore l'oignon qui garnissait la poche
+de son gilet; il y jeta un regard calme, et dit:
+
+«Monsieur le président, vous pouvez me demander cela encore pendant
+trois heures trente, je ne pourrai vous répondre sur ce point qu'à six
+heures et demie!»
+
+Cette fois-ci les murmures ne furent ni hostiles, ni désappointés. On
+commençait à avoir confiance en Rouletabille. «On lui faisait
+confiance.» Et l'on s'amusait de cette prétention qu'il avait de fixer
+une heure au président comme il eût fixé un rendez-vous à un camarade.
+
+Quant au président, après s'être demandé s'il devait se fâcher, il prit
+son parti de s'amuser de ce gamin comme tout le monde. Rouletabille
+dégageait de la sympathie, et le président en était déjà tout imprégné.
+Enfin, il avait si nettement défini le rôle de Mme Mathieu dans
+l'affaire, et si bien expliqué chacun de ses gestes, «cette nuit-là»,
+que M. De Rocoux se voyait obligé de le prendre presque au sérieux.
+
+«Eh bien, monsieur Rouletabille, fit-il, c'est comme vous voudrez! Mais
+que je ne vous revoie plus avant six heures et demie!»
+
+Rouletabille salua le président, et, dodelinant de sa grosse tête, se
+dirigea vers la porte des témoins.
+
+ * * * * *
+
+Son regard me cherchait. Il ne me vit point. Alors, je me dégageai tout
+doucement de la foule qui m'enserrait et je sortis de la salle
+d'audience, presque en même temps que Rouletabille. Cet excellent ami
+m'accueillit avec effusion. Il était heureux et loquace. Il me secouait
+les mains avec jubilation. Je lui dis:
+
+«Je ne vous demanderai point, mon cher ami, ce que vous êtes allé faire
+en Amérique. Vous me répliqueriez sans doute, comme au président, que
+vous ne pouvez me répondre qu'à six heures et demie...
+
+--Non, mon cher Sainclair, non, mon cher Sainclair! Je vais vous dire
+tout de suite ce que je suis allé faire en Amérique, parce que vous,
+vous êtes un ami: je suis allé chercher _le nom de la seconde moitié de
+l'assassin!_
+
+--Vraiment, vraiment, le nom de la seconde moitié...
+
+--Parfaitement. Quand nous avons quitté le Glandier pour la dernière
+fois, je connaissais les deux moitiés de l'assassin et le nom de l'une
+de ces moitiés. C'est le nom de l'autre moitié que je suis allé chercher
+en Amérique...»
+
+Nous entrions, à ce moment, dans la salle des témoins. Ils vinrent tous
+à Rouletabille avec force démonstrations. Le reporter fut très aimable,
+si ce n'est avec Arthur Rance auquel il montra une froideur marquée.
+Frédéric Larsan entrant alors dans la salle, Rouletabille alla à lui,
+lui administra une de ces poignées de main dont il avait le douloureux
+secret, et dont on revient avec les phalanges brisées. Pour lui montrer
+tant de sympathie, Rouletabille devait être bien sûr de l'avoir roulé.
+Larsan souriait, sûr de lui-même et lui demandant, à son tour, ce qu'il
+était allé faire en Amérique. Alors, Rouletabille, très aimable, le prit
+par le bras et lui conta dix anecdotes de son voyage. À un moment, ils
+s'éloignèrent, s'entretenant de choses plus sérieuses, et, par
+discrétion, je les quittai. Du reste, j'étais fort curieux de rentrer
+dans la salle d'audience où l'interrogatoire des témoins continuait. Je
+retournai à ma place et je pus constater tout de suite que le public
+n'attachait qu'une importance relative à ce qui se passait alors, et
+qu'il attendait impatiemment six heures et demie.
+
+ * * * * *
+
+Ces six heures et demie sonnèrent et Joseph Rouletabille fut à nouveau
+introduit. Décrire l'émotion avec laquelle la foule le suivit des yeux à
+la barre serait impossible. On ne respirait plus. M. Robert Darzac
+s'était levé à son banc. Il était «pâle comme un mort».
+
+Le président dit avec gravité:
+
+«Je ne vous fais pas prêter serment, monsieur! Vous n'avez pas été cité
+régulièrement. Mais j'espère qu'il n'est pas besoin de vous expliquer
+toute l'importance des paroles que vous allez prononcer ici...»
+
+Et il ajouta, menaçant:
+
+«Toute l'importance de ces paroles... _pour vous_, sinon pour les
+autres!...»
+
+Rouletabille, nullement ému, le regardait. Il dit:
+
+«Oui, m'sieur!
+
+--Voyons, fit le président. Nous parlions tout à l'heure de ce petit
+bout de cour qui avait servi de refuge à l'assassin, et vous nous
+promettiez de nous dire, à six heures et demie, comment l'assassin s'est
+enfui de ce bout de cour et aussi le nom de l'assassin. Il est six
+heures trente-cinq, monsieur Rouletabille, et nous ne savons encore
+rien!
+
+--Voilà, m'sieur! commença mon ami au milieu d'un silence si solennel
+que je ne me rappelle pas en avoir «vu» de semblable, je vous ai dit que
+ce bout de cour était fermé et qu'il était impossible pour l'assassin de
+s'échapper de ce carré sans que ceux qui étaient à sa recherche s'en
+aperçussent. C'est l'exacte vérité. _Quand nous étions là, dans le carré
+de bout de cour, l'assassin s'y trouvait encore avec nous!_
+
+--Et vous ne l'avez pas vu!... c'est bien ce que l'accusation prétend...
+
+--Et nous l'avons tous vu! monsieur le président, s'écria Rouletabille.
+
+--Et vous ne l'avez pas arrêté!...
+
+--Il n'y avait que moi qui sût qu'il était l'assassin. Et j'avais besoin
+que l'assassin ne fût pas arrêté tout de suite! Et puis, je n'avais
+d'autre preuve, à ce moment, que «ma raison»! Oui, seule, ma raison me
+prouvait que l'assassin était là et que nous le voyions! J'ai pris mon
+temps pour apporter, aujourd'hui, en cour d'assises, _une preuve
+irréfutable, et qui, je m'y engage, contentera tout le monde_.
+
+--Mais parlez! parlez, monsieur! Dites-nous quel est le nom de
+l'assassin, fit le président...
+
+--Vous le trouverez parmi les noms de ceux qui étaient dans le bout de
+cour», répliqua Rouletabille, qui, lui, ne semblait pas pressé...
+
+On commençait à s'impatienter dans la salle...
+
+«Le nom! Le nom! murmurait-on...
+
+Rouletabille, sur un ton qui méritait des gifles, dit:
+
+«Je laisse un peu traîner cette déposition, la mienne, m'sieur le
+président, parce que j'ai des raisons pour cela!...
+
+--Le nom! Le nom! répétait la foule.
+
+--Silence!» glapit l'huissier.
+
+Le président dit:
+
+«Il faut tout de suite nous dire le nom, monsieur!... Ceux qui se
+trouvaient dans le bout de cour étaient: le garde, mort. Est-ce lui,
+l'assassin?
+
+--Non, m'sieur.
+
+--Le père Jacques?...
+
+--Non m'sieur.
+
+--Le concierge, Bernier?
+
+--Non, m'sieur...
+
+--M. Sainclair?
+
+--Non m'sieur...
+
+--M. Arthur William Rance, alors? Il ne reste que M. Arthur Rance et
+vous! Vous n'êtes pas l'assassin, non?
+
+--Non, m'sieur!
+
+--Alors, vous accusez M. Arthur Rance?
+
+--Non, m'sieur!
+
+--Je ne comprends plus!... Où voulez-vous en venir?... il n'y avait plus
+personne dans le bout de cour.
+
+--Si, m'sieur!... _il n'y avait personne dans le bout de cour, ni
+au-dessous, mais il y avait quelqu'un au-dessus, quelqu'un penché à sa
+fenêtre, sur le bout de cour..._
+
+--Frédéric Larsan! s'écria le président.
+
+--Frédéric Larsan!» répondit d'une voix éclatante Rouletabille.
+
+Et, se retournant vers le public qui faisait entendre déjà des
+protestations, il lui lança ces mots avec une force dont je ne le
+croyais pas capable:
+
+«Frédéric Larsan, l'assassin!»
+
+Une clameur où s'exprimaient l'ahurissement, la consternation,
+l'indignation, l'incrédulité, et, chez certains, l'enthousiasme pour le
+petit bonhomme assez audacieux pour oser une pareille accusation,
+remplit la salle. Le président n'essaya même pas de la calmer; quand
+elle fut tombée d'elle-même, sous les chut! énergiques de ceux qui
+voulaient tout de suite en savoir davantage, on entendit distinctement
+Robert Darzac, qui, se laissant retomber sur son banc, disait:
+
+«C'est impossible! Il est fou!...»
+
+Le président:
+
+«Vous osez, monsieur, accuser Frédéric Larsan! Voyez l'effet d'une
+pareille accusation... M. Robert Darzac lui-même vous traite de fou!...
+Si vous ne l'êtes pas, vous devez avoir des preuves...
+
+--Des preuves, m'sieur! Vous voulez des preuves! Ah! je vais vous en
+donner une, de preuve... fit la voix aiguë de Rouletabille... Qu'on
+fasse venir Frédéric Larsan!...»
+
+Le président:
+
+«Huissier, appelez Frédéric Larsan.»
+
+L'huissier courut à la petite porte, l'ouvrit, disparut... La petite
+porte était restée ouverte... Tous les yeux étaient sur cette petite
+porte. L'huissier réapparut. Il s'avança au milieu du prétoire et dit:
+
+«Monsieur le président, Frédéric Larsan n'est pas là. Il est parti vers
+quatre heures et on ne l'a plus revu.»
+
+Rouletabille clama, triomphant:
+
+«Ma preuve, la voilà!
+
+--Expliquez-vous... Quelle preuve? demanda le président.
+
+--Ma preuve irréfutable, fit le jeune reporter, ne voyez-vous pas que
+c'est la fuite de Larsan. Je vous jure qu'il ne reviendra pas, allez!...
+vous ne reverrez plus Frédéric Larsan...»
+
+Rumeurs au fond de la salle.
+
+«Si vous ne vous moquez pas de la justice, pourquoi, monsieur,
+n'avez-vous pas profité de ce que Larsan était avec vous, à cette barre,
+pour l'accuser en face? Au moins, il aurait pu vous répondre!...
+
+--Quelle réponse eût été plus complète que celle-ci, monsieur le
+président?... _il ne me répond pas! Il ne me répondra jamais!_ J'accuse
+Larsan d'être l'assassin _et il se sauve!_ Vous trouvez que ce n'est pas
+une réponse, ça!...
+
+--Nous ne voulons pas croire, nous ne croyons point que Larsan, comme
+vous dites, «se soit sauvé»... Comment se serait-il sauvé? Il ne savait
+pas que vous alliez l'accuser?
+
+--Si, m'sieur, il le savait, puisque je le lui ai appris moi-même, tout
+à l'heure...
+
+--Vous avez fait cela!... Vous croyez que Larsan est l'assassin et vous
+lui donnez les moyens de fuir!...
+
+--Oui, m'sieur le président, j'ai fait cela, répliqua Rouletabille avec
+orgueil... Je ne suis pas de la «justice», moi; je ne suis pas de la
+«police», moi; je suis un humble journaliste, et mon métier n'est point
+de faire arrêter les gens! Je sers la vérité comme je veux... c'est mon
+affaire... Préservez, vous autres, la société, comme vous pouvez, c'est
+la vôtre... Mais ce n'est pas moi qui apporterai une tête au
+bourreau!... Si vous êtes juste, monsieur le président--et vous
+l'êtes--vous trouverez que j'ai raison!... Ne vous ai-je pas dit, tout à
+l'heure, «que vous comprendriez que je ne pouvais prononcer le nom de
+l'assassin avant six heures et demie». J'avais calculé que ce temps
+était nécessaire pour avertir Frédéric Larsan, lui permettre de prendre
+le train de 4 heures 17, pour Paris, où il saurait se mettre en
+sûreté... Une heure pour arriver à Paris, une heure et quart pour qu'il
+pût faire disparaître toute trace de son passage... Cela nous amenait à
+six heures et demie... Vous ne retrouverez pas Frédéric Larsan, déclara
+Rouletabille en fixant M. Robert Darzac... il est trop malin... _C'est
+un homme qui vous a toujours échappé..._ et que vous avez longtemps et
+vainement poursuivi... S'il est moins fort que moi, ajouta Rouletabille,
+en riant de bon coeur et en riant tout seul, car personne n'avait plus
+envie de rire... il est plus fort que toutes les polices de la terre.
+Cet homme, qui, depuis quatre ans, s'est introduit à la Sûreté, et y est
+devenu célèbre sous le nom de Frédéric Larsan, est autrement célèbre
+sous un autre nom que vous connaissez bien. Frédéric Larsan, m'sieur le
+président, _c'est Ballmeyer!_
+
+--Ballmeyer! s'écria le président.
+
+--Ballmeyer! fit Robert Darzac, en se soulevant... Ballmeyer!... C'était
+donc vrai!
+
+--Ah! ah! m'sieur Darzac, vous ne croyez plus que je suis fou,
+maintenant!...»
+
+Ballmeyer! Ballmeyer! Ballmeyer! On n'entendait plus que ce nom dans la
+salle. Le président suspendit l'audience.
+
+ * * * * *
+
+Vous pensez si cette suspension d'audience fut mouvementée. Le public
+avait de quoi s'occuper. Ballmeyer! On trouvait, décidément, le gamin
+«épatant»! Ballmeyer! Mais le bruit de sa mort avait couru, il y avait,
+de cela, quelques semaines. Ballmeyer avait donc échappé à la mort
+comme, toute sa vie, il avait échappé aux gendarmes. Est-il nécessaire
+que je rappelle ici les hauts faits de Ballmeyer? Ils ont, pendant vingt
+ans, défrayé la chronique judiciaire et la rubrique des faits divers;
+et, si quelques-uns de mes lecteurs ont pu oublier l'affaire de la
+«Chambre Jaune», ce nom de Ballmeyer n'est certainement pas sorti de
+leur mémoire. Ballmeyer fut le type même de l'escroc du grand monde; il
+n'était point de gentleman plus gentleman que lui; il n'était point de
+prestidigitateur plus habile de ses doigts que lui; il n'était point
+d'«apache», comme on dit aujourd'hui, plus audacieux et plus terrible
+que lui. Reçu dans la meilleure société, inscrit dans les cercles les
+plus fermés, il avait volé l'honneur des familles et l'argent des pontes
+avec une maestria qui ne fut jamais dépassée. Dans certaines occasions
+difficiles, il n'avait pas hésité à faire le coup de couteau ou le coup
+de l'os de mouton. Du reste, il n'hésitait jamais, et aucune entreprise
+n'était au-dessus de ses forces. Étant tombé une fois entre les mains de
+la justice, il s'échappa, le matin de son procès, en jetant du poivre
+dans les yeux des gardes qui le conduisaient à la cour d'assises. On sut
+plus tard que, le jour de sa fuite, pendant que les plus fins limiers de
+la Sûreté étaient à ses trousses, il assistait, tranquillement,
+nullement maquillé, à une «première» du Théâtre-Français. Il avait
+ensuite quitté la France pour travailler en Amérique, et la police de
+l'état d'Ohio avait, un beau jour, mis la main sur l'exceptionnel
+bandit; mais, le lendemain, il s'échappait encore... Ballmeyer, il
+faudrait un volume pour parler ici de Ballmeyer, et c'est cet homme qui
+était devenu Frédéric Larsan!... Et c'est ce petit gamin de Rouletabille
+qui avait découvert cela!... Et c'est lui aussi, ce moutard, qui,
+connaissant le passé d'un Ballmeyer, lui permettait, une fois de plus,
+de faire la nique à la société, en lui fournissant le moyen de
+s'échapper! À ce dernier point de vue, je ne pouvais qu'admirer
+Rouletabille, car je savais que son dessein était de servir jusqu'au
+bout M. Robert Darzac et Mlle Stangerson en les débarrassant du bandit
+_sans qu'il parlât_.
+
+On n'était pas encore remis d'une pareille révélation, et j'entendais
+déjà les plus pressés s'écrier: «En admettant que l'assassin soit
+Frédéric Larsan, cela ne nous explique pas comment il est sorti de la
+Chambre Jaune!...» quand l'audience fut reprise.
+
+ * * * * *
+
+Rouletabille fut appelé immédiatement à la barre et son interrogatoire,
+car il s'agissait là plutôt d'un interrogatoire que d'une déposition,
+reprit.
+
+Le président:
+
+«Vous nous avez dit tout à l'heure, monsieur, qu'il était impossible de
+s'enfuir du bout de cour. J'admets, avec vous, je veux bien admettre
+que, puisque Frédéric Larsan se trouvait penché à sa fenêtre, au-dessus
+de vous, il fût encore dans ce bout de cour; mais, pour se trouver à sa
+fenêtre, il lui avait fallu quitter ce bout de cour. Il s'était donc
+enfui! Et comment?»
+
+Rouletabille:
+
+«J'ai dit qu'il n'avait pu s'enfuir «normalement...» Il s'est donc enfui
+«anormalement»! Car le bout de cour, je l'ai dit aussi, n'était que
+«quasi» fermé tandis que la «Chambre Jaune» l'était tout à fait. On
+pouvait grimper au mur, chose impossible dans la «Chambre Jaune», se
+jeter sur la terrasse et de là, pendant que nous étions penchés sur le
+cadavre du garde, pénétrer de la terrasse dans la galerie par la fenêtre
+qui donne juste au-dessus. Larsan n'avait plus qu'un pas à faire pour
+être dans sa chambre, ouvrir sa fenêtre et nous parler. Ceci n'était
+qu'un jeu d'enfant pour un acrobate de la force de Ballmeyer. Et,
+monsieur le président, voici la preuve de ce que j'avance.»
+
+Ici, Rouletabille tira de la poche de son veston, un petit paquet qu'il
+ouvrit, et dont il tira une cheville.
+
+«Tenez, monsieur le président, voici une cheville qui s'adapte
+parfaitement dans un trou que l'on trouve encore dans le «corbeau» de
+droite qui soutient la terrasse en encorbellement. Larsan, qui prévoyait
+tout et qui songeait à tous les moyens de fuite autour de sa
+chambre--chose nécessaire quand on joue son jeu--avait enfoncé
+préalablement cette cheville dans ce «corbeau». Un pied sur la borne qui
+est au coin du château, un autre pied sur la cheville, une main à la
+corniche de la porte du garde, l'autre main à la terrasse, et Frédéric
+Larsan disparaît dans les airs... d'autant mieux qu'il est fort ingambe
+et que, ce soir-là, il n'était nullement endormi par un narcotique,
+comme il avait voulu nous le faire croire. Nous avions dîné avec lui,
+monsieur le président, et, au dessert, il nous joua le coup du monsieur
+qui tombe de sommeil, car il avait besoin d'être, lui aussi, endormi,
+pour que, le lendemain, on ne s'étonnât point que moi, Joseph
+Rouletabille, j'aie été victime d'un narcotique en dînant avec Larsan.
+Du moment que nous avions subi le même sort, les soupçons ne
+l'atteignaient point et s'égaraient ailleurs. Car, moi, monsieur le
+président, moi, j'ai été bel et bien endormi, et par Larsan lui-même, et
+comment!... Si je n'avais pas été dans ce triste état, jamais Larsan ne
+se serait introduit dans la chambre de Mlle Stangerson ce soir-là, et le
+malheur ne serait pas arrivé!...»
+
+On entendit un gémissement. C'était M. Darzac qui n'avait pu retenir sa
+douloureuse plainte...
+
+«Vous comprenez, ajouta Rouletabille, que, couchant à côté de lui, je
+gênais particulièrement Larsan, cette nuit-là, car il savait ou du moins
+il pouvait se douter «que, cette nuit-là, je veillais»! Naturellement il
+ne pouvait pas croire une seconde que je le soupçonnais, lui! Mais je
+pouvais le découvrir au moment où il sortait de sa chambre pour se
+rendre dans celle de Mlle Stangerson. Il attendit, cette nuit-là, pour
+pénétrer chez Mlle Stangerson, que je fusse endormi et que mon ami
+Sainclair fût occupé dans ma propre chambre à me réveiller. Dix minutes
+plus tard Mlle Stangerson criait à la mort!
+
+--Comment étiez-vous arrivé à soupçonner, alors, Frédéric Larsan?
+demanda le président.
+
+--«Le bon bout de ma raison» me l'avait indiqué, m'sieur le président;
+aussi j'avais l'oeil sur lui; mais c'est un homme terriblement fort, et
+je n'avais pas prévu le coup du narcotique. Oui, oui, le bon bout de ma
+raison me l'avait montré! Mais il me fallait une preuve palpable; comme
+qui dirait: «Le voir au bout de mes yeux après l'avoir vu au bout de ma
+raison!»
+
+--Qu'est-ce que vous entendez par «le bon bout de votre raison»?
+
+--Eh! m'sieur le président, la raison a deux bouts: le bon et le
+mauvais. Il n'y en a qu'un sur lequel vous puissiez vous appuyer avec
+solidité: c'est le bon! On le reconnaît à ce que rien ne peut le faire
+craquer, ce bout-là, quoi que vous fassiez! quoi que vous disiez! Au
+lendemain de la «galerie inexplicable», alors que j'étais comme le
+dernier des derniers des misérables hommes qui ne savent point se servir
+de leur raison parce qu'ils ne savent par où la prendre, que j'étais
+courbé sur la terre et sur les fallacieuses traces sensibles, je me suis
+relevé soudain, en m'appuyant sur le bon bout de ma raison et je suis
+monté dans la galerie.
+
+«Là, je me suis rendu compte que l'assassin que nous avions poursuivi
+n'avait pu, cette fois, «ni normalement, ni anormalement» quitter la
+galerie. Alors, avec le bon bout de ma raison, j'ai tracé un cercle dans
+lequel j'ai enfermé le problème, et autour du cercle, j'ai déposé
+mentalement ces lettres flamboyantes: «Puisque l'assassin ne peut être
+en dehors du cercle, _il est dedans!_» Qui vois-je donc, dans ce cercle?
+Le bon bout de ma raison me montre, outre l'assassin qui doit
+nécessairement s'y trouver: le père Jacques, M. Stangerson, Frédéric
+Larsan et moi! Cela devait donc faire, avec l'assassin, cinq
+personnages. Or, quand je cherche dans le cercle, ou si vous préférez,
+dans la galerie, pour parler «matériellement», je ne trouve que quatre
+personnages. Et il est démontré que le cinquième n'a pu s'enfuir, n'a pu
+sortir du cercle! _Donc, j'ai, dans le cercle, un personnage qui est
+deux, c'est-à-dire qui est, outre son personnage, le personnage de
+l'assassin!..._ Pourquoi ne m'en étais-je pas aperçu déjà? Tout
+simplement parce que le phénomène du doublement du personnage ne s'était
+pas passé sous mes yeux. Avec qui, des quatre personnes enfermées dans
+le cercle, l'assassin a-t-il pu se doubler sans que je l'aperçoive?
+Certainement pas avec les personnes qui me sont apparues à un moment,
+_dédoublées de l'assassin_. Ainsi ai-je vu, _en même temps_, dans la
+galerie, M. Stangerson et l'assassin, le père Jacques et l'assassin, moi
+et l'assassin. L'assassin ne saurait donc être ni M. Stangerson, ni le
+père Jacques, ni moi! Et puis, si c'était moi l'assassin, je le saurais
+bien, n'est-ce pas, m'sieur le président?... Avais-je vu, en même temps,
+Frédéric Larsan et l'assassin? Non!... Non! Il s'était passé _deux
+secondes_ pendant lesquelles j'avais perdu de vue l'assassin, car
+celui-ci était arrivé, comme je l'ai du reste noté dans mes papiers,
+_deux secondes_ avant M. Stangerson, le père Jacques et moi, au
+carrefour des deux galeries. Cela avait suffi à Larsan pour enfiler la
+galerie tournante, enlever sa fausse barbe d'un tour de main, se
+retourner et se heurter à nous, comme s'il poursuivait l'assassin!...
+Ballmeyer en a fait bien d'autres! et vous pensez bien que ce n'était
+qu'un jeu pour lui de se grimer de telle sorte qu'il apparût tantôt avec
+sa barbe rouge à Mlle Stangerson, tantôt à un employé de poste avec un
+collier de barbe châtain qui le faisait ressembler à M. Darzac, dont il
+avait juré la perte! Oui, le bon bout de ma raison me rapprochait ces
+deux personnages, ou plutôt ces deux moitiés de personnage que je
+n'avais pas vues _en même temps_: Frédéric Larsan et l'inconnu que je
+poursuivais... pour en faire l'être mystérieux et formidable que je
+cherchais: «l'assassin».
+
+«Cette révélation me bouleversa. J'essayai de me ressaisir en m'occupant
+un peu des traces sensibles, des signes extérieurs qui m'avaient,
+jusqu'alors, égaré, et qu'il fallait, normalement, «faire entrer dans le
+cercle tracé par le bon bout de ma raison!»
+
+«Quels étaient, tout d'abord, les principaux signes extérieurs, cette
+nuit-là, qui m'avaient éloigné de l'idée d'un Frédéric Larsan assassin:
+
+«1º J'avais vu l'inconnu dans la chambre de Mlle Stangerson, et, courant
+à la chambre de Frédéric Larsan, j'y avais trouvé Frédéric Larsan,
+bouffi de sommeil.
+
+«2º L'échelle;
+
+«3º J'avais placé Frédéric Larsan au bout de la galerie tournante en lui
+disant que j'allais sauter dans la chambre de Mlle Stangerson pour
+essayer de prendre l'assassin. Or, j'étais retourné dans la chambre de
+Mlle Stangerson où j'avais retrouvé mon inconnu.
+
+«Le premier signe extérieur ne m'embarrassa guère. Il est probable que,
+lorsque je descendis de mon échelle, après avoir vu l'inconnu dans la
+chambre de Mlle Stangerson, celui-ci avait déjà fini ce qu'il avait à y
+faire. Alors, pendant que je rentrais dans le château, il rentrait, lui,
+dans la chambre de Frédéric Larsan, se déshabillait en deux temps, trois
+mouvements, et, quand je venais frapper à sa porte, montrait un visage
+de Frédéric Larsan ensommeillé à plaisir...
+
+«Le second signe: l'échelle, ne m'embarrassa pas davantage. Il était
+évident que, si l'assassin était Larsan, il n'avait pas besoin d'échelle
+pour s'introduire dans le château, puisque Larsan couchait à côté de
+moi; mais cette échelle devait faire croire à la venue de l'assassin,
+«de l'extérieur», chose nécessaire au système de Larsan puisque, cette
+nuit-là, M. Darzac n'était pas au château. Enfin, cette échelle, en tout
+état de cause, pouvait faciliter la fuite de Larsan.
+
+«Mais le troisième signe extérieur me déroutait tout à fait. Ayant placé
+Larsan au bout de la galerie tournante, je ne pouvais expliquer qu'il
+eût profité du moment où j'allais dans l'aile gauche du château trouver
+M. Stangerson et le père Jacques, _pour retourner dans la chambre de
+Mlle Stangerson!_ C'était là un geste bien dangereux! Il risquait de se
+faire prendre... Et il le savait!... Et il a failli se faire prendre...
+n'ayant pas eu le temps de regagner son poste, comme il l'avait
+certainement espéré... Il fallait qu'il eût, pour retourner dans la
+chambre, une raison bien nécessaire qui lui fût apparue tout à coup,
+après mon départ, car il n'aurait pas sans cela prêté son revolver!
+Quant à moi, quand «j'envoyai» le père Jacques au bout de la galerie
+droite, je croyais naturellement que Larsan était toujours à son poste
+au bout de la galerie tournante et le père Jacques lui-même, à qui, du
+reste, je n'avais point donné de détails, en se rendant à son poste, ne
+regarda pas, lorsqu'il passa à l'intersection des deux galeries, si
+Larsan était au sien. Le père Jacques ne songeait alors qu'à exécuter
+mes ordres rapidement. Quelle était donc cette raison imprévue qui avait
+pu conduire Larsan une seconde fois dans la chambre? Quelle
+était-elle?... Je pensai que ce ne pouvait être qu'une marque sensible
+de son passage qui le dénonçait! Il avait oublié quelque chose de très
+important dans la chambre! Quoi?... Avait-il retrouvé cette chose?... Je
+me rappelai la bougie sur le parquet et l'homme courbé... Je priai Mme
+Bernier, qui faisait la chambre, de chercher... et elle trouva un
+binocle... Ce binocle, m'sieur le président!»
+
+Et Rouletabille sortit de son petit paquet le binocle que nous
+connaissons déjà...
+
+«Quand je vis ce binocle, je fus épouvanté... Je n'avais jamais vu de
+binocle à Larsan... S'il n'en mettait pas, c'est donc qu'il n'en avait
+pas besoin... Il en avait moins besoin encore alors dans un moment où la
+liberté de ses mouvements lui était chose si précieuse... Que signifiait
+ce binocle?... Il n'entrait point dans mon cercle. _À moins qu'il ne fût
+celui d'un presbyte,_ m'exclamai-je, tout à coup!... En effet, je
+n'avais jamais vu écrire Larsan, je ne l'avais jamais vu lire. Il
+«pouvait» donc être presbyte! On savait certainement à la Sûreté qu'il
+était presbyte, «s'il l'était...» on connaissait sans doute son
+binocle... Le binocle du «presbyte Larsan» trouvé dans la chambre de
+Mlle Stangerson, après le mystère de la galerie inexplicable, cela
+devenait terrible pour Larsan! Ainsi s'expliquait le retour de Larsan
+dans la chambre!... Et, en effet, Larsan-Ballmeyer est bien presbyte, et
+ce binocle, que l'on reconnaîtra «peut-être» à la Sûreté, est bien le
+sien...
+
+«Vous voyez, monsieur, quel est mon système, continua Rouletabille; je
+ne demande pas aux signes extérieurs de m'apprendre la vérité; je leur
+demande simplement de ne pas aller contre la vérité que m'a désignée le
+bon bout de ma raison!...
+
+«Pour être tout à fait sûr de la vérité sur Larsan, car Larsan assassin
+était une exception qui méritait que l'on s'entourât de quelque
+garantie, j'eus le tort de vouloir voir sa «figure». J'en ai été bien
+puni! Je crois que c'est le bon bout de ma raison qui s'est vengé de ce
+que, depuis la galerie inexplicable, je ne me sois pas appuyé
+solidement, définitivement et en toute confiance, sur lui... négligeant
+magnifiquement de trouver d'autres preuves de la culpabilité de Larsan
+que celle de ma raison! Alors, Mlle Stangerson a été frappée...»
+
+Rouletabille s'arrêta... se mouche... vivement ému.
+
+ * * * * *
+
+«Mais qu'est-ce que Larsan, demanda le président, venait faire dans
+cette chambre? Pourquoi a-t-il tenté d'assassiner à deux reprises Mlle
+Stangerson?
+
+--Parce qu'il l'adorait, m'sieur le président...
+
+--Voilà évidemment une raison...
+
+--Oui, m'sieur, une raison péremptoire. Il était amoureux fou... et à
+cause de cela, et de bien d'autres choses aussi, capable de tous les
+crimes.
+
+--Mlle Stangerson le savait?
+
+--Oui, m'sieur, mais elle ignorait, naturellement, que l'individu qui la
+poursuivait ainsi fût Frédéric Larsan... sans quoi Frédéric Larsan ne
+serait pas venu s'installer au château, et n'aurait pas, la nuit de la
+galerie inexplicable, pénétré avec nous auprès de Mlle Stangerson,
+«après l'affaire». J'ai remarqué du reste qu'il s'était tenu dans
+l'ombre et qu'il avait continuellement la face baissée... ses yeux
+devaient chercher le binocle perdu... Mlle Stangerson a eu à subir les
+poursuites et les attaques de Larsan sous un nom et sous un déguisement
+que nous ignorions mais qu'elle pouvait connaître déjà.
+
+--Et vous, monsieur Darzac! demanda le président... vous avez peut-être,
+à ce propos, reçu les confidences de Mlle Stangerson... Comment se
+fait-il que Mlle Stangerson n'ait parlé de cela à personne?... Cela
+aurait pu mettre la justice sur les traces de l'assassin... et si vous
+êtes innocent, vous aurait épargné la douleur d'être accusé!
+
+--Mlle Stangerson ne m'a rien dit, fit M. Darzac.
+
+--Ce que dit le jeune homme vous paraît-il possible?» demanda encore le
+président.
+
+Imperturbablement, M. Robert Darzac répondit:
+
+«Mlle Stangerson ne m'a rien dit...
+
+--Comment expliquez-vous que, la nuit de l'assassinat du garde, reprit
+le président, en se tournant vers Rouletabille, l'assassin ait rapporté
+les papiers volés à M. Stangerson?... Comment expliquez-vous que
+l'assassin se soit introduit dans la chambre fermée de Mlle Stangerson?
+
+--Oh! quant à cette dernière question, il est facile, je crois, d'y
+répondre. Un homme comme Larsan-Ballmeyer devait se procurer ou faire
+faire facilement les clefs qui lui étaient nécessaires... Quant au vol
+des documents, «je crois» que Larsan n'y avait pas d'abord songé.
+Espionnant partout Mlle Stangerson, bien décidé à empêcher son mariage
+avec M. Robert Darzac, il suit un jour Mlle Stangerson et M. Robert
+Darzac dans les grands magasins de la Louve, s'empare du réticule de
+Mlle Stangerson, que celle-ci perd ou se laisse prendre. Dans ce
+réticule, il y a une clef à tête de cuivre. Il ne sait pas l'importance
+qu'a cette clef. Elle lui est révélée par la note que fait paraître Mlle
+Stangerson dans les journaux. Il écrit à Mlle Stangerson poste restante,
+comme la note l'en prie. Il demande sans doute un rendez-vous en faisant
+savoir que celui qui a le réticule et la clef est celui qui la poursuit,
+depuis quelque temps, de son amour. Il ne reçoit pas de réponse. Il va
+constater au bureau 40 que la lettre n'est plus là. Il y va, ayant pris
+déjà l'allure et autant que possible l'habit de M. Darzac, car, décidé à
+tout pour avoir Mlle Stangerson, il a tout préparé, pour que, _quoi
+qu'il arrive, M. Darzac, aimé de Mlle Stangerson, M. Darzac qu'il
+déteste et dont il veut la perte, passe pour le coupable_.
+
+«Je dis: quoi qu'il arrive, mais je pense que Larsan ne pensait pas
+encore qu'il en serait réduit à l'assassinat. Dans tous les cas, ses
+précautions sont prises pour compromettre Mlle Stangerson sous le
+déguisement Darzac. Larsan a, du reste, à peu près la taille de Darzac
+et quasi le même pied. Il ne lui serait pas difficile, s'il est
+nécessaire, après avoir dessiné l'empreinte du pied de M. Darzac, de se
+faire faire, sur ce dessin, des chaussures qu'il chaussera. Ce sont là
+trucs enfantins pour Larsan-Ballmeyer.
+
+«Donc, pas de réponse à sa lettre, pas de rendez-vous, et il a toujours
+la petite clef précieuse dans sa poche. Eh bien, puisque Mlle Stangerson
+ne vient pas à lui, il ira à elle! Depuis longtemps son plan est fait.
+Il s'est documenté sur le Glandier et sur le pavillon. Un après-midi,
+alors que M. et Mlle Stangerson viennent de sortir pour la promenade et
+que le père Jacques lui-même est parti, il s'introduit dans le pavillon
+par la fenêtre du vestibule. Il est seul, pour le moment, il a des
+loisirs... il regarde les meubles... l'un d'eux, fort curieux, et
+ressemblant à un coffre-fort, a une toute petite serrure... Tiens!
+Tiens! Cela l'intéresse... Comme il a sur lui la petite clef de
+cuivre... il y pense... liaison d'idées. Il essaye la clef dans la
+serrure; la porte s'ouvre... Des papiers! Il faut que ces papiers soient
+bien précieux pour qu'on les ait enfermés dans un meuble aussi
+particulier... pour qu'on tienne tant à la clef qui ouvre ce meuble...
+Eh! Eh! cela peut toujours servir... à un petit chantage... cela
+l'aidera peut-être dans ses desseins amoureux... Vite, il fait un paquet
+de ces paperasses et va le déposer dans le lavatory du vestibule. Entre
+l'expédition du pavillon et la nuit de l'assassinat du garde, Larsan a
+eu le temps de voir ce qu'étaient ces papiers. Qu'en ferait-il? Ils sont
+plutôt compromettants... Cette nuit-là, il les rapporta au château...
+Peut-être a-t-il espéré du retour de ces papiers, qui représentaient
+vingt ans de travaux, une reconnaissance quelconque de Mlle
+Stangerson... Tout est possible, dans un cerveau comme celui-là!...
+Enfin, quelle qu'en soit la raison, il a rapporté les papiers _et il en
+était bien débarrassé!_
+
+Rouletabille toussa et je compris ce que signifiait cette toux. Il était
+évidemment embarrassé, à ce point de ses explications, par la volonté
+qu'il avait de ne point donner le véritable motif de l'attitude
+effroyable de Larsan vis-à-vis de Mlle Stangerson. Son raisonnement
+était trop incomplet pour satisfaire tout le monde, et le président lui
+en eut certainement fait l'observation, si, malin comme un singe,
+Rouletabille ne s'était écrié: «Maintenant, nous arrivons à
+l'explication du mystère de la Chambre Jaune!»
+
+ * * * * *
+
+Il y eut, dans la salle, des remuements de chaises, de légères
+bousculades, des «chut!» énergiques. La curiosité était poussée à son
+comble.
+
+«Mais, fit le président, il me semble, d'après votre hypothèse, monsieur
+Rouletabille, que le mystère de la «Chambre Jaune» est tout expliqué. Et
+c'est Frédéric Larsan qui nous l'a expliqué lui-même en se contentant de
+tromper sur le personnage, en mettant M. Robert Darzac à sa propre
+place. Il est évident que la porte de la «Chambre Jaune» s'est ouverte
+quand M. Stangerson était seul, et que le professeur a laissé passer
+l'homme qui sortait de la chambre de sa fille, sans l'arrêter, peut-être
+même _sur la prière de sa fille_, pour éviter tout scandale!...
+
+--Non, m'sieur le président, protesta avec force le jeune homme. Vous
+oubliez que Mlle Stangerson, assommée, ne pouvait plus faire de prière,
+qu'elle ne pouvait plus refermer sur elle ni le verrou ni la serrure...
+Vous oubliez aussi que M. Stangerson a juré sur la tête de sa fille à
+l'agonie _que la porte ne s'était pas ouverte!_
+
+--C'est pourtant, monsieur, la seule façon d'expliquer les choses! _La
+Chambre Jaune était close comme un coffre-fort._ Pour me servir de vos
+expressions, il était impossible à l'assassin de s'en échapper
+«normalement ou anormalement». Quand on pénètre dans la chambre, on ne
+le trouve pas! Il faut bien pourtant qu'il s'échappe!...
+
+--C'est tout à fait inutile, m'sieur le président...
+
+--Comment cela?
+
+--Il n'avait pas besoin de s'échapper, _s'il n'y était pas!_»
+
+Rumeurs dans la salle...
+
+«Comment, il n'y était pas?
+
+--Évidemment non! _Puisqu'il ne pouvait pas y être, c'est qu'il n'y
+était pas!_ Il faut toujours, m'sieur l'président, s'appuyer sur le bon
+bout de sa raison!
+
+--Mais toutes les traces de son passage! protesta le président.
+
+--Ça, m'sieur le président, c'est le mauvais bout de la raison!... Le
+bon bout nous indique ceci: depuis le moment où Mlle Stangerson s'est
+enfermée dans sa chambre jusqu'au moment où l'on a défoncé la porte, il
+est impossible que l'assassin se soit échappé de cette chambre; et,
+comme on ne l'y trouve pas, c'est que, depuis le moment de la fermeture
+de la porte jusqu'au moment où on la défonce, _l'assassin n'était pas
+dans la chambre!_
+
+--Mais les traces?
+
+--Eh! m'sieur le président... Ça, c'est les marques sensibles, encore
+une fois... les marques sensibles avec lesquelles on commet tant
+d'erreurs judiciaires _parce qu'elles vous font dire ce qu'elles
+veulent!_ Il ne faut point, je vous le répète, s'en servir pour
+raisonner! Il faut raisonner d'abord! Et voir ensuite si les marques
+sensibles peuvent entrer dans le cercle de votre raisonnement... J'ai un
+tout petit cercle de vérité incontestable: _l'assassin n'était point
+dans la Chambre Jaune!_ Pourquoi a-t-on cru qu'il y était? À cause des
+marques de son passage! Mais il peut être passé _avant!_ Que dis-je: il
+«doit» être passé avant. La raison me dit qu'il faut qu'il soit passé
+là, _avant!_ Examinons les marques et ce que nous savons de l'affaire,
+et voyons si ces marques vont à l'encontre de ce _passage avant... avant
+que Mlle Stangerson s'enferme dans sa chambre, devant son père et le
+père Jacques!_
+
+«Après la publication de l'article du _Matin_ et une conversation que
+j'eus dans le trajet de Paris à Épinay-sur-Orge avec le juge
+d'instruction, la preuve me parut faite que la «Chambre Jaune» était
+mathématiquement close et que, par conséquent, l'assassin en avait
+disparu avant l'entrée de Mlle Stangerson dans sa chambre, à minuit.
+
+«Les marques extérieures se trouvaient alors être terriblement «contre
+ma raison». Mlle Stangerson ne s'était pas assassinée toute seule, et
+ces marques attestaient qu'il n'y avait pas eu suicide. L'assassin était
+donc venu _avant!_ Mais comment Mlle Stangerson n'avait-elle été
+assassinée qu'après? ou plutôt «ne paraissait-elle» avoir été assassinée
+qu'après? Il me fallait naturellement reconstituer l'affaire en deux
+phases, deux phases bien distinctes l'une de l'autre de quelques heures:
+la première phase pendant laquelle on avait réellement tenté
+d'assassiner Mlle Stangerson, tentative qu'elle avait dissimulée; la
+seconde phase pendant laquelle, à la suite d'un cauchemar qu'elle avait
+eu, ceux qui étaient dans le laboratoire avaient cru qu'on
+l'assassinait!
+
+«Je n'avais pas encore, alors, pénétré dans la «Chambre Jaune». Quelles
+étaient les blessures de Mlle Stangerson? Des marques de strangulation
+et un coup formidable à la tempe... Les marques de strangulation ne me
+gênaient pas. Elles pouvaient avoir été faites «avant» et Mlle
+Stangerson les avait dissimulées sous une collerette, un boa, n'importe
+quoi! Car, du moment que je créais, que j'étais obligé de diviser
+l'affaire en deux phases, j'étais acculé à la nécessité de me dire que
+_Mlle Stangerson avait caché tous les événements de la première phase_;
+elle avait des raisons, sans doute, assez puissantes pour cela,
+puisqu'elle n'avait rien dit à son père et qu'elle dut raconter
+naturellement au juge d'instruction l'agression de l'assassin _dont elle
+ne pouvait nier le passage_, comme si cette agression avait eu lieu la
+nuit, pendant la seconde phase! Elle y était forcée, sans quoi son père
+lui eût dit: «Que nous as-tu caché là? Que signifie ton silence après
+une pareille agression»?»
+
+«Elle avait donc dissimulé les marques de la main de l'homme à son cou.
+Mais il y avait le coup formidable de la tempe! Ça, je ne le comprenais
+pas! Surtout quand j'appris que l'on avait trouvé dans la chambre un os
+de mouton, arme du crime... Elle ne pouvait avoir dissimulé qu'on
+l'avait assommée, et cependant cette blessure apparaissait évidemment
+comme ayant dû être faite pendant la première phase puisqu'elle
+nécessitait la présence de l'assassin! J'imaginai que cette blessure
+était beaucoup moins forte qu'on ne le disait--en quoi j'avais tort--et
+je pensai que Mlle Stangerson avait caché la blessure de la tempe _sous
+une coiffure en bandeaux!_
+
+«Quant à la marque, sur le mur, de la main de l'assassin blessée par le
+revolver de Mlle Stangerson, cette marque avait été faite évidemment
+«avant» et l'assassin avait été nécessairement blessé pendant la
+première phase, c'est-à-dire _pendant qu'il était là!_ Toutes les traces
+du passage de l'assassin avaient été naturellement laissées pendant la
+première phase: L'os de mouton, les pas noirs, le béret, le mouchoir, le
+sang sur le mur, sur la porte et par terre... De toute évidence, si ces
+traces étaient encore là, c'est que Mlle Stangerson, qui désirait qu'on
+ne sût rien et qui agissait pour qu'on ne sût rien de cette affaire,
+n'avait pas encore eu le temps de les faire disparaître! Ce qui me
+conduisait à chercher la première phase de l'affaire dans _un temps très
+rapproché de la seconde_. Si, après la première phase, c'est-à-dire
+après que l'assassin se fût échappé, après qu'elle-même eût en hâte
+regagné le laboratoire où son père la retrouvait, travaillant,--si elle
+avait pu pénétrer à nouveau un instant dans la chambre, elle aurait au
+moins fait disparaître, tout de suite, l'os de mouton, le béret et le
+mouchoir qui traînaient par terre. Mais elle ne le tenta pas, son père
+ne l'ayant pas quittée. Après, donc, cette première phase, elle n'est
+entrée dans sa chambre qu'à minuit. Quelqu'un y était entré à dix
+heures: le père Jacques, qui fit sa besogne de tous les soirs, ferma les
+volets et alluma la veilleuse. Dans son anéantissement sur le bureau du
+laboratoire où elle feignait de travailler, Mlle Stangerson avait sans
+doute oublié que le père Jacques allait entrer dans sa chambre! Aussi
+elle a un mouvement: elle prie le père Jacques de ne pas se déranger! De
+ne pas pénétrer dans la chambre! Ceci est en toutes lettres dans
+l'article du _Matin_. Le père Jacques entre tout de même et ne
+s'aperçoit de rien, tant la «Chambre Jaune» est obscure!... Mlle
+Stangerson a dû vivre là deux minutes affreuses! Cependant, je crois
+qu'elle ignorait qu'il y avait tant de marques du passage de l'assassin
+dans sa chambre! Elle n'avait sans doute, après la première phase, eu le
+temps que de dissimuler les traces des doigts de l'homme à son cou et de
+sortir de sa chambre!... Si elle avait su que l'os, le béret et le
+mouchoir fussent sur le parquet, elle les aurait également ramassés
+quand elle est rentrée à minuit dans sa chambre... Elle ne les a pas
+vus, elle s'est déshabillée à la clarté douteuse de la veilleuse... Elle
+s'est couchée, brisée par tant d'émotions, et par la terreur, la terreur
+qui ne l'avait fait regagner cette chambre que le plus tard possible...
+
+«Ainsi étais-je _obligé_ d'arriver de la sorte à la seconde phase du
+drame, _avec Mlle Stangerson seule dans la chambre, du moment qu'on
+n'avait pas trouvé l'assassin dans la chambre..._ Ainsi devais-je
+naturellement faire entrer dans le cercle de mon raisonnement les
+marques extérieures.
+
+«Mais il y avait d'autres marques extérieures à expliquer. Des coups de
+revolver avaient été tirés, pendant la seconde phase. Des cris: «Au
+secours! À l'assassin!» avaient été proférés!... Que pouvait me
+désigner, en une telle occurrence, le bon bout de ma raison? Quant aux
+cris, d'abord: du moment où il n'y a pas d'assassin dans la chambre, _il
+y avait forcément cauchemar dans la chambre!_
+
+«On entend un grand bruit de meubles renversés. J'imagine... je suis
+obligé d'imaginer ceci: Mlle Stangerson s'est endormie, hantée par
+l'abominable scène de l'après-midi... elle rêve... le cauchemar précise
+ses images rouges... elle revoit l'assassin qui se précipite sur elle,
+elle crie: «À l'assassin! Au secours!» et son geste désordonné va
+chercher le revolver qu'elle a posé, avant de se coucher, sur sa table
+de nuit. Mais cette main heurte la table de nuit avec une telle force
+qu'elle la renverse. Le revolver roule par terre, un coup part et va se
+loger dans le plafond... Cette balle dans le plafond me parut, dès
+l'abord, devoir être la balle de l'accident... Elle révélait la
+possibilité de l'accident et arrivait si bien avec mon hypothèse de
+cauchemar qu'elle fut une des raisons pour lesquelles je commençai à ne
+plus douter que le crime avait eu lieu _avant_, et que Mlle Stangerson,
+douée d'un caractère d'une énergie peu commune, l'avait caché...
+Cauchemar, coup de revolver... Mlle Stangerson, dans un état moral
+affreux, est réveillée; elle essaye de se lever; elle roule par terre,
+sans force, renversant les meubles, râlant même... «À l'assassin! Au
+secours!» et s'évanouit...
+
+«Cependant, on parlait de deux coups de revolver, la nuit, lors de la
+seconde phase. À moi aussi, pour ma thèse--ce n'était plus, déjà, une
+hypothèse--il en fallait deux; mais «un» dans chacune des phases et non
+pas deux dans la dernière... un coup pour blesser l'assassin, _avant_,
+et un coup lors du cauchemar, _après!_ Or, était-il bien sûr que, la
+nuit, deux coups de revolver eussent été tirés? Le revolver s'était fait
+entendre au milieu du fracas de meubles renversés. Dans un
+interrogatoire, M. Stangerson parle d'un coup sourd d'abord, d'un coup
+éclatant ensuite! Si le coup sourd avait été produit par la chute de la
+table de nuit en marbre sur le plancher? Il est _nécessaire_ que cette
+explication soit la bonne. Je fus certain qu'elle était la bonne, quand
+je sus que les concierges, Bernier et sa femme, n'avaient entendu, eux
+qui étaient tout près du pavillon, _qu'un seul coup de revolver._ Ils
+l'ont déclaré au juge d'instruction.
+
+«Ainsi, j'avais presque reconstitué les deux phases du drame quand je
+pénétrai, pour la première fois, dans la «Chambre Jaune». Cependant la
+gravité de la blessure à la tempe n'entrait pas dans le cercle de mon
+raisonnement. Cette blessure n'avait donc pas été faite par l'assassin
+avec l'os de mouton, lors de la première phase, parce qu'elle était trop
+grave, que Mlle Stangerson n'aurait pu la dissimuler et qu'elle ne
+l'avait pas dissimulée sous une coiffure en bandeaux! Alors, cette
+blessure avait été «nécessairement» faite lors de la seconde phase, au
+moment du cauchemar? C'est ce que je suis allé demander à la «Chambre
+Jaune» et la «Chambre Jaune» m'a répondu!»
+
+Rouletabille tira, toujours de son petit paquet, un morceau de papier
+blanc plié en quatre, et, de ce morceau de papier blanc, sortit un objet
+invisible, qu'il tint entre le pouce et l'index et qu'il porta au
+président:
+
+«Ceci, monsieur le président, est un cheveu, un cheveu blond maculé de
+sang, un cheveu de Mlle Stangerson... Je l'ai trouvé collé à l'un des
+coins de marbre de la table de nuit renversée... Ce coin de marbre était
+lui-même maculé de sang. Oh! un petit carré rouge de rien du tout! mais
+fort important! car il m'apprenait, ce petit carré de sang, qu'en se
+levant, affolée, de son lit, Mlle Stangerson était tombée de tout son
+haut et fort brutalement sur ce coin de marbre qui l'avait blessée à la
+tempe, et qui avait retenu ce cheveu, ce cheveu que Mlle Stangerson
+devait avoir sur le front, bien qu'elle ne portât pas la coiffure en
+bandeaux! Les médecins avaient déclaré que Mlle Stangerson avait été
+assommée avec un objet _contondant_ et, comme l'os de mouton était là,
+le juge d'instruction avait immédiatement accusé l'os de mouton _mais le
+coin d'une table de nuit en marbre est aussi un objet contondant auquel
+ni les médecins ni le juge d'instruction n'avaient songé, et que je
+n'eusse peut-être point découvert moi-même si le bon bout de ma raison
+ne me l'avait indiqué, ne me l'avait fait pressentir_.»
+
+La salle faillit partir, une fois de plus, en applaudissements; mais,
+comme Rouletabille reprenait tout de suite sa déposition, le silence se
+rétablit sur-le-champ.
+
+«Il me restait à savoir, en dehors du nom de l'assassin que je ne devais
+connaître que quelques jours plus tard, à quel moment avait eu lieu la
+première phase du drame. L'interrogatoire de Mlle Stangerson, bien
+qu'arrangé pour tromper le juge d'instruction, et celui de M.
+Stangerson, devaient me le révéler. Mlle Stangerson a donné exactement
+l'emploi de son temps, ce jour-là. Nous avons établi que l'assassin
+s'est introduit entre cinq et six dans le pavillon; mettons qu'il fût
+six heures et quart quand le professeur et sa fille se sont remis au
+travail. C'est donc entre cinq heures et six heures et quart qu'il faut
+chercher. Que dis-je, cinq heures! mais le professeur est alors avec sa
+fille... Le drame ne pourra s'être passé que loin du professeur! Il me
+faut donc, dans ce court espace de temps, chercher le moment où le
+professeur et sa fille seront séparés!... Eh bien, ce moment, je le
+trouve dans l'interrogatoire qui eut lieu dans la chambre de Mlle
+Stangerson, en présence de M. Stangerson. Il y est marqué que le
+professeur et sa fille rentrent vers six heures au laboratoire. M.
+Stangerson dit: «À ce moment, je fus abordé par mon garde qui _me retint
+un instant_.» il y a donc conversation avec le garde. Le garde parle à
+M. Stangerson de coupe de bois ou de braconnage; Mlle Stangerson n'est
+plus là; elle a déjà regagné le laboratoire puisque le professeur dit
+encore: «Je quittai le garde et je rejoignis ma fille qui était déjà au
+travail!»
+
+«C'est donc dans ces courtes minutes que le drame se déroula. C'est
+nécessaire! Je vois très bien Mlle Stangerson rentrer dans le pavillon,
+pénétrer dans sa chambre pour poser son chapeau et se trouver en face du
+bandit qui la poursuit. Le bandit était là, dans le pavillon, depuis un
+certain temps. Il devait avoir arrangé son affaire pour que tout se
+passât la nuit. Il avait alors déchaussé les chaussures du père Jacques
+qui le gênaient, dans les conditions que j'ai dites au juge
+d'instruction, il avait opéré la rafle des papiers, comme je vous l'ai
+dit tout à l'heure, et il s'était ensuite glissé sous le lit quand le
+père Jacques était revenu laver le vestibule et le laboratoire... Le
+temps lui avait paru long... il s'était relevé, après le départ du père
+Jacques, avait à nouveau erré dans le laboratoire, était venu dans le
+vestibule, avait regardé dans le jardin, et avait vu venir, vers le
+pavillon--car, à ce moment-là, la nuit qui commençait était très
+claire--_Mlle Stangerson, toute seule!_ Jamais il n'eût osé l'attaquer à
+cette heure-là s'il n'avait cru être certain que Mlle Stangerson était
+seule! Et, pour qu'elle lui apparût seule, il fallait que la
+conversation entre M. Stangerson et le garde qui le retenait eût lieu à
+un coin détourné du sentier, _coin où se trouve un bouquet d'arbres qui
+les cachait aux yeux du misérable_. Alors, son plan est fait. Il va être
+plus tranquille, seul avec Mlle Stangerson dans ce pavillon, qu'il ne
+l'aurait été, en pleine nuit, avec le père Jacques dormant dans son
+grenier. _Et il dut fermer la fenêtre du vestibule!_ ce qui explique
+aussi que ni M. Stangerson, ni le garde, du reste assez éloignés encore
+du pavillon, n'ont entendu le coup de revolver.
+
+«Puis il regagna la «Chambre Jaune». Mlle Stangerson arrive. Ce qui
+s'est passé a dû être rapide comme l'éclair!... Mlle Stangerson a dû
+crier... ou plutôt a voulu crier son effroi; l'homme l'a saisie à la
+gorge... Peut-être va-t-il l'étouffer, l'étrangler... Mais la main
+tâtonnante de Mlle Stangerson a saisi, dans le tiroir de la table de
+nuit, le revolver qu'elle y a caché depuis qu'elle redoute les menaces
+de l'homme. L'assassin brandit déjà, sur la tête de la malheureuse,
+cette arme terrible dans les mains de Larsan-Ballmeyer, un os de
+mouton... Mais elle tire... le coup part, blesse la main qui abandonne
+l'arme. L'os de mouton roule par terre, _ensanglanté par la blessure de
+l'assassin..._ l'assassin chancelle, va s'appuyer à la muraille, y
+imprime ses doigts rouges, craint une autre balle et s'enfuit...
+
+«Elle le voit traverser le laboratoire... Elle écoute... Que fait-il
+dans le vestibule?... Il est bien long à sauter par cette fenêtre...
+Enfin, il saute! Elle court à la fenêtre et la referme!... Et
+maintenant, est-ce que son père a vu? a entendu? Maintenant que le
+danger a disparu, toute sa pensée va à son père... douée d'une énergie
+surhumaine, elle lui cachera tout, s'il en est temps encore!... Et,
+quand M. Stangerson reviendra, il trouvera la porte de la «Chambre
+Jaune» fermée, et sa fille, dans le laboratoire, penchée sur son bureau,
+attentive, _au travail, déjà!_»
+
+Rouletabille se tourne alors vers M. Darzac:
+
+«Vous savez la vérité, s'écria-t-il, dites-nous donc si la chose ne
+s'est pas passée ainsi?
+
+--Je ne sais rien, répond M. Darzac.
+
+--Vous êtes un héros! fait Rouletabille, en se croisant les bras... Mais
+si Mlle Stangerson était, hélas! en état de savoir que vous êtes accusé,
+elle vous relèverait de votre parole... elle vous prierait de dire tout
+ce qu'elle vous a confié... que dis-je, elle viendrait vous défendre
+elle-même!...»
+
+M. Darzac ne fit pas un mouvement, ne prononça pas un mot. Il regarda
+tristement Rouletabille.
+
+«Enfin, fit celui-ci, puisque Mlle Stangerson n'est pas là, _il faut
+bien que j'y sois, moi!_ Mais, croyez-moi, monsieur Darzac, le meilleur
+moyen, le seul, de sauver Mlle Stangerson et de lui rendre la raison,
+c'est encore de vous faire acquitter!»
+
+Un tonnerre d'applaudissements accueillit cette dernière phrase. Le
+président n'essaya même pas de réfréner l'enthousiasme de la salle.
+Robert Darzac était sauvé. Il n'y avait qu'à regarder les jurés pour en
+être certain! Leur attitude manifestait hautement leur conviction.
+
+Le président s'écria alors:
+
+«Mais enfin, quel est ce mystère qui fait que Mlle Stangerson, que l'on
+tente d'assassiner, dissimule un pareil crime à son père?
+
+--Ça, m'sieur, fit Rouletabille, j'sais pas!... Ça ne me regarde
+pas!...»
+
+Le président fit un nouvel effort auprès de M. Robert Darzac.
+
+«Vous refusez toujours de nous dire, monsieur, quel a été l'emploi de
+votre temps pendant qu'«on» attentait à la vie de Mlle Stangerson?
+
+--Je ne peux rien vous dire, monsieur...»
+
+Le président implora du regard une explication de Rouletabille:
+
+«On a le droit de penser, m'sieur le président, que les absences de M.
+Robert Darzac étaient étroitement liées au secret de Mlle Stangerson...
+Aussi M. Darzac se croit-il tenu à garder le silence!... Imaginez que
+Larsan, qui a, lors de ses trois tentatives, tout mis en train pour
+détourner les soupçons sur M. Darzac, ait fixé, justement, ces trois
+fois-là, des rendez-vous à M. Darzac dans un endroit compromettant,
+rendez-vous où il devait être traité du mystère... M. Darzac se fera
+plutôt condamner que d'avouer quoi que ce soit, que d'expliquer quoi que
+ce soit qui touche au mystère de Mlle Stangerson. Larsan est assez malin
+pour avoir fait encore cette «combinaise-là!...»
+
+Le président, ébranlé, mais curieux, répartit encore:
+
+«Mais quel peut bien être ce mystère-là?
+
+--Ah! m'sieur, j'pourrais pas vous dire! fit Rouletabille en saluant le
+président; seulement, je crois que vous en savez assez maintenant pour
+acquitter M. Robert Darzac!... À moins que Larsan ne revienne! mais
+j'crois pas!» fit-il en riant d'un gros rire heureux.
+
+Tout le monde rit avec lui.
+
+«Encore une question, monsieur, fit le président. Nous comprenons,
+toujours en admettant votre thèse, que Larsan ait voulu détourner les
+soupçons sur M. Robert Darzac, mais quel intérêt avait-il à les
+détourner aussi sur le père Jacques?...
+
+--«L'intérêt du policier!» m'sieur! L'intérêt de se montrer débrouillard
+en annihilant lui-même ces preuves qu'il avait accumulées. C'est très
+fort, ça! C'est un truc qui lui a souvent servi à détourner les soupçons
+qui eussent pu s'arrêter sur lui-même! Il prouvait l'innocence de l'un,
+avant d'accuser l'autre. Songez, monsieur le président, qu'une affaire
+comme celle-là devait avoir été longuement «mijotée» à l'avance par
+Larsan. Je vous dis qu'il avait tout étudié et qu'il connaissait les
+êtres et tout. Si vous avez la curiosité de savoir comment il s'était
+documenté, vous apprendrez qu'il s'était fait un moment le
+commissionnaire entre «le laboratoire de la Sûreté» et M. Stangerson, à
+qui on demandait des «expériences». Ainsi, il a pu, avant le crime,
+pénétrer deux fois dans le pavillon. Il était grimé de telle sorte que
+le père Jacques, depuis, ne l'a pas reconnu; mais il a trouvé, lui,
+Larsan, l'occasion de chiper au père Jacques une vieille paire de
+godillots et un béret hors d'usage, que le vieux serviteur de M.
+Stangerson avait noués dans un mouchoir pour les porter sans doute à un
+de ses amis, charbonnier sur la route d'Épinay! Quand le crime fut
+découvert, le père Jacques, reconnaissant les objets à part lui, n'eut
+garde de les reconnaître immédiatement! Ils étaient trop compromettants,
+et c'est ce qui vous explique son trouble, à cette époque, quand nous
+lui en parlions. Tout cela est simple comme bonjour et j'ai acculé
+Larsan à me l'avouer. Il l'a du reste fait avec plaisir, car, si c'est
+un bandit--ce qui ne fait plus, j'ose l'espérer, de doute pour
+personne--c'est aussi un artiste!... C'est sa manière de faire, à cet
+homme, sa manière à lui... Il a agi de même lors de l'affaire du «Crédit
+universel» et des «Lingots de la Monnaie!» Des affaires qu'il faudra
+réviser, m'sieur le président, car il y a quelques innocents dans les
+prisons depuis que Ballmeyer-Larsan appartient à la Sûreté!»
+
+
+
+
+XXVIII
+
+Où il est prouvé qu'on ne pense pas toujours à tout
+
+
+Gros émoi, murmures, bravos! Maître Henri-Robert déposa des conclusions
+tendant à ce que l'affaire fût renvoyée à une autre session pour
+supplément d'instruction; le ministère public lui-même s'y associa.
+L'affaire fut renvoyée. Le lendemain, M. Robert Darzac était remis en
+liberté provisoire, et le père Mathieu bénéficiait «d'un non-lieu»
+immédiat. On chercha vainement Frédéric Larsan. La preuve de l'innocence
+était faite. M. Darzac échappa enfin à l'affreuse calamité qui l'avait,
+un instant, menacé, et il put espérer, après une visite à Mlle
+Stangerson, que celle-ci recouvrerait un jour, à force de soins assidus,
+la raison.
+
+Quant à ce gamin de Rouletabille, il fut, naturellement, «l'homme du
+jour»! À sa sortie du palais de Versailles, la foule l'avait porté en
+triomphe. Les journaux du monde entier publièrent ses exploits et sa
+photographie; et lui, qui avait tant interviewé d'illustres personnages,
+fut illustre et interviewé à son tour! Je dois dire qu'il ne s'en montra
+pas plus fier pour ça!
+
+Nous revînmes de Versailles ensemble, après avoir dîné fort gaiement au
+«Chien qui fume». Dans le train, je commençai à lui poser un tas de
+questions qui, pendant le repas, s'étaient pressées déjà sur mes lèvres
+et que j'avais tues toutefois parce que je savais que Rouletabille
+n'aimait pas travailler en mangeant.
+
+«Mon ami, fis-je, cette affaire de Larsan est tout à fait sublime et
+digne de votre cerveau héroïque.»
+
+Ici il m'arrêta, m'invitant à parler plus simplement et prétendant qu'il
+ne se consolerait jamais de voir qu'une aussi belle intelligence que la
+mienne était prête à tomber dans le gouffre hideux de la stupidité, et
+cela simplement à cause de l'admiration que j'avais pour lui...
+
+«Je viens au fait, fis-je, un peu vexé. Tout ce qui vient de se passer
+ne m'apprend point du tout ce que vous êtes allé faire en Amérique. Si
+je vous ai bien compris: quand vous êtes parti la dernière fois du
+Glandier, vous aviez tout deviné de Frédéric Larsan?... Vous saviez que
+Larsan était l'assassin et vous n'ignoriez plus rien de la façon dont il
+avait tenté d'assassiner?
+
+--Parfaitement. Et vous, fit-il, en détournant la conversation, vous ne
+vous doutiez de rien?
+
+--De rien!
+
+--C'est incroyable.
+
+--Mais, mon ami... vous avez eu bien soin de me dissimuler votre pensée
+et je ne vois point comment je l'aurais pénétrée... Quand je suis arrivé
+au Glandier avec les revolvers, «à ce moment précis», vous soupçonniez
+déjà Larsan?
+
+--Oui! Je venais de tenir le raisonnement de la «galerie inexplicable!»
+mais le retour de Larsan dans la chambre de Mlle Stangerson ne m'avait
+pas encore été expliqué par la découverte du binocle de presbyte...
+Enfin, mon soupçon n'était que mathématique, et l'idée de Larsan
+assassin m'apparaissait si formidable que j'étais résolu à attendre des
+«traces sensibles» avant d'oser m'y arrêter davantage. Tout de même
+cette idée me tracassait, et j'avais parfois une façon de vous parler du
+policier qui eût dû vous mettre en éveil. D'abord je ne mettais plus du
+tout en avant «sa bonne foi» et je ne vous disais plus «qu'il se
+trompait». Je vous entretenais de son système comme d'un misérable
+système, et le mépris que j'en marquais, qui s'adressait dans votre
+esprit au policier, s'adressait en réalité, dans le mien, moins au
+policier qu'au bandit que je le soupçonnais d'être!... Rappelez-vous...
+quand je vous énumérais toutes les preuves qui s'accumulaient contre M.
+Darzac, je vous disais: «Tout cela semble donner quelque corps à
+l'hypothèse du grand Fred. C'est, du reste, cette hypothèse, que je
+crois fausse, qui l'égarera...» et j'ajoutais sur un ton qui eût dû vous
+stupéfier: «Maintenant, cette hypothèse égare-t-elle réellement Frédéric
+Larsan? Voilà! Voilà! Voilà!...»
+
+Ces «voilà!» eussent dû vous donner à réfléchir; il y avait tout mon
+soupçon dans ces «Voilà!» Et que signifiait: «égare-t-elle réellement?»
+sinon qu'elle pouvait ne pas l'égarer, lui, mais qu'elle était _destinée
+à nous égarer, nous!_ Je vous regardais à ce moment et vous n'avez pas
+tressailli, vous n'avez pas compris... J'en ai été enchanté, car,
+jusqu'à la découverte du binocle, je ne pouvais considérer le crime de
+Larsan que comme une absurde hypothèse... Mais, après la découverte du
+binocle qui m'expliquait le retour de Larsan dans la chambre de Mlle
+Stangerson... voyez ma joie, mes transports... Oh! Je me souviens très
+bien! Je courais comme un fou dans ma chambre et je vous criais: «Je
+roulerai le grand Fred! je le roulerai d'une façon retentissante!» Ces
+paroles s'adressaient alors au bandit. Et, le soir même, quand, chargé
+par M. Darzac de surveiller la chambre de Mlle Stangerson, je me bornai
+jusqu'à dix heures du soir à dîner avec Larsan sans prendre aucune
+mesure autre, _tranquille parce qu'il était là_, en face de moi! à ce
+moment encore, cher ami, vous auriez pu soupçonner que c'était seulement
+cet homme-là que je redoutais... Et quand je vous disais, au moment où
+nous parlions de l'arrivée prochaine de l'assassin: «Oh! je suis bien
+sûr que Frédéric Larsan sera là cette nuit!...»
+
+«Mais il y a une chose capitale qui eût pu, qui eût dû nous éclairer
+tout à fait et tout de suite sur le criminel, une chose qui nous
+dénonçait Frédéric Larsan et que nous avons laissée échapper, _vous et
+moi!..._
+
+«Auriez-vous donc oublié l'histoire de la canne?
+
+«Oui, en dehors du raisonnement qui, pour tout «esprit logique»,
+dénonçait Larsan, il y avait l'«histoire de la canne» qui le dénonçait à
+tout «esprit observateur».
+
+«J'ai été tout à fait étonné--apprenez-le donc--qu'à l'instruction,
+Larsan ne se fût pas servi de la canne contre M. Darzac. Est-ce que
+cette canne n'avait pas été achetée le soir du crime par un homme dont
+le signalement répondait à celui de M. Darzac? Eh bien, tout à l'heure,
+j'ai demandé à Larsan lui-même, avant qu'il prît le train pour
+disparaître, je lui ai demandé pourquoi il n'avait pas usé de la canne.
+Il m'a répondu qu'il n'en avait jamais eu l'intention; que, dans sa
+pensée, il n'avait jamais rien imaginé contre M. Darzac avec cette canne
+et que nous l'avions fort embarrassé, le soir du cabaret d'Épinay, _en
+lui prouvant qu'il nous mentait!_ Vous savez qu'il disait qu'il avait eu
+cette canne à Londres; or, la marque attestait qu'elle était de Paris!
+Pourquoi, à ce moment, au lieu de penser: «Fred ment; il était à
+Londres; il n'a pas pu avoir cette canne de Paris, à Londres?»; Pourquoi
+ne nous sommes-nous pas dit: «Fred ment. Il n'était pas à Londres,
+puisqu'il a acheté cette canne à Paris!» Fred menteur, Fred à Paris, au
+moment du crime! C'est un point de départ de soupçon, cela! Et quand,
+après votre enquête chez Cassette, vous nous apprenez que cette canne a
+été achetée par un homme qui est habillé comme M. Darzac, alors que nous
+sommes sûrs, d'après la parole de M. Darzac lui-même, que ce n'est pas
+lui qui a acheté cette canne, alors que nous sommes sûrs, grâce à
+l'histoire du bureau de poste 40, _qu'il y a à Paris un homme qui prend
+la silhouette Darzac_, alors que nous nous demandons quel est donc cet
+homme qui, déguisé en Darzac, se présente le soir du crime chez Cassette
+pour acheter une canne que nous retrouvons entre les mains de Fred,
+comment? comment? comment ne nous sommes-nous pas dit un instant:
+«Mais... mais... mais... cet inconnu déguisé en Darzac qui achète une
+canne que Fred a entre les mains,... si c'était... si c'était... Fred
+lui-même?...» Certes, sa qualité d'agent de la Sûreté n'était point
+propice à une pareille hypothèse; mais, quand nous avions constaté
+l'acharnement avec lequel Fred accumulait les preuves contre Darzac, la
+rage avec laquelle il poursuivait le malheureux... nous aurions pu être
+frappés par un mensonge de Fred aussi important que celui qui le faisait
+entrer en possession, à Paris, d'une canne _qu'il ne pouvait avoir eue à
+Londres_. Même, s'il l'avait trouvée à Paris, le mensonge de Londres
+n'en existait pas moins. Tout le monde le croyait à Londres, même ses
+chefs et il achetait une canne à Paris! Maintenant, comment se
+faisait-il que, pas une seconde, il n'en usa comme d'une canne trouvée
+_autour de M. Darzac!_ C'est bien simple! C'est tellement simple que
+nous n'y avons pas pensé... Larsan l'avait achetée, après avoir été
+blessé légèrement à la main par la balle de Mlle Stangerson, _uniquement
+pour avoir un maintien, pour avoir toujours la main refermée, pour
+n'être point tenté d'ouvrir la main et de montrer sa blessure
+intérieure!_ Comprenez-vous?... Voilà ce qu'il m'a dit, Larsan, et je me
+rappelle vous avoir répété souvent combien je trouvais bizarre «que sa
+main ne quittât pas cette canne». À table, quand je dînais avec lui, il
+n'avait pas plutôt quitté cette canne qu'il s'emparait d'un couteau dont
+sa main droite ne se séparait plus. Tous ces détails me sont revenus
+quand mon idée se fut arrêtée sur Larsan, c'est-à-dire trop tard pour
+qu'ils me fussent d'un quelconque secours. C'est ainsi que, le soir où
+Larsan a simulé devant nous le sommeil, je me suis penché sur lui et,
+très habilement, j'ai pu voir, sans qu'il s'en doutât, dans sa main. Il
+ne s'y trouvait plus qu'une bande légère de taffetas qui dissimulait ce
+qui restait d'une blessure légère. Je constatai qu'il eût pu prétendre à
+ce moment que cette blessure lui avait été faite par toute autre chose
+qu'une balle de revolver. Tout de même, pour moi, à cette heure-là,
+c'était un nouveau signe extérieur qui entrait dans le cercle de mon
+raisonnement. La balle, m'a dit tout à l'heure Larsan, n'avait fait que
+lui effleurer la paume et avait déterminé une assez abondante
+hémorragie.
+
+«Si nous avions été plus perspicaces, au moment du mensonge de Larsan,
+et plus... dangereux... il est certain que celui-ci eût sorti, pour
+détourner les soupçons, _l'histoire que nous avions imaginée pour lui_,
+l'histoire de la découverte de la canne autour de Darzac; mais les
+événements se sont tellement précipités que nous n'avons plus pensé à la
+canne! Tout de même nous l'avons fort ennuyé, Larsan-Ballmeyer, sans que
+nous nous en doutions!
+
+--Mais, interrompis-je, s'il n'avait aucune intention, en achetant la
+canne, contre Darzac, pourquoi avait-il alors la silhouette Darzac? Le
+pardessus mastic? Le melon? Etc.
+
+--Parce qu'il arrivait du crime et qu'aussitôt le crime commis, il avait
+repris le déguisement Darzac qui l'a toujours accompagné dans son oeuvre
+criminelle dans l'intention que vous savez!
+
+«Mais déjà, vous pensez bien, _sa main blessée l'ennuyait_ et il eut, en
+passant avenue de l'Opéra, l'idée d'acheter une canne, idée qu'il
+réalisa sur-le-champ!... Il était huit heures! Un homme, avec la
+silhouette Darzac, qui achète une canne que je trouve dans les mains de
+Larsan!... Et moi, moi qui avais deviné que _le drame avait déjà eu
+lieu_ à cette heure-là, _qu'il venait d'avoir lieu_, qui étais à peu
+près persuadé de l'innocence de Darzac je ne soupçonne pas Larsan!... il
+y a des moments...
+
+--Il y a des moments, fis-je, où les plus vastes intelligences...»
+
+Rouletabille me ferma la bouche... Et comme je l'interrogeais encore, je
+m'aperçus qu'il ne m'écoutait plus... Rouletabille dormait. J'eus toutes
+les peines du monde à le tirer de son sommeil quand nous arrivâmes à
+Paris.
+
+
+
+
+XXIX
+
+Le mystère de Mlle Stangerson
+
+
+Les jours suivants, j'eus l'occasion de lui demander encore ce qu'il
+était allé faire en Amérique. Il ne me répondit guère d'une façon plus
+précise qu'il ne l'avait fait dans le train de Versailles, et il
+détourna la conversation sur d'autres points de l'affaire.
+
+Il finit, un jour, par me dire:
+
+«Mais comprenez donc que j'avais besoin de connaître la véritable
+personnalité de Larsan!
+
+--Sans doute, fis-je, mais pourquoi alliez-vous la chercher en
+Amérique?...»
+
+Il fuma sa pipe et me tourna le dos. Évidemment, je touchais au «mystère
+de Mlle Stangerson». Rouletabille avait pensé que ce mystère, qui liait
+d'une façon si terrible Larsan à Mlle Stangerson, mystère dont il ne
+trouvait, lui, Rouletabille, aucune explication dans la vie de Mlle
+Stangerson, «en France», il avait pensé, dis-je, que ce mystère «devait
+avoir son origine dans la vie de Mlle Stangerson, en Amérique». Et il
+avait pris le bateau! Là-bas, il apprendrait qui était ce Larsan, il
+acquerrait les matériaux nécessaires à lui fermer la bouche... Et il
+était parti pour Philadelphie!
+
+Et maintenant, quel était ce mystère qui avait «commandé le silence» à
+Mlle Stangerson et à M. Robert Darzac? Au bout de tant d'années, après
+certaines publications de la presse à scandale, maintenant que M.
+Stangerson sait tout et a tout pardonné, on peut tout dire. C'est, du
+reste, très court, et cela remettra les choses au point, car il s'est
+trouvé de tristes esprits pour accuser Mlle Stangerson qui, en toute
+cette sinistre affaire, fut toujours victime, «depuis le commencement».
+
+Le commencement remontait à une époque lointaine où, jeune fille, elle
+habitait avec son père à Philadelphie. Là, elle fit la connaissance,
+dans une soirée, chez un ami de son père, d'un compatriote, un Français
+qui sut la séduire par ses manières, son esprit, sa douceur et son
+amour. On le disait riche. Il demanda la main de Mlle Stangerson au
+célèbre professeur. Celui-ci prit des renseignements sur M. Jean
+Roussel, et, dès l'abord, il vit qu'il avait affaire à un chevalier
+d'industrie. Or, M. Jean Roussel, vous l'avez deviné, n'était autre
+qu'une des nombreuses transformations du fameux Ballmeyer, poursuivi en
+France, réfugié en Amérique. Mais M. Stangerson n'en savait rien; sa
+fille non plus. Celle-ci ne devait l'apprendre que dans les
+circonstances suivantes: M. Stangerson avait, non seulement refusé la
+main de sa fille à M. Roussel, mais encore il lui avait interdit l'accès
+de sa demeure. La jeune Mathilde, dont le coeur s'ouvrait à l'amour, et
+qui ne voyait rien au monde de plus beau ni de meilleur que son Jean, en
+fut outrée. Elle ne cacha point son mécontentement à son père qui
+l'envoya se calmer sur les bords de l'Ohio, chez une vieille tante qui
+habitait Cincinnati. Jean rejoignit Mathilde là-bas et, malgré la grande
+vénération qu'elle avait pour son père, Mlle Stangerson résolut de
+tromper la surveillance de la vieille tante, et de s'enfuir avec Jean
+Roussel, bien décidés qu'ils étaient tous les deux à profiter des
+facilités des lois américaines pour se marier au plus tôt. Ainsi fut
+fait. Ils fuirent donc, pas loin, jusqu'à Louisville. Là, un matin, on
+vint frapper à leur porte. C'était la police qui désirait arrêter M.
+Jean Roussel, ce qu'elle fit, malgré ses protestations et les cris de la
+fille du professeur Stangerson. En même temps, la police apprenait à
+Mathilde que «son mari» n'était autre que le trop fameux Ballmeyer!...
+
+Désespérée, après une vaine tentative de suicide, Mathilde rejoignit sa
+tante à Cincinnati. Celle-ci faillit mourir de joie de la revoir. Elle
+n'avait cessé, depuis huit jours, de faire rechercher Mathilde partout,
+et n'avait pas encore osé avertir le père. Mathilde fit jurer à sa tante
+que M. Stangerson ne saurait jamais rien! C'est bien ainsi que
+l'entendait la tante, qui se trouvait coupable de légèreté dans cette si
+grave circonstance. Mlle Mathilde Stangerson, un mois plus tard,
+revenait auprès de son père, repentante, le coeur mort à l'amour, et ne
+demandant qu'une chose: ne plus jamais entendre parler de son mari, le
+terrible Ballmeyer--arriver à se pardonner sa faute à elle-même, et se
+relever devant sa propre conscience par une vie de travail sans borne et
+de dévouement à son père!
+
+Elle s'est tenue parole. Cependant, dans le moment où, après avoir tout
+avoué à M. Robert Darzac, alors qu'elle croyait Ballmeyer défunt, car le
+bruit de sa mort avait courut, elle s'était accordée la joie suprême,
+après avoir tant expié, de s'unir à un ami sûr, le destin lui avait
+ressuscité Jean Roussel, le Ballmeyer de sa jeunesse! Celui-ci lui avait
+fait savoir qu'il ne permettrait jamais son mariage avec M. Robert
+Darzac et qu'«il l'aimait toujours!» ce qui, hélas! était vrai.
+
+Mlle Stangerson n'hésita pas à se confier à M. Robert Darzac; elle lui
+montra cette lettre où Jean Roussel-Frédéric Larsan-Ballmeyer lui
+rappelait les premières heures de leur union dans ce petit et charmant
+presbytère qu'ils avaient loué à Louisville: «... Le presbytère n'a rien
+perdu de son charme, ni le jardin de son éclat.» Le misérable se disait
+riche et émettait la prétention «de la ramener là-bas»! Mlle Stangerson
+avait déclaré à M. Darzac que, si son père arrivait à soupçonner un
+pareil déshonneur, «elle se tuerait»! M. Darzac s'était juré qu'il
+ferait taire cet Américain, soit par la terreur, soit par la force,
+dût-il commettre un crime! Mais M. Darzac n'était pas de force, et il
+aurait succombé sans ce brave petit bonhomme de Rouletabille.
+
+Quant à Mlle Stangerson, que vouliez-vous qu'elle fît, en face du
+monstre? Une première fois, quand, après des menaces préalables qui
+l'avaient mise sur ses gardes, il se dressa devant elle, dans la
+«Chambre Jaune», elle essaya de le tuer. Pour son malheur, elle n'y
+réussit pas. Dès lors, elle était la victime assurée de cet être
+invisible «qui pouvait la faire chanter jusqu'à la mort», qui habitait
+chez elle, à ses côtés, sans qu'elle le sût, qui exigeait des
+rendez-vous «au nom de leur amour». La première fois, elle lui avait
+«refusé» ce rendez-vous, «réclamé dans la lettre du bureau 40»; il en
+était résulté le drame de la «Chambre Jaune». La seconde fois, avertie
+par une nouvelle lettre de lui, lettre arrivée par la poste, et qui
+était venue la trouver normalement dans sa chambre de convalescente,
+«elle avait fui le rendez-vous», en s'enfermant dans son boudoir avec
+ses femmes. Dans cette lettre, le misérable l'avait prévenue, que,
+puisqu'elle ne pouvait se déranger, «vu son état», il irait chez elle,
+et serait dans sa chambre telle nuit, à telle heure... qu'elle eût à
+prendre toute disposition pour éviter le scandale... Mathilde
+Stangerson, sachant qu'elle avait tout à redouter de l'audace de
+Ballmeyer, «lui avait abandonné sa chambre»... Ce fut l'épisode de la
+«galerie inexplicable». La troisième fois, elle avait «préparé le
+rendez-vous». C'est qu'avant de quitter la chambre vide de Mlle
+Stangerson, la nuit de la «galerie inexplicable», Larsan lui avait
+écrit, comme nous devons nous le rappeler, une dernière lettre, dans sa
+chambre même, et l'avait laissée sur le bureau de sa victime; cette
+lettre exigeait un rendez-vous «effectif» dont il fixa ensuite la date
+et l'heure, «lui promettant de lui rapporter les papiers de son père, et
+la menaçant de les brûler si elle se dérobait encore». Elle ne doutait
+point que le misérable n'eût en sa possession ces papiers précieux; il
+ne faisait là sans doute que renouveler un célèbre larcin, car elle le
+soupçonnait depuis longtemps d'avoir, «avec sa complicité inconsciente»,
+volé lui-même, autrefois, les fameux papiers de Philadelphie, dans les
+tiroirs de son père!... Et elle le connaissait assez pour imaginer que
+si elle ne se pliait point à sa volonté, tant de travaux, tant
+d'efforts, et tant de scientifiques espoirs ne seraient bientôt plus que
+de la cendre!... Elle résolut de le revoir une fois encore, face à face,
+cet homme qui avait été son époux... et de tenter de le fléchir...
+puisqu'elle ne pouvait l'éviter!... On devine ce qui s'y passa... Les
+supplications de Mathilde, la brutalité de Larsan... Il exige qu'elle
+renonce à Darzac... Elle proclame son amour... Et il la frappe... «avec
+la pensée arrêtée de faire monter l'autre sur l'échafaud!» car il est
+habile, lui, et le masque Larsan qu'il va se reposer sur la figure, le
+sauvera... pense-t-il... tandis que l'autre... l'autre ne pourra pas,
+cette fois encore, donner l'emploi de son temps... De ce côté, les
+précautions de Ballmeyer sont bien prises... et l'inspiration en a été
+des plus simples, ainsi que l'avait deviné le jeune Rouletabille...
+
+Larsan fait chanter Darzac comme il fait chanter Mathilde... avec les
+mêmes armes, avec le même mystère... Dans des lettres, pressantes comme
+des ordres, il se déclare prêt à traiter, à livrer toute la
+correspondance amoureuse d'autrefois et surtout «à disparaître...» si on
+veut y mettre le prix... Darzac doit aller aux rendez-vous qu'il lui
+fixe, sous menace de divulgation dès le lendemain, comme Mathilde doit
+subir les rendez-vous qu'il lui donne... Et, dans l'heure même que
+Ballmeyer agit en assassin auprès de Mathilde, Robert débarque à Épinay,
+où un complice de Larsan, un être bizarre, «une créature d'un autre
+monde», que nous retrouverons un jour, le retient de force, et «lui fait
+perdre son temps, en attendant que cette coïncidence, dont l'accusé de
+demain ne pourra se résoudre à donner la raison, lui fasse perdre la
+tête...»
+
+Seulement, Ballmeyer avait compté sans notre Joseph Rouletabille!
+
+ * * * * *
+
+Ce n'est pas à cette heure que voilà expliqué «le mystère de la Chambre
+Jaune», que nous suivrons pas à pas Rouletabille en Amérique. Nous
+connaissons le jeune reporter, nous savons de quels moyens puissants
+d'information, logés dans les deux bosses de son front, il disposait
+«pour remonter toute l'aventure de Mlle Stangerson et de Jean Roussel».
+À Philadelphie, il fut renseigné tout de suite en ce qui concernait
+Arthur-William Rance; il apprit son acte de dévouement, mais aussi le
+prix dont il avait gardé la prétention de se le faire payer. Le bruit de
+son mariage avec Mlle Stangerson avait couru autrefois les salons de
+Philadelphie... Le peu de discrétion du jeune savant, la poursuite
+inlassable dont il n'avait cessé de fatiguer Mlle Stangerson, même en
+Europe, la vie désordonnée qu'il menait sous prétexte de «noyer ses
+chagrins», tout cela n'était point fait pour rendre Arthur Rance
+sympathique à Rouletabille, et ainsi s'explique la froideur avec
+laquelle il l'accueillit dans la salle des témoins. Tout de suite il
+avait du reste jugé que l'affaire Rance n'entrait point dans l'affaire
+Larsan-Stangerson. Et il avait découvert le flirt formidable
+Roussel-Mlle Stangerson. Qui était ce Jean Roussel? Il alla de
+Philadelphie à Cincinnati, refaisant le voyage de Mathilde. À
+Cincinnati, il trouva la vieille tante et sut la faire parler:
+l'histoire de l'arrestation de Ballmeyer lui fut une lueur qui éclaira
+tout. Il put visiter, à Louisville, le «presbytère»--une modeste et
+jolie demeure dans le vieux style colonial--qui n'avait en effet «rien
+perdu de son charme». Puis, abandonnant la piste de Mlle Stangerson, il
+remonta la piste Ballmeyer, de prison en prison, de bagne en bagne, de
+crime en crime; enfin, quand il reprenait le bateau pour l'Europe sur
+les quais de New-York, Rouletabille savait que, sur ces quais mêmes,
+Ballmeyer s'était embarqué cinq ans auparavant, ayant en poche les
+papiers d'un certain Larsan, honorable commerçant de la
+Nouvelle-Orléans, qu'il venait d'assassiner...
+
+Et maintenant, connaissez-vous tout le mystère de Mlle Stangerson? Non,
+pas encore. _Mlle Stangerson avait eu de son mari Jean Roussel un
+enfant, un garçon._ Cet enfant était né chez la vieille tante qui
+s'était si bien arrangée que nul n'en sut jamais rien en Amérique.
+Qu'était devenu ce garçon? Ceci est une autre histoire que je vous
+conterai un jour.
+
+ * * * * *
+
+Deux mois environ après ces événements, je rencontrai Rouletabille assis
+mélancoliquement sur un banc du palais de justice.
+
+«Eh bien! lui dis-je, à quoi songez-vous, mon cher ami? Vous avez l'air
+bien triste. Comment vont vos amis?
+
+--En dehors de vous, me dit-il, ai-je vraiment des amis?
+
+--Mais j'espère que M. Darzac...
+
+--Sans doute...
+
+--Et que Mlle Stangerson... Comment va-t-elle, Mlle Stangerson?...
+
+--Beaucoup mieux... mieux... beaucoup mieux...
+
+--Alors il ne faut pas être triste...
+
+--Je suis triste, fit-il, parce que je songe au _parfum de la dame en
+noir_...
+
+--_Le parfum de la dame en noir!_ Je vous en entends toujours parler!
+M'expliquerez-vous, enfin, pourquoi il vous poursuit avec cette
+assiduité?
+
+--Peut-être, un jour... un jour, peut-être...» fit Rouletabille.
+
+Et il poussa un gros soupir.
+
+
+*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE ***
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+and permanent future for Project Gutenberg-tm and future
+generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary
+Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see
+Sections 3 and 4 and the Foundation information page at
+www.gutenberg.org
+
+Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary
+Archive Foundation
+
+The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
+501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
+state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
+Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
+number is 64-6221541. Contributions to the Project Gutenberg Literary
+Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by
+U.S. federal laws and your state's laws.
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+The Foundation's principal office is in Fairbanks, Alaska, with the
+mailing address: PO Box 750175, Fairbanks, AK 99775, but its
+volunteers and employees are scattered throughout numerous
+locations. Its business office is located at 809 North 1500 West, Salt
+Lake City, UT 84116, (801) 596-1887. Email contact links and up to
+date contact information can be found at the Foundation's web site and
+official page at www.gutenberg.org/contact
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+For additional contact information:
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+ Dr. Gregory B. Newby
+ Chief Executive and Director
+ gbnewby@pglaf.org
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+Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation
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+Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
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+status with the IRS.
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+The Foundation is committed to complying with the laws regulating
+charities and charitable donations in all 50 states of the United
+States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
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+have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
+against accepting unsolicited donations from donors in such states who
+approach us with offers to donate.
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+any statements concerning tax treatment of donations received from
+outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
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+methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
+ways including checks, online payments and credit card donations. To
+donate, please visit: www.gutenberg.org/donate
+
+Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic works.
+
+Professor Michael S. Hart was the originator of the Project
+Gutenberg-tm concept of a library of electronic works that could be
+freely shared with anyone. For forty years, he produced and
+distributed Project Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of
+volunteer support.
+
+Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
+editions, all of which are confirmed as not protected by copyright in
+the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not
+necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper
+edition.
+
+Most people start at our Web site which has the main PG search
+facility: www.gutenberg.org
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+This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
+including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
+Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
+subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.
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+ The Project Gutenberg eBook of Le mystère de la chambre jaune, by Gaston Leroux.
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+<pre style='margin-bottom:6em;'>The Project Gutenberg EBook of Le mystère de la chambre jaune, by Gaston
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+This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and
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+whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms
+of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at
+www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you
+will have to check the laws of the country where you are located before
+using this ebook.
+
+Title: Le mystère de la chambre jaune
+
+Author: Gaston Leroux
+
+Release Date: November 10, 2020 [EBook #13765]
+
+Language: French
+
+Character set encoding: UTF-8
+
+Produced by: Ebooks libres et gratuits at
+ http://www.ebooksgratuits.com
+
+*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE ***
+</pre><p class="c large">Gaston Leroux</p>
+
+<h1>LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE</h1>
+
+<p class="c">(1907)</p>
+
+
+
+
+<h2>Table des matières</h2>
+
+
+<ul>
+<li><a href="#ch1">I</a>. Où l'on commence à ne pas comprendre.</li>
+<li><a href="#ch2">II</a>. Où apparaît pour la première fois Joseph Rouletabille.</li>
+<li><a href="#ch3">III</a>. «Un homme a passé comme une ombre à travers les volets».</li>
+<li><a href="#ch4">IV</a>. «Au sein d'une nature sauvage».</li>
+<li><a href="#ch5">V</a>. Où Joseph Rouletabille adresse à M. Robert Darzac une phrase qui
+produit son petit effet.</li>
+<li><a href="#ch6">VI</a>. Au fond de la chênaie.</li>
+<li><a href="#ch7">VII</a>. Où Rouletabille part en expédition sous le lit.</li>
+<li><a href="#ch8">VIII</a>. Le juge d'instruction interroge Mlle Stangerson.</li>
+<li><a href="#ch9">IX</a>. Reporter et policier.</li>
+<li><a href="#ch10">X</a>. «Maintenant, il va falloir manger du saignant».</li>
+<li><a href="#ch11">XI</a>. Où Frédéric Larsan explique comment l'assassin a pu sortir de
+la Chambre Jaune.</li>
+<li><a href="#ch12">XII</a>. La canne de Frédéric Larsan.</li>
+<li><a href="#ch13">XIII</a>. «Le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de
+son éclat».</li>
+<li><a href="#ch14">XIV</a>. «J'attends l'assassin, ce soir».</li>
+<li><a href="#ch15">XV</a>. Traquenard.</li>
+<li><a href="#ch16">XVI</a>. Étrange phénomène de dissociation de la matière.</li>
+<li><a href="#ch17">XVII</a>. La galerie inexplicable.</li>
+<li><a href="#ch18">XVIII</a>. Rouletabille a dessiné un cercle entre les deux bosses de
+son front.</li>
+<li><a href="#ch19">XIX</a>. Rouletabille m'offre à déjeuner à l'auberge du «Donjon».</li>
+<li><a href="#ch20">XX</a>. Un geste de Mlle Stangerson.</li>
+<li><a href="#ch21">XXI</a>. À l'affût.</li>
+<li><a href="#ch22">XXII</a>. Le cadavre incroyable.</li>
+<li><a href="#ch23">XXIII</a>. La double piste.</li>
+<li><a href="#ch24">XXIV</a>. Rouletabille connaît les deux moitiés de l'assassin.</li>
+<li><a href="#ch25">XXV</a>. Rouletabille part en voyage.</li>
+<li><a href="#ch26">XXVI</a>. Où Joseph Rouletabille est impatiemment attendu.</li>
+<li><a href="#ch27">XXVII</a>. Où Joseph Rouletabille apparaît dans toute sa gloire.</li>
+<li><a href="#ch28">XXVIII</a>. Où il est prouvé qu'on ne pense pas toujours à tout.</li>
+<li><a href="#ch29">XXIX</a>. Le mystère de Mlle Stangerson.</li>
+</ul>
+
+
+
+<h2 id="ch1">I<br />
+Où l'on commence à ne pas comprendre</h2>
+
+
+<p>Ce n'est pas sans une certaine émotion que je commence à raconter ici
+les aventures extraordinaires de Joseph Rouletabille. Celui-ci, jusqu'à
+ce jour, s'y était si formellement opposé que j'avais fini par
+désespérer de ne publier jamais l'histoire policière la plus curieuse de
+ces quinze dernières années.</p>
+
+<p>J'imagine même que le public n'aurait jamais connu toute la vérité sur
+la prodigieuse affaire dite de la «Chambre Jaune», génératrice de tant
+de mystérieux et cruels et sensationnels drames, et à laquelle mon ami
+fut si intimement mêlé, si, à propos de la nomination récente de
+l'illustre Stangerson au grade de grand-croix de la Légion d'honneur, un
+journal du soir, dans un article misérable d'ignorance ou d'audacieuse
+perfidie, n'avait ressuscité une terrible aventure que Joseph
+Rouletabille eût voulu savoir, me disait-il, oubliée pour toujours.</p>
+
+<p>La «Chambre Jaune»! Qui donc se souvenait de cette affaire qui fit
+couler tant d'encre, il y a une quinzaine d'années? On oublie si vite à
+Paris.</p>
+
+<p>N'a-t-on pas oublié le nom même du procès de Nayves et la tragique
+histoire de la mort du petit Menaldo? Et cependant l'attention publique
+était à cette époque si tendue vers les débats, qu'une crise
+ministérielle, qui éclata sur ces entrefaites, passa complètement
+inaperçue. Or, le procès de la «Chambre Jaune», qui précéda l'affaire de
+Nayves de quelques années, eut plus de retentissement encore. Le monde
+entier fut penché pendant des mois sur ce problème obscur,&mdash;le plus
+obscur à ma connaissance qui ait jamais été proposé à la perspicacité de
+notre police, qui ait jamais été posé à la conscience de nos juges. La
+solution de ce problème affolant, chacun la chercha. Ce fut comme un
+dramatique rébus sur lequel s'acharnèrent la vieille Europe et la jeune
+Amérique.</p>
+
+<p>C'est qu'en vérité&mdash;il m'est permis de le dire «puisqu'il ne saurait y
+avoir en tout ceci aucun amour-propre d'auteur» et que je ne fais que
+transcrire des faits sur lesquels une documentation exceptionnelle me
+permet d'apporter une lumière nouvelle&mdash;c'est qu'en vérité, je ne sache
+pas que, dans le domaine de la réalité ou de l'imagination, même chez
+l'auteur du <i>double assassinat, rue morgue</i>, même dans les
+inventions des sous-Edgar Poe et des truculents Conan Doyle, on puisse
+retenir quelque chose de comparable, QUANT AU MYSTÈRE, «au naturel
+mystère de la Chambre Jaune».</p>
+
+<p>Ce que personne ne put découvrir, le jeune Joseph Rouletabille, âgé de
+dix-huit ans, alors petit reporter dans un grand journal, le trouva!
+Mais, lorsqu'en cour d'assises il apporta la clef de toute l'affaire, il
+ne dit pas toute la vérité. Il n'en laissa apparaître que ce qu'il
+fallait pour expliquer l'inexplicable et pour faire acquitter un
+innocent. Les raisons qu'il avait de se taire ont disparu aujourd'hui.
+Bien mieux, mon ami doit parler. Vous allez donc tout savoir; et, sans
+plus ample préambule, je vais poser devant vos yeux le problème de la
+«Chambre Jaune», tel qu'il le fut aux yeux du monde entier, au lendemain
+du drame du château du Glandier.</p>
+
+<p>Le 25 octobre 1892, la note suivante paraissait en dernière heure du
+<i>Temps</i>:</p>
+
+<p>«Un crime affreux vient d'être commis au Glandier, sur la lisière de la
+forêt de Sainte-Geneviève, au-dessus d'Épinay-sur-Orge, chez le
+professeur Stangerson. Cette nuit, pendant que le maître travaillait
+dans son laboratoire, on a tenté d'assassiner Mlle Stangerson, qui
+reposait dans une chambre attenante à ce laboratoire. Les médecins ne
+répondent pas de la vie de Mlle Stangerson.»</p>
+
+<p>Vous imaginez l'émotion qui s'empara de Paris. Déjà, à cette époque, le
+monde savant était extrêmement intéressé par les travaux du professeur
+Stangerson et de sa fille. Ces travaux, les premiers qui furent tentés
+sur la radiographie, devaient conduire plus tard M. et Mme Curie à la
+découverte du radium.</p>
+
+<p>On était, du reste, dans l'attente d'un mémoire sensationnel que le
+professeur Stangerson allait lire, à l'académie des sciences, sur sa
+nouvelle théorie: <i>La Dissociation de la Matière</i>. Théorie destinée
+à ébranler sur sa base toute la science officielle qui repose depuis si
+longtemps sur le principe: rien ne se perd, rien ne se crée.</p>
+
+<p>Le lendemain, les journaux du matin étaient pleins de ce drame. <i>Le
+matin</i>, entre autres, publiait l'article suivant, intitulé: «Un crime
+surnaturel»:</p>
+
+<p>«Voici les seuls détails&mdash;écrit le rédacteur anonyme du
+<i>matin</i>&mdash;que nous ayons pu obtenir sur le crime du château du
+Glandier. L'état de désespoir dans lequel se trouve le professeur
+Stangerson, l'impossibilité où l'on est de recueillir un renseignement
+quelconque de la bouche de la victime ont rendu nos investigations et
+celles de la justice tellement difficiles qu'on ne saurait, à cette
+heure, se faire la moindre idée de ce qui s'est passé dans la «Chambre
+Jaune», où l'on a trouvé Mlle Stangerson, en toilette de nuit, râlant
+sur le plancher. Nous avons pu, du moins, interviewer le père
+Jacques&mdash;comme on l'appelle dans le pays&mdash;un vieux serviteur de la
+famille Stangerson. Le père Jacques est entré dans la «Chambre Jaune» en
+même temps que le professeur. Cette chambre est attenante au
+laboratoire. Laboratoire et «Chambre Jaune» se trouvent dans un
+pavillon, au fond du parc, à trois cents mètres environ du château.</p>
+
+<p>«&mdash;Il était minuit et demi, nous a raconté ce brave homme (?), et je me
+trouvais dans le laboratoire où travaillait encore M. Stangerson quand
+l'affaire est arrivée. J'avais rangé, nettoyé des instruments toute la
+soirée, et j'attendais le départ de M. Stangerson pour aller me
+coucher. Mlle Mathilde avait travaillé avec son père jusqu'à minuit; les
+douze coups de minuit sonnés au coucou du laboratoire, elle s'était
+levée, avait embrassé M. Stangerson, lui souhaitant une bonne nuit. Elle
+m'avait dit: «Bonsoir, père Jacques!» et avait poussé la porte de la
+«Chambre Jaune». Nous l'avions entendue qui fermait la porte à clef et
+poussait le verrou, si bien que je n'avais pu m'empêcher d'en rire et
+que j'avais dit à monsieur: «Voilà mademoiselle qui s'enferme à double
+tour. Bien sûr qu'elle a peur de la «Bête du Bon Dieu»!» Monsieur ne
+m'avait même pas entendu tant il était absorbé. Mais un miaulement
+abominable me répondit au dehors et je reconnus justement le cri de la
+«Bête du Bon Dieu»!&hellip; que ça vous en donnait le frisson&hellip; «Est-ce
+qu'elle va encore nous empêcher de dormir, cette nuit?» pensai-je, car
+il faut que je vous dise, monsieur, que, jusqu'à fin octobre, j'habite
+dans le grenier du pavillon, au-dessus de la «Chambre Jaune», à seule
+fin que mademoiselle ne reste pas seule toute la nuit au fond du parc.
+C'est une idée de mademoiselle de passer la bonne saison dans le
+pavillon; elle le trouve sans doute plus gai que le château et, depuis
+quatre ans qu'il est construit, elle ne manque jamais de s'y installer
+dès le printemps. Quand revient l'hiver, mademoiselle retourne au
+château, car dans la «Chambre Jaune», il n'y a point de cheminée.</p>
+
+<p>«Nous étions donc restés, M. Stangerson et moi, dans le pavillon. Nous
+ne faisions aucun bruit. Il était, lui, à son bureau. Quant à moi, assis
+sur une chaise, ayant terminé ma besogne, je le regardais et je me
+disais: «Quel homme! Quelle intelligence! Quel savoir!» J'attache de
+l'importance à ceci que nous ne faisions aucun bruit, car «à cause de
+cela, l'assassin a cru certainement que nous étions partis». Et tout à
+coup, pendant que le coucou faisait entendre la demie passé minuit, une
+clameur désespérée partit de la «Chambre Jaune». C'était la voix de
+mademoiselle qui criait: «À l'assassin! À l'assassin! Au secours!»
+Aussitôt des coups de revolver retentirent et il y eut un grand bruit de
+tables, de meubles renversés, jetés par terre, comme au cours d'une
+lutte, et encore la voix de mademoiselle qui criait: «À l'assassin!&hellip;
+Au secours!&hellip; Papa! Papa!»</p>
+
+<p>«Vous pensez si nous avons bondi et si M. Stangerson et moi nous nous
+sommes rués sur la porte. Mais, hélas! Elle était fermée et bien fermée
+«à l'intérieur» par les soins de mademoiselle, comme je vous l'ai dit, à
+clef et au verrou. Nous essayâmes de l'ébranler, mais elle était solide.
+M. Stangerson était comme fou, et vraiment il y avait de quoi le
+devenir, car on entendait mademoiselle qui râlait: «Au secours!&hellip; Au
+secours!» Et M. Stangerson frappait des coups terribles contre la porte,
+et il pleurait de rage et il sanglotait de désespoir et d'impuissance.</p>
+
+<p>«C'est alors que j'ai eu une inspiration.» L'assassin se sera introduit
+par la fenêtre, m'écriai-je, je vais à la fenêtre!» Et je suis sorti du
+pavillon, courant comme un insensé!</p>
+
+<p>«Le malheur était que la fenêtre de la «Chambre Jaune» donne sur la
+campagne, de sorte que le mur du parc qui vient aboutir au pavillon
+m'empêchait de parvenir tout de suite à cette fenêtre. Pour y arriver,
+il fallait d'abord sortir du parc. Je courus du côté de la grille et, en
+route, je rencontrai Bernier et sa femme, les concierges, qui venaient,
+attirés par les détonations et par nos cris. Je les mis, en deux mots,
+au courant de la situation; je dis au concierge d'aller rejoindre tout
+de suite M. Stangerson et j'ordonnai à sa femme de venir avec moi pour
+m'ouvrir la grille du parc. Cinq minutes plus tard, nous étions, la
+concierge et moi, devant la fenêtre de la «Chambre Jaune». Il faisait un
+beau clair de lune et je vis bien qu'on n'avait pas touché à la fenêtre.
+Non seulement les barreaux étaient intacts, mais encore les volets,
+derrière les barreaux, étaient fermés, comme je les avais fermés
+moi-même, la veille au soir, comme tous les soirs, bien que
+mademoiselle, qui me savait très fatigué et surchargé de besogne, m'eût
+dit de ne point me déranger, qu'elle les fermerait elle-même; et ils
+étaient restés tels quels, assujettis, comme j'en avais pris le soin,
+par un loquet de fer, «à l'intérieur». L'assassin n'avait donc pas passé
+par là et ne pouvait se sauver par là; mais moi non plus, je ne pouvais
+entrer par là!</p>
+
+<p>«C'était le malheur! On aurait perdu la tête à moins. La porte de la
+chambre fermée à clef «à l'intérieur», les volets de l'unique fenêtre
+fermés, eux aussi, «à l'intérieur», et, par-dessus les volets, les
+barreaux intacts, des barreaux à travers lesquels vous n'auriez pas
+passé le bras&hellip; Et mademoiselle qui appelait au secours!&hellip; Ou plutôt
+non, on ne l'entendait plus&hellip; Elle était peut-être morte&hellip; Mais
+j'entendais encore, au fond du pavillon, monsieur qui essayait
+d'ébranler la porte&hellip;</p>
+
+<p>«Nous avons repris notre course, la concierge et moi, et nous sommes
+revenus au pavillon. La porte tenait toujours, malgré les coups furieux
+de M. Stangerson et de Bernier. Enfin elle céda sous nos efforts enragés
+et, alors, qu'est-ce que nous avons vu? Il faut vous dire que, derrière
+nous, la concierge tenait la lampe du laboratoire, une lampe puissante
+qui illuminait toute la chambre.</p>
+
+<p>«Il faut vous dire encore, monsieur, que la «Chambre Jaune» est toute
+petite. Mademoiselle l'avait meublée d'un lit en fer assez large, d'une
+petite table, d'une table de nuit, d'une toilette et de deux chaises.
+Aussi, à la clarté de la grande lampe que tenait la concierge, nous
+avons tout vu du premier coup d'&oelig;il. Mademoiselle, dans sa chemise de
+nuit, était par terre, au milieu d'un désordre incroyable. Tables et
+chaises avaient été renversées, montrant qu'il y avait eu là une sérieuse
+«batterie». On avait certainement arraché mademoiselle de son lit; elle
+était pleine de sang avec des marques d'ongles terribles au cou&mdash;la
+chair du cou avait été quasi arrachée par les ongles&mdash;et un trou à la
+tempe droite par lequel coulait un filet de sang qui avait fait une
+petite mare sur le plancher. Quand M. Stangerson aperçut sa fille dans
+un pareil état, il se précipita sur elle en poussant un cri de désespoir
+que ça faisait pitié à entendre. Il constata que la malheureuse
+respirait encore et ne s'occupa que d'elle. Quant à nous, nous
+cherchions l'assassin, le misérable qui avait voulu tuer notre
+maîtresse, et je vous jure, monsieur, que, si nous l'avions trouvé, nous
+lui aurions fait un mauvais parti. Mais comment expliquer qu'il n'était
+pas là, qu'il s'était déjà enfui?&hellip; Cela dépasse toute imagination.
+Personne sous le lit, personne derrière les meubles, personne! Nous
+n'avons retrouvé que ses traces; les marques ensanglantées d'une large
+main d'homme sur les murs et sur la porte, un grand mouchoir rouge de
+sang, sans aucune initiale, un vieux béret et la marque fraîche, sur le
+plancher, de nombreux pas d'homme. L'homme qui avait marché là avait un
+grand pied et les semelles laissaient derrière elles une espèce de suie
+noirâtre. Par où cet homme était-il passé? Par où s'était-il évanoui?
+N'oubliez pas, monsieur, qu'il n'y a pas de cheminée dans la «Chambre
+Jaune». Il ne pouvait s'être échappé par la porte, qui est très étroite
+et sur le seuil de laquelle la concierge est entrée avec sa lampe,
+tandis que le concierge et moi nous cherchions l'assassin dans ce petit
+carré de chambre où il est impossible de se cacher et où, du reste, nous
+ne trouvions personne. La porte défoncée et rabattue sur le mur ne
+pouvait rien dissimuler, et nous nous en sommes assurés. Par la fenêtre
+restée fermée avec ses volets clos et ses barreaux auxquels on n'avait
+pas touché, aucune fuite n'avait été possible. Alors? Alors&hellip; je
+commençais à croire au diable.</p>
+
+<p>«Mais voilà que nous avons découvert, par terre, «mon revolver». Oui,
+mon propre revolver&hellip; Ça, ça m'a ramené au sentiment de la réalité! Le
+diable n'aurait pas eu besoin de me voler mon revolver pour tuer
+mademoiselle. L'homme qui avait passé là était d'abord monté dans mon
+grenier, m'avait pris mon revolver dans mon tiroir et s'en était servi
+pour ses mauvais desseins. C'est alors que nous avons constaté, en
+examinant les cartouches, que l'assassin avait tiré deux coups de
+revolver. Tout de même, monsieur, j'ai eu de la veine, dans un pareil
+malheur, que M. Stangerson se soit trouvé là, dans son laboratoire,
+quand l'affaire est arrivée et qu'il ait constaté de ses propres yeux
+que je m'y trouvais moi aussi, car, avec cette histoire de revolver, je
+ne sais pas où nous serions allés; pour moi, je serais déjà sous les
+verrous. Il n'en faut pas davantage à la justice pour faire monter un
+homme sur l'échafaud!»</p>
+
+<p>Le rédacteur du <i>matin</i> fait suivre cette interview des lignes
+suivantes:</p>
+
+<p>«Nous avons laissé, sans l'interrompre, le père Jacques nous raconter
+grossièrement ce qu'il sait du crime de la «Chambre Jaune». Nous avons
+reproduit les termes mêmes dont il s'est servi; nous avons fait
+seulement grâce au lecteur des lamentations continuelles dont il
+émaillait sa narration. C'est entendu, père Jacques! C'est entendu, vous
+aimez bien vos maîtres! Vous avez besoin qu'on le sache, et vous ne
+cessez de le répéter, surtout depuis la découverte du revolver. C'est
+votre droit et nous n'y voyons aucun inconvénient! Nous aurions voulu
+poser bien des questions encore au père Jacques&mdash;Jacques-Louis
+Moustier&mdash;mais on est venu justement le chercher de la part du juge
+d'instruction qui poursuivait son enquête dans la grande salle du
+château. Il nous a été impossible de pénétrer au Glandier,&mdash;et, quant à
+la Chênaie, elle est gardée, dans un large cercle, par quelques
+policiers qui veillent jalousement sur toutes les traces qui peuvent
+conduire au pavillon et peut-être à la découverte de l'assassin.</p>
+
+<p>«Nous aurions voulu également interroger les concierges, mais ils sont
+invisibles. Enfin nous avons attendu dans une auberge, non loin de la
+grille du château, la sortie de M. de Marquet, le juge d'instruction de
+Corbeil. À cinq heures et demie, nous l'avons aperçu avec son greffier.
+Avant qu'il ne montât en voiture, nous avons pu lui poser la question
+suivante:</p>
+
+<p>«&mdash;Pouvez-vous, Monsieur De Marquet, nous donner quelque renseignement
+sur cette affaire, sans que cela gêne votre instruction?</p>
+
+<p>«&mdash;Il nous est impossible, nous répondit M. de Marquet, de dire quoi que
+ce soit. Du reste, c'est bien l'affaire la plus étrange que je
+connaisse. Plus nous croyons savoir quelque chose, plus nous ne savons
+rien!</p>
+
+<p>«Nous demandâmes à M. de Marquet de bien vouloir nous expliquer ces
+dernières paroles. Et voici ce qu'il nous dit, dont l'importance
+n'échappera à personne:</p>
+
+<p>«&mdash;Si rien ne vient s'ajouter aux constatations matérielles faites
+aujourd'hui par le parquet, je crains bien que le mystère qui entoure
+l'abominable attentat dont Mlle Stangerson a été victime ne soit pas
+près de s'éclaircir; mais il faut espérer, pour la raison humaine, que
+les sondages des murs, du plafond et du plancher de la «Chambre Jaune»,
+sondages auxquels je vais me livrer dès demain avec l'entrepreneur qui a
+construit le pavillon il y a quatre ans, nous apporteront la preuve
+qu'il ne faut jamais désespérer de la logique des choses. Car le
+problème est là: nous savons par où l'assassin s'est introduit,&mdash;il est
+entré par la porte et s'est caché sous le lit en attendant Mlle
+Stangerson; mais par où est-il sorti? Comment a-t-il pu s'enfuir? Si
+l'on ne trouve ni trappe, ni porte secrète, ni réduit, ni ouverture
+d'aucune sorte, si l'examen des murs et même leur démolition&mdash;car je
+suis décidé, et M. Stangerson est décidé à aller jusqu'à la démolition
+du pavillon&mdash;ne viennent révéler aucun passage praticable, <i>non
+seulement pour un être humain, mais encore pour un être quel
+qu'il soit</i>, si le plafond n'a pas de trou, si le plancher ne cache
+pas de souterrain, «il faudra bien croire au diable», comme dit le père
+Jacques!»</p>
+
+<p>Et le rédacteur anonyme fait remarquer, dans cet article&mdash;article que
+j'ai choisi comme étant le plus intéressant de tous ceux qui furent
+publiés ce jour-là sur la même affaire&mdash;que le juge d'instruction
+semblait mettre une certaine intention dans cette dernière phrase: il
+faudra bien croire au diable, comme dit le père Jacques.</p>
+
+<p>L'article se termine sur ces lignes: «nous avons voulu savoir ce que le
+père Jacques entendait par: «le cri de la Bête du Bon Dieu». On appelle
+ainsi le cri particulièrement sinistre, nous a expliqué le propriétaire
+de l'auberge du Donjon, que pousse, quelquefois, la nuit, le chat d'une
+vieille femme, la mère «Agenoux», comme on l'appelle dans le pays. La
+mère «Agenoux» est une sorte de sainte qui habite une cabane, au c&oelig;ur
+de la forêt, non loin de la «grotte de Sainte-Geneviève».</p>
+
+<p>«La «Chambre Jaune», la «Bête du Bon Dieu», la mère Agenoux, le diable,
+sainte Geneviève, le père Jacques, voilà un crime bien embrouillé, qu'un
+coup de pioche dans les murs nous débrouillera demain; espérons-le, du
+moins, pour la raison humaine, comme dit le juge d'instruction. En
+attendant, on croit que Mlle Stangerson, qui n'a cessé de délirer et qui
+ne prononce distinctement que ce mot: «Assassin! Assassin! Assassin!&hellip;»
+ne passera pas la nuit&hellip;»</p>
+
+<p>Enfin, en dernière heure, le même journal annonçait que le chef de la
+Sûreté avait télégraphié au fameux inspecteur Frédéric Larsan, qui avait
+été envoyé à Londres pour une affaire de titres volés, de revenir
+immédiatement à Paris.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch2">II<br />
+Où apparaît pour la première fois Joseph Rouletabille</h2>
+
+
+<p>Je me souviens, comme si la chose s'était passée hier, de l'entrée du
+jeune Rouletabille, dans ma chambre, ce matin-là. Il était environ huit
+heures, et j'étais encore au lit, lisant l'article du <i>matin</i>,
+relatif au crime du Glandier.</p>
+
+<p>Mais, avant toute autre chose, le moment est venu de vous présenter mon
+ami.</p>
+
+<p>J'ai connu Joseph Rouletabille quand il était petit reporter. À cette
+époque, je débutais au barreau et j'avais souvent l'occasion de le
+rencontrer dans les couloirs des juges d'instruction, quand j'allais
+demander un «permis de communiquer» pour Mazas ou pour Saint-Lazare. Il
+avait, comme on dit, «une bonne balle». Sa tête était ronde comme un
+boulet, et c'est à cause de cela, pensai-je, que ses camarades de la
+presse lui avaient donné ce surnom qui devait lui rester et qu'il devait
+illustrer. «Rouletabille!»&mdash;As-tu vu Rouletabille?&mdash;Tiens! Voilà ce
+«sacré» Rouletabille!» Il était toujours rouge comme une tomate, tantôt
+gai comme un pinson, et tantôt sérieux comme un pape. Comment, si
+jeune&mdash;il avait, quand je le vis pour la première fois, seize ans et
+demi&mdash;gagnait-il déjà sa vie dans la presse? Voilà ce qu'on eût pu se
+demander si tous ceux qui l'approchaient n'avaient été au courant de ses
+débuts. Lors de l'affaire de la femme coupée en morceaux de la rue
+Oberkampf&mdash;encore une histoire bien oubliée&mdash;il avait apporté au
+rédacteur en chef de <i>l'Époque</i>, journal qui était alors en rivalité
+d'informations avec <i>Le Matin</i>, le pied gauche qui manquait dans le
+panier où furent découverts les lugubres débris. Ce pied gauche, la
+police le cherchait en vain depuis huit jours, et le jeune Rouletabille
+l'avait trouvé dans un égout où personne n'avait eu l'idée de l'y aller
+chercher. Il lui avait fallu, pour cela, s'engager dans une équipe
+d'égoutiers d'occasion que l'administration de la ville de Paris avait
+réquisitionnée à la suite des dégâts causés par une exceptionnelle crue
+de la Seine.</p>
+
+<p>Quand le rédacteur en chef fut en possession du précieux pied et qu'il
+eut compris par quelle suite d'intelligentes déductions un enfant avait
+été amené à le découvrir, il fut partagé entre l'admiration que lui
+causait tant d'astuce policière dans un cerveau de seize ans, et
+l'allégresse de pouvoir exhiber, à la «morgue-vitrine» du journal, «le
+pied gauche de la rue Oberkampf».</p>
+
+<p>«Avec ce pied, s'écria-t-il, je ferai un article de tête.»</p>
+
+<p>Puis, quand il eut confié le sinistre colis au médecin légiste attaché à
+la rédaction de <i>L'Époque</i>, il demanda à celui qui allait être
+bientôt Rouletabille ce qu'il voulait gagner pour faire partie, en
+qualité de petit reporter, du service des «faits divers».</p>
+
+<p>«Deux cents francs par mois», fit modestement le jeune homme, surpris
+jusqu'à la suffocation d'une pareille proposition.</p>
+
+<p>«Vous en aurez deux cent cinquante, repartit le rédacteur en chef;
+seulement vous déclarerez à tout le monde que vous faites partie de la
+rédaction depuis un mois. Qu'il soit bien entendu que ce n'est pas vous
+qui avez découvert «le pied gauche de la rue Oberkampf», mais le journal
+<i>L'Époque</i>. Ici, mon petit ami, l'individu n'est rien; le journal
+est tout!»</p>
+
+<p>Sur quoi il pria le nouveau rédacteur de se retirer. Sur le seuil de la
+porte, il le retint cependant pour lui demander son nom. L'autre
+répondit:</p>
+
+<p>«Joseph Joséphin.</p>
+
+<p>&mdash;Ça n'est pas un nom, ça, fit le rédacteur en chef, mais puisque vous
+ne signez pas, ça n'a pas d'importance&hellip;»</p>
+
+<p>Tout de suite, le rédacteur imberbe se fit beaucoup d'amis, car il était
+serviable et doué d'une bonne humeur qui enchantait les plus grognons,
+et désarma les plus jaloux. Au café du Barreau où les reporters de faits
+divers se réunissaient alors avant de monter au parquet ou à la
+préfecture chercher leur crime quotidien, il commença de se faire une
+réputation de débrouillard qui franchit bientôt les portes mêmes du
+cabinet du chef de la Sûreté! Quand une affaire en valait la peine et
+que Rouletabille&mdash;il était déjà en possession de son surnom&mdash;avait été
+lancé sur la piste de guerre par son rédacteur en chef, il lui arrivait
+souvent de «damer le pion» aux inspecteurs les plus renommés.</p>
+
+<p>C'est au café du Barreau que je fis avec lui plus ample connaissance.
+Avocats, criminels et journalistes ne sont point ennemis, les uns ayant
+besoin de réclame et les autres de renseignements. Nous causâmes et
+j'éprouvai tout de suite une grande sympathie pour ce brave petit
+bonhomme de Rouletabille. Il était d'une intelligence si éveillée et si
+originale! Et il avait une qualité de pensée que je n'ai jamais
+retrouvée ailleurs.</p>
+
+<p>À quelque temps de là, je fus chargé de la chronique judiciaire au
+<i>Cri du Boulevard</i>. Mon entrée dans le journalisme ne pouvait que
+resserrer les liens d'amitié qui, déjà, s'étaient noués entre
+Rouletabille et moi. Enfin, mon nouvel ami ayant eu l'idée d'une petite
+correspondance judiciaire qu'on lui faisait signer «<span lang="en" xml:lang="en">Business</span>» à son
+journal <i>L'Époque</i>, je fus à même de lui fournir souvent les
+renseignements de droit dont il avait besoin.</p>
+
+<p>Près de deux années se passèrent ainsi, et plus j'apprenais à le
+connaître, plus je l'aimais, car, sous ses dehors de joyeuse
+extravagance, je l'avais découvert extraordinairement sérieux pour son
+âge. Enfin, plusieurs fois, moi qui étais habitué à le voir très gai et
+souvent trop gai, je le trouvai plongé dans une tristesse profonde. Je
+voulus le questionner sur la cause de ce changement d'humeur, mais
+chaque fois il se reprit à rire et ne répondit point. Un jour, l'ayant
+interrogé sur ses parents, dont il ne parlait jamais, il me quitta,
+faisant celui qui ne m'avait pas entendu.</p>
+
+<p>Sur ces entrefaites éclata la fameuse affaire de la «Chambre Jaune», qui
+devait non seulement le classer le premier des reporters, mais encore
+en faire le premier policier du monde, double qualité qu'on ne saurait
+s'étonner de trouver chez la même personne, attendu que la presse
+quotidienne commençait déjà à se transformer et à devenir ce qu'elle est
+à peu près aujourd'hui: la gazette du crime. Des esprits moroses
+pourront s'en plaindre; moi j'estime qu'il faut s'en féliciter. On
+n'aura jamais assez d'armes, publiques ou privées, contre le criminel. À
+quoi ces esprits moroses répliquent qu'à force de parler de crimes, la
+presse finit par les inspirer. Mais il y a des gens, n'est-ce pas? Avec
+lesquels on n'a jamais raison&hellip;</p>
+
+<p>Voici donc Rouletabille dans ma chambre, ce matin-là, 26 octobre 1892.
+Il était encore plus rouge que de coutume; les yeux lui sortaient de la
+tête, comme on dit, et il paraissait en proie à une sérieuse exaltation.
+Il agitait <i>Le Matin</i> d'une main fébrile. Il me cria:</p>
+
+<p>&mdash;Eh bien, mon cher Sainclair&hellip; Vous avez lu?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Le crime du Glandier?</p>
+
+<p>&mdash;Oui; la «Chambre Jaune!» Qu'est-ce que vous en pensez?</p>
+
+<p>&mdash;Dame, je pense que c'est le «diable» ou la «Bête du Bon Dieu» qui a
+commis le crime.</p>
+
+<p>&mdash;Soyez sérieux.</p>
+
+<p>&mdash;Eh bien, je vous dirai que je ne crois pas beaucoup aux assassins qui
+s'enfuient à travers les murs. Le père Jacques, pour moi, a eu tort de
+laisser derrière lui l'arme du crime et, comme il habite au-dessus de la
+chambre de Mlle Stangerson, l'opération architecturale à laquelle le
+juge d'instruction doit se livrer aujourd'hui va nous donner la clef de
+l'énigme, et nous ne tarderons pas à savoir par quelle trappe naturelle
+ou par quelle porte secrète le bonhomme a pu se glisser pour revenir
+immédiatement dans le laboratoire, auprès de M. Stangerson qui ne se
+sera aperçu de rien. Que vous dirais-je? C'est une hypothèse!&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille s'assit dans un fauteuil, alluma sa pipe, qui ne le
+quittait jamais, fuma quelques instants en silence, le temps sans doute
+de calmer cette fièvre qui, visiblement, le dominait, et puis il me
+méprisa:</p>
+
+<p>&mdash;Jeune homme! fit-il, sur un ton dont je n'essaierai point de rendre la
+regrettable ironie, jeune homme&hellip; vous êtes avocat, et je ne doute pas
+de votre talent à faire acquitter les coupables; mais, si vous êtes un
+jour magistrat instructeur, combien vous sera-t-il facile de faire
+condamner les innocents!&hellip; Vous êtes vraiment doué, jeune homme.»</p>
+
+<p>Sur quoi, il fuma avec énergie, et reprit:</p>
+
+<p>«On ne trouvera aucune trappe, et le mystère de la «Chambre Jaune»
+deviendra de plus en plus mystérieux. Voilà pourquoi il
+m'intéresse. Le juge d'instruction a raison: on n'aura jamais vu quelque
+chose de plus étrange que ce crime-là&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Avez-vous quelque idée du chemin que l'assassin a pu prendre pour
+s'enfuir? demandai-je.</p>
+
+<p>&mdash;Aucune, me répondit Rouletabille, aucune pour le moment&hellip; Mais j'ai
+déjà mon idée faite sur le revolver, par exemple&hellip; Le revolver n'a pas
+servi à l'assassin&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Et à qui donc a-t-il servi, mon Dieu?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Eh bien, mais&hellip; «à Mlle Stangerson&hellip;»</p>
+
+<p>&mdash;Je ne comprends plus, fis-je&hellip; Ou mieux je n'ai jamais compris&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille haussa les épaules:</p>
+
+<p>«Rien ne vous a particulièrement frappé dans l'article du <i>Matin</i>?</p>
+
+<p>&mdash;Ma foi non&hellip; j'ai trouvé tout ce qu'il raconte également bizarre&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Eh bien, mais&hellip; et la porte fermée à clef?</p>
+
+<p>&mdash;C'est la seule chose naturelle du récit&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Vraiment!&hellip; Et le verrou?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Le verrou?</p>
+
+<p>&mdash;Le verrou poussé à l'intérieur?&hellip; Voilà bien des précautions prises
+par Mlle Stangerson&hellip; «Mlle Stangerson, quant à moi, savait qu'elle
+avait à craindre quelqu'un; elle avait pris ses précautions; elle avait
+même pris le revolver du père Jacques», sans lui en parler. Sans doute,
+elle ne voulait effrayer personne; elle ne voulait surtout pas effrayer
+son père&hellip; «Ce que Mlle Stangerson redoutait est arrivé&hellip;» et elle
+s'est défendue, et il y a eu bataille et elle s'est servie assez
+adroitement de son revolver pour blesser l'assassin à la main&mdash;ainsi
+s'explique l'impression de la large main d'homme ensanglantée sur le mur
+et sur la porte, de l'homme qui cherchait presque à tâtons une issue
+pour fuir&mdash;mais elle n'a pas tiré assez vite pour échapper au coup
+terrible qui venait la frapper à la tempe droite.</p>
+
+<p>&mdash;Ce n'est donc point le revolver qui a blessé Mlle Stangerson à la
+tempe?</p>
+
+<p>&mdash;Le journal ne le dit pas, et, quant à moi, je ne le pense pas;
+toujours parce qu'il m'apparaît logique que le revolver a servi à Mlle
+Stangerson contre l'assassin. Maintenant, quelle était l'arme de
+l'assassin? Ce coup à la tempe semblerait attester que l'assassin a
+voulu assommer Mlle Stangerson&hellip; Après avoir vainement essayé de
+l'étrangler&hellip; L'assassin devait savoir que le grenier était habité par
+le père Jacques, et c'est une des raisons pour lesquelles, je pense, il
+a voulu opérer avec une «arme de silence», une matraque peut-être, ou un
+marteau&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Tout cela ne nous explique pas, fis-je, comment notre assassin est
+sorti de la «Chambre Jaune»!</p>
+
+<p>&mdash;Évidemment, répondit Rouletabille en se levant, et, comme il faut
+l'expliquer, je vais au château du Glandier, et je viens vous chercher
+pour que vous y veniez avec moi&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Moi!</p>
+
+<p>&mdash;Oui, cher ami, j'ai besoin de vous. <i>L'Époque</i> m'a chargé
+définitivement de cette affaire, et il faut que je l'éclaircisse au plus
+vite.</p>
+
+<p>&mdash;Mais en quoi puis-je vous servir?</p>
+
+<p>&mdash;M. Robert Darzac est au château du Glandier.</p>
+
+<p>&mdash;C'est vrai&hellip; son désespoir doit être sans bornes!</p>
+
+<p>&mdash;Il faut que je lui parle&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille prononça cette phrase sur un ton qui me surprit:</p>
+
+<p>«Est-ce que&hellip; Est-ce que vous croyez à quelque chose d'intéressant de
+ce côté?&hellip; demandai-je.</p>
+
+<p>&mdash;Oui.»</p>
+
+<p>Et il ne voulut pas en dire davantage. Il passa dans mon salon en me
+priant de hâter ma toilette.</p>
+
+<p>Je connaissais M. Robert Darzac pour lui avoir rendu un très gros
+service judiciaire dans un procès civil, alors que j'étais secrétaire
+de maître Barbet-Delatour. M. Robert Darzac, qui avait, à cette époque,
+une quarantaine d'années, était professeur de physique à la Sorbonne. Il
+était intimement lié avec les Stangerson, puisque après sept ans d'une
+cour assidue, il se trouvait enfin sur le point de se marier avec Mlle
+Stangerson, personne d'un certain âge (elle devait avoir dans les
+trente-cinq ans), mais encore remarquablement jolie.</p>
+
+<p>Pendant que je m'habillais, je criai à Rouletabille qui s'impatientait
+dans mon salon:</p>
+
+<p>«Est-ce que vous avez une idée sur la condition de l'assassin?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, répondit-il, je le crois sinon un homme du monde, du moins d'une
+classe assez élevée&hellip; Ce n'est encore qu'une impression&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Et qu'est-ce qui vous la donne, cette impression?</p>
+
+<p>&mdash;Eh bien, mais, répliqua le jeune homme, le béret crasseux, le mouchoir
+vulgaire et les traces de la chaussure grossière sur le plancher&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Je comprends, fis-je; on ne laisse pas tant de traces derrière soi,
+«quand elles sont l'expression de la vérité!»</p>
+
+<p>&mdash;On fera quelque chose de vous, mon cher Sainclair!» conclut
+Rouletabille.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch3">III <br />
+«Un homme a passé comme une ombre à travers les volets»</h2>
+
+
+<p>Une demi-heure plus tard, nous étions, Rouletabille et moi, sur le quai
+de la gare d'Orléans, attendant le départ du train qui allait nous
+déposer à Épinay-sur-Orge. Nous vîmes arriver le parquet de Corbeil,
+représenté par M. de Marquet et son greffier. M. de Marquet avait passé
+la nuit à Paris avec son greffier pour assister, à la Scala, à la
+répétition générale d'une revuette dont il était l'auteur masqué et
+qu'il avait signé simplement: «Castigat Ridendo.»</p>
+
+<p>M. de Marquet commençait d'être un noble vieillard. Il était, à
+l'ordinaire, plein de politesse et de «galantise», et n'avait eu, toute
+sa vie, qu'une passion: celle de l'art dramatique. Dans sa carrière de
+magistrat, il ne s'était véritablement intéressé qu'aux affaires
+susceptibles de lui fournir au moins la nature d'un acte. Bien que,
+décemment apparenté, il eût pu aspirer aux plus hautes situations
+judiciaires, il n'avait jamais travaillé, en réalité, que pour «arriver»
+à la romantique Porte Saint-Martin ou à l'Odéon pensif. Un tel idéal
+l'avait conduit, sur le tard, à être juge d'instruction à Corbeil, et à
+signer «Castigat Ridendo» un petit acte indécent à la Scala.</p>
+
+<p>L'affaire de la «Chambre Jaune», par son côté inexplicable, devait
+séduire un esprit aussi&hellip; littéraire. Elle l'intéressa prodigieusement;
+et M. de Marquet s'y jeta moins comme un magistrat avide de connaître la
+vérité que comme un amateur d'imbroglios
+dramatiques dont toutes les facultés sont tendues vers le mystère de
+l'intrigue, et qui ne redoute cependant rien tant que d'arriver à la fin
+du dernier acte, où tout s'explique.</p>
+
+<p>Ainsi, dans le moment que nous le rencontrâmes, j'entendis M. de Marquet
+dire avec un soupir à son greffier:</p>
+
+<p>«Pourvu, mon cher monsieur Maleine, pourvu que cet entrepreneur, avec
+sa pioche, ne nous démolisse pas un aussi beau mystère!</p>
+
+<p>&mdash;N'ayez crainte, répondit M. Maleine, sa pioche démolira peut-être le
+pavillon, mais elle laissera notre affaire intacte. J'ai tâté les murs
+et étudié plafond et plancher, et je m'y connais. On ne me trompe pas.
+Nous pouvons être tranquilles. Nous ne saurons rien.</p>
+
+<p>Ayant ainsi rassuré son chef, M. Maleine nous désigna d'un mouvement de
+tête discret à M. de Marquet. La figure de celui-ci se renfrogna et,
+comme il vit venir à lui Rouletabille qui, déjà, se découvrait, il se
+précipita sur une portière et sauta dans le train en jetant à mi-voix à
+son greffier: «surtout, pas de journalistes!»</p>
+
+<p>M. Maleine répliqua: «Compris!», arrêta Rouletabille dans sa course et
+eut la prétention de l'empêcher de monter dans le compartiment du juge
+d'instruction.</p>
+
+<p>«Pardon, messieurs! Ce compartiment est réservé&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Je suis journaliste, monsieur, rédacteur à <i>l'Époque</i>, fit mon
+jeune ami avec une grande dépense de salutations et de politesses, et
+j'ai un petit mot à dire à M. de Marquet.</p>
+
+<p>&mdash;M. de Marquet est très occupé par son enquête&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Oh! Son enquête m'est absolument indifférente, veuillez le croire&hellip;
+Je ne suis pas, moi, un rédacteur de chiens écrasés, déclara le jeune
+Rouletabille dont la lèvre inférieure exprimait alors un mépris infini
+pour la littérature des «faits diversiers»; je suis courriériste des
+théâtres&hellip; Et comme je dois faire, ce soir, un petit compte rendu de la
+revue de la Scala&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Montez, monsieur, je vous en prie&hellip;», fit le greffier s'effaçant.</p>
+
+<p>Rouletabille était déjà dans le compartiment. Je l'y suivis. Je m'assis
+à ses côtés; le greffier monta et ferma la portière.</p>
+
+<p>M. de Marquet regardait son greffier.</p>
+
+<p>&mdash;Oh! Monsieur, débuta Rouletabille, n'en veuillez pas «à ce brave
+homme» si j'ai forcé la consigne; ce n'est pas à M. de Marquet que je
+veux avoir l'honneur de parler: c'est à M. «Castigat Ridendo»!&hellip;
+Permettez-moi de vous féliciter, en tant que courriériste théâtral à
+<i>l'Époque</i>&hellip;»</p>
+
+<p>Et Rouletabille, m'ayant présenté d'abord, se présenta ensuite.</p>
+
+<p>M. de Marquet, d'un geste inquiet, caressait sa barbe en pointe. Il
+exprima en quelques mots à Rouletabille qu'il était trop modeste auteur
+pour désirer que le voile de son pseudonyme fût publiquement levé, et il
+espérait bien que l'enthousiasme du journaliste pour l'&oelig;uvre du
+dramaturge n'irait point jusqu'à apprendre aux populations que M.
+«Castigat Ridendo» n'était autre que le juge d'instruction de Corbeil.</p>
+
+<p>«L'&oelig;uvre de l'auteur dramatique pourrait nuire, ajouta-t-il, après
+une légère hésitation, à l'&oelig;uvre du magistrat&hellip; surtout en province
+où l'on est resté un peu routinier&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Oh! Comptez sur ma discrétion!» s'écria Rouletabille en levant des
+mains qui attestaient le Ciel.</p>
+
+<p>Le train s'ébranlait alors&hellip;</p>
+
+<p>«Nous partons! fit le juge d'instruction, surpris de nous voir faire le
+voyage avec lui.</p>
+
+<p>&mdash;Oui, monsieur, la vérité se met en marche&hellip; dit en souriant
+aimablement le reporter&hellip; en marche vers le château du Glandier&hellip;
+Belle affaire, monsieur De Marquet, belle affaire!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Obscure affaire! Incroyable, insondable, inexplicable affaire&hellip; et
+je ne crains qu'une chose, monsieur Rouletabille&hellip; c'est que les
+journalistes se mêlent de la vouloir expliquer&hellip;»</p>
+
+<p>Mon ami sentit le coup droit.</p>
+
+<p>«Oui, fit-il simplement, il faut le craindre&hellip; Ils se mêlent de tout&hellip;
+Quant à moi, je ne vous parle que parce que le hasard, monsieur le juge
+d'instruction, le pur hasard, m'a mis sur votre chemin et presque dans
+votre compartiment.</p>
+
+<p>&mdash;Où allez-vous donc, demanda M. de Marquet.</p>
+
+<p>&mdash;Au château du Glandier», fit sans broncher Rouletabille.</p>
+
+<p>M. de Marquet sursauta.</p>
+
+<p>«Vous n'y entrerez pas, monsieur Rouletabille!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Vous vous y opposerez? fit mon ami, déjà prêt à la bataille.</p>
+
+<p>&mdash;Que non pas! J'aime trop la presse et les journalistes pour leur être
+désagréable en quoi que ce soit, mais M. Stangerson a consigné sa porte
+à tout le monde. Et elle est bien gardée. Pas un journaliste, hier, n'a
+pu franchir la grille du Glandier.</p>
+
+<p>&mdash;Tant mieux, répliqua Rouletabille, j'arrive bien.»</p>
+
+<p>M. de Marquet se pinça les lèvres et parut prêt à conserver un obstiné
+silence. Il ne se détendit un peu que lorsque Rouletabille ne lui eut
+pas laissé ignorer plus longtemps que nous nous rendions au Glandier
+pour y serrer la main «d'un vieil ami intime», déclara-t-il, en parlant
+de M. Robert Darzac, qu'il avait peut-être vu une fois dans sa vie.</p>
+
+<p>«Ce pauvre Robert! continua le jeune reporter&hellip; Ce pauvre Robert! il
+est capable d'en mourir&hellip; Il aimait tant Mlle Stangerson&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;La douleur de M. Robert Darzac fait, il est vrai, peine à voir&hellip;
+laissa échapper comme à regret M. de Marquet&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Mais il faut espérer que Mlle Stangerson sera sauvée&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Espérons-le&hellip; son père me disait hier que, si elle devait succomber,
+il ne tarderait point, quant à lui, à l'aller rejoindre dans la tombe&hellip;
+Quelle perte incalculable pour la science!</p>
+
+<p>&mdash;La blessure à la tempe est grave, n'est-ce pas?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Évidemment! Mais c'est une chance inouïe qu'elle n'ait pas été
+mortelle&hellip; Le coup a été donné avec une force!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Ce n'est donc pas le revolver qui a blessé Mlle Stangerson», fit
+Rouletabille&hellip; en me jetant un regard de triomphe&hellip;</p>
+
+<p>M. de Marquet parut fort embarrassé.</p>
+
+<p>«Je n'ai rien dit, je ne veux rien dire, et je ne dirai rien!»</p>
+
+<p>Et il se tourna vers son greffier, comme s'il ne nous connaissait
+plus&hellip;</p>
+
+<p>Mais on ne se débarrassait pas ainsi de Rouletabille. Celui-ci
+s'approcha du juge d'instruction, et, montrant <i>le Matin</i>,
+qu'il tira de sa poche, il lui dit:</p>
+
+<p>«Il y a une chose, monsieur le juge d'instruction, que je puis vous
+demander sans commettre d'indiscrétion. Vous avez lu le récit du
+<i>Matin</i>? Il est absurde, n'est-ce pas?</p>
+
+<p>&mdash;Pas le moins du monde, monsieur&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Eh quoi! La «Chambre Jaune» n'a qu'une fenêtre grillée «dont les
+barreaux n'ont pas été descellés, et une porte que l'on défonce&hellip;» et
+l'on n'y trouve pas l'assassin!</p>
+
+<p>&mdash;C'est ainsi, monsieur! C'est ainsi!&hellip; C'est ainsi que la question se
+pose!&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille ne dit plus rien et partit pour des pensers inconnus&hellip; Un
+quart d'heure ainsi s'écoula.</p>
+
+<p>Quant il revint à nous, il dit, s'adressant encore au juge
+d'instruction:</p>
+
+<p>&mdash;Comment était, ce soir-là, la coiffure de Mlle Stangerson?</p>
+
+<p>&mdash;Je ne saisis pas, fit M. de Marquet.</p>
+
+<p>&mdash;Ceci est de la dernière importance, répliqua Rouletabille. <i>Les
+cheveux en bandeaux, n'est-ce pas? Je suis sûr qu'elle portait ce
+soir-là, le soir du drame, les cheveux en bandeaux!</i></p>
+
+<p>&mdash;Eh bien, monsieur Rouletabille, vous êtes dans l'erreur, répondit le
+juge d'instruction; Mlle Stangerson était coiffée, ce soir-là, les
+cheveux relevés entièrement en torsade sur la tête&hellip; Ce doit être sa
+coiffure habituelle&hellip; Le front entièrement découvert&hellip;, je puis vous
+l'affirmer, car nous avons examiné longuement la blessure. Il n'y avait
+pas de sang aux cheveux&hellip; et l'on n'avait pas touché à la coiffure
+depuis l'attentat.</p>
+
+<p>&mdash;Vous êtes sûr! Vous êtes sûr que Mlle Stangerson, la nuit de
+l'attentat, n'avait pas «la coiffure en bandeaux»?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Tout à fait certain, continua le juge en souriant&hellip; car, justement,
+j'entends encore le docteur me dire pendant que j'examinais la blessure:
+«C'est grand dommage que Mlle Stangerson ait l'habitude de se coiffer
+les cheveux relevés sur le front. Si elle avait porté la coiffure en
+bandeaux, le coup qu'elle a reçu à la tempe aurait été amorti.»
+Maintenant, je vous dirai qu'il est étrange que vous attachiez de
+l'importance&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Oh! Si elle n'avait pas les cheveux en bandeaux! gémit Rouletabille,
+où allons-nous? où allons-nous? Il faudra que je me renseigne.</p>
+
+<p>Et il eut un geste désolé.</p>
+
+<p>«Et la blessure à la tempe est terrible? demanda-t-il encore.</p>
+
+<p>&mdash;Terrible.</p>
+
+<p>&mdash;Enfin, par quelle arme a-t-elle été faite?</p>
+
+<p>&mdash;Ceci, monsieur, est le secret de l'instruction.</p>
+
+<p>&mdash;Avez-vous retrouvé cette arme?»</p>
+
+<p>Le juge d'instruction ne répondit pas.</p>
+
+<p>«Et la blessure à la gorge?»</p>
+
+<p>Ici, le juge d'instruction voulut bien nous confier que la blessure à la
+gorge était telle que l'on pouvait affirmer, de l'avis même des
+médecins, que, «si l'assassin avait serré cette gorge quelques secondes
+de plus, Mlle Stangerson mourait étranglée».</p>
+
+<p>«L'affaire, telle que la rapporte <i>Le Matin</i>, reprit Rouletabille,
+acharné, me paraît de plus en plus inexplicable. Pouvez-vous me dire,
+monsieur le juge, quelles sont les ouvertures du pavillon, portes et
+fenêtres?</p>
+
+<p>&mdash;Il y en a cinq, répondit M. de Marquet, après avoir toussé deux ou
+trois fois, mais ne résistant plus au désir qu'il avait d'étaler tout
+l'incroyable mystère de l'affaire qu'il instruisait. Il y en a cinq,
+dont la porte du vestibule qui est la seule porte d'entrée du pavillon,
+porte toujours automatiquement fermée, et ne pouvant s'ouvrir, soit de
+l'intérieur, soit de l'extérieur, que par deux clefs spéciales qui ne
+quittent jamais le père Jacques et M. Stangerson. Mlle Stangerson n'en a
+point besoin puisque le père Jacques est à demeure dans le pavillon et
+que, dans la journée, elle ne quitte point son père. Quand ils se sont
+précipités tous les quatre dans la «Chambre Jaune» dont ils avaient
+enfin défoncé la porte, la porte d'entrée du vestibule, elle, était
+restée fermée comme toujours, et les deux clefs de cette porte étaient
+l'une dans la poche de M. Stangerson, l'autre dans la poche du père
+Jacques. Quant aux fenêtres du pavillon, elles sont quatre: l'unique
+fenêtre de la «Chambre Jaune», les deux fenêtres du laboratoire et la
+fenêtre du vestibule. La fenêtre de la «Chambre Jaune» et celles du
+laboratoire donnent sur la campagne; seule la fenêtre du vestibule donne
+dans le parc.</p>
+
+<p>&mdash;<i>C'est par cette fenêtre-là qu'il s'est sauvé du pavillon!</i>
+s'écria Rouletabille.</p>
+
+<p>&mdash;Comment le savez-vous? fit M. de Marquet en fixant sur mon ami un
+étrange regard.</p>
+
+<p>&mdash;Nous verrons plus tard comment l'assassin s'est enfui de la «Chambre
+Jaune», répliqua Rouletabille, mais il a dû quitter le pavillon par la
+fenêtre du vestibule&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Encore une fois, comment le savez-vous?</p>
+
+<p>&mdash;Eh! mon Dieu! c'est bien simple. Du moment qu'«il» ne peut s'enfuir
+par la porte du pavillon, il faut bien qu'il passe par une fenêtre, et
+il faut qu'il y ait au moins, pour qu'il passe, une fenêtre qui ne soit
+pas grillée. La fenêtre de la «Chambre Jaune» est grillée, parce qu'elle
+donne sur la campagne; les deux fenêtres du laboratoire doivent l'être
+certainement pour la même raison. «Puisque l'assassin s'est enfui»,
+j'imagine qu'il a trouvé une fenêtre sans barreaux, et ce sera celle du
+vestibule qui donne sur le parc, c'est-à-dire à l'intérieur de la
+propriété. Cela n'est pas sorcier!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Oui, fit M. de Marquet, mais ce que vous ne pourriez deviner, c'est
+que cette fenêtre du vestibule, qui est la seule, en effet, à n'avoir
+point de barreaux, possède de solides volets de fer. <i>Or, ces volets
+de fer sont restés fermés à l'intérieur par leur loquet de fer,
+et cependant nous avons la preuve que l'assassin s'est, en effet,
+enfui du pavillon par cette même fenêtre!</i> Des traces de sang sur
+le mur à l'intérieur et sur les volets et des pas sur la terre, des pas
+entièrement semblables à ceux dont j'ai relevé la mesure dans la
+«Chambre Jaune», attestent bien que l'assassin s'est enfui par là! Mais
+alors! Comment a-t-il fait, <i>puisque les volets sont restés fermés à
+l'intérieur?</i> Il a passé comme une ombre à travers les volets. Et,
+enfin, le plus affolant de tout, n'est-ce point la trace retrouvée de
+l'assassin au moment où il fuit du pavillon, quand il est impossible de
+se faire la moindre idée de la façon dont l'assassin est sorti de la
+«Chambre Jaune», <i>ni comment il a traversé forcément le laboratoire
+pour arriver au vestibule!</i> Ah! oui, monsieur Rouletabille,
+cette affaire est hallucinante&hellip; C'est une belle affaire, allez! Et
+dont on ne trouvera pas la clef d'ici longtemps, je l'espère bien!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Vous espérez quoi, monsieur le juge d'instruction?&hellip;»</p>
+
+<p>M. de Marquet rectifia:</p>
+
+<p>&mdash;«&hellip; Je ne l'espère pas&hellip; Je le crois&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;On aurait donc refermé la fenêtre, à l'intérieur, après la fuite de
+l'assassin? demanda Rouletabille&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Évidemment, voilà ce qui me semble, pour le moment, naturel quoique
+inexplicable&hellip; car il faudrait un complice ou des complices&hellip; et je ne
+les vois pas&hellip;»</p>
+
+<p>Après un silence, il ajouta:</p>
+
+<p>«Ah! Si Mlle Stangerson pouvait aller assez bien aujourd'hui pour qu'on
+l'interrogeât&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille, poursuivant sa pensée, demanda:</p>
+
+<p>«Et le grenier? Il doit y avoir une ouverture au grenier?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, je ne l'avais pas comptée, en effet; cela fait six ouvertures;
+il y a là-haut une petite fenêtre, plutôt une lucarne, et, comme elle
+donne sur l'extérieur de la propriété, M. Stangerson l'a fait également
+garnir de barreaux. À cette lucarne, comme aux fenêtres du
+rez-de-chaussée, les barreaux sont restés intacts et les volets, qui
+s'ouvrent naturellement en dedans, sont restés fermés en dedans. Du
+reste, nous n'avons rien découvert qui puisse nous faire soupçonner le
+passage de l'assassin dans le grenier.</p>
+
+<p>&mdash;Pour vous, donc, il n'est point douteux, monsieur le juge
+d'instruction, que l'assassin s'est enfui&mdash;sans que l'on sache
+comment&mdash;par la fenêtre du vestibule!</p>
+
+<p>&mdash;Tout le prouve&hellip;</p>
+
+<p>Je le crois aussi», obtempéra gravement Rouletabille.</p>
+
+<p>Puis un silence, et il reprit:</p>
+
+<p>&mdash;Si vous n'avez trouvé aucune trace de l'assassin dans le grenier,
+comme par exemple, ces pas noirâtres que l'on relève sur le parquet de
+la «Chambre Jaune», vous devez être amené à croire que ce n'est point
+lui qui a volé le revolver du père Jacques&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Il n'y a de traces, au grenier, que celles du père Jacques», fit le
+juge avec un haussement de tête significatif&hellip;</p>
+
+<p>Et il se décida à compléter sa pensée:</p>
+
+<p>«Le père Jacques était avec M. Stangerson&hellip; C'est heureux pour lui&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Alors, <i>quid</i> du rôle du revolver du père Jacques dans le drame?
+Il semble bien démontré que cette arme a moins blessé Mlle Stangerson
+qu'elle n'a blessé l'assassin&hellip;»</p>
+
+<p>Sans répondre à cette question, qui sans doute l'embarrassait, M. de
+Marquet nous apprit qu'on avait retrouvé les deux balles dans la
+«Chambre Jaune», l'une dans un mur, le mur où s'étalait la main
+rouge&mdash;une main rouge d'homme&mdash;l'autre dans le plafond.</p>
+
+<p>«Oh! oh! dans le plafond! répéta à mi-voix Rouletabille&hellip; Vraiment&hellip;
+dans le plafond! Voilà qui est fort curieux&hellip; dans le plafond!&hellip;</p>
+
+<p>Il se mit à fumer en silence, s'entourant de tabagie. Quand nous
+arrivâmes à Épinay-sur-Orge, je dus lui donner un coup sur l'épaule pour
+le faire descendre de son rêve et sur le quai.</p>
+
+<p>Là, le magistrat et son greffier nous saluèrent, nous faisant comprendre
+qu'ils nous avaient assez vus; puis ils montèrent rapidement dans un
+cabriolet qui les attendait.</p>
+
+<p>«Combien de temps faut-il pour aller à pied d'ici au château du
+Glandier? demanda Rouletabille à un employé de chemin de fer.</p>
+
+<p>&mdash;Une heure et demie, une heure trois quarts, sans se presser»,
+répondit l'homme.</p>
+
+<p>Rouletabille regarda le ciel, le trouva à sa convenance et, sans doute,
+à la mienne, car il me prit sous le bras et me dit:</p>
+
+<p>«Allons!&hellip; J'ai besoin de marcher.</p>
+
+<p>&mdash;Eh bien! lui demandai-je. Ça se débrouille?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Oh! fit-il, oh! il n'y a rien de débrouillé du tout!&hellip; <i>C'est
+encore plus embrouillé qu'avant!</i> Il est vrai que j'ai une idée&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Dites-la.</p>
+
+<p>&mdash;Oh! Je ne peux rien dire pour le moment&hellip; Mon idée est une question
+de vie ou de mort pour deux personnes au moins&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Croyez-vous à des complices?</p>
+
+<p>&mdash;Je n'y crois pas&hellip;»</p>
+
+<p>Nous gardâmes un instant le silence, puis il reprit:</p>
+
+<p>«C'est une veine d'avoir rencontré ce juge d'instruction et son
+greffier&hellip; Hein! que vous avais-je dit pour le revolver?&hellip;</p>
+
+<p>Il avait le front penché vers la route, les mains dans les poches, et il
+sifflotait. Au bout d'un instant, je l'entendis murmurer:</p>
+
+<p>«Pauvre femme!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;C'est Mlle Stangerson que vous plaignez?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Oui, c'est une très noble femme, et tout à fait digne de pitié!&hellip;
+C'est un très grand, un très grand caractère&hellip; j'imagine&hellip;
+j'imagine&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Vous connaissez donc Mlle Stangerson?</p>
+
+<p>&mdash;Moi, pas du tout&hellip; Je ne l'ai vue qu'une fois&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Pourquoi dites-vous: c'est un très grand caractère?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Parce qu'elle a su tenir tête à l'assassin, parce qu'elle s'est
+défendue avec courage, <i>et surtout, surtout, à cause de la
+balle dans le plafond</i>.»</p>
+
+<p>Je regardai Rouletabille, me demandant <i>in petto</i> s'il ne se
+moquait pas tout à fait de moi ou s'il n'était pas devenu subitement
+fou. Mais je vis bien que le jeune homme n'avait jamais eu moins envie
+de rire, et l'éclat intelligent de ses petits yeux ronds me rassura sur
+l'état de sa raison. Et puis, j'étais un peu habitué à ses propos
+rompus&hellip; rompus pour moi qui n'y trouvais souvent qu'incohérence et
+mystère jusqu'au moment où, en quelques phrases rapides et nettes, il me
+livrait le fil de sa pensée. Alors, tout s'éclairait soudain; les mots
+qu'il avait dits, et qui m'avaient paru vides de sens, se reliaient avec
+une facilité et une logique telles «que je ne pouvais comprendre comment
+je n'avais pas compris plus tôt».</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch4">IV<br />
+«Au sein d'une nature sauvage»</h2>
+
+
+<p>Le château du Glandier est un des plus vieux châteaux de ce pays
+d'Île-de-France, où se dressent encore tant d'illustres pierres de
+l'époque féodale. Bâti au c&oelig;ur des forêts, sous Philippe le Bel, il
+apparaît à quelques centaines de mètres de la route qui conduit du
+village de Sainte-Geneviève-des-Bois à Montlhéry. Amas de constructions
+disparates, il est dominé par un donjon. Quand le visiteur a gravi les
+marches branlantes de cet antique donjon et qu'il débouche sur la petite
+plate-forme où, au XVII<sup>e</sup> siècle, Georges-Philibert de Séquigny, seigneur
+du Glandier, Maisons-Neuves et autres lieux, a fait édifier la lanterne
+actuelle, d'un abominable style rococo, on aperçoit, à trois lieues de
+là, au-dessus de la vallée et de la plaine, l'orgueilleuse tour de
+Montlhéry. Donjon et tour se regardent encore, après tant de siècles, et
+semblent se raconter, au-dessus des forêts verdoyantes ou des bois
+morts, les plus vieilles légendes de l'histoire de France. On dit que le
+donjon du Glandier veille sur une ombre héroïque et sainte, celle de la
+bonne patronne de Paris, devant qui recula Attila. Sainte Geneviève dort
+là son dernier sommeil dans les vieilles douves du château. L'été, les
+amoureux, balançant d'une main distraite le panier des déjeuners sur
+l'herbe, viennent rêver ou échanger des serments devant la tombe de la
+sainte, pieusement fleurie de myosotis. Non loin de cette tombe est un
+puits qui contient, dit-on, une eau miraculeuse. La reconnaissance des
+mères a élevé en cet endroit une statue à sainte Geneviève et suspendu
+sous ses pieds les petits chaussons ou les bonnets des enfants sauvés
+par cette onde sacrée.</p>
+
+<p>C'est dans ce lieu qui semblait devoir appartenir tout entier au passé
+que le professeur Stangerson et sa fille étaient venus s'installer pour
+préparer la science de l'avenir. Sa solitude au fond des bois leur avait
+plu tout de suite. Ils n'auraient là, comme témoins de leurs travaux et
+de leurs espoirs, que de vieilles pierres et de grands chênes. Le
+Glandier, autrefois «Glandierum», s'appelait ainsi du grand nombre de
+glands que, de tout temps, on avait recueillis en cet endroit. Cette
+terre, aujourd'hui tristement célèbre, avait reconquis, grâce à la
+négligence ou à l'abandon des propriétaires, l'aspect sauvage d'une
+nature primitive; seuls, les bâtiments qui s'y cachaient avaient
+conservé la trace d'étranges métamorphoses. Chaque siècle y avait laissé
+son empreinte: un morceau d'architecture auquel se reliait le souvenir
+de quelque événement terrible, de quelque rouge aventure; et, tel quel,
+ce château, où allait se réfugier la science, semblait tout désigné à
+servir de théâtre à des mystères d'épouvante et de mort.</p>
+
+<p>Ceci dit, je ne puis me défendre d'une réflexion. La voici:</p>
+
+<p>Si je me suis attardé quelque peu à cette triste peinture du Glandier,
+ce n'est point que j'aie trouvé ici l'occasion dramatique de «créer»
+l'atmosphère nécessaire aux drames qui vont se dérouler sous les yeux du
+lecteur et, en vérité, mon premier soin, dans toute cette affaire, sera
+d'être aussi simple que possible. Je n'ai point la prétention d'être un
+auteur. Qui dit: auteur, dit toujours un peu: romancier, et, Dieu merci!
+le mystère de la «Chambre Jaune» est assez plein de tragique horreur
+réelle pour se passer de littérature. Je ne suis et ne veux être qu'un
+fidèle «rapporteur». Je dois rapporter l'événement; je situe cet
+événement dans son cadre, voilà tout. Il est tout naturel que vous
+sachiez où les choses se passent.</p>
+
+<p>Je reviens à M. Stangerson. Quand il acheta le domaine, une quinzaine
+d'années environ avant le drame qui nous occupe, le Glandier n'était
+plus habité depuis longtemps. Un autre vieux château, dans les environs,
+construit au XIV<sup>e</sup> siècle par Jean de Belmont, était également abandonné,
+de telle sorte que le pays était à peu près inhabité. Quelques
+maisonnettes au bord de la route qui conduit à Corbeil, une auberge,
+l'auberge du «Donjon», qui offrait une passagère hospitalité aux
+rouliers; c'était là à peu près tout ce qui rappelait la civilisation
+dans cet endroit délaissé qu'on ne s'attendait guère à rencontrer à
+quelques lieues de la capitale. Mais ce parfait délaissement avait été
+la raison déterminante du choix de M. Stangerson et de sa fille. M.
+Stangerson était déjà célèbre; il revenait d'Amérique où ses travaux
+avaient eu un retentissement considérable. Le livre qu'il avait publié à
+Philadelphie sur la «Dissociation de la matière par les actions
+électriques» avait soulevé la protestation de tout le monde savant. M.
+Stangerson était français, mais d'origine américaine. De très
+importantes affaires d'héritage l'avaient fixé pendant plusieurs années
+aux États-Unis. Il avait continué, là-bas, une &oelig;uvre commencée en
+France, et il était revenu en France l'y achever, après avoir réalisé
+une grosse fortune, tous ses procès s'étant heureusement terminés soit
+par des jugements qui lui donnaient gain de cause, soit par des
+transactions. Cette fortune fut la bienvenue. M. Stangerson, qui eût pu,
+s'il l'avait voulu, gagner des millions de dollars en exploitant ou en
+faisant exploiter deux ou trois de ses découvertes chimiques relatives à
+de nouveaux procédés de teinture, avait toujours répugné à faire servir
+à son intérêt propre le don merveilleux d'«inventer» qu'il avait reçu de
+la nature; mais il ne pensait point que son génie lui appartînt. Il le
+devait aux hommes, et tout ce que son génie mettait au monde tombait, de
+par cette volonté philanthropique, dans le domaine public. S'il n'essaya
+point de dissimuler la satisfaction que lui causait la mise en
+possession de cette fortune inespérée qui allait lui permettre de se
+livrer jusqu'à sa dernière heure à sa passion pour la science pure, le
+professeur dut s'en réjouir également, «semblait-il», pour une autre
+cause. Mlle Stangerson avait, au moment où son père revint d'Amérique et
+acheta le Glandier, vingt ans. Elle était plus jolie qu'on ne saurait
+l'imaginer, tenant à la fois toute la grâce parisienne de sa mère, morte
+en lui donnant le jour, et toute la splendeur, toute la richesse du
+jeune sang américain de son grand-père paternel, William Stangerson.
+Celui-ci, citoyen de Philadelphie, avait dû se faire naturaliser
+français pour obéir à des exigences de famille, au moment de son mariage
+avec une française, celle qui devait être la mère de l'illustre
+Stangerson. Ainsi s'explique la nationalité française du professeur
+Stangerson.</p>
+
+<p>Vingt ans, adorablement blonde, des yeux bleus, un teint de lait,
+rayonnante, d'une santé divine, Mathilde Stangerson était l'une des plus
+belles filles à marier de l'ancien et du nouveau continent. Il était du
+devoir de son père, malgré la douleur prévue d'une inévitable
+séparation, de songer à ce mariage, et il ne dut pas être fâché de voir
+arriver la dot. Quoi qu'il en soit, il ne s'en enterra pas moins, avec
+son enfant, au Glandier, dans le moment où ses amis s'attendaient à ce
+qu'il produisît Mlle Mathilde dans le monde. Certains vinrent le voir et
+manifestèrent leur étonnement. Aux questions qui lui furent posées, le
+professeur répondit: «C'est la volonté de ma fille. Je ne sais rien lui
+refuser. C'est elle qui a choisi le Glandier.» Interrogé à son tour, la
+jeune fille répliqua avec sérénité: «Où aurions-nous mieux travaillé que
+dans cette solitude?» Car Mlle Mathilde Stangerson collaborait déjà à
+l'&oelig;uvre de son père, mais on ne pouvait imaginer alors que sa passion
+pour la science irait jusqu'à lui faire repousser tous les partis qui se
+présenteraient à elle, pendant plus de quinze ans. Si retirés
+vivaient-ils, le père et la fille durent se montrer dans quelques
+réceptions officielles, et, à certaines époques de l'année, dans deux ou
+trois salons amis où la gloire du professeur et la beauté de Mathilde
+firent sensation. L'extrême froideur de la jeune fille ne découragea pas
+tout d'abord les soupirants; mais, au bout de quelques années, ils se
+lassèrent. Un seul persista avec une douce ténacité et mérita ce nom
+«d'éternel fiancé», qu'il accepta avec mélancolie; c'était M. Robert
+Darzac. Maintenant Mlle Stangerson n'était plus jeune, et il semblait
+bien que, n'ayant point trouvé de raisons pour se marier, jusqu'à l'âge
+de trente-cinq ans, elle n'en découvrirait jamais. Un tel argument
+apparaissait sans valeur, évidemment, à M. Robert Darzac, puisque
+celui-ci ne cessait point sa cour, si tant est qu'on peut encore appeler
+«cour» les soins délicats et tendres dont on ne cesse d'entourer une
+femme de trente-cinq ans, restée fille et qui a déclaré qu'elle ne se
+marierait point.</p>
+
+<p>Soudain, quelques semaines avant les événements qui nous occupent, un
+bruit auquel on n'attacha pas d'abord d'importance&mdash;tant on le trouvait
+incroyable&mdash;se répandit dans Paris; Mlle Stangerson consentait enfin à
+«couronner l'inextinguible flamme de M. Robert Darzac!» Il fallut que M.
+Robert Darzac lui-même ne démentît point ces propos matrimoniaux pour
+qu'on se dît enfin qu'il pouvait y avoir un peu de vérité dans une
+rumeur aussi invraisemblable. Enfin M. Stangerson voulut bien annoncer,
+en sortant un jour de l'Académie des sciences, que le mariage de sa
+fille et de M. Robert Darzac serait célébré dans l'intimité, au château
+du Glandier, sitôt que sa fille et lui auraient mis la dernière main au
+rapport qui allait résumer tous leurs travaux sur la «Dissociation de la
+matière», c'est-à-dire sur le retour de la matière à l'éther. Le nouveau
+ménage s'installerait au Glandier et le gendre apporterait sa
+collaboration à l'&oelig;uvre à laquelle le père et la fille avaient
+consacré leur vie.</p>
+
+<p>Le monde scientifique n'avait pas encore eu le temps de se remettre de
+cette nouvelle que l'on apprenait l'assassinat de Mlle Stangerson dans
+les conditions fantastiques que nous avons énumérées et que notre visite
+au château va nous permettre de préciser davantage encore.</p>
+
+<p>Je n'ai point hésité à fournir au lecteur tous ces détails
+rétrospectifs que je connaissais par suite de mes rapports d'affaires
+avec M. Robert Darzac, pour qu'en franchissant le seuil de la «Chambre
+Jaune», il fût aussi documenté que moi.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch5">V <br />
+Où Joseph Rouletabille adresse à M. Robert Darzac une phrase qui produit
+son petit effet</h2>
+
+
+<p>Nous marchions depuis quelques minutes, Rouletabille et moi, le long
+d'un mur qui bordait la vaste propriété de M. Stangerson, et nous
+apercevions déjà la grille d'entrée, quand notre attention fut attirée
+par un personnage qui, à demi courbé sur la terre, semblait tellement
+préoccupé qu'il ne nous vit pas venir. Tantôt il se penchait, se
+couchait presque sur le sol, tantôt il se redressait et considérait
+attentivement le mur; tantôt il regardait dans le creux de sa main, puis
+faisait de grands pas, puis se mettait à courir et regardait encore dans
+le creux de sa main droite. Rouletabille m'avait arrêté d'un geste:</p>
+
+<p>«Chut! Frédéric Larsan qui travaille!&hellip; Ne le dérangeons pas!</p>
+
+<p>Joseph Rouletabille avait une grande admiration pour le célèbre
+policier. Je n'avais jamais vu, moi, Frédéric Larsan, mais je le
+connaissais beaucoup de réputation.</p>
+
+<p>L'affaire des lingots d'or de l'hôtel de la Monnaie, qu'il débrouilla
+quand tout le monde jetait sa langue aux chiens, et l'arrestation des
+forceurs de coffres-forts du Crédit universel avaient rendu son nom
+presque populaire. Il passait alors, à cette époque où Joseph
+Rouletabille n'avait pas encore donné les preuves admirables d'un talent
+unique, pour l'esprit le plus apte à démêler l'écheveau embrouillé des
+plus mystérieux et plus obscurs crimes. Sa réputation s'était étendue
+dans le monde entier et souvent les polices de Londres ou de Berlin, ou
+même d'Amérique l'appelaient à l'aide quand les inspecteurs et les
+détectives nationaux s'avouaient à bout d'imagination et de
+ressources. On ne s'étonnera donc point que, dès le début du mystère de
+la «Chambre Jaune», le chef de la Sûreté ait songé à télégraphier à son
+précieux subordonné, à Londres, où Frédéric Larsan avait été envoyé pour
+une grosse affaire de titres volés: «Revenez vite.» Frédéric, que l'on
+appelait, à la Sûreté, le grand Fred, avait fait diligence, sachant sans
+doute par expérience que, si on le dérangeait, c'est qu'on avait bien
+besoin de ses services, et, c'est ainsi que Rouletabille et moi, ce
+matin-là, nous le trouvions déjà à la besogne. Nous comprîmes bientôt en
+quoi elle consistait.</p>
+
+<p>Ce qu'il ne cessait de regarder dans le creux de sa main droite n'était
+autre chose que sa montre et il paraissait fort occupé à compter des
+minutes. Puis il rebroussa chemin, reprit une fois encore sa course, ne
+l'arrêta qu'à la grille du parc, reconsulta sa montre, la mit dans sa
+poche, haussa les épaules d'un geste découragé, poussa la grille,
+pénétra dans le parc, referma la grille à clef, leva la tête et, à
+travers les barreaux, nous aperçut. Rouletabille courut et je le suivis.
+Frédéric Larsan nous attendait.</p>
+
+<p>«Monsieur Fred», dit Rouletabille en se découvrant et en montrant les
+marques d'un profond respect basé sur la réelle admiration que le jeune
+reporter avait pour le célèbre policier, «pourriez-vous nous dire si M.
+Robert Darzac est au château en ce moment? Voici un de ses amis, du
+barreau de Paris, qui désirerait lui parler.</p>
+
+<p>&mdash;Je n'en sais rien, monsieur Rouletabille, répliqua Fred en serrant la
+main de mon ami, car il avait eu l'occasion de le rencontrer plusieurs
+fois au cours de ses enquêtes les plus difficiles&hellip; Je ne l'ai pas vu.</p>
+
+<p>&mdash;Les concierges nous renseigneront sans doute? fit Rouletabille en
+désignant une maisonnette de briques dont porte et fenêtres étaient
+closes et qui devait inévitablement abriter ces fidèles gardiens de la
+propriété.</p>
+
+<p>«Les concierges ne vous renseigneront point, monsieur Rouletabille.</p>
+
+<p>&mdash;Et pourquoi donc?</p>
+
+<p>&mdash;Parce que, depuis une demi-heure, ils sont arrêtés!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Arrêtés! s'écria Rouletabille&hellip; Ce sont eux les assassins!&hellip;</p>
+
+<p>Frédéric Larsan haussa les épaules.</p>
+
+<p>«Quand on ne peut pas, dit-il, d'un air de suprême ironie, arrêter
+l'assassin, on peut toujours se payer le luxe de découvrir les
+complices!</p>
+
+<p>&mdash;C'est vous qui les avez fait arrêter, monsieur Fred?</p>
+
+<p>&mdash;Ah! non! par exemple! je ne les ai pas fait arrêter, d'abord parce que
+je suis à peu près sûr qu'ils ne sont pour rien dans l'affaire, et puis
+parce que&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Parce que quoi? interrogea anxieusement Rouletabille.</p>
+
+<p>&mdash;Parce que&hellip; rien&hellip; fit Larsan en secouant la tête.</p>
+
+<p>&mdash;«Parce qu'il n'y a pas de complices!» souffla Rouletabille.</p>
+
+<p>Frédéric Larsan s'arrêta net, regardant le reporter avec intérêt.</p>
+
+<p>«Ah! Ah! Vous avez donc une idée sur l'affaire&hellip; Pourtant vous n'avez
+rien vu, jeune homme&hellip; vous n'avez pas encore pénétré ici&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;J'y pénétrerai.</p>
+
+<p>&mdash;J'en doute&hellip; la consigne est formelle.</p>
+
+<p>&mdash;J'y pénétrerai si vous me faites voir M. Robert Darzac&hellip; Faites cela
+pour moi&hellip; Vous savez que nous sommes de vieux amis&hellip; Monsieur Fred&hellip;
+je vous en prie&hellip; Rappelez-vous le bel article que je vous ai fait à
+propos des «Lingots d'or». Un petit mot à M. Robert Darzac, s'il vous
+plaît?»</p>
+
+<p>La figure de Rouletabille était vraiment comique à voir en ce moment.
+Elle reflétait un désir si irrésistible de franchir ce seuil au-delà
+duquel il se passait quelque prodigieux mystère; elle suppliait avec une
+telle éloquence non seulement de la bouche et des yeux, mais encore de
+tous les traits, que je ne pus m'empêcher d'éclater de rire. Frédéric
+Larsan, pas plus que moi, ne garda son sérieux.</p>
+
+<p>Cependant, derrière la grille, Frédéric Larsan remettait tranquillement
+la clef dans sa poche. Je l'examinai.</p>
+
+<p>C'était un homme qui pouvait avoir une cinquantaine d'années. Sa tête
+était belle, aux cheveux grisonnants, au teint mat, au profil dur; le
+front était proéminent; le menton et les joues étaient rasés avec soin;
+la lèvre, sans moustache, était finement dessinée; les yeux, un peu
+petits et ronds, fixaient les gens bien en face d'un regard fouilleur
+qui étonnait et inquiétait. Il était de taille moyenne et bien prise;
+l'allure générale était élégante et sympathique. Rien du policier
+vulgaire. C'était un grand artiste en son genre, et il le savait, et
+l'on sentait qu'il avait une haute idée de lui-même. Le ton de sa
+conversation était d'un sceptique et d'un désabusé. Son étrange
+profession lui avait fait côtoyer tant de crimes et de vilenies qu'il
+eût été inexplicable qu'elle ne lui eût point un peu «durci les
+sentiments», selon la curieuse expression de Rouletabille.</p>
+
+<p>Larsan tourna la tête au bruit d'une voiture qui arrivait derrière lui.
+Nous reconnûmes le cabriolet qui, en gare d'Épinay, avait emporté le
+juge d'instruction et son greffier.</p>
+
+<p>«Tenez! fit Frédéric Larsan, vous vouliez parler à M. Robert Darzac; le
+voilà!»</p>
+
+<p>Le cabriolet était déjà à la grille et Robert Darzac priait Frédéric
+Larsan de lui ouvrir l'entrée du parc, lui disant qu'il était très
+pressé et qu'il n'avait que le temps d'arriver à Épinay pour prendre le
+prochain train pour Paris, quand il me reconnut. Pendant que Larsan
+ouvrait la grille, M. Darzac me demanda ce qui pouvait m'amener au
+Glandier dans un moment aussi tragique. Je remarquai alors qu'il était
+atrocement pâle et qu'une douleur infinie était peinte sur son visage.</p>
+
+<p>«Mlle Stangerson va-t-elle mieux? demandai-je immédiatement.</p>
+
+<p>&mdash;Oui, fit-il. On la sauvera peut-être. Il faut qu'on la sauve.»</p>
+
+<p>Il n'ajouta pas «ou j'en mourrai», mais on sentait trembler la fin de la
+phrase au bout de ses lèvres exsangues.</p>
+
+<p>Rouletabille intervint alors:</p>
+
+<p>«Monsieur, vous êtes pressé. Il faut cependant que je vous parle. J'ai
+quelque chose de la dernière importance à vous dire.»</p>
+
+<p>Frédéric Larsan interrompit:</p>
+
+<p>«Je peux vous laisser? demanda-t-il à Robert Darzac. Vous avez une clef
+ou voulez-vous que je vous donne celle-ci?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, merci, j'ai une clef. Je fermerai la grille.»</p>
+
+<p>Larsan s'éloigna rapidement dans la direction du château dont on
+apercevait, à quelques centaines de mètres, la masse imposante.</p>
+
+<p>Robert Darzac, le sourcil froncé, montrait déjà de l'impatience. Je
+présentai Rouletabille comme un excellent ami; mais, dès qu'il sut que
+ce jeune homme était journaliste, M. Darzac me regarda d'un air de grand
+reproche, s'excusa sur la nécessité où il était d'atteindre Épinay en
+vingt minutes, salua et fouetta son cheval. Mais déjà Rouletabille avait
+saisi, à ma profonde stupéfaction, la bride, arrêté le petit équipage
+d'un poing vigoureux, cependant qu'il prononçait cette phrase dépourvue
+pour moi du moindre sens:</p>
+
+<p>«<i>Le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son
+éclat.</i>»</p>
+
+<p>Ces mots ne furent pas plutôt sortis de la bouche de Rouletabille que
+je vis Robert Darzac chanceler; si pâle qu'il fût, il pâlit encore; ses
+yeux fixèrent le jeune homme avec épouvante et il descendit
+immédiatement de sa voiture dans un désordre d'esprit inexprimable.</p>
+
+<p>«Allons! Allons!» dit-il en balbutiant.</p>
+
+<p>Et puis, tout à coup, il reprit avec une sorte de fureur:</p>
+
+<p>«Allons! monsieur! Allons!»</p>
+
+<p>Et il refit le chemin qui conduisait au château, sans plus dire un mot,
+cependant que Rouletabille suivait, tenant toujours le cheval.
+J'adressai quelques paroles à M. Darzac&hellip; mais il ne me répondit pas.
+J'interrogeai de l'&oelig;il Rouletabille, qui ne me vit pas.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch6">VI<br />
+Au fond de la chênaie</h2>
+
+
+<p>Nous arrivâmes au château. Le vieux donjon se reliait à la partie du
+bâtiment entièrement refaite sous Louis XIV par un autre corps de
+bâtiment moderne, style Viollet-le-Duc, où se trouvait l'entrée
+principale. Je n'avais encore rien vu d'aussi original, ni peut-être
+d'aussi laid, ni surtout d'aussi étrange en architecture que cet
+assemblage bizarre de styles disparates. C'était monstrueux et
+captivant. En approchant, nous vîmes deux gendarmes qui se promenaient
+devant une petite porte ouvrant sur le rez-de-chaussée du donjon. Nous
+apprîmes bientôt que, dans ce rez-de-chaussée, qui était autrefois une
+prison et qui servait maintenant de chambre de débarras, on avait
+enfermé les concierges, M. et Mme Bernier.</p>
+
+<p>M. Robert Darzac nous fit entrer dans la partie moderne du château par
+une vaste porte que protégeait une «marquise». Rouletabille, qui avait
+abandonné le cheval et le cabriolet aux soins d'un domestique, ne
+quittait pas des yeux M. Darzac; je suivis son regard, et je m'aperçus
+que celui-ci était uniquement dirigé vers les mains gantées du
+professeur à la Sorbonne. Quand nous fûmes dans un petit salonet garni
+de meubles vieillots, M. Darzac se tourna vers Rouletabille et assez
+brusquement lui demanda:</p>
+
+<p>«Parlez! Que me voulez-vous?»</p>
+
+<p>Le reporter répondit avec la même brusquerie:</p>
+
+<p>«Vous serrer la main!»</p>
+
+<p>Darzac se recula:</p>
+
+<p>«Que signifie?»</p>
+
+<p>Évidemment, il avait compris ce que je comprenais alors: que mon ami le
+soupçonnait de l'abominable attentat. La trace de la main ensanglantée
+sur les murs de la «Chambre Jaune» lui apparut&hellip; Je regardai cet homme
+à la physionomie si hautaine, au regard si droit d'ordinaire et qui se
+troublait en ce moment si étrangement. Il tendit sa main droite, et, me
+désignant:</p>
+
+<p>«Vous êtes l'ami de M. Sainclair qui m'a rendu un service inespéré dans
+une juste cause, monsieur, et je ne vois pas pourquoi je vous refuserais
+la main&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille ne prit pas cette main. Il dit, mentant avec une audace
+sans pareille:</p>
+
+<p>«Monsieur, j'ai vécu quelques années en Russie, d'où j'ai rapporté cet
+usage de ne jamais serrer la main à quiconque ne se dégante pas.»</p>
+
+<p>Je crus que le professeur en Sorbonne allait donner un libre cours à la
+fureur qui commençait à l'agiter, mais au contraire, d'un violent effort
+visible, il se calma, se déganta et présenta ses mains. Elles étaient
+nettes de toute cicatrice.</p>
+
+<p>«Êtes-vous satisfait?</p>
+
+<p>&mdash;Non! répliqua Rouletabille. Mon cher ami, fit-il en se tournant vers
+moi, je suis obligé de vous demander de nous laisser seuls un instant.»</p>
+
+<p>Je saluai et me retirai, stupéfait de ce que je venais de voir et
+d'entendre, et ne comprenant pas que M. Robert Darzac n'eût point déjà
+jeté à la porte mon impertinent, mon injurieux, mon stupide ami&hellip; Car,
+à cette minute, j'en voulais à Rouletabille de ses soupçons qui avaient
+abouti à cette scène inouïe des gants&hellip;</p>
+
+<p>Je me promenai environ vingt minutes devant le château, essayant de
+relier entre eux les différents événements de cette matinée, et n'y
+parvenant pas. Quelle était l'idée de Rouletabille? Était-il possible
+que M. Robert Darzac lui apparût comme l'assassin? Comment penser que
+cet homme, qui devait se marier dans quelques jours avec Mlle
+Stangerson, s'était introduit dans la «Chambre Jaune» pour assassiner sa
+fiancée? Enfin, rien n'était venu m'apprendre comment l'assassin avait
+pu sortir de la «Chambre Jaune»; et, tant que ce mystère qui me
+paraissait inexplicable ne me serait pas expliqué, j'estimais, moi,
+qu'il était du devoir de tous de ne soupçonner personne. Enfin, que
+signifiait cette phrase insensée qui sonnait encore à mes oreilles:
+<i>le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son
+éclat!</i> J'avais hâte de me retrouver seul avec Rouletabille pour
+le lui demander.</p>
+
+<p>À ce moment, le jeune homme sortit du château avec M. Robert Darzac.
+Chose extraordinaire, je vis au premier coup d'&oelig;il qu'ils étaient les
+meilleurs amis du monde.</p>
+
+<p>«Nous allons à la «Chambre Jaune», me dit Rouletabille, venez avec nous.
+Dites-donc, cher ami, vous savez que je vous garde toute la journée.
+Nous déjeunons ensemble dans le pays&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Vous déjeunerez avec moi, ici, messieurs&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Non, merci, répliqua le jeune homme. Nous déjeunerons à l'auberge du
+«Donjon»&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Vous y serez très mal&hellip; Vous n'y trouverez rien.</p>
+
+<p>&mdash;Croyez-vous?&hellip; Moi j'espère y trouver quelque chose, répliqua
+Rouletabille. Après déjeuner, nous retravaillerons, je ferai mon
+article, vous serez assez aimable pour me le porter à la rédaction&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Et vous? Vous ne revenez pas avec moi?</p>
+
+<p>&mdash;Non; je couche ici&hellip;»</p>
+
+<p>Je me retournai vers Rouletabille. Il parlait sérieusement, et M. Robert
+Darzac ne parut nullement étonné&hellip;</p>
+
+<p>Nous passions alors devant le donjon et nous entendîmes des
+gémissements. Rouletabille demanda:</p>
+
+<p>«Pourquoi a-t-on arrêté ces gens-là?</p>
+
+<p>&mdash;C'est un peu de ma faute, dit M. Darzac. J'ai fait remarquer hier au
+juge d'instruction qu'il est inexplicable que les concierges aient eu le
+temps d'entendre les coups de revolver, «de s'habiller», de parcourir
+l'espace assez grand qui sépare leur loge du pavillon, tout cela en deux
+minutes; car il ne s'est pas écoulé plus de deux minutes entre les coups
+de revolver et le moment où ils ont été rencontrés par le père Jacques.</p>
+
+<p>&mdash;Évidemment, c'est louche, acquiesça Rouletabille&hellip; Et ils étaient
+habillés&hellip;?</p>
+
+<p>&mdash;Voilà ce qui est incroyable&hellip; ils étaient habillés&hellip; «entièrement»,
+solidement et chaudement&hellip; Il ne manquait aucune pièce à leur costume.
+La femme était en sabots, mais l'homme avait «ses souliers lacés». Or,
+ils ont déclaré s'être couchés comme tous les soirs à neuf heures. En
+arrivant, ce matin, le juge d'instruction, qui s'était muni, à Paris,
+d'un revolver de même calibre que celui du crime (car il ne veut pas
+toucher au revolver-pièce à conviction), a fait tirer deux coups de
+revolver par son greffier dans la «Chambre Jaune», fenêtre et porte
+fermées. Nous étions avec lui dans la loge des concierges; nous n'avons
+rien entendu&hellip; on ne peut rien entendre. Les concierges ont donc menti,
+cela ne fait point de doute&hellip; Ils étaient prêts; ils étaient déjà
+dehors non loin du pavillon; ils attendaient quelque chose. Certes, on
+ne les accuse point d'être les auteurs de l'attentat, mais leur
+complicité n'est pas improbable&hellip; M. de Marquet les a fait arrêter
+aussitôt.</p>
+
+<p>&mdash;S'ils avaient été complices, dit Rouletabille, <i>ils
+seraient arrivés débraillés</i>, ou plutôt ils ne seraient
+pas arrivés du tout. Quand on se précipite dans les bras de la justice,
+avec sur soi tant de preuves de complicité, c'est qu'on n'est pas
+complice. Je ne crois pas aux complices dans cette affaire.</p>
+
+<p>&mdash;Alors, pourquoi étaient-ils dehors à minuit? Qu'ils le disent!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Ils ont certainement un intérêt à se taire. Il s'agit de savoir
+lequel&hellip; Même s'ils ne sont pas complices, cela peut avoir quelque
+importance. <i>Tout est important de ce qui se passe dans une nuit
+pareille&hellip;</i>»</p>
+
+<p>Nous venions de traverser un vieux pont jeté sur la Douve et nous
+entrions dans cette partie du parc appelée «la Chênaie». Il y avait là
+des chênes centenaires. L'automne avait déjà recroquevillé leurs
+feuilles jaunies et leurs hautes branches noires et serpentines
+semblaient d'affreuses chevelures, des n&oelig;uds de reptiles géants
+entremêlés comme le sculpteur antique en a tordu sur sa tête de Méduse.
+Ce lieu, que Mlle Stangerson habitait l'été parce qu'elle le trouvait
+gai, nous apparut, en cette saison, triste et funèbre. Le sol était
+noir, tout fangeux des pluies récentes et de la bourbe des feuilles
+mortes, les troncs des arbres étaient noirs, le ciel lui-même, au-dessus
+de nos têtes, était en deuil, charriait de gros nuages lourds. Et, dans
+cette retraite sombre et désolée, nous aperçûmes les murs blancs du
+pavillon. Étrange bâtisse, sans une fenêtre visible du point où elle
+nous apparaissait. Seule une petite porte en marquait l'entrée. On eût
+dit un tombeau, un vaste mausolée au fond d'une forêt abandonnée&hellip; À
+mesure que nous approchions, nous en devinions la disposition. Ce
+bâtiment prenait toute la lumière dont il avait besoin, au midi,
+c'est-à-dire de l'autre côté de la propriété, du côté de la campagne. La
+petite porte refermée sur le parc, M. et Mlle Stangerson devaient
+trouver là une prison idéale pour y vivre avec leurs travaux et leur
+rêve.</p>
+
+<p>Je vais donner tout de suite, du reste, le plan de ce pavillon. Il
+n'avait qu'un rez-de-chaussée, où l'on accédait par quelques marches, et
+un grenier assez élevé qui ne nous occupera en aucune façon». C'est donc
+le plan du rez-de-chaussée dans toute sa simplicité que je soumets au
+lecteur.</p>
+
+<p>Il a été tracé par Rouletabille lui-même, et j'ai constaté qu'il n'y
+manquait pas une ligne, pas une indication susceptible d'aider à la
+solution du problème qui se posait alors devant la justice. Avec la
+légende et le plan, les lecteurs en sauront tout autant, pour arriver à
+la vérité, qu'en savait Rouletabille quand il pénétra dans le pavillon
+pour la première fois et que chacun se demandait: «Par où l'assassin
+a-t-il pu fuir de la Chambre Jaune?»</p>
+
+<div class="c"><img src="images/illu1.png" alt="" /></div>
+<blockquote>
+<p>1. Chambre Jaune, avec son unique fenêtre grillée et son unique
+porte donnant sur le laboratoire.</p>
+
+<p>2. Laboratoire, avec ses deux grandes fenêtres grillées et ses
+portes; donnant l'une sur le vestibule, l'autre sur la Chambre Jaune.</p>
+
+<p>3. Vestibule, avec sa fenêtre non grillée et sa porte d'entrée
+donnant sur le parc.</p>
+
+<p>4. Lavatory.</p>
+
+<p>5. Escalier conduisant au grenier.</p>
+
+<p>6. Vaste et unique cheminée du pavillon servant aux expériences de
+laboratoire.</p>
+</blockquote>
+
+<p>Avant de gravir les trois marches de la porte du pavillon, Rouletabille
+nous arrêta et demanda à brûle-pourpoint à M. Darzac:</p>
+
+<p>«Eh bien! Et le mobile du crime?</p>
+
+<p>&mdash;Pour moi, monsieur, il n'y a aucun doute à avoir à ce sujet, fit le
+fiancé de Mlle Stangerson avec une grande tristesse. Les traces de
+doigts, les profondes écorchures sur la poitrine et au cou de Mlle
+Stangerson attestent que le misérable qui était là avait essayé un
+affreux attentat. Les médecins experts, qui ont examiné hier ces traces,
+affirment qu'elles ont été faites par la même main dont l'image
+ensanglantée est restée sur le mur; une main énorme, monsieur, et qui ne
+tiendrait point dans mon gant, ajouta-t-il avec un amer et
+indéfinissable sourire&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Cette main rouge, interrompis-je, ne pourrait donc pas être la trace
+des doigts ensanglantés de Mlle Stangerson, qui, au moment de s'abattre,
+aurait rencontré le mur et y aurait laissé, en glissant, une image
+élargie de sa main pleine de sang?</p>
+
+<p>&mdash;Il n'y avait pas une goutte de sang aux mains de Mlle Stangerson quand
+on l'a relevée, répondit M. Darzac.</p>
+
+<p>&mdash;On est donc sûr, maintenant, fis-je, que c'est bien Mlle Stangerson
+qui s'était armée du revolver du père Jacques, puisqu'elle a blessé la
+main de l'assassin. <i>Elle redoutait donc quelque chose ou quelqu'un?</i></p>
+
+<p>&mdash;C'est probable&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Vous ne soupçonnez personne?</p>
+
+<p>&mdash;Non&hellip;», répondit M. Darzac, en regardant Rouletabille.</p>
+
+<p>Rouletabille, alors, me dit:</p>
+
+<p>&mdash;Il faut que vous sachiez, mon ami, que l'instruction est un peu plus
+avancée que n'a voulu nous le confier ce petit cachottier de M. de
+Marquet. Non seulement l'instruction sait maintenant que le revolver fut
+l'arme dont se servit, pour se défendre, Mlle Stangerson, mais elle
+connaît, mais elle a connu tout de suite l'arme qui a servi à attaquer,
+à frapper Mlle Stangerson. C'est, m'a dit M. Darzac, un «os de mouton».
+Pourquoi M. de Marquet entoure-t-il cet os de mouton de tant de mystère?
+Dans le dessein de faciliter les recherches des agents de la Sûreté?
+Sans doute. Il imagine peut-être qu'on va retrouver son propriétaire
+parmi ceux qui sont bien connus, dans la basse pègre de Paris, pour se
+servir de cet instrument de crime, le plus terrible que la nature ait
+inventé&hellip; Et puis, est-ce qu'on sait jamais ce qui peut se passer dans
+une cervelle de juge d'instruction?» ajouta Rouletabille avec une ironie
+méprisante.</p>
+
+<p>J'interrogeai:</p>
+
+<p>«On a donc trouvé un «os de mouton» dans la «Chambre Jaune»?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, monsieur, fit Robert Darzac, au pied du lit; mais je vous en
+prie: n'en parlez point. M. de Marquet nous a demandé le secret. (Je fis
+un geste de protestation.) C'est un énorme os de mouton dont la tête,
+ou, pour mieux dire, dont l'articulation était encore toute rouge du
+sang de l'affreuse blessure qu'il avait faite à Mlle Stangerson. C'est
+un vieil os de mouton <i>qui a dû servir déjà à quelques
+crimes</i>, suivant les apparences. Ainsi pense M. de Marquet, qui l'a
+fait porter à Paris, au laboratoire municipal, pour qu'il fût analysé.
+Il croit, en effet, avoir relevé sur cet os non seulement le sang frais
+de la dernière victime, mais encore des traces roussâtres qui ne
+seraient autres que des taches de sang séché, témoignages de crimes
+antérieurs.</p>
+
+<p>&mdash;Un os de mouton, dans la main d'un «assassin exercé», est une arme
+effroyable, dit Rouletabille, une arme «plus utile» et plus sûre qu'un
+lourd marteau.</p>
+
+<p>&mdash;«Le misérable» l'a d'ailleurs prouvé, fit douloureusement M. Robert
+Darzac. L'os de mouton a terriblement frappé Mlle Stangerson au front.
+L'articulation de l'os de mouton s'adapte parfaitement à la blessure.
+Pour moi, cette blessure eût été mortelle si l'assassin n'avait été à
+demi arrêté, dans le coup qu'il donnait, par le revolver de Mlle
+Stangerson. Blessé à la main, il lâchait son os de mouton et s'enfuyait.
+Malheureusement, le coup de l'os de mouton <i>était parti et était déjà
+arrivé</i>&hellip; et Mlle Stangerson était quasi assommée, après avoir
+failli être étranglée. Si Mlle Stangerson avait réussi à blesser l'homme
+de son premier coup de revolver, elle eût, sans doute, échappé à l'os de
+mouton&hellip; Mais elle a saisi certainement son revolver trop tard; puis,
+le premier coup, dans la lutte, a dévié, et la balle est allée se loger
+dans le plafond; ce n'est que le second coup qui a porté&hellip;»</p>
+
+<p>Ayant ainsi parlé, M. Darzac frappa à la porte du pavillon. Vous
+avouerai-je mon impatience de pénétrer dans le lieu même du crime? J'en
+tremblais, et, malgré tout l'immense intérêt que comportait l'histoire
+de l'os de mouton, je bouillais de voir que notre conversation se
+prolongeait et que la porte du pavillon ne s'ouvrait pas.</p>
+
+<p>Enfin, elle s'ouvrit.</p>
+
+<p>Un homme, que je reconnus pour être le père Jacques, était sur le seuil.</p>
+
+<p>Il me parut avoir la soixantaine bien sonnée. Une longue barbe blanche,
+des cheveux blancs sur lesquels il avait posé un béret basque, un
+complet de velours marron à côtes usé, des sabots; l'air bougon, une
+figure assez rébarbative qui s'éclaira cependant dès qu'il eut aperçu M.
+Robert Darzac.</p>
+
+<p>«Des amis, fit simplement notre guide. Il n'y a personne au pavillon,
+père Jacques?</p>
+
+<p>&mdash;Je ne dois laisser entrer personne, monsieur Robert, mais bien sûr la
+consigne n'est pas pour vous&hellip; Et pourquoi? Ils ont vu tout ce qu'il y
+avait à voir, ces messieurs de la justice. Ils en ont fait assez des
+dessins et des procès-verbaux&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Pardon, monsieur Jacques, une question avant toute autre chose, fit
+Rouletabille.</p>
+
+<p>&mdash;Dites, jeune homme, et, si je puis y répondre&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Votre maîtresse portait-elle, <i>ce soir-là</i>, les cheveux en
+bandeaux, vous savez bien, les cheveux en bandeaux sur le front?</p>
+
+<p>&mdash;Non, mon p'tit monsieur. Ma maîtresse n'a jamais porté les cheveux en
+bandeaux comme vous dites, ni ce soir-là, ni les autres jours. Elle
+avait, comme toujours, les cheveux relevés de façon à ce qu'on pouvait
+voir son beau front, pur comme celui de l'enfant qui vient de naître!&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille grogna, et se mit aussitôt à inspecter la porte. Il se
+rendit compte de la fermeture automatique. Il constata que cette porte
+ne pouvait jamais rester ouverte et qu'il fallait une clef pour
+l'ouvrir. Puis nous entrâmes dans le vestibule, petite pièce assez
+claire, pavée de carreaux rouges.</p>
+
+<p>«Ah! voici la fenêtre, dit Rouletabille, par laquelle l'assassin s'est
+sauvé&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Qu'ils disent! monsieur, qu'ils disent! Mais, s'il s'était sauvé par
+là, nous l'aurions bien vu, pour sûr! Sommes pas aveugles! ni M.
+Stangerson, ni moi, ni les concierges qui-z-ont mis en prison! Pourquoi
+qui ne m'y mettent pas en prison, moi aussi, à cause de mon revolver?»</p>
+
+<p>Rouletabille avait déjà ouvert la fenêtre et examiné les volets.</p>
+
+<p>«Ils étaient fermés, à l'heure du crime?</p>
+
+<p>&mdash;Au loquet de fer, en dedans, fit le père Jacques&hellip; et moi j'suis bien
+sûr que l'assassin a passé au travers&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Il y a des taches de sang?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Oui, tenez, là, sur la pierre, en dehors&hellip; Mais du sang de quoi?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Ah! fit Rouletabille, on voit les pas&hellip; là, sur le chemin&hellip; la terre
+était très détrempée&hellip; nous examinerons cela tout à l'heure&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Des bêtises! interrompit le père Jacques&hellip; L'assassin n'a pas passé
+par là!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Eh bien, par où?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Est-ce que je sais!&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille voyait tout, flairait tout. Il se mit à genoux et passa
+rapidement en revue les carreaux maculés du vestibule. Le père Jacques
+continuait:</p>
+
+<p>«Ah! vous ne trouverez rien, mon p'tit monsieur. Y n'ont rien trouvé&hellip;
+Et puis maintenant, c'est trop sale&hellip; Il est entré trop de gens! Ils
+veulent point que je lave le carreau&hellip; mais, le jour du crime, j'avais
+lavé tout ça à grande eau, moi, père Jacques&hellip; et, si l'assassin avait
+passé par là avec ses «ripatons», on l'aurait bien vu; il a assez laissé
+la marque de ses godillots dans la chambre de mademoiselle!&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille se releva et demanda:</p>
+
+<p>«Quand avez-vous lavé ces dalles pour la dernière fois?»</p>
+
+<p>Et il fixait le père Jacques d'un &oelig;il auquel rien n'échappe.</p>
+
+<p>«Mais dans la journée même du crime, j'vous dis! Vers les cinq heures et
+demie&hellip; pendant que mademoiselle et son père faisaient un tour de
+promenade avant de dîner ici même, car ils ont dîné dans le laboratoire.
+Le lendemain, quand le juge est venu, il a pu voir toutes les traces des
+pas par terre comme qui dirait de l'encre sur du papier blanc&hellip; Eh
+bien, ni dans le laboratoire, ni dans le vestibule qu'étaient propres
+comme un sou neuf, on n'a retrouvé ses pas&hellip; à l'homme!&hellip; Puisqu'on
+les retrouve auprès de la fenêtre, <i>dehors</i>, il faudrait donc qu'il
+ait troué le plafond de la «Chambre Jaune», qu'il ait passé par le
+grenier, qu'il ait troué le toit, et qu'il soit redescendu juste à la
+fenêtre du vestibule, en se laissant tomber&hellip; Eh bien, mais, y n'y a
+pas de trou au plafond de la «Chambre Jaune»&hellip; ni dans mon grenier,
+bien sûr!&hellip; Alors, vous voyez bien qu'on ne sait rien&hellip; mais rien de
+rien!&hellip; et qu'on ne saura, ma foi, jamais rien!&hellip; C'est un mystère
+du diable!</p>
+
+<p>Rouletabille se rejeta soudain à genoux, presque en face de la porte
+d'un petit lavatory qui s'ouvrait au fond du vestibule. Il resta dans
+cette position au moins une minute.</p>
+
+<p>«Eh bien? lui demandai-je quand il se releva.</p>
+
+<p>&mdash;Oh! rien de bien important; une goutte de sang.</p>
+
+<p>Le jeune homme se retourna vers le père Jacques.</p>
+
+<p>«Quand vous vous êtes mis à laver le laboratoire et le vestibule, la
+fenêtre du vestibule était ouverte?</p>
+
+<p>&mdash;Je venais de l'ouvrir parce que j'avais allumé du charbon de bois pour
+monsieur, sur le fourneau du laboratoire; et, comme je l'avais allumé
+avec des journaux, il y a eu de la fumée; j'ai ouvert les fenêtres du
+laboratoire et celle du vestibule pour faire courant d'air; puis j'ai
+refermé celles du laboratoire et laissé ouverte celle du vestibule, et
+puis je suis sorti un instant pour aller chercher une lavette au château
+et c'est en rentrant, comme je vous ai dit, vers cinq heures et demie
+que je me suis mis à laver les dalles; après avoir lavé, je suis
+reparti, laissant toujours la fenêtre du vestibule ouverte. Enfin pour
+la dernière fois, quand je suis rentré au pavillon, <i>la fenêtre était
+fermée</i> et monsieur et mademoiselle travaillaient déjà dans le
+laboratoire.</p>
+
+<p>&mdash;M. ou Mlle Stangerson avaient sans doute fermé la fenêtre en entrant?</p>
+
+<p>&mdash;Sans doute.</p>
+
+<p>&mdash;Vous ne leur avez pas demandé?</p>
+
+<p>&mdash;Non!&hellip;»</p>
+
+<p>Après un coup d'&oelig;il assidu au petit lavatory et à la cage de
+l'escalier qui conduisait au grenier, Rouletabille, pour qui nous
+semblions ne plus exister, pénétra dans le laboratoire. C'est, je
+l'avoue, avec une forte émotion que je l'y suivis. Robert Darzac ne
+perdait pas un geste de mon ami&hellip; Quant à moi, mes yeux allèrent tout
+de suite à la porte de la «Chambre Jaune». Elle était refermée, ou
+plutôt poussée sur le laboratoire, car je constatai immédiatement
+qu'elle était à moitié défoncée et hors d'usage&hellip; les efforts de ceux
+qui s'étaient rués sur elle, au moment du drame, l'avaient brisée&hellip;</p>
+
+<p>Mon jeune ami, qui menait sa besogne avec méthode, considérait, sans
+dire un mot, la pièce dans laquelle nous nous trouvions&hellip; Elle était
+vaste et bien éclairée. Deux grandes fenêtres, presque des baies,
+garnies de barreaux, prenaient jour sur l'immense campagne. Une trouée
+dans la forêt; une vue merveilleuse sur toute la vallée, sur la plaine,
+jusqu'à la grande ville qui devait apparaître, là-bas, tout au bout, les
+jours de soleil. Mais, aujourd'hui, il n'y a que de la boue sur la
+terre, de la suie au ciel&hellip; et du sang dans cette chambre&hellip;</p>
+
+<p>Tout un côté du laboratoire était occupé par une vaste cheminée, par
+des creusets, par des fours propres à toutes expériences de chimie. Des
+cornues, des instruments de physique un peu partout; des tables
+surchargées de fioles, de papiers, de dossiers, une machine
+électrique&hellip; des piles&hellip; un appareil, me dit M. Robert Darzac, employé
+par le professeur Stangerson «pour démontrer la dissociation de la
+matière sous l'action de la lumière solaire», etc.</p>
+
+<p>Et, tout le long des murs, des armoires, armoires pleines ou
+armoires-vitrines, laissant apercevoir des microscopes, des appareils
+photographiques spéciaux, une quantité incroyable de cristaux&hellip;</p>
+
+<p>Rouletabille avait le nez fourré dans la cheminée. Du bout du doigt, il
+fouillait dans les creusets&hellip; Tout d'un coup, il se redressa, tenant un
+petit morceau de papier à moitié consumé&hellip; Il vint à nous qui causions
+auprès d'une fenêtre, et il dit:</p>
+
+<p>«Conservez-nous cela, Monsieur Darzac.»</p>
+
+<p>Je me penchai sur le bout de papier roussi que M. Darzac venait de
+prendre des mains de Rouletabille. Et je lus, distinctement, ces seuls
+mots qui restaient lisibles:</p>
+
+<p class="c">presbytère &nbsp;&nbsp;&nbsp; rien perdu &nbsp;&nbsp;&nbsp; charme,<br />
+ni le jar &nbsp;&nbsp;&nbsp; de son éclat.</p>
+
+<p>Et, au-dessous: «23 octobre.»</p>
+
+<p>Deux fois, depuis ce matin, ces mêmes mots insensés venaient me frapper,
+et, pour la deuxième fois, je vis qu'ils produisaient sur le professeur
+en Sorbonne le même effet foudroyant. Le premier soin de M. Darzac fut
+de regarder du côté du père Jacques. Mais celui-ci ne nous avait pas
+vus, occupé qu'il était à l'autre fenêtre&hellip; Alors, le fiancé de Mlle
+Stangerson ouvrit son portefeuille en tremblant, y serra le papier, et
+soupira: «Mon Dieu!»</p>
+
+<p>Pendant ce temps, Rouletabille était monté dans la cheminée;
+c'est-à-dire que, debout sur les briques d'un fourneau, il considérait
+attentivement cette cheminée qui allait se rétrécissant, et qui, à
+cinquante centimètres au-dessus de sa tête, se fermait entièrement par
+des plaques de fer scellées dans la brique, laissant passer trois tuyaux
+d'une quinzaine de centimètres de diamètre chacun.</p>
+
+<p>«Impossible de passer par là, énonça le jeune homme en sautant dans le
+laboratoire. Du reste, s'«il» l'avait même tenté, toute cette ferraille
+serait par terre. Non! Non! ce n'est pas de ce côté qu'il faut
+chercher&hellip;</p>
+
+<p>Rouletabille examina ensuite les meubles et ouvrit des portes
+d'armoires. Puis, ce fut le tour des fenêtres qu'il déclara
+infranchissables et «infranchies». À la seconde fenêtre, il trouva le
+père Jacques en contemplation.</p>
+
+<p>«Eh bien, père Jacques, qu'est-ce que vous regardez par là?</p>
+
+<p>&mdash;Je r'garde l'homme de la police qui ne cesse point de faire le tour de
+l'étang&hellip; Encore un malin qui n'en verra pas plus long qu'les autres!</p>
+
+<p>&mdash;Vous ne connaissez pas Frédéric Larsan, père Jacques! dit
+Rouletabille, en secouant la tête avec mélancolie, sans cela vous ne
+parleriez pas comme ça&hellip; S'il y en a un ici qui trouve l'assassin, ce
+sera lui, faut croire!»</p>
+
+<p>Et Rouletabille poussa un soupir.</p>
+
+<p>«Avant qu'on le retrouve, faudrait savoir comment on l'a perdu!&hellip;
+répliqua le père Jacques, têtu.</p>
+
+<p>Enfin, nous arrivâmes à la porte de la «Chambre Jaune».</p>
+
+<p>«Voilà la porte derrière laquelle il se passait quelque chose!» fit
+Rouletabille avec une solennité qui, en toute autre circonstance, eût
+été comique.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch7">VII<br />
+Où Rouletabille part en expédition sous le lit</h2>
+
+
+<p>Rouletabille ayant poussé la porte de la «Chambre Jaune» s'arrêta sur le
+seuil, disant avec une émotion que je ne devais comprendre que plus
+tard: «Oh! Le parfum de la dame en noir!» La chambre était obscure; le
+père Jacques voulut ouvrir les volets, mais Rouletabille l'arrêta:</p>
+
+<p>«Est-ce que, dit-il, le drame s'est passé en pleine obscurité?</p>
+
+<p>&mdash;Non, jeune homme, je ne pense point. Mam'zelle tenait beaucoup à avoir
+une veilleuse sur sa table, et c'est moi qui la lui allumais tous les
+soirs avant qu'elle aille se coucher&hellip; J'étais quasi sa femme de
+chambre, quoi! quand v'nait le soir! La vraie femme de chambre ne v'nait
+guère que le matin. Mam'zelle travaille si tard&hellip; la nuit!</p>
+
+<p>&mdash;Où était cette table qui supportait la veilleuse? Loin du lit?</p>
+
+<p>&mdash;Loin du lit.</p>
+
+<p>&mdash;Pouvez-vous, maintenant, allumer la veilleuse?</p>
+
+<p>&mdash;La veilleuse est brisée, et l'huile s'en est répandue quand la table
+est tombée. Du reste, tout est resté dans le même état. Je n'ai qu'à
+ouvrir les volets et vous allez voir&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Attendez!»</p>
+
+<p>Rouletabille rentrant dans le laboratoire, alla fermer les volets des
+deux fenêtres et la porte du vestibule. Quand nous fûmes dans la nuit
+noire, il alluma une allumette-bougie, la donna au père Jacques, dit à
+celui-ci de se diriger avec son allumette vers le milieu de la «Chambre
+Jaune», à l'endroit où brûlait, cette nuit-là, la veilleuse. Le père
+Jacques, qui était en chaussons (il laissait à l'ordinaire ses sabots
+dans le vestibule), entra dans la «Chambre Jaune» avec son bout
+d'allumette, et nous distinguâmes vaguement, mal éclairés par la petite
+flamme mourante, des objets renversés sur le carreau, un lit dans le
+coin, et, en face de nous, à gauche, le reflet d'une glace, pendue au
+mur, près du lit. Ce fut rapide.</p>
+
+<p>Rouletabille dit: «C'est assez! Vous pouvez ouvrir les volets.</p>
+
+<p>&mdash;Surtout n'avancez pas, pria le père Jacques; vous pourriez faire des
+marques avec vos souliers&hellip; et il ne faut rien déranger&hellip; C'est une
+idée du juge, une idée comme ça, bien que son affaire soit déjà
+faite&hellip;»</p>
+
+<p>Et il poussa les volets. Le jour livide du dehors entra, éclairant un
+désordre sinistre, entre des murs de safran. Le plancher&mdash;car si le
+vestibule et le laboratoire étaient carrelés, la «Chambre Jaune» était
+planchéiée&mdash;était recouvert d'une natte jaune, d'un seul morceau, qui
+tenait presque toute la pièce, allant sous le lit et sous la
+table-toilette, seuls meubles qui, avec le lit, fussent encore sur leurs
+pieds. La table ronde du milieu, la table de nuit et deux chaises
+étaient renversées. Elles n'empêchaient point de voir, sur la natte, une
+large tache de sang qui provenait, nous dit le père Jacques, de la
+blessure au front de Mlle Stangerson. En outre, des gouttelettes de sang
+étaient répandues un peu partout et suivaient, en quelque sorte, la
+trace très visible des pas, des larges pas noirs, de l'assassin. Tout
+faisait présumer que ces gouttes de sang venaient de la blessure de
+l'homme qui avait, un moment, imprimé sa main rouge sur le mur. Il y
+avait d'autres traces de cette main sur le mur, mais beaucoup moins
+distinctes. C'est bien là la trace d'une rude main d'homme ensanglantée.</p>
+
+<p>Je ne pus m'empêcher de m'écrier:</p>
+
+<p>«Voyez!&hellip; voyez ce sang sur le mur&hellip; L'homme qui a appliqué si
+fermement sa main ici était alors dans l'obscurité et croyait
+certainement tenir une porte. Il croyait la pousser! C'est pourquoi il a
+fortement appuyé, laissant sur le papier jaune un dessin terriblement
+accusateur, car je ne sache point qu'il y ait beaucoup de mains au monde
+de cette sorte-là. Elle est grande et forte, et les doigts sont presque
+aussi longs les uns que les autres! Quant au pouce, il manque! Nous
+n'avons que la marque de la paume. Et si nous suivons la «trace» de
+cette main, continuai-je, nous la voyons, qui, après s'être appuyée au
+mur, le tâte, cherche la porte, la trouve, cherche la serrure&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Sans doute, interrompit Rouletabille en ricanant, <i>mais il
+n'y a pas de sang à la serrure, ni au verrou!&hellip;</i></p>
+
+<p>&mdash;Qu'est-ce que cela prouve? Répliquai-je avec un bon sens dont j'étais
+fier, «il» aura ouvert serrure et verrou de la main gauche, ce qui est
+tout naturel puisque la main droite est blessée&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Il n'a rien ouvert du tout! s'exclama encore le père Jacques. Nous ne
+sommes pas fous, peut-être! Et nous étions quatre quand nous avons fait
+sauter la porte!»</p>
+
+<p>Je repris:</p>
+
+<p>«Quelle drôle de main! Regardez-moi cette drôle de main!</p>
+
+<p>&mdash;C'est une main fort naturelle, répliqua Rouletabille, dont le dessin a
+été déformé <i>par le glissement sur le mur</i>. L'homme
+<i>a essuyé sa main blessée sur le mur!
+Cet homme doit mesurer un mètre quatre-vingt.</i></p>
+
+<p>&mdash;À quoi voyez-vous cela?</p>
+
+<p>&mdash;À la hauteur de la main sur le mur&hellip;»</p>
+
+<p>Mon ami s'occupa ensuite de la trace de la balle dans le mur. Cette
+trace était un trou rond.</p>
+
+<p>«La balle, dit Rouletabille, est arrivée de face: ni d'en haut, par
+conséquent, ni d'en bas.</p>
+
+<p>Et il nous fit observer encore qu'elle était de quelques centimètres
+plus bas sur le mur que le stigmate laissé par la main.</p>
+
+<p>Rouletabille, retournant à la porte, avait le nez, maintenant, sur la
+serrure et le verrou. Il constata qu'on avait bien fait sauter la
+porte, du dehors, serrure et verrou étant encore, sur cette porte
+défoncée, l'une fermée, l'autre poussé, et, sur le mur, les deux gâches
+étant quasi arrachées, pendantes, retenues encore par une vis.</p>
+
+<p>Le jeune rédacteur de <i>L'Époque</i> les considéra avec attention,
+reprit la porte, la regarda des deux côtés, s'assura qu'il n'y avait
+aucune possibilité de fermeture ou d'ouverture du verrou «de
+l'extérieur», et s'assura qu'on avait retrouvé la clef dans la serrure,
+«à l'intérieur». Il s'assura encore qu'une fois la clef dans la serrure
+à l'intérieur, on ne pouvait ouvrir cette serrure de l'intérieur avec
+une autre clef. Enfin, ayant constaté qu'il n'y avait, à cette porte,
+«aucune fermeture automatique, bref, qu'elle était la plus naturelle de
+toutes les portes, munie d'une serrure et d'un verrou très solides qui
+étaient restés fermés», il laissa tomber ces mots: «ça va mieux!» Puis,
+s'asseyant par terre, il se déchaussa hâtivement.</p>
+
+<p>Et, sur ses chaussettes, il s'avança dans la chambre. La première chose
+qu'il fit fut de se pencher sur les meubles renversés et de les examiner
+avec un soin extrême. Nous le regardions en silence. Le père Jacques lui
+disait, de plus en plus ironique:</p>
+
+<p>«Oh! mon p'tit! Oh! mon p'tit! Vous vous donnez bien du mal!&hellip;»</p>
+
+<p>Mais Rouletabille redressa la tête:</p>
+
+<p>«Vous avez dit la pure vérité, père Jacques, votre maîtresse n'avait
+pas, ce soir-là, ses cheveux en bandeaux; c'est moi qui étais une
+vieille bête de croire cela!&hellip;»</p>
+
+<p>Et, souple comme un serpent, il se glissa sous le lit.</p>
+
+<p>Et le père Jacques reprit:</p>
+
+<p>«Et dire, monsieur, et dire que l'assassin était caché là-dessous! Il y
+était quand je suis entré à dix heures, pour fermer les volets et
+allumer la veilleuse, puisque ni M. Stangerson, ni Mlle Mathilde, ni
+moi, n'avons plus quitté le laboratoire jusqu'au moment du crime.»</p>
+
+<p>On entendait la voix de Rouletabille, sous le lit:</p>
+
+<p>«À quelle heure, monsieur Jacques, M. et Mlle Stangerson sont-ils
+arrivés dans le laboratoire pour ne plus le quitter?</p>
+
+<p>&mdash;À six heures!»</p>
+
+<p>La voix de Rouletabille continuait:</p>
+
+<p>«Oui, il est venu là-dessous&hellip; c'est certain&hellip; Du reste, il n'y a que
+là qu'il pouvait se cacher&hellip; Quand vous êtes entrés, tous les quatre,
+vous avez regardé sous le lit?</p>
+
+<p>&mdash;Tout de suite&hellip; Nous avons même entièrement bousculé le lit avant de
+le remettre à sa place.</p>
+
+<p>&mdash;Et entre les matelas?</p>
+
+<p>&mdash;Il n'y avait, à ce lit, qu'un matelas sur lequel on a posé Mlle
+Mathilde. Et le concierge et M. Stangerson ont transporté ce matelas
+immédiatement dans le laboratoire. Sous le matelas, il n'y avait que le
+sommier métallique qui ne saurait dissimuler rien, ni personne. Enfin,
+monsieur, songez que nous étions quatre, et que rien ne pouvait nous
+échapper, la chambre étant si petite, dégarnie de meubles, et tout étant
+fermé derrière nous, dans le pavillon.»</p>
+
+<p>J'osai une hypothèse:</p>
+
+<p>«Il est peut-être sorti avec le matelas! Dans le matelas, peut-être&hellip;
+Tout est possible devant un pareil mystère! Dans leur trouble, M.
+Stangerson et le concierge ne se seront pas aperçus qu'ils
+transportaient double poids&hellip; <i>et puis, si le concierge est complice!&hellip;</i>
+Je vous donne cette hypothèse pour ce qu'elle vaut, mais voilà
+qui expliquerait bien des choses&hellip; et, particulièrement, le fait que le
+laboratoire et le vestibule sont restés vierges des traces de pas qui se
+trouvent dans la chambre. Quand on a transporté mademoiselle du
+laboratoire au château, le matelas, arrêté un instant près de la
+fenêtre, aurait pu permettre à l'homme de se sauver&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Et puis quoi encore? Et puis quoi encore? Et puis quoi encore?» me
+lança Rouletabille, en riant délibérément, sous le lit&hellip;</p>
+
+<p>J'étais un peu vexé:</p>
+
+<p>«Vraiment on ne sait plus&hellip; Tout paraît possible&hellip;»</p>
+
+<p>Le père Jacques fit:</p>
+
+<p>«C'est une idée qu'a eue le juge d'instruction, monsieur, et il a fait
+examiner sérieusement le matelas. Il a été obligé de rire de son idée,
+monsieur, comme votre ami rit en ce moment, car ça n'était bien sûr pas
+un matelas à double fond!&hellip; Et puis, quoi! s'il y avait eu un homme
+dans le matelas on l'aurait vu!&hellip;»</p>
+
+<p>Je dus rire moi-même, et, en effet, j'eus la preuve, depuis, que j'avais
+dit quelque chose d'absurde. Mais où commençait, où finissait l'absurde
+dans une affaire pareille!</p>
+
+<p>Mon ami, seul, était capable de le dire, et encore!&hellip;</p>
+
+<p>«Dites donc! s'écria le reporter, toujours sous le lit, elle a été bien
+remuée, cette carpette-là?</p>
+
+<p>&mdash;Par nous, monsieur, expliqua le père Jacques. Quand nous n'avons pas
+trouvé l'assassin, nous nous sommes demandé s'il n'y avait pas un trou
+dans le plancher&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Il n'y en a pas, répondit Rouletabille. Avez-vous une cave?</p>
+
+<p>&mdash;Non, il n'y a pas de cave&hellip; Mais cela n'a pas arrêté nos recherches
+et ça n'a pas empêché M. le juge d'instruction, et surtout son greffier,
+d'étudier le plancher planche à planche, comme s'il y avait eu une cave
+dessous&hellip;»</p>
+
+<p>Le reporter, alors, réapparut. Ses yeux brillaient, ses narines
+palpitaient; on eût dit un jeune animal au retour d'un heureux affût&hellip;
+Il resta à quatre pattes. En vérité, je ne pouvais mieux le comparer
+dans ma pensée qu'à une admirable bête de chasse sur la piste de quelque
+surprenant gibier&hellip; Et il flaira les pas de l'homme, de l'homme qu'il
+s'était juré de rapporter à son maître, M. le directeur de
+<i>L'Époque</i>, car il ne faut pas oublier que notre Joseph
+Rouletabille était journaliste!</p>
+
+<p>Ainsi, à quatre pattes, il s'en fut aux quatre coins de la pièce,
+reniflant tout, faisant le tour de tout, de tout ce que nous voyions, ce
+qui était peu de chose, et de tout ce que nous ne voyions pas et qui
+était, paraît-il, immense.</p>
+
+<p>La table-toilette était une simple tablette sur quatre pieds; impossible
+de la transformer en une cachette passagère&hellip; Pas une armoire&hellip; Mlle
+Stangerson avait sa garde-robe au château.</p>
+
+<p>Le nez, les mains de Rouletabille montaient le long des murs, <i>qui
+étaient partout de brique épaisse</i>. Quand il eut fini avec les murs
+et passé ses doigts agiles sur toute la surface du papier jaune,
+atteignant ainsi le plafond auquel il put toucher, en montant sur une
+chaise qu'il avait placée sur la table-toilette, et en faisant glisser
+autour de la pièce cet ingénieux escabeau; quand il eut fini avec le
+plafond où il examina soigneusement la trace de l'autre balle, il
+s'approcha de la fenêtre et ce fut encore le tour des barreaux et celui
+des volets, tous bien solides et intacts. Enfin, il poussa un ouf! «de
+satisfaction» et déclara que, «maintenant, il était tranquille!»</p>
+
+<p>«Eh bien, croyez-vous qu'elle était enfermée, la pauvre chère
+mademoiselle quand on nous l'assassinait! Quand elle nous appelait à son
+secours!&hellip; gémit le père Jacques.</p>
+
+<p>&mdash;Oui, fit le jeune reporter, en s'essuyant le front&hellip; la <i>Chambre
+Jaune était, ma foi, fermée comme un coffre-fort&hellip;</i></p>
+
+<p>&mdash;De fait, observai-je, voilà bien pourquoi ce mystère est le plus
+surprenant que je connaisse, <i>même dans le domaine de
+l'imagination</i>. Dans le <i>Double Assassinat de la rue Morgue</i>,
+Edgar Poe n'a rien inventé de semblable. Le lieu du crime était assez
+fermé pour ne pas laisser échapper un homme, mais il y avait encore
+cette fenêtre par laquelle pouvait se glisser l'auteur des assassinats
+qui était un singe!&hellip; Mais ici, il ne saurait être question d'aucune
+ouverture d'aucune sorte. La porte close et les volets fermés comme ils
+l'étaient, et la fenêtre fermée comme elle l'était, <i>une mouche ne
+pouvait entrer ni sortir!</i></p>
+
+<p>&mdash;En vérité! En vérité! acquiesça Rouletabille, qui s'épongeait toujours
+le front, semblant suer moins de son récent effort corporel que de
+l'agitation de ses pensées. En vérité! C'est un très grand et très beau
+et très curieux mystère!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;La «Bête du Bon Dieu», bougonna le père Jacques, la «Bête du Bon Dieu»
+elle-même, si elle avait commis le crime, n'aurait pas pu s'échapper&hellip;
+Écoutez!&hellip; L'entendez-vous?&hellip; Silence!&hellip;»</p>
+
+<p>Le père Jacques nous faisait signe de nous taire et, le bras tendu vers
+le mur, vers la prochaine forêt, écoutait quelque chose que nous
+n'entendions point.</p>
+
+<p>«Elle est partie, finit-il par dire. Il faudra que je la tue&hellip; Elle est
+trop sinistre, cette bête-là&hellip; mais c'est la «Bête du Bon Dieu»; elle
+va prier toutes les nuits sur la tombe de sainte Geneviève, et personne
+n'ose y toucher de peur que la mère Agenoux jette un mauvais sort&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Comment est-elle grosse, la «Bête du Bon Dieu»?</p>
+
+<p>&mdash;Quasiment comme un gros chien basset&hellip; c'est un monstre que je vous
+dis. Ah! Je me suis demandé plus d'une fois si ça n'était pas elle qui
+avait pris de ses griffes notre pauvre mademoiselle à la gorge&hellip; Mais
+«la Bête du Bon Dieu» ne porte pas des godillots, ne tire pas des coups
+de revolver, n'a pas une main pareille!&hellip; s'exclama le père Jacques en
+nous montrant encore la main rouge sur le mur. Et puis, on l'aurait vue
+aussi bien qu'un homme, et elle aurait été enfermée dans la chambre et
+dans le pavillon, aussi bien qu'un homme!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Évidemment, fis-je. De loin, avant d'avoir vu la «Chambre Jaune», je
+m'étais, moi aussi, demandé si le chat de la mère Agenoux&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Vous aussi! s'écria Rouletabille.</p>
+
+<p>&mdash;Et vous? demandai-je.</p>
+
+<p>&mdash;Moi non, pas une minute&hellip; depuis que j'ai lu l'article du <i>Matin</i>,
+<i>je sais qu'il ne s'agit pas d'une bête!</i> Maintenant, je jure qu'il
+s'est passé là une tragédie effroyable&hellip; Mais vous ne parlez pas du
+béret retrouvé, ni du mouchoir, père Jacques?</p>
+
+<p>&mdash;Le magistrat les a pris, bien entendu», fit l'autre avec hésitation.</p>
+
+<p>Le reporter lui dit, très grave:</p>
+
+<p>«Je n'ai vu, moi, ni le mouchoir, ni le béret, mais je peux cependant
+vous dire comment ils sont faits.</p>
+
+<p>&mdash;Ah! vous êtes bien malin&hellip;», et le père Jacques toussa, embarrassé.</p>
+
+<p>«Le mouchoir est un gros mouchoir bleu à raies rouges, et le béret, est
+un vieux béret basque, comme celui-là, ajouta Rouletabille en montrant
+la coiffure de l'homme.</p>
+
+<p>&mdash;C'est pourtant vrai&hellip; vous êtes sorcier&hellip;»</p>
+
+<p>Et le père Jacques essaya de rire, mais n'y parvint pas.</p>
+
+<p>«Comment qu'vous savez que le mouchoir est bleu à raies rouges?</p>
+
+<p>&mdash;Parce que, s'il n'avait pas été bleu à raies rouges, on n'aurait pas
+trouvé de mouchoir du tout!»</p>
+
+<p>Sans plus s'occuper du père Jacques, mon ami prit dans sa poche un
+morceau de papier blanc, ouvrit une paire de ciseaux, se pencha sur les
+traces de pas, appliqua son papier sur l'une des traces et commença à
+découper. Il eut ainsi une semelle de papier d'un contour très net, et
+me la donna en me priant de ne pas la perdre.</p>
+
+<p>Il se retourna ensuite vers la fenêtre et, montrant au père Jacques,
+Frédéric Larsan qui n'avait pas quitté les bords de l'étang, il
+s'inquiéta de savoir si le policier n'était point venu, lui aussi,
+«travailler dans la Chambre Jaune».</p>
+
+<p>«Non! répondit M. Robert Darzac, qui, depuis que Rouletabille lui avait
+passé le petit bout de papier roussi, n'avait pas prononcé un mot. Il
+prétend qu'il n'a point besoin de voir la «Chambre Jaune», que
+l'assassin est sorti de la «Chambre Jaune» d'une façon très naturelle,
+et qu'il s'en expliquera ce soir!</p>
+
+<p>En entendant M. Robert Darzac parler ainsi, Rouletabille&mdash;chose
+extraordinaire&mdash;pâlit.</p>
+
+<p>«Frédéric Larsan posséderait-il la vérité que je ne fais que pressentir!
+murmura-t-il. Frédéric Larsan est très fort&hellip; très fort&hellip; et je
+l'admire&hellip; Mais aujourd'hui, il s'agit de faire mieux qu'une &oelig;uvre
+de policier&hellip; <i>mieux que ce qu'enseigne l'expérience!&hellip; il s'agit
+d'être logique</i>, mais logique, entendez-moi bien, comme le bon Dieu
+a été logique quand il a dit: 2 + 2 = 4&hellip;! IL S'AGIT DE PRENDRE LA
+RAISON PAR LE BON BOUT!»</p>
+
+<p>Et le reporter se précipita dehors, éperdu à cette idée que le grand, le
+fameux Fred pouvait apporter avant lui la solution du problème de la
+«Chambre Jaune!»</p>
+
+<p>Je parvins à le rejoindre sur le seuil du pavillon.</p>
+
+<p>«Allons! lui dis-je, calmez-vous&hellip; vous n'êtes donc pas content?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, m'avoua-t-il avec un grand soupir. <i>Je suis très content</i>.
+J'ai découvert bien des choses&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;De l'ordre moral ou de l'ordre matériel?</p>
+
+<p>&mdash;Quelques-unes de l'ordre moral et une de l'ordre matériel. Tenez,
+ceci, par exemple.»</p>
+
+<p>Et, rapidement, il sortit de la poche de son gilet une feuille de papier
+qu'il avait dû y serrer pendant son expédition sous le lit, et dans le
+pli de laquelle il avait déposé <i>un cheveu blond de femme</i>.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch8">VIII<br />
+Le juge d'instruction interroge Mlle Stangerson</h2>
+
+
+<p>Cinq minutes plus tard, Joseph Rouletabille se penchait sur les
+empreintes de pas découvertes dans le parc, sous la fenêtre même du
+vestibule, quand un homme, qui devait être un serviteur du château, vint
+à nous à grandes enjambées, et cria à M. Robert Darzac qui descendait du
+pavillon:</p>
+
+<p>«Vous savez, monsieur Robert, que le juge d'instruction est en train
+d'interroger mademoiselle.»</p>
+
+<p>M. Robert Darzac nous jeta aussitôt une vague excuse et se prit à courir
+dans la direction du château; l'homme courut derrière lui.</p>
+
+<p>«Si le cadavre parle, fis-je, cela va devenir intéressant.</p>
+
+<p>&mdash;Il faut savoir, dit mon ami. Allons au château.»</p>
+
+<p>Et il m'entraîna. Mais, au château, un gendarme placé dans le vestibule
+nous interdit l'accès de l'escalier du premier étage. Nous dûmes
+attendre.</p>
+
+<p>Pendant ce temps-là, voici ce qui se passait dans la chambre de la
+victime. Le médecin de la famille, trouvant que Mlle Stangerson allait
+beaucoup mieux, mais craignant une rechute fatale qui ne permettrait
+plus de l'interroger, avait cru de son devoir d'avertir le juge
+d'instruction&hellip; et celui-ci avait résolu de procéder immédiatement à un
+bref interrogatoire. À cet interrogatoire assistèrent M. de Marquet, le
+greffier, M. Stangerson, le médecin. Je me suis procuré plus tard, au
+moment du procès, le texte de cet interrogatoire. Le voici, dans toute
+sa sécheresse juridique:</p>
+
+<p>Demande.&mdash;Sans trop vous fatiguer, êtes-vous capable, mademoiselle, de
+nous donner quelques détails nécessaires sur l'affreux attentat dont
+vous avez été victime?</p>
+
+<p>Réponse.&mdash;Je me sens beaucoup mieux, monsieur, et je vais vous dire ce
+que je sais. Quand j'ai pénétré dans ma chambre, je ne me suis aperçue
+de rien d'anormal.</p>
+
+<p>D.&mdash;Pardon, mademoiselle, si vous me le permettez, je vais vous poser
+des questions et vous y répondrez. Cela vous fatiguera moins qu'un long
+récit.</p>
+
+<p>R.&mdash;Faites, monsieur.</p>
+
+<p>D.&mdash;Quel fut ce jour-là l'emploi de votre journée? Je le désirerais
+aussi précis, aussi méticuleux que possible. Je voudrais, mademoiselle,
+suivre tous vos gestes, ce jour-là, si ce n'est point trop vous
+demander.</p>
+
+<p>R.&mdash;Je me suis levée tard, à dix heures, car mon père et moi nous
+étions rentrés tard dans la nuit, ayant assisté au dîner et à la
+réception offerts par le président de la République, en l'honneur des
+délégués de l'académie des sciences de Philadelphie. Quand je suis
+sortie de ma chambre, à dix heures et demie, mon père était déjà au
+travail dans le laboratoire. Nous avons travaillé ensemble jusqu'à midi;
+nous avons fait une promenade d'une demi-heure dans le parc; nous avons
+déjeuné au château. Une demi-heure de promenade, jusqu'à une heure et
+demie, comme tous les jours. Puis, mon père et moi, nous retournons au
+laboratoire. Là, nous trouvons ma femme de chambre qui vient de faire ma
+chambre. J'entre dans la «Chambre Jaune» pour donner quelques ordres
+sans importance à cette domestique qui quitte le pavillon aussitôt et je
+me remets au travail avec mon père. À cinq heures, nous quittons le
+pavillon pour une nouvelle promenade et le thé.</p>
+
+<p>D.&mdash;Au moment de sortir, à cinq heures, êtes-vous entrée dans votre
+chambre?</p>
+
+<p>R.&mdash;Non, monsieur, c'est mon père qui est entré dans ma chambre, pour y
+chercher, sur ma prière, mon chapeau.</p>
+
+<p>D.&mdash;Et il n'y a rien vu de suspect?</p>
+
+<p>M. STANGERSON.&mdash;Évidemment non, monsieur.</p>
+
+<p>D.&mdash;Du reste, il est à peu près sûr que l'assassin n'était pas encore
+sous le lit, à ce moment-là. Quand vous êtes partie, la porte de la
+chambre n'avait pas été fermée à clef?</p>
+
+<p>Mlle STANGERSON.&mdash;Non. Nous n'avions aucune raison pour cela&hellip;</p>
+
+<p>D.&mdash;Vous avez été combien de temps partis du pavillon à ce moment-là, M.
+Stangerson et vous?</p>
+
+<p>R.&mdash;Une heure environ.</p>
+
+<p>D.&mdash;C'est pendant cette heure-là, sans doute, que l'assassin s'est
+introduit dans le pavillon. Mais comment? On ne le sait pas. On trouve
+bien, dans le parc, des traces de pas <i>qui s'en vont</i> de la
+fenêtre du vestibule, on n'en trouve point qui <i>y viennent</i>.
+Aviez-vous remarqué que la fenêtre du vestibule fût ouverte quand vous
+êtes sortie avec votre père?</p>
+
+<p>R.&mdash;Je ne m'en souviens pas.</p>
+
+<p>M. STANGERSON.&mdash;Elle était fermée.</p>
+
+<p>D.&mdash;Et quand vous êtes rentrés?</p>
+
+<p>Mlle STANGERSON.&mdash;Je n'ai pas fait attention.</p>
+
+<p>M. STANGERSON.&mdash;Elle était encore fermée&hellip;, je m'en souviens très
+bien, car, en rentrant, j'ai dit tout haut: «Vraiment, pendant notre
+absence, le père Jacques aurait pu ouvrir!&hellip;»</p>
+
+<p>D.&mdash;Étrange! Étrange! Rappelez-vous, monsieur Stangerson, que le père
+Jacques, en votre absence, et avant de sortir, l'avait ouverte. Vous
+êtes donc rentrés à six heures dans le laboratoire et vous vous êtes
+remis au travail?</p>
+
+<p>Mlle STANGERSON.&mdash;Oui, monsieur.</p>
+
+<p>D.&mdash;Et vous n'avez plus quitté le laboratoire depuis cette heure-là
+jusqu'au moment où vous êtes entrée dans votre chambre?</p>
+
+<p>M. STANGERSON.&mdash;Ni ma fille, ni moi, monsieur. Nous avions un travail
+tellement pressé que nous ne perdions pas une minute. C'est à ce point
+que nous négligions toute autre chose.</p>
+
+<p>D.&mdash;Vous avez dîné dans le laboratoire?</p>
+
+<p>R.&mdash;Oui, pour la même raison.</p>
+
+<p>D.&mdash;Avez-vous coutume de dîner dans le laboratoire?</p>
+
+<p>R.&mdash;Nous y dînons rarement.</p>
+
+<p>D.&mdash;L'assassin ne pouvait pas savoir que vous dîneriez, ce soir-là, dans
+le laboratoire?</p>
+
+<p>M. STANGERSON.&mdash;Mon Dieu, monsieur, je ne pense pas&hellip; C'est dans le
+temps que nous revenions, vers six heures, au pavillon, que je pris
+cette résolution de dîner dans le laboratoire, ma fille et moi. À ce
+moment, je fus abordé par mon garde qui me retint un instant pour me
+demander de l'accompagner dans une tournée urgente du côté des bois dont
+j'avais décidé la coupe. Je ne le pouvais point et remis au lendemain
+cette besogne, et je priai alors le garde, puisqu'il passait par le
+château, d'avertir le maître d'hôtel que nous dînerions dans le
+laboratoire. Le garde me quitta, allant faire ma commission, et je
+rejoignis ma fille à laquelle j'avais remis la clef du pavillon et qui
+l'avait laissée sur la porte à l'extérieur. Ma fille était déjà au
+travail.</p>
+
+<p>D.&mdash;À quelle heure, mademoiselle, avez-vous pénétré dans votre chambre
+pendant que votre père continuait à travailler?</p>
+
+<p>Mlle STANGERSON.&mdash;À minuit.</p>
+
+<p>D.&mdash;Le père Jacques était entré dans le courant de la soirée dans la
+«Chambre Jaune»?</p>
+
+<p>R.&mdash;Pour fermer les volets et allumer la veilleuse, comme chaque soir&hellip;</p>
+
+<p>D.&mdash;Il n'a rien remarqué de suspect?</p>
+
+<p>R.&mdash;Il nous l'aurait dit. Le père Jacques est un brave homme qui m'aime
+beaucoup.</p>
+
+<p>D.&mdash;Vous affirmez, monsieur Stangerson, que le père Jacques, ensuite,
+n'a pas quitté le laboratoire? Qu'il est resté tout le temps avec vous?</p>
+
+<p>M. STANGERSON.&mdash;J'en suis sûr. Je n'ai aucun soupçon de ce côté.</p>
+
+<p>D.&mdash;Mademoiselle, quand vous avez pénétré dans votre chambre, vous avez
+immédiatement fermé votre porte à clef et au verrou?
+Voilà bien des précautions, sachant que votre père et votre serviteur
+sont là. Vous craigniez donc quelque chose?</p>
+
+<p>R.&mdash;Mon père n'allait pas tarder à rentrer au château, et le père
+Jacques, à aller se coucher. Et puis, en effet, je craignais quelque
+chose.</p>
+
+<p>D.&mdash;Vous craigniez si bien quelque chose que vous avez emprunté le
+revolver du père Jacques sans le lui dire?</p>
+
+<p>R.&mdash;C'est vrai, je ne voulais effrayer personne, d'autant plus que mes
+craintes pouvaient être tout à fait puériles.</p>
+
+<p>D.&mdash;Et que craigniez-vous donc?</p>
+
+<p>R.&mdash;Je ne saurais au juste vous le dire; depuis plusieurs nuits, il me
+semblait entendre dans le parc et hors du parc, autour du pavillon, des
+bruits insolites, quelquefois des pas, des craquements de branches. La
+nuit qui a précédé l'attentat, nuit où je ne me suis pas couchée avant
+trois heures du matin, à notre retour de l'Élysée, je suis restée un
+instant à ma fenêtre et j'ai bien cru voir des ombres&hellip;</p>
+
+<p>D.&mdash;Combien d'ombres?</p>
+
+<p>R.&mdash;Deux ombres qui tournaient autour de l'étang&hellip; puis la lune s'est
+cachée et je n'ai plus rien vu. À cette époque de la saison, tous les
+ans, j'ai déjà réintégré mon appartement du château où je reprends mes
+habitudes d'hiver; mais, cette année, je m'étais dit que je ne
+quitterais le pavillon que lorsque mon père aurait terminé, pour
+l'académie des sciences, le résumé de ses travaux sur «la Dissociation
+de la matière». Je ne voulais pas que cette &oelig;uvre considérable, qui
+allait être achevée dans quelques jours, fût troublée par un changement
+quelconque dans nos habitudes immédiates. Vous comprendrez que je n'aie
+point voulu parler à mon père de mes craintes enfantines et que je les
+aie tues au père Jacques qui n'aurait pu tenir sa langue. Quoi qu'il en
+soit, comme je savais que le père Jacques avait un revolver dans le
+tiroir de sa table de nuit, je profitai d'un moment où le bonhomme
+s'absenta dans la journée pour monter rapidement dans son grenier et
+emporter son arme que je glissai dans le tiroir de ma table de nuit, à
+moi.</p>
+
+<p>D.&mdash;Vous ne vous connaissez pas d'ennemis?</p>
+
+<p>R.&mdash;Aucun.</p>
+
+<p>D.&mdash;Vous comprendrez, mademoiselle, que ces précautions exceptionnelles
+sont faites pour surprendre.</p>
+
+<p>M. STANGERSON.&mdash;Évidemment, mon enfant, voilà des précautions bien
+surprenantes.</p>
+
+<p>R.&mdash;Non; je vous dis que, depuis deux nuits, je n'étais pas tranquille,
+mais pas tranquille du tout.</p>
+
+<p>M. STANGERSON.&mdash;Tu aurais dû me parler de cela. Tu es impardonnable.
+Nous aurions évité un malheur!</p>
+
+<p>D.&mdash;La porte de la «Chambre Jaune» fermée, mademoiselle, vous vous
+couchez?</p>
+
+<p>R.&mdash;Oui, et, très fatiguée, je dors tout de suite.</p>
+
+<p>D.&mdash;La veilleuse était restée allumée?</p>
+
+<p>R.&mdash;Oui; mais elle répand une très faible clarté&hellip;</p>
+
+<p>D.&mdash;Alors, mademoiselle, dites ce qui est arrivé?</p>
+
+<p>R.&mdash;Je ne sais s'il y avait longtemps que je dormais, mais soudain je me
+réveille&hellip; Je poussai un grand cri&hellip;</p>
+
+<p>M. STANGERSON.&mdash;Oui, un cri horrible&hellip; À l'assassin!&hellip; Je l'ai encore
+dans les oreilles&hellip;</p>
+
+<p>D.&mdash;Vous poussez un grand cri?</p>
+
+<p>R.&mdash;Un homme était dans ma chambre. Il se précipitait sur moi, me
+mettait la main à la gorge, essayait de m'étrangler. J'étouffais déjà;
+tout à coup, ma main, dans le tiroir entrouvert de ma table de nuit,
+parvint à saisir le revolver que j'y avais déposé et qui était prêt à
+tirer. À ce moment, l'homme me fit rouler à bas de mon lit et brandit
+sur ma tête une espèce de masse. Mais j'avais tiré. Aussitôt, je me
+sentis frappée par un grand coup, un coup terrible à la tête. Tout ceci,
+monsieur le juge, fut plus rapide que je ne le pourrais dire, et je ne
+sais plus rien.</p>
+
+<p>D.&mdash;Plus rien!&hellip; Vous n'avez pas une idée de la façon dont l'assassin
+a pu s'échapper de votre chambre?</p>
+
+<p>R.&mdash;Aucune idée&hellip; Je ne sais plus rien. On ne sait pas ce qui se passe
+autour de soi quand on est morte!</p>
+
+<p>D.&mdash;Cet homme était-il grand ou petit?</p>
+
+<p>R.&mdash;Je n'ai vu qu'une ombre qui m'a paru formidable&hellip;</p>
+
+<p>D.&mdash;Vous ne pouvez nous donner aucune indication?</p>
+
+<p>R.&mdash;Monsieur, je ne sais plus rien; un homme s'est rué sur moi, j'ai
+tiré sur lui&hellip; Je ne sais plus rien&hellip;</p>
+
+<p>Ici se termine l'interrogatoire de Mlle Stangerson. Joseph Rouletabille
+attendit patiemment M. Robert Darzac. Celui-ci ne tarda pas à
+apparaître.</p>
+
+<p>Dans une pièce voisine de la chambre de Mlle Stangerson, il avait écouté
+l'interrogatoire et venait le rapporter à notre ami avec une grande
+exactitude, une grande mémoire, et une docilité qui me surprit encore.
+Grâce aux notes hâtives qu'il avait prises au crayon, il put reproduire
+presque textuellement les demandes et les réponses.</p>
+
+<p>En vérité, M. Darzac avait l'air d'être le secrétaire de mon jeune ami
+et agissait en tout comme quelqu'un qui n'a rien à lui refuser; mieux
+encore, quelqu'un «qui aurait travaillé pour lui».</p>
+
+<p>Le fait de la «fenêtre fermée» frappa beaucoup le reporter comme il
+avait frappé le juge d'instruction. En outre, Rouletabille demanda à M.
+Darzac de lui répéter encore l'emploi du temps de M. et Mlle Stangerson
+le jour du drame, tel que Mlle Stangerson et M. Stangerson l'avaient
+établi devant le juge. La circonstance du dîner dans le laboratoire
+sembla l'intéresser au plus haut point et il se fit redire deux fois,
+pour en être plus sûr, que, seul, le garde savait que le professeur et
+sa fille dînaient dans le laboratoire, et de quelle sorte le garde
+l'avait su.</p>
+
+<p>Quand M. Darzac se fut tu, je dis:</p>
+
+<p>«Voilà un interrogatoire qui ne fait pas avancer beaucoup le problème.</p>
+
+<p>&mdash;Il le recule, obtempéra M. Darzac.</p>
+
+<p>&mdash;Il l'éclaire», fit, pensif, Rouletabille.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch9">IX<br />
+Reporter et policier</h2>
+
+
+<p>Nous retournâmes tous trois du côté du pavillon. À une centaine de
+mètres du bâtiment, le reporter nous arrêta, et, nous montrant un petit
+bosquet sur notre droite, il nous dit:</p>
+
+<p>«Voilà d'où est parti l'assassin pour entrer dans le pavillon.»</p>
+
+<p>Comme il y avait d'autres bosquets de cette sorte entre les grands
+chênes, je demandai pourquoi l'assassin avait choisi celui-ci plutôt
+que les autres; Rouletabille me répondit en me désignant le sentier qui
+passait tout près de ce bosquet et qui conduisait à la porte du
+pavillon.</p>
+
+<p>«Ce sentier est garni de graviers, comme vous voyez, fit-il. <i>Il
+faut</i> que l'homme ait passé par là pour aller au pavillon, puisqu'on
+ne trouve pas la trace de ses pas du <i>voyage aller</i>, sur la terre
+molle. Cet homme n'a point d'ailes. Il a marché; mais il a marché sur le
+gravier qui a roulé sous sa chaussure sans en conserver l'empreinte: ce
+gravier, en effet, a été roulé par beaucoup d'autres pieds puisque le
+sentier est le plus direct qui aille du pavillon au château. Quant au
+bosquet, formé de ces sortes de plantes qui ne meurent point pendant la
+mauvaise saison&mdash;lauriers et fusains&mdash;il a fourni à l'assassin un abri
+suffisant en attendant que le moment fût venu, pour celui-ci, de se
+diriger vers le pavillon. C'est, caché dans ce bosquet, que l'homme a vu
+sortir M. et Mlle Stangerson, puis le père Jacques. On a répandu du
+gravier jusqu'à la fenêtre&mdash;presque&mdash;du vestibule. Une empreinte des pas
+de l'homme, <i>parallèle</i> au mur, empreinte que nous remarquions tout
+à l'heure, et que j'ai déjà vue, prouve qu'«il» n'a eu à faire qu'une
+enjambée pour se trouver en face de la fenêtre du vestibule, laissée
+ouverte par le père Jacques. L'homme se hissa alors sur les poignets, et
+pénétra dans le vestibule.</p>
+
+<p>&mdash;Après tout, c'est bien possible! fis-je&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Après tout, quoi? après tout, quoi?&hellip; s'écria Rouletabille, soudain
+pris d'une colère que j'avais bien innocemment déchaînée&hellip; Pourquoi
+dites-vous: après tout, c'est bien possible!&hellip;»</p>
+
+<p>Je le suppliai de ne point se fâcher, mais il l'était déjà beaucoup
+trop pour m'écouter, et il déclara qu'il admirait le doute prudent avec
+lequel certaines gens (moi) abordaient de loin les problèmes les plus
+simples, ne se risquant jamais à dire: «ceci est» ou «ceci n'est pas»,
+de telle sorte que leur intelligence aboutissait tout juste au même
+résultat qui aurait été obtenu si la nature avait oublié de garnir leur
+boîte crânienne d'un peu de matière grise. Comme je paraissais vexé, mon
+jeune ami me prit par le bras et m'accorda «qu'il n'avait point dit cela
+pour moi, attendu qu'il m'avait en particulière estime».</p>
+
+<p>«Mais enfin! reprit-il, il est quelquefois criminel de ne point,
+<i>quand on le peut</i>, raisonner à coup sûr!&hellip; Si je ne raisonne
+point, comme je le fais, avec ce gravier, il me faudra raisonner avec un
+ballon! Mon cher, la science de l'aérostation dirigeable n'est point
+encore assez développée pour que je puisse faire entrer, dans le jeu de
+mes cogitations, l'assassin qui tombe du ciel! Ne dites donc point
+qu'une chose est possible, quand il est impossible qu'elle soit
+autrement. Nous savons, maintenant, comment l'homme est entré par la
+fenêtre, et nous savons aussi à quel moment il est entré. Il y est entré
+pendant la promenade de cinq heures. Le fait de la présence de la femme
+de chambre <i>qui vient de faire la Chambre Jaune</i>, dans le
+laboratoire, au moment du retour du professeur et de sa fille, à une
+heure et demie, nous permet d'affirmer qu'à une heure et demie,
+l'assassin n'était pas dans la chambre, sous le lit, à moins qu'il n'y
+ait complicité de la femme de chambre. Qu'en dites-vous, Monsieur Robert
+Darzac?»</p>
+
+<p>M. Darzac secoua la tête, déclara qu'il était sûr de la fidélité de la
+femme de chambre de Mlle Stangerson, et que c'était une fort honnête et
+fort dévouée domestique.</p>
+
+<p>«Et puis, à cinq heures, M. Stangerson est entré dans la chambre pour
+chercher le chapeau de sa fille! ajouta-t-il&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Il y a encore cela! fit Rouletabille.</p>
+
+<p>&mdash;L'homme est donc entré, dans le moment que vous dites, par cette
+fenêtre, fis-je, je l'admets, mais pourquoi a-t-il refermé la fenêtre,
+ce qui devait, nécessairement, attirer l'attention de ceux qui l'avaient
+ouverte?</p>
+
+<p>&mdash;il se peut que la fenêtre n'ait point été refermée «tout de suite», me
+répondit le jeune reporter. <i>Mais, s'il a refermé la
+fenêtre, il l'a refermée à cause du coude que fait le sentier garni
+de gravier, à vingt-cinq mètres du pavillon, et à cause des trois chênes
+qui s'élèvent à cet endroit.</i></p>
+
+<p>&mdash;Que voulez-vous dire?» demanda M. Robert Darzac qui nous avait suivis,
+et qui écoutait Rouletabille avec une attention presque haletante.</p>
+
+<p>«Je vous l'expliquerai plus tard, monsieur, quand j'en jugerai le moment
+venu; mais je ne crois pas avoir prononcé de paroles plus importantes
+sur cette affaire, <i>si mon hypothèse se justifie</i>.</p>
+
+<p>&mdash;Et quelle est votre hypothèse?</p>
+
+<p>&mdash;Vous ne la saurez jamais si elle ne se révèle point être la vérité.
+C'est une hypothèse beaucoup trop grave, voyez-vous, pour que je la
+livre tant qu'elle ne sera qu'hypothèse.</p>
+
+<p>&mdash;Avez-vous, au moins, quelque idée de l'assassin?</p>
+
+<p>&mdash;Non, monsieur, je ne sais pas qui est l'assassin, mais ne craignez
+rien, monsieur Robert Darzac, <i>je le saurai</i>.»</p>
+
+<p>Je dus constater que M. Robert Darzac était très ému; et je soupçonnai
+que l'affirmation de Rouletabille n'était point pour lui plaire. Alors,
+pourquoi, s'il craignait réellement qu'on découvrît l'assassin (je
+questionnais ici ma propre pensée), pourquoi aidait-il le reporter à le
+retrouver? Mon jeune ami sembla avoir reçu la même impression que moi,
+et il dit brutalement:</p>
+
+<p>«Cela ne vous déplaît pas, monsieur Robert Darzac, que je découvre
+l'assassin?</p>
+
+<p>&mdash;Ah! je voudrais le tuer de ma main! s'écria le fiancé de Mlle
+Stangerson, avec un élan qui me stupéfia.</p>
+
+<p>&mdash;Je vous crois! fit gravement Rouletabille, mais vous n'avez pas
+répondu à ma question.»</p>
+
+<p>Nous passions près du bosquet, dont le jeune reporter nous avait parlé à
+l'instant; j'y entrai et lui montrai les traces évidentes du passage
+d'un homme qui s'était caché là. Rouletabille, une fois de plus, avait
+raison.</p>
+
+<p>«Mais oui! fit-il, mais oui!&hellip; Nous avons affaire à un individu en
+chair et en os, qui ne dispose pas d'autres moyens que les nôtres, et il
+faudra bien que tout s'arrange!»</p>
+
+<p>Ce disant, il me demanda la semelle de papier qu'il m'avait confiée et
+l'appliqua sur une empreinte très nette, derrière le bosquet. Puis il se
+releva en disant: «Parbleu!»</p>
+
+<p>Je croyais qu'il allait, maintenant, suivre à la piste «les pas de la
+fuite de l'assassin», depuis la fenêtre du vestibule, mais il nous
+entraîna assez loin vers la gauche, en nous déclarant que c'était
+inutile de se mettre le nez sur cette fange, et qu'il était sûr,
+maintenant, de tout le chemin de la fuite de l'assassin.</p>
+
+<p>«Il est allé jusqu'au bout du mur, à cinquante mètres de là, et puis il
+a sauté la haie et le fossé; tenez, juste en face ce petit sentier qui
+conduit à l'étang. C'est le chemin le plus rapide pour sortir de la
+propriété et aller à l'étang.</p>
+
+<p>&mdash;Comment savez-vous qu'il est allé à l'étang?</p>
+
+<p>&mdash;Parce que Frédéric Larsan n'en a pas quitté les bords depuis ce matin.
+Il doit y avoir là de fort curieux indices.»</p>
+
+<p>Quelques minutes plus tard, nous étions près de l'étang.</p>
+
+<p>C'était une petite nappe d'eau marécageuse, entourée de roseaux, et sur
+laquelle flottaient encore quelques pauvres feuilles mortes de nénuphar.
+Le grand Fred nous vit peut-être venir, mais il est probable que nous
+l'intéressions peu, car il ne fit guère attention à nous et continua de
+remuer, du bout de sa canne, quelque chose que nous ne voyions pas&hellip;</p>
+
+<p>«Tenez, fit Rouletabille, voilà à nouveau <i>les pas de la fuite de
+l'homme</i>; ils tournent l'étang ici, reviennent et disparaissent
+enfin, près de l'étang, juste devant ce sentier qui conduit à la grande
+route d'Épinay. L'homme a continué sa fuite vers Paris&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Qui vous le fait croire, interrompis-je, puisqu'il n'y a plus les pas
+de l'homme sur le sentier?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Ce qui me le fait croire? Mais ces pas-là, ces pas que j'attendais!
+s'écria-t-il, en désignant l'empreinte très nette d'une «chaussure
+élégante»&hellip; Voyez!&hellip;»</p>
+
+<p>Et il interpella Frédéric Larsan.</p>
+
+<p>&mdash;Monsieur Fred, cria-t-il&hellip; «ces pas élégants» sur la route sont bien
+là depuis la découverte du crime?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, jeune homme; oui, ils ont été relevés soigneusement, répondit
+Fred sans lever la tête. Vous voyez, il y a les pas qui viennent, et les
+pas qui repartent&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Et cet homme avait une bicyclette!» s'écria le reporter&hellip;</p>
+
+<p>Ici, après avoir regardé les empreintes de la bicyclette qui suivaient,
+aller et retour, les pas élégants, je crus pouvoir intervenir.</p>
+
+<p>«La bicyclette explique la disparition des pas grossiers de l'assassin,
+fis-je. L'assassin, aux pas grossiers, est monté à bicyclette&hellip; Son
+complice, «l'homme aux pas élégants», était venu l'attendre au bord de
+l'étang, avec la bicyclette. On peut supposer que l'assassin agissait
+pour le compte de l'homme aux pas élégants?</p>
+
+<p>&mdash;Non! non! répliqua Rouletabille avec un étrange sourire&hellip; J'attendais
+ces pas-là depuis le commencement de l'affaire. Je les ai, je ne vous
+les abandonne pas. Ce sont les pas de l'assassin!</p>
+
+<p>&mdash;Et les autres pas, les pas grossiers, qu'en faites-vous?</p>
+
+<p>&mdash;Ce sont encore les pas de l'assassin.</p>
+
+<p>&mdash;Alors, il y en a deux?</p>
+
+<p>&mdash;Non! Il n'y en a qu'un, et il n'a pas eu de complice&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Très fort! très fort! cria de sa place Frédéric Larsan.</p>
+
+<p>&mdash;Tenez, continua le jeune reporter, en nous montrant la terre remuée
+par des talons grossiers; l'homme s'est assis là et a enlevé les
+godillots qu'il avait mis pour tromper la justice, et puis, les
+emportant sans doute avec lui, <i>il s'est relevé avec ses pieds à
+lui</i> et, tranquillement, a regagné, au pas, la grande route, en
+tenant sa bicyclette à la main. Il ne pouvait se risquer, sur ce très
+mauvais sentier, à courir à bicyclette. Du reste, ce qui le prouve,
+c'est la marque légère et hésitante de la bécane sur le sentier, malgré
+la mollesse du sol. S'il y avait eu un homme sur cette bicyclette, les
+roues fussent entrées profondément dans le sol&hellip; Non, non, il n'y avait
+là qu'un seul homme: L'assassin, à pied!</p>
+
+<p>&mdash;Bravo! Bravo!» fit encore le grand Fred&hellip;</p>
+
+<p>Et, tout à coup, celui-ci vint à nous, se planta devant M. Robert Darzac
+et lui dit:</p>
+
+<p>«Si nous avions une bicyclette ici&hellip; nous pourrions démontrer la
+justesse du raisonnement de ce jeune homme, monsieur Robert Darzac&hellip;
+<i>Vous ne savez pas</i> s'il s'en trouve une au château?</p>
+
+<p>&mdash;Non! répondit M. Darzac, il n'y en a pas; j'ai emporté la mienne, il y
+a quatre jours, à Paris, la dernière fois que je suis venu au château
+avant le crime.</p>
+
+<p>&mdash;C'est dommage!» répliqua Fred sur le ton d'une extrême froideur.</p>
+
+<p>Et, se retournant vers Rouletabille:</p>
+
+<p>«Si cela continue, dit-il, vous verrez que nous aboutirons tous les deux
+aux mêmes conclusions. Avez-vous une idée sur la façon dont l'assassin
+est sorti de la «Chambre Jaune»?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, fit mon ami, une idée&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Moi aussi, continua Fred, et ce doit être la même. Il n'y a pas deux
+façons de raisonner dans cette affaire. J'attends, pour m'expliquer
+devant le juge, l'arrivée de mon chef.</p>
+
+<p>&mdash;Ah! Le chef de la Sûreté va venir?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, cet après-midi, pour la confrontation dans le laboratoire,
+devant le juge d'instruction, de tous ceux qui ont joué ou pu jouer un
+rôle dans le drame. Ce sera très intéressant. Il est malheureux que vous
+ne puissiez y assister.</p>
+
+<p>&mdash;J'y assisterai, affirma Rouletabille.</p>
+
+<p>&mdash;Vraiment&hellip; vous êtes extraordinaire&hellip; pour votre âge! répliqua le
+policier sur un ton non dénué d'une certaine ironie&hellip; Vous feriez un
+merveilleux policier&hellip; si vous aviez un peu plus de méthode&hellip; Si vous
+obéissiez moins à votre instinct et aux bosses de votre front. C'est une
+chose que j'ai déjà observée plusieurs fois, monsieur Rouletabille: vous
+raisonnez trop&hellip; Vous ne vous laissez pas assez conduire par votre
+observation&hellip; Que dites-vous du mouchoir plein de sang et de la main
+rouge sur le mur? Vous avez vu, vous, la main rouge sur le mur; moi, je
+n'ai vu que le mouchoir&hellip; Dites&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Bah! fit Rouletabille, un peu interloqué, <i>l'assassin a
+été blessé à la main</i> par le revolver de Mlle Stangerson!</p>
+
+<p>&mdash;Ah! observation brutale, instinctive&hellip; Prenez garde, vous êtes trop
+«directement» logique, monsieur Rouletabille; la logique vous jouera un
+mauvais tour si vous la brutalisez ainsi. Il est de nombreuses
+circonstances dans lesquelles il faut la traiter en douceur, «la prendre
+de loin»&hellip; Monsieur Rouletabille, vous avez raison quand vous parlez du
+revolver de Mlle Stangerson. Il est certain que «la victime» a tiré.
+Mais vous avez tort quand vous dites qu'elle a blessé l'assassin à la
+main&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Je suis sûr!» s'écria Rouletabille&hellip;</p>
+
+<p>Fred, imperturbable, l'interrompit:</p>
+
+<p>«Défaut d'observation!&hellip; défaut d'observation!&hellip;</p>
+
+<p>L'examen du mouchoir, les innombrables petites taches rondes, écarlates,
+impressions de gouttes que je retrouve sur la trace des pas, <i>au
+moment même où le pas pose à terre</i>, me prouvent que l'assassin n'a
+pas été blessé. <i>«L'assassin, monsieur Rouletabille, a saigné du nez!&hellip;»</i></p>
+
+<p>Le grand Fred était sérieux. Je ne pus retenir, cependant, une
+exclamation.</p>
+
+<p>Le reporter regardait Fred qui regardait sérieusement le reporter. Et
+Fred tira aussitôt une conclusion:</p>
+
+<p>«L'homme qui saignait du nez dans sa main et dans son mouchoir, a essuyé
+sa main sur le mur. La chose est fort importante, ajouta-t-il, <i>car
+l'assassin n'a pas besoin d'être blessé à la main pour être l'assassin!»</i></p>
+
+<p>Rouletabille sembla réfléchir profondément, et dit:</p>
+
+<p>«Il y a quelque chose, monsieur Frédéric Larsan, qui est beaucoup plus
+grave que le fait de brutaliser la logique, c'est cette disposition
+d'esprit propre à certains policiers qui leur fait, en toute bonne foi,
+«plier en douceur cette logique aux nécessités de leurs conceptions».
+Vous avez votre idée, déjà, sur l'assassin, monsieur Fred, ne le niez
+pas&hellip; et il ne faut pas que votre assassin ait été blessé à la main,
+sans quoi votre idée tomberait d'elle-même&hellip; Et vous avez cherché, et
+vous avez trouvé autre chose. C'est un système bien dangereux, monsieur
+Fred, bien dangereux, que celui qui consiste à partir de l'idée que l'on
+se fait de l'assassin pour arriver aux preuves dont on a besoin!&hellip;
+Cela pourrait vous mener loin&hellip; Prenez garde à l'erreur judiciaire,
+Monsieur Fred; elle vous guette!&hellip;»</p>
+
+<p>Et, ricanant un peu, les mains dans les poches, légèrement goguenard,
+Rouletabille, de ses petits yeux malins, fixa le grand Fred.</p>
+
+<p>Frédéric Larsan considéra en silence ce gamin qui prétendait être plus
+fort que lui; il haussa les épaules, nous salua, et s'en alla, à grandes
+enjambées, frappant la pierre du chemin <i>de sa grande
+canne.</i></p>
+
+<p>Rouletabille le regardait s'éloigner; puis le jeune reporter se retourna
+vers nous, la figure joyeuse et déjà triomphante:</p>
+
+<p>«Je le battrai! nous jeta-t-il&hellip; Je battrai le grand Fred, si fort
+soit-il; je les battrai tous&hellip; Rouletabille est plus fort qu'eux tous!&hellip;
+Et le grand Fred, l'illustre, le fameux, l'immense Fred&hellip; l'unique
+Fred raisonne comme une savate!&hellip; comme une savate!&hellip; comme une
+savate!»</p>
+
+<p>Et il esquissa un entrechat; mais il s'arrêta subitement dans sa
+chorégraphie&hellip; Mes yeux allèrent où allaient ses yeux; ils étaient
+attachés sur M. Robert Darzac qui, la face décomposée, regardait sur le
+sentier, la marque de ses pas, à côté de la marque «du pas élégant». IL
+N'Y AVAIT PAS DE DIFFÉRENCE!</p>
+
+<p>Nous crûmes qu'il allait défaillir; ses yeux, agrandis par l'épouvante,
+nous fuirent un instant, cependant que sa main droite tiraillait d'un
+mouvement spasmodique le collier de barbe qui entourait son honnête et
+douce et désespérée figure. Enfin, il se ressaisit, nous salua, nous dit
+d'une voix changée, qu'il était dans la nécessité de rentrer au château
+et partit.</p>
+
+<p>«Diable!» fit Rouletabille.</p>
+
+<p>Le reporter, lui aussi, avait l'air consterné. Il tira de son
+portefeuille un morceau de papier blanc, comme je le lui avais vu faire
+précédemment, et découpa avec ses ciseaux les contours de «pieds
+élégants» de l'assassin, dont le modèle était là, sur la terre. Et puis
+il transporta cette nouvelle semelle de papier sur les empreintes de la
+bottine de M. Darzac. L'adaptation était parfaite et Rouletabille se
+releva en répétant: «Diable»!</p>
+
+<p>Je n'osais pas prononcer une parole, tant j'imaginais que ce qui se
+passait, dans ce moment, dans les bosses de Rouletabille était grave.</p>
+
+<p>Il dit:</p>
+
+<p>«Je crois pourtant que M. Robert Darzac est un honnête homme&hellip;»</p>
+
+<p>Et il m'entraîna vers l'auberge du «Donjon», que nous apercevions à un
+kilomètre de là, sur la route, à côté d'un petit bouquet d'arbres.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch10">X<br />
+«Maintenant, il va falloir manger du saignant»</h2>
+
+
+<p>L'auberge du «Donjon» n'avait pas grande apparence; mais j'aime ces
+masures aux poutres noircies par le temps et la fumée de l'âtre, ces
+auberges de l'époque des diligences, bâtisses branlantes qui ne seront
+bientôt plus qu'un souvenir. Elles tiennent au passé, elles se
+rattachent à l'histoire, elles continuent quelque chose et elles font
+penser aux vieux contes de la Route, quand il y avait, sur la route, des
+aventures.</p>
+
+<p>Je vis tout de suite que l'auberge du «Donjon» avait bien ses deux
+siècles et même peut-être davantage. Pierraille et plâtras s'étaient
+détachés çà et là de la forte armature de bois dont les X et les V
+supportaient encore gaillardement le toit vétuste. Celui-ci avait glissé
+légèrement sur ses appuis, comme glisse la casquette sur le front d'un
+ivrogne. Au-dessus de la porte d'entrée, une enseigne de fer gémissait
+sous le vent d'automne. Un artiste de l'endroit y avait peint une sorte
+de tour surmontée d'un toit pointu et d'une lanterne comme on en voyait
+au donjon du château du Glandier. Sous cette enseigne, sur le seuil, un
+homme, de mine assez rébarbative, semblait plongé dans des pensées assez
+sombres, s'il fallait en croire les plis de son front et le méchant
+rapprochement de ses sourcils touffus.</p>
+
+<p>Quand nous fûmes tout près de lui, il daigna nous voir et nous demanda
+d'une façon peu engageante si nous avions besoin de quelque chose.
+C'était, à n'en pas douter, l'hôte peu aimable de cette charmante
+demeure. Comme nous manifestions l'espoir qu'il voudrait bien nous
+servir à déjeuner, il nous avoua qu'il n'avait aucune provision et qu'il
+serait fort embarrassé de nous satisfaire; et, ce disant, il nous
+regardait d'un &oelig;il dont je ne parvenais pas à m'expliquer la
+méfiance.</p>
+
+<p>«Vous pouvez nous faire accueil, lui dit Rouletabille, nous ne sommes
+pas de la police.</p>
+
+<p>&mdash;je ne crains pas la police, répondit l'homme; je ne crains personne.»</p>
+
+<p>Déjà je faisais comprendre par un signe à mon ami que nous serions bien
+inspirés de ne pas insister, mais mon ami, qui tenait évidemment à
+entrer dans cette auberge, se glissa sous l'épaule de l'homme et fut
+dans la salle.</p>
+
+<p>«Venez, dit-il, il fait très bon ici.»</p>
+
+<p>De fait, un grand feu de bois flambait dans la cheminée. Nous nous en
+approchâmes et tendîmes nos mains à la chaleur du foyer, car, ce
+matin-là, on sentait déjà venir l'hiver. La pièce était assez grande;
+deux épaisses tables de bois, quelques escabeaux, un comptoir, où
+s'alignaient des bouteilles de sirop et d'alcool, la garnissaient. Trois
+fenêtres donnaient sur la route. Une chromo-réclame, sur le mur,
+vantait, sous les traits d'une jeune Parisienne levant effrontément son
+verre, les vertus apéritives d'un nouveau vermouth. Sur la tablette de
+la haute cheminée, l'aubergiste avait disposé un grand nombre de pots et
+de cruches en grès et en faïence.</p>
+
+<p>«Voilà une belle cheminée pour faire rôtir un poulet, dit Rouletabille.</p>
+
+<p>&mdash;Nous n'avons point de poulet, fit l'hôte; pas même un méchant lapin.</p>
+
+<p>Je sais, répliqua mon ami, d'une voix goguenarde qui me surprit, <i>je
+sais que, maintenant, il va falloir manger du saignant</i>.»</p>
+
+<p>J'avoue que je ne comprenais rien à la phrase de Rouletabille. Pourquoi
+disait-il à cet homme: «Maintenant, il va falloir manger du
+saignant&hellip;?» Et pourquoi l'aubergiste, aussitôt qu'il eut entendu cette
+phrase, laissa-t-il échapper un juron qu'il étouffa aussitôt et se
+mit-il à notre disposition aussi docilement que M. Robert Darzac
+lui-même quand il eut entendu ces mots fatidiques: «Le presbytère n'a
+rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat&hellip;?» Décidément, mon
+ami avait le don de se faire comprendre des gens avec des phrases tout à
+fait incompréhensibles. Je lui en fis l'observation et il voulut bien
+sourire. J'eusse préféré qu'il daignât me donner quelque explication,
+mais il avait mis un doigt sur sa bouche, ce qui signifiait évidemment
+que non seulement il s'interdisait de parler, mais encore qu'il me
+recommandait le silence. Entre temps, l'homme, poussant une petite
+porte, avait crié qu'on lui apportât une demi-douzaine d'&oelig;ufs et «le
+morceau de faux filet». La commission fut bientôt faite par une jeune
+femme fort accorte, aux admirables cheveux blonds et dont les beaux
+grands yeux doux nous regardèrent avec curiosité.</p>
+
+<p>L'aubergiste lui dit d'une voix rude:</p>
+
+<p>«Va-t'en! Et si l'homme vert s'en vient, que je ne te voie pas!»</p>
+
+<p>Et elle disparut, Rouletabille s'empara des &oelig;ufs qu'on lui apporta
+dans un bol et de la viande qu'on lui servit sur un plat, plaça le tout
+précautionneusement à côté de lui, dans la cheminée, décrocha une poêle
+et un gril pendus dans l'âtre et commença de battre notre omelette en
+attendant qu'il fît griller notre bifteck. Il commanda encore à l'homme
+deux bonnes bouteilles de cidre et semblait s'occuper aussi peu de son
+hôte que son hôte s'occupait de lui. L'homme tantôt le couvait des yeux
+et tantôt me regardait avec un air d'anxiété qu'il essayait en vain de
+dissimuler. Il nous laissa faire notre cuisine et mit notre couvert
+auprès d'une fenêtre.</p>
+
+<p>Tout à coup je l'entendis qui murmurait:</p>
+
+<p>«Ah! le voilà!»</p>
+
+<p>Et, la figure changée, n'exprimant plus qu'une haine atroce, il alla se
+coller contre la fenêtre, regardant la route. Je n'eus point besoin
+d'avertir Rouletabille. Le jeune homme avait déjà lâché son omelette et
+rejoignait l'hôte à la fenêtre. J'y fus avec lui.</p>
+
+<p>Un homme, tout habillé de velours vert, la tête prise dans une casquette
+ronde de même couleur, s'avançait, à pas tranquilles sur la route, en
+fumant sa pipe. Il portait un fusil en bandoulière et montrait dans ses
+mouvements une aisance presque aristocratique. Cet homme pouvait avoir
+quarante-cinq ans. Les cheveux et la moustache étaient gris-sel. Il
+était remarquablement beau. Il portait binocle. Quand il passa près de
+l'auberge, il parut hésiter, se demandant s'il entrerait, jeta un regard
+de notre côté, lâcha quelques bouffées de sa pipe et d'un même pas
+nonchalant reprit sa promenade.</p>
+
+<p>Rouletabille et moi nous regardâmes l'hôte. Ses yeux fulgurants, ses
+poings fermés, sa bouche frémissante, nous renseignaient sur les
+sentiments tumultueux qui l'agitaient.</p>
+
+<p>«Il a bien fait de ne pas entrer aujourd'hui! siffla-t-il.</p>
+
+<p>&mdash;Quel est cet homme? demanda Rouletabille, en retournant à son
+omelette.</p>
+
+<p>&mdash;«L'homme vert!» gronda l'aubergiste&hellip; Vous ne le connaissez pas?
+Tant mieux pour vous. C'est pas une connaissance à faire&hellip; Eh ben,
+c'est l'garde à M. Stangerson.</p>
+
+<p>&mdash;Vous ne paraissez pas l'aimer beaucoup? demanda le reporter en
+versant son omelette dans la poêle.</p>
+
+<p>&mdash;Personne ne l'aime dans le pays, monsieur; et puis c'est un fier, qui
+a dû avoir de la fortune autrefois; et il ne pardonne à personne de
+s'être vu forcé, pour vivre, de devenir domestique. Car un garde, c'est
+un larbin comme un autre! n'est-ce pas? Ma parole! on dirait que c'est
+lui qui est le maître du Glandier, que toutes les terres et tous les
+bois lui appartiennent. Il ne permettrait pas à un pauvre de déjeuner
+d'un morceau de pain sur l'herbe, «sur son herbe»!</p>
+
+<p>&mdash;Il vient quelquefois ici?</p>
+
+<p>&mdash;Il vient trop. Mais je lui ferai bien comprendre que sa figure ne me
+revient pas. Il y a seulement un mois, il ne m'embêtait pas! L'auberge
+du «Donjon» n'avait jamais existé pour lui!&hellip; Il n'avait pas le temps!
+Fallait-il pas qu'il fasse sa cour à l'hôtesse des «Trois Lys», à
+Saint-Michel. Maintenant qu'il y a eu de la brouille dans les amours, il
+cherche à passer le temps ailleurs&hellip; Coureur de filles, trousseur de
+jupes, mauvais gars&hellip; Y a pas un honnête homme qui puisse le supporter,
+cet homme-là&hellip; Tenez, les concierges du château ne pouvaient pas le
+voir en peinture, «l'homme vert!&hellip;»</p>
+
+<p>&mdash;Les concierges du château sont donc d'honnêtes gens, monsieur
+l'aubergiste?</p>
+
+<p>&mdash;Appelez-moi donc père Mathieu; c'est mon nom&hellip; Eh ben, aussi vrai que
+je m'appelle Mathieu, oui m'sieur, j'les crois honnêtes.</p>
+
+<p>&mdash;On les a pourtant arrêtés.</p>
+
+<p>&mdash;Què-que ça prouve? Mais je ne veux pas me mêler des affaires du
+prochain&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Et qu'est-ce que vous pensez de l'assassinat?</p>
+
+<p>&mdash;De l'assassinat de cette pauvre mademoiselle? Une brave fille, allez,
+et qu'on aimait bien dans le pays. C'que j'en pense?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, ce que vous en pensez.</p>
+
+<p>&mdash;Rien&hellip; et bien des choses&hellip; Mais ça ne regarde personne.</p>
+
+<p>&mdash;Pas même moi?» insista Rouletabille.</p>
+
+<p>L'aubergiste le regarda de côté, grogna, et dit:</p>
+
+<p>«Pas même vous&hellip;»</p>
+
+<p>L'omelette était prête; nous nous mîmes à table et nous mangions en
+silence, quand la porte d'entrée fut poussée et une vieille femme,
+habillée de haillons, appuyée sur un bâton, la tête branlante, les
+cheveux blancs qui pendaient en mèches folles sur le front encrassé, se
+montra sur le seuil.</p>
+
+<p>«Ah! vous v'là, la mère Agenoux! Y a longtemps qu'on ne vous a vue, fit
+notre hôte.</p>
+
+<p>&mdash;J'ai été bien malade, toute prête à mourir, dit la vieille. Si
+quelquefois vous aviez des restes pour la «Bête du Bon Dieu»&hellip;?</p>
+
+<p>Et elle pénétra dans l'auberge, suivie d'un chat si énorme que je ne
+soupçonnais pas qu'il pût en exister de cette taille. La bête nous
+regarda et fit entendre un miaulement si désespéré que je me sentis
+frissonner. Je n'avais jamais entendu un cri aussi lugubre.</p>
+
+<p>Comme s'il avait été attiré par ce cri, un homme entra, derrière la
+vieille. C'était «l'homme vert». Il nous salua d'un geste de la main à
+sa casquette et s'assit à la table voisine de la nôtre.</p>
+
+<p>«Donnez-moi un verre de cidre, père Mathieu.»</p>
+
+<p>Quand «l'homme vert» était entré, le père Mathieu avait eu un mouvement
+violent de tout son être vers le nouveau venu; mais, visiblement, il se
+dompta et répondit:</p>
+
+<p>«Y a plus de cidre, j'ai donné les dernières bouteilles à ces messieurs.</p>
+
+<p>&mdash;Alors donnez-moi un verre de vin blanc, fit «l'homme vert» sans
+marquer le moindre étonnement.</p>
+
+<p>&mdash;Y a plus de vin blanc, y a plus rien!»</p>
+
+<p>Le père Mathieu répéta, d'une voix sourde:</p>
+
+<p>«Y a plus rien!</p>
+
+<p>&mdash;Comment va Mme Mathieu?»</p>
+
+<p>L'aubergiste, à cette question de «l'homme vert», serra les poings, se
+retourna vers lui, la figure si mauvaise que je crus qu'il allait
+frapper, et puis il dit:</p>
+
+<p>«Elle va bien, merci.»</p>
+
+<p>Ainsi, la jeune femme aux grands yeux doux que nous avions vue tout à
+l'heure était l'épouse de ce rustre répugnant et brutal, et dont tous
+les défauts physiques semblaient dominés par ce défaut moral: La
+jalousie.</p>
+
+<p>Claquant la porte, l'aubergiste quitta la pièce. La mère Agenoux était
+toujours là debout, appuyée sur son bâton et le chat au bas de ses
+jupes.</p>
+
+<p>«L'homme vert» lui demanda:</p>
+
+<p>«Vous avez été malade, mère Agenoux, qu'on ne vous a pas vue depuis
+bientôt huit jours?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, m'sieur l'garde. Je ne me suis levée que trois fois pour aller
+prier sainte Geneviève, notre bonne patronne, et l'reste du temps, j'ai
+été étendue sur mon grabat. Il n'y a eu pour me soigner que la «Bête du
+Bon Dieu!»</p>
+
+<p>&mdash;Elle ne vous a pas quittée?</p>
+
+<p>&mdash;Ni jour ni nuit.</p>
+
+<p>&mdash;Vous en êtes sûre?</p>
+
+<p>&mdash;Comme du paradis.</p>
+
+<p>&mdash;Alors, comment ça se fait-il, mère Agenoux, qu'on n'ait entendu que le
+cri de la «Bête du Bon Dieu» toute la nuit du crime?»</p>
+
+<p>La mère Agenoux alla se planter face au garde, et frappa le plancher de
+son bâton:</p>
+
+<p>«Je n'en sais rien de rien. Mais, voulez-vous que j'vous dise? Il n'y a
+pas deux bêtes au monde qui ont ce cri-là&hellip; Eh bien, moi aussi, la nuit
+du crime, j'ai entendu, au dehors, le cri de la «Bête du Bon Dieu»; et
+pourtant elle était sur mes genoux, m'sieur le garde, et elle n'a pas
+miaulé une seule fois, je vous le jure. Je m'suis signée, quand j'ai
+entendu ça, comme si j'entendais l'diable!»</p>
+
+<p>Je regardais le garde pendant qu'il posait cette dernière question, et
+je me trompe fort si je n'ai pas surpris sur ses lèvres un mauvais
+sourire goguenard.</p>
+
+<p>À ce moment, le bruit d'une querelle aiguë parvint jusqu'à nous. Nous
+crûmes même percevoir des coups sourds, comme si l'on battait, comme si
+l'on assommait quelqu'un. «L'homme vert» se leva et courut résolument à
+la porte, à côté de l'âtre, mais celle-ci s'ouvrit et l'aubergiste,
+apparaissant, dit au garde:</p>
+
+<p>«Ne vous effrayez pas, m'sieur le garde; c'est ma femme qu'a mal aux
+dents!»</p>
+
+<p>Et il ricana.</p>
+
+<p>«Tenez, mère Agenoux, v'là du mou pour vot'chat.»</p>
+
+<p>Il tendit à la vieille un paquet; la vieille s'en empara avidement et
+sortit, toujours suivie de son chat.</p>
+
+<p>«L'homme vert» demanda:</p>
+
+<p>«Vous ne voulez rien me servir?»</p>
+
+<p>Le père Mathieu ne retint plus l'expression de sa haine:</p>
+
+<p>«Y a rien pour vous! Y a rien pour vous! Allez-vous-en!&hellip;»</p>
+
+<p>«L'homme vert», tranquillement, bourra sa pipe, l'alluma, nous salua et
+sortit. Il n'était pas plutôt sur le seuil que Mathieu lui claquait la
+porte dans le dos et, se retournant vers nous, les yeux injectés de
+sang, la bouche écumante, nous sifflait, le poing tendu vers cette porte
+qui venait de se fermer sur l'homme qu'il détestait:</p>
+
+<p>«Je ne sais pas qui vous êtes, vous qui venez me dire: «Maintenant va
+falloir manger du saignant.» Mais si ça vous intéresse: l'assassin, le
+v'là!»</p>
+
+<p>Aussitôt qu'il eût ainsi parlé, le père Mathieu nous quitta.
+Rouletabille retourna vers l'âtre, et dit:</p>
+
+<p>«Maintenant, nous allons griller notre bifteck. Comment trouvez-vous le
+cidre? Un peu dur, comme je l'aime.»</p>
+
+<p>Ce jour-là, nous ne revîmes plus Mathieu et un grand silence régnait
+dans l'auberge quand nous la quittâmes, après avoir laissé cinq francs
+sur notre table, en paiement de notre festin.</p>
+
+<p>Rouletabille me fit aussitôt faire près d'une lieue autour de la
+propriété du professeur Stangerson. Il s'arrêta dix minutes, au coin
+d'un petit chemin tout noir de suie, auprès des cabanes de charbonniers
+qui se trouvent dans la partie de la forêt de Sainte-Geneviève, qui
+touche à la route allant d'Épinay à Corbeil, et me confia que l'assassin
+avait certainement passé par là, «vu l'état des chaussures grossières»,
+avant de pénétrer dans la propriété et d'aller se cacher dans le
+bosquet.</p>
+
+<p>«Vous ne croyez donc pas que le garde a été dans l'affaire?
+interrompis-je.</p>
+
+<p>&mdash;Nous verrons cela plus tard, me répondit-il. Pour le moment, ce que
+l'aubergiste a dit de cet homme ne m'occupe pas. Il en a parlé avec sa
+haine. Ce n'est pas pour l'«homme vert» que je vous ai emmené déjeuner
+au «Donjon».</p>
+
+<p>Ayant ainsi parlé, Rouletabille, avec de grandes précautions, se
+glissa&mdash;et je me glissai derrière lui&mdash;jusqu'à la bâtisse, qui, près de
+la grille, servait de logement aux concierges, arrêtés le matin même. Il
+s'introduisit, avec une acrobatie que j'admirai, dans la maisonnette,
+par une lucarne de derrière restée ouverte, et en ressortit dix minutes
+plus tard en disant ce mot qui signifiait, dans sa bouche, tant de
+choses: «Parbleu!»</p>
+
+<p>Dans le moment que nous allions reprendre le chemin du château, il y eut
+un grand mouvement à la grille. Une voiture arrivait, et, du château, on
+venait au-devant d'elle. Rouletabille me montra un homme qui en
+descendait:</p>
+
+<p>«Voici le chef de la Sûreté; nous allons voir ce que Frédéric Larsan a
+dans le ventre, et s'il est plus malin qu'un autre&hellip;»</p>
+
+<p>Derrière la voiture du chef de la Sûreté, trois autres voitures
+suivaient, remplies de reporters qui voulurent, eux aussi, entrer dans
+le parc. Mais on mit à la grille deux gendarmes, avec défense de laisser
+passer. Le chef de la Sûreté calma leur impatience en prenant
+l'engagement de donner, le soir même, à la presse, le plus de
+renseignements qu'il pourrait, sans gêner le cours de l'instruction.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch11">XI<br />
+Où Frédéric Larsan explique comment l'assassin a pu sortir de la Chambre
+Jaune.</h2>
+
+
+<p>Dans la masse de papiers, documents, mémoires, extraits de journaux,
+pièces de justice dont je dispose relativement au «Mystère de la Chambre
+Jaune», se trouve un morceau des plus intéressants. C'est la narration
+du fameux interrogatoire des intéressés qui eut lieu, cet après-midi-là,
+dans le laboratoire du professeur Stangerson, devant le chef de la
+Sûreté. Cette narration est due à la plume de M. Maleine, le greffier,
+qui, tout comme le juge d'instruction, faisait, à ses moments perdus, de
+la littérature. Ce morceau devait faire partie d'un livre qui n'a jamais
+paru et qui devait s'intituler: <i>Mes interrogatoires</i>. Il m'a été
+donné par le greffier lui-même, quelque temps après le «dénouement
+inouï» de ce procès unique dans les fastes juridiques.</p>
+
+<p>Le voici. Ce n'est plus une sèche transcription de demandes et de
+réponses. Le greffier y relate souvent ses impressions personnelles.</p>
+
+<p><i>La narration du greffier:</i></p>
+
+<p>Depuis une heure, raconte le greffier, le juge d'instruction et moi,
+nous nous trouvions dans la «Chambre Jaune», avec l'entrepreneur qui
+avait construit, sur les plans du professeur Stangerson, le pavillon.
+L'entrepreneur était venu avec un ouvrier. M. de Marquet avait fait
+nettoyer entièrement les murs, c'est-à-dire qu'il avait fait enlever par
+l'ouvrier tout le papier qui les décorait. Des coups de pioches et de
+pics, çà et là, nous avaient démontré l'inexistence d'une ouverture
+quelconque. Le plancher et le plafond avaient été longuement sondés.
+Nous n'avions rien découvert. Il n'y avait rien à découvrir. M. de
+Marquet paraissait enchanté et ne cessait de répéter:</p>
+
+<p>«Quelle affaire! monsieur l'entrepreneur, quelle affaire! Vous verrez
+que nous ne saurons jamais comment l'assassin a pu sortir de cette
+chambre-là!»</p>
+
+<p>Tout à coup, M. de Marquet, la figure rayonnante, parce qu'il ne
+comprenait pas, voulut bien se souvenir que son devoir était de chercher
+à comprendre, et il appela le brigadier de gendarmerie.</p>
+
+<p>«Brigadier, fit-il, allez donc au château et priez M. Stangerson et M.
+Robert Darzac de venir me rejoindre dans le laboratoire, ainsi que le
+père Jacques, et faites-moi amener aussi, par vos hommes, les deux
+concierges.»</p>
+
+<p>Cinq minutes plus tard, tout ce monde fut réuni dans le laboratoire. Le
+chef de la Sûreté, qui venait d'arriver au Glandier, nous rejoignit
+aussi dans ce moment. J'étais assis au bureau de M. Stangerson, prêt au
+travail, quand M. de Marquet nous tint ce petit discours, aussi original
+qu'inattendu:</p>
+
+<p>«Si vous le voulez, messieurs, disait-il, puisque les interrogatoires
+ne donnent rien, nous allons abandonner, pour une fois, le vieux système
+des interrogatoires. Je ne vous ferai point venir devant moi à tour de
+rôle; non. Nous resterons tous ici: M. Stangerson, M. Robert Darzac, le
+père Jacques, les deux concierges, M. le chef de la Sûreté, M. le
+greffier et moi! Et nous serons là, tous, «au même titre»; les
+concierges voudront bien oublier un instant qu'ils sont arrêtés. «Nous
+allons causer!» Je vous ai fait venir «pour causer». Nous sommes sur les
+lieux du crime; eh bien, de quoi causerions-nous si nous ne causions pas
+du crime? Parlons-en donc! Parlons-en! Avec abondance, avec
+intelligence, ou avec stupidité. Disons tout ce qui nous passera par la
+tête! Parlons sans méthode, puisque la méthode ne nous réussit point.
+J'adresse une fervente prière au dieu hasard, le hasard de nos
+conceptions! Commençons!&hellip;</p>
+
+<p>Sur quoi, en passant devant moi, il me dit, à voix basse:</p>
+
+<p>«Hein! croyez-vous, quelle scène! Auriez-vous imaginé ça, vous? J'en
+ferai un petit acte pour le Vaudeville.»</p>
+
+<p>Et il se frottait les mains avec jubilation.</p>
+
+<p>Je portai les yeux sur M. Stangerson. L'espoir que devait faire naître
+en lui le dernier bulletin des médecins qui avaient déclaré que Mlle
+Stangerson pourrait survivre à ses blessures, n'avait pas effacé de ce
+noble visage les marques de la plus grande douleur.</p>
+
+<p>Cet homme avait cru sa fille morte, et il en était encore tout ravagé.
+Ses yeux bleus si doux et si clairs étaient alors d'une infinie
+tristesse. J'avais eu l'occasion, plusieurs fois, dans des cérémonies
+publiques, de voir M. Stangerson. J'avais été, dès l'abord, frappé par
+son regard, si pur qu'il semblait celui d'un enfant: regard de rêve,
+regard sublime et immatériel de l'inventeur ou du fou.</p>
+
+<p>Dans ces cérémonies, derrière lui ou à ses côtés, on voyait toujours sa
+fille, car ils ne se quittaient jamais, disait-on, partageant les mêmes
+travaux depuis de longues années. Cette vierge, qui avait alors
+trente-cinq ans et qui en paraissait à peine trente, consacrée tout
+entière à la science, soulevait encore l'admiration par son impériale
+beauté, restée intacte, sans une ride, victorieuse du temps et de
+l'amour. Qui m'eût dit alors que je me trouverais, un jour prochain, au
+chevet de son lit, avec mes paperasses, et que je la verrais, presque
+expirante, nous raconter, avec effort, le plus monstrueux et le plus
+mystérieux attentat que j'ai ouï de ma carrière? Qui m'eût dit que je me
+trouverais, comme cet après-midi-là, en face d'un père désespéré
+cherchant en vain à s'expliquer comment l'assassin de sa fille avait pu
+lui échapper? À quoi sert donc le travail silencieux, au fond de la
+retraite obscure des bois, s'il ne vous garantit point de ces grandes
+catastrophes de la vie et de la mort, réservées d'ordinaire à ceux
+d'entre les hommes qui fréquentent les passions de la ville?</p>
+
+<p>«Voyons! monsieur Stangerson, fit M. de Marquet, avec un peu
+d'importance; placez-vous exactement à l'endroit où vous étiez quand
+Mlle Stangerson vous a quitté pour entrer dans sa chambre.»</p>
+
+<p>M. Stangerson se leva et, se plaçant à cinquante centimètres de la porte
+de la «Chambre Jaune», il dit d'une voix sans accent, sans couleur,
+d'une voix que je qualifierai de morte:</p>
+
+<p>«Je me trouvais ici. Vers onze heures, après avoir procédé, sur les
+fourneaux du laboratoire, à une courte expérience de chimie, j'avais
+fait glisser mon bureau jusqu'ici, car le père Jacques, qui passa la
+soirée à nettoyer quelques-uns de mes appareils, avait besoin de toute
+la place qui se trouvait derrière moi. Ma fille travaillait au même
+bureau que moi. Quand elle se leva, après m'avoir embrassé et souhaité
+le bonsoir au père Jacques, elle dut, pour entrer dans sa chambre, se
+glisser assez difficilement entre mon bureau et la porte. C'est vous
+dire que j'étais bien près du lieu où le crime allait se commettre.</p>
+
+<p>&mdash;Et ce bureau? interrompis-je, obéissant, en me mêlant à cette
+«conversation», aux désirs exprimés par mon chef,&hellip; et ce bureau,
+aussitôt que vous eûtes, monsieur Stangerson, entendu crier: «À
+l'assassin!» et qu'eurent éclaté les coups de revolver&hellip; ce bureau,
+qu'est-il devenu?»</p>
+
+<p>Le père Jacques répondit:</p>
+
+<p>«Nous l'avons rejeté contre le mur, ici, à peu près où il est en ce
+moment, pour pouvoir nous précipiter à l'aise sur la porte, m'sieur le
+greffier&hellip;»</p>
+
+<p>Je suivis mon raisonnement, auquel, du reste, je n'attachais qu'une
+importance de faible hypothèse:</p>
+
+<p>«Le bureau était si près de la chambre qu'un homme, sortant, courbé, de
+la chambre et se glissant sous le bureau, aurait pu passer inaperçu?</p>
+
+<p>&mdash;Vous oubliez toujours, interrompit M. Stangerson, avec lassitude, que
+ma fille avait fermé sa porte à clef et au verrou, <i>que la
+porte est restée fermée</i>, que nous sommes restés à lutter contre
+cette porte dès l'instant où l'assassinat commençait, <i>que nous étions
+déjà sur la porte alors que la lutte de l'assassin et de ma pauvre
+enfant continuait, que les bruits de cette lutte nous parvenaient encore
+et que nous entendions râler ma malheureuse fille sous l'étreinte des
+doigts dont son cou a conservé la marque sanglante</i>. Si rapide qu'ait
+été l'attaque, nous avons été aussi rapides qu'elle et nous nous sommes
+trouvés immédiatement derrière cette porte qui nous séparait du drame.»</p>
+
+<p>Je me levai et allai à la porte que j'examinai à nouveau avec le plus
+grand soin. Puis je me relevai et fis un geste de découragement.</p>
+
+<p>«Imaginez, dis-je, que le panneau inférieur de cette porte ait pu être
+ouvert <i>sans que la porte ait été dans la nécessité de s'ouvrir</i>,
+et le problème serait résolu! Mais, malheureusement, cette dernière
+hypothèse est inadmissible, après l'examen de la porte. C'est une solide
+et épaisse porte de chêne constituée de telle sorte qu'elle forme un
+bloc inséparable&hellip; C'est très visible, malgré les dégâts qui ont été
+causés par ceux qui l'ont enfoncée&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Oh! fit le père Jacques&hellip; c'est une vieille et solide porte du
+château qu'on a transportée ici&hellip; une porte comme on n'en fait plus
+maintenant. Il nous a fallu cette barre de fer pour en avoir raison, à
+quatre&hellip; car la concierge s'y était mise aussi, comme une brave femme
+qu'elle est, m'sieur l'juge! C'est tout de même malheureux de les voir
+en prison, à c't'heure!»</p>
+
+<p>Le père Jacques n'eut pas plutôt prononcé cette phrase de pitié et de
+protestation que les pleurs et les jérémiades des deux concierges
+recommencèrent. Je n'ai jamais vu de prévenus aussi larmoyants. J'en
+étais profondément dégoûté. Même en admettant leur innocence, je ne
+comprenais pas que deux êtres pussent à ce point manquer de caractère
+devant le malheur. Une nette attitude, dans de pareils moments, vaut
+mieux que toutes les larmes et que tous les désespoirs, lesquels, le
+plus souvent, sont feints et hypocrites.</p>
+
+<p>«Eh! s'écria M. de Marquet, encore une fois, assez de piailler comme ça!
+et dites-nous, dans votre intérêt, ce que vous faisiez, à l'heure où
+l'on assassinait votre maîtresse, sous les fenêtres du pavillon! Car
+vous étiez tout près du pavillon quand le père Jacques vous a
+rencontrés&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Nous venions au secours!» gémirent-ils.</p>
+
+<p>Et la femme, entre deux hoquets, glapit:</p>
+
+<p>«Ah! si nous le tenions, l'assassin, nous lui ferions passer le goût du
+pain!&hellip;»</p>
+
+<p>Et nous ne pûmes, une fois de plus, leur tirer deux phrases sensées de
+suite. Ils continuèrent de nier avec acharnement, d'attester le bon Dieu
+et tous les saints qu'ils étaient dans leur lit quand ils avaient
+entendu un coup de revolver.</p>
+
+<p>«Ce n'est pas un, mais deux coups qui ont été tirés. Vous voyez bien que
+vous mentez. Si vous avez entendu l'un, vous devez avoir entendu
+l'autre!</p>
+
+<p>&mdash;Mon Dieu! m'sieur le juge, nous n'avons entendu que le second. Nous
+dormions encore bien sûr quand on a tiré le premier&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Pour ça, on en a tiré deux! fit le père Jacques. Je suis sûr, moi, que
+toutes les cartouches de mon revolver étaient intactes; nous avons
+retrouvé deux cartouches brûlées, deux balles, et nous avons entendu
+deux coups de revolver, derrière la porte. N'est-ce pas, monsieur
+Stangerson?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, fit le professeur, deux coups de revolver, un coup sourd d'abord,
+puis un coup éclatant.</p>
+
+<p>&mdash;Pourquoi continuez-vous à mentir? s'écria M. de Marquet, se retournant
+vers les concierges. Croyez-vous la police aussi bête que vous! Tout
+prouve que vous étiez dehors, près du pavillon, au moment du drame. Qu'y
+faisiez-vous? Vous ne voulez pas le dire? Votre silence atteste votre
+complicité! Et, quant à moi, fit-il, en se tournant vers M.
+Stangerson&hellip; quant à moi, je ne puis m'expliquer la fuite de l'assassin
+que par l'aide apportée par ces deux complices. Aussitôt que la porte a
+été défoncée, pendant que vous, monsieur Stangerson, vous vous occupiez
+de votre malheureuse enfant, le concierge et sa femme facilitaient la
+fuite du misérable qui se glissait derrière eux, parvenait jusqu'à la
+fenêtre du vestibule et sautait dans le parc. Le concierge refermait la
+fenêtre et les volets derrière lui. <i>Car, enfin, ces volets ne se
+sont pas fermés tout seuls!</i> Voilà ce que j'ai trouvé&hellip;
+Si quelqu'un a imaginé autre chose, qu'il le dise!&hellip;</p>
+
+<p>M. Stangerson intervint:</p>
+
+<p>«C'est impossible! Je ne crois pas à la culpabilité ni à la complicité
+de mes concierges, bien que je ne comprenne pas ce qu'ils faisaient dans
+le parc à cette heure avancée de la nuit. Je dis: c'est impossible!
+parce que la concierge tenait la lampe et n'a pas bougé du seuil de la
+chambre; parce que, moi, sitôt la porte défoncée, je me mis à genoux
+près du corps de mon enfant, <i>et qu'il était impossible que l'on
+sortît ou que l'on entrât de cette chambre par cette porte sans enjamber
+le corps de ma fille et sans me bousculer, moi!</i> C'est
+impossible, parce que le père Jacques et le concierge n'ont eu qu'à
+jeter un regard dans cette chambre et sous le lit, comme je l'ai fait en
+entrant, pour voir qu'il n'y avait plus personne, dans la chambre, que
+ma fille à l'agonie.</p>
+
+<p>&mdash;Que pensez-vous, vous, monsieur Darzac, qui n'avez encore rien dit?»
+demanda le juge.</p>
+
+<p>M. Darzac répondit qu'il ne pensait rien.</p>
+
+<p>«Et vous, monsieur le chef de la Sûreté?»</p>
+
+<p>M. Dax, le chef de la Sûreté, avait jusqu'alors uniquement écouté et
+examiné les lieux. Il daigna enfin desserrer les dents:</p>
+
+<p>«Il faudrait, en attendant que l'on trouve le criminel, découvrir le
+mobile du crime. Cela nous avancerait un peu, fit-il.</p>
+
+<p>&mdash;Monsieur le chef de la Sûreté, le crime apparaît bassement passionnel,
+répliqua M. de Marquet. Les traces laissées par l'assassin, le mouchoir
+grossier et le béret ignoble nous portent à croire que l'assassin
+n'appartenait point à une classe de la société très élevée. Les
+concierges pourraient peut-être nous renseigner là dessus&hellip;»</p>
+
+<p>Le chef de la Sûreté continua, se tournant vers M. Stangerson et sur ce
+ton froid qui est la marque, selon moi, des solides intelligences et des
+caractères fortement trempés.</p>
+
+<p>«Mlle Stangerson ne devait-elle pas prochainement se marier?»</p>
+
+<p>Le professeur regarda douloureusement M. Robert Darzac.</p>
+
+<p>«Avec mon ami que j'eusse été heureux d'appeler mon fils&hellip; avec M.
+Robert Darzac&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Mlle Stangerson va beaucoup mieux et se remettra rapidement de ses
+blessures. C'est un mariage simplement retardé, n'est-ce pas, monsieur?
+insista le chef de la Sûreté.</p>
+
+<p>&mdash;Je l'espère.</p>
+
+<p>&mdash;Comment! Vous n'en êtes pas sûr?»</p>
+
+<p>M. Stangerson se tut. M. Robert Darzac parut agité, ce que je vis à un
+tremblement de sa main sur sa chaîne de montre, car rien ne m'échappe.
+M. Dax toussotta comme faisait M. de Marquet quand il était embarrassé.</p>
+
+<p>«Vous comprendrez, monsieur Stangerson, dit-il, que, dans une affaire
+aussi embrouillée, nous ne pouvons rien négliger; que nous devons tout
+savoir, même la plus petite, la plus futile chose se rapportant à la
+victime&hellip; le renseignement, en apparence, le plus insignifiant&hellip;
+Qu'est-ce donc qui vous a fait croire que, dans la quasi-certitude, où
+nous sommes maintenant, que Mlle Stangerson vivra, ce mariage pourra ne
+pas avoir lieu? Vous avez dit: «j'espère.» Cette espérance m'apparaît
+comme un doute. Pourquoi doutez-vous?»</p>
+
+<p>M. Stangerson fit un visible effort sur lui-même:</p>
+
+<p>«Oui, monsieur, finit-il par dire. Vous avez raison. Il vaut mieux que
+vous sachiez une chose qui semblerait avoir de l'importance si je vous
+la cachais. M. Robert Darzac sera, du reste, de mon avis.»</p>
+
+<p>M. Darzac, dont la pâleur, à ce moment, me parut tout à fait anormale,
+fit signe qu'il était de l'avis du professeur. Pour moi, si M. Darzac ne
+répondait que par signe, c'est qu'il était incapable de prononcer un
+mot.</p>
+
+<p>«Sachez donc, monsieur le chef de la Sûreté, continua M. Stangerson, que
+ma fille avait juré de ne jamais me quitter et tenait son serment malgré
+toutes mes prières, car j'essayai plusieurs fois de la décider au
+mariage, comme c'était mon devoir. Nous connûmes M. Robert Darzac de
+longues années. M. Robert Darzac aime ma fille. Je pus croire, un
+moment, qu'il en était aimé, puisque j'eus la joie récente d'apprendre
+de la bouche même de ma fille qu'elle consentait enfin à un mariage que
+j'appelais de tous mes v&oelig;ux. Je suis d'un grand âge, monsieur, et ce
+fut une heure bénie que celle où je connus enfin qu'après moi Mlle
+Stangerson aurait à ses côtés, pour l'aimer et continuer nos travaux
+communs, un être que j'aime et que j'estime pour son grand c&oelig;ur et
+pour sa science. Or, monsieur le chef de la Sûreté, deux jours avant le
+crime, par je ne sais quel retour de sa volonté, ma fille m'a déclaré
+qu'elle n'épouserait pas M. Robert Darzac.»</p>
+
+<p>Il y eut ici un silence pesant. La minute était grave. M. Dax reprit:</p>
+
+<p>«Et Mlle Stangerson ne vous a donné aucune explication, ne vous a point
+dit pour quel motif?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Elle m'a dit qu'elle était trop vieille maintenant pour se marier&hellip;
+qu'elle avait attendu trop longtemps&hellip; qu'elle avait bien réfléchi&hellip;
+qu'elle estimait et même qu'elle aimait M. Robert Darzac&hellip; mais qu'il
+valait mieux que les choses en restassent là&hellip; que l'on continuerait le
+passé&hellip; qu'elle serait heureuse même de voir les liens de pure amitié
+qui nous attachaient à M. Robert Darzac nous unir d'une façon encore
+plus étroite, mais qu'il fût bien entendu qu'on ne lui parlerait jamais
+plus de mariage.</p>
+
+<p>&mdash;Voilà qui est étrange! murmura M. Dax.</p>
+
+<p>&mdash;Étrange», répéta M. de Marquet.</p>
+
+<p>M. Stangerson, avec un pâle et glacé sourire, dit:</p>
+
+<p>«Ce n'est point de ce côté, monsieur, que vous trouverez le mobile du
+crime.»</p>
+
+<p>M. Dax:</p>
+
+<p>«En tout cas, fit-il d'une voix impatiente, le mobile n'est pas le vol!</p>
+
+<p>&mdash;Oh! nous en sommes sûrs!», s'écria le juge d'instruction.</p>
+
+<p>À ce moment la porte du laboratoire s'ouvrit et le brigadier de
+gendarmerie apporta une carte au juge d'instruction. M. de Marquet lut
+et poussa une sourde exclamation; puis:</p>
+
+<p>«Ah! voilà qui est trop fort!</p>
+
+<p>&mdash;Qu'est-ce? demanda le chef de la Sûreté.</p>
+
+<p>&mdash;La carte d'un petit reporter de <i>L'Époque</i>, M. Joseph
+Rouletabille, et ces mots: «L'un des mobiles du crime a été le vol!»</p>
+
+<p>Le chef de la Sûreté sourit:</p>
+
+<p>«Ah! Ah! le jeune Rouletabille&hellip; j'en ai déjà entendu parler&hellip; il
+passe pour ingénieux&hellip; Faites-le donc entrer, monsieur le juge
+d'instruction.»</p>
+
+<p>Et l'on fit entrer M. Joseph Rouletabille. J'avais fait sa connaissance
+dans le train qui nous avait amenés, ce matin-là, à Épinay-sur-Orge. Il
+s'était introduit, presque malgré moi, dans notre compartiment et j'aime
+mieux dire tout de suite que ses manières et sa désinvolture, et la
+prétention qu'il semblait avoir de comprendre quelque chose dans une
+affaire où la justice ne comprenait rien, me l'avaient fait prendre en
+grippe. Je n'aime point les journalistes. Ce sont des esprits brouillons
+et entreprenants qu'il faut fuir comme la peste. Cette sorte de gens se
+croit tout permis et ne respecte rien. Quand on a eu le malheur de leur
+accorder quoi que ce soit et de se laisser approcher par eux, on est
+tout de suite débordé et il n'est point d'ennuis que l'on ne doive
+redouter. Celui-ci paraissait une vingtaine d'années à peine, et le
+toupet avec lequel il avait osé nous interroger et discuter avec nous me
+l'avait rendu particulièrement odieux. Du reste, il avait une façon de
+s'exprimer qui attestait qu'il se moquait outrageusement de nous. Je
+sais bien que le journal <i>L'Époque</i> est un organe influent avec
+lequel il faut savoir «composer», mais encore ce journal ferait bien de
+ne point prendre ses rédacteurs à la mamelle.</p>
+
+<p>M. Joseph Rouletabille entra donc dans le laboratoire, nous salua et
+attendit que M. de Marquet lui demandât de s'expliquer.</p>
+
+<p>«Vous prétendez, monsieur, dit celui-ci, que vous connaissez le mobile
+du crime, et que ce mobile, contre toute évidence, serait le vol?</p>
+
+<p>&mdash;Non, monsieur le juge d'instruction, je n'ai point prétendu cela. Je
+ne dis pas que le mobile du crime a été le vol <i>et je ne le
+crois pas.</i></p>
+
+<p>&mdash;Alors, que signifie cette carte?</p>
+
+<p>&mdash;Elle signifie que <i>l'un des mobiles</i> du crime a été le vol.</p>
+
+<p>&mdash;Qu'est-ce qui vous a renseigné?</p>
+
+<p>&mdash;Ceci! si vous voulez bien m'accompagner.»</p>
+
+<p>Et le jeune homme nous pria de le suivre dans le vestibule, ce que nous
+fîmes. Là, il se dirigea du côté du lavatory et pria M. le juge
+d'instruction de se mettre à genoux à côté de lui. Ce lavatory recevait
+du jour par sa porte vitrée et, quand la porte était ouverte, la lumière
+qui y pénétrait était suffisante pour l'éclairer parfaitement. M. de
+Marquet et M. Joseph Rouletabille s'agenouillèrent sur le seuil. Le jeune
+homme montrait un endroit de la dalle.</p>
+
+<p>«Les dalles du lavatory n'ont point été lavées par le père Jacques,
+fit-il, depuis un certain temps; cela se voit à la couche de poussière
+qui les recouvre. Or, voyez, à cet endroit, la marque de deux larges
+semelles et de cette cendre noire qui accompagne partout les pas de
+l'assassin. Cette cendre n'est point autre chose que la poussière de
+charbon qui couvre le sentier que l'on doit traverser pour venir
+directement, à travers la forêt, d'Épinay au Glandier. Vous savez qu'à
+cet endroit il y a un petit hameau de charbonniers et qu'on y fabrique
+du charbon de bois en grande quantité. Voilà ce qu'a dû faire
+l'assassin: il a pénétré ici l'après-midi quand il n'y eut plus personne
+au pavillon, et il a perpétré son vol.</p>
+
+<p>&mdash;Mais quel vol? Où voyez-vous le vol? Qui vous prouve le vol? nous
+écriâmes nous tous en même temps.</p>
+
+<p>&mdash;Ce qui m'a mis sur la trace du vol, continua le journaliste&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;C'est ceci! interrompit M. de Marquet, toujours à genoux.</p>
+
+<p>&mdash;Évidemment», fit M. Rouletabille.</p>
+
+<p>Et M. de Marquet expliqua qu'il y avait, en effet, sur la poussière des
+dalles, à côté de la trace des deux semelles, l'empreinte fraîche d'un
+lourd paquet rectangulaire, et qu'il était facile de distinguer la
+marque des ficelles qui l'enserraient&hellip;</p>
+
+<p>«Mais vous êtes donc venu ici, monsieur Rouletabille; j'avais pourtant
+ordonné au père Jacques de ne laisser entrer personne; il avait la garde
+du pavillon.</p>
+
+<p>&mdash;Ne grondez pas le père Jacques, je suis venu ici avec M. Robert
+Darzac.</p>
+
+<p>&mdash;Ah! vraiment&hellip;» s'exclama M. de Marquet mécontent, et jetant un
+regard de côté à M. Darzac, lequel restait toujours silencieux.</p>
+
+<p>«Quand j'ai vu la trace du paquet à côté de l'empreinte des semelles, je
+n'ai plus douté du vol, reprit M. Rouletabille. Le voleur n'était pas
+venu avec un paquet&hellip; Il avait fait, ici, ce paquet, avec les objets
+volés sans doute, et il l'avait déposé dans ce coin, dans le dessein de
+l'y reprendre au moment de sa fuite; <i>il avait déposé
+aussi, à côté de son paquet, ses lourdes chaussures;</i> car, regardez,
+aucune trace de pas ne conduit à ces chaussures, et les semelles sont à
+côté l'une de l'autre, <i>comme des semelles au repos et vides de leurs
+pieds</i>. Ainsi comprendrait-on que l'assassin, quand il s'enfuit de la
+«Chambre Jaune», n'a laissé aucune trace de ses pas dans le laboratoire
+ni dans le vestibule. Après avoir pénétré <i>avec ses chaussures</i>
+dans la «Chambre Jaune», il les y a défaites, sans doute parce qu'elles
+le gênaient ou parce qu'il voulait faire le moins de bruit possible. La
+marque de son passage <i>aller</i> à travers le vestibule et le
+laboratoire a été effacée par le lavage subséquent du père Jacques, ce
+qui nous mène à faire entrer l'assassin dans le pavillon par la fenêtre
+ouverte du vestibule lors de la première absence du père Jacques, avant
+le lavage qui a eu lieu à cinq heure et demie!</p>
+
+<p>«L'assassin, après qu'il eut défait ses chaussures, qui, certainement
+le gênaient, les a portées à la main dans le lavatory et les y a
+déposées du seuil, car, sur la poussière du lavatory, il n'y a pas trace
+de pieds nus ou enfermés dans des chaussettes, <i>ou encore dans
+d'autres chaussures</i>. Il a donc déposé ses chaussures à côté de son
+paquet. Le vol était déjà, à ce moment, accompli. Puis l'homme retourne
+à la «Chambre Jaune» et s'y glisse alors sous le lit où la trace de son
+corps est parfaitement visible sur le plancher et même sur la natte qui
+a été, à cet endroit, légèrement roulée et très froissée. Des brins de
+paille même, fraîchement arrachés, témoignent également du passage de
+l'assassin sous le lit&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Oui, oui, cela nous le savons&hellip; dit M. de Marquet.</p>
+
+<p>&mdash;Ce retour sous le lit prouve que le vol, continua cet étonnant gamin
+de journaliste, <i>n'était point le seul mobile de la venue de
+l'homme</i>. Ne me dites point qu'il s'y serait aussitôt réfugié en
+apercevant, par la fenêtre du vestibule, soit le père Jacques, soit M.
+et Mlle Stangerson s'apprêtant à rentrer dans le pavillon. Il était
+beaucoup plus facile pour lui de grimper au grenier, et, caché,
+d'attendre une occasion de se sauver, <i>si son dessein
+n'avait été que de fuir</i>. Non! Non! <i>Il fallait que
+l'assassin fût dans la «Chambre Jaune»</i>&hellip;</p>
+
+<p>Ici, le chef de la Sûreté intervint:</p>
+
+<p>«Ça n'est pas mal du tout, cela, jeune homme! mes félicitations&hellip; et
+si nous ne savons pas encore comment l'assassin est parti, nous suivons
+déjà, pas à pas, son entrée ici, et nous voyons ce qu'il y a fait: il a
+volé. Mais qu'a-t-il donc volé?</p>
+
+<p>&mdash;Des choses extrêmement précieuses», répondit le reporter.</p>
+
+<p>À ce moment, nous entendîmes un cri qui partait du laboratoire. Nous
+nous y précipitâmes, et nous y trouvâmes M. Stangerson qui, les yeux
+hagards, les membres agités, nous montrait une sorte de
+meuble-bibliothèque qu'il venait d'ouvrir et qui nous apparut vide.</p>
+
+<p>Au même instant, il se laissa aller dans le grand fauteuil qui était
+poussé devant le bureau et gémit:</p>
+
+<p>«Encore une fois, je suis volé&hellip;»</p>
+
+<p>Et puis une larme, une lourde larme, coula sur sa joue:</p>
+
+<p>«Surtout, dit-il, qu'on ne dise pas un mot de ceci à ma fille&hellip; Elle
+serait encore plus peinée que moi&hellip;»</p>
+
+<p>Il poussa un profond soupir, et, sur le ton d'une douleur que je
+n'oublierai jamais:</p>
+
+<p>«Qu'importe, après tout&hellip; <i>pourvu qu'elle vive!&hellip;</i></p>
+
+<p>&mdash;Elle vivra! dit, d'une voix étrangement touchante, Robert Darzac.</p>
+
+<p>&mdash;Et nous vous retrouverons les objets volés, fit M. Dax. Mais qu'y
+avait-il dans ce meuble?</p>
+
+<p>&mdash;Vingt ans de ma vie, répondit sourdement l'illustre professeur, ou
+plutôt de notre vie, à ma fille et à moi. Oui, nos plus précieux
+documents, les relations les plus secrètes sur nos expériences et sur
+nos travaux, depuis vingt ans, étaient enfermés là. C'était une
+véritable sélection parmi tant de documents dont cette pièce est pleine.
+C'est une perte irréparable pour nous, et, j'ose dire, pour la science.
+Toutes les étapes par lesquelles j'ai dû passer pour arriver à la preuve
+décisive de l'anéantissement de la matière, avaient été, par nous,
+soigneusement énoncées, étiquetées, annotées, illustrées de
+photographies et de dessins. Tout cela était rangé là. Le plan de trois
+nouveaux appareils, l'un pour étudier la déperdition, sous l'influence
+de la lumière ultra-violette, des corps préalablement électrisés;
+l'autre qui devait rendre visible la déperdition électrique sous
+l'action des particules de matière dissociée contenue dans les gaz des
+flammes; un troisième, très ingénieux, nouvel électroscope condensateur
+différentiel; tout le recueil de nos courbes traduisant les propriétés
+fondamentales de la substance intermédiaire entre la matière pondérable
+et l'éther impondérable; vingt ans d'expériences sur la chimie
+intra-atomique et sur les équilibres ignorés de la matière; un manuscrit
+que je voulais faire paraître sous ce titre: <i>Les Métaux qui
+souffrent</i>. Est-ce que je sais? est-ce que je sais? L'homme qui est
+venu là m'aura tout pris&hellip; Ma fille et mon &oelig;uvre&hellip; mon c&oelig;ur et
+mon âme&hellip;</p>
+
+<p>Et le grand Stangerson se prit à pleurer comme un enfant.</p>
+
+<p>Nous l'entourions en silence, émus par cette immense détresse. M.
+Robert Darzac, accoudé au fauteuil où le professeur était écroulé,
+essayait en vain de dissimuler ses larmes, ce qui faillit un instant me
+le rendre sympathique, malgré l'instinctive répulsion que son attitude
+bizarre et son émoi souvent inexpliqué m'avaient inspirée pour son
+énigmatique personnage.</p>
+
+<p>M. Joseph Rouletabille, seul, comme si son précieux temps et sa mission
+sur la terre ne lui permettaient point de s'appesantir sur la misère
+humaine, s'était rapproché, fort calme, du meuble vide et, le montrant
+au chef de la Sûreté, rompait bientôt le religieux silence dont nous
+honorions le désespoir du grand Stangerson. Il nous donna quelques
+explications, dont nous n'avions que faire, sur la façon dont il avait
+été amené à croire à un vol, par la découverte simultanée qu'il avait
+faite des traces dont j'ai parlé plus haut dans le lavatory, et de la
+vacuité de ce meuble précieux dans le laboratoire. Il n'avait fait, nous
+disait-il, que passer dans le laboratoire; mais la première chose qui
+l'avait frappé avait été la forme étrange du meuble, sa solidité, sa
+construction en fer qui le mettait à l'abri d'un accident par la flamme,
+et le fait qu'un meuble comme celui-ci, destiné à conserver des objets
+auxquels on devait tenir par-dessus tout, avait, sur sa porte de fer,
+«sa clef». «On n'a point d'ordinaire un coffre-fort pour le laisser
+ouvert&hellip;» Enfin, cette petite clef, à tête de cuivre, des plus
+compliquées, avait attiré, paraît-il, l'attention de M. Joseph
+Rouletabille, alors qu'elle avait endormi la nôtre. Pour nous autres,
+qui ne sommes point des enfants, la présence d'une clef sur un meuble
+éveille plutôt une idée de sécurité, mais pour M. Joseph Rouletabille,
+qui est évidemment un génie&mdash;comme dit José Dupuy dans <i>Les cinq cents
+millions de Gladiator</i>. «Quel génie! Quel dentiste!»&mdash;la présence
+d'une clef sur une serrure éveille l'idée du vol. Nous en sûmes bientôt
+la raison.</p>
+
+<p>Mais, auparavant que de vous la faire connaître, je dois rapporter que
+M. de Marquet me parut fort perplexe, ne sachant s'il devait se réjouir
+du pas nouveau que le petit reporter avait fait faire à l'instruction ou
+s'il devait se désoler de ce que ce pas n'eût pas été fait par lui.
+Notre profession comporte de ces déboires, mais nous n'avons point le
+droit d'être pusillanime et nous devons fouler aux pieds notre
+amour-propre quand il s'agit du bien général. Aussi M. de Marquet
+triompha-t-il de lui-même et trouva-t-il bon de mêler enfin ses
+compliments à ceux de M. Dax, qui, lui, ne les ménageait pas à M.
+Rouletabille. Le gamin haussa les épaules, disant: «il n'y a pas de
+quoi!» Je lui aurais flanqué une gifle avec satisfaction, surtout dans
+le moment qu'il ajouta:</p>
+
+<p>«Vous feriez bien, monsieur, de demander à M. Stangerson qui avait la
+garde ordinaire de cette clef?</p>
+
+<p>&mdash;Ma fille, répondit M. Stangerson. Et cette clef ne la quittait jamais.</p>
+
+<p>&mdash;Ah! mais voilà qui change l'aspect des choses et qui ne correspond
+plus avec la conception de M. Rouletabille, s'écria M. de Marquet. Si
+cette clef ne quittait jamais Mlle Stangerson, l'assassin aurait donc
+attendu Mlle Stangerson cette nuit-là, dans sa chambre, pour lui voler
+cette clef, et le vol n'aurait eu lieu qu'<i>après l'assassinat!</i>
+Mais, après l'assassinat, il y avait quatre personnes dans le
+laboratoire!&hellip; Décidément, je n'y comprends plus rien!&hellip;»</p>
+
+<p>Et M. de Marquet répéta, avec une rage désespérée, qui devait être pour
+lui le comble de l'ivresse, car je ne sais si j'ai déjà dit qu'il
+n'était jamais aussi heureux que lorsqu'il ne comprenait pas:</p>
+
+<p>«&hellip; plus rien!</p>
+
+<p>&mdash;Le vol, répliqua le reporter, ne peut avoir eu lieu qu'<i>avant
+l'assassinat.</i> C'est indubitable pour la raison que vous croyez
+<i>et pour d'autres raisons que je crois. Et, quand l'assassin a
+pénétré dans le pavillon, il était déjà en possession de la
+clef à tête de cuivre.</i></p>
+
+<p>&mdash;Ça n'est pas possible! fit doucement M. Stangerson.</p>
+
+<p>&mdash;C'est si bien possible, monsieur, qu'en voici la preuve.»</p>
+
+<p>Ce diable de petit bonhomme sortit alors de sa poche un numéro de
+<i>L'Époque</i> daté du 21 octobre (je rappelle que le crime a eu lieu
+dans la nuit du 24 au 25), et, nous montrant une annonce, lut:</p>
+
+<p>«&mdash;Il a été perdu hier un réticule de satin noir dans les grands
+magasins de la Louve. Ce réticule contenait divers objets dont une
+petite clef à tête de cuivre. Il sera donné une forte récompense à la
+personne qui l'aura trouvée. Cette personne devra écrire, poste
+restante, au bureau 40, à cette adresse: M.A.T.H.S.N.» Ces lettres ne
+désignent-elles point, continua le reporter, Mlle Stangerson? Cette clef
+à tête de cuivre n'est-elle point cette clef-ci?&hellip; Je lis toujours les
+annonces. Dans mon métier, comme dans le vôtre, monsieur le juge
+d'instruction, il faut toujours lire les petites annonces
+personnelles&hellip; Ce qu'on y découvre d'intrigues!&hellip; et de clefs
+d'intrigues! Qui ne sont pas toujours à tête de cuivre, et qui n'en sont
+pas moins intéressantes. Cette annonce, particulièrement, par la sorte
+de mystère dont la femme qui avait perdu une clef, objet peu
+compromettant, s'entourait, m'avait frappé. Comme elle tenait à cette
+clef! Comme elle promettait une forte récompense! Et je songeai à ces
+six lettres: M.A.T.H.S.N. Les quatre premières m'indiquaient tout de
+suite un prénom. «Évidemment, faisais-je, «Math, Mathilde&hellip;» la
+personne qui a perdu la clef à tête de cuivre, dans un réticule,
+s'appelle Mathilde!&hellip;» Mais je ne pus rien faire des deux dernières
+lettres. Aussi, rejetant le journal, je m'occupai d'autre chose&hellip;
+Lorsque, quatre jours plus tard, les journaux du soir parurent avec
+d'énormes manchettes annonçant l'assassinat de Mlle MATHILDE STANGERSON,
+ce nom de Mathilde me rappela, sans que je fisse aucun effort pour cela,
+machinalement, les lettres de l'annonce. Intrigué un peu, je demandai le
+numéro de ce jour-là à l'administration. J'avais oublié les deux
+dernières lettres: S.N. Quand je les revis, je ne pus retenir un cri
+«Stangerson!&hellip;» Je sautai dans un fiacre et me précipitai au bureau
+40. Je demandai: «Avez-vous une lettre avec cette adresse: M.A.T.H.S.N!»
+L'employé me répondit: «Non!» Et comme j'insistais, le priant, le
+suppliant de chercher encore, il me dit: «Ah! çà, monsieur, c'est une
+plaisanterie!&hellip; Oui, j'ai eu une lettre aux initiales M.A.T.H.S.N.;
+mais je l'ai donnée, il y a trois jours, à une dame qui me l'a réclamée.
+Vous venez aujourd'hui me réclamer cette lettre à votre tour. Or,
+avant-hier, un monsieur, avec la même insistance désobligeante, me la
+demandait encore!&hellip; J'en ai assez de cette fumisterie&hellip;» Je voulus
+questionner l'employé sur les deux personnages qui avaient déjà réclamé
+la lettre, mais, soit qu'il voulût se retrancher derrière le secret
+professionnel&mdash;il estimait, sans doute, à part lui, en avoir déjà trop
+dit&mdash;soit qu'il fût vraiment excédé d'une plaisanterie possible, il ne
+me répondit plus&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille se tut. Nous nous taisions tous. Chacun tirait les
+conclusions qu'il pouvait de cette bizarre histoire de lettre poste
+restante. De fait, il semblait maintenant qu'on tenait un fil solide par
+lequel on allait pouvoir suivre cette affaire «insaisissable».</p>
+
+<p>M. Stangerson dit:</p>
+
+<p>«Il est donc à peu près certain que ma fille aura perdu cette clef,
+qu'elle n'a point voulu m'en parler pour m'éviter toute inquiétude et
+qu'elle aura prié celui ou celle qui aurait pu l'avoir trouvée d'écrire
+poste restante. Elle craignait évidemment que, donnant notre adresse, ce
+fait occasionnât des démarches qui m'auraient appris la perte de la
+clef. C'est très logique et très naturel. <i>Car j'ai déjà été volé,
+monsieur!</i></p>
+
+<p>&mdash;Où cela? Et quand? demanda le directeur de la Sûreté.</p>
+
+<p>&mdash;Oh! Il y a de nombreuses années, en Amérique, à Philadelphie. On m'a
+volé dans mon laboratoire le secret de deux inventions qui eussent pu
+faire la fortune d'un peuple&hellip; Non seulement je n'ai jamais su qui
+était le voleur, mais je n'ai jamais entendu parler de l'objet du «vol»
+sans doute parce que, pour déjouer les calculs de celui qui m'avait
+ainsi pillé, j'ai lancé moi-même dans le domaine public ces deux
+inventions, rendant inutile le larcin. C'est depuis cette époque que je
+suis très soupçonneux, que je m'enferme hermétiquement quand je
+travaille. Tous les barreaux de ces fenêtres, l'isolement de ce
+pavillon, ce meuble que j'ai fait construire moi-même, cette serrure
+spéciale, cette clef unique, tout cela est le résultat de mes craintes
+inspirées par une triste expérience.»</p>
+
+<p>M. Dax déclara: «Très intéressant!» et M. Joseph Rouletabille demanda
+des nouvelles du réticule. Ni M. Stangerson, ni le père Jacques
+n'avaient, depuis quelques jours, vu le réticule de Mlle Stangerson.
+Nous devions apprendre, quelques heures plus tard, de la bouche même de
+Mlle Stangerson, que ce réticule lui avait été volé ou qu'elle l'avait
+perdu, et que les choses s'étaient passées de la sorte que nous les
+avaient expliquées son père; qu'elle était allée, le 23 octobre, au
+bureau de poste 40, et qu'on lui avait remis une lettre qui n'était,
+affirma-t-elle, que celle d'un mauvais plaisant. Elle l'avait
+immédiatement brûlée.</p>
+
+<p>Pour en revenir à notre interrogatoire, ou plutôt à notre
+«conversation», je dois signaler que le chef de la Sûreté, ayant demandé
+à M. Stangerson dans quelles conditions sa fille était allée à Paris le
+20 octobre, jour de la perte du réticule, nous apprîmes ainsi qu'elle
+s'était rendue dans la capitale, «accompagnée de M. Robert Darzac, que
+l'on n'avait pas revu au château depuis cet instant jusqu'au lendemain
+du crime». Le fait que M. Robert Darzac était aux côtés de Mlle
+Stangerson, dans les grands magasins de la Louve quand le réticule avait
+disparu, ne pouvait passer inaperçu et retint, il faut le dire, assez
+fortement notre attention.</p>
+
+<p>Cette conversation entre magistrats, prévenus, victime, témoins et
+journaliste allait prendre fin quand se produisit un véritable coup de
+théâtre; ce qui n'est jamais pour déplaire à M. de Marquet. Le brigadier
+de gendarmerie vint nous annoncer que Frédéric Larsan demandait à être
+introduit, ce qui lui fut immédiatement accordé. Il tenait à la main une
+grossière paire de chaussures vaseuses qu'il jeta dans le laboratoire.</p>
+
+<p>«Voilà, dit-il, les souliers que chaussait l'assassin! Les
+reconnaissez-vous, père Jacques?</p>
+
+<p>Le père Jacques se pencha sur ce cuir infect et, tout stupéfait,
+reconnut de vieilles chaussures à lui qu'il avait jetées il y avait déjà
+un certain temps au rebut, dans un coin du grenier; il était tellement
+troublé qu'il dut se moucher pour dissimuler son émotion.</p>
+
+<p>Alors, montrant le mouchoir dont se servait le père Jacques, Frédéric
+Larsan dit:</p>
+
+<p>«Voilà un mouchoir qui ressemble étonnamment à celui qu'on a trouvé dans
+la «Chambre Jaune».</p>
+
+<p>&mdash;Ah! je l'sais ben, fit le père Jacques en tremblant; ils sont
+quasiment pareils.</p>
+
+<p>&mdash;Enfin, continua Frédéric Larsan, le vieux béret basque trouvé
+également dans la «Chambre Jaune» aurait pu autrefois coiffer le chef du
+père Jacques. Tout ceci, monsieur le chef de la Sûreté et monsieur le
+juge d'instruction, prouve, selon moi&mdash;remettez-vous, bonhomme! fit-il
+au père Jacques qui défaillait&mdash;tout ceci prouve, selon moi, que
+l'assassin a voulu déguiser sa véritable personnalité. Il l'a fait d'une
+façon assez grossière ou du moins qui nous apparaît telle, <i>parce que
+nous sommes sûrs que l'assassin n'est pas le père Jacques, qui n'a pas
+quitté M. Stangerson</i>. Mais imaginez que M. Stangerson, ce soir-là,
+n'ait pas prolongé sa veille; qu'après avoir quitté sa fille il ait
+regagné le château; que Mlle Stangerson ait été assassinée alors qu'il
+n'y avait plus personne dans le laboratoire et que le père Jacques
+dormait dans son grenier: <i>il n'aurait fait de doute pour
+personne que le père Jacques était l'assassin!</i> Celui-ci
+ne doit son salut qu'à ce que le drame a éclaté trop tôt, l'assassin
+ayant cru, sans doute, à cause du silence qui régnait à côté, que le
+laboratoire était vide et que le moment d'agir était venu. L'homme qui a
+pu s'introduire si mystérieusement ici et prendre de telles précautions
+contre le père Jacques était, à n'en pas douter, un familier de la
+maison. À quelle heure exactement s'est-il introduit ici? Dans
+l'après-midi? Dans la soirée? Je ne saurais dire&hellip;
+<i>Un être aussi familier des choses et des gens de
+ce pavillon a dû pénétrer dans la «Chambre Jaune», à son heure.</i></p>
+
+<p>&mdash;Il n'a pu cependant y entrer quand il y avait du monde dans le
+laboratoire? s'écria M. de Marquet.</p>
+
+<p>&mdash;Qu'en savons-nous, je vous prie! répliqua Larsan&hellip; Il y a eu le dîner
+dans le laboratoire, le va-et-vient du service&hellip; il y a eu une
+expérience de chimie qui a pu tenir, entre dix et onze heures, M.
+Stangerson, sa fille et le père Jacques autour des fourneaux&hellip; dans ce
+coin de la haute cheminée&hellip; Qui me dit que l'assassin&hellip; un familier!
+un familier!&hellip; n'a pas profité de ce moment pour se glisser dans la
+«Chambre Jaune», après avoir, dans le lavatory, retiré ses souliers?</p>
+
+<p>&mdash;C'est bien improbable! fit M. Stangerson.</p>
+
+<p>&mdash;Sans doute, mais ce n'est pas impossible&hellip; Aussi je n'affirme rien.
+Quant à sa sortie, c'est autre chose! Comment a-t-il pu s'enfuir? <i>Le
+plus naturellement du monde!»</i></p>
+
+<p>Un instant, Frédéric Larsan se tut. Cet instant nous parut bien long.
+Nous attendions qu'il parlât avec une fièvre bien compréhensible.</p>
+
+<p>«Je ne suis pas entré dans la «Chambre Jaune», reprit Frédéric Larsan,
+mais j'imagine que vous avez acquis la preuve qu'on ne pouvait en sortir
+<i>que par la porte</i>. C'est par la porte que l'assassin est sorti.
+Or, puisqu'il est impossible qu'il en soit autrement, c'est que cela
+est! Il a commis le crime et il est sorti par la porte! À quel moment!
+Au moment où cela lui a été le plus facile, <i>au moment où cela devient
+le plus explicable,</i> tellement explicable qu'il ne saurait y avoir
+d'autre explication. Examinons donc les «moments» qui ont suivi le
+crime. Il y a le premier moment, pendant lequel se trouvent, devant la
+porte, prêts à lui barrer le chemin, M. Stangerson et le père Jacques.
+Il y a le second moment, pendant lequel, le père Jacques étant un
+instant absent, M. Stangerson se trouve tout seul devant la porte. Il y
+a le troisième moment, pendant lequel M. Stangerson est rejoint par le
+concierge. Il y a le quatrième moment, pendant lequel se trouvent devant
+la porte M. Stangerson, le concierge, sa femme et le père Jacques. Il y
+a le cinquième moment, pendant lequel la porte est défoncée et la
+«Chambre Jaune» envahie. <i>Le moment où la
+fuite est le plus explicable est le moment même où il y a le moins de
+personnes devant la porte. Il y a un moment où il n'y en a
+plus qu'une: c'est celui où M. Stangerson reste seul devant la
+porte.</i> À moins d'admettre la complicité de silence du père
+Jacques, et je n'y crois pas, car le père Jacques ne serait pas sorti du
+pavillon pour aller examiner la fenêtre de la «Chambre Jaune», s'il
+avait vu s'ouvrir la porte et sortir l'assassin. <i>La porte
+ne s'est donc ouverte que devant M. Stangerson seul, et l'homme
+est sorti.</i> Ici, nous devons admettre que M. Stangerson avait de
+puissantes raisons pour ne pas arrêter ou pour ne pas faire arrêter
+l'assassin, puisqu'il l'a laissé gagner la fenêtre du vestibule et qu'il
+a refermé cette fenêtre derrière lui!&hellip; Ceci fait, comme le père
+Jacques allait rentrer <i>et qu'il fallait qu'il retrouvât les
+choses en l'état</i>, Mlle Stangerson, horriblement blessée,
+a trouvé encore la force, sans doute sur les objurgations de son père,
+de refermer à nouveau la porte de la «Chambre Jaune» à clef et au verrou
+avant de s'écrouler, mourante, sur le plancher&hellip; Nous ne savons qui a
+commis le crime; nous ne savons de quel misérable M. et Mlle Stangerson
+sont les victimes; mais il n'y a point de doute qu'ils le savent, eux!
+Ce secret doit être terrible pour que le père n'ait pas hésité à laisser
+sa fille agonisante derrière cette porte qu'elle refermait sur elle,
+terrible pour qu'il ait laissé échapper l'assassin&hellip; Mais il n'y a
+point d'autre façon au monde d'expliquer la fuite de l'assassin de la
+«Chambre Jaune!»</p>
+
+<p>Le silence qui suivit cette explication dramatique et lumineuse avait
+quelque chose d'affreux. Nous souffrions tous pour l'illustre
+professeur, acculé ainsi par l'impitoyable logique de Frédéric Larsan à
+nous avouer la vérité de son martyre ou à se taire, aveu plus terrible
+encore. Nous le vîmes se lever, cet homme, véritable statue de la
+douleur, et étendre la main d'un geste si solennel que nous en courbâmes
+la tête comme à l'aspect d'une chose sacrée. Il prononça alors ces
+paroles d'une voix éclatante qui sembla épuiser toutes ses forces:</p>
+
+<p>«Je jure, sur la tête de ma fille à l'agonie, que je n'ai point quitté
+cette porte, de l'instant où j'ai entendu l'appel désespéré de mon
+enfant, que cette porte ne s'est point ouverte pendant que j'étais seul
+dans mon laboratoire, et qu'enfin, quand nous pénétrâmes dans la
+«Chambre Jaune», mes trois domestiques et moi, l'assassin n'y était
+plus! Je jure que je ne connais pas l'assassin!»</p>
+
+<p>Faut-il que je dise que, malgré la solennité d'un pareil serment, nous
+ne crûmes guère à la parole de M. Stangerson? Frédéric Larsan venait de
+nous faire entrevoir la vérité: ce n'était point pour la perdre de si
+tôt.</p>
+
+<p>Comme M. de Marquet nous annonçait que la «conversation» était terminée
+et que nous nous apprêtions à quitter le laboratoire, le jeune reporter,
+ce gamin de Joseph Rouletabille, s'approcha de M. Stangerson, lui prit
+la main avec le plus grand respect et je l'entendis qui disait:</p>
+
+<p>«Moi, je vous crois, monsieur!»</p>
+
+<p>J'arrête ici la citation que j'ai cru devoir faire de la narration de M.
+Maleine, greffier au tribunal de Corbeil. Je n'ai point besoin de dire
+au lecteur que tout ce qui venait de se passer dans le laboratoire me
+fut fidèlement et aussitôt rapporté par Rouletabille lui-même.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch12">XII<br />
+La canne de Frédéric Larsan</h2>
+
+
+<p>Je ne me disposai à quitter le château que vers six heures du soir,
+emportant l'article que mon ami avait écrit à la hâte dans le petit
+salon que M. Robert Darzac avait fait mettre à notre disposition. Le
+reporter devait coucher au château, usant de cette inexplicable
+hospitalité que lui avait offerte M. Robert Darzac, sur qui M.
+Stangerson, en ces tristes moments, se reposait de tous les tracas
+domestiques. Néanmoins il voulut m'accompagner jusqu'à la gare d'Épinay.
+En traversant le parc, il me dit:</p>
+
+<p>«Frédéric Larsan est réellement très fort et n'a pas volé sa réputation.
+Vous savez comment il est arrivé à retrouver les souliers du père
+Jacques! Près de l'endroit où nous avons remarqué les traces des «pas
+élégants» et la disparition des empreintes des gros souliers, un creux
+rectangulaire dans la terre fraîche attestait qu'il y avait eu là,
+récemment, une pierre. Larsan rechercha cette pierre sans la trouver et
+imagina tout de suite qu'elle avait servi à l'assassin à maintenir au
+fond de l'étang les souliers dont l'homme voulait se débarrasser. Le
+calcul de Fred était excellent et le succès de ses recherches l'a
+prouvé. Ceci m'avait échappé; mais il est juste de dire que mon esprit
+était déjà parti par ailleurs, car, <i>par le trop grand nombre de
+faux témoignages de son passage laissé par l'assassin</i> et
+par la mesure des pas noirs correspondant à la mesure des pas du père
+Jacques, que j'ai établie sans qu'il s'en doutât sur le plancher de la
+«Chambre Jaune», la preuve était déjà faite, à mes yeux, que l'assassin
+avait voulu détourner le soupçon du côté de ce vieux serviteur. C'est ce
+qui m'a permis de dire à celui-ci, si vous vous le rappelez, que,
+puisque l'on avait trouvé un béret dans cette chambre fatale, il devait
+ressembler au sien, et de lui faire une description du mouchoir en tous
+points semblable à celui dont je l'avais vu se servir. Larsan et moi,
+nous sommes d'accord jusque-là, mais nous ne le sommes plus à partir de
+là, ET CELA VA ÊTRE TERRIBLE, car il marche de bonne foi à une erreur
+qu'il va me falloir combattre avec rien!»</p>
+
+<p>Je fus surpris de l'accent profondément grave dont mon jeune ami
+prononça ces dernières paroles.</p>
+
+<p>Il répéta encore:</p>
+
+<p>«OUI, TERRIBLE, TERRIBLE!&hellip; Mais est-ce vraiment ne combattre avec
+rien, que de combattre «avec l'idée»!</p>
+
+<p>À ce moment nous passions derrière le château. La nuit était tombée. Une
+fenêtre au premier étage était entrouverte. Une faible lueur en venait,
+ainsi que quelques bruits qui fixèrent notre attention. Nous avançâmes
+jusqu'à ce que nous ayons atteint l'encoignure d'une porte qui se
+trouvait sous la fenêtre. Rouletabille me fit comprendre d'un mot
+prononcé à voix basse que cette fenêtre donnait sur la chambre de Mlle
+Stangerson. Les bruits qui nous avaient arrêtés se turent, puis
+reprirent un instant. C'étaient des gémissements étouffés&hellip; nous ne
+pouvions saisir que trois mots qui nous arrivaient distinctement: «Mon
+pauvre Robert!» Rouletabille me mit la main sur l'épaule, se pencha à
+mon oreille:</p>
+
+<p>«Si nous pouvions savoir, me dit-il, ce qui se dit dans cette chambre,
+mon enquête serait vite terminée&hellip;»</p>
+
+<p>Il regarda autour de lui; l'ombre du soir nous enveloppait; nous ne
+voyions guère plus loin que l'étroite pelouse bordée d'arbres qui
+s'étendait derrière le château. Les gémissements s'étaient tus à
+nouveau.</p>
+
+<p>«Puisqu'on ne peut pas entendre, continua Rouletabille, on va au moins
+essayer de voir&hellip;»</p>
+
+<p>Et il m'entraîna, en me faisant signe d'étouffer le bruit de mes pas, au
+delà de la pelouse jusqu'au tronc pâle d'un fort bouleau dont on
+apercevait la ligne blanche dans les ténèbres. Ce bouleau s'élevait
+juste en face de la fenêtre qui nous intéressait et ses premières
+branches étaient à peu près à hauteur du premier étage du château. Du
+haut de ces branches on pouvait certainement voir ce qui se passait dans
+la chambre de Mlle Stangerson; et telle était bien la pensée de
+Rouletabille, car, m'ayant ordonné de me tenir coi, il embrassa le tronc
+de ses jeunes bras vigoureux et grimpa. Il se perdit bientôt dans les
+branches, puis il y eut un grand silence.</p>
+
+<p>Là-bas, en face de moi, la fenêtre entrouverte était toujours éclairée.
+Je ne vis passer sur cette lueur aucune ombre. L'arbre, au-dessus de
+moi, restait silencieux; j'attendais; tout à coup mon oreille perçut,
+dans l'arbre, ces mots:</p>
+
+<p>«Après vous!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Après vous, je vous en prie!»</p>
+
+<p>On dialoguait, là-haut, au-dessus de ma tête&hellip; on se faisait des
+politesses, et quelle ne fut pas ma stupéfaction de voir apparaître, sur
+la colonne lisse de l'arbre, deux formes humaines qui bientôt touchèrent
+le sol! Rouletabille était monté là tout seul et redescendait «deux!»</p>
+
+<p>«Bonjour, monsieur Sainclair!»</p>
+
+<p>C'était Frédéric Larsan&hellip; Le policier occupait déjà le poste
+d'observation quand mon jeune ami croyait y arriver solitaire&hellip; Ni l'un
+ni l'autre, du reste, ne s'occupèrent de mon étonnement. Je crus
+comprendre qu'ils avaient assisté du haut de leur observatoire à une
+scène pleine de tendresse et de désespoir entre Mlle Stangerson, étendue
+dans son lit, et M. Darzac à genoux à son chevet. Et déjà chacun
+semblait en tirer fort prudemment des conclusions différentes. Il était
+facile de deviner que cette scène avait produit un gros effet dans
+l'esprit de Rouletabille, «en faveur de M. Robert Darzac», cependant
+que, dans celui de Larsan, elle n'attestait qu'une parfaite hypocrisie
+servie par un art supérieur chez le fiancé de Mlle Stangerson&hellip;</p>
+
+<p>Comme nous arrivions à la grille du parc, Larsan nous arrêta:</p>
+
+<p>«Ma canne! s'écria-t-il&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Vous avez oublié votre canne? demanda Rouletabille.</p>
+
+<p>&mdash;Oui, répondit le policier&hellip; Je l'ai laissée là-bas, auprès de
+l'arbre&hellip;»</p>
+
+<p>Et il nous quitta, disant qu'il allait nous rejoindre tout de suite&hellip;</p>
+
+<p>«Avez-vous remarqué la canne de Frédéric Larsan? me demanda le reporter
+quand nous fûmes seuls. C'est une canne toute neuve&hellip; que je ne lui ai
+jamais vue&hellip; Il a l'air d'y tenir beaucoup&hellip; il ne la quitte pas&hellip; On
+dirait qu'il a peur qu'elle ne soit tombée dans des mains étrangères&hellip;
+Avant ce jour, <i>je n'ai jamais vu de canne à Frédéric
+Larsan&hellip;</i> Où a-t-il trouvé cette canne-là? <i>Ça n'est pas naturel
+qu'un homme qui ne porte jamais de canne ne fasse plus un pas
+sans canne, au lendemain du crime du Glandier&hellip;</i> Le jour de
+notre arrivée au château, quand il nous eut aperçus, il remit sa montre
+dans sa poche et ramassa par terre sa canne, geste auquel j'eus
+peut-être tort de n'attacher aucune importance!»</p>
+
+<p>Nous étions maintenant hors du parc; Rouletabille ne disait rien&hellip; Sa
+pensée, certainement, n'avait pas quitté la canne de Frédéric Larsan.
+J'en eus la preuve quand, en descendant la côte d'Épinay, il me dit:</p>
+
+<p>«Frédéric Larsan est arrivé au Glandier avant moi; il a commencé son
+enquête avant moi; il a eu le temps de savoir des choses que je ne sais
+pas et a pu trouver des choses que je ne sais pas&hellip; Où a-t-il trouvé
+cette canne-là?&hellip;</p>
+
+<p>Et il ajouta:</p>
+
+<p>«Il est probable que son soupçon&mdash;plus que son soupçon, son
+raisonnement&mdash;qui va aussi directement à Robert Darzac, doit être servi
+par quelque chose de palpable qu'il palpe, «lui», et que je ne palpe
+pas, moi&hellip; Serait-ce cette canne?&hellip; Où diable a-t-il pu trouver cette
+canne-là?&hellip;»</p>
+
+<p>À Épinay, il fallut attendre le train vingt minutes; nous entrâmes dans
+un cabaret. Presque aussitôt, derrière nous, la porte se rouvrait et
+Frédéric Larsan faisait son apparition, brandissant la fameuse canne&hellip;</p>
+
+<p>«Je l'ai retrouvée!» nous fit-il en riant.</p>
+
+<p>Tous trois nous nous assîmes à une table. Rouletabille ne quittait pas
+des yeux la canne; il était si absorbé qu'il ne vit pas un signe
+d'intelligence que Larsan adressait à un employé du chemin de fer, un
+tout jeune homme dont le menton s'ornait d'une petite barbiche blonde
+mal peignée. L'employé se leva, paya sa consommation, salua et sortit.
+Je n'aurais moi-même attaché aucune importance à ce signe s'il ne
+m'était revenu à la mémoire quelques mois plus tard, lors de la
+réapparition de la barbiche blonde à l'une des minutes les plus
+tragiques de ce récit. J'appris alors que la barbiche blonde était un
+agent de Larsan, chargé par lui de surveiller les allées et venues des
+voyageurs en gare d'Épinay-sur-Orge, car Larsan ne négligeait rien de ce
+qu'il croyait pouvoir lui être utile.</p>
+
+<p>Je reportai les yeux sur Rouletabille.</p>
+
+<p>«Ah ça! monsieur Fred! disait-il, depuis quand avez-vous donc une canne?&hellip;
+Je vous ai toujours vu vous promener, moi, les mains dans les
+poches!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;C'est un cadeau qu'on m'a fait, répondit le policier&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Il n'y a pas longtemps, insista Rouletabille&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Non, on me l'a offerte à Londres&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;C'est vrai, vous revenez de Londres, monsieur Fred&hellip; On peut la voir,
+votre canne?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Mais, comment donc?&hellip;»</p>
+
+<p>Fred passa la canne à Rouletabille. C'était une grande canne bambou
+jaune à bec de corbin, ornée d'une bague d'or.</p>
+
+<p>Rouletabille l'examinait minutieusement.</p>
+
+<p>«Eh bien, fit-il, en relevant une tête gouailleuse, on vous a offert à
+Londres une canne de France!</p>
+
+<p>&mdash;C'est possible, fit Fred, imperturbable&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Lisez la marque ici en lettres minuscules: «Cassette, 6 bis, opéra&hellip;»</p>
+
+<p>&mdash;On fait bien blanchir son linge à Londres, dit Fred&hellip; les anglais
+peuvent bien acheter leurs cannes à Paris&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille rendit la canne. Quand il m'eut mis dans mon compartiment,
+il me dit:</p>
+
+<p>«Vous avez retenu l'adresse?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, «Cassette, 6 bis, Opéra&hellip;» Comptez sur moi, vous recevrez un mot
+demain matin.»</p>
+
+<p>Le soir même, en effet, à Paris, je voyais M. Cassette, marchand de
+cannes et de parapluies, et j'écrivais à mon ami:</p>
+
+<p>«Un homme répondant à s'y méprendre au signalement de M. Robert Darzac,
+même taille, légèrement voûté, même collier de barbe, pardessus mastic,
+chapeau melon, est venu acheter une canne pareille à celle qui nous
+intéresse le soir même du crime, vers huit heures.</p>
+
+<p>M. Cassette n'en a point vendu de semblable depuis deux ans. La canne de
+Fred est neuve. Il s'agit donc bien de celle qu'il a entre les mains. Ce
+n'est pas lui qui l'a achetée puisqu'il se trouvait alors à Londres.
+Comme vous, je pense «qu'il l'a trouvée quelque part autour de M. Robert
+Darzac&hellip;» Mais alors, si, comme vous le prétendez, l'assassin était
+dans la «Chambre Jaune» depuis cinq heures, ou même six heures, comme le
+drame n'a eu lieu que vers minuit, l'achat de cette canne procure un
+alibi irréfutable à M. Robert Darzac.»</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch13">XIII<br />
+«Le presbytère n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son éclat»</h2>
+
+
+<p>Huit jours après les événements que je viens de raconter, exactement le
+2 novembre, je recevais à mon domicile, à Paris, un télégramme ainsi
+libellé: «Venez au Glandier, par premier train. Apportez revolvers.
+Amitiés. Rouletabille.»</p>
+
+<p>Je vous ai déjà dit, je crois, qu'à cette époque, jeune avocat stagiaire
+et à peu près dépourvu de causes, je fréquentais le Palais, plutôt pour
+me familiariser avec mes devoirs professionnels, que pour défendre la
+veuve et l'orphelin. Je ne pouvais donc m'étonner que Rouletabille
+disposât ainsi de mon temps; et il savait du reste combien je
+m'intéressais à ses aventures journalistiques en général et surtout à
+l'affaire du Glandier. Je n'avais eu de nouvelles de celle-ci, depuis
+huit jours, que par les innombrables racontars des journaux et par
+quelques notes très brèves, de Rouletabille dans <i>L'Époque.</i> Ces
+notes avaient divulgué le coup de «l'os de mouton» et nous avaient
+appris qu'à l'analyse les marques laissées sur l'os de mouton s'étaient
+révélées «de sang humain»; il y avait là les traces fraîches «du sang de
+Mlle Stangerson»; les traces anciennes provenaient d'autres crimes
+pouvant remonter à plusieurs années&hellip;</p>
+
+<p>Vous pensez si l'affaire défrayait la presse du monde entier. Jamais
+illustre crime n'avait intrigué davantage les esprits. Il me semblait
+bien cependant que l'instruction n'avançait guère; aussi eussé-je été
+très heureux de l'invitation que me faisait mon ami de le venir
+rejoindre au Glandier, si la dépêche n'avait contenu ces mots: «Apportez
+revolvers.»</p>
+
+<p>Voilà qui m'intriguait fort. Si Rouletabille me télégraphiait d'apporter
+des revolvers, c'est qu'il prévoyait qu'on aurait l'occasion de s'en
+servir. Or, je l'avoue sans honte: je ne suis point un héros. Mais quoi!
+il s'agissait, ce jour-là, d'un ami sûrement dans l'embarras qui
+m'appelait, sans doute, à son aide; je n'hésitai guère; et, après avoir
+constaté que le seul revolver que je possédais était bien armé, je me
+dirigeai vers la gare d'Orléans. En route, je pensai qu'un revolver ne
+faisait qu'une arme et que la dépêche de Rouletabille réclamait
+revolvers au pluriel; j'entrai chez un armurier et achetai une petite
+arme excellente, que je me faisais une joie d'offrir à mon ami.</p>
+
+<p>J'espérais trouver Rouletabille à la gare d'Épinay, mais il n'y était
+point. Cependant un cabriolet m'attendait et je fus bientôt au Glandier.
+Personne à la grille. Ce n'est que sur le seuil même du château que
+j'aperçus le jeune homme. Il me saluait d'un geste amical et me recevait
+aussitôt dans ses bras en me demandant, avec effusion, des nouvelles de
+ma santé.</p>
+
+<p>Quand nous fûmes dans le petit vieux salon dont j'ai parlé, Rouletabille
+me fit asseoir et me dit tout de suite:</p>
+
+<p>&mdash;Ça va mal!</p>
+
+<p>&mdash;Qu'est-ce qui va mal?</p>
+
+<p>&mdash;Tout!»</p>
+
+<p>Il se rapprocha de moi, et me confia à l'oreille:</p>
+
+<p>«Frédéric Larsan marche à fond contre M. Robert Darzac.»</p>
+
+<p>Ceci n'était point pour m'étonner, depuis que j'avais vu le fiancé de
+Mlle Stangerson pâlir devant la trace de ses pas.</p>
+
+<p>Cependant, j'observai tout de suite:</p>
+
+<p>«Eh bien! Et la canne?</p>
+
+<p>&mdash;La canne! Elle est toujours entre les mains de Frédéric Larsan <i>qui
+ne la quitte pas&hellip;</i></p>
+
+<p>&mdash;Mais&hellip; ne fournit-elle pas un alibi à M. Robert Darzac?</p>
+
+<p>&mdash;Pas le moins du monde. M. Darzac, interrogé par moi en douceur, nie
+avoir acheté ce soir-là, ni aucun autre soir, une canne chez Cassette&hellip;
+Quoi qu'il en soit, fit Rouletabille, «je ne jurerais de rien», car M.
+Darzac <i>a de si étranges silences</i> qu'on ne sait exactement ce
+qu'il faut penser de ce qu'il dit!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Dans l'esprit de Frédéric Larsan, cette canne doit être une bien
+précieuse canne, une canne à conviction&hellip; Mais de quelle façon? Car,
+toujours à cause de l'heure de l'achat, elle ne pouvait se trouver entre
+les mains de l'assassin&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;L'heure ne gênera pas Larsan&hellip; Il n'est pas forcé d'adopter mon
+système qui commence par introduire l'assassin dans la «Chambre Jaune»,
+entre cinq et six; qu'est-ce qui l'empêche, lui, de l'y faire pénétrer
+entre dix heures et onze heures du soir? À ce moment, justement, M. et
+Mlle Stangerson, aidés du père Jacques, ont procédé à une intéressante
+expérience de chimie dans cette partie du laboratoire occupée par les
+fourneaux. Larsan dira que l'assassin s'est glissé derrière eux, tout
+invraisemblable que cela paraisse&hellip; Il l'a déjà fait entendre au juge
+d'instruction&hellip; Quand on le considère de près, ce raisonnement est
+absurde, attendu que le familier&mdash;<i>si familier il y a</i>&mdash;devait
+savoir que le professeur allait bientôt quitter le pavillon; et
+il y allait de sa sécurité, à lui familier, de remettre ses opérations
+après ce départ&hellip; Pourquoi aurait-il risqué de traverser le laboratoire
+pendant que le professeur s'y trouvait? Et puis, quand le familier se
+serait-il introduit dans le pavillon?&hellip; Autant de points à élucider
+avant d'admettre <i>l'imagination de Larsan</i>. Je n'y perdrai pas
+mon temps, quant à moi,
+<i>car j'ai un système irréfutable</i> qui ne me permet
+point de me préoccuper de cette imagination-là! Seulement, comme je suis
+obligé momentanément de me taire et que Larsan, quelquefois, parle&hellip; il
+se pourrait que tout finît par s'expliquer contre M. Darzac&hellip; si je
+n'étais pas là! ajouta le jeune homme avec orgueil. Car il y a contre ce
+M. Darzac d'autres «signes extérieurs» autrement terribles que cette
+histoire de canne, qui reste pour moi incompréhensible, d'autant plus
+incompréhensible que Larsan ne se gêne pas pour se montrer devant M.
+Darzac avec cette canne qui aurait appartenu à M. Darzac lui-même! Je
+comprends beaucoup de choses dans le système de Larsan, mais je ne
+comprends pas encore la canne.</p>
+
+<p>&mdash;Frédéric Larsan est toujours au château?</p>
+
+<p>&mdash;Oui; il ne l'a guère quitté! Il y couche, comme moi, sur la prière de
+M. Stangerson. M. Stangerson a fait pour lui ce que M. Robert Darzac a
+fait pour moi. Accusé par Frédéric Larsan de connaître l'assassin et
+d'avoir permis sa fuite, M. Stangerson a tenu à faciliter à son
+accusateur tous les moyens d'arriver à la découverte de la vérité. Ainsi
+M. Robert Darzac agit-il envers moi.</p>
+
+<p>&mdash;Mais vous êtes, vous, persuadé de l'innocence de M. Robert Darzac?</p>
+
+<p>&mdash;J'ai cru un instant à la possibilité de sa culpabilité. Ce fut à
+l'heure même où nous arrivions ici pour la première fois. Le moment est
+venu de vous raconter ce qui s'est passé entre M. Darzac et moi.»</p>
+
+<p>Ici, Rouletabille s'interrompit et me demanda si j'avais apporté les
+armes. Je lui montrai les deux revolvers. Il les examina, dit: «C'est
+parfait!» et me les rendit.</p>
+
+<p>«En aurons-nous besoin? demandai-je.</p>
+
+<p>&mdash;Sans doute ce soir; nous passons la nuit ici; cela ne vous ennuie pas?</p>
+
+<p>&mdash;Au contraire, fis-je avec une grimace qui entraîna le rire de
+Rouletabille.</p>
+
+<p>&mdash;Allons! allons! reprit-il, ce n'est pas le moment de rire. Parlons
+sérieusement. Vous vous rappelez cette phrase qui a été le: «Sésame,
+ouvre-toi!» de ce château plein de mystère?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, fis-je, parfaitement: <i>le presbytère n'a rien perdu
+de son charme, ni le jardin de son éclat</i>. C'est encore
+cette phrase-là, à moitié roussie, que vous avez retrouvée sur un
+papier dans les charbons du laboratoire.</p>
+
+<p>&mdash;Oui, et, en bas de ce papier, la flamme avait respecté cette date: «23
+octobre.» Souvenez-vous de cette date qui est très importante. Je vais
+vous dire maintenant ce qu'il en est de cette phrase saugrenue. Je ne
+sais si vous savez que, l'avant-veille du crime, c'est-à-dire le 23, M.
+et Mlle Stangerson sont allés à une réception à l'Élysée. Ils ont même
+assisté au dîner, je crois bien. Toujours est-il qu'ils sont restés à la
+réception, «puisque je les y ai vus». J'y étais, moi, par devoir
+professionnel. Je devais interviewer un de ces savants de l'Académie de
+Philadelphie que l'on fêtait ce jour-là. Jusqu'à ce jour, je n'avais
+jamais vu ni M. ni Mlle Stangerson. J'étais assis dans le salon qui
+précède le salon des Ambassadeurs, et, las d'avoir été bousculé par tant
+de nobles personnages, je me laissais aller à une vague rêverie,
+<i>quand je sentis passer le parfum de la dame en
+noir</i>. Vous me demanderez: «qu'est-ce que le parfum de la dame en
+noir?» Qu'il vous suffise de savoir que c'est un parfum que j'ai
+beaucoup aimé, parce qu'il était celui d'une dame, toujours habillée de
+noir, qui m'a marqué quelque maternelle bonté dans ma première jeunesse.
+La dame qui, ce jour-là, était discrètement imprégnée du «parfum de la
+dame en noir» était habillée de blanc. Elle était merveilleusement
+belle. Je ne pus m'empêcher de me lever et de la suivre, elle et son
+parfum. Un homme, un vieillard, donnait le bras à cette beauté. Chacun
+se détournait sur leur passage, et j'entendis que l'on murmurait: «C'est
+le professeur Stangerson et sa fille!» C'est ainsi que j'appris qui je
+suivais. Ils rencontrèrent M. Robert Darzac que je connaissais de vue.
+Le professeur Stangerson, abordé par l'un des savants américains,
+Arthur-William Rance, s'assit dans un fauteuil de la grande galerie, et
+M. Robert Darzac entraîna Mlle Stangerson dans les serres. Je suivais
+toujours. Il faisait, ce soir-là, un temps très doux; les portes sur le
+jardin étaient ouvertes. Mlle Stangerson jeta un fichu léger sur ses
+épaules et je vis bien que c'était elle qui priait M. Darzac de pénétrer
+avec elle dans la quasi-solitude du jardin. Je suivis encore, intéressé
+par l'agitation que marquait alors M. Robert Darzac. Ils se glissaient
+maintenant, à pas lents, le long du mur qui longe l'avenue Marigny. Je
+pris par l'allée centrale. Je marchais parallèlement à mes deux
+personnages. Et puis, je «coupai» à travers la pelouse pour les croiser.
+La nuit était obscure, l'herbe étouffait mes pas. Ils étaient arrêtés
+dans la clarté vacillante d'un bec de gaz et semblaient, penchés tous
+les deux sur un papier que tenait Mlle Stangerson, lire quelque chose
+qui les intéressait fort. Je m'arrêtai, moi aussi. J'étais entouré
+d'ombre et de silence. Ils ne m'aperçurent point, et j'entendis
+distinctement Mlle Stangerson qui répétait, en repliant le papier:
+<i>«le presbytère n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de
+son éclat!»</i> Et ce fut dit sur un ton à la fois si railleur
+et si désespéré, et fut suivi d'un éclat de rire si nerveux, que je
+crois bien que cette phrase me restera toujours dans l'oreille. Mais une
+autre phrase encore fut prononcée, celle-ci par M. Robert Darzac: <i>Me
+faudra-t-il donc, pour vous avoir, commettre un crime?</i> M. Robert
+Darzac était dans une agitation extraordinaire; il prit la main de Mlle
+Stangerson, la porta longuement à ses lèvres et je pensai, au mouvement
+de ses épaules, qu'il pleurait. Puis, ils s'éloignèrent.</p>
+
+<p>&mdash;Quand j'arrivai dans la grande galerie, continua Rouletabille, je ne
+vis plus M. Robert Darzac, et je ne devais plus le revoir qu'au
+Glandier, après le crime, mais j'aperçus Mlle Stangerson, M. Stangerson
+et les délégués de Philadelphie. Mlle Stangerson était près d'Arthur
+Rance. Celui-ci lui parlait avec animation et les yeux de l'Américain,
+pendant cette conversation, brillaient d'un singulier éclat. Je crois
+bien que Mlle Stangerson n'écoutait même pas ce que lui disait Arthur
+Rance, et son visage exprimait une indifférence parfaite. Arthur-William
+Rance est un homme sanguin, au visage couperosé; il doit aimer le gin.
+Quand M. et Mlle Stangerson furent partis, il se dirigea vers le buffet
+et ne le quitta plus. Je l'y rejoignis et lui rendis quelques services,
+dans cette cohue. Il me remercia et m'apprit qu'il repartait pour
+l'Amérique, trois jours plus tard, c'est-à-dire le 26 (le lendemain du
+crime). Je lui parlai de Philadelphie; il me dit qu'il habitait cette
+ville depuis vingt-cinq ans, et que c'est là qu'il avait connu
+l'illustre professeur Stangerson et sa fille. Là-dessus, il reprit du
+champagne et je crus qu'il ne s'arrêterait jamais de boire. Je le
+quittai quand il fut à peu près ivre.</p>
+
+<p>«Telle a été ma soirée, mon cher ami. Je ne sais par quelle sorte de
+précision la double image de M. Robert Darzac et de Mlle Stangerson ne
+me quitta point de la nuit, et je vous laisse à penser l'effet que me
+produisit la nouvelle de l'assassinat de Mlle Stangerson. Comment ne pas
+me souvenir de ces mots: «Me faudra-t-il, pour vous avoir, commettre un
+crime?» Ce n'est cependant point cette phrase que je dis à M. Robert
+Darzac quand nous le rencontrâmes au Glandier. Celle où il est question
+du presbytère et du jardin éclatant, que Mlle Stangerson semblait avoir
+lue sur le papier qu'elle tenait à la main, suffit pour nous faire
+ouvrir toutes grandes les portes du château. Croyais-je, à ce moment,
+que M. Robert Darzac était l'assassin? Non! Je ne pense pas l'avoir tout
+à fait cru. À ce moment-là, je ne pensais sérieusement «rien». J'étais
+si peu documenté. «Mais j'avais besoin» qu'il me prouvât tout de suite
+qu'il n'était pas blessé à la main. Quand nous fûmes seuls, tous les
+deux, je lui contai ce que le hasard m'avait fait surprendre de sa
+conversation dans les jardins de l'Élysée avec Mlle Stangerson; et,
+quand je lui eus dit que j'avais entendu ces mots: «Me faudra-t-il, pour
+vous avoir, commettre un crime?» il fut tout à fait troublé, mais
+beaucoup moins, certainement, qu'il ne l'avait été par la phrase du
+«presbytère». Ce qui le jeta dans une véritable consternation, ce fut
+d'apprendre, de ma bouche, que, le jour où il allait se rencontrer à
+l'Élysée avec Mlle Stangerson, celle-ci était allée, dans l'après-midi,
+au bureau de poste 40, chercher une lettre qui était peut-être celle
+qu'ils avaient lue tous les deux dans les jardins de l'Élysée et qui se
+terminait par ces mots: «Le presbytère n'a rien perdu de son charme, ni
+le jardin de son éclat!» cette hypothèse me fut confirmée du reste,
+depuis, par la découverte que je fis, vous vous en souvenez, dans les
+charbons du laboratoire, d'un morceau de cette lettre qui portait la
+date du 23 octobre. La lettre avait été écrite et retirée du bureau le
+même jour. Il ne fait point de doute qu'en rentrant de l'Élysée, la nuit
+même, Mlle Stangerson a voulu brûler ce papier compromettant. C'est en
+vain que M. Robert Darzac nia que cette lettre eût un rapport quelconque
+avec le crime. Je lui dis que, dans une affaire aussi mystérieuse, il
+n'avait pas le droit de cacher à la justice l'incident de la lettre; que
+j'étais persuadé, moi, que celle-ci avait une importance considérable;
+que le ton désespéré avec lequel Mlle Stangerson avait prononcé la
+phrase fatidique, que ses pleurs, à lui, Robert Darzac, et que cette
+menace d'un crime qu'il avait proférée à la suite de la lecture de la
+lettre, ne me permettaient pas d'en douter. Robert Darzac était de plus
+en plus agité. Je résolus de profiter de mon avantage.</p>
+
+<p>«&mdash;Vous deviez vous marier, monsieur», fis-je négligemment, sans plus
+regarder mon interlocuteur, et tout d'un coup ce mariage <i>devient
+impossible à cause de l'auteur de cette lettre</i>, puisque, aussitôt la
+lecture de la lettre, vous parlez d'un crime nécessaire pour avoir Mlle
+Stangerson. IL Y A DONC QUELQU'UN ENTRE VOUS ET MLLE STANGERSON,
+QUELQU'UN QUI LUI DÉFEND DE SE MARIER, QUELQU'UN QUI LA TUE AVANT
+QU'ELLE NE SE MARIE!»</p>
+
+<p>«Et je terminai ce petit discours par ces mots:</p>
+
+<p>«&mdash;Maintenant, monsieur, vous n'avez plus qu'à me confier le nom de
+l'assassin!»</p>
+
+<p>«J'avais dû, sans m'en douter, dire des choses formidables. Quand je
+relevai les yeux sur Robert Darzac, je vis un visage décomposé, un front
+en sueur, des yeux d'effroi.</p>
+
+<p>«&mdash;Monsieur, me dit-il, je vais vous demander une chose, qui va
+peut-être vous paraître insensée, mais en échange de quoi <i>je
+donnerais ma vie</i>: il ne faut pas parler devant les magistrats de
+ce que vous avez vu et entendu dans les jardins de l'Élysée,&hellip; ni
+devant les magistrats, ni devant personne au monde. Je vous jure que je
+suis innocent et je sais, et je sens, que vous me croyez, mais
+j'aimerais mieux passer pour coupable que de voir les soupçons de la
+justice s'égarer sur cette phrase: «le presbytère n'a rien perdu de son
+charme, ni le jardin de son éclat.» Il faut que la justice ignore cette
+phrase. Toute cette affaire vous appartient, monsieur, je vous la donne,
+<i>mais oubliez la soirée de l'Élysée</i>. Il y aura pour vous cent
+autres chemins que celui-là qui vous conduiront à la découverte du
+criminel; je vous les ouvrirai, je vous aiderai. Voulez-vous vous
+installer ici? Parler ici en maître? Manger, dormir ici? Surveiller mes
+actes et les actes de tous? Vous serez au Glandier comme si vous en
+étiez le maître, monsieur, <i>mais oubliez la soirée de l'Élysée</i>.»</p>
+
+<p>Rouletabille, ici, s'arrêta pour souffler un peu. Je comprenais
+maintenant l'attitude inexplicable de M. Robert Darzac vis-à-vis de mon
+ami, et la facilité avec laquelle celui-ci avait pu s'installer sur les
+lieux du crime. Tout ce que je venais d'apprendre ne pouvait qu'exciter
+ma curiosité. Je demandai à Rouletabille de la satisfaire encore. Que
+s'était-il passé au Glandier depuis huit jours? Mon ami ne m'avait-il
+pas dit qu'il y avait maintenant contre M. Darzac des signes extérieurs
+autrement terribles que celui de la canne trouvée par Larsan?</p>
+
+<p>«Tout semble se tourner contre lui, me répondit mon ami, et la situation
+devient extrêmement grave. M. Robert Darzac semble ne point s'en
+préoccuper outre mesure; il a tort; mais rien ne l'intéresse que la
+santé de Mlle Stangerson qui allait s'améliorant tous les jours quand
+est survenu un événement plus mystérieux encore que le mystère de la
+«Chambre Jaune»!</p>
+
+<p>&mdash;Ça n'est pas possible! m'écriai-je, et quel événement peut être plus
+mystérieux que le mystère de la «Chambre Jaune»?</p>
+
+<p>&mdash;Revenons d'abord à M. Robert Darzac, fit Rouletabille en me calmant.
+Je vous disais que tout se tourne contre lui. «Les pas élégants» relevés
+par Frédéric Larsan paraissent bien être «les pas du fiancé de Mlle
+Stangerson». L'empreinte de la bicyclette peut être l'empreinte de «sa»
+bicyclette; la chose a été contrôlée. Depuis qu'il avait cette
+bicyclette, il la laissait toujours au château. Pourquoi l'avoir
+emportée à Paris justement à ce moment-là? Est-ce qu'il ne devait plus
+revenir au château? Est-ce que la rupture de son mariage devait
+entraîner la rupture de ses relations avec les Stangerson? Chacun des
+intéressés affirme que ces relations devaient continuer. Alors? Frédéric
+Larsan, lui, croit que «tout était rompu». Depuis le jour où Robert
+Darzac a accompagné Mlle Stangerson aux grands magasins de la Louve,
+jusqu'au lendemain du crime, l'ex-fiancé n'est point revenu au Glandier.
+Se souvenir que Mlle Stangerson a perdu son réticule et la clef à tête
+de cuivre quand elle était en compagnie de M. Robert Darzac. Depuis ce
+jour jusqu'à la soirée de l'Élysée, le professeur en Sorbonne et Mlle
+Stangerson ne se sont point vus. Mais ils se sont peut-être écrit. Mlle
+Stangerson est allée chercher une lettre poste restante au bureau 40,
+lettre que Frédéric Larsan croit de Robert Darzac, car Frédéric Larsan,
+qui ne sait rien naturellement de ce qui s'est passé à l'Élysée, est
+amené à penser que c'est Robert Darzac lui-même qui a volé le réticule
+et la clef, dans le dessein de forcer la volonté de Mlle Stangerson en
+s'appropriant les papiers les plus précieux du père, papiers qu'il
+aurait restitués sous condition de mariage. Tout cela serait d'une
+hypothèse bien douteuse et presque absurde, comme me le disait le grand
+Fred lui-même, s'il n'y avait pas encore autre chose, et autre chose de
+beaucoup plus grave. D'abord, chose bizarre, et que je ne parviens pas à
+m'expliquer: ce serait M. Darzac en personne qui, le 24, serait allé
+demander la lettre au bureau de poste, lettre qui avait été déjà retirée
+la veille par Mlle Stangerson; <i>la description de l'homme qui s'est
+présenté au guichet répond point par point au signalement de M. Robert
+Darzac</i>. Celui-ci, aux questions qui lui furent posées, à titre de
+simple renseignement, par le juge d'instruction, nie qu'il soit allé au
+bureau de poste; et moi, je crois M. Robert Darzac, car, en admettant
+même que la lettre ait été écrite par lui&mdash;ce que je ne pense pas&mdash;il
+savait que Mlle Stangerson l'avait retirée, puisqu'il la lui avait vue,
+cette lettre, entre les mains, dans les jardins de l'Élysée. Ce n'est
+donc pas lui qui s'est présenté, le lendemain 24, au bureau 40, pour
+demander une lettre qu'il savait n'être plus là. Pour moi, c'est
+quelqu'un qui lui ressemblait étrangement, et c'est bien le voleur du
+réticule qui dans cette lettre devait demander quelque chose à la
+propriétaire du réticule, à Mlle Stangerson,&mdash;«quelque chose qu'il ne
+vit pas venir». Il dut en être stupéfait, et fut amené à se demander si
+la lettre qu'il avait expédiée avec cette inscription sur l'enveloppe:
+M.A.T.H.S.N. avait été retirée. D'où sa démarche au bureau de poste et
+l'insistance avec laquelle il réclame la lettre. Puis il s'en va,
+furieux. La lettre a été retirée, et pourtant ce qu'il demandait ne lui
+a pas été accordé! Que demandait-il? Nul ne le sait que Mlle Stangerson.
+Toujours est-il que, le lendemain, on apprenait que Mlle Stangerson
+avait été quasi assassinée dans la nuit, et que je découvrais, le
+surlendemain, moi, que le professeur avait été volé du même coup, grâce
+à cette clef, objet de la lettre poste restante. Ainsi, il semble bien
+que l'homme qui est venu au bureau de poste doive être l'assassin; et
+tout ce raisonnement, des plus logiques en somme, sur les raisons de la
+démarche de l'homme au bureau de poste, Frédéric Larsan se l'est tenu,
+mais, en l'appliquant à Robert Darzac. Vous pensez bien que le juge
+d'instruction, et que Larsan, et que moi-même nous avons tout fait pour
+avoir, au bureau de poste, des détails précis sur le singulier
+personnage du 24 octobre. Mais on n'a pu savoir d'où il venait ni où il
+s'en est allé! En dehors de cette description qui le fait ressembler à
+M. Robert Darzac, rien! J'ai fait annoncer dans les plus grands
+journaux: «Une forte récompense est promise au cocher qui a conduit un
+client au bureau de poste 40, dans la matinée du 24 octobre, vers les
+dix heures. S'adresser à la rédaction de <i>L'Époque</i>, et demander M.
+R.» Ça n'a rien donné. En somme, cet homme est peut-être venu à pied;
+mais, puisqu'il était pressé, c'était une chance à courir qu'il fût venu
+en voiture. Je n'ai pas, dans ma note aux journaux, donné la description
+de l'homme pour que tous les cochers qui pouvaient avoir, vers cette
+heure-là, conduit un client au bureau 40, vinssent à moi. Il n'en est
+pas venu un seul. Et je me suis demandé nuit et jour: «Quel est donc cet
+homme qui ressemble aussi étrangement à M. Robert Darzac et que je
+retrouve achetant la canne tombée entre les mains de Frédéric Larsan? Le
+plus grave de tout est que M. Darzac, <i>qui avait à faire, à la même
+heure, à l'heure où son sosie se présentait au bureau de
+poste, un cours à la Sorbonne, ne l'a pas fait.</i> Un de ses
+amis le remplaçait. Et, quand on l'interroge sur l'emploi de son temps,
+il répond qu'il est allé se promener au bois de Boulogne.
+Qu'est-ce que vous pensez de ce professeur qui se fait remplacer à
+son cours pour aller se promener au bois de Boulogne? Enfin, il faut que
+vous sachiez que, si M. Robert Darzac avoue s'être allé promener au bois
+de Boulogne dans la matinée du 24, <i>il ne peut plus donner du tout
+l'emploi de son temps dans la nuit du 24 au 25!&hellip;</i> Il a
+répondu fort paisiblement à Frédéric Larsan qui lui demandait ce
+renseignement que ce qu'il faisait de son temps, à Paris, ne regardait
+que lui&hellip; Sur quoi, Frédéric Larsan a juré tout haut qu'il découvrirait
+bien, lui, sans l'aide de personne, l'emploi de ce temps. Tout cela
+semble donner quelque corps aux hypothèses du grand Fred; d'autant plus
+que le fait de Robert Darzac se trouvant dans la «Chambre Jaune»
+pourrait venir corroborer l'explication du policier sur la façon dont
+l'assassin se serait enfui: M. Stangerson l'aurait laissé passer pour
+éviter un effroyable scandale! C'est, du reste, cette hypothèse, que je
+crois fausse, qui égarera Frédéric Larsan, et ceci ne serait point pour
+me déplaire, s'il n'y avait pas un innocent en cause! <i>Maintenant,
+cette hypothèse égare-t-elle réellement Frédéric Larsan? Voilà! Voilà!
+Voilà!</i></p>
+
+<p>&mdash;Eh! Frédéric Larsan a peut-être raison! m'écriai-je, interrompant
+Rouletabille&hellip; Êtes-vous sûr que M. Darzac soit innocent? Il me semble
+que voilà bien des fâcheuses coïncidences&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Les coïncidences, me répondit mon ami, sont les pires ennemies de la
+vérité.</p>
+
+<p>&mdash;Qu'en pense aujourd'hui le juge d'instruction?</p>
+
+<p>&mdash;M. de Marquet, le juge d'instruction, hésite à découvrir M. Robert
+Darzac sans aucune preuve certaine. Non seulement, il aurait contre lui
+toute l'opinion publique, sans compter la Sorbonne, mais encore M.
+Stangerson et Mlle Stangerson. Celle-ci adore M. Robert Darzac. Si peu
+qu'elle ait vu l'assassin, on ferait croire difficilement au public
+qu'elle n'eût point reconnu M. Robert Darzac, si M. Robert Darzac avait
+été l'agresseur. La «Chambre Jaune» était obscure, sans doute, mais une
+petite veilleuse tout de même l'éclairait, ne l'oubliez pas. Voici, mon
+ami, où en étaient les choses quand, il y a trois jours, ou plutôt trois
+nuits, survint cet événement inouï dont je vous parlais tout à l'heure.»</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch14">XIV<br />
+«J'attends l'assassin, ce soir»</h2>
+
+
+<p>«Il faut, me dit Rouletabille, que je vous conduise sur les lieux pour
+que vous puissiez comprendre ou plutôt pour que vous soyez persuadé
+qu'il est impossible de comprendre. Je crois, quant à moi, avoir trouvé
+ce que tout le monde cherche encore: la façon dont l'assassin est sorti
+de la «Chambre Jaune»&hellip; sans complicité d'aucune sorte et sans que M.
+Stangerson y soit pour quelque chose. Tant que je ne serai point sûr de
+la personnalité de l'assassin, je ne saurais dire quelle est mon
+hypothèse, mais je crois cette hypothèse juste et, dans tous les cas,
+elle est tout à fait naturelle, je veux dire tout à fait simple. Quant à
+ce qui s'est passé il y a trois nuits, ici, dans le château même, cela
+m'a semblé pendant vingt-quatre heures dépasser toute faculté
+d'imagination. Et encore l'hypothèse qui, maintenant, s'élève du fond de
+mon moi est-elle si absurde, celle-là, que je préfère presque les
+ténèbres de l'inexplicable.</p>
+
+<p>Sur quoi, le jeune reporter m'invita à sortir; il me fit faire le tour
+du château. Sous nos pieds craquaient les feuilles mortes; c'est le seul
+bruit que j'entendais. On eût dit que le château était abandonné. Ces
+vieilles pierres, cette eau stagnante dans les fossés qui entouraient le
+donjon, cette terre désolée recouverte de la dépouille du dernier été,
+le squelette noir des arbres, tout concourait à donner à ce triste
+endroit, hanté par un mystère farouche, l'aspect le plus funèbre. Comme
+nous contournions le donjon, nous rencontrâmes «l'homme vert», le garde,
+qui ne nous salua point et qui passa près de nous, comme si nous
+n'existions pas. Il était tel que je l'avais vu pour la première fois, à
+travers les vitres de l'auberge du père Mathieu; il avait toujours son
+fusil en bandoulière, sa pipe à la bouche et son binocle sur le nez.</p>
+
+<p>«Drôle d'oiseau! me dit tout bas Rouletabille.</p>
+
+<p>&mdash;Lui avez-vous parlé? demandai-je.</p>
+
+<p>&mdash;Oui, mais il n'y a rien à en tirer&hellip; il répond par grognements,
+hausse les épaules et s'en va. Il habite à l'ordinaire au premier étage
+du donjon, une vaste pièce qui servait autrefois d'oratoire. Il vit là
+en ours, ne sort qu'avec son fusil. Il n'est aimable qu'avec les filles.
+Sous prétexte de courir après les braconniers, il se relève souvent la
+nuit; mais je le soupçonne d'avoir des rendez-vous galants. La femme de
+chambre de Mlle Stangerson, Sylvie, est sa maîtresse. En ce moment, il
+est très amoureux de la femme du père Mathieu, l'aubergiste; mais le
+père Mathieu surveille de près son épouse, et je crois bien que c'est la
+presque impossibilité où «l'homme vert» se trouve d'approcher Mme
+Mathieu qui le rend encore plus sombre et taciturne. C'est un beau gars,
+bien soigné de sa personne, presque élégant&hellip; les femmes, à quatre
+lieues à la ronde, en raffolent.»</p>
+
+<p>Après avoir dépassé le donjon qui se trouve à l'extrémité de l'aile
+gauche, nous passâmes sur les derrières du château. Rouletabille me dit
+en me montrant une fenêtre que je reconnus pour être l'une de celles qui
+donnent sur les appartements de Mlle Stangerson.</p>
+
+<p>«Si vous étiez passé par ici il y a deux nuits, à une heure du matin,
+vous auriez vu votre serviteur au haut d'une échelle s'apprêtant à
+pénétrer dans le château, par cette fenêtre!»</p>
+
+<p>Comme j'exprimais quelque stupéfaction de cette gymnastique nocturne,
+il me pria de montrer beaucoup d'attention à la disposition extérieure
+du château, après quoi nous revînmes dans le bâtiment.</p>
+
+<p>«Il faut maintenant, dit mon ami, que je vous fasse visiter le premier
+étage, aile droite. C'est là que j'habite.</p>
+
+<p>Pour bien faire comprendre l'économie des lieux, je mets sous les yeux
+du lecteurs un plan du premier étage de cette aile droite, plan dessiné
+par Rouletabille au lendemain de l'extraordinaire phénomène que vous
+allez connaître dans tous ses détails:</p>
+
+<div class="c"><img src="images/illu2.png" alt="" /></div>
+<blockquote>
+<p>1. Endroit où Rouletabille plaça Frédéric Larsan.</p>
+
+<p>2. Endroit où Rouletabille plaça le père Jacques.</p>
+
+<p>3. Endroit où Rouletabille plaça M. Stangerson.</p>
+
+<p>4. Fenêtre par laquelle entra Rouletabille.</p>
+
+<p>5. Fenêtre trouvée ouverte par Rouletabille quand il sort de sa
+chambre. Il la referme. Toutes les autres fenêtres et portes sont
+fermées.</p>
+
+<p>6. Terrasse surmontant une pièce en encorbellement au
+rez-de-chaussée.</p>
+</blockquote>
+
+<p>Rouletabille me fit signe de monter derrière lui l'escalier monumental
+double qui, à la hauteur du premier étage, formait palier. De ce palier
+on se rendait directement dans l'aile droite ou dans l'aile gauche du
+château par une galerie qui y venait aboutir. La galerie, haute et
+large, s'étendait sur toute la longueur du bâtiment et prenait jour sur
+la façade du château exposée au nord. Les chambres dont les fenêtres
+donnaient sur le midi avaient leurs portes sur cette galerie. Le
+professeur Stangerson habitait l'aile gauche du château. Mlle Stangerson
+avait son appartement dans l'aile droite. Nous entrâmes dans la galerie,
+aile droite. Un tapis étroit, jeté sur le parquet ciré, qui luisait
+comme une glace, étouffait le bruit de nos pas. Rouletabille me disait à
+voix basse, de marcher avec précaution parce que nous passions devant la
+chambre de Mlle Stangerson. Il m'expliqua que l'appartement de Mlle
+Stangerson se composait de sa chambre, d'une antichambre, d'une petite
+salle de bain, d'un boudoir et d'un salon. On pouvait, naturellement,
+passer de l'une de ces pièces dans l'autre sans qu'il fût nécessaire de
+passer par la galerie. Le salon et l'antichambre étaient les seules
+pièces de l'appartement qui eussent une porte sur la galerie. La galerie
+se continuait, toute droite, jusqu'à l'extrémité est du bâtiment où elle
+avait jour sur l'extérieur par une haute fenêtre (fenêtre 2 du plan).
+Vers les deux tiers de sa longueur, cette galerie se rencontrait à angle
+droit avec une autre galerie qui tournait avec l'aile droite du château.</p>
+
+<p>Pour la clarté de ce récit, nous appellerons la galerie qui va de
+l'escalier jusqu'à la fenêtre à l'est, «la galerie droite» et le bout de
+galerie qui tourne avec l'aile droite et qui vient aboutir à la galerie
+droite, à angle droit, «la galerie tournante». C'est au carrefour de ces
+deux galeries que se trouvait la chambre de Rouletabille, touchant à
+celle de Frédéric Larsan. Les portes de ces deux chambres donnaient sur
+la galerie tournante, tandis que les portes de l'appartement de Mlle
+Stangerson donnaient sur la galerie droite (voir le plan).</p>
+
+<p>Rouletabille poussa la porte de sa chambre, me fit entrer et referma la
+porte sur nous, poussant le verrou. Je n'avais pas encore eu le temps de
+jeter un coup d'&oelig;il sur son installation qu'il poussait un cri de
+surprise en me montrant, sur un guéridon, <i>un binocle.</i></p>
+
+<p>«Qu'est-ce que c'est que cela? se demandait-il; qu'est-ce que ce binocle
+est venu faire sur mon guéridon?»</p>
+
+<p>J'aurais été bien en peine de lui répondre.</p>
+
+<p>«À moins que, fit-il, à moins que&hellip; à moins que&hellip; à moins que ce
+binocle ne soit «ce que je cherche»&hellip; et que&hellip; et que&hellip; <i>et que ce
+soit un binocle de presbyte!&hellip;</i>»</p>
+
+<p>Il se jetait littéralement sur le binocle; ses doigts caressaient la
+convexité des verres&hellip; et alors il me regarda d'une façon effrayante.</p>
+
+<p>«Oh!&hellip; oh!»</p>
+
+<p>Et il répétait: Oh!&hellip; oh! comme si sa pensée l'avait tout à coup rendu
+fou&hellip;</p>
+
+<p>Il se leva, me mit la main sur l'épaule, ricana comme un insensé et me
+dit:</p>
+
+<p>«Ce binocle me rendra fou! car la chose est possible, voyez-vous,
+«mathématiquement parlant»; mais «humainement parlant» elle est
+impossible&hellip; ou alors&hellip; ou alors&hellip; ou alors&hellip;»</p>
+
+<p>On frappa deux petits coups à la porte de la chambre, Rouletabille
+entrouvrit la porte; une figure passa. Je reconnus la concierge que
+j'avais vue passer devant moi quand on l'avait amenée au pavillon pour
+l'interrogatoire et j'en fus étonné, car je croyais toujours cette femme
+sous les verrous. Cette femme dit à voix très basse:</p>
+
+<p>«Dans la rainure du parquet!»</p>
+
+<p>Rouletabille répondit: «Merci!» et la figure s'en alla. Il se retourna
+vers moi après avoir soigneusement refermé la porte. Et il prononça des
+mots incompréhensibles avec un air hagard.</p>
+
+<p>«Puisque la chose est «mathématiquement» possible, pourquoi ne la
+serait-elle pas «humainement!&hellip; Mais si la chose est «humainement»
+possible, l'affaire est formidable!»</p>
+
+<p>J'interrompis Rouletabille dans son soliloque:</p>
+
+<p>«Les concierges sont donc en liberté, maintenant? demandai-je.</p>
+
+<p>&mdash;Oui, me répondit Rouletabille, je les ai fait remettre en liberté.
+J'ai besoin de gens sûrs. La femme m'est tout à fait dévouée et le
+concierge se ferait tuer pour moi&hellip; Et, puisque le binocle a des verres
+pour presbyte, je vais certainement avoir besoin de gens dévoués qui se
+feraient tuer pour moi!</p>
+
+<p>&mdash;Oh! oh! fis-je, vous ne souriez pas, mon ami&hellip; Et quand faudra-t-il
+se faire tuer?</p>
+
+<p>&mdash;Mais, ce soir! car il faut que je vous dise, mon cher, <i>j'attends
+l'assassin ce soir!</i></p>
+
+<p>&mdash;Oh! oh! oh! oh!&hellip; Vous attendez l'assassin ce soir&hellip; Vraiment,
+vraiment, vous attendez l'assassin ce soir&hellip; mais vous connaissez donc
+l'assassin?</p>
+
+<p>&mdash;Oh! oh! oh! <i>Maintenant, il se peut que je le connaisse.</i> Je
+serais un fou d'affirmer catégoriquement que je le connais, car l'idée
+mathématique que j'ai de l'assassin donne des résultats si effrayants,
+si monstrueux, <i>que j'espère qu'il est encore possible que je me
+trompe! Oh! Je l'espère de toutes mes forces&hellip;</i></p>
+
+<p>&mdash;Comment, puisque vous ne connaissiez pas, il y a cinq minutes,
+l'assassin, pouvez-vous dire que vous attendez l'assassin ce soir?</p>
+
+<p>&mdash;<i>Parce que je sais qu'il doit venir.</i>»</p>
+
+<p>Rouletabille bourra une pipe, lentement, lentement et
+l'alluma.</p>
+
+<p>Ceci me présageait un récit des plus captivants. À ce moment quelqu'un
+marcha dans le couloir, passant devant notre porte. Rouletabille écouta.
+Les pas s'éloignèrent.</p>
+
+<p>«Est-ce que Frédéric Larsan est dans sa chambre? Fis-je, en montrant la
+cloison.</p>
+
+<p>&mdash;Non, me répondit mon ami, il n'est pas là; il a dû partir ce matin
+pour Paris; il est toujours sur la piste de Darzac!&hellip; M. Darzac est
+parti lui aussi ce matin pour Paris. Tout cela se terminera très mal&hellip;
+Je prévois l'arrestation de M. Darzac avant huit jours. Le pire est que
+tout semble se liguer contre le malheureux: les événements, les choses,
+les gens&hellip; Il n'est pas une heure qui s'écoule qui n'apporte contre M.
+Darzac une accusation nouvelle&hellip; Le juge d'instruction en est accablé
+et aveuglé&hellip; Du reste, je comprends que l'on soit aveuglé!&hellip; On le
+serait à moins&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Frédéric Larsan n'est pourtant pas un novice.</p>
+
+<p>&mdash;J'ai cru, fit Rouletabille avec une moue légèrement méprisante, que
+Fred était beaucoup plus fort que cela&hellip; Évidemment, ce n'est pas le
+premier venu&hellip; J'ai même eu beaucoup d'admiration pour lui quand je ne
+connaissais pas sa méthode de travail. Elle est déplorable&hellip; Il doit sa
+réputation uniquement à son habileté; mais il manque de philosophie; la
+mathématique de ses conceptions est bien pauvre&hellip;»</p>
+
+<p>Je regardai Rouletabille et ne pus m'empêcher de sourire en entendant ce
+gamin de dix-huit ans traiter d'enfant un garçon d'une cinquantaine
+d'années qui avait fait ses preuves comme le plus fin limier de la
+police d'Europe&hellip;</p>
+
+<p>«Vous souriez, me fit Rouletabille&hellip; Vous avez tort!&hellip; Je vous jure
+que je le roulerai&hellip; et d'une façon retentissante&hellip; mais il faut que
+je me presse, car il a une avance colossale sur moi, avance que lui a
+donnée M. Robert Darzac et que M. Robert Darzac va augmenter encore ce
+soir&hellip; Songez donc: <i>chaque fois que l'assassin vient
+au château</i>, M. Robert Darzac, par une fatalité étrange, s'absente et
+se refuse à donner l'emploi de son temps!</p>
+
+<p>&mdash;Chaque fois que l'assassin vient au château! m'écriai-je&hellip; Il y est
+donc revenu&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Oui, pendant cette fameuse nuit où s'est produit le phénomène&hellip;»</p>
+
+<p>J'allais donc connaître ce fameux phénomène auquel Rouletabille faisait
+allusion depuis une demi-heure sans me l'expliquer. Mais j'avais appris
+à ne jamais presser Rouletabille dans ses narrations&hellip; Il parlait quand
+la fantaisie lui en prenait ou quand il le jugeait utile, et se
+préoccupait beaucoup moins de ma curiosité que de faire un résumé
+complet pour lui-même d'un événement capital qui l'intéressait.</p>
+
+<p>Enfin, par petites phrases rapides, il m'apprit des choses qui me
+plongèrent dans un état voisin de l'abrutissement, car, en vérité, les
+phénomènes de cette science encore inconnue qu'est l'hypnotisme, par
+exemple, ne sont point plus inexplicables que <i>cette disparition de la
+matière de l'assassin au moment où ils étaient quatre à la toucher</i>.
+Je parle de l'hypnotisme comme je parlerais de l'électricité dont
+nous ignorons la nature, et dont nous connaissons si peu les lois, parce
+que, dans le moment, l'affaire me parut ne pouvoir s'expliquer que par
+de l'inexplicable, c'est-à-dire par un événement en dehors des lois
+naturelles connues. Et cependant, si j'avais eu la cervelle de
+Rouletabille, j'aurais eu, comme lui, «le pressentiment de l'explication
+naturelle»: car le plus curieux dans tous les mystères du Glandier a
+bien été «la façon naturelle dont Rouletabille les expliqua».
+Mais qui donc eût pu et pourrait encore se vanter d'avoir la
+cervelle de Rouletabille? Les bosses originales et inharmoniques de son
+front, je ne les ai jamais rencontrées sur aucun autre front, si ce
+n'est&mdash;mais bien moins apparentes&mdash;sur le front de Frédéric Larsan, et
+encore fallait-il bien regarder le front du célèbre policier pour en
+deviner le dessin, tandis que les bosses de Rouletabille sautaient&mdash;si
+j'ose me servir de cette expression un peu forte&mdash;sautaient aux yeux.</p>
+
+<p>J'ai, parmi les papiers qui me furent remis par le jeune homme après
+l'affaire, un carnet où j'ai trouvé un compte rendu complet du
+«phénomène de la disparition de la matière de l'assassin», et des
+réflexions qu'il inspira à mon ami. Il est préférable, je crois, de
+vous soumettre ce compte rendu que de continuer à reproduire ma
+conversation avec Rouletabille, car j'aurais peur, dans une pareille
+histoire, d'ajouter un mot qui ne fût point l'expression de la plus
+stricte vérité.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch15">XV<br />
+Traquenard</h2>
+
+<p class="c"><i>Extrait du carnet de Joseph Rouletabille.</i></p>
+
+
+<p>La nuit dernière, nuit du 29 au 30 octobre, écrit Joseph Rouletabille,
+je me réveille vers une heure du matin. Insomnie ou bruit du dehors? Le
+cri de la «Bête du Bon Dieu» retentit avec une résonance sinistre, au
+fond du parc. Je me lève; j'ouvre ma fenêtre. Vent froid et pluie;
+ténèbres opaques, silence. Je referme ma fenêtre. La nuit est encore
+déchirée par la bizarre clameur. Je passe rapidement un pantalon, un
+veston. Il fait un temps à ne pas mettre un chat dehors; qui donc, cette
+nuit, imite, si près du château, le miaulement du chat de la mère
+Agenoux? Je prends un gros gourdin, la seule arme dont je dispose, et,
+sans faire aucun bruit, j'ouvre ma porte.</p>
+
+<p>Me voici dans la galerie; une lampe à réflecteur l'éclaire parfaitement;
+la flamme de cette lampe vacille comme sous l'action d'un courant d'air.
+Je sens le courant d'air. Je me retourne. Derrière moi, une fenêtre est
+ouverte, celle qui se trouve à l'extrémité de ce bout de galerie sur
+laquelle donnent nos chambres, à Frédéric Larsan et à moi, galerie que
+j'appellerai «galerie tournante» pour la distinguer de la «galerie
+droite», sur laquelle donne l'appartement de Mlle Stangerson. Ces deux
+galeries se croisent à angle droit. Qui donc a laissé cette fenêtre
+ouverte, ou qui vient de l'ouvrir? Je vais à la fenêtre; je me penche au
+dehors. À un mètre environ sous cette fenêtre, il y a une terrasse qui
+sert de toit à une petite pièce en encorbellement qui se trouve au
+rez-de-chaussée. On peut, au besoin, sauter de la fenêtre sur la
+terrasse, et de là, se laisser glisser dans la cour d'honneur du
+château. Celui qui aurait suivi ce chemin ne devait évidemment pas avoir
+sur lui la clef de la porte du vestibule. Mais pourquoi m'imaginer cette
+scène de gymnastique nocturne? À cause d'une fenêtre ouverte? Il n'y a
+peut-être là que la négligence d'un domestique. Je referme la fenêtre en
+souriant de la facilité avec laquelle je bâtis des drames avec une
+fenêtre ouverte. Nouveau cri de la «Bête du Bon Dieu» dans la nuit. Et
+puis, le silence; la pluie a cessé de frapper les vitres. Tout dort dans
+le château. Je marche avec des précautions infinies sur le tapis de la
+galerie. Arrivé au coin de la galerie droite, j'avance la tête et y
+jette un prudent regard. Dans cette galerie, une autre lampe à
+réflecteur donne une lumière éclairant parfaitement les quelques objets
+qui s'y trouvent, trois fauteuils et quelques tableaux pendus aux murs.
+Qu'est-ce que je fais là? Jamais le château n'a été aussi calme. Tout y
+repose. Quel est cet instinct qui me pousse vers la chambre de Mlle
+Stangerson? Qu'est-ce qui me conduit vers la chambre de Mlle Stangerson?
+Pourquoi cette voix qui crie au fond de mon être: «Va jusqu'à la chambre
+de Mlle Stangerson!» Je baisse les yeux sur le tapis que je foule et «je
+vois que mes pas, vers la chambre de Mlle Stangerson, sont conduits par
+des pas qui y sont déjà allés». Oui, sur ce tapis, des traces de pas ont
+apporté la boue du dehors et je suis ces pas qui me conduisent à la
+chambre de Mlle Stangerson. Horreur! Horreur! Ce sont «les pas élégants»
+que je reconnais, «les pas de l'assassin!» Il est venu du dehors, par
+cette nuit abominable. Si l'on peut descendre de la galerie par la
+fenêtre, grâce à la terrasse, on peut aussi y entrer.</p>
+
+<p>L'assassin est là, dans le château, car les pas ne sont pas revenus.
+Il s'est introduit dans le château par cette fenêtre ouverte à
+l'extrémité de la galerie tournante; il est passé devant la chambre de
+Frédéric Larsan, devant la mienne, a tourné à droite, dans la galerie
+droite, <i>et est entré dans la chambre de Mlle Stangerson</i>.
+Je suis devant la porte de l'appartement de Mlle Stangerson, devant la
+porte de l'antichambre: elle est entrouverte, je la pousse sans faire
+entendre le moindre bruit. Je me trouve dans l'antichambre et là, sous
+la porte de la chambre même, je vois une barre de lumière. J'écoute.
+Rien! Aucun bruit, pas même celui d'une respiration. Ah! savoir ce qui
+se passe dans le silence qui est derrière cette porte! Mes yeux sur la
+serrure m'apprennent que cette serrure est fermée à clef, et la clef est
+en dedans. Et dire que l'assassin est peut-être là! Qu'il doit être là!
+S'échappera-t-il encore, cette fois? Tout dépend de moi! Du sang-froid
+et, surtout, pas une fausse man&oelig;uvre! «Il faut voir dans cette
+chambre.» Y entrerai-je par le salon de Mlle Stangerson? il me faudrait
+ensuite traverser le boudoir, et l'assassin se sauverait alors par la
+porte de la galerie, la porte devant laquelle je suis en ce moment.</p>
+
+<p>«Pour moi, ce soir, il n'y a pas encore eu crime», car rien
+n'expliquerait le silence du boudoir! Dans le boudoir, deux
+gardes-malades sont installées pour passer la nuit, jusqu'à la complète
+guérison de Mlle Stangerson.</p>
+
+<p>Puisque je suis à peu près sûr que l'assassin est là, pourquoi ne pas
+donner l'éveil tout de suite? L'assassin se sauvera peut-être, mais
+peut-être aurai-je sauvé Mlle Stangerson? Et si, par hasard, l'assassin,
+ce soir, n'était pas un assassin?» La porte a été ouverte pour lui
+livrer passage: par qui?&mdash;et a été refermée: par qui? Il est entré,
+cette nuit, dans cette chambre dont la porte était certainement fermée à
+clef à l'intérieur, «car Mlle Stangerson, tous les soirs, s'enferme avec
+ses gardes dans son appartement». Qui a tourné cette clef de la chambre
+pour laisser entrer l'assassin? Les gardes? Deux domestiques fidèles, la
+vieille femme de chambre et sa fille Sylvie? C'est bien improbable. Du
+reste, elles couchent dans le boudoir, et Mlle Stangerson, très
+inquiète, très prudente, m'a dit Robert Darzac, veille elle-même à sa
+sûreté depuis qu'elle est assez bien portante pour faire quelques pas
+dans son appartement&mdash;dont je ne l'ai pas encore vue sortir. Cette
+inquiétude et cette prudence soudaines chez Mlle Stangerson, qui avaient
+frappé M. Darzac, m'avaient également laissé à réfléchir. Lors du crime
+de la «Chambre Jaune», il ne fait point de doute que la malheureuse
+<i>attendait l'assassin</i>. L'attendait-elle encore ce soir? Mais qui
+donc a tourné cette clef pour ouvrir «à l'assassin qui est là»? Si
+c'était Mlle Stangerson «elle-même»? Car enfin elle peut redouter, elle
+doit redouter la venue de l'assassin et avoir des raisons pour lui
+ouvrir la porte, «pour être forcée de lui ouvrir la porte!» Quel
+terrible rendez-vous est donc celui-ci? Rendez-vous de crime? À coup
+sûr, pas rendez-vous d'amour, car Mlle Stangerson adore M. Darzac, je le
+sais. Toutes ces réflexions traversent mon cerveau comme un éclair qui
+n'illuminerait que des ténèbres. Ah! Savoir&hellip;</p>
+
+<p>S'il y a tant de silence, derrière cette porte, c'est sans doute qu'on y
+a besoin de silence! Mon intervention peut être la cause de plus de mal
+que de bien? Est-ce que je sais? Qui me dit que mon intervention ne
+déterminerait pas, dans la minute, un crime? Ah! voir et savoir, sans
+troubler le silence!</p>
+
+<p>Je sors de l'antichambre. Je vais à l'escalier central, je le descends;
+me voici dans le vestibule; je cours le plus silencieusement possible
+vers la petite chambre au rez-de-chaussée, où couche, depuis l'attentat
+du pavillon, le père Jacques.</p>
+
+<p>«Je le trouve habillé», les yeux grands ouverts, presque hagards. Il ne
+semble point étonné de me voir; il me dit qu'il s'est levé parce qu'il a
+entendu le cri de «la Bête du Bon Dieu», et qu'il a entendu des pas,
+dans le parc, des pas qui glissaient devant sa fenêtre. Alors, il a
+regardé à la fenêtre «et il a vu passer, tout à l'heure, un fantôme
+noir». Je lui demande s'il a une arme. Non, il n'a plus d'arme, depuis
+que le juge d'instruction lui a pris son revolver. Je l'entraîne. Nous
+sortons dans le parc par une petite porte de derrière. Nous glissons le
+long du château jusqu'au point qui est juste au-dessous de la chambre de
+Mlle Stangerson. Là, je colle le père Jacques contre le mur, lui défends
+de bouger, et moi, profitant d'un nuage qui recouvre en ce moment la
+lune, je m'avance en face de la fenêtre, mais en dehors du carré de
+lumière qui en vient; «car la fenêtre est entrouverte». Par précaution?
+Pour pouvoir sortir plus vite par la fenêtre, si quelqu'un venait à
+entrer par une porte? Oh! oh! celui qui sautera par cette fenêtre aurait
+bien des chances de se rompre le cou! Qui me dit que l'assassin n'a pas
+une corde? Il a dû tout prévoir&hellip; Ah! savoir ce qui se passe dans cette
+chambre!&hellip; connaître le silence de cette chambre!&hellip; Je retourne au
+père Jacques et je prononce un mot, à son oreille: «Échelle». Dès
+l'abord, j'ai bien pensé à l'arbre qui, huit jours auparavant m'a déjà
+servi d'observatoire, mais j'ai aussitôt constaté que la fenêtre est
+entrouverte de telle sorte que je ne puis rien voir, cette fois-ci, en
+montant dans l'arbre, de ce qui se passe dans la chambre. Et puis non
+seulement je veux voir, mais pouvoir entendre et&hellip; agir&hellip;</p>
+
+<p>Le père Jacques, très agité, presque tremblant, disparaît un instant et
+revient, sans échelle, me faisant, de loin, de grands signes avec ses
+bras pour que je le rejoigne au plus tôt. Quand je suis près de lui:
+«Venez!» me souffle-t-il.</p>
+
+<p>Il me fait faire le tour du château par le donjon. Arrivé là, il me dit:</p>
+
+<p>«J'étais allé chercher mon échelle dans la salle basse du donjon, qui
+nous sert de débarras, au jardinier et à moi; la porte du donjon était
+ouverte et l'échelle n'y était plus. En sortant, sous le clair de lune,
+voilà où je l'ai aperçue!»</p>
+
+<p>Et il me montrait, à l'autre extrémité du château, une échelle appuyée
+contre les «corbeaux» qui soutenaient la terrasse, au-dessous de la
+fenêtre que j'avais trouvée ouverte. La terrasse m'avait empêché de voir
+l'échelle&hellip; grâce à cette échelle, il était extrêmement facile de
+pénétrer dans la galerie tournante du premier étage, et je ne doutai
+plus que ce fût là le chemin pris par l'inconnu.</p>
+
+<p>Nous courons à l'échelle; mais, au moment de nous en emparer, le père
+Jacques me montre la porte entrouverte de la petite pièce du
+rez-de-chaussée qui est placée en encorbellement à l'extrémité de cette
+aile droite du château, et qui a pour plafond cette terrasse dont j'ai
+parlé. Le père Jacques pousse un peu la porte, regarde à l'intérieur, et
+me dit, dans un souffle.</p>
+
+<p>«Il n'est pas là!&mdash;Qui?&mdash;le garde!»</p>
+
+<p>La bouche encore une fois à mon oreille: «Vous savez bien que le garde
+couche dans cette pièce, depuis qu'on fait des réparations au donjon!&hellip;»
+et, du même geste significatif, il me montre la porte entrouverte,
+l'échelle, la terrasse et la fenêtre, que j'ai tout à l'heure refermée,
+de la galerie tournante.</p>
+
+<p>Quelles furent mes pensées alors? Avais-je le temps d'avoir des pensées?
+Je «sentais», plus que je ne pensais&hellip;</p>
+
+<p>Évidemment, sentais-je, «si le garde est là-haut dans la chambre» (je
+dis: «si», car je n'ai, en ce moment, en dehors de cette échelle, et de
+cette chambre du garde déserte, aucun indice qui me permette même de
+soupçonner le garde), s'il y est, il a été obligé de passer par cette
+échelle et par cette fenêtre, car les pièces qui se trouvent derrière sa
+nouvelle chambre, étant occupées par le ménage du maître d'hôtel et de
+la cuisinière, et par les cuisines, lui ferment le chemin du vestibule
+et de l'escalier, à l'intérieur du château&hellip; «si c'est le garde qui a
+passé par là», il lui aura été facile, sous quelque prétexte, hier soir,
+d'aller dans la galerie et de veiller à ce que cette fenêtre soit
+simplement poussée à l'intérieur, les panneaux joints, de telle sorte
+qu'il n'ait plus, de l'extérieur, qu'à appuyer dessus pour que la
+fenêtre s'ouvre et qu'il puisse sauter dans la galerie. Cette nécessité
+de la fenêtre non fermée à l'intérieur restreint singulièrement le champ
+des recherches sur la personnalité de l'assassin. Il faut que l'assassin
+«soit de la maison»; à moins qu'il n'ait un complice, auquel je ne crois
+pas&hellip;; à moins&hellip; à moins que Mlle Stangerson «elle-même» ait veillé à
+ce que cette fenêtre ne soit point fermée de l'intérieur&hellip;</p>
+
+<p>«Mais quel serait donc ce secret effroyable qui ferait que Mlle
+Stangerson serait dans la nécessité de supprimer les obstacles qui la
+séparent de son assassin?»</p>
+
+<p>J'empoigne l'échelle et nous voici repartis sur les derrières du
+château. La fenêtre de la chambre est toujours entrouverte; les rideaux
+sont tirés, mais ne se rejoignent point; ils laissent passer un grand
+rai de lumière, qui vient s'allonger sur la pelouse à mes pieds. Sous la
+fenêtre de la chambre j'applique mon échelle. Je suis à peu près sûr de
+n'avoir fait aucun bruit. «Et, pendant que le père Jacques reste au pied
+de l'échelle», je gravis l'échelle, moi, tout doucement, tout doucement,
+avec mon gourdin. Je retiens ma respiration; je lève et pose les pieds
+avec des précautions infinies. Soudain, un gros nuage, et une nouvelle
+averse. Chance. Mais, tout à coup, le cri sinistre de la «Bête du Bon
+Dieu» m'arrête au milieu de mon ascension. Il me semble que ce cri vient
+d'être poussé derrière moi, à quelques mètres. Si ce cri était un
+signal! Si quelque complice de l'homme m'avait vu, sur mon échelle. Ce
+cri appelle peut-être l'homme à la fenêtre! Peut-être!&hellip; Malheur,
+«l'homme est à la fenêtre! Je sens sa tête au-dessus de moi; j'entends
+son souffle. Et moi, je ne puis le regarder; le plus petit mouvement de
+ma tête, et je suis perdu! Va-t-il me voir? Va-t-il, dans la nuit,
+baisser la tête? Non!&hellip; il s'en va&hellip; il n'a rien vu&hellip; je le sens,
+plus que je ne l'entends, marcher, à pas de loup, dans la chambre; et je
+gravis encore quelques échelons. Ma tête est à la hauteur de la pierre
+d'appui de la fenêtre; mon front dépasse cette pierre; mes yeux, entre
+les rideaux, voient.</p>
+
+<p>L'homme est là, assis au petit bureau de Mlle Stangerson, <i>et il
+écrit.</i> Il me tourne le dos. Il a une bougie devant lui; mais,
+comme il est penché sur la flamme de cette bougie, la lumière projette
+des ombres qui me le déforment. Je ne vois qu'un dos monstrueux, courbé.</p>
+
+<p>Chose stupéfiante: Mlle Stangerson n'est pas là! Son lit n'est pas
+défait. Où donc couche-t-elle, cette nuit? Sans doute dans la chambre à
+côté, avec ses femmes. Hypothèse. Joie de trouver l'homme seul.
+Tranquillité d'esprit pour préparer le traquenard.</p>
+
+<p>Mais qui est donc cet homme qui écrit là, sous mes yeux, installé à ce
+bureau comme s'il était chez lui? S'il n'y avait point «les pas de
+l'assassin» sur le tapis de la galerie, s'il n'y avait pas eu la fenêtre
+ouverte, s'il n'y avait pas eu, sous cette fenêtre, l'échelle, je
+pourrais être amené à penser que cet homme a le droit d'être là et qu'il
+s'y trouve normalement à la suite de causes normales que je ne connais
+pas encore. Mais il ne fait point de doute que cet inconnu mystérieux
+est l'homme de la «Chambre Jaune», celui dont Mlle Stangerson est
+obligée, sans le dénoncer, de subir les coups assassins. Ah! voir sa
+figure! Le surprendre! Le prendre!</p>
+
+<p>Si je saute dans la chambre en ce moment, «il» s'enfuit ou par
+l'antichambre ou par la porte à droite qui donne sur le boudoir. Par
+là, traversant le salon, il arrive à la galerie et je le perds. Or, je
+le tiens; encore cinq minutes, et je le tiens, mieux que si je l'avais
+dans une cage&hellip; Qu'est-ce qu'il fait là, solitaire, dans la chambre de
+Mlle Stangerson? Qu'écrit-il? À qui écrit-il?&hellip; Descente. L'échelle
+par terre. Le père Jacques me suit. Rentrons au château. J'envoie le
+père Jacques éveiller M. Stangerson. Il doit m'attendre chez M.
+Stangerson, et ne lui rien dire de précis avant mon arrivée. Moi, je
+vais aller éveiller Frédéric Larsan. Gros ennui pour moi. J'aurais voulu
+travailler seul et avoir toute l'aubaine de l'affaire, au nez de Larsan
+endormi. Mais le père Jacques et M. Stangerson sont des vieillards et
+moi, je ne suis peut-être pas assez développé. Je manquerais peut-être
+de force&hellip; Larsan, lui, a l'habitude de l'homme que l'on terrasse, que
+l'on jette par terre, que l'on relève, menottes aux poignets. Larsan
+m'ouvre, ahuri, les yeux gonflés de sommeil, prêt à m'envoyer promener,
+ne croyant nullement à mes imaginations de petit reporter. Il faut que
+je lui affirme que «l'homme est là!»</p>
+
+<p>«C'est bizarre, dit-il, <i>je croyais l'avoir quitté cet après-midi, à
+Paris!</i>»</p>
+
+<p>Il se vêt hâtivement et s'arme d'un revolver. Nous nous glissons dans la
+galerie.</p>
+
+<p>Larsan me demande:</p>
+
+<p>«Où est-il?</p>
+
+<p>&mdash;Dans la chambre de Mlle Stangerson.</p>
+
+<p>&mdash;Et Mlle Stangerson?</p>
+
+<p>&mdash;Elle n'est pas dans sa chambre!</p>
+
+<p>&mdash;Allons-y!</p>
+
+<p>&mdash;N'y allez pas! L'homme, à la première alerte, se sauvera&hellip; il a trois
+chemins pour cela&hellip; la porte, la fenêtre, le boudoir où se trouvent les
+femmes&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Je tirerai dessus&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Et si vous le manquez? Si vous ne faites que le blesser? Il
+s'échappera encore&hellip; Sans compter que, lui aussi, est certainement
+armé&hellip; Non, laissez-moi diriger l'expérience, et je réponds de tout&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Comme vous voudrez», me dit-il avec assez de bonne grâce.</p>
+
+<p>Alors, après m'être assuré que toutes les fenêtres des deux galeries
+sont hermétiquement closes, je place Frédéric Larsan à l'extrémité de la
+galerie tournante, devant cette fenêtre que j'ai trouvée ouverte et que
+j'ai refermée. Je dis à Fred:</p>
+
+<p>«Pour rien au monde, vous ne devez quitter ce poste, jusqu'au moment où
+je vous appellerai&hellip; Il y a cent chances sur cent pour que l'homme
+revienne à cette fenêtre et essaye de se sauver par là, quand il sera
+poursuivi, car c'est par là qu'il est venu et par là qu'il a préparé sa
+fuite. Vous avez un poste dangereux&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Quel sera le vôtre? demanda Fred.</p>
+
+<p>&mdash;Moi, je sauterai dans la chambre, et je vous rabattrai l'homme!</p>
+
+<p>&mdash;Prenez mon revolver, dit Fred, je prendrai votre bâton.</p>
+
+<p>&mdash;Merci, fis-je, vous êtes un brave homme»</p>
+
+<p>Et j'ai pris le revolver de Fred. J'allais être seul avec l'homme,
+là-bas, qui écrivait dans la chambre, et vraiment ce revolver me faisait
+plaisir.</p>
+
+<p>Je quittai donc Fred, l'ayant posté à la fenêtre 5 sur le plan, et je me
+dirigeai, toujours avec la plus grande précaution, vers l'appartement de
+M. Stangerson, dans l'aile gauche du château. Je trouvai M. Stangerson
+avec le père Jacques, qui avait observé la consigne, se bornant à dire à
+son maître qu'il lui fallait s'habiller au plus vite. Je mis alors M.
+Stangerson, en quelques mots, au courant de ce qui se passait. Il
+s'arma, lui aussi, d'un revolver, me suivit et nous fûmes aussitôt dans
+la galerie tous trois. Tout ce qui vient de se passer, depuis que
+j'avais vu l'assassin assis devant le bureau, avait à peine duré dix
+minutes. M. Stangerson voulait se précipiter immédiatement sur
+l'assassin et le tuer: c'était bien simple. Je lui fis entendre qu'avant
+tout il ne fallait pas risquer, «en voulant le tuer, de le manquer
+vivant».</p>
+
+<p>Quand je lui eus juré que sa fille n'était pas dans la chambre et
+qu'elle ne courait aucun danger, il voulut bien calmer son impatience et
+me laisser la direction de l'événement. Je dis encore au père Jacques et
+à M. Stangerson qu'ils ne devaient venir à moi que lorsque je les
+appellerais ou lorsque je tirerais un coup de revolver «et j'envoyai le
+père Jacques se placer» devant la fenêtre située à l'extrémité de la
+galerie droite. (La fenêtre est marquée du chiffre 2 sur mon plan.)
+J'avais choisi ce poste pour le père Jacques parce que j'imaginais que
+l'assassin, traqué à sa sortie de la chambre, se sauvant à travers la
+galerie pour rejoindre la fenêtre qu'il avait laissée ouverte, et
+voyant, tout à coup, en arrivant au carrefour des galeries, devant cette
+dernière fenêtre, Larsan gardant la galerie tournante, continuerait son
+chemin dans la galerie droite. Là, il rencontrerait le père Jacques, qui
+l'empêcherait de sauter dans le parc par la fenêtre qui ouvrait à
+l'extrémité de la galerie droite. C'est ainsi, certainement, qu'en une
+telle occurrence devait agir l'assassin s'il connaissait les lieux (et
+cette hypothèse ne faisait point de doute pour moi). Sous cette fenêtre,
+en effet, se trouvait extérieurement une sorte de contrefort. Toutes les
+autres fenêtres des galeries donnaient à une telle hauteur sur des
+fossés qu'il était à peu près impossible de sauter par là sans se rompre
+le cou. Portes et fenêtres étaient bien et solidement fermées, y compris
+la porte de la chambre de débarras, à l'extrémité de la galerie droite:
+Je m'en étais rapidement assuré.</p>
+
+<p>Donc, après avoir indiqué comme je l'ai dit, son poste au père Jacques
+«et l'y avoir vu», je plaçai M. Stangerson devant le palier de
+l'escalier, non loin de la porte de l'antichambre de sa fille. Tout
+faisait prévoir que, dès lors que je traquais l'assassin dans la
+chambre, celui-ci se sauverait par l'antichambre plutôt que par le
+boudoir où se trouvaient les femmes et dont la porte avait dû être
+fermée par Mlle Stangerson elle-même, si, comme je le pensais, elle
+s'était réfugiée dans ce boudoir «pour ne pas voir l'assassin qui allait
+venir chez elle!» Quoi qu'il en fût, il retombait toujours dans la
+galerie «où mon monde l'attendait à toutes les issues possibles».</p>
+
+<p>Arrivé là, il voit à sa gauche, presque sur lui, M. Stangerson; il se
+sauve alors à droite, vers la galerie tournante, «ce qui est le chemin,
+du reste, de sa fuite préparée». À l'intersection des deux galeries il
+aperçoit à la fois, comme je l'explique plus haut, à sa gauche, Frédéric
+Larsan au bout de la galerie tournante, et en face le père Jacques, au
+bout de la galerie droite. M. Stangerson et moi, nous arrivons par
+derrière. Il est à nous! Il ne peut plus nous échapper!&hellip; Ce plan me
+paraissait le plus sage, le plus sûr «et le plus simple». Si nous avions
+pu directement placer quelqu'un de nous derrière la porte du boudoir de
+Mlle Stangerson qui ouvrait sur la chambre à coucher, peut-être eût-il
+paru plus simple «à certains qui ne réfléchissent pas» d'assiéger
+directement les deux portes de la pièce où se trouvait l'homme, celle du
+boudoir et celle de l'antichambre; mais nous ne pouvions pénétrer dans
+le boudoir que par le salon, dont la porte avait été fermée à
+l'intérieur par les soins inquiets de Mlle Stangerson. Et ainsi, ce
+plan, qui serait venu à l'intellect d'un sergent de ville quelconque, se
+trouvait impraticable. Mais moi, qui suis obligé de réfléchir, je dirai
+que, même si j'avais eu la libre disposition du boudoir, j'aurais
+maintenu mon plan tel que je viens de l'exposer; car tout autre plan
+d'attaque direct par chacune des portes de la chambre «nous séparait les
+uns des autres au moment de la lutte avec l'homme», tandis que mon plan
+«réunissait tout le monde pour l'attaque», à un endroit que j'avais
+déterminé avec une précision quasi mathématique. Cet endroit était
+l'intersection des deux galeries.</p>
+
+<p>Ayant ainsi placé mon monde, je ressortis du château, courus à mon
+échelle, la réappliquai contre le mur et, le revolver au poing, je
+grimpai.</p>
+
+<p>Que si quelques-uns sourient de tant de précautions préalables, je les
+renverrai au mystère de la «Chambre Jaune» et à toutes les preuves que
+nous avions de la fantastique astuce de l'assassin; et aussi, que si
+quelques-uns trouvent bien méticuleuses toutes mes observations dans un
+moment où l'on doit être entièrement pris par la rapidité du mouvement,
+de la décision et de l'action, je leur répliquerai que j'ai voulu
+longuement et complètement rapporter ici toutes les dispositions d'un
+plan d'attaque conçu et exécuté aussi rapidement qu'il est lent à se
+dérouler sous ma plume. J'ai voulu cette lenteur et cette précision pour
+être certain de ne rien omettre des conditions dans lesquelles se
+produisit l'étrange phénomène qui, jusqu'à nouvel ordre et naturelle
+explication, me semble devoir prouver mieux que toutes les théories du
+professeur Stangerson, «la dissociation de la matière», je dirai même la
+dissociation «instantanée» de la matière.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch16">XVI<br />
+Étrange phénomène de dissociation de la matière</h2>
+
+<p class="c"><i>Extrait du carnet de Joseph Rouletabille (suite).</i></p>
+
+
+<p>Me voici de nouveau à la pierre de la fenêtre, continue Rouletabille,
+et de nouveau ma tête dépasse cette pierre; entre les rideaux dont la
+disposition n'a pas bougé, je m'apprête à regarder, anxieux de savoir
+dans quelle attitude je vais trouver l'assassin. S'il pouvait me tourner
+le dos! S'il pouvait être encore à cette table, en train d'écrire&hellip;
+Mais peut-être&hellip; peut-être n'est-il plus là!&hellip; Et comment se
+serait-il enfui?&hellip; Est-ce que je n'ai pas son échelle»?&hellip; Je fais
+appel à tout mon sang-froid. J'avance encore la tête. Je regarde: il est
+là; je revois son dos monstrueux, déformé par les ombres projetées par
+la bougie. Seulement, «il» n'écrit plus et la bougie n'est plus sur le
+petit bureau. La bougie est sur le parquet devant l'homme courbé
+au-dessus d'elle. Position bizarre, mais qui me sert. Je retrouve ma
+respiration. Je monte encore. Je suis aux derniers échelons; ma main
+gauche saisit l'appui de la fenêtre; au moment de réussir je sens mon
+c&oelig;ur battre à coups précipités. Je mets mon revolver entre mes dents.
+Ma main droite maintenant tient aussi l'appui de la fenêtre. Un
+mouvement nécessairement un peu brusque, un rétablissement sur les
+poignets et je vais être sur la fenêtre&hellip; Pourvu que l'échelle!&hellip;
+C'est ce qui arrive&hellip; je suis dans la nécessité de prendre un point
+d'appui un peu fort sur l'échelle et mon pied n'a point plutôt quitté
+celle-ci que je sens qu'elle bascule. Elle racle le mur et s'abat&hellip;
+Mais déjà mes genoux touchent la pierre&hellip; Avec une rapidité que je
+crois sans égale, je me dresse debout sur la pierre&hellip; Mais plus rapide
+que moi a été l'assassin&hellip; Il a entendu le raclement de l'échelle
+contre le mur et j'ai vu tout à coup le dos monstrueux se soulever,
+l'homme se dresser, se retourner&hellip; J'ai vu sa tête&hellip; ai-je bien vu sa
+tête?&hellip; La bougie était sur le parquet et n'éclairait suffisamment que
+ses jambes. À partir de la hauteur de la table, il n'y avait guère dans
+la chambre que des ombres, que de la nuit&hellip; J'ai vu une tête chevelue,
+barbue&hellip; Des yeux de fou; une face pâle qu'encadraient deux larges
+favoris; la couleur, autant que je pouvais dans cette seconde obscure
+distinguer, la couleur&hellip; en était rousse&hellip; à ce qu'il m'est apparu&hellip;
+à ce que j'ai pensé&hellip; Je ne connaissais point cette figure. Ce fut, en
+somme, la sensation principale que je reçus de cette image entrevue dans
+des ténèbres vacillantes&hellip; Je ne connaissais pas cette figure «ou, tout
+au moins, je ne la reconnaissais pas»!</p>
+
+<p>Ah! Maintenant, il fallait faire vite!&hellip; il fallait être le vent! la
+tempête!&hellip; la foudre! Mais hélas&hellip; hélas! «il y avait des mouvements
+nécessaires&hellip;» Pendant que je faisais les mouvements nécessaires de
+rétablissement sur les poignets, du genou sur la pierre, de mes pieds
+sur la pierre&hellip; l'homme qui m'avait aperçu à la fenêtre avait bondi,
+s'était précipité comme je l'avais prévu sur la porte de l'antichambre,
+avait eu le temps de l'ouvrir et fuyait. Mais déjà j'étais derrière lui
+revolver au poing. Je hurlai: «À moi!»</p>
+
+<p>Comme une flèche j'avais traversé la chambre et cependant j'avais pu
+voir qu'«il y avait une lettre sur la table». Je rattrapai presque
+l'homme dans l'antichambre, car le temps qu'il lui avait fallu pour
+ouvrir la porte lui avait au moins pris une seconde. Je le touchai
+presque; il me colla sur le nez la porte qui donne de l'antichambre sur
+la galerie&hellip; Mais j'avais des ailes, je fus dans la galerie à trois
+mètres de lui&hellip; M. Stangerson et moi le poursuivîmes à la même
+hauteur. L'homme avait pris, toujours comme je l'avais prévu, la galerie
+à sa droite, c'est-à-dire le chemin préparé de sa fuite&hellip; «À moi,
+Jacques! À moi, Larsan!» m'écriai-je. Il ne pouvait plus nous échapper!
+Je poussai une clameur de joie, de victoire sauvage&hellip; L'homme parvint à
+l'intersection des deux galeries à peine deux secondes avant nous et la
+rencontre que j'avais décidée, le choc fatal qui devait inévitablement
+se produire, eut lieu! Nous nous heurtâmes tous à ce carrefour: M.
+Stangerson et moi venant d'un bout de la galerie droite, le père Jacques
+venant de l'autre bout de cette même galerie et Frédéric Larsan venant
+de la galerie tournante. Nous nous heurtâmes jusqu'à tomber&hellip;</p>
+
+<p>«Mais l'homme n'était pas là!»</p>
+
+<p>Nous nous regardions avec des yeux stupides, des yeux d'épouvante,
+devant cet «irréel»: «l'homme n'était pas là!»</p>
+
+<p>Où est-il? Où est-il? Où est-il?&hellip; Tout notre être demandait: «Où
+est-il?»</p>
+
+<p>«Il est impossible qu'il se soit enfui! m'écriai-je dans une colère plus
+grande que mon épouvante!</p>
+
+<p>&mdash;Je le touchais, s'exclama Frédéric Larsan.</p>
+
+<p>&mdash;Il était là, j'ai senti son souffle dans la figure! faisait le père
+Jacques.</p>
+
+<p>&mdash;Nous le touchions!» répétâmes-nous, M. Stangerson et moi.</p>
+
+<p>Où est-il? Où est-il? Où est-il?&hellip;</p>
+
+<p>Nous courûmes comme des fous dans les deux galeries; nous visitâmes
+portes et fenêtres; elles étaient closes, hermétiquement closes&hellip; On
+n'avait pas pu les ouvrir, puisque nous les trouvions fermées&hellip; Et
+puis, est-ce que cette ouverture d'une porte ou d'une fenêtre par cet
+homme, ainsi traqué, sans que nous ayons pu apercevoir son geste, n'eût
+pas été plus inexplicable encore que la disparition de l'homme lui-même?</p>
+
+<p>Où est-il? Où est-il?&hellip; Il n'a pu passer par une porte, ni par une
+fenêtre, ni par rien. Il n'a pu passer à travers nos corps!&hellip;</p>
+
+<p>J'avoue que, dans le moment, je fus anéanti. Car, enfin, il faisait
+clair dans la galerie, et dans cette galerie il n'y avait ni trappe, ni
+porte secrète dans les murs, ni rien où l'on pût se cacher. Nous
+remuâmes les fauteuils et soulevâmes les tableaux. Rien! Rien! Nous
+aurions regardé dans une potiche, s'il y avait eu une potiche!</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch17">XVII<br />
+La galerie inexplicable</h2>
+
+
+<p>Mlle Mathilde Stangerson apparut sur le seuil de son antichambre,
+continue toujours le carnet de Rouletabille. Nous étions presque à sa
+porte, dans cette galerie où venait de se passer l'incroyable phénomène.
+Il y a des moments où l'on sent sa cervelle fuir de toutes parts. Une
+balle dans la tête, un crâne qui éclate, le siège de la logique
+assassiné, la raison en morceaux&hellip; tout cela était sans doute
+comparable à la sensation, qui m'épuisait, «qui me vidait», du
+déséquilibre de tout, de la fin de mon moi pensant, pensant avec ma
+pensée d'homme! La ruine morale d'un édifice rationnel, doublé de la
+ruine réelle de la vision physiologique, alors que les yeux voient
+toujours clair, quel coup affreux sur le crâne!</p>
+
+<p>Heureusement, Mlle Mathilde Stangerson apparut sur le seuil de son
+antichambre. Je la vis; et ce fut une diversion à ma pensée en chaos&hellip;
+Je la respirai&hellip; «je respirai son parfum de la dame en noir&hellip; Chère
+dame en noir, chère dame en noir» que je ne reverrai jamais plus! Mon
+Dieu! dix ans de ma vie, la moitié de ma vie pour revoir la dame en
+noir! Mais, hélas! Je ne rencontre plus, de temps en temps, et encore!&hellip;
+et encore!&hellip; que le parfum, à peu près le parfum dont je venais
+respirer la trace, sensible pour moi seul, dans le parloir de ma
+jeunesse!&hellip; c'est cette réminiscence aiguë de ton cher parfum, dame en
+noir, qui me fit aller vers celle-ci que voilà tout en blanc, et si
+pâle, si pâle, et si belle sur le seuil de la «galerie inexplicable»!
+Ses beaux cheveux dorés relevés sur la nuque laissent voir l'étoile
+rouge de sa tempe, la blessure dont elle faillit mourir&hellip; Quand je
+commençais seulement à prendre ma raison par le bon bout, dans cette
+affaire, j'imaginais que, la nuit du mystère de la «Chambre Jaune», Mlle
+Stangerson portait les cheveux en bandeaux&hellip; «Mais, avant mon entrée
+dans la «Chambre Jaune», comment aurais-je raisonné sans la chevelure
+aux bandeaux»?</p>
+
+<p>Et maintenant, je ne raisonne plus du tout, depuis le fait de la
+«galerie inexplicable»; je suis là, stupide, devant l'apparition de Mlle
+Stangerson, pâle et si belle. Elle est vêtue d'un peignoir d'une
+blancheur de rêve. On dirait une apparition, un doux fantôme. Son père
+la prend dans ses bras, l'embrasse avec passion, semble la reconquérir
+une fois de plus, puisqu'une fois de plus elle eût pu, pour lui, être
+perdue! Il n'ose l'interroger&hellip; Il l'entraîne dans sa chambre où nous
+les suivons&hellip; car, enfin, il faut savoir!&hellip; La porte du boudoir est
+ouverte&hellip; Les deux visages épouvantés des gardes-malades sont penchés
+vers nous&hellip; «Mlle Stangerson demande ce que signifie tout ce bruit.»
+«Voilà, dit-elle, c'est bien simple!&hellip;»&mdash;Comme c'est simple! comme
+c'est simple!&mdash;&hellip; Elle a eu l'idée de ne pas dormir cette nuit dans sa
+chambre, de se coucher dans la même pièce que les gardes-malades, dans
+le boudoir&hellip; Et elle a fermé, sur elles trois, la porte du boudoir&hellip;
+Elle a, depuis la nuit criminelle, des craintes, des peurs soudaines
+fort compréhensibles, n'est-ce pas?&hellip; Qui comprendra pourquoi, cette
+nuit justement «où il devait revenir», elle s'est enfermée par un
+«hasard» très heureux avec ses femmes? Qui comprendra pourquoi elle
+repousse la volonté de M. Stangerson de coucher dans le salon de sa
+fille, puisque sa fille a peur? Qui comprendra pourquoi la lettre, qui
+était tout à l'heure sur la table de la chambre, «n'y est plus»!&hellip;
+Celui qui comprendra cela dira: Mlle Stangerson savait que l'assassin
+devait revenir&hellip; elle ne pouvait l'empêcher de revenir&hellip; elle n'a
+prévenu personne parce qu'il faut que l'assassin reste inconnu&hellip;
+inconnu de son père, inconnu de tous&hellip; excepté de Robert Darzac. Car M.
+Darzac doit le connaître maintenant&hellip; Il le connaissait peut-être
+avant! Se rappeler la phrase du jardin de l'Élysée: «Me faudra-t-il,
+pour vous avoir, commettre un crime?» Contre qui, le crime, sinon
+«contre l'obstacle», contre l'assassin? Se rappeler encore cette phrase
+de M. Darzac en réponse à ma question: «Cela ne vous déplairait-il point
+que je découvre l'assassin?&mdash;Ah! Je voudrais le tuer de ma main!» Et je
+lui ai répliqué: «Vous n'avez pas répondu à ma question!» Ce qui était
+vrai. En vérité, en vérité, M. Darzac connaît si bien l'assassin qu'il a
+peur que je le découvre, «tout en voulant le tuer». Il n'a facilité mon
+enquête que pour deux raisons: d'abord parce que je l'y ai forcé;
+ensuite, pour mieux veiller sur elle&hellip;</p>
+
+<p>Je suis dans la chambre&hellip; dans sa chambre&hellip; je la regarde, elle&hellip; et
+je regarde aussi la place où était la lettre tout à l'heure&hellip; Mlle
+Stangerson s'est emparée de la lettre; cette lettre était pour elle,
+évidemment&hellip; évidemment&hellip; Ah! comme la malheureuse tremble&hellip; Elle
+tremble au récit fantastique que son père lui fait de la présence de
+l'assassin dans sa chambre et de la poursuite dont il a été l'objet&hellip;
+Mais il est visible&hellip; il est visible qu'elle n'est tout à fait rassurée
+que lorsqu'on lui affirme que l'assassin, par un sortilège inouï, a pu
+nous échapper.</p>
+
+<p>Et puis il y a un silence&hellip; Quel silence!&hellip; Nous sommes tous là, à
+«la» regarder&hellip; Son père, Larsan, le père Jacques et moi&hellip; Quelles
+pensées roulent dans ce silence autour d'elle?&hellip; Après l'événement de
+ce soir, après le mystère de la «galerie inexplicable», après cette
+réalité prodigieuse de l'installation de l'assassin dans sa chambre, à
+elle, il me semble que toutes les pensées, toutes, depuis celles qui se
+traînent sous le crâne du père Jacques, jusqu'à celles qui «naissent»
+sous le crâne de M. Stangerson, toutes pourraient se traduire par ces
+mots qu'on lui adresserait, à elle: «Oh! toi qui connais le mystère,
+explique-le-nous, et nous te sauverons peut-être!» Ah! comme je
+voudrais la sauver&hellip; d'elle-même, et de l'autre!&hellip; J'en pleure&hellip;
+Oui, je sens mes yeux se remplir de larmes devant tant de misère si
+horriblement cachée.</p>
+
+<p>Elle est là, celle qui a le parfum de «la dame en noir»&hellip; je la vois
+enfin, chez elle, dans sa chambre, dans cette chambre où elle n'a pas
+voulu me recevoir&hellip; dans cette chambre «où elle se tait», où elle
+continue de se taire. Depuis l'heure fatale de la «Chambre Jaune», nous
+tournons autour de cette femme invisible et muette pour savoir ce
+qu'elle sait. Notre désir, notre volonté de savoir doivent lui être un
+supplice de plus. Qui nous dit que, si «nous apprenons», la connaissance
+de «son» mystère ne sera pas le signal d'un drame plus épouvantable que
+ceux qui se sont déjà déroulés ici? Qui nous dit qu'elle n'en mourra
+pas? Et cependant, elle a failli mourir&hellip; et nous ne savons rien&hellip; Ou
+plutôt il y en a qui ne savent rien&hellip; mais moi&hellip; si je savais «qui»,
+je saurais tout&hellip; Qui? qui? qui?&hellip; et ne sachant pas qui, je dois me
+taire, par pitié pour elle, car il ne fait point de doute qu'elle sait,
+elle, comment «il» s'est enfui, lui, de la «Chambre Jaune», et cependant
+elle se tait. Pourquoi parlerais-je? Quand je saurai qui, «je lui
+parlerai, à lui!»</p>
+
+<p>Elle nous regarde maintenant&hellip; mais de loin&hellip; comme si nous n'étions
+pas dans sa chambre&hellip; M. Stangerson rompt le silence. M. Stangerson
+déclare que, désormais, il ne quittera plus l'appartement de sa fille.
+C'est en vain que celle-ci veut s'opposer à cette volonté formelle, M.
+Stangerson tient bon. Il s'y installera dès cette nuit même, dit-il. Sur
+quoi, uniquement occupé de la santé de sa fille, il lui reproche de
+s'être levée&hellip; puis il lui tient soudain de petits discours
+enfantins&hellip; Il lui sourit&hellip; il ne sait plus beaucoup ni ce qu'il dit,
+ni ce qu'il fait&hellip; L'illustre professeur perd la tête&hellip; Il répète des
+mots sans suite qui attestent le désarroi de son esprit&hellip; celui du
+nôtre n'est guère moindre. Mlle Stangerson dit alors, avec une voix si
+douloureuse, ces simples mots: «Mon père! mon père!» que celui-ci éclate
+en sanglots. Le père Jacques se mouche et Frédéric Larsan, lui-même, est
+obligé de se détourner pour cacher son émotion. Moi, je n'en peux
+plus&hellip; je ne pense plus, je ne sens plus, je suis au-dessous du
+végétal. Je me dégoûte.</p>
+
+<p>C'est la première fois que Frédéric Larsan se trouve, comme moi, en face
+de Mlle Stangerson, depuis l'attentat de la «Chambre Jaune». Comme moi,
+il avait insisté pour pouvoir interroger la malheureuse; mais, pas plus
+que moi, il n'avait été reçu. À lui comme à moi, on avait toujours fait
+la même réponse: Mlle Stangerson était trop faible pour nous recevoir,
+les interrogatoires du juge d'instruction la fatiguaient suffisamment,
+etc&hellip; Il y avait là une mauvaise volonté évidente à nous aider dans nos
+recherches qui, «moi», ne me surprenait pas, mais qui étonnait toujours
+Frédéric Larsan. Il est vrai que Frédéric Larsan et moi avons une
+conception du crime tout à fait différente&hellip;</p>
+
+<p>&hellip; Ils pleurent&hellip; Et je me surprends encore à répéter au fond de moi:
+La sauver!&hellip; la sauver malgré elle! la sauver sans la compromettre! La
+sauver sans qu'«il» parle! Qui: «il?»&mdash;«Il», l'assassin&hellip; Le prendre
+et lui fermer la bouche!&hellip; Mais M. Darzac l'a fait entendre: «pour lui
+fermer la bouche, il faut le tuer!» Conclusion logique des phrases
+échappées à M. Darzac. Ai-je le droit de tuer l'assassin de Mlle
+Stangerson? Non!&hellip; Mais qu'il m'en donne seulement l'occasion.
+Histoire de voir s'il est bien, réellement, en chair et en os! Histoire
+de voir son cadavre, puisqu'on ne peut saisir son corps vivant!</p>
+
+<p>Ah! comment faire comprendre à cette femme, qui ne nous regarde même
+pas, qui est toute à son effroi et à la douleur de son père, que je suis
+capable de tout pour la sauver&hellip; Oui&hellip; oui&hellip; je recommencerai à
+prendre ma raison par le bon bout et j'accomplirai des prodiges&hellip;</p>
+
+<p>Je m'avance vers elle&hellip; je veux parler, je veux la supplier d'avoir
+confiance en moi&hellip; je voudrais lui faire entendre par quelques mots,
+compris d'elle seule et de moi, que je sais comment son assassin est
+sorti de la «Chambre Jaune», que j'ai deviné la moitié de son secret&hellip;
+et que je la plains, elle, de tout mon c&oelig;ur&hellip; Mais déjà son geste
+nous prie de la laisser seule, exprime la lassitude, le besoin de repos
+immédiat&hellip; M. Stangerson nous demande de regagner nos chambres, nous
+remercie, nous renvoie&hellip; Frédéric Larsan et moi saluons, et, suivis du
+père Jacques, nous regagnons la galerie. J'entends Frédéric Larsan qui
+murmure: «Bizarre! bizarre!&hellip;» Il me fait signe d'entrer dans sa
+chambre. Sur le seuil, il se retourne vers le père Jacques. Il lui
+demande:</p>
+
+<p>«Vous l'avez bien vu, vous?</p>
+
+<p>&mdash;Qui?</p>
+
+<p>&mdash;L'homme!</p>
+
+<p>&mdash;Si je l'ai vu!&hellip; Il avait une large barbe rousse, des cheveux
+roux&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;C'est ainsi qu'il m'est apparu, à moi, fis-je.</p>
+
+<p>&mdash;Et à moi aussi», dit Frédéric Larsan.</p>
+
+<p>Le grand Fred et moi nous sommes seuls, maintenant, à parler de la
+chose, dans sa chambre. Nous en parlons une heure, retournant l'affaire
+dans tous les sens. Il est clair que Fred, aux questions qu'il me pose,
+aux explications qu'il me donne, est persuadé&mdash;malgré ses yeux, malgré
+mes yeux, malgré tous les yeux&mdash;que l'homme a disparu par quelque
+passage secret de ce château qu'il connaissait.</p>
+
+<p>«Car il connaît le château, me dit-il; il le connaît bien&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;C'est un homme de taille plutôt grande, bien découplé&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Il a la taille qu'il faut&hellip; murmure Fred&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Je vous comprends, dis-je&hellip; mais comment expliquez-vous la barbe
+rousse, les cheveux roux?</p>
+
+<p>&mdash;Trop de barbe, trop de cheveux&hellip; Des postiches, indique Frédéric
+Larsan.</p>
+
+<p>&mdash;C'est bientôt dit&hellip; Vous êtes toujours occupé par la pensée de Robert
+Darzac&hellip; Vous ne pourrez donc vous en débarrasser jamais?&hellip; Je suis
+sûr, moi, qu'il est innocent&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Tant mieux! Je le souhaite&hellip; mais vraiment tout le condamne&hellip; Vous
+avez remarqué les pas sur le tapis?&hellip; Venez les voir&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Je les ai vus&hellip; Ce sont «les pas élégants» du bord de l'étang.</p>
+
+<p>&mdash;Ce sont les pas de Robert Darzac; le nierez-vous?</p>
+
+<p>&mdash;Évidemment, on peut s'y méprendre&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Avez-vous remarqué que la trace de ces pas «ne revient pas»? Quand
+l'homme est sorti de la chambre, poursuivi par nous tous, ses pas n'ont
+point laissé de traces&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;L'homme était peut-être dans la chambre «depuis des heures». La boue
+de ses bottines a séché et il glissait avec une telle rapidité sur la
+pointe de ses bottines&hellip; On le voyait fuir, l'homme&hellip; on ne
+l'entendait pas&hellip;»</p>
+
+<p>Soudain, j'interromps ces propos sans suite, sans logique, indignes de
+nous. Je fais signe à Larsan d'écouter:</p>
+
+<p>«Là, en bas&hellip; on ferme une porte&hellip;»</p>
+
+<p>Je me lève; Larsan me suit; nous descendons au rez-de-chaussée du
+château; nous sortons du château. Je conduis Larsan à la petite pièce en
+encorbellement dont la terrasse donne sous la fenêtre de la galerie
+tournante. Mon doigt désigne cette porte fermée maintenant, ouverte tout
+à l'heure, sous laquelle filtre de la lumière.</p>
+
+<p>«Le garde! dit Fred.</p>
+
+<p>&mdash;Allons-y!» lui soufflai-je&hellip;</p>
+
+<p>Et, décidé, mais décidé à quoi, le savais-je? décidé à croire que le
+garde est le coupable? l'affirmerais-je? je m'avance contre la porte, et
+je frappe un coup brusque.</p>
+
+<p>Certains penseront que ce retour à la porte du garde est bien tardif&hellip;
+et que notre premier devoir à tous, après avoir constaté que l'assassin
+nous avait échappé dans la galerie, était de le rechercher partout
+ailleurs, autour du château, dans le parc&hellip; Partout&hellip;</p>
+
+<p>Si l'on nous fait une telle objection, nous n'avons pour y répondre que
+ceci: c'est que l'assassin était disparu de telle sorte de la galerie
+«que nous avons réellement pensé qu'il n'était plus nulle part»! Il nous
+avait échappé quand nous avions tous la main dessus, quand nous le
+touchions presque&hellip; nous n'avions plus aucun ressort pour nous imaginer
+que nous pourrions maintenant le découvrir dans le mystère de la nuit et
+du parc. Enfin, je vous ai dit de quel coup cette disparition m'avait
+choqué le crâne!</p>
+
+<p>&hellip; Aussitôt que j'eus frappé, la porte s'ouvrit; le garde nous demanda
+d'une voix calme ce que nous voulions. Il était en chemise «et il allait
+se mettre au lit»; le lit n'était pas encore défait&hellip;</p>
+
+<p>Nous entrâmes; je m'étonnai.</p>
+
+<p>«Tiens! vous n'êtes pas encore couché?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Non! répondit-il d'une voix rude&hellip; J'ai été faire une tournée dans le
+parc et dans les bois&hellip; J'en reviens&hellip; Maintenant, j'ai sommeil&hellip;
+bonsoir!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Écoutez, fis-je&hellip; Il y avait tout à l'heure, auprès de votre fenêtre,
+une échelle&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Quelle échelle? Je n'ai pas vu d'échelle!&hellip; Bonsoir!»</p>
+
+<p>Et il nous mit à la porte tout simplement.</p>
+
+<p>Dehors, je regardai Larsan. Il était impénétrable.</p>
+
+<p>«Eh bien? fis-je&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Eh bien? répéta Larsan&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Cela ne vous ouvre-t-il point des horizons?»</p>
+
+<p>Sa mauvaise humeur était certaine. En rentrant au château, je l'entendis
+qui bougonnait:</p>
+
+<p>«Il serait tout à fait, mais tout à fait étrange que je me fusse trompé
+à ce point!&hellip;»</p>
+
+<p>Et, cette phrase, il me semblait qu'il l'avait plutôt prononcée à mon
+adresse qu'il ne se la disait à lui-même.</p>
+
+<p>Il ajouta:</p>
+
+<p>«Dans tous les cas, nous serons bientôt fixés&hellip; Ce matin il fera jour.»</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch18">XVIII<br />
+Rouletabille a dessiné un cercle entre les deux bosses de son front</h2>
+
+<p class="c"><i>Extrait du carnet de Joseph Rouletabille (suite).</i></p>
+
+
+<p>Nous nous quittâmes sur le seuil de nos chambres après une mélancolique
+poignée de mains. J'étais heureux d'avoir fait naître quelque soupçon de
+son erreur dans cette cervelle originale, extrêmement intelligente, mais
+antiméthodique. Je ne me couchai point. J'attendis le petit jour et je
+descendis devant le château. J'en fis le tour en examinant toutes les
+traces qui pouvaient en venir ou y aboutir. Mais elles étaient si mêlées
+et si confuses que je ne pus rien en tirer. Du reste, je tiens ici à
+faire remarquer que je n'ai point coutume d'attacher une importance
+exagérée aux signes extérieurs que laisse le passage d'un crime. Cette
+méthode, qui consiste à conclure au criminel d'après les traces de pas,
+est tout à fait primitive. Il y a beaucoup de traces de pas qui sont
+identiques, et c'est tout juste s'il faut leur demander une première
+indication qu'on ne saurait, en aucun cas, considérer comme une preuve.</p>
+
+<p>Quoi qu'il en soit, dans le grand désarroi de mon esprit, je m'en étais
+donc allé dans la cour d'honneur et m'étais penché sur les traces, sur
+toutes les traces qui étaient là, leur demandant cette première
+indication dont j'avais tant besoin pour m'accrocher à quelque chose de
+«raisonnable», à quelque chose qui me permît de «raisonner» sur les
+événements de la «galerie inexplicable». Comment raisonner?&hellip; Comment
+raisonner?</p>
+
+<p>&hellip; Ah! raisonner par le bon bout! Je m'assieds, désespéré, sur une
+pierre de la cour d'honneur déserte&hellip; Qu'est-ce que je fais, depuis
+plus d'une heure, sinon la plus basse besogne du plus ordinaire
+policier&hellip; Je vais quérir l'erreur comme le premier inspecteur venu,
+sur la trace de quelques pas «qui me feront dire ce qu'ils voudront»!</p>
+
+<p>Je me trouve plus abject, plus bas dans l'échelle des intelligences que
+ces agents de la Sûreté imaginés par les romanciers modernes, agents qui
+ont acquis leur méthode dans la lecture des romans d'Edgar Poe ou de
+Conan Doyle. Ah! Agents littéraires&hellip; qui bâtissez des montagnes de
+stupidité avec un pas sur le sable, avec le dessin d'une main sur le
+mur! «À toi, Frédéric Larsan, à toi, l'agent littéraire!&hellip; Tu as trop
+lu Conan Doyle, mon vieux!&hellip; Sherlock Holmes te fera faire des
+bêtises, des bêtises de raisonnement plus énormes que celles qu'on lit
+dans les livres&hellip; Elles te feront arrêter un innocent&hellip; Avec ta
+méthode à la Conan Doyle, tu as su convaincre le juge d'instruction, le
+chef de la Sûreté&hellip; tout le monde&hellip; Tu attends une dernière preuve&hellip;
+une dernière!&hellip; Dis donc une première, malheureux!&hellip; «Tout ce que
+vous offrent les sens ne saurait être une preuve&hellip;» Moi aussi, je me
+suis penché sur «les traces sensibles», mais pour leur demander
+uniquement <i>d'entrer dans le cercle qu'avait dessiné ma
+raison</i>. Ah! bien des fois, le cercle fut si étroit, si étroit&hellip;
+Mais si étroit était-il, il était immense, «puisqu'il ne contenait que
+de la vérité»!&hellip; Oui, oui, je le jure, les traces sensibles n'ont
+jamais été que mes servantes&hellip; elles n'ont point été mes maîtresses&hellip;
+Elles n'ont point fait de moi cette chose monstrueuse, plus terrible
+qu'un homme sans yeux: un homme qui voit mal! Et voilà pourquoi je
+triompherai de ton erreur et de ta cogitation animale, ô Frédéric
+Larsan!»</p>
+
+<p>Eh quoi! eh quoi! parce que, pour la première fois, cette nuit, dans la
+galerie inexplicable, il s'est produit un événement qui «semble» ne
+point rentrer dans le cercle tracé par ma raison, voilà que je divague,
+voilà que je me penche, le nez sur la terre, comme un porc qui cherche,
+au hasard, dans la fange, l'ordure qui le nourrira&hellip; Allons!
+Rouletabille, mon ami, relève la tête&hellip; il est impossible que
+l'événement de la galerie inexplicable soit sorti du cercle tracé par ta
+raison&hellip; Tu le sais! Tu le sais! Alors, relève la tête&hellip; presse de tes
+deux mains les bosses de ton front, et rappelle-toi que, lorsque tu as
+tracé le cercle, tu as pris, pour le dessiner dans ton cerveau comme on
+trace sur le papier une figure géométrique, <i>tu as pris ta raison par
+le bon bout!</i></p>
+
+<p>Eh bien, marche maintenant&hellip; et remonte dans la «galerie inexplicable
+en t'appuyant sur le bon bout de ta raison» comme Frédéric Larsan
+s'appuie sur sa canne, et tu auras vite prouvé que le grand Fred n'est
+qu'un sot.</p>
+
+<p class="sign">Joseph ROULETABILLE</p>
+
+<p class="sign">30 octobre, midi.</p>
+
+<p>Ainsi ai-je pensé&hellip; ainsi ai-je agi&hellip; la tête en feu, je suis remonté
+dans la galerie et voilà que, sans y avoir rien trouvé de plus que ce
+que j'y ai vu cette nuit, le bon bout de ma raison m'a montré une chose
+si formidable que j'ai besoin de «me retenir à lui» pour ne pas tomber.</p>
+
+<p>Ah! Il va me falloir de la force, cependant, pour découvrir maintenant
+les traces sensibles qui vont entrer, qui doivent entrer dans le cercle
+plus large que j'ai dessiné là, entre les deux bosses de mon front!</p>
+
+<p class="sign">Joseph ROULETABILLE</p>
+
+<p class="sign">30 octobre, minuit.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch19">XIX<br />
+Rouletabille m'offre à déjeuner à l'auberge du «Donjon»</h2>
+
+
+<p>Ce n'est que plus tard que Rouletabille me remit ce carnet où l'histoire
+du phénomène de la «galerie inexplicable» avait été retracée tout au
+long, par lui, le matin même qui suivit cette nuit énigmatique. Le jour
+où je le rejoignis au Glandier dans sa chambre, il me raconta, par le
+plus grand détail, tout ce que vous connaissez maintenant, y compris
+l'emploi de son temps pendant les quelques heures qu'il était allé
+passer, cette semaine-là, à Paris, où, du reste, il ne devait rien
+apprendre qui le servît.</p>
+
+<p>L'événement de la «galerie inexplicable» était survenu dans la nuit du
+29 au 30 octobre, c'est-à-dire trois jours avant mon retour au château,
+puisque nous étions le 2 novembre. «C'est donc le 2 novembre» que je
+reviens au Glandier, appelé par la dépêche de mon ami et apportant les
+revolvers.</p>
+
+<p>Je suis dans la chambre de Rouletabille; il vient de terminer son récit.</p>
+
+<p>Pendant qu'il parlait, il n'avait point cessé de caresser la convexité
+des verres du binocle qu'il avait trouvé sur le guéridon et je
+comprenais, à la joie qu'il prenait à manipuler ces verres de presbyte,
+que ceux-ci devaient constituer une de ces «marques sensibles destinées
+à entrer dans le cercle tracé par le bon bout de sa raison». Cette façon
+bizarre, unique, qu'il avait de s'exprimer en usant de termes
+merveilleusement adéquats à sa pensée ne me surprenait plus; mais
+souvent il fallait connaître sa pensée pour comprendre les termes et ce
+n'était point toujours facile que de pénétrer la pensée de Joseph
+Rouletabille. La pensée de cet enfant était une des choses les plus
+curieuses que j'avais jamais eu à observer. Rouletabille se promenait
+dans la vie avec cette pensée sans se douter de l'étonnement&mdash;disons le
+mot&mdash;de l'ahurissement qu'il rencontrait sur son chemin. Les gens
+tournaient la tête vers cette pensée, la regardaient passer, s'éloigner,
+comme on s'arrête pour considérer plus longtemps une silhouette
+originale que l'on a croisée sur sa route. Et comme on se dit: «D'où
+vient-il, celui-là! Où va-t-il?» on se disait: «D'où vient la pensée de
+Joseph Rouletabille et où va-t-elle?» J'ai avoué qu'il ne se doutait
+point de la couleur originale de sa pensée; aussi ne la gênait-elle
+nullement pour se promener, comme tout le monde, dans la vie. De même,
+un individu qui ne se doute point de sa mise excentrique est-il tout à
+fait à son aise, quel que soit le milieu qu'il traverse. C'est donc avec
+une simplicité naturelle que cet enfant, irresponsable de son cerveau
+supernaturel, exprimait des choses formidables «par leur logique
+raccourcie», tellement raccourcie que nous n'en pouvions, nous autres,
+comprendre la forme qu'autant qu'à nos yeux émerveillés il voulait bien
+la détendre et la présenter de face dans sa position normale.</p>
+
+<p>Joseph Rouletabille me demanda ce que je pensais du récit qu'il venait
+de me faire. Je lui répondis que sa question m'embarrassait fort, à quoi
+il me répliqua d'essayer, à mon tour, de prendre ma raison par le bon
+bout.</p>
+
+<p>«Eh bien, fis-je, il me semble que le point de départ de mon
+raisonnement doit être celui-ci: il ne fait point de doute que
+l'assassin que vous poursuiviez a été à un moment de cette poursuite
+dans la galerie.»</p>
+
+<p>Et je m'arrêtai&hellip;</p>
+
+<p>«En partant si bien, s'exclama-t-il, vous ne devriez point être arrêté
+si tôt. Voyons, un petit effort.</p>
+
+<p>&mdash;Je vais essayer. Du moment où il était dans la galerie et où il en a
+disparu, alors qu'il n'a pu passer ni par une porte ni par une fenêtre,
+il faut qu'il se soit échappé par une autre ouverture.»</p>
+
+<p>Joseph Rouletabille me considéra avec pitié, sourit négligemment et
+n'hésita pas plus longtemps à me confier que je raisonnais toujours
+«comme une savate».</p>
+
+<p>«Que dis-je? comme une savate! Vous raisonnez comme Frédéric Larsan!»</p>
+
+<p>Car Joseph Rouletabille passait par des périodes alternatives
+d'admiration et de dédain pour Frédéric Larsan; tantôt il s'écriait: «Il
+est vraiment fort!»; tantôt il gémissait: «Quelle brute!», selon que&mdash;et
+je l'avais bien remarqué&mdash;selon que les découvertes de Frédéric Larsan
+venaient corroborer son raisonnement à lui ou qu'elles le
+contredisaient. C'était un des petits côtés du noble caractère de cet
+enfant étrange.</p>
+
+<p>Nous nous étions levés et il m'entraîna dans le parc. Comme nous nous
+trouvions dans la cour d'honneur, nous dirigeant vers la sortie, un
+bruit de volets rejetés contre le mur nous fit tourner la tête, et nous
+vîmes au premier étage de l'aile gauche du château, à la fenêtre, une
+figure écarlate et entièrement rasée que je ne connaissais point.</p>
+
+<p>«Tiens! murmura Rouletabille, Arthur Rance!»</p>
+
+<p>Il baissa la tête, hâta sa marche et je l'entendis qui disait entre ses
+dents:</p>
+
+<p>«Il était donc cette nuit au château?&hellip; Qu'est-il venu y faire?»</p>
+
+<p>Quand nous fûmes assez éloignés du château, je lui demandai qui était
+cet Arthur Rance et comment il l'avait connu. Alors il me rappela son
+récit du matin même, me faisant souvenir que M. Arthur-W. Rance était
+cet américain de Philadelphie avec qui il avait si copieusement trinqué
+à la réception de l'Élysée.</p>
+
+<p>«Mais ne devait-il point quitter la France presque immédiatement?
+demandai-je.</p>
+
+<p>&mdash;Sans doute; aussi vous me voyez tout étonné de le trouver encore, non
+seulement en France, mais encore, mais surtout au Glandier. Il n'est
+point arrivé ce matin; il n'est point arrivé cette nuit; il sera donc
+arrivé avant dîner et je ne l'ai point vu. Comment se fait-il que les
+concierges ne m'aient point averti?»</p>
+
+<p>Je fis remarquer à mon ami qu'à propos des concierges, il ne m'avait
+point encore dit comment il s'y était pris pour les faire remettre en
+liberté.</p>
+
+<p>Nous approchions justement de la loge; le père et la mère Bernier nous
+regardaient venir. Un bon sourire éclairait leur face prospère. Ils
+semblaient n'avoir gardé aucun mauvais souvenir de leur détention
+préventive. Mon jeune ami leur demanda à quelle heure était arrivé
+Arthur Rance. Ils lui répondirent qu'ils ignoraient que M. Arthur Rance
+fût au château. Il avait dû s'y présenter dans la soirée de la veille,
+mais ils n'avaient pas eu à lui ouvrir la grille, attendu que M. Arthur
+Rance, qui était, paraît-il, un grand marcheur et qui ne voulait point
+qu'on allât le chercher en voiture, avait coutume de descendre à la gare
+du petit bourg de Saint-Michel; de là, il s'acheminait à travers la
+forêt jusqu'au château. Il arrivait au parc par la grotte de
+Sainte-Geneviève, descendait dans cette grotte, enjambait un petit
+grillage et se trouvait dans le parc.</p>
+
+<p>À mesure que les concierges parlaient, je voyais le visage de
+Rouletabille s'assombrir, manifester un certain mécontentement et, à
+n'en point douter, un mécontentement contre lui-même. Évidemment, il
+était un peu vexé que, ayant tant travaillé sur place, ayant étudié les
+êtres et les choses du Glandier avec un soin méticuleux, il en fût
+encore à apprendre «qu'Arthur Rance avait coutume de venir au château».</p>
+
+<p>Morose, il demanda des explications.</p>
+
+<p>«Vous dites que M. Arthur Rance a coutume de venir au château&hellip; Mais,
+quand y est-il donc venu pour la dernière fois?</p>
+
+<p>&mdash;Nous ne saurions vous dire exactement, répondit M. Bernier&mdash;c'était le
+nom du concierge&mdash;attendu que nous ne pouvions rien savoir pendant qu'on
+nous tenait en prison, et puis parce que, si ce monsieur, quand il vient
+au château, ne passe pas par notre grille, il n'y passe pas non plus
+quand il le quitte&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Enfin, savez-vous quand il y est venu <i>pour la première fois?</i></p>
+
+<p>&mdash;Oh! oui, monsieur&hellip; il y a neuf ans!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Il est donc venu en France, il y a neuf ans, répondit Rouletabille;
+et, cette fois-ci, à votre connaissance, combien de fois est-il venu au
+Glandier?</p>
+
+<p>&mdash;Trois fois.</p>
+
+<p>&mdash;Quand est-il venu au Glandier pour la dernière fois, à «votre
+connaissance», avant aujourd'hui.</p>
+
+<p>&mdash;Une huitaine de jours avant l'attentat de la «Chambre Jaune».</p>
+
+<p>Rouletabille demanda encore, cette fois-ci, particulièrement à la femme:</p>
+
+<p>«<i>Dans la rainure du parquet?</i></p>
+
+<p>&mdash;Dans la rainure du parquet, répondit-elle.</p>
+
+<p>&mdash;Merci, fit Rouletabille, et préparez-vous pour ce soir.»</p>
+
+<p>Il prononça cette dernière phrase, un doigt sur la bouche, pour
+recommander le silence et la discrétion.</p>
+
+<p>Nous sortîmes du parc et nous dirigeâmes vers l'auberge du «Donjon».</p>
+
+<p>«Vous allez quelquefois manger à cette auberge?</p>
+
+<p>&mdash;Quelquefois.</p>
+
+<p>&mdash;Mais vous prenez aussi vos repas au château?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, Larsan et moi nous nous faisons servir tantôt dans l'une de nos
+chambres, tantôt dans l'autre.</p>
+
+<p>&mdash;M. Stangerson ne vous a jamais invité à sa table?</p>
+
+<p>&mdash;Jamais.</p>
+
+<p>&mdash;Votre présence chez lui ne le lasse pas?</p>
+
+<p>&mdash;Je n'en sais rien, mais en tout cas il fait comme si nous ne le
+gênions pas.</p>
+
+<p>&mdash;Il ne vous interroge jamais?</p>
+
+<p>&mdash;Jamais! Il est resté dans cet état d'esprit du monsieur qui était
+derrière la porte de la «Chambre Jaune», pendant qu'on assassinait sa
+fille, qui a défoncé la porte et qui n'a point trouvé l'assassin. Il est
+persuadé que, du moment qu'il n'a pu, «sur le fait», rien découvrir,
+nous ne pourrons à plus forte raison rien découvrir non plus, nous
+autres&hellip; Mais il s'est fait un devoir, «depuis l'hypothèse de Larsan»,
+de ne point contrarier nos illusions.»</p>
+
+<p>Rouletabille se replongea dans ses réflexions. Il en sortit enfin pour
+m'apprendre comment il avait libéré les deux concierges.</p>
+
+<p>«Je suis allé, dernièrement, trouver M. Stangerson avec une feuille de
+papier. Je lui ai dit d'écrire sur cette feuille ces mots: «Je m'engage,
+quoi qu'ils puissent dire, à garder à mon service mes deux fidèles
+serviteurs, Bernier et sa femme», et de signer. Je lui expliquai qu'avec
+cette phrase je serais en mesure de faire parler le concierge et sa
+femme et je lui affirmai que j'étais sûr qu'ils n'étaient pour rien dans
+le crime. Ce fut, d'ailleurs, toujours mon opinion. Le juge
+d'instruction présenta cette feuille signée aux Bernier qui, alors,
+parlèrent. Ils dirent ce que j'étais certain qu'ils diraient, dès qu'on
+leur enlèverait la crainte de perdre leur place. Ils racontèrent qu'ils
+braconnaient sur les propriétés de M. Stangerson et que c'était par un
+soir de braconnage qu'ils se trouvèrent non loin du pavillon au moment
+du drame. Les quelques lapins qu'ils acquéraient ainsi, au détriment de
+M. Stangerson, étaient vendus par eux au patron de l'auberge du «Donjon»
+qui s'en servait pour sa clientèle ou qui les écoulait sur Paris.
+C'était la vérité, je l'avais devinée dès le premier jour. Souvenez-vous
+de cette phrase avec laquelle j'entrai dans l'auberge du «Donjon»: «Il
+va falloir manger du saignant maintenant!» Cette phrase, je l'avais
+entendue le matin même, quand nous arrivâmes devant la grille du parc,
+et vous l'aviez entendue, vous aussi, mais vous n'y aviez point attaché
+d'importance. Vous savez qu'au moment où nous allions atteindre cette
+grille, nous nous sommes arrêtés à regarder un instant un homme qui,
+devant le mur du parc, faisait les cent pas en consultant, à chaque
+instant, sa montre. Cet homme, c'était Frédéric Larsan qui, déjà,
+travaillait. Or, derrière nous, le patron de l'auberge sur son seuil
+disait à quelqu'un qui se trouvait à l'intérieur de l'auberge:
+«Maintenant, il va falloir manger du saignant!»</p>
+
+<p>«Pourquoi ce «maintenant»? Quand on est comme moi à la recherche de la
+plus mystérieuse vérité, on ne laisse rien échapper, ni de ce que l'on
+voit, ni de ce que l'on entend. Il faut, à toutes choses, trouver un
+sens. Nous arrivions dans un petit pays qui venait d'être bouleversé par
+un crime. La logique me conduisait à soupçonner toute phrase prononcée
+comme pouvant se rapporter à l'événement du jour. «Maintenant», pour
+moi, signifiait: «Depuis l'attentat.» Dès le début de mon enquête, je
+cherchai donc à trouver une corrélation entre cette phrase et le drame.
+Nous allâmes déjeuner au «Donjon». Je répétai tout de go la phrase et je
+vis, à la surprise et à l'ennui du père Mathieu, que je n'avais pas,
+quant à lui, exagéré l'importance de cette phrase. J'avais appris, à ce
+moment, l'arrestation des concierges. Le père Mathieu nous parla de ces
+gens comme on parle de vrais amis&hellip; Que l'on regrette&hellip; Liaison fatale
+des idées&hellip; je me dis: «Maintenant que les concierges sont arrêtés, «il
+va falloir manger du saignant.» Plus de concierges, plus de gibier!
+Comment ai-je été conduit à cette idée précise de «gibier»! La haine
+exprimée par le père Mathieu pour le garde de M. Stangerson, haine,
+prétendait-il, partagée par les concierges, me mena tout doucement à
+l'idée de braconnage&hellip; Or, comme, de toute évidence, les concierges ne
+pouvaient être dans leur lit au moment du drame, pourquoi étaient-ils
+dehors cette nuit-là? Pour le drame? Je n'étais point disposé à le
+croire, car déjà je pensais, pour des raisons que je vous dirai plus
+tard, que l'assassin n'avait pas de complice et que tout ce drame
+cachait un mystère entre Mlle Stangerson et l'assassin, mystère dans
+lequel les concierges n'avaient que faire. L'histoire du braconnage
+expliquait tout, <i>relativement aux concierges</i>. Je l'admis en
+principe et je recherchai une preuve chez eux, dans leur loge. Je
+pénétrai dans leur maisonnette, comme vous le savez, et découvris sous
+leur lit des lacets et du fil de laiton. «Parbleu! pensai-je, parbleu!
+voilà bien pourquoi ils étaient, la nuit, dans le parc.» Je ne m'étonnai
+point qu'ils se fussent tus devant le juge et que, sous le coup d'une
+aussi grave accusation que celle d'une complicité dans le crime, ils
+n'aient point répondu tout de suite en avouant le braconnage. Le
+braconnage les sauvait de la cour d'assisses, mais les faisait mettre à
+la porte du château, et, comme ils étaient parfaitement sûrs de leur
+innocence sur le fait crime, ils espéraient bien que celle-ci serait
+vite découverte et que l'on continuerait à ignorer le fait braconnage.
+Il leur serait toujours loisible de parler à temps! Je leur ai fait
+hâter leur confession par l'engagement signé de M. Stangerson, que je
+leur apportais. Ils donnèrent toutes preuves nécessaires, furent mis en
+liberté et conçurent pour moi une vive reconnaissance. Pourquoi ne les
+avais-je point fait délivrer plus tôt? Parce que je n'étais point sûr
+alors qu'il n'y avait dans leur cas que du braconnage. Je voulais les
+laisser venir, et étudier le terrain. Ma conviction ne devint que plus
+certaine, à mesure que les jours s'écoulaient. Au lendemain de la
+«galerie inexplicable», comme j'avais besoin de gens dévoués ici, je
+résolus de me les attacher immédiatement en faisant cesser leur
+captivité. Et voilà!»</p>
+
+<p>Ainsi s'exprima Joseph Rouletabille, et je ne pus que m'étonner encore
+de la simplicité de raisonnement qui l'avait conduit à la vérité dans
+cette affaire de la complicité des concierges. Certes, l'affaire était
+minime, mais je pensai à part moi que le jeune homme, un de ces jours,
+ne manquerait point de nous expliquer, avec la même simplicité, la
+formidable nuit de la «Chambre Jaune» et celle de la «galerie
+inexplicable».</p>
+
+<p>Nous étions arrivés à l'auberge du «Donjon». Nous entrâmes.</p>
+
+<p>Cette fois, nous ne vîmes point l'hôte, mais ce fut l'hôtesse qui nous
+accueillit avec un bon sourire heureux. J'ai déjà décrit la salle où
+nous nous trouvions, et j'ai donné un aperçu de la charmante femme
+blonde aux yeux doux qui se mit immédiatement à notre disposition pour
+le déjeuner.</p>
+
+<p>«Comment va le père Mathieu? demanda Rouletabille.</p>
+
+<p>&mdash;Guère mieux, monsieur, guère mieux; il est toujours au lit.</p>
+
+<p>&mdash;Ses rhumatismes ne le quittent donc pas?</p>
+
+<p>&mdash;Eh non! J'ai encore été obligée, la nuit dernière, de lui faire une
+piqûre de morphine. Il n'y a que cette drogue-là qui calme ses
+douleurs.»</p>
+
+<p>Elle parlait d'une voix douce; tout, en elle, exprimait la douceur.
+C'était vraiment une belle femme, un peu indolente, aux grands yeux
+cernés, des yeux d'amoureuse. Le père Mathieu, quand il n'avait pas de
+rhumatismes, devait être un heureux gaillard. Mais elle, était-elle
+heureuse avec ce rhumatisant bourru? La scène à laquelle nous avions
+précédemment assisté ne pouvait nous le faire croire, et cependant, il y
+avait, dans toute l'attitude de cette femme, quelque chose qui ne
+dénotait point le désespoir. Elle disparut dans sa cuisine pour préparer
+notre repas, nous laissant sur la table une bouteille d'excellent cidre.
+Rouletabille nous en versa dans des bols, bourra sa pipe, l'alluma, et,
+tranquillement, m'expliqua enfin la raison qui l'avait déterminé à me
+faire venir au Glandier avec des revolvers.</p>
+
+<p>«Oui, dit-il, en suivant d'un &oelig;il contemplatif les volutes de la
+fumée qu'il tirait de sa bouffarde, oui, cher ami, j'attends, ce soir,
+l'assassin.»</p>
+
+<p>Il y eut un petit silence que je n'eus garde d'interrompre, et il
+reprit:</p>
+
+<p>«Hier soir, au moment où j'allais me mettre au lit, M. Robert Darzac
+frappa à la porte de ma chambre. Je lui ouvris, et il me confia qu'il
+était dans la nécessité de se rendre, le lendemain matin, c'est-à-dire
+ce matin même, à Paris. La raison qui le déterminait à ce voyage était
+à la fois péremptoire et mystérieuse, péremptoire puisqu'il lui était
+impossible de ne pas faire ce voyage, et mystérieuse puisqu'il lui était
+aussi impossible de m'en dévoiler le but. «Je pars, et cependant,
+ajouta-t-il, je donnerais la moitié de ma vie pour ne pas quitter en ce
+moment Mlle Stangerson.» Il ne me cacha point qu'il la croyait encore
+une fois en danger. «Il surviendrait quelque chose la nuit prochaine que
+je ne m'en étonnerais guère, avoua-t-il, et cependant il faut que je
+m'absente. Je ne pourrai être de retour au Glandier qu'après-demain
+matin.»</p>
+
+<p>«Je lui demandai des explications, et voici tout ce qu'il m'expliqua.
+Cette idée d'un danger pressant lui venait uniquement de la coïncidence
+qui existait entre ses absences et les attentats dont Mlle Stangerson
+était l'objet. La nuit de la «galerie inexplicable», il avait dû quitter
+le Glandier; la nuit de la «Chambre Jaune», il n'aurait pu être au
+Glandier et, de fait, nous savons qu'il n'y était pas. Du moins nous le
+savons officiellement, d'après ses déclarations. Pour que, chargé d'une
+idée pareille, il s'absentât à nouveau aujourd'hui, <i>il fallait
+qu'il obéît à une volonté plus forte que la sienne</i>. C'est
+ce que je pensais et c'est ce que je lui dis. Il me répondit:
+«Peut-être!» Je demandai si cette volonté plus forte que la sienne était
+celle de Mlle Stangerson; il me jura que non et que la décision de son
+départ avait été prise par lui, en dehors de toute instruction de Mlle
+Stangerson. Bref, il me répéta qu'il ne croyait à la possibilité d'un
+nouvel attentat qu'à cause de cette extraordinaire coïncidence qu'il
+avait remarquée «et que le juge d'instruction, du reste, lui avait fait
+remarquer». «S'il arrivait quelque chose à Mlle Stangerson, dit-il, ce
+serait terrible et pour elle et pour moi; pour elle, qui sera une fois
+de plus entre la vie et la mort; pour moi, qui ne pourrai la défendre en
+cas d'attaque et qui serai ensuite dans la nécessité de ne point dire
+<i>où j'ai passé la nuit</i>. Or, je me rends parfaitement compte des
+soupçons qui pèsent sur moi. Le juge d'instruction et M. Frédéric
+Larsan&mdash;ce dernier m'a suivi à la piste, la dernière fois que je me suis
+rendu à Paris, et j'ai eu toutes les peines du monde à m'en
+débarrasser&mdash;ne sont pas loin de me croire coupable.&mdash;Que ne dites-vous,
+m'écriai-je tout à coup, le nom de l'assassin, puisque vous le
+connaissez?» M. Darzac parut extrêmement troublé de mon exclamation. Il
+me répliqua, d'une voix hésitante: «Moi! Je connais le nom de
+l'assassin? Qui me l'aurait appris?» Je repartis aussitôt: «Mlle
+Stangerson!» Alors, il devint tellement pâle que je crus qu'il allait se
+trouver mal, et je vis que j'avais frappé juste: <i>Mlle
+Stangerson et lui savent le nom de l'assassin!</i> Quand il
+fut un peu remis, il me dit: «Je vais vous quitter, monsieur. Depuis que
+vous êtes ici, j'ai pu apprécier votre exceptionnelle intelligence et
+votre ingéniosité sans égale. Voici le service que je réclame de vous.
+Peut-être ai-je tort de craindre un attentat la nuit prochaine; mais,
+comme il faut tout prévoir, je compte sur vous pour rendre cet attentat
+impossible&hellip; Prenez toutes dispositions qu'il faudra pour isoler, pour
+garder Mlle Stangerson. Faites qu'on ne puisse entrer dans la chambre de
+Mlle Stangerson. Veillez autour de cette chambre comme un bon chien de
+garde. Ne dormez pas. Ne vous accordez point une seconde de repos.
+L'homme que nous redoutons est d'une astuce prodigieuse, qui n'a
+peut-être encore jamais été égalée au monde. Cette astuce même <i>la
+sauvera si vous veillez</i>; car il est impossible qu'il ne sache point
+que vous veillez, à cause de cette astuce même; et, s'il sait que vous
+veillez, il ne tentera rien.&mdash;Avez-vous parlé de ces choses à M.
+Stangerson?&mdash;Non!&mdash;Pourquoi?&mdash;Parce que je ne veux point, monsieur,
+que M. Stangerson me dise ce que vous m'avez dit tout à l'heure: Vous
+connaissez le nom de l'assassin!» Si, vous, vous êtes étonné de ce que
+je viens vous dire: «L'assassin va peut-être venir demain!», quel serait
+l'étonnement de M. Stangerson, si je lui répétais la même chose! Il
+n'admettra peut-être point que mon sinistre pronostic ne soit basé que
+sur des coïncidences qu'il finirait, sans doute, lui aussi, par trouver
+étranges&hellip; Je vous dis tout cela, monsieur Rouletabille, parce que j'ai
+une grande&hellip; une grande confiance en vous&hellip; Je sais que, <i>vous</i>,
+vous ne me soupçonnez pas!&hellip;»</p>
+
+<p>«Le pauvre homme, continua Rouletabille, me répondait comme il pouvait,
+à hue et à dia. Il souffrait. J'eus pitié de lui, d'autant plus que je
+me rendais parfaitement compte qu'il se ferait tuer plutôt que de me
+dire qui était l'assassin comme Mlle Stangerson se fera plutôt
+assassiner que de dénoncer l'homme de la «Chambre Jaune» et de la
+«galerie inexplicable». L'homme doit la tenir, ou doit les tenir tous
+deux, d'une manière terrible, «et ils ne doivent rien tant redouter que
+de voir M. Stangerson apprendre que sa fille est «tenue «par son
+assassin.» Je fis comprendre à M. Darzac qu'il s'était suffisamment
+expliqué et qu'il pouvait se taire puisqu'il ne pouvait plus rien
+m'apprendre. Je lui promis de veiller et de ne me point coucher de la
+nuit. Il insista pour que j'organisasse une véritable barrière
+infranchissable autour de la chambre de Mlle Stangerson, autour du
+boudoir où couchaient les deux gardes et autour du salon où couchait,
+depuis la «galerie inexplicable», M. Stangerson; bref, autour de tout
+l'appartement. Non seulement je compris, à cette insistance, que M.
+Darzac me demandait de rendre impossible l'arrivée à la chambre de Mlle
+Stangerson, mais encore de rendre cette arrivée si «visiblement»
+impossible, que l'homme fût rebuté tout de suite et disparût sans
+laisser de trace. C'est ainsi que j'expliquai, à part moi, la phrase
+finale dont il me salua: «Quand je serai parti, vous pourrez parler de
+«vos» soupçons pour cette nuit à M. Stangerson, au père Jacques, à
+Frédéric Larsan, à tout le monde au château et organiser ainsi, jusqu'à
+mon retour, une surveillance dont, aux yeux de tous, vous aurez eu seul
+l'idée.»</p>
+
+<p>«Il s'en alla, le pauvre, le pauvre homme, ne sachant plus guère ce
+qu'il disait, devant mon silence et mes yeux qui lui «criaient» que
+j'avais deviné les trois quarts de son secret. Oui, oui, vraiment, il
+devait être tout à fait désemparé pour être venu à moi dans un moment
+pareil et pour abandonner Mlle Stangerson, quand il avait dans la tête
+cette idée terrible de la «coïncidence&hellip;»</p>
+
+<p>«Quand il fut parti, je réfléchis. Je réfléchis à ceci, qu'il fallait
+être plus astucieux que l'astuce même, de telle sorte que l'homme, s'il
+devait aller, cette nuit, dans la chambre de Mlle Stangerson, ne se
+doutât point une seconde qu'on pouvait soupçonner sa venue. Certes!
+l'empêcher de pénétrer, même par la mort, mais le laisser avancer
+suffisamment pour que, <i>mort ou vivant, on pût voir nettement
+sa figure!</i> Car il fallait en finir, il <i>fallait libérer Mlle
+Stangerson de cet assassinat latent!</i></p>
+
+<p>«Oui, mon ami, déclara Rouletabille, après avoir posé sa pipe sur la
+table et vidé son verre, il faut que je voie, d'une façon bien
+distincte, sa figure, <i>histoire d'être sûr qu'elle entre dans le
+cercle que j'ai tracé avec le bon bout de ma raison</i>.»</p>
+
+<p>À ce moment, apportant l'omelette au lard traditionnelle, l'hôtesse fit
+sa réapparition. Rouletabille lutina un peu Mme Mathieu et celle-ci se
+montra de l'humeur la plus charmante.</p>
+
+<p>«Elle est beaucoup plus gaie, me dit-il, quand le père Mathieu est cloué
+au lit par ses rhumatismes que lorsque le père Mathieu est ingambe!»</p>
+
+<p>Mais je n'étais ni aux jeux de Rouletabille, ni aux sourires de
+l'hôtesse; j'étais tout entier aux dernières paroles de mon jeune ami et
+à l'étrange démarche de M. Robert Darzac.</p>
+
+<p>Quand il eut fini son omelette et que nous fûmes seuls à nouveau,
+Rouletabille reprit le cours de ses confidences:</p>
+
+<p>«Quand je vous ai envoyé ma dépêche ce matin, à la première heure, j'en
+étais resté, me dit-il, à la parole de M. Darzac: «L'assassin viendra
+«peut-être» la nuit prochaine.» Maintenant, je peux vous dire qu'il
+viendra «sûrement». Oui, je l'attends.</p>
+
+<p>&mdash;Et qu'est-ce qui vous a donné cette certitude? Ne serait-ce point par
+hasard&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Taisez-vous, m'interrompit en souriant Rouletabille, taisez-vous,
+vous allez dire une bêtise. Je suis sûr que l'assassin viendra
+<i>depuis ce matin, dix heures et demie</i>, c'est-à-dire avant
+votre arrivée, et par conséquent <i>avant que nous n'ayons aperçu Arthur
+Rance à la fenêtre de la cour d'honneur&hellip;</i></p>
+
+<p>&mdash;Ah! ah! fis-je&hellip; vraiment&hellip; mais encore, pourquoi en étiez-vous sûr
+dès dix heures et demie?</p>
+
+<p>&mdash;Parce que, à dix heures et demie, j'ai eu la preuve que Mlle
+Stangerson faisait autant d'efforts pour permettre à l'assassin de
+pénétrer dans sa chambre, cette nuit, que M. Robert Darzac avait pris,
+en s'adressant à moi, de précautions pour qu'il n'y entrât pas&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Oh! oh! m'écriai-je, est-ce bien possible!&hellip;»</p>
+
+<p>Et plus bas:</p>
+
+<p>«Ne m'avez-vous pas dit que Mlle Stangerson adorait M. Robert Darzac?</p>
+
+<p>&mdash;Je vous l'ai dit parce que c'est la vérité!</p>
+
+<p>&mdash;Alors, vous ne trouvez pas bizarre&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Tout est bizarre, dans cette affaire, mon ami, mais croyez bien que le
+bizarre que vous, vous connaissez n'est rien à côté du bizarre qui vous
+attend!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Il faudrait admettre, dis-je encore, que Mlle Stangerson «et son
+assassin» aient entre eux des relations au moins épistolaires?</p>
+
+<p>&mdash;Admettez-le! mon ami, admettez-le!&hellip; Vous ne risquez rien!&hellip; Je
+vous ai rapporté l'histoire de la lettre sur la table de Mlle
+Stangerson, lettre laissée par l'assassin la nuit de la «galerie
+inexplicable», lettre disparue&hellip; dans la poche de Mlle Stangerson&hellip;
+Qui pourrait prétendre que, «dans cette lettre, l'assassin ne sommait
+pas Mlle Stangerson de lui donner un prochain rendez-vous effectif», et
+enfin qu'il n'a pas fait savoir à Mlle Stangerson, «aussitôt qu'il a été
+sûr du départ de M. Darzac», que ce rendez-vous devait être pour la nuit
+qui vient?»</p>
+
+<p>Et mon ami ricana silencieusement. Il y avait des moments où je me
+demandais s'il ne se payait point ma tête.</p>
+
+<p>La porte de l'auberge s'ouvrit. Rouletabille fut debout, si subitement,
+qu'on eût pu croire qu'il venait de subir sur son siège une décharge
+électrique.</p>
+
+<p>«Mr Arthur Rance!» s'écria-t-il.</p>
+
+<p>M. Arthur Rance était devant nous, et, flegmatiquement, saluait.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch20">XX<br />
+Un geste de Mlle Stangerson</h2>
+
+
+<p>«Vous me reconnaissez, monsieur? demanda Rouletabille au gentleman.</p>
+
+<p>&mdash;Parfaitement, répondit Arthur Rance. J'ai reconnu en vous le petit
+garçon du buffet. (Visage cramoisi de colère de Rouletabille à ce titre
+de petit garçon.) Et je suis descendu de ma chambre pour venir vous
+serrer la main. Vous êtes un joyeux petit garçon.»</p>
+
+<p>Main tendue de l'américain; Rouletabille se déride, serre la main en
+riant, me présente, présente Mr Arthur-William Rance, l'invite à
+partager notre repas.</p>
+
+<p>«Non, merci. Je déjeune avec M. Stangerson.»</p>
+
+<p>Arthur Rance parle parfaitement notre langue, presque sans accent.</p>
+
+<p>«Je croyais, monsieur, ne plus avoir le plaisir de vous revoir; ne
+deviez-vous pas quitter notre pays le lendemain ou le surlendemain de la
+réception à l'Élysée?»</p>
+
+<p>Rouletabille et moi, en apparence indifférents à cette conversation de
+rencontre, prêtons une oreille fort attentive à chaque parole de
+l'Américain.</p>
+
+<p>La face rose violacée de l'homme, ses paupières lourdes, certains tics
+nerveux, tout démontre, tout prouve l'alcoolique. Comment ce triste
+individu est-il le commensal de M. Stangerson? Comment peut-il être
+intime avec l'illustre professeur?</p>
+
+<p>Je devais apprendre, quelques jours plus tard, de Frédéric
+Larsan&mdash;lequel avait, comme nous, été surpris et intrigué par la
+présence de l'Américain au château, et s'était documenté&mdash;que M. Rance
+n'était devenu alcoolique que depuis une quinzaine d'années,
+c'est-à-dire depuis le départ de Philadelphie du professeur et de sa
+fille. À l'époque où les Stangerson habitaient l'Amérique, ils avaient
+connu et beaucoup fréquenté Arthur Rance, qui était un des phrénologues
+les plus distingués du Nouveau Monde. Il avait su, grâce à des
+expériences nouvelles et ingénieuses, faire franchir un pas immense à la
+science de Gall et de Lavater. Enfin, il faut retenir à l'actif d'Arthur
+Rance et pour l'explication de cette intimité avec laquelle il était
+reçu au Glandier, que le savant américain avait rendu un jour un grand
+service à Mlle Stangerson, en arrêtant, au péril de sa vie, les chevaux
+emballés de sa voiture. Il était même probable qu'à la suite de cet
+événement une certaine amitié avait lié momentanément Arthur Rance et la
+fille du professeur; mais rien ne faisait supposer, dans tout ceci, la
+moindre histoire d'amour.</p>
+
+<p>Où Frédéric Larsan avait-il puisé ses renseignements? Il ne me le dit
+point; mais il paraissait à peu près sûr de ce qu'il avançait.</p>
+
+<p>Si, au moment où Arthur Rance nous vint rejoindre à l'auberge du
+«Donjon», nous avions connu ces détails, il est probable que sa présence
+au château nous eût moins intrigués, mais ils n'auraient fait, en tout
+cas, «qu'augmenter l'intérêt» que nous portions à ce nouveau personnage.
+L'américain devait avoir dans les quarante-cinq ans. Il répondit d'une
+façon très naturelle à la question de Rouletabille:</p>
+
+<p>«Quand j'ai appris l'attentat, j'ai retardé mon retour en Amérique; je
+voulais m'assurer, avant de partir, que Mlle Stangerson n'était point
+mortellement atteinte, et je ne m'en irai que lorsqu'elle sera tout à
+fait rétablie.»</p>
+
+<p>Arthur Rance prit alors la direction de la conversation, évitant de
+répondre à certaines questions de Rouletabille, nous faisant part, sans
+que nous l'y invitions, de ses idées personnelles sur le drame, idées
+qui n'étaient point éloignées, à ce que j'ai pu comprendre, des idées de
+Frédéric Larsan lui-même, c'est-à-dire que l'Américain pensait, lui
+aussi, que M. Robert Darzac «devait être pour quelque chose dans
+l'affaire». Il ne le nomma point, mais il ne fallait point être grand
+clerc pour saisir ce qui était au fond de son argumentation. Il nous dit
+qu'il connaissait les efforts faits par le jeune Rouletabille pour
+arriver à démêler l'écheveau embrouillé du drame de la «Chambre Jaune».
+Il nous rapporta que M. Stangerson l'avait mis au courant des événements
+qui s'étaient déroulés dans la «galerie inexplicable». On devinait, en
+écoutant Arthur Rance, qu'il expliquait tout par Robert Darzac. À
+plusieurs reprises, il regretta que M. Darzac fût «justement absent du
+château» quand il s'y passait d'aussi mystérieux drames, et nous sûmes
+ce que parler veut dire. Enfin, il émit cette opinion que M. Darzac
+avait été «très bien inspiré, très habile», en installant lui-même sur
+les lieux M. Joseph Rouletabille, qui ne manquerait point&mdash;un jour ou
+l'autre&mdash;de découvrir l'assassin. Il prononça cette dernière phrase avec
+une ironie visible, se leva, nous salua, et sortit.</p>
+
+<p>Rouletabille, à travers la fenêtre, le regarda s'éloigner et dit:</p>
+
+<p>«Drôle de corps!»</p>
+
+<p>Je lui demandai:</p>
+
+<p>«Croyez-vous qu'il passera la nuit au Glandier?»</p>
+
+<p>À ma stupéfaction, le jeune reporter répondit «que cela lui était tout à
+fait indifférent».</p>
+
+<p>Je passerai sur l'emploi de notre après-midi. Qu'il vous suffise de
+savoir que nous allâmes nous promener dans les bois, que Rouletabille me
+conduisit à la grotte de Sainte-Geneviève et que, tout ce temps, mon ami
+affecta de me parler de toute autre chose que de ce qui le préoccupait.
+Ainsi le soir arriva. J'étais tout étonné de voir le reporter ne prendre
+aucune de ces dispositions auxquelles je m'attendais. Je lui en fis la
+remarque, quand, la nuit venue, nous nous trouvâmes dans sa chambre. Il
+me répondit que toutes ses dispositions étaient déjà prises et que
+l'assassin ne pouvait, cette fois, lui échapper. Comme j'émettais
+quelque doute, lui rappelant la disparition de l'homme dans la galerie,
+et faisant entendre que le même fait pourrait se renouveler, il
+répliqua: «Qu'il l'espérait bien, et que c'est tout ce qu'il désirait
+cette nuit-là.» Je n'insistai point, sachant par expérience combien mon
+insistance eût été vaine et déplacée. Il me confia que, depuis le
+commencement du jour, par son soin et ceux des concierges, le château
+était surveillé de telle sorte que personne ne pût en approcher sans
+qu'il en fût averti; et que, dans le cas où personne ne viendrait du
+dehors, il était bien tranquille sur tout ce qui pouvait concerner «ceux
+du dedans».</p>
+
+<p>Il était alors six heures et demie, à la montre qu'il tira de son
+gousset; il se leva, me fit signe de le suivre et, sans prendre aucune
+précaution, sans essayer même d'atténuer le bruit de ses pas, sans me
+recommander le silence, il me conduisit à travers la galerie; nous
+atteignîmes la galerie droite, et nous la suivîmes jusqu'au palier de
+l'escalier que nous traversâmes. Nous avons alors continué notre marche
+dans la galerie, «aile gauche», passant devant l'appartement du
+professeur Stangerson. À l'extrémité de cette galerie, avant d'arriver
+au donjon, se trouvait une pièce qui était la chambre occupée par Arthur
+Rance. Nous savions cela parce que nous avions vu, à midi, l'Américain à
+la fenêtre de cette chambre qui donnait sur la cour d'honneur. La porte
+de cette chambre était dans le travers de la galerie, puisque la chambre
+barrait et terminait la galerie de ce côté. En somme, la porte de cette
+chambre était juste en face de la fenêtre «est» qui se trouvait à
+l'extrémité de l'autre galerie droite, aile droite, là où, précédemment,
+Rouletabille avait placé le père Jacques. Quand on tournait le dos à
+cette porte, c'est-à-dire quand on sortait de cette chambre, «on voyait
+toute la galerie» en enfilade: aile gauche, palier et aile droite. Il
+n'y avait, naturellement, que la galerie tournante de l'aile droite que
+l'on ne voyait point.</p>
+
+<p>«Cette galerie tournante, dit Rouletabille, je me la réserve. Vous,
+quand je vous en prierai, vous viendrez vous installer ici.»</p>
+
+<p>Et il me fit entrer dans un petit cabinet noir triangulaire, pris sur la
+galerie et situé de biais à gauche de la porte de la chambre d'Arthur
+Rance. De ce recoin, je pouvais voir tout ce qui se passait dans la
+galerie aussi facilement que si j'avais été devant la porte d'Arthur
+Rance et je pouvais également surveiller la porte même de l'Américain.
+La porte de ce cabinet, qui devait être mon lieu d'observation, était
+garnie de carreaux non dépolis. Il faisait clair dans la galerie où
+toutes les lampes étaient allumées; il faisait noir dans le cabinet.
+C'était là un poste de choix pour un espion.</p>
+
+<p>Car que faisais-je, là, sinon un métier d'espion? de bas policier? J'y
+répugnais certainement; et, outre mes instincts naturels, n'y avait-il
+pas la dignité de ma profession qui s'opposait à un pareil avatar? En
+vérité, si mon bâtonnier me voyait! si l'on apprenait ma conduite, au
+Palais, que dirait le Conseil de l'Ordre? Rouletabille, lui, ne
+soupçonnait même pas qu'il pouvait me venir à l'idée de lui refuser le
+service qu'il me demandait, et, de fait, je ne le lui refusai point:
+d'abord parce que j'eusse craint de passer à ses yeux pour un lâche;
+ensuite parce que je réfléchis que je pouvais toujours prétendre qu'il
+m'était loisible de chercher partout la vérité en amateur; enfin, parce
+qu'il était trop tard pour me tirer de là. Que n'avais-je eu ces
+scrupules plus tôt? Pourquoi ne les avais-je pas eus? Parce que ma
+curiosité était plus forte que tout. Encore, je pouvais dire que
+j'allais contribuer à sauver la vie d'une femme; et il n'est point de
+règlements professionnels qui puissent interdire un aussi généreux
+dessein.</p>
+
+<p>Nous revînmes à travers la galerie. Comme nous arrivions en face de
+l'appartement de Mlle Stangerson, la porte du salon s'ouvrit, poussée
+par le maître d'hôtel qui faisait le service du dîner (M. Stangerson
+dînait avec sa fille dans le salon du premier étage, depuis trois
+jours), et, comme la porte était restée entrouverte, nous vîmes
+parfaitement Mlle Stangerson qui, profitant de l'absence du domestique
+et de ce que son père était baissé, ramassant un objet qu'elle venait de
+faire tomber, «versait hâtivement le contenu d'une fiole dans le verre
+de M. Stangerson».</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch21">XXI<br />
+À l'affût</h2>
+
+
+<p>Ce geste, qui me bouleversa, ne parut point émouvoir extrêmement
+Rouletabille. Nous nous retrouvâmes dans sa chambre, et, ne me parlant
+même point de la scène que nous venions de surprendre, il me donna ses
+dernières instructions pour la nuit. Nous allions d'abord dîner. Après
+dîner, je devais entrer dans le cabinet noir et, là, j'attendrais tout
+le temps qu'il faudrait «pour voir quelque chose».</p>
+
+<p>«Si vous «voyez» avant moi, m'expliqua mon ami, il faudra m'avertir.
+Vous verrez avant moi si l'homme arrive dans la galerie droite par tout
+autre chemin que la galerie tournante, puisque vous découvrez toute la
+galerie droite et que moi je ne puis voir que la galerie tournante. Pour
+m'avertir, vous n'aurez qu'à dénouer l'embrasse du rideau de la fenêtre
+de la galerie droite qui se trouve la plus proche du cabinet noir. Le
+rideau tombera de lui-même, voilant la fenêtre et faisant immédiatement
+un carré d'ombre là où il y avait un carré de lumière, puisque la
+galerie est éclairée. Pour faire ce geste, vous n'avez qu'à allonger la
+main hors du cabinet noir. Moi, dans la galerie tournante qui fait angle
+droit avec la galerie droite, j'aperçois, par les fenêtres de la galerie
+tournante, tous les carrés de lumière que font les fenêtres de la
+galerie droite. Quand le carré lumineux qui nous occupe deviendra
+obscur, je saurai ce que cela veut dire.</p>
+
+<p>&mdash;Et alors?</p>
+
+<p>&mdash;Alors, vous me verrez apparaître au coin de la galerie tournante.</p>
+
+<p>&mdash;Et qu'est-ce que je ferai?</p>
+
+<p>&mdash;Vous marcherez aussitôt vers moi, derrière l'homme, mais je serai déjà
+sur <i>l'homme et j'aurai vu si sa figure entre dans mon cercle&hellip;</i></p>
+
+<p>&mdash;Celui qui est «tracé par le bon bout de la raison», terminai-je en
+esquissant un sourire.</p>
+
+<p>&mdash;Pourquoi souriez-vous? C'est bien inutile&hellip; Enfin, profitez, pour
+vous réjouir, des quelques instants qui vous restent, car je vous jure
+que tout à l'heure vous n'en aurez plus l'occasion.</p>
+
+<p>&mdash;Et si l'homme échappe?</p>
+
+<p>&mdash;<i>Tant mieux!</i> fit flegmatiquement Rouletabille. Je ne tiens pas à
+le prendre; il pourra s'échapper en dégringolant l'escalier et par le
+vestibule du rez-de-chaussée&hellip; et cela avant que vous n'ayez atteint le
+palier, puisque vous êtes au fond de la galerie. Moi, je le laisserai
+partir <i>après avoir vu sa figure</i>. C'est tout ce qu'il me faut:
+voir sa figure. Je saurai bien m'arranger ensuite pour qu'il soit mort
+pour Mlle Stangerson, <i>même s'il reste vivant</i>. Si je le prends
+vivant, Mlle Stangerson et M. Robert Darzac ne me le pardonneront
+peut-être jamais! Et je tiens à leur estime; ce sont de braves gens.
+Quand je vois Mlle Stangerson verser un narcotique dans le verre de son
+père, pour que son père, cette nuit, ne soit pas réveillé par la
+conversation qu'elle doit <i>avoir avec son assassin</i>, vous
+devez comprendre que sa reconnaissance pour moi aurait des limites si
+j'amenais à son père, <i>les poings liés et la bouche
+ouverte</i>, l'homme de la «Chambre Jaune» et de la «galerie
+inexplicable»! C'est peut-être un grand bonheur que, la nuit de la
+«galerie inexplicable», l'homme se soit évanoui comme par enchantement!
+Je l'ai compris cette nuit-là à la physionomie soudain rayonnante de
+Mlle Stangerson quand elle eut appris <i>qu'il avait échappé</i>. Et
+j'ai compris que, pour sauver la malheureuse, il fallait moins prendre
+l'homme que le rendre muet, de quelque façon que ce fut. Mais tuer un
+homme! tuer un homme! ce n'est pas une petite affaire. Et puis, ça ne me
+regarde pas&hellip; à moins qu'il ne m'en donne l'occasion!&hellip; D'un autre
+côté, le rendre muet sans que la dame me fasse de confidences&hellip; c'est
+une besogne qui consiste d'abord à deviner tout avec rien!&hellip;
+Heureusement, mon ami, j'ai deviné&hellip; ou plutôt non, j'ai raisonné&hellip; et
+je ne demande à l'homme de ce soir de ne m'apporter que la figure
+sensible qui doit entrer&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Dans le cercle&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Parfaitement, et sa figure ne me surprendra pas!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Mais je croyais que vous aviez déjà vu sa figure, le soir où vous avez
+sauté dans la chambre&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Mal&hellip; la bougie était par terre&hellip; et puis, toute cette barbe&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Ce soir, il n'en aura donc plus?</p>
+
+<p>&mdash;Je crois pouvoir affirmer qu'il en aura&hellip; Mais la galerie est claire,
+et puis, maintenant, je sais&hellip; ou du moins mon cerveau sait&hellip; alors
+mes yeux verront&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;S'il ne s'agit que de le voir et de le laisser échapper&hellip; pourquoi
+nous être armés?</p>
+
+<p>&mdash;Parce que, mon cher, <i>si l'homme de la «Chambre Jaune» et de la
+«galerie inexplicable» sait que je sais, il est capable de tout!</i>
+Alors, il faudra nous défendre.</p>
+
+<p>&mdash;Et vous êtes sûr qu'il viendra ce soir?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Aussi sûr que vous êtes là!&hellip; Mlle Stangerson, à dix heures et
+demie, ce matin, le plus habilement du monde, s'est arrangée pour être
+sans gardes-malades cette nuit; elle leur a donné congé pour
+vingt-quatre heures, sous des prétextes plausibles, et n'a voulu, pour
+veiller auprès d'elle, pendant leur absence, que son cher père, qui
+couchera dans le boudoir de sa fille et qui accepte cette nouvelle
+fonction avec une joie reconnaissante. La coïncidence du départ de M.
+Darzac (après les paroles qu'il m'a dites) et des précautions
+exceptionnelles de Mlle Stangerson, pour faire autour d'elle de la
+solitude, ne permet aucun doute. La venue de l'assassin, que Darzac
+redoute, <i>Mlle Stangerson la prépare!</i></p>
+
+<p>&mdash;C'est effroyable!</p>
+
+<p>&mdash;Oui.</p>
+
+<p>&mdash;Et le geste que nous lui avons vu faire, c'est le geste qui va
+endormir son père?</p>
+
+<p>&mdash;Oui.</p>
+
+<p>&mdash;En somme, pour l'affaire de cette nuit, nous ne sommes que deux?</p>
+
+<p>&mdash;Quatre; le concierge et sa femme veillent à tout hasard&hellip; Je crois
+leur veille inutile, «avant»&hellip; Mais le concierge pourra m'être utile
+«après, si on tue»!</p>
+
+<p>&mdash;Vous croyez donc qu'on va tuer?</p>
+
+<p>&mdash;<i>On tuera s'il le veut!</i></p>
+
+<p>&mdash;Pourquoi n'avoir pas averti le père Jacques? Vous ne vous servez plus
+de lui, aujourd'hui?</p>
+
+<p>&mdash;Non», me répondit Rouletabille d'un ton brusque.</p>
+
+<p>Je gardai quelque temps le silence; puis, désireux de connaître le fond
+de la pensée de Rouletabille, je lui demandai à brûle-pourpoint:</p>
+
+<p>«Pourquoi ne pas avertir Arthur Rance? Il pourrait nous être d'un grand
+secours&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Ah ça! fit Rouletabille avec méchante humeur&hellip; Vous voulez donc
+mettre tout le monde dans les secrets de Mlle Stangerson!&hellip; Allons
+dîner&hellip; c'est l'heure&hellip; Ce soir nous dînons chez Frédéric Larsan&hellip; à
+moins qu'il ne soit encore pendu aux trousses de Robert Darzac&hellip; Il ne
+le lâche pas d'une semelle. Mais, bah! s'il n'est pas là en ce moment,
+je suis bien sûr qu'il sera là cette nuit!&hellip; En voilà un que je vais
+rouler!»</p>
+
+<p>À ce moment, nous entendîmes du bruit dans la chambre à côté.</p>
+
+<p>«Ce doit être lui, dit Rouletabille.</p>
+
+<p>&mdash;J'oubliais de vous demander, fis-je: quand nous serons devant le
+policier, pas une allusion à l'expédition de cette nuit, n'est-ce pas?</p>
+
+<p>&mdash;Évidemment; nous opérons seuls, <i>pour notre compte personnel</i>.</p>
+
+<p>&mdash;Et toute la gloire sera pour nous?»</p>
+
+<p>Rouletabille, ricanant, ajouta:</p>
+
+<p>«Tu l'as dit, bouffi!»</p>
+
+<p>Nous dînâmes avec Frédéric Larsan, dans sa chambre. Nous le trouvâmes
+chez lui&hellip; Il nous dit qu'il venait d'arriver et nous invita à nous
+mettre à table. Le dîner se passa dans la meilleure humeur du monde, et
+je n'eus point de peine à comprendre qu'il fallait l'attribuer à la
+quasi-certitude où Rouletabille et Frédéric Larsan, l'un et l'autre, et
+chacun de son côté, étaient de tenir enfin la vérité. Rouletabille
+confia au grand Fred que j'étais venu le voir de mon propre mouvement et
+qu'il m'avait retenu pour que je l'aidasse dans un grand travail qu'il
+devait livrer, cette nuit même, à <i>L'Époque</i>. Je devais repartir,
+dit-il, pour Paris, par le train d'onze heures, emportant sa «copie»,
+qui était une sorte de feuilleton où le jeune reporter retraçait les
+principaux épisodes des mystères du Glandier. Larsan sourit à cette
+explication comme un homme qui n'en est point dupe, mais qui se garde,
+par politesse, d'émettre la moindre réflexion sur des choses qui ne le
+regardent pas. Avec mille précautions dans le langage et jusque dans les
+intonations, Larsan et Rouletabille s'entretinrent assez longtemps de la
+présence au château de M. Arthur-W. Rance, de son passé en Amérique
+qu'ils eussent voulu connaître mieux, du moins quant aux relations qu'il
+avait eues avec les Stangerson. À un moment, Larsan, qui me parut
+soudain souffrant, dit avec effort:</p>
+
+<p>«Je crois, monsieur Rouletabille, que nous n'avons plus grand'chose à
+faire au Glandier, et m'est avis que nous n'y coucherons plus de
+nombreux soirs.</p>
+
+<p>&mdash;C'est aussi mon avis, monsieur Fred.</p>
+
+<p>&mdash;Vous croyez donc, mon ami, que <i>l'affaire est finie?</i></p>
+
+<p>&mdash;Je crois, en effet, qu'elle est finie et qu'elle n'a plus rien à nous
+apprendre, répliqua Rouletabille.</p>
+
+<p>&mdash;Avez-vous un coupable? demanda Larsan.</p>
+
+<p>&mdash;Et vous?</p>
+
+<p>&mdash;Oui.</p>
+
+<p>&mdash;Moi aussi, dit Rouletabille.</p>
+
+<p>&mdash;Serait-ce le même?</p>
+
+<p>&mdash;Je ne crois pas, <i>si vous n'avez pas changé d'idée</i>», dit le
+jeune reporter.</p>
+
+<p>Et il ajouta avec force:</p>
+
+<p>«M. Darzac est un honnête homme!</p>
+
+<p>&mdash;Vous en êtes sûr? demanda Larsan. Eh bien, moi, je suis sûr du
+contraire&hellip; C'est donc la bataille?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, la bataille. Et je vous battrai, monsieur Frédéric Larsan.</p>
+
+<p>&mdash;La jeunesse ne doute de rien», termina le grand Fred en riant et en me
+serrant la main.</p>
+
+<p>Rouletabille répondit comme un écho:</p>
+
+<p>«De rien!»</p>
+
+<p>Mais soudain, Larsan, qui s'était levé pour nous souhaiter le bonsoir,
+porta les deux mains à sa poitrine et trébucha. Il dut s'appuyer à
+Rouletabille pour ne pas tomber. Il était devenu extrêmement pâle.</p>
+
+<p>«Oh! oh! fit-il, qu'est-ce que j'ai là? Est-ce que je serais
+empoisonné?»</p>
+
+<p>Et il nous regardait d'un &oelig;il hagard&hellip; En vain, nous l'interrogions,
+il ne nous répondait plus&hellip; Il s'était affaissé dans un fauteuil et
+nous ne pûmes en tirer un mot. Nous étions extrêmement inquiets, et
+pour lui, et pour nous, car nous avions mangé de tous les plats auxquels
+avait touché Frédéric Larsan. Nous nous empressions autour de lui.
+Maintenant, il ne semblait plus souffrir, mais sa tête lourde avait
+roulé sur son épaule et ses paupières appesanties nous cachaient son
+regard. Rouletabille se pencha sur sa poitrine et ausculta son
+c&oelig;ur&hellip;</p>
+
+<p>Quand il se releva, mon ami avait une figure aussi calme que je la lui
+avais vue tout à l'heure bouleversée. Il me dit:</p>
+
+<p>«Il dort!»</p>
+
+<p>Et il m'entraîna dans sa chambre, après avoir refermé la porte de la
+chambre de Larsan.</p>
+
+<p>«Le narcotique? demandai-je&hellip; Mlle Stangerson veut donc endormir tout
+le monde, ce soir?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Peut-être&hellip; me répondit Rouletabille en songeant à autre chose.</p>
+
+<p>&mdash;Mais nous!&hellip; nous! exclamai-je. Qui me dit que nous n'avons pas
+avalé un pareil narcotique?</p>
+
+<p>&mdash;Vous sentez-vous indisposé? me demanda Rouletabille avec sang-froid.</p>
+
+<p>&mdash;Non, aucunement!</p>
+
+<p>&mdash;Avez-vous envie de dormir?</p>
+
+<p>&mdash;En aucune façon&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Eh bien, mon ami, fumez cet excellent cigare.»</p>
+
+<p>Et il me passa un havane de premier choix que M. Darzac lui avait
+offert; quant à lui, il alluma sa bouffarde, son éternelle bouffarde.</p>
+
+<p>Nous restâmes ainsi dans cette chambre jusqu'à dix heures, sans qu'un
+mot fût prononcé. Plongé dans un fauteuil, Rouletabille fumait sans
+discontinuer, le front soucieux et le regard lointain. À dix heures, il
+se déchaussa, me fit un signe et je compris que je devais, comme lui,
+retirer mes chaussures. Quand nous fûmes sur nos chaussettes,
+Rouletabille dit, si bas que je devinai plutôt le mot que je ne
+l'entendis:</p>
+
+<p>«Revolver!»</p>
+
+<p>Je sortis mon revolver de la poche de mon veston.</p>
+
+<p>«Armez! fit-il encore.</p>
+
+<p>J'armai.</p>
+
+<p>Alors il se dirigea vers la porte de sa chambre, l'ouvrit avec des
+précautions infinies; la porte ne cria pas. Nous fûmes dans la galerie
+tournante. Rouletabille me fit un nouveau signe. Je compris que je
+devais prendre mon poste dans le cabinet noir. Comme je m'éloignais déjà
+de lui, Rouletabille me rejoignit «et m'embrassa», et puis je vis
+qu'avec les mêmes précautions il retournait dans sa chambre. Étonné de
+ce baiser et un peu inquiet, j'arrivai dans la galerie droite que je
+longeai sans encombre; je traversai le palier et continuai mon chemin
+dans la galerie, aile gauche, jusqu'au cabinet noir. Avant d'entrer dans
+le cabinet noir, je regardai de près l'embrasse du rideau de la
+fenêtre&hellip; Je n'avais, en effet, qu'à la toucher du doigt pour que le
+lourd rideau retombât d'un seul coup, «cachant à Rouletabille le carré
+de lumière»: signal convenu. Le bruit d'un pas m'arrêta devant la porte
+d'Arthur Rance. «Il n'était donc pas encore couché!» Mais comment
+était-il encore au château, n'ayant pas dîné avec M. Stangerson et sa
+fille? Du moins, je ne l'avais pas vu à table, dans le moment que nous
+avions saisi le geste de Mlle Stangerson.</p>
+
+<p>Je me retirai dans mon cabinet noir. Je m'y trouvais parfaitement. Je
+voyais toute la galerie en enfilade, galerie éclairée comme en plein
+jour. Évidemment, rien de ce qui allait s'y passer ne pouvait
+m'échapper. Mais qu'est-ce qui allait s'y passer? Peut-être quelque
+chose de très grave. Nouveau souvenir inquiétant du baiser de
+Rouletabille. On n'embrasse ainsi ses amis que dans les grandes
+occasions ou quand ils vont courir un danger! Je courais donc un danger?</p>
+
+<p>Mon poing se crispa sur la crosse de mon revolver, et j'attendis. Je ne
+suis pas un héros, mais je ne suis pas un lâche.</p>
+
+<p>J'attendis une heure environ; pendant cette heure je ne remarquai rien
+d'anormal. Dehors, la pluie, qui s'était mise à tomber violemment vers
+neuf heures du soir, avait cessé.</p>
+
+<p>Mon ami m'avait dit que rien ne se passerait probablement avant minuit
+ou une heure du matin. Cependant il n'était pas plus d'onze heures et
+demie quand la porte de la chambre d'Arthur Rance s'ouvrit. J'en
+entendis le faible grincement sur ses gonds. On eût dit qu'elle était
+poussée de l'intérieur avec la plus grande précaution. La porte resta
+ouverte un instant qui me parut très long. Comme cette porte était
+ouverte, dans la galerie, c'est-à-dire poussée hors la chambre, je ne
+pus voir, ni ce qui se passait dans la chambre, ni ce qui se passait
+derrière la porte. À ce moment, je remarquai un bruit bizarre qui se
+répétait pour la troisième fois, qui venait du parc, et auquel je
+n'avais pas attaché plus d'importance qu'on n'a coutume d'en attacher au
+miaulement des chats qui errent, la nuit, sur les gouttières. Mais,
+cette troisième fois, le miaulement était si pur et si «spécial» que je
+me rappelai ce que j'avais entendu raconter du cri de la «Bête du Bon
+Dieu». Comme ce cri avait accompagné, jusqu'à ce jour, tous les drames
+qui s'étaient déroulés au Glandier, je ne pus m'empêcher, à cette
+réflexion, d'avoir un frisson. Aussitôt je vis apparaître, au delà de la
+porte, et refermant la porte, un homme. Je ne pus d'abord le
+reconnaître, car il me tournait le dos et il était penché sur un ballot
+assez volumineux. L'homme, ayant refermé la porte, et portant le ballot,
+se retourna vers le cabinet noir, et alors je vis qui il était. Celui
+qui sortait, à cette heure, de la chambre d'Arthur Rance «était le
+garde». C'était «l'homme vert». Il avait ce costume que je lui avais vu
+sur la route, en face de l'auberge du «Donjon», le premier jour où
+j'étais venu au Glandier, et qu'il portait encore le matin même quand,
+sortant du château, nous l'avions rencontré, Rouletabille et moi. Aucun
+doute, c'était le garde. Je le vis fort distinctement. Il avait une
+figure qui me parut exprimer une certaine anxiété. Comme le cri de la
+«Bête du Bon Dieu» retentissait au dehors pour la quatrième fois, il
+déposa son ballot dans la galerie et s'approcha de la seconde fenêtre,
+en comptant les fenêtres à partir du cabinet noir. Je ne risquai aucun
+mouvement, car je craignais de trahir ma présence.</p>
+
+<p>Quand il fut à cette fenêtre, il colla son front contre les vitraux
+dépolis, et regarda la nuit du parc. Il resta là une demi-minute. La
+nuit était claire, par intermittences, illuminée par une lune éclatante
+qui, soudain, disparaissait sous un gros nuage. «L'homme vert» leva le
+bras à deux reprises, fit des signes que je ne comprenais point; puis,
+s'éloignant de la fenêtre, reprit son ballot et se dirigea, suivant la
+galerie, vers le palier.</p>
+
+<p>Rouletabille m'avait dit: «Quand vous verrez quelque chose, dénouez
+l'embrasse.» Je voyais quelque chose. Était-ce cette chose que
+Rouletabille attendait? Ceci n'était point mon affaire et je n'avais
+qu'à exécuter la consigne qui m'avait été donnée. Je dénouai l'embrasse.
+Mon c&oelig;ur battait à se rompre. L'homme atteignit le palier, mais à ma
+grande stupéfaction, comme je m'attendais à le voir continuer son chemin
+dans la galerie, aile droite, je l'aperçus qui descendait l'escalier
+conduisant au vestibule.</p>
+
+<p>Que faire? Stupidement, je regardais le lourd rideau qui était retombé
+sur la fenêtre. Le signal avait été donné, et je ne voyais pas
+apparaître Rouletabille au coin de la galerie tournante. Rien ne vint;
+personne n'apparut. J'étais perplexe. Une demi-heure s'écoula qui me
+parut un siècle. «Que faire maintenant, même si je voyais autre chose?»
+Le signal avait été donné, je ne pouvais le donner une seconde fois&hellip;
+D'un autre côté, m'aventurer dans la galerie en ce moment pouvait
+déranger tous les plans de Rouletabille. Après tout, je n'avais rien à
+me reprocher, et, s'il s'était passé quelque chose que n'attendait point
+mon ami, celui-ci n'avait qu'à s'en prendre à lui-même. Ne pouvant plus
+être d'aucun réel secours d'avertissement pour lui, je risquai le tout
+pour le tout: je sortis du cabinet, et, toujours sur mes chaussettes,
+mesurant mes pas et écoutant le silence, je m'en fus vers la galerie
+tournante.</p>
+
+<p>Personne dans la galerie tournante. J'allai à la porte de la chambre de
+Rouletabille. J'écoutai. Rien. Je frappai bien doucement. Rien. Je
+tournai le bouton, la porte s'ouvrit. J'étais dans la chambre.
+Rouletabille était étendu, tout de son long, sur le parquet.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch22">XXII<br />
+Le cadavre incroyable</h2>
+
+
+<p>Je me penchai, avec une anxiété inexprimable, sur le corps du reporter,
+et j'eus la joie de constater qu'il dormait! Il dormait de ce sommeil
+profond et maladif dont j'avais vu s'endormir Frédéric Larsan. Lui aussi
+était victime du narcotique que l'on avait versé dans nos aliments.
+Comment, moi-même, n'avais-je point subi le même sort! Je réfléchis
+alors que le narcotique avait dû être versé dans notre vin ou dans notre
+eau, car ainsi tout s'expliquait: «je ne bois pas en mangeant.» Doué par
+la nature d'une rotondité prématurée, je suis au régime sec, comme on
+dit. Je secouai avec force Rouletabille, mais je ne parvenais point à
+lui faire ouvrir les yeux. Ce sommeil devait être, à n'en point douter,
+le fait de Mlle Stangerson.</p>
+
+<p>Celle-ci avait certainement pensé que, plus que son père encore, elle
+avait à craindre la veille de ce jeune homme qui prévoyait tout, qui
+savait tout! Je me rappelai que le maître d'hôtel nous avait recommandé,
+en nous servant, un excellent Chablis qui, sans doute, avait passé sur
+la table du professeur et de sa fille.</p>
+
+<p>Plus d'un quart d'heure s'écoula ainsi. Je me résolus, en ces
+circonstances extrêmes, où nous avions tant besoin d'être éveillés, à
+des moyens robustes. Je lançai à la tête de Rouletabille un broc d'eau.
+Il ouvrit les yeux, enfin! de pauvres yeux mornes, sans vie et ni
+regard. Mais n'était-ce pas là une première victoire? Je voulus la
+compléter; j'administrai une paire de gifles sur les joues de
+Rouletabille, et le soulevai. Bonheur! je sentis qu'il se raidissait
+entre mes bras, et je l'entendis qui murmurait: «Continuez, mais ne
+faites pas tant de bruit!&hellip;» Continuer à lui donner des gifles sans
+faire de bruit me parut une entreprise impossible. Je me repris à le
+pincer et à le secouer, et il put tenir sur ses jambes. Nous étions
+sauvés!&hellip;</p>
+
+<p>«On m'a endormi, fit-il&hellip; Ah! J'ai passé un quart d'heure abominable
+avant de céder au sommeil&hellip; Mais maintenant, c'est passé! Ne me quittez
+pas!&hellip;»</p>
+
+<p>Il n'avait pas plus tôt terminé cette phrase que nous eûmes les oreilles
+déchirées par un cri affreux qui retentissait dans le château, un
+véritable cri de la mort&hellip;</p>
+
+<p>«Malheur! hurla Rouletabille&hellip; nous arrivons trop tard!&hellip;»</p>
+
+<p>Et il voulut se précipiter vers la porte; mais il était tout étourdi et
+roula contre la muraille. Moi, j'étais déjà dans la galerie, le revolver
+au poing, courant comme un fou du côté de la chambre de Mlle Stangerson.
+Au moment même où j'arrivais à l'intersection de la galerie tournante et
+de la galerie droite, je vis un individu qui s'échappait de
+l'appartement de Mlle Stangerson et qui, en quelques bonds, atteignit le
+palier.</p>
+
+<p>Je ne fus pas maître de mon geste: je tirai&hellip; le coup de revolver
+retentit dans la galerie avec un fracas assourdissant; mais l'homme,
+continuant ses bonds insensés, dégringolait déjà l'escalier. Je courus
+derrière lui, en criant: «Arrête! arrête! ou je te tue!&hellip;» Comme je me
+précipitais à mon tour dans l'escalier, je vis en face de moi, arrivant
+du fond de la galerie, aile gauche du château, Arthur Rance qui hurlait:
+«Qu'y a-t-il?&hellip; Qu'y a-t-il?&hellip;» Nous arrivâmes presque en même temps
+au bas de l'escalier, Arthur Rance et moi; la fenêtre du vestibule était
+ouverte; nous vîmes distinctement la forme de l'homme qui fuyait;
+instinctivement, nous déchargeâmes nos revolvers dans sa direction;
+l'homme n'était pas à plus de dix mètres devant nous; il trébucha et
+nous crûmes qu'il allait tomber; déjà nous sautions par la fenêtre; mais
+l'homme se reprit à courir avec une vigueur nouvelle; j'étais en
+chaussettes, l'Américain était pieds nus; nous ne pouvions espérer
+l'atteindre «si nos revolvers ne l'atteignaient pas»! Nous tirâmes nos
+dernières cartouches sur lui; il fuyait toujours&hellip; Mais il fuyait du
+côté droit de la cour d'honneur vers l'extrémité de l'aile droite du
+château, dans ce coin entouré de fossés et de hautes grilles d'où il
+allait lui être impossible de s'échapper, dans ce coin qui n'avait
+d'autre issue, «devant nous», que la porte de la petite chambre en
+encorbellement occupée maintenant par le garde.</p>
+
+<p>L'homme, bien qu'il fût inévitablement blessé par nos balles, avait
+maintenant une vingtaine de mètres d'avance. Soudain, derrière nous,
+au-dessus de nos têtes, une fenêtre de la galerie s'ouvrit et nous
+entendîmes la voix de Rouletabille qui clamait, désespérée:</p>
+
+<p>«Tirez, Bernier! Tirez!»</p>
+
+<p>Et la nuit claire, en ce moment, la nuit lunaire, fut encore striée d'un
+éclair.</p>
+
+<p>À la lueur de cet éclair, nous vîmes le père Bernier, debout avec son
+fusil, à la porte du donjon.</p>
+
+<p>Il avait bien visé. «L'ombre tomba.» Mais, comme elle était arrivée à
+l'extrémité de l'aile droite du château, elle tomba de l'autre côté de
+l'angle de la bâtisse; c'est-à-dire que nous vîmes qu'elle tombait, mais
+elle ne s'allongea définitivement par terre que de cet autre côté du mur
+que nous ne pouvions pas voir. Bernier, Arthur Rance et moi, nous
+arrivions de cet autre côté du mur, vingt secondes plus tard. «L'ombre
+était morte à nos pieds.»</p>
+
+<p>Réveillé évidemment de son sommeil léthargique par les clameurs et les
+détonations, Larsan venait d'ouvrir la fenêtre de sa chambre et nous
+criait, comme avait crié Arthur Rance: «Qu'y a-t-il?&hellip; Qu'y a-t-il?&hellip;»</p>
+
+<p>Et nous, nous étions penchés sur l'ombre, sur la mystérieuse ombre morte
+de l'assassin. Rouletabille, tout à fait réveillé maintenant, nous
+rejoignit dans le moment, et je lui criai:</p>
+
+<p>«Il est mort! Il est mort!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Tant mieux, fit-il&hellip; Apportez-le dans le vestibule du château&hellip;</p>
+
+<p>Mais il se reprit:</p>
+
+<p>«Non! non! Déposons-le dans la chambre du garde!&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille frappa à la porte de la chambre du garde&hellip; Personne ne
+répondit de l'intérieur&hellip; ce qui ne m'étonna point, naturellement.</p>
+
+<p>«Évidemment, il n'est pas là, fit le reporter, sans quoi il serait déjà
+sorti!&hellip; Portons donc ce corps dans le vestibule&hellip;»</p>
+
+<p>Depuis que nous étions arrivés sur «l'ombre morte», la nuit s'était
+faite si noire, par suite du passage d'un gros nuage sur la lune, que
+nous ne pouvions que toucher cette ombre sans en distinguer les lignes.
+Et cependant, nos yeux avaient hâte de savoir! Le père Jacques, qui
+arrivait, nous aida à transporter le cadavre jusque dans le vestibule du
+château. Là, nous le déposâmes sur la première marche de l'escalier.
+J'avais senti, sur mes mains, pendant ce trajet, le sang chaud qui
+coulait des blessures&hellip;</p>
+
+<p>Le père Jacques courut aux cuisines et en revint avec une lanterne. Il
+se pencha sur le visage de «l'ombre morte», et nous reconnûmes le garde,
+celui que le patron de l'auberge du «Donjon» appelait «l'homme vert» et
+que, une heure auparavant, j'avais vu sortir de la chambre d'Arthur
+Rance, chargé d'un ballot. Mais, ce que j'avais vu, je ne pouvais le
+rapporter qu'à Rouletabille seul, ce que je fis du reste quelques
+instants plus tard.</p>
+
+<div class="dots"><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.
+</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.
+</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b></div>
+<p>Je ne saurais passer sous silence l'immense stupéfaction&mdash;je dirai même
+le cruel désappointement&mdash;dont firent preuve Joseph Rouletabille et
+Frédéric Larsan, lequel nous avait rejoint dans le vestibule. Ils
+tâtaient le cadavre&hellip; ils regardaient cette figure morte, ce costume
+vert du garde&hellip; et ils répétaient, l'un et l'autre: «Impossible!&hellip;
+c'est impossible!»</p>
+
+<p>Rouletabille s'écria même:</p>
+
+<p>«C'est à jeter sa tête aux chiens!»</p>
+
+<p>Le père Jacques montrait une douleur stupide accompagnée de lamentations
+ridicules. Il affirmait qu'on s'était trompé et que le garde ne pouvait
+être l'assassin de sa maîtresse. Nous dûmes le faire taire. On aurait
+assassiné son fils qu'il n'eût point gémi davantage, et j'expliquai
+cette exagération de bons sentiments par la peur dont il devait être
+hanté que l'on crût qu'il se réjouissait de ce décès dramatique; chacun
+savait, en effet, que le père Jacques détestait le garde. Je constatai
+que seul, de nous tous qui étions fort débraillés ou pieds nus ou en
+chaussettes, le père Jacques était entièrement habillé.</p>
+
+<p>Mais Rouletabille n'avait pas lâché le cadavre; à genoux sur les dalles
+du vestibule, éclairé par la lanterne du père Jacques, il déshabillait
+le corps du garde!&hellip; Il lui mit la poitrine à nu. Elle était
+sanglante.</p>
+
+<p>Et, soudain, prenant, des mains du père Jacques, la lanterne, il en
+projeta les rayons, de tout près, sur la blessure béante. Alors, il se
+releva et dit sur un ton extraordinaire, sur un ton d'une ironie
+sauvage:</p>
+
+<p>«Cet homme que vous croyez avoir tué à coups de revolver et de
+chevrotines est mort d'un coup de couteau au c&oelig;ur!»</p>
+
+<p>Je crus, une fois de plus, que Rouletabille était devenu fou et je me
+penchai à mon tour sur le cadavre. Alors je pus constater qu'en effet le
+corps du garde ne portait aucune blessure provenant d'un projectile, et
+que, seule, la région cardiaque avait été entaillée par une lame aiguë.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch23">XXIII<br />
+La double piste</h2>
+
+
+<p>Je n'étais pas encore revenu de la stupeur que me causait une pareille
+découverte quand mon jeune ami me frappa sur l'épaule et me dit:</p>
+
+<p>«Suivez-moi!</p>
+
+<p>&mdash;Où, lui demandai-je?</p>
+
+<p>&mdash;Dans ma chambre.</p>
+
+<p>&mdash;Qu'allons-nous y faire?</p>
+
+<p>&mdash;Réfléchir.»</p>
+
+<p>J'avouai, quant à moi, que j'étais dans l'impossibilité totale, non
+seulement de réfléchir, mais encore de penser; et, dans cette nuit
+tragique, après des événements dont l'horreur n'était égalée que par
+leur incohérence, je m'expliquais difficilement comment, entre le
+cadavre du garde et Mlle Stangerson peut-être à l'agonie, Joseph
+Rouletabille pouvait avoir la prétention de «réfléchir». C'est ce qu'il
+fit cependant, avec le sang-froid des grands capitaines au milieu des
+batailles. Il poussa sur nous la porte de sa chambre, m'indiqua un
+fauteuil, s'assit posément en face de moi, et, naturellement, alluma sa
+pipe. Je le regardais réfléchir&hellip; et je m'endormis. Quand je me
+réveillai, il faisait jour. Ma montre marquait huit heures. Rouletabille
+n'était plus là. Son fauteuil, en face de moi, était vide. Je me levai
+et commençai de m'étirer les membres quand la porte s'ouvrit et mon ami
+rentra. Je vis tout de suite à sa physionomie que, pendant que je
+dormais, il n'avait point perdu son temps.</p>
+
+<p>«Mlle Stangerson? demandai-je tout de suite.</p>
+
+<p>&mdash;Son état, très alarmant, n'est pas désespéré.</p>
+
+<p>&mdash;Il y a longtemps que vous avez quitté cette chambre?</p>
+
+<p>&mdash;Au premier rayon de l'aube.</p>
+
+<p>&mdash;Vous avez travaillé?</p>
+
+<p>&mdash;Beaucoup.</p>
+
+<p>&mdash;Découvert quoi?</p>
+
+<p>&mdash;Une double empreinte de pas très remarquable «et qui aurait pu me
+gêner&hellip;»</p>
+
+<p>&mdash;Elle ne vous gêne plus?</p>
+
+<p>&mdash;Non.</p>
+
+<p>&mdash;Vous explique-t-elle quelque chose?</p>
+
+<p>&mdash;Oui.</p>
+
+<p>&mdash;Relativement au «cadavre incroyable» du garde?</p>
+
+<p>&mdash;Oui; ce cadavre est tout à fait «croyable», maintenant. J'ai découvert
+ce matin, en me promenant autour du château, deux sortes de pas
+distinctes dont les empreintes avaient été faites cette nuit en même
+temps, côte à côte. Je dis: «en même temps»; et, en vérité, il ne
+pouvait guère en être autrement, car, si l'une de ces empreintes était
+venue après l'autre, suivant le même chemin, elle eût souvent «empiété
+sur l'autre», ce qui n'arrivait jamais. Les pas de celui-ci ne
+marchaient point sur les pas de celui-là. Non, c'étaient des pas «qui
+semblaient causer entre eux». Cette double empreinte quittait toutes les
+autres empreintes, vers le milieu de la cour d'honneur, pour sortir de
+cette cour et se diriger vers la chênaie. Je quittais la cour d'honneur,
+les yeux fixés vers ma piste, quand je fus rejoint par Frédéric Larsan.
+Immédiatement, il s'intéressa beaucoup à mon travail, car cette double
+empreinte méritait vraiment qu'on s'y attachât. On retrouvait là la
+double empreinte des pas de l'affaire de la «Chambre Jaune»: les pas
+grossiers et les pas élégants; mais, tandis que, lors de l'affaire de la
+«Chambre Jaune», les pas grossiers ne faisaient que joindre au bord de
+l'étang les pas élégants, pour disparaître ensuite&mdash;dont nous avions
+conclu, Larsan et moi, que ces deux sortes de pas appartenaient au même
+individu qui n'avait fait que changer de chaussures&mdash;ici, pas grossiers
+et pas élégants voyageaient de compagnie. Une pareille constatation
+était bien faite pour me troubler dans mes certitudes antérieures.
+Larsan semblait penser comme moi; aussi, restions-nous penchés sur ces
+empreintes, reniflant ces pas comme des chiens à l'affût.</p>
+
+<p>«Je sortis de mon portefeuille mes semelles de papier. La première
+semelle, qui était celle que j'avais découpée sur l'empreinte des
+souliers du père Jacques retrouvés par Larsan, c'est-à-dire sur
+l'empreinte des pas grossiers, cette première semelle, dis-je,
+s'appliqua parfaitement à l'une des traces que nous avions sous les
+yeux, et la seconde semelle, qui était le dessin des «pas élégants»,
+s'appliqua également sur l'empreinte correspondante, mais avec une
+légère différence à la pointe. En somme, cette trace nouvelle du pas
+élégant ne différait de la trace du bord de l'étang que par la pointe de
+la bottine. Nous ne pouvions en tirer cette conclusion que cette trace
+appartenait au même personnage, mais nous ne pouvions non plus affirmer
+qu'elle ne lui appartenait pas. L'inconnu pouvait ne plus porter les
+mêmes bottines.</p>
+
+<p>«Suivant toujours cette double empreinte, Larsan et moi, nous fûmes
+conduits à sortir bientôt de la chênaie et nous nous trouvâmes sur les
+mêmes bords de l'étang qui nous avaient vus lors de notre première
+enquête. Mais, cette fois, aucune des traces ne s'y arrêtait et toutes
+deux, prenant le petit sentier, allaient rejoindre la grande route
+d'Épinay. Là, nous tombâmes sur un macadam récent qui ne nous montra
+plus rien; et nous revînmes au château, sans nous dire un mot.</p>
+
+<p>«Arrivés dans la cour d'honneur, nous nous sommes séparés; mais, par
+suite du même chemin qu'avait pris notre pensée, nous nous sommes
+rencontrés à nouveau devant la porte de la chambre du père Jacques. Nous
+avons trouvé le vieux serviteur au lit et constaté tout de suite que les
+effets qu'il avait jetés sur une chaise étaient dans un état lamentable,
+et que ses chaussures, des souliers tout à fait pareils à ceux que nous
+connaissions, étaient extraordinairement boueux. Ce n'était certainement
+point en aidant à transporter le cadavre du garde, du bout de cour au
+vestibule, et en allant chercher une lanterne aux cuisines, que le père
+Jacques avait arrangé de la sorte ses chaussures et trempé ses habits,
+puisque alors il ne pleuvait pas. Mais il avait plu avant ce moment-là
+et il avait plu après.</p>
+
+<p>«Quant à la figure du bonhomme, elle n'était pas belle à voir. Elle
+semblait refléter une fatigue extrême, et ses yeux clignotants nous
+regardèrent, dès l'abord, avec effroi.</p>
+
+<p>«Nous l'avons interrogé. Il nous a répondu d'abord qu'il s'était couché
+immédiatement après l'arrivée au château du médecin que le maître
+d'hôtel était allé quérir; mais nous l'avons si bien poussé, nous lui
+avons si bien prouvé qu'il mentait, qu'il a fini par nous avouer qu'il
+était, en effet, sorti du château. Nous lui en avons, naturellement,
+demandé la raison; il nous a répondu qu'il s'était senti mal à la tête,
+et qu'il avait eu besoin de prendre l'air, mais qu'il n'était pas allé
+plus loin que la chênaie. Nous lui avons alors décrit tout le chemin
+qu'il avait fait, <i>aussi bien que si nous l'avions vu
+marcher</i>. Le vieillard se dressa sur son séant et se prit à trembler.</p>
+
+<p>«&mdash;Vous n'étiez pas seul!» s'écria Larsan.</p>
+
+<p>«Alors, le père Jacques:</p>
+
+<p>«&mdash;Vous l'avez donc vu?</p>
+
+<p>«&mdash;Qui? demandai-je.</p>
+
+<p>«&mdash;Mais le fantôme noir!»</p>
+
+<p>«Sur quoi, le père Jacques nous conta que, depuis quelques nuits, il
+voyait le fantôme noir. Il apparaissait dans le parc sur le coup de
+minuit et glissait contre les arbres avec une souplesse incroyable. Il
+paraissait «traverser» le tronc des arbres; deux fois, le père Jacques,
+qui avait aperçu le fantôme à travers sa fenêtre, à la clarté de la
+lune, s'était levé et, résolument, était parti à la chasse de cette
+étrange apparition. L'avant-veille, il avait failli la rejoindre, mais
+elle s'était évanouie au coin du donjon; enfin, cette nuit, étant en
+effet sorti du château, travaillé par l'idée du nouveau crime qui venait
+de se commettre, il avait vu tout à coup, surgir au milieu de la cour
+d'honneur, le fantôme noir. Il l'avait suivi d'abord prudemment, puis de
+plus près&hellip; ainsi il avait tourné la chênaie, l'étang, et était arrivé
+au bord de la route d'Épinay. «Là, le fantôme avait soudain disparu.»</p>
+
+<p>«&mdash;Vous n'avez pas vu sa figure? demanda Larsan.</p>
+
+<p>«&mdash;Non! Je n'ai vu que des voiles noirs&hellip;</p>
+
+<p>«&mdash;Et, après ce qui s'est passé dans la galerie, vous n'avez pas sauté
+dessus?</p>
+
+<p>«&mdash;Je ne le pouvais pas! Je me sentais terrifié&hellip; C'est à peine si
+j'avais la force de le suivre&hellip;</p>
+
+<p>«&mdash;Vous ne l'avez pas suivi, fis-je, père Jacques,&mdash;et ma voix était
+menaçante&mdash;vous êtes allé avec le fantôme jusqu'à la route d'Épinay
+«bras dessus, bras dessous»!</p>
+
+<p>«&mdash;Non! cria-t-il&hellip; il s'est mis à tomber des trombes d'eau&hellip; Je suis
+rentré!&hellip; Je ne sais pas ce que le fantôme noir est devenu&hellip;»</p>
+
+<p>«Mais ses yeux se détournèrent de moi.</p>
+
+<p>«Nous le quittâmes.</p>
+
+<p>«Quand nous fûmes dehors:</p>
+
+<p>«&mdash;Complice? interrogeai-je, sur un singulier ton, en regardant Larsan
+bien en face pour surprendre le fond de sa pensée.</p>
+
+<p>«Larsan leva les bras au ciel.</p>
+
+<p>«&mdash;Est-ce qu'on sait?&hellip; Est-ce qu'on sait, dans une affaire pareille?&hellip;
+Il y a vingt-quatre heures, j'aurais juré qu'il n'y avait pas de
+complice!&hellip;»</p>
+
+<p>«Et il me laissa en m'annonçant qu'il quittait le château sur-le-champ
+pour se rendre à Épinay.»</p>
+
+<p>Rouletabille avait fini son récit. Je lui demandai:</p>
+
+<p>«Eh bien? Que conclure de tout cela?&hellip; Quant à moi, je ne vois pas!&hellip;
+je ne saisis pas!&hellip; Enfin! Que savez-vous?</p>
+
+<p>&mdash;<i>Tout!</i> s'exclama-t-il&hellip; <i>Tout!</i>»</p>
+
+<p>Et je ne lui avais jamais vu figure plus rayonnante. Il s'était levé et
+me serrait la main avec force&hellip;</p>
+
+<p>«Alors, expliquez-moi, priai-je&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Allons demander des nouvelles de Mlle Stangerson», me répondit-il
+brusquement.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch24">XXIV<br />
+Rouletabille connaît les deux moitiés de l'assassin</h2>
+
+
+<p>Mlle Stangerson avait failli être assassinée pour la seconde fois. Le
+malheur fut qu'elle s'en porta beaucoup plus mal la seconde que la
+première. Les trois coups de couteau que l'homme lui avait portés dans
+la poitrine, en cette nouvelle nuit tragique, la mirent longtemps entre
+la vie et la mort, et quand, enfin, la vie fut plus forte et qu'on pût
+espérer que la malheureuse femme, cette fois encore, échapperait à son
+sanglant destin, on s'aperçut que, si elle reprenait chaque jour l'usage
+de ses sens, elle ne recouvrait point celui de sa raison. La moindre
+allusion à l'horrible tragédie la faisait délirer, et il n'est point non
+plus, je crois bien, exagéré de dire que l'arrestation de M. Robert
+Darzac, qui eut lieu au château du Glandier, le lendemain de la
+découverte du cadavre du garde, creusa encore l'abîme moral où nous
+vîmes disparaître cette belle intelligence.</p>
+
+<p>M. Robert Darzac arriva au château vers neuf heures et demie. Je le vis
+accourir à travers le parc, les cheveux et les habits en désordre,
+crotté, boueux, dans un état lamentable. Son visage était d'une pâleur
+mortelle. Rouletabille et moi, nous étions accoudés à une fenêtre de la
+galerie. Il nous aperçut; il poussa vers nous un cri désespéré:</p>
+
+<p>«J'arrive trop tard!&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille lui cria:</p>
+
+<p>«Elle vit!&hellip;»</p>
+
+<p>Une minute après, M. Darzac entrait dans la chambre de Mlle Stangerson,
+et, à travers la porte, nous entendîmes ses sanglots.</p>
+
+<div class="dots"><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.
+</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.
+</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b></div>
+<p>«Fatalité! gémissait à côté de moi, Rouletabille. Quels Dieux infernaux
+veillent donc sur le malheur de cette famille! Si l'on ne m'avait pas
+endormi, j'aurais sauvé Mlle Stangerson de l'homme, et je l'aurais rendu
+muet pour toujours&hellip; <i>et le garde ne serait pas mort!</i>»</p>
+
+<div class="dots"><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.
+</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.
+</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b></div>
+<p>M. Darzac vint nous retrouver. Il était tout en larmes. Rouletabille
+lui raconta tout: et comment il avait tout préparé pour leur salut, à
+Mlle Stangerson et à lui; et comment il y serait parvenu en éloignant
+l'homme pour toujours «après avoir vu sa figure»; et comment son plan
+s'était effondré dans le sang, à cause du narcotique.</p>
+
+<p>«Ah! si vous aviez eu réellement confiance en moi, fit tout bas le jeune
+homme, si vous aviez dit à Mlle Stangerson d'avoir confiance en moi!&hellip;
+Mais ici chacun se défie de tous&hellip; la fille se défie du père&hellip; et la
+fiancée se défie du fiancé&hellip; Pendant que vous me disiez de tout faire
+pour empêcher l'arrivée de l'assassin, <i>elle préparait tout
+pour se faire assassiner!</i>&hellip; Et je suis arrivé trop tard&hellip; à demi
+endormi&hellip; me traînant presque, dans cette chambre où la vue de la
+malheureuse, baignant dans son sang, me réveilla tout à fait&hellip;»</p>
+
+<p>Sur la demande de M. Darzac, Rouletabille raconta la scène. S'appuyant
+aux murs pour ne pas tomber, pendant que, dans le vestibule et dans la
+cour d'honneur, nous poursuivions l'assassin, il s'était dirigé vers la
+chambre de la victime&hellip; Les portes de l'antichambre sont ouvertes; il
+entre; Mlle Stangerson gît, inanimée, à moitié renversée sur le bureau,
+les yeux clos; son peignoir est rouge du sang qui coule à flots de sa
+poitrine. Il semble à Rouletabille, encore sous l'influence du
+narcotique, qu'il se promène dans quelque affreux cauchemar.
+Automatiquement, il revient dans la galerie, ouvre une fenêtre, nous
+clame le crime, nous ordonne de tuer, et retourne dans la chambre.
+Aussitôt, il traverse le boudoir désert, entre dans le salon dont la
+porte est restée entrouverte, secoue M. Stangerson sur le canapé où il
+s'est étendu et le réveille comme je l'ai réveillé, lui, tout à
+l'heure&hellip; M. Stangerson se dresse avec des yeux hagards, se laisse
+traîner par Rouletabille jusque dans la chambre, aperçoit sa fille,
+pousse un cri déchirant&hellip; Ah! il est réveillé! il est réveillé!&hellip;
+Tous les deux, maintenant, réunissant leurs forces chancelantes,
+transportent la victime sur son lit&hellip;</p>
+
+<p>Puis Rouletabille veut nous rejoindre, pour savoir&hellip; «pour savoir&hellip;»
+mais, avant de quitter la chambre, il s'arrête près du bureau&hellip; Il y a
+là, par terre, un paquet&hellip; énorme&hellip; un ballot&hellip; Qu'est-ce que ce
+paquet fait là, auprès du bureau?&hellip; L'enveloppe de serge qui l'entoure
+est dénouée&hellip; Rouletabille se penche&hellip; Des papiers&hellip; des papiers&hellip;
+des photographies&hellip; Il lit: «Nouvel électroscope condensateur
+différentiel&hellip; Propriétés fondamentales de la substance intermédiaire
+entre la matière pondérable et l'éther impondérable.»&hellip; Vraiment,
+vraiment, quel est ce mystère et cette formidable ironie du sort qui
+veulent qu'à l'heure où «on» lui assassine sa fille, «on» vienne
+restituer au professeur Stangerson toutes ces paperasses inutiles,
+«qu'il jettera au feu!&hellip; au feu!&hellip; au feu!&hellip; le lendemain».</p>
+
+<div class="dots"><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.
+</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b><b>.
+</b><b>.</b><b>.</b><b>.</b></div>
+<p>Dans la matinée qui suivit cette horrible nuit, nous avons vu
+réapparaître M. de Marquet, son greffier, les gendarmes. Nous avons tous
+été interrogés, excepté naturellement Mlle Stangerson qui était dans un
+état voisin du coma. Rouletabille et moi, après nous être concertés,
+n'avons dit que ce que nous avons bien voulu dire. J'eus garde de rien
+rapporter de ma station dans le cabinet noir ni des histoires de
+narcotique. Bref, nous tûmes tout ce qui pouvait faire soupçonner que
+nous nous attendions à quelque chose, et aussi tout ce qui pouvait faire
+croire que Mlle Stangerson «attendait l'assassin». La malheureuse allait
+peut-être payer de sa vie le mystère dont elle entourait son assassin&hellip;
+Il ne nous appartenait point de rendre un pareil sacrifice inutile&hellip;
+Arthur Rance raconta à tout le monde, fort naturellement&mdash;si
+naturellement que j'en fus stupéfait&mdash;qu'il avait vu le garde pour la
+dernière fois vers onze heures du soir. Celui-ci était venu dans sa
+chambre, dit-il, pour y prendre sa valise qu'il devait transporter le
+lendemain matin à la première heure à la gare de Saint-Michel «et
+s'était attardé à causer longuement chasse et braconnage avec lui»!
+Arthur-William Rance, en effet, devait quitter le Glandier dans la
+matinée et se rendre à pied, selon son habitude, à Saint-Michel; aussi
+avait-il profité d'un voyage matinal du garde dans le petit bourg pour
+se débarrasser de son bagage.</p>
+
+<p>Du moins je fus conduit à le penser car M. Stangerson confirma ses
+dires; il ajouta qu'il n'avait pas eu le plaisir, la veille au soir,
+d'avoir à sa table son ami Arthur Rance parce que celui-ci avait pris,
+vers les cinq heures, un congé définitif de sa fille et de lui. M.
+Arthur Rance s'était fait servir simplement un thé dans sa chambre, se
+disant légèrement indisposé.</p>
+
+<p>Bernier, le concierge, sur les indications de Rouletabille, rapporta
+qu'il avait été requis par le garde lui-même, cette nuit-là, pour faire
+la chasse aux braconniers (le garde ne pouvait plus le contredire),
+qu'ils s'étaient donné rendez-vous tous deux non loin de la chênaie et
+que, voyant que le garde ne venait point, il était allé, lui, Bernier,
+au-devant du garde&hellip; Il était arrivé à hauteur du donjon, ayant passé
+la petite porte de la cour d'honneur, quand il aperçut un individu qui
+fuyait à toutes jambes du côté opposé, vers l'extrémité de l'aile droite
+du château; des coups de revolver retentirent dans le même moment
+derrière le fuyard; Rouletabille était apparu à la fenêtre de la
+galerie; il l'avait aperçu, lui Bernier, l'avait reconnu, l'avait vu
+avec son fusil et lui avait crié de tirer. Alors, Bernier avait lâché
+son coup de fusil qu'il tenait tout prêt&hellip; et il était persuadé qu'il
+avait mis à mal le fuyard; il avait cru même qu'il l'avait tué, et cette
+croyance avait duré jusqu'au moment où Rouletabille, dépouillant le
+corps qui était tombé sous le coup de fusil, lui avait appris que ce
+corps «avait été tué d'un coup de couteau»; que, du reste, il restait ne
+rien comprendre à une pareille fantasmagorie, attendu que, si le cadavre
+trouvé n'était point celui du fuyard sur lequel nous avions tous tiré,
+il fallait bien que ce fuyard fût quelque part. Or, dans ce petit coin
+de cour où nous nous étions tous rejoints autour du cadavre, «il n'y
+avait pas de place pour un autre mort ou pour un vivant» sans que nous
+le vissions!</p>
+
+<p>Ainsi parla le père Bernier. Mais le juge d'instruction lui répondit
+que, pendant que nous étions dans ce petit bout de cour, la nuit était
+bien noire, puisque nous n'avions pu distinguer le visage du garde, et
+que, pour le reconnaître, il nous avait fallu le transporter dans le
+vestibule&hellip; À quoi le père Bernier répliqua que, si l'on n'avait pas vu
+«l'autre corps, mort ou vivant», on aurait au moins marché dessus, tant
+ce bout de cour est étroit. Enfin, nous étions, sans compter le cadavre,
+cinq dans ce bout de cour et il eût été vraiment étrange que l'autre
+corps nous échappât&hellip; La seule porte qui donnait dans ce bout de cour
+était celle de la chambre du garde, et la porte en était fermée. On en
+avait retrouvé la clef dans la poche du garde&hellip;</p>
+
+<p>Tout de même, comme ce raisonnement de Bernier, qui à première vue
+paraissait logique, conduisait à dire qu'on avait tué à coups d'armes à
+feu un homme mort d'un coup de couteau, le juge d'instruction ne s'y
+arrêta pas longtemps. Et il fut évident pour tous, dès midi, que ce
+magistrat était persuadé que nous avions raté «le fuyard» et que nous
+avions trouvé là un cadavre qui n'avait rien à voir avec «notre
+affaire». Pour lui, le cadavre du garde était une autre affaire. Il
+voulut le prouver sans plus tarder, et il est probable que «cette
+nouvelle affaire» correspondait avec des idées qu'il avait depuis
+quelques jours sur les m&oelig;urs du garde, sur ses fréquentations, sur la
+récente intrigue qu'il entretenait avec la femme du propriétaire de
+l'auberge du «Donjon», et corroborait également les rapports qu'on avait
+dû lui faire relativement aux menaces de mort proférées par le père
+Mathieu à l'adresse du garde, car à une heure après-midi le père
+Mathieu, malgré ses gémissements de rhumatisant et les protestations de
+sa femme, était arrêté et conduit sous bonne escorte à Corbeil. On
+n'avait cependant rien découvert chez lui de compromettant; mais des
+propos tenus, encore la veille, à des rouliers qui les répétèrent, le
+compromirent plus que si l'on avait trouvé dans sa paillasse le couteau
+qui avait tué «l'homme vert».</p>
+
+<p>Nous en étions là, ahuris de tant d'événements aussi terribles
+qu'inexplicables, quand, pour mettre le comble à la stupéfaction de
+tous, nous vîmes arriver au château Frédéric Larsan, qui en était parti
+aussitôt après avoir vu le juge d'instruction et qui en revenait,
+accompagné d'un employé du chemin de fer.</p>
+
+<p>Nous étions alors dans le vestibule avec Arthur Rance, discutant de la
+culpabilité et de l'innocence du père Mathieu (du moins Arthur Rance et
+moi étions seuls à discuter, car Rouletabille semblait parti pour
+quelque rêve lointain et ne s'occupait en aucune façon de ce que nous
+disions). Le juge d'instruction et son greffier se trouvaient dans le
+petit salon vert où Robert Darzac nous avait introduits quand nous
+étions arrivés pour la première fois au Glandier. Le père Jacques, mandé
+par le juge, venait d'entrer dans le petit salon; M. Robert Darzac était
+en haut, dans la chambre de Mlle Stangerson, avec M. Stangerson et les
+médecins. Frédéric Larsan entra dans le vestibule avec l'employé de
+chemin de fer. Rouletabille et moi reconnûmes aussitôt cet employé à sa
+petite barbiche blonde: «Tiens! L'employé d'Épinay-sur-Orge!»
+m'écriai-je, et je regardai Frédéric Larsan qui répliqua en souriant:
+«Oui, oui, vous avez raison, c'est l'employé d'Épinay-sur-Orge.» Sur
+quoi Fred se fit annoncer au juge d'instruction par le gendarme qui
+était à la porte du salon. Aussitôt, le père Jacques sortit, et Frédéric
+Larsan et l'employé furent introduits. Quelques instants s'écoulèrent,
+dix minutes peut-être. Rouletabille était fort impatient. La porte du
+salon se rouvrit; le gendarme, appelé par le juge d'instruction, entra
+dans le salon, en ressortit, gravit l'escalier et le redescendit.
+Rouvrant alors la porte du salon et ne la refermant pas, il dit au juge
+d'instruction:</p>
+
+<p>«Monsieur le juge, M. Robert Darzac ne veut pas descendre!</p>
+
+<p>&mdash;Comment! Il ne veut pas!&hellip; s'écria M. de Marquet.</p>
+
+<p>&mdash;Non! il dit qu'il ne peut quitter Mlle Stangerson dans l'état où elle
+se trouve&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;C'est bien, fit M. de Marquet; puisqu'il ne vient pas à nous, nous
+irons à lui&hellip;»</p>
+
+<p>M. de Marquet et le gendarme montèrent; le juge d'instruction fit signe
+à Frédéric Larsan et à l'employé de chemin de fer de les suivre.
+Rouletabille et moi fermions la marche.</p>
+
+<p>On arriva ainsi, dans la galerie, devant la porte de l'antichambre de
+Mlle Stangerson. M. de Marquet frappa à la porte. Une femme de chambre
+apparut. C'était Sylvie, une petite bonniche dont les cheveux d'un blond
+fadasse retombaient en désordre sur un visage consterné.</p>
+
+<p>«M. Stangerson est là? demanda le juge d'instruction.</p>
+
+<p>&mdash;Oui, monsieur.</p>
+
+<p>&mdash;Dites-lui que je désire lui parler.»</p>
+
+<p>Sylvie alla chercher M. Stangerson.</p>
+
+<p>Le savant vint à nous; il pleurait; il faisait peine à voir.</p>
+
+<p>«Que me voulez-vous encore? demanda celui-ci au juge. Ne pourrait-on
+pas, monsieur, dans un moment pareil, me laisser un peu tranquille!</p>
+
+<p>&mdash;Monsieur, fit le juge, il faut absolument que j'aie, sur-le-champ, un
+entretien avec M. Robert Darzac. Ne pourriez-vous le décider à quitter
+la chambre de Mlle Stangerson? Sans quoi, je me verrais dans la
+nécessité d'en franchir le seuil avec tout l'appareil de la justice.»</p>
+
+<p>Le professeur ne répondit pas; il regarda le juge, le gendarme et tous
+ceux qui les accompagnaient comme une victime regarde ses bourreaux, et
+il rentra dans la chambre.</p>
+
+<p>Aussitôt M. Robert Darzac en sortit. Il était bien pâle et bien défait;
+mais, quand le malheureux aperçut, derrière Frédéric Larsan, l'employé
+de chemin de fer, son visage se décomposa encore; ses yeux devinrent
+hagards et il ne put retenir un sourd gémissement.</p>
+
+<p>Nous avions tous saisi le tragique mouvement de cette physionomie
+douloureuse. Nous ne pûmes nous empêcher de laisser échapper une
+exclamation de pitié. Nous sentîmes qu'il se passait alors quelque chose
+de définitif qui décidait de la perte de M. Robert Darzac. Seul,
+Frédéric Larsan avait une figure rayonnante et montrait la joie d'un
+chien de chasse qui s'est enfin emparé de sa proie.</p>
+
+<p>M. de Marquet dit, montrant à M. Darzac le jeune employé à la barbiche
+blonde:</p>
+
+<p>«Vous reconnaissez monsieur?</p>
+
+<p>&mdash;Je le reconnais, fit Robert Darzac d'une voix qu'il essayait en vain
+de rendre ferme. C'est un employé de l'Orléans à la station
+d'Épinay-sur-Orge.</p>
+
+<p>&mdash;Ce jeune homme, continua M. de Marquet, affirme qu'il vous a vu
+descendre de chemin de fer, à Épinay&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Cette nuit, termina M. Darzac, à dix heures et demie&hellip; c'est vrai!&hellip;»</p>
+
+<p>Il y eut un silence&hellip;</p>
+
+<p>«Monsieur Darzac, reprit le juge d'instruction sur un ton qui était
+empreint d'une poignante émotion&hellip; Monsieur Darzac, que veniez-vous
+faire cette nuit à Épinay-sur-Orge, à quelques kilomètres de l'endroit
+où l'on assassinait Mlle Stangerson?&hellip;»</p>
+
+<p>M. Darzac se tut. Il ne baissa pas la tête, mais il ferma les yeux, soit
+qu'il voulût dissimuler sa douleur, soit qu'il craignît qu'on pût lire
+dans son regard quelque chose de son secret.</p>
+
+<p>«Monsieur Darzac, insista M. de Marquet&hellip; pouvez-vous me donner
+l'emploi de votre temps, cette nuit?»</p>
+
+<p>M. Darzac rouvrit les yeux. Il semblait avoir reconquis toute sa
+puissance sur lui-même.</p>
+
+<p>«Non, monsieur!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Réfléchissez, monsieur! car je vais être dans la nécessité, si vous
+persistez dans votre étrange refus, de vous garder à ma disposition.</p>
+
+<p>&mdash;Je refuse&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Monsieur Darzac! Au nom de la loi, je vous arrête!&hellip;»</p>
+
+<p>Le juge n'avait pas plutôt prononcé ces mots que je vis Rouletabille
+faire un mouvement brusque vers M. Darzac. Il allait certainement
+parler, mais celui-ci d'un geste lui ferma la bouche&hellip; Du reste, le
+gendarme s'approchait déjà de son prisonnier&hellip; À ce moment un appel
+désespéré retentit:</p>
+
+<p>«Robert!&hellip; Robert!&hellip;»</p>
+
+<p>Nous reconnûmes la voix de Mlle Stangerson, et, à cet accent de douleur,
+pas un de nous qui ne frissonnât. Larsan lui-même, cette fois, en pâlit.
+Quant à M. Darzac, répondant à l'appel, il s'était déjà précipité dans
+la chambre&hellip;</p>
+
+<p>Le juge, le gendarme, Larsan s'y réunirent derrière lui; Rouletabille et
+moi restâmes sur le pas de la porte. Spectacle déchirant: Mlle
+Stangerson, dont le visage avait la pâleur de la mort, s'était soulevée
+sur sa couche, malgré les deux médecins et son père&hellip; Elle tendait des
+bras tremblants vers Robert Darzac sur qui Larsan et le gendarme avaient
+mis la main&hellip; Ses yeux étaient grands ouverts&hellip; elle voyait&hellip; elle
+comprenait&hellip; Sa bouche sembla murmurer un mot&hellip; un mot qui expira sur
+ses lèvres exsangues&hellip; un mot que personne n'entendit&hellip; et elle se
+renversa, évanouie&hellip; On emmena rapidement Darzac hors de la chambre&hellip;
+En attendant une voiture que Larsan était allé chercher, nous nous
+arrêtâmes dans le vestibule. Notre émotion à tous était extrême. M. de
+Marquet avait la larme à l'&oelig;il. Rouletabille profita de ce moment
+d'attendrissement général pour dire à M. Darzac:</p>
+
+<p>«Vous ne vous défendrez pas?</p>
+
+<p>&mdash;Non! répliqua le prisonnier.</p>
+
+<p>&mdash;Moi, je vous défendrai, monsieur&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Vous ne le pouvez pas, affirma le malheureux avec un pauvre sourire&hellip;
+Ce que nous n'avons pu faire, Mlle Stangerson et moi, vous ne le ferez
+pas!</p>
+
+<p>&mdash;Si, je le ferai.»</p>
+
+<p>Et la voix de Rouletabille était étrangement calme et confiante. Il
+continua:</p>
+
+<p>«Je le ferai, monsieur Robert Darzac, parce que moi, <i>j'en sais plus
+long que vous!</i></p>
+
+<p>&mdash;Allons donc! murmura Darzac presque avec colère.</p>
+
+<p>&mdash;Oh! soyez tranquille, je ne saurai que ce qu'il sera utile de savoir
+<i>pour vous sauver!</i></p>
+
+<p>&mdash;<i>Il ne faut rien savoir</i>, jeune homme&hellip; si vous voulez avoir
+droit à ma reconnaissance.»</p>
+
+<p>Rouletabille secoua la tête. Il s'approcha tout près, tout près de
+Darzac:</p>
+
+<p>«Écoutez ce que je vais vous dire, fit-il à voix basse&hellip; et que cela
+vous donne confiance! Vous, vous ne savez que le nom de l'assassin; Mlle
+Stangerson, elle, <i>connaît seulement la moitié de l'assassin; mais
+moi, je connais ses deux moitiés; je connais l'assassin tout entier,
+moi!&hellip;</i>»</p>
+
+<p>Robert Darzac ouvrit des yeux qui attestaient qu'il ne comprenait pas
+un mot de ce que venait de lui dire Rouletabille. La voiture, sur ces
+entrefaites, arriva, conduite par Frédéric Larsan. On y fit monter
+Darzac et le gendarme. Larsan resta sur le siège. On emmenait le
+prisonnier à Corbeil.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch25">XXV<br />
+Rouletabille part en voyage</h2>
+
+
+<p>Le soir même nous quittions le Glandier, Rouletabille et moi. Nous en
+étions fort heureux: cet endroit n'avait rien qui pût encore nous
+retenir. Je déclarai que je renonçais à percer tant de mystères, et
+Rouletabille, en me donnant une tape amicale sur l'épaule, me confia
+qu'il n'avait plus rien à apprendre au Glandier, parce que le Glandier
+lui avait tout appris. Nous arrivâmes à Paris vers huit heures. Nous
+dînâmes rapidement, puis, fatigués, nous nous séparâmes en nous donnant
+rendez-vous le lendemain matin chez moi.</p>
+
+<p>À l'heure dite, Rouletabille entrait dans ma chambre. Il était vêtu d'un
+complet à carreaux en drap anglais, avait un ulster sur le bras, une
+casquette sur la tête et un sac à la main. Il m'apprit qu'il partait en
+voyage.</p>
+
+<p>«Combien de temps serez-vous parti? lui demandai-je.</p>
+
+<p>&mdash;Un mois ou deux, fit-il, cela dépend&hellip;»</p>
+
+<p>Je n'osai l'interroger&hellip;</p>
+
+<p>«Savez-vous, me dit-il, quel est le mot que Mlle Stangerson a prononcé
+hier avant de s'évanouir&hellip; en regardant M. Robert Darzac?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Non, personne ne l'a entendu&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Si! répliqua Rouletabille, moi! Elle lui disait: «parle!»</p>
+
+<p>&mdash;Et M. Darzac parlera?</p>
+
+<p>&mdash;Jamais!»</p>
+
+<p>J'aurais voulu prolonger l'entretien, mais il me serra fortement la
+main et me souhaita une bonne santé, je n'eus que le temps de lui
+demander:</p>
+
+<p>«Vous ne craignez point que, pendant votre absence, il se commette de
+nouveaux attentats?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Je ne crains plus rien de ce genre, dit-il, depuis que M. Darzac est
+en prison.»</p>
+
+<p>Sur cette parole bizarre, il me quitta. Je ne devais plus le revoir
+qu'en cour d'assises, au moment du procès Darzac, lorsqu'il vint à la
+barre «expliquer l'inexplicable».</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch26">XXVI<br />
+Où Joseph Rouletabille est impatiemment attendu</h2>
+
+
+<p>Le 15 janvier suivant, c'est-à-dire deux mois et demi après les
+tragiques événements que je viens de rapporter, <i>L'Époque</i>
+publiait, en première colonne, première page, le sensationnel article
+suivant:</p>
+
+<p>«Le jury de Seine-et-Oise est appelé aujourd'hui, à juger l'une des plus
+mystérieuses affaires qui soient dans les annales judiciaires. Jamais
+procès n'aura présenté tant de points obscurs, incompréhensibles,
+inexplicables. Et cependant l'accusation n'a point hésité à faire
+asseoir sur le banc des assises un homme respecté, estimé, aimé de tous
+ceux qui le connaissent, un jeune savant, espoir de la science
+française, dont toute l'existence fut de travail et de probité. Quand
+Paris apprit l'arrestation de M. Robert Darzac, un cri unanime de
+protestation s'éleva de toutes parts. La Sorbonne tout entière,
+déshonorée par le geste inouï du juge d'instruction, proclama sa foi
+dans l'innocence du fiancé de Mlle Stangerson. M. Stangerson lui-même
+attesta hautement l'erreur où s'était fourvoyée la justice, et il ne
+fait de doute pour personne que, si la victime pouvait parler, elle
+viendrait réclamer aux douze jurés de Seine-et-Oise l'homme dont elle
+voulait faire son époux et que l'accusation veut envoyer à l'échafaud.
+Il faut espérer qu'un jour prochain Mlle Stangerson recouvrera sa raison
+qui a momentanément sombré dans l'horrible mystère du Glandier.
+Voulez-vous qu'elle la reperde lorsqu'elle apprendra que l'homme qu'elle
+aime est mort de la main du bourreau? Cette question s'adresse au jury
+«auquel nous nous proposons d'avoir affaire, aujourd'hui même».</p>
+
+<p>«Nous sommes décidés, en effet, à ne point laisser douze braves gens
+commettre une abominable erreur judiciaire. Certes, des coïncidences
+terribles, des traces accusatrices, un silence inexplicable de la part
+de l'accusé, un emploi du temps énigmatique, l'absence de tout alibi,
+ont pu entraîner la conviction du parquet qui, «ayant vainement cherché
+la vérité ailleurs», s'est résolu à la trouver là. Les charges sont, en
+apparence, si accablantes pour M. Robert Darzac, qu'il faut même excuser
+un policier aussi averti, aussi intelligent, et généralement aussi
+heureux que M. Frédéric Larsan de s'être laissé aveugler par elles.
+Jusqu'alors, tout est venu accuser M. Robert Darzac, devant
+l'instruction; aujourd'hui, nous allons, nous, le défendre devant le
+jury; et nous apporterons à la barre une lumière telle que tout le
+mystère du Glandier en sera illuminé. «Car nous possédons la vérité.»</p>
+
+<p>«Si nous n'avons point parlé plus tôt, c'est que l'intérêt même de la
+cause que nous voulons défendre l'exigeait sans doute. Nos lecteurs
+n'ont pas oublié ces sensationnelles enquêtes anonymes que nous avons
+publiées sur le «Pied gauche de la rue Oberkampf», sur le fameux vol du
+«Crédit universel» et sur l'affaire des «Lingots d'or de la Monnaie».
+Elles nous faisaient prévoir la vérité, avant même que l'admirable
+ingéniosité d'un Frédéric Larsan ne l'eût dévoilée tout entière. Ces
+enquêtes étaient conduites par notre plus jeune rédacteur, un enfant de
+dix-huit ans, Joseph Rouletabille, qui sera illustre demain. Quand
+l'affaire du Glandier éclata, notre petit reporter se rendit sur les
+lieux, força toutes les portes et s'installa dans le château d'où tous
+les représentants de la presse avaient été chassés. À côté de Frédéric
+Larsan, il chercha la vérité; il vit avec épouvante l'erreur où
+s'abîmait tout le génie du célèbre policier; en vain essaya-t-il de le
+rejeter hors de la mauvaise piste où il s'était engagé: le grand Fred ne
+voulut point consentir à recevoir des leçons de ce petit journaliste.
+Nous savons où cela a conduit M. Robert Darzac.</p>
+
+<p>«Or, il faut que la France sache, il faut que le monde sache que, le
+soir même de l'arrestation de M. Robert Darzac, le jeune Joseph
+Rouletabille pénétrait dans le bureau de notre directeur et lui disait:
+«Je pars en voyage. Combien de temps serai-je parti, je ne pourrais vous
+le dire; peut-être un mois, deux mois, trois mois&hellip; peut-être ne
+reviendrai-je jamais&hellip; Voici une lettre&hellip; Si je ne suis pas revenu le
+jour où M. Darzac comparaîtra devant les assises, vous ouvrirez cette
+lettre en cour d'assises, après le défilé des témoins. Entendez-vous
+pour cela avec l'avocat de M. Robert Darzac. M. Robert Darzac est
+innocent. <i>Dans cette lettre il y a le nom de
+l'assassin</i>, et, je ne dirai point: les preuves, car, les
+preuves, je vais les chercher, mais <i>l'explication irréfutable de
+sa culpabilité</i>.» Et notre rédacteur partit. Nous sommes
+restés longtemps sans nouvelles mais un inconnu est venu trouver notre
+directeur, il y a huit jours, pour lui dire: «Agissez suivant les
+instructions de Joseph Rouletabille, <i>si la chose devient
+nécessaire</i>. Il y a la vérité dans cette lettre.» Cet homme n'a
+point voulu nous dire son nom.</p>
+
+<p>«Aujourd'hui, 15 janvier, nous voici au grand jour des assises; Joseph
+Rouletabille n'est pas de retour; peut-être ne le reverrons-nous jamais.
+La presse, elle aussi, compte ses héros, victimes du devoir: le devoir
+professionnel, le premier de tous les devoirs. Peut-être, à cette heure,
+y a-t-il succombé! Nous saurons le venger. Notre directeur, cet
+après-midi, sera à la cour d'assises de Versailles, avec la lettre:
+<i>la lettre qui contient le nom de l'assassin!</i>»</p>
+
+<p>En tête de l'article, on avait mis le portrait de Rouletabille.</p>
+
+<p>Les parisiens qui se rendirent ce jour-là à Versailles pour le procès
+dit du «Mystère de la Chambre Jaune» n'ont certainement pas oublié
+l'incroyable cohue qui se bousculait à la gare Saint-Lazare. On ne
+trouvait plus de place dans les trains et l'on dut improviser des
+convois supplémentaires. L'article de <i>L'Époque</i> avait bouleversé
+tout le monde, excité toutes les curiosités, poussé jusqu'à
+l'exaspération la passion des discussions. Des coups de poing furent
+échangés entre les partisans de Joseph Rouletabille et les fanatiques de
+Frédéric Larsan, car, chose bizarre, la fièvre de ces gens venait moins
+de ce qu'on allait peut-être condamner un innocent que de l'intérêt
+qu'ils portaient à leur propre compréhension du «mystère de la Chambre
+Jaune». Chacun avait son explication et la tenait pour bonne. Tous ceux
+qui expliquaient le crime comme Frédéric Larsan n'admettaient point
+qu'on pût mettre en doute la perspicacité de ce policier populaire; et
+tous les autres, qui avaient une explication autre que celle de Frédéric
+Larsan, prétendaient naturellement qu'elle devait être celle de Joseph
+Rouletabille qu'ils ne connaissaient pas encore. Le numéro de
+<i>L'Époque</i> à la main, les «Larsan «et les «Rouletabille «se
+disputèrent, se chamaillèrent, jusque sur les marches du palais de
+justice de Versailles, jusque dans le prétoire. Un service d'ordre
+extraordinaire avait été commandé. L'innombrable foule qui ne put
+pénétrer dans le palais resta jusqu'au soir aux alentours du monument,
+maintenue difficilement par la troupe et la police, avide de nouvelles,
+accueillant les rumeurs les plus fantastiques. Un moment, le bruit
+circula qu'on venait d'arrêter, en pleine audience, M. Stangerson
+lui-même, qui s'était avoué l'assassin de sa fille&hellip; C'était de la
+folie. L'énervement était à son comble. Et l'on attendait toujours
+Rouletabille. Des gens prétendaient le connaître et le reconnaître; et,
+quand un jeune homme, muni d'un laissez-passer, traversait la place
+libre qui séparait la foule du palais de justice, des bousculades se
+produisaient. On s'écrasait. On criait: «Rouletabille! Voici
+Rouletabille!» Des témoins, qui ressemblaient plus ou moins vaguement au
+portrait publié par <i>L'Époque</i>, furent aussi acclamés. L'arrivée du
+directeur de <i>L'Époque</i> fut encore le signal de quelques
+manifestations. Les uns applaudirent, les autres sifflèrent. Il y avait
+beaucoup de femmes dans la foule.</p>
+
+<p>Dans la salle des assises, le procès se déroulait sous la présidence de
+M. De Rocoux, un magistrat imbu de tous les préjugés des gens de robe,
+mais foncièrement honnête. On avait fait l'appel des témoins. J'en
+étais, naturellement, ainsi que tous ceux qui, de près ou de loin,
+avaient touché les mystères du Glandier: M. Stangerson, vieilli de dix
+ans, méconnaissable, Larsan, M. Arthur W. Rance, la figure toujours
+enluminée, le père Jacques, le père Mathieu, qui fut amené, menottes aux
+mains, entre deux gendarmes, Mme Mathieu, toute en larmes, les Bernier,
+les deux gardes-malades, le maître d'hôtel, tous les domestiques du
+château, l'employé de poste du bureau 40, l'employé du chemin de fer
+d'Épinay, quelques amis de M. et de Mlle Stangerson, et tous les témoins
+à décharge de M. Robert Darzac. J'eus la chance d'être entendu parmi les
+premiers témoins, ce qui me permit d'assister à presque tout le procès.</p>
+
+<p>Je n'ai point besoin de vous dire que l'on s'écrasait dans le prétoire.
+Des avocats étaient assis jusque sur les marches de «la cour»; et,
+derrière les magistrats en robe rouge, tous les parquets des environs
+étaient représentés. M. Robert Darzac apparut au banc des accusés, entre
+les gendarmes, si calme, si grand et si beau, qu'un murmure d'admiration
+plus que de compassion l'accueillit. Il se pencha aussitôt vers son
+avocat, maître Henri-Robert, qui, assisté de son premier secrétaire,
+maître André Hesse, alors débutant, avait déjà commencé à feuilleter son
+dossier.</p>
+
+<p>Beaucoup s'attendaient à ce que M. Stangerson allât serrer la main de
+l'accusé; mais l'appel des témoins eut lieu et ceux-ci quittèrent tous
+la salle sans que cette démonstration sensationnelle se fût produite.
+Au moment où les jurés prirent place, on remarqua qu'ils avaient eu
+l'air de s'intéresser beaucoup à un rapide entretien que maître
+Henri-Robert avait eu avec le directeur de <i>L'Époque</i>. Celui-ci
+s'en fut ensuite prendre place au premier rang de public. Quelques-uns
+s'étonnèrent qu'il ne suivît point les témoins dans la salle qui leur
+était réservée.</p>
+
+<p>La lecture de l'acte d'accusation s'accomplit comme presque toujours,
+sans incident. Je ne relaterai pas ici le long interrogatoire que subit
+M. Darzac. Il répondit à la fois de la façon la plus naturelle et la plus
+mystérieuse. «Tout ce qu'il pouvait dire» parut naturel, tout ce qu'il
+tut parut terrible pour lui, même aux yeux de ceux qui «sentaient» son
+innocence. Son silence sur les points que nous connaissons se dressa
+contre lui et il semblait bien que ce silence dût fatalement l'écraser.
+Il résista aux objurgations du président des assises et du ministère
+public. On lui dit que se taire, en une pareille circonstance,
+équivalait à la mort.</p>
+
+<p>«C'est bien, dit-il, je la subirai donc; mais je suis innocent!»</p>
+
+<p>Avec cette habileté prodigieuse qui a fait sa renommée, et profitant de
+l'incident, maître Henri-Robert essaya de grandir le caractère de son
+client, par le fait même de son silence, en faisant allusion à des
+devoirs moraux que seules des âmes héroïques sont susceptibles de
+s'imposer. L'éminent avocat ne parvint qu'à convaincre tout à fait ceux
+qui connaissaient M. Darzac, mais les autres restèrent hésitants. Il y
+eut une suspension d'audience, puis le défilé des témoins commença et
+Rouletabille n'arrivait toujours point. Chaque fois qu'une porte
+s'ouvrait, tous les yeux allaient à cette porte, puis se reportaient sur
+le directeur de <i>L'Époque</i> qui restait, impassible, à sa place. On
+le vit enfin qui fouillait dans sa poche et qui «en tirait une lettre».
+Une grosse rumeur suivit ce geste.</p>
+
+<p>Mon intention n'est point de retracer ici tous les incidents de ce
+procès. J'ai assez longuement rappelé toutes les étapes de l'affaire
+pour ne point imposer aux lecteurs le défilé nouveau des événements
+entourés de leur mystère. J'ai hâte d'arriver au moment vraiment
+dramatique de cette journée inoubliable. Il survint, comme maître
+Henri-Robert posait quelques questions au père Mathieu, qui, à la barre
+des témoins, se défendait, entre ses deux gendarmes, d'avoir assassiné
+«l'homme vert». Sa femme fut appelée et confrontée avec lui. Elle avoua,
+en éclatant en sanglots, qu'elle avait été «l'amie» du garde, que son
+mari s'en était douté; mais elle affirma encore que celui-ci n'était
+pour rien dans l'assassinat de son «ami». Maître Henri-Robert demanda
+alors à la cour de bien vouloir entendre immédiatement, sur ce point,
+Frédéric Larsan.</p>
+
+<p>«Dans une courte conversation que je viens d'avoir avec Frédéric Larsan,
+pendant la suspension d'audience, déclara l'avocat, celui-ci m'a fait
+comprendre que l'on pouvait expliquer la mort du garde autrement que par
+l'intervention du père Mathieu. Il serait intéressant de connaître
+l'hypothèse de Frédéric Larsan.»</p>
+
+<p>Frédéric Larsan fut introduit. Il s'expliqua fort nettement.</p>
+
+<p>«Je ne vois point, dit-il, la nécessité de faire intervenir le père
+Mathieu en tout ceci. Je l'ai dit à M. de Marquet, mais les propos
+meurtriers de cet homme lui ont évidemment nui dans l'esprit de M. le
+juge d'instruction. Pour moi, l'assassinat de Mlle Stangerson et
+l'assassinat du garde «sont la même affaire». On a tiré sur l'assassin
+de Mlle Stangerson, fuyant dans la cour d'honneur; on a pu croire
+l'avoir atteint, on a pu croire l'avoir tué; à la vérité il n'a fait que
+trébucher au moment où il disparaissait derrière l'aile droite du
+château. Là, l'assassin a rencontré le garde qui voulut sans doute
+s'opposer à sa fuite. L'assassin avait encore à la main le couteau dont
+il venait de frapper Mlle Stangerson, il en frappa le garde au c&oelig;ur,
+et le garde en est mort.</p>
+
+<p>Cette explication si simple parut d'autant plus plausible que, déjà,
+beaucoup de ceux qui s'intéressaient aux mystères du Glandier l'avaient
+trouvée. Un murmure d'approbation se fit entendre.</p>
+
+<p>«Et l'assassin, qu'est-il devenu, dans tout cela? demanda le président.</p>
+
+<p>&mdash;Il s'est évidemment caché, monsieur le président, dans un coin obscur
+de ce bout de cour et, après le départ des gens du château qui
+emportaient le corps, il a pu tranquillement s'enfuir.»</p>
+
+<p>À ce moment, du fond du «public debout», une voix juvénile s'éleva. Au
+milieu de la stupeur de tous, elle disait:</p>
+
+<p>«Je suis de l'avis de Frédéric Larsan pour le coup de couteau au
+c&oelig;ur. Mais je ne suis plus de son avis sur la manière dont l'assassin
+s'est enfui du bout de cour!»</p>
+
+<p>Tout le monde se retourna; les huissiers se précipitèrent, ordonnant le
+silence. Le président demanda avec irritation qui avait élevé la voix et
+ordonna l'expulsion immédiate de l'intrus; mais on réentendit la même
+voix claire qui criait:</p>
+
+<p>«C'est moi, monsieur le président, c'est moi, Joseph Rouletabille!»</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch27">XXVII<br />
+Où Joseph Rouletabille apparaît dans toute sa gloire</h2>
+
+
+<p>Il y eut un remous terrible. On entendit des cris de femmes qui se
+trouvaient mal. On n'eut plus aucun égard pour «la majesté de la
+justice». Ce fut une bousculade insensée. Tout le monde voulait voir
+Joseph Rouletabille. Le président cria qu'il allait faire évacuer la
+salle, mais personne ne l'entendit. Pendant ce temps, Rouletabille
+sautait par-dessus la balustrade qui le séparait du public assis, se
+faisait un chemin à grands coups de coude, arrivait auprès de son
+directeur qui l'embrassait avec effusion, lui prit «sa» lettre d'entre
+les mains, la glissa dans sa poche, pénétra dans la partie réservée du
+prétoire et parvint ainsi jusqu'à la barre des témoins, bousculé,
+bousculant, le visage souriant, heureux, boule écarlate qu'illuminait
+encore l'éclair intelligent de ses deux grands yeux ronds. Il avait ce
+costume anglais que je lui avais vu le matin de son départ&mdash;mais dans
+quel état, mon Dieu!&mdash;l'ulster sur son bras et la casquette de voyage à
+la main. Et il dit:</p>
+
+<p>«Je demande pardon, monsieur le président, le transatlantique a eu du
+retard! J'arrive d'Amérique. Je suis Joseph Rouletabille!&hellip;»</p>
+
+<p>On éclata de rire. Tout le monde était heureux de l'arrivée de ce gamin.
+Il semblait à toutes ces consciences qu'un immense poids venait de leur
+être enlevé. On respirait. On avait la certitude qu'il apportait
+réellement la vérité&hellip; qu'il allait faire connaître la vérité&hellip;</p>
+
+<p>Mais le président était furieux:</p>
+
+<p>«Ah! vous êtes Joseph Rouletabille, reprit le président&hellip; eh bien, je
+vous apprendrai, jeune homme, à vous moquer de la justice&hellip; En
+attendant que la cour délibère sur votre cas, je vous retiens à la
+disposition de la justice&hellip; en vertu de mon pouvoir discrétionnaire.</p>
+
+<p>&mdash;Mais, monsieur le président, je ne demande que cela: être à la
+disposition de la justice&hellip; je suis venu m'y mettre, à la disposition
+de la justice&hellip; Si mon entrée a fait un peu de tapage, j'en demande
+bien pardon à la cour&hellip; Croyez bien, monsieur le président, que nul,
+plus que moi, n'a le respect de la justice&hellip; Mais je suis entré comme
+j'ai pu&hellip;»</p>
+
+<p>Et il se mit à rire. Et tout le monde rit.</p>
+
+<p>«Emmenez-le!» commanda le président.</p>
+
+<p>Mais maître Henri-Robert intervint. Il commença par excuser le jeune
+homme, il le montra animé des meilleurs sentiments, il fit comprendre au
+président qu'on pouvait difficilement se passer de la déposition d'un
+témoin qui avait couché au Glandier pendant toute la semaine
+mystérieuse, d'un témoin surtout qui prétendait prouver l'innocence de
+l'accusé et apporter le nom de l'assassin.</p>
+
+<p>«Vous allez nous dire le nom de l'assassin? demanda le président,
+ébranlé mais sceptique.</p>
+
+<p>&mdash;Mais, mon président, je ne suis venu que pour ça! fit Rouletabille.</p>
+
+<p>On faillit applaudir dans le prétoire, mais les chut! énergiques des
+huissiers rétablirent le silence.</p>
+
+<p>«Joseph Rouletabille, dit maître Henri-Robert, n'est pas cité
+régulièrement comme témoin, mais j'espère qu'en vertu de son pouvoir
+discrétionnaire, monsieur le président voudra bien l'interroger.</p>
+
+<p>&mdash;C'est bien! fit le président, nous l'interrogerons. Mais finissons-en
+d'abord&hellip;»</p>
+
+<p>L'avocat général se leva:</p>
+
+<p>«Il vaudrait peut-être mieux, fit remarquer le représentant du ministère
+public, que ce jeune homme nous dise tout de suite le nom de celui qu'il
+dénonce comme étant l'assassin.»</p>
+
+<p>Le président acquiesça avec une ironique réserve:</p>
+
+<p>«Si monsieur l'avocat général attache quelque importance à la déposition
+de M. Joseph Rouletabille, je ne vois point d'inconvénient à ce que le
+témoin nous dise tout de suite le nom de «son» assassin!»</p>
+
+<p>On eût entendu voler une mouche.</p>
+
+<p>Rouletabille se taisait, regardant avec sympathie M. Robert Darzac, qui,
+lui, pour la première fois, depuis le commencement du débat, montrait un
+visage agité et plein d'angoisse.</p>
+
+<p>«Eh bien, répéta le président, on vous écoute, monsieur Joseph
+Rouletabille. Nous attendons le nom de l'assassin.»</p>
+
+<p>Rouletabille fouilla tranquillement dans la poche de son gousset, en
+tira un énorme oignon, y regarda l'heure, et dit:</p>
+
+<p>«Monsieur le président, je ne pourrai vous dire le nom de l'assassin
+qu'à six heures et demie! <i>Nous avons encore quatre bonnes heures
+devant nous!</i>»</p>
+
+<p>La salle fit entendre des murmures étonnés et désappointés. Quelques
+avocats dirent à haute voix:</p>
+
+<p>«Il se moque de nous!»</p>
+
+<p>Le président avait l'air enchanté; maîtres Henri-Robert et André Hesse
+étaient ennuyés.</p>
+
+<p>Le président dit:</p>
+
+<p>«Cette plaisanterie a assez duré. Vous pouvez vous retirer, monsieur,
+dans la salle des témoins. Je vous garde à notre disposition.»</p>
+
+<p>Rouletabille protesta:</p>
+
+<p>«Je vous affirme, monsieur le président, s'écria-t-il, de sa voix aiguë
+et claironnante, je vous affirme que, lorsque je vous aurai dit le nom
+de l'assassin, <i>vous comprendrez que je ne pouvais vous le dire qu'à
+six heures et demie!</i> Parole d'honnête homme! Foi de Rouletabille!&hellip;
+Mais, en attendant, je peux toujours vous donner quelques
+explications sur l'assassinat du garde&hellip; M. Frédéric Larsan qui m'a vu
+«travailler» au Glandier pourrait vous dire avec quel soin j'ai étudié
+toute cette affaire. J'ai beau être d'un avis contraire au sien et
+prétendre qu'en faisant arrêter M. Robert Darzac, il a fait arrêter un
+innocent, il ne doute pas, lui, de ma bonne foi, ni de l'importance
+qu'il faut attacher à mes découvertes, qui ont souvent corroboré les
+siennes!»</p>
+
+<p>Frédéric Larsan dit:</p>
+
+<p>«Monsieur le président, il serait intéressant d'entendre M. Joseph
+Rouletabille; d'autant plus intéressant qu'il n'est pas de mon avis.»</p>
+
+<p>Un murmure d'approbation accueillit cette parole du policier. Il
+acceptait le duel en beau joueur. La joute promettait d'être curieuse
+entre ces deux intelligences qui s'étaient acharnées au même tragique
+problème et qui étaient arrivées à deux solutions différentes.</p>
+
+<p>Comme le président se taisait, Frédéric Larsan continua:</p>
+
+<p>«Ainsi nous sommes d'accord pour le coup de couteau au c&oelig;ur qui a été
+donné au garde par l'assassin de Mlle Stangerson; mais, puisque nous ne
+sommes plus d'accord sur la question de la fuite de l'assassin, «dans le
+bout de cour», il serait curieux de savoir comment M. Rouletabille
+explique cette fuite.</p>
+
+<p>&mdash;Évidemment, fit mon ami, ce serait curieux!»</p>
+
+<p>Toute la salle partit encore à rire. Le président déclara aussitôt que,
+si un pareil fait se renouvelait, il n'hésiterait pas à mettre à
+exécution sa menace de faire évacuer la salle.</p>
+
+<p>«Vraiment, termina le président, dans une affaire comme celle-là, je ne
+vois pas ce qui peut prêter à rire.</p>
+
+<p>&mdash;Moi non plus!» dit Rouletabille.</p>
+
+<p>Des gens, devant moi, s'enfoncèrent leur mouchoir dans la bouche pour ne
+pas éclater&hellip;</p>
+
+<p>«Allons, fit le président, vous avez entendu, jeune homme, ce que vient
+de dire M. Frédéric Larsan. Comment, selon vous, l'assassin s'est-il
+enfui du «bout de cour»?</p>
+
+<p>Rouletabille regarda Mme Mathieu, qui lui sourit tristement.</p>
+
+<p>«Puisque Mme Mathieu, dit-il, a bien voulu avouer tout l'intérêt qu'elle
+portait au garde&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;la coquine! s'écria le père Mathieu.</p>
+
+<p>&mdash;Faites sortir le père Mathieu!» ordonna le président.</p>
+
+<p>On emmena le père Mathieu.</p>
+
+<p>Rouletabille reprit:</p>
+
+<p>«&hellip; Puisqu'elle a fait cet aveu, je puis bien vous dire qu'elle avait
+souvent des conversations, la nuit, avec le garde, au premier étage du
+donjon, dans la chambre qui fut autrefois un oratoire. Ces
+conversations furent surtout fréquentes dans les derniers temps, quand
+le père Mathieu était cloué au lit par ses rhumatismes.</p>
+
+<p>«Une piqûre de morphine, administrée à propos, donnait au père Mathieu
+le calme et le repos, et tranquillisait son épouse pour les quelques
+heures pendant lesquelles elle était dans la nécessité de s'absenter.
+Mme Mathieu venait au château, la nuit, enveloppée dans un grand châle
+noir qui lui servait autant que possible à dissimuler sa personnalité et
+la faisait ressembler à un sombre fantôme qui, parfois, troubla les
+nuits du père Jacques. Pour prévenir son ami de sa présence, Mme Mathieu
+avait emprunté au chat de la mère Agenoux, une vieille sorcière de
+Sainte-Geneviève-des-Bois, son miaulement sinistre; aussitôt, le garde
+descendait de son donjon et venait ouvrir la petite poterne à sa
+maîtresse. Quand les réparations du donjon furent récemment entreprises,
+les rendez-vous n'en eurent pas moins lieu dans l'ancienne chambre du
+garde, au donjon même, la nouvelle chambre, qu'on avait momentanément
+abandonnée à ce malheureux serviteur, à l'extrémité de l'aile droite du
+château, n'étant séparée du ménage du maître d'hôtel et de la cuisinière
+que par une trop mince cloison.</p>
+
+<p>«Mme Mathieu venait de quitter le garde en parfaite santé, quand le
+drame du «petit bout de cour» survint. Mme Mathieu et le garde, n'ayant
+plus rien à se dire, étaient sortis du donjon ensemble&hellip; Je n'ai appris
+ces détails, monsieur le président, que par l'examen auquel je me livrai
+des traces de pas dans la cour d'honneur, le lendemain matin&hellip; Bernier,
+le concierge, que j'avais placé, avec son fusil, en observation derrière
+le donjon, <i>ainsi que je lui permettrai de vous
+l'expliquer lui-même</i>, ne pouvait voir ce qui se passait dans la cour
+d'honneur. Il n'y arriva un peu plus tard qu'attiré par les coups de
+revolver, et tira à son tour. Voici donc le garde et Mme Mathieu, dans
+la nuit et le silence de la cour d'honneur. Ils se souhaitent le
+bonsoir; Mme Mathieu se dirige vers la grille ouverte de cette cour, et
+lui s'en retourne se coucher dans sa petite pièce en encorbellement, à
+l'extrémité de l'aile droite du château.</p>
+
+<p>«Il va atteindre sa porte, quand des coups de revolver retentissent; il
+se retourne; anxieux, il revient sur ses pas; il va atteindre l'angle de
+l'aile droite du château quand une ombre bondit sur lui et le frappe. Il
+meurt. Son cadavre est ramassé tout de suite par des gens qui croient
+tenir l'assassin et qui n'emportent que l'assassiné. Pendant ce temps,
+que fait Mme Mathieu? Surprise par les détonations et par
+l'envahissement de la cour, elle se fait la plus petite qu'elle peut
+dans la nuit et dans la cour d'honneur. La cour est vaste, et, se
+trouvant près de la grille, Mme Mathieu pouvait passer inaperçue. Mais
+elle ne «passa» pas. Elle resta et vit emporter le cadavre. Le c&oelig;ur
+serré d'une angoisse bien compréhensible et poussée par un tragique
+pressentiment, elle vint jusqu'au vestibule du château, jeta un regard
+sur l'escalier éclairé par le lumignon du père Jacques, l'escalier où
+l'on avait étendu le corps de son ami; elle «vit» et s'enfuit.
+Avait-elle éveillé l'attention du père Jacques? Toujours est-il que
+celui-ci rejoignit le fantôme noir, qui déjà lui avait fait passer
+quelques nuits blanches.</p>
+
+<p>«Cette nuit même, avant le crime, il avait été réveillé par les cris de
+la «Bête du Bon Dieu» et avait aperçu, par sa fenêtre, le fantôme
+noir&hellip; Il s'était hâtivement vêtu et c'est ainsi que l'on s'explique
+qu'il arriva dans le vestibule, tout habillé, quand nous apportâmes le
+cadavre du garde. Donc, cette nuit-là, dans la cour d'honneur, il a
+voulu sans doute, une fois pour toutes, regarder de tout près la figure
+du fantôme. Il la reconnut. Le père Jacques est un vieil ami de Mme
+Mathieu. Elle dut lui avouer ses nocturnes entretiens, et le supplier de
+la sauver de ce moment difficile! L'état de Mme Mathieu, qui venait de
+voir son ami mort, devait être pitoyable. Le père Jacques eut pitié et
+accompagna Mme Mathieu, à travers la chênaie, et hors du parc, par delà
+même les bords de l'étang, jusqu'à la route d'Épinay. Là, elle n'avait
+plus que quelques mètres à faire pour rentrer chez elle. Le père Jacques
+revint au château, et, se rendant compte de l'importance judiciaire
+qu'il y aurait pour la maîtresse du garde à ce qu'on ignorât sa présence
+au château, cette nuit-là, essaya autant que possible de nous cacher cet
+épisode dramatique d'une nuit qui, déjà, en comptait tant! Je n'ai nul
+besoin, ajouta Rouletabille, de demander à Mme Mathieu et au père
+Jacques de corroborer ce récit. «Je sais» que les choses se sont passées
+ainsi! Je ferai simplement appel aux souvenirs de M. Larsan qui, lui,
+comprend déjà comment j'ai tout appris, car il m'a vu, le lendemain
+matin, penché sur une double piste où l'on rencontrait voyageant de
+compagnie, l'empreinte des pas du père Jacques et de ceux de madame.»</p>
+
+<p>Ici, Rouletabille se tourna vers Mme Mathieu qui était restée à la
+barre, et lui fit un salut galant.</p>
+
+<p>«Les empreintes des pieds de madame, expliqua Rouletabille, ont une
+ressemblance étrange avec les traces des «pieds élégants» de
+l'assassin&hellip;»</p>
+
+<p>Mme Mathieu tressaillit et fixa avec une curiosité farouche le jeune
+reporter. Qu'osait-il dire? Que voulait-il dire?</p>
+
+<p>«Madame a le pied élégant, long et plutôt un peu grand pour une femme.
+C'est, au bout pointu de la bottine près, le pied de l'assassin&hellip;»</p>
+
+<p>Il y eut quelques mouvements dans l'auditoire. Rouletabille, d'un geste,
+les fit cesser. On eût dit vraiment que c'était lui, maintenant, qui
+commandait la police de l'audience.</p>
+
+<p>«Je m'empresse de dire, fit-il, que ceci ne signifie pas grand'chose et
+qu'un policier qui bâtirait un système sur des marques extérieures
+semblables, <i>sans mettre une idée générale autour</i>, irait
+tout de go à l'erreur judiciaire! M. Robert Darzac, lui aussi, a les
+pieds de l'assassin, et cependant, <i>il n'est pas l'assassin!</i>»</p>
+
+<p>Nouveaux mouvements.</p>
+
+<p>Le président demanda à Mme Mathieu:</p>
+
+<p>«C'est bien ainsi que, ce soir-là, les choses se sont passées pour vous,
+madame?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, monsieur le président, répondit-elle. C'est à croire que M.
+Rouletabille était derrière nous.</p>
+
+<p>&mdash;Vous avez donc vu fuir l'assassin jusqu'à l'extrémité de l'aile
+droite, madame?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, comme j'ai vu emporter, une minute plus tard, le cadavre du
+garde.</p>
+
+<p>&mdash;Et l'assassin, qu'est-il devenu? Vous étiez restée seule dans la cour
+d'honneur, il serait tout naturel que vous l'ayez aperçu alors&hellip; Il
+ignorait votre présence et le moment était venu pour lui de
+s'échapper&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Je n'ai rien vu, monsieur le président, gémit Mme Mathieu. À ce moment
+la nuit était devenue très noire.</p>
+
+<p>&mdash;C'est donc, fit le président, M. Rouletabille qui nous expliquera
+comment l'assassin s'est enfui.</p>
+
+<p>&mdash;Évidemment!» répliqua aussitôt le jeune homme avec une telle assurance
+que le président lui-même ne put s'empêcher de sourire.</p>
+
+<p>Et Rouletabille reprit la parole:</p>
+
+<p>«Il était impossible à l'assassin de s'enfuir normalement du bout de
+cour dans lequel il était entré sans que nous le vissions! Si nous ne
+l'avions pas vu, nous l'eussions touché! C'est un pauvre petit bout de
+cour de rien du tout, un carré entouré de fossés et de hautes grilles.
+L'assassin eût marché sur nous ou nous eussions marché sur lui! Ce carré
+était aussi quasi-matériellement fermé par les fossés, les grilles et
+<i>par nous-mêmes</i>, que la «Chambre Jaune!»</p>
+
+<p>&mdash;Alors, dites-nous donc, puisque l'homme est entré dans ce carré,
+dites-nous donc comment il se fait que vous ne l'ayez point trouvé!&hellip;
+Voilà une demi-heure que je ne vous demande que cela!&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille ressortit une fois encore l'oignon qui garnissait la poche
+de son gilet; il y jeta un regard calme, et dit:</p>
+
+<p>«Monsieur le président, vous pouvez me demander cela encore pendant
+trois heures trente, je ne pourrai vous répondre sur ce point qu'à six
+heures et demie!»</p>
+
+<p>Cette fois-ci les murmures ne furent ni hostiles, ni désappointés. On
+commençait à avoir confiance en Rouletabille. «On lui faisait
+confiance.» Et l'on s'amusait de cette prétention qu'il avait de fixer
+une heure au président comme il eût fixé un rendez-vous à un camarade.</p>
+
+<p>Quant au président, après s'être demandé s'il devait se fâcher, il prit
+son parti de s'amuser de ce gamin comme tout le monde. Rouletabille
+dégageait de la sympathie, et le président en était déjà tout imprégné.
+Enfin, il avait si nettement défini le rôle de Mme Mathieu dans
+l'affaire, et si bien expliqué chacun de ses gestes, «cette nuit-là»,
+que M. De Rocoux se voyait obligé de le prendre presque au sérieux.</p>
+
+<p>«Eh bien, monsieur Rouletabille, fit-il, c'est comme vous voudrez! Mais
+que je ne vous revoie plus avant six heures et demie!»</p>
+
+<p>Rouletabille salua le président, et, dodelinant de sa grosse tête, se
+dirigea vers la porte des témoins.</p>
+
+<hr />
+
+
+<p>Son regard me cherchait. Il ne me vit point. Alors, je me dégageai tout
+doucement de la foule qui m'enserrait et je sortis de la salle
+d'audience, presque en même temps que Rouletabille. Cet excellent ami
+m'accueillit avec effusion. Il était heureux et loquace. Il me secouait
+les mains avec jubilation. Je lui dis:</p>
+
+<p>«Je ne vous demanderai point, mon cher ami, ce que vous êtes allé faire
+en Amérique. Vous me répliqueriez sans doute, comme au président, que
+vous ne pouvez me répondre qu'à six heures et demie&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Non, mon cher Sainclair, non, mon cher Sainclair! Je vais vous dire
+tout de suite ce que je suis allé faire en Amérique, parce que vous,
+vous êtes un ami: je suis allé chercher <i>le nom de la seconde moitié
+de l'assassin!</i></p>
+
+<p>&mdash;Vraiment, vraiment, le nom de la seconde moitié&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Parfaitement. Quand nous avons quitté le Glandier pour la dernière
+fois, je connaissais les deux moitiés de l'assassin et le nom de l'une
+de ces moitiés. C'est le nom de l'autre moitié que je suis allé chercher
+en Amérique&hellip;»</p>
+
+<p>Nous entrions, à ce moment, dans la salle des témoins. Ils vinrent tous
+à Rouletabille avec force démonstrations. Le reporter fut très aimable,
+si ce n'est avec Arthur Rance auquel il montra une froideur marquée.
+Frédéric Larsan entrant alors dans la salle, Rouletabille alla à lui,
+lui administra une de ces poignées de main dont il avait le douloureux
+secret, et dont on revient avec les phalanges brisées. Pour lui montrer
+tant de sympathie, Rouletabille devait être bien sûr de l'avoir roulé.
+Larsan souriait, sûr de lui-même et lui demandant, à son tour, ce qu'il
+était allé faire en Amérique. Alors, Rouletabille, très aimable, le prit
+par le bras et lui conta dix anecdotes de son voyage. À un moment, ils
+s'éloignèrent, s'entretenant de choses plus sérieuses, et, par
+discrétion, je les quittai. Du reste, j'étais fort curieux de rentrer
+dans la salle d'audience où l'interrogatoire des témoins continuait. Je
+retournai à ma place et je pus constater tout de suite que le public
+n'attachait qu'une importance relative à ce qui se passait alors, et
+qu'il attendait impatiemment six heures et demie.</p>
+
+<hr />
+
+
+<p>Ces six heures et demie sonnèrent et Joseph Rouletabille fut à nouveau
+introduit. Décrire l'émotion avec laquelle la foule le suivit des yeux à
+la barre serait impossible. On ne respirait plus. M. Robert Darzac
+s'était levé à son banc. Il était «pâle comme un mort».</p>
+
+<p>Le président dit avec gravité:</p>
+
+<p>«Je ne vous fais pas prêter serment, monsieur! Vous n'avez pas été cité
+régulièrement. Mais j'espère qu'il n'est pas besoin de vous expliquer
+toute l'importance des paroles que vous allez prononcer ici&hellip;»</p>
+
+<p>Et il ajouta, menaçant:</p>
+
+<p>«Toute l'importance de ces paroles&hellip; <i>pour vous</i>, sinon pour les
+autres!&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille, nullement ému, le regardait. Il dit:</p>
+
+<p>«Oui, m'sieur!</p>
+
+<p>&mdash;Voyons, fit le président. Nous parlions tout à l'heure de ce petit
+bout de cour qui avait servi de refuge à l'assassin, et vous nous
+promettiez de nous dire, à six heures et demie, comment l'assassin s'est
+enfui de ce bout de cour et aussi le nom de l'assassin. Il est six
+heures trente-cinq, monsieur Rouletabille, et nous ne savons encore
+rien!</p>
+
+<p>&mdash;Voilà, m'sieur! commença mon ami au milieu d'un silence si solennel
+que je ne me rappelle pas en avoir «vu» de semblable, je vous ai dit que
+ce bout de cour était fermé et qu'il était impossible pour l'assassin de
+s'échapper de ce carré sans que ceux qui étaient à sa recherche s'en
+aperçussent. C'est l'exacte vérité. <i>Quand nous étions là, dans le
+carré de bout de cour, l'assassin s'y trouvait encore avec nous!</i></p>
+
+<p>&mdash;Et vous ne l'avez pas vu!&hellip; c'est bien ce que l'accusation
+prétend&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Et nous l'avons tous vu! monsieur le président, s'écria Rouletabille.</p>
+
+<p>&mdash;Et vous ne l'avez pas arrêté!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Il n'y avait que moi qui sût qu'il était l'assassin. Et j'avais besoin
+que l'assassin ne fût pas arrêté tout de suite! Et puis, je n'avais
+d'autre preuve, à ce moment, que «ma raison»! Oui, seule, ma raison me
+prouvait que l'assassin était là et que nous le voyions! J'ai pris mon
+temps pour apporter, aujourd'hui, en cour d'assises, <i>une preuve
+irréfutable, et qui, je m'y engage, contentera tout le monde</i>.</p>
+
+<p>&mdash;Mais parlez! parlez, monsieur! Dites-nous quel est le nom de
+l'assassin, fit le président&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Vous le trouverez parmi les noms de ceux qui étaient dans le bout de
+cour», répliqua Rouletabille, qui, lui, ne semblait pas pressé&hellip;</p>
+
+<p>On commençait à s'impatienter dans la salle&hellip;</p>
+
+<p>«Le nom! Le nom! murmurait-on&hellip;</p>
+
+<p>Rouletabille, sur un ton qui méritait des gifles, dit:</p>
+
+<p>«Je laisse un peu traîner cette déposition, la mienne, m'sieur le
+président, parce que j'ai des raisons pour cela!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Le nom! Le nom! répétait la foule.</p>
+
+<p>&mdash;Silence!» glapit l'huissier.</p>
+
+<p>Le président dit:</p>
+
+<p>«Il faut tout de suite nous dire le nom, monsieur!&hellip; Ceux qui se
+trouvaient dans le bout de cour étaient: le garde, mort. Est-ce lui,
+l'assassin?</p>
+
+<p>&mdash;Non, m'sieur.</p>
+
+<p>&mdash;Le père Jacques?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Non m'sieur.</p>
+
+<p>&mdash;Le concierge, Bernier?</p>
+
+<p>&mdash;Non, m'sieur&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;M. Sainclair?</p>
+
+<p>&mdash;Non m'sieur&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;M. Arthur William Rance, alors? Il ne reste que M. Arthur Rance et
+vous! Vous n'êtes pas l'assassin, non?</p>
+
+<p>&mdash;Non, m'sieur!</p>
+
+<p>&mdash;Alors, vous accusez M. Arthur Rance?</p>
+
+<p>&mdash;Non, m'sieur!</p>
+
+<p>&mdash;Je ne comprends plus!&hellip; Où voulez-vous en venir?&hellip; il n'y avait
+plus personne dans le bout de cour.</p>
+
+<p>&mdash;Si, m'sieur!&hellip; <i>il n'y avait personne dans le bout de cour, ni
+au-dessous, mais il y avait quelqu'un au-dessus, quelqu'un penché à sa
+fenêtre, sur le bout de cour&hellip;</i></p>
+
+<p>&mdash;Frédéric Larsan! s'écria le président.</p>
+
+<p>&mdash;Frédéric Larsan!» répondit d'une voix éclatante Rouletabille.</p>
+
+<p>Et, se retournant vers le public qui faisait entendre déjà des
+protestations, il lui lança ces mots avec une force dont je ne le
+croyais pas capable:</p>
+
+<p>«Frédéric Larsan, l'assassin!»</p>
+
+<p>Une clameur où s'exprimaient l'ahurissement, la consternation,
+l'indignation, l'incrédulité, et, chez certains, l'enthousiasme pour le
+petit bonhomme assez audacieux pour oser une pareille accusation,
+remplit la salle. Le président n'essaya même pas de la calmer; quand
+elle fut tombée d'elle-même, sous les chut! énergiques de ceux qui
+voulaient tout de suite en savoir davantage, on entendit distinctement
+Robert Darzac, qui, se laissant retomber sur son banc, disait:</p>
+
+<p>«C'est impossible! Il est fou!&hellip;»</p>
+
+<p>Le président:</p>
+
+<p>«Vous osez, monsieur, accuser Frédéric Larsan! Voyez l'effet d'une
+pareille accusation&hellip; M. Robert Darzac lui-même vous traite de fou!&hellip;
+Si vous ne l'êtes pas, vous devez avoir des preuves&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Des preuves, m'sieur! Vous voulez des preuves! Ah! je vais vous en
+donner une, de preuve&hellip; fit la voix aiguë de Rouletabille&hellip; Qu'on
+fasse venir Frédéric Larsan!&hellip;»</p>
+
+<p>Le président:</p>
+
+<p>«Huissier, appelez Frédéric Larsan.»</p>
+
+<p>L'huissier courut à la petite porte, l'ouvrit, disparut&hellip; La petite
+porte était restée ouverte&hellip; Tous les yeux étaient sur cette petite
+porte. L'huissier réapparut. Il s'avança au milieu du prétoire et dit:</p>
+
+<p>«Monsieur le président, Frédéric Larsan n'est pas là. Il est parti vers
+quatre heures et on ne l'a plus revu.»</p>
+
+<p>Rouletabille clama, triomphant:</p>
+
+<p>«Ma preuve, la voilà!</p>
+
+<p>&mdash;Expliquez-vous&hellip; Quelle preuve? demanda le président.</p>
+
+<p>&mdash;Ma preuve irréfutable, fit le jeune reporter, ne voyez-vous pas que
+c'est la fuite de Larsan. Je vous jure qu'il ne reviendra pas, allez!&hellip;
+vous ne reverrez plus Frédéric Larsan&hellip;»</p>
+
+<p>Rumeurs au fond de la salle.</p>
+
+<p>«Si vous ne vous moquez pas de la justice, pourquoi, monsieur,
+n'avez-vous pas profité de ce que Larsan était avec vous, à cette barre,
+pour l'accuser en face? Au moins, il aurait pu vous répondre!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Quelle réponse eût été plus complète que celle-ci, monsieur le
+président?&hellip; <i>il ne me répond pas! Il ne me répondra jamais!</i>
+J'accuse Larsan d'être l'assassin <i>et il se sauve!</i> Vous trouvez
+que ce n'est pas une réponse, ça!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Nous ne voulons pas croire, nous ne croyons point que Larsan, comme
+vous dites, «se soit sauvé»&hellip; Comment se serait-il sauvé? Il ne savait
+pas que vous alliez l'accuser?</p>
+
+<p>&mdash;Si, m'sieur, il le savait, puisque je le lui ai appris moi-même, tout
+à l'heure&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Vous avez fait cela!&hellip; Vous croyez que Larsan est l'assassin et vous
+lui donnez les moyens de fuir!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Oui, m'sieur le président, j'ai fait cela, répliqua Rouletabille avec
+orgueil&hellip; Je ne suis pas de la «justice», moi; je ne suis pas de la
+«police», moi; je suis un humble journaliste, et mon métier n'est point
+de faire arrêter les gens! Je sers la vérité comme je veux&hellip; c'est mon
+affaire&hellip; Préservez, vous autres, la société, comme vous pouvez, c'est
+la vôtre&hellip; Mais ce n'est pas moi qui apporterai une tête au bourreau!&hellip;
+Si vous êtes juste, monsieur le président&mdash;et vous l'êtes&mdash;vous
+trouverez que j'ai raison!&hellip; Ne vous ai-je pas dit, tout à l'heure,
+«que vous comprendriez que je ne pouvais prononcer le nom de l'assassin
+avant six heures et demie». J'avais calculé que ce temps était
+nécessaire pour avertir Frédéric Larsan, lui permettre de prendre le
+train de 4 heures 17, pour Paris, où il saurait se mettre en sûreté&hellip;
+Une heure pour arriver à Paris, une heure et quart pour qu'il pût faire
+disparaître toute trace de son passage&hellip; Cela nous amenait à six heures
+et demie&hellip; Vous ne retrouverez pas Frédéric Larsan, déclara
+Rouletabille en fixant M. Robert Darzac&hellip; il est trop malin&hellip; <i>C'est
+un homme qui vous a toujours échappé&hellip;</i> et que vous avez longtemps
+et vainement poursuivi&hellip; S'il est moins fort que moi, ajouta
+Rouletabille, en riant de bon c&oelig;ur et en riant tout seul, car
+personne n'avait plus envie de rire&hellip; il est plus fort que toutes les
+polices de la terre. Cet homme, qui, depuis quatre ans, s'est introduit
+à la Sûreté, et y est devenu célèbre sous le nom de Frédéric Larsan, est
+autrement célèbre sous un autre nom que vous connaissez bien. Frédéric
+Larsan, m'sieur le président, <i>c'est Ballmeyer!</i></p>
+
+<p>&mdash;Ballmeyer! s'écria le président.</p>
+
+<p>&mdash;Ballmeyer! fit Robert Darzac, en se soulevant&hellip; Ballmeyer!&hellip;
+C'était donc vrai!</p>
+
+<p>&mdash;Ah! ah! m'sieur Darzac, vous ne croyez plus que je suis fou,
+maintenant!&hellip;»</p>
+
+<p>Ballmeyer! Ballmeyer! Ballmeyer! On n'entendait plus que ce nom dans la
+salle. Le président suspendit l'audience.</p>
+
+<hr />
+
+
+<p>Vous pensez si cette suspension d'audience fut mouvementée. Le public
+avait de quoi s'occuper. Ballmeyer! On trouvait, décidément, le gamin
+«épatant»! Ballmeyer! Mais le bruit de sa mort avait couru, il y avait,
+de cela, quelques semaines. Ballmeyer avait donc échappé à la mort
+comme, toute sa vie, il avait échappé aux gendarmes. Est-il nécessaire
+que je rappelle ici les hauts faits de Ballmeyer? Ils ont, pendant vingt
+ans, défrayé la chronique judiciaire et la rubrique des faits divers;
+et, si quelques-uns de mes lecteurs ont pu oublier l'affaire de la
+«Chambre Jaune», ce nom de Ballmeyer n'est certainement pas sorti de
+leur mémoire. Ballmeyer fut le type même de l'escroc du grand monde; il
+n'était point de gentleman plus gentleman que lui; il n'était point de
+prestidigitateur plus habile de ses doigts que lui; il n'était point
+d'«apache», comme on dit aujourd'hui, plus audacieux et plus terrible que
+lui. Reçu dans la meilleure société, inscrit dans les cercles les plus
+fermés, il avait volé l'honneur des familles et l'argent des pontes avec
+une maestria qui ne fut jamais dépassée. Dans certaines occasions
+difficiles, il n'avait pas hésité à faire le coup de couteau ou le coup
+de l'os de mouton. Du reste, il n'hésitait jamais, et aucune entreprise
+n'était au-dessus de ses forces. Étant tombé une fois entre les mains de
+la justice, il s'échappa, le matin de son procès, en jetant du poivre
+dans les yeux des gardes qui le conduisaient à la cour d'assises. On sut
+plus tard que, le jour de sa fuite, pendant que les plus fins limiers de
+la Sûreté étaient à ses trousses, il assistait, tranquillement,
+nullement maquillé, à une «première» du Théâtre-Français. Il avait
+ensuite quitté la France pour travailler en Amérique, et la police de
+l'état d'Ohio avait, un beau jour, mis la main sur l'exceptionnel
+bandit; mais, le lendemain, il s'échappait encore&hellip; Ballmeyer, il
+faudrait un volume pour parler ici de Ballmeyer, et c'est cet homme qui
+était devenu Frédéric Larsan!&hellip; Et c'est ce petit gamin de
+Rouletabille qui avait découvert cela!&hellip; Et c'est lui aussi, ce
+moutard, qui, connaissant le passé d'un Ballmeyer, lui permettait, une
+fois de plus, de faire la nique à la société, en lui fournissant le
+moyen de s'échapper! À ce dernier point de vue, je ne pouvais qu'admirer
+Rouletabille, car je savais que son dessein était de servir jusqu'au
+bout M. Robert Darzac et Mlle Stangerson en les débarrassant du bandit
+<i>sans qu'il parlât</i>.</p>
+
+<p>On n'était pas encore remis d'une pareille révélation, et j'entendais
+déjà les plus pressés s'écrier: «En admettant que l'assassin soit
+Frédéric Larsan, cela ne nous explique pas comment il est sorti de la
+Chambre Jaune!&hellip;» quand l'audience fut reprise.</p>
+
+<hr />
+
+
+<p>Rouletabille fut appelé immédiatement à la barre et son interrogatoire,
+car il s'agissait là plutôt d'un interrogatoire que d'une déposition,
+reprit.</p>
+
+<p>Le président:</p>
+
+<p>«Vous nous avez dit tout à l'heure, monsieur, qu'il était impossible de
+s'enfuir du bout de cour. J'admets, avec vous, je veux bien admettre
+que, puisque Frédéric Larsan se trouvait penché à sa fenêtre, au-dessus
+de vous, il fût encore dans ce bout de cour; mais, pour se trouver à sa
+fenêtre, il lui avait fallu quitter ce bout de cour. Il s'était donc
+enfui! Et comment?»</p>
+
+<p>Rouletabille:</p>
+
+<p>«J'ai dit qu'il n'avait pu s'enfuir «normalement&hellip;» Il s'est donc enfui
+«anormalement»! Car le bout de cour, je l'ai dit aussi, n'était que
+«quasi» fermé tandis que la «Chambre Jaune» l'était tout à fait. On
+pouvait grimper au mur, chose impossible dans la «Chambre Jaune», se
+jeter sur la terrasse et de là, pendant que nous étions penchés sur le
+cadavre du garde, pénétrer de la terrasse dans la galerie par la fenêtre
+qui donne juste au-dessus. Larsan n'avait plus qu'un pas à faire pour
+être dans sa chambre, ouvrir sa fenêtre et nous parler. Ceci n'était
+qu'un jeu d'enfant pour un acrobate de la force de Ballmeyer. Et,
+monsieur le président, voici la preuve de ce que j'avance.»</p>
+
+<p>Ici, Rouletabille tira de la poche de son veston, un petit paquet qu'il
+ouvrit, et dont il tira une cheville.</p>
+
+<p>«Tenez, monsieur le président, voici une cheville qui s'adapte
+parfaitement dans un trou que l'on trouve encore dans le «corbeau» de
+droite qui soutient la terrasse en encorbellement. Larsan, qui
+prévoyait tout et qui songeait à tous les moyens de fuite autour de sa
+chambre&mdash;chose nécessaire quand on joue son jeu&mdash;avait enfoncé
+préalablement cette cheville dans ce «corbeau». Un pied sur la borne qui
+est au coin du château, un autre pied sur la cheville, une main à la
+corniche de la porte du garde, l'autre main à la terrasse, et Frédéric
+Larsan disparaît dans les airs&hellip; d'autant mieux qu'il est fort ingambe
+et que, ce soir-là, il n'était nullement endormi par un narcotique,
+comme il avait voulu nous le faire croire. Nous avions dîné avec lui,
+monsieur le président, et, au dessert, il nous joua le coup du monsieur
+qui tombe de sommeil, car il avait besoin d'être, lui aussi, endormi,
+pour que, le lendemain, on ne s'étonnât point que moi, Joseph
+Rouletabille, j'aie été victime d'un narcotique en dînant avec Larsan.
+Du moment que nous avions subi le même sort, les soupçons ne
+l'atteignaient point et s'égaraient ailleurs. Car, moi, monsieur le
+président, moi, j'ai été bel et bien endormi, et par Larsan lui-même, et
+comment!&hellip; Si je n'avais pas été dans ce triste état, jamais Larsan ne
+se serait introduit dans la chambre de Mlle Stangerson ce soir-là, et le
+malheur ne serait pas arrivé!&hellip;»</p>
+
+<p>On entendit un gémissement. C'était M. Darzac qui n'avait pu retenir sa
+douloureuse plainte&hellip;</p>
+
+<p>«Vous comprenez, ajouta Rouletabille, que, couchant à côté de lui, je
+gênais particulièrement Larsan, cette nuit-là, car il savait ou du moins
+il pouvait se douter «que, cette nuit-là, je veillais»! Naturellement il
+ne pouvait pas croire une seconde que je le soupçonnais, lui! Mais je
+pouvais le découvrir au moment où il sortait de sa chambre pour se
+rendre dans celle de Mlle Stangerson. Il attendit, cette nuit-là, pour
+pénétrer chez Mlle Stangerson, que je fusse endormi et que mon ami
+Sainclair fût occupé dans ma propre chambre à me réveiller. Dix minutes
+plus tard Mlle Stangerson criait à la mort!</p>
+
+<p>&mdash;Comment étiez-vous arrivé à soupçonner, alors, Frédéric Larsan?
+demanda le président.</p>
+
+<p>&mdash;«Le bon bout de ma raison» me l'avait indiqué, m'sieur le président;
+aussi j'avais l'&oelig;il sur lui; mais c'est un homme terriblement fort,
+et je n'avais pas prévu le coup du narcotique. Oui, oui, le bon bout de
+ma raison me l'avait montré! Mais il me fallait une preuve palpable;
+comme qui dirait: «Le voir au bout de mes yeux après l'avoir vu au bout
+de ma raison!»</p>
+
+<p>&mdash;Qu'est-ce que vous entendez par «le bon bout de votre raison»?</p>
+
+<p>&mdash;Eh! m'sieur le président, la raison a deux bouts: le bon et le
+mauvais. Il n'y en a qu'un sur lequel vous puissiez vous appuyer avec
+solidité: c'est le bon! On le reconnaît à ce que rien ne peut le faire
+craquer, ce bout-là, quoi que vous fassiez! quoi que vous disiez! Au
+lendemain de la «galerie inexplicable», alors que j'étais comme le
+dernier des derniers des misérables hommes qui ne savent point se servir
+de leur raison parce qu'ils ne savent par où la prendre, que j'étais
+courbé sur la terre et sur les fallacieuses traces sensibles, je me suis
+relevé soudain, en m'appuyant sur le bon bout de ma raison et je suis
+monté dans la galerie.</p>
+
+<p>«Là, je me suis rendu compte que l'assassin que nous avions poursuivi
+n'avait pu, cette fois, «ni normalement, ni anormalement» quitter la
+galerie. Alors, avec le bon bout de ma raison, j'ai tracé un cercle dans
+lequel j'ai enfermé le problème, et autour du cercle, j'ai déposé
+mentalement ces lettres flamboyantes: «Puisque l'assassin ne peut être
+en dehors du cercle, <i>il est dedans!</i>» Qui vois-je donc, dans ce
+cercle? Le bon bout de ma raison me montre, outre l'assassin qui doit
+nécessairement s'y trouver: le père Jacques, M. Stangerson, Frédéric
+Larsan et moi! Cela devait donc faire, avec l'assassin, cinq
+personnages. Or, quand je cherche dans le cercle, ou si vous préférez,
+dans la galerie, pour parler «matériellement», je ne trouve que quatre
+personnages. Et il est démontré que le cinquième n'a pu s'enfuir, n'a pu
+sortir du cercle! <i>Donc, j'ai, dans le cercle, un personnage qui est
+deux, c'est-à-dire qui est, outre son personnage, le personnage de
+l'assassin!&hellip;</i> Pourquoi ne m'en étais-je pas aperçu déjà? Tout
+simplement parce que le phénomène du doublement du personnage ne
+s'était pas passé sous mes yeux. Avec qui, des quatre personnes
+enfermées dans le cercle, l'assassin a-t-il pu se doubler sans que je
+l'aperçoive? Certainement pas avec les personnes qui me sont apparues à
+un moment, <i>dédoublées de l'assassin</i>. Ainsi ai-je vu, <i>en même
+temps</i>, dans la galerie, M. Stangerson et l'assassin, le père Jacques
+et l'assassin, moi et l'assassin. L'assassin ne saurait donc être
+ni M. Stangerson, ni le père Jacques, ni moi! Et puis, si c'était moi
+l'assassin, je le saurais bien, n'est-ce pas, m'sieur le président?&hellip;
+Avais-je vu, en même temps, Frédéric Larsan et l'assassin? Non!&hellip;
+Non! Il s'était passé <i>deux secondes</i> pendant lesquelles
+j'avais perdu de vue l'assassin, car celui-ci était arrivé, comme je
+l'ai du reste noté dans mes papiers, <i>deux secondes</i> avant M.
+Stangerson, le père Jacques et moi, au carrefour des deux galeries. Cela
+avait suffi à Larsan pour enfiler la galerie tournante, enlever sa
+fausse barbe d'un tour de main, se retourner et se heurter à nous, comme
+s'il poursuivait l'assassin!&hellip; Ballmeyer en a fait bien
+d'autres! et vous pensez bien que ce n'était qu'un jeu pour lui de se
+grimer de telle sorte qu'il apparût tantôt avec sa barbe rouge à Mlle
+Stangerson, tantôt à un employé de poste avec un collier de barbe
+châtain qui le faisait ressembler à M. Darzac, dont il avait juré la
+perte! Oui, le bon bout de ma raison me rapprochait ces deux
+personnages, ou plutôt ces deux moitiés de personnage que je n'avais pas
+vues <i>en même temps</i>: Frédéric Larsan et l'inconnu que je
+poursuivais&hellip; pour en faire l'être mystérieux et formidable que je
+cherchais: «l'assassin».</p>
+
+<p>«Cette révélation me bouleversa. J'essayai de me ressaisir en m'occupant
+un peu des traces sensibles, des signes extérieurs qui m'avaient,
+jusqu'alors, égaré, et qu'il fallait, normalement, «faire entrer dans le
+cercle tracé par le bon bout de ma raison!»</p>
+
+<p>«Quels étaient, tout d'abord, les principaux signes extérieurs, cette
+nuit-là, qui m'avaient éloigné de l'idée d'un Frédéric Larsan assassin:</p>
+
+<p>«1<sup>o</sup> J'avais vu l'inconnu dans la chambre de Mlle Stangerson, et, courant
+à la chambre de Frédéric Larsan, j'y avais trouvé Frédéric Larsan,
+bouffi de sommeil.</p>
+
+<p>«2<sup>o</sup> L'échelle;</p>
+
+<p>«3<sup>o</sup> J'avais placé Frédéric Larsan au bout de la galerie tournante en lui
+disant que j'allais sauter dans la chambre de Mlle Stangerson pour
+essayer de prendre l'assassin. Or, j'étais retourné dans la chambre de
+Mlle Stangerson où j'avais retrouvé mon inconnu.</p>
+
+<p>«Le premier signe extérieur ne m'embarrassa guère. Il est probable que,
+lorsque je descendis de mon échelle, après avoir vu l'inconnu dans la
+chambre de Mlle Stangerson, celui-ci avait déjà fini ce qu'il avait à y
+faire. Alors, pendant que je rentrais dans le château, il rentrait, lui,
+dans la chambre de Frédéric Larsan, se déshabillait en deux temps, trois
+mouvements, et, quand je venais frapper à sa porte, montrait un visage
+de Frédéric Larsan ensommeillé à plaisir&hellip;</p>
+
+<p>«Le second signe: l'échelle, ne m'embarrassa pas davantage. Il était
+évident que, si l'assassin était Larsan, il n'avait pas besoin d'échelle
+pour s'introduire dans le château, puisque Larsan couchait à côté de
+moi; mais cette échelle devait faire croire à la venue de l'assassin,
+«de l'extérieur», chose nécessaire au système de Larsan puisque, cette
+nuit-là, M. Darzac n'était pas au château. Enfin, cette échelle, en tout
+état de cause, pouvait faciliter la fuite de Larsan.</p>
+
+<p>«Mais le troisième signe extérieur me déroutait tout à fait. Ayant placé
+Larsan au bout de la galerie tournante, je ne pouvais expliquer qu'il
+eût profité du moment où j'allais dans l'aile gauche du château trouver
+M. Stangerson et le père Jacques, <i>pour retourner dans la
+chambre de Mlle Stangerson!</i> C'était là un geste bien dangereux! Il
+risquait de se faire prendre&hellip; Et il le savait!&hellip; Et il a failli se
+faire prendre&hellip; n'ayant pas eu le temps de regagner son poste, comme il
+l'avait certainement espéré&hellip; Il fallait qu'il eût, pour retourner dans
+la chambre, une raison bien nécessaire qui lui fût apparue tout à coup,
+après mon départ, car il n'aurait pas sans cela prêté son revolver!
+Quant à moi, quand «j'envoyai» le père Jacques au bout de la galerie
+droite, je croyais naturellement que Larsan était toujours à son poste
+au bout de la galerie tournante et le père Jacques lui-même, à qui, du
+reste, je n'avais point donné de détails, en se rendant à son poste, ne
+regarda pas, lorsqu'il passa à l'intersection des deux galeries, si
+Larsan était au sien. Le père Jacques ne songeait alors qu'à exécuter
+mes ordres rapidement. Quelle était donc cette raison imprévue qui avait
+pu conduire Larsan une seconde fois dans la chambre? Quelle était-elle?&hellip;
+Je pensai que ce ne pouvait être qu'une marque sensible de son
+passage qui le dénonçait! Il avait oublié quelque chose de très
+important dans la chambre! Quoi?&hellip; Avait-il retrouvé cette chose?&hellip;
+Je me rappelai la bougie sur le parquet et l'homme courbé&hellip; Je priai
+Mme Bernier, qui faisait la chambre, de chercher&hellip; et elle trouva un
+binocle&hellip; Ce binocle, m'sieur le président!»</p>
+
+<p>Et Rouletabille sortit de son petit paquet le binocle que nous
+connaissons déjà&hellip;</p>
+
+<p>«Quand je vis ce binocle, je fus épouvanté&hellip; Je n'avais jamais vu de
+binocle à Larsan&hellip; S'il n'en mettait pas, c'est donc qu'il n'en avait
+pas besoin&hellip; Il en avait moins besoin encore alors dans un moment où la
+liberté de ses mouvements lui était chose si précieuse&hellip; Que signifiait
+ce binocle?&hellip; Il n'entrait point dans mon cercle. <i>À moins qu'il ne
+fût celui d'un presbyte,</i> m'exclamai-je, tout à coup!&hellip; En effet,
+je n'avais jamais vu écrire Larsan, je ne l'avais jamais vu lire. Il
+«pouvait» donc être presbyte! On savait certainement à la Sûreté qu'il
+était presbyte, «s'il l'était&hellip;» on connaissait sans doute son
+binocle&hellip; Le binocle du «presbyte Larsan» trouvé dans la chambre de
+Mlle Stangerson, après le mystère de la galerie inexplicable, cela
+devenait terrible pour Larsan! Ainsi s'expliquait le retour de Larsan
+dans la chambre!&hellip; Et, en effet, Larsan-Ballmeyer est bien presbyte,
+et ce binocle, que l'on reconnaîtra «peut-être» à la Sûreté, est bien le
+sien&hellip;</p>
+
+<p>«Vous voyez, monsieur, quel est mon système, continua Rouletabille; je
+ne demande pas aux signes extérieurs de m'apprendre la vérité; je leur
+demande simplement de ne pas aller contre la vérité que m'a désignée le
+bon bout de ma raison!&hellip;</p>
+
+<p>«Pour être tout à fait sûr de la vérité sur Larsan, car Larsan assassin
+était une exception qui méritait que l'on s'entourât de quelque
+garantie, j'eus le tort de vouloir voir sa «figure». J'en ai été bien
+puni! Je crois que c'est le bon bout de ma raison qui s'est vengé de ce
+que, depuis la galerie inexplicable, je ne me sois pas appuyé
+solidement, définitivement et en toute confiance, sur lui&hellip; négligeant
+magnifiquement de trouver d'autres preuves de la culpabilité de Larsan
+que celle de ma raison! Alors, Mlle Stangerson a été frappée&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille s'arrêta&hellip; se mouche&hellip; vivement ému.</p>
+
+<hr />
+
+
+<p>«Mais qu'est-ce que Larsan, demanda le président, venait faire dans
+cette chambre? Pourquoi a-t-il tenté d'assassiner à deux reprises Mlle
+Stangerson?</p>
+
+<p>&mdash;Parce qu'il l'adorait, m'sieur le président&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Voilà évidemment une raison&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Oui, m'sieur, une raison péremptoire. Il était amoureux fou&hellip; et à
+cause de cela, et de bien d'autres choses aussi, capable de tous les
+crimes.</p>
+
+<p>&mdash;Mlle Stangerson le savait?</p>
+
+<p>&mdash;Oui, m'sieur, mais elle ignorait, naturellement, que l'individu qui la
+poursuivait ainsi fût Frédéric Larsan&hellip; sans quoi Frédéric Larsan ne
+serait pas venu s'installer au château, et n'aurait pas, la nuit de la
+galerie inexplicable, pénétré avec nous auprès de Mlle Stangerson,
+«après l'affaire». J'ai remarqué du reste qu'il s'était tenu dans
+l'ombre et qu'il avait continuellement la face baissée&hellip; ses yeux
+devaient chercher le binocle perdu&hellip; Mlle Stangerson a eu à subir les
+poursuites et les attaques de Larsan sous un nom et sous un déguisement
+que nous ignorions mais qu'elle pouvait connaître déjà.</p>
+
+<p>&mdash;Et vous, monsieur Darzac! demanda le président&hellip; vous avez peut-être,
+à ce propos, reçu les confidences de Mlle Stangerson&hellip; Comment se
+fait-il que Mlle Stangerson n'ait parlé de cela à personne?&hellip; Cela
+aurait pu mettre la justice sur les traces de l'assassin&hellip; et si vous
+êtes innocent, vous aurait épargné la douleur d'être accusé!</p>
+
+<p>&mdash;Mlle Stangerson ne m'a rien dit, fit M. Darzac.</p>
+
+<p>&mdash;Ce que dit le jeune homme vous paraît-il possible?» demanda encore le
+président.</p>
+
+<p>Imperturbablement, M. Robert Darzac répondit:</p>
+
+<p>«Mlle Stangerson ne m'a rien dit&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Comment expliquez-vous que, la nuit de l'assassinat du garde, reprit
+le président, en se tournant vers Rouletabille, l'assassin ait rapporté
+les papiers volés à M. Stangerson?&hellip; Comment expliquez-vous que
+l'assassin se soit introduit dans la chambre fermée de Mlle Stangerson?</p>
+
+<p>&mdash;Oh! quant à cette dernière question, il est facile, je crois, d'y
+répondre. Un homme comme Larsan-Ballmeyer devait se procurer ou faire
+faire facilement les clefs qui lui étaient nécessaires&hellip; Quant au vol
+des documents, «je crois» que Larsan n'y avait pas d'abord songé.
+Espionnant partout Mlle Stangerson, bien décidé à empêcher son mariage
+avec M. Robert Darzac, il suit un jour Mlle Stangerson et M. Robert
+Darzac dans les grands magasins de la Louve, s'empare du réticule de
+Mlle Stangerson, que celle-ci perd ou se laisse prendre. Dans ce
+réticule, il y a une clef à tête de cuivre. Il ne sait pas l'importance
+qu'a cette clef. Elle lui est révélée par la note que fait paraître Mlle
+Stangerson dans les journaux. Il écrit à Mlle Stangerson poste restante,
+comme la note l'en prie. Il demande sans doute un rendez-vous en faisant
+savoir que celui qui a le réticule et la clef est celui qui la poursuit,
+depuis quelque temps, de son amour. Il ne reçoit pas de réponse. Il va
+constater au bureau 40 que la lettre n'est plus là. Il y va, ayant pris
+déjà l'allure et autant que possible l'habit de M. Darzac, car, décidé à
+tout pour avoir Mlle Stangerson, il a tout préparé, pour que, <i>quoi
+qu'il arrive, M. Darzac, aimé de Mlle Stangerson, M. Darzac qu'il
+déteste et dont il veut la perte, passe pour le coupable</i>.</p>
+
+<p>«Je dis: quoi qu'il arrive, mais je pense que Larsan ne pensait pas
+encore qu'il en serait réduit à l'assassinat. Dans tous les cas, ses
+précautions sont prises pour compromettre Mlle Stangerson sous le
+déguisement Darzac. Larsan a, du reste, à peu près la taille de Darzac
+et quasi le même pied. Il ne lui serait pas difficile, s'il est
+nécessaire, après avoir dessiné l'empreinte du pied de M. Darzac, de se
+faire faire, sur ce dessin, des chaussures qu'il chaussera. Ce sont là
+trucs enfantins pour Larsan-Ballmeyer.</p>
+
+<p>«Donc, pas de réponse à sa lettre, pas de rendez-vous, et il a toujours
+la petite clef précieuse dans sa poche. Eh bien, puisque Mlle Stangerson
+ne vient pas à lui, il ira à elle! Depuis longtemps son plan est fait.
+Il s'est documenté sur le Glandier et sur le pavillon. Un après-midi,
+alors que M. et Mlle Stangerson viennent de sortir pour la promenade et
+que le père Jacques lui-même est parti, il s'introduit dans le pavillon
+par la fenêtre du vestibule. Il est seul, pour le moment, il a des
+loisirs&hellip; il regarde les meubles&hellip; l'un d'eux, fort curieux, et
+ressemblant à un coffre-fort, a une toute petite serrure&hellip; Tiens!
+Tiens! Cela l'intéresse&hellip; Comme il a sur lui la petite clef de
+cuivre&hellip; il y pense&hellip; liaison d'idées. Il essaye la clef dans la
+serrure; la porte s'ouvre&hellip; Des papiers! Il faut que ces papiers soient
+bien précieux pour qu'on les ait enfermés dans un meuble aussi
+particulier&hellip; pour qu'on tienne tant à la clef qui ouvre ce meuble&hellip;
+Eh! Eh! cela peut toujours servir&hellip; à un petit chantage&hellip; cela
+l'aidera peut-être dans ses desseins amoureux&hellip; Vite, il fait un paquet
+de ces paperasses et va le déposer dans le lavatory du vestibule. Entre
+l'expédition du pavillon et la nuit de l'assassinat du garde, Larsan a
+eu le temps de voir ce qu'étaient ces papiers. Qu'en ferait-il? Ils sont
+plutôt compromettants&hellip; Cette nuit-là, il les rapporta au château&hellip;
+Peut-être a-t-il espéré du retour de ces papiers, qui représentaient
+vingt ans de travaux, une reconnaissance quelconque de Mlle
+Stangerson&hellip; Tout est possible, dans un cerveau comme celui-là!&hellip;
+Enfin, quelle qu'en soit la raison, il a rapporté les papiers <i>et il
+en était bien débarrassé!</i></p>
+
+<p>Rouletabille toussa et je compris ce que signifiait cette toux. Il était
+évidemment embarrassé, à ce point de ses explications, par la volonté
+qu'il avait de ne point donner le véritable motif de l'attitude
+effroyable de Larsan vis-à-vis de Mlle Stangerson. Son raisonnement
+était trop incomplet pour satisfaire tout le monde, et le président lui
+en eut certainement fait l'observation, si, malin comme un singe,
+Rouletabille ne s'était écrié: «Maintenant, nous arrivons à
+l'explication du mystère de la Chambre Jaune!»</p>
+
+<hr />
+
+
+<p>Il y eut, dans la salle, des remuements de chaises, de légères
+bousculades, des «chut!» énergiques. La curiosité était poussée à son
+comble.</p>
+
+<p>«Mais, fit le président, il me semble, d'après votre hypothèse, monsieur
+Rouletabille, que le mystère de la «Chambre Jaune» est tout expliqué. Et
+c'est Frédéric Larsan qui nous l'a expliqué lui-même en se contentant de
+tromper sur le personnage, en mettant M. Robert Darzac à sa propre
+place. Il est évident que la porte de la «Chambre Jaune» s'est ouverte
+quand M. Stangerson était seul, et que le professeur a laissé passer
+l'homme qui sortait de la chambre de sa fille, sans l'arrêter, peut-être
+même <i>sur la prière de sa fille</i>, pour éviter tout scandale!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Non, m'sieur le président, protesta avec force le jeune homme. Vous
+oubliez que Mlle Stangerson, assommée, ne pouvait plus faire de prière,
+qu'elle ne pouvait plus refermer sur elle ni le verrou ni la serrure&hellip;
+Vous oubliez aussi que M. Stangerson a juré sur la tête de sa fille à
+l'agonie <i>que la porte ne s'était pas ouverte!</i></p>
+
+<p>&mdash;C'est pourtant, monsieur, la seule façon d'expliquer les choses! <i>La
+Chambre Jaune était close comme un coffre-fort.</i> Pour me servir de
+vos expressions, il était impossible à l'assassin de s'en échapper
+«normalement ou anormalement». Quand on pénètre dans la chambre, on ne
+le trouve pas! Il faut bien pourtant qu'il s'échappe!&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;C'est tout à fait inutile, m'sieur le président&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Comment cela?</p>
+
+<p>&mdash;Il n'avait pas besoin de s'échapper, <i>s'il n'y était pas!</i>»</p>
+
+<p>Rumeurs dans la salle&hellip;</p>
+
+<p>«Comment, il n'y était pas?</p>
+
+<p>&mdash;Évidemment non! <i>Puisqu'il ne pouvait pas y être, c'est
+qu'il n'y était pas!</i> Il faut toujours, m'sieur
+l'président, s'appuyer sur le bon bout de sa raison!</p>
+
+<p>&mdash;Mais toutes les traces de son passage! protesta le président.</p>
+
+<p>&mdash;Ça, m'sieur le président, c'est le mauvais bout de la raison!&hellip; Le
+bon bout nous indique ceci: depuis le moment où Mlle Stangerson s'est
+enfermée dans sa chambre jusqu'au moment où l'on a défoncé la porte, il
+est impossible que l'assassin se soit échappé de cette chambre; et,
+comme on ne l'y trouve pas, c'est que, depuis le moment de la fermeture
+de la porte jusqu'au moment où on la défonce, <i>l'assassin n'était pas
+dans la chambre!</i></p>
+
+<p>&mdash;Mais les traces?</p>
+
+<p>&mdash;Eh! m'sieur le président&hellip; Ça, c'est les marques sensibles, encore
+une fois&hellip; les marques sensibles avec lesquelles on commet tant
+d'erreurs judiciaires <i>parce qu'elles vous font dire ce
+qu'elles veulent!</i> Il ne faut point, je vous le répète, s'en
+servir pour raisonner! Il faut raisonner d'abord! Et voir ensuite si les
+marques sensibles peuvent entrer dans le cercle de votre raisonnement&hellip;
+J'ai un tout petit cercle de vérité incontestable: <i>l'assassin n'était
+point dans la Chambre Jaune!</i> Pourquoi a-t-on cru qu'il y était? À
+cause des marques de son passage! Mais il peut être passé <i>avant!</i>
+Que dis-je: il «doit» être passé avant. La raison me dit qu'il faut
+qu'il soit passé là, <i>avant!</i> Examinons les marques et ce que nous
+savons de l'affaire, et voyons si ces marques vont à l'encontre de ce
+<i>passage avant&hellip; avant que Mlle Stangerson s'enferme dans sa chambre,
+devant son père et le père Jacques!</i></p>
+
+<p>«Après la publication de l'article du <i>Matin</i> et une conversation
+que j'eus dans le trajet de Paris à Épinay-sur-Orge avec le juge
+d'instruction, la preuve me parut faite que la «Chambre Jaune» était
+mathématiquement close et que, par conséquent, l'assassin en avait
+disparu avant l'entrée de Mlle Stangerson dans sa chambre, à minuit.</p>
+
+<p>«Les marques extérieures se trouvaient alors être terriblement «contre
+ma raison». Mlle Stangerson ne s'était pas assassinée toute seule, et
+ces marques attestaient qu'il n'y avait pas eu suicide. L'assassin était
+donc venu <i>avant!</i> Mais comment Mlle Stangerson n'avait-elle été
+assassinée qu'après? ou plutôt «ne paraissait-elle» avoir été assassinée
+qu'après? Il me fallait naturellement reconstituer l'affaire en deux
+phases, deux phases bien distinctes l'une de l'autre de quelques heures:
+la première phase pendant laquelle on avait réellement tenté
+d'assassiner Mlle Stangerson, tentative qu'elle avait dissimulée; la
+seconde phase pendant laquelle, à la suite d'un cauchemar qu'elle avait
+eu, ceux qui étaient dans le laboratoire avaient cru qu'on
+l'assassinait!</p>
+
+<p>«Je n'avais pas encore, alors, pénétré dans la «Chambre Jaune». Quelles
+étaient les blessures de Mlle Stangerson? Des marques de strangulation
+et un coup formidable à la tempe&hellip; Les marques de strangulation ne me
+gênaient pas. Elles pouvaient avoir été faites «avant» et Mlle
+Stangerson les avait dissimulées sous une collerette, un boa, n'importe
+quoi! Car, du moment que je créais, que j'étais obligé de diviser
+l'affaire en deux phases, j'étais acculé à la nécessité de me dire que
+<i>Mlle Stangerson avait caché tous les événements de la première
+phase</i>; elle avait des raisons, sans doute, assez puissantes pour
+cela, puisqu'elle n'avait rien dit à son père et qu'elle dut raconter
+naturellement au juge d'instruction l'agression de l'assassin <i>dont
+elle ne pouvait nier le passage</i>, comme si cette agression
+avait eu lieu la nuit, pendant la seconde phase! Elle y était forcée,
+sans quoi son père lui eût dit: «Que nous as-tu caché là? Que signifie
+ton silence après une pareille agression»?»</p>
+
+<p>«Elle avait donc dissimulé les marques de la main de l'homme à son cou.
+Mais il y avait le coup formidable de la tempe! Ça, je ne le comprenais
+pas! Surtout quand j'appris que l'on avait trouvé dans la chambre un os
+de mouton, arme du crime&hellip; Elle ne pouvait avoir dissimulé qu'on
+l'avait assommée, et cependant cette blessure apparaissait évidemment
+comme ayant dû être faite pendant la première phase puisqu'elle
+nécessitait la présence de l'assassin! J'imaginai que cette blessure
+était beaucoup moins forte qu'on ne le disait&mdash;en quoi j'avais tort&mdash;et
+je pensai que Mlle Stangerson avait caché la blessure de la tempe
+<i>sous une coiffure en bandeaux!</i></p>
+
+<p>«Quant à la marque, sur le mur, de la main de l'assassin blessée par le
+revolver de Mlle Stangerson, cette marque avait été faite évidemment
+«avant» et l'assassin avait été nécessairement blessé pendant la
+première phase, c'est-à-dire <i>pendant qu'il était là!</i>
+Toutes les traces du passage de l'assassin avaient été naturellement
+laissées pendant la première phase: L'os de mouton, les pas noirs, le
+béret, le mouchoir, le sang sur le mur, sur la porte et par terre&hellip; De
+toute évidence, si ces traces étaient encore là, c'est que Mlle
+Stangerson, qui désirait qu'on ne sût rien et qui agissait pour qu'on ne
+sût rien de cette affaire, n'avait pas encore eu le temps de les faire
+disparaître! Ce qui me conduisait à chercher la première phase de
+l'affaire dans <i>un temps très rapproché de la seconde</i>. Si,
+après la première phase, c'est-à-dire après que l'assassin se fût
+échappé, après qu'elle-même eût en hâte regagné le laboratoire où son
+père la retrouvait, travaillant,&mdash;si elle avait pu pénétrer à nouveau
+un instant dans la chambre, elle aurait au moins fait disparaître, tout
+de suite, l'os de mouton, le béret et le mouchoir qui traînaient par
+terre. Mais elle ne le tenta pas, son père ne l'ayant pas quittée.
+Après, donc, cette première phase, elle n'est entrée dans sa chambre
+qu'à minuit. Quelqu'un y était entré à dix heures: le père Jacques, qui
+fit sa besogne de tous les soirs, ferma les volets et alluma la
+veilleuse. Dans son anéantissement sur le bureau du laboratoire où elle
+feignait de travailler, Mlle Stangerson avait sans doute oublié que le
+père Jacques allait entrer dans sa chambre! Aussi elle a un mouvement:
+elle prie le père Jacques de ne pas se déranger! De ne pas pénétrer dans
+la chambre! Ceci est en toutes lettres dans l'article du <i>Matin</i>.
+Le père Jacques entre tout de même et ne s'aperçoit de rien, tant la
+«Chambre Jaune» est obscure!&hellip; Mlle Stangerson a dû vivre là deux
+minutes affreuses! Cependant, je crois qu'elle ignorait qu'il y avait
+tant de marques du passage de l'assassin dans sa chambre! Elle n'avait
+sans doute, après la première phase, eu le temps que de dissimuler les
+traces des doigts de l'homme à son cou et de sortir de sa chambre!&hellip;
+Si elle avait su que l'os, le béret et le mouchoir fussent sur le
+parquet, elle les aurait également ramassés quand elle est rentrée à
+minuit dans sa chambre&hellip; Elle ne les a pas vus, elle s'est déshabillée
+à la clarté douteuse de la veilleuse&hellip; Elle s'est couchée, brisée par
+tant d'émotions, et par la terreur, la terreur qui ne l'avait fait
+regagner cette chambre que le plus tard possible&hellip;</p>
+
+<p>«Ainsi étais-je <i>obligé</i> d'arriver de la sorte à la seconde phase
+du drame, <i>avec Mlle Stangerson seule dans la chambre, du moment qu'on
+n'avait pas trouvé l'assassin dans la chambre&hellip;</i> Ainsi devais-je
+naturellement faire entrer dans le cercle de mon raisonnement les
+marques extérieures.</p>
+
+<p>«Mais il y avait d'autres marques extérieures à expliquer. Des coups de
+revolver avaient été tirés, pendant la seconde phase. Des cris: «Au
+secours! À l'assassin!» avaient été proférés!&hellip; Que pouvait me
+désigner, en une telle occurrence, le bon bout de ma raison? Quant aux
+cris, d'abord: du moment où il n'y a pas d'assassin dans la chambre,
+<i>il y avait forcément cauchemar dans la chambre!</i></p>
+
+<p>«On entend un grand bruit de meubles renversés. J'imagine&hellip; je suis
+obligé d'imaginer ceci: Mlle Stangerson s'est endormie, hantée par
+l'abominable scène de l'après-midi&hellip; elle rêve&hellip; le cauchemar précise
+ses images rouges&hellip; elle revoit l'assassin qui se précipite sur elle,
+elle crie: «À l'assassin! Au secours!» et son geste désordonné va
+chercher le revolver qu'elle a posé, avant de se coucher, sur sa table
+de nuit. Mais cette main heurte la table de nuit avec une telle force
+qu'elle la renverse. Le revolver roule par terre, un coup part et va se
+loger dans le plafond&hellip; Cette balle dans le plafond me parut, dès
+l'abord, devoir être la balle de l'accident&hellip; Elle révélait la
+possibilité de l'accident et arrivait si bien avec mon hypothèse de
+cauchemar qu'elle fut une des raisons pour lesquelles je commençai à ne
+plus douter que le crime avait eu lieu <i>avant</i>, et que Mlle
+Stangerson, douée d'un caractère d'une énergie peu commune, l'avait
+caché&hellip; Cauchemar, coup de revolver&hellip; Mlle Stangerson, dans un état
+moral affreux, est réveillée; elle essaye de se lever; elle roule par
+terre, sans force, renversant les meubles, râlant même&hellip; «À l'assassin!
+Au secours!» et s'évanouit&hellip;</p>
+
+<p>«Cependant, on parlait de deux coups de revolver, la nuit, lors de la
+seconde phase. À moi aussi, pour ma thèse&mdash;ce n'était plus, déjà, une
+hypothèse&mdash;il en fallait deux; mais «un» dans chacune des phases et non
+pas deux dans la dernière&hellip; un coup pour blesser l'assassin,
+<i>avant</i>, et un coup lors du cauchemar, <i>après!</i> Or,
+était-il bien sûr que, la nuit, deux coups de revolver eussent été
+tirés? Le revolver s'était fait entendre au milieu du fracas de meubles
+renversés. Dans un interrogatoire, M. Stangerson parle d'un coup sourd
+d'abord, d'un coup éclatant ensuite! Si le coup sourd avait été produit
+par la chute de la table de nuit en marbre sur le plancher? Il est
+<i>nécessaire</i> que cette explication soit la bonne. Je fus certain
+qu'elle était la bonne, quand je sus que les concierges, Bernier et sa
+femme, n'avaient entendu, eux qui étaient tout près du pavillon,
+<i>qu'un seul coup de revolver.</i> Ils l'ont déclaré au juge
+d'instruction.</p>
+
+<p>«Ainsi, j'avais presque reconstitué les deux phases du drame quand je
+pénétrai, pour la première fois, dans la «Chambre Jaune». Cependant la
+gravité de la blessure à la tempe n'entrait pas dans le cercle de mon
+raisonnement. Cette blessure n'avait donc pas été faite par l'assassin
+avec l'os de mouton, lors de la première phase, parce qu'elle était trop
+grave, que Mlle Stangerson n'aurait pu la dissimuler et qu'elle ne
+l'avait pas dissimulée sous une coiffure en bandeaux! Alors, cette
+blessure avait été «nécessairement» faite lors de la seconde phase, au
+moment du cauchemar? C'est ce que je suis allé demander à la «Chambre
+Jaune» et la «Chambre Jaune» m'a répondu!»</p>
+
+<p>Rouletabille tira, toujours de son petit paquet, un morceau de papier
+blanc plié en quatre, et, de ce morceau de papier blanc, sortit un objet
+invisible, qu'il tint entre le pouce et l'index et qu'il porta au
+président:</p>
+
+<p>«Ceci, monsieur le président, est un cheveu, un cheveu blond maculé de
+sang, un cheveu de Mlle Stangerson&hellip; Je l'ai trouvé collé à l'un des
+coins de marbre de la table de nuit renversée&hellip; Ce coin de marbre était
+lui-même maculé de sang. Oh! un petit carré rouge de rien du tout! mais
+fort important! car il m'apprenait, ce petit carré de sang, qu'en se
+levant, affolée, de son lit, Mlle Stangerson était tombée de tout son
+haut et fort brutalement sur ce coin de marbre qui l'avait blessée à la
+tempe, et qui avait retenu ce cheveu, ce cheveu que Mlle Stangerson
+devait avoir sur le front, bien qu'elle ne portât pas la coiffure en
+bandeaux! Les médecins avaient déclaré que Mlle Stangerson avait été
+assommée avec un objet <i>contondant</i> et, comme l'os de mouton était
+là, le juge d'instruction avait immédiatement accusé l'os de mouton
+<i>mais le coin d'une table de nuit en marbre est aussi un objet
+contondant auquel ni les médecins ni le juge d'instruction n'avaient
+songé, et que je n'eusse peut-être point découvert moi-même si le bon
+bout de ma raison ne me l'avait indiqué, ne me l'avait fait pressentir</i>.»</p>
+
+<p>La salle faillit partir, une fois de plus, en applaudissements; mais,
+comme Rouletabille reprenait tout de suite sa déposition, le silence se
+rétablit sur-le-champ.</p>
+
+<p>«Il me restait à savoir, en dehors du nom de l'assassin que je ne devais
+connaître que quelques jours plus tard, à quel moment avait eu lieu la
+première phase du drame. L'interrogatoire de Mlle Stangerson, bien
+qu'arrangé pour tromper le juge d'instruction, et celui de M.
+Stangerson, devaient me le révéler. Mlle Stangerson a donné exactement
+l'emploi de son temps, ce jour-là. Nous avons établi que l'assassin
+s'est introduit entre cinq et six dans le pavillon; mettons qu'il fût
+six heures et quart quand le professeur et sa fille se sont remis au
+travail. C'est donc entre cinq heures et six heures et quart qu'il faut
+chercher. Que dis-je, cinq heures! mais le professeur est alors avec sa
+fille&hellip; Le drame ne pourra s'être passé que loin du professeur! Il me
+faut donc, dans ce court espace de temps, chercher le moment où le
+professeur et sa fille seront séparés!&hellip; Eh bien, ce moment, je le
+trouve dans l'interrogatoire qui eut lieu dans la chambre de Mlle
+Stangerson, en présence de M. Stangerson. Il y est marqué que le
+professeur et sa fille rentrent vers six heures au laboratoire. M.
+Stangerson dit: «À ce moment, je fus abordé par mon garde qui <i>me
+retint un instant</i>.» il y a donc conversation avec le garde.
+Le garde parle à M. Stangerson de coupe de bois ou de braconnage; Mlle
+Stangerson n'est plus là; elle a déjà regagné le laboratoire puisque le
+professeur dit encore: «Je quittai le garde et je rejoignis ma fille qui
+était déjà au travail!»</p>
+
+<p>«C'est donc dans ces courtes minutes que le drame se déroula. C'est
+nécessaire! Je vois très bien Mlle Stangerson rentrer dans le pavillon,
+pénétrer dans sa chambre pour poser son chapeau et se trouver en face
+du bandit qui la poursuit. Le bandit était là, dans le pavillon, depuis
+un certain temps. Il devait avoir arrangé son affaire pour que tout se
+passât la nuit. Il avait alors déchaussé les chaussures du père Jacques
+qui le gênaient, dans les conditions que j'ai dites au juge
+d'instruction, il avait opéré la rafle des papiers, comme je vous l'ai
+dit tout à l'heure, et il s'était ensuite glissé sous le lit quand le
+père Jacques était revenu laver le vestibule et le laboratoire&hellip; Le
+temps lui avait paru long&hellip; il s'était relevé, après le départ du père
+Jacques, avait à nouveau erré dans le laboratoire, était venu dans le
+vestibule, avait regardé dans le jardin, et avait vu venir, vers le
+pavillon&mdash;car, à ce moment-là, la nuit qui commençait était très
+claire&mdash;<i>Mlle Stangerson, toute seule!</i> Jamais il n'eût osé
+l'attaquer à cette heure-là s'il n'avait cru être certain que Mlle
+Stangerson était seule! Et, pour qu'elle lui apparût seule, il fallait
+que la conversation entre M. Stangerson et le garde qui le retenait eût
+lieu à un coin détourné du sentier, <i>coin où se trouve un bouquet
+d'arbres qui les cachait aux yeux du misérable</i>. Alors, son plan est
+fait. Il va être plus tranquille, seul avec Mlle Stangerson dans ce
+pavillon, qu'il ne l'aurait été, en pleine nuit, avec le père Jacques
+dormant dans son grenier. <i>Et il dut fermer la fenêtre du
+vestibule!</i> ce qui explique aussi que ni M. Stangerson, ni le
+garde, du reste assez éloignés encore du pavillon, n'ont entendu le coup
+de revolver.</p>
+
+<p>«Puis il regagna la «Chambre Jaune». Mlle Stangerson arrive. Ce qui
+s'est passé a dû être rapide comme l'éclair!&hellip; Mlle Stangerson a dû
+crier&hellip; ou plutôt a voulu crier son effroi; l'homme l'a saisie à la
+gorge&hellip; Peut-être va-t-il l'étouffer, l'étrangler&hellip; Mais la main
+tâtonnante de Mlle Stangerson a saisi, dans le tiroir de la table de
+nuit, le revolver qu'elle y a caché depuis qu'elle redoute les menaces
+de l'homme. L'assassin brandit déjà, sur la tête de la malheureuse,
+cette arme terrible dans les mains de Larsan-Ballmeyer, un os de
+mouton&hellip; Mais elle tire&hellip; le coup part, blesse la main qui abandonne
+l'arme. L'os de mouton roule par terre, <i>ensanglanté par la
+blessure de l'assassin&hellip;</i> l'assassin chancelle, va
+s'appuyer à la muraille, y imprime ses doigts rouges, craint une autre
+balle et s'enfuit&hellip;</p>
+
+<p>«Elle le voit traverser le laboratoire&hellip; Elle écoute&hellip; Que fait-il
+dans le vestibule?&hellip; Il est bien long à sauter par cette fenêtre&hellip;
+Enfin, il saute! Elle court à la fenêtre et la referme!&hellip; Et
+maintenant, est-ce que son père a vu? a entendu? Maintenant que le
+danger a disparu, toute sa pensée va à son père&hellip; douée d'une énergie
+surhumaine, elle lui cachera tout, s'il en est temps encore!&hellip; Et,
+quand M. Stangerson reviendra, il trouvera la porte de la «Chambre
+Jaune» fermée, et sa fille, dans le laboratoire, penchée sur son bureau,
+attentive, <i>au travail, déjà!</i>»</p>
+
+<p>Rouletabille se tourne alors vers M. Darzac:</p>
+
+<p>«Vous savez la vérité, s'écria-t-il, dites-nous donc si la chose ne
+s'est pas passée ainsi?</p>
+
+<p>&mdash;Je ne sais rien, répond M. Darzac.</p>
+
+<p>&mdash;Vous êtes un héros! fait Rouletabille, en se croisant les bras&hellip; Mais
+si Mlle Stangerson était, hélas! en état de savoir que vous êtes accusé,
+elle vous relèverait de votre parole&hellip; elle vous prierait de dire tout
+ce qu'elle vous a confié&hellip; que dis-je, elle viendrait vous défendre
+elle-même!&hellip;»</p>
+
+<p>M. Darzac ne fit pas un mouvement, ne prononça pas un mot. Il regarda
+tristement Rouletabille.</p>
+
+<p>«Enfin, fit celui-ci, puisque Mlle Stangerson n'est pas là,
+<i>il faut bien que j'y sois, moi!</i> Mais, croyez-moi,
+monsieur Darzac, le meilleur moyen, le seul, de sauver Mlle Stangerson
+et de lui rendre la raison, c'est encore de vous faire acquitter!»</p>
+
+<p>Un tonnerre d'applaudissements accueillit cette dernière phrase. Le
+président n'essaya même pas de réfréner l'enthousiasme de la salle.
+Robert Darzac était sauvé. Il n'y avait qu'à regarder les jurés pour en
+être certain! Leur attitude manifestait hautement leur conviction.</p>
+
+<p>Le président s'écria alors:</p>
+
+<p>«Mais enfin, quel est ce mystère qui fait que Mlle Stangerson, que l'on
+tente d'assassiner, dissimule un pareil crime à son père?</p>
+
+<p>&mdash;Ça, m'sieur, fit Rouletabille, j'sais pas!&hellip; Ça ne me regarde pas!&hellip;»</p>
+
+<p>Le président fit un nouvel effort auprès de M. Robert Darzac.</p>
+
+<p>«Vous refusez toujours de nous dire, monsieur, quel a été l'emploi de
+votre temps pendant qu'«on» attentait à la vie de Mlle Stangerson?</p>
+
+<p>&mdash;Je ne peux rien vous dire, monsieur&hellip;»</p>
+
+<p>Le président implora du regard une explication de Rouletabille:</p>
+
+<p>«On a le droit de penser, m'sieur le président, que les absences de M.
+Robert Darzac étaient étroitement liées au secret de Mlle Stangerson&hellip;
+Aussi M. Darzac se croit-il tenu à garder le silence!&hellip; Imaginez que
+Larsan, qui a, lors de ses trois tentatives, tout mis en train pour
+détourner les soupçons sur M. Darzac, ait fixé, justement, ces trois
+fois-là, des rendez-vous à M. Darzac dans un endroit compromettant,
+rendez-vous où il devait être traité du mystère&hellip; M. Darzac se fera
+plutôt condamner que d'avouer quoi que ce soit, que d'expliquer quoi que
+ce soit qui touche au mystère de Mlle Stangerson. Larsan est assez malin
+pour avoir fait encore cette «combinaise-là!&hellip;»</p>
+
+<p>Le président, ébranlé, mais curieux, répartit encore:</p>
+
+<p>«Mais quel peut bien être ce mystère-là?</p>
+
+<p>&mdash;Ah! m'sieur, j'pourrais pas vous dire! fit Rouletabille en saluant le
+président; seulement, je crois que vous en savez assez maintenant pour
+acquitter M. Robert Darzac!&hellip; À moins que Larsan ne revienne! mais
+j'crois pas!» fit-il en riant d'un gros rire heureux.</p>
+
+<p>Tout le monde rit avec lui.</p>
+
+<p>«Encore une question, monsieur, fit le président. Nous comprenons,
+toujours en admettant votre thèse, que Larsan ait voulu détourner les
+soupçons sur M. Robert Darzac, mais quel intérêt avait-il à les
+détourner aussi sur le père Jacques?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;«L'intérêt du policier!» m'sieur! L'intérêt de se montrer débrouillard
+en annihilant lui-même ces preuves qu'il avait accumulées. C'est très
+fort, ça! C'est un truc qui lui a souvent servi à détourner les soupçons
+qui eussent pu s'arrêter sur lui-même! Il prouvait l'innocence de l'un,
+avant d'accuser l'autre. Songez, monsieur le président, qu'une affaire
+comme celle-là devait avoir été longuement «mijotée» à l'avance par
+Larsan. Je vous dis qu'il avait tout étudié et qu'il connaissait les
+êtres et tout. Si vous avez la curiosité de savoir comment il s'était
+documenté, vous apprendrez qu'il s'était fait un moment le
+commissionnaire entre «le laboratoire de la Sûreté» et M. Stangerson, à
+qui on demandait des «expériences». Ainsi, il a pu, avant le crime,
+pénétrer deux fois dans le pavillon. Il était grimé de telle sorte que
+le père Jacques, depuis, ne l'a pas reconnu; mais il a trouvé, lui,
+Larsan, l'occasion de chiper au père Jacques une vieille paire de
+godillots et un béret hors d'usage, que le vieux serviteur de M.
+Stangerson avait noués dans un mouchoir pour les porter sans doute à un
+de ses amis, charbonnier sur la route d'Épinay! Quand le crime fut
+découvert, le père Jacques, reconnaissant les objets à part lui, n'eut
+garde de les reconnaître immédiatement! Ils étaient trop compromettants,
+et c'est ce qui vous explique son trouble, à cette époque, quand nous
+lui en parlions. Tout cela est simple comme bonjour et j'ai acculé
+Larsan à me l'avouer. Il l'a du reste fait avec plaisir, car, si c'est
+un bandit&mdash;ce qui ne fait plus, j'ose l'espérer, de doute pour
+personne&mdash;c'est aussi un artiste!&hellip; C'est sa manière de faire, à cet
+homme, sa manière à lui&hellip; Il a agi de même lors de l'affaire du «Crédit
+universel» et des «Lingots de la Monnaie!» Des affaires qu'il faudra
+réviser, m'sieur le président, car il y a quelques innocents dans les
+prisons depuis que Ballmeyer-Larsan appartient à la Sûreté!»</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch28">XXVIII<br />
+Où il est prouvé qu'on ne pense pas toujours à tout</h2>
+
+
+<p>Gros émoi, murmures, bravos! Maître Henri-Robert déposa des conclusions
+tendant à ce que l'affaire fût renvoyée à une autre session pour
+supplément d'instruction; le ministère public lui-même s'y associa.
+L'affaire fut renvoyée. Le lendemain, M. Robert Darzac était remis en
+liberté provisoire, et le père Mathieu bénéficiait «d'un non-lieu»
+immédiat. On chercha vainement Frédéric Larsan. La preuve de l'innocence
+était faite. M. Darzac échappa enfin à l'affreuse calamité qui l'avait,
+un instant, menacé, et il put espérer, après une visite à Mlle
+Stangerson, que celle-ci recouvrerait un jour, à force de soins assidus,
+la raison.</p>
+
+<p>Quant à ce gamin de Rouletabille, il fut, naturellement, «l'homme du
+jour»! À sa sortie du palais de Versailles, la foule l'avait porté en
+triomphe. Les journaux du monde entier publièrent ses exploits et sa
+photographie; et lui, qui avait tant interviewé d'illustres personnages,
+fut illustre et interviewé à son tour! Je dois dire qu'il ne s'en montra
+pas plus fier pour ça!</p>
+
+<p>Nous revînmes de Versailles ensemble, après avoir dîné fort gaiement au
+«Chien qui fume». Dans le train, je commençai à lui poser un tas de
+questions qui, pendant le repas, s'étaient pressées déjà sur mes lèvres
+et que j'avais tues toutefois parce que je savais que Rouletabille
+n'aimait pas travailler en mangeant.</p>
+
+<p>«Mon ami, fis-je, cette affaire de Larsan est tout à fait sublime et
+digne de votre cerveau héroïque.»</p>
+
+<p>Ici il m'arrêta, m'invitant à parler plus simplement et prétendant
+qu'il ne se consolerait jamais de voir qu'une aussi belle intelligence
+que la mienne était prête à tomber dans le gouffre hideux de la
+stupidité, et cela simplement à cause de l'admiration que j'avais pour
+lui&hellip;</p>
+
+<p>«Je viens au fait, fis-je, un peu vexé. Tout ce qui vient de se passer
+ne m'apprend point du tout ce que vous êtes allé faire en Amérique. Si
+je vous ai bien compris: quand vous êtes parti la dernière fois du
+Glandier, vous aviez tout deviné de Frédéric Larsan?&hellip; Vous saviez que
+Larsan était l'assassin et vous n'ignoriez plus rien de la façon dont il
+avait tenté d'assassiner?</p>
+
+<p>&mdash;Parfaitement. Et vous, fit-il, en détournant la conversation, vous ne
+vous doutiez de rien?</p>
+
+<p>&mdash;De rien!</p>
+
+<p>&mdash;C'est incroyable.</p>
+
+<p>&mdash;Mais, mon ami&hellip; vous avez eu bien soin de me dissimuler votre pensée
+et je ne vois point comment je l'aurais pénétrée&hellip; Quand je suis arrivé
+au Glandier avec les revolvers, «à ce moment précis», vous soupçonniez
+déjà Larsan?</p>
+
+<p>&mdash;Oui! Je venais de tenir le raisonnement de la «galerie inexplicable!»
+mais le retour de Larsan dans la chambre de Mlle Stangerson ne m'avait
+pas encore été expliqué par la découverte du binocle de presbyte&hellip;
+Enfin, mon soupçon n'était que mathématique, et l'idée de Larsan
+assassin m'apparaissait si formidable que j'étais résolu à attendre des
+«traces sensibles» avant d'oser m'y arrêter davantage. Tout de même
+cette idée me tracassait, et j'avais parfois une façon de vous parler du
+policier qui eût dû vous mettre en éveil. D'abord je ne mettais plus du
+tout en avant «sa bonne foi» et je ne vous disais plus «qu'il se
+trompait». Je vous entretenais de son système comme d'un misérable
+système, et le mépris que j'en marquais, qui s'adressait dans votre
+esprit au policier, s'adressait en réalité, dans le mien, moins au
+policier qu'au bandit que je le soupçonnais d'être!&hellip; Rappelez-vous&hellip;
+quand je vous énumérais toutes les preuves qui s'accumulaient contre M.
+Darzac, je vous disais: «Tout cela semble donner quelque corps à
+l'hypothèse du grand Fred. C'est, du reste, cette hypothèse, que je
+crois fausse, qui l'égarera&hellip;» et j'ajoutais sur un ton qui eût dû vous
+stupéfier: «Maintenant, cette hypothèse égare-t-elle réellement Frédéric
+Larsan? Voilà! Voilà! Voilà!&hellip;»</p>
+
+<p>Ces «voilà!» eussent dû vous donner à réfléchir; il y avait tout mon
+soupçon dans ces «Voilà!» Et que signifiait: «égare-t-elle réellement?»
+sinon qu'elle pouvait ne pas l'égarer, lui, mais qu'elle était
+<i>destinée à nous égarer, nous!</i> Je vous regardais à ce moment et
+vous n'avez pas tressailli, vous n'avez pas compris&hellip; J'en ai été
+enchanté, car, jusqu'à la découverte du binocle, je ne pouvais
+considérer le crime de Larsan que comme une absurde hypothèse&hellip; Mais,
+après la découverte du binocle qui m'expliquait le retour de Larsan dans
+la chambre de Mlle Stangerson&hellip; voyez ma joie, mes transports&hellip; Oh! Je
+me souviens très bien! Je courais comme un fou dans ma chambre et je
+vous criais: «Je roulerai le grand Fred! je le roulerai d'une façon
+retentissante!» Ces paroles s'adressaient alors au bandit. Et, le soir
+même, quand, chargé par M. Darzac de surveiller la chambre de Mlle
+Stangerson, je me bornai jusqu'à dix heures du soir à dîner avec Larsan
+sans prendre aucune mesure autre, <i>tranquille parce qu'il
+était là</i>, en face de moi! à ce moment encore, cher ami, vous
+auriez pu soupçonner que c'était seulement cet homme-là que je
+redoutais&hellip; Et quand je vous disais, au moment où nous parlions de
+l'arrivée prochaine de l'assassin: «Oh! je suis bien sûr que Frédéric
+Larsan sera là cette nuit!&hellip;»</p>
+
+<p>«Mais il y a une chose capitale qui eût pu, qui eût dû nous éclairer
+tout à fait et tout de suite sur le criminel, une chose qui nous
+dénonçait Frédéric Larsan et que nous avons laissée échapper, <i>vous et
+moi!&hellip;</i></p>
+
+<p>«Auriez-vous donc oublié l'histoire de la canne?</p>
+
+<p>«Oui, en dehors du raisonnement qui, pour tout «esprit logique»,
+dénonçait Larsan, il y avait l'«histoire de la canne» qui le dénonçait
+à tout «esprit observateur».</p>
+
+<p>«J'ai été tout à fait étonné&mdash;apprenez-le donc&mdash;qu'à l'instruction,
+Larsan ne se fût pas servi de la canne contre M. Darzac. Est-ce que
+cette canne n'avait pas été achetée le soir du crime par un homme dont
+le signalement répondait à celui de M. Darzac? Eh bien, tout à l'heure,
+j'ai demandé à Larsan lui-même, avant qu'il prît le train pour
+disparaître, je lui ai demandé pourquoi il n'avait pas usé de la canne.
+Il m'a répondu qu'il n'en avait jamais eu l'intention; que, dans sa
+pensée, il n'avait jamais rien imaginé contre M. Darzac avec cette canne
+et que nous l'avions fort embarrassé, le soir du cabaret d'Épinay, <i>en
+lui prouvant qu'il nous mentait!</i> Vous savez qu'il disait
+qu'il avait eu cette canne à Londres; or, la marque attestait qu'elle
+était de Paris! Pourquoi, à ce moment, au lieu de penser: «Fred ment; il
+était à Londres; il n'a pas pu avoir cette canne de Paris, à Londres?»;
+Pourquoi ne nous sommes-nous pas dit: «Fred ment. Il n'était pas à
+Londres, puisqu'il a acheté cette canne à Paris!» Fred menteur, Fred à
+Paris, au moment du crime! C'est un point de départ de soupçon, cela! Et
+quand, après votre enquête chez Cassette, vous nous apprenez que cette
+canne a été achetée par un homme qui est habillé comme M. Darzac, alors
+que nous sommes sûrs, d'après la parole de M. Darzac lui-même, que ce
+n'est pas lui qui a acheté cette canne, alors que nous sommes sûrs,
+grâce à l'histoire du bureau de poste 40, <i>qu'il y a à Paris un
+homme qui prend la silhouette Darzac</i>, alors que nous nous demandons
+quel est donc cet homme qui, déguisé en Darzac, se présente le soir du
+crime chez Cassette pour acheter une canne que nous retrouvons entre les
+mains de Fred, comment? comment? comment ne nous sommes-nous pas dit un
+instant: «Mais&hellip; mais&hellip; mais&hellip; cet inconnu déguisé en Darzac qui
+achète une canne que Fred a entre les mains,&hellip; si c'était&hellip; si
+c'était&hellip; Fred lui-même?&hellip;» Certes, sa qualité d'agent de la Sûreté
+n'était point propice à une pareille hypothèse; mais, quand nous avions
+constaté l'acharnement avec lequel Fred accumulait les preuves contre
+Darzac, la rage avec laquelle il poursuivait le malheureux&hellip; nous
+aurions pu être frappés par un mensonge de Fred aussi important que
+celui qui le faisait entrer en possession, à Paris, d'une canne <i>qu'il
+ne pouvait avoir eue à Londres</i>. Même, s'il l'avait trouvée à Paris,
+le mensonge de Londres n'en existait pas moins. Tout le monde le croyait
+à Londres, même ses chefs et il achetait une canne à Paris! Maintenant,
+comment se faisait-il que, pas une seconde, il n'en usa comme d'une
+canne trouvée <i>autour de M. Darzac!</i> C'est bien simple! C'est
+tellement simple que nous n'y avons pas pensé&hellip; Larsan l'avait achetée,
+après avoir été blessé légèrement à la main par la balle de Mlle
+Stangerson, <i>uniquement pour avoir un maintien, pour avoir toujours la
+main refermée, pour n'être point tenté d'ouvrir la main et de montrer sa
+blessure intérieure!</i> Comprenez-vous?&hellip; Voilà ce qu'il m'a dit,
+Larsan, et je me rappelle vous avoir répété souvent combien je trouvais
+bizarre «que sa main ne quittât pas cette canne». À table, quand je
+dînais avec lui, il n'avait pas plutôt quitté cette canne qu'il
+s'emparait d'un couteau dont sa main droite ne se séparait plus. Tous
+ces détails me sont revenus quand mon idée se fut arrêtée sur Larsan,
+c'est-à-dire trop tard pour qu'ils me fussent d'un quelconque secours.
+C'est ainsi que, le soir où Larsan a simulé devant nous le sommeil, je
+me suis penché sur lui et, très habilement, j'ai pu voir, sans qu'il
+s'en doutât, dans sa main. Il ne s'y trouvait plus qu'une bande légère
+de taffetas qui dissimulait ce qui restait d'une blessure légère. Je
+constatai qu'il eût pu prétendre à ce moment que cette blessure lui
+avait été faite par toute autre chose qu'une balle de revolver. Tout de
+même, pour moi, à cette heure-là, c'était un nouveau signe extérieur qui
+entrait dans le cercle de mon raisonnement. La balle, m'a dit tout à
+l'heure Larsan, n'avait fait que lui effleurer la paume et avait
+déterminé une assez abondante hémorragie.</p>
+
+<p>«Si nous avions été plus perspicaces, au moment du mensonge de Larsan,
+et plus&hellip; dangereux&hellip; il est certain que celui-ci eût sorti, pour
+détourner les soupçons, <i>l'histoire que nous avions
+imaginée pour lui</i>, l'histoire de la découverte de la canne autour de
+Darzac; mais les événements se sont tellement précipités que nous
+n'avons plus pensé à la canne! Tout de même nous l'avons fort ennuyé,
+Larsan-Ballmeyer, sans que nous nous en doutions!</p>
+
+<p>&mdash;Mais, interrompis-je, s'il n'avait aucune intention, en achetant la
+canne, contre Darzac, pourquoi avait-il alors la silhouette Darzac? Le
+pardessus mastic? Le melon? Etc.</p>
+
+<p>&mdash;Parce qu'il arrivait du crime et qu'aussitôt le crime commis, il avait
+repris le déguisement Darzac qui l'a toujours accompagné dans son
+&oelig;uvre criminelle dans l'intention que vous savez!</p>
+
+<p>«Mais déjà, vous pensez bien, <i>sa main blessée l'ennuyait</i> et il
+eut, en passant avenue de l'Opéra, l'idée d'acheter une canne, idée
+qu'il réalisa sur-le-champ!&hellip; Il était huit heures! Un homme, avec la
+silhouette Darzac, qui achète une canne que je trouve dans les mains de
+Larsan!&hellip; Et moi, moi qui avais deviné que <i>le drame avait
+déjà eu lieu</i> à cette heure-là, <i>qu'il venait d'avoir lieu</i>, qui
+étais à peu près persuadé de l'innocence de Darzac je ne soupçonne pas
+Larsan!&hellip; il y a des moments&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Il y a des moments, fis-je, où les plus vastes intelligences&hellip;»</p>
+
+<p>Rouletabille me ferma la bouche&hellip; Et comme je l'interrogeais encore, je
+m'aperçus qu'il ne m'écoutait plus&hellip; Rouletabille dormait. J'eus toutes
+les peines du monde à le tirer de son sommeil quand nous arrivâmes à
+Paris.</p>
+
+
+
+
+<h2 id="ch29">XXIX <br />
+Le mystère de Mlle Stangerson</h2>
+
+
+<p>Les jours suivants, j'eus l'occasion de lui demander encore ce qu'il
+était allé faire en Amérique. Il ne me répondit guère d'une façon plus
+précise qu'il ne l'avait fait dans le train de Versailles, et il
+détourna la conversation sur d'autres points de l'affaire.</p>
+
+<p>Il finit, un jour, par me dire:</p>
+
+<p>«Mais comprenez donc que j'avais besoin de connaître la véritable
+personnalité de Larsan!</p>
+
+<p>&mdash;Sans doute, fis-je, mais pourquoi alliez-vous la chercher en Amérique?&hellip;»</p>
+
+<p>Il fuma sa pipe et me tourna le dos. Évidemment, je touchais au «mystère
+de Mlle Stangerson». Rouletabille avait pensé que ce mystère, qui liait
+d'une façon si terrible Larsan à Mlle Stangerson, mystère dont il ne
+trouvait, lui, Rouletabille, aucune explication dans la vie de Mlle
+Stangerson, «en France», il avait pensé, dis-je, que ce mystère «devait
+avoir son origine dans la vie de Mlle Stangerson, en Amérique». Et il
+avait pris le bateau! Là-bas, il apprendrait qui était ce Larsan, il
+acquerrait les matériaux nécessaires à lui fermer la bouche&hellip; Et il
+était parti pour Philadelphie!</p>
+
+<p>Et maintenant, quel était ce mystère qui avait «commandé le silence» à
+Mlle Stangerson et à M. Robert Darzac? Au bout de tant d'années, après
+certaines publications de la presse à scandale, maintenant que M.
+Stangerson sait tout et a tout pardonné, on peut tout dire. C'est, du
+reste, très court, et cela remettra les choses au point, car il s'est
+trouvé de tristes esprits pour accuser Mlle Stangerson qui, en toute
+cette sinistre affaire, fut toujours victime, «depuis le commencement».</p>
+
+<p>Le commencement remontait à une époque lointaine où, jeune fille, elle
+habitait avec son père à Philadelphie. Là, elle fit la connaissance,
+dans une soirée, chez un ami de son père, d'un compatriote, un Français
+qui sut la séduire par ses manières, son esprit, sa douceur et son
+amour. On le disait riche. Il demanda la main de Mlle Stangerson au
+célèbre professeur. Celui-ci prit des renseignements sur M. Jean
+Roussel, et, dès l'abord, il vit qu'il avait affaire à un chevalier
+d'industrie. Or, M. Jean Roussel, vous l'avez deviné, n'était autre
+qu'une des nombreuses transformations du fameux Ballmeyer, poursuivi en
+France, réfugié en Amérique. Mais M. Stangerson n'en savait rien; sa
+fille non plus. Celle-ci ne devait l'apprendre que dans les
+circonstances suivantes: M. Stangerson avait, non seulement refusé la
+main de sa fille à M. Roussel, mais encore il lui avait interdit l'accès
+de sa demeure. La jeune Mathilde, dont le c&oelig;ur s'ouvrait à l'amour,
+et qui ne voyait rien au monde de plus beau ni de meilleur que son Jean,
+en fut outrée. Elle ne cacha point son mécontentement à son père qui
+l'envoya se calmer sur les bords de l'Ohio, chez une vieille tante qui
+habitait Cincinnati. Jean rejoignit Mathilde là-bas et, malgré la grande
+vénération qu'elle avait pour son père, Mlle Stangerson résolut de
+tromper la surveillance de la vieille tante, et de s'enfuir avec Jean
+Roussel, bien décidés qu'ils étaient tous les deux à profiter des
+facilités des lois américaines pour se marier au plus tôt. Ainsi fut
+fait. Ils fuirent donc, pas loin, jusqu'à Louisville. Là, un matin, on
+vint frapper à leur porte. C'était la police qui désirait arrêter M.
+Jean Roussel, ce qu'elle fit, malgré ses protestations et les cris de la
+fille du professeur Stangerson. En même temps, la police apprenait à
+Mathilde que «son mari» n'était autre que le trop fameux Ballmeyer!&hellip;</p>
+
+<p>Désespérée, après une vaine tentative de suicide, Mathilde rejoignit sa
+tante à Cincinnati. Celle-ci faillit mourir de joie de la revoir. Elle
+n'avait cessé, depuis huit jours, de faire rechercher Mathilde partout,
+et n'avait pas encore osé avertir le père. Mathilde fit jurer à sa
+tante que M. Stangerson ne saurait jamais rien! C'est bien ainsi que
+l'entendait la tante, qui se trouvait coupable de légèreté dans cette si
+grave circonstance. Mlle Mathilde Stangerson, un mois plus tard,
+revenait auprès de son père, repentante, le c&oelig;ur mort à l'amour, et
+ne demandant qu'une chose: ne plus jamais entendre parler de son mari,
+le terrible Ballmeyer&mdash;arriver à se pardonner sa faute à elle-même, et
+se relever devant sa propre conscience par une vie de travail sans borne
+et de dévouement à son père!</p>
+
+<p>Elle s'est tenue parole. Cependant, dans le moment où, après avoir tout
+avoué à M. Robert Darzac, alors qu'elle croyait Ballmeyer défunt, car le
+bruit de sa mort avait courut, elle s'était accordée la joie suprême,
+après avoir tant expié, de s'unir à un ami sûr, le destin lui avait
+ressuscité Jean Roussel, le Ballmeyer de sa jeunesse! Celui-ci lui avait
+fait savoir qu'il ne permettrait jamais son mariage avec M. Robert
+Darzac et qu'«il l'aimait toujours!» ce qui, hélas! était vrai.</p>
+
+<p>Mlle Stangerson n'hésita pas à se confier à M. Robert Darzac; elle lui
+montra cette lettre où Jean Roussel-Frédéric Larsan-Ballmeyer lui
+rappelait les premières heures de leur union dans ce petit et charmant
+presbytère qu'ils avaient loué à Louisville: «&hellip; Le presbytère n'a
+rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat.» Le misérable se
+disait riche et émettait la prétention «de la ramener là-bas»! Mlle
+Stangerson avait déclaré à M. Darzac que, si son père arrivait à
+soupçonner un pareil déshonneur, «elle se tuerait»! M. Darzac s'était
+juré qu'il ferait taire cet Américain, soit par la terreur, soit par la
+force, dût-il commettre un crime! Mais M. Darzac n'était pas de force,
+et il aurait succombé sans ce brave petit bonhomme de Rouletabille.</p>
+
+<p>Quant à Mlle Stangerson, que vouliez-vous qu'elle fît, en face du
+monstre? Une première fois, quand, après des menaces préalables qui
+l'avaient mise sur ses gardes, il se dressa devant elle, dans la
+«Chambre Jaune», elle essaya de le tuer. Pour son malheur, elle n'y
+réussit pas. Dès lors, elle était la victime assurée de cet être
+invisible «qui pouvait la faire chanter jusqu'à la mort», qui habitait
+chez elle, à ses côtés, sans qu'elle le sût, qui exigeait des
+rendez-vous «au nom de leur amour». La première fois, elle lui avait
+«refusé» ce rendez-vous, «réclamé dans la lettre du bureau 40»; il en
+était résulté le drame de la «Chambre Jaune». La seconde fois, avertie
+par une nouvelle lettre de lui, lettre arrivée par la poste, et qui
+était venue la trouver normalement dans sa chambre de convalescente,
+«elle avait fui le rendez-vous», en s'enfermant dans son boudoir avec
+ses femmes. Dans cette lettre, le misérable l'avait prévenue, que,
+puisqu'elle ne pouvait se déranger, «vu son état», il irait chez elle,
+et serait dans sa chambre telle nuit, à telle heure&hellip; qu'elle eût à
+prendre toute disposition pour éviter le scandale&hellip; Mathilde
+Stangerson, sachant qu'elle avait tout à redouter de l'audace de
+Ballmeyer, «lui avait abandonné sa chambre»&hellip; Ce fut l'épisode de la
+«galerie inexplicable». La troisième fois, elle avait «préparé le
+rendez-vous». C'est qu'avant de quitter la chambre vide de Mlle
+Stangerson, la nuit de la «galerie inexplicable», Larsan lui avait
+écrit, comme nous devons nous le rappeler, une dernière lettre, dans sa
+chambre même, et l'avait laissée sur le bureau de sa victime; cette
+lettre exigeait un rendez-vous «effectif» dont il fixa ensuite la date
+et l'heure, «lui promettant de lui rapporter les papiers de son père, et
+la menaçant de les brûler si elle se dérobait encore». Elle ne doutait
+point que le misérable n'eût en sa possession ces papiers précieux; il
+ne faisait là sans doute que renouveler un célèbre larcin, car elle le
+soupçonnait depuis longtemps d'avoir, «avec sa complicité inconsciente»,
+volé lui-même, autrefois, les fameux papiers de Philadelphie, dans les
+tiroirs de son père!&hellip; Et elle le connaissait assez pour imaginer que
+si elle ne se pliait point à sa volonté, tant de travaux, tant
+d'efforts, et tant de scientifiques espoirs ne seraient bientôt plus que
+de la cendre!&hellip; Elle résolut de le revoir une fois encore, face à
+face, cet homme qui avait été son époux&hellip; et de tenter de le fléchir&hellip;
+puisqu'elle ne pouvait l'éviter!&hellip; On devine ce qui s'y passa&hellip; Les
+supplications de Mathilde, la brutalité de Larsan&hellip; Il exige qu'elle
+renonce à Darzac&hellip; Elle proclame son amour&hellip; Et il la frappe&hellip; «avec
+la pensée arrêtée de faire monter l'autre sur l'échafaud!» car il est
+habile, lui, et le masque Larsan qu'il va se reposer sur la figure, le
+sauvera&hellip; pense-t-il&hellip; tandis que l'autre&hellip; l'autre ne pourra pas,
+cette fois encore, donner l'emploi de son temps&hellip; De ce côté, les
+précautions de Ballmeyer sont bien prises&hellip; et l'inspiration en a été
+des plus simples, ainsi que l'avait deviné le jeune Rouletabille&hellip;</p>
+
+<p>Larsan fait chanter Darzac comme il fait chanter Mathilde&hellip; avec les
+mêmes armes, avec le même mystère&hellip; Dans des lettres, pressantes comme
+des ordres, il se déclare prêt à traiter, à livrer toute la
+correspondance amoureuse d'autrefois et surtout «à disparaître&hellip;» si on
+veut y mettre le prix&hellip; Darzac doit aller aux rendez-vous qu'il lui
+fixe, sous menace de divulgation dès le lendemain, comme Mathilde doit
+subir les rendez-vous qu'il lui donne&hellip; Et, dans l'heure même que
+Ballmeyer agit en assassin auprès de Mathilde, Robert débarque à Épinay,
+où un complice de Larsan, un être bizarre, «une créature d'un autre
+monde», que nous retrouverons un jour, le retient de force, et «lui fait
+perdre son temps, en attendant que cette coïncidence, dont l'accusé de
+demain ne pourra se résoudre à donner la raison, lui fasse perdre la
+tête&hellip;»</p>
+
+<p>Seulement, Ballmeyer avait compté sans notre Joseph Rouletabille!</p>
+
+<hr />
+
+
+<p>Ce n'est pas à cette heure que voilà expliqué «le mystère de la Chambre
+Jaune», que nous suivrons pas à pas Rouletabille en Amérique. Nous
+connaissons le jeune reporter, nous savons de quels moyens puissants
+d'information, logés dans les deux bosses de son front, il disposait
+«pour remonter toute l'aventure de Mlle Stangerson et de Jean Roussel».
+À Philadelphie, il fut renseigné tout de suite en ce qui concernait
+Arthur-William Rance; il apprit son acte de dévouement, mais aussi le
+prix dont il avait gardé la prétention de se le faire payer. Le bruit de
+son mariage avec Mlle Stangerson avait couru autrefois les salons de
+Philadelphie&hellip; Le peu de discrétion du jeune savant, la poursuite
+inlassable dont il n'avait cessé de fatiguer Mlle Stangerson, même en
+Europe, la vie désordonnée qu'il menait sous prétexte de «noyer ses
+chagrins», tout cela n'était point fait pour rendre Arthur Rance
+sympathique à Rouletabille, et ainsi s'explique la froideur avec
+laquelle il l'accueillit dans la salle des témoins. Tout de suite il
+avait du reste jugé que l'affaire Rance n'entrait point dans l'affaire
+Larsan-Stangerson. Et il avait découvert le flirt formidable
+Roussel-Mlle Stangerson. Qui était ce Jean Roussel? Il alla de
+Philadelphie à Cincinnati, refaisant le voyage de Mathilde. À
+Cincinnati, il trouva la vieille tante et sut la faire parler:
+l'histoire de l'arrestation de Ballmeyer lui fut une lueur qui éclaira
+tout. Il put visiter, à Louisville, le «presbytère»&mdash;une modeste et
+jolie demeure dans le vieux style colonial&mdash;qui n'avait en effet «rien
+perdu de son charme». Puis, abandonnant la piste de Mlle Stangerson, il
+remonta la piste Ballmeyer, de prison en prison, de bagne en bagne, de
+crime en crime; enfin, quand il reprenait le bateau pour l'Europe sur
+les quais de New-York, Rouletabille savait que, sur ces quais mêmes,
+Ballmeyer s'était embarqué cinq ans auparavant, ayant en poche les
+papiers d'un certain Larsan, honorable commerçant de la
+Nouvelle-Orléans, qu'il venait d'assassiner&hellip;</p>
+
+<p>Et maintenant, connaissez-vous tout le mystère de Mlle Stangerson? Non,
+pas encore. <i>Mlle Stangerson avait eu de son mari Jean
+Roussel un enfant, un garçon.</i> Cet enfant était né chez la vieille
+tante qui s'était si bien arrangée que nul n'en sut jamais rien en
+Amérique. Qu'était devenu ce garçon? Ceci est une autre histoire que je
+vous conterai un jour.</p>
+
+<hr />
+
+
+<p>Deux mois environ après ces événements, je rencontrai Rouletabille assis
+mélancoliquement sur un banc du palais de justice.</p>
+
+<p>«Eh bien! lui dis-je, à quoi songez-vous, mon cher ami? Vous avez l'air
+bien triste. Comment vont vos amis?</p>
+
+<p>&mdash;En dehors de vous, me dit-il, ai-je vraiment des amis?</p>
+
+<p>&mdash;Mais j'espère que M. Darzac&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Sans doute&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Et que Mlle Stangerson&hellip; Comment va-t-elle, Mlle Stangerson?&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Beaucoup mieux&hellip; mieux&hellip; beaucoup mieux&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Alors il ne faut pas être triste&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;Je suis triste, fit-il, parce que je songe au <i>parfum de la dame en
+noir</i>&hellip;</p>
+
+<p>&mdash;<i>Le parfum de la dame en noir!</i> Je vous en entends toujours
+parler! M'expliquerez-vous, enfin, pourquoi il vous poursuit avec cette
+assiduité?</p>
+
+<p>&mdash;Peut-être, un jour&hellip; un jour, peut-être&hellip;» fit Rouletabille.</p>
+
+<p>Et il poussa un gros soupir.</p>
+
+
+<pre style='margin-top:6em'>
+*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE ***
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+Project Gutenberg's Le mystère de la chambre jaune, by Gaston Leroux
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+almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
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+
+Title: Le mystère de la chambre jaune
+
+Author: Gaston Leroux
+
+Release Date: October 16, 2004 [EBook #13765]
+
+Language: French
+
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+
+*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE ***
+
+
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+
+
+
+
+
+Gaston Leroux
+
+LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE
+
+(1907)
+
+
+Table des matières
+
+I Où l’on commence à ne pas comprendre
+II Où apparaît pour la première fois Joseph Rouletabille
+III «Un homme a passé comme une ombre à travers les volets»
+IV «Au sein d’une nature sauvage»
+V Où Joseph Rouletabille adresse à M. Robert Darzac une phrase qui
+produit son petit effet
+VI Au fond de la chênaie
+VII Où Rouletabille part en expédition sous le lit
+VIII Le juge d’instruction interroge Mlle Stangerson
+IX Reporter et policier
+X «Maintenant, il va falloir manger du saignant»
+XI Où Frédéric Larsan explique comment l’assassin a pu sortir de
+la Chambre Jaune.
+XII La canne de Frédéric Larsan
+XIII «Le presbytère n’a rien perdu de son charme ni le jardin de
+son éclat»
+XIV «J’attends l’assassin, ce soir»
+XV Traquenard
+XVI Étrange phénomène de dissociation de la matière
+XVII La galerie inexplicable
+XVIII Rouletabille a dessiné un cercle entre les deux bosses de
+son front
+XIX Rouletabille m’offre à déjeuner à l’auberge du «Donjon»
+XX Un geste de Mlle Stangerson
+XXI À l’affût
+XXII Le cadavre incroyable
+XXIII La double piste
+XXIV Rouletabille connaît les deux moitiés de l’assassin
+XXV Rouletabille part en voyage
+XXVI Où Joseph Rouletabille est impatiemment attendu
+XXVII Où Joseph Rouletabille apparaît dans toute sa gloire
+XXVIII Où il est prouvé qu’on ne pense pas toujours à tout
+XXIX Le mystère de Mlle Stangerson
+
+
+
+I
+Où l’on commence à ne pas comprendre
+
+Ce n’est pas sans une certaine émotion que je commence à raconter
+ici les aventures extraordinaires de Joseph Rouletabille. Celui-
+ci, jusqu’à ce jour, s’y était si formellement opposé que j’avais
+fini par désespérer de ne publier jamais l’histoire policière la
+plus curieuse de ces quinze dernières années.
+
+J’imagine même que le public n’aurait jamais connu toute la vérité
+sur la prodigieuse affaire dite de la «Chambre Jaune», génératrice
+de tant de mystérieux et cruels et sensationnels drames, et à
+laquelle mon ami fut si intimement mêlé, si, à propos de la
+nomination récente de l’illustre Stangerson au grade de grand-
+croix de la Légion d’honneur, un journal du soir, dans un article
+misérable d’ignorance ou d’audacieuse perfidie, n’avait ressuscité
+une terrible aventure que Joseph Rouletabille eût voulu savoir, me
+disait-il, oubliée pour toujours.
+
+La «Chambre Jaune»! Qui donc se souvenait de cette affaire qui fit
+couler tant d’encre, il y a une quinzaine d’années? On oublie si
+vite à Paris.
+
+N’a-t-on pas oublié le nom même du procès de Nayves et la tragique
+histoire de la mort du petit Menaldo? Et cependant l’attention
+publique était à cette époque si tendue vers les débats, qu’une
+crise ministérielle, qui éclata sur ces entrefaites, passa
+complètement inaperçue. Or, le procès de la «Chambre Jaune», qui
+précéda l’affaire de Nayves de quelques années, eut plus de
+retentissement encore. Le monde entier fut penché pendant des mois
+sur ce problème obscur, -- le plus obscur à ma connaissance qui
+ait jamais été proposé à la perspicacité de notre police, qui ait
+jamais été posé à la conscience de nos juges. La solution de ce
+problème affolant, chacun la chercha. Ce fut comme un dramatique
+rébus sur lequel s’acharnèrent la vieille Europe et la jeune
+Amérique.
+C’est qu’en vérité -- il m’est permis de le dire «puisqu’il ne
+saurait y avoir en tout ceci aucun amour-propre d’auteur» et que
+je ne fais que transcrire des faits sur lesquels une documentation
+exceptionnelle me permet d’apporter une lumière nouvelle -- c’est
+qu’en vérité, je ne sache pas que, dans le domaine de la réalité
+ou de l’imagination, même chez l’auteur du _double assassinat, rue
+morgue_, même dans les inventions des sous-Edgar Poe et des
+truculents Conan-Doyle, on puisse retenir quelque chose de
+comparable, QUANT AU MYSTÈRE, «au naturel mystère de la Chambre
+Jaune».
+
+Ce que personne ne put découvrir, le jeune Joseph Rouletabille,
+âgé de dix-huit ans, alors petit reporter dans un grand journal,
+le trouva! Mais, lorsqu’en cour d’assises il apporta la clef de
+toute l’affaire, il ne dit pas toute la vérité. Il n’en laissa
+apparaître que ce qu’il fallait pour expliquer l’inexplicable et
+pour faire acquitter un innocent. Les raisons qu’il avait de se
+taire ont disparu aujourd’hui. Bien mieux, mon ami doit parler.
+Vous allez donc tout savoir; et, sans plus ample préambule, je
+vais poser devant vos yeux le problème de la «Chambre Jaune», tel
+qu’il le fut aux yeux du monde entier, au lendemain du drame du
+château du Glandier.
+
+Le 25 octobre 1892, la note suivante paraissait en dernière heure
+du _Temps_:
+«Un crime affreux vient d’être commis au Glandier, sur la lisière
+de la forêt de Sainte-Geneviève, au-dessus d’Épinay-sur-Orge, chez
+le professeur Stangerson. Cette nuit, pendant que le maître
+travaillait dans son laboratoire, on a tenté d’assassiner Mlle
+Stangerson, qui reposait dans une chambre attenante à ce
+laboratoire. Les médecins ne répondent pas de la vie de Mlle
+Stangerson.»
+Vous imaginez l’émotion qui s’empara de Paris. Déjà, à cette
+époque, le monde savant était extrêmement intéressé par les
+travaux du professeur Stangerson et de sa fille. Ces travaux, les
+premiers qui furent tentés sur la radiographie, devaient conduire
+plus tard M. et MmeCurie à la découverte du radium.
+
+On était, du reste, dans l’attente d’un mémoire sensationnel que
+le professeur Stangerson allait lire, à l’académie des sciences,
+sur sa nouvelle théorie: _La Dissociation__ de la Matière. Théorie
+destinée à ébranler sur sa base toute la science officielle qui
+repose depuis si longtemps sur le principe: rien ne se perd, rien
+ne se crée._
+
+Le lendemain, les journaux du matin étaient pleins de ce drame.
+_Le matin_, entre autres, publiait l’article suivant, intitulé:
+«Un crime surnaturel»:
+
+«Voici les seuls détails -- écrit le rédacteur anonyme du _matin_
+-- que nous ayons pu obtenir sur le crime du château du Glandier.
+L’état de désespoir dans lequel se trouve le professeur
+Stangerson, l’impossibilité où l’on est de recueillir un
+renseignement quelconque de la bouche de la victime ont rendu nos
+investigations et celles de la justice tellement difficiles qu’on
+ne saurait, à cette heure, se faire la moindre idée de ce qui
+s’est passé dans la «Chambre Jaune», où l’on a trouvé Mlle
+Stangerson, en toilette de nuit, râlant sur le plancher. Nous
+avons pu, du moins, interviewer le père Jacques -- comme on
+l’appelle dans le pays -- un vieux serviteur de la famille
+Stangerson. Le père Jacques est entré dans la «Chambre Jaune» en
+même temps que le professeur. Cette chambre est attenante au
+laboratoire. Laboratoire et «Chambre Jaune» se trouvent dans un
+pavillon, au fond du parc, à trois cents mètres environ du
+château.
+
+«-- il était minuit et demi, nous a raconté ce brave homme (?), et
+je me trouvais dans le laboratoire où travaillait encore M.
+Stangerson quand l’affaire est arrivée. J’avais rangé, nettoyé des
+instruments toute la soirée, et j’attendais le départ de M.
+Stangerson pour aller me coucher. Mlle Mathilde avait travaillé
+avec son père jusqu’à minuit; les douze coups de minuit sonnés au
+coucou du laboratoire, elle s’était levée, avait embrassé M.
+Stangerson, lui souhaitant une bonne nuit. Elle m’avait dit:
+«Bonsoir, père Jacques!» et avait poussé la porte de la «Chambre
+Jaune». Nous l’avions entendue qui fermait la porte à clef et
+poussait le verrou, si bien que je n’avais pu m’empêcher d’en rire
+et que j’avais dit à monsieur: «Voilà mademoiselle qui s’enferme
+àdouble tour. Bien sûr qu’elle a peur de la ‘‘Bête du Bon Dieu’’!»
+Monsieur ne m’avait même pas entendu tant il était absorbé. Mais
+un miaulement abominable me répondit au dehors et je reconnus
+justement le cri de la «Bête du Bon Dieu»! ... que ça vous en
+donnait le frisson...«Est-ce qu’elle va encore nous empêcher de
+dormir, cette nuit?» pensai-je, car il faut que je vous dise,
+monsieur, que, jusqu’à fin octobre, j’habite dans le grenier du
+pavillon, au-dessus de la «Chambre Jaune», à seule fin que
+mademoiselle ne reste pas seule toute la nuit au fond du parc.
+C’est une idée de mademoiselle de passer la bonne saison dans le
+pavillon; elle le trouve sans doute plus gai que le château et,
+depuis quatre ans qu’il est construit, elle ne manque jamais de
+s’y installer dès le printemps. Quand revient l’hiver,
+mademoiselle retourne au château, car dans la «Chambre Jaune», il
+n’y a point de cheminée.
+
+«Nous étions donc restés, M. Stangerson et moi, dans le pavillon.
+Nous ne faisions aucun bruit. Il était, lui, à son bureau. Quant à
+moi, assis sur une chaise, ayant terminé ma besogne, je le
+regardais et je me disais: «Quel homme! Quelle intelligence!Quel
+savoir!» J’attache de l’importance à ceci que nous ne faisions
+aucun bruit, car «à cause de cela, l’assassin a cru certainement
+que nous étions partis». Et tout à coup, pendant que le coucou
+faisait entendre la demie passé minuit, une clameur désespérée
+partit de la «Chambre Jaune». C’était la voix de mademoiselle qui
+criait: « À l’assassin! À l’assassin! Au secours!» Aussitôt des
+coups de revolver retentirent et il y eut un grand bruit de
+tables, de meubles renversés, jetés par terre, comme au cours
+d’une lutte, et encore la voix de mademoiselle qui criait: «À
+l’assassin! ... Au secours! ... Papa!Papa!»
+
+«Vous pensez si nous avons bondi et si M. Stangerson et moi nous
+nous sommes rués sur la porte. Mais, hélas! Elle était fermée et
+bien fermée «à l’intérieur» par les soins de mademoiselle, comme
+je vous l’ai dit, à clef et au verrou. Nous essayâmes de
+l’ébranler, mais elle était solide. M. Stangerson était comme fou,
+et vraiment il y avait de quoi le devenir, car on entendait
+mademoiselle qui râlait: «Au secours! ... Au secours!» Et M.
+Stangerson frappait des coups terribles contre la porte, et il
+pleurait de rage et il sanglotait de désespoir et d’impuissance.
+
+«C’est alors que j’ai eu une inspiration.» L’assassin se sera
+introduit par la fenêtre,m’écriai-je, je vais à la fenêtre!» Et je
+suis sorti du pavillon, courant comme un insensé!
+
+«Le malheur était que la fenêtre de la «Chambre Jaune» donne sur
+la campagne, de sorte que le mur du parc qui vient aboutir au
+pavillon m’empêchait de parvenir tout de suite à cette fenêtre.
+Pour y arriver, il fallait d’abord sortir du parc. Je courus du
+côté de la grille et, en route, je rencontrai Bernier et sa femme,
+les concierges, qui venaient, attirés par les détonations et par
+nos cris. Je les mis, en deux mots, au courant de la situation; je
+dis au concierge d’aller rejoindre tout de suite M. Stangerson et
+j’ordonnai à sa femme de venir avec moi pour m’ouvrir la grille du
+parc. Cinq minutes plus tard, nous étions, la concierge et moi,
+devant la fenêtre de la «Chambre Jaune». Il faisait un beau clair
+de lune et je vis bien qu’on n’avait pas touché à la fenêtre. Non
+seulement les barreaux étaient intacts, mais encore les volets,
+derrière les barreaux, étaient fermés, comme je les avais fermés
+moi-même, la veille au soir, comme tous les soirs, bien que
+mademoiselle, qui me savait très fatigué et surchargé de besogne,
+m’eût dit de ne point me déranger, qu’elle les fermerait elle-
+même; et ils étaient restés tels quels, assujettis, comme j’en
+avais pris le soin, par un loquet de fer, «à l’intérieur».
+L’assassin n’avait donc pas passé par là et ne pouvait se sauver
+par là; mais moi non plus, je ne pouvais entrer par là!
+
+«C’était le malheur! On aurait perdu la tête à moins. La porte de
+la chambre fermée à clef «à l’intérieur», les volets de l’unique
+fenêtre fermés, eux aussi, «à l’intérieur», et, par-dessus les
+volets, les barreaux intacts, des barreaux à travers lesquels vous
+n’auriez pas passé le bras... Et mademoiselle qui appelait au
+secours! ... Ou plutôt non, on ne l’entendait plus... Elle était
+peut-être morte... Mais j’entendais encore, au fond du pavillon,
+monsieur qui essayait d’ébranler la porte...
+
+«Nous avons repris notre course, la concierge et moi, et nous
+sommes revenus au pavillon. La porte tenait toujours, malgré les
+coups furieux de M. Stangerson et de Bernier. Enfin elle céda sous
+nos efforts enragés et, alors, qu’est-ce que nous avons vu?«Il
+faut vous dire que, derrière nous, la concierge tenait la lampe du
+laboratoire, une lampe puissante qui illuminait toute la chambre.
+
+«Il faut vous dire encore, monsieur, que la «Chambre Jaune» est
+toute petite. Mademoiselle l’avait meublée d’un lit en fer assez
+large, d’une petite table, d’une table de nuit, d’une toilette et
+de deux chaises. Aussi, à la clarté de la grande lampe que tenait
+la concierge, nous avons tout vu du premier coup d’oeil.
+Mademoiselle, dans sa chemise de nuit, était par terre, au milieu
+d’un désordre incroyable. Tables et chaises avaient été renversées
+montrant qu’il y avait eu là une sérieuse «batterie». On avait
+certainement arraché mademoiselle de son lit; elle était pleine de
+sang avec des marques d’ongles terribles au cou -- la chair du cou
+avait été quasi arrachée par les ongles -- et un trou à la tempe
+droite par lequel coulait un filet de sang qui avait fait une
+petite mare sur le plancher. Quand M. Stangerson aperçut sa fille
+dans un pareil état, il se précipita sur elle en poussant un cri
+de désespoir que ça faisait pitié à entendre. Il constata que la
+malheureuse respirait encore et ne s’occupa que d’elle. Quant à
+nous, nous cherchions l’assassin, le misérable qui avait voulu
+tuer notre maîtresse, et je vous jure, monsieur, que, si nous
+l’avions trouvé, nous lui aurions fait un mauvais parti. Mais
+comment expliquer qu’il n’était pas là, qu’il s’était déjà enfui?
+... Cela dépasse toute imagination. Personne sous le lit, personne
+derrière les meubles, personne! Nous n’avons retrouvé que ses
+traces; les marques ensanglantées d’une large main d’homme sur les
+murs et sur la porte, un grand mouchoir rouge de sang, sans aucune
+initiale, un vieux béret et la marque fraîche, sur le plancher, de
+nombreux pas d’homme. L’homme qui avait marché là avait un grand
+pied et les semelles laissaient derrière elles une espèce de suie
+noirâtre. Par où cet homme était-il passé? Par où s’était-il
+évanoui? N’oubliez pas, monsieur, qu’il n’y a pas de cheminée dans
+la «Chambre Jaune». Il ne pouvait s’être échappé par la porte, qui
+est très étroite et sur le seuil de laquelle la concierge est
+entrée avec sa lampe, tandis que le concierge et moi nous
+cherchions l’assassin dans ce petit carré de chambre où il est
+impossible de se cacher et où, du reste, nous ne trouvions
+personne. La porte défoncée et rabattue sur le mur ne pouvait rien
+dissimuler, et nous nous en sommes assurés. Par la fenêtre restée
+fermée avec ses volets clos et ses barreaux auxquels on n’avait
+pas touché, aucune fuite n’avait été possible. Alors? Alors... je
+commençais à croire au diable.
+
+«Mais voilà que nous avons découvert, par terre, «mon revolver».
+Oui, mon propre revolver... Ça, ça m’a ramené au sentiment de la
+réalité! Le diable n’aurait pas eu besoin de me voler mon revolver
+pour tuer mademoiselle. L’homme qui avait passé là était d’abord
+monté dans mon grenier, m’avait pris mon revolver dans mon tiroir
+et s’en était servi pour ses mauvais desseins. C’est alors que
+nous avons constaté, en examinant les cartouches, que l’assassin
+avait tiré deux coups de revolver. Tout de même, monsieur, j’ai eu
+de la veine, dans un pareil malheur, que M. Stangerson se soit
+trouvé là, dans son laboratoire, quand l’affaire est arrivée et
+qu’il ait constaté de ses propres yeux que je m’y trouvais moi
+aussi, car, avec cette histoire de revolver, je ne sais pas où
+nous serions allés; pour moi, je serais déjà sous les verrous. Il
+n’en faut pas davantage à la justice pour faire monter un homme
+sur l’échafaud!»
+
+Le rédacteur du _matin_ fait suivre cette interview des lignes
+suivantes:
+
+«Nous avons laissé, sans l’interrompre, le père Jacques nous
+raconter grossièrement ce qu’il sait du crime de la «Chambre
+Jaune». Nous avons reproduit les termes mêmes dont il s’est servi;
+nous avons fait seulement grâce au lecteur des lamentations
+continuelles dont il émaillait sa narration. C’est entendu, père
+Jacques! C’est entendu, vous aimez bien vos maîtres! Vous avez
+besoin qu’on le sache, et vous ne cessez de le répéter, surtout
+depuis la découverte du revolver. C’est votre droit et nous n’y
+voyons aucun inconvénient! Nous aurions voulu poser bien des
+questions encore au père Jacques -- Jacques-Louis Moustier -- mais
+on est venu justement le chercher de la part du juge d’instruction
+qui poursuivait son enquête dans la grande salle du château. Il
+nous a été impossible de pénétrer au Glandier, -- et, quant à la
+Chênaie, elle est gardée, dans un large cercle, par quelques
+policiers qui veillent jalousement sur toutes les traces qui
+peuvent conduire au pavillon et peut-être à la découverte de
+l’assassin.
+
+«Nous aurions voulu également interroger les concierges, mais ils
+sont invisibles. Enfin nous avons attendu dans une auberge, non
+loin de la grille du château, la sortie de M. de Marquet, le juge
+d’instruction de Corbeil. À cinq heures et demie, nous l’avons
+aperçu avec son greffier. Avant qu’il ne montât en voiture, nous
+avons pu lui poser la question suivante:
+
+«-- Pouvez-vous, Monsieur De Marquet, nous donner quelque
+renseignement sur cette affaire, sans que cela gêne votre
+instruction?
+
+«-- Il nous est impossible, nous répondit M. de Marquet, de dire
+quoi que ce soit. Du reste, c’est bien l’affaire la plus étrange
+que je connaisse. Plus nous croyons savoir quelque chose, plus
+nous ne savons rien!
+
+«Nous demandâmes à M. de Marquet de bien vouloir nous expliquer
+ces dernières paroles. Et voici ce qu’il nous dit, dont
+l’importance n’échappera à personne:
+
+«-- Si rien ne vient s’ajouter aux constatations matérielles
+faites aujourd’hui par le parquet, je crains bien que le mystère
+qui entoure l’abominable attentat dont Mlle Stangerson a été
+victime ne soit pas près de s’éclaircir; mais il faut espérer,
+pour la raison humaine, que les sondages des murs, du plafond et
+du plancher de la «Chambre Jaune», sondages auxquels je vais me
+livrer dès demain avec l’entrepreneur qui a construit le pavillon
+il y a quatre ans, nous apporteront la preuve qu’il ne faut jamais
+désespérer de la logique des choses. Car le problème est là: nous
+savons par où l’assassin s’est introduit, -- il est entré par la
+porte et s’est caché sous le lit en attendant Mlle Stangerson;
+mais par où est-il sorti? Comment a-t-il pu s’enfuir? Si l’on ne
+trouve ni trappe, ni porte secrète, ni réduit, ni ouverture
+d’aucune sorte, si l’examen des murs et même leur démolition --
+car je suis décidé, et M. Stangerson est décidé à aller jusqu’à la
+démolition du pavillon -- ne viennent révéler aucun passage
+praticable, _non seulement pour un être humain, mais_ _encore pour
+un être quel qu’il soit_, si le plafond n’a pas de trou, si le
+plancher ne cache pas de souterrain, «il faudra bien croire au
+diable», comme dit le père Jacques!»
+
+Et le rédacteur anonyme fait remarquer, dans cet article --article
+que j’ai choisi comme étant le plus intéressant de tous ceux qui
+furent publiés ce jour-là sur la même affaire -- que le juge
+d’instruction semblait mettre une certaine intention dans cette
+dernière phrase: il faudra bien croire au diable, comme dit le
+père Jacques.
+
+L’article se termine sur ces lignes: «nous avons voulu savoir ce
+que le père Jacques entendait par: «le cri de la Bête du Bon
+Dieu». On appelle ainsi le cri particulièrement sinistre, nous a
+expliqué le propriétaire de l’auberge du Donjon, que pousse,
+quelquefois, la nuit, le chat d’une vieille femme, la mère
+«Agenoux», comme on l’appelle dans le pays. La mère «Agenoux «est
+une sorte de sainte qui habite une cabane, au coeur de la forêt,
+non loin de la «grotte de Sainte-Geneviève».
+
+«La «Chambre Jaune», la «Bête du Bon Dieu», la mère Agenoux, le
+diable, sainte Geneviève, le père Jacques, voilà un crime bien
+embrouillé, qu’un coup de pioche dans les murs nous débrouillera
+demain; espérons-le, du moins, pour la raison humaine, comme dit
+le juge d’instruction. En attendant, on croit que Mlle Stangerson,
+qui n’a cessé de délirer et qui ne prononce distinctement que ce
+mot: «Assassin! Assassin! Assassin! ...» ne passera pas la
+nuit...»
+
+Enfin, en dernière heure, le même journal annonçait que le chef de
+la Sûreté avait télégraphié au fameux inspecteur Frédéric Larsan,
+qui avait été envoyé à Londres pour une affaire de titres volés,
+de revenir immédiatement à Paris.
+
+
+
+II
+Où apparaît pour la première fois Joseph Rouletabille
+
+
+Je me souviens, comme si la chose s’était passée hier, de l’entrée
+du jeune Rouletabille, dans ma chambre, ce matin-là. Il était
+environ huit heures, et j’étais encore au lit, lisant l’article du
+_matin_, relatif au crime du Glandier.
+
+Mais, avant toute autre chose, le moment est venu de vous
+présenter mon ami.
+
+J’ai connu Joseph Rouletabille quand il était petit reporter. À
+cette époque, je débutais au barreau et j’avais souvent l’occasion
+de le rencontrer dans les couloirs des juges d’instruction, quand
+j’allais demander un «permis de communiquer»pour Mazas ou pour
+Saint-Lazare. Il avait, comme on dit, «une bonne balle». Sa tête
+était ronde comme un boulet, et c’est à cause de cela, pensai-je,
+que ses camarades de la presse lui avaient donné ce surnom qui
+devait lui rester et qu’il devait illustrer.«Rouletabille!» _ As-
+tu vu Rouletabille? -- Tiens! Voilà ce «sacré»Rouletabille!» Il
+était toujours rouge comme une tomate, tantôt gai comme un pinson,
+et tantôt sérieux comme un pape. Comment, si jeune -- il avait,
+quand je le vis pour la première fois, seize ans et demi --
+gagnait-il déjà sa vie dans la presse? Voilà ce qu’on eût pu se
+demander si tous ceux qui l’approchaient n’avaient été au courant
+de ses débuts. Lors de l’affaire de la femme coupée en morceaux de
+la rue Oberkampf -- encore une histoire bien oubliée -- il avait
+apporté au rédacteur en chef de _l’Èpoque_, journal qui était
+alors en rivalité d’informations avec _Le Matin_, le pied gauche
+qui manquait dans le panier où furent découverts les lugubres
+débris. Ce pied gauche, la police le cherchait en vain depuis huit
+jours, et le jeune Rouletabille l’avait trouvé dans un égout où
+personne n’avait eu l’idée de l’y aller chercher. Il lui avait
+fallu, pour cela, s’engager dans une équipe d’égoutiers d’occasion
+que l’administration de la ville de Paris avait réquisitionnée à
+la suite des dégâts causés par une exceptionnelle crue de la
+Seine.
+
+Quand le rédacteur en chef fut en possession du précieux pied et
+qu’il eut compris par quelle suite d’intelligentes déductions un
+enfant avait été amené à le découvrir, il fut partagé entre
+l’admiration que lui causait tant d’astuce policière dans un
+cerveau de seize ans, et l’allégresse de pouvoir exhiber, à la
+«morgue-vitrine»du journal, «le pied gauche de la rue Oberkampf».
+
+«Avec ce pied, s’écria-t-il, je ferai un article de tête.»
+
+Puis, quand il eut confié le sinistre colis au médecin légiste
+attaché à la rédaction de _L’Époque_, il demanda à celui qui
+allait être bientôt Rouletabille ce qu’il voulait gagner pour
+faire partie, en qualité de petit reporter, du service des «faits
+divers».
+
+«Deux cents francs par mois», fit modestement le jeune homme,
+surpris jusqu’à la suffocation d’une pareille proposition.
+
+«Vous en aurez deux cent cinquante, repartit le rédacteur en chef;
+seulement vous déclarerez à tout le monde que vous faites partie
+de la rédaction depuis un mois. Qu’il soit bien entendu que ce
+n’est pas vous qui avez découvert «le pied gauche de la rue
+Oberkampf», mais le journal _L’Époque_. Ici, mon petit ami,
+l’individu n’est rien; le journal est tout!»
+
+Sur quoi il pria le nouveau rédacteur de se retirer. Sur le seuil
+de la porte, il le retint cependant pour lui demander son nom.
+L’autre répondit:
+
+«Joseph Joséphin.
+
+-- Ça n’est pas un nom, ça, fit le rédacteur en chef, mais puisque
+vous ne signez pas, ça n’a pas d’importance...»
+
+Tout de suite, le rédacteur imberbe se fit beaucoup d’amis, car il
+était serviable et doué d’une bonne humeur qui enchantait les plus
+grognons, et désarma les plus jaloux. Au café du Barreau où les
+reporters de faits divers se réunissaient alors avant de monter au
+parquet ou à la préfecture chercher leur crime quotidien, il
+commença de se faire une réputation de débrouillard qui franchit
+bientôt les portes mêmes du cabinet du chef de la Sûreté! Quand
+une affaire en valait la peine et que Rouletabille --il était déjà
+en possession de son surnom -- avait été lancé sur la piste de
+guerre par son rédacteur en chef, il lui arrivait souvent de
+«damer le pion»aux inspecteurs les plus renommés.
+
+C’est au café du Barreau que je fis avec lui plus ample
+connaissance. Avocats, criminels et journalistes ne sont point
+ennemis, les uns ayant besoin de réclame et les autres de
+renseignements. Nous causâmes et j’éprouvai tout de suite une
+grande sympathie pour ce brave petit bonhomme de Rouletabille. Il
+était d’une intelligence si éveillée et si originale! Et il avait
+une qualité de pensée que je n’ai jamais retrouvée ailleurs.
+
+À quelque temps de là, je fus chargé de la chronique judiciaire au
+_Cri du Boulevard_. Mon entrée dans le journalisme ne pouvait que
+resserrer les liens d’amitié qui, déjà, s’étaient noués entre
+Rouletabille et moi. Enfin, mon nouvel ami ayant eu l’idée d’une
+petite correspondance judiciaire qu’on lui faisait signer
+«Business» à son journal _L’Époque_, je fus à même de lui fournir
+souvent les renseignements de droit dont il avait besoin.
+
+Près de deux années se passèrent ainsi, et plus j’apprenais à le
+connaître, plus je l’aimais, car, sous ses dehors de joyeuse
+extravagance, je l’avais découvert extraordinairement sérieux pour
+son âge. Enfin, plusieurs fois, moi qui étais habitué à le voir
+très gai et souvent trop gai, je le trouvai plongé dans une
+tristesse profonde. Je voulus le questionner sur la cause de ce
+changement d’humeur, mais chaque fois il se reprit à rire et ne
+répondit point. Un jour, l’ayant interrogé sur ses parents, dont
+il ne parlait jamais, il me quitta, faisant celui qui ne m’avait
+pas entendu.
+
+Sur ces entrefaites éclata la fameuse affaire de la «Chambre
+Jaune», qui devait non seulement le classer le premier des
+reporters, mais encore en faire le premier policier du monde,
+double qualité qu’on ne saurait s’étonner de trouver chez la même
+personne, attendu que la presse quotidienne commençait déjà à se
+transformer et à devenir ce qu’elle est à peu près aujourd’hui: la
+gazette du crime. Des esprits moroses pourront s’en plaindre; moi
+j’estime qu’il faut s’en féliciter. On n’aura jamais assez
+d’armes, publiques ou privées, contre le criminel. À quoi ces
+esprits moroses répliquent qu’à force de parler de crimes, la
+presse finit par les inspirer. Mais il y a des gens, n’est-ce pas?
+Avec lesquels on n’a jamais raison...
+
+Voici donc Rouletabille dans ma chambre, ce matin-là, 26 octobre
+1892. Il était encore plus rouge que de coutume; les yeux lui
+sortaient de la tête, comme on dit, et il paraissait en proie à
+une sérieuse exaltation. Il agitait _Le Matin_ d’une main fébrile.
+Il me cria:
+
+-- Eh bien, mon cher Sainclair... Vous avez lu? ...
+
+-- Le crime du Glandier?
+
+-- Oui; la «Chambre Jaune!»Qu’est-ce que vous en pensez?
+
+-- Dame, je pense que c’est le «diable» ou la «Bête du Bon Dieu»
+qui a commis le crime.
+
+-- Soyez sérieux.
+
+-- Eh bien, je vous dirai que je ne crois pas beaucoup aux
+assassins qui s’enfuient à travers les murs. Le père Jacques, pour
+moi, a eu tort de laisser derrière lui l’arme du crime et, comme
+il habite au-dessus de la chambre de Mlle Stangerson, l’opération
+architecturale à laquelle le juge d’instruction doit se livrer
+aujourd’hui va nous donner la clef de l’énigme, et nous ne
+tarderons pas à savoir par quelle trappe naturelle ou par quelle
+porte secrète le bonhomme a pu se glisser pour revenir
+immédiatement dans le laboratoire, auprès de M. Stangerson qui ne
+se sera aperçu de rien. Que vous dirais-je? C’est une hypothèse!
+...»
+
+Rouletabille s’assit dans un fauteuil, alluma sa pipe, qui ne le
+quittait jamais, fuma quelques instants en silence, le temps sans
+doute de calmer cette fièvre qui, visiblement, le dominait, et
+puis il me méprisa:
+
+-- Jeune homme! Fit-il, sur un ton dont je n’essaierai point de
+rendre la regrettable ironie, jeune homme... vous êtes avocat, et
+je ne doute pas de votre talent à faire acquitter les coupables;
+mais, si vous êtes un jour magistrat instructeur, combien vous
+sera-t-il facile de faire condamner les innocents!... Vous êtes
+vraiment doué, jeune homme.»
+
+Sur quoi, il fuma avec énergie, et reprit:
+
+«On ne trouvera aucune trappe, et le mystère de la «Chambre Jaune»
+deviendra de plus, plus en plus mystérieux. Voilà pourquoi il
+m’intéresse. Le juge d’instruction a raison: on n’aura jamais vu
+quelque chose de plus étrange que ce crime-là...
+
+-- Avez-vous quelque idée du chemin que l’assassin a pu prendre
+pour s’enfuir? demandai-je.
+
+-- Aucune, me répondit Rouletabille, aucune pour le moment... Mais
+j’ai déjà mon idée faite sur le revolver, par exemple... Le
+revolver n’a pas servi à l’assassin...
+
+-- Et à qui donc a-t-il servi, mon Dieu? ...
+
+-- Eh bien, mais... «à Mlle Stangerson...»
+
+-- Je ne comprends plus, fis-je... Ou mieux je n’ai jamais
+compris...»
+
+Rouletabille haussa les épaules:
+
+«Rien ne vous a particulièrement frappé dans l’article du _Matin_?
+
+-- Ma foi non... j’ai trouvé tout ce qu’il raconte également
+bizarre...
+
+-- Eh bien, mais... et la porte fermée à clef?
+
+-- C’est la seule chose naturelle du récit...
+
+-- Vraiment! ... Et le verrou? ...
+
+-- Le verrou?
+
+-- Le verrou poussé à l’intérieur? ... Voilà bien des précautions
+prises par Mlle Stangerson... «Mlle Stangerson, quant à moi,
+savait qu’elle avait à craindre quelqu’un; elle avait pris ses
+précautions; «elle avait même pris le revolver du père Jacques»,
+sans lui en parler. Sans doute, elle ne voulait effrayer personne;
+elle ne voulait surtout pas effrayer son père... «Ce que Mlle
+Stangerson redoutait est arrivé...» et elle s’est défendue, et il
+y a eu bataille et elle s’est servie assez adroitement de son
+revolver pour blesser l’assassin à la main -- ainsi s’explique
+l’impression de la large main d’homme ensanglantée sur le mur et
+sur la porte, de l’homme qui cherchait presque à tâtons une issue
+pour fuir -- mais elle n’a pas tiré assez vite pour échapper au
+coup terrible qui venait la frapper à la tempe droite.
+
+-- Ce n’est donc point le revolver qui a blessé Mlle Stangerson à
+la tempe?
+
+-- Le journal ne le dit pas, et, quant à moi, je ne le pense pas;
+toujours parce qu’il m’apparaît logique que le revolver a servi à
+Mlle Stangerson contre l’assassin. Maintenant, quelle était l’arme
+de l’assassin? Ce coup à la tempe semblerait attester que
+l’assassin a voulu assommer Mlle Stangerson... Après avoir
+vainement essayé de l’étrangler... L’assassin devait savoir que le
+grenier était habité par le père Jacques, et c’est une des raisons
+pour lesquelles, je pense, il a voulu opérer avec une «arme de
+silence», une matraque peut-être, ou un marteau...
+
+-- Tout cela ne nous explique pas, fis-je, comment notre assassin
+est sorti de la «Chambre Jaune»!
+
+-- Èvidemment, répondit Rouletabille en se levant, et, comme il
+faut l’expliquer, je vais au château du Glandier, et je viens vous
+chercher pour que vous y veniez avec moi...
+
+-- Moi!
+
+-- Oui, cher ami, j’ai besoin de vous. _L’Èpoque_ m’a chargé
+définitivement de cette affaire, et il faut que je l’éclaircisse
+au plus vite.
+
+-- Mais en quoi puis-je vous servir?
+
+-- M. Robert Darzac est au château du Glandier.
+
+-- C’est vrai... son désespoir doit être sans bornes!
+
+-- Il faut que je lui parle...»
+
+Rouletabille prononça cette phrase sur un ton qui me surprit:
+
+«Est-ce que... Est-ce que vous croyez à quelque chose
+d’intéressant de ce côté? ... demandai-je.
+
+-- Oui.»
+
+Et il ne voulut pas en dire davantage. Il passa dans mon salon en
+me priant de hâter ma toilette.
+
+Je connaissais M. Robert Darzac pour lui avoir rendu un très gros
+service judiciaire dans un procès civil, alors que j’étais
+secrétaire de maître Barbet-Delatour. M. Robert Darzac, qui avait,
+à cette époque, une quarantaine d’années, était professeur de
+physique à la Sorbonne. Il était intimement lié avec les
+Stangerson, puisque après sept ans d’une cour assidue, il se
+trouvait enfin sur le point de se marier avec Mlle Stangerson,
+personne d’un certain âge (elle devait avoir dans les trente-cinq
+ans), mais encore remarquablement jolie.
+
+Pendant que je m’habillais, je criai à Rouletabille qui
+s’impatientait dans mon salon:
+
+«Est-ce que vous avez une idée sur la condition de l’assassin?
+
+-- Oui, répondit-il, je le crois sinon un homme du monde, du moins
+d’une classe assez élevée... Ce n’est encore qu’une impression...
+
+-- Et qu’est-ce qui vous la donne, cette impression?
+
+-- Eh bien, mais, répliqua le jeune homme, le béret crasseux, le
+mouchoir vulgaire et les traces de la chaussure grossière sur le
+plancher...
+
+-- Je comprends, fis-je; on ne laisse pas tant de traces derrière
+soi, «quand elles sont l’expression de la vérité!»
+
+-- On fera quelque chose de vous, mon cher Sainclair!» conclut
+Rouletabille.
+
+
+III
+«Un homme a passé comme une ombre à travers les volets»
+
+
+Une demi-heure plus tard, nous étions, Rouletabille et moi, sur le
+quai de la gare d’Orléans, attendant le départ du train qui allait
+nous déposer à Épinay-sur-Orge. Nous vîmes arriver le parquet de
+Corbeil, représenté par M. de Marquet et son greffier. M. de
+Marquet avait passé la nuit à Paris avec son greffier pour
+assister, à la Scala, à la répétition générale d’une revuette dont
+il était l’auteur masqué et qu’il avait signé simplement:«Castigat
+Ridendo.»
+
+M. de Marquet commençait d’être un noble vieillard. Il était, à
+l’ordinaire, plein de politesse et de «galantise», et n’avait eu,
+toute sa vie, qu’une passion: celle de l’art dramatique. Dans sa
+carrière de magistrat, il ne s’était véritablement intéressé
+qu’aux affaires susceptibles de lui fournir au moins la nature
+d’un acte. Bien que, décemment apparenté, il eût pu aspirer aux
+plus hautes situations judiciaires, il n’avait jamais travaillé,
+en réalité, que pour «arriver»à la romantique Porte Saint-Martin
+ou à l’Odéon pensif. Un tel idéal l’avait conduit, sur le tard, à
+être juge d’instruction à Corbeil, et à signer «Castigat Ridendo»
+un petit acte indécent à la Scala.
+
+L’affaire de la «Chambre Jaune», par son côté inexplicable, devait
+séduire un esprit aussi... littéraire. Elle l’intéressa
+prodigieusement; et M. de Marquet s’y jeta moins comme un
+magistrat avide de connaître la vérité que comme un amateur
+d’imbroglios dramatiques dont toutes les facultés sont tendues
+vers le mystère de l’intrigue, et qui ne redoute cependant rien
+tant que d’arriver à la fin du dernier acte, où tout s’explique.
+
+Ainsi, dans le moment que nous le rencontrâmes, j’entendis M. de
+Marquet dire avec un soupir à son greffier:
+
+«Pourvu, mon cher monsieur Maleine, pourvu que cet entrepreneur,
+avec sa pioche, ne nous démolisse pas un aussi beau mystère!
+
+-- N’ayez crainte, répondit M. Maleine, sa pioche démolira peut-
+être le pavillon, mais elle laissera notre affaire intacte. J’ai
+tâté les murs et étudié plafond et plancher, et je m’y connais. On
+ne me trompe pas. Nous pouvons être tranquilles. Nous ne saurons
+rien.
+
+Ayant ainsi rassuré son chef, M. Maleine nous désigna d’un
+mouvement de tête discret à M. de Marquet. La figure de celui-ci
+se renfrogna et, comme il vit venir à lui Rouletabille qui, déjà,
+se découvrait, il se précipita sur une portière et sauta dans le
+train en jetant à mi-voix à son greffier: «surtout, pas de
+journalistes!»
+
+M. Maleine répliqua: «Compris!», arrêta Rouletabille dans sa
+course et eut la prétention de l’empêcher de monter dans le
+compartiment du juge d’instruction.
+
+«Pardon, messieurs! Ce compartiment est réservé...
+
+-- Je suis journaliste, monsieur, rédacteur à _l’Èpoque_, fit mon
+jeune ami avec une grande dépense de salutations et de politesses,
+et j’ai un petit mot à dire à M. de Marquet.
+
+-- M. de Marquet est très occupé par son enquête...
+
+-- Oh! Son enquête m’est absolument indifférente, veuillez le
+croire... Je ne suis pas, moi, un rédacteur de chiens écrasés,
+déclara le jeune Rouletabille dont la lèvre inférieure exprimait
+alors un mépris infini pour la littérature des «faits diversiers»
+; je suis courriériste des théâtres... Et comme je dois faire, ce
+soir, un petit compte rendu de la revue de la Scala...
+
+-- Montez, monsieur, je vous en prie...», fit le greffier
+s’effaçant.
+
+Rouletabille était déjà dans le compartiment. Je l’y suivis. Je
+m’assis à ses côtés; le greffier monta et ferma la portière.
+
+M. de Marquet regardait son greffier.
+
+-- Oh! Monsieur, débuta Rouletabille, n’en veuillez pas «à ce
+brave homme»si j’ai forcé la consigne; ce n’est pas à M. de
+Marquet que je veux avoir l’honneur de parler: c’est à M.
+«Castigat Ridendo»! ... Permettez-moi de vous féliciter, en tant
+que courriériste théâtral à _l’Èpoque_...»
+
+Et Rouletabille, m’ayant présenté d’abord, se présenta ensuite.
+
+M. de Marquet, d’un geste inquiet, caressait sa barbe en pointe.
+Il exprima en quelques mots à Rouletabille qu’il était trop
+modeste auteur pour désirer que le voile de son pseudonyme fût
+publiquement levé, et il espérait bien que l’enthousiasme du
+journaliste pour l’oeuvre du dramaturge n’irait point jusqu’à
+apprendre aux populations que M. «Castigat Ridendo» n’était autre
+que le juge d’instruction de Corbeil.
+
+«L’oeuvre de l’auteur dramatique pourrait nuire, ajouta-t-il,
+après une légère hésitation, à l’oeuvre du magistrat... surtout en
+province où l’on est resté un peu routinier...
+
+-- Oh! Comptez sur ma discrétion!» s’écria Rouletabille en levant
+des mains qui attestaient le Ciel.
+
+Le train s’ébranlait alors...
+
+«Nous partons! fit le juge d’instruction, surpris de nous voir
+faire le voyage avec lui.
+
+-- Oui, monsieur, la vérité se met en marche... dit en souriant
+aimablement le reporter... en marche vers le château du
+Glandier... Belle affaire, monsieur De Marquet, belle affaire! ...
+
+-- Obscure affaire! Incroyable, insondable, inexplicable
+affaire... et je ne crains qu’une chose, monsieur Rouletabille...
+c’est que les journalistes se mêlent de la vouloir expliquer...»
+
+Mon ami sentit le coup droit.
+
+«Oui, fit-il simplement, il faut le craindre... Ils se mêlent de
+tout... Quant à moi, je ne vous parle que parce que le hasard,
+monsieur le juge d’instruction, le pur hasard, m’a mis sur votre
+chemin et presque dans votre compartiment.
+
+-- Où allez-vous donc, demanda M. de Marquet.
+
+-- Au château du Glandier», fit sans broncher Rouletabille.
+
+M. de Marquet sursauta.
+
+«Vous n’y entrerez pas, monsieur Rouletabille! ...
+
+-- Vous vous y opposerez? fit mon ami, déjà prêt à la bataille.
+
+-- Que non pas! J’aime trop la presse et les journalistes pour
+leur être désagréable en quoi que ce soit, mais M. Stangerson a
+consigné sa porte à tout le monde. Et elle est bien gardée. Pas un
+journaliste, hier, n’a pu franchir la grille du Glandier.
+
+-- Tant mieux, répliqua Rouletabille, j’arrive bien.»
+
+M. de Marquet se pinça les lèvres et parut prêt à conserver un
+obstiné silence. Il ne se détendit un peu que lorsque Rouletabille
+ne lui eut pas laissé ignorer plus longtemps que nous nous
+rendions au Glandier pour y serrer la main «d’un vieil ami
+intime», déclara-t-il, en parlant de M. Robert Darzac, qu’il avait
+peut-être vu une fois dans sa vie.
+
+«Ce pauvre Robert! continua le jeune reporter... Ce pauvre Robert!
+il est capable d’en mourir... Il aimait tant Mlle Stangerson...
+
+-- La douleur de M. Robert Darzac fait, il est vrai, peine à voir
+... laissa échapper comme à regret M. de Marquet...
+
+-- Mais il faut espérer que Mlle Stangerson sera sauvée...
+
+-- Espérons-le... son père me disait hier que, si elle devait
+succomber, il ne tarderait point, quant à lui, à l’aller rejoindre
+dans la tombe... Quelle perte incalculable pour la science!
+
+-- La blessure à la tempe est grave, n’est-ce pas? ...
+
+-- Evidemment! Mais c’est une chance inouïe qu’elle n’ait pas été
+mortelle... Le coup a été donné avec une force! ...
+
+-- Ce n’est donc pas le revolver qui a blessé Mlle Stangerson»,
+fit Rouletabille... en me jetant un regard de triomphe...
+
+M. de Marquet parut fort embarrassé.
+
+«Je n’ai rien dit, je ne veux rien dire, et je ne dirai rien!»
+
+Et il se tourna vers son greffier, comme s’il ne nous connaissait
+plus...
+
+Mais on ne se débarrassait pas ainsi de Rouletabille. Celui-ci
+s’approcha du juge d’instruction, et, montrant _le_ _Matin_, qu’il
+tira de sa poche, il lui dit:
+
+«Il y a une chose, monsieur le juge d’instruction, que je puis
+vous demander sans commettre d’indiscrétion. Vous avez lu le récit
+du _Matin_? Il est absurde, n’est-ce pas?
+
+-- Pas le moins du monde, monsieur...
+
+-- Eh quoi! La «Chambre Jaune» n’a qu’une fenêtre grillée «dont
+les barreaux n’ont pas été descellés, et une porte que l’on
+défonce...» et l’on n’y trouve pas l’assassin!
+
+-- C’est ainsi, monsieur! C’est ainsi! ... C’est ainsi que la
+question se pose! ...»
+
+Rouletabille ne dit plus rien et partit pour des pensers
+inconnus... Un quart d’heure ainsi s’écoula.
+
+Quant il revint à nous, il dit, s’adressant encore au juge
+d’instruction:
+
+-- Comment était, ce soir-là, la coiffure de Mlle Stangerson?
+
+-- Je ne saisis pas, fit M. de Marquet.
+
+-- Ceci est de la dernière importance, répliqua Rouletabille. _Les
+cheveux en bandeaux, n’est-ce pas? Je suis sûr qu’elle portait ce
+soir-là, le soir du drame, les cheveux en bandeaux!_
+
+-- Eh bien, monsieur Rouletabille, vous êtes dans l’erreur,
+répondit le juge d’instruction; Mlle Stangerson était coiffée, ce
+soir-là, les cheveux relevés entièrement en torsade sur la tête...
+Ce doit être sa coiffure habituelle... Le front entièrement
+découvert..., je puis vous l’affirmer, car nous avons examiné
+longuement la blessure. Il n’y avait pas de sang aux cheveux... et
+l’on n’avait pas touché à la coiffure depuis l’attentat.
+
+-- Vous êtes sûr! Vous êtes sûr que Mlle Stangerson, la nuit de
+l’attentat, n’avait pas «la coiffure en bandeaux»? ...
+
+-- Tout à fait certain, continua le juge en souriant... car,
+justement, j’entends encore le docteur me dire pendant que
+j’examinais la blessure: «C’est grand dommage que Mlle Stangerson
+ait l’habitude de se coiffer les cheveux relevés sur le front. Si
+elle avait porté la coiffure en bandeaux, le coup qu’elle a reçu à
+la tempe aurait été amorti.» Maintenant, je vous dirai qu’il est
+étrange que vous attachiez de l’importance...
+
+-- Oh! Si elle n’avait pas les cheveux en bandeaux! gémit
+Rouletabille, où allons-nous? où allons-nous? Il faudra que je me
+renseigne.
+
+Et il eut un geste désolé.
+
+«Et la blessure à la tempe est terrible? demanda-t-il encore.
+
+-- Terrible.
+
+-- Enfin, par quelle arme a-t-elle été faite?
+
+-- Ceci, monsieur, est le secret de l’instruction.
+
+-- Avez-vous retrouvé cette arme?»
+
+Le juge d’instruction ne répondit pas.
+
+«Et la blessure à la gorge?»
+
+Ici, le juge d’instruction voulut bien nous confier que la
+blessure à la gorge était telle que l’on pouvait affirmer, de
+l’avis même des médecins, que, «si l’assassin avait serré cette
+gorge quelques secondes de plus, Mlle Stangerson mourait
+étranglée».
+
+«L’affaire, telle que la rapporte _Le Matin_, reprit Rouletabille,
+acharné, me paraît de plus en plus inexplicable. Pouvez-vous me
+dire, monsieur le juge, quelles sont les ouvertures du pavillon,
+portes et fenêtres?
+
+-- Il y en a cinq, répondit M. de Marquet, après avoir toussé deux
+ou trois fois, mais ne résistant plus au désir qu’il avait
+d’étaler tout l’incroyable mystère de l’affaire qu’il instruisait.
+Il y en a cinq, dont la porte du vestibule qui est la seule porte
+d’entrée du pavillon, porte toujours automatiquement fermée, et ne
+pouvant s’ouvrir, soit de l’intérieur, soit de l’extérieur, que
+par deux clefs spéciales qui ne quittent jamais le père Jacques et
+M. Stangerson. Mlle Stangerson n’en a point besoin puisque le père
+Jacques est à demeure dans le pavillon et que, dans la journée,
+elle ne quitte point son père. Quand ils se sont précipités tous
+les quatre dans la «Chambre Jaune» dont ils avaient enfin défoncé
+la porte, la porte d’entrée du vestibule, elle, était restée
+fermée comme toujours, et les deux clefs de cette porte étaient
+l’une dans la poche de M. Stangerson, l’autre dans la poche du
+père Jacques. Quant aux fenêtres du pavillon, elles sont
+quatre:l’unique fenêtre de la «Chambre Jaune», les deux fenêtres
+du laboratoire et la fenêtre du vestibule. La fenêtre de la
+«Chambre Jaune» et celles du laboratoire donnent sur la campagne;
+seule la fenêtre du vestibule donne dans le parc.
+
+-- _C’est par cette fenêtre-là qu’il s’est sauvé du pavillon!_
+s’écria Rouletabille.
+
+-- Comment le savez-vous? fit M. de Marquet en fixant sur mon ami
+un étrange regard.
+
+-- Nous verrons plus tard comment l’assassin s’est enfui de la
+«Chambre Jaune», répliqua Rouletabille, mais il a dû quitter le
+pavillon par la fenêtre du vestibule...
+
+-- Encore une fois, comment le savez-vous?
+
+-- Eh! mon Dieu! c’est bien simple. Du moment qu’«il» ne peut
+s’enfuir par la porte du pavillon, il faut bien qu’il passe par
+une fenêtre, et il faut qu’il y ait au moins, pour qu’il passe,
+une fenêtre qui ne soit pas grillée. La fenêtre de la «Chambre
+Jaune» est grillée, parce qu’elle donne sur la campagne; les deux
+fenêtres du laboratoire doivent l’être certainement pour la même
+raison. «Puisque l’assassin s’est enfui», j’imagine qu’il a trouvé
+une fenêtre sans barreaux, et ce sera celle du vestibule qui donne
+sur le parc, c’est-à-dire à l’intérieur de la propriété. Cela
+n’est pas sorcier! ...
+
+-- Oui, fit M. de Marquet, mais ce que vous ne pourriez deviner,
+c’est que cette fenêtre du vestibule, qui est la seule, en effet,
+à n’avoir point de barreaux, possède de solides volets de fer.
+_Or, ces volets de fer sont restés fermés à l’intérieur par leur
+loquet_ _de fer, et cependant nous avons la preuve que l’assassin
+s’est, en effet,_ _enfui du pavillon par cette même fenêtre!_ Des
+traces de sang sur le mur à l’intérieur et sur les volets et des
+pas sur la terre, des pas entièrement semblables à ceux dont j’ai
+relevé la mesure dans la «Chambre Jaune», attestent bien que
+l’assassin s’est enfui par là! Mais alors! Comment a-t-il fait,
+_puisque les volets sont restés fermés à l’intérieur?_ Il a passé
+comme une ombre à travers les volets. Et, enfin, le plus affolant
+de tout, n’est-ce point la trace retrouvée de l’assassin au moment
+où il fuit du pavillon, quand il est impossible de se faire la
+moindre idée de la façon dont l’assassin est sorti de la «Chambre
+Jaune», _ni comment il a traversé forcément le laboratoire pour_
+_arriver au vestibule!_ Ah! oui, monsieur Rouletabille, cette
+affaire est hallucinante... C’est une belle affaire, allez! Et
+dont on ne trouvera pas la clef d’ici longtemps, je l’espère bien!
+...
+
+-- Vous espérez quoi, monsieur le juge d’instruction? ...»
+
+M. de Marquet rectifia:
+
+-- «... Je ne l’espère pas... Je le crois...
+
+-- On aurait donc refermé la fenêtre, à l’intérieur, après la
+fuite de l’assassin? demanda Rouletabille...
+
+-- Évidemment, voilà ce qui me semble, pour le moment, naturel
+quoique inexplicable... car il faudrait un complice ou des
+complices... et je ne les vois pas...»
+
+Après un silence, il ajouta:
+
+«Ah! Si Mlle Stangerson pouvait aller assez bien aujourd’hui pour
+qu’on l’interrogeât...»
+
+Rouletabille, poursuivant sa pensée, demanda:
+
+«Et le grenier? Il doit y avoir une ouverture au grenier?
+
+-- Oui, je ne l’avais pas comptée, en effet; cela fait six
+ouvertures; il y a là-haut une petite fenêtre, plutôt une lucarne,
+et, comme elle donne sur l’extérieur de la propriété, M.
+Stangerson l’a fait également garnir de barreaux. À cette lucarne,
+comme aux fenêtres du rez-de-chaussée, les barreaux sont restés
+intacts et les volets, qui s’ouvrent naturellement en dedans, sont
+restés fermés en dedans. Du reste, nous n’avons rien découvert qui
+puisse nous faire soupçonner le passage de l’assassin dans le
+grenier.
+
+-- Pour vous, donc, il n’est point douteux, monsieur le juge
+d’instruction, que l’assassin s’est enfui -- sans que l’on sache
+comment -- par la fenêtre du vestibule!
+
+-- Tout le prouve...
+
+Je le crois aussi», obtempéra gravement Rouletabille.
+
+Puis un silence, et il reprit:
+
+-- Si vous n’avez trouvé aucune trace de l’assassin dans le
+grenier, comme par exemple, ces pas noirâtres que l’on relève sur
+le parquet de la «Chambre Jaune», vous devez être amené à croire
+que ce n’est point lui qui a volé le revolver du père Jacques...
+
+-- Il n’y a de traces, au grenier, que celles du père Jacques»,
+fit le juge avec un haussement de tête significatif...
+
+Et il se décida à compléter sa pensée:
+
+«Le père Jacques était avec M. Stangerson... C’est heureux pour
+lui...
+
+-- Alors, _quid_ du rôle du revolver du père Jacques dans le
+drame? Il semble bien démontré que cette arme a moins blessé Mlle
+Stangerson qu’elle n’a blessé l’assassin...»
+
+Sans répondre à cette question, qui sans doute l’embarrassait, M.
+de Marquet nous apprit qu’on avait retrouvé les deux balles dans
+la «Chambre Jaune», l’une dans un mur, le mur où s’étalait la main
+rouge -- une main rouge d’homme -- l’autre dans le plafond.
+
+«Oh! oh! dans le plafond! répéta à mi-voix Rouletabille...
+Vraiment... dans le plafond! Voilà qui est fort curieux... dans le
+plafond! ...
+
+Il se mit à fumer en silence, s’entourant de tabagie. Quand nous
+arrivâmes à Epinay-sur-Orge, je dus lui donner un coup sur
+l’épaule pour le faire descendre de son rêve et sur le quai.
+
+Là, le magistrat et son greffier nous saluèrent, nous faisant
+comprendre qu’ils nous avaient assez vus; puis ils montèrent
+rapidement dans un cabriolet qui les attendait.
+
+ «Combien de temps faut-il pour aller à pied d’ici au château du
+Glandier? demanda Rouletabille à un employé de chemin de fer.
+
+-- Une heure et demie, une heure trois quarts, sans se presser»,
+répondit l’homme.
+
+Rouletabille regarda le ciel, le trouva à sa convenance et, sans
+doute, à la mienne, car il me prit sous le bras et me dit:
+
+«Allons! ... J’ai besoin de marcher.
+
+-- Eh bien! lui demandai-je. Ça se débrouille? ...
+
+-- Oh! fit-il, oh! il n’y a rien de débrouillé du tout! ... _C’est
+encore plus embrouillé qu’avant!_ Il est vrai que j’ai une idée...
+
+-- Dites-la.
+
+-- Oh! Je ne peux rien dire pour le moment... Mon idée est une
+question de vie ou de mort pour deux personnes au moins...
+
+-- Croyez-vous à des complices?
+
+-- Je n’y crois pas...»
+
+Nous gardâmes un instant le silence, puis il reprit:
+
+«C’est une veine d’avoir rencontré ce juge d’instruction et son
+greffier... Hein! que vous avais-je dit pour le revolver? ...
+
+Il avait le front penché vers la route, les mains dans les poches,
+et il sifflotait. Au bout d’un instant, je l’entendis murmurer:
+
+«Pauvre femme! ...
+
+-- C’est Mlle Stangerson que vous plaignez? ...
+
+-- Oui, c’est une très noble femme, et tout à fait digne de pitié!
+... C’est un très grand, un très grand caractère... j’imagine...
+j’imagine...
+
+-- Vous connaissez donc Mlle Stangerson?
+
+-- Moi, pas du tout... Je ne l’ai vue qu’une fois...
+
+-- Pourquoi dites-vous: c’est un très grand caractère? ...
+
+-- Parce qu’elle a su tenir tête à l’assassin, parce qu’elle s’est
+défendue avec courage, _et surtout, surtout, à cause de la balle_
+_dans le plafond.»_
+
+Je regardai Rouletabille, me demandant _in petto_ s’il ne se
+moquait pas tout à fait de moi ou s’il n’était pas devenu
+subitement fou. Mais je vis bien que le jeune homme n’avait jamais
+eu moins envie de rire, et l’éclat intelligent de ses petits yeux
+ronds me rassura sur l’état de sa raison. Et puis, j’étais un peu
+habitué à ses propos rompus... rompus pour moi qui n’y trouvais
+souvent qu’incohérence et mystère jusqu’au moment où, en quelques
+phrases rapides et nettes, il me livrait le fil de sa pensée.
+Alors, tout s’éclairait soudain; les mots qu’il avait dits, et qui
+m’avaient paru vides de sens, se reliaient avec une facilité et
+une logique telles «que je ne pouvais comprendre comment je
+n’avais pas compris plus tôt».
+
+
+
+IV
+«Au sein d’une nature sauvage»
+
+
+Le château du Glandier est un des plus vieux châteaux de ce pays
+d’Île-de-France, où se dressent encore tant d’illustres pierres de
+l’époque féodale. Bâti au coeur des forêts, sous Philippe le Bel,
+il apparaît à quelques centaines de mètres de la route qui conduit
+du village de Sainte-Geneviève-des-Bois à Montlhéry. Amas de
+constructions disparates, il est dominé par un donjon. Quand le
+visiteur a gravi les marches branlantes de cet antique donjon et
+qu’il débouche sur la petite plate-forme où, au XVIIe siècle,
+Georges-Philibert de Séquigny, seigneur du Glandier, Maisons-
+Neuves et autres lieux, a fait édifier la lanterne actuelle, d’un
+abominable style rococo, on aperçoit, à trois lieues de là, au-
+dessus de la vallée et de la plaine, l’orgueilleuse tour de
+Montlhéry. Donjon et tour se regardent encore, après tant de
+siècles, et semblent se raconter, au-dessus des forêts verdoyantes
+ou des bois morts, les plus vieilles légendes de l’histoire de
+France. On dit que le donjon du Glandier veille sur une ombre
+héroïque et sainte, celle de la bonne patronne de Paris, devant
+qui recula Attila. Sainte Geneviève dort là son dernier sommeil
+dans les vieilles douves du château. L’été, les amoureux,
+balançant d’une main distraite le panier des déjeuners sur
+l’herbe, viennent rêver ou échanger des serments devant la tombe
+de la sainte, pieusement fleurie de myosotis. Non loin de cette
+tombe est un puits qui contient, dit-on, une eau miraculeuse. La
+reconnaissance des mères a élevé en cet endroit une statue à
+sainte Geneviève et suspendu sous ses pieds les petits chaussons
+ou les bonnets des enfants sauvés par cette onde sacrée.
+
+C’est dans ce lieu qui semblait devoir appartenir tout entier au
+passé que le professeur Stangerson et sa fille étaient venus
+s’installer pour préparer la science de l’avenir. Sa solitude au
+fond des bois leur avait plu tout de suite. Ils n’auraient là,
+comme témoins de leurs travaux et de leurs espoirs, que de
+vieilles pierres et de grands chênes. Le Glandier, autrefois
+«Glandierum», s’appelait ainsi du grand nombre de glands que, de
+tout temps, on avait recueillis en cet endroit. Cette terre,
+aujourd’hui tristement célèbre, avait reconquis, grâce à la
+négligence ou à l’abandon des propriétaires, l’aspect sauvage
+d’une nature primitive; seuls, les bâtiments qui s’y cachaient
+avaient conservé la trace d’étranges métamorphoses. Chaque siècle
+y avait laissé son empreinte: un morceau d’architecture auquel se
+reliait le souvenir de quelque événement terrible, de quelque
+rouge aventure; et, tel quel, ce château, où allait se réfugier la
+science, semblait tout désigné à servir de théâtre à des mystères
+d’épouvante et de mort.
+
+Ceci dit, je ne puis me défendre d’une réflexion. La voici:
+
+Si je me suis attardé quelque peu à cette triste peinture du
+Glandier, ce n’est point que j’aie trouvé ici l’occasion
+dramatique de «créer» l’atmosphèrenécessaire aux drames qui vont
+se dérouler sous les yeux du lecteur et, en vérité, mon premier
+soin, dans toute cette affaire, sera d’être aussi simple que
+possible. Je n’ai point la prétention d’être un auteur. Qui dit:
+auteur, dit toujours un peu: romancier, et, Dieu merci! Le mystère
+de la «Chambre Jaune» est assez plein de tragique horreur réelle
+pour se passer de littérature. Je ne suis et ne veux être qu’un
+fidèle «rapporteur». Je dois rapporter l’événement; je situe cet
+événement dans son cadre, voilà tout. Il est tout naturel que vous
+sachiez où les choses se passent.
+
+Je reviens à M. Stangerson. Quand il acheta le domaine, une
+quinzaine d’années environ avant le drame qui nous occupe, le
+Glandier n’était plus habité depuis longtemps. Un autre vieux
+château, dans les environs, construit au XIVe siècle par Jean de
+Belmont, était également abandonné, de telle sorte que le pays
+était à peu près inhabité. Quelques maisonnettes au bord de la
+route qui conduit à Corbeil, une auberge, l’auberge du «Donjon»,
+qui offrait une passagère hospitalité aux rouliers; c’était là à
+peu près tout ce qui rappelait la civilisation dans cet endroit
+délaissé qu’on ne s’attendait guère à rencontrer à quelques lieues
+de la capitale. Mais ce parfait délaissement avait été la raison
+déterminante du choix de M. Stangerson et de sa fille. M.
+Stangerson était déjà célèbre; il revenait d’Amérique où ses
+travaux avaient eu un retentissement considérable. Le livre qu’il
+avait publié à Philadelphie sur la «Dissociation de la matière par
+les actions électriques» avait soulevé la protestation de tout le
+monde savant. M. Stangerson était français, mais d’origine
+américaine. De très importantes affaires d’héritage l’avaient fixé
+pendant plusieurs années aux États-Unis. Il avait continué, là-
+bas, une oeuvre commencée en France, et il était revenu en France
+l’y achever, après avoir réalisé une grosse fortune, tous ses
+procès s’étant heureusement terminés soit par des jugements qui
+lui donnaient gain de cause, soit par des transactions. Cette
+fortune fut la bienvenue. M. Stangerson, qui eût pu, s’il l’avait
+voulu, gagner des millions de dollars en exploitant ou en faisant
+exploiter deux ou trois de ses découvertes chimiques relatives à
+de nouveaux procédés de teinture, avait toujours répugné à faire
+servir à son intérêt propre le don merveilleux d’«inventer» qu’il
+avait reçu de la nature; mais il ne pensait point que son génie
+lui appartînt. Il le devait aux hommes, et tout ce que son génie
+mettait au monde tombait, de par cette volonté philanthropique,
+dans le domaine public. S’il n’essaya point de dissimuler la
+satisfaction que lui causait la mise en possession de cette
+fortune inespérée qui allait lui permettre de se livrer jusqu’à sa
+dernière heure à sa passion pour la science pure, le professeur
+dut s’en réjouir également, «semblait-il», pour une autre cause.
+Mlle Stangerson avait, au moment où son père revint d’Amérique et
+acheta le Glandier, vingt ans. Elle était plus jolie qu’on ne
+saurait l’imaginer, tenant à la fois toute la grâce parisienne de
+sa mère, morte en lui donnant le jour, et toute la splendeur,
+toute la richesse du jeune sang américain de son grand-père
+paternel, William Stangerson. Celui-ci, citoyen de Philadelphie,
+avait dû se faire naturaliser français pour obéir à des exigences
+de famille, au moment de son mariage avec une française, celle qui
+devait être la mère de l’illustre Stangerson. Ainsi s’explique la
+nationalité française du professeur Stangerson.
+
+Vingt ans, adorablement blonde, des yeux bleus, un teint de lait,
+rayonnante, d’une santé divine, Mathilde Stangerson était l’une
+des plus belles filles à marier de l’ancien et du nouveau
+continent. Il était du devoir de son père, malgré la douleur
+prévue d’une inévitable séparation, de songer à ce mariage, et il
+ne dut pas être fâché de voir arriver la dot. Quoi qu’il en soit,
+il ne s’en enterra pas moins, avec son enfant, au Glandier, dans
+le moment où ses amis s’attendaient à ce qu’il produisît Mlle
+Mathilde dans le monde. Certains vinrent le voir et manifestèrent
+leur étonnement. Aux questions qui lui furent posées, le
+professeur répondit: «C’est la volonté de ma fille. Je ne sais
+rien lui refuser. C’est elle qui a choisi le Glandier.» Interrogé
+à son tour, la jeune fille répliqua avec sérénité: «Où aurions-
+nous mieux travaillé que dans cette solitude?» Car Mlle Mathilde
+Stangerson collaborait déjà à l’oeuvre de son père, mais on ne
+pouvait imaginer alors que sa passion pour la science irait
+jusqu’à lui faire repousser tous les partis qui se présenteraient
+à elle, pendant plus de quinze ans. Si retirés vivaient-ils, le
+père et la fille durent se montrer dans quelques réceptions
+officielles, et, à certaines époques de l’année, dans deux ou
+trois salons amis où la gloire du professeur et la beauté de
+Mathilde firent sensation. L’extrême froideur de la jeune fille ne
+découragea pas tout d’abord les soupirants; mais, au bout de
+quelques années, ils se lassèrent. Un seul persista avec une douce
+ténacité et mérita ce nom «d’éternel fiancé», qu’il accepta avec
+mélancolie; c’était M. Robert Darzac. Maintenant Mlle Stangerson
+n’était plus jeune, et il semblait bien que, n’ayant point trouvé
+de raisons pour se marier, jusqu’à l’âge de trente-cinq ans, elle
+n’en découvrirait jamais. Un tel argument apparaissait sans
+valeur, évidemment, à M. Robert Darzac, puisque celui-ci ne
+cessait point sa cour, si tant est qu’on peut encore appeler
+«cour»les soins délicats et tendres dont on ne cesse d’entourer
+une femme de trente-cinq ans, restée fille et qui a déclaré
+qu’elle ne se marierait point.
+
+Soudain, quelques semaines avant les événements qui nous occupent,
+un bruit auquel on n’attacha pas d’abord d’importance -- tant on
+le trouvait incroyable -- se répandit dans Paris; Mlle Stangerson
+consentait enfin à «couronnerl’inextinguible flamme de M. Robert
+Darzac!» Il fallut que M. Robert Darzac lui-même ne démentît point
+ces propos matrimoniaux pour qu’on se dît enfin qu’il pouvait y
+avoir un peu de vérité dans une rumeur aussi invraisemblable.
+Enfin M. Stangerson voulut bien annoncer, en sortant un jour de
+l’Académie des sciences, que le mariage de sa fille et de M.
+Robert Darzac serait célébré dans l’intimité, au château du
+Glandier, sitôt que sa fille et lui auraient mis la dernière main
+au rapport qui allait résumer tous leurs travaux sur la
+«Dissociation de la matière», c’est-à-dire sur le retour de la
+matière à l’éther. Le nouveau ménage s’installerait au Glandier et
+le gendre apporterait sa collaboration à l’oeuvre à laquelle le
+père et la fille avaient consacré leur vie.
+
+Le monde scientifique n’avait pas encore eu le temps de se
+remettre de cette nouvelle que l’on apprenait l’assassinat de Mlle
+Stangerson dans les conditions fantastiques que nous avons
+énumérées et que notre visite au château va nous permettre de
+préciser davantage encore.
+
+Je n’ai point hésité à fournir au lecteur tous ces détails
+rétrospectifs que je connaissais par suite de mes rapports
+d’affaires avec M. Robert Darzac, pour qu’en franchissant le seuil
+de la «Chambre Jaune», il fût aussi documenté que moi.
+
+
+
+V
+Où Joseph Rouletabille adresse à M. Robert Darzac une phrase qui
+produit son petit effet
+
+
+Nous marchions depuis quelques minutes, Rouletabille et moi, le
+long d’un mur qui bordait la vaste propriété de M. Stangerson, et
+nous apercevions déjà la grille d’entrée, quand notre attention
+fut attirée par un personnage qui, à demi courbé sur la terre,
+semblait tellement préoccupé qu’il ne nous vit pas venir. Tantôt
+il se penchait, se couchait presque sur le sol, tantôt il se
+redressait et considérait attentivement le mur; tantôt il
+regardait dans le creux de sa main, puis faisait de grands pas,
+puis se mettait à courir et regardait encore dans le creux de sa
+main droite. Rouletabille m’avait arrêté d’un geste:
+
+«Chut! Frédéric Larsan qui travaille! ... Ne le dérangeons pas!
+
+Joseph Rouletabille avait une grande admiration pour le célèbre
+policier. Je n’avais jamais vu, moi, Frédéric Larsan, mais je le
+connaissais beaucoup de réputation.
+
+L’affaire des lingots d’or de l’hôtel de la Monnaie, qu’il
+débrouilla quand tout le monde jetait sa langue aux chiens, et
+l’arrestation des forceurs de coffres-forts du Crédit universel
+avaient rendu son nom presque populaire. Il passait alors, à cette
+époque où Joseph Rouletabille n’avait pas encore donné les preuves
+admirables d’un talent unique, pour l’esprit le plus apte à
+démêler l’écheveau embrouillé des plus mystérieux et plus obscurs
+crimes. Sa réputation s’était étendue dans le monde entier et
+souvent les polices de Londres ou de Berlin, ou même d’Amérique
+l’appelaient à l’aide quand les inspecteurs et les détectives
+nationaux s’avouaient à bout d’imagination et de ressources. On ne
+s’étonnera donc point que, dès le début du mystère de la «Chambre
+Jaune», le chef de la Sûreté ait songé à télégraphier à son
+précieux subordonné, à Londres, où Frédéric Larsan avait été
+envoyé pour une grosse affaire de titres volés: «Revenez vite.»
+Frédéric, que l’on appelait, à la Sûreté, le grand Fred, avait
+fait diligence, sachant sans doute par expérience que, si on le
+dérangeait, c’est qu’on avait bien besoin de ses services, et,
+c’est ainsi que Rouletabille et moi, ce matin-là, nous le
+trouvions déjà à la besogne. Nous comprîmes bientôt en quoi elle
+consistait.
+
+Ce qu’il ne cessait de regarder dans le creux de sa main droite
+n’était autre chose que sa montre et il paraissait fort occupé à
+compter des minutes. Puis il rebroussa chemin, reprit une fois
+encore sa course, ne l’arrêta qu’à la grille du parc, reconsulta
+sa montre, la mit dans sa poche, haussa les épaules d’un geste
+découragé, poussa la grille, pénétra dans le parc, referma la
+grille à clef, leva la tête et, à travers les barreaux, nous
+aperçut. Rouletabille courut et je le suivis. Frédéric Larsan nous
+attendait.
+
+«Monsieur Fred», dit Rouletabille en se découvrant et en montrant
+les marques d’un profond respect basé sur la réelle admiration que
+le jeune reporter avait pour le célèbre policier, «pourriez-vous
+nous dire si M. Robert Darzac est au château en ce moment? Voici
+un de ses amis, du barreau de Paris, qui désirerait lui parler.
+
+-- Je n’en sais rien, monsieur Rouletabille, répliqua Fred en
+serrant la main de mon ami, car il avait eu l’occasion de le
+rencontrer plusieurs fois au cours de ses enquêtes les plus
+difficiles... Je ne l’ai pas vu.
+
+-- Les concierges nous renseigneront sans doute? fit Rouletabille
+en désignant une maisonnette de briques dont porte et fenêtres
+étaient closes et qui devait inévitablement abriter ces fidèles
+gardiens de la propriété.
+
+«Les concierges ne vous renseigneront point, monsieur
+Rouletabille.
+
+-- Et pourquoi donc?
+
+-- Parce que, depuis une demi-heure, ils sont arrêtés! ...
+
+-- Arrêtés! s’écria Rouletabille... Ce sont eux les assassins! ...
+
+Frédéric Larsan haussa les épaules.
+
+«Quand on ne peut pas, dit-il, d’un air de suprême ironie, arrêter
+l’assassin, on peut toujours se payer le luxe de découvrir les
+complices!
+
+-- C’est vous qui les avez fait arrêter, monsieur Fred?
+
+-- Ah! non! par exemple! je ne les ai pas fait arrêter, d’abord
+parce que je suis à peu près sûr qu’ils ne sont pour rien dans
+l’affaire, et puis parce que...
+
+-- Parce que quoi? interrogea anxieusement Rouletabille.
+
+-- Parce que... rien... fit Larsan en secouant la tête.
+
+-- «Parce qu’il n’y a pas de complices!»souffla Rouletabille.
+
+Frédéric Larsan s’arrêta net, regardant le reporter avec intérêt.
+
+«Ah! Ah! Vous avez donc une idée sur l’affaire... Pourtant vous
+n’avez rien vu, jeune homme... vous n’avez pas encore pénétré
+ici...
+
+-- J’y pénétrerai.
+
+-- J’en doute... la consigne est formelle.
+
+-- J’y pénétrerai si vous me faites voir M. Robert Darzac...
+Faites cela pour moi... Vous savez que nous sommes de vieux
+amis... Monsieur Fred... je vous en prie... Rappelez-vous le bel
+article que je vous ai fait à propos des «Lingots d’or». Un petit
+mot à M. Robert Darzac, s’il vous plaît?»
+
+La figure de Rouletabille était vraiment comique à voir en ce
+moment. Elle reflétait un désir si irrésistible de franchir ce
+seuil au-delà duquel il se passait quelque prodigieux mystère;
+elle suppliait avec une telle éloquence non seulement de la bouche
+et des yeux, mais encore de tous les traits, que je ne pus
+m’empêcher d’éclater de rire. Frédéric Larsan, pas plus que moi,
+ne garda son sérieux.
+
+Cependant, derrière la grille, Frédéric Larsan remettait
+tranquillement la clef dans sa poche. Je l’examinai.
+
+C’était un homme qui pouvait avoir une cinquantaine d’années. Sa
+tête était belle, aux cheveux grisonnants, au teint mat, au profil
+dur; le front était proéminent; le menton et les joues étaient
+rasés avec soin; la lèvre, sans moustache, était finement
+dessinée; les yeux, un peu petits et ronds, fixaient les gens bien
+en face d’un regard fouilleur qui étonnait et inquiétait. Il était
+de taille moyenne et bien prise; l’allure générale était élégante
+et sympathique. Rien du policier vulgaire. C’était un grand
+artiste en son genre, et il le savait, et l’on sentait qu’il avait
+une haute idée de lui-même. Le ton de sa conversation était d’un
+sceptique et d’un désabusé. Son étrange profession lui avait fait
+côtoyer tant de crimes et de vilenies qu’il eût été inexplicable
+qu’elle ne lui eût point un peu «durci les sentiments», selon la
+curieuse expression de Rouletabille.
+
+Larsan tourna la tête au bruit d’une voiture qui arrivait derrière
+lui. Nous reconnûmes le cabriolet qui, en gare d’Épinay, avait
+emporté le juge d’instruction et son greffier.
+
+«Tenez! fit Frédéric Larsan, vous vouliez parler à M. Robert
+Darzac; le voilà!»
+
+Le cabriolet était déjà à la grille et Robert Darzac priait
+Frédéric Larsan de lui ouvrir l’entrée du parc, lui disant qu’il
+était très pressé et qu’il n’avait que le temps d’arriver à Épinay
+pour prendre le prochain train pour Paris, quand il me reconnut.
+Pendant que Larsan ouvrait la grille, M. Darzac me demanda ce qui
+pouvait m’amener au Glandier dans un moment aussi tragique. Je
+remarquai alors qu’il était atrocement pâle et qu’une douleur
+infinie était peinte sur son visage.
+
+«Mlle Stangerson va-t-elle mieux? demandai-je immédiatement.
+
+-- Oui, fit-il. On la sauvera peut-être. Il faut qu’on la sauve.»
+
+Il n’ajouta pas «ou j’en mourrai», mais on sentait trembler la fin
+de la phrase au bout de ses lèvres exsangues.
+
+Rouletabille intervint alors:
+
+«Monsieur, vous êtes pressé. Il faut cependant que je vous parle.
+J’ai quelque chose de la dernière importance à vous dire.»
+
+Frédéric Larsan interrompit:
+
+«Je peux vous laisser? demanda-t-il à Robert Darzac. Vous avez une
+clef ou voulez-vous que je vous donne celle-ci?
+
+-- Oui, merci, j’ai une clef. Je fermerai la grille.»
+
+Larsan s’éloigna rapidement dans la direction du château dont on
+apercevait, à quelques centaines de mètres, la masse imposante.
+
+Robert Darzac, le sourcil froncé, montrait déjà de l’impatience.
+Je présentai Rouletabille comme un excellent ami; mais, dès qu’il
+sut que ce jeune homme était journaliste, M. Darzac me regarda
+d’un air de grand reproche, s’excusa sur la nécessité où il était
+d’atteindre Épinay en vingt minutes, salua et fouetta son cheval.
+Mais déjà Rouletabille avait saisi, à ma profonde stupéfaction, la
+bride, arrêté le petit équipage d’un poing vigoureux, cependant
+qu’il prononçait cette phrase dépourvue pour moi du moindre sens:
+
+_«Le presbytère n’a rien perdu de son charme ni le jardin de son
+éclat.»_
+
+Ces mots ne furent pas plutôt sortis de la bouche de Rouletabille
+que je vis Robert Darzac chanceler; si pâle qu’il fût, il pâlit
+encore; ses yeux fixèrent le jeune homme avec épouvante et il
+descendit immédiatement de sa voiture dans un désordre d’esprit
+inexprimable.
+
+«Allons! Allons!» dit-il en balbutiant.
+
+Et puis, tout à coup, il reprit avec une sorte de fureur:
+
+«Allons! monsieur! Allons!»
+
+Et il refit le chemin qui conduisait au château, sans plus dire un
+mot, cependant que Rouletabille suivait, tenant toujours le
+cheval. J’adressai quelques paroles à M. Darzac... mais il ne me
+répondit pas. J’interrogeai de l’oeil Rouletabille, qui ne me vit
+pas.
+
+
+
+VI
+Au fond de la chênaie
+
+
+Nous arrivâmes au château. Le vieux donjon se reliait à la partie
+du bâtiment entièrement refaite sous Louis XIV par un autre corps
+de bâtiment moderne, style Viollet-le-Duc, où se trouvait l’entrée
+principale. Je n’avais encore rien vu d’aussi original, ni peut-
+être d’aussi laid, ni surtout d’aussi étrange en architecture que
+cet assemblage bizarre de styles disparates. C’était monstrueux et
+captivant. En approchant, nous vîmes deux gendarmes qui se
+promenaient devant une petite porte ouvrant sur le rez-de-chaussée
+du donjon. Nous apprîmes bientôt que, dans ce rez-de-chaussée, qui
+était autrefois une prison et qui servait maintenant de chambre de
+débarras, on avait enfermé les concierges, M. et MmeBernier.
+
+M. Robert Darzac nous fit entrer dans la partie moderne du château
+par une vaste porte que protégeait une «marquise». Rouletabille,
+qui avait abandonné le cheval et le cabriolet aux soins d’un
+domestique, ne quittait pas des yeux M. Darzac; je suivis son
+regard, et je m’aperçus que celui-ci était uniquement dirigé vers
+les mains gantées du professeur à la Sorbonne. Quand nous fûmes
+dans un petit salonet garni de meubles vieillots, M. Darzac se
+tourna vers Rouletabille et assez brusquement lui demanda:
+
+«Parlez! Que me voulez-vous?»
+
+Le reporter répondit avec la même brusquerie:
+
+«Vous serrer la main!»
+
+Darzac se recula:
+
+«Que signifie?»
+
+Évidemment, il avait compris ce que je comprenais alors: que mon
+ami le soupçonnait de l’abominable attentat. La trace de la main
+ensanglantée sur les murs de la «Chambre Jaune» lui apparut... Je
+regardai cet homme à la physionomie si hautaine, au regard si
+droit d’ordinaire et qui se troublait en ce moment si étrangement.
+Il tendit sa main droite, et, me désignant:
+
+«Vous êtes l’ami de M. Sainclair qui m’a rendu un service inespéré
+dans une juste cause, monsieur, et je ne vois pas pourquoi je vous
+refuserais la main...»
+
+Rouletabille ne prit pas cette main. Il dit, mentant avec une
+audace sans pareille:
+
+«Monsieur, j’ai vécu quelques années en Russie, d’où j’ai rapporté
+cet usage de ne jamais serrer la main à quiconque ne se dégante
+pas.»
+
+Je crus que le professeur en Sorbonne allait donner un libre cours
+à la fureur qui commençait à l’agiter, mais au contraire, d’un
+violent effort visible, il se calma, se déganta et présenta ses
+mains. Elles étaient nettes de toute cicatrice.
+
+«Êtes-vous satisfait?
+
+-- Non! répliqua Rouletabille. Mon cher ami, fit-il en se tournant
+vers moi, je suis obligé de vous demander de nous laisser seuls un
+instant.»
+
+Je saluai et me retirai, stupéfait de ce que je venais de voir et
+d’entendre, et ne comprenant pas que M. Robert Darzac n’eût point
+déjà jeté à la porte mon impertinent, mon injurieux, mon stupide
+ami... Car, à cette minute, j’en voulais à Rouletabille de ses
+soupçons qui avaient abouti à cette scène inouïe des gants...
+
+Je me promenai environ vingt minutes devant le château, essayant
+de relier entre eux les différents événements de cette matinée, et
+n’y parvenant pas. Quelle était l’idée de Rouletabille? Était-il
+possible que M. Robert Darzac lui apparût comme l’assassin?
+Comment penser que cet homme, qui devait se marier dans quelques
+jours avec Mlle Stangerson, s’était introduit dans la «Chambre
+Jaune» pour assassiner sa fiancée? Enfin, rien n’était venu
+m’apprendre comment l’assassin avait pu sortir de la «Chambre
+Jaune»; et, tant que ce mystère qui me paraissait inexplicable ne
+me serait pas expliqué, j’estimais, moi, qu’il était du devoir de
+tous de ne soupçonner personne. Enfin, que signifiait cette phrase
+insensée qui sonnait encore à mes oreilles: _le presbytère n’a
+rien perdu de son charme ni le jardin de son_ _éclat!_J’avais hâte
+de me retrouver seul avec Rouletabille pour le lui demander.
+
+À ce moment, le jeune homme sortit du château avec M. Robert
+Darzac. Chose extraordinaire, je vis au premier coup d’oeil qu’ils
+étaient les meilleurs amis du monde.
+
+«Nous allons à la «Chambre Jaune», me dit Rouletabille, venez avec
+nous. Dites-donc, cher ami, vous savez que je vous garde toute la
+journée. Nous déjeunons ensemble dans le pays...
+
+-- Vous déjeunerez avec moi, ici, messieurs...
+
+-- Non, merci, répliqua le jeune homme. Nous déjeunerons à
+l’auberge du «Donjon»...
+
+-- Vous y serez très mal... Vous n’y trouverez rien.
+
+-- Croyez-vous? ... Moi j’espère y trouver quelque chose, répliqua
+Rouletabille. Après déjeuner, nous retravaillerons, je ferai mon
+article, vous serez assez aimable pour me le porter à la
+rédaction...
+
+-- Et vous? Vous ne revenez pas avec moi?
+
+-- Non; je couche ici...»
+
+Je me retournai vers Rouletabille. Il parlait sérieusement, et M.
+Robert Darzac ne parut nullement étonné...
+
+Nous passions alors devant le donjon et nous entendîmes des
+gémissements. Rouletabille demanda:
+
+«Pourquoi a-t-on arrêté ces gens-là?
+
+-- C’est un peu de ma faute, dit M. Darzac. J’ai fait remarquer
+hier au juge d’instruction qu’il est inexplicable que les
+concierges aient eu le temps d’entendre les coups de revolver, «de
+s’habiller», de parcourir l’espace assez grand qui sépare leur
+loge du pavillon, tout cela en deux minutes; car il ne s’est pas
+écoulé plus de deux minutes entre les coups de revolver et le
+moment où ils ont été rencontrés par le père Jacques.
+
+-- Èvidemment, c’est louche, acquiesça Rouletabille... Et ils
+étaient habillés...?
+
+-- Voilà ce qui est incroyable... ils étaient habillés...
+«entièrement», solidement et chaudement... Il ne manquait aucune
+pièce à leur costume. La femme était en sabots, mais l’homme avait
+«ses souliers lacés». Or, ils ont déclaré s’être couchés comme
+tous les soirs à neuf heures. En arrivant, ce matin, le juge
+d’instruction, qui s’était muni, à Paris, d’un revolver de même
+calibre que celui du crime (car il ne veut pas toucher au
+revolver-pièce à conviction), a fait tirer deux coups de revolver
+par son greffier dans la «Chambre Jaune», fenêtre et porte
+fermées. Nous étions avec lui dans la loge des concierges; nous
+n’avons rien entendu... on ne peut rien entendre. Les concierges
+ont donc menti, cela ne fait point de doute... Ils étaient prêts;
+ils étaient déjà dehors non loin du pavillon; ils attendaient
+quelque chose. Certes, on ne les accuse point d’être les auteurs
+de l’attentat, mais leur complicité n’est pas improbable... M. de
+Marquet les a fait arrêter aussitôt.
+
+-- S’ils avaient été complices, dit Rouletabille, _ils seraient_
+_arrivés débraillés_, ou plutôt ils ne seraient pas arrivés du
+tout. Quand on se précipite dans les bras de la justice, avec sur
+soi tant de preuves de complicité, c’est qu’on n’est pas complice.
+Je ne crois pas aux complices dans cette affaire.
+
+-- Alors, pourquoi étaient-ils dehors à minuit? Qu’ils le disent!
+...
+
+-- Ils ont certainement un intérêt à se taire. Il s’agit de savoir
+lequel... Même s’ils ne sont pas complices, cela peut avoir
+quelque importance. _Tout est important de ce qui se passe dans
+une nuit pareille...»_
+
+Nous venions de traverser un vieux pont jeté sur la Douve et nous
+entrions dans cette partie du parc appelée «la Chênaie». Il y
+avait là des chênes centenaires. L’automne avait déjà
+recroquevillé leurs feuilles jaunies et leurs hautes branches
+noires et serpentines semblaient d’affreuses chevelures, des
+noeuds de reptiles géants entremêlés comme le sculpteur antique en
+a tordu sur sa tête de Méduse. Ce lieu, que Mlle Stangerson
+habitait l’été parce qu’elle le trouvait gai, nous apparut, en
+cette saison, triste et funèbre. Le sol était noir, tout fangeux
+des pluies récentes et de la bourbe des feuilles mortes, les
+troncs des arbres étaient noirs, le ciel lui-même, au-dessus de
+nos têtes, était en deuil, charriait de gros nuages lourds. Et,
+dans cette retraite sombre et désolée, nous aperçûmes les murs
+blancs du pavillon. Étrange bâtisse, sans une fenêtre visible du
+point où elle nous apparaissait. Seule une petite porte en
+marquait l’entrée. On eût dit un tombeau, un vaste mausolée au
+fond d’une forêt abandonnée... À mesure que nous approchions, nous
+en devinions la disposition. Ce bâtiment prenait toute la lumière
+dont il avait besoin, au midi, c’est-à-dire de l’autre côté de la
+propriété, du côté de la campagne. La petite porte refermée sur le
+parc, M. et Mlle Stangerson devaient trouver là une prison idéale
+pour y vivre avec leurs travaux et leur rêve.
+
+Je vais donner tout de suite, du reste, le plan de ce pavillon. Il
+n’avait qu’un rez-de-chaussée, où l’on accédait par quelques
+marches, et un grenier assez élevé qui ne nous occupera en aucune
+façon». C’est donc le plan du rez-de-chaussée dans toute sa
+simplicité que je soumets au lecteur.
+
+Il a été tracé par Rouletabille lui-même, et j’ai constaté qu’il
+n’y manquait pas une ligne, pas une indication susceptible d’aider
+à la solution du problème qui se posait alors devant la justice.
+Avec la légende et le plan, les lecteurs en sauront tout autant,
+pour arriver à la vérité, qu’en savait Rouletabille quand il
+pénétra dans le pavillon pour la première fois et que chacun se
+demandait: «Par où l’assassin a-t-il pu fuir de la Chambre Jaune?»
+
+
+
+_1. __Chambre Jaune, avec son unique fenêtre grillée et son unique
+porte donnant sur le laboratoire._
+_2. __Laboratoire, avec ses deux grandes fenêtres grillées et ses
+portes; donnant l’une sur le vestibule, l’autre sur la Chambre
+Jaune._
+_3. __Vestibule, avec sa fenêtre non grillée et sa porte d’entrée
+donnant sur le parc._
+_4. __Lavatory._
+_5. __Escalier conduisant au grenier._
+_6. __Vaste et unique cheminée du pavillon servant aux expériences
+de laboratoire._
+
+Avant de gravir les trois marches de la porte du pavillon,
+Rouletabille nous arrêta et demanda à brûle-pourpoint à M. Darzac:
+
+«Eh bien! Et le mobile du crime?
+
+-- Pour moi, monsieur, il n’y a aucun doute à avoir à ce sujet,
+fit le fiancé de Mlle Stangerson avec une grande tristesse. Les
+traces de doigts, les profondes écorchures sur la poitrine et au
+cou de Mlle Stangerson attestent que le misérable qui était là
+avait essayé un affreux attentat. Les médecins experts, qui ont
+examiné hier ces traces, affirment qu’elles ont été faites par la
+même main dont l’image ensanglantée est restée sur le mur; une
+main énorme, monsieur, et qui ne tiendrait point dans mon gant,
+ajouta-t-il avec un amer et indéfinissable sourire...
+
+-- Cette main rouge, interrompis-je, ne pourrait donc pas être la
+trace des doigts ensanglantés de Mlle Stangerson, qui, au moment
+de s’abattre, aurait rencontré le mur et y aurait laissé, en
+glissant, une image élargie de sa main pleine de sang?
+
+-- il n’y avait pas une goutte de sang aux mains de Mlle
+Stangerson quand on l’a relevée, répondit M. Darzac.
+
+-- On est donc sûr, maintenant, fis-je, que c’est bien Mlle
+Stangerson qui s’était armée du revolver du père Jacques,
+puisqu’elle a blessé la main de l’assassin. _Elle redoutait donc_
+_quelque chose ou quelqu’un?_
+__
+-- C’est probable...
+
+-- Vous ne soupçonnez personne?
+
+-- Non...», répondit M. Darzac, en regardant Rouletabille.
+
+Rouletabille, alors, me dit:
+
+-- Il faut que vous sachiez, mon ami, que l’instruction est un peu
+plus avancée que n’a voulu nous le confier ce petit cachottier de
+M. de Marquet. Non seulement l’instruction sait maintenant que le
+revolver fut l’arme dont se servit, pour se défendre, Mlle
+Stangerson, mais elle connaît, mais elle a connu tout de suite
+l’arme qui a servi à attaquer, à frapper Mlle Stangerson. C’est,
+m’a dit M. Darzac, un «os de mouton». Pourquoi M. de Marquet
+entoure-t-il cet os de mouton de tant de mystère? Dans le dessein
+de faciliter les recherches des agents de la Sûreté? Sans doute.
+Il imagine peut-être qu’on va retrouver son propriétaire parmi
+ceux qui sont bien connus, dans la basse pègre de Paris, pour se
+servir de cet instrument de crime, le plus terrible que la nature
+ait inventé... Et puis, est-ce qu’on sait jamais ce qui peut se
+passer dans une cervelle de juge d’instruction?» ajouta
+Rouletabille avec une ironie méprisante.
+
+J’interrogeai:
+
+«On a donc trouvé un «os de mouton» dans la «Chambre Jaune»?
+
+-- Oui, monsieur, fit Robert Darzac, au pied du lit; mais je vous
+en prie: n’en parlez point. M. de Marquet nous a demandé le
+secret. (Je fis un geste de protestation.) C’est un énorme os de
+mouton dont la tête, ou, pour mieux dire, dont l’articulation
+était encore toute rouge du sang de l’affreuse blessure qu’il
+avait faite à Mlle Stangerson. C’est un vieil os de mouton _qui a
+dû servir déjà à_ _quelques crimes_, suivant les apparences. Ainsi
+pense M. de Marquet, qui l’a fait porter à Paris, au laboratoire
+municipal, pour qu’il fût analysé. Il croit, en effet, avoir
+relevé sur cet os non seulement le sang frais de la dernière
+victime, mais encore des traces roussâtres qui ne seraient autres
+que des taches de sang séché, témoignages de crimes antérieurs.
+
+
+
+-- un os de mouton, dans la main d’un «assassin exercé», est une
+arme effroyable, dit Rouletabille, une arme «plus utile» et plus
+sûre qu’un lourd marteau.
+
+-- «Le misérable» l’a d’ailleurs prouvé, fit douloureusement M.
+Robert Darzac. L’os de mouton a terriblement frappé Mlle
+Stangerson au front. L’articulation de l’os de mouton s’adapte
+parfaitement à la blessure. Pour moi, cette blessure eût été
+mortelle si l’assassin n’avait été à demi arrêté, dans le coup
+qu’il donnait, par le revolver de Mlle Stangerson. Blessé à la
+main, il lâchait son os de mouton et s’enfuyait. Malheureusement,
+le coup de l’os de mouton _était parti et était déjà arrivé_... et
+Mlle Stangerson était quasi assommée, après avoir failli être
+étranglée. Si Mlle Stangerson avait réussi à blesser l’homme de
+son premier coup de revolver, elle eût, sans doute, échappé à l’os
+de mouton... Mais elle a saisi certainement son revolver trop
+tard; puis, le premier coup, dans la lutte, a dévié, et la balle
+est allée se loger dans le plafond; ce n’est que le second coup
+qui a porté...»
+
+Ayant ainsi parlé, M. Darzac frappa à la porte du pavillon. Vous
+avouerai-je mon impatience de pénétrer dans le lieu même du crime?
+J’en tremblais, et, malgré tout l’immense intérêt que comportait
+l’histoire de l’os de mouton, je bouillais de voir que notre
+conversation se prolongeait et que la porte du pavillon ne
+s’ouvrait pas.
+
+Enfin, elle s’ouvrit.
+
+Un homme, que je reconnus pour être le père Jacques, était sur le
+seuil.
+
+Il me parut avoir la soixantaine bien sonnée. Une longue barbe
+blanche, des cheveux blancs sur lesquels il avait posé un béret
+basque, un complet de velours marron à côtes usé, des sabots;
+l’air bougon, une figure assez rébarbative qui s’éclaira cependant
+dès qu’il eut aperçu M. Robert Darzac.
+
+«Des amis, fit simplement notre guide. Il n’y a personne au
+pavillon, père Jacques?
+
+-- Je ne dois laisser entrer personne, monsieur Robert, mais bien
+sûr la consigne n’est pas pour vous... Et pourquoi? Ils ont vu
+tout ce qu’il y avait à voir, ces messieurs de la justice. Ils en
+ont fait assez des dessins et des procès-verbaux...
+
+-- Pardon, monsieur Jacques, une question avant toute autre chose,
+fit Rouletabille.
+
+-- Dites, jeune homme, et, si je puis y répondre...
+
+-- Votre maîtresse portait-elle, _ce soir-là_, les cheveux en
+bandeaux, vous savez bien, les cheveux en bandeaux sur le front?
+
+-- Non, mon p’tit monsieur. Ma maîtresse n’a jamais porté les
+cheveux en bandeaux comme vous dites, ni ce soir-là, ni les autres
+jours. Elle avait, comme toujours, les cheveux relevés de façon à
+ce qu’on pouvait voir son beau front, pur comme celui de l’enfant
+qui vient de naître! ...»
+
+Rouletabille grogna, et se mit aussitôt à inspecter la porte. Il
+se rendit compte de la fermeture automatique. Il constata que
+cette porte ne pouvait jamais rester ouverte et qu’il fallait une
+clef pour l’ouvrir. Puis nous entrâmes dans le vestibule, petite
+pièce assez claire, pavée de carreaux rouges.
+
+«Ah! voici la fenêtre, dit Rouletabille, par laquelle l’assassin
+s’est sauvé...
+
+-- Qu’ils disent! monsieur, qu’ils disent! Mais, s’il s’était
+sauvé par là, nous l’aurions bien vu, pour sûr! Sommes pas
+aveugles! ni M. Stangerson, ni moi, ni les concierges qui-z-ont
+mis en prison! Pourquoi qui ne m’y mettent pas en prison, moi
+aussi, à cause de mon revolver?»
+
+Rouletabille avait déjà ouvert la fenêtre et examiné les volets.
+
+«Ils étaient fermés, à l’heure du crime?
+
+-- Au loquet de fer, en dedans, fit le père Jacques... et moi
+j’suis bien sûr que l’assassin a passé au travers...
+
+-- Il y a des taches de sang? ...
+
+-- Oui, tenez, là, sur la pierre, en dehors... Mais du sang de
+quoi? ...
+
+-- Ah! fit Rouletabille, on voit les pas... là, sur le chemin...
+la terre était très détrempée... nous examinerons cela tout à
+l’heure...
+
+-- Des bêtises! Interrompit le père Jacques... L’assassin n’a pas
+passé par là! ...
+
+-- Eh bien, par où? ...
+
+-- Est-ce que je sais! ...»
+
+Rouletabille voyait tout, flairait tout. Il se mit à genoux et
+passa rapidement en revue les carreaux maculés du vestibule. Le
+père Jacques continuait:
+
+«Ah! vous ne trouverez rien, mon p’tit monsieur. Y n’ont rien
+trouvé... Et puis maintenant, c’est trop sale... Il est entré trop
+de gens! Ils veulent point que je lave le carreau... mais, le jour
+du crime, j’avais lavé tout ça à grande eau, moi, père Jacques...
+et, si l’assassin avait passé par là avec ses «ripatons», on
+l’aurait bien vu; il a assez laissé la marque de ses godillots
+dans la chambre de mademoiselle! ...»
+
+Rouletabille se releva et demanda:
+
+«Quand avez-vous lavé ces dalles pour la dernière fois?»
+
+Et il fixait le père Jacques d’un oeil auquel rien n’échappe.
+
+«Mais dans la journée même du crime, j’vous dis! Vers les cinq
+heures et demie... pendant que mademoiselle et son père faisaient
+un tour de promenade avant de dîner ici même, car ils ont dîné
+dans le laboratoire. Le lendemain, quand le juge est venu, il a pu
+voir toutes les traces des pas par terre comme qui dirait de
+l’encre sur du papier blanc... Eh bien, ni dans le laboratoire, ni
+dans le vestibule qu’étaient propres comme un sou neuf, on n’a
+retrouvé ses pas... à l’homme! ... Puisqu’on les retrouve auprès
+de la fenêtre, _dehors_, il faudrait donc qu’il ait troué le
+plafond de la «Chambre Jaune», qu’il ait passé par le grenier,
+qu’il ait troué le toit, et qu’il soit redescendu juste à la
+fenêtre du vestibule, en se laissant tomber... Eh bien, mais, y
+n’y a pas de trou au plafond de la «Chambre Jaune»... ni dans mon
+grenier, bien sûr! ... Alors, vous voyez bien qu’on ne sait
+rien... mais rien de rien! ... et qu’on ne saura, ma foi, jamais
+rien! ... C’est un mystère du diable!
+
+Rouletabille se rejeta soudain à genoux, presque en face de la
+porte d’un petit lavatory qui s’ouvrait au fond du vestibule. Il
+resta dans cette position au moins une minute.
+
+«Eh bien? lui demandai-je quand il se releva.
+
+-- Oh! rien de bien important; une goutte de sang.
+
+Le jeune homme se retourna vers le père Jacques.
+
+«Quand vous vous êtes mis à laver le laboratoire et le vestibule,
+la fenêtre du vestibule était ouverte?
+
+-- Je venais de l’ouvrir parce que j’avais allumé du charbon de
+bois pour monsieur, sur le fourneau du laboratoire; et, comme je
+l’avais allumé avec des journaux, il y a eu de la fumée; j’ai
+ouvert les fenêtres du laboratoire et celle du vestibule pour
+faire courant d’air; puis j’ai refermé celles du laboratoire et
+laissé ouverte celle du vestibule, et puis je suis sorti un
+instant pour aller chercher une lavette au château et c’est en
+rentrant, comme je vous ai dit, vers cinq heures et demie que je
+me suis mis à laver les dalles; après avoir lavé, je suis reparti,
+laissant toujours la fenêtre du vestibule ouverte. Enfin pour la
+derniére fois, quand je suis rentré au pavillon, _la fenêtre était
+fermée_ et monsieur et mademoiselle travaillaient déjà dans le
+laboratoire.
+
+-- M. ou Mlle Stangerson avaient sans doute fermé la fenêtre en
+entrant?
+
+-- Sans doute.
+
+-- Vous ne leur avez pas demandé?
+
+-- Non! ...»
+
+Après un coup d’oeil assidu au petit lavatory et à la cage de
+l’escalier qui conduisait au grenier, Rouletabille, pour qui nous
+semblions ne plus exister, pénétra dans le laboratoire. C’est, je
+l’avoue, avec une forte émotion que je l’y suivis. Robert Darzac
+ne perdait pas un geste de mon ami... Quant à moi, mes yeux
+allèrent tout de suite à la porte de la «Chambre Jaune». Elle
+était refermée, ou plutôt poussée sur le laboratoire, car je
+constatai immédiatement qu’elle était à moitié défoncée et hors
+d’usage... les efforts de ceux qui s’étaient rués sur elle, au
+moment du drame, l’avaient brisée...
+
+Mon jeune ami, qui menait sa besogne avec méthode, considérait,
+sans dire un mot, la pièce dans laquelle nous nous trouvions...
+Elle était vaste et bien éclairée. Deux grandes fenêtres, presque
+des baies, garnies de barreaux, prenaient jour sur l’immense
+campagne. Une trouée dans la forêt; une vue merveilleuse sur toute
+la vallée, sur la plaine, jusqu’à la grande ville qui devait
+apparaître, là-bas, tout au bout, les jours de soleil. Mais,
+aujourd’hui, il n’y a que de la boue sur la terre, de la suie au
+ciel... et du sang dans cette chambre...
+
+Tout un côté du laboratoire était occupé par une vaste cheminée,
+par des creusets, par des fours propres à toutes expériences de
+chimie. Des cornues, des instruments de physique un peu partout;
+des tables surchargées de fioles, de papiers, de dossiers, une
+machine électrique... des piles... un appareil, me dit M. Robert
+Darzac, employé par le professeur Stangerson «pour démontrer la
+dissociation de la matière sous l’action de la lumière solaire»,
+etc.
+
+Et, tout le long des murs, des armoires, armoires pleines ou
+armoires-vitrines, laissant apercevoir des microscopes, des
+appareils photographiques spéciaux, une quantité incroyable de
+cristaux...
+
+Rouletabille avait le nez fourré dans la cheminée. Du bout du
+doigt, il fouillait dans les creusets... Tout d’un coup, il se
+redressa, tenant un petit morceau de papier à moitié consumé... Il
+vint à nous qui causions auprès d’une fenêtre, et il dit:
+
+«Conservez-nous cela, Monsieur Darzac.»
+
+Je me penchai sur le bout de papier roussi que M. Darzac venait de
+prendre des mains de Rouletabille. Et je lus, distinctement, ces
+seuls mots qui restaient lisibles:
+
+_presbytère rien perdu charme, _
+_ ni le jar de son éclat._
+
+Et, au-dessous: «23 octobre.»
+
+Deux fois, depuis ce matin, ces mêmes mots insensés venaient me
+frapper, et, pour la deuxième fois, je vis qu’ils produisaient sur
+le professeur en Sorbonne le même effet foudroyant. Le premier
+soin de M. Darzac fut de regarder du côté du père Jacques. Mais
+celui-ci ne nous avait pas vus, occupé qu’il était à l’autre
+fenêtre... Alors, le fiancé de Mlle Stangerson ouvrit son
+portefeuille en tremblant, y serra le papier, et soupira: «Mon
+Dieu!»
+Pendant ce temps, Rouletabille était monté dans la cheminée;
+c’est-à-dire que, debout sur les briques d’un fourneau, il
+considérait attentivement cette cheminée qui allait se
+rétrécissant, et qui, à cinquante centimètres au-dessus de sa
+tête, se fermait entièrement par des plaques de fer scellées dans
+la brique, laissant passer trois tuyaux d’une quinzaine de
+centimètres de diamètre chacun.
+
+«Impossible de passer par là, énonça le jeune homme en sautant
+dans le laboratoire. Du reste, s’«il» l’avait même tenté, toute
+cette ferraille serait par terre. Non! Non! ce n’est pas de ce
+côté qu’il faut chercher...
+
+Rouletabille examina ensuite les meubles et ouvrit des portes
+d’armoires. Puis, ce fut le tour des fenêtres qu’il déclara
+infranchissables et «infranchies». À la seconde fenêtre, il trouva
+le père Jacques en contemplation.
+
+«Eh bien, père Jacques, qu’est-ce que vous regardez par là?
+
+-- Je r’garde l’homme de la police qui ne cesse point de faire le
+tour de l’étang... Encore un malin qui n’en verra pas plus long
+qu’les autres!
+
+-- Vous ne connaissez pas Frédéric Larsan, père Jacques! dit
+Rouletabille, en secouant la tête avec mélancolie, sans cela vous
+ne parleriez pas comme ça... S’il y en a un ici qui trouve
+l’assassin, ce sera lui, faut croire!»
+
+Et Rouletabille poussa un soupir.
+
+«Avant qu’on le retrouve, faudrait savoir comment on l’a perdu!
+... répliqua le père Jacques, têtu.
+
+Enfin, nous arrivâmes à la porte de la «Chambre Jaune».
+
+«Voilà la porte derrière laquelle il se passait quelque chose!»
+fit Rouletabille avec une solennité qui, en toute autre
+circonstance, eût été comique.
+
+
+
+VII
+Où Rouletabille part en expédition sous le lit
+
+
+Rouletabille ayant poussé la porte de la «Chambre Jaune» s’arrêta
+sur le seuil, disant avec une émotion que je ne devais comprendre
+que plus tard: «Oh! Le parfum de la dame en noir!» La chambre
+était obscure; le père Jacques voulut ouvrir les volets, mais
+Rouletabille l’arrêta:
+
+«Est-ce que, dit-il, le drame s’est passé en pleine obscurité?
+
+-- Non, jeune homme, je ne pense point. Mam’zelle tenait beaucoup
+à avoir une veilleuse sur sa table, et c’est moi qui la lui
+allumais tous les soirs avant qu’elle aille se coucher... J’étais
+quasi sa femme de chambre, quoi! quand v’nait le soir! La vraie
+femme de chambre ne v’nait guère que le matin. Mam’zelle travaille
+si tard... la nuit!
+
+-- Où était cette table qui supportait la veilleuse? Loin du lit?
+
+-- Loin du lit.
+
+-- Pouvez-vous, maintenant, allumer la veilleuse?
+
+-- La veilleuse est brisée, et l’huile s’en est répandue quand la
+table est tombée. Du reste, tout est resté dans le même état. Je
+n’ai qu’à ouvrir les volets et vous allez voir...
+
+-- Attendez!»
+
+Rouletabille rentrant dans le laboratoire, alla fermer les volets
+des deux fenêtres et la porte du vestibule. Quand nous fûmes dans
+la nuit noire, il alluma une allumette-bougie, la donna au père
+Jacques, dit à celui-ci de se diriger avec son allumette vers le
+milieu de la «Chambre Jaune», à l’endroit où brûlait, cette nuit-
+là, la veilleuse. Le père Jacques, qui était en chaussons (il
+laissait à l’ordinaire ses sabots dans le vestibule), entra dans
+la «Chambre Jaune» avec son bout d’allumette, et nous distinguâmes
+vaguement, mal éclairés par la petite flamme mourante, des objets
+renversés sur le carreau, un lit dans le coin, et, en face de
+nous, à gauche, le reflet d’une glace, pendue au mur, près du lit.
+Ce fut rapide.
+
+Rouletabille dit: «C’est assez! Vous pouvez ouvrir les volets.
+
+-- Surtout n’avancez pas, pria le père Jacques; vous pourriez
+faire des marques avec vos souliers... et il ne faut rien
+déranger... C’est une idée du juge, une idée comme ça, bien que
+son affaire soit déjà faite...»
+
+Et il poussa les volets. Le jour livide du dehors entra, éclairant
+un désordre sinistre, entre des murs de safran. Le plancher -- car
+si le vestibule et le laboratoire étaient carrelés, la «Chambre
+Jaune» était planchéiée -- était recouvert d’une natte jaune, d’un
+seul morceau, qui tenait presque toute la pièce, allant sous le
+lit et sous la table-toilette, seuls meubles qui, avec le lit,
+fussent encore sur leurs pieds. La table ronde du milieu, la table
+de nuit et deux chaises étaient renversées. Elles n’empêchaient
+point de voir, sur la natte, une large tache de sang qui
+provenait, nous dit le père Jacques, de la blessure au front de
+Mlle Stangerson. En outre, des gouttelettes de sang étaient
+répandues un peu partout et suivaient, en quelque sorte, la trace
+très visible des pas, des larges pas noirs, de l’assassin. Tout
+faisait présumer que ces gouttes de sang venaient de la blessure
+de l’homme qui avait, un moment, imprimé sa main rouge sur le mur.
+Il y avait d’autres traces de cette main sur le mur, mais beaucoup
+moins distinctes. C’est bien là la trace d’une rude main d’homme
+ensanglantée.
+
+Je ne pus m’empêcher de m’écrier:
+
+«Voyez! ... voyez ce sang sur le mur... L’homme qui a appliqué si
+fermement sa main ici était alors dans l’obscurité et croyait
+certainement tenir une porte. Il croyait la pousser! C’est
+pourquoi il a fortement appuyé, laissant sur le papier jaune un
+dessin terriblement accusateur, car je ne sache point qu’il y ait
+beaucoup de mains au monde de cette sorte-là. Elle est grande et
+forte, et les doigts sont presque aussi longs les uns que les
+autres! Quant au pouce, il manque! Nous n’avons que la marque de
+la paume. Et si nous suivons la «trace» de cette main, continuai-
+je, nous la voyons, qui, après s’être appuyée au mur, le tâte,
+cherche la porte, la trouve, cherche la serrure...
+
+-- Sans doute, interrompit Rouletabille en ricanant, _mais il n’y_
+_a pas de sang à la serrure, ni au verrou! ..._
+
+-- Qu’est-ce que cela prouve? Répliquai-je avec un bon sens dont
+j’étais fier, «il» aura ouvert serrure et verrou de la main
+gauche, ce qui est tout naturel puisque la main droite est
+blessée...
+
+-- Il n’a rien ouvert du tout! s’exclama encore le père Jacques.
+Nous ne sommes pas fous, peut-être! Et nous étions quatre quand
+nous avons fait sauter la porte!»
+
+Je repris:
+
+«Quelle drôle de main! Regardez-moi cette drôle de main!
+
+-- C’est une main fort naturelle, répliqua Rouletabille, dont le
+dessin a été déformé _par le glissement sur le mur_. L’homme _a_
+_essuyé sa main blessée sur le mur! _Cet homme doit mesurer un
+mètre quatre-vingt.
+
+-- À quoi voyez-vous cela?
+
+-- À la hauteur de la main sur le mur...»
+
+Mon ami s’occupa ensuite de la trace de la balle dans le mur.
+Cette trace était un trou rond.
+
+«La balle, dit Rouletabille, est arrivée de face: ni d’en haut,
+par conséquent, ni d’en bas.
+
+Et il nous fit observer encore qu’elle était de quelques
+centimètres plus bas sur le mur que le stigmate laissé par la
+main.
+
+Rouletabille, retournant à la porte, avait le nez, maintenant, sur
+la serrure et le verrou. Il constata «qu’on avait bien fait sauter
+la porte, du dehors, serrure et verrou étant encore, sur cette
+porte défoncée, l’une fermée, l’autre poussé, et, sur le mur, les
+deux gâches étant quasi arrachées, pendantes, retenues encore par
+une vis.
+
+Le jeune rédacteur de _L’Èpoque_ les considéra avec attention,
+reprit la porte, la regarda des deux côtés, s’assura qu’il n’y
+avait aucune possibilité de fermeture ou d’ouverture du verrou «de
+l’extérieur», et s’assura qu’on avait retrouvé la clef dans la
+serrure, «à l’intérieur». Il s’assura encore qu’une fois la clef
+dans la serrure à l’intérieur, on ne pouvait ouvrir cette serrure
+de l’intérieur avec une autre clef. Enfin, ayant constaté qu’il
+n’y avait, à cette porte, «aucune fermeture automatique, bref,
+qu’elle était la plus naturelle de toutes les portes, munie d’une
+serrure et d’un verrou très solides qui étaient restés fermés», il
+laissa tomber ces mots: «ça va mieux!» Puis, s’asseyant par terre,
+il se déchaussa hâtivement.
+
+Et, sur ses chaussettes, il s’avança dans la chambre. La première
+chose qu’il fit fut de se pencher sur les meubles renversés et de
+les examiner avec un soin extrême. Nous le regardions en silence.
+Le père Jacques lui disait, de plus en plus ironique:
+
+«Oh! mon p’tit! Oh! mon p’tit! Vous vous donnez bien du mal! ...»
+ Mais Rouletabille redressa la tête:
+
+«Vous avez dit la pure vérité, père Jacques, votre maîtresse
+n’avait pas, ce soir-là, ses cheveux en bandeaux; c’est moi qui
+étais une vieille bête de croire cela! ...»
+
+Et, souple comme un serpent, il se glissa sous le lit.
+
+Et le père Jacques reprit:
+
+«Et dire, monsieur, et dire que l’assassin était caché là-dessous!
+Il y était quand je suis entré à dix heures, pour fermer les
+volets et allumer la veilleuse, puisque ni M. Stangerson, ni Mlle
+Mathilde, ni moi, n’avons plus quitté le laboratoire jusqu’au
+moment du crime.»
+
+On entendait la voix de Rouletabille, sous le lit:
+
+«À quelle heure, monsieur Jacques, M. et Mlle Stangerson sont-ils
+arrivés dans le laboratoire pour ne plus le quitter?
+
+-- À six heures!»
+
+La voix de Rouletabille continuait:
+
+«Oui, il est venu là-dessous... c’est certain... Du reste, il n’y
+a que là qu’il pouvait se cacher... Quand vous êtes entrés, tous
+les quatre, vous avez regardé sous le lit?
+
+-- Tout de suite... Nous avons même entièrement bousculé le lit
+avant de le remettre à sa place.
+
+-- Et entre les matelas?
+
+-- Il n’y avait, à ce lit, qu’un matelas sur lequel on a posé Mlle
+Mathilde. Et le concierge et M. Stangerson ont transporté ce
+matelas immédiatement dans le laboratoire. Sous le matelas, il n’y
+avait que le sommier métallique qui ne saurait dissimuler rien, ni
+personne. Enfin, monsieur, songez que nous étions quatre, et que
+rien ne pouvait nous échapper, la chambre étant si petite,
+dégarnie de meubles, et tout étant fermé derrière nous, dans le
+pavillon.»
+
+J’osai une hypothèse:
+
+«Il est peut-être sorti avec le matelas! Dans le matelas, peut-
+être... Tout est possible devant un pareil mystère! Dans leur
+trouble, M. Stangerson et le concierge ne se seront pas aperçus
+qu’ils transportaient double poids... _et puis, si le concierge
+est complice! ..._ Je vous donne cette hypothèse pour ce qu’elle
+vaut, mais voilà qui expliquerait bien des choses... et,
+particulièrement, le fait que le laboratoire et le vestibule sont
+restés vierges des traces de pas qui se trouvent dans la chambre.
+Quand on a transporté mademoiselle du laboratoire au château, le
+matelas, arrêté un instant près de la fenêtre, aurait pu permettre
+à l’homme de se sauver...
+
+-- Et puis quoi encore? Et puis quoi encore? Et puis quoi encore?»
+me lança Rouletabille, en riant délibérément, sous le lit...
+
+J’étais un peu vexé:
+
+«Vraiment on ne sait plus... Tout paraît possible...»
+
+Le père Jacques fit:
+
+«C’est une idée qu’a eue le juge d’instruction, monsieur, et il a
+fait examiner sérieusement le matelas. Il a été obligé de rire de
+son idée, monsieur, comme votre ami rit en ce moment, car ça
+n’était bien sûr pas un matelas à double fond! ... Et puis, quoi!
+s’il y avait eu un homme dans le matelas on l’aurait vu! ...»
+
+Je dus rire moi-même, et, en effet, j’eus la preuve, depuis, que
+j’avais dit quelque chose d’absurde. Mais où commençait, où
+finissait l’absurde dans une affaire pareille!
+
+Mon ami, seul, était capable de le dire, et encore! ...
+
+«Dites donc! s’écria le reporter, toujours sous le lit, elle a été
+bien remuée, cette carpette-là?
+
+-- Par nous, monsieur, expliqua le père Jacques. Quand nous
+n’avons pas trouvé l’assassin, nous nous sommes demandé s’il n’y
+avait pas un trou dans le plancher...
+
+-- Il n’y en a pas, répondit Rouletabille. Avez-vous une cave?
+
+-- Non, il n’y a pas de cave... Mais cela n’a pas arrêté nos
+recherches et ça n’a pas empêché M le juge d’instruction, et
+surtout son greffier, d’étudier le plancher planche à planche,
+comme s’il y avait eu une cave dessous...»
+
+Le reporter, alors, réapparut. Ses yeux brillaient, ses narines
+palpitaient; on eût dit un jeune animal au retour d’un heureux
+affût... Il resta à quatre pattes. En vérité, je ne pouvais mieux
+le comparer dans ma pensée qu’à une admirable bête de chasse sur
+la piste de quelque surprenant gibier... Et il flaira les pas de
+l’homme, de l’homme qu’il s’était juré de rapporter à son maître,
+M le directeur de _L’Èpoque_, car il ne faut pas oublier que notre
+Joseph Rouletabille était journaliste!
+
+Ainsi, à quatre pattes, il s’en fut aux quatre coins de la pièce,
+reniflant tout, faisant le tour de tout, de tout ce que nous
+voyions, ce qui était peu de chose, et de tout ce que nous ne
+voyions pas et qui était, paraît-il, immense.
+
+La table-toilette était une simple tablette sur quatre pieds;
+impossible de la transformer en une cachette passagère... Pas une
+armoire... Mlle Stangerson avait sa garde-robe au château.
+
+Le nez, les mains de Rouletabille montaient le long des murs, _qui
+étaient partout de brique épaisse_. Quand il eut fini avec les
+murs et passé ses doigts agiles sur toute la surface du papier
+jaune, atteignant ainsi le plafond auquel il put toucher, en
+montant sur une chaise qu’il avait placée sur la table-toilette,
+et en faisant glisser autour de la pièce cet ingénieux escabeau;
+quand il eut fini avec le plafond où il examina soigneusement la
+trace de l’autre balle, il s’approcha de la fenêtre et ce fut
+encore le tour des barreaux et celui des volets, tous bien solides
+et intacts. Enfin, il poussa un ouf! «de satisfaction» et déclara
+que, «maintenant, il était tranquille!»
+
+«Eh bien, croyez-vous qu’elle était enfermée, la pauvre chère
+mademoiselle quand on nous l’assassinait! Quand elle nous appelait
+à son secours! ... gémit le père Jacques.
+
+-- Oui, fit le jeune reporter, en s’essuyant le front... la
+_Chambre Jaune__ était, ma foi, fermée comme un coffre-fort..._
+
+-- De fait, observai-je, voilà bien pourquoi ce mystère est le
+plus surprenant que je connaisse, _même dans le domaine de
+l’imagination_. Dans le_Double Assassinat de la rue Morgue_, Edgar
+Poe n’a rien inventé de semblable. Le lieu du crime était assez
+fermé pour ne pas laisser échapper un homme, mais il y avait
+encore cette fenêtre par laquelle pouvait se glisser l’auteur des
+assassinats qui était un singe! ... Mais ici, il ne saurait être
+question d’aucune ouverture d’aucune sorte. La porte close et les
+volets fermés comme ils l’étaient, et la fenêtre fermée comme elle
+l’était, _une mouche ne pouvait entrer ni sortir!_
+
+-- En vérité! En vérité! acquiesça Rouletabille, qui s’épongeait
+toujours le front, semblant suer moins de son récent effort
+corporel que de l’agitation de ses pensées. En vérité! C’est un
+très grand et très beau et très curieux mystère! ...
+
+-- La «Bête du Bon Dieu», bougonna le père Jacques, la «Bête du
+Bon Dieu» elle-même, si elle avait commis le crime, n’aurait pas
+pu s’échapper... Écoutez! ... L’entendez-vous? ... Silence! ...»
+
+Le père Jacques nous faisait signe de nous taire et, le bras tendu
+vers le mur, vers la prochaine forêt, écoutait quelque chose que
+nous n’entendions point.
+
+«Elle est partie, finit-il par dire. Il faudra que je la tue...
+Elle est trop sinistre, cette bête-là... mais c’est la «Bête du
+Bon Dieu»; elle va prier toutes les nuits sur la tombe de sainte
+Geneviève, et personne n’ose y toucher de peur que la mère Agenoux
+jette un mauvais sort...
+
+-- Comment est-elle grosse, la «Bête du Bon Dieu»?
+
+-- Quasiment comme un gros chien basset... c’est un monstre que je
+vous dis. Ah! Je me suis demandé plus d’une fois si ça n’était pas
+elle qui avait pris de ses griffes notre pauvre mademoiselle à la
+gorge... Mais «la Bête du Bon Dieu» ne porte pas des godillots, ne
+tire pas des coups de revolver, n’a pas une main pareille! ...
+s’exclama le père Jacques en nous montrant encore la main rouge
+sur le mur. Et puis, on l’aurait vue aussi bien qu’un homme, et
+elle aurait été enfermée dans la chambre et dans le pavillon,
+aussi bien qu’un homme! ...
+
+-- Èvidemment, fis-je. De loin, avant d’avoir vu la «Chambre
+Jaune», je m’étais, moi aussi, demandé si le chat de la mère
+Agenoux...
+
+-- Vous aussi! s’écria Rouletabille.
+
+-- Et vous? demandai-je.
+
+-- Moi non, pas une minute... depuis que j’ai lu l’article du
+_Matin, je sais qu’il ne s’agit pas d’une bête!_ Maintenant, je
+jure qu’il s’est passé là une tragédie effroyable... Mais vous ne
+parlez pas du béret retrouvé, ni du mouchoir, père Jacques?
+
+-- Le magistrat les a pris, bien entendu», fit l’autre avec
+hésitation.
+
+Le reporter lui dit, très grave:
+
+«Je n’ai vu, moi, ni le mouchoir, ni le béret, mais je peux
+cependant vous dire comment ils sont faits.
+
+-- Ah! vous êtes bien malin...», et le père Jacques toussa,
+embarrassé.
+
+«Le mouchoir est un gros mouchoir bleu à raies rouges, et le
+béret, est un vieux béret basque, comme celui-là, ajouta
+Rouletabille en montrant la coiffure de l’homme.
+
+-- C’est pourtant vrai... vous êtes sorcier...»
+
+Et le père Jacques essaya de rire, mais n’y parvint pas.
+
+«Comment qu’vous savez que le mouchoir est bleu à raies rouges?
+
+-- Parce que, s’il n’avait pas été bleu à raies rouges, on
+n’aurait pas trouvé de mouchoir du tout!»
+
+Sans plus s’occuper du père Jacques, mon ami prit dans sa poche un
+morceau de papier blanc, ouvrit une paire de ciseaux, se pencha
+sur les traces de pas, appliqua son papier sur l’une des traces et
+commença à découper. Il eut ainsi une semelle de papier d’un
+contour très net, et me la donna en me priant de ne pas la perdre.
+
+Il se retourna ensuite vers la fenêtre et, montrant au père
+Jacques, Frédéric Larsan qui n’avait pas quitté les bords de
+l’étang, il s’inquiéta de savoir si le policier n’était point
+venu, lui aussi, «travailler dans la Chambre Jaune».
+
+«Non! répondit M. Robert Darzac, qui, depuis que Rouletabille lui
+avait passé le petit bout de papier roussi, n’avait pas prononcé
+un mot. Il prétend qu’il n’a point besoin de voir la «Chambre
+Jaune», que l’assassin est sorti de la «Chambre Jaune» d’une façon
+très naturelle, et qu’il s’en expliquera ce soir!
+
+En entendant M. Robert Darzac parler ainsi, Rouletabille -- chose
+extraordinaire -- pâlit.
+
+«Frédéric Larsan posséderait-il la vérité que je ne fais que
+pressentir! murmura-t-il. Frédéric Larsan est très fort... très
+fort... et je l’admire... Mais aujourd’hui, il s’agit de faire
+mieux qu’une oeuvre de policier... _mieux que ce qu’enseigne
+l’expérience! ... il s’agit d’être logique, _mais logique,
+entendez-moi bien, comme le bon Dieu a été logique quand il a dit:
+2 + 2 = 4...! IL S’AGIT DE PRENDRE LA RAISON PAR LE BON BOUT!»
+
+Et le reporter se précipita dehors, éperdu à cette idée que le
+grand, le fameux Fred pouvait apporter avant lui la solution du
+problème de la «Chambre Jaune!»
+
+Je parvins à le rejoindre sur le seuil du pavillon.
+
+«Allons! lui dis-je, calmez-vous... vous n’êtes donc pas content?
+
+-- Oui, m’avoua-t-il avec un grand soupir_. Je suis très content_.
+J’ai découvert bien des choses...
+
+-- De l’ordre moral ou de l’ordre matériel?
+
+-- Quelques-unes de l’ordre moral et une de l’ordre matériel.
+Tenez, ceci, par exemple.»
+
+Et, rapidement, il sortit de la poche de son gilet une feuille de
+papier qu’il avait dû y serrer pendant son expédition sous le lit,
+et dans le pli de laquelle il avait déposé _un cheveu blond de
+femme_.
+
+
+
+VIII
+Le juge d’instruction interroge Mlle Stangerson
+
+
+Cinq minutes plus tard, Joseph Rouletabille se penchait sur les
+empreintes de pas découvertes dans le parc, sous la fenêtre même
+du vestibule, quand un homme, qui devait être un serviteur du
+château, vint à nous à grandes enjambées, et cria à M. Robert
+Darzac qui descendait du pavillon:
+
+«Vous savez, monsieur Robert, que le juge d’instruction est en
+train d’interroger mademoiselle.»
+
+M. Robert Darzac nous jeta aussitôt une vague excuse et se prit à
+courir dans la direction du château; l’homme courut derrière lui.
+
+«Si le cadavre parle, fis-je, cela va devenir intéressant.
+
+-- Il faut savoir, dit mon ami. Allons au château.»
+
+Et il m’entraîna. Mais, au château, un gendarme placé dans le
+vestibule nous interdit l’accès de l’escalier du premier étage.
+Nous dûmes attendre.
+
+Pendant ce temps-là, voici ce qui se passait dans la chambre de la
+victime. Le médecin de la famille, trouvant que Mlle Stangerson
+allait beaucoup mieux, mais craignant une rechute fatale qui ne
+permettrait plus de l’interroger, avait cru de son devoir
+d’avertir le juge d’instruction... et celui-ci avait résolu de
+procéder immédiatement à un bref interrogatoire. À cet
+interrogatoire assistèrent M. de Marquet, le greffier, M.
+Stangerson, le médecin. Je me suis procuré plus tard, au moment du
+procès, le texte de cet interrogatoire. Le voici, dans toute sa
+sécheresse juridique:
+
+Demande. -- Sans trop vous fatiguer, êtes-vous capable,
+mademoiselle, de nous donner quelques détails nécessaires sur
+l’affreux attentat dont vous avez été victime?
+
+Réponse. -- Je me sens beaucoup mieux, monsieur, et je vais vous
+dire ce que je sais. Quand j’ai pénétré dans ma chambre, je ne me
+suis aperçue de rien d’anormal.
+
+ D. -- Pardon, mademoiselle, si vous me le permettez, je vais vous
+poser des questions et vous y répondrez. Cela vous fatiguera moins
+qu’un long récit.
+
+ R. -- Faites, monsieur.
+
+ D. -- Quel fut ce jour-là l’emploi de votre journée? Je le
+désirerais aussi précis, aussi méticuleux que possible. Je
+voudrais, mademoiselle, suivre tous vos gestes, ce jour-là, si ce
+n’est point trop vous demander.
+
+R. -- Je me suis levée tard, à dix heures, car mon père et moi
+nous étions rentrés tard dans la nuit, ayant assisté au dîner et à
+la réception offerts par le président de la République, en
+l’honneur des délégués de l’académie des sciences de Philadelphie.
+Quand je suis sortie de ma chambre, à dix heures et demie, mon
+père était déjà au travail dans le laboratoire. Nous avons
+travaillé ensemble jusqu’à midi; nous avons fait une promenade
+d’une demi-heure dans le parc; nous avons déjeuné au château. Une
+demi-heure de promenade, jusqu’à une heure et demie, comme tous
+les jours. Puis, mon père et moi, nous retournons au laboratoire.
+Là, nous trouvons ma femme de chambre qui vient de faire ma
+chambre. J’entre dans la «Chambre Jaune» pour donner quelques
+ordres sans importance à cette domestique qui quitte le pavillon
+aussitôt et je me remets au travail avec mon père. À cinq heures,
+nous quittons le pavillon pour une nouvelle promenade et le thé.
+
+D. -- Au moment de sortir, à cinq heures, êtes-vous entrée dans
+votre chambre?
+
+R. -- Non, monsieur, c’est mon père qui est entré dans ma chambre,
+pour y chercher, sur ma prière, mon chapeau.
+
+D. -- Et il n’y a rien vu de suspect?
+
+M. STANGERSON. -- Èvidemment non, monsieur.
+
+D. -- Du reste, il est à peu près sûr que l’assassin n’était pas
+encore sous le lit, à ce moment-là. Quand vous êtes partie, la
+porte de la chambre n’avait pas été fermée à clef?
+
+Mlle STANGERSON. -- Non. Nous n’avions aucune raison pour cela...
+
+D. -- Vous avez été combien de temps partis du pavillon à ce
+moment-là, M. Stangerson et vous?
+
+R. -- Une heure environ.
+
+D. -- C’est pendant cette heure-là, sans doute, que l’assassin
+s’est introduit dans le pavillon. Mais comment? On ne le sait pas.
+On trouve bien, dans le parc, des traces de pas _qui s’en vont_ de
+la fenêtre du vestibule, on n’en trouve point qui _y viennent_.
+Aviez-vous remarqué que la fenêtre du vestibule fût ouverte quand
+vous êtes sortie avec votre père?
+
+R. -- Je ne m’en souviens pas.
+
+M. STANGERSON. -- Elle était fermée.
+
+D. -- Et quand vous êtes rentrés?
+
+Mlle STANGERSON. -- Je n’ai pas fait attention.
+
+M. STANGERSON. -- Elle était encore fermée..., je m’en souviens
+très bien, car, en rentrant, j’ai dit tout haut: «Vraiment,
+pendant notre absence, le père Jacques aurait pu ouvrir! ...»
+
+D. -- Ètrange!Étrange! Rappelez-vous, monsieur Stangerson, que le
+père Jacques, en votre absence, et avant de sortir, l’avait
+ouverte. Vous êtes donc rentrés à six heures dans le laboratoire
+et vous vous êtes remis au travail?
+
+Mlle STANGERSON. -- Oui, monsieur.
+
+D. -- Et vous n’avez plus quitté le laboratoire depuis cette
+heure-là jusqu’au moment où vous êtes entrée dans votre chambre?
+
+M. STANGERSON. -- Ni ma fille, ni moi, monsieur. Nous avions un
+travail tellement pressé que nous ne perdions pas une minute.
+C’est à ce point que nous négligions toute autre chose.
+
+D. -- Vous avez dîné dans le laboratoire?
+
+R. -- Oui, pour la même raison.
+
+D. -- Avez-vous coutume de dîner dans le laboratoire?
+
+R. -- Nous y dînons rarement.
+
+D. -- L’assassin ne pouvait pas savoir que vous dîneriez, ce soir-
+là, dans le laboratoire?
+
+M. STANGERSON. -- Mon Dieu,monsieur, je ne pense pas... C’est dans
+le temps que nous revenions, vers six heures, au pavillon, que je
+pris cette résolution de dîner dans le laboratoire, ma fille et
+moi. À ce moment, je fus abordé par mon garde qui me retint un
+instant pour me demander de l’accompagner dans une tournée urgente
+du côté des bois dont j’avais décidé la coupe. Je ne le pouvais
+point et remis au lendemain cette besogne, et je priai alors le
+garde, puisqu’il passait par le château, d’avertir le maître
+d’hôtel que nous dînerions dans le laboratoire. Le garde me
+quitta, allant faire ma commission, et je rejoignis ma fille à
+laquelle j’avais remis la clef du pavillon et qui l’avait laissée
+sur la porte à l’extérieur. Ma fille était déjà au travail.
+
+D. -- À quelle heure, mademoiselle, avez-vous pénétré dans votre
+chambre pendant que votre père continuait à travailler?
+
+Mlle STANGERSON. -- À minuit.
+
+D. -- Le père Jacques était entré dans le courant de la soirée
+dans la «Chambre Jaune»?
+
+R. -- Pour fermer les volets et allumer la veilleuse, comme chaque
+soir...
+
+D. -- Il n’a rien remarqué de suspect?
+
+R. -- Il nous l’aurait dit. Le père Jacques est un brave homme qui
+m’aime beaucoup.
+
+Demande. -vous affirmez, Monsieur Stangerson, que le père Jacques,
+ensuite, n’a pas quitté le laboratoire?
+
+D. -- Vous affirmez, monsieur Stangerson, que le pére Jacques,
+ensuite, n’a pas quitté le laboratoire? Qu’il est resté tout le
+temps avec vous?
+
+M. STANGERSON. -- J’en suis sûr. Je n’ai aucun soupçon de ce côté.
+
+D. -- Mademoiselle, quand vous avez pénétré dans votre chambre,
+vous avez immédiatement fermé votre porte à clef et au verrou?
+
+Voilà bien des précautions, sachant que votre père et votre
+serviteur sont là. Vous craigniez donc quelque chose?
+
+R. -- Mon père n’allait pas tarder à rentrer au château, et le
+père Jacques, à aller se coucher. Et puis, en effet, je craignais
+quelque chose.
+
+D. -- Vous craigniez si bien quelque chose que vous avez emprunté
+le revolver du père Jacques sans le lui dire?
+
+R. -- C’est vrai, je ne voulais effrayer personne, d’autant plus
+que mes craintes pouvaient être tout à fait puériles.
+
+D. -- Et que craigniez-vous donc?
+
+R. -- Je ne saurais au juste vous le dire; depuis plusieurs nuits,
+il me semblait entendre dans le parc et hors du parc, autour du
+pavillon, des bruits insolites, quelquefois des pas, des
+craquements de branches. La nuit qui a précédé l’attentat, nuit où
+je ne me suis pas couchée avant trois heures du matin, à notre
+retour de l’élysée, je suis restée un instant à ma fenêtre et j’ai
+bien cru voir des ombres...
+
+D. -- Combien d’ombres?
+
+R. -- Deux ombres qui tournaient autour de l’étang... puis la lune
+s’est cachée et je n’ai plus rien vu. À cette époque de la saison,
+tous les ans, j’ai déjà réintégré mon appartement du château où je
+reprends mes habitudes d’hiver; mais, cette année, je m’étais dit
+que je ne quitterais le pavillon que lorsque mon père aurait
+terminé, pour l’académie des sciences, le résumé de ses travaux
+sur«la Dissociation de la matière». Je ne voulais pas que cette
+oeuvre considérable, qui allait être achevée dans quelques jours,
+fût troublée par un changement quelconque dans nos habitudes
+immédiates. Vous comprendrez que je n’aie point voulu parler à mon
+père de mes craintes enfantines et que je les aie tues au père
+Jacques qui n’aurait pu tenir sa langue. Quoi qu’il en soit, comme
+je savais que le père Jacques avait un revolver dans le tiroir de
+sa table de nuit, je profitai d’un moment où le bonhomme s’absenta
+dans la journée pour monter rapidement dans son grenier et
+emporter son arme que je glissai dans le tiroir de ma table de
+nuit, à moi.
+
+D. -- Vous ne vous connaissez pas d’ennemis?
+
+R. -- Aucun.
+
+D. -- Vous comprendrez, mademoiselle, que ces précautions
+exceptionnelles sont faites pour surprendre.
+
+M. STANGERSON. -- Èvidemment, mon enfant, voilà des précautions
+bien surprenantes.
+
+R. -- Non; je vous dis que, depuis deux nuits, je n’étais pas
+tranquille, mais pas tranquille du tout.
+
+M. STANGERSON. -- Tu aurais dû me parler de cela. Tu es
+impardonnable. Nous aurions évité un malheur!
+
+D. -- La porte de la «Chambre Jaune» fermée, mademoiselle, vous
+vous couchez?
+
+R. -- Oui, et, très fatiguée, je dors tout de suite.
+
+D. -- La veilleuse était restée allumée?
+
+R. -- Oui; mais elle répand une très faible clarté...
+
+D. -- Alors, mademoiselle, dites ce qui est arrivé?
+
+R. -- Je ne sais s’il y avait longtemps que je dormais, mais
+soudain je me réveille... Je poussai un grand cri...
+
+M. STANGERSON. -- Oui, un cri horrible... À l’assassin! ... Je
+l’ai encore dans les oreilles...
+
+D. -- Vous poussez un grand cri?
+
+R. -- Un homme était dans ma chambre. Il se précipitait sur moi,
+me mettait la main à la gorge, essayait de m’étrangler.
+J’étouffais déjà; tout à coup, ma main, dans le tiroir entrouvert
+de ma table de nuit, parvint à saisir le revolver que j’y avais
+déposé et qui était prêt à tirer. À ce moment, l’homme me fit
+rouler à bas de mon lit et brandit sur ma tête une espèce de
+masse. Mais j’avais tiré. Aussitôt, je me sentis frappée par un
+grand coup, un coup terrible à la tête. Tout ceci, monsieur le
+juge, fut plus rapide que je ne le pourrais dire, et je ne sais
+plus rien.
+
+D. -- Plus rien! ... Vous n’avez pas une idée de la façon dont
+l’assassin a pu s’échapper de votre chambre?
+
+R. -- Aucune idée... Je ne sais plus rien. On ne sait pas ce qui
+se passe autour de soi quand on est morte!
+
+D. -- Cet homme était-il grand ou petit?
+
+R. -- Je n’ai vu qu’une ombre qui m’a paru formidable...
+
+D. -- Vous ne pouvez nous donner aucune indication?
+
+R. -- Monsieur, je ne sais plus rien; un homme s’est rué sur moi,
+j’ai tiré sur lui... Je ne sais plus rien...
+
+Ici se termine l’interrogatoire de Mlle Stangerson. Joseph
+Rouletabille attendit patiemment M. Robert Darzac. Celui-ci ne
+tarda pas à apparaître.
+
+Dans une pièce voisine de la chambre de Mlle Stangerson, il avait
+écouté l’interrogatoire et venait le rapporter à notre ami avec
+une grande exactitude, une grande mémoire, et une docilité qui me
+surprit encore. Grâce aux notes hâtives qu’il avait prises au
+crayon, il put reproduire presque textuellement les demandes et
+les réponses.
+En vérité, M. Darzac avait l’air d’être le secrétaire de mon jeune
+ami et agissait en tout comme quelqu’un qui n’a rien à lui
+refuser; mieux encore, quelqu’un «qui aurait travaillé pour lui».
+
+Le fait de la «fenêtre fermée» frappa beaucoup le reporter comme
+il avait frappé le juge d’instruction. En outre, Rouletabille
+demanda à M. Darzac de lui répéter encore l’emploi du temps de M.
+et Mlle Stangerson le jour du drame, tel que Mlle Stangerson et M.
+Stangerson l’avaient établi devant le juge. La circonstance du
+dîner dans le laboratoire sembla l’intéresser au plus haut point
+et il se fit redire deux fois, pour en être plus sûr, que, seul,
+le garde savait que le professeur et sa fille dînaient dans le
+laboratoire, et de quelle sorte le garde l’avait su.
+
+Quand M. Darzac se fut tu, je dis:
+
+«Voilà un interrogatoire qui ne fait pas avancer beaucoup le
+problème.
+
+-- Il le recule, obtempéra M. Darzac.
+
+-- Il l’éclaire», fit, pensif, Rouletabille.
+
+
+
+IX
+Reporter et policier
+
+
+Nous retournâmes tous trois du côté du pavillon. À une centaine de
+mètres du bâtiment, le reporter nous arrêta, et, nous montrant un
+petit bosquet sur notre droite, il nous dit:
+
+«Voilà d’où est parti l’assassin pour entrer dans le pavillon.»
+
+Comme il y avait d’autres bosquets de cette sorte entre les grands
+chênes, je demandai pourquoi l’assassin avait choisi celui-ci
+plutôt que les autres; Rouletabille me répondit en me désignant le
+sentier qui passait tout près de ce bosquet et qui conduisait à la
+porte du pavillon.
+
+«Ce sentier est garni de graviers, comme vous voyez, fit-il. _Il
+faut_ que l’homme ait passé par là pour aller au pavillon,
+puisqu’on ne trouve pas la trace de ses pas du_voyage aller_, sur
+la terre molle. Cet homme n’a point d’ailes. Il a marché; mais il
+a marché sur le gravier qui a roulé sous sa chaussure sans en
+conserver l’empreinte: ce gravier, en effet, a été roulé par
+beaucoup d’autres pieds puisque le sentier est le plus direct qui
+aille du pavillon au château. Quant au bosquet, formé de ces
+sortes de plantes qui ne meurent point pendant la mauvaise saison
+-- lauriers et fusains -- il a fourni à l’assassin un abri
+suffisant en attendant que le moment fût venu, pour celui-ci, de
+se diriger vers le pavillon. C’est, caché dans ce bosquet, que
+l’homme a vu sortir M. et Mlle Stangerson, puis le père Jacques.
+On a répandu du gravier jusqu’à la fenêtre -- presque -- du
+vestibule. Une empreinte des pas de l’homme, _parallèle_ au mur,
+empreinte que nous remarquions tout à l’heure, et que j’ai déjà
+vue, prouve qu’«il» n’a eu à faire qu’une enjambée pour se trouver
+en face de la fenêtre du vestibule, laissée ouverte par le père
+Jacques. L’homme se hissa alors sur les poignets, et pénétra dans
+le vestibule.
+
+-- Après tout, c’est bien possible! fis-je...
+
+-- Après tout, quoi? après tout, quoi? ... s’écria Rouletabille,
+soudain pris d’une colère que j’avais bien innocemment
+déchaînée... Pourquoi dites-vous: après tout, c’est bien
+possible!...»
+
+Je le suppliai de ne point se fâcher, mais il l’était déjà
+beaucoup trop pour m’écouter, et il déclara qu’il admirait le
+doute prudent avec lequel certaines gens (moi) abordaient de loin
+les problèmes les plus simples, ne se risquant jamais à dire:
+«ceci est»ou «ceci n’est pas», de telle sorte que leur
+intelligence aboutissait tout juste au même résultat qui aurait
+été obtenu si la nature avait oublié de garnir leur boîte
+crânienne d’un peu de matière grise. Comme je paraissais vexé, mon
+jeune ami me prit par le bras et m’accorda «qu’il n’avait point
+dit cela pour moi, attendu qu’il m’avait en particulière estime».
+
+«Mais enfin! reprit-il, il est quelquefois criminel de ne point,
+_quand on le peut_, raisonner à coup sûr! ... Si je ne raisonne
+point, comme je le fais, avec ce gravier, il me faudra raisonner
+avec un ballon! Mon cher, la science de l’aérostation dirigeable
+n’est point encore assez développée pour que je puisse faire
+entrer, dans le jeu de mes cogitations, l’assassin qui tombe du
+ciel! Ne dites donc point qu’une chose est possible, quand il est
+impossible qu’elle soit autrement. Nous savons, maintenant,
+comment l’homme est entré par la fenêtre, et nous savons aussi à
+quel moment il est entré. Il y est entré pendant la promenade de
+cinq heures. Le fait de la présence de la femme de chambre _qui_
+_vient de faire la Chambre Jaune_, dans le laboratoire, au moment
+du retour du professeur et de sa fille, à une heure et demie, nous
+permet d’affirmer qu’à une heure et demie, l’assassin n’était pas
+dans la chambre, sous le lit, à moins qu’il n’y ait complicité de
+la femme de chambre. Qu’en dites-vous, Monsieur Robert Darzac?»
+
+M. Darzac secoua la tête, déclara qu’il était sûr de la fidélité
+de la femme de chambre de Mlle Stangerson, et que c’était une fort
+honnête et fort dévouée domestique.
+
+«Et puis, à cinq heures, M. Stangerson est entré dans la chambre
+pour chercher le chapeau de sa fille! ajouta-t-il...
+
+-- Il y a encore cela! fit Rouletabille.
+
+-- L’homme est donc entré, dans le moment que vous dites, par
+cette fenêtre, fis-je, je l’admets, mais pourquoi a-t-il refermé
+la fenêtre, ce qui devait, nécessairement, attirer l’attention de
+ceux qui l’avaient ouverte?
+
+-- il se peut que la fenêtre n’ait point été refermée «tout de
+suite», me répondit le jeune reporter. _Mais, s’il a refermé la_
+_fenêtre, il l’a refermée à cause du coude que fait le sentier
+garni de gravier, à vingt-cinq mètres du pavillon, et à cause des
+trois chênes qui s’élèvent à cet endroit._
+
+-- Que voulez-vous dire?» demanda M. Robert Darzac qui nous avait
+suivis, et qui écoutait Rouletabille avec une attention presque
+haletante.
+
+«Je vous l’expliquerai plus tard, monsieur, quand j’en jugerai le
+moment venu; mais je ne crois pas avoir prononcé de paroles plus
+importantes sur cette affaire, _si mon hypothèse se justifie_.
+
+-- Et quelle est votre hypothèse?
+
+-- Vous ne la saurez jamais si elle ne se révèle point être la
+vérité. C’est une hypothèse beaucoup trop grave, voyez-vous, pour
+que je la livre tant qu’elle ne sera qu’hypothèse.
+
+-- Avez-vous, au moins, quelque idée de l’assassin?
+
+-- Non, monsieur, je ne sais pas qui est l’assassin, mais ne
+craignez rien, monsieur Robert Darzac_, je le saurai_.»
+Je dus constater que M. Robert Darzac était très ému; et je
+soupçonnai que l’affirmation de Rouletabille n’était point pour
+lui plaire. Alors, pourquoi, s’il craignait réellement qu’on
+découvrît l’assassin (je questionnais ici ma propre pensée),
+pourquoi aidait-il le reporter à le retrouver? Mon jeune ami
+sembla avoir reçu la même impression que moi, et il dit
+brutalement:
+
+«Cela ne vous déplaît pas, monsieur Robert Darzac, que je découvre
+l’assassin?
+
+-- Ah! je voudrais le tuer de ma main! s’écria le fiancé de Mlle
+Stangerson, avec un élan qui me stupéfia.
+
+-- Je vous crois! fit gravement Rouletabille, mais vous n’avez pas
+répondu à ma question.»
+
+Nous passions près du bosquet, dont le jeune reporter nous avait
+parlé à l’instant; j’y entrai et lui montrai les traces évidentes
+du passage d’un homme qui s’était caché là. Rouletabille, une fois
+de plus, avait raison.
+
+«Mais oui! fit-il, mais oui! ... Nous avons affaire à un individu
+en chair et en os, qui ne dispose pas d’autres moyens que les
+nôtres, et il faudra bien que tout s’arrange!»
+
+Ce disant, il me demanda la semelle de papier qu’il m’avait
+confiée et l’appliqua sur une empreinte très nette, derrière le
+bosquet. Puis il se releva en disant: «Parbleu!»
+
+Je croyais qu’il allait, maintenant, suivre à la piste «les pas de
+la fuite de l’assassin», depuis la fenêtre du vestibule, mais il
+nous entraîna assez loin vers la gauche, en nous déclarant que
+c’était inutile de se mettre le nez sur cette fange, et qu’il
+était sûr, maintenant, de tout le chemin de la fuite de
+l’assassin.
+
+«Il est allé jusqu’au bout du mur, à cinquante mètres de là, et
+puis il a sauté la haie et le fossé; tenez, juste en face ce petit
+sentier qui conduit à l’étang. C’est le chemin le plus rapide pour
+sortir de la propriété et aller à l’étang.
+
+-- Comment savez-vous qu’il est allé à l’étang?
+
+-- Parce que Frédéric Larsan n’en a pas quitté les bords depuis ce
+matin. Il doit y avoir là de fort curieux indices.»
+
+Quelques minutes plus tard, nous étions près de l’étang.
+
+C’était une petite nappe d’eau marécageuse, entourée de roseaux,
+et sur laquelle flottaient encore quelques pauvres feuilles mortes
+de nénuphar. Le grand Fred nous vit peut-être venir, mais il est
+probable que nous l’intéressions peu, car il ne fit guère
+attention à nous et continua de remuer, du bout de sa canne,
+quelque chose que nous ne voyions pas...
+
+«Tenez, fit Rouletabille, voilà à nouveau _les pas de la fuite de
+l’homme_; ils tournent l’étang ici, reviennent et disparaissent
+enfin, près de l’étang, juste devant ce sentier qui conduit à la
+grande route d’Épinay. L’homme a continué sa fuite vers Paris...
+
+-- Qui vous le fait croire, interrompis-je, puisqu’il n’y a plus
+les pas de l’homme sur le sentier? ...
+
+-- Ce qui me le fait croire? Mais ces pas-là, ces pas que
+j’attendais! s’écria-t-il, en désignant l’empreinte très nette
+d’une «chaussure élégante»... Voyez! ...»
+
+Et il interpella Frédéric Larsan.
+
+-- Monsieur Fred, cria-t-il... «ces pas élégants» sur la route
+sont bien là depuis la découverte du crime?
+
+-- Oui, jeune homme; oui, ils ont été relevés soigneusement,
+répondit Fred sans lever la tête. Vous voyez, il y a les pas qui
+viennent, et les pas qui repartent...
+
+-- Et cet homme avait une bicyclette!» s’écria le reporter...
+
+Ici, après avoir regardé les empreintes de la bicyclette qui
+suivaient, aller et retour, les pas élégants, je crus pouvoir
+intervenir.
+
+«La bicyclette explique la disparition des pas grossiers de
+l’assassin, fis-je. L’assassin, aux pas grossiers, est monté à
+bicyclette... Son complice, «l’homme aux pas élégants», était venu
+l’attendre au bord de l’étang, avec la bicyclette. On peut
+supposer que l’assassin agissait pour le compte de l’homme aux pas
+élégants?
+
+-- Non! non! répliqua Rouletabille avec un étrange sourire...
+J’attendais ces pas-là depuis le commencement de l’affaire. Je les
+ai, je ne vous les abandonne pas. Ce sont les pas de l’assassin!
+
+-- Et les autres pas, les pas grossiers, qu’en faites-vous?
+
+-- Ce sont encore les pas de l’assassin.
+
+-- Alors, il y en a deux?
+
+--Non! Il n’y en a qu’un, et il n’a pas eu de complice...
+
+-- Très fort! très fort! cria de sa place Frédéric Larsan.
+
+-- Tenez, continua le jeune reporter, en nous montrant la terre
+remuée par des talons grossiers; l’homme s’est assis là et a
+enlevé les godillots qu’il avait mis pour tromper la justice, et
+puis, les emportant sans doute avec lui, _il s’est relevé avec ses
+pieds à lui_ et, tranquillement, a regagné, au pas, la grande
+route, en tenant sa bicyclette à la main. Il ne pouvait se
+risquer, sur ce très mauvais sentier, à courir à bicyclette. Du
+reste, ce qui le prouve, c’est la marque légère et hésitante de la
+bécane sur le sentier, malgré la mollesse du sol. S’il y avait eu
+un homme sur cette bicyclette, les roues fussent entrées
+profondément dans le sol... Non, non, il n’y avait là qu’un seul
+homme: L’assassin, à pied!
+
+-- Bravo! Bravo!» fit encore le grand Fred...
+
+Et, tout à coup, celui-ci vint à nous, se planta devant M. Robert
+Darzac et lui dit:
+
+«Si nous avions une bicyclette ici... nous pourrions démontrer la
+justesse du raisonnement de ce jeune homme, monsieur Robert
+Darzac... _Vous ne savez pas_ s’il s’en trouve une au château?
+
+-- Non! répondit M. Darzac, il n’y en a pas; j’ai emporté la
+mienne, il y a quatre jours, à Paris, la dernière fois que je suis
+venu au château avant le crime.
+
+-- C’est dommage!» répliqua Fred sur le ton d’une extrême
+froideur.
+
+Et, se retournant vers Rouletabille:
+
+«Si cela continue, dit-il, vous verrez que nous aboutirons tous
+les deux aux mêmes conclusions. Avez-vous une idée sur la façon
+dont l’assassin est sorti de la «Chambre Jaune»?
+
+-- Oui, fit mon ami, une idée...
+
+-- Moi aussi, continua Fred, et ce doit être la même. Il n’y a pas
+deux façons de raisonner dans cette affaire. J’attends, pour
+m’expliquer devant le juge, l’arrivée de mon chef.
+
+-- Ah! Le chef de la Sûreté va venir?
+
+-- Oui, cet après-midi, pour la confrontation dans le laboratoire,
+devant le juge d’instruction, de tous ceux qui ont joué ou pu
+jouer un rôle dans le drame. Ce sera très intéressant. Il est
+malheureux que vous ne puissiez y assister.
+
+-- J’y assisterai, affirma Rouletabille.
+
+-- Vraiment... vous êtes extraordinaire... pour votre âge!
+répliqua le policier sur un ton non dénué d’une certaine ironie...
+Vous feriez un merveilleux policier... si vous aviez un peu plus
+de méthode... Si vous obéissiez moins à votre instinct et aux
+bosses de votre front. C’est une chose que j’ai déjà observée
+plusieurs fois, monsieur Rouletabille: vous raisonnez trop... Vous
+ne vous laissez pas assez conduire par votre observation... Que
+dites-vous du mouchoir plein de sang et de la main rouge sur le
+mur? Vous avez vu, vous, la main rouge sur le mur; moi, je n’ai vu
+que le mouchoir... Dites...
+
+-- Bah! fit Rouletabille, un peu interloqué, _l’assassin a été_
+_blessé à la main_ par le revolver de Mlle Stangerson!
+
+-- Ah! observation brutale, instinctive... Prenez garde, vous êtes
+trop «directement» logique, monsieur Rouletabille; la logique vous
+jouera un mauvais tour si vous la brutalisez ainsi. Il est de
+nombreuses circonstances dans lesquelles il faut la traiter en
+douceur, «la prendre de loin»... Monsieur Rouletabille, vous avez
+raison quand vous parlez du revolver de Mlle Stangerson. Il est
+certain que «la victime» a tiré. Mais vous avez tort quand vous
+dites qu’elle a blessé l’assassin à la main...
+
+-- Je suis sûr!» s’écria Rouletabille...
+
+Fred, imperturbable, l’interrompit:
+
+«Défaut d’observation! ... défaut d’observation! ...
+
+L’examen du mouchoir, les innombrables petites taches rondes,
+écarlates, impressions de gouttes que je retrouve sur la trace des
+pas, _au moment même où le pas pose à terre_, me prouvent que
+l’assassin n’a pas été blessé. _«L’assassin, monsieur
+Rouletabille, a saigné du nez! ...»_
+
+Le grand Fred était sérieux. Je ne pus retenir, cependant, une
+exclamation.
+
+Le reporter regardait Fred qui regardait sérieusement le reporter.
+Et Fred tira aussitôt une conclusion:
+
+«L’homme qui saignait du nez dans sa main et dans son mouchoir, a
+essuyé sa main sur le mur. La chose est fort importante, ajouta-t-
+il, _car l’assassin n’a pas besoin d’être blessé à la main pour
+être l’assassin!»_
+
+Rouletabille sembla réfléchir profondément, et dit:
+
+«Il y a quelque chose, monsieur Frédéric Larsan, qui est beaucoup
+plus grave que le fait de brutaliser la logique, c’est cette
+disposition d’esprit propre à certains policiers qui leur fait, en
+toute bonne foi, «plier en douceur cette logique aux nécessités de
+leurs conceptions». Vous avez votre idée, déjà, sur l’assassin,
+monsieur Fred, ne le niez pas... et il ne faut pas que votre
+assassin ait été blessé à la main, sans quoi votre idée tomberait
+d’elle-même... Et vous avez cherché, et vous avez trouvé autre
+chose. C’est un système bien dangereux, monsieur Fred, bien
+dangereux, que celui qui consiste à partir de l’idée que l’on se
+fait de l’assassin pour arriver aux preuves dont on a besoin! ...
+Cela pourrait vous mener loin... Prenez garde à l’erreur
+judiciaire, Monsieur Fred; elle vous guette! ...»
+
+Et, ricanant un peu, les mains dans les poches, légèrement
+goguenard, Rouletabille, de ses petits yeux malins, fixa le grand
+Fred.
+
+Frédéric Larsan considéra en silence ce gamin qui prétendait être
+plus fort que lui; il haussa les épaules, nous salua, et s’en
+alla, à grandes enjambées, frappant la pierre du chemin _de sa_
+_grande canne._
+
+Rouletabille le regardait s’éloigner; puis le jeune reporter se
+retourna vers nous, la figure joyeuse et déjà triomphante:
+
+«Je le battrai! nous jeta-t-il... Je battrai le grand Fred, si
+fort soit-il; je les battrai tous... Rouletabille est plus fort
+qu’eux tous! ... Et le grand Fred, l’illustre, le fameux,
+l’immense Fred... l’unique Fred raisonne comme une savate! ...
+comme une savate! ... comme une savate!»
+
+Et il esquissa un entrechat; mais il s’arrêta subitement dans sa
+chorégraphie... Mes yeux allèrent où allaient ses yeux; ils
+étaient attachés sur M. Robert Darzac qui, la face décomposée,
+regardait sur le sentier, la marque de ses pas, à côté de la
+marque «du pas élégant». IL N’Y AVAIT PAS DE DIFFÉRENCE!
+
+Nous crûmes qu’il allait défaillir; ses yeux, agrandis par
+l’épouvante, nous fuirent un instant, cependant que sa main droite
+tiraillait d’un mouvement spasmodique le collier de barbe qui
+entourait son honnête et douce et désespérée figure. Enfin, il se
+ressaisit, nous salua, nous dit d’une voix changée, qu’il était
+dans la nécessité de rentrer au château et partit.
+
+«Diable!» fit Rouletabille.
+
+Le reporter, lui aussi, avait l’air consterné. Il tira de son
+portefeuille un morceau de papier blanc, comme je le lui avais vu
+faire précédemment, et découpa avec ses ciseaux les contours de
+«pieds élégants» de l’assassin, dont le modèle était là, sur la
+terre. Et puis il transporta cette nouvelle semelle de papier sur
+les empreintes de la bottine de M. Darzac. L’adaptation était
+parfaite et Rouletabille se releva en répétant: «Diable»!
+
+Je n’osais pas prononcer une parole, tant j’imaginais que ce qui
+se passait, dans ce moment, dans les bosses de Rouletabille était
+grave.
+
+Il dit:
+
+«Je crois pourtant que M. Robert Darzac est un honnête homme...»
+
+Et il m’entraîna vers l’auberge du «Donjon», que nous apercevions
+à un kilomètre de là, sur la route, à côté d’un petit bouquet
+d’arbres.
+
+
+
+X
+«Maintenant, il va falloir manger du saignant»
+
+
+L’auberge du «Donjon» n’avait pas grande apparence; mais j’aime
+ces masures aux poutres noircies par le temps et la fumée de
+l’âtre, ces auberges de l’époque des diligences, bâtisses
+branlantes qui ne seront bientôt plus qu’un souvenir. Elles
+tiennent au passé, elles se rattachent à l’histoire, elles
+continuent quelque chose et elles font penser aux vieux contes de
+la Route, quand il y avait, sur la route, des aventures.
+
+Je vis tout de suite que l’auberge du «Donjon» avait bien ses deux
+siècles et même peut-être davantage. Pierraille et plâtras
+s’étaient détachés çà et là de la forte armature de bois dont les
+X et les V supportaient encore gaillardement le toit vétuste.
+Celui-ci avait glissé légèrement sur ses appuis, comme glisse la
+casquette sur le front d’un ivrogne. Au-dessus de la porte
+d’entrée, une enseigne de fer gémissait sous le vent d’automne. Un
+artiste de l’endroit y avait peint une sorte de tour surmontée
+d’un toit pointu et d’une lanterne comme on en voyait au donjon du
+château du Glandier. Sous cette enseigne, sur le seuil, un homme,
+de mine assez rébarbative, semblait plongé dans des pensées assez
+sombres, s’il fallait en croire les plis de son front et le
+méchant rapprochement de ses sourcils touffus.
+
+Quand nous fûmes tout près de lui, il daigna nous voir et nous
+demanda d’une façon peu engageante si nous avions besoin de
+quelque chose. C’était, à n’en pas douter, l’hôte peu aimable de
+cette charmante demeure. Comme nous manifestions l’espoir qu’il
+voudrait bien nous servir à déjeuner, il nous avoua qu’il n’avait
+aucune provision et qu’il serait fort embarrassé de nous
+satisfaire; et, ce disant, il nous regardait d’un oeil dont je ne
+parvenais pas à m’expliquer la méfiance.
+
+«Vous pouvez nous faire accueil, lui dit Rouletabille, nous ne
+sommes pas de la police.
+
+-- je ne crains pas la police, répondit l’homme; je ne crains
+personne.»
+
+Déjà je faisais comprendre par un signe à mon ami que nous serions
+bien inspirés de ne pas insister, mais mon ami, qui tenait
+évidemment à entrer dans cette auberge, se glissa sous l’épaule de
+l’homme et fut dans la salle.
+
+«Venez, dit-il, il fait très bon ici.»
+
+De fait, un grand feu de bois flambait dans la cheminée. Nous nous
+en approchâmes et tendîmes nos mains à la chaleur du foyer, car,
+ce matin-là, on sentait déjà venir l’hiver. La pièce était assez
+grande; deux épaisses tables de bois, quelques escabeaux, un
+comptoir, où s’alignaient des bouteilles de sirop et d’alcool, la
+garnissaient. Trois fenêtres donnaient sur la route. Une chromo-
+réclame, sur le mur, vantait, sous les traits d’une jeune
+Parisienne levant effrontément son verre, les vertus apéritives
+d’un nouveau vermouth. Sur la tablette de la haute cheminée,
+l’aubergiste avait disposé un grand nombre de pots et de cruches
+en grès et en faïence.
+
+«Voilà une belle cheminée pour faire rôtir un poulet, dit
+Rouletabille.
+
+-- Nous n’avons point de poulet, fit l’hôte; pas même un méchant
+lapin.
+
+Je sais, répliqua mon ami, d’une voix goguenarde qui me surprit,
+_je sais que, maintenant, il va falloir manger du saignant.»_
+
+J’avoue que je ne comprenais rien à la phrase de Rouletabille.
+Pourquoi disait-il à cet homme: «Maintenant, il va falloir manger
+du saignant...?» Et pourquoi l’aubergiste, aussitôt qu’il eut
+entendu cette phrase, laissa-t-il échapper un juron qu’il étouffa
+aussitôt et se mit-il à notre disposition aussi docilement que M.
+Robert Darzac lui-même quand il eut entendu ces mots fatidiques:
+«Le presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son
+éclat...?» Décidément, mon ami avait le don de se faire comprendre
+des gens avec des phrases tout à fait incompréhensibles. Je lui en
+fis l’observation et il voulut bien sourire. J’eusse préféré qu’il
+daignât me donner quelque explication, mais il avait mis un doigt
+sur sa bouche, ce qui signifiait évidemment que non seulement il
+s’interdisait de parler, mais encore qu’il me recommandait le
+silence. Entre temps, l’homme, poussant une petite porte, avait
+crié qu’on lui apportât une demi-douzaine d’oeufs et «le morceau
+de faux filet». La commission fut bientôt faite par une jeune
+femme fort accorte, aux admirables cheveux blonds et dont les
+beaux grands yeux doux nous regardèrent avec curiosité.
+
+L’aubergiste lui dit d’une voix rude:
+
+«Va-t’en! Et si l’homme vert s’en vient, que je ne te voie pas!»
+
+Et elle disparut, Rouletabille s’empara des oeufs qu’on lui
+apporta dans un bol et de la viande qu’on lui servit sur un plat,
+plaça le tout précautionneusement à côté de lui, dans la cheminée,
+décrocha une poêle et un gril pendus dans l’âtre et commença de
+battre notre omelette en attendant qu’il fît griller notre
+bifteck. Il commanda encore à l’homme deux bonnes bouteilles de
+cidre et semblait s’occuper aussi peu de son hôte que son hôte
+s’occupait de lui. L’homme tantôt le couvait des yeux et tantôt me
+regardait avec un air d’anxiété qu’il essayait en vain de
+dissimuler. Il nous laissa faire notre cuisine et mit notre
+couvert auprès d’une fenêtre.
+
+Tout à coup je l’entendis qui murmurait:
+
+«Ah! le voilà!»
+Et, la figure changée, n’exprimant plus qu’une haine atroce, il
+alla se coller contre la fenêtre, regardant la route. Je n’eus
+point besoin d’avertir Rouletabille. Le jeune homme avait déjà
+lâché son omelette et rejoignait l’hôte à la fenêtre. J’y fus avec
+lui.
+
+Un homme, tout habillé de velours vert, la tête prise dans une
+casquette ronde de même couleur, s’avançait, à pas tranquilles sur
+la route, en fumant sa pipe. Il portait un fusil en bandoulière et
+montrait dans ses mouvements une aisance presque aristocratique.
+Cet homme pouvait avoir quarante-cinq ans. Les cheveux et la
+moustache étaient gris-sel. Il était remarquablement beau. Il
+portait binocle. Quand il passa près de l’auberge, il parut
+hésiter, se demandant s’il entrerait, jeta un regard de notre
+côté, lâcha quelques bouffées de sa pipe et d’un même pas
+nonchalant reprit sa promenade.
+
+Rouletabille et moi nous regardâmes l’hôte. Ses yeux fulgurants,
+ses poings fermés, sa bouche frémissante, nous renseignaient sur
+les sentiments tumultueux qui l’agitaient.
+
+«Il a bien fait de ne pas entrer aujourd’hui! siffla-t-il.
+
+-- Quel est cet homme? demanda Rouletabille, en retournant à son
+omelette.
+
+-- «L’homme vert!» gronda l’aubergiste... Vous ne le connaissez
+pas? Tant mieux pour vous. C’est pas une connaissance à faire...
+Eh ben, c’est l’garde à M. Stangerson.
+
+-- Vous ne paraissez pas l’aimer beaucoup? demanda le reporter en
+versant son omelette dans la poêle.
+
+-- Personne ne l’aime dans le pays, monsieur; et puis c’est un
+fier, qui a dû avoir de la fortune autrefois; et il ne pardonne à
+personne de s’être vu forcé, pour vivre, de devenir domestique.
+Car un garde, c’est un larbin comme un autre! n’est-ce pas? Ma
+parole! on dirait que c’est lui qui est le maître du Glandier, que
+toutes les terres et tous les bois lui appartiennent. Il ne
+permettrait pas à un pauvre de déjeuner d’un morceau de pain sur
+l’herbe, «sur son herbe»!
+
+-- Il vient quelquefois ici?
+
+-- Il vient trop. Mais je lui ferai bien comprendre que sa figure
+ne me revient pas. Il y a seulement un mois, il ne m’embêtait pas!
+L’auberge du «Donjon» n’avait jamais existé pour lui! ... Il
+n’avait pas le temps! Fallait-il pas qu’il fasse sa cour à
+l’hôtesse des «Trois Lys», à Saint-Michel. Maintenant qu’il y a eu
+de la brouille dans les amours, il cherche à passer le temps
+ailleurs... Coureur de filles, trousseur de jupes, mauvais gars...
+Y a pas un honnête homme qui puisse le supporter, cet homme-là...
+Tenez, les concierges du château ne pouvaient pas le voir en
+peinture, «l’homme vert! ...»
+
+-- Les concierges du château sont donc d’honnêtes gens, monsieur
+l’aubergiste?
+
+-- Appelez-moi donc père Mathieu; c’est mon nom... Eh ben, aussi
+vrai que je m’appelle Mathieu, oui m’sieur, j’les crois honnêtes.
+
+-- On les a pourtant arrêtés.
+
+-- Què-que ça prouve? Mais je ne veux pas me mêler des affaires du
+prochain...
+
+-- Et qu’est-ce que vous pensez de l’assassinat?
+
+-- De l’assassinat de cette pauvre mademoiselle? Une brave fille,
+allez, et qu’on aimait bien dans le pays. C’que j’en pense?
+
+-- Oui, ce que vous en pensez.
+
+-- Rien... et bien des choses... Mais ça ne regarde personne.
+
+-- Pas même moi?» insista Rouletabille.
+
+L’aubergiste le regarda de côté, grogna, et dit:
+
+«Pas même vous...»
+
+L’omelette était prête; nous nous mîmes à table et nous mangions
+en silence, quand la porte d’entrée fut poussée et une vieille
+femme, habillée de haillons, appuyée sur un bâton, la tête
+branlante, les cheveux blancs qui pendaient en mèches folles sur
+le front encrassé, se montra sur le seuil.
+
+«Ah! vous v’là, la mère Agenoux! Y a longtemps qu’on ne vous a
+vue, fit notre hôte.
+
+-- J’ai été bien malade, toute prête à mourir, dit la vieille. Si
+quelquefois vous aviez des restes pour la «Bête du Bon Dieu»...?
+
+Et elle pénétra dans l’auberge, suivie d’un chat si énorme que je
+ne soupçonnais pas qu’il pût en exister de cette taille. La bête
+nous regarda et fit entendre un miaulement si désespéré que je me
+sentis frissonner. Je n’avais jamais entendu un cri aussi lugubre.
+
+Comme s’il avait été attiré par ce cri, un homme entra, derrière
+la vieille. C’était «l’homme vert». Il nous salua d’un geste de la
+main à sa casquette et s’assit à la table voisine de la nôtre.
+
+«Donnez-moi un verre de cidre, père Mathieu.»
+
+Quand «l’homme vert» était entré, le père Mathieu avait eu un
+mouvement violent de tout son être vers le nouveau venu; mais,
+visiblement, il se dompta et répondit:
+
+«Y a plus de cidre, j’ai donné les dernières bouteilles à ces
+messieurs.
+
+-- Alors donnez-moi un verre de vin blanc, fit «l’homme vert» sans
+marquer le moindre étonnement.
+
+-- Y a plus de vin blanc, y a plus rien!»
+
+Le père Mathieu répéta, d’une voix sourde:
+
+«Y a plus rien!
+
+-- Comment va Mme Mathieu?»
+
+L’aubergiste, à cette question de «l’homme vert», serra les
+poings, se retourna vers lui, la figure si mauvaise que je crus
+qu’il allait frapper, et puis il dit:
+
+«Elle va bien, merci.»
+
+Ainsi, la jeune femme aux grands yeux doux que nous avions vue
+tout à l’heure était l’épouse de ce rustre répugnant et brutal, et
+dont tous les défauts physiques semblaient dominés par ce défaut
+moral: La jalousie.
+
+Claquant la porte, l’aubergiste quitta la pièce. La mère Agenoux
+était toujours là debout, appuyée sur son bâton et le chat au bas
+de ses jupes.
+
+«L’homme vert» lui demanda:
+
+«Vous avez été malade, mère Agenoux, qu’on ne vous a pas vue
+depuis bientôt huit jours?
+
+-- Oui, m’sieur l’garde. Je ne me suis levée que trois fois pour
+aller prier sainte Geneviève, notre bonne patronne, et l’reste du
+temps, j’ai été étendue sur mon grabat. Il n’y a eu pour me
+soigner que la «Bête du Bon Dieu!»
+
+-- Elle ne vous a pas quittée?
+
+-- Ni jour ni nuit.
+
+-- Vous en êtes sûre?
+
+-- Comme du paradis.
+
+-- Alors, comment ça se fait-il, mère Agenoux, qu’on n’ait entendu
+que le cri de la «Bête du BonDieu» toute la nuit du crime?»
+
+La mère Agenoux alla se planter face au garde, et frappa le
+plancher de son bâton:
+
+«Je n’en sais rien de rien. Mais, voulez-vous que j’vous dise? Il
+n’y a pas deux bêtes au monde qui ont ce cri-là... Eh bien, moi
+aussi, la nuit du crime, j’ai entendu, au dehors, le cri de la
+«Bête du Bon Dieu»; et pourtant elle était sur mes genoux, m’sieur
+le garde, et elle n’a pas miaulé une seule fois, je vous le jure.
+Je m’suis signée, quand j’ai entendu ça, comme si j’entendais
+l’diable!»
+
+Je regardais le garde pendant qu’il posait cette dernière
+question, et je me trompe fort si je n’ai pas surpris sur ses
+lèvres un mauvais sourire goguenard.
+
+À ce moment, le bruit d’une querelle aiguë parvint jusqu’à nous.
+Nous crûmes même percevoir des coups sourds, comme si l’on
+battait, comme si l’on assommait quelqu’un. «L’homme vert» se leva
+et courut résolument à la porte, à côté de l’âtre, mais celle-ci
+s’ouvrit et l’aubergiste, apparaissant, dit au garde:
+
+«Ne vous effrayez pas, m’sieur le garde; c’est ma femme qu’a mal
+aux dents!»
+
+Et il ricana.
+
+«Tenez, mère Agenoux, v’là du mou pour vot’chat.»
+
+Il tendit à la vieille un paquet; la vieille s’en empara avidement
+et sortit, toujours suivie de son chat.
+
+«L’homme vert» demanda:
+
+«Vous ne voulez rien me servir?»
+
+Le père Mathieu ne retint plus l’expression de sa haine:
+
+«Y a rien pour vous! Y a rien pour vous! Allez-vous-en! ...»
+
+«L’homme vert», tranquillement, bourra sa pipe, l’alluma, nous
+salua et sortit. Il n’était pas plutôt sur le seuil que Mathieu
+lui claquait la porte dans le dos et, se retournant vers nous, les
+yeux injectés de sang, la bouche écumante, nous sifflait, le poing
+tendu vers cette porte qui venait de se fermer sur l’homme qu’il
+détestait:
+
+«Je ne sais pas qui vous êtes, vous qui venez me dire: «Maintenant
+va falloir manger du saignant.» Mais si ça vous intéresse:
+l’assassin, le v’là!»
+
+Aussitôt qu’il eût ainsi parlé, le père Mathieu nous quitta.
+Rouletabille retourna vers l’âtre, et dit:
+
+«Maintenant, nous allons griller notre bifteck. Comment trouvez-
+vous le cidre? Un peu dur, comme je l’aime.»
+
+Ce jour-là, nous ne revîmes plus Mathieu et un grand silence
+régnait dans l’auberge quand nous la quittâmes, après avoir laissé
+cinq francs sur notre table, en paiement de notre festin.
+
+Rouletabille me fit aussitôt faire près d’une lieue autour de la
+propriété du professeur Stangerson. Il s’arrêta dix minutes, au
+coin d’un petit chemin tout noir de suie, auprès des cabanes de
+charbonniers qui se trouvent dans la partie de la forêt de Sainte-
+Geneviève, qui touche à la route allant d’Épinay à Corbeil, et me
+confia que l’assassin avait certainement passé par là, «vu l’état
+des chaussures grossières», avant de pénétrer dans la propriété et
+d’aller se cacher dans le bosquet.
+
+«Vous ne croyez donc pas que le garde a été dans l’affaire?
+interrompis-je.
+
+-- Nous verrons cela plus tard, me répondit-il. Pour le moment, ce
+que l’aubergiste a dit de cet homme ne m’occupe pas. Il en a parlé
+avec sa haine. Ce n’est pas pour l’«homme vert» que je vous ai
+emmené déjeuner au «Donjon».
+
+Ayant ainsi parlé, Rouletabille, avec de grandes précautions, se
+glissa -- et je me glissai derrière lui -- jusqu’à la bâtisse,
+qui, près de la grille, servait de logement aux concierges,
+arrêtés le matin même. Il s’introduisit, avec une acrobatie que
+j’admirai, dans la maisonnette, par une lucarne de derrière restée
+ouverte, et en ressortit dix minutes plus tard en disant ce mot
+qui signifiait, dans sa bouche, tant de choses: «Parbleu!»
+
+Dans le moment que nous allions reprendre le chemin du château, il
+y eut un grand mouvement à la grille. Une voiture arrivait, et, du
+château, on venait au-devant d’elle. Rouletabille me montra un
+homme qui en descendait:
+
+«Voici le chef de la Sûreté; nous allons voir ce que Frédéric
+Larsan a dans le ventre, et s’il est plus malin qu’un autre...»
+
+Derrière la voiture du chef de la Sûreté, trois autres voitures
+suivaient, remplies de reporters qui voulurent, eux aussi, entrer
+dans le parc. Mais on mit à la grille deux gendarmes, avec défense
+de laisser passer. Le chef de la Sûreté calma leur impatience en
+prenant l’engagement de donner, le soir même, à la presse, le plus
+de renseignements qu’il pourrait, sans gêner le cours de
+l’instruction.
+
+
+
+XI
+Où Frédéric Larsan explique comment l’assassin a pu sortir de la
+Chambre Jaune.
+
+
+Dans la masse de papiers, documents, mémoires, extraits de
+journaux, pièces de justice dont je dispose relativement au
+«Mystère de la Chambre Jaune», se trouve un morceau des plus
+intéressants. C’est la narration du fameux interrogatoire des
+intéressés qui eut lieu, cet après-midi-là, dans le laboratoire du
+professeur Stangerson, devant le chef de la Sûreté. Cette
+narration est due à la plume de M. Maleine, le greffier, qui, tout
+comme le juge d’instruction, faisait, à ses moments perdus, de la
+littérature. Ce morceau devait faire partie d’un livre qui n’a
+jamais paru et qui devait s’intituler: _Mes interrogatoires_. Il
+m’a été donné par le greffier lui-même, quelque temps après le
+«dénouement inouï» de ce procès unique dans les fastes juridiques.
+
+Le voici. Ce n’est plus une sèche transcription de demandes et de
+réponses. Le greffier y relate souvent ses impressions
+personnelles.
+
+_La narration du greffier:_
+
+Depuis une heure, raconte le greffier, le juge d’instruction et
+moi, nous nous trouvions dans la «Chambre Jaune», avec
+l’entrepreneur qui avait construit, sur les plans du professeur
+Stangerson, le pavillon. L’entrepreneur était venu avec un
+ouvrier. M. de Marquet avait fait nettoyer entièrement les murs,
+c’est-à-dire qu’il avait fait enlever par l’ouvrier tout le papier
+qui les décorait. Des coups de pioches et de pics, çà et là, nous
+avaient démontré l’inexistence d’une ouverture quelconque. Le
+plancher et le plafond avaient été longuement sondés. Nous
+n’avions rien découvert. Il n’y avait rien à découvrir. M. de
+Marquet paraissait enchanté et ne cessait de répéter:
+
+«Quelle affaire! monsieur l’entrepreneur, quelle affaire! Vous
+verrez que nous ne saurons jamais comment l’assassin a pu sortir
+de cette chambre-là!»
+
+Tout à coup, M. de Marquet, la figure rayonnante, parce qu’il ne
+comprenait pas, voulut bien se souvenir que son devoir était de
+chercher à comprendre, et il appela le brigadier de gendarmerie.
+
+«Brigadier, fit-il, allez donc au château et priez M. Stangerson
+et M. Robert Darzac de venir me rejoindre dans le laboratoire,
+ainsi que le père Jacques, et faites-moi amener aussi, par vos
+hommes, les deux concierges.»
+
+Cinq minutes plus tard, tout ce monde fut réuni dans le
+laboratoire. Le chef de la Sûreté, qui venait d’arriver au
+Glandier, nous rejoignit aussi dans ce moment. J’étais assis au
+bureau de M. Stangerson, prêt au travail, quand M. de Marquet nous
+tint ce petit discours, aussi original qu’inattendu:
+
+«Si vous le voulez, messieurs, disait-il, puisque les
+interrogatoires ne donnent rien, nous allons abandonner, pour une
+fois, le vieux système des interrogatoires. Je ne vous ferai point
+venir devant moi à tour de rôle; non. Nous resterons tous ici: M.
+Stangerson, M. Robert Darzac, le père Jacques, les deux
+concierges, M. le chef de la Sûreté, M. le greffier et moi! Et
+nous serons là, tous, «au même titre»; les concierges voudront
+bien oublier un instant qu’ils sont arrêtés. «Nous allons causer!»
+Je vous ai fait venir «pour causer». Nous sommes sur les lieux du
+crime; eh bien, de quoi causerions-nous si nous ne causions pas du
+crime? Parlons-en donc! Parlons-en! Avec abondance, avec
+intelligence, ou avec stupidité. Disons tout ce qui nous passera
+par la tête! Parlons sans méthode, puisque la méthode ne nous
+réussit point. J’adresse une fervente prière au dieu hasard, le
+hasard de nos conceptions! Commençons! ...
+
+Sur quoi, en passant devant moi, il me dit, à voix basse:
+
+«Hein! croyez-vous, quelle scène! Auriez-vous imaginé ça, vous?
+J’en ferai un petit acte pour le Vaudeville.»
+
+Et il se frottait les mains avec jubilation.
+
+Je portai les yeux sur M. Stangerson. L’espoir que devait faire
+naître en lui le dernier bulletin des médecins qui avaient déclaré
+que Mlle Stangerson pourrait survivre à ses blessures, n’avait pas
+effacé de ce noble visage les marques de la plus grande douleur.
+
+Cet homme avait cru sa fille morte, et il en était encore tout
+ravagé. Ses yeux bleus si doux et si clairs étaient alors d’une
+infinie tristesse. J’avais eu l’occasion, plusieurs fois, dans des
+cérémonies publiques, de voir M. Stangerson. J’avais été, dès
+l’abord, frappé par son regard, si pur qu’il semblait celui d’un
+enfant: regard de rêve, regard sublime et immatériel de
+l’inventeur ou du fou.
+
+Dans ces cérémonies, derrière lui ou à ses côtés, on voyait
+toujours sa fille, car ils ne se quittaient jamais, disait-on,
+partageant les mêmes travaux depuis de longues années. Cette
+vierge, qui avait alors trente-cinq ans et qui en paraissait à
+peine trente, consacrée tout entière à la science, soulevait
+encore l’admiration par son impériale beauté, restée intacte, sans
+une ride, victorieuse du temps et de l’amour. Qui m’eût dit alors
+que je me trouverais, un jour prochain, au chevet de son lit, avec
+mes paperasses, et que je la verrais, presque expirante, nous
+raconter, avec effort, le plus monstrueux et le plus mystérieux
+attentat que j’ai ouï de ma carrière? Qui m’eût dit que je me
+trouverais, comme cet après-midi-là, en face d’un père désespéré
+cherchant en vain à s’expliquer comment l’assassin de sa fille
+avait pu lui échapper? À quoi sert donc le travail silencieux, au
+fond de la retraite obscure des bois, s’il ne vous garantit point
+de ces grandes catastrophes de la vie et de la mort, réservées
+d’ordinaire à ceux d’entre les hommes qui fréquentent les passions
+de la ville?
+
+
+«Voyons! monsieur Stangerson, fit M. de Marquet, avec un peu
+d’importance; placez-vous exactement à l’endroit où vous étiez
+quand Mlle Stangerson vous a quitté pour entrer dans sa chambre.»
+
+M. Stangerson se leva et, se plaçant à cinquante centimètres de la
+porte de la «Chambre Jaune», il dit d’une voix sans accent, sans
+couleur, d’une voix que je qualifierai de morte:
+
+«Je me trouvais ici. Vers onze heures, après avoir procédé, sur
+les fourneaux du laboratoire, à une courte expérience de chimie,
+j’avais fait glisser mon bureau jusqu’ici, car le père Jacques,
+qui passa la soirée à nettoyer quelques-uns de mes appareils,
+avait besoin de toute la place qui se trouvait derrière moi. Ma
+fille travaillait au même bureau que moi. Quand elle se leva,
+après m’avoir embrassé et souhaité le bonsoir au père Jacques,
+elle dut, pour entrer dans sa chambre, se glisser assez
+difficilement entre mon bureau et la porte. C’est vous dire que
+j’étais bien près du lieu où le crime allait se commettre.
+
+-- Et ce bureau? interrompis-je, obéissant, en me mêlant à cette
+«conversation», aux désirs exprimés par mon chef, ... et ce
+bureau, aussitôt que vous eûtes, monsieur Stangerson, entendu
+crier: «À l’assassin!» et qu’eurent éclaté les coups de
+revolver... ce bureau, qu’est-il devenu?»
+
+Le père Jacques répondit:
+
+«Nous l’avons rejeté contre le mur, ici, à peu près où il est en
+ce moment, pour pouvoir nous précipiter à l’aise sur la porte,
+m’sieur le greffier...»
+
+Je suivis mon raisonnement, auquel, du reste, je n’attachais
+qu’une importance de faible hypothèse:
+
+«Le bureau était si près de la chambre qu’un homme, sortant,
+courbé, de la chambre et se glissant sous le bureau, aurait pu
+passer inaperçu?
+
+-- Vous oubliez toujours, interrompit M. Stangerson, avec
+lassitude, que ma fille avait fermé sa porte à clef et au verrou,
+_que_ _la porte est restée fermée_, que nous sommes restés à
+lutter contre cette porte dès l’instant où l’assassinat
+commençait, _que nous étions déjà sur la porte alors que la lutte
+de l’assassin et de ma pauvre enfant continuait, que les bruits de
+cette lutte nous parvenaient encore et que nous entendions râler
+ma malheureuse fille sous l’étreinte des doigts dont son cou a
+conservé la marque sanglante_. Si rapide qu’ait été l’attaque,
+nous avons été aussi rapides qu’elle et nous nous sommes trouvés
+immédiatement derrière cette porte qui nous séparait du drame.»
+
+Je me levai et allai à la porte que j’examinai à nouveau avec le
+plus grand soin. Puis je me relevai et fis un geste de
+découragement.
+
+«Imaginez, dis-je, que le panneau inférieur de cette porte ait pu
+être ouvert _sans que la porte ait été dans la nécessité de
+s’ouvrir_, et le problème serait résolu! Mais, malheureusement,
+cette dernière hypothèse est inadmissible, après l’examen de la
+porte. C’est une solide et épaisse porte de chêne constituée de
+telle sorte qu’elle forme un bloc inséparable... C’est très
+visible, malgré les dégâts qui ont été causés par ceux qui l’ont
+enfoncée...
+
+-- Oh! fit le père Jacques... c’est une vieille et solide porte du
+château qu’on a transportée ici... une porte comme on n’en fait
+plus maintenant. Il nous a fallu cette barre de fer pour en avoir
+raison, à quatre... car la concierge s’y était mise aussi, comme
+une brave femme qu’elle est, m’sieur l’juge! C’est tout de même
+malheureux de les voir en prison, à c’t’heure!»
+
+Le père Jacques n’eut pas plutôt prononcé cette phrase de pitié et
+de protestation que les pleurs et les jérémiades des deux
+concierges recommencèrent. Je n’ai jamais vu de prévenus aussi
+larmoyants. J’en étais profondément dégoûté[1]. Même en admettant
+leur innocence, je ne comprenais pas que deux êtres pussent à ce
+point manquer de caractère devant le malheur. Une nette attitude,
+dans de pareils moments, vaut mieux que toutes les larmes et que
+tous les désespoirs, lesquels, le plus souvent, sont feints et
+hypocrites.
+
+«Eh! s’écria M. de Marquet, encore une fois, assez de piailler
+comme ça! et dites-nous, dans votre intérêt, ce que vous faisiez,
+à l’heure où l’on assassinait votre maîtresse, sous les fenêtres
+du pavillon! Car vous étiez tout près du pavillon quand le père
+Jacques vous a rencontrés...
+
+-- Nous venions au secours!» gémirent-ils.
+
+Et la femme, entre deux hoquets, glapit:
+
+«Ah! si nous le tenions, l’assassin, nous lui ferions passer le
+goût du pain! ...»
+
+Et nous ne pûmes, une fois de plus, leur tirer deux phrases
+sensées de suite. Ils continuèrent de nier avec acharnement,
+d’attester le bon Dieu et tous les saints qu’ils étaient dans leur
+lit quand ils avaient entendu un coup de revolver.
+
+«Ce n’est pas un, mais deux coups qui ont été tirés. Vous voyez
+bien que vous mentez. Si vous avez entendu l’un, vous devez avoir
+entendu l’autre!
+
+-- Mon Dieu! m’sieur le juge, nous n’avons entendu que le second.
+Nous dormions encore bien sûr quand on a tiré le premier...
+
+-- Pour ça, on en a tiré deux! fit le père Jacques. Je suis sûr,
+moi, que toutes les cartouches de mon revolver étaient intactes;
+nous avons retrouvé deux cartouches brûlées, deux balles, et nous
+avons entendu deux coups de revolver, derrière la porte. N’est-ce
+pas, monsieur Stangerson?
+
+-- Oui, fit le professeur, deux coups de revolver, un coup sourd
+d’abord, puis un coup éclatant.
+
+-- Pourquoi continuez-vous à mentir? s’écria M. de Marquet, se
+retournant vers les concierges. Croyez-vous la police aussi bête
+que vous! Tout prouve que vous étiez dehors, près du pavillon, au
+moment du drame. Qu’y faisiez-vous? Vous ne voulez pas le dire?
+Votre silence atteste votre complicité! Et, quant à moi, fit-il,
+en se tournant vers M. Stangerson... quant à moi, je ne puis
+m’expliquer la fuite de l’assassin que par l’aide apportée par ces
+deux complices. Aussitôt que la porte a été défoncée, pendant que
+vous, monsieur Stangerson, vous vous occupiez de votre malheureuse
+enfant, le concierge et sa femme facilitaient la fuite du
+misérable qui se glissait derrière eux, parvenait jusqu’à la
+fenêtre du vestibule et sautait dans le parc. Le concierge
+refermait la fenêtre et les volets derrière lui. _Car, enfin, ces
+volets ne se sont_ _pas fermés tout seuls!_ Voilà ce que j’ai
+trouvé... Si quelqu’un a imaginé autre chose, qu’il le dise! ...
+
+M. Stangerson intervint:
+
+«C’est impossible! Je ne crois pas à la culpabilité ni à la
+complicité de mes concierges, bien que je ne comprenne pas ce
+qu’ils faisaient dans le parc à cette heure avancée de la nuit. Je
+dis: c’est impossible! parce que la concierge tenait la lampe et
+n’a pas bougé du seuil de la chambre; parce que, moi, sitôt la
+porte défoncée, je me mis à genoux près du corps de mon enfant,
+_et qu’il était impossible que l’on sortît ou que l’on entrât de
+cette chambre par cette porte sans enjamber le corps de ma fille
+et sans_ _me bousculer, moi!_ C’est impossible, parce que le père
+Jacques et le concierge n’ont eu qu’à jeter un regard dans cette
+chambre et sous le lit, comme je l’ai fait en entrant, pour voir
+qu’il n’y avait plus personne, dans la chambre, que ma fille à
+l’agonie.
+
+-- Que pensez-vous, vous, monsieur Darzac, qui n’avez encore rien
+dit?» demanda le juge.
+
+M. Darzac répondit qu’il ne pensait rien.
+
+«Et vous, monsieur le chef de la Sûreté?»
+
+M. Dax, le chef de la Sûreté, avait jusqu’alors uniquement écouté
+et examiné les lieux. Il daigna enfin desserrer les dents:
+
+«Il faudrait, en attendant que l’on trouve le criminel, découvrir
+le mobile du crime. Cela nous avancerait un peu, fit-il.
+
+-- Monsieur le chef de la Sûreté, le crime apparaît bassement
+passionnel, répliqua M. de Marquet. Les traces laissées par
+l’assassin, le mouchoir grossier et le béret ignoble nous portent
+à croire que l’assassin n’appartenait point à une classe de la
+société très élevée. Les concierges pourraient peut-être nous
+renseigner là dessus...»
+
+Le chef de la Sûreté continua, se tournant vers M. Stangerson et
+sur ce ton froid qui est la marque, selon moi, des solides
+intelligences et des caractères fortement trempés.
+
+«Mlle Stangerson ne devait-elle pas prochainement se marier?»
+
+Le professeur regarda douloureusement M. Robert Darzac.
+
+«Avec mon ami que j’eusse été heureux d’appeler mon fils... avec
+M. Robert Darzac...
+
+-- Mlle Stangerson va beaucoup mieux et se remettra rapidement de
+ses blessures. C’est un mariage simplement retardé, n’est-ce pas,
+monsieur? insista le chef de la Sûreté.
+
+-- Je l’espère.
+
+-- Comment! Vous n’en êtes pas sûr?»
+
+M. Stangerson se tut. M. Robert Darzac parut agité, ce que je vis
+à un tremblement de sa main sur sa chaîne de montre, car rien ne
+m’échappe. M. Dax toussotta comme faisait M. de Marquet quand il
+était embarrassé.
+
+«Vous comprendrez, monsieur Stangerson, dit-il, que, dans une
+affaire aussi embrouillée, nous ne pouvons rien négliger; que nous
+devons tout savoir, même la plus petite, la plus futile chose se
+rapportant à la victime... le renseignement, en apparence, le plus
+insignifiant... Qu’est-ce donc qui vous a fait croire que, dans la
+quasi-certitude, où nous sommes maintenant, que Mlle Stangerson
+vivra, ce mariage pourra ne pas avoir lieu? Vous avez dit:
+«j’espère.» Cette espérance m’apparaît comme un doute. Pourquoi
+doutez-vous?»
+
+M. Stangerson fit un visible effort sur lui-même:
+
+«Oui, monsieur, finit-il par dire. Vous avez raison. Il vaut mieux
+que vous sachiez une chose qui semblerait avoir de l’importance si
+je vous la cachais. M. Robert Darzac sera, du reste, de mon avis.»
+
+M. Darzac, dont la pâleur, à ce moment, me parut tout à fait
+anormale, fit signe qu’il était de l’avis du professeur. Pour moi,
+si M. Darzac ne répondait que par signe, c’est qu’il était
+incapable de prononcer un mot.
+
+«Sachez donc, monsieur le chef de la Sûreté, continua M.
+Stangerson, que ma fille avait juré de ne jamais me quitter et
+tenait son serment malgré toutes mes prières, car j’essayai
+plusieurs fois de la décider au mariage, comme c’était mon devoir.
+Nous connûmes M. Robert Darzac de longues années. M. Robert Darzac
+aime ma fille. Je pus croire, un moment, qu’il en était aimé,
+puisque j’eus la joie récente d’apprendre de la bouche même de ma
+fille qu’elle consentait enfin à un mariage que j’appelais de tous
+mes voeux. Je suis d’un grand âge, monsieur, et ce fut une heure
+bénie que celle où je connus enfin qu’après moi Mlle Stangerson
+aurait à ses côtés, pour l’aimer et continuer nos travaux communs,
+un être que j’aime et que j’estime pour son grand coeur et pour sa
+science. Or, monsieur le chef de la Sûreté, deux jours avant le
+crime, par je ne sais quel retour de sa volonté, ma fille m’a
+déclaré qu’elle n’épouserait pas M. Robert Darzac.»
+
+Il y eut ici un silence pesant. La minute était grave. M Dax
+reprit:
+
+«Et Mlle Stangerson ne vous a donné aucune explication, ne vous a
+point dit pour quel motif? ...
+
+-- Elle m’a dit qu’elle était trop vieille maintenant pour se
+marier... qu’elle avait attendu trop longtemps... qu’elle avait
+bien réfléchi... qu’elle estimait et même qu’elle aimait M. Robert
+Darzac... mais qu’il valait mieux que les choses en restassent
+là... que l’on continuerait le passé... qu’elle serait heureuse
+même de voir les liens de pure amitié qui nous attachaient à M.
+Robert Darzac nous unir d’une façon encore plus étroite, mais
+qu’il fût bien entendu qu’on ne lui parlerait jamais plus de
+mariage.
+
+-- Voilà qui est étrange! murmura M Dax.
+
+-- Étrange»,répéta M. de Marquet.
+
+M. Stangerson, avec un pâle et glacé sourire, dit:
+
+«Ce n’est point de ce côté, monsieur, que vous trouverez le mobile
+du crime.»
+
+M Dax:
+
+«En tout cas, fit-il d’une voix impatiente, le mobile n’est pas le
+vol!
+
+-- Oh! nous en sommes sûrs!», s’écria le juge d’instruction.
+
+À ce moment la porte du laboratoire s’ouvrit et le brigadier de
+gendarmerie apporta une carte au juge d’instruction. M. de Marquet
+lut et poussa une sourde exclamation;puis:
+
+«Ah! voilà qui est trop fort!
+
+-- Qu’est-ce? demanda le chef de la Sûreté.
+
+-- La carte d’un petit reporter de _L’Époque_, M. Joseph
+Rouletabille, et ces mots: «L’un des mobiles du crime a été le
+vol!»
+
+Le chef de la Sûreté sourit:
+
+«Ah! Ah! le jeune Rouletabille... j’en ai déjà entendu parler...
+il passe pour ingénieux... Faites-le donc entrer, monsieur le juge
+d’instruction.»
+
+Et l’on fit entrer M. Joseph Rouletabille. J’avais fait sa
+connaissance dans le train qui nous avait amenés, ce matin-là, à
+Épinay-sur-Orge. Il s’était introduit, presque malgré moi, dans
+notre compartiment et j’aime mieux dire tout de suite que ses
+manières et sa désinvolture, et la prétention qu’il semblait avoir
+de comprendre quelque chose dans une affaire où la justice ne
+comprenait rien, me l’avaient fait prendre en grippe. Je n’aime
+point les journalistes. Ce sont des esprits brouillons et
+entreprenants qu’il faut fuir comme la peste. Cette sorte de gens
+se croit tout permis et ne respecte rien. Quand on a eu le malheur
+de leur accorder quoi que ce soit et de se laisser approcher par
+eux, on est tout de suite débordé et il n’est point d’ennuis que
+l’on ne doive redouter. Celui-ci paraissait une vingtaine d’années
+à peine, et le toupet avec lequel il avait osé nous interroger et
+discuter avec nous me l’avait rendu particulièrement odieux. Du
+reste, il avait une façon de s’exprimer qui attestait qu’il se
+moquait outrageusement de nous. Je sais bien que le journal
+_L’Époque_ est un organe influent avec lequel il faut savoir
+«composer», mais encore ce journal ferait bien de ne point prendre
+ses rédacteurs à la mamelle.
+
+M. Joseph Rouletabille entra donc dans le laboratoire, nous salua
+et attendit que M. de Marquet lui demandât de s’expliquer.
+
+«Vous prétendez, monsieur, dit celui-ci, que vous connaissez le
+mobile du crime, et que ce mobile, contre toute évidence, serait
+le vol?
+
+-- Non, monsieur le juge d’instruction, je n’ai point prétendu
+cela. Je ne dis pas que le mobile du crime a été le vol _et je ne
+le_ _crois pas._
+
+-- Alors, que signifie cette carte?
+
+-- Elle signifie que _l’un des mobiles_ du crime a été le vol.
+
+Qu’est-ce qui vous a renseigné?
+
+-- Ceci! si vous voulez bien m’accompagner.»
+
+Et le jeune homme nous pria de le suivre dans le vestibule, ce que
+nous fîmes. Là, il se dirigea du côté du lavatory et pria M. le
+juge d’instruction de se mettre à genoux à côté de lui. Ce
+lavatory recevait du jour par sa porte vitrée et, quand la porte
+était ouverte, la lumière qui y pénétrait était suffisante pour
+l’éclairer parfaitement. M. de Marquet et M Joseph Rouletabille
+s’agenouillèrent sur le seuil. Le jeune homme montrait un endroit
+de la dalle.
+
+«Les dalles du lavatory n’ont point été lavées par le père
+Jacques, fit-il, depuis un certain temps; cela se voit à la couche
+de poussière qui les recouvre. Or, voyez, à cet endroit, la marque
+de deux larges semelles et de cette cendre noire qui accompagne
+partout les pas de l’assassin. Cette cendre n’est point autre
+chose que la poussière de charbon qui couvre le sentier que l’on
+doit traverser pour venir directement, à travers la forêt,
+d’Épinay au Glandier. Vous savez qu’à cet endroit il y a un petit
+hameau de charbonniers et qu’on y fabrique du charbon de bois en
+grande quantité. Voilà ce qu’a dû faire l’assassin: il a pénétré
+ici l’après-midi quand il n’y eut plus personne au pavillon, et il
+a perpétré son vol.
+
+-- Mais quel vol? Où voyez-vous le vol? Qui vous prouve le vol?
+nous écriâmes nous tous en même temps.
+
+-- Ce qui m’a mis sur la trace du vol, continua le journaliste...
+
+-- C’est ceci! interrompit M. de Marquet, toujours à genoux.
+
+-- Évidemment», fit M. Rouletabille.
+
+Et M. de Marquet expliqua qu’il y avait, en effet, sur la
+poussière des dalles, à côté de la trace des deux semelles,
+l’empreinte fraîche d’un lourd paquet rectangulaire, et qu’il
+était facile de distinguer la marque des ficelles qui
+l’enserraient...
+
+«Mais vous êtes donc venu ici, monsieur Rouletabille; j’avais
+pourtant ordonné au père Jacques de ne laisser entrer personne; il
+avait la garde du pavillon.
+
+-- Ne grondez pas le père Jacques, je suis venu ici avec M. Robert
+Darzac.
+
+-- Ah! vraiment...» s’exclama M. de Marquet mécontent, et jetant
+un regard de côté à M. Darzac, lequel restait toujours silencieux.
+
+«Quand j’ai vu la trace du paquet à côté de l’empreinte des
+semelles, je n’ai plus douté du vol, reprit M. Rouletabille. Le
+voleur n’était pas venu avec un paquet... Il avait fait, ici, ce
+paquet, avec les objets volés sans doute, et il l’avait déposé
+dans ce coin, dans le dessein de l’y reprendre au moment de sa
+fuite; _il_ _avait déposé aussi, à côté de son paquet, ses lourdes
+chaussures;_ car, regardez, aucune trace de pas ne conduit à ces
+chaussures, et les semelles sont à côté l’une de l’autre, _comme
+des semelles au repos et vides de leurs pieds. _Ainsi
+comprendrait-on que l’assassin, quand il s’enfuit de la «Chambre
+Jaune», n’a laissé aucune trace de ses pas dans le laboratoire ni
+dans le vestibule. Après avoir pénétré _avec ses chaussures_ dans
+la «Chambre Jaune», il les y a défaites, sans doute parce qu’elles
+le gênaient ou parce qu’il voulait faire le moins de bruit
+possible. La marque de son passage _aller_ à travers le vestibule
+et le laboratoire a été effacée par le lavage subséquent du père
+Jacques, ce qui nous mène à faire entrer l’assassin dans le
+pavillon par la fenêtre ouverte du vestibule lors de la première
+absence du père Jacques, avant le lavage qui a eu lieu à cinq
+heure et demie!
+
+«L’assassin, après qu’il eut défait ses chaussures, qui,
+certainement le gênaient, les a portées à la main dans le lavatory
+et les y a déposées du seuil, car, sur la poussière du lavatory,
+il n’y a pas trace de pieds nus ou enfermés dans des chaussettes,
+_ou_ _encore dans d’autres chaussures_. Il a donc déposé ses
+chaussures à côté de son paquet. Le vol était déjà, à ce moment,
+accompli. Puis l’homme retourne à la «Chambre Jaune» et s’y glisse
+alors sous le lit où la trace de son corps est parfaitement
+visible sur le plancher et même sur la natte qui a été, à cet
+endroit, légèrement roulée et très froissée. Des brins de paille
+même, fraîchement arrachés, témoignent également du passage de
+l’assassin sous le lit...
+
+-- Oui, oui, cela nous le savons... dit M. de Marquet.
+
+-- Ce retour sous le lit prouve que le vol, continua cet étonnant
+gamin de journaliste, _n’était point le seul mobile de la_ _venue
+de l’homme_. Ne me dites point qu’il s’y serait aussitôt réfugié
+en apercevant, par la fenêtre du vestibule, soit le père Jacques,
+soit M. et Mlle Stangerson s’apprêtant à rentrer dans le pavillon.
+Il était beaucoup plus facile pour lui de grimper au grenier, et,
+caché, d’attendre une occasion de se sauver, _si son_ _dessein
+n’avait été que de fuir._ Non! Non! _Il fallait que l’assassin_
+_fût dans la «Chambre Jaune»..._
+
+Ici, le chef de la Sûreté intervint:
+
+«Ça n’est pas mal du tout, cela, jeune homme! mes félicitations...
+et si nous ne savons pas encore comment l’assassin est parti, nous
+suivons déjà, pas à pas, son entrée ici, et nous voyons ce qu’il y
+a fait: il a volé. Mais qu’a-t-il donc volé?
+
+-- Des choses extrêmement précieuses», répondit le reporter.
+
+À ce moment, nous entendîmes un cri qui partait du laboratoire.
+Nous nous y précipitâmes, et nous y trouvâmes M. Stangerson qui,
+les yeux hagards, les membres agités, nous montrait une sorte de
+meuble-bibliothèque qu’il venait d’ouvrir et qui nous apparut
+vide.
+
+Au même instant, il se laissa aller dans le grand fauteuil qui
+était poussé devant le bureau et gémit:
+
+«Encore une fois, je suis volé...»
+
+Et puis une larme, une lourde larme, coula sur sa joue:
+
+«Surtout, dit-il, qu’on ne dise pas un mot de ceci à ma fille...
+Elle serait encore plus peinée que moi...»
+
+Il poussa un profond soupir, et, sur le ton d’une douleur que je
+n’oublierai jamais:
+
+«Qu’importe, après tout... _pourvu qu’elle vive! ..._
+
+-- Elle vivra! dit, d’une voix étrangement touchante, Robert
+Darzac.
+
+-- Et nous vous retrouverons les objets volés, fit M Dax. Mais
+qu’y avait-il dans ce meuble?
+
+-- Vingt ans de ma vie, répondit sourdement l’illustre professeur,
+ou plutôt de notre vie, à ma fille et à moi. Oui, nos plus
+précieux documents, les relations les plus secrètes sur nos
+expériences et sur nos travaux, depuis vingt ans, étaient enfermés
+là. C’était une véritable sélection parmi tant de documents dont
+cette pièce est pleine. C’est une perte irréparable pour nous, et,
+j’ose dire, pour la science. Toutes les étapes par lesquelles j’ai
+dû passer pour arriver à la preuve décisive de l’anéantissement de
+la matière, avaient été, par nous, soigneusement énoncées,
+étiquetées, annotées, illustrées de photographies et de dessins.
+Tout cela était rangé là. Le plan de trois nouveaux appareils,
+l’un pour étudier la déperdition, sous l’influence de la lumière
+ultra-violette, des corps préalablement électrisés; l’autre qui
+devait rendre visible la déperdition électrique sous l’action des
+particules de matière dissociée contenue dans les gaz des flammes;
+un troisième, très ingénieux, nouvel électroscope condensateur
+différentiel; tout le recueil de nos courbes traduisant les
+propriétés fondamentales de la substance intermédiaire entre la
+matière pondérable et l’éther impondérable; vingt ans
+d’expériences sur la chimie intra-atomique et sur les équilibres
+ignorés de la matière; un manuscrit que je voulais faire paraître
+sous ce titre: _Les Métaux_ _qui souffrent_. Est-ce que je
+sais?est-ce que je sais? L’homme qui est venu là m’aura tout
+pris... Ma fille et mon oeuvre... mon coeur et mon âme...
+
+Et le grand Stangerson se prit à pleurer comme un enfant.
+
+Nous l’entourions en silence, émus par cette immense détresse. M.
+Robert Darzac, accoudé au fauteuil où le professeur était écroulé,
+essayait en vain de dissimuler ses larmes, ce qui faillit un
+instant me le rendre sympathique, malgré l’instinctive répulsion
+que son attitude bizarre et son émoi souvent inexpliqué m’avaient
+inspirée pour son énigmatique personnage.
+
+M Joseph Rouletabille, seul, comme si son précieux temps et sa
+mission sur la terre ne lui permettaient point de s’appesantir sur
+la misère humaine, s’était rapproché, fort calme, du meuble vide
+et, le montrant au chef de la Sûreté, rompait bientôt le religieux
+silence dont nous honorions le désespoir du grand Stangerson. Il
+nous donna quelques explications, dont nous n’avions que faire,
+sur la façon dont il avait été amené à croire à un vol, par la
+découverte simultanée qu’il avait faite des traces dont j’ai parlé
+plus haut dans le lavatory, et de la vacuité de ce meuble précieux
+dans le laboratoire. Il n’avait fait, nous disait-il, que passer
+dans le laboratoire; mais la première chose qui l’avait frappé
+avait été la forme étrange du meuble, sa solidité, sa construction
+en fer qui le mettait à l’abri d’un accident par la flamme, et le
+fait qu’un meuble comme celui-ci, destiné à conserver des objets
+auxquels on devait tenir par-dessus tout, avait, sur sa porte de
+fer, «sa clef». «On n’a point d’ordinaire un coffre-fort pour le
+laisser ouvert...» Enfin, cette petite clef, à tête de cuivre, des
+plus compliquées, avait attiré, paraît-il, l’attention de M.
+Joseph Rouletabille, alors qu’elle avait endormi la nôtre. Pour
+nous autres, qui ne sommes point des enfants, la présence d’une
+clef sur un meuble éveille plutôt une idée de sécurité, mais pour
+M. Joseph Rouletabille, qui est évidemment un génie --comme dit
+José Dupuy dans _Les cinq cents millions de Gladiator_. «Quel
+génie! Quel dentiste!» -- la présence d’une clef sur une serrure
+éveille l’idée du vol. Nous en sûmes bientôt la raison.
+
+Mais, auparavant que de vous la faire connaître, je dois rapporter
+que M. de Marquet me parut fort perplexe, ne sachant s’il devait
+se réjouir du pas nouveau que le petit reporter avait fait faire à
+l’instruction ou s’il devait se désoler de ce que ce pas n’eût pas
+été fait par lui. Notre profession comporte de ces déboires, mais
+nous n’avons point le droit d’être pusillanime et nous devons
+fouler aux pieds notre amour-propre quand il s’agit du bien
+général. Aussi M. de Marquet triompha-t-il de lui-même et trouva-
+t-il bon de mêler enfin ses compliments à ceux de M Dax, qui, lui,
+ne les ménageait pas à M. Rouletabille. Le gamin haussa les
+épaules, disant: «il n’y a pas de quoi!» Je lui aurais flanqué une
+gifle avec satisfaction, surtout dans le moment qu’il ajouta:
+
+«Vous feriez bien, monsieur, de demander à M. Stangerson qui avait
+la garde ordinaire de cette clef?
+
+-- Ma fille, répondit M. Stangerson. Et cette clef ne la quittait
+jamais.
+
+-- Ah! mais voilà qui change l’aspect des choses et qui ne
+correspond plus avec la conception de M. Rouletabille, s’écria M.
+de Marquet. Si cette clef ne quittait jamais Mlle Stangerson,
+l’assassin aurait donc attendu Mlle Stangerson cette nuit-là, dans
+sa chambre, pour lui voler cette clef, et le vol n’aurait eu lieu
+qu’_après l’assassinat!_ Mais, après l’assassinat, il y avait
+quatre personnes dans le laboratoire! ... Décidément, je n’y
+comprends plus rien! ...»
+
+Et M. de Marquet répéta, avec une rage désespérée, qui devait être
+pour lui le comble de l’ivresse, car je ne sais si j’ai déjà dit
+qu’il n’était jamais aussi heureux que lorsqu’il ne comprenait
+pas:
+
+«... plus rien!
+
+-- Le vol, répliqua le reporter, ne peut avoir eu lieu qu’_avant_
+_l’assassinat._ C’est indubitable pour la raison que vous croyez
+_et pour d’autres raisons que je crois. Et, quand l’assassin a
+pénétré_ _dans le pavillon, il était déjà en possession de la clef
+à tête de cuivre._
+
+-- Ça n’est pas possible! fit doucement M. Stangerson.
+
+-- C’est si bien possible, monsieur, qu’en voici la preuve.»
+
+Ce diable de petit bonhomme sortit alors de sa poche un numéro de
+_L’Époque_ daté du 21 octobre (je rappelle que le crime a eu lieu
+dans la nuit du 24 au 25), et, nous montrant une annonce, lut:
+
+«-- Il a été perdu hier un réticule de satin noir dans les grands
+magasins de la Louve. Ce réticule contenait divers objets dont une
+petite clef à tête de cuivre. Il sera donné une forte récompense à
+la personne qui l’aura trouvée. Cette personne devra écrire, poste
+restante, au bureau 40, à cette adresse: M.A. T.H.S.N.» Ces
+lettres ne désignent-elles point, continua le reporter, Mlle
+Stangerson? Cette clef à tête de cuivre n’est-elle point cette
+clef-ci? ... Je lis toujours les annonces. Dans mon métier, comme
+dans le vôtre, monsieur le juge d’instruction, il faut toujours
+lire les petites annonces personnelles... Ce qu’on y découvre
+d’intrigues! ... et de clefs d’intrigues! Qui ne sont pas toujours
+à tête de cuivre, et qui n’en sont pas moins intéressantes. Cette
+annonce, particulièrement, par la sorte de mystère dont la femme
+qui avait perdu une clef, objet peu compromettant, s’entourait,
+m’avait frappé. Comme elle tenait à cette clef! Comme elle
+promettait une forte récompense! Et je songeai à ces six lettres:
+M.A.T.H.S.N. Les quatre premières m’indiquaient tout de suite un
+prénom.«Évidemment, faisais-je, «Math, Mathilde ...» la personne
+qui a perdu la clef à tête de cuivre, dans un réticule, s’appelle
+Mathilde! ...» Mais je ne pus rien faire des deux dernières
+lettres. Aussi, rejetant le journal, je m’occupai d’autre chose...
+Lorsque, quatre jours plus tard, les journaux du soir parurent
+avec d’énormes manchettes annonçant l’assassinat de Mlle MATHILDE
+STANGERSON, ce nom de Mathilde me rappela, sans que je fisse aucun
+effort pour cela, machinalement, les lettres de l’annonce.
+Intrigué un peu, je demandai le numéro de ce jour-là à
+l’administration. J’avais oublié les deux dernières lettres: S N.
+Quand je les revis, je ne pus retenir un cri«Stangerson! ...» Je
+sautai dans un fiacre et me précipitai au bureau 40. Je demandai:
+«Avez-vous une lettre avec cette adresse: M.A.T.H.S.N!» L’employé
+me répondit: «Non!» Et comme j’insistais, le priant, le suppliant
+de chercher encore, il me dit: «Ah! çà, monsieur, c’est une
+plaisanterie! ... Oui, j’ai eu une lettre aux initiales
+M.A.T.H.S.N.; mais je l’ai donnée, il y a trois jours, à une dame
+qui me l’a réclamée. Vous venez aujourd’hui me réclamer cette
+lettre à votre tour. Or, avant-hier, un monsieur, avec la même
+insistance désobligeante, me la demandait encore! ... J’en ai
+assez de cette fumisterie...» Je voulus questionner l’employé sur
+les deux personnages qui avaient déjà réclamé la lettre, mais,
+soit qu’il voulût se retrancher derrière le secret professionnel -
+- il estimait, sans doute, à part lui, en avoir déjà trop dit --
+soit qu’il fût vraiment excédé d’une plaisanterie possible, il ne
+me répondit plus...»
+
+Rouletabille se tut. Nous nous taisions tous. Chacun tirait les
+conclusions qu’il pouvait de cette bizarre histoire de lettre
+poste restante. De fait, il semblait maintenant qu’on tenait un
+fil solide par lequel on allait pouvoir suivre cette affaire
+«insaisissable».
+
+M. Stangerson dit:
+
+«Il est donc à peu près certain que ma fille aura perdu cette
+clef, qu’elle n’a point voulu m’en parler pour m’éviter toute
+inquiétude et qu’elle aura prié celui ou celle qui aurait pu
+l’avoir trouvée d’écrire poste restante. Elle craignait évidemment
+que, donnant notre adresse, ce fait occasionnât des démarches qui
+m’auraient appris la perte de la clef. C’est très logique et très
+naturel. _Car j’ai déjà été volé, monsieur!_
+
+-- Où cela? Et quand? demanda le directeur de la Sûreté.
+
+-- Oh! Il y a de nombreuses années, en Amérique, à Philadelphie.
+On m’a volé dans mon laboratoire le secret de deux inventions qui
+eussent pu faire la fortune d’un peuple... Non seulement je n’ai
+jamais su qui était le voleur, mais je n’ai jamais entendu parler
+de l’objet du «vol» sans doute parce que, pour déjouer les calculs
+de celui qui m’avait ainsi pillé, j’ai lancé moi-même dans le
+domaine public ces deux inventions, rendant inutile le larcin.
+C’est depuis cette époque que je suis très soupçonneux, que je
+m’enferme hermétiquement quand je travaille. Tous les barreaux de
+ces fenêtres, l’isolement de ce pavillon, ce meuble que j’ai fait
+construire moi-même, cette serrure spéciale, cette clef unique,
+tout cela est le résultat de mes craintes inspirées par une triste
+expérience.»
+
+M. Dax déclara: «Très intéressant!» et M. Joseph Rouletabille
+demanda des nouvelles du réticule. Ni M. Stangerson, ni le père
+Jacques n’avaient, depuis quelques jours, vu le réticule de Mlle
+Stangerson. Nous devions apprendre, quelques heures plus tard, de
+la bouche même de Mlle Stangerson, que ce réticule lui avait été
+volé ou qu’elle l’avait perdu, et que les choses s’étaient passées
+de la sorte que nous les avaient expliquées son père; qu’elle
+était allée, le 23 octobre, au bureau de poste 40, et qu’on lui
+avait remis une lettre qui n’était, affirma-t-elle, que celle d’un
+mauvais plaisant. Elle l’avait immédiatement brûlée.
+
+Pour en revenir à notre interrogatoire, ou plutôt à notre
+«conversation», je dois signaler que le chef de la Sûreté, ayant
+demandé à M. Stangerson dans quelles conditions sa fille était
+allée à Paris le 20 octobre, jour de la perte du réticule, nous
+apprîmes ainsi qu’elle s’était rendue dans la capitale,
+«accompagnée de M. Robert Darzac, que l’on n’avait pas revu au
+château depuis cet instant jusqu’au lendemain du crime». Le fait
+que M. Robert Darzac était aux côtés de Mlle Stangerson, dans les
+grands magasins de la Louve quand le réticule avait disparu, ne
+pouvait passer inaperçu et retint, il faut le dire, assez
+fortement notre attention.
+
+Cette conversation entre magistrats, prévenus, victime, témoins et
+journaliste allait prendre fin quand se produisit un véritable
+coup de théâtre; ce qui n’est jamais pour déplaire à M. de
+Marquet. Le brigadier de gendarmerie vint nous annoncer que
+Frédéric Larsan demandait à être introduit, ce qui lui fut
+immédiatement accordé. Il tenait à la main une grossière paire de
+chaussures vaseuses qu’il jeta dans le laboratoire.
+
+«Voilà, dit-il, les souliers que chaussait l’assassin! Les
+reconnaissez-vous, père Jacques?
+
+Le père Jacques se pencha sur ce cuir infect et, tout stupéfait,
+reconnut de vieilles chaussures à lui qu’il avait jetées il y
+avait déjà un certain temps au rebut, dans un coin du grenier; il
+était tellement troublé qu’il dut se moucher pour dissimuler son
+émotion.
+
+Alors, montrant le mouchoir dont se servait le père Jacques,
+Frédéric Larsan dit:
+
+«Voilà un mouchoir qui ressemble étonnamment à celui qu’on a
+trouvé dans la «Chambre Jaune».
+
+-- Ah! je l’sais ben, fit le père Jacques en tremblant; ils sont
+quasiment pareils.
+
+-- Enfin, continua Frédéric Larsan, le vieux béret basque trouvé
+également dans la «Chambre Jaune» aurait pu autrefois coiffer le
+chef du père Jacques. Tout ceci, monsieur le chef de la Sûreté et
+monsieur le juge d’instruction, prouve, selon moi -- remettez-
+vous, bonhomme! fit-il au père Jacques qui défaillait --tout ceci
+prouve, selon moi, que l’assassin a voulu déguiser sa véritable
+personnalité. Il l’a fait d’une façon assez grossière ou du moins
+qui nous apparaît telle_, parce que nous sommes sûrs que
+l’assassin n’est pas le père Jacques, qui n’a pas quitté M.
+Stangerson_. Mais imaginez que M. Stangerson, ce soir-là, n’ait
+pas prolongé sa veille; qu’après avoir quitté sa fille il ait
+regagné le château; que Mlle Stangerson ait été assassinée alors
+qu’il n’y avait plus personne dans le laboratoire et que le père
+Jacques dormait dans son grenier: _il n’aurait fait de doute pour
+personne_ _que le père Jacques était l’assassin!_ Celui-ci ne doit
+son salut qu’à ce que le drame a éclaté trop tôt, l’assassin ayant
+cru, sans doute, à cause du silence qui régnait à côté, que le
+laboratoire était vide et que le moment d’agir était venu. L’homme
+qui a pu s’introduire si mystérieusement ici et prendre de telles
+précautions contre le père Jacques était, à n’en pas douter, un
+familier de la maison. À quelle heure exactement s’est-il
+introduit ici? Dans l’après-midi? Dans la soirée? Je ne saurais
+dire... _Un_ _être aussi familier des choses et des gens de ce
+pavillon a dû pénétrer dans la «Chambre Jaune», à son heure._
+
+-- Il n’a pu cependant y entrer quand il y avait du monde dans le
+laboratoire? s’écria M. de Marquet.
+
+-- Qu’en savons-nous, je vous prie! répliqua Larsan... Il y a eu
+le dîner dans le laboratoire, le va-et-vient du service... il y a
+eu une expérience de chimie qui a pu tenir, entre dix et onze
+heures, M. Stangerson, sa fille et le père Jacques autour des
+fourneaux... dans ce coin de la haute cheminée... Qui me dit que
+l’assassin... un familier! un familier! ... n’a pas profité de ce
+moment pour se glisser dans la «Chambre Jaune», après avoir, dans
+le lavatory, retiré ses souliers?
+
+-- C’est bien improbable! fit M. Stangerson.
+
+-- Sans doute, mais ce n’est pas impossible... Aussi je n’affirme
+rien. Quant à sa sortie, c’est autre chose! Comment a-t-il pu
+s’enfuir? _Le plus naturellement du monde!»_
+
+Un instant, Frédéric Larsan se tut. Cet instant nous parut bien
+long. Nous attendions qu’il parlât avec une fièvre bien
+compréhensible.
+
+«Je ne suis pas entré dans la «Chambre Jaune», reprit Frédéric
+Larsan, mais j’imagine que vous avez acquis la preuve qu’on ne
+pouvait en sortir _que par la porte_. C’est par la porte que
+l’assassin est sorti. Or, puisqu’il est impossible qu’il en soit
+autrement, c’est que cela est! Il a commis le crime et il est
+sorti par la porte! À quel moment! Au moment où cela lui a été le
+plus facile, _au moment où cela devient le plus explicable,_
+tellement explicable qu’il ne saurait y avoir d’autre explication.
+Examinons donc les «moments»qui ont suivi le crime. Il y a le
+premier moment, pendant lequel se trouvent, devant la porte, prêts
+à lui barrer le chemin, M. Stangerson et le père Jacques. Il y a
+le second moment, pendant lequel, le père Jacques étant un instant
+absent, M. Stangerson se trouve tout seul devant la porte. Il y a
+le troisième moment, pendant lequel M. Stangerson est rejoint par
+le concierge. Il y a le quatrième moment, pendant lequel se
+trouvent devant la porte M. Stangerson, le concierge, sa femme et
+le père Jacques. Il y a le cinquième moment, pendant lequel la
+porte est défoncée et la «Chambre Jaune» envahie. _Le moment_ _où
+la fuite est le plus explicable est le moment même où il y a le
+moins de personnes devant la porte. Il y a un moment où il n’y en_
+_a plus qu’une: c’est celui où M. Stangerson reste seul devant la_
+_porte._ À moins d’admettre la complicité de silence du père
+Jacques, et je n’y crois pas, car le père Jacques ne serait pas
+sorti du pavillon pour aller examiner la fenêtre de la «Chambre
+Jaune», s’il avait vu s’ouvrir la porte et sortir l’assassin. _La
+porte_ _ne s’est donc ouverte que devant M. Stangerson seul, et
+l’homme_ _est sorti._ Ici, nous devons admettre que M. Stangerson
+avait de puissantes raisons pour ne pas arrêter ou pour ne pas
+faire arrêter l’assassin, puisqu’il l’a laissé gagner la fenêtre
+du vestibule et qu’il a refermé cette fenêtre derrière lui! ...
+Ceci fait, comme le père Jacques allait rentrer _et qu’il fallait
+qu’il retrouvât les choses_ _en l’état,_ Mlle Stangerson,
+horriblement blessée, a trouvé encore la force, sans doute sur les
+objurgations de son père, de refermer à nouveau la porte de la
+«Chambre Jaune» à clef et au verrou avant de s’écrouler, mourante,
+sur le plancher... Nous ne savons qui a commis le crime; nous ne
+savons de quel misérable M. et Mlle Stangerson sont les victimes;
+mais il n’y a point de doute qu’ils le savent, eux! Ce secret doit
+être terrible pour que le père n’ait pas hésité à laisser sa fille
+agonisante derrière cette porte qu’elle refermait sur elle,
+terrible pour qu’il ait laissé échapper l’assassin... Mais il n’y
+a point d’autre façon au monde d’expliquer la fuite de l’assassin
+de la «Chambre Jaune!»
+
+Le silence qui suivit cette explication dramatique et lumineuse
+avait quelque chose d’affreux. Nous souffrions tous pour
+l’illustre professeur, acculé ainsi par l’impitoyable logique de
+Frédéric Larsan à nous avouer la vérité de son martyre ou à se
+taire, aveu plus terrible encore. Nous le vîmes se lever, cet
+homme, véritable statue de la douleur, et étendre la main d’un
+geste si solennel que nous en courbâmes la tête comme à l’aspect
+d’une chose sacrée. Il prononça alors ces paroles d’une voix
+éclatante qui sembla épuiser toutes ses forces:
+
+«Je jure, sur la tête de ma fille à l’agonie, que je n’ai point
+quitté cette porte, de l’instant où j’ai entendu l’appel désespéré
+de mon enfant, que cette porte ne s’est point ouverte pendant que
+j’étais seul dans mon laboratoire, et qu’enfin, quand nous
+pénétrâmes dans la «Chambre Jaune», mes trois domestiques et moi,
+l’assassin n’y était plus! Je jure que je ne connais pas
+l’assassin!»
+
+Faut-il que je dise que, malgré la solennité d’un pareil serment,
+nous ne crûmes guère à la parole de M. Stangerson? Frédéric Larsan
+venait de nous faire entrevoir la vérité: ce n’était point pour la
+perdre de si tôt.
+
+Comme M. de Marquet nous annonçait que la «conversation» était
+terminée et que nous nous apprêtions à quitter le laboratoire, le
+jeune reporter, ce gamin de Joseph Rouletabille, s’approcha de M.
+Stangerson, lui prit la main avec le plus grand respect et je
+l’entendis qui disait:
+
+«Moi, je vous crois, monsieur!»
+
+J’arrête ici la citation que j’ai cru devoir faire de la narration
+de M. Maleine, greffier au tribunal de Corbeil. Je n’ai point
+besoin de dire au lecteur que tout ce qui venait de se passer dans
+le laboratoire me fut fidèlement et aussitôt rapporté par
+Rouletabille lui-même.
+
+
+
+XII
+La canne de Frédéric Larsan
+
+
+Je ne me disposai à quitter le château que vers six heures du
+soir, emportant l’article que mon ami avait écrit à la hâte dans
+le petit salon que M. Robert Darzac avait fait mettre à notre
+disposition. Le reporter devait coucher au château, usant de cette
+inexplicable hospitalité que lui avait offerte M. Robert Darzac,
+sur qui M. Stangerson, en ces tristes moments, se reposait de tous
+les tracas domestiques. Néanmoins il voulut m’accompagner jusqu’à
+la gare d’Épinay. En traversant le parc, il me dit:
+
+«Frédéric Larsan est réellement très fort et n’a pas volé sa
+réputation. Vous savez comment il est arrivé à retrouver les
+souliers du père Jacques! Près de l’endroit où nous avons remarqué
+les traces des «pas élégants» et la disparition des empreintes des
+gros souliers, un creux rectangulaire dans la terre fraîche
+attestait qu’il y avait eu là, récemment, une pierre. Larsan
+rechercha cette pierre sans la trouver et imagina tout de suite
+qu’elle avait servi à l’assassin à maintenir au fond de l’étang
+les souliers dont l’homme voulait se débarrasser. Le calcul de
+Fred était excellent et le succès de ses recherches l’a prouvé.
+Ceci m’avait échappé; mais il est juste de dire que mon esprit
+était déjà parti par ailleurs, car, _par le trop grand nombre de
+faux_ _témoignages de son passage laissé par l’assassin_ et par la
+mesure des pas noirs correspondant à la mesure des pas du père
+Jacques, que j’ai établie sans qu’il s’en doutât sur le plancher
+de la «Chambre Jaune», la preuve était déjà faite, à mes yeux, que
+l’assassin avait voulu détourner le soupçon du côté de ce vieux
+serviteur. C’est ce qui m’a permis de dire à celui-ci, si vous
+vous le rappelez, que, puisque l’on avait trouvé un béret dans
+cette chambre fatale, il devait ressembler au sien, et de lui
+faire une description du mouchoir en tous points semblable à celui
+dont je l’avais vu se servir. Larsan et moi, nous sommes d’accord
+jusque-là, mais nous ne le sommes plus à partir de là, ET CELA VA
+ÊTRE TERRIBLE, car il marche de bonne foi à une erreur qu’il va me
+falloir combattre avec rien!»
+
+Je fus surpris de l’accent profondément grave dont mon jeune ami
+prononça ces dernières paroles.
+
+Il répéta encore:
+
+«OUI, TERRIBLE, TERRIBLE!... Mais est-ce vraiment ne combattre
+avec rien, que de combattre «avec l’idée»!
+
+À ce moment nous passions derrière le château. La nuit était
+tombée. Une fenêtre au premier étage était entrouverte. Une faible
+lueur en venait, ainsi que quelques bruits qui fixèrent notre
+attention. Nous avançâmes jusqu’à ce que nous ayons atteint
+l’encoignure d’une porte qui se trouvait sous la fenêtre.
+Rouletabille me fit comprendre d’un mot prononcé à voix basse que
+cette fenêtre donnait sur la chambre de Mlle Stangerson. Les
+bruits qui nous avaient arrêtés se turent, puis reprirent un
+instant. C’étaient des gémissements étouffés... nous ne pouvions
+saisir que trois mots qui nous arrivaient distinctement: «Mon
+pauvre Robert!» Rouletabille me mit la main sur l’épaule, se
+pencha à mon oreille:
+
+«Si nous pouvions savoir, me dit-il, ce qui se dit dans cette
+chambre, mon enquête serait vite terminée...»
+
+Il regarda autour de lui; l’ombre du soir nous enveloppait; nous
+ne voyions guère plus loin que l’étroite pelouse bordée d’arbres
+qui s’étendait derrière le château. Les gémissements s’étaient tus
+à nouveau.
+
+«Puisqu’on ne peut pas entendre, continua Rouletabille, on va au
+moins essayer de voir...»
+
+Et il m’entraîna, en me faisant signe d’étouffer le bruit de mes
+pas, au delà de la pelouse jusqu’au tronc pâle d’un fort bouleau
+dont on apercevait la ligne blanche dans les ténèbres. Ce bouleau
+s’élevait juste en face de la fenêtre qui nous intéressait et ses
+premières branches étaient à peu près à hauteur du premier étage
+du château. Du haut de ces branches on pouvait certainement voir
+ce qui se passait dans la chambre de Mlle Stangerson; et telle
+était bien la pensée de Rouletabille, car, m’ayant ordonné de me
+tenir coi, il embrassa le tronc de ses jeunes bras vigoureux et
+grimpa. Il se perdit bientôt dans les branches, puis il y eut un
+grand silence.
+
+Là-bas, en face de moi, la fenêtre entrouverte était toujours
+éclairée. Je ne vis passer sur cette lueur aucune ombre. L’arbre,
+au-dessus de moi, restait silencieux; j’attendais; tout à coup mon
+oreille perçut, dans l’arbre, ces mots:
+
+«Après vous! ...
+
+-- Après vous, je vous en prie!»
+
+On dialoguait, là-haut, au-dessus de ma tête... on se faisait des
+politesses, et quelle ne fut pas ma stupéfaction de voir
+apparaître, sur la colonne lisse de l’arbre, deux formes humaines
+qui bientôt touchèrent le sol! Rouletabille était monté là tout
+seul et redescendait «deux!»
+
+«Bonjour, monsieur Sainclair!»
+
+C’était Frédéric Larsan... Le policier occupait déjà le poste
+d’observation quand mon jeune ami croyait y arriver solitaire...
+Ni l’un ni l’autre, du reste, ne s’occupèrent de mon étonnement.
+Je crus comprendre qu’ils avaient assisté du haut de leur
+observatoire à une scène pleine de tendresse et de désespoir entre
+Mlle Stangerson, étendue dans son lit, et M. Darzac à genoux à son
+chevet. Et déjà chacun semblait en tirer fort prudemment des
+conclusions différentes. Il était facile de deviner que cette
+scène avait produit un gros effet dans l’esprit de Rouletabille,
+«en faveur de M. Robert Darzac», cependant que, dans celui de
+Larsan, elle n’attestait qu’une parfaite hypocrisie servie par un
+art supérieur chez le fiancé de Mlle Stangerson...
+
+Comme nous arrivions à la grille du parc, Larsan nous arrêta:
+
+«Ma canne! s’écria-t-il...
+
+-- Vous avez oublié votre canne? demanda Rouletabille.
+
+-- Oui, répondit le policier... Je l’ai laissée là-bas, auprès de
+l’arbre...»
+
+Et il nous quitta, disant qu’il allait nous rejoindre tout de
+suite...
+
+«Avez-vous remarqué la canne de Frédéric Larsan? me demanda le
+reporter quand nous fûmes seuls. C’est une canne toute neuve...
+que je ne lui ai jamais vue... Il a l’air d’y tenir beaucoup... il
+ne la quitte pas... On dirait qu’il a peur qu’elle ne soit tombée
+dans des mains étrangères... Avant ce jour, _je n’ai_ _jamais vu
+de canne à Frédéric Larsan..._ Où a-t-il trouvé cette canne-là?
+_Ça n’est pas naturel qu’un homme qui ne porte jamais_ _de canne
+ne fasse plus un pas sans canne, au lendemain du crime_ _du
+Glandier..._ Le jour de notre arrivée au château, quand il nous
+eut aperçus, il remit sa montre dans sa poche et ramassa par terre
+sa canne, geste auquel j’eus peut-être tort de n’attacher aucune
+importance!»
+
+Nous étions maintenant hors du parc; Rouletabille ne disait
+rien... Sa pensée, certainement, n’avait pas quitté la canne de
+Frédéric Larsan. J’en eus la preuve quand, en descendant la côte
+d’Épinay, il me dit:
+
+«Frédéric Larsan est arrivé au Glandier avant moi; il a commencé
+son enquête avant moi; il a eu le temps de savoir des choses que
+je ne sais pas et a pu trouver des choses que je ne sais pas... Où
+a-t-il trouvé cette canne-là? ...
+
+Et il ajouta:
+
+«Il est probable que son soupçon -- plus que son soupçon, son
+raisonnement -- qui va aussi directement à Robert Darzac, doit
+être servi par quelque chose de palpable qu’il palpe, «lui», et
+que je ne palpe pas, moi... Serait-ce cette canne? ... Où diable
+a-t-il pu trouver cette canne-là? ...»
+
+À Épinay, il fallut attendre le train vingt minutes; nous entrâmes
+dans un cabaret. Presque aussitôt, derrière nous, la porte se
+rouvrait et Frédéric Larsan faisait son apparition, brandissant la
+fameuse canne...
+
+«Je l’ai retrouvée!» nous fit-il en riant.
+
+Tous trois nous nous assîmes à une table. Rouletabille ne quittait
+pas des yeux la canne; il était si absorbé qu’il ne vit pas un
+signe d’intelligence que Larsan adressait à un employé du chemin
+de fer, un tout jeune homme dont le menton s’ornait d’une petite
+barbiche blonde mal peignée. L’employé se leva, paya sa
+consommation, salua et sortit. Je n’aurais moi-même attaché aucune
+importance à ce signe s’il ne m’était revenu à la mémoire quelques
+mois plus tard, lors de la réapparition de la barbiche blonde à
+l’une des minutes les plus tragiques de ce récit. J’appris alors
+que la barbiche blonde était un agent de Larsan, chargé par lui de
+surveiller les allées et venues des voyageurs en gare d’Épinay-
+sur-Orge, car Larsan ne négligeait rien de ce qu’il croyait
+pouvoir lui être utile.
+
+Je reportai les yeux sur Rouletabille.
+
+«Ah ça! monsieur Fred! disait-il, depuis quand avez-vous donc une
+canne? ... Je vous ai toujours vu vous promener, moi, les mains
+dans les poches! ...
+
+-- C’est un cadeau qu’on m’a fait, répondit le policier...
+
+-- Il n’y a pas longtemps, insista Rouletabille...
+
+-- Non, on me l’a offerte à Londres...
+
+-- C’est vrai, vous revenez de Londres, monsieur Fred... On peut
+la voir, votre canne? ...
+
+-- Mais, comment donc? ...»
+
+Fred passa la canne à Rouletabille. C’était une grande canne
+bambou jaune à bec de corbin, ornée d’une bague d’or.
+
+Rouletabille l’examinait minutieusement.
+
+«Eh bien, fit-il, en relevant une tête gouailleuse, on vous a
+offert à Londres une canne de France!
+
+-- C’est possible, fit Fred, imperturbable...
+
+-- Lisez la marque ici en lettres minuscules: «Cassette, 6 bis,
+opéra...»
+
+-- On fait bien blanchir son linge à Londres, dit Fred... les
+anglais peuvent bien acheter leurs cannes à Paris...»
+
+Rouletabille rendit la canne. Quand il m’eut mis dans mon
+compartiment, il me dit:
+
+«Vous avez retenu l’adresse?
+
+-- Oui, «Cassette, 6 bis, Opéra...» Comptez sur moi, vous recevrez
+un mot demain matin.»
+
+Le soir même, en effet, à Paris, je voyais M. Cassette, marchand
+de cannes et de parapluies, et j’écrivais à mon ami:
+«Un homme répondant à s’y méprendre au signalement de M. Robert
+Darzac, même taille, légèrement voûté, même collier de barbe,
+pardessus mastic, chapeau melon, est venu acheter une canne
+pareille à celle qui nous intéresse le soir même du crime, vers
+huit heures.
+
+M. Cassette n’en a point vendu de semblable depuis deux ans. La
+canne de Fred est neuve. Il s’agit donc bien de celle qu’il a
+entre les mains. Ce n’est pas lui qui l’a achetée puisqu’il se
+trouvait alors à Londres. Comme vous, je pense «qu’il l’a trouvée
+quelque part autour de M. Robert Darzac...» Mais alors, si, comme
+vous le prétendez, l’assassin était dans la «Chambre Jaune» depuis
+cinq heures, ou même six heures, comme le drame n’a eu lieu que
+vers minuit, l’achat de cette canne procure un alibi irréfutable à
+M. Robert Darzac.»
+
+
+XIII
+«Le presbytère n’a rien perdu de son charme ni le jardin de son
+éclat»
+
+
+Huit jours après les événements que je viens de raconter,
+exactement le 2 novembre, je recevais à mon domicile, à Paris, un
+télégramme ainsi libellé: «Venez au Glandier, par premier train.
+Apportez revolvers. Amitiés. Rouletabille.»
+Je vous ai déjà dit, je crois, qu’à cette époque, jeune avocat
+stagiaire et à peu près dépourvu de causes, je fréquentais le
+Palais, plutôt pour me familiariser avec mes devoirs
+professionnels, que pour défendre la veuve et l’orphelin. Je ne
+pouvais donc m’étonner que Rouletabille disposât ainsi de mon
+temps; et il savait du reste combien je m’intéressais à ses
+aventures journalistiques en général et surtout à l’affaire du
+Glandier. Je n’avais eu de nouvelles de celle-ci, depuis huit
+jours, que par les innombrables racontars des journaux et par
+quelques notes très brèves, de Rouletabille dans _L’Époque._ Ces
+notes avaient divulgué le coup de «l’os de mouton» et nous avaient
+appris qu’à l’analyse les marques laissées sur l’os de mouton
+s’étaient révélées «de sang humain»; il y avait là les traces
+fraîches «du sang de Mlle Stangerson»; les traces anciennes
+provenaient d’autres crimes pouvant remonter à plusieurs années...
+
+Vous pensez si l’affaire défrayait la presse du monde entier.
+Jamais illustre crime n’avait intrigué davantage les esprits. Il
+me semblait bien cependant que l’instruction n’avançait guère;
+aussi eussé-je été très heureux de l’invitation que me faisait mon
+ami de le venir rejoindre au Glandier, si la dépêche n’avait
+contenu ces mots: «Apportez revolvers.»
+
+Voilà qui m’intriguait fort. Si Rouletabille me télégraphiait
+d’apporter des revolvers, c’est qu’il prévoyait qu’on aurait
+l’occasion de s’en servir. Or, je l’avoue sans honte: je ne suis
+point un héros. Mais quoi! il s’agissait, ce jour-là, d’un ami
+sûrement dans l’embarras qui m’appelait, sans doute, à son aide;
+je n’hésitai guère; et, après avoir constaté que le seul revolver
+que je possédais était bien armé, je me dirigeai vers la gare
+d’Orléans. En route, je pensai qu’un revolver ne faisait qu’une
+arme et que la dépêche de Rouletabille réclamait revolvers au
+pluriel; j’entrai chez un armurier et achetai une petite arme
+excellente, que je me faisais une joie d’offrir à mon ami.
+
+J’espérais trouver Rouletabille à la gare d’Épinay, mais il n’y
+était point. Cependant un cabriolet m’attendait et je fus bientôt
+au Glandier. Personne à la grille. Ce n’est que sur le seuil même
+du château que j’aperçus le jeune homme. Il me saluait d’un geste
+amical et me recevait aussitôt dans ses bras en me demandant, avec
+effusion, des nouvelles de ma santé.
+
+Quand nous fûmes dans le petit vieux salon dont j’ai parlé,
+Rouletabille me fit asseoir et me dit tout de suite:
+
+-- Ça va mal!
+
+-- Qu’est-ce qui va mal?
+
+-- Tout!»
+
+Il se rapprocha de moi, et me confia à l’oreille:
+
+«Frédéric Larsan marche à fond contre M. Robert Darzac.»
+
+Ceci n’était point pour m’étonner, depuis que j’avais vu le fiancé
+de Mlle Stangerson pâlir devant la trace de ses pas.
+
+Cependant, j’observai tout de suite:
+
+«Eh bien! Et la canne?
+
+-- La canne! Elle est toujours entre les mains de Frédéric Larsan
+_qui ne la quitte pas..._
+
+-- Mais... ne fournit-elle pas un alibi à M. Robert Darzac?
+
+-- Pas le moins du monde. M. Darzac, interrogé par moi en douceur,
+nie avoir acheté ce soir-là, ni aucun autre soir, une canne chez
+Cassette... Quoi qu’il en soit, fit Rouletabille, «je ne jurerais
+de rien», car M. Darzac _a de si étranges silences_ qu’on ne sait
+exactement ce qu’il faut penser de ce qu’il dit! ...
+
+-- Dans l’esprit de Frédéric Larsan, cette canne doit être une
+bien précieuse canne, une canne à conviction... Mais de quelle
+façon? Car, toujours à cause de l’heure de l’achat, elle ne
+pouvait se trouver entre les mains de l’assassin...
+
+-- L’heure ne gênera pas Larsan... Il n’est pas forcé d’adopter
+mon système qui commence par introduire l’assassin dans la
+«Chambre Jaune», entre cinq et six; qu’est-ce qui l’empêche, lui,
+de l’y faire pénétrer entre dix heures et onze heures du soir? À
+ce moment, justement, M. et Mlle Stangerson, aidés du père
+Jacques, ont procédé à une intéressante expérience de chimie dans
+cette partie du laboratoire occupée par les fourneaux. Larsan dira
+que l’assassin s’est glissé derrière eux, tout invraisemblable que
+cela paraisse... Il l’a déjà fait entendre au juge
+d’instruction... Quand on le considère de près, ce raisonnement
+est absurde, attendu que le familier -- _si familier il_ _y a_ --
+devait savoir que le professeur allait bientôt quitter le
+pavillon; et il y allait de sa sécurité, à lui familier, de
+remettre ses opérations après ce départ... Pourquoi aurait-il
+risqué de traverser le laboratoire pendant que le professeur s’y
+trouvait? Et puis, quand le familier se serait-il introduit dans
+le pavillon? ... Autant de points à élucider avant d’admettre
+_l’imagination de_ _Larsan._ Je n’y perdrai pas mon temps, quant à
+moi, _car j’ai un_ _système irréfutable_ qui ne me permet point de
+me préoccuper de cette imagination-là! Seulement, comme je suis
+obligé momentanément de me taire et que Larsan, quelquefois,
+parle... il se pourrait que tout finît par s’expliquer contre M.
+Darzac... si je n’étais pas là! ajouta le jeune homme avec
+orgueil. Car il y a contre ce M. Darzac d’autres «signes
+extérieurs» autrement terribles que cette histoire de canne, qui
+reste pour moi incompréhensible, d’autant plus incompréhensible
+que Larsan ne se gêne pas pour se montrer devant M. Darzac avec
+cette canne qui aurait appartenu à M. Darzac lui-même! Je
+comprends beaucoup de choses dans le système de Larsan, mais je ne
+comprends pas encore la canne.
+
+-- Frédéric Larsan est toujours au château?
+
+-- Oui; il ne l’a guère quitté! Il y couche, comme moi, sur la
+prière de M. Stangerson. M. Stangerson a fait pour lui ce que M.
+Robert Darzac a fait pour moi. Accusé par Frédéric Larsan de
+connaître l’assassin et d’avoir permis sa fuite, M. Stangerson a
+tenu à faciliter à son accusateur tous les moyens d’arriver à la
+découverte de la vérité. Ainsi M. Robert Darzac agit-il envers
+moi.
+
+-- Mais vous êtes, vous, persuadé de l’innocence de M. Robert
+Darzac?
+
+-- J’ai cru un instant à la possibilité de sa culpabilité. Ce fut
+à l’heure même où nous arrivions ici pour la première fois. Le
+moment est venu de vous raconter ce qui s’est passé entre M.
+Darzac et moi.»
+
+Ici, Rouletabille s’interrompit et me demanda si j’avais apporté
+les armes. Je lui montrai les deux revolvers. Il les examina, dit:
+«C’est parfait!» et me les rendit.
+
+«En aurons-nous besoin? demandai-je.
+
+-- Sans doute ce soir; nous passons la nuit ici; cela ne vous
+ennuie pas?
+
+-- Au contraire, fis-je avec une grimace qui entraîna le rire de
+Rouletabille.
+
+-- Allons! allons! reprit-il, ce n’est pas le moment de rire.
+Parlons sérieusement. Vous vous rappelez cette phrase qui a été
+le: «Sésame, ouvre-toi!» de ce château plein de mystère?
+
+-- Oui, fis-je, parfaitement: _le presbytère n’a rien perdu de_
+_son charme, ni le jardin de son éclat._ C’est encore cette
+phrase-là, à moitié roussie, que vous avez retrouvée sur un papier
+dans les charbons du laboratoire.
+
+-- Oui, et, en bas de ce papier, la flamme avait respecté cette
+date: «23 octobre.» Souvenez-vous de cette date qui est très
+importante. Je vais vous dire maintenant ce qu’il en est de cette
+phrase saugrenue. Je ne sais si vous savez que, l’avant-veille du
+crime, c’est-à-dire le 23, M. et Mlle Stangerson sont allés à une
+réception à l’Élysée. Ils ont même assisté au dîner, je crois
+bien. Toujours est-il qu’ils sont restés à la réception, «puisque
+je les y ai vus». J’y étais, moi, par devoir professionnel. Je
+devais interviewer un de ces savants de l’Académie de Philadelphie
+que l’on fêtait ce jour-là. Jusqu’à ce jour, je n’avais jamais vu
+ni M. ni Mlle Stangerson. J’étais assis dans le salon qui précède
+le salon des Ambassadeurs, et, las d’avoir été bousculé par tant
+de nobles personnages, je me laissais aller à une vague rêverie,
+_quand je_ _sentis passer le parfum de la dame en noir._ Vous me
+demanderez: «qu’est-ce que le parfum de la dame en noir?» Qu’il
+vous suffise de savoir que c’est un parfum que j’ai beaucoup aimé,
+parce qu’il était celui d’une dame, toujours habillée de noir, qui
+m’a marqué quelque maternelle bonté dans ma première jeunesse. La
+dame qui, ce jour-là, était discrètement imprégnée du «parfum de
+la dame en noir» était habillée de blanc. Elle était
+merveilleusement belle. Je ne pus m’empêcher de me lever et de la
+suivre, elle et son parfum. Un homme, un vieillard, donnait le
+bras à cette beauté. Chacun se détournait sur leur passage, et
+j’entendis que l’on murmurait: «C’est le professeur Stangerson et
+sa fille!» C’est ainsi que j’appris qui je suivais. Ils
+rencontrèrent M. Robert Darzac que je connaissais de vue. Le
+professeur Stangerson, abordé par l’un des savants américains,
+Arthur-William Rance, s’assit dans un fauteuil de la grande
+galerie, et M. Robert Darzac entraîna Mlle Stangerson dans les
+serres. Je suivais toujours. Il faisait, ce soir-là, un temps très
+doux; les portes sur le jardin étaient ouvertes. Mlle Stangerson
+jeta un fichu léger sur ses épaules et je vis bien que c’était
+elle qui priait M. Darzac de pénétrer avec elle dans la quasi-
+solitude du jardin. Je suivis encore, intéressé par l’agitation
+que marquait alors M. Robert Darzac. Ils se glissaient maintenant,
+à pas lents, le long du mur qui longe l’avenue Marigny. Je pris
+par l’allée centrale. Je marchais parallèlement à mes deux
+personnages. Et puis, je «coupai»à travers la pelouse pour les
+croiser. La nuit était obscure, l’herbe étouffait mes pas. Ils
+étaient arrêtés dans la clarté vacillante d’un bec de gaz et
+semblaient, penchés tous les deux sur un papier que tenait Mlle
+Stangerson, lire quelque chose qui les intéressait fort. Je
+m’arrêtai, moi aussi. J’étais entouré d’ombre et de silence. Ils
+ne m’aperçurent point, et j’entendis distinctement Mlle Stangerson
+qui répétait, en repliant le papier: _«le presbytère n’a rien
+perdu de son charme, ni le jardin de son_ _éclat!_ Et ce fut dit
+sur un ton à la fois si railleur et si désespéré, et fut suivi
+d’un éclat de rire si nerveux, que je crois bien que cette phrase
+me restera toujours dans l’oreille. Mais une autre phrase encore
+fut prononcée, celle-ci par M. Robert Darzac: _Me faudra-t-il
+donc, pour vous avoir, commettre un crime?_M. Robert Darzac était
+dans une agitation extraordinaire; il prit la main de Mlle
+Stangerson, la porta longuement à ses lèvres et je pensai, au
+mouvement de ses épaules, qu’il pleurait. Puis, ils s’éloignèrent.
+
+-- Quand j’arrivai dans la grande galerie, continua Rouletabille,
+je ne vis plus M. Robert Darzac, et je ne devais plus le revoir
+qu’au Glandier, après le crime, mais j’aperçus Mlle Stangerson, M.
+Stangerson et les délégués de Philadelphie. Mlle Stangerson était
+près d’Arthur Rance. Celui-ci lui parlait avec animation et les
+yeux de l’Américain, pendant cette conversation, brillaient d’un
+singulier éclat. Je crois bien que Mlle Stangerson n’écoutait même
+pas ce que lui disait Arthur Rance, et son visage exprimait une
+indifférence parfaite. Arthur-William Rance est un homme sanguin,
+au visage couperosé; il doit aimer le gin. Quand M. et Mlle
+Stangerson furent partis, il se dirigea vers le buffet et ne le
+quitta plus. Je l’y rejoignis et lui rendis quelques services,
+dans cette cohue. Il me remercia et m’apprit qu’il repartait pour
+l’Amérique, trois jours plus tard, c’est-à-dire le 26 (le
+lendemain du crime). Je lui parlai de Philadelphie; il me dit
+qu’il habitait cette ville depuis vingt-cinq ans, et que c’est là
+qu’il avait connu l’illustre professeur Stangerson et sa fille.
+Là-dessus, il reprit du champagne et je crus qu’il ne s’arrêterait
+jamais de boire. Je le quittai quand il fut à peu près ivre.
+
+«Telle a été ma soirée, mon cher ami. Je ne sais par quelle sorte
+de précision la double image de M. Robert Darzac et de Mlle
+Stangerson ne me quitta point de la nuit, et je vous laisse à
+penser l’effet que me produisit la nouvelle de l’assassinat de
+Mlle Stangerson. Comment ne pas me souvenir de ces mots: «Me
+faudra-t-il, pour vous avoir, commettre un crime?» Ce n’est
+cependant point cette phrase que je dis à M. Robert Darzac quand
+nous le rencontrâmes au Glandier. Celle où il est question du
+presbytère et du jardin éclatant, que Mlle Stangerson semblait
+avoir lue sur le papier qu’elle tenait à la main, suffit pour nous
+faire ouvrir toutes grandes les portes du château. Croyais-je, à
+ce moment, que M. Robert Darzac était l’assassin? Non! Je ne pense
+pas l’avoir tout à fait cru. À ce moment-là, je ne pensais
+sérieusement «rien». J’étais si peu documenté. «Mais j’avais
+besoin» qu’il me prouvât tout de suite qu’il n’était pas blessé à
+la main. Quand nous fûmes seuls, tous les deux, je lui contai ce
+que le hasard m’avait fait surprendre de sa conversation dans les
+jardins de l’Élysée avec Mlle Stangerson; et, quand je lui eus dit
+que j’avais entendu ces mots: «Me faudra-t-il, pour vous avoir,
+commettre un crime?» il fut tout à fait troublé, mais beaucoup
+moins, certainement, qu’il ne l’avait été par la phrase du
+«presbytère». Ce qui le jeta dans une véritable consternation, ce
+fut d’apprendre, de ma bouche, que, le jour où il allait se
+rencontrer à l’Élysée avec Mlle Stangerson, celle-ci était allée,
+dans l’après-midi, au bureau de poste 40, chercher une lettre qui
+était peut-être celle qu’ils avaient lue tous les deux dans les
+jardins de l’Élysée et qui se terminait par ces mots: «Le
+presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son
+éclat!» cette hypothèse me fut confirmée du reste, depuis, par la
+découverte que je fis, vous vous en souvenez, dans les charbons du
+laboratoire, d’un morceau de cette lettre qui portait la date du
+23 octobre. La lettre avait été écrite et retirée du bureau le
+même jour. Il ne fait point de doute qu’en rentrant de l’Élysée,
+la nuit même, Mlle Stangerson a voulu brûler ce papier
+compromettant. C’est en vain que M. Robert Darzac nia que cette
+lettre eût un rapport quelconque avec le crime. Je lui dis que,
+dans une affaire aussi mystérieuse, il n’avait pas le droit de
+cacher à la justice l’incident de la lettre; que j’étais persuadé,
+moi, que celle-ci avait une importance considérable; que le ton
+désespéré avec lequel Mlle Stangerson avait prononcé la phrase
+fatidique, que ses pleurs, à lui, Robert Darzac, et que cette
+menace d’un crime qu’il avait proférée à la suite de la lecture de
+la lettre, ne me permettaient pas d’en douter. Robert Darzac était
+de plus en plus agité. Je résolus de profiter de mon avantage.
+
+«-- Vous deviez vous marier, monsieur», fis-je négligemment, sans
+plus regarder mon interlocuteur, et tout d’un coup ce mariage
+_devient impossible à cause de l’auteur de cette lettre_, puisque,
+aussitôt la lecture de la lettre, vous parlez d’un crime
+nécessaire pour avoir Mlle Stangerson. IL Y A DONC QUELQU’UN ENTRE
+VOUS ET MLLE STANGERSON, QUELQU’UN QUI LUI DÈFEND DE SE MARIER,
+QUELQU’UN QUI LA TUE AVANT QU’ELLE NE SE MARIE!»
+
+«Et je terminai ce petit discours par ces mots:
+
+«-- Maintenant, monsieur, vous n’avez plus qu’à me confier le nom
+de l’assassin!»
+
+«J’avais dû, sans m’en douter, dire des choses formidables. Quand
+je relevai les yeux sur Robert Darzac, je vis un visage décomposé,
+un front en sueur, des yeux d’effroi.
+
+«-- Monsieur, me dit-il, je vais vous demander une chose, qui va
+peut-être vous paraître insensée, mais en échange de quoi _je_
+_donnerais ma vie_: il ne faut pas parler devant les magistrats de
+ce que vous avez vu et entendu dans les jardins de l’Élysée, ...
+ni devant les magistrats, ni devant personne au monde. Je vous
+jure que je suis innocent et je sais, et je sens, que vous me
+croyez, mais j’aimerais mieux passer pour coupable que de voir les
+soupçons de la justice s’égarer sur cette phrase: «le presbytère
+n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son éclat.» Il faut
+que la justice ignore cette phrase. Toute cette affaire vous
+appartient, monsieur, je vous la donne, _mais oubliez la soirée de
+l’Élysée._ Il y aura pour vous cent autres chemins que celui-là
+qui vous conduiront à la découverte du criminel; je vous les
+ouvrirai, je vous aiderai. Voulez-vous vous installer ici? Parler
+ici en maître? Manger, dormir ici? Surveiller mes actes et les
+actes de tous? Vous serez au Glandier comme si vous en étiez le
+maître, monsieur, _mais oubliez la soirée de l’Élysée.»_
+
+Rouletabille, ici, s’arrêta pour souffler un peu. Je comprenais
+maintenant l’attitude inexplicable de M. Robert Darzac vis-à-vis
+de mon ami, et la facilité avec laquelle celui-ci avait pu
+s’installer sur les lieux du crime. Tout ce que je venais
+d’apprendre ne pouvait qu’exciter ma curiosité. Je demandai à
+Rouletabille de la satisfaire encore. Que s’était-il passé au
+Glandier depuis huit jours? Mon ami ne m’avait-il pas dit qu’il y
+avait maintenant contre M. Darzac des signes extérieurs autrement
+terribles que celui de la canne trouvée par Larsan?
+
+«Tout semble se tourner contre lui, me répondit mon ami, et la
+situation devient extrêmement grave. M. Robert Darzac semble ne
+point s’en préoccuper outre mesure; il a tort; mais rien ne
+l’intéresse que la santé de Mlle Stangerson qui allait
+s’améliorant tous les jours _quand est survenu un événement plus
+mystérieux encore que le mystère de la «Chambre Jaune»!_
+
+-- Ça n’est pas possible! m’écriai-je, et quel événement peut être
+plus mystérieux que le mystère de la «Chambre Jaune»?
+
+-- Revenons d’abord à M. Robert Darzac, fit Rouletabille en me
+calmant. Je vous disais que tout se tourne contre lui. «Les pas
+élégants» relevés par Frédéric Larsan paraissent bien être «les
+pas du fiancé de Mlle Stangerson». L’empreinte de la bicyclette
+peut être l’empreinte de «sa» bicyclette; la chose a été
+contrôlée. Depuis qu’il avait cette bicyclette, il la laissait
+toujours au château. Pourquoi l’avoir emportée à Paris justement à
+ce moment-là? Est-ce qu’il ne devait plus revenir au château? Est-
+ce que la rupture de son mariage devait entraîner la rupture de
+ses relations avec les Stangerson? Chacun des intéressés affirme
+que ces relations devaient continuer. Alors? Frédéric Larsan, lui,
+croit que «tout était rompu». Depuis le jour où Robert Darzac a
+accompagné Mlle Stangerson aux grands magasins de la Louve,
+jusqu’au lendemain du crime, l’ex-fiancé n’est point revenu au
+Glandier. Se souvenir que Mlle Stangerson a perdu son réticule et
+la clef à tête de cuivre quand elle était en compagnie de M.
+Robert Darzac. Depuis ce jour jusqu’à la soirée de l’Élysée, le
+professeur en Sorbonne et Mlle Stangerson ne se sont point vus.
+Mais ils se sont peut-être écrit. Mlle Stangerson est allée
+chercher une lettre poste restante au bureau 40, lettre que
+Frédéric Larsan croit de Robert Darzac, car Frédéric Larsan, qui
+ne sait rien naturellement de ce qui s’est passé à l’Élysée, est
+amené à penser que c’est Robert Darzac lui-même qui a volé le
+réticule et la clef, dans le dessein de forcer la volonté de Mlle
+Stangerson en s’appropriant les papiers les plus précieux du père,
+papiers qu’il aurait restitués sous condition de mariage. Tout
+cela serait d’une hypothèse bien douteuse et presque absurde,
+comme me le disait le grand Fred lui-même, s’il n’y avait pas
+encore autre chose, et autre chose de beaucoup plus grave.
+D’abord, chose bizarre, et que je ne parviens pas à m’expliquer:
+ce serait M. Darzac en personne qui, le 24, serait allé demander
+la lettre au bureau de poste, lettre qui avait été déjà retirée la
+veille par Mlle Stangerson; _la description de l’homme qui s’est
+présenté au guichet répond point par point au signalement de M.
+Robert Darzac. _Celui-ci, aux questions qui lui furent posées, à
+titre de simple renseignement, par le juge d’instruction, nie
+qu’il soit allé au bureau de poste; et moi, je crois M. Robert
+Darzac, car, en admettant même que la lettre ait été écrite par
+lui -- ce que je ne pense pas -- il savait que Mlle Stangerson
+l’avait retirée, puisqu’il la lui avait vue, cette lettre, entre
+les mains, dans les jardins de l’Élysée. Ce n’est donc pas lui qui
+s’est présenté, le lendemain 24, au bureau 40, pour demander une
+lettre qu’il savait n’être plus là. Pour moi, c’est quelqu’un qui
+lui ressemblait étrangement, et c’est bien le voleur du réticule
+qui dans cette lettre devait demander quelque chose à la
+propriétaire du réticule, à Mlle Stangerson, -- «quelque chose
+qu’il ne vit pas venir». Il dut en être stupéfait, et fut amené à
+se demander si la lettre qu’il avait expédiée avec cette
+inscription sur l’enveloppe: M.A.T.H.S.N. avait été retirée. D’où
+sa démarche au bureau de poste et l’insistance avec laquelle il
+réclame la lettre. Puis il s’en va, furieux. La lettre a été
+retirée, et pourtant ce qu’il demandait ne lui a pas été accordé!
+Que demandait-il? Nul ne le sait que Mlle Stangerson. Toujours
+est-il que, le lendemain, on apprenait que Mlle Stangerson avait
+été quasi assassinée dans la nuit, et que je découvrais, le
+surlendemain, moi, que le professeur avait été volé du même coup,
+grâce à cette clef, objet de la lettre poste restante. Ainsi, il
+semble bien que l’homme qui est venu au bureau de poste doive être
+l’assassin; et tout ce raisonnement, des plus logiques en somme,
+sur les raisons de la démarche de l’homme au bureau de poste,
+Frédéric Larsan se l’est tenu, mais, en l’appliquant à Robert
+Darzac. Vous pensez bien que le juge d’instruction, et que Larsan,
+et que moi-même nous avons tout fait pour avoir, au bureau de
+poste, des détails précis sur le singulier personnage du 24
+octobre. Mais on n’a pu savoir d’où il venait ni où il s’en est
+allé! En dehors de cette description qui le fait ressembler à M.
+Robert Darzac, rien! J’ai fait annoncer dans les plus grands
+journaux: «Une forte récompense est promise au cocher qui a
+conduit un client au bureau de poste 40, dans la matinée du 24
+octobre, vers les dix heures. S’adresser à la rédaction de
+_L’Époque_, et demander M. R.» Ça n’a rien donné._ _En somme, cet
+homme est peut-être venu à pied; mais, puisqu’il était pressé,
+c’était une chance à courir qu’il fût venu en voiture. Je n’ai
+pas, dans ma note aux journaux, donné la description de l’homme
+pour que tous les cochers qui pouvaient avoir, vers cette heure-
+là, conduit un client au bureau 40, vinssent à moi. Il n’en est
+pas venu un seul. Et je me suis demandé nuit et jour: «Quel est
+donc cet homme qui ressemble aussi étrangement à M. Robert Darzac
+et que je retrouve achetant la canne tombée entre les mains de
+Frédéric Larsan? Le plus grave de tout est que M. Darzac, _qui
+avait à faire, à la même heure, à l’heure où son sosie_ _se
+présentait au bureau de poste, un cours à la Sorbonne, ne l’a_
+_pas fait._ Un de ses amis le remplaçait. Et, quand on l’interroge
+sur l’emploi de son temps, il répond qu’il est allé se promener au
+bois de Boulogne._ _Qu’est-ce que vous pensez de ce professeur qui
+se fait remplacer à son cours pour aller se promener au bois de
+Boulogne? Enfin, il faut que vous sachiez que, si M. Robert Darzac
+avoue s’être allé promener au bois de Boulogne dans la matinée du
+24, _il ne peut plus donner du tout l’emploi de son_ _temps dans
+la nuit du 24 au 25! ..._ Il a répondu fort paisiblement à
+Frédéric Larsan qui lui demandait ce renseignement que ce qu’il
+faisait de son temps, à Paris, ne regardait que lui... Sur quoi,
+Frédéric Larsan a juré tout haut qu’il découvrirait bien, lui,
+sans l’aide de personne, l’emploi de ce temps. Tout cela semble
+donner quelque corps aux hypothèses du grand Fred; d’autant plus
+que le fait de Robert Darzac se trouvant dans la «Chambre Jaune»
+pourrait venir corroborer l’explication du policier sur la façon
+dont l’assassin se serait enfui: M. Stangerson l’aurait laissé
+passer pour éviter un effroyable scandale! C’est, du reste, cette
+hypothèse, que je crois fausse, qui égarera Frédéric Larsan, et
+ceci ne serait point pour me déplaire, s’il n’y avait pas un
+innocent en cause!_ Maintenant, cette hypothèse égare-t-elle
+réellement Frédéric Larsan? Voilà! Voilà! Voilà!_
+
+-- Eh! Frédéric Larsan a peut-être raison! m’écriai-je,
+interrompant Rouletabille... Êtes-vous sûr que M. Darzac soit
+innocent? Il me semble que voilà bien des fâcheuses
+coïncidences...
+
+-- Les coïncidences, me répondit mon ami, sont les pires ennemies
+de la vérité.
+
+-- Qu’en pense aujourd’hui le juge d’instruction?
+
+-- M. de Marquet, le juge d’instruction, hésite à découvrir M.
+Robert Darzac sans aucune preuve certaine. Non seulement, il
+aurait contre lui toute l’opinion publique, sans compter la
+Sorbonne, mais encore M. Stangerson et Mlle Stangerson. Celle-ci
+adore M. Robert Darzac. Si peu qu’elle ait vu l’assassin, on
+ferait croire difficilement au public qu’elle n’eût point reconnu
+M. Robert Darzac, si M. Robert Darzac avait été l’agresseur. La
+«Chambre Jaune» était obscure, sans doute, mais une petite
+veilleuse tout de même l’éclairait, ne l’oubliez pas. Voici, mon
+ami, où en étaient les choses quand, il y a trois jours, ou plutôt
+trois nuits, survint cet événement inouï dont je vous parlais tout
+à l’heure.»
+
+
+
+XIV
+«J’attends l’assassin, ce soir»
+
+
+«Il faut, me dit Rouletabille, que je vous conduise sur les lieux
+pour que vous puissiez comprendre ou plutôt pour que vous soyez
+persuadé qu’il est impossible de comprendre. Je crois, quant à
+moi, avoir trouvé ce que tout le monde cherche encore: la façon
+dont l’assassin est sorti de la «Chambre Jaune»... sans complicité
+d’aucune sorte et sans que M. Stangerson y soit pour quelque
+chose. Tant que je ne serai point sûr de la personnalité de
+l’assassin, je ne saurais dire quelle est mon hypothèse, mais je
+crois cette hypothèse juste et, dans tous les cas, elle est tout à
+fait naturelle, je veux dire tout à fait simple. Quant à ce qui
+s’est passé il y a trois nuits, ici, dans le château même, cela
+m’a semblé pendant vingt-quatre heures dépasser toute faculté
+d’imagination. Et encore l’hypothèse qui, maintenant, s’élève du
+fond de mon moi est-elle si absurde, celle-là, que je préfère
+presque les ténèbres de l’inexplicable.
+
+Sur quoi, le jeune reporter m’invita à sortir; il me fit faire le
+tour du château. Sous nos pieds craquaient les feuilles mortes;
+c’est le seul bruit que j’entendais. On eût dit que le château
+était abandonné. Ces vieilles pierres, cette eau stagnante dans
+les fossés qui entouraient le donjon, cette terre désolée
+recouverte de la dépouille du dernier été, le squelette noir des
+arbres, tout concourait à donner à ce triste endroit, hanté par un
+mystère farouche, l’aspect le plus funèbre. Comme nous
+contournions le donjon, nous rencontrâmes «l’homme vert», le
+garde, qui ne nous salua point et qui passa près de nous, comme si
+nous n’existions pas. Il était tel que je l’avais vu pour la
+première fois, à travers les vitres de l’auberge du père Mathieu;
+il avait toujours son fusil en bandoulière, sa pipe à la bouche et
+son binocle sur le nez.
+
+«Drôle d’oiseau! me dit tout bas Rouletabille.
+
+-- Lui avez-vous parlé? demandai-je.
+
+-- Oui, mais il n’y a rien à en tirer... il répond par
+grognements, hausse les épaules et s’en va. Il habite à
+l’ordinaire au premier étage du donjon, une vaste pièce qui
+servait autrefois d’oratoire. Il vit là en ours, ne sort qu’avec
+son fusil. Il n’est aimable qu’avec les filles. Sous prétexte de
+courir après les braconniers, il se relève souvent la nuit; mais
+je le soupçonne d’avoir des rendez-vous galants. La femme de
+chambre de Mlle Stangerson, Sylvie, est sa maîtresse. En ce
+moment, il est très amoureux de la femme du père Mathieu,
+l’aubergiste; mais le père Mathieu surveille de près son épouse,
+et je crois bien que c’est la presque impossibilité où «l’homme
+vert» se trouve d’approcher MmeMathieu qui le rend encore plus
+sombre et taciturne. C’est un beau gars, bien soigné de sa
+personne, presque élégant... les femmes, à quatre lieues à la
+ronde, en raffolent.»
+
+Après avoir dépassé le donjon qui se trouve à l’extrémité de
+l’aile gauche, nous passâmes sur les derrières du château.
+Rouletabille me dit en me montrant une fenêtre que je reconnus
+pour être l’une de celles qui donnent sur les appartements de Mlle
+Stangerson.
+
+«Si vous étiez passé par ici il y a deux nuits, à une heure du
+matin, vous auriez vu votre serviteur au haut d’une échelle
+s’apprêtant à pénétrer dans le château, par cette fenêtre!»
+
+Comme j’exprimais quelque stupéfaction de cette gymnastique
+nocturne, il me pria de montrer beaucoup d’attention à la
+disposition extérieure du château, après quoi nous revînmes dans
+le bâtiment.
+
+«Il faut maintenant, dit mon ami, que je vous fasse visiter le
+premier étage, aile droite. C’est là que j’habite.
+
+Pour bien faire comprendre l’économie des lieux, je mets sous les
+yeux du lecteurs un plan du premier étage de cette aile droite,
+plan dessiné par Rouletabille au lendemain de l’extraordinaire
+phénomène que vous allez connaître dans tous ses détails:
+
+
+_1. __Endroitoù Rouletabille plaça Frédéric Larsan._
+_2. __Endroit où Rouletabille plaça le père Jacques._
+_3. __Endroit où Rouletabille plaça M. Stangerson._
+_4. __Fenêtre par laquelle entra Rouletabille._
+_5. __Fenêtre trouvée ouverte par Rouletabille quand il sort de sa
+chambre. Il la referme. Toutes les autres fenêtres et portes sont
+fermées._
+_6. __Terrasse surmontant une pièce en encorbellement au rez-de-
+chaussée._
+
+Rouletabille me fit signe de monter derrière lui l’escalier
+monumental double qui, à la hauteur du premier étage, formait
+palier. De ce palier on se rendait directement dans l’aile droite
+ou dans l’aile gauche du château par une galerie qui y venait
+aboutir. La galerie, haute et large, s’étendait sur toute la
+longueur du bâtiment et prenait jour sur la façade du château
+exposée au nord. Les chambres dont les fenêtres donnaient sur le
+midi avaient leurs portes sur cette galerie. Le professeur
+Stangerson habitait l’aile gauche du château. Mlle Stangerson
+avait son appartement dans l’aile droite. Nous entrâmes dans la
+galerie, aile droite. Un tapis étroit, jeté sur le parquet ciré,
+qui luisait comme une glace, étouffait le bruit de nos pas.
+Rouletabille me disait à voix basse, de marcher avec précaution
+parce que nous passions devant la chambre de Mlle Stangerson. Il
+m’expliqua que l’appartement de Mlle Stangerson se composait de sa
+chambre, d’une antichambre, d’une petite salle de bain, d’un
+boudoir et d’un salon. On pouvait, naturellement, passer de l’une
+de ces pièces dans l’autre sans qu’il fût nécessaire de passer par
+la galerie. Le salon et l’antichambre étaient les seules pièces de
+l’appartement qui eussent une porte sur la galerie. La galerie se
+continuait, toute droite, jusqu’à l’extrémité est du bâtiment où
+elle avait jour sur l’extérieur par une haute fenêtre (fenêtre 2
+du plan). Vers les deux tiers de sa longueur, cette galerie se
+rencontrait à angle droit avec une autre galerie qui tournait avec
+l’aile droite du château.
+
+Pour la clarté de ce récit, nous appellerons la galerie qui va de
+l’escalier jusqu’à la fenêtre à l’est, «la galerie droite» et le
+bout de galerie qui tourne avec l’aile droite et qui vient aboutir
+à la galerie droite, à angle droit, «la galerie tournante». C’est
+au carrefour de ces deux galeries que se trouvait la chambre de
+Rouletabille, touchant à celle de Frédéric Larsan. Les portes de
+ces deux chambres donnaient sur la galerie tournante, tandis que
+les portes de l’appartement de Mlle Stangerson donnaient sur la
+galerie droite (voir le plan).
+
+Rouletabille poussa la porte de sa chambre, me fit entrer et
+referma la porte sur nous, poussant le verrou. Je n’avais pas
+encore eu le temps de jeter un coup d’oeil sur son installation
+qu’il poussait un cri de surprise en me montrant, sur un guéridon,
+_un binocle._
+
+«Qu’est-ce que c’est que cela? se demandait-il; qu’est-ce que ce
+binocle est venu faire sur mon guéridon?»
+
+J’aurais été bien en peine de lui répondre.
+
+«À moins que, fit-il, à moins que... à moins que... à moins que ce
+binocle ne soit «ce que je cherche»... et que... et que... _et que
+ce soit un binocle de presbyte! ...»_
+
+Il se jetait littéralement sur le binocle; ses doigts caressaient
+la convexité des verres... et alors il me regarda d’une façon
+effrayante.
+
+«Oh! ... oh!»
+
+Et il répétait: Oh! ... oh! comme si sa pensée l’avait tout à coup
+rendu fou...
+
+Il se leva, me mit la main sur l’épaule, ricana comme un insensé
+et me dit:
+
+«Ce binocle me rendra fou! car la chose est possible, voyez-vous,
+«mathématiquement parlant»; mais «humainement parlant» elle est
+impossible... ou alors... ou alors... ou alors...»
+
+On frappa deux petits coups à la porte de la chambre, Rouletabille
+entrouvrit la porte; une figure passa. Je reconnus la concierge
+que j’avais vue passer devant moi quand on l’avait amenée au
+pavillon pour l’interrogatoire et j’en fus étonné, car je croyais
+toujours cette femme sous les verrous. Cette femme dit à voix très
+basse:
+
+«Dans la rainure du parquet!»
+
+Rouletabille répondit: «Merci!» et la figure s’en alla. Il se
+retourna vers moi après avoir soigneusement refermé la porte. Et
+il prononça des mots incompréhensibles avec un air hagard.
+
+«Puisque la chose est «mathématiquement» possible, pourquoi ne la
+serait-elle pas «humainement! ... Mais si la chose est
+«humainement» possible, l’affaire est formidable!»
+
+J’interrompis Rouletabille dans son soliloque:
+
+«Les concierges sont donc en liberté, maintenant? demandai-je.
+
+-- Oui, me répondit Rouletabille, je les ai fait remettre en
+liberté. J’ai besoin de gens sûrs. La femme m’est tout à fait
+dévouée et le concierge se ferait tuer pour moi... Et, puisque le
+binocle a des verres pour presbyte, je vais certainement avoir
+besoin de gens dévoués qui se feraient tuer pour moi!
+
+-- Oh! oh! fis-je, vous ne souriez pas, mon ami... Et quand
+faudra-t-il se faire tuer?
+
+-- Mais, ce soir! car il faut que je vous dise, mon cher,
+_j’attends l’assassin ce soir!_
+
+-- Oh! oh! oh! oh! ... Vous attendez l’assassin ce soir...
+Vraiment, vraiment, vous attendez l’assassin ce soir... mais vous
+connaissez donc l’assassin?
+
+-- Oh! oh! oh! _Maintenant, il se peut que je le connaisse._ Je
+serais un fou d’affirmer catégoriquement que je le connais, car
+l’idée mathématique que j’ai de l’assassin donne des résultats si
+effrayants, si monstrueux, _que j’espère qu’il est encore possible
+que je me trompe! Oh! Je l’espère de toutes mes forces..._
+
+-- Comment, puisque vous ne connaissiez pas, il y a cinq minutes,
+l’assassin, pouvez-vous dire que vous attendez l’assassin ce soir?
+
+-- _Parce que je sais qu’il doit venir.»_
+__
+-- Rouletabille bourra une pipe, lentement, lentement et l’alluma.
+
+Ceci me présageait un récit des plus captivants. À ce moment
+quelqu’un marcha dans le couloir, passant devant notre porte.
+Rouletabille écouta. Les pas s’éloignèrent.
+
+«Est-ce que Frédéric Larsan est dans sa chambre? Fis-je, en
+montrant la cloison.
+
+-- Non, me répondit mon ami, il n’est pas là; il a dû partir ce
+matin pour Paris; il est toujours sur la piste de Darzac! ... M.
+Darzac est parti lui aussi ce matin pour Paris. Tout cela se
+terminera très mal... Je prévois l’arrestation de M. Darzac avant
+huit jours. Le pire est que tout semble se liguer contre le
+malheureux: les événements, les choses, les gens... Il n’est pas
+une heure qui s’écoule qui n’apporte contre M. Darzac une
+accusation nouvelle... Le juge d’instruction en est accablé et
+aveuglé... Du reste, je comprends que l’on soit aveuglé! ... On le
+serait à moins...
+
+-- Frédéric Larsan n’est pourtant pas un novice.
+
+-- J’ai cru, fit Rouletabille avec une moue légèrement méprisante,
+que Fred était beaucoup plus fort que cela... Évidemment, ce n’est
+pas le premier venu... J’ai même eu beaucoup d’admiration pour lui
+quand je ne connaissais pas sa méthode de travail. Elle est
+déplorable... Il doit sa réputation uniquement à son habileté;
+mais il manque de philosophie; la mathématique de ses conceptions
+est bien pauvre...»
+
+Je regardai Rouletabille et ne pus m’empêcher de sourire en
+entendant ce gamin de dix-huit ans traiter d’enfant un garçon
+d’une cinquantaine d’années qui avait fait ses preuves comme le
+plus fin limier de la police d’Europe...
+
+«Vous souriez, me fit Rouletabille... Vous avez tort! ... Je vous
+jure que je le roulerai... et d’une façon retentissante... mais il
+faut que je me presse, car il a une avance colossale sur moi,
+avance que lui a donnée M. Robert Darzac et que M. Robert Darzac
+va augmenter encore ce soir... Songez donc: _chaque fois_ _que
+l’assassin vient au château_, M. Robert Darzac, par une fatalité
+étrange, s’absente et se refuse à donner l’emploi de son temps!
+
+-- Chaque fois que l’assassin vient au château! m’écriai-je... Il
+y est donc revenu...
+
+-- Oui, pendant cette fameuse nuit où s’est produit le
+phénomène...»
+
+J’allais donc connaître ce fameux phénomène auquel Rouletabille
+faisait allusion depuis une demi-heure sans me l’expliquer. Mais
+j’avais appris à ne jamais presser Rouletabille dans ses
+narrations... Il parlait quand la fantaisie lui en prenait ou
+quand il le jugeait utile, et se préoccupait beaucoup moins de ma
+curiosité que de faire un résumé complet pour lui-même d’un
+événement capital qui l’intéressait.
+
+Enfin, par petites phrases rapides, il m’apprit des choses qui me
+plongèrent dans un état voisin de l’abrutissement, car, en vérité,
+les phénomènes de cette science encore inconnue qu’est
+l’hypnotisme, par exemple, ne sont point plus inexplicables que
+_cette disparition de la matière de l’assassin au moment où ils
+étaient quatre à la toucher. _Je parle de l’hypnotisme comme je
+parlerais de l’électricité dont nous ignorons la nature, et dont
+nous connaissons si peu les lois, parce que, dans le moment,
+l’affaire me parut ne pouvoir s’expliquer que par de
+l’inexplicable, c’est-à-dire par un événement en dehors des lois
+naturelles connues. Et cependant, si j’avais eu la cervelle de
+Rouletabille, j’aurais eu, comme lui, «le pressentiment de
+l’explication naturelle»: car le plus curieux dans tous les
+mystères du Glandier a bien été «la façon naturelledont
+Rouletabille les expliqua»._ _Mais qui donc eût pu et pourrait
+encore se vanter d’avoir la cervelle de Rouletabille? Les bosses
+originales et inharmoniques de son front, je ne les ai jamais
+rencontrées sur aucun autre front, si ce n’est -- mais bien moins
+apparentes -- sur le front de Frédéric Larsan, et encore fallait-
+il bien regarder le front du célèbre policier pour en deviner le
+dessin, tandis que les bosses de Rouletabille sautaient -- si
+j’ose me servir de cette expression un peu forte -- sautaient aux
+yeux.
+
+J’ai, parmi les papiers qui me furent remis par le jeune homme
+après l’affaire, un carnet où j’ai trouvé un compte rendu complet
+du «phénomène de la disparition de la matière de l’assassin», et
+des réflexions qu’il inspira à mon ami. Il est préférable, je
+crois, de vous soumettre ce compte rendu que de continuer à
+reproduire ma conversation avec Rouletabille, car j’aurais peur,
+dans une pareille histoire, d’ajouter un mot qui ne fût point
+l’expression de la plus stricte vérité.
+
+
+
+XV
+Traquenard
+
+
+_Extrait du carnet de Joseph Rouletabille_.
+
+La nuit dernière, nuit du 29 au 30 octobre, écrit Joseph
+Rouletabille, je me réveille vers une heure du matin. Insomnie ou
+bruit du dehors? Le cri de la «Bête du Bon Dieu» retentit avec une
+résonance sinistre, au fond du parc. Je me lève; j’ouvre ma
+fenêtre. Vent froid et pluie; ténèbres opaques, silence. Je
+referme ma fenêtre. La nuit est encore déchirée par la bizarre
+clameur. Je passe rapidement un pantalon, un veston. Il fait un
+temps à ne pas mettre un chat dehors; qui donc, cette nuit, imite,
+si près du château, le miaulement du chat de la mère Agenoux? Je
+prends un gros gourdin, la seule arme dont je dispose, et, sans
+faire aucun bruit, j’ouvre ma porte.
+
+Me voici dans la galerie; une lampe à réflecteur l’éclaire
+parfaitement; la flamme de cette lampe vacille comme sous l’action
+d’un courant d’air. Je sens le courant d’air. Je me retourne.
+Derrière moi, une fenêtre est ouverte, celle qui se trouve à
+l’extrémité de ce bout de galerie sur laquelle donnent nos
+chambres, à Frédéric Larsan et à moi, galerie que j’appellerai
+«galerie tournante»pour la distinguer de la «galerie droite», sur
+laquelle donne l’appartement de Mlle Stangerson. Ces deux galeries
+se croisent à angle droit. Qui donc a laissé cette fenêtre
+ouverte, ou qui vient de l’ouvrir? Je vais à la fenêtre; je me
+penche au dehors. À un mètre environ sous cette fenêtre, il y a
+une terrasse qui sert de toit à une petite pièce en encorbellement
+qui se trouve au rez-de-chaussée. On peut, au besoin, sauter de la
+fenêtre sur la terrasse, et de là, se laisser glisser dans la cour
+d’honneur du château. Celui qui aurait suivi ce chemin ne devait
+évidemment pas avoir sur lui la clef de la porte du vestibule.
+Mais pourquoi m’imaginer cette scène de gymnastique nocturne? À
+cause d’une fenêtre ouverte? Il n’y a peut-être là que la
+négligence d’un domestique. Je referme la fenêtre en souriant de
+la facilité avec laquelle je bâtis des drames avec une fenêtre
+ouverte. Nouveau cri de la «Bête du Bon Dieu» dans la nuit. Et
+puis, le silence; la pluie a cessé de frapper les vitres. Tout
+dort dans le château. Je marche avec des précautions infinies sur
+le tapis de la galerie. Arrivé au coin de la galerie droite,
+j’avance la tête et y jette un prudent regard. Dans cette galerie,
+une autre lampe à réflecteur donne une lumière éclairant
+parfaitement les quelques objets qui s’y trouvent, trois fauteuils
+et quelques tableaux pendus aux murs. Qu’est-ce que je fais là?
+Jamais le château n’a été aussi calme. Tout y repose. Quel est cet
+instinct qui me pousse vers la chambre de Mlle Stangerson? Qu’est-
+ce qui me conduit vers la chambre de Mlle Stangerson? Pourquoi
+cette voix qui crie au fond de mon être: «Va jusqu’à la chambre de
+Mlle Stangerson!» Je baisse les yeux sur le tapis que je foule et
+«je vois que mes pas, vers la chambre de Mlle Stangerson, sont
+conduits par des pas qui y sont déjà allés». Oui, sur ce tapis,
+des traces de pas ont apporté la boue du dehors et je suis ces pas
+qui me conduisent à la chambre de Mlle Stangerson. Horreur!
+Horreur! Ce sont «les pas élégants» que je reconnais, «les pas de
+l’assassin!» Il est venu du dehors, par cette nuit abominable. Si
+l’on peut descendre de la galerie par la fenêtre, grâce à la
+terrasse, on peut aussi y entrer.
+
+L’assassin est là, dans le château, car les pas ne sont pas
+revenus». Il s’est introduit dans le château par cette fenêtre
+ouverte à l’extrémité de la galerie tournante; il est passé devant
+la chambre de Frédéric Larsan, devant la mienne, a tourné à
+droite, dans la galerie droite, _et est entré dans la chambre de
+Mlle_ _Stangerson._ Je suis devant la porte de l’appartement de
+Mlle Stangerson, devant la porte de l’antichambre: elle est
+entrouverte, je la pousse sans faire entendre le moindre bruit. Je
+me trouve dans l’antichambre et là, sous la porte de la chambre
+même, je vois une barre de lumière. J’écoute. Rien! Aucun bruit,
+pas même celui d’une respiration. Ah! savoir ce qui se passe dans
+le silence qui est derrière cette porte! Mes yeux sur la serrure
+m’apprennent que cette serrure est fermée à clef, et la clef est
+en dedans. Et dire que l’assassin est peut-être là! Qu’il doit
+être là! S’échappera-t-il encore, cette fois? Tout dépend de moi!
+Du sang-froid et, surtout, pas une fausse manoeuvre! «Il faut voir
+dans cette chambre.» Y entrerai-je par le salon de Mlle
+Stangerson? il me faudrait ensuite traverser le boudoir, et
+l’assassin se sauverait alors par la porte de la galerie, la porte
+devant laquelle je suis en ce moment.
+
+«Pour moi, ce soir, il n’y a pas encore eu crime», car rien
+n’expliquerait le silence du boudoir! Dans le boudoir, deux
+gardes-malades sont installées pour passer la nuit, jusqu’à la
+complète guérison de Mlle Stangerson.
+
+Puisque je suis à peu près sûr que l’assassin est là, pourquoi ne
+pas donner l’éveil tout de suite? L’assassin se sauvera peut-être,
+mais peut-être aurai-je sauvé Mlle Stangerson? Et si, par hasard,
+l’assassin, ce soir, n’était pas un assassin?» La porte a été
+ouverte pour lui livrer passage: par qui? -- et a été refermée:
+par qui? Il est entré, cette nuit, dans cette chambre dont la
+porte était certainement fermée à clef à l’intérieur, «car Mlle
+Stangerson, tous les soirs, s’enferme avec ses gardes dans son
+appartement». Qui a tourné cette clef de la chambre pour laisser
+entrer l’assassin? Les gardes? Deux domestiques fidèles, la
+vieille femme de chambre et sa fille Sylvie? C’est bien
+improbable. Du reste, elles couchent dans le boudoir, et Mlle
+Stangerson, très inquiète, très prudente, m’a dit Robert Darzac,
+veille elle-même à sa Sûreté depuis qu’elle est assez bien
+portante pour faire quelques pas dans son appartement -- dont je
+ne l’ai pas encore vue sortir. Cette inquiétude et cette prudence
+soudaines chez Mlle Stangerson, qui avaient frappé M. Darzac,
+m’avaient également laissé à réfléchir. Lors du crime de la
+«Chambre Jaune», il ne fait point de doute que la malheureuse
+_attendait l’assassin._ L’attendait-elle encore ce soir? Mais qui
+donc a tourné cette clef pour ouvrir «à l’assassin qui est là»? Si
+c’était Mlle Stangerson «elle-même»? Car enfin elle peut redouter,
+elle doit redouter la venue de l’assassin et avoir des raisons
+pour lui ouvrir la porte, «pour être forcée de lui ouvrir la
+porte!» Quel terrible rendez-vous est donc celui-ci? Rendez-vous
+de crime? À coup sûr, pas rendez-vous d’amour, car Mlle Stangerson
+adore M. Darzac, je le sais. Toutes ces réflexions traversent mon
+cerveau comme un éclair qui n’illuminerait que des ténèbres. Ah!
+Savoir...
+
+S’il y a tant de silence, derrière cette porte, c’est sans doute
+qu’on y a besoin de silence! Mon intervention peut être la cause
+de plus de mal que de bien? Est-ce que je sais? Qui me dit que mon
+intervention ne déterminerait pas, dans la minute, un crime? Ah!
+voir et savoir, sans troubler le silence!
+
+Je sors de l’antichambre. Je vais à l’escalier central, je le
+descends; me voici dans le vestibule; je cours le plus
+silencieusement possible vers la petite chambre au rez-de-
+chaussée, où couche, depuis l’attentat du pavillon, le père
+Jacques.
+
+«Je le trouve habillé», les yeux grands ouverts, presque hagards.
+Il ne semble point étonné de me voir; il me dit qu’il s’est levé
+parce qu’il a entendu le cri de «la Bête du Bon Dieu», et qu’il a
+entendu des pas, dans le parc, des pas qui glissaient devant sa
+fenêtre. Alors, il a regardé à la fenêtre «et il a vu passer, tout
+à l’heure, un fantôme noir». Je lui demande s’il a une arme. Non,
+il n’a plus d’arme, depuis que le juge d’instruction lui a pris
+son revolver. Je l’entraîne. Nous sortons dans le parc par une
+petite porte de derrière. Nous glissons le long du château
+jusqu’au point qui est juste au-dessous de la chambre de Mlle
+Stangerson. Là, je colle le père Jacques contre le mur, lui
+défends de bouger, et moi, profitant d’un nuage qui recouvre en ce
+moment la lune, je m’avance en face de la fenêtre, mais en dehors
+du carré de lumière qui en vient; «car la fenêtre est
+entrouverte». Par précaution? Pour pouvoir sortir plus vite par la
+fenêtre, si quelqu’un venait à entrer par une porte? Oh! oh! celui
+qui sautera par cette fenêtre aurait bien des chances de se rompre
+le cou! Qui me dit que l’assassin n’a pas une corde? Il a dû tout
+prévoir... Ah! savoir ce qui se passe dans cette chambre! ...
+connaître le silence de cette chambre! ... Je retourne au père
+Jacques et je prononce un mot, à son oreille: «Échelle». Dès
+l’abord, j’ai bien pensé à l’arbre qui, huit jours auparavant m’a
+déjà servi d’observatoire, mais j’ai aussitôt constaté que la
+fenêtre est entrouverte de telle sorte que je ne puis rien voir,
+cette fois-ci, en montant dans l’arbre, de ce qui se passe dans la
+chambre. Et puis non seulement je veux voir, mais pouvoir entendre
+et... agir...
+
+Le père Jacques, très agité, presque tremblant, disparaît un
+instant et revient, sans échelle, me faisant, de loin, de grands
+signes avec ses bras pour que je le rejoigne au plus tôt. Quand je
+suis près de lui: «Venez!» me souffle-t-il.
+
+Il me fait faire le tour du château par le donjon. Arrivé là, il
+me dit:
+
+«J’étais allé chercher mon échelle dans la salle basse du donjon,
+qui nous sert de débarras, au jardinier et à moi; la porte du
+donjon était ouverte et l’échelle n’y était plus. En sortant, sous
+le clair de lune, voilà où je l’ai aperçue!»
+
+Et il me montrait, à l’autre extrémité du château, une échelle
+appuyée contre les «corbeaux»qui soutenaient la terrasse, au-
+dessous de la fenêtre que j’avais trouvée ouverte. La terrasse
+m’avait empêché de voir l’échelle... grâce à cette échelle, il
+était extrêmement facile de pénétrer dans la galerie tournante du
+premier étage, et je ne doutai plus que ce fût là le chemin pris
+par l’inconnu.
+
+Nous courons à l’échelle; mais, au moment de nous en emparer, le
+père Jacques me montre la porte entrouverte de la petite pièce du
+rez-de-chaussée qui est placée en encorbellement à l’extrémité de
+cette aile droite du château, et qui a pour plafond cette terrasse
+dont j’ai parlé. Le père Jacques pousse un peu la porte, regarde à
+l’intérieur, et me dit, dans un souffle.
+
+«Il n’est pas là!--Qui? --le garde!»
+La bouche encore une fois à mon oreille: «Vous savez bien que le
+garde couche dans cette pièce, depuis qu’on fait des réparations
+au donjon! ...» et, du même geste significatif, il me montre la
+porte entrouverte, l’échelle, la terrasse et la fenêtre, que j’ai
+tout à l’heure refermée, de la galerie tournante.
+
+Quelles furent mes pensées alors? Avais-je le temps d’avoir des
+pensées? Je «sentais», plus que je ne pensais...
+
+Évidemment, sentais-je, «si le garde est là-haut dans la chambre»
+(je dis: «si», car je n’ai, en ce moment, en dehors de cette
+échelle, et de cette chambre du garde déserte, aucun indice qui me
+permette même de soupçonner le garde), s’il y est, il a été obligé
+de passer par cette échelle et par cette fenêtre, car les pièces
+qui se trouvent derrière sa nouvelle chambre, étant occupées par
+le ménage du maître d’hôtel et de la cuisinière, et par les
+cuisines, lui ferment le chemin du vestibule et de l’escalier, à
+l’intérieur du château... «si c’est le garde qui a passé par là»,
+il lui aura été facile, sous quelque prétexte, hier soir, d’aller
+dans la galerie et de veiller à ce que cette fenêtre soit
+simplement poussée à l’intérieur, les panneaux joints, de telle
+sorte qu’il n’ait plus, de l’extérieur, qu’à appuyer dessus pour
+que la fenêtre s’ouvre et qu’il puisse sauter dans la galerie.
+Cette nécessité de la fenêtre non fermée à l’intérieur restreint
+singulièrement le champ des recherches sur la personnalité de
+l’assassin. Il faut que l’assassin «soit de la maison»; à moins
+qu’il n’ait un complice, auquel je ne crois pas...; à moins... à
+moins que Mlle Stangerson «elle-même» ait veillé à ce que cette
+fenêtre ne soit point fermée de l’intérieur...
+«Mais quel serait donc ce secret effroyable qui ferait que Mlle
+Stangerson serait dans la nécessité de supprimer les obstacles qui
+la séparent de son assassin?»
+
+J’empoigne l’échelle et nous voici repartis sur les derrières du
+château. La fenêtre de la chambre est toujours entrouverte; les
+rideaux sont tirés, mais ne se rejoignent point; ils laissent
+passer un grand rai de lumière, qui vient s’allonger sur la
+pelouse à mes pieds. Sous la fenêtre de la chambre j’applique mon
+échelle. Je suis à peu près sûr de n’avoir fait aucun bruit. «Et,
+pendant que le père Jacques reste au pied de l’échelle», je gravis
+l’échelle, moi, tout doucement, tout doucement, avec mon gourdin.
+Je retiens ma respiration; je lève et pose les pieds avec des
+précautions infinies. Soudain, un gros nuage, et une nouvelle
+averse. Chance. Mais, tout à coup, le cri sinistre de la «Bête du
+Bon Dieu» m’arrête au milieu de mon ascension. Il me semble que ce
+cri vient d’être poussé derrière moi, à quelques mètres. Si ce cri
+était un signal! Si quelque complice de l’homme m’avait vu, sur
+mon échelle. Ce cri appelle peut-être l’homme à la fenêtre! Peut-
+être! ... Malheur, «l’homme est à la fenêtre! Je sens sa tête au-
+dessus de moi; j’entends son souffle. Et moi, je ne puis le
+regarder; le plus petit mouvement de ma tête, et je suis perdu!
+Va-t-il me voir? Va-t-il, dans la nuit, baisser la tête? Non! ...
+il s’en va... il n’a rien vu... je le sens, plus que je ne
+l’entends, marcher, à pas de loup, dans la chambre; et je gravis
+encore quelques échelons. Ma tête est à la hauteur de la pierre
+d’appui de la fenêtre; mon front dépasse cette pierre; mes yeux,
+entre les rideaux, voient.
+
+L’homme est là, assis au petit bureau de Mlle Stangerson, _et il_
+_écrit._ Il me tourne le dos. Il a une bougie devant lui; mais,
+comme il est penché sur la flamme de cette bougie, la lumière
+projette des ombres qui me le déforment. Je ne vois qu’un dos
+monstrueux, courbé.
+
+Chose stupéfiante: Mlle Stangerson n’est pas là! Son lit n’est pas
+défait. Où donc couche-t-elle, cette nuit? Sans doute dans la
+chambre à côté, avec ses femmes. Hypothèse. Joie de trouver
+l’homme seul. Tranquillité d’esprit pour préparer le traquenard.
+
+Mais qui est donc cet homme qui écrit là, sous mes yeux, installé
+à ce bureau comme s’il était chez lui? S’il n’y avait point «les
+pas de l’assassin» sur le tapis de la galerie, s’il n’y avait pas
+eu la fenêtre ouverte, s’il n’y avait pas eu, sous cette fenêtre,
+l’échelle, je pourrais être amené à penser que cet homme a le
+droit d’être là et qu’il s’y trouve normalement à la suite de
+causes normales que je ne connais pas encore. Mais il ne fait
+point de doute que cet inconnu mystérieux est l’homme de la
+«Chambre Jaune», celui dont Mlle Stangerson est obligée, sans le
+dénoncer, de subir les coups assassins. Ah! voir sa figure! Le
+surprendre! Le prendre!
+
+Si je saute dans la chambre en ce moment, «il» s’enfuit ou par
+l’antichambre ou par la porte à droite qui donne sur le boudoir.
+Par là, traversant le salon, il arrive à la galerie et je le
+perds. Or, je le tiens; encore cinq minutes, et je le tiens, mieux
+que si je l’avais dans une cage... Qu’est-ce qu’il fait là,
+solitaire, dans la chambre de Mlle Stangerson? Qu’écrit-il? À qui
+écrit-il? ... Descente. L’échelle par terre. Le père Jacques me
+suit. Rentrons au château. J’envoie le père Jacques éveiller M.
+Stangerson. Il doit m’attendre chez M. Stangerson, et ne lui rien
+dire de précis avant mon arrivée. Moi, je vais aller éveiller
+Frédéric Larsan. Gros ennui pour moi. J’aurais voulu travailler
+seul et avoir toute l’aubaine de l’affaire, au nez de Larsan
+endormi. Mais le père Jacques et M. Stangerson sont des vieillards
+et moi, je ne suis peut-être pas assez développé. Je manquerais
+peut-être de force... Larsan, lui, a l’habitude de l’homme que
+l’on terrasse, que l’on jette par terre, que l’on relève, menottes
+aux poignets. Larsan m’ouvre, ahuri, les yeux gonflés de sommeil,
+prêt à m’envoyer promener, ne croyant nullement à mes imaginations
+de petit reporter. Il faut que je lui affirme que «l’homme est
+là!»
+
+«C’est bizarre, dit-il, _je croyais l’avoir quitté cet après-midi,
+à Paris!»_
+
+Il se vêt hâtivement et s’arme d’un revolver. Nous nous glissons
+dans la galerie.
+
+Larsan me demande:
+
+«Où est-il?
+
+-- Dans la chambre de Mlle Stangerson.
+
+-- Et Mlle Stangerson?
+
+-- Elle n’est pas dans sa chambre!
+
+-- Allons-y!
+
+-- N’y allez pas! L’homme, à la première alerte, se sauvera... il
+a trois chemins pour cela... la porte, la fenêtre, le boudoir où
+se trouvent les femmes...
+
+-- Je tirerai dessus...
+
+-- Et si vous le manquez? Si vous ne faites que le blesser? Il
+s’échappera encore... Sans compter que, lui aussi, est
+certainement armé... Non, laissez-moi diriger l’expérience, et je
+réponds de tout...
+
+-- Comme vous voudrez», me dit-il avec assez de bonne grâce.
+
+Alors, après m’être assuré que toutes les fenêtres des deux
+galeries sont hermétiquement closes, je place Frédéric Larsan à
+l’extrémité de la galerie tournante, devant cette fenêtre que j’ai
+trouvée ouverte et que j’ai refermée. Je dis à Fred:
+
+«Pour rien au monde, vous ne devez quitter ce poste, jusqu’au
+moment où je vous appellerai... Il y a cent chances sur cent pour
+que l’homme revienne à cette fenêtre et essaye de se sauver par
+là, quand il sera poursuivi, car c’est par là qu’il est venu et
+par là qu’il a préparé sa fuite. Vous avez un poste dangereux...
+
+-- Quel sera le vôtre? demanda Fred.
+
+-- Moi, je sauterai dans la chambre, et je vous rabattrai l’homme!
+
+-- Prenez mon revolver, dit Fred, je prendrai votre bâton.
+
+-- Merci, fis-je, vous êtes un brave homme»
+
+Et j’ai pris le revolver de Fred. J’allais être seul avec l’homme,
+là-bas, qui écrivait dans la chambre, et vraiment ce revolver me
+faisait plaisir.
+
+Je quittai donc Fred, l’ayant posté à la fenêtre 5 sur le plan, et
+je me dirigeai, toujours avec la plus grande précaution, vers
+l’appartement de M. Stangerson, dans l’aile gauche du château. Je
+trouvai M. Stangerson avec le père Jacques, qui avait observé la
+consigne, se bornant à dire à son maître qu’il lui fallait
+s’habiller au plus vite. Je mis alors M. Stangerson, en quelques
+mots, au courant de ce qui se passait. Il s’arma, lui aussi, d’un
+revolver, me suivit et nous fûmes aussitôt dans la galerie tous
+trois. Tout ce qui vient de se passer, depuis que j’avais vu
+l’assassin assis devant le bureau, avait à peine duré dix minutes.
+M. Stangerson voulait se précipiter immédiatement sur l’assassin
+et le tuer: c’était bien simple. Je lui fis entendre qu’avant tout
+il ne fallait pas risquer, «en voulant le tuer, de le manquer
+vivant».
+
+Quand je lui eus juré que sa fille n’était pas dans la chambre et
+qu’elle ne courait aucun danger, il voulut bien calmer son
+impatience et me laisser la direction de l’événement. Je dis
+encore au père Jacques et à M. Stangerson qu’ils ne devaient venir
+à moi que lorsque je les appellerais ou lorsque je tirerais un
+coup de revolver «et j’envoyai le père Jacques se placer» devant
+la fenêtre située à l’extrémité de la galerie droite. (La fenêtre
+est marquée du chiffre 2 sur mon plan.) J’avais choisi ce poste
+pour le père Jacques parce que j’imaginais que l’assassin, traqué
+à sa sortie de la chambre, se sauvant à travers la galerie pour
+rejoindre la fenêtre qu’il avait laissée ouverte, et voyant, tout
+à coup, en arrivant au carrefour des galeries, devant cette
+dernière fenêtre, Larsan gardant la galerie tournante,
+continuerait son chemin dans la galerie droite. Là, il
+rencontrerait le père Jacques, qui l’empêcherait de sauter dans le
+parc par la fenêtre qui ouvrait à l’extrémité de la galerie
+droite. C’est ainsi, certainement, qu’en une telle occurrence
+devait agir l’assassin s’il connaissait les lieux (et cette
+hypothèse ne faisait point de doute pour moi). Sous cette fenêtre,
+en effet, se trouvait extérieurement une sorte de contrefort.
+Toutes les autres fenêtres des galeries donnaient à une telle
+hauteur sur des fossés qu’il était à peu près impossible de sauter
+par là sans se rompre le cou. Portes et fenêtres étaient bien et
+solidement fermées, y compris la porte de la chambre de débarras,
+à l’extrémité de la galerie droite: Je m’en étais rapidement
+assuré.
+
+Donc, après avoir indiqué comme je l’ai dit, son poste au père
+Jacques «et l’y avoir vu», je plaçai M. Stangerson devant le
+palier de l’escalier, non loin de la porte de l’antichambre de sa
+fille. Tout faisait prévoir que, dès lors que je traquais
+l’assassin dans la chambre, celui-ci se sauverait par
+l’antichambre plutôt que par le boudoir où se trouvaient les
+femmes et dont la porte avait dû être fermée par Mlle Stangerson
+elle-même, si, comme je le pensais, elle s’était réfugiée dans ce
+boudoir «pour ne pas voir l’assassin qui allait venir chez elle!»
+Quoi qu’il en fût, il retombait toujours dans la galerie «Où mon
+monde l’attendait à toutes les issues possibles».
+
+Arrivé là, il voit à sa gauche, presque sur lui, M. Stangerson; il
+se sauve alors à droite, vers la galerie tournante, «ce qui est le
+chemin, du reste, de sa fuite préparée». À l’intersection des deux
+galeries il aperçoit à la fois, comme je l’explique plus haut, à
+sa gauche, Frédéric Larsan au bout de la galerie tournante, et en
+face le père Jacques, au bout de la galerie droite. M. Stangerson
+et moi, nous arrivons par derrière. Il est à nous! Il ne peut plus
+nous échapper! ... Ce plan me paraissait le plus sage, le plus sûr
+«et le plus simple». Si nous avions pu directement placer
+quelqu’un de nous derrière la porte du boudoir de Mlle Stangerson
+qui ouvrait sur la chambre à coucher, peut-être eût-il paru plus
+simple «à certains qui ne réfléchissent pas» d’assiéger
+directement les deux portes de la pièce où se trouvait l’homme,
+celle du boudoir et celle de l’antichambre; mais nous ne pouvions
+pénétrer dans le boudoir que par le salon, dont la porte avait été
+fermée à l’intérieur par les soins inquiets de Mlle Stangerson. Et
+ainsi, ce plan, qui serait venu à l’intellect d’un sergent de
+ville quelconque, se trouvait impraticable. Mais moi, qui suis
+obligé de réfléchir, je dirai que, même si j’avais eu la libre
+disposition du boudoir, j’aurais maintenu mon plan tel que je
+viens de l’exposer; car tout autre plan d’attaque direct par
+chacune des portes de la chambre «nous séparait les uns des autres
+au moment de la lutte avec l’homme», tandis que mon plan
+«réunissait tout le monde pour l’attaque», à un endroit que
+j’avais déterminé avec une précision quasi mathématique. Cet
+endroit était l’intersection des deux galeries.
+
+Ayant ainsi placé mon monde, je ressortis du château, courus à mon
+échelle, la réappliquai contre le mur et, le revolver au poing, je
+grimpai.
+
+Que si quelques-uns sourient de tant de précautions préalables, je
+les renverrai au mystère de la «Chambre Jaune» et à toutes les
+preuves que nous avions de la fantastique astuce de l’assassin; et
+aussi, que si quelques-uns trouvent bien méticuleuses toutes mes
+observations dans un moment où l’on doit être entièrement pris par
+la rapidité du mouvement, de la décision et de l’action, je leur
+répliquerai que j’ai voulu longuement et complètement rapporter
+ici toutes les dispositions d’un plan d’attaque conçu et exécuté
+aussi rapidement qu’il est lent à se dérouler sous ma plume. J’ai
+voulu cette lenteur et cette précision pour être certain de ne
+rien omettre des conditions dans lesquelles se produisit l’étrange
+phénomène qui, jusqu’à nouvel ordre et naturelle explication, me
+semble devoir prouver mieux que toutes les théories du professeur
+Stangerson, «la dissociation de la matière», je dirai même la
+dissociation «instantanée» de la matière.
+
+
+
+XVI
+Étrange phénomène de dissociation de la matière
+
+
+_Extrait du carnet de Joseph Rouletabille (suite)_
+
+Me voici de nouveau à la pierre de la fenêtre, continue
+Rouletabille, et de nouveau ma tête dépasse cette pierre; entre
+les rideaux dont la disposition n’a pas bougé, je m’apprête à
+regarder, anxieux de savoir dans quelle attitude je vais trouver
+l’assassin. S’il pouvait me tourner le dos! S’il pouvait être
+encore à cette table, en train d’écrire... Mais peut-être... peut-
+être n’est-il plus là! ... Et comment se serait-il enfui? ... Est-
+ce que je n’ai pas son échelle»? ... Je fais appel à tout mon
+sang-froid. J’avance encore la tête. Je regarde: il est là; je
+revois son dos monstrueux, déformé par les ombres projetées par la
+bougie. Seulement, «il» n’écrit plus et la bougie n’est plus sur
+le petit bureau. La bougie est sur le parquet devant l’homme
+courbé au-dessus d’elle. Position bizarre, mais qui me sert. Je
+retrouve ma respiration. Je monte encore. Je suis aux derniers
+échelons; ma main gauche saisit l’appui de la fenêtre; au moment
+de réussir je sens mon coeur battre à coups précipités. Je mets
+mon revolver entre mes dents. Ma main droite maintenant tient
+aussi l’appui de la fenêtre. Un mouvement nécessairement un peu
+brusque, un rétablissement sur les poignets et je vais être sur la
+fenêtre... Pourvu que l’échelle!...C’est ce qui arrive... je suis
+dans la nécessité de prendre un point d’appui un peu fort sur
+l’échelle et mon pied n’a point plutôt quitté celle-ci que je sens
+qu’elle bascule. Elle racle le mur et s’abat... Mais déjà mes
+genoux touchent la pierre... Avec une rapidité que je crois sans
+égale, je me dresse debout sur la pierre... Mais plus rapide que
+moi a été l’assassin... Il a entendu le raclement de l’échelle
+contre le mur et j’ai vu tout à coup le dos monstrueux se
+soulever, l’homme se dresser, se retourner... J’ai vu sa tête...
+ai-je bien vu sa tête? ... La bougie était sur le parquet et
+n’éclairait suffisamment que ses jambes. À partir de la hauteur de
+la table, il n’y avait guère dans la chambre que des ombres, que
+de la nuit... J’ai vu une tête chevelue, barbue... Des yeux de
+fou; une face pâle qu’encadraient deux larges favoris; la couleur,
+autant que je pouvais dans cette seconde obscure distinguer, la
+couleur... en était rousse... à ce qu’il m’est apparu... à ce que
+j’ai pensé... Je ne connaissais point cette figure. Ce fut, en
+somme, la sensation principale que je reçus de cette image
+entrevue dans des ténèbres vacillantes... Je ne connaissais pas
+cette figure «ou, tout au moins, je ne la reconnaissais pas»!
+
+Ah! Maintenant, il fallait faire vite! ... il fallait être le
+vent! la tempête! ... la foudre! Mais hélas... hélas! «il y avait
+des mouvements nécessaires...» Pendant que je faisais les
+mouvements nécessaires de rétablissement sur les poignets, du
+genou sur la pierre, de mes pieds sur la pierre... l’homme qui
+m’avait aperçu à la fenêtre avait bondi, s’était précipité comme
+je l’avais prévu sur la porte de l’antichambre, avait eu le temps
+de l’ouvrir et fuyait. Mais déjà j’étais derrière lui revolver au
+poing. Je hurlai: «À moi!»
+
+Comme une flèche j’avais traversé la chambre et cependant j’avais
+pu voir qu’»il y avait une lettre sur la table». Je rattrapai
+presque l’homme dans l’antichambre, car le temps qu’il lui avait
+fallu pour ouvrir la porte lui avait au moins pris une seconde. Je
+le touchai presque; il me colla sur le nez la porte qui donne de
+l’antichambre sur la galerie... Mais j’avais des ailes, je fus
+dans la galerie à trois mètres de lui... M. Stangerson et moi le
+poursuivîmes à la même hauteur. L’homme avait pris, toujours comme
+je l’avais prévu, la galerie à sa droite, c’est-à-dire le chemin
+préparé de sa fuite...«À moi, Jacques! À moi, Larsan!» m’écriai-
+je. Il ne pouvait plus nous échapper! Je poussai une clameur de
+joie, de victoire sauvage... L’homme parvint à l’intersection des
+deux galeries à peine deux secondes avant nous et la rencontre que
+j’avais décidée, le choc fatal qui devait inévitablement se
+produire, eut lieu! Nous nous heurtâmes tous à ce carrefour: M.
+Stangerson et moi venant d’un bout de la galerie droite, le père
+Jacques venant de l’autre bout de cette même galerie et Frédéric
+Larsan venant de la galerie tournante. Nous nous heurtâmes jusqu’à
+tomber...
+
+«Mais l’homme n’était pas là!»
+
+Nous nous regardions avec des yeux stupides, des yeux d’épouvante,
+devant cet «irréel»: «l’homme n’était pas là!»
+
+Où est-il? Où est-il? Où est-il? ... Tout notre être demandait:
+«Où est-il?»
+
+«Il est impossible qu’il se soit enfui! m’écriai-je dans une
+colère plus grande que mon épouvante!
+
+-- Je le touchais, s’exclama Frédéric Larsan.
+
+-- Il était là, j’ai senti son souffle dans la figure! faisait le
+père Jacques.
+
+-- Nous le touchions!» répétâmes-nous, M. Stangerson et moi.
+
+Où est-il? Où est-il? Où est-il? ...
+
+Nous courûmes comme des fous dans les deux galeries; nous
+visitâmes portes et fenêtres; elles étaient closes, hermétiquement
+closes... On n’avait pas pu les ouvrir, puisque nous les trouvions
+fermées... Et puis, est-ce que cette ouverture d’une porte ou
+d’une fenêtre par cet homme, ainsi traqué, sans que nous ayons pu
+apercevoir son geste, n’eût pas été plus inexplicable encore que
+la disparition de l’homme lui-même?
+
+Où est-il? Où est-il? ... Il n’a pu passer par une porte, ni par
+une fenêtre, ni par rien. Il n’a pu passer à travers nos corps!
+...
+
+J’avoue que, dans le moment, je fus anéanti. Car, enfin, il
+faisait clair dans la galerie, et dans cette galerie il n’y avait
+ni trappe, ni porte secrète dans les murs, ni rien où l’on pût se
+cacher. Nous remuâmes les fauteuils et soulevâmes les tableaux.
+Rien! Rien! Nous aurions regardé dans une potiche, s’il y avait eu
+une potiche!
+
+
+
+XVII
+La galerie inexplicable
+
+
+Mlle Mathilde Stangerson apparut sur le seuil de son antichambre,
+continue toujours le carnet de Rouletabille. Nous étions presque à
+sa porte, dans cette galerie où venait de se passer l’incroyable
+phénomène. Il y a des moments où l’on sent sa cervelle fuir de
+toutes parts. Une balle dans la tête, un crâne qui éclate, le
+siège de la logique assassiné, la raison en morceaux... tout cela
+était sans doute comparable à la sensation, qui m’épuisait, «qui
+me vidait», du déséquilibre de tout, de la fin de mon moi pensant,
+pensant avec ma pensée d’homme! La ruine morale d’un édifice
+rationnel, doublé de la ruine réelle de la vision physiologique,
+alors que les yeux voient toujours clair, quel coup affreux sur le
+crâne!
+
+Heureusement, Mlle Mathilde Stangerson apparut sur le seuil de son
+antichambre. Je la vis; et ce fut une diversion à ma pensée en
+chaos... Je la respirai... «je respirai son parfum de la dame en
+noir... Chère dame en noir, chère dame en noir» que je ne reverrai
+jamais plus! Mon Dieu! dix ans de ma vie, la moitié de ma vie pour
+revoir la dame en noir! Mais, hélas! Je ne rencontre plus, de
+temps en temps, et encore! ... et encore! ... que le parfum, à peu
+près le parfum dont je venais respirer la trace, sensible pour moi
+seul, dans le parloir de ma jeunesse! ... c’est cette réminiscence
+aiguë de ton cher parfum, dame en noir, qui me fit aller vers
+celle-ci que voilà tout en blanc, et si pâle, si pâle, et si belle
+sur le seuil de la «galerie inexplicable»! Ses beaux cheveux dorés
+relevés sur la nuque laissent voir l’étoile rouge de sa tempe, la
+blessure dont elle faillit mourir... Quand je commençais seulement
+à prendre ma raison par le bon bout, dans cette affaire,
+j’imaginais que, la nuit du mystère de la «Chambre Jaune», Mlle
+Stangerson portait les cheveux en bandeaux... «Mais, avant mon
+entrée dans la «Chambre Jaune», comment aurais-je raisonné sans la
+chevelure aux bandeaux»?
+
+Et maintenant, je ne raisonne plus du tout, depuis le fait de la
+«galerie inexplicable»; je suis là, stupide, devant l’apparition
+de Mlle Stangerson, pâle et si belle. Elle est vêtue d’un peignoir
+d’une blancheur de rêve. On dirait une apparition, un doux
+fantôme. Son père la prend dans ses bras, l’embrasse avec passion,
+semble la reconquérir une fois de plus, puisqu’une fois de plus
+elle eût pu, pour lui, être perdue! Il n’ose l’interroger... Il
+l’entraîne dans sa chambre où nous les suivons... car, enfin, il
+faut savoir! ... La porte du boudoir est ouverte... Les deux
+visages épouvantés des gardes-malades sont penchés vers nous...
+«Mlle Stangerson demande ce que signifie tout ce bruit.» «Voilà,
+dit-elle, c’est bien simple! ...» -- Comme c’est simple! comme
+c’est simple! -- ... Elle a eu l’idée de ne pas dormir cette nuit
+dans sa chambre, de se coucher dans la même pièce que les gardes-
+malades, dans le boudoir... Et elle a fermé, sur elles trois, la
+porte du boudoir... Elle a, depuis la nuit criminelle, des
+craintes, des peurs soudaines fort compréhensibles, n’est-ce pas?
+... Qui comprendra pourquoi, cette nuit justement «où il devait
+revenir», elle s’est enfermée par un «hasard» très heureux avec
+ses femmes? Qui comprendra pourquoi elle repousse la volonté de M.
+Stangerson de coucher dans le salon de sa fille, puisque sa fille
+a peur? Qui comprendra pourquoi la lettre, qui était tout à
+l’heure sur la table de la chambre, «n’y est plus»! ... Celui qui
+comprendra cela dira: Mlle Stangerson savait que l’assassin devait
+revenir... elle ne pouvait l’empêcher de revenir... elle n’a
+prévenu personne parce qu’il faut que l’assassin reste inconnu...
+inconnu de son père, inconnu de tous... excepté de Robert Darzac.
+Car M. Darzac doit le connaître maintenant... Il le connaissait
+peut-être avant! Se rappeler la phrase du jardin de l’Élysée: «Me
+faudra-t-il, pour vous avoir, commettre un crime?» Contre qui, le
+crime, sinon «contre l’obstacle», contre l’assassin? Se rappeler
+encore cette phrase de M. Darzac en réponse à ma question: «Cela
+ne vous déplairait-il point que je découvre l’assassin?--Ah! Je
+voudrais le tuer de ma main!» Et je lui ai répliqué: «Vous n’avez
+pas répondu à ma question!» Ce qui était vrai. En vérité, en
+vérité, M. Darzac connaît si bien l’assassin qu’il a peur que je
+le découvre, «tout en voulant le tuer». Il n’a facilité mon
+enquête que pour deux raisons: d’abord parce que je l’y ai forcé;
+ensuite, pour mieux veiller sur elle...
+
+Je suis dans la chambre... dans sa chambre... je la regarde,
+elle... et je regarde aussi la place où était la lettre tout à
+l’heure... Mlle Stangerson s’est emparée de la lettre; cette
+lettre était pour elle, évidemment... évidemment... Ah! comme la
+malheureuse tremble... Elle tremble au récit fantastique que son
+père lui fait de la présence de l’assassin dans sa chambre et de
+la poursuite dont il a été l’objet... Mais il est visible... il
+est visible qu’elle n’est tout à fait rassurée que lorsqu’on lui
+affirme que l’assassin, par un sortilège inouï, a pu nous
+échapper.
+
+Et puis il y a un silence... Quel silence! ... Nous sommes tous
+là, à «la» regarder... Son père, Larsan, le père Jacques et moi...
+Quelles pensées roulent dans ce silence autour d’elle? ... Après
+l’événement de ce soir, après le mystère de la «galerie
+inexplicable», après cette réalité prodigieuse de l’installation
+de l’assassin dans sa chambre, à elle, il me semble que toutes les
+pensées, toutes, depuis celles qui se traînent sous le crâne du
+père Jacques, jusqu’à celles qui «naissent» sous le crâne de M.
+Stangerson, toutes pourraient se traduire par ces mots qu’on lui
+adresserait, à elle: «Oh! toi qui connais le mystère, explique-le-
+nous, et nous te sauverons peut-être!» Ah! comme je voudrais la
+sauver... d’elle-même, et de l’autre! ... J’en pleure... Oui, je
+sens mes yeux se remplir de larmes devant tant de misère si
+horriblement cachée.
+
+Elle est là, celle qui a le parfum de «la dame en noir»... je la
+vois enfin, chez elle, dans sa chambre, dans cette chambre où elle
+n’a pas voulu me recevoir... dans cette chambre «où elle se tait»,
+où elle continue de se taire. Depuis l’heure fatale de la «Chambre
+Jaune», nous tournons autour de cette femme invisible et muette
+pour savoir ce qu’elle sait. Notre désir, notre volonté de savoir
+doivent lui être un supplice de plus. Qui nous dit que, si «nous
+apprenons», la connaissance de «son» mystère ne sera pas le signal
+d’un drame plus épouvantable que ceux qui se sont déjà déroulés
+ici? Qui nous dit qu’elle n’en mourra pas? Et cependant, elle a
+failli mourir... et nous ne savons rien... Ou plutôt il y en a qui
+ne savent rien... mais moi... si je savais «qui», je saurais
+tout... Qui? qui? qui? ... et ne sachant pas qui, je dois me
+taire, par pitié pour elle, car il ne fait point de doute qu’elle
+sait, elle, comment «il» s’est enfui, lui, de la «Chambre Jaune»,
+et cependant elle se tait. Pourquoi parlerais-je? Quand je saurai
+qui, «je lui parlerai, à lui!»
+
+Elle nous regarde maintenant... mais de loin... comme si nous
+n’étions pas dans sa chambre... M. Stangerson rompt le silence. M.
+Stangerson déclare que, désormais, il ne quittera plus
+l’appartement de sa fille. C’est en vain que celle-ci veut
+s’opposer à cette volonté formelle, M. Stangerson tient bon. Il
+s’y installera dès cette nuit même, dit-il. Sur quoi, uniquement
+occupé de la santé de sa fille, il lui reproche de s’être levée...
+puis il lui tient soudain de petits discours enfantins... Il lui
+sourit... il ne sait plus beaucoup ni ce qu’il dit, ni ce qu’il
+fait... L’illustre professeur perd la tête... Il répète des mots
+sans suite qui attestent le désarroi de son esprit... celui du
+nôtre n’est guère moindre. Mlle Stangerson dit alors, avec une
+voix si douloureuse, ces simples mots: «Mon père! mon père!» que
+celui-ci éclate en sanglots. Le père Jacques se mouche et Frédéric
+Larsan, lui-même, est obligé de se détourner pour cacher son
+émotion. Moi, je n’en peux plus... je ne pense plus, je ne sens
+plus, je suis au-dessous du végétal. Je me dégoûte.
+
+C’est la première fois que Frédéric Larsan se trouve, comme moi,
+en face de Mlle Stangerson, depuis l’attentat de la «Chambre
+Jaune». Comme moi, il avait insisté pour pouvoir interroger la
+malheureuse; mais, pas plus que moi, il n’avait été reçu. À lui
+comme à moi, on avait toujours fait la même réponse: Mlle
+Stangerson était trop faible pour nous recevoir, les
+interrogatoires du juge d’instruction la fatiguaient suffisamment,
+etc... Il y avait là une mauvaise volonté évidente à nous aider
+dans nos recherches qui, «moi», ne me surprenait pas, mais qui
+étonnait toujours Frédéric Larsan. Il est vrai que Frédéric Larsan
+et moi avons une conception du crime tout à fait différente...
+
+... Ils pleurent... Et je me surprends encore à répéter au fond de
+moi: La sauver! ... la sauver malgré elle! la sauver sans la
+compromettre! La sauver sans qu’«il» parle! Qui: «il?» -- «Il»,
+l’assassin... Le prendre et lui fermer la bouche! ... Mais M.
+Darzac l’a fait entendre: «pour lui fermer la bouche, il faut le
+tuer!» Conclusion logique des phrases échappées à M. Darzac. Ai-je
+le droit de tuer l’assassin de Mlle Stangerson? Non! ... Mais
+qu’il m’en donne seulement l’occasion. Histoire de voir s’il est
+bien, réellement, en chair et en os! Histoire de voir son cadavre,
+puisqu’on ne peut saisir son corps vivant!
+
+Ah! comment faire comprendre à cette femme, qui ne nous regarde
+même pas, qui est toute à son effroi et à la douleur de son père,
+que je suis capable de tout pour la sauver... Oui... oui... je
+recommencerai à prendre ma raison par le bon bout et j’accomplirai
+des prodiges...
+
+Je m’avance vers elle... je veux parler, je veux la supplier
+d’avoir confiance en moi... je voudrais lui faire entendre par
+quelques mots, compris d’elle seule et de moi, que je sais comment
+son assassin est sorti de la «Chambre Jaune», que j’ai deviné la
+moitié de son secret... et que je la plains, elle, de tout mon
+coeur... Mais déjà son geste nous prie de la laisser seule,
+exprime la lassitude, le besoin de repos immédiat... M. Stangerson
+nous demande de regagner nos chambres, nous remercie, nous
+renvoie... Frédéric Larsan et moi saluons, et, suivis du père
+Jacques, nous regagnons la galerie. J’entends Frédéric Larsan qui
+murmure: «Bizarre! bizarre! ...» Il me fait signe d’entrer dans sa
+chambre. Sur le seuil, il se retourne vers le père Jacques. Il lui
+demande:
+
+«Vous l’avez bien vu, vous?
+
+-- Qui?
+
+-- L’homme!
+
+-- Si je l’ai vu! ... Il avait une large barbe rousse, des cheveux
+roux...
+
+-- C’est ainsi qu’il m’est apparu, à moi, fis-je.
+
+-- Et à moi aussi», dit Frédéric Larsan.
+
+Le grand Fred et moi nous sommes seuls, maintenant, à parler de la
+chose, dans sa chambre. Nous en parlons une heure, retournant
+l’affaire dans tous les sens. Il est clair que Fred, aux questions
+qu’il me pose, aux explications qu’il me donne, est persuadé --
+malgré ses yeux, malgré mes yeux, malgré tous les yeux -- que
+l’homme a disparu par quelque passage secret de ce château qu’il
+connaissait.
+
+«Car il connaît le château, me dit-il; il le connaît bien...
+
+-- C’est un homme de taille plutôt grande, bien découplé...
+
+-- Il a la taille qu’il faut... murmure Fred...
+
+-- Je vous comprends, dis-je... mais comment expliquez-vous la
+barbe rousse, les cheveux roux?
+
+-- Trop de barbe, trop de cheveux... Des postiches, indique
+Frédéric Larsan.
+
+-- C’est bientôt dit... Vous êtes toujours occupé par la pensée de
+Robert Darzac... Vous ne pourrez donc vous en débarrasser jamais?
+... Je suis sûr, moi, qu’il est innocent...
+
+-- Tant mieux! Je le souhaite... mais vraiment tout le condamne...
+Vous avez remarqué les pas sur le tapis? ... Venez les voir...
+
+-- Je les ai vus... Ce sont «les pas élégants» du bord de l’étang.
+
+-- Ce sont les pas de Robert Darzac; le nierez-vous?
+
+-- Évidemment, on peut s’y méprendre...
+
+-- Avez-vous remarqué que la trace de ces pas «ne revient pas»?
+Quand l’homme est sorti de la chambre, poursuivi par nous tous,
+ses pas n’ont point laissé de traces...
+
+-- L’homme était peut-être dans la chambre «depuis des heures». La
+boue de ses bottines a séché et il glissait avec une telle
+rapidité sur la pointe de ses bottines... On le voyait fuir,
+l’homme... on ne l’entendait pas...»
+
+Soudain, j’interromps ces propos sans suite, sans logique,
+indignes de nous. Je fais signe à Larsan d’écouter:
+
+«Là, en bas... on ferme une porte...»
+
+Je me lève; Larsan me suit; nous descendons au rez-de-chaussée du
+château; nous sortons du château. Je conduis Larsan à la petite
+pièce en encorbellement dont la terrasse donne sous la fenêtre de
+la galerie tournante. Mon doigt désigne cette porte fermée
+maintenant, ouverte tout à l’heure, sous laquelle filtre de la
+lumière.
+
+«Le garde! dit Fred.
+
+-- Allons-y!» lui soufflai-je...
+
+Et, décidé, mais décidé à quoi, le savais-je? décidé à croire que
+le garde est le coupable? l’affirmerais-je? je m’avance contre la
+porte, et je frappe un coup brusque.
+
+Certains penseront que ce retour à la porte du garde est bien
+tardif... et que notre premier devoir à tous, après avoir constaté
+que l’assassin nous avait échappé dans la galerie, était de le
+rechercher partout ailleurs, autour du château, dans le parc...
+Partout...
+
+Si l’on nous fait une telle objection, nous n’avons pour y
+répondre que ceci: c’est que l’assassin était disparu de telle
+sorte de la galerie «que nous avons réellement pensé qu’il n’était
+plus nulle part»! Il nous avait échappé quand nous avions tous la
+main dessus, quand nous le touchions presque... nous n’avions plus
+aucun ressort pour nous imaginer que nous pourrions maintenant le
+découvrir dans le mystère de la nuit et du parc. Enfin, je vous ai
+dit de quel coup cette disparition m’avait choqué le crâne!
+
+... Aussitôt que j’eus frappé, la porte s’ouvrit; le garde nous
+demanda d’une voix calme ce que nous voulions. Il était en chemise
+«et il allait se mettre au lit»; le lit n’était pas encore
+défait...
+
+Nous entrâmes; je m’étonnai.
+
+«Tiens! vous n’êtes pas encore couché? ...
+
+-- Non! répondit-il d’une voix rude... J’ai été faire une tournée
+dans le parc et dans les bois... J’en reviens... Maintenant, j’ai
+sommeil... bonsoir! ...
+
+-- Écoutez, fis-je... Il y avait tout à l’heure, auprès de votre
+fenêtre, une échelle...
+
+-- Quelle échelle? Je n’ai pas vu d’échelle! ... Bonsoir!»
+
+Et il nous mit à la porte tout simplement.
+
+Dehors, je regardai Larsan. Il était impénétrable.
+
+«Eh bien? fis-je...
+
+-- Eh bien? répéta Larsan...
+
+-- Cela ne vous ouvre-t-il point des horizons?»
+
+Sa mauvaise humeur était certaine. En rentrant au château, je
+l’entendis qui bougonnait:
+
+«Il serait tout à fait, mais tout à fait étrange que je me fusse
+trompé à ce point! ...»
+
+Et, cette phrase, il me semblait qu’il l’avait plutôt prononcée à
+mon adresse qu’il ne se la disait à lui-même.
+
+Il ajouta:
+
+«Dans tous les cas, nous serons bientôt fixés... Ce matin il fera
+jour.»
+
+
+
+XVIII
+Rouletabille a dessiné un cercle entre les deux bosses de son
+front
+
+
+_Extrait du carnet de Joseph Rouletabille (suite)._
+
+Nous nous quittâmes sur le seuil de nos chambres après une
+mélancolique poignée de mains. J’étais heureux d’avoir fait naître
+quelque soupçon de son erreur dans cette cervelle originale,
+extrêmement intelligente, mais antiméthodique. Je ne me couchai
+point. J’attendis le petit jour et je descendis devant le château.
+J’en fis le tour en examinant toutes les traces qui pouvaient en
+venir ou y aboutir. Mais elles étaient si mêlées et si confuses
+que je ne pus rien en tirer. Du reste, je tiens ici à faire
+remarquer que je n’ai point coutume d’attacher une importance
+exagérée aux signes extérieurs que laisse le passage d’un crime.
+Cette méthode, qui consiste à conclure au criminel d’après les
+traces de pas, est tout à fait primitive. Il y a beaucoup de
+traces de pas qui sont identiques, et c’est tout juste s’il faut
+leur demander une première indication qu’on ne saurait, en aucun
+cas, considérer comme une preuve.
+
+Quoi qu’il en soit, dans le grand désarroi de mon esprit, je m’en
+étais donc allé dans la cour d’honneur et m’étais penché sur les
+traces, sur toutes les traces qui étaient là, leur demandant cette
+première indication dont j’avais tant besoin pour m’accrocher à
+quelque chose de «raisonnable», à quelque chose qui me permît de
+«raisonner» sur les événements de la «galerie inexplicable».
+Comment raisonner? ... Comment raisonner?
+
+... Ah! raisonner par le bon bout! Je m’assieds, désespéré, sur
+une pierre de la cour d’honneur déserte... Qu’est-ce que je fais,
+depuis plus d’une heure, sinon la plus basse besogne du plus
+ordinaire policier... Je vais quérir l’erreur comme le premier
+inspecteur venu, sur la trace de quelques pas «qui me feront dire
+ce qu’ils voudront»!
+
+Je me trouve plus abject, plus bas dans l’échelle des
+intelligences que ces agents de la Sûreté imaginés par les
+romanciers modernes, agents qui ont acquis leur méthode dans la
+lecture des romans d’Edgar Poe ou de Conan Doyle. Ah! Agents
+littéraires... qui bâtissez des montagnes de stupidité avec un pas
+sur le sable, avec le dessin d’une main sur le mur! «À toi,
+Frédéric Larsan, à toi, l’agent littéraire! ... Tu as trop lu
+Conan Doyle, mon vieux! ... Sherlock Holmes te fera faire des
+bêtises, des bêtises de raisonnement plus énormes que celles qu’on
+lit dans les livres... Elles te feront arrêter un innocent... Avec
+ta méthode à la Conan Doyle, tu as su convaincre le juge
+d’instruction, le chef de la Sûreté... tout le monde... Tu attends
+une dernière preuve... une dernière! ... Dis donc une première,
+malheureux! ... «Tout ce que vous offrent les sens ne saurait être
+une preuve...» Moi aussi, je me suis penché sur «les traces
+sensibles», mais pour leur demander uniquement _d’entrer dans_ _le
+cercle qu’avait dessiné ma raison._ Ah! bien des fois, le cercle
+fut si étroit, si étroit... Mais si étroit était-il, il était
+immense, «puisqu’il ne contenait que de la vérité»! ... Oui, oui,
+je le jure, les traces sensibles n’ont jamais été que mes
+servantes... elles n’ont point été mes maîtresses... Elles n’ont
+point fait de moi cette chose monstrueuse, plus terrible qu’un
+homme sans yeux: un homme qui voit mal! Et voilà pourquoi je
+triompherai de ton erreur et de ta cogitation animale, ô Frédéric
+Larsan!»
+
+Eh quoi! eh quoi! parce que, pour la première fois, cette nuit,
+dans la galerie inexplicable, il s’est produit un événement qui
+«semble» ne point rentrer dans le cercle tracé par ma raison,
+voilà que je divague, voilà que je me penche, le nez sur la terre,
+comme un porc qui cherche, au hasard, dans la fange, l’ordure qui
+le nourrira... Allons! Rouletabille, mon ami, relève la tête... il
+est impossible que l’événement de la galerie inexplicable soit
+sorti du cercle tracé par ta raison... Tu le sais! Tu le sais!
+Alors, relève la tête... presse de tes deux mains les bosses de
+ton front, et rappelle-toi que, lorsque tu as tracé le cercle, tu
+as pris, pour le dessiner dans ton cerveau comme on trace sur le
+papier une figure géométrique, _tu as pris ta raison par le bon
+bout!_
+
+Eh bien, marche maintenant... et remonte dans la «galerie
+inexplicableen t’appuyant sur le bon bout de ta raison» comme
+Frédéric Larsan s’appuie sur sa canne, et tu auras vite prouvé que
+le grand Fred n’est qu’un sot.
+
+Joseph ROULETABILLE
+30 octobre, midi.
+
+Ainsi ai-je pensé... ainsi ai-je agi... la tête en feu, je suis
+remonté dans la galerie et voilà que, sans y avoir rien trouvé de
+plus que ce que j’y ai vu cette nuit, le bon bout de ma raison m’a
+montré une chose si formidable que j’ai besoin de «me retenir à
+lui» pour ne pas tomber.
+
+Ah! Il va me falloir de la force, cependant, pour découvrir
+maintenant les traces sensibles qui vont entrer, qui doivent
+entrer dans le cercle plus large que j’ai dessiné là, entre les
+deux bosses de mon front!
+
+Joseph ROULETABILLE
+30 octobre, minuit.
+
+
+XIX
+Rouletabille m’offre à déjeuner à l’auberge du «Donjon»
+
+
+Ce n’est que plus tard que Rouletabille me remit ce carnet où
+l’histoire du phénomène de la «galerie inexplicable» avait été
+retracée tout au long, par lui, le matin même qui suivit cette
+nuit énigmatique. Le jour où je le rejoignis au Glandier dans sa
+chambre, il me raconta, par le plus grand détail, tout ce que vous
+connaissez maintenant, y compris l’emploi de son temps pendant les
+quelques heures qu’il était allé passer, cette semaine-là, à
+Paris, où, du reste, il ne devait rien apprendre qui le servît.
+
+L’événement de la «galerie inexplicable» était survenu dans la
+nuit du 29 au 30 octobre, c’est-à-dire trois jours avant mon
+retour au château, puisque nous étions le 2 novembre. «C’est donc
+le 2 novembre» que je reviens au Glandier, appelé par la dépêche
+de mon ami et apportant les revolvers.
+
+Je suis dans la chambre de Rouletabille; il vient de terminer son
+récit.
+
+Pendant qu’il parlait, il n’avait point cessé de caresser la
+convexité des verres du binocle qu’il avait trouvé sur le guéridon
+et je comprenais, à la joie qu’il prenait à manipuler ces verres
+de presbyte, que ceux-ci devaient constituer une de ces «marques
+sensibles destinées à entrer dans le cercle tracé par le bon bout
+de sa raison». Cette façon bizarre, unique, qu’il avait de
+s’exprimer en usant de termes merveilleusement adéquats à sa
+pensée ne me surprenait plus; mais souvent il fallait connaître sa
+pensée pour comprendre les termes et ce n’était point toujours
+facile que de pénétrer la pensée de Joseph Rouletabille. La pensée
+de cet enfant était une des choses les plus curieuses que j’avais
+jamais eu à observer. Rouletabille se promenait dans la vie avec
+cette pensée sans se douter de l’étonnement -- disons le mot -- de
+l’ahurissement qu’il rencontrait sur son chemin. Les gens
+tournaient la tête vers cette pensée, la regardaient passer,
+s’éloigner, comme on s’arrête pour considérer plus longtemps une
+silhouette originale que l’on a croisée sur sa route. Et comme on
+se dit: «D’où vient-il, celui-là! Où va-t-il?» on se disait: «D’où
+vient la pensée de Joseph Rouletabille et où va-t-elle?» J’ai
+avoué qu’il ne se doutait point de la couleur originale de sa
+pensée; aussi ne la gênait-elle nullement pour se promener, comme
+tout le monde, dans la vie. De même, un individu qui ne se doute
+point de sa mise excentrique est-il tout à fait à son aise, quel
+que soit le milieu qu’il traverse. C’est donc avec une simplicité
+naturelle que cet enfant, irresponsable de son cerveau
+supernaturel, exprimait des choses formidables «par leur logique
+raccourcie», tellement raccourcie que nous n’en pouvions, nous
+autres, comprendre la forme qu’autant qu’à nos yeux émerveillés il
+voulait bien la détendre et la présenter de face dans sa position
+normale.
+
+Joseph Rouletabille me demanda ce que je pensais du récit qu’il
+venait de me faire. Je lui répondis que sa question m’embarrassait
+fort, à quoi il me répliqua d’essayer, à mon tour, de prendre ma
+raison par le bon bout.
+
+«Eh bien, fis-je, il me semble que le point de départ de mon
+raisonnement doit être celui-ci: il ne fait point de doute que
+l’assassin que vous poursuiviez a été à un moment de cette
+poursuite dans la galerie.»
+
+Et je m’arrêtai...
+
+«En partant si bien, s’exclama-t-il, vous ne devriez point être
+arrêté si tôt. Voyons, un petit effort.
+
+-- Je vais essayer. Du moment où il était dans la galerie et où il
+en a disparu, alors qu’il n’a pu passer ni par une porte ni par
+une fenêtre, il faut qu’il se soit échappé par une autre
+ouverture.»
+
+Joseph Rouletabille me considéra avec pitié, sourit négligemment
+et n’hésita pas plus longtemps à me confier que je raisonnais
+toujours «comme une savate».
+
+«Que dis-je? comme une savate! Vous raisonnez comme Frédéric
+Larsan!»
+
+Car Joseph Rouletabille passait par des périodes alternatives
+d’admiration et de dédain pour Frédéric Larsan; tantôt il
+s’écriait: «Il est vraiment fort!»; tantôt il gémissait: «Quelle
+brute!», selon que -- et je l’avais bien remarqué -- selon que les
+découvertes de Frédéric Larsan venaient corroborer son
+raisonnement à lui ou qu’elles le contredisaient. C’était un des
+petits côtés du noble caractère de cet enfant étrange.
+
+Nous nous étions levés et il m’entraîna dans le parc. Comme nous
+nous trouvions dans la cour d’honneur, nous dirigeant vers la
+sortie, un bruit de volets rejetés contre le mur nous fit tourner
+la tête, et nous vîmes au premier étage de l’aile gauche du
+château, à la fenêtre, une figure écarlate et entièrement rasée
+que je ne connaissais point.
+
+«Tiens! murmura Rouletabille, Arthur Rance!»
+
+Il baissa la tête, hâta sa marche et je l’entendis qui disait
+entre ses dents:
+
+«Il était donc cette nuit au château? ... Qu’est-il venu y faire?»
+
+Quand nous fûmes assez éloignés du château, je lui demandai qui
+était cet Arthur Rance et comment il l’avait connu. Alors il me
+rappela son récit du matin même, me faisant souvenir que M.
+Arthur-W. Rance était cet américain de Philadelphie avec qui il
+avait si copieusement trinqué à la réception de l’Élysée.
+
+«Mais ne devait-il point quitter la France presque immédiatement?
+demandai-je.
+
+-- Sans doute; aussi vous me voyez tout étonné de le trouver
+encore, non seulement en France, mais encore, mais surtout au
+Glandier. Il n’est point arrivé ce matin; il n’est point arrivé
+cette nuit; il sera donc arrivé avant dîner et je ne l’ai point
+vu. Comment se fait-il que les concierges ne m’aient point
+averti?»
+
+Je fis remarquer à mon ami qu’à propos des concierges, il ne
+m’avait point encore dit comment il s’y était pris pour les faire
+remettre en liberté.
+
+Nous approchions justement de la loge; le père et la mère Bernier
+nous regardaient venir. Un bon sourire éclairait leur face
+prospère. Ils semblaient n’avoir gardé aucun mauvais souvenir de
+leur détention préventive. Mon jeune ami leur demanda à quelle
+heure était arrivé Arthur Rance. Ils lui répondirent qu’ils
+ignoraient que M. Arthur Rance fût au château. Il avait dû s’y
+présenter dans la soirée de la veille, mais ils n’avaient pas eu à
+lui ouvrir la grille, attendu que M. Arthur Rance, qui était,
+paraît-il, un grand marcheur et qui ne voulait point qu’on allât
+le chercher en voiture, avait coutume de descendre à la gare du
+petit bourg de Saint-Michel; de là, il s’acheminait à travers la
+forêt jusqu’au château. Il arrivait au parc par la grotte de
+Sainte-Geneviève, descendait dans cette grotte, enjambait un petit
+grillage et se trouvait dans le parc.
+
+À mesure que les concierges parlaient, je voyais le visage de
+Rouletabille s’assombrir, manifester un certain mécontentement et,
+à n’en point douter, un mécontentement contre lui-même.
+Évidemment, il était un peu vexé que, ayant tant travaillé sur
+place, ayant étudié les êtres et les choses du Glandier avec un
+soin méticuleux, il en fût encore à apprendre «qu’Arthur Rance
+avait coutume de venir au château».
+
+Morose, il demanda des explications.
+
+«Vous dites que M. Arthur Rance a coutume de venir au château...
+Mais, quand y est-il donc venu pour la dernière fois?
+
+-- Nous ne saurions vous dire exactement, répondit M. Bernier --
+c’était le nom du concierge -- attendu que nous ne pouvions rien
+savoir pendant qu’on nous tenait en prison, et puis parce que, si
+ce monsieur, quand il vient au château, ne passe pas par notre
+grille, il n’y passe pas non plus quand il le quitte...
+
+-- Enfin, savez-vous quand il y est venu _pour la première fois?_
+
+-- Oh! oui, monsieur... il y a neuf ans! ...
+
+-- Il est donc venu en France, il y a neuf ans, répondit
+Rouletabille; et, cette fois-ci, à votre connaissance, combien de
+fois est-il venu au Glandier?
+
+-- Trois fois.
+
+-- Quand est-il venu au Glandier pour la dernière fois, à «votre
+connaissance», avant aujourd’hui.
+
+-- Une huitaine de jours avant l’attentat de la «Chambre Jaune».
+
+Rouletabille demanda encore, cette fois-ci, particulièrement à la
+femme:
+
+_«Dans la rainure du parquet?_
+
+-- Dans la rainure du parquet, répondit-elle.
+
+-- Merci, fit Rouletabille, et préparez-vous pour ce soir.»
+
+Il prononça cette dernière phrase, un doigt sur la bouche, pour
+recommander le silence et la discrétion.
+
+Nous sortîmes du parc et nous dirigeâmes vers l’auberge du
+«Donjon».
+
+«Vous allez quelquefois manger à cette auberge?
+
+-- Quelquefois.
+
+-- Mais vous prenez aussi vos repas au château?
+
+-- Oui, Larsan et moi nous nous faisons servir tantôt dans l’une
+de nos chambres, tantôt dans l’autre.
+
+-- M. Stangerson ne vous a jamais invité à sa table?
+
+-- Jamais.
+
+-- Votre présence chez lui ne le lasse pas?
+
+-- Je n’en sais rien, mais en tout cas il fait comme si nous ne le
+gênions pas.
+
+-- Il ne vous interroge jamais?
+
+-- Jamais! Il est resté dans cet état d’esprit du monsieur qui
+était derrière la porte de la «Chambre Jaune», pendant qu’on
+assassinait sa fille, qui a défoncé la porte et qui n’a point
+trouvé l’assassin. Il est persuadé que, du moment qu’il n’a pu,
+«sur le fait», rien découvrir, nous ne pourrons à plus forte
+raison rien découvrir non plus, nous autres... Mais il s’est fait
+un devoir, «depuis l’hypothèse de Larsan», de ne point contrarier
+nos illusions.»
+
+Rouletabille se replongea dans ses réflexions. Il en sortit enfin
+pour m’apprendre comment il avait libéré les deux concierges.
+
+«Je suis allé, dernièrement, trouver M. Stangerson avec une
+feuille de papier. Je lui ai dit d’écrire sur cette feuille ces
+mots: «Je m’engage, quoi qu’ils puissent dire, à garder à mon
+service mes deux fidèles serviteurs, Bernier et sa femme», et de
+signer. Je lui expliquai qu’avec cette phrase je serais en mesure
+de faire parler le concierge et sa femme et je lui affirmai que
+j’étais sûr qu’ils n’étaient pour rien dans le crime. Ce fut,
+d’ailleurs, toujours mon opinion. Le juge d’instruction présenta
+cette feuille signée aux Bernier qui, alors, parlèrent. Ils dirent
+ce que j’étais certain qu’ils diraient, dès qu’on leur enlèverait
+la crainte de perdre leur place. Ils racontèrent qu’ils
+braconnaient sur les propriétés de M. Stangerson et que c’était
+par un soir de braconnage qu’ils se trouvèrent non loin du
+pavillon au moment du drame. Les quelques lapins qu’ils
+acquéraient ainsi, au détriment de M. Stangerson, étaient vendus
+par eux au patron de l’auberge du «Donjon» qui s’en servait pour
+sa clientèle ou qui les écoulait sur Paris. C’était la vérité, je
+l’avais devinée dès le premier jour. Souvenez-vous de cette phrase
+avec laquelle j’entrai dans l’auberge du «Donjon»: «Il va falloir
+manger du saignant maintenant!» Cette phrase, je l’avais entendue
+le matin même, quand nous arrivâmes devant la grille du parc, et
+vous l’aviez entendue, vous aussi, mais vous n’y aviez point
+attaché d’importance. Vous savez qu’au moment où nous allions
+atteindre cette grille, nous nous sommes arrêtés à regarder un
+instant un homme qui, devant le mur du parc, faisait les cent pas
+en consultant, à chaque instant, sa montre. Cet homme, c’était
+Frédéric Larsan qui, déjà, travaillait. Or, derrière nous, le
+patron de l’auberge sur son seuil disait à quelqu’un qui se
+trouvait à l’intérieur de l’auberge: «Maintenant, il va falloir
+manger du saignant!»
+
+«Pourquoi ce «maintenant»? Quand on est comme moi à la recherche
+de la plus mystérieuse vérité, on ne laisse rien échapper, ni de
+ce que l’on voit, ni de ce que l’on entend. Il faut, à toutes
+choses, trouver un sens. Nous arrivions dans un petit pays qui
+venait d’être bouleversé par un crime. La logique me conduisait à
+soupçonner toute phrase prononcée comme pouvant se rapporter à
+l’événement du jour. «Maintenant», pour moi, signifiait: «Depuis
+l’attentat.» Dès le début de mon enquête, je cherchai donc à
+trouver une corrélation entre cette phrase et le drame. Nous
+allâmes déjeuner au «Donjon». Je répétai tout de go la phrase et
+je vis, à la surprise et à l’ennui du père Mathieu, que je n’avais
+pas, quant à lui, exagéré l’importance de cette phrase. J’avais
+appris, à ce moment, l’arrestation des concierges. Le père Mathieu
+nous parla de ces gens comme on parle de vrais amis... Que l’on
+regrette... Liaison fatale des idées... je me dis: «Maintenant que
+les concierges sont arrêtés, «il va falloir manger du saignant.»
+Plus de concierges, plus de gibier! Comment ai-je été conduit à
+cette idée précise de «gibier»! La haine exprimée par le père
+Mathieu pour le garde de M. Stangerson, haine, prétendait-il,
+partagée par les concierges, me mena tout doucement à l’idée de
+braconnage... Or, comme, de toute évidence, les concierges ne
+pouvaient être dans leur lit au moment du drame, pourquoi étaient-
+ils dehors cette nuit-là? Pour le drame? Je n’étais point disposé
+à le croire, car déjà je pensais, pour des raisons que je vous
+dirai plus tard, que l’assassin n’avait pas de complice et que
+tout ce drame cachait un mystère entre Mlle Stangerson et
+l’assassin, mystère dans lequel les concierges n’avaient que
+faire. L’histoire du braconnage expliquait tout, _relativement aux
+concierges._ Je l’admis en principe et je recherchai une preuve
+chez eux, dans leur loge. Je pénétrai dans leur maisonnette, comme
+vous le savez, et découvris sous leur lit des lacets et du fil de
+laiton. «Parbleu! pensai-je, parbleu! voilà bien pourquoi ils
+étaient, la nuit, dans le parc.» Je ne m’étonnai point qu’ils se
+fussent tus devant le juge et que, sous le coup d’une aussi grave
+accusation que celle d’une complicité dans le crime, ils n’aient
+point répondu tout de suite en avouant le braconnage. Le
+braconnage les sauvait de la cour d’assisses, mais les faisait
+mettre à la porte du château, et, comme ils étaient parfaitement
+sûrs de leur innocence sur le fait crime, ils espéraient bien que
+celle-ci serait vite découverte et que l’on continuerait à ignorer
+le fait braconnage. Il leur serait toujours loisible de parler à
+temps! Je leur ai fait hâter leur confession par l’engagement
+signé de M. Stangerson, que je leur apportais. Ils donnèrent
+toutes preuves nécessaires, furent mis en liberté et conçurent
+pour moi une vive reconnaissance. Pourquoi ne les avais-je point
+fait délivrer plus tôt? Parce que je n’étais point sûr alors qu’il
+n’y avait dans leur cas que du braconnage. Je voulais les laisser
+venir, et étudier le terrain. Ma conviction ne devint que plus
+certaine, à mesure que les jours s’écoulaient. Au lendemain de la
+«galerie inexplicable», comme j’avais besoin de gens dévoués ici,
+je résolus de me les attacher immédiatement en faisant cesser leur
+captivité. Et voilà!»
+
+Ainsi s’exprima Joseph Rouletabille, et je ne pus que m’étonner
+encore de la simplicité de raisonnement qui l’avait conduit à la
+vérité dans cette affaire de la complicité des concierges. Certes,
+l’affaire était minime, mais je pensai à part moi que le jeune
+homme, un de ces jours, ne manquerait point de nous expliquer,
+avec la même simplicité, la formidable nuit de la «Chambre Jaune»
+et celle de la «galerie inexplicable».
+
+Nous étions arrivés à l’auberge du «Donjon». Nous entrâmes.
+
+Cette fois, nous ne vîmes point l’hôte, mais ce fut l’hôtesse qui
+nous accueillit avec un bon sourire heureux. J’ai déjà décrit la
+salle où nous nous trouvions, et j’ai donné un aperçu de la
+charmante femme blonde aux yeux doux qui se mit immédiatement à
+notre disposition pour le déjeuner.
+
+«Comment va le père Mathieu? demanda Rouletabille.
+
+-- Guère mieux, monsieur, guère mieux; il est toujours au lit.
+
+-- Ses rhumatismes ne le quittent donc pas?
+
+-- Eh non! J’ai encore été obligée, la nuit dernière, de lui faire
+une piqûre de morphine. Il n’y a que cette drogue-là qui calme ses
+douleurs.»
+
+Elle parlait d’une voix douce; tout, en elle, exprimait la
+douceur. C’était vraiment une belle femme, un peu indolente, aux
+grands yeux cernés, des yeux d’amoureuse. Le père Mathieu, quand
+il n’avait pas de rhumatismes, devait être un heureux gaillard.
+Mais elle, était-elle heureuse avec ce rhumatisant bourru? La
+scène à laquelle nous avions précédemment assisté ne pouvait nous
+le faire croire, et cependant, il y avait, dans toute l’attitude
+de cette femme, quelque chose qui ne dénotait point le désespoir.
+Elle disparut dans sa cuisine pour préparer notre repas, nous
+laissant sur la table une bouteille d’excellent cidre.
+Rouletabille nous en versa dans des bols, bourra sa pipe,
+l’alluma, et, tranquillement, m’expliqua enfin la raison qui
+l’avait déterminé à me faire venir au Glandier avec des revolvers.
+
+«Oui, dit-il, en suivant d’un oeil contemplatif les volutes de la
+fumée qu’il tirait de sa bouffarde, oui, cher ami, _j’attends, ce
+soir, l’assassin.»_
+
+Il y eut un petit silence que je n’eus garde d’interrompre, et il
+reprit:
+
+«Hier soir, au moment où j’allais me mettre au lit, M. Robert
+Darzac frappa à la porte de ma chambre. Je lui ouvris, et il me
+confia qu’il était dans la nécessité de se rendre, le lendemain
+matin, c’est-à-dire ce matin même, à Paris. La raison qui le
+déterminait à ce voyage était à la fois péremptoire et
+mystérieuse, péremptoire puisqu’il lui était impossible de ne pas
+faire ce voyage, et mystérieuse puisqu’il lui était aussi
+impossible de m’en dévoiler le but.«Je pars, et cependant, ajouta-
+t-il, je donnerais la moitié de ma vie pour ne pas quitter en ce
+moment Mlle Stangerson.» Il ne me cacha point qu’il la croyait
+encore une fois en danger.«Il surviendrait quelque chose la nuit
+prochaine que je ne m’en étonnerais guère, avoua-t-il, et
+cependant il faut que je m’absente. Je ne pourrai être de retour
+au Glandier qu’après-demain matin.»
+
+«Je lui demandai des explications, et voici tout ce qu’il
+m’expliqua. Cette idée d’un danger pressant lui venait uniquement
+de la coïncidence qui existait entre ses absences et les attentats
+dont Mlle Stangerson était l’objet. La nuit de la «galerie
+inexplicable», il avait dû quitter le Glandier; la nuit de la
+«Chambre Jaune», il n’aurait pu être au Glandier et, de fait, nous
+savons qu’il n’y était pas. Du moins nous le savons
+officiellement, d’après ses déclarations. Pour que, chargé d’une
+idée pareille, il s’absentât à nouveau aujourd’hui, _il fallait
+qu’il_ _obéît à une volonté plus forte que la sienne._ C’est ce
+que je pensais et c’est ce que je lui dis. Il me répondit: «Peut-
+être!» Je demandai si cette volonté plus forte que la sienne était
+celle de Mlle Stangerson; il me jura que non et que la décision de
+son départ avait été prise par lui, en dehors de toute instruction
+de Mlle Stangerson. Bref, il me répéta qu’il ne croyait à la
+possibilité d’un nouvel attentat qu’à cause de cette
+extraordinaire coïncidence qu’il avait remarquée «et que le juge
+d’instruction, du reste, lui avait fait remarquer». «S’il arrivait
+quelque chose à Mlle Stangerson, dit-il, ce serait terrible et
+pour elle et pour moi; pour elle, qui sera une fois de plus entre
+la vie et la mort; pour moi, qui ne pourrai la défendre en cas
+d’attaque et qui serai ensuite dans la nécessité de ne point dire
+_où j’ai passé la nuit._ Or, je me rends parfaitement compte des
+soupçons qui pèsent sur moi. Le juge d’instruction et M. Frédéric
+Larsan -- ce dernier m’a suivi à la piste, la dernière fois que je
+me suis rendu à Paris, et j’ai eu toutes les peines du monde à
+m’en débarrasser -- ne sont pas loin de me croire coupable.--Que
+ne dites-vous, m’écriai-je tout à coup, le nom de l’assassin,
+puisque vous le connaissez?» M. Darzac parut extrêmement troublé
+de mon exclamation. Il me répliqua, d’une voix hésitante: «Moi! Je
+connais le nom de l’assassin? Qui me l’aurait appris?» Je repartis
+aussitôt: «Mlle Stangerson!» Alors, il devint tellement pâle que
+je crus qu’il allait se trouver mal, et je vis que j’avais frappé
+juste: _Mlle Stangerson_ _et lui savent le nom de l’assassin!_
+Quand il fut un peu remis, il me dit: «Je vais vous quitter,
+monsieur. Depuis que vous êtes ici, j’ai pu apprécier votre
+exceptionnelle intelligence et votre ingéniosité sans égale. Voici
+le service que je réclame de vous. Peut-être ai-je tort de
+craindre un attentat la nuit prochaine; mais, comme il faut tout
+prévoir, je compte sur vous pour rendre cet attentat impossible...
+Prenez toutes dispositions qu’il faudra pour isoler, pour garder
+Mlle Stangerson. Faites qu’on ne puisse entrer dans la chambre de
+Mlle Stangerson. Veillez autour de cette chambre comme un bon
+chien de garde. Ne dormez pas. Ne vous accordez point une seconde
+de repos. L’homme que nous redoutons est d’une astuce prodigieuse,
+qui n’a peut-être encore jamais été égalée au monde. Cette astuce
+même _la sauvera si vous veillez_; car il est impossible qu’il ne
+sache point que vous veillez, à cause de cette astuce même; et,
+s’il sait que vous veillez, il ne tentera rien. --Avez-vous parlé
+de ces choses à M. Stangerson?--Non!--Pourquoi?--Parce que je ne
+veux point, monsieur, que M. Stangerson me dise ce que vous m’avez
+dit tout à l’heure: Vous connaissez le nom de l’assassin!» Si,
+vous, vous êtes étonné de ce que je viens vous dire: «L’assassin
+va peut-être venir demain!», quel serait l’étonnement de M.
+Stangerson, si je lui répétais la même chose! Il n’admettra peut-
+être point que mon sinistre pronostic ne soit basé que sur des
+coïncidences qu’il finirait, sans doute, lui aussi, par trouver
+étranges... Je vous dis tout cela, monsieur Rouletabille, parce
+que j’ai une grande... une grande confiance en vous... Je sais
+que, _vous_, vous ne me soupçonnez pas! ...»
+
+«Le pauvre homme, continua Rouletabille, me répondait comme il
+pouvait, à hue et à dia. Il souffrait. J’eus pitié de lui,
+d’autant plus que je me rendais parfaitement compte qu’il se
+ferait tuer plutôt que de me dire qui était l’assassin comme Mlle
+Stangerson se fera plutôt assassiner que de dénoncer l’homme de la
+«Chambre Jaune» et de la «galerie inexplicable». L’homme doit la
+tenir, ou doit les tenir tous deux, d’une manière terrible, «et
+ils ne doivent rien tant redouter que de voir M. Stangerson
+apprendre que sa fille est «tenue «par son assassin.» Je fis
+comprendre à M. Darzac qu’il s’était suffisamment expliqué et
+qu’il pouvait se taire puisqu’il ne pouvait plus rien m’apprendre.
+Je lui promis de veiller et de ne me point coucher de la nuit. Il
+insista pour que j’organisasse une véritable barrière
+infranchissable autour de la chambre de Mlle Stangerson, autour du
+boudoir où couchaient les deux gardes et autour du salon où
+couchait, depuis la «galerie inexplicable», M. Stangerson; bref,
+autour de tout l’appartement. Non seulement je compris, à cette
+insistance, que M. Darzac me demandait de rendre impossible
+l’arrivée à la chambre de Mlle Stangerson, mais encore de rendre
+cette arrivée si «visiblement» impossible, que l’homme fût rebuté
+tout de suite et disparût sans laisser de trace. C’est ainsi que
+j’expliquai, à part moi, la phrase finale dont il me salua: «Quand
+je serai parti, vous pourrez parler de «vos» soupçons pour cette
+nuit à M. Stangerson, au père Jacques, à Frédéric Larsan, à tout
+le monde au château et organiser ainsi, jusqu’à mon retour, une
+surveillance dont, aux yeux de tous, vous aurez eu seul l’idée.»
+
+«Il s’en alla, le pauvre, le pauvre homme, ne sachant plus guère
+ce qu’il disait, devant mon silence et mes yeux qui lui «criaient»
+que j’avais deviné les trois quarts de son secret. Oui, oui,
+vraiment, il devait être tout à fait désemparé pour être venu à
+moi dans un moment pareil et pour abandonner Mlle Stangerson,
+quand il avait dans la tête cette idée terrible de la
+«coïncidence...»
+
+«Quand il fut parti, je réfléchis. Je réfléchis à ceci, qu’il
+fallait être plus astucieux que l’astuce même, de telle sorte que
+l’homme, s’il devait aller, cette nuit, dans la chambre de Mlle
+Stangerson, ne se doutât point une seconde qu’on pouvait
+soupçonner sa venue. Certes! l’empêcher de pénétrer, même par la
+mort, mais le laisser avancer suffisamment pour que, _mort ou
+vivant, on pût_ _voir nettement sa figure!_ Car il fallait en
+finir, il _fallait libérer Mlle Stangerson de cet assassinat
+latent!_
+
+«Oui, mon ami, déclara Rouletabille, après avoir posé sa pipe sur
+la table et vidé son verre, il faut que je voie, d’une façon bien
+distincte, sa figure, _histoire d’être sûr qu’elle entre dans le
+cercle que j’ai tracé avec le bon bout de ma raison.»_
+
+À ce moment, apportant l’omelette au lard traditionnelle,
+l’hôtesse fit sa réapparition. Rouletabille lutina un peu
+MmeMathieu et celle-ci se montra de l’humeur la plus charmante.
+
+«Elle est beaucoup plus gaie, me dit-il, quand le père Mathieu est
+cloué au lit par ses rhumatismes que lorsque le père Mathieu est
+ingambe!»
+
+Mais je n’étais ni aux jeux de Rouletabille, ni aux sourires de
+l’hôtesse; j’étais tout entier aux dernières paroles de mon jeune
+ami et à l’étrange démarche de M. Robert Darzac.
+
+Quand il eut fini son omelette et que nous fûmes seuls à nouveau,
+Rouletabille reprit le cours de ses confidences:
+
+«Quand je vous ai envoyé ma dépêche ce matin, à la première heure,
+j’en étais resté, me dit-il, à la parole de M. Darzac: «L’assassin
+viendra ‘’peut-être’’ la nuit prochaine.» Maintenant, je peux vous
+dire qu’il viendra «sûrement». Oui, je l’attends.
+
+-- Et qu’est-ce qui vous a donné cette certitude? Ne serait-ce
+point par hasard...
+
+-- Taisez-vous, m’interrompit en souriant Rouletabille, taisez-
+vous, vous allez dire une bêtise. Je suis sûr que l’assassin
+viendra _depuis ce matin, dix heures et demie_, c’est-à-dire avant
+votre arrivée, et par conséquent _avant que nous n’ayons aperçu
+Arthur Rance à la fenêtre de la cour d’honneur..._
+
+-- Ah! ah! fis-je... vraiment... mais encore, pourquoi en étiez-
+vous sûr dès dix heures et demie?
+
+-- Parce que, à dix heures et demie, j’ai eu la preuve que Mlle
+Stangerson faisait autant d’efforts pour permettre à l’assassin de
+pénétrer dans sa chambre, cette nuit, que M. Robert Darzac avait
+pris, en s’adressant à moi, de précautions pour qu’il n’y entrât
+pas...
+-- Oh! oh! m’écriai-je, est-ce bien possible! ...»
+
+Et plus bas:
+
+«Ne m’avez-vous pas dit que Mlle Stangerson adorait M. Robert
+Darzac?
+
+-- Je vous l’ai dit parce que c’est la vérité!
+
+-- Alors, vous ne trouvez pas bizarre...
+
+-- Tout est bizarre, dans cette affaire, mon ami, mais croyez bien
+que le bizarre que vous, vous connaissez n’est rien à côté du
+bizarre qui vous attend! ...
+
+-- Il faudrait admettre, dis-je encore, que Mlle Stangerson «et
+son assassin» aient entre eux des relations au moins épistolaires?
+
+-- Admettez-le! mon ami, admettez-le! ... Vous ne risquez rien!
+... Je vous ai rapporté l’histoire de la lettre sur la table de
+Mlle Stangerson, lettre laissée par l’assassin la nuit de la
+«galerie inexplicable», lettre disparue... dans la poche de Mlle
+Stangerson... Qui pourrait prétendre que, «dans cette lettre,
+l’assassin ne sommait pas Mlle Stangerson de lui donner un
+prochain rendez-vous effectif», et enfin qu’il n’a pas fait savoir
+à Mlle Stangerson, «aussitôt qu’il a été sûr du départ de M.
+Darzac», que ce rendez-vous devait être pour la nuit qui vient?»
+
+Et mon ami ricana silencieusement. Il y avait des moments où je me
+demandais s’il ne se payait point ma tête.
+
+La porte de l’auberge s’ouvrit. Rouletabille fut debout, si
+subitement, qu’on eût pu croire qu’il venait de subir sur son
+siège une décharge électrique.
+
+«Mr Arthur Rance!» s’écria-t-il.
+
+M. Arthur Rance était devant nous, et, flegmatiquement, saluait.
+
+
+
+XX
+Un geste de Mlle Stangerson
+
+
+«Vous me reconnaissez, monsieur? demanda Rouletabille au
+gentleman.
+
+-- Parfaitement, répondit Arthur Rance. J’ai reconnu en vous le
+petit garçon du buffet. (Visage cramoisi de colère de Rouletabille
+à ce titre de petit garçon.) Et je suis descendu de ma chambre
+pour venir vous serrer la main. Vous êtes un joyeux petit garçon.»
+
+Main tendue de l’américain; Rouletabille se déride, serre la main
+en riant, me présente, présente Mr Arthur-William Rance, l’invite
+à partager notre repas.
+
+«Non, merci. Je déjeune avec M. Stangerson.»
+
+Arthur Rance parle parfaitement notre langue, presque sans accent.
+
+«Je croyais, monsieur, ne plus avoir le plaisir de vous revoir; ne
+deviez-vous pas quitter notre pays le lendemain ou le surlendemain
+de la réception à l’Élysée?»
+
+Rouletabille et moi, en apparence indifférents à cette
+conversation de rencontre, prêtons une oreille fort attentive à
+chaque parole de l’Américain.
+
+La face rose violacée de l’homme, ses paupières lourdes, certains
+tics nerveux, tout démontre, tout prouve l’alcoolique. Comment ce
+triste individu est-il le commensal de M. Stangerson? Comment
+peut-il être intime avec l’illustre professeur?
+
+Je devais apprendre, quelques jours plus tard, de Frédéric Larsan
+-- lequel avait, comme nous, été surpris et intrigué par la
+présence de l’Américain au château, et s’était documenté -- que M.
+Rance n’était devenu alcoolique que depuis une quinzaine d’années,
+c’est-à-dire depuis le départ de Philadelphie du professeur et de
+sa fille. À l’époque où les Stangerson habitaient l’Amérique, ils
+avaient connu et beaucoup fréquenté Arthur Rance, qui était un des
+phrénologues les plus distingués du Nouveau Monde. Il avait su,
+grâce à des expériences nouvelles et ingénieuses, faire franchir
+un pas immense à la science de Gall et de Lavater. Enfin, il faut
+retenir à l’actif d’Arthur Rance et pour l’explication de cette
+intimité avec laquelle il était reçu au Glandier, que le savant
+américain avait rendu un jour un grand service à Mlle Stangerson,
+en arrêtant, au péril de sa vie, les chevaux emballés de sa
+voiture. Il était même probable qu’à la suite de cet événement une
+certaine amitié avait lié momentanément Arthur Rance et la fille
+du professeur; mais rien ne faisait supposer, dans tout ceci, la
+moindre histoire d’amour.
+
+Où Frédéric Larsan avait-il puisé ses renseignements? Il ne me le
+dit point; mais il paraissait à peu près sûr de ce qu’il avançait.
+
+Si, au moment où Arthur Rance nous vint rejoindre à l’auberge du
+«Donjon», nous avions connu ces détails, il est probable que sa
+présence au château nous eût moins intrigués, mais ils n’auraient
+fait, en tout cas, «qu’augmenter l’intérêt» que nous portions à ce
+nouveau personnage. L’américain devait avoir dans les quarante-
+cinq ans. Il répondit d’une façon très naturelle à la question de
+Rouletabille:
+
+«Quand j’ai appris l’attentat, j’ai retardé mon retour en
+Amérique; je voulais m’assurer, avant de partir, que Mlle
+Stangerson n’était point mortellement atteinte, et je ne m’en irai
+que lorsqu’elle sera tout à fait rétablie.»
+
+Arthur Rance prit alors la direction de la conversation, évitant
+de répondre à certaines questions de Rouletabille, nous faisant
+part, sans que nous l’y invitions, de ses idées personnelles sur
+le drame, idées qui n’étaient point éloignées, à ce que j’ai pu
+comprendre, des idées de Frédéric Larsan lui-même, c’est-à-dire
+que l’Américain pensait, lui aussi, que M. Robert Darzac «devait
+être pour quelque chose dans l’affaire». Il ne le nomma point,
+mais il ne fallait point être grand clerc pour saisir ce qui était
+au fond de son argumentation. Il nous dit qu’il connaissait les
+efforts faits par le jeune Rouletabille pour arriver à démêler
+l’écheveau embrouillé du drame de la «Chambre Jaune». Il nous
+rapporta que M. Stangerson l’avait mis au courant des événements
+qui s’étaient déroulés dans la «galerie inexplicable». On
+devinait, en écoutant Arthur Rance, qu’il expliquait tout par
+Robert Darzac. À plusieurs reprises, il regretta que M. Darzac fût
+«justement absent du château» quand il s’y passait d’aussi
+mystérieux drames, et nous sûmes ce que parler veut dire. Enfin,
+il émit cette opinion que M. Darzac avait été «très bien inspiré,
+très habile», en installant lui-même sur les lieux M. Joseph
+Rouletabille, qui ne manquerait point -- un jour ou l’autre -- de
+découvrir l’assassin. Il prononça cette dernière phrase avec une
+ironie visible, se leva, nous salua, et sortit.
+
+Rouletabille, à travers la fenêtre, le regarda s’éloigner et dit:
+
+«Drôle de corps!»
+
+Je lui demandai:
+
+«Croyez-vous qu’il passera la nuit au Glandier?»
+
+À ma stupéfaction, le jeune reporter répondit «que cela lui était
+tout à fait indifférent».
+
+Je passerai sur l’emploi de notre après-midi. Qu’il vous suffise
+de savoir que nous allâmes nous promener dans les bois, que
+Rouletabille me conduisit à la grotte de Sainte-Geneviève et que,
+tout ce temps, mon ami affecta de me parler de toute autre chose
+que de ce qui le préoccupait. Ainsi le soir arriva. J’étais tout
+étonné de voir le reporter ne prendre aucune de ces dispositions
+auxquelles je m’attendais. Je lui en fis la remarque, quand, la
+nuit venue, nous nous trouvâmes dans sa chambre. Il me répondit
+que toutes ses dispositions étaient déjà prises et que l’assassin
+ne pouvait, cette fois, lui échapper. Comme j’émettais quelque
+doute, lui rappelant la disparition de l’homme dans la galerie, et
+faisant entendre que le même fait pourrait se renouveler, il
+répliqua: «Qu’il l’espérait bien, et que c’est tout ce qu’il
+désirait cette nuit-là.» Je n’insistai point, sachant par
+expérience combien mon insistance eût été vaine et déplacée. Il me
+confia que, depuis le commencement du jour, par son soin et ceux
+des concierges, le château était surveillé de telle sorte que
+personne ne pût en approcher sans qu’il en fût averti; et que,
+dans le cas où personne ne viendrait du dehors, il était bien
+tranquille sur tout ce qui pouvait concerner «ceux du dedans».
+
+Il était alors six heures et demie, à la montre qu’il tira de son
+gousset; il se leva, me fit signe de le suivre et, sans prendre
+aucune précaution, sans essayer même d’atténuer le bruit de ses
+pas, sans me recommander le silence, il me conduisit à travers la
+galerie; nous atteignîmes la galerie droite, et nous la suivîmes
+jusqu’au palier de l’escalier que nous traversâmes. Nous avons
+alors continué notre marche dans la galerie, «aile gauche»,
+passant devant l’appartement du professeur Stangerson. À
+l’extrémité de cette galerie, avant d’arriver au donjon, se
+trouvait une pièce qui était la chambre occupée par Arthur Rance.
+Nous savions cela parce que nous avions vu, à midi, l’Américain à
+la fenêtre de cette chambre qui donnait sur la cour d’honneur. La
+porte de cette chambre était dans le travers de la galerie,
+puisque la chambre barrait et terminait la galerie de ce côté. En
+somme, la porte de cette chambre était juste en face de la fenêtre
+«est «qui se trouvait à l’extrémité de l’autre galerie droite,
+aile droite, là où, précédemment, Rouletabille avait placé le père
+Jacques. Quand on tournait le dos à cette porte, c’est-à-dire
+quand on sortait de cette chambre, «on voyait toute la galerie» en
+enfilade: aile gauche, palier et aile droite. Il n’y avait,
+naturellement, que la galerie tournante de l’aile droite que l’on
+ne voyait point.
+
+«Cette galerie tournante, dit Rouletabille, je me la réserve.
+Vous, quand je vous en prierai, vous viendrez vous installer ici.»
+
+Et il me fit entrer dans un petit cabinet noir triangulaire, pris
+sur la galerie et situé de biais à gauche de la porte de la
+chambre d’Arthur Rance. De ce recoin, je pouvais voir tout ce qui
+se passait dans la galerie aussi facilement que si j’avais été
+devant la porte d’Arthur Rance et je pouvais également surveiller
+la porte même de l’Américain. La porte de ce cabinet, qui devait
+être mon lieu d’observation, était garnie de carreaux non dépolis.
+Il faisait clair dans la galerie où toutes les lampes étaient
+allumées; il faisait noir dans le cabinet. C’était là un poste de
+choix pour un espion.
+
+Car que faisais-je, là, sinon un métier d’espion? de bas policier?
+J’y répugnais certainement; et, outre mes instincts naturels, n’y
+avait-il pas la dignité de ma profession qui s’opposait à un
+pareil avatar? En vérité, si mon bâtonnier me voyait! si l’on
+apprenait ma conduite, au Palais, que dirait le Conseil de
+l’Ordre? Rouletabille, lui, ne soupçonnait même pas qu’il pouvait
+me venir à l’idée de lui refuser le service qu’il me demandait,
+et, de fait, je ne le lui refusai point: d’abord parce que j’eusse
+craint de passer à ses yeux pour un lâche; ensuite parce que je
+réfléchis que je pouvais toujours prétendre qu’il m’était loisible
+de chercher partout la vérité en amateur; enfin, parce qu’il était
+trop tard pour me tirer de là. Que n’avais-je eu ces scrupules
+plus tôt? Pourquoi ne les avais-je pas eus? Parce que ma curiosité
+était plus forte que tout. Encore, je pouvais dire que j’allais
+contribuer à sauver la vie d’une femme; et il n’est point de
+règlements professionnels qui puissent interdire un aussi généreux
+dessein.
+
+Nous revînmes à travers la galerie. Comme nous arrivions en face
+de l’appartement de Mlle Stangerson, la porte du salon s’ouvrit,
+poussée par le maître d’hôtel qui faisait le service du dîner (M.
+Stangerson dînait avec sa fille dans le salon du premier étage,
+depuis trois jours), et, comme la porte était restée entrouverte,
+nous vîmes parfaitement Mlle Stangerson qui, profitant de
+l’absence du domestique et de ce que son père était baissé,
+ramassant un objet qu’elle venait de faire tomber, «versait
+hâtivement le contenu d’une fiole dans le verre de M. Stangerson».
+
+
+
+XXI
+À l’affût
+
+
+Ce geste, qui me bouleversa, ne parut point émouvoir extrêmement
+Rouletabille. Nous nous retrouvâmes dans sa chambre, et, ne me
+parlant même point de la scène que nous venions de surprendre, il
+me donna ses dernières instructions pour la nuit. Nous allions
+d’abord dîner. Après dîner, je devais entrer dans le cabinet noir
+et, là, j’attendrais tout le temps qu’il faudrait «pour voir
+quelque chose».
+
+«Si vous «voyez» avant moi, m’expliqua mon ami, il faudra
+m’avertir. Vous verrez avant moi si l’homme arrive dans la galerie
+droite par tout autre chemin que la galerie tournante, puisque
+vous découvrez toute la galerie droite et que moi je ne puis voir
+que la galerie tournante. Pour m’avertir, vous n’aurez qu’à
+dénouer l’embrasse du rideau de la fenêtre de la galerie droite
+qui se trouve la plus proche du cabinet noir. Le rideau tombera de
+lui-même, voilant la fenêtre et faisant immédiatement un carré
+d’ombre là où il y avait un carré de lumière, puisque la galerie
+est éclairée. Pour faire ce geste, vous n’avez qu’à allonger la
+main hors du cabinet noir. Moi, dans la galerie tournante qui fait
+angle droit avec la galerie droite, j’aperçois, par les fenêtres
+de la galerie tournante, tous les carrés de lumière que font les
+fenêtres de la galerie droite. Quand le carré lumineux qui nous
+occupe deviendra obscur, je saurai ce que cela veut dire.
+
+-- Et alors?
+
+-- Alors, vous me verrez apparaître au coin de la galerie
+tournante.
+
+-- Et qu’est-ce que je ferai?
+
+-- Vous marcherez aussitôt vers moi, derrière l’homme, mais je
+serai déjà sur _l’homme et j’aurai vu si sa figure entre dans mon
+cercle..._
+
+-- Celui qui est «tracé par le bon bout de la raison», terminai-je
+en esquissant un sourire.
+
+-- Pourquoi souriez-vous? C’est bien inutile... Enfin, profitez,
+pour vous réjouir, des quelques instants qui vous restent, car je
+vous jure que tout à l’heure vous n’en aurez plus l’occasion.
+
+-- Et si l’homme échappe?
+
+-- _Tant mieux!_ fit flegmatiquement Rouletabille. Je ne tiens pas
+à le prendre; il pourra s’échapper en dégringolant l’escalier et
+par le vestibule du rez-de-chaussée... et cela avant que vous
+n’ayez atteint le palier, puisque vous êtes au fond de la galerie.
+Moi, je le laisserai partir _après avoir vu sa figure_. C’est tout
+ce qu’il me faut: voir sa figure. Je saurai bien m’arranger
+ensuite pour qu’il soit mort pour Mlle Stangerson, _même s’il
+reste vivant._ Si je le prends vivant, Mlle Stangerson et M.
+Robert Darzac ne me le pardonneront peut-être jamais! Et je tiens
+à leur estime; ce sont de braves gens. Quand je vois Mlle
+Stangerson verser un narcotique dans le verre de son père, pour
+que son père, cette nuit, ne soit pas réveillé par la conversation
+qu’elle doit _avoir avec_ _son assassin_, vous devez comprendre
+que sa reconnaissance pour moi aurait des limites si j’amenais à
+son père, _les poings liés_ _et la bouche ouverte_, l’homme de la
+«Chambre Jaune» et de la «galerie inexplicable»! C’est peut-être
+un grand bonheur que, la nuit de la «galerie inexplicable»,
+l’homme se soit évanoui comme par enchantement! Je l’ai compris
+cette nuit-là à la physionomie soudain rayonnante de Mlle
+Stangerson quand elle eut appris _qu’il avait échappé_. Et j’ai
+compris que, pour sauver la malheureuse, il fallait moins prendre
+l’homme que le rendre muet, de quelque façon que ce fut. Mais tuer
+un homme! tuer un homme! ce n’est pas une petite affaire. Et puis,
+ça ne me regarde pas... à moins qu’il ne m’en donne l’occasion!
+... D’un autre côté, le rendre muet sans que la dame me fasse de
+confidences... c’est une besogne qui consiste d’abord à deviner
+tout avec rien! ... Heureusement, mon ami, j’ai deviné... ou
+plutôt non, j’ai raisonné... et je ne demande à l’homme de ce soir
+de ne m’apporter que la figure sensible qui doit entrer...
+
+-- Dans le cercle...
+
+-- Parfaitement. et sa figure ne me surprendra pas! ...
+
+-- Mais je croyais que vous aviez déjà vu sa figure, le soir où
+vous avez sauté dans la chambre...
+
+-- Mal... la bougie était par terre... et puis, toute cette
+barbe...
+
+-- Ce soir, il n’en aura donc plus?
+
+-- Je crois pouvoir affirmer qu’il en aura... Mais la galerie est
+claire, et puis, maintenant, je sais... ou du moins mon cerveau
+sait... alors mes yeux verront...
+
+-- S’il ne s’agit que de le voir et de le laisser échapper...
+pourquoi nous être armés?
+
+-- Parce que, mon cher, _si l’homme de la «Chambre Jaune» et de la
+«galerie inexplicable» sait que je sais, il est capable de tout!_
+Alors, il faudra nous défendre.
+
+-- Et vous êtes sûr qu’il viendra ce soir? ...
+
+-- Aussi sûr que vous êtes là! ... Mlle Stangerson, à dix heures
+et demie, ce matin, le plus habilement du monde, s’est arrangée
+pour être sans gardes-malades cette nuit; elle leur a donné congé
+pour vingt-quatre heures, sous des prétextes plausibles, et n’a
+voulu, pour veiller auprès d’elle, pendant leur absence, que son
+cher père, qui couchera dans le boudoir de sa fille et qui accepte
+cette nouvelle fonction avec une joie reconnaissante. La
+coïncidence du départ de M. Darzac (après les paroles qu’il m’a
+dites) et des précautions exceptionnelles de Mlle Stangerson, pour
+faire autour d’elle de la solitude, ne permet aucun doute. La
+venue de l’assassin, que Darzac redoute, _Mlle Stangerson la
+prépare!_
+
+-- C’est effroyable!
+
+-- Oui.
+
+-- Et le geste que nous lui avons vu faire, c’est le geste qui va
+endormir son père?
+
+-- Oui.
+
+-- En somme, pour l’affaire de cette nuit, nous ne sommes que
+deux?
+
+-- Quatre; le concierge et sa femme veillent à tout hasard... Je
+crois leur veille inutile, «avant»... Mais le concierge pourra
+m’être utile «après, si on tue»!
+
+-- Vous croyez donc qu’on va tuer?
+
+-- _On tuera s’il le veut!_
+
+-- Pourquoi n’avoir pas averti le père Jacques? Vous ne vous
+servez plus de lui, aujourd’hui?
+
+-- Non», me répondit Rouletabille d’un ton brusque.
+
+Je gardai quelque temps le silence; puis, désireux de connaître le
+fond de la pensée de Rouletabille, je lui demandai à brûle-
+pourpoint:
+
+«Pourquoi ne pas avertir Arthur Rance? Il pourrait nous être d’un
+grand secours...
+
+-- Ah ça! fit Rouletabille avec méchante humeur... Vous voulez
+donc mettre tout le monde dans les secrets de Mlle Stangerson! ...
+Allons dîner... c’est l’heure... Ce soir nous dînons chez Frédéric
+Larsan... à moins qu’il ne soit encore pendu aux trousses de
+Robert Darzac... Il ne le lâche pas d’une semelle. Mais, bah! s’il
+n’est pas là en ce moment, je suis bien sûr qu’il sera là cette
+nuit! ... En voilà un que je vais rouler!»
+
+À ce moment, nous entendîmes du bruit dans la chambre à côté.
+
+«Ce doit être lui, dit Rouletabille.
+
+-- J’oubliais de vous demander, fis-je: quand nous serons devant
+le policier, pas une allusion à l’expédition de cette nuit, n’est-
+ce pas?
+
+-- Évidemment; nous opérons seuls, _pour notre compte personnel._
+
+-- Et toute la gloire sera pour nous?»
+
+Rouletabille, ricanant, ajouta:
+
+«Tu l’as dit, bouffi!»
+
+Nous dînâmes avec Frédéric Larsan, dans sa chambre. Nous le
+trouvâmes chez lui... Il nous dit qu’il venait d’arriver et nous
+invita à nous mettre à table. Le dîner se passa dans la meilleure
+humeur du monde, et je n’eus point de peine à comprendre qu’il
+fallait l’attribuer à la quasi-certitude où Rouletabille et
+Frédéric Larsan, l’un et l’autre, et chacun de son côté, étaient
+de tenir enfin la vérité. Rouletabille confia au grand Fred que
+j’étais venu le voir de mon propre mouvement et qu’il m’avait
+retenu pour que je l’aidasse dans un grand travail qu’il devait
+livrer, cette nuit même, à _L’Époque_. Je devais repartir, dit-il,
+pour Paris, par le train d’onze heures, emportant sa «copie», qui
+était une sorte de feuilleton où le jeune reporter retraçait les
+principaux épisodes des mystères du Glandier. Larsan sourit à
+cette explication comme un homme qui n’en est point dupe, mais qui
+se garde, par politesse, d’émettre la moindre réflexion sur des
+choses qui ne le regardent pas. Avec mille précautions dans le
+langage et jusque dans les intonations, Larsan et Rouletabille
+s’entretinrent assez longtemps de la présence au château de M.
+Arthur-W. Rance, de son passé en Amérique qu’ils eussent voulu
+connaître mieux, du moins quant aux relations qu’il avait eues
+avec les Stangerson. À un moment, Larsan, qui me parut soudain
+souffrant, dit avec effort:
+
+«Je crois, monsieur Rouletabille, que nous n’avons plus
+grand’chose à faire au Glandier, et m’est avis que nous n’y
+coucherons plus de nombreux soirs.
+
+-- C’est aussi mon avis, monsieur Fred.
+
+-- Vous croyez donc, mon ami, que _l’affaire est finie?_
+
+-- Je crois, en effet, qu’elle est finie et qu’elle n’a plus rien
+à nous apprendre, répliqua Rouletabille.
+
+-- Avez-vous un coupable? demanda Larsan.
+
+-- Et vous?
+
+-- Oui.
+
+-- Moi aussi, dit Rouletabille.
+
+-- Serait-ce le même?
+
+-- Je ne crois pas, _si vous n’avez pas changé d’idée»_, dit le
+jeune reporter.
+
+Et il ajouta avec force:
+
+«M. Darzac est un honnête homme!
+
+-- Vous en êtes sûr? demanda Larsan. Eh bien, moi, je suis sûr du
+contraire... C’est donc la bataille?
+
+-- Oui, la bataille. Et je vous battrai, monsieur Frédéric Larsan.
+
+-- La jeunesse ne doute de rien», termina le grand Fred en riant
+et en me serrant la main.
+
+Rouletabille répondit comme un écho:
+
+«De rien!»
+
+Mais soudain, Larsan, qui s’était levé pour nous souhaiter le
+bonsoir, porta les deux mains à sa poitrine et trébucha. Il dut
+s’appuyer à Rouletabille pour ne pas tomber. Il était devenu
+extrêmement pâle.
+
+«Oh! oh! fit-il, qu’est-ce que j’ai là? Est-ce que je serais
+empoisonné?»
+
+Et il nous regardait d’un oeil hagard... En vain, nous
+l’interrogions, il ne nous répondait plus... Il s’était affaissé
+dans un fauteuil et nous ne pûmes en tirer un mot. Nous étions
+extrêmement inquiets, et pour lui, et pour nous, car nous avions
+mangé de tous les plats auxquels avait touché Frédéric Larsan.
+Nous nous empressions autour de lui. Maintenant, il ne semblait
+plus souffrir, mais sa tête lourde avait roulé sur son épaule et
+ses paupières appesanties nous cachaient son regard. Rouletabille
+se pencha sur sa poitrine et ausculta son coeur...
+
+Quand il se releva, mon ami avait une figure aussi calme que je la
+lui avais vue tout à l’heure bouleversée. Il me dit:
+
+«Il dort!»
+
+Et il m’entraîna dans sa chambre, après avoir refermé la porte de
+la chambre de Larsan.
+
+«Le narcotique? demandai-je... Mlle Stangerson veut donc endormir
+tout le monde, ce soir? ...
+
+-- Peut-être... me répondit Rouletabille en songeant à autre
+chose.
+
+-- Mais nous! ... nous! exclamai-je. Qui me dit que nous n’avons
+pas avalé un pareil narcotique?
+
+-- Vous sentez-vous indisposé? me demanda Rouletabille avec sang-
+froid.
+
+-- Non, aucunement!
+
+-- Avez-vous envie de dormir?
+
+-- En aucune façon...
+
+-- Eh bien, mon ami, fumez cet excellent cigare.»
+
+Et il me passa un havane de premier choix que M. Darzac lui avait
+offert; quant à lui, il alluma sa bouffarde, son éternelle
+bouffarde.
+
+Nous restâmes ainsi dans cette chambre jusqu’à dix heures, sans
+qu’un mot fût prononcé. Plongé dans un fauteuil, Rouletabille
+fumait sans discontinuer, le front soucieux et le regard lointain.
+À dix heures, il se déchaussa, me fit un signe et je compris que
+je devais, comme lui, retirer mes chaussures. Quand nous fûmes sur
+nos chaussettes, Rouletabille dit, si bas que je devinai plutôt le
+mot que je ne l’entendis:
+
+«Revolver!»
+
+Je sortis mon revolver de la poche de mon veston.
+
+«Armez! fit-il encore.
+
+J’armai.
+
+Alors il se dirigea vers la porte de sa chambre, l’ouvrit avec des
+précautions infinies; la porte ne cria pas. Nous fûmes dans la
+galerie tournante. Rouletabille me fit un nouveau signe. Je
+compris que je devais prendre mon poste dans le cabinet noir.
+Comme je m’éloignais déjà de lui, Rouletabille me rejoignit «et
+m’embrassa», et puis je vis qu’avec les mêmes précautions il
+retournait dans sa chambre. Étonné de ce baiser et un peu inquiet,
+j’arrivai dans la galerie droite que je longeai sans encombre; je
+traversai le palier et continuai mon chemin dans la galerie, aile
+gauche, jusqu’au cabinet noir. Avant d’entrer dans le cabinet
+noir, je regardai de près l’embrasse du rideau de la fenêtre... Je
+n’avais, en effet, qu’à la toucher du doigt pour que le lourd
+rideau retombât d’un seul coup, «cachant à Rouletabille le carré
+de lumière»: signal convenu. Le bruit d’un pas m’arrêta devant la
+porte d’Arthur Rance. «Il n’était donc pas encore couché!» Mais
+comment était-il encore au château, n’ayant pas dîné avec M.
+Stangerson et sa fille? Du moins, je ne l’avais pas vu à table,
+dans le moment que nous avions saisi le geste de Mlle Stangerson.
+
+Je me retirai dans mon cabinet noir. Je m’y trouvais parfaitement.
+Je voyais toute la galerie en enfilade, galerie éclairée comme en
+plein jour. Évidemment, rien de ce qui allait s’y passer ne
+pouvait m’échapper. Mais qu’est-ce qui allait s’y passer? Peut-
+être quelque chose de très grave. Nouveau souvenir inquiétant du
+baiser de Rouletabille. On n’embrasse ainsi ses amis que dans les
+grandes occasions ou quand ils vont courir un danger! Je courais
+donc un danger?
+
+Mon poing se crispa sur la crosse de mon revolver, et j’attendis.
+Je ne suis pas un héros, mais je ne suis pas un lâche.
+
+J’attendis une heure environ; pendant cette heure je ne remarquai
+rien d’anormal. Dehors, la pluie, qui s’était mise à tomber
+violemment vers neuf heures du soir, avait cessé.
+
+Mon ami m’avait dit que rien ne se passerait probablement avant
+minuit ou une heure du matin. Cependant il n’était pas plus d’onze
+heures et demie quand la porte de la chambre d’Arthur Rance
+s’ouvrit. J’en entendis le faible grincement sur ses gonds. On eût
+dit qu’elle était poussée de l’intérieur avec la plus grande
+précaution. La porte resta ouverte un instant qui me parut très
+long. Comme cette porte était ouverte, dans la galerie, c’est-à-
+dire poussée hors la chambre, je ne pus voir, ni ce qui se passait
+dans la chambre, ni ce qui se passait derrière la porte. À ce
+moment, je remarquai un bruit bizarre qui se répétait pour la
+troisième fois, qui venait du parc, et auquel je n’avais pas
+attaché plus d’importance qu’on n’a coutume d’en attacher au
+miaulement des chats qui errent, la nuit, sur les gouttières.
+Mais, cette troisième fois, le miaulement était si pur et si
+«spécial» que je me rappelai ce que j’avais entendu raconter du
+cri de la «Bête du Bon Dieu». Comme ce cri avait accompagné,
+jusqu’à ce jour, tous les drames qui s’étaient déroulés au
+Glandier, je ne pus m’empêcher, à cette réflexion, d’avoir un
+frisson. Aussitôt je vis apparaître, au delà de la porte, et
+refermant la porte, un homme. Je ne pus d’abord le reconnaître,
+car il me tournait le dos et il était penché sur un ballot assez
+volumineux. L’homme, ayant refermé la porte, et portant le ballot,
+se retourna vers le cabinet noir, et alors je vis qui il était.
+Celui qui sortait, à cette heure, de la chambre d’Arthur Rance
+«était le garde». C’était «l’homme vert». Il avait ce costume que
+je lui avais vu sur la route, en face de l’auberge du «Donjon», le
+premier jour où j’étais venu au Glandier, et qu’il portait encore
+le matin même quand, sortant du château, nous l’avions rencontré,
+Rouletabille et moi. Aucun doute, c’était le garde. Je le vis fort
+distinctement. Il avait une figure qui me parut exprimer une
+certaine anxiété. Comme le cri de la «Bête du Bon Dieu»
+retentissait au dehors pour la quatrième fois, il déposa son
+ballot dans la galerie et s’approcha de la seconde fenêtre, en
+comptant les fenêtres à partir du cabinet noir. Je ne risquai
+aucun mouvement, car je craignais de trahir ma présence.
+
+Quand il fut à cette fenêtre, il colla son front contre les
+vitraux dépolis, et regarda la nuit du parc. Il resta là une demi-
+minute. La nuit était claire, par intermittences, illuminée par
+une lune éclatante qui, soudain, disparaissait sous un gros nuage.
+«L’homme vert» leva le bras à deux reprises, fit des signes que je
+ne comprenais point; puis, s’éloignant de la fenêtre, reprit son
+ballot et se dirigea, suivant la galerie, vers le palier.
+
+Rouletabille m’avait dit: «Quand vous verrez quelque chose,
+dénouez l’embrasse.» Je voyais quelque chose. Était-ce cette chose
+que Rouletabille attendait? Ceci n’était point mon affaire et je
+n’avais qu’à exécuter la consigne qui m’avait été donnée. Je
+dénouai l’embrasse. Mon coeur battait à se rompre. L’homme
+atteignit le palier, mais à ma grande stupéfaction, comme je
+m’attendais à le voir continuer son chemin dans la galerie, aile
+droite, je l’aperçus qui descendait l’escalier conduisant au
+vestibule.
+
+Que faire? Stupidement, je regardais le lourd rideau qui était
+retombé sur la fenêtre. Le signal avait été donné, et je ne voyais
+pas apparaître Rouletabille au coin de la galerie tournante. Rien
+ne vint; personne n’apparut. J’étais perplexe. Une demi-heure
+s’écoula qui me parut un siècle. «Que faire maintenant, même si je
+voyais autre chose?» Le signal avait été donné, je ne pouvais le
+donner une seconde fois... D’un autre côté, m’aventurer dans la
+galerie en ce moment pouvait déranger tous les plans de
+Rouletabille. Après tout, je n’avais rien à me reprocher, et, s’il
+s’était passé quelque chose que n’attendait point mon ami, celui-
+ci n’avait qu’à s’en prendre à lui-même. Ne pouvant plus être
+d’aucun réel secours d’avertissement pour lui, je risquai le tout
+pour le tout: je sortis du cabinet, et, toujours sur mes
+chaussettes, mesurant mes pas et écoutant le silence, je m’en fus
+vers la galerie tournante.
+
+Personne dans la galerie tournante. J’allai à la porte de la
+chambre de Rouletabille. J’écoutai. Rien. Je frappai bien
+doucement. Rien. Je tournai le bouton, la porte s’ouvrit. J’étais
+dans la chambre. Rouletabille était étendu, tout de son long, sur
+le parquet.
+
+
+
+XXII
+Le cadavre incroyable
+
+
+Je me penchai, avec une anxiété inexprimable, sur le corps du
+reporter, et j’eus la joie de constater qu’il dormait! Il dormait
+de ce sommeil profond et maladif dont j’avais vu s’endormir
+Frédéric Larsan. Lui aussi était victime du narcotique que l’on
+avait versé dans nos aliments. Comment, moi-même, n’avais-je point
+subi le même sort! Je réfléchis alors que le narcotique avait dû
+être versé dans notre vin ou dans notre eau, car ainsi tout
+s’expliquait: «je ne bois pas en mangeant.» Doué par la nature
+d’une rotondité prématurée, je suis au régime sec, comme on dit.
+Je secouai avec force Rouletabille, mais je ne parvenais point à
+lui faire ouvrir les yeux. Ce sommeil devait être, à n’en point
+douter, le fait de Mlle Stangerson.
+
+Celle-ci avait certainement pensé que, plus que son père encore,
+elle avait à craindre la veille de ce jeune homme qui prévoyait
+tout, qui savait tout! Je me rappelai que le maître d’hôtel nous
+avait recommandé, en nous servant, un excellent Chablis qui, sans
+doute, avait passé sur la table du professeur et de sa fille.
+
+Plus d’un quart d’heure s’écoula ainsi. Je me résolus, en ces
+circonstances extrêmes, où nous avions tant besoin d’être
+éveillés, à des moyens robustes. Je lançai à la tête de
+Rouletabille un broc d’eau. Il ouvrit les yeux, enfin! de pauvres
+yeux mornes, sans vie et ni regard. Mais n’était-ce pas là une
+première victoire? Je voulus la compléter; j’administrai une paire
+de gifles sur les joues de Rouletabille, et le soulevai. Bonheur!
+je sentis qu’il se raidissait entre mes bras, et je l’entendis qui
+murmurait: «Continuez, mais ne faites pas tant de bruit! ...»
+Continuer à lui donner des gifles sans faire de bruit me parut une
+entreprise impossible. Je me repris à le pincer et à le secouer,
+et il put tenir sur ses jambes. Nous étions sauvés! ...
+«On m’a endormi, fit-il... Ah! J’ai passé un quart d’heure
+abominable avant de céder au sommeil... Mais maintenant, c’est
+passé! Ne me quittez pas! ...»
+
+Il n’avait pas plus tôt terminé cette phrase que nous eûmes les
+oreilles déchirées par un cri affreux qui retentissait dans le
+château, un véritable cri de la mort...
+
+«Malheur! hurla Rouletabille... nous arrivons trop tard! ...»
+
+Et il voulut se précipiter vers la porte; mais il était tout
+étourdi et roula contre la muraille. Moi, j’étais déjà dans la
+galerie, le revolver au poing, courant comme un fou du côté de la
+chambre de Mlle Stangerson. Au moment même où j’arrivais à
+l’intersection de la galerie tournante et de la galerie droite, je
+vis un individu qui s’échappait de l’appartement de Mlle
+Stangerson et qui, en quelques bonds, atteignit le palier.
+
+Je ne fus pas maître de mon geste: je tirai... le coup de revolver
+retentit dans la galerie avec un fracas assourdissant; mais
+l’homme, continuant ses bonds insensés, dégringolait déjà
+l’escalier. Je courus derrière lui, en criant: «Arrête! arrête! ou
+je te tue! ...» Comme je me précipitais à mon tour dans
+l’escalier, je vis en face de moi, arrivant du fond de la galerie,
+aile gauche du château, Arthur Rance qui hurlait: «Qu’y a-t-il?
+... Qu’y a-t-il? ...» Nous arrivâmes presque en même temps au bas
+de l’escalier, Arthur Rance et moi; la fenêtre du vestibule était
+ouverte; nous vîmes distinctement la forme de l’homme qui fuyait;
+instinctivement, nous déchargeâmes nos revolvers dans sa
+direction; l’homme n’était pas à plus de dix mètres devant nous;
+il trébucha et nous crûmes qu’il allait tomber; déjà nous sautions
+par la fenêtre; mais l’homme se reprit à courir avec une vigueur
+nouvelle; j’étais en chaussettes, l’Américain était pieds nus;
+nous ne pouvions espérer l’atteindre «si nos revolvers ne
+l’atteignaient pas»! Nous tirâmes nos dernières cartouches sur
+lui; il fuyait toujours... Mais il fuyait du côté droit de la cour
+d’honneur vers l’extrémité de l’aile droite du château, dans ce
+coin entouré de fossés et de hautes grilles d’où il allait lui
+être impossible de s’échapper, dans ce coin qui n’avait d’autre
+issue, «devant nous», que la porte de la petite chambre en
+encorbellement occupée maintenant par le garde.
+
+L’homme, bien qu’il fût inévitablement blessé par nos balles,
+avait maintenant une vingtaine de mètres d’avance. Soudain,
+derrière nous, au-dessus de nos têtes, une fenêtre de la galerie
+s’ouvrit et nous entendîmes la voix de Rouletabille qui clamait,
+désespérée:
+
+«Tirez, Bernier! Tirez!»
+
+Et la nuit claire, en ce moment, la nuit lunaire, fut encore
+striée d’un éclair.
+
+À la lueur de cet éclair, nous vîmes le père Bernier, debout avec
+son fusil, à la porte du donjon.
+
+Il avait bien visé. «L’ombre tomba.» Mais, comme elle était
+arrivée à l’extrémité de l’aile droite du château, elle tomba de
+l’autre côté de l’angle de la bâtisse; c’est-à-dire que nous vîmes
+qu’elle tombait, mais elle ne s’allongea définitivement par terre
+que de cet autre côté du mur que nous ne pouvions pas voir.
+Bernier, Arthur Rance et moi, nous arrivions de cet autre côté du
+mur, vingt secondes plus tard. «L’ombre était morte à nos pieds.»
+
+Réveillé évidemment de son sommeil léthargique par les clameurs et
+les détonations, Larsan venait d’ouvrir la fenêtre de sa chambre
+et nous criait, comme avait crié Arthur Rance: «Qu’y a-t-il? ...
+Qu’y a-t-il? ...»
+
+Et nous, nous étions penchés sur l’ombre, sur la mystérieuse ombre
+morte de l’assassin. Rouletabille, tout à fait réveillé
+maintenant, nous rejoignit dans le moment, et je lui criai:
+
+«Il est mort! Il est mort! ...
+
+-- Tant mieux, fit-il... Apportez-le dans le vestibule du
+château...
+
+Mais il se reprit:
+
+«Non! non! Déposons-le dans la chambre du garde! ...»
+
+Rouletabille frappa à la porte de la chambre du garde... Personne
+ne répondit de l’intérieur... ce qui ne m’étonna point,
+naturellement.
+
+«Évidemment, il n’est pas là, fit le reporter, sans quoi il serait
+déjà sorti! ... Portons donc ce corps dans le vestibule...»
+
+Depuis que nous étions arrivés sur «l’ombre morte», la nuit
+s’était faite si noire, par suite du passage d’un gros nuage sur
+la lune, que nous ne pouvions que toucher cette ombre sans en
+distinguer les lignes. Et cependant, nos yeux avaient hâte de
+savoir! Le père Jacques, qui arrivait, nous aida à transporter le
+cadavre jusque dans le vestibule du château. Là, nous le déposâmes
+sur la première marche de l’escalier. J’avais senti, sur mes
+mains, pendant ce trajet, le sang chaud qui coulait des
+blessures...
+
+Le père Jacques courut aux cuisines et en revint avec une
+lanterne. Il se pencha sur le visage de «l’ombre morte», et nous
+reconnûmes le garde, celui que le patron de l’auberge du «Donjon»
+appelait «l’homme vert» et que, une heure auparavant, j’avais vu
+sortir de la chambre d’Arthur Rance, chargé d’un ballot. Mais, ce
+que j’avais vu, je ne pouvais le rapporter qu’à Rouletabille seul,
+ce que je fis du reste quelques instants plus tard.
+
+..................................................................
+...................................
+
+
+Je ne saurais passer sous silence l’immense stupéfaction -- je
+dirai même le cruel désappointement -- dont firent preuve Joseph
+Rouletabille et Frédéric Larsan, lequel nous avait rejoint dans le
+vestibule. Ils tâtaient le cadavre... ils regardaient cette figure
+morte, ce costume vert du garde... et ils répétaient, l’un et
+l’autre: «Impossible! ... c’est impossible!»
+
+Rouletabille s’écria même:
+
+«C’est à jeter sa tête aux chiens!»
+
+Le père Jacques montrait une douleur stupide accompagnée de
+lamentations ridicules. Il affirmait qu’on s’était trompé et que
+le garde ne pouvait être l’assassin de sa maîtresse. Nous dûmes le
+faire taire. On aurait assassiné son fils qu’il n’eût point gémi
+davantage, et j’expliquai cette exagération de bons sentiments par
+la peur dont il devait être hanté que l’on crût qu’il se
+réjouissait de ce décès dramatique; chacun savait, en effet, que
+le père Jacques détestait le garde. Je constatai que seul, de nous
+tous qui étions fort débraillés ou pieds nus ou en chaussettes, le
+père Jacques était entièrement habillé.
+
+Mais Rouletabille n’avait pas lâché le cadavre; à genoux sur les
+dalles du vestibule, éclairé par la lanterne du père Jacques, il
+déshabillait le corps du garde! ... Il lui mit la poitrine à nu.
+Elle était sanglante.
+
+Et, soudain, prenant, des mains du père Jacques, la lanterne, il
+en projeta les rayons, de tout près, sur la blessure béante.
+Alors, il se releva et dit sur un ton extraordinaire, sur un ton
+d’une ironie sauvage:
+
+«Cet homme que vous croyez avoir tué à coups de revolver et de
+chevrotines est mort d’un coup de couteau au coeur!»
+
+Je crus, une fois de plus, que Rouletabille était devenu fou et je
+me penchai à mon tour sur le cadavre. Alors je pus constater qu’en
+effet le corps du garde ne portait aucune blessure provenant d’un
+projectile, et que, seule, la région cardiaque avait été entaillée
+par une lame aiguë.
+
+
+
+XXIII
+La double piste
+
+
+Je n’étais pas encore revenu de la stupeur que me causait une
+pareille découverte quand mon jeune ami me frappa sur l’épaule et
+me dit:
+
+«Suivez-moi!
+
+-- Où, lui demandai-je?
+
+-- Dans ma chambre.
+
+-- Qu’allons-nous y faire?
+
+-- Réfléchir.»
+
+J’avouai, quant à moi, que j’étais dans l’impossibilité totale,
+non seulement de réfléchir, mais encore de penser; et, dans cette
+nuit tragique, après des événements dont l’horreur n’était égalée
+que par leur incohérence, je m’expliquais difficilement comment,
+entre le cadavre du garde et Mlle Stangerson peut-être à l’agonie,
+Joseph Rouletabille pouvait avoir la prétention de «réfléchir».
+C’est ce qu’il fit cependant, avec le sang-froid des grands
+capitaines au milieu des batailles. Il poussa sur nous la porte de
+sa chambre, m’indiqua un fauteuil, s’assit posément en face de
+moi, et, naturellement, alluma sa pipe. Je le regardais
+réfléchir... et je m’endormis. Quand je me réveillai, il faisait
+jour. Ma montre marquait huit heures. Rouletabille n’était plus
+là. Son fauteuil, en face de moi, était vide. Je me levai et
+commençai de m’étirer les membres quand la porte s’ouvrit et mon
+ami rentra. Je vis tout de suite à sa physionomie que, pendant que
+je dormais, il n’avait point perdu son temps.
+
+«Mlle Stangerson? demandai-je tout de suite.
+
+-- Son état, très alarmant, n’est pas désespéré.
+
+-- Il y a longtemps que vous avez quitté cette chambre?
+
+-- Au premier rayon de l’aube.
+
+-- Vous avez travaillé?
+
+-- Beaucoup.
+
+-- Découvert quoi?
+
+-- Une double empreinte de pas très remarquable «et qui aurait pu
+me gêner...»
+
+-- Elle ne vous gêne plus?
+
+-- Non.
+
+-- Vous explique-t-elle quelque chose?
+
+-- Oui.
+
+-- Relativement au «cadavre incroyable» du garde?
+
+-- Oui; ce cadavre est tout à fait «croyable», maintenant. J’ai
+découvert ce matin, en me promenant autour du château, deux sortes
+de pas distinctes dont les empreintes avaient été faites cette
+nuit en même temps, côte à côte. Je dis: «en même temps»; et, en
+vérité, il ne pouvait guère en être autrement, car, si l’une de
+ces empreintes était venue après l’autre, suivant le même chemin,
+elle eût souvent «empiété sur l’autre», ce qui n’arrivait jamais.
+Les pas de celui-ci ne marchaient point sur les pas de celui-là.
+Non, c’étaient des pas «qui semblaient causer entre eux». Cette
+double empreinte quittait toutes les autres empreintes, vers le
+milieu de la cour d’honneur, pour sortir de cette cour et se
+diriger vers la chênaie. Je quittais la cour d’honneur, les yeux
+fixés vers ma piste, quand je fus rejoint par Frédéric Larsan.
+Immédiatement, il s’intéressa beaucoup à mon travail, car cette
+double empreinte méritait vraiment qu’on s’y attachât. On
+retrouvait là la double empreinte des pas de l’affaire de la
+«Chambre Jaune»: les pas grossiers et les pas élégants; mais,
+tandis que, lors de l’affaire de la «Chambre Jaune», les pas
+grossiers ne faisaient que joindre au bord de l’étang les pas
+élégants, pour disparaître ensuite -- dont nous avions conclu,
+Larsan et moi, que ces deux sortes de pas appartenaient au même
+individu qui n’avait fait que changer de chaussures -- ici, pas
+grossiers et pas élégants voyageaient de compagnie. Une pareille
+constatation était bien faite pour me troubler dans mes certitudes
+antérieures. Larsan semblait penser comme moi; aussi, restions-
+nous penchés sur ces empreintes, reniflant ces pas comme des
+chiens à l’affût.
+
+«Je sortis de mon portefeuille mes semelles de papier. La première
+semelle, qui était celle que j’avais découpée sur l’empreinte des
+souliers du père Jacques retrouvés par Larsan, c’est-à-dire sur
+l’empreinte des pas grossiers, cette première semelle, dis-je,
+s’appliqua parfaitement à l’une des traces que nous avions sous
+les yeux, et la seconde semelle, qui était le dessin des «pas
+élégants», s’appliqua également sur l’empreinte correspondante,
+mais avec une légère différence à la pointe. En somme, cette trace
+nouvelle du pas élégant ne différait de la trace du bord de
+l’étang que par la pointe de la bottine. Nous ne pouvions en tirer
+cette conclusion que cette trace appartenait au même personnage,
+mais nous ne pouvions non plus affirmer qu’elle ne lui appartenait
+pas. L’inconnu pouvait ne plus porter les mêmes bottines.
+
+«Suivant toujours cette double empreinte, Larsan et moi, nous
+fûmes conduits à sortir bientôt de la chênaie et nous nous
+trouvâmes sur les mêmes bords de l’étang qui nous avaient vus lors
+de notre première enquête. Mais, cette fois, aucune des traces ne
+s’y arrêtait et toutes deux, prenant le petit sentier, allaient
+rejoindre la grande route d’Épinay. Là, nous tombâmes sur un
+macadam récent qui ne nous montra plus rien; et nous revînmes au
+château, sans nous dire un mot.
+
+«Arrivés dans la cour d’honneur, nous nous sommes séparés; mais,
+par suite du même chemin qu’avait pris notre pensée, nous nous
+sommes rencontrés à nouveau devant la porte de la chambre du père
+Jacques. Nous avons trouvé le vieux serviteur au lit et constaté
+tout de suite que les effets qu’il avait jetés sur une chaise
+étaient dans un état lamentable, et que ses chaussures, des
+souliers tout à fait pareils à ceux que nous connaissions, étaient
+extraordinairement boueux. Ce n’était certainement point en aidant
+à transporter le cadavre du garde, du bout de cour au vestibule,
+et en allant chercher une lanterne aux cuisines, que le père
+Jacques avait arrangé de la sorte ses chaussures et trempé ses
+habits, puisque alors il ne pleuvait pas. Mais il avait plu avant
+ce moment-là et il avait plu après.
+
+«Quant à la figure du bonhomme, elle n’était pas belle à voir.
+Elle semblait refléter une fatigue extrême, et ses yeux
+clignotants nous regardèrent, dès l’abord, avec effroi.
+
+«Nous l’avons interrogé. Il nous a répondu d’abord qu’il s’était
+couché immédiatement après l’arrivée au château du médecin que le
+maître d’hôtel était allé quérir; mais nous l’avons si bien
+poussé, nous lui avons si bien prouvé qu’il mentait, qu’il a fini
+par nous avouer qu’il était, en effet, sorti du château. Nous lui
+en avons, naturellement, demandé la raison; il nous a répondu
+qu’il s’était senti mal à la tête, et qu’il avait eu besoin de
+prendre l’air, mais qu’il n’était pas allé plus loin que la
+chênaie. Nous lui avons alors décrit tout le chemin qu’il avait
+fait, _aussi bien que si_ _nous l’avions vu marcher._ Le vieillard
+se dressa sur son séant et se prit à trembler.
+
+«--Vous n’étiez pas seul!» s’écria Larsan.
+
+«Alors, le père Jacques:
+
+«--Vous l’avez donc vu?
+
+«--Qui? demandai-je.
+
+«-- Mais le fantôme noir!»
+
+«Sur quoi, le père Jacques nous conta que, depuis quelques nuits,
+il voyait le fantôme noir. Il apparaissait dans le parc sur le
+coup de minuit et glissait contre les arbres avec une souplesse
+incroyable. Il paraissait «traverser» le tronc des arbres; deux
+fois, le père Jacques, qui avait aperçu le fantôme à travers sa
+fenêtre, à la clarté de la lune, s’était levé et, résolument,
+était parti à la chasse de cette étrange apparition. L’avant-
+veille, il avait failli la rejoindre, mais elle s’était évanouie
+au coin du donjon; enfin, cette nuit, étant en effet sorti du
+château, travaillé par l’idée du nouveau crime qui venait de se
+commettre, il avait vu tout à coup, surgir au milieu de la cour
+d’honneur, le fantôme noir. Il l’avait suivi d’abord prudemment,
+puis de plus près... ainsi il avait tourné la chênaie, l’étang, et
+était arrivé au bord de la route d’Épinay. «Là, le fantôme avait
+soudain disparu.»
+
+«--Vous n’avez pas vu sa figure? demanda Larsan.
+
+«--Non! Je n’ai vu que des voiles noirs...
+
+«--Et, après ce qui s’est passé dans la galerie, vous n’avez pas
+sauté dessus?
+
+«--Je ne le pouvais pas! Je me sentais terrifié... C’est à peine
+si j’avais la force de le suivre...
+
+«--Vous ne l’avez pas suivi, fis-je, père Jacques, -- et ma voix
+était menaçante -- vous êtes allé avec le fantôme jusqu’à la route
+d’Épinay «bras dessus, bras dessous»!
+
+«--Non! cria-t-il... il s’est mis à tomber des trombes d’eau... Je
+suis rentré! ... Je ne sais pas ce que le fantôme noir est
+devenu...»
+
+«Mais ses yeux se détournèrent de moi.
+
+«Nous le quittâmes.
+
+«Quand nous fûmes dehors:
+
+«--Complice? interrogeai-je, sur un singulier ton, en regardant
+Larsan bien en face pour surprendre le fond de sa pensée.
+
+«Larsan leva les bras au ciel.
+
+«--Est-ce qu’on sait? ... Est-ce qu’on sait, dans une affaire
+pareille? ... Il y a vingt-quatre heures, j’aurais juré qu’il n’y
+avait pas de complice! ...»
+
+«Et il me laissa en m’annonçant qu’il quittait le château sur-le-
+champ pour se rendre à Épinay.»
+
+Rouletabille avait fini son récit. Je lui demandai:
+
+«Eh bien? Que conclure de tout cela? ... Quant à moi, je ne vois
+pas! ... je ne saisis pas! ... Enfin! Que savez-vous?
+
+-- _Tout! _s’exclama-t-il_... Tout!»_
+
+Et je ne lui avais jamais vu figure plus rayonnante. Il s’était
+levé et me serrait la main avec force...
+
+«Alors, expliquez-moi, priai-je...
+
+-- Allons demander des nouvelles de Mlle Stangerson», me répondit-
+il brusquement.
+
+
+
+XXIV
+Rouletabille connaît les deux moitiés de l’assassin
+
+
+Mlle Stangerson avait failli être assassinée pour la seconde fois.
+Le malheur fut qu’elle s’en porta beaucoup plus mal la seconde que
+la première. Les trois coups de couteau que l’homme lui avait
+portés dans la poitrine, en cette nouvelle nuit tragique, la
+mirent longtemps entre la vie et la mort, et quand, enfin, la vie
+fut plus forte et qu’on pût espérer que la malheureuse femme,
+cette fois encore, échapperait à son sanglant destin, on s’aperçut
+que, si elle reprenait chaque jour l’usage de ses sens, elle ne
+recouvrait point celui de sa raison. La moindre allusion à
+l’horrible tragédie la faisait délirer, et il n’est point non
+plus, je crois bien, exagéré de dire que l’arrestation de M.
+Robert Darzac, qui eut lieu au château du Glandier, le lendemain
+de la découverte du cadavre du garde, creusa encore l’abîme moral
+où nous vîmes disparaître cette belle intelligence.
+
+M. Robert Darzac arriva au château vers neuf heures et demie. Je
+le vis accourir à travers le parc, les cheveux et les habits en
+désordre, crotté, boueux, dans un état lamentable. Son visage
+était d’une pâleur mortelle. Rouletabille et moi, nous étions
+accoudés à une fenêtre de la galerie. Il nous aperçut; il poussa
+vers nous un cri désespéré:
+
+«J’arrive trop tard! ...»
+
+Rouletabille lui cria:
+
+«Elle vit! ...»
+
+Une minute après, M. Darzac entrait dans la chambre de Mlle
+Stangerson, et, à travers la porte, nous entendîmes ses sanglots.
+
+..................................................................
+..................................
+«Fatalité! gémissait à côté de moi, Rouletabille. Quels Dieux
+infernaux veillent donc sur le malheur de cette famille! Si l’on
+ne m’avait pas endormi, j’aurais sauvé Mlle Stangerson de l’homme,
+et je l’aurais rendu muet pour toujours... _et le garde ne serait
+pas mort!»_
+__
+_.................................................................
+................................_
+
+M. Darzac vint nous retrouver. Il était tout en larmes.
+Rouletabille lui raconta tout: et comment il avait tout préparé
+pour leur salut, à Mlle Stangerson et à lui; et comment il y
+serait parvenu en éloignant l’homme pour toujours «après avoir vu
+sa figure»; et comment son plan s’était effondré dans le sang, à
+cause du narcotique.
+
+«Ah! si vous aviez eu réellement confiance en moi, fit tout bas le
+jeune homme, si vous aviez dit à Mlle Stangerson d’avoir confiance
+en moi! ... Mais ici chacun se défie de tous... la fille se défie
+du père... et la fiancée se défie du fiancé... Pendant que vous me
+disiez de tout faire pour empêcher l’arrivée de l’assassin, _elle_
+_préparait tout pour se faire assassiner!_ ... Et je suis arrivé
+trop tard... à demi endormi... me traînant presque, dans cette
+chambre où la vue de la malheureuse, baignant dans son sang, me
+réveilla tout à fait...»
+
+Sur la demande de M. Darzac, Rouletabille raconta la scène.
+S’appuyant aux murs pour ne pas tomber, pendant que, dans le
+vestibule et dans la cour d’honneur, nous poursuivions l’assassin,
+il s’était dirigé vers la chambre de la victime... Les portes de
+l’antichambre sont ouvertes; il entre; Mlle Stangerson gît,
+inanimée, à moitié renversée sur le bureau, les yeux clos; son
+peignoir est rouge du sang qui coule à flots de sa poitrine. Il
+semble à Rouletabille, encore sous l’influence du narcotique,
+qu’il se promène dans quelque affreux cauchemar. Automatiquement,
+il revient dans la galerie, ouvre une fenêtre, nous clame le
+crime, nous ordonne de tuer, et retourne dans la chambre.
+Aussitôt, il traverse le boudoir désert, entre dans le salon dont
+la porte est restée entrouverte, secoue M. Stangerson sur le
+canapé où il s’est étendu et le réveille comme je l’ai réveillé,
+lui, tout à l’heure... M. Stangerson se dresse avec des yeux
+hagards, se laisse traîner par Rouletabille jusque dans la
+chambre, aperçoit sa fille, pousse un cri déchirant... Ah! il est
+réveillé! il est réveillé! ... Tous les deux, maintenant,
+réunissant leurs forces chancelantes, transportent la victime sur
+son lit...
+
+Puis Rouletabille veut nous rejoindre, pour savoir... «pour
+savoir...» mais, avant de quitter la chambre, il s’arrête près du
+bureau... Il y a là, par terre, un paquet... énorme... un
+ballot... Qu’est-ce que ce paquet fait là, auprès du bureau? ...
+L’enveloppe de serge qui l’entoure est dénouée... Rouletabille se
+penche... Des papiers... des papiers... des photographies... Il
+lit: «Nouvel électroscope condensateur différentiel... Propriétés
+fondamentales de la substance intermédiaire entre la matière
+pondérable et l’éther impondérable.»... Vraiment, vraiment, quel
+est ce mystère et cette formidable ironie du sort qui veulent qu’à
+l’heure où «on» lui assassine sa fille, «on» vienne restituer au
+professeur Stangerson toutes ces paperasses inutiles, «qu’il
+jettera au feu! ... au feu! ... au feu! ... le lendemain».
+
+..................................................................
+.................................
+
+Dans la matinée qui suivit cette horrible nuit, nous avons vu
+réapparaître M. de Marquet, son greffier, les gendarmes. Nous
+avons tous été interrogés, excepté naturellement Mlle Stangerson
+qui était dans un état voisin du coma. Rouletabille et moi, après
+nous être concertés, n’avons dit que ce que nous avons bien voulu
+dire. J’eus garde de rien rapporter de ma station dans le cabinet
+noir ni des histoires de narcotique. Bref, nous tûmes tout ce qui
+pouvait faire soupçonner que nous nous attendions à quelque chose,
+et aussi tout ce qui pouvait faire croire que Mlle Stangerson
+«attendait l’assassin». La malheureuse allait peut-être payer de
+sa vie le mystère dont elle entourait son assassin... Il ne nous
+appartenait point de rendre un pareil sacrifice inutile... Arthur
+Rance raconta à tout le monde, fort naturellement -- si
+naturellement que j’en fus stupéfait -- qu’il avait vu le garde
+pour la dernière fois vers onze heures du soir. Celui-ci était
+venu dans sa chambre, dit-il, pour y prendre sa valise qu’il
+devait transporter le lendemain matin à la première heure à la
+gare de Saint-Michel «et s’était attardé à causer longuement
+chasse et braconnage avec lui»! Arthur-William Rance, en effet,
+devait quitter le Glandier dans la matinée et se rendre à pied,
+selon son habitude, à Saint-Michel; aussi avait-il profité d’un
+voyage matinal du garde dans le petit bourg pour se débarrasser de
+son bagage.
+
+Du moins je fus conduit à le penser car M. Stangerson confirma ses
+dires; il ajouta qu’il n’avait pas eu le plaisir, la veille au
+soir, d’avoir à sa table son ami Arthur Rance parce que celui-ci
+avait pris, vers les cinq heures, un congé définitif de sa fille
+et de lui. M. Arthur Rance s’était fait servir simplement un thé
+dans sa chambre, se disant légèrement indisposé.
+
+Bernier, le concierge, sur les indications de Rouletabille,
+rapporta qu’il avait été requis par le garde lui-même, cette nuit-
+là, pour faire la chasse aux braconniers (le garde ne pouvait plus
+le contredire), qu’ils s’étaient donné rendez-vous tous deux non
+loin de la chênaie et que, voyant que le garde ne venait point, il
+était allé, lui, Bernier, au-devant du garde... Il était arrivé à
+hauteur du donjon, ayant passé la petite porte de la cour
+d’honneur, quand il aperçut un individu qui fuyait à toutes jambes
+du côté opposé, vers l’extrémité de l’aile droite du château; des
+coups de revolver retentirent dans le même moment derrière le
+fuyard; Rouletabille était apparu à la fenêtre de la galerie; il
+l’avait aperçu, lui Bernier, l’avait reconnu, l’avait vu avec son
+fusil et lui avait crié de tirer. Alors, Bernier avait lâché son
+coup de fusil qu’il tenait tout prêt... et il était persuadé qu’il
+avait mis à mal le fuyard; il avait cru même qu’il l’avait tué, et
+cette croyance avait duré jusqu’au moment où Rouletabille,
+dépouillant le corps qui était tombé sous le coup de fusil, lui
+avait appris que ce corps «avait été tué d’un coup de couteau»;
+que, du reste, il restait ne rien comprendre à une pareille
+fantasmagorie, attendu que, si le cadavre trouvé n’était point
+celui du fuyard sur lequel nous avions tous tiré, il fallait bien
+que ce fuyard fût quelque part. Or, dans ce petit coin de cour où
+nous nous étions tous rejoints autour du cadavre, «il n’y avait
+pas de place pour un autre mort ou pour un vivant» sans que nous
+le vissions!
+
+Ainsi parla le père Bernier. Mais le juge d’instruction lui
+répondit que, pendant que nous étions dans ce petit bout de cour,
+la nuit était bien noire, puisque nous n’avions pu distinguer le
+visage du garde, et que, pour le reconnaître, il nous avait fallu
+le transporter dans le vestibule... À quoi le père Bernier
+répliqua que, si l’on n’avait pas vu «l’autre corps, mort ou
+vivant», on aurait au moins marché dessus, tant ce bout de cour
+est étroit. Enfin, nous étions, sans compter le cadavre, cinq dans
+ce bout de cour et il eût été vraiment étrange que l’autre corps
+nous échappât... La seule porte qui donnait dans ce bout de cour
+était celle de la chambre du garde, et la porte en était fermée.
+On en avait retrouvé la clef dans la poche du garde...
+
+Tout de même, comme ce raisonnement de Bernier, qui à première vue
+paraissait logique, conduisait à dire qu’on avait tué à coups
+d’armes à feu un homme mort d’un coup de couteau, le juge
+d’instruction ne s’y arrêta pas longtemps. Et il fut évident pour
+tous, dès midi, que ce magistrat était persuadé que nous avions
+raté «le fuyard»et que nous avions trouvé là un cadavre qui
+n’avait rien à voir avec «notre affaire». Pour lui, le cadavre du
+garde était une autre affaire. Il voulut le prouver sans plus
+tarder, et il est probable que «cette nouvelle affaire»
+correspondait avec des idées qu’il avait depuis quelques jours sur
+les moeurs du garde, sur ses fréquentations, sur la récente
+intrigue qu’il entretenait avec la femme du propriétaire de
+l’auberge du «Donjon», et corroborait également les rapports qu’on
+avait dû lui faire relativement aux menaces de mort proférées par
+le père Mathieu à l’adresse du garde, car à une heure après-midi
+le père Mathieu, malgré ses gémissements de rhumatisant et les
+protestations de sa femme, était arrêté et conduit sous bonne
+escorte à Corbeil. On n’avait cependant rien découvert chez lui de
+compromettant; mais des propos tenus, encore la veille, à des
+rouliers qui les répétèrent, le compromirent plus que si l’on
+avait trouvé dans sa paillasse le couteau qui avait tué «l’homme
+vert».
+
+Nous en étions là, ahuris de tant d’événements aussi terribles
+qu’inexplicables, quand, pour mettre le comble à la stupéfaction
+de tous, nous vîmes arriver au château Frédéric Larsan, qui en
+était parti aussitôt après avoir vu le juge d’instruction et qui
+en revenait, accompagné d’un employé du chemin de fer.
+
+Nous étions alors dans le vestibule avec Arthur Rance, discutant
+de la culpabilité et de l’innocence du père Mathieu (du moins
+Arthur Rance et moi étions seuls à discuter, car Rouletabille
+semblait parti pour quelque rêve lointain et ne s’occupait en
+aucune façon de ce que nous disions). Le juge d’instruction et son
+greffier se trouvaient dans le petit salon vert où Robert Darzac
+nous avait introduits quand nous étions arrivés pour la première
+fois au Glandier. Le père Jacques, mandé par le juge, venait
+d’entrer dans le petit salon; M. Robert Darzac était en haut, dans
+la chambre de Mlle Stangerson, avec M. Stangerson et les médecins.
+Frédéric Larsan entra dans le vestibule avec l’employé de chemin
+de fer. Rouletabille et moi reconnûmes aussitôt cet employé à sa
+petite barbiche blonde: «Tiens! L’employé d’Épinay-sur-Orge!»
+m’écriai-je, et je regardai Frédéric Larsan qui répliqua en
+souriant: «Oui, oui, vous avez raison, c’est l’employé d’Épinay-
+sur-Orge.» Sur quoi Fred se fit annoncer au juge d’instruction par
+le gendarme qui était à la porte du salon. Aussitôt, le père
+Jacques sortit, et Frédéric Larsan et l’employé furent introduits.
+Quelques instants s’écoulèrent, dix minutes peut-être.
+Rouletabille était fort impatient. La porte du salon se rouvrit;
+le gendarme, appelé par le juge d’instruction, entra dans le
+salon, en ressortit, gravit l’escalier et le redescendit. Rouvrant
+alors la porte du salon et ne la refermant pas, il dit au juge
+d’instruction:
+
+«Monsieur le juge, M. Robert Darzac ne veut pas descendre!
+
+-- Comment! Il ne veut pas! ... s’écria M. de Marquet.
+
+-- Non! il dit qu’il ne peut quitter Mlle Stangerson dans l’état
+où elle se trouve...
+
+-- C’est bien, fit M. de Marquet; puisqu’il ne vient pas à nous,
+nous irons à lui...»
+
+M. de Marquet et le gendarme montèrent; le juge d’instruction fit
+signe à Frédéric Larsan et à l’employé de chemin de fer de les
+suivre. Rouletabille et moi fermions la marche.
+
+On arriva ainsi, dans la galerie, devant la porte de l’antichambre
+de Mlle Stangerson. M. de Marquet frappa à la porte. Une femme de
+chambre apparut. C’était Sylvie, une petite bonniche dont les
+cheveux d’un blond fadasse retombaient en désordre sur un visage
+consterné.
+
+«M. Stangerson est là? demanda le juge d’instruction.
+
+-- Oui, monsieur.
+
+-- Dites-lui que je désire lui parler.»
+
+Sylvie alla chercher M. Stangerson.
+
+Le savant vint à nous; il pleurait; il faisait peine à voir.
+
+«Que me voulez-vous encore? demanda celui-ci au juge. Ne pourrait-
+on pas, monsieur, dans un moment pareil, me laisser un peu
+tranquille!
+
+-- Monsieur, fit le juge, il faut absolument que j’aie, sur-le-
+champ, un entretien avec M. Robert Darzac. Ne pourriez-vous le
+décider à quitter la chambre de Mlle Stangerson? Sans quoi, je me
+verrais dans la nécessité d’en franchir le seuil avec tout
+l’appareil de la justice.»
+
+Le professeur ne répondit pas; il regarda le juge, le gendarme et
+tous ceux qui les accompagnaient comme une victime regarde ses
+bourreaux, et il rentra dans la chambre.
+
+Aussitôt M. Robert Darzac en sortit. Il était bien pâle et bien
+défait; mais, quand le malheureux aperçut, derrière Frédéric
+Larsan, l’employé de chemin de fer, son visage se décomposa
+encore; ses yeux devinrent hagards et il ne put retenir un sourd
+gémissement.
+
+Nous avions tous saisi le tragique mouvement de cette physionomie
+douloureuse. Nous ne pûmes nous empêcher de laisser échapper une
+exclamation de pitié. Nous sentîmes qu’il se passait alors quelque
+chose de définitif qui décidait de la perte de M. Robert Darzac.
+Seul, Frédéric Larsan avait une figure rayonnante et montrait la
+joie d’un chien de chasse qui s’est enfin emparé de sa proie.
+
+M. de Marquet dit, montrant à M. Darzac le jeune employé à la
+barbiche blonde:
+
+«Vous reconnaissez monsieur?
+
+-- Je le reconnais, fit Robert Darzac d’une voix qu’il essayait en
+vain de rendre ferme. C’est un employé de l’Orléans à la station
+d’Épinay-sur-Orge.
+
+-- Ce jeune homme, continua M. de Marquet, affirme qu’il vous a vu
+descendre de chemin de fer, à Épinay...
+
+-- Cette nuit, termina M. Darzac, à dix heures et demie... c’est
+vrai! ...»
+
+Il y eut un silence...
+
+«Monsieur Darzac, reprit le juge d’instruction sur un ton qui
+était empreint d’une poignante émotion... Monsieur Darzac, que
+veniez-vous faire cette nuit à Épinay-sur-Orge, à quelques
+kilomètres de l’endroit où l’on assassinait Mlle Stangerson? ...»
+
+M. Darzac se tut. Il ne baissa pas la tête, mais il ferma les
+yeux, soit qu’il voulût dissimuler sa douleur, soit qu’il craignît
+qu’on pût lire dans son regard quelque chose de son secret.
+
+«Monsieur Darzac, insista M. de Marquet... pouvez-vous me donner
+l’emploi de votre temps, cette nuit?»
+
+M. Darzac rouvrit les yeux. Il semblait avoir reconquis toute sa
+puissance sur lui-même.
+
+«Non, monsieur! ...
+
+-- Réfléchissez, monsieur! car je vais être dans la nécessité, si
+vous persistez dans votre étrange refus, de vous garder à ma
+disposition.
+
+-- Je refuse...
+
+-- Monsieur Darzac! Au nom de la loi, je vous arrête! ...»
+
+Le juge n’avait pas plutôt prononcé ces mots que je vis
+Rouletabille faire un mouvement brusque vers M. Darzac. Il allait
+certainement parler, mais celui-ci d’un geste lui ferma la
+bouche... Du reste, le gendarme s’approchait déjà de son
+prisonnier... À ce moment un appel désespéré retentit:
+
+«Robert! ... Robert! ...»
+
+Nous reconnûmes la voix de Mlle Stangerson, et, à cet accent de
+douleur, pas un de nous qui ne frissonnât. Larsan lui-même, cette
+fois, en pâlit. Quant à M. Darzac, répondant à l’appel, il s’était
+déjà précipité dans la chambre...
+
+Le juge, le gendarme, Larsan s’y réunirent derrière lui;
+Rouletabille et moi restâmes sur le pas de la porte. Spectacle
+déchirant: Mlle Stangerson, dont le visage avait la pâleur de la
+mort, s’était soulevée sur sa couche, malgré les deux médecins et
+son père... Elle tendait des bras tremblants vers Robert Darzac
+sur qui Larsan et le gendarme avaient mis la main... Ses yeux
+étaient grands ouverts... elle voyait... elle comprenait... Sa
+bouche sembla murmurer un mot... un mot qui expira sur ses lèvres
+exsangues... un mot que personne n’entendit... et elle se
+renversa, évanouie... On emmena rapidement Darzac hors de la
+chambre... En attendant une voiture que Larsan était allé
+chercher, nous nous arrêtâmes dans le vestibule. Notre émotion à
+tous était extrême. M. de Marquet avait la larme à l’oeil.
+Rouletabille profita de ce moment d’attendrissement général pour
+dire à M. Darzac:
+
+«Vous ne vous défendrez pas?
+
+-- Non! répliqua le prisonnier.
+
+-- Moi, je vous défendrai, monsieur...
+
+-- Vous ne le pouvez pas, affirma le malheureux avec un pauvre
+sourire... Ce que nous n’avons pu faire, Mlle Stangerson et moi,
+vous ne le ferez pas!
+
+-- Si, je le ferai.»
+
+Et la voix de Rouletabille était étrangement calme et confiante.
+Il continua:
+
+«Je le ferai, monsieur Robert Darzac, parce que moi, _j’en sais
+plus long que vous!_
+
+-- Allons donc! murmura Darzac presque avec colère.
+
+-- Oh! soyez tranquille, je ne saurai que ce qu’il sera utile de
+savoir _pour vous sauver!_
+
+-- _Il ne faut rien savoir_, jeune homme... si vous voulez avoir
+droit à ma reconnaissance.»
+
+Rouletabille secoua la tête. Il s’approcha tout près, tout près de
+Darzac:
+
+«Écoutez ce que je vais vous dire, fit-il à voix basse... et que
+cela vous donne confiance! Vous, vous ne savez que le nom de
+l’assassin; Mlle Stangerson, elle, _connaît seulement la moitié de
+l’assassin; mais moi, je connais ses deux moitiés; je connais
+l’assassin tout entier, moi! ...»_
+
+Robert Darzac ouvrit des yeux qui attestaient qu’il ne comprenait
+pas un mot de ce que venait de lui dire Rouletabille. La voiture,
+sur ces entrefaites, arriva, conduite par Frédéric Larsan. On y
+fit monter Darzac et le gendarme. Larsan resta sur le siège. On
+emmenait le prisonnier à Corbeil.
+
+
+
+XXV
+Rouletabille part en voyage
+
+
+Le soir même nous quittions le Glandier, Rouletabille et moi. Nous
+en étions fort heureux: cet endroit n’avait rien qui pût encore
+nous retenir. Je déclarai que je renonçais à percer tant de
+mystères, et Rouletabille, en me donnant une tape amicale sur
+l’épaule, me confia qu’il n’avait plus rien à apprendre au
+Glandier, parce que le Glandier lui avait tout appris. Nous
+arrivâmes à Paris vers huit heures. Nous dînâmes rapidement, puis,
+fatigués, nous nous séparâmes en nous donnant rendez-vous le
+lendemain matin chez moi.
+
+À l’heure dite, Rouletabille entrait dans ma chambre. Il était
+vêtu d’un complet à carreaux en drap anglais, avait un ulster sur
+le bras, une casquette sur la tête et un sac à la main. Il
+m’apprit qu’il partait en voyage.
+
+«Combien de temps serez-vous parti? lui demandai-je.
+
+-- Un mois ou deux, fit-il, cela dépend...»
+
+Je n’osai l’interroger...
+
+«Savez-vous, me dit-il, quel est le mot que Mlle Stangerson a
+prononcé hier avant de s’évanouir... en regardant M. Robert
+Darzac? ...
+
+-- Non, personne ne l’a entendu...
+
+-- Si! répliqua Rouletabille, moi! Elle lui disait: «parle!»
+
+-- Et M. Darzac parlera?
+
+-- Jamais!»
+
+J’aurais voulu prolonger l’entretien, mais il me serra fortement
+la main et me souhaita une bonne santé, je n’eus que le temps de
+lui demander:
+
+«Vous ne craignez point que, pendant votre absence, il se commette
+de nouveaux attentats? ...
+
+-- Je ne crains plus rien de ce genre, dit-il, depuis que M.
+Darzac est en prison.»
+
+Sur cette parole bizarre, il me quitta. Je ne devais plus le
+revoir qu’en cour d’assises, au moment du procès Darzac, lorsqu’il
+vint à la barre «expliquer l’inexplicable».
+
+
+
+XXVI
+Où Joseph Rouletabille est impatiemment attendu
+
+
+Le 15 janvier suivant, c’est-à-dire deux mois et demi après les
+tragiques événements que je viens de rapporter, _L’Époque_
+publiait, en première colonne, première page, le sensationnel
+article suivant:
+
+«Le jury de Seine-et-Oise est appelé aujourd’hui, à juger l’une
+des plus mystérieuses affaires qui soient dans les annales
+judiciaires. Jamais procès n’aura présenté tant de points obscurs,
+incompréhensibles, inexplicables. Et cependant l’accusation n’a
+point hésité à faire asseoir sur le banc des assises un homme
+respecté, estimé, aimé de tous ceux qui le connaissent, un jeune
+savant, espoir de la science française, dont toute l’existence fut
+de travail et de probité. Quand Paris apprit l’arrestation de M.
+Robert Darzac, un cri unanime de protestation s’éleva de toutes
+parts. La Sorbonne tout entière, déshonorée par le geste inouï du
+juge d’instruction, proclama sa foi dans l’innocence du fiancé de
+Mlle Stangerson. M. Stangerson lui-même attesta hautement l’erreur
+où s’était fourvoyée la justice, et il ne fait de doute pour
+personne que, si la victime pouvait parler, elle viendrait
+réclamer aux douze jurés de Seine-et-Oise l’homme dont elle
+voulait faire son époux et que l’accusation veut envoyer à
+l’échafaud. Il faut espérer qu’un jour prochain Mlle Stangerson
+recouvrera sa raison qui a momentanément sombré dans l’horrible
+mystère du Glandier. Voulez-vous qu’elle la reperde lorsqu’elle
+apprendra que l’homme qu’elle aime est mort de la main du
+bourreau? Cette question s’adresse au jury «auquel nous nous
+proposons d’avoir affaire, aujourd’hui même».
+
+«Nous sommes décidés, en effet, à ne point laisser douze braves
+gens commettre une abominable erreur judiciaire. Certes, des
+coïncidences terribles, des traces accusatrices, un silence
+inexplicable de la part de l’accusé, un emploi du temps
+énigmatique, l’absence de tout alibi, ont pu entraîner la
+conviction du parquet qui, «ayant vainement cherché la vérité
+ailleurs», s’est résolu à la trouver là. Les charges sont, en
+apparence, si accablantes pour M. Robert Darzac, qu’il faut même
+excuser un policier aussi averti, aussi intelligent, et
+généralement aussi heureux que M. Frédéric Larsan de s’être laissé
+aveugler par elles. Jusqu’alors, tout est venu accuser M. Robert
+Darzac, devant l’instruction; aujourd’hui, nous allons, nous, le
+défendre devant le jury; et nous apporterons à la barre une
+lumière telle que tout le mystère du Glandier en sera illuminé.
+«Car nous possédons la vérité.»
+
+«Si nous n’avons point parlé plus tôt, c’est que l’intérêt même de
+la cause que nous voulons défendre l’exigeait sans doute. Nos
+lecteurs n’ont pas oublié ces sensationnelles enquêtes anonymes
+que nous avons publiées sur le «Pied gauche de la rue Oberkampf»,
+sur le fameux vol du «Crédit universel» et sur l’affaire des
+«Lingots d’or de la Monnaie». Elles nous faisaient prévoir la
+vérité, avant même que l’admirable ingéniosité d’un Frédéric
+Larsan ne l’eût dévoilée tout entière. Ces enquêtes étaient
+conduites par notre plus jeune rédacteur, un enfant de dix-huit
+ans, Joseph Rouletabille, qui sera illustre demain. Quand
+l’affaire du Glandier éclata, notre petit reporter se rendit sur
+les lieux, força toutes les portes et s’installa dans le château
+d’où tous les représentants de la presse avaient été chassés. À
+côté de Frédéric Larsan, il chercha la vérité; il vit avec
+épouvante l’erreur où s’abîmait tout le génie du célèbre policier;
+en vain essaya-t-il de le rejeter hors de la mauvaise piste où il
+s’était engagé: le grand Fred ne voulut point consentir à recevoir
+des leçons de ce petit journaliste. Nous savons où cela a conduit
+M. Robert Darzac.
+
+«Or, il faut que la France sache, il faut que le monde sache que,
+le soir même de l’arrestation de M. Robert Darzac, le jeune Joseph
+Rouletabille pénétrait dans le bureau de notre directeur et lui
+disait: «Je pars en voyage. Combien de tempsserai-je parti, je ne
+pourrais vous le dire;peut-être un mois, deux mois, trois
+mois...peut-être ne reviendrai-je jamais... Voici unelettre... Si
+je ne suis pas revenu le jour où M.Darzac comparaîtra devant les
+assises, vous ouvrirez cette lettre en cour d’assises, après
+ledéfilé des témoins. Entendez-vous pour cela avecl’avocat de M.
+Robert Darzac. M. Robert Darzacest innocent. _Dans cette lettre il
+y a le_ _nom del’assassin_, et, je ne dirai point: les preuves,
+car, les preuves, je vais les chercher,mais _l’explication
+irréfutable de sa__culpabilité.»_ Et notre rédacteur partit. Nous
+sommes restés longtemps sans nouvelles mais un inconnu est venu
+trouver notre directeur, il y a huit jours, pour lui dire:
+«Agissez suivant les instructions de Joseph Rouletabille, _si la
+chose devient_ _nécessaire._ Il y a la vérité dans cette lettre.»
+Cet homme n’a point voulu nous dire son nom.
+
+«Aujourd’hui, 15 janvier, nous voici au grand jour des assises;
+Joseph Rouletabille n’est pas de retour; peut-être ne le
+reverrons-nous jamais. La presse, elle aussi, compte ses héros,
+victimes du devoir: le devoir professionnel, le premier de tous
+les devoirs. Peut-être, à cette heure, y a-t-il succombé! Nous
+saurons le venger. Notre directeur, cet après-midi, sera à la cour
+d’assises de Versailles, avec la lettre: _la lettre qui contient
+le nom de_ _l’assassin!»_
+
+En tête de l’article, on avait mis le portrait de Rouletabille.
+
+Les parisiens qui se rendirent ce jour-là à Versailles pour le
+procès dit du «Mystère de la Chambre Jaune» n’ont certainement pas
+oublié l’incroyable cohue qui se bousculait à la gare Saint-
+Lazare. On ne trouvait plus de place dans les trains et l’on dut
+improviser des convois supplémentaires. L’article de _L’Époque_
+avait bouleversé tout le monde, excité toutes les curiosités,
+poussé jusqu’à l’exaspération la passion des discussions. Des
+coups de poing furent échangés entre les partisans de Joseph
+Rouletabille et les fanatiques de Frédéric Larsan, car, chose
+bizarre, la fièvre de ces gens venait moins de ce qu’on allait
+peut-être condamner un innocent que de l’intérêt qu’ils portaient
+à leur propre compréhension du «mystère de la Chambre Jaune».
+Chacun avait son explication et la tenait pour bonne. Tous ceux
+qui expliquaient le crime comme Frédéric Larsan n’admettaient
+point qu’on pût mettre en doute la perspicacité de ce policier
+populaire; et tous les autres, qui avaient une explication autre
+que celle de Frédéric Larsan, prétendaient naturellement qu’elle
+devait être celle de Joseph Rouletabille qu’ils ne connaissaient
+pas encore. Le numéro de _L’Époque_ à la main, les «Larsan «et les
+«Rouletabille «se disputèrent, se chamaillèrent, jusque sur les
+marches du palais de justice de Versailles, jusque dans le
+prétoire. Un service d’ordre extraordinaire avait été commandé.
+L’innombrable foule qui ne put pénétrer dans le palais resta
+jusqu’au soir aux alentours du monument, maintenue difficilement
+par la troupe et la police, avide de nouvelles, accueillant les
+rumeurs les plus fantastiques. Un moment, le bruit circula qu’on
+venait d’arrêter, en pleine audience, M. Stangerson lui-même, qui
+s’était avoué l’assassin de sa fille... C’était de la folie.
+L’énervement était à son comble. Et l’on attendait toujours
+Rouletabille. Des gens prétendaient le connaître et le
+reconnaître; et, quand un jeune homme, muni d’un laissez-passer,
+traversait la place libre qui séparait la foule du palais de
+justice, des bousculades se produisaient. On s’écrasait. On
+criait: «Rouletabille! Voici Rouletabille!» Des témoins, qui
+ressemblaient plus ou moins vaguement au portrait publié par
+_L’Époque_, furent aussi acclamés. L’arrivée du directeur de
+_L’Époque_ fut encore le signal de quelques manifestations. Les
+uns applaudirent, les autres sifflèrent. Il y avait beaucoup de
+femmes dans la foule.
+
+Dans la salle des assises, le procès se déroulait sous la
+présidence de M. De Rocoux, un magistrat imbu de tous les préjugés
+des gens de robe, mais foncièrement honnête. On avait fait l’appel
+des témoins. J’en étais, naturellement, ainsi que tous ceux qui,
+de près ou de loin, avaient touché les mystères du Glandier: M.
+Stangerson, vieilli de dix ans, méconnaissable, Larsan, M. Arthur
+W. Rance, la figure toujours enluminée, le père Jacques, le père
+Mathieu, qui fut amené, menottes aux mains, entre deux gendarmes,
+MmeMathieu, toute en larmes, les Bernier, les deux gardes-malades,
+le maître d’hôtel, tous les domestiques du château, l’employé de
+poste du bureau 40, l’employé du chemin de fer d’Épinay, quelques
+amis de M. et de Mlle Stangerson, et tous les témoins à décharge
+de M. Robert Darzac. J’eus la chance d’être entendu parmi les
+premiers témoins, ce qui me permit d’assister à presque tout le
+procès.
+
+Je n’ai point besoin de vous dire que l’on s’écrasait dans le
+prétoire. Des avocats étaient assis jusque sur les marches de «la
+cour»; et, derrière les magistrats en robe rouge, tous les
+parquets des environs étaient représentés. M. Robert Darzac
+apparut au banc des accusés, entre les gendarmes, si calme, si
+grand et si beau, qu’un murmure d’admiration plus que de
+compassion l’accueillit. Il se pencha aussitôt vers son avocat,
+maître Henri-Robert, qui, assisté de son premier secrétaire,
+maître André Hesse, alors débutant, avait déjà commencé à
+feuilleter son dossier.
+
+Beaucoup s’attendaient à ce que M. Stangerson allât serrer la main
+de l’accusé; mais l’appel des témoins eut lieu et ceux-ci
+quittèrent tous la salle sans que cette démonstration
+sensationnelle se fût produite. Au moment où les jurés prirent
+place, on remarqua qu’ils avaient eu l’air de s’intéresser
+beaucoup à un rapide entretien que maître Henri-Robert avait eu
+avec le directeur de _L’Époque_. Celui-ci s’en fut ensuite prendre
+place au premier rang de public. Quelques-uns s’étonnèrent qu’il
+ne suivît point les témoins dans la salle qui leur était réservée.
+
+La lecture de l’acte d’accusation s’accomplit comme presque
+toujours, sans incident. Je ne relaterai pas ici le long
+interrogatoire que subit M. Darzac. Il répondit à la foi de la
+façon la plus naturelle et la plus mystérieuse. «Tout ce qu’il
+pouvait dire» parut naturel, tout ce qu’il tut parut terrible pour
+lui, même aux yeux de ceux qui «sentaient» son innocence. Son
+silence sur les points que nous connaissons se dressa contre lui
+et il semblait bien que ce silence dût fatalement l’écraser. Il
+résista aux objurgations du président des assises et du ministère
+public. On lui dit que se taire, en une pareille circonstance,
+équivalait à la mort.
+
+«C’est bien, dit-il, je la subirai donc; mais je suis innocent!»
+
+Avec cette habileté prodigieuse qui a fait sa renommée, et
+profitant de l’incident, maître Henri-Robert essaya de grandir le
+caractère de son client, par le fait même de son silence, en
+faisant allusion à des devoirs moraux que seules des âmes
+héroïques sont susceptibles de s’imposer. L’éminent avocat ne
+parvint qu’à convaincre tout à fait ceux qui connaissaient M.
+Darzac, mais les autres restèrent hésitants. Il y eut une
+suspension d’audience, puis le défilé des témoins commença et
+Rouletabille n’arrivait toujours point. Chaque fois qu’une porte
+s’ouvrait, tous les yeux allaient à cette porte, puis se
+reportaient sur le directeur de _L’Époque_ qui restait,
+impassible, à sa place. On le vit enfin qui fouillait dans sa
+poche et qui «en tirait une lettre». Une grosse rumeur suivit ce
+geste.
+
+Mon intention n’est point de retracer ici tous les incidents de ce
+procès. J’ai assez longuement rappelé toutes les étapes de
+l’affaire pour ne point imposer aux lecteurs le défilé nouveau des
+événements entourés de leur mystère. J’ai hâte d’arriver au moment
+vraiment dramatique de cette journée inoubliable. Il survint,
+comme maître Henri-Robert posait quelques questions au père
+Mathieu, qui, à la barre des témoins, se défendait, entre ses deux
+gendarmes, d’avoir assassiné «l’homme vert». Sa femme fut appelée
+et confrontée avec lui. Elle avoua, en éclatant en sanglots,
+qu’elle avait été «l’amie» du garde, que son mari s’en était
+douté; mais elle affirma encore que celui-ci n’était pour rien
+dans l’assassinat de son «ami». Maître Henri-Robert demanda alors
+à la cour de bien vouloir entendre immédiatement, sur ce point,
+Frédéric Larsan.
+
+«Dans une courte conversation que je viens d’avoir avec Frédéric
+Larsan, pendant la suspension d’audience, déclara l’avocat, celui-
+ci m’a fait comprendre que l’on pouvait expliquer la mort du garde
+autrement que par l’intervention du père Mathieu. Il serait
+intéressant de connaître l’hypothèse de Frédéric Larsan.»
+
+Frédéric Larsan fut introduit. Il s’expliqua fort nettement.
+
+«Je ne vois point, dit-il, la nécessité de faire intervenir le
+père Mathieu en tout ceci. Je l’ai dit à M. de Marquet, mais les
+propos meurtriers de cet homme lui ont évidemment nui dans
+l’esprit de M. le juge d’instruction. Pour moi, l’assassinat de
+Mlle Stangerson et l’assassinat du garde «sont la même affaire».
+On a tiré sur l’assassin de Mlle Stangerson, fuyant dans la cour
+d’honneur; on a pu croire l’avoir atteint, on a pu croire l’avoir
+tué; à la vérité il n’a fait que trébucher au moment où il
+disparaissait derrière l’aile droite du château. Là, l’assassin a
+rencontré le garde qui voulut sans doute s’opposer à sa fuite.
+L’assassin avait encore à la main le couteau dont il venait de
+frapper Mlle Stangerson, il en frappa le garde au coeur, et le
+garde en est mort.
+
+Cette explication si simple parut d’autant plus plausible que,
+déjà, beaucoup de ceux qui s’intéressaient aux mystères du
+Glandier l’avaient trouvée. Un murmure d’approbation se fit
+entendre.
+
+«Et l’assassin, qu’est-il devenu, dans tout cela? demanda le
+président.
+
+-- Il s’est évidemment caché, monsieur le président, dans un coin
+obscur de ce bout de cour et, après le départ des gens du château
+qui emportaient le corps, il a pu tranquillement s’enfuir.»
+
+À ce moment, du fond du «public debout», une voix juvénile
+s’éleva. Au milieu de la stupeur de tous, elle disait:
+
+«Je suis de l’avis de Frédéric Larsan pour le coup de couteau au
+coeur. Mais je ne suis plus de son avis sur la manière dont
+l’assassin s’est enfui du bout de cour!»
+
+Tout le monde se retourna; les huissiers se précipitèrent,
+ordonnant le silence. Le président demanda avec irritation qui
+avait élevé la voix et ordonna l’expulsion immédiate de l’intrus;
+mais on réentendit la même voix claire qui criait:
+
+«C’est moi, monsieur le président, c’est moi, Joseph
+Rouletabille!»
+
+
+
+XXVII
+Où Joseph Rouletabille apparaît dans toute sa gloire
+
+
+Il y eut un remous terrible. On entendit des cris de femmes qui se
+trouvaient mal. On n’eût plus aucun égard pour «la majesté de la
+justice». Ce fut une bousculade insensée. Tout le monde voulait
+voir Joseph Rouletabille. Le président cria qu’il allait faire
+évacuer la salle, mais personne ne l’entendit. Pendant ce temps,
+Rouletabille sautait par-dessus la balustrade qui le séparait du
+public assis, se faisait un chemin à grands coups de coude,
+arrivait auprès de son directeur qui l’embrassait avec effusion,
+lui prit «sa» lettre d’entre les mains, la glissa dans sa poche,
+pénétra dans la partie réservée du prétoire et parvint ainsi
+jusqu’à la barre des témoins, bousculé, bousculant, le visage
+souriant, heureux, boule écarlate qu’illuminait encore l’éclair
+intelligent de ses deux grands yeux ronds. Il avait ce costume
+anglais que je lui avais vu le matin de son départ -- mais dans
+quel état, mon Dieu! -- l’ulster sur son bras et la casquette de
+voyage à la main. Et il dit:
+
+«Je demande pardon, monsieur le président, le transatlantique a eu
+du retard! J’arrive d’Amérique. Je suis Joseph Rouletabille! ...»
+
+On éclata de rire. Tout le monde était heureux de l’arrivée de ce
+gamin. Il semblait à toutes ces consciences qu’un immense poids
+venait de leur être enlevé. On respirait. On avait la certitude
+qu’il apportait réellement la vérité... qu’il allait faire
+connaître la vérité...
+
+Mais le président était furieux:
+
+«Ah! vous êtes Joseph Rouletabille, reprit le président... eh
+bien, je vous apprendrai, jeune homme, à vous moquer de la
+justice... En attendant que la cour délibère sur votre cas, je
+vous retiens à la disposition de la justice... en vertu de mon
+pouvoir discrétionnaire.
+
+-- Mais, monsieur le président, je ne demande que cela: être à la
+disposition de la justice... je suis venu m’y mettre, à la
+disposition de la justice... Si mon entrée a fait un peu de
+tapage, j’en demande bien pardon à la cour... Croyez bien,
+monsieur le président, que nul, plus que moi, n’a le respect de la
+justice... Mais je suis entré comme j’ai pu...»
+
+Et il se mit à rire. Et tout le monde rit.
+
+«Emmenez-le!» commanda le président.
+
+Mais maître Henri-Robert intervint. Il commença par excuser le
+jeune homme, il le montra animé des meilleurs sentiments, il fit
+comprendre au président qu’on pouvait difficilement se passer de
+la déposition d’un témoin qui avait couché au Glandier pendant
+toute la semaine mystérieuse, d’un témoin surtout qui prétendait
+prouver l’innocence de l’accusé et apporter le nom de l’assassin.
+
+«Vous allez nous dire le nom de l’assassin? demanda le président,
+ébranlé mais sceptique.
+
+-- Mais, mon président, je ne suis venu que pour ça! fit
+Rouletabille.
+
+On faillit applaudir dans le prétoire, mais les chut! énergiques
+des huissiers rétablirent le silence.
+
+«Joseph Rouletabille, dit maître Henri-Robert, n’est pas cité
+régulièrement comme témoin, mais j’espère qu’en vertu de son
+pouvoir discrétionnaire, monsieur le président voudra bien
+l’interroger.
+
+-- C’est bien! fit le président, nous l’interrogerons. Mais
+finissons-en d’abord...»
+
+L’avocat général se leva:
+
+«Il vaudrait peut-être mieux, fit remarquer le représentant du
+ministère public, que ce jeune homme nous dise tout de suite le
+nom de celui qu’il dénonce comme étant l’assassin.»
+
+Le président acquiesça avec une ironique réserve:
+
+«Si monsieur l’avocat général attache quelque importance à la
+déposition de M. Joseph Rouletabille, je ne vois point
+d’inconvénient à ce que le témoin nous dise tout de suite le nom
+de «son» assassin!»
+
+On eût entendu voler une mouche.
+
+Rouletabille se taisait, regardant avec sympathie M. Robert
+Darzac, qui, lui, pour la première fois, depuis le commencement du
+débat, montrait un visage agité et plein d’angoisse.
+
+«Eh bien, répéta le président, on vous écoute, monsieur Joseph
+Rouletabille. Nous attendons le nom de l’assassin.»
+
+Rouletabille fouilla tranquillement dans la poche de son gousset,
+en tira un énorme oignon, y regarda l’heure, et dit:
+
+«Monsieur le président, je ne pourrai vous dire le nom de
+l’assassin qu’à six heures et demie! _Nous avons encore quatre
+bonnes heures devant nous!»_
+
+La salle fit entendre des murmures étonnés et désappointés.
+Quelques avocats dirent à haute voix:
+
+«Il se moque de nous!»
+Le président avait l’air enchanté; maîtres Henri-Robert et André
+Hesse étaient ennuyés.
+
+Le président dit:
+
+«Cette plaisanterie a assez duré. Vous pouvez vous retirer,
+monsieur, dans la salle des témoins. Je vous garde à notre
+disposition.»
+
+Rouletabille protesta:
+
+«Je vous affirme, monsieur le président, s’écria-t-il, de sa voix
+aiguë et claironnante, je vous affirme que, lorsque je vous aurai
+dit le nom de l’assassin, _vous comprendrez que je ne pouvais vous
+le dire qu’à six heures et demie! _Parole d’honnête homme! Foi de
+Rouletabille! ... Mais, en attendant, je peux toujours vous donner
+quelques explications sur l’assassinat du garde... M. Frédéric
+Larsan qui m’a vu «travailler» au Glandier pourrait vous dire avec
+quel soin j’ai étudié toute cette affaire. J’ai beau être d’un
+avis contraire au sien et prétendre qu’en faisant arrêter M.
+Robert Darzac, il a fait arrêter un innocent, il ne doute pas,
+lui, de ma bonne foi, ni de l’importance qu’il faut attacher à mes
+découvertes, qui ont souvent corroboré les siennes!»
+
+Frédéric Larsan dit:
+
+«Monsieur le président, il serait intéressant d’entendre M. Joseph
+Rouletabille; d’autant plus intéressant qu’il n’est pas de mon
+avis.»
+
+Un murmure d’approbation accueillit cette parole du policier. Il
+acceptait le duel en beau joueur. La joute promettait d’être
+curieuse entre ces deux intelligences qui s’étaient acharnées au
+même tragique problème et qui étaient arrivées à deux solutions
+différentes.
+
+Comme le président se taisait, Frédéric Larsan continua:
+
+«Ainsi nous sommes d’accord pour le coup de couteau au coeur qui a
+été donné au garde par l’assassin de Mlle Stangerson; mais,
+puisque nous ne sommes plus d’accord sur la question de la fuite
+de l’assassin, «dans le bout de cour», il serait curieux de savoir
+comment M. Rouletabille explique cette fuite.
+
+-- Évidemment, fit mon ami, ce serait curieux!»
+
+Toute la salle partit encore à rire. Le président déclara aussitôt
+que, si un pareil fait se renouvelait, il n’hésiterait pas à
+mettre à exécution sa menace de faire évacuer la salle.
+
+«Vraiment, termina le président, dans une affaire comme celle-là,
+je ne vois pas ce qui peut prêter à rire.
+
+-- Moi non plus!» dit Rouletabille.
+
+Des gens, devant moi, s’enfoncèrent leur mouchoir dans la bouche
+pour ne pas éclater...
+
+«Allons, fit le président, vous avez entendu, jeune homme, ce que
+vient de dire M. Frédéric Larsan. Comment, selon vous, l’assassin
+s’est-il enfui du «bout de cour»?
+
+Rouletabille regarda MmeMathieu, qui lui sourit tristement.
+
+«Puisque MmeMathieu, dit-il, a bien voulu avouer tout l’intérêt
+qu’elle portait au garde...
+
+-- la coquine! s’écria le père Mathieu.
+
+-- Faites sortir le père Mathieu! «ordonna le président.
+
+On emmena le père Mathieu.
+
+Rouletabille reprit:
+
+«... Puisqu’elle a fait cet aveu, je puis bien vous dire qu’elle
+avait souvent des conversations, la nuit, avec le garde, au
+premier étage du donjon, dans la chambre qui fut, autrefois un
+oratoire. Ces conversations furent surtout fréquentes dans les
+derniers temps, quand le père Mathieu était cloué au lit par ses
+rhumatismes.
+
+«Une piqûre de morphine, administrée à propos, donnait au père
+Mathieu le calme et le repos, et tranquillisait son épouse pour
+les quelques heures pendant lesquelles elle était dans la
+nécessité de s’absenter. MmeMathieu venait au château, la nuit,
+enveloppée dans un grand châle noir qui lui servait autant que
+possible à dissimuler sa personnalité et la faisait ressembler à
+un sombre fantôme qui, parfois, troubla les nuits du père Jacques.
+Pour prévenir son ami de sa présence, MmeMathieu avait emprunté au
+chat de la mère Agenoux, une vieille sorcière de Sainte-Geneviève-
+des-Bois, son miaulement sinistre; aussitôt, le garde descendait
+de son donjon et venait ouvrir la petite poterne à sa maîtresse.
+Quand les réparations du donjon furent récemment entreprises, les
+rendez-vous n’en eurent pas moins lieu dans l’ancienne chambre du
+garde, au donjon même, la nouvelle chambre, qu’on avait
+momentanément abandonnée à ce malheureux serviteur, à l’extrémité
+de l’aile droite du château, n’étant séparée du ménage du maître
+d’hôtel et de la cuisinière que par une trop mince cloison.
+
+«MmeMathieu venait de quitter le garde en parfaite santé, quand le
+drame du «petit bout de cour» survint. MmeMathieu et le garde,
+n’ayant plus rien à se dire, étaient sortis du donjon ensemble...
+Je n’ai appris ces détails, monsieur le président, que par
+l’examen auquel je me livrai des traces de pas dans la cour
+d’honneur, le lendemain matin... Bernier, le concierge, que
+j’avais placé, avec son fusil, en observation derrière le donjon,
+_ainsi que_ _je lui permettrai de vous l’expliquer lui-même_, ne
+pouvait voir ce qui se passait dans la cour d’honneur. Il n’y
+arriva un peu plus tard qu’attiré par les coups de revolver, et
+tira à son tour. Voici donc le garde et MmeMathieu, dans la nuit
+et le silence de la cour d’honneur. Ils se souhaitent le bonsoir;
+MmeMathieu se dirige vers la grille ouverte de cette cour, et lui
+s’en retourne se coucher dans sa petite pièce en encorbellement, à
+l’extrémité de l’aile droite du château.
+
+«Il va atteindre sa porte, quand des coups de revolver
+retentissent; il se retourne; anxieux, il revient sur ses pas; il
+va atteindre l’angle de l’aile droite du château quand une ombre
+bondit sur lui et le frappe. Il meurt. Son cadavre est ramassé
+tout de suite par des gens qui croient tenir l’assassin et qui
+n’emportent que l’assassiné. Pendant ce temps, que fait
+MmeMathieu? Surprise par les détonations et par l’envahissement de
+la cour, elle se fait la plus petite qu’elle peut dans la nuit et
+dans la cour d’honneur. La cour est vaste, et, se trouvant près de
+la grille, MmeMathieu pouvait passer inaperçue. Mais elle ne
+«passa» pas. Elle resta et vit emporter le cadavre. Le coeur serré
+d’une angoisse bien compréhensible et poussée par un tragique
+pressentiment, elle vint jusqu’au vestibule du château, jeta un
+regard sur l’escalier éclairé par le lumignon du père Jacques,
+l’escalier où l’on avait étendu le corps de son ami; elle «vit» et
+s’enfuit. Avait-elle éveillé l’attention du père Jacques? Toujours
+est-il que celui-ci rejoignit le fantôme noir, qui déjà lui avait
+fait passer quelques nuits blanches.
+
+«Cette nuit même, avant le crime, il avait été réveillé par les
+cris de la «Bête du Bon Dieu» et avait aperçu, par sa fenêtre, le
+fantôme noir... Il s’était hâtivement vêtu et c’est ainsi que l’on
+s’explique qu’il arriva dans le vestibule, tout habillé, quand
+nous apportâmes le cadavre du garde. Donc, cette nuit-là, dans la
+cour d’honneur, il a voulu sans doute, une fois pour toutes,
+regarder de tout près la figure du fantôme. Il la reconnut. Le
+père Jacques est un vieil ami de MmeMathieu. Elle dut lui avouer
+ses nocturnes entretiens, et le supplier de la sauver de ce moment
+difficile! L’état de MmeMathieu, qui venait de voir son ami mort,
+devait être pitoyable. Le père Jacques eut pitié et accompagna
+MmeMathieu, à travers la chênaie, et hors du parc, par delà même
+les bords de l’étang, jusqu’à la route d’Épinay. Là, elle n’avait
+plus que quelques mètres à faire pour rentrer chez elle. Le père
+Jacques revint au château, et, se rendant compte de l’importance
+judiciaire qu’il y aurait pour la maîtresse du garde à ce qu’on
+ignorât sa présence au château, cette nuit-là, essaya autant que
+possible de nous cacher cet épisode dramatique d’une nuit qui,
+déjà, en comptait tant! Je n’ai nul besoin, ajouta Rouletabille,
+de demander à MmeMathieu et au père Jacques de corroborer ce
+récit. «Je sais» que les choses se sont passées ainsi! Je ferai
+simplement appel aux souvenirs de M. Larsan qui, lui, comprend
+déjà comment j’ai tout appris, car il m’a vu, le lendemain matin,
+penché sur une double piste où l’on rencontrait voyageant de
+compagnie, l’empreinte des pas du père Jacques et de ceux de
+madame.»
+
+Ici, Rouletabille se tourna vers MmeMathieu qui était restée à la
+barre, et lui fit un salut galant.
+
+«Les empreintes des pieds de madame, expliqua Rouletabille, ont
+une ressemblance étrange avec les traces des «pieds élégants» de
+l’assassin...»
+
+MmeMathieu tressaillit et fixa avec une curiosité farouche le
+jeune reporter. Qu’osait-il dire? Que voulait-il dire?
+
+«Madame a le pied élégant, long et plutôt un peu grand pour une
+femme. C’est, au bout pointu de la bottine près, le pied de
+l’assassin...»
+
+Il y eut quelques mouvements dans l’auditoire. Rouletabille, d’un
+geste, les fit cesser. On eût dit vraiment que c’était lui,
+maintenant, qui commandait la police de l’audience.
+
+«Je m’empresse de dire, fit-il, que ceci ne signifie pas
+grand’chose et qu’un policier qui bâtirait un système sur des
+marques extérieures semblables, _sans mettre une idée générale_
+_autour,_ irait tout de go à l’erreur judiciaire! M. Robert
+Darzac, lui aussi, a les pieds de l’assassin, et cependant, _il
+n’est pas l’assassin!»_
+
+Nouveaux mouvements.
+
+Le président demanda à MmeMathieu:
+
+«C’est bien ainsi que, ce soir-là, les choses se sont passées pour
+vous, madame?
+
+-- Oui, monsieur le président, répondit-elle. C’est à croire que
+M. Rouletabille était derrière nous.
+
+-- Vous avez donc vu fuir l’assassin jusqu’à l’extrémité de l’aile
+droite, madame?
+
+-- Oui, comme j’ai vu emporter, une minute plus tard, le cadavre
+du garde.
+
+-- Et l’assassin, qu’est-il devenu? Vous étiez restée seule dans
+la cour d’honneur, il serait tout naturel que vous l’ayez aperçu
+alors... Il ignorait votre présence et le moment était venu pour
+lui de s’échapper...
+
+-- Je n’ai rien vu, monsieur le président, gémit MmeMathieu. À ce
+moment la nuit était devenue très noire.
+
+-- C’est donc, fit le président, M. Rouletabille qui nous
+expliquera comment l’assassin s’est enfui.
+
+-- Évidemment!» répliqua aussitôt le jeune homme avec une telle
+assurance que le président lui-même ne put s’empêcher de sourire.
+
+Et Rouletabille reprit la parole:
+
+«Il était impossible à l’assassin de s’enfuir normalement du bout
+de cour dans lequel il était entré sans que nous le vissions! Si
+nous ne l’avions pas vu, nous l’eussions touché! C’est un pauvre
+petit bout de cour de rien du tout, un carré entouré de fossés et
+de hautes grilles. L’assassin eût marché sur nous ou nous eussions
+marché sur lui! Ce carré était aussi quasi-matériellement fermé
+par les fossés, les grilles et _par nous-mêmes,_ que la «Chambre
+Jaune!»
+
+-- Alors, dites-nous donc, puisque l’homme est entré dans ce
+carré, dites-nous donc comment il se fait que vous ne l’ayez point
+trouvé! ... Voilà une demi-heure que je ne vous demande que cela!
+...»
+
+Rouletabille ressortit une fois encore l’oignon qui garnissait la
+poche de son gilet; il y jeta un regard calme, et dit:
+
+«Monsieur le président, vous pouvez me demander cela encore
+pendant trois heures trente, je ne pourrai vous répondre sur ce
+point qu’à six heures et demie!»
+
+Cette fois-ci les murmures ne furent ni hostiles, ni désappointés.
+On commençait à avoir confiance en Rouletabille. «On lui faisait
+confiance.» Et l’on s’amusait de cette prétention qu’il avait de
+fixer une heure au président comme il eût fixé un rendez-vous à un
+camarade.
+
+Quant au président, après s’être demandé s’il devait se fâcher, il
+prit son parti de s’amuser de ce gamin comme tout le monde.
+Rouletabille dégageait de la sympathie, et le président en était
+déjà tout imprégné. Enfin, il avait si nettement défini le rôle de
+MmeMathieu dans l’affaire, et si bien expliqué chacun de ses
+gestes, «cette nuit-là», que M. De Rocoux se voyait obligé de le
+prendre presque au sérieux.
+
+«Eh bien, monsieur Rouletabille, fit-il, c’est comme vous voudrez!
+Mais que je ne vous revoie plus avant six heures et demie!»
+
+Rouletabille salua le président, et, dodelinant de sa grosse tête,
+se dirigea vers la porte des témoins.
+
+*
+
+Son regard me cherchait. Il ne me vit point. Alors, je me dégageai
+tout doucement de la foule qui m’enserrait et je sortis de la
+salle d’audience, presque en même temps que Rouletabille. Cet
+excellent ami m’accueillit avec effusion. Il était heureux et
+loquace. Il me secouait les mains avec jubilation. Je lui dis:
+
+«Je ne vous demanderai point, mon cher ami, ce que vous êtes allé
+faire en Amérique. Vous me répliqueriez sans doute, comme au
+président, que vous ne pouvez me répondre qu’à six heures et
+demie...
+
+-- Non, mon cher Sainclair, non, mon cher Sainclair! Je vais vous
+dire tout de suite ce que je suis allé faire en Amérique, parce
+que vous, vous êtes un ami: je suis allé chercher _le nom de la
+seconde moitié de l’assassin!_
+
+-- Vraiment, vraiment, le nom de la seconde moitié...
+
+-- Parfaitement. Quand nous avons quitté le Glandier pour la
+dernière fois, je connaissais les deux moitiés de l’assassin et le
+nom de l’une de ces moitiés. C’est le nom de l’autre moitié que je
+suis allé chercher en Amérique...»
+
+Nous entrions, à ce moment, dans la salle des témoins. Ils vinrent
+tous à Rouletabille avec force démonstrations. Le reporter fut
+très aimable, si ce n’est avec Arthur Rance auquel il montra une
+froideur marquée. Frédéric Larsan entrant alors dans la salle,
+Rouletabille alla à lui, lui administra une de ces poignées de
+main dont il avait le douloureux secret, et dont on revient avec
+les phalanges brisées. Pour lui montrer tant de sympathie,
+Rouletabille devait être bien sûr de l’avoir roulé. Larsan
+souriait, sûr de lui-même et lui demandant, à son tour, ce qu’il
+était allé faire en Amérique. Alors, Rouletabille, très aimable,
+le prit par le bras et lui conta dix anecdotes de son voyage. À un
+moment, ils s’éloignèrent, s’entretenant de choses plus sérieuses,
+et, par discrétion, je les quittai. Du reste, j’étais fort curieux
+de rentrer dans la salle d’audience où l’interrogatoire des
+témoins continuait. Je retournai à ma place et je pus constater
+tout de suite que le public n’attachait qu’une importance relative
+à ce qui se passait alors, et qu’il attendait impatiemment six
+heures et demie.
+
+*
+
+Ces six heures et demie sonnèrent et Joseph Rouletabille fut à
+nouveau introduit. Décrire l’émotion avec laquelle la foule le
+suivit des yeux à la barre serait impossible. On ne respirait
+plus. M. Robert Darzac s’était levé à son banc. Il était «pâle
+comme un mort».
+
+Le président dit avec gravité:
+
+«Je ne vous fais pas prêter serment, monsieur! Vous n’avez pas été
+cité régulièrement. Mais j’espère qu’il n’est pas besoin de vous
+expliquer toute l’importance des paroles que vous allez prononcer
+ici...»
+
+Et il ajouta, menaçant:
+
+«Toute l’importance de ces paroles... _pour vous_, sinon pour les
+autres! ...»
+
+Rouletabille, nullement ému, le regardait. Il dit:
+
+«Oui, m’sieur!
+
+-- Voyons, fit le président. Nous parlions tout à l’heure de ce
+petit bout de cour qui avait servi de refuge à l’assassin, et vous
+nous promettiez de nous dire, à six heures et demie, comment
+l’assassin s’est enfui de ce bout de cour et aussi le nom de
+l’assassin. Il est six heures trente-cinq, monsieur Rouletabille,
+et nous ne savons encore rien!
+
+-- Voilà, m’sieur! commença mon ami au milieu d’un silence si
+solennel que je ne me rappelle pas en avoir «vu» de semblable, je
+vous ai dit que ce bout de cour était fermé et qu’il était
+impossible pour l’assassin de s’échapper de ce carré sans que ceux
+qui étaient à sa recherche s’en aperçussent. C’est l’exacte
+vérité. _Quand nous étions là, dans le carré de bout de cour,
+l’assassin s’y trouvait encore avec nous!_
+
+-- Et vous ne l’avez pas vu! ... c’est bien ce que l’accusation
+prétend...
+
+-- Et nous l’avons tous vu! monsieur le président, s’écria
+Rouletabille.
+
+-- Et vous ne l’avez pas arrêté! ...
+
+-- Il n’y avait que moi qui sût qu’il était l’assassin. Et j’avais
+besoin que l’assassin ne fût pas arrêté tout de suite! Et puis, je
+n’avais d’autre preuve, à ce moment, que «ma raison»! Oui, seule,
+ma raison me prouvait que l’assassin était là et que nous le
+voyions! J’ai pris mon temps pour apporter, aujourd’hui, en cour
+d’assises, _une preuve irréfutable, et qui, je m’y engage,
+contentera tout le monde._
+
+-- Mais parlez! parlez, monsieur! Dites-nous quel est le nom de
+l’assassin, fit le président...
+
+-- Vous le trouverez parmi les noms de ceux qui étaient dans le
+bout de cour», répliqua Rouletabille, qui, lui, ne semblait pas
+pressé...
+
+On commençait à s’impatienter dans la salle...
+
+«Le nom! Le nom! murmurait-on...
+
+Rouletabille, sur un ton qui méritait des gifles, dit:
+
+«Je laisse un peu traîner cette déposition, la mienne, m’sieur le
+président, parce que j’ai des raisons pour cela! ...
+
+-- Le nom! Le nom! répétait la foule.
+
+-- Silence!» glapit l’huissier.
+
+Le président dit:
+
+«Il faut tout de suite nous dire le nom, monsieur! ... Ceux qui se
+trouvaient dans le bout de cour étaient: le garde, mort. Est-ce
+lui, l’assassin?
+
+-- Non, m’sieur.
+
+-- Le père Jacques? ...
+
+-- Non m’sieur.
+
+-- Le concierge, Bernier?
+
+-- Non, m’sieur...
+
+-- M. Sainclair?
+
+-- Non m’sieur...
+
+-- M. Arthur William Rance, alors? Il ne reste que M. Arthur Rance
+et vous! Vous n’êtes pas l’assassin, non?
+
+-- Non, m’sieur!
+
+-- Alors, vous accusez M. Arthur Rance?
+
+--Non, m’sieur!
+
+-- Je ne comprends plus! ... Où voulez-vous en venir? ... il n’y
+avait plus personne dans le bout de cour.
+
+-- Si, m’sieur! ... _il n’y avait personne dans le bout de cour,
+ni au-dessous, mais il y avait quelqu’un au-dessus, quelqu’un
+penché à sa fenêtre, sur le bout de cour..._
+
+-- Frédéric Larsan! s’écria le président.
+
+-- Frédéric Larsan!» répondit d’une voix éclatante Rouletabille.
+
+Et, se retournant vers le public qui faisait entendre déjà des
+protestations, il lui lança ces mots avec une force dont je ne le
+croyais pas capable:
+
+«Frédéric Larsan, l’assassin!»
+
+Une clameur où s’exprimaient l’ahurissement, la consternation,
+l’indignation, l’incrédulité, et, chez certains, l’enthousiasme
+pour le petit bonhomme assez audacieux pour oser une pareille
+accusation, remplit la salle. Le président n’essaya même pas de la
+calmer; quand elle fut tombée d’elle-même, sous les chut!
+énergiques de ceux qui voulaient tout de suite en savoir
+davantage, on entendit distinctement Robert Darzac, qui, se
+laissant retomber sur son banc, disait:
+
+«C’est impossible! Il est fou! ...»
+
+Le président:
+
+«Vous osez, monsieur, accuser Frédéric Larsan! Voyez l’effet d’une
+pareille accusation... M. Robert Darzac lui-même vous traite de
+fou! ... Si vous ne l’êtes pas, vous devez avoir des preuves...
+
+-- Des preuves, m’sieur! Vous voulez des preuves! Ah! je vais vous
+en donner une, de preuve... fit la voix aiguë de Rouletabille...
+Qu’on fasse venir Frédéric Larsan! ...»
+
+Le président:
+
+«Huissier, appelez Frédéric Larsan.»
+
+L’huissier courut à la petite porte, l’ouvrit, disparut... La
+petite porte était restée ouverte... Tous les yeux étaient sur
+cette petite porte. L’huissier réapparut. Il s’avança au milieu du
+prétoire et dit:
+
+«Monsieur le président, Frédéric Larsan n’est pas là. Il est parti
+vers quatre heures et on ne l’a plus revu.»
+
+Rouletabille clama, triomphant:
+
+«Ma preuve, la voilà!
+
+-- Expliquez-vous... Quelle preuve? demanda le président.
+
+-- Ma preuve irréfutable, fit le jeune reporter, ne voyez-vous pas
+que c’est la fuite de Larsan. Je vous jure qu’il ne reviendra pas,
+allez! ... vous ne reverrez plus Frédéric Larsan...»
+
+Rumeurs au fond de la salle.
+
+«Si vous ne vous moquez pas de la justice, pourquoi, monsieur,
+n’avez-vous pas profité de ce que Larsan était avec vous, à cette
+barre, pour l’accuser en face? Au moins, il aurait pu vous
+répondre! ...
+
+-- Quelle réponse eût été plus complète que celle-ci, monsieur le
+président? ... _il ne me répond pas! Il ne me répondra jamais!_
+J’accuse Larsan d’être _l’assassin et il se sauve!_ Vous trouvez
+que ce n’est pas une réponse, ça! ...
+
+-- Nous ne voulons pas croire, nous ne croyons point que Larsan,
+comme vous dites,«se soit sauvé»... Comment se serait-il sauvé? Il
+ne savait pas que vous alliez l’accuser?
+
+-- Si, m’sieur, il le savait, puisque je le lui ai appris moi-
+même, tout à l’heure...
+
+-- Vous avez fait cela! ... Vous croyez que Larsan est l’assassin
+et vous lui donnez les moyens de fuir! ...
+
+-- Oui, m’sieur le président, j’ai fait cela, répliqua
+Rouletabille avec orgueil... Je ne suis pas de la «justice», moi;
+je ne suis pas de la «police», moi; je suis un humble journaliste,
+et mon métier n’est point de faire arrêter les gens! Je sers la
+vérité comme je veux... c’est mon affaire... Préservez, vous
+autres, la société, comme vous pouvez, c’est la vôtre... Mais ce
+n’est pas moi qui apporterai une tête au bourreau! ... Si vous
+êtes juste, monsieur le président -- et vous l’êtes -- vous
+trouverez que j’ai raison! ... Ne vous ai-je pas dit, tout à
+l’heure, «que vous comprendriez que je ne pouvais prononcer le nom
+de l’assassin avant six heures et demie». J’avais calculé que ce
+temps était nécessaire pour avertir Frédéric Larsan, lui permettre
+de prendre le train de 4 heures 17, pour Paris, où il saurait se
+mettre en sûreté... Une heure pour arriver à Paris, une heure et
+quart pour qu’il pût faire disparaître toute trace de son
+passage... Cela nous amenait à six heures et demie... Vous ne
+retrouverez pas Frédéric Larsan, déclara Rouletabille en fixant M.
+Robert Darzac... il est trop malin... _C’est un homme qui vous a
+toujours échappé..._ et que vous avez longtemps et vainement
+poursuivi... S’il est moins fort que moi, ajouta Rouletabille, en
+riant de bon coeur et en riant tout seul, car personne n’avait
+plus envie de rire... il est plus fort que toutes les polices de
+la terre. Cet homme, qui, depuis quatre ans, s’est introduit à la
+Sûreté, et y est devenu célèbre sous le nom de Frédéric Larsan,
+est autrement célèbre sous un autre nom que vous connaissez bien.
+Frédéric Larsan, m’sieur le président, _c’est Ballmeyer!_
+
+-- Ballmeyer! s’écria le président.
+
+-- Ballmeyer! fit Robert Darzac, en se soulevant... Ballmeyer! ...
+C’était donc vrai!
+
+-- Ah! ah! m’sieur Darzac, vous ne croyez plus que je suis fou,
+maintenant! ...»
+
+Ballmeyer! Ballmeyer! Ballmeyer! On n’entendait plus que ce nom
+dans la salle. Le président suspendit l’audience.
+
+*
+
+Vous pensez si cette suspension d’audience fut mouvementée. Le
+public avait de quoi s’occuper. Ballmeyer! On trouvait,
+décidément, le gamin «épatant»! Ballmeyer! Mais le bruit de sa
+mort avait couru, il y avait, de cela, quelques semaines.
+Ballmeyer avait donc échappé à la mort comme, toute sa vie, il
+avait échappé aux gendarmes. Est-il nécessaire que je rappelle ici
+les hauts faits de Ballmeyer? Ils ont, pendant vingt ans, défrayé
+la chronique judiciaire et la rubrique des faits divers; et, si
+quelques-uns de mes lecteurs ont pu oublier l’affaire de la
+«Chambre Jaune», ce nom de Ballmeyer n’est certainement pas sorti
+de leur mémoire. Ballmeyer fut le type même de l’escroc du grand
+monde; il n’était point de gentleman plus gentleman que lui; il
+n’était point de prestidigitateur plus habile de ses doigts que
+lui; il n’était point d’«apache», comme on dit aujourd’hui, plus
+audacieux et plus terrible que lui. Reçu dans la meilleure
+société, inscrit dans les cercles les plus fermés, il avait volé
+l’honneur des familles et l’argent des pontes avec une maestria
+qui ne fut jamais dépassée. Dans certaines occasions difficiles,
+il n’avait pas hésité à faire le coup de couteau ou le coup de
+l’os de mouton. Du reste, il n’hésitait jamais, et aucune
+entreprise n’était au-dessus de ses forces. Étant tombé une fois
+entre les mains de la justice, il s’échappa, le matin de son
+procès, en jetant du poivre dans les yeux des gardes qui le
+conduisaient à la cour d’assises. On sut plus tard que, le jour de
+sa fuite, pendant que les plus fins limiers de la Sûreté étaient à
+ses trousses, il assistait, tranquillement, nullement maquillé, à
+une «première»du Théâtre-Français. Il avait ensuite quitté la
+France pour travailler en Amérique, et la police de l’état d’Ohio
+avait, un beau jour, mis la main sur l’exceptionnel bandit; mais,
+le lendemain, il s’échappait encore... Ballmeyer, il faudrait un
+volume pour parler ici de Ballmeyer, et c’est cet homme qui était
+devenu Frédéric Larsan! ... Et c’est ce petit gamin de
+Rouletabille qui avait découvert cela! ... Et c’est lui aussi, ce
+moutard, qui, connaissant le passé d’un Ballmeyer, lui permettait,
+une fois de plus, de faire la nique à la société, en lui
+fournissant le moyen de s’échapper! À ce dernier point de vue, je
+ne pouvais qu’admirer Rouletabille, car je savais que son dessein
+était de servir jusqu’au bout M. Robert Darzac et Mlle Stangerson
+en les débarrassant du bandit _sans qu’il parlât._
+
+On n’était pas encore remis d’une pareille révélation, et
+j’entendais déjà les plus pressés s’écrier: «En admettant que
+l’assassin soit Frédéric Larsan, cela ne nous explique pas comment
+il est sorti de la Chambre Jaune! ...» quand l’audience fut
+reprise.
+
+*
+
+Rouletabille fut appelé immédiatement à la barre et
+soninterrogatoire, car il s’agissait là plutôt d’un interrogatoire
+que d’unedéposition, reprit.
+
+Le président:
+
+«Vous nous avez dit tout à l’heure, monsieur, qu’il était
+impossible de s’enfuir du bout de cour. J’admets, avec vous, je
+veux bien admettre que, puisque Frédéric Larsan se trouvait penché
+à sa fenêtre, au-dessus de vous, il fût encore dans ce bout de
+cour; mais, pour se trouver à sa fenêtre, il lui avait fallu
+quitter ce bout de cour. Il s’était donc enfui! Et comment?»
+
+Rouletabille:
+
+«J’ai dit qu’il n’avait pu s’enfuir «normalement...» Il s’est donc
+enfui «anormalement»! Car le bout de cour, je l’ai dit aussi,
+n’était que «quasi» fermé tandis que la «Chambre Jaune» l’était
+tout à fait. On pouvait grimper au mur, chose impossible dans la
+«Chambre Jaune», se jeter sur la terrasse et de là, pendant que
+nous étions penchés sur le cadavre du garde, pénétrer de la
+terrasse dans la galerie par la fenêtre qui donne juste au-dessus.
+Larsan n’avait plus qu’un pas à faire pour être dans sa chambre,
+ouvrir sa fenêtre et nous parler. Ceci n’était qu’un jeu d’enfant
+pour un acrobate de la force de Ballmeyer. Et, monsieur le
+président, voici la preuve de ce que j’avance.»
+
+Ici, Rouletabille tira de la poche de son veston, un petit paquet
+qu’il ouvrit, et dont il tira une cheville.
+
+«Tenez, monsieur le président, voici une cheville qui s’adapte
+parfaitement dans un trou que l’on trouve encore dans le«corbeau»
+de droite qui soutient la terrasse en encorbellement. Larsan, qui
+prévoyait tout et qui songeait à tous les moyens de fuite autour
+de sa chambre -- chose nécessaire quand on joue son jeu -- avait
+enfoncé préalablement cette cheville dans ce «corbeau». Un pied
+sur la borne qui est au coin du château, un autre pied sur la
+cheville, une main à la corniche de la porte du garde, l’autre
+main à la terrasse, et Frédéric Larsan disparaît dans les airs...
+d’autant mieux qu’il est fort ingambe et que, ce soir-là, il
+n’était nullement endormi par un narcotique, comme il avait voulu
+nous le faire croire. Nous avions dîné avec lui, monsieur le
+président, et, au dessert, il nous joua le coup du monsieur qui
+tombe de sommeil, car il avait besoin d’être, lui aussi, endormi,
+pour que, le lendemain, on ne s’étonnât point que moi, Joseph
+Rouletabille, j’aie été victime d’un narcotique en dînant avec
+Larsan. Du moment que nous avions subi le même sort, les soupçons
+ne l’atteignaient point et s’égaraient ailleurs. Car, moi,
+monsieur le président, moi, j’ai été bel et bien endormi, et par
+Larsan lui-même, et comment! ... Si je n’avais pas été dans ce
+triste état, jamais Larsan ne se serait introduit dans la chambre
+de Mlle Stangerson ce soir-là, et le malheur ne serait pas arrivé!
+...»
+
+On entendit un gémissement. C’était M. Darzac qui n’avait pu
+retenir sa douloureuse plainte...
+
+«Vous comprenez, ajouta Rouletabille, que, couchant à côté de lui,
+je gênais particulièrement Larsan, cette nuit-là, car il savait ou
+du moins il pouvait se douter «que, cette nuit-là, je veillais»!
+Naturellement il ne pouvait pas croire une seconde que je le
+soupçonnais, lui! Mais je pouvais le découvrir au moment où il
+sortait de sa chambre pour se rendre dans celle de Mlle
+Stangerson. Il attendit, cette nuit-là, pour pénétrer chez Mlle
+Stangerson, que je fusse endormi et que mon ami Sainclair fût
+occupé dans ma propre chambre à me réveiller. Dix minutes plus
+tard Mlle Stangerson criait à la mort!
+
+-- Comment étiez-vous arrivé à soupçonner, alors, Frédéric Larsan?
+demanda le président.
+
+-- «Le bon bout de ma raison» me l’avait indiqué, m’sieur le
+président; aussi j’avais l’oeil sur lui; mais c’est un homme
+terriblement fort, et je n’avais pas prévu le coup du narcotique.
+Oui, oui, le bon bout de ma raison me l’avait montré! Mais il me
+fallait une preuve palpable; comme qui dirait: «Le voir au bout de
+mes yeux après l’avoir vu au bout de ma raison!»
+
+-- Qu’est-ce que vous entendez par «le bon bout de votre raison»?
+
+-- Eh! m’sieur le président, la raison a deux bouts: le bon et le
+mauvais. Il n’y en a qu’un sur lequel vous puissiez vous appuyer
+avec solidité: c’est le bon! On le reconnaît à ce que rien ne peut
+le faire craquer, ce bout-là, quoi que vous fassiez! quoi que vous
+disiez! Au lendemain de la «galerie inexplicable», alors que
+j’étais comme le dernier des derniers des misérables hommes qui ne
+savent point se servir de leur raison parce qu’ils ne savent par
+où la prendre, que j’étais courbé sur la terre et sur les
+fallacieuses traces sensibles, je me suis relevé soudain, en
+m’appuyant sur le bon bout de ma raison et je suis monté dans la
+galerie.
+
+«Là, je me suis rendu compte que l’assassin que nous avions
+poursuivi n’avait pu, cette fois, «ni normalement, ni
+anormalement» quitter la galerie. Alors, avec le bon bout de ma
+raison, j’ai tracé un cercle dans lequel j’ai enfermé le problème,
+et autour du cercle, j’ai déposé mentalement ces lettres
+flamboyantes: «Puisque l’assassin ne peut être en dehors du
+cercle, _il est dedans!»_ Qui vois-je donc, dans ce cercle? Le bon
+bout de ma raison me montre, outre l’assassin qui doit
+nécessairement s’y trouver: le père Jacques, M. Stangerson,
+Frédéric Larsan et moi! Cela devait donc faire, avec l’assassin,
+cinq personnages. Or, quand je cherche dans le cercle, ou si vous
+préférez, dans la galerie, pour parler «matériellement», je ne
+trouve que quatre personnages. Et il est démontré que le cinquième
+n’a pu s’enfuir, n’a pu sortir du cercle! _Donc, j’ai, dans le
+cercle, un personnage qui est deux, c’est-à-dire qui est, outre
+son personnage, le personnage de l’assassin! ... _Pourquoi ne m’en
+étais-je pas aperçu déjà? Tout simplement parce que le phénomène
+du doublement du personnage ne s’était pas passé sous mes yeux.
+Avec qui, des quatre personnes enfermées dans le cercle,
+l’assassin a-t-il pu se doubler sans que je l’aperçoive?
+Certainement pas avec les personnes qui me sont apparues à un
+moment, _dédoublées de l’assassin_. Ainsi ai-je vu, _en même
+temps_, dans la galerie, M. Stangerson et l’assassin, le père
+Jacques et l’assassin, moi et l’assassin._ _L’assassin ne saurait
+donc être ni M. Stangerson, ni le père Jacques, ni moi! Et puis,
+si c’était moi l’assassin, je le saurais bien, n’est-ce pas,
+m’sieur le président? ... Avais-je vu, en même temps, Frédéric
+Larsan et l’assassin? Non! ..._ _Non! Il s’était passé _deux
+secondes_ pendant lesquelles j’avais perdu de vue l’assassin, car
+celui-ci était arrivé, comme je l’ai du reste noté dans mes
+papiers, _deux secondes_ avant M. Stangerson, le père Jacques et
+moi, au carrefour des deux galeries. Cela avait suffi à Larsan
+pour enfiler la galerie tournante, enlever sa fausse barbe d’un
+tour de main, se retourner et se heurter à nous, comme s’il
+poursuivait l’assassin! ..._ _Ballmeyer en a fait bien d’autres!
+et vous pensez bien que ce n’était qu’un jeu pour lui de se grimer
+de telle sorte qu’il apparût tantôt avec sa barbe rouge à Mlle
+Stangerson, tantôt à un employé de poste avec un collier de barbe
+châtain qui le faisait ressembler à M. Darzac, dont il avait juré
+la perte! Oui, le bon bout de ma raison me rapprochait ces deux
+personnages, ou plutôt ces deux moitiés de personnage que je
+n’avais pas vues _en même temps:_ Frédéric Larsan et l’inconnu que
+je poursuivais... pour en faire l’être mystérieux et formidable
+que je cherchais:_ «_l’assassin».
+
+«Cette révélation me bouleversa. J’essayai de me ressaisir en
+m’occupant un peu des traces sensibles, des signes extérieurs qui
+m’avaient, jusqu’alors, égaré, et qu’il fallait, normalement,
+«faire entrer dans le cercle tracé par le bon bout de ma raison!»
+
+«Quels étaient, tout d’abord, les principaux signes extérieurs,
+cette nuit-là, qui m’avaient éloigné de l’idée d’un Frédéric
+Larsan assassin:
+
+«1° J’avais vu l’inconnu dans la chambre de Mlle Stangerson, et,
+courant à la chambre de Frédéric Larsan, j’y avais trouvé Frédéric
+Larsan, bouffi de sommeil.
+
+«2° L’échelle;
+
+«3° J’avais placé Frédéric Larsan au bout de la galerie tournante
+en lui disant que j’allais sauter dans la chambre de Mlle
+Stangerson pour essayer de prendre l’assassin. Or, j’étais
+retourné dans la chambre de Mlle Stangerson où j’avais retrouvé
+mon inconnu.
+
+«Le premier signe extérieur ne m’embarrassa guère. Il est probable
+que, lorsque je descendis de mon échelle, après avoir vu l’inconnu
+dans la chambre de Mlle Stangerson, celui-ci avait déjà fini ce
+qu’il avait à y faire. Alors, pendant que je rentrais dans le
+château, il rentrait, lui, dans la chambre de Frédéric Larsan, se
+déshabillait en deux temps, trois mouvements, et, quand je venais
+frapper à sa porte, montrait un visage de Frédéric Larsan
+ensommeillé à plaisir...
+
+«Le second signe: l’échelle, ne m’embarrassa pas davantage. Il
+était évident que, si l’assassin était Larsan, il n’avait pas
+besoin d’échelle pour s’introduire dans le château, puisque Larsan
+couchait à côté de moi; mais cette échelle devait faire croire à
+la venue de l’assassin, «de l’extérieur», chose nécessaire au
+système de Larsan puisque, cette nuit-là, M. Darzac n’était pas au
+château. Enfin, cette échelle, en tout état de cause, pouvait
+faciliter la fuite de Larsan.
+
+«Mais le troisième signe extérieur me déroutait tout à fait. Ayant
+placé Larsan au bout de la galerie tournante, je ne pouvais
+expliquer qu’il eût profité du moment où j’allais dans l’aile
+gauche du château trouver M. Stangerson et le père Jacques, _pour_
+_retourner dans la chambre de Mlle Stangerson!_ C’était là un
+geste bien dangereux! Il risquait de se faire prendre... Et il le
+savait! ... Et il a failli se faire prendre... n’ayant pas eu le
+temps de regagner son poste, comme il l’avait certainement
+espéré... Il fallait qu’il eût, pour retourner dans la chambre,
+une raison bien nécessairequi lui fût apparue tout à coup, après
+mon départ, car il n’aurait pas sans cela prêté son revolver!
+Quant à moi, quand «j’envoyai» le père Jacques au bout de la
+galerie droite, je croyais naturellement que Larsan était toujours
+à son poste au bout de la galerie tournante et le père Jacques
+lui-même, à qui, du reste, je n’avais point donné de détails, en
+se rendant à son poste, ne regarda pas, lorsqu’il passa à
+l’intersection des deux galeries, si Larsan était au sien. Le père
+Jacques ne songeait alors qu’à exécuter mes ordres rapidement.
+Quelle était donc cette raison imprévue qui avait pu conduire
+Larsan une seconde fois dans la chambre? Quelle était-elle? ... Je
+pensai que ce ne pouvait être qu’une marque sensible de son
+passage qui le dénonçait! Il avait oublié quelque chose de très
+important dans la chambre! Quoi? ... Avait-il retrouvé cette
+chose? ... Je me rappelai la bougie sur le parquet et l’homme
+courbé... Je priai MmeBernier, qui faisait la chambre, de
+chercher... et elle trouva un binocle... Ce binocle, m’sieur le
+président!»
+
+Et Rouletabille sortit de son petit paquet le binocle que nous
+connaissons déjà...
+
+«Quand je vis ce binocle, je fus épouvanté... Je n’avais jamais vu
+de binocle à Larsan... S’il n’en mettait pas, c’est donc qu’il
+n’en avait pas besoin... Il en avait moins besoin encore alors
+dans un moment où la liberté de ses mouvements lui était chose si
+précieuse... Que signifiait ce binocle? ... Il n’entrait point
+dans mon cercle. _À moins qu’il ne fût celui d’un presbyte,_
+m’exclamai-je, tout à coup! ... En effet, je n’avais jamais vu
+écrire Larsan, je ne l’avais jamais vu lire. Il «pouvait» donc
+être presbyte! On savait certainement à la Sûreté qu’il était
+presbyte, «s’il l’était...» on connaissait sans doute son
+binocle... Le binocle du «presbyte Larsan» trouvé dans la chambre
+de Mlle Stangerson, après le mystère de la galerie inexplicable,
+cela devenait terrible pour Larsan! Ainsi s’expliquait le retour
+de Larsan dans la chambre! ... Et, en effet, Larsan-Ballmeyer est
+bien presbyte, et ce binocle, que l’on reconnaîtra «peut-être» à
+la Sûreté, est bien le sien...
+
+«Vous voyez, monsieur, quel est mon système, continua
+Rouletabille; je ne demande pas aux signes extérieurs de
+m’apprendre la vérité; je leur demande simplement de ne pas aller
+contre la vérité que m’a désignée le bon bout de ma raison! ...
+
+«Pour être tout à fait sûr de la vérité sur Larsan, car Larsan
+assassin était une exception qui méritait que l’on s’entourât de
+quelque garantie, j’eus le tort de vouloir voir sa «figure». J’en
+ai été bien puni! Je crois que c’est le bon bout de ma raison qui
+s’est vengé de ce que, depuis la galerie inexplicable, je ne me
+sois pas appuyé solidement, définitivement et en toute confiance,
+sur lui... négligeant magnifiquement de trouver d’autres preuves
+de la culpabilité de Larsan que celle de ma raison! Alors, Mlle
+Stangerson a été frappée...»
+
+Rouletabille s’arrêta... se mouche... vivement ému.
+
+*
+
+«Mais qu’est-ce que Larsan, demanda le président, venait faire
+dans cette chambre? Pourquoi a-t-il tenté d’assassiner à deux
+reprises Mlle Stangerson?
+
+-- Parce qu’il l’adorait, m’sieur le président...
+
+-- Voilà évidemment une raison...
+
+-- Oui, m’sieur, une raison péremptoire. Il était amoureux fou...
+et à cause de cela, et de bien d’autres choses aussi, capable de
+tous les crimes.
+
+-- Mlle Stangerson le savait?
+
+-- Oui, m’sieur, mais elle ignorait, naturellement, que l’individu
+qui la poursuivait ainsi fût Frédéric Larsan... sans quoi Frédéric
+Larsan ne serait pas venu s’installer au château, et n’aurait pas,
+la nuit de la galerie inexplicable, pénétré avec nous auprès de
+Mlle Stangerson, «après l’affaire». J’ai remarqué du reste qu’il
+s’était tenu dans l’ombre et qu’il avait continuellement la face
+baissée... ses yeux devaient chercher le binocle perdu... Mlle
+Stangerson a eu à subir les poursuites et les attaques de Larsan
+sous un nom et sous un déguisement que nous ignorions mais qu’elle
+pouvait connaître déjà.
+
+-- Et vous, monsieur Darzac! demanda le président... vous avez
+peut-être, à ce propos, reçu les confidences de Mlle Stangerson...
+Comment se fait-il que Mlle Stangerson n’ait parlé de cela à
+personne? ... Cela aurait pu mettre la justice sur les traces de
+l’assassin... et si vous êtes innocent, vous aurait épargné la
+douleur d’être accusé!
+
+-- Mlle Stangerson ne m’a rien dit, fit M. Darzac.
+
+-- Ce que dit le jeune homme vous paraît-il possible?» demanda
+encore le président.
+
+Imperturbablement, M. Robert Darzac répondit:
+
+«Mlle Stangerson ne m’a rien dit...
+
+-- Comment expliquez-vous que, la nuit de l’assassinat du garde,
+reprit le président, en se tournant vers Rouletabille, l’assassin
+ait rapporté les papiers volés à M. Stangerson? ... Comment
+expliquez-vous que l’assassin se soit introduit dans la chambre
+fermée de Mlle Stangerson?
+
+-- Oh! quant à cette dernière question, il est facile, je crois,
+d’y répondre. Un homme comme Larsan-Ballmeyer devait se procurer
+ou faire faire facilement les clefs qui lui étaient nécessaires...
+Quant au vol des documents, «je crois» que Larsan n’y avait pas
+d’abord songé. Espionnant partout Mlle Stangerson, bien décidé à
+empêcher son mariage avec M. Robert Darzac, il suit un jour Mlle
+Stangerson et M. Robert Darzac dans les grands magasins de la
+Louve, s’empare du réticule de Mlle Stangerson, que celle-ci perd
+ou se laisse prendre. Dans ce réticule, il y a une clef à tête de
+cuivre. Il ne sait pas l’importance qu’a cette clef. Elle lui est
+révélée par la note que fait paraître Mlle Stangerson dans les
+journaux. Il écrit à Mlle Stangerson poste restante, comme la note
+l’en prie. Il demande sans doute un rendez-vous en faisant savoir
+que celui qui a le réticule et la clef est celui qui la poursuit,
+depuis quelque temps, de son amour. Il ne reçoit pas de réponse.
+Il va constater au bureau 40 que la lettre n’est plus là. Il y va,
+ayant pris déjà l’allure et autant que possible l’habit de M.
+Darzac, car, décidé à tout pour avoir Mlle Stangerson, il a tout
+préparé, pour que, _quoi qu’il arrive, M. Darzac, aimé de Mlle
+Stangerson, M. Darzac qu’il déteste et dont il veut la perte,
+passe pour le coupable._
+
+«Je dis: quoi qu’il arrive, mais je pense que Larsan ne pensait
+pas encore qu’il en serait réduit à l’assassinat. Dans tous les
+cas, ses précautions sont prises pour compromettre Mlle Stangerson
+sous le déguisement Darzac. Larsan a, du reste, à peu près la
+taille de Darzac et quasi le même pied. Il ne lui serait pas
+difficile, s’il est nécessaire, après avoir dessiné l’empreinte du
+pied de M. Darzac, de se faire faire, sur ce dessin, des
+chaussures qu’il chaussera. Ce sont là trucs enfantins pour
+Larsan-Ballmeyer.
+
+«Donc, pas de réponse à sa lettre, pas de rendez-vous, et il a
+toujours la petite clef précieuse dans sa poche. Eh bien, puisque
+Mlle Stangerson ne vient pas à lui, il ira à elle! Depuis
+longtemps son plan est fait. Il s’est documenté sur le Glandier et
+sur le pavillon. Un après-midi, alors que M. et Mlle Stangerson
+viennent de sortir pour la promenade et que le père Jacques lui-
+même est parti, il s’introduit dans le pavillon par la fenêtre du
+vestibule. Il est seul, pour le moment, il a des loisirs... il
+regarde les meubles... l’un d’eux, fort curieux, et ressemblant à
+un coffre-fort, a une toute petite serrure... Tiens! Tiens! Cela
+l’intéresse... Comme il a sur lui la petite clef de cuivre... il y
+pense... liaison d’idées. Il essaye la clef dans la serrure; la
+porte s’ouvre... Des papiers! Il faut que ces papiers soient bien
+précieux pour qu’on les ait enfermés dans un meuble aussi
+particulier... pour qu’on tienne tant à la clef qui ouvre ce
+meuble... Eh! Eh! cela peut toujours servir... à un petit
+chantage... cela l’aidera peut-être dans ses desseins amoureux...
+Vite, il fait un paquet de ces paperasses et va le déposer dans le
+lavatory du vestibule. Entre l’expédition du pavillon et la nuit
+de l’assassinat du garde, Larsan a eu le temps de voir ce
+qu’étaient ces papiers. Qu’en ferait-il? Ils sont plutôt
+compromettants... Cette nuit-là, il les rapporta au château...
+Peut-être a-t-il espéré du retour de ces papiers, qui
+représentaient vingt ans de travaux, une reconnaissance quelconque
+de Mlle Stangerson... Tout est possible, dans un cerveau comme
+celui-là! ... Enfin, quelle qu’en soit la raison, il a rapporté
+les papiers _et il en était bien débarrassé!_
+
+Rouletabille toussa et je compris ce que signifiait cette toux. Il
+était évidemment embarrassé, à ce point de ses explications, par
+la volonté qu’il avait de ne point donner le véritable motif de
+l’attitude effroyable de Larsan vis-à-vis de Mlle Stangerson. Son
+raisonnement était trop incomplet pour satisfaire tout le monde,
+et le président lui en eut certainement fait l’observation, si,
+malin comme un singe, Rouletabille ne s’était écrié: «Maintenant,
+nous arrivons à l’explication du mystère de la Chambre Jaune!»
+
+*
+
+Il y eut, dans la salle, des remuements de chaises, de légères
+bousculades, des «chut!» énergiques. La curiosité était poussée à
+son comble.
+
+«Mais, fit le président, il me semble, d’après votre hypothèse,
+monsieur Rouletabille, que le mystère de la «Chambre Jaune» est
+tout expliqué. Et c’est Frédéric Larsan qui nous l’a expliqué lui-
+même en se contentant de tromper sur le personnage, en mettant M.
+Robert Darzac à sa propre place. Il est évident que la porte de la
+«Chambre Jaune» s’est ouverte quand M. Stangerson était seul, et
+que le professeur a laissé passer l’homme qui sortait de la
+chambre de sa fille, sans l’arrêter, peut-être même _sur la prière
+de_ _sa fille_, pour éviter tout scandale! ...
+
+-- Non, m’sieur le président, protesta avec force le jeune homme.
+Vous oubliez que Mlle Stangerson, assommée, ne pouvait plus faire
+de prière, qu’elle ne pouvait plus refermer sur elle ni le verrou
+ni la serrure... Vous oubliez aussi que M. Stangerson a juré sur
+la tête de sa fille à l’agonie _que la porte ne s’était pas
+ouverte!_
+
+-- C’est pourtant, monsieur, la seule façon d’expliquer les
+choses! _La Chambre Jaune__ était close comme un coffre-fort._
+Pour me servir de vos expressions, il était impossible à
+l’assassin de s’en échapper «normalement ou anormalement». Quand
+on pénètre dans la chambre, on ne le trouve pas! Il faut bien
+pourtant qu’il s’échappe! ...
+
+-- C’est tout à fait inutile, m’sieur le président...
+
+-- Comment cela?
+
+-- Il n’avait pas besoin de s’échapper, _s’il n’y était pas!»_
+
+Rumeurs dans la salle...
+
+«Comment, il n’y était pas?
+
+-- Évidemment non! _Puisqu’il ne pouvait pas y être, c’est qu’il_
+_n’y était pas!_ Il faut toujours, m’sieur l’président, s’appuyer
+sur le bon bout de sa raison!
+
+-- Mais toutes les traces de son passage! protesta le président.
+
+-- Ça, m’sieur le président, c’est le mauvais bout de la raison!
+... Le bon bout nous indique ceci: depuis le moment où Mlle
+Stangerson s’est enfermée dans sa chambre jusqu’au moment où l’on
+a défoncé la porte, il est impossible que l’assassin se soit
+échappé de cette chambre; et, comme on ne l’y trouve pas, c’est
+que, depuis le moment de la fermeture de la porte jusqu’au moment
+où on la défonce, _l’assassin n’était pas dans la chambre!_
+
+-- Mais les traces?
+
+-- Eh! m’sieur le président... Ça, c’est les marques sensibles,
+encore une fois... les marques sensibles avec lesquelles on commet
+tant d’erreurs judiciaires _parce qu’elles vous font dire ce_
+_qu’elles veulent!_ Il ne faut point, je vous le répète, s’en
+servir pour raisonner! Il faut raisonner d’abord! Et voir ensuite
+si les marques sensibles peuvent entrer dans le cercle de votre
+raisonnement... J’ai un tout petit cercle de vérité incontestable:
+_l’assassin n’était point dans la Chambre Jaune!_ Pourquoi a-t-on
+cru qu’il y était? À cause des marques de son passage! Mais il
+peut être passé _avant!_ Que dis-je: il «doit» être passé avant.
+La raison me dit qu’il faut qu’il soit passé là, _avant_!
+Examinons les marques et ce que nous savons de l’affaire, et
+voyons si ces marques vont à l’encontre de ce _passage avant...
+avant que Mlle Stangerson s’enferme dans sa chambre, devant son
+père et le père Jacques!_
+
+«Après la publication de l’article du _Matin_ et une conversation
+que j’eus dans le trajet de Paris à Épinay-sur-Orge avec le juge
+d’instruction, la preuve me parut faite que la «Chambre Jaune»
+était mathématiquement close et que, par conséquent, l’assassin en
+avait disparu avant l’entrée de Mlle Stangerson dans sa chambre, à
+minuit.
+
+«Les marques extérieures se trouvaient alors être terriblement
+«contre ma raison». Mlle Stangerson ne s’était pas assassinée
+toute seule, et ces marques attestaient qu’il n’y avait pas eu
+suicide. L’assassin était donc venu _avant!_ Mais comment Mlle
+Stangerson n’avait-elle été assassinée qu’après? ou plutôt «ne
+paraissait-elle» avoir été assassinée qu’après? Il me fallait
+naturellement reconstituer l’affaire en deux phases, deux phases
+bien distinctes l’une de l’autre de quelques heures: la première
+phase pendant laquelle on avait réellement tenté d’assassiner Mlle
+Stangerson, tentative qu’elle avait dissimulée; la seconde phase
+pendant laquelle, à la suite d’un cauchemar qu’elle avait eu, ceux
+qui étaient dans le laboratoire avaient cru qu’on l’assassinait!
+
+«Je n’avais pas encore, alors, pénétré dans la «Chambre Jaune».
+Quelles étaient les blessures de Mlle Stangerson? Des marques de
+strangulation et un coup formidable à la tempe... Les marques de
+strangulation ne me gênaient pas. Elles pouvaient avoir été faites
+«avant» et Mlle Stangerson les avait dissimulées sous une
+collerette, un boa, n’importe quoi! Car, du moment que je créais,
+que j’étais obligé de diviser l’affaire en deux phases, j’étais
+acculé à la nécessité de me dire que _Mlle Stangerson avait_
+_caché tous les événements de la première phase;_ elle avait des
+raisons, sans doute, assez puissantes pour cela, puisqu’elle
+n’avait rien dit à son père et qu’elle dut raconter naturellement
+au juge d’instruction l’agression de l’assassin _dont elle ne
+pouvait nier le_ _passage,_ comme si cette agression avait eu lieu
+la nuit, pendant la seconde phase! Elle y était forcée, sans quoi
+son père lui eût dit: «Que nous as-tu caché là? Que signifie «ton
+silence après une pareille agression»?»
+
+«Elle avait donc dissimulé les marques de la main de l’homme à son
+cou. Mais il y avait le coup formidable de la tempe! Ça, je ne le
+comprenais pas! Surtout quand j’appris que l’on avait trouvé dans
+la chambre un os de mouton, arme du crime... Elle ne pouvait avoir
+dissimulé qu’on l’avait assommée, et cependant cette blessure
+apparaissait évidemment comme ayant dû être faite pendant la
+première phase puisqu’elle nécessitait la présence de l’assassin!
+J’imaginai que cette blessure était beaucoup moins forte qu’on ne
+le disait -- en quoi j’avais tort -- et je pensai que Mlle
+Stangerson avait caché la blessure de la tempe _sous une coiffure
+en bandeaux!_
+
+«Quant à la marque, sur le mur, de la main de l’assassin blessée
+par le revolver de Mlle Stangerson, cette marque avait été faite
+évidemment «avant» et l’assassin avait été nécessairement blessé
+pendant la première phase, c’est-à-dire _pendant qu’il était_
+_là!_ Toutes les traces du passage de l’assassin avaient été
+naturellement laissées pendant la première phase: L’os de mouton,
+les pas noirs, le béret, le mouchoir, le sang sur le mur, sur la
+porte et par terre... De toute évidence, si ces traces étaient
+encore là, c’est que Mlle Stangerson, qui désirait qu’on ne sût
+rien et qui agissait pour qu’on ne sût rien de cette affaire,
+n’avait pas encore eu le temps de les faire disparaître! Ce qui me
+conduisait à chercher la première phase de l’affaire dans _un
+temps très_ _rapproché de la seconde._ Si, après la première
+phase, c’est-à-dire après que l’assassin se fût échappé, après
+qu’elle-même eût en hâte regagné le laboratoire où son père la
+retrouvait, travaillant, -- si elle avait pu pénétrer à nouveau un
+instant dans la chambre, elle aurait au moins fait disparaître,
+tout de suite, l’os de mouton, le béret et le mouchoir qui
+traînaient par terre. Mais elle ne le tenta pas, son père ne
+l’ayant pas quittée. Après, donc, cette première phase, elle n’est
+entrée dans sa chambre qu’à minuit. Quelqu’un y était entré à dix
+heures: le père Jacques, qui fit sa besogne de tous les soirs,
+ferma les volets et alluma la veilleuse. Dans son anéantissement
+sur le bureau du laboratoire où elle feignait de travailler, Mlle
+Stangerson avait sans doute oublié que le père Jacques allait
+entrer dans sa chambre! Aussi elle a un mouvement: elle prie le
+père Jacques de ne pas se déranger! De ne pas pénétrer dans la
+chambre! Ceci est en toutes lettres dans l’article du _Matin_. Le
+père Jacques entre tout de même et ne s’aperçoit de rien, tant la
+«Chambre Jaune» est obscure! ... Mlle Stangerson a dû vivre là
+deux minutes affreuses! Cependant, je crois qu’elle ignorait qu’il
+y avait tant de marques du passage de l’assassin dans sa chambre!
+Elle n’avait sans doute, après la première phase, eu le temps que
+de dissimuler les traces des doigts de l’homme à son cou et de
+sortir de sa chambre! ... Si elle avait su que l’os, le béret et
+le mouchoir fussent sur le parquet, elle les aurait également
+ramassés quand elle est rentrée à minuit dans sa chambre... Elle
+ne les a pas vus, elle s’est déshabillée à la clarté douteuse de
+la veilleuse... Elle s’est couchée, brisée par tant d’émotions, et
+par la terreur, la terreur qui ne l’avait fait regagner cette
+chambre que le plus tard possible...
+
+«Ainsi étais-je _obligé_ d’arriver de la sorte à la seconde phase
+du drame, _avec Mlle Stangerson seule dans la chambre, du moment
+qu’on n’avait pas trouvé l’assassin dans la chambre..._ Ainsi
+devais-je naturellement faire entrer dans le cercle de mon
+raisonnement les marques extérieures.
+
+«Mais il y avait d’autres marques extérieures à expliquer. Des
+coups de revolver avaient été tirés, pendant la seconde phase. Des
+cris: «Au secours! À l’assassin!» avaient été proférés! ... Que
+pouvait me désigner, en une telle occurrence, le bon bout de ma
+raison? Quant aux cris, d’abord: du moment où il n’y a pas
+d’assassin dans la chambre, _il y avait forcément cauchemar dans
+la chambre!_
+
+«On entend un grand bruit de meubles renversés. J’imagine... je
+suis obligé d’imaginer ceci: Mlle Stangerson s’est endormie,
+hantée par l’abominable scène de l’après-midi... elle rêve... le
+cauchemar précise ses images rouges... elle revoit l’assassin qui
+se précipite sur elle, elle crie: «À l’assassin! Au secours!» et
+son geste désordonné va chercher le revolver qu’elle a posé, avant
+de se coucher, sur sa table de nuit. Mais cette main heurte la
+table de nuit avec une telle force qu’elle la renverse. Le
+revolver roule par terre, un coup part et va se loger dans le
+plafond... Cette balle dans le plafond me parut, dès l’abord,
+devoir être la balle de l’accident... Elle révélait la possibilité
+de l’accident et arrivait si bien avec mon hypothèse de cauchemar
+qu’elle fut une des raisons pour lesquelles je commençai à ne plus
+douter que le crime avait eu lieu _avant,_ et que Mlle Stangerson,
+douée d’un caractère d’une énergie peu commune, l’avait caché...
+Cauchemar, coup de revolver... Mlle Stangerson, dans un état moral
+affreux, est réveillée; elle essaye de se lever; elle roule par
+terre, sans force, renversant les meubles, râlant même...«À
+l’assassin! Au secours!» et s’évanouit...
+
+«Cependant, on parlait de deux coups de revolver, la nuit, lors de
+la seconde phase. À moi aussi, pour ma thèse -- ce n’était plus,
+déjà, une hypothèse -- il en fallait deux; mais «un» dans chacune
+des phases et non pas deux dans la dernière... un coup pour
+blesser l’assassin, _avant_, et un coup lors du cauchemar,
+_après!_ Or, était-il bien sûr que, la nuit, deux coups de
+revolver eussent été tirés? Le revolver s’était fait entendre au
+milieu du fracas de meubles renversés. Dans un interrogatoire, M.
+Stangerson parle d’un coup sourd d’abord, d’un coup éclatant
+ensuite! Si le coup sourd avait été produit par la chute de la
+table de nuit en marbre sur le plancher? Il est _nécessaire_ que
+cette explication soit la bonne. Je fus certain qu’elle était la
+bonne, quand je sus que les concierges, Bernier et sa femme,
+n’avaient entendu, eux qui étaient tout près du pavillon, _qu’un
+seul coup de_ _revolver._ Ils l’ont déclaré au juge d’instruction.
+
+«Ainsi, j’avais presque reconstitué les deux phases du drame quand
+je pénétrai, pour la première fois, dans la «Chambre Jaune».
+Cependant la gravité de la blessure à la tempe n’entrait pas dans
+le cercle de mon raisonnement. Cette blessure n’avait donc pas été
+faite par l’assassin avec l’os de mouton, lors de la première
+phase, parce qu’elle était trop grave, que Mlle Stangerson
+n’aurait pu la dissimuler et qu’elle ne l’avait pas dissimulée
+sous une coiffure en bandeaux! Alors, cette blessure avait été
+«nécessairement» faite lors de la seconde phase, au moment du
+cauchemar? C’est ce que je suis allé demander à la «Chambre Jaune»
+et la «Chambre Jaune» m’a répondu!»
+
+Rouletabille tira, toujours de son petit paquet, un morceau de
+papier blanc plié en quatre, et, de ce morceau de papier blanc,
+sortit un objet invisible, qu’il tint entre le pouce et l’index et
+qu’il porta au président:
+
+«Ceci, monsieur le président, est un cheveu, un cheveu blond
+maculé de sang, un cheveu de Mlle Stangerson... Je l’ai trouvé
+collé à l’un des coins de marbre de la table de nuit renversée...
+Ce coin de marbre était lui-même maculé de sang. Oh! un petit
+carré rouge de rien du tout! mais fort important! car il
+m’apprenait, ce petit carré de sang, qu’en se levant, affolée, de
+son lit, Mlle Stangerson était tombée de tout son haut et fort
+brutalement sur ce coin de marbre qui l’avait blessée à la tempe,
+et qui avait retenu ce cheveu, ce cheveu que Mlle Stangerson
+devait avoir sur le front, bien qu’elle ne portât pas la coiffure
+en bandeaux! Les médecins avaient déclaré que Mlle Stangerson
+avait été assommée avec un objet _contondant_ et, comme l’os de
+mouton était là, le juge d’instruction avait immédiatement accusé
+l’os de mouton _mais le coin d’une table de nuit en marbre est
+aussi un objet contondant auquel ni les médecins ni le juge
+d’instruction n’avaient songé, et que je n’eusse peut-être point
+découvert moi -même si le bon bout de ma raison ne me l’avait
+indiqué, ne me l’avait fait pressentir.»_
+
+La salle faillit partir, une fois de plus, en applaudissements;
+mais, comme Rouletabille reprenait tout de suite sa déposition, le
+silence se rétablit sur-le-champ.
+
+«Il me restait à savoir, en dehors du nom de l’assassin que je ne
+devais connaître que quelques jours plus tard, à quel moment avait
+eu lieu la première phase du drame. L’interrogatoire de Mlle
+Stangerson, bien qu’arrangé pour tromper le juge d’instruction, et
+celui de M. Stangerson, devaient me le révéler. Mlle Stangerson a
+donné exactement l’emploi de son temps, ce jour-là. Nous avons
+établi que l’assassin s’est introduit entre cinq et six dans le
+pavillon; mettons qu’il fût six heures et quart quand le
+professeur et sa fille se sont remis au travail. C’est donc entre
+cinq heures et six heures et quart qu’il faut chercher. Que dis-
+je, cinq heures! mais le professeur est alors avec sa fille... Le
+drame ne pourra s’être passé que loin du professeur! Il me faut
+donc, dans ce court espace de temps, chercher le moment où le
+professeur et sa fille seront séparés! ... Eh bien, ce moment, je
+le trouve dans l’interrogatoire qui eut lieu dans la chambre de
+Mlle Stangerson, en présence de M. Stangerson. Il y est marqué que
+le professeur et sa fille rentrent vers six heures au laboratoire.
+M. Stangerson dit: «À ce moment, je fus abordé par mon garde qui
+_me retint un_ _instant.»_ il y a donc conversation avec le garde.
+Le garde parle à M. Stangerson de coupe de bois ou de braconnage;
+Mlle Stangerson n’est plus là; elle a déjà regagné le laboratoire
+puisque le professeur dit encore: «Je quittai le garde et je
+rejoignis ma fille qui était déjà au travail!»
+
+«C’est donc dans ces courtes minutes que le drame se déroula.
+C’est nécessaire! Je vois très bien Mlle Stangerson rentrer dans
+le pavillon, pénétrer dans sa chambre pour poser son chapeau et se
+trouver en face du bandit qui la poursuit. Le bandit était là,
+dans le pavillon, depuis un certain temps. Il devait avoir arrangé
+son affaire pour que tout se passât la nuit. Il avait alors
+déchaussé les chaussures du père Jacques qui le gênaient, dans les
+conditions que j’ai dites au juge d’instruction, il avait opéré la
+rafle des papiers, comme je vous l’ai dit tout à l’heure, et il
+s’était ensuite glissé sous le lit quand le père Jacques était
+revenu laver le vestibule et le laboratoire... Le temps lui avait
+paru long... il s’était relevé, après le départ du père Jacques,
+avait à nouveau erré dans le laboratoire, était venu dans le
+vestibule, avait regardé dans le jardin, et avait vu venir, vers
+le pavillon -- car, à ce moment-là, la nuit qui commençait était
+très claire -- _Mlle Stangerson, toute seule! _Jamais il n’eût osé
+l’attaquer à cette heure-là s’il n’avait cru être certain que Mlle
+Stangerson était seule! Et, pour qu’elle lui apparût seule, il
+fallait que la conversation entre M. Stangerson et le garde qui le
+retenait eût lieu à un coin détourné du sentier, _coin où se
+trouve un bouquet d’arbres qui les cachait aux yeux du misérable.
+_Alors, son plan est fait. Il va être plus tranquille, seul avec
+Mlle Stangerson dans ce pavillon, qu’il ne l’aurait été, en pleine
+nuit, avec le père Jacques dormant dans son grenier. _Et il dut
+fermer la fenêtre du_ _vestibule!_ ce qui explique aussi que ni M.
+Stangerson, ni le garde, du reste assez éloignés encore du
+pavillon, n’ont entendu le coup de revolver.
+
+«Puis il regagna la «Chambre Jaune». Mlle Stangerson arrive. Ce
+qui s’est passé a dû être rapide comme l’éclair! ... Mlle
+Stangerson a dû crier... ou plutôt a voulu crier son effroi;
+l’homme l’a saisie à la gorge... Peut-être va-t-il l’étouffer,
+l’étrangler... Mais la main tâtonnante de Mlle Stangerson a saisi,
+dans le tiroir de la table de nuit, le revolver qu’elle y a caché
+depuis qu’elle redoute les menaces de l’homme. L’assassin brandit
+déjà, sur la tête de la malheureuse, cette arme terrible dans les
+mains de Larsan-Ballmeyer, un os de mouton... Mais elle tire... le
+coup part, blesse la main qui abandonne l’arme. L’os de mouton
+roule par terre, _ensanglanté par la blessure de_ _l’assassin..._
+l’assassin chancelle, va s’appuyer à la muraille, y imprime ses
+doigts rouges, craint une autre balle et s’enfuit...
+
+«Elle le voit traverser le laboratoire... Elle écoute... Que fait-
+il dans le vestibule? ... Il est bien long à sauter par cette
+fenêtre... Enfin, il saute! Elle court à la fenêtre et la referme!
+... Et maintenant, est-ce que son père a vu? a entendu? Maintenant
+que le danger a disparu, toute sa pensée va à son père... douée
+d’une énergie surhumaine, elle lui cachera tout, s’il en est temps
+encore! ... Et, quand M. Stangerson reviendra, il trouvera la
+porte de la «Chambre Jaune» fermée, et sa fille, dans le
+laboratoire, penchée sur son bureau, attentive, _au travail,
+déjà!»_
+
+Rouletabille se tourne alors vers M. Darzac:
+
+«Vous savez la vérité, s’écria-t-il, dites-nous donc si la chose
+ne s’est pas passée ainsi?
+
+-- Je ne sais rien, répond M. Darzac.
+
+-- Vous êtes un héros! fait Rouletabille, en se croisant les
+bras... Mais si Mlle Stangerson était, hélas! en état de savoir
+que vous êtes accusé, elle vous relèverait de votre parole... elle
+vous prierait de dire tout ce qu’elle vous a confié... que dis-je,
+elle viendrait vous défendre elle-même! ...»
+
+M. Darzac ne fit pas un mouvement, ne prononça pas un mot. Il
+regarda tristement Rouletabille.
+
+«Enfin, fit celui-ci, puisque Mlle Stangerson n’est pas là, _il_
+_faut bien que j’y sois, moi!_ Mais, croyez-moi, monsieur Darzac,
+le meilleur moyen, le seul, de sauver Mlle Stangerson et de lui
+rendre la raison, c’est encore de vous faire acquitter!»
+
+Un tonnerre d’applaudissements accueillit cette dernière phrase.
+Le président n’essaya même pas de réfréner l’enthousiasme de la
+salle. Robert Darzac était sauvé. Il n’y avait qu’à regarder les
+jurés pour en être certain! Leur attitude manifestait hautement
+leur conviction.
+
+Le président s’écria alors:
+
+«Mais enfin, quel est ce mystère qui fait que Mlle Stangerson, que
+l’on tente d’assassiner, dissimule un pareil crime à son père?
+
+-- Ça, m’sieur, fit Rouletabille, j’sais pas! ... Ça ne me regarde
+pas! ...»
+
+Le président fit un nouvel effort auprès de M. Robert Darzac.
+
+«Vous refusez toujours de nous dire, monsieur, quel a été l’emploi
+de votre temps pendant qu’«on» attentait à la vie de Mlle
+Stangerson?
+
+-- Je ne peux rien vous dire, monsieur...»
+
+Le président implora du regard une explication de Rouletabille:
+
+«On a le droit de penser, m’sieur le président, que les absences
+de M. Robert Darzac étaient étroitement liées au secret de Mlle
+Stangerson... Aussi M. Darzac se croit-il tenu à garder le
+silence! ... Imaginez que Larsan, qui a, lors de ses trois
+tentatives, tout mis en train pour détourner les soupçons sur M.
+Darzac, ait fixé, justement, ces trois fois-là, des rendez-vous à
+M. Darzac dans un endroit compromettant, rendez-vous où il devait
+être traité du mystère... M. Darzac se fera plutôt condamner que
+d’avouer quoi que ce soit, que d’expliquer quoi que ce soit qui
+touche au mystère de Mlle Stangerson. Larsan est assez malin pour
+avoir fait encore cette «combinaise-là! ...»
+
+Le président, ébranlé, mais curieux, répartit encore:
+
+«Mais quel peut bien être ce mystère-là?
+
+-- Ah! m’sieur, j’pourrais pas vous dire! fit Rouletabille en
+saluant le président; seulement, je crois que vous en savez assez
+maintenant pour acquitter M. Robert Darzac! ... À moins que Larsan
+ne revienne! mais j’crois pas!» fit-il en riant d’un gros rire
+heureux.
+
+Tout le monde rit avec lui.
+
+«Encore une question, monsieur, fit le président. Nous comprenons,
+toujours en admettant votre thèse, que Larsan ait voulu détourner
+les soupçons sur M. Robert Darzac, mais quel intérêt avait-il à
+les détourner aussi sur le père Jacques? ...
+
+-- «L’intérêt du policier!» m’sieur! L’intérêt de se montrer
+débrouillard en annihilant lui-même ces preuves qu’il avait
+accumulées. C’est très fort, ça! C’est un truc qui lui a souvent
+servi à détourner les soupçons qui eussent pu s’arrêter sur lui-
+même! Il prouvait l’innocence de l’un, avant d’accuser l’autre.
+Songez, monsieur le président, qu’une affaire comme celle-là
+devait avoir été longuement «mijotée «à l’avance par Larsan. Je
+vous dis qu’il avait tout étudié et qu’il connaissait les êtres et
+tout. Si vous avez la curiosité de savoir comment il s’était
+documenté, vous apprendrez qu’il s’était fait un moment le
+commissionnaire entre «le laboratoire de la Sûreté»et M.
+Stangerson, à qui on demandait des «expériences». Ainsi, il a pu,
+avant le crime, pénétrer deux fois dans le pavillon. Il était
+grimé de telle sorte que le père Jacques, depuis, ne l’a pas
+reconnu; mais il a trouvé, lui, Larsan, l’occasion de chiper au
+père Jacques une vieille paire de godillots et un béret hors
+d’usage, que le vieux serviteur de M. Stangerson avait noués dans
+un mouchoir pour les porter sans doute à un de ses amis,
+charbonnier sur la route d’Épinay! Quand le crime fut découvert,
+le père Jacques, reconnaissant les objets à part lui, n’eut garde
+de les reconnaître immédiatement! Ils étaient trop compromettants,
+et c’est ce qui vous explique son trouble, à cette époque, quand
+nous lui en parlions. Tout cela est simple comme bonjour et j’ai
+acculé Larsan à me l’avouer. Il l’a du reste fait avec plaisir,
+car, si c’est un bandit -- ce qui ne fait plus, j’ose l’espérer,
+de doute pour personne -- c’est aussi un artiste! ... C’est sa
+manière de faire, à cet homme, sa manière à lui... Il a agi de
+même lors de l’affaire du «Crédit universel» et des «Lingots de la
+Monnaie!» Des affaires qu’il faudra réviser, m’sieur le président,
+car il y a quelques innocents dans les prisons depuis que
+Ballmeyer-Larsan appartient à la Sûreté!»
+
+
+
+XXVIII
+Où il est prouvé qu’on ne pense pas toujours à tout
+
+
+Gros émoi, murmures, bravos! Maître Henri-Robert déposa des
+conclusions tendant à ce que l’affaire fût renvoyée à une autre
+session pour supplément d’instruction; le ministère public lui-
+même s’y associa. L’affaire fut renvoyée. Le lendemain, M. Robert
+Darzac était remis en liberté provisoire, et le père Mathieu
+bénéficiait «d’unnon-lieu»immédiat. On chercha vainement Frédéric
+Larsan. La preuve de l’innocence était faite. M. Darzac échappa
+enfin à l’affreuse calamité qui l’avait, un instant, menacé, et il
+put espérer, après une visite à Mlle Stangerson, que celle-ci
+recouvrerait un jour, à force de soins assidus, la raison.
+
+Quant à ce gamin de Rouletabille, il fut, naturellement, «l’homme
+du jour»! À sa sortie du palais de Versailles, la foule l’avait
+porté en triomphe. Les journaux du monde entier publièrent ses
+exploits et sa photographie; et lui, qui avait tant interviewé
+d’illustres personnages, fut illustre et interviewé à son tour! Je
+dois dire qu’il ne s’en montra pas plus fier pour ça!
+
+Nous revînmes de Versailles ensemble, après avoir dîné fort
+gaiement au «Chien qui fume». Dans le train, je commençai à lui
+poser un tas de questions qui, pendant le repas, s’étaient
+pressées déjà sur mes lèvres et que j’avais tues toutefois parce
+que je savais que Rouletabille n’aimait pas travailler en
+mangeant.
+
+«Mon ami, fis-je, cette affaire de Larsan est tout à fait sublime
+et digne de votre cerveau héroïque.»
+
+Ici il m’arrêta, m’invitant à parler plus simplement et prétendant
+qu’il ne se consolerait jamais de voir qu’une aussi belle
+intelligence que la mienne était prête à tomber dans le gouffre
+hideux de la stupidité, et cela simplement à cause de l’admiration
+que j’avais pour lui...
+
+«Je viens au fait, fis-je, un peu vexé. Tout ce qui vient de se
+passer ne m’apprend point du tout ce que vous êtes allé faire en
+Amérique. Si je vous ai bien compris: quand vous êtes parti la
+dernière fois du Glandier, vous aviez tout deviné de Frédéric
+Larsan? ... Vous saviez que Larsan était l’assassin et vous
+n’ignoriez plus rien de la façon dont il avait tenté d’assassiner?
+
+-- Parfaitement. Et vous, fit-il, en détournant la conversation,
+vous ne vous doutiez de rien?
+
+-- De rien!
+
+-- C’est incroyable.
+
+-- Mais, mon ami... vous avez eu bien soin de me dissimuler votre
+pensée et je ne vois point comment je l’aurais pénétrée... Quand
+je suis arrivé au Glandier avec les revolvers, «à ce moment
+précis», vous soupçonniez déjà Larsan?
+
+-- Oui! Je venais de tenir le raisonnement de la «galerie
+inexplicable!» mais le retour de Larsan dans la chambre de Mlle
+Stangerson ne m’avait pas encore été expliqué par la découverte du
+binocle de presbyte... Enfin, mon soupçon n’était que
+mathématique, et l’idée de Larsan assassin m’apparaissait si
+formidable que j’étais résolu à attendre des «traces sensibles»
+avant d’oser m’y arrêter davantage. Tout de même cette idée me
+tracassait, et j’avais parfois une façon de vous parler du
+policier qui eût dû vous mettre en éveil. D’abord je ne mettais
+plus du tout en avant «sa bonne foi» et je ne vous disais plus
+«qu’il se trompait». Je vous entretenais de son système comme d’un
+misérable système, et le mépris que j’en marquais, qui s’adressait
+dans votre esprit au policier, s’adressait en réalité, dans le
+mien, moins au policier qu’au bandit que je le soupçonnais
+d’être!... Rappelez-vous... quand je vous énumérais toutes les
+preuves qui s’accumulaient contre M. Darzac, je vous disais: «Tout
+cela semble donner quelque corps à l’hypothèse du grand Fred.
+C’est, du reste, cette hypothèse, que je crois fausse, qui
+l’égarera...» et j’ajoutais sur un ton qui eût dû vous stupéfier:
+«Maintenant, cette hypothèse égare-t-elle réellement Frédéric
+Larsan? Voilà! Voilà! Voilà! ...»
+
+Ces «voilà!» eussent dû vous donner à réfléchir; il y avait tout
+mon soupçon dans ces «Voilà!» Et que signifiait: «égare-t-elle
+réellement?» sinon qu’elle pouvait ne pas l’égarer, lui, mais
+qu’elle était _destinée à nous égarer, nous!_ Je vous regardais à
+ce moment et vous n’avez pas tressailli, vous n’avez pas
+compris... J’en ai été enchanté, car, jusqu’à la découverte du
+binocle, je ne pouvais considérer le crime de Larsan que comme une
+absurde hypothèse... Mais, après la découverte du binocle qui
+m’expliquait le retour de Larsan dans la chambre de Mlle
+Stangerson... voyez ma joie, mes transports... Oh! Je me souviens
+très bien! Je courais comme un fou dans ma chambre et je vous
+criais: «Je roulerai le grand Fred! je le roulerai d’une façon
+retentissante!» Ces paroles s’adressaient alors au bandit. Et, le
+soir même, quand, chargé par M. Darzac de surveiller la chambre de
+Mlle Stangerson, je me bornai jusqu’à dix heures du soir à dîner
+avec Larsan sans prendre aucune mesure autre, _tranquille parce
+qu’il_ _était là,_ en face de moi! à ce moment encore, cher ami,
+vous auriez pu soupçonner que c’était seulement cet homme-là que
+je redoutais... Et quand je vous disais, au moment où nous
+parlions de l’arrivée prochaine de l’assassin: «Oh! je suis bien
+sûr que Frédéric Larsan sera là cette nuit! ...»
+
+«Mais il y a une chose capitale qui eût pu, qui eût dû nous
+éclairer tout à fait et tout de suite sur le criminel, une chose
+qui nous dénonçait Frédéric Larsan et que nous avons laissée
+échapper, _vous et moi! ..._
+
+«Auriez-vous donc oublié l’histoire de la canne?
+
+«Oui, en dehors du raisonnement qui, pour tout «esprit logique»,
+dénonçait Larsan, il y avait l’«histoire de la canne»qui le
+dénonçait à tout «esprit observateur».
+
+«J’ai été tout à fait étonné -- apprenez-le donc -- qu’à
+l’instruction, Larsan ne se fût pas servi de la canne contre M.
+Darzac. Est-ce que cette canne n’avait pas été achetée le soir du
+crime par un homme dont le signalement répondait à celui de M.
+Darzac? Eh bien, tout à l’heure, j’ai demandé à Larsan lui-même,
+avant qu’il prît le train pour disparaître, je lui ai demandé
+pourquoi il n’avait pas usé de la canne. Il m’a répondu qu’il n’en
+avait jamais eu l’intention; que, dans sa pensée, il n’avait
+jamais rien imaginé contre M. Darzac avec cette canne et que nous
+l’avions fort embarrassé, le soir du cabaret d’Épinay, _en lui_
+_prouvant qu’il nous mentait!_ Vous savez qu’il disait qu’il avait
+eu cette canne à Londres; or, la marque attestait qu’elle était de
+Paris! Pourquoi, à ce moment, au lieu de penser: «Fred ment; il
+était à Londres; il n’a pas pu avoir cette canne de Paris, à
+Londres?»; Pourquoi ne nous sommes-nous pas dit: «Fred ment. Il
+n’était pas à Londres, puisqu’il a acheté cette canne à Paris!»
+Fred menteur, Fred à Paris, au moment du crime! C’est un point de
+départ de soupçon, cela! Et quand, après votre enquête chez
+Cassette, vous nous apprenez que cette canne a été achetée par un
+homme qui est habillé comme M. Darzac, alors que nous sommes sûrs,
+d’après la parole de M. Darzac lui-même, que ce n’est pas lui qui
+a acheté cette canne, alors que nous sommes sûrs, grâce à
+l’histoire du bureau de poste 40, _qu’il y a à_ _Paris un homme
+qui prend la silhouette Darzac,_ alors que nous nous demandons
+quel est donc cet homme qui, déguisé en Darzac, se présente le
+soir du crime chez Cassette pour acheter une canne que nous
+retrouvons entre les mains de Fred, comment? comment? comment ne
+nous sommes-nous pas dit un instant: «Mais... mais... mais... cet
+inconnu déguisé en Darzac qui achète une canne que Fred a entre
+les mains, ... si c’était... si c’était... Fred lui-même? ...»
+Certes, sa qualité d’agent de la Sûreté n’était point propice à
+une pareille hypothèse; mais, quand nous avions constaté
+l’acharnement avec lequel Fred accumulait les preuves contre
+Darzac, la rage avec laquelle il poursuivait le malheureux... nous
+aurions pu être frappés par un mensonge de Fred aussi important
+que celui qui le faisait entrer en possession, à Paris, d’une
+canne _qu’il ne pouvait avoir eue à Londres_. Même, s’il l’avait
+trouvée à Paris, le mensonge de Londres n’en existait pas moins.
+Tout le monde le croyait à Londres, même ses chefs et il achetait
+une canne à Paris! Maintenant, comment se faisait-il que, pas une
+seconde, il n’en usa comme d’une canne trouvée _autour de M.
+Darzac! _C’est bien simple! C’est tellement simple que nous n’y
+avons pas pensé... Larsan l’avait achetée, après avoir été blessé
+légèrement à la main par la balle de Mlle Stangerson, _uniquement
+pour avoir un maintien, pour avoir toujours la main refermée, pour
+n’être point tenté d’ouvrir la main et de montrer sa blessure
+intérieure? _Comprenez-vous? ... Voilà ce qu’il m’a dit, Larsan,
+et je me rappelle vous avoir répété souvent combien je trouvais
+bizarre «que sa main ne quittât pas cette canne». À table, quand
+je dînais avec lui, il n’avait pas plutôt quitté cette canne qu’il
+s’emparait d’un couteau dont sa main droite ne se séparait plus.
+Tous ces détails me sont revenus quand mon idée se fût arrêtée sur
+Larsan, c’est-à-dire trop tard pour qu’ils me fussent d’un
+quelconque secours. C’est ainsi que, le soir où Larsan a simulé
+devant nous le sommeil, je me suis penché sur lui et, très
+habilement, j’ai pu voir, sans qu’il s’en doutât, dans sa main. Il
+ne s’y trouvait plus qu’une bande légère de taffetas qui
+dissimulait ce qui restait d’une blessure légère. Je constatai
+qu’il eût pu prétendre à ce moment que cette blessure lui avait
+été faite par toute autre chose qu’une balle de revolver. Tout de
+même, pour moi, à cette heure-là, c’était un nouveau signe
+extérieur qui entrait dans le cercle de mon raisonnement. La
+balle, m’a dit tout à l’heure Larsan, n’avait fait que lui
+effleurer la paume et avait déterminé une assez abondante
+hémorragie.
+
+«Si nous avions été plus perspicaces, au moment du mensonge de
+Larsan, et plus... dangereux... il est certain que celui-ci eût
+sorti, pour détourner les soupçons, _l’histoire que nous_ _avions
+imaginée pour lui,_ l’histoire de la découverte de la canne autour
+de Darzac; mais les événements se sont tellement précipités que
+nous n’avons plus pensé à la canne! Tout de même nous l’avons fort
+ennuyé, Larsan-Ballmeyer, sans que nous nous en doutions!
+
+-- Mais, interrompis-je, s’il n’avait aucune intention, en
+achetant la canne, contre Darzac, pourquoi avait-il alors la
+silhouette Darzac? Le pardessus mastic? Le melon? Etc.
+
+-- Parce qu’il arrivait du crime et qu’aussitôt le crime commis,
+il avait repris le déguisement Darzac qui l’a toujours accompagné
+dans son oeuvre criminelle dans l’intention que vous savez!
+
+«Mais déjà, vous pensez bien, _sa main blessée l’ennuyait_ et il
+eut, en passant avenue de l’Opéra, l’idée d’acheter une canne,
+idée qu’il réalisa sur-le-champ! ... Il était huit heures! Un
+homme, avec la silhouette Darzac, qui achète une canne que je
+trouve dans les mains de Larsan! ... Et moi, moi qui avais deviné
+que _le drame_ _avait déjà eu lieu_ à cette heure-là, _qu’il
+venait d’avoir lieu,_ qui étais à peu près persuadé de l’innocence
+de Darzac je ne soupçonne pas Larsan! ... il y a des moments...
+
+-- Il y a des moments, fis-je, où les plus vastes
+intelligences...»
+
+Rouletabille me ferma la bouche... Et comme je l’interrogeais
+encore, je m’aperçus qu’il ne m’écoutait plus... Rouletabille
+dormait. J’eus toutes les peines du monde à le tirer de son
+sommeil quand nous arrivâmes à Paris.
+
+
+
+XXIX
+Le mystère de Mlle Stangerson
+
+
+Les jours suivants, j’eus l’occasion de lui demander encore ce
+qu’il était allé faire en Amérique. Il ne me répondit guère d’une
+façon plus précise qu’il ne l’avait fait dans le train de
+Versailles, et il détourna la conversation sur d’autres points de
+l’affaire.
+
+Il finit, un jour, par me dire:
+
+«Mais comprenez donc que j’avais besoin de connaître la véritable
+personnalité de Larsan!
+
+-- Sans doute, fis-je, mais pourquoi alliez-vous la chercher en
+Amérique? ...»
+
+Il fuma sa pipe et me tourna le dos. Évidemment, je touchais au
+«mystère de Mlle Stangerson». Rouletabille avait pensé que ce
+mystère, qui liait d’une façon si terrible Larsan à Mlle
+Stangerson, mystère dont il ne trouvait, lui, Rouletabille, aucune
+explication dans la vie de Mlle Stangerson, «en France», il avait
+pensé, dis-je, que ce mystère «devait avoir son origine dans la
+vie de Mlle Stangerson, en Amérique». Et il avait pris le bateau!
+Là-bas, il apprendrait qui était ce Larsan, il acquerrait les
+matériaux nécessaires à lui fermer la bouche... Et il était parti
+pour Philadelphie!
+
+Et maintenant, quel était ce mystère qui avait «commandé le
+silence» à Mlle Stangerson et à M. Robert Darzac? Au bout de tant
+d’années, après certaines publications de la presse à scandale,
+maintenant que M. Stangerson sait tout et a tout pardonné, on peut
+tout dire. C’est, du reste, très court, et cela remettra les
+choses au point, car il s’est trouvé de tristes esprits pour
+accuser Mlle Stangerson qui, en toute cette sinistre affaire, fut
+toujours victime, «depuis le commencement».
+
+Le commencement remontait à une époque lointaine où, jeune fille,
+elle habitait avec son père à Philadelphie. Là, elle fit la
+connaissance, dans une soirée, chez un ami de son père, d’un
+compatriote, un Français qui sut la séduire par ses manières, son
+esprit, sa douceur et son amour. On le disait riche. Il demanda la
+main de Mlle Stangerson au célèbre professeur. Celui-ci prit des
+renseignements sur M. Jean Roussel, et, dès l’abord, il vit qu’il
+avait affaire à un chevalier d’industrie. Or, M. Jean Roussel,
+vous l’avez deviné, n’était autre qu’une des nombreuses
+transformations du fameux Ballmeyer, poursuivi en France, réfugié
+en Amérique. Mais M. Stangerson n’en savait rien; sa fille non
+plus. Celle-ci ne devait l’apprendre que dans les circonstances
+suivantes: M. Stangerson avait, non seulement refusé la main de sa
+fille à M. Roussel, mais encore il lui avait interdit l’accès de
+sa demeure. La jeune Mathilde, dont le coeur s’ouvrait à l’amour,
+et qui ne voyait rien au monde de plus beau ni de meilleur que son
+Jean, en fut outrée. Elle ne cacha point son mécontentement à son
+père qui l’envoya se calmer sur les bords de l’Ohio, chez une
+vieille tante qui habitait Cincinnati. Jean rejoignit Mathilde là-
+bas et, malgré la grande vénération qu’elle avait pour son père,
+Mlle Stangerson résolut de tromper la surveillance de la vieille
+tante, et de s’enfuir avec Jean Roussel, bien décidés qu’ils
+étaient tous les deux à profiter des facilités des lois
+américaines pour se marier au plus tôt. Ainsi fut fait. Ils
+fuirent donc, pas loin, jusqu’à Louisville. Là, un matin, on vint
+frapper à leur porte. C’était la police qui désirait arrêter M.
+Jean Roussel, ce qu’elle fit, malgré ses protestations et les cris
+de la fille du professeur Stangerson. En même temps, la police
+apprenait à Mathilde que «son mari» n’était autre que le trop
+fameux Ballmeyer! ...
+
+Désespérée, après une vaine tentative de suicide, Mathilde
+rejoignit sa tante à Cincinnati. Celle-ci faillit mourir de joie
+de la revoir. Elle n’avait cessé, depuis huit jours, de faire
+rechercher Mathilde partout, et n’avait pas encore osé avertir le
+père. Mathilde fit jurer à sa tante que M. Stangerson ne saurait
+jamais rien! C’est bien ainsi que l’entendait la tante, qui se
+trouvait coupable de légèreté dans cette si grave circonstance.
+Mlle Mathilde Stangerson, un mois plus tard, revenait auprès de
+son père, repentante, le coeur mort à l’amour, et ne demandant
+qu’une chose: ne plus jamais entendre parler de son mari, le
+terrible Ballmeyer -- arriver à se pardonner sa faute à elle-même,
+et se relever devant sa propre conscience par une vie de travail
+sans borne et de dévouement à son père!
+
+Elle s’est tenue parole. Cependant, dans le moment où, après avoir
+tout avoué à M. Robert Darzac, alors qu’elle croyait Ballmeyer
+défunt, car le bruit de sa mort avait courut, elle s’était
+accordée la joie suprême, après avoir tant expié, de s’unir à un
+ami sûr, le destin lui avait ressuscité Jean Roussel, le Ballmeyer
+de sa jeunesse! Celui-ci lui avait fait savoir qu’il ne
+permettrait jamais son mariage avec M. Robert Darzac et qu’«il
+l’aimait toujours!» ce qui, hélas! était vrai.
+
+Mlle Stangerson n’hésita pas à se confier à M. Robert Darzac; elle
+lui montra cette lettre où Jean Roussel-Frédéric Larsan-Ballmeyer
+lui rappelait les premières heures de leur union dans ce petit et
+charmant presbytère qu’ils avaient loué à Louisville: «... Le
+presbytère n’a rien perdu de son charme, ni le jardin de son
+éclat.» Le misérable se disait riche et émettait la prétention «de
+la ramener là-bas»! Mlle Stangerson avait déclaré à M. Darzac que,
+si son père arrivait à soupçonner un pareil déshonneur, «elle se
+tuerait»! M. Darzac s’était juré qu’il ferait taire cet Américain,
+soit par la terreur, soit par la force, dût-il commettre un crime!
+Mais M. Darzac n’était pas de force, et il aurait succombé sans ce
+brave petit bonhomme de Rouletabille.
+
+Quant à Mlle Stangerson, que vouliez-vous qu’elle fît, en face du
+monstre? Une première fois, quand, après des menaces préalables
+qui l’avaient mise sur ses gardes, il se dressa devant elle, dans
+la «Chambre Jaune», elle essaya de le tuer. Pour son malheur, elle
+n’y réussit pas. Dès lors, elle était la victime assurée de cet
+être invisible «qui pouvait la faire chanter jusqu’à la mort», qui
+habitait chez elle, à ses côtés, sans qu’elle le sût, qui exigeait
+des rendez-vous «au nom de leur amour». La première fois, elle lui
+avait «refusé» ce rendez-vous, «réclamé dans la lettre du bureau
+40»; il en était résulté le drame de la «Chambre Jaune». La
+seconde fois, avertie par une nouvelle lettre de lui, lettre
+arrivée par la poste, et qui était venue la trouver normalement
+dans sa chambre de convalescente, «elle avait fui le rendez-vous»,
+en s’enfermant dans son boudoir avec ses femmes. Dans cette
+lettre, le misérable l’avait prévenue, que, puisqu’elle ne pouvait
+se déranger, «vu son état», il irait chez elle, et serait dans sa
+chambre telle nuit, à telle heure... qu’elle eût à prendre toute
+disposition pour éviter le scandale... Mathilde Stangerson,
+sachant qu’elle avait tout à redouter de l’audace de Ballmeyer,
+«lui avait abandonné sa chambre»... Ce fut l’épisode de la
+«galerie inexplicable». La troisième fois, elle avait «préparé le
+rendez-vous». C’est qu’avant de quitter la chambre vide de Mlle
+Stangerson, la nuit de la «galerie inexplicable», Larsan lui avait
+écrit, comme nous devons nous le rappeler, une dernière lettre,
+dans sa chambre même, et l’avait laissée sur le bureau de sa
+victime; cette lettre exigeait un rendez-vous «effectif» dont il
+fixa ensuite la date et l’heure, «lui promettant de lui rapporter
+les papiers de son père, et la menaçant de les brûler si elle se
+dérobait encore». Elle ne doutait point que le misérable n’eût en
+sa possession ces papiers précieux; il ne faisait là sans doute
+que renouveler un célèbre larcin, car elle le soupçonnait depuis
+longtemps d’avoir, «avec sa complicité inconsciente», volé lui-
+même, autrefois, les fameux papiers de Philadelphie, dans les
+tiroirs de son père! ... Et elle le connaissait assez pour
+imaginer que si elle ne se pliait point à sa volonté, tant de
+travaux, tant d’efforts, et tant de scientifiques espoirs ne
+seraient bientôt plus que de la cendre! ... Elle résolut de le
+revoir une fois encore, face à face, cet homme qui avait été son
+époux... et de tenter de le fléchir... puisqu’elle ne pouvait
+l’éviter! ... On devine ce qui s’y passa... Les supplications de
+Mathilde, la brutalité de Larsan... Il exige qu’elle renonce à
+Darzac... Elle proclame son amour... Et il la frappe... «avec la
+pensée arrêtée de faire monter l’autre sur l’échafaud!» car il est
+habile, lui, et le masque Larsan qu’il va se reposer sur la
+figure, le sauvera... pense-t-il... tandis que l’autre... l’autre
+ne pourra pas, cette fois encore, donner l’emploi de son temps...
+De ce côté, les précautions de Ballmeyer sont bien prises... et
+l’inspiration en a été des plus simples, ainsi que l’avait deviné
+le jeune Rouletabille...
+
+Larsan fait chanter Darzac comme il fait chanter Mathilde... avec
+les mêmes armes, avec le même mystère... Dans des lettres,
+pressantes comme des ordres, il se déclare prêt à traiter, à
+livrer toute la correspondance amoureuse d’autrefois et surtout «à
+disparaître...» si on veut y mettre le prix... Darzac doit aller
+aux rendez-vous qu’il lui fixe, sous menace de divulgation dès le
+lendemain, comme Mathilde doit subir les rendez-vous qu’il lui
+donne... Et, dans l’heure même que Ballmeyer agit en assassin
+auprès de Mathilde, Robert débarque à Épinay, où un complice de
+Larsan, un être bizarre, «une créature d’un autre monde», que nous
+retrouverons un jour, le retient de force, et «lui fait perdre son
+temps, en attendant que cette coïncidence, dont l’accusé de demain
+ne pourra se résoudre à donner la raison, lui fasse perdre la
+tête...»
+
+Seulement, Ballmeyer avait compté sans notre Joseph Rouletabille!
+
+*
+
+Ce n’est pas à cette heure que voilà expliqué «le mystère de la
+Chambre Jaune, que nous suivrons pas à pas Rouletabille en
+Amérique. Nous connaissons le jeune reporter, nous savons de quels
+moyens puissants d’information, logés dans les deux bosses de son
+front, il disposait «pour remonter toute l’aventure de Mlle
+Stangerson et de Jean Roussel». À Philadelphie, il fut renseigné
+tout de suite en ce qui concernait Arthur-William Rance; il apprit
+son acte de dévouement, mais aussi le prix dont il avait gardé la
+prétention de se le faire payer. Le bruit de son mariage avec Mlle
+Stangerson avait couru autrefois les salons de Philadelphie... Le
+peu de discrétion du jeune savant, la poursuite inlassable dont il
+n’avait cessé de fatiguer Mlle Stangerson, même en Europe, la vie
+désordonnée qu’il menait sous prétexte de «noyer ses chagrins»,
+tout cela n’était point fait pour rendre Arthur Rance sympathique
+à Rouletabille, et ainsi s’explique la froideur avec laquelle il
+l’accueillit dans la salle des témoins. Tout de suite il avait du
+reste jugé que l’affaire Rance n’entrait point dans l’affaire
+Larsan-Stangerson. Et il avait découvert le flirt formidable
+Roussel-Mlle Stangerson. Qui était ce Jean Roussel? Il alla de
+Philadelphie à Cincinnati, refaisant le voyage de Mathilde. À
+Cincinnati, il trouva la vieille tante et sut la faire parler:
+l’histoire de l’arrestation de Ballmeyer lui fut une lueur qui
+éclaira tout. Il put visiter, à Louisville, le «presbytère»-- une
+modeste et jolie demeure dans le vieux style colonial -- qui
+n’avait en effet «rien perdu de son charme». Puis, abandonnant la
+piste de Mlle Stangerson, il remonta la piste Ballmeyer, de prison
+en prison, de bagne en bagne, de crime en crime; enfin, quand il
+reprenait le bateau pour l’Europe sur les quais de New-York,
+Rouletabille savait que, sur ces quais mêmes, Ballmeyer s’était
+embarqué cinq ans auparavant, ayant en poche les papiers d’un
+certain Larsan, honorable commerçant de la Nouvelle-Orléans, qu’il
+venait d’assassiner...
+
+Et maintenant, connaissez-vous tout le mystère de Mlle Stangerson?
+Non, pas encore. _Mlle Stangerson avait eu de son_ _mari Jean
+Roussel un enfant, un garçon._ Cet enfant était né chez la vieille
+tante qui s’était si bien arrangée que nul n’en sut jamais rien en
+Amérique. Qu’était devenu ce garçon? Ceci est une autre histoire
+que je vous conterai un jour.
+
+*
+
+Deux mois environ après ces événements, je rencontrai Rouletabille
+assis mélancoliquement sur un banc du palais de justice.
+
+«Eh bien! lui dis-je, à quoi songez-vous, mon cher ami? Vous avez
+l’air bien triste. Comment vont vos amis?
+
+-- En dehors de vous, me dit-il, ai-je vraiment des amis?
+
+-- Mais j’espère que M. Darzac...
+
+-- Sans doute...
+
+-- Et que Mlle Stangerson... Comment va-t-elle, Mlle Stangerson?
+...
+
+-- Beaucoup mieux... mieux... beaucoup mieux...
+
+-- Alors il ne faut pas être triste...
+
+-- Je suis triste, fit-il, parce que je songe au _parfum de la
+dame en noir..._
+
+-- _le parfum de la dame en noir!_ Je vous en entends toujours
+parler! M’expliquerez-vous, enfin, pourquoi il vous poursuit avec
+cette assiduité?
+
+-- Peut-être, un jour... un jour, peut-être...» fit Rouletabille.
+
+Et il poussa un gros soupir.
+
+
+ [1] textuel
+
+
+
+
+
+
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+
+*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE ***
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+and help preserve free future access to Project Gutenberg-tm electronic
+works. See paragraph 1.E below.
+
+1.C. The Project Gutenberg Literary Archive Foundation ("the Foundation"
+or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project
+Gutenberg-tm electronic works. Nearly all the individual works in the
+collection are in the public domain in the United States. If an
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+To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
+and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
+and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.
+
+
+Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
+Foundation
+
+The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
+501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
+state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
+Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
+number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
+http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
+permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
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+throughout numerous locations. Its business office is located at
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+business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
+information can be found at the Foundation's web site and official
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+increasing the number of public domain and licensed works that can be
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+array of equipment including outdated equipment. Many small donations
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+status with the IRS.
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+The Foundation is committed to complying with the laws regulating
+charities and charitable donations in all 50 states of the United
+States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
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+re de la chambre jaune, by Gaston Leroux
+\par
+\par This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
+\par almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
+\par re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
+\par with this eBook or online at www.gutenberg.net
+\par
+\par
+\par Title: Le myst\'e8re de la chambre jaune
+\par
+\par Author: Gaston Leroux
+\par
+\par Release Date: March 6, 2005 [EBook #13765]
+\par
+\par Language: French
+\par
+\par Character set encoding: ISO-8859-1
+\par
+\par *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE MYST\'c8RE DE LA CHAMBRE JAUNE ***
+\par
+\par This Etext was prepared by Ebooks libres et gratuits and
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+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 II O\'f9\loch\f40 \hich\f40 appara\'ee\loch\f40 \hich\f40 t pour la premi\'e8\loch\f40 re fois Joseph Rouletabille}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745248 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003400380000000000000000}}}{\fldrslt {14}}}}}{\f0\fs24\cf0
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+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 III \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Un homme a pass\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 comme une ombre \'e0\loch\f40 travers les volets\~\hich\f40 \'bb}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745249 \\h }{
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+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 IV \'ab\~\loch\f40 Au sein d\rquote une nature sauvage\~\hich\f40 \'bb}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745250 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003500300000000000264200}}}{\fldrslt {37}}}}}{\f0\fs24\cf0
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+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 V O\'f9\loch\f40 \hich\f40 Joseph Rouletabille adresse \'e0\loch\f40 M. Robert Darzac un\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e phrase qui produit son petit effet}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745251 \\h }{
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+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 VI Au fond de la ch\'ea\loch\f40 naie}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745252 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f00630039003700370034003500320035003200000000002e7274}}}{\fldrslt {48}}}}}{\f0\fs24\cf0
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+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 VII O\'f9\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille part en exp\'e9\loch\f40 dition sous le lit}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745253 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f00630039003700370034003500320035003300000000002e7274}}}{\fldrslt {65}}}}}{\f0\fs24\cf0
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+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 VIII Le juge d\rquote instruction interroge Mlle Stangerson}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745254 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003500340000000000352d72}}}{\fldrslt {77}}}}}{\f0\fs24\cf0
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+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 IX Reporter et policier}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745255 \\h }{\fs20 {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003500350000000000000000}}
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+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 X \'ab\~\loch\f40 Mai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ntenant, il va falloir manger du saignant\~\hich\f40 \'bb}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745256 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003500360000000000000000}}}{\fldrslt {98}}}}}{\f0\fs24\cf0
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+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 XI O\'f9\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan explique comment l\rquote assassin a pu sortir de la Chambre Jaune.}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745257 \\h }{\fs20
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+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XI\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 I La canne de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745258 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003500380000000000000000}}}{\fldrslt {135}}}}}{\f0\fs24\cf0
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+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 XIII \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Le presbyt\'e8\loch\f40 re n\rquote \hich\f40 a rien perdu de son charme ni le jardin de son \'e9\loch\f40 clat\~\hich\f40 \'bb}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745259 \\h }{
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+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 XIV \'ab\~\loch\f40 J\rquote attends l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 assassin, ce soir\~\hich\f40 \'bb}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745260 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003600300000000000000000}}}{\fldrslt {155}}}}}{\f0\fs24\cf0
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+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XV Traquenard}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745261 \\h }{\fs20 {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003600310000000000000000}}}{\fldrslt {
+164}}}}}{\f0\fs24\cf0
+\par }{\field\fldedit{\*\fldinst {\cs15\ul }{HYPERLINK \\l "_Toc97745262"}{\cs15\ul }{\ul {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f006300390037003700340035003200360032000000}}}{\fldrslt {\cs15\ul
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 XVI \'c9\loch\f40 \hich\f40 trange ph\'e9\loch\f40 \hich\f40 nom\'e8\loch\f40 \hich\f40 ne de dissociation de la mati\'e8\loch\f40 re}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745262 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003600320000000000000000}}}{\fldrslt {177}}}}}{\f0\fs24\cf0
+\par }{\field\fldedit{\*\fldinst {\cs15\ul }{HYPERLINK \\l "_Toc97745263"}{\cs15\ul }{\ul {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f006300390037003700340035003200360033000000}}}{\fldrslt {\cs15\ul
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XVII La galerie inexplicable}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745263 \\h }{\fs20 {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003600330000000000000000}
+}}{\fldrslt {181}}}}}{\f0\fs24\cf0
+\par }{\field\fldedit{\*\fldinst {\cs15\ul }{HYPERLINK \\l "_Toc97745264"}{\cs15\ul }{\ul {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f006300390037003700340035003200360034000000}}}{\fldrslt {\cs15\ul
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 XVIII Rouletabille a dessin\'e9\loch\f40 un cercle entre les deux bosses de son front}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745264 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003600340000000000000000}}}{\fldrslt {190}}}}}{\f0\fs24\cf0
+\par }{\field\fldedit{\*\fldinst {\cs15\ul }{HYPERLINK \\l "_Toc97745265"}{\cs15\ul }{\ul {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f006300390037003700340035003200360035000000}}}{\fldrslt {\cs15\ul
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XIX\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille m\rquote \hich\f40 offre \'e0\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 jeuner \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 auberge du \'ab\~\loch\f40 Donjon\~\hich\f40 \'bb}{\tab }
+{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745265 \\h }{\fs20 {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003600350000000000000000}}}{\fldrslt {193}}}}}{\f0\fs24\cf0
+\par }{\field\fldedit{\*\fldinst {\cs15\ul }{HYPERLINK \\l "_Toc97745266"}{\cs15\ul }{\ul {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f006300390037003700340035003200360036000000}}}{\fldrslt {\cs15\ul
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XX Un geste de Mlle Stangerson}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745266 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003600360000000000000000}}}{\fldrslt {209}}}}}{\f0\fs24\cf0
+\par }{\field\fldedit{\*\fldinst {\cs15\ul }{HYPERLINK \\l "_Toc97745267"}{\cs15\ul }{\ul {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f006300390037003700340035003200360037000000}}}{\fldrslt {\cs15\ul
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 XXI \'c0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 aff\'fb\loch\f40 t}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745267 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003600370000000000000000}}}{\fldrslt {215}}}}}{\f0\fs24\cf0
+\par }{\field\fldedit{\*\fldinst {\cs15\ul }{HYPERLINK \\l "_Toc97745268"}{\cs15\ul }{\ul {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f006300390037003700340035003200360038000000}}}{\fldrslt {\cs15\ul
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XXII Le cadavre incroyable}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745268 \\h }{\fs20 {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003600380000000000000000}}
+}{\fldrslt {227}}}}}{\f0\fs24\cf0
+\par }{\field\fldedit{\*\fldinst {\cs15\ul }{HYPERLINK \\l "_Toc97745269"}{\cs15\ul }{\ul {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f006300390037003700340035003200360039000000}}}{\fldrslt {\cs15\ul
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XXIII La double piste}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745269 \\h }{\fs20 {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003600390000000000000000}}
+}{\fldrslt {233}}}}}{\f0\fs24\cf0
+\par }{\field\fldedit{\*\fldinst {\cs15\ul }{HYPERLINK \\l "_Toc97745270"}{\cs15\ul }{\ul {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f006300390037003700340035003200370030000000}}}{\fldrslt {\cs15\ul
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 XXIV Rouletabille conna\'ee\loch\f40 t les deux moit\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 i\'e9\loch\f40 s de l\rquote assassin}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745270 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003700300000000000000000}}}{\fldrslt {240}}}}}{\f0\fs24\cf0
+\par }{\field\fldedit{\*\fldinst {\cs15\ul }{HYPERLINK \\l "_Toc97745271"}{\cs15\ul }{\ul {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f006300390037003700340035003200370031000000}}}{\fldrslt {\cs15\ul
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XXV Rouletabille part en voyage}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745271 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003700310000000000000000}}}{\fldrslt {251}}}}}{\f0\fs24\cf0
+\par }{\field\fldedit{\*\fldinst {\cs15\ul }{HYPERLINK \\l "_Toc97745272"}{\cs15\ul }{\ul {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f006300390037003700340035003200370032000000}}}{\fldrslt {\cs15\ul
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 XXVI O\'f9\loch\f40 Joseph Rouletabille est impatiemment attendu}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745272 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003700320000000000000000}}}{\fldrslt {253}}}}}{\f0\fs24\cf0
+\par }{\field\fldedit{\*\fldinst {\cs15\ul }{HYPERLINK \\l "_Toc97745273"}{\cs15\ul }{\ul {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f006300390037003700340035003200370033000000}}}{\fldrslt {\cs15\ul
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 XXVII O\'f9\loch\f40 \hich\f40 Joseph Rouletabille appara\'ee\loch\f40 t dans toute sa gloire}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745273 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003700330000000000000000}}}{\fldrslt {261}}}}}{\f0\fs24\cf0
+\par }{\field\fldedit{\*\fldinst {\cs15\ul }{HYPERLINK \\l "_Toc97745274"}{\cs15\ul }{\ul {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f006300390037003700340035003200370034000000}}}{\fldrslt {\cs15\ul
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 XXVIII O\'f9\loch\f40 \hich\f40 il est prouv\'e9\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 on ne pense pas toujours \'e0\loch\f40 tout}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745274 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003700340000000000000000}}}{\fldrslt {303}}}}}{\f0\fs24\cf0
+\par }{\field\fldedit{\*\fldinst {\cs15\ul }{HYPERLINK \\l "_Toc97745275"}{\cs15\ul }{\ul {\*\datafield 08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f006300390037003700340035003200370035000000}}}{\fldrslt {\cs15\ul
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 XXIX Le myst\'e8\loch\f40 re de Mlle Stangerson}{\tab }{\field{\*\fldinst { PAGEREF _Toc97745275 \\h }{\fs20 {\*\datafield
+08d0c9ea79f9bace118c8200aa004ba90b02000000080000000d0000005f0054006f0063003900370037003400350032003700350000000000000000}}}{\fldrslt {309}}}}}{\f0\fs24\cf0
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid }}\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745247}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 I\line \hich\f40 O\'f9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 on commence \'e0
+\loch\f40 ne pas comprendre{\*\bkmkend _Toc97745247}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ce n\rquote \hich\f40 est pas sans une certaine \'e9\loch\f40 \hich\f40 motion que je commence \'e0\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ raconter ici les aventures extraordinaires de Joseph Rouletabille. Celui-ci, jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 ce jour, s\rquote \hich\f40 y \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait si formellement oppos\'e9\loch\f40 que j\rquote \hich\f40 avais fini par d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 sesp\'e9\loch\f40 rer de ne publier jamais l\rquote \hich\f40 histoire polici\'e8\loch\f40 \hich\f40 re la plus curieuse de ces quinze derni\'e8\loch\f40 \hich\f40 res ann\'e9\loch\f40 es.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote im\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 agine m\'ea\loch\f40 me que le public n\rquote \hich\f40 aurait jamais connu toute la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ sur la prodigieuse affaire dite de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , g\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 ratrice de tant de myst\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieux et cruels et sensationnels drames, et \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 laquelle mon ami fut si intimement m\'ea\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 \hich\f40 , si, \'e0\loch\f40 propos de la nom\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nation r\'e9\loch\f40 cente de l\rquote
+\hich\f40 illustre Stangerson au grade de grand-croix de la L\'e9\loch\f40 gion d\rquote \hich\f40 honneur, un journal du soir, dans un article mis\'e9\loch\f40 rable d\rquote ignorance ou d\rquote audacieuse perfidie, n\rquote \hich\f40 avait ressuscit
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 une terrible aventure que Joseph Rouletabille e\'fb\loch\f40 t voulu savoir, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e disait-il, oubli\'e9\loch\f40 e pour toujours.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\~\loch\f40 ! Qui donc se souvenait de cette affaire qui fit couler tant d\rquote encre, il y a une quinzaine d\rquote \hich\f40 ann\'e9\loch\f40 es\~\hich\f40
+? On oublie si vite \'e0\loch\f40 Paris.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 N\rquote \hich\f40 a-t-on pas oubli\'e9\loch\f40 \hich\f40 le nom m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me du proc\'e8\loch\f40 s de Nayves et la tragique his\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 toire de la mort du petit Menaldo\~
+? Et cependant l\rquote \hich\f40 attention publique \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette \'e9\loch\f40 \hich\f40 poque si tendue vers les d\'e9\loch\f40 bats, qu\rquote \hich\f40 une crise minist\'e9\loch\f40 \hich\f40 rielle, qui
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 clata sur ces entrefaites, passa compl\'e8\loch\f40 \hich\f40 tement inaper\'e7\loch\f40 \hich\f40 ue. Or, le proc\'e8\loch\f40 \hich\f40 s de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , qui pr\'e9\loch\f40
+\hich\f40 c\'e9\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote \hich\f40 affaire de Nayves de quelques ann\'e9\loch\f40 \hich\f40 es, eut plus de retentissement encore. Le monde entier fut pench\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ pendant des mois sur ce probl\'e8\loch\f40 me obscur, \endash \hich\f40 le plus obscur \'e0\loch\f40 \hich\f40 ma connaissance qui ait jamais \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 propos\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ la perspicacit\'e9\loch\f40 de notre police, qui ait jamais\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 pos\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ la conscience de nos juges. La solution de ce probl\'e8\loch\f40 \hich\f40 me affolant, chacun la chercha. Ce fut comme un dramatique r\'e9\loch\f40 bus sur lequel s\rquote \hich\f40 acharn\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent la vieille Europe et la jeune Am\'e9
+\loch\f40 rique.
+\par }\pard \qj\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est qu\rquote \hich\f40 en v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 \endash il m\rquote \hich\f40 est permis de le dire \'ab\~\loch\f40 puisqu\rquote il ne
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 saurait y avoir en tout ceci aucun amour-propre d\rquote auteur\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 et que je ne fais que transcrire des faits sur lesquels une documentation exceptionnelle me permet d\rquote \hich\f40
+apporter une lumi\'e8\loch\f40 re nouvelle \endash c\rquote est qu\rquote \hich\f40 en v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 , je ne sache pas que, dans le domaine de la\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 alit\'e9\loch\f40 ou de l\rquote \hich\f40 imagination, m\'ea\loch\f40 me chez l\rquote auteur du }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 double assassinat, rue morgue}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , m\'ea\loch\f40 \hich\f40
+me dans les inventions des sous-Edgar Poe et des truculents Conan-Doyle, on puisse retenir quelque chose de comparable, QUANT AU MYST\'c8\loch\f40 \hich\f40 RE, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 au naturel myst\'e8\loch\f40 re de la Chambre
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Jaune\'bb\loch\f40 .
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ce que personne ne put d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvrir, le jeune Joseph Rouletabille, \'e2\loch\f40 \hich\f40 g\'e9\loch\f40 de dix-huit ans, alors petit reporter dans un grand journal, le trouva\~! Mais, lorsqu
+\rquote en cour d\rquote assises il apporta la clef de toute l\rquote \hich\f40 affaire, il ne dit pas toute la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 . Il n\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 en laissa appara\'ee\loch\f40 tre que ce qu
+\rquote il fallait pour expliquer l\rquote inexplicable et pour faire acquitter un innocent. Les raisons qu\rquote il avait de se taire ont disparu aujourd\rquote hui. Bien mieux, mon ami doit parler. Vous allez donc tout savoir\~; et, sans plus ample p
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 ambule, je vais poser devant vos yeux le probl\'e8\loch\f40 \hich\f40 me de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , tel qu\rquote \hich\f40
+il le fut aux yeux du monde entier, au lendemain du drame du ch\'e2\loch\f40 teau du Glandier.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le 25 octobre 1892, la note suivante paraissait en derni\'e8\loch\f40 re heure du }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Temps}{\~}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 :
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Un crime aff\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 reux vient d\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre commis au Glandier, sur la lisi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re de la for\'ea\loch\f40 \hich\f40 t de Sainte-Genevi
+\'e8\loch\f40 ve, au-dessus d\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 pinay-sur-Orge, chez le professeur Stangerson. Cette nuit, pendant que le ma\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre travaillait dans son laboratoire, on a tent\'e9\loch\f40 d\rquote
+assassiner Mlle Stangerson, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ui reposait dans une chambre attenante \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce laboratoire. Les m\'e9\loch\f40 \hich\f40 decins ne r\'e9\loch\f40
+pondent pas de la vie de Mlle Stangerson.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous imaginez l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 motion qui s\rquote \hich\f40 empara de Paris. D\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette \'e9\loch\f40 \hich\f40 poque, le monde savant
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 tait extr\'ea\loch\f40 \hich\f40 mement int\'e9\loch\f40 \hich\f40 ress\'e9\loch\f40 par les travaux du prof\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 esseur Stangerson et de sa fille. Ces travaux, les premiers qui furent tent\'e9
+\loch\f40 s sur la radiographie, devaient conduire plus tard M. et Mme\~\hich\f40 Curie \'e0\loch\f40 \hich\f40 la d\'e9\loch\f40 couverte du radium.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 On \'e9\loch\f40 tait, du reste, dans l\rquote attente d\rquote \hich\f40 un m\'e9\loch\f40 moire sensationnel que le professeur Stange\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rson allait lire, \'e0\loch\f40 l
+\rquote \hich\f40 acad\'e9\loch\f40 \hich\f40 mie des sciences, sur sa nouvelle th\'e9\loch\f40 orie\~: }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La Dissociation de la Mati\'e8\loch\f40 re}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . Th\'e9\loch\f40
+\hich\f40 orie destin\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 branler sur sa base toute la science officielle qui repose depuis si longtemps sur le principe\~\hich\f40 : rien ne se perd, rien ne se cr\'e9\loch\f40 e.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 lendemain, les journaux du matin \'e9\loch\f40 taient pleins de ce drame. }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le matin}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , entre autres, publiait l
+\rquote \hich\f40 article suivant, intitul\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Un crime surnaturel\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 :
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Voici les seuls d\'e9\loch\f40 tails \endash \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 crit le r\'e9\loch\f40 dacteur anonyme du }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 matin}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\endash que nous ayons pu obtenir sur le crime\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 du ch\'e2\loch\f40 teau du Glandier. L\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tat de d\'e9\loch\f40 sespoir dans lequel se trouve le professeur Stangerson, l\rquote
+\hich\f40 impossibilit\'e9\loch\f40 \hich\f40 o\'f9\loch\f40 l\rquote on est de recueillir un renseignement quelconque de la bouche de la victime ont rendu nos investigations et celles de la justice tellement di\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 f
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ficiles qu\rquote \hich\f40 on ne saurait, \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette heure, se faire la moindre id\'e9\loch\f40 e de ce qui s\rquote \hich\f40 est pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40
+Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , o\'f9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 on a trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson, en toilette de nuit, r\'e2\loch\f40 \hich\f40 lant sur le plancher. Nous avons pu, du moins, interviewer le p\'e8\loch\f40
+re Jacques \endash comme on\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote appelle dans le pays \endash \hich\f40 un vieux serviteur de la famille Stangerson. Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques est entr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 en m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me temps que le professeur. Cette chambre est attenante au laboratoire. Laboratoire et \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40
+ se trouvent dans un pavillo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , au fond du parc, \'e0\loch\f40 \hich\f40 trois cents m\'e8\loch\f40 \hich\f40 tres environ du ch\'e2\loch\f40 teau.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait minuit et demi, nous a racont\'e9\loch\f40 ce brave homme (\~\hich\f40 ?), et je me trouvais dans le laboratoire o\'f9\loch\f40
+ travaillait encore M. Stangerson quand l\rquote \hich\f40 affaire est arriv\'e9\loch\f40 e. J\rquote \hich\f40 avais rang\'e9\loch\f40 \hich\f40 , nettoy\'e9\loch\f40 des \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 instruments toute la soir\'e9\loch\f40
+e, et j\rquote \hich\f40 attendais le d\'e9\loch\f40 \hich\f40 part de M. Stangerson pour aller me coucher. Mlle Mathilde avait travaill\'e9\loch\f40 \hich\f40 avec son p\'e8\loch\f40 re jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 minuit\~\hich\f40
+; les douze coups de minuit sonn\'e9\loch\f40 s au coucou du laboratoire, elle s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait lev\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, avait embrass\'e9\loch\f40 M. Sta\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+gerson, lui souhaitant une bonne nuit. Elle m\rquote avait dit\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Bonsoir, p\'e8\loch\f40 re Jacques\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 et avait pouss\'e9\loch\f40 \hich\f40 la porte de la \'ab\loch\f40 \hich\f40
+Chambre Jaune\'bb\loch\f40 . Nous l\rquote \hich\f40 avions entendue qui fermait la porte \'e0\loch\f40 clef et poussait le verrou, si bien que je n\rquote avais pu m\rquote \hich\f40 emp\'ea\loch\f40 cher d\rquote en rire \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t que j\rquote \hich\f40 avais dit \'e0\loch\f40 monsieur\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40 mademoiselle qui s\rquote \hich\f40 enferme \'e0\~\loch\f40 \hich\f40 double tour. Bien s\'fb\loch\f40 r qu
+\rquote elle a peur de la \lquote \lquote \hich\f40 B\'ea\loch\f40 te du Bon Dieu\rquote \rquote \~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Monsieur ne m\rquote \hich\f40 avait m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me pas entendu tant il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait absorb\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 . Mais un miaulement abominable me r\'e9\loch\f40 pondit au dehors et je r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 connus justement le cri de la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40 te du Bon Dieu\~
+\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 que \'e7\loch\f40 \hich\f40 a vous en donnait le frisson\'85\~\'ab\~\loch\f40 Est-ce qu\rquote \hich\f40 elle va encore nous emp\'ea\loch\f40 cher de dormir, cette nuit\~?\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 pensai-je, car il faut que je vous dise, monsieur, que, jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 fin octobre, j\rquote habite dans le gren\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 er du pavillon, au-dessus de la \'ab
+\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40 seule fin que mademoiselle ne reste pas seule toute la nuit au fond du parc. C\rquote \hich\f40 est une id\'e9\loch\f40 e de mademoiselle de passer la bonne saison dans le pavillon
+\~\hich\f40 ; elle le trouve sans doute plus gai que le ch\'e2\loch\f40 teau e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , depuis quatre ans qu\rquote il est construit, elle ne manque jamais de s\rquote \hich\f40 y installer d\'e8
+\loch\f40 s le printemps. Quand revient l\rquote \hich\f40 hiver, mademoiselle retourne au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, car dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , il n\rquote \hich\f40 y a point de chemin\'e9\loch\f40 e.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions donc rest\'e9\loch\f40 s, M. Stangerson et\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 moi, dans le pavillon. Nous ne faisions aucun bruit. Il \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tait, lui, \'e0\loch\f40 \hich\f40 son bureau. Quant \'e0\loch\f40 \hich\f40 moi, assis sur une chaise, ayant termin\'e9\loch\f40 ma besogne, je le regardais et je me disais\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Quel homme\~! Quelle intelligence\~!\~Quel savoir
+\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 J\rquote attache de l\rquote importanc\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 ceci que nous ne faisions aucun bruit, car \'ab\~\'e0\loch\f40 cause de cela, l\rquote
+\hich\f40 assassin a cru certainement que nous \'e9\loch\f40 tions partis\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Et tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 coup, pendant que le coucou faisait entendre la demie pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 minuit, une clameur d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 sesp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 e partit de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 . C\rquote \hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ait la voix de mademoiselle qui criait\~\hich\f40 : \'ab\loch\f40 \hich\f40 \'c0\loch\f40 l\rquote assassin\~\hich\f40 ! \'c0\loch\f40 l\rquote assassin\~! Au secours\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40
+t des coups de revolver retentirent et il y eut un grand bruit de tables, de meubles renvers\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, jet\'e9\loch\f40 s par terre, comme au cours d\rquote une lutte, et encore la voix d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 mademoiselle qui criait\~\hich\f40 : \'ab\~\'c0\loch\f40 l\rquote assassin\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Au secours\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Papa\~!\~Papa\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous pensez si nous avons bondi et si M. Stangerson et moi nous nous sommes ru\'e9\loch\f40 \hich\f40 s sur la porte. Mais, h\'e9\loch\f40 las\~\hich\f40 ! Elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait ferm\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 e et bien ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'ab\~\'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 rieur\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 par les soins d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e mademoiselle, comme je vous l\rquote \hich\f40 ai dit, \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 clef et au verrou. Nous essay\'e2\loch\f40 mes de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 branler, mais elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait solide. M. Stangerson \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tait comme fou, et vraiment il y avait de quoi le devenir, car on entendait mademoiselle qui r\'e2\loch\f40 lait\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Au secours\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Au sec\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 urs\~!
+\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Et M. Stangerson frappait des coups terribles contre la porte, et il pleurait de rage et il sanglotait de d\'e9\loch\f40 sespoir et d\rquote impuissance.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 C\rquote est alors que j\rquote ai eu une inspiration.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 L\rquote \hich\f40 assassin se sera introduit par la fen\'ea\loch\f40 tre,\~m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+criai-je, je vais \'e0\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 tre\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Et je suis sorti du pavillon, courant comme un insens\'e9\~\loch\f40 !
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Le malheur \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait que la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40
+ donne sur la campagne, de sorte que le mur du parc qui vient aboutir au pavillon m\rquote \hich\f40 emp\'ea\loch\f40 \hich\f40 chait de parvenir tout de suite \'e0\loch\f40 cette\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 fen\'ea\loch\f40
+tre. Pour y arriver, il fallait d\rquote \hich\f40 abord sortir du parc. Je courus du c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 de la grille et, en route, je rencontrai Bernier et sa femme, les concierges, qui venaient, attir\'e9\loch\f40
+\hich\f40 s par les d\'e9\loch\f40 tonations et par nos cris. Je les mis, en deux mots, au courant de\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 la situation\~; je dis au concierge d\rquote aller rejoindre tout de suite M. Stangerson et j
+\rquote \hich\f40 ordonnai \'e0\loch\f40 sa femme de venir avec moi pour m\rquote \hich\f40 ouvrir la grille du parc. Cinq minutes plus tard, nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions, la concierge et moi, devant la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre de la \'ab
+\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 .\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il faisait un beau clair de lune et je vis bien qu\rquote on n\rquote \hich\f40 avait pas touch\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre. Non seulement les barreaux \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient intacts, mais encore les volets, derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re les barreaux, \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40
+s, comme je les avais ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 s moi-m\'ea\loch\f40 me, la veille au soir, comme \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ous les soirs, bien que mademoiselle, qui me savait tr\'e8\loch\f40 \hich\f40
+s fatigu\'e9\loch\f40 \hich\f40 et surcharg\'e9\loch\f40 de besogne, m\rquote \hich\f40 e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t dit de ne point me d\'e9\loch\f40 ranger, qu\rquote \hich\f40 elle les fermerait elle-m\'ea\loch\f40 me\~\hich\f40 ; et ils \'e9\loch\f40
+\hich\f40 taient rest\'e9\loch\f40 s tels quels, assujettis, comme j\rquote en avais pris le soin, par un loquet de fe\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , \'ab\~\'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 rieur\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 . L\rquote assassin n\rquote \hich\f40 avait donc pas pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 par l\'e0\loch\f40 \hich\f40 et ne pouvait se sauver par l\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ; mais moi non plus, je ne pouvais entrer par l\'e0\~\loch\f40
+!
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait le malheur\~\hich\f40 ! On aurait perdu la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te \'e0\loch\f40 \hich\f40 moins. La porte de la chambre ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40
+\hich\f40 clef \'ab\~\'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 rieur\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 les volets de l\rquote \hich\f40 unique fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, eux aussi, \'ab\~
+\'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 rieur\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , et, par-dessus les volets, les barreaux intacts, des barreaux \'e0\loch\f40 travers lesquels vous n\rquote \hich\f40 auriez pas pass\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ le bras\'85\loch\f40 Et mademoiselle qui appelait au secours\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Ou plut\'f4\loch\f40 t non, on ne l\rquote ente\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 dait plus\'85\loch\f40 \hich\f40
+ Elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre morte\'85\loch\f40 Mais j\rquote entendais encore, au fond du pavillon, monsieur qui essayait d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 branler la porte\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Nous avons repris notre course, la concierge et moi, et nous sommes revenus au pavillon. La porte tenait toujours, malgr\'e9\loch\f40 les\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ coups furieux de M. Stangerson et de Bernier. Enfin elle c\'e9\loch\f40 \hich\f40 da sous nos efforts enrag\'e9\loch\f40 s et, alors, qu\rquote est-ce que nous avons vu\~\hich\f40 ?\'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Il faut vous dire que, derri\'e8\loch\f40
+re nous, la concierge tenait la lampe du laboratoire, une lampe puissante qui illuminait toute l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 chambre.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Il faut vous dire encore, monsieur, que la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 est toute petite. Mademoiselle l\rquote \hich\f40 avait meubl\'e9\loch\f40 e d\rquote
+un lit en fer assez large, d\rquote une petite table, d\rquote une table de nuit, d\rquote \hich\f40 une toilette et de deux chaises. Aussi, \'e0\loch\f40 \hich\f40 la clart\'e9\loch\f40 de la grande \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+lampe que tenait la concierge, nous avons tout vu du premier coup d\rquote \hich\f40 \'9c\loch\f40 \hich\f40 il. Mademoiselle, dans sa chemise de nuit, \'e9\loch\f40 tait par terre, au milieu d\rquote \hich\f40 un d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+sordre incroyable. Tables et chaises avaient \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 renvers\'e9\loch\f40 es montrant qu\rquote \hich\f40 il y avait eu l\'e0\loch\f40 \hich\f40 une s\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieuse \'ab\~\loch\f40 batte
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ie\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . On avait certainement arrach\'e9\loch\f40 mademoiselle de son lit\~\hich\f40 ; elle \'e9\loch\f40 tait pleine de sang avec des marques d\rquote
+ongles terribles au cou \endash \hich\f40 la chair du cou avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 quasi arrach\'e9\loch\f40 e par les ongles \endash \hich\f40 et un trou \'e0\loch\f40 la tempe droite par lequel coulait un filet de sang
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 qui avait fait une petite mare sur le plancher. Quand M. Stangerson aper\'e7\loch\f40 \hich\f40 ut sa fille dans un pareil \'e9\loch\f40 \hich\f40 tat, il se pr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+cipita sur elle en poussant un cri de d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sespoir que \'e7\loch\f40 \hich\f40 a faisait piti\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 entendre. Il constata que la malheureuse respirait encore et ne s\rquote occ
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pa que d\rquote \hich\f40 elle. Quant \'e0\loch\f40 nous, nous cherchions l\rquote \hich\f40 assassin, le mis\'e9\loch\f40 \hich\f40 rable qui avait voulu tuer notre ma\'ee\loch\f40
+tresse, et je vous jure, monsieur, que, si nous l\rquote \hich\f40 avions trouv\'e9\loch\f40 , nous lui aurions fait un mauvais parti. Mais comment expliquer qu\rquote il n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pas l\'e0\loch\f40 , qu\rquote il
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 enfui\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 \hich\f40 Cela d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+passe toute imagination. Personne sous le lit, personne derri\'e8\loch\f40 re les meubles, personne\~! Nous n\rquote \hich\f40 avons retrouv\'e9\loch\f40 que ses traces\~\hich\f40 ; les marques ensanglant\'e9\loch\f40 es d\rquote une large main d\rquote
+homme sur les murs et sur la porte, un grand mouchoi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rouge de sang, sans aucune initiale, un vieux b\'e9\loch\f40 \hich\f40 ret et la marque fra\'ee\loch\f40
+che, sur le plancher, de nombreux pas d\rquote homme. L\rquote \hich\f40 homme qui avait march\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 \hich\f40 avait un grand pied et les semelles laissaient derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re elles une esp\'e8\loch\f40
+\hich\f40 ce de suie noir\'e2\loch\f40 \hich\f40 tre. Par o\'f9\loch\f40 \hich\f40 cet homme \'e9\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 it-il pass\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ? Par o\'f9\loch\f40 s\rquote
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait-il \'e9\loch\f40 vanoui\~? N\rquote oubliez pas, monsieur, qu\rquote il n\rquote \hich\f40 y a pas de chemin\'e9\loch\f40 \hich\f40 e dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 . Il ne pouvait s
+\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapp\'e9\loch\f40 \hich\f40 par la porte, qui est tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s \'e9\loch\f40 \hich\f40 troite et sur le seuil de laquelle la concierge est entr\'e9\loch\f40
+e avec sa lampe, tand\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s que le concierge et moi nous cherchions l\rquote \hich\f40 assassin dans ce petit carr\'e9\loch\f40 \hich\f40 de chambre o\'f9\loch\f40 \hich\f40
+ il est impossible de se cacher et o\'f9\loch\f40 \hich\f40 , du reste, nous ne trouvions personne. La porte d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fonc\'e9\loch\f40 e et rabattue sur le mur ne pouvait rien dissimuler, et nous nous en sommes
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ssur\'e9\loch\f40 \hich\f40 s. Par la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 e ferm\'e9\loch\f40 e avec ses volets clos et ses barreaux auxquels on n\rquote
+\hich\f40 avait pas touch\'e9\loch\f40 , aucune fuite n\rquote \hich\f40 avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 possible. Alors\~\hich\f40 ? Alors\'85\loch\f40 \hich\f40 je commen\'e7\loch\f40 \hich\f40 ais \'e0\loch\f40 croire au diable.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Mais voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 que nous avons d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvert, par terre, \'ab\~\loch\f40 mon revolver\~\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+. Oui, mon propre revolver\'85\loch\f40 \hich\f40 \'c7\loch\f40 \hich\f40 a, \'e7\loch\f40 a m\rquote \hich\f40 a ramen\'e9\loch\f40 \hich\f40 au sentiment de la r\'e9\loch\f40 \hich\f40 alit\'e9\~\loch\f40 ! Le diable n\rquote
+aurait pas eu besoin de me voler mon revolver pour tuer mademoiselle. L\rquote \hich\f40 homme qui avait pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait d\rquote \hich\f40 abord mont\'e9\loch\f40 dans mon grenier, m\rquote
+avait pris mon revolver dans m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n tiroir et s\rquote \hich\f40 en \'e9\loch\f40 tait servi pour ses mauvais desseins. C\rquote \hich\f40 est alors que nous avons constat\'e9\loch\f40
+, en examinant les cartouches, que l\rquote \hich\f40 assassin avait tir\'e9\loch\f40 \hich\f40 deux coups de revolver. Tout de m\'ea\loch\f40 me, monsieur, j\rquote ai eu de la veine, dans un pareil malheur, que M. Stange\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 son se soit trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 , dans son laboratoire, quand l\rquote \hich\f40 affaire est arriv\'e9\loch\f40 e et qu\rquote \hich\f40 il ait constat\'e9\loch\f40
+ de ses propres yeux que je m\rquote \hich\f40 y trouvais moi aussi, car, avec cette histoire de revolver, je ne sais pas o\'f9\loch\f40 \hich\f40 nous serions all\'e9\loch\f40 s\~\hich\f40 ; pour moi, je serais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40
+ sous le\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 verrous. Il n\rquote \hich\f40 en faut pas davantage \'e0\loch\f40 la justice pour faire monter un homme sur l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chafaud\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le r\'e9\loch\f40 dacteur du }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 matin}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 fait suivre cette interview des lignes suivantes\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Nous avons laiss\'e9\loch\f40 , sans l\rquote \hich\f40 interrompre, le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques nous raconter grossi\'e8\loch\f40 rement\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ce qu\rquote
+\hich\f40 il sait du crime de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 . Nous avons reproduit les termes m\'ea\loch\f40 mes dont il s\rquote est servi\~\hich\f40 ; nous avons fait seulement gr\'e2\loch\f40 \hich\f40
+ce au lecteur des lamentations continuelles dont il \'e9\loch\f40 maillait sa narration. C\rquote \hich\f40 est entendu, p\'e8\loch\f40 re Jacques\~! C\rquote est entendu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ vous aimez bien vos ma\'ee\loch\f40 tres\~! Vous avez besoin qu\rquote \hich\f40 on le sache, et vous ne cessez de le r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 \hich\f40 ter, surtout depuis la d\'e9\loch\f40 couverte du revolver. C\rquote
+est votre droit et nous n\rquote \hich\f40 y voyons aucun inconv\'e9\loch\f40 nient\~\hich\f40 ! Nous aurions voulu poser bien des questions encore au p\'e8\loch\f40 re\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Jacques \endash
+ Jacques-Louis Moustier \endash mais on est venu justement le chercher de la part du juge d\rquote \hich\f40 instruction qui poursuivait son enqu\'ea\loch\f40 \hich\f40 te dans la grande salle du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau. Il nous a \'e9\loch\f40
+\hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 impossible de p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 trer au Glandier, \endash \hich\f40 et, quant \'e0\loch\f40 \hich\f40 la Ch\'ea\loch\f40 naie, elle est ga\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, dans un large cercle, par quelques policiers qui veillent jalousement sur toutes les traces qui peuvent conduire au pavillon et peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ la d\'e9\loch\f40 couverte de l\rquote assassin.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Nous aurions voulu \'e9\loch\f40 galement interroger les concierges, mais ils sont invisible\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+s. Enfin nous avons attendu dans une auberge, non loin de la grille du ch\'e2\loch\f40 teau, la sortie de M. de Marquet, le juge d\rquote \hich\f40 instruction de Corbeil. \'c0\loch\f40 cinq heures et demie, nous l\rquote \hich\f40 avons aper\'e7
+\loch\f40 u avec son greffier. Avant qu\rquote \hich\f40 il ne mont\'e2\loch\f40 t en voiture, nous avons pu lu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 poser la question suivante\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 \hich\f40 Pouvez-vous, Monsieur De Marquet, nous donner quelque renseignement sur cette affaire, sans que cela g\'ea\loch\f40 ne votre instruction\~?
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 \hich\f40 Il nous est impossible, nous r\'e9\loch\f40 pondit M. de Marquet, de dire quoi que ce soit. Du reste, c\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 est bien l\rquote \hich\f40 affaire la plus \'e9
+\loch\f40 trange que je connaisse. Plus nous croyons savoir quelque chose, plus nous ne savons rien\~!
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Nous demand\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes \'e0\loch\f40 \hich\f40 M. de Marquet de bien vouloir nous expliquer ces derni\'e8\loch\f40 res paroles. Et voici ce qu\rquote il nous dit, dont l\rquote
+importance \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 chappera \'e0\loch\f40 personne\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 Si rien ne vient s\rquote \hich\f40 ajouter aux constatations mat\'e9\loch\f40 rielles faites aujourd\rquote \hich\f40 hui par le parquet, je crains bien que le myst\'e8\loch\f40 re qui entoure l
+\rquote \hich\f40 abominable attentat dont Mlle Stangerson a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 victime ne soit pas pr\'e8\loch\f40 s de s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 claircir\~; m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ais il faut esp
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 rer, pour la raison humaine, que les sondages des murs, du plafond et du plancher de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , sondages auxquels je vais me livrer d\'e8\loch\f40 s demain avec l\rquote
+entrepreneur qui a construit le pavillon il y a quatre ans, nous apporteront la \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 reuve qu\rquote \hich\f40 il ne faut jamais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sesp\'e9\loch\f40 \hich\f40
+rer de la logique des choses. Car le probl\'e8\loch\f40 \hich\f40 me est l\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 : nous savons par o\'f9\loch\f40 l\rquote assassin s\rquote est introduit, \endash \hich\f40 il est entr\'e9\loch\f40 par la porte et s\rquote
+\hich\f40 est cach\'e9\loch\f40 sous le lit en attendant Mlle Stangerson\~\hich\f40 ; mais par o\'f9\loch\f40 est-il sorti\~? Commen\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a-t-il pu s\rquote enfuir\~? Si l\rquote \hich\f40
+on ne trouve ni trappe, ni porte secr\'e8\loch\f40 \hich\f40 te, ni r\'e9\loch\f40 duit, ni ouverture d\rquote aucune sorte, si l\rquote \hich\f40 examen des murs et m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me leur d\'e9\loch\f40 molition \endash \hich\f40 car je suis d
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 cid\'e9\loch\f40 \hich\f40 , et M. Stangerson est d\'e9\loch\f40 \hich\f40 cid\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 aller jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la d\'e9\loch\f40 molition du pavillon \endash ne vien
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ent r\'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 ler aucun passage praticable, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 non seulement pour un \'ea\loch\f40 tre humain, mais}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 encore pour un \'ea\loch\f40 tre quel qu\rquote il soit}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , si le plafond n\rquote \hich\f40
+a pas de trou, si le plancher ne cache pas de souterrain, \'ab\~\loch\f40 il faudra bien croire au diable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , comme dit le p\'e8\loch\f40 re Jacques\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et le r\'e9\loch\f40 dacteur anonyme fait remarquer, dans cet article \endash article que j\rquote \hich\f40 ai choisi comme \'e9\loch\f40 \hich\f40 tant le plus int\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ressant de tous ceux qui furent publi\'e9\loch\f40 \hich\f40 s ce jour-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 sur la m\'ea\loch\f40 me affaire \endash que le juge d\rquote instruction semblait mettre une certaine intention dans cette\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 derni\'e8\loch\f40 re phrase\~\hich\f40 : il faudra bien croire au diable, comme dit le p\'e8\loch\f40 re Jacques.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote article se termine sur ces lignes\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 nous avons voulu savoir ce que le p\'e8\loch\f40 re Jacques entendait par\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 le cri de la B\'ea\loch\f40
+te du Bon Dieu\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . On appelle ainsi le cri particuli\'e8\loch\f40 reme\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nt sinistre, nous a expliqu\'e9\loch\f40 \hich\f40 le propri\'e9\loch\f40 taire de l\rquote
+auberge du Donjon, que pousse, quelquefois, la nuit, le chat d\rquote \hich\f40 une vieille femme, la m\'e8\loch\f40 \hich\f40 re \'ab\~\loch\f40 Agenoux\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , comme on l\rquote \hich\f40 appelle dans le pays. La m\'e8\loch\f40
+\hich\f40 re \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Agenoux \'ab\~\loch\f40 est une sorte de sainte qui habite une cabane, au\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 c\'9c\loch\f40 \hich\f40 ur de la for\'ea\loch\f40 \hich\f40
+t, non loin de la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 grotte de Sainte-Genevi\'e8\loch\f40 ve\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 La \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , la \'ab\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40 \hich\f40 te du Bon Dieu\'bb\loch\f40 \hich\f40 , la m\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re Agenoux, le diable, sainte Genevi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ve, le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 un crime bien embrouill\'e9\loch\f40 , qu\rquote \hich\f40 un coup de pioche dans les murs nous d\'e9
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 brouillera demain\~\hich\f40 ; esp\'e9\loch\f40 rons-le, du moins, pour la raison humaine, comme dit le juge d\rquote instruction. En attendant, on croit que Mlle Stangerson, qui n\rquote \hich\f40 a cess\'e9\loch\f40
+\hich\f40 de d\'e9\loch\f40 lirer et qui ne prononce distinctement que ce mot\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Assassin\~! Assassin\~! Assassin\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ passera pas la nuit\'85\~\'bb\loch\f40
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Enfin, en derni\'e8\loch\f40 \hich\f40 re heure, le m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me journal annon\'e7\loch\f40 \hich\f40 ait que le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 \hich\f40 avait t\'e9\loch\f40
+\hich\f40 l\'e9\loch\f40 \hich\f40 graphi\'e9\loch\f40 \hich\f40 au fameux inspecteur Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, qui avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 envoy\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40
+\hich\f40 Londres pour une affaire de titres vol\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, de revenir imm\'e9\loch\f40 \hich\f40 diatement \'e0\loch\f40 Paris\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 .
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745248}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 II\line \hich\f40 O\'f9\loch\f40 \hich\f40 appara\'ee\loch\f40 \hich\f40
+t pour la premi\'e8\loch\f40 re fois Joseph Rouletabille{\*\bkmkend _Toc97745248}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je me souviens, comme si la chose s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pass\'e9\loch\f40 e hier, de l\rquote \hich\f40 entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 e du jeune Rouletabille, dans ma chambre, ce matin-l\'e0
+\loch\f40 \hich\f40 . Il \'e9\loch\f40 tait environ huit heures, et j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tais encore au \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 lit, lisant l\rquote article du }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 matin}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+, relatif au crime du Glandier.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mais, avant toute autre chose, le moment est venu de vous pr\'e9\loch\f40 senter mon ami.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40 ai connu Joseph Rouletabille quand il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait petit reporter. \'c0\loch\f40 \hich\f40 cette \'e9\loch\f40 \hich\f40 poque, je d\'e9\loch\f40 butais au barreau et j\rquote avais sou
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 vent l\rquote occasion de le rencontrer dans les couloirs des juges d\rquote instruction, quand j\rquote \hich\f40 allais demander un \'ab\~\loch\f40 permis de communiquer\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40
+pour Mazas ou pour Saint-Lazare. Il avait, comme on dit, \'ab\~\loch\f40 une bonne balle\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Sa t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te \'e9\loch\f40 tait ronde comme un boulet, et c\rquote \hich\f40 est \'e0\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ause de cela, pensai-je, que ses camarades de la presse lui avaient donn\'e9\loch\f40 ce surnom qui devait lui rester et qu\rquote il devait illustrer.\~\hich\f40 \'ab\~\loch\f40
+Rouletabille\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 _ As-tu vu Rouletabille\~? \endash Tiens\~\hich\f40 ! Voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 ce \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 sacr\'e9\~\'bb\~\loch\f40 Rouletabille\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Il \'e9\loch\f40
+tait toujours rouge comme u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e tomate, tant\'f4\loch\f40 \hich\f40 t gai comme un pinson, et tant\'f4\loch\f40 \hich\f40 t s\'e9\loch\f40 rieux comme un pape. Comment, si jeune \endash
+\hich\f40 il avait, quand je le vis pour la premi\'e8\loch\f40 re fois, seize ans et demi \endash \hich\f40 gagnait-il d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 sa vie dans la presse\~\hich\f40 ? Voil\'e0\loch\f40 ce qu\rquote \hich\f40 on e\'fb
+\loch\f40 t pu se demander si tous ceux qui l\rquote ap\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 rochaient n\rquote \hich\f40 avaient \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 au courant de ses d\'e9\loch\f40 buts. Lors de l
+\rquote \hich\f40 affaire de la femme coup\'e9\loch\f40 e en morceaux de la rue Oberkampf \endash \hich\f40 encore une histoire bien oubli\'e9\loch\f40 e \endash \hich\f40 il avait apport\'e9\loch\f40 \hich\f40 au r\'e9\loch\f40 dacteur en chef de }{
+\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'c8\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , journal qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait alors en rivalit\'e9\loch\f40 d\rquote information\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s avec }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le Matin}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , le pied gauche qui manquait dans le panier o\'f9\loch\f40 \hich\f40 furent d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couverts les lugubres d\'e9\loch\f40
+bris. Ce pied gauche, la police le cherchait en vain depuis huit jours, et le jeune Rouletabille l\rquote \hich\f40 avait trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans un \'e9\loch\f40 \hich\f40 gout o\'f9\loch\f40 personne n\rquote avait eu l\rquote \hich\f40 id
+\'e9\loch\f40 e de l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 y aller chercher. Il lui avait fallu, pour cela, s\rquote \hich\f40 engager dans une \'e9\loch\f40 quipe d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 goutiers d\rquote occasion que l\rquote \hich\f40
+administration de la ville de Paris avait r\'e9\loch\f40 \hich\f40 quisitionn\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 \hich\f40 la suite des d\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e2\loch\f40 \hich\f40 ts caus\'e9\loch\f40 s par une exceptionnelle crue de la Seine.
+
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quand le r\'e9\loch\f40 dacteur en c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 hef fut en possession du pr\'e9\loch\f40 cieux pied et qu\rquote il eut compris par quelle suite d\rquote \hich\f40 intelligentes d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 ductions un enfant avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 amen\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 le d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvrir, il fut partag\'e9\loch\f40 entre l\rquote
+admiration que lui causait tant d\rquote \hich\f40 astuce polici\'e8\loch\f40 re dans un cerveau de seize ans, et l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ll\'e9\loch\f40 \hich\f40 gresse de pouvoir exhiber, \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 la \'ab\~\loch\f40 morgue-vitrine\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 du journal, \'ab\~\loch\f40 le pied gauche de la rue Oberkampf\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Avec ce pied, s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 cria-t-il, je ferai un article de t\'ea\loch\f40 te.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Puis, quand il eut confi\'e9\loch\f40 \hich\f40 le sinistre colis au m\'e9\loch\f40 \hich\f40 decin l\'e9\loch\f40 \hich\f40 giste attach\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la r\'e9\loch\f40 daction
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 de }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , il demanda \'e0\loch\f40 \hich\f40 celui qui allait \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre bient\'f4\loch\f40
+t Rouletabille ce qu\rquote \hich\f40 il voulait gagner pour faire partie, en qualit\'e9\loch\f40 \hich\f40 de petit reporter, du service des \'ab\~\loch\f40 faits divers\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Deux cents francs par mois\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , fit modestement le jeune homme, surpris jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 la suffocation d\rquote
+une pareille proposition.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous en aurez deux cent cinquante, repartit le r\'e9\loch\f40 dacteur en chef\~\hich\f40 ; seulement vous d\'e9\loch\f40 \hich\f40 clarerez \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ tout le monde que vous faites partie de la r\'e9\loch\f40 daction depuis un mois. Qu\rquote il soit bien entendu que ce n\rquote est pas vous \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 qui avez d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvert \'ab\~\loch\f40
+le pied gauche de la rue Oberkampf\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , mais le journal }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . Ici, mon petit ami, l\rquote individu n\rquote est rien\~
+; le journal est tout\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Sur quoi il pria le nouveau r\'e9\loch\f40 dacteur de se retirer. Sur le seuil de la porte, il le retint cependant \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pour lui demander son nom. L\rquote \hich\f40 autre r\'e9\loch\f40
+pondit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Joseph Jos\'e9\loch\f40 phin.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c7\loch\f40 a n\rquote \hich\f40 est pas un nom, \'e7\loch\f40 \hich\f40 a, fit le r\'e9\loch\f40 \hich\f40 dacteur en chef, mais puisque vous ne signez pas, \'e7\loch\f40 a n\rquote a pas d\rquote
+\hich\f40 importance\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Tout de suite, le r\'e9\loch\f40 dacteur imberbe se fit beaucoup d\rquote \hich\f40 amis, car il \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tait serviable et dou\'e9\loch\f40 d\rquote \hich\f40
+une bonne humeur qui enchantait les plus grognons, et d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sarma les plus jaloux. Au caf\'e9\loch\f40 \hich\f40 du Barreau o\'f9\loch\f40 \hich\f40 les reporters de faits divers se r\'e9\loch\f40 \hich\f40
+unissaient alors avant de monter au parquet ou \'e0\loch\f40 \hich\f40 la pr\'e9\loch\f40 fecture chercher leur crime quotidien, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 l commen\'e7\loch\f40 \hich\f40 a de se faire une r
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 putation de d\'e9\loch\f40 \hich\f40 brouillard qui franchit bient\'f4\loch\f40 \hich\f40 t les portes m\'ea\loch\f40 \hich\f40 mes du cabinet du chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\~\loch\f40
+! Quand une affaire en valait la peine et que Rouletabille \endash \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 en possession de son surnom \endash \hich\f40 avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ lanc\'e9\loch\f40 sur la pist\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 de guerre par son r\'e9\loch\f40 \hich\f40 dacteur en chef, il lui arrivait souvent de \'ab\~\loch\f40 damer le pion\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40
+\hich\f40 aux inspecteurs les plus renomm\'e9\loch\f40 s.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est au caf\'e9\loch\f40 du Barreau que je fis avec lui plus ample connaissance. Avocats, criminels et journalistes ne sont point ennemis, les uns a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 yant besoin de r
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 clame et les autres de renseignements. Nous caus\'e2\loch\f40 mes et j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 prouvai tout de suite une grande sympathie pour ce brave petit bonhomme de Rouletabille. Il \'e9\loch\f40 tait d
+\rquote \hich\f40 une intelligence si \'e9\loch\f40 \hich\f40 veill\'e9\loch\f40 e et si originale\~\hich\f40 ! Et il avait une qualit\'e9\loch\f40 \hich\f40 de pens\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 que je n\rquote
+\hich\f40 ai jamais retrouv\'e9\loch\f40 e ailleurs.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40 \hich\f40 quelque temps de l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , je fus charg\'e9\loch\f40 de la chronique judiciaire au }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Cri du Boulevard}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+. Mon entr\'e9\loch\f40 e dans le journalisme ne pouvait que resserrer les liens d\rquote \hich\f40 amiti\'e9\loch\f40 \hich\f40 qui, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 , s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient nou\'e9\loch\f40
+s entre Rouletabille et moi. E\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nfin, mon nouvel ami ayant eu l\rquote \hich\f40 id\'e9\loch\f40 e d\rquote une petite correspondance judiciaire qu\rquote \hich\f40 on lui faisait signer \'ab\~\loch\f40 Business\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 son journal }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , je fus \'e0\loch\f40 \hich\f40 m\'ea\loch\f40
+me de lui fournir souvent les renseignements de droit dont il avait besoin.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s de deux ann\'e9\loch\f40 \hich\f40 es se pass\'e8\loch\f40 re\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nt ainsi, et plus j\rquote \hich\f40 apprenais \'e0\loch\f40 \hich\f40 le conna\'ee\loch\f40
+tre, plus je l\rquote aimais, car, sous ses dehors de joyeuse extravagance, je l\rquote \hich\f40 avais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvert extraordinairement s\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieux pour son \'e2\loch\f40 \hich\f40 ge. Enfin, plusieurs fois, moi qui
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 tais habitu\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 le voir tr\'e8\loch\f40 s gai et souvent trop gai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 je le trouvai plong\'e9\loch\f40
+ dans une tristesse profonde. Je voulus le questionner sur la cause de ce changement d\rquote \hich\f40 humeur, mais chaque fois il se reprit \'e0\loch\f40 \hich\f40 rire et ne r\'e9\loch\f40 pondit point. Un jour, l\rquote \hich\f40 ayant interrog\'e9
+\loch\f40 sur ses parents, dont il ne parlait jamais, il me qui\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ta, faisant celui qui ne m\rquote avait pas entendu.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Sur ces entrefaites \'e9\loch\f40 \hich\f40 clata la fameuse affaire de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40
+, qui devait non seulement le classer le premier des reporters, mais encore en faire le premier policier du monde, double qualit\'e9\loch\f40 qu\rquote on ne sau\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 rait s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tonner de trouver chez la m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me personne, attendu que la presse quotidienne commen\'e7\loch\f40 \hich\f40 ait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 se transformer et \'e0\loch\f40 devenir ce qu
+\rquote \hich\f40 elle est \'e0\loch\f40 \hich\f40 peu pr\'e8\loch\f40 s aujourd\rquote hui\~: la gazette du crime. Des esprits moroses pourront s\rquote en plaindre\~; moi j\rquote estime qu\rquote il f\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ut s\rquote \hich\f40 en f\'e9\loch\f40 liciter. On n\rquote aura jamais assez d\rquote \hich\f40 armes, publiques ou priv\'e9\loch\f40 \hich\f40 es, contre le criminel. \'c0\loch\f40 \hich\f40 quoi ces esprits moroses r\'e9
+\loch\f40 pliquent qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 force de parler de crimes, la presse finit par les inspirer. Mais il y a des gens, n\rquote est-ce pas\~? Avec lesquels on n\rquote a \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 j\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 amais raison\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Voici donc Rouletabille dans ma chambre, ce matin-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , 26 octobre 1892. Il \'e9\loch\f40 tait encore plus rouge que de coutume\~\hich\f40 ; les yeux lui sortaient de la t\'ea\loch\f40
+\hich\f40 te, comme on dit, et il paraissait en proie \'e0\loch\f40 \hich\f40 une s\'e9\loch\f40 rieuse exaltation. Il agitait }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le Matin}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\rquote un\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+e main f\'e9\loch\f40 brile. Il me cria\~:
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Eh bien, mon cher Sainclair\'85\loch\f40 Vous avez lu\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le crime du Glandier\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui\~\hich\f40 ; la \'ab\loch\f40 Chambre Jaune\~!\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 Qu\rquote est-ce que vous en pensez\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Dame, je pense que c\rquote \hich\f40 est le \'ab\~\loch\f40 diable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 ou la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40 te du Bon Dieu\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 qui a commis le crime
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 .
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Soyez s\'e9\loch\f40 rieux.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Eh bien, je vous dirai que je ne crois pas beaucoup aux assassins qui s\rquote \hich\f40 enfuient \'e0\loch\f40 \hich\f40 travers les murs. Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re Jacques, pour moi, a eu tort de laisser derri\'e8\loch\f40 re lui l\rquote arme du crime et, comme il habite au-dessus de la chambre de Mlle Sta\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ngerson, l\rquote \hich\f40 op\'e9\loch\f40 \hich\f40 ration architecturale
+\'e0\loch\f40 laquelle le juge d\rquote instruction doit se livrer aujourd\rquote hui va nous donner la clef de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 nigme, et nous ne tarderons pas \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ savoir par quelle trappe naturelle ou par quelle porte secr\'e8\loch\f40 te le bonhomme a pu se glisser pour \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 evenir imm\'e9\loch\f40 \hich\f40 diatement dans le laboratoire, aupr\'e8
+\loch\f40 \hich\f40 s de M. Stangerson qui ne se sera aper\'e7\loch\f40 u de rien. Que vous dirais-je\~? C\rquote \hich\f40 est une hypoth\'e8\loch\f40 se\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille s\rquote assit dans un fauteuil, alluma sa pipe, qui ne le quittait jamais, fuma quelques instants en sil\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ence, le temps sans doute de calmer cette fi\'e8\loch\f40
+\hich\f40 vre qui, visiblement, le dominait, et puis il me m\'e9\loch\f40 prisa\~:
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Jeune homme\~! Fit-il, sur un ton dont je n\rquote \hich\f40 essaierai point de rendre la regrettable ironie, jeune homme\'85\loch\f40 \hich\f40 vous \'ea\loch\f40 tes avocat, et je ne doute pas de votr
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e talent \'e0\loch\f40 faire acquitter les coupables\~\hich\f40 ; mais, si vous \'ea\loch\f40 tes un jour magistrat instructeur, combien vous sera-t-il facile de faire condamner les innocents\~\hich\f40 !\'85
+\loch\f40 \hich\f40 Vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes vraiment dou\'e9\loch\f40 , jeune homme.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Sur quoi, il fuma avec \'e9\loch\f40 nergie, et reprit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 On ne trouvera aucune trappe, et le myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 deviendra de plus, plus en plus myst\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 rieux. Voil\'e0\loch\f40 pourquoi il m\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 resse. Le juge d\rquote instruction a raison\~: on n\rquote \hich\f40 aura jamais vu quelque chose de plus \'e9\loch\f40 \hich\f40 trange que ce crime-l\'e0\'85
+
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Avez-vous qu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 elque id\'e9\loch\f40 e du chemin que l\rquote assassin a pu prendre pour s\rquote enfuir\~? demandai-je.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Aucune, me r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondit Rouletabille, aucune pour le moment\'85\loch\f40 Mais j\rquote \hich\f40 ai d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 mon id\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e faite sur le revolver, par exemple\'85\loch\f40 Le revolver n\rquote \hich\f40 a pas servi \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 assassin\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et \'e0\loch\f40 qui donc a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 -t-il servi, mon Dieu\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Eh bien, mais\'85\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\'e0\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson\'85\~\'bb
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je ne comprends plus, fis-je\'85\loch\f40 Ou mieux je n\rquote \hich\f40 ai jamais compris\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille haussa les \'e9\loch\f40 paules\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Rien ne vous a particuli\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement frapp\'e9\loch\f40 dans l\rquote article du }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Matin}{\~}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ma foi non\'85\loch\f40 j\rquote a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 i trouv\'e9\loch\f40 tout ce qu\rquote \hich\f40 il raconte \'e9\loch\f40 \hich\f40 galement bizarre\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Eh bien, mais\'85\loch\f40 \hich\f40 et la porte ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 clef\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est la seule chose naturelle du r\'e9\loch\f40 \hich\f40 cit\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vraiment\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Et le verrou\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le verrou\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le verrou pouss\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 rieur\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 bien des pr\'e9\loch\f40 cautions pri
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ses par Mlle Stangerson\'85\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson, quant \'e0\loch\f40 moi, savait qu\rquote \hich\f40 elle avait \'e0\loch\f40 craindre quelqu\rquote un\~\hich\f40
+; elle avait pris ses pr\'e9\loch\f40 cautions\~\hich\f40 ; \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 elle avait m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me pris le revolver du p\'e8\loch\f40 re Jacques\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+, sans lui en parler. Sans doute, elle ne voulait effrayer personne\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ;\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 elle ne voulait surtout pas effrayer son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re\'85\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40
+\hich\f40 Ce que Mlle Stangerson redoutait est arriv\'e9\'85\~\'bb\loch\f40 et elle s\rquote \hich\f40 est d\'e9\loch\f40 fendue, et il y a eu bataille et elle s\rquote est servie assez adroitement de son revolver pour blesser l\rquote \hich\f40
+assassin \'e0\loch\f40 la main \endash ainsi s\rquote explique l\rquote im\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ression de la large main d\rquote \hich\f40 homme ensanglant\'e9\loch\f40 e sur le mur et sur la porte, de l\rquote
+\hich\f40 homme qui cherchait presque \'e0\loch\f40 \hich\f40 t\'e2\loch\f40 tons une issue pour fuir \endash mais elle n\rquote \hich\f40 a pas tir\'e9\loch\f40 \hich\f40 assez vite pour \'e9\loch\f40 \hich\f40
+chapper au coup terrible qui venait la frapper \'e0\loch\f40 la tempe droite.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ce n\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 est donc point le revolver qui a bless\'e9\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson \'e0\loch\f40 la tempe\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le journal ne le dit pas, et, quant \'e0\loch\f40 moi, je ne le pense pas\~; toujours parce qu\rquote il m\rquote \hich\f40 appara\'ee\loch\f40 \hich\f40 t logique que le revolver a servi \'e0\loch\f40
+ Mlle Stangerson contre l\rquote assassin. Maintenant, quelle \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 tait l\rquote arme de l\rquote assassin\~\hich\f40 ? Ce coup \'e0\loch\f40 la tempe semblerait attester que l\rquote \hich\f40
+assassin a voulu assommer Mlle Stangerson\'85\loch\f40 \hich\f40 Apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir vainement essay\'e9\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 trangler\'85\loch\f40 L\rquote \hich\f40
+assassin devait savoir que le grenier \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait habit\'e9\loch\f40 \hich\f40 par le p\'e8\loch\f40 re Jacques, et c\rquote est une des ra\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+sons pour lesquelles, je pense, il a voulu op\'e9\loch\f40 \hich\f40 rer avec une \'ab\~\loch\f40 arme de silence\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , une matraque peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, ou un marteau\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Tout cela ne nous explique pas, fis-je, comment notre assassin est sorti de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\~\loch\f40 !
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c8\loch\f40 \hich\f40 videmment, r\'e9\loch\f40 pondit Rouletabille \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 en se levant, et, comme il faut l\rquote \hich\f40 expliquer, je vais au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40
+teau du Glandier, et je viens vous chercher pour que vous y veniez avec moi\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Moi\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, cher ami, j\rquote ai besoin de vous. }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c8\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\rquote \hich\f40 a charg\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40
+finitivement de cette affaire, et il faut que je l\rquote \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 claircisse au plus vite.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais en quoi puis-je vous servir\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Robert Darzac est au ch\'e2\loch\f40 teau du Glandier.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est vrai\'85\loch\f40 \hich\f40 son d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sespoir doit \'ea\loch\f40 tre sans bornes\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il faut que je lui parle\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille pronon\'e7\loch\f40 a cette phrase sur un ton qui me surpr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 it\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Est-ce que\'85\loch\f40 \hich\f40 Est-ce que vous croyez \'e0\loch\f40 quelque chose d\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 ressant de ce c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\~\loch\f40 \hich\f40
+? \'85\loch\f40 demandai-je.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et il ne voulut pas en dire davantage. Il passa dans mon salon en me priant de h\'e2\loch\f40 ter ma toilette.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je connaissais M. Robert Darzac pour lui avoi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r rendu un tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s gros service judiciaire dans un proc\'e8\loch\f40 s civil, alors que j\rquote \hich\f40 \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tais secr\'e9\loch\f40 \hich\f40 taire de ma\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre Barbet-Delatour. M. Robert Darzac, qui avait, \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette \'e9\loch\f40 poque, une quarantaine d\rquote \hich\f40 ann\'e9\loch\f40 \hich\f40
+es, \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait professeur de physique \'e0\loch\f40 \hich\f40 la Sorbonne. Il \'e9\loch\f40 tait intimement li\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 avec les Stangerson, puisque apr\'e8\loch\f40
+s sept ans d\rquote une cour assidue, il se trouvait enfin sur le point de se marier avec Mlle Stangerson, personne d\rquote \hich\f40 un certain \'e2\loch\f40 ge (elle devait avoir dans les trente-cinq ans), mais encore remarquablement jolie.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Pendant que je m\rquote \hich\f40 habillais, je criai \'e0\loch\f40 Rouletabille qui s\rquote impatientait dans mon salon\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Est-ce que vous avez une id\'e9\loch\f40 e sur la condition de l\rquote assassin\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Oui, r\'e9\loch\f40 pondit-il, je le crois sinon un homme du monde, du moins d\rquote \hich\f40 une classe assez \'e9\loch\f40 \hich\f40 lev\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85\loch\f40 Ce n\rquote est
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 encore qu\rquote \hich\f40 une impression\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et qu\rquote est-ce qui vous la donne, cette impression\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Eh bien, mais, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pliqua le jeune homme, le b\'e9\loch\f40 \hich\f40 ret crasseux, le mouchoir vulgaire et les traces de la chaussure grossi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re sur le plancher
+\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je comprends, fis-je\~; on ne lai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 sse pas tant de traces derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re soi, \'ab\~\loch\f40 quand elles sont l\rquote \hich\f40 expression de la v\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\~\loch\f40 !\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 On fera quelque chose de vous, mon cher Sainclair\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 conclut Rouletabille.
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745249}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 III\line \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Un homme a pass\'e9\loch\f40
+\hich\f40 comme une ombre \'e0\loch\f40 travers les volets\~\hich\f40 \'bb{\*\bkmkend _Toc97745249}
+\par }\pard\plain \qc\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {\b\fs38
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\~}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Une\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 demi-heure plus tard, nous \'e9\loch\f40 tions, Rouletabille et moi, sur le quai de la gare d\rquote \hich\f40 Orl
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 ans, attendant le d\'e9\loch\f40 \hich\f40 part du train qui allait nous d\'e9\loch\f40 \hich\f40 poser \'e0\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 pinay-sur-Orge. Nous v\'ee\loch\f40 \hich\f40
+mes arriver le parquet de Corbeil, repr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sent\'e9\loch\f40 par M. de Marquet et son greffier. M. d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Marquet avait pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 la nuit \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 Paris avec son greffier pour assister, \'e0\loch\f40 \hich\f40 la Scala, \'e0\loch\f40 \hich\f40 la r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 \hich\f40 tition g\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 rale d\rquote \hich\f40
+une revuette dont il \'e9\loch\f40 tait l\rquote \hich\f40 auteur masqu\'e9\loch\f40 et qu\rquote \hich\f40 il avait sign\'e9\loch\f40 simplement\~:\~\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Castigat Ridendo.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. de Marquet commen\'e7\loch\f40 ait d\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 tre un noble vieill\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ard. Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait, \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40
+ordinaire, plein de politesse et de \'ab\~\loch\f40 galantise\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , et n\rquote avait eu, toute sa vie, qu\rquote une passion\~: celle de l\rquote \hich\f40 art dramatique. Dans sa carri\'e8\loch\f40 re de magistrat, il ne s\rquote
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait v\'e9\loch\f40 \hich\f40 ritablement int\'e9\loch\f40 \hich\f40 ress\'e9\loch\f40 qu\rquote aux affaires susceptibles de lui fournir\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 au moins la nature d
+\rquote \hich\f40 un acte. Bien que, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 cemment apparent\'e9\loch\f40 \hich\f40 , il e\'fb\loch\f40 t pu aspirer aux plus hautes situations judiciaires, il n\rquote \hich\f40 avait jamais travaill\'e9\loch\f40 \hich\f40 , en r\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 alit\'e9\loch\f40 \hich\f40 , que pour \'ab\~\loch\f40 arriver\~\hich\f40 \'bb\~\'e0\loch\f40 \hich\f40 la romantique Porte Saint-Martin ou \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 Od\'e9\loch\f40 \hich\f40 on pensif. Un tel id\'e9\loch\f40
+al l\rquote ava\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t conduit, sur le tard, \'e0\loch\f40 \hich\f40 \'ea\loch\f40 tre juge d\rquote \hich\f40 instruction \'e0\loch\f40 \hich\f40 Corbeil, et \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ signer \'ab\~\loch\f40 Castigat Ridendo\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 un petit acte ind\'e9\loch\f40 \hich\f40 cent \'e0\loch\f40 la Scala.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 affaire de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , par son c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 inexplicable, devait s\'e9\loch\f40 \hich\f40 duire un esprit aussi
+\'85\loch\f40 \hich\f40 litt\'e9\loch\f40 raire. Elle l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 ressa prodi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 gieusement\~; et M. de Marquet s\rquote \hich\f40 y jeta moins comme un magistrat avide de conna\'ee\loch\f40 \hich\f40
+tre la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 que comme un amateur d\rquote \hich\f40 imbroglios dramatiques dont toutes les facult\'e9\loch\f40 \hich\f40 s sont tendues vers le myst\'e8\loch\f40 re de l\rquote
+intrigue, et qui ne redoute cependant rien tant que d\rquote arr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ver \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fin du dernier acte, o\'f9\loch\f40 tout s\rquote explique.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ainsi, dans le moment que nous le rencontr\'e2\loch\f40 mes, j\rquote \hich\f40 entendis M. de Marquet dire avec un soupir \'e0\loch\f40 son greffier\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Pourvu, mon cher monsieur Maleine, pourvu que cet entrepreneur, avec sa pioche, ne nous d\'e9\loch\f40 mo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 lisse pas un aussi beau myst\'e8\loch\f40 re\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 N\rquote \hich\f40 ayez crainte, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondit M. Maleine, sa pioche d\'e9\loch\f40 \hich\f40 molira peut-\'ea\loch\f40 tre le pavillon, mais elle laissera notre affaire intacte. J\rquote \hich\f40
+ai t\'e2\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 les murs et \'e9\loch\f40 \hich\f40 tudi\'e9\loch\f40 plafond et plancher, et je m\rquote y connais. On ne me trompe pas. Nous pou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 vons \'ea\loch\f40
+tre tranquilles. Nous ne saurons rien.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ayant ainsi rassur\'e9\loch\f40 \hich\f40 son chef, M. Maleine nous d\'e9\loch\f40 signa d\rquote \hich\f40 un mouvement de t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te discret \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ M. de Marquet. La figure de celui-ci se renfrogna et, comme il vit venir \'e0\loch\f40 \hich\f40 lui Rouletabille qui, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 , se d\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 couvrait, il se pr\'e9\loch\f40
+\hich\f40 cipita sur une porti\'e8\loch\f40 \hich\f40 re et sauta dans le train en jetant \'e0\loch\f40 \hich\f40 mi-voix \'e0\loch\f40 son greffier\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 surtout, pas de journalistes\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Maleine r\'e9\loch\f40 pliqua\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Compris\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 ta Rouletabille dans sa course et eut la pr\'e9\loch\f40 tention de l\rquote
+\hich\f40 emp\'ea\loch\f40 cher de monter\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 dans le compartiment du juge d\rquote instruction.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Pardon, messieurs\~\hich\f40 ! Ce compartiment est r\'e9\loch\f40 \hich\f40 serv\'e9\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je suis journaliste, monsieur, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 dacteur \'e0\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'c8\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+, fit mon jeune ami avec une grande d\'e9\loch\f40 pense de salutations et de politesses, et j\rquote \hich\f40 ai un petit mot \'e0\loch\f40 dire \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e0\loch\f40 M. de Marquet.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. de Marquet est tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s occup\'e9\loch\f40 \hich\f40 par son enqu\'ea\loch\f40 \hich\f40 te\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~\hich\f40 ! Son enqu\'ea\loch\f40 te m\rquote \hich\f40 est absolument indiff\'e9\loch\f40 \hich\f40 rente, veuillez le croire\'85\loch\f40 \hich\f40 Je ne suis pas, moi, un r\'e9\loch\f40 \hich\f40
+dacteur de chiens \'e9\loch\f40 \hich\f40 cras\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 clara le jeune Rouletabille dont la l\'e8\loch\f40 \hich\f40 vre inf\'e9\loch\f40 rieure exprimait \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 alors un m\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 pris infini pour la litt\'e9\loch\f40 \hich\f40 rature des \'ab\~\loch\f40 faits diversiers\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 ; je suis courri\'e9\loch\f40 \hich\f40 riste des th\'e9\'e2\loch\f40 \hich\f40 tres\'85\loch\f40
+\hich\f40 Et comme je dois faire, ce soir, un petit compte rendu de la revue de la Scala\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Montez, monsieur, je vous en prie\'85\~\'bb\loch\f40 , fit le greffier s\rquote \hich\f40 effa\'e7\loch\f40 ant.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ouletabille \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 dans le compartiment. Je l\rquote y suivis. Je m\rquote \hich\f40 assis \'e0\loch\f40 \hich\f40 ses c
+\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 s\~\hich\f40 ; le greffier monta et ferma la porti\'e8\loch\f40 re.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. de Marquet regardait son greffier.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~\hich\f40 ! Monsieur, d\'e9\loch\f40 buta Rouletabille, n\rquote \hich\f40 en veuillez pas \'ab\~\'e0\loch\f40 ce brave homme\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 si j\rquote \hich\f40 ai forc\'e9\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 la consigne\~; ce n\rquote \hich\f40 est pas \'e0\loch\f40 M. de Marquet que je veux avoir l\rquote honneur de parler\~: c\rquote \hich\f40 est \'e0\loch\f40 \hich\f40 M. \'ab\~\loch\f40 Castigat Ridendo\~\hich\f40 \'bb\~
+\loch\f40 \hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Permettez-moi de vous f\'e9\loch\f40 \hich\f40 liciter, en tant que courri\'e9\loch\f40 \hich\f40 riste th\'e9\'e2\loch\f40 \hich\f40 tral \'e0\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote \hich\f40
+\'c8\loch\f40 poque}{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et Rouletabille, m\rquote \hich\f40 ayant pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sent\'e9\loch\f40 d\rquote \hich\f40 abord, se pr\'e9\loch\f40 senta \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ensuite.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. de Marquet, d\rquote \hich\f40 un geste inquiet, caressait sa barbe en pointe. Il exprima en quelques mots \'e0\loch\f40 Rouletabille qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait trop modeste auteur pour d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 sirer que le voile de son pseudonyme f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t publiquement lev\'e9\loch\f40 \hich\f40 , et il esp\'e9\loch\f40 rait bien que l\rquote enthousiasme \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 du journaliste pour l\rquote \hich\f40
+\'9c\loch\f40 uvre du dramaturge n\rquote irait point jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 apprendre aux populations que M. \'ab\~\loch\f40 Castigat Ridendo\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait autre que le juge d
+\rquote instruction de Corbeil.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'9c\loch\f40 uvre de l\rquote \hich\f40 auteur dramatique pourrait nuire, ajouta-t-il, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s une l\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e8\loch\f40 \hich\f40 re h\'e9\loch\f40
+sita\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tion, \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'9c\loch\f40 \hich\f40 uvre du magistrat\'85\loch\f40 \hich\f40 surtout en province o\'f9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 on est rest\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ un peu routinier\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~\hich\f40 ! Comptez sur ma discr\'e9\loch\f40 tion\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 cria Rouletabille en levant des mains qui attestaient le Ciel.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le train s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 branlait alors\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Nous partons\~! fit le juge d\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 instruction, surpris de nous voir faire le voyage avec lui.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Oui, monsieur, la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 \hich\f40 se met en marche\'85\loch\f40 \hich\f40 dit en souriant aimablement le reporter\'85\loch\f40 \hich\f40 en marche vers le ch\'e2
+\loch\f40 \hich\f40 teau du Glandier\'85\loch\f40 Belle affaire, monsieur De Marquet, belle affaire\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Obscure affai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 re\~\hich\f40 ! Incroyable, insondable, inexplicable affaire\'85\loch\f40 et je ne crains qu\rquote \hich\f40 une chose, monsieur Rouletabille\'85\loch\f40 c\rquote
+\hich\f40 est que les journalistes se m\'ea\loch\f40 \hich\f40 lent de la vouloir expliquer\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mon ami sentit le coup droit.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Oui, fit-il simplement, il faut le craindre\'85\loch\f40 Ils se m\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 lent de tout\'85\loch\f40 \hich\f40 Quant \'e0\loch\f40
+ moi, je ne vous parle que parce que le hasard, monsieur le juge d\rquote instruction, le pur hasard, m\rquote a mis sur votre chemin et presque dans votre compartiment.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 O\'f9\loch\f40 allez-vous donc, demanda M. de Marquet.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Au ch\'e2\loch\f40 teau du Glandier\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , fit\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 sans broncher Rouletabille.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. de Marquet sursauta.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Vous n\rquote y entrerez pas, monsieur Rouletabille\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous vous y opposerez\~\hich\f40 ? fit mon ami, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 pr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 la bataille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Que non pas\~! J\rquote \hich\f40 aime trop la presse et les journalistes pour leur \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sagr\'e9\loch\f40 able\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ en quoi que ce soit, mais M. Stangerson a consign\'e9\loch\f40 \hich\f40 sa porte \'e0\loch\f40 \hich\f40 tout le monde. Et elle est bien gard\'e9\loch\f40 e. Pas un journaliste, hier, n\rquote a pu franchir la grille du Glandier.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Tant mieux, r\'e9\loch\f40 pliqua Rouletabille, j\rquote arrive bien.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. de Marquet se pin\'e7\loch\f40 \hich\f40 a les l\'e8\loch\f40 vre\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s et parut pr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 \hich\f40 conserver un obstin\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ silence. Il ne se d\'e9\loch\f40 \hich\f40 tendit un peu que lorsque Rouletabille ne lui eut pas laiss\'e9\loch\f40 \hich\f40 ignorer plus longtemps que nous nous rendions au Glandier pour y serrer la main \'ab\~\loch\f40 d\rquote un vieil ami intime\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , d\'e9\loch\f40 clara-t-il, en parlant de \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . Robert Darzac, qu\rquote \hich\f40 il avait peut-\'ea\loch\f40 tre vu une fois dans sa vie.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ce pauvre Robert\~\hich\f40 ! continua le jeune reporter\'85\loch\f40 Ce pauvre Robert\~! il est capable d\rquote \hich\f40 en mourir\'85\loch\f40 \hich\f40 Il aimait tant Mlle Stangerson\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La douleur de M. Robert Darzac fait, il est vrai, peine \'e0\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 voir \'85\loch\f40 \hich\f40 laissa \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapper comme \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ regret M. de Marquet\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mais il faut esp\'e9\loch\f40 \hich\f40 rer que Mlle Stangerson sera sauv\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Esp\'e9\loch\f40 \hich\f40 rons-le\'85\loch\f40 \hich\f40 son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re me disait hier que, si elle devait succomber, il ne tarderait point, quant \'e0\loch\f40 \hich\f40 lui, \'e0
+\loch\f40 l\rquote \hich\f40 aller rejoindre dans la tombe\'85\loch\f40 Que\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 lle perte incalculable pour la science\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La blessure \'e0\loch\f40 la tempe est grave, n\rquote est-ce pas\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Evidemment\~! Mais c\rquote \hich\f40 est une chance inou\'ef\loch\f40 e qu\rquote elle n\rquote \hich\f40 ait pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 mortelle\'85\loch\f40 \hich\f40 Le coup a \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 donn\'e9\loch\f40 avec une force\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ce n\rquote est donc pas le revolver qui a bless\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 Mlle Stangerson\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , fit Rouletabille\'85\loch\f40 \hich\f40
+ en me jetant un regard de triomphe\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. de Marquet parut fort embarrass\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Je n\rquote ai rien dit, je ne veux rien dire, et je ne dirai rien\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il se tourna vers son greffier, comme s\rquote \hich\f40 il ne nous connaissait plus\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ma\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 is on ne se d\'e9\loch\f40 barrassait pas ainsi de Rouletabille. Celui-ci s\rquote approcha du juge d\rquote instruction, et, montrant }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 le}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Matin}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , qu\rquote il tira de sa poche, il lui dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Il y a une chose, monsieur le juge d\rquote instruction, que je puis vous demander sans commettre d\rquote indis\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 cr\'e9\loch\f40 \hich\f40 tion. Vous avez lu le r\'e9
+\loch\f40 cit du }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Matin}{\~}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ? Il est absurde, n\rquote est-ce pas\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Pas le moins du monde, monsieur\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Eh quoi\~\hich\f40 ! La \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 n\rquote a qu\rquote \hich\f40 une fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre grill\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'ab\~\loch\f40 dont les barreaux n\rquote
+\hich\f40 ont pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 descell\'e9\loch\f40 s, et une porte que l\rquote \hich\f40 on d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fonce\'85\~\'bb\loch\f40 et l\rquote on n\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 y trouve pas l
+\rquote assassin\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est ainsi, monsieur\~! C\rquote est ainsi\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 C\rquote est ainsi que la question se pose\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille ne dit plus rien et partit pour des pensers inconnus\'85\loch\f40 Un quart d\rquote heure ainsi s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 coula.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quant il revint \'e0\loch\f40 nous, il dit, s\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 adressant encore au juge d\rquote instruction\~:
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Comment \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait, ce soir-l\'e0\loch\f40 , la coiffure de Mlle Stangerson\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je ne saisis pas, fit M. de Marquet.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ceci est de la derni\'e8\loch\f40 \hich\f40 re importance, r\'e9\loch\f40 pliqua Rouletabille. }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Les cheveux en bandeaux, n\rquote est-ce pas\~\hich\f40 ? Je suis s\'fb
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r qu\rquote \hich\f40 elle portait ce soir-l\'e0\loch\f40 , le soir du drame, les cheveux en bandeaux\~!
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Eh bien, monsieur Rouletabille, vous \'ea\loch\f40 tes dans l\rquote \hich\f40 erreur, r\'e9\loch\f40 pondit le juge d\rquote instruction\~\hich\f40 ; Mlle Stangerson \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait coiff
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, ce soir-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , les cheveux relev\'e9\loch\f40 \hich\f40 s enti\'e8\loch\f40 rement en torsade sur\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te\'85\loch\f40 \hich\f40 Ce doit \'ea
+\loch\f40 \hich\f40 tre sa coiffure habituelle\'85\loch\f40 \hich\f40 Le front enti\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvert\'85\loch\f40 , je puis vous l\rquote \hich\f40 affirmer, car nous avons examin\'e9\loch\f40
+ longuement la blessure. Il n\rquote \hich\f40 y avait pas de sang aux cheveux\'85\loch\f40 et l\rquote on n\rquote \hich\f40 avait pas touch\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 la coiffure depuis l\rquote attentat.
+\par }\pard \qj\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes s\'fb\loch\f40 r\~\hich\f40 ! Vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes s\'fb\loch\f40 r que Mlle Stangerson, la nuit de l\rquote attentat, n\rquote
+\hich\f40 avait pas \'ab\~\loch\f40 la coiffure en bandeaux\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ? \'85
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait certain, continua le juge en souriant\'85\loch\f40 car, justement, j\rquote entends encore le docteur me dire pendant que j\rquote examinais la blessure\~
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 C\rquote est grand dommage que Mlle Stangerson ait l\rquote \hich\f40 habitude de se coiffer les cheveux relev\'e9\loch\f40 \hich\f40 s sur le front. Si elle avait port\'e9\loch\f40
+ la coiffure en bandeaux, le coup qu\rquote \hich\f40 elle a re\'e7\loch\f40 \hich\f40 u \'e0\loch\f40 \hich\f40 la tempe aurait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 amorti.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Maintenant, je vous dirai qu\rquote \hich\f40
+il est \'e9\loch\f40 trange que\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 vous attachiez de l\rquote \hich\f40 importance\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~! Si elle n\rquote avait pas les cheveux en bandeaux\~\hich\f40 ! g\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit Rouletabille, o\'f9\loch\f40 allons-nous\~\hich\f40 ? o\'f9\loch\f40 allons-nous\~? Il faudra que je me renseigne.
+
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et il eut un geste d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sol\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Et la blessure \'e0\loch\f40 la tempe est terrible\~? demanda-t-il \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 encore.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Terrible.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Enfin, par quelle arme a-t-elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 faite\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ceci, monsieur, est le secret de l\rquote instruction.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Avez-vous retrouv\'e9\loch\f40 cette arme\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le juge d\rquote \hich\f40 instruction ne r\'e9\loch\f40 pondit pas.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Et la blessure \'e0\loch\f40 la gorge\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ici, le juge d\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 instruction voulut bien nous confier que la blessure \'e0\loch\f40 \hich\f40 la gorge \'e9\loch\f40 tait telle que l\rquote on pouvait affirmer, de l\rquote
+\hich\f40 avis m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me des m\'e9\loch\f40 \hich\f40 decins, que, \'ab\~\loch\f40 si l\rquote \hich\f40 assassin avait serr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cette gorge quelques secondes de plus, Mlle Stangerson mourait \'e9\loch\f40 \hich\f40
+trangl\'e9\loch\f40 e\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 L\rquote affaire, t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 elle que la rapporte }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le Matin}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , reprit Rouletabille, acharn\'e9\loch\f40 \hich\f40
+, me para\'ee\loch\f40 \hich\f40 t de plus en plus inexplicable. Pouvez-vous me dire, monsieur le juge, quelles sont les ouvertures du pavillon, portes et fen\'ea\loch\f40 tres\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il y en a cinq, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondit M. de Marquet, apr\'e8\loch\f40 s avoir\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 touss\'e9\loch\f40 \hich\f40 deux ou trois fois, mais ne r\'e9\loch\f40
+\hich\f40 sistant plus au d\'e9\loch\f40 sir qu\rquote il avait d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 taler tout l\rquote \hich\f40 incroyable myst\'e8\loch\f40 re de l\rquote affaire qu\rquote
+il instruisait. Il y en a cinq, dont la porte du vestibule qui est la seule porte d\rquote \hich\f40 entr\'e9\loch\f40 e du pavillon, porte toujours automatiqueme\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t ferm\'e9\loch\f40
+e, et ne pouvant s\rquote ouvrir, soit de l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 rieur, soit de l\rquote \hich\f40 ext\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieur, que par deux clefs sp\'e9\loch\f40 \hich\f40 ciales qui ne quittent jamais le p\'e8\loch\f40
+re Jacques et M. Stangerson. Mlle Stangerson n\rquote \hich\f40 en a point besoin puisque le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques est \'e0\loch\f40 demeure dans le pavillon et\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+que, dans la journ\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, elle ne quitte point son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re. Quand ils se sont pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cipit\'e9\loch\f40 \hich\f40 s tous les quatre dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40
+\hich\f40 dont ils avaient enfin d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fonc\'e9\loch\f40 la porte, la porte d\rquote \hich\f40 entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 e du vestibule, elle, \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 e ferm\'e9\loch\f40
+e comme toujours, et les deux clefs \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e cette porte \'e9\loch\f40 taient l\rquote une dans la poche de M. Stangerson, l\rquote \hich\f40 autre dans la poche du p\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re Jacques. Quant aux fen\'ea\loch\f40 tres du pavillon, elles sont quatre\~:\~l\rquote \hich\f40 unique fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , les deux fen\'ea\loch\f40 \hich\f40
+tres du laboratoire et la fen\'ea\loch\f40 tre du vestibule. La \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 f\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 en\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40
+ et celles du laboratoire donnent sur la campagne\~\hich\f40 ; seule la fen\'ea\loch\f40 tre du vestibule donne dans le parc.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est par cette fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre-l\'e0\loch\f40 qu\rquote il s\rquote \hich\f40 est sauv\'e9\loch\f40 du pavillon\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 cria Rouletabille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Comment le savez-vous\~? fit M. de Marqu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 et en fixant sur mon ami un \'e9\loch\f40 trange regard.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Nous verrons plus tard comment l\rquote assassin s\rquote \hich\f40 est enfui de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pliqua Rouletabille, mais il a d\'fb
+\loch\f40 \hich\f40 quitter le pavillon par la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre du vestibule\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Encore une fois, comment le savez-vous\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Eh\~! mon Dieu\~! c\rquote est bien simple. Du moment qu\rquote \~\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 il\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 ne peut s\rquote enfuir par la porte du pavillon, il faut bien qu
+\rquote \hich\f40 il passe par une fen\'ea\loch\f40 tre, et il faut qu\rquote il y ait au moins, pour qu\rquote \hich\f40 il passe, une fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre qui ne soit pas grill\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. La fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre de la
+\'ab\loch\f40 Chambre \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 aune\'bb\loch\f40 \hich\f40 est grill\'e9\loch\f40 e, parce qu\rquote elle donne sur la campagne\~\hich\f40 ; les deux fen\'ea\loch\f40
+tres du laboratoire doivent l\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre certainement pour la m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me raison. \'ab\~\loch\f40 Puisque l\rquote assassin s\rquote est enfui\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , j\rquote imagine qu\rquote
+\hich\f40 il a trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 une fen\'ea\loch\f40 tre sans barreaux, et ce sera celle du vestibul\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qui donne sur le parc, c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 \hich\f40 -dire \'e0
+\loch\f40 l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieur de la propri\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 . Cela n\rquote est pas sorcier\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, fit M. de Marquet, mais ce que vous ne pourriez deviner, c\rquote \hich\f40 est que cette fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre du vestibule, qui est la seule, en effet, \'e0\loch\f40 n\rquote
+avoir point de barreaux, p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 oss\'e8\loch\f40 de de solides volets de fer. }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Or, ces volets de fer sont rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 s ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 s \'e0
+\loch\f40 l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 rieur par leur loquet}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 de fer, et cependant nous avons la preuve que l\rquote assassin s\rquote est, en effet,}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 enfui du pavillon par cette m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me fen\'ea\loch\f40 tre\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Des traces de sang sur le mur \'e0\loch\f40 l\rquote i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 nt\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieur et sur les volets et des pas sur la terre, des pas enti\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement semblables \'e0\loch\f40 ceux dont j\rquote \hich\f40 ai relev\'e9\loch\f40 \hich\f40 la mesure dans la \'ab\loch\f40
+\hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , attestent bien que l\rquote assassin s\rquote \hich\f40 est enfui par l\'e0\~\loch\f40 ! Mais alors\~! Comment a-t-il fait, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 puisque les volets sont rest\'e9
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 s \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 rieur\~?}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il a pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 comme une ombre \'e0\loch\f40
+ travers les volets. Et, enfin, le plus affolant de tout, n\rquote \hich\f40 est-ce point la trace retrouv\'e9\loch\f40 e de l\rquote \hich\f40 assassin au moment o\'f9\loch\f40 \hich\f40
+ il fuit du pavillon, quand il est impossible de se faire la moindre id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e de la fa\'e7\loch\f40 on\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 dont l\rquote \hich\f40 assassin est sorti de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , }
+{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ni comment il a travers\'e9\loch\f40 \hich\f40 forc\'e9\loch\f40 ment le laboratoire pour}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 arriver au vestibule\~!}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! oui, monsieur Rouletabille, cette affaire est hallucinante\'85\loch\f40 C\rquote est une belle affaire, allez\~! Et dont on ne trouvera pas la \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 clef d\rquote ici longtemps, je l
+\rquote \hich\f40 esp\'e8\loch\f40 re bien\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vous esp\'e9\loch\f40 rez quoi, monsieur le juge d\rquote instruction\~\hich\f40 ? \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. de Marquet rectifia\~:
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\'85\loch\f40 Je ne l\rquote \hich\f40 esp\'e8\loch\f40 \hich\f40 re pas\'85\loch\f40 \hich\f40 Je le crois\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 On aurait donc referm\'e9\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieur, apr\'e8\loch\f40 s la fuite de l\rquote assassin\~? dema
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nda Rouletabille\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 videmment, voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 ce qui me semble, pour le moment, naturel quoique inexplicable\'85\loch\f40 \hich\f40 car il faudrait un complice ou des complices\'85
+\loch\f40 \hich\f40 et je ne les vois pas\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Apr\'e8\loch\f40 s un silence, il ajouta\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ah\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ! Si Mlle Stangerson pouvait aller assez bien aujourd\rquote hui pour qu\rquote on l\rquote \hich\f40 interroge\'e2\loch\f40 \hich\f40 t\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille, poursuivant sa pens\'e9\loch\f40 e, demanda\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Et le grenier\~? Il doit y avoir une ouverture au grenier\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, je ne l\rquote \hich\f40 avais pas compt\'e9\loch\f40 e, en effet\~; cela fait six \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ouvertures\~\hich\f40 ; il y a l\'e0\loch\f40 \hich\f40 -haut une petite fen\'ea\loch\f40
+\hich\f40 tre, plut\'f4\loch\f40 t une lucarne, et, comme elle donne sur l\rquote \hich\f40 ext\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieur de la propri\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 , M. Stangerson l\rquote \hich\f40 a fait \'e9\loch\f40 \hich\f40
+galement garnir de barreaux. \'c0\loch\f40 \hich\f40 cette lucarne, comme aux fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tres du rez-de-chauss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, les barreaux sont rest\'e9\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+intacts et les volets, qui s\rquote \hich\f40 ouvrent naturellement en dedans, sont rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 s ferm\'e9\loch\f40 s en dedans. Du reste, nous n\rquote \hich\f40 avons rien d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvert qui puisse nous faire soup\'e7
+\loch\f40 onner le passage de l\rquote assassin dans le grenier.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Pour vous, donc, il n\rquote est point douteux, monsieu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r le juge d\rquote instruction, que l\rquote assassin s\rquote est enfui \endash sans que l\rquote on sache comment \endash
+\hich\f40 par la fen\'ea\loch\f40 tre du vestibule\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Tout le prouve\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je le crois aussi\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , obtemp\'e9\loch\f40 ra gravement Rouletabille.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Puis un silence, et il reprit\~:
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Si vous n\rquote \hich\f40 avez trouv\'e9\loch\f40 aucune t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 race de l\rquote \hich\f40 assassin dans le grenier, comme par exemple, ces pas noir\'e2\loch\f40 tres que l\rquote \hich\f40
+on rel\'e8\loch\f40 \hich\f40 ve sur le parquet de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , vous devez \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre amen\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 croire que ce n\rquote \hich\f40
+est point lui qui a vol\'e9\loch\f40 \hich\f40 le revolver du p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il n\rquote y a de traces, au grenier, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 que celles du p\'e8\loch\f40 re Jacques\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , fit le juge avec un haussement de t\'ea\loch\f40 \hich\f40
+te significatif\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et il se d\'e9\loch\f40 \hich\f40 cida \'e0\loch\f40 \hich\f40 compl\'e9\loch\f40 \hich\f40 ter sa pens\'e9\loch\f40 e\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait avec M. Stangerson\'85\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est heureux pour lui\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Alors, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 quid}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 du r\'f4\loch\f40 \hich\f40 le du revolver du p\'e8\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 re Jacques dans le drame\~\hich\f40
+? Il semble bien d\'e9\loch\f40 \hich\f40 montr\'e9\loch\f40 \hich\f40 que cette arme a moins bless\'e9\loch\f40 Mlle Stangerson qu\rquote elle n\rquote \hich\f40 a bless\'e9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 assassin\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Sans r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondre \'e0\loch\f40 cette question, qui sans doute l\rquote embarrassait, M. de Marquet nous apprit qu\rquote \hich\f40 on avait retrouv\'e9\loch\f40 les deux balles
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , l\rquote \hich\f40 une dans un mur, le mur o\'f9\loch\f40 s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 talait la main rouge \endash une main rouge d\rquote homme
+\endash l\rquote autre dans le plafond.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Oh\~! oh\~! dans le plafond\~\hich\f40 ! r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 \hich\f40 ta \'e0\loch\f40 \hich\f40 mi-voix Rouletabille\'85\loch\f40 \hich\f40 Vraiment\'85\loch\f40 dans le plafond\~
+\hich\f40 ! Voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 qui est fort curieux\'85\loch\f40 dans le\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 plafond\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il se mit \'e0\loch\f40 fumer en silence, s\rquote \hich\f40 entourant de tabagie. Quand nous arriv\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes \'e0\loch\f40 Epinay-sur-Orge, je dus lui donner un coup sur l\rquote \hich\f40 \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 paule pour le faire descendre de son r\'ea\loch\f40 ve et sur le quai.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 L\'e0\loch\f40 \hich\f40 , le magistrat et son greffier nous salu\'e8\loch\f40 rent, nous fa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 isant comprendre qu\rquote ils nous avaient assez vus\~\hich\f40 ; puis ils mont\'e8
+\loch\f40 rent rapidement dans un cabriolet qui les attendait.
+\par
+\par }\pard \qj\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Combien de temps faut-il pour aller \'e0\loch\f40 pied d\rquote \hich\f40 ici au ch\'e2\loch\f40 teau du Glandier\~\hich\f40
+? demanda Rouletabille \'e0\loch\f40 \hich\f40 un employ\'e9\loch\f40 de chemin de fer.
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 U\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ne heure et demie, une heure trois quarts, sans se presser\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , r\'e9\loch\f40 pondit l\rquote homme.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille regarda le ciel, le trouva \'e0\loch\f40 \hich\f40 sa convenance et, sans doute, \'e0\loch\f40 la mienne, car il me prit sous le bras et me dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Allons\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 J\rquote ai besoin de marcher.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Eh bien\~!\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 lui demandai-je. \'c7\loch\f40 \hich\f40 a se d\'e9\loch\f40 brouille\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~! fit-il, oh\~! il n\rquote \hich\f40 y a rien de d\'e9\loch\f40 \hich\f40 brouill\'e9\loch\f40 du tout\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est encore plus embrouill
+\'e9\loch\f40 qu\rquote avant\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il est vrai que j\rquote \hich\f40 ai une id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Dites-la.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~\hich\f40 ! Je ne peux rien dire pour le moment\'85\loch\f40 \hich\f40 Mon id\'e9\loch\f40 e est une question d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e vie ou de mort pour deux personnes au moins\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Croyez-vous \'e0\loch\f40 des complices\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je n\rquote \hich\f40 y crois pas\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous gard\'e2\loch\f40 mes un instant le silence, puis il reprit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 C\rquote est une veine d\rquote \hich\f40 avoir rencontr\'e9\loch\f40 ce juge d\rquote \hich\f40 instruction et son greffier\'85\loch\f40 Hein\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+! que vous avais-je dit pour le revolver\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il avait le front pench\'e9\loch\f40 vers la route, les mains dans les poches, et il sifflotait. Au bout d\rquote un instant, je l\rquote entendis murmurer\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Pauvre femme\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est Mlle Stangerson que vous plaignez\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, c\rquote e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 st une tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s noble femme, et tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait digne de piti\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ! \'85\loch\f40 C\rquote \hich\f40
+est un tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s grand, un tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s grand caract\'e8\loch\f40 \hich\f40 re\'85\loch\f40 j\rquote \hich\f40 imagine\'85\loch\f40 j\rquote \hich\f40 imagine\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous connaissez donc Mlle Stangerson\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Moi, pas du tout\'85\loch\f40 Je ne l\rquote ai vue qu\rquote \hich\f40 une fois\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Pourquoi dites-vous\~: c\rquote \hich\f40 est un tr\'e8\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 grand caract\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Parce qu\rquote \hich\f40 elle a su tenir t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te \'e0\loch\f40 l\rquote assassin, parce qu\rquote elle s\rquote \hich\f40 est d\'e9\loch\f40 fendue avec courage, }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 et surtout, surtout, \'e0\loch\f40 cause de la balle}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 dans le plafond.\~\hich\f40 \'bb
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je regardai Rouletabille, me demandant }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 in petto}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\rquote \hich\f40 il ne se moquait pas tout \'e0\loch\f40 fait d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e moi ou s
+\rquote il n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait pas devenu subitement fou. Mais je vis bien que le jeune homme n\rquote avait jamais eu moins envie de rire, et l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 clat intelligent de ses petits yeux ronds me rassura sur l
+\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tat de sa raison. Et puis, j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais un peu habitu\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 ses propos ro\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pus\'85
+\loch\f40 rompus pour moi qui n\rquote y trouvais souvent qu\rquote \hich\f40 incoh\'e9\loch\f40 \hich\f40 rence et myst\'e8\loch\f40 re jusqu\rquote \hich\f40 au moment o\'f9\loch\f40 \hich\f40
+, en quelques phrases rapides et nettes, il me livrait le fil de sa pens\'e9\loch\f40 e. Alors, tout s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 clairait soudain\~; les mots qu\rquote il avait dits, et qui m\rquote avaient paru vides \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e sens, se reliaient avec une facilit\'e9\loch\f40 \hich\f40 et une logique telles \'ab\~\loch\f40 que je ne pouvais comprendre comment je n\rquote \hich\f40 avais pas compris plus t\'f4\loch\f40 t\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 .
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745250}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 IV\line \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Au sein d\rquote une nature sauvage\~
+\hich\f40 \'bb{\*\bkmkend _Toc97745250}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau du Glandier est un des plus vieux ch\'e2\loch\f40 teaux de ce\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pays d\rquote \hich\f40 \'ce\loch\f40 \hich\f40 le-de-France, o\'f9\loch\f40
+ se dressent encore tant d\rquote illustres pierres de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 poque f\'e9\loch\f40 \hich\f40 odale. B\'e2\loch\f40 \hich\f40 ti au c\'9c\loch\f40 \hich\f40 ur des for\'ea\loch\f40 \hich\f40
+ts, sous Philippe le Bel, il appara\'ee\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 \hich\f40 quelques centaines de m\'e8\loch\f40 \hich\f40 tres de la route qui conduit du village de Sainte-Genevi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ve-des-Bois \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ Montlh\'e9\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 y\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . Amas de constructions disparates, il est domin\'e9\loch\f40 par un donjon. Quand le visiteur a gravi les marches branlantes de cet antique donjon et qu\rquote
+\hich\f40 il d\'e9\loch\f40 \hich\f40 bouche sur la petite plate-forme o\'f9\loch\f40 \hich\f40 , au XVIIe si\'e8\loch\f40 \hich\f40 cle, Georges-Philibert de S\'e9\loch\f40 quigny, seigneur du Glandier, M\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 isons-Neuves et autres lieux, a fait \'e9\loch\f40 difier la lanterne actuelle, d\rquote \hich\f40 un abominable style rococo, on aper\'e7\loch\f40 \hich\f40 oit, \'e0\loch\f40 \hich\f40 trois lieues de l\'e0
+\loch\f40 \hich\f40 , au-dessus de la vall\'e9\loch\f40 e et de la plaine, l\rquote \hich\f40 orgueilleuse tour de Montlh\'e9\loch\f40 \hich\f40 ry. Donjon et tour se regardent encore, apr\'e8\loch\f40 s tant de\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 si\'e8\loch\f40 \hich\f40 cles, et semblent se raconter, au-dessus des for\'ea\loch\f40 \hich\f40 ts verdoyantes ou des bois morts, les plus vieilles l\'e9\loch\f40 gendes de l\rquote \hich\f40
+histoire de France. On dit que le donjon du Glandier veille sur une ombre h\'e9\loch\f40 \hich\f40 ro\'ef\loch\f40 que et sainte, celle de la bonne patronne de Paris, devant\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+qui recula Attila. Sainte Genevi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ve dort l\'e0\loch\f40 \hich\f40 son dernier sommeil dans les vieilles douves du ch\'e2\loch\f40 teau. L\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 , les amoureux, balan\'e7
+\loch\f40 ant d\rquote \hich\f40 une main distraite le panier des d\'e9\loch\f40 jeuners sur l\rquote \hich\f40 herbe, viennent r\'ea\loch\f40 \hich\f40 ver ou \'e9\loch\f40 changer des serments devant la tombe de la sai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 te, pieusement fleurie de myosotis. Non loin de cette tombe est un puits qui contient, dit-on, une eau miraculeuse. La reconnaissance des m\'e8\loch\f40 \hich\f40 res a \'e9\loch\f40 \hich\f40 lev\'e9\loch\f40
+\hich\f40 en cet endroit une statue \'e0\loch\f40 \hich\f40 sainte Genevi\'e8\loch\f40 ve et suspendu sous ses pieds les petits chaussons ou les bon\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ets des enfants sauv\'e9\loch\f40
+\hich\f40 s par cette onde sacr\'e9\loch\f40 e.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est dans ce lieu qui semblait devoir appartenir tout entier au pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 que le professeur Stangerson et sa fille \'e9\loch\f40 taient venus s\rquote \hich\f40 installer pour pr\'e9
+\loch\f40 parer la science de l\rquote avenir. Sa solitude au fond des bois leur\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 avait plu tout de suite. Ils n\rquote \hich\f40 auraient l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , comme t\'e9\loch\f40 \hich\f40
+moins de leurs travaux et de leurs espoirs, que de vieilles pierres et de grands ch\'ea\loch\f40 \hich\f40 nes. Le Glandier, autrefois \'ab\~\loch\f40 Glandierum\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , s\rquote
+appelait ainsi du grand nombre de glands que, de tout temps, on avait re\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ueillis en cet endroit. Cette terre, aujourd\rquote \hich\f40 hui tristement c\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e8\loch\f40
+\hich\f40 bre, avait reconquis, gr\'e2\loch\f40 \hich\f40 ce \'e0\loch\f40 \hich\f40 la n\'e9\loch\f40 \hich\f40 gligence ou \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 abandon des propri\'e9\loch\f40 taires, l\rquote aspect sauvage d\rquote une nature primitive\~
+\hich\f40 ; seuls, les b\'e2\loch\f40 timents qui s\rquote \hich\f40 y cachaient avaient conserv\'e9\loch\f40 la trace d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tra\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ges m\'e9\loch\f40
+\hich\f40 tamorphoses. Chaque si\'e8\loch\f40 \hich\f40 cle y avait laiss\'e9\loch\f40 son empreinte\~: un morceau d\rquote \hich\f40 architecture auquel se reliait le souvenir de quelque \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40
+nement terrible, de quelque rouge aventure\~\hich\f40 ; et, tel quel, ce ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, o\'f9\loch\f40 \hich\f40 allait se r\'e9\loch\f40 \hich\f40 fugier la science, semblait tout d\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ign\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 servir de th\'e9\'e2\loch\f40 \hich\f40 tre \'e0\loch\f40 \hich\f40 des myst\'e8\loch\f40 res d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 pouvante et de mort.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ceci dit, je ne puis me d\'e9\loch\f40 fendre d\rquote \hich\f40 une r\'e9\loch\f40 flexion. La voici\~:
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Si je me suis attard\'e9\loch\f40 \hich\f40 quelque peu \'e0\loch\f40 cette triste peinture du Glandier, ce n\rquote est point que j\rquote \hich\f40 aie trouv\'e9\loch\f40 ici l\rquote
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 occasion dramatique de \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 cr\'e9\loch\f40 er\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 l\rquote \hich\f40 atmosph\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessaire aux drames qui vont se d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 rouler sous les yeux du lecteur et, en v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 , mon premier soin, dans toute cette affaire, sera d\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 tre aussi simple que possible. Je n\rquote \hich\f40 ai point la pr
+\'e9\loch\f40 tention d\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 tre un auteu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . Qui dit\~: auteur, dit toujours un peu\~: romancier, et, Dieu merci\~\hich\f40 ! Le myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re de la \'ab
+\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 est assez plein de tragique horreur r\'e9\loch\f40 \hich\f40 elle pour se passer de litt\'e9\loch\f40 \hich\f40 rature. Je ne suis et ne veux \'ea\loch\f40 tre qu\rquote \hich\f40 un fid\'e8
+\loch\f40 \hich\f40 le \'ab\~\loch\f40 rapporteur\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . Je dois rapporter l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 v\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nement\~\hich\f40 ; je situe cet \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 nement dans son cadre, voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 tout. Il est tout naturel que vous sachiez o\'f9\loch\f40 les choses se passent.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je reviens \'e0\loch\f40 M. Stangerson. Quand il acheta le domaine, une quinzaine d\rquote \hich\f40 ann\'e9\loch\f40 es environ avant le drame qui nous occupe, le Glandier n\rquote \loch\af40\dbch\af16\hich\f40
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 tait plus habit\'e9\loch\f40 \hich\f40 depuis longtemps. Un autre vieux ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, dans les environs, construit au XIVe si\'e8\loch\f40 \hich\f40 cle par Jean de Belmont, \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 galement abandonn\'e9\loch\f40 \hich\f40 , de telle sorte que le pays \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e0\loch\f40 \hich\f40 peu pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s inhabit\'e9\loch\f40 . Quelques maisonnettes au bord de la route qui co
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 duit \'e0\loch\f40 Corbeil, une auberge, l\rquote \hich\f40 auberge du \'ab\~\loch\f40 Donjon\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , qui offrait une passag\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re hospitalit\'e9\loch\f40 aux rouliers\~; c\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait l\'e0\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 peu pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s tout ce qui rappelait la civilisation dans cet endroit d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+laiss\'e9\loch\f40 qu\rquote on ne s\rquote \hich\f40 attendait gu\'e8\loch\f40 \hich\f40 re \'e0\loch\f40 \hich\f40 rencontrer \'e0\loch\f40 quelques lieues de l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ capitale. Mais ce parfait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 laissement avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 la raison d\'e9\loch\f40 \hich\f40 terminante du choix de M. Stangerson et de sa fille. M. Stangerson \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e8\loch\f40 bre\~; il revenait d\rquote \hich\f40 Am\'e9\loch\f40 \hich\f40 rique o\'f9\loch\f40 \hich\f40 ses travaux avaient eu un retentissement consid\'e9\loch\f40
+rable. Le livre qu\rquote il avait pub\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 i\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 Philadelphie sur la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Dissociation de la mati\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re par les actions \'e9\loch\f40 lectriques\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 avait soulev\'e9\loch\f40 \hich\f40 la protestation de tout le monde savant. M. Stangerson \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait fran\'e7\loch\f40 ais, mais d\rquote \hich\f40
+origine am\'e9\loch\f40 \hich\f40 ricaine. De tr\'e8\loch\f40 s importantes affaires d\rquote \hich\f40 h\'e9\loch\f40 ritage l\rquote \hich\f40 avaient fix\'e9\loch\f40 pend\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+nt plusieurs ann\'e9\loch\f40 \hich\f40 es aux \'c9\loch\f40 \hich\f40 tats-Unis. Il avait continu\'e9\loch\f40 \hich\f40 , l\'e0\loch\f40 \hich\f40 -bas, une \'9c\loch\f40 \hich\f40 uvre commenc\'e9\loch\f40 \hich\f40 e en France, et il \'e9\loch\f40
+tait revenu en France l\rquote \hich\f40 y achever, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir r\'e9\loch\f40 \hich\f40 alis\'e9\loch\f40 \hich\f40 une grosse fortune, tous ses proc\'e8\loch\f40 s s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tant heureusement termin\'e9\loch\f40 s soit par des jugements qui lui do\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 naient gain de cause, soit par des transactions. Cette fortune fut la bienvenue. M. Stangerson, qui e\'fb
+\loch\f40 t pu, s\rquote il l\rquote \hich\f40 avait voulu, gagner des millions de dollars en exploitant ou en faisant exploiter deux ou trois de ses d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvertes chimiques relatives \'e0\loch\f40 de \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ouveaux proc\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 s de teinture, avait toujours r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pugn\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 faire servir \'e0\loch\f40 \hich\f40 son int
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'ea\loch\f40 t propre le don merveilleux d\rquote \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 inventer\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 il avait re\'e7\loch\f40 u de la nature\~\hich\f40 ; mais il ne pensait point que son g\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 nie lui appart\'ee\loch\f40 \hich\f40 nt. Il le devait aux hommes, et tout ce que son g\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ie mettait au monde tombait, de par cette volont\'e9\loch\f40
+ philanthropique, dans le domaine public. S\rquote il n\rquote \hich\f40 essaya point de dissimuler la satisfaction que lui causait la mise en possession de cette fortune inesp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40
+e qui allait lui permettre de se livrer jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 sa \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 erni\'e8\loch\f40 \hich\f40 re heure \'e0\loch\f40
+ sa passion pour la science pure, le professeur dut s\rquote \hich\f40 en r\'e9\loch\f40 \hich\f40 jouir \'e9\loch\f40 \hich\f40 galement, \'ab\~\loch\f40 semblait-il\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+, pour une autre cause. Mlle Stangerson avait, au moment o\'f9\loch\f40 \hich\f40 son p\'e8\loch\f40 re revint d\rquote \hich\f40 Am\'e9\loch\f40 \hich\f40 rique et acheta le Glandier, vingt ans. Elle \'e9\loch\f40 tait plus jolie qu\rquote on
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e saurait l\rquote \hich\f40 imaginer, tenant \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fois toute la gr\'e2\loch\f40 \hich\f40 ce parisienne de sa m\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re, morte en lui donnant le jour, et toute la splendeur, toute la richesse du jeune sang am\'e9\loch\f40 \hich\f40 ricain de son grand-p\'e8\loch\f40 re paternel, William Stangerson. Celui-ci, citoyen de Philadelphie, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 vait d\'fb\loch\f40 \hich\f40 se faire naturaliser fran\'e7\loch\f40 \hich\f40 ais pour ob\'e9\loch\f40 \hich\f40 ir \'e0\loch\f40 \hich\f40 des exigences de famille, au moment de son mariage avec une fran\'e7
+\loch\f40 \hich\f40 aise, celle qui devait \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre la m\'e8\loch\f40 re de l\rquote illustre Stangerson. Ainsi s\rquote \hich\f40 explique la nationalit\'e9\loch\f40 \hich\f40 fran\'e7\loch\f40 aise du professeur Stangerson.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vingt ans\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , adorablement blonde, des yeux bleus, un teint de lait, rayonnante, d\rquote \hich\f40 une sant\'e9\loch\f40 \hich\f40 divine, Mathilde Stangerson \'e9\loch\f40 tait l\rquote
+\hich\f40 une des plus belles filles \'e0\loch\f40 marier de l\rquote \hich\f40 ancien et du nouveau continent. Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait du devoir de son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re, malgr\'e9\loch\f40 \hich\f40 la douleur pr\'e9\loch\f40 vue d
+\rquote une in\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 vitable s\'e9\loch\f40 \hich\f40 paration, de songer \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce mariage, et il ne dut pas \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre f\'e2\loch\f40 \hich\f40 ch\'e9
+\loch\f40 de voir arriver la dot. Quoi qu\rquote il en soit, il ne s\rquote \hich\f40 en enterra pas moins, avec son enfant, au Glandier, dans le moment o\'f9\loch\f40 ses amis s\rquote \hich\f40 attendaient \'e0\loch\f40 ce qu\rquote \hich\f40
+il produis\'ee\loch\f40 t Mlle Mathilde dan\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le monde. Certains vinrent le voir et manifest\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent leur \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tonnement. Aux questions qui lui furent pos\'e9\loch\f40 \hich\f40 es, le professeur r\'e9\loch\f40 pondit\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est la volont\'e9\loch\f40 de ma fille. Je ne sais rien lui refuser. C\rquote
+est elle qui a choisi le Glandier.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Interrog\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 son tour, l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 jeune fille r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pliqua avec s
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 nit\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 O\'f9\loch\f40 \hich\f40 aurions-nous mieux travaill\'e9\loch\f40 que dans cette solitude\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+ Car Mlle Mathilde Stangerson collaborait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'9c\loch\f40 \hich\f40 uvre de son p\'e8\loch\f40
+re, mais on ne pouvait imaginer alors que sa passion pour la science irait jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 lui fai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e repousser tous les partis qui se pr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+senteraient \'e0\loch\f40 \hich\f40 elle, pendant plus de quinze ans. Si retir\'e9\loch\f40 \hich\f40 s vivaient-ils, le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re et la fille durent se montrer dans quelques r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ceptions officielles, et, \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 certaines \'e9\loch\f40 poques de l\rquote \hich\f40 ann\'e9\loch\f40 e, dans deux ou trois salons amis o\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'f9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 la gloire du professeur et la beaut\'e9\loch\f40
+ de Mathilde firent sensation. L\rquote \hich\f40 extr\'ea\loch\f40 \hich\f40 me froideur de la jeune fille ne d\'e9\loch\f40 couragea pas tout d\rquote abord les soupirants\~\hich\f40 ; mais, au bout de quelques ann\'e9\loch\f40 \hich\f40 es, ils se lass
+\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent. Un seul persista avec une douce t\'e9\loch\f40 \hich\f40 nacit\'e9\loch\f40 \hich\f40 et m\'e9\loch\f40 rita\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ce nom \'ab\~\loch\f40 d\rquote \hich\f40
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 ternel fianc\'e9\~\'bb\loch\f40 , qu\rquote \hich\f40 il accepta avec m\'e9\loch\f40 lancolie\~; c\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait M. Robert Darzac. Maintenant Mlle Stangerson n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+tait plus jeune, et il semblait bien que, n\rquote \hich\f40 ayant point trouv\'e9\loch\f40 de raisons pour se marier, jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'e2\loch\f40 ge de trente-cinq ans, elle n\rquote \hich\f40 en d\'e9
+\loch\f40 co\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 vrirait jamais. Un tel argument apparaissait sans valeur, \'e9\loch\f40 \hich\f40 videmment, \'e0\loch\f40
+ M. Robert Darzac, puisque celui-ci ne cessait point sa cour, si tant est qu\rquote \hich\f40 on peut encore appeler \'ab\~\loch\f40 cour\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 les soins d\'e9\loch\f40 licats et tendres dont on ne cesse d\rquote
+entourer une femme de tren\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e-cinq ans, rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 e fille et qui a d\'e9\loch\f40 \hich\f40 clar\'e9\loch\f40 qu\rquote elle ne se marierait point.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Soudain, quelques semaines avant les \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 nements qui nous occupent, un bruit auquel on n\rquote attacha pas d\rquote abord d\rquote importance \endash
+ tant on le trouvait incroyable \endash \hich\f40 se r\'e9\loch\f40 pandit dans Paris\~; M\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 lle Stangerson consentait enfin \'e0\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 couronner\~l\rquote
+inextinguible flamme de M. Robert Darzac\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Il fallut que M. Robert Darzac lui-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me ne d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ment\'ee\loch\f40 t point ces propos matrimoniaux pour qu\rquote \hich\f40 on se d
+\'ee\loch\f40 t enfin qu\rquote \hich\f40 il pouvait y avoir un peu de v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 dans une rumeur a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ssi invraisemblable. Enfin M. Stangerson voulut bien annoncer, en sortant un jour de l\rquote \hich\f40 Acad\'e9\loch\f40 \hich\f40 mie des sciences, que le mariage de sa fille et de M. Robert Darzac serait c\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40
+\hich\f40 br\'e9\loch\f40 dans l\rquote \hich\f40 intimit\'e9\loch\f40 \hich\f40 , au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau du Glandier, sit\'f4\loch\f40 t que sa fille et lui auraient mis \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+a derni\'e8\loch\f40 \hich\f40 re main au rapport qui allait r\'e9\loch\f40 \hich\f40 sumer tous leurs travaux sur la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Dissociation de la mati\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40
+\hich\f40 -dire sur le retour de la mati\'e8\loch\f40 \hich\f40 re \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 ther. Le nouveau m\'e9\loch\f40 nage s\rquote \hich\f40 installerait au Glandier et le gendre apporterait sa collaboration \'e0
+\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'9c\loch\f40 \hich\f40 uvre \'e0\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 aquelle le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re et la fille avaient consacr\'e9\loch\f40 leur vie.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le monde scientifique n\rquote avait pas encore eu le temps de se remettre de cette nouvelle que l\rquote on apprenait l\rquote \hich\f40 assassinat de Mlle Stangerson dans les conditions fantastiques que nous avons \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 num\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 es et qu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e notre visite au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau va nous permettre de pr\'e9\loch\f40 ciser davantage encore.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je n\rquote \hich\f40 ai point h\'e9\loch\f40 \hich\f40 sit\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 fournir au lecteur tous ces d\'e9\loch\f40 \hich\f40 tails r\'e9\loch\f40
+trospectifs que je connaissais par suite de mes rapports d\rquote affaires avec M. Robert Darzac, pour qu\rquote en franchissant le se\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 uil de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , il f\'fb
+\loch\f40 \hich\f40 t aussi document\'e9\loch\f40 que moi.
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745251}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 V\line \hich\f40 O\'f9\loch\f40 \hich\f40 Joseph Rouletabille adresse \'e0
+\loch\f40 M. Robert Darzac une phrase qui produit son petit effet{\*\bkmkend _Toc97745251}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Nous marchions depuis quelques minutes, Rouletabille et moi, le long d\rquote un mur qu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 i bordait la vaste propri\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ de M. Stangerson, et nous apercevions d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 la grille d\rquote \hich\f40 entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, quand notre attention fut attir\'e9\loch\f40 \hich\f40 e par un personnage qui, \'e0\loch\f40 \hich\f40 demi courb
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 sur la terre, semblait tellement pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 occup\'e9\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 il ne nous vit pas venir. Tant\'f4\loch\f40 t il se penchai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+, se couchait presque sur le sol, tant\'f4\loch\f40 \hich\f40 t il se redressait et consid\'e9\loch\f40 rait attentivement le mur\~\hich\f40 ; tant\'f4\loch\f40 \hich\f40
+t il regardait dans le creux de sa main, puis faisait de grands pas, puis se mettait \'e0\loch\f40 courir et regardait encore dans le creux de sa main droite. Rouleta\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 b\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ille m\rquote \hich\f40
+avait arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 d\rquote un geste\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Chut\~\hich\f40 ! Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan qui travaille\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Ne le d\'e9\loch\f40 rangeons pas\~!
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Joseph Rouletabille avait une grande admiration pour le c\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e8\loch\f40 bre policier. Je n\rquote \hich\f40 avais jamais vu, moi, Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ric Larsan, mais je le connaissais beaucoup de r\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 putation.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote affaire des lingots d\rquote or de l\rquote \hich\f40 h\'f4\loch\f40 tel de la Monnaie, qu\rquote \hich\f40 il d\'e9\loch\f40 brouilla quand tout le monde jetait sa langue aux chiens, et l\rquote \hich\f40
+arrestation des forceurs de coffres-forts du Cr\'e9\loch\f40 dit universel avaient rendu son nom presque populaire. Il passait alors, \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette \'e9\loch\f40 \hich\f40 poque o\'f9\loch\f40
+ Joseph Rouletabille n\rquote \hich\f40 avait pas encore donn\'e9\loch\f40 les preuves admirables d\rquote un talent unique, pour l\rquote \hich\f40 esprit le plus apte \'e0\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 m\'ea\loch\f40 ler l\rquote
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 cheveau embrouill\'e9\loch\f40 \hich\f40 des plus myst\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieux et plus obscurs crimes. Sa r\'e9\loch\f40 putation s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e9\loch\f40 tendue dans le monde en
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ier et souvent les polices de Londres ou de Berlin, ou m\'ea\loch\f40 me d\rquote \hich\f40 Am\'e9\loch\f40 rique l\rquote \hich\f40 appelaient \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40
+aide quand les inspecteurs et les d\'e9\loch\f40 tectives nationaux s\rquote \hich\f40 avouaient \'e0\loch\f40 bout d\rquote imagination et de ressources. On ne s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tonnera donc point que, d\'e8\loch\f40 \hich\f40
+s le d\'e9\loch\f40 \hich\f40 but du myst\'e8\loch\f40 re de l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40
+\hich\f40 ait song\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 \hich\f40 graphier \'e0\loch\f40 \hich\f40 son pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cieux subordonn\'e9\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ Londres, o\'f9\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 envoy\'e9\loch\f40 \hich\f40 pour une grosse affaire de titres vol\'e9\loch\f40 s\~\hich\f40 : \'ab
+\~\loch\f40 Revenez vite.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric, que l\rquote \hich\f40 on appelait, \'e0\loch\f40 \hich\f40 la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 , le grand Fred,
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 vait fait diligence, sachant sans doute par exp\'e9\loch\f40 \hich\f40 rience que, si on le d\'e9\loch\f40 rangeait, c\rquote est qu\rquote on avait bien besoin de ses services, et, c
+\rquote \hich\f40 est ainsi que Rouletabille et moi, ce matin-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , nous le trouvions d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la besogne. Nous compr\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes bient\'f4\loch\f40
+t en quoi elle\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 consistait.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ce qu\rquote il ne cessait de regarder dans le creux de sa main droite n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait autre chose que sa montre et il paraissait fort occup\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40
+ compter des minutes. Puis il rebroussa chemin, reprit une fois encore sa course, ne l\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 ta qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 la grille du par\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+c, reconsulta sa montre, la mit dans sa poche, haussa les \'e9\loch\f40 paules d\rquote \hich\f40 un geste d\'e9\loch\f40 \hich\f40 courag\'e9\loch\f40 \hich\f40 , poussa la grille, p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40
+tra dans le parc, referma la grille \'e0\loch\f40 \hich\f40 clef, leva la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te et, \'e0\loch\f40 \hich\f40 travers les barreaux, nous aper\'e7\loch\f40 \hich\f40 ut. Rouletabille courut et je le suivis. Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d
+\'e9\loch\f40 ric \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 arsan nous attendait.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Monsieur Fred\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , dit Rouletabille en se d\'e9\loch\f40 couvrant et en montrant les marques d\rquote \hich\f40 un profond respect bas\'e9\loch\f40 \hich\f40 sur la r\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 elle admiration que le jeune reporter avait pour le c\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e8\loch\f40 \hich\f40 bre policier, \'ab\~\loch\f40 pourriez-vous nous dire si M. Robert Darzac es\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t au ch\'e2
+\loch\f40 teau en ce moment\~\hich\f40 ? Voici un de ses amis, du barreau de Paris, qui d\'e9\loch\f40 sirerait lui parler.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je n\rquote \hich\f40 en sais rien, monsieur Rouletabille, r\'e9\loch\f40 pliqua Fred en serrant la main de mon ami, car il avait eu l\rquote occasion de le rencontrer plusieurs fois au cours
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 de ses enqu\'ea\loch\f40 \hich\f40 tes les plus difficiles\'85\loch\f40 Je ne l\rquote ai pas vu.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Les concierges nous renseigneront sans doute\~\hich\f40 ? fit Rouletabille en d\'e9\loch\f40 \hich\f40 signant une maisonnette de briques dont porte et fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tres \'e9\loch\f40 \hich\f40
+taient closes et qui devait in\'e9\loch\f40 \hich\f40 vitablement abriter ces fid\'e8\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 les gardiens de la propri\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Les concierges ne vous renseigneront point, monsieur Rouletabille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et pourquoi donc\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Parce que, depuis une demi-heure, ils sont arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 s\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 s\~! s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 cria Rouletabille\'85\loch\f40 Ce sont eux les assassins\~\hich\f40 ! \'85\~
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Larsan haussa les \'e9\loch\f40 paules.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Quand on ne peut pas, dit-il, d\rquote \hich\f40 un air de supr\'ea\loch\f40 \hich\f40 me ironie, arr\'ea\loch\f40 ter l\rquote \hich\f40 assassin, on peut toujours se payer le luxe de d\'e9\loch\f40
+couvrir les complices\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est vous qui les avez fait arr\'ea\loch\f40 ter, monsieur Fred\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~! non\~! par exemple\~! \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 je ne les ai pas fait arr\'ea\loch\f40 ter, d\rquote \hich\f40 abord parce que je suis \'e0\loch\f40 \hich\f40 peu pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s s
+\'fb\loch\f40 r qu\rquote ils ne sont pour rien dans l\rquote \hich\f40 affaire, et puis parce que\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Parce que quoi\~? interrogea anxieusement Rouletabille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Parce que\'85\loch\f40 \hich\f40 rien\'85\loch\f40 \hich\f40 fit Larsan en secouant la t\'ea\loch\f40 te.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Parce qu\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 il n\rquote y a pas de complices\~!\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 souffla Rouletabille.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan s\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 ta net, regardant le reporter avec int\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'ea\loch\f40 t.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ah\~! Ah\~\hich\f40 ! Vous avez donc une id\'e9\loch\f40 e sur l\rquote \hich\f40 affaire\'85\loch\f40 Pourtant vous n\rquote \hich\f40 avez rien vu, jeune homme\'85\loch\f40 vous n\rquote \hich\f40
+avez pas encore p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 tr\'e9\loch\f40 \hich\f40 ici\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 y p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 trerai.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40 en doute\'85\loch\f40 la consigne est formelle.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40 y p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 trerai si vous me faites voir M. Robert Darzac\'85\loch\f40 \hich\f40 Faites cela pour moi\'85\loch\f40 \hich\f40
+ Vous savez que nous sommes de vieux amis\'85\loch\f40 \hich\f40 Monsieur Fred\'85\loch\f40 \hich\f40 je vous en prie\'85\loch\f40 Rappelez-vous le bel article que je vous ai fa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 it \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ propos des \'ab\~\loch\f40 Lingots d\rquote or\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Un petit mot \'e0\loch\f40 M. Robert Darzac, s\rquote \hich\f40 il vous pla\'ee\loch\f40 t\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La figure de Rouletabille \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait vraiment comique \'e0\loch\f40 \hich\f40 voir en ce moment. Elle refl\'e9\loch\f40 \hich\f40 tait un d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sir si irr\'e9\loch\f40
+\hich\f40 sistible de franchir ce seuil au-del\'e0\loch\f40 duquel il se passait quelque \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 prodigieux myst\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 ; elle suppliait avec une telle \'e9\loch\f40
+loquence non seulement de la bouche et des yeux, mais encore de tous les traits, que je ne pus m\rquote \hich\f40 emp\'ea\loch\f40 cher d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 clater de rire. Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ric Larsan, pas plus que moi, ne garda son s\'e9\loch\f40 rieux.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Cependant, derri\'e8\loch\f40 re l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 a grille, Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan remettait tranquillement la clef dans sa poche. Je l\rquote examinai.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait un homme qui pouvait avoir une cinquantaine d\rquote \hich\f40 ann\'e9\loch\f40 \hich\f40 es. Sa t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te \'e9\loch\f40
+tait belle, aux cheveux grisonnants, au teint mat, au profil dur\~\hich\f40 ; le front \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pro\'e9\loch\f40 minent\~; \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le menton et les joues \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient ras\'e9\loch\f40
+s avec soin\~\hich\f40 ; la l\'e8\loch\f40 \hich\f40 vre, sans moustache, \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait finement dessin\'e9\loch\f40 e\~; les yeux, un peu petits et ronds, fixaient les gens bien en face d\rquote \hich\f40 un regard fouilleur qui \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tonnait et inqui\'e9\loch\f40 \hich\f40 tait. Il \'e9\loch\f40 tait de taille moyenne et bien pris\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ; l\rquote \hich\f40 allure g\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40
+\hich\f40 rale \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 gante et sympathique. Rien du policier vulgaire. C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait un grand artiste en son genre, et il le savait, et l\rquote on sentait qu\rquote
+\hich\f40 il avait une haute id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e de lui-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me. Le ton de sa conversation \'e9\loch\f40 tait d\rquote un sceptique et d\rquote \hich\f40 un d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sabus\'e9\loch\f40 .
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Son \'e9\loch\f40 \hich\f40 trange profession lui avait fait c\'f4\loch\f40 toyer tant de crimes et de vilenies qu\rquote \hich\f40 il e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t \'e9\loch\f40
+\hich\f40 t\'e9\loch\f40 inexplicable qu\rquote \hich\f40 elle ne lui e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t point un peu \'ab\~\loch\f40 durci les sentiments\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , selon la curieuse expression de Rouletabille.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Larsan tourna la t\'ea\loch\f40 te au bruit d\rquote une voiture qui\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 arrivait derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re lui. Nous reconn\'fb\loch\f40 mes le cabriolet qui, en gare d
+\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 pinay, avait emport\'e9\loch\f40 le juge d\rquote instruction et son greffier.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Tenez\~\hich\f40 ! fit Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, vous vouliez parler \'e0\loch\f40 M. Robert Darzac\~\hich\f40 ; le voil\'e0\~\loch\f40 !\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le cabriolet \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 la grille et R\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 obert Darzac priait Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9
+\loch\f40 ric Larsan de lui ouvrir l\rquote \hich\f40 entr\'e9\loch\f40 e du parc, lui disant qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s press\'e9\loch\f40 et qu\rquote il n\rquote avait que le temps d\rquote
+\hich\f40 arriver \'e0\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 pinay pour prendre le prochain train pour Paris, quand il me reconnut. Pendant que Larsan ouvrait la grille, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+. Darzac me demanda ce qui pouvait m\rquote amener au Glandier dans un moment aussi tragique. Je remarquai alors qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait atrocement p\'e2\loch\f40 le et qu\rquote \hich\f40 une douleur infinie \'e9\loch\f40
+tait peinte sur son visage.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Mlle Stangerson va-t-elle mieux\~\hich\f40 ? demandai-je imm\'e9\loch\f40 diatement.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Oui, fit-il. On la sauvera peut-\'ea\loch\f40 tre. Il faut qu\rquote on la sauve.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il n\rquote \hich\f40 ajouta pas \'ab\~\loch\f40 ou j\rquote en mourrai\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , mais on sentait trembler la fin de la phrase au bout de ses l\'e8\loch\f40 vres exsangues.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille intervint alors\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Monsieur, vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes press\'e9\loch\f40 . Il faut cepen\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 dant que je vous parle. J\rquote \hich\f40 ai quelque chose de la derni\'e8\loch\f40
+\hich\f40 re importance \'e0\loch\f40 vous dire.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan interrompit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Je peux vous laisser\~\hich\f40 ? demanda-t-il \'e0\loch\f40 Robert Darzac. Vous avez une clef ou voulez-vous que je vous donne celle-ci\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, merci, j\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ai une clef. Je fermerai la grille.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Larsan s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 loigna rapidement dans la direction du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau dont on apercevait, \'e0\loch\f40 \hich\f40 quelques centaines de m\'e8\loch\f40
+tres, la masse imposante.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Robert Darzac, le sourcil fronc\'e9\loch\f40 \hich\f40 , montrait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 impatience. Je pr\'e9\loch\f40 sentai Rouletabi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+lle comme un excellent ami\~\hich\f40 ; mais, d\'e8\loch\f40 s qu\rquote \hich\f40 il sut que ce jeune homme \'e9\loch\f40 tait journaliste, M. Darzac me regarda d\rquote un air de grand reproche, s\rquote \hich\f40 excusa sur la n\'e9\loch\f40 \hich\f40
+cessit\'e9\loch\f40 \hich\f40 o\'f9\loch\f40 \hich\f40 il \'e9\loch\f40 tait d\rquote \hich\f40 atteindre \'c9\loch\f40 \hich\f40 pinay en vingt minutes, salua et fouetta son cheval. Mais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 Roule
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 abille avait saisi, \'e0\loch\f40 \hich\f40 ma profonde stup\'e9\loch\f40 \hich\f40 faction, la bride, arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 le petit \'e9\loch\f40
+quipage d\rquote un poing vigoureux, cependant qu\rquote \hich\f40 il pronon\'e7\loch\f40 \hich\f40 ait cette phrase d\'e9\loch\f40 pourvue pour moi du moindre sens\~:
+\par
+\par }{\i \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Le presbyt\'e8\loch\f40 re n\rquote \hich\f40 a rien perdu de son charme ni le jardin de son \'e9\loch\f40 clat.\~\hich\f40 \'bb
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ces mots ne furent pas plut\'f4\loch\f40 t sortis de la bouche de Rouletabille que je vis Robert Darzac chanceler\~\hich\f40 ; si p\'e2\loch\f40 le qu\rquote \hich\f40 il f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t, il p\'e2
+\loch\f40 lit encore\~\hich\f40 ; ses yeux fix\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent le jeune homme avec \'e9\loch\f40 \hich\f40 pouvante et il descendit imm\'e9\loch\f40 \hich\f40 diatement de sa voiture dans un d\'e9\loch\f40 sordre d\rquote esp
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 rit inexprimable.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Allons\~! Allons\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 dit-il en balbutiant.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et puis, tout \'e0\loch\f40 coup, il reprit avec une sorte de fureur\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Allons\~! monsieur\~! Allons\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et il refit le chemin qui conduisait au ch\'e2\loch\f40 teau, sans plus dire un mot, cependant que Rouletabille\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 suivait, tenant toujours le cheval. J\rquote \hich\f40
+adressai quelques paroles \'e0\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac\'85\loch\f40 \hich\f40 mais il ne me r\'e9\loch\f40 pondit pas. J\rquote interrogeai de l\rquote \hich\f40 \'9c\loch\f40 il Rouletabille, qui ne me vit pas.
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745252}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 VI\line \hich\f40 Au fond de la ch\'ea\loch\f40 naie{\*\bkmkend _Toc97745252}
+
+\par }\pard\plain \qc\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous arriv\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes au ch\'e2\loch\f40 teau. Le vieux donjon \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 se reliait \'e0\loch\f40
+\hich\f40 la partie du b\'e2\loch\f40 \hich\f40 timent enti\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement refaite sous Louis XIV par un autre corps de b\'e2\loch\f40 \hich\f40 timent moderne, style Viollet-le-Duc, o\'f9\loch\f40 se trouvait l\rquote \hich\f40 entr\'e9
+\loch\f40 e principale. Je n\rquote avais encore rien vu d\rquote \hich\f40 aussi original, ni peut-\'ea\loch\f40 tre d\rquote aussi laid, ni surtout d\rquote aus\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 i \'e9\loch\f40
+trange en architecture que cet assemblage bizarre de styles disparates. C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait monstrueux et captivant. En approchant, nous v\'ee\loch\f40 \hich\f40
+mes deux gendarmes qui se promenaient devant une petite porte ouvrant sur le rez-de-chauss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e du donjon. Nous appr\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes bient\'f4\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+que, dans ce rez-de-chauss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait autrefois une prison et qui servait maintenant de chambre de d\'e9\loch\f40 \hich\f40 barras, on avait enferm\'e9\loch\f40 les concierges, M. et Mme\~Bernier.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Robert Darzac nous fit entrer dans la partie moderne du ch\'e2\loch\f40 teau par une vaste porte que p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rot\'e9\loch\f40 \hich\f40 geait une \'ab\~\loch\f40 marquise\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Rouletabille, qui avait abandonn\'e9\loch\f40 le cheval et le cabriolet aux soins d\rquote un domestique, ne quittait pas des yeux M. Darzac\~; je suivis son regard, et je m\rquote \hich\f40 aper\'e7\loch\f40
+\hich\f40 us que celui-ci \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait uniquement dirig\'e9\loch\f40 \hich\f40 vers les mains gant\'e9\loch\f40 es du pr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 fesseur \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ la Sorbonne. Quand nous f\'fb\loch\f40 mes dans un petit salonet garni de meubles vieillots, M. Darzac se tourna vers Rouletabille et assez brusquement lui demanda\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Parlez\~! Que me voulez-vous\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le reporter r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondit avec la m\'ea\loch\f40 me brusquerie\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous serrer la main\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Darzac se recula\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Que signifie\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c9\loch\f40 videmment, il avait compris ce que je comprenais alors\~\hich\f40 : que mon ami le soup\'e7\loch\f40 onnait de l\rquote \hich\f40 abominable attentat. La trace de la main ensanglant\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e sur les murs de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 lui apparut\'85\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je regardai cet homme \'e0\loch\f40 la physionomie si hautaine, au regard si droit d\rquote \hich\f40
+ordinaire et qui se troublait en ce moment si \'e9\loch\f40 \hich\f40 trangement. Il tendit sa main droite, et, me d\'e9\loch\f40 signant\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous \'ea\loch\f40 tes l\rquote ami de M. Sainclair qui m\rquote \hich\f40 a rendu un service inesp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 dans une \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+juste cause, monsieur, et je ne vois pas pourquoi je vous refuserais la main\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille ne prit pas cette main. Il dit, mentant avec une audace sans pareille\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Monsieur, j\rquote \hich\f40 ai v\'e9\loch\f40 \hich\f40 cu quelques ann\'e9\loch\f40 es en Russie, d\rquote \hich\f40 o\'f9\loch\f40 j\rquote \hich\f40 ai rapport\'e9\loch\f40 cet usage de ne jamai
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s serrer la main \'e0\loch\f40 \hich\f40 quiconque ne se d\'e9\loch\f40 gante pas.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je crus que le professeur en Sorbonne allait donner un libre cours \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fureur qui commen\'e7\loch\f40 \hich\f40 ait \'e0\loch\f40 l\rquote agiter, mais au contraire, d\rquote \hich\f40
+un violent effort visible, il se calma, se d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ganta et pr\'e9\loch\f40 senta ses mains. Elle\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s \'e9\loch\f40 taient nettes de toute cicatrice.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\'ca\loch\f40 tes-vous satisfait\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non\~\hich\f40 ! r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pliqua Rouletabille. Mon cher ami, fit-il en se tournant vers moi, je suis oblig\'e9\loch\f40 de vous demander de nous laisser seuls un instant.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je saluai et me retirai, stup\'e9\loch\f40 fait de ce que je\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 venais de voir et d\rquote entendre, et ne comprenant pas que M. Robert Darzac n\rquote \hich\f40 e\'fb\loch\f40 \hich\f40
+t point d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 jet\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la porte mon impertinent, mon injurieux, mon stupide ami\'85\loch\f40 \hich\f40 Car, \'e0\loch\f40 cette minute, j\rquote \hich\f40
+en voulais \'e0\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille de ses soup\'e7\loch\f40 \hich\f40 ons qui avaient abouti \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette sc\'e8\loch\f40 ne in\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 u\'ef\loch\f40 \hich\f40
+e des gants\'85
+\par }\pard \qj\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je me promenai environ vingt minutes devant le ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, essayant de relier entre eux les diff\'e9\loch\f40 \hich\f40 rents \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 \hich\f40
+nements de cette matin\'e9\loch\f40 e, et n\rquote \hich\f40 y parvenant pas. Quelle \'e9\loch\f40 tait l\rquote \hich\f40 id\'e9\loch\f40 e de Rouletabille\~\hich\f40 ? \'c9\loch\f40 \hich\f40 tait-il possible que M. Robert Darzac lui appar\'fb\loch\f40
+t \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 comme l\rquote assassin\~? Comment penser que cet homme, qui devait se marier dans quelques jours avec Mlle Stangerson, s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait introduit dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune
+\'bb\loch\f40 \hich\f40 pour assassiner sa fianc\'e9\loch\f40 e\~? Enfin, rien n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait venu m\rquote apprendre comment l\rquote assassin avait pu sortir \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+e la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ; et, tant que ce myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re qui me paraissait inexplicable ne me serait pas expliqu\'e9\loch\f40 , j\rquote estimais, moi, qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40
+\hich\f40 tait du devoir de tous de ne soup\'e7\loch\f40 \hich\f40 onner personne. Enfin, que signifiait cette phrase insens\'e9\loch\f40 \hich\f40 e qui sonnait encore \'e0\loch\f40 mes oreille\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\~
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 : }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le presbyt\'e8\loch\f40 re n\rquote a rien perdu de son charme ni le jardin de son}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 clat\~!}{\~}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40 avais h\'e2\loch\f40 te de me retrouver seul avec Rouletabille pour le lui demander.
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40 \hich\f40 ce moment, le jeune homme sortit du ch\'e2\loch\f40 teau avec M. Robert Darzac. Chose extraordinaire, je vis au premie\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r coup d\rquote \hich\f40 \'9c\loch\f40 il qu
+\rquote \hich\f40 ils \'e9\loch\f40 taient les meilleurs amis du monde.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Nous allons \'e0\loch\f40 \hich\f40 la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40
+, me dit Rouletabille, venez avec nous. Dites-donc, cher ami, vous savez que je vous garde toute la journ\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Nous d\'e9\loch\f40 \hich\f40 jeunons ensemble dans le pays\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vous d\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 jeunerez avec moi, ici, messieurs\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Non, merci, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pliqua le jeune homme. Nous d\'e9\loch\f40 \hich\f40 jeunerons \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 auberge du \'ab\~\loch\f40 Donjon\~\hich\f40 \'bb\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vous y serez tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s mal\'85\loch\f40 Vous n\rquote y trouverez rien.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Croyez-vous\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 Moi j\rquote \hich\f40 esp\'e8\loch\f40 \hich\f40 re y trouver quelque chose, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pliqua Rouletabille. Apr\'e8\loch\f40 s \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 jeuner, nous retravaillerons, je ferai mon article, vous serez assez aimable pour me le porter \'e0\loch\f40 \hich\f40 la r\'e9\loch\f40 \hich\f40 daction\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et vous\~? Vous ne revenez pas avec moi\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non\~\hich\f40 ; je couche ici\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je me retournai vers Rouletabille. Il parlait s\'e9\loch\f40 rieusement, et M. Robert\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Darzac ne parut nullement \'e9\loch\f40 \hich\f40 tonn\'e9\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous passions alors devant le donjon et nous entend\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes des g\'e9\loch\f40 missements. Rouletabille demanda\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Pourquoi a-t-on arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 ces gens-l\'e0\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est un peu de ma faute, dit M. Darzac. J\rquote ai fait remarquer hier au juge d\rquote inst\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ruction qu\rquote il est inexplicable que les concierges aient eu le temps d\rquote
+\hich\f40 entendre les coups de revolver, \'ab\~\loch\f40 de s\rquote habiller\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , de parcourir l\rquote \hich\f40 espace assez grand qui s\'e9\loch\f40 pare leur loge du pavillon, tout cela en deux minutes\~; car il ne s\rquote
+\hich\f40 est pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 coul\'e9\loch\f40 plus de deu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 x\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 minutes entre les coups de revolver et le moment o\'f9\loch\f40 \hich\f40 ils ont \'e9\loch\f40 \hich\f40 t
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 rencontr\'e9\loch\f40 \hich\f40 s par le p\'e8\loch\f40 re Jacques.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c8\loch\f40 videmment, c\rquote \hich\f40 est louche, acquies\'e7\loch\f40 \hich\f40 a Rouletabille\'85\loch\f40 \hich\f40 Et ils \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient habill\'e9\loch\f40 \hich\f40 s\'85\~
+\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 ce qui est incroyable\'85\loch\f40 \hich\f40 ils \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient habill\'e9\loch\f40 \hich\f40 s\'85\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 enti\'e8
+\loch\f40 rement\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , solideme\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nt et chaudement\'85\loch\f40 \hich\f40 Il ne manquait aucune pi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ce \'e0\loch\f40 \hich\f40 leur costume. La femme \'e9\loch\f40
+tait en sabots, mais l\rquote \hich\f40 homme avait \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 ses souliers lac\'e9\loch\f40 s\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Or, ils ont d\'e9\loch\f40 \hich\f40 clar\'e9\loch\f40 s\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre couch
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 s comme tous les soirs \'e0\loch\f40 neuf heures. En arrivant, ce matin, le juge d\rquote instruction, qui s\rquote \hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ait muni, \'e0\loch\f40
+ Paris, d\rquote \hich\f40 un revolver de m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me calibre que celui du crime (car il ne veut pas toucher au revolver-pi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ce \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ conviction), a fait tirer deux coups de revolver par son greffier dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre et porte ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 es. Nous \'e9\loch\f40 tions avec lui d
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ns la loge des concierges\~; nous n\rquote \hich\f40 avons rien entendu\'85\loch\f40 \hich\f40 on ne peut rien entendre. Les concierges ont donc menti, cela ne fait point de doute\'85\loch\f40
+\hich\f40 Ils \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient pr\'ea\loch\f40 ts\~\hich\f40 ; ils \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 dehors non loin du pavillon\~; ils attendaient quelque chose. Certes, on ne le
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 accuse point d\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 tre les auteurs de l\rquote \hich\f40 attentat, mais leur complicit\'e9\loch\f40 n\rquote \hich\f40 est pas improbable\'85\loch\f40 \hich\f40
+ M. de Marquet les a fait arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 ter aussit\'f4\loch\f40 t.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 S\rquote \hich\f40 ils avaient \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 complices, dit Rouletabille, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ils seraient}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 s d\'e9\loch\f40 \hich\f40 braill\'e9\loch\f40 s}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , ou plut\'f4\loch\f40 \hich\f40 t ils ne seraient pas arriv\'e9\loch\f40 s d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+u tout. Quand on se pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cipite dans les bras de la justice, avec sur soi tant de preuves de complicit\'e9\loch\f40 , c\rquote est qu\rquote on n\rquote est pas complice. Je ne crois pas aux complices dans cette affaire.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Alors, pourquoi \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient-ils dehors \'e0\loch\f40 minuit\~? Qu\rquote ils le disent\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ils ont certainement un int\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'ea\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 se taire. Il s\rquote \hich\f40 agit de savoir lequel\'85\loch\f40 \hich\f40 M\'ea\loch\f40 me s\rquote
+ils ne sont pas complices, cela peut avoir quelque importance. }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Tout est important de ce qui se passe dans une nuit pareille\'85\~\'bb
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous venions de traverser un vieux pont jet\'e9\loch\f40 su\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r la Douve et nous entrions dans cette partie du parc appel\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'ab\~\loch\f40 \hich\f40
+la Ch\'ea\loch\f40 naie\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Il y avait l\'e0\loch\f40 \hich\f40 des ch\'ea\loch\f40 nes centenaires. L\rquote \hich\f40 automne avait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 recroquevill\'e9\loch\f40
+ leurs feuilles jaunies et leurs hautes branches noires et serpentines semblaient d\rquote affreuses chevelures,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 des n\'9c\loch\f40 \hich\f40 uds de reptiles g\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ants entrem\'ea\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 \hich\f40 s comme le sculpteur antique en a tordu sur sa t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te de M\'e9\loch\f40 duse. Ce lieu, que Mlle Stangerson habitait l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40
+ parce qu\rquote \hich\f40 elle le trouvait gai, nous apparut, en cette saison, triste et fun\'e8\loch\f40 \hich\f40 bre. Le sol \'e9\loch\f40 tait noir, tout fange\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 x des pluies r\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 centes et de la bourbe des feuilles mortes, les troncs des arbres \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient noirs, le ciel lui-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, au-dessus de nos t\'ea\loch\f40 \hich\f40 tes, \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tait en deuil, charriait de gros nuages lourds. Et, dans cette retraite sombre et d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sol\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, nous aper\'e7\'fb\loch\f40 mes les murs b\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ancs du pavillon. \'c9\loch\f40 \hich\f40 trange b\'e2\loch\f40 \hich\f40 tisse, sans une fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre visible du point o\'f9\loch\f40 elle nous apparaissait. Seule une petite porte en marquait l\rquote \hich\f40 entr\'e9\loch\f40
+\hich\f40 e. On e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t dit un tombeau, un vaste mausol\'e9\loch\f40 e au fond d\rquote \hich\f40 une for\'ea\loch\f40 \hich\f40 t abandonn\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85\loch\f40 \hich\f40 \'c0\loch\f40
+ mesure que nous approchions, nous en de\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 v\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 inions la disposition. Ce b\'e2\loch\f40 \hich\f40 timent prenait toute la lumi\'e8\loch\f40 re dont il avait besoin, au midi, c\rquote
+\hich\f40 est-\'e0\loch\f40 -dire de l\rquote \hich\f40 autre c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 de la propri\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 , du c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ de la campagne. La petite porte referm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e sur le parc, M. et Mlle Stangerson devaient trouver l\'e0\loch\f40 \hich\f40 une prison id\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+le pour y vivre avec leurs travaux et leur r\'ea\loch\f40 ve.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je vais donner tout de suite, du reste, le plan de ce pavillon. Il n\rquote avait qu\rquote \hich\f40 un rez-de-chauss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, o\'f9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 on acc\'e9\loch\f40 \hich\f40
+dait par quelques marches, et un grenier assez \'e9\loch\f40 \hich\f40 lev\'e9\loch\f40 \hich\f40 qui ne nous occupera en aucune fa\'e7\loch\f40 on\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . C\rquote e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+st donc le plan du rez-de-chauss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e dans toute sa simplicit\'e9\loch\f40 que je soumets au lecteur.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 trac\'e9\loch\f40 \hich\f40 par Rouletabille lui-m\'ea\loch\f40 me, et j\rquote \hich\f40 ai constat\'e9\loch\f40 qu\rquote il n\rquote
+y manquait pas une ligne, pas une indication susceptible d\rquote \hich\f40 aider \'e0\loch\f40 \hich\f40 la solution du probl\'e8\loch\f40 me qui se pos\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ait alors devant la justice. Avec la l\'e9\loch\f40
+\hich\f40 gende et le plan, les lecteurs en sauront tout autant, pour arriver \'e0\loch\f40 \hich\f40 la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 , qu\rquote \hich\f40 en savait Rouletabille quand il p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40
+tra dans le pavillon pour la premi\'e8\loch\f40 re fois et que chacun se demandait\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Par o\'f9\loch\f40 l\rquote assassin a-t-\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l pu fuir de la Chambre Jaune
+\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par }\pard \qc\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\fs20 {\*\shppict{\pict{\*\picprop\shplid1025{\sp{\sn shapeType}{\sv 75}}{\sp{\sn fFlipH}{\sv 0}}{\sp{\sn fFlipV}{\sv 0}}{\sp{\sn pibFlags}{\sv 2}}{\sp{\sn fLine}{\sv 0}}}
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+f2f2f2f2f2f2f2f2f2f2f3f2f1f1f3f4f4f3f3f3f3f3f3f3f3f3f3f3f3f3f3f3f3f3f3f3f3f3f3f3f3f3f2f3f4f3f3f2f3f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4
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+f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f5f6f6f6f5f3f2
+f3f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4
+f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4f4
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+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par {\listtext\pard\plain\i\fs30\lang1036\cgrid \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 1.\tab}}\pard \qj\fi-840\li1407\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\jclisttab\tx1407\ls15\adjustright {\i\fs30 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune, avec son unique fen
+\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre grill\'e9\loch\f40 e et son unique porte donnant sur le laboratoire.
+\par {\listtext\pard\plain\i\fs30\lang1036\cgrid \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 2.\tab}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Laboratoire, avec ses deux grandes fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tres grill\'e9\loch\f40 es et ses portes\~; donnant l\rquote une sur
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 le vestibule, l\rquote autre sur la Chambre Jaune.
+\par {\listtext\pard\plain\i\fs30\lang1036\cgrid \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 3.\tab}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vestibule, avec sa fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre non grill\'e9\loch\f40 e et sa porte d\rquote \hich\f40 entr\'e9\loch\f40
+e donnant sur le parc.
+\par {\listtext\pard\plain\i\fs30\lang1036\cgrid \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 4.\tab}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Lavatory.
+\par {\listtext\pard\plain\i\fs30\lang1036\cgrid \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 5.\tab}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Escalier conduisant au grenier.
+\par {\listtext\pard\plain\i\fs30\lang1036\cgrid \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 6.\tab}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vaste et unique chemin\'e9\loch\f40 \hich\f40 e du pavillon servant aux exp\'e9\loch\f40 riences de laboratoire.
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Avant de gravir les trois marches de la porte du pavillon, Rouletabille nous arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 ta et demanda \'e0\loch\f40 \hich\f40 br\'fb\loch\f40 \hich\f40 le-pourpoint \'e0\loch\f40 M. Darzac\~:
+
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Eh bien\~! Et le mobile du crime\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Pour moi, monsieur, il n\rquote \hich\f40 y a aucun doute \'e0\loch\f40 \hich\f40 avoir \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce sujet, fit le fianc\'e9\loch\f40 de Mlle Stan\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+gerson avec une grande tristesse. Les traces de doigts, les profondes \'e9\loch\f40 \hich\f40 corchures sur la poitrine et au cou de Mlle Stangerson attestent que le mis\'e9\loch\f40 \hich\f40 rable qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait l\'e0\loch\f40
+\hich\f40 avait essay\'e9\loch\f40 \hich\f40 un affreux attentat. Les m\'e9\loch\f40 \hich\f40 decins experts, qui ont examin\'e9\loch\f40 hier ces traces, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ffirment qu\rquote \hich\f40
+elles ont \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 faites par la m\'ea\loch\f40 me main dont l\rquote \hich\f40 image ensanglant\'e9\loch\f40 \hich\f40 e est rest\'e9\loch\f40 e sur le mur\~\hich\f40 ; une main \'e9\loch\f40 \hich\f40
+norme, monsieur, et qui ne tiendrait point dans mon gant, ajouta-t-il avec un amer et ind\'e9\loch\f40 \hich\f40 finissable sourire\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Cette main rouge, interrompis-je,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ne pourrait donc pas \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre la trace des doigts ensanglant\'e9\loch\f40 s de Mlle Stangerson, qui, au moment de s\rquote
+\hich\f40 abattre, aurait rencontr\'e9\loch\f40 \hich\f40 le mur et y aurait laiss\'e9\loch\f40 \hich\f40 , en glissant, une image \'e9\loch\f40 largie de sa main pleine de sang\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 il n\rquote y avait pas une goutte de sang aux m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ains de Mlle Stangerson quand on l\rquote \hich\f40 a relev\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, r\'e9\loch\f40 pondit M. Darzac.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 On est donc s\'fb\loch\f40 r, maintenant, fis-je, que c\rquote est bien Mlle Stangerson qui s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait arm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e du revolver du p\'e8\loch\f40
+re Jacques, puisqu\rquote \hich\f40 elle a bless\'e9\loch\f40 la main de l\rquote assassin. }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Elle redoutait donc}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 quelque chose ou quelqu\rquote un\~?
+
+\par
+\par }{\endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est probable\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vous ne soup\'e7\loch\f40 onnez personne\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Non\'85\~\'bb\loch\f40 \hich\f40 , r\'e9\loch\f40 pondit M. Darzac, en regardant Rouletabille.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille, alors, me dit\~:
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il faut que vous sachiez, mon ami, que l\rquote \hich\f40 instruction est un peu plus avanc\'e9\loch\f40 e que n\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+a voulu nous le confier ce petit cachottier de M. de Marquet. Non seulement l\rquote instruction sait maintenant que le revolver fut l\rquote \hich\f40 arme dont se servit, pour se d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fendre, Mlle Stangerson, mais elle conna\'ee
+\loch\f40 t, mais elle a connu tout de suite l\rquote \hich\f40 arme qui a servi \'e0\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 attaquer, \'e0\loch\f40 frapper Mlle Stangerson. C\rquote est, m\rquote \hich\f40
+a dit M. Darzac, un \'ab\~\loch\f40 os de mouton\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Pourquoi M. de Marquet entoure-t-il cet os de mouton de tant de myst\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 ? Dans le dessein de faciliter les recherches des agents de la S\'fb
+\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\~\loch\f40 ? Sans doute. Il imagine peut\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 -\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ea\loch\f40 tre qu\rquote \hich\f40 on va retrouver son propri\'e9\loch\f40 \hich\f40
+taire parmi ceux qui sont bien connus, dans la basse p\'e8\loch\f40 \hich\f40 gre de Paris, pour se servir de cet instrument de crime, le plus terrible que la nature ait invent\'e9\'85\loch\f40 Et puis, est-ce qu\rquote
+on sait jamais ce qui peut se passer dans une\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 cervelle de juge d\rquote instruction\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 ajouta Rouletabille avec une ironie m\'e9\loch\f40 prisante.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote interrogeai\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 On a donc trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 un \'ab\~\loch\f40 os de mouton\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, monsieur, fit Robert Darzac, au pied du lit\~; mais je vous en prie\~: n\rquote en parlez p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 oint. M. de Marquet nous a demand\'e9\loch\f40
+ le secret. (Je fis un geste de protestation.) C\rquote \hich\f40 est un \'e9\loch\f40 \hich\f40 norme os de mouton dont la t\'ea\loch\f40 te, ou, pour mieux dire, dont l\rquote \hich\f40 articulation \'e9\loch\f40 tait encore toute rouge du sang de l
+\rquote affreuse blessure qu\rquote \hich\f40 il avait faite \'e0\loch\f40 Mlle Stangerso\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . C\rquote est un vieil os de mouton }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 qui a d\'fb\loch\f40
+\hich\f40 servir d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 \'e0}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 quelques crimes}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , suivant les apparences. Ainsi pense M. de Marquet, qui l\rquote
+\hich\f40 a fait porter \'e0\loch\f40 Paris, au laboratoire municipal, pour qu\rquote \hich\f40 il f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t analys\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Il croit, en effet, avoir relev\'e9\loch\f40 sur cet os non seulemen
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t le sang frais de la derni\'e8\loch\f40 \hich\f40 re victime, mais encore des traces rouss\'e2\loch\f40 \hich\f40 tres qui ne seraient autres que des taches de sang s\'e9\loch\f40 \hich\f40 ch\'e9\loch\f40
+\hich\f40 , t\'e9\loch\f40 \hich\f40 moignages de crimes ant\'e9\loch\f40 rieurs.
+\par }\pard \qj\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par
+\par
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 un os de mouton, dans la main d\rquote \hich\f40 un \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 assassin exerc\'e9\~\'bb\loch\f40 , est une arme effroyable, dit Roule\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tabille, une arme \'ab\~
+\loch\f40 plus utile\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 et plus s\'fb\loch\f40 re qu\rquote un lourd marteau.
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Le mis\'e9\loch\f40 rable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 l\rquote a d\rquote \hich\f40 ailleurs prouv\'e9\loch\f40 , fit douloureusement M. Robert Darzac. L\rquote \hich\f40
+os de mouton a terriblement frapp\'e9\loch\f40 Mlle Stangerson au front. L\rquote articulation de l\rquote os de mouton s\rquote adapte par\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 faitement \'e0\loch\f40 \hich\f40 la blessure. Pour moi, cette blessure e
+\'fb\loch\f40 \hich\f40 t \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 mortelle si l\rquote assassin n\rquote \hich\f40 avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 demi arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40
+, dans le coup qu\rquote \hich\f40 il donnait, par le revolver de Mlle Stangerson. Bless\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la main, il l\'e2\loch\f40 chait son os de mouton et s\rquote enfuyait. Malheureusement, le co
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p de l\rquote os de mouton }{\i \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait parti et \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 arriv\'e9}{
+\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'85\loch\f40 \hich\f40 et Mlle Stangerson \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait quasi assomm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir failli \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre \'e9\loch\f40 \hich\f40 trangl\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 e. Si Mlle Stangerson avait r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ussi \'e0\loch\f40 blesser l\rquote \hich\f40 homme de son premier coup de revolver, elle e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t, sans doute, \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapp\'e9\loch\f40
+\hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote os de mou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ton\'85\loch\f40 Mais elle a saisi certainement son revolver trop tard\~\hich\f40 ; puis, le premier coup, dans la lutte, a d\'e9\loch\f40 \hich\f40 vi\'e9\loch\f40
+\hich\f40 , et la balle est all\'e9\loch\f40 e se loger dans le plafond\~; ce n\rquote \hich\f40 est que le second coup qui a port\'e9\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ayant ainsi parl\'e9\loch\f40 \hich\f40 , M. Darzac frappa \'e0\loch\f40 la porte du pavil\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 lon. Vous avouerai-je mon impatience de p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40
+\hich\f40 trer dans le lieu m\'ea\loch\f40 me du crime\~? J\rquote \hich\f40 en tremblais, et, malgr\'e9\loch\f40 tout l\rquote \hich\f40 immense int\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'ea\loch\f40 t que comportait l\rquote histoire de l\rquote
+os de mouton, je bouillais de voir que notre conversation se prolongeait et que la porte du pavi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 lon ne s\rquote ouvrait pas.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Enfin, elle s\rquote ouvrit.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Un homme, que je reconnus pour \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, \'e9\loch\f40 tait sur le seuil.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il me parut avoir la soixantaine bien sonn\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Une longue barbe blanche, des cheveux blancs sur lesquels il avait pos\'e9\loch\f40 \hich\f40 un b\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ret basque, un complet de velours marron \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 \hich\f40 tes us\'e9\loch\f40 , des sabots\~; l\rquote \hich\f40 air bougon, une figure assez r\'e9\loch\f40 barbative qui s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+claira cependant d\'e8\loch\f40 s qu\rquote \hich\f40 il eut aper\'e7\loch\f40 u M. Robert Darzac.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Des amis, fit simplement notre guide. Il n\rquote \hich\f40 y a personne au pavillon, p\'e8\loch\f40 re Jacque\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je ne dois laisser entrer personne, monsieur Robert, mais bien s\'fb\loch\f40 r la consigne n\rquote \hich\f40 est pas pour vous\'85\loch\f40 Et pourquoi\~? Ils ont vu tout ce qu\rquote \hich\f40
+il y avait \'e0\loch\f40 \hich\f40 voir, ces messieurs de la justice. Ils en ont fait assez des dessins et des proc\'e8\loch\f40 \hich\f40 s-verbaux\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Pardo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n, monsieur Jacques, une question avant toute autre chose, fit Rouletabille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Dites, jeune homme, et, si je puis y r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondre\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Votre ma\'ee\loch\f40 tresse portait-elle, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ce soir-l\'e0}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+, les cheveux en bandeaux, vous savez bien, les cheveux en bandeaux sur le front\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non, mon p\rquote \hich\f40 tit monsieur. Ma ma\'ee\loch\f40 tresse n\rquote \hich\f40 a jamais port\'e9\loch\f40 \hich\f40 les cheveux en bandeaux comme vous dites, ni ce soir-l\'e0
+\loch\f40 \hich\f40 , ni les autres jours. Elle avait, comme toujours, les cheveux relev\'e9\loch\f40 \hich\f40 s de fa\'e7\loch\f40 \hich\f40 on \'e0\loch\f40 ce qu\rquote on pouvait voir son beau front, pur comme celui de l\rquote enfa
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t qui vient de na\'ee\loch\f40 tre\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille grogna, et se mit aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 inspecter la porte. Il se rendit compte de la fermeture automatique. Il constata que cette porte ne pouvait jamais rester ouverte et qu
+\rquote il fallait une clef pour l\rquote ouvrir. Puis nous entr\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e2\loch\f40 \hich\f40 mes dans le vestibule, petite pi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ce assez claire, pav\'e9\loch\f40 e de carreaux rouges.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! voici la fen\'ea\loch\f40 tre, dit Rouletabille, par laquelle l\rquote assassin s\rquote \hich\f40 est sauv\'e9\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Qu\rquote ils disent\~! monsieur, qu\rquote ils disent\~! Mais, s\rquote il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait sauv\'e9\loch\f40 \hich\f40 par l\'e0\loch\f40 , nous l\rquote aurions bien
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 vu, pour s\'fb\loch\f40 r\~! Sommes pas aveugles\~! ni M. Stangerson, ni moi, ni les concierges qui-z-ont mis en prison\~! Pourquoi qui ne m\rquote \hich\f40 y mettent pas en prison, moi aussi, \'e0\loch\f40
+ cause de mon revolver\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille avait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 ouvert la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre et examin\'e9\loch\f40 les volets.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Ils \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, \'e0\loch\f40 l\rquote heure du crime\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Au loquet de fer, en dedans, fit le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques\'85\loch\f40 et moi j\rquote \hich\f40 suis bien s\'fb\loch\f40 r que l\rquote \hich\f40 assassin a pass\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ au travers\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il y a des taches de sang\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Oui, tenez, l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , sur la pierre, en dehors\'85\loch\f40 Mais du sang de quoi\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! fit Rouletabille, on voit les pas\'85\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , sur le chemin\'85\loch\f40 \hich\f40 la terre \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tremp\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85\loch\f40 \hich\f40 nous examinerons cela tout \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 heure\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Des b\'ea\loch\f40 tises\~\hich\f40 ! Interrompit le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques\'85\loch\f40 L\rquote assassin n\rquote \hich\f40 a pas pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 par l\'e0\~\loch\f40 \hich\f40
+! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Eh bien, par o\'f9\~\loch\f40 \hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Est-ce que je sa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 is\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille voyait tout, flairait tout. Il se mit \'e0\loch\f40 \hich\f40 genoux et passa rapidement en revue les carreaux macul\'e9\loch\f40 \hich\f40 s du vestibule. Le p\'e8\loch\f40 re Jacques continuait\~:
+
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ah\~! vous ne trouverez rien, mon p\rquote tit monsieur. Y n\rquote \hich\f40 ont rien trouv\'e9\'85\loch\f40 Et puis maintenant, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 c\rquote \hich\f40 est trop sale\'85\loch\f40
+\hich\f40 Il est entr\'e9\loch\f40 trop de gens\~\hich\f40 ! Ils veulent point que je lave le carreau\'85\loch\f40 mais, le jour du crime, j\rquote \hich\f40 avais lav\'e9\loch\f40 \hich\f40 tout \'e7\loch\f40 \hich\f40 a \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ grande eau, moi, p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques\'85\loch\f40 et, si l\rquote \hich\f40 assassin avait pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 par l\'e0\loch\f40 \hich\f40 avec ses \'ab\~\loch\f40 ripatons\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , on l\rquote aurait bien vu
+\~; il a ass\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 z laiss\'e9\loch\f40 la marque de ses godillots dans la chambre de mademoiselle\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille se releva et demanda\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Quand avez-vous lav\'e9\loch\f40 \hich\f40 ces dalles pour la derni\'e8\loch\f40 re fois\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et il fixait le p\'e8\loch\f40 re Jacques d\rquote \hich\f40 un \'9c\loch\f40 il auquel rien n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chappe.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Mais dans la journ\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e m\'ea\loch\f40 me du crime, j\rquote vous dis\~\hich\f40 ! Vers les cinq heures et demie\'85\loch\f40 \hich\f40
+ pendant que mademoiselle et son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re faisaient un tour de promenade avant de d\'ee\loch\f40 \hich\f40 ner ici m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, car ils ont d\'ee\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40
+ dans le laboratoire. Le lendemain, quand le juge est venu, il a pu voir toutes les t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 aces des pas par terre comme qui dirait de l\rquote \hich\f40 encre sur du papier blanc\'85\loch\f40
+ Eh bien, ni dans le laboratoire, ni dans le vestibule qu\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 taient propres comme un sou neuf, on n\rquote \hich\f40 a retrouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 ses pas\'85\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote homme\~\hich\f40 !
+\'85\loch\f40 Puisqu\rquote \hich\f40 on les retrouve aupr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s de la fen\'ea\loch\f40 tre, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 dehors}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 il faudrait donc qu\rquote \hich\f40
+il ait trou\'e9\loch\f40 \hich\f40 le plafond de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , qu\rquote \hich\f40 il ait pass\'e9\loch\f40 par le grenier, qu\rquote \hich\f40 il ait trou\'e9\loch\f40 le toit, et qu\rquote \hich\f40
+il soit redescendu juste \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre du vestibule, en se laissant tomber\'85\loch\f40 Eh bien, mais, y n\rquote y a pas de trou au plafond de l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\'85\loch\f40 \hich\f40 ni dans mon grenier, bien s\'fb\loch\f40 r\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Alors, vous voyez bien qu\rquote \hich\f40 on ne sait rien\'85\loch\f40 mais rien de rien\~\hich\f40 !
+\'85\loch\f40 et qu\rquote on ne saura, ma foi, jamais rien\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est un myst\'e8\loch\f40 re du diable\~!
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille se rejeta soudain \'e0\loch\f40 genoux, presque en face de la por\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 te d\rquote un petit lavatory qui s\rquote
+ouvrait au fond du vestibule. Il resta dans cette position au moins une minute.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Eh bien\~? lui demandai-je quand il se releva.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~! rien de bien important\~; une goutte de sang.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le jeune homme se retourna vers le p\'e8\loch\f40 re Jacq\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ues.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Quand vous vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes mis \'e0\loch\f40 \hich\f40 laver le laboratoire et le vestibule, la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre du vestibule \'e9\loch\f40 tait ouverte\~?
+\par
+\par }\pard \qj\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je venais de l\rquote ouvrir parce que j\rquote \hich\f40 avais allum\'e9\loch\f40 du charbon de bois pour monsieur, sur le fourneau du laboratoire\~
+; et, comme je l\rquote avais allum\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 avec des journaux, il y a eu de la fum\'e9\loch\f40 e\~; j\rquote \hich\f40 ai ouvert les fen\'ea\loch\f40
+tres du laboratoire et celle du vestibule pour faire courant d\rquote air\~; puis j\rquote \hich\f40 ai referm\'e9\loch\f40 \hich\f40 celles du laboratoire et laiss\'e9\loch\f40 ouverte celle du vestibule, et puis je suis sorti un instant pour aller
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 chercher une lavette au ch\'e2\loch\f40 teau et c\rquote \hich\f40 est en rentrant, comme je vous ai dit, vers cinq heures et demie que je me suis mis \'e0\loch\f40 laver les dalles\~
+\hich\f40 ; apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir lav\'e9\loch\f40 \hich\f40 , je suis reparti, laissant toujours la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre du vestibule ouverte. Enfin pour la derni\'e9\loch\f40 re fois\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 quand je suis rentr\'e9\loch\f40 au pavillon, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait ferm\'e9\loch\f40 e}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 et monsieur et mademoiselle travaillaient d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 dans le laboratoire.
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. ou Mlle Stangerson avaient sans doute ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 tre en entrant\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Sans doute.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vous ne leur avez pas demand\'e9\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 No\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Apr\'e8\loch\f40 s un coup d\rquote \hich\f40 \'9c\loch\f40 \hich\f40 il assidu au petit lavatory et \'e0\loch\f40 la cage de l\rquote \hich\f40
+escalier qui conduisait au grenier, Rouletabille, pour qui nous semblions ne plus exister, p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 tra dans le laboratoire. C\rquote est, je l\rquote \hich\f40 avoue, avec une forte \'e9\loch\f40 motion que je l\rquote
+y suivis. Rob\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ert Darzac ne perdait pas un geste de mon ami\'85\loch\f40 \hich\f40 Quant \'e0\loch\f40 \hich\f40 moi, mes yeux all\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent tout de suite \'e0\loch\f40 \hich\f40 la porte de la
+\'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 . Elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait referm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, ou plut\'f4\loch\f40 \hich\f40 t pouss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e sur le laboratoire, car je constatai imm\'e9\loch\f40
+diatement qu\rquote \hich\f40 elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e0\loch\f40 \hich\f40 moiti\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fonc\'e9\loch\f40 e et hors\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\rquote \hich\f40
+usage\'85\loch\f40 les efforts de ceux qui s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient ru\'e9\loch\f40 s sur elle, au moment du drame, l\rquote \hich\f40 avaient bris\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mon jeune ami, qui menait sa besogne avec m\'e9\loch\f40 \hich\f40 thode, consid\'e9\loch\f40 \hich\f40 rait, sans dire un mot, la pi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ce dans laquelle nous nous trouvions\'85\loch\f40
+\hich\f40 Elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait vaste et bien \'e9\loch\f40 \hich\f40 clair\'e9\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . Deux grandes fen\'ea\loch\f40 tres, presque des baies, garnies de barreaux, prenaient jour sur l\rquote
+\hich\f40 immense campagne. Une trou\'e9\loch\f40 \hich\f40 e dans la for\'ea\loch\f40 t\~\hich\f40 ; une vue merveilleuse sur toute la vall\'e9\loch\f40 e, sur la plaine, jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la grande ville qui devait appara
+\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre, l\'e0\loch\f40 -bas, tout au bout\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 les jours de soleil. Mais, aujourd\rquote hui, il n\rquote \hich\f40 y a que de la boue sur la terre, de la suie au ciel\'85
+\loch\f40 \hich\f40 et du sang dans cette chambre\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Tout un c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 du laboratoire \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait occup\'e9\loch\f40 \hich\f40 par une vaste chemin\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e, par des creusets, par des fours propres \'e0\loch\f40 \hich\f40 toutes exp\'e9\loch\f40 riences\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 de chimie. Des cornues, des instruments de physique un peu partout\~\hich\f40 ; des tables surcharg\'e9\loch\f40 \hich\f40
+es de fioles, de papiers, de dossiers, une machine \'e9\loch\f40 \hich\f40 lectrique\'85\loch\f40 \hich\f40 des piles\'85\loch\f40 \hich\f40 un appareil, me dit M. Robert Darzac, employ\'e9\loch\f40 \hich\f40 par le professeur Stangerson \'ab\~
+\loch\f40 \hich\f40 pour d\'e9\loch\f40 montrer\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 la dissociation de la mati\'e8\loch\f40 re sous l\rquote \hich\f40 action de la lumi\'e8\loch\f40 re solaire\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+, etc.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et, tout le long des murs, des armoires, armoires pleines ou armoires-vitrines, laissant apercevoir des microscopes, des appareils photographiques sp\'e9\loch\f40 \hich\f40 ciaux, une quantit\'e9\loch\f40
+ incroyable \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 de cristaux\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille avait le nez fourr\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans la chemin\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Du bout du doigt, il fouillait dans les creusets\'85\loch\f40 Tout d\rquote \hich\f40
+un coup, il se redressa, tenant un petit morceau de papier \'e0\loch\f40 \hich\f40 moiti\'e9\loch\f40 \hich\f40 consum\'e9\'85\loch\f40 \hich\f40 Il vint \'e0\loch\f40 \hich\f40 nous qui causions aupr\'e8\loch\f40 s d\rquote \hich\f40 une fen\'ea
+\loch\f40 tre, et il d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 it\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Conservez-nous cela, Monsieur Darzac.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je me penchai sur le bout de papier roussi que M. Darzac venait de prendre des mains de Rouletabille. Et je lus, distinctement, ces seuls mots qui restaient lisibles\~:
+\par
+\par }{\i\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 presbyt\'e8\loch\f40 re rien perdu \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 charme,
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ni le jar de son \'e9\loch\f40 clat.
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et, au-dessous\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 23 octobre.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Deux fois, depuis ce matin, ces m\'ea\loch\f40 \hich\f40 mes mots insens\'e9\loch\f40 \hich\f40 s venaient me frapper, et, pour la deuxi\'e8\loch\f40 me fois, je vis qu\rquote \hich\f40
+ils produisaient sur le professeur en Sorbonne le m\'ea\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 me effet foudroyant. Le premier soin de M. Darzac fut de regarder du c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 du p\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re Jacques. Mais celui-ci ne nous avait pas vus, occup\'e9\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 autre fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre\'85\loch\f40 \hich\f40 Alors, le fianc\'e9\loch\f40
+ de Mlle Stangerson ouvrit son portefeuille en tremblant, y serra le papi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r, et soupira\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Mon Dieu\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Pendant ce temps, Rouletabille \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait mont\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans la chemin\'e9\loch\f40 e\~; c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 -dire que, debout sur les briques d\rquote \hich\f40
+un fourneau, il consid\'e9\loch\f40 \hich\f40 rait attentivement cette chemin\'e9\loch\f40 \hich\f40 e qui allait se r\'e9\loch\f40 \hich\f40 tr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cissant, et qui, \'e0\loch\f40 \hich\f40 cinquante centim\'e8\loch\f40 tres au
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 -dessus de sa t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te, se fermait enti\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement par des plaques de fer scell\'e9\loch\f40 es dans la brique, laissant passer trois tuyaux d\rquote \hich\f40
+une quinzaine de centim\'e8\loch\f40 \hich\f40 tres de diam\'e8\loch\f40 tre chacun.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Impossible de passer par l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , \'e9\loch\f40 \hich\f40 non\'e7\loch\f40 a le jeune homme en sautant dans le laboratoire.\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Du reste, s\rquote
+\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 il\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 l\rquote \hich\f40 avait m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me tent\'e9\loch\f40 , toute cette ferraille serait par terre. Non\~! Non\~! ce n\rquote \hich\f40 est pas de ce c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9
+\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 il faut chercher\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille examina ensuite les meubles et ouvrit des portes d\rquote \hich\f40 armoires. Puis, ce fut le tour des fen\'ea\loch\f40 tres qu\rquote \hich\f40 il d\'e9\loch\f40 cl\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ara infranchissables et \'ab\~\loch\f40 infranchies\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . \'c0\loch\f40 \hich\f40 la seconde fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, il trouva le p\'e8\loch\f40 re Jacques en contemplation.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Eh bien, p\'e8\loch\f40 re Jacques, qu\rquote \hich\f40 est-ce que vous regardez par l\'e0\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je r\rquote garde l\rquote homme de la police qui ne cesse point de faire le tour de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tang\'85\loch\f40 Enc\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ore un malin qui n\rquote
+en verra pas plus long qu\rquote les autres\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vous ne connaissez pas Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, p\'e8\loch\f40 re Jacques\~\hich\f40 ! dit Rouletabille, en secouant la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te avec m\'e9\loch\f40
+\hich\f40 lancolie, sans cela vous ne parleriez pas comme \'e7\loch\f40 \hich\f40 a\'85\loch\f40 S\rquote il y en a un ici qui trouve l\rquote assassin, c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e sera lui, faut croire\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et Rouletabille poussa un soupir.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Avant qu\rquote on le retrouve, faudrait savoir comment on l\rquote a perdu\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pliqua le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, t\'ea\loch\f40 tu.
+
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Enfin, nous arriv\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes \'e0\loch\f40 \hich\f40 la porte de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 la porte derri\'e8\loch\f40 re laquelle\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 il se passait quelque chose\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+ fit Rouletabille avec une solennit\'e9\loch\f40 \hich\f40 qui, en toute autre circonstance, e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 comique.
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745253}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 VII\line \hich\f40 O\'f9\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille part en exp\'e9
+\loch\f40 dition sous le lit{\*\bkmkend _Toc97745253}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille ayant pouss\'e9\loch\f40 \hich\f40 la porte de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 s\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 \hich\f40
+ta sur le seuil, disant avec une \'e9\loch\f40 motion que je ne devais comprendre que plus tard\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Oh\~! Le parfum de la dame en noir\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 La chambre \'e9\loch\f40 tait obscure\~\hich\f40 ; le p
+\'e8\loch\f40 re Jacques voulut ouvrir les volets, mais Rouletabille l\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 ta\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Est-ce que, dit-il, le dra\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 me s\rquote \hich\f40 est pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 en pleine obscurit\'e9\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non, jeune homme, je ne pense point. Mam\rquote \hich\f40 zelle tenait beaucoup \'e0\loch\f40 avoir une veilleuse sur sa table, et c\rquote est moi qui la lui allumais tous les soirs avant qu\rquote \hich\f40
+elle aille se coucher\'85\loch\f40 J\rquote \hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 tais quasi sa femme de chambre, quoi\~! quand v\rquote nait le soir\~! La vraie femme de chambre ne v\rquote \hich\f40 nait gu\'e8\loch\f40 re que le matin. Mam
+\rquote \hich\f40 zelle travaille si tard\'85\loch\f40 la nuit\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 O\'f9\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait cette table qui supportait la veilleuse\~? Loin du lit\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Loin du lit.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Pouvez-vous,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 maintenant, allumer la veilleuse\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La veilleuse est bris\'e9\loch\f40 e, et l\rquote huile s\rquote \hich\f40 en est r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pandue quand la table est tomb\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Du reste, tout est rest\'e9\loch\f40
+\hich\f40 dans le m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me \'e9\loch\f40 tat. Je n\rquote ai qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 ouvrir les volets et vous allez voir\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Attendez\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille rentrant da\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ns le laboratoire, alla fermer les volets des deux fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tres et la porte du vestibule. Quand nous f\'fb\loch\f40 \hich\f40
+mes dans la nuit noire, il alluma une allumette-bougie, la donna au p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, dit \'e0\loch\f40 \hich\f40 celui-ci de se diriger avec son allumette vers le milieu de la \'ab\loch\f40 Cham\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 b
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 re Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 endroit o\'f9\loch\f40 \hich\f40 br\'fb\loch\f40 \hich\f40 lait, cette nuit-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , la veilleuse. Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re Jacques, qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait en chaussons (il laissait \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 ordinaire ses sabots dans le vestibule), entra dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 avec son bout d\rquote \hich\f40
+allumette, et nous distingu\'e2\loch\f40 mes vaguement, mal \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 clair\'e9\loch\f40 \hich\f40 s par la petite flamme mourante, des objets renvers\'e9\loch\f40 \hich\f40
+s sur le carreau, un lit dans le coin, et, en face de nous, \'e0\loch\f40 gauche, le reflet d\rquote \hich\f40 une glace, pendue au mur, pr\'e8\loch\f40 s du lit. Ce fut rapide.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille dit\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 C\rquote est assez\~! Vous pouvez ouvrir les vol\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ets.\~
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Surtout n\rquote \hich\f40 avancez pas, pria le p\'e8\loch\f40 re Jacques\~\hich\f40 ; vous pourriez faire des marques avec vos souliers\'85\loch\f40 \hich\f40 et il ne faut rien d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ranger\'85
+\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est une id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e du juge, une id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e comme \'e7\loch\f40 \hich\f40 a, bien que son affaire soit d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 faite\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il poussa les volets. Le jour livi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 de du dehors entra, \'e9\loch\f40 \hich\f40 clairant un d\'e9\loch\f40 sordre sinistre, entre des murs de safran. Le plancher \endash \hich\f40
+ car si le vestibule et le laboratoire \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient carrel\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait planch\'e9\loch\f40 \hich\f40 i\'e9\loch\f40 e \endash
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 tait recouvert d\rquote une natte jaune, d\rquote un seul morceau, qui tenait pres\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ue toute la pi\'e8\loch\f40 \hich\f40
+ce, allant sous le lit et sous la table-toilette, seuls meubles qui, avec le lit, fussent encore sur leurs pieds. La table ronde du milieu, la table de nuit et deux chaises \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient renvers\'e9\loch\f40 es. Elles n\rquote \hich\f40
+emp\'ea\loch\f40 chaient point de voir, sur la natte\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 une large tache de sang qui provenait, nous dit le p\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re Jacques, de la blessure au front de Mlle Stangerson. En outre, des gouttelettes de sang \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pandues un peu partout et suivaient, en quelque sorte, la trace tr\'e8\loch\f40
+s visible des pas, des larges pas\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 noirs, de l\rquote \hich\f40 assassin. Tout faisait pr\'e9\loch\f40 sumer que ces gouttes de sang venaient de la blessure de l\rquote \hich\f40
+homme qui avait, un moment, imprim\'e9\loch\f40 sa main rouge sur le mur. Il y avait d\rquote autres traces de cette main sur le mur, mais beaucoup moins distinctes. C\rquote est bien \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e0
+\loch\f40 la trace d\rquote une rude main d\rquote \hich\f40 homme ensanglant\'e9\loch\f40 e.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je ne pus m\rquote \hich\f40 emp\'ea\loch\f40 cher de m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 crier\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Voyez\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 voyez ce sang sur le mur\'85\loch\f40 L\rquote \hich\f40 homme qui a appliqu\'e9\loch\f40 \hich\f40 si fermement sa main ici \'e9\loch\f40 tait alors dans l
+\rquote \hich\f40 obscurit\'e9\loch\f40 et croyait certainement tenir une porte. Il croyait la \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pousser\~! C\rquote \hich\f40 est pourquoi il a fortement appuy\'e9\loch\f40
+, laissant sur le papier jaune un dessin terriblement accusateur, car je ne sache point qu\rquote \hich\f40 il y ait beaucoup de mains au monde de cette sorte-l\'e0\loch\f40 . Elle est grande et forte, et les doigts sont presque aussi long
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 les uns que les autres\~! Quant au pouce, il manque\~! Nous n\rquote \hich\f40 avons que la marque de la paume. Et si nous suivons la \'ab\~\loch\f40 trace\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+ de cette main, continuai-je, nous la voyons, qui, apr\'e8\loch\f40 s s\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre appuy\'e9\loch\f40 \hich\f40 e au mur, le t\'e2\loch\f40 te, cherche la porte, la trouve, cherche la s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rrure\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Sans doute, interrompit Rouletabille en ricanant, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 mais il n\rquote y}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 a pas de sang \'e0\loch\f40
+ la serrure, ni au verrou\~\hich\f40 ! \'85}{
+\par
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Qu\rquote est-ce que cela prouve\~\hich\f40 ? R\'e9\loch\f40 pliquai-je avec un bon sens dont j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais fier, \'ab\~\loch\f40 il\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+ aura ouvert serrure et verrou de la main gauche, ce \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 qui est tout naturel puisque la main droite est bless\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il n\rquote a rien ouvert du tout\~! s\rquote \hich\f40 exclama encore le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques. Nous ne sommes pas fous, peut-\'ea\loch\f40 tre\~\hich\f40 ! Et nous \'e9\loch\f40
+tions quatre quand nous avons fait sauter la porte\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je repris\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Quelle dr\'f4\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 le de main\~\hich\f40 ! Regardez-moi cette dr\'f4\loch\f40 le de main\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est une main fort naturelle, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pliqua Rouletabille, dont le dessin a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 form\'e9\loch\f40 }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 par le glissement sur le mur}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . L\rquote homme }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 essuy\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ sa main bless\'e9\loch\f40 e sur le mur\~! }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Cet homme doit mesurer un m\'e8\loch\f40 tre quatre-vingt.}{\i
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c0\loch\f40 quoi voyez-vous cela\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c0\loch\f40 \hich\f40 la hauteur de la main sur le mur\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mon ami s\rquote \hich\f40 occupa ensuite de la trace de la balle dans le mur. Cette trace \'e9\loch\f40 tait un trou rond.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 La balle, dit Rouletabille, est arriv\'e9\loch\f40 e de face\~: ni d\rquote \hich\f40 en haut, par cons\'e9\loch\f40 quent, ni d\rquote en b\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 as.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il nous fit observer encore qu\rquote \hich\f40 elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait de quelques centim\'e8\loch\f40 \hich\f40 tres plus bas sur le mur que le stigmate laiss\'e9\loch\f40 par la main.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille, retournant \'e0\loch\f40 \hich\f40 la porte, avait le nez, maintenant, sur la serrure et le verrou. Il constata \'ab\~\loch\f40 qu\rquote on avait bien fa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+it sauter la porte, du dehors, serrure et verrou \'e9\loch\f40 \hich\f40 tant encore, sur cette porte d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fonc\'e9\loch\f40 e, l\rquote \hich\f40 une ferm\'e9\loch\f40 e, l\rquote \hich\f40 autre pouss\'e9\loch\f40 \hich\f40
+, et, sur le mur, les deux g\'e2\loch\f40 \hich\f40 ches \'e9\loch\f40 \hich\f40 tant quasi arrach\'e9\loch\f40 es, pendantes, retenues encore par une vis.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le jeune r\'e9\loch\f40 dacteur de }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c8\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 les consid\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+ra avec attention, reprit la porte, la regarda des deux c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 s, s\rquote assura qu\rquote il n\rquote \hich\f40 y avait aucune possibilit\'e9\loch\f40 de fermeture ou d\rquote \hich\f40 ouverture du verrou \'ab\~
+\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 ext\'e9\loch\f40 rieur\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , et s\rquote assura qu\rquote \hich\f40 on avait retrouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 la clef dans la serrure, \'ab\~\'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 rieur\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 . Il s\rquote assura \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ncore qu\rquote \hich\f40 une fois la clef dans la serrure \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40
+rieur, on ne pouvait ouvrir cette serrure de l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieur avec une autre clef. Enfin, ayant constat\'e9\loch\f40 qu\rquote il n\rquote \hich\f40 y avait, \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette porte, \'ab\~\loch\f40
+aucune fermeture automatique, bref, qu\rquote \hich\f40 elle \'e9\loch\f40 tait la plus naturelle de \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 outes les portes, munie d\rquote une serrure et d\rquote \hich\f40 un verrou tr\'e8\loch\f40
+\hich\f40 s solides qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 s ferm\'e9\loch\f40 s\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , il laissa tomber ces mots\~\hich\f40 : \'ab\~\'e7\loch\f40 a va mieux\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Puis, s\rquote
+\hich\f40 asseyant par terre, il se d\'e9\loch\f40 \hich\f40 chaussa h\'e2\loch\f40 tivement.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et, sur ses chaussettes, il s\rquote \hich\f40 avan\'e7\loch\f40 a dans la chambre. La p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 remi\'e8\loch\f40 re chose qu\rquote \hich\f40 il fit fut de se pencher sur les meubles renvers
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 s et de les examiner avec un soin extr\'ea\loch\f40 \hich\f40 me. Nous le regardions en silence. Le p\'e8\loch\f40 re Jacques lui disait, de plus en plus ironique\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Oh\~! mon p\rquote tit\~! Oh\~! mon p\rquote tit\~! Vous vous donnez bien du\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 mal\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par }\pard \qj\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mais Rouletabille redressa la t\'ea\loch\f40 te\~:
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous avez dit la pure v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 \hich\f40 , p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, votre ma\'ee\loch\f40 tresse n\rquote \hich\f40 avait pas, ce soir-l\'e0\loch\f40
+, ses cheveux en bandeaux\~; c\rquote \hich\f40 est moi qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais une vieille b\'ea\loch\f40 te de croire cela\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et, souple comme un serpent, il se glissa sous le lit.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et le p\'e8\loch\f40 re Jacques reprit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Et dire, monsieur, et dire que l\rquote \hich\f40 assassin \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait cach\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 -dessous\~\hich\f40 ! Il y \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait quand je suis entr
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 dix heures, pour fermer les volets et allumer la veilleuse, puisque n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i M. Stangerson, ni Mlle Mathilde, ni moi, n\rquote \hich\f40 avons plus quitt\'e9\loch\f40 le laboratoire jusqu
+\rquote au moment du crime.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 On entendait la voix de Rouletabille, sous le lit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\'c0\loch\f40 \hich\f40 quelle heure, monsieur Jacques, M. et Mlle Stangerson sont-ils arriv\'e9\loch\f40 s dans le laboratoire p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 our ne plus le quitter\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c0\loch\f40 six heures\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 La voix de Rouletabille continuait\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Oui, il est venu l\'e0\loch\f40 \hich\f40 -dessous\'85\loch\f40 c\rquote \hich\f40 est certain\'85\loch\f40 Du reste, il n\rquote \hich\f40 y a que l\'e0\loch\f40 qu\rquote \hich\f40
+il pouvait se cacher\'85\loch\f40 \hich\f40 Quand vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, tous les quatre, vous avez regard\'e9\loch\f40 sous le lit\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Tout de suite\'85\loch\f40 \hich\f40 Nous avons m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me enti\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement bouscul\'e9\loch\f40 \hich\f40 le lit avant de le remettre \'e0\loch\f40 sa place.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et entre les matelas\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il n\rquote \hich\f40 y avait, \'e0\loch\f40 ce lit, qu\rquote \hich\f40 un matelas sur lequel on a pos\'e9\loch\f40 \hich\f40 Mlle Mathilde. Et le concierge et M. Stangerson ont transport\'e9\loch\f40
+ ce matelas i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 mm\'e9\loch\f40 diatement dans le laboratoire. Sous le matelas, il n\rquote \hich\f40 y avait que le sommier m\'e9\loch\f40 \hich\f40
+tallique qui ne saurait dissimuler rien, ni personne. Enfin, monsieur, songez que nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions quatre, et que rien ne pouvait nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapper, la chambre \'e9\loch\f40 \hich\f40 tant si petite, d\'e9\loch\f40
+garn\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e de meubles, et tout \'e9\loch\f40 \hich\f40 tant ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 derri\'e8\loch\f40 re nous, dans le pavillon.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40 osai une hypoth\'e8\loch\f40 se\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Il est peut-\'ea\loch\f40 tre sorti avec le matelas\~\hich\f40 ! Dans le matelas, peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre\'85\loch\f40 \hich\f40 Tout est possible devant un pareil myst\'e8\loch\f40 re\~
+! Dans leur trouble, M. Stangerson et le concier\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ge ne se seront pas aper\'e7\loch\f40 us qu\rquote \hich\f40 ils transportaient double poids\'85\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+et puis, si le concierge est complice\~\hich\f40 ! \'85}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je vous donne cette hypoth\'e8\loch\f40 se pour ce qu\rquote \hich\f40 elle vaut, mais voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 qui expliquerait bien des choses\'85
+\loch\f40 \hich\f40 et, particuli\'e8\loch\f40 rement, le fait que le laboratoire et l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e vestibule sont rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 s vierges des traces de pas qui se trouvent dans la chambre. Quand on a transport
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 mademoiselle du laboratoire au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, le matelas, arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 un instant pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s de la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, aurait pu permettre \'e0
+\loch\f40 l\rquote \hich\f40 homme de se sauver\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et puis quoi e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ncore\~? Et puis quoi encore\~? Et puis quoi encore\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 me lan\'e7\loch\f40 \hich\f40 a Rouletabille, en riant d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+lib\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ment, sous le lit\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais un peu vex\'e9\~\loch\f40 :
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vraiment on ne sait plus\'85\loch\f40 \hich\f40 Tout para\'ee\loch\f40 \hich\f40 t possible\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le p\'e8\loch\f40 re Jacques fit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est une id\'e9\loch\f40 e qu\rquote a eue le juge d\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 instruction, monsieur, et il a fait examiner s\'e9\loch\f40 \hich\f40
+rieusement le matelas. Il a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 oblig\'e9\loch\f40 \hich\f40 de rire de son id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, monsieur, comme votre ami rit en ce moment, car \'e7\loch\f40 a n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+\hich\f40 tait bien s\'fb\loch\f40 \hich\f40 r pas un matelas \'e0\loch\f40 double fond\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Et puis, quoi\~! s\rquote il y avait eu un homme dans l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 matelas on l\rquote
+aurait vu\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je dus rire moi-m\'ea\loch\f40 me, et, en effet, j\rquote eus la preuve, depuis, que j\rquote avais dit quelque chose d\rquote \hich\f40 absurde. Mais o\'f9\loch\f40 \hich\f40 commen\'e7\loch\f40 \hich\f40 ait, o
+\'f9\loch\f40 finissait l\rquote absurde dans une affaire pareille\~!
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mon ami, seul, \'e9\loch\f40 tait capable de le dire, et encore\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Dites donc\~! s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 cria le reporter, toujours sous le lit, elle a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 bien remu\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, cette carpette-l
+\'e0\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Par nous, monsieur, expliqua le p\'e8\loch\f40 re Jacques. Quand nous n\rquote \hich\f40 avons pas trouv\'e9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 assassin, nous nous sommes demand\'e9\loch\f40 s\rquote il n
+\rquote y avait pas un trou dans l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e plancher\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il n\rquote \hich\f40 y en a pas, r\'e9\loch\f40 pondit Rouletabille. Avez-vous une cave\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non, il n\rquote \hich\f40 y a pas de cave\'85\loch\f40 Mais cela n\rquote \hich\f40 a pas arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 nos recherches et \'e7\loch\f40 a n\rquote \hich\f40 a pas emp\'ea
+\loch\f40 \hich\f40 ch\'e9\loch\f40 M le juge d\rquote instruction, et surtout son greffier, d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tudier le plancher planche \'e0\loch\f40 planch\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e, comme s\rquote \hich\f40
+il y avait eu une cave dessous\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le reporter, alors, r\'e9\loch\f40 apparut. Ses yeux brillaient, ses narines palpitaient\~\hich\f40 ; on e\'fb\loch\f40 t dit un jeune animal au retour d\rquote \hich\f40 un heureux aff\'fb\loch\f40 \hich\f40 t\'85
+\loch\f40 \hich\f40 Il resta \'e0\loch\f40 \hich\f40 quatre pattes. En v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 , je ne pouvais mieux le comparer dans m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 a pens\'e9\loch\f40 e qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40
+\hich\f40 une admirable b\'ea\loch\f40 \hich\f40 te de chasse sur la piste de quelque surprenant gibier\'85\loch\f40 Et il flaira les pas de l\rquote homme, de l\rquote homme qu\rquote il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait jur\'e9\loch\f40
+\hich\f40 de rapporter \'e0\loch\f40 \hich\f40 son ma\'ee\loch\f40 tre, M le directeur de }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c8\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , car il ne faut pas oublier que notre Joseph Rouletab
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ille \'e9\loch\f40 tait journaliste\~!
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ainsi, \'e0\loch\f40 quatre pattes, il s\rquote \hich\f40 en fut aux quatre coins de la pi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ce, reniflant tout, faisant le tour de tout, de tout ce que nous voyions, ce qui \'e9\loch\f40
+\hich\f40 tait peu de chose, et de tout ce que nous ne voyions pas et qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait, para\'ee\loch\f40 t-il, imme\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nse.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La table-toilette \'e9\loch\f40 tait une simple tablette sur quatre pieds\~\hich\f40 ; impossible de la transformer en une cachette passag\'e8\loch\f40 \hich\f40 re\'85\loch\f40 \hich\f40 Pas une armoire\'85
+\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson avait sa garde-robe au ch\'e2\loch\f40 teau.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le nez, les mains de Rouletabille montaient le long des murs, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qui\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient partout de brique \'e9\loch\f40 paisse}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . Quand il eut fini avec les murs et pass\'e9\loch\f40 ses doigts agiles sur toute la surface du papier jaune, atteignant ainsi le plafond auquel il put toucher, en montant sur une chaise qu\rquote \hich\f40
+il avait plac\'e9\loch\f40 e sur la table-toilette, et e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 n faisant glisser autour de la pi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ce cet ing\'e9\loch\f40 nieux escabeau\~\hich\f40 ; quand il eut fini avec le plafond o\'f9\loch\f40
+ il examina soigneusement la trace de l\rquote autre balle, il s\rquote \hich\f40 approcha de la fen\'ea\loch\f40 tre et ce fut encore le tour des barreaux et celui des volets, tous bien solides\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+et intacts. Enfin, il poussa un ouf\~\hich\f40 ! \'ab\~\loch\f40 de satisfaction\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 et d\'e9\loch\f40 \hich\f40 clara que, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 maintenant, il \'e9\loch\f40 tait tranquille\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Eh bien, croyez-vous qu\rquote \hich\f40 elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait enferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, la pauvre ch\'e8\loch\f40 re mademoiselle quand on nous l\rquote assassinait\~\hich\f40
+! Quand elle nous appelait \'e0\loch\f40 son secour\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 g\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit le p\'e8\loch\f40 re Jacques.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, fit le jeune reporter, en s\rquote \hich\f40 essuyant le front\'85\loch\f40 la }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait, ma foi, ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e comme un coffre-fort\'85}{
+\par
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 De fait, observai-je, voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 bien pourquoi ce myst\'e8\loch\f40 re est le plus surprenant que je connaisse, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 m\'ea
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 me dans le domaine de l\rquote imagination}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . Dans le\~}{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Double Assassinat de la rue Morgue}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , Edgar Poe n\rquote \hich\f40
+a rien invent\'e9\loch\f40 \hich\f40 de semblable. Le lieu du crime \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait assez ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 pour ne pas laisser \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapper un homme, mais il y avait encore cette fen\'ea\loch\f40
+tre par laquelle pouvait se\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 glisser l\rquote \hich\f40 auteur des assassinats qui \'e9\loch\f40 tait un singe\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Mais ici, il ne saurait \'ea\loch\f40 tre question d\rquote
+aucune ouverture d\rquote \hich\f40 aucune sorte. La porte close et les volets ferm\'e9\loch\f40 s comme ils l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient, et la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre ferm\'e9\loch\f40 e comme elle l\rquote \hich\f40 \'e9
+\loch\f40 tait, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 une mouche ne pouvait entrer\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ni sortir\~!}{
+\par
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 En v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ! En v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ! acquies\'e7\loch\f40 a Rouletabille, qui s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+pongeait toujours le front, semblant suer moins de son r\'e9\loch\f40 cent effort corporel que de l\rquote \hich\f40 agitation de ses pens\'e9\loch\f40 \hich\f40 es. En v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\~\loch\f40 ! C\rquote \hich\f40 est un tr\'e8
+\loch\f40 \hich\f40 s grand et tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s beau et tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s curieux myst\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40 te du Bon Dieu\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , bougonna le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40 te du Bon Dieu\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 elle-m\'ea\loch\f40 me, si elle avait commis le crime, n\rquote aurait pas pu s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapper\'85\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 coutez\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 L\rquote
+entendez-vous\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 Silence\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le p\'e8\loch\f40 re Jacques nous faisait signe de nous taire et, le bras\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tendu vers le mur, vers la prochaine for\'ea\loch\f40 \hich\f40 t, \'e9\loch\f40
+coutait quelque chose que nous n\rquote entendions point.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Elle est partie, finit-il par dire. Il faudra que je la tue\'85\loch\f40 \hich\f40 Elle est trop sinistre, cette b\'ea\loch\f40 \hich\f40 te-l\'e0\'85\loch\f40 mais c\rquote \hich\f40 est la \'ab\~
+\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40 te du Bon Dieu\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 ; elle va prier toute\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s les nuits sur la tombe de sainte Genevi\'e8\loch\f40 ve, et personne n\rquote \hich\f40
+ose y toucher de peur que la m\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Agenoux jette un mauvais sort\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Comment est-elle grosse, la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40 te du Bon Dieu\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quasiment comme un gros chien basset\'85\loch\f40 c\rquote est un monstre que je vous dis. Ah\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ! Je me suis demand\'e9\loch\f40 plus d\rquote \hich\f40 une fois si
+\'e7\loch\f40 a n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pas elle qui avait pris de ses griffes notre pauvre mademoiselle \'e0\loch\f40 \hich\f40 la gorge\'85\loch\f40 \hich\f40 Mais \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 la B\'ea\loch\f40 te du Bon Dieu\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 ne porte pas des godillots, ne tire pas des coups de revolver, n\rquote a pas une main pareille\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 s\rquote ex\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 lama le p\'e8\loch\f40
+re Jacques en nous montrant encore la main rouge sur le mur. Et puis, on l\rquote aurait vue aussi bien qu\rquote \hich\f40 un homme, et elle aurait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 enferm\'e9\loch\f40
+e dans la chambre et dans le pavillon, aussi bien qu\rquote un homme\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c8\loch\f40 videmment, fis-je. De loin, avant d\rquote avoi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r vu la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , je m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+\hich\f40 tais, moi aussi, demand\'e9\loch\f40 \hich\f40 si le chat de la m\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Agenoux\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous aussi\~! s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 cria Rouletabille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et vous\~? demandai-je.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Moi non, pas une minute\'85\loch\f40 depuis que j\rquote ai lu l\rquote article du }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Matin, je sais qu\rquote il ne s\rquote agit pas d\rquote \hich\f40 une b\'ea\loch\f40
+te\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 !}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Maintenant, je jure qu\rquote il s\rquote \hich\f40 est pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 \hich\f40 une trag\'e9\loch\f40 \hich\f40 die effroyable\'85\loch\f40 \hich\f40
+ Mais vous ne parlez pas du b\'e9\loch\f40 \hich\f40 ret retrouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 , ni du mouchoir, p\'e8\loch\f40 re Jacques\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le magistrat les a pris, bien entendu\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , fit l\rquote \hich\f40 autre avec h\'e9\loch\f40 sitation.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le reporter lui dit, tr\'e8\loch\f40 s grave\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Je\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\rquote \hich\f40 ai vu, moi, ni le mouchoir, ni le b\'e9\loch\f40 ret, mais je peux cependant vous dire comment ils sont faits.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes bien malin\'85\~\'bb\loch\f40 \hich\f40 , et le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques toussa, embarrass\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Le mouchoir est un gros mouchoir bleu \'e0\loch\f40 \hich\f40 raies rouges, et le b\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ret, est un vieux b\'e9\loch\f40 \hich\f40 ret basque, comme celui-l
+\'e0\loch\f40 , ajouta Rouletabille en montrant la coiffure de l\rquote homme.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est pourtant vrai\'85\loch\f40 \hich\f40 vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes sorcier\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et le p\'e8\loch\f40 re Jacques essaya de rire, mais n\rquote y parvint pas.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Comment qu\rquote vous savez que le mouchoir est bleu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 raies rouges\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Parce que, s\rquote il n\rquote \hich\f40 avait pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 bleu \'e0\loch\f40 raies rouges, on n\rquote \hich\f40 aurait pas trouv\'e9\loch\f40 de mouchoir du tout\~!\~
+\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Sans plus s\rquote \hich\f40 occuper du p\'e8\loch\f40 re Jacques, mon ami prit dans sa poche un morceau de papier blanc, ouvrit une paire de ciseaux, se pencha sur\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ les traces de pas, appliqua son papier sur l\rquote \hich\f40 une des traces et commen\'e7\loch\f40 \hich\f40 a \'e0\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 couper. Il eut ainsi une semelle de papier d\rquote \hich\f40 un contour tr\'e8\loch\f40
+s net, et me la donna en me priant de ne pas la perdre.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il se retourna ensuite vers la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre et, montrant au p\'e8\loch\f40 re Jac\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ques, Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan qui n\rquote
+\hich\f40 avait pas quitt\'e9\loch\f40 les bords de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tang, il s\rquote \hich\f40 inqui\'e9\loch\f40 ta de savoir si le policier n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait point venu, lui aussi, \'ab\~\loch\f40
+\hich\f40 travailler dans la Chambre Jaune\'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Non\~\hich\f40 ! r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondit M. Robert Darzac, qui, depuis que Rouletabille lui avait pass\'e9\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e petit bout de papier roussi, n\rquote \hich\f40
+avait pas prononc\'e9\loch\f40 \hich\f40 un mot. Il pr\'e9\loch\f40 tend qu\rquote il n\rquote \hich\f40 a point besoin de voir la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , que l\rquote \hich\f40 assassin est sorti de la \'ab\loch\f40
+\hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 d\rquote \hich\f40 une fa\'e7\loch\f40 \hich\f40 on tr\'e8\loch\f40 s naturelle, et qu\rquote il s\rquote en expliquera ce soir\~!
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 En entendant M. Robert \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Darzac parler ainsi, Rouletabille \endash chose extraordinaire \endash \hich\f40 p\'e2\loch\f40 lit.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan poss\'e9\loch\f40 \hich\f40 derait-il la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 que je ne fais que pressentir\~\hich\f40
+! murmura-t-il. Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan est tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s fort\'85\loch\f40 \hich\f40 tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s fort\'85\loch\f40 et je l\rquote \hich\f40 admire\'85\loch\f40 Mais aujourd\rquote
+hui, il s\rquote agit de faire mieux\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 une \'9c\loch\f40 \hich\f40 uvre de policier\'85\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 mieux que ce qu\rquote enseigne l\rquote \hich\f40 exp\'e9\loch\f40 rience
+\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 il s\rquote agit d\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 tre logique, }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 mais logique, entendez-moi bien, comme le bon Dieu a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 logique quand il a dit\~
+\hich\f40 : 2 + 2 = 4\'85\loch\f40 ! }{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 IL S\rquote AGIT DE PRENDRE LA RAISON PAR LE BON BOUT}{\~}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 !\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et le report\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 er se pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cipita dehors, \'e9\loch\f40 \hich\f40 perdu \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette id\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e que le grand, le fameux Fred pouvait apporter avant lui la solution du probl\'e8\loch\f40 \hich\f40 me de la \'ab\loch\f40 Chambre Jaune\~\hich\f40 !\'bb\~
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je parvins \'e0\loch\f40 le rejoindre sur le seuil du pavillon.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Allons\~\hich\f40 ! lui dis-je, calmez-vous\'85\loch\f40 vous n\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 tes donc \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pas content\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, m\rquote avoua-t-il avec un grand soupir}{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . Je suis tr\'e8\loch\f40 s content}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . J\rquote \hich\f40 ai d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+couvert bien des choses\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 De l\rquote ordre moral ou de l\rquote \hich\f40 ordre mat\'e9\loch\f40 riel\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Quelques-unes de l\rquote ordre moral et une de l\rquote \hich\f40 ordre mat\'e9\loch\f40 riel. Tenez, ceci, par exemple.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et, rapidement, il sortit de la poche de son gilet une feuille de papier qu\rquote \hich\f40 il avait d\'fb\loch\f40 \hich\f40 y serrer pendant son exp\'e9\loch\f40 \hich\f40
+dition sous le lit, et dans le pli de laquelle il avait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 pos\'e9\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 un cheveu blond de femme}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 .
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745254}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 VIII\line Le juge d\rquote instruction interroge Mlle
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Stangerson{\*\bkmkend _Toc97745254}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Cinq minutes plus tard, Joseph Rouletabille se penchait sur les empreintes de pas d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvertes dans le parc, sous la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre m\'ea\loch\f40 \hich\f40
+me du vestibule, quand un homme, qui devait \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre un serviteur du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, vint \'e0\loch\f40 \hich\f40 nous \'e0\loch\f40 \hich\f40 grandes enjamb\'e9\loch\f40 es\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+, et cria \'e0\loch\f40 M. Robert Darzac qui descendait du pavillon\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Vous savez, monsieur Robert, que le juge d\rquote instruction est en train d\rquote interroger mademoiselle.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Robert Darzac nous jeta aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t une vague excuse et se prit \'e0\loch\f40 \hich\f40 courir dans la direction du ch\'e2\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 teau\~; l\rquote \hich\f40
+homme courut derri\'e8\loch\f40 re lui.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Si le cadavre parle, fis-je, cela va devenir int\'e9\loch\f40 ressant.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il faut savoir, dit mon ami. Allons au ch\'e2\loch\f40 teau.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il m\rquote \hich\f40 entra\'ee\loch\f40 \hich\f40 na. Mais, au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, un gendarme plac\'e9\loch\f40 dans le vestibule nous interdit l\rquote \hich\f40 acc\'e8\loch\f40 s de l\rquote escali
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 er du premier \'e9\loch\f40 \hich\f40 tage. Nous d\'fb\loch\f40 mes attendre.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Pendant ce temps-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , voici ce qui se passait dans la chambre de la victime. Le m\'e9\loch\f40
+decin de la famille, trouvant que Mlle Stangerson allait beaucoup mieux, mais craignant une rechute fatale qui ne permettrait plus d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e l\rquote interroger, avait cru de son devoir d\rquote avertir le juge d\rquote \hich\f40
+instruction\'85\loch\f40 \hich\f40 et celui-ci avait r\'e9\loch\f40 \hich\f40 solu de proc\'e9\loch\f40 \hich\f40 der imm\'e9\loch\f40 \hich\f40 diatement \'e0\loch\f40 \hich\f40 un bref interrogatoire. \'c0\loch\f40 \hich\f40 cet interrogatoire assist
+\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent M. de Marquet, le greffier, M. Stangerson, le m\'e9\loch\f40 decin. Je me suis procur\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 plus tard, au moment du proc\'e8\loch\f40 \hich\f40
+s, le texte de cet interrogatoire. Le voici, dans toute sa s\'e9\loch\f40 cheresse juridique\~:
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Demande. \endash \hich\f40 Sans trop vous fatiguer, \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes-vous capable, mademoiselle, de nous donner quelques d\'e9\loch\f40 \hich\f40 tails n\'e9\loch\f40 cessaires sur l\rquote
+affreux attentat dont vo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 us avez \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 victime\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 R\'e9\loch\f40 ponse. \endash Je me sens beaucoup mieux, monsieur, et je vais vous dire ce que je sais. Quand j\rquote \hich\f40 ai p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 tr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ dans ma chambre, je ne me suis aper\'e7\loch\f40 ue de rien d\rquote anormal.
+\par
+\par }\pard \qj\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash Pardon, mademoiselle, si vous me le permettez, je vais vo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 us poser des questions et vous y r\'e9\loch\f40
+pondrez. Cela vous fatiguera moins qu\rquote \hich\f40 un long r\'e9\loch\f40 cit.
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }\pard \qj\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash Faites, monsieur.
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }\pard \qj\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 Quel fut ce jour-l\'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 emploi de votre journ\'e9\loch\f40 e\~\hich\f40 ? Je le d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+sirerais aussi pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cis, aussi m\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ticuleux que possible. Je voudrais, mademoiselle, suivre tous vos gestes, ce jour-l\'e0\loch\f40 , si ce n\rquote est point trop vous demander.
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash \hich\f40 Je me suis lev\'e9\loch\f40 \hich\f40 e tard, \'e0\loch\f40 \hich\f40 dix heures, car mon p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re et moi nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions rentr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+s tard dans la nuit, ayant assist\'e9\loch\f40 \hich\f40 au d\'ee\loch\f40 \hich\f40 ner et \'e0\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 a r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ception offerts par le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident de la R\'e9\loch\f40
+publique, en l\rquote \hich\f40 honneur des d\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 \hich\f40 gu\'e9\loch\f40 s de l\rquote \hich\f40 acad\'e9\loch\f40 \hich\f40 mie des sciences de Philadelphie. Quand je suis sortie de ma chambre, \'e0\loch\f40
+\hich\f40 dix heures et demie, mon p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 au travail dans le laboratoire. Nous avons travaill\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ ensemble jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 midi\~; nous avons fait une promenade d\rquote une demi-heure dans le parc\~\hich\f40 ; nous avons d\'e9\loch\f40 \hich\f40 jeun\'e9\loch\f40 \hich\f40 au ch\'e2\loch\f40
+teau. Une demi-heure de promenade, jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 une heure et demie, comme tous les jours. Puis, mon p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re et moi, nous retournons au laboratoire. L\'e0\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nous trouvons ma femme de chambre qui vient de faire ma chambre. J\rquote \hich\f40 entre dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 pour donner quelques ordres sans importance \'e0\loch\f40
+\hich\f40 cette domestique qui quitte le pavillon aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t et je me remets au travail avec mon p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re. \'c0\loch\f40 cinq heures, nous q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ittons le pavillon pour une nouvelle promenade et le th\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 Au moment de sortir, \'e0\loch\f40 \hich\f40 cinq heures, \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes-vous entr\'e9\loch\f40 e dans votre chambre\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash Non, monsieur, c\rquote \hich\f40 est mon p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re qui est entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans ma chambre, pour y chercher, sur ma pri\'e8\loch\f40 re, mon chapeau.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il n\rquote y a rien vu de suspect\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. S}{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 TANGERSON.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \endash \hich\f40 \'c8\loch\f40 videmment non, monsieur.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 Du reste, il est \'e0\loch\f40 \hich\f40 peu pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s s\'fb\loch\f40 r que l\rquote assassin n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pas encore sous le lit, \'e0\loch\f40
+\hich\f40 ce moment-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 . Quand vous \'ea\loch\f40 tes partie, la porte de la chambre n\rquote \hich\f40 avait pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 clef\~
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mlle S}{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 TANGERSON. \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non. Nous n\rquote \hich\f40 avions aucune raison pour cela\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 Vous avez \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 combien de temps partis du pavillon \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce moment-l\'e0\loch\f40 , M. Stangerson et vous\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash Une heure environ.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash C\rquote \hich\f40 est pendant cette heure-l\'e0\loch\f40 , sans doute, que l\rquote assassin s\rquote est \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 introduit dans le pavillon. Mais comment\~
+? On ne le sait pas. On trouve bien, dans le parc, des traces de pas }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qui s\rquote en vont}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 de la fen\'ea\loch\f40 tre du vestibule, on n\rquote en trouve point qui }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 y viennent}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . Aviez-vous remarqu\'e9\loch\f40 \hich\f40 que la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre du vestibule f\'fb\loch\f40 t ouverte quand v\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ous
+\'ea\loch\f40 \hich\f40 tes sortie avec votre p\'e8\loch\f40 re\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash Je ne m\rquote en souviens pas.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. S}{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 TANGERSON}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . \endash \hich\f40 Elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait ferm\'e9\loch\f40 e.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 Et quand vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes rentr\'e9\loch\f40 s\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mlle S}{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 TANGERSON.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \endash Je n\rquote ai pas fait attention.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. S}{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 TANGERSON.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \endash \hich\f40 Elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait encore ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85\loch\f40 , je m\rquote \hich\f40
+en souviens tr\'e8\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s bien, car, en rentrant, j\rquote ai dit tout haut\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vraiment, pendant notre absence, le p\'e8\loch\f40 re Jacques aurait pu ouvrir\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb\loch\f40
+
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 \'c8\loch\f40 trange\~!\~\hich\f40 \'c9\loch\f40 trange\~\hich\f40 ! Rappelez-vous, monsieur Stangerson, que le p\'e8\loch\f40 re Jacques, en votre absence, et avant de sortir, l\rquote avait ouver
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 te. Vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes donc rentr\'e9\loch\f40 \hich\f40 s \'e0\loch\f40 \hich\f40 six heures dans le laboratoire et vous vous \'ea\loch\f40 tes remis au travail\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mlle S}{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 TANGERSON.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \endash Oui, monsieur.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash Et vous n\rquote \hich\f40 avez plus quitt\'e9\loch\f40 \hich\f40 le laboratoire depuis cette heure-l\'e0\loch\f40 jusqu\rquote \hich\f40 au moment o\'f9\loch\f40 \hich\f40 vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes entr
+\'e9\loch\f40 e dans votre chambre\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. S}{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 TANGERSON.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \endash \hich\f40 Ni ma fille, ni moi, monsieur. Nous avions un travail tellement press\'e9\loch\f40
+ que nous ne perdions pas une minute. C\rquote \hich\f40 est \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce point que nous n\'e9\loch\f40 gligions toute autre chose.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 Vous avez d\'ee\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 dans le laboratoire\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash \hich\f40 Oui, pour la m\'ea\loch\f40 me rais\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 on.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 Avez-vous coutume de d\'ee\loch\f40 ner dans le laboratoire\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash \hich\f40 Nous y d\'ee\loch\f40 nons rarement.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash L\rquote \hich\f40 assassin ne pouvait pas savoir que vous d\'ee\loch\f40 \hich\f40 neriez, ce soir-l\'e0\loch\f40 , dans le laboratoire\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. S}{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 TANGERSON. }{\endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mon Dieu,\~\hich\f40 monsieur, je ne pense pas\'85\loch\f40 C\rquote est dans le temps \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+que nous revenions, vers six heures, au pavillon, que je pris cette r\'e9\loch\f40 \hich\f40 solution de d\'ee\loch\f40 \hich\f40 ner dans le laboratoire, ma fille et moi. \'c0\loch\f40 \hich\f40 ce moment, je fus abord\'e9\loch\f40
+ par mon garde qui me retint un instant pour me demander de l\rquote \hich\f40 accompagner dans une tourn\'e9\loch\f40 e urgente du c\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'f4\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 des bois dont j\rquote
+\hich\f40 avais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 cid\'e9\loch\f40 la coupe. Je ne le pouvais point et remis au lendemain cette besogne, et je priai alors le garde, puisqu\rquote \hich\f40 il passait par le ch\'e2\loch\f40 teau, d\rquote \hich\f40 avertir le ma
+\'ee\loch\f40 tre d\rquote \hich\f40 h\'f4\loch\f40 \hich\f40 tel que nous d\'ee\loch\f40 nerions dans le laboratoire. Le garde me quitta, all\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+nt faire ma commission, et je rejoignis ma fille \'e0\loch\f40 laquelle j\rquote avais remis la clef du pavillon et qui l\rquote \hich\f40 avait laiss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e sur la porte \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 ext\'e9\loch\f40 \hich\f40
+rieur. Ma fille \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 au travail.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 \'c0\loch\f40 \hich\f40 quelle heure, mademoiselle, avez-vous p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 tr\'e9\loch\f40 dans votre chambre pendan\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+t que votre p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re continuait \'e0\loch\f40 travailler\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mlle S}{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 TANGERSON. }{\endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c0\loch\f40 minuit.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans le courant de la soir\'e9\loch\f40 \hich\f40 e dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\~
+\loch\f40 ?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash \hich\f40 Pour fermer les volets et allumer la veilleuse, comme chaque soir\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash Il n\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 a rien remarqu\'e9\loch\f40 de suspect\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash Il nous l\rquote \hich\f40 aurait dit. Le p\'e8\loch\f40 re Jacques est un brave homme qui m\rquote aime beaucoup.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Demande. -vous affirmez, Monsieur Stangerson, que le p\'e8\loch\f40 re Jacques, ensuite, n\rquote \hich\f40 a pas quitt\'e9\loch\f40 le laboratoire\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash Vous affirmez, monsieur Stan\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 gerson, que le p\'e9\loch\f40 re Jacques, ensuite, n\rquote \hich\f40 a pas quitt\'e9\loch\f40 le laboratoire\~? Qu\rquote \hich\f40 il est rest
+\'e9\loch\f40 tout le temps avec vous\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. S}{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 TANGERSON. }{\endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40 en suis s\'fb\loch\f40 r. Je n\rquote \hich\f40 ai aucun soup\'e7\loch\f40 \hich\f40 on de ce c\'f4\loch\f40
+\hich\f40 t\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 Mademoiselle, quand vous avez p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 tr\'e9\loch\f40 dans votre chambre, vous avez imm\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 diatement ferm\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 votre porte \'e0\loch\f40 clef et au verrou\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 bien des pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cautions, sachant que votre p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re et votre serviteur sont l\'e0\loch\f40 . Vous craigniez donc quelque chose\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash \hich\f40 Mon p\'e8\loch\f40 re n\rquote \hich\f40 allait pas tarder \'e0\loch\f40 \hich\f40 rentrer au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, et le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, \'e0\loch\f40 aller se c
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 oucher. Et puis, en effet, je craignais quelque chose.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 Vous craigniez si bien quelque chose que vous avez emprunt\'e9\loch\f40 \hich\f40 le revolver du p\'e8\loch\f40 re Jacques sans le lui dire\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash C\rquote est vrai, je ne voulais effrayer personne, d\rquote autant plus que mes craintes pouvai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ent \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait pu\'e9
+\loch\f40 riles.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash Et que craigniez-vous donc\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash Je ne saurais au juste vous le dire\~; depuis plusieurs nuits, il me semblait entendre dans le parc et hors du parc, autour du pavillon, des bruits insolites, quelquefois des pas, des c
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 raquements de branches. La nuit qui a pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 c\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 attentat, nuit o\'f9\loch\f40 \hich\f40 je ne me suis pas couch\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e avant trois heures du matin, \'e0\loch\f40 notre retour de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 lys\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, je suis rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 e un instant \'e0\loch\f40 \hich\f40 ma fen\'ea\loch\f40 tre et j\rquote \hich\f40
+ai bien cru voir des ombres\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash Combien d\rquote ombres\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash Deu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 x ombres qui tournaient autour de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tang\'85\loch\f40 puis la lune s\rquote \hich\f40 est cach\'e9\loch\f40 e et je n\rquote \hich\f40
+ai plus rien vu. \'c0\loch\f40 \hich\f40 cette \'e9\loch\f40 poque de la saison, tous les ans, j\rquote \hich\f40 ai d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 gr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ mon appartement du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau o\'f9\loch\f40 je reprends mes habitudes d\rquote hiver\~\hich\f40 ; mais, cette ann\'e9\loch\f40 e, je m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tais di\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 que je ne quitterais le pavillon que lorsque mon p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re aurait termin\'e9\loch\f40 , pour l\rquote \hich\f40 acad\'e9\loch\f40 \hich\f40 mie des sciences, le r\'e9\loch\f40 \hich\f40 sum\'e9
+\loch\f40 de ses travaux sur\~\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 la Dissociation de la mati\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Je ne voulais pas que cette \'9c\loch\f40 \hich\f40 uvre consid\'e9\loch\f40 \hich\f40 rable, qui allait
+\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre achev\'e9\loch\f40 e dans quelques jour\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t troubl\'e9\loch\f40 \hich\f40 e par un changement quelconque dans nos habitudes imm\'e9
+\loch\f40 diates. Vous comprendrez que je n\rquote \hich\f40 aie point voulu parler \'e0\loch\f40 \hich\f40 mon p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re de mes craintes enfantines et que je les aie tues au p\'e8\loch\f40 re Jacques qui n\rquote
+aurait pu tenir sa langue. Quoi qu\rquote il en soit, c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 mme je savais que le p\'e8\loch\f40 re Jacques avait un revolver dans le tiroir de sa table de nuit, je profitai d\rquote
+\hich\f40 un moment o\'f9\loch\f40 le bonhomme s\rquote \hich\f40 absenta dans la journ\'e9\loch\f40 e pour monter rapidement dans son grenier et emporter son arme que je glissai dans le tiroir de ma table\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 de nuit, \'e0\loch\f40 moi.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash Vous ne vous connaissez pas d\rquote ennemis\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash Aucun.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 Vous comprendrez, mademoiselle, que ces pr\'e9\loch\f40 cautions exceptionnelles sont faites pour surprendre.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. S}{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 TANGERSON. }{\endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c8\loch\f40 \hich\f40 videmment, mon enfant, voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 des pr\'e9\loch\f40 cautions bien surprenan
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 tes.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash Non\~; je vous dis que, depuis deux nuits, je n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tais pas tranquille, mais pas tranquille du tout.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. S}{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 TANGERSON. }{\endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Tu aurais d\'fb\loch\f40 \hich\f40 me parler de cela. Tu es impardonnable. Nous aurions \'e9\loch\f40 \hich\f40 vit
+\'e9\loch\f40 un malheur\~!
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 La porte de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 ferm\'e9\loch\f40 e,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 mademoiselle, vous vous couchez\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash \hich\f40 Oui, et, tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s fatigu\'e9\loch\f40 e, je dors tout de suite.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 La veilleuse \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 e allum\'e9\loch\f40 e\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash Oui\~\hich\f40 ; mais elle r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pand une tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s faible clart\'e9\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 Alors, mademoiselle, dites ce qui est arriv\'e9\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash Je ne sais s\rquote i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 l y avait longtemps que je dormais, mais soudain je me r\'e9\loch\f40 \hich\f40 veille\'85\loch\f40 \hich\f40 Je poussai un grand cri\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. S}{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 TANGERSON. }{\endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Oui, un cri horrible\'85\loch\f40 \hich\f40 \'c0\loch\f40 l\rquote assassin\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Je l\rquote
+\hich\f40 ai encore dans les oreilles\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash Vous poussez un grand cri\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash \hich\f40 Un homme \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tait dans ma chambre. Il se pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cipitait sur moi, me mettait la main \'e0\loch\f40 la gorge, essayait de m\rquote \hich\f40
+\'e9\loch\f40 trangler. J\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 touffais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ; tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 coup, ma main, dans le tiroir entrouvert de ma table de nuit, parvint \'e0\loch\f40
+ saisir le revolver que j\rquote \hich\f40 y avais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 pos\'e9\loch\f40 \hich\f40 et qui \'e9\loch\f40 tait\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ tirer. \'c0\loch\f40 ce moment, l\rquote \hich\f40 homme me fit rouler \'e0\loch\f40 \hich\f40 bas de mon lit et brandit sur ma t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te une esp\'e8\loch\f40 ce de masse. Mais j\rquote \hich\f40 avais tir\'e9\loch\f40 \hich\f40
+. Aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t, je me sentis frapp\'e9\loch\f40 \hich\f40 e par un grand coup, un coup terrible \'e0\loch\f40 \hich\f40 la t\'ea\loch\f40 te. Tout ceci, monsieur le juge, fut plus rapide que\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 je ne le pourrais dire, et je ne sais plus rien.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash Plus rien\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Vous n\rquote \hich\f40 avez pas une id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e de la fa\'e7\loch\f40 on dont l\rquote assassin a pu s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chapper de votre chambre
+\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash \hich\f40 Aucune id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85\loch\f40 Je ne sais plus rien. On ne sait pas ce qui se passe autour de soi quand on est \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 morte\~!
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash \hich\f40 Cet homme \'e9\loch\f40 tait-il grand ou petit\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash Je n\rquote ai vu qu\rquote une ombre qui m\rquote \hich\f40 a paru formidable\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D. \endash Vous ne pouvez nous donner aucune indication\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R. \endash Monsieur, je ne sais plus rien\~; un homme s\rquote \hich\f40 est ru\'e9\loch\f40 sur moi, j\rquote \hich\f40 ai tir\'e9\loch\f40 \hich\f40 sur lui\'85\loch\f40 Je ne sais p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 lus rien\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ici se termine l\rquote \hich\f40 interrogatoire de Mlle Stangerson. Joseph Rouletabille attendit patiemment M. Robert Darzac. Celui-ci ne tarda pas \'e0\loch\f40 \hich\f40 appara\'ee\loch\f40 tre.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Dans une pi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ce voisine de la chambre de Mlle Stangerson, il avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 cout\'e9\loch\f40 l\rquote interrogatoire et venai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+t le rapporter \'e0\loch\f40 \hich\f40 notre ami avec une grande exactitude, une grande m\'e9\loch\f40 \hich\f40 moire, et une docilit\'e9\loch\f40 \hich\f40 qui me surprit encore. Gr\'e2\loch\f40 \hich\f40 ce aux notes h\'e2\loch\f40 tives qu\rquote
+\hich\f40 il avait prises au crayon, il put reproduire presque textuellement les demandes et les r\'e9\loch\f40 ponses.
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 En v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 , M. Dar\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 zac avait l\rquote air d\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre le secr\'e9\loch\f40
+taire de mon jeune ami et agissait en tout comme quelqu\rquote un qui n\rquote \hich\f40 a rien \'e0\loch\f40 lui refuser\~; mieux encore, quelqu\rquote \hich\f40 un \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 qui aurait travaill\'e9\loch\f40 pour lui\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le fait de la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre ferm\'e9\loch\f40 e\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 frappa beaucoup le reporter comme il avait f\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rapp\'e9
+\loch\f40 le juge d\rquote \hich\f40 instruction. En outre, Rouletabille demanda \'e0\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac de lui r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 ter encore l\rquote
+emploi du temps de M. et Mlle Stangerson le jour du drame, tel que Mlle Stangerson et M. Stangerson l\rquote \hich\f40 avaient \'e9\loch\f40 \hich\f40 tabli devant le juge. La circonstance du d\'ee\loch\f40 ner d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ns le laboratoire sembla l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 resser au plus haut point et il se fit redire deux fois, pour en \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre plus s\'fb\loch\f40 \hich\f40
+r, que, seul, le garde savait que le professeur et sa fille d\'ee\loch\f40 naient dans le laboratoire, et de quelle sorte le garde l\rquote avait su.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Quand M. Darzac s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e fut tu, je dis\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 un interrogatoire qui ne fait pas avancer beaucoup le probl\'e8\loch\f40 me.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il le recule, obtemp\'e9\loch\f40 ra M. Darzac.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 claire\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , fit, pensif, Rouletabille.
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745255}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 IX\line Reporter et policier{\*\bkmkend _Toc97745255}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous retourn\'e2\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 mes tous trois du c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 du pavillon. \'c0\loch\f40 \hich\f40 une centaine de m\'e8\loch\f40 \hich\f40 tres du b
+\'e2\loch\f40 \hich\f40 timent, le reporter nous arr\'ea\loch\f40 ta, et, nous montrant un petit bosquet sur notre droite, il nous dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40 d\rquote \hich\f40 o\'f9\loch\f40 est parti l\rquote assassin pour entrer dans le pavillon.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Comme il y avait d\rquote aut\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 res bosquets de cette sorte entre les grands ch\'ea\loch\f40 nes, je demandai pourquoi l\rquote \hich\f40 assassin avait choisi celui-ci plut\'f4\loch\f40
+t que les autres\~\hich\f40 ; Rouletabille me r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondit en me d\'e9\loch\f40 \hich\f40 signant le sentier qui passait tout pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s de ce bosquet et qui conduisait \'e0\loch\f40 la porte du pavi
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 lon.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ce sentier est garni de graviers, comme vous voyez, fit-il. }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il faut}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 que l\rquote \hich\f40 homme ait pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 par l\'e0
+\loch\f40 pour aller au pavillon, puisqu\rquote on ne trouve pas la trace de ses pas du\~}{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 voyage aller}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , sur la terre molle. Cet homme n\rquote a point d\rquote \hich\f40 ailes. Il a march
+\'e9\~\loch\f40 ; mai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s il a march\'e9\loch\f40 \hich\f40 sur le gravier qui a roul\'e9\loch\f40 sous sa chaussure sans en conserver l\rquote empreinte\~\hich\f40 : ce gravier, en effet, a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 roul\'e9\loch\f40 par beaucoup d\rquote \hich\f40 autres pieds puisque le sentier est le plus direct qui aille du pavillon au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau. Quant au bosquet, form\'e9\loch\f40 de ces
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 sortes de plantes qui ne meurent point pendant la mauvaise saison \endash lauriers et fusains \endash \hich\f40 il a fourni \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40
+assassin un abri suffisant en attendant que le moment f\'fb\loch\f40 t venu, pour celui-ci, de se diriger vers le pavillon. C\rquote \hich\f40 est, cach\'e9\loch\f40 dans ce bosquet, que l\rquote ho\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 me a vu sortir M. et Mlle Stangerson, puis le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques. On a r\'e9\loch\f40 pandu du gravier jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 tre \endash presque
+\endash du vestibule. Une empreinte des pas de l\rquote homme, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 parall\'e8\loch\f40 le}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 au mur, empreinte que nous remarquions tout \'e0\loch\f40 l\rquote
+heure, et que j\rquote \hich\f40 ai d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 vue, prouve\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qu\rquote \~\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 il\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 n\rquote \hich\f40 a eu \'e0\loch\f40 faire qu\rquote \hich\f40
+une enjamb\'e9\loch\f40 \hich\f40 e pour se trouver en face de la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre du vestibule, laiss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e ouverte par le p\'e8\loch\f40 re Jacques. L\rquote \hich\f40 homme se hissa alors sur les poignets, et p\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 tra dans le vestibule.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Apr\'e8\loch\f40 s tout, c\rquote est bien possible\~\hich\f40 ! fis-je\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Apr\'e8\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 tout, quoi\~\hich\f40 ? apr\'e8\loch\f40 s tout, quoi\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 cria Rouletabille, soudain pris d\rquote
+\hich\f40 une col\'e8\loch\f40 re que j\rquote \hich\f40 avais bien innocemment d\'e9\loch\f40 \hich\f40 cha\'ee\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85\loch\f40 Pourquoi dites-vous\~\hich\f40 : apr\'e8\loch\f40 s tout, c\rquote
+est bien possible\~!...\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je le suppliai de ne point se f\'e2\loch\f40 cher, mais il l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 beaucoup tr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 op pour m\rquote
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 couter, et il d\'e9\loch\f40 clara qu\rquote \hich\f40 il admirait le doute prudent avec lequel certaines gens (moi) abordaient de loin les probl\'e8\loch\f40 \hich\f40 mes les plus simples, ne se risquant jamais \'e0
+\loch\f40 dire\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 ceci est\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ou \'ab\~\loch\f40 ceci n\rquote est pas\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , de telle sorte que leur intelligence ab\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 utissait tout juste au m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me r\'e9\loch\f40 \hich\f40 sultat qui aurait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 obtenu si la nature avait oubli\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ de garnir leur bo\'ee\loch\f40 \hich\f40 te cr\'e2\loch\f40 nienne d\rquote \hich\f40 un peu de mati\'e8\loch\f40 \hich\f40 re grise. Comme je paraissais vex\'e9\loch\f40 , mon jeune ami me prit par le bras et m\rquote \hich\f40 accorda \'ab\~\loch\f40
+qu\rquote il n\rquote avait point dit cela pour moi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 attendu qu\rquote il m\rquote \hich\f40 avait en particuli\'e8\loch\f40 re estime\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Mais enfin\~! reprit-il, il est quelquefois criminel de ne point, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 quand on le peut}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , raisonner \'e0\loch\f40 \hich\f40 coup s\'fb
+\loch\f40 r\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Si je ne raisonne point, comme je le fais, avec ce gravier, il me faudra raisonner avec un ballo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\~! Mon cher, la science de l\rquote \hich\f40 a\'e9\loch\f40 rostation dirigeable n
+\rquote \hich\f40 est point encore assez d\'e9\loch\f40 \hich\f40 velopp\'e9\loch\f40 e pour que je puisse faire entrer, dans le jeu de mes cogitations, l\rquote assassin qui tombe du ciel\~! Ne dites donc point qu\rquote
+une chose est possible, quand il est impossible\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qu\rquote elle soit autrement. Nous savons, maintenant, comment l\rquote \hich\f40 homme est entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 par la fen\'ea\loch\f40
+\hich\f40 tre, et nous savons aussi \'e0\loch\f40 \hich\f40 quel moment il est entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Il y est entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 pendant la promenade de cinq heures. Le fait de la pr\'e9\loch\f40 sence de la femme de chambre }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qui}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 vient de faire\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 la Chambre Jaune}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+, dans le laboratoire, au moment du retour du professeur et de sa fille, \'e0\loch\f40 une heure et demie, nous permet d\rquote affirmer qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 une heure et demie, l\rquote assassin n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tait pas dans la chambre, sous le lit, \'e0\loch\f40 moins qu\rquote il n\rquote \hich\f40 y ait complicit\'e9\loch\f40 de la femm\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e de chambre. Qu\rquote en dites-vous, Monsieur Robert Darzac\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac secoua la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te, d\'e9\loch\f40 clara qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait s\'fb\loch\f40 \hich\f40 r de la fid\'e9\loch\f40 \hich\f40 lit\'e9\loch\f40
+ de la femme de chambre de Mlle Stangerson, et que c\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait une fort honn\'ea\loch\f40 \hich\f40 te et fort d\'e9\loch\f40 \hich\f40 vou\'e9\loch\f40 e domestique.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Et puis, \'e0\loch\f40 cinq heures, M\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . Stangerson est entr\'e9\loch\f40 dans la chambre pour chercher le chapeau de sa fille\~\hich\f40 ! ajouta-t-il\'85
+
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il y a encore cela\~! fit Rouletabille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 homme est donc entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 , dans le moment que vous dites, par cette fen\'ea\loch\f40 tre, fis-je, je l\rquote admets, mais pourquoi a-t-il refe\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 rm\'e9\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, ce qui devait, n\'e9\loch\f40 cessairement, attirer l\rquote attention de ceux qui l\rquote avaient ouverte\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 il se peut que la fen\'ea\loch\f40 tre n\rquote \hich\f40 ait point \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 referm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'ab\~\loch\f40 tout de suite\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\hich\f40 , me r\'e9\loch\f40 pondit le jeune reporter. }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais, s\rquote \hich\f40 il a referm\'e9\loch\f40 la}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 fen\'ea\loch\f40 tre, il l
+\rquote \hich\f40 a referm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 cause du coude que fait le sentier garni de gravier, \'e0\loch\f40 \hich\f40 vingt-cinq m\'e8\loch\f40 \hich\f40 tres du pavillon, et \'e0\loch\f40
+\hich\f40 cause des trois ch\'ea\loch\f40 nes qui s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e8\loch\f40 \hich\f40 vent \'e0\loch\f40 cet endroit.}{
+\par
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Que voulez-vous dire\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 demanda M. Robert Darzac qui nous avait suivis, et qui \'e9\loch\f40 coutait Rouletabille avec un\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+e attention presque haletante.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Je vous l\rquote expliquerai plus tard, monsieur, quand j\rquote en jugerai le moment venu\~\hich\f40 ; mais je ne crois pas avoir prononc\'e9\loch\f40 de paroles plus importantes sur cette affaire, }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 si mon hypoth\'e8\loch\f40 se se justifie}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 .
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et quelle est votre hypoth\'e8\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 se\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vous ne la saurez jamais si elle ne se r\'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e8\loch\f40 \hich\f40 le point \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 . C\rquote \hich\f40 est une hypoth
+\'e8\loch\f40 se beaucoup trop grave, voyez-vous, pour que je la livre tant qu\rquote elle ne sera qu\rquote \hich\f40 hypoth\'e8\loch\f40 se.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Avez-vous, au moins, quelque id\'e9\loch\f40 e de l\rquote assassin\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non, monsieur, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 je ne sais pas qui est l\rquote assassin, mais ne craignez rien, monsieur Robert Darzac}{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , je le saurai}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 .\~
+\hich\f40 \'bb
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je dus constater que M. Robert Darzac \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s \'e9\loch\f40 mu\~\hich\f40 ; et je soup\'e7\loch\f40 onnai que l\rquote affirmation de Rouletabille n\rquote \hich\f40
+\'e9\loch\f40 tait point pour lui plaire. Alors, pourquoi, s\rquote il\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 craignait r\'e9\loch\f40 ellement qu\rquote \hich\f40 on d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvr\'ee\loch\f40 t l\rquote \hich\f40
+assassin (je questionnais ici ma propre pens\'e9\loch\f40 \hich\f40 e), pourquoi aidait-il le reporter \'e0\loch\f40 le retrouver\~\hich\f40 ? Mon jeune ami sembla avoir re\'e7\loch\f40 \hich\f40 u la m\'ea\loch\f40
+me impression que moi, et il dit brutalement\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Cela ne vous d\'e9\loch\f40 \hich\f40 pla\'ee\loch\f40 t pas, monsie\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ur Robert Darzac, que je d\'e9\loch\f40 couvre l\rquote assassin\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~! je voudrais le tuer de ma main\~! s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 cria le fianc\'e9\loch\f40 \hich\f40 de Mlle Stangerson, avec un \'e9\loch\f40 \hich\f40 lan qui me stup\'e9\loch\f40 fia.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je vous crois\~! fit gravement Rouletabille, mais vous n\rquote \hich\f40 avez pas r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondu \'e0\loch\f40 ma question.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Nous p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 assions pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s du bosquet, dont le jeune reporter nous avait parl\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote instant\~; j\rquote \hich\f40
+y entrai et lui montrai les traces \'e9\loch\f40 videntes du passage d\rquote un homme qui s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait cach\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 . Rouletabille, une fois de plus, avait raison.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Mais oui\~! fit-il, mais oui\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Nous \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 avons affaire \'e0\loch\f40 un individu en chair et en os, qui ne dispose pas d\rquote \hich\f40
+autres moyens que les n\'f4\loch\f40 tres, et il faudra bien que tout s\rquote arrange\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ce disant, il me demanda la semelle de papier qu\rquote il m\rquote \hich\f40 avait confi\'e9\loch\f40 e et l\rquote \hich\f40 appliqua sur une empreinte tr\'e8\loch\f40 s nette, derr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 i
+\'e8\loch\f40 re le bosquet. Puis il se releva en disant\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Parbleu\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je croyais qu\rquote \hich\f40 il allait, maintenant, suivre \'e0\loch\f40 \hich\f40 la piste \'ab\~\loch\f40 les pas de la fuite de l\rquote assassin\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , depuis la fen\'ea\loch\f40
+\hich\f40 tre du vestibule, mais il nous entra\'ee\loch\f40 \hich\f40 na assez loin vers la gauche, en nous d\'e9\loch\f40 clarant q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ue c\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait inutile de se mettre le nez sur cette fange, et qu
+\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait s\'fb\loch\f40 r, maintenant, de tout le chemin de la fuite de l\rquote assassin.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Il est all\'e9\loch\f40 jusqu\rquote \hich\f40 au bout du mur, \'e0\loch\f40 \hich\f40 cinquante m\'e8\loch\f40 \hich\f40 tres de l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , et puis il a saut\'e9\loch\f40
+\hich\f40 la haie et le foss\'e9\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ; tenez, juste en face ce petit sentier qui conduit \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tang. C\rquote \hich\f40 est le chemin le plus rapide pour sortir de la propri
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 et aller \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tang.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Comment savez-vous qu\rquote \hich\f40 il est all\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tang\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Parce que Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan n\rquote \hich\f40 en a pas quitt\'e9\loch\f40 les bords depuis c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e matin. Il doit y avoir l\'e0
+\loch\f40 de fort curieux indices.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quelques minutes plus tard, nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions pr\'e8\loch\f40 s de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tang.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait une petite nappe d\rquote \hich\f40 eau mar\'e9\loch\f40 \hich\f40 cageuse, entour\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e de roseaux, et sur laquelle flottaient encore quelques pauvres feuilles mortes de n\'e9\loch\f40 nupha\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r. Le grand Fred nous vit peut-\'ea\loch\f40 tre venir, mais il est probable que nous l\rquote \hich\f40 int
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 ressions peu, car il ne fit gu\'e8\loch\f40 \hich\f40 re attention \'e0\loch\f40 \hich\f40 nous et continua de remuer, du bout de sa canne, quelque chose que nous ne voyions pas\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Tenez, fit Rouletabille, voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 nouveau\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 les pas de la fuite de l\rquote homme}{\~}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ; ils tournent l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tang ici, reviennent et disparaissent enfin, pr\'e8\loch\f40 s de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tang, juste devant ce sentier qui conduit \'e0\loch\f40
+ la grande route d\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 pinay. L\rquote \hich\f40 homme a continu\'e9\loch\f40 \hich\f40 sa fuite vers Paris\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Qui vous le fait croire, interrompis-\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 je, puisqu\rquote il n\rquote y a plus les pas de l\rquote homme sur le sentier\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ce qui me le fait croire\~\hich\f40 ? Mais ces pas-l\'e0\loch\f40 , ces pas que j\rquote attendais\~! s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 cria-t-il, en d\'e9\loch\f40 signant l\rquote \hich\f40 empreinte tr
+\'e8\loch\f40 s nette d\rquote \hich\f40 une \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 chaussure \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 gante\~\hich\f40 \'bb\'85\loch\f40 Voyez\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et il interpella Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric L\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 arsan.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Monsieur Fred, cria-t-il\'85\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 ces pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 gants\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 sur la route sont bien l\'e0\loch\f40
+\hich\f40 depuis la d\'e9\loch\f40 couverte du crime\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, jeune homme\~\hich\f40 ; oui, ils ont \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 relev\'e9\loch\f40 \hich\f40 s soigneusement, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondit Fred sans lever la t\'ea\loch\f40
+te. Vous voyez, il y a les pas qui viennent, et l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 es pas qui repartent\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et cet homme avait une bicyclette\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 cria le reporter\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ici, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir regard\'e9\loch\f40 \hich\f40 les empreintes de la bicyclette qui suivaient, aller et retour, les pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40
+gants, je crus pouvoir intervenir.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 La bicyclette explique la dispari\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 tion des pas grossiers de l\rquote assassin, fis-je. L\rquote \hich\f40 assassin, aux pas grossiers, est mont\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 bicyclette\'85\loch\f40 \hich\f40 Son complice, \'ab\~\loch\f40 l\rquote \hich\f40 homme aux pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 gants\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , \'e9\loch\f40 tait venu l\rquote attendre au bord de l
+\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tang, avec la bicyclette. On peut supposer que l\rquote assassin agissait pour le\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 compte de l\rquote \hich\f40 homme aux pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9
+\loch\f40 gants\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non\~! non\~\hich\f40 ! r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pliqua Rouletabille avec un \'e9\loch\f40 \hich\f40 trange sourire\'85\loch\f40 J\rquote \hich\f40 attendais ces pas-l\'e0\loch\f40 depuis le commencement de l
+\rquote affaire. Je les ai, je ne vous les abandonne pas. Ce sont les pas de l\rquote assassin\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et les autres pas, les pas grossiers, qu\rquote en faites-vous\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ce sont encore les pas de l\rquote assassin.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Alors, il y en a deux\~?
+\par
+\par \endash \~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non\~! Il n\rquote y en a qu\rquote un, et il n\rquote \hich\f40 a pas eu de complice\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Tr\'e8\loch\f40 s fort\~\hich\f40 ! tr\'e8\loch\f40 s fort\~\hich\f40 ! cria de sa place Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Tenez, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 continua le jeune reporter, en nous montrant la terre remu\'e9\loch\f40 e par des talons grossiers\~; l\rquote homme s\rquote \hich\f40 est assis l\'e0\loch\f40
+\hich\f40 et a enlev\'e9\loch\f40 les godillots qu\rquote il avait mis pour tromper la justice, et puis, les emportant sans doute avec lui, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 il s\rquote \hich\f40 est relev\'e9\loch\f40 \hich\f40 avec ses pieds \'e0
+\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ui}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 et, tranquillement, a regagn\'e9\loch\f40 \hich\f40 , au pas, la grande route, en tenant sa bicyclette \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ la main. Il ne pouvait se risquer, sur ce tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s mauvais sentier, \'e0\loch\f40 \hich\f40 courir \'e0\loch\f40 bicyclette. Du reste, ce qui le prouve, c\rquote \hich\f40 est la marque l\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e8\loch\f40
+\hich\f40 re et h\'e9\loch\f40 \hich\f40 sitante de la b\'e9\loch\f40 cane sur le \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 sentier, malgr\'e9\loch\f40 la mollesse du sol. S\rquote \hich\f40
+il y avait eu un homme sur cette bicyclette, les roues fussent entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 es profond\'e9\loch\f40 \hich\f40 ment dans le sol\'85\loch\f40 Non, non, il n\rquote \hich\f40 y avait l\'e0\loch\f40 qu\rquote un seul homme\~: L\rquote
+\hich\f40 assassin, \'e0\loch\f40 pied\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Bravo\~! Bravo\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 fit encore le grand Fred\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et, tou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 \hich\f40 coup, celui-ci vint \'e0\loch\f40 nous, se planta devant M. Robert Darzac et lui dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Si nous avions une bicyclette ici\'85\loch\f40 \hich\f40 nous pourrions d\'e9\loch\f40 \hich\f40 montrer la justesse du raisonnement de ce jeune homme, monsieur Robert Darzac\'85\loch\f40 }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous ne savez pas}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\rquote il s\rquote en trouve une au c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 h\'e2\loch\f40 teau\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non\~\hich\f40 ! r\'e9\loch\f40 pondit M. Darzac, il n\rquote y en a pas\~; j\rquote \hich\f40 ai emport\'e9\loch\f40 \hich\f40 la mienne, il y a quatre jours, \'e0\loch\f40 \hich\f40 Paris, la derni\'e8\loch\f40
+\hich\f40 re fois que je suis venu au ch\'e2\loch\f40 teau avant le crime.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est dommage\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 pliqua Fred sur le ton d\rquote \hich\f40 une extr\'ea\loch\f40 me froideur.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et, se retourn\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ant vers Rouletabille\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Si cela continue, dit-il, vous verrez que nous aboutirons tous les deux aux m\'ea\loch\f40 \hich\f40 mes conclusions. Avez-vous une id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e sur la fa\'e7\loch\f40 on dont l
+\rquote \hich\f40 assassin est sorti de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Oui, fit mon ami, une id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Moi aussi, continua Fred, et ce doit \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre la m\'ea\loch\f40 me. Il n\rquote \hich\f40 y a pas deux fa\'e7\loch\f40 ons de raisonner dans cette affaire. J\rquote attends, pour m
+\rquote expliquer devant le juge, l\rquote \hich\f40 arriv\'e9\loch\f40 e de mon chef.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! Le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 va venir\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Oui, cet apr\'e8\loch\f40 s-midi, pour la confron\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 tation dans le laboratoire, devant le juge d\rquote \hich\f40 instruction, de tous ceux qui ont jou\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ ou pu jouer un r\'f4\loch\f40 \hich\f40 le dans le drame. Ce sera tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s int\'e9\loch\f40 ressant. Il est malheureux que vous ne puissiez y assister.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote y assisterai, affirma Rouletabille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vraiment\'85\loch\f40 \hich\f40 vous \'ea\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tes extraordinaire\'85\loch\f40 \hich\f40 pour votre \'e2\loch\f40 ge\~\hich\f40 ! r\'e9\loch\f40 \hich\f40
+pliqua le policier sur un ton non d\'e9\loch\f40 \hich\f40 nu\'e9\loch\f40 d\rquote \hich\f40 une certaine ironie\'85\loch\f40 \hich\f40 Vous feriez un merveilleux policier\'85\loch\f40 \hich\f40 si vous aviez un peu plus de m\'e9\loch\f40 \hich\f40
+thode\'85\loch\f40 \hich\f40 Si vous ob\'e9\loch\f40 \hich\f40 issiez moins \'e0\loch\f40 votre instinct et aux bosses de votre front. C\rquote est u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e chose que j\rquote \hich\f40 ai d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 observ\'e9\loch\f40 e plusieurs fois, monsieur Rouletabille\~\hich\f40 : vous raisonnez trop\'85\loch\f40 \hich\f40 Vous ne vous laissez pas assez conduire par votre observation\'85\loch\f40
+ Que dites-vous du mouchoir plein de sang et de la main rouge sur le mur\~? Vous avez vu, vous, la mai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 rouge sur le mur\~; moi, je n\rquote \hich\f40 ai vu que le mouchoir\'85\loch\f40
+\hich\f40 Dites\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Bah\~\hich\f40 ! fit Rouletabille, un peu interloqu\'e9\loch\f40 , }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote \hich\f40 assassin a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 bless\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 la main}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 par le revolver de Mlle Stangerson\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! observation brutale, instinctive\'85\loch\f40 \hich\f40 Prenez garde, vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes trop \'ab\~\loch\f40 direct\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ement\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+ logique, monsieur Rouletabille\~\hich\f40 ; la logique vous jouera un mauvais tour si vous la brutalisez ainsi. Il est de nombreuses circonstances dans lesquelles il faut la traiter en douceur, \'ab\~\loch\f40 la prendre de loin\~\hich\f40 \'bb\'85
+\loch\f40 Monsieur Rouletabille, vous avez raison \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 uand vous parlez du revolver de Mlle Stangerson. Il est certain que \'ab\~\loch\f40 la victime\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+ a tir\'e9\loch\f40 . Mais vous avez tort quand vous dites qu\rquote \hich\f40 elle a bless\'e9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 assassin \'e0\loch\f40 \hich\f40 la main\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je suis s\'fb\loch\f40 r\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 cria Rouletabille\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Fred, imperturbable, l\rquote interrompit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 D\'e9\loch\f40 faut \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\rquote observation\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 faut d\rquote observation\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par }\pard \qj\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 examen du mouchoir, les innombrables petites taches rondes, \'e9\loch\f40 carlates, impressions de gouttes que je retrouve sur la trace des pas, }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 au moment m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me o\'f9\loch\f40 \hich\f40 le pas pose \'e0\loch\f40 terre}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , me prouvent que l\rquote assassin n\rquote \hich\f40 a pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 t
+\'e9\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 bless\'e9\loch\f40 . }{\i \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 L\rquote \hich\f40 assassin, monsieur Rouletabille, a saign\'e9\loch\f40 du nez\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le grand Fred \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait s\'e9\loch\f40 rieux. Je ne pus retenir, cependant, une exclamation.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le reporter regardait Fred qui regardait s\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieusement le reporter. Et Fred tira aussit\'f4\loch\f40 t une conclusion\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 L\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 homme qui saignait du nez dans sa main et dans son mouchoir, a essuy\'e9\loch\f40 sa main sur le mur. La chose est fort importante, ajouta-t-il, }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 car l\rquote assassin n\rquote a pas besoin d\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre bless\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la main pour \'ea\loch\f40 tre l\rquote assassin\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille sembla r\'e9\loch\f40 \hich\f40 fl\'e9\loch\f40 \hich\f40 chir profond\'e9\loch\f40 ment,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 et dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Il y a quelque chose, monsieur Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan, qui est beaucoup plus grave que le fait de brutaliser la logique, c\rquote est cette disposition d\rquote
+\hich\f40 esprit propre \'e0\loch\f40 \hich\f40 certains policiers qui leur fait, en toute bonne foi, \'ab\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 plier en douceur cette logique aux n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessit\'e9\loch\f40 s de leurs conceptions\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Vous avez votre id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 , sur l\rquote \hich\f40 assassin, monsieur Fred, ne le niez pas\'85\loch\f40 \hich\f40 et il ne faut pas que votre assassin ait \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 bless\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la main, sans quoi votre id\'e9\loch\f40 e tomberait d\rquote \hich\f40 elle-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me\'85\loch\f40 Et \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 v
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ous avez cherch\'e9\loch\f40 \hich\f40 , et vous avez trouv\'e9\loch\f40 autre chose. C\rquote \hich\f40 est un syst\'e8\loch\f40 \hich\f40 me bien dangereux, monsieur Fred, bien dangereux, que celui qui consiste
+\'e0\loch\f40 partir de l\rquote \hich\f40 id\'e9\loch\f40 e que l\rquote on se fait de l\rquote assassin pour arriver aux preuves dont on a besoin\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Cela pourrait vous me\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 er loin\'85\loch\f40 \hich\f40 Prenez garde \'e0\loch\f40 l\rquote erreur judiciaire, Monsieur Fred\~; elle vous guette\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et, ricanant un peu, les mains dans les poches, l\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e8\loch\f40 rement goguenard, Rouletabille, de ses petits yeux malins, fixa le grand Fred.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan consid\'e9\loch\f40 ra en silence ce\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 gamin qui pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 tendait \'ea\loch\f40
+tre plus fort que lui\~\hich\f40 ; il haussa les \'e9\loch\f40 paules, nous salua, et s\rquote \hich\f40 en alla, \'e0\loch\f40 \hich\f40 grandes enjamb\'e9\loch\f40 es, frappant la pierre du chemin }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 de sa}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 grande canne.}{
+\par
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille le regardait s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 loigner\~; puis le jeune reporter se retourna vers nous, la f\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 igure joyeuse et d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40
+ triomphante\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Je le battrai\~\hich\f40 ! nous jeta-t-il\'85\loch\f40 Je battrai le grand Fred, si fort soit-il\~\hich\f40 ; je les battrai tous\'85\loch\f40 Rouletabille est plus fort qu\rquote eux tous\~\hich\f40 ! \'85
+\loch\f40 Et le grand Fred, l\rquote illustre, le fameux, l\rquote \hich\f40 immense Fred\'85\loch\f40 l\rquote unique Fred raison\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ne comme une savate\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 comme une savate\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40
+ comme une savate\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il esquissa un entrechat\~; mais il s\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 ta subitement dans sa chor\'e9\loch\f40 \hich\f40 graphie\'85\loch\f40 \hich\f40 Mes yeux all\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent o\'f9\loch\f40
+ allaient ses yeux\~\hich\f40 ; ils \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient attach\'e9\loch\f40 \hich\f40 s sur M. Robert Darzac qui, la face d\'e9\loch\f40 \hich\f40 compos\'e9\loch\f40 e, r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+egardait sur le sentier, la marque de ses pas, \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 de la marque \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 du pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 gant\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . I}{\fs28
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L N\rquote \hich\f40 Y AVAIT PAS DE DIFF\'c9\loch\f40 RENCE}{\~}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 !
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous cr\'fb\loch\f40 mes qu\rquote \hich\f40 il allait d\'e9\loch\f40 faillir\~; ses yeux, agrandis par l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 pouvante, nous fuirent un instant, cependant que sa main droite tirailla
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 it d\rquote \hich\f40 un mouvement spasmodique le collier de barbe qui entourait son honn\'ea\loch\f40 \hich\f40 te et douce et d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sesp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40
+e figure. Enfin, il se ressaisit, nous salua, nous dit d\rquote \hich\f40 une voix chang\'e9\loch\f40 e, qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait dans la n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessit\'e9\loch\f40 \hich\f40 de rentrer au ch\'e2\loch\f40
+teau et partit.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Diable\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 fit Rou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 letabille.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le reporter, lui aussi, avait l\rquote \hich\f40 air constern\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Il tira de son portefeuille un morceau de papier blanc, comme je le lui avais vu faire pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 c\'e9\loch\f40 \hich\f40
+demment, et d\'e9\loch\f40 \hich\f40 coupa avec ses ciseaux les contours de \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 pieds \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 gants\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 assassin, dont le mod\'e8\loch\f40 \hich\f40 le \'e9
+\loch\f40 ta\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 it l\'e0\loch\f40 , sur la terre. Et puis il transporta cette nouvelle semelle de papier sur les empreintes de la bottine de M. Darzac. L\rquote \hich\f40 adaptation \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tait parfaite et Rouletabille se releva en r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 tant\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Diable\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 !
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je n\rquote osais pas prononcer une parole, tant j\rquote imagina\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 is que ce qui se passait, dans ce moment, dans les bosses de Rouletabille \'e9\loch\f40 tait grave.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Je crois pourtant que M. Robert Darzac est un honn\'ea\loch\f40 \hich\f40 te homme\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il m\rquote \hich\f40 entra\'ee\loch\f40 na vers l\rquote \hich\f40 auberge du \'ab\~\loch\f40 Donjon\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , que nous apercevions \'e0\loch\f40 \hich\f40 un kilom\'e8\loch\f40 \hich\f40
+tre de l\'e0\loch\f40 , su\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r la route, \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 d\rquote un petit bouquet d\rquote arbres.
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745256}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 X\line \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Maintenant, il va falloir manger du saignant
+\~\hich\f40 \'bb{\*\bkmkend _Toc97745256}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 auberge du \'ab\~\loch\f40 Donjon\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 n\rquote avait pas grande apparence\~; mais j\rquote \hich\f40 aime ces masures aux poutres noircies par le temps et la fum\'e9\loch\f40 e de l
+\rquote \hich\f40 \'e2\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 tre, ces auberges de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 poque des diligences, b\'e2\loch\f40 \hich\f40 tisses branlantes qui ne seront bient\'f4\loch\f40 t plus qu\rquote \hich\f40
+un souvenir. Elles tiennent au pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 , elles se rattachent \'e0\loch\f40 l\rquote histoire, elles continuent quelque chose et elles font penser aux vieux contes de la Route, quand\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 il y avait, sur la route, des aventures.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je vis tout de suite que l\rquote \hich\f40 auberge du \'ab\~\loch\f40 Donjon\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 avait bien ses deux si\'e8\loch\f40 \hich\f40 cles et m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40
+tre davantage. Pierraille et pl\'e2\loch\f40 tras s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient d\'e9\loch\f40 \hich\f40 tach\'e9\loch\f40 \hich\f40 s \'e7\'e0\loch\f40 \hich\f40 et l\'e0\loch\f40
+ de la forte armature de bois dont les X et les V supportai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ent encore gaillardement le toit v\'e9\loch\f40 \hich\f40 tuste. Celui-ci avait gliss\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e8\loch\f40
+rement sur ses appuis, comme glisse la casquette sur le front d\rquote un ivrogne. Au-dessus de la porte d\rquote \hich\f40 entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, une enseigne de fer g\'e9\loch\f40 missait sous le vent d\rquote automne. Un artiste de l\rquote
+endroit y\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 avait peint une sorte de tour surmont\'e9\loch\f40 e d\rquote un toit pointu et d\rquote \hich\f40 une lanterne comme on en voyait au donjon du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40
+teau du Glandier. Sous cette enseigne, sur le seuil, un homme, de mine assez r\'e9\loch\f40 \hich\f40 barbative, semblait plong\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans des pens\'e9\loch\f40 es assez sombres, s\rquote il fa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 lait en croire les plis de son front et le m\'e9\loch\f40 chant rapprochement de ses sourcils touffus.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quand nous f\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes tout pr\'e8\loch\f40 s de lui, il daigna nous voir et nous demanda d\rquote \hich\f40 une fa\'e7\loch\f40 on peu engageante si nous avions besoin de quelque chose. C\rquote
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait, \'e0\loch\f40 n\rquote en pas douter,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote \hich\f40 h\'f4\loch\f40 te peu aimable de cette charmante demeure. Comme nous manifestions l\rquote espoir qu\rquote \hich\f40
+il voudrait bien nous servir \'e0\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 jeuner, il nous avoua qu\rquote il n\rquote avait aucune provision et qu\rquote \hich\f40 il serait fort embarrass\'e9\loch\f40 de nous satisfaire\~; et, ce disant, il nous regardait
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\rquote \hich\f40 un \'9c\loch\f40 \hich\f40 il dont je ne parvenais pas \'e0\loch\f40 m\rquote \hich\f40 expliquer la m\'e9\loch\f40 fiance.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Vous pouvez nous faire accueil, lui dit Rouletabille, nous ne sommes pas de la police.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 je ne crains pas la police, r\'e9\loch\f40 pondit l\rquote homme\~; je ne crains personne.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 D\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 je faisais comprendre pa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r un signe \'e0\loch\f40 \hich\f40 mon ami que nous serions bien inspir\'e9\loch\f40 \hich\f40
+s de ne pas insister, mais mon ami, qui tenait \'e9\loch\f40 \hich\f40 videmment \'e0\loch\f40 entrer dans cette auberge, se glissa sous l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 paule de l\rquote homme et fut dans la salle.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Venez, dit-il, il fait tr\'e8\loch\f40 s bon ici.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 De fait, un grand f\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 eu de bois flambait dans la chemin\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Nous nous en approch\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes et tend\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes nos mains \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 la chaleur du foyer, car, ce matin-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , on sentait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 venir l\rquote \hich\f40 hiver. La pi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ce \'e9\loch\f40 tait assez grande\~\hich\f40 ; deux \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 paisses tables de bois, quelques escabeaux, un comptoir, o\'f9\loch\f40 s\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 lignaient des bouteilles de sirop et d\rquote \hich\f40 alcool, la garnissaient. Trois fen
+\'ea\loch\f40 \hich\f40 tres donnaient sur la route. Une chromo-r\'e9\loch\f40 clame, sur le mur, vantait, sous les traits d\rquote \hich\f40 une jeune Parisienne levant effront\'e9\loch\f40 \hich\f40 ment son verre, les vertus ap\'e9\loch\f40 ritives d
+\rquote un nouveau vermou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 h. Sur la tablette de la haute chemin\'e9\loch\f40 e, l\rquote \hich\f40 aubergiste avait dispos\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ un grand nombre de pots et de cruches en gr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s et en fa\'ef\loch\f40 ence.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 une belle chemin\'e9\loch\f40 \hich\f40 e pour faire r\'f4\loch\f40 tir un poulet, dit Rouletabille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Nous n\rquote avons point de poulet, fit l\rquote \hich\f40 h\'f4\loch\f40 te\~\hich\f40 ; pas m\'ea\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e un m\'e9\loch\f40 chant lapin.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je sais, r\'e9\loch\f40 pliqua mon ami, d\rquote une voix goguenarde qui me surprit, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 je sais que, maintenant, il va falloir manger du saignant.\~\hich\f40 \'bb}{
+\par
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40 avoue que je ne comprenais rien \'e0\loch\f40 \hich\f40 la phrase de Rouletabille. Pourquoi disait-il \'e0\loch\f40 cet homme\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Maintenant\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 , il va falloir manger du saignant\'85\~\loch\f40 ?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Et pourquoi l\rquote \hich\f40 aubergiste, aussit\'f4\loch\f40 t qu\rquote \hich\f40 il eut entendu cette phrase, laissa-t-il \'e9\loch\f40 chapper un juron qu\rquote
+\hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 touffa aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t et se mit-il \'e0\loch\f40 \hich\f40 notre disposition aussi docilement que M. Robert Darzac lui-m\'ea\loch\f40 me quand il eut en\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 endu ces mots fatidiques\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Le presbyt\'e8\loch\f40 re n\rquote \hich\f40 a rien perdu de son charme, ni le jardin de son \'e9\loch\f40 \hich\f40 clat\'85\~\loch\f40 ?\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 \hich\f40 D\'e9\loch\f40 \hich\f40 cid\'e9\loch\f40 \hich\f40 ment, mon ami avait le don de se faire comprendre des gens avec des phrases tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait incompr\'e9\loch\f40 hensibles. Je lui en fis l\rquote
+observation et il voul\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t bien sourire. J\rquote \hich\f40 eusse pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 f\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 il daign\'e2\loch\f40 \hich\f40
+t me donner quelque explication, mais il avait mis un doigt sur sa bouche, ce qui signifiait \'e9\loch\f40 videmment que non seulement il s\rquote interdisait de parler, mais encore qu\rquote il me recommandait le silence. Entre temps, l\rquote
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 h\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 omme, poussant une petite porte, avait cri\'e9\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 on lui apport\'e2\loch\f40 t une demi-douzaine d\rquote \hich\f40 \'9c\loch\f40 \hich\f40 ufs et \'ab\~
+\loch\f40 le morceau de faux filet\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . La commission fut bient\'f4\loch\f40 t faite par une jeune femme fort accorte, aux admirables cheveux blonds et dont les beaux grands yeux doux nou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 regard\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent avec curiosit\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote aubergiste lui dit d\rquote une voix rude\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Va-t\rquote en\~! Et si l\rquote homme vert s\rquote en vient, que je ne te voie pas\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et elle disparut, Rouletabille s\rquote \hich\f40 empara des \'9c\loch\f40 ufs qu\rquote on lui apporta dans un bol et de la viande qu\rquote on lui servit sur \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 un plat, pla\'e7
+\loch\f40 \hich\f40 a le tout pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cautionneusement \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 de lui, dans la chemin\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 crocha une po\'ea\loch\f40
+le et un gril pendus dans l\rquote \hich\f40 \'e2\loch\f40 \hich\f40 tre et commen\'e7\loch\f40 a de battre notre omelette en attendant qu\rquote \hich\f40 il f\'ee\loch\f40 \hich\f40 t griller notre bifteck. Il commanda encore \'e0\loch\f40 l\rquote
+homme deux bonnes boutei\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 les de cidre et semblait s\rquote \hich\f40 occuper aussi peu de son h\'f4\loch\f40 \hich\f40 te que son h\'f4\loch\f40 te s\rquote occupait de lui. L\rquote \hich\f40
+homme tant\'f4\loch\f40 \hich\f40 t le couvait des yeux et tant\'f4\loch\f40 t me regardait avec un air d\rquote \hich\f40 anxi\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 qu\rquote
+il essayait en vain de dissimuler. Il nous laissa faire notre cuisine et mit notre \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ouvert aupr\'e8\loch\f40 s d\rquote \hich\f40 une fen\'ea\loch\f40 tre.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Tout \'e0\loch\f40 coup je l\rquote entendis qui murmurait\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! le voil\'e0\~\loch\f40 !\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et, la figure chang\'e9\loch\f40 e, n\rquote exprimant plus qu\rquote \hich\f40 une haine atroce, il alla se coller contre la fen\'ea\loch\f40 tre, regardant la route. Je n\rquote eus point besoin d\rquote
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 avertir Rouletabille. Le jeune homme avait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 l\'e2\loch\f40 \hich\f40 ch\'e9\loch\f40 son omelette et rejoignait l\rquote \hich\f40 h\'f4\loch\f40 \hich\f40 te \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 tre. J\rquote y fus avec lui.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Un homme, tout habill\'e9\loch\f40 \hich\f40 de velours vert, la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te prise dans une casquette ronde de m\'ea\loch\f40 me couleur, s\rquote \hich\f40 avan\'e7\loch\f40 \hich\f40 ait, \'e0
+\loch\f40 pas tranquilles sur la ro\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ute, en fumant sa pipe. Il portait un fusil en bandouli\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re et montrait dans ses mouvements une aisance presque aristocratique. Cet homme pouvait avoir quarante-cinq ans. Les cheveux et la moustache \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient gris-sel. Il \'e9\loch\f40 tait remarquablement beau. Il porta
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t binocle. Quand il passa pr\'e8\loch\f40 s de l\rquote \hich\f40 auberge, il parut h\'e9\loch\f40 siter, se demandant s\rquote \hich\f40 il entrerait, jeta un regard de notre c\'f4
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 , l\'e2\loch\f40 \hich\f40 cha quelques bouff\'e9\loch\f40 es de sa pipe et d\rquote \hich\f40 un m\'ea\loch\f40 me pas nonchalant reprit sa promenade.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille et moi nous regard\'e2\loch\f40 mes l\rquote \hich\f40 h\'f4\loch\f40 te. Ses y\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 eux fulgurants, ses poings ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, sa bouche fr\'e9
+\loch\f40 missante, nous renseignaient sur les sentiments tumultueux qui l\rquote agitaient.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Il a bien fait de ne pas entrer aujourd\rquote hui\~! siffla-t-il.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Quel est cet homme\~\hich\f40 ? demanda Rouletabille, en retournant \'e0\loch\f40 son omel\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ette.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 L\rquote homme vert\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 gronda l\rquote \hich\f40 aubergiste\'85\loch\f40 Vous ne le connaissez pas\~? Tant mieux pour vous. C\rquote \hich\f40
+est pas une connaissance \'e0\loch\f40 \hich\f40 faire\'85\loch\f40 Eh ben, c\rquote est l\rquote \hich\f40 garde \'e0\loch\f40 M. Stangerson.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous ne paraissez pas l\rquote aimer beaucoup\~? demanda le reporter en versant son ome\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 lette dans la po\'ea\loch\f40 le.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Personne ne l\rquote aime dans le pays, monsieur\~; et puis c\rquote \hich\f40 est un fier, qui a d\'fb\loch\f40 avoir de la fortune autrefois\~\hich\f40 ; et il ne pardonne \'e0\loch\f40 personne de s\rquote
+\hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre vu forc\'e9\loch\f40 , pour vivre, de devenir domestique. Car un garde, c\rquote est un larbin comme un a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 utre\~! n\rquote est-ce pas\~? Ma parole\~! on dirait que c\rquote \hich\f40
+est lui qui est le ma\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre du Glandier, que toutes les terres et tous les bois lui appartiennent. Il ne permettrait pas \'e0\loch\f40 \hich\f40 un pauvre de d\'e9\loch\f40 jeuner d\rquote un morceau de pain sur l\rquote \hich\f40
+herbe, \'ab\~\loch\f40 sur son herbe\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 !
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il vie\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nt quelquefois ici\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il vient trop. Mais je lui ferai bien comprendre que sa figure ne me revient pas. Il y a seulement un mois, il ne m\rquote \hich\f40 emb\'ea\loch\f40 tait pas\~! L\rquote \hich\f40 auberge du \'ab\~\loch\f40 Donjon\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 n\rquote \hich\f40 avait jamais exist\'e9\loch\f40 pour lui\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Il n\rquote avait pas le temps\~! Fallait-il pas q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\rquote \hich\f40 il fasse sa cour \'e0\loch\f40 l\rquote
+\hich\f40 h\'f4\loch\f40 \hich\f40 tesse des \'ab\~\loch\f40 Trois Lys\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40 Saint-Michel. Maintenant qu\rquote \hich\f40 il y a eu de la brouille dans les amours, il cherche \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ passer le temps ailleurs\'85\loch\f40 \hich\f40 Coureur de filles, trousseur de jupes, mauvais gars\'85\loch\f40 \hich\f40 Y a pas un honn\'ea\loch\f40 te homme qui puisse le su\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+porter, cet homme-l\'e0\'85\loch\f40 \hich\f40 Tenez, les concierges du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau ne pouvaient pas le voir en peinture, \'ab\~\loch\f40 l\rquote homme vert\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Les concierges du ch\'e2\loch\f40 teau sont donc d\rquote \hich\f40 honn\'ea\loch\f40 tes gens, monsieur l\rquote aubergiste\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Appelez-moi donc p\'e8\loch\f40 re Mathieu\~; c\rquote \hich\f40 est mon nom\'85\loch\f40 Eh ben, auss\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i vrai que je m\rquote appelle Mathieu, oui m\rquote sieur, j\rquote
+\hich\f40 les crois honn\'ea\loch\f40 tes.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 On les a pourtant arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 s.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Qu\'e8\loch\f40 \hich\f40 -que \'e7\loch\f40 a prouve\~\hich\f40 ? Mais je ne veux pas me m\'ea\loch\f40 \hich\f40 ler des affaires du prochain\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et qu\rquote est-ce que vous pensez de l\rquote assassinat\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 De l\rquote assassinat de cette p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 auvre mademoiselle\~? Une brave fille, allez, et qu\rquote on aimait bien dans le pays. C\rquote que j\rquote en pense\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, ce que vous en pensez.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rien\'85\loch\f40 \hich\f40 et bien des choses\'85\loch\f40 \hich\f40 Mais \'e7\loch\f40 a ne regarde personne.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Pas m\'ea\loch\f40 me moi\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 insista Rouletabille.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote aubergiste le regarda d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 , grogna, et dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Pas m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me vous\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 omelette \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pr\'ea\loch\f40 te\~\hich\f40 ; nous nous m\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes \'e0\loch\f40 table et nous mangions en silence, quand la porte d\rquote \hich\f40 entr\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 e fut pouss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e et une vieille femme, habill\'e9\loch\f40 \hich\f40 e de haillons, appuy\'e9\loch\f40 \hich\f40 e sur un b\'e2\loch\f40 \hich\f40 ton, la t\'ea\loch\f40 te branlante, les cheveux
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 blancs qui pendaient en m\'e8\loch\f40 \hich\f40 ches folles sur le front encrass\'e9\loch\f40 , se montra sur le seuil.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ah\~! vous v\rquote \hich\f40 l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , la m\'e8\loch\f40 re Agenoux\~! Y a longtemps qu\rquote \hich\f40 on ne vous a vue, fit notre h\'f4\loch\f40 te.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40 ai \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 bien malade, toute pr\'ea\loch\f40 \hich\f40 te \'e0\loch\f40 mourir, dit la vieille. Si quelquefois vous\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 aviez des restes pour la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40 te du Bon Dieu\~\hich\f40 \'bb\'85\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et elle p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 tra dans l\rquote auberge, suivie d\rquote \hich\f40 un chat si \'e9\loch\f40 \hich\f40 norme que je ne soup\'e7\loch\f40 onnais pas qu\rquote \hich\f40 il p\'fb
+\loch\f40 \hich\f40 t en exister de cette taille. La b\'ea\loch\f40 \hich\f40 te nous regarda et fit entendre un miaulement si d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sesp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 que je me sentis f\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+rissonner. Je n\rquote avais jamais entendu un cri aussi lugubre.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Comme s\rquote \hich\f40 il avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 attir\'e9\loch\f40 \hich\f40 par ce cri, un homme entra, derri\'e8\loch\f40 re la vieille. C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait
+\'ab\~\loch\f40 l\rquote homme vert\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . Il nous salua d\rquote \hich\f40 un geste de la main \'e0\loch\f40 sa casquette et s\rquote \hich\f40 assit \'e0\loch\f40 \hich\f40 la table voisine de la n\'f4\loch\f40 tre.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Donnez-moi un verre de cidre, p\'e8\loch\f40 re Mathieu.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quand \'ab\~\loch\f40 l\rquote homme vert\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 , le p\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re Mathieu avait eu un mouvement violent de tout son \'ea\loch\f40 tre vers le nouveau venu\~\hich\f40 ; mais, visiblement, il se dompta et r\'e9\loch\f40 pondit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Y a plus de cidre, j\rquote \hich\f40 ai donn\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 les derni\'e8\loch\f40 \hich\f40 res bouteilles \'e0\loch\f40 ces messieurs.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Alors donnez-moi un verre de vin blanc, fit \'ab\~\loch\f40 l\rquote homme vert\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 sans marquer le moindre \'e9\loch\f40 tonnement.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Y a plus de vin blanc, y a plus rien\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Mathieu r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 ta, d\rquote une voix sourde\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Y a plus rien\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 omment va Mme Mathieu\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 aubergiste, \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette question de \'ab\~\loch\f40 l\rquote homme vert\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , serra les poings, se retourna vers lui, la figure si mauvaise que je crus qu\rquote
+il allait frapper, et puis il dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Elle va bien, merci.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ainsi, la jeune femme aux grands yeux\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 doux que nous avions vue tout \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 heure \'e9\loch\f40 tait l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+pouse de ce rustre r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pugnant et brutal, et dont tous les d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fauts physiques semblaient domin\'e9\loch\f40 \hich\f40 s par ce d\'e9\loch\f40 faut moral\~: La jalousie.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Claquant la porte, l\rquote \hich\f40 aubergiste quitta la pi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ce. La m\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Agenoux \'e9\loch\f40 tait toujo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 urs l\'e0\loch\f40 \hich\f40
+ debout, appuy\'e9\loch\f40 \hich\f40 e sur son b\'e2\loch\f40 ton et le chat au bas de ses jupes.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 L\rquote homme vert\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 lui demanda\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous avez \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 malade, m\'e8\loch\f40 re Agenoux, qu\rquote \hich\f40 on ne vous a pas vue depuis bient\'f4\loch\f40 t huit jours\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, m\rquote sieur l\rquote \hich\f40 garde. Je ne me suis lev\'e9\loch\f40 e que trois fois pour\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 aller prier sainte Genevi\'e8\loch\f40 ve, notre bonne patronne, et l\rquote
+reste du temps, j\rquote \hich\f40 ai \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 tendue sur mon grabat. Il n\rquote \hich\f40 y a eu pour me soigner que la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40 te du Bon Dieu\~!\~\hich\f40 \'bb
+
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Elle ne vous a pas quitt\'e9\loch\f40 e\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ni jour ni nuit.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vous en \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes s\'fb\loch\f40 re\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Comme du paradis.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Alors, comment \'e7\loch\f40 \hich\f40 a se fait-il, m\'e8\loch\f40 re Agenoux, qu\rquote on n\rquote \hich\f40 ait entendu que le cri de la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40 te du Bon\~Dieu\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 toute la nuit du crime\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La m\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Agenoux alla se planter face au garde, et frappa le plancher de son b\'e2\loch\f40 ton\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Je n\rquote en sais rien\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 de rien. Mais, voulez-vous que j\rquote vous dise\~? Il n\rquote \hich\f40 y a pas deux b\'ea\loch\f40 \hich\f40 tes au monde qui ont ce cri-l\'e0\'85
+\loch\f40 Eh bien, moi aussi, la nuit du crime, j\rquote \hich\f40 ai entendu, au dehors, le cri de la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40 te du Bon Dieu\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ; et pourtant elle \'e9\loch\f40 tait sur mes genoux, m
+\rquote sieur le garde, e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 elle n\rquote \hich\f40 a pas miaul\'e9\loch\f40 une seule fois, je vous le jure. Je m\rquote \hich\f40 suis sign\'e9\loch\f40 e, quand j\rquote \hich\f40 ai entendu
+\'e7\loch\f40 a, comme si j\rquote entendais l\rquote diable\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je regardais le garde pendant qu\rquote \hich\f40 il posait cette derni\'e8\loch\f40 re question, et je me trompe fort si je n\rquote \hich\f40 ai pas surpris sur ses l\'e8\loch\f40 vres\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ un mauvais sourire goguenard.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40 ce moment, le bruit d\rquote \hich\f40 une querelle aigu\'eb\loch\f40 parvint jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 nous. Nous cr\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes m\'ea\loch\f40
+me percevoir des coups sourds, comme si l\rquote on battait, comme si l\rquote on assommait quelqu\rquote \hich\f40 un. \'ab\~\loch\f40 L\rquote homme vert\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 se leva et courut r\'e9\loch\f40 \hich\f40 solument \'e0
+\loch\f40 la porte\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 \'e2\loch\f40 tre, mais celle-ci s\rquote ouvrit et l\rquote aubergiste, apparaissant, dit au garde\~:
+
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ne vous effrayez pas, m\rquote sieur le garde\~; c\rquote est ma femme qu\rquote a mal aux dents\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il ricana.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Tenez, m\'e8\loch\f40 re Agenoux, v\rquote \hich\f40 l\'e0\loch\f40 du mou pour vot\rquote chat.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il tendit \'e0\loch\f40 la v\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ieille un paquet\~; la vieille s\rquote en empara avidement et sortit, toujours suivie de son chat.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 L\rquote homme vert\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 demanda\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Vous ne voulez rien me servir\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le p\'e8\loch\f40 re Mathieu ne retint plus l\rquote expression de sa haine\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Y a rien pour vous\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ! Y a rien pour vous\~! Allez-vous-en\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 L\rquote homme vert\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , tranquillement, bourra sa pipe, l\rquote alluma, nous salua et sortit. Il n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pas plut\'f4\loch\f40 \hich\f40
+t sur le seuil que Mathieu lui claquait la porte dans le dos et, se retournant vers nous, les yeux inject\'e9\loch\f40 s de\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 sang, la bouche \'e9\loch\f40
+cumante, nous sifflait, le poing tendu vers cette porte qui venait de se fermer sur l\rquote homme qu\rquote \hich\f40 il d\'e9\loch\f40 testait\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Je ne sais pas qui vous \'ea\loch\f40 tes, vous qui venez me dire\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Maintenant va falloir manger du saignant.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Mais si \'e7\loch\f40
+\hich\f40 a vous int\'e9\loch\f40 ress\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\~: l\rquote assassin, le v\rquote \hich\f40 l\'e0\~\loch\f40 !\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Aussit\'f4\loch\f40 t qu\rquote \hich\f40 il e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t ainsi parl\'e9\loch\f40 \hich\f40 , le p\'e8\loch\f40 re Mathieu nous quitta. Rouletabille retourna vers l\rquote \hich\f40 \'e2\loch\f40
+tre, et dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Maintenant, nous allons griller notre bifteck. Comment trouvez-vous le cidre\~? Un peu dur, comme je l\rquote aime.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ce jour-\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , nous ne rev\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes plus Mathieu et un grand silence r\'e9\loch\f40 gnait dans l\rquote \hich\f40 auberge quand nous la quitt\'e2
+\loch\f40 \hich\f40 mes, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir laiss\'e9\loch\f40 cinq francs sur notre table, en paiement de notre festin.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille me fit aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t faire pr\'e8\loch\f40 s d\rquote \hich\f40 une lieue autour de la propri\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 du\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ professeur Stangerson. Il s\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 ta dix minutes, au coin d\rquote \hich\f40 un petit chemin tout noir de suie, aupr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s des cabanes de charbonniers qui se trouvent dans la partie de la for\'ea\loch\f40
+\hich\f40 t de Sainte-Genevi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ve, qui touche \'e0\loch\f40 la route allant d\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 pinay \'e0\loch\f40 Corbeil, et me confia \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ue l
+\rquote \hich\f40 assassin avait certainement pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 par l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , \'ab\~\loch\f40 vu l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tat des chaussures grossi\'e8\loch\f40 res\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+, avant de p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 trer dans la propri\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 et d\rquote aller se cacher dans le bosquet.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous ne croyez donc pas que le garde a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 dans l\rquote affaire\~? interrompis-je.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Nous verrons\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 cela plus tard, me r\'e9\loch\f40 pondit-il. Pour le moment, ce que l\rquote aubergiste a dit de cet homme ne m\rquote \hich\f40 occupe pas. Il en a parl\'e9
+\loch\f40 avec sa haine. Ce n\rquote est pas pour l\rquote \~\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 homme vert\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 que je vous ai emmen\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 jeuner au \'ab\~\loch\f40 Donjon\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ayant ainsi parl\'e9\loch\f40 , Rouletabille, avec d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e grandes pr\'e9\loch\f40 cautions, se glissa \endash \hich\f40 et je me glissai derri\'e8\loch\f40 re lui \endash jusqu
+\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la b\'e2\loch\f40 \hich\f40 tisse, qui, pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s de la grille, servait de logement aux concierges, arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 s le matin m\'ea\loch\f40 me. Il s\rquote
+introduisit, avec une acrobatie que j\rquote admirai, dans la maisonnette, par une luca\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ne de derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re rest\'e9\loch\f40
+e ouverte, et en ressortit dix minutes plus tard en disant ce mot qui signifiait, dans sa bouche, tant de choses\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Parbleu\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Dans le moment que nous allions reprendre le chemin du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, il y eut un grand mouvement \'e0\loch\f40 la grille. U\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ne voiture arrivait, et, du ch
+\'e2\loch\f40 teau, on venait au-devant d\rquote elle. Rouletabille me montra un homme qui en descendait\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Voici le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ; nous allons voir ce que Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan a dans le ventre, et s\rquote
+il est plus malin qu\rquote \hich\f40 un autre\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Derri\'e8\loch\f40 re l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 a voiture du chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 \hich\f40
+, trois autres voitures suivaient, remplies de reporters qui voulurent, eux aussi, entrer dans le parc. Mais on mit \'e0\loch\f40 \hich\f40 la grille deux gendarmes, avec d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fense de laisser passer. Le chef de la S\'fb\loch\f40
+\hich\f40 ret\'e9\loch\f40 calma leur impatience en pre\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ant l\rquote \hich\f40 engagement de donner, le soir m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, \'e0\loch\f40 la presse, le plus de renseignements qu
+\rquote \hich\f40 il pourrait, sans g\'ea\loch\f40 ner le cours de l\rquote instruction.
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745257}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XI\line \hich\f40 O\'f9\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9
+\loch\f40 ric Larsan explique comment l\rquote assassin a pu sortir de la Chambre Jaune.{\*\bkmkend _Toc97745257}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Dans la masse de papiers, documents, m\'e9\loch\f40 \hich\f40 moires, extraits de journaux, pi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ces de justice dont je dispose relativement au \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Myst\'e8\loch\f40
+re de la Chambre Jaune\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , se trouve un morceau des plus int\'e9\loch\f40 ressants. C\rquote \hich\f40 est la narration du fameux interrogatoire des int\'e9\loch\f40 \hich\f40 ress\'e9\loch\f40 s
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ui eut lieu, cet apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s-midi-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , dans le laboratoire du professeur Stangerson, devant le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 . Cette narration est due \'e0\loch\f40 la plume de M. Maleine, le greffier, qui, tout comme le juge d\rquote \hich\f40 instruction, faisait, \'e0\loch\f40 \hich\f40 ses moments perdus, de la litt\'e9\loch\f40 ratu
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e. Ce morceau devait faire partie d\rquote un livre qui n\rquote a jamais paru et qui devait s\rquote intituler\~: }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mes interrogatoires}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . Il m\rquote \hich\f40 a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 donn\'e9\loch\f40 \hich\f40 par le greffier lui-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, quelque temps apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s le \'ab\~\loch\f40
+\hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 nouement inou\'ef\~\'bb\loch\f40 \hich\f40 de ce proc\'e8\loch\f40 s unique dans les fastes juridiques.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le voi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ci. Ce n\rquote \hich\f40 est plus une s\'e8\loch\f40 \hich\f40 che transcription de demandes et de r\'e9\loch\f40 ponses. Le greffier y relate souvent ses impressions personnelles.
+\par
+\par }\pard \qc\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 La narration du greffier\~:
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Depuis une heure, raconte le greffier, le juge d\rquote \hich\f40 instruction et moi, nous nous trouvions dans la \'ab\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , avec l\rquote
+entrepreneur qui avait construit, sur les plans du professeur Stangerson, le pavillon. L\rquote \hich\f40 entrepreneur \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait venu avec un ouvrier. M. de Marquet avait fait nettoyer enti\'e8\loch\f40 rement les murs, c\rquote
+\hich\f40 est-\'e0\loch\f40 -dire qu\rquote il avait fait enlever par l\rquote ou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 v\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rier tout le papier qui les d\'e9\loch\f40 \hich\f40 corait. Des coups de pioches et de pics, \'e7\'e0
+\loch\f40 \hich\f40 et l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , nous avaient d\'e9\loch\f40 \hich\f40 montr\'e9\loch\f40 l\rquote inexistence d\rquote \hich\f40 une ouverture quelconque. Le plancher et le plafond avaient \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40
+\hich\f40 longuement sond\'e9\loch\f40 s. Nous n\rquote \hich\f40 avions rien d\'e9\loch\f40 couvert. Il n\rquote \hich\f40 y avait rien \'e0\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+uvrir. M. de Marquet paraissait enchant\'e9\loch\f40 \hich\f40 et ne cessait de r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 ter\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Quelle affaire\~! monsieur l\rquote entrepreneur, quelle affaire\~! Vous verrez que nous ne saurons jamais comment l\rquote \hich\f40 assassin a pu sortir de cette chambre-l\'e0\~\loch\f40 !\~\hich\f40 \'bb
+
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Tout \'e0\loch\f40 coup, M. de Marquet, la \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 figure rayonnante, parce qu\rquote \hich\f40 il ne comprenait pas, voulut bien se souvenir que son devoir \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tait de chercher \'e0\loch\f40 comprendre, et il appela le brigadier de gendarmerie.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Brigadier, fit-il, allez donc au ch\'e2\loch\f40 teau et priez M. Stangerson et M. Robert Darzac de ven\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ir me rejoindre dans le laboratoire, ainsi que le p\'e8
+\loch\f40 re Jacques, et faites-moi amener aussi, par vos hommes, les deux concierges.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Cinq minutes plus tard, tout ce monde fut r\'e9\loch\f40 \hich\f40 uni dans le laboratoire. Le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 , qui venait d\rquote arriver au Glandier,
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nous rejoignit aussi dans ce moment. J\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais assis au bureau de M. Stangerson, pr\'ea\loch\f40 t au travail, quand M. de Marquet nous tint ce petit discours, aussi original qu\rquote
+inattendu\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Si vous le voulez, messieurs, disait-il, puisque les interrogatoires ne donne\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nt rien, nous allons abandonner, pour une fois, le vieux syst\'e8\loch\f40 \hich\f40
+me des interrogatoires. Je ne vous ferai point venir devant moi \'e0\loch\f40 \hich\f40 tour de r\'f4\loch\f40 le\~; non. Nous resterons tous ici\~\hich\f40 : M. Stangerson, M. Robert Darzac, le p\'e8\loch\f40 re Jacques, les deux concierges, M. le chef
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 , M. le greffier et moi\~\hich\f40 ! Et nous serons l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , tous, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 au m\'ea\loch\f40
+me titre\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 ; les concierges voudront bien oublier un instant qu\rquote \hich\f40 ils sont arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 s. \'ab\~\loch\f40 Nous allons causer\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+ Je vous ai fait venir \'ab\~\loch\f40 pour causer\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . Nous sommes sur les lieux du crime\~; eh\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 bien, de quoi causerions-nous si nous ne causions pas du crime\~
+? Parlons-en donc\~! Parlons-en\~\hich\f40 ! Avec abondance, avec intelligence, ou avec stupidit\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Disons tout ce qui nous passera par la t\'ea\loch\f40 te\~\hich\f40 ! Parlons sans m\'e9\loch\f40 \hich\f40 thode, puisque la m\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 thode ne nous r\'e9\loch\f40 ussit po\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nt. J\rquote \hich\f40 adresse une fervente pri\'e8\loch\f40 re au dieu hasard, le hasard de nos conceptions\~\hich\f40 ! Commen\'e7
+\loch\f40 ons\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Sur quoi, en passant devant moi, il me dit, \'e0\loch\f40 voix basse\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Hein\~\hich\f40 ! croyez-vous, quelle sc\'e8\loch\f40 ne\~\hich\f40 ! Auriez-vous imagin\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e7\loch\f40 a, vous\~? J\rquote en ferai un petit acte pour l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+e Vaudeville.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il se frottait les mains avec jubilation.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je portai les yeux sur M. Stangerson. L\rquote \hich\f40 espoir que devait faire na\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre en lui le dernier bulletin des m\'e9\loch\f40 \hich\f40 decins qui avaient d\'e9\loch\f40 \hich\f40 clar\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 que Mlle Stangerson pourrait survivre \'e0\loch\f40 ses blessures, n\rquote avait\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pas effac\'e9\loch\f40 de ce noble visage les marques de la plus grande douleur.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Cet homme avait cru sa fille morte, et il en \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait encore tout ravag\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Ses yeux bleus si doux et si clairs \'e9\loch\f40 taient alors d\rquote une infinie tristesse. J
+\rquote avais eu l\rquote occasion, plusieurs fois, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 dans des c\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 monies publiques, de voir M. Stangerson. J\rquote \hich\f40 avais \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40
+\hich\f40 , d\'e8\loch\f40 s l\rquote \hich\f40 abord, frapp\'e9\loch\f40 par son regard, si pur qu\rquote il semblait celui d\rquote un enfant\~\hich\f40 : regard de r\'ea\loch\f40 \hich\f40 ve, regard sublime et immat\'e9\loch\f40 riel de l\rquote
+inventeur ou du fou.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Dans ces c\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 monies, derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re lui ou \'e0\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ses c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40
+s, on voyait toujours sa fille, car ils ne se quittaient jamais, disait-on, partageant les m\'ea\loch\f40 \hich\f40 mes travaux depuis de longues ann\'e9\loch\f40 \hich\f40 es. Cette vierge, qui avait alors trente-cinq ans et qui en paraissait \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 peine trente, consacr\'e9\loch\f40 \hich\f40 e tout enti\'e8\loch\f40 \hich\f40 re \'e0\loch\f40 la scie\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ce, soulevait encore l\rquote \hich\f40 admiration par son imp\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 riale beaut\'e9\loch\f40 \hich\f40 , rest\'e9\loch\f40 e intacte, sans une ride, victorieuse du temps et de l\rquote amour. Qui m\rquote \hich\f40 e\'fb\loch\f40
+t dit alors que je me trouverais, un jour prochain, au chevet de son lit, avec mes paperasses, et que je la verrais, pre\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+que expirante, nous raconter, avec effort, le plus monstrueux et le plus myst\'e9\loch\f40 rieux attentat que j\rquote \hich\f40 ai ou\'ef\loch\f40 \hich\f40 de ma carri\'e8\loch\f40 re\~? Qui m\rquote \hich\f40 e\'fb\loch\f40 \hich\f40
+t dit que je me trouverais, comme cet apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s-midi-l\'e0\loch\f40 , en face d\rquote \hich\f40 un p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sesp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 cherchant en vain \'e0
+\loch\f40 s\rquote expliquer comment l\rquote a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 sassin de sa fille avait pu lui \'e9\loch\f40 chapper\~\hich\f40 ? \'c0\loch\f40
+ quoi sert donc le travail silencieux, au fond de la retraite obscure des bois, s\rquote \hich\f40 il ne vous garantit point de ces grandes catastrophes de la vie et de la mort, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 serv\'e9\loch\f40 es d\rquote \hich\f40 ordinaire
+\'e0\loch\f40 ceux d\rquote entre les hommes qu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 fr\'e9\loch\f40 quentent les passions de la ville?
+\par
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Voyons\~! monsieur Stangerson, fit M. de Marquet, avec un peu d\rquote importance\~\hich\f40 ; placez-vous exactement \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 endroit o\'f9\loch\f40 \hich\f40 vous \'e9\loch\f40
+\hich\f40 tiez quand Mlle Stangerson vous a quitt\'e9\loch\f40 pour entrer dans sa chambre.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. Stangerson se lev\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 a et, se pla\'e7\loch\f40 \hich\f40 ant \'e0\loch\f40 \hich\f40 cinquante centim\'e8\loch\f40 \hich\f40 tres de la porte de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune
+\'bb\loch\f40 , il dit d\rquote une voix sans accent, sans couleur, d\rquote une voix que je qualifierai de morte\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Je me trouvais ici. Vers onze heures, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir proc\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 , sur les fourneaux du laboratoire\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 une courte exp\'e9\loch\f40 rience de chimie, j\rquote avais fait glisser mon bureau jusqu\rquote \hich\f40 ici, car le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, qui passa la soir\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ nettoyer quelques-uns de mes appareils, avait besoin de toute la place qui se trouvait derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re moi. Ma fille travaillait au m\'ea\loch\f40 me bu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+eau que moi. Quand elle se leva, apr\'e8\loch\f40 s m\rquote \hich\f40 avoir embrass\'e9\loch\f40 \hich\f40 et souhait\'e9\loch\f40 \hich\f40 le bonsoir au p\'e8\loch\f40
+re Jacques, elle dut, pour entrer dans sa chambre, se glisser assez difficilement entre mon bureau et la porte. C\rquote est vous dire que j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais bien pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s du lieu o\'f9\loch\f40 le crime a
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 lait se commettre.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et ce bureau\~\hich\f40 ? interrompis-je, ob\'e9\loch\f40 \hich\f40 issant, en me m\'ea\loch\f40 \hich\f40 lant \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette \'ab\~\loch\f40 conversation\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , aux d
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 sirs exprim\'e9\loch\f40 \hich\f40 s par mon chef, \'85\loch\f40 \hich\f40 et ce bureau, aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t que vous e\'fb\loch\f40 tes, monsieur Stangerson, entendu crier\~\hich\f40 : \'ab\~\'c0\loch\f40 l\rquote
+assassin\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 et qu\rquote \hich\f40 eurent \'e9\loch\f40 \hich\f40 clat\'e9\loch\f40 le\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s coups de revolver\'85\loch\f40 ce bureau, qu\rquote est-il devenu\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques r\'e9\loch\f40 pondit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Nous l\rquote \hich\f40 avons rejet\'e9\loch\f40 \hich\f40 contre le mur, ici, \'e0\loch\f40 \hich\f40 peu pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s o\'f9\loch\f40 \hich\f40 il est en ce moment, pour pouvoir nous pr\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 cipiter \'e0\loch\f40 l\rquote aise sur la porte, m\rquote \hich\f40 sieur le greffier\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je suivis mon raisonn\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ement, auquel, du reste, je n\rquote attachais qu\rquote \hich\f40 une importance de faible hypoth\'e8\loch\f40 se\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Le bureau \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait si pr\'e8\loch\f40 s de la chambre qu\rquote \hich\f40 un homme, sortant, courb\'e9\loch\f40 \hich\f40
+, de la chambre et se glissant sous le bureau, aurait pu passer inaper\'e7\loch\f40 u\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous oubliez toujours, interr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ompit M. Stangerson, avec lassitude, que ma fille avait ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 sa porte \'e0\loch\f40 clef et au verrou, }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 que}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 la porte est rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 e ferm\'e9\loch\f40 e}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , que nous sommes rest\'e9\loch\f40
+\hich\f40 s \'e0\loch\f40 \hich\f40 lutter contre cette porte d\'e8\loch\f40 s l\rquote \hich\f40 instant o\'f9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 assassinat commen\'e7\loch\f40 ait, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 que nous \'e9\loch\f40
+\hich\f40 tions d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 sur la porte alors que la lutte de l\rquote \hich\f40 assassin et de ma pauvre enfant continuait, que les bruits de cette lutte nous parvenaient encore et que nous entendions r
+\'e2\loch\f40 ler ma malheureuse fille sous l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 treinte des doigts dont son cou a conserv\'e9\loch\f40 la marque sanglant\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . Si rapide qu\rquote
+\hich\f40 ait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 attaque, nous avons \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 aussi rapides qu\rquote \hich\f40 elle et nous nous sommes trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 s imm\'e9\loch\f40 \hich\f40
+diatement derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re cette porte qui nous s\'e9\loch\f40 parait du drame.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je me levai et allai \'e0\loch\f40 la porte que j\rquote \hich\f40 examinai \'e0\loch\f40 nouveau avec le plus grand soin. Puis je m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e relevai et fis un geste de d\'e9
+\loch\f40 couragement.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Imaginez, dis-je, que le panneau inf\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieur de cette porte ait pu \'ea\loch\f40 tre ouvert }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 sans que la porte ait \'e9\loch\f40
+\hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans la n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessit\'e9\loch\f40 de s\rquote ouvrir}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , et le probl\'e8\loch\f40 \hich\f40 me serait r\'e9\loch\f40 solu\~\hich\f40
+! Mais, malheureusement, cette derni\'e8\loch\f40 re hypoth\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e8\loch\f40 \hich\f40 se est inadmissible, apr\'e8\loch\f40 s l\rquote examen de la porte. C\rquote \hich\f40 est une solide et \'e9\loch\f40 \hich\f40
+paisse porte de ch\'ea\loch\f40 \hich\f40 ne constitu\'e9\loch\f40 e de telle sorte qu\rquote \hich\f40 elle forme un bloc ins\'e9\loch\f40 \hich\f40 parable\'85\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s visible, malgr\'e9\loch\f40
+\hich\f40 les d\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e2\loch\f40 \hich\f40 ts qui ont \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 caus\'e9\loch\f40 s par ceux qui l\rquote \hich\f40 ont enfonc\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~! fit le p\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques\'85\loch\f40 c\rquote \hich\f40 est une vieille et solide porte du ch\'e2\loch\f40 teau qu\rquote \hich\f40 on a transport\'e9\loch\f40
+\hich\f40 e ici\'85\loch\f40 une porte comme on n\rquote \hich\f40 en fait plus maintenant. Il nous a fallu cette barre de fer pour en avoir raison, \'e0\loch\f40 \hich\f40 quatre\'85\loch\f40 car la concierge s\rquote \hich\f40 y \'e9\loch\f40
+tait mise aussi, comme une brave femm\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qu\rquote elle est, m\rquote sieur l\rquote juge\~! C\rquote \hich\f40 est tout de m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me malheureux de les voir en prison, \'e0
+\loch\f40 c\rquote t\rquote heure\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le p\'e8\loch\f40 re Jacques n\rquote \hich\f40 eut pas plut\'f4\loch\f40 \hich\f40 t prononc\'e9\loch\f40 \hich\f40 cette phrase de piti\'e9\loch\f40 \hich\f40 et de protestation que les pleurs et les j\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 miades des deux concierges recommenc\'e8\loch\f40 rent. Je\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\rquote \hich\f40 ai jamais vu de pr\'e9\loch\f40 venus aussi larmoyants. J\rquote \hich\f40 en \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tais profond\'e9\loch\f40 \hich\f40 ment d\'e9\loch\f40 \hich\f40 go\'fb\loch\f40 \hich\f40 t\'e9}{\cs30\b\fs36\super \chftn {\footnote \pard\plain \s31\qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs30\lang1036\cgrid {\cs30\b\fs36\super
+\chftn }{ textuel}}}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . M\'ea\loch\f40 \hich\f40 me en admettant leur innocence, je ne comprenais pas que deux \'ea\loch\f40 \hich\f40 tres pussent \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce point manquer de caract\'e8\loch\f40
+re devant le malheur. Une nette attitude, dans de pareils \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 moments, vaut mieux que toutes les larmes et que tous les d\'e9\loch\f40 sespoirs, lesquels, le plus souvent, sont feints et hypocrites.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Eh\~! s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 cria M. de Marquet, encore une fois, assez de piailler comme \'e7\loch\f40 a\~\hich\f40 ! et dites-nous, dans votre int\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'ea\loch\f40
+t, ce que vous faisiez,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 heure o\'f9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 on assassinait votre ma\'ee\loch\f40 \hich\f40 tresse, sous les fen\'ea\loch\f40 tres du pavillon\~\hich\f40
+! Car vous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tiez tout pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s du pavillon quand le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques vous a rencontr\'e9\loch\f40 \hich\f40 s\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Nous venions au secours\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 g\'e9\loch\f40 mirent-ils.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et la femme, entre deux hoquets, glapit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ah\~! si\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nous le tenions, l\rquote \hich\f40 assassin, nous lui ferions passer le go\'fb\loch\f40 t du pain\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et nous ne p\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes, une fois de plus, leur tirer deux phrases sens\'e9\loch\f40 \hich\f40 es de suite. Ils continu\'e8\loch\f40 rent de nier avec acharnement, d\rquote
+attester le bon Dieu et tous les saints qu\rquote \hich\f40 ils \'e9\loch\f40 taient d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ans leur lit quand ils avaient entendu un coup de revolver.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ce n\rquote \hich\f40 est pas un, mais deux coups qui ont \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 tir\'e9\loch\f40 s. Vous voyez bien que vous mentez. Si vous avez entendu l\rquote
+un, vous devez avoir entendu l\rquote autre\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mon Dieu\~! m\rquote sieur le juge, nous n\rquote avons en\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tendu que le second. Nous dormions encore bien s\'fb\loch\f40 \hich\f40 r quand on a tir\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ le premier\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Pour \'e7\loch\f40 \hich\f40 a, on en a tir\'e9\loch\f40 deux\~\hich\f40 ! fit le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques. Je suis s\'fb\loch\f40 \hich\f40 r, moi, que toutes les cartouches de mon revolver
+\'e9\loch\f40 taient intactes\~\hich\f40 ; nous avons retrouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 deux cartouches br\'fb\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 es, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 deux balles, et nous avons entendu deux coups de revolver, derri\'e8
+\loch\f40 re la porte. N\rquote est-ce pas, monsieur Stangerson\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, fit le professeur, deux coups de revolver, un coup sourd d\rquote \hich\f40 abord, puis un coup \'e9\loch\f40 clatant.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Pourquoi continuez-vous \'e0\loch\f40 mentir\~? s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 cria\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. de Marquet, se retournant vers les concierges. Croyez-vous la police aussi b
+\'ea\loch\f40 te que vous\~\hich\f40 ! Tout prouve que vous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tiez dehors, pr\'e8\loch\f40 s du pavillon, au moment du drame. Qu\rquote y faisiez-vous\~? Vous ne voulez pas le dire\~\hich\f40 ? Votre silence atteste votre complicit
+\'e9\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ! Et, quant \'e0\loch\f40 \hich\f40 moi, fit-il, en se tournant vers M. Stangerson\'85\loch\f40 \hich\f40 quant \'e0\loch\f40 moi, je ne puis m\rquote expliquer la fuite de l\rquote assassin que par l
+\rquote \hich\f40 aide apport\'e9\loch\f40 \hich\f40 e par ces deux complices. Aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t que la porte a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fonc\'e9\loch\f40
+e, pendant que vous, monsieur Stangerson, vous vous\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 occupiez de votre malheureuse enfant, le concierge et sa femme facilitaient la fuite du mis\'e9\loch\f40 \hich\f40
+rable qui se glissait derri\'e8\loch\f40 re eux, parvenait jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre du vestibule et sautait dans le parc. Le concierge refermait la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre et les volets derri
+\'e8\loch\f40 re lui\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 .\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Car, enfin, ces volets ne se sont}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pas ferm\'e9\loch\f40
+s tout seuls\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40 ce que j\rquote \hich\f40 ai trouv\'e9\'85\loch\f40 Si quelqu\rquote \hich\f40 un a imagin\'e9\loch\f40 autre chose, qu\rquote il le dise\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. Stangerson intervint\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 C\rquote est impossible\~\hich\f40 ! Je ne crois pas \'e0\loch\f40 \hich\f40 la culpabilit\'e9\loch\f40 \hich\f40 ni \'e0\loch\f40 \hich\f40 la complicit\'e9\loch\f40 de mes concierge
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s, bien que je ne comprenne pas ce qu\rquote \hich\f40 ils faisaient dans le parc \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette heure avanc\'e9\loch\f40 e de la nuit. Je dis\~: c\rquote est impossible\~
+! parce que la concierge tenait la lampe et n\rquote \hich\f40 a pas boug\'e9\loch\f40 du seuil de la chambre\~\hich\f40 ; parce que, moi, sit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t la porte d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fonc\'e9\loch\f40 e, je me
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 is \'e0\loch\f40 \hich\f40 genoux pr\'e8\loch\f40 s du corps de mon enfant, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 et qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 tait impossible que l\rquote
+\hich\f40 on sort\'ee\loch\f40 t ou que l\rquote \hich\f40 on entr\'e2\loch\f40 t de cette chambre par cette porte sans enjamber le corps de ma fille et sans}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 me bousculer, moi\~!}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est impossible, parce que le p\'e8\loch\f40 re Jacques et le concierg\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e n\rquote ont eu qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40
+ jeter un regard dans cette chambre et sous le lit, comme je l\rquote ai fait en entrant, pour voir qu\rquote il n\rquote \hich\f40 y avait plus personne, dans la chambre, que ma fille \'e0\loch\f40 l\rquote agonie.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Que pensez-vous, vous, monsieur Darzac, qui n\rquote avez encore rien dit\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 emanda le juge.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac r\'e9\loch\f40 pondit qu\rquote il ne pensait rien.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Et vous, monsieur le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\~\loch\f40 ?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Dax, le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 , avait jusqu\rquote \hich\f40 alors uniquement \'e9\loch\f40 \hich\f40 cout\'e9\loch\f40 \hich\f40 et examin\'e9\loch\f40
+ les lieux. Il daigna enfin desserrer les dents\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il faudrait, en attendant que l\rquote \hich\f40 on trouve le criminel, d\'e9\loch\f40 couvrir le mobile du crime. Cela nous avancerait un peu, fit-il.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Monsieur le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 \hich\f40 , le crime appara\'ee\loch\f40 \hich\f40 t bassement passionnel, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pliqua M. de Marquet. Les traces laiss
+\'e9\loch\f40 es par l\rquote assassin, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le mouchoir grossier et le b\'e9\loch\f40 \hich\f40 ret ignoble nous portent \'e0\loch\f40 croire que l\rquote assassin n\rquote \hich\f40 appartenait point \'e0\loch\f40
+\hich\f40 une classe de la soci\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s \'e9\loch\f40 \hich\f40 lev\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Les concierges pourraient peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre nous renseigner l\'e0\loch\f40
+ dessus\~\hich\f40 \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 continua, se tournant vers M. \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+Stangerson et sur ce ton froid qui est la marque, selon moi, des solides intelligences et des caract\'e8\loch\f40 \hich\f40 res fortement tremp\'e9\loch\f40 s.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Mlle Stangerson ne devait-elle pas prochainement se marier\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le professeur regarda douloureusement M. Robert Darzac.\~
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Avec\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 mon ami que j\rquote \hich\f40 eusse \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 heureux d\rquote \hich\f40 appeler mon fils\'85\loch\f40 \hich\f40 avec M. Robert Darzac\'85
+
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mlle Stangerson va beaucoup mieux et se remettra rapidement de ses blessures. C\rquote \hich\f40 est un mariage simplement retard\'e9\loch\f40 , n\rquote est-ce pas, monsieur\~\hich\f40 ? insista le chef de la S\'fb
+\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 esp\'e8\loch\f40 re.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Comment\~! Vous n\rquote \hich\f40 en \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes pas s\'fb\loch\f40 r\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Stangerson se tut. M. Robert Darzac parut agit\'e9\loch\f40 \hich\f40 , ce que je vis \'e0\loch\f40 \hich\f40 un tremblement de sa main sur sa cha\'ee\loch\f40 ne de montre, car rien ne m\rquote \hich\f40 \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 chappe. M. Dax toussotta comme faisait M. de Marquet quand il \'e9\loch\f40 tait emba\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rrass\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous comprendrez, monsieur Stangerson, dit-il, que, dans une affaire aussi embrouill\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, nous ne pouvons rien n\'e9\loch\f40 gliger\~\hich\f40 ; que nous devons tout savoir, m
+\'ea\loch\f40 \hich\f40 me la plus petite, la plus futile chose se rapportant \'e0\loch\f40 \hich\f40 la victime\'85\loch\f40 le renseignement, en appar\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ence, le plus insignifiant\'85\loch\f40 Qu\rquote \hich\f40
+est-ce donc qui vous a fait croire que, dans la quasi-certitude, o\'f9\loch\f40 nous sommes maintenant, que Mlle Stangerson vivra, ce mariage pourra ne pas avoir lieu\~? Vous avez dit\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 j\rquote \hich\f40 esp\'e8\loch\f40 re.\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Cette esp\'e9\loch\f40 rance m\rquote \hich\f40 appara\'ee\loch\f40 t comme un d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ute. Pourquoi doutez-vous\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Stangerson fit un visible effort sur lui-m\'ea\loch\f40 me\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Oui, monsieur, finit-il par dire. Vous avez raison. Il vaut mieux que vous sachiez une chose qui semblerait avoir de l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+importance si je vous la cachais. M. Robert Darzac sera, du reste, de mon avis.\~\hich\f40 \'bb\~
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac, dont la p\'e2\loch\f40 \hich\f40 leur, \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce moment, me parut tout \'e0\loch\f40 fait anormale, fit signe qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 tait de l\rquote \hich\f40
+avis du professeur. Pour moi, si M. Darzac ne r\'e9\loch\f40 pondait que par signe, c\rquote e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 st qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 tait incapable de prononcer un mot.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Sachez donc, monsieur le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 \hich\f40 , continua M. Stangerson, que ma fille avait jur\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ de ne jamais me quitter et tenait son serment malgr\'e9\loch\f40 \hich\f40 toutes mes pri\'e8\loch\f40 res, car j\rquote \hich\f40 essayai plusieurs fois de la d\'e9\loch\f40 cider\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 au mariage, comme c\rquote \hich\f40 \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tait mon devoir. Nous conn\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes M. Robert Darzac de longues ann\'e9\loch\f40 es. M. Robert Darzac aime ma fille. Je pus croire, un moment, qu\rquote \hich\f40 il en \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait aim\'e9\loch\f40
+, puisque j\rquote \hich\f40 eus la joie r\'e9\loch\f40 cente d\rquote \hich\f40 apprendre de la bouche m\'ea\loch\f40 me de ma fille qu\rquote elle consent\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 it enfin \'e0\loch\f40
+ un mariage que j\rquote \hich\f40 appelais de tous mes v\'9c\loch\f40 ux. Je suis d\rquote \hich\f40 un grand \'e2\loch\f40 \hich\f40 ge, monsieur, et ce fut une heure b\'e9\loch\f40 \hich\f40 nie que celle o\'f9\loch\f40 je connus enfin qu\rquote
+\hich\f40 apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s moi Mlle Stangerson aurait \'e0\loch\f40 \hich\f40 ses c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 s, pour l\rquote \hich\f40 aimer et continuer nos travaux communs, un \'ea\loch\f40 tre que j\rquote a
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 me et que j\rquote \hich\f40 estime pour son grand c\'9c\loch\f40 \hich\f40 ur et pour sa science. Or, monsieur le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 \hich\f40
+, deux jours avant le crime, par je ne sais quel retour de sa volont\'e9\loch\f40 , ma fille m\rquote \hich\f40 a d\'e9\loch\f40 \hich\f40 clar\'e9\loch\f40 qu\rquote elle n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 pouserait pas M. Robert Darzac.\~\hich\f40 \'bb
+
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il y eut ici un silence pe\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 sant. La minute \'e9\loch\f40 tait grave. M Dax reprit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Et Mlle Stangerson ne vous a donn\'e9\loch\f40 aucune explication, ne vous a point dit pour quel motif\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Elle m\rquote a dit qu\rquote \hich\f40 elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait trop vieille maintenant pour se marier\'85\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 elle avait attendu trop longtemps\'85\loch\f40 qu\rquote ell
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e avait bien r\'e9\loch\f40 \hich\f40 fl\'e9\loch\f40 \hich\f40 chi\'85\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 elle estimait et m\'ea\loch\f40 me qu\rquote \hich\f40 elle aimait M. Robert Darzac\'85\loch\f40 mais qu\rquote
+\hich\f40 il valait mieux que les choses en restassent l\'e0\'85\loch\f40 que l\rquote \hich\f40 on continuerait le pass\'e9\'85\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 elle serait heureuse m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me de voir les liens de pure amiti\'e9\loch\f40
+\hich\f40 qui nous attachaient \'e0\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . Robert Darzac nous unir d\rquote \hich\f40 une fa\'e7\loch\f40 \hich\f40 on encore plus \'e9\loch\f40 troite, mais qu\rquote \hich\f40 il f\'fb
+\loch\f40 t bien entendu qu\rquote on ne lui parlerait jamais plus de mariage.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 qui est \'e9\loch\f40 trange\~! murmura M Dax.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 trange\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 ,\~\hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 ta M. de Marquet.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Stangerson, avec un p\'e2\loch\f40 \hich\f40 le et glac\'e9\loch\f40 sourir\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e, dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ce n\rquote \hich\f40 est point de ce c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 , monsieur, que vous trouverez le mobile du crime.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M Dax\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 En tout cas, fit-il d\rquote une voix impatiente, le mobile n\rquote est pas le vol\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~\hich\f40 ! nous en sommes s\'fb\loch\f40 rs\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 cria le juge d\rquote instruction.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40 ce moment la po\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 rte du laboratoire s\rquote ouvrit et le brigadier de gendarmerie apporta une carte au juge d\rquote instruction. M. de Marquet lut et poussa une sourde exclamation
+\~;\~puis\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! voil\'e0\loch\f40 qui est trop fort\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Qu\rquote est-ce\~\hich\f40 ? demanda le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 La carte d\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 un petit reporter de }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , M. Joseph Rouletabille, et ces mots\~
+\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 L\rquote \hich\f40 un des mobiles du crime a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 le vol\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 sourit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ah\~! Ah\~\hich\f40 ! le jeune Rouletabille\'85\loch\f40 j\rquote \hich\f40 en ai d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 entendu parler\'85\loch\f40 \hich\f40 il passe pour ing\'e9\loch\f40
+\hich\f40 nieux\'85\loch\f40 Faites-le donc entre\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r, monsieur le juge d\rquote instruction.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et l\rquote on fit entrer M. Joseph Rouletabille. J\rquote \hich\f40 avais fait sa connaissance dans le train qui nous avait amen\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, ce matin-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40 \hich\f40 \'c9
+\loch\f40 pinay-sur-Orge. Il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait introduit, presque malgr\'e9\loch\f40 moi, dans notre compartiment et j\rquote aime m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ieux dire tout de suite que ses mani\'e8\loch\f40
+\hich\f40 res et sa d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sinvolture, et la pr\'e9\loch\f40 tention qu\rquote \hich\f40 il semblait avoir de comprendre quelque chose dans une affaire o\'f9\loch\f40 la justice ne comprenait rien, me l\rquote
+avaient fait prendre en grippe. Je n\rquote aime point les journalistes. Ce son\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 des esprits brouillons et entreprenants qu\rquote \hich\f40
+il faut fuir comme la peste. Cette sorte de gens se croit tout permis et ne respecte rien. Quand on a eu le malheur de leur accorder quoi que ce soit et de se laisser approcher par eux, on est tout de suite d\'e9\loch\f40 bo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 et il n\rquote est point d\rquote ennuis que l\rquote on ne doive redouter. Celui-ci paraissait une vingtaine d\rquote \hich\f40 ann\'e9\loch\f40 \hich\f40 es \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ peine, et le toupet avec lequel il avait os\'e9\loch\f40 nous interroger et discuter avec nous me l\rquote \hich\f40 avait rendu particuli\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement odieux. Du reste, il avait une fa\'e7\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 de s\rquote exprimer qui attestait qu\rquote il se moquait outrageusement de nous. Je sais bien que le journal }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 est un organe influent avec lequel il faut savoir \'ab\~\loch\f40 composer\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , mais encore ce journal ferait bien de ne point prendre ses r\'e9\loch\f40 \hich\f40 dacteurs \'e0\loch\f40 la mamelle.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Joseph Rouletabille entra donc dans le laboratoire, nous salua et attendit que M. de Marquet lui demand\'e2\loch\f40 t de s\rquote expliquer.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 tendez, monsieur, dit celui-ci, que vous connaissez le mobile du crime, et que ce mobile, contre toute \'e9\loch\f40 vidence, serait \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+le vol\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non, monsieur le juge d\rquote instruction, je n\rquote \hich\f40 ai point pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 tendu cela. Je ne dis pas que le mobile du crime a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 le vol }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 et je ne le}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 crois pas.}{
+\par
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Alors, que signifie cette carte\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Elle signifie que }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote un des mobiles}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 du crime a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 le vol.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Qu\rquote es\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t-ce qui vous a renseign\'e9\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ceci\~! si vous voulez bien m\rquote accompagner.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et le jeune homme nous pria de le suivre dans le vestibule, ce que nous f\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes. L\'e0\loch\f40 \hich\f40 , il se dirigea du c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40
+ du lavatory et pria M. le juge d\rquote \hich\f40 instruction de se mettre \'e0\loch\f40 \hich\f40 genoux \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+e lui. Ce lavatory recevait du jour par sa porte vitr\'e9\loch\f40 \hich\f40 e et, quand la porte \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait ouverte, la lumi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re qui y p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 trait \'e9\loch\f40
+tait suffisante pour l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 clairer parfaitement. M. de Marquet et M Joseph Rouletabille s\rquote \hich\f40 agenouill\'e8\loch\f40 rent sur le seuil. Le jeune homme montra\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t un endroit de la dalle.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Les dalles du lavatory n\rquote \hich\f40 ont point \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 lav\'e9\loch\f40 \hich\f40 es par le p\'e8\loch\f40 re Jacques, fit-il, depuis un certain temps\~\hich\f40
+; cela se voit \'e0\loch\f40 \hich\f40 la couche de poussi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re qui les recouvre. Or, voyez, \'e0\loch\f40 cet endroit, la marque de deux larges semelles et de cett\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+e cendre noire qui accompagne partout les pas de l\rquote assassin. Cette cendre n\rquote \hich\f40 est point autre chose que la poussi\'e8\loch\f40 re de charbon qui couvre le sentier que l\rquote \hich\f40 on doit traverser pour venir directement, \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 travers la for\'ea\loch\f40 t, d\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 pinay au Glandier. Vous savez qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+t endroit il y a un petit hameau de charbonniers et qu\rquote \hich\f40 on y fabrique du charbon de bois en grande quantit\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Voil\'e0\loch\f40 ce qu\rquote \hich\f40 a d\'fb\loch\f40 faire l\rquote assassin\~\hich\f40 : il a p\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 tr\'e9\loch\f40 ici l\rquote \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 s-midi quand il n\rquote \hich\f40 y eut plus personne au pavillon, et il a perp\'e9\loch\f40 \hich\f40 tr\'e9\loch\f40 son vol.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais quel vol\~\hich\f40 ? O\'f9\loch\f40 voyez-vous le vol\~? Qui vous prouve le vol\~\hich\f40 ? nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 cri\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes nous tous en m\'ea\loch\f40 me temps.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ce qui m\rquote \hich\f40 a mis sur la trace du vol, continua le journaliste\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est ceci\~\hich\f40 ! interrompit M. de Marquet, toujours \'e0\loch\f40 genoux.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 videmment\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , fit M. Ro\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 uletabille.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et M. de Marquet expliqua qu\rquote \hich\f40 il y avait, en effet, sur la poussi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re des dalles, \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 de la trace des deux semelles, l
+\rquote \hich\f40 empreinte fra\'ee\loch\f40 che d\rquote un lourd paquet rectangulaire, et qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 tait facile de distinguer la marque des ficelles qui l\rquote enserra\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ient\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Mais vous \'ea\loch\f40 tes donc venu ici, monsieur Rouletabille\~; j\rquote \hich\f40 avais pourtant ordonn\'e9\loch\f40 \hich\f40 au p\'e8\loch\f40 re Jacques de ne laisser entrer personne\~
+; il avait la garde du pavillon.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ne grondez pas le p\'e8\loch\f40 re Jacques, je suis venu ici avec M. Robert Darzac.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~! vraime\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nt\'85\~\'bb\loch\f40 s\rquote \hich\f40 exclama M. de Marquet m\'e9\loch\f40 \hich\f40 content, et jetant un regard de c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40
+\hich\f40 \'e0\loch\f40 M. Darzac, lequel restait toujours silencieux.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Quand j\rquote \hich\f40 ai vu la trace du paquet \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 de l\rquote empreinte des semelles, je n\rquote \hich\f40 ai plus dout\'e9\loch\f40
+ du vol, reprit M. Rouletabille. Le voleur n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 ta\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 it pas venu avec un paquet\'85\loch\f40 \hich\f40 Il avait fait, ici, ce paquet, avec les objets vol\'e9\loch\f40 s sans doute, et il l
+\rquote \hich\f40 avait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 pos\'e9\loch\f40 dans ce coin, dans le dessein de l\rquote y reprendre au moment de sa fuite\~; }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 il}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 avait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 pos\'e9\loch\f40 \hich\f40 aussi, \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 de son paquet, ses lourdes chaussures\~;}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 ar, regardez, aucune trace de pas ne conduit \'e0\loch\f40 \hich\f40 ces chaussures, et les semelles sont \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 l\rquote une de l\rquote autre, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+comme des semelles au repos et vides de leurs pieds. }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ainsi comprendrait-on que l\rquote assassin, quand il s\rquote \hich\f40 enfuit de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , n\rquote \hich\f40 a laiss\'e9
+\loch\f40 aucu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ne trace de ses pas dans le laboratoire ni dans le vestibule. Apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 tr\'e9\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+avec ses chaussures}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , il les y a d\'e9\loch\f40 faites, sans doute parce qu\rquote \hich\f40 elles le g\'ea\loch\f40 naient ou parce qu\rquote
+il voulait faire le moins de bruit possible. La marque de \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 son passage }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 aller}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 travers le vestibule et le laboratoire a \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 effac\'e9\loch\f40 \hich\f40 e par le lavage subs\'e9\loch\f40 \hich\f40 quent du p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, ce qui nous m\'e8\loch\f40 \hich\f40 ne \'e0\loch\f40 faire entrer l\rquote \hich\f40
+assassin dans le pavillon par la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre ouverte du vestibule lors de la premi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re absence du p\'e8\loch\f40 re Jacques, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 avant le lavage qui a eu lieu \'e0\loch\f40
+ cinq heure et demie\~!
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 L\rquote \hich\f40 assassin, apr\'e8\loch\f40 s qu\rquote \hich\f40 il eut d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fait ses chaussures, qui, certainement le g\'ea\loch\f40 \hich\f40 naient, les a port\'e9\loch\f40 \hich\f40
+es \'e0\loch\f40 \hich\f40 la main dans le lavatory et les y a d\'e9\loch\f40 \hich\f40 pos\'e9\loch\f40 \hich\f40 es du seuil, car, sur la poussi\'e8\loch\f40 re du lavatory, il n\rquote y a \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+pas trace de pieds nus ou enferm\'e9\loch\f40 s dans des chaussettes, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ou}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 encore dans d\rquote autres chaussures}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+. Il a donc d\'e9\loch\f40 \hich\f40 pos\'e9\loch\f40 \hich\f40 ses chaussures \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 de son paquet. Le vol \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40
+\hich\f40 , \'e0\loch\f40 ce moment, accompli. Puis l\rquote \hich\f40 homme retourne \'e0\loch\f40 \hich\f40 la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 et s\rquote y glisse alors sous\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le lit o\'f9
+\loch\f40 \hich\f40 la trace de son corps est parfaitement visible sur le plancher et m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me sur la natte qui a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40 \hich\f40 cet endroit, l\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e8
+\loch\f40 \hich\f40 rement roul\'e9\loch\f40 \hich\f40 e et tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s froiss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Des brins de paille m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, fra\'ee\loch\f40 \hich\f40 chement arrach\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, t\'e9\loch\f40
+\hich\f40 moignent \'e9\loch\f40 galement du passage de l\rquote assassin sous\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le lit\'85}{\i
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Oui, oui, cela nous le savons\'85\loch\f40 dit M. de Marquet.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ce retour sous le lit prouve que le vol, continua cet \'e9\loch\f40 tonnant gamin de journaliste, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait point le seul mobile de la}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 venue de l\rquote homme}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . Ne me dites point qu\rquote il s\rquote \hich\f40 y serait aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t r\'e9\loch\f40 \hich\f40 fugi\'e9
+\loch\f40 en\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 apercevant, par la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre du vestibule, soit le p\'e8\loch\f40 re Jacques, soit M. et Mlle Stangerson s\rquote \hich\f40 appr\'ea\loch\f40 \hich\f40 tant \'e0\loch\f40
+\hich\f40 rentrer dans le pavillon. Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait beaucoup plus facile pour lui de grimper au grenier, et, cach\'e9\loch\f40 , d\rquote attendre une occasion de se sauver, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 si son}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 dessein\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\rquote \hich\f40 avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 que de fuir.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non\~! Non\~! }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il fallait que l\rquote assassin}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\'85}{
+\par
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ici, le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 intervint\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\'c7\loch\f40 a n\rquote est pas mal du tout, cela, jeune homme\~\hich\f40 ! mes f\'e9\loch\f40 \hich\f40 licitations\'85\loch\f40 et si nous ne savons pas encore comment l\rquote assassin est p
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 arti, nous suivons d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 , pas \'e0\loch\f40 \hich\f40 pas, son entr\'e9\loch\f40 e ici, et nous voyons ce qu\rquote il y a fait\~\hich\f40 : il a vol\'e9\loch\f40
+. Mais qu\rquote \hich\f40 a-t-il donc vol\'e9\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Des choses extr\'ea\loch\f40 \hich\f40 mement pr\'e9\loch\f40 cieuses\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , r\'e9\loch\f40 pondit le reporter.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40 \hich\f40 ce moment, nous entend\'ee\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 mes un cri qui partait du laboratoire. Nous nous y pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cipit\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes, et nous y trouv\'e2
+\loch\f40 \hich\f40 mes M. Stangerson qui, les yeux hagards, les membres agit\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, nous montrait une sorte de meuble-biblioth\'e8\loch\f40 que qu\rquote il venait d\rquote ouvrir et qui nous apparut vide.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Au m\'ea\loch\f40 me instant, i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 l se laissa aller dans le grand fauteuil qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pouss\'e9\loch\f40 \hich\f40 devant le bureau et g\'e9\loch\f40 mit\~
+:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Encore une fois, je suis vol\'e9\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et puis une larme, une lourde larme, coula sur sa joue\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Surtout, dit-il, qu\rquote \hich\f40 on ne dise pas un mot de ceci \'e0\loch\f40 \hich\f40 ma fille\'85\loch\f40 Elle serait\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 encore plus pein\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e que moi\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il poussa un profond soupir, et, sur le ton d\rquote une douleur que je n\rquote oublierai jamais\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Qu\rquote \hich\f40 importe, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s tout\'85\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pourvu qu\rquote elle vive\~\hich\f40 ! \'85}{
+\par
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Elle vivra\~! dit, d\rquote \hich\f40 une voix \'e9\loch\f40 trangement touchante, Robert Darzac.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et nous vous r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 etrouverons les objets vol\'e9\loch\f40 s, fit M Dax. Mais qu\rquote y avait-il dans ce meuble\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vingt ans de ma vie, r\'e9\loch\f40 pondit sourdement l\rquote \hich\f40 illustre professeur, ou plut\'f4\loch\f40 \hich\f40 t de notre vie, \'e0\loch\f40 \hich\f40 ma fille et \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ moi. Oui, nos plus pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cieux documents, les relations les plus secr\'e8\loch\f40 tes s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ur nos exp\'e9\loch\f40 \hich\f40 riences et sur nos travaux, depuis vingt ans, \'e9\loch\f40 \hich\f40
+taient enferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 s l\'e0\loch\f40 . C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait une v\'e9\loch\f40 \hich\f40 ritable s\'e9\loch\f40 \hich\f40 lection parmi tant de documents dont cette pi\'e8\loch\f40 ce est pleine. C\rquote
+\hich\f40 est une perte irr\'e9\loch\f40 parable pour nous, et, j\rquote \hich\f40 ose dire, pour la science. Toutes les \'e9\loch\f40 tapes pa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 lesquelles j\rquote \hich\f40 ai d\'fb\loch\f40
+\hich\f40 passer pour arriver \'e0\loch\f40 \hich\f40 la preuve d\'e9\loch\f40 cisive de l\rquote \hich\f40 an\'e9\loch\f40 \hich\f40 antissement de la mati\'e8\loch\f40 \hich\f40 re, avaient \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40
+, par nous, soigneusement \'e9\loch\f40 \hich\f40 nonc\'e9\loch\f40 \hich\f40 es, \'e9\loch\f40 \hich\f40 tiquet\'e9\loch\f40 \hich\f40 es, annot\'e9\loch\f40 \hich\f40 es, illustr\'e9\loch\f40 \hich\f40 es de photographies et de dessins. Tout cela \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tait rang\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 . Le plan de trois nouv\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 aux appareils, l\rquote \hich\f40 un pour \'e9\loch\f40 \hich\f40 tudier la d\'e9\loch\f40
+perdition, sous l\rquote \hich\f40 influence de la lumi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re ultra-violette, des corps pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 alablement \'e9\loch\f40 \hich\f40 lectris\'e9\loch\f40 s\~; l\rquote \hich\f40 autre qui devait rendre visible la d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 perdition \'e9\loch\f40 lectrique sous l\rquote \hich\f40 action des particules de mati\'e8\loch\f40 \hich\f40 re dissoci\'e9\loch\f40 e contenue dan\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 les gaz des flammes\~
+\hich\f40 ; un troisi\'e8\loch\f40 \hich\f40 me, tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s ing\'e9\loch\f40 \hich\f40 nieux, nouvel \'e9\loch\f40 \hich\f40 lectroscope condensateur diff\'e9\loch\f40 rentiel\~\hich\f40
+; tout le recueil de nos courbes traduisant les propri\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 s fondamentales de la substance interm\'e9\loch\f40 \hich\f40 diaire entre la mati\'e8\loch\f40 \hich\f40 re pond\'e9\loch\f40 rable et l\rquote
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 ther impond\'e9\loch\f40 rable\~;\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 vingt ans d\rquote \hich\f40 exp\'e9\loch\f40 \hich\f40 riences sur la chimie intra-atomique et sur les \'e9\loch\f40
+\hich\f40 quilibres ignor\'e9\loch\f40 \hich\f40 s de la mati\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 ; un manuscrit que je voulais faire para\'ee\loch\f40 tre sous ce titre\~: }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Les M\'e9\loch\f40 taux}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qui souffrent}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . Est-ce que je sais\~?\~est-ce que je sais\~? L\rquote \hich\f40 homme qui est venu l\'e0\loch\f40 m\rquote aura\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 tout pris\'85\loch\f40 \hich\f40 Ma fille et mon \'9c\loch\f40 \hich\f40 uvre\'85\loch\f40 \hich\f40 mon c\'9c\loch\f40 \hich\f40 ur et mon \'e2\loch\f40 \hich\f40 me\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et le grand Stangerson se prit \'e0\loch\f40 pleurer comme un enfant.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Nous l\rquote \hich\f40 entourions en silence, \'e9\loch\f40 \hich\f40 mus par cette immense d\'e9\loch\f40 \hich\f40 tresse. M. Robert Darzac, accoud\'e9\loch\f40 \hich\f40 au fauteuil o\'f9\loch\f40 \hich\f40
+ le professeur \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e9\loch\f40 \hich\f40 croul\'e9\loch\f40 , essayai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t en vain de dissimuler ses larmes, ce qui faillit un instant me le rendre sympathique, malgr\'e9\loch\f40 l\rquote
+\hich\f40 instinctive r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pulsion que son attitude bizarre et son \'e9\loch\f40 \hich\f40 moi souvent inexpliqu\'e9\loch\f40 m\rquote \hich\f40 avaient inspir\'e9\loch\f40 \hich\f40 e pour son \'e9\loch\f40 nigmatique personnage.
+
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M Joseph Rouletabille, seul,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 comme si son pr\'e9\loch\f40 cieux temps et sa mission sur la terre ne lui permettaient point de s\rquote \hich\f40 appesantir sur la mis\'e8\loch\f40
+re humaine, s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait rapproch\'e9\loch\f40 \hich\f40 , fort calme, du meuble vide et, le montrant au chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 \hich\f40 , rompait bient\'f4\loch\f40
+t le religieux silence dont nous hon\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rions le d\'e9\loch\f40 sespoir du grand Stangerson. Il nous donna quelques explications, dont nous n\rquote \hich\f40 avions que faire, sur la fa
+\'e7\loch\f40 \hich\f40 on dont il avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 amen\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 croire \'e0\loch\f40 \hich\f40 un vol, par la d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couverte simultan\'e9\loch\f40 e qu
+\rquote il avait faite des traces dont j\rquote \hich\f40 ai parl\'e9\loch\f40 plus haut dans le \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 avatory, et de la vacuit\'e9\loch\f40 \hich\f40 de ce meuble pr\'e9\loch\f40
+cieux dans le laboratoire. Il n\rquote avait fait, nous disait-il, que passer dans le laboratoire\~\hich\f40 ; mais la premi\'e8\loch\f40 re chose qui l\rquote \hich\f40 avait frapp\'e9\loch\f40 \hich\f40 avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40
+\hich\f40 la forme \'e9\loch\f40 \hich\f40 trange du meuble, sa solidit\'e9\loch\f40 , sa construction en fer qui \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e mettait \'e0\loch\f40 l\rquote abri d\rquote
+un accident par la flamme, et le fait qu\rquote \hich\f40 un meuble comme celui-ci, destin\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 conserver des objets auxquels on devait tenir par-dessus tout, avait, sur sa porte de fer, \'ab\~\loch\f40 sa clef
+\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . \'ab\~\loch\f40 On n\rquote a point d\rquote ordinaire un coffre-fort pour le lai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ser ouvert\'85\~\'bb\loch\f40 \hich\f40
+ Enfin, cette petite clef, \'e0\loch\f40 \hich\f40 t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te de cuivre, des plus compliqu\'e9\loch\f40 \hich\f40 es, avait attir\'e9\loch\f40 \hich\f40 , para\'ee\loch\f40 t-il, l\rquote attention de M. Joseph Rouletabille, alors qu
+\rquote \hich\f40 elle avait endormi la n\'f4\loch\f40 \hich\f40 tre. Pour nous autres, qui ne sommes point des enfants, la pr\'e9\loch\f40 sence d\rquote une clef\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 sur un meuble \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 veille plut\'f4\loch\f40 \hich\f40 t une id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e de s\'e9\loch\f40 \hich\f40 curit\'e9\loch\f40 \hich\f40 , mais pour M. Joseph Rouletabille, qui est \'e9\loch\f40 \hich\f40 videmment un g\'e9\loch\f40 nie \endash
+\hich\f40 comme dit Jos\'e9\loch\f40 Dupuy dans }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Les cinq cents millions de Gladiator}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Quel g\'e9\loch\f40 nie\~! Quel dentiste\~!\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 \endash \hich\f40 la pr\'e9\loch\f40 sence d\rquote \hich\f40 une clef sur une serrure \'e9\loch\f40 vei\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 lle l\rquote \hich\f40 id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e du vol. Nous en s\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes bient\'f4
+\loch\f40 t la raison.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mais, auparavant que de vous la faire conna\'ee\loch\f40 tre, je dois rapporter que M. de Marquet me parut fort perplexe, ne sachant s\rquote \hich\f40 il devait se r\'e9\loch\f40 \hich\f40
+jouir du pas nouveau que le petit reporter avait fait faire \'e0\loch\f40 l\rquote in\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 struction ou s\rquote \hich\f40 il devait se d\'e9\loch\f40 soler de ce que ce pas n\rquote \hich\f40 e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t pas \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 fait par lui. Notre profession comporte de ces d\'e9\loch\f40 boires, mais nous n\rquote avons point le droit d\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40
+tre pusillanime et nous devons fouler aux pieds notre amour-propre quand il s\rquote \hich\f40 agit du bien g\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 al. Aussi M. de Marquet triompha-t-il de lui-m
+\'ea\loch\f40 \hich\f40 me et trouva-t-il bon de m\'ea\loch\f40 \hich\f40 ler enfin ses compliments \'e0\loch\f40 \hich\f40 ceux de M Dax, qui, lui, ne les m\'e9\loch\f40 \hich\f40 nageait pas \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ M. Rouletabille. Le gamin haussa les \'e9\loch\f40 paules, disant\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 il n\rquote y a pas de quoi\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Je lui aurais flanqu\'e9\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e gifle avec satisfaction, surtout dans le moment qu\rquote il ajouta\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous feriez bien, monsieur, de demander \'e0\loch\f40 M. Stangerson qui avait la garde ordinaire de cette clef\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ma fille, r\'e9\loch\f40 pondit M. Stangerson. Et cette clef ne la quittait jamais.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ! mais voil\'e0\loch\f40 qui change l\rquote aspect des choses et qui ne correspond plus avec la conception de M. Rouletabille, s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+cria M. de Marquet. Si cette clef ne quittait jamais Mlle Stangerson, l\rquote \hich\f40 assassin aurait donc attendu Mlle Stangerson cette nuit-l\'e0\loch\f40 , dans sa cha\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+bre, pour lui voler cette clef, et le vol n\rquote aurait eu lieu qu\rquote }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 s l\rquote assassinat\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mais, apr\'e8\loch\f40 s l\rquote
+assassinat, il y avait quatre personnes dans le laboratoire\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 D\'e9\loch\f40 \hich\f40 cid\'e9\loch\f40 ment, je n\rquote y comprends plus rien\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et M. de Marquet r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 \hich\f40 ta, avec une rage d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sesp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , qui devait \'ea
+\loch\f40 tre pour lui le comble de l\rquote ivresse, car je ne sais si j\rquote \hich\f40 ai d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 dit qu\rquote il n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait jamais aussi heureux que lorsqu\rquote il ne comprenait pas\~:
+
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\'85\loch\f40 plus rien\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le vol, r\'e9\loch\f40 pliqua le reporter, ne peut avoir eu lieu qu\rquote }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 avant}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote assassinat.}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est ind\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ubitable pour la raison que vous croyez }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 et pour d\rquote autres raisons que je crois. Et, quand l\rquote \hich\f40 assassin a p\'e9\loch\f40
+\hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 tr\'e9}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 dans le pavillon, il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 en possession de la clef \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 t\'ea\loch\f40 te de cuivre.}{
+\par
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c7\loch\f40 a n\rquote est pas possible\~! fit doucement M. Stangerson.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est si bie\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n possible, monsieur, qu\rquote en voici la preuve.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ce diable de petit bonhomme sortit alors de sa poche un num\'e9\loch\f40 ro de }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 dat\'e9\loch\f40
+ du 21 octobre (je rappelle que le crime a eu lieu dans la nuit du 24 au 25), et, nous montrant une annonce, lut\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 \hich\f40 Il a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 perdu hier un r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ticule de satin noir dans les grands magasins de la Louve. Ce r
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 ticule contenait divers objets dont une petite clef \'e0\loch\f40 \hich\f40 t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te de cuivre. Il sera donn\'e9\loch\f40 \hich\f40 une forte r\'e9\loch\f40 \hich\f40 compense \'e0\loch\f40 la personne qui l
+\rquote \hich\f40 aura trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Cette personne devra \'e9\loch\f40 crire, poste r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 stante, au bureau 40, \'e0\loch\f40 cette adresse\~: }{\fs28
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M.A.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 T.H.S.N.\~\hich\f40 \'bb}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ces lettres ne d\'e9\loch\f40
+signent-elles point, continua le reporter, Mlle Stangerson\~\hich\f40 ? Cette clef \'e0\loch\f40 \hich\f40 t\'ea\loch\f40 te de cuivre n\rquote est-elle point cette clef-ci\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 \hich\f40 Je lis toujours les annonces. Dans mon m
+\'e9\loch\f40 tier, comme dans l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e v\'f4\loch\f40 tre, monsieur le juge d\rquote \hich\f40 instruction, il faut toujours lire les petites annonces personnelles\'85\loch\f40 Ce qu\rquote \hich\f40 on y d\'e9
+\loch\f40 couvre d\rquote intrigues\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 et de clefs d\rquote intrigues\~\hich\f40 ! Qui ne sont pas toujours \'e0\loch\f40 \hich\f40 t\'ea\loch\f40 te de cuivre, et qui n\rquote \hich\f40 en sont pas moins int\'e9\loch\f40
+ressantes. Cette anno\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ce, particuli\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement, par la sorte de myst\'e8\loch\f40 re dont la femme qui avait perdu une clef, objet peu compromettant, s\rquote
+entourait, m\rquote \hich\f40 avait frapp\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Comme elle tenait \'e0\loch\f40 cette clef\~\hich\f40 ! Comme elle promettait une forte r\'e9\loch\f40 compense\~\hich\f40 ! Et je songeai \'e0\loch\f40 ces six lettres\~: }{\fs28
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M.A.\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 T.H.S.N}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . Les quatre premi\'e8\loch\f40 res m\rquote \hich\f40 indiquaient tout de suite un pr\'e9\loch\f40 nom.\~\hich\f40 \'ab\~\'c9\loch\f40
+\hich\f40 videmment, faisais-je, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Math, Mathilde \'85\~\'bb\loch\f40 \hich\f40 la personne qui a perdu la clef \'e0\loch\f40 \hich\f40 t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te de cuivre, dans un r\'e9\loch\f40 ticule, s\rquote
+appelle Mathilde\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb\loch\f40 \hich\f40 Mais je ne pus rien faire des deux derni\'e8\loch\f40 res le\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ttres. Aussi, rejetant le journal, je m\rquote occupai d\rquote \hich\f40 autre chose\'85\loch\f40
+ Lorsque, quatre jours plus tard, les journaux du soir parurent avec d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 normes manchettes annon\'e7\loch\f40 ant l\rquote assassinat de Mlle M}{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ATHILDE}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 S}{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 TANGERSON}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , ce nom de Mathilde me rappela, sans que je fisse auc\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 un effort pour cela, machinalement, les lettres de l\rquote
+\hich\f40 annonce. Intrigu\'e9\loch\f40 \hich\f40 un peu, je demandai le num\'e9\loch\f40 \hich\f40 ro de ce jour-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote administration. J\rquote \hich\f40 avais oubli\'e9\loch\f40 \hich\f40 les deux derni\'e8
+\loch\f40 res lettres\~: }{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 S N}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . Quand je les revis, je ne pus retenir un cri\~\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Stangerson! \'85\~\'bb\loch\f40 Je sautai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 dans un fiacre et me pr\'e9\loch\f40 cipitai au bureau 40. Je demandai\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Avez-vous une lettre avec cette adresse\~: }{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M.A.T.H.S.N}{\~}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 !\~\hich\f40
+\'bb\loch\f40 L\rquote \hich\f40 employ\'e9\loch\f40 \hich\f40 me r\'e9\loch\f40 pondit\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Non\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Et comme j\rquote insistais, le priant, le suppliant de chercher encore, il me dit\~\hich\f40 : \'ab\~
+\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! \'e7\'e0\loch\f40 , monsieur, c\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 est une plaisanterie\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Oui, j\rquote ai eu une lettre aux initiales }{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M.A.T.H.S.N.}{\~}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ; mais je l\rquote \hich\f40 ai donn\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, il y a trois jours, \'e0\loch\f40 une dame qui me l\rquote \hich\f40 a r\'e9\loch\f40 \hich\f40 clam\'e9\loch\f40 e. Vous venez aujourd\rquote \hich\f40 hui me r
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 clamer cette lettre \'e0\loch\f40 \hich\f40 votre tour. Or, avant-hier, un monsieur, avec la m\'ea\loch\f40 me i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nsistance d\'e9\loch\f40 sobligeante, me la demandait encore\~\hich\f40 ! \'85
+\loch\f40 J\rquote \hich\f40 en ai assez de cette fumisterie\'85\~\'bb\loch\f40 Je voulus questionner l\rquote \hich\f40 employ\'e9\loch\f40 \hich\f40 sur les deux personnages qui avaient d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 r\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 clam\'e9\loch\f40 la lettre, mais, soit qu\rquote \hich\f40 il voul\'fb\loch\f40 \hich\f40 t se retrancher derri\'e8\loch\f40 re le secret professionnel \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+l estimait, sans doute, \'e0\loch\f40 \hich\f40 part lui, en avoir d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 trop dit \endash soit qu\rquote \hich\f40 il f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t vraiment exc\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 d\rquote \hich\f40
+une plaisanterie possible, il ne me r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondit plus\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille se tut. Nous nous taisions tous. Chacun tirait les conclusions qu\rquote il pouvait de cette bizarre h\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 istoire de lettre poste restante. De fait, il semblait maintenant qu\rquote
+\hich\f40 on tenait un fil solide par lequel on allait pouvoir suivre cette affaire \'ab\~\loch\f40 insaisissable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. Stangerson dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Il est donc \'e0\loch\f40 \hich\f40 peu pr\'e8\loch\f40 s certain que ma fille aura perdu cette clef, qu\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 elle n\rquote a point voulu m\rquote en parler pour m
+\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 viter toute inqui\'e9\loch\f40 tude et qu\rquote \hich\f40 elle aura pri\'e9\loch\f40 celui ou celle qui aurait pu l\rquote \hich\f40 avoir trouv\'e9\loch\f40 e d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+crire poste restante. Elle craignait \'e9\loch\f40 \hich\f40 videmment que, donnant notre adresse, ce fait occasionn\'e2\loch\f40 \hich\f40 t des d\'e9\loch\f40 marches qui m\rquote auraie\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+t appris la perte de la clef. C\rquote \hich\f40 est tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s logique et tr\'e8\loch\f40 s naturel. }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Car j\rquote \hich\f40 ai d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+t\'e9\loch\f40 \hich\f40 vol\'e9\loch\f40 , monsieur\~!}{
+\par
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 O\'f9\loch\f40 cela\~? Et quand\~\hich\f40 ? demanda le directeur de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~\hich\f40 ! Il y a de nombreuses ann\'e9\loch\f40 \hich\f40 es, en Am\'e9\loch\f40 \hich\f40 rique, \'e0\loch\f40 Philadelphie. On m\rquote \hich\f40 a vol\'e9\loch\f40 dans mon laboratoi
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 re le secret de deux inventions qui eussent pu faire la fortune d\rquote \hich\f40 un peuple\'85\loch\f40 Non seulement je n\rquote \hich\f40 ai jamais su qui \'e9\loch\f40 tait le voleur, mais je n\rquote
+ai jamais entendu parler de l\rquote \hich\f40 objet du \'ab\~\loch\f40 vol\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 sans doute parce que, pour d\'e9\loch\f40 jouer les calculs de celui qui m\rquote avait \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 insi pill\'e9\loch\f40 , j\rquote \hich\f40 ai lanc\'e9\loch\f40 \hich\f40 moi-m\'ea\loch\f40 me dans le domaine public ces deux inventions, rendant inutile le larcin. C\rquote \hich\f40 est depuis cette \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 poque que je suis tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s soup\'e7\loch\f40 onneux, que je m\rquote \hich\f40 enferme herm\'e9\loch\f40 \hich\f40 tiquement quand je travaille. Tous les barreaux de ces fen\'ea\loch\f40 tres, l\rquote isoleme
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t de ce pavillon, ce meuble que j\rquote \hich\f40 ai fait construire moi-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, cette serrure sp\'e9\loch\f40 \hich\f40 ciale, cette clef unique, tout cela est le r\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 sultat de mes craintes inspir\'e9\loch\f40 \hich\f40 es par une triste exp\'e9\loch\f40 rience.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Dax d\'e9\loch\f40 clara\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s int\'e9\loch\f40 ressant\~!\~\hich\f40 \'bb\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ et M. Joseph Rouletabille demanda des nouvelles du r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ticule. Ni M. Stangerson, ni le p\'e8\loch\f40 re Jacques n\rquote \hich\f40 avaient, depuis quelques jours, vu le r\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ticule de Mlle Stangerson. Nous devions apprendre, quelques heures plus tard, de la bouche m\'ea\loch\f40 me de Mlle Stangerson\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 que ce r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ticule lui avait \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 vol\'e9\loch\f40 ou qu\rquote elle l\rquote avait perdu, et que les choses s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 es de la sorte que nous les avaient expliqu\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 es son p\'e8\loch\f40 re\~; qu\rquote \hich\f40 elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait all\'e9\loch\f40 e, le 23 octobre, au bureau de poste 40, et qu\rquote on lui avait remis une lettre qui n\rquote \hich\f40 \'e9
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ait, affirma-t-elle, que celle d\rquote un mauvais plaisant. Elle l\rquote \hich\f40 avait imm\'e9\loch\f40 \hich\f40 diatement br\'fb\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 e.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Pour en revenir \'e0\loch\f40 \hich\f40 notre interrogatoire, ou plut\'f4\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 \hich\f40 notre \'ab\~\loch\f40 conversation\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+, je dois signaler que le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 \hich\f40 , ayant demand\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 M. Stangerson dans quelles con\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ditions sa fille \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tait all\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 \hich\f40 Paris le 20 octobre, jour de la perte du r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ticule, nous appr\'ee\loch\f40 mes ainsi qu\rquote elle s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait rendue dans la capitale,
+\'ab\~\loch\f40 \hich\f40 accompagn\'e9\loch\f40 e de M. Robert Darzac, que l\rquote on n\rquote \hich\f40 avait pas revu au ch\'e2\loch\f40 teau depuis cet instant jusqu\rquote au lendemain du\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+crime\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Le fait que M. Robert Darzac \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait aux c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 s de Mlle Stangerson, dans les grands magasins de la Louve quand le r\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ticule avait disparu, ne pouvait passer inaper\'e7\loch\f40 u et retint, il faut le dire, assez fortement notre attention.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Cette conversation entr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e magistrats, pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 venus, victime, t\'e9\loch\f40 \hich\f40 moins et journaliste allait prendre fin quand se produisit un v\'e9\loch\f40
+\hich\f40 ritable coup de th\'e9\'e2\loch\f40 tre\~; ce qui n\rquote \hich\f40 est jamais pour d\'e9\loch\f40 \hich\f40 plaire \'e0\loch\f40 \hich\f40 M. de Marquet. Le brigadier de gendarmerie vint nous annoncer que Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan demandait \'e0\loch\f40 \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ea\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tre introduit, ce qui lui fut imm\'e9\loch\f40 \hich\f40 diatement accord\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Il tenait \'e0\loch\f40
+\hich\f40 la main une grossi\'e8\loch\f40 re paire de chaussures vaseuses qu\rquote il jeta dans le laboratoire.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40 , dit-il, les souliers que chaussait l\rquote assassin\~\hich\f40 ! Les reconnaissez-vous, p\'e8\loch\f40 re Jacques\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le p\'e8\loch\f40 re Jac\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ques se pencha sur ce cuir infect et, tout stup\'e9\loch\f40 \hich\f40 fait, reconnut de vieilles chaussures \'e0\loch\f40 lui qu\rquote \hich\f40
+il avait jet\'e9\loch\f40 \hich\f40 es il y avait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 un certain temps au rebut, dans un coin du grenier\~\hich\f40 ; il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait tellement troubl\'e9\loch\f40 qu\rquote \hich\f40
+il dut se moucher pour dissimuler son \'e9\loch\f40 motion\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Alors, montrant le mouchoir dont se servait le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 un mouchoir qui ressemble \'e9\loch\f40 \hich\f40 tonnamment \'e0\loch\f40 celui qu\rquote \hich\f40 on a trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40
+Chambre Jaune\'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~! je l\rquote \hich\f40 sais ben, fit le p\'e8\loch\f40 re Jacques en tremblant\~; ils sont quasiment\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pareils.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Enfin, continua Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, le vieux b\'e9\loch\f40 \hich\f40 ret basque trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 galement dans la \'ab
+\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 aurait pu autrefois coiffer le chef du p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques. Tout ceci, monsieur le chef de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 et monsieur le juge d\rquote
+instruction, prouve, selon moi \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 remettez-vous, bonhomme\~\hich\f40 ! fit-il au p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques qui d\'e9\loch\f40 faillait \endash tout ceci prouve, selon moi, que l\rquote \hich\f40
+assassin a voulu d\'e9\loch\f40 \hich\f40 guiser sa v\'e9\loch\f40 \hich\f40 ritable personnalit\'e9\loch\f40 . Il l\rquote a fait d\rquote \hich\f40 une fa\'e7\loch\f40 \hich\f40 on assez grossi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re ou du moins qui nous appara\'ee
+\loch\f40 t telle}{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , parce que nous sommes s\'fb\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 rs que l\rquote assassin n\rquote \hich\f40 est pas le p\'e8\loch\f40 re Jacques, qui n\rquote \hich\f40 a pas quitt\'e9\loch\f40
+ M. Stangerson}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . Mais imaginez que M. Stangerson, ce soir-l\'e0\loch\f40 , n\rquote \hich\f40 ait pas prolong\'e9\loch\f40 sa veille\~; qu\rquote \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir quitt\'e9\loch\f40
+\hich\f40 sa fille il ait regagn\'e9\loch\f40 \hich\f40 le ch\'e2\loch\f40 teau\~\hich\f40 ; que Mlle Stangerson ait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 assassin\'e9\loch\f40 e alo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 rs qu\rquote il n\rquote
+\hich\f40 y avait plus personne dans le laboratoire et que le p\'e8\loch\f40 re Jacques dormait dans son grenier\~: }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 il n\rquote aurait fait de doute pour personne}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 que le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques \'e9\loch\f40 tait l\rquote assassin\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Celui-ci ne doit son salut qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce que le drame a \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 clat\'e9\loch\f40 \hich\f40 trop t\'f4\loch\f40 t, l\rquote assas\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 sin ayant cru, sans doute, \'e0\loch\f40 \hich\f40 cause du silence qui r\'e9\loch\f40 \hich\f40 gnait \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 , que le laboratoire \'e9\loch\f40 tait vide et que le moment d\rquote \hich\f40 agir \'e9\loch\f40 tait venu. L\rquote homme qui a pu s\rquote \hich\f40 introduire si myst\'e9\loch\f40 \hich\f40
+rieusement ici et prendre de telles pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cautions contre le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait, \'e0\loch\f40 n\rquote en \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+as douter, un familier de la maison. \'c0\loch\f40 quelle heure exactement s\rquote est-il introduit ici\~? Dans l\rquote \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 s-midi\~\hich\f40 ? Dans la soir\'e9\loch\f40 e\~\hich\f40 ? Je ne saurais dire\'85\loch\f40 }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Un}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre aussi familier des choses et des gens de ce pavillon a d\'fb\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40
+\hich\f40 trer dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40 son heure\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 .
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il n\rquote a pu cependant y entrer quand il y avait du monde dans le laboratoire\~? s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 cria M. de Marquet.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Qu\rquote en savons-nous, je vous prie\~\hich\f40 ! r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pliqua Larsan\'85\loch\f40 \hich\f40 Il y a eu le d\'ee\loch\f40 \hich\f40 ner dans le laboratoire, le va-et-vient du service\'85
+\loch\f40 \hich\f40 il y a eu une exp\'e9\loch\f40 rience de ch\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 imie qui a pu tenir, entre dix et onze heures, M. Stangerson, sa fille et le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques autour des fourneaux\'85\loch\f40
+\hich\f40 dans ce coin de la haute chemin\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85\loch\f40 Qui me dit que l\rquote \hich\f40 assassin\'85\loch\f40 un familier\~! un familier\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 n\rquote \hich\f40 a pas profit\'e9\loch\f40
+ de ce moment pour se glisser dans l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir, dans le lavatory, retir\'e9\loch\f40
+ ses souliers\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est bien improbable\~! fit M. Stangerson.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Sans doute, mais ce n\rquote \hich\f40 est pas impossible\'85\loch\f40 Aussi je n\rquote \hich\f40 affirme rien. Quant \'e0\loch\f40 sa sortie, c\rquote est autre chose\~! Comment a-t-il pu s\rquote enfuir\~? }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e plus naturellement du monde\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Un instant, Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan se tut. Cet instant nous parut bien long. Nous attendions qu\rquote \hich\f40 il parl\'e2\loch\f40 \hich\f40 t avec une fi\'e8\loch\f40 \hich\f40
+vre bien compr\'e9\loch\f40 hensible.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Je ne suis pas entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , reprit Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan, mais j\rquote
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 imagine que vous avez acquis la preuve qu\rquote on ne pouvait en sortir }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 que par la porte}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . C\rquote est par la porte que l\rquote
+assassin est sorti. Or, puisqu\rquote il est impossible qu\rquote il en soit autrement, c\rquote est que cela est\~! Il a commis le crime et il est sorti par la porte\~! \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40 quel moment\~\hich\f40 ! Au moment o\'f9
+\loch\f40 \hich\f40 cela lui a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 le plus facile, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 au moment o\'f9\loch\f40 cela devient le plus explicable,}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 tellement explicable qu\rquote
+il ne saurait y avoir d\rquote \hich\f40 autre explication. Examinons donc les \'ab\~\loch\f40 moments\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 qui ont suivi le crime. Il y a le premier moment, pe\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ndant lequel se trouvent, devant la porte, pr\'ea\loch\f40 \hich\f40 ts \'e0\loch\f40 \hich\f40 lui barrer le chemin, M. Stangerson et le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques. Il y a le second moment, pendant lequel, le p\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re Jacques \'e9\loch\f40 tant un instant absent, M. Stangerson se trouve tout seul devant la porte. Il y a le trois\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e8\loch\f40 \hich\f40
+me moment, pendant lequel M. Stangerson est rejoint par le concierge. Il y a le quatri\'e8\loch\f40 \hich\f40 me moment, pendant lequel se trouvent devant la porte M. Stangerson, le concierge, sa femme et le p\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re Jacques. Il y a le cinqui\'e8\loch\f40 me moment, pendant lequel la porte est\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fonc\'e9\loch\f40 \hich\f40 e et la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb
+\loch\f40 envahie. }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le moment}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 o\'f9\loch\f40 \hich\f40 la fuite est le plus explicable est le moment m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me o\'f9
+\loch\f40 \hich\f40 il y a le moins de personnes devant la porte. Il y a un moment o\'f9\loch\f40 il n\rquote y en}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a plus qu\rquote une\~: c\rquote \hich\f40 est celui o\'f9\loch\f40
+ M. Stangerson reste seul devant la}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 porte.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40 moins d\rquote \hich\f40 admettre la complicit\'e9\loch\f40
+\hich\f40 de silence du p\'e8\loch\f40 re Jacques, et je n\rquote \hich\f40 y crois pas, car le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques ne serait pas sorti du pavillon pour aller examiner la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre de la \'ab\loch\f40 \hich\f40
+Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , s\rquote il avait vu s\rquote ouvrir la porte et sortir l\rquote assassin. }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 La porte}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ne s\rquote
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 est donc ouverte que devant M. Stangerson seul, et l\rquote homme}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 est sorti.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ Ici, nous devons admettre que M. Stangerson avait de puissantes raisons pour ne pas arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 ter ou pour ne pas faire arr\'ea\loch\f40 ter l\rquote assassin, puisqu\rquote il l\rquote \hich\f40 a laiss\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ gagner la fen\'ea\loch\f40 tre du vestibule e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t qu\rquote \hich\f40 il a referm\'e9\loch\f40 \hich\f40 cette fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre derri\'e8\loch\f40 re lui\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40
+ Ceci fait, comme le p\'e8\loch\f40 re Jacques allait rentrer }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 et qu\rquote il fallait qu\rquote \hich\f40 il retrouv\'e2\loch\f40 t les choses}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 en l
+\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tat,}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson, horriblement bless\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, a trouv\'e9\loch\f40 encore la force, sans doute sur les objurgations de son \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re, de refermer \'e0\loch\f40 \hich\f40 nouveau la porte de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 clef et au verrou avant de s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+crouler, mourante, sur le plancher\'85\loch\f40 Nous ne savons qui a commis le crime\~\hich\f40 ; nous ne savons de quel mis\'e9\loch\f40 rable M. et Mlle Stangerson sont les victimes\~; mais il n\rquote y a \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 oint de doute qu\rquote ils le savent, eux\~\hich\f40 ! Ce secret doit \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre terrible pour que le p\'e8\loch\f40 re n\rquote \hich\f40 ait pas h\'e9\loch\f40 \hich\f40 sit\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 laisser sa fille agonisante derri\'e8\loch\f40 re cette porte qu\rquote elle refermait sur elle, terrible pour qu\rquote \hich\f40 il ait laiss\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 chapper l\rquote \hich\f40 assassin\'85\loch\f40
+ Mais il n\rquote y a point d\rquote a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tre fa\'e7\loch\f40 on au monde d\rquote expliquer la fuite de l\rquote \hich\f40 assassin de la \'ab\loch\f40 Chambre Jaune\~!\~\hich\f40 \'bb
+
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le silence qui suivit cette explication dramatique et lumineuse avait quelque chose d\rquote affreux. Nous souffrions tous pour l\rquote \hich\f40 illustre professeur, accul\'e9\loch\f40 ainsi par l\rquote impitoyable l
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ogique de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan \'e0\loch\f40 \hich\f40 nous avouer la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 \hich\f40 de son martyre ou \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ se taire, aveu plus terrible encore. Nous le v\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes se lever, cet homme, v\'e9\loch\f40 \hich\f40 ritable statue de la douleur, et \'e9\loch\f40 tendre la main d\rquote \hich\f40 un geste si solennel que nous en courb\'e2\loch\f40
+\hich\f40 mes la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te comme \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 aspect d\rquote \hich\f40 une chose sacr\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Il pronon\'e7\loch\f40 a alors ces paroles d\rquote \hich\f40 une voix \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 clatante qui sembla \'e9\loch\f40 puiser toutes ses forces\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Je jure, sur la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te de ma fille \'e0\loch\f40 l\rquote agonie, que je n\rquote \hich\f40 ai point quitt\'e9\loch\f40 cette porte, de l\rquote \hich\f40 instant o\'f9
+\loch\f40 j\rquote ai entendu l\rquote \hich\f40 appel d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sesp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 de mon\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 enfant, que cette porte ne s\rquote est point ouverte pendant que j\rquote \hich\f40 \'e9
+\loch\f40 tais seul dans mon laboratoire, et qu\rquote \hich\f40 enfin, quand nous p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 tr\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , mes trois domestiques et moi, l
+\rquote assassin n\rquote \hich\f40 y \'e9\loch\f40 tait plus\~! Je jure que je ne connais pas l\rquote assassin\~!\~\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Faut-il que je dise que, malgr\'e9\loch\f40 \hich\f40 la solennit\'e9\loch\f40 d\rquote \hich\f40 un pareil serment, nous ne cr\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes gu\'e8\loch\f40 \hich\f40 re \'e0\loch\f40
+ la parole de M. Stangerson\~\hich\f40 ? Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan venait de nous faire entrevoir la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\~\loch\f40 : ce n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tait point pour la perdre de si t\'f4\loch\f40 t.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Comme M. de Marquet nous annon\'e7\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 it que la \'ab\~\loch\f40 conversation\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait termin\'e9\loch\f40
+\hich\f40 e et que nous nous appr\'ea\loch\f40 \hich\f40 tions \'e0\loch\f40 quitter le laboratoire, le jeune reporter, ce gamin de Joseph Rouletabille, s\rquote approcha de M. Stangerson, lui prit la main avec le plus grand respect et je l\rquote
+entendis qui disait\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Mo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i, je vous crois, monsieur\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 te ici la citation que j\rquote ai cru devoir faire de la narration de M. Maleine, greffier au tribunal de Corbeil. Je n\rquote \hich\f40
+ai point besoin de dire au lecteur que tout ce qui venait de se passer dans le laboratoire me fut fid\'e8\loch\f40 le\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ment et aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t rapport\'e9\loch\f40 \hich\f40 par Rouletabille lui-m\'ea
+\loch\f40 me.
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745258}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XII\line \hich\f40 La canne de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40
+ric Larsan{\*\bkmkend _Toc97745258}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je ne me disposai \'e0\loch\f40 \hich\f40 quitter le ch\'e2\loch\f40 teau que vers six heures du soir, emportant l\rquote \hich\f40 article que mon ami avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 crit \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ la h\'e2\loch\f40 te dans le petit salon qu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e M. Robert Darzac avait fait mettre \'e0\loch\f40 \hich\f40 notre disposition. Le reporter devait coucher au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40
+teau, usant de cette inexplicable hospitalit\'e9\loch\f40 que lui avait offerte M. Robert Darzac, sur qui M. Stangerson, en ces tristes moments, se reposait de tous les tracas \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+omestiques. N\'e9\loch\f40 anmoins il voulut m\rquote accompagner jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 la gare d\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 pinay. En traversant le parc, il me dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan est r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ellement tr\'e8\loch\f40 s fort et n\rquote \hich\f40 a pas vol\'e9\loch\f40 \hich\f40 sa r\'e9\loch\f40
+\hich\f40 putation. Vous savez comment il est arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 retrouver les souliers du p\'e8\loch\f40 re Jacques\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ! Pr\'e8\loch\f40 s de l\rquote \hich\f40 endroit o\'f9
+\loch\f40 \hich\f40 nous avons remarqu\'e9\loch\f40 \hich\f40 les traces des \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 gants\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+ et la disparition des empreintes des gros souliers, un creux rectangulaire dans la terre fra\'ee\loch\f40 che attestait qu\rquote \hich\f40 il y avait eu l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , r\'e9\loch\f40 cemment, une pierre. Larsan rechercha cette pierre
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 sans la trouver et imagina tout de suite qu\rquote \hich\f40 elle avait servi \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 assassin \'e0\loch\f40 maintenir au fond de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+tang les souliers dont l\rquote \hich\f40 homme voulait se d\'e9\loch\f40 \hich\f40 barrasser. Le calcul de Fred \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait excellent et le succ\'e8\loch\f40 s de ses recherches l\rquote \hich\f40 a prouv\'e9\loch\f40 . Ceci m\rquote
+\hich\f40 avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapp\'e9\~\loch\f40 ; \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ais il est juste de dire que mon esprit \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40
+ parti par ailleurs, car, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 par le trop grand nombre de faux}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 moignages de son passage laiss\'e9\loch\f40 par l\rquote
+assassin}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 et par la mesure des pas noirs correspondant \'e0\loch\f40 \hich\f40 la mesure des pas du p\'e8\loch\f40 re Jacques, que j\rquote \hich\f40 ai \'e9\loch\f40 tablie\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 sans qu
+\rquote il s\rquote \hich\f40 en dout\'e2\loch\f40 \hich\f40 t sur le plancher de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , la preuve \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 faite, \'e0
+\loch\f40 mes yeux, que l\rquote \hich\f40 assassin avait voulu d\'e9\loch\f40 \hich\f40 tourner le soup\'e7\loch\f40 \hich\f40 on du c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 de ce vieux serviteur. C\rquote est ce qui m\rquote \hich\f40 a permis de dire
+\'e0\loch\f40 celui-ci, si vous vous le rappelez, que\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 puisque l\rquote \hich\f40 on avait trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 un b\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ret dans cette chambre fatale, il devait ressembler au sien, et de lui faire une description du mouchoir en tous points semblable \'e0\loch\f40 celui dont je l\rquote avais vu se servir. Larsan et moi, nous sommes d\rquote \hich\f40 accord jusque-l\'e0
+\loch\f40 , mais nou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ne le sommes plus \'e0\loch\f40 \hich\f40 partir de l\'e0\loch\f40 , }{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ET CELA VA \'ca\loch\f40 TRE TERRIBLE}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , car il marche de bonne foi \'e0\loch\f40 une erreur qu\rquote il va me falloir combattre avec rien\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je fus surpris de l\rquote \hich\f40 accent profond\'e9\loch\f40 \hich\f40 ment grave dont mon jeune ami pronon\'e7\loch\f40 \hich\f40 a ces derni\'e8\loch\f40 res paroles.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 ta en\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 core\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~}{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 OUI\~, TERRIBLE, TERRIBLE}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 !\'85\loch\f40 \hich\f40 Mais est-ce vraiment ne combattre avec rien, que de combattre \'ab\~\loch\f40 avec l
+\rquote \hich\f40 id\'e9\loch\f40 e\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 !
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40 \hich\f40 ce moment nous passions derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re le ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau. La nuit \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait tomb\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Une fen\'ea\loch\f40 \hich\f40
+tre au premier \'e9\loch\f40 \hich\f40 tage \'e9\loch\f40 tait entrouverte. Une faible lueur en v\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 enait, ainsi que quelques bruits qui fix\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent notre attention. Nous avan\'e7\'e2\loch\f40
+mes jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 ce que nous ayons atteint l\rquote encoignure d\rquote \hich\f40 une porte qui se trouvait sous la fen\'ea\loch\f40 tre. Rouletabille me fit comprendre d\rquote \hich\f40 un mot prononc\'e9\loch\f40 \hich\f40
+\'e0\loch\f40 \hich\f40 voix basse que cette fen\'ea\loch\f40 tre donna\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t sur la chambre de Mlle Stangerson. Les bruits qui nous avaient arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40
+s se turent, puis reprirent un instant. C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient des g\'e9\loch\f40 \hich\f40 missements \'e9\loch\f40 \hich\f40 touff\'e9\loch\f40 \hich\f40 s\'85\loch\f40
+ nous ne pouvions saisir que trois mots qui nous arrivaient distinctement\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Mon pauvre Robert\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Rouletab\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 lle me mit la main sur l\rquote
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 paule, se pencha \'e0\loch\f40 mon oreille\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Si nous pouvions savoir, me dit-il, ce qui se dit dans cette chambre, mon enqu\'ea\loch\f40 \hich\f40 te serait vite termin\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il regarda autour de lui\~; l\rquote ombre du soir nous enveloppait\~\hich\f40 ; nous ne voyions gu\'e8\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 re plus loin que l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 troite pelouse bord\'e9
+\loch\f40 e d\rquote arbres qui s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tendait derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re le ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau. Les g\'e9\loch\f40 missements s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient tus \'e0\loch\f40
+ nouveau.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Puisqu\rquote \hich\f40 on ne peut pas entendre, continua Rouletabille, on va au moins essayer de voir\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il m\rquote \hich\f40 entra\'ee\loch\f40 na, en me faisant si\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 gne d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 touffer le bruit de mes pas, au del\'e0\loch\f40 de la pelouse jusqu\rquote
+\hich\f40 au tronc p\'e2\loch\f40 le d\rquote \hich\f40 un fort bouleau dont on apercevait la ligne blanche dans les t\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e8\loch\f40 bres. Ce bouleau s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 levait juste en face de la fen\'ea
+\loch\f40 \hich\f40 tre qui nous int\'e9\loch\f40 \hich\f40 ressait et ses premi\'e8\loch\f40 \hich\f40 res branches \'e9\loch\f40 taient \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e0\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 peu pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 hauteur du premier \'e9\loch\f40 \hich\f40 tage du ch\'e2\loch\f40 teau. Du haut de ces branches on pouvait certainement voir ce qui se passait dans la chambre de Mlle Stangerson\~\hich\f40 ; et telle \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tait bien la pens\'e9\loch\f40 e de Rouletabille, car, m\rquote \hich\f40 ayant ordonn\'e9\loch\f40 de me tenir coi, il embrassa l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ tronc de ses jeunes bras vigoureux et grimpa. Il se perdit bient\'f4\loch\f40 t dans les branches, puis il y eut un grand silence.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 L\'e0\loch\f40 \hich\f40 -bas, en face de moi, la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre entrouverte \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait toujours \'e9\loch\f40 \hich\f40 clair\'e9\loch\f40
+e. Je ne vis passer sur cette lueur aucune ombre. L\rquote arbre, au-dessu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s de moi, restait silencieux\~; j\rquote attendais\~\hich\f40 ; tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 coup mon oreille per\'e7\loch\f40 ut, dans l\rquote
+arbre, ces mots\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Apr\'e8\loch\f40 s vous\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Apr\'e8\loch\f40 s vous, je vous en prie\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 On dialoguait, l\'e0\loch\f40 \hich\f40 -haut, au-dessus de ma t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te\'85\loch\f40 on se faisait des politesses, et quelle ne fut pas ma \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 stup\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 faction de voir appara\'ee\loch\f40 tre, sur la colonne lisse de l\rquote \hich\f40 arbre, deux formes humaines qui bient\'f4\loch\f40 \hich\f40 t touch\'e8\loch\f40 rent le sol\~\hich\f40 ! Rouletabille \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tait mont\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 \hich\f40 tout seul et redescendait \'ab\~\loch\f40 deux\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Bonjour, monsieur Sainclair\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan\'85\loch\f40 Le policier\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 occupait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40
+ le poste d\rquote \hich\f40 observation quand mon jeune ami croyait y arriver solitaire\'85\loch\f40 Ni l\rquote un ni l\rquote autre, du reste, ne s\rquote \hich\f40 occup\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent de mon \'e9\loch\f40
+tonnement. Je crus comprendre qu\rquote \hich\f40 ils avaient assist\'e9\loch\f40 \hich\f40 du haut de leur observatoire \'e0\loch\f40 \hich\f40 une sc\'e8\loch\f40 ne pleine de tendresse \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 t de d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sespoir entre Mlle Stangerson, \'e9\loch\f40 \hich\f40 tendue dans son lit, et M. Darzac \'e0\loch\f40 \hich\f40 genoux \'e0\loch\f40 \hich\f40 son chevet. Et d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40
+ chacun semblait en tirer fort prudemment des conclusions diff\'e9\loch\f40 \hich\f40 rentes. Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait facile de deviner que cette sc\'e8\loch\f40 ne avait produit un gros effet dans l\rquote esp\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 it de Rouletabille, \'ab\~\loch\f40 en faveur de M. Robert Darzac\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , cependant que, dans celui de Larsan, elle n\rquote attestait qu\rquote \hich\f40
+une parfaite hypocrisie servie par un art sup\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieur chez le fianc\'e9\loch\f40 \hich\f40 de Mlle Stangerson\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Comme nous arrivions \'e0\loch\f40 la grille du parc, Larsan nous ar\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r\'ea\loch\f40 ta\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ma canne\~! s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 cria-t-il\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vous avez oubli\'e9\loch\f40 votre canne\~? demanda Rouletabille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Oui, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondit le policier\'85\loch\f40 Je l\rquote \hich\f40 ai laiss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e l\'e0\loch\f40 \hich\f40 -bas, aupr\'e8\loch\f40 s de l\rquote \hich\f40 arbre\'85\~
+\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il nous quitta, disant qu\rquote \hich\f40 il allait nous rejoindre tout de suite\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Avez-vous remarqu\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 la canne de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan\~\hich\f40 ? me demanda le reporter quand nous f\'fb\loch\f40
+mes seuls. C\rquote \hich\f40 est une canne toute neuve\'85\loch\f40 \hich\f40 que je ne lui ai jamais vue\'85\loch\f40 Il a l\rquote air d\rquote \hich\f40 y tenir beaucoup\'85\loch\f40 \hich\f40 il ne la quitte pas\'85\loch\f40 On dirait qu\rquote
+il a peur qu\rquote \hich\f40 elle ne soit tomb\'e9\loch\f40 \hich\f40 e dans des mains \'e9\loch\f40 tran\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 g\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e8\loch\f40 \hich\f40 res\'85\loch\f40 Avant ce jour, }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 je n\rquote ai}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 jamais vu de canne \'e0\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan\'85}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 O\'f9\loch\f40 \hich\f40 a-t-il trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 cette canne-l\'e0\~\loch\f40 ? }{\i \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c7\loch\f40 a n\rquote est pas naturel qu\rquote un homme qui ne porte jamais}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 de canne ne fasse plus un pas sans canne, au lendemain du crime}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 du Glandier\'85}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 Le jour de notre arriv\'e9\loch\f40 e \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, quand il nous eut aper\'e7\loch\f40 us, il remit sa montre dans sa poche et ramassa par terre sa canne, geste auquel j\rquote
+\hich\f40 eus peut-\'ea\loch\f40 tre tort de n\rquote attacher aucune importance\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous \'e9\loch\f40 tions maintenant hors du parc\~\hich\f40 ; Rouletabille ne disait rien\'85\loch\f40 \hich\f40 Sa pens\'e9\loch\f40 e, cert\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ainement, n\rquote \hich\f40
+avait pas quitt\'e9\loch\f40 \hich\f40 la canne de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan. J\rquote \hich\f40 en eus la preuve quand, en descendant la c\'f4\loch\f40 te d\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 pinay, il me dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan est arriv\'e9\loch\f40 au Glandier avant moi\~\hich\f40 ; il a commenc\'e9\loch\f40 \hich\f40 son enqu\'ea\loch\f40 te avant moi\~
+; il a eu le temps de savoir des chose\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s que je ne sais pas et a pu trouver des choses que je ne sais pas\'85\loch\f40 \hich\f40 O\'f9\loch\f40 \hich\f40 a-t-il trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 cette canne-l\'e0\~
+\loch\f40 \hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il ajouta\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Il est probable que son soup\'e7\loch\f40 on \endash \hich\f40 plus que son soup\'e7\loch\f40 on, son raisonnement \endash \hich\f40 qui va aussi directement \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ Robert Darzac, doit \'ea\loch\f40 tre servi \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 par quelque chose de palpable qu\rquote \hich\f40 il palpe, \'ab\~\loch\f40 lui\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , et que je ne palpe pas, moi\'85\loch\f40 Serait-ce cette canne
+\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 \hich\f40 O\'f9\loch\f40 \hich\f40 diable a-t-il pu trouver cette canne-l\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ? \'85\~\'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 pinay, il fallut attendre le train vingt minutes\~\hich\f40 ; nous entr\'e2\loch\f40 mes dans un cabaret. Presque aussit\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'f4\loch\f40 \hich\f40 t, derri\'e8
+\loch\f40 \hich\f40 re nous, la porte se rouvrait et Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan faisait son apparition, brandissant la fameuse canne\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Je l\rquote \hich\f40 ai retrouv\'e9\loch\f40 e\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 nous fit-il en riant.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Tous trois nous nous ass\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes \'e0\loch\f40 une table. Rouletabille ne quittait pas des yeux la canne\~\hich\f40 ; il \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tait si absorb\'e9\loch\f40
+ qu\rquote il ne vit pas un signe d\rquote \hich\f40 intelligence que Larsan adressait \'e0\loch\f40 \hich\f40 un employ\'e9\loch\f40 du chemin de fer, un tout jeune homme dont le menton s\rquote ornait d\rquote \hich\f40
+une petite barbiche blonde mal peign\'e9\loch\f40 e. L\rquote \hich\f40 employ\'e9\loch\f40 se leva, paya sa consommation, salua et sortit. Je\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\rquote \hich\f40 aurais moi-m\'ea\loch\f40
+\hich\f40 me attach\'e9\loch\f40 \hich\f40 aucune importance \'e0\loch\f40 ce signe s\rquote il ne m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait revenu \'e0\loch\f40 \hich\f40 la m\'e9\loch\f40 \hich\f40 moire quelques mois plus tard, lors de la r
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 apparition de la barbiche blonde \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 une des minutes les plus tragiques de ce r\'e9\loch\f40 cit. J\rquote \hich\f40 appris alors que la barbiche blonde \'e9\loch\f40 ta\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t un agent de Larsan, charg\'e9\loch\f40 \hich\f40 par lui de surveiller les all\'e9\loch\f40 es et venues des voyageurs en gare d\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 pinay-sur-Orge, car Larsan ne n\'e9
+\loch\f40 gligeait rien de ce qu\rquote \hich\f40 il croyait pouvoir lui \'ea\loch\f40 tre utile.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je reportai les yeux sur Rouletabille.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Ah \'e7\loch\f40 a\~! monsieur Fred\~! di\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 sait-il, depuis quand avez-vous donc une canne\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40
+ Je vous ai toujours vu vous promener, moi, les mains dans les poches\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est un cadeau qu\rquote on m\rquote \hich\f40 a fait, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondit le policier\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il n\rquote \hich\f40 y a pas longtemps, insista Rouletabille\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non, on me l\rquote a offerte \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 Londres\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est vrai, vous revenez de Londres, monsieur Fred\'85\loch\f40 On peut la voir, votre canne\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais, comment donc\~\hich\f40 ? \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Fred passa la canne \'e0\loch\f40 Rouletabille. C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait une grande canne bambou jaune \'e0\loch\f40 \hich\f40 bec de corbin, orn\'e9\loch\f40 e d\rquote une bague d\rquote
+or.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille l\rquote examinait minutieusement.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Eh bien, fit-il, en relevant une t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te gouailleuse, on vous a offert \'e0\loch\f40 Londres une canne de France\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est possible, fit Fred, imperturbable\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Lisez la marque ici en lettres minuscules\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Cassette, 6 bis, op\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 ra\'85\~\'bb
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 On fait bien blanchir son linge \'e0\loch\f40 \hich\f40 Londres, dit Fred\'85\loch\f40 \hich\f40 les anglais peuvent bien acheter leurs cannes \'e0\loch\f40 \hich\f40 Paris\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille rendit la canne. Quand il m\rquote eut mis dans mon compartiment, il me dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Vous avez retenu l\rquote adresse\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Oui, \'ab\~\loch\f40 Cassette,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 6 bis, Op\'e9\loch\f40 \hich\f40 ra\'85\~\'bb\loch\f40 Comptez sur moi, vous recevrez un mot demain matin.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le soir m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, en effet, \'e0\loch\f40 Paris, je voyais M. Cassette, marchand de cannes et de parapluies, et j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 crivais \'e0\loch\f40 mon ami\~:
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Un homme r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondant \'e0\loch\f40 s\rquote \hich\f40 y m\'e9\loch\f40 prendre au signalement de M. Robert\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Darzac, m\'ea
+\loch\f40 \hich\f40 me taille, l\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement vo\'fb\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 , m\'ea\loch\f40 \hich\f40
+me collier de barbe, pardessus mastic, chapeau melon, est venu acheter une canne pareille \'e0\loch\f40 \hich\f40 celle qui nous int\'e9\loch\f40 \hich\f40 resse le soir m\'ea\loch\f40 me du crime, vers huit heures.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. Cassette n\rquote en a point vendu de semblable depuis deu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 x ans. La canne de Fred est neuve. Il s\rquote agit donc bien de celle qu\rquote il a entre les mains. Ce n\rquote est pas lui qui l
+\rquote \hich\f40 a achet\'e9\loch\f40 e puisqu\rquote \hich\f40 il se trouvait alors \'e0\loch\f40 \hich\f40 Londres. Comme vous, je pense \'ab\~\loch\f40 qu\rquote il l\rquote \hich\f40 a trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e quelque part autour de M. Robert Darzac\'85\~\'bb\loch\f40 Mais alors\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 si, comme vous le pr\'e9\loch\f40 tendez, l\rquote \hich\f40 assassin \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait dans la \'ab
+\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 depuis cinq heures, ou m\'ea\loch\f40 me six heures, comme le drame n\rquote a eu lieu que vers minuit, l\rquote \hich\f40 achat de cette canne procure un alibi irr\'e9\loch\f40 \hich\f40 futable
+\'e0\loch\f40 M. Robert Darzac.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745259}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XIII\line \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Le pres\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 byt\'e8\loch\f40 re n\rquote \hich\f40 a rien perdu de son charme ni le jardin de son \'e9\loch\f40 clat\~\hich\f40 \'bb{\*\bkmkend _Toc97745259}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Huit jours apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s les \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 \hich\f40 nements que je viens de raconter, exactement le 2 novembre, je recevais \'e0\loch\f40 \hich\f40 mon domicile, \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 Paris, un t\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 \hich\f40 gramme ainsi libell\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 : \'ab\loch\f40 Venez au Glandier, par prem\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ier train. Apportez revolvers. Amiti\'e9
+\loch\f40 s. Rouletabille.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je vous ai d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 dit, je crois, qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette \'e9\loch\f40 \hich\f40 poque, jeune avocat stagiaire et \'e0\loch\f40 \hich\f40 peu pr\'e8
+\loch\f40 \hich\f40 s d\'e9\loch\f40 \hich\f40 pourvu de causes, je fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 quentais le Palais, plut\'f4\loch\f40 t pour me familiariser avec mes devoirs professionnels, que p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 our d\'e9\loch\f40
+fendre la veuve et l\rquote orphelin. Je ne pouvais donc m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tonner que Rouletabille dispos\'e2\loch\f40 t ainsi de mon temps\~; et il savait du reste combien je m\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 ressais
+\'e0\loch\f40 \hich\f40 ses aventures journalistiques en g\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 ral et surtout \'e0\loch\f40 l\rquote affaire du Glandier. Je n\rquote avais eu de\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 nouvelles de celle-ci, depuis huit jours, que par les innombrables racontars des journaux et par quelques notes tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s br\'e8\loch\f40 ves, de Rouletabille dans }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c9
+\loch\f40 poque.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ces notes avaient divulgu\'e9\loch\f40 \hich\f40 le coup de \'ab\~\loch\f40 l\rquote os de mouton\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 et nous avaient appris qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote
+analyse les m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 arques laiss\'e9\loch\f40 es sur l\rquote os de mouton s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient r\'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 \hich\f40 es \'ab\~\loch\f40
+de sang humain\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ; il y avait l\'e0\loch\f40 \hich\f40 les traces fra\'ee\loch\f40 \hich\f40 ches \'ab\~\loch\f40 du sang de Mlle Stangerson\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 ; les traces anciennes provenaient d\rquote
+\hich\f40 autres crimes pouvant remonter \'e0\loch\f40 \hich\f40 plusieurs ann\'e9\loch\f40 \hich\f40 es\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous pensez si l\rquote \hich\f40 affaire d\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 frayait la presse du monde entier. Jamais illustre crime n\rquote \hich\f40 avait intrigu\'e9\loch\f40
+ davantage les esprits. Il me semblait bien cependant que l\rquote instruction n\rquote \hich\f40 avan\'e7\loch\f40 \hich\f40 ait gu\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 ; aussi euss\'e9\loch\f40 \hich\f40 -je \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 tr
+\'e8\loch\f40 s heureux de l\rquote invitation que me faisait mon ami de le venir rejoindr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 au Glandier, si la d\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'ea\loch\f40 che n\rquote
+avait contenu ces mots\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Apportez revolvers.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40 qui m\rquote \hich\f40 intriguait fort. Si Rouletabille me t\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 graphiait d\rquote apporter des revolvers, c\rquote est qu\rquote \hich\f40 il pr\'e9\loch\f40
+voyait qu\rquote on aurait l\rquote occasion de s\rquote en servir. Or, je l\rquote avoue sans honte\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 : je ne suis point un h\'e9\loch\f40 ros. Mais quoi\~! il s\rquote \hich\f40 agissait, ce jour-l\'e0\loch\f40 , d
+\rquote \hich\f40 un ami s\'fb\loch\f40 rement dans l\rquote embarras qui m\rquote \hich\f40 appelait, sans doute, \'e0\loch\f40 son aide\~; je n\rquote \hich\f40 h\'e9\loch\f40 \hich\f40 sitai gu\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 ; et, apr\'e8\loch\f40
+\hich\f40 s avoir constat\'e9\loch\f40 \hich\f40 que le seul revolver que je poss\'e9\loch\f40 \hich\f40 dais \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait bien arm\'e9\loch\f40 , je me dirig\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ai vers la gare d
+\rquote \hich\f40 Orl\'e9\loch\f40 ans. En route, je pensai qu\rquote un revolver ne faisait qu\rquote \hich\f40 une arme et que la d\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'ea\loch\f40 \hich\f40 che de Rouletabille r\'e9\loch\f40 clamait revolvers au pluriel\~; j
+\rquote entrai chez un armurier et achetai une petite arme excellente, que je me faisais une joie d\rquote \hich\f40 offrir \'e0\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 on ami.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40 esp\'e9\loch\f40 \hich\f40 rais trouver Rouletabille \'e0\loch\f40 la gare d\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 pinay, mais il n\rquote \hich\f40 y \'e9\loch\f40 tait point. Cependant un cabriolet m\rquote
+\hich\f40 attendait et je fus bient\'f4\loch\f40 \hich\f40 t au Glandier. Personne \'e0\loch\f40 la grille. Ce n\rquote \hich\f40 est que sur le seuil m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me du ch\'e2\loch\f40 teau que j\rquote \hich\f40 aper\'e7\loch\f40
+us le jeune homme. Il me salu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ait d\rquote \hich\f40 un geste amical et me recevait aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t dans ses bras en me demandant, avec effusion, des nouvelles de ma sant\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quand nous f\'fb\loch\f40 mes dans le petit vieux salon dont j\rquote \hich\f40 ai parl\'e9\loch\f40 , Rouletabille me fit asseoir et me dit tout de suite\~:
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c7\loch\f40 a va mal\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Qu\rquote e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 st-ce qui va mal\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Tout\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il se rapprocha de moi, et me confia \'e0\loch\f40 l\rquote oreille\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan marche \'e0\loch\f40 fond contre M. Robert Darzac.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ceci n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait point pour m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tonner, depuis que j\rquote \hich\f40 avais vu le fianc\'e9\loch\f40 \hich\f40 de Mlle Stangerson p\'e2\loch\f40 lir devant la trace de s
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 es pas.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Cependant, j\rquote observai tout de suite\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Eh bien\~! Et la canne\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 La canne\~\hich\f40 ! Elle est toujours entre les mains de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 qui ne la quitte pas\'85}{
+\par
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mais\'85\loch\f40 \hich\f40 ne fournit-elle pas un alibi \'e0\loch\f40 M. Robert Darzac\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Pas le moins du monde. M. Darza\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 c, interrog\'e9\loch\f40 \hich\f40 par moi en douceur, nie avoir achet\'e9\loch\f40 \hich\f40 ce soir-l\'e0\loch\f40 \hich\f40
+, ni aucun autre soir, une canne chez Cassette\'85\loch\f40 Quoi qu\rquote \hich\f40 il en soit, fit Rouletabille, \'ab\~\loch\f40 je ne jurerais de rien\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , car M. Darzac }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 a de si \'e9
+\loch\f40 tranges silences}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qu\rquote on ne sait exactement ce qu\rquote il faut pen\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ser de ce qu\rquote il dit\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Dans l\rquote \hich\f40 esprit de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, cette canne doit \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre une bien pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cieuse canne, une canne \'e0\loch\f40
+\hich\f40 conviction\'85\loch\f40 \hich\f40 Mais de quelle fa\'e7\loch\f40 on\~\hich\f40 ? Car, toujours \'e0\loch\f40 cause de l\rquote heure de l\rquote achat, elle ne pouvait se trouver entre les mains de l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 assassin\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 heure ne g\'ea\loch\f40 \hich\f40 nera pas Larsan\'85\loch\f40 Il n\rquote \hich\f40 est pas forc\'e9\loch\f40 d\rquote \hich\f40 adopter mon syst\'e8\loch\f40 me qui commence par introduire l
+\rquote \hich\f40 assassin dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , entre cinq et six\~; qu\rquote est-ce qui l\rquote \hich\f40 emp\'ea\loch\f40 che, lui, de l\rquote \hich\f40 y faire p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40
+trer entre dix heures et onze heures du s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 oir\~\hich\f40 ? \'c0\loch\f40 \hich\f40 ce moment, justement, M. et Mlle Stangerson, aid\'e9\loch\f40 \hich\f40 s du p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, ont proc\'e9\loch\f40
+\hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 une int\'e9\loch\f40 \hich\f40 ressante exp\'e9\loch\f40 \hich\f40 rience de chimie dans cette partie du laboratoire occup\'e9\loch\f40 e par les fourneaux. Larsan dira que l\rquote assassin s
+\rquote \hich\f40 est gliss\'e9\loch\f40 \hich\f40 derri\'e8\loch\f40 re eux, tout invraise\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 blable que cela paraisse\'85\loch\f40 Il l\rquote \hich\f40 a d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j
+\'e0\loch\f40 fait entendre au juge d\rquote \hich\f40 instruction\'85\loch\f40 \hich\f40 Quand on le consid\'e8\loch\f40 \hich\f40 re de pr\'e8\loch\f40 s, ce raisonnement est absurde, attendu que le familier \endash }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 si familier il}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 y a}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \endash \hich\f40 devait savoir que le professeur allait bient\'f4\loch\f40 t quitter le pavillon\~; et
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 il y allait de sa s\'e9\loch\f40 \hich\f40 curit\'e9\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40 \hich\f40 lui familier, de remettre ses op\'e9\loch\f40 \hich\f40 rations apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s ce d\'e9\loch\f40
+\hich\f40 part\'85\loch\f40 \hich\f40 Pourquoi aurait-il risqu\'e9\loch\f40 de traverser le laboratoire pendant que le professeur s\rquote y trouvait\~? Et puis, quand le familier se serait-il introduit dans le pavillon\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 A
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tant de points \'e0\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 lucider avant d\rquote admettre }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote imagination de}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Larsan.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je n\rquote \hich\f40 y perdrai pas mon temps, quant \'e0\loch\f40 moi, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 car j\rquote ai un}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 syst\'e8\loch\f40 \hich\f40 me irr\'e9\loch\f40 futable}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 qui ne me permet point de me pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 occuper de cette imagination-l\'e0\~\loch\f40 \hich\f40
+! Seulement, comme je suis oblig\'e9\loch\f40 \hich\f40 momentan\'e9\loch\f40 ment d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e me taire et que Larsan, quelquefois, parle\'85\loch\f40 \hich\f40 il se pourrait que tout fin\'ee\loch\f40 t par s\rquote
+\hich\f40 expliquer contre M. Darzac\'85\loch\f40 si je n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais pas l\'e0\~\loch\f40 ! ajouta le jeune homme avec orgueil. Car il y a contre ce M. Darzac d\rquote \hich\f40 autres \'ab\~\loch\f40 \hich\f40
+signes ext\'e9\loch\f40 rieurs\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 autrement terribles que \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ette histoire de canne, qui reste pour moi incompr\'e9\loch\f40 hensible, d\rquote \hich\f40
+autant plus incompr\'e9\loch\f40 \hich\f40 hensible que Larsan ne se g\'ea\loch\f40 \hich\f40 ne pas pour se montrer devant M. Darzac avec cette canne qui aurait appartenu \'e0\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac lui-m\'ea\loch\f40 me\~
+! Je comprends beaucoup de choses dans le sys\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e8\loch\f40 me de Larsan, mais je ne comprends pas encore la canne.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan est toujours au ch\'e2\loch\f40 teau\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui\~; il ne l\rquote \hich\f40 a gu\'e8\loch\f40 \hich\f40 re quitt\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ! Il y couche, comme moi, sur la pri\'e8\loch\f40
+re de M. Stangerson. M. Stangerson a fait pour lui ce que M. Robert Darzac a fait pou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r moi. Accus\'e9\loch\f40 \hich\f40 par Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan de conna\'ee\loch\f40 tre l
+\rquote assassin et d\rquote \hich\f40 avoir permis sa fuite, M. Stangerson a tenu \'e0\loch\f40 \hich\f40 faciliter \'e0\loch\f40 son accusateur tous les moyens d\rquote \hich\f40 arriver \'e0\loch\f40 \hich\f40 la d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+couverte de la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 . Ainsi M. Robert Darzac agit-il envers moi.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mais vous \'ea\loch\f40 tes, vo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 us, persuad\'e9\loch\f40 de l\rquote innocence de M. Robert Darzac\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40 ai cru un instant \'e0\loch\f40 \hich\f40 la possibilit\'e9\loch\f40 \hich\f40 de sa culpabilit\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Ce fut \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 heure m\'ea\loch\f40 \hich\f40
+me o\'f9\loch\f40 \hich\f40 nous arrivions ici pour la premi\'e8\loch\f40 re fois. Le moment est venu de vous raconter ce qui s\rquote \hich\f40 est pass\'e9\loch\f40 entre M. Darzac et moi.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ici, Rouletabille s\rquote interrompit et me demanda si j\rquote \hich\f40 avais apport\'e9\loch\f40 les armes. Je lui montrai les deux revolvers. Il les examina, dit\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 C\rquote est parfait\~!\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 et me les rendit.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 En aurons-nous besoin\~? demandai-je.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Sans doute ce soir\~; nous passons la nui\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t ici\~; cela ne vous ennuie pas\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Au contraire, fis-je avec une grimace qui entra\'ee\loch\f40 na le rire de Rouletabille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Allons\~! allons\~! reprit-il, ce n\rquote \hich\f40 est pas le moment de rire. Parlons s\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieusement. Vous vous rappelez cette phrase qui a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 le\~
+\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 S\'e9\loch\f40 same, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ouvre-toi\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 de ce ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau plein de myst\'e8\loch\f40 re\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, fis-je, parfaitement\~: }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le presbyt\'e8\loch\f40 re n\rquote a rien perdu de}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+son charme, ni le jardin de son \'e9\loch\f40 clat.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est encore cette phrase-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40 \hich\f40 moiti\'e9\loch\f40 \hich\f40 roussie, que vous avez retrouv\'e9\loch\f40
+e sur un papier dans les charbons du \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 laboratoire.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Oui, et, en bas de ce papier, la flamme avait respect\'e9\loch\f40 cette date\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 23 octobre.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Souvenez-vous de cette date qui est tr\'e8
+\loch\f40 s importante. Je vais vous dire maintenant ce qu\rquote il en est de cette phrase saugrenue. Je ne sais si vous savez que, l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 avant-veille du crime, c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 \hich\f40
+-dire le 23, M. et Mlle Stangerson sont all\'e9\loch\f40 \hich\f40 s \'e0\loch\f40 \hich\f40 une r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ception \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 lys\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Ils ont m\'ea\loch\f40 \hich\f40
+me assist\'e9\loch\f40 \hich\f40 au d\'ee\loch\f40 ner, je crois bien. Toujours est-il qu\rquote \hich\f40 ils sont rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 s \'e0\loch\f40 \hich\f40 la r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ception, \'ab\~\loch\f40 puisque je les y ai vus\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 . J\rquote \hich\f40 y \'e9\loch\f40 tais, moi, par devo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r professionnel. Je devais interviewer un de ces savants de l\rquote \hich\f40 Acad\'e9\loch\f40
+mie de Philadelphie que l\rquote \hich\f40 on f\'ea\loch\f40 \hich\f40 tait ce jour-l\'e0\loch\f40 . Jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 ce jour, je n\rquote avais jamais vu ni M. ni Mlle Stangerson. J\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tais assis dans le salon qui pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 c\'e8\loch\f40 de le salon des Ambassadeurs, et, las d\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 avoir \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 bouscul\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ par tant de nobles personnages, je me laissais aller \'e0\loch\f40 \hich\f40 une vague r\'ea\loch\f40 verie, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 quand je}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+sentis passer le parfum de la dame en noir.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous me demanderez\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 qu\rquote est-ce que le parfum de la dame en noir\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Qu\rquote il vous suffise de savoir que c\rquote
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 est un parfum que j\rquote \hich\f40 ai beaucoup aim\'e9\loch\f40 , parce qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 tait celui d\rquote \hich\f40 une dame, toujours habill\'e9\loch\f40 e de noir, qui m\rquote \hich\f40 a marqu\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 quelque maternelle bont\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans ma premi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re jeunesse. La dame qui, ce jour-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait discr\'e8\loch\f40 \hich\f40 tement impr\'e9\loch\f40
+\hich\f40 gn\'e9\loch\f40 \hich\f40 e du \'ab\~\loch\f40 parfum de la dame en noir\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tait habill\'e9\loch\f40 \hich\f40 e de blanc. Elle \'e9\loch\f40
+tait merveilleusement belle. Je ne pus m\rquote \hich\f40 emp\'ea\loch\f40 \hich\f40 cher de me lever et de la suivre, elle et son parfum. Un homme, un vieillard, donnait le bras \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette beaut\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Chacun se d
+\'e9\loch\f40 tournait sur leur passage, et j\rquote entendis que l\rquote on murmurai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 C\rquote est le professeur Stangerson et sa fille\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+ C\rquote est ainsi que j\rquote \hich\f40 appris qui je suivais. Ils rencontr\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent M. Robert Darzac que je connaissais de vue. Le professeur Stangerson, abord\'e9\loch\f40 par l\rquote \hich\f40 un des savants am\'e9\loch\f40
+ricains, Arthur-William Rance, s\rquote assit dans\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 un fauteuil de la grande galerie, et M. Robert Darzac entra\'ee\loch\f40 \hich\f40
+na Mlle Stangerson dans les serres. Je suivais toujours. Il faisait, ce soir-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , un temps tr\'e8\loch\f40 s doux\~\hich\f40 ; les portes sur le jardin \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient ouvertes. Mlle Stangerson jeta un fichu l\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 ger sur ses \'e9\loch\f40 paule\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 et je vis bien que c\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait elle qui priait M. Darzac de p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40
+\hich\f40 trer avec elle dans la quasi-solitude du jardin. Je suivis encore, int\'e9\loch\f40 \hich\f40 ress\'e9\loch\f40 par l\rquote \hich\f40 agitation que marquait alors M. Robert Darzac. Ils se glissaient maintenant, \'e0\loch\f40
+ pas lents, le long du mur qui lo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ge l\rquote avenue Marigny. Je pris par l\rquote \hich\f40 all\'e9\loch\f40 \hich\f40 e centrale. Je marchais parall\'e8\loch\f40 \hich\f40 lement \'e0\loch\f40
+\hich\f40 mes deux personnages. Et puis, je \'ab\~\loch\f40 coupai\~\hich\f40 \'bb\~\'e0\loch\f40 \hich\f40 travers la pelouse pour les croiser. La nuit \'e9\loch\f40 tait obscure, l\rquote \hich\f40 herbe \'e9\loch\f40 \hich\f40 touffait mes pas. Ils
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 taient arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 s dans la clart\'e9\loch\f40 vacilla\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 te d\rquote \hich\f40 un bec de gaz et semblaient, pench\'e9\loch\f40
+\hich\f40 s tous les deux sur un papier que tenait Mlle Stangerson, lire quelque chose qui les int\'e9\loch\f40 ressait fort. Je m\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 tai, moi aussi. J\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais entour\'e9\loch\f40 d
+\rquote ombre et de silence. Ils ne m\rquote \hich\f40 aper\'e7\loch\f40 urent point, et j\rquote entendis distinc\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ement Mlle Stangerson qui r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40
+tait, en repliant le papier\~: }{\i \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 le presbyt\'e8\loch\f40 re n\rquote a rien perdu de son charme, ni le jardin de son}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9
+\loch\f40 clat\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et ce fut dit sur un ton \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fois si railleur et si d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sesp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 , et fut suivi d\rquote \hich\f40 un \'e9\loch\f40
+clat de rire si nerveux, que je crois b\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ien que cette phrase me restera toujours dans l\rquote \hich\f40 oreille. Mais une autre phrase encore fut prononc\'e9\loch\f40 e, celle-ci par M. Robert Darzac\~: }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Me faudra-t-il donc, pour vous avoir, commettre un crime\~?}{\~}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Robert Darzac \'e9\loch\f40 tait dans une agitation extraordinaire\~; il pr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+it la main de Mlle Stangerson, la porta longuement \'e0\loch\f40 \hich\f40 ses l\'e8\loch\f40 \hich\f40 vres et je pensai, au mouvement de ses \'e9\loch\f40 paules, qu\rquote il pleurait. Puis, ils s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 loign\'e8
+\loch\f40 rent.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Quand j\rquote arrivai dans la grande galerie, continua Rouletabille, je ne vis plus M. Robert Darzac, et je ne \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 devais plus le revoir qu\rquote \hich\f40 au Glandier, apr\'e8\loch\f40
+s le crime, mais j\rquote \hich\f40 aper\'e7\loch\f40 \hich\f40 us Mlle Stangerson, M. Stangerson et les d\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 \hich\f40 gu\'e9\loch\f40 \hich\f40 s de Philadelphie. Mlle Stangerson \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pr\'e8
+\loch\f40 s d\rquote Arthur Rance. Celui-ci lui parlait avec animation et les yeux de l\rquote \hich\f40 Am\'e9\loch\f40 ricain, pendant cette c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nversation, brillaient d\rquote \hich\f40
+un singulier \'e9\loch\f40 clat. Je crois bien que Mlle Stangerson n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 coutait m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me pas ce que lui disait Arthur Rance, et son visage exprimait une indiff\'e9\loch\f40 \hich\f40
+rence parfaite. Arthur-William Rance est un homme sanguin, au visage couperos\'e9\~\loch\f40 ; il doit \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+imer le gin. Quand M. et Mlle Stangerson furent partis, il se dirigea vers le buffet et ne le quitta plus. Je l\rquote y rejoignis et lui rendis quelques services, dans cette cohue. Il me remercia et m\rquote apprit qu\rquote il repartait pour l\rquote
+\hich\f40 Am\'e9\loch\f40 rique, trois jours plus tar\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 -dire le 26 (le lendemain du crime). Je lui parlai de Philadelphie\~; il me dit qu\rquote
+il habitait cette ville depuis vingt-cinq ans, et que c\rquote \hich\f40 est l\'e0\loch\f40 qu\rquote il avait connu l\rquote \hich\f40 illustre professeur Stangerson et sa fille. L\'e0\loch\f40 -dessus, il reprit du champagne et
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 j\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e crus qu\rquote il ne s\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 terait jamais de boire. Je le quittai quand il fut \'e0\loch\f40 \hich\f40 peu pr\'e8\loch\f40 s ivre.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Telle a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 ma soir\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, mon cher ami. Je ne sais par quelle sorte de pr\'e9\loch\f40
+cision la double image de M. Robert Darzac et de Mlle Stangerson ne me quitta point de la nu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 it, et je vous laisse \'e0\loch\f40 penser l\rquote effet que me produisit la nouvelle de l\rquote
+assassinat de Mlle Stangerson. Comment ne pas me souvenir de ces mots\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Me faudra-t-il, pour vous avoir, commettre un crime\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Ce n\rquote \hich\f40 est cependant point cette phrase que je dis \'e0
+\loch\f40 M\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 .\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Robert Darzac quand nous le rencontr\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes au Glandier. Celle o\'f9\loch\f40 \hich\f40 il est question du presbyt\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re et du jardin \'e9\loch\f40 clatant, que Mlle Stangerson semblait avoir lue sur le papier qu\rquote \hich\f40 elle tenait \'e0\loch\f40 la main, suffit pour nous faire ouvrir toutes grandes les portes du \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 c
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 h\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau. Croyais-je, \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce moment, que M. Robert Darzac \'e9\loch\f40 tait l\rquote assassin\~? Non\~! Je ne pense pas l\rquote \hich\f40 avoir tout \'e0\loch\f40
+\hich\f40 fait cru. \'c0\loch\f40 \hich\f40 ce moment-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , je ne pensais s\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieusement \'ab\~\loch\f40 rien\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . J\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais si peu document\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 . \'ab\~\loch\f40 Mais j\rquote avais besoin\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 il me prouv\'e2\loch\f40 t tout de suite q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 il n\rquote \hich\f40 \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tait pas bless\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la main. Quand nous f\'fb\loch\f40 mes seuls, tous les deux, je lui contai ce que le hasard m\rquote avait fait surprendre de sa conversation dans les jardins de l\rquote
+\hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 lys\'e9\loch\f40 e avec Mlle Stangerson\~; et, quand je lui eus dit que j\rquote avais entendu ces mots\~: \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+Me faudra-t-il, pour vous avoir, commettre un crime\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 il fut tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait troubl\'e9\loch\f40 , mais beaucoup moins, certainement, qu\rquote il ne l\rquote \hich\f40 avait \'e9\loch\f40 \hich\f40
+t\'e9\loch\f40 \hich\f40 par la phrase du \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 presbyt\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Ce qui le jeta dans une v\'e9\loch\f40 ritable consternation, ce fut d\rquote apprendre, de ma bouche
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 que, le jour o\'f9\loch\f40 \hich\f40 il allait se rencontrer \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 lys\'e9\loch\f40 \hich\f40 e avec Mlle Stangerson, celle-ci
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 tait all\'e9\loch\f40 e, dans l\rquote \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s-midi, au bureau de poste 40, chercher une lettre qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait peut-\'ea\loch\f40 tre celle qu\rquote
+ils avaient lue tous les deux dans les jardins de l\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 lys\'e9\loch\f40 e et qui se\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 terminait par ces mots\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Le presbyt
+\'e8\loch\f40 re n\rquote \hich\f40 a rien perdu de son charme, ni le jardin de son \'e9\loch\f40 clat\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 cette hypoth\'e8\loch\f40 \hich\f40 se me fut confirm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e du reste, depuis, par la d\'e9
+\loch\f40 couverte que je fis, vous vous en souvenez, dans les charbons du laboratoire, d\rquote un morceau de \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ette lettre qui portait la date du 23 octobre. La lettre avait \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 crite et retir\'e9\loch\f40 \hich\f40 e du bureau le m\'ea\loch\f40 me jour. Il ne fait point de doute qu\rquote en rentrant de l\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 lys\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 e, la nuit m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, Mlle Stangerson a voulu br\'fb\loch\f40 ler ce papier compromettant. C\rquote est en vain que M. R\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+bert Darzac nia que cette lettre e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t un rapport quelconque avec le crime. Je lui dis que, dans une affaire aussi myst\'e9\loch\f40 rieuse, il n\rquote \hich\f40 avait pas le droit de cacher \'e0\loch\f40 la justice l\rquote
+incident de la lettre\~; que j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais persuad\'e9\loch\f40 , moi, que celle-ci avait une import\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nce consid\'e9\loch\f40 rable\~\hich\f40
+; que le ton d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sesp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 avec lequel Mlle Stangerson avait prononc\'e9\loch\f40 \hich\f40 la phrase fatidique, que ses pleurs, \'e0\loch\f40 lui, Robert Darzac, et que cette menace d
+\rquote un crime qu\rquote \hich\f40 il avait prof\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 la suite de la lecture de la lettre, ne me permettaient pas\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\rquote \hich\f40
+en douter. Robert Darzac \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait de plus en plus agit\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Je r\'e9\loch\f40 solus de profiter de mon avantage.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 Vous deviez vous marier, monsieur\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , fis-je n\'e9\loch\f40 gligemment, sans plus regarder mon interlocuteur, et tout d\rquote un coup ce mariage }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 devient impossible \'e0\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 cause de l\rquote auteur de cette lettre}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , puisque, aussit\'f4\loch\f40 t la lecture de la lettre, vous parlez d\rquote
+\hich\f40 un crime n\'e9\loch\f40 cessaire pour avoir Mlle Stangerson. }{\b\fs24 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 IL Y A DONC}{\b\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\b\fs24 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 QUELQU\rquote
+UN ENTRE VOUS ET MLLE STANGERSON, QUELQU\rquote \hich\f40 UN QUI LUI D\'c8\loch\f40 FEND DE SE MARIER, QUELQU\rquote UN QUI LA TUE AV\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ANT QU\rquote ELLE NE SE MARIE\~!\~\hich\f40 \'bb}{\b\fs28
+\par
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Et je terminai ce petit discours par ces mots\~:}{\b\fs28
+\par }{
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 Maintenant, monsieur, vous n\rquote avez plus qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 me confier le nom de l\rquote assassin\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 J\rquote \hich\f40 avais d\'fb\loch\f40 , sans m\rquote en douter, dire des choses formidables. Quand je relevai les yeux sur \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Robert Darzac, je vis un visage d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 compos\'e9\loch\f40 , un front en sueur, des yeux d\rquote effroi.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 \hich\f40 Monsieur, me dit-il, je vais vous demander une chose, qui va peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre vous para\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre insens\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, mais en \'e9\loch\f40
+change de quoi }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 je}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 donnerais ma vie}{\~}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 : il ne faut pas parler devant \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+les magistrats de ce que vous avez vu et entendu dans les jardins de l\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 lys\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, \'85\loch\f40
+ ni devant les magistrats, ni devant personne au monde. Je vous jure que je suis innocent et je sais, et je sens, que vous me croyez, mais j\rquote aimerais mieux passer pour coupabl\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ que de voir les soup\'e7\loch\f40 ons de la justice s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 garer sur cette phrase\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 le presbyt\'e8\loch\f40 re n\rquote \hich\f40 a rien perdu de son charme, ni le jardin de son \'e9
+\loch\f40 clat.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Il faut que la justice ignore cette phrase. Toute cette affaire vous appartient, monsieur, je vous la donne, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 mais\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 oubliez la soir\'e9
+\loch\f40 e de l\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 lys\'e9\loch\f40 e.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il y aura pour vous cent autres chemins que celui-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 qui vous conduiront \'e0\loch\f40 \hich\f40 la d\'e9
+\loch\f40 couverte du criminel\~; je vous les ouvrirai, je vous aiderai. Voulez-vous vous installer ici\~\hich\f40 ? Parler ici en ma\'ee\loch\f40 tre\~? Manger, dormir ici\~? Surve\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 iller mes actes et les actes de tous\~
+\hich\f40 ? Vous serez au Glandier comme si vous en \'e9\loch\f40 \hich\f40 tiez le ma\'ee\loch\f40 tre, monsieur, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 mais oubliez la soir\'e9\loch\f40 e de l\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 lys\'e9
+\loch\f40 e.\~\hich\f40 \'bb
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille, ici, s\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 ta pour souffler un peu. Je comprenais maintenant l\rquote attitude inexplicable de M. Robert\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Darzac vis-\'e0\loch\f40
+\hich\f40 -vis de mon ami, et la facilit\'e9\loch\f40 avec laquelle celui-ci avait pu s\rquote installer sur les lieux du crime. Tout ce que je venais d\rquote apprendre ne pouvait qu\rquote \hich\f40 exciter ma curiosit\'e9\loch\f40 \hich\f40
+. Je demandai \'e0\loch\f40 Rouletabille de la satisfaire encore. Que s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait-il pass\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 au Glandier depuis huit jours\~? Mon ami ne m\rquote
+avait-il pas dit qu\rquote \hich\f40 il y avait maintenant contre M. Darzac des signes ext\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieurs autrement terribles que celui de la canne trouv\'e9\loch\f40 e par Larsan\~?
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Tout semble se tourner contre lui, me r\'e9\loch\f40 pondit mon ami, et la si\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tuation devient extr\'ea\loch\f40 mement grave. M. Robert Darzac semble ne point s
+\rquote \hich\f40 en pr\'e9\loch\f40 occuper outre mesure\~; il a tort\~; mais rien ne l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 resse que la sant\'e9\loch\f40 de Mlle Stangerson qui allait s\rquote \hich\f40 am\'e9\loch\f40 liorant tous les jours }{
+\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 quand est survenu un \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 \hich\f40 nement plus myst\'e9\loch\f40 rieux en\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 core que le myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re de la \'ab\loch\f40
+\hich\f40 Chambre Jaune\'bb\~\loch\f40 !
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c7\loch\f40 a n\rquote est pas possible\~! m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 criai-je, et quel \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 \hich\f40 nement peut \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre plus myst
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieux que le myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Revenons d\rquote \hich\f40 abord \'e0\loch\f40 M. Robert Darzac, fit Rouletabille en me calmant. Je vous disais qu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e tout se tourne contre lui. \'ab\~\loch\f40 \hich\f40
+Les pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 gants\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 relev\'e9\loch\f40 \hich\f40 s par Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan paraissent bien \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre \'ab\~\loch\f40
+\hich\f40 les pas du fianc\'e9\loch\f40 de Mlle Stangerson\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . L\rquote \hich\f40 empreinte de la bicyclette peut \'ea\loch\f40 tre l\rquote \hich\f40 empreinte de \'ab\~\loch\f40 sa\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 bicyclette\~\hich\f40
+; la chose a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 contr\'f4\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 e. Depuis qu\rquote il a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 v\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ait cette bicyclette, il la laissait toujours au ch
+\'e2\loch\f40 teau. Pourquoi l\rquote \hich\f40 avoir emport\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 \hich\f40 Paris justement \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce moment-l\'e0\~\loch\f40 ? Est-ce qu\rquote \hich\f40 il ne devait plus revenir au ch\'e2\loch\f40
+teau\~\hich\f40 ? Est-ce que la rupture de son mariage devait entra\'ee\loch\f40 ner la rupture de ses relations avec \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 es Stangerson\~\hich\f40 ? Chacun des int\'e9\loch\f40 \hich\f40 ress\'e9
+\loch\f40 s affirme que ces relations devaient continuer. Alors\~\hich\f40 ? Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, lui, croit que \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 tout \'e9\loch\f40 tait rompu\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+. Depuis le jour o\'f9\loch\f40 \hich\f40 Robert Darzac a accompagn\'e9\loch\f40 Mlle Stangerson aux grands magasins de la Louve, jusqu\rquote au lendem\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 in du crime, l\rquote \hich\f40 ex-fianc
+\'e9\loch\f40 n\rquote \hich\f40 est point revenu au Glandier. Se souvenir que Mlle Stangerson a perdu son r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ticule et la clef \'e0\loch\f40 \hich\f40 t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te de cuivre quand elle \'e9\loch\f40
+tait en compagnie de M. Robert Darzac. Depuis ce jour jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la soir\'e9\loch\f40 e de l\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 lys\'e9\loch\f40 e, le professeur en Sor\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 b
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 onne et Mlle Stangerson ne se sont point vus. Mais ils se sont peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre \'e9\loch\f40 \hich\f40 crit. Mlle Stangerson est all\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e chercher une lettre poste restante au bureau 40, lettre que Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan croit de Robert Darzac, car Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan, qui ne sait rien naturelleme
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t de ce qui s\rquote \hich\f40 est pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 lys\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, est amen\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0
+\loch\f40 penser que c\rquote \hich\f40 est Robert Darzac lui-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me qui a vol\'e9\loch\f40 \hich\f40 le r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ticule et la clef, dans le dessein de forcer la volont\'e9\loch\f40 de Mlle Stangerson en s\rquote
+\hich\f40 appropriant les papiers les plus pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cieux du p\'e8\loch\f40 re, papiers qu\rquote il aurait\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 restitu\'e9\loch\f40
+s sous condition de mariage. Tout cela serait d\rquote \hich\f40 une hypoth\'e8\loch\f40 \hich\f40 se bien douteuse et presque absurde, comme me le disait le grand Fred lui-m\'ea\loch\f40 me, s\rquote il n\rquote
+y avait pas encore autre chose, et autre chose de beaucoup plus grave. D\rquote abord, chose bizarre, et que\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 je ne parviens pas \'e0\loch\f40 m\rquote expliquer\~\hich\f40
+: ce serait M. Darzac en personne qui, le 24, serait all\'e9\loch\f40 \hich\f40 demander la lettre au bureau de poste, lettre qui avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 retir\'e9
+\loch\f40 e la veille par Mlle Stangerson\~; }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 la description de l\rquote homme qui s\rquote \hich\f40 est pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sent\'e9\loch\f40 \hich\f40 au guichet r\'e9\loch\f40 po\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+nd point par point au signalement de M. Robert Darzac. }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Celui-ci, aux questions qui lui furent pos\'e9\loch\f40 \hich\f40 es, \'e0\loch\f40 titre de simple renseignement, par le juge d\rquote instruction, nie qu
+\rquote \hich\f40 il soit all\'e9\loch\f40 au bureau de poste\~; et moi, je crois M. Robert Darzac, car, en admettant \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me que la lettre ait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40
+\'e9\loch\f40 crite par lui \endash ce que je ne pense pas \endash il savait que Mlle Stangerson l\rquote \hich\f40 avait retir\'e9\loch\f40 e, puisqu\rquote il la lui avait vue, cette lettre, entre les mains, dans les jardins de l\rquote \hich\f40 \'c9
+\loch\f40 \hich\f40 lys\'e9\loch\f40 e. Ce n\rquote est donc pas lui qui s\rquote \hich\f40 est pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sent\'e9\loch\f40 , le lende\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ain 24, au bureau 40, pour demander une lettre qu\rquote il savait n\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre plus l\'e0\loch\f40 . Pour moi, c\rquote est quelqu\rquote \hich\f40 un qui lui ressemblait \'e9\loch\f40 trangement, et c\rquote \hich\f40
+est bien le voleur du r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ticule qui dans cette lettre devait demander quelque chose \'e0\loch\f40 \hich\f40 la propri\'e9\loch\f40 \hich\f40 taire du r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ticule, \'e0\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mlle Stangerson, \endash \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 quelque chose qu\rquote il ne vit pas venir\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Il dut en \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre stup\'e9\loch\f40 \hich\f40 fait, et fut amen\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 se demander si la lettre qu\rquote \hich\f40 il avait exp\'e9\loch\f40 \hich\f40 di\'e9\loch\f40 e avec cette inscription sur l\rquote enveloppe\~: }{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M.A.T.H.S.N.}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 retir\'e9\loch\f40 e. D\rquote \hich\f40 o\'f9\loch\f40 \hich\f40 sa d\'e9\loch\f40 marche au bureau de poste\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 et l\rquote
+\hich\f40 insistance avec laquelle il r\'e9\loch\f40 clame la lettre. Puis il s\rquote \hich\f40 en va, furieux. La lettre a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 retir\'e9\loch\f40 e, et pourtant ce qu\rquote \hich\f40
+il demandait ne lui a pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 accord\'e9\~\loch\f40 ! Que demandait-il\~? Nul ne le sait que Mlle Stangerson. Toujours est-il que, le lendemain, on \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 pprenait que Mlle Stangerson avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 quasi assassin\'e9\loch\f40 \hich\f40 e dans la nuit, et que je d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvrais, le surlendemain, moi, que le professeur avait \'e9\loch\f40
+\hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 vol\'e9\loch\f40 \hich\f40 du m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me coup, gr\'e2\loch\f40 \hich\f40 ce \'e0\loch\f40 cette clef, objet de la lettre poste restante. Ainsi, il semble bien que l\rquote homme qui e
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t venu au bureau de poste doive \'ea\loch\f40 tre l\rquote assassin\~\hich\f40 ; et tout ce raisonnement, des plus logiques en somme, sur les raisons de la d\'e9\loch\f40 marche de l
+\rquote \hich\f40 homme au bureau de poste, Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan se l\rquote est tenu, mais, en l\rquote \hich\f40 appliquant \'e0\loch\f40 Robert Darzac. Vous pensez bien que\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 le juge d\rquote \hich\f40 instruction, et que Larsan, et que moi-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me nous avons tout fait pour avoir, au bureau de poste, des d\'e9\loch\f40 \hich\f40 tails pr\'e9\loch\f40
+cis sur le singulier personnage du 24 octobre. Mais on n\rquote a pu savoir d\rquote \hich\f40 o\'f9\loch\f40 \hich\f40 il venait ni o\'f9\loch\f40 il s\rquote \hich\f40 en est all\'e9\~\loch\f40 ! En dehors de cette descr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ption qui le fait ressembler \'e0\loch\f40 M. Robert Darzac, rien\~! J\rquote ai fait annoncer dans les plus grands journaux\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Une forte r\'e9\loch\f40 \hich\f40
+compense est promise au cocher qui a conduit un client au bureau de poste 40, dans la matin\'e9\loch\f40 e du 24 octobre, vers les dix heures. S\rquote ad\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 esser \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ la r\'e9\loch\f40 daction de }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , et demander M. R.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 \'c7\loch\f40 a n\rquote \hich\f40 a rien donn\'e9\loch\f40 .}{
+\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 En somme, cet homme est peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre venu \'e0\loch\f40 pied\~; mais, puisqu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait press\'e9\loch\f40 , c\rquote
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait une chance \'e0\loch\f40 courir qu\rquote \hich\f40 il f\'fb\loch\f40 t venu en voiture. Je n\rquote \hich\f40 ai pas, dans ma note aux journaux, donn\'e9\loch\f40 la d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 escription de l
+\rquote \hich\f40 homme pour que tous les cochers qui pouvaient avoir, vers cette heure-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , conduit un client au bureau 40, vinssent \'e0\loch\f40 moi. Il n\rquote \hich\f40 en est pas venu un seul. Et je me suis demand\'e9
+\loch\f40 nuit et jour\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Quel est donc cet homme qui ressemble aussi \'e9\loch\f40 tra\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 gement \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ M. Robert Darzac et que je retrouve achetant la canne tomb\'e9\loch\f40 \hich\f40 e entre les mains de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan\~? Le plus grave de tout est que M. Darzac, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 qui avait
+\'e0\loch\f40 \hich\f40 faire, \'e0\loch\f40 \hich\f40 la m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me heure, \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 heure o\'f9\loch\f40 son sosie}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 se pr\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 sentait au bureau de poste, un cours \'e0\loch\f40 la S\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 orbonne, ne l\rquote a}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pas fait.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ Un de ses amis le rempla\'e7\loch\f40 ait. Et, quand on l\rquote interroge sur l\rquote \hich\f40 emploi de son temps, il r\'e9\loch\f40 pond qu\rquote \hich\f40 il est all\'e9\loch\f40 se promener au bois de Boulogne.}{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Qu\rquote \hich\f40 est-ce que vous pensez de ce professeur qui se fait remplacer \'e0\loch\f40 son cours pour aller se\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 promener au bois de Boulogne\~
+? Enfin, il faut que vous sachiez que, si M. Robert Darzac avoue s\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre all\'e9\loch\f40 \hich\f40 promener au bois de Boulogne dans la matin\'e9\loch\f40 e du 24, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+il ne peut plus donner du tout l\rquote emploi de son}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 temps dans la nuit du 24 au 25\~\hich\f40 ! \'85}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il a r\'e9\loch\f40 pondu fo
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rt paisiblement \'e0\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan qui lui demandait ce renseignement que ce qu\rquote \hich\f40 il faisait de son temps, \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ Paris, ne regardait que lui\'85\loch\f40 \hich\f40 Sur quoi, Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan a jur\'e9\loch\f40 tout haut qu\rquote \hich\f40 il d\'e9\loch\f40 couvrirait bien, lui, sans l\rquote aide de personne, l
+\rquote emploi de ce temps. \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 T\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 out cela semble donner quelque corps aux hypoth\'e8\loch\f40 ses du grand Fred\~; d\rquote \hich\f40
+autant plus que le fait de Robert Darzac se trouvant dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 pourrait venir corroborer l\rquote \hich\f40 explication du policier sur la fa\'e7\loch\f40 on dont l\rquote assassin se serait enfui\~
+: M. Stange\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 son l\rquote \hich\f40 aurait laiss\'e9\loch\f40 \hich\f40 passer pour \'e9\loch\f40 viter un effroyable scandale\~! C\rquote \hich\f40 est, du reste, cette hypoth\'e8\loch\f40
+\hich\f40 se, que je crois fausse, qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 garera Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, et ceci ne serait point pour me d\'e9\loch\f40 plaire, s\rquote il n\rquote y avait pas un innocent en cause\~!}{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Maintenant, cette hypoth\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e8\loch\f40 \hich\f40 se \'e9\loch\f40 \hich\f40 gare-t-elle r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ellement Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan\~\hich\f40 ? Voil\'e0
+\~\loch\f40 \hich\f40 ! Voil\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ! Voil\'e0\~\loch\f40 !
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Eh\~\hich\f40 ! Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan a peut-\'ea\loch\f40 tre raison\~! m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 criai-je, interrompant Rouletabille\'85\loch\f40
+\hich\f40 \'ca\loch\f40 \hich\f40 tes-vous s\'fb\loch\f40 r que M. Darzac soit innocent\~\hich\f40 ? Il me semble que voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 bien des f\'e2\loch\f40 \hich\f40 cheuses co\'ef\loch\f40 \hich\f40 ncidences\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Les co\'ef\loch\f40 \hich\f40 ncidences, me r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondit mon ami, sont les pires ennemies de la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Qu\rquote en pense aujourd\rquote hui le juge d\rquote instruction\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. de Marquet, le juge d\rquote \hich\f40 instruction, h\'e9\loch\f40 \hich\f40 site \'e0\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 couvrir M. Robert Darzac sans aucune preuve certaine. Non seulement, il au
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 rait contre lui toute l\rquote opinion publique, sans compter la Sorbonne, mais encore M. Stangerson et Mlle Stangerson. Celle-ci adore M. Robert Darzac. Si peu qu\rquote elle ait vu l\rquote
+assassin, on ferait croire difficilement au public qu\rquote elle n\rquote \hich\f40 e\'fb\loch\f40 t point reconnu M. Ro\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 b\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ert Darzac, si M. Robert Darzac avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t
+\'e9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 agresseur. La \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait obscure, sans doute, mais une petite veilleuse tout de m\'ea\loch\f40 me l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+clairait, ne l\rquote \hich\f40 oubliez pas. Voici, mon ami, o\'f9\loch\f40 \hich\f40 en \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient les choses quand, il y a trois jours, ou plut\'f4\loch\f40 t trois \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 uits, survint cet \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 \hich\f40 nement inou\'ef\loch\f40 \hich\f40 dont je vous parlais tout \'e0\loch\f40 l\rquote heure.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745260}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XIV\line \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 J\rquote attends l\rquote
+assassin, ce soir\~\hich\f40 \'bb{\*\bkmkend _Toc97745260}
+\par }\pard\plain \qc\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {\b\fs38
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\~}{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Il faut, me dit Rouletabille, que je vous conduise sur les lieux pour que vous puissiez comprendre ou plut\'f4
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t pour que vous soyez persuad\'e9\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 il est impossible de comprendre. Je crois, quant \'e0\loch\f40 \hich\f40 moi, avoir trouv\'e9\loch\f40 ce que tout le monde cherche encore\~
+\hich\f40 : la fa\'e7\loch\f40 on dont l\rquote \hich\f40 assassin est sorti de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\'85\loch\f40 \hich\f40 sans complicit\'e9\loch\f40 d\rquote aucune sorte et sans que M. Stangerson\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 y soit pour quelque chose. Tant que je ne serai point s\'fb\loch\f40 \hich\f40 r de la personnalit\'e9\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 assassin, je ne saurais dire quelle est mon hypoth\'e8\loch\f40 \hich\f40
+se, mais je crois cette hypoth\'e8\loch\f40 \hich\f40 se juste et, dans tous les cas, elle est tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait naturelle, je veux dire tout \'e0\loch\f40 fait si\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ple. Quant \'e0\loch\f40 ce qui s\rquote \hich\f40 est pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 il y a trois nuits, ici, dans le ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau m\'ea\loch\f40 me, cela m\rquote \hich\f40 a sembl\'e9\loch\f40 \hich\f40 pendant vingt-quatre heures d
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 passer toute facult\'e9\loch\f40 d\rquote imagination. Et encore l\rquote \hich\f40 hypoth\'e8\loch\f40 se qui, maintenant, s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e8\loch\f40
+ve du fond de mon moi est-elle si absurde, celle-l\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e0\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , que je pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 f\'e8\loch\f40 \hich\f40 re presque les t\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e8\loch\f40 bres de l
+\rquote inexplicable.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Sur quoi, le jeune reporter m\rquote \hich\f40 invita \'e0\loch\f40 sortir\~\hich\f40 ; il me fit faire le tour du ch\'e2\loch\f40 teau. Sous nos pieds craquaient les feuilles mortes\~; c\rquote est le seul bruit que j
+\rquote \hich\f40 entendais. On e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t dit que le ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau \'e9\loch\f40 ta\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 it abandonn\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Ces vieilles pierres, cette eau stagnante dans les foss\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 s qui entouraient le donjon, cette terre d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sol\'e9\loch\f40 \hich\f40 e recouverte de la d\'e9\loch\f40 \hich\f40 pouille du dernier \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40
+, le squelette noir des arbres, tout concourait \'e0\loch\f40 \hich\f40 donner \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce triste endroit, hant\'e9\loch\f40 par un myst\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e8\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 re farouche, l\rquote \hich\f40
+aspect le plus fun\'e8\loch\f40 \hich\f40 bre. Comme nous contournions le donjon, nous rencontr\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes \'ab\~\loch\f40 l\rquote homme vert\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , le garde, qui ne nous salua point et qui passa pr\'e8
+\loch\f40 s de nous, comme si nous n\rquote \hich\f40 existions pas. Il \'e9\loch\f40 tait tel que je l\rquote \hich\f40 avais vu pour la premi\'e8\loch\f40 re fois,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e0\loch\f40
+ travers les vitres de l\rquote \hich\f40 auberge du p\'e8\loch\f40 re Mathieu\~\hich\f40 ; il avait toujours son fusil en bandouli\'e8\loch\f40 \hich\f40 re, sa pipe \'e0\loch\f40 la bouche et son binocle sur le nez.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Dr\'f4\loch\f40 le d\rquote oiseau\~! me dit tout bas Rouletabille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Lui avez-vous parl\'e9\~\loch\f40 ? demandai-je.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, mais il n\rquote y a rie\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 n \'e0\loch\f40 \hich\f40 en tirer\'85\loch\f40 \hich\f40 il r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pond par grognements, hausse les \'e9\loch\f40 paules et s
+\rquote \hich\f40 en va. Il habite \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 ordinaire au premier \'e9\loch\f40 \hich\f40 tage du donjon, une vaste pi\'e8\loch\f40 ce qui servait autrefois d\rquote \hich\f40 oratoire. Il vit l\'e0\loch\f40 en ours, ne sort qu
+\rquote avec son fusil. Il n\rquote est aimable qu\rquote avec les filles\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 .\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Sous pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 texte de courir apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s les braconniers, il se rel\'e8
+\loch\f40 ve souvent la nuit\~\hich\f40 ; mais je le soup\'e7\loch\f40 onne d\rquote \hich\f40 avoir des rendez-vous galants. La femme de chambre de Mlle Stangerson, Sylvie, est sa ma\'ee\loch\f40 \hich\f40 tresse. En ce moment, il est tr\'e8\loch\f40
+\hich\f40 s amoureux de la femme du p\'e8\loch\f40 re M\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 thieu, l\rquote aubergiste\~\hich\f40 ; mais le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Mathieu surveille de pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s son \'e9
+\loch\f40 pouse, et je crois bien que c\rquote \hich\f40 est la presque impossibilit\'e9\loch\f40 \hich\f40 o\'f9\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 l\rquote homme vert\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 se trouve d\rquote approcher Mme\~
+Mathieu qui le rend encore plus sombre et taciturne. C\rquote \hich\f40 est un beau gars, bien soign\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 de sa personne, presque \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 \hich\f40 gant
+\'85\loch\f40 \hich\f40 les femmes, \'e0\loch\f40 \hich\f40 quatre lieues \'e0\loch\f40 la ronde, en raffolent.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir d\'e9\loch\f40 \hich\f40 pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 le donjon qui se trouve \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40 de l\rquote \hich\f40
+aile gauche, nous pass\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes sur les derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 res du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau. Rouletabille me dit en me montrant une fen\'ea\loch\f40 tre\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 que je reconnus pour \'ea
+\loch\f40 tre l\rquote une de celles qui donnent sur les appartements de Mlle Stangerson.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Si vous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tiez pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 par ici il y a deux nuits, \'e0\loch\f40 une heure du matin, vous auriez vu votre serviteur au haut d\rquote \hich\f40 une \'e9
+\loch\f40 chelle s\rquote \hich\f40 appr\'ea\loch\f40 \hich\f40 tant \'e0\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 trer dans le ch\'e2\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 eau, par cette fen\'ea\loch\f40 tre\~!\~
+\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Comme j\rquote \hich\f40 exprimais quelque stup\'e9\loch\f40 faction de cette gymnastique nocturne, il me pria de montrer beaucoup d\rquote \hich\f40 attention \'e0\loch\f40 \hich\f40 la disposition ext\'e9\loch\f40
+\hich\f40 rieure du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s quoi nous rev\'ee\loch\f40 \hich\f40 nmes dans le b\'e2\loch\f40 timent.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Il faut maintenant, dit mon a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 mi, que je vous fasse visiter le premier \'e9\loch\f40 tage, aile droite. C\rquote \hich\f40 est l\'e0\loch\f40 que j\rquote habite.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Pour bien faire comprendre l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 conomie des lieux, je mets sous les yeux du lecteurs un plan du premier \'e9\loch\f40 \hich\f40 tage de cette aile droite, plan dessin\'e9\loch\f40
+ par Rouletabille au lendemai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n de l\rquote \hich\f40 extraordinaire ph\'e9\loch\f40 \hich\f40 nom\'e8\loch\f40 \hich\f40 ne que vous allez conna\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre dans tous ses d\'e9\loch\f40 tails\~:
+\par }\pard \qc\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\fs20 {\*\shppict{\pict{\*\picprop\shplid1026{\sp{\sn shapeType}{\sv 75}}{\sp{\sn fFlipH}{\sv 0}}{\sp{\sn fFlipV}{\sv 0}}{\sp{\sn pibFlags}{\sv 2}}{\sp{\sn fLine}{\sv 0}}}
+\picscalex120\picscaley120\piccropl0\piccropr0\piccropt0\piccropb0\picw15187\pich9022\picwgoal8610\pichgoal5115\jpegblip\bliptag-1094643686{\*\blipuid bec1101a6f96b3846411c3ca090d5abf}
+ffd8ffe000104a46494600010101006000600000ffdb0043000a07070807060a0808080b0a0a0b0e18100e0d0d0e1d15161118231f2524221f2221262b372f26
+293429212230413134393b3e3e3e252e4449433c48373d3e3bffc0000b080155023e01011100ffc4001f00000105010101010101000000000000000001020304
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+f9526ef63f952e7d8d19f63467d8d193e94993fddfd69727d2932de83f3a5c9f41f9d1f37a0a3e6f6a39f6a3e6f6a39f51460fa8fca8e7d7f4a307d68c1f5a31
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+fffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffefefefefefefefefefefefefefefefefdfdfefefeffffffffffffffffff
+fffffefefefefefefefefffffffffffffffffefefefefefefefefefefefefefefefefffffffffffffffffffffffffffffffffdfdfdfdfdfdfdfdfefefefefefe
+fefefefefefefefefefeffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffff
+fffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffefefefefefefefefdfdfdfdfdfdfdfdfcfcfcfcfcfc
+fcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfcfbfbfbfbfbfbfbfbfffffffffffffffffefefefefefefefeffffffffffffffffffffffffffff
+ffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffff0000ffffffffffff
+ffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffff
+ffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffff
+ffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffff
+fffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffefefefefefefefefefefefefefefefefdfdfefeffffffffffffffffffff
+fffffefefefefefefefefffffffffffffffffefefefefefefefefefefefefefefefeffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffff
+fffffffffffffffffffffefefefefefefefefefefefefefefefefefefefefefefefefffffffffffffffffdfdfdfdfdfdfdfdfffffffffffffffffefefefefefe
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+ffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffffff00000400000007010100030000000000}}}{
+\par
+\par {\listtext\pard\plain\i\fs30\lang1036\cgrid \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 1.\tab}}\pard \qj\fi-360\li927\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\jclisttab\tx927\ls17\adjustright {\i\fs30 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Endroito\'f9\loch\f40 \hich\f40
+ Rouletabille pla\'e7\loch\f40 \hich\f40 a Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan.
+\par {\listtext\pard\plain\i\fs30\lang1036\cgrid \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 2.\tab}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Endroit o\'f9\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille pla\'e7\loch\f40 \hich\f40 a le p\'e8\loch\f40 re Jacques.
+\par {\listtext\pard\plain\i\fs30\lang1036\cgrid \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 3.\tab}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Endroit o\'f9\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille pla\'e7\loch\f40 a M. Stange\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 rson.
+\par {\listtext\pard\plain\i\fs30\lang1036\cgrid \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 4.\tab}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Fen\'ea\loch\f40 tre par laquelle entra Rouletabille.
+\par {\listtext\pard\plain\i\fs30\lang1036\cgrid \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 5.\tab}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e ouverte par Rouletabille quand il sort de sa chambre. Il la referme. Toutes les autres fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tres et portes sont ferm\'e9\loch\f40 es.
+\par {\listtext\pard\plain\i\fs30\lang1036\cgrid \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 6.\tab}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Terrasse surmontant une pi\'e8\loch\f40 ce en encorbellement au rez-de-chauss\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 e.
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille me fit signe de monter derri\'e8\loch\f40 re lui l\rquote \hich\f40 escalier monumental double qui, \'e0\loch\f40 \hich\f40 la hauteur du premier \'e9\loch\f40
+tage, formait palier. De ce palier on se rendait directement dans l\rquote aile droite ou dans l\rquote \hich\f40 aile gauche du ch\'e2\loch\f40 teau par une g\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 alerie qui y venait aboutir. La galerie, haute et large, s\rquote
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tendait sur toute la longueur du b\'e2\loch\f40 \hich\f40 timent et prenait jour sur la fa\'e7\loch\f40 \hich\f40 ade du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau expos\'e9\loch\f40 \hich\f40 e au nord. Les chambres dont les fen\'ea
+\loch\f40 tres donnaient sur le midi avaient leurs portes sur cette galerie. Le\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 professeur Stangerson habitait l\rquote \hich\f40 aile gauche du ch\'e2\loch\f40
+teau. Mlle Stangerson avait son appartement dans l\rquote \hich\f40 aile droite. Nous entr\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes dans la galerie, aile droite. Un tapis \'e9\loch\f40 \hich\f40 troit, jet\'e9\loch\f40 \hich\f40 sur le parquet cir\'e9\loch\f40
+\hich\f40 , qui luisait comme une glace, \'e9\loch\f40 touffait le bruit de no\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pas. Rouletabille me disait \'e0\loch\f40 \hich\f40 voix basse, de marcher avec pr\'e9\loch\f40
+caution parce que nous passions devant la chambre de Mlle Stangerson. Il m\rquote expliqua que l\rquote appartement de Mlle Stangerson se composait de sa chambre, d\rquote une antichambre, d\rquote une petite salle de bai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , d\rquote un boudoir et d\rquote un salon. On pouvait, naturellement, passer de l\rquote \hich\f40 une de ces pi\'e8\loch\f40 ces dans l\rquote autre sans qu\rquote \hich\f40 il f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t n\'e9\loch\f40
+cessaire de passer par la galerie. Le salon et l\rquote \hich\f40 antichambre \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient les seules pi\'e8\loch\f40 ces de l\rquote appartement qui eussent une porte sur la galer\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e. La galerie se continuait, toute droite, jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40 \hich\f40 est du b\'e2\loch\f40 \hich\f40 timent o\'f9\loch\f40
+ elle avait jour sur l\rquote \hich\f40 ext\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieur par une haute fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre (fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre 2 du plan). Vers les deux tiers de sa longueur, cette galerie se rencontrait \'e0\loch\f40
+ angle droit avec une autre gale\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ie qui tournait avec l\rquote \hich\f40 aile droite du ch\'e2\loch\f40 teau.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Pour la clart\'e9\loch\f40 \hich\f40 de ce r\'e9\loch\f40 cit, nous appellerons la galerie qui va de l\rquote escalier jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre \'e0
+\loch\f40 l\rquote \hich\f40 est, \'ab\~\loch\f40 la galerie droite\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 et le bout de galerie qui tourne avec l\rquote \hich\f40 aile droite et qui vient aboutir \'e0\loch\f40 la gal\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+erie droite, \'e0\loch\f40 \hich\f40 angle droit, \'ab\~\loch\f40 la galerie tournante\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . C\rquote \hich\f40 est au carrefour de ces deux galeries que se trouvait la chambre de Rouletabille, touchant \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ celle de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan. Les portes de ces deux chambres donnaient sur la galerie tournante, tandis que l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s portes de l\rquote
+appartement de Mlle Stangerson donnaient sur la galerie droite (voir le plan).
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille poussa la porte de sa chambre, me fit entrer et referma la porte sur nous, poussant le verrou. Je n\rquote avais pas encore eu le temps de jeter un coup d\rquote \hich\f40 \'9c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+il sur son installation qu\rquote \hich\f40 il poussait un cri de surprise en me montrant, sur un gu\'e9\loch\f40 ridon, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 un binocle.
+\par }{
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Qu\rquote est-ce que c\rquote est que cela\~? se demandait-il\~; qu\rquote \hich\f40 est-ce que ce binocle est venu faire sur mon gu\'e9\loch\f40 ridon\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40 aurais \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 bien en peine de lui r\'e9\loch\f40 pon\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 dre.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\'c0\loch\f40 \hich\f40 moins que, fit-il, \'e0\loch\f40 \hich\f40 moins que\'85\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 moins que\'85\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 moins que ce binocle ne soit
+\'ab\~\loch\f40 ce que je cherche\~\hich\f40 \'bb\'85\loch\f40 \hich\f40 et que\'85\loch\f40 \hich\f40 et que\'85\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 et que ce soit un binocle de presbyte\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il se jetait litt\'e9\loch\f40 ralement sur le binocle\~\hich\f40 ; ses doigts caressaient la convexit\'e9\loch\f40 des ve\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rres\'85\loch\f40 et alors il me regarda d
+\rquote \hich\f40 une fa\'e7\loch\f40 on effrayante.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Oh\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 oh\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et il r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 tait\~: Oh\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 oh\~\hich\f40 ! comme si sa pens\'e9\loch\f40 e l\rquote \hich\f40 avait tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 coup rendu fou\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il se leva, me mit la main sur l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 paule, ricana comme un insens\'e9\loch\f40 et me dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ce binocle me rendra fou\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ! car la chose est possible, voyez-vous, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 math\'e9\loch\f40 matiquement parlant\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40
+; mais \'ab\~\loch\f40 humainement parlant\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 elle est impossible\'85\loch\f40 \hich\f40 ou alors\'85\loch\f40 \hich\f40 ou alors\'85\loch\f40 \hich\f40 ou alors\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 On frappa deux petits coups \'e0\loch\f40 la porte de la chambre, Rouletabille entrouvrit la porte\~; une figure p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 assa. Je reconnus la concierge que j\rquote
+avais vue passer devant moi quand on l\rquote \hich\f40 avait amen\'e9\loch\f40 e au pavillon pour l\rquote interrogatoire et j\rquote \hich\f40 en fus \'e9\loch\f40 \hich\f40 tonn\'e9\loch\f40 \hich\f40
+, car je croyais toujours cette femme sous les verrous. Cette femme dit \'e0\loch\f40 \hich\f40 voix tr\'e8\loch\f40 s basse\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Dans la rainure du p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 arquet\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille r\'e9\loch\f40 pondit\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Merci\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 et la figure s\rquote \hich\f40 en alla. Il se retourna vers moi apr\'e8\loch\f40 \hich\f40
+s avoir soigneusement referm\'e9\loch\f40 \hich\f40 la porte. Et il pronon\'e7\loch\f40 \hich\f40 a des mots incompr\'e9\loch\f40 hensibles avec un air hagard.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Puisque la chose est \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 math\'e9\loch\f40 matiquement\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 possible,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pourquoi ne la serait-elle pas \'ab\~
+\loch\f40 humainement\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Mais si la chose est \'ab\~\loch\f40 humainement\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 possible, l\rquote affaire est formidable\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote interrompis Rouletabille dans son soliloque\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Les concierges sont donc en libert\'e9\loch\f40 , maintenant\~? demandai-je.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Oui, me r\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pondit Rouletabille, je les ai fait remettre en libert\'e9\loch\f40 . J\rquote \hich\f40 ai besoin de gens s\'fb\loch\f40 rs. La femme m\rquote
+\hich\f40 est tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 vou\'e9\loch\f40 \hich\f40 e et le concierge se ferait tuer pour moi\'85\loch\f40 \hich\f40
+ Et, puisque le binocle a des verres pour presbyte, je vais certainement avoir besoin de gens d\'e9\loch\f40 v\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 u\'e9\loch\f40 s qui se feraient tuer pour moi\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~! oh\~\hich\f40 ! fis-je, vous ne souriez pas, mon ami\'85\loch\f40 Et quand faudra-t-il se faire tuer\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais, ce soir\~! car il faut que je vous dise, mon cher, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 j\rquote attends l\rquote assassin ce soir\~!
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~! oh\~! oh\~! oh\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Vous attendez l\rquote a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ssassin ce soir\'85\loch\f40 Vraiment, vraiment, vous attendez l\rquote \hich\f40 assassin ce soir
+\'85\loch\f40 mais vous connaissez donc l\rquote assassin\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~! oh\~! oh\~! }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Maintenant, il se peut que je le connaisse.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je serais un fou d\rquote \hich\f40 affirmer cat\'e9\loch\f40
+goriquement que je le connais, car l\rquote \hich\f40 id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e math\'e9\loch\f40 matiq\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ue que j\rquote ai de l\rquote \hich\f40 assassin donne des r\'e9\loch\f40 sultats si effrayants, si monstrueux, }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 que j\rquote \hich\f40 esp\'e8\loch\f40 re qu\rquote il est encore possible que je me trompe\~! Oh\~! Je l\rquote \hich\f40 esp\'e8\loch\f40 \hich\f40 re de toutes mes forces\'85}{
+\par
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Comment, puisque vous ne connaissiez pas, il y a cinq minutes, l\rquote assassin, pouve\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 z-vous dire que vous attendez l\rquote assassin ce soir\~?
+\par
+\par {\listtext\pard\plain\fs32\lang1036\cgrid \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'96\tab}}\pard \qj\fi-360\li927\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\jclisttab\tx927\ls18\adjustright {\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Parce que je sais qu\rquote il doit venir.\~
+\hich\f40 \'bb
+\par }\pard \qj\li567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\i
+\par {\listtext\pard\plain\fs32\lang1036\cgrid \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'96\tab}}\pard \qj\fi-360\li927\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\jclisttab\tx927\ls18\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+Rouletabille bourra une pipe, lentement, lentement et l\rquote alluma.}{\i
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ceci me pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sageait un r\'e9\loch\f40 \hich\f40 cit des plus captivants. \'c0\loch\f40 ce moment quelqu\rquote un marcha dans le couloir, p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+assant devant notre porte. Rouletabille \'e9\loch\f40 couta. Les pas s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 loign\'e8\loch\f40 rent.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Est-ce que Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan est dans sa chambre\~? Fis-je, en montrant la cloison.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Non, me r\'e9\loch\f40 pondit mon ami, il n\rquote \hich\f40 est pas l\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ; il a d\'fb\loch\f40 partir ce matin pour Paris\~; il est toujours s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ur la piste de Darzac\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac est parti lui aussi ce matin pour Paris. Tout cela se terminera tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s mal\'85\loch\f40 \hich\f40 Je pr\'e9\loch\f40 vois l\rquote
+arrestation de M. Darzac avant huit jours. Le pire est que tout semble se liguer contre le malheureux\~\hich\f40 : les \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 nements, les choses, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+es gens\'85\loch\f40 Il n\rquote est pas une heure qui s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 coule qui n\rquote \hich\f40 apporte contre M. Darzac une accusation nouvelle\'85\loch\f40 Le juge d\rquote \hich\f40 instruction en est accabl\'e9\loch\f40
+\hich\f40 et aveugl\'e9\'85\loch\f40 Du reste, je comprends que l\rquote \hich\f40 on soit aveugl\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 On le serait \'e0\loch\f40 \hich\f40 moins\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan n\rquote est pourtant p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 as un novice.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40 ai cru, fit Rouletabille avec une moue l\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement m\'e9\loch\f40 \hich\f40 prisante, que Fred \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait beaucoup plus fort que cela
+\'85\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 videmment, ce n\rquote \hich\f40 est pas le premier venu\'85\loch\f40 J\rquote \hich\f40 ai m\'ea\loch\f40 me eu beaucoup d\rquote \hich\f40 admiration pour lui quand je ne connaissais pas sa m\'e9
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 thode de travail. Elle est d\'e9\loch\f40 \hich\f40 plorable\'85\loch\f40 \hich\f40 Il doit sa r\'e9\loch\f40 \hich\f40 putation uniquement \'e0\loch\f40 \hich\f40 son habilet\'e9\~\loch\f40
+; mais il manque de philosophie\~\hich\f40 ; la math\'e9\loch\f40 \hich\f40 matique de ses conceptions est bien pauvre\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je regardai Rouletabille et ne pus m\rquote \hich\f40 emp\'ea\loch\f40 cher de sourire en entendant ce gamin d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e dix-huit ans traiter d\rquote \hich\f40 enfant un gar\'e7\loch\f40 on d\rquote
+une cinquantaine d\rquote \hich\f40 ann\'e9\loch\f40 es qui avait fait ses preuves comme le plus fin limier de la police d\rquote \hich\f40 Europe\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous souriez, me fit Rouletabille\'85\loch\f40 Vous avez tort\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Je vous jure que je le roulerai\'85\loch\f40 et d\rquote \hich\f40 une fa\'e7\loch\f40 on retent
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 issante\'85\loch\f40 \hich\f40 mais il faut que je me presse, car il a une avance colossale sur moi, avance que lui a donn\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e M. Robert Darzac et que M. Robert Darzac va augmenter encore ce soir\'85\loch\f40 Songez donc\~: }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 chaque fois}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 que l\rquote \hich\f40
+assassin vient au ch\'e2\loch\f40 teau}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , M. Robert Darzac, par une fatalit\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 trange, s\rquote \hich\f40 absente et se refuse \'e0\loch\f40 donner l\rquote emploi de son temps\~!
+
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Chaque fois que l\rquote \hich\f40 assassin vient au ch\'e2\loch\f40 teau\~! m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 criai-je\'85\loch\f40 \hich\f40 Il y est donc revenu\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Oui, pendant cette fameuse nuit o\'f9\loch\f40 s\rquote \hich\f40 est produit le ph\'e9\loch\f40 \hich\f40 nom\'e8\loch\f40 \hich\f40 ne\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 allais donc conna\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre ce fameux ph\'e9\loch\f40 \hich\f40 nom\'e8\loch\f40 ne auquel Rouletabille faisait allusion depuis une demi-heure sans me l
+\rquote expliquer. Mais j\rquote \hich\f40 avais appris \'e0\loch\f40 \hich\f40 ne jamais presser Rouletabille dans ses narrations\'85\loch\f40 Il parlait quand la fantaisie lui en prenait ou quand il l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 jugeait utile, et se pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 occupait beaucoup moins de ma curiosit\'e9\loch\f40 \hich\f40 que de faire un r\'e9\loch\f40 \hich\f40 sum\'e9\loch\f40 \hich\f40 complet pour lui-m\'ea\loch\f40
+me d\rquote \hich\f40 un \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 nement capital qui l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 ressait.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Enfin, par petites phrases rapides, il m\rquote \hich\f40 apprit des choses qui me plong\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent dans un \'e9\loch\f40 tat voisin de l\rquote a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+brutissement, car, en v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 \hich\f40 , les ph\'e9\loch\f40 \hich\f40 nom\'e8\loch\f40 nes de cette science encore inconnue qu\rquote est l\rquote hypnotisme, par exemple, ne sont point plus inexplicables que }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 cette disparition de la mati\'e8\loch\f40 re de l\rquote \hich\f40 assassin au moment o\'f9\loch\f40 \hich\f40 ils \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient quatre \'e0\loch\f40 la toucher. }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+Je parle de l\rquote h\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ypnotisme comme je parlerais de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 lectricit\'e9\loch\f40 dont nous ignorons la nature, et dont nous connaissons si peu les lois, parce que, dans le moment, l
+\rquote affaire me parut ne pouvoir s\rquote expliquer que par de l\rquote inexplicable, c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 \hich\f40 -dire par un \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 nement en dehors d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s lois naturelles connues. Et cependant, si j\rquote avais eu la cervelle de Rouletabille, j\rquote \hich\f40 aurais eu, comme lui, \'ab\~\loch\f40 le pressentiment de l\rquote explication naturelle\~\hich\f40 \'bb\~
+\loch\f40 \hich\f40 : car le plus curieux dans tous les myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 res du Glandier a bien \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 la fa\'e7\loch\f40 on naturelle\~dont Roule
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 abille les expliqua\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .}{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mais qui donc e\'fb\loch\f40 t pu et pourrait encore se vanter d
+\rquote avoir la cervelle de Rouletabille\~\hich\f40 ? Les bosses originales et inharmoniques de son front, je ne les ai jamais rencontr\'e9\loch\f40 es sur aucun autre front, si ce n\rquote est \endash mais bien moins apparen
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 tes \endash \hich\f40 sur le front de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, et encore fallait-il bien regarder le front du c\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e8\loch\f40
+bre policier pour en deviner le dessin, tandis que les bosses de Rouletabille sautaient \endash si j\rquote ose me servir de cette expression un peu forte \endash sautaient aux yeux.}{\i
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ai, parmi les papiers qui me furent remis par le jeune homme apr\'e8\loch\f40 s l\rquote \hich\f40 affaire, un carnet o\'f9\loch\f40 j\rquote \hich\f40 ai trouv\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 un compte rendu complet du \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 ph\'e9\loch\f40 \hich\f40 nom\'e8\loch\f40 \hich\f40 ne de la disparition de la mati\'e8\loch\f40 re de l\rquote assassin\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , et des r\'e9\loch\f40
+flexions qu\rquote \hich\f40 il inspira \'e0\loch\f40 \hich\f40 mon ami. Il est pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 f\'e9\loch\f40 rable, j\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ crois, de vous soumettre ce compte rendu que de continuer \'e0\loch\f40 reproduire ma conversation avec Rouletabille, car j\rquote aurais peur, dans une pareille histoire, d\rquote \hich\f40 ajouter un mot qui ne f\'fb\loch\f40 t point l\rquote
+\hich\f40 expression de la plus stricte v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745261}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XV\line Traquenard{\*\bkmkend _Toc97745261}
+\par }\pard\plain \qc\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {\b\fs38
+\par }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Extrait du carnet de Joseph Rouletabille}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 .
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La nuit derni\'e8\loch\f40 \hich\f40 re, nuit du 29 au 30 octobre, \'e9\loch\f40 \hich\f40 crit Joseph Rouletabille, je me r\'e9\loch\f40 veille vers une heure du matin. Insomnie ou bruit du dehors\~\hich\f40
+? Le cri de la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40 te du Bon Dieu\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 retentit avec une r\'e9\loch\f40 sonanc\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e sinistre, au fond du parc. Je me l\'e8\loch\f40 ve\~; j\rquote
+\hich\f40 ouvre ma fen\'ea\loch\f40 tre. Vent froid et pluie\~\hich\f40 ; t\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e8\loch\f40 \hich\f40 bres opaques, silence. Je referme ma fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre. La nuit est encore d\'e9\loch\f40 \hich\f40 chir\'e9\loch\f40
+\hich\f40 e par la bizarre clameur. Je passe rapidement un pantalon, un veston. Il fait un temps \'e0\loch\f40 ne pas\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 mettre un chat dehors\~\hich\f40 ; qui donc, cette nuit, imite, si pr\'e8
+\loch\f40 \hich\f40 s du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, le miaulement du chat de la m\'e8\loch\f40 re Agenoux\~? Je prends un gros gourdin, la seule arme dont je dispose, et, sans faire aucun bruit, j\rquote ouvre ma porte.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Me voici dans la galerie\~; une lamp\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 flecteur l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 claire parfaitement\~
+; la flamme de cette lampe vacille comme sous l\rquote action d\rquote un courant d\rquote air. Je sens le courant d\rquote \hich\f40 air. Je me retourne. Derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re moi, une fen\'ea\loch\f40 \hich\f40
+tre est ouverte, celle qui se trouve \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40 de ce bout de galerie sur l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 quelle donnent nos chambres, \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan et \'e0\loch\f40 moi, galerie que j\rquote \hich\f40 appellerai \'ab\~\loch\f40 galerie tournante\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 pour la distinguer de la \'ab\~
+\loch\f40 galerie droite\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , sur laquelle donne l\rquote \hich\f40 appartement de Mlle Stangerson. Ces deux galeries se croisent \'e0\loch\f40 angle droit. Qui donc\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 a laiss\'e9\loch\f40 \hich\f40 cette fen\'ea\loch\f40 tre ouverte, ou qui vient de l\rquote ouvrir\~\hich\f40 ? Je vais \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 tre\~\hich\f40 ; je me penche au dehors. \'c0\loch\f40 \hich\f40 un m\'e8
+\loch\f40 \hich\f40 tre environ sous cette fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, il y a une terrasse qui sert de toit \'e0\loch\f40 \hich\f40 une petite pi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ce en encorbellement qui se trouve au rez-de-chauss\'e9\loch\f40 e. On
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 peut, au besoin, sauter de la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre sur la terrasse, et de l\'e0\loch\f40 , se laisser glisser dans la cour d\rquote \hich\f40 honneur du ch\'e2\loch\f40
+\hich\f40 teau. Celui qui aurait suivi ce chemin ne devait \'e9\loch\f40 videmment pas avoir sur lui la clef de la porte du vestibule. Mais pourquoi m\rquote imaginer cette\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 sc\'e8
+\loch\f40 ne de gymnastique nocturne\~\hich\f40 ? \'c0\loch\f40 cause d\rquote \hich\f40 une fen\'ea\loch\f40 tre ouverte\~? Il n\rquote \hich\f40 y a peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre l\'e0\loch\f40 \hich\f40 que la n\'e9\loch\f40 gligence d\rquote
+\hich\f40 un domestique. Je referme la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre en souriant de la facilit\'e9\loch\f40 \hich\f40 avec laquelle je b\'e2\loch\f40 \hich\f40 tis des drames avec une fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre ouverte. Nouveau cri de la \'ab\~
+\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40 te \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u Bon Dieu\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 dans la nuit. Et puis, le silence\~\hich\f40 ; la pluie a cess\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ de frapper les vitres. Tout dort dans le ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau. Je marche avec des pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cautions infinies sur le tapis de la galerie. Arriv\'e9\loch\f40 au coin de la galerie droite, j\rquote \hich\f40 avance la t\'ea
+\loch\f40 te et y jette un pru\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ent regard. Dans cette galerie, une autre lampe \'e0\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 flecteur donne une lumi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re \'e9
+\loch\f40 clairant parfaitement les quelques objets qui s\rquote y trouvent, trois fauteuils et quelques tableaux pendus aux murs. Qu\rquote \hich\f40 est-ce que je fais l\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ? Jamais le ch\'e2\loch\f40 teau n\rquote \hich\f40 a \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 aussi ca\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 me. Tout y repose. Quel est cet instinct qui me pousse vers la chambre de Mlle Stangerson\~? Qu\rquote
+est-ce qui me conduit vers la chambre de Mlle Stangerson\~\hich\f40 ? Pourquoi cette voix qui crie au fond de mon \'ea\loch\f40 tre\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Va jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 la chambre de Mlle Stangerson\~!\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 Je \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 b\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 aisse les yeux sur le tapis que je foule et \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 je vois que mes pas, vers la chambre de Mlle Stangerson, sont conduits par des pas qui y sont d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 all\'e9\loch\f40 s\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Oui, sur ce tapis, des traces de pas ont apport\'e9\loch\f40 la boue du dehors et je suis ces pas qui me conduise\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 la chambre de Mlle Stangerson. Horreur\~! Horreur\~\hich\f40 ! Ce sont \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 les pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 gants\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+ que je reconnais, \'ab\~\loch\f40 les pas de l\rquote assassin\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Il est venu du dehors, par cette nuit abominable. Si l\rquote \hich\f40 on peut descendre de la galerie par la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, gr\'e2\loch\f40
+\hich\f40 ce \'e0\loch\f40 la terrasse, o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 peut aussi y entrer.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 assassin est l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , dans le ch\'e2\loch\f40 teau, car les pas ne sont pas revenus\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . Il s\rquote \hich\f40 est introduit dans le ch\'e2\loch\f40 \hich\f40
+teau par cette fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre ouverte \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40 de la galerie tournante\~\hich\f40 ; il est pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 devant la chambre de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d
+\'e9\loch\f40 ric Larsan, devant la \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 mienne, a tourn\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 droite, dans la galerie droite, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 et est entr\'e9\loch\f40
+ dans la chambre de Mlle}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Stangerson.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je suis devant la porte de l\rquote appartement de Mlle Stangerson, devant la porte de l\rquote antichambre\~
+: elle est entrouverte, je la pousse sans faire entendre le mo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 indre bruit. Je me trouve dans l\rquote \hich\f40 antichambre et l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , sous la porte de la chambre m\'ea\loch\f40 \hich\f40
+me, je vois une barre de lumi\'e8\loch\f40 re. J\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 coute. Rien\~\hich\f40 ! Aucun bruit, pas m\'ea\loch\f40 me celui d\rquote une respiration. Ah\~\hich\f40 ! savoir ce qui se passe dans le silence qui est derri\'e8\loch\f40
+re cette porte\~! \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 es yeux sur la serrure m\rquote \hich\f40 apprennent que cette serrure est ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 clef, et la clef est en dedans. Et dire que l\rquote
+\hich\f40 assassin est peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre l\'e0\~\loch\f40 ! Qu\rquote \hich\f40 il doit \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre l\'e0\~\loch\f40 ! S\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chappera-t-il encore, cette fois\~\hich\f40 ? Tout d\'e9\loch\f40
+pend de moi\~! Du sang-froid et, surtout, pas une\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 fausse man\'9c\loch\f40 uvre\~\hich\f40 ! \'ab\~\loch\f40 Il faut voir dans cette chambre.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+ Y entrerai-je par le salon de Mlle Stangerson\~? il me faudrait ensuite traverser le boudoir, et l\rquote assassin se sauverait alors par la porte de la galerie, la porte devant laquelle je suis en ce moment.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Pour moi, ce soir, il n\rquote y a pas encore eu crime\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , car rien n\rquote expliquerait le silence du boudoir\~\hich\f40 ! Dans le boudoir, deux gardes-malades sont install\'e9
+\loch\f40 es pour passer la nuit, jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la compl\'e8\loch\f40 \hich\f40 te gu\'e9\loch\f40 rison de Mlle Stangerson.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Puisque je suis \'e0\loch\f40 \hich\f40 peu pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s s\'fb\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r que l\rquote \hich\f40 assassin est l\'e0\loch\f40 , pourquoi ne pas donner l\rquote \hich\f40 \'e9
+\loch\f40 veil tout de suite\~? L\rquote \hich\f40 assassin se sauvera peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, mais peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre aurai-je sauv\'e9\loch\f40 Mlle Stangerson\~? Et si, par hasard, l\rquote assassin, ce soir, n\rquote
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 tait pas un assassin\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 La porte a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 ouverte pour lui li\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 v\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 rer passage\~: par qui\~? \endash
+\hich\f40 et a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 referm\'e9\loch\f40 e\~: par qui\~\hich\f40 ? Il est entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 , cette nuit, dans cette chambre dont la porte \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait certainement ferm\'e9\loch\f40
+\hich\f40 e \'e0\loch\f40 \hich\f40 clef \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieur, \'ab\~\loch\f40 car Mlle Stangerson, tous les soirs, s\rquote enferme avec ses gardes dans son appartement\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . Qui
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 a tourn\'e9\loch\f40 cette clef de la chambre pour laisser entrer l\rquote assassin\~? Les gardes\~\hich\f40 ? Deux domestiques fid\'e8\loch\f40
+les, la vieille femme de chambre et sa fille Sylvie\~? C\rquote \hich\f40 est bien improbable. Du reste, elles couchent dans le boudoir, et Mlle Stangerson, tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s inqui\'e8\loch\f40 te, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r\'e8\loch\f40 s prudente, m\rquote \hich\f40 a dit Robert Darzac, veille elle-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me \'e0\loch\f40 \hich\f40 sa S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 depuis qu\rquote
+elle est assez bien portante pour faire quelques pas dans son appartement \endash dont je ne l\rquote \hich\f40 ai pas encore vue sortir. Cette inqui\'e9\loch\f40 tude et cette prudence soudaines chez Mlle Stangerso\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , qui avaient frapp\'e9\loch\f40 M. Darzac, m\rquote \hich\f40 avaient \'e9\loch\f40 \hich\f40 galement laiss\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 fl\'e9\loch\f40 \hich\f40
+chir. Lors du crime de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , il ne fait point de doute que la malheureuse }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 attendait l\rquote assassin.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote
+attendait-elle encore ce soir\~\hich\f40 ? Mais qui donc a tourn\'e9\loch\f40 cette clef pour ouvrir \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 assassin qui est l\'e0\~\'bb\~\loch\f40 ? Si c\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+\hich\f40 tait Mlle Stangerson \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 elle-m\'ea\loch\f40 me\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 ? Car enfin elle peut redouter, elle doit redouter la venue de l\rquote \hich\f40 assassin et avoir des raisons pour lui ouvrir la porte, \'ab\~
+\loch\f40 \hich\f40 pour \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre forc\'e9\loch\f40 e de lui ouvrir la porte\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Quel terrible ren\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ez-vous est donc celui-ci\~? Rendez-vous de crime\~
+\hich\f40 ? \'c0\loch\f40 \hich\f40 coup s\'fb\loch\f40 r, pas rendez-vous d\rquote \hich\f40 amour, car Mlle Stangerson adore M. Darzac, je le sais. Toutes ces r\'e9\loch\f40 \hich\f40 flexions traversent mon cerveau comme un \'e9\loch\f40 clair qui n
+\rquote \hich\f40 illuminerait que des t\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e8\loch\f40 bres. Ah\~\hich\f40 ! Savoir\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 S\rquote il y \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 a tant de silence, derri\'e8\loch\f40 re cette porte, c\rquote est sans doute qu\rquote on y a besoin de silence\~\hich\f40 ! Mon intervention peut \'ea\loch\f40
+tre la cause de plus de mal que de bien\~? Est-ce que je sais\~\hich\f40 ? Qui me dit que mon intervention ne d\'e9\loch\f40 terminerait pas, dans la minute, un crime\~? \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 A\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 h\~
+! voir et savoir, sans troubler le silence\~!
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je sors de l\rquote \hich\f40 antichambre. Je vais \'e0\loch\f40 l\rquote escalier central, je le descends\~; me voici dans le vestibule\~\hich\f40
+; je cours le plus silencieusement possible vers la petite chambre au rez-de-chauss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, o\'f9\loch\f40 couche, depuis l\rquote a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ttentat du pavillon, le p\'e8\loch\f40 re Jacques.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Je le trouve habill\'e9\~\'bb\loch\f40 \hich\f40 , les yeux grands ouverts, presque hagards. Il ne semble point \'e9\loch\f40 \hich\f40 tonn\'e9\loch\f40 de me voir\~; il me dit qu\rquote il s
+\rquote \hich\f40 est lev\'e9\loch\f40 parce qu\rquote \hich\f40 il a entendu le cri de \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 la B\'ea\loch\f40 te du Bon Dieu\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , et qu\rquote il a entendu des pas\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+, dans le parc, des pas qui glissaient devant sa fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre. Alors, il a regard\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 et il a vu passer, tout \'e0\loch\f40 l
+\rquote \hich\f40 heure, un fant\'f4\loch\f40 me noir\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . Je lui demande s\rquote il a une arme. Non, il n\rquote a plus d\rquote arme, depuis que le juge d\rquote instruction lui a pris son rev\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 lver. Je l\rquote \hich\f40 entra\'ee\loch\f40 \hich\f40 ne. Nous sortons dans le parc par une petite porte de derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re. Nous glissons le long du ch\'e2\loch\f40 teau jusqu\rquote \hich\f40
+au point qui est juste au-dessous de la chambre de Mlle Stangerson. L\'e0\loch\f40 \hich\f40 , je colle le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques contre le mur, lui d\'e9\loch\f40 fends de bouger, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+t moi, profitant d\rquote un nuage qui recouvre en ce moment la lune, je m\rquote \hich\f40 avance en face de la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, mais en dehors du carr\'e9\loch\f40 \hich\f40 de lumi\'e8\loch\f40 re qui en vient\~\hich\f40 ; \'ab\~
+\loch\f40 \hich\f40 car la fen\'ea\loch\f40 tre est entrouverte\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Par pr\'e9\loch\f40 caution\~\hich\f40 ? Pour pouvoir sortir plus vite par la fen\'ea\loch\f40 tre, si quelq\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\rquote
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 un venait \'e0\loch\f40 entrer par une porte\~? Oh\~! oh\~\hich\f40 ! celui qui sautera par cette fen\'ea\loch\f40 tre aurait bien des chances de se rompre le cou\~! Qui me dit que l\rquote assassin n\rquote
+a pas une corde\~\hich\f40 ? Il a d\'fb\loch\f40 \hich\f40 tout pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 voir\'85\loch\f40 Ah\~! savoir ce qui se passe dans cette chambre\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 conna\'ee\loch\f40 tr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 le silence de cette chambre\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Je retourne au p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques et je prononce un mot, \'e0\loch\f40 son oreille\~\hich\f40 : \'ab\~\'c9\loch\f40 chelle\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 \hich\f40 . D\'e8\loch\f40 s l\rquote abord, j\rquote \hich\f40 ai bien pens\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote arbre qui, huit jours auparavant m\rquote \hich\f40 a d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 servi d\rquote
+observatoire, mais j\rquote \hich\f40 ai aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t constat\'e9\loch\f40 \hich\f40 que la fen\'ea\loch\f40 tre es\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ entrouverte de telle sorte que je ne puis rien voir, cette fois-ci, en montant dans l\rquote \hich\f40 arbre, de ce qui se passe dans la chambre. Et puis non seulement je veux voir, mais pouvoir entendre et\'85\loch\f40 \hich\f40 agir\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s agit\'e9\loch\f40 \hich\f40 , presque tremblant, dispara\'ee\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 un instant et revient, sans \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 chelle, me faisant, de loin, de grands signes avec ses bras pour que je le rejoigne au plus t\'f4\loch\f40 \hich\f40 t. Quand je suis pr\'e8\loch\f40 s de lui\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Venez\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+ me souffle-t-il.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il me fait faire le tour du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau par le donjon. Arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 , il me dit\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 :
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 J\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais all\'e9\loch\f40 \hich\f40 chercher mon \'e9\loch\f40 \hich\f40 chelle dans la salle basse du donjon, qui nous sert de d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+barras, au jardinier et \'e0\loch\f40 moi\~\hich\f40 ; la porte du donjon \'e9\loch\f40 tait ouverte et l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chelle n\rquote \hich\f40 y \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait plus. En sortant, sous le clair de lune, voil\'e0\loch\f40
+\hich\f40 o\'f9\loch\f40 je l\rquote \hich\f40 ai aper\'e7\loch\f40 ue\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e montrait, \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 autre extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40 \hich\f40 du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, une \'e9\loch\f40 \hich\f40
+chelle appuy\'e9\loch\f40 \hich\f40 e contre les \'ab\~\loch\f40 corbeaux\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 qui soutenaient la terrasse, au-dessous de la fen\'ea\loch\f40 tre que j\rquote \hich\f40 avais trouv\'e9\loch\f40 e ouverte. La terrasse m
+\rquote \hich\f40 avait emp\'ea\loch\f40 \hich\f40 ch\'e9\loch\f40 de voir l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 chelle\'85\loch\f40 \hich\f40 gr\'e2\loch\f40 \hich\f40 ce \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette \'e9\loch\f40 \hich\f40 chelle, il \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tait extr\'ea\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ement facile de p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 trer dans la galerie tournante du premier \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tage, et je ne doutai plus que ce f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t l\'e0\loch\f40 le chemin pris par l\rquote inconnu.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous courons \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chelle\~\hich\f40 ; mais, au moment de nous en emparer, le p\'e8\loch\f40 re Jacques me montre la porte entrouverte de la petit
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e pi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ce du rez-de-chauss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e qui est plac\'e9\loch\f40 \hich\f40 e en encorbellement \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40
+\hich\f40 de cette aile droite du ch\'e2\loch\f40 teau, et qui a pour plafond cette terrasse dont j\rquote \hich\f40 ai parl\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques pousse un peu la porte, regarde \'e0\loch\f40 l\rquote
+\hich\f40 int\'e9\loch\f40 rieur, et me dit, dans un souffle.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il n\rquote \hich\f40 est pas l\'e0\~\loch\f40 !\~\endash \~Qui\~? \endash \~le garde\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La bouche encore une fois \'e0\loch\f40 mon oreille\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous savez bien que le garde couche dans cette pi\'e8\loch\f40 ce, depuis qu\rquote \hich\f40 on fait des r\'e9\loch\f40
+parations au donjon\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb\loch\f40 \hich\f40 et, du m\'ea\loch\f40 me geste significatif, il me montre la porte entrouverte,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 chelle, la terrasse et la fen\'ea
+\loch\f40 tre, que j\rquote \hich\f40 ai tout \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 heure referm\'e9\loch\f40 e, de la galerie tournante.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quelles furent mes pens\'e9\loch\f40 es alors\~? Avais-je le temps d\rquote \hich\f40 avoir des pens\'e9\loch\f40 es\~\hich\f40 ? Je \'ab\~\loch\f40 sentais\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+, plus que je ne pensais\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 videmment, sentais-je, \'ab\~\loch\f40 si le garde est\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 -haut dans la chambre\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 (je dis\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 si\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 , car je n\rquote \hich\f40 ai, en ce moment, en dehors de cette \'e9\loch\f40 \hich\f40 chelle, et de cette chambre du garde d\'e9\loch\f40 \hich\f40 serte, aucun indice qui me permette m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me de soup\'e7
+\loch\f40 onner le garde), s\rquote \hich\f40 il y est, il a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 oblig\'e9\loch\f40 \hich\f40 de passer par cette \'e9\loch\f40 chelle et\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+par cette fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, car les pi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ces qui se trouvent derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re sa nouvelle chambre, \'e9\loch\f40 \hich\f40 tant occup\'e9\loch\f40 \hich\f40 es par le m\'e9\loch\f40 \hich\f40 nage du ma
+\'ee\loch\f40 tre d\rquote \hich\f40 h\'f4\loch\f40 \hich\f40 tel et de la cuisini\'e8\loch\f40 re, et par les cuisines, lui ferment le chemin du vestibule et de l\rquote \hich\f40 escalier, \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40
+rieur du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau\'85\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 si c\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 st le garde qui a pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 par l\'e0\~\'bb\loch\f40 \hich\f40
+, il lui aura \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 facile, sous quelque pr\'e9\loch\f40 texte, hier soir, d\rquote \hich\f40 aller dans la galerie et de veiller \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce que cette fen\'ea\loch\f40 \hich\f40
+tre soit simplement pouss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 rieur, les panneaux joints, de telle sorte qu\rquote il n\rquote ait plus, de l\rquote \hich\f40 ext\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ieur, qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 appuyer dessus pour que la fen\'ea\loch\f40 tre s\rquote ouvre et qu\rquote \hich\f40 il puisse sauter dans la galerie. Cette n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessit\'e9\loch\f40
+\hich\f40 de la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre non ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieur restreint singuli\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement le champ des recherches sur la personnalit\'e9\loch\f40
+ de l\rquote assassin. Il faut que l\rquote assassin\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 soit de la maison\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ; \'e0\loch\f40 moins qu\rquote il n\rquote \hich\f40
+ait un complice, auquel je ne crois pas\'85\~\loch\f40 \hich\f40 ; \'e0\loch\f40 \hich\f40 moins\'85\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 moins que Mlle Stangerson \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 elle-m\'ea\loch\f40 me\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\hich\f40 ait veill\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce que cette fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre ne soit point ferm\'e9\loch\f40 e de l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieur\'85\loch\f40
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Mais quel serait donc ce secret effroyable qui f\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 erait que Mlle Stangerson serait dans la n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessit\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ de supprimer les obstacles qui la s\'e9\loch\f40 parent de son assassin\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote empoigne l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 chelle et nous voici repartis sur les derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 res du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau. La fen\'ea\loch\f40
+tre de la chambre est toujours entrouverte\~; les rideaux son\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t tir\'e9\loch\f40 s, mais ne se rejoignent point\~\hich\f40 ; ils laissent passer un grand rai de lumi\'e8\loch\f40 re, qui vient s\rquote \hich\f40
+allonger sur la pelouse \'e0\loch\f40 \hich\f40 mes pieds. Sous la fen\'ea\loch\f40 tre de la chambre j\rquote \hich\f40 applique mon \'e9\loch\f40 \hich\f40 chelle. Je suis \'e0\loch\f40 \hich\f40 peu pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s s\'fb\loch\f40 r de n
+\rquote \hich\f40 avoir fait aucun bruit. \'ab\~\loch\f40 Et, pendant qu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le p\'e8\loch\f40 re Jacques reste au pied de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chelle\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+, je gravis l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chelle, moi, tout doucement, tout doucement, avec mon gourdin. Je retiens ma respiration\~\hich\f40 ; je l\'e8\loch\f40 \hich\f40 ve et pose les pieds avec des pr\'e9\loch\f40
+cautions infinies. Soudain, un gros nuage, et une nouvelle averse.\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Chance. Mais, tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 coup, le cri sinistre de la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40
+te du Bon Dieu\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 m\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 te au milieu de mon ascension. Il me semble que ce cri vient d\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre pouss\'e9\loch\f40 \hich\f40 derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re moi,
+\'e0\loch\f40 \hich\f40 quelques m\'e8\loch\f40 \hich\f40 tres. Si ce cri \'e9\loch\f40 tait un signal\~! Si quelque complice de l\rquote homme m\rquote avait vu, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ur mon \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 chelle. Ce cri appelle peut-\'ea\loch\f40 tre l\rquote \hich\f40 homme \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 tre\~\hich\f40 ! Peut-\'ea\loch\f40 tre\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Malheur, \'ab\~\loch\f40 l\rquote
+\hich\f40 homme est \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 tre\~\hich\f40 ! Je sens sa t\'ea\loch\f40 te au-dessus de moi\~; j\rquote entends son souffle. Et moi, je ne puis le regarder\~\hich\f40 ; le plus petit mouvement de ma t\'ea\loch\f40
+te, et je suis p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 rdu\~! Va-t-il me voir\~\hich\f40 ? Va-t-il, dans la nuit, baisser la t\'ea\loch\f40 te\~? Non\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 il s\rquote \hich\f40 en va\'85\loch\f40 il n\rquote
+\hich\f40 a rien vu\'85\loch\f40 je le sens, plus que je ne l\rquote \hich\f40 entends, marcher, \'e0\loch\f40 pas de loup, dans la chambre\~\hich\f40 ; et je gravis encore quelques \'e9\loch\f40 \hich\f40 chelons. Ma t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te est
+\'e0\loch\f40 la hauteur de la pier\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e d\rquote \hich\f40 appui de la fen\'ea\loch\f40 tre\~\hich\f40 ; mon front d\'e9\loch\f40 passe cette pierre\~; mes yeux, entre les rideaux, voient.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 homme est l\'e0\loch\f40 , assis au petit bureau de Mlle Stangerson, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 et il}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 crit.}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il me tourne le dos. Il a une bougie devant lui\~\hich\f40 ; mais, comme il est pench\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 sur la flamme de cette bougie, la lumi\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re projette des ombres qui me le d\'e9\loch\f40 forment. Je ne vois qu\rquote \hich\f40 un dos monstrueux, courb\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Chose stup\'e9\loch\f40 fiante\~: Mlle Stangerson n\rquote \hich\f40 est pas l\'e0\~\loch\f40 ! Son lit n\rquote \hich\f40 est pas d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fait. O\'f9\loch\f40 donc couche-t-elle, cette nuit\~
+? Sans doute dans l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 a chambre \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 , avec ses femmes. Hypoth\'e8\loch\f40 se. Joie de trouver l\rquote \hich\f40 homme seul. Tranquillit\'e9
+\loch\f40 d\rquote \hich\f40 esprit pour pr\'e9\loch\f40 parer le traquenard.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mais qui est donc cet homme qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 crit l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , sous mes yeux, install\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 ce bureau comme s\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 tait chez lui
+\~? S\rquote il n\rquote \hich\f40 y avait point \'ab\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 les pas de l\rquote assassin\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 sur le tapis de la galerie, s\rquote il n\rquote \hich\f40 y avait pas eu la fen\'ea\loch\f40 tre ouverte, s
+\rquote il n\rquote \hich\f40 y avait pas eu, sous cette fen\'ea\loch\f40 tre, l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 chelle, je pourrais \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre amen\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 penser que cet homme a le droit d\rquote
+\hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre l\'e0\loch\f40 et qu\rquote il s\rquote \hich\f40 y trouve normalement \'e0\loch\f40 la su\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+te de causes normales que je ne connais pas encore. Mais il ne fait point de doute que cet inconnu myst\'e9\loch\f40 rieux est l\rquote \hich\f40 homme de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40
+, celui dont Mlle Stangerson est oblig\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, sans le d\'e9\loch\f40 noncer, de subir les coups assassins. Ah\~! voir sa figure\~! \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e surprendre\~! Le prendre\~!
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Si je saute dans la chambre en ce moment, \'ab\~\loch\f40 il\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 s\rquote enfuit ou par l\rquote \hich\f40 antichambre ou par la porte \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ droite qui donne sur le boudoir. Par l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , traversant le salon, il arrive \'e0\loch\f40 la galerie et je le perds. Or, je le tiens\~; encore cinq\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 minutes, et je le tiens, mieux que si je l\rquote
+\hich\f40 avais dans une cage\'85\loch\f40 Qu\rquote est-ce qu\rquote \hich\f40 il fait l\'e0\loch\f40 , solitaire, dans la chambre de Mlle Stangerson\~? Qu\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 crit-il\~\hich\f40 ? \'c0\loch\f40 \hich\f40 qui \'e9\loch\f40
+crit-il\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 Descente. L\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 chelle par terre. Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques me suit. Rentrons au ch\'e2\loch\f40 teau. J\rquote envoi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques \'e9\loch\f40 veiller M. Stangerson. Il doit m\rquote \hich\f40 attendre chez M. Stangerson, et ne lui rien dire de pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cis avant mon arriv\'e9\loch\f40
+\hich\f40 e. Moi, je vais aller \'e9\loch\f40 \hich\f40 veiller Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan. Gros ennui pour moi. J\rquote aurais voulu travailler seul et avoir toute l\rquote aubaine de l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 affaire, au nez de Larsan endormi. Mais le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques et M. Stangerson sont des vieillards et moi, je ne suis peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre pas assez d\'e9\loch\f40 \hich\f40 velopp\'e9\loch\f40 \hich\f40
+. Je manquerais peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre de force\'85\loch\f40 Larsan, lui, a l\rquote habitude de l\rquote homme que l\rquote on terrasse, que l\rquote on jette par ter\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e, que l\rquote
+\hich\f40 on rel\'e8\loch\f40 ve, menottes aux poignets. Larsan m\rquote \hich\f40 ouvre, ahuri, les yeux gonfl\'e9\loch\f40 \hich\f40 s de sommeil, pr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 m\rquote \hich\f40 envoyer promener, ne croyant nullement \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 mes imaginations de petit reporter. Il faut que je lui affirme que \'ab\~\loch\f40 l\rquote \hich\f40 homme est l\'e0\~\loch\f40 !\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 C\rquote est bizarre, dit-i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 je croyais l\rquote \hich\f40 avoir quitt\'e9\loch\f40 \hich\f40 cet apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s-midi, \'e0
+\loch\f40 Paris\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il se v\'ea\loch\f40 \hich\f40 t h\'e2\loch\f40 tivement et s\rquote arme d\rquote un revolver. Nous nous glissons dans la galerie.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Larsan me demande\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 O\'f9\loch\f40 est-il\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Dans la chambre de Mlle Stangerson.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et Mlle Stangerson\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Elle n\rquote est pas\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 dans sa chambre\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Allons-y\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 N\rquote y allez pas\~! L\rquote \hich\f40 homme, \'e0\loch\f40 \hich\f40 la premi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re alerte, se sauvera\'85\loch\f40 \hich\f40 il a trois chemins pour cela\'85\loch\f40 \hich\f40
+ la porte, la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, le boudoir o\'f9\loch\f40 \hich\f40 se trouvent les femmes\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je tirerai dessus\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et si vous le manquez\~? Si vous ne faites que \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 le blesser\~? Il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 chappera encore\'85\loch\f40 \hich\f40
+ Sans compter que, lui aussi, est certainement arm\'e9\'85\loch\f40 Non, laissez-moi diriger l\rquote \hich\f40 exp\'e9\loch\f40 \hich\f40 rience, et je r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ponds de tout\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Comme vous voudrez\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , me dit-il avec assez de bonne gr\'e2\loch\f40 ce.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Alors, apr\'e8\loch\f40 s m\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre assur\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 que toutes les fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tres des deux galeries sont herm\'e9\loch\f40
+\hich\f40 tiquement closes, je place Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40 \hich\f40 de la galerie tournante, devant cette fen\'ea\loch\f40 tre que j
+\rquote \hich\f40 ai trouv\'e9\loch\f40 e ouverte et que j\rquote \hich\f40 ai referm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Je dis \'e0\loch\f40 Fred\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Pour rien au monde, vous ne devez \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 quitter ce poste, jusqu\rquote \hich\f40 au moment o\'f9\loch\f40 \hich\f40 je vous appellerai\'85\loch\f40
+ Il y a cent chances sur cent pour que l\rquote \hich\f40 homme revienne \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre et essaye de se sauver par l\'e0\loch\f40 , quand il sera poursuivi, car c\rquote \hich\f40 est par l\'e0\loch\f40 qu
+\rquote \hich\f40 il est venu et par l\'e0\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 il a pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 par\'e9\loch\f40 sa fuite. Vou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 avez un poste dangereux\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quel sera le v\'f4\loch\f40 tre\~? demanda Fred.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Moi, je sauterai dans la chambre, et je vous rabattrai l\rquote homme\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Prenez mon revolver, dit Fred, je prendrai votre b\'e2\loch\f40 ton.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Merci, fis-je, vous \'ea\loch\f40 tes un brave homme\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et j\rquote ai pris le rev\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 olver de Fred. J\rquote \hich\f40 allais \'ea\loch\f40 tre seul avec l\rquote \hich\f40 homme, l\'e0\loch\f40 \hich\f40 -bas, qui \'e9\loch\f40
+crivait dans la chambre, et vraiment ce revolver me faisait plaisir.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je quittai donc Fred, l\rquote \hich\f40 ayant post\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre 5 sur le plan, et je me dirigeai, toujours avec la plus grande pr\'e9\loch\f40 caution, v
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ers l\rquote appartement de M. Stangerson, dans l\rquote \hich\f40 aile gauche du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau. Je trouvai M. Stangerson avec le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, qui avait observ\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ la consigne, se bornant \'e0\loch\f40 \hich\f40 dire \'e0\loch\f40 \hich\f40 son ma\'ee\loch\f40 tre qu\rquote il lui fallait s\rquote habiller au plus vite. Je mis alors M. Stangerson, en quelq\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 es mots, au courant de ce qui se passait. Il s\rquote arma, lui aussi, d\rquote \hich\f40 un revolver, me suivit et nous f\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes aussit\'f4\loch\f40
+t dans la galerie tous trois. Tout ce qui vient de se passer, depuis que j\rquote avais vu l\rquote \hich\f40 assassin assis devant le bureau, avait \'e0\loch\f40 \hich\f40 peine dur\'e9\loch\f40 dix min\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tes. M. Stangerson voulait se pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cipiter imm\'e9\loch\f40 diatement sur l\rquote assassin et le tuer\~: c\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait bien simple. Je lui fis entendre qu\rquote
+\hich\f40 avant tout il ne fallait pas risquer, \'ab\~\loch\f40 en voulant le tuer, de le manquer vivant\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quand je lui eus jur\'e9\loch\f40 que sa fille n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 as dans la chambre et qu\rquote
+elle ne courait aucun danger, il voulut bien calmer son impatience et me laisser la direction de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 \hich\f40 nement. Je dis encore au p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques et \'e0\loch\f40
+ M. Stangerson qu\rquote \hich\f40 ils ne devaient venir \'e0\loch\f40 moi que lorsque je les appellerais ou lorsqu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 je tirerais un coup de revolver \'ab\~\loch\f40 et j\rquote
+\hich\f40 envoyai le p\'e8\loch\f40 re Jacques se placer\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 devant la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre situ\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ de la galerie droite. (La fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre est marqu\'e9\loch\f40 e du chiffre 2 sur mon plan.) J\rquote \hich\f40 avais choisi ce poste pour le p\'e8\loch\f40 re Jacques parce que j\rquote imaginais\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 que l\rquote \hich\f40 assassin, traqu\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 sa sortie de la chambre, se sauvant \'e0\loch\f40 \hich\f40 travers la galerie pour rejoindre la fen\'ea\loch\f40 tre qu\rquote
+\hich\f40 il avait laiss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e ouverte, et voyant, tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 coup, en arrivant au carrefour des galeries, devant cette derni\'e8\loch\f40 \hich\f40 re fen\'ea\loch\f40 tre, Larsan gardant la galeri
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tournante, continuerait son chemin dans la galerie droite. L\'e0\loch\f40 \hich\f40 , il rencontrerait le p\'e8\loch\f40 re Jacques, qui l\rquote \hich\f40 emp\'ea\loch\f40 \hich\f40
+cherait de sauter dans le parc par la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre qui ouvrait \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40 de la galerie droite. C\rquote est ainsi, certainement, qu\rquote en une telle occurrence
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 devait agir l\rquote assassin s\rquote \hich\f40 il connaissait les lieux (et cette hypoth\'e8\loch\f40 \hich\f40 se ne faisait point de doute pour moi). Sous cette fen\'ea\loch\f40 \hich\f40
+tre, en effet, se trouvait ext\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieurement une sorte de contrefort. Toutes les autres fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tres des galeries donnaient \'e0\loch\f40 une telle haut\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 ur sur des foss\'e9\loch\f40 s qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e0\loch\f40 \hich\f40 peu pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s impossible de sauter par l\'e0\loch\f40 \hich\f40 sans se rompre le cou. Portes et fen\'ea\loch\f40
+\hich\f40 tres \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient bien et solidement ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 es, y compris la porte de la chambre de d\'e9\loch\f40 \hich\f40 barras, \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40
+ de la galerie droite\~: Je m\rquote \hich\f40 en \'e9\loch\f40 tais rapidement \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ssur\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Donc, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir indiqu\'e9\loch\f40 comme je l\rquote \hich\f40 ai dit, son poste au p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques \'ab\~\loch\f40 et l\rquote y avoir vu\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\hich\f40 , je pla\'e7\loch\f40 ai M. Stangerson devant le palier de l\rquote escalier, non loin de la porte de l\rquote \hich\f40 antichambre de sa fille. Tout faisait pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 voir que, d\'e8\loch\f40 s lors que je traquai
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s l\rquote assassin dans la chambre, celui-ci se sauverait par l\rquote \hich\f40 antichambre plut\'f4\loch\f40 \hich\f40 t que par le boudoir o\'f9\loch\f40 \hich\f40 se trouvaient les femmes et dont la porte avait d\'fb
+\loch\f40 \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e par Mlle Stangerson elle-m\'ea\loch\f40 me, si, comme je le pensais, elle s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait r\'e9\loch\f40 \hich\f40 fugi\'e9\loch\f40
+e dans ce boudoir\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 pour ne pas voir l\rquote assassin qui allait venir chez elle\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Quoi qu\rquote \hich\f40 il en f\'fb\loch\f40 \hich\f40
+t, il retombait toujours dans la galerie \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 O\'f9\loch\f40 mon monde l\rquote \hich\f40 attendait \'e0\loch\f40 toutes les issues possibles\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , il voit \'e0\loch\f40 sa gauche, presque sur lui, M. Stangerson\~; il se sauve \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 alors \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ droite, vers la galerie tournante, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 ce qui est le chemin, du reste, de sa fuite pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 par\'e9\loch\f40 e\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . \'c0\loch\f40 l\rquote \hich\f40
+intersection des deux galeries il aper\'e7\loch\f40 \hich\f40 oit \'e0\loch\f40 la fois, comme je l\rquote \hich\f40 explique plus haut, \'e0\loch\f40 \hich\f40 sa gauche, Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40
+ric Larsan au bout de la galerie tournante, et \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 n face le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, au bout de la galerie droite. M. Stangerson et moi, nous arrivons par derri\'e8\loch\f40
+\hich\f40 re. Il est \'e0\loch\f40 nous\~\hich\f40 ! Il ne peut plus nous \'e9\loch\f40 chapper\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Ce plan me paraissait le plus sage, le plus s\'fb\loch\f40 \hich\f40 r \'ab\~\loch\f40 et le plus simple\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 . Si nous avions pu directement \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 lacer quelqu\rquote \hich\f40 un de nous derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re la porte du boudoir de Mlle Stangerson qui ouvrait sur la chambre \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 coucher, peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t-il paru plus simple \'ab\~\'e0\loch\f40 \hich\f40 certains qui ne r\'e9\loch\f40 \hich\f40 fl\'e9\loch\f40 chissent pas\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 d\rquote
+\hich\f40 assi\'e9\loch\f40 \hich\f40 ger directement les deux portes de la pi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ce o\'f9\loch\f40 se trouvait l\rquote hom\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e, celle du boudoir et celle de l\rquote
+antichambre\~\hich\f40 ; mais nous ne pouvions p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 trer dans le boudoir que par le salon, dont la porte avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 l
+\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieur par les soins inquiets de Mlle Stangerson. Et ainsi, ce plan, qui serait venu \'e0\loch\f40 l\rquote intellect d\rquote un \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ergent de ville quelconque, se trouvait impraticable. Mais moi, qui suis oblig\'e9\loch\f40 \hich\f40 de r\'e9\loch\f40 \hich\f40 fl\'e9\loch\f40 \hich\f40 chir, je dirai que, m\'ea\loch\f40 me si j\rquote avais eu la libre disposition du boudoir, j
+\rquote aurais maintenu mon plan tel que je viens de l\rquote exposer\~; car tout autre plan d\rquote attaque direct\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 par chacune des portes de la chambre \'ab\~\loch\f40 \hich\f40
+nous s\'e9\loch\f40 parait les uns des autres au moment de la lutte avec l\rquote homme\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , tandis que mon plan \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 unissait tout le monde pour l\rquote attaque\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40 un endroit que j\rquote \hich\f40 avais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 termin\'e9\loch\f40 \hich\f40 avec une pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cision quasi math\'e9\loch\f40 matique. Cet en\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 roit \'e9\loch\f40 tait l\rquote intersection des deux galeries.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ayant ainsi plac\'e9\loch\f40 \hich\f40 mon monde, je ressortis du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, courus \'e0\loch\f40 \hich\f40 mon \'e9\loch\f40 \hich\f40 chelle, la r\'e9\loch\f40
+appliquai contre le mur et, le revolver au poing, je grimpai.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Que si quelques-uns sourient de tant de pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cautions pr\'e9\loch\f40 alables, je\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 les renverrai au myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re de la \'ab\loch\f40
+\hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 et \'e0\loch\f40 toutes les preuves que nous avions de la fantastique astuce de l\rquote assassin\~\hich\f40 ; et aussi, que si quelques-uns trouvent bien m\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ticuleuses toutes mes observations dans un moment o\'f9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 on doit \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre enti\'e8\loch\f40 rement \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ris par la rapidit\'e9\loch\f40
+\hich\f40 du mouvement, de la d\'e9\loch\f40 cision et de l\rquote \hich\f40 action, je leur r\'e9\loch\f40 pliquerai que j\rquote \hich\f40 ai voulu longuement et compl\'e8\loch\f40 tement rapporter ici toutes les dispositions d\rquote un plan d\rquote
+\hich\f40 attaque con\'e7\loch\f40 \hich\f40 u et ex\'e9\loch\f40 \hich\f40 cut\'e9\loch\f40 aussi rapidement qu\rquote \hich\f40 il est lent \'e0\loch\f40 \hich\f40 se d\'e9\loch\f40 rouler sous ma\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 plume. J\rquote \hich\f40 ai voulu cette lenteur et cette pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cision pour \'ea\loch\f40 tre certain de ne rien omettre des conditions dans lesquelles se produisit l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+\hich\f40 trange ph\'e9\loch\f40 \hich\f40 nom\'e8\loch\f40 ne qui, jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 nouvel ordre et naturelle explication, me semble devoir prouver mieux que toutes les th\'e9\loch\f40 or\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 es du professeur Stangerson, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 la dissociation de la mati\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , je dirai m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me la dissociation \'ab\~\loch\f40 \hich\f40
+instantan\'e9\loch\f40 e\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 de la mati\'e8\loch\f40 re.
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745262}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XVI\line \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 trange ph\'e9\loch\f40 \hich\f40
+nom\'e8\loch\f40 \hich\f40 ne de dissociation de la mati\'e8\loch\f40 re{\*\bkmkend _Toc97745262}
+\par }\pard\plain \qc\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {\b\fs38
+\par }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Extrait du carnet de Joseph Rouletabille (suite)
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Me voici de nouveau \'e0\loch\f40 \hich\f40 la pierre de la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, continue Rouletabille, et de nouveau ma t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te d\'e9\loch\f40 passe cette pierre\~
+; entre les rideaux dont la disposition n\rquote \hich\f40 a pas boug\'e9\loch\f40 , je m\rquote \hich\f40 appr\'ea\loch\f40 \hich\f40 te \'e0\loch\f40 regarder, anxieux de savoir dans quelle attitude je vais trouver l\rquote assas
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 in. S\rquote il pouvait me tourner le dos\~! S\rquote \hich\f40 il pouvait \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre encore \'e0\loch\f40 cette table, en train d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+crire\'85\loch\f40 \hich\f40 Mais peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre\'85\loch\f40 \hich\f40 peut-\'ea\loch\f40 tre n\rquote \hich\f40 est-il plus l\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ! \'85\loch\f40 Et comment se serait-il enfui\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40
+ Est-ce que je n\rquote \hich\f40 ai pas son \'e9\loch\f40 chelle\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ? \'85\loch\f40 \hich\f40 Je fais appel \'e0\loch\f40 tout mon sang-froid. \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 avance encore la t\'ea\loch\f40 te. Je regarde\~\hich\f40 : il est l\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ; je revois son dos monstrueux, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 form\'e9\loch\f40 \hich\f40 par les ombres projet\'e9\loch\f40 \hich\f40
+es par la bougie. Seulement, \'ab\~\loch\f40 il\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 crit plus et la bougie n\rquote est plus sur le petit bureau. La bougie est sur le parquet devant l\rquote \hich\f40 homme courb\'e9\loch\f40 a
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 -dessus d\rquote \hich\f40 elle. Position bizarre, mais qui me sert. Je retrouve ma respiration. Je monte encore. Je suis aux derniers \'e9\loch\f40 chelons\~; ma main gauche saisit l\rquote
+\hich\f40 appui de la fen\'ea\loch\f40 tre\~\hich\f40 ; au moment de r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ussir je sens mon c\'9c\loch\f40 \hich\f40 ur battre \'e0\loch\f40 \hich\f40 coups pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cipit\'e9\loch\f40 s. Je mets mon rev
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 lver entre mes dents. Ma main droite maintenant tient aussi l\rquote \hich\f40 appui de la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre. Un mouvement n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessairement un peu brusque, un r
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 tablissement sur les poignets et je vais \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre sur la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre\'85\loch\f40 Pourvu que l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chelle\~\hich\f40 !\'85\~\loch\f40 C\rquote \hich\f40
+est ce qui arrive\'85\loch\f40 je suis dans la \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 cessit\'e9\loch\f40 de prendre un point d\rquote appui un peu fort sur l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+chelle et mon pied n\rquote \hich\f40 a point plut\'f4\loch\f40 \hich\f40 t quitt\'e9\loch\f40 celle-ci que je sens qu\rquote elle bascule. Elle racle le mur et s\rquote \hich\f40 abat\'85\loch\f40 \hich\f40 Mais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40
+\hich\f40 mes genoux touchent la pierre\'85\loch\f40 \hich\f40 Avec une rapidit\'e9\loch\f40 \hich\f40 que je crois sans \'e9\loch\f40 gale, je me\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 dresse debout sur la pierre\'85
+\loch\f40 \hich\f40 Mais plus rapide que moi a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 assassin\'85\loch\f40 Il a entendu le raclement de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chelle contre le mur et j\rquote \hich\f40 ai vu tout \'e0
+\loch\f40 coup le dos monstrueux se soulever, l\rquote \hich\f40 homme se dresser, se retourner\'85\loch\f40 J\rquote \hich\f40 ai vu sa t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te\'85\loch\f40 \hich\f40 ai-je bien vu sa t\'ea\loch\f40 te\~\hich\f40 ? \'85
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La bougie \'e9\loch\f40 tait sur le parquet et n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 clairait suffisamment que ses jambes. \'c0\loch\f40 partir de la hauteur de la table, il n
+\rquote \hich\f40 y avait gu\'e8\loch\f40 \hich\f40 re dans la chambre que des ombres, que de la nuit\'85\loch\f40 J\rquote \hich\f40 ai vu une t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te chevelue, barbue\'85\loch\f40 Des yeux de fou\~\hich\f40 ; une face p\'e2
+\loch\f40 le qu\rquote encadra\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ent deux larges favoris\~\hich\f40 ; la couleur, autant que je pouvais dans cette seconde obscure distinguer, la couleur\'85\loch\f40 \hich\f40 en \'e9\loch\f40
+\hich\f40 tait rousse\'85\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 ce qu\rquote il m\rquote \hich\f40 est apparu\'85\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 ce que j\rquote \hich\f40 ai pens\'e9\'85\loch\f40
+ Je ne connaissais point cette figure. Ce fut, en somme, la sensation principale q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e je re\'e7\loch\f40 \hich\f40 us de cette image entrevue dans des t\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e8
+\loch\f40 \hich\f40 bres vacillantes\'85\loch\f40 \hich\f40 Je ne connaissais pas cette figure \'ab\~\loch\f40 ou, tout au moins, je ne la reconnaissais pas\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 !
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~! Maintenant, il fallait faire vite\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 il fallait \'ea\loch\f40 tre le vent\~\hich\f40 ! la temp\'ea\loch\f40 te\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 la foudre\~! Mais h
+\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 las\'85\loch\f40 \hich\f40 h\'e9\loch\f40 las\~\hich\f40 ! \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 il y avait des mouvements n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessaires\'85\'bb\loch\f40 \hich\f40
+ Pendant que je faisais les mouvements n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessaires de r\'e9\loch\f40 \hich\f40 tablissement sur les poignets, du genou sur la pierre, de mes pieds sur la pierre\'85\loch\f40 l\rquote homme qui m\rquote \hich\f40 avait aper\'e7
+\loch\f40 \hich\f40 u \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 tre avait bondi, s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 cipit\'e9\loch\f40 comme je l
+\rquote \hich\f40 avais pr\'e9\loch\f40 vu sur la porte de l\rquote antichambre, avait eu le temps de l\rquote \hich\f40 ouvrir et fuyait. Mais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais derri\'e8\loch\f40
+re lui revolver au poing. Je hurlai\~\hich\f40 : \'ab\~\'c0\loch\f40 moi\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Comme une fl\'e8\loch\f40 che j\rquote \hich\f40 avais travers\'e9\loch\f40 la chambre et cependant j\rquote avais pu voir qu\rquote \~\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'bb\loch\f40 il y avait une lettre sur la table
+\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . Je rattrapai presque l\rquote homme dans l\rquote antichambre, car le temps qu\rquote il lui avait fallu pour ouvrir la porte lui avait au moins pris une seconde. Je le touchai presque\~
+; il me colla sur le nez la porte qui donne de l\rquote a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tichambre sur la galerie\'85\loch\f40 Mais j\rquote \hich\f40 avais des ailes, je fus dans la galerie \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ trois m\'e8\loch\f40 \hich\f40 tres de lui\'85\loch\f40 \hich\f40 M. Stangerson et moi le poursuiv\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes \'e0\loch\f40 \hich\f40 la m\'ea\loch\f40 me hauteur. L\rquote homme avait pris, toujours comme je l\rquote \hich\f40 avais pr
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 vu, la galerie \'e0\loch\f40 sa droite, c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 \hich\f40 -dire le chemin pr\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ar\'e9\loch\f40 \hich\f40 de sa fuite\'85\~\'ab\~
+\'c0\loch\f40 moi, Jacques\~\hich\f40 ! \'c0\loch\f40 moi, Larsan\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 criai-je. Il ne pouvait plus nous \'e9\loch\f40 chapper\~\hich\f40
+! Je poussai une clameur de joie, de victoire sauvage\'85\loch\f40 L\rquote \hich\f40 homme parvint \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 intersection des deux galeries \'e0\loch\f40 peine deux secondes avant nous et la rencontre
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ue j\rquote \hich\f40 avais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 cid\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, le choc fatal qui devait in\'e9\loch\f40 vitablement se produire, eut lieu\~\hich\f40 ! Nous nous heurt\'e2
+\loch\f40 \hich\f40 mes tous \'e0\loch\f40 ce carrefour\~: M. Stangerson et moi venant d\rquote \hich\f40 un bout de la galerie droite, le p\'e8\loch\f40 re Jacques venant de l\rquote \hich\f40 autre bout de cette m\'ea\loch\f40 \hich\f40
+me galerie et Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ic Larsan venant de la galerie tournante. Nous nous heurt\'e2\loch\f40 mes jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 tomber\'85
+
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Mais l\rquote homme n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pas l\'e0\~\loch\f40 !\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Nous nous regardions avec des yeux stupides, des yeux d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 pouvante, devant cet \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 irr\'e9\loch\f40 el\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 l
+\rquote homme n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pas l\'e0\~\loch\f40 !\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 O\'f9\loch\f40 est-il\~\hich\f40 ? O\'f9\loch\f40 est-i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\~\hich\f40 ? O\'f9\loch\f40 est-il\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 \hich\f40 Tout notre \'ea\loch\f40 tre demandait\~\hich\f40 :
+\'ab\~\loch\f40 \hich\f40 O\'f9\loch\f40 est-il\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Il est impossible qu\rquote il se soit enfui\~! m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 criai-je dans une col\'e8\loch\f40 \hich\f40 re plus grande que mon \'e9\loch\f40 pouvante\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je le touchais, s\rquote \hich\f40 exclama Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait l\'e0\loch\f40 , j\rquote ai senti son souffle dans l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a figure\~\hich\f40 ! faisait le p\'e8\loch\f40 re Jacques.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Nous le touchions\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e2\loch\f40 mes-nous, M. Stangerson et moi.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 O\'f9\loch\f40 est-il\~\hich\f40 ? O\'f9\loch\f40 est-il\~\hich\f40 ? O\'f9\loch\f40 est-il\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous cour\'fb\loch\f40 mes comme des fous dans les deux galeries\~\hich\f40 ; nous visit\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes portes et fen\'ea\loch\f40 tres\~\hich\f40 ; elles \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient closes, herm\'e9
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tiquement closes\'85\loch\f40 On n\rquote \hich\f40 avait pas pu les ouvrir, puisque nous les trouvions ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 es\'85\loch\f40 Et puis, est-ce que cette ouverture d\rquote une porte ou d
+\rquote \hich\f40 une fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre par cet homme, ainsi traqu\'e9\loch\f40 , sans que nous ayons pu apercevoir son geste, n\rquote \hich\f40 e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 plus inexplicable
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ncore que la disparition de l\rquote \hich\f40 homme lui-m\'ea\loch\f40 me\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 O\'f9\loch\f40 est-il\~\hich\f40 ? O\'f9\loch\f40 est-il\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 Il n\rquote \hich\f40 a pu passer par une porte, ni par une fen\'ea\loch\f40 tre, ni par rien. Il n\rquote \hich\f40
+a pu passer \'e0\loch\f40 travers nos corps\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40 avoue que, dans le moment, je fus an\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 anti. Car, enfin, il faisait clair dans la galerie, et dans cette galerie il n\rquote \hich\f40 y avait ni trappe, ni porte secr\'e8
+\loch\f40 \hich\f40 te dans les murs, ni rien o\'f9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 on p\'fb\loch\f40 \hich\f40 t se cacher. Nous remu\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes les fauteuils et soulev\'e2\loch\f40 mes les tableaux. Rien\~! Rien\~\hich\f40
+! Nous aurions regard\'e9\loch\f40 dan\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 une potiche, s\rquote il y avait eu une potiche\~!
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745263}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XVII\line La galerie inexplicable{\*\bkmkend _Toc97745263}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mlle Mathilde Stangerson apparut sur le seuil de son antichambre, continue toujours le carnet de Rouletabille. Nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions presque \'e0\loch\f40 sa porte, dans cette gal
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 erie o\'f9\loch\f40 venait de se passer l\rquote \hich\f40 incroyable ph\'e9\loch\f40 \hich\f40 nom\'e8\loch\f40 \hich\f40 ne. Il y a des moments o\'f9\loch\f40 l\rquote \hich\f40
+on sent sa cervelle fuir de toutes parts. Une balle dans la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te, un cr\'e2\loch\f40 \hich\f40 ne qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 clate, le si\'e8\loch\f40 \hich\f40 ge de la logique assassin\'e9\loch\f40 \hich\f40
+, la raison en morceaux\'85\loch\f40 \hich\f40 tout cela \'e9\loch\f40 tait sans doute comparab\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 la sensation, qui m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 puisait,
+\'ab\~\loch\f40 qui me vidait\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , du d\'e9\loch\f40 \hich\f40 s\'e9\loch\f40 \hich\f40 quilibre de tout, de la fin de mon moi pensant, pensant avec ma pens\'e9\loch\f40 e d\rquote homme\~! La ruine morale d\rquote
+\hich\f40 un \'e9\loch\f40 \hich\f40 difice rationnel, doubl\'e9\loch\f40 \hich\f40 de la ruine r\'e9\loch\f40 elle de la vision physiologique, alors que les yeux v\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ient toujours clair, quel coup affreux sur le cr\'e2\loch\f40 ne\~!
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Heureusement, Mlle Mathilde Stangerson apparut sur le seuil de son antichambre. Je la vis\~\hich\f40 ; et ce fut une diversion \'e0\loch\f40 \hich\f40 ma pens\'e9\loch\f40 \hich\f40 e en chaos\'85\loch\f40 \hich\f40
+ Je la respirai\'85\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 je respirai son parfum de la dame en noir\'85\loch\f40 Ch\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e8\loch\f40 \hich\f40 re dame en noir, ch\'e8\loch\f40 re dame en noir\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+ que je ne reverrai jamais plus\~! Mon Dieu\~\hich\f40 ! dix ans de ma vie, la moiti\'e9\loch\f40 de ma vie pour revoir la dame en noir\~\hich\f40 ! Mais, h\'e9\loch\f40 las\~! Je ne rencontre plus, de temps en temps, et encore\~\hich\f40 ! \'85
+\loch\f40 et encore\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 que le parfum, \'e0\loch\f40 peu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pr\'e8\loch\f40
+s le parfum dont je venais respirer la trace, sensible pour moi seul, dans le parloir de ma jeunesse\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 c\rquote \hich\f40 est cette r\'e9\loch\f40 \hich\f40 miniscence aigu\'eb\loch\f40 \hich\f40
+ de ton cher parfum, dame en noir, qui me fit aller vers celle-ci que voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 tout en blanc, et si p\'e2\loch\f40 \hich\f40 le, si p\'e2\loch\f40 le, et si\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+belle sur le seuil de la \'ab\~\loch\f40 galerie inexplicable\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ! Ses beaux cheveux dor\'e9\loch\f40 \hich\f40 s relev\'e9\loch\f40 s sur la nuque laissent voir l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+toile rouge de sa tempe, la blessure dont elle faillit mourir\'85\loch\f40 \hich\f40 Quand je commen\'e7\loch\f40 \hich\f40 ais seulement \'e0\loch\f40 prendre ma raison par le bon bout, dans cette \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ffaire, j\rquote \hich\f40 imaginais que, la nuit du myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , Mlle Stangerson portait les cheveux en bandeaux\'85\loch\f40 \hich\f40
+\'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Mais, avant mon entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 e dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 , comment aurais-je raisonn\'e9\loch\f40 sans la chevelure aux bandeaux\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et maintenant, je ne raison\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ne plus du tout, depuis le fait de la \'ab\~\loch\f40 galerie inexplicable\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ; je suis l\'e0\loch\f40 , stupide, devant l
+\rquote \hich\f40 apparition de Mlle Stangerson, p\'e2\loch\f40 \hich\f40 le et si belle. Elle est v\'ea\loch\f40 tue d\rquote un peignoir d\rquote \hich\f40 une blancheur de r\'ea\loch\f40 \hich\f40 ve. On dirait une apparition, un doux fant\'f4
+\loch\f40 \hich\f40 me. Son p\'e8\loch\f40 re la pr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nd dans ses bras, l\rquote \hich\f40 embrasse avec passion, semble la reconqu\'e9\loch\f40 rir une fois de plus, puisqu\rquote \hich\f40
+une fois de plus elle e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t pu, pour lui, \'ea\loch\f40 tre perdue\~! Il n\rquote ose l\rquote \hich\f40 interroger\'85\loch\f40 Il l\rquote \hich\f40 entra\'ee\loch\f40 \hich\f40 ne dans sa chambre o\'f9\loch\f40 \hich\f40
+ nous les suivons\'85\loch\f40 car, enfin, il faut savoir\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 La por\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e du boudoir est ouverte\'85\loch\f40 \hich\f40 Les deux visages \'e9\loch\f40 \hich\f40
+pouvant\'e9\loch\f40 \hich\f40 s des gardes-malades sont pench\'e9\loch\f40 \hich\f40 s vers nous\'85\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Mlle Stangerson demande ce que signifie tout ce bruit.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40
+Voil\'e0\loch\f40 , dit-elle, c\rquote est bien simple\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb\loch\f40 \endash Comme c\rquote est simple\~! comme c\rquote est simple\~! \endash \hich\f40 \'85\loch\f40 Elle a e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote \hich\f40 id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e de ne pas dormir cette nuit dans sa chambre, de se coucher dans la m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me pi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ce que les gardes-malades, dans le boudoir\'85\loch\f40
+\hich\f40 Et elle a ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 , sur elles trois, la porte du boudoir\'85\loch\f40 Elle a, depuis la nuit criminelle, des craintes, des peurs soudaines fort\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 compr\'e9
+\loch\f40 hensibles, n\rquote est-ce pas\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 \hich\f40 Qui comprendra pourquoi, cette nuit justement \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 o\'f9\loch\f40 il devait revenir\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , elle s\rquote \hich\f40 est enferm\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 e par un \'ab\~\loch\f40 hasard\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 tr\'e8\loch\f40 s heureux avec ses femmes\~\hich\f40 ? Qui comprendra pourquoi elle repousse la volont\'e9\loch\f40 de M. Stangerson de coucher dan
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 le salon de sa fille, puisque sa fille a peur\~\hich\f40 ? Qui comprendra pourquoi la lettre, qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait tout \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40
+heure sur la table de la chambre, \'ab\~\loch\f40 n\rquote y est plus\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ! \'85\loch\f40 Celui qui comprendra cela dira\~: Mlle Stangerson savait que l\rquote \hich\f40 assassin devait revenir\'85\loch\f40 elle ne po
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 vait l\rquote \hich\f40 emp\'ea\loch\f40 \hich\f40 cher de revenir\'85\loch\f40 elle n\rquote \hich\f40 a pr\'e9\loch\f40 venu personne parce qu\rquote il faut que l\rquote \hich\f40
+assassin reste inconnu\'85\loch\f40 \hich\f40 inconnu de son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re, inconnu de tous\'85\loch\f40 \hich\f40 except\'e9\loch\f40 \hich\f40 de Robert Darzac. Car M. Darzac doit le conna\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre maintenant\'85
+\loch\f40 \hich\f40 Il le connaissait peut-\'ea\loch\f40 tre avant\~! Se rappele\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 la phrase du jardin de l\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 lys\'e9\loch\f40 e\~\hich\f40 : \'ab\~
+\loch\f40 Me faudra-t-il, pour vous avoir, commettre un crime\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Contre qui, le crime, sinon \'ab\~\loch\f40 contre l\rquote obstacle\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , contre l\rquote assassin\~\hich\f40
+? Se rappeler encore cette phrase de M. Darzac en r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ponse \'e0\loch\f40 ma question\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Cela ne vous d\'e9\loch\f40 pl\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+irait-il point que je d\'e9\loch\f40 couvre l\rquote assassin\~?\~\endash \~Ah\~! Je voudrais le tuer de ma main\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Et je lui ai r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pliqu\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Vous n\rquote
+\hich\f40 avez pas r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondu \'e0\loch\f40 ma question\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Ce qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait vrai. En v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 \hich\f40 , en v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 , M. Darzac conna\'ee\loch\f40 t si bien l\rquote assassin qu\rquote il a peur que je le \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 couvre, \'ab\~\loch\f40 tout en voulant le tuer\~\hich\f40
+\'bb\loch\f40 . Il n\rquote \hich\f40 a facilit\'e9\loch\f40 \hich\f40 mon enqu\'ea\loch\f40 te que pour deux raisons\~: d\rquote abord parce que je l\rquote \hich\f40 y ai forc\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ; ensuite, pour mieux veiller sur elle\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je suis dans la chambre\'85\loch\f40 \hich\f40 dans sa chambre\'85\loch\f40 \hich\f40 je la regarde, elle\'85\loch\f40 et je regarde aussi la place\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 o\'f9\loch\f40
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait la lettre tout \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 heure\'85\loch\f40 Mlle Stangerson s\rquote \hich\f40 est empar\'e9\loch\f40 e de la lettre\~\hich\f40 ; cette lettre \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pour elle, \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 videmment\'85\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 videmment\'85\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! comme la malheureuse tremble\'85\loch\f40 \hich\f40 Elle tremble au r\'e9\loch\f40 \hich\f40 cit fantastique que son p\'e8\loch\f40
+\hich\f40 re lui fait de la pr\'e9\loch\f40 sence de l\rquote assassin \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ans sa chambre et de la poursuite dont il a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 objet\'85
+\loch\f40 \hich\f40 Mais il est visible\'85\loch\f40 il est visible qu\rquote elle n\rquote \hich\f40 est tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait rassur\'e9\loch\f40 e que lorsqu\rquote on lui affirme que l\rquote \hich\f40 assassin, par un sortil\'e8
+\loch\f40 \hich\f40 ge inou\'ef\loch\f40 \hich\f40 , a pu nous \'e9\loch\f40 chapper.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et puis il y a un silence\'85\loch\f40 Quel silence\~!\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'85\loch\f40 \hich\f40 Nous sommes tous l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 la\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 regarder\'85\loch\f40 \hich\f40 Son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re, Larsan, le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques et moi\'85\loch\f40 \hich\f40 Quelles pens\'e9\loch\f40 es roulent dans ce silence autour d\rquote elle\~
+\hich\f40 ? \'85\loch\f40 \hich\f40 Apr\'e8\loch\f40 s l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 \hich\f40 nement de ce soir, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s le myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re de la \'ab\~\loch\f40 galerie inexplicable\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s cette r\'e9\loch\f40 \hich\f40 alit\'e9\loch\f40 prodigieuse d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote installation de l\rquote \hich\f40
+assassin dans sa chambre, \'e0\loch\f40 \hich\f40 elle, il me semble que toutes les pens\'e9\loch\f40 \hich\f40 es, toutes, depuis celles qui se tra\'ee\loch\f40 \hich\f40 nent sous le cr\'e2\loch\f40 \hich\f40 ne du p\'e8\loch\f40 re Jacques, jusqu
+\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 celles qui \'ab\~\loch\f40 naissent\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 sous le cr\'e2\loch\f40 ne de M. Stangerson, toutes pourraient se traduire \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ar ces mots qu\rquote \hich\f40 on lui adresserait, \'e0\loch\f40 elle\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Oh\~\hich\f40 ! toi qui connais le myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re, explique-le-nous, et nous te sauverons peut-\'ea\loch\f40 tre\~!\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! comme je voudrais la sauver\'85\loch\f40 d\rquote \hich\f40 elle-m\'ea\loch\f40 me, et de l\rquote autre\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 J\rquote \hich\f40 en pleure\'85\loch\f40 Oui, je sens mes yeux se remplir de larmes de
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 v\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ant tant de mis\'e8\loch\f40 \hich\f40 re si horriblement cach\'e9\loch\f40 e.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Elle est l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , celle qui a le parfum de \'ab\~\loch\f40 la dame en noir\~\hich\f40 \'bb\'85\loch\f40 \hich\f40 je la vois enfin, chez elle, dans sa chambre, dans cette chambre o\'f9\loch\f40
+ elle n\rquote \hich\f40 a pas voulu me recevoir\'85\loch\f40 \hich\f40 dans cette chambre \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 o\'f9\loch\f40 elle se tait\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , o\'f9\loch\f40 elle conti\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+nue de se taire. Depuis l\rquote \hich\f40 heure fatale de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , nous tournons autour de cette femme invisible et muette pour savoir ce qu\rquote \hich\f40 elle sait. Notre d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+sir, notre volont\'e9\loch\f40 \hich\f40 de savoir doivent lui \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre un supplice de plus. Qui nous dit que, si \'ab\~\loch\f40 nous appre\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ons\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\hich\f40 , la connaissance de \'ab\~\loch\f40 son\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 myst\'e8\loch\f40 re ne sera pas le signal d\rquote \hich\f40 un drame plus \'e9\loch\f40 \hich\f40 pouvantable que ceux qui se sont d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0
+\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 roul\'e9\loch\f40 s ici\~? Qui nous dit qu\rquote elle n\rquote en mourra pas\~\hich\f40 ? Et cependant, elle a failli mourir\'85\loch\f40 \hich\f40 et nous ne savons rien\'85\loch\f40 \hich\f40 Ou plut\'f4
+\loch\f40 t il y en a qu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ne savent rien\'85\loch\f40 \hich\f40 mais moi\'85\loch\f40 \hich\f40 si je savais \'ab\~\loch\f40 qui\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , je saurais tout
+\'85\loch\f40 Qui\~? qui\~? qui\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 \hich\f40 et ne sachant pas qui, je dois me taire, par piti\'e9\loch\f40 pour elle, car il ne fait point de doute qu\rquote \hich\f40 elle sait, elle, comment \'ab\~\loch\f40 il\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 s\rquote \hich\f40 est enfui, lui, de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 cependant elle se tait. Pourquoi parlerais-je\~\hich\f40 ? Quand je saurai qui, \'ab\~
+\loch\f40 \hich\f40 je lui parlerai, \'e0\loch\f40 lui\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Elle nous regarde maintenant\'85\loch\f40 \hich\f40 mais de loin\'85\loch\f40 comme si nous n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions pas dans sa chambre\'85\loch\f40 \hich\f40
+ M. Stangerson rompt le silence. M. Stangerson d\'e9\loch\f40 \hich\f40 clare que, d\'e9\loch\f40 sormais\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , il ne quittera plus l\rquote appartement de sa fille. C\rquote est en vain que celle-ci veut s\rquote \hich\f40
+opposer \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette volont\'e9\loch\f40 formelle, M. Stangerson tient bon. Il s\rquote \hich\f40 y installera d\'e8\loch\f40 \hich\f40 s cette nuit m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, dit-il. Sur quoi, uniquement occup\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ de la sant\'e9\loch\f40 de sa fille, il lui reproc\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 h\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e de s\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre lev\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85\loch\f40 \hich\f40
+ puis il lui tient soudain de petits discours enfantins\'85\loch\f40 \hich\f40 Il lui sourit\'85\loch\f40 il ne sait plus beaucoup ni ce qu\rquote il dit, ni ce qu\rquote \hich\f40 il fait\'85\loch\f40 L\rquote \hich\f40 illustre professeur perd la t
+\'ea\loch\f40 \hich\f40 te\'85\loch\f40 \hich\f40 Il r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e8\loch\f40 \hich\f40 te des mots sans suite qui attestent le d\'e9\loch\f40 sarroi de son esprit\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'85\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ celui du n\'f4\loch\f40 tre n\rquote \hich\f40 est gu\'e8\loch\f40 re moindre. Mlle Stangerson dit alors, avec une voix si douloureuse, ces simples mots\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Mon p\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 ! mon p\'e8\loch\f40 re\~!\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 que celui-ci \'e9\loch\f40 \hich\f40 clate en sanglots. Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques se mouche et Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, lui-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, est oblig\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 de se d\'e9\loch\f40 tourner \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 our cacher son \'e9\loch\f40 motion. Moi, je n\rquote \hich\f40 en peux plus\'85\loch\f40 \hich\f40
+ je ne pense plus, je ne sens plus, je suis au-dessous du v\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e9\loch\f40 \hich\f40 tal. Je me d\'e9\loch\f40 \hich\f40 go\'fb\loch\f40 te.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est la premi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re fois que Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan se trouve, comme moi, en face de Mlle Stangerson, depuis l\rquote \hich\f40 attentat de la \'ab\loch\f40
+Chambre \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 . Comme moi, il avait insist\'e9\loch\f40 pour pouvoir interroger la malheureuse\~; mais, pas plus que moi, il n\rquote \hich\f40 avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40
+\hich\f40 re\'e7\loch\f40 \hich\f40 u. \'c0\loch\f40 \hich\f40 lui comme \'e0\loch\f40 \hich\f40 moi, on avait toujours fait la m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me r\'e9\loch\f40 ponse\~\hich\f40 : Mlle Stangerson \'e9\loch\f40
+tait trop faible pour nous recevoir, les interrogatoires\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 du juge d\rquote \hich\f40 instruction la fatiguaient suffisamment, etc\'85\loch\f40 \hich\f40 Il y avait l\'e0\loch\f40 \hich\f40
+ une mauvaise volont\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 vidente \'e0\loch\f40 \hich\f40 nous aider dans nos recherches qui, \'ab\~\loch\f40 moi\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , ne me surprenait pas, mais qui \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tonnait toujours Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan. Il est vrai que Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan et moi avo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+s une conception du crime tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait diff\'e9\loch\f40 \hich\f40 rente\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'85\loch\f40 \hich\f40 Ils pleurent\'85\loch\f40 \hich\f40 Et je me surprends encore \'e0\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 ter au fond de moi\~: La sauver\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40
+ la sauver malgr\'e9\loch\f40 elle\~! la sauver sans la compromettre\~! La sauver sans qu\rquote \~\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 il\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 parle\~! Qui\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 il\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \endash \hich\f40 \'ab\~
+\loch\f40 Il\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , l\rquote assa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ssin\'85\loch\f40 Le prendre et lui fermer la bouche\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Mais M. Darzac l\rquote a fait entendre\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40
+pour lui fermer la bouche, il faut le tuer\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Conclusion logique des phrases \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapp\'e9\loch\f40 \hich\f40 es \'e0\loch\f40 M. Darzac. Ai-je le droit de tuer l\rquote assassin de Mlle Stangerson
+\~? Non\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Mais qu\rquote i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\rquote en donne seulement l\rquote occasion. Histoire de voir s\rquote \hich\f40 il est bien, r\'e9\loch\f40 ellement, en chair et en os\~
+! Histoire de voir son cadavre, puisqu\rquote on ne peut saisir son corps vivant\~!
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! comment faire comprendre \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette femme, qui ne nous regarde m\'ea\loch\f40 me pas, qui est \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 toute \'e0\loch\f40 \hich\f40 son effroi et \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 la douleur de son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re, que je suis capable de tout pour la sauver\'85\loch\f40 \hich\f40 Oui\'85\loch\f40 \hich\f40 oui\'85\loch\f40 \hich\f40 je recommencerai \'e0\loch\f40
+ prendre ma raison par le bon bout et j\rquote \hich\f40 accomplirai des prodiges\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je m\rquote \hich\f40 avance vers elle\'85\loch\f40 je veux parler, je veux la supplier d\rquote avoir co\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nfiance en moi\'85\loch\f40
+ je voudrais lui faire entendre par quelques mots, compris d\rquote \hich\f40 elle seule et de moi, que je sais comment son assassin est sorti de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , que j\rquote \hich\f40 ai devin\'e9\loch\f40
+\hich\f40 la moiti\'e9\loch\f40 \hich\f40 de son secret\'85\loch\f40 \hich\f40 et que je la plains, elle, de tout mon c\'9c\loch\f40 \hich\f40 ur\'85\loch\f40 Mais \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 j
+\'e0\loch\f40 \hich\f40 son geste nous prie de la laisser seule, exprime la lassitude, le besoin de repos imm\'e9\loch\f40 \hich\f40 diat\'85\loch\f40 \hich\f40 M. Stangerson nous demande de regagner nos chambres, nous remercie, nous renvoie\'85
+\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan et moi saluons, et, suivis du p\'e8\loch\f40 re Jacques, nous regagnons la\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 galerie. J\rquote \hich\f40
+entends Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan qui murmure\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Bizarre\~! bizarre\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb\loch\f40 Il me fait signe d\rquote \hich\f40 entrer dans sa chambre. Sur le seuil, il se retourne vers le p
+\'e8\loch\f40 re Jacques. Il lui demande\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Vous l\rquote avez bien vu, vous\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Qui\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote homme\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Si je l\rquote ai vu\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Il avait une large barbe rousse, des cheveux roux\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est ainsi qu\rquote il m\rquote \hich\f40 est apparu, \'e0\loch\f40 moi, fis-je.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et \'e0\loch\f40 moi aussi\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , dit Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le grand Fred et moi nous sommes seuls, maintenant, \'e0\loch\f40 parler de la chose, dans sa chambre. Nous en parlons u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ne heure, retournant l\rquote
+affaire dans tous les sens. Il est clair que Fred, aux questions qu\rquote il me pose, aux explications qu\rquote \hich\f40 il me donne, est persuad\'e9\loch\f40 \endash \hich\f40 malgr\'e9\loch\f40 \hich\f40 ses yeux, malgr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ mes yeux, malgr\'e9\loch\f40 tous les yeux \endash que l\rquote homme a disparu par quelque passage secre\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 de ce ch\'e2\loch\f40 teau qu\rquote il connaissait.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Car il conna\'ee\loch\f40 \hich\f40 t le ch\'e2\loch\f40 teau, me dit-il\~\hich\f40 ; il le conna\'ee\loch\f40 \hich\f40 t bien\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est un homme de taille plut\'f4\loch\f40 \hich\f40 t grande, bien d\'e9\loch\f40 \hich\f40 coupl\'e9\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il a la taille qu\rquote \hich\f40 il faut\'85\loch\f40 \hich\f40 murmure Fred\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je vous comprends, dis-je\'85\loch\f40 mais comment expliquez-vous \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 la barbe rousse, les cheveux roux\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Trop de barbe, trop de cheveux\'85\loch\f40 \hich\f40 Des postiches, indique Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est bient\'f4\loch\f40 \hich\f40 t dit\'85\loch\f40 \hich\f40 Vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes toujours occup\'e9\loch\f40 \hich\f40 par la pens\'e9\loch\f40 \hich\f40 e de Robert Darzac\'85
+\loch\f40 \hich\f40 Vous ne pourrez donc vous en d\'e9\loch\f40 barrasser jamais\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 \hich\f40 Je suis s\'fb\loch\f40 r, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 moi, qu\rquote \hich\f40 il est innocent\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Tant mieux\~\hich\f40 ! Je le souhaite\'85\loch\f40 \hich\f40 mais vraiment tout le condamne\'85\loch\f40 \hich\f40 Vous avez remarqu\'e9\loch\f40 les pas sur le tapis\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 \hich\f40
+ Venez les voir\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je les ai vus\'85\loch\f40 \hich\f40 Ce sont \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 les pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 gants\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 du bord de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tang.
+
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ce sont les pas de Robert Darzac\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ; le nierez-vous\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 videmment, on peut s\rquote \hich\f40 y m\'e9\loch\f40 \hich\f40 prendre\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Avez-vous remarqu\'e9\loch\f40 \hich\f40 que la trace de ces pas \'ab\~\loch\f40 ne revient pas\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 ? Quand l\rquote homme est sorti de la chambre, poursuivi par nous tous, ses pas n
+\rquote \hich\f40 ont point laiss\'e9\loch\f40 \hich\f40 de traces\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 homme \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait peut-\'ea\loch\f40 tre dan\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s la chambre \'ab\~\loch\f40 depuis des heures\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+. La boue de ses bottines a s\'e9\loch\f40 \hich\f40 ch\'e9\loch\f40 \hich\f40 et il glissait avec une telle rapidit\'e9\loch\f40 \hich\f40 sur la pointe de ses bottines\'85\loch\f40 On le voyait fuir, l\rquote \hich\f40 homme\'85\loch\f40 on ne l
+\rquote \hich\f40 entendait pas\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Soudain, j\rquote interromps ces propos sans suite, sans logique, indig\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nes de nous. Je fais signe \'e0\loch\f40 Larsan d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 couter\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 L\'e0\loch\f40 \hich\f40 , en bas\'85\loch\f40 \hich\f40 on ferme une porte\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je me l\'e8\loch\f40 ve\~; Larsan me suit\~\hich\f40 ; nous descendons au rez-de-chauss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e du ch\'e2\loch\f40 teau\~\hich\f40 ; nous sortons du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40
+teau. Je conduis Larsan \'e0\loch\f40 \hich\f40 la petite pi\'e8\loch\f40 ce en encorbellement dont la terra\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 sse donne sous la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre de la galerie tournante. Mon doigt d\'e9\loch\f40
+\hich\f40 signe cette porte ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e maintenant, ouverte tout \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 heure, sous laquelle filtre de la lumi\'e8\loch\f40 re.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Le garde\~! dit Fred.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Allons-y\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 lui soufflai-je\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 cid\'e9\loch\f40 \hich\f40 , mais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 cid\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 quoi, le sav\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ais-je\~\hich\f40 ? d\'e9\loch\f40
+\hich\f40 cid\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 croire que le garde est le coupable\~? l\rquote affirmerais-je\~? je m\rquote avance contre la porte, et je frappe un coup brusque.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Certains penseront que ce retour \'e0\loch\f40 \hich\f40 la porte du garde est bien tardif\'85\loch\f40 \hich\f40 et que notre premier devoir \'e0\loch\f40 \hich\f40 tous, apr\'e8\loch\f40 s avoir co
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nstat\'e9\loch\f40 que l\rquote \hich\f40 assassin nous avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapp\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans la galerie, \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait de le rechercher partout ailleurs, autour du ch\'e2
+\loch\f40 \hich\f40 teau, dans le parc\'85\loch\f40 \hich\f40 Partout\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Si l\rquote on nous fait une telle objection, nous n\rquote \hich\f40 avons pour y r\'e9\loch\f40 pondre que ceci\~: c\rquote est que l\rquote \hich\f40 assassin \'e9\loch\f40 tait disparu \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 de telle sorte de la galerie \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 que nous avons r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ellement pens\'e9\loch\f40 qu\rquote il n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait plus nulle part\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ! Il nous avait
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 chapp\'e9\loch\f40 \hich\f40 quand nous avions tous la main dessus, quand nous le touchions presque\'85\loch\f40 nous n\rquote avions plus aucun ressort pour nous imaginer que nous pou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rions maintenant le d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvrir dans le myst\'e8\loch\f40 re de la nuit et du parc. Enfin, je vous ai dit de quel coup cette disparition m\rquote \hich\f40 avait choqu\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ le cr\'e2\loch\f40 ne\~!
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'85\loch\f40 \hich\f40 Aussit\'f4\loch\f40 t que j\rquote \hich\f40 eus frapp\'e9\loch\f40 , la porte s\rquote ouvrit\~; le garde nous demanda d\rquote une voix calme ce que nous voulion\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 s. Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait en chemise \'ab\~\loch\f40 et il allait se mettre au lit\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 ; le lit n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pas encore d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fait\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous entr\'e2\loch\f40 mes\~; je m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tonnai.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Tiens\~! vous n\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes pas encore couch\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non\~\hich\f40 ! r\'e9\loch\f40 pondit-il d\rquote \hich\f40 une voix rude\'85\loch\f40 J\rquote \hich\f40 ai \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 faire une tourn\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 e dans le parc et dans les bois\'85\loch\f40 J\rquote \hich\f40 en reviens\'85\loch\f40 Maintenant, j\rquote \hich\f40 ai sommeil\'85\loch\f40 bonsoir\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 coutez, fis-je\'85\loch\f40 \hich\f40 Il y avait tout \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 heure, aupr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s de votre fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, une \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 chelle\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quelle \'e9\loch\f40 chelle\~? Je n\rquote ai pas vu d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chelle\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Bonsoir\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et il nous mit \'e0\loch\f40 la port\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e tout simplement.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Dehors, je regardai Larsan. Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait imp\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 trable.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Eh bien\~\hich\f40 ? fis-je\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Eh bien\~\hich\f40 ? r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 \hich\f40 ta Larsan\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Cela ne vous ouvre-t-il point des horizons\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Sa mauvaise humeur \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait certaine. En rentrant au ch\'e2\loch\f40 teau, je l\rquote entendis qui bougonna\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 it\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Il serait tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait, mais tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait \'e9\loch\f40 \hich\f40 trange que je me fusse tromp\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 ce point\~\hich\f40
+! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et, cette phrase, il me semblait qu\rquote il l\rquote \hich\f40 avait plut\'f4\loch\f40 \hich\f40 t prononc\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 mon adresse qu\rquote \hich\f40 il ne se la disait \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ lui-m\'ea\loch\f40 me.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il ajouta\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Dans tous les cas, nous serons \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 bient\'f4\loch\f40 \hich\f40 t fix\'e9\loch\f40 \hich\f40 s\'85\loch\f40 Ce matin il fera jour.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745264}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XVIII\line \hich\f40 Rouletabille a dessin\'e9\loch\f40
+ un cercle entre les deux bosses de son front{\*\bkmkend _Toc97745264}
+\par }\pard\plain \qc\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Extrait du carnet de Joseph Rouletabille (suite).
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous nous quitt\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes sur le seuil de nos chambres apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s une m\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 lancolique poign\'e9\loch\f40 e de mains. J\rquote \hich\f40
+\'e9\loch\f40 tais heureux d\rquote \hich\f40 avoir fait na\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre quelque soup\'e7\loch\f40 \hich\f40 on de son erreur dans cette cervelle originale, extr\'ea\loch\f40 \hich\f40 mement intelligente, mais antim\'e9\loch\f40
+thodique. Je ne me couchai point. J\rquote \hich\f40 attendis le petit jour et je descendis devant le ch\'e2\loch\f40 teau\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 .\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40
+en fis le tour en examinant toutes les traces qui pouvaient en venir ou y aboutir. Mais elles \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient si m\'ea\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 \hich\f40 es et si confuses que je ne pus rien en tirer. Du reste, je tiens ici \'e0
+\loch\f40 faire remarquer que je n\rquote ai point coutume d\rquote attacher une importance exa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 g\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 e aux signes ext\'e9\loch\f40
+rieurs que laisse le passage d\rquote \hich\f40 un crime. Cette m\'e9\loch\f40 \hich\f40 thode, qui consiste \'e0\loch\f40 conclure au criminel d\rquote \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s les traces de pas, est tout \'e0\loch\f40
+ fait primitive. Il y a beaucoup de traces de pas qui sont identiques, et c\rquote est tout juste s\rquote il faut leur \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 emander une premi\'e8\loch\f40 re indication qu\rquote
+\hich\f40 on ne saurait, en aucun cas, consid\'e9\loch\f40 rer comme une preuve.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Quoi qu\rquote \hich\f40 il en soit, dans le grand d\'e9\loch\f40 sarroi de mon esprit, je m\rquote \hich\f40 en \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais donc all\'e9\loch\f40 dans la cour d\rquote honneur et m\rquote \hich\f40 \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tais pench\'e9\loch\f40 sur les traces, sur toutes les traces q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ui \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , leur demandant cette premi\'e8\loch\f40 re indication dont j\rquote
+avais tant besoin pour m\rquote \hich\f40 accrocher \'e0\loch\f40 \hich\f40 quelque chose de \'ab\~\loch\f40 raisonnable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40 \hich\f40 quelque chose qui me perm\'ee\loch\f40 \hich\f40 t de \'ab\~\loch\f40
+raisonner\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 sur les \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 \hich\f40 nements de la \'ab\~\loch\f40 galerie inexplicable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . Comment raisonner\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 C
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 mment raisonner\~?
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'85\loch\f40 Ah\~! raisonner par le bon bout\~! Je m\rquote \hich\f40 assieds, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sesp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 , sur une pierre de la cour d\rquote \hich\f40 honneur d\'e9\loch\f40
+\hich\f40 serte\'85\loch\f40 Qu\rquote est-ce que je fais, depuis plus d\rquote \hich\f40 une heure, sinon la plus basse besogne du plus ordinaire policier\'85\loch\f40 \hich\f40 Je vais qu\'e9\loch\f40 rir l\rquote erreur comm
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e le premier inspecteur venu, sur la trace de quelques pas \'ab\~\loch\f40 qui me feront dire ce qu\rquote ils voudront\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 !
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je me trouve plus abject, plus bas dans l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 chelle des intelligences que ces agents de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 \hich\f40 imagin\'e9\loch\f40
+s par les romanciers modernes, agents qui ont ac\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 quis leur m\'e9\loch\f40 thode dans la lecture des romans d\rquote Edgar Poe ou de Conan Doyle. Ah\~\hich\f40 ! Agents litt\'e9\loch\f40 \hich\f40 raires\'85\loch\f40
+\hich\f40 qui b\'e2\loch\f40 \hich\f40 tissez des montagnes de stupidit\'e9\loch\f40 avec un pas sur le sable, avec le dessin d\rquote une main sur le mur\~\hich\f40 ! \'ab\~\'c0\loch\f40 \hich\f40 toi, Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40
+\hich\f40 ric Larsan, \'e0\loch\f40 toi, l\rquote \hich\f40 agent litt\'e9\loch\f40 rai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Tu as trop lu Conan Doyle, mon vieux\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40
+ Sherlock Holmes te fera faire des b\'ea\loch\f40 \hich\f40 tises, des b\'ea\loch\f40 \hich\f40 tises de raisonnement plus \'e9\loch\f40 normes que celles qu\rquote \hich\f40 on lit dans les livres\'85\loch\f40 \hich\f40 Elles te feront arr\'ea\loch\f40
+\hich\f40 ter un innocent\'85\loch\f40 \hich\f40 Avec ta m\'e9\loch\f40 \hich\f40 thode \'e0\loch\f40 la Conan Doyle, tu as su convai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 cre le juge d\rquote \hich\f40 instruction, le chef de la S
+\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\'85\loch\f40 \hich\f40 tout le monde\'85\loch\f40 \hich\f40 Tu attends une derni\'e8\loch\f40 \hich\f40 re preuve\'85\loch\f40 \hich\f40 une derni\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Dis donc une premi
+\'e8\loch\f40 re, malheureux\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Tout ce que vous offrent les sens ne saurait \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre une preuve\'85\~\'bb\loch\f40 \hich\f40 Moi aussi, je me suis pench\'e9\loch\f40
+\hich\f40 sur \'ab\~\loch\f40 les\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 traces sensibles\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , mais pour leur demander uniquement }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\rquote entrer dans}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 le cercle qu\rquote \hich\f40 avait dessin\'e9\loch\f40 ma raison.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! bien des fois, le cercle fut si \'e9\loch\f40 \hich\f40 troit, si \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 troit\'85\loch\f40 \hich\f40 Mais si \'e9\loch\f40 \hich\f40 troit \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait-il, il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait immense, \'ab\~\loch\f40 puisqu\rquote \hich\f40 il ne contenait que de la v\'e9\loch\f40 \hich\f40
+rit\'e9\~\'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ! \'85\loch\f40 Ou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i, oui, je le jure, les traces sensibles n\rquote \hich\f40 ont jamais \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 que mes servantes\'85\loch\f40 elles n\rquote
+\hich\f40 ont point \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 mes ma\'ee\loch\f40 \hich\f40 tresses\'85\loch\f40 Elles n\rquote ont point fait de moi cette chose monstrueuse, plus terrible qu\rquote un homme sans yeux\~: un homme qui voit mal\~
+\hich\f40 ! Et voil\'e0\loch\f40 pourquoi je tr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ompherai de ton erreur et de ta cogitation animale, \'f4\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan\~!\~
+\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Eh quoi\~! eh quoi\~\hich\f40 ! parce que, pour la premi\'e8\loch\f40 re fois, cette nuit, dans la galerie inexplicable, il s\rquote \hich\f40 est produit un \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 \hich\f40 nement qui \'ab\~
+\loch\f40 semble\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 ne point rentrer dans le cercle trac\'e9\loch\f40 pa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r ma raison, voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 que je divague, voil\'e0\loch\f40
+ que je me penche, le nez sur la terre, comme un porc qui cherche, au hasard, dans la fange, l\rquote \hich\f40 ordure qui le nourrira\'85\loch\f40 Allons\~\hich\f40 ! Rouletabille, mon ami, rel\'e8\loch\f40 \hich\f40 ve la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te
+\'85\loch\f40 il est impossible que l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 nement de la galerie \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nexplicable soit sorti du cercle trac\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ par ta raison\'85\loch\f40 Tu le sais\~! Tu le sais\~\hich\f40 ! Alors, rel\'e8\loch\f40 \hich\f40 ve la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te\'85\loch\f40 \hich\f40 presse de tes deux mains les bosses de ton front, et rappelle-toi que, lorsque tu as trac\'e9
+\loch\f40 le cercle, tu as pris, pour le dessiner dans ton cerveau comm\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 on trace sur le papier une figure g\'e9\loch\f40 \hich\f40 om\'e9\loch\f40 trique, }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 tu as pris ta raison par le bon bout\~!
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Eh bien, marche maintenant\'85\loch\f40 \hich\f40 et remonte dans la \'ab\~\loch\f40 galerie inexplicable\~en t\rquote appuyant sur le bon bout de ta raison\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 comme Fr\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan s\rquote appuie sur sa canne, et tu au\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ras vite prouv\'e9\loch\f40 que le grand Fred n\rquote est qu\rquote un sot.
+\par
+\par }\pard \qr\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Joseph }{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ROULETABILLE
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 30 octobre, midi.
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ainsi ai-je pens\'e9\'85\loch\f40 \hich\f40 ainsi ai-je agi\'85\loch\f40 \hich\f40 la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te en feu, je suis remont\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans la galerie et voil\'e0\loch\f40 \hich\f40
+ que, sans y avoir rien trouv\'e9\loch\f40 de plus que ce que j\rquote y ai vu cette nuit, l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e bon bout de ma raison m\rquote \hich\f40 a montr\'e9\loch\f40 une chose si formidable que j\rquote \hich\f40 ai besoin de \'ab\~
+\loch\f40 \hich\f40 me retenir \'e0\loch\f40 lui\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 pour ne pas tomber.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! Il va me falloir de la force, cependant, pour d\'e9\loch\f40 couvrir maintenant les traces sensibles qui vont entrer, qui doivent entrer dans le\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 cercle plus large que j\rquote
+\hich\f40 ai dessin\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 , entre les deux bosses de mon front\~!
+\par
+\par }\pard \qr\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Joseph }{\fs28 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ROULETABILLE
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 30 octobre, minuit.
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745265}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XIX\line Rouletabille m\rquote \hich\f40 offre \'e0\loch\f40 \hich\f40 d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 jeuner \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 auberge du \'ab\~\loch\f40 Donjon\~\hich\f40 \'bb{\*\bkmkend _Toc97745265}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ce n\rquote est que plus tard que Rouletabille me remit ce\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 carnet o\'f9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 histoire du ph\'e9\loch\f40 \hich\f40 nom\'e8\loch\f40 \hich\f40 ne de la \'ab\~
+\loch\f40 galerie inexplicable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 retrac\'e9\loch\f40 \hich\f40 e tout au long, par lui, le matin m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me qui suivit cette nuit \'e9\loch\f40
+\hich\f40 nigmatique. Le jour o\'f9\loch\f40 \hich\f40 je le rejoignis au Glandier dans sa chambre, il me raconta, par le plus grand d\'e9\loch\f40 tail, t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ut ce que vous connaissez maintenant, y compris l\rquote emploi de son temps pendant les quelques heures qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait all\'e9\loch\f40 \hich\f40 passer, cette semaine-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40
+\hich\f40 Paris, o\'f9\loch\f40 \hich\f40 , du reste, il ne devait rien apprendre qui le serv\'ee\loch\f40 t.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 \hich\f40 nement de la \'ab\~\loch\f40 galerie inexplicable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ survenu dans la nuit du 29 au 30 octobre, c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 \hich\f40 -dire trois jours avant mon retour au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, puisque nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions le 2 novembre. \'ab\~\loch\f40 C\rquote
+est donc le 2 novembre\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 que je reviens au Glandier, appel\'e9\loch\f40 \hich\f40 par la d\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'ea\loch\f40 che de mon ami et apportant les revolvers.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je suis dans la chambre de Rouletabille\~\hich\f40 ; il vient de terminer son r\'e9\loch\f40 cit.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Pendant qu\rquote il parlait, il n\rquote \hich\f40 avait point cess\'e9\loch\f40 \hich\f40 de caresser la convexit\'e9\loch\f40 des verres du binocle qu\rquote \hich\f40 il avait trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 sur le gu\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 ridon et je comprenais, \'e0\loch\f40 la joie qu\rquote \hich\f40 il prenait \'e0\loch\f40 manipuler\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ces verres de presbyte, que ceux-ci devaient constituer une de ces \'ab\~\loch\f40
+\hich\f40 marques sensibles destin\'e9\loch\f40 \hich\f40 es \'e0\loch\f40 \hich\f40 entrer dans le cercle trac\'e9\loch\f40 par le bon bout de sa raison\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Cette fa\'e7\loch\f40 on bizarre, unique, qu\rquote
+il avait de s\rquote \hich\f40 exprimer en usant de termes merveilleusement ad\'e9\loch\f40 q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ats \'e0\loch\f40 \hich\f40 sa pens\'e9\loch\f40 e ne me surprenait plus\~\hich\f40
+; mais souvent il fallait conna\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre sa pens\'e9\loch\f40 e pour comprendre les termes et ce n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait point toujours facile que de p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 trer la pens
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 e de Joseph Rouletabille. La pens\'e9\loch\f40 \hich\f40 e de cet enfant \'e9\loch\f40 tait une des choses les plus curi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 uses que j\rquote \hich\f40 avais jamais eu \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 observer. Rouletabille se promenait dans la vie avec cette pens\'e9\loch\f40 e sans se douter de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tonnement \endash disons le mot \endash de l\rquote ahurissement qu\rquote \hich\f40
+il rencontrait sur son chemin. Les gens tournaient la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te vers cette pens\'e9\loch\f40 e, la regardaie\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t passer, s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 loigner, comme on s
+\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 te pour consid\'e9\loch\f40 rer plus longtemps une silhouette originale que l\rquote \hich\f40 on a crois\'e9\loch\f40 e sur sa route. Et comme on se dit\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 D\rquote \hich\f40 o\'f9
+\loch\f40 \hich\f40 vient-il, celui-l\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ! O\'f9\loch\f40 va-t-il\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 on se disait\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 D\rquote \hich\f40 o\'f9\loch\f40 \hich\f40 vient la pens\'e9\loch\f40
+e de Joseph Rouletabille e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 o\'f9\loch\f40 va-t-elle\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 J\rquote \hich\f40 ai avou\'e9\loch\f40 qu\rquote \hich\f40
+il ne se doutait point de la couleur originale de sa pens\'e9\loch\f40 e\~\hich\f40 ; aussi ne la g\'ea\loch\f40 \hich\f40 nait-elle nullement pour se promener, comme tout le monde, dans la vie. De m\'ea\loch\f40
+me, un individu qui ne se doute point de sa mise excentrique est-il to\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait \'e0\loch\f40 son aise, quel que soit le milieu qu\rquote il traverse. C\rquote
+\hich\f40 est donc avec une simplicit\'e9\loch\f40 \hich\f40 naturelle que cet enfant, irresponsable de son cerveau supernaturel, exprimait des choses formidables \'ab\~\loch\f40 par leur logique raccourcie\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+, tellement raccourcie que nou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\rquote en pouvions, nous autres, comprendre la forme qu\rquote autant qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 nos yeux \'e9\loch\f40 \hich\f40 merveill\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 s il voulait bien la d\'e9\loch\f40 \hich\f40 tendre et la pr\'e9\loch\f40 senter de face dans sa position normale.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Joseph Rouletabille me demanda ce que je pensais du r\'e9\loch\f40 cit qu\rquote il venait de me faire. Je lui r\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 pondis que sa question m\rquote \hich\f40
+embarrassait fort, \'e0\loch\f40 \hich\f40 quoi il me r\'e9\loch\f40 pliqua d\rquote \hich\f40 essayer, \'e0\loch\f40 mon tour, de prendre ma raison par le bon bout.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Eh bien, fis-je, il me semble que le point de d\'e9\loch\f40 \hich\f40 part de mon raisonnement doit \'ea\loch\f40 tre celui-ci\~: il ne fait point de doute que l\rquote
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 assassin que vous poursuiviez a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 un moment de cette poursuite dans la galerie.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et je m\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 tai\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 En partant si bien, s\rquote \hich\f40 exclama-t-il, vous ne devriez point \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 si t\'f4\loch\f40 t. Voyons, un petit effort.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je vais essayer. Du moment o\'f9\loch\f40 \hich\f40 il \'e9\loch\f40 tait dan\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s la galerie et o\'f9\loch\f40 il en a disparu, alors qu\rquote il n\rquote \hich\f40
+a pu passer ni par une porte ni par une fen\'ea\loch\f40 tre, il faut qu\rquote \hich\f40 il se soit \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapp\'e9\loch\f40 par une autre ouverture.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Joseph Rouletabille me consid\'e9\loch\f40 \hich\f40 ra avec piti\'e9\loch\f40 \hich\f40 , sourit n\'e9\loch\f40 gligemment et n\rquote \hich\f40 h\'e9\loch\f40 \hich\f40 sita pas plus longtemps \'e0\loch\f40 m
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e confier que je raisonnais toujours \'ab\~\loch\f40 comme une savate\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Que dis-je\~? comme une savate\~\hich\f40 ! Vous raisonnez comme Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Car Joseph Rouletabille passait par des p\'e9\loch\f40 riodes alternatives d\rquote \hich\f40 admiration et de d\'e9\loch\f40 \hich\f40 dain pour Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan\~\hich\f40 ; tant
+\'f4\loch\f40 t il\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 criait\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Il est vraiment fort\~!\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ; tant\'f4\loch\f40 \hich\f40 t il g\'e9\loch\f40 missait\~\hich\f40 : \'ab
+\~\loch\f40 Quelle brute\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , selon que \endash et je l\rquote \hich\f40 avais bien remarqu\'e9\loch\f40 \endash \hich\f40 selon que les d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvertes de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ric Larsan venaient corroborer son raisonnement \'e0\loch\f40 lui ou qu\rquote elles le contredisaient. C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 des petits c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 s du noble caract\'e8\loch\f40 \hich\f40 re de cet enfant \'e9\loch\f40 trange.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions lev\'e9\loch\f40 s et il m\rquote \hich\f40 entra\'ee\loch\f40 na dans le parc. Comme nous nous trouvions dans la cour d\rquote \hich\f40
+honneur, nous dirigeant vers la sortie, un bruit de volets rejet\'e9\loch\f40 s contre le mur nous fit tourner la\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te, et nous v\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes au premier \'e9\loch\f40 tage de l
+\rquote \hich\f40 aile gauche du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, une figure \'e9\loch\f40 \hich\f40 carlate et enti\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement ras\'e9\loch\f40 e que je ne connaissais point.
+
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Tiens\~! murmura Rouletabille, Arthur Rance\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il baissa la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te, h\'e2\loch\f40 ta sa marche et je l\rquote entendis qui\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 disait entre ses dents\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait donc cette nuit au ch\'e2\loch\f40 teau\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 Qu\rquote est-il venu y faire\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quand nous f\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes assez \'e9\loch\f40 \hich\f40 loign\'e9\loch\f40 \hich\f40 s du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, je lui demandai qui \'e9\loch\f40 tait cet Arthur Rance et comment il l\rquote
+\hich\f40 avait connu. Alors il me rappela son r\'e9\loch\f40 \hich\f40 cit du matin m\'ea\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 me, me faisant souvenir que M. Arthur-W. Rance \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait cet am\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ricain de Philadelphie avec qui il avait si copieusement trinqu\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la r\'e9\loch\f40 ception de l\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 lys\'e9\loch\f40 e.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Mais ne devait-il point quitter la France presque imm\'e9\loch\f40 diatement\~? demandai-je.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Sans doute\~; aussi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 vous me voyez tout \'e9\loch\f40 \hich\f40 tonn\'e9\loch\f40 de le trouver encore, non seulement en France, mais encore, mais surtout au Glandier. Il n
+\rquote \hich\f40 est point arriv\'e9\loch\f40 ce matin\~; il n\rquote \hich\f40 est point arriv\'e9\loch\f40 cette nuit\~\hich\f40 ; il sera donc arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 avant d\'ee\loch\f40 ner et je ne l\rquote ai point vu. Comment se fait-il
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 que les concierges ne m\rquote aient point averti\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je fis remarquer \'e0\loch\f40 mon ami qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 propos des concierges, il ne m\rquote avait point encore dit comment il s\rquote \hich\f40 y \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tait pris pour les faire remettre en libert\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Nous approchions justement de la loge\~\hich\f40 ; le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re et la m\'e8\loch\f40 re \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Bernier nous regardaient venir. Un bon sourire \'e9\loch\f40 \hich\f40
+clairait leur face prosp\'e8\loch\f40 re. Ils semblaient n\rquote \hich\f40 avoir gard\'e9\loch\f40 \hich\f40 aucun mauvais souvenir de leur d\'e9\loch\f40 \hich\f40 tention pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 ventive. Mon jeune ami leur demanda \'e0\loch\f40
+\hich\f40 quelle heure \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 Arthur Rance. Ils lui r\'e9\loch\f40 pondirent qu\rquote ils \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 gnoraient que M. Arthur Rance f\'fb
+\loch\f40 \hich\f40 t au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau. Il avait d\'fb\loch\f40 s\rquote \hich\f40 y pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 senter dans la soir\'e9\loch\f40 e de la veille, mais ils n\rquote \hich\f40 avaient pas eu \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ lui ouvrir la grille, attendu que M. Arthur Rance, qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait, para\'ee\loch\f40 t-il, un grand marcheur et qui ne voulait point qu\rquote \hich\f40 on all\'e2\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 le chercher en voiture, avait coutume de descendre \'e0\loch\f40 la gare du petit bourg de Saint-Michel\~\hich\f40 ; de l\'e0\loch\f40 , il s\rquote \hich\f40 acheminait \'e0\loch\f40 \hich\f40 travers la for\'ea\loch\f40 t jusqu\rquote
+\hich\f40 au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau. Il arrivait au parc par la grotte de Sainte-Genevi\'e8\loch\f40 ve, descendait dans cette grotte, enjambait un pet\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+t grillage et se trouvait dans le parc.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40 mesure que les concierges parlaient, je voyais le visage de Rouletabille s\rquote \hich\f40 assombrir, manifester un certain m\'e9\loch\f40 \hich\f40 contentement et, \'e0\loch\f40 n\rquote \hich\f40
+en point douter, un m\'e9\loch\f40 \hich\f40 contentement contre lui-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me. \'c9\loch\f40 \hich\f40 videmment, il \'e9\loch\f40 tait un peu ve\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 x\'e9\loch\f40 \hich\f40 que, ayant tant travaill
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 sur place, ayant \'e9\loch\f40 \hich\f40 tudi\'e9\loch\f40 \hich\f40 les \'ea\loch\f40 \hich\f40 tres et les choses du Glandier avec un soin m\'e9\loch\f40 \hich\f40 ticuleux, il en f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t encore \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 apprendre \'ab\~\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 Arthur Rance avait coutume de venir au ch\'e2\loch\f40 teau\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Morose, il demanda des explications.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Vous dites que M.\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Arthur Rance a coutume de venir au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau\'85\loch\f40 \hich\f40 Mais, quand y est-il donc venu pour la derni\'e8\loch\f40
+re fois\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous ne saurions vous dire exactement, r\'e9\loch\f40 pondit M. Bernier \endash c\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait le nom du concierge \endash attendu que nous ne pouvions rien savoir pendant qu
+\rquote on nous te\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nait en prison, et puis parce que, si ce monsieur, quand il vient au ch\'e2\loch\f40 teau, ne passe pas par notre grille, il n\rquote \hich\f40 y passe pas non plus quand il le quitte\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Enfin, savez-vous quand il y est venu }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pour la premi\'e8\loch\f40 re fois\~?
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~\hich\f40 ! oui, monsieur\'85\loch\f40 il y a neuf a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ns\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il est donc venu en France, il y a neuf ans, r\'e9\loch\f40 pondit Rouletabille\~\hich\f40 ; et, cette fois-ci, \'e0\loch\f40 votre connaissance, combien de fois est-il venu au Glandier\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Trois fois.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quand est-il venu au Glandier pour la derni\'e8\loch\f40 \hich\f40 re fois, \'e0\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 votre connaissance\~\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'bb\loch\f40 , avant aujourd\rquote
+hui.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Une huitaine de jours avant l\rquote \hich\f40 attentat de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille demanda encore, cette fois-ci, particuli\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement \'e0\loch\f40 la femme\~:
+\par
+\par }{\i \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Dans la rainure du parquet\~?
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Dans la rainure du parquet, r\'e9\loch\f40 pondit-elle.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Merci, fit Rouletabille, et pr\'e9\loch\f40 parez-vous pour ce soir.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il pronon\'e7\loch\f40 \hich\f40 a cette derni\'e8\loch\f40 \hich\f40 re phrase, un doigt sur la bouche, pour recommander le silence et la discr\'e9\loch\f40 tion.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous sort\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes du parc et nous dirige\'e2\loch\f40 mes vers l\rquote \hich\f40 auberge du \'ab\~\loch\f40 Donjon\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Vous allez quelq\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 uefois manger \'e0\loch\f40 cette auberge\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Quelquefois.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mais vous prenez aussi vos repas au ch\'e2\loch\f40 teau\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Oui, Larsan et moi nous nous faisons servir tant\'f4\loch\f40 t dans l\rquote \hich\f40 une de nos chambres, tant\'f4\loch\f40 t dans l\rquote autre.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Stangerson ne vous a jamais invit\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 sa table\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Jamais.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Votre pr\'e9\loch\f40 sence chez lui ne le lasse pas\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je n\rquote \hich\f40 en sais rien, mais en tout cas il fait comme si nous ne le g\'ea\loch\f40 nions pas.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il ne vous interroge jamais\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Jamais\~\hich\f40 ! Il est rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans cet \'e9\loch\f40 tat d\rquote \hich\f40 esprit du monsieur qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait derri\'e8\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+re la porte de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , pendant qu\rquote \hich\f40 on assassinait sa fille, qui a d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fonc\'e9\loch\f40 la porte et qui n\rquote \hich\f40 a point trouv\'e9\loch\f40 l\rquote
+\hich\f40 assassin. Il est persuad\'e9\loch\f40 que, du moment qu\rquote il n\rquote \hich\f40 a pu, \'ab\~\loch\f40 sur le fait\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , rien d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvrir, nous ne pourrons \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ plus forte raison rien d\'e9\loch\f40 cou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 v\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rir non plus, nous autres\'85\loch\f40 Mais il s\rquote \hich\f40 est fait un devoir, \'ab\~\loch\f40 depuis l\rquote \hich\f40 hypoth\'e8
+\loch\f40 se de Larsan\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , de ne point contrarier nos illusions.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille se replongea dans ses r\'e9\loch\f40 flexions. Il en sortit enfin pour m\rquote \hich\f40 apprendre comment il avait lib\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 les deux concierg
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 es.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Je suis all\'e9\loch\f40 \hich\f40 , derni\'e8\loch\f40 rement, trouver M. Stangerson avec une feuille de papier. Je lui ai dit d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 crire sur cette feuille ces mots\~
+\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Je m\rquote engage, quoi qu\rquote \hich\f40 ils puissent dire, \'e0\loch\f40 \hich\f40 garder \'e0\loch\f40 \hich\f40 mon service mes deux fid\'e8\loch\f40 les serviteurs, Bernier et sa femme\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , et
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 de signer. Je lui expliquai qu\rquote avec cette phrase je serais en mesure de faire parler le concierge et sa femme et je lui affirmai que j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais s\'fb\loch\f40 r qu\rquote ils n
+\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 taient pour rien dans le crime. Ce fut, d\rquote ailleurs, toujours mon opinion. Le juge d\rquote \hich\f40 instruction pr\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 enta cette feuille sign
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 e aux Bernier qui, alors, parl\'e8\loch\f40 rent. Ils dirent ce que j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tais certain qu\rquote \hich\f40 ils diraient, d\'e8\loch\f40 s qu\rquote \hich\f40 on leur enl\'e8\loch\f40 \hich\f40
+verait la crainte de perdre leur place. Ils racont\'e8\loch\f40 rent qu\rquote \hich\f40 ils braconnaient sur les propri\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 s de M. Stangerson et que c\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 ta\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t par un soir de braconnage qu\rquote \hich\f40 ils se trouv\'e8\loch\f40 rent non loin du pavillon au moment du drame. Les quelques lapins qu\rquote \hich\f40 ils acqu\'e9\loch\f40 \hich\f40 raient ainsi, au d\'e9\loch\f40
+\hich\f40 triment de M. Stangerson, \'e9\loch\f40 taient vendus par eux au patron de l\rquote \hich\f40 auberge du \'ab\~\loch\f40 Donjon\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 qui s\rquote en servait pour sa cli\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nt\'e8\loch\f40 \hich\f40 le ou qui les \'e9\loch\f40 coulait sur Paris. C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 , je l\rquote \hich\f40 avais devin\'e9\loch\f40
+\hich\f40 e d\'e8\loch\f40 s le premier jour. Souvenez-vous de cette phrase avec laquelle j\rquote entrai dans l\rquote \hich\f40 auberge du \'ab\~\loch\f40 Donjon\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 : \'ab\~\loch\f40
+Il va falloir manger du saignant maintenant\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Cette phrase, je l\rquote avais \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ntendue le matin m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, quand nous arriv\'e2\loch\f40
+mes devant la grille du parc, et vous l\rquote aviez entendue, vous aussi, mais vous n\rquote \hich\f40 y aviez point attach\'e9\loch\f40 d\rquote importance. Vous savez qu\rquote \hich\f40 au moment o\'f9\loch\f40 \hich\f40
+ nous allions atteindre cette grille, nous nous sommes arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 s \'e0\loch\f40 regarder\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+un instant un homme qui, devant le mur du parc, faisait les cent pas en consultant, \'e0\loch\f40 chaque instant, sa montre. Cet homme, c\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan qui, d
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 , travaillait. Or, derri\'e8\loch\f40 re nous, le patron de l\rquote \hich\f40 auberge sur son seuil disait \'e0\loch\f40 quelqu\rquote un qui se t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ouvait \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 rieur de l\rquote auberge\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Maintenant, il va falloir manger du saignant\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Pourquoi ce \'ab\~\loch\f40 maintenant\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ? Quand on est comme moi \'e0\loch\f40 \hich\f40 la recherche de la plus myst\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieuse v\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 \hich\f40 , on ne laisse rien \'e9\loch\f40 chapper, ni de ce que l\rquote on voit, ni de ce que l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 on entend. Il faut, \'e0\loch\f40
+ toutes choses, trouver un sens. Nous arrivions dans un petit pays qui venait d\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre boulevers\'e9\loch\f40 \hich\f40 par un crime. La logique me conduisait \'e0\loch\f40 \hich\f40 soup\'e7\loch\f40 \hich\f40
+onner toute phrase prononc\'e9\loch\f40 \hich\f40 e comme pouvant se rapporter \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 \hich\f40 nement du jour. \'ab\~\loch\f40 Maintenant\~\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'bb
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , pour moi, signifiait\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Depuis l\rquote attentat.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 D\'e8\loch\f40 \hich\f40 s le d\'e9\loch\f40 \hich\f40 but de mon enqu\'ea\loch\f40 \hich\f40
+te, je cherchai donc \'e0\loch\f40 \hich\f40 trouver une corr\'e9\loch\f40 \hich\f40 lation entre cette phrase et le drame. Nous all\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes d\'e9\loch\f40 \hich\f40 jeuner au \'ab\~\loch\f40 Donjon\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+. Je r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 \hich\f40 tai tout de go la phrase et je vis, \'e0\loch\f40 \hich\f40 la surprise et \'e0\loch\f40 l\rquote en\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ui du p\'e8\loch\f40
+re Mathieu, que je n\rquote \hich\f40 avais pas, quant \'e0\loch\f40 \hich\f40 lui, exag\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 l\rquote importance de cette phrase. J\rquote \hich\f40 avais appris, \'e0\loch\f40 ce moment, l\rquote \hich\f40
+arrestation des concierges. Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Mathieu nous parla de ces gens comme on parle de vrais amis\'85\loch\f40 Que l\rquote \hich\f40 on regrette\'85\loch\f40 Liaison fatale de\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 id\'e9\loch\f40 \hich\f40 es\'85\loch\f40 je me dis\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Maintenant que les concierges sont arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, \'ab\~\loch\f40
+il va falloir manger du saignant.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Plus de concierges, plus de gibier\~\hich\f40 ! Comment ai-je \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 conduit \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e pr\'e9\loch\f40
+\hich\f40 cise de \'ab\~\loch\f40 gibier\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ! La haine exprim\'e9\loch\f40 \hich\f40 e par le p\'e8\loch\f40 re Mathieu pour le garde\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+de M. Stangerson, haine, pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 tendait-il, partag\'e9\loch\f40 \hich\f40 e par les concierges, me mena tout doucement \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e de braconnage\'85\loch\f40 \hich\f40
+ Or, comme, de toute \'e9\loch\f40 \hich\f40 vidence, les concierges ne pouvaient \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre dans leur lit au moment du drame, pourquoi \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient-ils dehors cette nuit-l\'e0\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ?
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Pour le drame\~? Je n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais point dispos\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 le croire, car d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40
+ je pensais, pour des raisons que je vous dirai plus tard, que l\rquote assassin n\rquote \hich\f40 avait pas de complice et que tout ce drame cachait un myst\'e8\loch\f40 re entre Mlle Stangerson et l\rquote \hich\f40 assassin, myst\'e8\loch\f40
+re dans lequ\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l les concierges n\rquote avaient que faire. L\rquote histoire du braconnage expliquait tout, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 relativement aux concierges.}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je l\rquote \hich\f40 admis en principe et je recherchai une preuve chez eux, dans leur loge. Je p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 trai dans leur maisonnette, comme vous le savez, et d\'e9\loch\f40 couvris s
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ous leur lit des lacets et du fil de laiton. \'ab\~\loch\f40 Parbleu\~! pensai-je, parbleu\~\hich\f40 ! voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 bien pourquoi ils \'e9\loch\f40 taient, la nuit, dans le parc.\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 Je ne m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tonnai point qu\rquote ils se fussent tus devant le juge et que, sous le coup d\rquote une aussi grave accusation que celle \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+une complicit\'e9\loch\f40 dans le crime, ils n\rquote \hich\f40 aient point r\'e9\loch\f40 pondu tout de suite en avouant le braconnage. Le braconnage les sauvait de la cour d\rquote \hich\f40 assisses, mais les faisait mettre \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ la porte du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, et, comme ils \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient parfaitement s\'fb\loch\f40 rs de leur innocence sur \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e fait crime, ils esp\'e9\loch\f40
+\hich\f40 raient bien que celle-ci serait vite d\'e9\loch\f40 couverte et que l\rquote \hich\f40 on continuerait \'e0\loch\f40 \hich\f40 ignorer le fait braconnage. Il leur serait toujours loisible de parler \'e0\loch\f40 temps\~\hich\f40
+! Je leur ai fait h\'e2\loch\f40 ter leur confession par l\rquote \hich\f40 engagement sign\'e9\loch\f40 de M. Stangerson\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 que je leur apportais. Ils donn\'e8\loch\f40 \hich\f40
+rent toutes preuves n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessaires, furent mis en libert\'e9\loch\f40 \hich\f40 et con\'e7\loch\f40 \hich\f40 urent pour moi une vive reconnaissance. Pourquoi ne les avais-je point fait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 livrer plus t\'f4
+\loch\f40 t\~? Parce que je n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais point s\'fb\loch\f40 r alors qu\rquote il n\rquote y avait dans leur c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+s que du braconnage. Je voulais les laisser venir, et \'e9\loch\f40 \hich\f40 tudier le terrain. Ma conviction ne devint que plus certaine, \'e0\loch\f40 mesure que les jours s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 coulaient. Au lendemain de la \'ab\~
+\loch\f40 galerie inexplicable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , comme j\rquote \hich\f40 avais besoin de gens d\'e9\loch\f40 \hich\f40 vou\'e9\loch\f40 \hich\f40 s ici, je r\'e9\loch\f40 solus de \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 e les attacher imm\'e9\loch\f40 \hich\f40 diatement en faisant cesser leur captivit\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Et voil\'e0\~\loch\f40 !\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ainsi s\rquote exprima Joseph Rouletabille, et je ne pus que m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tonner encore de la simplicit\'e9\loch\f40 de raisonnement qui l\rquote \hich\f40 avait conduit \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans cette affaire de la complicit\'e9\loch\f40 des con\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 cierges. Certes, l\rquote \hich\f40 affaire \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait minime, mais je pensai \'e0\loch\f40
+\hich\f40 part moi que le jeune homme, un de ces jours, ne manquerait point de nous expliquer, avec la m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me simplicit\'e9\loch\f40 \hich\f40 , la formidable nuit de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40
+ et celle de la \'ab\~\loch\f40 galerie inexplicable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Nous \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 s \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 auberge du \'ab\~\loch\f40 Donjon\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Nous entr\'e2\loch\f40
+mes.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Cette fois, nous ne v\'ee\loch\f40 mes point l\rquote \hich\f40 h\'f4\loch\f40 te, mais ce fut l\rquote \hich\f40 h\'f4\loch\f40 tesse qui nous accueillit avec un bon sourire heureux. J\rquote \hich\f40 ai d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 crit la salle o\'f9\loch\f40 nous nous trouvions, et j\rquote \hich\f40 ai donn\'e9\loch\f40 \hich\f40 un aper\'e7\loch\f40 u de la charman\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+te femme blonde aux yeux doux qui se mit imm\'e9\loch\f40 \hich\f40 diatement \'e0\loch\f40 \hich\f40 notre disposition pour le d\'e9\loch\f40 jeuner.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Comment va le p\'e8\loch\f40 re Mathieu\~? demanda Rouletabille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Gu\'e8\loch\f40 \hich\f40 re mieux, monsieur, gu\'e8\loch\f40 re mieux\~; il est toujours au lit.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ses rhumatismes ne le quittent donc pas\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Eh non\~! J\rquote \hich\f40 ai encore \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 oblig\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, la nuit derni\'e8\loch\f40 \hich\f40 re, de lui faire une piq\'fb\loch\f40 re de morphine. Il n
+\rquote \hich\f40 y a que cette drogue-l\'e0\loch\f40 qui calme ses douleurs.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Elle parlait d\rquote une voix douce\~; tout, en elle, exprimait la douceur. C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait vraiment une belle femme, un pe\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 u indolente, aux grands yeux cern\'e9
+\loch\f40 s, des yeux d\rquote \hich\f40 amoureuse. Le p\'e8\loch\f40 re Mathieu, quand il n\rquote \hich\f40 avait pas de rhumatismes, devait \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre un heureux gaillard. Mais elle, \'e9\loch\f40
+tait-elle heureuse avec ce rhumatisant bourru\~\hich\f40 ? La sc\'e8\loch\f40 \hich\f40 ne \'e0\loch\f40 \hich\f40 laquelle nous avions pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 c\'e9\loch\f40 demment assi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 t\'e9\loch\f40 ne pouvait nous le faire croire, et cependant, il y avait, dans toute l\rquote \hich\f40 attitude de cette femme, quelque chose qui ne d\'e9\loch\f40 \hich\f40 notait point le d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+sespoir. Elle disparut dans sa cuisine pour pr\'e9\loch\f40 parer notre repas, nous laissant sur la table une bouteille d\rquote excel\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ent cidre. Rouletabille nous en versa dans des bols, bourra sa pipe, l\rquote alluma, et, tranquillement, m\rquote expliqua enfin la raison qui l\rquote \hich\f40 avait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 termin\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40
+ me faire venir au Glandier avec des revolvers.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Oui, dit-il, en suivant d\rquote \hich\f40 un \'9c\loch\f40 il contemplatif les volute\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s de la fum\'e9\loch\f40 e qu\rquote il tirait de sa bouffarde, oui, cher ami, }{
+\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 j\rquote attends, ce soir, l\rquote assassin.\~\hich\f40 \'bb
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il y eut un petit silence que je n\rquote eus garde d\rquote interrompre, et il reprit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Hier soir, au moment o\'f9\loch\f40 j\rquote \hich\f40 allais me mettre au lit, M. Robert Darzac frappa \'e0\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 la porte de ma chambre. Je lui ouvris, et il me confia qu
+\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait dans la n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessit\'e9\loch\f40 de se rendre, le lendemain matin, c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 \hich\f40 -dire ce matin m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ Paris. La raison qui le d\'e9\loch\f40 \hich\f40 terminait \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce voyage \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fois p\'e9\loch\f40 \hich\f40 remptoire et myst\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieuse, p\'e9\loch\f40
+remptoire p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 isqu\rquote \hich\f40 il lui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait impossible de ne pas faire ce voyage, et myst\'e9\loch\f40 rieuse puisqu\rquote \hich\f40 il lui \'e9\loch\f40
+tait aussi impossible de m\rquote \hich\f40 en d\'e9\loch\f40 voiler le but.\~\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Je pars, et cependant, ajouta-t-il, je donnerais la moiti\'e9\loch\f40 de ma vie pour ne pas quitter en ce moment Mlle Stangerson.\~
+\hich\f40 \'bb\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il ne me cacha point qu\rquote il la croyait encore une fois en danger.\~\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Il surviendrait quelque chose la nuit prochaine que je ne m\rquote \hich\f40 en
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 tonnerais gu\'e8\loch\f40 re, avoua-t-il, et cependant il faut que je m\rquote \hich\f40 absente. Je ne pourrai \'ea\loch\f40 tre de retour au Glandier qu\rquote \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 s-demain\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 matin.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\loch\f40 Je lui demandai des explications, et voici tout ce qu\rquote il m\rquote \hich\f40 expliqua. Cette id\'e9\loch\f40 e d\rquote \hich\f40 un danger pressant lui venait uniquement de la co\'ef\loch\f40 \hich\f40
+ncidence qui existait entre ses absences et les attentats dont Mlle Stangerson \'e9\loch\f40 tait l\rquote \hich\f40 objet. La nuit de la \'ab\~\loch\f40 ga\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 lerie inexplicable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , il avait d
+\'fb\loch\f40 quitter le Glandier\~\hich\f40 ; la nuit de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , il n\rquote \hich\f40 aurait pu \'ea\loch\f40 tre au Glandier et, de fait, nous savons qu\rquote il n\rquote \hich\f40 y \'e9\loch\f40
+tait pas. Du moins nous le savons officiellement, d\rquote \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s ses d\'e9\loch\f40 \hich\f40 clarations. Pour que, charg\'e9\loch\f40 d\rquote une i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9
+\loch\f40 e pareille, il s\rquote \hich\f40 absent\'e2\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 nouveau aujourd\rquote hui, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 il fallait qu\rquote il}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ob\'e9\'ee\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 \hich\f40 une volont\'e9\loch\f40 plus forte que la sienne.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est ce que je pensais et c\rquote \hich\f40 est ce que je lui dis. Il me r\'e9\loch\f40 pondit\~\hich\f40
+: \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Peut-\'ea\loch\f40 tre\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Je demandai si cette volont\'e9\loch\f40 \hich\f40 plus forte que la sienne \'e9\loch\f40 ta\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 it celle de Mlle Stangerson\~\hich\f40
+; il me jura que non et que la d\'e9\loch\f40 \hich\f40 cision de son d\'e9\loch\f40 \hich\f40 part avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 prise par lui, en dehors de toute instruction de Mlle Stangerson. Bref, il me r\'e9\loch\f40
+\hich\f40 p\'e9\loch\f40 ta qu\rquote \hich\f40 il ne croyait \'e0\loch\f40 \hich\f40 la possibilit\'e9\loch\f40 d\rquote un nouvel attentat qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 cause de cette ext\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 aordinaire co\'ef\loch\f40 ncidence qu\rquote \hich\f40 il avait remarqu\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'ab\~\loch\f40 et que le juge d\rquote instruction, du reste, lui avait fait remarquer\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\hich\f40 . \'ab\~\loch\f40 S\rquote \hich\f40 il arrivait quelque chose \'e0\loch\f40 Mlle Stangerson, dit-il, ce serait terrible et pour elle et pour moi\~; pour elle, qui sera une fois de plus \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ntre la vie et la mort\~\hich\f40 ; pour moi, qui ne pourrai la d\'e9\loch\f40 fendre en cas d\rquote \hich\f40 attaque et qui serai ensuite dans la n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessit\'e9\loch\f40 de ne point dire }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 o\'f9\loch\f40 j\rquote \hich\f40 ai pass\'e9\loch\f40 la nuit.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Or, je me rends parfaitement compte des soup\'e7\loch\f40 \hich\f40 ons qui p\'e8\loch\f40
+sent sur moi. Le juge d\rquote instruction et M. F\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan \endash ce dernier m\rquote \hich\f40 a suivi \'e0\loch\f40 \hich\f40 la piste, la derni\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re fois que je me suis rendu \'e0\loch\f40 Paris, et j\rquote \hich\f40 ai eu toutes les peines du monde \'e0\loch\f40 m\rquote \hich\f40 en d\'e9\loch\f40 barrasser \endash ne sont pas loin de me croire coupable.\~\endash \~Que ne dites-vous, m
+\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 criai-je tout \'e0\loch\f40 coup, le nom de l\rquote a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 sassin, puisque vous le connaissez\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac parut extr
+\'ea\loch\f40 \hich\f40 mement troubl\'e9\loch\f40 \hich\f40 de mon exclamation. Il me r\'e9\loch\f40 pliqua, d\rquote \hich\f40 une voix h\'e9\loch\f40 sitante\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Moi\~! Je connais le nom de l\rquote assassin\~? Qui me l
+\rquote aurait appris\~\hich\f40 ?\'bb\loch\f40 \hich\f40 Je repartis aussit\'f4\loch\f40 t\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Mlle Stangerson\~\hich\f40 !\'bb\loch\f40 Alors, il\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+devint tellement p\'e2\loch\f40 le que je crus qu\rquote il allait se trouver mal, et je vis que j\rquote \hich\f40 avais frapp\'e9\loch\f40 juste\~: }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mlle Stangerson}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 et lui savent le nom de l\rquote assassin\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Quand il fut un peu remis, il me dit\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Je vais vous quitter, monsieur. Depuis que vous \'ea\loch\f40 tes ici, j
+\rquote ai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pu appr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cier votre exceptionnelle intelligence et votre ing\'e9\loch\f40 \hich\f40 niosit\'e9\loch\f40 \hich\f40 sans \'e9\loch\f40 \hich\f40 gale. Voici le service que je r\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 clame de vous. Peut-\'ea\loch\f40 tre ai-je tort de craindre un attentat la nuit prochaine\~\hich\f40 ; mais, comme il faut tout pr\'e9\loch\f40 voir, je compte sur vous pour rendre cet\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 attentat impossible\'85\loch\f40 Prenez toutes dispositions qu\rquote il faudra pour isoler, pour garder Mlle Stangerson. Faites qu\rquote
+on ne puisse entrer dans la chambre de Mlle Stangerson. Veillez autour de cette chambre comme un bon chien de garde. Ne dormez pas. Ne vous ac\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ordez point une seconde de repos. L\rquote
+homme que nous redoutons est d\rquote une astuce prodigieuse, qui n\rquote \hich\f40 a peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre encore jamais \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 gal\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e au monde. Cette astuce m\'ea\loch\f40 me }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 la sauvera si vous veillez}{\~}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ; car il est impossible qu\rquote \hich\f40 il ne sache point que vous veillez, \'e0\loch\f40 ca
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 use de cette astuce m\'ea\loch\f40 me\~; et, s\rquote il sait que vous veillez, il ne tentera rien. \endash \~\hich\f40 Avez-vous parl\'e9\loch\f40 \hich\f40 de ces choses \'e0\loch\f40 M. Stangerson\~?\~\endash
+\~Non\~!\~\endash \~Pourquoi\~?\~\endash \~Parce que je ne veux point, monsieur, que M. Stangerson me dise ce que vous m\rquote \hich\f40 avez dit tout \'e0\loch\f40 l\rquote heure\~:\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+Vous connaissez le nom de l\rquote assassin\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Si, vous, vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes \'e9\loch\f40 \hich\f40 tonn\'e9\loch\f40 de ce que je viens vous dire\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 L\rquote \hich\f40
+assassin va peut-\'ea\loch\f40 tre venir demain\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , quel serait l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tonnement de M. Stangerson, si je lui r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 \hich\f40 tais la m\'ea\loch\f40 me chose\~
+! Il n\rquote \hich\f40 admettra peut-\'ea\loch\f40 tre point que \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 on sinistre pronostic ne soit bas\'e9\loch\f40 \hich\f40 que sur des co\'ef\loch\f40 ncidences qu\rquote \hich\f40
+il finirait, sans doute, lui aussi, par trouver \'e9\loch\f40 \hich\f40 tranges\'85\loch\f40 Je vous dis tout cela, monsieur Rouletabille, parce que j\rquote \hich\f40 ai une grande\'85\loch\f40 \hich\f40 une grande confiance en vous\'85\loch\f40
+ Je sais que, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 vous}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , vous ne me so\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 up\'e7\loch\f40 onnez pas\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb\loch\f40
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Le pauvre homme, continua Rouletabille, me r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondait comme il pouvait, \'e0\loch\f40 \hich\f40 hue et \'e0\loch\f40 dia. Il souffrait. J\rquote \hich\f40 eus piti\'e9
+\loch\f40 de lui, d\rquote autant plus que je me rendais parfaitement compte qu\rquote \hich\f40 il se ferait tuer plut\'f4\loch\f40 \hich\f40 t que de me dire qui \'e9\loch\f40 tait l\rquote assas\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+sin comme Mlle Stangerson se fera plut\'f4\loch\f40 \hich\f40 t assassiner que de d\'e9\loch\f40 noncer l\rquote \hich\f40 homme de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 et de la \'ab\~\loch\f40 galerie inexplicable\~\hich\f40
+\'bb\loch\f40 . L\rquote homme doit la tenir, ou doit les tenir tous deux, d\rquote \hich\f40 une mani\'e8\loch\f40 \hich\f40 re terrible, \'ab\~\loch\f40 et ils ne doivent rien tant redouter que de \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 v
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 oir M. Stangerson apprendre que sa fille est \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 tenue \'ab\~\loch\f40 par son assassin.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Je fis comprendre \'e0\loch\f40 M. Darzac qu\rquote il s\rquote
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait suffisamment expliqu\'e9\loch\f40 et qu\rquote il pouvait se taire puisqu\rquote il ne pouvait plus rien m\rquote apprendre. Je lui promis de veiller et de ne me point c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ucher de la nuit. Il insista pour que j\rquote \hich\f40 organisasse une v\'e9\loch\f40 \hich\f40 ritable barri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re infranchissable autour de la chambre de Mlle Stangerson, autour du boudoir o\'f9
+\loch\f40 \hich\f40 couchaient les deux gardes et autour du salon o\'f9\loch\f40 \hich\f40 couchait, depuis la \'ab\~\loch\f40 galerie inexplicable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , M. Stan\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 g\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 erson\~
+; bref, autour de tout l\rquote \hich\f40 appartement. Non seulement je compris, \'e0\loch\f40 cette insistance, que M. Darzac me demandait de rendre impossible l\rquote \hich\f40 arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ la chambre de Mlle Stangerson, mais encore de rendre cette arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 e si \'ab\~\loch\f40 visiblement\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 impossible, que l\rquote h\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 mme f\'fb
+\loch\f40 \hich\f40 t rebut\'e9\loch\f40 \hich\f40 tout de suite et dispar\'fb\loch\f40 t sans laisser de trace. C\rquote est ainsi que j\rquote \hich\f40 expliquai, \'e0\loch\f40 part moi, la phrase finale dont il me salua\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40
+\hich\f40 Quand je serai parti, vous pourrez parler de \'ab\~\loch\f40 vos\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 soup\'e7\loch\f40 \hich\f40 ons pour cette nuit \'e0\loch\f40 \hich\f40 M. Stangerson, au p\'e8\loch\f40 re Jacques,
+\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e0\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, \'e0\loch\f40 \hich\f40 tout le monde au ch\'e2\loch\f40 teau et organiser ainsi, jusqu\rquote \hich\f40 \'e0
+\loch\f40 mon retour, une surveillance dont, aux yeux de tous, vous aurez eu seul l\rquote \hich\f40 id\'e9\loch\f40 e.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Il s\rquote \hich\f40 en alla, le pauvre, le pauvre homme, ne sachant plus gu\'e8\loch\f40 re ce qu\rquote il disait, devant mon silen\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ce et mes yeux qui lui \'ab\~
+\loch\f40 criaient\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 que j\rquote \hich\f40 avais devin\'e9\loch\f40 \hich\f40 les trois quarts de son secret. Oui, oui, vraiment, il devait \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+sempar\'e9\loch\f40 \hich\f40 pour \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre venu \'e0\loch\f40 \hich\f40 moi dans un moment pareil et pour abandonner Mlle Stangerson, quand il avait dans la t\'ea\loch\f40 te cett\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e terrible de la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 co\'ef\loch\f40 \hich\f40 ncidence\'85\~\'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Quand il fut parti, je r\'e9\loch\f40 \hich\f40 fl\'e9\loch\f40 \hich\f40 chis. Je r\'e9\loch\f40 \hich\f40 fl\'e9\loch\f40 \hich\f40 chis \'e0\loch\f40 ceci, qu\rquote \hich\f40 il fallait \'ea
+\loch\f40 tre plus astucieux que l\rquote \hich\f40 astuce m\'ea\loch\f40 me, de telle sorte que l\rquote homme, s\rquote \hich\f40 il devait aller, cette nuit, dans la chambre de Mlle Stangerson, ne se dout\'e2\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ point une seconde qu\rquote \hich\f40 on pouvait soup\'e7\loch\f40 onner sa venue. Certes\~! l\rquote \hich\f40 emp\'ea\loch\f40 \hich\f40 cher de p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 trer, m\'ea\loch\f40
+me par la mort, mais le laisser avancer suffisamment pour que, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 mort ou vivant, on p\'fb\loch\f40 t}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 voir nettement sa figure\~!}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Car il fallait en finir, il }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 fallait lib\'e9\loch\f40 rer Mlle S\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 tangerson de cet assassinat latent\~!
+\par }{
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Oui, mon ami, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 clara Rouletabille, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir pos\'e9\loch\f40 \hich\f40 sa pipe sur la table et vid\'e9\loch\f40 son verre, il faut que je voie, d
+\rquote \hich\f40 une fa\'e7\loch\f40 on bien distincte, sa figure, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 histoire d\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre s\'fb\loch\f40 r qu\rquote elle entre dans le cercle que j\rquote \hich\f40 ai trac\'e9
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 avec le bon bout de ma raison.\~\hich\f40 \'bb}{
+\par
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40 ce moment, apportant l\rquote omelette au lard traditionnelle, l\rquote \hich\f40 h\'f4\loch\f40 \hich\f40 tesse fit sa r\'e9\loch\f40 apparition. Rouletabille lutina un peu Mme\~
+Mathieu et celle-ci se montra de l\rquote humeur la plus charmante.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Elle est beaucoup plus gaie, me dit-i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 l, quand le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Mathieu est clou\'e9\loch\f40 \hich\f40 au lit par ses rhumatismes que lorsque le p\'e8
+\loch\f40 re Mathieu est ingambe\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais je n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tais ni aux jeux de Rouletabille, ni aux sourires de l\rquote \hich\f40 h\'f4\loch\f40 tesse\~; j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais tout entier aux derni\'e8\loch\f40
+\hich\f40 res paroles de mon jeune ami et \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 trange\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 marche de M. Robert Darzac.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quand il eut fini son omelette et que nous f\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes seuls \'e0\loch\f40 nouveau, Rouletabille reprit le cours de ses confidences\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Quand je vous ai envoy\'e9\loch\f40 \hich\f40 ma d\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'ea\loch\f40 \hich\f40 che ce matin, \'e0\loch\f40 \hich\f40 la premi\'e8\loch\f40 re heure, j\rquote \hich\f40 en \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tais rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 , me dit-il, \'e0\loch\f40 la parol\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e de M. Darzac\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 L\rquote assassin viendra \lquote \rquote \hich\f40 peut-\'ea\loch\f40 tre\rquote \rquote
+ la nuit prochaine.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Maintenant, je peux vous dire qu\rquote \hich\f40 il viendra \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 s\'fb\loch\f40 rement\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . Oui, je l\rquote attends.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et qu\rquote \hich\f40 est-ce qui vous a donn\'e9\loch\f40 cette certitude\~\hich\f40 ? Ne serait-ce point par hasard\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Taisez-vous, m\rquote interr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ompit en souriant Rouletabille, taisez-vous, vous allez dire une b\'ea\loch\f40 \hich\f40 tise. Je suis s\'fb\loch\f40 r que l\rquote
+assassin viendra }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 depuis ce matin, dix heures et demie}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 \hich\f40 -dire avant votre arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, et par cons\'e9\loch\f40 quent }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 avant que nous n\rquote \hich\f40 ayons aper\'e7\loch\f40 \hich\f40 u Arthur Rance \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 tre de\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 la cour d\rquote \hich\f40 honneur\'85}{
+\par
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~! ah\~\hich\f40 ! fis-je\'85\loch\f40 \hich\f40 vraiment\'85\loch\f40 \hich\f40 mais encore, pourquoi en \'e9\loch\f40 \hich\f40 tiez-vous s\'fb\loch\f40 \hich\f40 r d\'e8\loch\f40 s dix heures et demie\~?
+
+\par
+\par {\listtext\pard\plain\fs32\lang1036\cgrid \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'96\tab}}\pard \qj\fi-360\li927\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\jclisttab\tx927\ls18\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Parce que, \'e0\loch\f40
+ dix heures et demie, j\rquote ai eu la preuve que Mlle Stangerson faisait autant d\rquote \hich\f40 efforts pour permettre \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 assassin de p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+trer dans sa chambre, cette nuit, que M. Robert Darzac avait pris, en s\rquote \hich\f40 adressant \'e0\loch\f40 \hich\f40 moi, de pr\'e9\loch\f40 cautions pour qu\rquote il n\rquote \hich\f40 y entr\'e2\loch\f40 \hich\f40 t pas\'85
+\par {\listtext\pard\plain\fs32\lang1036\cgrid \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'96\tab}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~! oh\~! m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 criai-je, est-ce bien possible\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et plus bas\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ne m\rquote avez-vous pas dit que Mlle Stangerson adorait M. R\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 obert Darzac\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je vous l\rquote ai dit parce que c\rquote \hich\f40 est la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\~\loch\f40 !
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Alors, vous ne trouvez pas bizarre\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Tout est bizarre, dans cette affaire, mon ami, mais croyez bien que le bizarre que vous, vous connaissez n\rquote \hich\f40 est rien \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40
+ du bizarre qui vous attend\~!\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il faudrait admettre, dis-je encore, que Mlle Stangerson \'ab\~\loch\f40 et son assassin\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 aient entre eux des relations au moins \'e9\loch\f40 pistolaires\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Admettez-le\~! mon ami, admettez-le\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Vous ne risquez rien\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Je vous ai rapport\'e9\loch\f40 l\rquote histoire de la lettre sur la t
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 able de Mlle Stangerson, lettre laiss\'e9\loch\f40 e par l\rquote \hich\f40 assassin la nuit de la \'ab\~\loch\f40 galerie inexplicable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , lettre disparue\'85\loch\f40 \hich\f40
+ dans la poche de Mlle Stangerson\'85\loch\f40 \hich\f40 Qui pourrait pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 tendre que, \'ab\~\loch\f40 dans cette lettre, l\rquote assassin ne sommait pas Mlle Stangerson de lui donner un p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ochain rendez-vous effectif\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , et enfin qu\rquote il n\rquote \hich\f40 a pas fait savoir \'e0\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 aussit\'f4\loch\f40 t qu\rquote \hich\f40
+il a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 s\'fb\loch\f40 \hich\f40 r du d\'e9\loch\f40 part de M. Darzac\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , que ce rendez-vous devait \'ea\loch\f40 tre pour la nuit qui vient\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et mon ami ricana silencieusement. Il y avait des moments o\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'f9\loch\f40 je me demandais s\rquote \hich\f40 il ne se payait point ma t\'ea\loch\f40 te.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 La porte de l\rquote auberge s\rquote ouvrit. Rouletabille fut debout, si subitement, qu\rquote \hich\f40 on e\'fb\loch\f40 t pu croire qu\rquote \hich\f40 il venait de subir sur son si\'e8\loch\f40 \hich\f40 ge une d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 charge \'e9\loch\f40 lectrique.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Mr Arthur Rance\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 cria-t-il.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. Arthur Ran\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ce \'e9\loch\f40 tait devant nous, et, flegmatiquement, saluait.
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745266}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XX\line Un geste de Mlle Stangerson{\*\bkmkend _Toc97745266}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Vous me reconnaissez, monsieur\~? demanda Rouletabille au gentleman.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Parfaitement, r\'e9\loch\f40 pondit Arthur Rance. J\rquote \hich\f40 ai reconnu en vous le petit gar\'e7\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 on du buffet. (Visage cramoisi de col\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re de Rouletabille \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce titre de petit gar\'e7\loch\f40 \hich\f40 on.) Et je suis descendu de ma chambre pour venir vous serrer la main. Vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes un joyeux petit gar\'e7\loch\f40 on.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Main tendue de l\rquote \hich\f40 am\'e9\loch\f40 ricain\~\hich\f40 ; Rouletabille se d\'e9\loch\f40 ride, serre la main \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 en riant, me pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sente, pr\'e9\loch\f40
+sente Mr Arthur-William Rance, l\rquote \hich\f40 invite \'e0\loch\f40 partager notre repas.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Non, merci. Je d\'e9\loch\f40 jeune avec M. Stangerson.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Arthur Rance parle parfaitement notre langue, presque sans accent.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Je croyais, monsieur, ne plus avoir le plaisir \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 de vous revoir\~\hich\f40 ; ne deviez-vous pas quitter notre pays le lendemain ou le surlendemain de la r\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ception \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 lys\'e9\loch\f40 e\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille et moi, en apparence indiff\'e9\loch\f40 \hich\f40 rents \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette conversation de rencontre, pr\'ea\loch\f40 \hich\f40 tons une oreille fort attentive \'e0\loch\f40
+ chaque parole de l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Am\'e9\loch\f40 ricain.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La face rose violac\'e9\loch\f40 e de l\rquote \hich\f40 homme, ses paupi\'e8\loch\f40 \hich\f40 res lourdes, certains tics nerveux, tout d\'e9\loch\f40 montre, tout prouve l\rquote
+alcoolique. Comment ce triste individu est-il le commensal de M. Stangerson\~\hich\f40 ? Comment peut-il \'ea\loch\f40 tre intime avec l\rquote illustre professeur\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je devais apprendre, quelques jours plus tard, de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan \endash \hich\f40 lequel avait, comme nous, \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 surpris et intrigu
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 par la pr\'e9\loch\f40 sence de l\rquote \hich\f40 Am\'e9\loch\f40 \hich\f40 ricain au ch\'e2\loch\f40 teau, et s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait document\'e9\loch\f40 \endash que M. Rance n\rquote \hich\f40 \'e9
+\loch\f40 tait devenu alcoolique que depuis une quinzaine d\rquote \hich\f40 ann\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 es, c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 \hich\f40 -dire depuis le d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+part de Philadelphie du professeur et de sa fille. \'c0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 poque o\'f9\loch\f40 les Stangerson habitaient l\rquote \hich\f40 Am\'e9\loch\f40 \hich\f40 rique, ils avaient connu et beaucoup fr\'e9\loch\f40
+\hich\f40 quent\'e9\loch\f40 \hich\f40 Arthur Rance, qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait un des phr\'e9\loch\f40 \hich\f40 nologues les plus distingu\'e9\loch\f40 s du Nouveau Monde. I\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ avait su, gr\'e2\loch\f40 \hich\f40 ce \'e0\loch\f40 \hich\f40 des exp\'e9\loch\f40 \hich\f40 riences nouvelles et ing\'e9\loch\f40 \hich\f40 nieuses, faire franchir un pas immense \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ la science de Gall et de Lavater. Enfin, il faut retenir \'e0\loch\f40 l\rquote actif d\rquote Arthur Rance et pour l\rquote \hich\f40 explication de cette intimit\'e9\loch\f40 \hich\f40 avec laquelle il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait re\'e7\loch\f40
+u au Glandier,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 que le savant am\'e9\loch\f40 \hich\f40 ricain avait rendu un jour un grand service \'e0\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson, en arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 tant, au p\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 ril de sa vie, les chevaux emball\'e9\loch\f40 \hich\f40 s de sa voiture. Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait m\'ea\loch\f40 me probable qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la suite de cet \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40
+\hich\f40 nement une certaine amiti\'e9\loch\f40 \hich\f40 avait li\'e9\loch\f40 \hich\f40 momentan\'e9\loch\f40 ment Arthur R\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nce et la fille du professeur\~
+; mais rien ne faisait supposer, dans tout ceci, la moindre histoire d\rquote amour.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 O\'f9\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan avait-il puis\'e9\loch\f40 ses renseignements\~? Il ne me le dit point\~\hich\f40 ; mais il paraissait \'e0\loch\f40
+\hich\f40 peu pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s s\'fb\loch\f40 r de ce qu\rquote \hich\f40 il avan\'e7\loch\f40 ait.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Si, au mome\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nt o\'f9\loch\f40 \hich\f40 Arthur Rance nous vint rejoindre \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 auberge du \'ab\~\loch\f40 Donjon\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+, nous avions connu ces d\'e9\loch\f40 \hich\f40 tails, il est probable que sa pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sence au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau nous e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t moins intrigu\'e9\loch\f40 s, mais ils n\rquote \hich\f40
+auraient fait, en tout cas, \'ab\~\loch\f40 qu\rquote augmenter l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'ea\loch\f40 t\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 que nous portions \'e0\loch\f40 ce \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ouveau personnage. L\rquote \hich\f40 am\'e9\loch\f40 \hich\f40 ricain devait avoir dans les quarante-cinq ans. Il r\'e9\loch\f40 pondit d\rquote \hich\f40 une fa\'e7\loch\f40 \hich\f40 on tr\'e8\loch\f40 \hich\f40
+s naturelle \'e0\loch\f40 la question de Rouletabille\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Quand j\rquote ai appris l\rquote attentat, j\rquote \hich\f40 ai retard\'e9\loch\f40 \hich\f40 mon retour en Am\'e9\loch\f40 rique\~; je voulais m\rquote assurer, avant de partir, que
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mlle Stangerson n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait point mortellement atteinte, et je ne m\rquote en irai que lorsqu\rquote \hich\f40 elle sera tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait r\'e9\loch\f40 tablie.\~\hich\f40 \'bb
+
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Arthur Rance prit alors la direction de la conversation, \'e9\loch\f40 \hich\f40 vitant de r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondre \'e0\loch\f40 certaines questions de Rouletabille, nous faisant part, sa
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ns que nous l\rquote \hich\f40 y invitions, de ses id\'e9\loch\f40 \hich\f40 es personnelles sur le drame, id\'e9\loch\f40 es qui n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient point \'e9\loch\f40 \hich\f40 loign\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 es, \'e0\loch\f40 ce que j\rquote \hich\f40 ai pu comprendre, des id\'e9\loch\f40 \hich\f40 es de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan lui-m\'ea\loch\f40 me, c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 -dire que l
+\rquote \hich\f40 Am\'e9\loch\f40 \hich\f40 ricain pensait, lui aussi, que M. Robert Darzac \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 devait \'ea\loch\f40 tre\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pour quelque chose dans l\rquote affaire\~\hich\f40
+\'bb\loch\f40 \hich\f40 . Il ne le nomma point, mais il ne fallait point \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre grand clerc pour saisir ce qui \'e9\loch\f40 tait au fond de son argumentation. Il nous dit qu\rquote \hich\f40
+il connaissait les efforts faits par le jeune Rouletabille pour arriver \'e0\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 m\'ea\loch\f40 ler l\rquote \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 cheveau embrouill\'e9\loch\f40
+\hich\f40 du drame de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 . Il nous rapporta que M. Stangerson l\rquote \hich\f40 avait mis au courant des \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 nements qui s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+taient d\'e9\loch\f40 \hich\f40 roul\'e9\loch\f40 \hich\f40 s dans la \'ab\~\loch\f40 galerie inexplicable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . On devinait, en \'e9\loch\f40 coutant Arthur Rance, qu\rquote il expliquait tout par Robert Da
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 zac. \'c0\loch\f40 \hich\f40 plusieurs reprises, il regretta que M. Darzac f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 justement absent du ch\'e2\loch\f40 teau\~\hich\f40
+\'bb\loch\f40 quand il s\rquote y passait d\rquote \hich\f40 aussi myst\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieux drames, et nous s\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes ce que parler veut dire. Enfin, il \'e9\loch\f40 \hich\f40 mit cette opinion que M. Darzac avait \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s bien inspir\'e9\loch\f40 \hich\f40 , tr\'e8\loch\f40 s \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 h\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 abile\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\hich\f40 , en installant lui-m\'ea\loch\f40 me sur les lieux M. Joseph Rouletabille, qui ne manquerait point \endash un jour ou l\rquote autre \endash \hich\f40 de d\'e9\loch\f40 couvrir l\rquote \hich\f40 assassin. Il pronon\'e7\loch\f40 \hich\f40
+a cette derni\'e8\loch\f40 re phrase avec une ironie visible, se leva, nous salua, et sortit.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille, \'e0\loch\f40 traver\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s la fen\'ea\loch\f40 tre, le regarda s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 loigner et dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Dr\'f4\loch\f40 le de corps\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je lui demandai\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Croyez-vous qu\rquote il passera la nuit au Glandier\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40 \hich\f40 ma stup\'e9\loch\f40 \hich\f40 faction, le jeune reporter r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondit \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 que cela lui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait indiff
+\'e9\loch\f40 rent\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je passerai sur l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 emploi de notre apr\'e8\loch\f40 s-midi. Qu\rquote \hich\f40 il vous suffise de savoir que nous all\'e2\loch\f40 \hich\f40
+mes nous promener dans les bois, que Rouletabille me conduisit \'e0\loch\f40 \hich\f40 la grotte de Sainte-Genevi\'e8\loch\f40 ve et que, tout ce temps, mon ami affecta de me parler de toute autre chose que de ce qui le \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 occupait. Ainsi le soir arriva. J\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais tout \'e9\loch\f40 \hich\f40 tonn\'e9\loch\f40
+ de voir le reporter ne prendre aucune de ces dispositions auxquelles je m\rquote \hich\f40 attendais. Je lui en fis la remarque, quand, la nuit venue, nous nous trouv\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes dans sa chambre. Il me r\'e9\loch\f40 pondit que toutes ses
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ispositions \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 prises et que l\rquote \hich\f40 assassin ne pouvait, cette fois, lui \'e9\loch\f40 chapper. Comme j
+\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 mettais quelque doute, lui rappelant la disparition de l\rquote \hich\f40 homme dans la galerie, et faisant entendre que le m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me fait pourrait se renouveler, il r\'e9\loch\f40 pliqua\~\hich\f40 : \'ab
+\~\loch\f40 Q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 il l\rquote \hich\f40 esp\'e9\loch\f40 rait bien, et que c\rquote est tout ce qu\rquote \hich\f40 il d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sirait cette nuit-l\'e0\loch\f40 .\~\hich\f40
+\'bb\loch\f40 Je n\rquote \hich\f40 insistai point, sachant par exp\'e9\loch\f40 \hich\f40 rience combien mon insistance e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 vaine et d\'e9\loch\f40 \hich\f40 plac\'e9\loch\f40
+e. Il me confia que, depuis le commencement du jour, par son soin et ceux des concierges, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait surveill\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ de telle sorte que personne ne p\'fb\loch\f40 t en approcher sans qu\rquote \hich\f40 il en f\'fb\loch\f40 t averti\~\hich\f40 ; et que, dans le cas o\'f9\loch\f40 \hich\f40 personne ne viendrait du dehors, il \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tait bien tranquille sur tout ce qui pouvait concerner \'ab\~\loch\f40 ceux du dedans\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il \'e9\loch\f40 tait alors six \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 heures et demie, \'e0\loch\f40 la montre qu\rquote il tira de son gousset\~\hich\f40
+; il se leva, me fit signe de le suivre et, sans prendre aucune pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 caution, sans essayer m\'ea\loch\f40 me d\rquote \hich\f40 att\'e9\loch\f40 \hich\f40 nuer le bruit de ses pas, sans me recommander le silence, il me conduisit \'e0
+\loch\f40 travers la galerie\~; nou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 atteign\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes la galerie droite, et nous la suiv\'ee\loch\f40 mes jusqu\rquote au palier de l\rquote \hich\f40
+escalier que nous travers\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes. Nous avons alors continu\'e9\loch\f40 \hich\f40 notre marche dans la galerie, \'ab\~\loch\f40 aile gauche\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , passant devant l\rquote \hich\f40
+appartement du professeur Stangerson. \'c0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40 de cette \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 g\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 alerie, avant d\rquote \hich\f40
+arriver au donjon, se trouvait une pi\'e8\loch\f40 \hich\f40 ce qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait la chambre occup\'e9\loch\f40 \hich\f40 e par Arthur Rance. Nous savions cela parce que nous avions vu, \'e0\loch\f40 midi, l\rquote \hich\f40 Am\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 ricain \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 tre de cette chambre qui donnait sur la cour d\rquote honneur. La porte de cette cham\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 b\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 re \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tait dans le travers de la galerie, puisque la chambre barrait et terminait la galerie de ce c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 . En somme, la porte de cette chambre \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait juste en face de la fen\'ea\loch\f40
+\hich\f40 tre \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 est \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 qui se trouvait \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 autre galerie droite, aile droite, l\'e0\loch\f40 o
+\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'f9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 c\'e9\loch\f40 \hich\f40 demment, Rouletabille avait plac\'e9\loch\f40 \hich\f40 le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques. Quand on tournait le dos \'e0
+\loch\f40 cette porte, c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 \hich\f40 -dire quand on sortait de cette chambre, \'ab\~\loch\f40 on voyait toute la galerie\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 en enfilade\~: aile gauche, palier et aile droite. Il n\rquote
+y avait, naturellement,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 que la galerie tournante de l\rquote aile droite que l\rquote on ne voyait point.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Cette galerie tournante, dit Rouletabille, je me la r\'e9\loch\f40 serve. Vous, quand je vous en prierai, vous viendrez vous installer ici.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il me fit entrer dans un petit cabinet noir triangul\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 aire, pris sur la galerie et situ\'e9\loch\f40 \hich\f40 de biais \'e0\loch\f40 gauche de la porte de la chambre d\rquote
+Arthur Rance. De ce recoin, je pouvais voir tout ce qui se passait dans la galerie aussi facilement que si j\rquote \hich\f40 avais \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 devant la porte d\rquote \hich\f40 Arthur Rance et je pouvais \'e9\loch\f40
+galement \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 urveiller la porte m\'ea\loch\f40 me de l\rquote \hich\f40 Am\'e9\loch\f40 \hich\f40 ricain. La porte de ce cabinet, qui devait \'ea\loch\f40 tre mon lieu d\rquote \hich\f40
+observation, \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait garnie de carreaux non d\'e9\loch\f40 \hich\f40 polis. Il faisait clair dans la galerie o\'f9\loch\f40 \hich\f40 toutes les lampes \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient allum\'e9\loch\f40 es\~
+; il faisait noir dans le cabinet. C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 un poste de choix pour un espion.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Car que faisais-je, l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , sinon un m\'e9\loch\f40 tier d\rquote espion\~? de bas policier\~? J\rquote \hich\f40 y r\'e9\loch\f40 pugnais certainement\~; et, outre mes instincts naturels, n
+\rquote \hich\f40 y avait-il pas la dignit\'e9\loch\f40 de ma profession qui s\rquote \hich\f40 opposait \'e0\loch\f40 un pareil avatar\~\hich\f40 ? En v\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 \hich\f40 , si mon b\'e2\loch\f40
+tonnier me voyait\~! si l\rquote on apprenait ma conduite, au Palais, que dirait le Conseil de l\rquote Ordre\~\hich\f40 ? Rouletabille, lui, ne soup\'e7\loch\f40 \hich\f40 onnait m\'ea\loch\f40 me pas qu\rquote \hich\f40 il pouvait me venir \'e0
+\loch\f40 l\rquote \hich\f40 id\'e9\loch\f40 e de lui refuser le service qu\rquote il me demandait, et, de fait, je ne le \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ui refusai point\~: d\rquote abord parce que j\rquote \hich\f40
+eusse craint de passer \'e0\loch\f40 \hich\f40 ses yeux pour un l\'e2\loch\f40 che\~\hich\f40 ; ensuite parce que je r\'e9\loch\f40 \hich\f40 fl\'e9\loch\f40 \hich\f40 chis que je pouvais toujours pr\'e9\loch\f40 tendre qu\rquote il m\rquote \hich\f40
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 tait loisible de chercher partout la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 en amateur\~; enfin, parce qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 tait trop tard \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+our me tirer de l\'e0\loch\f40 . Que n\rquote \hich\f40 avais-je eu ces scrupules plus t\'f4\loch\f40 t\~? Pourquoi ne les avais-je pas eus\~\hich\f40 ? Parce que ma curiosit\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40
+tait plus forte que tout. Encore, je pouvais dire que j\rquote \hich\f40 allais contribuer \'e0\loch\f40 sauver la vie d\rquote une femme\~; et il n\rquote \hich\f40 est point de r\'e8\loch\f40 glemen\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s professionnels qui puissent interdire un aussi g\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 reux dessein.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous rev\'ee\loch\f40 \hich\f40 nmes \'e0\loch\f40 travers la galerie. Comme nous arrivions en face de l\rquote appartement de Mlle Stangerson, la porte du salon s\rquote \hich\f40 ouvrit, pouss\'e9\loch\f40
+\hich\f40 e par le ma\'ee\loch\f40 tre d\rquote \hich\f40 h\'f4\loch\f40 \hich\f40 tel qui faisait le service du d\'ee\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ner (M. Stangerson d\'ee\loch\f40 \hich\f40 nait avec sa fille dans le salon du premier \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tage, depuis trois jours), et, comme la porte \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 e entrouverte, nous v\'ee\loch\f40 mes parfaitement Mlle Stangerson qui, profitant de l\rquote \hich\f40
+absence du domestique et de ce que son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait baiss\'e9\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ramassant un objet qu\rquote \hich\f40 elle venait de faire tomber, \'ab\~
+\loch\f40 \hich\f40 versait h\'e2\loch\f40 tivement le contenu d\rquote une fiole dans le verre de M. Stangerson\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745267}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XXI\line \hich\f40 \'c0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 aff\'fb\loch\f40 t
+{\*\bkmkend _Toc97745267}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ce geste, qui me bouleversa, ne parut point \'e9\loch\f40 \hich\f40 mouvoir extr\'ea\loch\f40 mement Rouletabille. Nous nou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s retrouv\'e2\loch\f40 \hich\f40
+mes dans sa chambre, et, ne me parlant m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me point de la sc\'e8\loch\f40 \hich\f40 ne que nous venions de surprendre, il me donna ses derni\'e8\loch\f40 res instructions pour la nuit. Nous allions d\rquote \hich\f40 abord d\'ee
+\loch\f40 \hich\f40 ner. Apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s d\'ee\loch\f40 \hich\f40 ner, je devais entrer dans le cabinet noir et, l\'e0\loch\f40 , j\rquote attendrai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 tout le temps qu\rquote
+\hich\f40 il faudrait \'ab\~\loch\f40 pour voir quelque chose\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Si vous \'ab\~\loch\f40 voyez\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 avant moi, m\rquote expliqua mon ami, il faudra m\rquote avertir. Vous verrez avant moi si l\rquote
+homme arrive dans la galerie droite par tout autre chemin que la galerie tournante, puisque vous \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 couvrez toute la galerie droite et que moi je ne puis voir que la galerie tournante. Pour m\rquote
+avertir, vous n\rquote aurez qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 nouer l\rquote \hich\f40 embrasse du rideau de la fen\'ea\loch\f40 tre de la galerie droite qui se trouve la plus proche du cabinet noir. Le rideau tombera de lui
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 -\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, voilant la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre et faisant imm\'e9\loch\f40 \hich\f40 diatement un carr\'e9\loch\f40 d\rquote \hich\f40 ombre l\'e0\loch\f40
+\hich\f40 o\'f9\loch\f40 \hich\f40 il y avait un carr\'e9\loch\f40 \hich\f40 de lumi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re, puisque la galerie est \'e9\loch\f40 \hich\f40 clair\'e9\loch\f40 e. Pour faire ce geste, vous n\rquote avez qu\rquote \hich\f40 \'e0
+\loch\f40 allonger la main hors du cabinet noir. Moi, dans la galerie tournante qui fait \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ngle droit avec la galerie droite, j\rquote \hich\f40 aper\'e7\loch\f40 \hich\f40 ois, par les fen\'ea
+\loch\f40 \hich\f40 tres de la galerie tournante, tous les carr\'e9\loch\f40 \hich\f40 s de lumi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re que font les fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tres de la galerie droite. Quand le carr\'e9\loch\f40
+ lumineux qui nous occupe deviendra obscur, je saurai ce que cela veut dire.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 alors\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Alors, vous me verrez appara\'ee\loch\f40 tre au coin de la galerie tournante.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et qu\rquote est-ce que je ferai\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vous marcherez aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t vers moi, derri\'e8\loch\f40 re l\rquote \hich\f40 homme, mais je serai d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 sur }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l
+\rquote homme et j\rquote \hich\f40 aurai vu si sa figure entre dans mon cercle\'85
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Celui qui est \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 trac\'e9\loch\f40 par le bon bout de la raison\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , terminai-je en esquissant un sourire.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Pourquoi souriez-vous\~? C\rquote \hich\f40 est bien inutile\'85\loch\f40 \hich\f40 Enfin, profitez, pour vous r\'e9\loch\f40 \hich\f40 jouir, des quelques instants qui vous restent, car je vous jure que tout \'e0
+\loch\f40 l\rquote heure vous\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\rquote en aurez plus l\rquote occasion.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et si l\rquote \hich\f40 homme \'e9\loch\f40 chappe\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Tant mieux\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 fit flegmatiquement Rouletabille. Je ne tiens pas \'e0\loch\f40 le prendre\~; il pourra s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+\hich\f40 chapper en d\'e9\loch\f40 gringolant l\rquote \hich\f40 escalier et par le vestibule du rez-de-chauss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85\loch\f40 et cela avant que vous n\rquote ayez a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+tteint le palier, puisque vous \'ea\loch\f40 tes au fond de la galerie. Moi, je le laisserai partir }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 s avoir vu sa figure}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . C\rquote est tout ce qu\rquote
+il me faut\~: voir sa figure. Je saurai bien m\rquote arranger ensuite pour qu\rquote il soit mort pour Mlle Stangerson, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 m\'ea\loch\f40 me s\rquote il reste viva\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nt.}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Si je le prends vivant, Mlle Stangerson et M. Robert Darzac ne me le pardonneront peut-\'ea\loch\f40 tre jamais\~\hich\f40 ! Et je tiens \'e0\loch\f40 leur estime\~\hich\f40
+; ce sont de braves gens. Quand je vois Mlle Stangerson verser un narcotique dans le verre de son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re, pour que son p\'e8\loch\f40 re, ce\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tte nuit, ne soit pas r\'e9\loch\f40 \hich\f40 veill
+\'e9\loch\f40 par la conversation qu\rquote elle doit }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 avoir avec}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 son assassin}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+, vous devez comprendre que sa reconnaissance pour moi aurait des limites si j\rquote \hich\f40 amenais \'e0\loch\f40 \hich\f40 son p\'e8\loch\f40 re, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 les poings li\'e9\loch\f40 s}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 et la bouche ouverte}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , l\rquote \hich\f40 homme de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 et\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 de la
+\'ab\~\loch\f40 galerie inexplicable\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 ! C\rquote \hich\f40 est peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre un grand bonheur que, la nuit de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 galerie inexplicable\'bb\loch\f40 , l\rquote \hich\f40 homme se soit \'e9
+\loch\f40 vanoui comme par enchantement\~! Je l\rquote \hich\f40 ai compris cette nuit-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 la physionomie soudain rayonnante de Mlle Stangerson quand elle \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ut appris }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 il avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapp\'e9}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . Et j\rquote ai compris que, pour sauver la malheureuse, il fallait moins prendre l\rquote \hich\f40
+homme que le rendre muet, de quelque fa\'e7\loch\f40 on que ce fut. Mais tuer un homme\~! tuer un homme\~! ce n\rquote \hich\f40 est pas une petite affaire. Et puis, \'e7\loch\f40 a ne me regard\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e pas\'85\loch\f40
+\hich\f40 \'e0\loch\f40 moins qu\rquote il ne m\rquote en donne l\rquote occasion\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 D\rquote \hich\f40 un autre c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 , le rendre muet sans que la dame me fasse de confidences\'85
+\loch\f40 c\rquote est une besogne qui consiste d\rquote \hich\f40 abord \'e0\loch\f40 deviner tout avec rien\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Heureusement, mon ami, j\rquote \hich\f40 ai devin\'e9\'85\loch\f40 \hich\f40 ou plut\'f4\loch\f40 t non, j
+\rquote ai raisonn\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'85\loch\f40 \hich\f40 et je ne demande \'e0\loch\f40 l\rquote homme de ce soir de ne m\rquote \hich\f40 apporter que la figure sensible qui doit entrer\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Dans le cercle\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Parfaitement. et sa figure ne me surprendra pas\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mais je croyais que vous aviez d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 vu sa figure, le soir o\'f9\loch\f40 \hich\f40 vous avez saut\'e9\loch\f40 dans \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+la chambre\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mal\'85\loch\f40 \hich\f40 la bougie \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait par terre\'85\loch\f40 \hich\f40 et puis, toute cette barbe\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ce soir, il n\rquote en aura donc plus\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je crois pouvoir affirmer qu\rquote \hich\f40 il en aura\'85\loch\f40 \hich\f40 Mais la galerie est claire, et puis, maintenant, je sais\'85\loch\f40 \hich\f40 ou du moins mon cerveau sait\'85\loch\f40
+ alors mes ye\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ux verront\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 S\rquote il ne s\rquote \hich\f40 agit que de le voir et de le laisser \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapper\'85\loch\f40 \hich\f40 pourquoi nous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre arm\'e9\loch\f40 s\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Parce que, mon cher, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 si l\rquote \hich\f40 homme de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 et de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 galerie inexplicable\'bb
+\loch\f40 sait que je sais, il est capable de tout\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Alors, il faudra nous d\'e9\loch\f40 f\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 endre.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes s\'fb\loch\f40 r qu\rquote il viendra ce soir\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Aussi s\'fb\loch\f40 \hich\f40 r que vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes l\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson, \'e0\loch\f40
+ dix heures et demie, ce matin, le plus habilement du monde, s\rquote \hich\f40 est arrang\'e9\loch\f40 \hich\f40 e pour \'ea\loch\f40 tre sans gardes-malades cette nuit\~\hich\f40 ; elle leur a donn\'e9\loch\f40 \hich\f40 cong\'e9
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pour vingt-quatre heures, sous des pr\'e9\loch\f40 textes plausibles, et n\rquote \hich\f40 a voulu, pour veiller aupr\'e8\loch\f40 s d\rquote \hich\f40 elle, pendant leur absence, que son cher p\'e8\loch\f40
+re, qui couchera dans le boudoir de sa fille et qui accepte cette nouvelle fonction avec une joie reconnaissante. La c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ef\loch\f40 \hich\f40 ncidence du d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+part de M. Darzac (apr\'e8\loch\f40 s les paroles qu\rquote il m\rquote \hich\f40 a dites) et des pr\'e9\loch\f40 cautions exceptionnelles de Mlle Stangerson, pour faire autour d\rquote elle de la solitude, ne permet aucun doute. La venue de l\rquote
+assassin, que Darzac redoute, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson la pr\'e9\loch\f40 pa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 re\~!
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est effroyable\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et le geste que nous lui avons vu faire, c\rquote \hich\f40 est le geste qui va endormir son p\'e8\loch\f40 re\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 En somme, pour l\rquote affaire de cette nuit, nous ne sommes que deux\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Quatre\~\hich\f40 ; le concierge et sa femme veillent \'e0\loch\f40 tout hasar\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 d\'85\loch\f40 \hich\f40 Je crois leur veille inutile, \'ab\~\loch\f40 avant\~\hich\f40 \'bb\'85
+\loch\f40 Mais le concierge pourra m\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre utile \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 s, si on tue\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 !
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous croyez donc qu\rquote on va tuer\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 On tuera s\rquote il le veut\~!
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Pourquoi n\rquote \hich\f40 avoir pas averti le p\'e8\loch\f40 re Jacques\~? Vous ne vous servez plus de lui, aujour\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\rquote hui\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , me r\'e9\loch\f40 pondit Rouletabille d\rquote un ton brusque.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je gardai quelque temps le silence\~\hich\f40 ; puis, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sireux de conna\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre le fond de la pens\'e9\loch\f40 \hich\f40 e de Rouletabille, je lui demandai \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ br\'fb\loch\f40 le-pourpoint\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Pourquoi ne pas avertir Arthur Rance\~? Il pourrait n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ous \'ea\loch\f40 tre d\rquote \hich\f40 un grand secours\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ah \'e7\loch\f40 a\~\hich\f40 ! fit Rouletabille avec m\'e9\loch\f40 \hich\f40 chante humeur\'85\loch\f40 Vous voulez donc mettre tout le monde dans les secrets de Mlle Stangerson\~\hich\f40 ! \'85
+\loch\f40 \hich\f40 Allons d\'ee\loch\f40 \hich\f40 ner\'85\loch\f40 c\rquote est l\rquote \hich\f40 heure\'85\loch\f40 \hich\f40 Ce soir nous d\'ee\loch\f40 \hich\f40 nons chez Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan\'85
+\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 moins qu\rquote il ne soit encore\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pendu aux trousses de Robert Darzac\'85\loch\f40 \hich\f40 Il ne le l\'e2\loch\f40 che pas d\rquote une semelle. Mais, bah\~! s\rquote il n
+\rquote \hich\f40 est pas l\'e0\loch\f40 \hich\f40 en ce moment, je suis bien s\'fb\loch\f40 r qu\rquote \hich\f40 il sera l\'e0\loch\f40 cette nuit\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 En voil\'e0\loch\f40 un que je vais rouler\~!\~\hich\f40 \'bb
+
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40 \hich\f40 ce moment, nous entend\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes du bruit dans la chambre \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Ce doit \'ea\loch\f40 tre lui, dit Rouletabille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote oubliais de vous demander, fis-je\~\hich\f40 : quand nous serons devant le policier, pas une allusion \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 exp\'e9\loch\f40 dition de cette nuit, n\rquote est-ce pas\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 videmment\~\hich\f40 ; nous op\'e9\loch\f40 rons seuls, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pour notre compte personnel.
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et toute la gloire sera pour nous\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille, ricanant, ajouta\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Tu l\rquote as dit, bouffi\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous d\'ee\loch\f40 \hich\f40 n\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes avec Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, dans sa chambre. Nous le trouv\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes chez lui\'85\loch\f40
+ Il nous dit qu\rquote il venait d\rquote \hich\f40 arriver et nous invita \'e0\loch\f40 \hich\f40 nous mettre \'e0\loch\f40 table. Le\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 d\'ee\loch\f40 ner se passa dans la meilleure humeur du monde, et je n\rquote
+\hich\f40 eus point de peine \'e0\loch\f40 comprendre qu\rquote il fallait l\rquote \hich\f40 attribuer \'e0\loch\f40 \hich\f40 la quasi-certitude o\'f9\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille et Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan, l\rquote
+un et l\rquote \hich\f40 autre, et chacun de son c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 , \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient de tenir enfin la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 . Rouleta\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 b
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ille confia au grand Fred que j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tais venu le voir de mon propre mouvement et qu\rquote il m\rquote avait retenu pour que je l\rquote aidasse dans un grand travail qu\rquote \hich\f40
+il devait livrer, cette nuit m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, \'e0\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . Je devais repartir, dit-il, pour Paris, par le train d\rquote onze heu
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 res, emportant sa \'ab\~\loch\f40 copie\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait une sorte de feuilleton o\'f9\loch\f40 \hich\f40 le jeune reporter retra\'e7\loch\f40 \hich\f40
+ait les principaux \'e9\loch\f40 \hich\f40 pisodes des myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 res du Glandier. Larsan sourit \'e0\loch\f40 cette explication comme un homme qui n\rquote en est point dupe, mais qui se garde, par politesse, d\rquote \hich\f40 \'e9
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ettre la moindre r\'e9\loch\f40 \hich\f40 flexion sur des choses qui ne le regardent pas. Avec mille pr\'e9\loch\f40
+cautions dans le langage et jusque dans les intonations, Larsan et Rouletabille s\rquote \hich\f40 entretinrent assez longtemps de la pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sence au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau de M. Arthur-W. Rance, de son pass\'e9\loch\f40 e
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Am\'e9\loch\f40 rique qu\rquote \hich\f40 ils eussent voulu conna\'ee\loch\f40 tre mieux, du moins quant aux relations qu\rquote \hich\f40 il avait eues avec les Stangerson. \'c0
+\loch\f40 un moment, Larsan, qui me parut soudain souffrant, dit avec effort\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Je crois, monsieur Rouletabille, que nous n\rquote avons plus grand\rquote chose \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e0\loch\f40 faire au Glandier, et m\rquote est avis que nous n\rquote
+y coucherons plus de nombreux soirs.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est aussi mon avis, monsieur Fred.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous croyez donc, mon ami, que }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote affaire est finie\~?}{
+\par
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je crois, en effet, qu\rquote elle est finie et qu\rquote elle n\rquote \hich\f40 a plus rien \'e0\loch\f40 nous appr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 endre, r\'e9\loch\f40 pliqua Rouletabille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Avez-vous un coupable\~? demanda Larsan.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et vous\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Moi aussi, dit Rouletabille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Serait-ce le m\'ea\loch\f40 me\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je ne crois pas, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 si vous n\rquote \hich\f40 avez pas chang\'e9\loch\f40 d\rquote \hich\f40 id\'e9\loch\f40 e\~\hich\f40 \'bb}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , dit le jeune reporter.
+
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il ajouta avec force\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac est un honn\'ea\loch\f40 te homme\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vous en \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes s\'fb\loch\f40 r\~\hich\f40 ? demanda Larsan. Eh bien, moi, je suis s\'fb\loch\f40 \hich\f40 r du contraire\'85\loch\f40 C\rquote est donc la bataille\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Oui, la bataille. Et je vous battrai, monsieur Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 La jeunesse ne doute de rien\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , termina le grand\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Fred en riant et en me serrant la main.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondit comme un \'e9\loch\f40 cho\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 De rien\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais soudain, Larsan, qui s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait lev\'e9\loch\f40 \hich\f40 pour nous souhaiter le bonsoir, porta les deux mains \'e0\loch\f40 \hich\f40 sa poitrine et tr\'e9\loch\f40
+bucha. Il dut s\rquote \hich\f40 appuyer \'e0\loch\f40 Rouletabille pour ne p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 as tomber. Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait devenu extr\'ea\loch\f40 \hich\f40 mement p\'e2\loch\f40 le.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Oh\~! oh\~! fit-il, qu\rquote est-ce que j\rquote \hich\f40 ai l\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ? Est-ce que je serais empoisonn\'e9\~\loch\f40 ?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il nous regardait d\rquote \hich\f40 un \'9c\loch\f40 \hich\f40 il hagard\'85\loch\f40 En vain, nous l\rquote \hich\f40 interrogions, il ne nous r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondait plus\'85\loch\f40 Il s\rquote \hich\f40
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 tait affaiss\'e9\loch\f40 dans un fauteu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 il et nous ne p\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes en tirer un mot. Nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions extr\'ea\loch\f40 \hich\f40
+mement inquiets, et pour lui, et pour nous, car nous avions mang\'e9\loch\f40 \hich\f40 de tous les plats auxquels avait touch\'e9\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40
+ric Larsan. Nous nous empressions autour de lui. Maintenant, il ne semblait plus souffrir,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 mais sa t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te lourde avait roul\'e9\loch\f40 \hich\f40 sur son \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 paule et ses paupi\'e8\loch\f40 \hich\f40 res appesanties nous cachaient son regard. Rouletabille se pencha sur sa poitrine et ausculta son c\'9c\loch\f40 \hich\f40 ur\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quand il se releva, mon ami avait une figure aussi calme que je la lui avais vue tout \'e0\loch\f40 l\rquote h\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 eure boulevers\'e9\loch\f40 e. Il me dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Il dort\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il m\rquote \hich\f40 entra\'ee\loch\f40 \hich\f40 na dans sa chambre, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir referm\'e9\loch\f40 la porte de la chambre de Larsan.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Le narcotique\~\hich\f40 ? demandai-je\'85\loch\f40 Mlle Stangerson veut donc endormir tout le monde, ce soir\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre\'85\loch\f40 \hich\f40 me r\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pondit Rouletabille en songeant \'e0\loch\f40 autre chose.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais nous\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 nous\~! exclamai-je. Qui me dit que nous n\rquote \hich\f40 avons pas aval\'e9\loch\f40 un pareil narcotique\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vous sentez-vous indispos\'e9\~\loch\f40 ? me demanda Rouletabille avec sang-froid.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non, aucunement\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Avez-vous envi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e de dormir\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 En aucune fa\'e7\loch\f40 \hich\f40 on\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Eh bien, mon ami, fumez cet excellent cigare.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il me passa un havane de premier choix que M. Darzac lui avait offert\~\hich\f40 ; quant \'e0\loch\f40 \hich\f40 lui, il alluma sa bouffarde, son \'e9\loch\f40 ternelle bouffarde.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous rest\'e2\loch\f40 mes ainsi dans cette c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 hambre jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 dix heures, sans qu\rquote \hich\f40 un mot f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t prononc\'e9\loch\f40
+\hich\f40 . Plong\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans un fauteuil, Rouletabille fumait sans discontinuer, le front soucieux et le regard lointain. \'c0\loch\f40 \hich\f40 dix heures, il se d\'e9\loch\f40
+chaussa, me fit un signe et je compris que je devais, comme lui, retirer\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 mes chaussures. Quand nous f\'fb\loch\f40 \hich\f40
+mes sur nos chaussettes, Rouletabille dit, si bas que je devinai plut\'f4\loch\f40 t le mot que je ne l\rquote entendis\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Revolver\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je sortis mon revolver de la poche de mon veston.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Armez\~! fit-il encore.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote armai.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Alors il se dirigea vers la porte de sa chambre, l\rquote \hich\f40 ouvrit avec des pr\'e9\loch\f40 cautions infinies\~\hich\f40 ; la porte ne cria pas. Nous f\'fb\loch\f40
+mes dans la galerie tournante. Rouletabille me fit un nouveau signe. Je compris que je devais prendre mon poste dans le cabinet noir. Co\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 me je m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+loignais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 de lui, Rouletabille me rejoignit \'ab\~\loch\f40 et m\rquote embrassa\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , et puis je vis qu\rquote \hich\f40 avec les m\'ea\loch\f40 \hich\f40 mes pr\'e9\loch\f40
+\hich\f40 cautions il retournait dans sa chambre. \'c9\loch\f40 \hich\f40 tonn\'e9\loch\f40 de ce baiser et un peu inquiet, j\rquote arrivai dans la galerie droite que je longeai sans encombre\~; \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 j
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e traversai le palier et continuai mon chemin dans la galerie, aile gauche, jusqu\rquote au cabinet noir. Avant d\rquote \hich\f40 entrer dans le cabinet noir, je regardai de pr\'e8\loch\f40 s l\rquote \hich\f40
+embrasse du rideau de la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre\'85\loch\f40 Je n\rquote avais, en effet, qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 la toucher du doigt pour que le lour\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rideau retomb
+\'e2\loch\f40 t d\rquote \hich\f40 un seul coup, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 cachant \'e0\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille le carr\'e9\loch\f40 \hich\f40 de lumi\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 : signal convenu. Le bruit d\rquote un pas m
+\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 ta devant la porte d\rquote \hich\f40 Arthur Rance. \'ab\~\loch\f40 Il n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait donc pas encore couch\'e9\~\loch\f40 !\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Mais comment \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tait-il encore au ch\'e2\loch\f40 teau, n\rquote \hich\f40 ayant pas d\'ee\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 vec M. Stangerson et sa fille\~? Du moins, je ne l\rquote
+\hich\f40 avais pas vu \'e0\loch\f40 table, dans le moment que nous avions saisi le geste de Mlle Stangerson.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je me retirai dans mon cabinet noir. Je m\rquote \hich\f40 y trouvais parfaitement. Je voyais toute la galerie en enfilade, galerie \'e9\loch\f40 c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 lair\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e comme en plein jour. \'c9\loch\f40 videmment, rien de ce qui allait s\rquote y passer ne pouvait m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chapper. Mais qu\rquote est-ce qui allait s\rquote y passer\~\hich\f40 ? Peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40
+tre quelque chose de tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s grave. Nouveau souvenir inqui\'e9\loch\f40 tant du baiser de Rouletabille. On n\rquote embrasse ainsi ses am\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+s que dans les grandes occasions ou quand ils vont courir un danger\~! Je courais donc un danger\~?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mon poing se crispa sur la crosse de mon revolver, et j\rquote \hich\f40 attendis. Je ne suis pas un h\'e9\loch\f40 \hich\f40 ros, mais je ne suis pas un l\'e2\loch\f40 che.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote attendis une heure environ\~; pend\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ant cette heure je ne remarquai rien d\rquote anormal. Dehors, la pluie, qui s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait mise \'e0\loch\f40
+\hich\f40 tomber violemment vers neuf heures du soir, avait cess\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mon ami m\rquote avait dit que rien ne se passerait probablement avant minuit ou une heure du matin. Cependant il n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t pas plus d\rquote
+onze heures et demie quand la porte de la chambre d\rquote Arthur Rance s\rquote ouvrit. J\rquote \hich\f40 en entendis le faible grincement sur ses gonds. On e\'fb\loch\f40 t dit qu\rquote \hich\f40 elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pouss\'e9\loch\f40
+e de l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieur avec la plus grande pr\'e9\loch\f40 caution. La porte resta ouverte un instant qui\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 me parut tr\'e8\loch\f40 \hich\f40
+s long. Comme cette porte \'e9\loch\f40 tait ouverte, dans la galerie, c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 \hich\f40 -dire pouss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e hors la chambre, je ne pus voir, ni ce qui se passait dans la chambre, ni ce qui se passait derri
+\'e8\loch\f40 \hich\f40 re la porte. \'c0\loch\f40 \hich\f40 ce moment, je remarquai un bruit bizarre qui se r\'e9\loch\f40 p\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tait pour la troisi\'e8\loch\f40
+me fois, qui venait du parc, et auquel je n\rquote \hich\f40 avais pas attach\'e9\loch\f40 plus d\rquote importance qu\rquote on n\rquote a coutume d\rquote \hich\f40 en attacher au miaulement des chats qui errent, la nuit, sur les goutti\'e8\loch\f40
+\hich\f40 res. Mais, cette troisi\'e8\loch\f40 \hich\f40 me fois, le miaulement \'e9\loch\f40 tait si pur et \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 i \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 sp\'e9\loch\f40 cial\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+ que je me rappelai ce que j\rquote \hich\f40 avais entendu raconter du cri de la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40 te du Bon Dieu\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Comme ce cri avait accompagn\'e9\loch\f40 , jusqu\rquote \hich\f40 \'e0
+\loch\f40 ce jour, tous les drames qui s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient d\'e9\loch\f40 \hich\f40 roul\'e9\loch\f40 s au Glandier, je ne pus m\rquote \hich\f40 emp\'ea\loch\f40 \hich\f40 cher, \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette r\'e9
+\loch\f40 flexion, d\rquote avoir un fri\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 son. Aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t je vis appara\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre, au del\'e0\loch\f40
+ de la porte, et refermant la porte, un homme. Je ne pus d\rquote \hich\f40 abord le reconna\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre, car il me tournait le dos et il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pench\'e9\loch\f40 sur un ballot assez volumineux. L\rquote \hich\f40
+homme, ayant referm\'e9\loch\f40 la porte, et portant le ballot, se\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 retourna vers le cabinet noir, et alors je vis qui il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait. Celui qui sortait, \'e0
+\loch\f40 cette heure, de la chambre d\rquote \hich\f40 Arthur Rance \'ab\~\'e9\loch\f40 tait le garde\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'ab\~\loch\f40 l\rquote homme vert\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+. Il avait ce costume que je lui avais vu sur la route, en face de l\rquote \hich\f40 auberge du \'ab\~\loch\f40 Donjo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\~\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , le premier jour o\'f9\loch\f40 j\rquote
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 tais venu au Glandier, et qu\rquote \hich\f40 il portait encore le matin m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me quand, sortant du ch\'e2\loch\f40 teau, nous l\rquote \hich\f40 avions rencontr\'e9\loch\f40 , Rouletabille et moi. Aucun doute, c
+\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait le garde. Je le vis fort distinctement. Il avait une figure qui me parut e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 x\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 primer une certaine anxi\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40
+. Comme le cri de la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40 te du Bon Dieu\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 retentissait au dehors pour la quatri\'e8\loch\f40 \hich\f40 me fois, il d\'e9\loch\f40 posa son ballot dans la galerie et s\rquote \hich\f40
+approcha de la seconde fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, en comptant les fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tres \'e0\loch\f40 partir du cabinet noir. Je ne risquai \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ucun mouvement, car je craignais de trahir ma pr\'e9\loch\f40 sence.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quand il fut \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, il colla son front contre les vitraux d\'e9\loch\f40 \hich\f40 polis, et regarda la nuit du parc. Il resta l\'e0\loch\f40 \hich\f40
+ une demi-minute. La nuit \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait claire, par intermittences, illumin\'e9\loch\f40 e par une lune \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 clatante qui, soudain, disparaissait sous un gros nuage. \'ab\~\loch\f40 L\rquote
+homme vert\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 leva le bras \'e0\loch\f40 deux reprises, fit des signes que je ne comprenais point\~; puis, s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 loignant de la fen\'ea\loch\f40
+tre, reprit son ballot et se dirigea, suivant la galerie, vers le palier.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Roul\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 etabille m\rquote avait dit\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Quand vous verrez quelque chose, d\'e9\loch\f40 nouez l\rquote embrasse.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+ Je voyais quelque chose. \'c9\loch\f40 tait-ce cette chose que Rouletabille attendait\~? Ceci n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait point mon affaire et je n\rquote avais qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 ex\'e9\loch\f40
+cuter la consigne qui m\rquote \hich\f40 avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 donn\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Je d\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ouai l\rquote \hich\f40 embrasse. Mon c\'9c\loch\f40
+\hich\f40 ur battait \'e0\loch\f40 se rompre. L\rquote \hich\f40 homme atteignit le palier, mais \'e0\loch\f40 \hich\f40 ma grande stup\'e9\loch\f40 faction, comme je m\rquote \hich\f40 attendais \'e0\loch\f40
+ le voir continuer son chemin dans la galerie, aile droite, je l\rquote \hich\f40 aper\'e7\loch\f40 us qui descendait l\rquote escalier conduisant au vestibule.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Qu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e faire\~\hich\f40 ? Stupidement, je regardais le lourd rideau qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait retomb\'e9\loch\f40 \hich\f40 sur la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre. Le signal avait \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 donn\'e9\loch\f40 \hich\f40 , et je ne voyais pas appara\'ee\loch\f40 tre Rouletabille au coin de la galerie tournante. Rien ne vint\~; personne n\rquote apparut. J\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+tais perplexe. Une demi-heu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 coula qui me parut un si\'e8\loch\f40 \hich\f40 cle. \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Que faire maintenant, m\'ea\loch\f40
+me si je voyais autre chose\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Le signal avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 donn\'e9\loch\f40 \hich\f40 , je ne pouvais le donner une seconde fois\'85\loch\f40 D\rquote \hich\f40 un autre c\'f4
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 , m\rquote \hich\f40 aventurer dans la galerie en ce moment pouvait d\'e9\loch\f40 ranger tous les plans de \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ouletabille. Apr\'e8\loch\f40
+s tout, je n\rquote \hich\f40 avais rien \'e0\loch\f40 me reprocher, et, s\rquote il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pass\'e9\loch\f40 quelque chose que n\rquote attendait point mon ami, celui-ci n\rquote avait qu\rquote \hich\f40 \'e0
+\loch\f40 s\rquote \hich\f40 en prendre \'e0\loch\f40 \hich\f40 lui-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me. Ne pouvant plus \'ea\loch\f40 tre d\rquote \hich\f40 aucun r\'e9\loch\f40 el secours d\rquote avertissement pour lui, je risquai le t
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ut pour le tout\~\hich\f40 : je sortis du cabinet, et, toujours sur mes chaussettes, mesurant mes pas et \'e9\loch\f40 coutant le silence, je m\rquote en fus vers la galerie tournante.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Personne dans la galerie tournante. J\rquote \hich\f40 allai \'e0\loch\f40 la porte de la chambre de Rouletabille. J\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 coutai. Rien\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+. Je frappai bien doucement. Rien. Je tournai le bouton, la porte s\rquote ouvrit. J\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais dans la chambre. Rouletabille \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e9\loch\f40 tendu, tout de son long, sur le parquet.
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745268}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XXII\line Le cadavre incroyable{\*\bkmkend _Toc97745268}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je me penchai, avec une anxi\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 inexprima\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ble, sur le corps du reporter, et j\rquote eus la joie de constater qu\rquote il dormait\~
+! Il dormait de ce sommeil profond et maladif dont j\rquote avais vu s\rquote \hich\f40 endormir Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan. Lui aussi \'e9\loch\f40 tait victime du narcotique que l\rquote \hich\f40 on avait vers\'e9
+\loch\f40 dans nos aliments. Comment, moi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 -\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 m\'ea\loch\f40 me, n\rquote \hich\f40 avais-je point subi le m\'ea\loch\f40 me sort\~\hich\f40 ! Je r\'e9\loch\f40 \hich\f40 fl\'e9\loch\f40
+\hich\f40 chis alors que le narcotique avait d\'fb\loch\f40 \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre vers\'e9\loch\f40 dans notre vin ou dans notre eau, car ainsi tout s\rquote expliquait\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 je ne bois pas en mangeant.\~\hich\f40
+\'bb\loch\f40 \hich\f40 Dou\'e9\loch\f40 par la nature d\rquote \hich\f40 une rotondit\'e9\loch\f40 \hich\f40 pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 matur\'e9\loch\f40 e, je suis au r\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+gime sec, comme on dit. Je secouai avec force Rouletabille, mais je ne parvenais point \'e0\loch\f40 \hich\f40 lui faire ouvrir les yeux. Ce sommeil devait \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, \'e0\loch\f40 n\rquote en point douter, le fait de Mlle Stangerson.
+
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Celle-ci avait certainement pens\'e9\loch\f40 \hich\f40 que, plus que son p\'e8\loch\f40 re encore, e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 lle avait \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ craindre la veille de ce jeune homme qui pr\'e9\loch\f40 voyait tout, qui savait tout\~\hich\f40 ! Je me rappelai que le ma\'ee\loch\f40 tre d\rquote \hich\f40 h\'f4\loch\f40 \hich\f40 tel nous avait recommand\'e9\loch\f40 \hich\f40
+, en nous servant, un excellent Chablis qui, sans doute, avait pass\'e9\loch\f40 sur la table du professeur et de sa fille\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Plus d\rquote un quart d\rquote heure s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 coula ainsi. Je me r\'e9\loch\f40 \hich\f40 solus, en ces circonstances extr\'ea\loch\f40 \hich\f40 mes, o\'f9\loch\f40
+ nous avions tant besoin d\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre \'e9\loch\f40 \hich\f40 veill\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, \'e0\loch\f40 \hich\f40 des moyens robustes. Je lan\'e7\loch\f40 \hich\f40 ai \'e0\loch\f40 \hich\f40 la t\'ea\loch\f40
+te de Rouletabille un broc d\rquote eau. Il ouvrit les yeux, enfin\~! de pauvres yeux mornes\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , sans vie et ni regard. Mais n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait-ce pas l\'e0\loch\f40 \hich\f40 une premi\'e8
+\loch\f40 re victoire\~\hich\f40 ? Je voulus la compl\'e9\loch\f40 ter\~; j\rquote administrai une paire de gifles sur les joues de Rouletabille, et le soulevai. Bonheur\~! je sentis qu\rquote il se raidissait entre mes bras, et je l\rquote entendis qui
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 urmurait\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Continuez, mais ne faites pas tant de bruit\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb\loch\f40 \hich\f40 Continuer \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ lui donner des gifles sans faire de bruit me parut une entreprise impossible. Je me repris \'e0\loch\f40 \hich\f40 le pincer et \'e0\loch\f40 \hich\f40 le secouer, et il put tenir sur ses jambes. Nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions sauv\'e9\loch\f40 s\~
+\hich\f40 ! \'85
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 On m\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 a endormi, fit-il\'85\loch\f40 Ah\~! J\rquote \hich\f40 ai pass\'e9\loch\f40 un quart d\rquote \hich\f40 heure abominable avant de c\'e9\loch\f40
+\hich\f40 der au sommeil\'85\loch\f40 Mais maintenant, c\rquote \hich\f40 est pass\'e9\~\loch\f40 ! Ne me quittez pas\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il n\rquote \hich\f40 avait pas plus t\'f4\loch\f40 \hich\f40 t termin\'e9\loch\f40 \hich\f40 cette phrase que nous e\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes les oreilles d\'e9\loch\f40 \hich\f40 chir\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 es par un cri affreux qui retentissait dans le ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, un v\'e9\loch\f40 \hich\f40 ritable cri de la mort\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Malheur\~\hich\f40 ! hurla Rouletabille\'85\loch\f40 nous arrivons trop tard\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et il voulut se pr\'e9\loch\f40 cipiter vers la porte\~\hich\f40 ; mais il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait tout \'e9\loch\f40 tourdi et roula contre la muraille. Moi, j\rquote \hich\f40 \'e9
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 dans la galerie, le revolver au poing, courant comme un fou du c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 de la chambre de Mlle Stangerson. Au moment m
+\'ea\loch\f40 \hich\f40 me o\'f9\loch\f40 j\rquote \hich\f40 arrivais \'e0\loch\f40 l\rquote intersection de la galerie tournante et de la galerie droite, je vis un individu qui s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chappait de l\rquote appartem
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nt de Mlle Stangerson et qui, en quelques bonds, atteignit le palier.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je ne fus pas ma\'ee\loch\f40 tre de mon geste\~\hich\f40 : je tirai\'85\loch\f40 le coup de revolver retentit dans la galerie avec un fracas assourdissant\~; mais l\rquote \hich\f40
+homme, continuant ses bonds insens\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 gringolait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote \hich\f40 escalier. Je courus derri\'e8\loch\f40 re lui, en criant\~\hich\f40
+: \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Arr\'ea\loch\f40 te\~\hich\f40 ! arr\'ea\loch\f40 te\~! ou je te tue\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb\loch\f40 \hich\f40 Comme je me pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cipitais \'e0\loch\f40 mon tour dans l\rquote \hich\f40
+escalier, je vis en face de moi, arrivant du fond de la galerie, aile gauche du ch\'e2\loch\f40 teau, Arthur Rance qui hurlait\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Qu\rquote y a-t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 -\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 il\~\hich\f40 ? \'85
+\loch\f40 Qu\rquote y a-t-il\~\hich\f40 ? \'85\~\'bb\loch\f40 \hich\f40 Nous arriv\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes presque en m\'ea\loch\f40 me temps au bas de l\rquote escalier, Arthur Rance et moi\~\hich\f40 ; la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40
+tre du vestibule \'e9\loch\f40 tait ouverte\~\hich\f40 ; nous v\'ee\loch\f40 mes distinctement la forme de l\rquote homme qui fuyait\~\hich\f40 ; instinctivement, nous d\'e9\loch\f40 \hich\f40 charge\'e2\loch\f40 mes nos revolvers da
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s sa direction\~; l\rquote homme n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pas \'e0\loch\f40 \hich\f40 plus de dix m\'e8\loch\f40 tres devant nous\~\hich\f40 ; il tr\'e9\loch\f40
+\hich\f40 bucha et nous cr\'fb\loch\f40 mes qu\rquote il allait tomber\~\hich\f40 ; d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 nous sautions par la fen\'ea\loch\f40 tre\~; mais l\rquote \hich\f40 homme se reprit \'e0\loch\f40
+ courir avec une vigueur nouvelle\~; j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tais en chaussettes, l\rquote \hich\f40 Am\'e9\loch\f40 \hich\f40 ricain \'e9\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 it pieds nus\~\hich\f40
+; nous ne pouvions esp\'e9\loch\f40 rer l\rquote \hich\f40 atteindre \'ab\~\loch\f40 si nos revolvers ne l\rquote atteignaient pas\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ! Nous tir\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes nos derni\'e8\loch\f40 res cartouches sur lui\~
+\hich\f40 ; il fuyait toujours\'85\loch\f40 \hich\f40 Mais il fuyait du c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 droit de la cour d\rquote honneur vers l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40 de l\rquote \hich\f40
+aile droite du ch\'e2\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 eau, dans ce coin entour\'e9\loch\f40 \hich\f40 de foss\'e9\loch\f40 s et de hautes grilles d\rquote \hich\f40 o\'f9\loch\f40 \hich\f40 il allait lui \'ea
+\loch\f40 tre impossible de s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chapper, dans ce coin qui n\rquote avait d\rquote \hich\f40 autre issue, \'ab\~\loch\f40 devant nous\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+, que la porte de la petite chambre en encorbellement occup\'e9\loch\f40 e maintenant par le garde.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote homm\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e, bien qu\rquote \hich\f40 il f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t in\'e9\loch\f40 \hich\f40 vitablement bless\'e9\loch\f40 \hich\f40 par nos balles, avait maintenant une vingtaine de m\'e8
+\loch\f40 tres d\rquote \hich\f40 avance. Soudain, derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re nous, au-dessus de nos t\'ea\loch\f40 \hich\f40 tes, une fen\'ea\loch\f40 tre de la galerie s\rquote \hich\f40 ouvrit et nous entend\'ee\loch\f40 \hich\f40
+mes la voix de Rouletabille qui clamait, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sesp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 :
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Tirez, Bernier\~! Tirez\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et la nuit claire, en ce moment, la nuit lunaire, fut encore stri\'e9\loch\f40 e d\rquote \hich\f40 un \'e9\loch\f40 clair.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40 \hich\f40 la lueur de cet \'e9\loch\f40 \hich\f40 clair, nous v\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Bernier, debout avec son fusil, \'e0\loch\f40 la porte du donjon.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il avait bien vis\'e9\loch\f40 \hich\f40 . \'ab\~\loch\f40 L\rquote ombre tomba.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 M\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ais, comme elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait arriv\'e9\loch\f40
+\hich\f40 e \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 aile droite du ch\'e2\loch\f40 teau, elle tomba de l\rquote \hich\f40 autre c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 de l\rquote \hich\f40
+angle de la b\'e2\loch\f40 tisse\~; c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 \hich\f40 -dire que nous v\'ee\loch\f40 mes qu\rquote elle tombait, mais elle ne s\rquote \hich\f40 allongea d\'e9\loch\f40 \hich\f40 finitivement par terre que de cet autre c\'f4
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 du mur que n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 us ne pouvions pas voir. Bernier, Arthur Rance et moi, nous arrivions de cet autre c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ du mur, vingt secondes plus tard. \'ab\~\loch\f40 L\rquote \hich\f40 ombre \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait morte \'e0\loch\f40 nos pieds.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 R\'e9\loch\f40 \hich\f40 veill\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 videmment de son sommeil l\'e9\loch\f40 \hich\f40 thargique par les clameurs et les d\'e9\loch\f40 tonations, Larsan venai
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t d\rquote \hich\f40 ouvrir la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre de sa chambre et nous criait, comme avait cri\'e9\loch\f40 Arthur Rance\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Qu\rquote y a-t-il\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 Qu\rquote
+y a-t-il\~\hich\f40 ? \'85\~\'bb\loch\f40
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et nous, nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions pench\'e9\loch\f40 s sur l\rquote \hich\f40 ombre, sur la myst\'e9\loch\f40 rieuse ombre morte de l\rquote \hich\f40 assassin. Rouletabille, tout \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ fait r\'e9\loch\f40 \hich\f40 veill\'e9\loch\f40 maintenant,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nous rejoignit dans le moment, et je lui criai\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Il est mort\~! Il est mort\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Tant mieux, fit-il\'85\loch\f40 \hich\f40 Apportez-le dans le vestibule du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais il se reprit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Non\~! non\~\hich\f40 ! D\'e9\loch\f40 posons-le dans la chambre du garde\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille frappa \'e0\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 la porte de la chambre du garde\'85\loch\f40 \hich\f40 Personne ne r\'e9\loch\f40 pondit de l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieur\'85
+\loch\f40 ce qui ne m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tonna point, naturellement.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\'c9\loch\f40 videmment, il n\rquote \hich\f40 est pas l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , fit le reporter, sans quoi il serait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 sorti\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40
+ Portons donc ce corps dans le vestibule\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Depuis que nous \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 s sur \'ab\~\loch\f40 l\rquote ombre morte\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , la nuit s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+tait faite si noire, par suite du passage d\rquote \hich\f40 un gros nuage sur la lune, que nous ne pouvions que toucher cette ombre sans en distinguer les lignes. Et cependant, nos yeux avaient h\'e2\loch\f40 te de savoir\~\hich\f40 ! Le p\'e8\loch\f40
+re Jac\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ues, qui arrivait, nous aida \'e0\loch\f40 \hich\f40 transporter le cadavre jusque dans le vestibule du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau. L\'e0\loch\f40 \hich\f40 , nous le d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 pos\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes sur la premi\'e8\loch\f40 re marche de l\rquote escalier. J\rquote \hich\f40 avais senti, sur mes mains, pendant ce trajet, le sang chaud qui coulait des blessures\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le p\'e8\loch\f40 re Jacque\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s courut aux cuisines et en revint avec une lanterne. Il se pencha sur le visage de \'ab\~\loch\f40 l\rquote ombre morte\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\hich\f40 , et nous reconn\'fb\loch\f40 mes le garde, celui que le patron de l\rquote \hich\f40 auberge du \'ab\~\loch\f40 Donjon\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 appelait \'ab\~\loch\f40 l\rquote homme vert\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+ et que, une heure auparavant, j\rquote avais vu sortir de\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 la chambre d\rquote \hich\f40 Arthur Rance, charg\'e9\loch\f40 d\rquote un ballot. Mais, ce que j\rquote
+avais vu, je ne pouvais le rapporter qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 Rouletabille seul, ce que je fis du reste quelques instants plus tard.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\loch\f40 ..
+\par
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je ne saurais passer sous silence l\rquote immens\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e stup\'e9\loch\f40 faction \endash \hich\f40 je dirai m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me le cruel d\'e9\loch\f40 sappointement \endash
+\hich\f40 dont firent preuve Joseph Rouletabille et Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, lequel nous avait rejoint dans le vestibule. Ils t\'e2\loch\f40 \hich\f40 taient le cadavre\'85\loch\f40 \hich\f40
+ ils regardaient cette figure morte, ce costume vert du garde\'85\loch\f40 et ils\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 taient, l\rquote un et l\rquote autre\~\hich\f40 : \'ab\~
+\loch\f40 Impossible\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 c\rquote est impossible\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 cria m\'ea\loch\f40 me\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est \'e0\loch\f40 \hich\f40 jeter sa t\'ea\loch\f40 te aux chiens\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques montrait une douleur stupide accompagn\'e9\loch\f40 e de lamentations ridicules. Il affirmait qu\rquote on s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait tromp\'e9
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 et que le garde ne pouvait \'ea\loch\f40 tre l\rquote \hich\f40 assassin de sa ma\'ee\loch\f40 \hich\f40 tresse. Nous d\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes le faire taire. On aurait assassin\'e9\loch\f40 son fils qu
+\rquote il n\rquote \hich\f40 e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t point g\'e9\loch\f40 mi davantage, et j\rquote \hich\f40 expliquai cette exag\'e9\loch\f40 \hich\f40 ration de bons sentiments par la peur dont il devait \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre hant\'e9
+\loch\f40 que l\rquote \hich\f40 on cr\'fb\loch\f40 t \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\rquote \hich\f40 il se r\'e9\loch\f40 \hich\f40 jouissait de ce d\'e9\loch\f40 \hich\f40 c\'e8\loch\f40 s dramatique\~\hich\f40
+; chacun savait, en effet, que le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques d\'e9\loch\f40 \hich\f40 testait le garde. Je constatai que seul, de nous tous qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions fort d\'e9\loch\f40 \hich\f40 braill\'e9\loch\f40 \hich\f40
+s ou pieds nus ou en chaussettes, le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait enti\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement habill\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais Ro\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 uletabille n\rquote \hich\f40 avait pas l\'e2\loch\f40 \hich\f40 ch\'e9\loch\f40 le cadavre\~\hich\f40 ; \'e0\loch\f40 \hich\f40 genoux sur les dalles du vestibule, \'e9\loch\f40
+\hich\f40 clair\'e9\loch\f40 \hich\f40 par la lanterne du p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, il d\'e9\loch\f40 shabillait le corps du garde\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Il lui mit la poitrine \'e0\loch\f40 \hich\f40 nu. Elle \'e9\loch\f40
+tait sanglante.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et, soudain, prenant, des mains du p\'e8\loch\f40 re Jacqu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 es, la lanterne, il en projeta les rayons, de tout pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s, sur la blessure b\'e9\loch\f40
+ante. Alors, il se releva et dit sur un ton extraordinaire, sur un ton d\rquote une ironie sauvage\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Cet homme que vous croyez avoir tu\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 coups de revolver et de chevrotines est mort d\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 un coup de couteau au c\'9c
+\loch\f40 ur\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je crus, une fois de plus, que Rouletabille \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait devenu fou et je me penchai \'e0\loch\f40 mon tour sur le cadavre. Alors je pus constater qu\rquote
+en effet le corps du garde ne portait aucune blessure provenant d\rquote un projectile, et que, seu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le, la r\'e9\loch\f40 \hich\f40 gion cardiaque avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 entaill\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 e par une lame aigu\'eb\loch\f40 .
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745269}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XXIII\line La double piste{\*\bkmkend _Toc97745269}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais pas encore revenu de la stupeur que me causait une pareille d\'e9\loch\f40 couverte quand mon jeune ami me frappa sur l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 paule et me dit\~:
+
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Suivez-moi\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 O\'f9\loch\f40 , lui demandai-je\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Dans ma chambre.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Qu\rquote allons-nous y faire\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 R\'e9\loch\f40 \hich\f40 fl\'e9\loch\f40 chir.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote \hich\f40 avouai, quant \'e0\loch\f40 moi, que j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tais dans l\rquote \hich\f40 impossibilit\'e9\loch\f40 \hich\f40 totale, non seulement de r\'e9\loch\f40 \hich\f40 fl\'e9\loch\f40
+chir, mais encore de penser\~\hich\f40 ; et, dans cette nuit tragique, apr\'e8\loch\f40 s d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 es \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 nements dont l\rquote horreur n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 gal\'e9\loch\f40 \hich\f40 e que par leur incoh\'e9\loch\f40 rence, je m\rquote \hich\f40 expliquais difficilement comment, entre le cadavre du garde et Mlle Stangerson peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre \'e0\loch\f40 l\rquote
+\hich\f40 agonie, Joseph Rouletabille pouvait avoir la pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 tention de \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 fl\'e9\loch\f40 chir\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . C\rquote est ce qu\rquote i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 fit cependant, avec le sang-froid des grands capitaines au milieu des batailles. Il poussa sur nous la porte de sa chambre, m\rquote indiqua un fauteuil, s\rquote \hich\f40 assit pos\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ment en face de moi, et, naturellement, alluma sa pipe. Je le regardais r\'e9\loch\f40 \hich\f40 fl\'e9\loch\f40 \hich\f40 chir\'85\loch\f40 et je m\rquote endo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 mis. Quand je me r\'e9
+\loch\f40 veillai, il faisait jour. Ma montre marquait huit heures. Rouletabille n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait plus l\'e0\loch\f40 \hich\f40 . Son fauteuil, en face de moi, \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait vide. Je me levai et commen\'e7
+\loch\f40 ai de m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tirer les membres quand la porte s\rquote ouvrit et mon ami rentra. Je vis tout de\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 suite \'e0\loch\f40
+ sa physionomie que, pendant que je dormais, il n\rquote avait point perdu son temps.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Mlle Stangerson\~? demandai-je tout de suite.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Son \'e9\loch\f40 \hich\f40 tat, tr\'e8\loch\f40 s alarmant, n\rquote \hich\f40 est pas d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sesp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il y a longtemps que vous avez quitt\'e9\loch\f40 cette chambre\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Au premier ra\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 yon de l\rquote aube.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vous avez travaill\'e9\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Beaucoup.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 D\'e9\loch\f40 couvert quoi\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Une double empreinte de pas tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s remarquable \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 et qui aurait pu me g\'ea\loch\f40 \hich\f40 ner\'85\~\'bb
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Elle ne vous g\'ea\loch\f40 ne plus\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous explique-t-elle quelque chose\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Relativement au \'ab\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 cadavre incroyable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 du garde\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui\~\hich\f40 ; ce cadavre est tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait \'ab\~\loch\f40 croyable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , maintenant. J\rquote \hich\f40 ai d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+couvert ce matin, en me promenant autour du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, deux sortes de pas distinctes dont les empreintes avaient \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 faites cette nuit en m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me temps, c\'f4\loch\f40
+\hich\f40 te \'e0\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 te. Je dis\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 en m\'ea\loch\f40 me temps\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ; et, en v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 \hich\f40
+, il ne pouvait gu\'e8\loch\f40 \hich\f40 re en \'ea\loch\f40 tre autrement, car, si l\rquote \hich\f40 une de ces empreintes \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait venue apr\'e8\loch\f40 s l\rquote \hich\f40 autre, suivant le m\'ea\loch\f40 \hich\f40
+me chemin, elle e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t souvent \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 empi\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 sur l\rquote autre\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , ce qui n\rquote arrivait jamais. Les pas de cel\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 i-ci ne marchaient point sur les pas de celui-l\'e0\loch\f40 . Non, c\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient des pas \'ab\~\loch\f40 qui semblaient causer entre eux\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+. Cette double empreinte quittait toutes les autres empreintes, vers le milieu de la cour d\rquote honneur, pour sortir de cette cour et se diriger vers l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ch\'ea\loch\f40
+naie. Je quittais la cour d\rquote \hich\f40 honneur, les yeux fix\'e9\loch\f40 \hich\f40 s vers ma piste, quand je fus rejoint par Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan. Imm\'e9\loch\f40 diatement, il s\rquote \hich\f40 int\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 ressa beaucoup \'e0\loch\f40 \hich\f40 mon travail, car cette double empreinte m\'e9\loch\f40 ritait vraiment qu\rquote on s\rquote \hich\f40 y attach\'e2\loch\f40 \hich\f40 t. On retrouvait l\'e0\loch\f40 la dou
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 b\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 le empreinte des pas de l\rquote \hich\f40 affaire de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\~\loch\f40 \hich\f40 : les pas grossiers et les pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40
+gants\~; mais, tandis que, lors de l\rquote \hich\f40 affaire de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , les pas grossiers ne faisaient que joindre au bord de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tang les pas \'e9\loch\f40 \hich\f40
+l\'e9\loch\f40 \hich\f40 gants, pour dispara\'ee\loch\f40 tre e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 suite \endash \hich\f40 dont nous avions conclu, Larsan et moi, que ces deux sortes de pas appartenaient au m\'ea\loch\f40
+me individu qui n\rquote avait fait que changer de chaussures \endash \hich\f40 ici, pas grossiers et pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 \hich\f40 gants voyageaient de compagnie. Une pareille constatation \'e9\loch\f40 tait bien faite
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 our me troubler dans mes certitudes ant\'e9\loch\f40 rieures. Larsan semblait penser comme moi\~\hich\f40 ; aussi, restions-nous pench\'e9\loch\f40 \hich\f40
+s sur ces empreintes, reniflant ces pas comme des chiens \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 aff\'fb\loch\f40 t.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Je sortis de mon portefeuille mes semelles de papier. La premi\'e8\loch\f40 re semelle,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 qui \'e9\loch\f40 tait celle que j\rquote \hich\f40 avais d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 coup\'e9\loch\f40 e sur l\rquote \hich\f40 empreinte des souliers du p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques retrouv\'e9\loch\f40 s par Larsan, c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 -dire sur l\rquote \hich\f40
+empreinte des pas grossiers, cette premi\'e8\loch\f40 re semelle, dis-je, s\rquote \hich\f40 appliqua parfaitement \'e0\loch\f40 l\rquote une des traces que nous avions sous les ye\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+x, et la seconde semelle, qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait le dessin des \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 gants\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , s\rquote \hich\f40 appliqua \'e9\loch\f40 galement sur l\rquote \hich\f40
+empreinte correspondante, mais avec une l\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e8\loch\f40 \hich\f40 re diff\'e9\loch\f40 \hich\f40 rence \'e0\loch\f40 \hich\f40 la pointe. En somme, cette trace nouvelle du pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 \hich\f40
+gant ne diff\'e9\loch\f40 rait de la trace du bord de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tang\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+que par la pointe de la bottine. Nous ne pouvions en tirer cette conclusion que cette trace appartenait au m\'ea\loch\f40 me personnage, mais nous ne pouvions non plus affirmer qu\rquote elle ne lui appartenait pas. L\rquote \hich\f40
+inconnu pouvait ne plus porter les m\'ea\loch\f40 mes bottines.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Suiv\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ant toujours cette double empreinte, Larsan et moi, nous f\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes conduits \'e0\loch\f40 \hich\f40 sortir bient\'f4\loch\f40 \hich\f40
+t de la ch\'ea\loch\f40 \hich\f40 naie et nous nous trouv\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes sur les m\'ea\loch\f40 mes bords de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tang qui nous avaient vus lors de notre premi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re enqu\'ea\loch\f40
+te. Mais, cette fois, aucune des traces ne s\rquote y ar\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ea\loch\f40 tait et toutes deux, prenant le petit sentier, allaient rejoindre la grande route d\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40
+\hich\f40 pinay. L\'e0\loch\f40 \hich\f40 , nous tomb\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes sur un macadam r\'e9\loch\f40 cent qui ne nous montra plus rien\~\hich\f40 ; et nous rev\'ee\loch\f40 \hich\f40 nmes au ch\'e2\loch\f40 teau, sans nous dire un mot.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Arriv\'e9\loch\f40 s dans la cour d\rquote honneur, nous \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nous sommes s\'e9\loch\f40 \hich\f40 par\'e9\loch\f40 s\~\hich\f40 ; mais, par suite du m\'ea
+\loch\f40 me chemin qu\rquote \hich\f40 avait pris notre pens\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, nous nous sommes rencontr\'e9\loch\f40 \hich\f40 s \'e0\loch\f40 \hich\f40 nouveau devant la porte de la chambre du p\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re Jacques. Nous avons trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 le vieux serviteur au lit et constat\'e9\loch\f40 tout de suite que les effets qu\rquote i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 avait jet\'e9\loch\f40 \hich\f40
+s sur une chaise \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient dans un \'e9\loch\f40 \hich\f40 tat lamentable, et que ses chaussures, des souliers tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait pareils \'e0\loch\f40 \hich\f40 ceux que nous connaissions, \'e9\loch\f40
+taient extraordinairement boueux. Ce n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait certainement point en aidant \'e0\loch\f40 transporter le cadavre du garde\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ du bout de cour au vestibule, et en allant chercher une lanterne aux cuisines, que le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques avait arrang\'e9\loch\f40 \hich\f40 de la sorte ses chaussures et tremp\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ ses habits, puisque alors il ne pleuvait pas. Mais il avait plu avant ce moment-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 et il avait plu apr\'e8\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Quant \'e0\loch\f40 la figure du bonhomme, elle n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pas belle \'e0\loch\f40 \hich\f40 voir. Elle semblait refl\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ter une fatigue extr\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, et ses yeux clignotants nous regard\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent, d\'e8\loch\f40 s l\rquote abord, avec effroi.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Nous l\rquote \hich\f40 avons interrog\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Il nous a r\'e9\loch\f40 pondu d\rquote abord qu\rquote il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait couch\'e9\loch\f40 \hich\f40 imm\'e9
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 diatement apr\'e8\loch\f40 s l\rquote \hich\f40 arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 e au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau du m\'e9\loch\f40 \hich\f40 decin que le ma\'ee\loch\f40 tre d\rquote \hich\f40 h\'f4\loch\f40
+\hich\f40 tel \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait all\'e9\loch\f40 \hich\f40 qu\'e9\loch\f40 rir\~; mais nous l\rquote \hich\f40 avons si bien pouss\'e9\loch\f40 \hich\f40 , nous lui avons si bien prouv\'e9\loch\f40 qu\rquote il mentait, qu\rquote
+il a fini par nous avouer qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait, en effet, sorti du ch\'e2\loch\f40 teau. Nous lui en avon\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , naturellement, demand\'e9\loch\f40 la raison
+\~\hich\f40 ; il nous a r\'e9\loch\f40 pondu qu\rquote il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait senti mal \'e0\loch\f40 \hich\f40 la t\'ea\loch\f40 te, et qu\rquote il avait eu besoin de prendre l\rquote air, mais qu\rquote il n\rquote
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pas all\'e9\loch\f40 \hich\f40 plus loin que la ch\'ea\loch\f40 \hich\f40 naie. Nous lui avons alors d\'e9\loch\f40 crit tout le chemin qu\rquote il avait fait, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 aussi bi
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 en que si}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nous l\rquote avions vu marcher.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le vieillard se dressa sur son s\'e9\loch\f40 \hich\f40 ant et se prit
+\'e0\loch\f40 trembler.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 Vous n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tiez pas seul\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 cria Larsan.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Alors, le p\'e8\loch\f40 re Jacques\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 Vous l\rquote avez donc vu\~?
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 Qui\~? demandai-je.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 \hich\f40 Mais le fant\'f4\loch\f40 me noir\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Sur quoi, le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques nous conta que, depuis quelques nuits, il voyait le fant\'f4\loch\f40 \hich\f40
+me noir. Il apparaissait dans le parc sur le coup de minuit et glissait contre les arbres avec une souplesse incroyable. Il paraissait \'ab\~\loch\f40 traverser\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 le tronc des arbres\~; d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ux fois, le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, qui avait aper\'e7\loch\f40 \hich\f40 u le fant\'f4\loch\f40 \hich\f40 me \'e0\loch\f40 \hich\f40 travers sa fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ la clart\'e9\loch\f40 de la lune, s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait lev\'e9\loch\f40 \hich\f40 et, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 solument, \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait parti \'e0\loch\f40 \hich\f40 la chasse de cette \'e9\loch\f40
+trange apparition. L\rquote avant-veille, il avait failli la rejoindre, mais elle s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e9\loch\f40 vanouie \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u coin du donjon\~\hich\f40
+; enfin, cette nuit, \'e9\loch\f40 \hich\f40 tant en effet sorti du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, travaill\'e9\loch\f40 par l\rquote \hich\f40 id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e du nouveau crime qui venait de se commettre, il avait vu tout \'e0\loch\f40
+ coup, surgir au milieu de la cour d\rquote \hich\f40 honneur, le fant\'f4\loch\f40 me noir. Il l\rquote avait suivi d\rquote abord prudemment, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 uis de plus pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s
+\'85\loch\f40 \hich\f40 ainsi il avait tourn\'e9\loch\f40 \hich\f40 la ch\'ea\loch\f40 naie, l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tang, et \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait arriv\'e9\loch\f40 au bord de la route d\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40
+\hich\f40 pinay. \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 L\'e0\loch\f40 \hich\f40 , le fant\'f4\loch\f40 me avait soudain disparu.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 Vous n\rquote avez pas vu sa figure\~? demanda Larsan.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 Non\~! Je n\rquote \hich\f40 ai vu que des voiles noirs\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 \hich\f40 Et, apr\'e8\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ce qui s\rquote \hich\f40 est pass\'e9\loch\f40 dans la galerie, vous n\rquote \hich\f40 avez pas saut\'e9\loch\f40 dessus\~?
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 Je ne le pouvais pas\~\hich\f40 ! Je me sentais terrifi\'e9\'85\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est \'e0\loch\f40 peine si j\rquote \hich\f40 avais la force de le suivre\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 Vous ne l\rquote \hich\f40 avez pas suivi, fis-je, p\'e8\loch\f40 re Jacques, \endash \hich\f40 et ma voix \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait mena\'e7\loch\f40 ante \endash \hich\f40 vous \'ea
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tes all\'e9\loch\f40 \hich\f40 avec le fant\'f4\loch\f40 me jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 la route d\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 pinay \'ab\~\loch\f40 bras dessus, bras dessous\~\hich\f40 \'bb
+\~\loch\f40 !
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 Non\~\hich\f40 ! cria-t-il\'85\loch\f40 il s\rquote \hich\f40 est mis \'e0\loch\f40 tomber des trombes d\rquote \hich\f40 eau\'85\loch\f40 \hich\f40 Je suis rentr\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ! \'85
+\loch\f40 \hich\f40 Je ne sais pas ce que le fant\'f4\loch\f40 \hich\f40 me noir est devenu\'85\~\'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Mais ses yeux se d\'e9\loch\f40 \hich\f40 tourn\'e8\loch\f40 rent de moi.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Nous le quitt\'e2\loch\f40 mes.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Quand nous f\'fb\loch\f40 mes dehors\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 Complice\~\hich\f40 ? interrogeai-je, sur un singulier ton, en regardant Larsan bien en face pour surprendre le fond de sa pens\'e9\loch\f40 e.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Larsan leva les bras au ciel.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\endash \loch\f40 Est-ce qu\rquote on sait\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 Est-ce qu\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 on sait, dans une affaire pareille\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 Il y a vingt-quatre heures, j\rquote
+\hich\f40 aurais jur\'e9\loch\f40 qu\rquote il n\rquote y avait pas de complice\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Et il me laissa en m\rquote \hich\f40 annon\'e7\loch\f40 ant qu\rquote \hich\f40 il quittait le ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau sur-le-champ pour se rendre \'e0\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 pinay.\~
+\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille avait fini son r\'e9\loch\f40 cit. J\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e lui demandai\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Eh bien\~? Que conclure de tout cela\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 \hich\f40 Quant \'e0\loch\f40 moi, je ne vois pas\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 je ne saisis pas\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Enfin\~
+! Que savez-vous\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Tout\~! }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\rquote exclama-t-il}{\i \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'85\loch\f40 Tout\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et je ne lui avais jamais vu figure plus rayonnante. Il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait lev\'e9\loch\f40 et me serrait\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 la main avec force\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Alors, expliquez-moi, priai-je\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Allons demander des nouvelles de Mlle Stangerson\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , me r\'e9\loch\f40 pondit-il brusquement.
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745270}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XXIV\line \hich\f40 Rouletabille conna\'ee\loch\f40 \hich\f40
+t les deux moiti\'e9\loch\f40 s de l\rquote assassin{\*\bkmkend _Toc97745270}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson avait failli \'ea\loch\f40 tre \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 assassin\'e9\loch\f40 e pour la seconde fois. Le malheur fut qu\rquote elle s\rquote \hich\f40
+en porta beaucoup plus mal la seconde que la premi\'e8\loch\f40 re. Les trois coups de couteau que l\rquote \hich\f40 homme lui avait port\'e9\loch\f40 s dans la poitrine, en cette nouvelle nuit tragique, la mirent longtemps entre la vie et
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 la mort, et quand, enfin, la vie fut plus forte et qu\rquote \hich\f40 on p\'fb\loch\f40 \hich\f40 t esp\'e9\loch\f40 \hich\f40 rer que la malheureuse femme, cette fois encore, \'e9\loch\f40
+\hich\f40 chapperait \'e0\loch\f40 son sanglant destin, on s\rquote \hich\f40 aper\'e7\loch\f40 ut que, si elle reprenait chaque jour l\rquote usage de ses sens, elle ne recouvrait point celui de sa \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 aison. La moindre allusion \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 horrible trag\'e9\loch\f40 \hich\f40 die la faisait d\'e9\loch\f40 lirer, et il n\rquote \hich\f40 est point non plus, je crois bien, exag\'e9\loch\f40
+\hich\f40 r\'e9\loch\f40 de dire que l\rquote \hich\f40 arrestation de M. Robert Darzac, qui eut lieu au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau du Glandier, le lendemain de la d\'e9\loch\f40 couverte du cadavre du garde, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 c
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 reusa encore l\rquote \hich\f40 ab\'ee\loch\f40 \hich\f40 me moral o\'f9\loch\f40 \hich\f40 nous v\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes dispara\'ee\loch\f40 tre cette belle intelligence.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Robert Darzac arriva au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau vers neuf heures et demie. Je le vis accourir \'e0\loch\f40 \hich\f40 travers le parc, les cheveux et les habits en d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sordre, crott
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 , boueux, dans un \'e9\loch\f40 tat lamentab\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le. Son visage \'e9\loch\f40 tait d\rquote \hich\f40 une p\'e2\loch\f40 \hich\f40 leur mortelle. Rouletabille et moi, nous \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tions accoud\'e9\loch\f40 \hich\f40 s \'e0\loch\f40 \hich\f40 une fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre de la galerie. Il nous aper\'e7\loch\f40 ut\~\hich\f40 ; il poussa vers nous un cri d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sesp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\~\loch\f40 :
+
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 J\rquote arrive trop tard\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille lui cria\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Elle vit\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Une minute a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s, M. Darzac entrait dans la chambre de Mlle Stangerson, et, \'e0\loch\f40 \hich\f40 travers la porte, nous entend\'ee\loch\f40 mes ses sanglots.
+
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\loch\f40 .
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Fatalit\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ! g\'e9\loch\f40 \hich\f40 missait \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 de moi, Rouletabille. Quels Dieux infernaux veillent donc s
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ur le malheur de cette famille\~! Si l\rquote on ne m\rquote avait pas endormi, j\rquote \hich\f40 aurais sauv\'e9\loch\f40 Mlle Stangerson de l\rquote homme, et je l\rquote \hich\f40 aurais rendu muet pour toujours\'85
+\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 et le garde ne serait pas mort\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\loch\f40 .
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac vint nous retrouver. Il \'e9\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ait tout en larmes. Rouletabille lui raconta tout\~\hich\f40 : et comment il avait tout pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 par\'e9\loch\f40
+\hich\f40 pour leur salut, \'e0\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson et \'e0\loch\f40 lui\~\hich\f40 ; et comment il y serait parvenu en \'e9\loch\f40 loignant l\rquote \hich\f40 homme pour toujours \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 apr\'e8\loch\f40
+s avoir vu sa figure\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 ; et comment son plan s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 effondr\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans le sang, \'e0\loch\f40
+ cause du narcotique.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! si vous aviez eu r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ellement confiance en moi, fit tout bas le jeune homme, si vous aviez dit \'e0\loch\f40 Mlle Stangerson d\rquote avoir confiance en moi\~\hich\f40 !
+\'85\loch\f40 \hich\f40 Mais ici chacun se d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fie de tous\'85\loch\f40 \hich\f40 la fille se d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fie du p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re\'85\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t la fianc\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 e se d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fie du fianc\'e9\'85\loch\f40 \hich\f40 Pendant que vous me disiez de tout faire pour emp\'ea\loch\f40 cher l\rquote \hich\f40 arriv\'e9\loch\f40 e de l\rquote assassin, }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 elle}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pr\'e9\loch\f40 parait tout pour se faire assassiner\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'85\loch\f40 \hich\f40 Et je suis arriv\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 trop tard\'85\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 demi endormi\'85\loch\f40 \hich\f40 me tra\'ee\loch\f40 \hich\f40 nant presque, dans cette chambre o\'f9\loch\f40 la vue\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ de la malheureuse, baignant dans son sang, me r\'e9\loch\f40 \hich\f40 veilla tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Sur la demande de M. Darzac, Rouletabille raconta la sc\'e8\loch\f40 ne. S\rquote appuyant aux murs pour ne pas tomber, pendant que, dans le vestibule et dans la cour d\rquote honneur, nous poursuivions l\rquote
+assass\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 in, il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait dirig\'e9\loch\f40 \hich\f40 vers la chambre de la victime\'85\loch\f40 Les portes de l\rquote antichambre sont ouvertes\~; il entre\~\hich\f40
+; Mlle Stangerson g\'ee\loch\f40 \hich\f40 t, inanim\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, \'e0\loch\f40 \hich\f40 moiti\'e9\loch\f40 \hich\f40 renvers\'e9\loch\f40 e sur le bureau, les yeux clos\~\hich\f40 ; son peignoir est rouge du sang qui coule \'e0\loch\f40
+ flots de sa poitrine. I\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 semble \'e0\loch\f40 Rouletabille, encore sous l\rquote influence du narcotique, qu\rquote \hich\f40 il se prom\'e8\loch\f40 \hich\f40
+ne dans quelque affreux cauchemar. Automatiquement, il revient dans la galerie, ouvre une fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, nous clame le crime, nous ordonne de tuer, et retourne dans la chambre. Aussit\'f4\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , il traverse le boudoir d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sert, entre dans le salon dont la porte est rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 e entrouverte, secoue M. Stangerson sur le canap\'e9\loch\f40 \hich\f40 o\'f9\loch\f40 il s
+\rquote \hich\f40 est \'e9\loch\f40 \hich\f40 tendu et le r\'e9\loch\f40 veille comme je l\rquote \hich\f40 ai r\'e9\loch\f40 \hich\f40 veill\'e9\loch\f40 \hich\f40 , lui, tout \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 heure\'85\loch\f40
+ M. Stangerson se dresse avec des yeux hagards, se \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 aisse tra\'ee\loch\f40 \hich\f40 ner par Rouletabille jusque dans la chambre, aper\'e7\loch\f40 \hich\f40
+oit sa fille, pousse un cri d\'e9\loch\f40 \hich\f40 chirant\'85\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! il est r\'e9\loch\f40 \hich\f40 veill\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ! il est r\'e9\loch\f40 \hich\f40 veill\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40
+ Tous les deux, maintenant, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 unissant leurs forces chancelantes, transportent la victime sur son lit\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Puis Roulet\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 abille veut nous rejoindre, pour savoir\'85\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 pour savoir\'85\~\'bb\loch\f40 mais, avant de quitter la chambre, il s\rquote
+\hich\f40 arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 te pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s du bureau\'85\loch\f40 \hich\f40 Il y a l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , par terre, un paquet\'85\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 norme\'85\loch\f40 \hich\f40 un ballot\'85
+\loch\f40 Qu\rquote \hich\f40 est-ce que ce paquet fait l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , aupr\'e8\loch\f40 s du bureau\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 L\rquote enveloppe de serge qui l\rquote e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+toure est d\'e9\loch\f40 \hich\f40 nou\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille se penche\'85\loch\f40 \hich\f40 Des papiers\'85\loch\f40 \hich\f40 des papiers\'85\loch\f40 \hich\f40 des photographies\'85\loch\f40 Il lit\~
+\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Nouvel \'e9\loch\f40 \hich\f40 lectroscope condensateur diff\'e9\loch\f40 \hich\f40 rentiel\'85\loch\f40 \hich\f40 Propri\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 s fondamentales de la substance interm\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 diaire entre la mati\'e8\loch\f40 \hich\f40 re pond\'e9\loch\f40 rable et l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 ther impond\'e9\loch\f40 rable.\~\hich\f40 \'bb\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'85\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 Vraiment, vraiment, quel est ce myst\'e8\loch\f40 re et cette formidable ironie du sort qui veulent qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 heure o\'f9\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 on\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+ lui assassine sa fille, \'ab\~\loch\f40 on\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 vienne restituer au professeur Stangerson toutes ces paperasses inutiles, \'ab\~\loch\f40 qu\rquote il jettera au feu\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 au feu\~\hich\f40 ! \'85
+\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 feu\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 le lendemain\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Dans la matin\'e9\loch\f40 \hich\f40 e qui suivit cette horrible nuit, nous avons vu r\'e9\loch\f40 \hich\f40 appara\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre M. de Marquet, son greffier, les gendarmes. Nous avons tous \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 interrog\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, except\'e9\loch\f40 \hich\f40 naturellement Mlle Stangerson qui \'e9\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ait dans un \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tat voisin du coma. Rouletabille et moi, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s nous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre concert\'e9\loch\f40 s, n\rquote avons dit que ce que nous avons bien voulu dire. J\rquote \hich\f40
+eus garde de rien rapporter de ma station dans le cabinet noir ni des histoires de narcotique. Bref, nous t\'fb\loch\f40 mes tout ce q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 i pouvait faire soup\'e7\loch\f40 \hich\f40
+onner que nous nous attendions \'e0\loch\f40 \hich\f40 quelque chose, et aussi tout ce qui pouvait faire croire que Mlle Stangerson \'ab\~\loch\f40 attendait l\rquote assassin\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . La malheureuse allait peut-\'ea\loch\f40
+\hich\f40 tre payer de sa vie le myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re dont elle entourait son assassin\'85\loch\f40 Il ne\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nous appartenait point de rendre un pareil sacrifice inutile\'85
+\loch\f40 \hich\f40 Arthur Rance raconta \'e0\loch\f40 tout le monde, fort naturellement \endash si naturellement que j\rquote \hich\f40 en fus stup\'e9\loch\f40 fait \endash qu\rquote \hich\f40 il avait vu le garde pour la derni\'e8\loch\f40
+\hich\f40 re fois vers onze heures du soir. Celui-ci \'e9\loch\f40 tait venu \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ans sa chambre, dit-il, pour y prendre sa valise qu\rquote \hich\f40 il devait transporter le lendemain matin \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 la premi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re heure \'e0\loch\f40 \hich\f40 la gare de Saint-Michel \'ab\~\loch\f40 et s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait attard\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40
+ causer longuement chasse et braconnage avec lui\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 ! Arthur-William Rance, en effet, devait qu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tter le Glandier dans la matin\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e et se rendre \'e0\loch\f40 \hich\f40 pied, selon son habitude, \'e0\loch\f40 Saint-Michel\~\hich\f40 ; aussi avait-il profit\'e9\loch\f40 d\rquote \hich\f40 un voyage matinal du garde dans le petit bourg pour se d\'e9\loch\f40
+barrasser de son bagage.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Du moins je fus conduit \'e0\loch\f40 le penser car M. Stangerson co\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nfirma ses dires\~; il ajouta qu\rquote il n\rquote avait pas eu le plaisir, la veille au soir, d\rquote \hich\f40
+avoir \'e0\loch\f40 \hich\f40 sa table son ami Arthur Rance parce que celui-ci avait pris, vers les cinq heures, un cong\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 finitif de sa fille et de lui. M. Arthur Rance s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+tait fait servir sim\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 lement un th\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans sa chambre, se disant l\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement indispos\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Bernier, le concierge, sur les indications de Rouletabille, rapporta qu\rquote \hich\f40 il avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 requis par le garde lui-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, cette nuit-l\'e0
+\loch\f40 , pour faire la chasse aux braconniers (le garde ne pouvait plus\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 le contredire), qu\rquote ils s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient donn\'e9\loch\f40 \hich\f40 rendez-vous tous deux non loin de la ch
+\'ea\loch\f40 \hich\f40 naie et que, voyant que le garde ne venait point, il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait all\'e9\loch\f40 \hich\f40 , lui, Bernier, au-devant du garde\'85\loch\f40 \hich\f40 Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40
+\'e0\loch\f40 \hich\f40 hauteur du donjon, ayant pass\'e9\loch\f40 la petite porte de la cour \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 honneur, quand il aper\'e7\loch\f40 \hich\f40 ut un individu qui fuyait \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 toutes jambes du c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 oppos\'e9\loch\f40 , vers l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 aile droite du ch\'e2\loch\f40 teau\~\hich\f40
+; des coups de revolver retentirent dans le m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me moment derri\'e8\loch\f40 re le fuyard\~\hich\f40 ; Rouletabille \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait apparu \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 tre de la galeri
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ; il l\rquote \hich\f40 avait aper\'e7\loch\f40 u, lui Bernier, l\rquote avait reconnu, l\rquote \hich\f40 avait vu avec son fusil et lui avait cri\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ de tirer. Alors, Bernier avait l\'e2\loch\f40 \hich\f40 ch\'e9\loch\f40 son coup de fusil qu\rquote \hich\f40 il tenait tout pr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'85\loch\f40 \hich\f40 et il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait persuad\'e9\loch\f40 qu\rquote
+\hich\f40 il avait mis \'e0\loch\f40 mal le fuyard\~\hich\f40 ; il avait cru m\'ea\loch\f40 me qu\rquote il l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 avait tu\'e9\loch\f40 \hich\f40 , et cette croyance avait dur\'e9\loch\f40 jusqu\rquote
+\hich\f40 au moment o\'f9\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 pouillant le corps qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait tomb\'e9\loch\f40 \hich\f40 sous le coup de fusil, lui avait appris que ce corps \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 avait \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 tu\'e9\loch\f40 d\rquote un coup de couteau\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ; que, du reste, il restait ne rien comprendre \'e0\loch\f40 une \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 areille fantasmagorie, attendu que, si le cadavre trouv\'e9\loch\f40 n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait point celui du fuyard sur lequel nous avions tous tir\'e9\loch\f40 \hich\f40 , il fallait bien que ce fuyard f\'fb\loch\f40
+\hich\f40 t quelque part. Or, dans ce petit coin de cour o\'f9\loch\f40 \hich\f40 nous nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions tous rejoints autour du cadavre, \'ab\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l n\rquote
+y avait pas de place pour un autre mort ou pour un vivant\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 sans que nous le vissions\~!
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ainsi parla le p\'e8\loch\f40 re Bernier. Mais le juge d\rquote \hich\f40 instruction lui r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondit que, pendant que nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions dans ce petit bout de cour, la nuit \'e9
+\loch\f40 tait bien noire, puisque nou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s n\rquote \hich\f40 avions pu distinguer le visage du garde, et que, pour le reconna\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre, il nous avait fallu le transporter dans le vestibule\'85\loch\f40
+\hich\f40 \'c0\loch\f40 \hich\f40 quoi le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Bernier r\'e9\loch\f40 pliqua que, si l\rquote on n\rquote \hich\f40 avait pas vu \'ab\~\loch\f40 l\rquote autre corps, mort ou vivant\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+, on aurait au moins march\'e9\loch\f40 dessus\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tant ce bout de cour est \'e9\loch\f40 \hich\f40 troit. Enfin, nous \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tions, sans compter le cadavre, cinq dans ce bout de cour et il e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 vraiment \'e9\loch\f40 trange que l\rquote \hich\f40 autre corps nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapp\'e2\loch\f40
+\hich\f40 t\'85\loch\f40 \hich\f40 La seule porte qui donnait dans ce bout de cour \'e9\loch\f40 tait celle de la chambre du garde, et\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 la porte en \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait ferm\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 e. On en avait retrouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 la clef dans la poche du garde\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Tout de m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, comme ce raisonnement de Bernier, qui \'e0\loch\f40 \hich\f40 premi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re vue paraissait logique, conduisait \'e0\loch\f40 dire qu\rquote \hich\f40
+on avait tu\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 coups d\rquote \hich\f40 armes \'e0\loch\f40 feu un homme mort d\rquote un coup de coutea\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u, le juge d\rquote instruction ne s\rquote \hich\f40 y arr\'ea\loch\f40 \hich\f40
+ta pas longtemps. Et il fut \'e9\loch\f40 \hich\f40 vident pour tous, d\'e8\loch\f40 \hich\f40 s midi, que ce magistrat \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait persuad\'e9\loch\f40 \hich\f40 que nous avions rat\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 le fuyard\~
+\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 et que nous avions trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 un cadavre qui n\rquote \hich\f40 avait rien \'e0\loch\f40 \hich\f40 voir avec \'ab\~\loch\f40 notre affaire\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . Pour lu
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , le cadavre du garde \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait une autre affaire. Il voulut le prouver sans plus tarder, et il est probable que \'ab\~\loch\f40 cette nouvelle affaire\~\hich\f40
+\'bb\loch\f40 \hich\f40 correspondait avec des id\'e9\loch\f40 es qu\rquote \hich\f40 il avait depuis quelques jours sur les m\'9c\loch\f40 \hich\f40 urs du garde, sur ses fr\'e9\loch\f40 quentations, sur la r\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 cente intrigue qu\rquote \hich\f40 il entretenait avec la femme du propri\'e9\loch\f40 taire de l\rquote \hich\f40 auberge du \'ab\~\loch\f40 Donjon\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , et corroborait \'e9\loch\f40
+galement les rapports qu\rquote \hich\f40 on avait d\'fb\loch\f40 \hich\f40 lui faire relativement aux menaces de mort prof\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 es par le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Mathieu \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40
+adresse du garde, car \'e0\loch\f40 une heure \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s-midi le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Mathieu, malgr\'e9\loch\f40 \hich\f40 ses g\'e9\loch\f40 \hich\f40
+missements de rhumatisant et les protestations de sa femme, \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 et conduit sous bonne escorte \'e0\loch\f40 Corbeil. On n\rquote \hich\f40 avait cependant rien d\'e9\loch\f40
+couvert chez lui de compromettant\~; mais des propos tenus, encore la veil\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e, \'e0\loch\f40 \hich\f40 des rouliers qui les r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e8
+\loch\f40 rent, le compromirent plus que si l\rquote \hich\f40 on avait trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans sa paillasse le couteau qui avait tu\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 l\rquote homme vert\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous en \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions l\'e0\loch\f40 , ahuris de tant d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 nements aussi terribles qu\rquote inexplicables, quand, pour mettre le comble
+\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la stup\'e9\loch\f40 \hich\f40 faction de tous, nous v\'ee\loch\f40 \hich\f40 mes arriver au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, qui en \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tait parti aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t apr\'e8\loch\f40 s avoir vu le juge d\rquote \hich\f40 instruction et qui en revenait, accompagn\'e9\loch\f40 d\rquote \hich\f40 un employ\'e9\loch\f40 du chemin de fer.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous \'e9\loch\f40 tions alors dans le vestibule avec Arthur Rance,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 discutant de la culpabilit\'e9\loch\f40 et de l\rquote \hich\f40 innocence du p\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re Mathieu (du moins Arthur Rance et moi \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions seuls \'e0\loch\f40 \hich\f40 discuter, car Rouletabille semblait parti pour quelque r\'ea\loch\f40 ve lointain et ne s\rquote \hich\f40 occupait en aucune fa\'e7\loch\f40
+on de ce que nous disions). Le juge d\rquote instructio\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 et son greffier se trouvaient dans le petit salon vert o\'f9\loch\f40 \hich\f40 Robert Darzac nous avait introduits quand nous
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 tions arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 s pour la premi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re fois au Glandier. Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, mand\'e9\loch\f40 par le juge, venait d\rquote entrer dans le petit salon\~\hich\f40
+; M. Robert Darzac \'e9\loch\f40 tait en\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 haut, dans la chambre de Mlle Stangerson, avec M. Stangerson et les m\'e9\loch\f40 \hich\f40 decins. Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40
+ric Larsan entra dans le vestibule avec l\rquote \hich\f40 employ\'e9\loch\f40 \hich\f40 de chemin de fer. Rouletabille et moi reconn\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t cet employ\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40
+ sa petite barbiche blonde\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Tiens\~! L\rquote \hich\f40 employ\'e9\loch\f40 d\rquote \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pinay-sur-Orge\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+\hich\f40 criai-je, et je regardai Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan qui r\'e9\loch\f40 pliqua en souriant\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Oui, oui, vous avez raison, c\rquote est l\rquote \hich\f40 employ\'e9\loch\f40 d\rquote
+\hich\f40 \'c9\loch\f40 pinay-sur-Orge.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Sur quoi Fred se fit annoncer au juge d\rquote \hich\f40 instruction par le gendarme qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e0\loch\f40 la porte du salon.\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t, le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques sortit, et Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan et l\rquote \hich\f40 employ\'e9\loch\f40
+ furent introduits. Quelques instants s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 coul\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent, dix minutes peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre. Rouletabille \'e9\loch\f40 tait fort impatient. La porte du salon se rouvrit\~\hich\f40
+; le gendarme, appel\'e9\loch\f40 par le juge d\rquote instruction, en\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ra dans le salon, en ressortit, gravit l\rquote
+escalier et le redescendit. Rouvrant alors la porte du salon et ne la refermant pas, il dit au juge d\rquote instruction\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Monsieur le juge, M. Robert Darzac ne veut pas descendre\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Comment\~! Il ne veut pas\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 s\rquote \hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 cria M. de Marquet.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non\~! il dit qu\rquote il ne peut quitter Mlle Stangerson dans l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tat o\'f9\loch\f40 \hich\f40 elle se trouve\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est bien, fit M. de Marquet\~; puisqu\rquote \hich\f40 il ne vient pas \'e0\loch\f40 \hich\f40 nous, nous irons \'e0\loch\f40 \hich\f40 lui\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. de Marquet et le gendarme mont\'e8\loch\f40 rent\~; le juge d\rquote instruction f\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 it signe \'e0\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ric Larsan et \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 employ\'e9\loch\f40 de chemin de fer de les suivre. Rouletabille et moi fermions la marche.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 On arriva ainsi, dans la galerie, devant la porte de l\rquote \hich\f40 antichambre de Mlle Stangerson. M. de Marquet frappa \'e0\loch\f40 la porte. Une femme de chambre \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 apparut. C\rquote
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 tait Sylvie, une petite bonniche dont les cheveux d\rquote \hich\f40 un blond fadasse retombaient en d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sordre sur un visage constern\'e9\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 M. Stangerson est l\'e0\~\loch\f40 ? demanda le juge d\rquote instruction.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, monsieur.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Dites-lui que je d\'e9\loch\f40 sire lui parler.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Sylvie al\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 la chercher M. Stangerson.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le savant vint \'e0\loch\f40 nous\~; il pleurait\~\hich\f40 ; il faisait peine \'e0\loch\f40 voir.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Que me voulez-vous encore\~? demanda celui-ci au juge. Ne pourrait-on pas, monsieur, dans un moment pareil, me laisser un peu tranquille\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Monsieur, fit le juge\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , il faut absolument que j\rquote \hich\f40 aie, sur-le-champ, un entretien avec M. Robert Darzac. Ne pourriez-vous le d\'e9\loch\f40 \hich\f40 cider \'e0\loch\f40
+ quitter la chambre de Mlle Stangerson\~\hich\f40 ? Sans quoi, je me verrais dans la n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessit\'e9\loch\f40 d\rquote en franchir le seuil avec tout l\rquote appareil de la justice.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le professeur ne r\'e9\loch\f40 pondit pas\~; il regarda le juge, le gendarme et tous ceux qui les accompagnaient comme une victime regarde ses bourreaux, et il rentra dans la chambre.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t M. Robert Darzac en sortit. Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait bien p\'e2\loch\f40 \hich\f40 le et bien d\'e9\loch\f40 fait\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+; mais, quand le malheureux aper\'e7\loch\f40 \hich\f40 ut, derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan, l\rquote \hich\f40 employ\'e9\loch\f40 \hich\f40 de chemin de fer, son visage se d\'e9\loch\f40
+composa encore\~\hich\f40 ; ses yeux devinrent hagards et il ne put retenir un sourd g\'e9\loch\f40 missement.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Nous avions tous saisi le tragique mouvement de cette physion\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 omie douloureuse. Nous ne p\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes nous emp\'ea\loch\f40 \hich\f40 cher de laisser \'e9\loch\f40
+\hich\f40 chapper une exclamation de piti\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Nous sent\'ee\loch\f40 mes qu\rquote \hich\f40 il se passait alors quelque chose de d\'e9\loch\f40 \hich\f40 finitif qui d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+cidait de la perte de M. Robert Darzac. Seul, Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan avait une figure rayonnante et \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ontrait la joie d\rquote un chien de chasse qui s\rquote
+\hich\f40 est enfin empar\'e9\loch\f40 de sa proie.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. de Marquet dit, montrant \'e0\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac le jeune employ\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 la barbiche blonde\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Vous reconnaissez monsieur\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je le reconnais, fit Robert Darzac d\rquote une voix qu\rquote il essayait en vai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n de rendre ferme. C\rquote \hich\f40 est un employ\'e9\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 Orl\'e9\loch\f40
+\hich\f40 ans \'e0\loch\f40 la station d\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 pinay-sur-Orge.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ce jeune homme, continua M. de Marquet, affirme qu\rquote \hich\f40 il vous a vu descendre de chemin de fer, \'e0\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 pinay\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Cette nuit, termina M. Darzac, \'e0\loch\f40 \hich\f40 dix heures et demie\'85\loch\f40 c\rquote est vrai\~! \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il y eut un silence\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Monsieur Darzac, reprit le juge d\rquote \hich\f40 instruction sur un ton qui \'e9\loch\f40 tait empreint d\rquote \hich\f40 une poignante \'e9\loch\f40 \hich\f40 motion\'85\loch\f40 \hich\f40
+ Monsieur Darzac, que veniez-vous faire cette nuit \'e0\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 pinay-sur-Orge, \'e0\loch\f40 \hich\f40 quelques kilom\'e8\loch\f40 tres de l\rquote \hich\f40 endroit o\'f9\loch\f40 l\rquote on assassinait Ml
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 le Stangerson\~\hich\f40 ? \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac se tut. Il ne baissa pas la t\'ea\loch\f40 te, mais il ferma les yeux, soit qu\rquote \hich\f40 il voul\'fb\loch\f40 t dissimuler sa douleur, soit qu\rquote \hich\f40 il craign\'ee\loch\f40 t qu\rquote
+\hich\f40 on p\'fb\loch\f40 t lire dans son regard quelque chose de son secret.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Monsieur Darzac, insista M. de Marquet\'85\loch\f40 pou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 vez-vous me donner l\rquote emploi de votre temps, cette nuit\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac rouvrit les yeux. Il semblait avoir reconquis toute sa puissance sur lui-m\'ea\loch\f40 me.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Non, monsieur\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 R\'e9\loch\f40 \hich\f40 fl\'e9\loch\f40 chissez, monsieur\~\hich\f40 ! car je vais \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre dans la n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessit\'e9\loch\f40 , si vous persistez dans
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 votre \'e9\loch\f40 \hich\f40 trange refus, de vous garder \'e0\loch\f40 ma disposition.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je refuse\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Monsieur Darzac\~\hich\f40 ! Au nom de la loi, je vous arr\'ea\loch\f40 te\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le juge n\rquote \hich\f40 avait pas plut\'f4\loch\f40 \hich\f40 t prononc\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ ces mots que je vis Rouletabille faire un mouvement brusque vers M. Darzac. Il allait certainement parler, mais celui-ci d\rquote \hich\f40 un geste lui ferma la bouche\'85\loch\f40 Du reste, le gendarme s\rquote \hich\f40 approchait d\'e9\loch\f40
+\hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 de son prisonnier\'85\loch\f40 \hich\f40 \'c0\loch\f40 \hich\f40 ce moment un appel d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sesp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 retentit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Robert\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Robert\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous reconn\'fb\loch\f40 \hich\f40 mes la voix de Mlle Stangerson, et, \'e0\loch\f40 \hich\f40 cet accent de douleur, pas un de nous qui ne frissonn\'e2\loch\f40 \hich\f40 t. Larsan lui-m\'ea\loch\f40 \hich\f40
+me, cette fois, en p\'e2\loch\f40 \hich\f40 lit. Quant \'e0\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondant \'e0\loch\f40 l\rquote appel, il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40
+\hich\f40 pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cipit\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans la chambre\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le juge, le gendarme, Larsan s\rquote \hich\f40 y r\'e9\loch\f40 \hich\f40 unirent derri\'e8\loch\f40 re lui\~\hich\f40 ; Rouletabille et moi rest\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes sur le pas de la porte. Spectacle d\'e9\loch\f40
+chirant\~\hich\f40 : Mlle Stangerson, dont le visage avait la p\'e2\loch\f40 leur de la mort, s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait soulev\'e9\loch\f40 \hich\f40 e sur sa couche, malgr\'e9\loch\f40 \hich\f40 les deux m\'e9\loch\f40 decins et so
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 n p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re\'85\loch\f40 \hich\f40 Elle tendait des bras tremblants vers Robert Darzac sur qui Larsan et le gendarme avaient mis la main\'85\loch\f40 \hich\f40 Ses yeux \'e9\loch\f40 \hich\f40
+taient grands ouverts\'85\loch\f40 \hich\f40 elle voyait\'85\loch\f40 \hich\f40 elle comprenait\'85\loch\f40 \hich\f40 Sa bouche sembla murmurer un mot\'85\loch\f40 \hich\f40 un mot qui expira sur ses l\'e8\loch\f40 \hich\f40 vres exsangues\'85
+\loch\f40 un \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ot que personne n\rquote \hich\f40 entendit\'85\loch\f40 \hich\f40 et elle se renversa, \'e9\loch\f40 \hich\f40 vanouie\'85\loch\f40 \hich\f40
+ On emmena rapidement Darzac hors de la chambre\'85\loch\f40 \hich\f40 En attendant une voiture que Larsan \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait all\'e9\loch\f40 \hich\f40 chercher, nous nous arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e2\loch\f40 \hich\f40
+mes dans le vestibule. Notre \'e9\loch\f40 \hich\f40 motion \'e0\loch\f40 \hich\f40 tous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait extr\'ea\loch\f40 me. M. de Marquet av\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 it la larme \'e0\loch\f40
+ l\rquote \hich\f40 \'9c\loch\f40 il. Rouletabille profita de ce moment d\rquote \hich\f40 attendrissement g\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 ral pour dire \'e0\loch\f40 M. Darzac\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous ne vous d\'e9\loch\f40 fendrez pas\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non\~\hich\f40 ! r\'e9\loch\f40 pliqua le prisonnier.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Moi, je vous d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fendrai, monsieur\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous ne le pouvez pas, affirma le malheureux a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 vec un pauvre sourire\'85\loch\f40 Ce que nous n\rquote avons pu faire, Mlle Stangerson et moi, vous ne le ferez pas\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Si, je le ferai.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et la voix de Rouletabille \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e9\loch\f40 trangement calme et confiante. Il continua\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Je le ferai, monsieur Robert Darzac, parce que moi,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 j\rquote en sais plus long que vous\~!
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Allons donc\~\hich\f40 ! murmura Darzac presque avec col\'e8\loch\f40 re.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~! soyez tranquille, je ne saurai que ce qu\rquote il sera utile de savoir }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pour vous sauver\~!
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il ne faut rien savoir}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , jeune homme\'85\loch\f40 \hich\f40 si vous voulez avoir droit \'e0\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ ma reconnaissance.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille secoua la t\'ea\loch\f40 te. Il s\rquote \hich\f40 approcha tout pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s, tout pr\'e8\loch\f40 s de Darzac\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\'c9\loch\f40 \hich\f40 coutez ce que je vais vous dire, fit-il \'e0\loch\f40 \hich\f40 voix basse\'85\loch\f40 et que cela vous donne confiance\~! Vous, vous ne savez que le nom de l\rquote assassin\~
+; Mlle Stangerson, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 elle, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 conna\'ee\loch\f40 \hich\f40 t seulement la moiti\'e9\loch\f40 de l\rquote assassin\~\hich\f40 ; mais moi, je connais ses deux moiti\'e9\loch\f40 s\~
+; je connais l\rquote assassin tout entier, moi\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Robert Darzac ouvrit des yeux qui attestaient qu\rquote il ne comprenait pas un mot de ce que venait de lui dire Rouletabille. \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La voiture, sur ces entrefaites, arriva, conduite par Fr
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan. On y fit monter Darzac et le gendarme. Larsan resta sur le si\'e8\loch\f40 \hich\f40 ge. On emmenait le prisonnier \'e0\loch\f40 Corbeil.
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745271}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XXV\line Rouletabille part en voyage{\*\bkmkend _Toc97745271}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le soir m\'ea\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 me nous quittions le Glandier, Rouletabille et moi. Nous en \'e9\loch\f40 tions fort heureux\~: cet endroit n\rquote \hich\f40 avait rien qui p\'fb\loch\f40
+\hich\f40 t encore nous retenir. Je d\'e9\loch\f40 \hich\f40 clarai que je renon\'e7\loch\f40 \hich\f40 ais \'e0\loch\f40 \hich\f40 percer tant de myst\'e8\loch\f40 res, et Rouletabille, en me donnant une tape amicale sur l\rquote \hich\f40 \'e9
+\loch\f40 paule, m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 confia qu\rquote il n\rquote \hich\f40 avait plus rien \'e0\loch\f40 \hich\f40 apprendre au Glandier, parce que le Glandier lui avait tout appris. Nous arriv\'e2\loch\f40
+\hich\f40 mes \'e0\loch\f40 \hich\f40 Paris vers huit heures. Nous d\'ee\loch\f40 \hich\f40 n\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes rapidement, puis, fatigu\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, nous nous s\'e9\loch\f40 \hich\f40 par\'e2\loch\f40
+mes en nous donnant rendez-vous le lendemain matin chez\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 moi.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 heure dite, Rouletabille entrait dans ma chambre. Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait v\'ea\loch\f40 tu d\rquote \hich\f40 un complet \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ carreaux en drap anglais, avait un ulster sur le bras, une casquette sur la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te et un sac \'e0\loch\f40 la main. Il m\rquote apprit qu\rquote il partait en voyage.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Combien de temps serez-vo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 us parti\~? lui demandai-je.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Un mois ou deux, fit-il, cela d\'e9\loch\f40 \hich\f40 pend\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je n\rquote osai l\rquote \hich\f40 interroger\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Savez-vous, me dit-il, quel est le mot que Mlle Stangerson a prononc\'e9\loch\f40 hier avant de s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 vanouir\'85\loch\f40 en regardant M. Robert Darzac\~
+\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non, personne ne l\rquote a ent\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 endu\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Si\~\hich\f40 ! r\'e9\loch\f40 pliqua Rouletabille, moi\~! Elle lui disait\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 parle\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et M. Darzac parlera\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Jamais\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote aurais voulu prolonger l\rquote \hich\f40 entretien, mais il me serra fortement la main et me souhaita une bonne sant\'e9\loch\f40 , je n\rquote eus que le temps de lui demander\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 :
+
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Vous ne craignez point que, pendant votre absence, il se commette de nouveaux attentats\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je ne crains plus rien de ce genre, dit-il, depuis que M. Darzac est en prison.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Sur cette parole bizarre, il me quitta. Je ne devais plus le revoir qu\rquote e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n cour d\rquote \hich\f40 assises, au moment du proc\'e8\loch\f40 s Darzac, lorsqu\rquote \hich\f40 il vint \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 la barre \'ab\~\loch\f40 expliquer l\rquote inexplicable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745272}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XXVI\line \hich\f40 O\'f9\loch\f40
+ Joseph Rouletabille est impatiemment attendu{\*\bkmkend _Toc97745272}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le 15 janvier suivant, c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 \hich\f40 -dire deux mois et demi apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s les tragiques \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40
+nements que je viens de rapporter, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 publiait, en premi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re colonne, premi\'e8\loch\f40
+re page, le sensationnel article suivant\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Le jury de Seine-et-Oise est appel\'e9\loch\f40 aujourd\rquote \hich\f40 hui, \'e0\loch\f40 juger l\rquote \hich\f40 une des plus myst\'e9\loch\f40
+rieuses affaires qui soient dans les annales judic\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 iaires. Jamais proc\'e8\loch\f40 s n\rquote \hich\f40 aura pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sent\'e9\loch\f40 \hich\f40 tant de points obscurs, incompr\'e9\loch\f40
+hensibles, inexplicables. Et cependant l\rquote accusation n\rquote \hich\f40 a point h\'e9\loch\f40 \hich\f40 sit\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 faire asseoir sur le banc des assises un homme respect\'e9\loch\f40 \hich\f40 , estim\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 , aim\'e9\loch\f40 de tous ceux qui le connaissent, un jeune sa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 v\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ant, espoir de la science fran\'e7\loch\f40 aise, dont toute l\rquote \hich\f40
+existence fut de travail et de probit\'e9\loch\f40 . Quand Paris apprit l\rquote arrestation de M. Robert Darzac, un cri unanime de protestation s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 leva de toutes parts. La Sorbonne tout enti\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 shonor\'e9\loch\f40 \hich\f40 e par le geste inou\'ef\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 du juge d\rquote instruction, proclama sa foi dans l\rquote \hich\f40 innocence du fianc\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ de Mlle Stangerson. M. Stangerson lui-m\'ea\loch\f40 me attesta hautement l\rquote \hich\f40 erreur o\'f9\loch\f40 s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait fourvoy\'e9\loch\f40
+e la justice, et il ne fait de doute pour personne que, si la victime pouvait parler, elle viendrait\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 clamer aux douze jur\'e9\loch\f40 s de Seine-et-Oise l
+\rquote \hich\f40 homme dont elle voulait faire son \'e9\loch\f40 poux et que l\rquote \hich\f40 accusation veut envoyer \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 chafaud. Il faut esp\'e9\loch\f40 rer qu\rquote \hich\f40
+un jour prochain Mlle Stangerson recouvrera sa raison qui a momentan\'e9\loch\f40 \hich\f40 ment sombr\'e9\loch\f40 dans l\rquote \hich\f40 horrible myst\'e8\loch\f40 re \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+u Glandier. Voulez-vous qu\rquote elle la reperde lorsqu\rquote elle apprendra que l\rquote homme qu\rquote elle aime est mort de la main du bourreau\~? Cette question s\rquote \hich\f40 adresse au jury \'ab\~\loch\f40 auquel nous nous proposons d\rquote
+avoir affaire, aujourd\rquote \hich\f40 hui m\'ea\loch\f40 me\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Nous sommes d\'e9\loch\f40 \hich\f40 cid\'e9\loch\f40 s, en effet,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ ne point laisser douze braves gens commettre une abominable erreur judiciaire. Certes, des co\'ef\loch\f40 ncidences terribles, des traces accusatrices, un silence inexplicable de la part de l\rquote \hich\f40 accus\'e9\loch\f40 \hich\f40
+, un emploi du temps \'e9\loch\f40 nigmatique, l\rquote absence de tout alibi, ont pu \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ntra\'ee\loch\f40 \hich\f40 ner la conviction du parquet qui, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40
+ayant vainement cherch\'e9\loch\f40 \hich\f40 la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 ailleurs\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , s\rquote \hich\f40 est r\'e9\loch\f40 \hich\f40 solu \'e0\loch\f40 \hich\f40 la trouver l\'e0\loch\f40
+. Les charges sont, en apparence, si accablantes pour M. Robert Darzac, qu\rquote \hich\f40 il faut m\'ea\loch\f40 me excuser un policier aussi averti, aussi intelligent,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 et g\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 ralement aussi heureux que M. Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan de s\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre laiss\'e9\loch\f40 aveugler par elles. Jusqu\rquote
+alors, tout est venu accuser M. Robert Darzac, devant l\rquote instruction\~; aujourd\rquote \hich\f40 hui, nous allons, nous, le d\'e9\loch\f40 fendre devant le jury\~\hich\f40 ; et nous apporterons \'e0\loch\f40 la bar\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e une lumi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re telle que tout le myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re du Glandier en sera illumin\'e9\loch\f40 \hich\f40 . \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Car nous poss\'e9\loch\f40 \hich\f40 dons la v\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 .\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Si nous n\rquote \hich\f40 avons point parl\'e9\loch\f40 \hich\f40 plus t\'f4\loch\f40 t, c\rquote est que l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'ea\loch\f40 \hich\f40 t m\'ea\loch\f40 \hich\f40
+me de la cause que nous voulons d\'e9\loch\f40 fendre l\rquote exigeait sans doute. Nos lecteurs n\rquote ont pas ou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 bli\'e9\loch\f40 \hich\f40 ces sensationnelles enqu\'ea\loch\f40 \hich\f40
+tes anonymes que nous avons publi\'e9\loch\f40 \hich\f40 es sur le \'ab\~\loch\f40 Pied gauche de la rue Oberkampf\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , sur le fameux vol du \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Cr\'e9\loch\f40 dit universel\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+ et sur l\rquote \hich\f40 affaire des \'ab\~\loch\f40 Lingots d\rquote or de la Monnaie\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Elles nous faisaient pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 voir la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 \hich\f40 , avant m\'ea
+\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 que l\rquote \hich\f40 admirable ing\'e9\loch\f40 \hich\f40 niosit\'e9\loch\f40 d\rquote \hich\f40 un Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan ne l\rquote \hich\f40 e\'fb
+\loch\f40 \hich\f40 t d\'e9\loch\f40 \hich\f40 voil\'e9\loch\f40 \hich\f40 e tout enti\'e8\loch\f40 \hich\f40 re. Ces enqu\'ea\loch\f40 \hich\f40 tes \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient conduites par notre plus jeune r\'e9\loch\f40
+dacteur, un enfant de dix-huit ans, Joseph Rouletabille, qui sera illustre demain. Quand l\rquote \hich\f40 affaire du Glandier \'e9\loch\f40 clata, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+otre petit reporter se rendit sur les lieux, for\'e7\loch\f40 a toutes les portes et s\rquote \hich\f40 installa dans le ch\'e2\loch\f40 teau d\rquote \hich\f40 o\'f9\loch\f40 \hich\f40 tous les repr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sentants de la presse avaient
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 chass\'e9\loch\f40 \hich\f40 s. \'c0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, il chercha la v\'e9\loch\f40
+\hich\f40 rit\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ; il vit avec \'e9\loch\f40 pouvante l\rquote \hich\f40 erreur o\'f9\loch\f40 s\rquote \hich\f40 ab\'ee\loch\f40 mait \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 out le g\'e9\loch\f40
+\hich\f40 nie du c\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e8\loch\f40 bre policier\~\hich\f40 ; en vain essaya-t-il de le rejeter hors de la mauvaise piste o\'f9\loch\f40 il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait engag\'e9\~\loch\f40 \hich\f40
+: le grand Fred ne voulut point consentir \'e0\loch\f40 \hich\f40 recevoir des le\'e7\loch\f40 \hich\f40 ons de ce petit journaliste. Nous savons o\'f9\loch\f40 cela a conduit M. Robert Darzac.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Or, il faut que la France sache, il faut que le monde sache que, le soir m\'ea\loch\f40 me de l\rquote \hich\f40 arrestation de M. Robert Darzac, le jeune Joseph Rouletabille p
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 trait dans le bureau de notre directeur et lui disait\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Je pars en voyage. Combien de temps\~serai-je par\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+i, je ne pourrais vous le dire\~;\~\hich\f40 peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre un mois, deux mois, trois mois\'85\~\loch\f40 \hich\f40 peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre ne reviendrai-je jamais\'85\loch\f40 Voici une\~\hich\f40 lettre\'85\loch\f40
+\hich\f40 Si je ne suis pas revenu le jour o\'f9\loch\f40 M.\~\hich\f40 Darzac compara\'ee\loch\f40 tra devant les assises, vous ouvrirez cette lettre en cour d\rquote assises, apr\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e8\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s le\~
+\hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fil\'e9\loch\f40 \hich\f40 des t\'e9\loch\f40 moins. Entendez-vous pour cela avec\~l\rquote avocat de M. Robert Darzac. M. Robert Darzac\~est innocent. }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Dans cette lettre il y a le}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nom de\~l\rquote assassin}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , et, je ne dirai point\~: les preuves, car, les preuves, je vais les chercher,\~mais }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote
+explicatio\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 n irr\'e9\loch\f40 futable de sa}{\~}{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 culpabilit\'e9\loch\f40 .\~\hich\f40 \'bb}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et notre r\'e9\loch\f40 \hich\f40
+dacteur partit. Nous sommes rest\'e9\loch\f40 s longtemps sans nouvelles mais un inconnu est venu trouver notre directeur, il y a huit jours, pour lui dire\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Agissez suivant les instructions de Joseph Rouletabille, }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 si la \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 chose devient}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 cessaire.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il y a la v\'e9\loch\f40
+\hich\f40 rit\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans cette lettre.\'bb\loch\f40 Cet homme n\rquote a point voulu nous dire son nom.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Aujourd\rquote hui, 15 janvier, nous voici au grand jour des assises\~; Joseph Rouletabille n\rquote est pas de retour\~\hich\f40 ; peut-\'ea\loch\f40 tre ne le reverrons-nous jamais.
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La presse, elle aussi, compte ses h\'e9\loch\f40 ros, victimes du devoir\~\hich\f40 : le devoir professionnel, le premier de tous les devoirs. Peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ cette heure, y a-t-il succomb\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ! Nous saurons le venger. Notre directeur, cet apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s-midi, sera \'e0\loch\f40 la cour d\rquote assises de Versa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+lles, avec la lettre\~: }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 la lettre qui contient le nom de}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote assassin\~!\~\hich\f40 \'bb}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 En t\'ea\loch\f40 te de l\rquote article, on avait mis le portrait de Rouletabille.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Les parisiens qui se rendirent ce jour-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 Versailles pour le proc\'e8\loch\f40 \hich\f40 s dit du \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Myst\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re de la Chambre Jaune\'bb\loch\f40 n\rquote ont cert\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ainement pas oubli\'e9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 incroyable cohue qui se bousculait \'e0\loch\f40
+ la gare Saint-Lazare. On ne trouvait plus de place dans les trains et l\rquote \hich\f40 on dut improviser des convois suppl\'e9\loch\f40 mentaires. L\rquote article de }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 poque}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 avait boulevers\'e9\loch\f40 \hich\f40 tout le monde, excit\'e9\loch\f40 toutes les curios\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 it\'e9\loch\f40 \hich\f40 s, pouss\'e9\loch\f40 jusqu\rquote \hich\f40 \'e0
+\loch\f40 l\rquote \hich\f40 exasp\'e9\loch\f40 \hich\f40 ration la passion des discussions. Des coups de poing furent \'e9\loch\f40 \hich\f40 chang\'e9\loch\f40 \hich\f40 s entre les partisans de Joseph Rouletabille et les fanatiques de Fr\'e9\loch\f40
+\hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, car, chose bizarre, la fi\'e8\loch\f40 vre de ces gens venait moins de ce qu\rquote on allait p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ut-\'ea\loch\f40
+tre condamner un innocent que de l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'ea\loch\f40 t qu\rquote \hich\f40 ils portaient \'e0\loch\f40 \hich\f40 leur propre compr\'e9\loch\f40 \hich\f40 hension du \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 myst\'e8\loch\f40
+\hich\f40 re de la Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 . Chacun avait son explication et la tenait pour bonne. Tous ceux qui expliquaient le crime comme Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan n\rquote admettaient po
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nt qu\rquote \hich\f40 on p\'fb\loch\f40 \hich\f40 t mettre en doute la perspicacit\'e9\loch\f40 de ce policier populaire\~\hich\f40
+; et tous les autres, qui avaient une explication autre que celle de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, pr\'e9\loch\f40 tendaient naturellement qu\rquote \hich\f40 elle devait \'ea\loch\f40 tre celle de Joseph Rouletabille qu
+\rquote ils ne connaissaient\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pas encore. Le num\'e9\loch\f40 ro de }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+\'e0\loch\f40 \hich\f40 la main, les \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Larsan \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 et les \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 se disput\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent, se chamaill\'e8\loch\f40 \hich\f40
+rent, jusque sur les marches du palais de justice de Versailles, jusque dans le pr\'e9\loch\f40 toire. Un service d\rquote \hich\f40 ordre extraordinaire avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 command\'e9\loch\f40 .
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 innombrable foule qui ne put p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 trer dans le palais resta jusqu\rquote
+au soir aux alentours du monument, maintenue difficilement par la troupe et la police, avide de nouvelles, accueillant les rumeurs les plus fantastiques. Un moment, le bruit circula qu\rquote on \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 v
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 enait d\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 ter, en pleine audience, M. Stangerson lui-m\'ea\loch\f40 me, qui s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait avou\'e9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 assassin de sa fille
+\'85\loch\f40 C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait de la folie. L\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 nervement \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e0\loch\f40 son comble. Et l\rquote \hich\f40 on attendait toujours Rouletabille. Des gens pr\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tendaient le conna\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre et le reconna\'ee\loch\f40 tre\~; et\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 quand un jeune homme, muni d\rquote \hich\f40
+un laissez-passer, traversait la place libre qui s\'e9\loch\f40 parait la foule du palais de justice, des bousculades se produisaient. On s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 crasait. On criait\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Rouletabille\~! Voici Rouletabille\~
+!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Des t\'e9\loch\f40 moins, qui ressemblaient plus \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 u moins vaguement au portrait publi\'e9\loch\f40 par }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L
+\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , furent aussi acclam\'e9\loch\f40 s. L\rquote \hich\f40 arriv\'e9\loch\f40 e du directeur de }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 poque}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 fut encore le signal de quelques manifestations. Les uns applaudirent, les autres siffl\'e8\loch\f40 rent. Il y avait beaucoup de femmes dans la foule.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Dans la\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 salle des assises, le proc\'e8\loch\f40 \hich\f40 s se d\'e9\loch\f40 \hich\f40 roulait sous la pr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+sidence de M. De Rocoux, un magistrat imbu de tous les pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 jug\'e9\loch\f40 \hich\f40 s des gens de robe, mais fonci\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement honn\'ea\loch\f40 te. On avait fait l\rquote \hich\f40 appel des t\'e9\loch\f40
+moins. J\rquote \hich\f40 en \'e9\loch\f40 tais, naturellement, ainsi que tous ceux qui, de pr\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e8\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s ou de loin, avaient touch\'e9\loch\f40 \hich\f40 les myst\'e8\loch\f40
+res du Glandier\~\hich\f40 : M. Stangerson, vieilli de dix ans, m\'e9\loch\f40 \hich\f40 connaissable, Larsan, M. Arthur W. Rance, la figure toujours enlumin\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, le p\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re Mathieu, qui fut amen\'e9\loch\f40 , menottes aux mains, entre deux gendarmes,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mme\~\hich\f40 Mathieu, toute en larmes, les Bernier, les deux gardes-malades, le ma\'ee\loch\f40 tre d\rquote
+\hich\f40 h\'f4\loch\f40 \hich\f40 tel, tous les domestiques du ch\'e2\loch\f40 teau, l\rquote \hich\f40 employ\'e9\loch\f40 de poste du bureau 40, l\rquote \hich\f40 employ\'e9\loch\f40 du chemin de fer d\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40
+pinay, quelques amis de M. et de Mlle Stangerson, et tous les t\'e9\loch\f40 \hich\f40 moins \'e0\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 charge de M. Robert Darzac. J\rquote eus la chance d\rquote \hich\f40
+\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre entendu parmi les premiers t\'e9\loch\f40 moins, ce qui me permit d\rquote \hich\f40 assister \'e0\loch\f40 \hich\f40 presque tout le proc\'e8\loch\f40 s.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je n\rquote ai point besoin de vous dire que l\rquote on s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 crasait dans le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 toire. Des avocats \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+taient assis jusque sur les marches de \'ab\~\loch\f40 la cour\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ; et, derri\'e8\loch\f40 \hich\f40 re les magistrats en robe rouge, tous les parquets des environs \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient repr\'e9\loch\f40
+\hich\f40 sent\'e9\loch\f40 \hich\f40 s. M. Robert Darzac apparut au banc des accus\'e9\loch\f40 s, entre les gendarmes, si calme, si grand et si beau, qu\rquote un mur\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ure d\rquote
+admiration plus que de compassion l\rquote \hich\f40 accueillit. Il se pencha aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t vers son avocat, ma\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre Henri-Robert, qui, assist\'e9\loch\f40 \hich\f40 de son premier secr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+taire, ma\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre Andr\'e9\loch\f40 \hich\f40 Hesse, alors d\'e9\loch\f40 \hich\f40 butant, avait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 commenc\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 feuilleter son dossier.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Beaucoup s\rquote attendai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ent \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce que M. Stangerson all\'e2\loch\f40 t serrer la main de l\rquote \hich\f40 accus\'e9\~\loch\f40 ; mais l\rquote \hich\f40
+appel des t\'e9\loch\f40 \hich\f40 moins eut lieu et ceux-ci quitt\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent tous la salle sans que cette d\'e9\loch\f40 \hich\f40 monstration sensationnelle se f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t produite. Au moment o\'f9\loch\f40 \hich\f40
+ les jur\'e9\loch\f40 s prirent place, on remarqua qu\rquote ils avaie\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t eu l\rquote air de s\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 resser beaucoup \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ un rapide entretien que ma\'ee\loch\f40 tre Henri-Robert avait eu avec le directeur de }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . Celui-ci s\rquote
+en fut ensuite prendre place au premier rang de public. Quelques-uns s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tonn\'e8\loch\f40 rent qu\rquote \hich\f40 il ne suiv\'ee\loch\f40 \hich\f40 t point les t\'e9\loch\f40 moins dans la
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 salle qui leur \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait r\'e9\loch\f40 \hich\f40 serv\'e9\loch\f40 e.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 La lecture de l\rquote acte d\rquote accusation s\rquote \hich\f40 accomplit comme presque toujours, sans incident. Je ne relaterai pas ici le long interrogatoire que subit M. Darzac. Il r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondit \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 la foi de la fa\'e7\loch\f40 \hich\f40 on la plus naturelle et la plus myst\'e9\loch\f40 rie\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 use. \'ab\~\loch\f40 Tout ce qu\rquote il pouvait dire\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+ parut naturel, tout ce qu\rquote \hich\f40 il tut parut terrible pour lui, m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me aux yeux de ceux qui \'ab\~\loch\f40 sentaient\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+ son innocence. Son silence sur les points que nous connaissons se dressa contre lui et il semblait bien que ce silence d\'fb\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 fatalement l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 craser. Il r
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 sista aux objurgations du pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident des assises et du minist\'e8\loch\f40 \hich\f40 re public. On lui dit que se taire, en une pareille circonstance, \'e9\loch\f40 \hich\f40 quivalait \'e0\loch\f40 la mort.
+
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 C\rquote est bien, dit-il, je la subirai donc\~; mais je suis innocent\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Avec cet\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 te habilet\'e9\loch\f40 \hich\f40 prodigieuse qui a fait sa renomm\'e9\loch\f40 e, et profitant de l\rquote \hich\f40 incident, ma\'ee\loch\f40 \hich\f40
+tre Henri-Robert essaya de grandir le caract\'e8\loch\f40 \hich\f40 re de son client, par le fait m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me de son silence, en faisant allusion \'e0\loch\f40 \hich\f40 des devoirs moraux que seules des \'e2\loch\f40 \hich\f40 mes h\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 ro\'ef\loch\f40 ques sont susc\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ptibles de s\rquote imposer. L\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 minent avocat ne parvint qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ convaincre tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait ceux qui connaissaient M. Darzac, mais les autres rest\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent h\'e9\loch\f40 sitants. Il y eut une suspension d\rquote \hich\f40 audience, puis le d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fil\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 des t\'e9\loch\f40 \hich\f40 moins commen\'e7\loch\f40 a et Rouletabille n\rquote arrivait toujour\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 point. Chaque fois qu\rquote une porte s\rquote \hich\f40
+ouvrait, tous les yeux allaient \'e0\loch\f40 cette porte, puis se reportaient sur le directeur de }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 poque}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 qui restait, impassible, \'e0\loch\f40
+\hich\f40 sa place. On le vit enfin qui fouillait dans sa poche et qui \'ab\~\loch\f40 en tirait une lettre\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . Une grosse \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 rumeur suivit ce geste.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mon intention n\rquote \hich\f40 est point de retracer ici tous les incidents de ce proc\'e8\loch\f40 s. J\rquote \hich\f40 ai assez longuement rappel\'e9\loch\f40 \hich\f40 toutes les \'e9\loch\f40 tapes de l\rquote
+\hich\f40 affaire pour ne point imposer aux lecteurs le d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fil\'e9\loch\f40 \hich\f40 nouveau des \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 \hich\f40 nements entour\'e9\loch\f40 \hich\f40 s de leur myst\'e8\loch\f40 re. J\rquote
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ai h\'e2\loch\f40 te d\rquote \hich\f40 arriver au moment vraiment dramatique de cette journ\'e9\loch\f40 \hich\f40 e inoubliable. Il survint, comme ma\'ee\loch\f40 \hich\f40
+tre Henri-Robert posait quelques questions au p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Mathieu, qui, \'e0\loch\f40 \hich\f40 la barre des t\'e9\loch\f40 \hich\f40 moins, se d\'e9\loch\f40 fendait, entre ses deux gendarmes, d\rquote \hich\f40 avoir assassin\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 l\rquote homm\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 vert\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Sa femme fut appel\'e9\loch\f40 \hich\f40 e et confront\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e avec lui. Elle avoua, en \'e9\loch\f40 clatant en sanglots, qu\rquote \hich\f40 elle avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 l\rquote amie\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 du garde, que son mari s\rquote \hich\f40 en \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tait dout\'e9\~\loch\f40 ; mais elle affirma encore que celui-ci n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait pour rien dans l\rquote \hich\f40 assassinat de son \'ab\~\loch\f40 ami\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Ma\'ee
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 re Henri-Robert demanda alors \'e0\loch\f40 \hich\f40 la cour de bien vouloir entendre imm\'e9\loch\f40 \hich\f40 diatement, sur ce point, Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40
+ric Larsan.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Dans une courte conversation que je viens d\rquote \hich\f40 avoir avec Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan, pendant la suspension d\rquote \hich\f40 audience, d\'e9\loch\f40 clara l\rquote
+avocat, celui-ci m\rquote a fait \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 comprendre que l\rquote on pouvait expliquer la mort du garde autrement que par l\rquote \hich\f40 intervention du p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Mathieu. Il serait int\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ressant de conna\'ee\loch\f40 tre l\rquote \hich\f40 hypoth\'e8\loch\f40 \hich\f40 se de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan fut introduit. Il s\rquote expliqua fort nettement.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Je ne vois point,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 dit-il, la n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessit\'e9\loch\f40 \hich\f40 de faire intervenir le p\'e8\loch\f40 re Mathieu en tout ceci. Je l\rquote
+\hich\f40 ai dit \'e0\loch\f40 \hich\f40 M. de Marquet, mais les propos meurtriers de cet homme lui ont \'e9\loch\f40 videmment nui dans l\rquote esprit de M. le juge d\rquote instruction. Pour moi, l\rquote assassinat de Mlle Stangerson et l\rquote a
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 sassinat du garde \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 sont la m\'ea\loch\f40 me affaire\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . On a tir\'e9\loch\f40 sur l\rquote
+assassin de Mlle Stangerson, fuyant dans la cour d\rquote honneur\~; on a pu croire l\rquote avoir atteint, on a pu croire l\rquote \hich\f40 avoir tu\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ; \'e0\loch\f40 \hich\f40 la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 il n
+\rquote \hich\f40 a fait que tr\'e9\loch\f40 \hich\f40 bucher au moment o\'f9\loch\f40 il disparaissait derri\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e8\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 re l\rquote \hich\f40 aile droite du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau. L\'e0
+\loch\f40 , l\rquote \hich\f40 assassin a rencontr\'e9\loch\f40 le garde qui voulut sans doute s\rquote \hich\f40 opposer \'e0\loch\f40 sa fuite. L\rquote \hich\f40 assassin avait encore \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ la main le couteau dont il venait de frapper Mlle Stangerson, il en frappa le garde au c\'9c\loch\f40 ur, et le garde en est mort.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ce\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 tte explication si simple parut d\rquote \hich\f40 autant plus plausible que, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 , beaucoup de ceux qui s\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ressaient aux myst\'e8\loch\f40 res du Glandier l\rquote \hich\f40 avaient trouv\'e9\loch\f40 e. Un murmure d\rquote approbation se fit entendre.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Et l\rquote assassin, qu\rquote est-il devenu, dans tout cela\~? demanda le pr\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 sident.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il s\rquote \hich\f40 est \'e9\loch\f40 \hich\f40 videmment cach\'e9\loch\f40 \hich\f40 , monsieur le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, dans un coin obscur de ce bout de cour et, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s le d\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 part des gens du ch\'e2\loch\f40 teau qui emportaient le corps, il a pu tranquillement s\rquote enfuir.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40 \hich\f40 ce moment, du fond du \'ab\~\loch\f40 public debout\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , une voix j\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 uv\'e9\loch\f40 nile s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+leva. Au milieu de la stupeur de tous, elle disait\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Je suis de l\rquote \hich\f40 avis de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan pour le coup de couteau au c\'9c\loch\f40 \hich\f40 ur. Mais je ne suis plus de son avis sur la mani\'e8
+\loch\f40 re dont l\rquote assassin s\rquote est enfui du bout de cour\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Tout le monde se retou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 rna\~\hich\f40 ; les huissiers se pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cipit\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent, ordonnant le silence. Le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+sident demanda avec irritation qui avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 lev\'e9\loch\f40 la voix et ordonna l\rquote \hich\f40 expulsion imm\'e9\loch\f40 diate de l\rquote intrus\~\hich\f40 ; mais on r\'e9\loch\f40 \hich\f40 entendit la m\'ea\loch\f40
+me voix claire qui criait\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est moi, monsieur le pr\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 sident, c\rquote est moi, Joseph Rouletabille\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745273}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XXVII\line \hich\f40 O\'f9\loch\f40 \hich\f40 Joseph Rouletabille appara\'ee
+\loch\f40 t dans toute sa gloire{\*\bkmkend _Toc97745273}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il y eut un remous terrible. On entendit des cris de femmes qui se trouvaient mal. On n\rquote \hich\f40 e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t plus aucun \'e9\loch\f40 \hich\f40 gard pour \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 la majest\'e9
+\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e la justice\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Ce fut une bousculade insens\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Tout le monde voulait voir Joseph Rouletabille. Le pr\'e9\loch\f40 sident cria qu\rquote \hich\f40
+il allait faire \'e9\loch\f40 vacuer la salle, mais personne ne l\rquote \hich\f40 entendit. Pendant ce temps, Rouletabille sautait par-dessus la balustrade qui le s\'e9\loch\f40 pa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ait du public assis, se faisait un chemin \'e0\loch\f40 \hich\f40 grands coups de coude, arrivait aupr\'e8\loch\f40 s de son directeur qui l\rquote \hich\f40 embrassait avec effusion, lui prit \'ab\~\loch\f40 sa\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 lettre d\rquote
+\hich\f40 entre les mains, la glissa dans sa poche, p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 tra dans la partie r\'e9\loch\f40 \hich\f40 serv\'e9\loch\f40 \hich\f40 e du pr\'e9\loch\f40 toire et parvint a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nsi jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la barre des t\'e9\loch\f40 \hich\f40 moins, bouscul\'e9\loch\f40 \hich\f40 , bousculant, le visage souriant, heureux, boule \'e9\loch\f40 carlate qu\rquote
+illuminait encore l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 clair intelligent de ses deux grands yeux ronds. Il avait ce costume anglais que je lui avais vu le matin de son d\'e9\loch\f40 part \endash mais dans\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 quel \'e9\loch\f40 tat, mon Dieu\~! \endash l\rquote \hich\f40 ulster sur son bras et la casquette de voyage \'e0\loch\f40 la main. Et il dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Je demande pardon, monsieur le pr\'e9\loch\f40 sident, le transatlantique a eu du retard\~! J\rquote arrive d\rquote \hich\f40 Am\'e9\loch\f40 rique. Je suis Joseph Rouletabille\~\hich\f40 ! \'85\~
+\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 On \'e9\loch\f40 clata de rire. Tout\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le monde \'e9\loch\f40 tait heureux de l\rquote \hich\f40 arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 e de ce gamin. Il semblait \'e0\loch\f40
+ toutes ces consciences qu\rquote \hich\f40 un immense poids venait de leur \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre enlev\'e9\loch\f40 . On respirait. On avait la certitude qu\rquote \hich\f40 il apportait r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ellement la v\'e9\loch\f40
+\hich\f40 rit\'e9\'85\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 il allait faire conna\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident \'e9\loch\f40 tait furieux\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ah\~\hich\f40 ! vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes Joseph Rouletabille, reprit le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident\'85\loch\f40 \hich\f40 eh bien, je vous apprendrai, jeune homme, \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ vous moquer de la justice\'85\loch\f40 \hich\f40 En attendant que la cour d\'e9\loch\f40 \hich\f40 lib\'e8\loch\f40 \hich\f40 re sur votre cas, je vous retiens \'e0\loch\f40 \hich\f40 la disposition de la justice\'85\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 en vertu de mon pouvoir discr\'e9\loch\f40 tionnaire.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mais, monsieur le pr\'e9\loch\f40 sident, je ne demande que cela\~\hich\f40 : \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre \'e0\loch\f40 \hich\f40 la disposition de la justice\'85\loch\f40 je suis venu m\rquote \hich\f40
+y mettre, \'e0\loch\f40 \hich\f40 la disposition de la justice\'85\loch\f40 \hich\f40 Si mon entr\'e9\loch\f40 e a fait un peu de tapage, j\rquote en demande bien pardon \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la cour\'85\loch\f40
+\hich\f40 Croyez bien, monsieur le pr\'e9\loch\f40 sident, que nul, plus que moi, n\rquote \hich\f40 a le respect de la justice\'85\loch\f40 \hich\f40 Mais je suis entr\'e9\loch\f40 comme j\rquote \hich\f40 ai pu\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et il se mit \'e0\loch\f40 rire. Et tout le monde rit.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Emmenez-le\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 commanda le pr\'e9\loch\f40 sident.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mais ma\'ee\loch\f40 tre Henri-Robert intervint\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . Il commen\'e7\loch\f40 \hich\f40 a par excuser le jeune homme, il le montra anim\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ des meilleurs sentiments, il fit comprendre au pr\'e9\loch\f40 sident qu\rquote \hich\f40 on pouvait difficilement se passer de la d\'e9\loch\f40 position d\rquote \hich\f40 un t\'e9\loch\f40 \hich\f40 moin qui avait couch\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ au Glandier pendant toute la semaine myst\'e9\loch\f40 rieuse, d\rquote u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 moin surtout qui pr\'e9\loch\f40 tendait prouver l\rquote innocence de l\rquote
+\hich\f40 accus\'e9\loch\f40 et apporter le nom de l\rquote assassin.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Vous allez nous dire le nom de l\rquote assassin\~\hich\f40 ? demanda le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, \'e9\loch\f40 \hich\f40 branl\'e9\loch\f40 mais sceptique.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mais, mon pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, je ne suis venu que pour \'e7\loch\f40 a\~! fit Rouletab\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ille.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 On faillit applaudir dans le pr\'e9\loch\f40 toire, mais les chut\~\hich\f40 ! \'e9\loch\f40 \hich\f40 nergiques des huissiers r\'e9\loch\f40 tablirent le silence.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Joseph Rouletabille, dit ma\'ee\loch\f40 tre Henri-Robert, n\rquote \hich\f40 est pas cit\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 guli\'e8\loch\f40 \hich\f40 rement comme t\'e9\loch\f40
+moin, mais j\rquote \hich\f40 esp\'e8\loch\f40 re qu\rquote \hich\f40 en vertu de son pouvoir discr\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tionnaire, monsieur le pr\'e9\loch\f40 sident voudra bien l\rquote interroger.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est bien\~\hich\f40 ! fit le pr\'e9\loch\f40 sident, nous l\rquote interrogerons. Mais finissons-en d\rquote \hich\f40 abord\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 avocat g\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 ral se leva\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Il vaudrait peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre mieux, fit remarquer le repr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sentant du minist\'e8\loch\f40 re public, q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ue ce jeune homme nous dise tout de suite le nom de celui qu\rquote \hich\f40 il d\'e9\loch\f40 \hich\f40 nonce comme \'e9\loch\f40 tant l\rquote assassin.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident acquies\'e7\loch\f40 \hich\f40 a avec une ironique r\'e9\loch\f40 serve\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Si monsieur l\rquote \hich\f40 avocat g\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 ral attache quelque importance \'e0\loch\f40 \hich\f40 la d\'e9\loch\f40 position de M. Joseph Rouletabille, je n
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e vois point d\rquote \hich\f40 inconv\'e9\loch\f40 \hich\f40 nient \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce que le t\'e9\loch\f40 \hich\f40 moin nous dise tout de suite le nom de \'ab\~\loch\f40 son\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 assassin\~!
+\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 On e\'fb\loch\f40 t entendu voler une mouche.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille se taisait, regardant avec sympathie M. Robert Darzac, qui, lui, pour la premi\'e8\loch\f40 re fois, depuis le commence\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ment du d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+bat, montrait un visage agit\'e9\loch\f40 et plein d\rquote angoisse.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Eh bien, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 \hich\f40 ta le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, on vous \'e9\loch\f40 coute, monsieur Joseph Rouletabille. Nous attendons le nom de l\rquote
+assassin.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille fouilla tranquillement dans la poche de son gousset, en tira un\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 norme oignon, y regarda l\rquote heure, et dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Monsieur le pr\'e9\loch\f40 sident, je ne pourrai vous dire le nom de l\rquote assassin qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 six heures et demie\~! }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+Nous avons encore quatre bonnes heures devant nous\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La salle fit entendre des murmures \'e9\loch\f40 \hich\f40 tonn\'e9\loch\f40 \hich\f40 s et d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sappoint\'e9\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . Quelques avocats dirent \'e0
+\loch\f40 haute voix\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Il se moque de nous\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le pr\'e9\loch\f40 sident avait l\rquote \hich\f40 air enchant\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ; ma\'ee\loch\f40 \hich\f40 tres Henri-Robert et Andr\'e9\loch\f40 \hich\f40 Hesse \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient ennuy\'e9
+\loch\f40 s.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le pr\'e9\loch\f40 sident dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Cette plaisanterie a assez dur\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . Vous pouvez vous retirer, monsieur, dans la salle des t\'e9\loch\f40 \hich\f40 moins. Je vous garde \'e0\loch\f40
+ notre disposition.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille protesta\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Je vous affirme, monsieur le pr\'e9\loch\f40 sident, s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 cria-t-il, de sa voix aigu\'eb\loch\f40 et claironnante, je vous affirme que, lorsque je vous a
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 urai dit le nom de l\rquote assassin, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 vous comprendrez que je ne pouvais vous le dire qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 six heures et demie\~! }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Parole d
+\rquote \hich\f40 honn\'ea\loch\f40 te homme\~! Foi de Rouletabille\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Mais, en attendant, je peux toujours vous donner quelques explications sur l\rquote \hich\f40 assassinat du garde\'85\loch\f40 M.
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan qui m\rquote \hich\f40 a vu \'ab\~\loch\f40 travailler\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 au Glandier pourrait vous dire avec quel soin j\rquote \hich\f40 ai \'e9\loch\f40
+\hich\f40 tudi\'e9\loch\f40 toute cette affaire. J\rquote \hich\f40 ai beau \'ea\loch\f40 tre d\rquote \hich\f40 un avis contraire au sien et pr\'e9\loch\f40 tendre qu\rquote \hich\f40 en faisant arr\'ea\loch\f40 \hich\f40
+ter M. Robert Darzac, il a fait arr\'ea\loch\f40 ter un innocent, il ne d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ute pas, lui, de ma bonne foi, ni de l\rquote importance qu\rquote \hich\f40 il faut attacher \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ mes d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvertes, qui ont souvent corrobor\'e9\loch\f40 les siennes\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Monsieur le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, il serait int\'e9\loch\f40 ressant d\rquote entendre M. Joseph Rouletabille\~; d\rquote \hich\f40 autant plus int\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ressant qu\rquote il n\rquote est pas de mon avis.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Un murmure d\rquote approbation accueillit cette parole du policier. Il acceptait le duel en beau joueur. La joute promettait d\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 tre curieuse entre ces deux intelligences qui s\rquote \hich\f40
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 taient acharn\'e9\loch\f40 \hich\f40 es au m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me tragique probl\'e8\loch\f40 me et\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 es \'e0\loch\f40
+\hich\f40 deux solutions diff\'e9\loch\f40 rentes.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Comme le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident se taisait, Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan continua\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ainsi nous sommes d\rquote \hich\f40 accord pour le coup de couteau au c\'9c\loch\f40 \hich\f40 ur qui a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 donn\'e9\loch\f40 au garde par l\rquote
+assassin de Mlle Stangerson\~; mais, puisque nous ne \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 sommes plus d\rquote accord sur la question de la fuite de l\rquote \hich\f40 assassin, \'ab\~\loch\f40 dans le bout de cour\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+, il serait curieux de savoir comment M. Rouletabille explique cette fuite.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 videmment, fit mon ami, ce serait curieux\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Toute la salle partit encore \'e0\loch\f40 rire. Le p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident d\'e9\loch\f40 \hich\f40 clara aussit\'f4\loch\f40
+t que, si un pareil fait se renouvelait, il n\rquote \hich\f40 h\'e9\loch\f40 \hich\f40 siterait pas \'e0\loch\f40 \hich\f40 mettre \'e0\loch\f40 \hich\f40 ex\'e9\loch\f40 \hich\f40 cution sa menace de faire \'e9\loch\f40 vacuer la salle.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vraiment, termina le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, dans une affaire comme celle-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , je ne vois pas ce qui peut pr\'ea\loch\f40 \hich\f40 ter \'e0\loch\f40 rire.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Moi non plus\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 dit Rouletabille.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Des gens, devant moi, s\rquote \hich\f40 enfonc\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent leur mouchoir dans la bouche pour ne pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 clater\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Allons, fit le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, vous avez entendu, jeune homme, ce que vient de dire M. Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan. Comment, selon vous, l\rquote assassin
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\rquote \hich\f40 est-il enfui du \'ab\~\loch\f40 bout de cour\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille regarda Mme\~Mathieu, qui lui sourit tristement.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Puisque Mme\~Mathieu, dit-il, a bien voulu avouer tout l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'ea\loch\f40 t qu\rquote \hich\f40 elle portait au garde\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 la coquine\~! s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 cria le p\'e8\loch\f40 re Mathieu.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Faites sortir le p\'e8\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 re Mathieu\~\hich\f40 ! \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 ordonna le pr\'e9\loch\f40 sident.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 On emmena le p\'e8\loch\f40 re Mathieu.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille reprit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\'85\loch\f40 Puisqu\rquote elle a fait cet aveu, je puis bien vous dire qu\rquote \hich\f40 elle avait souvent des conversations, la nuit, avec le garde, au premier \'e9\loch\f40 tage du donjon, dans la chambre qu
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 i fut, autrefois un oratoire. Ces conversations furent surtout fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 quentes dans les derniers temps, quand le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Mathieu \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait clou\'e9\loch\f40
+ au lit par ses rhumatismes.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Une piq\'fb\loch\f40 \hich\f40 re de morphine, administr\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 \hich\f40 propos, donnait au p\'e8\loch\f40 re Mathieu le calme et le repos,
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 et tranquillisait son \'e9\loch\f40 \hich\f40 pouse pour les quelques heures pendant lesquelles elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait dans la n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessit\'e9\loch\f40 de s\rquote absenter. Mme\~
+\hich\f40 Mathieu venait au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, la nuit, envelopp\'e9\loch\f40 \hich\f40 e dans un grand ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 le noir qui lui servait autant que possible \'e0\loch\f40 dissimuler sa personnali
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 et la faisait ressembler \'e0\loch\f40 \hich\f40 un sombre fant\'f4\loch\f40 \hich\f40 me qui, parfois, troubla les nuits du p\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re Jacques. Pour pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 venir son ami de sa pr\'e9\loch\f40 sence, Mme\~\hich\f40 Mathieu avait emprunt\'e9\loch\f40 \hich\f40 au chat de la m\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Agenoux, une vieille sorci\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re de Sainte-Genevi\'e8\loch\f40 ve-des-Bois, son miaulement \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 inistre\~\hich\f40 ; aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t, le garde descendait de son donjon et venait ouvrir la petite poterne \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 sa ma\'ee\loch\f40 \hich\f40 tresse. Quand les r\'e9\loch\f40 \hich\f40 parations du donjon furent r\'e9\loch\f40 cemment entreprises, les rendez-vous n\rquote en eurent pas moins lieu dans l\rquote
+ancienne chambre du garde, au donjon m\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ea\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 me, la nouvelle chambre, qu\rquote \hich\f40 on avait momentan\'e9\loch\f40 \hich\f40 ment abandonn\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ ce malheureux serviteur, \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 aile droite du ch\'e2\loch\f40 teau, n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tant s\'e9\loch\f40 \hich\f40 par\'e9\loch\f40
+\hich\f40 e du m\'e9\loch\f40 \hich\f40 nage du ma\'ee\loch\f40 tre d\rquote \hich\f40 h\'f4\loch\f40 \hich\f40 tel et de la cuisini\'e8\loch\f40 re que par une trop mince cloison.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Mme\~Mathieu venait de qui\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tter le garde en parfaite sant\'e9\loch\f40 \hich\f40 , quand le drame du \'ab\~\loch\f40 petit bout de cour\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+ survint. Mme\~Mathieu et le garde, n\rquote \hich\f40 ayant plus rien \'e0\loch\f40 \hich\f40 se dire, \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient sortis du donjon ensemble\'85\loch\f40 Je n\rquote \hich\f40 ai appris ces d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+tails, monsieur le pr\'e9\loch\f40 sident, que par l\rquote examen auquel je me li\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 v\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 rai des traces de pas dans la cour d\rquote \hich\f40 honneur, le lendemain matin\'85\loch\f40
+ Bernier, le concierge, que j\rquote \hich\f40 avais plac\'e9\loch\f40 \hich\f40 , avec son fusil, en observation derri\'e8\loch\f40 re le donjon, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ainsi que}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 je lui permettrai de vous l\rquote \hich\f40 expliquer lui-m\'ea\loch\f40 me}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , ne pouvait voir ce qui se passait dans \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 la cour d\rquote honneur. Il n\rquote
+y arriva un peu plus tard qu\rquote \hich\f40 attir\'e9\loch\f40 \hich\f40 par les coups de revolver, et tira \'e0\loch\f40 son tour. Voici donc le garde et Mme\~Mathieu, dans la nuit et le silence de la cour d\rquote
+honneur. Ils se souhaitent le bonsoir\~; Mme\~Mathieu se dirige vers la gr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 lle ouverte de cette cour, et lui s\rquote \hich\f40 en retourne se coucher dans sa petite pi\'e8\loch\f40 \hich\f40
+ce en encorbellement, \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 aile droite du ch\'e2\loch\f40 teau.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Il va atteindre sa porte, quand des coups de revolver retentissent\~; il se retourne\~; anxieux, il revient sur s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 es pas\~; il va atteindre l\rquote angle de l\rquote \hich\f40
+aile droite du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau quand une ombre bondit sur lui et le frappe. Il meurt. Son cadavre est ramass\'e9\loch\f40 tout de suite par des gens qui croient tenir l\rquote assassin et qui n\rquote emportent que l\rquote \hich\f40
+assassin\'e9\loch\f40 . Pendant ce temps, que f\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 it Mme\~Mathieu\~\hich\f40 ? Surprise par les d\'e9\loch\f40 tonations et par l\rquote envahissement de la cour, elle se fait la plus petite qu
+\rquote elle peut dans la nuit et dans la cour d\rquote \hich\f40 honneur. La cour est vaste, et, se trouvant pr\'e8\loch\f40 s de la grille, Mme\~\hich\f40 Mathieu pouvait passer inaper\'e7\loch\f40 ue. M\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 is elle ne \'ab\~\loch\f40 passa\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 pas. Elle resta et vit emporter le cadavre. Le c\'9c\loch\f40 \hich\f40 ur serr\'e9\loch\f40 d\rquote \hich\f40 une angoisse bien compr\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 hensible et pouss\'e9\loch\f40 e par un tragique pressentiment, elle vint jusqu\rquote \hich\f40 au vestibule du ch\'e2\loch\f40 teau, jeta un regard sur l\rquote \hich\f40 escalier \'e9\loch\f40 \hich\f40 clair\'e9\loch\f40
+ par le lumignon du p\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e8\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 re Jacques, l\rquote \hich\f40 escalier o\'f9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 on avait \'e9\loch\f40 tendu le corps de son ami\~\hich\f40 ; elle \'ab\~\loch\f40 vit\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 et s\rquote \hich\f40 enfuit. Avait-elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 veill\'e9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 attention du p\'e8\loch\f40 re Jacques\~\hich\f40 ? Toujours est-il que celui-ci rejoignit le fant\'f4\loch\f40 \hich\f40
+me noir, qui d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 lui avait fait passer quelques nuits blanches.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Cette nuit m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, avant le crime, il avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 veill\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ par les cris de la \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 B\'ea\loch\f40 te du Bon Dieu\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 et avait aper\'e7\loch\f40 \hich\f40 u, par sa fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, le fant\'f4\loch\f40 \hich\f40 me noir\'85\loch\f40 Il s
+\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait h\'e2\loch\f40 \hich\f40 tivement v\'ea\loch\f40 tu et c\rquote est ainsi que l\rquote on s\rquote explique qu\rquote \hich\f40 il arriva dans le vestibule, tout habill\'e9\loch\f40 , qu
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nd nous apport\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes le cadavre du garde. Donc, cette nuit-l\'e0\loch\f40 , dans la cour d\rquote \hich\f40
+honneur, il a voulu sans doute, une fois pour toutes, regarder de tout pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s la figure du fant\'f4\loch\f40 \hich\f40 me. Il la reconnut. Le p\'e8\loch\f40 re Jacques est un vieil ami de Mme\~Mathieu. Elle dut lui avo
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 er ses nocturnes entretiens, et le supplier de la sauver de ce moment difficile\~! L\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tat de Mme\~\hich\f40 Mathieu, qui venait de voir son ami mort, devait \'ea
+\loch\f40 \hich\f40 tre pitoyable. Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques eut piti\'e9\loch\f40 et accompagna Mme\~\hich\f40 Mathieu, \'e0\loch\f40 \hich\f40 travers la ch\'ea\loch\f40 naie, et hors du parc, pa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 del\'e0\loch\f40 \hich\f40 m\'ea\loch\f40 me les bords de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tang, jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 la route d\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 \hich\f40 pinay. L\'e0\loch\f40
+, elle n\rquote \hich\f40 avait plus que quelques m\'e8\loch\f40 \hich\f40 tres \'e0\loch\f40 \hich\f40 faire pour rentrer chez elle. Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques revint au ch\'e2\loch\f40 teau, et, se rendant compte de l\rquote
+importance judiciaire qu\rquote \hich\f40 il y aurait pour la ma\'ee\loch\f40 tresse du g\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rde \'e0\loch\f40 ce qu\rquote \hich\f40 on ignor\'e2\loch\f40 \hich\f40 t sa pr\'e9\loch\f40
+\hich\f40 sence au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, cette nuit-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , essaya autant que possible de nous cacher cet \'e9\loch\f40 pisode dramatique d\rquote \hich\f40 une nuit qui, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40
+, en comptait tant\~! Je n\rquote \hich\f40 ai nul besoin, ajouta Rouletabille, de demander \'e0\loch\f40 Mme\~\hich\f40 Mathieu et au p\'e8\loch\f40 re Jacques d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 corroborer ce r\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 cit. \'ab\~\loch\f40 Je sais\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 que les choses se sont pass\'e9\loch\f40 es ainsi\~\hich\f40 ! Je ferai simplement appel aux souvenirs de M. Larsan qui, lui, comprend d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0
+\loch\f40 comment j\rquote ai tout appris, car il m\rquote \hich\f40 a vu, le lendemain matin, pench\'e9\loch\f40 \hich\f40 sur une double piste o\'f9\loch\f40 l\rquote on rencontr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+it voyageant de compagnie, l\rquote \hich\f40 empreinte des pas du p\'e8\loch\f40 re Jacques et de ceux de madame.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ici, Rouletabille se tourna vers Mme\~\hich\f40 Mathieu qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 la barre, et lui fit un salut galant.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Les empreintes des pieds de madame, expliqua Rouletabille, ont \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 une ressemblance \'e9\loch\f40 \hich\f40 trange avec les traces des \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 pieds \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 gants\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 assassin\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mme\~\hich\f40 Mathieu tressaillit et fixa avec une curiosit\'e9\loch\f40 farouche le jeune reporter. Qu\rquote osait-il dire\~? Que voulait-il dire\~?
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Madame a le pied \'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 \hich\f40 gant, long et plut\'f4\loch\f40 t un peu gra\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nd pour une femme. C\rquote \hich\f40
+est, au bout pointu de la bottine pr\'e8\loch\f40 s, le pied de l\rquote \hich\f40 assassin\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il y eut quelques mouvements dans l\rquote auditoire. Rouletabille, d\rquote \hich\f40 un geste, les fit cesser. On e\'fb\loch\f40 t dit vraiment que c\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+tait lui, maintenant, qui commandait la police de l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 audience.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Je m\rquote empresse de dire, fit-il, que ceci ne signifie pas grand\rquote chose et qu\rquote \hich\f40 un policier qui b\'e2\loch\f40 \hich\f40 tirait un syst\'e8\loch\f40 \hich\f40 me sur des marques ext
+\'e9\loch\f40 rieures semblables, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 sans mettre une id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e g\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 rale}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 autour,}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 irait tout de go \'e0\loch\f40 l\rquote erreur judiciaire\~! M. Robert Darz\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ac, lui aussi, a les pieds de l\rquote assassin, et cependant, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 il n
+\rquote est pas l\rquote assassin\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Nouveaux mouvements.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident demanda \'e0\loch\f40 Mme\~Mathieu\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est bien ainsi que, ce soir-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , les choses se sont pass\'e9\loch\f40 es pour vous, madame\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Oui, monsieur le pr\'e9\loch\f40 siden\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t, r\'e9\loch\f40 pondit-elle. C\rquote \hich\f40 est \'e0\loch\f40 \hich\f40 croire que M. Rouletabille \'e9\loch\f40
+\hich\f40 tait derri\'e8\loch\f40 re nous.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous avez donc vu fuir l\rquote assassin jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 extr\'e9\loch\f40 \hich\f40 mit\'e9\loch\f40 de l\rquote aile droite, madame\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, comme j\rquote ai vu emporter, une minute plus tard, le cadavre du garde.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et l\rquote assassin, qu\rquote es\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t-il devenu\~\hich\f40 ? Vous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tiez rest\'e9\loch\f40 e seule dans la cour d\rquote honneur, il serait tout naturel que vous l
+\rquote \hich\f40 ayez aper\'e7\loch\f40 \hich\f40 u alors\'85\loch\f40 \hich\f40 Il ignorait votre pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sence et le moment \'e9\loch\f40 tait venu pour lui de s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapper\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je n\rquote \hich\f40 ai rien vu, monsieur le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, g\'e9\loch\f40 mit Mme\~\hich\f40 Mathieu. \'c0\loch\f40 ce\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 moment la nuit \'e9\loch\f40
+\hich\f40 tait devenue tr\'e8\loch\f40 s noire.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est donc, fit le pr\'e9\loch\f40 sident, M. Rouletabille qui nous expliquera comment l\rquote assassin s\rquote est enfui.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 videmment\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pliqua aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t le jeune homme avec une telle assurance que le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+sident lui-m\'ea\loch\f40 me ne put s\rquote em\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 p\'ea\loch\f40 cher de sourire.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et Rouletabille reprit la parole\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait impossible \'e0\loch\f40 l\rquote assassin de s\rquote \hich\f40 enfuir normalement du bout de cour dans lequel il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait entr\'e9\loch\f40
+ sans que nous le vissions\~! Si nous ne l\rquote avions pas vu, nous l\rquote \hich\f40 eussions touch\'e9\~\loch\f40 ! C\rquote est un pauvre p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 etit bout de cour de rien du tout, un carr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ entour\'e9\loch\f40 \hich\f40 de foss\'e9\loch\f40 s et de hautes grilles. L\rquote \hich\f40 assassin e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t march\'e9\loch\f40 \hich\f40 sur nous ou nous eussions march\'e9\loch\f40 sur lui\~\hich\f40 ! Ce carr\'e9\loch\f40
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait aussi quasi-mat\'e9\loch\f40 \hich\f40 riellement ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 par les foss\'e9\loch\f40 s, les grilles et }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 par nous-m\'ea\loch\f40 mes,}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 que la \'ab\loch\f40 Cham\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 bre Jaune!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Alors, dites-nous donc, puisque l\rquote \hich\f40 homme est entr\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans ce carr\'e9\loch\f40 , dites-nous donc comment il se fait que vous ne l\rquote \hich\f40 ayez point trouv\'e9\~\loch\f40
+\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40 une demi-heure que je ne vous demande que cela\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille ressortit une fois encore l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 oignon qui garnissait la poche de son gilet\~; il y jeta un regard calme, et dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Monsieur le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, vous pouvez me demander cela encore pendant trois heures trente, je ne pourrai vous r\'e9\loch\f40 pondre sur ce point qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40
+ six heures et demie\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Cette fois-c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 i les murmures ne furent ni hostiles, ni d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sappoint\'e9\loch\f40 \hich\f40 s. On commen\'e7\loch\f40 \hich\f40 ait \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ avoir confiance en Rouletabille. \'ab\~\loch\f40 On lui faisait confiance.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Et l\rquote on s\rquote \hich\f40 amusait de cette pr\'e9\loch\f40 tention qu\rquote \hich\f40 il avait de fixer une heure au pr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+sident comme il e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t fix\'e9\loch\f40 \hich\f40 un rendez-vous \'e0\loch\f40 un c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 marade.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quant au pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, apr\'e8\loch\f40 s s\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre demand\'e9\loch\f40 s\rquote \hich\f40 il devait se f\'e2\loch\f40 cher, il prit son parti de s\rquote
+\hich\f40 amuser de ce gamin comme tout le monde. Rouletabille d\'e9\loch\f40 \hich\f40 gageait de la sympathie, et le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident en \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 tout impr\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 gn\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Enfin, il avait si nettement d\'e9\loch\f40 fini\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le r\'f4\loch\f40 le de Mme\~Mathieu dans l\rquote \hich\f40 affaire, et si bien expliqu\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ chacun de ses gestes, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 cette nuit-l\'e0\~\'bb\loch\f40 \hich\f40 , que M. De Rocoux se voyait oblig\'e9\loch\f40 \hich\f40 de le prendre presque au s\'e9\loch\f40 rieux.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Eh bien, monsieur Rouletabille, fit-il, c\rquote est comme vous voudrez\~! Mais que je ne vo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 us revoie plus avant six heures et demie\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille salua le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, et, dodelinant de sa grosse t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te, se dirigea vers la porte des t\'e9\loch\f40 moins.
+\par
+\par }\pard \qc\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 *
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Son regard me cherchait. Il ne me vit point. Alors, je me d\'e9\loch\f40 gageai tout doucement de la foule qui m\rquote e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nserrait et je sortis de la salle d\rquote \hich\f40
+audience, presque en m\'ea\loch\f40 me temps que Rouletabille. Cet excellent ami m\rquote \hich\f40 accueillit avec effusion. Il \'e9\loch\f40 tait heureux et loquace. Il me secouait les mains avec jubilation. Je lui dis\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Je ne vous demanderai point, mon cher\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ami, ce que vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes all\'e9\loch\f40 \hich\f40 faire en Am\'e9\loch\f40 \hich\f40 rique. Vous me r\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 pliqueriez sans doute, comme au pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, que vous ne pouvez me r\'e9\loch\f40 pondre qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 six heures et demie\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non, mon cher Sainclair, non, mon cher Sainclair\~! Je vais vous dire tout de suite ce que je sui\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s all\'e9\loch\f40 \hich\f40 faire en Am\'e9\loch\f40 \hich\f40
+rique, parce que vous, vous \'ea\loch\f40 tes un ami\~\hich\f40 : je suis all\'e9\loch\f40 chercher }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le nom de la seconde moiti\'e9\loch\f40 de l\rquote assassin\~!
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vraiment, vraiment, le nom de la seconde moiti\'e9\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Parfaitement. Quand nous avons quitt\'e9\loch\f40 \hich\f40 le Glandier pour la derni\'e8\loch\f40 re fois, j\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e connaissais les deux moiti\'e9\loch\f40 s de l\rquote
+assassin et le nom de l\rquote \hich\f40 une de ces moiti\'e9\loch\f40 s. C\rquote est le nom de l\rquote \hich\f40 autre moiti\'e9\loch\f40 \hich\f40 que je suis all\'e9\loch\f40 \hich\f40 chercher en Am\'e9\loch\f40 \hich\f40 rique\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous entrions, \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce moment, dans la salle des t\'e9\loch\f40 \hich\f40 moins. Ils vinrent tous \'e0\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille avec force d\'e9\loch\f40 mon\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 strations. Le reporter fut tr\'e8\loch\f40 s aimable, si ce n\rquote \hich\f40 est avec Arthur Rance auquel il montra une froideur marqu\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ric Larsan entrant alors dans la salle, Rouletabille alla \'e0\loch\f40 \hich\f40 lui, lui administra une de ces poign\'e9\loch\f40 es de main dont il avait le douloureux secr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+t, et dont on revient avec les phalanges bris\'e9\loch\f40 \hich\f40 es. Pour lui montrer tant de sympathie, Rouletabille devait \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre bien s\'fb\loch\f40 r de l\rquote \hich\f40 avoir roul\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Larsan souriait, s
+\'fb\loch\f40 \hich\f40 r de lui-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me et lui demandant, \'e0\loch\f40 son tour, ce qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait all\'e9\loch\f40 \hich\f40 faire en Am\'e9\loch\f40 rique. Alors, Rouletab
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 lle, tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s aimable, le prit par le bras et lui conta dix anecdotes de son voyage. \'c0\loch\f40 un moment, ils s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 loign
+\'e8\loch\f40 rent, s\rquote \hich\f40 entretenant de choses plus s\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieuses, et, par discr\'e9\loch\f40 tion, je les quittai. Du reste, j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tais fort curieux de rentrer dans la salle d\rquote audience
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 o\'f9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 interrogatoire des t\'e9\loch\f40 \hich\f40 moins continuait. Je retournai \'e0\loch\f40 ma place et je pus constater tout de suite que le public n
+\rquote attachait qu\rquote \hich\f40 une importance relative \'e0\loch\f40 ce qui se passait alors, et qu\rquote il attendait impatiemment six heures et demie.
+\par
+\par }\pard \qc\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 *
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ces six heures et demie sonn\'e8\loch\f40 \hich\f40 rent et Joseph Rouletabille fut \'e0\loch\f40 \hich\f40 nouveau introduit. D\'e9\loch\f40 crire l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+motion avec laquelle la foule le suivit des yeux \'e0\loch\f40 la barre serait impossible. On ne respirait plus. M. Robert Darzac s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait lev\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 son banc. Il \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tait \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 p\'e2\loch\f40 le com\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e un mort\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident dit avec gravit\'e9\~\loch\f40 :
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Je ne vous fais pas pr\'ea\loch\f40 ter serment, monsieur\~! Vous n\rquote \hich\f40 avez pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 cit\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40
+guli\'e8\loch\f40 rement. Mais j\rquote \hich\f40 esp\'e8\loch\f40 re qu\rquote il n\rquote est pas besoin de vous expliquer toute l\rquote \hich\f40 importance des paroles que vous allez prononcer ici\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 E\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t il ajouta, mena\'e7\loch\f40 ant\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Toute l\rquote \hich\f40 importance de ces paroles\'85\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pour vous}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , sinon pour les autres\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille, nullement \'e9\loch\f40 mu, le regardait. Il dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Oui, m\rquote sieur\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Voyons, fit le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident. Nous parlions tout \'e0\loch\f40 l\rquote heure de ce petit bout de cour q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ui avait servi de refuge \'e0\loch\f40 l
+\rquote \hich\f40 assassin, et vous nous promettiez de nous dire, \'e0\loch\f40 six heures et demie, comment l\rquote assassin s\rquote est enfui de ce bout de cour et aussi le nom de l\rquote
+assassin. Il est six heures trente-cinq, monsieur Rouletabille, et nous ne savons en\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ore rien\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40 , m\rquote sieur\~\hich\f40 ! commen\'e7\loch\f40 a mon ami au milieu d\rquote \hich\f40 un silence si solennel que je ne me rappelle pas en avoir \'ab\~\loch\f40 vu\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 \hich\f40 de semblable, je vous ai dit que ce bout de cour \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait ferm\'e9\loch\f40 et qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 tait impossible pour l\rquote assassin de s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+chapper de ce carr\'e9\loch\f40 sa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ns que ceux qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient \'e0\loch\f40 sa recherche s\rquote \hich\f40 en aper\'e7\loch\f40 ussent. C\rquote est l\rquote \hich\f40 exacte v\'e9\loch\f40
+\hich\f40 rit\'e9\loch\f40 . }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quand nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , dans le carr\'e9\loch\f40 de bout de cour, l\rquote assassin s\rquote y trouvait encore avec nous\~!}{
+\par
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et vous ne l\rquote avez pas vu\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 c\rquote est bien ce que l\rquote \hich\f40 accusation pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 tend\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et no\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 us l\rquote avons tous vu\~\hich\f40 ! monsieur le pr\'e9\loch\f40 sident, s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 cria Rouletabille.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et vous ne l\rquote \hich\f40 avez pas arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il n\rquote \hich\f40 y avait que moi qui s\'fb\loch\f40 t qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 tait l\rquote assassin. Et j\rquote avais besoin que l\rquote \hich\f40 assassin ne f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t pas arr
+\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 tout de suite\~! Et puis, je n\rquote avais d\rquote autre pre\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 uve, \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce moment, que \'ab\~\loch\f40 ma raison\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40
+! Oui, seule, ma raison me prouvait que l\rquote \hich\f40 assassin \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait l\'e0\loch\f40 et que nous le voyions\~! J\rquote ai pris mon temps pour apporter, aujourd\rquote hui, en cour d\rquote assises, }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 une preuve irr\'e9\loch\f40 futable, et qui, je m\rquote y engage, contentera tout le mo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 nde.
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais parlez\~! parlez, monsieur\~! Dites-nous quel est le nom de l\rquote \hich\f40 assassin, fit le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vous le trouverez parmi les noms de ceux qui \'e9\loch\f40 taient dans le bout de cour\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pliqua Rouletabille, qui, lui, ne semblait pas press\'e9
+\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 On commen\'e7\loch\f40 \hich\f40 ait \'e0\loch\f40 s\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 impatienter dans la salle\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Le nom\~! Le nom\~\hich\f40 ! murmurait-on\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille, sur un ton qui m\'e9\loch\f40 ritait des gifles, dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Je laisse un peu tra\'ee\loch\f40 \hich\f40 ner cette d\'e9\loch\f40 position, la mienne, m\rquote \hich\f40 sieur le pr\'e9\loch\f40 sident, parce que j\rquote ai des raisons pour cela\~\hich\f40 !
+\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le nom\~! Le n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 om\~\hich\f40 ! r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 tait la foule.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Silence\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 glapit l\rquote huissier.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le pr\'e9\loch\f40 sident dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Il faut tout de suite nous dire le nom, monsieur\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Ceux qui se trouvaient dans le bout de cour \'e9\loch\f40 taient\~: le garde, mort. Est-ce lui, l\rquote assassin\~?
+
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non, m\rquote sieur.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le p\'e8\loch\f40 re\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Jacques\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non m\rquote sieur.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le concierge, Bernier\~?
+\par
+\par {\listtext\pard\plain\fs32\lang1036\cgrid \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'96\tab}}\pard \qj\fi-360\li927\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\jclisttab\tx927\ls18\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non, m\rquote \hich\f40 sieur\'85
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par {\listtext\pard\plain\fs32\lang1036\cgrid \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'96\tab}}\pard \qj\fi-360\li927\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\jclisttab\tx927\ls18\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. Sainclair\~?
+\par }\pard \qj\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par {\listtext\pard\plain\fs32\lang1036\cgrid \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'96\tab}}\pard \qj\fi-360\li927\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\jclisttab\tx927\ls18\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non m\rquote \hich\f40 sieur\'85
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. Arthur William Rance, alors\~? Il ne reste que M. Arthur Rance et vous\~! Vous n\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 tes pas l\rquote assassin, non\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non, m\rquote sieur\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Alors, vous accusez M. Arthur Rance\~?
+\par
+\par \endash \~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non, m\rquote sieur\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je ne comprends plus\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 O\'f9\loch\f40 voulez-vous en venir\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 il n\rquote y avait plus personne dans le bout de cour.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Si, m\rquote sieur\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 il n\rquote y avait personne dans le bout de cour, ni au-dessous, mais il y avait \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 quelqu\rquote
+un au-dessus, quelqu\rquote \hich\f40 un pench\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 sa fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, sur le bout de cour\'85
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan\~! s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 cria le pr\'e9\loch\f40 sident.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 pondit d\rquote \hich\f40 une voix \'e9\loch\f40 clatante Rouletabille.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et, se retournant vers le public qui faisait entendre d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 des protestat\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ions, il lui lan\'e7\loch\f40
+a ces mots avec une force dont je ne le croyais pas capable\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan, l\rquote assassin\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Une clameur o\'f9\loch\f40 s\rquote exprimaient l\rquote ahurissement, la consternation, l\rquote indignation, l\rquote \hich\f40 incr\'e9\loch\f40 \hich\f40 dulit\'e9\loch\f40 , et, chez certains, l\rquote
+enthousiasme pour le petit \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 bonhomme assez audacieux pour oser une pareille accusation, remplit la salle. Le pr\'e9\loch\f40 sident n\rquote \hich\f40 essaya m\'ea\loch\f40 me pas de la calmer\~\hich\f40
+; quand elle fut tomb\'e9\loch\f40 e d\rquote \hich\f40 elle-m\'ea\loch\f40 me, sous les chut\~\hich\f40 ! \'e9\loch\f40 nergiques de ceux qui voulaient tout de suite en savoir davantage, on entendit \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 istinctement Robert Darzac, qui, se laissant retomber sur son banc, disait\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 C\rquote est impossible\~! Il est fou\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le pr\'e9\loch\f40 sident\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous osez, monsieur, accuser Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan\~! Voyez l\rquote effet d\rquote \hich\f40 une pareille accusation\'85\loch\f40 \hich\f40 M. Robert Darzac lui-m\'ea
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 me vous traite de fou\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Si vous ne l\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes pas, vous devez avoir des preuves\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Des preuves, m\rquote sieur\~! Vous voulez des preuves\~! Ah\~\hich\f40 ! je vais vous en donner une, de preuve\'85\loch\f40 \hich\f40 fit la voix aigu\'eb\loch\f40 \hich\f40 de Rouletabille\'85\loch\f40 Qu
+\rquote \hich\f40 on fasse venir Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le pr\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 sident\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Huissier, appelez Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 huissier courut \'e0\loch\f40 la petite porte, l\rquote \hich\f40 ouvrit, disparut\'85\loch\f40 \hich\f40 La petite porte \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait rest\'e9\loch\f40 \hich\f40 e ouverte\'85\loch\f40
+\hich\f40 Tous les yeux \'e9\loch\f40 taient sur cette petite porte. L\rquote \hich\f40 huissier r\'e9\loch\f40 apparut. Il s\rquote \hich\f40 avan\'e7\loch\f40 \hich\f40 a au milieu du pr\'e9\loch\f40 toire et dit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Monsieur le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan n\rquote \hich\f40 est pas l\'e0\loch\f40 . Il est parti vers quatre heures et on ne l\rquote
+a plus revu.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille clama, triomphant\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Ma preuve, la voil\'e0\~\loch\f40 !
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Expliquez-vous\'85\loch\f40 Quelle preuve\~\hich\f40 ? demanda le pr\'e9\loch\f40 sident.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ma preuve irr\'e9\loch\f40 futable,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 fit le jeune reporter, ne voyez-vous pas que c\rquote est la fuite de Larsan. Je vous jure qu\rquote il ne reviendra pas, allez\~\hich\f40
+! \'85\loch\f40 \hich\f40 vous ne reverrez plus Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rumeurs au fond de la salle.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Si vous ne vous moquez pas de la justice, pourquoi, monsieur, n\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 avez-vous pas profit\'e9\loch\f40 \hich\f40 de ce que Larsan \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tait avec vous, \'e0\loch\f40 cette barre, pour l\rquote accuser en face\~\hich\f40 ? Au moins, il aurait pu vous r\'e9\loch\f40 pondre\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quelle r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ponse e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 plus compl\'e8\loch\f40 \hich\f40 te que celle-ci, monsieur le pr\'e9\loch\f40 sident\~
+\hich\f40 ? \'85\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 il ne me r\'e9\loch\f40 pond pas\~\hich\f40 ! Il ne me r\'e9\loch\f40 pondr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a jamais\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 J\rquote accuse Larsan d\rquote
+\hich\f40 \'ea\loch\f40 tre }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote assassin et il se sauve\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous trouvez que ce n\rquote \hich\f40 est pas une r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ponse, \'e7\loch\f40 a\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Nous ne voulons pas croire, nous ne croyons point que Larsan, comme vous dites,\~\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 se soit sauv\'e9\~\'bb\'85\loch\f40 \hich\f40 Comment se serait-il sauv\'e9\~\loch\f40
+? Il ne savait \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pas que vous alliez l\rquote accuser\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Si, m\rquote \hich\f40 sieur, il le savait, puisque je le lui ai appris moi-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, tout \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 heure\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous avez fait cela\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Vous croyez que Larsan est l\rquote assassin et vous lui donnez les moyens de fuir\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, m\rquote \hich\f40 sieur le pr\'e9\loch\f40 sident, j\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ai fait cela, r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pliqua Rouletabille avec orgueil\'85\loch\f40 \hich\f40
+ Je ne suis pas de la \'ab\~\loch\f40 justice\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , moi\~\hich\f40 ; je ne suis pas de la \'ab\~\loch\f40 police\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , moi\~\hich\f40 ; je suis un humble journaliste, et mon m\'e9\loch\f40 tier n\rquote \hich\f40
+est point de faire arr\'ea\loch\f40 ter les gens\~\hich\f40 ! Je sers la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 \hich\f40 comme je veux\'85\loch\f40 c\rquote est mo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 affaire\'85
+\loch\f40 \hich\f40 Pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 servez, vous autres, la soci\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 , comme vous pouvez, c\rquote \hich\f40 est la v\'f4\loch\f40 \hich\f40 tre\'85\loch\f40 Mais ce n\rquote \hich\f40
+est pas moi qui apporterai une t\'ea\loch\f40 te au bourreau\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Si vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes juste, monsieur le pr\'e9\loch\f40 sident \endash et vous l\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 tes \endash
+ vous trouverez que j\rquote ai raison\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Ne vous ai-je pa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 dit, tout \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 heure, \'ab\~\loch\f40
+que vous comprendriez que je ne pouvais prononcer le nom de l\rquote assassin avant six heures et demie\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . J\rquote \hich\f40 avais calcul\'e9\loch\f40 \hich\f40 que ce temps \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait n\'e9\loch\f40 \hich\f40
+cessaire pour avertir Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan, lui permettre de prendre le train de 4 heures 17, pour \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 P\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 aris, o\'f9\loch\f40 \hich\f40
+ il saurait se mettre en s\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\'85\loch\f40 \hich\f40 Une heure pour arriver \'e0\loch\f40 Paris, une heure et quart pour qu\rquote \hich\f40 il p\'fb\loch\f40 \hich\f40 t faire dispara\'ee\loch\f40 \hich\f40
+tre toute trace de son passage\'85\loch\f40 \hich\f40 Cela nous amenait \'e0\loch\f40 \hich\f40 six heures et demie\'85\loch\f40 \hich\f40 Vous ne retrouverez pas Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, d\'e9\loch\f40
+clara Rouletabille\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 en fixant M. Robert Darzac\'85\loch\f40 \hich\f40 il est trop malin\'85\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40
+est un homme qui vous a toujours \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapp\'e9\'85}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 et que vous avez longtemps et vainement poursuivi\'85\loch\f40 S\rquote \hich\f40
+il est moins fort que moi, ajouta Rouletabille, en riant de bon c\'9c\loch\f40 ur et en riant tout seul, car personne n\rquote avait\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 plus envie de rire\'85\loch\f40
+ il est plus fort que toutes les polices de la terre. Cet homme, qui, depuis quatre ans, s\rquote \hich\f40 est introduit \'e0\loch\f40 \hich\f40 la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 \hich\f40 , et y est devenu c\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e8
+\loch\f40 \hich\f40 bre sous le nom de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, est autrement c\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e8\loch\f40 bre sous un autre nom que vous connaissez b\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 en. Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan, m\rquote \hich\f40 sieur le pr\'e9\loch\f40 sident, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 c\rquote est Ballmeyer\~!
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ballmeyer\~! s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 cria le pr\'e9\loch\f40 sident.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ballmeyer\~\hich\f40 ! fit Robert Darzac, en se soulevant\'85\loch\f40 Ballmeyer\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait donc vrai\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~! ah\~! m\rquote sieur Darzac, vous ne croyez plus que je suis fou, mainten\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ant\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ballmeyer\~! Ballmeyer\~! Ballmeyer\~! On n\rquote \hich\f40 entendait plus que ce nom dans la salle. Le pr\'e9\loch\f40 sident suspendit l\rquote audience.
+\par
+\par }\pard \qc\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 *
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous pensez si cette suspension d\rquote \hich\f40 audience fut mouvement\'e9\loch\f40 e. Le public avait de quoi s\rquote occuper. Ballmeyer\~\hich\f40 ! On trouvait, d\'e9\loch\f40 ci\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ment, le gamin \'ab\~\'e9\loch\f40 patant\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 ! Ballmeyer\~\hich\f40 ! Mais le bruit de sa mort avait couru, il y avait, de cela, quelques semaines. Ballmeyer avait donc \'e9\loch\f40 \hich\f40
+chapp\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la mort comme, toute sa vie, il avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapp\'e9\loch\f40 \hich\f40 aux gendarmes. Est-il n\'e9\loch\f40 cessaire que je rappelle ici les \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 h
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 auts faits de Ballmeyer\~\hich\f40 ? Ils ont, pendant vingt ans, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fray\'e9\loch\f40 la chronique judiciaire et la rubrique des faits divers\~; et, si quelques-uns de mes lecteurs ont pu oublier l
+\rquote \hich\f40 affaire de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , ce nom de Ballmeyer n\rquote est certainement pas sorti de\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 leur m\'e9\loch\f40 \hich\f40
+moire. Ballmeyer fut le type m\'ea\loch\f40 me de l\rquote escroc du grand monde\~; il n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait point de gentleman plus gentleman que lui\~; il n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+tait point de prestidigitateur plus habile de ses doigts que lui\~; il n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait point d\rquote \~\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 apache\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , comme on dit aujourd\rquote hui,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 plus audacieux et plus terrible que lui. Re\'e7\loch\f40 \hich\f40 u dans la meilleure soci\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 , inscrit dans les cercles les plus ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40
+s, il avait vol\'e9\loch\f40 l\rquote honneur des familles et l\rquote \hich\f40 argent des pontes avec une maestria qui ne fut jamais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 pass\'e9\loch\f40 e. Dans certaines occasions difficile\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , il n\rquote \hich\f40 avait pas h\'e9\loch\f40 \hich\f40 sit\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 faire le coup de couteau ou le coup de l\rquote os de mouton. Du reste, il n\rquote \hich\f40 h\'e9\loch\f40
+sitait jamais, et aucune entreprise n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait au-dessus de ses forces. \'c9\loch\f40 \hich\f40 tant tomb\'e9\loch\f40 une fois entre les mains de la justice, il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+chappa, le matin de son proc\'e8\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 en jetant du poivre dans les yeux des gardes qui le conduisaient \'e0\loch\f40 la cour d\rquote \hich\f40
+assises. On sut plus tard que, le jour de sa fuite, pendant que les plus fins limiers de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ ses trousses, il assistait, tranquillement, nullement maquill\'e9\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40 un\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 premi\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40
+\hich\f40 du Th\'e9\'e2\loch\f40 \hich\f40 tre-Fran\'e7\loch\f40 \hich\f40 ais. Il avait ensuite quitt\'e9\loch\f40 \hich\f40 la France pour travailler en Am\'e9\loch\f40 rique, et la police de l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tat d\rquote
+Ohio avait, un beau jour, mis la main sur l\rquote exceptionnel bandit\~; mais, le lendemain, il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 chappait encore\'85\loch\f40 Ballmeyer, il faudrait \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+n volume pour parler ici de Ballmeyer, et c\rquote \hich\f40 est cet homme qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait devenu Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Et c\rquote \hich\f40
+est ce petit gamin de Rouletabille qui avait d\'e9\loch\f40 couvert cela\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Et c\rquote \hich\f40 est lui aussi, ce moutard, qui, connaissant le pass\'e9\loch\f40 d\rquote un Ballmeyer, lui permettait, u
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e fois de plus, de faire la nique \'e0\loch\f40 \hich\f40 la soci\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 , en lui fournissant le moyen de s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chapper\~
+\hich\f40 ! \'c0\loch\f40 ce dernier point de vue, je ne pouvais qu\rquote \hich\f40 admirer Rouletabille, car je savais que son dessein \'e9\loch\f40 tait de servir jusqu\rquote au bout M. Robert Darzac et Mlle Stangerson e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 les d\'e9\loch\f40 barrassant du bandit }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 sans qu\rquote \hich\f40 il parl\'e2\loch\f40 t.}{
+\par
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 On n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait pas encore remis d\rquote \hich\f40 une pareille r\'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 lation, et j\rquote \hich\f40 entendais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40
+ les plus press\'e9\loch\f40 s s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 crier\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 En admettant que l\rquote \hich\f40 assassin soit Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan, cela ne nous explique pas comment il est sorti de la
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Chambre Jaune\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb\loch\f40 quand l\rquote audience fut reprise.
+\par
+\par }\pard \qc\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 *
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille fut appel\'e9\loch\f40 \hich\f40 imm\'e9\loch\f40 \hich\f40 diatement \'e0\loch\f40 la barre et son\~interrogatoire\~, car il s\rquote \hich\f40 agissait l\'e0\loch\f40 \hich\f40 plut\'f4\loch\f40
+t d\rquote un interrogatoire que d\rquote une\~\hich\f40 d\'e9\loch\f40 position\~, reprit.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le pr\'e9\loch\f40 sident\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous nous avez dit tout \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 heure, monsieur, qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 tait impossible de s\rquote enfuir du bout de cour. J\rquote
+\hich\f40 admets, avec vous, je veux bien admettre que, puisque Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan se trouvait pench\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 sa fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, au-dessus de vous, il f\'fb
+\loch\f40 t encore dans ce bout de cour\~\hich\f40 ; mais, pour se trouver \'e0\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 fen\'ea\loch\f40 tre, il lui avait fallu quitter ce bout de cour. Il s\rquote \hich\f40 \'e9
+\loch\f40 tait donc enfui\~! Et comment\~?\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 J\rquote ai dit qu\rquote il n\rquote avait pu s\rquote \hich\f40 enfuir \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 normalement\'85\~\'bb\loch\f40 Il s\rquote \hich\f40 est donc enfui \'ab\~\loch\f40 anormalement\~\hich\f40
+\'bb\~\loch\f40 ! Car le bout de cour, je l\rquote ai dit aussi, n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait que \'ab\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 quasi\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 tandis que la \'ab\loch\f40
+\hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait. On pouvait grimper au mur, chose impossible dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40
+, se jeter sur la terrasse et de l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , pendant que nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 tions pench\'e9\loch\f40 \hich\f40 s sur le cadavre du garde, p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 trer de la terrasse dans
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 la galerie par la fen\'ea\loch\f40 tre qui donne juste au-dessus. Larsan n\rquote avait plus qu\rquote \hich\f40 un pas \'e0\loch\f40 \hich\f40 faire pour \'ea\loch\f40 \hich\f40
+tre dans sa chambre, ouvrir sa fen\'ea\loch\f40 tre et nous parler. Ceci n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait qu\rquote un jeu d\rquote \hich\f40 enfant pour un acrobate de la force de Ballmeyer. Et, monsieur le pr\'e9\loch\f40 sident, v
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ici la preuve de ce que j\rquote avance.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ici, Rouletabille tira de la poche de son veston, un petit paquet qu\rquote il ouvrit, et dont il tira une cheville.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Tenez, monsieur le pr\'e9\loch\f40 sident, voici une cheville qui s\rquote adapte parfaitement dans un trou que l\rquote on trouve en\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 core dans le\~\hich\f40 \'ab\~
+\loch\f40 corbeau\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 de droite qui soutient la terrasse en encorbellement. Larsan, qui pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 voyait tout et qui songeait \'e0\loch\f40 tous les moyens de fuite autour de sa chambre \endash \hich\f40
+ chose n\'e9\loch\f40 cessaire quand on joue son jeu \endash \hich\f40 avait enfonc\'e9\loch\f40 \hich\f40 pr\'e9\loch\f40 alablement cette cheville\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 dans ce \'ab\~\loch\f40 corbeau\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Un pied sur la borne qui est au coin du ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, un autre pied sur la cheville, une main \'e0\loch\f40 la corniche de la porte du garde, l\rquote \hich\f40 autre main \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ la terrasse, et Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan dispara\'ee\loch\f40 \hich\f40 t dans les airs\'85\loch\f40 d\rquote autant mieux qu\rquote il est fort ingambe\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 et que, ce soir-l\'e0\loch\f40 , il n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait nullement endormi par un narcotique, comme il avait voulu nous le faire croire. Nous avions d\'ee\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ avec lui, monsieur le pr\'e9\loch\f40 sident, et, au dessert, il nous joua le coup du monsieur qui tombe de sommeil, car il avait besoin d\rquote \hich\f40 \'ea\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+re, lui aussi, endormi, pour que, le lendemain, on ne s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tonn\'e2\loch\f40 t point que moi, Joseph Rouletabille, j\rquote \hich\f40 aie \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 victime d\rquote \hich\f40
+un narcotique en d\'ee\loch\f40 \hich\f40 nant avec Larsan. Du moment que nous avions subi le m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me sort, les soup\'e7\loch\f40 ons ne l\rquote atteignaient point et s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 garaient a
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 lleurs. Car, moi, monsieur le pr\'e9\loch\f40 sident, moi, j\rquote \hich\f40 ai \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 bel et bien endormi, et par Larsan lui-m\'ea
+\loch\f40 me, et comment\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Si je n\rquote \hich\f40 avais pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans ce triste \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tat, jamais Larsan ne se serait introduit dans la chambre de Mlle Stangerson ce soir-l\'e0\loch\f40 , et le malheur\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ne serait pas arriv\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 On entendit un g\'e9\loch\f40 missement. C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait M. Darzac qui n\rquote \hich\f40 avait pu retenir sa douloureuse plainte\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous comprenez, ajouta Rouletabille, que, couchant \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 de lui, je g\'ea\loch\f40 \hich\f40 nais particuli\'e8\loch\f40
+\hich\f40 rement Larsan, cette nuit-l\'e0\loch\f40 , car il savait ou\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 du moins il pouvait se douter \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 que, cette nuit-l\'e0\loch\f40 , je veillais\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40
+! Naturellement il ne pouvait pas croire une seconde que je le soup\'e7\loch\f40 onnais, lui\~\hich\f40 ! Mais je pouvais le d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvrir au moment o\'f9\loch\f40 il sortait de sa chambre pour se rendre dans celle de Mlle Stang
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rson. Il attendit, cette nuit-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , pour p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40
+trer chez Mlle Stangerson, que je fusse endormi et que mon ami Sainclair f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t occup\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans ma propre chambre \'e0\loch\f40 \hich\f40 me r\'e9\loch\f40 \hich\f40
+veiller. Dix minutes plus tard Mlle Stangerson criait \'e0\loch\f40 la mort\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Comment \'e9\loch\f40 \hich\f40 tiez-vous arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 so\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 up\'e7\loch\f40 \hich\f40 onner, alors, Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9
+\loch\f40 ric Larsan\~\hich\f40 ? demanda le pr\'e9\loch\f40 sident.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Le bon bout de ma raison\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 me l\rquote \hich\f40 avait indiqu\'e9\loch\f40 , m\rquote \hich\f40 sieur le pr\'e9\loch\f40 sident\~; aussi j\rquote avais l\rquote
+\hich\f40 \'9c\loch\f40 il sur lui\~; mais c\rquote est un homme terriblement fort, et je n\rquote \hich\f40 avais pas pr\'e9\loch\f40 vu le coup du narcotique. Oui, oui\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , le bon bout de ma raison me l\rquote \hich\f40
+avait montr\'e9\~\loch\f40 ! Mais il me fallait une preuve palpable\~; comme qui dirait\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Le voir au bout de mes yeux apr\'e8\loch\f40 s l\rquote avoir vu au bout de ma raison\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Qu\rquote \hich\f40 est-ce que vous entendez par \'ab\~\loch\f40 le bon bout de votre raison\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Eh\~!\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\rquote \hich\f40 sieur le pr\'e9\loch\f40 sident, la raison a deux bouts\~: le bon et le mauvais. Il n\rquote y en a qu\rquote \hich\f40
+un sur lequel vous puissiez vous appuyer avec solidit\'e9\~\loch\f40 : c\rquote est le bon\~\hich\f40 ! On le reconna\'ee\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce que rien ne peut le faire craquer, ce bout-l\'e0\loch\f40 , quoi que vous fassiez\~
+! quoi q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e vous disiez\~\hich\f40 ! Au lendemain de la \'ab\~\loch\f40 galerie inexplicable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , alors que j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tais comme le dernier des derniers des mis\'e9\loch\f40 rables hommes qui ne savent point se servir de leur raison parce qu\rquote \hich\f40 ils ne savent par o\'f9\loch\f40 la prendre, que j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais courb\'e9
+\loch\f40 sur la terre et su\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 les fallacieuses traces sensibles, je me suis relev\'e9\loch\f40 soudain, en m\rquote \hich\f40 appuyant sur le bon bout de ma raison et je suis mont\'e9
+\loch\f40 dans la galerie.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 L\'e0\loch\f40 , je me suis rendu compte que l\rquote assassin que nous avions poursuivi n\rquote \hich\f40 avait pu, cette fois, \'ab\~\loch\f40 ni normalement, ni\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ anormalement\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 quitter la galerie. Alors, avec le bon bout de ma raison, j\rquote \hich\f40 ai trac\'e9\loch\f40 un cercle dans lequel j\rquote \hich\f40 ai enferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 le probl\'e8\loch\f40
+me, et autour du cercle, j\rquote \hich\f40 ai d\'e9\loch\f40 \hich\f40 pos\'e9\loch\f40 mentalement ces lettres flamboyantes\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Puisque l\rquote \hich\f40 assassin ne peut \'ea\loch\f40 tre en dehors du cer
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 le, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 il est dedans\~!\~\hich\f40 \'bb}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Qui vois-je donc, dans ce cercle\~? Le bon bout de ma raison me montre, outre l\rquote
+\hich\f40 assassin qui doit n\'e9\loch\f40 cessairement s\rquote y trouver\~\hich\f40 : le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, M. Stangerson, Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan et moi\~! Cela devait donc faire, avec l\rquote
+assassin, cinq perso\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nnages. Or, quand je cherche dans le cercle, ou si vous pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 f\'e9\loch\f40 \hich\f40 rez, dans la galerie, pour parler \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 mat\'e9\loch\f40 riellement
+\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , je ne trouve que quatre personnages. Et il est d\'e9\loch\f40 \hich\f40 montr\'e9\loch\f40 \hich\f40 que le cinqui\'e8\loch\f40 me n\rquote a pu s\rquote enfuir, n\rquote a pu sortir du cercle\~! }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Donc, j\rquote ai, dans le cercl\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e, un personnage qui est deux, c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 -dire qui est, outre son personnage, le personnage de l\rquote assassin\~\hich\f40 ! \'85
+\loch\f40 }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Pourquoi ne m\rquote \hich\f40 en \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais-je pas aper\'e7\loch\f40 \hich\f40 u d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ? Tout simplement parce que le ph\'e9\loch\f40 \hich\f40 nom
+\'e8\loch\f40 ne du doublement du personnage ne s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pas pass\'e9\loch\f40 sous mes yeux. Av\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ec qui, des quatre personnes enferm\'e9\loch\f40 es dans le cercle, l\rquote
+assassin a-t-il pu se doubler sans que je l\rquote \hich\f40 aper\'e7\loch\f40 oive\~\hich\f40 ? Certainement pas avec les personnes qui me sont apparues \'e0\loch\f40 un moment, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 doubl
+\'e9\loch\f40 es de l\rquote assassin}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 . Ainsi ai-je vu, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 en m\'ea\loch\f40 me temps}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , dans la galerie,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+ M. Stangerson et l\rquote \hich\f40 assassin, le p\'e8\loch\f40 re Jacques et l\rquote assassin, moi et l\rquote assassin.}{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 L\rquote \hich\f40 assassin ne saurait donc \'ea\loch\f40
+\hich\f40 tre ni M. Stangerson, ni le p\'e8\loch\f40 re Jacques, ni moi\~! Et puis, si c\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait moi l\rquote assassin, je le saurais bien, n\rquote est-ce pas, m\rquote \hich\f40 sieur le pr\'e9\loch\f40 sident\~\hich\f40 ?
+\'85\loch\f40 Av\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ais-je vu, en m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me temps, Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan et l\rquote assassin\~? Non\~\hich\f40 ! \'85}{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non\~! Il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pass\'e9\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 deux secondes}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pendant lesquelles j\rquote avais perdu de vue l\rquote \hich\f40
+assassin, car celui-ci \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait arriv\'e9\loch\f40 , comme je l\rquote \hich\f40 ai du reste not\'e9\loch\f40 dans mes papiers, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 deux secondes}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 avant M. Stang
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 erson, le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques et moi, au carrefour des deux galeries. Cela avait suffi \'e0\loch\f40 Larsan pour enfiler la galerie tournante, enlever sa fausse barbe d\rquote \hich\f40
+un tour de main, se retourner et se heurter \'e0\loch\f40 nous, comme s\rquote il poursuivait l\rquote assassin\~\hich\f40 ! \'85}{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ballmeyer en a f\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ait bien d
+\rquote autres\~! et vous pensez bien que ce n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait qu\rquote un jeu pour lui de se grimer de telle sorte qu\rquote \hich\f40 il appar\'fb\loch\f40 \hich\f40 t tant\'f4\loch\f40 \hich\f40 t avec sa barbe rouge \'e0\loch\f40
+\hich\f40 Mlle Stangerson, tant\'f4\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 \hich\f40 un employ\'e9\loch\f40 \hich\f40 de poste avec un collier de barbe ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 tain qui le faisait ressembler \'e0\loch\f40 M.
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 arzac, dont il avait jur\'e9\loch\f40 la perte\~\hich\f40 ! Oui, le bon bout de ma raison me rapprochait ces deux personnages, ou plut\'f4\loch\f40 \hich\f40 t ces deux moiti\'e9
+\loch\f40 s de personnage que je n\rquote avais pas vues }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 en m\'ea\loch\f40 me temps\~:}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan et l\rquote \hich\f40
+inconnu que je poursuivais\'85\loch\f40 pour en faire l\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 tre m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 yst\'e9\loch\f40 rieux et formidable que je cherchais\~:}{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote assassin\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .\~
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Cette r\'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 lation me bouleversa. J\rquote essayai de me ressaisir en m\rquote \hich\f40 occupant un peu des traces sensibles, des signes ext\'e9\loch\f40
+rieurs qui m\rquote avaient, jusqu\rquote \hich\f40 alors, \'e9\loch\f40 \hich\f40 gar\'e9\loch\f40 , et qu\rquote \hich\f40 il fallait, normalement, \'ab\~\loch\f40 fa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ire entrer dans le cercle trac\'e9\loch\f40
+ par le bon bout de ma raison\~!\~\hich\f40 \'bb}{\i
+\par }{
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Quels \'e9\loch\f40 taient, tout d\rquote \hich\f40 abord, les principaux signes ext\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieurs, cette nuit-l\'e0\loch\f40 , qui m\rquote \hich\f40 avaient \'e9\loch\f40
+\hich\f40 loign\'e9\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 id\'e9\loch\f40 e d\rquote \hich\f40 un Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan assassin\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 1\'b0\loch\f40 J\rquote avais vu l\rquote inconnu dans la chambre de \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson, et, courant \'e0\loch\f40 \hich\f40 la chambre de Fr\'e9\loch\f40
+\hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan, j\rquote \hich\f40 y avais trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan, bouffi de sommeil.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 2\'b0\loch\f40 L\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chelle\~;
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 3\'b0\loch\f40 J\rquote \hich\f40 avais plac\'e9\loch\f40 \hich\f40 Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan au bout de la galerie tournante en lui disant que j\rquote
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 allais sauter dans la chambre de Mlle Stangerson pour essayer de prendre l\rquote assassin. Or, j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais retourn\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans la chambre de Mlle Stangerson o\'f9
+\loch\f40 j\rquote \hich\f40 avais retrouv\'e9\loch\f40 mon inconnu.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Le premier signe ext\'e9\loch\f40 rieur ne m\rquote \hich\f40 embarrassa gu\'e8\loch\f40 re. Il est probable que, lorsque \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 je descendis de mon \'e9\loch\f40
+\hich\f40 chelle, apr\'e8\loch\f40 s avoir vu l\rquote \hich\f40 inconnu dans la chambre de Mlle Stangerson, celui-ci avait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 fini ce qu\rquote \hich\f40 il avait \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ y faire. Alors, pendant que je rentrais dans le ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, il rentrait, lui, dans la chambre de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan, se d\'e9\loch\f40 shabill\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 it en deux temps, trois mouvements, et, quand je venais frapper \'e0\loch\f40 \hich\f40 sa porte, montrait un visage de Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan ensommeill\'e9\loch\f40
+\hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 plaisir\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Le second signe\~: l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chelle, ne m\rquote \hich\f40 embarrassa pas davantage. Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e9\loch\f40 vident que, si l\rquote \hich\f40 assassin \'e9
+\loch\f40 tait Larsan, il n\rquote a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 vait pas besoin d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chelle pour s\rquote \hich\f40 introduire dans le ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau, puisque Larsan couchait \'e0\loch\f40 \hich\f40 c\'f4
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 de moi\~\hich\f40 ; mais cette \'e9\loch\f40 \hich\f40 chelle devait faire croire \'e0\loch\f40 la venue de l\rquote \hich\f40 assassin, \'ab\~\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 ext\'e9\loch\f40 rieur\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 \hich\f40 , chose n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessaire au syst\'e8\loch\f40 \hich\f40 me de Larsan puisque, cette nuit-l\'e0\loch\f40 , M. Darz\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 c n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+\hich\f40 tait pas au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau. Enfin, cette \'e9\loch\f40 \hich\f40 chelle, en tout \'e9\loch\f40 tat de cause, pouvait faciliter la fuite de Larsan.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Mais le troisi\'e8\loch\f40 \hich\f40 me signe ext\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieur me d\'e9\loch\f40 \hich\f40 routait tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait. Ayant plac\'e9\loch\f40
+ Larsan au bout de la galerie tournante, je ne pouvais expliquer qu\rquote \hich\f40 il e\'fb\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t profit\'e9\loch\f40 \hich\f40 du moment o\'f9\loch\f40 j\rquote allais dans l\rquote \hich\f40 aile gauche du ch\'e2
+\loch\f40 \hich\f40 teau trouver M. Stangerson et le p\'e8\loch\f40 re Jacques, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pour}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 retourner dans la chambre de Mlle Stangerson\~!}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait l\'e0\loch\f40 un geste bien dangereux\~\hich\f40 ! Il risquait de se faire prendre\'85\loch\f40 Et il le savait\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Et il a fa
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 illi se faire prendre\'85\loch\f40 n\rquote ayant pas eu le temps de regagner son poste, comme il l\rquote \hich\f40 avait certainement esp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\'85\loch\f40 Il fallait qu\rquote \hich\f40
+il e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t, pour retourner dans la chambre, une raison bien n\'e9\loch\f40 cessaire\~\hich\f40 qui lui f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t apparue tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 coup, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s mon d\'e9\loch\f40 part, car il n
+\rquote aurait\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pas sans cela pr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 son revolver\~\hich\f40 ! Quant \'e0\loch\f40 \hich\f40 moi, quand \'ab\~\loch\f40 j\rquote envoyai\~\hich\f40
+\'bb\loch\f40 \hich\f40 le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques au bout de la galerie droite, je croyais naturellement que Larsan \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait toujours \'e0\loch\f40 \hich\f40 son poste au bout de la galerie tournante et le p\'e8
+\loch\f40 \hich\f40 re Jacques lui-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, \'e0\loch\f40 qui, du reste, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 j\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e n\rquote \hich\f40 avais point donn\'e9\loch\f40 \hich\f40 de d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+tails, en se rendant \'e0\loch\f40 son poste, ne regarda pas, lorsqu\rquote \hich\f40 il passa \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 intersection des deux galeries, si Larsan \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait au sien. Le p\'e8\loch\f40
+re Jacques ne songeait alors qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 ex\'e9\loch\f40 \hich\f40 cuter mes ordres rapidement. Quelle \'e9\loch\f40 tait donc cette raison\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 impr\'e9
+\loch\f40 vue qui avait pu conduire Larsan une seconde fois dans la chambre\~\hich\f40 ? Quelle \'e9\loch\f40 tait-elle\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 \hich\f40 Je pensai que ce ne pouvait \'ea\loch\f40 tre qu\rquote \hich\f40
+une marque sensible de son passage qui le d\'e9\loch\f40 \hich\f40 non\'e7\loch\f40 ait\~\hich\f40 ! Il avait oubli\'e9\loch\f40 \hich\f40 quelque chose de tr\'e8\loch\f40 s important dans la chambre\~! Quoi\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ?
+\'85\loch\f40 \hich\f40 Avait-il retrouv\'e9\loch\f40 cette chose\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 Je me rappelai la bougie sur le parquet et l\rquote \hich\f40 homme courb\'e9\'85\loch\f40 Je priai Mme\~\hich\f40
+Bernier, qui faisait la chambre, de chercher\'85\loch\f40 \hich\f40 et elle trouva un binocle\'85\loch\f40 Ce binocle, m\rquote \hich\f40 sieur le pr\'e9\loch\f40 sident\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et Rouletabille sortit de son petit\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 paquet le binocle que nous connaissons d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Quand je vis ce binocle, je fus \'e9\loch\f40 \hich\f40 pouvant\'e9\'85\loch\f40 Je n\rquote \hich\f40 avais jamais vu de binocle \'e0\loch\f40 \hich\f40 Larsan\'85\loch\f40 S\rquote il n\rquote
+en mettait pas, c\rquote est donc qu\rquote il n\rquote \hich\f40 en avait pas besoin\'85\loch\f40 \hich\f40 Il en avait moins besoin encore alors dans un moment o\'f9\loch\f40 la \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 libert\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ de ses mouvements lui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait chose si pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cieuse\'85\loch\f40 Que signifiait ce binocle\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 Il n\rquote entrait point dans mon cercle. }{\i \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'c0\loch\f40
+ moins qu\rquote \hich\f40 il ne f\'fb\loch\f40 t celui d\rquote un presbyte,}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\rquote \hich\f40 exclamai-je, tout \'e0\loch\f40 coup\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 En effet, je n\rquote \hich\f40 avais jamais vu \'e9
+\loch\f40 crire Larsan, je ne l\rquote avais j\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 amais vu lire. Il \'ab\~\loch\f40 pouvait\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 donc \'ea\loch\f40 tre presbyte\~\hich\f40 ! On savait certainement \'e0\loch\f40
+\hich\f40 la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait presbyte, \'ab\~\loch\f40 s\rquote il l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait\'85\~\'bb\loch\f40 \hich\f40
+ on connaissait sans doute son binocle\'85\loch\f40 \hich\f40 Le binocle du \'ab\~\loch\f40 presbyte Larsan\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans la chambre de Mlle Stangerson, apr\'e8\loch\f40 s le myst
+\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e8\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 re de la galerie inexplicable, cela devenait terrible pour Larsan\~! Ainsi s\rquote expliquait le retour de Larsan dans la chambre\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40
+ Et, en effet, Larsan-Ballmeyer est bien presbyte, et ce binocle, que l\rquote \hich\f40 on reconna\'ee\loch\f40 \hich\f40 tra \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 peut-\'ea\loch\f40 tre\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la S\'fb\loch\f40
+\hich\f40 ret\'e9\loch\f40 , est bien le sie\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous voyez, monsieur, quel est mon syst\'e8\loch\f40 me, continua Rouletabille\~\hich\f40 ; je ne demande pas aux signes ext\'e9\loch\f40 rieurs de m\rquote \hich\f40 apprendre la v\'e9\loch\f40
+\hich\f40 rit\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 ; je leur demande simplement de ne pas aller contre la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 que m\rquote \hich\f40 a d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sign\'e9\loch\f40 e le bon bout de ma raison\~\hich\f40 ! \'85
+
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Pour \'ea\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 re tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait s\'fb\loch\f40 \hich\f40 r de la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ sur Larsan, car Larsan assassin \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait une exception qui m\'e9\loch\f40 ritait que l\rquote on s\rquote \hich\f40 entour\'e2\loch\f40 t de quelque garantie, j\rquote \hich\f40 eus le tort de vouloir voir sa \'ab\~\loch\f40 figure\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 . J\rquote \hich\f40 en ai \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 bien puni\~! Je crois que c\rquote est le bon bout de ma raison qui \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 est veng\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 de ce que, depuis la galerie inexplicable, je ne me sois pas appuy\'e9\loch\f40 \hich\f40 solidement, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 finitivement et en toute confiance, sur lui\'85\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40
+gligeant magnifiquement de trouver d\rquote \hich\f40 autres preuves de la culpabilit\'e9\loch\f40 de Larsan que celle de ma raison\~! Alors, Mll\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Stangerson a \'e9\loch\f40 \hich\f40
+t\'e9\loch\f40 \hich\f40 frapp\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille s\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 ta\'85\loch\f40 \hich\f40 se mouche\'85\loch\f40 \hich\f40 vivement \'e9\loch\f40 mu.
+\par
+\par }\pard \qc\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 *
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Mais qu\rquote \hich\f40 est-ce que Larsan, demanda le pr\'e9\loch\f40 sident, venait faire dans cette chambre\~\hich\f40 ? Pourquoi a-t-il tent\'e9\loch\f40 d\rquote \hich\f40 assassiner \'e0\loch\f40
+ deux reprises Mlle Stangerson\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Parce qu\rquote il l\rquote ado\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 rait, m\rquote \hich\f40 sieur le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 videmment une raison\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, m\rquote \hich\f40 sieur, une raison p\'e9\loch\f40 \hich\f40 remptoire. Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait amoureux fou\'85\loch\f40 \hich\f40 et \'e0\loch\f40 cause de cela, et de bien d\rquote
+autres choses aussi, capable de tous les crimes.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mlle Stangerson le savait\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui, m\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 sieur, mais elle ignorait, naturellement, que l\rquote \hich\f40 individu qui la poursuivait ainsi f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40
+\hich\f40 ric Larsan\'85\loch\f40 \hich\f40 sans quoi Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan ne serait pas venu s\rquote \hich\f40 installer au ch\'e2\loch\f40 teau, et n\rquote \hich\f40 aurait pas, la nuit de la galerie inexplicable, p\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 tr\'e9\loch\f40 \hich\f40 avec nous aupr\'e8\loch\f40 s de Ml\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e Stangerson, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 s l\rquote affaire\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 . J\rquote \hich\f40 ai remarqu\'e9\loch\f40 du reste qu\rquote il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait tenu dans l\rquote ombre et qu\rquote \hich\f40 il avait continuellement la face baiss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85\loch\f40
+\hich\f40 ses yeux devaient chercher le binocle perdu\'85\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson a eu \'e0\loch\f40 subir les poursuites et les attaques de Larsan so\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+s un nom et sous un d\'e9\loch\f40 guisement que nous ignorions mais qu\rquote \hich\f40 elle pouvait conna\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 .
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et vous, monsieur Darzac\~\hich\f40 ! demanda le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident\'85\loch\f40 \hich\f40 vous avez peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce propos, re\'e7\loch\f40 \hich\f40
+u les confidences de Mlle Stangerson\'85\loch\f40 Comment se fait-il que Mlle Stangerson n\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ait parl\'e9\loch\f40 \hich\f40 de cela \'e0\loch\f40 personne\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40
+ Cela aurait pu mettre la justice sur les traces de l\rquote \hich\f40 assassin\'85\loch\f40 \hich\f40 et si vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes innocent, vous aurait \'e9\loch\f40 \hich\f40 pargn\'e9\loch\f40 la douleur d\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40
+\hich\f40 tre accus\'e9\~\loch\f40 !
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mlle Stangerson ne m\rquote a rien dit, fit M. Darzac.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ce que dit le jeune homme vous pa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ra\'ee\loch\f40 t-il possible\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 demanda encore le pr\'e9\loch\f40 sident.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Imperturbablement, M. Robert Darzac r\'e9\loch\f40 pondit\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Mlle Stangerson ne m\rquote \hich\f40 a rien dit\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Comment expliquez-vous que, la nuit de l\rquote \hich\f40 assassinat du garde, reprit le pr\'e9\loch\f40 sident, en se tournant vers Rouletabille, l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 assassin ait rapport
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 les papiers vol\'e9\loch\f40 \hich\f40 s \'e0\loch\f40 M. Stangerson\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 Comment expliquez-vous que l\rquote \hich\f40 assassin se soit introduit dans la chambre ferm\'e9\loch\f40 e de Mlle Stangerson\~?
+
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oh\~\hich\f40 ! quant \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette derni\'e8\loch\f40 re question, il est facile, je crois, d\rquote \hich\f40 y r\'e9\loch\f40 pondre. Un homme comme L\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+arsan-Ballmeyer devait se procurer ou faire faire facilement les clefs qui lui \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessaires\'85\loch\f40 \hich\f40 Quant au vol des documents, \'ab\~\loch\f40 je crois\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+ que Larsan n\rquote y avait pas d\rquote \hich\f40 abord song\'e9\loch\f40 \hich\f40 . Espionnant partout Mlle Stangerson, bien d\'e9\loch\f40 \hich\f40 cid\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 emp\'ea\loch\f40 cher son mariage ave
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M. Robert Darzac, il suit un jour Mlle Stangerson et M. Robert Darzac dans les grands magasins de la Louve, s\rquote \hich\f40 empare du r\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ticule de Mlle Stangerson, que celle-ci perd ou se laisse prendre. Dans ce r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ticule, il y a une clef \'e0\loch\f40 \hich\f40 t\'ea\loch\f40 te de cuivre. Il ne sait pa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l
+\rquote importance qu\rquote \hich\f40 a cette clef. Elle lui est r\'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 \hich\f40 e par la note que fait para\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre Mlle Stangerson dans les journaux. Il \'e9\loch\f40
+\hich\f40 crit \'e0\loch\f40 Mlle Stangerson poste restante, comme la note l\rquote en prie. Il demande sans doute un rendez-vous en faisant savoir que celui qui a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le r\'e9\loch\f40
+\hich\f40 ticule et la clef est celui qui la poursuit, depuis quelque temps, de son amour. Il ne re\'e7\loch\f40 \hich\f40 oit pas de r\'e9\loch\f40 ponse. Il va constater au bureau 40 que la lettre n\rquote \hich\f40 est plus l\'e0\loch\f40 \hich\f40
+. Il y va, ayant pris d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 l\rquote allure et autant que possible l\rquote habit de M. Darzac, car\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 cid\'e9\loch\f40
+\hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 tout pour avoir Mlle Stangerson, il a tout pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 par\'e9\loch\f40 , pour que, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 quoi qu\rquote \hich\f40 il arrive, M. Darzac, aim\'e9\loch\f40
+ de Mlle Stangerson, M. Darzac qu\rquote \hich\f40 il d\'e9\loch\f40 teste et dont il veut la perte, passe pour le coupable.
+\par }{
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Je dis\~: quoi qu\rquote il arrive, mais je pense que Larsan\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ne pensait pas encore qu\rquote \hich\f40 il en serait r\'e9\loch\f40 \hich\f40 duit \'e0\loch\f40 l\rquote
+\hich\f40 assassinat. Dans tous les cas, ses pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cautions sont prises pour compromettre Mlle Stangerson sous le d\'e9\loch\f40 \hich\f40 guisement Darzac. Larsan a, du reste, \'e0\loch\f40 \hich\f40 peu pr\'e8\loch\f40 \hich\f40
+s la taille de Darzac et quasi le m\'ea\loch\f40 me pied. Il ne lui \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 erait pas difficile, s\rquote \hich\f40 il est n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessaire, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir dessin
+\'e9\loch\f40 l\rquote empreinte du pied de M. Darzac, de se faire faire, sur ce dessin, des chaussures qu\rquote \hich\f40 il chaussera. Ce sont l\'e0\loch\f40 trucs enfantins pour Larsan-Ballmeyer.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Donc, pas de r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ponse \'e0\loch\f40 sa lettre, pas de \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rendez-vous, et il a toujours la petite clef pr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+cieuse dans sa poche. Eh bien, puisque Mlle Stangerson ne vient pas \'e0\loch\f40 \hich\f40 lui, il ira \'e0\loch\f40 elle\~! Depuis longtemps son plan est fait. Il s\rquote \hich\f40 est document\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ sur le Glandier et sur le pavillon. Un apr\'e8\loch\f40 s-midi, alors que \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 M\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . et Mlle Stangerson viennent de sortir pour la promenade et que le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques lui-m
+\'ea\loch\f40 me est parti, il s\rquote \hich\f40 introduit dans le pavillon par la fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre du vestibule. Il est seul, pour le moment, il a des loisirs\'85\loch\f40 \hich\f40 il regarde les meubles\'85\loch\f40 l\rquote un d
+\rquote eux, fort curie\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 x, et ressemblant \'e0\loch\f40 \hich\f40 un coffre-fort, a une toute petite serrure\'85\loch\f40 Tiens\~! Tiens\~! Cela l\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40
+\hich\f40 resse\'85\loch\f40 \hich\f40 Comme il a sur lui la petite clef de cuivre\'85\loch\f40 \hich\f40 il y pense\'85\loch\f40 liaison d\rquote \hich\f40 id\'e9\loch\f40 es. Il essaye la clef dans la serrure\~; la porte s\rquote \hich\f40 ouvre\'85
+\loch\f40 Des papiers\~! Il faut que ces\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 papiers soient bien pr\'e9\loch\f40 cieux pour qu\rquote \hich\f40 on les ait enferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 s dans un meuble aussi particulier
+\'85\loch\f40 pour qu\rquote \hich\f40 on tienne tant \'e0\loch\f40 \hich\f40 la clef qui ouvre ce meuble\'85\loch\f40 Eh\~! Eh\~\hich\f40 ! cela peut toujours servir\'85\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 un petit chantage\'85\loch\f40
+ cela l\rquote \hich\f40 aidera peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre dans ses desseins amoureux\'85\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 V\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ite, il fait un paquet de ces paperasses et va le d\'e9\loch\f40
+poser dans le lavatory du vestibule. Entre l\rquote \hich\f40 exp\'e9\loch\f40 dition du pavillon et la nuit de l\rquote assassinat du garde, Larsan a eu le temps de voir ce qu\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 taient ces papiers. Qu\rquote en ferait-il\~
+\hich\f40 ? Ils sont plut\'f4\loch\f40 t comprome\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 tants\'85\loch\f40 \hich\f40 Cette nuit-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , il les rapporta au ch\'e2\loch\f40 \hich\f40 teau\'85\loch\f40
+\hich\f40 Peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre a-t-il esp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 du retour de ces papiers, qui repr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sentaient vingt ans de travaux, une reconnaissance quelconque de Mlle Stangerson\'85
+\loch\f40 \hich\f40 Tout est possible, dans un cerveau comme celui-l\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ! \'85\loch\f40 Enfin, que\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 le qu\rquote \hich\f40 en soit la raison, il a rapport\'e9\loch\f40
+ les papiers }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 et il en \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait bien d\'e9\loch\f40 \hich\f40 barrass\'e9\~\loch\f40 !}{
+\par
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille toussa et je compris ce que signifiait cette toux. Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e9\loch\f40 \hich\f40 videmment embarrass\'e9\loch\f40 \hich\f40 , \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ ce point de ses explications, par la volont\'e9\loch\f40 qu\rquote il avait de ne point donn\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 er le v\'e9\loch\f40 ritable motif de l\rquote \hich\f40 attitude effroyable de Larsan vis-\'e0\loch\f40 \hich\f40
+-vis de Mlle Stangerson. Son raisonnement \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait trop incomplet pour satisfaire tout le monde, et le pr\'e9\loch\f40 sident lui en eut certainement fait l\rquote observation, si, malin comme un singe, Rouletabille
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e9\loch\f40 \hich\f40 cri\'e9\~\loch\f40 \hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Maintenant, nous arrivons \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40
+explication du myst\'e8\loch\f40 re de la Chambre Jaune!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par }\pard \qc\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 *
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il y eut, dans la salle, des remuements de chaises, de l\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e8\loch\f40 \hich\f40 res bousculades, des \'ab\~\loch\f40 chut\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+nergiques. La curiosit\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pouss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 son comble.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Mais, fi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t le pr\'e9\loch\f40 sident, il me semble, d\rquote \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s votre hypoth\'e8\loch\f40 \hich\f40
+se, monsieur Rouletabille, que le myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 est tout expliqu\'e9\loch\f40 . Et c\rquote \hich\f40 est Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan qui nous l
+\rquote \hich\f40 a expliqu\'e9\loch\f40 \hich\f40 lui-m\'ea\loch\f40 me en se contentant de tromper sur le personnage, en mettant M. Robe\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t Darzac \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ sa propre place. Il est \'e9\loch\f40 \hich\f40 vident que la porte de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 s\rquote \hich\f40 est ouverte quand M. Stangerson \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait seul, et que le professeur a laiss\'e9\loch\f40
+ passer l\rquote homme qui sortait de la chambre de sa fille, sans l\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 ter, peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre m\'ea\loch\f40 me }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 sur la pri\'e8\loch\f40 re de}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 sa fille}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , pour \'e9\loch\f40 viter tout scandale\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Non, m\rquote \hich\f40 sieur le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, protesta avec force le jeune homme. Vous oubliez que Mlle Stangerson, assomm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, ne pouvait plus faire de pri\'e8\loch\f40
+re, qu\rquote \hich\f40 elle ne pouvait plus refermer sur elle ni le verrou ni la serrure\'85\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vous oubliez aussi que M. Stangerson a jur\'e9\loch\f40 \hich\f40 sur la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te de sa fille \'e0
+\loch\f40 l\rquote agonie }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 que la porte ne s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait pas ouverte\~!
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est pourtant, monsieur, la seule fa\'e7\loch\f40 on d\rquote expliquer les choses\~! }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 La Chambre Jaune \'e9\loch\f40 tait close comme un coffre-fort.}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Pour me servir de \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 vos expressions, il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait impossible \'e0\loch\f40 l\rquote assassin de s\rquote \hich\f40 en \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapper \'ab\~\loch\f40
+normalement ou anormalement\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Quand on p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e8\loch\f40 tre dans la chambre, on ne le trouve pas\~! Il faut bien pourtant qu\rquote il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chappe\~\hich\f40 ! \'85
+
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est tout \'e0\loch\f40 fait inutile, m\rquote \hich\f40 sieur le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Com\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ment cela\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il n\rquote avait pas besoin de s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chapper, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\rquote il n\rquote \hich\f40 y \'e9\loch\f40 tait pas\~!\~\hich\f40 \'bb}{
+\par
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rumeurs dans la salle\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Comment, il n\rquote \hich\f40 y \'e9\loch\f40 tait pas\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 videmment non\~! }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Puisqu\rquote \hich\f40 il ne pouvait pas y \'ea\loch\f40 tre, c\rquote est qu\rquote il}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\rquote \hich\f40 y \'e9\loch\f40 tait pas\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il faut toujours, m\rquote sieur l\rquote \hich\f40 pr\'e9\loch\f40 sident, s\rquote appu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+yer sur le bon bout de sa raison\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais toutes les traces de son passage\~\hich\f40 ! protesta le pr\'e9\loch\f40 sident.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c7\loch\f40 a, m\rquote \hich\f40 sieur le pr\'e9\loch\f40 sident, c\rquote est le mauvais bout de la raison\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Le bon bout nous indique ceci\~\hich\f40 : depuis le moment o\'f9
+\loch\f40 Mlle Stangerson s\rquote \hich\f40 est enferm\'e9\loch\f40 e dans\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 sa chambre jusqu\rquote \hich\f40 au moment o\'f9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 on a d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fonc\'e9\loch\f40
+ la porte, il est impossible que l\rquote \hich\f40 assassin se soit \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapp\'e9\loch\f40 de cette chambre\~; et, comme on ne l\rquote y trouve pas, c\rquote est que, depuis le moment de la fermeture de la porte jusqu\rquote
+\hich\f40 au moment o\'f9\loch\f40 \hich\f40 on la d\'e9\loch\f40 fonce, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote assassin\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait pas dans la chambre\~!
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais les traces\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Eh\~! m\rquote \hich\f40 sieur le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident\'85\loch\f40 \hich\f40 \'c7\loch\f40 a, c\rquote \hich\f40 est les marques sensibles, encore une fois\'85\loch\f40
+ les marques sensibles avec lesquelles on commet tant d\rquote erreurs judiciaires }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 parce qu\rquote elles vous font dire ce}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qu\rquote elles veulent\~
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 !}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il ne faut point, je vous le r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e8\loch\f40 te, s\rquote en servir pour raisonner\~! Il faut raisonner d\rquote abord\~\hich\f40
+! Et voir ensuite si les marques sensibles peuvent entrer dans le cercle de votre raisonnement\'85\loch\f40 J\rquote \hich\f40 ai un tout petit cercle de v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 incontestable\~: }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l
+\rquote assassin n\rquote \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 tait point dans la Chambre Jaune\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Pourquoi a-t-on cru qu\rquote \hich\f40 il y \'e9\loch\f40 tait\~\hich\f40 ? \'c0\loch\f40
+ cause des marques de son passage\~\hich\f40 ! Mais il peut \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre pass\'e9\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 avant\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Que dis-je\~\hich\f40 : il \'ab\~\loch\f40 doit\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre pass\'e9\loch\f40 avant. La raison me dit qu\rquote il faut qu\rquote \hich\f40 il soit pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 , }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 avant\~}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ! Examinons les m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 arques et ce que nous savons de l\rquote \hich\f40 affaire, et voyons si ces marques vont \'e0\loch\f40 l\rquote encontre de ce }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+passage avant\'85\loch\f40 avant que Mlle Stangerson s\rquote \hich\f40 enferme dans sa chambre, devant son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re et le p\'e8\loch\f40 re Jacques\~!
+\par }{
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Apr\'e8\loch\f40 s la publication de l\rquote article du }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Matin}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 et une conver\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 sation que j\rquote
+\hich\f40 eus dans le trajet de Paris \'e0\loch\f40 \hich\f40 \'c9\loch\f40 pinay-sur-Orge avec le juge d\rquote \hich\f40 instruction, la preuve me parut faite que la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tait math\'e9\loch\f40 \hich\f40 matiquement close et que, par cons\'e9\loch\f40 quent, l\rquote assassin en avait disparu avant l\rquote \hich\f40 entr\'e9\loch\f40 e de Mlle Stangerson dans \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 a chambre, \'e0\loch\f40 minuit.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Les marques ext\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieures se trouvaient alors \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre terriblement \'ab\~\loch\f40 contre ma raison\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . Mlle Stangerson ne s\rquote
+\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pas assassin\'e9\loch\f40 e toute seule, et ces marques attestaient qu\rquote il n\rquote y avait pas eu suicide. L\rquote \hich\f40 assassin \'e9\loch\f40 tait donc venu }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 avant\~!}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais comment Mlle Stangerson n\rquote \hich\f40 avait-elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 assassin\'e9\loch\f40 e qu\rquote \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 s\~\hich\f40 ? ou plut\'f4\loch\f40 \hich\f40 t \'ab\~
+\loch\f40 ne paraissait-elle\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 avoir \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 assassin\'e9\loch\f40 e qu\rquote \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 s\~? Il me fallait naturellement reconstituer l\rquote
+affaire en deux phases, deux phases bien distinctes l\rquote une de l\rquote autre de quelqu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s heures\~\hich\f40 : la premi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re phase pendant laquelle on avait r\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 ellement tent\'e9\loch\f40 d\rquote assassiner Mlle Stangerson, tentative qu\rquote \hich\f40 elle avait dissimul\'e9\loch\f40 e\~\hich\f40 ; la seconde phase pendant laquelle, \'e0\loch\f40 la suite d\rquote un cauchemar qu\rquote
+\hich\f40 elle avait eu, ceux qui \'e9\loch\f40 taient dans le laboratoire \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 vaient cru qu\rquote on l\rquote assassinait\~!
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Je n\rquote \hich\f40 avais pas encore, alors, p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 tr\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 . Quelles \'e9
+\loch\f40 taient les blessures de Mlle Stangerson\~\hich\f40 ? Des marques de strangulation et un coup formidable \'e0\loch\f40 \hich\f40 la tempe\'85\loch\f40 \hich\f40 Les marques de strangulation ne me g\'ea\loch\f40 naient
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 pas. Elles pouvaient avoir \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 faites \'ab\~\loch\f40 avant\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 et Mlle Stangerson les avait dissimul\'e9\loch\f40
+es sous une collerette, un boa, n\rquote importe quoi\~\hich\f40 ! Car, du moment que je cr\'e9\loch\f40 ais, que j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais oblig\'e9\loch\f40 de diviser l\rquote affaire en deux phases, j\rquote \hich\f40 \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tais accul\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessit\'e9\loch\f40 de \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e dire que }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+Mlle Stangerson avait}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 cach\'e9\loch\f40 \hich\f40 tous les \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 \hich\f40 nements de la premi\'e8\loch\f40 re phase\~;}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 elle avait des raisons, sans doute, assez puissantes pour cela, puisqu\rquote elle n\rquote \hich\f40 avait rien dit \'e0\loch\f40 \hich\f40 son p\'e8\loch\f40 re et qu\rquote elle dut raconter naturellement au juge d
+\rquote instruction l\rquote agressio\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n de l\rquote assassin }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 dont elle ne pouvait nier le}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 passage,}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 comme si cette agression avait eu lieu la nuit, pendant la seconde phase\~\hich\f40 ! Elle y \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait forc\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, sans quoi son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re lui e\'fb\loch\f40 t dit\~
+\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Que nous as-tu cach\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ? Que signifie \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 ton silence apr\'e8\loch\f40 s une pareille\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 agression\~\hich\f40 \'bb\~
+\loch\f40 ?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Elle avait donc dissimul\'e9\loch\f40 les marques de la main de l\rquote \hich\f40 homme \'e0\loch\f40 son cou. Mais il y avait le coup formidable de la tempe\~\hich\f40 ! \'c7\loch\f40
+a, je ne le comprenais pas\~! Surtout quand j\rquote appris que l\rquote \hich\f40 on avait trouv\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 dans la chambre un os de mouton, arme du crime\'85\loch\f40 \hich\f40 Elle ne pouvait avoir dissimul\'e9
+\loch\f40 qu\rquote on l\rquote \hich\f40 avait assomm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, et cependant cette blessure apparaissait \'e9\loch\f40 \hich\f40 videmment comme ayant d\'fb\loch\f40 \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre faite pendant la premi\'e8
+\loch\f40 re phase puisqu\rquote \hich\f40 elle n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessitait la pr\'e9\loch\f40 sence de l\rquote assas\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 in\~! J\rquote \hich\f40 imaginai que cette blessure \'e9\loch\f40
+tait beaucoup moins forte qu\rquote on ne le disait \endash en quoi j\rquote avais tort \endash \hich\f40 et je pensai que Mlle Stangerson avait cach\'e9\loch\f40 la blessure de la tempe }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 sous une coiffure en bandeaux
+\~!
+\par }{
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Quant \'e0\loch\f40 la marque, sur le mur, de la main de l\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 assassin bless\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e par le revolver de Mlle Stangerson, cette marque avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 faite \'e9\loch\f40 \hich\f40 videmment \'ab\~\loch\f40 avant\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 et l\rquote \hich\f40 assassin avait \'e9\loch\f40
+\hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessairement bless\'e9\loch\f40 \hich\f40 pendant la premi\'e8\loch\f40 re phase, c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 -dire }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 pendant qu\rquote \hich\f40 il
+\'e9\loch\f40 tait}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\~\loch\f40 !}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Toutes les traces du passage de l\rquote assassi\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 n avaient \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 naturellement laiss\'e9\loch\f40 \hich\f40 es pendant la premi\'e8\loch\f40 re phase\~: L\rquote \hich\f40 os de mouton, les pas noirs, le b\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ret, le mouchoir, le sang sur le mur, sur la porte et par terre\'85\loch\f40 \hich\f40 De toute \'e9\loch\f40 \hich\f40 vidence, si ces traces \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient encore l\'e0\loch\f40 , c\rquote \hich\f40 est que Mlle Stangerson, qui d\'e9
+\loch\f40 sira\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t qu\rquote \hich\f40 on ne s\'fb\loch\f40 t rien et qui agissait pour qu\rquote \hich\f40 on ne s\'fb\loch\f40 t rien de cette affaire, n\rquote \hich\f40
+avait pas encore eu le temps de les faire dispara\'ee\loch\f40 tre\~\hich\f40 ! Ce qui me conduisait \'e0\loch\f40 \hich\f40 chercher la premi\'e8\loch\f40 re phase de l\rquote affaire dans }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 un temps tr\'e8
+\loch\f40 s}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rapproch\'e9\loch\f40 de la seconde.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Si, apr\'e8\loch\f40 s la p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 remi\'e8\loch\f40
+re phase, c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 \hich\f40 -dire apr\'e8\loch\f40 s que l\rquote \hich\f40 assassin se f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t \'e9\loch\f40 \hich\f40 chapp\'e9\loch\f40 \hich\f40 , apr\'e8\loch\f40 s qu\rquote \hich\f40 elle-m\'ea
+\loch\f40 \hich\f40 me e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t en h\'e2\loch\f40 \hich\f40 te regagn\'e9\loch\f40 \hich\f40 le laboratoire o\'f9\loch\f40 \hich\f40 son p\'e8\loch\f40 re la retrouvait, travaillant, \endash \hich\f40 si elle avait pu p\'e9\loch\f40
+\hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 trer \'e0\loch\f40 nouveau un instant dans la chambre, elle aurait au moins fait dis\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ara\'ee\loch\f40 tre, tout de suite, l\rquote \hich\f40
+os de mouton, le b\'e9\loch\f40 \hich\f40 ret et le mouchoir qui tra\'ee\loch\f40 \hich\f40 naient par terre. Mais elle ne le tenta pas, son p\'e8\loch\f40 re ne l\rquote \hich\f40 ayant pas quitt\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Apr\'e8\loch\f40 \hich\f40
+s, donc, cette premi\'e8\loch\f40 re phase, elle n\rquote \hich\f40 est entr\'e9\loch\f40 e dans sa chambre qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 minuit. Quelqu\rquote \hich\f40 un y \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait entr\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e0\loch\f40 dix heures\~\hich\f40 : le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, qui fit sa besogne de tous les soirs, ferma les volets et alluma la veilleuse. Dans son an\'e9\loch\f40 \hich\f40
+antissement sur le bureau du laboratoire o\'f9\loch\f40 \hich\f40 elle feignait de travailler, Mlle Stangerson avait sans doute oubli\'e9\loch\f40 \hich\f40 que le p\'e8\loch\f40 re Jacques\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+allait entrer dans sa chambre\~! Aussi elle a un mouvement\~\hich\f40 : elle prie le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques de ne pas se d\'e9\loch\f40 ranger\~\hich\f40 ! De ne pas p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 trer dans la chambre\~
+! Ceci est en toutes lettres dans l\rquote article du }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Matin}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . Le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques entre tout de m\'ea\loch\f40 me et ne s\rquote \hich\f40 aper\'e7
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 oit de rien, tant la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 est obscure\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson a d\'fb\loch\f40 \hich\f40 vivre l\'e0\loch\f40 deux minutes affreuses\~
+! Cependant, je crois qu\rquote elle ignorait qu\rquote il y avait tant de marques du passage de l\rquote assassin dans sa chambre\~! Elle n\rquote \hich\f40 avait sans doute, apr\'e8\loch\f40 s la pre\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 i\'e8\loch\f40 re phase, eu le temps que de dissimuler les traces des doigts de l\rquote \hich\f40 homme \'e0\loch\f40 son cou et de sortir de sa chambre\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Si elle avait su que l\rquote
+\hich\f40 os, le b\'e9\loch\f40 \hich\f40 ret et le mouchoir fussent sur le parquet, elle les aurait \'e9\loch\f40 \hich\f40 galement ramass\'e9\loch\f40 \hich\f40 s quand elle est rentr\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 minu
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t dans sa chambre\'85\loch\f40 Elle ne les a pas vus, elle s\rquote \hich\f40 est d\'e9\loch\f40 \hich\f40 shabill\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 \hich\f40 la clart\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 douteuse de la veilleuse\'85\loch\f40 Elle s\rquote \hich\f40 est couch\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, bris\'e9\loch\f40 e par tant d\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 motions, et par la terreur, la terreur qui ne l\rquote \hich\f40
+avait fait regagner cette chambre que le plus tard possible\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nsi \'e9\loch\f40 tais-je }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 oblig\'e9}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\rquote \hich\f40 arriver de la sorte \'e0\loch\f40
+ la seconde phase du drame, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 avec Mlle Stangerson seule dans la chambre, du moment qu\rquote on n\rquote \hich\f40 avait pas trouv\'e9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 assassin dans la chambre\'85}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ainsi devais-je naturellement faire entrer dans le cercle de mon raisonnement \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 les marques ext\'e9\loch\f40 rieures.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Mais il y avait d\rquote \hich\f40 autres marques ext\'e9\loch\f40 \hich\f40 rieures \'e0\loch\f40 \hich\f40 expliquer. Des coups de revolver avaient \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 tir\'e9
+\loch\f40 s, pendant la seconde phase. Des cris\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Au secours\~\hich\f40 ! \'c0\loch\f40 l\rquote assassin\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 avaient \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 prof\'e9\loch\f40
+\hich\f40 r\'e9\loch\f40 s\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Que pouvait me d\'e9\loch\f40 signer, en une tel\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 le occurrence, le bon bout de ma raison\~? Quant aux cris, d\rquote abord\~\hich\f40 : du moment o\'f9\loch\f40
+ il n\rquote y a pas d\rquote assassin dans la chambre, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 il y avait forc\'e9\loch\f40 ment cauchemar dans la chambre\~!
+\par }{
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 On entend un grand bruit de meubles renvers\'e9\loch\f40 s. J\rquote \hich\f40 imagine\'85\loch\f40 \hich\f40 je suis oblig\'e9\loch\f40 d\rquote imagine\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r ceci\~
+: Mlle Stangerson s\rquote \hich\f40 est endormie, hant\'e9\loch\f40 e par l\rquote \hich\f40 abominable sc\'e8\loch\f40 ne de l\rquote \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s-midi\'85\loch\f40 \hich\f40 elle r\'ea\loch\f40 \hich\f40 ve\'85\loch\f40
+\hich\f40 le cauchemar pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cise ses images rouges\'85\loch\f40 elle revoit l\rquote \hich\f40 assassin qui se pr\'e9\loch\f40 cipite sur elle, elle crie\~\hich\f40 : \'ab\~\'c0\loch\f40 l\rquote assassin\~! Au secours\~!\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 et son geste d\'e9\loch\f40 sordonn\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 va chercher le revolver qu\rquote \hich\f40 elle a pos\'e9\loch\f40
+, avant de se coucher, sur sa table de nuit. Mais cette main heurte la table de nuit avec une telle force qu\rquote \hich\f40 elle la renverse. Le revolver roule par terre, un coup part et va se loger dans le plafond\'85\loch\f40 Cette balle dan
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le plafond me parut, d\'e8\loch\f40 s l\rquote \hich\f40 abord, devoir \'ea\loch\f40 tre la balle de l\rquote \hich\f40 accident\'85\loch\f40 \hich\f40 Elle r\'e9\loch\f40 \hich\f40
+v\'e9\loch\f40 \hich\f40 lait la possibilit\'e9\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 accident et arrivait si bien avec mon hypoth\'e8\loch\f40 se de cauchemar qu\rquote \hich\f40 elle fut une des raisons pour lesquelles je commen\'e7\loch\f40 \hich\f40 ai \'e0
+\loch\f40 ne plus douter que le crime av\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 it eu lieu }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 avant,}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 et que Mlle Stangerson, dou\'e9\loch\f40 e d\rquote
+\hich\f40 un caract\'e8\loch\f40 re d\rquote \hich\f40 une \'e9\loch\f40 nergie peu commune, l\rquote \hich\f40 avait cach\'e9\'85\loch\f40 \hich\f40 Cauchemar, coup de revolver\'85\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson, dans un \'e9\loch\f40 \hich\f40
+tat moral affreux, est r\'e9\loch\f40 \hich\f40 veill\'e9\loch\f40 e\~; elle essaye de se lever\~; elle roule par terre, sans force, r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 enversant les meubles, r\'e2\loch\f40 \hich\f40 lant m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me
+\'85\~\'ab\~\'c0\loch\f40 l\rquote assassin\~! Au secours\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 et s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 vanouit\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Cependant, on parlait de deux coups de revolver, la nuit, lors de la seconde phase. \'c0\loch\f40 \hich\f40 moi aussi, pour ma th\'e8\loch\f40 se \endash ce n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40
+\hich\f40 tait plus, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 , une hypoth\'e8\loch\f40 se \endash il en fallait deux\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ; mais \'ab\~\loch\f40 un\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+ dans chacune des phases et non pas deux dans la derni\'e8\loch\f40 \hich\f40 re\'85\loch\f40 un coup pour blesser l\rquote assassin, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 avant}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , et un coup lors du cauchemar, }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 s\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Or, \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait-il bien s\'fb\loch\f40 \hich\f40 r que, la nuit, deux coups de revolver eussent \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tir\'e9\loch\f40 s\~? Le revolver s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait fait e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ntendre au milieu du fracas de meubles renvers\'e9\loch\f40 s. Dans un interrogatoire, M. Stangerson parle d\rquote
+un coup sourd d\rquote abord, d\rquote \hich\f40 un coup \'e9\loch\f40 clatant ensuite\~\hich\f40 ! Si le coup sourd avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 produit par la chute de la table de nuit en marbre sur le plancher\~? Il est }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 ces\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 saire}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 que cette explication soit la bonne. Je fus certain qu\rquote \hich\f40 elle \'e9\loch\f40
+tait la bonne, quand je sus que les concierges, Bernier et sa femme, n\rquote \hich\f40 avaient entendu, eux qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient tout pr\'e8\loch\f40 s du pavillon, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qu\rquote un seul coup de}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 revolver.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ils l\rquote \hich\f40 ont d\'e9\loch\f40 \hich\f40 clar\'e9\loch\f40 au juge d\rquote instr\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 uction.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Ainsi, j\rquote \hich\f40 avais presque reconstitu\'e9\loch\f40 \hich\f40 les deux phases du drame quand je p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 trai, pour la premi\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re fois, dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 . Cependant la gravit\'e9\loch\f40 \hich\f40 de la blessure \'e0\loch\f40 la tempe n\rquote entrait pas dans le cercle de mon raisonnement. Cette blessure n\rquote avai
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t donc pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 faite par l\rquote assassin avec l\rquote \hich\f40 os de mouton, lors de la premi\'e8\loch\f40 re phase, parce qu\rquote \hich\f40 elle \'e9\loch\f40
+tait trop grave, que Mlle Stangerson n\rquote aurait pu la dissimuler et qu\rquote elle ne l\rquote \hich\f40 avait pas dissimul\'e9\loch\f40 e sous une coiffure en bandeaux\~! Alors, cette blessure av\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 it \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 cessairement\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 faite lors de la seconde phase, au moment du cauchemar\~? C\rquote \hich\f40
+est ce que je suis all\'e9\loch\f40 \hich\f40 demander \'e0\loch\f40 \hich\f40 la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 et la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 m\rquote \hich\f40 a r\'e9\loch\f40 pondu\~!\~
+\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille tira, toujours de son petit paquet, un morceau de papier blanc pl\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 i\'e9\loch\f40 en quatre, et, de ce morceau de papier blanc, sortit un objet invisible, qu\rquote
+il tint entre le pouce et l\rquote index et qu\rquote \hich\f40 il porta au pr\'e9\loch\f40 sident\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Ceci, monsieur le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, est un cheveu, un cheveu blond macul\'e9\loch\f40 \hich\f40 de sang, un cheveu de Mlle Stangerson\'85\loch\f40 Je l\rquote
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ai trouv\'e9\loch\f40 \hich\f40 coll\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 un des coins de marbre de la table de nuit renvers\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85\loch\f40 \hich\f40 Ce coin de marbre
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 tait lui-m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me macul\'e9\loch\f40 de sang. Oh\~\hich\f40 ! un petit carr\'e9\loch\f40 rouge de rien du tout\~! mais fort important\~! car il m\rquote \hich\f40 apprenait, ce petit carr\'e9\loch\f40
+ de sang, qu\rquote en se levant, affo\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 e, de son lit, Mlle Stangerson \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait tomb\'e9\loch\f40
+e de tout son haut et fort brutalement sur ce coin de marbre qui l\rquote \hich\f40 avait bless\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 la tempe, et qui avait retenu ce cheveu, ce cheveu que Mlle Stangerson devait avoir sur le front, bien qu\rquote
+\hich\f40 elle ne port\'e2\loch\f40 t pas la c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 iffure en bandeaux\~\hich\f40 ! Les m\'e9\loch\f40 \hich\f40 decins avaient d\'e9\loch\f40 \hich\f40 clar\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ que Mlle Stangerson avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 assomm\'e9\loch\f40 e avec un objet }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 contondant}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 et, comme l\rquote \hich\f40 os de mouton \'e9\loch\f40
+\hich\f40 tait l\'e0\loch\f40 , le juge d\rquote \hich\f40 instruction avait imm\'e9\loch\f40 \hich\f40 diatement accus\'e9\loch\f40 l\rquote os de mouton }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 mais le coin d\rquote une table de nuit en marbre
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 est aussi un objet contondant auquel ni les m\'e9\loch\f40 decins ni le juge d\rquote instruction n\rquote \hich\f40 avaient song\'e9\loch\f40 , et que je n\rquote \hich\f40 eusse peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40
+tre point d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvert moi -m\'ea\loch\f40 me si le bon bout de ma raison ne me l\rquote \hich\f40 avait indiqu\'e9\loch\f40 , ne me l\rquote avait fait pressentir.\~\hich\f40 \'bb
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 La salle faillit parti\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r, une fois de plus, en applaudissements\~\hich\f40 ; mais, comme Rouletabille reprenait tout de suite sa d\'e9\loch\f40 \hich\f40 position, le silence se r\'e9\loch\f40
+tablit sur-le-champ.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Il me restait \'e0\loch\f40 savoir, en dehors du nom de l\rquote \hich\f40 assassin que je ne devais conna\'ee\loch\f40 tre que quelques jours plus tar\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 d, \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 quel moment avait eu lieu la premi\'e8\loch\f40 re phase du drame. L\rquote interrogatoire de Mlle Stangerson, bien qu\rquote \hich\f40 arrang\'e9\loch\f40 pour tromper le juge d\rquote \hich\f40
+instruction, et celui de M. Stangerson, devaient me le r\'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 \hich\f40 ler. Mlle Stangerson a donn\'e9\loch\f40 exactement l\rquote emploi de son temps\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 ce jour-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 . Nous avons \'e9\loch\f40 tabli que l\rquote assassin s\rquote est introduit entre cinq et six dans le pavillon\~; mettons qu\rquote \hich\f40 il f\'fb\loch\f40
+t six heures et quart quand le professeur et sa fille se sont remis au travail. C\rquote est donc entre cinq heures et six heures et quart qu\rquote il fa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t chercher. Que dis-je, cinq heures\~
+\hich\f40 ! mais le professeur est alors avec sa fille\'85\loch\f40 Le drame ne pourra s\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre pass\'e9\loch\f40 que loin du professeur\~\hich\f40
+! Il me faut donc, dans ce court espace de temps, chercher le moment o\'f9\loch\f40 \hich\f40 le professeur et sa fille seront s\'e9\loch\f40 \hich\f40 par\'e9\loch\f40 s\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 E\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 h
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 bien, ce moment, je le trouve dans l\rquote \hich\f40 interrogatoire qui eut lieu dans la chambre de Mlle Stangerson, en pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sence de M. Stangerson. Il y est marqu\'e9\loch\f40
+ que le professeur et sa fille rentrent vers six heures au laboratoire. M. Stangerson dit\~\hich\f40 : \'ab\~\'c0\loch\f40 ce moment, j\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 fus abord\'e9\loch\f40 par mon garde qui }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 me retint un}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 instant.\~\hich\f40 \'bb}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 il y a donc conversation avec le garde. Le garde parle \'e0\loch\f40
+ M. Stangerson de coupe de bois ou de braconnage\~; Mlle Stangerson n\rquote \hich\f40 est plus l\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ; elle a d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 regagn\'e9\loch\f40 le laboratoire puisque le professeur dit en
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 core\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Je quittai le garde et je rejoignis ma fille qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 au travail\~!\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est donc dans ces courtes minutes que le drame se d\'e9\loch\f40 roula. C\rquote \hich\f40 est n\'e9\loch\f40 cessaire\~\hich\f40 ! Je vois tr\'e8\loch\f40 \hich\f40
+s bien Mlle Stangerson rentrer dans le pavillon, p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 trer dans sa chambre pour\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 poser son chapeau et se trouver en face du bandit qui la poursuit. Le bandit \'e9\loch\f40
+\hich\f40 tait l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , dans le pavillon, depuis un certain temps. Il devait avoir arrang\'e9\loch\f40 \hich\f40 son affaire pour que tout se pass\'e2\loch\f40 \hich\f40 t la nuit. Il avait alors d\'e9\loch\f40 \hich\f40 chauss\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 les chaussures du p\'e8\loch\f40 re Jacques\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 qui le g\'ea\loch\f40 naient, dans les conditions que j\rquote ai dites au juge d\rquote \hich\f40
+instruction, il avait op\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 la rafle des papiers, comme je vous l\rquote \hich\f40 ai dit tout \'e0\loch\f40 l\rquote heure, et il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait ensuite gliss\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ sous le lit quand le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques \'e9\loch\f40 tait revenu laver le vestibule et le lab\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ratoire\'85\loch\f40 \hich\f40 Le temps lui avait paru long\'85
+\loch\f40 il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait relev\'e9\loch\f40 \hich\f40 , apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s le d\'e9\loch\f40 \hich\f40 part du p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Jacques, avait \'e0\loch\f40 \hich\f40 nouveau err\'e9\loch\f40
+\hich\f40 dans le laboratoire, \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait venu dans le vestibule, avait regard\'e9\loch\f40 dans le jardin, et avait vu venir, vers le pavillon \endash \hich\f40 car, \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce moment-l\'e0\loch\f40 , la
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 uit qui commen\'e7\loch\f40 \hich\f40 ait \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait tr\'e8\loch\f40 s claire \endash }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mlle Stangerson, toute seule\~! }{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Jamais il n\rquote \hich\f40 e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t os\'e9\loch\f40 l\rquote \hich\f40 attaquer \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette heure-l\'e0\loch\f40 s\rquote il n\rquote \hich\f40 avait cru \'ea\loch\f40 \hich\f40
+tre certain que Mlle Stangerson \'e9\loch\f40 tait seule\~! Et, pour qu\rquote \hich\f40 elle lui appar\'fb\loch\f40 t seule, il fallait que la conversation entre M\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . Stangerson et le garde qui le retenait e\'fb
+\loch\f40 \hich\f40 t lieu \'e0\loch\f40 \hich\f40 un coin d\'e9\loch\f40 \hich\f40 tourn\'e9\loch\f40 du sentier, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 coin o\'f9\loch\f40 se trouve un bouquet d\rquote \hich\f40
+arbres qui les cachait aux yeux du mis\'e9\loch\f40 rable. }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Alors, son plan est fait. Il va \'ea\loch\f40 tre plus tranquille, seul avec Mlle Stangerson dans ce pavillon, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qu\rquote
+il ne l\rquote \hich\f40 aurait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 , en pleine nuit, avec le p\'e8\loch\f40 re Jacques dormant dans son grenier. }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et il dut fermer la fen\'ea\loch\f40 tre du}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 vestibule\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ce qui explique aussi que ni M. Stangerson, ni le garde, du reste assez \'e9\loch\f40 \hich\f40 loign\'e9\loch\f40
+s encore du pavillon, n\rquote ont entendu le coup de r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 evolver.}{\i
+\par }{
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Puis il regagna la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 . Mlle Stangerson arrive. Ce qui s\rquote \hich\f40 est pass\'e9\loch\f40 \hich\f40 a d\'fb\loch\f40 \hich\f40 \'ea\loch\f40
+tre rapide comme l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 clair\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson a d\'fb\loch\f40 \hich\f40 crier\'85\loch\f40 \hich\f40 ou plut\'f4\loch\f40 t a voulu crier son effroi\~; l\rquote homme l\rquote \hich\f40
+a saisie \'e0\loch\f40 \hich\f40 la gorge\'85\loch\f40 \hich\f40 Peut-\'ea\loch\f40 tre va-t-il l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 touffer, l\rquote \hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 trangler\'85\loch\f40 \hich\f40 Mais la main t\'e2
+\loch\f40 tonnante de Mlle Stangerson a saisi, dans le tiroir de la table de nuit, le revolver qu\rquote \hich\f40 elle y a cach\'e9\loch\f40 depuis qu\rquote elle redoute les menaces de l\rquote homme. L\rquote \hich\f40 assassin brandit d\'e9\loch\f40
+\hich\f40 j\'e0\loch\f40 \hich\f40 , sur la t\'ea\loch\f40 te de la malheureuse, cette arme terrible dans\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 les mains de Larsan-Ballmeyer, un os de mouton\'85\loch\f40 \hich\f40
+ Mais elle tire\'85\loch\f40 le coup part, blesse la main qui abandonne l\rquote arme. L\rquote os de mouton roule par terre, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ensanglant\'e9\loch\f40 par la blessure de}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote \hich\f40 assassin\'85}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote assassin chancelle, va s\rquote \hich\f40 appuyer \'e0\loch\f40 la muraille, y imprime ses do\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+igts rouges, craint une autre balle et s\rquote \hich\f40 enfuit\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Elle le voit traverser le laboratoire\'85\loch\f40 \hich\f40 Elle \'e9\loch\f40 \hich\f40 coute\'85\loch\f40 Que fait-il dans le vestibule\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 \hich\f40 Il est bien long
+\'e0\loch\f40 \hich\f40 sauter par cette fen\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre\'85\loch\f40 Enfin, il saute\~\hich\f40 ! Elle court \'e0\loch\f40 \hich\f40 la fen\'ea\loch\f40 tre et la referme\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 Et maintenant
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 , est-ce que son p\'e8\loch\f40 re a vu\~? a entendu\~\hich\f40 ? Maintenant que le danger a disparu, toute sa pens\'e9\loch\f40 \hich\f40 e va \'e0\loch\f40 \hich\f40 son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re\'85\loch\f40
+\hich\f40 dou\'e9\loch\f40 e d\rquote \hich\f40 une \'e9\loch\f40 nergie surhumaine, elle lui cachera tout, s\rquote il en est temps encore\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Et, quand M. Stangerson reviendra, il trouvera la porte de la \'ab
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 hambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 ferm\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, et sa fille, dans le laboratoire, pench\'e9\loch\f40 e sur son bureau, attentive, }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 au travail, d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\~\loch\f40 !\~\hich\f40 \'bb
+\par }{
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Rouletabille se tourne alors vers M. Darzac\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Vous savez la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 rit\'e9\loch\f40 , s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 cria-t-il, dites-nous donc si la chose ne s\rquote \hich\f40 est pas pass\'e9\loch\f40 e ainsi\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je ne sais rien, r\'e9\loch\f40 pond M. Darzac.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes un h\'e9\loch\f40 ros\~\hich\f40 ! fait Rouletabille, en se croisant les bras\'85\loch\f40 \hich\f40 Mais si Mlle Stangerson \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait, h\'e9\loch\f40
+las\~\hich\f40 ! en \'e9\loch\f40 \hich\f40 tat de savoir que vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes accus\'e9\loch\f40 \hich\f40 , elle vous rel\'e8\loch\f40 \hich\f40 verait de votre parole\'85\loch\f40 elle vous prierait de dire tout ce
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 elle vous a confi\'e9\'85\loch\f40 \hich\f40 que dis-je, elle viendrait vous d\'e9\loch\f40 \hich\f40 fendre elle-m\'ea\loch\f40 me\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac ne fit pas un mouvement, ne pronon\'e7\loch\f40 a pas un mot. Il regarda tristement Rouletabille.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Enfin, fit celui-ci, puisque Mlle Stangerson n\rquote \hich\f40 est pas l\'e0\loch\f40 , }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 il}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 faut bien que j
+\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 y sois, moi\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais, croyez-moi, monsieur Darzac, le meilleur moyen, le seul, de sauver Mlle Stangerson et de lui rendre la raison, c\rquote est encore de vous faire acquitter\~!\~
+\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Un tonnerre d\rquote \hich\f40 applaudissements accueillit cette derni\'e8\loch\f40 \hich\f40 re phrase. Le pr\'e9\loch\f40 sident n\rquote es\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 saya m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me pas de r
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 fr\'e9\loch\f40 ner l\rquote \hich\f40 enthousiasme de la salle. Robert Darzac \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait sauv\'e9\loch\f40 . Il n\rquote y avait qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 regarder les jur\'e9\loch\f40
+\hich\f40 s pour en \'ea\loch\f40 tre certain\~! Leur attitude manifestait hautement leur conviction.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le pr\'e9\loch\f40 sident s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 cria alors\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Mais enfin, quel est ce myst\'e8\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 re qui fait que Mlle Stangerson, que l\rquote on tente d\rquote \hich\f40 assassiner, dissimule un pareil crime \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ son p\'e8\loch\f40 re\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'c7\loch\f40 a, m\rquote sieur, fit Rouletabille, j\rquote sais pas\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 \'c7\loch\f40 a ne me regarde pas\~\hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident fit un nouvel effort aupr\'e8\loch\f40 s de M. Robert Darzac.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Vous refusez \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 toujours de nous dire, monsieur, quel a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 l\rquote emploi de votre temps pendant qu\rquote \~\hich\f40 \'ab\~
+\loch\f40 on\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 attentait \'e0\loch\f40 la vie de Mlle Stangerson\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je ne peux rien vous dire, monsieur\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le pr\'e9\loch\f40 sident implora du regard une explication de Rouletabille\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 On a le droit de p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 enser, m\rquote \hich\f40 sieur le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, que les absences de M. Robert Darzac \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient \'e9\loch\f40 \hich\f40
+troitement li\'e9\loch\f40 \hich\f40 es au secret de Mlle Stangerson\'85\loch\f40 \hich\f40 Aussi M. Darzac se croit-il tenu \'e0\loch\f40 garder le silence\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40
+ Imaginez que Larsan, qui a, lors de ses trois tentatives, tout mis en train \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 our d\'e9\loch\f40 \hich\f40 tourner les soup\'e7\loch\f40 \hich\f40 ons sur M. Darzac, ait fix\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 , justement, ces trois fois-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 , des rendez-vous \'e0\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac dans un endroit compromettant, rendez-vous o\'f9\loch\f40 \hich\f40 il devait \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre trait\'e9\loch\f40
+\hich\f40 du myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re\'85\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac se fera plut\'f4\loch\f40 t condamner que d\rquote avouer quoi que ce soit,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 que d\rquote \hich\f40
+expliquer quoi que ce soit qui touche au myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re de Mlle Stangerson. Larsan est assez malin pour avoir fait encore cette \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 combinaise-l\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident, \'e9\loch\f40 \hich\f40 branl\'e9\loch\f40 \hich\f40 , mais curieux, r\'e9\loch\f40 partit encore\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Mais quel peut bien \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre ce myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re-l\'e0\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ah\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ! m\rquote sieur, j\rquote pourrais pas vous dire\~\hich\f40 ! fit Rouletabille en saluant le pr\'e9\loch\f40 sident\~
+; seulement, je crois que vous en savez assez maintenant pour acquitter M. Robert Darzac\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 \'c0\loch\f40 moins que Larsan ne revienne\~! mais j\rquote crois pas\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 fit-il en riant d\rquote
+un gros rir\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 heureux.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Tout le monde rit avec lui.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Encore une question, monsieur, fit le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 sident. Nous comprenons, toujours en admettant votre th\'e8\loch\f40 \hich\f40 se, que Larsan ait voulu d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+tourner les soup\'e7\loch\f40 \hich\f40 ons sur M. Robert Darzac, mais quel int\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'ea\loch\f40 \hich\f40 t avait-il \'e0\loch\f40 \hich\f40 les d\'e9\loch\f40 tourner auss\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 i sur le p\'e8
+\loch\f40 re Jacques\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 L\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'ea\loch\f40 t du policier\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 m\rquote sieur\~! L\rquote \hich\f40 int\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'ea\loch\f40
+\hich\f40 t de se montrer d\'e9\loch\f40 \hich\f40 brouillard en annihilant lui-m\'ea\loch\f40 me ces preuves qu\rquote \hich\f40 il avait accumul\'e9\loch\f40 es. C\rquote \hich\f40 est tr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s fort, \'e7\loch\f40 a\~! C\rquote
+\hich\f40 est un truc qui lui a souvent servi \'e0\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 tourner les soup\'e7\loch\f40 ons qui euss\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ent pu s\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 ter sur lui-m\'ea\loch\f40 me\~
+! Il prouvait l\rquote innocence de l\rquote un, avant d\rquote accuser l\rquote \hich\f40 autre. Songez, monsieur le pr\'e9\loch\f40 sident, qu\rquote \hich\f40 une affaire comme celle-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 devait avoir \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 longuement \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 mijot\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'ab\~\'e0\loch\f40 l\rquote avance par Larsan. Je vous dis qu\rquote \hich\f40 il avait tout \'e9\loch\f40 \hich\f40 tudi\'e9\loch\f40 et qu\rquote
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 il connaissait les \'ea\loch\f40 \hich\f40 tres et tout. Si vous avez la curiosit\'e9\loch\f40 de savoir comment il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait document\'e9\loch\f40 , vous apprendrez qu\rquote
+il s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait fait un moment le commissionnaire entre \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 le laboratoire de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\~\'bb\~\loch\f40 \hich\f40 et M. Stangerson, \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ qui on demandait des \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 exp\'e9\loch\f40 rience\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\~\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Ainsi, il a pu, avant le crime, p\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40
+trer deux fois dans le pavillon. Il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait grim\'e9\loch\f40 \hich\f40 de telle sorte que le p\'e8\loch\f40 re Jacques, depuis, ne l\rquote a pas reconnu\~\hich\f40 ; mais il a trouv\'e9\loch\f40 , lui, Larsan, l\rquote \hich\f40
+occasion de chiper au p\'e8\loch\f40 re Jacques une vieille paire de godillots et \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 n b\'e9\loch\f40 ret hors d\rquote \hich\f40 usage, que le vieux serviteur de M. Stangerson avait nou
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 s dans un mouchoir pour les porter sans doute \'e0\loch\f40 un de ses amis, charbonnier sur la route d\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 pinay\~\hich\f40 ! Quand le crime fut d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couvert, le p\'e8\loch\f40
+\hich\f40 re Jacques, reconnaissant les objets \'e0\loch\f40 part lui,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\rquote \hich\f40 eut garde de les reconna\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre imm\'e9\loch\f40 diatement\~\hich\f40 ! Ils \'e9
+\loch\f40 taient trop compromettants, et c\rquote \hich\f40 est ce qui vous explique son trouble, \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette \'e9\loch\f40 poque, quand nous lui en parlions. Tout cela est simple comme bonjour et j\rquote \hich\f40 ai accul\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 Larsan \'e0\loch\f40 me l\rquote avouer. Il l\rquote a du reste \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 f\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ait avec plaisir, car, si c\rquote est un bandit \endash ce qui ne fait plus, j\rquote ose l\rquote
+\hich\f40 esp\'e9\loch\f40 rer, de doute pour personne \endash c\rquote est aussi un artiste\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 C\rquote \hich\f40 est sa mani\'e8\loch\f40 \hich\f40 re de faire, \'e0\loch\f40 \hich\f40 cet homme, sa mani\'e8\loch\f40
+\hich\f40 re \'e0\loch\f40 \hich\f40 lui\'85\loch\f40 \hich\f40 Il a agi de m\'ea\loch\f40 me lors de l\rquote \hich\f40 affaire du \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Cr\'e9\loch\f40 dit universel\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 et d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s \'ab\~\loch\f40 Lingots de la Monnaie\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Des affaires qu\rquote \hich\f40 il faudra r\'e9\loch\f40 viser, m\rquote \hich\f40 sieur le pr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+sident, car il y a quelques innocents dans les prisons depuis que Ballmeyer-Larsan appartient \'e0\loch\f40 \hich\f40 la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\~\loch\f40 !\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745274}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XXVIII\line \hich\f40 O\'f9\loch\f40 \hich\f40 il est prouv\'e9\loch\f40 qu
+\rquote \hich\f40 on ne pense pas toujours \'e0\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 tout{\*\bkmkend _Toc97745274}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Gros \'e9\loch\f40 moi, murmures, bravos\~\hich\f40 ! Ma\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre Henri-Robert d\'e9\loch\f40 \hich\f40 posa des conclusions tendant \'e0\loch\f40 ce que l\rquote \hich\f40 affaire f\'fb
+\loch\f40 \hich\f40 t renvoy\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 \hich\f40 une autre session pour suppl\'e9\loch\f40 ment d\rquote instruction\~\hich\f40 ; le minist\'e8\loch\f40 \hich\f40 re public lui-m\'ea\loch\f40 me s\rquote y associa. L\rquote
+\hich\f40 affaire fut renvoy\'e9\loch\f40 e. Le lend\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 emain, M. Robert Darzac \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait remis en libert\'e9\loch\f40 \hich\f40 provisoire, et le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re Mathieu b\'e9\loch\f40
+\hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 ficiait \'ab\~\loch\f40 d\rquote un\~non-lieu\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 imm\'e9\loch\f40 \hich\f40 diat. On chercha vainement Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan. La preuve de l\rquote
+\hich\f40 innocence \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait faite. M. Darzac \'e9\loch\f40 \hich\f40 chappa enfin \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 affreuse calamit\'e9\loch\f40 qui l\rquote avait, un\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 instant, menac\'e9\loch\f40 \hich\f40 , et il put esp\'e9\loch\f40 \hich\f40 rer, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s une visite \'e0\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson, que celle-ci recouvrerait un jour, \'e0\loch\f40
+ force de soins assidus, la raison.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quant \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce gamin de Rouletabille, il fut, naturellement, \'ab\~\loch\f40 l\rquote homme du jour\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ! \'c0\loch\f40 sa sortie du palais de Versail
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 les, la foule l\rquote \hich\f40 avait port\'e9\loch\f40 \hich\f40 en triomphe. Les journaux du monde entier publi\'e8\loch\f40 rent ses exploits et sa photographie\~\hich\f40 ; et lui, qui avait tant interview\'e9\loch\f40
+ d\rquote \hich\f40 illustres personnages, fut illustre et interview\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 son tour\~! Je dois dire qu\rquote il ne s\rquote en montra pas plu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40
+ fier pour \'e7\loch\f40 a\~!
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Nous rev\'ee\loch\f40 \hich\f40 nmes de Versailles ensemble, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir d\'ee\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 \hich\f40 fort gaiement au \'ab\~\loch\f40 Chien qui fume\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 \hich\f40 . Dans le train, je commen\'e7\loch\f40 \hich\f40 ai \'e0\loch\f40 lui poser un tas de questions qui, pendant le repas, s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient press\'e9\loch\f40 \hich\f40 es d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0
+\loch\f40 \hich\f40 sur mes l\'e8\loch\f40 vres et que j\rquote avais tues toute\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 fois parce que je savais que Rouletabille n\rquote aimait pas travailler en mangeant.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Mon ami, fis-je, cette affaire de Larsan est tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait sublime et digne de votre cerveau h\'e9\loch\f40 \hich\f40 ro\'ef\loch\f40 que.\~\hich\f40 \'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ici il m\rquote \hich\f40 arr\'ea\loch\f40 ta, m\rquote \hich\f40 invitant \'e0\loch\f40 \hich\f40 parler plus simplement et pr\'e9\loch\f40 tendant qu\rquote \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+il ne se consolerait jamais de voir qu\rquote \hich\f40 une aussi belle intelligence que la mienne \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pr\'ea\loch\f40 \hich\f40 te \'e0\loch\f40 \hich\f40 tomber dans le gouffre hideux de la stupidit\'e9\loch\f40 \hich\f40
+, et cela simplement \'e0\loch\f40 cause de l\rquote admiration que j\rquote \hich\f40 avais pour lui\'85
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Je viens au fait, fis-je, un peu vex\'e9\loch\f40 . Tout c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e qui vient de se passer ne m\rquote \hich\f40 apprend point du tout ce que vous \'ea\loch\f40 \hich\f40
+tes all\'e9\loch\f40 \hich\f40 faire en Am\'e9\loch\f40 rique. Si je vous ai bien compris\~\hich\f40 : quand vous \'ea\loch\f40 \hich\f40 tes parti la derni\'e8\loch\f40 \hich\f40 re fois du Glandier, vous aviez tout devin\'e9\loch\f40 \hich\f40 de Fr
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 \hich\f40 Vous saviez que Larsan \'e9\loch\f40 tait l\rquote assa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 sin et vous n\rquote \hich\f40
+ignoriez plus rien de la fa\'e7\loch\f40 \hich\f40 on dont il avait tent\'e9\loch\f40 d\rquote assassiner\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Parfaitement. Et vous, fit-il, en d\'e9\loch\f40 tournant la conversation, vous ne vous doutiez de rien\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 De rien\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est incroyable.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Mais, mon ami\'85\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 vous avez eu bien soin de me dissimuler votre pens\'e9\loch\f40 e et je ne vois point comment je l\rquote \hich\f40 aurais p\'e9\loch\f40 \hich\f40
+n\'e9\loch\f40 \hich\f40 tr\'e9\loch\f40 \hich\f40 e\'85\loch\f40 \hich\f40 Quand je suis arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40 au Glandier avec les revolvers, \'ab\~\'e0\loch\f40 \hich\f40 ce moment pr\'e9\loch\f40 cis\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+, vous soup\'e7\loch\f40 \hich\f40 onniez d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 Larsan\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Oui\~! Je venais de tenir le raisonnement \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 de la \'ab\~\loch\f40 galerie inexplicable\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+ mais le retour de Larsan dans la chambre de Mlle Stangerson ne m\rquote \hich\f40 avait pas encore \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 expliqu\'e9\loch\f40 \hich\f40 par la d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couverte du binocle de presbyte\'85
+\loch\f40 \hich\f40 Enfin, mon soup\'e7\loch\f40 on n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait que math\'e9\loch\f40 matique, et l\rquote \hich\f40 id\'e9\loch\f40 e de Larsan assassin m\rquote apparaiss\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 it si formidable que j\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais r\'e9\loch\f40 \hich\f40 solu \'e0\loch\f40 \hich\f40 attendre des \'ab\~\loch\f40 traces sensibles\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 avant d\rquote oser m\rquote
+\hich\f40 y arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 ter davantage. Tout de m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me cette id\'e9\loch\f40 e me tracassait, et j\rquote \hich\f40 avais parfois une fa\'e7\loch\f40 \hich\f40 on de vous parler du policier qui e\'fb\loch\f40 \hich\f40
+t d\'fb\loch\f40 \hich\f40 vous mettre en \'e9\loch\f40 veil. D\rquote abord je ne metta\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s plus du tout en avant \'ab\~\loch\f40 sa bonne foi\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+ et je ne vous disais plus \'ab\~\loch\f40 qu\rquote il se trompait\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Je vous entretenais de son syst\'e8\loch\f40 me comme d\rquote \hich\f40 un mis\'e9\loch\f40 \hich\f40 rable syst\'e8\loch\f40 \hich\f40 me, et le m
+\'e9\loch\f40 pris que j\rquote en marquais, qui s\rquote adressait dans votre esprit au policier, s\rquote \hich\f40 adressait en r\'e9\loch\f40 alit\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 , dans le mien, moins au policier qu
+\rquote \hich\f40 au bandit que je le soup\'e7\loch\f40 onnais d\rquote \hich\f40 \'ea\loch\f40 tre\~\hich\f40 !... Rappelez-vous\'85\loch\f40 \hich\f40 quand je vous \'e9\loch\f40 \hich\f40 num\'e9\loch\f40 rais toutes les preuves qui s\rquote
+accumulaient contre M. Darzac, je vous disais\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Tout cela semble donner quelque corps \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 hypoth\'e8\loch\f40 se du grand\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+Fred. C\rquote \hich\f40 est, du reste, cette hypoth\'e8\loch\f40 se, que je crois fausse, qui l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 garera\'85\~\'bb\loch\f40 et j\rquote \hich\f40 ajoutais sur un ton qui e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t d\'fb\loch\f40
+\hich\f40 vous stup\'e9\loch\f40 fier\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Maintenant, cette hypoth\'e8\loch\f40 \hich\f40 se \'e9\loch\f40 \hich\f40 gare-t-elle r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ellement Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan\~
+\hich\f40 ? Voil\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ! Voil\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ! Voil\'e0\~\loch\f40 \hich\f40 ! \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Ces \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 voil\'e0\~\loch\f40 !\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 eussent \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 d\'fb\loch\f40 \hich\f40 vous donner \'e0\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40
+fl\'e9\loch\f40 chir\~\hich\f40 ; il y avait tout mon soup\'e7\loch\f40 \hich\f40 on dans ces \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\~\loch\f40 !\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Et que signifiait\~\hich\f40 : \'ab\~\'e9\loch\f40 \hich\f40 gare-t-elle r\'e9
+\loch\f40 ellement\~?\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 sinon qu\rquote elle pouvait ne pas l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 garer, lui, mais qu\rquote \hich\f40 elle \'e9\loch\f40 tait }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 destin\'e9\loch\f40 \hich\f40 e
+\'e0\loch\f40 \hich\f40 nous \'e9\loch\f40 garer, nous\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Je vous regardais \'e0\loch\f40 ce moment et v\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ous n\rquote avez pas tressailli, vous n\rquote \hich\f40 avez pas compris
+\'85\loch\f40 J\rquote \hich\f40 en ai \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 enchant\'e9\loch\f40 , car, jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 la d\'e9\loch\f40 \hich\f40 couverte du binocle, je ne pouvais consid\'e9\loch\f40
+\hich\f40 rer le crime de Larsan que comme une absurde hypoth\'e8\loch\f40 \hich\f40 se\'85\loch\f40 \hich\f40 Mais, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s la d\'e9\loch\f40 couverte du binocle qui m\rquote expliquait le retour d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Larsan dans la chambre de Mlle Stangerson\'85\loch\f40 \hich\f40 voyez ma joie, mes transports\'85\loch\f40 Oh\~\hich\f40 ! Je me souviens tr\'e8\loch\f40 s bien\~
+! Je courais comme un fou dans ma chambre et je vous criais\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Je roulerai le grand Fred\~! je le roulerai d\rquote \hich\f40 une fa\'e7\loch\f40 on retentissante\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 Ces paroles s\rquote
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 adressaient alors au bandit. Et, le soir m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, quand, charg\'e9\loch\f40 par M. Darzac de surveiller la chambre de Mlle Stangerson, je me bornai jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40
+\hich\f40 dix heures du soir \'e0\loch\f40 \hich\f40 d\'ee\loch\f40 ner avec Larsan sans prendre aucune mesure autre, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 tranquille parce qu\rquote il}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \loch\af40\dbch\af16\hich\f40
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 tait l\'e0\loch\f40 ,}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 en face d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e moi\~\hich\f40 ! \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce moment encore, cher ami, vous auriez pu soup\'e7\loch\f40 onner que c\rquote \hich\f40 \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tait seulement cet homme-l\'e0\loch\f40 \hich\f40 que je redoutais\'85\loch\f40 \hich\f40 Et quand je vous disais, au moment o\'f9\loch\f40 nous parlions de l\rquote \hich\f40 arriv\'e9\loch\f40 e prochaine de l\rquote assassin\~
+\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Oh\~\hich\f40 ! je suis bien s\'fb\loch\f40 \hich\f40 r que Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 ric Larsan ser\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 l\'e0\loch\f40 cette nuit\~\hich\f40 !
+\'85\~\'bb
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Mais il y a une chose capitale qui e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t pu, qui e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t d\'fb\loch\f40 \hich\f40 nous \'e9\loch\f40 \hich\f40 clairer tout \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ fait et tout de suite sur le criminel, une chose qui nous d\'e9\loch\f40 \hich\f40 non\'e7\loch\f40 \hich\f40 ait Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan et que nous avons laiss\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e9\loch\f40 chapper, }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 vous et moi\~\hich\f40 ! \'85}{
+\par
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Auriez-vous donc o\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ubli\'e9\loch\f40 l\rquote histoire de la canne\~?
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Oui, en dehors du raisonnement qui, pour tout \'ab\~\loch\f40 esprit logique\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , d\'e9\loch\f40 \hich\f40 non\'e7\loch\f40 ait Larsan, il y avait l\rquote \~
+\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 histoire de la canne\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 qui le d\'e9\loch\f40 \hich\f40 non\'e7\loch\f40 \hich\f40 ait \'e0\loch\f40 \hich\f40 tout \'ab\~\loch\f40 esprit observateur\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 J\rquote \hich\f40 ai \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 tout \'e0\loch\f40 \hich\f40 fait \'e9\loch\f40 \hich\f40 tonn\'e9\loch\f40 \endash apprenez-le donc \endash
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40 instruction, Larsan ne se f\'fb\loch\f40 t pas servi de la canne contre M. Darzac. Est-ce que cette canne n\rquote \hich\f40 avait pas \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 achet\'e9\loch\f40 \hich\f40 e le soir du crime par un homme dont le signalement r\'e9\loch\f40 \hich\f40 pondait \'e0\loch\f40 celui de M. Darzac\~\hich\f40 ? Eh bien, tout \'e0\loch\f40 l\rquote heure, j\rquote \hich\f40 ai demand
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 Larsan \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ui-m\'ea\loch\f40 me, avant qu\rquote \hich\f40 il pr\'ee\loch\f40 \hich\f40 t le train pour dispara\'ee\loch\f40 \hich\f40
+tre, je lui ai demand\'e9\loch\f40 pourquoi il n\rquote \hich\f40 avait pas us\'e9\loch\f40 de la canne. Il m\rquote \hich\f40 a r\'e9\loch\f40 pondu qu\rquote il n\rquote en avait jamais eu l\rquote intention\~\hich\f40 ; que, dans sa pens\'e9
+\loch\f40 e, il n\rquote \hich\f40 avait jamais rien imagin\'e9\loch\f40 contre M. Darzac avec cette canne e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 que nous l\rquote \hich\f40 avions fort embarrass\'e9\loch\f40
+, le soir du cabaret d\rquote \hich\f40 \'c9\loch\f40 pinay, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 en lui}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 prouvant qu\rquote il nous mentait\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Vous savez qu
+\rquote il disait qu\rquote \hich\f40 il avait eu cette canne \'e0\loch\f40 Londres\~; or, la marque attestait qu\rquote \hich\f40 elle \'e9\loch\f40 tait de Paris\~\hich\f40 ! Pourquoi, \'e0\loch\f40 ce moment, au lieu de penser\~:
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Fred ment\~\hich\f40 ; il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait \'e0\loch\f40 Londres\~; il n\rquote \hich\f40 a pas pu avoir cette canne de Paris, \'e0\loch\f40 Londres\~?\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40
+; Pourquoi ne nous sommes-nous pas dit\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 Fred ment. Il n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pas \'e0\loch\f40 Londres, puisqu\rquote \hich\f40 il a achet\'e9\loch\f40 \hich\f40 cette canne \'e0\loch\f40 Paris\~!\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Fred menteur, Fred \'e0\loch\f40 Paris, au moment du\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 crime\~! C\rquote \hich\f40 est un point de d\'e9\loch\f40 \hich\f40 part de soup\'e7\loch\f40 on, cela\~
+\hich\f40 ! Et quand, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s votre enqu\'ea\loch\f40 \hich\f40 te chez Cassette, vous nous apprenez que cette canne a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 achet\'e9\loch\f40 \hich\f40 e par un homme qui est habill\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 comme M. Darzac, alors que nous sommes s\'fb\loch\f40 rs, d\rquote \hich\f40 apr\'e8\loch\f40 s la parole de M. Darzac lui-\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 m\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ea\loch\f40 me, que ce n\rquote \hich\f40
+est pas lui qui a achet\'e9\loch\f40 \hich\f40 cette canne, alors que nous sommes s\'fb\loch\f40 \hich\f40 rs, gr\'e2\loch\f40 \hich\f40 ce \'e0\loch\f40 l\rquote histoire du bureau de poste 40, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qu\rquote \hich\f40
+il y a \'e0}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Paris un homme qui prend la silhouette Darzac,}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 alors que nous nous demandons quel est donc cet homme qui, d\'e9\loch\f40 \hich\f40
+guis\'e9\loch\f40 en Darza\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 c, se pr\'e9\loch\f40 sente le soir du crime chez Cassette pour acheter une canne que nous retrouvons entre les mains de Fred, comment\~? comment\~
+? comment ne nous sommes-nous pas dit un instant\~\hich\f40 : \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Mais\'85\loch\f40 \hich\f40 mais\'85\loch\f40 \hich\f40 mais\'85\loch\f40 \hich\f40 cet inconnu d\'e9\loch\f40 \hich\f40 guis\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ en Darzac qui ach\'e8\loch\f40 te une canne q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 u\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e Fred a entre les mains, \'85\loch\f40 si c\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait\'85\loch\f40 si c\rquote \hich\f40 \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tait\'85\loch\f40 \hich\f40 Fred lui-m\'ea\loch\f40 me\~\hich\f40 ? \'85\~\'bb\loch\f40 \hich\f40 Certes, sa qualit\'e9\loch\f40 d\rquote \hich\f40 agent de la S\'fb\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 n\rquote \hich\f40 \'e9
+\loch\f40 \hich\f40 tait point propice \'e0\loch\f40 \hich\f40 une pareille hypoth\'e8\loch\f40 se\~\hich\f40 ; mais, quand nous avions constat\'e9\loch\f40 l\rquote acharnement avec lequel Fred accumulait les preuves contre
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 D\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 arzac, la rage avec laquelle il poursuivait le malheureux\'85\loch\f40 \hich\f40 nous aurions pu \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre frapp\'e9\loch\f40 \hich\f40
+s par un mensonge de Fred aussi important que celui qui le faisait entrer en possession, \'e0\loch\f40 Paris, d\rquote une canne }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 il ne pouvait avoir eue \'e0\loch\f40 Londres}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 . M\'ea\loch\f40 me, s\rquote il l\rquote avait tro\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 uv\'e9\loch\f40 \hich\f40 e \'e0\loch\f40 Paris, le mensonge de Londres n\rquote \hich\f40
+en existait pas moins. Tout le monde le croyait \'e0\loch\f40 \hich\f40 Londres, m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me ses chefs et il achetait une canne \'e0\loch\f40 Paris\~! Maintenant, comment se faisait-il que, pas une seconde, il n\rquote en usa comme d
+\rquote \hich\f40 une canne trouv\'e9\loch\f40 e }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 autour de M. D\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 arzac\~! }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 C\rquote est bien simple\~! C\rquote est tellement simple que nous n\rquote \hich\f40
+y avons pas pens\'e9\'85\loch\f40 Larsan l\rquote \hich\f40 avait achet\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 bless\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e8\loch\f40
+\hich\f40 rement \'e0\loch\f40 la main par la balle de Mlle Stangerson, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 uniquement pour avoir un maintien, pour avoir toujours la main referm\'e9\loch\f40 e, p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 our n\rquote
+\hich\f40 \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre point tent\'e9\loch\f40 d\rquote \hich\f40 ouvrir la main et de montrer sa blessure int\'e9\loch\f40 rieure\~? }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Comprenez-vous\~\hich\f40 ? \'85\loch\f40 \hich\f40 Voil\'e0\loch\f40
+ ce qu\rquote il m\rquote \hich\f40 a dit, Larsan, et je me rappelle vous avoir r\'e9\loch\f40 \hich\f40 p\'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 souvent combien je trouvais bizarre \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 que sa main ne quitt\'e2\loch\f40
+t pas cette canne\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . \'c0\loch\f40 table, q\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 uand je d\'ee\loch\f40 nais avec lui, il n\rquote \hich\f40 avait pas plut\'f4\loch\f40 \hich\f40 t quitt\'e9\loch\f40 cette canne qu
+\rquote il s\rquote emparait d\rquote \hich\f40 un couteau dont sa main droite ne se s\'e9\loch\f40 \hich\f40 parait plus. Tous ces d\'e9\loch\f40 \hich\f40 tails me sont revenus quand mon id\'e9\loch\f40 \hich\f40 e se f\'fb\loch\f40 \hich\f40 t arr\'ea
+\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 e sur Larsan, c\rquote \hich\f40 est-\'e0\loch\f40 -dire trop tard pour qu\rquote ils me fusse\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t d\rquote un quelconque secours. C\rquote \hich\f40
+est ainsi que, le soir o\'f9\loch\f40 \hich\f40 Larsan a simul\'e9\loch\f40 \hich\f40 devant nous le sommeil, je me suis pench\'e9\loch\f40 \hich\f40 sur lui et, tr\'e8\loch\f40 s habilement, j\rquote ai pu voir, sans qu\rquote il s\rquote \hich\f40
+en dout\'e2\loch\f40 t, dans sa main. Il ne s\rquote y trouvait plus qu\rquote \hich\f40 une bande l\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e8\loch\f40 re de taffetas qui d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ssimulait ce qui restait d\rquote
+\hich\f40 une blessure l\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e8\loch\f40 re. Je constatai qu\rquote \hich\f40 il e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t pu pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 tendre \'e0\loch\f40 \hich\f40 ce moment que cette blessure lui avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t
+\'e9\loch\f40 faite par toute autre chose qu\rquote \hich\f40 une balle de revolver. Tout de m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, pour moi, \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette heure-l\'e0\loch\f40 , c\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait un nouveau signe ext
+\'e9\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 eur qui entrait dans le cercle de mon raisonnement. La balle, m\rquote \hich\f40 a dit tout \'e0\loch\f40 l\rquote heure Larsan, n\rquote \hich\f40
+avait fait que lui effleurer la paume et avait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 termin\'e9\loch\f40 \hich\f40 une assez abondante h\'e9\loch\f40 morragie.}{\i
+\par }{
+\par }{\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Si nous avions \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 plus perspicaces, au moment du mensonge de Larsan,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 et plus\'85\loch\f40 \hich\f40 dangereux\'85
+\loch\f40 \hich\f40 il est certain que celui-ci e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t sorti, pour d\'e9\loch\f40 \hich\f40 tourner les soup\'e7\loch\f40 ons, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote histoire que nous}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 avions imagin\'e9\loch\f40 e pour lui,}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\rquote \hich\f40 histoire de la d\'e9\loch\f40 couverte de la canne autour de Darzac\~\hich\f40 ; mais les \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 nements se sont tellement pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 cipit\'e9\loch\f40 s que nous n\rquote av\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ons plus pens\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 la canne\~\hich\f40 ! Tout de m\'ea\loch\f40
+me nous l\rquote \hich\f40 avons fort ennuy\'e9\loch\f40 , Larsan-Ballmeyer, sans que nous nous en doutions\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mais, interrompis-je, s\rquote il n\rquote avait aucune intention, en achetant la canne, contre Darzac, pourquoi avait-il alors la silhouette Darzac\~\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ? Le pardessus mastic\~? Le melon\~
+? Etc.
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Parce qu\rquote il arrivait du crime et qu\rquote \hich\f40 aussit\'f4\loch\f40 \hich\f40 t le crime commis, il avait repris le d\'e9\loch\f40 guisement Darzac qui l\rquote \hich\f40 a toujours accompagn\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 dans son \'9c\loch\f40 uvre criminelle dans l\rquote intention que vous savez\~!
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 Mais d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 , vous pensez\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 bien, }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 sa main bless\'e9\loch\f40 e l\rquote ennuyait}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 et il eut, en passant avenue de l\rquote \hich\f40 Op\'e9\loch\f40 ra, l\rquote \hich\f40 id\'e9\loch\f40 e d\rquote \hich\f40 acheter une canne, id\'e9\loch\f40 e qu\rquote \hich\f40 il r\'e9\loch\f40 alisa sur-le-champ\~
+\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Il \'e9\loch\f40 tait huit heures\~\hich\f40 ! Un homme, avec la silhouette Darzac, qui ach\'e8\loch\f40 te une canne que je trouve dans les mains de Lars\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 an\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40
+\hich\f40 Et moi, moi qui avais devin\'e9\loch\f40 que }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 le drame}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 avait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 j\'e0\loch\f40 eu lieu}{
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette heure-l\'e0\loch\f40 , }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qu\rquote il venait d\rquote avoir lieu,}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tais \'e0
+\loch\f40 \hich\f40 peu pr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s persuad\'e9\loch\f40 de l\rquote \hich\f40 innocence de Darzac je ne soup\'e7\loch\f40 onne pas Larsan\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 il y a des moments\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il y a des moments, fis-je, o\'f9\loch\f40 les\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 plus vastes intelligences\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rouletabille me ferma la bouche\'85\loch\f40 Et comme je l\rquote interrogeais encore, je m\rquote \hich\f40 aper\'e7\loch\f40 us qu\rquote il ne m\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 coutait plus\'85
+\loch\f40 Rouletabille dormait. J\rquote \hich\f40 eus toutes les peines du monde \'e0\loch\f40 \hich\f40 le tirer de son sommeil quand nous arriv\'e2\loch\f40 \hich\f40 mes \'e0\loch\f40 Paris.
+\par
+\par }\pard\plain \s1\qc\sb600\sa480\keepn\pagebb\nowidctlpar\widctlpar\outlinelevel0\adjustright \b\f40\fs38\lang1036\cgrid {{\*\bkmkstart _Toc97745275}\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 XXIX\line \hich\f40 Le myst\'e8\loch\f40 re de Mlle Stangerson
+{\*\bkmkend _Toc97745275}
+\par }\pard\plain \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright \f40\fs32\lang1036\cgrid {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Les jours suivants, j\rquote eus l\rquote occasion de lui demander encore ce qu\rquote \hich\f40 il \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait all\'e9\loch\f40 \hich\f40 faire en Am\'e9\loch\f40 \hich\f40 rique. Il ne me r\'e9\loch\f40
+\hich\f40 pondit gu\'e8\loch\f40 re d\rquote \hich\f40 une fa\'e7\loch\f40 \hich\f40 on plus pr\'e9\loch\f40 cise qu\rquote il ne l\rquote avait fait dans le train de Versaille\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 s, et il d\'e9\loch\f40
+tourna la conversation sur d\rquote autres points de l\rquote affaire.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Il finit, un jour, par me dire\~:
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Mais comprenez donc que j\rquote \hich\f40 avais besoin de conna\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre la v\'e9\loch\f40 \hich\f40 ritable personnalit\'e9\loch\f40 de Larsan\~!
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Sans doute, fis-je, mais pourquoi alliez-vous la chercher \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 en Am\'e9\loch\f40 rique\~\hich\f40 ? \'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Il fuma sa pipe et me tourna le dos. \'c9\loch\f40 \hich\f40 videmment, je touchais au \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 myst\'e8\loch\f40 re de Mlle Stangerson\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . Rouletabille avait pens
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 que ce myst\'e8\loch\f40 re, qui liait d\rquote \hich\f40 une fa\'e7\loch\f40 \hich\f40 on si terrible Larsan \'e0\loch\f40 \hich\f40 Mlle Stangerson, myst\'e8\loch\f40 re dont il ne trouvait, lui, Roulet
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 abille, aucune explication dans la vie de Mlle Stangerson, \'ab\~\loch\f40 en France\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , il avait pens\'e9\loch\f40 \hich\f40 , dis-je, que ce myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re \'ab\~
+\loch\f40 \hich\f40 devait avoir son origine dans la vie de Mlle Stangerson, en Am\'e9\loch\f40 rique\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . Et il avait pris le bateau\~\hich\f40 ! L\'e0\loch\f40 \hich\f40 -bas, il apprendrait qui \'e9\loch\f40 tait ce Lar
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 an, il acquerrait les mat\'e9\loch\f40 \hich\f40 riaux n\'e9\loch\f40 \hich\f40 cessaires \'e0\loch\f40 \hich\f40 lui fermer la bouche\'85\loch\f40 \hich\f40 Et il \'e9\loch\f40
+tait parti pour Philadelphie\~!
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et maintenant, quel \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait ce myst\'e8\loch\f40 \hich\f40 re qui avait \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 command\'e9\loch\f40 le silence\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ Mlle Stangerson et \'e0\loch\f40 M. Robert Darzac\~? Au bout de tant d\rquote \hich\f40 ann\'e9\loch\f40 \hich\f40 es, apr\'e8\loch\f40 s cert\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 aines publications de la presse \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ scandale, maintenant que M. Stangerson sait tout et a tout pardonn\'e9\loch\f40 , on peut tout dire. C\rquote \hich\f40 est, du reste, tr\'e8\loch\f40 s court, et cela remettra les choses au point, car il s\rquote \hich\f40 est trouv\'e9\loch\f40
+ de tristes esprits pour accuser Mlle Stangerso\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 qui, en toute cette sinistre affaire, fut toujours victime, \'ab\~\loch\f40 depuis le commencement\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 .
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Le commencement remontait \'e0\loch\f40 \hich\f40 une \'e9\loch\f40 \hich\f40 poque lointaine o\'f9\loch\f40 \hich\f40 , jeune fille, elle habitait avec son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re \'e0\loch\f40 \hich\f40
+ Philadelphie. L\'e0\loch\f40 \hich\f40 , elle fit la connaissance, dans une soir\'e9\loch\f40 e, chez un a\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 mi de son p\'e8\loch\f40 re, d\rquote \hich\f40 un compatriote, un Fran\'e7\loch\f40 \hich\f40
+ais qui sut la s\'e9\loch\f40 \hich\f40 duire par ses mani\'e8\loch\f40 \hich\f40 res, son esprit, sa douceur et son amour. On le disait riche. Il demanda la main de Mlle Stangerson au c\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e8\loch\f40
+bre professeur. Celui-ci prit des renseignements sur M. Jean Roussel, \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 t, d\'e8\loch\f40 s l\rquote abord, il vit qu\rquote \hich\f40 il avait affaire \'e0\loch\f40 un chevalier d
+\rquote industrie. Or, M. Jean Roussel, vous l\rquote \hich\f40 avez devin\'e9\loch\f40 , n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait autre qu\rquote \hich\f40 une des nombreuses transformations du fameux Ballmeyer, poursuivi en France, r\'e9\loch\f40
+\hich\f40 fugi\'e9\loch\f40 \hich\f40 en Am\'e9\loch\f40 rique. Mais M. Stangerson n\rquote en sava\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 i\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t rien\~; sa fille non plus. Celle-ci ne devait l\rquote
+apprendre que dans les circonstances suivantes\~\hich\f40 : M. Stangerson avait, non seulement refus\'e9\loch\f40 \hich\f40 la main de sa fille \'e0\loch\f40 M. Roussel, mais encore il lui avait interdit l\rquote \hich\f40 acc\'e8\loch\f40
+s de sa demeure. La jeune Mathilde, dont \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e c\'9c\loch\f40 ur s\rquote \hich\f40 ouvrait \'e0\loch\f40 l\rquote \hich\f40
+amour, et qui ne voyait rien au monde de plus beau ni de meilleur que son Jean, en fut outr\'e9\loch\f40 \hich\f40 e. Elle ne cacha point son m\'e9\loch\f40 \hich\f40 contentement \'e0\loch\f40 \hich\f40 son p\'e8\loch\f40 re qui l\rquote
+envoya se calmer sur les bords de l\rquote Ohio, chez une vieille tante qui habitait Cinci\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 nati. Jean rejoignit Mathilde l\'e0\loch\f40 \hich\f40 -bas et, malgr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ la grande v\'e9\loch\f40 \hich\f40 n\'e9\loch\f40 ration qu\rquote \hich\f40 elle avait pour son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re, Mlle Stangerson r\'e9\loch\f40 solut de tromper la surveillance de la vieille tante, et de s\rquote \hich\f40
+enfuir avec Jean Roussel, bien d\'e9\loch\f40 \hich\f40 cid\'e9\loch\f40 s qu\rquote \hich\f40 ils \'e9\loch\f40 \hich\f40 taient tous les deux \'e0\loch\f40 profite\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 des facilit\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 s des lois am\'e9\loch\f40 \hich\f40 ricaines pour se marier au plus t\'f4\loch\f40 t. Ainsi fut fait. Ils fuirent donc, pas loin, jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 Louisville. L\'e0\loch\f40 \hich\f40
+, un matin, on vint frapper \'e0\loch\f40 leur porte. C\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait la police qui d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sirait arr\'ea\loch\f40 ter M. Jean Roussel, ce qu\rquote \hich\f40 elle fit, malgr\'e9\loch\f40 ses
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 rotestations et les cris de la fille du professeur Stangerson. En m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me temps, la police apprenait \'e0\loch\f40 \hich\f40 Mathilde que \'ab\~\loch\f40 son mari
+\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait autre que le trop fameux Ballmeyer\~\hich\f40 ! \'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 D\'e9\loch\f40 \hich\f40 sesp\'e9\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 \hich\f40 e, apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s une vaine tentative de suicide, Mathilde rejoignit sa tante \'e0\loch\f40 Ci
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ncinnati. Celle-ci faillit mourir de joie de la revoir. Elle n\rquote \hich\f40 avait cess\'e9\loch\f40 , depuis huit jours, de faire rechercher Mathilde partout, et n\rquote \hich\f40 avait pas encore os\'e9\loch\f40
+\hich\f40 avertir le p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re. Mathilde fit jurer \'e0\loch\f40 sa tante que M. Stangerson ne saurait jamais rien\~! C\rquote est \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 b\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ien ainsi que l\rquote \hich\f40
+entendait la tante, qui se trouvait coupable de l\'e9\loch\f40 \hich\f40 g\'e8\loch\f40 \hich\f40 ret\'e9\loch\f40 \hich\f40 dans cette si grave circonstance. Mlle Mathilde Stangerson, un mois plus tard, revenait aupr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s de son p
+\'e8\loch\f40 \hich\f40 re, repentante, le c\'9c\loch\f40 \hich\f40 ur mort \'e0\loch\f40 l\rquote amour, et ne demandant qu\rquote une chose\~: ne plus\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+jamais entendre parler de son mari, le terrible Ballmeyer \endash \hich\f40 arriver \'e0\loch\f40 \hich\f40 se pardonner sa faute \'e0\loch\f40 \hich\f40 elle-m\'ea\loch\f40 \hich\f40
+me, et se relever devant sa propre conscience par une vie de travail sans borne et de d\'e9\loch\f40 \hich\f40 vouement \'e0\loch\f40 \hich\f40 son p\'e8\loch\f40 re\~!
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Elle s\rquote est tenue parole. Cependant, dans le \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 moment o\'f9\loch\f40 \hich\f40 , apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir tout avou\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40
+ M. Robert Darzac, alors qu\rquote \hich\f40 elle croyait Ballmeyer d\'e9\loch\f40 funt, car le bruit de sa mort avait courut, elle s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait accord\'e9\loch\f40 \hich\f40 e la joie supr\'ea\loch\f40 \hich\f40 me, apr
+\'e8\loch\f40 \hich\f40 s avoir tant expi\'e9\loch\f40 , de s\rquote \hich\f40 unir \'e0\loch\f40 \hich\f40 un ami s\'fb\loch\f40 \hich\f40 r, le destin lui avait ressuscit\'e9\loch\f40 Jean \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 R\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+oussel, le Ballmeyer de sa jeunesse\~! Celui-ci lui avait fait savoir qu\rquote il ne permettrait jamais son mariage avec M. Robert Darzac et qu\rquote \~\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 il l\rquote aimait toujours\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40
+ ce qui, h\'e9\loch\f40 las\~\hich\f40 ! \'e9\loch\f40 tait vrai.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mlle Stangerson n\rquote \hich\f40 h\'e9\loch\f40 \hich\f40 sita pas \'e0\loch\f40 \hich\f40 se confier \'e0\loch\f40 M. Robert Darzac\~;\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 elle lui montra cette lettre o\'f9\loch\f40
+\hich\f40 Jean Roussel-Fr\'e9\loch\f40 \hich\f40 d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ric Larsan-Ballmeyer lui rappelait les premi\'e8\loch\f40 \hich\f40 res heures de leur union dans ce petit et charmant presbyt\'e8\loch\f40 re qu\rquote \hich\f40 ils avaient lou
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 Louisville\~\hich\f40 : \'ab\~\'85\loch\f40 \hich\f40 Le presbyt\'e8\loch\f40 re n\rquote a rien perdu de son charme, ni le jardin d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 son \'e9
+\loch\f40 clat.\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 Le mis\'e9\loch\f40 \hich\f40 rable se disait riche et \'e9\loch\f40 \hich\f40 mettait la pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 tention \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 de la ramener l\'e0\loch\f40 -bas\~\hich\f40 \'bb\~
+\loch\f40 \hich\f40 ! Mlle Stangerson avait d\'e9\loch\f40 \hich\f40 clar\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'e0\loch\f40 \hich\f40 M. Darzac que, si son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re arrivait \'e0\loch\f40 \hich\f40 soup\'e7\loch\f40 \hich\f40 onner un pareil d
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 shonneur, \'ab\~\loch\f40 elle se tuerait\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 ! M. Darzac s\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait jur\'e9\loch\f40 qu\rquote il ferai\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 t\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\f40 taire cet Am\'e9\loch\f40 \hich\f40 ricain, soit par la terreur, soit par la force, d\'fb\loch\f40 t-il commettre un crime\~! Mais M. Darzac n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait pas de force, et il aurait succomb\'e9\loch\f40
+ sans ce brave petit bonhomme de Rouletabille.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Quant \'e0\loch\f40 Mlle Stangerson, que vouliez-vous qu\rquote \hich\f40 elle f\'ee\loch\f40 t, en fa\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ce du monstre\~\hich\f40 ? Une premi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re fois, quand, apr
+\'e8\loch\f40 \hich\f40 s des menaces pr\'e9\loch\f40 alables qui l\rquote \hich\f40 avaient mise sur ses gardes, il se dressa devant elle, dans la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 , elle essaya de le tuer. Pour son malheur, elle n
+\rquote \hich\f40 y r\'e9\loch\f40 \hich\f40 ussit pas. D\'e8\loch\f40 \hich\f40 s lors, elle \'e9\loch\f40 tait la victime as\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 s\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ur\'e9\loch\f40 \hich\f40 e de cet \'ea\loch\f40
+\hich\f40 tre invisible \'ab\~\loch\f40 qui pouvait la faire chanter jusqu\rquote \hich\f40 \'e0\loch\f40 la mort\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , qui habitait chez elle, \'e0\loch\f40 \hich\f40 ses c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 s, sans qu
+\rquote \hich\f40 elle le s\'fb\loch\f40 \hich\f40 t, qui exigeait des rendez-vous \'ab\~\loch\f40 au nom de leur amour\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . La premi\'e8\loch\f40 \hich\f40 re fois, elle lui avait \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 refus\'e9\~\'bb
+\loch\f40 \hich\f40 ce rendez-vous, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 r\'e9\loch\f40 c\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 l\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 am\'e9\loch\f40 dans la lettre du bureau 40\~\hich\f40 \'bb\~\loch\f40 \hich\f40 ; il en \'e9\loch\f40
+\hich\f40 tait r\'e9\loch\f40 \hich\f40 sult\'e9\loch\f40 \hich\f40 le drame de la \'ab\loch\f40 \hich\f40 Chambre Jaune\'bb\loch\f40 \hich\f40 . La seconde fois, avertie par une nouvelle lettre de lui, lettre arriv\'e9\loch\f40 \hich\f40
+e par la poste, et qui \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait venue la trouver normalement dans sa chambre de convalescente, \'ab\~\loch\f40 ell\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 avait fui le rendez-vous\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , en s
+\rquote \hich\f40 enfermant dans son boudoir avec ses femmes. Dans cette lettre, le mis\'e9\loch\f40 rable l\rquote \hich\f40 avait pr\'e9\loch\f40 venue, que, puisqu\rquote \hich\f40 elle ne pouvait se d\'e9\loch\f40 \hich\f40 ranger, \'ab\~\loch\f40
+\hich\f40 vu son \'e9\loch\f40 tat\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , il irait chez elle, et serait dans sa chambre telle nuit, \'e0\loch\f40 telle heu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e\'85\loch\f40 qu\rquote
+\hich\f40 elle e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 \hich\f40 prendre toute disposition pour \'e9\loch\f40 \hich\f40 viter le scandale\'85\loch\f40 Mathilde Stangerson, sachant qu\rquote \hich\f40 elle avait tout \'e0\loch\f40 redouter de l\rquote
+\hich\f40 audace de Ballmeyer, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 lui avait abandonn\'e9\loch\f40 sa chambre\~\hich\f40 \'bb\'85\loch\f40 Ce fut l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 pisode de la \'ab\~\loch\f40 galerie inexplicable\~\hich\f40 \'bb
+\loch\f40 \hich\f40 . La troisi\'e8\loch\f40 me fois\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 ,\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 elle avait \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 par\'e9\loch\f40 le rendez-vous\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . C
+\rquote est qu\rquote \hich\f40 avant de quitter la chambre vide de Mlle Stangerson, la nuit de la \'ab\~\loch\f40 galerie inexplicable\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , Larsan lui avait \'e9\loch\f40 \hich\f40
+crit, comme nous devons nous le rappeler, une derni\'e8\loch\f40 \hich\f40 re lettre, dans sa chambre m\'ea\loch\f40 me, et l\rquote avait\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 laiss\'e9\loch\f40
+e sur le bureau de sa victime\~\hich\f40 ; cette lettre exigeait un rendez-vous \'ab\~\loch\f40 effectif\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 dont il fixa ensuite la date et l\rquote \hich\f40 heure, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40
+lui promettant de lui rapporter les papiers de son p\'e8\loch\f40 \hich\f40 re, et la mena\'e7\loch\f40 \hich\f40 ant de les br\'fb\loch\f40 \hich\f40 ler si elle se d\'e9\loch\f40 robait encore\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . Elle ne
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 d\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 outait point que le mis\'e9\loch\f40 rable n\rquote \hich\f40 e\'fb\loch\f40 \hich\f40 t en sa possession ces papiers pr\'e9\loch\f40 cieux\~\hich\f40 ; il ne faisait l\'e0\loch\f40
+\hich\f40 sans doute que renouveler un c\'e9\loch\f40 \hich\f40 l\'e8\loch\f40 \hich\f40 bre larcin, car elle le soup\'e7\loch\f40 onnait depuis longtemps d\rquote \hich\f40 avoir, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 avec sa complicit\'e9\loch\f40 inconsciente\~
+\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , vol\'e9\loch\f40 \hich\f40 lui-m\'ea\loch\f40 me, autrefois, les \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 f\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ameux papiers de Philadelphie, dans les tiroirs de son p\'e8\loch\f40 re\~
+\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Et elle le connaissait assez pour imaginer que si elle ne se pliait point \'e0\loch\f40 \hich\f40 sa volont\'e9\loch\f40 , tant de travaux, tant d\rquote \hich\f40
+efforts, et tant de scientifiques espoirs ne seraient bient\'f4\loch\f40 t plus que de la ce\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 dre\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 \hich\f40 Elle r\'e9\loch\f40 \hich\f40
+solut de le revoir une fois encore, face \'e0\loch\f40 \hich\f40 face, cet homme qui avait \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 son \'e9\loch\f40 \hich\f40 poux\'85\loch\f40 \hich\f40 et de tenter de le fl\'e9\loch\f40 \hich\f40 chir\'85
+\loch\f40 puisqu\rquote elle ne pouvait l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 viter\~\hich\f40 ! \'85\loch\f40 On devine ce qui s\rquote \hich\f40 y passa\'85\loch\f40 \hich\f40 Les supplications de Mathilde, la brutalit\'e9\loch\f40 \hich\f40 de Larsan
+\'85\loch\f40 Il exige\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 qu\rquote \hich\f40 elle renonce \'e0\loch\f40 \hich\f40 Darzac\'85\loch\f40 \hich\f40 Elle proclame son amour\'85\loch\f40 \hich\f40 Et il la frappe\'85\loch\f40
+\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 avec la pens\'e9\loch\f40 \hich\f40 e arr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 e de faire monter l\rquote autre sur l\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 chafaud\~!\~\hich\f40 \'bb\loch\f40
+ car il est habile, lui, et le masque Larsan qu\rquote \hich\f40 il va se reposer sur la figure, le sauvera\'85\loch\f40 \hich\f40 pense-t-il\'85\loch\f40 tandis que l\rquote aut\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 e
+\'85\loch\f40 l\rquote autre ne pourra pas, cette fois encore, donner l\rquote \hich\f40 emploi de son temps\'85\loch\f40 \hich\f40 De ce c\'f4\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 \hich\f40 , les pr\'e9\loch\f40 \hich\f40
+cautions de Ballmeyer sont bien prises\'85\loch\f40 et l\rquote \hich\f40 inspiration en a \'e9\loch\f40 \hich\f40 t\'e9\loch\f40 des plus simples, ainsi que l\rquote \hich\f40 avait devin\'e9\loch\f40 \hich\f40 le jeune Rouletabille\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Larsan fait chanter Darzac co\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 mme il fait chanter Mathilde\'85\loch\f40 \hich\f40 avec les m\'ea\loch\f40 \hich\f40 mes armes, avec le m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me myst\'e8\loch\f40
+\hich\f40 re\'85\loch\f40 \hich\f40 Dans des lettres, pressantes comme des ordres, il se d\'e9\loch\f40 \hich\f40 clare pr\'ea\loch\f40 \hich\f40 t \'e0\loch\f40 \hich\f40 traiter, \'e0\loch\f40 livrer toute la correspondance amoureuse d\rquote
+\hich\f40 autrefois et surtout \'ab\~\'e0\loch\f40 \hich\f40 dispara\'ee\loch\f40 \hich\f40 tre\'85\~\'bb\loch\f40 si on veut y mettre\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 le prix\'85\loch\f40
+ Darzac doit aller aux rendez-vous qu\rquote \hich\f40 il lui fixe, sous menace de divulgation d\'e8\loch\f40 s le lendemain, comme Mathilde doit subir les rendez-vous qu\rquote \hich\f40 il lui donne\'85\loch\f40 Et, dans l\rquote \hich\f40 heure m\'ea
+\loch\f40 \hich\f40 me que Ballmeyer agit en assassin aupr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s de Mathilde, Robert d\'e9\loch\f40 \hich\f40 barque \'e0\loch\f40 \hich\f40 \'c9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 p\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 inay, o\'f9
+\loch\f40 \hich\f40 un complice de Larsan, un \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre bizarre, \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 une cr\'e9\loch\f40 ature d\rquote un autre monde\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 , que nous retrouverons un jour, le retient de force, et
+\'ab\~\loch\f40 \hich\f40 lui fait perdre son temps, en attendant que cette co\'ef\loch\f40 ncidence, dont l\rquote \hich\f40 accus\'e9\loch\f40 \hich\f40 de demain ne pourra se r\'e9\loch\f40 \hich\f40 soudre \'e0\loch\f40 don
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 n\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 er la raison, lui fasse perdre la t\'ea\loch\f40 \hich\f40 te\'85\~\'bb
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Seulement, Ballmeyer avait compt\'e9\loch\f40 sans notre Joseph Rouletabille\~!
+\par
+\par }\pard \qc\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 *
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ce n\rquote \hich\f40 est pas \'e0\loch\f40 \hich\f40 cette heure que voil\'e0\loch\f40 \hich\f40 expliqu\'e9\loch\f40 \hich\f40 \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 le myst\'e8\loch\f40 \hich\f40
+re de la Chambre Jaune, que nous suivrons pas \'e0\loch\f40 \hich\f40 pas Rouletabille en Am\'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 rique. Nous connaissons le jeune reporter, nous savons de quels moyens puissants d\rquote \hich\f40 information, log\'e9
+\loch\f40 \hich\f40 s dans les deux bosses de son front, il disposait \'ab\~\loch\f40 pour remonter toute l\rquote aventure de Mlle Stangerson et de Jean Roussel\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 \hich\f40 . \'c0\loch\f40 Philadelphie, il fut renseign
+\loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'e9\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 tout de suite en ce qui concernait Arthur-William Rance\~\hich\f40 ; il apprit son acte de d\'e9\loch\f40 \hich\f40 vouement, mais aussi le prix dont il avait gard\'e9\loch\f40 \hich\f40
+ la pr\'e9\loch\f40 tention de se le faire payer. Le bruit de son mariage avec Mlle Stangerson avait couru autrefois les salons de Philad\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 lphie\'85\loch\f40 \hich\f40 Le peu de discr
+\'e9\loch\f40 tion du jeune savant, la poursuite inlassable dont il n\rquote \hich\f40 avait cess\'e9\loch\f40 \hich\f40 de fatiguer Mlle Stangerson, m\'ea\loch\f40 \hich\f40 me en Europe, la vie d\'e9\loch\f40 \hich\f40 sordonn\'e9\loch\f40 e qu\rquote
+\hich\f40 il menait sous pr\'e9\loch\f40 \hich\f40 texte de \'ab\~\loch\f40 noyer ses chagrins\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 , tout cela n\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 tait point fait pour rendre Arthu\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 r
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Rance sympathique \'e0\loch\f40 Rouletabille, et ainsi s\rquote explique la froideur avec laquelle il l\rquote \hich\f40 accueillit dans la salle des t\'e9\loch\f40 \hich\f40
+moins. Tout de suite il avait du reste jug\'e9\loch\f40 que l\rquote affaire Rance n\rquote entrait point dans l\rquote \hich\f40 affaire Larsan-Stangerson. Et il avait d\'e9\loch\f40 couvert le\hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 flirt formidable Roussel-Mlle Stangerson. Qui \'e9\loch\f40 tait ce Jean Roussel\~\hich\f40 ? Il alla de Philadelphie \'e0\loch\f40 \hich\f40 Cincinnati, refaisant le voyage de Mathilde. \'c0\loch\f40
+ Cincinnati, il trouva la vieille tante et sut la faire parler\~: l\rquote histoire de l\rquote arrestation de Ballmeyer lui fut\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 une lueur qui \'e9\loch\f40 \hich\f40
+claira tout. Il put visiter, \'e0\loch\f40 \hich\f40 Louisville, le \'ab\~\loch\f40 \hich\f40 presbyt\'e8\loch\f40 re\~\hich\f40 \'bb\~\endash \loch\f40 une modeste et jolie demeure dans le vieux style colonial \endash qui n\rquote \hich\f40
+avait en effet \'ab\~\loch\f40 rien perdu de son charme\~\hich\f40 \'bb\loch\f40 . Puis, abandonnant la piste de Mlle Stangerson, il remonta la piste\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\af40\dbch\af16\loch\f40
+Ballmeyer, de prison en prison, de bagne en bagne, de crime en crime\~; enfin, quand il reprenait le bateau pour l\rquote \hich\f40 Europe sur les quais de New-York, Rouletabille savait que, sur ces quais m\'ea\loch\f40 mes, Ballmeyer s\rquote \hich\f40
+\'e9\loch\f40 \hich\f40 tait embarqu\'e9\loch\f40 cinq ans auparavant, ayant en poch\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 e\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 les papiers d\rquote \hich\f40 un certain Larsan, honorable commer\'e7\loch\f40 \hich\f40
+ant de la Nouvelle-Orl\'e9\loch\f40 ans, qu\rquote il venait d\rquote \hich\f40 assassiner\'85
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et maintenant, connaissez-vous tout le myst\'e8\loch\f40 re de Mlle Stangerson\~? Non, pas encore. }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Mlle Stangerson avait eu de son}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i
+\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 mari Jean Roussel un enfant, un \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 gar\'e7\loch\f40 on.}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Cet enfant \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait n\'e9\loch\f40 chez la vieille tante qui s
+\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait si bien arrang\'e9\loch\f40 e que nul n\rquote \hich\f40 en sut jamais rien en Am\'e9\loch\f40 rique. Qu\rquote \hich\f40 \'e9\loch\f40 \hich\f40 tait devenu ce gar\'e7\loch\f40 on\~
+? Ceci est une autre histoire que je vous conterai un jour.
+\par
+\par }\pard \qc\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 *
+\par }\pard \qj\fi567\sb40\sa40\nowidctlpar\widctlpar\adjustright {
+\par }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Deux mois environ apr\'e8\loch\f40 \hich\f40 s ces \'e9\loch\f40 \hich\f40 v\'e9\loch\f40 nements, je re\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 ncontrai Rouletabille assis m\'e9\loch\f40
+lancoliquement sur un banc du palais de justice.
+\par
+\par \loch\af40\dbch\af16\hich\f40 \'ab\~\loch\f40 Eh bien\~\hich\f40 ! lui dis-je, \'e0\loch\f40 quoi songez-vous, mon cher ami\~? Vous avez l\rquote air bien triste. Comment vont vos amis\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 En dehors de vous, me dit-il, ai-je vraiment des amis\~?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Ma\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 is j\rquote \hich\f40 esp\'e8\loch\f40 \hich\f40 re que M. Darzac\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Sans doute\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Et que Mlle Stangerson\'85\loch\f40 Comment va-t-elle, Mlle Stangerson\~\hich\f40 ? \'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Beaucoup mieux\'85\loch\f40 \hich\f40 mieux\'85\loch\f40 \hich\f40 beaucoup mieux\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Alors il ne faut pas \'ea\loch\f40 \hich\f40 tre triste\'85
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je suis triste, fit-il, parce que je songe au }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 parfum de la dame en\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 noir\'85
+\par }{
+\par \endash }{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 }{\i \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Le parfum de la dame en noir\~!}{\hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Je vous en entends toujours parler\~! M\rquote \hich\f40
+expliquerez-vous, enfin, pourquoi il vous poursuit avec cette assiduit\'e9\~\loch\f40 ?
+\par
+\par \endash \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 \hich\f40 Peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre, un jour\'85\loch\f40 \hich\f40 un jour, peut-\'ea\loch\f40 \hich\f40 tre\'85\~\'bb\loch\f40 fit Rouletabille.
+\par
+\par \hich\af40\dbch\af16\loch\f40 Et il poussa un gros soupir.
+\par \page }{\f2\fs20\lang1033\cgrid0 End of Project Gutenberg's Le myst\'e8re de la chambre jaune, by Gaston Leroux
+\par
+\par *** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE MYST\'c8RE DE LA CHAMBRE JAUNE ***
+\par
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+\par Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
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+\par To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
+\par and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
+\par and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.
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+\par
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+\par Foundation
+\par
+\par The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
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+\par state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
+\par Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
+\par number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
+\par http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
+\par Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
+\par permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
+\par
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+\par Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
+\par throughout numerous locations. Its business office is located at
+\par 809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
+\par business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
+\par information can be found at the Foundation's web site and official
+\par page at http://pglaf.org
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+\par Chief Executive and Director
+\par gbnewby@pglaf.org
+\par
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+\par Literary Archive Foundation
+\par
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+\par works.
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+\par Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
+\par concept of a library of electronic works that could be freely shared
+\par with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
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+\par Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
+\par editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
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+Project Gutenberg's Le mystere de la chambre jaune, by Gaston Leroux
+
+This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
+almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
+re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
+with this eBook or online at www.gutenberg.net
+
+
+Title: Le mystere de la chambre jaune
+
+Author: Gaston Leroux
+
+Release Date: October 16, 2004 [EBook #13765]
+
+Language: French
+
+Character set encoding: ASCII
+
+*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE MYSTERE DE LA CHAMBRE JAUNE ***
+
+
+
+
+Produced by Ebooks libres et gratuits at http://www.ebooksgratuits.com
+
+
+
+
+
+Gaston Leroux
+
+LE MYSTERE DE LA CHAMBRE JAUNE
+
+(1907)
+
+
+Table des matieres
+
+I Ou l'on commence a ne pas comprendre
+II Ou apparait pour la premiere fois Joseph Rouletabille
+III "Un homme a passe comme une ombre a travers les volets"
+IV "Au sein d'une nature sauvage"
+V Ou Joseph Rouletabille adresse a M. Robert Darzac une phrase qui
+produit son petit effet
+VI Au fond de la chenaie
+VII Ou Rouletabille part en expedition sous le lit
+VIII Le juge d'instruction interroge Mlle Stangerson
+IX Reporter et policier
+X "Maintenant, il va falloir manger du saignant"
+XI Ou Frederic Larsan explique comment l'assassin a pu sortir de
+la Chambre Jaune.
+XII La canne de Frederic Larsan
+XIII "Le presbytere n'a rien perdu de son charme ni le jardin de
+son eclat"
+XIV "J'attends l'assassin, ce soir"
+XV Traquenard
+XVI Etrange phenomene de dissociation de la matiere
+XVII La galerie inexplicable
+XVIII Rouletabille a dessine un cercle entre les deux bosses de
+son front
+XIX Rouletabille m'offre a dejeuner a l'auberge du "Donjon"
+XX Un geste de Mlle Stangerson
+XXI A l'affut
+XXII Le cadavre incroyable
+XXIII La double piste
+XXIV Rouletabille connait les deux moities de l'assassin
+XXV Rouletabille part en voyage
+XXVI Ou Joseph Rouletabille est impatiemment attendu
+XXVII Ou Joseph Rouletabille apparait dans toute sa gloire
+XXVIII Ou il est prouve qu'on ne pense pas toujours a tout
+XXIX Le mystere de Mlle Stangerson
+
+
+
+I
+Ou l'on commence a ne pas comprendre
+
+Ce n'est pas sans une certaine emotion que je commence a raconter
+ici les aventures extraordinaires de Joseph Rouletabille. Celui-
+ci, jusqu'a ce jour, s'y etait si formellement oppose que j'avais
+fini par desesperer de ne publier jamais l'histoire policiere la
+plus curieuse de ces quinze dernieres annees.
+
+J'imagine meme que le public n'aurait jamais connu toute la verite
+sur la prodigieuse affaire dite de la "Chambre Jaune", generatrice
+de tant de mysterieux et cruels et sensationnels drames, et a
+laquelle mon ami fut si intimement mele, si, a propos de la
+nomination recente de l'illustre Stangerson au grade de grand-
+croix de la Legion d'honneur, un journal du soir, dans un article
+miserable d'ignorance ou d'audacieuse perfidie, n'avait ressuscite
+une terrible aventure que Joseph Rouletabille eut voulu savoir, me
+disait-il, oubliee pour toujours.
+
+La "Chambre Jaune"! Qui donc se souvenait de cette affaire qui fit
+couler tant d'encre, il y a une quinzaine d'annees? On oublie si
+vite a Paris.
+
+N'a-t-on pas oublie le nom meme du proces de Nayves et la tragique
+histoire de la mort du petit Menaldo? Et cependant l'attention
+publique etait a cette epoque si tendue vers les debats, qu'une
+crise ministerielle, qui eclata sur ces entrefaites, passa
+completement inapercue. Or, le proces de la "Chambre Jaune", qui
+preceda l'affaire de Nayves de quelques annees, eut plus de
+retentissement encore. Le monde entier fut penche pendant des mois
+sur ce probleme obscur, -- le plus obscur a ma connaissance qui
+ait jamais ete propose a la perspicacite de notre police, qui ait
+jamais ete pose a la conscience de nos juges. La solution de ce
+probleme affolant, chacun la chercha. Ce fut comme un dramatique
+rebus sur lequel s'acharnerent la vieille Europe et la jeune
+Amerique.
+C'est qu'en verite -- il m'est permis de le dire "puisqu'il ne
+saurait y avoir en tout ceci aucun amour-propre d'auteur" et que
+je ne fais que transcrire des faits sur lesquels une documentation
+exceptionnelle me permet d'apporter une lumiere nouvelle -- c'est
+qu'en verite, je ne sache pas que, dans le domaine de la realite
+ou de l'imagination, meme chez l'auteur du _double assassinat, rue
+morgue_, meme dans les inventions des sous-Edgar Poe et des
+truculents Conan-Doyle, on puisse retenir quelque chose de
+comparable, QUANT AU MYSTERE, "au naturel mystere de la Chambre
+Jaune".
+
+Ce que personne ne put decouvrir, le jeune Joseph Rouletabille,
+age de dix-huit ans, alors petit reporter dans un grand journal,
+le trouva! Mais, lorsqu'en cour d'assises il apporta la clef de
+toute l'affaire, il ne dit pas toute la verite. Il n'en laissa
+apparaitre que ce qu'il fallait pour expliquer l'inexplicable et
+pour faire acquitter un innocent. Les raisons qu'il avait de se
+taire ont disparu aujourd'hui. Bien mieux, mon ami doit parler.
+Vous allez donc tout savoir; et, sans plus ample preambule, je
+vais poser devant vos yeux le probleme de la "Chambre Jaune", tel
+qu'il le fut aux yeux du monde entier, au lendemain du drame du
+chateau du Glandier.
+
+Le 25 octobre 1892, la note suivante paraissait en derniere heure
+du _Temps_:
+"Un crime affreux vient d'etre commis au Glandier, sur la lisiere
+de la foret de Sainte-Genevieve, au-dessus d'Epinay-sur-Orge, chez
+le professeur Stangerson. Cette nuit, pendant que le maitre
+travaillait dans son laboratoire, on a tente d'assassiner Mlle
+Stangerson, qui reposait dans une chambre attenante a ce
+laboratoire. Les medecins ne repondent pas de la vie de Mlle
+Stangerson."
+Vous imaginez l'emotion qui s'empara de Paris. Deja, a cette
+epoque, le monde savant etait extremement interesse par les
+travaux du professeur Stangerson et de sa fille. Ces travaux, les
+premiers qui furent tentes sur la radiographie, devaient conduire
+plus tard M. et MmeCurie a la decouverte du radium.
+
+On etait, du reste, dans l'attente d'un memoire sensationnel que
+le professeur Stangerson allait lire, a l'academie des sciences,
+sur sa nouvelle theorie: _La Dissociation__ de la Matiere. Theorie
+destinee a ebranler sur sa base toute la science officielle qui
+repose depuis si longtemps sur le principe: rien ne se perd, rien
+ne se cree._
+
+Le lendemain, les journaux du matin etaient pleins de ce drame.
+_Le matin_, entre autres, publiait l'article suivant, intitule:
+"Un crime surnaturel":
+
+"Voici les seuls details -- ecrit le redacteur anonyme du _matin_
+-- que nous ayons pu obtenir sur le crime du chateau du Glandier.
+L'etat de desespoir dans lequel se trouve le professeur
+Stangerson, l'impossibilite ou l'on est de recueillir un
+renseignement quelconque de la bouche de la victime ont rendu nos
+investigations et celles de la justice tellement difficiles qu'on
+ne saurait, a cette heure, se faire la moindre idee de ce qui
+s'est passe dans la "Chambre Jaune", ou l'on a trouve Mlle
+Stangerson, en toilette de nuit, ralant sur le plancher. Nous
+avons pu, du moins, interviewer le pere Jacques -- comme on
+l'appelle dans le pays -- un vieux serviteur de la famille
+Stangerson. Le pere Jacques est entre dans la "Chambre Jaune" en
+meme temps que le professeur. Cette chambre est attenante au
+laboratoire. Laboratoire et "Chambre Jaune" se trouvent dans un
+pavillon, au fond du parc, a trois cents metres environ du
+chateau.
+
+"-- il etait minuit et demi, nous a raconte ce brave homme (?), et
+je me trouvais dans le laboratoire ou travaillait encore M.
+Stangerson quand l'affaire est arrivee. J'avais range, nettoye des
+instruments toute la soiree, et j'attendais le depart de M.
+Stangerson pour aller me coucher. Mlle Mathilde avait travaille
+avec son pere jusqu'a minuit; les douze coups de minuit sonnes au
+coucou du laboratoire, elle s'etait levee, avait embrasse M.
+Stangerson, lui souhaitant une bonne nuit. Elle m'avait dit:
+"Bonsoir, pere Jacques!" et avait pousse la porte de la "Chambre
+Jaune". Nous l'avions entendue qui fermait la porte a clef et
+poussait le verrou, si bien que je n'avais pu m'empecher d'en rire
+et que j'avais dit a monsieur: "Voila mademoiselle qui s'enferme
+adouble tour. Bien sur qu'elle a peur de la ''Bete du Bon Dieu''!"
+Monsieur ne m'avait meme pas entendu tant il etait absorbe. Mais
+un miaulement abominable me repondit au dehors et je reconnus
+justement le cri de la "Bete du Bon Dieu"! ... que ca vous en
+donnait le frisson..."Est-ce qu'elle va encore nous empecher de
+dormir, cette nuit?" pensai-je, car il faut que je vous dise,
+monsieur, que, jusqu'a fin octobre, j'habite dans le grenier du
+pavillon, au-dessus de la "Chambre Jaune", a seule fin que
+mademoiselle ne reste pas seule toute la nuit au fond du parc.
+C'est une idee de mademoiselle de passer la bonne saison dans le
+pavillon; elle le trouve sans doute plus gai que le chateau et,
+depuis quatre ans qu'il est construit, elle ne manque jamais de
+s'y installer des le printemps. Quand revient l'hiver,
+mademoiselle retourne au chateau, car dans la "Chambre Jaune", il
+n'y a point de cheminee.
+
+"Nous etions donc restes, M. Stangerson et moi, dans le pavillon.
+Nous ne faisions aucun bruit. Il etait, lui, a son bureau. Quant a
+moi, assis sur une chaise, ayant termine ma besogne, je le
+regardais et je me disais: "Quel homme! Quelle intelligence!Quel
+savoir!" J'attache de l'importance a ceci que nous ne faisions
+aucun bruit, car "a cause de cela, l'assassin a cru certainement
+que nous etions partis". Et tout a coup, pendant que le coucou
+faisait entendre la demie passe minuit, une clameur desesperee
+partit de la "Chambre Jaune". C'etait la voix de mademoiselle qui
+criait: " A l'assassin! A l'assassin! Au secours!" Aussitot des
+coups de revolver retentirent et il y eut un grand bruit de
+tables, de meubles renverses, jetes par terre, comme au cours
+d'une lutte, et encore la voix de mademoiselle qui criait: "A
+l'assassin! ... Au secours! ... Papa!Papa!"
+
+"Vous pensez si nous avons bondi et si M. Stangerson et moi nous
+nous sommes rues sur la porte. Mais, helas! Elle etait fermee et
+bien fermee "a l'interieur" par les soins de mademoiselle, comme
+je vous l'ai dit, a clef et au verrou. Nous essayames de
+l'ebranler, mais elle etait solide. M. Stangerson etait comme fou,
+et vraiment il y avait de quoi le devenir, car on entendait
+mademoiselle qui ralait: "Au secours! ... Au secours!" Et M.
+Stangerson frappait des coups terribles contre la porte, et il
+pleurait de rage et il sanglotait de desespoir et d'impuissance.
+
+"C'est alors que j'ai eu une inspiration." L'assassin se sera
+introduit par la fenetre,m'ecriai-je, je vais a la fenetre!" Et je
+suis sorti du pavillon, courant comme un insense!
+
+"Le malheur etait que la fenetre de la "Chambre Jaune" donne sur
+la campagne, de sorte que le mur du parc qui vient aboutir au
+pavillon m'empechait de parvenir tout de suite a cette fenetre.
+Pour y arriver, il fallait d'abord sortir du parc. Je courus du
+cote de la grille et, en route, je rencontrai Bernier et sa femme,
+les concierges, qui venaient, attires par les detonations et par
+nos cris. Je les mis, en deux mots, au courant de la situation; je
+dis au concierge d'aller rejoindre tout de suite M. Stangerson et
+j'ordonnai a sa femme de venir avec moi pour m'ouvrir la grille du
+parc. Cinq minutes plus tard, nous etions, la concierge et moi,
+devant la fenetre de la "Chambre Jaune". Il faisait un beau clair
+de lune et je vis bien qu'on n'avait pas touche a la fenetre. Non
+seulement les barreaux etaient intacts, mais encore les volets,
+derriere les barreaux, etaient fermes, comme je les avais fermes
+moi-meme, la veille au soir, comme tous les soirs, bien que
+mademoiselle, qui me savait tres fatigue et surcharge de besogne,
+m'eut dit de ne point me deranger, qu'elle les fermerait elle-
+meme; et ils etaient restes tels quels, assujettis, comme j'en
+avais pris le soin, par un loquet de fer, "a l'interieur".
+L'assassin n'avait donc pas passe par la et ne pouvait se sauver
+par la; mais moi non plus, je ne pouvais entrer par la!
+
+"C'etait le malheur! On aurait perdu la tete a moins. La porte de
+la chambre fermee a clef "a l'interieur", les volets de l'unique
+fenetre fermes, eux aussi, "a l'interieur", et, par-dessus les
+volets, les barreaux intacts, des barreaux a travers lesquels vous
+n'auriez pas passe le bras... Et mademoiselle qui appelait au
+secours! ... Ou plutot non, on ne l'entendait plus... Elle etait
+peut-etre morte... Mais j'entendais encore, au fond du pavillon,
+monsieur qui essayait d'ebranler la porte...
+
+"Nous avons repris notre course, la concierge et moi, et nous
+sommes revenus au pavillon. La porte tenait toujours, malgre les
+coups furieux de M. Stangerson et de Bernier. Enfin elle ceda sous
+nos efforts enrages et, alors, qu'est-ce que nous avons vu?"Il
+faut vous dire que, derriere nous, la concierge tenait la lampe du
+laboratoire, une lampe puissante qui illuminait toute la chambre.
+
+"Il faut vous dire encore, monsieur, que la "Chambre Jaune" est
+toute petite. Mademoiselle l'avait meublee d'un lit en fer assez
+large, d'une petite table, d'une table de nuit, d'une toilette et
+de deux chaises. Aussi, a la clarte de la grande lampe que tenait
+la concierge, nous avons tout vu du premier coup d'oeil.
+Mademoiselle, dans sa chemise de nuit, etait par terre, au milieu
+d'un desordre incroyable. Tables et chaises avaient ete renversees
+montrant qu'il y avait eu la une serieuse "batterie". On avait
+certainement arrache mademoiselle de son lit; elle etait pleine de
+sang avec des marques d'ongles terribles au cou -- la chair du cou
+avait ete quasi arrachee par les ongles -- et un trou a la tempe
+droite par lequel coulait un filet de sang qui avait fait une
+petite mare sur le plancher. Quand M. Stangerson apercut sa fille
+dans un pareil etat, il se precipita sur elle en poussant un cri
+de desespoir que ca faisait pitie a entendre. Il constata que la
+malheureuse respirait encore et ne s'occupa que d'elle. Quant a
+nous, nous cherchions l'assassin, le miserable qui avait voulu
+tuer notre maitresse, et je vous jure, monsieur, que, si nous
+l'avions trouve, nous lui aurions fait un mauvais parti. Mais
+comment expliquer qu'il n'etait pas la, qu'il s'etait deja enfui?
+... Cela depasse toute imagination. Personne sous le lit, personne
+derriere les meubles, personne! Nous n'avons retrouve que ses
+traces; les marques ensanglantees d'une large main d'homme sur les
+murs et sur la porte, un grand mouchoir rouge de sang, sans aucune
+initiale, un vieux beret et la marque fraiche, sur le plancher, de
+nombreux pas d'homme. L'homme qui avait marche la avait un grand
+pied et les semelles laissaient derriere elles une espece de suie
+noiratre. Par ou cet homme etait-il passe? Par ou s'etait-il
+evanoui? N'oubliez pas, monsieur, qu'il n'y a pas de cheminee dans
+la "Chambre Jaune". Il ne pouvait s'etre echappe par la porte, qui
+est tres etroite et sur le seuil de laquelle la concierge est
+entree avec sa lampe, tandis que le concierge et moi nous
+cherchions l'assassin dans ce petit carre de chambre ou il est
+impossible de se cacher et ou, du reste, nous ne trouvions
+personne. La porte defoncee et rabattue sur le mur ne pouvait rien
+dissimuler, et nous nous en sommes assures. Par la fenetre restee
+fermee avec ses volets clos et ses barreaux auxquels on n'avait
+pas touche, aucune fuite n'avait ete possible. Alors? Alors... je
+commencais a croire au diable.
+
+"Mais voila que nous avons decouvert, par terre, "mon revolver".
+Oui, mon propre revolver... Ca, ca m'a ramene au sentiment de la
+realite! Le diable n'aurait pas eu besoin de me voler mon revolver
+pour tuer mademoiselle. L'homme qui avait passe la etait d'abord
+monte dans mon grenier, m'avait pris mon revolver dans mon tiroir
+et s'en etait servi pour ses mauvais desseins. C'est alors que
+nous avons constate, en examinant les cartouches, que l'assassin
+avait tire deux coups de revolver. Tout de meme, monsieur, j'ai eu
+de la veine, dans un pareil malheur, que M. Stangerson se soit
+trouve la, dans son laboratoire, quand l'affaire est arrivee et
+qu'il ait constate de ses propres yeux que je m'y trouvais moi
+aussi, car, avec cette histoire de revolver, je ne sais pas ou
+nous serions alles; pour moi, je serais deja sous les verrous. Il
+n'en faut pas davantage a la justice pour faire monter un homme
+sur l'echafaud!"
+
+Le redacteur du _matin_ fait suivre cette interview des lignes
+suivantes:
+
+"Nous avons laisse, sans l'interrompre, le pere Jacques nous
+raconter grossierement ce qu'il sait du crime de la "Chambre
+Jaune". Nous avons reproduit les termes memes dont il s'est servi;
+nous avons fait seulement grace au lecteur des lamentations
+continuelles dont il emaillait sa narration. C'est entendu, pere
+Jacques! C'est entendu, vous aimez bien vos maitres! Vous avez
+besoin qu'on le sache, et vous ne cessez de le repeter, surtout
+depuis la decouverte du revolver. C'est votre droit et nous n'y
+voyons aucun inconvenient! Nous aurions voulu poser bien des
+questions encore au pere Jacques -- Jacques-Louis Moustier -- mais
+on est venu justement le chercher de la part du juge d'instruction
+qui poursuivait son enquete dans la grande salle du chateau. Il
+nous a ete impossible de penetrer au Glandier, -- et, quant a la
+Chenaie, elle est gardee, dans un large cercle, par quelques
+policiers qui veillent jalousement sur toutes les traces qui
+peuvent conduire au pavillon et peut-etre a la decouverte de
+l'assassin.
+
+"Nous aurions voulu egalement interroger les concierges, mais ils
+sont invisibles. Enfin nous avons attendu dans une auberge, non
+loin de la grille du chateau, la sortie de M. de Marquet, le juge
+d'instruction de Corbeil. A cinq heures et demie, nous l'avons
+apercu avec son greffier. Avant qu'il ne montat en voiture, nous
+avons pu lui poser la question suivante:
+
+"-- Pouvez-vous, Monsieur De Marquet, nous donner quelque
+renseignement sur cette affaire, sans que cela gene votre
+instruction?
+
+"-- Il nous est impossible, nous repondit M. de Marquet, de dire
+quoi que ce soit. Du reste, c'est bien l'affaire la plus etrange
+que je connaisse. Plus nous croyons savoir quelque chose, plus
+nous ne savons rien!
+
+"Nous demandames a M. de Marquet de bien vouloir nous expliquer
+ces dernieres paroles. Et voici ce qu'il nous dit, dont
+l'importance n'echappera a personne:
+
+"-- Si rien ne vient s'ajouter aux constatations materielles
+faites aujourd'hui par le parquet, je crains bien que le mystere
+qui entoure l'abominable attentat dont Mlle Stangerson a ete
+victime ne soit pas pres de s'eclaircir; mais il faut esperer,
+pour la raison humaine, que les sondages des murs, du plafond et
+du plancher de la "Chambre Jaune", sondages auxquels je vais me
+livrer des demain avec l'entrepreneur qui a construit le pavillon
+il y a quatre ans, nous apporteront la preuve qu'il ne faut jamais
+desesperer de la logique des choses. Car le probleme est la: nous
+savons par ou l'assassin s'est introduit, -- il est entre par la
+porte et s'est cache sous le lit en attendant Mlle Stangerson;
+mais par ou est-il sorti? Comment a-t-il pu s'enfuir? Si l'on ne
+trouve ni trappe, ni porte secrete, ni reduit, ni ouverture
+d'aucune sorte, si l'examen des murs et meme leur demolition --
+car je suis decide, et M. Stangerson est decide a aller jusqu'a la
+demolition du pavillon -- ne viennent reveler aucun passage
+praticable, _non seulement pour un etre humain, mais_ _encore pour
+un etre quel qu'il soit_, si le plafond n'a pas de trou, si le
+plancher ne cache pas de souterrain, "il faudra bien croire au
+diable", comme dit le pere Jacques!"
+
+Et le redacteur anonyme fait remarquer, dans cet article --article
+que j'ai choisi comme etant le plus interessant de tous ceux qui
+furent publies ce jour-la sur la meme affaire -- que le juge
+d'instruction semblait mettre une certaine intention dans cette
+derniere phrase: il faudra bien croire au diable, comme dit le
+pere Jacques.
+
+L'article se termine sur ces lignes: "nous avons voulu savoir ce
+que le pere Jacques entendait par: "le cri de la Bete du Bon
+Dieu". On appelle ainsi le cri particulierement sinistre, nous a
+explique le proprietaire de l'auberge du Donjon, que pousse,
+quelquefois, la nuit, le chat d'une vieille femme, la mere
+"Agenoux", comme on l'appelle dans le pays. La mere "Agenoux "est
+une sorte de sainte qui habite une cabane, au coeur de la foret,
+non loin de la "grotte de Sainte-Genevieve".
+
+"La "Chambre Jaune", la "Bete du Bon Dieu", la mere Agenoux, le
+diable, sainte Genevieve, le pere Jacques, voila un crime bien
+embrouille, qu'un coup de pioche dans les murs nous debrouillera
+demain; esperons-le, du moins, pour la raison humaine, comme dit
+le juge d'instruction. En attendant, on croit que Mlle Stangerson,
+qui n'a cesse de delirer et qui ne prononce distinctement que ce
+mot: "Assassin! Assassin! Assassin! ..." ne passera pas la
+nuit..."
+
+Enfin, en derniere heure, le meme journal annoncait que le chef de
+la Surete avait telegraphie au fameux inspecteur Frederic Larsan,
+qui avait ete envoye a Londres pour une affaire de titres voles,
+de revenir immediatement a Paris.
+
+
+
+II
+Ou apparait pour la premiere fois Joseph Rouletabille
+
+
+Je me souviens, comme si la chose s'etait passee hier, de l'entree
+du jeune Rouletabille, dans ma chambre, ce matin-la. Il etait
+environ huit heures, et j'etais encore au lit, lisant l'article du
+_matin_, relatif au crime du Glandier.
+
+Mais, avant toute autre chose, le moment est venu de vous
+presenter mon ami.
+
+J'ai connu Joseph Rouletabille quand il etait petit reporter. A
+cette epoque, je debutais au barreau et j'avais souvent l'occasion
+de le rencontrer dans les couloirs des juges d'instruction, quand
+j'allais demander un "permis de communiquer"pour Mazas ou pour
+Saint-Lazare. Il avait, comme on dit, "une bonne balle". Sa tete
+etait ronde comme un boulet, et c'est a cause de cela, pensai-je,
+que ses camarades de la presse lui avaient donne ce surnom qui
+devait lui rester et qu'il devait illustrer."Rouletabille!" _ As-
+tu vu Rouletabille? -- Tiens! Voila ce "sacre"Rouletabille!" Il
+etait toujours rouge comme une tomate, tantot gai comme un pinson,
+et tantot serieux comme un pape. Comment, si jeune -- il avait,
+quand je le vis pour la premiere fois, seize ans et demi --
+gagnait-il deja sa vie dans la presse? Voila ce qu'on eut pu se
+demander si tous ceux qui l'approchaient n'avaient ete au courant
+de ses debuts. Lors de l'affaire de la femme coupee en morceaux de
+la rue Oberkampf -- encore une histoire bien oubliee -- il avait
+apporte au redacteur en chef de _l'Epoque_, journal qui etait
+alors en rivalite d'informations avec _Le Matin_, le pied gauche
+qui manquait dans le panier ou furent decouverts les lugubres
+debris. Ce pied gauche, la police le cherchait en vain depuis huit
+jours, et le jeune Rouletabille l'avait trouve dans un egout ou
+personne n'avait eu l'idee de l'y aller chercher. Il lui avait
+fallu, pour cela, s'engager dans une equipe d'egoutiers d'occasion
+que l'administration de la ville de Paris avait requisitionnee a
+la suite des degats causes par une exceptionnelle crue de la
+Seine.
+
+Quand le redacteur en chef fut en possession du precieux pied et
+qu'il eut compris par quelle suite d'intelligentes deductions un
+enfant avait ete amene a le decouvrir, il fut partage entre
+l'admiration que lui causait tant d'astuce policiere dans un
+cerveau de seize ans, et l'allegresse de pouvoir exhiber, a la
+"morgue-vitrine"du journal, "le pied gauche de la rue Oberkampf".
+
+"Avec ce pied, s'ecria-t-il, je ferai un article de tete."
+
+Puis, quand il eut confie le sinistre colis au medecin legiste
+attache a la redaction de _L'Epoque_, il demanda a celui qui
+allait etre bientot Rouletabille ce qu'il voulait gagner pour
+faire partie, en qualite de petit reporter, du service des "faits
+divers".
+
+"Deux cents francs par mois", fit modestement le jeune homme,
+surpris jusqu'a la suffocation d'une pareille proposition.
+
+"Vous en aurez deux cent cinquante, repartit le redacteur en chef;
+seulement vous declarerez a tout le monde que vous faites partie
+de la redaction depuis un mois. Qu'il soit bien entendu que ce
+n'est pas vous qui avez decouvert "le pied gauche de la rue
+Oberkampf", mais le journal _L'Epoque_. Ici, mon petit ami,
+l'individu n'est rien; le journal est tout!"
+
+Sur quoi il pria le nouveau redacteur de se retirer. Sur le seuil
+de la porte, il le retint cependant pour lui demander son nom.
+L'autre repondit:
+
+"Joseph Josephin.
+
+-- Ca n'est pas un nom, ca, fit le redacteur en chef, mais puisque
+vous ne signez pas, ca n'a pas d'importance..."
+
+Tout de suite, le redacteur imberbe se fit beaucoup d'amis, car il
+etait serviable et doue d'une bonne humeur qui enchantait les plus
+grognons, et desarma les plus jaloux. Au cafe du Barreau ou les
+reporters de faits divers se reunissaient alors avant de monter au
+parquet ou a la prefecture chercher leur crime quotidien, il
+commenca de se faire une reputation de debrouillard qui franchit
+bientot les portes memes du cabinet du chef de la Surete! Quand
+une affaire en valait la peine et que Rouletabille --il etait deja
+en possession de son surnom -- avait ete lance sur la piste de
+guerre par son redacteur en chef, il lui arrivait souvent de
+"damer le pion"aux inspecteurs les plus renommes.
+
+C'est au cafe du Barreau que je fis avec lui plus ample
+connaissance. Avocats, criminels et journalistes ne sont point
+ennemis, les uns ayant besoin de reclame et les autres de
+renseignements. Nous causames et j'eprouvai tout de suite une
+grande sympathie pour ce brave petit bonhomme de Rouletabille. Il
+etait d'une intelligence si eveillee et si originale! Et il avait
+une qualite de pensee que je n'ai jamais retrouvee ailleurs.
+
+A quelque temps de la, je fus charge de la chronique judiciaire au
+_Cri du Boulevard_. Mon entree dans le journalisme ne pouvait que
+resserrer les liens d'amitie qui, deja, s'etaient noues entre
+Rouletabille et moi. Enfin, mon nouvel ami ayant eu l'idee d'une
+petite correspondance judiciaire qu'on lui faisait signer
+"Business" a son journal _L'Epoque_, je fus a meme de lui fournir
+souvent les renseignements de droit dont il avait besoin.
+
+Pres de deux annees se passerent ainsi, et plus j'apprenais a le
+connaitre, plus je l'aimais, car, sous ses dehors de joyeuse
+extravagance, je l'avais decouvert extraordinairement serieux pour
+son age. Enfin, plusieurs fois, moi qui etais habitue a le voir
+tres gai et souvent trop gai, je le trouvai plonge dans une
+tristesse profonde. Je voulus le questionner sur la cause de ce
+changement d'humeur, mais chaque fois il se reprit a rire et ne
+repondit point. Un jour, l'ayant interroge sur ses parents, dont
+il ne parlait jamais, il me quitta, faisant celui qui ne m'avait
+pas entendu.
+
+Sur ces entrefaites eclata la fameuse affaire de la "Chambre
+Jaune", qui devait non seulement le classer le premier des
+reporters, mais encore en faire le premier policier du monde,
+double qualite qu'on ne saurait s'etonner de trouver chez la meme
+personne, attendu que la presse quotidienne commencait deja a se
+transformer et a devenir ce qu'elle est a peu pres aujourd'hui: la
+gazette du crime. Des esprits moroses pourront s'en plaindre; moi
+j'estime qu'il faut s'en feliciter. On n'aura jamais assez
+d'armes, publiques ou privees, contre le criminel. A quoi ces
+esprits moroses repliquent qu'a force de parler de crimes, la
+presse finit par les inspirer. Mais il y a des gens, n'est-ce pas?
+Avec lesquels on n'a jamais raison...
+
+Voici donc Rouletabille dans ma chambre, ce matin-la, 26 octobre
+1892. Il etait encore plus rouge que de coutume; les yeux lui
+sortaient de la tete, comme on dit, et il paraissait en proie a
+une serieuse exaltation. Il agitait _Le Matin_ d'une main febrile.
+Il me cria:
+
+-- Eh bien, mon cher Sainclair... Vous avez lu? ...
+
+-- Le crime du Glandier?
+
+-- Oui; la "Chambre Jaune!"Qu'est-ce que vous en pensez?
+
+-- Dame, je pense que c'est le "diable" ou la "Bete du Bon Dieu"
+qui a commis le crime.
+
+-- Soyez serieux.
+
+-- Eh bien, je vous dirai que je ne crois pas beaucoup aux
+assassins qui s'enfuient a travers les murs. Le pere Jacques, pour
+moi, a eu tort de laisser derriere lui l'arme du crime et, comme
+il habite au-dessus de la chambre de Mlle Stangerson, l'operation
+architecturale a laquelle le juge d'instruction doit se livrer
+aujourd'hui va nous donner la clef de l'enigme, et nous ne
+tarderons pas a savoir par quelle trappe naturelle ou par quelle
+porte secrete le bonhomme a pu se glisser pour revenir
+immediatement dans le laboratoire, aupres de M. Stangerson qui ne
+se sera apercu de rien. Que vous dirais-je? C'est une hypothese!
+..."
+
+Rouletabille s'assit dans un fauteuil, alluma sa pipe, qui ne le
+quittait jamais, fuma quelques instants en silence, le temps sans
+doute de calmer cette fievre qui, visiblement, le dominait, et
+puis il me meprisa:
+
+-- Jeune homme! Fit-il, sur un ton dont je n'essaierai point de
+rendre la regrettable ironie, jeune homme... vous etes avocat, et
+je ne doute pas de votre talent a faire acquitter les coupables;
+mais, si vous etes un jour magistrat instructeur, combien vous
+sera-t-il facile de faire condamner les innocents!... Vous etes
+vraiment doue, jeune homme."
+
+Sur quoi, il fuma avec energie, et reprit:
+
+"On ne trouvera aucune trappe, et le mystere de la "Chambre Jaune"
+deviendra de plus, plus en plus mysterieux. Voila pourquoi il
+m'interesse. Le juge d'instruction a raison: on n'aura jamais vu
+quelque chose de plus etrange que ce crime-la...
+
+-- Avez-vous quelque idee du chemin que l'assassin a pu prendre
+pour s'enfuir? demandai-je.
+
+-- Aucune, me repondit Rouletabille, aucune pour le moment... Mais
+j'ai deja mon idee faite sur le revolver, par exemple... Le
+revolver n'a pas servi a l'assassin...
+
+-- Et a qui donc a-t-il servi, mon Dieu? ...
+
+-- Eh bien, mais... "a Mlle Stangerson..."
+
+-- Je ne comprends plus, fis-je... Ou mieux je n'ai jamais
+compris..."
+
+Rouletabille haussa les epaules:
+
+"Rien ne vous a particulierement frappe dans l'article du _Matin_?
+
+-- Ma foi non... j'ai trouve tout ce qu'il raconte egalement
+bizarre...
+
+-- Eh bien, mais... et la porte fermee a clef?
+
+-- C'est la seule chose naturelle du recit...
+
+-- Vraiment! ... Et le verrou? ...
+
+-- Le verrou?
+
+-- Le verrou pousse a l'interieur? ... Voila bien des precautions
+prises par Mlle Stangerson... "Mlle Stangerson, quant a moi,
+savait qu'elle avait a craindre quelqu'un; elle avait pris ses
+precautions; "elle avait meme pris le revolver du pere Jacques",
+sans lui en parler. Sans doute, elle ne voulait effrayer personne;
+elle ne voulait surtout pas effrayer son pere... "Ce que Mlle
+Stangerson redoutait est arrive..." et elle s'est defendue, et il
+y a eu bataille et elle s'est servie assez adroitement de son
+revolver pour blesser l'assassin a la main -- ainsi s'explique
+l'impression de la large main d'homme ensanglantee sur le mur et
+sur la porte, de l'homme qui cherchait presque a tatons une issue
+pour fuir -- mais elle n'a pas tire assez vite pour echapper au
+coup terrible qui venait la frapper a la tempe droite.
+
+-- Ce n'est donc point le revolver qui a blesse Mlle Stangerson a
+la tempe?
+
+-- Le journal ne le dit pas, et, quant a moi, je ne le pense pas;
+toujours parce qu'il m'apparait logique que le revolver a servi a
+Mlle Stangerson contre l'assassin. Maintenant, quelle etait l'arme
+de l'assassin? Ce coup a la tempe semblerait attester que
+l'assassin a voulu assommer Mlle Stangerson... Apres avoir
+vainement essaye de l'etrangler... L'assassin devait savoir que le
+grenier etait habite par le pere Jacques, et c'est une des raisons
+pour lesquelles, je pense, il a voulu operer avec une "arme de
+silence", une matraque peut-etre, ou un marteau...
+
+-- Tout cela ne nous explique pas, fis-je, comment notre assassin
+est sorti de la "Chambre Jaune"!
+
+-- Evidemment, repondit Rouletabille en se levant, et, comme il
+faut l'expliquer, je vais au chateau du Glandier, et je viens vous
+chercher pour que vous y veniez avec moi...
+
+-- Moi!
+
+-- Oui, cher ami, j'ai besoin de vous. _L'Epoque_ m'a charge
+definitivement de cette affaire, et il faut que je l'eclaircisse
+au plus vite.
+
+-- Mais en quoi puis-je vous servir?
+
+-- M. Robert Darzac est au chateau du Glandier.
+
+-- C'est vrai... son desespoir doit etre sans bornes!
+
+-- Il faut que je lui parle..."
+
+Rouletabille prononca cette phrase sur un ton qui me surprit:
+
+"Est-ce que... Est-ce que vous croyez a quelque chose
+d'interessant de ce cote? ... demandai-je.
+
+-- Oui."
+
+Et il ne voulut pas en dire davantage. Il passa dans mon salon en
+me priant de hater ma toilette.
+
+Je connaissais M. Robert Darzac pour lui avoir rendu un tres gros
+service judiciaire dans un proces civil, alors que j'etais
+secretaire de maitre Barbet-Delatour. M. Robert Darzac, qui avait,
+a cette epoque, une quarantaine d'annees, etait professeur de
+physique a la Sorbonne. Il etait intimement lie avec les
+Stangerson, puisque apres sept ans d'une cour assidue, il se
+trouvait enfin sur le point de se marier avec Mlle Stangerson,
+personne d'un certain age (elle devait avoir dans les trente-cinq
+ans), mais encore remarquablement jolie.
+
+Pendant que je m'habillais, je criai a Rouletabille qui
+s'impatientait dans mon salon:
+
+"Est-ce que vous avez une idee sur la condition de l'assassin?
+
+-- Oui, repondit-il, je le crois sinon un homme du monde, du moins
+d'une classe assez elevee... Ce n'est encore qu'une impression...
+
+-- Et qu'est-ce qui vous la donne, cette impression?
+
+-- Eh bien, mais, repliqua le jeune homme, le beret crasseux, le
+mouchoir vulgaire et les traces de la chaussure grossiere sur le
+plancher...
+
+-- Je comprends, fis-je; on ne laisse pas tant de traces derriere
+soi, "quand elles sont l'expression de la verite!"
+
+-- On fera quelque chose de vous, mon cher Sainclair!" conclut
+Rouletabille.
+
+
+III
+"Un homme a passe comme une ombre a travers les volets"
+
+
+Une demi-heure plus tard, nous etions, Rouletabille et moi, sur le
+quai de la gare d'Orleans, attendant le depart du train qui allait
+nous deposer a Epinay-sur-Orge. Nous vimes arriver le parquet de
+Corbeil, represente par M. de Marquet et son greffier. M. de
+Marquet avait passe la nuit a Paris avec son greffier pour
+assister, a la Scala, a la repetition generale d'une revuette dont
+il etait l'auteur masque et qu'il avait signe simplement:"Castigat
+Ridendo."
+
+M. de Marquet commencait d'etre un noble vieillard. Il etait, a
+l'ordinaire, plein de politesse et de "galantise", et n'avait eu,
+toute sa vie, qu'une passion: celle de l'art dramatique. Dans sa
+carriere de magistrat, il ne s'etait veritablement interesse
+qu'aux affaires susceptibles de lui fournir au moins la nature
+d'un acte. Bien que, decemment apparente, il eut pu aspirer aux
+plus hautes situations judiciaires, il n'avait jamais travaille,
+en realite, que pour "arriver"a la romantique Porte Saint-Martin
+ou a l'Odeon pensif. Un tel ideal l'avait conduit, sur le tard, a
+etre juge d'instruction a Corbeil, et a signer "Castigat Ridendo"
+un petit acte indecent a la Scala.
+
+L'affaire de la "Chambre Jaune", par son cote inexplicable, devait
+seduire un esprit aussi... litteraire. Elle l'interessa
+prodigieusement; et M. de Marquet s'y jeta moins comme un
+magistrat avide de connaitre la verite que comme un amateur
+d'imbroglios dramatiques dont toutes les facultes sont tendues
+vers le mystere de l'intrigue, et qui ne redoute cependant rien
+tant que d'arriver a la fin du dernier acte, ou tout s'explique.
+
+Ainsi, dans le moment que nous le rencontrames, j'entendis M. de
+Marquet dire avec un soupir a son greffier:
+
+"Pourvu, mon cher monsieur Maleine, pourvu que cet entrepreneur,
+avec sa pioche, ne nous demolisse pas un aussi beau mystere!
+
+-- N'ayez crainte, repondit M. Maleine, sa pioche demolira peut-
+etre le pavillon, mais elle laissera notre affaire intacte. J'ai
+tate les murs et etudie plafond et plancher, et je m'y connais. On
+ne me trompe pas. Nous pouvons etre tranquilles. Nous ne saurons
+rien.
+
+Ayant ainsi rassure son chef, M. Maleine nous designa d'un
+mouvement de tete discret a M. de Marquet. La figure de celui-ci
+se renfrogna et, comme il vit venir a lui Rouletabille qui, deja,
+se decouvrait, il se precipita sur une portiere et sauta dans le
+train en jetant a mi-voix a son greffier: "surtout, pas de
+journalistes!"
+
+M. Maleine repliqua: "Compris!", arreta Rouletabille dans sa
+course et eut la pretention de l'empecher de monter dans le
+compartiment du juge d'instruction.
+
+"Pardon, messieurs! Ce compartiment est reserve...
+
+-- Je suis journaliste, monsieur, redacteur a _l'Epoque_, fit mon
+jeune ami avec une grande depense de salutations et de politesses,
+et j'ai un petit mot a dire a M. de Marquet.
+
+-- M. de Marquet est tres occupe par son enquete...
+
+-- Oh! Son enquete m'est absolument indifferente, veuillez le
+croire... Je ne suis pas, moi, un redacteur de chiens ecrases,
+declara le jeune Rouletabille dont la levre inferieure exprimait
+alors un mepris infini pour la litterature des "faits diversiers"
+; je suis courrieriste des theatres... Et comme je dois faire, ce
+soir, un petit compte rendu de la revue de la Scala...
+
+-- Montez, monsieur, je vous en prie...", fit le greffier
+s'effacant.
+
+Rouletabille etait deja dans le compartiment. Je l'y suivis. Je
+m'assis a ses cotes; le greffier monta et ferma la portiere.
+
+M. de Marquet regardait son greffier.
+
+-- Oh! Monsieur, debuta Rouletabille, n'en veuillez pas "a ce
+brave homme"si j'ai force la consigne; ce n'est pas a M. de
+Marquet que je veux avoir l'honneur de parler: c'est a M.
+"Castigat Ridendo"! ... Permettez-moi de vous feliciter, en tant
+que courrieriste theatral a _l'Epoque_..."
+
+Et Rouletabille, m'ayant presente d'abord, se presenta ensuite.
+
+M. de Marquet, d'un geste inquiet, caressait sa barbe en pointe.
+Il exprima en quelques mots a Rouletabille qu'il etait trop
+modeste auteur pour desirer que le voile de son pseudonyme fut
+publiquement leve, et il esperait bien que l'enthousiasme du
+journaliste pour l'oeuvre du dramaturge n'irait point jusqu'a
+apprendre aux populations que M. "Castigat Ridendo" n'etait autre
+que le juge d'instruction de Corbeil.
+
+"L'oeuvre de l'auteur dramatique pourrait nuire, ajouta-t-il,
+apres une legere hesitation, a l'oeuvre du magistrat... surtout en
+province ou l'on est reste un peu routinier...
+
+-- Oh! Comptez sur ma discretion!" s'ecria Rouletabille en levant
+des mains qui attestaient le Ciel.
+
+Le train s'ebranlait alors...
+
+"Nous partons! fit le juge d'instruction, surpris de nous voir
+faire le voyage avec lui.
+
+-- Oui, monsieur, la verite se met en marche... dit en souriant
+aimablement le reporter... en marche vers le chateau du
+Glandier... Belle affaire, monsieur De Marquet, belle affaire! ...
+
+-- Obscure affaire! Incroyable, insondable, inexplicable
+affaire... et je ne crains qu'une chose, monsieur Rouletabille...
+c'est que les journalistes se melent de la vouloir expliquer..."
+
+Mon ami sentit le coup droit.
+
+"Oui, fit-il simplement, il faut le craindre... Ils se melent de
+tout... Quant a moi, je ne vous parle que parce que le hasard,
+monsieur le juge d'instruction, le pur hasard, m'a mis sur votre
+chemin et presque dans votre compartiment.
+
+-- Ou allez-vous donc, demanda M. de Marquet.
+
+-- Au chateau du Glandier", fit sans broncher Rouletabille.
+
+M. de Marquet sursauta.
+
+"Vous n'y entrerez pas, monsieur Rouletabille! ...
+
+-- Vous vous y opposerez? fit mon ami, deja pret a la bataille.
+
+-- Que non pas! J'aime trop la presse et les journalistes pour
+leur etre desagreable en quoi que ce soit, mais M. Stangerson a
+consigne sa porte a tout le monde. Et elle est bien gardee. Pas un
+journaliste, hier, n'a pu franchir la grille du Glandier.
+
+-- Tant mieux, repliqua Rouletabille, j'arrive bien."
+
+M. de Marquet se pinca les levres et parut pret a conserver un
+obstine silence. Il ne se detendit un peu que lorsque Rouletabille
+ne lui eut pas laisse ignorer plus longtemps que nous nous
+rendions au Glandier pour y serrer la main "d'un vieil ami
+intime", declara-t-il, en parlant de M. Robert Darzac, qu'il avait
+peut-etre vu une fois dans sa vie.
+
+"Ce pauvre Robert! continua le jeune reporter... Ce pauvre Robert!
+il est capable d'en mourir... Il aimait tant Mlle Stangerson...
+
+-- La douleur de M. Robert Darzac fait, il est vrai, peine a voir
+... laissa echapper comme a regret M. de Marquet...
+
+-- Mais il faut esperer que Mlle Stangerson sera sauvee...
+
+-- Esperons-le... son pere me disait hier que, si elle devait
+succomber, il ne tarderait point, quant a lui, a l'aller rejoindre
+dans la tombe... Quelle perte incalculable pour la science!
+
+-- La blessure a la tempe est grave, n'est-ce pas? ...
+
+-- Evidemment! Mais c'est une chance inouie qu'elle n'ait pas ete
+mortelle... Le coup a ete donne avec une force! ...
+
+-- Ce n'est donc pas le revolver qui a blesse Mlle Stangerson",
+fit Rouletabille... en me jetant un regard de triomphe...
+
+M. de Marquet parut fort embarrasse.
+
+"Je n'ai rien dit, je ne veux rien dire, et je ne dirai rien!"
+
+Et il se tourna vers son greffier, comme s'il ne nous connaissait
+plus...
+
+Mais on ne se debarrassait pas ainsi de Rouletabille. Celui-ci
+s'approcha du juge d'instruction, et, montrant _le_ _Matin_, qu'il
+tira de sa poche, il lui dit:
+
+"Il y a une chose, monsieur le juge d'instruction, que je puis
+vous demander sans commettre d'indiscretion. Vous avez lu le recit
+du _Matin_? Il est absurde, n'est-ce pas?
+
+-- Pas le moins du monde, monsieur...
+
+-- Eh quoi! La "Chambre Jaune" n'a qu'une fenetre grillee "dont
+les barreaux n'ont pas ete descelles, et une porte que l'on
+defonce..." et l'on n'y trouve pas l'assassin!
+
+-- C'est ainsi, monsieur! C'est ainsi! ... C'est ainsi que la
+question se pose! ..."
+
+Rouletabille ne dit plus rien et partit pour des pensers
+inconnus... Un quart d'heure ainsi s'ecoula.
+
+Quant il revint a nous, il dit, s'adressant encore au juge
+d'instruction:
+
+-- Comment etait, ce soir-la, la coiffure de Mlle Stangerson?
+
+-- Je ne saisis pas, fit M. de Marquet.
+
+-- Ceci est de la derniere importance, repliqua Rouletabille. _Les
+cheveux en bandeaux, n'est-ce pas? Je suis sur qu'elle portait ce
+soir-la, le soir du drame, les cheveux en bandeaux!_
+
+-- Eh bien, monsieur Rouletabille, vous etes dans l'erreur,
+repondit le juge d'instruction; Mlle Stangerson etait coiffee, ce
+soir-la, les cheveux releves entierement en torsade sur la tete...
+Ce doit etre sa coiffure habituelle... Le front entierement
+decouvert..., je puis vous l'affirmer, car nous avons examine
+longuement la blessure. Il n'y avait pas de sang aux cheveux... et
+l'on n'avait pas touche a la coiffure depuis l'attentat.
+
+-- Vous etes sur! Vous etes sur que Mlle Stangerson, la nuit de
+l'attentat, n'avait pas "la coiffure en bandeaux"? ...
+
+-- Tout a fait certain, continua le juge en souriant... car,
+justement, j'entends encore le docteur me dire pendant que
+j'examinais la blessure: "C'est grand dommage que Mlle Stangerson
+ait l'habitude de se coiffer les cheveux releves sur le front. Si
+elle avait porte la coiffure en bandeaux, le coup qu'elle a recu a
+la tempe aurait ete amorti." Maintenant, je vous dirai qu'il est
+etrange que vous attachiez de l'importance...
+
+-- Oh! Si elle n'avait pas les cheveux en bandeaux! gemit
+Rouletabille, ou allons-nous? ou allons-nous? Il faudra que je me
+renseigne.
+
+Et il eut un geste desole.
+
+"Et la blessure a la tempe est terrible? demanda-t-il encore.
+
+-- Terrible.
+
+-- Enfin, par quelle arme a-t-elle ete faite?
+
+-- Ceci, monsieur, est le secret de l'instruction.
+
+-- Avez-vous retrouve cette arme?"
+
+Le juge d'instruction ne repondit pas.
+
+"Et la blessure a la gorge?"
+
+Ici, le juge d'instruction voulut bien nous confier que la
+blessure a la gorge etait telle que l'on pouvait affirmer, de
+l'avis meme des medecins, que, "si l'assassin avait serre cette
+gorge quelques secondes de plus, Mlle Stangerson mourait
+etranglee".
+
+"L'affaire, telle que la rapporte _Le Matin_, reprit Rouletabille,
+acharne, me parait de plus en plus inexplicable. Pouvez-vous me
+dire, monsieur le juge, quelles sont les ouvertures du pavillon,
+portes et fenetres?
+
+-- Il y en a cinq, repondit M. de Marquet, apres avoir tousse deux
+ou trois fois, mais ne resistant plus au desir qu'il avait
+d'etaler tout l'incroyable mystere de l'affaire qu'il instruisait.
+Il y en a cinq, dont la porte du vestibule qui est la seule porte
+d'entree du pavillon, porte toujours automatiquement fermee, et ne
+pouvant s'ouvrir, soit de l'interieur, soit de l'exterieur, que
+par deux clefs speciales qui ne quittent jamais le pere Jacques et
+M. Stangerson. Mlle Stangerson n'en a point besoin puisque le pere
+Jacques est a demeure dans le pavillon et que, dans la journee,
+elle ne quitte point son pere. Quand ils se sont precipites tous
+les quatre dans la "Chambre Jaune" dont ils avaient enfin defonce
+la porte, la porte d'entree du vestibule, elle, etait restee
+fermee comme toujours, et les deux clefs de cette porte etaient
+l'une dans la poche de M. Stangerson, l'autre dans la poche du
+pere Jacques. Quant aux fenetres du pavillon, elles sont
+quatre:l'unique fenetre de la "Chambre Jaune", les deux fenetres
+du laboratoire et la fenetre du vestibule. La fenetre de la
+"Chambre Jaune" et celles du laboratoire donnent sur la campagne;
+seule la fenetre du vestibule donne dans le parc.
+
+-- _C'est par cette fenetre-la qu'il s'est sauve du pavillon!_
+s'ecria Rouletabille.
+
+-- Comment le savez-vous? fit M. de Marquet en fixant sur mon ami
+un etrange regard.
+
+-- Nous verrons plus tard comment l'assassin s'est enfui de la
+"Chambre Jaune", repliqua Rouletabille, mais il a du quitter le
+pavillon par la fenetre du vestibule...
+
+-- Encore une fois, comment le savez-vous?
+
+-- Eh! mon Dieu! c'est bien simple. Du moment qu'"il" ne peut
+s'enfuir par la porte du pavillon, il faut bien qu'il passe par
+une fenetre, et il faut qu'il y ait au moins, pour qu'il passe,
+une fenetre qui ne soit pas grillee. La fenetre de la "Chambre
+Jaune" est grillee, parce qu'elle donne sur la campagne; les deux
+fenetres du laboratoire doivent l'etre certainement pour la meme
+raison. "Puisque l'assassin s'est enfui", j'imagine qu'il a trouve
+une fenetre sans barreaux, et ce sera celle du vestibule qui donne
+sur le parc, c'est-a-dire a l'interieur de la propriete. Cela
+n'est pas sorcier! ...
+
+-- Oui, fit M. de Marquet, mais ce que vous ne pourriez deviner,
+c'est que cette fenetre du vestibule, qui est la seule, en effet,
+a n'avoir point de barreaux, possede de solides volets de fer.
+_Or, ces volets de fer sont restes fermes a l'interieur par leur
+loquet_ _de fer, et cependant nous avons la preuve que l'assassin
+s'est, en effet,_ _enfui du pavillon par cette meme fenetre!_ Des
+traces de sang sur le mur a l'interieur et sur les volets et des
+pas sur la terre, des pas entierement semblables a ceux dont j'ai
+releve la mesure dans la "Chambre Jaune", attestent bien que
+l'assassin s'est enfui par la! Mais alors! Comment a-t-il fait,
+_puisque les volets sont restes fermes a l'interieur?_ Il a passe
+comme une ombre a travers les volets. Et, enfin, le plus affolant
+de tout, n'est-ce point la trace retrouvee de l'assassin au moment
+ou il fuit du pavillon, quand il est impossible de se faire la
+moindre idee de la facon dont l'assassin est sorti de la "Chambre
+Jaune", _ni comment il a traverse forcement le laboratoire pour_
+_arriver au vestibule!_ Ah! oui, monsieur Rouletabille, cette
+affaire est hallucinante... C'est une belle affaire, allez! Et
+dont on ne trouvera pas la clef d'ici longtemps, je l'espere bien!
+...
+
+-- Vous esperez quoi, monsieur le juge d'instruction? ..."
+
+M. de Marquet rectifia:
+
+-- "... Je ne l'espere pas... Je le crois...
+
+-- On aurait donc referme la fenetre, a l'interieur, apres la
+fuite de l'assassin? demanda Rouletabille...
+
+-- Evidemment, voila ce qui me semble, pour le moment, naturel
+quoique inexplicable... car il faudrait un complice ou des
+complices... et je ne les vois pas..."
+
+Apres un silence, il ajouta:
+
+"Ah! Si Mlle Stangerson pouvait aller assez bien aujourd'hui pour
+qu'on l'interrogeat..."
+
+Rouletabille, poursuivant sa pensee, demanda:
+
+"Et le grenier? Il doit y avoir une ouverture au grenier?
+
+-- Oui, je ne l'avais pas comptee, en effet; cela fait six
+ouvertures; il y a la-haut une petite fenetre, plutot une lucarne,
+et, comme elle donne sur l'exterieur de la propriete, M.
+Stangerson l'a fait egalement garnir de barreaux. A cette lucarne,
+comme aux fenetres du rez-de-chaussee, les barreaux sont restes
+intacts et les volets, qui s'ouvrent naturellement en dedans, sont
+restes fermes en dedans. Du reste, nous n'avons rien decouvert qui
+puisse nous faire soupconner le passage de l'assassin dans le
+grenier.
+
+-- Pour vous, donc, il n'est point douteux, monsieur le juge
+d'instruction, que l'assassin s'est enfui -- sans que l'on sache
+comment -- par la fenetre du vestibule!
+
+-- Tout le prouve...
+
+Je le crois aussi", obtempera gravement Rouletabille.
+
+Puis un silence, et il reprit:
+
+-- Si vous n'avez trouve aucune trace de l'assassin dans le
+grenier, comme par exemple, ces pas noiratres que l'on releve sur
+le parquet de la "Chambre Jaune", vous devez etre amene a croire
+que ce n'est point lui qui a vole le revolver du pere Jacques...
+
+-- Il n'y a de traces, au grenier, que celles du pere Jacques",
+fit le juge avec un haussement de tete significatif...
+
+Et il se decida a completer sa pensee:
+
+"Le pere Jacques etait avec M. Stangerson... C'est heureux pour
+lui...
+
+-- Alors, _quid_ du role du revolver du pere Jacques dans le
+drame? Il semble bien demontre que cette arme a moins blesse Mlle
+Stangerson qu'elle n'a blesse l'assassin..."
+
+Sans repondre a cette question, qui sans doute l'embarrassait, M.
+de Marquet nous apprit qu'on avait retrouve les deux balles dans
+la "Chambre Jaune", l'une dans un mur, le mur ou s'etalait la main
+rouge -- une main rouge d'homme -- l'autre dans le plafond.
+
+"Oh! oh! dans le plafond! repeta a mi-voix Rouletabille...
+Vraiment... dans le plafond! Voila qui est fort curieux... dans le
+plafond! ...
+
+Il se mit a fumer en silence, s'entourant de tabagie. Quand nous
+arrivames a Epinay-sur-Orge, je dus lui donner un coup sur
+l'epaule pour le faire descendre de son reve et sur le quai.
+
+La, le magistrat et son greffier nous saluerent, nous faisant
+comprendre qu'ils nous avaient assez vus; puis ils monterent
+rapidement dans un cabriolet qui les attendait.
+
+ "Combien de temps faut-il pour aller a pied d'ici au chateau du
+Glandier? demanda Rouletabille a un employe de chemin de fer.
+
+-- Une heure et demie, une heure trois quarts, sans se presser",
+repondit l'homme.
+
+Rouletabille regarda le ciel, le trouva a sa convenance et, sans
+doute, a la mienne, car il me prit sous le bras et me dit:
+
+"Allons! ... J'ai besoin de marcher.
+
+-- Eh bien! lui demandai-je. Ca se debrouille? ...
+
+-- Oh! fit-il, oh! il n'y a rien de debrouille du tout! ... _C'est
+encore plus embrouille qu'avant!_ Il est vrai que j'ai une idee...
+
+-- Dites-la.
+
+-- Oh! Je ne peux rien dire pour le moment... Mon idee est une
+question de vie ou de mort pour deux personnes au moins...
+
+-- Croyez-vous a des complices?
+
+-- Je n'y crois pas..."
+
+Nous gardames un instant le silence, puis il reprit:
+
+"C'est une veine d'avoir rencontre ce juge d'instruction et son
+greffier... Hein! que vous avais-je dit pour le revolver? ...
+
+Il avait le front penche vers la route, les mains dans les poches,
+et il sifflotait. Au bout d'un instant, je l'entendis murmurer:
+
+"Pauvre femme! ...
+
+-- C'est Mlle Stangerson que vous plaignez? ...
+
+-- Oui, c'est une tres noble femme, et tout a fait digne de pitie!
+... C'est un tres grand, un tres grand caractere... j'imagine...
+j'imagine...
+
+-- Vous connaissez donc Mlle Stangerson?
+
+-- Moi, pas du tout... Je ne l'ai vue qu'une fois...
+
+-- Pourquoi dites-vous: c'est un tres grand caractere? ...
+
+-- Parce qu'elle a su tenir tete a l'assassin, parce qu'elle s'est
+defendue avec courage, _et surtout, surtout, a cause de la balle_
+_dans le plafond."_
+
+Je regardai Rouletabille, me demandant _in petto_ s'il ne se
+moquait pas tout a fait de moi ou s'il n'etait pas devenu
+subitement fou. Mais je vis bien que le jeune homme n'avait jamais
+eu moins envie de rire, et l'eclat intelligent de ses petits yeux
+ronds me rassura sur l'etat de sa raison. Et puis, j'etais un peu
+habitue a ses propos rompus... rompus pour moi qui n'y trouvais
+souvent qu'incoherence et mystere jusqu'au moment ou, en quelques
+phrases rapides et nettes, il me livrait le fil de sa pensee.
+Alors, tout s'eclairait soudain; les mots qu'il avait dits, et qui
+m'avaient paru vides de sens, se reliaient avec une facilite et
+une logique telles "que je ne pouvais comprendre comment je
+n'avais pas compris plus tot".
+
+
+
+IV
+"Au sein d'une nature sauvage"
+
+
+Le chateau du Glandier est un des plus vieux chateaux de ce pays
+d'Ile-de-France, ou se dressent encore tant d'illustres pierres de
+l'epoque feodale. Bati au coeur des forets, sous Philippe le Bel,
+il apparait a quelques centaines de metres de la route qui conduit
+du village de Sainte-Genevieve-des-Bois a Montlhery. Amas de
+constructions disparates, il est domine par un donjon. Quand le
+visiteur a gravi les marches branlantes de cet antique donjon et
+qu'il debouche sur la petite plate-forme ou, au XVIIe siecle,
+Georges-Philibert de Sequigny, seigneur du Glandier, Maisons-
+Neuves et autres lieux, a fait edifier la lanterne actuelle, d'un
+abominable style rococo, on apercoit, a trois lieues de la, au-
+dessus de la vallee et de la plaine, l'orgueilleuse tour de
+Montlhery. Donjon et tour se regardent encore, apres tant de
+siecles, et semblent se raconter, au-dessus des forets verdoyantes
+ou des bois morts, les plus vieilles legendes de l'histoire de
+France. On dit que le donjon du Glandier veille sur une ombre
+heroique et sainte, celle de la bonne patronne de Paris, devant
+qui recula Attila. Sainte Genevieve dort la son dernier sommeil
+dans les vieilles douves du chateau. L'ete, les amoureux,
+balancant d'une main distraite le panier des dejeuners sur
+l'herbe, viennent rever ou echanger des serments devant la tombe
+de la sainte, pieusement fleurie de myosotis. Non loin de cette
+tombe est un puits qui contient, dit-on, une eau miraculeuse. La
+reconnaissance des meres a eleve en cet endroit une statue a
+sainte Genevieve et suspendu sous ses pieds les petits chaussons
+ou les bonnets des enfants sauves par cette onde sacree.
+
+C'est dans ce lieu qui semblait devoir appartenir tout entier au
+passe que le professeur Stangerson et sa fille etaient venus
+s'installer pour preparer la science de l'avenir. Sa solitude au
+fond des bois leur avait plu tout de suite. Ils n'auraient la,
+comme temoins de leurs travaux et de leurs espoirs, que de
+vieilles pierres et de grands chenes. Le Glandier, autrefois
+"Glandierum", s'appelait ainsi du grand nombre de glands que, de
+tout temps, on avait recueillis en cet endroit. Cette terre,
+aujourd'hui tristement celebre, avait reconquis, grace a la
+negligence ou a l'abandon des proprietaires, l'aspect sauvage
+d'une nature primitive; seuls, les batiments qui s'y cachaient
+avaient conserve la trace d'etranges metamorphoses. Chaque siecle
+y avait laisse son empreinte: un morceau d'architecture auquel se
+reliait le souvenir de quelque evenement terrible, de quelque
+rouge aventure; et, tel quel, ce chateau, ou allait se refugier la
+science, semblait tout designe a servir de theatre a des mysteres
+d'epouvante et de mort.
+
+Ceci dit, je ne puis me defendre d'une reflexion. La voici:
+
+Si je me suis attarde quelque peu a cette triste peinture du
+Glandier, ce n'est point que j'aie trouve ici l'occasion
+dramatique de "creer" l'atmospherenecessaire aux drames qui vont
+se derouler sous les yeux du lecteur et, en verite, mon premier
+soin, dans toute cette affaire, sera d'etre aussi simple que
+possible. Je n'ai point la pretention d'etre un auteur. Qui dit:
+auteur, dit toujours un peu: romancier, et, Dieu merci! Le mystere
+de la "Chambre Jaune" est assez plein de tragique horreur reelle
+pour se passer de litterature. Je ne suis et ne veux etre qu'un
+fidele "rapporteur". Je dois rapporter l'evenement; je situe cet
+evenement dans son cadre, voila tout. Il est tout naturel que vous
+sachiez ou les choses se passent.
+
+Je reviens a M. Stangerson. Quand il acheta le domaine, une
+quinzaine d'annees environ avant le drame qui nous occupe, le
+Glandier n'etait plus habite depuis longtemps. Un autre vieux
+chateau, dans les environs, construit au XIVe siecle par Jean de
+Belmont, etait egalement abandonne, de telle sorte que le pays
+etait a peu pres inhabite. Quelques maisonnettes au bord de la
+route qui conduit a Corbeil, une auberge, l'auberge du "Donjon",
+qui offrait une passagere hospitalite aux rouliers; c'etait la a
+peu pres tout ce qui rappelait la civilisation dans cet endroit
+delaisse qu'on ne s'attendait guere a rencontrer a quelques lieues
+de la capitale. Mais ce parfait delaissement avait ete la raison
+determinante du choix de M. Stangerson et de sa fille. M.
+Stangerson etait deja celebre; il revenait d'Amerique ou ses
+travaux avaient eu un retentissement considerable. Le livre qu'il
+avait publie a Philadelphie sur la "Dissociation de la matiere par
+les actions electriques" avait souleve la protestation de tout le
+monde savant. M. Stangerson etait francais, mais d'origine
+americaine. De tres importantes affaires d'heritage l'avaient fixe
+pendant plusieurs annees aux Etats-Unis. Il avait continue, la-
+bas, une oeuvre commencee en France, et il etait revenu en France
+l'y achever, apres avoir realise une grosse fortune, tous ses
+proces s'etant heureusement termines soit par des jugements qui
+lui donnaient gain de cause, soit par des transactions. Cette
+fortune fut la bienvenue. M. Stangerson, qui eut pu, s'il l'avait
+voulu, gagner des millions de dollars en exploitant ou en faisant
+exploiter deux ou trois de ses decouvertes chimiques relatives a
+de nouveaux procedes de teinture, avait toujours repugne a faire
+servir a son interet propre le don merveilleux d'"inventer" qu'il
+avait recu de la nature; mais il ne pensait point que son genie
+lui appartint. Il le devait aux hommes, et tout ce que son genie
+mettait au monde tombait, de par cette volonte philanthropique,
+dans le domaine public. S'il n'essaya point de dissimuler la
+satisfaction que lui causait la mise en possession de cette
+fortune inesperee qui allait lui permettre de se livrer jusqu'a sa
+derniere heure a sa passion pour la science pure, le professeur
+dut s'en rejouir egalement, "semblait-il", pour une autre cause.
+Mlle Stangerson avait, au moment ou son pere revint d'Amerique et
+acheta le Glandier, vingt ans. Elle etait plus jolie qu'on ne
+saurait l'imaginer, tenant a la fois toute la grace parisienne de
+sa mere, morte en lui donnant le jour, et toute la splendeur,
+toute la richesse du jeune sang americain de son grand-pere
+paternel, William Stangerson. Celui-ci, citoyen de Philadelphie,
+avait du se faire naturaliser francais pour obeir a des exigences
+de famille, au moment de son mariage avec une francaise, celle qui
+devait etre la mere de l'illustre Stangerson. Ainsi s'explique la
+nationalite francaise du professeur Stangerson.
+
+Vingt ans, adorablement blonde, des yeux bleus, un teint de lait,
+rayonnante, d'une sante divine, Mathilde Stangerson etait l'une
+des plus belles filles a marier de l'ancien et du nouveau
+continent. Il etait du devoir de son pere, malgre la douleur
+prevue d'une inevitable separation, de songer a ce mariage, et il
+ne dut pas etre fache de voir arriver la dot. Quoi qu'il en soit,
+il ne s'en enterra pas moins, avec son enfant, au Glandier, dans
+le moment ou ses amis s'attendaient a ce qu'il produisit Mlle
+Mathilde dans le monde. Certains vinrent le voir et manifesterent
+leur etonnement. Aux questions qui lui furent posees, le
+professeur repondit: "C'est la volonte de ma fille. Je ne sais
+rien lui refuser. C'est elle qui a choisi le Glandier." Interroge
+a son tour, la jeune fille repliqua avec serenite: "Ou aurions-
+nous mieux travaille que dans cette solitude?" Car Mlle Mathilde
+Stangerson collaborait deja a l'oeuvre de son pere, mais on ne
+pouvait imaginer alors que sa passion pour la science irait
+jusqu'a lui faire repousser tous les partis qui se presenteraient
+a elle, pendant plus de quinze ans. Si retires vivaient-ils, le
+pere et la fille durent se montrer dans quelques receptions
+officielles, et, a certaines epoques de l'annee, dans deux ou
+trois salons amis ou la gloire du professeur et la beaute de
+Mathilde firent sensation. L'extreme froideur de la jeune fille ne
+decouragea pas tout d'abord les soupirants; mais, au bout de
+quelques annees, ils se lasserent. Un seul persista avec une douce
+tenacite et merita ce nom "d'eternel fiance", qu'il accepta avec
+melancolie; c'etait M. Robert Darzac. Maintenant Mlle Stangerson
+n'etait plus jeune, et il semblait bien que, n'ayant point trouve
+de raisons pour se marier, jusqu'a l'age de trente-cinq ans, elle
+n'en decouvrirait jamais. Un tel argument apparaissait sans
+valeur, evidemment, a M. Robert Darzac, puisque celui-ci ne
+cessait point sa cour, si tant est qu'on peut encore appeler
+"cour"les soins delicats et tendres dont on ne cesse d'entourer
+une femme de trente-cinq ans, restee fille et qui a declare
+qu'elle ne se marierait point.
+
+Soudain, quelques semaines avant les evenements qui nous occupent,
+un bruit auquel on n'attacha pas d'abord d'importance -- tant on
+le trouvait incroyable -- se repandit dans Paris; Mlle Stangerson
+consentait enfin a "couronnerl'inextinguible flamme de M. Robert
+Darzac!" Il fallut que M. Robert Darzac lui-meme ne dementit point
+ces propos matrimoniaux pour qu'on se dit enfin qu'il pouvait y
+avoir un peu de verite dans une rumeur aussi invraisemblable.
+Enfin M. Stangerson voulut bien annoncer, en sortant un jour de
+l'Academie des sciences, que le mariage de sa fille et de M.
+Robert Darzac serait celebre dans l'intimite, au chateau du
+Glandier, sitot que sa fille et lui auraient mis la derniere main
+au rapport qui allait resumer tous leurs travaux sur la
+"Dissociation de la matiere", c'est-a-dire sur le retour de la
+matiere a l'ether. Le nouveau menage s'installerait au Glandier et
+le gendre apporterait sa collaboration a l'oeuvre a laquelle le
+pere et la fille avaient consacre leur vie.
+
+Le monde scientifique n'avait pas encore eu le temps de se
+remettre de cette nouvelle que l'on apprenait l'assassinat de Mlle
+Stangerson dans les conditions fantastiques que nous avons
+enumerees et que notre visite au chateau va nous permettre de
+preciser davantage encore.
+
+Je n'ai point hesite a fournir au lecteur tous ces details
+retrospectifs que je connaissais par suite de mes rapports
+d'affaires avec M. Robert Darzac, pour qu'en franchissant le seuil
+de la "Chambre Jaune", il fut aussi documente que moi.
+
+
+
+V
+Ou Joseph Rouletabille adresse a M. Robert Darzac une phrase qui
+produit son petit effet
+
+
+Nous marchions depuis quelques minutes, Rouletabille et moi, le
+long d'un mur qui bordait la vaste propriete de M. Stangerson, et
+nous apercevions deja la grille d'entree, quand notre attention
+fut attiree par un personnage qui, a demi courbe sur la terre,
+semblait tellement preoccupe qu'il ne nous vit pas venir. Tantot
+il se penchait, se couchait presque sur le sol, tantot il se
+redressait et considerait attentivement le mur; tantot il
+regardait dans le creux de sa main, puis faisait de grands pas,
+puis se mettait a courir et regardait encore dans le creux de sa
+main droite. Rouletabille m'avait arrete d'un geste:
+
+"Chut! Frederic Larsan qui travaille! ... Ne le derangeons pas!
+
+Joseph Rouletabille avait une grande admiration pour le celebre
+policier. Je n'avais jamais vu, moi, Frederic Larsan, mais je le
+connaissais beaucoup de reputation.
+
+L'affaire des lingots d'or de l'hotel de la Monnaie, qu'il
+debrouilla quand tout le monde jetait sa langue aux chiens, et
+l'arrestation des forceurs de coffres-forts du Credit universel
+avaient rendu son nom presque populaire. Il passait alors, a cette
+epoque ou Joseph Rouletabille n'avait pas encore donne les preuves
+admirables d'un talent unique, pour l'esprit le plus apte a
+demeler l'echeveau embrouille des plus mysterieux et plus obscurs
+crimes. Sa reputation s'etait etendue dans le monde entier et
+souvent les polices de Londres ou de Berlin, ou meme d'Amerique
+l'appelaient a l'aide quand les inspecteurs et les detectives
+nationaux s'avouaient a bout d'imagination et de ressources. On ne
+s'etonnera donc point que, des le debut du mystere de la "Chambre
+Jaune", le chef de la Surete ait songe a telegraphier a son
+precieux subordonne, a Londres, ou Frederic Larsan avait ete
+envoye pour une grosse affaire de titres voles: "Revenez vite."
+Frederic, que l'on appelait, a la Surete, le grand Fred, avait
+fait diligence, sachant sans doute par experience que, si on le
+derangeait, c'est qu'on avait bien besoin de ses services, et,
+c'est ainsi que Rouletabille et moi, ce matin-la, nous le
+trouvions deja a la besogne. Nous comprimes bientot en quoi elle
+consistait.
+
+Ce qu'il ne cessait de regarder dans le creux de sa main droite
+n'etait autre chose que sa montre et il paraissait fort occupe a
+compter des minutes. Puis il rebroussa chemin, reprit une fois
+encore sa course, ne l'arreta qu'a la grille du parc, reconsulta
+sa montre, la mit dans sa poche, haussa les epaules d'un geste
+decourage, poussa la grille, penetra dans le parc, referma la
+grille a clef, leva la tete et, a travers les barreaux, nous
+apercut. Rouletabille courut et je le suivis. Frederic Larsan nous
+attendait.
+
+"Monsieur Fred", dit Rouletabille en se decouvrant et en montrant
+les marques d'un profond respect base sur la reelle admiration que
+le jeune reporter avait pour le celebre policier, "pourriez-vous
+nous dire si M. Robert Darzac est au chateau en ce moment? Voici
+un de ses amis, du barreau de Paris, qui desirerait lui parler.
+
+-- Je n'en sais rien, monsieur Rouletabille, repliqua Fred en
+serrant la main de mon ami, car il avait eu l'occasion de le
+rencontrer plusieurs fois au cours de ses enquetes les plus
+difficiles... Je ne l'ai pas vu.
+
+-- Les concierges nous renseigneront sans doute? fit Rouletabille
+en designant une maisonnette de briques dont porte et fenetres
+etaient closes et qui devait inevitablement abriter ces fideles
+gardiens de la propriete.
+
+"Les concierges ne vous renseigneront point, monsieur
+Rouletabille.
+
+-- Et pourquoi donc?
+
+-- Parce que, depuis une demi-heure, ils sont arretes! ...
+
+-- Arretes! s'ecria Rouletabille... Ce sont eux les assassins! ...
+
+Frederic Larsan haussa les epaules.
+
+"Quand on ne peut pas, dit-il, d'un air de supreme ironie, arreter
+l'assassin, on peut toujours se payer le luxe de decouvrir les
+complices!
+
+-- C'est vous qui les avez fait arreter, monsieur Fred?
+
+-- Ah! non! par exemple! je ne les ai pas fait arreter, d'abord
+parce que je suis a peu pres sur qu'ils ne sont pour rien dans
+l'affaire, et puis parce que...
+
+-- Parce que quoi? interrogea anxieusement Rouletabille.
+
+-- Parce que... rien... fit Larsan en secouant la tete.
+
+-- "Parce qu'il n'y a pas de complices!"souffla Rouletabille.
+
+Frederic Larsan s'arreta net, regardant le reporter avec interet.
+
+"Ah! Ah! Vous avez donc une idee sur l'affaire... Pourtant vous
+n'avez rien vu, jeune homme... vous n'avez pas encore penetre
+ici...
+
+-- J'y penetrerai.
+
+-- J'en doute... la consigne est formelle.
+
+-- J'y penetrerai si vous me faites voir M. Robert Darzac...
+Faites cela pour moi... Vous savez que nous sommes de vieux
+amis... Monsieur Fred... je vous en prie... Rappelez-vous le bel
+article que je vous ai fait a propos des "Lingots d'or". Un petit
+mot a M. Robert Darzac, s'il vous plait?"
+
+La figure de Rouletabille etait vraiment comique a voir en ce
+moment. Elle refletait un desir si irresistible de franchir ce
+seuil au-dela duquel il se passait quelque prodigieux mystere;
+elle suppliait avec une telle eloquence non seulement de la bouche
+et des yeux, mais encore de tous les traits, que je ne pus
+m'empecher d'eclater de rire. Frederic Larsan, pas plus que moi,
+ne garda son serieux.
+
+Cependant, derriere la grille, Frederic Larsan remettait
+tranquillement la clef dans sa poche. Je l'examinai.
+
+C'etait un homme qui pouvait avoir une cinquantaine d'annees. Sa
+tete etait belle, aux cheveux grisonnants, au teint mat, au profil
+dur; le front etait proeminent; le menton et les joues etaient
+rases avec soin; la levre, sans moustache, etait finement
+dessinee; les yeux, un peu petits et ronds, fixaient les gens bien
+en face d'un regard fouilleur qui etonnait et inquietait. Il etait
+de taille moyenne et bien prise; l'allure generale etait elegante
+et sympathique. Rien du policier vulgaire. C'etait un grand
+artiste en son genre, et il le savait, et l'on sentait qu'il avait
+une haute idee de lui-meme. Le ton de sa conversation etait d'un
+sceptique et d'un desabuse. Son etrange profession lui avait fait
+cotoyer tant de crimes et de vilenies qu'il eut ete inexplicable
+qu'elle ne lui eut point un peu "durci les sentiments", selon la
+curieuse expression de Rouletabille.
+
+Larsan tourna la tete au bruit d'une voiture qui arrivait derriere
+lui. Nous reconnumes le cabriolet qui, en gare d'Epinay, avait
+emporte le juge d'instruction et son greffier.
+
+"Tenez! fit Frederic Larsan, vous vouliez parler a M. Robert
+Darzac; le voila!"
+
+Le cabriolet etait deja a la grille et Robert Darzac priait
+Frederic Larsan de lui ouvrir l'entree du parc, lui disant qu'il
+etait tres presse et qu'il n'avait que le temps d'arriver a Epinay
+pour prendre le prochain train pour Paris, quand il me reconnut.
+Pendant que Larsan ouvrait la grille, M. Darzac me demanda ce qui
+pouvait m'amener au Glandier dans un moment aussi tragique. Je
+remarquai alors qu'il etait atrocement pale et qu'une douleur
+infinie etait peinte sur son visage.
+
+"Mlle Stangerson va-t-elle mieux? demandai-je immediatement.
+
+-- Oui, fit-il. On la sauvera peut-etre. Il faut qu'on la sauve."
+
+Il n'ajouta pas "ou j'en mourrai", mais on sentait trembler la fin
+de la phrase au bout de ses levres exsangues.
+
+Rouletabille intervint alors:
+
+"Monsieur, vous etes presse. Il faut cependant que je vous parle.
+J'ai quelque chose de la derniere importance a vous dire."
+
+Frederic Larsan interrompit:
+
+"Je peux vous laisser? demanda-t-il a Robert Darzac. Vous avez une
+clef ou voulez-vous que je vous donne celle-ci?
+
+-- Oui, merci, j'ai une clef. Je fermerai la grille."
+
+Larsan s'eloigna rapidement dans la direction du chateau dont on
+apercevait, a quelques centaines de metres, la masse imposante.
+
+Robert Darzac, le sourcil fronce, montrait deja de l'impatience.
+Je presentai Rouletabille comme un excellent ami; mais, des qu'il
+sut que ce jeune homme etait journaliste, M. Darzac me regarda
+d'un air de grand reproche, s'excusa sur la necessite ou il etait
+d'atteindre Epinay en vingt minutes, salua et fouetta son cheval.
+Mais deja Rouletabille avait saisi, a ma profonde stupefaction, la
+bride, arrete le petit equipage d'un poing vigoureux, cependant
+qu'il prononcait cette phrase depourvue pour moi du moindre sens:
+
+_"Le presbytere n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son
+eclat."_
+
+Ces mots ne furent pas plutot sortis de la bouche de Rouletabille
+que je vis Robert Darzac chanceler; si pale qu'il fut, il palit
+encore; ses yeux fixerent le jeune homme avec epouvante et il
+descendit immediatement de sa voiture dans un desordre d'esprit
+inexprimable.
+
+"Allons! Allons!" dit-il en balbutiant.
+
+Et puis, tout a coup, il reprit avec une sorte de fureur:
+
+"Allons! monsieur! Allons!"
+
+Et il refit le chemin qui conduisait au chateau, sans plus dire un
+mot, cependant que Rouletabille suivait, tenant toujours le
+cheval. J'adressai quelques paroles a M. Darzac... mais il ne me
+repondit pas. J'interrogeai de l'oeil Rouletabille, qui ne me vit
+pas.
+
+
+
+VI
+Au fond de la chenaie
+
+
+Nous arrivames au chateau. Le vieux donjon se reliait a la partie
+du batiment entierement refaite sous Louis XIV par un autre corps
+de batiment moderne, style Viollet-le-Duc, ou se trouvait l'entree
+principale. Je n'avais encore rien vu d'aussi original, ni peut-
+etre d'aussi laid, ni surtout d'aussi etrange en architecture que
+cet assemblage bizarre de styles disparates. C'etait monstrueux et
+captivant. En approchant, nous vimes deux gendarmes qui se
+promenaient devant une petite porte ouvrant sur le rez-de-chaussee
+du donjon. Nous apprimes bientot que, dans ce rez-de-chaussee, qui
+etait autrefois une prison et qui servait maintenant de chambre de
+debarras, on avait enferme les concierges, M. et MmeBernier.
+
+M. Robert Darzac nous fit entrer dans la partie moderne du chateau
+par une vaste porte que protegeait une "marquise". Rouletabille,
+qui avait abandonne le cheval et le cabriolet aux soins d'un
+domestique, ne quittait pas des yeux M. Darzac; je suivis son
+regard, et je m'apercus que celui-ci etait uniquement dirige vers
+les mains gantees du professeur a la Sorbonne. Quand nous fumes
+dans un petit salonet garni de meubles vieillots, M. Darzac se
+tourna vers Rouletabille et assez brusquement lui demanda:
+
+"Parlez! Que me voulez-vous?"
+
+Le reporter repondit avec la meme brusquerie:
+
+"Vous serrer la main!"
+
+Darzac se recula:
+
+"Que signifie?"
+
+Evidemment, il avait compris ce que je comprenais alors: que mon
+ami le soupconnait de l'abominable attentat. La trace de la main
+ensanglantee sur les murs de la "Chambre Jaune" lui apparut... Je
+regardai cet homme a la physionomie si hautaine, au regard si
+droit d'ordinaire et qui se troublait en ce moment si etrangement.
+Il tendit sa main droite, et, me designant:
+
+"Vous etes l'ami de M. Sainclair qui m'a rendu un service inespere
+dans une juste cause, monsieur, et je ne vois pas pourquoi je vous
+refuserais la main..."
+
+Rouletabille ne prit pas cette main. Il dit, mentant avec une
+audace sans pareille:
+
+"Monsieur, j'ai vecu quelques annees en Russie, d'ou j'ai rapporte
+cet usage de ne jamais serrer la main a quiconque ne se degante
+pas."
+
+Je crus que le professeur en Sorbonne allait donner un libre cours
+a la fureur qui commencait a l'agiter, mais au contraire, d'un
+violent effort visible, il se calma, se deganta et presenta ses
+mains. Elles etaient nettes de toute cicatrice.
+
+"Etes-vous satisfait?
+
+-- Non! repliqua Rouletabille. Mon cher ami, fit-il en se tournant
+vers moi, je suis oblige de vous demander de nous laisser seuls un
+instant."
+
+Je saluai et me retirai, stupefait de ce que je venais de voir et
+d'entendre, et ne comprenant pas que M. Robert Darzac n'eut point
+deja jete a la porte mon impertinent, mon injurieux, mon stupide
+ami... Car, a cette minute, j'en voulais a Rouletabille de ses
+soupcons qui avaient abouti a cette scene inouie des gants...
+
+Je me promenai environ vingt minutes devant le chateau, essayant
+de relier entre eux les differents evenements de cette matinee, et
+n'y parvenant pas. Quelle etait l'idee de Rouletabille? Etait-il
+possible que M. Robert Darzac lui apparut comme l'assassin?
+Comment penser que cet homme, qui devait se marier dans quelques
+jours avec Mlle Stangerson, s'etait introduit dans la "Chambre
+Jaune" pour assassiner sa fiancee? Enfin, rien n'etait venu
+m'apprendre comment l'assassin avait pu sortir de la "Chambre
+Jaune"; et, tant que ce mystere qui me paraissait inexplicable ne
+me serait pas explique, j'estimais, moi, qu'il etait du devoir de
+tous de ne soupconner personne. Enfin, que signifiait cette phrase
+insensee qui sonnait encore a mes oreilles: _le presbytere n'a
+rien perdu de son charme ni le jardin de son_ _eclat!_J'avais hate
+de me retrouver seul avec Rouletabille pour le lui demander.
+
+A ce moment, le jeune homme sortit du chateau avec M. Robert
+Darzac. Chose extraordinaire, je vis au premier coup d'oeil qu'ils
+etaient les meilleurs amis du monde.
+
+"Nous allons a la "Chambre Jaune", me dit Rouletabille, venez avec
+nous. Dites-donc, cher ami, vous savez que je vous garde toute la
+journee. Nous dejeunons ensemble dans le pays...
+
+-- Vous dejeunerez avec moi, ici, messieurs...
+
+-- Non, merci, repliqua le jeune homme. Nous dejeunerons a
+l'auberge du "Donjon"...
+
+-- Vous y serez tres mal... Vous n'y trouverez rien.
+
+-- Croyez-vous? ... Moi j'espere y trouver quelque chose, repliqua
+Rouletabille. Apres dejeuner, nous retravaillerons, je ferai mon
+article, vous serez assez aimable pour me le porter a la
+redaction...
+
+-- Et vous? Vous ne revenez pas avec moi?
+
+-- Non; je couche ici..."
+
+Je me retournai vers Rouletabille. Il parlait serieusement, et M.
+Robert Darzac ne parut nullement etonne...
+
+Nous passions alors devant le donjon et nous entendimes des
+gemissements. Rouletabille demanda:
+
+"Pourquoi a-t-on arrete ces gens-la?
+
+-- C'est un peu de ma faute, dit M. Darzac. J'ai fait remarquer
+hier au juge d'instruction qu'il est inexplicable que les
+concierges aient eu le temps d'entendre les coups de revolver, "de
+s'habiller", de parcourir l'espace assez grand qui separe leur
+loge du pavillon, tout cela en deux minutes; car il ne s'est pas
+ecoule plus de deux minutes entre les coups de revolver et le
+moment ou ils ont ete rencontres par le pere Jacques.
+
+-- Evidemment, c'est louche, acquiesca Rouletabille... Et ils
+etaient habilles...?
+
+-- Voila ce qui est incroyable... ils etaient habilles...
+"entierement", solidement et chaudement... Il ne manquait aucune
+piece a leur costume. La femme etait en sabots, mais l'homme avait
+"ses souliers laces". Or, ils ont declare s'etre couches comme
+tous les soirs a neuf heures. En arrivant, ce matin, le juge
+d'instruction, qui s'etait muni, a Paris, d'un revolver de meme
+calibre que celui du crime (car il ne veut pas toucher au
+revolver-piece a conviction), a fait tirer deux coups de revolver
+par son greffier dans la "Chambre Jaune", fenetre et porte
+fermees. Nous etions avec lui dans la loge des concierges; nous
+n'avons rien entendu... on ne peut rien entendre. Les concierges
+ont donc menti, cela ne fait point de doute... Ils etaient prets;
+ils etaient deja dehors non loin du pavillon; ils attendaient
+quelque chose. Certes, on ne les accuse point d'etre les auteurs
+de l'attentat, mais leur complicite n'est pas improbable... M. de
+Marquet les a fait arreter aussitot.
+
+-- S'ils avaient ete complices, dit Rouletabille, _ils seraient_
+_arrives debrailles_, ou plutot ils ne seraient pas arrives du
+tout. Quand on se precipite dans les bras de la justice, avec sur
+soi tant de preuves de complicite, c'est qu'on n'est pas complice.
+Je ne crois pas aux complices dans cette affaire.
+
+-- Alors, pourquoi etaient-ils dehors a minuit? Qu'ils le disent!
+...
+
+-- Ils ont certainement un interet a se taire. Il s'agit de savoir
+lequel... Meme s'ils ne sont pas complices, cela peut avoir
+quelque importance. _Tout est important de ce qui se passe dans
+une nuit pareille..."_
+
+Nous venions de traverser un vieux pont jete sur la Douve et nous
+entrions dans cette partie du parc appelee "la Chenaie". Il y
+avait la des chenes centenaires. L'automne avait deja
+recroqueville leurs feuilles jaunies et leurs hautes branches
+noires et serpentines semblaient d'affreuses chevelures, des
+noeuds de reptiles geants entremeles comme le sculpteur antique en
+a tordu sur sa tete de Meduse. Ce lieu, que Mlle Stangerson
+habitait l'ete parce qu'elle le trouvait gai, nous apparut, en
+cette saison, triste et funebre. Le sol etait noir, tout fangeux
+des pluies recentes et de la bourbe des feuilles mortes, les
+troncs des arbres etaient noirs, le ciel lui-meme, au-dessus de
+nos tetes, etait en deuil, charriait de gros nuages lourds. Et,
+dans cette retraite sombre et desolee, nous apercumes les murs
+blancs du pavillon. Etrange batisse, sans une fenetre visible du
+point ou elle nous apparaissait. Seule une petite porte en
+marquait l'entree. On eut dit un tombeau, un vaste mausolee au
+fond d'une foret abandonnee... A mesure que nous approchions, nous
+en devinions la disposition. Ce batiment prenait toute la lumiere
+dont il avait besoin, au midi, c'est-a-dire de l'autre cote de la
+propriete, du cote de la campagne. La petite porte refermee sur le
+parc, M. et Mlle Stangerson devaient trouver la une prison ideale
+pour y vivre avec leurs travaux et leur reve.
+
+Je vais donner tout de suite, du reste, le plan de ce pavillon. Il
+n'avait qu'un rez-de-chaussee, ou l'on accedait par quelques
+marches, et un grenier assez eleve qui ne nous occupera en aucune
+facon". C'est donc le plan du rez-de-chaussee dans toute sa
+simplicite que je soumets au lecteur.
+
+Il a ete trace par Rouletabille lui-meme, et j'ai constate qu'il
+n'y manquait pas une ligne, pas une indication susceptible d'aider
+a la solution du probleme qui se posait alors devant la justice.
+Avec la legende et le plan, les lecteurs en sauront tout autant,
+pour arriver a la verite, qu'en savait Rouletabille quand il
+penetra dans le pavillon pour la premiere fois et que chacun se
+demandait: "Par ou l'assassin a-t-il pu fuir de la Chambre Jaune?"
+
+
+
+_1. __Chambre Jaune, avec son unique fenetre grillee et son unique
+porte donnant sur le laboratoire._
+_2. __Laboratoire, avec ses deux grandes fenetres grillees et ses
+portes; donnant l'une sur le vestibule, l'autre sur la Chambre
+Jaune._
+_3. __Vestibule, avec sa fenetre non grillee et sa porte d'entree
+donnant sur le parc._
+_4. __Lavatory._
+_5. __Escalier conduisant au grenier._
+_6. __Vaste et unique cheminee du pavillon servant aux experiences
+de laboratoire._
+
+Avant de gravir les trois marches de la porte du pavillon,
+Rouletabille nous arreta et demanda a brule-pourpoint a M. Darzac:
+
+"Eh bien! Et le mobile du crime?
+
+-- Pour moi, monsieur, il n'y a aucun doute a avoir a ce sujet,
+fit le fiance de Mlle Stangerson avec une grande tristesse. Les
+traces de doigts, les profondes ecorchures sur la poitrine et au
+cou de Mlle Stangerson attestent que le miserable qui etait la
+avait essaye un affreux attentat. Les medecins experts, qui ont
+examine hier ces traces, affirment qu'elles ont ete faites par la
+meme main dont l'image ensanglantee est restee sur le mur; une
+main enorme, monsieur, et qui ne tiendrait point dans mon gant,
+ajouta-t-il avec un amer et indefinissable sourire...
+
+-- Cette main rouge, interrompis-je, ne pourrait donc pas etre la
+trace des doigts ensanglantes de Mlle Stangerson, qui, au moment
+de s'abattre, aurait rencontre le mur et y aurait laisse, en
+glissant, une image elargie de sa main pleine de sang?
+
+-- il n'y avait pas une goutte de sang aux mains de Mlle
+Stangerson quand on l'a relevee, repondit M. Darzac.
+
+-- On est donc sur, maintenant, fis-je, que c'est bien Mlle
+Stangerson qui s'etait armee du revolver du pere Jacques,
+puisqu'elle a blesse la main de l'assassin. _Elle redoutait donc_
+_quelque chose ou quelqu'un?_
+__
+-- C'est probable...
+
+-- Vous ne soupconnez personne?
+
+-- Non...", repondit M. Darzac, en regardant Rouletabille.
+
+Rouletabille, alors, me dit:
+
+-- Il faut que vous sachiez, mon ami, que l'instruction est un peu
+plus avancee que n'a voulu nous le confier ce petit cachottier de
+M. de Marquet. Non seulement l'instruction sait maintenant que le
+revolver fut l'arme dont se servit, pour se defendre, Mlle
+Stangerson, mais elle connait, mais elle a connu tout de suite
+l'arme qui a servi a attaquer, a frapper Mlle Stangerson. C'est,
+m'a dit M. Darzac, un "os de mouton". Pourquoi M. de Marquet
+entoure-t-il cet os de mouton de tant de mystere? Dans le dessein
+de faciliter les recherches des agents de la Surete? Sans doute.
+Il imagine peut-etre qu'on va retrouver son proprietaire parmi
+ceux qui sont bien connus, dans la basse pegre de Paris, pour se
+servir de cet instrument de crime, le plus terrible que la nature
+ait invente... Et puis, est-ce qu'on sait jamais ce qui peut se
+passer dans une cervelle de juge d'instruction?" ajouta
+Rouletabille avec une ironie meprisante.
+
+J'interrogeai:
+
+"On a donc trouve un "os de mouton" dans la "Chambre Jaune"?
+
+-- Oui, monsieur, fit Robert Darzac, au pied du lit; mais je vous
+en prie: n'en parlez point. M. de Marquet nous a demande le
+secret. (Je fis un geste de protestation.) C'est un enorme os de
+mouton dont la tete, ou, pour mieux dire, dont l'articulation
+etait encore toute rouge du sang de l'affreuse blessure qu'il
+avait faite a Mlle Stangerson. C'est un vieil os de mouton _qui a
+du servir deja a_ _quelques crimes_, suivant les apparences. Ainsi
+pense M. de Marquet, qui l'a fait porter a Paris, au laboratoire
+municipal, pour qu'il fut analyse. Il croit, en effet, avoir
+releve sur cet os non seulement le sang frais de la derniere
+victime, mais encore des traces roussatres qui ne seraient autres
+que des taches de sang seche, temoignages de crimes anterieurs.
+
+
+
+-- un os de mouton, dans la main d'un "assassin exerce", est une
+arme effroyable, dit Rouletabille, une arme "plus utile" et plus
+sure qu'un lourd marteau.
+
+-- "Le miserable" l'a d'ailleurs prouve, fit douloureusement M.
+Robert Darzac. L'os de mouton a terriblement frappe Mlle
+Stangerson au front. L'articulation de l'os de mouton s'adapte
+parfaitement a la blessure. Pour moi, cette blessure eut ete
+mortelle si l'assassin n'avait ete a demi arrete, dans le coup
+qu'il donnait, par le revolver de Mlle Stangerson. Blesse a la
+main, il lachait son os de mouton et s'enfuyait. Malheureusement,
+le coup de l'os de mouton _etait parti et etait deja arrive_... et
+Mlle Stangerson etait quasi assommee, apres avoir failli etre
+etranglee. Si Mlle Stangerson avait reussi a blesser l'homme de
+son premier coup de revolver, elle eut, sans doute, echappe a l'os
+de mouton... Mais elle a saisi certainement son revolver trop
+tard; puis, le premier coup, dans la lutte, a devie, et la balle
+est allee se loger dans le plafond; ce n'est que le second coup
+qui a porte..."
+
+Ayant ainsi parle, M. Darzac frappa a la porte du pavillon. Vous
+avouerai-je mon impatience de penetrer dans le lieu meme du crime?
+J'en tremblais, et, malgre tout l'immense interet que comportait
+l'histoire de l'os de mouton, je bouillais de voir que notre
+conversation se prolongeait et que la porte du pavillon ne
+s'ouvrait pas.
+
+Enfin, elle s'ouvrit.
+
+Un homme, que je reconnus pour etre le pere Jacques, etait sur le
+seuil.
+
+Il me parut avoir la soixantaine bien sonnee. Une longue barbe
+blanche, des cheveux blancs sur lesquels il avait pose un beret
+basque, un complet de velours marron a cotes use, des sabots;
+l'air bougon, une figure assez rebarbative qui s'eclaira cependant
+des qu'il eut apercu M. Robert Darzac.
+
+"Des amis, fit simplement notre guide. Il n'y a personne au
+pavillon, pere Jacques?
+
+-- Je ne dois laisser entrer personne, monsieur Robert, mais bien
+sur la consigne n'est pas pour vous... Et pourquoi? Ils ont vu
+tout ce qu'il y avait a voir, ces messieurs de la justice. Ils en
+ont fait assez des dessins et des proces-verbaux...
+
+-- Pardon, monsieur Jacques, une question avant toute autre chose,
+fit Rouletabille.
+
+-- Dites, jeune homme, et, si je puis y repondre...
+
+-- Votre maitresse portait-elle, _ce soir-la_, les cheveux en
+bandeaux, vous savez bien, les cheveux en bandeaux sur le front?
+
+-- Non, mon p'tit monsieur. Ma maitresse n'a jamais porte les
+cheveux en bandeaux comme vous dites, ni ce soir-la, ni les autres
+jours. Elle avait, comme toujours, les cheveux releves de facon a
+ce qu'on pouvait voir son beau front, pur comme celui de l'enfant
+qui vient de naitre! ..."
+
+Rouletabille grogna, et se mit aussitot a inspecter la porte. Il
+se rendit compte de la fermeture automatique. Il constata que
+cette porte ne pouvait jamais rester ouverte et qu'il fallait une
+clef pour l'ouvrir. Puis nous entrames dans le vestibule, petite
+piece assez claire, pavee de carreaux rouges.
+
+"Ah! voici la fenetre, dit Rouletabille, par laquelle l'assassin
+s'est sauve...
+
+-- Qu'ils disent! monsieur, qu'ils disent! Mais, s'il s'etait
+sauve par la, nous l'aurions bien vu, pour sur! Sommes pas
+aveugles! ni M. Stangerson, ni moi, ni les concierges qui-z-ont
+mis en prison! Pourquoi qui ne m'y mettent pas en prison, moi
+aussi, a cause de mon revolver?"
+
+Rouletabille avait deja ouvert la fenetre et examine les volets.
+
+"Ils etaient fermes, a l'heure du crime?
+
+-- Au loquet de fer, en dedans, fit le pere Jacques... et moi
+j'suis bien sur que l'assassin a passe au travers...
+
+-- Il y a des taches de sang? ...
+
+-- Oui, tenez, la, sur la pierre, en dehors... Mais du sang de
+quoi? ...
+
+-- Ah! fit Rouletabille, on voit les pas... la, sur le chemin...
+la terre etait tres detrempee... nous examinerons cela tout a
+l'heure...
+
+-- Des betises! Interrompit le pere Jacques... L'assassin n'a pas
+passe par la! ...
+
+-- Eh bien, par ou? ...
+
+-- Est-ce que je sais! ..."
+
+Rouletabille voyait tout, flairait tout. Il se mit a genoux et
+passa rapidement en revue les carreaux macules du vestibule. Le
+pere Jacques continuait:
+
+"Ah! vous ne trouverez rien, mon p'tit monsieur. Y n'ont rien
+trouve... Et puis maintenant, c'est trop sale... Il est entre trop
+de gens! Ils veulent point que je lave le carreau... mais, le jour
+du crime, j'avais lave tout ca a grande eau, moi, pere Jacques...
+et, si l'assassin avait passe par la avec ses "ripatons", on
+l'aurait bien vu; il a assez laisse la marque de ses godillots
+dans la chambre de mademoiselle! ..."
+
+Rouletabille se releva et demanda:
+
+"Quand avez-vous lave ces dalles pour la derniere fois?"
+
+Et il fixait le pere Jacques d'un oeil auquel rien n'echappe.
+
+"Mais dans la journee meme du crime, j'vous dis! Vers les cinq
+heures et demie... pendant que mademoiselle et son pere faisaient
+un tour de promenade avant de diner ici meme, car ils ont dine
+dans le laboratoire. Le lendemain, quand le juge est venu, il a pu
+voir toutes les traces des pas par terre comme qui dirait de
+l'encre sur du papier blanc... Eh bien, ni dans le laboratoire, ni
+dans le vestibule qu'etaient propres comme un sou neuf, on n'a
+retrouve ses pas... a l'homme! ... Puisqu'on les retrouve aupres
+de la fenetre, _dehors_, il faudrait donc qu'il ait troue le
+plafond de la "Chambre Jaune", qu'il ait passe par le grenier,
+qu'il ait troue le toit, et qu'il soit redescendu juste a la
+fenetre du vestibule, en se laissant tomber... Eh bien, mais, y
+n'y a pas de trou au plafond de la "Chambre Jaune"... ni dans mon
+grenier, bien sur! ... Alors, vous voyez bien qu'on ne sait
+rien... mais rien de rien! ... et qu'on ne saura, ma foi, jamais
+rien! ... C'est un mystere du diable!
+
+Rouletabille se rejeta soudain a genoux, presque en face de la
+porte d'un petit lavatory qui s'ouvrait au fond du vestibule. Il
+resta dans cette position au moins une minute.
+
+"Eh bien? lui demandai-je quand il se releva.
+
+-- Oh! rien de bien important; une goutte de sang.
+
+Le jeune homme se retourna vers le pere Jacques.
+
+"Quand vous vous etes mis a laver le laboratoire et le vestibule,
+la fenetre du vestibule etait ouverte?
+
+-- Je venais de l'ouvrir parce que j'avais allume du charbon de
+bois pour monsieur, sur le fourneau du laboratoire; et, comme je
+l'avais allume avec des journaux, il y a eu de la fumee; j'ai
+ouvert les fenetres du laboratoire et celle du vestibule pour
+faire courant d'air; puis j'ai referme celles du laboratoire et
+laisse ouverte celle du vestibule, et puis je suis sorti un
+instant pour aller chercher une lavette au chateau et c'est en
+rentrant, comme je vous ai dit, vers cinq heures et demie que je
+me suis mis a laver les dalles; apres avoir lave, je suis reparti,
+laissant toujours la fenetre du vestibule ouverte. Enfin pour la
+derniere fois, quand je suis rentre au pavillon, _la fenetre etait
+fermee_ et monsieur et mademoiselle travaillaient deja dans le
+laboratoire.
+
+-- M. ou Mlle Stangerson avaient sans doute ferme la fenetre en
+entrant?
+
+-- Sans doute.
+
+-- Vous ne leur avez pas demande?
+
+-- Non! ..."
+
+Apres un coup d'oeil assidu au petit lavatory et a la cage de
+l'escalier qui conduisait au grenier, Rouletabille, pour qui nous
+semblions ne plus exister, penetra dans le laboratoire. C'est, je
+l'avoue, avec une forte emotion que je l'y suivis. Robert Darzac
+ne perdait pas un geste de mon ami... Quant a moi, mes yeux
+allerent tout de suite a la porte de la "Chambre Jaune". Elle
+etait refermee, ou plutot poussee sur le laboratoire, car je
+constatai immediatement qu'elle etait a moitie defoncee et hors
+d'usage... les efforts de ceux qui s'etaient rues sur elle, au
+moment du drame, l'avaient brisee...
+
+Mon jeune ami, qui menait sa besogne avec methode, considerait,
+sans dire un mot, la piece dans laquelle nous nous trouvions...
+Elle etait vaste et bien eclairee. Deux grandes fenetres, presque
+des baies, garnies de barreaux, prenaient jour sur l'immense
+campagne. Une trouee dans la foret; une vue merveilleuse sur toute
+la vallee, sur la plaine, jusqu'a la grande ville qui devait
+apparaitre, la-bas, tout au bout, les jours de soleil. Mais,
+aujourd'hui, il n'y a que de la boue sur la terre, de la suie au
+ciel... et du sang dans cette chambre...
+
+Tout un cote du laboratoire etait occupe par une vaste cheminee,
+par des creusets, par des fours propres a toutes experiences de
+chimie. Des cornues, des instruments de physique un peu partout;
+des tables surchargees de fioles, de papiers, de dossiers, une
+machine electrique... des piles... un appareil, me dit M. Robert
+Darzac, employe par le professeur Stangerson "pour demontrer la
+dissociation de la matiere sous l'action de la lumiere solaire",
+etc.
+
+Et, tout le long des murs, des armoires, armoires pleines ou
+armoires-vitrines, laissant apercevoir des microscopes, des
+appareils photographiques speciaux, une quantite incroyable de
+cristaux...
+
+Rouletabille avait le nez fourre dans la cheminee. Du bout du
+doigt, il fouillait dans les creusets... Tout d'un coup, il se
+redressa, tenant un petit morceau de papier a moitie consume... Il
+vint a nous qui causions aupres d'une fenetre, et il dit:
+
+"Conservez-nous cela, Monsieur Darzac."
+
+Je me penchai sur le bout de papier roussi que M. Darzac venait de
+prendre des mains de Rouletabille. Et je lus, distinctement, ces
+seuls mots qui restaient lisibles:
+
+_presbytere rien perdu charme, _
+_ ni le jar de son eclat._
+
+Et, au-dessous: "23 octobre."
+
+Deux fois, depuis ce matin, ces memes mots insenses venaient me
+frapper, et, pour la deuxieme fois, je vis qu'ils produisaient sur
+le professeur en Sorbonne le meme effet foudroyant. Le premier
+soin de M. Darzac fut de regarder du cote du pere Jacques. Mais
+celui-ci ne nous avait pas vus, occupe qu'il etait a l'autre
+fenetre... Alors, le fiance de Mlle Stangerson ouvrit son
+portefeuille en tremblant, y serra le papier, et soupira: "Mon
+Dieu!"
+Pendant ce temps, Rouletabille etait monte dans la cheminee;
+c'est-a-dire que, debout sur les briques d'un fourneau, il
+considerait attentivement cette cheminee qui allait se
+retrecissant, et qui, a cinquante centimetres au-dessus de sa
+tete, se fermait entierement par des plaques de fer scellees dans
+la brique, laissant passer trois tuyaux d'une quinzaine de
+centimetres de diametre chacun.
+
+"Impossible de passer par la, enonca le jeune homme en sautant
+dans le laboratoire. Du reste, s'"il" l'avait meme tente, toute
+cette ferraille serait par terre. Non! Non! ce n'est pas de ce
+cote qu'il faut chercher...
+
+Rouletabille examina ensuite les meubles et ouvrit des portes
+d'armoires. Puis, ce fut le tour des fenetres qu'il declara
+infranchissables et "infranchies". A la seconde fenetre, il trouva
+le pere Jacques en contemplation.
+
+"Eh bien, pere Jacques, qu'est-ce que vous regardez par la?
+
+-- Je r'garde l'homme de la police qui ne cesse point de faire le
+tour de l'etang... Encore un malin qui n'en verra pas plus long
+qu'les autres!
+
+-- Vous ne connaissez pas Frederic Larsan, pere Jacques! dit
+Rouletabille, en secouant la tete avec melancolie, sans cela vous
+ne parleriez pas comme ca... S'il y en a un ici qui trouve
+l'assassin, ce sera lui, faut croire!"
+
+Et Rouletabille poussa un soupir.
+
+"Avant qu'on le retrouve, faudrait savoir comment on l'a perdu!
+... repliqua le pere Jacques, tetu.
+
+Enfin, nous arrivames a la porte de la "Chambre Jaune".
+
+"Voila la porte derriere laquelle il se passait quelque chose!"
+fit Rouletabille avec une solennite qui, en toute autre
+circonstance, eut ete comique.
+
+
+
+VII
+Ou Rouletabille part en expedition sous le lit
+
+
+Rouletabille ayant pousse la porte de la "Chambre Jaune" s'arreta
+sur le seuil, disant avec une emotion que je ne devais comprendre
+que plus tard: "Oh! Le parfum de la dame en noir!" La chambre
+etait obscure; le pere Jacques voulut ouvrir les volets, mais
+Rouletabille l'arreta:
+
+"Est-ce que, dit-il, le drame s'est passe en pleine obscurite?
+
+-- Non, jeune homme, je ne pense point. Mam'zelle tenait beaucoup
+a avoir une veilleuse sur sa table, et c'est moi qui la lui
+allumais tous les soirs avant qu'elle aille se coucher... J'etais
+quasi sa femme de chambre, quoi! quand v'nait le soir! La vraie
+femme de chambre ne v'nait guere que le matin. Mam'zelle travaille
+si tard... la nuit!
+
+-- Ou etait cette table qui supportait la veilleuse? Loin du lit?
+
+-- Loin du lit.
+
+-- Pouvez-vous, maintenant, allumer la veilleuse?
+
+-- La veilleuse est brisee, et l'huile s'en est repandue quand la
+table est tombee. Du reste, tout est reste dans le meme etat. Je
+n'ai qu'a ouvrir les volets et vous allez voir...
+
+-- Attendez!"
+
+Rouletabille rentrant dans le laboratoire, alla fermer les volets
+des deux fenetres et la porte du vestibule. Quand nous fumes dans
+la nuit noire, il alluma une allumette-bougie, la donna au pere
+Jacques, dit a celui-ci de se diriger avec son allumette vers le
+milieu de la "Chambre Jaune", a l'endroit ou brulait, cette nuit-
+la, la veilleuse. Le pere Jacques, qui etait en chaussons (il
+laissait a l'ordinaire ses sabots dans le vestibule), entra dans
+la "Chambre Jaune" avec son bout d'allumette, et nous distinguames
+vaguement, mal eclaires par la petite flamme mourante, des objets
+renverses sur le carreau, un lit dans le coin, et, en face de
+nous, a gauche, le reflet d'une glace, pendue au mur, pres du lit.
+Ce fut rapide.
+
+Rouletabille dit: "C'est assez! Vous pouvez ouvrir les volets.
+
+-- Surtout n'avancez pas, pria le pere Jacques; vous pourriez
+faire des marques avec vos souliers... et il ne faut rien
+deranger... C'est une idee du juge, une idee comme ca, bien que
+son affaire soit deja faite..."
+
+Et il poussa les volets. Le jour livide du dehors entra, eclairant
+un desordre sinistre, entre des murs de safran. Le plancher -- car
+si le vestibule et le laboratoire etaient carreles, la "Chambre
+Jaune" etait plancheiee -- etait recouvert d'une natte jaune, d'un
+seul morceau, qui tenait presque toute la piece, allant sous le
+lit et sous la table-toilette, seuls meubles qui, avec le lit,
+fussent encore sur leurs pieds. La table ronde du milieu, la table
+de nuit et deux chaises etaient renversees. Elles n'empechaient
+point de voir, sur la natte, une large tache de sang qui
+provenait, nous dit le pere Jacques, de la blessure au front de
+Mlle Stangerson. En outre, des gouttelettes de sang etaient
+repandues un peu partout et suivaient, en quelque sorte, la trace
+tres visible des pas, des larges pas noirs, de l'assassin. Tout
+faisait presumer que ces gouttes de sang venaient de la blessure
+de l'homme qui avait, un moment, imprime sa main rouge sur le mur.
+Il y avait d'autres traces de cette main sur le mur, mais beaucoup
+moins distinctes. C'est bien la la trace d'une rude main d'homme
+ensanglantee.
+
+Je ne pus m'empecher de m'ecrier:
+
+"Voyez! ... voyez ce sang sur le mur... L'homme qui a applique si
+fermement sa main ici etait alors dans l'obscurite et croyait
+certainement tenir une porte. Il croyait la pousser! C'est
+pourquoi il a fortement appuye, laissant sur le papier jaune un
+dessin terriblement accusateur, car je ne sache point qu'il y ait
+beaucoup de mains au monde de cette sorte-la. Elle est grande et
+forte, et les doigts sont presque aussi longs les uns que les
+autres! Quant au pouce, il manque! Nous n'avons que la marque de
+la paume. Et si nous suivons la "trace" de cette main, continuai-
+je, nous la voyons, qui, apres s'etre appuyee au mur, le tate,
+cherche la porte, la trouve, cherche la serrure...
+
+-- Sans doute, interrompit Rouletabille en ricanant, _mais il n'y_
+_a pas de sang a la serrure, ni au verrou! ..._
+
+-- Qu'est-ce que cela prouve? Repliquai-je avec un bon sens dont
+j'etais fier, "il" aura ouvert serrure et verrou de la main
+gauche, ce qui est tout naturel puisque la main droite est
+blessee...
+
+-- Il n'a rien ouvert du tout! s'exclama encore le pere Jacques.
+Nous ne sommes pas fous, peut-etre! Et nous etions quatre quand
+nous avons fait sauter la porte!"
+
+Je repris:
+
+"Quelle drole de main! Regardez-moi cette drole de main!
+
+-- C'est une main fort naturelle, repliqua Rouletabille, dont le
+dessin a ete deforme _par le glissement sur le mur_. L'homme _a_
+_essuye sa main blessee sur le mur! _Cet homme doit mesurer un
+metre quatre-vingt.
+
+-- A quoi voyez-vous cela?
+
+-- A la hauteur de la main sur le mur..."
+
+Mon ami s'occupa ensuite de la trace de la balle dans le mur.
+Cette trace etait un trou rond.
+
+"La balle, dit Rouletabille, est arrivee de face: ni d'en haut,
+par consequent, ni d'en bas.
+
+Et il nous fit observer encore qu'elle etait de quelques
+centimetres plus bas sur le mur que le stigmate laisse par la
+main.
+
+Rouletabille, retournant a la porte, avait le nez, maintenant, sur
+la serrure et le verrou. Il constata "qu'on avait bien fait sauter
+la porte, du dehors, serrure et verrou etant encore, sur cette
+porte defoncee, l'une fermee, l'autre pousse, et, sur le mur, les
+deux gaches etant quasi arrachees, pendantes, retenues encore par
+une vis.
+
+Le jeune redacteur de _L'Epoque_ les considera avec attention,
+reprit la porte, la regarda des deux cotes, s'assura qu'il n'y
+avait aucune possibilite de fermeture ou d'ouverture du verrou "de
+l'exterieur", et s'assura qu'on avait retrouve la clef dans la
+serrure, "a l'interieur". Il s'assura encore qu'une fois la clef
+dans la serrure a l'interieur, on ne pouvait ouvrir cette serrure
+de l'interieur avec une autre clef. Enfin, ayant constate qu'il
+n'y avait, a cette porte, "aucune fermeture automatique, bref,
+qu'elle etait la plus naturelle de toutes les portes, munie d'une
+serrure et d'un verrou tres solides qui etaient restes fermes", il
+laissa tomber ces mots: "ca va mieux!" Puis, s'asseyant par terre,
+il se dechaussa hativement.
+
+Et, sur ses chaussettes, il s'avanca dans la chambre. La premiere
+chose qu'il fit fut de se pencher sur les meubles renverses et de
+les examiner avec un soin extreme. Nous le regardions en silence.
+Le pere Jacques lui disait, de plus en plus ironique:
+
+"Oh! mon p'tit! Oh! mon p'tit! Vous vous donnez bien du mal! ..."
+ Mais Rouletabille redressa la tete:
+
+"Vous avez dit la pure verite, pere Jacques, votre maitresse
+n'avait pas, ce soir-la, ses cheveux en bandeaux; c'est moi qui
+etais une vieille bete de croire cela! ..."
+
+Et, souple comme un serpent, il se glissa sous le lit.
+
+Et le pere Jacques reprit:
+
+"Et dire, monsieur, et dire que l'assassin etait cache la-dessous!
+Il y etait quand je suis entre a dix heures, pour fermer les
+volets et allumer la veilleuse, puisque ni M. Stangerson, ni Mlle
+Mathilde, ni moi, n'avons plus quitte le laboratoire jusqu'au
+moment du crime."
+
+On entendait la voix de Rouletabille, sous le lit:
+
+"A quelle heure, monsieur Jacques, M. et Mlle Stangerson sont-ils
+arrives dans le laboratoire pour ne plus le quitter?
+
+-- A six heures!"
+
+La voix de Rouletabille continuait:
+
+"Oui, il est venu la-dessous... c'est certain... Du reste, il n'y
+a que la qu'il pouvait se cacher... Quand vous etes entres, tous
+les quatre, vous avez regarde sous le lit?
+
+-- Tout de suite... Nous avons meme entierement bouscule le lit
+avant de le remettre a sa place.
+
+-- Et entre les matelas?
+
+-- Il n'y avait, a ce lit, qu'un matelas sur lequel on a pose Mlle
+Mathilde. Et le concierge et M. Stangerson ont transporte ce
+matelas immediatement dans le laboratoire. Sous le matelas, il n'y
+avait que le sommier metallique qui ne saurait dissimuler rien, ni
+personne. Enfin, monsieur, songez que nous etions quatre, et que
+rien ne pouvait nous echapper, la chambre etant si petite,
+degarnie de meubles, et tout etant ferme derriere nous, dans le
+pavillon."
+
+J'osai une hypothese:
+
+"Il est peut-etre sorti avec le matelas! Dans le matelas, peut-
+etre... Tout est possible devant un pareil mystere! Dans leur
+trouble, M. Stangerson et le concierge ne se seront pas apercus
+qu'ils transportaient double poids... _et puis, si le concierge
+est complice! ..._ Je vous donne cette hypothese pour ce qu'elle
+vaut, mais voila qui expliquerait bien des choses... et,
+particulierement, le fait que le laboratoire et le vestibule sont
+restes vierges des traces de pas qui se trouvent dans la chambre.
+Quand on a transporte mademoiselle du laboratoire au chateau, le
+matelas, arrete un instant pres de la fenetre, aurait pu permettre
+a l'homme de se sauver...
+
+-- Et puis quoi encore? Et puis quoi encore? Et puis quoi encore?"
+me lanca Rouletabille, en riant deliberement, sous le lit...
+
+J'etais un peu vexe:
+
+"Vraiment on ne sait plus... Tout parait possible..."
+
+Le pere Jacques fit:
+
+"C'est une idee qu'a eue le juge d'instruction, monsieur, et il a
+fait examiner serieusement le matelas. Il a ete oblige de rire de
+son idee, monsieur, comme votre ami rit en ce moment, car ca
+n'etait bien sur pas un matelas a double fond! ... Et puis, quoi!
+s'il y avait eu un homme dans le matelas on l'aurait vu! ..."
+
+Je dus rire moi-meme, et, en effet, j'eus la preuve, depuis, que
+j'avais dit quelque chose d'absurde. Mais ou commencait, ou
+finissait l'absurde dans une affaire pareille!
+
+Mon ami, seul, etait capable de le dire, et encore! ...
+
+"Dites donc! s'ecria le reporter, toujours sous le lit, elle a ete
+bien remuee, cette carpette-la?
+
+-- Par nous, monsieur, expliqua le pere Jacques. Quand nous
+n'avons pas trouve l'assassin, nous nous sommes demande s'il n'y
+avait pas un trou dans le plancher...
+
+-- Il n'y en a pas, repondit Rouletabille. Avez-vous une cave?
+
+-- Non, il n'y a pas de cave... Mais cela n'a pas arrete nos
+recherches et ca n'a pas empeche M le juge d'instruction, et
+surtout son greffier, d'etudier le plancher planche a planche,
+comme s'il y avait eu une cave dessous..."
+
+Le reporter, alors, reapparut. Ses yeux brillaient, ses narines
+palpitaient; on eut dit un jeune animal au retour d'un heureux
+affut... Il resta a quatre pattes. En verite, je ne pouvais mieux
+le comparer dans ma pensee qu'a une admirable bete de chasse sur
+la piste de quelque surprenant gibier... Et il flaira les pas de
+l'homme, de l'homme qu'il s'etait jure de rapporter a son maitre,
+M le directeur de _L'Epoque_, car il ne faut pas oublier que notre
+Joseph Rouletabille etait journaliste!
+
+Ainsi, a quatre pattes, il s'en fut aux quatre coins de la piece,
+reniflant tout, faisant le tour de tout, de tout ce que nous
+voyions, ce qui etait peu de chose, et de tout ce que nous ne
+voyions pas et qui etait, parait-il, immense.
+
+La table-toilette etait une simple tablette sur quatre pieds;
+impossible de la transformer en une cachette passagere... Pas une
+armoire... Mlle Stangerson avait sa garde-robe au chateau.
+
+Le nez, les mains de Rouletabille montaient le long des murs, _qui
+etaient partout de brique epaisse_. Quand il eut fini avec les
+murs et passe ses doigts agiles sur toute la surface du papier
+jaune, atteignant ainsi le plafond auquel il put toucher, en
+montant sur une chaise qu'il avait placee sur la table-toilette,
+et en faisant glisser autour de la piece cet ingenieux escabeau;
+quand il eut fini avec le plafond ou il examina soigneusement la
+trace de l'autre balle, il s'approcha de la fenetre et ce fut
+encore le tour des barreaux et celui des volets, tous bien solides
+et intacts. Enfin, il poussa un ouf! "de satisfaction" et declara
+que, "maintenant, il etait tranquille!"
+
+"Eh bien, croyez-vous qu'elle etait enfermee, la pauvre chere
+mademoiselle quand on nous l'assassinait! Quand elle nous appelait
+a son secours! ... gemit le pere Jacques.
+
+-- Oui, fit le jeune reporter, en s'essuyant le front... la
+_Chambre Jaune__ etait, ma foi, fermee comme un coffre-fort..._
+
+-- De fait, observai-je, voila bien pourquoi ce mystere est le
+plus surprenant que je connaisse, _meme dans le domaine de
+l'imagination_. Dans le_Double Assassinat de la rue Morgue_, Edgar
+Poe n'a rien invente de semblable. Le lieu du crime etait assez
+ferme pour ne pas laisser echapper un homme, mais il y avait
+encore cette fenetre par laquelle pouvait se glisser l'auteur des
+assassinats qui etait un singe! ... Mais ici, il ne saurait etre
+question d'aucune ouverture d'aucune sorte. La porte close et les
+volets fermes comme ils l'etaient, et la fenetre fermee comme elle
+l'etait, _une mouche ne pouvait entrer ni sortir!_
+
+-- En verite! En verite! acquiesca Rouletabille, qui s'epongeait
+toujours le front, semblant suer moins de son recent effort
+corporel que de l'agitation de ses pensees. En verite! C'est un
+tres grand et tres beau et tres curieux mystere! ...
+
+-- La "Bete du Bon Dieu", bougonna le pere Jacques, la "Bete du
+Bon Dieu" elle-meme, si elle avait commis le crime, n'aurait pas
+pu s'echapper... Ecoutez! ... L'entendez-vous? ... Silence! ..."
+
+Le pere Jacques nous faisait signe de nous taire et, le bras tendu
+vers le mur, vers la prochaine foret, ecoutait quelque chose que
+nous n'entendions point.
+
+"Elle est partie, finit-il par dire. Il faudra que je la tue...
+Elle est trop sinistre, cette bete-la... mais c'est la "Bete du
+Bon Dieu"; elle va prier toutes les nuits sur la tombe de sainte
+Genevieve, et personne n'ose y toucher de peur que la mere Agenoux
+jette un mauvais sort...
+
+-- Comment est-elle grosse, la "Bete du Bon Dieu"?
+
+-- Quasiment comme un gros chien basset... c'est un monstre que je
+vous dis. Ah! Je me suis demande plus d'une fois si ca n'etait pas
+elle qui avait pris de ses griffes notre pauvre mademoiselle a la
+gorge... Mais "la Bete du Bon Dieu" ne porte pas des godillots, ne
+tire pas des coups de revolver, n'a pas une main pareille! ...
+s'exclama le pere Jacques en nous montrant encore la main rouge
+sur le mur. Et puis, on l'aurait vue aussi bien qu'un homme, et
+elle aurait ete enfermee dans la chambre et dans le pavillon,
+aussi bien qu'un homme! ...
+
+-- Evidemment, fis-je. De loin, avant d'avoir vu la "Chambre
+Jaune", je m'etais, moi aussi, demande si le chat de la mere
+Agenoux...
+
+-- Vous aussi! s'ecria Rouletabille.
+
+-- Et vous? demandai-je.
+
+-- Moi non, pas une minute... depuis que j'ai lu l'article du
+_Matin, je sais qu'il ne s'agit pas d'une bete!_ Maintenant, je
+jure qu'il s'est passe la une tragedie effroyable... Mais vous ne
+parlez pas du beret retrouve, ni du mouchoir, pere Jacques?
+
+-- Le magistrat les a pris, bien entendu", fit l'autre avec
+hesitation.
+
+Le reporter lui dit, tres grave:
+
+"Je n'ai vu, moi, ni le mouchoir, ni le beret, mais je peux
+cependant vous dire comment ils sont faits.
+
+-- Ah! vous etes bien malin...", et le pere Jacques toussa,
+embarrasse.
+
+"Le mouchoir est un gros mouchoir bleu a raies rouges, et le
+beret, est un vieux beret basque, comme celui-la, ajouta
+Rouletabille en montrant la coiffure de l'homme.
+
+-- C'est pourtant vrai... vous etes sorcier..."
+
+Et le pere Jacques essaya de rire, mais n'y parvint pas.
+
+"Comment qu'vous savez que le mouchoir est bleu a raies rouges?
+
+-- Parce que, s'il n'avait pas ete bleu a raies rouges, on
+n'aurait pas trouve de mouchoir du tout!"
+
+Sans plus s'occuper du pere Jacques, mon ami prit dans sa poche un
+morceau de papier blanc, ouvrit une paire de ciseaux, se pencha
+sur les traces de pas, appliqua son papier sur l'une des traces et
+commenca a decouper. Il eut ainsi une semelle de papier d'un
+contour tres net, et me la donna en me priant de ne pas la perdre.
+
+Il se retourna ensuite vers la fenetre et, montrant au pere
+Jacques, Frederic Larsan qui n'avait pas quitte les bords de
+l'etang, il s'inquieta de savoir si le policier n'etait point
+venu, lui aussi, "travailler dans la Chambre Jaune".
+
+"Non! repondit M. Robert Darzac, qui, depuis que Rouletabille lui
+avait passe le petit bout de papier roussi, n'avait pas prononce
+un mot. Il pretend qu'il n'a point besoin de voir la "Chambre
+Jaune", que l'assassin est sorti de la "Chambre Jaune" d'une facon
+tres naturelle, et qu'il s'en expliquera ce soir!
+
+En entendant M. Robert Darzac parler ainsi, Rouletabille -- chose
+extraordinaire -- palit.
+
+"Frederic Larsan possederait-il la verite que je ne fais que
+pressentir! murmura-t-il. Frederic Larsan est tres fort... tres
+fort... et je l'admire... Mais aujourd'hui, il s'agit de faire
+mieux qu'une oeuvre de policier... _mieux que ce qu'enseigne
+l'experience! ... il s'agit d'etre logique, _mais logique,
+entendez-moi bien, comme le bon Dieu a ete logique quand il a dit:
+2 + 2 = 4...! IL S'AGIT DE PRENDRE LA RAISON PAR LE BON BOUT!"
+
+Et le reporter se precipita dehors, eperdu a cette idee que le
+grand, le fameux Fred pouvait apporter avant lui la solution du
+probleme de la "Chambre Jaune!"
+
+Je parvins a le rejoindre sur le seuil du pavillon.
+
+"Allons! lui dis-je, calmez-vous... vous n'etes donc pas content?
+
+-- Oui, m'avoua-t-il avec un grand soupir_. Je suis tres content_.
+J'ai decouvert bien des choses...
+
+-- De l'ordre moral ou de l'ordre materiel?
+
+-- Quelques-unes de l'ordre moral et une de l'ordre materiel.
+Tenez, ceci, par exemple."
+
+Et, rapidement, il sortit de la poche de son gilet une feuille de
+papier qu'il avait du y serrer pendant son expedition sous le lit,
+et dans le pli de laquelle il avait depose _un cheveu blond de
+femme_.
+
+
+
+VIII
+Le juge d'instruction interroge Mlle Stangerson
+
+
+Cinq minutes plus tard, Joseph Rouletabille se penchait sur les
+empreintes de pas decouvertes dans le parc, sous la fenetre meme
+du vestibule, quand un homme, qui devait etre un serviteur du
+chateau, vint a nous a grandes enjambees, et cria a M. Robert
+Darzac qui descendait du pavillon:
+
+"Vous savez, monsieur Robert, que le juge d'instruction est en
+train d'interroger mademoiselle."
+
+M. Robert Darzac nous jeta aussitot une vague excuse et se prit a
+courir dans la direction du chateau; l'homme courut derriere lui.
+
+"Si le cadavre parle, fis-je, cela va devenir interessant.
+
+-- Il faut savoir, dit mon ami. Allons au chateau."
+
+Et il m'entraina. Mais, au chateau, un gendarme place dans le
+vestibule nous interdit l'acces de l'escalier du premier etage.
+Nous dumes attendre.
+
+Pendant ce temps-la, voici ce qui se passait dans la chambre de la
+victime. Le medecin de la famille, trouvant que Mlle Stangerson
+allait beaucoup mieux, mais craignant une rechute fatale qui ne
+permettrait plus de l'interroger, avait cru de son devoir
+d'avertir le juge d'instruction... et celui-ci avait resolu de
+proceder immediatement a un bref interrogatoire. A cet
+interrogatoire assisterent M. de Marquet, le greffier, M.
+Stangerson, le medecin. Je me suis procure plus tard, au moment du
+proces, le texte de cet interrogatoire. Le voici, dans toute sa
+secheresse juridique:
+
+Demande. -- Sans trop vous fatiguer, etes-vous capable,
+mademoiselle, de nous donner quelques details necessaires sur
+l'affreux attentat dont vous avez ete victime?
+
+Reponse. -- Je me sens beaucoup mieux, monsieur, et je vais vous
+dire ce que je sais. Quand j'ai penetre dans ma chambre, je ne me
+suis apercue de rien d'anormal.
+
+ D. -- Pardon, mademoiselle, si vous me le permettez, je vais vous
+poser des questions et vous y repondrez. Cela vous fatiguera moins
+qu'un long recit.
+
+ R. -- Faites, monsieur.
+
+ D. -- Quel fut ce jour-la l'emploi de votre journee? Je le
+desirerais aussi precis, aussi meticuleux que possible. Je
+voudrais, mademoiselle, suivre tous vos gestes, ce jour-la, si ce
+n'est point trop vous demander.
+
+R. -- Je me suis levee tard, a dix heures, car mon pere et moi
+nous etions rentres tard dans la nuit, ayant assiste au diner et a
+la reception offerts par le president de la Republique, en
+l'honneur des delegues de l'academie des sciences de Philadelphie.
+Quand je suis sortie de ma chambre, a dix heures et demie, mon
+pere etait deja au travail dans le laboratoire. Nous avons
+travaille ensemble jusqu'a midi; nous avons fait une promenade
+d'une demi-heure dans le parc; nous avons dejeune au chateau. Une
+demi-heure de promenade, jusqu'a une heure et demie, comme tous
+les jours. Puis, mon pere et moi, nous retournons au laboratoire.
+La, nous trouvons ma femme de chambre qui vient de faire ma
+chambre. J'entre dans la "Chambre Jaune" pour donner quelques
+ordres sans importance a cette domestique qui quitte le pavillon
+aussitot et je me remets au travail avec mon pere. A cinq heures,
+nous quittons le pavillon pour une nouvelle promenade et le the.
+
+D. -- Au moment de sortir, a cinq heures, etes-vous entree dans
+votre chambre?
+
+R. -- Non, monsieur, c'est mon pere qui est entre dans ma chambre,
+pour y chercher, sur ma priere, mon chapeau.
+
+D. -- Et il n'y a rien vu de suspect?
+
+M. STANGERSON. -- Evidemment non, monsieur.
+
+D. -- Du reste, il est a peu pres sur que l'assassin n'etait pas
+encore sous le lit, a ce moment-la. Quand vous etes partie, la
+porte de la chambre n'avait pas ete fermee a clef?
+
+Mlle STANGERSON. -- Non. Nous n'avions aucune raison pour cela...
+
+D. -- Vous avez ete combien de temps partis du pavillon a ce
+moment-la, M. Stangerson et vous?
+
+R. -- Une heure environ.
+
+D. -- C'est pendant cette heure-la, sans doute, que l'assassin
+s'est introduit dans le pavillon. Mais comment? On ne le sait pas.
+On trouve bien, dans le parc, des traces de pas _qui s'en vont_ de
+la fenetre du vestibule, on n'en trouve point qui _y viennent_.
+Aviez-vous remarque que la fenetre du vestibule fut ouverte quand
+vous etes sortie avec votre pere?
+
+R. -- Je ne m'en souviens pas.
+
+M. STANGERSON. -- Elle etait fermee.
+
+D. -- Et quand vous etes rentres?
+
+Mlle STANGERSON. -- Je n'ai pas fait attention.
+
+M. STANGERSON. -- Elle etait encore fermee..., je m'en souviens
+tres bien, car, en rentrant, j'ai dit tout haut: "Vraiment,
+pendant notre absence, le pere Jacques aurait pu ouvrir! ..."
+
+D. -- Etrange!Etrange! Rappelez-vous, monsieur Stangerson, que le
+pere Jacques, en votre absence, et avant de sortir, l'avait
+ouverte. Vous etes donc rentres a six heures dans le laboratoire
+et vous vous etes remis au travail?
+
+Mlle STANGERSON. -- Oui, monsieur.
+
+D. -- Et vous n'avez plus quitte le laboratoire depuis cette
+heure-la jusqu'au moment ou vous etes entree dans votre chambre?
+
+M. STANGERSON. -- Ni ma fille, ni moi, monsieur. Nous avions un
+travail tellement presse que nous ne perdions pas une minute.
+C'est a ce point que nous negligions toute autre chose.
+
+D. -- Vous avez dine dans le laboratoire?
+
+R. -- Oui, pour la meme raison.
+
+D. -- Avez-vous coutume de diner dans le laboratoire?
+
+R. -- Nous y dinons rarement.
+
+D. -- L'assassin ne pouvait pas savoir que vous dineriez, ce soir-
+la, dans le laboratoire?
+
+M. STANGERSON. -- Mon Dieu,monsieur, je ne pense pas... C'est dans
+le temps que nous revenions, vers six heures, au pavillon, que je
+pris cette resolution de diner dans le laboratoire, ma fille et
+moi. A ce moment, je fus aborde par mon garde qui me retint un
+instant pour me demander de l'accompagner dans une tournee urgente
+du cote des bois dont j'avais decide la coupe. Je ne le pouvais
+point et remis au lendemain cette besogne, et je priai alors le
+garde, puisqu'il passait par le chateau, d'avertir le maitre
+d'hotel que nous dinerions dans le laboratoire. Le garde me
+quitta, allant faire ma commission, et je rejoignis ma fille a
+laquelle j'avais remis la clef du pavillon et qui l'avait laissee
+sur la porte a l'exterieur. Ma fille etait deja au travail.
+
+D. -- A quelle heure, mademoiselle, avez-vous penetre dans votre
+chambre pendant que votre pere continuait a travailler?
+
+Mlle STANGERSON. -- A minuit.
+
+D. -- Le pere Jacques etait entre dans le courant de la soiree
+dans la "Chambre Jaune"?
+
+R. -- Pour fermer les volets et allumer la veilleuse, comme chaque
+soir...
+
+D. -- Il n'a rien remarque de suspect?
+
+R. -- Il nous l'aurait dit. Le pere Jacques est un brave homme qui
+m'aime beaucoup.
+
+Demande. -vous affirmez, Monsieur Stangerson, que le pere Jacques,
+ensuite, n'a pas quitte le laboratoire?
+
+D. -- Vous affirmez, monsieur Stangerson, que le pere Jacques,
+ensuite, n'a pas quitte le laboratoire? Qu'il est reste tout le
+temps avec vous?
+
+M. STANGERSON. -- J'en suis sur. Je n'ai aucun soupcon de ce cote.
+
+D. -- Mademoiselle, quand vous avez penetre dans votre chambre,
+vous avez immediatement ferme votre porte a clef et au verrou?
+
+Voila bien des precautions, sachant que votre pere et votre
+serviteur sont la. Vous craigniez donc quelque chose?
+
+R. -- Mon pere n'allait pas tarder a rentrer au chateau, et le
+pere Jacques, a aller se coucher. Et puis, en effet, je craignais
+quelque chose.
+
+D. -- Vous craigniez si bien quelque chose que vous avez emprunte
+le revolver du pere Jacques sans le lui dire?
+
+R. -- C'est vrai, je ne voulais effrayer personne, d'autant plus
+que mes craintes pouvaient etre tout a fait pueriles.
+
+D. -- Et que craigniez-vous donc?
+
+R. -- Je ne saurais au juste vous le dire; depuis plusieurs nuits,
+il me semblait entendre dans le parc et hors du parc, autour du
+pavillon, des bruits insolites, quelquefois des pas, des
+craquements de branches. La nuit qui a precede l'attentat, nuit ou
+je ne me suis pas couchee avant trois heures du matin, a notre
+retour de l'elysee, je suis restee un instant a ma fenetre et j'ai
+bien cru voir des ombres...
+
+D. -- Combien d'ombres?
+
+R. -- Deux ombres qui tournaient autour de l'etang... puis la lune
+s'est cachee et je n'ai plus rien vu. A cette epoque de la saison,
+tous les ans, j'ai deja reintegre mon appartement du chateau ou je
+reprends mes habitudes d'hiver; mais, cette annee, je m'etais dit
+que je ne quitterais le pavillon que lorsque mon pere aurait
+termine, pour l'academie des sciences, le resume de ses travaux
+sur"la Dissociation de la matiere". Je ne voulais pas que cette
+oeuvre considerable, qui allait etre achevee dans quelques jours,
+fut troublee par un changement quelconque dans nos habitudes
+immediates. Vous comprendrez que je n'aie point voulu parler a mon
+pere de mes craintes enfantines et que je les aie tues au pere
+Jacques qui n'aurait pu tenir sa langue. Quoi qu'il en soit, comme
+je savais que le pere Jacques avait un revolver dans le tiroir de
+sa table de nuit, je profitai d'un moment ou le bonhomme s'absenta
+dans la journee pour monter rapidement dans son grenier et
+emporter son arme que je glissai dans le tiroir de ma table de
+nuit, a moi.
+
+D. -- Vous ne vous connaissez pas d'ennemis?
+
+R. -- Aucun.
+
+D. -- Vous comprendrez, mademoiselle, que ces precautions
+exceptionnelles sont faites pour surprendre.
+
+M. STANGERSON. -- Evidemment, mon enfant, voila des precautions
+bien surprenantes.
+
+R. -- Non; je vous dis que, depuis deux nuits, je n'etais pas
+tranquille, mais pas tranquille du tout.
+
+M. STANGERSON. -- Tu aurais du me parler de cela. Tu es
+impardonnable. Nous aurions evite un malheur!
+
+D. -- La porte de la "Chambre Jaune" fermee, mademoiselle, vous
+vous couchez?
+
+R. -- Oui, et, tres fatiguee, je dors tout de suite.
+
+D. -- La veilleuse etait restee allumee?
+
+R. -- Oui; mais elle repand une tres faible clarte...
+
+D. -- Alors, mademoiselle, dites ce qui est arrive?
+
+R. -- Je ne sais s'il y avait longtemps que je dormais, mais
+soudain je me reveille... Je poussai un grand cri...
+
+M. STANGERSON. -- Oui, un cri horrible... A l'assassin! ... Je
+l'ai encore dans les oreilles...
+
+D. -- Vous poussez un grand cri?
+
+R. -- Un homme etait dans ma chambre. Il se precipitait sur moi,
+me mettait la main a la gorge, essayait de m'etrangler.
+J'etouffais deja; tout a coup, ma main, dans le tiroir entrouvert
+de ma table de nuit, parvint a saisir le revolver que j'y avais
+depose et qui etait pret a tirer. A ce moment, l'homme me fit
+rouler a bas de mon lit et brandit sur ma tete une espece de
+masse. Mais j'avais tire. Aussitot, je me sentis frappee par un
+grand coup, un coup terrible a la tete. Tout ceci, monsieur le
+juge, fut plus rapide que je ne le pourrais dire, et je ne sais
+plus rien.
+
+D. -- Plus rien! ... Vous n'avez pas une idee de la facon dont
+l'assassin a pu s'echapper de votre chambre?
+
+R. -- Aucune idee... Je ne sais plus rien. On ne sait pas ce qui
+se passe autour de soi quand on est morte!
+
+D. -- Cet homme etait-il grand ou petit?
+
+R. -- Je n'ai vu qu'une ombre qui m'a paru formidable...
+
+D. -- Vous ne pouvez nous donner aucune indication?
+
+R. -- Monsieur, je ne sais plus rien; un homme s'est rue sur moi,
+j'ai tire sur lui... Je ne sais plus rien...
+
+Ici se termine l'interrogatoire de Mlle Stangerson. Joseph
+Rouletabille attendit patiemment M. Robert Darzac. Celui-ci ne
+tarda pas a apparaitre.
+
+Dans une piece voisine de la chambre de Mlle Stangerson, il avait
+ecoute l'interrogatoire et venait le rapporter a notre ami avec
+une grande exactitude, une grande memoire, et une docilite qui me
+surprit encore. Grace aux notes hatives qu'il avait prises au
+crayon, il put reproduire presque textuellement les demandes et
+les reponses.
+En verite, M. Darzac avait l'air d'etre le secretaire de mon jeune
+ami et agissait en tout comme quelqu'un qui n'a rien a lui
+refuser; mieux encore, quelqu'un "qui aurait travaille pour lui".
+
+Le fait de la "fenetre fermee" frappa beaucoup le reporter comme
+il avait frappe le juge d'instruction. En outre, Rouletabille
+demanda a M. Darzac de lui repeter encore l'emploi du temps de M.
+et Mlle Stangerson le jour du drame, tel que Mlle Stangerson et M.
+Stangerson l'avaient etabli devant le juge. La circonstance du
+diner dans le laboratoire sembla l'interesser au plus haut point
+et il se fit redire deux fois, pour en etre plus sur, que, seul,
+le garde savait que le professeur et sa fille dinaient dans le
+laboratoire, et de quelle sorte le garde l'avait su.
+
+Quand M. Darzac se fut tu, je dis:
+
+"Voila un interrogatoire qui ne fait pas avancer beaucoup le
+probleme.
+
+-- Il le recule, obtempera M. Darzac.
+
+-- Il l'eclaire", fit, pensif, Rouletabille.
+
+
+
+IX
+Reporter et policier
+
+
+Nous retournames tous trois du cote du pavillon. A une centaine de
+metres du batiment, le reporter nous arreta, et, nous montrant un
+petit bosquet sur notre droite, il nous dit:
+
+"Voila d'ou est parti l'assassin pour entrer dans le pavillon."
+
+Comme il y avait d'autres bosquets de cette sorte entre les grands
+chenes, je demandai pourquoi l'assassin avait choisi celui-ci
+plutot que les autres; Rouletabille me repondit en me designant le
+sentier qui passait tout pres de ce bosquet et qui conduisait a la
+porte du pavillon.
+
+"Ce sentier est garni de graviers, comme vous voyez, fit-il. _Il
+faut_ que l'homme ait passe par la pour aller au pavillon,
+puisqu'on ne trouve pas la trace de ses pas du_voyage aller_, sur
+la terre molle. Cet homme n'a point d'ailes. Il a marche; mais il
+a marche sur le gravier qui a roule sous sa chaussure sans en
+conserver l'empreinte: ce gravier, en effet, a ete roule par
+beaucoup d'autres pieds puisque le sentier est le plus direct qui
+aille du pavillon au chateau. Quant au bosquet, forme de ces
+sortes de plantes qui ne meurent point pendant la mauvaise saison
+-- lauriers et fusains -- il a fourni a l'assassin un abri
+suffisant en attendant que le moment fut venu, pour celui-ci, de
+se diriger vers le pavillon. C'est, cache dans ce bosquet, que
+l'homme a vu sortir M. et Mlle Stangerson, puis le pere Jacques.
+On a repandu du gravier jusqu'a la fenetre -- presque -- du
+vestibule. Une empreinte des pas de l'homme, _parallele_ au mur,
+empreinte que nous remarquions tout a l'heure, et que j'ai deja
+vue, prouve qu'"il" n'a eu a faire qu'une enjambee pour se trouver
+en face de la fenetre du vestibule, laissee ouverte par le pere
+Jacques. L'homme se hissa alors sur les poignets, et penetra dans
+le vestibule.
+
+-- Apres tout, c'est bien possible! fis-je...
+
+-- Apres tout, quoi? apres tout, quoi? ... s'ecria Rouletabille,
+soudain pris d'une colere que j'avais bien innocemment
+dechainee... Pourquoi dites-vous: apres tout, c'est bien
+possible!..."
+
+Je le suppliai de ne point se facher, mais il l'etait deja
+beaucoup trop pour m'ecouter, et il declara qu'il admirait le
+doute prudent avec lequel certaines gens (moi) abordaient de loin
+les problemes les plus simples, ne se risquant jamais a dire:
+"ceci est"ou "ceci n'est pas", de telle sorte que leur
+intelligence aboutissait tout juste au meme resultat qui aurait
+ete obtenu si la nature avait oublie de garnir leur boite
+cranienne d'un peu de matiere grise. Comme je paraissais vexe, mon
+jeune ami me prit par le bras et m'accorda "qu'il n'avait point
+dit cela pour moi, attendu qu'il m'avait en particuliere estime".
+
+"Mais enfin! reprit-il, il est quelquefois criminel de ne point,
+_quand on le peut_, raisonner a coup sur! ... Si je ne raisonne
+point, comme je le fais, avec ce gravier, il me faudra raisonner
+avec un ballon! Mon cher, la science de l'aerostation dirigeable
+n'est point encore assez developpee pour que je puisse faire
+entrer, dans le jeu de mes cogitations, l'assassin qui tombe du
+ciel! Ne dites donc point qu'une chose est possible, quand il est
+impossible qu'elle soit autrement. Nous savons, maintenant,
+comment l'homme est entre par la fenetre, et nous savons aussi a
+quel moment il est entre. Il y est entre pendant la promenade de
+cinq heures. Le fait de la presence de la femme de chambre _qui_
+_vient de faire la Chambre Jaune_, dans le laboratoire, au moment
+du retour du professeur et de sa fille, a une heure et demie, nous
+permet d'affirmer qu'a une heure et demie, l'assassin n'etait pas
+dans la chambre, sous le lit, a moins qu'il n'y ait complicite de
+la femme de chambre. Qu'en dites-vous, Monsieur Robert Darzac?"
+
+M. Darzac secoua la tete, declara qu'il etait sur de la fidelite
+de la femme de chambre de Mlle Stangerson, et que c'etait une fort
+honnete et fort devouee domestique.
+
+"Et puis, a cinq heures, M. Stangerson est entre dans la chambre
+pour chercher le chapeau de sa fille! ajouta-t-il...
+
+-- Il y a encore cela! fit Rouletabille.
+
+-- L'homme est donc entre, dans le moment que vous dites, par
+cette fenetre, fis-je, je l'admets, mais pourquoi a-t-il referme
+la fenetre, ce qui devait, necessairement, attirer l'attention de
+ceux qui l'avaient ouverte?
+
+-- il se peut que la fenetre n'ait point ete refermee "tout de
+suite", me repondit le jeune reporter. _Mais, s'il a referme la_
+_fenetre, il l'a refermee a cause du coude que fait le sentier
+garni de gravier, a vingt-cinq metres du pavillon, et a cause des
+trois chenes qui s'elevent a cet endroit._
+
+-- Que voulez-vous dire?" demanda M. Robert Darzac qui nous avait
+suivis, et qui ecoutait Rouletabille avec une attention presque
+haletante.
+
+"Je vous l'expliquerai plus tard, monsieur, quand j'en jugerai le
+moment venu; mais je ne crois pas avoir prononce de paroles plus
+importantes sur cette affaire, _si mon hypothese se justifie_.
+
+-- Et quelle est votre hypothese?
+
+-- Vous ne la saurez jamais si elle ne se revele point etre la
+verite. C'est une hypothese beaucoup trop grave, voyez-vous, pour
+que je la livre tant qu'elle ne sera qu'hypothese.
+
+-- Avez-vous, au moins, quelque idee de l'assassin?
+
+-- Non, monsieur, je ne sais pas qui est l'assassin, mais ne
+craignez rien, monsieur Robert Darzac_, je le saurai_."
+Je dus constater que M. Robert Darzac etait tres emu; et je
+soupconnai que l'affirmation de Rouletabille n'etait point pour
+lui plaire. Alors, pourquoi, s'il craignait reellement qu'on
+decouvrit l'assassin (je questionnais ici ma propre pensee),
+pourquoi aidait-il le reporter a le retrouver? Mon jeune ami
+sembla avoir recu la meme impression que moi, et il dit
+brutalement:
+
+"Cela ne vous deplait pas, monsieur Robert Darzac, que je decouvre
+l'assassin?
+
+-- Ah! je voudrais le tuer de ma main! s'ecria le fiance de Mlle
+Stangerson, avec un elan qui me stupefia.
+
+-- Je vous crois! fit gravement Rouletabille, mais vous n'avez pas
+repondu a ma question."
+
+Nous passions pres du bosquet, dont le jeune reporter nous avait
+parle a l'instant; j'y entrai et lui montrai les traces evidentes
+du passage d'un homme qui s'etait cache la. Rouletabille, une fois
+de plus, avait raison.
+
+"Mais oui! fit-il, mais oui! ... Nous avons affaire a un individu
+en chair et en os, qui ne dispose pas d'autres moyens que les
+notres, et il faudra bien que tout s'arrange!"
+
+Ce disant, il me demanda la semelle de papier qu'il m'avait
+confiee et l'appliqua sur une empreinte tres nette, derriere le
+bosquet. Puis il se releva en disant: "Parbleu!"
+
+Je croyais qu'il allait, maintenant, suivre a la piste "les pas de
+la fuite de l'assassin", depuis la fenetre du vestibule, mais il
+nous entraina assez loin vers la gauche, en nous declarant que
+c'etait inutile de se mettre le nez sur cette fange, et qu'il
+etait sur, maintenant, de tout le chemin de la fuite de
+l'assassin.
+
+"Il est alle jusqu'au bout du mur, a cinquante metres de la, et
+puis il a saute la haie et le fosse; tenez, juste en face ce petit
+sentier qui conduit a l'etang. C'est le chemin le plus rapide pour
+sortir de la propriete et aller a l'etang.
+
+-- Comment savez-vous qu'il est alle a l'etang?
+
+-- Parce que Frederic Larsan n'en a pas quitte les bords depuis ce
+matin. Il doit y avoir la de fort curieux indices."
+
+Quelques minutes plus tard, nous etions pres de l'etang.
+
+C'etait une petite nappe d'eau marecageuse, entouree de roseaux,
+et sur laquelle flottaient encore quelques pauvres feuilles mortes
+de nenuphar. Le grand Fred nous vit peut-etre venir, mais il est
+probable que nous l'interessions peu, car il ne fit guere
+attention a nous et continua de remuer, du bout de sa canne,
+quelque chose que nous ne voyions pas...
+
+"Tenez, fit Rouletabille, voila a nouveau _les pas de la fuite de
+l'homme_; ils tournent l'etang ici, reviennent et disparaissent
+enfin, pres de l'etang, juste devant ce sentier qui conduit a la
+grande route d'Epinay. L'homme a continue sa fuite vers Paris...
+
+-- Qui vous le fait croire, interrompis-je, puisqu'il n'y a plus
+les pas de l'homme sur le sentier? ...
+
+-- Ce qui me le fait croire? Mais ces pas-la, ces pas que
+j'attendais! s'ecria-t-il, en designant l'empreinte tres nette
+d'une "chaussure elegante"... Voyez! ..."
+
+Et il interpella Frederic Larsan.
+
+-- Monsieur Fred, cria-t-il... "ces pas elegants" sur la route
+sont bien la depuis la decouverte du crime?
+
+-- Oui, jeune homme; oui, ils ont ete releves soigneusement,
+repondit Fred sans lever la tete. Vous voyez, il y a les pas qui
+viennent, et les pas qui repartent...
+
+-- Et cet homme avait une bicyclette!" s'ecria le reporter...
+
+Ici, apres avoir regarde les empreintes de la bicyclette qui
+suivaient, aller et retour, les pas elegants, je crus pouvoir
+intervenir.
+
+"La bicyclette explique la disparition des pas grossiers de
+l'assassin, fis-je. L'assassin, aux pas grossiers, est monte a
+bicyclette... Son complice, "l'homme aux pas elegants", etait venu
+l'attendre au bord de l'etang, avec la bicyclette. On peut
+supposer que l'assassin agissait pour le compte de l'homme aux pas
+elegants?
+
+-- Non! non! repliqua Rouletabille avec un etrange sourire...
+J'attendais ces pas-la depuis le commencement de l'affaire. Je les
+ai, je ne vous les abandonne pas. Ce sont les pas de l'assassin!
+
+-- Et les autres pas, les pas grossiers, qu'en faites-vous?
+
+-- Ce sont encore les pas de l'assassin.
+
+-- Alors, il y en a deux?
+
+--Non! Il n'y en a qu'un, et il n'a pas eu de complice...
+
+-- Tres fort! tres fort! cria de sa place Frederic Larsan.
+
+-- Tenez, continua le jeune reporter, en nous montrant la terre
+remuee par des talons grossiers; l'homme s'est assis la et a
+enleve les godillots qu'il avait mis pour tromper la justice, et
+puis, les emportant sans doute avec lui, _il s'est releve avec ses
+pieds a lui_ et, tranquillement, a regagne, au pas, la grande
+route, en tenant sa bicyclette a la main. Il ne pouvait se
+risquer, sur ce tres mauvais sentier, a courir a bicyclette. Du
+reste, ce qui le prouve, c'est la marque legere et hesitante de la
+becane sur le sentier, malgre la mollesse du sol. S'il y avait eu
+un homme sur cette bicyclette, les roues fussent entrees
+profondement dans le sol... Non, non, il n'y avait la qu'un seul
+homme: L'assassin, a pied!
+
+-- Bravo! Bravo!" fit encore le grand Fred...
+
+Et, tout a coup, celui-ci vint a nous, se planta devant M. Robert
+Darzac et lui dit:
+
+"Si nous avions une bicyclette ici... nous pourrions demontrer la
+justesse du raisonnement de ce jeune homme, monsieur Robert
+Darzac... _Vous ne savez pas_ s'il s'en trouve une au chateau?
+
+-- Non! repondit M. Darzac, il n'y en a pas; j'ai emporte la
+mienne, il y a quatre jours, a Paris, la derniere fois que je suis
+venu au chateau avant le crime.
+
+-- C'est dommage!" repliqua Fred sur le ton d'une extreme
+froideur.
+
+Et, se retournant vers Rouletabille:
+
+"Si cela continue, dit-il, vous verrez que nous aboutirons tous
+les deux aux memes conclusions. Avez-vous une idee sur la facon
+dont l'assassin est sorti de la "Chambre Jaune"?
+
+-- Oui, fit mon ami, une idee...
+
+-- Moi aussi, continua Fred, et ce doit etre la meme. Il n'y a pas
+deux facons de raisonner dans cette affaire. J'attends, pour
+m'expliquer devant le juge, l'arrivee de mon chef.
+
+-- Ah! Le chef de la Surete va venir?
+
+-- Oui, cet apres-midi, pour la confrontation dans le laboratoire,
+devant le juge d'instruction, de tous ceux qui ont joue ou pu
+jouer un role dans le drame. Ce sera tres interessant. Il est
+malheureux que vous ne puissiez y assister.
+
+-- J'y assisterai, affirma Rouletabille.
+
+-- Vraiment... vous etes extraordinaire... pour votre age!
+repliqua le policier sur un ton non denue d'une certaine ironie...
+Vous feriez un merveilleux policier... si vous aviez un peu plus
+de methode... Si vous obeissiez moins a votre instinct et aux
+bosses de votre front. C'est une chose que j'ai deja observee
+plusieurs fois, monsieur Rouletabille: vous raisonnez trop... Vous
+ne vous laissez pas assez conduire par votre observation... Que
+dites-vous du mouchoir plein de sang et de la main rouge sur le
+mur? Vous avez vu, vous, la main rouge sur le mur; moi, je n'ai vu
+que le mouchoir... Dites...
+
+-- Bah! fit Rouletabille, un peu interloque, _l'assassin a ete_
+_blesse a la main_ par le revolver de Mlle Stangerson!
+
+-- Ah! observation brutale, instinctive... Prenez garde, vous etes
+trop "directement" logique, monsieur Rouletabille; la logique vous
+jouera un mauvais tour si vous la brutalisez ainsi. Il est de
+nombreuses circonstances dans lesquelles il faut la traiter en
+douceur, "la prendre de loin"... Monsieur Rouletabille, vous avez
+raison quand vous parlez du revolver de Mlle Stangerson. Il est
+certain que "la victime" a tire. Mais vous avez tort quand vous
+dites qu'elle a blesse l'assassin a la main...
+
+-- Je suis sur!" s'ecria Rouletabille...
+
+Fred, imperturbable, l'interrompit:
+
+"Defaut d'observation! ... defaut d'observation! ...
+
+L'examen du mouchoir, les innombrables petites taches rondes,
+ecarlates, impressions de gouttes que je retrouve sur la trace des
+pas, _au moment meme ou le pas pose a terre_, me prouvent que
+l'assassin n'a pas ete blesse. _"L'assassin, monsieur
+Rouletabille, a saigne du nez! ..."_
+
+Le grand Fred etait serieux. Je ne pus retenir, cependant, une
+exclamation.
+
+Le reporter regardait Fred qui regardait serieusement le reporter.
+Et Fred tira aussitot une conclusion:
+
+"L'homme qui saignait du nez dans sa main et dans son mouchoir, a
+essuye sa main sur le mur. La chose est fort importante, ajouta-t-
+il, _car l'assassin n'a pas besoin d'etre blesse a la main pour
+etre l'assassin!"_
+
+Rouletabille sembla reflechir profondement, et dit:
+
+"Il y a quelque chose, monsieur Frederic Larsan, qui est beaucoup
+plus grave que le fait de brutaliser la logique, c'est cette
+disposition d'esprit propre a certains policiers qui leur fait, en
+toute bonne foi, "plier en douceur cette logique aux necessites de
+leurs conceptions". Vous avez votre idee, deja, sur l'assassin,
+monsieur Fred, ne le niez pas... et il ne faut pas que votre
+assassin ait ete blesse a la main, sans quoi votre idee tomberait
+d'elle-meme... Et vous avez cherche, et vous avez trouve autre
+chose. C'est un systeme bien dangereux, monsieur Fred, bien
+dangereux, que celui qui consiste a partir de l'idee que l'on se
+fait de l'assassin pour arriver aux preuves dont on a besoin! ...
+Cela pourrait vous mener loin... Prenez garde a l'erreur
+judiciaire, Monsieur Fred; elle vous guette! ..."
+
+Et, ricanant un peu, les mains dans les poches, legerement
+goguenard, Rouletabille, de ses petits yeux malins, fixa le grand
+Fred.
+
+Frederic Larsan considera en silence ce gamin qui pretendait etre
+plus fort que lui; il haussa les epaules, nous salua, et s'en
+alla, a grandes enjambees, frappant la pierre du chemin _de sa_
+_grande canne._
+
+Rouletabille le regardait s'eloigner; puis le jeune reporter se
+retourna vers nous, la figure joyeuse et deja triomphante:
+
+"Je le battrai! nous jeta-t-il... Je battrai le grand Fred, si
+fort soit-il; je les battrai tous... Rouletabille est plus fort
+qu'eux tous! ... Et le grand Fred, l'illustre, le fameux,
+l'immense Fred... l'unique Fred raisonne comme une savate! ...
+comme une savate! ... comme une savate!"
+
+Et il esquissa un entrechat; mais il s'arreta subitement dans sa
+choregraphie... Mes yeux allerent ou allaient ses yeux; ils
+etaient attaches sur M. Robert Darzac qui, la face decomposee,
+regardait sur le sentier, la marque de ses pas, a cote de la
+marque "du pas elegant". IL N'Y AVAIT PAS DE DIFFERENCE!
+
+Nous crumes qu'il allait defaillir; ses yeux, agrandis par
+l'epouvante, nous fuirent un instant, cependant que sa main droite
+tiraillait d'un mouvement spasmodique le collier de barbe qui
+entourait son honnete et douce et desesperee figure. Enfin, il se
+ressaisit, nous salua, nous dit d'une voix changee, qu'il etait
+dans la necessite de rentrer au chateau et partit.
+
+"Diable!" fit Rouletabille.
+
+Le reporter, lui aussi, avait l'air consterne. Il tira de son
+portefeuille un morceau de papier blanc, comme je le lui avais vu
+faire precedemment, et decoupa avec ses ciseaux les contours de
+"pieds elegants" de l'assassin, dont le modele etait la, sur la
+terre. Et puis il transporta cette nouvelle semelle de papier sur
+les empreintes de la bottine de M. Darzac. L'adaptation etait
+parfaite et Rouletabille se releva en repetant: "Diable"!
+
+Je n'osais pas prononcer une parole, tant j'imaginais que ce qui
+se passait, dans ce moment, dans les bosses de Rouletabille etait
+grave.
+
+Il dit:
+
+"Je crois pourtant que M. Robert Darzac est un honnete homme..."
+
+Et il m'entraina vers l'auberge du "Donjon", que nous apercevions
+a un kilometre de la, sur la route, a cote d'un petit bouquet
+d'arbres.
+
+
+
+X
+"Maintenant, il va falloir manger du saignant"
+
+
+L'auberge du "Donjon" n'avait pas grande apparence; mais j'aime
+ces masures aux poutres noircies par le temps et la fumee de
+l'atre, ces auberges de l'epoque des diligences, batisses
+branlantes qui ne seront bientot plus qu'un souvenir. Elles
+tiennent au passe, elles se rattachent a l'histoire, elles
+continuent quelque chose et elles font penser aux vieux contes de
+la Route, quand il y avait, sur la route, des aventures.
+
+Je vis tout de suite que l'auberge du "Donjon" avait bien ses deux
+siecles et meme peut-etre davantage. Pierraille et platras
+s'etaient detaches ca et la de la forte armature de bois dont les
+X et les V supportaient encore gaillardement le toit vetuste.
+Celui-ci avait glisse legerement sur ses appuis, comme glisse la
+casquette sur le front d'un ivrogne. Au-dessus de la porte
+d'entree, une enseigne de fer gemissait sous le vent d'automne. Un
+artiste de l'endroit y avait peint une sorte de tour surmontee
+d'un toit pointu et d'une lanterne comme on en voyait au donjon du
+chateau du Glandier. Sous cette enseigne, sur le seuil, un homme,
+de mine assez rebarbative, semblait plonge dans des pensees assez
+sombres, s'il fallait en croire les plis de son front et le
+mechant rapprochement de ses sourcils touffus.
+
+Quand nous fumes tout pres de lui, il daigna nous voir et nous
+demanda d'une facon peu engageante si nous avions besoin de
+quelque chose. C'etait, a n'en pas douter, l'hote peu aimable de
+cette charmante demeure. Comme nous manifestions l'espoir qu'il
+voudrait bien nous servir a dejeuner, il nous avoua qu'il n'avait
+aucune provision et qu'il serait fort embarrasse de nous
+satisfaire; et, ce disant, il nous regardait d'un oeil dont je ne
+parvenais pas a m'expliquer la mefiance.
+
+"Vous pouvez nous faire accueil, lui dit Rouletabille, nous ne
+sommes pas de la police.
+
+-- je ne crains pas la police, repondit l'homme; je ne crains
+personne."
+
+Deja je faisais comprendre par un signe a mon ami que nous serions
+bien inspires de ne pas insister, mais mon ami, qui tenait
+evidemment a entrer dans cette auberge, se glissa sous l'epaule de
+l'homme et fut dans la salle.
+
+"Venez, dit-il, il fait tres bon ici."
+
+De fait, un grand feu de bois flambait dans la cheminee. Nous nous
+en approchames et tendimes nos mains a la chaleur du foyer, car,
+ce matin-la, on sentait deja venir l'hiver. La piece etait assez
+grande; deux epaisses tables de bois, quelques escabeaux, un
+comptoir, ou s'alignaient des bouteilles de sirop et d'alcool, la
+garnissaient. Trois fenetres donnaient sur la route. Une chromo-
+reclame, sur le mur, vantait, sous les traits d'une jeune
+Parisienne levant effrontement son verre, les vertus aperitives
+d'un nouveau vermouth. Sur la tablette de la haute cheminee,
+l'aubergiste avait dispose un grand nombre de pots et de cruches
+en gres et en faience.
+
+"Voila une belle cheminee pour faire rotir un poulet, dit
+Rouletabille.
+
+-- Nous n'avons point de poulet, fit l'hote; pas meme un mechant
+lapin.
+
+Je sais, repliqua mon ami, d'une voix goguenarde qui me surprit,
+_je sais que, maintenant, il va falloir manger du saignant."_
+
+J'avoue que je ne comprenais rien a la phrase de Rouletabille.
+Pourquoi disait-il a cet homme: "Maintenant, il va falloir manger
+du saignant...?" Et pourquoi l'aubergiste, aussitot qu'il eut
+entendu cette phrase, laissa-t-il echapper un juron qu'il etouffa
+aussitot et se mit-il a notre disposition aussi docilement que M.
+Robert Darzac lui-meme quand il eut entendu ces mots fatidiques:
+"Le presbytere n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son
+eclat...?" Decidement, mon ami avait le don de se faire comprendre
+des gens avec des phrases tout a fait incomprehensibles. Je lui en
+fis l'observation et il voulut bien sourire. J'eusse prefere qu'il
+daignat me donner quelque explication, mais il avait mis un doigt
+sur sa bouche, ce qui signifiait evidemment que non seulement il
+s'interdisait de parler, mais encore qu'il me recommandait le
+silence. Entre temps, l'homme, poussant une petite porte, avait
+crie qu'on lui apportat une demi-douzaine d'oeufs et "le morceau
+de faux filet". La commission fut bientot faite par une jeune
+femme fort accorte, aux admirables cheveux blonds et dont les
+beaux grands yeux doux nous regarderent avec curiosite.
+
+L'aubergiste lui dit d'une voix rude:
+
+"Va-t'en! Et si l'homme vert s'en vient, que je ne te voie pas!"
+
+Et elle disparut, Rouletabille s'empara des oeufs qu'on lui
+apporta dans un bol et de la viande qu'on lui servit sur un plat,
+placa le tout precautionneusement a cote de lui, dans la cheminee,
+decrocha une poele et un gril pendus dans l'atre et commenca de
+battre notre omelette en attendant qu'il fit griller notre
+bifteck. Il commanda encore a l'homme deux bonnes bouteilles de
+cidre et semblait s'occuper aussi peu de son hote que son hote
+s'occupait de lui. L'homme tantot le couvait des yeux et tantot me
+regardait avec un air d'anxiete qu'il essayait en vain de
+dissimuler. Il nous laissa faire notre cuisine et mit notre
+couvert aupres d'une fenetre.
+
+Tout a coup je l'entendis qui murmurait:
+
+"Ah! le voila!"
+Et, la figure changee, n'exprimant plus qu'une haine atroce, il
+alla se coller contre la fenetre, regardant la route. Je n'eus
+point besoin d'avertir Rouletabille. Le jeune homme avait deja
+lache son omelette et rejoignait l'hote a la fenetre. J'y fus avec
+lui.
+
+Un homme, tout habille de velours vert, la tete prise dans une
+casquette ronde de meme couleur, s'avancait, a pas tranquilles sur
+la route, en fumant sa pipe. Il portait un fusil en bandouliere et
+montrait dans ses mouvements une aisance presque aristocratique.
+Cet homme pouvait avoir quarante-cinq ans. Les cheveux et la
+moustache etaient gris-sel. Il etait remarquablement beau. Il
+portait binocle. Quand il passa pres de l'auberge, il parut
+hesiter, se demandant s'il entrerait, jeta un regard de notre
+cote, lacha quelques bouffees de sa pipe et d'un meme pas
+nonchalant reprit sa promenade.
+
+Rouletabille et moi nous regardames l'hote. Ses yeux fulgurants,
+ses poings fermes, sa bouche fremissante, nous renseignaient sur
+les sentiments tumultueux qui l'agitaient.
+
+"Il a bien fait de ne pas entrer aujourd'hui! siffla-t-il.
+
+-- Quel est cet homme? demanda Rouletabille, en retournant a son
+omelette.
+
+-- "L'homme vert!" gronda l'aubergiste... Vous ne le connaissez
+pas? Tant mieux pour vous. C'est pas une connaissance a faire...
+Eh ben, c'est l'garde a M. Stangerson.
+
+-- Vous ne paraissez pas l'aimer beaucoup? demanda le reporter en
+versant son omelette dans la poele.
+
+-- Personne ne l'aime dans le pays, monsieur; et puis c'est un
+fier, qui a du avoir de la fortune autrefois; et il ne pardonne a
+personne de s'etre vu force, pour vivre, de devenir domestique.
+Car un garde, c'est un larbin comme un autre! n'est-ce pas? Ma
+parole! on dirait que c'est lui qui est le maitre du Glandier, que
+toutes les terres et tous les bois lui appartiennent. Il ne
+permettrait pas a un pauvre de dejeuner d'un morceau de pain sur
+l'herbe, "sur son herbe"!
+
+-- Il vient quelquefois ici?
+
+-- Il vient trop. Mais je lui ferai bien comprendre que sa figure
+ne me revient pas. Il y a seulement un mois, il ne m'embetait pas!
+L'auberge du "Donjon" n'avait jamais existe pour lui! ... Il
+n'avait pas le temps! Fallait-il pas qu'il fasse sa cour a
+l'hotesse des "Trois Lys", a Saint-Michel. Maintenant qu'il y a eu
+de la brouille dans les amours, il cherche a passer le temps
+ailleurs... Coureur de filles, trousseur de jupes, mauvais gars...
+Y a pas un honnete homme qui puisse le supporter, cet homme-la...
+Tenez, les concierges du chateau ne pouvaient pas le voir en
+peinture, "l'homme vert! ..."
+
+-- Les concierges du chateau sont donc d'honnetes gens, monsieur
+l'aubergiste?
+
+-- Appelez-moi donc pere Mathieu; c'est mon nom... Eh ben, aussi
+vrai que je m'appelle Mathieu, oui m'sieur, j'les crois honnetes.
+
+-- On les a pourtant arretes.
+
+-- Que-que ca prouve? Mais je ne veux pas me meler des affaires du
+prochain...
+
+-- Et qu'est-ce que vous pensez de l'assassinat?
+
+-- De l'assassinat de cette pauvre mademoiselle? Une brave fille,
+allez, et qu'on aimait bien dans le pays. C'que j'en pense?
+
+-- Oui, ce que vous en pensez.
+
+-- Rien... et bien des choses... Mais ca ne regarde personne.
+
+-- Pas meme moi?" insista Rouletabille.
+
+L'aubergiste le regarda de cote, grogna, et dit:
+
+"Pas meme vous..."
+
+L'omelette etait prete; nous nous mimes a table et nous mangions
+en silence, quand la porte d'entree fut poussee et une vieille
+femme, habillee de haillons, appuyee sur un baton, la tete
+branlante, les cheveux blancs qui pendaient en meches folles sur
+le front encrasse, se montra sur le seuil.
+
+"Ah! vous v'la, la mere Agenoux! Y a longtemps qu'on ne vous a
+vue, fit notre hote.
+
+-- J'ai ete bien malade, toute prete a mourir, dit la vieille. Si
+quelquefois vous aviez des restes pour la "Bete du Bon Dieu"...?
+
+Et elle penetra dans l'auberge, suivie d'un chat si enorme que je
+ne soupconnais pas qu'il put en exister de cette taille. La bete
+nous regarda et fit entendre un miaulement si desespere que je me
+sentis frissonner. Je n'avais jamais entendu un cri aussi lugubre.
+
+Comme s'il avait ete attire par ce cri, un homme entra, derriere
+la vieille. C'etait "l'homme vert". Il nous salua d'un geste de la
+main a sa casquette et s'assit a la table voisine de la notre.
+
+"Donnez-moi un verre de cidre, pere Mathieu."
+
+Quand "l'homme vert" etait entre, le pere Mathieu avait eu un
+mouvement violent de tout son etre vers le nouveau venu; mais,
+visiblement, il se dompta et repondit:
+
+"Y a plus de cidre, j'ai donne les dernieres bouteilles a ces
+messieurs.
+
+-- Alors donnez-moi un verre de vin blanc, fit "l'homme vert" sans
+marquer le moindre etonnement.
+
+-- Y a plus de vin blanc, y a plus rien!"
+
+Le pere Mathieu repeta, d'une voix sourde:
+
+"Y a plus rien!
+
+-- Comment va Mme Mathieu?"
+
+L'aubergiste, a cette question de "l'homme vert", serra les
+poings, se retourna vers lui, la figure si mauvaise que je crus
+qu'il allait frapper, et puis il dit:
+
+"Elle va bien, merci."
+
+Ainsi, la jeune femme aux grands yeux doux que nous avions vue
+tout a l'heure etait l'epouse de ce rustre repugnant et brutal, et
+dont tous les defauts physiques semblaient domines par ce defaut
+moral: La jalousie.
+
+Claquant la porte, l'aubergiste quitta la piece. La mere Agenoux
+etait toujours la debout, appuyee sur son baton et le chat au bas
+de ses jupes.
+
+"L'homme vert" lui demanda:
+
+"Vous avez ete malade, mere Agenoux, qu'on ne vous a pas vue
+depuis bientot huit jours?
+
+-- Oui, m'sieur l'garde. Je ne me suis levee que trois fois pour
+aller prier sainte Genevieve, notre bonne patronne, et l'reste du
+temps, j'ai ete etendue sur mon grabat. Il n'y a eu pour me
+soigner que la "Bete du Bon Dieu!"
+
+-- Elle ne vous a pas quittee?
+
+-- Ni jour ni nuit.
+
+-- Vous en etes sure?
+
+-- Comme du paradis.
+
+-- Alors, comment ca se fait-il, mere Agenoux, qu'on n'ait entendu
+que le cri de la "Bete du BonDieu" toute la nuit du crime?"
+
+La mere Agenoux alla se planter face au garde, et frappa le
+plancher de son baton:
+
+"Je n'en sais rien de rien. Mais, voulez-vous que j'vous dise? Il
+n'y a pas deux betes au monde qui ont ce cri-la... Eh bien, moi
+aussi, la nuit du crime, j'ai entendu, au dehors, le cri de la
+"Bete du Bon Dieu"; et pourtant elle etait sur mes genoux, m'sieur
+le garde, et elle n'a pas miaule une seule fois, je vous le jure.
+Je m'suis signee, quand j'ai entendu ca, comme si j'entendais
+l'diable!"
+
+Je regardais le garde pendant qu'il posait cette derniere
+question, et je me trompe fort si je n'ai pas surpris sur ses
+levres un mauvais sourire goguenard.
+
+A ce moment, le bruit d'une querelle aigue parvint jusqu'a nous.
+Nous crumes meme percevoir des coups sourds, comme si l'on
+battait, comme si l'on assommait quelqu'un. "L'homme vert" se leva
+et courut resolument a la porte, a cote de l'atre, mais celle-ci
+s'ouvrit et l'aubergiste, apparaissant, dit au garde:
+
+"Ne vous effrayez pas, m'sieur le garde; c'est ma femme qu'a mal
+aux dents!"
+
+Et il ricana.
+
+"Tenez, mere Agenoux, v'la du mou pour vot'chat."
+
+Il tendit a la vieille un paquet; la vieille s'en empara avidement
+et sortit, toujours suivie de son chat.
+
+"L'homme vert" demanda:
+
+"Vous ne voulez rien me servir?"
+
+Le pere Mathieu ne retint plus l'expression de sa haine:
+
+"Y a rien pour vous! Y a rien pour vous! Allez-vous-en! ..."
+
+"L'homme vert", tranquillement, bourra sa pipe, l'alluma, nous
+salua et sortit. Il n'etait pas plutot sur le seuil que Mathieu
+lui claquait la porte dans le dos et, se retournant vers nous, les
+yeux injectes de sang, la bouche ecumante, nous sifflait, le poing
+tendu vers cette porte qui venait de se fermer sur l'homme qu'il
+detestait:
+
+"Je ne sais pas qui vous etes, vous qui venez me dire: "Maintenant
+va falloir manger du saignant." Mais si ca vous interesse:
+l'assassin, le v'la!"
+
+Aussitot qu'il eut ainsi parle, le pere Mathieu nous quitta.
+Rouletabille retourna vers l'atre, et dit:
+
+"Maintenant, nous allons griller notre bifteck. Comment trouvez-
+vous le cidre? Un peu dur, comme je l'aime."
+
+Ce jour-la, nous ne revimes plus Mathieu et un grand silence
+regnait dans l'auberge quand nous la quittames, apres avoir laisse
+cinq francs sur notre table, en paiement de notre festin.
+
+Rouletabille me fit aussitot faire pres d'une lieue autour de la
+propriete du professeur Stangerson. Il s'arreta dix minutes, au
+coin d'un petit chemin tout noir de suie, aupres des cabanes de
+charbonniers qui se trouvent dans la partie de la foret de Sainte-
+Genevieve, qui touche a la route allant d'Epinay a Corbeil, et me
+confia que l'assassin avait certainement passe par la, "vu l'etat
+des chaussures grossieres", avant de penetrer dans la propriete et
+d'aller se cacher dans le bosquet.
+
+"Vous ne croyez donc pas que le garde a ete dans l'affaire?
+interrompis-je.
+
+-- Nous verrons cela plus tard, me repondit-il. Pour le moment, ce
+que l'aubergiste a dit de cet homme ne m'occupe pas. Il en a parle
+avec sa haine. Ce n'est pas pour l'"homme vert" que je vous ai
+emmene dejeuner au "Donjon".
+
+Ayant ainsi parle, Rouletabille, avec de grandes precautions, se
+glissa -- et je me glissai derriere lui -- jusqu'a la batisse,
+qui, pres de la grille, servait de logement aux concierges,
+arretes le matin meme. Il s'introduisit, avec une acrobatie que
+j'admirai, dans la maisonnette, par une lucarne de derriere restee
+ouverte, et en ressortit dix minutes plus tard en disant ce mot
+qui signifiait, dans sa bouche, tant de choses: "Parbleu!"
+
+Dans le moment que nous allions reprendre le chemin du chateau, il
+y eut un grand mouvement a la grille. Une voiture arrivait, et, du
+chateau, on venait au-devant d'elle. Rouletabille me montra un
+homme qui en descendait:
+
+"Voici le chef de la Surete; nous allons voir ce que Frederic
+Larsan a dans le ventre, et s'il est plus malin qu'un autre..."
+
+Derriere la voiture du chef de la Surete, trois autres voitures
+suivaient, remplies de reporters qui voulurent, eux aussi, entrer
+dans le parc. Mais on mit a la grille deux gendarmes, avec defense
+de laisser passer. Le chef de la Surete calma leur impatience en
+prenant l'engagement de donner, le soir meme, a la presse, le plus
+de renseignements qu'il pourrait, sans gener le cours de
+l'instruction.
+
+
+
+XI
+Ou Frederic Larsan explique comment l'assassin a pu sortir de la
+Chambre Jaune.
+
+
+Dans la masse de papiers, documents, memoires, extraits de
+journaux, pieces de justice dont je dispose relativement au
+"Mystere de la Chambre Jaune", se trouve un morceau des plus
+interessants. C'est la narration du fameux interrogatoire des
+interesses qui eut lieu, cet apres-midi-la, dans le laboratoire du
+professeur Stangerson, devant le chef de la Surete. Cette
+narration est due a la plume de M. Maleine, le greffier, qui, tout
+comme le juge d'instruction, faisait, a ses moments perdus, de la
+litterature. Ce morceau devait faire partie d'un livre qui n'a
+jamais paru et qui devait s'intituler: _Mes interrogatoires_. Il
+m'a ete donne par le greffier lui-meme, quelque temps apres le
+"denouement inoui" de ce proces unique dans les fastes juridiques.
+
+Le voici. Ce n'est plus une seche transcription de demandes et de
+reponses. Le greffier y relate souvent ses impressions
+personnelles.
+
+_La narration du greffier:_
+
+Depuis une heure, raconte le greffier, le juge d'instruction et
+moi, nous nous trouvions dans la "Chambre Jaune", avec
+l'entrepreneur qui avait construit, sur les plans du professeur
+Stangerson, le pavillon. L'entrepreneur etait venu avec un
+ouvrier. M. de Marquet avait fait nettoyer entierement les murs,
+c'est-a-dire qu'il avait fait enlever par l'ouvrier tout le papier
+qui les decorait. Des coups de pioches et de pics, ca et la, nous
+avaient demontre l'inexistence d'une ouverture quelconque. Le
+plancher et le plafond avaient ete longuement sondes. Nous
+n'avions rien decouvert. Il n'y avait rien a decouvrir. M. de
+Marquet paraissait enchante et ne cessait de repeter:
+
+"Quelle affaire! monsieur l'entrepreneur, quelle affaire! Vous
+verrez que nous ne saurons jamais comment l'assassin a pu sortir
+de cette chambre-la!"
+
+Tout a coup, M. de Marquet, la figure rayonnante, parce qu'il ne
+comprenait pas, voulut bien se souvenir que son devoir etait de
+chercher a comprendre, et il appela le brigadier de gendarmerie.
+
+"Brigadier, fit-il, allez donc au chateau et priez M. Stangerson
+et M. Robert Darzac de venir me rejoindre dans le laboratoire,
+ainsi que le pere Jacques, et faites-moi amener aussi, par vos
+hommes, les deux concierges."
+
+Cinq minutes plus tard, tout ce monde fut reuni dans le
+laboratoire. Le chef de la Surete, qui venait d'arriver au
+Glandier, nous rejoignit aussi dans ce moment. J'etais assis au
+bureau de M. Stangerson, pret au travail, quand M. de Marquet nous
+tint ce petit discours, aussi original qu'inattendu:
+
+"Si vous le voulez, messieurs, disait-il, puisque les
+interrogatoires ne donnent rien, nous allons abandonner, pour une
+fois, le vieux systeme des interrogatoires. Je ne vous ferai point
+venir devant moi a tour de role; non. Nous resterons tous ici: M.
+Stangerson, M. Robert Darzac, le pere Jacques, les deux
+concierges, M. le chef de la Surete, M. le greffier et moi! Et
+nous serons la, tous, "au meme titre"; les concierges voudront
+bien oublier un instant qu'ils sont arretes. "Nous allons causer!"
+Je vous ai fait venir "pour causer". Nous sommes sur les lieux du
+crime; eh bien, de quoi causerions-nous si nous ne causions pas du
+crime? Parlons-en donc! Parlons-en! Avec abondance, avec
+intelligence, ou avec stupidite. Disons tout ce qui nous passera
+par la tete! Parlons sans methode, puisque la methode ne nous
+reussit point. J'adresse une fervente priere au dieu hasard, le
+hasard de nos conceptions! Commencons! ...
+
+Sur quoi, en passant devant moi, il me dit, a voix basse:
+
+"Hein! croyez-vous, quelle scene! Auriez-vous imagine ca, vous?
+J'en ferai un petit acte pour le Vaudeville."
+
+Et il se frottait les mains avec jubilation.
+
+Je portai les yeux sur M. Stangerson. L'espoir que devait faire
+naitre en lui le dernier bulletin des medecins qui avaient declare
+que Mlle Stangerson pourrait survivre a ses blessures, n'avait pas
+efface de ce noble visage les marques de la plus grande douleur.
+
+Cet homme avait cru sa fille morte, et il en etait encore tout
+ravage. Ses yeux bleus si doux et si clairs etaient alors d'une
+infinie tristesse. J'avais eu l'occasion, plusieurs fois, dans des
+ceremonies publiques, de voir M. Stangerson. J'avais ete, des
+l'abord, frappe par son regard, si pur qu'il semblait celui d'un
+enfant: regard de reve, regard sublime et immateriel de
+l'inventeur ou du fou.
+
+Dans ces ceremonies, derriere lui ou a ses cotes, on voyait
+toujours sa fille, car ils ne se quittaient jamais, disait-on,
+partageant les memes travaux depuis de longues annees. Cette
+vierge, qui avait alors trente-cinq ans et qui en paraissait a
+peine trente, consacree tout entiere a la science, soulevait
+encore l'admiration par son imperiale beaute, restee intacte, sans
+une ride, victorieuse du temps et de l'amour. Qui m'eut dit alors
+que je me trouverais, un jour prochain, au chevet de son lit, avec
+mes paperasses, et que je la verrais, presque expirante, nous
+raconter, avec effort, le plus monstrueux et le plus mysterieux
+attentat que j'ai oui de ma carriere? Qui m'eut dit que je me
+trouverais, comme cet apres-midi-la, en face d'un pere desespere
+cherchant en vain a s'expliquer comment l'assassin de sa fille
+avait pu lui echapper? A quoi sert donc le travail silencieux, au
+fond de la retraite obscure des bois, s'il ne vous garantit point
+de ces grandes catastrophes de la vie et de la mort, reservees
+d'ordinaire a ceux d'entre les hommes qui frequentent les passions
+de la ville?
+
+
+"Voyons! monsieur Stangerson, fit M. de Marquet, avec un peu
+d'importance; placez-vous exactement a l'endroit ou vous etiez
+quand Mlle Stangerson vous a quitte pour entrer dans sa chambre."
+
+M. Stangerson se leva et, se placant a cinquante centimetres de la
+porte de la "Chambre Jaune", il dit d'une voix sans accent, sans
+couleur, d'une voix que je qualifierai de morte:
+
+"Je me trouvais ici. Vers onze heures, apres avoir procede, sur
+les fourneaux du laboratoire, a une courte experience de chimie,
+j'avais fait glisser mon bureau jusqu'ici, car le pere Jacques,
+qui passa la soiree a nettoyer quelques-uns de mes appareils,
+avait besoin de toute la place qui se trouvait derriere moi. Ma
+fille travaillait au meme bureau que moi. Quand elle se leva,
+apres m'avoir embrasse et souhaite le bonsoir au pere Jacques,
+elle dut, pour entrer dans sa chambre, se glisser assez
+difficilement entre mon bureau et la porte. C'est vous dire que
+j'etais bien pres du lieu ou le crime allait se commettre.
+
+-- Et ce bureau? interrompis-je, obeissant, en me melant a cette
+"conversation", aux desirs exprimes par mon chef, ... et ce
+bureau, aussitot que vous eutes, monsieur Stangerson, entendu
+crier: "A l'assassin!" et qu'eurent eclate les coups de
+revolver... ce bureau, qu'est-il devenu?"
+
+Le pere Jacques repondit:
+
+"Nous l'avons rejete contre le mur, ici, a peu pres ou il est en
+ce moment, pour pouvoir nous precipiter a l'aise sur la porte,
+m'sieur le greffier..."
+
+Je suivis mon raisonnement, auquel, du reste, je n'attachais
+qu'une importance de faible hypothese:
+
+"Le bureau etait si pres de la chambre qu'un homme, sortant,
+courbe, de la chambre et se glissant sous le bureau, aurait pu
+passer inapercu?
+
+-- Vous oubliez toujours, interrompit M. Stangerson, avec
+lassitude, que ma fille avait ferme sa porte a clef et au verrou,
+_que_ _la porte est restee fermee_, que nous sommes restes a
+lutter contre cette porte des l'instant ou l'assassinat
+commencait, _que nous etions deja sur la porte alors que la lutte
+de l'assassin et de ma pauvre enfant continuait, que les bruits de
+cette lutte nous parvenaient encore et que nous entendions raler
+ma malheureuse fille sous l'etreinte des doigts dont son cou a
+conserve la marque sanglante_. Si rapide qu'ait ete l'attaque,
+nous avons ete aussi rapides qu'elle et nous nous sommes trouves
+immediatement derriere cette porte qui nous separait du drame."
+
+Je me levai et allai a la porte que j'examinai a nouveau avec le
+plus grand soin. Puis je me relevai et fis un geste de
+decouragement.
+
+"Imaginez, dis-je, que le panneau inferieur de cette porte ait pu
+etre ouvert _sans que la porte ait ete dans la necessite de
+s'ouvrir_, et le probleme serait resolu! Mais, malheureusement,
+cette derniere hypothese est inadmissible, apres l'examen de la
+porte. C'est une solide et epaisse porte de chene constituee de
+telle sorte qu'elle forme un bloc inseparable... C'est tres
+visible, malgre les degats qui ont ete causes par ceux qui l'ont
+enfoncee...
+
+-- Oh! fit le pere Jacques... c'est une vieille et solide porte du
+chateau qu'on a transportee ici... une porte comme on n'en fait
+plus maintenant. Il nous a fallu cette barre de fer pour en avoir
+raison, a quatre... car la concierge s'y etait mise aussi, comme
+une brave femme qu'elle est, m'sieur l'juge! C'est tout de meme
+malheureux de les voir en prison, a c't'heure!"
+
+Le pere Jacques n'eut pas plutot prononce cette phrase de pitie et
+de protestation que les pleurs et les jeremiades des deux
+concierges recommencerent. Je n'ai jamais vu de prevenus aussi
+larmoyants. J'en etais profondement degoute[1]. Meme en admettant
+leur innocence, je ne comprenais pas que deux etres pussent a ce
+point manquer de caractere devant le malheur. Une nette attitude,
+dans de pareils moments, vaut mieux que toutes les larmes et que
+tous les desespoirs, lesquels, le plus souvent, sont feints et
+hypocrites.
+
+"Eh! s'ecria M. de Marquet, encore une fois, assez de piailler
+comme ca! et dites-nous, dans votre interet, ce que vous faisiez,
+a l'heure ou l'on assassinait votre maitresse, sous les fenetres
+du pavillon! Car vous etiez tout pres du pavillon quand le pere
+Jacques vous a rencontres...
+
+-- Nous venions au secours!" gemirent-ils.
+
+Et la femme, entre deux hoquets, glapit:
+
+"Ah! si nous le tenions, l'assassin, nous lui ferions passer le
+gout du pain! ..."
+
+Et nous ne pumes, une fois de plus, leur tirer deux phrases
+sensees de suite. Ils continuerent de nier avec acharnement,
+d'attester le bon Dieu et tous les saints qu'ils etaient dans leur
+lit quand ils avaient entendu un coup de revolver.
+
+"Ce n'est pas un, mais deux coups qui ont ete tires. Vous voyez
+bien que vous mentez. Si vous avez entendu l'un, vous devez avoir
+entendu l'autre!
+
+-- Mon Dieu! m'sieur le juge, nous n'avons entendu que le second.
+Nous dormions encore bien sur quand on a tire le premier...
+
+-- Pour ca, on en a tire deux! fit le pere Jacques. Je suis sur,
+moi, que toutes les cartouches de mon revolver etaient intactes;
+nous avons retrouve deux cartouches brulees, deux balles, et nous
+avons entendu deux coups de revolver, derriere la porte. N'est-ce
+pas, monsieur Stangerson?
+
+-- Oui, fit le professeur, deux coups de revolver, un coup sourd
+d'abord, puis un coup eclatant.
+
+-- Pourquoi continuez-vous a mentir? s'ecria M. de Marquet, se
+retournant vers les concierges. Croyez-vous la police aussi bete
+que vous! Tout prouve que vous etiez dehors, pres du pavillon, au
+moment du drame. Qu'y faisiez-vous? Vous ne voulez pas le dire?
+Votre silence atteste votre complicite! Et, quant a moi, fit-il,
+en se tournant vers M. Stangerson... quant a moi, je ne puis
+m'expliquer la fuite de l'assassin que par l'aide apportee par ces
+deux complices. Aussitot que la porte a ete defoncee, pendant que
+vous, monsieur Stangerson, vous vous occupiez de votre malheureuse
+enfant, le concierge et sa femme facilitaient la fuite du
+miserable qui se glissait derriere eux, parvenait jusqu'a la
+fenetre du vestibule et sautait dans le parc. Le concierge
+refermait la fenetre et les volets derriere lui. _Car, enfin, ces
+volets ne se sont_ _pas fermes tout seuls!_ Voila ce que j'ai
+trouve... Si quelqu'un a imagine autre chose, qu'il le dise! ...
+
+M. Stangerson intervint:
+
+"C'est impossible! Je ne crois pas a la culpabilite ni a la
+complicite de mes concierges, bien que je ne comprenne pas ce
+qu'ils faisaient dans le parc a cette heure avancee de la nuit. Je
+dis: c'est impossible! parce que la concierge tenait la lampe et
+n'a pas bouge du seuil de la chambre; parce que, moi, sitot la
+porte defoncee, je me mis a genoux pres du corps de mon enfant,
+_et qu'il etait impossible que l'on sortit ou que l'on entrat de
+cette chambre par cette porte sans enjamber le corps de ma fille
+et sans_ _me bousculer, moi!_ C'est impossible, parce que le pere
+Jacques et le concierge n'ont eu qu'a jeter un regard dans cette
+chambre et sous le lit, comme je l'ai fait en entrant, pour voir
+qu'il n'y avait plus personne, dans la chambre, que ma fille a
+l'agonie.
+
+-- Que pensez-vous, vous, monsieur Darzac, qui n'avez encore rien
+dit?" demanda le juge.
+
+M. Darzac repondit qu'il ne pensait rien.
+
+"Et vous, monsieur le chef de la Surete?"
+
+M. Dax, le chef de la Surete, avait jusqu'alors uniquement ecoute
+et examine les lieux. Il daigna enfin desserrer les dents:
+
+"Il faudrait, en attendant que l'on trouve le criminel, decouvrir
+le mobile du crime. Cela nous avancerait un peu, fit-il.
+
+-- Monsieur le chef de la Surete, le crime apparait bassement
+passionnel, repliqua M. de Marquet. Les traces laissees par
+l'assassin, le mouchoir grossier et le beret ignoble nous portent
+a croire que l'assassin n'appartenait point a une classe de la
+societe tres elevee. Les concierges pourraient peut-etre nous
+renseigner la dessus..."
+
+Le chef de la Surete continua, se tournant vers M. Stangerson et
+sur ce ton froid qui est la marque, selon moi, des solides
+intelligences et des caracteres fortement trempes.
+
+"Mlle Stangerson ne devait-elle pas prochainement se marier?"
+
+Le professeur regarda douloureusement M. Robert Darzac.
+
+"Avec mon ami que j'eusse ete heureux d'appeler mon fils... avec
+M. Robert Darzac...
+
+-- Mlle Stangerson va beaucoup mieux et se remettra rapidement de
+ses blessures. C'est un mariage simplement retarde, n'est-ce pas,
+monsieur? insista le chef de la Surete.
+
+-- Je l'espere.
+
+-- Comment! Vous n'en etes pas sur?"
+
+M. Stangerson se tut. M. Robert Darzac parut agite, ce que je vis
+a un tremblement de sa main sur sa chaine de montre, car rien ne
+m'echappe. M. Dax toussotta comme faisait M. de Marquet quand il
+etait embarrasse.
+
+"Vous comprendrez, monsieur Stangerson, dit-il, que, dans une
+affaire aussi embrouillee, nous ne pouvons rien negliger; que nous
+devons tout savoir, meme la plus petite, la plus futile chose se
+rapportant a la victime... le renseignement, en apparence, le plus
+insignifiant... Qu'est-ce donc qui vous a fait croire que, dans la
+quasi-certitude, ou nous sommes maintenant, que Mlle Stangerson
+vivra, ce mariage pourra ne pas avoir lieu? Vous avez dit:
+"j'espere." Cette esperance m'apparait comme un doute. Pourquoi
+doutez-vous?"
+
+M. Stangerson fit un visible effort sur lui-meme:
+
+"Oui, monsieur, finit-il par dire. Vous avez raison. Il vaut mieux
+que vous sachiez une chose qui semblerait avoir de l'importance si
+je vous la cachais. M. Robert Darzac sera, du reste, de mon avis."
+
+M. Darzac, dont la paleur, a ce moment, me parut tout a fait
+anormale, fit signe qu'il etait de l'avis du professeur. Pour moi,
+si M. Darzac ne repondait que par signe, c'est qu'il etait
+incapable de prononcer un mot.
+
+"Sachez donc, monsieur le chef de la Surete, continua M.
+Stangerson, que ma fille avait jure de ne jamais me quitter et
+tenait son serment malgre toutes mes prieres, car j'essayai
+plusieurs fois de la decider au mariage, comme c'etait mon devoir.
+Nous connumes M. Robert Darzac de longues annees. M. Robert Darzac
+aime ma fille. Je pus croire, un moment, qu'il en etait aime,
+puisque j'eus la joie recente d'apprendre de la bouche meme de ma
+fille qu'elle consentait enfin a un mariage que j'appelais de tous
+mes voeux. Je suis d'un grand age, monsieur, et ce fut une heure
+benie que celle ou je connus enfin qu'apres moi Mlle Stangerson
+aurait a ses cotes, pour l'aimer et continuer nos travaux communs,
+un etre que j'aime et que j'estime pour son grand coeur et pour sa
+science. Or, monsieur le chef de la Surete, deux jours avant le
+crime, par je ne sais quel retour de sa volonte, ma fille m'a
+declare qu'elle n'epouserait pas M. Robert Darzac."
+
+Il y eut ici un silence pesant. La minute etait grave. M Dax
+reprit:
+
+"Et Mlle Stangerson ne vous a donne aucune explication, ne vous a
+point dit pour quel motif? ...
+
+-- Elle m'a dit qu'elle etait trop vieille maintenant pour se
+marier... qu'elle avait attendu trop longtemps... qu'elle avait
+bien reflechi... qu'elle estimait et meme qu'elle aimait M. Robert
+Darzac... mais qu'il valait mieux que les choses en restassent
+la... que l'on continuerait le passe... qu'elle serait heureuse
+meme de voir les liens de pure amitie qui nous attachaient a M.
+Robert Darzac nous unir d'une facon encore plus etroite, mais
+qu'il fut bien entendu qu'on ne lui parlerait jamais plus de
+mariage.
+
+-- Voila qui est etrange! murmura M Dax.
+
+-- Etrange",repeta M. de Marquet.
+
+M. Stangerson, avec un pale et glace sourire, dit:
+
+"Ce n'est point de ce cote, monsieur, que vous trouverez le mobile
+du crime."
+
+M Dax:
+
+"En tout cas, fit-il d'une voix impatiente, le mobile n'est pas le
+vol!
+
+-- Oh! nous en sommes surs!", s'ecria le juge d'instruction.
+
+A ce moment la porte du laboratoire s'ouvrit et le brigadier de
+gendarmerie apporta une carte au juge d'instruction. M. de Marquet
+lut et poussa une sourde exclamation;puis:
+
+"Ah! voila qui est trop fort!
+
+-- Qu'est-ce? demanda le chef de la Surete.
+
+-- La carte d'un petit reporter de _L'Epoque_, M. Joseph
+Rouletabille, et ces mots: "L'un des mobiles du crime a ete le
+vol!"
+
+Le chef de la Surete sourit:
+
+"Ah! Ah! le jeune Rouletabille... j'en ai deja entendu parler...
+il passe pour ingenieux... Faites-le donc entrer, monsieur le juge
+d'instruction."
+
+Et l'on fit entrer M. Joseph Rouletabille. J'avais fait sa
+connaissance dans le train qui nous avait amenes, ce matin-la, a
+Epinay-sur-Orge. Il s'etait introduit, presque malgre moi, dans
+notre compartiment et j'aime mieux dire tout de suite que ses
+manieres et sa desinvolture, et la pretention qu'il semblait avoir
+de comprendre quelque chose dans une affaire ou la justice ne
+comprenait rien, me l'avaient fait prendre en grippe. Je n'aime
+point les journalistes. Ce sont des esprits brouillons et
+entreprenants qu'il faut fuir comme la peste. Cette sorte de gens
+se croit tout permis et ne respecte rien. Quand on a eu le malheur
+de leur accorder quoi que ce soit et de se laisser approcher par
+eux, on est tout de suite deborde et il n'est point d'ennuis que
+l'on ne doive redouter. Celui-ci paraissait une vingtaine d'annees
+a peine, et le toupet avec lequel il avait ose nous interroger et
+discuter avec nous me l'avait rendu particulierement odieux. Du
+reste, il avait une facon de s'exprimer qui attestait qu'il se
+moquait outrageusement de nous. Je sais bien que le journal
+_L'Epoque_ est un organe influent avec lequel il faut savoir
+"composer", mais encore ce journal ferait bien de ne point prendre
+ses redacteurs a la mamelle.
+
+M. Joseph Rouletabille entra donc dans le laboratoire, nous salua
+et attendit que M. de Marquet lui demandat de s'expliquer.
+
+"Vous pretendez, monsieur, dit celui-ci, que vous connaissez le
+mobile du crime, et que ce mobile, contre toute evidence, serait
+le vol?
+
+-- Non, monsieur le juge d'instruction, je n'ai point pretendu
+cela. Je ne dis pas que le mobile du crime a ete le vol _et je ne
+le_ _crois pas._
+
+-- Alors, que signifie cette carte?
+
+-- Elle signifie que _l'un des mobiles_ du crime a ete le vol.
+
+Qu'est-ce qui vous a renseigne?
+
+-- Ceci! si vous voulez bien m'accompagner."
+
+Et le jeune homme nous pria de le suivre dans le vestibule, ce que
+nous fimes. La, il se dirigea du cote du lavatory et pria M. le
+juge d'instruction de se mettre a genoux a cote de lui. Ce
+lavatory recevait du jour par sa porte vitree et, quand la porte
+etait ouverte, la lumiere qui y penetrait etait suffisante pour
+l'eclairer parfaitement. M. de Marquet et M Joseph Rouletabille
+s'agenouillerent sur le seuil. Le jeune homme montrait un endroit
+de la dalle.
+
+"Les dalles du lavatory n'ont point ete lavees par le pere
+Jacques, fit-il, depuis un certain temps; cela se voit a la couche
+de poussiere qui les recouvre. Or, voyez, a cet endroit, la marque
+de deux larges semelles et de cette cendre noire qui accompagne
+partout les pas de l'assassin. Cette cendre n'est point autre
+chose que la poussiere de charbon qui couvre le sentier que l'on
+doit traverser pour venir directement, a travers la foret,
+d'Epinay au Glandier. Vous savez qu'a cet endroit il y a un petit
+hameau de charbonniers et qu'on y fabrique du charbon de bois en
+grande quantite. Voila ce qu'a du faire l'assassin: il a penetre
+ici l'apres-midi quand il n'y eut plus personne au pavillon, et il
+a perpetre son vol.
+
+-- Mais quel vol? Ou voyez-vous le vol? Qui vous prouve le vol?
+nous ecriames nous tous en meme temps.
+
+-- Ce qui m'a mis sur la trace du vol, continua le journaliste...
+
+-- C'est ceci! interrompit M. de Marquet, toujours a genoux.
+
+-- Evidemment", fit M. Rouletabille.
+
+Et M. de Marquet expliqua qu'il y avait, en effet, sur la
+poussiere des dalles, a cote de la trace des deux semelles,
+l'empreinte fraiche d'un lourd paquet rectangulaire, et qu'il
+etait facile de distinguer la marque des ficelles qui
+l'enserraient...
+
+"Mais vous etes donc venu ici, monsieur Rouletabille; j'avais
+pourtant ordonne au pere Jacques de ne laisser entrer personne; il
+avait la garde du pavillon.
+
+-- Ne grondez pas le pere Jacques, je suis venu ici avec M. Robert
+Darzac.
+
+-- Ah! vraiment..." s'exclama M. de Marquet mecontent, et jetant
+un regard de cote a M. Darzac, lequel restait toujours silencieux.
+
+"Quand j'ai vu la trace du paquet a cote de l'empreinte des
+semelles, je n'ai plus doute du vol, reprit M. Rouletabille. Le
+voleur n'etait pas venu avec un paquet... Il avait fait, ici, ce
+paquet, avec les objets voles sans doute, et il l'avait depose
+dans ce coin, dans le dessein de l'y reprendre au moment de sa
+fuite; _il_ _avait depose aussi, a cote de son paquet, ses lourdes
+chaussures;_ car, regardez, aucune trace de pas ne conduit a ces
+chaussures, et les semelles sont a cote l'une de l'autre, _comme
+des semelles au repos et vides de leurs pieds. _Ainsi
+comprendrait-on que l'assassin, quand il s'enfuit de la "Chambre
+Jaune", n'a laisse aucune trace de ses pas dans le laboratoire ni
+dans le vestibule. Apres avoir penetre _avec ses chaussures_ dans
+la "Chambre Jaune", il les y a defaites, sans doute parce qu'elles
+le genaient ou parce qu'il voulait faire le moins de bruit
+possible. La marque de son passage _aller_ a travers le vestibule
+et le laboratoire a ete effacee par le lavage subsequent du pere
+Jacques, ce qui nous mene a faire entrer l'assassin dans le
+pavillon par la fenetre ouverte du vestibule lors de la premiere
+absence du pere Jacques, avant le lavage qui a eu lieu a cinq
+heure et demie!
+
+"L'assassin, apres qu'il eut defait ses chaussures, qui,
+certainement le genaient, les a portees a la main dans le lavatory
+et les y a deposees du seuil, car, sur la poussiere du lavatory,
+il n'y a pas trace de pieds nus ou enfermes dans des chaussettes,
+_ou_ _encore dans d'autres chaussures_. Il a donc depose ses
+chaussures a cote de son paquet. Le vol etait deja, a ce moment,
+accompli. Puis l'homme retourne a la "Chambre Jaune" et s'y glisse
+alors sous le lit ou la trace de son corps est parfaitement
+visible sur le plancher et meme sur la natte qui a ete, a cet
+endroit, legerement roulee et tres froissee. Des brins de paille
+meme, fraichement arraches, temoignent egalement du passage de
+l'assassin sous le lit...
+
+-- Oui, oui, cela nous le savons... dit M. de Marquet.
+
+-- Ce retour sous le lit prouve que le vol, continua cet etonnant
+gamin de journaliste, _n'etait point le seul mobile de la_ _venue
+de l'homme_. Ne me dites point qu'il s'y serait aussitot refugie
+en apercevant, par la fenetre du vestibule, soit le pere Jacques,
+soit M. et Mlle Stangerson s'appretant a rentrer dans le pavillon.
+Il etait beaucoup plus facile pour lui de grimper au grenier, et,
+cache, d'attendre une occasion de se sauver, _si son_ _dessein
+n'avait ete que de fuir._ Non! Non! _Il fallait que l'assassin_
+_fut dans la "Chambre Jaune"..._
+
+Ici, le chef de la Surete intervint:
+
+"Ca n'est pas mal du tout, cela, jeune homme! mes felicitations...
+et si nous ne savons pas encore comment l'assassin est parti, nous
+suivons deja, pas a pas, son entree ici, et nous voyons ce qu'il y
+a fait: il a vole. Mais qu'a-t-il donc vole?
+
+-- Des choses extremement precieuses", repondit le reporter.
+
+A ce moment, nous entendimes un cri qui partait du laboratoire.
+Nous nous y precipitames, et nous y trouvames M. Stangerson qui,
+les yeux hagards, les membres agites, nous montrait une sorte de
+meuble-bibliotheque qu'il venait d'ouvrir et qui nous apparut
+vide.
+
+Au meme instant, il se laissa aller dans le grand fauteuil qui
+etait pousse devant le bureau et gemit:
+
+"Encore une fois, je suis vole..."
+
+Et puis une larme, une lourde larme, coula sur sa joue:
+
+"Surtout, dit-il, qu'on ne dise pas un mot de ceci a ma fille...
+Elle serait encore plus peinee que moi..."
+
+Il poussa un profond soupir, et, sur le ton d'une douleur que je
+n'oublierai jamais:
+
+"Qu'importe, apres tout... _pourvu qu'elle vive! ..._
+
+-- Elle vivra! dit, d'une voix etrangement touchante, Robert
+Darzac.
+
+-- Et nous vous retrouverons les objets voles, fit M Dax. Mais
+qu'y avait-il dans ce meuble?
+
+-- Vingt ans de ma vie, repondit sourdement l'illustre professeur,
+ou plutot de notre vie, a ma fille et a moi. Oui, nos plus
+precieux documents, les relations les plus secretes sur nos
+experiences et sur nos travaux, depuis vingt ans, etaient enfermes
+la. C'etait une veritable selection parmi tant de documents dont
+cette piece est pleine. C'est une perte irreparable pour nous, et,
+j'ose dire, pour la science. Toutes les etapes par lesquelles j'ai
+du passer pour arriver a la preuve decisive de l'aneantissement de
+la matiere, avaient ete, par nous, soigneusement enoncees,
+etiquetees, annotees, illustrees de photographies et de dessins.
+Tout cela etait range la. Le plan de trois nouveaux appareils,
+l'un pour etudier la deperdition, sous l'influence de la lumiere
+ultra-violette, des corps prealablement electrises; l'autre qui
+devait rendre visible la deperdition electrique sous l'action des
+particules de matiere dissociee contenue dans les gaz des flammes;
+un troisieme, tres ingenieux, nouvel electroscope condensateur
+differentiel; tout le recueil de nos courbes traduisant les
+proprietes fondamentales de la substance intermediaire entre la
+matiere ponderable et l'ether imponderable; vingt ans
+d'experiences sur la chimie intra-atomique et sur les equilibres
+ignores de la matiere; un manuscrit que je voulais faire paraitre
+sous ce titre: _Les Metaux_ _qui souffrent_. Est-ce que je
+sais?est-ce que je sais? L'homme qui est venu la m'aura tout
+pris... Ma fille et mon oeuvre... mon coeur et mon ame...
+
+Et le grand Stangerson se prit a pleurer comme un enfant.
+
+Nous l'entourions en silence, emus par cette immense detresse. M.
+Robert Darzac, accoude au fauteuil ou le professeur etait ecroule,
+essayait en vain de dissimuler ses larmes, ce qui faillit un
+instant me le rendre sympathique, malgre l'instinctive repulsion
+que son attitude bizarre et son emoi souvent inexplique m'avaient
+inspiree pour son enigmatique personnage.
+
+M Joseph Rouletabille, seul, comme si son precieux temps et sa
+mission sur la terre ne lui permettaient point de s'appesantir sur
+la misere humaine, s'etait rapproche, fort calme, du meuble vide
+et, le montrant au chef de la Surete, rompait bientot le religieux
+silence dont nous honorions le desespoir du grand Stangerson. Il
+nous donna quelques explications, dont nous n'avions que faire,
+sur la facon dont il avait ete amene a croire a un vol, par la
+decouverte simultanee qu'il avait faite des traces dont j'ai parle
+plus haut dans le lavatory, et de la vacuite de ce meuble precieux
+dans le laboratoire. Il n'avait fait, nous disait-il, que passer
+dans le laboratoire; mais la premiere chose qui l'avait frappe
+avait ete la forme etrange du meuble, sa solidite, sa construction
+en fer qui le mettait a l'abri d'un accident par la flamme, et le
+fait qu'un meuble comme celui-ci, destine a conserver des objets
+auxquels on devait tenir par-dessus tout, avait, sur sa porte de
+fer, "sa clef". "On n'a point d'ordinaire un coffre-fort pour le
+laisser ouvert..." Enfin, cette petite clef, a tete de cuivre, des
+plus compliquees, avait attire, parait-il, l'attention de M.
+Joseph Rouletabille, alors qu'elle avait endormi la notre. Pour
+nous autres, qui ne sommes point des enfants, la presence d'une
+clef sur un meuble eveille plutot une idee de securite, mais pour
+M. Joseph Rouletabille, qui est evidemment un genie --comme dit
+Jose Dupuy dans _Les cinq cents millions de Gladiator_. "Quel
+genie! Quel dentiste!" -- la presence d'une clef sur une serrure
+eveille l'idee du vol. Nous en sumes bientot la raison.
+
+Mais, auparavant que de vous la faire connaitre, je dois rapporter
+que M. de Marquet me parut fort perplexe, ne sachant s'il devait
+se rejouir du pas nouveau que le petit reporter avait fait faire a
+l'instruction ou s'il devait se desoler de ce que ce pas n'eut pas
+ete fait par lui. Notre profession comporte de ces deboires, mais
+nous n'avons point le droit d'etre pusillanime et nous devons
+fouler aux pieds notre amour-propre quand il s'agit du bien
+general. Aussi M. de Marquet triompha-t-il de lui-meme et trouva-
+t-il bon de meler enfin ses compliments a ceux de M Dax, qui, lui,
+ne les menageait pas a M. Rouletabille. Le gamin haussa les
+epaules, disant: "il n'y a pas de quoi!" Je lui aurais flanque une
+gifle avec satisfaction, surtout dans le moment qu'il ajouta:
+
+"Vous feriez bien, monsieur, de demander a M. Stangerson qui avait
+la garde ordinaire de cette clef?
+
+-- Ma fille, repondit M. Stangerson. Et cette clef ne la quittait
+jamais.
+
+-- Ah! mais voila qui change l'aspect des choses et qui ne
+correspond plus avec la conception de M. Rouletabille, s'ecria M.
+de Marquet. Si cette clef ne quittait jamais Mlle Stangerson,
+l'assassin aurait donc attendu Mlle Stangerson cette nuit-la, dans
+sa chambre, pour lui voler cette clef, et le vol n'aurait eu lieu
+qu'_apres l'assassinat!_ Mais, apres l'assassinat, il y avait
+quatre personnes dans le laboratoire! ... Decidement, je n'y
+comprends plus rien! ..."
+
+Et M. de Marquet repeta, avec une rage desesperee, qui devait etre
+pour lui le comble de l'ivresse, car je ne sais si j'ai deja dit
+qu'il n'etait jamais aussi heureux que lorsqu'il ne comprenait
+pas:
+
+"... plus rien!
+
+-- Le vol, repliqua le reporter, ne peut avoir eu lieu qu'_avant_
+_l'assassinat._ C'est indubitable pour la raison que vous croyez
+_et pour d'autres raisons que je crois. Et, quand l'assassin a
+penetre_ _dans le pavillon, il etait deja en possession de la clef
+a tete de cuivre._
+
+-- Ca n'est pas possible! fit doucement M. Stangerson.
+
+-- C'est si bien possible, monsieur, qu'en voici la preuve."
+
+Ce diable de petit bonhomme sortit alors de sa poche un numero de
+_L'Epoque_ date du 21 octobre (je rappelle que le crime a eu lieu
+dans la nuit du 24 au 25), et, nous montrant une annonce, lut:
+
+"-- Il a ete perdu hier un reticule de satin noir dans les grands
+magasins de la Louve. Ce reticule contenait divers objets dont une
+petite clef a tete de cuivre. Il sera donne une forte recompense a
+la personne qui l'aura trouvee. Cette personne devra ecrire, poste
+restante, au bureau 40, a cette adresse: M.A. T.H.S.N." Ces
+lettres ne designent-elles point, continua le reporter, Mlle
+Stangerson? Cette clef a tete de cuivre n'est-elle point cette
+clef-ci? ... Je lis toujours les annonces. Dans mon metier, comme
+dans le votre, monsieur le juge d'instruction, il faut toujours
+lire les petites annonces personnelles... Ce qu'on y decouvre
+d'intrigues! ... et de clefs d'intrigues! Qui ne sont pas toujours
+a tete de cuivre, et qui n'en sont pas moins interessantes. Cette
+annonce, particulierement, par la sorte de mystere dont la femme
+qui avait perdu une clef, objet peu compromettant, s'entourait,
+m'avait frappe. Comme elle tenait a cette clef! Comme elle
+promettait une forte recompense! Et je songeai a ces six lettres:
+M.A.T.H.S.N. Les quatre premieres m'indiquaient tout de suite un
+prenom."Evidemment, faisais-je, "Math, Mathilde ..." la personne
+qui a perdu la clef a tete de cuivre, dans un reticule, s'appelle
+Mathilde! ..." Mais je ne pus rien faire des deux dernieres
+lettres. Aussi, rejetant le journal, je m'occupai d'autre chose...
+Lorsque, quatre jours plus tard, les journaux du soir parurent
+avec d'enormes manchettes annoncant l'assassinat de Mlle MATHILDE
+STANGERSON, ce nom de Mathilde me rappela, sans que je fisse aucun
+effort pour cela, machinalement, les lettres de l'annonce.
+Intrigue un peu, je demandai le numero de ce jour-la a
+l'administration. J'avais oublie les deux dernieres lettres: S N.
+Quand je les revis, je ne pus retenir un cri"Stangerson! ..." Je
+sautai dans un fiacre et me precipitai au bureau 40. Je demandai:
+"Avez-vous une lettre avec cette adresse: M.A.T.H.S.N!" L'employe
+me repondit: "Non!" Et comme j'insistais, le priant, le suppliant
+de chercher encore, il me dit: "Ah! ca, monsieur, c'est une
+plaisanterie! ... Oui, j'ai eu une lettre aux initiales
+M.A.T.H.S.N.; mais je l'ai donnee, il y a trois jours, a une dame
+qui me l'a reclamee. Vous venez aujourd'hui me reclamer cette
+lettre a votre tour. Or, avant-hier, un monsieur, avec la meme
+insistance desobligeante, me la demandait encore! ... J'en ai
+assez de cette fumisterie..." Je voulus questionner l'employe sur
+les deux personnages qui avaient deja reclame la lettre, mais,
+soit qu'il voulut se retrancher derriere le secret professionnel -
+- il estimait, sans doute, a part lui, en avoir deja trop dit --
+soit qu'il fut vraiment excede d'une plaisanterie possible, il ne
+me repondit plus..."
+
+Rouletabille se tut. Nous nous taisions tous. Chacun tirait les
+conclusions qu'il pouvait de cette bizarre histoire de lettre
+poste restante. De fait, il semblait maintenant qu'on tenait un
+fil solide par lequel on allait pouvoir suivre cette affaire
+"insaisissable".
+
+M. Stangerson dit:
+
+"Il est donc a peu pres certain que ma fille aura perdu cette
+clef, qu'elle n'a point voulu m'en parler pour m'eviter toute
+inquietude et qu'elle aura prie celui ou celle qui aurait pu
+l'avoir trouvee d'ecrire poste restante. Elle craignait evidemment
+que, donnant notre adresse, ce fait occasionnat des demarches qui
+m'auraient appris la perte de la clef. C'est tres logique et tres
+naturel. _Car j'ai deja ete vole, monsieur!_
+
+-- Ou cela? Et quand? demanda le directeur de la Surete.
+
+-- Oh! Il y a de nombreuses annees, en Amerique, a Philadelphie.
+On m'a vole dans mon laboratoire le secret de deux inventions qui
+eussent pu faire la fortune d'un peuple... Non seulement je n'ai
+jamais su qui etait le voleur, mais je n'ai jamais entendu parler
+de l'objet du "vol" sans doute parce que, pour dejouer les calculs
+de celui qui m'avait ainsi pille, j'ai lance moi-meme dans le
+domaine public ces deux inventions, rendant inutile le larcin.
+C'est depuis cette epoque que je suis tres soupconneux, que je
+m'enferme hermetiquement quand je travaille. Tous les barreaux de
+ces fenetres, l'isolement de ce pavillon, ce meuble que j'ai fait
+construire moi-meme, cette serrure speciale, cette clef unique,
+tout cela est le resultat de mes craintes inspirees par une triste
+experience."
+
+M. Dax declara: "Tres interessant!" et M. Joseph Rouletabille
+demanda des nouvelles du reticule. Ni M. Stangerson, ni le pere
+Jacques n'avaient, depuis quelques jours, vu le reticule de Mlle
+Stangerson. Nous devions apprendre, quelques heures plus tard, de
+la bouche meme de Mlle Stangerson, que ce reticule lui avait ete
+vole ou qu'elle l'avait perdu, et que les choses s'etaient passees
+de la sorte que nous les avaient expliquees son pere; qu'elle
+etait allee, le 23 octobre, au bureau de poste 40, et qu'on lui
+avait remis une lettre qui n'etait, affirma-t-elle, que celle d'un
+mauvais plaisant. Elle l'avait immediatement brulee.
+
+Pour en revenir a notre interrogatoire, ou plutot a notre
+"conversation", je dois signaler que le chef de la Surete, ayant
+demande a M. Stangerson dans quelles conditions sa fille etait
+allee a Paris le 20 octobre, jour de la perte du reticule, nous
+apprimes ainsi qu'elle s'etait rendue dans la capitale,
+"accompagnee de M. Robert Darzac, que l'on n'avait pas revu au
+chateau depuis cet instant jusqu'au lendemain du crime". Le fait
+que M. Robert Darzac etait aux cotes de Mlle Stangerson, dans les
+grands magasins de la Louve quand le reticule avait disparu, ne
+pouvait passer inapercu et retint, il faut le dire, assez
+fortement notre attention.
+
+Cette conversation entre magistrats, prevenus, victime, temoins et
+journaliste allait prendre fin quand se produisit un veritable
+coup de theatre; ce qui n'est jamais pour deplaire a M. de
+Marquet. Le brigadier de gendarmerie vint nous annoncer que
+Frederic Larsan demandait a etre introduit, ce qui lui fut
+immediatement accorde. Il tenait a la main une grossiere paire de
+chaussures vaseuses qu'il jeta dans le laboratoire.
+
+"Voila, dit-il, les souliers que chaussait l'assassin! Les
+reconnaissez-vous, pere Jacques?
+
+Le pere Jacques se pencha sur ce cuir infect et, tout stupefait,
+reconnut de vieilles chaussures a lui qu'il avait jetees il y
+avait deja un certain temps au rebut, dans un coin du grenier; il
+etait tellement trouble qu'il dut se moucher pour dissimuler son
+emotion.
+
+Alors, montrant le mouchoir dont se servait le pere Jacques,
+Frederic Larsan dit:
+
+"Voila un mouchoir qui ressemble etonnamment a celui qu'on a
+trouve dans la "Chambre Jaune".
+
+-- Ah! je l'sais ben, fit le pere Jacques en tremblant; ils sont
+quasiment pareils.
+
+-- Enfin, continua Frederic Larsan, le vieux beret basque trouve
+egalement dans la "Chambre Jaune" aurait pu autrefois coiffer le
+chef du pere Jacques. Tout ceci, monsieur le chef de la Surete et
+monsieur le juge d'instruction, prouve, selon moi -- remettez-
+vous, bonhomme! fit-il au pere Jacques qui defaillait --tout ceci
+prouve, selon moi, que l'assassin a voulu deguiser sa veritable
+personnalite. Il l'a fait d'une facon assez grossiere ou du moins
+qui nous apparait telle_, parce que nous sommes surs que
+l'assassin n'est pas le pere Jacques, qui n'a pas quitte M.
+Stangerson_. Mais imaginez que M. Stangerson, ce soir-la, n'ait
+pas prolonge sa veille; qu'apres avoir quitte sa fille il ait
+regagne le chateau; que Mlle Stangerson ait ete assassinee alors
+qu'il n'y avait plus personne dans le laboratoire et que le pere
+Jacques dormait dans son grenier: _il n'aurait fait de doute pour
+personne_ _que le pere Jacques etait l'assassin!_ Celui-ci ne doit
+son salut qu'a ce que le drame a eclate trop tot, l'assassin ayant
+cru, sans doute, a cause du silence qui regnait a cote, que le
+laboratoire etait vide et que le moment d'agir etait venu. L'homme
+qui a pu s'introduire si mysterieusement ici et prendre de telles
+precautions contre le pere Jacques etait, a n'en pas douter, un
+familier de la maison. A quelle heure exactement s'est-il
+introduit ici? Dans l'apres-midi? Dans la soiree? Je ne saurais
+dire... _Un_ _etre aussi familier des choses et des gens de ce
+pavillon a du penetrer dans la "Chambre Jaune", a son heure._
+
+-- Il n'a pu cependant y entrer quand il y avait du monde dans le
+laboratoire? s'ecria M. de Marquet.
+
+-- Qu'en savons-nous, je vous prie! repliqua Larsan... Il y a eu
+le diner dans le laboratoire, le va-et-vient du service... il y a
+eu une experience de chimie qui a pu tenir, entre dix et onze
+heures, M. Stangerson, sa fille et le pere Jacques autour des
+fourneaux... dans ce coin de la haute cheminee... Qui me dit que
+l'assassin... un familier! un familier! ... n'a pas profite de ce
+moment pour se glisser dans la "Chambre Jaune", apres avoir, dans
+le lavatory, retire ses souliers?
+
+-- C'est bien improbable! fit M. Stangerson.
+
+-- Sans doute, mais ce n'est pas impossible... Aussi je n'affirme
+rien. Quant a sa sortie, c'est autre chose! Comment a-t-il pu
+s'enfuir? _Le plus naturellement du monde!"_
+
+Un instant, Frederic Larsan se tut. Cet instant nous parut bien
+long. Nous attendions qu'il parlat avec une fievre bien
+comprehensible.
+
+"Je ne suis pas entre dans la "Chambre Jaune", reprit Frederic
+Larsan, mais j'imagine que vous avez acquis la preuve qu'on ne
+pouvait en sortir _que par la porte_. C'est par la porte que
+l'assassin est sorti. Or, puisqu'il est impossible qu'il en soit
+autrement, c'est que cela est! Il a commis le crime et il est
+sorti par la porte! A quel moment! Au moment ou cela lui a ete le
+plus facile, _au moment ou cela devient le plus explicable,_
+tellement explicable qu'il ne saurait y avoir d'autre explication.
+Examinons donc les "moments"qui ont suivi le crime. Il y a le
+premier moment, pendant lequel se trouvent, devant la porte, prets
+a lui barrer le chemin, M. Stangerson et le pere Jacques. Il y a
+le second moment, pendant lequel, le pere Jacques etant un instant
+absent, M. Stangerson se trouve tout seul devant la porte. Il y a
+le troisieme moment, pendant lequel M. Stangerson est rejoint par
+le concierge. Il y a le quatrieme moment, pendant lequel se
+trouvent devant la porte M. Stangerson, le concierge, sa femme et
+le pere Jacques. Il y a le cinquieme moment, pendant lequel la
+porte est defoncee et la "Chambre Jaune" envahie. _Le moment_ _ou
+la fuite est le plus explicable est le moment meme ou il y a le
+moins de personnes devant la porte. Il y a un moment ou il n'y en_
+_a plus qu'une: c'est celui ou M. Stangerson reste seul devant la_
+_porte._ A moins d'admettre la complicite de silence du pere
+Jacques, et je n'y crois pas, car le pere Jacques ne serait pas
+sorti du pavillon pour aller examiner la fenetre de la "Chambre
+Jaune", s'il avait vu s'ouvrir la porte et sortir l'assassin. _La
+porte_ _ne s'est donc ouverte que devant M. Stangerson seul, et
+l'homme_ _est sorti._ Ici, nous devons admettre que M. Stangerson
+avait de puissantes raisons pour ne pas arreter ou pour ne pas
+faire arreter l'assassin, puisqu'il l'a laisse gagner la fenetre
+du vestibule et qu'il a referme cette fenetre derriere lui! ...
+Ceci fait, comme le pere Jacques allait rentrer _et qu'il fallait
+qu'il retrouvat les choses_ _en l'etat,_ Mlle Stangerson,
+horriblement blessee, a trouve encore la force, sans doute sur les
+objurgations de son pere, de refermer a nouveau la porte de la
+"Chambre Jaune" a clef et au verrou avant de s'ecrouler, mourante,
+sur le plancher... Nous ne savons qui a commis le crime; nous ne
+savons de quel miserable M. et Mlle Stangerson sont les victimes;
+mais il n'y a point de doute qu'ils le savent, eux! Ce secret doit
+etre terrible pour que le pere n'ait pas hesite a laisser sa fille
+agonisante derriere cette porte qu'elle refermait sur elle,
+terrible pour qu'il ait laisse echapper l'assassin... Mais il n'y
+a point d'autre facon au monde d'expliquer la fuite de l'assassin
+de la "Chambre Jaune!"
+
+Le silence qui suivit cette explication dramatique et lumineuse
+avait quelque chose d'affreux. Nous souffrions tous pour
+l'illustre professeur, accule ainsi par l'impitoyable logique de
+Frederic Larsan a nous avouer la verite de son martyre ou a se
+taire, aveu plus terrible encore. Nous le vimes se lever, cet
+homme, veritable statue de la douleur, et etendre la main d'un
+geste si solennel que nous en courbames la tete comme a l'aspect
+d'une chose sacree. Il prononca alors ces paroles d'une voix
+eclatante qui sembla epuiser toutes ses forces:
+
+"Je jure, sur la tete de ma fille a l'agonie, que je n'ai point
+quitte cette porte, de l'instant ou j'ai entendu l'appel desespere
+de mon enfant, que cette porte ne s'est point ouverte pendant que
+j'etais seul dans mon laboratoire, et qu'enfin, quand nous
+penetrames dans la "Chambre Jaune", mes trois domestiques et moi,
+l'assassin n'y etait plus! Je jure que je ne connais pas
+l'assassin!"
+
+Faut-il que je dise que, malgre la solennite d'un pareil serment,
+nous ne crumes guere a la parole de M. Stangerson? Frederic Larsan
+venait de nous faire entrevoir la verite: ce n'etait point pour la
+perdre de si tot.
+
+Comme M. de Marquet nous annoncait que la "conversation" etait
+terminee et que nous nous appretions a quitter le laboratoire, le
+jeune reporter, ce gamin de Joseph Rouletabille, s'approcha de M.
+Stangerson, lui prit la main avec le plus grand respect et je
+l'entendis qui disait:
+
+"Moi, je vous crois, monsieur!"
+
+J'arrete ici la citation que j'ai cru devoir faire de la narration
+de M. Maleine, greffier au tribunal de Corbeil. Je n'ai point
+besoin de dire au lecteur que tout ce qui venait de se passer dans
+le laboratoire me fut fidelement et aussitot rapporte par
+Rouletabille lui-meme.
+
+
+
+XII
+La canne de Frederic Larsan
+
+
+Je ne me disposai a quitter le chateau que vers six heures du
+soir, emportant l'article que mon ami avait ecrit a la hate dans
+le petit salon que M. Robert Darzac avait fait mettre a notre
+disposition. Le reporter devait coucher au chateau, usant de cette
+inexplicable hospitalite que lui avait offerte M. Robert Darzac,
+sur qui M. Stangerson, en ces tristes moments, se reposait de tous
+les tracas domestiques. Neanmoins il voulut m'accompagner jusqu'a
+la gare d'Epinay. En traversant le parc, il me dit:
+
+"Frederic Larsan est reellement tres fort et n'a pas vole sa
+reputation. Vous savez comment il est arrive a retrouver les
+souliers du pere Jacques! Pres de l'endroit ou nous avons remarque
+les traces des "pas elegants" et la disparition des empreintes des
+gros souliers, un creux rectangulaire dans la terre fraiche
+attestait qu'il y avait eu la, recemment, une pierre. Larsan
+rechercha cette pierre sans la trouver et imagina tout de suite
+qu'elle avait servi a l'assassin a maintenir au fond de l'etang
+les souliers dont l'homme voulait se debarrasser. Le calcul de
+Fred etait excellent et le succes de ses recherches l'a prouve.
+Ceci m'avait echappe; mais il est juste de dire que mon esprit
+etait deja parti par ailleurs, car, _par le trop grand nombre de
+faux_ _temoignages de son passage laisse par l'assassin_ et par la
+mesure des pas noirs correspondant a la mesure des pas du pere
+Jacques, que j'ai etablie sans qu'il s'en doutat sur le plancher
+de la "Chambre Jaune", la preuve etait deja faite, a mes yeux, que
+l'assassin avait voulu detourner le soupcon du cote de ce vieux
+serviteur. C'est ce qui m'a permis de dire a celui-ci, si vous
+vous le rappelez, que, puisque l'on avait trouve un beret dans
+cette chambre fatale, il devait ressembler au sien, et de lui
+faire une description du mouchoir en tous points semblable a celui
+dont je l'avais vu se servir. Larsan et moi, nous sommes d'accord
+jusque-la, mais nous ne le sommes plus a partir de la, ET CELA VA
+ETRE TERRIBLE, car il marche de bonne foi a une erreur qu'il va me
+falloir combattre avec rien!"
+
+Je fus surpris de l'accent profondement grave dont mon jeune ami
+prononca ces dernieres paroles.
+
+Il repeta encore:
+
+"OUI, TERRIBLE, TERRIBLE!... Mais est-ce vraiment ne combattre
+avec rien, que de combattre "avec l'idee"!
+
+A ce moment nous passions derriere le chateau. La nuit etait
+tombee. Une fenetre au premier etage etait entrouverte. Une faible
+lueur en venait, ainsi que quelques bruits qui fixerent notre
+attention. Nous avancames jusqu'a ce que nous ayons atteint
+l'encoignure d'une porte qui se trouvait sous la fenetre.
+Rouletabille me fit comprendre d'un mot prononce a voix basse que
+cette fenetre donnait sur la chambre de Mlle Stangerson. Les
+bruits qui nous avaient arretes se turent, puis reprirent un
+instant. C'etaient des gemissements etouffes... nous ne pouvions
+saisir que trois mots qui nous arrivaient distinctement: "Mon
+pauvre Robert!" Rouletabille me mit la main sur l'epaule, se
+pencha a mon oreille:
+
+"Si nous pouvions savoir, me dit-il, ce qui se dit dans cette
+chambre, mon enquete serait vite terminee..."
+
+Il regarda autour de lui; l'ombre du soir nous enveloppait; nous
+ne voyions guere plus loin que l'etroite pelouse bordee d'arbres
+qui s'etendait derriere le chateau. Les gemissements s'etaient tus
+a nouveau.
+
+"Puisqu'on ne peut pas entendre, continua Rouletabille, on va au
+moins essayer de voir..."
+
+Et il m'entraina, en me faisant signe d'etouffer le bruit de mes
+pas, au dela de la pelouse jusqu'au tronc pale d'un fort bouleau
+dont on apercevait la ligne blanche dans les tenebres. Ce bouleau
+s'elevait juste en face de la fenetre qui nous interessait et ses
+premieres branches etaient a peu pres a hauteur du premier etage
+du chateau. Du haut de ces branches on pouvait certainement voir
+ce qui se passait dans la chambre de Mlle Stangerson; et telle
+etait bien la pensee de Rouletabille, car, m'ayant ordonne de me
+tenir coi, il embrassa le tronc de ses jeunes bras vigoureux et
+grimpa. Il se perdit bientot dans les branches, puis il y eut un
+grand silence.
+
+La-bas, en face de moi, la fenetre entrouverte etait toujours
+eclairee. Je ne vis passer sur cette lueur aucune ombre. L'arbre,
+au-dessus de moi, restait silencieux; j'attendais; tout a coup mon
+oreille percut, dans l'arbre, ces mots:
+
+"Apres vous! ...
+
+-- Apres vous, je vous en prie!"
+
+On dialoguait, la-haut, au-dessus de ma tete... on se faisait des
+politesses, et quelle ne fut pas ma stupefaction de voir
+apparaitre, sur la colonne lisse de l'arbre, deux formes humaines
+qui bientot toucherent le sol! Rouletabille etait monte la tout
+seul et redescendait "deux!"
+
+"Bonjour, monsieur Sainclair!"
+
+C'etait Frederic Larsan... Le policier occupait deja le poste
+d'observation quand mon jeune ami croyait y arriver solitaire...
+Ni l'un ni l'autre, du reste, ne s'occuperent de mon etonnement.
+Je crus comprendre qu'ils avaient assiste du haut de leur
+observatoire a une scene pleine de tendresse et de desespoir entre
+Mlle Stangerson, etendue dans son lit, et M. Darzac a genoux a son
+chevet. Et deja chacun semblait en tirer fort prudemment des
+conclusions differentes. Il etait facile de deviner que cette
+scene avait produit un gros effet dans l'esprit de Rouletabille,
+"en faveur de M. Robert Darzac", cependant que, dans celui de
+Larsan, elle n'attestait qu'une parfaite hypocrisie servie par un
+art superieur chez le fiance de Mlle Stangerson...
+
+Comme nous arrivions a la grille du parc, Larsan nous arreta:
+
+"Ma canne! s'ecria-t-il...
+
+-- Vous avez oublie votre canne? demanda Rouletabille.
+
+-- Oui, repondit le policier... Je l'ai laissee la-bas, aupres de
+l'arbre..."
+
+Et il nous quitta, disant qu'il allait nous rejoindre tout de
+suite...
+
+"Avez-vous remarque la canne de Frederic Larsan? me demanda le
+reporter quand nous fumes seuls. C'est une canne toute neuve...
+que je ne lui ai jamais vue... Il a l'air d'y tenir beaucoup... il
+ne la quitte pas... On dirait qu'il a peur qu'elle ne soit tombee
+dans des mains etrangeres... Avant ce jour, _je n'ai_ _jamais vu
+de canne a Frederic Larsan..._ Ou a-t-il trouve cette canne-la?
+_Ca n'est pas naturel qu'un homme qui ne porte jamais_ _de canne
+ne fasse plus un pas sans canne, au lendemain du crime_ _du
+Glandier..._ Le jour de notre arrivee au chateau, quand il nous
+eut apercus, il remit sa montre dans sa poche et ramassa par terre
+sa canne, geste auquel j'eus peut-etre tort de n'attacher aucune
+importance!"
+
+Nous etions maintenant hors du parc; Rouletabille ne disait
+rien... Sa pensee, certainement, n'avait pas quitte la canne de
+Frederic Larsan. J'en eus la preuve quand, en descendant la cote
+d'Epinay, il me dit:
+
+"Frederic Larsan est arrive au Glandier avant moi; il a commence
+son enquete avant moi; il a eu le temps de savoir des choses que
+je ne sais pas et a pu trouver des choses que je ne sais pas... Ou
+a-t-il trouve cette canne-la? ...
+
+Et il ajouta:
+
+"Il est probable que son soupcon -- plus que son soupcon, son
+raisonnement -- qui va aussi directement a Robert Darzac, doit
+etre servi par quelque chose de palpable qu'il palpe, "lui", et
+que je ne palpe pas, moi... Serait-ce cette canne? ... Ou diable
+a-t-il pu trouver cette canne-la? ..."
+
+A Epinay, il fallut attendre le train vingt minutes; nous entrames
+dans un cabaret. Presque aussitot, derriere nous, la porte se
+rouvrait et Frederic Larsan faisait son apparition, brandissant la
+fameuse canne...
+
+"Je l'ai retrouvee!" nous fit-il en riant.
+
+Tous trois nous nous assimes a une table. Rouletabille ne quittait
+pas des yeux la canne; il etait si absorbe qu'il ne vit pas un
+signe d'intelligence que Larsan adressait a un employe du chemin
+de fer, un tout jeune homme dont le menton s'ornait d'une petite
+barbiche blonde mal peignee. L'employe se leva, paya sa
+consommation, salua et sortit. Je n'aurais moi-meme attache aucune
+importance a ce signe s'il ne m'etait revenu a la memoire quelques
+mois plus tard, lors de la reapparition de la barbiche blonde a
+l'une des minutes les plus tragiques de ce recit. J'appris alors
+que la barbiche blonde etait un agent de Larsan, charge par lui de
+surveiller les allees et venues des voyageurs en gare d'Epinay-
+sur-Orge, car Larsan ne negligeait rien de ce qu'il croyait
+pouvoir lui etre utile.
+
+Je reportai les yeux sur Rouletabille.
+
+"Ah ca! monsieur Fred! disait-il, depuis quand avez-vous donc une
+canne? ... Je vous ai toujours vu vous promener, moi, les mains
+dans les poches! ...
+
+-- C'est un cadeau qu'on m'a fait, repondit le policier...
+
+-- Il n'y a pas longtemps, insista Rouletabille...
+
+-- Non, on me l'a offerte a Londres...
+
+-- C'est vrai, vous revenez de Londres, monsieur Fred... On peut
+la voir, votre canne? ...
+
+-- Mais, comment donc? ..."
+
+Fred passa la canne a Rouletabille. C'etait une grande canne
+bambou jaune a bec de corbin, ornee d'une bague d'or.
+
+Rouletabille l'examinait minutieusement.
+
+"Eh bien, fit-il, en relevant une tete gouailleuse, on vous a
+offert a Londres une canne de France!
+
+-- C'est possible, fit Fred, imperturbable...
+
+-- Lisez la marque ici en lettres minuscules: "Cassette, 6 bis,
+opera..."
+
+-- On fait bien blanchir son linge a Londres, dit Fred... les
+anglais peuvent bien acheter leurs cannes a Paris..."
+
+Rouletabille rendit la canne. Quand il m'eut mis dans mon
+compartiment, il me dit:
+
+"Vous avez retenu l'adresse?
+
+-- Oui, "Cassette, 6 bis, Opera..." Comptez sur moi, vous recevrez
+un mot demain matin."
+
+Le soir meme, en effet, a Paris, je voyais M. Cassette, marchand
+de cannes et de parapluies, et j'ecrivais a mon ami:
+"Un homme repondant a s'y meprendre au signalement de M. Robert
+Darzac, meme taille, legerement voute, meme collier de barbe,
+pardessus mastic, chapeau melon, est venu acheter une canne
+pareille a celle qui nous interesse le soir meme du crime, vers
+huit heures.
+
+M. Cassette n'en a point vendu de semblable depuis deux ans. La
+canne de Fred est neuve. Il s'agit donc bien de celle qu'il a
+entre les mains. Ce n'est pas lui qui l'a achetee puisqu'il se
+trouvait alors a Londres. Comme vous, je pense "qu'il l'a trouvee
+quelque part autour de M. Robert Darzac..." Mais alors, si, comme
+vous le pretendez, l'assassin etait dans la "Chambre Jaune" depuis
+cinq heures, ou meme six heures, comme le drame n'a eu lieu que
+vers minuit, l'achat de cette canne procure un alibi irrefutable a
+M. Robert Darzac."
+
+
+XIII
+"Le presbytere n'a rien perdu de son charme ni le jardin de son
+eclat"
+
+
+Huit jours apres les evenements que je viens de raconter,
+exactement le 2 novembre, je recevais a mon domicile, a Paris, un
+telegramme ainsi libelle: "Venez au Glandier, par premier train.
+Apportez revolvers. Amities. Rouletabille."
+Je vous ai deja dit, je crois, qu'a cette epoque, jeune avocat
+stagiaire et a peu pres depourvu de causes, je frequentais le
+Palais, plutot pour me familiariser avec mes devoirs
+professionnels, que pour defendre la veuve et l'orphelin. Je ne
+pouvais donc m'etonner que Rouletabille disposat ainsi de mon
+temps; et il savait du reste combien je m'interessais a ses
+aventures journalistiques en general et surtout a l'affaire du
+Glandier. Je n'avais eu de nouvelles de celle-ci, depuis huit
+jours, que par les innombrables racontars des journaux et par
+quelques notes tres breves, de Rouletabille dans _L'Epoque._ Ces
+notes avaient divulgue le coup de "l'os de mouton" et nous avaient
+appris qu'a l'analyse les marques laissees sur l'os de mouton
+s'etaient revelees "de sang humain"; il y avait la les traces
+fraiches "du sang de Mlle Stangerson"; les traces anciennes
+provenaient d'autres crimes pouvant remonter a plusieurs annees...
+
+Vous pensez si l'affaire defrayait la presse du monde entier.
+Jamais illustre crime n'avait intrigue davantage les esprits. Il
+me semblait bien cependant que l'instruction n'avancait guere;
+aussi eusse-je ete tres heureux de l'invitation que me faisait mon
+ami de le venir rejoindre au Glandier, si la depeche n'avait
+contenu ces mots: "Apportez revolvers."
+
+Voila qui m'intriguait fort. Si Rouletabille me telegraphiait
+d'apporter des revolvers, c'est qu'il prevoyait qu'on aurait
+l'occasion de s'en servir. Or, je l'avoue sans honte: je ne suis
+point un heros. Mais quoi! il s'agissait, ce jour-la, d'un ami
+surement dans l'embarras qui m'appelait, sans doute, a son aide;
+je n'hesitai guere; et, apres avoir constate que le seul revolver
+que je possedais etait bien arme, je me dirigeai vers la gare
+d'Orleans. En route, je pensai qu'un revolver ne faisait qu'une
+arme et que la depeche de Rouletabille reclamait revolvers au
+pluriel; j'entrai chez un armurier et achetai une petite arme
+excellente, que je me faisais une joie d'offrir a mon ami.
+
+J'esperais trouver Rouletabille a la gare d'Epinay, mais il n'y
+etait point. Cependant un cabriolet m'attendait et je fus bientot
+au Glandier. Personne a la grille. Ce n'est que sur le seuil meme
+du chateau que j'apercus le jeune homme. Il me saluait d'un geste
+amical et me recevait aussitot dans ses bras en me demandant, avec
+effusion, des nouvelles de ma sante.
+
+Quand nous fumes dans le petit vieux salon dont j'ai parle,
+Rouletabille me fit asseoir et me dit tout de suite:
+
+-- Ca va mal!
+
+-- Qu'est-ce qui va mal?
+
+-- Tout!"
+
+Il se rapprocha de moi, et me confia a l'oreille:
+
+"Frederic Larsan marche a fond contre M. Robert Darzac."
+
+Ceci n'etait point pour m'etonner, depuis que j'avais vu le fiance
+de Mlle Stangerson palir devant la trace de ses pas.
+
+Cependant, j'observai tout de suite:
+
+"Eh bien! Et la canne?
+
+-- La canne! Elle est toujours entre les mains de Frederic Larsan
+_qui ne la quitte pas..._
+
+-- Mais... ne fournit-elle pas un alibi a M. Robert Darzac?
+
+-- Pas le moins du monde. M. Darzac, interroge par moi en douceur,
+nie avoir achete ce soir-la, ni aucun autre soir, une canne chez
+Cassette... Quoi qu'il en soit, fit Rouletabille, "je ne jurerais
+de rien", car M. Darzac _a de si etranges silences_ qu'on ne sait
+exactement ce qu'il faut penser de ce qu'il dit! ...
+
+-- Dans l'esprit de Frederic Larsan, cette canne doit etre une
+bien precieuse canne, une canne a conviction... Mais de quelle
+facon? Car, toujours a cause de l'heure de l'achat, elle ne
+pouvait se trouver entre les mains de l'assassin...
+
+-- L'heure ne genera pas Larsan... Il n'est pas force d'adopter
+mon systeme qui commence par introduire l'assassin dans la
+"Chambre Jaune", entre cinq et six; qu'est-ce qui l'empeche, lui,
+de l'y faire penetrer entre dix heures et onze heures du soir? A
+ce moment, justement, M. et Mlle Stangerson, aides du pere
+Jacques, ont procede a une interessante experience de chimie dans
+cette partie du laboratoire occupee par les fourneaux. Larsan dira
+que l'assassin s'est glisse derriere eux, tout invraisemblable que
+cela paraisse... Il l'a deja fait entendre au juge
+d'instruction... Quand on le considere de pres, ce raisonnement
+est absurde, attendu que le familier -- _si familier il_ _y a_ --
+devait savoir que le professeur allait bientot quitter le
+pavillon; et il y allait de sa securite, a lui familier, de
+remettre ses operations apres ce depart... Pourquoi aurait-il
+risque de traverser le laboratoire pendant que le professeur s'y
+trouvait? Et puis, quand le familier se serait-il introduit dans
+le pavillon? ... Autant de points a elucider avant d'admettre
+_l'imagination de_ _Larsan._ Je n'y perdrai pas mon temps, quant a
+moi, _car j'ai un_ _systeme irrefutable_ qui ne me permet point de
+me preoccuper de cette imagination-la! Seulement, comme je suis
+oblige momentanement de me taire et que Larsan, quelquefois,
+parle... il se pourrait que tout finit par s'expliquer contre M.
+Darzac... si je n'etais pas la! ajouta le jeune homme avec
+orgueil. Car il y a contre ce M. Darzac d'autres "signes
+exterieurs" autrement terribles que cette histoire de canne, qui
+reste pour moi incomprehensible, d'autant plus incomprehensible
+que Larsan ne se gene pas pour se montrer devant M. Darzac avec
+cette canne qui aurait appartenu a M. Darzac lui-meme! Je
+comprends beaucoup de choses dans le systeme de Larsan, mais je ne
+comprends pas encore la canne.
+
+-- Frederic Larsan est toujours au chateau?
+
+-- Oui; il ne l'a guere quitte! Il y couche, comme moi, sur la
+priere de M. Stangerson. M. Stangerson a fait pour lui ce que M.
+Robert Darzac a fait pour moi. Accuse par Frederic Larsan de
+connaitre l'assassin et d'avoir permis sa fuite, M. Stangerson a
+tenu a faciliter a son accusateur tous les moyens d'arriver a la
+decouverte de la verite. Ainsi M. Robert Darzac agit-il envers
+moi.
+
+-- Mais vous etes, vous, persuade de l'innocence de M. Robert
+Darzac?
+
+-- J'ai cru un instant a la possibilite de sa culpabilite. Ce fut
+a l'heure meme ou nous arrivions ici pour la premiere fois. Le
+moment est venu de vous raconter ce qui s'est passe entre M.
+Darzac et moi."
+
+Ici, Rouletabille s'interrompit et me demanda si j'avais apporte
+les armes. Je lui montrai les deux revolvers. Il les examina, dit:
+"C'est parfait!" et me les rendit.
+
+"En aurons-nous besoin? demandai-je.
+
+-- Sans doute ce soir; nous passons la nuit ici; cela ne vous
+ennuie pas?
+
+-- Au contraire, fis-je avec une grimace qui entraina le rire de
+Rouletabille.
+
+-- Allons! allons! reprit-il, ce n'est pas le moment de rire.
+Parlons serieusement. Vous vous rappelez cette phrase qui a ete
+le: "Sesame, ouvre-toi!" de ce chateau plein de mystere?
+
+-- Oui, fis-je, parfaitement: _le presbytere n'a rien perdu de_
+_son charme, ni le jardin de son eclat._ C'est encore cette
+phrase-la, a moitie roussie, que vous avez retrouvee sur un papier
+dans les charbons du laboratoire.
+
+-- Oui, et, en bas de ce papier, la flamme avait respecte cette
+date: "23 octobre." Souvenez-vous de cette date qui est tres
+importante. Je vais vous dire maintenant ce qu'il en est de cette
+phrase saugrenue. Je ne sais si vous savez que, l'avant-veille du
+crime, c'est-a-dire le 23, M. et Mlle Stangerson sont alles a une
+reception a l'Elysee. Ils ont meme assiste au diner, je crois
+bien. Toujours est-il qu'ils sont restes a la reception, "puisque
+je les y ai vus". J'y etais, moi, par devoir professionnel. Je
+devais interviewer un de ces savants de l'Academie de Philadelphie
+que l'on fetait ce jour-la. Jusqu'a ce jour, je n'avais jamais vu
+ni M. ni Mlle Stangerson. J'etais assis dans le salon qui precede
+le salon des Ambassadeurs, et, las d'avoir ete bouscule par tant
+de nobles personnages, je me laissais aller a une vague reverie,
+_quand je_ _sentis passer le parfum de la dame en noir._ Vous me
+demanderez: "qu'est-ce que le parfum de la dame en noir?" Qu'il
+vous suffise de savoir que c'est un parfum que j'ai beaucoup aime,
+parce qu'il etait celui d'une dame, toujours habillee de noir, qui
+m'a marque quelque maternelle bonte dans ma premiere jeunesse. La
+dame qui, ce jour-la, etait discretement impregnee du "parfum de
+la dame en noir" etait habillee de blanc. Elle etait
+merveilleusement belle. Je ne pus m'empecher de me lever et de la
+suivre, elle et son parfum. Un homme, un vieillard, donnait le
+bras a cette beaute. Chacun se detournait sur leur passage, et
+j'entendis que l'on murmurait: "C'est le professeur Stangerson et
+sa fille!" C'est ainsi que j'appris qui je suivais. Ils
+rencontrerent M. Robert Darzac que je connaissais de vue. Le
+professeur Stangerson, aborde par l'un des savants americains,
+Arthur-William Rance, s'assit dans un fauteuil de la grande
+galerie, et M. Robert Darzac entraina Mlle Stangerson dans les
+serres. Je suivais toujours. Il faisait, ce soir-la, un temps tres
+doux; les portes sur le jardin etaient ouvertes. Mlle Stangerson
+jeta un fichu leger sur ses epaules et je vis bien que c'etait
+elle qui priait M. Darzac de penetrer avec elle dans la quasi-
+solitude du jardin. Je suivis encore, interesse par l'agitation
+que marquait alors M. Robert Darzac. Ils se glissaient maintenant,
+a pas lents, le long du mur qui longe l'avenue Marigny. Je pris
+par l'allee centrale. Je marchais parallelement a mes deux
+personnages. Et puis, je "coupai"a travers la pelouse pour les
+croiser. La nuit etait obscure, l'herbe etouffait mes pas. Ils
+etaient arretes dans la clarte vacillante d'un bec de gaz et
+semblaient, penches tous les deux sur un papier que tenait Mlle
+Stangerson, lire quelque chose qui les interessait fort. Je
+m'arretai, moi aussi. J'etais entoure d'ombre et de silence. Ils
+ne m'apercurent point, et j'entendis distinctement Mlle Stangerson
+qui repetait, en repliant le papier: _"le presbytere n'a rien
+perdu de son charme, ni le jardin de son_ _eclat!_ Et ce fut dit
+sur un ton a la fois si railleur et si desespere, et fut suivi
+d'un eclat de rire si nerveux, que je crois bien que cette phrase
+me restera toujours dans l'oreille. Mais une autre phrase encore
+fut prononcee, celle-ci par M. Robert Darzac: _Me faudra-t-il
+donc, pour vous avoir, commettre un crime?_M. Robert Darzac etait
+dans une agitation extraordinaire; il prit la main de Mlle
+Stangerson, la porta longuement a ses levres et je pensai, au
+mouvement de ses epaules, qu'il pleurait. Puis, ils s'eloignerent.
+
+-- Quand j'arrivai dans la grande galerie, continua Rouletabille,
+je ne vis plus M. Robert Darzac, et je ne devais plus le revoir
+qu'au Glandier, apres le crime, mais j'apercus Mlle Stangerson, M.
+Stangerson et les delegues de Philadelphie. Mlle Stangerson etait
+pres d'Arthur Rance. Celui-ci lui parlait avec animation et les
+yeux de l'Americain, pendant cette conversation, brillaient d'un
+singulier eclat. Je crois bien que Mlle Stangerson n'ecoutait meme
+pas ce que lui disait Arthur Rance, et son visage exprimait une
+indifference parfaite. Arthur-William Rance est un homme sanguin,
+au visage couperose; il doit aimer le gin. Quand M. et Mlle
+Stangerson furent partis, il se dirigea vers le buffet et ne le
+quitta plus. Je l'y rejoignis et lui rendis quelques services,
+dans cette cohue. Il me remercia et m'apprit qu'il repartait pour
+l'Amerique, trois jours plus tard, c'est-a-dire le 26 (le
+lendemain du crime). Je lui parlai de Philadelphie; il me dit
+qu'il habitait cette ville depuis vingt-cinq ans, et que c'est la
+qu'il avait connu l'illustre professeur Stangerson et sa fille.
+La-dessus, il reprit du champagne et je crus qu'il ne s'arreterait
+jamais de boire. Je le quittai quand il fut a peu pres ivre.
+
+"Telle a ete ma soiree, mon cher ami. Je ne sais par quelle sorte
+de precision la double image de M. Robert Darzac et de Mlle
+Stangerson ne me quitta point de la nuit, et je vous laisse a
+penser l'effet que me produisit la nouvelle de l'assassinat de
+Mlle Stangerson. Comment ne pas me souvenir de ces mots: "Me
+faudra-t-il, pour vous avoir, commettre un crime?" Ce n'est
+cependant point cette phrase que je dis a M. Robert Darzac quand
+nous le rencontrames au Glandier. Celle ou il est question du
+presbytere et du jardin eclatant, que Mlle Stangerson semblait
+avoir lue sur le papier qu'elle tenait a la main, suffit pour nous
+faire ouvrir toutes grandes les portes du chateau. Croyais-je, a
+ce moment, que M. Robert Darzac etait l'assassin? Non! Je ne pense
+pas l'avoir tout a fait cru. A ce moment-la, je ne pensais
+serieusement "rien". J'etais si peu documente. "Mais j'avais
+besoin" qu'il me prouvat tout de suite qu'il n'etait pas blesse a
+la main. Quand nous fumes seuls, tous les deux, je lui contai ce
+que le hasard m'avait fait surprendre de sa conversation dans les
+jardins de l'Elysee avec Mlle Stangerson; et, quand je lui eus dit
+que j'avais entendu ces mots: "Me faudra-t-il, pour vous avoir,
+commettre un crime?" il fut tout a fait trouble, mais beaucoup
+moins, certainement, qu'il ne l'avait ete par la phrase du
+"presbytere". Ce qui le jeta dans une veritable consternation, ce
+fut d'apprendre, de ma bouche, que, le jour ou il allait se
+rencontrer a l'Elysee avec Mlle Stangerson, celle-ci etait allee,
+dans l'apres-midi, au bureau de poste 40, chercher une lettre qui
+etait peut-etre celle qu'ils avaient lue tous les deux dans les
+jardins de l'Elysee et qui se terminait par ces mots: "Le
+presbytere n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son
+eclat!" cette hypothese me fut confirmee du reste, depuis, par la
+decouverte que je fis, vous vous en souvenez, dans les charbons du
+laboratoire, d'un morceau de cette lettre qui portait la date du
+23 octobre. La lettre avait ete ecrite et retiree du bureau le
+meme jour. Il ne fait point de doute qu'en rentrant de l'Elysee,
+la nuit meme, Mlle Stangerson a voulu bruler ce papier
+compromettant. C'est en vain que M. Robert Darzac nia que cette
+lettre eut un rapport quelconque avec le crime. Je lui dis que,
+dans une affaire aussi mysterieuse, il n'avait pas le droit de
+cacher a la justice l'incident de la lettre; que j'etais persuade,
+moi, que celle-ci avait une importance considerable; que le ton
+desespere avec lequel Mlle Stangerson avait prononce la phrase
+fatidique, que ses pleurs, a lui, Robert Darzac, et que cette
+menace d'un crime qu'il avait proferee a la suite de la lecture de
+la lettre, ne me permettaient pas d'en douter. Robert Darzac etait
+de plus en plus agite. Je resolus de profiter de mon avantage.
+
+"-- Vous deviez vous marier, monsieur", fis-je negligemment, sans
+plus regarder mon interlocuteur, et tout d'un coup ce mariage
+_devient impossible a cause de l'auteur de cette lettre_, puisque,
+aussitot la lecture de la lettre, vous parlez d'un crime
+necessaire pour avoir Mlle Stangerson. IL Y A DONC QUELQU'UN ENTRE
+VOUS ET MLLE STANGERSON, QUELQU'UN QUI LUI DEFEND DE SE MARIER,
+QUELQU'UN QUI LA TUE AVANT QU'ELLE NE SE MARIE!"
+
+"Et je terminai ce petit discours par ces mots:
+
+"-- Maintenant, monsieur, vous n'avez plus qu'a me confier le nom
+de l'assassin!"
+
+"J'avais du, sans m'en douter, dire des choses formidables. Quand
+je relevai les yeux sur Robert Darzac, je vis un visage decompose,
+un front en sueur, des yeux d'effroi.
+
+"-- Monsieur, me dit-il, je vais vous demander une chose, qui va
+peut-etre vous paraitre insensee, mais en echange de quoi _je_
+_donnerais ma vie_: il ne faut pas parler devant les magistrats de
+ce que vous avez vu et entendu dans les jardins de l'Elysee, ...
+ni devant les magistrats, ni devant personne au monde. Je vous
+jure que je suis innocent et je sais, et je sens, que vous me
+croyez, mais j'aimerais mieux passer pour coupable que de voir les
+soupcons de la justice s'egarer sur cette phrase: "le presbytere
+n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son eclat." Il faut
+que la justice ignore cette phrase. Toute cette affaire vous
+appartient, monsieur, je vous la donne, _mais oubliez la soiree de
+l'Elysee._ Il y aura pour vous cent autres chemins que celui-la
+qui vous conduiront a la decouverte du criminel; je vous les
+ouvrirai, je vous aiderai. Voulez-vous vous installer ici? Parler
+ici en maitre? Manger, dormir ici? Surveiller mes actes et les
+actes de tous? Vous serez au Glandier comme si vous en etiez le
+maitre, monsieur, _mais oubliez la soiree de l'Elysee."_
+
+Rouletabille, ici, s'arreta pour souffler un peu. Je comprenais
+maintenant l'attitude inexplicable de M. Robert Darzac vis-a-vis
+de mon ami, et la facilite avec laquelle celui-ci avait pu
+s'installer sur les lieux du crime. Tout ce que je venais
+d'apprendre ne pouvait qu'exciter ma curiosite. Je demandai a
+Rouletabille de la satisfaire encore. Que s'etait-il passe au
+Glandier depuis huit jours? Mon ami ne m'avait-il pas dit qu'il y
+avait maintenant contre M. Darzac des signes exterieurs autrement
+terribles que celui de la canne trouvee par Larsan?
+
+"Tout semble se tourner contre lui, me repondit mon ami, et la
+situation devient extremement grave. M. Robert Darzac semble ne
+point s'en preoccuper outre mesure; il a tort; mais rien ne
+l'interesse que la sante de Mlle Stangerson qui allait
+s'ameliorant tous les jours _quand est survenu un evenement plus
+mysterieux encore que le mystere de la "Chambre Jaune"!_
+
+-- Ca n'est pas possible! m'ecriai-je, et quel evenement peut etre
+plus mysterieux que le mystere de la "Chambre Jaune"?
+
+-- Revenons d'abord a M. Robert Darzac, fit Rouletabille en me
+calmant. Je vous disais que tout se tourne contre lui. "Les pas
+elegants" releves par Frederic Larsan paraissent bien etre "les
+pas du fiance de Mlle Stangerson". L'empreinte de la bicyclette
+peut etre l'empreinte de "sa" bicyclette; la chose a ete
+controlee. Depuis qu'il avait cette bicyclette, il la laissait
+toujours au chateau. Pourquoi l'avoir emportee a Paris justement a
+ce moment-la? Est-ce qu'il ne devait plus revenir au chateau? Est-
+ce que la rupture de son mariage devait entrainer la rupture de
+ses relations avec les Stangerson? Chacun des interesses affirme
+que ces relations devaient continuer. Alors? Frederic Larsan, lui,
+croit que "tout etait rompu". Depuis le jour ou Robert Darzac a
+accompagne Mlle Stangerson aux grands magasins de la Louve,
+jusqu'au lendemain du crime, l'ex-fiance n'est point revenu au
+Glandier. Se souvenir que Mlle Stangerson a perdu son reticule et
+la clef a tete de cuivre quand elle etait en compagnie de M.
+Robert Darzac. Depuis ce jour jusqu'a la soiree de l'Elysee, le
+professeur en Sorbonne et Mlle Stangerson ne se sont point vus.
+Mais ils se sont peut-etre ecrit. Mlle Stangerson est allee
+chercher une lettre poste restante au bureau 40, lettre que
+Frederic Larsan croit de Robert Darzac, car Frederic Larsan, qui
+ne sait rien naturellement de ce qui s'est passe a l'Elysee, est
+amene a penser que c'est Robert Darzac lui-meme qui a vole le
+reticule et la clef, dans le dessein de forcer la volonte de Mlle
+Stangerson en s'appropriant les papiers les plus precieux du pere,
+papiers qu'il aurait restitues sous condition de mariage. Tout
+cela serait d'une hypothese bien douteuse et presque absurde,
+comme me le disait le grand Fred lui-meme, s'il n'y avait pas
+encore autre chose, et autre chose de beaucoup plus grave.
+D'abord, chose bizarre, et que je ne parviens pas a m'expliquer:
+ce serait M. Darzac en personne qui, le 24, serait alle demander
+la lettre au bureau de poste, lettre qui avait ete deja retiree la
+veille par Mlle Stangerson; _la description de l'homme qui s'est
+presente au guichet repond point par point au signalement de M.
+Robert Darzac. _Celui-ci, aux questions qui lui furent posees, a
+titre de simple renseignement, par le juge d'instruction, nie
+qu'il soit alle au bureau de poste; et moi, je crois M. Robert
+Darzac, car, en admettant meme que la lettre ait ete ecrite par
+lui -- ce que je ne pense pas -- il savait que Mlle Stangerson
+l'avait retiree, puisqu'il la lui avait vue, cette lettre, entre
+les mains, dans les jardins de l'Elysee. Ce n'est donc pas lui qui
+s'est presente, le lendemain 24, au bureau 40, pour demander une
+lettre qu'il savait n'etre plus la. Pour moi, c'est quelqu'un qui
+lui ressemblait etrangement, et c'est bien le voleur du reticule
+qui dans cette lettre devait demander quelque chose a la
+proprietaire du reticule, a Mlle Stangerson, -- "quelque chose
+qu'il ne vit pas venir". Il dut en etre stupefait, et fut amene a
+se demander si la lettre qu'il avait expediee avec cette
+inscription sur l'enveloppe: M.A.T.H.S.N. avait ete retiree. D'ou
+sa demarche au bureau de poste et l'insistance avec laquelle il
+reclame la lettre. Puis il s'en va, furieux. La lettre a ete
+retiree, et pourtant ce qu'il demandait ne lui a pas ete accorde!
+Que demandait-il? Nul ne le sait que Mlle Stangerson. Toujours
+est-il que, le lendemain, on apprenait que Mlle Stangerson avait
+ete quasi assassinee dans la nuit, et que je decouvrais, le
+surlendemain, moi, que le professeur avait ete vole du meme coup,
+grace a cette clef, objet de la lettre poste restante. Ainsi, il
+semble bien que l'homme qui est venu au bureau de poste doive etre
+l'assassin; et tout ce raisonnement, des plus logiques en somme,
+sur les raisons de la demarche de l'homme au bureau de poste,
+Frederic Larsan se l'est tenu, mais, en l'appliquant a Robert
+Darzac. Vous pensez bien que le juge d'instruction, et que Larsan,
+et que moi-meme nous avons tout fait pour avoir, au bureau de
+poste, des details precis sur le singulier personnage du 24
+octobre. Mais on n'a pu savoir d'ou il venait ni ou il s'en est
+alle! En dehors de cette description qui le fait ressembler a M.
+Robert Darzac, rien! J'ai fait annoncer dans les plus grands
+journaux: "Une forte recompense est promise au cocher qui a
+conduit un client au bureau de poste 40, dans la matinee du 24
+octobre, vers les dix heures. S'adresser a la redaction de
+_L'Epoque_, et demander M. R." Ca n'a rien donne._ _En somme, cet
+homme est peut-etre venu a pied; mais, puisqu'il etait presse,
+c'etait une chance a courir qu'il fut venu en voiture. Je n'ai
+pas, dans ma note aux journaux, donne la description de l'homme
+pour que tous les cochers qui pouvaient avoir, vers cette heure-
+la, conduit un client au bureau 40, vinssent a moi. Il n'en est
+pas venu un seul. Et je me suis demande nuit et jour: "Quel est
+donc cet homme qui ressemble aussi etrangement a M. Robert Darzac
+et que je retrouve achetant la canne tombee entre les mains de
+Frederic Larsan? Le plus grave de tout est que M. Darzac, _qui
+avait a faire, a la meme heure, a l'heure ou son sosie_ _se
+presentait au bureau de poste, un cours a la Sorbonne, ne l'a_
+_pas fait._ Un de ses amis le remplacait. Et, quand on l'interroge
+sur l'emploi de son temps, il repond qu'il est alle se promener au
+bois de Boulogne._ _Qu'est-ce que vous pensez de ce professeur qui
+se fait remplacer a son cours pour aller se promener au bois de
+Boulogne? Enfin, il faut que vous sachiez que, si M. Robert Darzac
+avoue s'etre alle promener au bois de Boulogne dans la matinee du
+24, _il ne peut plus donner du tout l'emploi de son_ _temps dans
+la nuit du 24 au 25! ..._ Il a repondu fort paisiblement a
+Frederic Larsan qui lui demandait ce renseignement que ce qu'il
+faisait de son temps, a Paris, ne regardait que lui... Sur quoi,
+Frederic Larsan a jure tout haut qu'il decouvrirait bien, lui,
+sans l'aide de personne, l'emploi de ce temps. Tout cela semble
+donner quelque corps aux hypotheses du grand Fred; d'autant plus
+que le fait de Robert Darzac se trouvant dans la "Chambre Jaune"
+pourrait venir corroborer l'explication du policier sur la facon
+dont l'assassin se serait enfui: M. Stangerson l'aurait laisse
+passer pour eviter un effroyable scandale! C'est, du reste, cette
+hypothese, que je crois fausse, qui egarera Frederic Larsan, et
+ceci ne serait point pour me deplaire, s'il n'y avait pas un
+innocent en cause!_ Maintenant, cette hypothese egare-t-elle
+reellement Frederic Larsan? Voila! Voila! Voila!_
+
+-- Eh! Frederic Larsan a peut-etre raison! m'ecriai-je,
+interrompant Rouletabille... Etes-vous sur que M. Darzac soit
+innocent? Il me semble que voila bien des facheuses
+coincidences...
+
+-- Les coincidences, me repondit mon ami, sont les pires ennemies
+de la verite.
+
+-- Qu'en pense aujourd'hui le juge d'instruction?
+
+-- M. de Marquet, le juge d'instruction, hesite a decouvrir M.
+Robert Darzac sans aucune preuve certaine. Non seulement, il
+aurait contre lui toute l'opinion publique, sans compter la
+Sorbonne, mais encore M. Stangerson et Mlle Stangerson. Celle-ci
+adore M. Robert Darzac. Si peu qu'elle ait vu l'assassin, on
+ferait croire difficilement au public qu'elle n'eut point reconnu
+M. Robert Darzac, si M. Robert Darzac avait ete l'agresseur. La
+"Chambre Jaune" etait obscure, sans doute, mais une petite
+veilleuse tout de meme l'eclairait, ne l'oubliez pas. Voici, mon
+ami, ou en etaient les choses quand, il y a trois jours, ou plutot
+trois nuits, survint cet evenement inoui dont je vous parlais tout
+a l'heure."
+
+
+
+XIV
+"J'attends l'assassin, ce soir"
+
+
+"Il faut, me dit Rouletabille, que je vous conduise sur les lieux
+pour que vous puissiez comprendre ou plutot pour que vous soyez
+persuade qu'il est impossible de comprendre. Je crois, quant a
+moi, avoir trouve ce que tout le monde cherche encore: la facon
+dont l'assassin est sorti de la "Chambre Jaune"... sans complicite
+d'aucune sorte et sans que M. Stangerson y soit pour quelque
+chose. Tant que je ne serai point sur de la personnalite de
+l'assassin, je ne saurais dire quelle est mon hypothese, mais je
+crois cette hypothese juste et, dans tous les cas, elle est tout a
+fait naturelle, je veux dire tout a fait simple. Quant a ce qui
+s'est passe il y a trois nuits, ici, dans le chateau meme, cela
+m'a semble pendant vingt-quatre heures depasser toute faculte
+d'imagination. Et encore l'hypothese qui, maintenant, s'eleve du
+fond de mon moi est-elle si absurde, celle-la, que je prefere
+presque les tenebres de l'inexplicable.
+
+Sur quoi, le jeune reporter m'invita a sortir; il me fit faire le
+tour du chateau. Sous nos pieds craquaient les feuilles mortes;
+c'est le seul bruit que j'entendais. On eut dit que le chateau
+etait abandonne. Ces vieilles pierres, cette eau stagnante dans
+les fosses qui entouraient le donjon, cette terre desolee
+recouverte de la depouille du dernier ete, le squelette noir des
+arbres, tout concourait a donner a ce triste endroit, hante par un
+mystere farouche, l'aspect le plus funebre. Comme nous
+contournions le donjon, nous rencontrames "l'homme vert", le
+garde, qui ne nous salua point et qui passa pres de nous, comme si
+nous n'existions pas. Il etait tel que je l'avais vu pour la
+premiere fois, a travers les vitres de l'auberge du pere Mathieu;
+il avait toujours son fusil en bandouliere, sa pipe a la bouche et
+son binocle sur le nez.
+
+"Drole d'oiseau! me dit tout bas Rouletabille.
+
+-- Lui avez-vous parle? demandai-je.
+
+-- Oui, mais il n'y a rien a en tirer... il repond par
+grognements, hausse les epaules et s'en va. Il habite a
+l'ordinaire au premier etage du donjon, une vaste piece qui
+servait autrefois d'oratoire. Il vit la en ours, ne sort qu'avec
+son fusil. Il n'est aimable qu'avec les filles. Sous pretexte de
+courir apres les braconniers, il se releve souvent la nuit; mais
+je le soupconne d'avoir des rendez-vous galants. La femme de
+chambre de Mlle Stangerson, Sylvie, est sa maitresse. En ce
+moment, il est tres amoureux de la femme du pere Mathieu,
+l'aubergiste; mais le pere Mathieu surveille de pres son epouse,
+et je crois bien que c'est la presque impossibilite ou "l'homme
+vert" se trouve d'approcher MmeMathieu qui le rend encore plus
+sombre et taciturne. C'est un beau gars, bien soigne de sa
+personne, presque elegant... les femmes, a quatre lieues a la
+ronde, en raffolent."
+
+Apres avoir depasse le donjon qui se trouve a l'extremite de
+l'aile gauche, nous passames sur les derrieres du chateau.
+Rouletabille me dit en me montrant une fenetre que je reconnus
+pour etre l'une de celles qui donnent sur les appartements de Mlle
+Stangerson.
+
+"Si vous etiez passe par ici il y a deux nuits, a une heure du
+matin, vous auriez vu votre serviteur au haut d'une echelle
+s'appretant a penetrer dans le chateau, par cette fenetre!"
+
+Comme j'exprimais quelque stupefaction de cette gymnastique
+nocturne, il me pria de montrer beaucoup d'attention a la
+disposition exterieure du chateau, apres quoi nous revinmes dans
+le batiment.
+
+"Il faut maintenant, dit mon ami, que je vous fasse visiter le
+premier etage, aile droite. C'est la que j'habite.
+
+Pour bien faire comprendre l'economie des lieux, je mets sous les
+yeux du lecteurs un plan du premier etage de cette aile droite,
+plan dessine par Rouletabille au lendemain de l'extraordinaire
+phenomene que vous allez connaitre dans tous ses details:
+
+
+_1. __Endroitou Rouletabille placa Frederic Larsan._
+_2. __Endroit ou Rouletabille placa le pere Jacques._
+_3. __Endroit ou Rouletabille placa M. Stangerson._
+_4. __Fenetre par laquelle entra Rouletabille._
+_5. __Fenetre trouvee ouverte par Rouletabille quand il sort de sa
+chambre. Il la referme. Toutes les autres fenetres et portes sont
+fermees._
+_6. __Terrasse surmontant une piece en encorbellement au rez-de-
+chaussee._
+
+Rouletabille me fit signe de monter derriere lui l'escalier
+monumental double qui, a la hauteur du premier etage, formait
+palier. De ce palier on se rendait directement dans l'aile droite
+ou dans l'aile gauche du chateau par une galerie qui y venait
+aboutir. La galerie, haute et large, s'etendait sur toute la
+longueur du batiment et prenait jour sur la facade du chateau
+exposee au nord. Les chambres dont les fenetres donnaient sur le
+midi avaient leurs portes sur cette galerie. Le professeur
+Stangerson habitait l'aile gauche du chateau. Mlle Stangerson
+avait son appartement dans l'aile droite. Nous entrames dans la
+galerie, aile droite. Un tapis etroit, jete sur le parquet cire,
+qui luisait comme une glace, etouffait le bruit de nos pas.
+Rouletabille me disait a voix basse, de marcher avec precaution
+parce que nous passions devant la chambre de Mlle Stangerson. Il
+m'expliqua que l'appartement de Mlle Stangerson se composait de sa
+chambre, d'une antichambre, d'une petite salle de bain, d'un
+boudoir et d'un salon. On pouvait, naturellement, passer de l'une
+de ces pieces dans l'autre sans qu'il fut necessaire de passer par
+la galerie. Le salon et l'antichambre etaient les seules pieces de
+l'appartement qui eussent une porte sur la galerie. La galerie se
+continuait, toute droite, jusqu'a l'extremite est du batiment ou
+elle avait jour sur l'exterieur par une haute fenetre (fenetre 2
+du plan). Vers les deux tiers de sa longueur, cette galerie se
+rencontrait a angle droit avec une autre galerie qui tournait avec
+l'aile droite du chateau.
+
+Pour la clarte de ce recit, nous appellerons la galerie qui va de
+l'escalier jusqu'a la fenetre a l'est, "la galerie droite" et le
+bout de galerie qui tourne avec l'aile droite et qui vient aboutir
+a la galerie droite, a angle droit, "la galerie tournante". C'est
+au carrefour de ces deux galeries que se trouvait la chambre de
+Rouletabille, touchant a celle de Frederic Larsan. Les portes de
+ces deux chambres donnaient sur la galerie tournante, tandis que
+les portes de l'appartement de Mlle Stangerson donnaient sur la
+galerie droite (voir le plan).
+
+Rouletabille poussa la porte de sa chambre, me fit entrer et
+referma la porte sur nous, poussant le verrou. Je n'avais pas
+encore eu le temps de jeter un coup d'oeil sur son installation
+qu'il poussait un cri de surprise en me montrant, sur un gueridon,
+_un binocle._
+
+"Qu'est-ce que c'est que cela? se demandait-il; qu'est-ce que ce
+binocle est venu faire sur mon gueridon?"
+
+J'aurais ete bien en peine de lui repondre.
+
+"A moins que, fit-il, a moins que... a moins que... a moins que ce
+binocle ne soit "ce que je cherche"... et que... et que... _et que
+ce soit un binocle de presbyte! ..."_
+
+Il se jetait litteralement sur le binocle; ses doigts caressaient
+la convexite des verres... et alors il me regarda d'une facon
+effrayante.
+
+"Oh! ... oh!"
+
+Et il repetait: Oh! ... oh! comme si sa pensee l'avait tout a coup
+rendu fou...
+
+Il se leva, me mit la main sur l'epaule, ricana comme un insense
+et me dit:
+
+"Ce binocle me rendra fou! car la chose est possible, voyez-vous,
+"mathematiquement parlant"; mais "humainement parlant" elle est
+impossible... ou alors... ou alors... ou alors..."
+
+On frappa deux petits coups a la porte de la chambre, Rouletabille
+entrouvrit la porte; une figure passa. Je reconnus la concierge
+que j'avais vue passer devant moi quand on l'avait amenee au
+pavillon pour l'interrogatoire et j'en fus etonne, car je croyais
+toujours cette femme sous les verrous. Cette femme dit a voix tres
+basse:
+
+"Dans la rainure du parquet!"
+
+Rouletabille repondit: "Merci!" et la figure s'en alla. Il se
+retourna vers moi apres avoir soigneusement referme la porte. Et
+il prononca des mots incomprehensibles avec un air hagard.
+
+"Puisque la chose est "mathematiquement" possible, pourquoi ne la
+serait-elle pas "humainement! ... Mais si la chose est
+"humainement" possible, l'affaire est formidable!"
+
+J'interrompis Rouletabille dans son soliloque:
+
+"Les concierges sont donc en liberte, maintenant? demandai-je.
+
+-- Oui, me repondit Rouletabille, je les ai fait remettre en
+liberte. J'ai besoin de gens surs. La femme m'est tout a fait
+devouee et le concierge se ferait tuer pour moi... Et, puisque le
+binocle a des verres pour presbyte, je vais certainement avoir
+besoin de gens devoues qui se feraient tuer pour moi!
+
+-- Oh! oh! fis-je, vous ne souriez pas, mon ami... Et quand
+faudra-t-il se faire tuer?
+
+-- Mais, ce soir! car il faut que je vous dise, mon cher,
+_j'attends l'assassin ce soir!_
+
+-- Oh! oh! oh! oh! ... Vous attendez l'assassin ce soir...
+Vraiment, vraiment, vous attendez l'assassin ce soir... mais vous
+connaissez donc l'assassin?
+
+-- Oh! oh! oh! _Maintenant, il se peut que je le connaisse._ Je
+serais un fou d'affirmer categoriquement que je le connais, car
+l'idee mathematique que j'ai de l'assassin donne des resultats si
+effrayants, si monstrueux, _que j'espere qu'il est encore possible
+que je me trompe! Oh! Je l'espere de toutes mes forces..._
+
+-- Comment, puisque vous ne connaissiez pas, il y a cinq minutes,
+l'assassin, pouvez-vous dire que vous attendez l'assassin ce soir?
+
+-- _Parce que je sais qu'il doit venir."_
+__
+-- Rouletabille bourra une pipe, lentement, lentement et l'alluma.
+
+Ceci me presageait un recit des plus captivants. A ce moment
+quelqu'un marcha dans le couloir, passant devant notre porte.
+Rouletabille ecouta. Les pas s'eloignerent.
+
+"Est-ce que Frederic Larsan est dans sa chambre? Fis-je, en
+montrant la cloison.
+
+-- Non, me repondit mon ami, il n'est pas la; il a du partir ce
+matin pour Paris; il est toujours sur la piste de Darzac! ... M.
+Darzac est parti lui aussi ce matin pour Paris. Tout cela se
+terminera tres mal... Je prevois l'arrestation de M. Darzac avant
+huit jours. Le pire est que tout semble se liguer contre le
+malheureux: les evenements, les choses, les gens... Il n'est pas
+une heure qui s'ecoule qui n'apporte contre M. Darzac une
+accusation nouvelle... Le juge d'instruction en est accable et
+aveugle... Du reste, je comprends que l'on soit aveugle! ... On le
+serait a moins...
+
+-- Frederic Larsan n'est pourtant pas un novice.
+
+-- J'ai cru, fit Rouletabille avec une moue legerement meprisante,
+que Fred etait beaucoup plus fort que cela... Evidemment, ce n'est
+pas le premier venu... J'ai meme eu beaucoup d'admiration pour lui
+quand je ne connaissais pas sa methode de travail. Elle est
+deplorable... Il doit sa reputation uniquement a son habilete;
+mais il manque de philosophie; la mathematique de ses conceptions
+est bien pauvre..."
+
+Je regardai Rouletabille et ne pus m'empecher de sourire en
+entendant ce gamin de dix-huit ans traiter d'enfant un garcon
+d'une cinquantaine d'annees qui avait fait ses preuves comme le
+plus fin limier de la police d'Europe...
+
+"Vous souriez, me fit Rouletabille... Vous avez tort! ... Je vous
+jure que je le roulerai... et d'une facon retentissante... mais il
+faut que je me presse, car il a une avance colossale sur moi,
+avance que lui a donnee M. Robert Darzac et que M. Robert Darzac
+va augmenter encore ce soir... Songez donc: _chaque fois_ _que
+l'assassin vient au chateau_, M. Robert Darzac, par une fatalite
+etrange, s'absente et se refuse a donner l'emploi de son temps!
+
+-- Chaque fois que l'assassin vient au chateau! m'ecriai-je... Il
+y est donc revenu...
+
+-- Oui, pendant cette fameuse nuit ou s'est produit le
+phenomene..."
+
+J'allais donc connaitre ce fameux phenomene auquel Rouletabille
+faisait allusion depuis une demi-heure sans me l'expliquer. Mais
+j'avais appris a ne jamais presser Rouletabille dans ses
+narrations... Il parlait quand la fantaisie lui en prenait ou
+quand il le jugeait utile, et se preoccupait beaucoup moins de ma
+curiosite que de faire un resume complet pour lui-meme d'un
+evenement capital qui l'interessait.
+
+Enfin, par petites phrases rapides, il m'apprit des choses qui me
+plongerent dans un etat voisin de l'abrutissement, car, en verite,
+les phenomenes de cette science encore inconnue qu'est
+l'hypnotisme, par exemple, ne sont point plus inexplicables que
+_cette disparition de la matiere de l'assassin au moment ou ils
+etaient quatre a la toucher. _Je parle de l'hypnotisme comme je
+parlerais de l'electricite dont nous ignorons la nature, et dont
+nous connaissons si peu les lois, parce que, dans le moment,
+l'affaire me parut ne pouvoir s'expliquer que par de
+l'inexplicable, c'est-a-dire par un evenement en dehors des lois
+naturelles connues. Et cependant, si j'avais eu la cervelle de
+Rouletabille, j'aurais eu, comme lui, "le pressentiment de
+l'explication naturelle": car le plus curieux dans tous les
+mysteres du Glandier a bien ete "la facon naturelledont
+Rouletabille les expliqua"._ _Mais qui donc eut pu et pourrait
+encore se vanter d'avoir la cervelle de Rouletabille? Les bosses
+originales et inharmoniques de son front, je ne les ai jamais
+rencontrees sur aucun autre front, si ce n'est -- mais bien moins
+apparentes -- sur le front de Frederic Larsan, et encore fallait-
+il bien regarder le front du celebre policier pour en deviner le
+dessin, tandis que les bosses de Rouletabille sautaient -- si
+j'ose me servir de cette expression un peu forte -- sautaient aux
+yeux.
+
+J'ai, parmi les papiers qui me furent remis par le jeune homme
+apres l'affaire, un carnet ou j'ai trouve un compte rendu complet
+du "phenomene de la disparition de la matiere de l'assassin", et
+des reflexions qu'il inspira a mon ami. Il est preferable, je
+crois, de vous soumettre ce compte rendu que de continuer a
+reproduire ma conversation avec Rouletabille, car j'aurais peur,
+dans une pareille histoire, d'ajouter un mot qui ne fut point
+l'expression de la plus stricte verite.
+
+
+
+XV
+Traquenard
+
+
+_Extrait du carnet de Joseph Rouletabille_.
+
+La nuit derniere, nuit du 29 au 30 octobre, ecrit Joseph
+Rouletabille, je me reveille vers une heure du matin. Insomnie ou
+bruit du dehors? Le cri de la "Bete du Bon Dieu" retentit avec une
+resonance sinistre, au fond du parc. Je me leve; j'ouvre ma
+fenetre. Vent froid et pluie; tenebres opaques, silence. Je
+referme ma fenetre. La nuit est encore dechiree par la bizarre
+clameur. Je passe rapidement un pantalon, un veston. Il fait un
+temps a ne pas mettre un chat dehors; qui donc, cette nuit, imite,
+si pres du chateau, le miaulement du chat de la mere Agenoux? Je
+prends un gros gourdin, la seule arme dont je dispose, et, sans
+faire aucun bruit, j'ouvre ma porte.
+
+Me voici dans la galerie; une lampe a reflecteur l'eclaire
+parfaitement; la flamme de cette lampe vacille comme sous l'action
+d'un courant d'air. Je sens le courant d'air. Je me retourne.
+Derriere moi, une fenetre est ouverte, celle qui se trouve a
+l'extremite de ce bout de galerie sur laquelle donnent nos
+chambres, a Frederic Larsan et a moi, galerie que j'appellerai
+"galerie tournante"pour la distinguer de la "galerie droite", sur
+laquelle donne l'appartement de Mlle Stangerson. Ces deux galeries
+se croisent a angle droit. Qui donc a laisse cette fenetre
+ouverte, ou qui vient de l'ouvrir? Je vais a la fenetre; je me
+penche au dehors. A un metre environ sous cette fenetre, il y a
+une terrasse qui sert de toit a une petite piece en encorbellement
+qui se trouve au rez-de-chaussee. On peut, au besoin, sauter de la
+fenetre sur la terrasse, et de la, se laisser glisser dans la cour
+d'honneur du chateau. Celui qui aurait suivi ce chemin ne devait
+evidemment pas avoir sur lui la clef de la porte du vestibule.
+Mais pourquoi m'imaginer cette scene de gymnastique nocturne? A
+cause d'une fenetre ouverte? Il n'y a peut-etre la que la
+negligence d'un domestique. Je referme la fenetre en souriant de
+la facilite avec laquelle je batis des drames avec une fenetre
+ouverte. Nouveau cri de la "Bete du Bon Dieu" dans la nuit. Et
+puis, le silence; la pluie a cesse de frapper les vitres. Tout
+dort dans le chateau. Je marche avec des precautions infinies sur
+le tapis de la galerie. Arrive au coin de la galerie droite,
+j'avance la tete et y jette un prudent regard. Dans cette galerie,
+une autre lampe a reflecteur donne une lumiere eclairant
+parfaitement les quelques objets qui s'y trouvent, trois fauteuils
+et quelques tableaux pendus aux murs. Qu'est-ce que je fais la?
+Jamais le chateau n'a ete aussi calme. Tout y repose. Quel est cet
+instinct qui me pousse vers la chambre de Mlle Stangerson? Qu'est-
+ce qui me conduit vers la chambre de Mlle Stangerson? Pourquoi
+cette voix qui crie au fond de mon etre: "Va jusqu'a la chambre de
+Mlle Stangerson!" Je baisse les yeux sur le tapis que je foule et
+"je vois que mes pas, vers la chambre de Mlle Stangerson, sont
+conduits par des pas qui y sont deja alles". Oui, sur ce tapis,
+des traces de pas ont apporte la boue du dehors et je suis ces pas
+qui me conduisent a la chambre de Mlle Stangerson. Horreur!
+Horreur! Ce sont "les pas elegants" que je reconnais, "les pas de
+l'assassin!" Il est venu du dehors, par cette nuit abominable. Si
+l'on peut descendre de la galerie par la fenetre, grace a la
+terrasse, on peut aussi y entrer.
+
+L'assassin est la, dans le chateau, car les pas ne sont pas
+revenus". Il s'est introduit dans le chateau par cette fenetre
+ouverte a l'extremite de la galerie tournante; il est passe devant
+la chambre de Frederic Larsan, devant la mienne, a tourne a
+droite, dans la galerie droite, _et est entre dans la chambre de
+Mlle_ _Stangerson._ Je suis devant la porte de l'appartement de
+Mlle Stangerson, devant la porte de l'antichambre: elle est
+entrouverte, je la pousse sans faire entendre le moindre bruit. Je
+me trouve dans l'antichambre et la, sous la porte de la chambre
+meme, je vois une barre de lumiere. J'ecoute. Rien! Aucun bruit,
+pas meme celui d'une respiration. Ah! savoir ce qui se passe dans
+le silence qui est derriere cette porte! Mes yeux sur la serrure
+m'apprennent que cette serrure est fermee a clef, et la clef est
+en dedans. Et dire que l'assassin est peut-etre la! Qu'il doit
+etre la! S'echappera-t-il encore, cette fois? Tout depend de moi!
+Du sang-froid et, surtout, pas une fausse manoeuvre! "Il faut voir
+dans cette chambre." Y entrerai-je par le salon de Mlle
+Stangerson? il me faudrait ensuite traverser le boudoir, et
+l'assassin se sauverait alors par la porte de la galerie, la porte
+devant laquelle je suis en ce moment.
+
+"Pour moi, ce soir, il n'y a pas encore eu crime", car rien
+n'expliquerait le silence du boudoir! Dans le boudoir, deux
+gardes-malades sont installees pour passer la nuit, jusqu'a la
+complete guerison de Mlle Stangerson.
+
+Puisque je suis a peu pres sur que l'assassin est la, pourquoi ne
+pas donner l'eveil tout de suite? L'assassin se sauvera peut-etre,
+mais peut-etre aurai-je sauve Mlle Stangerson? Et si, par hasard,
+l'assassin, ce soir, n'etait pas un assassin?" La porte a ete
+ouverte pour lui livrer passage: par qui? -- et a ete refermee:
+par qui? Il est entre, cette nuit, dans cette chambre dont la
+porte etait certainement fermee a clef a l'interieur, "car Mlle
+Stangerson, tous les soirs, s'enferme avec ses gardes dans son
+appartement". Qui a tourne cette clef de la chambre pour laisser
+entrer l'assassin? Les gardes? Deux domestiques fideles, la
+vieille femme de chambre et sa fille Sylvie? C'est bien
+improbable. Du reste, elles couchent dans le boudoir, et Mlle
+Stangerson, tres inquiete, tres prudente, m'a dit Robert Darzac,
+veille elle-meme a sa Surete depuis qu'elle est assez bien
+portante pour faire quelques pas dans son appartement -- dont je
+ne l'ai pas encore vue sortir. Cette inquietude et cette prudence
+soudaines chez Mlle Stangerson, qui avaient frappe M. Darzac,
+m'avaient egalement laisse a reflechir. Lors du crime de la
+"Chambre Jaune", il ne fait point de doute que la malheureuse
+_attendait l'assassin._ L'attendait-elle encore ce soir? Mais qui
+donc a tourne cette clef pour ouvrir "a l'assassin qui est la"? Si
+c'etait Mlle Stangerson "elle-meme"? Car enfin elle peut redouter,
+elle doit redouter la venue de l'assassin et avoir des raisons
+pour lui ouvrir la porte, "pour etre forcee de lui ouvrir la
+porte!" Quel terrible rendez-vous est donc celui-ci? Rendez-vous
+de crime? A coup sur, pas rendez-vous d'amour, car Mlle Stangerson
+adore M. Darzac, je le sais. Toutes ces reflexions traversent mon
+cerveau comme un eclair qui n'illuminerait que des tenebres. Ah!
+Savoir...
+
+S'il y a tant de silence, derriere cette porte, c'est sans doute
+qu'on y a besoin de silence! Mon intervention peut etre la cause
+de plus de mal que de bien? Est-ce que je sais? Qui me dit que mon
+intervention ne determinerait pas, dans la minute, un crime? Ah!
+voir et savoir, sans troubler le silence!
+
+Je sors de l'antichambre. Je vais a l'escalier central, je le
+descends; me voici dans le vestibule; je cours le plus
+silencieusement possible vers la petite chambre au rez-de-
+chaussee, ou couche, depuis l'attentat du pavillon, le pere
+Jacques.
+
+"Je le trouve habille", les yeux grands ouverts, presque hagards.
+Il ne semble point etonne de me voir; il me dit qu'il s'est leve
+parce qu'il a entendu le cri de "la Bete du Bon Dieu", et qu'il a
+entendu des pas, dans le parc, des pas qui glissaient devant sa
+fenetre. Alors, il a regarde a la fenetre "et il a vu passer, tout
+a l'heure, un fantome noir". Je lui demande s'il a une arme. Non,
+il n'a plus d'arme, depuis que le juge d'instruction lui a pris
+son revolver. Je l'entraine. Nous sortons dans le parc par une
+petite porte de derriere. Nous glissons le long du chateau
+jusqu'au point qui est juste au-dessous de la chambre de Mlle
+Stangerson. La, je colle le pere Jacques contre le mur, lui
+defends de bouger, et moi, profitant d'un nuage qui recouvre en ce
+moment la lune, je m'avance en face de la fenetre, mais en dehors
+du carre de lumiere qui en vient; "car la fenetre est
+entrouverte". Par precaution? Pour pouvoir sortir plus vite par la
+fenetre, si quelqu'un venait a entrer par une porte? Oh! oh! celui
+qui sautera par cette fenetre aurait bien des chances de se rompre
+le cou! Qui me dit que l'assassin n'a pas une corde? Il a du tout
+prevoir... Ah! savoir ce qui se passe dans cette chambre! ...
+connaitre le silence de cette chambre! ... Je retourne au pere
+Jacques et je prononce un mot, a son oreille: "Echelle". Des
+l'abord, j'ai bien pense a l'arbre qui, huit jours auparavant m'a
+deja servi d'observatoire, mais j'ai aussitot constate que la
+fenetre est entrouverte de telle sorte que je ne puis rien voir,
+cette fois-ci, en montant dans l'arbre, de ce qui se passe dans la
+chambre. Et puis non seulement je veux voir, mais pouvoir entendre
+et... agir...
+
+Le pere Jacques, tres agite, presque tremblant, disparait un
+instant et revient, sans echelle, me faisant, de loin, de grands
+signes avec ses bras pour que je le rejoigne au plus tot. Quand je
+suis pres de lui: "Venez!" me souffle-t-il.
+
+Il me fait faire le tour du chateau par le donjon. Arrive la, il
+me dit:
+
+"J'etais alle chercher mon echelle dans la salle basse du donjon,
+qui nous sert de debarras, au jardinier et a moi; la porte du
+donjon etait ouverte et l'echelle n'y etait plus. En sortant, sous
+le clair de lune, voila ou je l'ai apercue!"
+
+Et il me montrait, a l'autre extremite du chateau, une echelle
+appuyee contre les "corbeaux"qui soutenaient la terrasse, au-
+dessous de la fenetre que j'avais trouvee ouverte. La terrasse
+m'avait empeche de voir l'echelle... grace a cette echelle, il
+etait extremement facile de penetrer dans la galerie tournante du
+premier etage, et je ne doutai plus que ce fut la le chemin pris
+par l'inconnu.
+
+Nous courons a l'echelle; mais, au moment de nous en emparer, le
+pere Jacques me montre la porte entrouverte de la petite piece du
+rez-de-chaussee qui est placee en encorbellement a l'extremite de
+cette aile droite du chateau, et qui a pour plafond cette terrasse
+dont j'ai parle. Le pere Jacques pousse un peu la porte, regarde a
+l'interieur, et me dit, dans un souffle.
+
+"Il n'est pas la!--Qui? --le garde!"
+La bouche encore une fois a mon oreille: "Vous savez bien que le
+garde couche dans cette piece, depuis qu'on fait des reparations
+au donjon! ..." et, du meme geste significatif, il me montre la
+porte entrouverte, l'echelle, la terrasse et la fenetre, que j'ai
+tout a l'heure refermee, de la galerie tournante.
+
+Quelles furent mes pensees alors? Avais-je le temps d'avoir des
+pensees? Je "sentais", plus que je ne pensais...
+
+Evidemment, sentais-je, "si le garde est la-haut dans la chambre"
+(je dis: "si", car je n'ai, en ce moment, en dehors de cette
+echelle, et de cette chambre du garde deserte, aucun indice qui me
+permette meme de soupconner le garde), s'il y est, il a ete oblige
+de passer par cette echelle et par cette fenetre, car les pieces
+qui se trouvent derriere sa nouvelle chambre, etant occupees par
+le menage du maitre d'hotel et de la cuisiniere, et par les
+cuisines, lui ferment le chemin du vestibule et de l'escalier, a
+l'interieur du chateau... "si c'est le garde qui a passe par la",
+il lui aura ete facile, sous quelque pretexte, hier soir, d'aller
+dans la galerie et de veiller a ce que cette fenetre soit
+simplement poussee a l'interieur, les panneaux joints, de telle
+sorte qu'il n'ait plus, de l'exterieur, qu'a appuyer dessus pour
+que la fenetre s'ouvre et qu'il puisse sauter dans la galerie.
+Cette necessite de la fenetre non fermee a l'interieur restreint
+singulierement le champ des recherches sur la personnalite de
+l'assassin. Il faut que l'assassin "soit de la maison"; a moins
+qu'il n'ait un complice, auquel je ne crois pas...; a moins... a
+moins que Mlle Stangerson "elle-meme" ait veille a ce que cette
+fenetre ne soit point fermee de l'interieur...
+"Mais quel serait donc ce secret effroyable qui ferait que Mlle
+Stangerson serait dans la necessite de supprimer les obstacles qui
+la separent de son assassin?"
+
+J'empoigne l'echelle et nous voici repartis sur les derrieres du
+chateau. La fenetre de la chambre est toujours entrouverte; les
+rideaux sont tires, mais ne se rejoignent point; ils laissent
+passer un grand rai de lumiere, qui vient s'allonger sur la
+pelouse a mes pieds. Sous la fenetre de la chambre j'applique mon
+echelle. Je suis a peu pres sur de n'avoir fait aucun bruit. "Et,
+pendant que le pere Jacques reste au pied de l'echelle", je gravis
+l'echelle, moi, tout doucement, tout doucement, avec mon gourdin.
+Je retiens ma respiration; je leve et pose les pieds avec des
+precautions infinies. Soudain, un gros nuage, et une nouvelle
+averse. Chance. Mais, tout a coup, le cri sinistre de la "Bete du
+Bon Dieu" m'arrete au milieu de mon ascension. Il me semble que ce
+cri vient d'etre pousse derriere moi, a quelques metres. Si ce cri
+etait un signal! Si quelque complice de l'homme m'avait vu, sur
+mon echelle. Ce cri appelle peut-etre l'homme a la fenetre! Peut-
+etre! ... Malheur, "l'homme est a la fenetre! Je sens sa tete au-
+dessus de moi; j'entends son souffle. Et moi, je ne puis le
+regarder; le plus petit mouvement de ma tete, et je suis perdu!
+Va-t-il me voir? Va-t-il, dans la nuit, baisser la tete? Non! ...
+il s'en va... il n'a rien vu... je le sens, plus que je ne
+l'entends, marcher, a pas de loup, dans la chambre; et je gravis
+encore quelques echelons. Ma tete est a la hauteur de la pierre
+d'appui de la fenetre; mon front depasse cette pierre; mes yeux,
+entre les rideaux, voient.
+
+L'homme est la, assis au petit bureau de Mlle Stangerson, _et il_
+_ecrit._ Il me tourne le dos. Il a une bougie devant lui; mais,
+comme il est penche sur la flamme de cette bougie, la lumiere
+projette des ombres qui me le deforment. Je ne vois qu'un dos
+monstrueux, courbe.
+
+Chose stupefiante: Mlle Stangerson n'est pas la! Son lit n'est pas
+defait. Ou donc couche-t-elle, cette nuit? Sans doute dans la
+chambre a cote, avec ses femmes. Hypothese. Joie de trouver
+l'homme seul. Tranquillite d'esprit pour preparer le traquenard.
+
+Mais qui est donc cet homme qui ecrit la, sous mes yeux, installe
+a ce bureau comme s'il etait chez lui? S'il n'y avait point "les
+pas de l'assassin" sur le tapis de la galerie, s'il n'y avait pas
+eu la fenetre ouverte, s'il n'y avait pas eu, sous cette fenetre,
+l'echelle, je pourrais etre amene a penser que cet homme a le
+droit d'etre la et qu'il s'y trouve normalement a la suite de
+causes normales que je ne connais pas encore. Mais il ne fait
+point de doute que cet inconnu mysterieux est l'homme de la
+"Chambre Jaune", celui dont Mlle Stangerson est obligee, sans le
+denoncer, de subir les coups assassins. Ah! voir sa figure! Le
+surprendre! Le prendre!
+
+Si je saute dans la chambre en ce moment, "il" s'enfuit ou par
+l'antichambre ou par la porte a droite qui donne sur le boudoir.
+Par la, traversant le salon, il arrive a la galerie et je le
+perds. Or, je le tiens; encore cinq minutes, et je le tiens, mieux
+que si je l'avais dans une cage... Qu'est-ce qu'il fait la,
+solitaire, dans la chambre de Mlle Stangerson? Qu'ecrit-il? A qui
+ecrit-il? ... Descente. L'echelle par terre. Le pere Jacques me
+suit. Rentrons au chateau. J'envoie le pere Jacques eveiller M.
+Stangerson. Il doit m'attendre chez M. Stangerson, et ne lui rien
+dire de precis avant mon arrivee. Moi, je vais aller eveiller
+Frederic Larsan. Gros ennui pour moi. J'aurais voulu travailler
+seul et avoir toute l'aubaine de l'affaire, au nez de Larsan
+endormi. Mais le pere Jacques et M. Stangerson sont des vieillards
+et moi, je ne suis peut-etre pas assez developpe. Je manquerais
+peut-etre de force... Larsan, lui, a l'habitude de l'homme que
+l'on terrasse, que l'on jette par terre, que l'on releve, menottes
+aux poignets. Larsan m'ouvre, ahuri, les yeux gonfles de sommeil,
+pret a m'envoyer promener, ne croyant nullement a mes imaginations
+de petit reporter. Il faut que je lui affirme que "l'homme est
+la!"
+
+"C'est bizarre, dit-il, _je croyais l'avoir quitte cet apres-midi,
+a Paris!"_
+
+Il se vet hativement et s'arme d'un revolver. Nous nous glissons
+dans la galerie.
+
+Larsan me demande:
+
+"Ou est-il?
+
+-- Dans la chambre de Mlle Stangerson.
+
+-- Et Mlle Stangerson?
+
+-- Elle n'est pas dans sa chambre!
+
+-- Allons-y!
+
+-- N'y allez pas! L'homme, a la premiere alerte, se sauvera... il
+a trois chemins pour cela... la porte, la fenetre, le boudoir ou
+se trouvent les femmes...
+
+-- Je tirerai dessus...
+
+-- Et si vous le manquez? Si vous ne faites que le blesser? Il
+s'echappera encore... Sans compter que, lui aussi, est
+certainement arme... Non, laissez-moi diriger l'experience, et je
+reponds de tout...
+
+-- Comme vous voudrez", me dit-il avec assez de bonne grace.
+
+Alors, apres m'etre assure que toutes les fenetres des deux
+galeries sont hermetiquement closes, je place Frederic Larsan a
+l'extremite de la galerie tournante, devant cette fenetre que j'ai
+trouvee ouverte et que j'ai refermee. Je dis a Fred:
+
+"Pour rien au monde, vous ne devez quitter ce poste, jusqu'au
+moment ou je vous appellerai... Il y a cent chances sur cent pour
+que l'homme revienne a cette fenetre et essaye de se sauver par
+la, quand il sera poursuivi, car c'est par la qu'il est venu et
+par la qu'il a prepare sa fuite. Vous avez un poste dangereux...
+
+-- Quel sera le votre? demanda Fred.
+
+-- Moi, je sauterai dans la chambre, et je vous rabattrai l'homme!
+
+-- Prenez mon revolver, dit Fred, je prendrai votre baton.
+
+-- Merci, fis-je, vous etes un brave homme"
+
+Et j'ai pris le revolver de Fred. J'allais etre seul avec l'homme,
+la-bas, qui ecrivait dans la chambre, et vraiment ce revolver me
+faisait plaisir.
+
+Je quittai donc Fred, l'ayant poste a la fenetre 5 sur le plan, et
+je me dirigeai, toujours avec la plus grande precaution, vers
+l'appartement de M. Stangerson, dans l'aile gauche du chateau. Je
+trouvai M. Stangerson avec le pere Jacques, qui avait observe la
+consigne, se bornant a dire a son maitre qu'il lui fallait
+s'habiller au plus vite. Je mis alors M. Stangerson, en quelques
+mots, au courant de ce qui se passait. Il s'arma, lui aussi, d'un
+revolver, me suivit et nous fumes aussitot dans la galerie tous
+trois. Tout ce qui vient de se passer, depuis que j'avais vu
+l'assassin assis devant le bureau, avait a peine dure dix minutes.
+M. Stangerson voulait se precipiter immediatement sur l'assassin
+et le tuer: c'etait bien simple. Je lui fis entendre qu'avant tout
+il ne fallait pas risquer, "en voulant le tuer, de le manquer
+vivant".
+
+Quand je lui eus jure que sa fille n'etait pas dans la chambre et
+qu'elle ne courait aucun danger, il voulut bien calmer son
+impatience et me laisser la direction de l'evenement. Je dis
+encore au pere Jacques et a M. Stangerson qu'ils ne devaient venir
+a moi que lorsque je les appellerais ou lorsque je tirerais un
+coup de revolver "et j'envoyai le pere Jacques se placer" devant
+la fenetre situee a l'extremite de la galerie droite. (La fenetre
+est marquee du chiffre 2 sur mon plan.) J'avais choisi ce poste
+pour le pere Jacques parce que j'imaginais que l'assassin, traque
+a sa sortie de la chambre, se sauvant a travers la galerie pour
+rejoindre la fenetre qu'il avait laissee ouverte, et voyant, tout
+a coup, en arrivant au carrefour des galeries, devant cette
+derniere fenetre, Larsan gardant la galerie tournante,
+continuerait son chemin dans la galerie droite. La, il
+rencontrerait le pere Jacques, qui l'empecherait de sauter dans le
+parc par la fenetre qui ouvrait a l'extremite de la galerie
+droite. C'est ainsi, certainement, qu'en une telle occurrence
+devait agir l'assassin s'il connaissait les lieux (et cette
+hypothese ne faisait point de doute pour moi). Sous cette fenetre,
+en effet, se trouvait exterieurement une sorte de contrefort.
+Toutes les autres fenetres des galeries donnaient a une telle
+hauteur sur des fosses qu'il etait a peu pres impossible de sauter
+par la sans se rompre le cou. Portes et fenetres etaient bien et
+solidement fermees, y compris la porte de la chambre de debarras,
+a l'extremite de la galerie droite: Je m'en etais rapidement
+assure.
+
+Donc, apres avoir indique comme je l'ai dit, son poste au pere
+Jacques "et l'y avoir vu", je placai M. Stangerson devant le
+palier de l'escalier, non loin de la porte de l'antichambre de sa
+fille. Tout faisait prevoir que, des lors que je traquais
+l'assassin dans la chambre, celui-ci se sauverait par
+l'antichambre plutot que par le boudoir ou se trouvaient les
+femmes et dont la porte avait du etre fermee par Mlle Stangerson
+elle-meme, si, comme je le pensais, elle s'etait refugiee dans ce
+boudoir "pour ne pas voir l'assassin qui allait venir chez elle!"
+Quoi qu'il en fut, il retombait toujours dans la galerie "Ou mon
+monde l'attendait a toutes les issues possibles".
+
+Arrive la, il voit a sa gauche, presque sur lui, M. Stangerson; il
+se sauve alors a droite, vers la galerie tournante, "ce qui est le
+chemin, du reste, de sa fuite preparee". A l'intersection des deux
+galeries il apercoit a la fois, comme je l'explique plus haut, a
+sa gauche, Frederic Larsan au bout de la galerie tournante, et en
+face le pere Jacques, au bout de la galerie droite. M. Stangerson
+et moi, nous arrivons par derriere. Il est a nous! Il ne peut plus
+nous echapper! ... Ce plan me paraissait le plus sage, le plus sur
+"et le plus simple". Si nous avions pu directement placer
+quelqu'un de nous derriere la porte du boudoir de Mlle Stangerson
+qui ouvrait sur la chambre a coucher, peut-etre eut-il paru plus
+simple "a certains qui ne reflechissent pas" d'assieger
+directement les deux portes de la piece ou se trouvait l'homme,
+celle du boudoir et celle de l'antichambre; mais nous ne pouvions
+penetrer dans le boudoir que par le salon, dont la porte avait ete
+fermee a l'interieur par les soins inquiets de Mlle Stangerson. Et
+ainsi, ce plan, qui serait venu a l'intellect d'un sergent de
+ville quelconque, se trouvait impraticable. Mais moi, qui suis
+oblige de reflechir, je dirai que, meme si j'avais eu la libre
+disposition du boudoir, j'aurais maintenu mon plan tel que je
+viens de l'exposer; car tout autre plan d'attaque direct par
+chacune des portes de la chambre "nous separait les uns des autres
+au moment de la lutte avec l'homme", tandis que mon plan
+"reunissait tout le monde pour l'attaque", a un endroit que
+j'avais determine avec une precision quasi mathematique. Cet
+endroit etait l'intersection des deux galeries.
+
+Ayant ainsi place mon monde, je ressortis du chateau, courus a mon
+echelle, la reappliquai contre le mur et, le revolver au poing, je
+grimpai.
+
+Que si quelques-uns sourient de tant de precautions prealables, je
+les renverrai au mystere de la "Chambre Jaune" et a toutes les
+preuves que nous avions de la fantastique astuce de l'assassin; et
+aussi, que si quelques-uns trouvent bien meticuleuses toutes mes
+observations dans un moment ou l'on doit etre entierement pris par
+la rapidite du mouvement, de la decision et de l'action, je leur
+repliquerai que j'ai voulu longuement et completement rapporter
+ici toutes les dispositions d'un plan d'attaque concu et execute
+aussi rapidement qu'il est lent a se derouler sous ma plume. J'ai
+voulu cette lenteur et cette precision pour etre certain de ne
+rien omettre des conditions dans lesquelles se produisit l'etrange
+phenomene qui, jusqu'a nouvel ordre et naturelle explication, me
+semble devoir prouver mieux que toutes les theories du professeur
+Stangerson, "la dissociation de la matiere", je dirai meme la
+dissociation "instantanee" de la matiere.
+
+
+
+XVI
+Etrange phenomene de dissociation de la matiere
+
+
+_Extrait du carnet de Joseph Rouletabille (suite)_
+
+Me voici de nouveau a la pierre de la fenetre, continue
+Rouletabille, et de nouveau ma tete depasse cette pierre; entre
+les rideaux dont la disposition n'a pas bouge, je m'apprete a
+regarder, anxieux de savoir dans quelle attitude je vais trouver
+l'assassin. S'il pouvait me tourner le dos! S'il pouvait etre
+encore a cette table, en train d'ecrire... Mais peut-etre... peut-
+etre n'est-il plus la! ... Et comment se serait-il enfui? ... Est-
+ce que je n'ai pas son echelle"? ... Je fais appel a tout mon
+sang-froid. J'avance encore la tete. Je regarde: il est la; je
+revois son dos monstrueux, deforme par les ombres projetees par la
+bougie. Seulement, "il" n'ecrit plus et la bougie n'est plus sur
+le petit bureau. La bougie est sur le parquet devant l'homme
+courbe au-dessus d'elle. Position bizarre, mais qui me sert. Je
+retrouve ma respiration. Je monte encore. Je suis aux derniers
+echelons; ma main gauche saisit l'appui de la fenetre; au moment
+de reussir je sens mon coeur battre a coups precipites. Je mets
+mon revolver entre mes dents. Ma main droite maintenant tient
+aussi l'appui de la fenetre. Un mouvement necessairement un peu
+brusque, un retablissement sur les poignets et je vais etre sur la
+fenetre... Pourvu que l'echelle!...C'est ce qui arrive... je suis
+dans la necessite de prendre un point d'appui un peu fort sur
+l'echelle et mon pied n'a point plutot quitte celle-ci que je sens
+qu'elle bascule. Elle racle le mur et s'abat... Mais deja mes
+genoux touchent la pierre... Avec une rapidite que je crois sans
+egale, je me dresse debout sur la pierre... Mais plus rapide que
+moi a ete l'assassin... Il a entendu le raclement de l'echelle
+contre le mur et j'ai vu tout a coup le dos monstrueux se
+soulever, l'homme se dresser, se retourner... J'ai vu sa tete...
+ai-je bien vu sa tete? ... La bougie etait sur le parquet et
+n'eclairait suffisamment que ses jambes. A partir de la hauteur de
+la table, il n'y avait guere dans la chambre que des ombres, que
+de la nuit... J'ai vu une tete chevelue, barbue... Des yeux de
+fou; une face pale qu'encadraient deux larges favoris; la couleur,
+autant que je pouvais dans cette seconde obscure distinguer, la
+couleur... en etait rousse... a ce qu'il m'est apparu... a ce que
+j'ai pense... Je ne connaissais point cette figure. Ce fut, en
+somme, la sensation principale que je recus de cette image
+entrevue dans des tenebres vacillantes... Je ne connaissais pas
+cette figure "ou, tout au moins, je ne la reconnaissais pas"!
+
+Ah! Maintenant, il fallait faire vite! ... il fallait etre le
+vent! la tempete! ... la foudre! Mais helas... helas! "il y avait
+des mouvements necessaires..." Pendant que je faisais les
+mouvements necessaires de retablissement sur les poignets, du
+genou sur la pierre, de mes pieds sur la pierre... l'homme qui
+m'avait apercu a la fenetre avait bondi, s'etait precipite comme
+je l'avais prevu sur la porte de l'antichambre, avait eu le temps
+de l'ouvrir et fuyait. Mais deja j'etais derriere lui revolver au
+poing. Je hurlai: "A moi!"
+
+Comme une fleche j'avais traverse la chambre et cependant j'avais
+pu voir qu'"il y avait une lettre sur la table". Je rattrapai
+presque l'homme dans l'antichambre, car le temps qu'il lui avait
+fallu pour ouvrir la porte lui avait au moins pris une seconde. Je
+le touchai presque; il me colla sur le nez la porte qui donne de
+l'antichambre sur la galerie... Mais j'avais des ailes, je fus
+dans la galerie a trois metres de lui... M. Stangerson et moi le
+poursuivimes a la meme hauteur. L'homme avait pris, toujours comme
+je l'avais prevu, la galerie a sa droite, c'est-a-dire le chemin
+prepare de sa fuite..."A moi, Jacques! A moi, Larsan!" m'ecriai-
+je. Il ne pouvait plus nous echapper! Je poussai une clameur de
+joie, de victoire sauvage... L'homme parvint a l'intersection des
+deux galeries a peine deux secondes avant nous et la rencontre que
+j'avais decidee, le choc fatal qui devait inevitablement se
+produire, eut lieu! Nous nous heurtames tous a ce carrefour: M.
+Stangerson et moi venant d'un bout de la galerie droite, le pere
+Jacques venant de l'autre bout de cette meme galerie et Frederic
+Larsan venant de la galerie tournante. Nous nous heurtames jusqu'a
+tomber...
+
+"Mais l'homme n'etait pas la!"
+
+Nous nous regardions avec des yeux stupides, des yeux d'epouvante,
+devant cet "irreel": "l'homme n'etait pas la!"
+
+Ou est-il? Ou est-il? Ou est-il? ... Tout notre etre demandait:
+"Ou est-il?"
+
+"Il est impossible qu'il se soit enfui! m'ecriai-je dans une
+colere plus grande que mon epouvante!
+
+-- Je le touchais, s'exclama Frederic Larsan.
+
+-- Il etait la, j'ai senti son souffle dans la figure! faisait le
+pere Jacques.
+
+-- Nous le touchions!" repetames-nous, M. Stangerson et moi.
+
+Ou est-il? Ou est-il? Ou est-il? ...
+
+Nous courumes comme des fous dans les deux galeries; nous
+visitames portes et fenetres; elles etaient closes, hermetiquement
+closes... On n'avait pas pu les ouvrir, puisque nous les trouvions
+fermees... Et puis, est-ce que cette ouverture d'une porte ou
+d'une fenetre par cet homme, ainsi traque, sans que nous ayons pu
+apercevoir son geste, n'eut pas ete plus inexplicable encore que
+la disparition de l'homme lui-meme?
+
+Ou est-il? Ou est-il? ... Il n'a pu passer par une porte, ni par
+une fenetre, ni par rien. Il n'a pu passer a travers nos corps!
+...
+
+J'avoue que, dans le moment, je fus aneanti. Car, enfin, il
+faisait clair dans la galerie, et dans cette galerie il n'y avait
+ni trappe, ni porte secrete dans les murs, ni rien ou l'on put se
+cacher. Nous remuames les fauteuils et soulevames les tableaux.
+Rien! Rien! Nous aurions regarde dans une potiche, s'il y avait eu
+une potiche!
+
+
+
+XVII
+La galerie inexplicable
+
+
+Mlle Mathilde Stangerson apparut sur le seuil de son antichambre,
+continue toujours le carnet de Rouletabille. Nous etions presque a
+sa porte, dans cette galerie ou venait de se passer l'incroyable
+phenomene. Il y a des moments ou l'on sent sa cervelle fuir de
+toutes parts. Une balle dans la tete, un crane qui eclate, le
+siege de la logique assassine, la raison en morceaux... tout cela
+etait sans doute comparable a la sensation, qui m'epuisait, "qui
+me vidait", du desequilibre de tout, de la fin de mon moi pensant,
+pensant avec ma pensee d'homme! La ruine morale d'un edifice
+rationnel, double de la ruine reelle de la vision physiologique,
+alors que les yeux voient toujours clair, quel coup affreux sur le
+crane!
+
+Heureusement, Mlle Mathilde Stangerson apparut sur le seuil de son
+antichambre. Je la vis; et ce fut une diversion a ma pensee en
+chaos... Je la respirai... "je respirai son parfum de la dame en
+noir... Chere dame en noir, chere dame en noir" que je ne reverrai
+jamais plus! Mon Dieu! dix ans de ma vie, la moitie de ma vie pour
+revoir la dame en noir! Mais, helas! Je ne rencontre plus, de
+temps en temps, et encore! ... et encore! ... que le parfum, a peu
+pres le parfum dont je venais respirer la trace, sensible pour moi
+seul, dans le parloir de ma jeunesse! ... c'est cette reminiscence
+aigue de ton cher parfum, dame en noir, qui me fit aller vers
+celle-ci que voila tout en blanc, et si pale, si pale, et si belle
+sur le seuil de la "galerie inexplicable"! Ses beaux cheveux dores
+releves sur la nuque laissent voir l'etoile rouge de sa tempe, la
+blessure dont elle faillit mourir... Quand je commencais seulement
+a prendre ma raison par le bon bout, dans cette affaire,
+j'imaginais que, la nuit du mystere de la "Chambre Jaune", Mlle
+Stangerson portait les cheveux en bandeaux... "Mais, avant mon
+entree dans la "Chambre Jaune", comment aurais-je raisonne sans la
+chevelure aux bandeaux"?
+
+Et maintenant, je ne raisonne plus du tout, depuis le fait de la
+"galerie inexplicable"; je suis la, stupide, devant l'apparition
+de Mlle Stangerson, pale et si belle. Elle est vetue d'un peignoir
+d'une blancheur de reve. On dirait une apparition, un doux
+fantome. Son pere la prend dans ses bras, l'embrasse avec passion,
+semble la reconquerir une fois de plus, puisqu'une fois de plus
+elle eut pu, pour lui, etre perdue! Il n'ose l'interroger... Il
+l'entraine dans sa chambre ou nous les suivons... car, enfin, il
+faut savoir! ... La porte du boudoir est ouverte... Les deux
+visages epouvantes des gardes-malades sont penches vers nous...
+"Mlle Stangerson demande ce que signifie tout ce bruit." "Voila,
+dit-elle, c'est bien simple! ..." -- Comme c'est simple! comme
+c'est simple! -- ... Elle a eu l'idee de ne pas dormir cette nuit
+dans sa chambre, de se coucher dans la meme piece que les gardes-
+malades, dans le boudoir... Et elle a ferme, sur elles trois, la
+porte du boudoir... Elle a, depuis la nuit criminelle, des
+craintes, des peurs soudaines fort comprehensibles, n'est-ce pas?
+... Qui comprendra pourquoi, cette nuit justement "ou il devait
+revenir", elle s'est enfermee par un "hasard" tres heureux avec
+ses femmes? Qui comprendra pourquoi elle repousse la volonte de M.
+Stangerson de coucher dans le salon de sa fille, puisque sa fille
+a peur? Qui comprendra pourquoi la lettre, qui etait tout a
+l'heure sur la table de la chambre, "n'y est plus"! ... Celui qui
+comprendra cela dira: Mlle Stangerson savait que l'assassin devait
+revenir... elle ne pouvait l'empecher de revenir... elle n'a
+prevenu personne parce qu'il faut que l'assassin reste inconnu...
+inconnu de son pere, inconnu de tous... excepte de Robert Darzac.
+Car M. Darzac doit le connaitre maintenant... Il le connaissait
+peut-etre avant! Se rappeler la phrase du jardin de l'Elysee: "Me
+faudra-t-il, pour vous avoir, commettre un crime?" Contre qui, le
+crime, sinon "contre l'obstacle", contre l'assassin? Se rappeler
+encore cette phrase de M. Darzac en reponse a ma question: "Cela
+ne vous deplairait-il point que je decouvre l'assassin?--Ah! Je
+voudrais le tuer de ma main!" Et je lui ai replique: "Vous n'avez
+pas repondu a ma question!" Ce qui etait vrai. En verite, en
+verite, M. Darzac connait si bien l'assassin qu'il a peur que je
+le decouvre, "tout en voulant le tuer". Il n'a facilite mon
+enquete que pour deux raisons: d'abord parce que je l'y ai force;
+ensuite, pour mieux veiller sur elle...
+
+Je suis dans la chambre... dans sa chambre... je la regarde,
+elle... et je regarde aussi la place ou etait la lettre tout a
+l'heure... Mlle Stangerson s'est emparee de la lettre; cette
+lettre etait pour elle, evidemment... evidemment... Ah! comme la
+malheureuse tremble... Elle tremble au recit fantastique que son
+pere lui fait de la presence de l'assassin dans sa chambre et de
+la poursuite dont il a ete l'objet... Mais il est visible... il
+est visible qu'elle n'est tout a fait rassuree que lorsqu'on lui
+affirme que l'assassin, par un sortilege inoui, a pu nous
+echapper.
+
+Et puis il y a un silence... Quel silence! ... Nous sommes tous
+la, a "la" regarder... Son pere, Larsan, le pere Jacques et moi...
+Quelles pensees roulent dans ce silence autour d'elle? ... Apres
+l'evenement de ce soir, apres le mystere de la "galerie
+inexplicable", apres cette realite prodigieuse de l'installation
+de l'assassin dans sa chambre, a elle, il me semble que toutes les
+pensees, toutes, depuis celles qui se trainent sous le crane du
+pere Jacques, jusqu'a celles qui "naissent" sous le crane de M.
+Stangerson, toutes pourraient se traduire par ces mots qu'on lui
+adresserait, a elle: "Oh! toi qui connais le mystere, explique-le-
+nous, et nous te sauverons peut-etre!" Ah! comme je voudrais la
+sauver... d'elle-meme, et de l'autre! ... J'en pleure... Oui, je
+sens mes yeux se remplir de larmes devant tant de misere si
+horriblement cachee.
+
+Elle est la, celle qui a le parfum de "la dame en noir"... je la
+vois enfin, chez elle, dans sa chambre, dans cette chambre ou elle
+n'a pas voulu me recevoir... dans cette chambre "ou elle se tait",
+ou elle continue de se taire. Depuis l'heure fatale de la "Chambre
+Jaune", nous tournons autour de cette femme invisible et muette
+pour savoir ce qu'elle sait. Notre desir, notre volonte de savoir
+doivent lui etre un supplice de plus. Qui nous dit que, si "nous
+apprenons", la connaissance de "son" mystere ne sera pas le signal
+d'un drame plus epouvantable que ceux qui se sont deja deroules
+ici? Qui nous dit qu'elle n'en mourra pas? Et cependant, elle a
+failli mourir... et nous ne savons rien... Ou plutot il y en a qui
+ne savent rien... mais moi... si je savais "qui", je saurais
+tout... Qui? qui? qui? ... et ne sachant pas qui, je dois me
+taire, par pitie pour elle, car il ne fait point de doute qu'elle
+sait, elle, comment "il" s'est enfui, lui, de la "Chambre Jaune",
+et cependant elle se tait. Pourquoi parlerais-je? Quand je saurai
+qui, "je lui parlerai, a lui!"
+
+Elle nous regarde maintenant... mais de loin... comme si nous
+n'etions pas dans sa chambre... M. Stangerson rompt le silence. M.
+Stangerson declare que, desormais, il ne quittera plus
+l'appartement de sa fille. C'est en vain que celle-ci veut
+s'opposer a cette volonte formelle, M. Stangerson tient bon. Il
+s'y installera des cette nuit meme, dit-il. Sur quoi, uniquement
+occupe de la sante de sa fille, il lui reproche de s'etre levee...
+puis il lui tient soudain de petits discours enfantins... Il lui
+sourit... il ne sait plus beaucoup ni ce qu'il dit, ni ce qu'il
+fait... L'illustre professeur perd la tete... Il repete des mots
+sans suite qui attestent le desarroi de son esprit... celui du
+notre n'est guere moindre. Mlle Stangerson dit alors, avec une
+voix si douloureuse, ces simples mots: "Mon pere! mon pere!" que
+celui-ci eclate en sanglots. Le pere Jacques se mouche et Frederic
+Larsan, lui-meme, est oblige de se detourner pour cacher son
+emotion. Moi, je n'en peux plus... je ne pense plus, je ne sens
+plus, je suis au-dessous du vegetal. Je me degoute.
+
+C'est la premiere fois que Frederic Larsan se trouve, comme moi,
+en face de Mlle Stangerson, depuis l'attentat de la "Chambre
+Jaune". Comme moi, il avait insiste pour pouvoir interroger la
+malheureuse; mais, pas plus que moi, il n'avait ete recu. A lui
+comme a moi, on avait toujours fait la meme reponse: Mlle
+Stangerson etait trop faible pour nous recevoir, les
+interrogatoires du juge d'instruction la fatiguaient suffisamment,
+etc... Il y avait la une mauvaise volonte evidente a nous aider
+dans nos recherches qui, "moi", ne me surprenait pas, mais qui
+etonnait toujours Frederic Larsan. Il est vrai que Frederic Larsan
+et moi avons une conception du crime tout a fait differente...
+
+... Ils pleurent... Et je me surprends encore a repeter au fond de
+moi: La sauver! ... la sauver malgre elle! la sauver sans la
+compromettre! La sauver sans qu'"il" parle! Qui: "il?" -- "Il",
+l'assassin... Le prendre et lui fermer la bouche! ... Mais M.
+Darzac l'a fait entendre: "pour lui fermer la bouche, il faut le
+tuer!" Conclusion logique des phrases echappees a M. Darzac. Ai-je
+le droit de tuer l'assassin de Mlle Stangerson? Non! ... Mais
+qu'il m'en donne seulement l'occasion. Histoire de voir s'il est
+bien, reellement, en chair et en os! Histoire de voir son cadavre,
+puisqu'on ne peut saisir son corps vivant!
+
+Ah! comment faire comprendre a cette femme, qui ne nous regarde
+meme pas, qui est toute a son effroi et a la douleur de son pere,
+que je suis capable de tout pour la sauver... Oui... oui... je
+recommencerai a prendre ma raison par le bon bout et j'accomplirai
+des prodiges...
+
+Je m'avance vers elle... je veux parler, je veux la supplier
+d'avoir confiance en moi... je voudrais lui faire entendre par
+quelques mots, compris d'elle seule et de moi, que je sais comment
+son assassin est sorti de la "Chambre Jaune", que j'ai devine la
+moitie de son secret... et que je la plains, elle, de tout mon
+coeur... Mais deja son geste nous prie de la laisser seule,
+exprime la lassitude, le besoin de repos immediat... M. Stangerson
+nous demande de regagner nos chambres, nous remercie, nous
+renvoie... Frederic Larsan et moi saluons, et, suivis du pere
+Jacques, nous regagnons la galerie. J'entends Frederic Larsan qui
+murmure: "Bizarre! bizarre! ..." Il me fait signe d'entrer dans sa
+chambre. Sur le seuil, il se retourne vers le pere Jacques. Il lui
+demande:
+
+"Vous l'avez bien vu, vous?
+
+-- Qui?
+
+-- L'homme!
+
+-- Si je l'ai vu! ... Il avait une large barbe rousse, des cheveux
+roux...
+
+-- C'est ainsi qu'il m'est apparu, a moi, fis-je.
+
+-- Et a moi aussi", dit Frederic Larsan.
+
+Le grand Fred et moi nous sommes seuls, maintenant, a parler de la
+chose, dans sa chambre. Nous en parlons une heure, retournant
+l'affaire dans tous les sens. Il est clair que Fred, aux questions
+qu'il me pose, aux explications qu'il me donne, est persuade --
+malgre ses yeux, malgre mes yeux, malgre tous les yeux -- que
+l'homme a disparu par quelque passage secret de ce chateau qu'il
+connaissait.
+
+"Car il connait le chateau, me dit-il; il le connait bien...
+
+-- C'est un homme de taille plutot grande, bien decouple...
+
+-- Il a la taille qu'il faut... murmure Fred...
+
+-- Je vous comprends, dis-je... mais comment expliquez-vous la
+barbe rousse, les cheveux roux?
+
+-- Trop de barbe, trop de cheveux... Des postiches, indique
+Frederic Larsan.
+
+-- C'est bientot dit... Vous etes toujours occupe par la pensee de
+Robert Darzac... Vous ne pourrez donc vous en debarrasser jamais?
+... Je suis sur, moi, qu'il est innocent...
+
+-- Tant mieux! Je le souhaite... mais vraiment tout le condamne...
+Vous avez remarque les pas sur le tapis? ... Venez les voir...
+
+-- Je les ai vus... Ce sont "les pas elegants" du bord de l'etang.
+
+-- Ce sont les pas de Robert Darzac; le nierez-vous?
+
+-- Evidemment, on peut s'y meprendre...
+
+-- Avez-vous remarque que la trace de ces pas "ne revient pas"?
+Quand l'homme est sorti de la chambre, poursuivi par nous tous,
+ses pas n'ont point laisse de traces...
+
+-- L'homme etait peut-etre dans la chambre "depuis des heures". La
+boue de ses bottines a seche et il glissait avec une telle
+rapidite sur la pointe de ses bottines... On le voyait fuir,
+l'homme... on ne l'entendait pas..."
+
+Soudain, j'interromps ces propos sans suite, sans logique,
+indignes de nous. Je fais signe a Larsan d'ecouter:
+
+"La, en bas... on ferme une porte..."
+
+Je me leve; Larsan me suit; nous descendons au rez-de-chaussee du
+chateau; nous sortons du chateau. Je conduis Larsan a la petite
+piece en encorbellement dont la terrasse donne sous la fenetre de
+la galerie tournante. Mon doigt designe cette porte fermee
+maintenant, ouverte tout a l'heure, sous laquelle filtre de la
+lumiere.
+
+"Le garde! dit Fred.
+
+-- Allons-y!" lui soufflai-je...
+
+Et, decide, mais decide a quoi, le savais-je? decide a croire que
+le garde est le coupable? l'affirmerais-je? je m'avance contre la
+porte, et je frappe un coup brusque.
+
+Certains penseront que ce retour a la porte du garde est bien
+tardif... et que notre premier devoir a tous, apres avoir constate
+que l'assassin nous avait echappe dans la galerie, etait de le
+rechercher partout ailleurs, autour du chateau, dans le parc...
+Partout...
+
+Si l'on nous fait une telle objection, nous n'avons pour y
+repondre que ceci: c'est que l'assassin etait disparu de telle
+sorte de la galerie "que nous avons reellement pense qu'il n'etait
+plus nulle part"! Il nous avait echappe quand nous avions tous la
+main dessus, quand nous le touchions presque... nous n'avions plus
+aucun ressort pour nous imaginer que nous pourrions maintenant le
+decouvrir dans le mystere de la nuit et du parc. Enfin, je vous ai
+dit de quel coup cette disparition m'avait choque le crane!
+
+... Aussitot que j'eus frappe, la porte s'ouvrit; le garde nous
+demanda d'une voix calme ce que nous voulions. Il etait en chemise
+"et il allait se mettre au lit"; le lit n'etait pas encore
+defait...
+
+Nous entrames; je m'etonnai.
+
+"Tiens! vous n'etes pas encore couche? ...
+
+-- Non! repondit-il d'une voix rude... J'ai ete faire une tournee
+dans le parc et dans les bois... J'en reviens... Maintenant, j'ai
+sommeil... bonsoir! ...
+
+-- Ecoutez, fis-je... Il y avait tout a l'heure, aupres de votre
+fenetre, une echelle...
+
+-- Quelle echelle? Je n'ai pas vu d'echelle! ... Bonsoir!"
+
+Et il nous mit a la porte tout simplement.
+
+Dehors, je regardai Larsan. Il etait impenetrable.
+
+"Eh bien? fis-je...
+
+-- Eh bien? repeta Larsan...
+
+-- Cela ne vous ouvre-t-il point des horizons?"
+
+Sa mauvaise humeur etait certaine. En rentrant au chateau, je
+l'entendis qui bougonnait:
+
+"Il serait tout a fait, mais tout a fait etrange que je me fusse
+trompe a ce point! ..."
+
+Et, cette phrase, il me semblait qu'il l'avait plutot prononcee a
+mon adresse qu'il ne se la disait a lui-meme.
+
+Il ajouta:
+
+"Dans tous les cas, nous serons bientot fixes... Ce matin il fera
+jour."
+
+
+
+XVIII
+Rouletabille a dessine un cercle entre les deux bosses de son
+front
+
+
+_Extrait du carnet de Joseph Rouletabille (suite)._
+
+Nous nous quittames sur le seuil de nos chambres apres une
+melancolique poignee de mains. J'etais heureux d'avoir fait naitre
+quelque soupcon de son erreur dans cette cervelle originale,
+extremement intelligente, mais antimethodique. Je ne me couchai
+point. J'attendis le petit jour et je descendis devant le chateau.
+J'en fis le tour en examinant toutes les traces qui pouvaient en
+venir ou y aboutir. Mais elles etaient si melees et si confuses
+que je ne pus rien en tirer. Du reste, je tiens ici a faire
+remarquer que je n'ai point coutume d'attacher une importance
+exageree aux signes exterieurs que laisse le passage d'un crime.
+Cette methode, qui consiste a conclure au criminel d'apres les
+traces de pas, est tout a fait primitive. Il y a beaucoup de
+traces de pas qui sont identiques, et c'est tout juste s'il faut
+leur demander une premiere indication qu'on ne saurait, en aucun
+cas, considerer comme une preuve.
+
+Quoi qu'il en soit, dans le grand desarroi de mon esprit, je m'en
+etais donc alle dans la cour d'honneur et m'etais penche sur les
+traces, sur toutes les traces qui etaient la, leur demandant cette
+premiere indication dont j'avais tant besoin pour m'accrocher a
+quelque chose de "raisonnable", a quelque chose qui me permit de
+"raisonner" sur les evenements de la "galerie inexplicable".
+Comment raisonner? ... Comment raisonner?
+
+... Ah! raisonner par le bon bout! Je m'assieds, desespere, sur
+une pierre de la cour d'honneur deserte... Qu'est-ce que je fais,
+depuis plus d'une heure, sinon la plus basse besogne du plus
+ordinaire policier... Je vais querir l'erreur comme le premier
+inspecteur venu, sur la trace de quelques pas "qui me feront dire
+ce qu'ils voudront"!
+
+Je me trouve plus abject, plus bas dans l'echelle des
+intelligences que ces agents de la Surete imagines par les
+romanciers modernes, agents qui ont acquis leur methode dans la
+lecture des romans d'Edgar Poe ou de Conan Doyle. Ah! Agents
+litteraires... qui batissez des montagnes de stupidite avec un pas
+sur le sable, avec le dessin d'une main sur le mur! "A toi,
+Frederic Larsan, a toi, l'agent litteraire! ... Tu as trop lu
+Conan Doyle, mon vieux! ... Sherlock Holmes te fera faire des
+betises, des betises de raisonnement plus enormes que celles qu'on
+lit dans les livres... Elles te feront arreter un innocent... Avec
+ta methode a la Conan Doyle, tu as su convaincre le juge
+d'instruction, le chef de la Surete... tout le monde... Tu attends
+une derniere preuve... une derniere! ... Dis donc une premiere,
+malheureux! ... "Tout ce que vous offrent les sens ne saurait etre
+une preuve..." Moi aussi, je me suis penche sur "les traces
+sensibles", mais pour leur demander uniquement _d'entrer dans_ _le
+cercle qu'avait dessine ma raison._ Ah! bien des fois, le cercle
+fut si etroit, si etroit... Mais si etroit etait-il, il etait
+immense, "puisqu'il ne contenait que de la verite"! ... Oui, oui,
+je le jure, les traces sensibles n'ont jamais ete que mes
+servantes... elles n'ont point ete mes maitresses... Elles n'ont
+point fait de moi cette chose monstrueuse, plus terrible qu'un
+homme sans yeux: un homme qui voit mal! Et voila pourquoi je
+triompherai de ton erreur et de ta cogitation animale, o Frederic
+Larsan!"
+
+Eh quoi! eh quoi! parce que, pour la premiere fois, cette nuit,
+dans la galerie inexplicable, il s'est produit un evenement qui
+"semble" ne point rentrer dans le cercle trace par ma raison,
+voila que je divague, voila que je me penche, le nez sur la terre,
+comme un porc qui cherche, au hasard, dans la fange, l'ordure qui
+le nourrira... Allons! Rouletabille, mon ami, releve la tete... il
+est impossible que l'evenement de la galerie inexplicable soit
+sorti du cercle trace par ta raison... Tu le sais! Tu le sais!
+Alors, releve la tete... presse de tes deux mains les bosses de
+ton front, et rappelle-toi que, lorsque tu as trace le cercle, tu
+as pris, pour le dessiner dans ton cerveau comme on trace sur le
+papier une figure geometrique, _tu as pris ta raison par le bon
+bout!_
+
+Eh bien, marche maintenant... et remonte dans la "galerie
+inexplicableen t'appuyant sur le bon bout de ta raison" comme
+Frederic Larsan s'appuie sur sa canne, et tu auras vite prouve que
+le grand Fred n'est qu'un sot.
+
+Joseph ROULETABILLE
+30 octobre, midi.
+
+Ainsi ai-je pense... ainsi ai-je agi... la tete en feu, je suis
+remonte dans la galerie et voila que, sans y avoir rien trouve de
+plus que ce que j'y ai vu cette nuit, le bon bout de ma raison m'a
+montre une chose si formidable que j'ai besoin de "me retenir a
+lui" pour ne pas tomber.
+
+Ah! Il va me falloir de la force, cependant, pour decouvrir
+maintenant les traces sensibles qui vont entrer, qui doivent
+entrer dans le cercle plus large que j'ai dessine la, entre les
+deux bosses de mon front!
+
+Joseph ROULETABILLE
+30 octobre, minuit.
+
+
+XIX
+Rouletabille m'offre a dejeuner a l'auberge du "Donjon"
+
+
+Ce n'est que plus tard que Rouletabille me remit ce carnet ou
+l'histoire du phenomene de la "galerie inexplicable" avait ete
+retracee tout au long, par lui, le matin meme qui suivit cette
+nuit enigmatique. Le jour ou je le rejoignis au Glandier dans sa
+chambre, il me raconta, par le plus grand detail, tout ce que vous
+connaissez maintenant, y compris l'emploi de son temps pendant les
+quelques heures qu'il etait alle passer, cette semaine-la, a
+Paris, ou, du reste, il ne devait rien apprendre qui le servit.
+
+L'evenement de la "galerie inexplicable" etait survenu dans la
+nuit du 29 au 30 octobre, c'est-a-dire trois jours avant mon
+retour au chateau, puisque nous etions le 2 novembre. "C'est donc
+le 2 novembre" que je reviens au Glandier, appele par la depeche
+de mon ami et apportant les revolvers.
+
+Je suis dans la chambre de Rouletabille; il vient de terminer son
+recit.
+
+Pendant qu'il parlait, il n'avait point cesse de caresser la
+convexite des verres du binocle qu'il avait trouve sur le gueridon
+et je comprenais, a la joie qu'il prenait a manipuler ces verres
+de presbyte, que ceux-ci devaient constituer une de ces "marques
+sensibles destinees a entrer dans le cercle trace par le bon bout
+de sa raison". Cette facon bizarre, unique, qu'il avait de
+s'exprimer en usant de termes merveilleusement adequats a sa
+pensee ne me surprenait plus; mais souvent il fallait connaitre sa
+pensee pour comprendre les termes et ce n'etait point toujours
+facile que de penetrer la pensee de Joseph Rouletabille. La pensee
+de cet enfant etait une des choses les plus curieuses que j'avais
+jamais eu a observer. Rouletabille se promenait dans la vie avec
+cette pensee sans se douter de l'etonnement -- disons le mot -- de
+l'ahurissement qu'il rencontrait sur son chemin. Les gens
+tournaient la tete vers cette pensee, la regardaient passer,
+s'eloigner, comme on s'arrete pour considerer plus longtemps une
+silhouette originale que l'on a croisee sur sa route. Et comme on
+se dit: "D'ou vient-il, celui-la! Ou va-t-il?" on se disait: "D'ou
+vient la pensee de Joseph Rouletabille et ou va-t-elle?" J'ai
+avoue qu'il ne se doutait point de la couleur originale de sa
+pensee; aussi ne la genait-elle nullement pour se promener, comme
+tout le monde, dans la vie. De meme, un individu qui ne se doute
+point de sa mise excentrique est-il tout a fait a son aise, quel
+que soit le milieu qu'il traverse. C'est donc avec une simplicite
+naturelle que cet enfant, irresponsable de son cerveau
+supernaturel, exprimait des choses formidables "par leur logique
+raccourcie", tellement raccourcie que nous n'en pouvions, nous
+autres, comprendre la forme qu'autant qu'a nos yeux emerveilles il
+voulait bien la detendre et la presenter de face dans sa position
+normale.
+
+Joseph Rouletabille me demanda ce que je pensais du recit qu'il
+venait de me faire. Je lui repondis que sa question m'embarrassait
+fort, a quoi il me repliqua d'essayer, a mon tour, de prendre ma
+raison par le bon bout.
+
+"Eh bien, fis-je, il me semble que le point de depart de mon
+raisonnement doit etre celui-ci: il ne fait point de doute que
+l'assassin que vous poursuiviez a ete a un moment de cette
+poursuite dans la galerie."
+
+Et je m'arretai...
+
+"En partant si bien, s'exclama-t-il, vous ne devriez point etre
+arrete si tot. Voyons, un petit effort.
+
+-- Je vais essayer. Du moment ou il etait dans la galerie et ou il
+en a disparu, alors qu'il n'a pu passer ni par une porte ni par
+une fenetre, il faut qu'il se soit echappe par une autre
+ouverture."
+
+Joseph Rouletabille me considera avec pitie, sourit negligemment
+et n'hesita pas plus longtemps a me confier que je raisonnais
+toujours "comme une savate".
+
+"Que dis-je? comme une savate! Vous raisonnez comme Frederic
+Larsan!"
+
+Car Joseph Rouletabille passait par des periodes alternatives
+d'admiration et de dedain pour Frederic Larsan; tantot il
+s'ecriait: "Il est vraiment fort!"; tantot il gemissait: "Quelle
+brute!", selon que -- et je l'avais bien remarque -- selon que les
+decouvertes de Frederic Larsan venaient corroborer son
+raisonnement a lui ou qu'elles le contredisaient. C'etait un des
+petits cotes du noble caractere de cet enfant etrange.
+
+Nous nous etions leves et il m'entraina dans le parc. Comme nous
+nous trouvions dans la cour d'honneur, nous dirigeant vers la
+sortie, un bruit de volets rejetes contre le mur nous fit tourner
+la tete, et nous vimes au premier etage de l'aile gauche du
+chateau, a la fenetre, une figure ecarlate et entierement rasee
+que je ne connaissais point.
+
+"Tiens! murmura Rouletabille, Arthur Rance!"
+
+Il baissa la tete, hata sa marche et je l'entendis qui disait
+entre ses dents:
+
+"Il etait donc cette nuit au chateau? ... Qu'est-il venu y faire?"
+
+Quand nous fumes assez eloignes du chateau, je lui demandai qui
+etait cet Arthur Rance et comment il l'avait connu. Alors il me
+rappela son recit du matin meme, me faisant souvenir que M.
+Arthur-W. Rance etait cet americain de Philadelphie avec qui il
+avait si copieusement trinque a la reception de l'Elysee.
+
+"Mais ne devait-il point quitter la France presque immediatement?
+demandai-je.
+
+-- Sans doute; aussi vous me voyez tout etonne de le trouver
+encore, non seulement en France, mais encore, mais surtout au
+Glandier. Il n'est point arrive ce matin; il n'est point arrive
+cette nuit; il sera donc arrive avant diner et je ne l'ai point
+vu. Comment se fait-il que les concierges ne m'aient point
+averti?"
+
+Je fis remarquer a mon ami qu'a propos des concierges, il ne
+m'avait point encore dit comment il s'y etait pris pour les faire
+remettre en liberte.
+
+Nous approchions justement de la loge; le pere et la mere Bernier
+nous regardaient venir. Un bon sourire eclairait leur face
+prospere. Ils semblaient n'avoir garde aucun mauvais souvenir de
+leur detention preventive. Mon jeune ami leur demanda a quelle
+heure etait arrive Arthur Rance. Ils lui repondirent qu'ils
+ignoraient que M. Arthur Rance fut au chateau. Il avait du s'y
+presenter dans la soiree de la veille, mais ils n'avaient pas eu a
+lui ouvrir la grille, attendu que M. Arthur Rance, qui etait,
+parait-il, un grand marcheur et qui ne voulait point qu'on allat
+le chercher en voiture, avait coutume de descendre a la gare du
+petit bourg de Saint-Michel; de la, il s'acheminait a travers la
+foret jusqu'au chateau. Il arrivait au parc par la grotte de
+Sainte-Genevieve, descendait dans cette grotte, enjambait un petit
+grillage et se trouvait dans le parc.
+
+A mesure que les concierges parlaient, je voyais le visage de
+Rouletabille s'assombrir, manifester un certain mecontentement et,
+a n'en point douter, un mecontentement contre lui-meme.
+Evidemment, il etait un peu vexe que, ayant tant travaille sur
+place, ayant etudie les etres et les choses du Glandier avec un
+soin meticuleux, il en fut encore a apprendre "qu'Arthur Rance
+avait coutume de venir au chateau".
+
+Morose, il demanda des explications.
+
+"Vous dites que M. Arthur Rance a coutume de venir au chateau...
+Mais, quand y est-il donc venu pour la derniere fois?
+
+-- Nous ne saurions vous dire exactement, repondit M. Bernier --
+c'etait le nom du concierge -- attendu que nous ne pouvions rien
+savoir pendant qu'on nous tenait en prison, et puis parce que, si
+ce monsieur, quand il vient au chateau, ne passe pas par notre
+grille, il n'y passe pas non plus quand il le quitte...
+
+-- Enfin, savez-vous quand il y est venu _pour la premiere fois?_
+
+-- Oh! oui, monsieur... il y a neuf ans! ...
+
+-- Il est donc venu en France, il y a neuf ans, repondit
+Rouletabille; et, cette fois-ci, a votre connaissance, combien de
+fois est-il venu au Glandier?
+
+-- Trois fois.
+
+-- Quand est-il venu au Glandier pour la derniere fois, a "votre
+connaissance", avant aujourd'hui.
+
+-- Une huitaine de jours avant l'attentat de la "Chambre Jaune".
+
+Rouletabille demanda encore, cette fois-ci, particulierement a la
+femme:
+
+_"Dans la rainure du parquet?_
+
+-- Dans la rainure du parquet, repondit-elle.
+
+-- Merci, fit Rouletabille, et preparez-vous pour ce soir."
+
+Il prononca cette derniere phrase, un doigt sur la bouche, pour
+recommander le silence et la discretion.
+
+Nous sortimes du parc et nous dirigeames vers l'auberge du
+"Donjon".
+
+"Vous allez quelquefois manger a cette auberge?
+
+-- Quelquefois.
+
+-- Mais vous prenez aussi vos repas au chateau?
+
+-- Oui, Larsan et moi nous nous faisons servir tantot dans l'une
+de nos chambres, tantot dans l'autre.
+
+-- M. Stangerson ne vous a jamais invite a sa table?
+
+-- Jamais.
+
+-- Votre presence chez lui ne le lasse pas?
+
+-- Je n'en sais rien, mais en tout cas il fait comme si nous ne le
+genions pas.
+
+-- Il ne vous interroge jamais?
+
+-- Jamais! Il est reste dans cet etat d'esprit du monsieur qui
+etait derriere la porte de la "Chambre Jaune", pendant qu'on
+assassinait sa fille, qui a defonce la porte et qui n'a point
+trouve l'assassin. Il est persuade que, du moment qu'il n'a pu,
+"sur le fait", rien decouvrir, nous ne pourrons a plus forte
+raison rien decouvrir non plus, nous autres... Mais il s'est fait
+un devoir, "depuis l'hypothese de Larsan", de ne point contrarier
+nos illusions."
+
+Rouletabille se replongea dans ses reflexions. Il en sortit enfin
+pour m'apprendre comment il avait libere les deux concierges.
+
+"Je suis alle, dernierement, trouver M. Stangerson avec une
+feuille de papier. Je lui ai dit d'ecrire sur cette feuille ces
+mots: "Je m'engage, quoi qu'ils puissent dire, a garder a mon
+service mes deux fideles serviteurs, Bernier et sa femme", et de
+signer. Je lui expliquai qu'avec cette phrase je serais en mesure
+de faire parler le concierge et sa femme et je lui affirmai que
+j'etais sur qu'ils n'etaient pour rien dans le crime. Ce fut,
+d'ailleurs, toujours mon opinion. Le juge d'instruction presenta
+cette feuille signee aux Bernier qui, alors, parlerent. Ils dirent
+ce que j'etais certain qu'ils diraient, des qu'on leur enleverait
+la crainte de perdre leur place. Ils raconterent qu'ils
+braconnaient sur les proprietes de M. Stangerson et que c'etait
+par un soir de braconnage qu'ils se trouverent non loin du
+pavillon au moment du drame. Les quelques lapins qu'ils
+acqueraient ainsi, au detriment de M. Stangerson, etaient vendus
+par eux au patron de l'auberge du "Donjon" qui s'en servait pour
+sa clientele ou qui les ecoulait sur Paris. C'etait la verite, je
+l'avais devinee des le premier jour. Souvenez-vous de cette phrase
+avec laquelle j'entrai dans l'auberge du "Donjon": "Il va falloir
+manger du saignant maintenant!" Cette phrase, je l'avais entendue
+le matin meme, quand nous arrivames devant la grille du parc, et
+vous l'aviez entendue, vous aussi, mais vous n'y aviez point
+attache d'importance. Vous savez qu'au moment ou nous allions
+atteindre cette grille, nous nous sommes arretes a regarder un
+instant un homme qui, devant le mur du parc, faisait les cent pas
+en consultant, a chaque instant, sa montre. Cet homme, c'etait
+Frederic Larsan qui, deja, travaillait. Or, derriere nous, le
+patron de l'auberge sur son seuil disait a quelqu'un qui se
+trouvait a l'interieur de l'auberge: "Maintenant, il va falloir
+manger du saignant!"
+
+"Pourquoi ce "maintenant"? Quand on est comme moi a la recherche
+de la plus mysterieuse verite, on ne laisse rien echapper, ni de
+ce que l'on voit, ni de ce que l'on entend. Il faut, a toutes
+choses, trouver un sens. Nous arrivions dans un petit pays qui
+venait d'etre bouleverse par un crime. La logique me conduisait a
+soupconner toute phrase prononcee comme pouvant se rapporter a
+l'evenement du jour. "Maintenant", pour moi, signifiait: "Depuis
+l'attentat." Des le debut de mon enquete, je cherchai donc a
+trouver une correlation entre cette phrase et le drame. Nous
+allames dejeuner au "Donjon". Je repetai tout de go la phrase et
+je vis, a la surprise et a l'ennui du pere Mathieu, que je n'avais
+pas, quant a lui, exagere l'importance de cette phrase. J'avais
+appris, a ce moment, l'arrestation des concierges. Le pere Mathieu
+nous parla de ces gens comme on parle de vrais amis... Que l'on
+regrette... Liaison fatale des idees... je me dis: "Maintenant que
+les concierges sont arretes, "il va falloir manger du saignant."
+Plus de concierges, plus de gibier! Comment ai-je ete conduit a
+cette idee precise de "gibier"! La haine exprimee par le pere
+Mathieu pour le garde de M. Stangerson, haine, pretendait-il,
+partagee par les concierges, me mena tout doucement a l'idee de
+braconnage... Or, comme, de toute evidence, les concierges ne
+pouvaient etre dans leur lit au moment du drame, pourquoi etaient-
+ils dehors cette nuit-la? Pour le drame? Je n'etais point dispose
+a le croire, car deja je pensais, pour des raisons que je vous
+dirai plus tard, que l'assassin n'avait pas de complice et que
+tout ce drame cachait un mystere entre Mlle Stangerson et
+l'assassin, mystere dans lequel les concierges n'avaient que
+faire. L'histoire du braconnage expliquait tout, _relativement aux
+concierges._ Je l'admis en principe et je recherchai une preuve
+chez eux, dans leur loge. Je penetrai dans leur maisonnette, comme
+vous le savez, et decouvris sous leur lit des lacets et du fil de
+laiton. "Parbleu! pensai-je, parbleu! voila bien pourquoi ils
+etaient, la nuit, dans le parc." Je ne m'etonnai point qu'ils se
+fussent tus devant le juge et que, sous le coup d'une aussi grave
+accusation que celle d'une complicite dans le crime, ils n'aient
+point repondu tout de suite en avouant le braconnage. Le
+braconnage les sauvait de la cour d'assisses, mais les faisait
+mettre a la porte du chateau, et, comme ils etaient parfaitement
+surs de leur innocence sur le fait crime, ils esperaient bien que
+celle-ci serait vite decouverte et que l'on continuerait a ignorer
+le fait braconnage. Il leur serait toujours loisible de parler a
+temps! Je leur ai fait hater leur confession par l'engagement
+signe de M. Stangerson, que je leur apportais. Ils donnerent
+toutes preuves necessaires, furent mis en liberte et concurent
+pour moi une vive reconnaissance. Pourquoi ne les avais-je point
+fait delivrer plus tot? Parce que je n'etais point sur alors qu'il
+n'y avait dans leur cas que du braconnage. Je voulais les laisser
+venir, et etudier le terrain. Ma conviction ne devint que plus
+certaine, a mesure que les jours s'ecoulaient. Au lendemain de la
+"galerie inexplicable", comme j'avais besoin de gens devoues ici,
+je resolus de me les attacher immediatement en faisant cesser leur
+captivite. Et voila!"
+
+Ainsi s'exprima Joseph Rouletabille, et je ne pus que m'etonner
+encore de la simplicite de raisonnement qui l'avait conduit a la
+verite dans cette affaire de la complicite des concierges. Certes,
+l'affaire etait minime, mais je pensai a part moi que le jeune
+homme, un de ces jours, ne manquerait point de nous expliquer,
+avec la meme simplicite, la formidable nuit de la "Chambre Jaune"
+et celle de la "galerie inexplicable".
+
+Nous etions arrives a l'auberge du "Donjon". Nous entrames.
+
+Cette fois, nous ne vimes point l'hote, mais ce fut l'hotesse qui
+nous accueillit avec un bon sourire heureux. J'ai deja decrit la
+salle ou nous nous trouvions, et j'ai donne un apercu de la
+charmante femme blonde aux yeux doux qui se mit immediatement a
+notre disposition pour le dejeuner.
+
+"Comment va le pere Mathieu? demanda Rouletabille.
+
+-- Guere mieux, monsieur, guere mieux; il est toujours au lit.
+
+-- Ses rhumatismes ne le quittent donc pas?
+
+-- Eh non! J'ai encore ete obligee, la nuit derniere, de lui faire
+une piqure de morphine. Il n'y a que cette drogue-la qui calme ses
+douleurs."
+
+Elle parlait d'une voix douce; tout, en elle, exprimait la
+douceur. C'etait vraiment une belle femme, un peu indolente, aux
+grands yeux cernes, des yeux d'amoureuse. Le pere Mathieu, quand
+il n'avait pas de rhumatismes, devait etre un heureux gaillard.
+Mais elle, etait-elle heureuse avec ce rhumatisant bourru? La
+scene a laquelle nous avions precedemment assiste ne pouvait nous
+le faire croire, et cependant, il y avait, dans toute l'attitude
+de cette femme, quelque chose qui ne denotait point le desespoir.
+Elle disparut dans sa cuisine pour preparer notre repas, nous
+laissant sur la table une bouteille d'excellent cidre.
+Rouletabille nous en versa dans des bols, bourra sa pipe,
+l'alluma, et, tranquillement, m'expliqua enfin la raison qui
+l'avait determine a me faire venir au Glandier avec des revolvers.
+
+"Oui, dit-il, en suivant d'un oeil contemplatif les volutes de la
+fumee qu'il tirait de sa bouffarde, oui, cher ami, _j'attends, ce
+soir, l'assassin."_
+
+Il y eut un petit silence que je n'eus garde d'interrompre, et il
+reprit:
+
+"Hier soir, au moment ou j'allais me mettre au lit, M. Robert
+Darzac frappa a la porte de ma chambre. Je lui ouvris, et il me
+confia qu'il etait dans la necessite de se rendre, le lendemain
+matin, c'est-a-dire ce matin meme, a Paris. La raison qui le
+determinait a ce voyage etait a la fois peremptoire et
+mysterieuse, peremptoire puisqu'il lui etait impossible de ne pas
+faire ce voyage, et mysterieuse puisqu'il lui etait aussi
+impossible de m'en devoiler le but."Je pars, et cependant, ajouta-
+t-il, je donnerais la moitie de ma vie pour ne pas quitter en ce
+moment Mlle Stangerson." Il ne me cacha point qu'il la croyait
+encore une fois en danger."Il surviendrait quelque chose la nuit
+prochaine que je ne m'en etonnerais guere, avoua-t-il, et
+cependant il faut que je m'absente. Je ne pourrai etre de retour
+au Glandier qu'apres-demain matin."
+
+"Je lui demandai des explications, et voici tout ce qu'il
+m'expliqua. Cette idee d'un danger pressant lui venait uniquement
+de la coincidence qui existait entre ses absences et les attentats
+dont Mlle Stangerson etait l'objet. La nuit de la "galerie
+inexplicable", il avait du quitter le Glandier; la nuit de la
+"Chambre Jaune", il n'aurait pu etre au Glandier et, de fait, nous
+savons qu'il n'y etait pas. Du moins nous le savons
+officiellement, d'apres ses declarations. Pour que, charge d'une
+idee pareille, il s'absentat a nouveau aujourd'hui, _il fallait
+qu'il_ _obeit a une volonte plus forte que la sienne._ C'est ce
+que je pensais et c'est ce que je lui dis. Il me repondit: "Peut-
+etre!" Je demandai si cette volonte plus forte que la sienne etait
+celle de Mlle Stangerson; il me jura que non et que la decision de
+son depart avait ete prise par lui, en dehors de toute instruction
+de Mlle Stangerson. Bref, il me repeta qu'il ne croyait a la
+possibilite d'un nouvel attentat qu'a cause de cette
+extraordinaire coincidence qu'il avait remarquee "et que le juge
+d'instruction, du reste, lui avait fait remarquer". "S'il arrivait
+quelque chose a Mlle Stangerson, dit-il, ce serait terrible et
+pour elle et pour moi; pour elle, qui sera une fois de plus entre
+la vie et la mort; pour moi, qui ne pourrai la defendre en cas
+d'attaque et qui serai ensuite dans la necessite de ne point dire
+_ou j'ai passe la nuit._ Or, je me rends parfaitement compte des
+soupcons qui pesent sur moi. Le juge d'instruction et M. Frederic
+Larsan -- ce dernier m'a suivi a la piste, la derniere fois que je
+me suis rendu a Paris, et j'ai eu toutes les peines du monde a
+m'en debarrasser -- ne sont pas loin de me croire coupable.--Que
+ne dites-vous, m'ecriai-je tout a coup, le nom de l'assassin,
+puisque vous le connaissez?" M. Darzac parut extremement trouble
+de mon exclamation. Il me repliqua, d'une voix hesitante: "Moi! Je
+connais le nom de l'assassin? Qui me l'aurait appris?" Je repartis
+aussitot: "Mlle Stangerson!" Alors, il devint tellement pale que
+je crus qu'il allait se trouver mal, et je vis que j'avais frappe
+juste: _Mlle Stangerson_ _et lui savent le nom de l'assassin!_
+Quand il fut un peu remis, il me dit: "Je vais vous quitter,
+monsieur. Depuis que vous etes ici, j'ai pu apprecier votre
+exceptionnelle intelligence et votre ingeniosite sans egale. Voici
+le service que je reclame de vous. Peut-etre ai-je tort de
+craindre un attentat la nuit prochaine; mais, comme il faut tout
+prevoir, je compte sur vous pour rendre cet attentat impossible...
+Prenez toutes dispositions qu'il faudra pour isoler, pour garder
+Mlle Stangerson. Faites qu'on ne puisse entrer dans la chambre de
+Mlle Stangerson. Veillez autour de cette chambre comme un bon
+chien de garde. Ne dormez pas. Ne vous accordez point une seconde
+de repos. L'homme que nous redoutons est d'une astuce prodigieuse,
+qui n'a peut-etre encore jamais ete egalee au monde. Cette astuce
+meme _la sauvera si vous veillez_; car il est impossible qu'il ne
+sache point que vous veillez, a cause de cette astuce meme; et,
+s'il sait que vous veillez, il ne tentera rien. --Avez-vous parle
+de ces choses a M. Stangerson?--Non!--Pourquoi?--Parce que je ne
+veux point, monsieur, que M. Stangerson me dise ce que vous m'avez
+dit tout a l'heure: Vous connaissez le nom de l'assassin!" Si,
+vous, vous etes etonne de ce que je viens vous dire: "L'assassin
+va peut-etre venir demain!", quel serait l'etonnement de M.
+Stangerson, si je lui repetais la meme chose! Il n'admettra peut-
+etre point que mon sinistre pronostic ne soit base que sur des
+coincidences qu'il finirait, sans doute, lui aussi, par trouver
+etranges... Je vous dis tout cela, monsieur Rouletabille, parce
+que j'ai une grande... une grande confiance en vous... Je sais
+que, _vous_, vous ne me soupconnez pas! ..."
+
+"Le pauvre homme, continua Rouletabille, me repondait comme il
+pouvait, a hue et a dia. Il souffrait. J'eus pitie de lui,
+d'autant plus que je me rendais parfaitement compte qu'il se
+ferait tuer plutot que de me dire qui etait l'assassin comme Mlle
+Stangerson se fera plutot assassiner que de denoncer l'homme de la
+"Chambre Jaune" et de la "galerie inexplicable". L'homme doit la
+tenir, ou doit les tenir tous deux, d'une maniere terrible, "et
+ils ne doivent rien tant redouter que de voir M. Stangerson
+apprendre que sa fille est "tenue "par son assassin." Je fis
+comprendre a M. Darzac qu'il s'etait suffisamment explique et
+qu'il pouvait se taire puisqu'il ne pouvait plus rien m'apprendre.
+Je lui promis de veiller et de ne me point coucher de la nuit. Il
+insista pour que j'organisasse une veritable barriere
+infranchissable autour de la chambre de Mlle Stangerson, autour du
+boudoir ou couchaient les deux gardes et autour du salon ou
+couchait, depuis la "galerie inexplicable", M. Stangerson; bref,
+autour de tout l'appartement. Non seulement je compris, a cette
+insistance, que M. Darzac me demandait de rendre impossible
+l'arrivee a la chambre de Mlle Stangerson, mais encore de rendre
+cette arrivee si "visiblement" impossible, que l'homme fut rebute
+tout de suite et disparut sans laisser de trace. C'est ainsi que
+j'expliquai, a part moi, la phrase finale dont il me salua: "Quand
+je serai parti, vous pourrez parler de "vos" soupcons pour cette
+nuit a M. Stangerson, au pere Jacques, a Frederic Larsan, a tout
+le monde au chateau et organiser ainsi, jusqu'a mon retour, une
+surveillance dont, aux yeux de tous, vous aurez eu seul l'idee."
+
+"Il s'en alla, le pauvre, le pauvre homme, ne sachant plus guere
+ce qu'il disait, devant mon silence et mes yeux qui lui "criaient"
+que j'avais devine les trois quarts de son secret. Oui, oui,
+vraiment, il devait etre tout a fait desempare pour etre venu a
+moi dans un moment pareil et pour abandonner Mlle Stangerson,
+quand il avait dans la tete cette idee terrible de la
+"coincidence..."
+
+"Quand il fut parti, je reflechis. Je reflechis a ceci, qu'il
+fallait etre plus astucieux que l'astuce meme, de telle sorte que
+l'homme, s'il devait aller, cette nuit, dans la chambre de Mlle
+Stangerson, ne se doutat point une seconde qu'on pouvait
+soupconner sa venue. Certes! l'empecher de penetrer, meme par la
+mort, mais le laisser avancer suffisamment pour que, _mort ou
+vivant, on put_ _voir nettement sa figure!_ Car il fallait en
+finir, il _fallait liberer Mlle Stangerson de cet assassinat
+latent!_
+
+"Oui, mon ami, declara Rouletabille, apres avoir pose sa pipe sur
+la table et vide son verre, il faut que je voie, d'une facon bien
+distincte, sa figure, _histoire d'etre sur qu'elle entre dans le
+cercle que j'ai trace avec le bon bout de ma raison."_
+
+A ce moment, apportant l'omelette au lard traditionnelle,
+l'hotesse fit sa reapparition. Rouletabille lutina un peu
+MmeMathieu et celle-ci se montra de l'humeur la plus charmante.
+
+"Elle est beaucoup plus gaie, me dit-il, quand le pere Mathieu est
+cloue au lit par ses rhumatismes que lorsque le pere Mathieu est
+ingambe!"
+
+Mais je n'etais ni aux jeux de Rouletabille, ni aux sourires de
+l'hotesse; j'etais tout entier aux dernieres paroles de mon jeune
+ami et a l'etrange demarche de M. Robert Darzac.
+
+Quand il eut fini son omelette et que nous fumes seuls a nouveau,
+Rouletabille reprit le cours de ses confidences:
+
+"Quand je vous ai envoye ma depeche ce matin, a la premiere heure,
+j'en etais reste, me dit-il, a la parole de M. Darzac: "L'assassin
+viendra ''peut-etre'' la nuit prochaine." Maintenant, je peux vous
+dire qu'il viendra "surement". Oui, je l'attends.
+
+-- Et qu'est-ce qui vous a donne cette certitude? Ne serait-ce
+point par hasard...
+
+-- Taisez-vous, m'interrompit en souriant Rouletabille, taisez-
+vous, vous allez dire une betise. Je suis sur que l'assassin
+viendra _depuis ce matin, dix heures et demie_, c'est-a-dire avant
+votre arrivee, et par consequent _avant que nous n'ayons apercu
+Arthur Rance a la fenetre de la cour d'honneur..._
+
+-- Ah! ah! fis-je... vraiment... mais encore, pourquoi en etiez-
+vous sur des dix heures et demie?
+
+-- Parce que, a dix heures et demie, j'ai eu la preuve que Mlle
+Stangerson faisait autant d'efforts pour permettre a l'assassin de
+penetrer dans sa chambre, cette nuit, que M. Robert Darzac avait
+pris, en s'adressant a moi, de precautions pour qu'il n'y entrat
+pas...
+-- Oh! oh! m'ecriai-je, est-ce bien possible! ..."
+
+Et plus bas:
+
+"Ne m'avez-vous pas dit que Mlle Stangerson adorait M. Robert
+Darzac?
+
+-- Je vous l'ai dit parce que c'est la verite!
+
+-- Alors, vous ne trouvez pas bizarre...
+
+-- Tout est bizarre, dans cette affaire, mon ami, mais croyez bien
+que le bizarre que vous, vous connaissez n'est rien a cote du
+bizarre qui vous attend! ...
+
+-- Il faudrait admettre, dis-je encore, que Mlle Stangerson "et
+son assassin" aient entre eux des relations au moins epistolaires?
+
+-- Admettez-le! mon ami, admettez-le! ... Vous ne risquez rien!
+... Je vous ai rapporte l'histoire de la lettre sur la table de
+Mlle Stangerson, lettre laissee par l'assassin la nuit de la
+"galerie inexplicable", lettre disparue... dans la poche de Mlle
+Stangerson... Qui pourrait pretendre que, "dans cette lettre,
+l'assassin ne sommait pas Mlle Stangerson de lui donner un
+prochain rendez-vous effectif", et enfin qu'il n'a pas fait savoir
+a Mlle Stangerson, "aussitot qu'il a ete sur du depart de M.
+Darzac", que ce rendez-vous devait etre pour la nuit qui vient?"
+
+Et mon ami ricana silencieusement. Il y avait des moments ou je me
+demandais s'il ne se payait point ma tete.
+
+La porte de l'auberge s'ouvrit. Rouletabille fut debout, si
+subitement, qu'on eut pu croire qu'il venait de subir sur son
+siege une decharge electrique.
+
+"Mr Arthur Rance!" s'ecria-t-il.
+
+M. Arthur Rance etait devant nous, et, flegmatiquement, saluait.
+
+
+
+XX
+Un geste de Mlle Stangerson
+
+
+"Vous me reconnaissez, monsieur? demanda Rouletabille au
+gentleman.
+
+-- Parfaitement, repondit Arthur Rance. J'ai reconnu en vous le
+petit garcon du buffet. (Visage cramoisi de colere de Rouletabille
+a ce titre de petit garcon.) Et je suis descendu de ma chambre
+pour venir vous serrer la main. Vous etes un joyeux petit garcon."
+
+Main tendue de l'americain; Rouletabille se deride, serre la main
+en riant, me presente, presente Mr Arthur-William Rance, l'invite
+a partager notre repas.
+
+"Non, merci. Je dejeune avec M. Stangerson."
+
+Arthur Rance parle parfaitement notre langue, presque sans accent.
+
+"Je croyais, monsieur, ne plus avoir le plaisir de vous revoir; ne
+deviez-vous pas quitter notre pays le lendemain ou le surlendemain
+de la reception a l'Elysee?"
+
+Rouletabille et moi, en apparence indifferents a cette
+conversation de rencontre, pretons une oreille fort attentive a
+chaque parole de l'Americain.
+
+La face rose violacee de l'homme, ses paupieres lourdes, certains
+tics nerveux, tout demontre, tout prouve l'alcoolique. Comment ce
+triste individu est-il le commensal de M. Stangerson? Comment
+peut-il etre intime avec l'illustre professeur?
+
+Je devais apprendre, quelques jours plus tard, de Frederic Larsan
+-- lequel avait, comme nous, ete surpris et intrigue par la
+presence de l'Americain au chateau, et s'etait documente -- que M.
+Rance n'etait devenu alcoolique que depuis une quinzaine d'annees,
+c'est-a-dire depuis le depart de Philadelphie du professeur et de
+sa fille. A l'epoque ou les Stangerson habitaient l'Amerique, ils
+avaient connu et beaucoup frequente Arthur Rance, qui etait un des
+phrenologues les plus distingues du Nouveau Monde. Il avait su,
+grace a des experiences nouvelles et ingenieuses, faire franchir
+un pas immense a la science de Gall et de Lavater. Enfin, il faut
+retenir a l'actif d'Arthur Rance et pour l'explication de cette
+intimite avec laquelle il etait recu au Glandier, que le savant
+americain avait rendu un jour un grand service a Mlle Stangerson,
+en arretant, au peril de sa vie, les chevaux emballes de sa
+voiture. Il etait meme probable qu'a la suite de cet evenement une
+certaine amitie avait lie momentanement Arthur Rance et la fille
+du professeur; mais rien ne faisait supposer, dans tout ceci, la
+moindre histoire d'amour.
+
+Ou Frederic Larsan avait-il puise ses renseignements? Il ne me le
+dit point; mais il paraissait a peu pres sur de ce qu'il avancait.
+
+Si, au moment ou Arthur Rance nous vint rejoindre a l'auberge du
+"Donjon", nous avions connu ces details, il est probable que sa
+presence au chateau nous eut moins intrigues, mais ils n'auraient
+fait, en tout cas, "qu'augmenter l'interet" que nous portions a ce
+nouveau personnage. L'americain devait avoir dans les quarante-
+cinq ans. Il repondit d'une facon tres naturelle a la question de
+Rouletabille:
+
+"Quand j'ai appris l'attentat, j'ai retarde mon retour en
+Amerique; je voulais m'assurer, avant de partir, que Mlle
+Stangerson n'etait point mortellement atteinte, et je ne m'en irai
+que lorsqu'elle sera tout a fait retablie."
+
+Arthur Rance prit alors la direction de la conversation, evitant
+de repondre a certaines questions de Rouletabille, nous faisant
+part, sans que nous l'y invitions, de ses idees personnelles sur
+le drame, idees qui n'etaient point eloignees, a ce que j'ai pu
+comprendre, des idees de Frederic Larsan lui-meme, c'est-a-dire
+que l'Americain pensait, lui aussi, que M. Robert Darzac "devait
+etre pour quelque chose dans l'affaire". Il ne le nomma point,
+mais il ne fallait point etre grand clerc pour saisir ce qui etait
+au fond de son argumentation. Il nous dit qu'il connaissait les
+efforts faits par le jeune Rouletabille pour arriver a demeler
+l'echeveau embrouille du drame de la "Chambre Jaune". Il nous
+rapporta que M. Stangerson l'avait mis au courant des evenements
+qui s'etaient deroules dans la "galerie inexplicable". On
+devinait, en ecoutant Arthur Rance, qu'il expliquait tout par
+Robert Darzac. A plusieurs reprises, il regretta que M. Darzac fut
+"justement absent du chateau" quand il s'y passait d'aussi
+mysterieux drames, et nous sumes ce que parler veut dire. Enfin,
+il emit cette opinion que M. Darzac avait ete "tres bien inspire,
+tres habile", en installant lui-meme sur les lieux M. Joseph
+Rouletabille, qui ne manquerait point -- un jour ou l'autre -- de
+decouvrir l'assassin. Il prononca cette derniere phrase avec une
+ironie visible, se leva, nous salua, et sortit.
+
+Rouletabille, a travers la fenetre, le regarda s'eloigner et dit:
+
+"Drole de corps!"
+
+Je lui demandai:
+
+"Croyez-vous qu'il passera la nuit au Glandier?"
+
+A ma stupefaction, le jeune reporter repondit "que cela lui etait
+tout a fait indifferent".
+
+Je passerai sur l'emploi de notre apres-midi. Qu'il vous suffise
+de savoir que nous allames nous promener dans les bois, que
+Rouletabille me conduisit a la grotte de Sainte-Genevieve et que,
+tout ce temps, mon ami affecta de me parler de toute autre chose
+que de ce qui le preoccupait. Ainsi le soir arriva. J'etais tout
+etonne de voir le reporter ne prendre aucune de ces dispositions
+auxquelles je m'attendais. Je lui en fis la remarque, quand, la
+nuit venue, nous nous trouvames dans sa chambre. Il me repondit
+que toutes ses dispositions etaient deja prises et que l'assassin
+ne pouvait, cette fois, lui echapper. Comme j'emettais quelque
+doute, lui rappelant la disparition de l'homme dans la galerie, et
+faisant entendre que le meme fait pourrait se renouveler, il
+repliqua: "Qu'il l'esperait bien, et que c'est tout ce qu'il
+desirait cette nuit-la." Je n'insistai point, sachant par
+experience combien mon insistance eut ete vaine et deplacee. Il me
+confia que, depuis le commencement du jour, par son soin et ceux
+des concierges, le chateau etait surveille de telle sorte que
+personne ne put en approcher sans qu'il en fut averti; et que,
+dans le cas ou personne ne viendrait du dehors, il etait bien
+tranquille sur tout ce qui pouvait concerner "ceux du dedans".
+
+Il etait alors six heures et demie, a la montre qu'il tira de son
+gousset; il se leva, me fit signe de le suivre et, sans prendre
+aucune precaution, sans essayer meme d'attenuer le bruit de ses
+pas, sans me recommander le silence, il me conduisit a travers la
+galerie; nous atteignimes la galerie droite, et nous la suivimes
+jusqu'au palier de l'escalier que nous traversames. Nous avons
+alors continue notre marche dans la galerie, "aile gauche",
+passant devant l'appartement du professeur Stangerson. A
+l'extremite de cette galerie, avant d'arriver au donjon, se
+trouvait une piece qui etait la chambre occupee par Arthur Rance.
+Nous savions cela parce que nous avions vu, a midi, l'Americain a
+la fenetre de cette chambre qui donnait sur la cour d'honneur. La
+porte de cette chambre etait dans le travers de la galerie,
+puisque la chambre barrait et terminait la galerie de ce cote. En
+somme, la porte de cette chambre etait juste en face de la fenetre
+"est "qui se trouvait a l'extremite de l'autre galerie droite,
+aile droite, la ou, precedemment, Rouletabille avait place le pere
+Jacques. Quand on tournait le dos a cette porte, c'est-a-dire
+quand on sortait de cette chambre, "on voyait toute la galerie" en
+enfilade: aile gauche, palier et aile droite. Il n'y avait,
+naturellement, que la galerie tournante de l'aile droite que l'on
+ne voyait point.
+
+"Cette galerie tournante, dit Rouletabille, je me la reserve.
+Vous, quand je vous en prierai, vous viendrez vous installer ici."
+
+Et il me fit entrer dans un petit cabinet noir triangulaire, pris
+sur la galerie et situe de biais a gauche de la porte de la
+chambre d'Arthur Rance. De ce recoin, je pouvais voir tout ce qui
+se passait dans la galerie aussi facilement que si j'avais ete
+devant la porte d'Arthur Rance et je pouvais egalement surveiller
+la porte meme de l'Americain. La porte de ce cabinet, qui devait
+etre mon lieu d'observation, etait garnie de carreaux non depolis.
+Il faisait clair dans la galerie ou toutes les lampes etaient
+allumees; il faisait noir dans le cabinet. C'etait la un poste de
+choix pour un espion.
+
+Car que faisais-je, la, sinon un metier d'espion? de bas policier?
+J'y repugnais certainement; et, outre mes instincts naturels, n'y
+avait-il pas la dignite de ma profession qui s'opposait a un
+pareil avatar? En verite, si mon batonnier me voyait! si l'on
+apprenait ma conduite, au Palais, que dirait le Conseil de
+l'Ordre? Rouletabille, lui, ne soupconnait meme pas qu'il pouvait
+me venir a l'idee de lui refuser le service qu'il me demandait,
+et, de fait, je ne le lui refusai point: d'abord parce que j'eusse
+craint de passer a ses yeux pour un lache; ensuite parce que je
+reflechis que je pouvais toujours pretendre qu'il m'etait loisible
+de chercher partout la verite en amateur; enfin, parce qu'il etait
+trop tard pour me tirer de la. Que n'avais-je eu ces scrupules
+plus tot? Pourquoi ne les avais-je pas eus? Parce que ma curiosite
+etait plus forte que tout. Encore, je pouvais dire que j'allais
+contribuer a sauver la vie d'une femme; et il n'est point de
+reglements professionnels qui puissent interdire un aussi genereux
+dessein.
+
+Nous revinmes a travers la galerie. Comme nous arrivions en face
+de l'appartement de Mlle Stangerson, la porte du salon s'ouvrit,
+poussee par le maitre d'hotel qui faisait le service du diner (M.
+Stangerson dinait avec sa fille dans le salon du premier etage,
+depuis trois jours), et, comme la porte etait restee entrouverte,
+nous vimes parfaitement Mlle Stangerson qui, profitant de
+l'absence du domestique et de ce que son pere etait baisse,
+ramassant un objet qu'elle venait de faire tomber, "versait
+hativement le contenu d'une fiole dans le verre de M. Stangerson".
+
+
+
+XXI
+A l'affut
+
+
+Ce geste, qui me bouleversa, ne parut point emouvoir extremement
+Rouletabille. Nous nous retrouvames dans sa chambre, et, ne me
+parlant meme point de la scene que nous venions de surprendre, il
+me donna ses dernieres instructions pour la nuit. Nous allions
+d'abord diner. Apres diner, je devais entrer dans le cabinet noir
+et, la, j'attendrais tout le temps qu'il faudrait "pour voir
+quelque chose".
+
+"Si vous "voyez" avant moi, m'expliqua mon ami, il faudra
+m'avertir. Vous verrez avant moi si l'homme arrive dans la galerie
+droite par tout autre chemin que la galerie tournante, puisque
+vous decouvrez toute la galerie droite et que moi je ne puis voir
+que la galerie tournante. Pour m'avertir, vous n'aurez qu'a
+denouer l'embrasse du rideau de la fenetre de la galerie droite
+qui se trouve la plus proche du cabinet noir. Le rideau tombera de
+lui-meme, voilant la fenetre et faisant immediatement un carre
+d'ombre la ou il y avait un carre de lumiere, puisque la galerie
+est eclairee. Pour faire ce geste, vous n'avez qu'a allonger la
+main hors du cabinet noir. Moi, dans la galerie tournante qui fait
+angle droit avec la galerie droite, j'apercois, par les fenetres
+de la galerie tournante, tous les carres de lumiere que font les
+fenetres de la galerie droite. Quand le carre lumineux qui nous
+occupe deviendra obscur, je saurai ce que cela veut dire.
+
+-- Et alors?
+
+-- Alors, vous me verrez apparaitre au coin de la galerie
+tournante.
+
+-- Et qu'est-ce que je ferai?
+
+-- Vous marcherez aussitot vers moi, derriere l'homme, mais je
+serai deja sur _l'homme et j'aurai vu si sa figure entre dans mon
+cercle..._
+
+-- Celui qui est "trace par le bon bout de la raison", terminai-je
+en esquissant un sourire.
+
+-- Pourquoi souriez-vous? C'est bien inutile... Enfin, profitez,
+pour vous rejouir, des quelques instants qui vous restent, car je
+vous jure que tout a l'heure vous n'en aurez plus l'occasion.
+
+-- Et si l'homme echappe?
+
+-- _Tant mieux!_ fit flegmatiquement Rouletabille. Je ne tiens pas
+a le prendre; il pourra s'echapper en degringolant l'escalier et
+par le vestibule du rez-de-chaussee... et cela avant que vous
+n'ayez atteint le palier, puisque vous etes au fond de la galerie.
+Moi, je le laisserai partir _apres avoir vu sa figure_. C'est tout
+ce qu'il me faut: voir sa figure. Je saurai bien m'arranger
+ensuite pour qu'il soit mort pour Mlle Stangerson, _meme s'il
+reste vivant._ Si je le prends vivant, Mlle Stangerson et M.
+Robert Darzac ne me le pardonneront peut-etre jamais! Et je tiens
+a leur estime; ce sont de braves gens. Quand je vois Mlle
+Stangerson verser un narcotique dans le verre de son pere, pour
+que son pere, cette nuit, ne soit pas reveille par la conversation
+qu'elle doit _avoir avec_ _son assassin_, vous devez comprendre
+que sa reconnaissance pour moi aurait des limites si j'amenais a
+son pere, _les poings lies_ _et la bouche ouverte_, l'homme de la
+"Chambre Jaune" et de la "galerie inexplicable"! C'est peut-etre
+un grand bonheur que, la nuit de la "galerie inexplicable",
+l'homme se soit evanoui comme par enchantement! Je l'ai compris
+cette nuit-la a la physionomie soudain rayonnante de Mlle
+Stangerson quand elle eut appris _qu'il avait echappe_. Et j'ai
+compris que, pour sauver la malheureuse, il fallait moins prendre
+l'homme que le rendre muet, de quelque facon que ce fut. Mais tuer
+un homme! tuer un homme! ce n'est pas une petite affaire. Et puis,
+ca ne me regarde pas... a moins qu'il ne m'en donne l'occasion!
+... D'un autre cote, le rendre muet sans que la dame me fasse de
+confidences... c'est une besogne qui consiste d'abord a deviner
+tout avec rien! ... Heureusement, mon ami, j'ai devine... ou
+plutot non, j'ai raisonne... et je ne demande a l'homme de ce soir
+de ne m'apporter que la figure sensible qui doit entrer...
+
+-- Dans le cercle...
+
+-- Parfaitement. et sa figure ne me surprendra pas! ...
+
+-- Mais je croyais que vous aviez deja vu sa figure, le soir ou
+vous avez saute dans la chambre...
+
+-- Mal... la bougie etait par terre... et puis, toute cette
+barbe...
+
+-- Ce soir, il n'en aura donc plus?
+
+-- Je crois pouvoir affirmer qu'il en aura... Mais la galerie est
+claire, et puis, maintenant, je sais... ou du moins mon cerveau
+sait... alors mes yeux verront...
+
+-- S'il ne s'agit que de le voir et de le laisser echapper...
+pourquoi nous etre armes?
+
+-- Parce que, mon cher, _si l'homme de la "Chambre Jaune" et de la
+"galerie inexplicable" sait que je sais, il est capable de tout!_
+Alors, il faudra nous defendre.
+
+-- Et vous etes sur qu'il viendra ce soir? ...
+
+-- Aussi sur que vous etes la! ... Mlle Stangerson, a dix heures
+et demie, ce matin, le plus habilement du monde, s'est arrangee
+pour etre sans gardes-malades cette nuit; elle leur a donne conge
+pour vingt-quatre heures, sous des pretextes plausibles, et n'a
+voulu, pour veiller aupres d'elle, pendant leur absence, que son
+cher pere, qui couchera dans le boudoir de sa fille et qui accepte
+cette nouvelle fonction avec une joie reconnaissante. La
+coincidence du depart de M. Darzac (apres les paroles qu'il m'a
+dites) et des precautions exceptionnelles de Mlle Stangerson, pour
+faire autour d'elle de la solitude, ne permet aucun doute. La
+venue de l'assassin, que Darzac redoute, _Mlle Stangerson la
+prepare!_
+
+-- C'est effroyable!
+
+-- Oui.
+
+-- Et le geste que nous lui avons vu faire, c'est le geste qui va
+endormir son pere?
+
+-- Oui.
+
+-- En somme, pour l'affaire de cette nuit, nous ne sommes que
+deux?
+
+-- Quatre; le concierge et sa femme veillent a tout hasard... Je
+crois leur veille inutile, "avant"... Mais le concierge pourra
+m'etre utile "apres, si on tue"!
+
+-- Vous croyez donc qu'on va tuer?
+
+-- _On tuera s'il le veut!_
+
+-- Pourquoi n'avoir pas averti le pere Jacques? Vous ne vous
+servez plus de lui, aujourd'hui?
+
+-- Non", me repondit Rouletabille d'un ton brusque.
+
+Je gardai quelque temps le silence; puis, desireux de connaitre le
+fond de la pensee de Rouletabille, je lui demandai a brule-
+pourpoint:
+
+"Pourquoi ne pas avertir Arthur Rance? Il pourrait nous etre d'un
+grand secours...
+
+-- Ah ca! fit Rouletabille avec mechante humeur... Vous voulez
+donc mettre tout le monde dans les secrets de Mlle Stangerson! ...
+Allons diner... c'est l'heure... Ce soir nous dinons chez Frederic
+Larsan... a moins qu'il ne soit encore pendu aux trousses de
+Robert Darzac... Il ne le lache pas d'une semelle. Mais, bah! s'il
+n'est pas la en ce moment, je suis bien sur qu'il sera la cette
+nuit! ... En voila un que je vais rouler!"
+
+A ce moment, nous entendimes du bruit dans la chambre a cote.
+
+"Ce doit etre lui, dit Rouletabille.
+
+-- J'oubliais de vous demander, fis-je: quand nous serons devant
+le policier, pas une allusion a l'expedition de cette nuit, n'est-
+ce pas?
+
+-- Evidemment; nous operons seuls, _pour notre compte personnel._
+
+-- Et toute la gloire sera pour nous?"
+
+Rouletabille, ricanant, ajouta:
+
+"Tu l'as dit, bouffi!"
+
+Nous dinames avec Frederic Larsan, dans sa chambre. Nous le
+trouvames chez lui... Il nous dit qu'il venait d'arriver et nous
+invita a nous mettre a table. Le diner se passa dans la meilleure
+humeur du monde, et je n'eus point de peine a comprendre qu'il
+fallait l'attribuer a la quasi-certitude ou Rouletabille et
+Frederic Larsan, l'un et l'autre, et chacun de son cote, etaient
+de tenir enfin la verite. Rouletabille confia au grand Fred que
+j'etais venu le voir de mon propre mouvement et qu'il m'avait
+retenu pour que je l'aidasse dans un grand travail qu'il devait
+livrer, cette nuit meme, a _L'Epoque_. Je devais repartir, dit-il,
+pour Paris, par le train d'onze heures, emportant sa "copie", qui
+etait une sorte de feuilleton ou le jeune reporter retracait les
+principaux episodes des mysteres du Glandier. Larsan sourit a
+cette explication comme un homme qui n'en est point dupe, mais qui
+se garde, par politesse, d'emettre la moindre reflexion sur des
+choses qui ne le regardent pas. Avec mille precautions dans le
+langage et jusque dans les intonations, Larsan et Rouletabille
+s'entretinrent assez longtemps de la presence au chateau de M.
+Arthur-W. Rance, de son passe en Amerique qu'ils eussent voulu
+connaitre mieux, du moins quant aux relations qu'il avait eues
+avec les Stangerson. A un moment, Larsan, qui me parut soudain
+souffrant, dit avec effort:
+
+"Je crois, monsieur Rouletabille, que nous n'avons plus
+grand'chose a faire au Glandier, et m'est avis que nous n'y
+coucherons plus de nombreux soirs.
+
+-- C'est aussi mon avis, monsieur Fred.
+
+-- Vous croyez donc, mon ami, que _l'affaire est finie?_
+
+-- Je crois, en effet, qu'elle est finie et qu'elle n'a plus rien
+a nous apprendre, repliqua Rouletabille.
+
+-- Avez-vous un coupable? demanda Larsan.
+
+-- Et vous?
+
+-- Oui.
+
+-- Moi aussi, dit Rouletabille.
+
+-- Serait-ce le meme?
+
+-- Je ne crois pas, _si vous n'avez pas change d'idee"_, dit le
+jeune reporter.
+
+Et il ajouta avec force:
+
+"M. Darzac est un honnete homme!
+
+-- Vous en etes sur? demanda Larsan. Eh bien, moi, je suis sur du
+contraire... C'est donc la bataille?
+
+-- Oui, la bataille. Et je vous battrai, monsieur Frederic Larsan.
+
+-- La jeunesse ne doute de rien", termina le grand Fred en riant
+et en me serrant la main.
+
+Rouletabille repondit comme un echo:
+
+"De rien!"
+
+Mais soudain, Larsan, qui s'etait leve pour nous souhaiter le
+bonsoir, porta les deux mains a sa poitrine et trebucha. Il dut
+s'appuyer a Rouletabille pour ne pas tomber. Il etait devenu
+extremement pale.
+
+"Oh! oh! fit-il, qu'est-ce que j'ai la? Est-ce que je serais
+empoisonne?"
+
+Et il nous regardait d'un oeil hagard... En vain, nous
+l'interrogions, il ne nous repondait plus... Il s'etait affaisse
+dans un fauteuil et nous ne pumes en tirer un mot. Nous etions
+extremement inquiets, et pour lui, et pour nous, car nous avions
+mange de tous les plats auxquels avait touche Frederic Larsan.
+Nous nous empressions autour de lui. Maintenant, il ne semblait
+plus souffrir, mais sa tete lourde avait roule sur son epaule et
+ses paupieres appesanties nous cachaient son regard. Rouletabille
+se pencha sur sa poitrine et ausculta son coeur...
+
+Quand il se releva, mon ami avait une figure aussi calme que je la
+lui avais vue tout a l'heure bouleversee. Il me dit:
+
+"Il dort!"
+
+Et il m'entraina dans sa chambre, apres avoir referme la porte de
+la chambre de Larsan.
+
+"Le narcotique? demandai-je... Mlle Stangerson veut donc endormir
+tout le monde, ce soir? ...
+
+-- Peut-etre... me repondit Rouletabille en songeant a autre
+chose.
+
+-- Mais nous! ... nous! exclamai-je. Qui me dit que nous n'avons
+pas avale un pareil narcotique?
+
+-- Vous sentez-vous indispose? me demanda Rouletabille avec sang-
+froid.
+
+-- Non, aucunement!
+
+-- Avez-vous envie de dormir?
+
+-- En aucune facon...
+
+-- Eh bien, mon ami, fumez cet excellent cigare."
+
+Et il me passa un havane de premier choix que M. Darzac lui avait
+offert; quant a lui, il alluma sa bouffarde, son eternelle
+bouffarde.
+
+Nous restames ainsi dans cette chambre jusqu'a dix heures, sans
+qu'un mot fut prononce. Plonge dans un fauteuil, Rouletabille
+fumait sans discontinuer, le front soucieux et le regard lointain.
+A dix heures, il se dechaussa, me fit un signe et je compris que
+je devais, comme lui, retirer mes chaussures. Quand nous fumes sur
+nos chaussettes, Rouletabille dit, si bas que je devinai plutot le
+mot que je ne l'entendis:
+
+"Revolver!"
+
+Je sortis mon revolver de la poche de mon veston.
+
+"Armez! fit-il encore.
+
+J'armai.
+
+Alors il se dirigea vers la porte de sa chambre, l'ouvrit avec des
+precautions infinies; la porte ne cria pas. Nous fumes dans la
+galerie tournante. Rouletabille me fit un nouveau signe. Je
+compris que je devais prendre mon poste dans le cabinet noir.
+Comme je m'eloignais deja de lui, Rouletabille me rejoignit "et
+m'embrassa", et puis je vis qu'avec les memes precautions il
+retournait dans sa chambre. Etonne de ce baiser et un peu inquiet,
+j'arrivai dans la galerie droite que je longeai sans encombre; je
+traversai le palier et continuai mon chemin dans la galerie, aile
+gauche, jusqu'au cabinet noir. Avant d'entrer dans le cabinet
+noir, je regardai de pres l'embrasse du rideau de la fenetre... Je
+n'avais, en effet, qu'a la toucher du doigt pour que le lourd
+rideau retombat d'un seul coup, "cachant a Rouletabille le carre
+de lumiere": signal convenu. Le bruit d'un pas m'arreta devant la
+porte d'Arthur Rance. "Il n'etait donc pas encore couche!" Mais
+comment etait-il encore au chateau, n'ayant pas dine avec M.
+Stangerson et sa fille? Du moins, je ne l'avais pas vu a table,
+dans le moment que nous avions saisi le geste de Mlle Stangerson.
+
+Je me retirai dans mon cabinet noir. Je m'y trouvais parfaitement.
+Je voyais toute la galerie en enfilade, galerie eclairee comme en
+plein jour. Evidemment, rien de ce qui allait s'y passer ne
+pouvait m'echapper. Mais qu'est-ce qui allait s'y passer? Peut-
+etre quelque chose de tres grave. Nouveau souvenir inquietant du
+baiser de Rouletabille. On n'embrasse ainsi ses amis que dans les
+grandes occasions ou quand ils vont courir un danger! Je courais
+donc un danger?
+
+Mon poing se crispa sur la crosse de mon revolver, et j'attendis.
+Je ne suis pas un heros, mais je ne suis pas un lache.
+
+J'attendis une heure environ; pendant cette heure je ne remarquai
+rien d'anormal. Dehors, la pluie, qui s'etait mise a tomber
+violemment vers neuf heures du soir, avait cesse.
+
+Mon ami m'avait dit que rien ne se passerait probablement avant
+minuit ou une heure du matin. Cependant il n'etait pas plus d'onze
+heures et demie quand la porte de la chambre d'Arthur Rance
+s'ouvrit. J'en entendis le faible grincement sur ses gonds. On eut
+dit qu'elle etait poussee de l'interieur avec la plus grande
+precaution. La porte resta ouverte un instant qui me parut tres
+long. Comme cette porte etait ouverte, dans la galerie, c'est-a-
+dire poussee hors la chambre, je ne pus voir, ni ce qui se passait
+dans la chambre, ni ce qui se passait derriere la porte. A ce
+moment, je remarquai un bruit bizarre qui se repetait pour la
+troisieme fois, qui venait du parc, et auquel je n'avais pas
+attache plus d'importance qu'on n'a coutume d'en attacher au
+miaulement des chats qui errent, la nuit, sur les gouttieres.
+Mais, cette troisieme fois, le miaulement etait si pur et si
+"special" que je me rappelai ce que j'avais entendu raconter du
+cri de la "Bete du Bon Dieu". Comme ce cri avait accompagne,
+jusqu'a ce jour, tous les drames qui s'etaient deroules au
+Glandier, je ne pus m'empecher, a cette reflexion, d'avoir un
+frisson. Aussitot je vis apparaitre, au dela de la porte, et
+refermant la porte, un homme. Je ne pus d'abord le reconnaitre,
+car il me tournait le dos et il etait penche sur un ballot assez
+volumineux. L'homme, ayant referme la porte, et portant le ballot,
+se retourna vers le cabinet noir, et alors je vis qui il etait.
+Celui qui sortait, a cette heure, de la chambre d'Arthur Rance
+"etait le garde". C'etait "l'homme vert". Il avait ce costume que
+je lui avais vu sur la route, en face de l'auberge du "Donjon", le
+premier jour ou j'etais venu au Glandier, et qu'il portait encore
+le matin meme quand, sortant du chateau, nous l'avions rencontre,
+Rouletabille et moi. Aucun doute, c'etait le garde. Je le vis fort
+distinctement. Il avait une figure qui me parut exprimer une
+certaine anxiete. Comme le cri de la "Bete du Bon Dieu"
+retentissait au dehors pour la quatrieme fois, il deposa son
+ballot dans la galerie et s'approcha de la seconde fenetre, en
+comptant les fenetres a partir du cabinet noir. Je ne risquai
+aucun mouvement, car je craignais de trahir ma presence.
+
+Quand il fut a cette fenetre, il colla son front contre les
+vitraux depolis, et regarda la nuit du parc. Il resta la une demi-
+minute. La nuit etait claire, par intermittences, illuminee par
+une lune eclatante qui, soudain, disparaissait sous un gros nuage.
+"L'homme vert" leva le bras a deux reprises, fit des signes que je
+ne comprenais point; puis, s'eloignant de la fenetre, reprit son
+ballot et se dirigea, suivant la galerie, vers le palier.
+
+Rouletabille m'avait dit: "Quand vous verrez quelque chose,
+denouez l'embrasse." Je voyais quelque chose. Etait-ce cette chose
+que Rouletabille attendait? Ceci n'etait point mon affaire et je
+n'avais qu'a executer la consigne qui m'avait ete donnee. Je
+denouai l'embrasse. Mon coeur battait a se rompre. L'homme
+atteignit le palier, mais a ma grande stupefaction, comme je
+m'attendais a le voir continuer son chemin dans la galerie, aile
+droite, je l'apercus qui descendait l'escalier conduisant au
+vestibule.
+
+Que faire? Stupidement, je regardais le lourd rideau qui etait
+retombe sur la fenetre. Le signal avait ete donne, et je ne voyais
+pas apparaitre Rouletabille au coin de la galerie tournante. Rien
+ne vint; personne n'apparut. J'etais perplexe. Une demi-heure
+s'ecoula qui me parut un siecle. "Que faire maintenant, meme si je
+voyais autre chose?" Le signal avait ete donne, je ne pouvais le
+donner une seconde fois... D'un autre cote, m'aventurer dans la
+galerie en ce moment pouvait deranger tous les plans de
+Rouletabille. Apres tout, je n'avais rien a me reprocher, et, s'il
+s'etait passe quelque chose que n'attendait point mon ami, celui-
+ci n'avait qu'a s'en prendre a lui-meme. Ne pouvant plus etre
+d'aucun reel secours d'avertissement pour lui, je risquai le tout
+pour le tout: je sortis du cabinet, et, toujours sur mes
+chaussettes, mesurant mes pas et ecoutant le silence, je m'en fus
+vers la galerie tournante.
+
+Personne dans la galerie tournante. J'allai a la porte de la
+chambre de Rouletabille. J'ecoutai. Rien. Je frappai bien
+doucement. Rien. Je tournai le bouton, la porte s'ouvrit. J'etais
+dans la chambre. Rouletabille etait etendu, tout de son long, sur
+le parquet.
+
+
+
+XXII
+Le cadavre incroyable
+
+
+Je me penchai, avec une anxiete inexprimable, sur le corps du
+reporter, et j'eus la joie de constater qu'il dormait! Il dormait
+de ce sommeil profond et maladif dont j'avais vu s'endormir
+Frederic Larsan. Lui aussi etait victime du narcotique que l'on
+avait verse dans nos aliments. Comment, moi-meme, n'avais-je point
+subi le meme sort! Je reflechis alors que le narcotique avait du
+etre verse dans notre vin ou dans notre eau, car ainsi tout
+s'expliquait: "je ne bois pas en mangeant." Doue par la nature
+d'une rotondite prematuree, je suis au regime sec, comme on dit.
+Je secouai avec force Rouletabille, mais je ne parvenais point a
+lui faire ouvrir les yeux. Ce sommeil devait etre, a n'en point
+douter, le fait de Mlle Stangerson.
+
+Celle-ci avait certainement pense que, plus que son pere encore,
+elle avait a craindre la veille de ce jeune homme qui prevoyait
+tout, qui savait tout! Je me rappelai que le maitre d'hotel nous
+avait recommande, en nous servant, un excellent Chablis qui, sans
+doute, avait passe sur la table du professeur et de sa fille.
+
+Plus d'un quart d'heure s'ecoula ainsi. Je me resolus, en ces
+circonstances extremes, ou nous avions tant besoin d'etre
+eveilles, a des moyens robustes. Je lancai a la tete de
+Rouletabille un broc d'eau. Il ouvrit les yeux, enfin! de pauvres
+yeux mornes, sans vie et ni regard. Mais n'etait-ce pas la une
+premiere victoire? Je voulus la completer; j'administrai une paire
+de gifles sur les joues de Rouletabille, et le soulevai. Bonheur!
+je sentis qu'il se raidissait entre mes bras, et je l'entendis qui
+murmurait: "Continuez, mais ne faites pas tant de bruit! ..."
+Continuer a lui donner des gifles sans faire de bruit me parut une
+entreprise impossible. Je me repris a le pincer et a le secouer,
+et il put tenir sur ses jambes. Nous etions sauves! ...
+"On m'a endormi, fit-il... Ah! J'ai passe un quart d'heure
+abominable avant de ceder au sommeil... Mais maintenant, c'est
+passe! Ne me quittez pas! ..."
+
+Il n'avait pas plus tot termine cette phrase que nous eumes les
+oreilles dechirees par un cri affreux qui retentissait dans le
+chateau, un veritable cri de la mort...
+
+"Malheur! hurla Rouletabille... nous arrivons trop tard! ..."
+
+Et il voulut se precipiter vers la porte; mais il etait tout
+etourdi et roula contre la muraille. Moi, j'etais deja dans la
+galerie, le revolver au poing, courant comme un fou du cote de la
+chambre de Mlle Stangerson. Au moment meme ou j'arrivais a
+l'intersection de la galerie tournante et de la galerie droite, je
+vis un individu qui s'echappait de l'appartement de Mlle
+Stangerson et qui, en quelques bonds, atteignit le palier.
+
+Je ne fus pas maitre de mon geste: je tirai... le coup de revolver
+retentit dans la galerie avec un fracas assourdissant; mais
+l'homme, continuant ses bonds insenses, degringolait deja
+l'escalier. Je courus derriere lui, en criant: "Arrete! arrete! ou
+je te tue! ..." Comme je me precipitais a mon tour dans
+l'escalier, je vis en face de moi, arrivant du fond de la galerie,
+aile gauche du chateau, Arthur Rance qui hurlait: "Qu'y a-t-il?
+... Qu'y a-t-il? ..." Nous arrivames presque en meme temps au bas
+de l'escalier, Arthur Rance et moi; la fenetre du vestibule etait
+ouverte; nous vimes distinctement la forme de l'homme qui fuyait;
+instinctivement, nous dechargeames nos revolvers dans sa
+direction; l'homme n'etait pas a plus de dix metres devant nous;
+il trebucha et nous crumes qu'il allait tomber; deja nous sautions
+par la fenetre; mais l'homme se reprit a courir avec une vigueur
+nouvelle; j'etais en chaussettes, l'Americain etait pieds nus;
+nous ne pouvions esperer l'atteindre "si nos revolvers ne
+l'atteignaient pas"! Nous tirames nos dernieres cartouches sur
+lui; il fuyait toujours... Mais il fuyait du cote droit de la cour
+d'honneur vers l'extremite de l'aile droite du chateau, dans ce
+coin entoure de fosses et de hautes grilles d'ou il allait lui
+etre impossible de s'echapper, dans ce coin qui n'avait d'autre
+issue, "devant nous", que la porte de la petite chambre en
+encorbellement occupee maintenant par le garde.
+
+L'homme, bien qu'il fut inevitablement blesse par nos balles,
+avait maintenant une vingtaine de metres d'avance. Soudain,
+derriere nous, au-dessus de nos tetes, une fenetre de la galerie
+s'ouvrit et nous entendimes la voix de Rouletabille qui clamait,
+desesperee:
+
+"Tirez, Bernier! Tirez!"
+
+Et la nuit claire, en ce moment, la nuit lunaire, fut encore
+striee d'un eclair.
+
+A la lueur de cet eclair, nous vimes le pere Bernier, debout avec
+son fusil, a la porte du donjon.
+
+Il avait bien vise. "L'ombre tomba." Mais, comme elle etait
+arrivee a l'extremite de l'aile droite du chateau, elle tomba de
+l'autre cote de l'angle de la batisse; c'est-a-dire que nous vimes
+qu'elle tombait, mais elle ne s'allongea definitivement par terre
+que de cet autre cote du mur que nous ne pouvions pas voir.
+Bernier, Arthur Rance et moi, nous arrivions de cet autre cote du
+mur, vingt secondes plus tard. "L'ombre etait morte a nos pieds."
+
+Reveille evidemment de son sommeil lethargique par les clameurs et
+les detonations, Larsan venait d'ouvrir la fenetre de sa chambre
+et nous criait, comme avait crie Arthur Rance: "Qu'y a-t-il? ...
+Qu'y a-t-il? ..."
+
+Et nous, nous etions penches sur l'ombre, sur la mysterieuse ombre
+morte de l'assassin. Rouletabille, tout a fait reveille
+maintenant, nous rejoignit dans le moment, et je lui criai:
+
+"Il est mort! Il est mort! ...
+
+-- Tant mieux, fit-il... Apportez-le dans le vestibule du
+chateau...
+
+Mais il se reprit:
+
+"Non! non! Deposons-le dans la chambre du garde! ..."
+
+Rouletabille frappa a la porte de la chambre du garde... Personne
+ne repondit de l'interieur... ce qui ne m'etonna point,
+naturellement.
+
+"Evidemment, il n'est pas la, fit le reporter, sans quoi il serait
+deja sorti! ... Portons donc ce corps dans le vestibule..."
+
+Depuis que nous etions arrives sur "l'ombre morte", la nuit
+s'etait faite si noire, par suite du passage d'un gros nuage sur
+la lune, que nous ne pouvions que toucher cette ombre sans en
+distinguer les lignes. Et cependant, nos yeux avaient hate de
+savoir! Le pere Jacques, qui arrivait, nous aida a transporter le
+cadavre jusque dans le vestibule du chateau. La, nous le deposames
+sur la premiere marche de l'escalier. J'avais senti, sur mes
+mains, pendant ce trajet, le sang chaud qui coulait des
+blessures...
+
+Le pere Jacques courut aux cuisines et en revint avec une
+lanterne. Il se pencha sur le visage de "l'ombre morte", et nous
+reconnumes le garde, celui que le patron de l'auberge du "Donjon"
+appelait "l'homme vert" et que, une heure auparavant, j'avais vu
+sortir de la chambre d'Arthur Rance, charge d'un ballot. Mais, ce
+que j'avais vu, je ne pouvais le rapporter qu'a Rouletabille seul,
+ce que je fis du reste quelques instants plus tard.
+
+..................................................................
+...................................
+
+
+Je ne saurais passer sous silence l'immense stupefaction -- je
+dirai meme le cruel desappointement -- dont firent preuve Joseph
+Rouletabille et Frederic Larsan, lequel nous avait rejoint dans le
+vestibule. Ils tataient le cadavre... ils regardaient cette figure
+morte, ce costume vert du garde... et ils repetaient, l'un et
+l'autre: "Impossible! ... c'est impossible!"
+
+Rouletabille s'ecria meme:
+
+"C'est a jeter sa tete aux chiens!"
+
+Le pere Jacques montrait une douleur stupide accompagnee de
+lamentations ridicules. Il affirmait qu'on s'etait trompe et que
+le garde ne pouvait etre l'assassin de sa maitresse. Nous dumes le
+faire taire. On aurait assassine son fils qu'il n'eut point gemi
+davantage, et j'expliquai cette exageration de bons sentiments par
+la peur dont il devait etre hante que l'on crut qu'il se
+rejouissait de ce deces dramatique; chacun savait, en effet, que
+le pere Jacques detestait le garde. Je constatai que seul, de nous
+tous qui etions fort debrailles ou pieds nus ou en chaussettes, le
+pere Jacques etait entierement habille.
+
+Mais Rouletabille n'avait pas lache le cadavre; a genoux sur les
+dalles du vestibule, eclaire par la lanterne du pere Jacques, il
+deshabillait le corps du garde! ... Il lui mit la poitrine a nu.
+Elle etait sanglante.
+
+Et, soudain, prenant, des mains du pere Jacques, la lanterne, il
+en projeta les rayons, de tout pres, sur la blessure beante.
+Alors, il se releva et dit sur un ton extraordinaire, sur un ton
+d'une ironie sauvage:
+
+"Cet homme que vous croyez avoir tue a coups de revolver et de
+chevrotines est mort d'un coup de couteau au coeur!"
+
+Je crus, une fois de plus, que Rouletabille etait devenu fou et je
+me penchai a mon tour sur le cadavre. Alors je pus constater qu'en
+effet le corps du garde ne portait aucune blessure provenant d'un
+projectile, et que, seule, la region cardiaque avait ete entaillee
+par une lame aigue.
+
+
+
+XXIII
+La double piste
+
+
+Je n'etais pas encore revenu de la stupeur que me causait une
+pareille decouverte quand mon jeune ami me frappa sur l'epaule et
+me dit:
+
+"Suivez-moi!
+
+-- Ou, lui demandai-je?
+
+-- Dans ma chambre.
+
+-- Qu'allons-nous y faire?
+
+-- Reflechir."
+
+J'avouai, quant a moi, que j'etais dans l'impossibilite totale,
+non seulement de reflechir, mais encore de penser; et, dans cette
+nuit tragique, apres des evenements dont l'horreur n'etait egalee
+que par leur incoherence, je m'expliquais difficilement comment,
+entre le cadavre du garde et Mlle Stangerson peut-etre a l'agonie,
+Joseph Rouletabille pouvait avoir la pretention de "reflechir".
+C'est ce qu'il fit cependant, avec le sang-froid des grands
+capitaines au milieu des batailles. Il poussa sur nous la porte de
+sa chambre, m'indiqua un fauteuil, s'assit posement en face de
+moi, et, naturellement, alluma sa pipe. Je le regardais
+reflechir... et je m'endormis. Quand je me reveillai, il faisait
+jour. Ma montre marquait huit heures. Rouletabille n'etait plus
+la. Son fauteuil, en face de moi, etait vide. Je me levai et
+commencai de m'etirer les membres quand la porte s'ouvrit et mon
+ami rentra. Je vis tout de suite a sa physionomie que, pendant que
+je dormais, il n'avait point perdu son temps.
+
+"Mlle Stangerson? demandai-je tout de suite.
+
+-- Son etat, tres alarmant, n'est pas desespere.
+
+-- Il y a longtemps que vous avez quitte cette chambre?
+
+-- Au premier rayon de l'aube.
+
+-- Vous avez travaille?
+
+-- Beaucoup.
+
+-- Decouvert quoi?
+
+-- Une double empreinte de pas tres remarquable "et qui aurait pu
+me gener..."
+
+-- Elle ne vous gene plus?
+
+-- Non.
+
+-- Vous explique-t-elle quelque chose?
+
+-- Oui.
+
+-- Relativement au "cadavre incroyable" du garde?
+
+-- Oui; ce cadavre est tout a fait "croyable", maintenant. J'ai
+decouvert ce matin, en me promenant autour du chateau, deux sortes
+de pas distinctes dont les empreintes avaient ete faites cette
+nuit en meme temps, cote a cote. Je dis: "en meme temps"; et, en
+verite, il ne pouvait guere en etre autrement, car, si l'une de
+ces empreintes etait venue apres l'autre, suivant le meme chemin,
+elle eut souvent "empiete sur l'autre", ce qui n'arrivait jamais.
+Les pas de celui-ci ne marchaient point sur les pas de celui-la.
+Non, c'etaient des pas "qui semblaient causer entre eux". Cette
+double empreinte quittait toutes les autres empreintes, vers le
+milieu de la cour d'honneur, pour sortir de cette cour et se
+diriger vers la chenaie. Je quittais la cour d'honneur, les yeux
+fixes vers ma piste, quand je fus rejoint par Frederic Larsan.
+Immediatement, il s'interessa beaucoup a mon travail, car cette
+double empreinte meritait vraiment qu'on s'y attachat. On
+retrouvait la la double empreinte des pas de l'affaire de la
+"Chambre Jaune": les pas grossiers et les pas elegants; mais,
+tandis que, lors de l'affaire de la "Chambre Jaune", les pas
+grossiers ne faisaient que joindre au bord de l'etang les pas
+elegants, pour disparaitre ensuite -- dont nous avions conclu,
+Larsan et moi, que ces deux sortes de pas appartenaient au meme
+individu qui n'avait fait que changer de chaussures -- ici, pas
+grossiers et pas elegants voyageaient de compagnie. Une pareille
+constatation etait bien faite pour me troubler dans mes certitudes
+anterieures. Larsan semblait penser comme moi; aussi, restions-
+nous penches sur ces empreintes, reniflant ces pas comme des
+chiens a l'affut.
+
+"Je sortis de mon portefeuille mes semelles de papier. La premiere
+semelle, qui etait celle que j'avais decoupee sur l'empreinte des
+souliers du pere Jacques retrouves par Larsan, c'est-a-dire sur
+l'empreinte des pas grossiers, cette premiere semelle, dis-je,
+s'appliqua parfaitement a l'une des traces que nous avions sous
+les yeux, et la seconde semelle, qui etait le dessin des "pas
+elegants", s'appliqua egalement sur l'empreinte correspondante,
+mais avec une legere difference a la pointe. En somme, cette trace
+nouvelle du pas elegant ne differait de la trace du bord de
+l'etang que par la pointe de la bottine. Nous ne pouvions en tirer
+cette conclusion que cette trace appartenait au meme personnage,
+mais nous ne pouvions non plus affirmer qu'elle ne lui appartenait
+pas. L'inconnu pouvait ne plus porter les memes bottines.
+
+"Suivant toujours cette double empreinte, Larsan et moi, nous
+fumes conduits a sortir bientot de la chenaie et nous nous
+trouvames sur les memes bords de l'etang qui nous avaient vus lors
+de notre premiere enquete. Mais, cette fois, aucune des traces ne
+s'y arretait et toutes deux, prenant le petit sentier, allaient
+rejoindre la grande route d'Epinay. La, nous tombames sur un
+macadam recent qui ne nous montra plus rien; et nous revinmes au
+chateau, sans nous dire un mot.
+
+"Arrives dans la cour d'honneur, nous nous sommes separes; mais,
+par suite du meme chemin qu'avait pris notre pensee, nous nous
+sommes rencontres a nouveau devant la porte de la chambre du pere
+Jacques. Nous avons trouve le vieux serviteur au lit et constate
+tout de suite que les effets qu'il avait jetes sur une chaise
+etaient dans un etat lamentable, et que ses chaussures, des
+souliers tout a fait pareils a ceux que nous connaissions, etaient
+extraordinairement boueux. Ce n'etait certainement point en aidant
+a transporter le cadavre du garde, du bout de cour au vestibule,
+et en allant chercher une lanterne aux cuisines, que le pere
+Jacques avait arrange de la sorte ses chaussures et trempe ses
+habits, puisque alors il ne pleuvait pas. Mais il avait plu avant
+ce moment-la et il avait plu apres.
+
+"Quant a la figure du bonhomme, elle n'etait pas belle a voir.
+Elle semblait refleter une fatigue extreme, et ses yeux
+clignotants nous regarderent, des l'abord, avec effroi.
+
+"Nous l'avons interroge. Il nous a repondu d'abord qu'il s'etait
+couche immediatement apres l'arrivee au chateau du medecin que le
+maitre d'hotel etait alle querir; mais nous l'avons si bien
+pousse, nous lui avons si bien prouve qu'il mentait, qu'il a fini
+par nous avouer qu'il etait, en effet, sorti du chateau. Nous lui
+en avons, naturellement, demande la raison; il nous a repondu
+qu'il s'etait senti mal a la tete, et qu'il avait eu besoin de
+prendre l'air, mais qu'il n'etait pas alle plus loin que la
+chenaie. Nous lui avons alors decrit tout le chemin qu'il avait
+fait, _aussi bien que si_ _nous l'avions vu marcher._ Le vieillard
+se dressa sur son seant et se prit a trembler.
+
+"--Vous n'etiez pas seul!" s'ecria Larsan.
+
+"Alors, le pere Jacques:
+
+"--Vous l'avez donc vu?
+
+"--Qui? demandai-je.
+
+"-- Mais le fantome noir!"
+
+"Sur quoi, le pere Jacques nous conta que, depuis quelques nuits,
+il voyait le fantome noir. Il apparaissait dans le parc sur le
+coup de minuit et glissait contre les arbres avec une souplesse
+incroyable. Il paraissait "traverser" le tronc des arbres; deux
+fois, le pere Jacques, qui avait apercu le fantome a travers sa
+fenetre, a la clarte de la lune, s'etait leve et, resolument,
+etait parti a la chasse de cette etrange apparition. L'avant-
+veille, il avait failli la rejoindre, mais elle s'etait evanouie
+au coin du donjon; enfin, cette nuit, etant en effet sorti du
+chateau, travaille par l'idee du nouveau crime qui venait de se
+commettre, il avait vu tout a coup, surgir au milieu de la cour
+d'honneur, le fantome noir. Il l'avait suivi d'abord prudemment,
+puis de plus pres... ainsi il avait tourne la chenaie, l'etang, et
+etait arrive au bord de la route d'Epinay. "La, le fantome avait
+soudain disparu."
+
+"--Vous n'avez pas vu sa figure? demanda Larsan.
+
+"--Non! Je n'ai vu que des voiles noirs...
+
+"--Et, apres ce qui s'est passe dans la galerie, vous n'avez pas
+saute dessus?
+
+"--Je ne le pouvais pas! Je me sentais terrifie... C'est a peine
+si j'avais la force de le suivre...
+
+"--Vous ne l'avez pas suivi, fis-je, pere Jacques, -- et ma voix
+etait menacante -- vous etes alle avec le fantome jusqu'a la route
+d'Epinay "bras dessus, bras dessous"!
+
+"--Non! cria-t-il... il s'est mis a tomber des trombes d'eau... Je
+suis rentre! ... Je ne sais pas ce que le fantome noir est
+devenu..."
+
+"Mais ses yeux se detournerent de moi.
+
+"Nous le quittames.
+
+"Quand nous fumes dehors:
+
+"--Complice? interrogeai-je, sur un singulier ton, en regardant
+Larsan bien en face pour surprendre le fond de sa pensee.
+
+"Larsan leva les bras au ciel.
+
+"--Est-ce qu'on sait? ... Est-ce qu'on sait, dans une affaire
+pareille? ... Il y a vingt-quatre heures, j'aurais jure qu'il n'y
+avait pas de complice! ..."
+
+"Et il me laissa en m'annoncant qu'il quittait le chateau sur-le-
+champ pour se rendre a Epinay."
+
+Rouletabille avait fini son recit. Je lui demandai:
+
+"Eh bien? Que conclure de tout cela? ... Quant a moi, je ne vois
+pas! ... je ne saisis pas! ... Enfin! Que savez-vous?
+
+-- _Tout! _s'exclama-t-il_... Tout!"_
+
+Et je ne lui avais jamais vu figure plus rayonnante. Il s'etait
+leve et me serrait la main avec force...
+
+"Alors, expliquez-moi, priai-je...
+
+-- Allons demander des nouvelles de Mlle Stangerson", me repondit-
+il brusquement.
+
+
+
+XXIV
+Rouletabille connait les deux moities de l'assassin
+
+
+Mlle Stangerson avait failli etre assassinee pour la seconde fois.
+Le malheur fut qu'elle s'en porta beaucoup plus mal la seconde que
+la premiere. Les trois coups de couteau que l'homme lui avait
+portes dans la poitrine, en cette nouvelle nuit tragique, la
+mirent longtemps entre la vie et la mort, et quand, enfin, la vie
+fut plus forte et qu'on put esperer que la malheureuse femme,
+cette fois encore, echapperait a son sanglant destin, on s'apercut
+que, si elle reprenait chaque jour l'usage de ses sens, elle ne
+recouvrait point celui de sa raison. La moindre allusion a
+l'horrible tragedie la faisait delirer, et il n'est point non
+plus, je crois bien, exagere de dire que l'arrestation de M.
+Robert Darzac, qui eut lieu au chateau du Glandier, le lendemain
+de la decouverte du cadavre du garde, creusa encore l'abime moral
+ou nous vimes disparaitre cette belle intelligence.
+
+M. Robert Darzac arriva au chateau vers neuf heures et demie. Je
+le vis accourir a travers le parc, les cheveux et les habits en
+desordre, crotte, boueux, dans un etat lamentable. Son visage
+etait d'une paleur mortelle. Rouletabille et moi, nous etions
+accoudes a une fenetre de la galerie. Il nous apercut; il poussa
+vers nous un cri desespere:
+
+"J'arrive trop tard! ..."
+
+Rouletabille lui cria:
+
+"Elle vit! ..."
+
+Une minute apres, M. Darzac entrait dans la chambre de Mlle
+Stangerson, et, a travers la porte, nous entendimes ses sanglots.
+
+..................................................................
+..................................
+"Fatalite! gemissait a cote de moi, Rouletabille. Quels Dieux
+infernaux veillent donc sur le malheur de cette famille! Si l'on
+ne m'avait pas endormi, j'aurais sauve Mlle Stangerson de l'homme,
+et je l'aurais rendu muet pour toujours... _et le garde ne serait
+pas mort!"_
+__
+_.................................................................
+................................_
+
+M. Darzac vint nous retrouver. Il etait tout en larmes.
+Rouletabille lui raconta tout: et comment il avait tout prepare
+pour leur salut, a Mlle Stangerson et a lui; et comment il y
+serait parvenu en eloignant l'homme pour toujours "apres avoir vu
+sa figure"; et comment son plan s'etait effondre dans le sang, a
+cause du narcotique.
+
+"Ah! si vous aviez eu reellement confiance en moi, fit tout bas le
+jeune homme, si vous aviez dit a Mlle Stangerson d'avoir confiance
+en moi! ... Mais ici chacun se defie de tous... la fille se defie
+du pere... et la fiancee se defie du fiance... Pendant que vous me
+disiez de tout faire pour empecher l'arrivee de l'assassin, _elle_
+_preparait tout pour se faire assassiner!_ ... Et je suis arrive
+trop tard... a demi endormi... me trainant presque, dans cette
+chambre ou la vue de la malheureuse, baignant dans son sang, me
+reveilla tout a fait..."
+
+Sur la demande de M. Darzac, Rouletabille raconta la scene.
+S'appuyant aux murs pour ne pas tomber, pendant que, dans le
+vestibule et dans la cour d'honneur, nous poursuivions l'assassin,
+il s'etait dirige vers la chambre de la victime... Les portes de
+l'antichambre sont ouvertes; il entre; Mlle Stangerson git,
+inanimee, a moitie renversee sur le bureau, les yeux clos; son
+peignoir est rouge du sang qui coule a flots de sa poitrine. Il
+semble a Rouletabille, encore sous l'influence du narcotique,
+qu'il se promene dans quelque affreux cauchemar. Automatiquement,
+il revient dans la galerie, ouvre une fenetre, nous clame le
+crime, nous ordonne de tuer, et retourne dans la chambre.
+Aussitot, il traverse le boudoir desert, entre dans le salon dont
+la porte est restee entrouverte, secoue M. Stangerson sur le
+canape ou il s'est etendu et le reveille comme je l'ai reveille,
+lui, tout a l'heure... M. Stangerson se dresse avec des yeux
+hagards, se laisse trainer par Rouletabille jusque dans la
+chambre, apercoit sa fille, pousse un cri dechirant... Ah! il est
+reveille! il est reveille! ... Tous les deux, maintenant,
+reunissant leurs forces chancelantes, transportent la victime sur
+son lit...
+
+Puis Rouletabille veut nous rejoindre, pour savoir... "pour
+savoir..." mais, avant de quitter la chambre, il s'arrete pres du
+bureau... Il y a la, par terre, un paquet... enorme... un
+ballot... Qu'est-ce que ce paquet fait la, aupres du bureau? ...
+L'enveloppe de serge qui l'entoure est denouee... Rouletabille se
+penche... Des papiers... des papiers... des photographies... Il
+lit: "Nouvel electroscope condensateur differentiel... Proprietes
+fondamentales de la substance intermediaire entre la matiere
+ponderable et l'ether imponderable."... Vraiment, vraiment, quel
+est ce mystere et cette formidable ironie du sort qui veulent qu'a
+l'heure ou "on" lui assassine sa fille, "on" vienne restituer au
+professeur Stangerson toutes ces paperasses inutiles, "qu'il
+jettera au feu! ... au feu! ... au feu! ... le lendemain".
+
+..................................................................
+.................................
+
+Dans la matinee qui suivit cette horrible nuit, nous avons vu
+reapparaitre M. de Marquet, son greffier, les gendarmes. Nous
+avons tous ete interroges, excepte naturellement Mlle Stangerson
+qui etait dans un etat voisin du coma. Rouletabille et moi, apres
+nous etre concertes, n'avons dit que ce que nous avons bien voulu
+dire. J'eus garde de rien rapporter de ma station dans le cabinet
+noir ni des histoires de narcotique. Bref, nous tumes tout ce qui
+pouvait faire soupconner que nous nous attendions a quelque chose,
+et aussi tout ce qui pouvait faire croire que Mlle Stangerson
+"attendait l'assassin". La malheureuse allait peut-etre payer de
+sa vie le mystere dont elle entourait son assassin... Il ne nous
+appartenait point de rendre un pareil sacrifice inutile... Arthur
+Rance raconta a tout le monde, fort naturellement -- si
+naturellement que j'en fus stupefait -- qu'il avait vu le garde
+pour la derniere fois vers onze heures du soir. Celui-ci etait
+venu dans sa chambre, dit-il, pour y prendre sa valise qu'il
+devait transporter le lendemain matin a la premiere heure a la
+gare de Saint-Michel "et s'etait attarde a causer longuement
+chasse et braconnage avec lui"! Arthur-William Rance, en effet,
+devait quitter le Glandier dans la matinee et se rendre a pied,
+selon son habitude, a Saint-Michel; aussi avait-il profite d'un
+voyage matinal du garde dans le petit bourg pour se debarrasser de
+son bagage.
+
+Du moins je fus conduit a le penser car M. Stangerson confirma ses
+dires; il ajouta qu'il n'avait pas eu le plaisir, la veille au
+soir, d'avoir a sa table son ami Arthur Rance parce que celui-ci
+avait pris, vers les cinq heures, un conge definitif de sa fille
+et de lui. M. Arthur Rance s'etait fait servir simplement un the
+dans sa chambre, se disant legerement indispose.
+
+Bernier, le concierge, sur les indications de Rouletabille,
+rapporta qu'il avait ete requis par le garde lui-meme, cette nuit-
+la, pour faire la chasse aux braconniers (le garde ne pouvait plus
+le contredire), qu'ils s'etaient donne rendez-vous tous deux non
+loin de la chenaie et que, voyant que le garde ne venait point, il
+etait alle, lui, Bernier, au-devant du garde... Il etait arrive a
+hauteur du donjon, ayant passe la petite porte de la cour
+d'honneur, quand il apercut un individu qui fuyait a toutes jambes
+du cote oppose, vers l'extremite de l'aile droite du chateau; des
+coups de revolver retentirent dans le meme moment derriere le
+fuyard; Rouletabille etait apparu a la fenetre de la galerie; il
+l'avait apercu, lui Bernier, l'avait reconnu, l'avait vu avec son
+fusil et lui avait crie de tirer. Alors, Bernier avait lache son
+coup de fusil qu'il tenait tout pret... et il etait persuade qu'il
+avait mis a mal le fuyard; il avait cru meme qu'il l'avait tue, et
+cette croyance avait dure jusqu'au moment ou Rouletabille,
+depouillant le corps qui etait tombe sous le coup de fusil, lui
+avait appris que ce corps "avait ete tue d'un coup de couteau";
+que, du reste, il restait ne rien comprendre a une pareille
+fantasmagorie, attendu que, si le cadavre trouve n'etait point
+celui du fuyard sur lequel nous avions tous tire, il fallait bien
+que ce fuyard fut quelque part. Or, dans ce petit coin de cour ou
+nous nous etions tous rejoints autour du cadavre, "il n'y avait
+pas de place pour un autre mort ou pour un vivant" sans que nous
+le vissions!
+
+Ainsi parla le pere Bernier. Mais le juge d'instruction lui
+repondit que, pendant que nous etions dans ce petit bout de cour,
+la nuit etait bien noire, puisque nous n'avions pu distinguer le
+visage du garde, et que, pour le reconnaitre, il nous avait fallu
+le transporter dans le vestibule... A quoi le pere Bernier
+repliqua que, si l'on n'avait pas vu "l'autre corps, mort ou
+vivant", on aurait au moins marche dessus, tant ce bout de cour
+est etroit. Enfin, nous etions, sans compter le cadavre, cinq dans
+ce bout de cour et il eut ete vraiment etrange que l'autre corps
+nous echappat... La seule porte qui donnait dans ce bout de cour
+etait celle de la chambre du garde, et la porte en etait fermee.
+On en avait retrouve la clef dans la poche du garde...
+
+Tout de meme, comme ce raisonnement de Bernier, qui a premiere vue
+paraissait logique, conduisait a dire qu'on avait tue a coups
+d'armes a feu un homme mort d'un coup de couteau, le juge
+d'instruction ne s'y arreta pas longtemps. Et il fut evident pour
+tous, des midi, que ce magistrat etait persuade que nous avions
+rate "le fuyard"et que nous avions trouve la un cadavre qui
+n'avait rien a voir avec "notre affaire". Pour lui, le cadavre du
+garde etait une autre affaire. Il voulut le prouver sans plus
+tarder, et il est probable que "cette nouvelle affaire"
+correspondait avec des idees qu'il avait depuis quelques jours sur
+les moeurs du garde, sur ses frequentations, sur la recente
+intrigue qu'il entretenait avec la femme du proprietaire de
+l'auberge du "Donjon", et corroborait egalement les rapports qu'on
+avait du lui faire relativement aux menaces de mort proferees par
+le pere Mathieu a l'adresse du garde, car a une heure apres-midi
+le pere Mathieu, malgre ses gemissements de rhumatisant et les
+protestations de sa femme, etait arrete et conduit sous bonne
+escorte a Corbeil. On n'avait cependant rien decouvert chez lui de
+compromettant; mais des propos tenus, encore la veille, a des
+rouliers qui les repeterent, le compromirent plus que si l'on
+avait trouve dans sa paillasse le couteau qui avait tue "l'homme
+vert".
+
+Nous en etions la, ahuris de tant d'evenements aussi terribles
+qu'inexplicables, quand, pour mettre le comble a la stupefaction
+de tous, nous vimes arriver au chateau Frederic Larsan, qui en
+etait parti aussitot apres avoir vu le juge d'instruction et qui
+en revenait, accompagne d'un employe du chemin de fer.
+
+Nous etions alors dans le vestibule avec Arthur Rance, discutant
+de la culpabilite et de l'innocence du pere Mathieu (du moins
+Arthur Rance et moi etions seuls a discuter, car Rouletabille
+semblait parti pour quelque reve lointain et ne s'occupait en
+aucune facon de ce que nous disions). Le juge d'instruction et son
+greffier se trouvaient dans le petit salon vert ou Robert Darzac
+nous avait introduits quand nous etions arrives pour la premiere
+fois au Glandier. Le pere Jacques, mande par le juge, venait
+d'entrer dans le petit salon; M. Robert Darzac etait en haut, dans
+la chambre de Mlle Stangerson, avec M. Stangerson et les medecins.
+Frederic Larsan entra dans le vestibule avec l'employe de chemin
+de fer. Rouletabille et moi reconnumes aussitot cet employe a sa
+petite barbiche blonde: "Tiens! L'employe d'Epinay-sur-Orge!"
+m'ecriai-je, et je regardai Frederic Larsan qui repliqua en
+souriant: "Oui, oui, vous avez raison, c'est l'employe d'Epinay-
+sur-Orge." Sur quoi Fred se fit annoncer au juge d'instruction par
+le gendarme qui etait a la porte du salon. Aussitot, le pere
+Jacques sortit, et Frederic Larsan et l'employe furent introduits.
+Quelques instants s'ecoulerent, dix minutes peut-etre.
+Rouletabille etait fort impatient. La porte du salon se rouvrit;
+le gendarme, appele par le juge d'instruction, entra dans le
+salon, en ressortit, gravit l'escalier et le redescendit. Rouvrant
+alors la porte du salon et ne la refermant pas, il dit au juge
+d'instruction:
+
+"Monsieur le juge, M. Robert Darzac ne veut pas descendre!
+
+-- Comment! Il ne veut pas! ... s'ecria M. de Marquet.
+
+-- Non! il dit qu'il ne peut quitter Mlle Stangerson dans l'etat
+ou elle se trouve...
+
+-- C'est bien, fit M. de Marquet; puisqu'il ne vient pas a nous,
+nous irons a lui..."
+
+M. de Marquet et le gendarme monterent; le juge d'instruction fit
+signe a Frederic Larsan et a l'employe de chemin de fer de les
+suivre. Rouletabille et moi fermions la marche.
+
+On arriva ainsi, dans la galerie, devant la porte de l'antichambre
+de Mlle Stangerson. M. de Marquet frappa a la porte. Une femme de
+chambre apparut. C'etait Sylvie, une petite bonniche dont les
+cheveux d'un blond fadasse retombaient en desordre sur un visage
+consterne.
+
+"M. Stangerson est la? demanda le juge d'instruction.
+
+-- Oui, monsieur.
+
+-- Dites-lui que je desire lui parler."
+
+Sylvie alla chercher M. Stangerson.
+
+Le savant vint a nous; il pleurait; il faisait peine a voir.
+
+"Que me voulez-vous encore? demanda celui-ci au juge. Ne pourrait-
+on pas, monsieur, dans un moment pareil, me laisser un peu
+tranquille!
+
+-- Monsieur, fit le juge, il faut absolument que j'aie, sur-le-
+champ, un entretien avec M. Robert Darzac. Ne pourriez-vous le
+decider a quitter la chambre de Mlle Stangerson? Sans quoi, je me
+verrais dans la necessite d'en franchir le seuil avec tout
+l'appareil de la justice."
+
+Le professeur ne repondit pas; il regarda le juge, le gendarme et
+tous ceux qui les accompagnaient comme une victime regarde ses
+bourreaux, et il rentra dans la chambre.
+
+Aussitot M. Robert Darzac en sortit. Il etait bien pale et bien
+defait; mais, quand le malheureux apercut, derriere Frederic
+Larsan, l'employe de chemin de fer, son visage se decomposa
+encore; ses yeux devinrent hagards et il ne put retenir un sourd
+gemissement.
+
+Nous avions tous saisi le tragique mouvement de cette physionomie
+douloureuse. Nous ne pumes nous empecher de laisser echapper une
+exclamation de pitie. Nous sentimes qu'il se passait alors quelque
+chose de definitif qui decidait de la perte de M. Robert Darzac.
+Seul, Frederic Larsan avait une figure rayonnante et montrait la
+joie d'un chien de chasse qui s'est enfin empare de sa proie.
+
+M. de Marquet dit, montrant a M. Darzac le jeune employe a la
+barbiche blonde:
+
+"Vous reconnaissez monsieur?
+
+-- Je le reconnais, fit Robert Darzac d'une voix qu'il essayait en
+vain de rendre ferme. C'est un employe de l'Orleans a la station
+d'Epinay-sur-Orge.
+
+-- Ce jeune homme, continua M. de Marquet, affirme qu'il vous a vu
+descendre de chemin de fer, a Epinay...
+
+-- Cette nuit, termina M. Darzac, a dix heures et demie... c'est
+vrai! ..."
+
+Il y eut un silence...
+
+"Monsieur Darzac, reprit le juge d'instruction sur un ton qui
+etait empreint d'une poignante emotion... Monsieur Darzac, que
+veniez-vous faire cette nuit a Epinay-sur-Orge, a quelques
+kilometres de l'endroit ou l'on assassinait Mlle Stangerson? ..."
+
+M. Darzac se tut. Il ne baissa pas la tete, mais il ferma les
+yeux, soit qu'il voulut dissimuler sa douleur, soit qu'il craignit
+qu'on put lire dans son regard quelque chose de son secret.
+
+"Monsieur Darzac, insista M. de Marquet... pouvez-vous me donner
+l'emploi de votre temps, cette nuit?"
+
+M. Darzac rouvrit les yeux. Il semblait avoir reconquis toute sa
+puissance sur lui-meme.
+
+"Non, monsieur! ...
+
+-- Reflechissez, monsieur! car je vais etre dans la necessite, si
+vous persistez dans votre etrange refus, de vous garder a ma
+disposition.
+
+-- Je refuse...
+
+-- Monsieur Darzac! Au nom de la loi, je vous arrete! ..."
+
+Le juge n'avait pas plutot prononce ces mots que je vis
+Rouletabille faire un mouvement brusque vers M. Darzac. Il allait
+certainement parler, mais celui-ci d'un geste lui ferma la
+bouche... Du reste, le gendarme s'approchait deja de son
+prisonnier... A ce moment un appel desespere retentit:
+
+"Robert! ... Robert! ..."
+
+Nous reconnumes la voix de Mlle Stangerson, et, a cet accent de
+douleur, pas un de nous qui ne frissonnat. Larsan lui-meme, cette
+fois, en palit. Quant a M. Darzac, repondant a l'appel, il s'etait
+deja precipite dans la chambre...
+
+Le juge, le gendarme, Larsan s'y reunirent derriere lui;
+Rouletabille et moi restames sur le pas de la porte. Spectacle
+dechirant: Mlle Stangerson, dont le visage avait la paleur de la
+mort, s'etait soulevee sur sa couche, malgre les deux medecins et
+son pere... Elle tendait des bras tremblants vers Robert Darzac
+sur qui Larsan et le gendarme avaient mis la main... Ses yeux
+etaient grands ouverts... elle voyait... elle comprenait... Sa
+bouche sembla murmurer un mot... un mot qui expira sur ses levres
+exsangues... un mot que personne n'entendit... et elle se
+renversa, evanouie... On emmena rapidement Darzac hors de la
+chambre... En attendant une voiture que Larsan etait alle
+chercher, nous nous arretames dans le vestibule. Notre emotion a
+tous etait extreme. M. de Marquet avait la larme a l'oeil.
+Rouletabille profita de ce moment d'attendrissement general pour
+dire a M. Darzac:
+
+"Vous ne vous defendrez pas?
+
+-- Non! repliqua le prisonnier.
+
+-- Moi, je vous defendrai, monsieur...
+
+-- Vous ne le pouvez pas, affirma le malheureux avec un pauvre
+sourire... Ce que nous n'avons pu faire, Mlle Stangerson et moi,
+vous ne le ferez pas!
+
+-- Si, je le ferai."
+
+Et la voix de Rouletabille etait etrangement calme et confiante.
+Il continua:
+
+"Je le ferai, monsieur Robert Darzac, parce que moi, _j'en sais
+plus long que vous!_
+
+-- Allons donc! murmura Darzac presque avec colere.
+
+-- Oh! soyez tranquille, je ne saurai que ce qu'il sera utile de
+savoir _pour vous sauver!_
+
+-- _Il ne faut rien savoir_, jeune homme... si vous voulez avoir
+droit a ma reconnaissance."
+
+Rouletabille secoua la tete. Il s'approcha tout pres, tout pres de
+Darzac:
+
+"Ecoutez ce que je vais vous dire, fit-il a voix basse... et que
+cela vous donne confiance! Vous, vous ne savez que le nom de
+l'assassin; Mlle Stangerson, elle, _connait seulement la moitie de
+l'assassin; mais moi, je connais ses deux moities; je connais
+l'assassin tout entier, moi! ..."_
+
+Robert Darzac ouvrit des yeux qui attestaient qu'il ne comprenait
+pas un mot de ce que venait de lui dire Rouletabille. La voiture,
+sur ces entrefaites, arriva, conduite par Frederic Larsan. On y
+fit monter Darzac et le gendarme. Larsan resta sur le siege. On
+emmenait le prisonnier a Corbeil.
+
+
+
+XXV
+Rouletabille part en voyage
+
+
+Le soir meme nous quittions le Glandier, Rouletabille et moi. Nous
+en etions fort heureux: cet endroit n'avait rien qui put encore
+nous retenir. Je declarai que je renoncais a percer tant de
+mysteres, et Rouletabille, en me donnant une tape amicale sur
+l'epaule, me confia qu'il n'avait plus rien a apprendre au
+Glandier, parce que le Glandier lui avait tout appris. Nous
+arrivames a Paris vers huit heures. Nous dinames rapidement, puis,
+fatigues, nous nous separames en nous donnant rendez-vous le
+lendemain matin chez moi.
+
+A l'heure dite, Rouletabille entrait dans ma chambre. Il etait
+vetu d'un complet a carreaux en drap anglais, avait un ulster sur
+le bras, une casquette sur la tete et un sac a la main. Il
+m'apprit qu'il partait en voyage.
+
+"Combien de temps serez-vous parti? lui demandai-je.
+
+-- Un mois ou deux, fit-il, cela depend..."
+
+Je n'osai l'interroger...
+
+"Savez-vous, me dit-il, quel est le mot que Mlle Stangerson a
+prononce hier avant de s'evanouir... en regardant M. Robert
+Darzac? ...
+
+-- Non, personne ne l'a entendu...
+
+-- Si! repliqua Rouletabille, moi! Elle lui disait: "parle!"
+
+-- Et M. Darzac parlera?
+
+-- Jamais!"
+
+J'aurais voulu prolonger l'entretien, mais il me serra fortement
+la main et me souhaita une bonne sante, je n'eus que le temps de
+lui demander:
+
+"Vous ne craignez point que, pendant votre absence, il se commette
+de nouveaux attentats? ...
+
+-- Je ne crains plus rien de ce genre, dit-il, depuis que M.
+Darzac est en prison."
+
+Sur cette parole bizarre, il me quitta. Je ne devais plus le
+revoir qu'en cour d'assises, au moment du proces Darzac, lorsqu'il
+vint a la barre "expliquer l'inexplicable".
+
+
+
+XXVI
+Ou Joseph Rouletabille est impatiemment attendu
+
+
+Le 15 janvier suivant, c'est-a-dire deux mois et demi apres les
+tragiques evenements que je viens de rapporter, _L'Epoque_
+publiait, en premiere colonne, premiere page, le sensationnel
+article suivant:
+
+"Le jury de Seine-et-Oise est appele aujourd'hui, a juger l'une
+des plus mysterieuses affaires qui soient dans les annales
+judiciaires. Jamais proces n'aura presente tant de points obscurs,
+incomprehensibles, inexplicables. Et cependant l'accusation n'a
+point hesite a faire asseoir sur le banc des assises un homme
+respecte, estime, aime de tous ceux qui le connaissent, un jeune
+savant, espoir de la science francaise, dont toute l'existence fut
+de travail et de probite. Quand Paris apprit l'arrestation de M.
+Robert Darzac, un cri unanime de protestation s'eleva de toutes
+parts. La Sorbonne tout entiere, deshonoree par le geste inoui du
+juge d'instruction, proclama sa foi dans l'innocence du fiance de
+Mlle Stangerson. M. Stangerson lui-meme attesta hautement l'erreur
+ou s'etait fourvoyee la justice, et il ne fait de doute pour
+personne que, si la victime pouvait parler, elle viendrait
+reclamer aux douze jures de Seine-et-Oise l'homme dont elle
+voulait faire son epoux et que l'accusation veut envoyer a
+l'echafaud. Il faut esperer qu'un jour prochain Mlle Stangerson
+recouvrera sa raison qui a momentanement sombre dans l'horrible
+mystere du Glandier. Voulez-vous qu'elle la reperde lorsqu'elle
+apprendra que l'homme qu'elle aime est mort de la main du
+bourreau? Cette question s'adresse au jury "auquel nous nous
+proposons d'avoir affaire, aujourd'hui meme".
+
+"Nous sommes decides, en effet, a ne point laisser douze braves
+gens commettre une abominable erreur judiciaire. Certes, des
+coincidences terribles, des traces accusatrices, un silence
+inexplicable de la part de l'accuse, un emploi du temps
+enigmatique, l'absence de tout alibi, ont pu entrainer la
+conviction du parquet qui, "ayant vainement cherche la verite
+ailleurs", s'est resolu a la trouver la. Les charges sont, en
+apparence, si accablantes pour M. Robert Darzac, qu'il faut meme
+excuser un policier aussi averti, aussi intelligent, et
+generalement aussi heureux que M. Frederic Larsan de s'etre laisse
+aveugler par elles. Jusqu'alors, tout est venu accuser M. Robert
+Darzac, devant l'instruction; aujourd'hui, nous allons, nous, le
+defendre devant le jury; et nous apporterons a la barre une
+lumiere telle que tout le mystere du Glandier en sera illumine.
+"Car nous possedons la verite."
+
+"Si nous n'avons point parle plus tot, c'est que l'interet meme de
+la cause que nous voulons defendre l'exigeait sans doute. Nos
+lecteurs n'ont pas oublie ces sensationnelles enquetes anonymes
+que nous avons publiees sur le "Pied gauche de la rue Oberkampf",
+sur le fameux vol du "Credit universel" et sur l'affaire des
+"Lingots d'or de la Monnaie". Elles nous faisaient prevoir la
+verite, avant meme que l'admirable ingeniosite d'un Frederic
+Larsan ne l'eut devoilee tout entiere. Ces enquetes etaient
+conduites par notre plus jeune redacteur, un enfant de dix-huit
+ans, Joseph Rouletabille, qui sera illustre demain. Quand
+l'affaire du Glandier eclata, notre petit reporter se rendit sur
+les lieux, forca toutes les portes et s'installa dans le chateau
+d'ou tous les representants de la presse avaient ete chasses. A
+cote de Frederic Larsan, il chercha la verite; il vit avec
+epouvante l'erreur ou s'abimait tout le genie du celebre policier;
+en vain essaya-t-il de le rejeter hors de la mauvaise piste ou il
+s'etait engage: le grand Fred ne voulut point consentir a recevoir
+des lecons de ce petit journaliste. Nous savons ou cela a conduit
+M. Robert Darzac.
+
+"Or, il faut que la France sache, il faut que le monde sache que,
+le soir meme de l'arrestation de M. Robert Darzac, le jeune Joseph
+Rouletabille penetrait dans le bureau de notre directeur et lui
+disait: "Je pars en voyage. Combien de tempsserai-je parti, je ne
+pourrais vous le dire;peut-etre un mois, deux mois, trois
+mois...peut-etre ne reviendrai-je jamais... Voici unelettre... Si
+je ne suis pas revenu le jour ou M.Darzac comparaitra devant les
+assises, vous ouvrirez cette lettre en cour d'assises, apres
+ledefile des temoins. Entendez-vous pour cela avecl'avocat de M.
+Robert Darzac. M. Robert Darzacest innocent. _Dans cette lettre il
+y a le_ _nom del'assassin_, et, je ne dirai point: les preuves,
+car, les preuves, je vais les chercher,mais _l'explication
+irrefutable de sa__culpabilite."_ Et notre redacteur partit. Nous
+sommes restes longtemps sans nouvelles mais un inconnu est venu
+trouver notre directeur, il y a huit jours, pour lui dire:
+"Agissez suivant les instructions de Joseph Rouletabille, _si la
+chose devient_ _necessaire._ Il y a la verite dans cette lettre."
+Cet homme n'a point voulu nous dire son nom.
+
+"Aujourd'hui, 15 janvier, nous voici au grand jour des assises;
+Joseph Rouletabille n'est pas de retour; peut-etre ne le
+reverrons-nous jamais. La presse, elle aussi, compte ses heros,
+victimes du devoir: le devoir professionnel, le premier de tous
+les devoirs. Peut-etre, a cette heure, y a-t-il succombe! Nous
+saurons le venger. Notre directeur, cet apres-midi, sera a la cour
+d'assises de Versailles, avec la lettre: _la lettre qui contient
+le nom de_ _l'assassin!"_
+
+En tete de l'article, on avait mis le portrait de Rouletabille.
+
+Les parisiens qui se rendirent ce jour-la a Versailles pour le
+proces dit du "Mystere de la Chambre Jaune" n'ont certainement pas
+oublie l'incroyable cohue qui se bousculait a la gare Saint-
+Lazare. On ne trouvait plus de place dans les trains et l'on dut
+improviser des convois supplementaires. L'article de _L'Epoque_
+avait bouleverse tout le monde, excite toutes les curiosites,
+pousse jusqu'a l'exasperation la passion des discussions. Des
+coups de poing furent echanges entre les partisans de Joseph
+Rouletabille et les fanatiques de Frederic Larsan, car, chose
+bizarre, la fievre de ces gens venait moins de ce qu'on allait
+peut-etre condamner un innocent que de l'interet qu'ils portaient
+a leur propre comprehension du "mystere de la Chambre Jaune".
+Chacun avait son explication et la tenait pour bonne. Tous ceux
+qui expliquaient le crime comme Frederic Larsan n'admettaient
+point qu'on put mettre en doute la perspicacite de ce policier
+populaire; et tous les autres, qui avaient une explication autre
+que celle de Frederic Larsan, pretendaient naturellement qu'elle
+devait etre celle de Joseph Rouletabille qu'ils ne connaissaient
+pas encore. Le numero de _L'Epoque_ a la main, les "Larsan "et les
+"Rouletabille "se disputerent, se chamaillerent, jusque sur les
+marches du palais de justice de Versailles, jusque dans le
+pretoire. Un service d'ordre extraordinaire avait ete commande.
+L'innombrable foule qui ne put penetrer dans le palais resta
+jusqu'au soir aux alentours du monument, maintenue difficilement
+par la troupe et la police, avide de nouvelles, accueillant les
+rumeurs les plus fantastiques. Un moment, le bruit circula qu'on
+venait d'arreter, en pleine audience, M. Stangerson lui-meme, qui
+s'etait avoue l'assassin de sa fille... C'etait de la folie.
+L'enervement etait a son comble. Et l'on attendait toujours
+Rouletabille. Des gens pretendaient le connaitre et le
+reconnaitre; et, quand un jeune homme, muni d'un laissez-passer,
+traversait la place libre qui separait la foule du palais de
+justice, des bousculades se produisaient. On s'ecrasait. On
+criait: "Rouletabille! Voici Rouletabille!" Des temoins, qui
+ressemblaient plus ou moins vaguement au portrait publie par
+_L'Epoque_, furent aussi acclames. L'arrivee du directeur de
+_L'Epoque_ fut encore le signal de quelques manifestations. Les
+uns applaudirent, les autres sifflerent. Il y avait beaucoup de
+femmes dans la foule.
+
+Dans la salle des assises, le proces se deroulait sous la
+presidence de M. De Rocoux, un magistrat imbu de tous les prejuges
+des gens de robe, mais foncierement honnete. On avait fait l'appel
+des temoins. J'en etais, naturellement, ainsi que tous ceux qui,
+de pres ou de loin, avaient touche les mysteres du Glandier: M.
+Stangerson, vieilli de dix ans, meconnaissable, Larsan, M. Arthur
+W. Rance, la figure toujours enluminee, le pere Jacques, le pere
+Mathieu, qui fut amene, menottes aux mains, entre deux gendarmes,
+MmeMathieu, toute en larmes, les Bernier, les deux gardes-malades,
+le maitre d'hotel, tous les domestiques du chateau, l'employe de
+poste du bureau 40, l'employe du chemin de fer d'Epinay, quelques
+amis de M. et de Mlle Stangerson, et tous les temoins a decharge
+de M. Robert Darzac. J'eus la chance d'etre entendu parmi les
+premiers temoins, ce qui me permit d'assister a presque tout le
+proces.
+
+Je n'ai point besoin de vous dire que l'on s'ecrasait dans le
+pretoire. Des avocats etaient assis jusque sur les marches de "la
+cour"; et, derriere les magistrats en robe rouge, tous les
+parquets des environs etaient representes. M. Robert Darzac
+apparut au banc des accuses, entre les gendarmes, si calme, si
+grand et si beau, qu'un murmure d'admiration plus que de
+compassion l'accueillit. Il se pencha aussitot vers son avocat,
+maitre Henri-Robert, qui, assiste de son premier secretaire,
+maitre Andre Hesse, alors debutant, avait deja commence a
+feuilleter son dossier.
+
+Beaucoup s'attendaient a ce que M. Stangerson allat serrer la main
+de l'accuse; mais l'appel des temoins eut lieu et ceux-ci
+quitterent tous la salle sans que cette demonstration
+sensationnelle se fut produite. Au moment ou les jures prirent
+place, on remarqua qu'ils avaient eu l'air de s'interesser
+beaucoup a un rapide entretien que maitre Henri-Robert avait eu
+avec le directeur de _L'Epoque_. Celui-ci s'en fut ensuite prendre
+place au premier rang de public. Quelques-uns s'etonnerent qu'il
+ne suivit point les temoins dans la salle qui leur etait reservee.
+
+La lecture de l'acte d'accusation s'accomplit comme presque
+toujours, sans incident. Je ne relaterai pas ici le long
+interrogatoire que subit M. Darzac. Il repondit a la foi de la
+facon la plus naturelle et la plus mysterieuse. "Tout ce qu'il
+pouvait dire" parut naturel, tout ce qu'il tut parut terrible pour
+lui, meme aux yeux de ceux qui "sentaient" son innocence. Son
+silence sur les points que nous connaissons se dressa contre lui
+et il semblait bien que ce silence dut fatalement l'ecraser. Il
+resista aux objurgations du president des assises et du ministere
+public. On lui dit que se taire, en une pareille circonstance,
+equivalait a la mort.
+
+"C'est bien, dit-il, je la subirai donc; mais je suis innocent!"
+
+Avec cette habilete prodigieuse qui a fait sa renommee, et
+profitant de l'incident, maitre Henri-Robert essaya de grandir le
+caractere de son client, par le fait meme de son silence, en
+faisant allusion a des devoirs moraux que seules des ames
+heroiques sont susceptibles de s'imposer. L'eminent avocat ne
+parvint qu'a convaincre tout a fait ceux qui connaissaient M.
+Darzac, mais les autres resterent hesitants. Il y eut une
+suspension d'audience, puis le defile des temoins commenca et
+Rouletabille n'arrivait toujours point. Chaque fois qu'une porte
+s'ouvrait, tous les yeux allaient a cette porte, puis se
+reportaient sur le directeur de _L'Epoque_ qui restait,
+impassible, a sa place. On le vit enfin qui fouillait dans sa
+poche et qui "en tirait une lettre". Une grosse rumeur suivit ce
+geste.
+
+Mon intention n'est point de retracer ici tous les incidents de ce
+proces. J'ai assez longuement rappele toutes les etapes de
+l'affaire pour ne point imposer aux lecteurs le defile nouveau des
+evenements entoures de leur mystere. J'ai hate d'arriver au moment
+vraiment dramatique de cette journee inoubliable. Il survint,
+comme maitre Henri-Robert posait quelques questions au pere
+Mathieu, qui, a la barre des temoins, se defendait, entre ses deux
+gendarmes, d'avoir assassine "l'homme vert". Sa femme fut appelee
+et confrontee avec lui. Elle avoua, en eclatant en sanglots,
+qu'elle avait ete "l'amie" du garde, que son mari s'en etait
+doute; mais elle affirma encore que celui-ci n'etait pour rien
+dans l'assassinat de son "ami". Maitre Henri-Robert demanda alors
+a la cour de bien vouloir entendre immediatement, sur ce point,
+Frederic Larsan.
+
+"Dans une courte conversation que je viens d'avoir avec Frederic
+Larsan, pendant la suspension d'audience, declara l'avocat, celui-
+ci m'a fait comprendre que l'on pouvait expliquer la mort du garde
+autrement que par l'intervention du pere Mathieu. Il serait
+interessant de connaitre l'hypothese de Frederic Larsan."
+
+Frederic Larsan fut introduit. Il s'expliqua fort nettement.
+
+"Je ne vois point, dit-il, la necessite de faire intervenir le
+pere Mathieu en tout ceci. Je l'ai dit a M. de Marquet, mais les
+propos meurtriers de cet homme lui ont evidemment nui dans
+l'esprit de M. le juge d'instruction. Pour moi, l'assassinat de
+Mlle Stangerson et l'assassinat du garde "sont la meme affaire".
+On a tire sur l'assassin de Mlle Stangerson, fuyant dans la cour
+d'honneur; on a pu croire l'avoir atteint, on a pu croire l'avoir
+tue; a la verite il n'a fait que trebucher au moment ou il
+disparaissait derriere l'aile droite du chateau. La, l'assassin a
+rencontre le garde qui voulut sans doute s'opposer a sa fuite.
+L'assassin avait encore a la main le couteau dont il venait de
+frapper Mlle Stangerson, il en frappa le garde au coeur, et le
+garde en est mort.
+
+Cette explication si simple parut d'autant plus plausible que,
+deja, beaucoup de ceux qui s'interessaient aux mysteres du
+Glandier l'avaient trouvee. Un murmure d'approbation se fit
+entendre.
+
+"Et l'assassin, qu'est-il devenu, dans tout cela? demanda le
+president.
+
+-- Il s'est evidemment cache, monsieur le president, dans un coin
+obscur de ce bout de cour et, apres le depart des gens du chateau
+qui emportaient le corps, il a pu tranquillement s'enfuir."
+
+A ce moment, du fond du "public debout", une voix juvenile
+s'eleva. Au milieu de la stupeur de tous, elle disait:
+
+"Je suis de l'avis de Frederic Larsan pour le coup de couteau au
+coeur. Mais je ne suis plus de son avis sur la maniere dont
+l'assassin s'est enfui du bout de cour!"
+
+Tout le monde se retourna; les huissiers se precipiterent,
+ordonnant le silence. Le president demanda avec irritation qui
+avait eleve la voix et ordonna l'expulsion immediate de l'intrus;
+mais on reentendit la meme voix claire qui criait:
+
+"C'est moi, monsieur le president, c'est moi, Joseph
+Rouletabille!"
+
+
+
+XXVII
+Ou Joseph Rouletabille apparait dans toute sa gloire
+
+
+Il y eut un remous terrible. On entendit des cris de femmes qui se
+trouvaient mal. On n'eut plus aucun egard pour "la majeste de la
+justice". Ce fut une bousculade insensee. Tout le monde voulait
+voir Joseph Rouletabille. Le president cria qu'il allait faire
+evacuer la salle, mais personne ne l'entendit. Pendant ce temps,
+Rouletabille sautait par-dessus la balustrade qui le separait du
+public assis, se faisait un chemin a grands coups de coude,
+arrivait aupres de son directeur qui l'embrassait avec effusion,
+lui prit "sa" lettre d'entre les mains, la glissa dans sa poche,
+penetra dans la partie reservee du pretoire et parvint ainsi
+jusqu'a la barre des temoins, bouscule, bousculant, le visage
+souriant, heureux, boule ecarlate qu'illuminait encore l'eclair
+intelligent de ses deux grands yeux ronds. Il avait ce costume
+anglais que je lui avais vu le matin de son depart -- mais dans
+quel etat, mon Dieu! -- l'ulster sur son bras et la casquette de
+voyage a la main. Et il dit:
+
+"Je demande pardon, monsieur le president, le transatlantique a eu
+du retard! J'arrive d'Amerique. Je suis Joseph Rouletabille! ..."
+
+On eclata de rire. Tout le monde etait heureux de l'arrivee de ce
+gamin. Il semblait a toutes ces consciences qu'un immense poids
+venait de leur etre enleve. On respirait. On avait la certitude
+qu'il apportait reellement la verite... qu'il allait faire
+connaitre la verite...
+
+Mais le president etait furieux:
+
+"Ah! vous etes Joseph Rouletabille, reprit le president... eh
+bien, je vous apprendrai, jeune homme, a vous moquer de la
+justice... En attendant que la cour delibere sur votre cas, je
+vous retiens a la disposition de la justice... en vertu de mon
+pouvoir discretionnaire.
+
+-- Mais, monsieur le president, je ne demande que cela: etre a la
+disposition de la justice... je suis venu m'y mettre, a la
+disposition de la justice... Si mon entree a fait un peu de
+tapage, j'en demande bien pardon a la cour... Croyez bien,
+monsieur le president, que nul, plus que moi, n'a le respect de la
+justice... Mais je suis entre comme j'ai pu..."
+
+Et il se mit a rire. Et tout le monde rit.
+
+"Emmenez-le!" commanda le president.
+
+Mais maitre Henri-Robert intervint. Il commenca par excuser le
+jeune homme, il le montra anime des meilleurs sentiments, il fit
+comprendre au president qu'on pouvait difficilement se passer de
+la deposition d'un temoin qui avait couche au Glandier pendant
+toute la semaine mysterieuse, d'un temoin surtout qui pretendait
+prouver l'innocence de l'accuse et apporter le nom de l'assassin.
+
+"Vous allez nous dire le nom de l'assassin? demanda le president,
+ebranle mais sceptique.
+
+-- Mais, mon president, je ne suis venu que pour ca! fit
+Rouletabille.
+
+On faillit applaudir dans le pretoire, mais les chut! energiques
+des huissiers retablirent le silence.
+
+"Joseph Rouletabille, dit maitre Henri-Robert, n'est pas cite
+regulierement comme temoin, mais j'espere qu'en vertu de son
+pouvoir discretionnaire, monsieur le president voudra bien
+l'interroger.
+
+-- C'est bien! fit le president, nous l'interrogerons. Mais
+finissons-en d'abord..."
+
+L'avocat general se leva:
+
+"Il vaudrait peut-etre mieux, fit remarquer le representant du
+ministere public, que ce jeune homme nous dise tout de suite le
+nom de celui qu'il denonce comme etant l'assassin."
+
+Le president acquiesca avec une ironique reserve:
+
+"Si monsieur l'avocat general attache quelque importance a la
+deposition de M. Joseph Rouletabille, je ne vois point
+d'inconvenient a ce que le temoin nous dise tout de suite le nom
+de "son" assassin!"
+
+On eut entendu voler une mouche.
+
+Rouletabille se taisait, regardant avec sympathie M. Robert
+Darzac, qui, lui, pour la premiere fois, depuis le commencement du
+debat, montrait un visage agite et plein d'angoisse.
+
+"Eh bien, repeta le president, on vous ecoute, monsieur Joseph
+Rouletabille. Nous attendons le nom de l'assassin."
+
+Rouletabille fouilla tranquillement dans la poche de son gousset,
+en tira un enorme oignon, y regarda l'heure, et dit:
+
+"Monsieur le president, je ne pourrai vous dire le nom de
+l'assassin qu'a six heures et demie! _Nous avons encore quatre
+bonnes heures devant nous!"_
+
+La salle fit entendre des murmures etonnes et desappointes.
+Quelques avocats dirent a haute voix:
+
+"Il se moque de nous!"
+Le president avait l'air enchante; maitres Henri-Robert et Andre
+Hesse etaient ennuyes.
+
+Le president dit:
+
+"Cette plaisanterie a assez dure. Vous pouvez vous retirer,
+monsieur, dans la salle des temoins. Je vous garde a notre
+disposition."
+
+Rouletabille protesta:
+
+"Je vous affirme, monsieur le president, s'ecria-t-il, de sa voix
+aigue et claironnante, je vous affirme que, lorsque je vous aurai
+dit le nom de l'assassin, _vous comprendrez que je ne pouvais vous
+le dire qu'a six heures et demie! _Parole d'honnete homme! Foi de
+Rouletabille! ... Mais, en attendant, je peux toujours vous donner
+quelques explications sur l'assassinat du garde... M. Frederic
+Larsan qui m'a vu "travailler" au Glandier pourrait vous dire avec
+quel soin j'ai etudie toute cette affaire. J'ai beau etre d'un
+avis contraire au sien et pretendre qu'en faisant arreter M.
+Robert Darzac, il a fait arreter un innocent, il ne doute pas,
+lui, de ma bonne foi, ni de l'importance qu'il faut attacher a mes
+decouvertes, qui ont souvent corrobore les siennes!"
+
+Frederic Larsan dit:
+
+"Monsieur le president, il serait interessant d'entendre M. Joseph
+Rouletabille; d'autant plus interessant qu'il n'est pas de mon
+avis."
+
+Un murmure d'approbation accueillit cette parole du policier. Il
+acceptait le duel en beau joueur. La joute promettait d'etre
+curieuse entre ces deux intelligences qui s'etaient acharnees au
+meme tragique probleme et qui etaient arrivees a deux solutions
+differentes.
+
+Comme le president se taisait, Frederic Larsan continua:
+
+"Ainsi nous sommes d'accord pour le coup de couteau au coeur qui a
+ete donne au garde par l'assassin de Mlle Stangerson; mais,
+puisque nous ne sommes plus d'accord sur la question de la fuite
+de l'assassin, "dans le bout de cour", il serait curieux de savoir
+comment M. Rouletabille explique cette fuite.
+
+-- Evidemment, fit mon ami, ce serait curieux!"
+
+Toute la salle partit encore a rire. Le president declara aussitot
+que, si un pareil fait se renouvelait, il n'hesiterait pas a
+mettre a execution sa menace de faire evacuer la salle.
+
+"Vraiment, termina le president, dans une affaire comme celle-la,
+je ne vois pas ce qui peut preter a rire.
+
+-- Moi non plus!" dit Rouletabille.
+
+Des gens, devant moi, s'enfoncerent leur mouchoir dans la bouche
+pour ne pas eclater...
+
+"Allons, fit le president, vous avez entendu, jeune homme, ce que
+vient de dire M. Frederic Larsan. Comment, selon vous, l'assassin
+s'est-il enfui du "bout de cour"?
+
+Rouletabille regarda MmeMathieu, qui lui sourit tristement.
+
+"Puisque MmeMathieu, dit-il, a bien voulu avouer tout l'interet
+qu'elle portait au garde...
+
+-- la coquine! s'ecria le pere Mathieu.
+
+-- Faites sortir le pere Mathieu! "ordonna le president.
+
+On emmena le pere Mathieu.
+
+Rouletabille reprit:
+
+"... Puisqu'elle a fait cet aveu, je puis bien vous dire qu'elle
+avait souvent des conversations, la nuit, avec le garde, au
+premier etage du donjon, dans la chambre qui fut, autrefois un
+oratoire. Ces conversations furent surtout frequentes dans les
+derniers temps, quand le pere Mathieu etait cloue au lit par ses
+rhumatismes.
+
+"Une piqure de morphine, administree a propos, donnait au pere
+Mathieu le calme et le repos, et tranquillisait son epouse pour
+les quelques heures pendant lesquelles elle etait dans la
+necessite de s'absenter. MmeMathieu venait au chateau, la nuit,
+enveloppee dans un grand chale noir qui lui servait autant que
+possible a dissimuler sa personnalite et la faisait ressembler a
+un sombre fantome qui, parfois, troubla les nuits du pere Jacques.
+Pour prevenir son ami de sa presence, MmeMathieu avait emprunte au
+chat de la mere Agenoux, une vieille sorciere de Sainte-Genevieve-
+des-Bois, son miaulement sinistre; aussitot, le garde descendait
+de son donjon et venait ouvrir la petite poterne a sa maitresse.
+Quand les reparations du donjon furent recemment entreprises, les
+rendez-vous n'en eurent pas moins lieu dans l'ancienne chambre du
+garde, au donjon meme, la nouvelle chambre, qu'on avait
+momentanement abandonnee a ce malheureux serviteur, a l'extremite
+de l'aile droite du chateau, n'etant separee du menage du maitre
+d'hotel et de la cuisiniere que par une trop mince cloison.
+
+"MmeMathieu venait de quitter le garde en parfaite sante, quand le
+drame du "petit bout de cour" survint. MmeMathieu et le garde,
+n'ayant plus rien a se dire, etaient sortis du donjon ensemble...
+Je n'ai appris ces details, monsieur le president, que par
+l'examen auquel je me livrai des traces de pas dans la cour
+d'honneur, le lendemain matin... Bernier, le concierge, que
+j'avais place, avec son fusil, en observation derriere le donjon,
+_ainsi que_ _je lui permettrai de vous l'expliquer lui-meme_, ne
+pouvait voir ce qui se passait dans la cour d'honneur. Il n'y
+arriva un peu plus tard qu'attire par les coups de revolver, et
+tira a son tour. Voici donc le garde et MmeMathieu, dans la nuit
+et le silence de la cour d'honneur. Ils se souhaitent le bonsoir;
+MmeMathieu se dirige vers la grille ouverte de cette cour, et lui
+s'en retourne se coucher dans sa petite piece en encorbellement, a
+l'extremite de l'aile droite du chateau.
+
+"Il va atteindre sa porte, quand des coups de revolver
+retentissent; il se retourne; anxieux, il revient sur ses pas; il
+va atteindre l'angle de l'aile droite du chateau quand une ombre
+bondit sur lui et le frappe. Il meurt. Son cadavre est ramasse
+tout de suite par des gens qui croient tenir l'assassin et qui
+n'emportent que l'assassine. Pendant ce temps, que fait
+MmeMathieu? Surprise par les detonations et par l'envahissement de
+la cour, elle se fait la plus petite qu'elle peut dans la nuit et
+dans la cour d'honneur. La cour est vaste, et, se trouvant pres de
+la grille, MmeMathieu pouvait passer inapercue. Mais elle ne
+"passa" pas. Elle resta et vit emporter le cadavre. Le coeur serre
+d'une angoisse bien comprehensible et poussee par un tragique
+pressentiment, elle vint jusqu'au vestibule du chateau, jeta un
+regard sur l'escalier eclaire par le lumignon du pere Jacques,
+l'escalier ou l'on avait etendu le corps de son ami; elle "vit" et
+s'enfuit. Avait-elle eveille l'attention du pere Jacques? Toujours
+est-il que celui-ci rejoignit le fantome noir, qui deja lui avait
+fait passer quelques nuits blanches.
+
+"Cette nuit meme, avant le crime, il avait ete reveille par les
+cris de la "Bete du Bon Dieu" et avait apercu, par sa fenetre, le
+fantome noir... Il s'etait hativement vetu et c'est ainsi que l'on
+s'explique qu'il arriva dans le vestibule, tout habille, quand
+nous apportames le cadavre du garde. Donc, cette nuit-la, dans la
+cour d'honneur, il a voulu sans doute, une fois pour toutes,
+regarder de tout pres la figure du fantome. Il la reconnut. Le
+pere Jacques est un vieil ami de MmeMathieu. Elle dut lui avouer
+ses nocturnes entretiens, et le supplier de la sauver de ce moment
+difficile! L'etat de MmeMathieu, qui venait de voir son ami mort,
+devait etre pitoyable. Le pere Jacques eut pitie et accompagna
+MmeMathieu, a travers la chenaie, et hors du parc, par dela meme
+les bords de l'etang, jusqu'a la route d'Epinay. La, elle n'avait
+plus que quelques metres a faire pour rentrer chez elle. Le pere
+Jacques revint au chateau, et, se rendant compte de l'importance
+judiciaire qu'il y aurait pour la maitresse du garde a ce qu'on
+ignorat sa presence au chateau, cette nuit-la, essaya autant que
+possible de nous cacher cet episode dramatique d'une nuit qui,
+deja, en comptait tant! Je n'ai nul besoin, ajouta Rouletabille,
+de demander a MmeMathieu et au pere Jacques de corroborer ce
+recit. "Je sais" que les choses se sont passees ainsi! Je ferai
+simplement appel aux souvenirs de M. Larsan qui, lui, comprend
+deja comment j'ai tout appris, car il m'a vu, le lendemain matin,
+penche sur une double piste ou l'on rencontrait voyageant de
+compagnie, l'empreinte des pas du pere Jacques et de ceux de
+madame."
+
+Ici, Rouletabille se tourna vers MmeMathieu qui etait restee a la
+barre, et lui fit un salut galant.
+
+"Les empreintes des pieds de madame, expliqua Rouletabille, ont
+une ressemblance etrange avec les traces des "pieds elegants" de
+l'assassin..."
+
+MmeMathieu tressaillit et fixa avec une curiosite farouche le
+jeune reporter. Qu'osait-il dire? Que voulait-il dire?
+
+"Madame a le pied elegant, long et plutot un peu grand pour une
+femme. C'est, au bout pointu de la bottine pres, le pied de
+l'assassin..."
+
+Il y eut quelques mouvements dans l'auditoire. Rouletabille, d'un
+geste, les fit cesser. On eut dit vraiment que c'etait lui,
+maintenant, qui commandait la police de l'audience.
+
+"Je m'empresse de dire, fit-il, que ceci ne signifie pas
+grand'chose et qu'un policier qui batirait un systeme sur des
+marques exterieures semblables, _sans mettre une idee generale_
+_autour,_ irait tout de go a l'erreur judiciaire! M. Robert
+Darzac, lui aussi, a les pieds de l'assassin, et cependant, _il
+n'est pas l'assassin!"_
+
+Nouveaux mouvements.
+
+Le president demanda a MmeMathieu:
+
+"C'est bien ainsi que, ce soir-la, les choses se sont passees pour
+vous, madame?
+
+-- Oui, monsieur le president, repondit-elle. C'est a croire que
+M. Rouletabille etait derriere nous.
+
+-- Vous avez donc vu fuir l'assassin jusqu'a l'extremite de l'aile
+droite, madame?
+
+-- Oui, comme j'ai vu emporter, une minute plus tard, le cadavre
+du garde.
+
+-- Et l'assassin, qu'est-il devenu? Vous etiez restee seule dans
+la cour d'honneur, il serait tout naturel que vous l'ayez apercu
+alors... Il ignorait votre presence et le moment etait venu pour
+lui de s'echapper...
+
+-- Je n'ai rien vu, monsieur le president, gemit MmeMathieu. A ce
+moment la nuit etait devenue tres noire.
+
+-- C'est donc, fit le president, M. Rouletabille qui nous
+expliquera comment l'assassin s'est enfui.
+
+-- Evidemment!" repliqua aussitot le jeune homme avec une telle
+assurance que le president lui-meme ne put s'empecher de sourire.
+
+Et Rouletabille reprit la parole:
+
+"Il etait impossible a l'assassin de s'enfuir normalement du bout
+de cour dans lequel il etait entre sans que nous le vissions! Si
+nous ne l'avions pas vu, nous l'eussions touche! C'est un pauvre
+petit bout de cour de rien du tout, un carre entoure de fosses et
+de hautes grilles. L'assassin eut marche sur nous ou nous eussions
+marche sur lui! Ce carre etait aussi quasi-materiellement ferme
+par les fosses, les grilles et _par nous-memes,_ que la "Chambre
+Jaune!"
+
+-- Alors, dites-nous donc, puisque l'homme est entre dans ce
+carre, dites-nous donc comment il se fait que vous ne l'ayez point
+trouve! ... Voila une demi-heure que je ne vous demande que cela!
+..."
+
+Rouletabille ressortit une fois encore l'oignon qui garnissait la
+poche de son gilet; il y jeta un regard calme, et dit:
+
+"Monsieur le president, vous pouvez me demander cela encore
+pendant trois heures trente, je ne pourrai vous repondre sur ce
+point qu'a six heures et demie!"
+
+Cette fois-ci les murmures ne furent ni hostiles, ni desappointes.
+On commencait a avoir confiance en Rouletabille. "On lui faisait
+confiance." Et l'on s'amusait de cette pretention qu'il avait de
+fixer une heure au president comme il eut fixe un rendez-vous a un
+camarade.
+
+Quant au president, apres s'etre demande s'il devait se facher, il
+prit son parti de s'amuser de ce gamin comme tout le monde.
+Rouletabille degageait de la sympathie, et le president en etait
+deja tout impregne. Enfin, il avait si nettement defini le role de
+MmeMathieu dans l'affaire, et si bien explique chacun de ses
+gestes, "cette nuit-la", que M. De Rocoux se voyait oblige de le
+prendre presque au serieux.
+
+"Eh bien, monsieur Rouletabille, fit-il, c'est comme vous voudrez!
+Mais que je ne vous revoie plus avant six heures et demie!"
+
+Rouletabille salua le president, et, dodelinant de sa grosse tete,
+se dirigea vers la porte des temoins.
+
+*
+
+Son regard me cherchait. Il ne me vit point. Alors, je me degageai
+tout doucement de la foule qui m'enserrait et je sortis de la
+salle d'audience, presque en meme temps que Rouletabille. Cet
+excellent ami m'accueillit avec effusion. Il etait heureux et
+loquace. Il me secouait les mains avec jubilation. Je lui dis:
+
+"Je ne vous demanderai point, mon cher ami, ce que vous etes alle
+faire en Amerique. Vous me repliqueriez sans doute, comme au
+president, que vous ne pouvez me repondre qu'a six heures et
+demie...
+
+-- Non, mon cher Sainclair, non, mon cher Sainclair! Je vais vous
+dire tout de suite ce que je suis alle faire en Amerique, parce
+que vous, vous etes un ami: je suis alle chercher _le nom de la
+seconde moitie de l'assassin!_
+
+-- Vraiment, vraiment, le nom de la seconde moitie...
+
+-- Parfaitement. Quand nous avons quitte le Glandier pour la
+derniere fois, je connaissais les deux moities de l'assassin et le
+nom de l'une de ces moities. C'est le nom de l'autre moitie que je
+suis alle chercher en Amerique..."
+
+Nous entrions, a ce moment, dans la salle des temoins. Ils vinrent
+tous a Rouletabille avec force demonstrations. Le reporter fut
+tres aimable, si ce n'est avec Arthur Rance auquel il montra une
+froideur marquee. Frederic Larsan entrant alors dans la salle,
+Rouletabille alla a lui, lui administra une de ces poignees de
+main dont il avait le douloureux secret, et dont on revient avec
+les phalanges brisees. Pour lui montrer tant de sympathie,
+Rouletabille devait etre bien sur de l'avoir roule. Larsan
+souriait, sur de lui-meme et lui demandant, a son tour, ce qu'il
+etait alle faire en Amerique. Alors, Rouletabille, tres aimable,
+le prit par le bras et lui conta dix anecdotes de son voyage. A un
+moment, ils s'eloignerent, s'entretenant de choses plus serieuses,
+et, par discretion, je les quittai. Du reste, j'etais fort curieux
+de rentrer dans la salle d'audience ou l'interrogatoire des
+temoins continuait. Je retournai a ma place et je pus constater
+tout de suite que le public n'attachait qu'une importance relative
+a ce qui se passait alors, et qu'il attendait impatiemment six
+heures et demie.
+
+*
+
+Ces six heures et demie sonnerent et Joseph Rouletabille fut a
+nouveau introduit. Decrire l'emotion avec laquelle la foule le
+suivit des yeux a la barre serait impossible. On ne respirait
+plus. M. Robert Darzac s'etait leve a son banc. Il etait "pale
+comme un mort".
+
+Le president dit avec gravite:
+
+"Je ne vous fais pas preter serment, monsieur! Vous n'avez pas ete
+cite regulierement. Mais j'espere qu'il n'est pas besoin de vous
+expliquer toute l'importance des paroles que vous allez prononcer
+ici..."
+
+Et il ajouta, menacant:
+
+"Toute l'importance de ces paroles... _pour vous_, sinon pour les
+autres! ..."
+
+Rouletabille, nullement emu, le regardait. Il dit:
+
+"Oui, m'sieur!
+
+-- Voyons, fit le president. Nous parlions tout a l'heure de ce
+petit bout de cour qui avait servi de refuge a l'assassin, et vous
+nous promettiez de nous dire, a six heures et demie, comment
+l'assassin s'est enfui de ce bout de cour et aussi le nom de
+l'assassin. Il est six heures trente-cinq, monsieur Rouletabille,
+et nous ne savons encore rien!
+
+-- Voila, m'sieur! commenca mon ami au milieu d'un silence si
+solennel que je ne me rappelle pas en avoir "vu" de semblable, je
+vous ai dit que ce bout de cour etait ferme et qu'il etait
+impossible pour l'assassin de s'echapper de ce carre sans que ceux
+qui etaient a sa recherche s'en apercussent. C'est l'exacte
+verite. _Quand nous etions la, dans le carre de bout de cour,
+l'assassin s'y trouvait encore avec nous!_
+
+-- Et vous ne l'avez pas vu! ... c'est bien ce que l'accusation
+pretend...
+
+-- Et nous l'avons tous vu! monsieur le president, s'ecria
+Rouletabille.
+
+-- Et vous ne l'avez pas arrete! ...
+
+-- Il n'y avait que moi qui sut qu'il etait l'assassin. Et j'avais
+besoin que l'assassin ne fut pas arrete tout de suite! Et puis, je
+n'avais d'autre preuve, a ce moment, que "ma raison"! Oui, seule,
+ma raison me prouvait que l'assassin etait la et que nous le
+voyions! J'ai pris mon temps pour apporter, aujourd'hui, en cour
+d'assises, _une preuve irrefutable, et qui, je m'y engage,
+contentera tout le monde._
+
+-- Mais parlez! parlez, monsieur! Dites-nous quel est le nom de
+l'assassin, fit le president...
+
+-- Vous le trouverez parmi les noms de ceux qui etaient dans le
+bout de cour", repliqua Rouletabille, qui, lui, ne semblait pas
+presse...
+
+On commencait a s'impatienter dans la salle...
+
+"Le nom! Le nom! murmurait-on...
+
+Rouletabille, sur un ton qui meritait des gifles, dit:
+
+"Je laisse un peu trainer cette deposition, la mienne, m'sieur le
+president, parce que j'ai des raisons pour cela! ...
+
+-- Le nom! Le nom! repetait la foule.
+
+-- Silence!" glapit l'huissier.
+
+Le president dit:
+
+"Il faut tout de suite nous dire le nom, monsieur! ... Ceux qui se
+trouvaient dans le bout de cour etaient: le garde, mort. Est-ce
+lui, l'assassin?
+
+-- Non, m'sieur.
+
+-- Le pere Jacques? ...
+
+-- Non m'sieur.
+
+-- Le concierge, Bernier?
+
+-- Non, m'sieur...
+
+-- M. Sainclair?
+
+-- Non m'sieur...
+
+-- M. Arthur William Rance, alors? Il ne reste que M. Arthur Rance
+et vous! Vous n'etes pas l'assassin, non?
+
+-- Non, m'sieur!
+
+-- Alors, vous accusez M. Arthur Rance?
+
+--Non, m'sieur!
+
+-- Je ne comprends plus! ... Ou voulez-vous en venir? ... il n'y
+avait plus personne dans le bout de cour.
+
+-- Si, m'sieur! ... _il n'y avait personne dans le bout de cour,
+ni au-dessous, mais il y avait quelqu'un au-dessus, quelqu'un
+penche a sa fenetre, sur le bout de cour..._
+
+-- Frederic Larsan! s'ecria le president.
+
+-- Frederic Larsan!" repondit d'une voix eclatante Rouletabille.
+
+Et, se retournant vers le public qui faisait entendre deja des
+protestations, il lui lanca ces mots avec une force dont je ne le
+croyais pas capable:
+
+"Frederic Larsan, l'assassin!"
+
+Une clameur ou s'exprimaient l'ahurissement, la consternation,
+l'indignation, l'incredulite, et, chez certains, l'enthousiasme
+pour le petit bonhomme assez audacieux pour oser une pareille
+accusation, remplit la salle. Le president n'essaya meme pas de la
+calmer; quand elle fut tombee d'elle-meme, sous les chut!
+energiques de ceux qui voulaient tout de suite en savoir
+davantage, on entendit distinctement Robert Darzac, qui, se
+laissant retomber sur son banc, disait:
+
+"C'est impossible! Il est fou! ..."
+
+Le president:
+
+"Vous osez, monsieur, accuser Frederic Larsan! Voyez l'effet d'une
+pareille accusation... M. Robert Darzac lui-meme vous traite de
+fou! ... Si vous ne l'etes pas, vous devez avoir des preuves...
+
+-- Des preuves, m'sieur! Vous voulez des preuves! Ah! je vais vous
+en donner une, de preuve... fit la voix aigue de Rouletabille...
+Qu'on fasse venir Frederic Larsan! ..."
+
+Le president:
+
+"Huissier, appelez Frederic Larsan."
+
+L'huissier courut a la petite porte, l'ouvrit, disparut... La
+petite porte etait restee ouverte... Tous les yeux etaient sur
+cette petite porte. L'huissier reapparut. Il s'avanca au milieu du
+pretoire et dit:
+
+"Monsieur le president, Frederic Larsan n'est pas la. Il est parti
+vers quatre heures et on ne l'a plus revu."
+
+Rouletabille clama, triomphant:
+
+"Ma preuve, la voila!
+
+-- Expliquez-vous... Quelle preuve? demanda le president.
+
+-- Ma preuve irrefutable, fit le jeune reporter, ne voyez-vous pas
+que c'est la fuite de Larsan. Je vous jure qu'il ne reviendra pas,
+allez! ... vous ne reverrez plus Frederic Larsan..."
+
+Rumeurs au fond de la salle.
+
+"Si vous ne vous moquez pas de la justice, pourquoi, monsieur,
+n'avez-vous pas profite de ce que Larsan etait avec vous, a cette
+barre, pour l'accuser en face? Au moins, il aurait pu vous
+repondre! ...
+
+-- Quelle reponse eut ete plus complete que celle-ci, monsieur le
+president? ... _il ne me repond pas! Il ne me repondra jamais!_
+J'accuse Larsan d'etre _l'assassin et il se sauve!_ Vous trouvez
+que ce n'est pas une reponse, ca! ...
+
+-- Nous ne voulons pas croire, nous ne croyons point que Larsan,
+comme vous dites,"se soit sauve"... Comment se serait-il sauve? Il
+ne savait pas que vous alliez l'accuser?
+
+-- Si, m'sieur, il le savait, puisque je le lui ai appris moi-
+meme, tout a l'heure...
+
+-- Vous avez fait cela! ... Vous croyez que Larsan est l'assassin
+et vous lui donnez les moyens de fuir! ...
+
+-- Oui, m'sieur le president, j'ai fait cela, repliqua
+Rouletabille avec orgueil... Je ne suis pas de la "justice", moi;
+je ne suis pas de la "police", moi; je suis un humble journaliste,
+et mon metier n'est point de faire arreter les gens! Je sers la
+verite comme je veux... c'est mon affaire... Preservez, vous
+autres, la societe, comme vous pouvez, c'est la votre... Mais ce
+n'est pas moi qui apporterai une tete au bourreau! ... Si vous
+etes juste, monsieur le president -- et vous l'etes -- vous
+trouverez que j'ai raison! ... Ne vous ai-je pas dit, tout a
+l'heure, "que vous comprendriez que je ne pouvais prononcer le nom
+de l'assassin avant six heures et demie". J'avais calcule que ce
+temps etait necessaire pour avertir Frederic Larsan, lui permettre
+de prendre le train de 4 heures 17, pour Paris, ou il saurait se
+mettre en surete... Une heure pour arriver a Paris, une heure et
+quart pour qu'il put faire disparaitre toute trace de son
+passage... Cela nous amenait a six heures et demie... Vous ne
+retrouverez pas Frederic Larsan, declara Rouletabille en fixant M.
+Robert Darzac... il est trop malin... _C'est un homme qui vous a
+toujours echappe..._ et que vous avez longtemps et vainement
+poursuivi... S'il est moins fort que moi, ajouta Rouletabille, en
+riant de bon coeur et en riant tout seul, car personne n'avait
+plus envie de rire... il est plus fort que toutes les polices de
+la terre. Cet homme, qui, depuis quatre ans, s'est introduit a la
+Surete, et y est devenu celebre sous le nom de Frederic Larsan,
+est autrement celebre sous un autre nom que vous connaissez bien.
+Frederic Larsan, m'sieur le president, _c'est Ballmeyer!_
+
+-- Ballmeyer! s'ecria le president.
+
+-- Ballmeyer! fit Robert Darzac, en se soulevant... Ballmeyer! ...
+C'etait donc vrai!
+
+-- Ah! ah! m'sieur Darzac, vous ne croyez plus que je suis fou,
+maintenant! ..."
+
+Ballmeyer! Ballmeyer! Ballmeyer! On n'entendait plus que ce nom
+dans la salle. Le president suspendit l'audience.
+
+*
+
+Vous pensez si cette suspension d'audience fut mouvementee. Le
+public avait de quoi s'occuper. Ballmeyer! On trouvait,
+decidement, le gamin "epatant"! Ballmeyer! Mais le bruit de sa
+mort avait couru, il y avait, de cela, quelques semaines.
+Ballmeyer avait donc echappe a la mort comme, toute sa vie, il
+avait echappe aux gendarmes. Est-il necessaire que je rappelle ici
+les hauts faits de Ballmeyer? Ils ont, pendant vingt ans, defraye
+la chronique judiciaire et la rubrique des faits divers; et, si
+quelques-uns de mes lecteurs ont pu oublier l'affaire de la
+"Chambre Jaune", ce nom de Ballmeyer n'est certainement pas sorti
+de leur memoire. Ballmeyer fut le type meme de l'escroc du grand
+monde; il n'etait point de gentleman plus gentleman que lui; il
+n'etait point de prestidigitateur plus habile de ses doigts que
+lui; il n'etait point d'"apache", comme on dit aujourd'hui, plus
+audacieux et plus terrible que lui. Recu dans la meilleure
+societe, inscrit dans les cercles les plus fermes, il avait vole
+l'honneur des familles et l'argent des pontes avec une maestria
+qui ne fut jamais depassee. Dans certaines occasions difficiles,
+il n'avait pas hesite a faire le coup de couteau ou le coup de
+l'os de mouton. Du reste, il n'hesitait jamais, et aucune
+entreprise n'etait au-dessus de ses forces. Etant tombe une fois
+entre les mains de la justice, il s'echappa, le matin de son
+proces, en jetant du poivre dans les yeux des gardes qui le
+conduisaient a la cour d'assises. On sut plus tard que, le jour de
+sa fuite, pendant que les plus fins limiers de la Surete etaient a
+ses trousses, il assistait, tranquillement, nullement maquille, a
+une "premiere"du Theatre-Francais. Il avait ensuite quitte la
+France pour travailler en Amerique, et la police de l'etat d'Ohio
+avait, un beau jour, mis la main sur l'exceptionnel bandit; mais,
+le lendemain, il s'echappait encore... Ballmeyer, il faudrait un
+volume pour parler ici de Ballmeyer, et c'est cet homme qui etait
+devenu Frederic Larsan! ... Et c'est ce petit gamin de
+Rouletabille qui avait decouvert cela! ... Et c'est lui aussi, ce
+moutard, qui, connaissant le passe d'un Ballmeyer, lui permettait,
+une fois de plus, de faire la nique a la societe, en lui
+fournissant le moyen de s'echapper! A ce dernier point de vue, je
+ne pouvais qu'admirer Rouletabille, car je savais que son dessein
+etait de servir jusqu'au bout M. Robert Darzac et Mlle Stangerson
+en les debarrassant du bandit _sans qu'il parlat._
+
+On n'etait pas encore remis d'une pareille revelation, et
+j'entendais deja les plus presses s'ecrier: "En admettant que
+l'assassin soit Frederic Larsan, cela ne nous explique pas comment
+il est sorti de la Chambre Jaune! ..." quand l'audience fut
+reprise.
+
+*
+
+Rouletabille fut appele immediatement a la barre et
+soninterrogatoire, car il s'agissait la plutot d'un interrogatoire
+que d'unedeposition, reprit.
+
+Le president:
+
+"Vous nous avez dit tout a l'heure, monsieur, qu'il etait
+impossible de s'enfuir du bout de cour. J'admets, avec vous, je
+veux bien admettre que, puisque Frederic Larsan se trouvait penche
+a sa fenetre, au-dessus de vous, il fut encore dans ce bout de
+cour; mais, pour se trouver a sa fenetre, il lui avait fallu
+quitter ce bout de cour. Il s'etait donc enfui! Et comment?"
+
+Rouletabille:
+
+"J'ai dit qu'il n'avait pu s'enfuir "normalement..." Il s'est donc
+enfui "anormalement"! Car le bout de cour, je l'ai dit aussi,
+n'etait que "quasi" ferme tandis que la "Chambre Jaune" l'etait
+tout a fait. On pouvait grimper au mur, chose impossible dans la
+"Chambre Jaune", se jeter sur la terrasse et de la, pendant que
+nous etions penches sur le cadavre du garde, penetrer de la
+terrasse dans la galerie par la fenetre qui donne juste au-dessus.
+Larsan n'avait plus qu'un pas a faire pour etre dans sa chambre,
+ouvrir sa fenetre et nous parler. Ceci n'etait qu'un jeu d'enfant
+pour un acrobate de la force de Ballmeyer. Et, monsieur le
+president, voici la preuve de ce que j'avance."
+
+Ici, Rouletabille tira de la poche de son veston, un petit paquet
+qu'il ouvrit, et dont il tira une cheville.
+
+"Tenez, monsieur le president, voici une cheville qui s'adapte
+parfaitement dans un trou que l'on trouve encore dans le"corbeau"
+de droite qui soutient la terrasse en encorbellement. Larsan, qui
+prevoyait tout et qui songeait a tous les moyens de fuite autour
+de sa chambre -- chose necessaire quand on joue son jeu -- avait
+enfonce prealablement cette cheville dans ce "corbeau". Un pied
+sur la borne qui est au coin du chateau, un autre pied sur la
+cheville, une main a la corniche de la porte du garde, l'autre
+main a la terrasse, et Frederic Larsan disparait dans les airs...
+d'autant mieux qu'il est fort ingambe et que, ce soir-la, il
+n'etait nullement endormi par un narcotique, comme il avait voulu
+nous le faire croire. Nous avions dine avec lui, monsieur le
+president, et, au dessert, il nous joua le coup du monsieur qui
+tombe de sommeil, car il avait besoin d'etre, lui aussi, endormi,
+pour que, le lendemain, on ne s'etonnat point que moi, Joseph
+Rouletabille, j'aie ete victime d'un narcotique en dinant avec
+Larsan. Du moment que nous avions subi le meme sort, les soupcons
+ne l'atteignaient point et s'egaraient ailleurs. Car, moi,
+monsieur le president, moi, j'ai ete bel et bien endormi, et par
+Larsan lui-meme, et comment! ... Si je n'avais pas ete dans ce
+triste etat, jamais Larsan ne se serait introduit dans la chambre
+de Mlle Stangerson ce soir-la, et le malheur ne serait pas arrive!
+..."
+
+On entendit un gemissement. C'etait M. Darzac qui n'avait pu
+retenir sa douloureuse plainte...
+
+"Vous comprenez, ajouta Rouletabille, que, couchant a cote de lui,
+je genais particulierement Larsan, cette nuit-la, car il savait ou
+du moins il pouvait se douter "que, cette nuit-la, je veillais"!
+Naturellement il ne pouvait pas croire une seconde que je le
+soupconnais, lui! Mais je pouvais le decouvrir au moment ou il
+sortait de sa chambre pour se rendre dans celle de Mlle
+Stangerson. Il attendit, cette nuit-la, pour penetrer chez Mlle
+Stangerson, que je fusse endormi et que mon ami Sainclair fut
+occupe dans ma propre chambre a me reveiller. Dix minutes plus
+tard Mlle Stangerson criait a la mort!
+
+-- Comment etiez-vous arrive a soupconner, alors, Frederic Larsan?
+demanda le president.
+
+-- "Le bon bout de ma raison" me l'avait indique, m'sieur le
+president; aussi j'avais l'oeil sur lui; mais c'est un homme
+terriblement fort, et je n'avais pas prevu le coup du narcotique.
+Oui, oui, le bon bout de ma raison me l'avait montre! Mais il me
+fallait une preuve palpable; comme qui dirait: "Le voir au bout de
+mes yeux apres l'avoir vu au bout de ma raison!"
+
+-- Qu'est-ce que vous entendez par "le bon bout de votre raison"?
+
+-- Eh! m'sieur le president, la raison a deux bouts: le bon et le
+mauvais. Il n'y en a qu'un sur lequel vous puissiez vous appuyer
+avec solidite: c'est le bon! On le reconnait a ce que rien ne peut
+le faire craquer, ce bout-la, quoi que vous fassiez! quoi que vous
+disiez! Au lendemain de la "galerie inexplicable", alors que
+j'etais comme le dernier des derniers des miserables hommes qui ne
+savent point se servir de leur raison parce qu'ils ne savent par
+ou la prendre, que j'etais courbe sur la terre et sur les
+fallacieuses traces sensibles, je me suis releve soudain, en
+m'appuyant sur le bon bout de ma raison et je suis monte dans la
+galerie.
+
+"La, je me suis rendu compte que l'assassin que nous avions
+poursuivi n'avait pu, cette fois, "ni normalement, ni
+anormalement" quitter la galerie. Alors, avec le bon bout de ma
+raison, j'ai trace un cercle dans lequel j'ai enferme le probleme,
+et autour du cercle, j'ai depose mentalement ces lettres
+flamboyantes: "Puisque l'assassin ne peut etre en dehors du
+cercle, _il est dedans!"_ Qui vois-je donc, dans ce cercle? Le bon
+bout de ma raison me montre, outre l'assassin qui doit
+necessairement s'y trouver: le pere Jacques, M. Stangerson,
+Frederic Larsan et moi! Cela devait donc faire, avec l'assassin,
+cinq personnages. Or, quand je cherche dans le cercle, ou si vous
+preferez, dans la galerie, pour parler "materiellement", je ne
+trouve que quatre personnages. Et il est demontre que le cinquieme
+n'a pu s'enfuir, n'a pu sortir du cercle! _Donc, j'ai, dans le
+cercle, un personnage qui est deux, c'est-a-dire qui est, outre
+son personnage, le personnage de l'assassin! ... _Pourquoi ne m'en
+etais-je pas apercu deja? Tout simplement parce que le phenomene
+du doublement du personnage ne s'etait pas passe sous mes yeux.
+Avec qui, des quatre personnes enfermees dans le cercle,
+l'assassin a-t-il pu se doubler sans que je l'apercoive?
+Certainement pas avec les personnes qui me sont apparues a un
+moment, _dedoublees de l'assassin_. Ainsi ai-je vu, _en meme
+temps_, dans la galerie, M. Stangerson et l'assassin, le pere
+Jacques et l'assassin, moi et l'assassin._ _L'assassin ne saurait
+donc etre ni M. Stangerson, ni le pere Jacques, ni moi! Et puis,
+si c'etait moi l'assassin, je le saurais bien, n'est-ce pas,
+m'sieur le president? ... Avais-je vu, en meme temps, Frederic
+Larsan et l'assassin? Non! ..._ _Non! Il s'etait passe _deux
+secondes_ pendant lesquelles j'avais perdu de vue l'assassin, car
+celui-ci etait arrive, comme je l'ai du reste note dans mes
+papiers, _deux secondes_ avant M. Stangerson, le pere Jacques et
+moi, au carrefour des deux galeries. Cela avait suffi a Larsan
+pour enfiler la galerie tournante, enlever sa fausse barbe d'un
+tour de main, se retourner et se heurter a nous, comme s'il
+poursuivait l'assassin! ..._ _Ballmeyer en a fait bien d'autres!
+et vous pensez bien que ce n'etait qu'un jeu pour lui de se grimer
+de telle sorte qu'il apparut tantot avec sa barbe rouge a Mlle
+Stangerson, tantot a un employe de poste avec un collier de barbe
+chatain qui le faisait ressembler a M. Darzac, dont il avait jure
+la perte! Oui, le bon bout de ma raison me rapprochait ces deux
+personnages, ou plutot ces deux moities de personnage que je
+n'avais pas vues _en meme temps:_ Frederic Larsan et l'inconnu que
+je poursuivais... pour en faire l'etre mysterieux et formidable
+que je cherchais:_ "_l'assassin".
+
+"Cette revelation me bouleversa. J'essayai de me ressaisir en
+m'occupant un peu des traces sensibles, des signes exterieurs qui
+m'avaient, jusqu'alors, egare, et qu'il fallait, normalement,
+"faire entrer dans le cercle trace par le bon bout de ma raison!"
+
+"Quels etaient, tout d'abord, les principaux signes exterieurs,
+cette nuit-la, qui m'avaient eloigne de l'idee d'un Frederic
+Larsan assassin:
+
+"1 deg. J'avais vu l'inconnu dans la chambre de Mlle Stangerson, et,
+courant a la chambre de Frederic Larsan, j'y avais trouve Frederic
+Larsan, bouffi de sommeil.
+
+"2 deg. L'echelle;
+
+"3 deg. J'avais place Frederic Larsan au bout de la galerie tournante
+en lui disant que j'allais sauter dans la chambre de Mlle
+Stangerson pour essayer de prendre l'assassin. Or, j'etais
+retourne dans la chambre de Mlle Stangerson ou j'avais retrouve
+mon inconnu.
+
+"Le premier signe exterieur ne m'embarrassa guere. Il est probable
+que, lorsque je descendis de mon echelle, apres avoir vu l'inconnu
+dans la chambre de Mlle Stangerson, celui-ci avait deja fini ce
+qu'il avait a y faire. Alors, pendant que je rentrais dans le
+chateau, il rentrait, lui, dans la chambre de Frederic Larsan, se
+deshabillait en deux temps, trois mouvements, et, quand je venais
+frapper a sa porte, montrait un visage de Frederic Larsan
+ensommeille a plaisir...
+
+"Le second signe: l'echelle, ne m'embarrassa pas davantage. Il
+etait evident que, si l'assassin etait Larsan, il n'avait pas
+besoin d'echelle pour s'introduire dans le chateau, puisque Larsan
+couchait a cote de moi; mais cette echelle devait faire croire a
+la venue de l'assassin, "de l'exterieur", chose necessaire au
+systeme de Larsan puisque, cette nuit-la, M. Darzac n'etait pas au
+chateau. Enfin, cette echelle, en tout etat de cause, pouvait
+faciliter la fuite de Larsan.
+
+"Mais le troisieme signe exterieur me deroutait tout a fait. Ayant
+place Larsan au bout de la galerie tournante, je ne pouvais
+expliquer qu'il eut profite du moment ou j'allais dans l'aile
+gauche du chateau trouver M. Stangerson et le pere Jacques, _pour_
+_retourner dans la chambre de Mlle Stangerson!_ C'etait la un
+geste bien dangereux! Il risquait de se faire prendre... Et il le
+savait! ... Et il a failli se faire prendre... n'ayant pas eu le
+temps de regagner son poste, comme il l'avait certainement
+espere... Il fallait qu'il eut, pour retourner dans la chambre,
+une raison bien necessairequi lui fut apparue tout a coup, apres
+mon depart, car il n'aurait pas sans cela prete son revolver!
+Quant a moi, quand "j'envoyai" le pere Jacques au bout de la
+galerie droite, je croyais naturellement que Larsan etait toujours
+a son poste au bout de la galerie tournante et le pere Jacques
+lui-meme, a qui, du reste, je n'avais point donne de details, en
+se rendant a son poste, ne regarda pas, lorsqu'il passa a
+l'intersection des deux galeries, si Larsan etait au sien. Le pere
+Jacques ne songeait alors qu'a executer mes ordres rapidement.
+Quelle etait donc cette raison imprevue qui avait pu conduire
+Larsan une seconde fois dans la chambre? Quelle etait-elle? ... Je
+pensai que ce ne pouvait etre qu'une marque sensible de son
+passage qui le denoncait! Il avait oublie quelque chose de tres
+important dans la chambre! Quoi? ... Avait-il retrouve cette
+chose? ... Je me rappelai la bougie sur le parquet et l'homme
+courbe... Je priai MmeBernier, qui faisait la chambre, de
+chercher... et elle trouva un binocle... Ce binocle, m'sieur le
+president!"
+
+Et Rouletabille sortit de son petit paquet le binocle que nous
+connaissons deja...
+
+"Quand je vis ce binocle, je fus epouvante... Je n'avais jamais vu
+de binocle a Larsan... S'il n'en mettait pas, c'est donc qu'il
+n'en avait pas besoin... Il en avait moins besoin encore alors
+dans un moment ou la liberte de ses mouvements lui etait chose si
+precieuse... Que signifiait ce binocle? ... Il n'entrait point
+dans mon cercle. _A moins qu'il ne fut celui d'un presbyte,_
+m'exclamai-je, tout a coup! ... En effet, je n'avais jamais vu
+ecrire Larsan, je ne l'avais jamais vu lire. Il "pouvait" donc
+etre presbyte! On savait certainement a la Surete qu'il etait
+presbyte, "s'il l'etait..." on connaissait sans doute son
+binocle... Le binocle du "presbyte Larsan" trouve dans la chambre
+de Mlle Stangerson, apres le mystere de la galerie inexplicable,
+cela devenait terrible pour Larsan! Ainsi s'expliquait le retour
+de Larsan dans la chambre! ... Et, en effet, Larsan-Ballmeyer est
+bien presbyte, et ce binocle, que l'on reconnaitra "peut-etre" a
+la Surete, est bien le sien...
+
+"Vous voyez, monsieur, quel est mon systeme, continua
+Rouletabille; je ne demande pas aux signes exterieurs de
+m'apprendre la verite; je leur demande simplement de ne pas aller
+contre la verite que m'a designee le bon bout de ma raison! ...
+
+"Pour etre tout a fait sur de la verite sur Larsan, car Larsan
+assassin etait une exception qui meritait que l'on s'entourat de
+quelque garantie, j'eus le tort de vouloir voir sa "figure". J'en
+ai ete bien puni! Je crois que c'est le bon bout de ma raison qui
+s'est venge de ce que, depuis la galerie inexplicable, je ne me
+sois pas appuye solidement, definitivement et en toute confiance,
+sur lui... negligeant magnifiquement de trouver d'autres preuves
+de la culpabilite de Larsan que celle de ma raison! Alors, Mlle
+Stangerson a ete frappee..."
+
+Rouletabille s'arreta... se mouche... vivement emu.
+
+*
+
+"Mais qu'est-ce que Larsan, demanda le president, venait faire
+dans cette chambre? Pourquoi a-t-il tente d'assassiner a deux
+reprises Mlle Stangerson?
+
+-- Parce qu'il l'adorait, m'sieur le president...
+
+-- Voila evidemment une raison...
+
+-- Oui, m'sieur, une raison peremptoire. Il etait amoureux fou...
+et a cause de cela, et de bien d'autres choses aussi, capable de
+tous les crimes.
+
+-- Mlle Stangerson le savait?
+
+-- Oui, m'sieur, mais elle ignorait, naturellement, que l'individu
+qui la poursuivait ainsi fut Frederic Larsan... sans quoi Frederic
+Larsan ne serait pas venu s'installer au chateau, et n'aurait pas,
+la nuit de la galerie inexplicable, penetre avec nous aupres de
+Mlle Stangerson, "apres l'affaire". J'ai remarque du reste qu'il
+s'etait tenu dans l'ombre et qu'il avait continuellement la face
+baissee... ses yeux devaient chercher le binocle perdu... Mlle
+Stangerson a eu a subir les poursuites et les attaques de Larsan
+sous un nom et sous un deguisement que nous ignorions mais qu'elle
+pouvait connaitre deja.
+
+-- Et vous, monsieur Darzac! demanda le president... vous avez
+peut-etre, a ce propos, recu les confidences de Mlle Stangerson...
+Comment se fait-il que Mlle Stangerson n'ait parle de cela a
+personne? ... Cela aurait pu mettre la justice sur les traces de
+l'assassin... et si vous etes innocent, vous aurait epargne la
+douleur d'etre accuse!
+
+-- Mlle Stangerson ne m'a rien dit, fit M. Darzac.
+
+-- Ce que dit le jeune homme vous parait-il possible?" demanda
+encore le president.
+
+Imperturbablement, M. Robert Darzac repondit:
+
+"Mlle Stangerson ne m'a rien dit...
+
+-- Comment expliquez-vous que, la nuit de l'assassinat du garde,
+reprit le president, en se tournant vers Rouletabille, l'assassin
+ait rapporte les papiers voles a M. Stangerson? ... Comment
+expliquez-vous que l'assassin se soit introduit dans la chambre
+fermee de Mlle Stangerson?
+
+-- Oh! quant a cette derniere question, il est facile, je crois,
+d'y repondre. Un homme comme Larsan-Ballmeyer devait se procurer
+ou faire faire facilement les clefs qui lui etaient necessaires...
+Quant au vol des documents, "je crois" que Larsan n'y avait pas
+d'abord songe. Espionnant partout Mlle Stangerson, bien decide a
+empecher son mariage avec M. Robert Darzac, il suit un jour Mlle
+Stangerson et M. Robert Darzac dans les grands magasins de la
+Louve, s'empare du reticule de Mlle Stangerson, que celle-ci perd
+ou se laisse prendre. Dans ce reticule, il y a une clef a tete de
+cuivre. Il ne sait pas l'importance qu'a cette clef. Elle lui est
+revelee par la note que fait paraitre Mlle Stangerson dans les
+journaux. Il ecrit a Mlle Stangerson poste restante, comme la note
+l'en prie. Il demande sans doute un rendez-vous en faisant savoir
+que celui qui a le reticule et la clef est celui qui la poursuit,
+depuis quelque temps, de son amour. Il ne recoit pas de reponse.
+Il va constater au bureau 40 que la lettre n'est plus la. Il y va,
+ayant pris deja l'allure et autant que possible l'habit de M.
+Darzac, car, decide a tout pour avoir Mlle Stangerson, il a tout
+prepare, pour que, _quoi qu'il arrive, M. Darzac, aime de Mlle
+Stangerson, M. Darzac qu'il deteste et dont il veut la perte,
+passe pour le coupable._
+
+"Je dis: quoi qu'il arrive, mais je pense que Larsan ne pensait
+pas encore qu'il en serait reduit a l'assassinat. Dans tous les
+cas, ses precautions sont prises pour compromettre Mlle Stangerson
+sous le deguisement Darzac. Larsan a, du reste, a peu pres la
+taille de Darzac et quasi le meme pied. Il ne lui serait pas
+difficile, s'il est necessaire, apres avoir dessine l'empreinte du
+pied de M. Darzac, de se faire faire, sur ce dessin, des
+chaussures qu'il chaussera. Ce sont la trucs enfantins pour
+Larsan-Ballmeyer.
+
+"Donc, pas de reponse a sa lettre, pas de rendez-vous, et il a
+toujours la petite clef precieuse dans sa poche. Eh bien, puisque
+Mlle Stangerson ne vient pas a lui, il ira a elle! Depuis
+longtemps son plan est fait. Il s'est documente sur le Glandier et
+sur le pavillon. Un apres-midi, alors que M. et Mlle Stangerson
+viennent de sortir pour la promenade et que le pere Jacques lui-
+meme est parti, il s'introduit dans le pavillon par la fenetre du
+vestibule. Il est seul, pour le moment, il a des loisirs... il
+regarde les meubles... l'un d'eux, fort curieux, et ressemblant a
+un coffre-fort, a une toute petite serrure... Tiens! Tiens! Cela
+l'interesse... Comme il a sur lui la petite clef de cuivre... il y
+pense... liaison d'idees. Il essaye la clef dans la serrure; la
+porte s'ouvre... Des papiers! Il faut que ces papiers soient bien
+precieux pour qu'on les ait enfermes dans un meuble aussi
+particulier... pour qu'on tienne tant a la clef qui ouvre ce
+meuble... Eh! Eh! cela peut toujours servir... a un petit
+chantage... cela l'aidera peut-etre dans ses desseins amoureux...
+Vite, il fait un paquet de ces paperasses et va le deposer dans le
+lavatory du vestibule. Entre l'expedition du pavillon et la nuit
+de l'assassinat du garde, Larsan a eu le temps de voir ce
+qu'etaient ces papiers. Qu'en ferait-il? Ils sont plutot
+compromettants... Cette nuit-la, il les rapporta au chateau...
+Peut-etre a-t-il espere du retour de ces papiers, qui
+representaient vingt ans de travaux, une reconnaissance quelconque
+de Mlle Stangerson... Tout est possible, dans un cerveau comme
+celui-la! ... Enfin, quelle qu'en soit la raison, il a rapporte
+les papiers _et il en etait bien debarrasse!_
+
+Rouletabille toussa et je compris ce que signifiait cette toux. Il
+etait evidemment embarrasse, a ce point de ses explications, par
+la volonte qu'il avait de ne point donner le veritable motif de
+l'attitude effroyable de Larsan vis-a-vis de Mlle Stangerson. Son
+raisonnement etait trop incomplet pour satisfaire tout le monde,
+et le president lui en eut certainement fait l'observation, si,
+malin comme un singe, Rouletabille ne s'etait ecrie: "Maintenant,
+nous arrivons a l'explication du mystere de la Chambre Jaune!"
+
+*
+
+Il y eut, dans la salle, des remuements de chaises, de legeres
+bousculades, des "chut!" energiques. La curiosite etait poussee a
+son comble.
+
+"Mais, fit le president, il me semble, d'apres votre hypothese,
+monsieur Rouletabille, que le mystere de la "Chambre Jaune" est
+tout explique. Et c'est Frederic Larsan qui nous l'a explique lui-
+meme en se contentant de tromper sur le personnage, en mettant M.
+Robert Darzac a sa propre place. Il est evident que la porte de la
+"Chambre Jaune" s'est ouverte quand M. Stangerson etait seul, et
+que le professeur a laisse passer l'homme qui sortait de la
+chambre de sa fille, sans l'arreter, peut-etre meme _sur la priere
+de_ _sa fille_, pour eviter tout scandale! ...
+
+-- Non, m'sieur le president, protesta avec force le jeune homme.
+Vous oubliez que Mlle Stangerson, assommee, ne pouvait plus faire
+de priere, qu'elle ne pouvait plus refermer sur elle ni le verrou
+ni la serrure... Vous oubliez aussi que M. Stangerson a jure sur
+la tete de sa fille a l'agonie _que la porte ne s'etait pas
+ouverte!_
+
+-- C'est pourtant, monsieur, la seule facon d'expliquer les
+choses! _La Chambre Jaune__ etait close comme un coffre-fort._
+Pour me servir de vos expressions, il etait impossible a
+l'assassin de s'en echapper "normalement ou anormalement". Quand
+on penetre dans la chambre, on ne le trouve pas! Il faut bien
+pourtant qu'il s'echappe! ...
+
+-- C'est tout a fait inutile, m'sieur le president...
+
+-- Comment cela?
+
+-- Il n'avait pas besoin de s'echapper, _s'il n'y etait pas!"_
+
+Rumeurs dans la salle...
+
+"Comment, il n'y etait pas?
+
+-- Evidemment non! _Puisqu'il ne pouvait pas y etre, c'est qu'il_
+_n'y etait pas!_ Il faut toujours, m'sieur l'president, s'appuyer
+sur le bon bout de sa raison!
+
+-- Mais toutes les traces de son passage! protesta le president.
+
+-- Ca, m'sieur le president, c'est le mauvais bout de la raison!
+... Le bon bout nous indique ceci: depuis le moment ou Mlle
+Stangerson s'est enfermee dans sa chambre jusqu'au moment ou l'on
+a defonce la porte, il est impossible que l'assassin se soit
+echappe de cette chambre; et, comme on ne l'y trouve pas, c'est
+que, depuis le moment de la fermeture de la porte jusqu'au moment
+ou on la defonce, _l'assassin n'etait pas dans la chambre!_
+
+-- Mais les traces?
+
+-- Eh! m'sieur le president... Ca, c'est les marques sensibles,
+encore une fois... les marques sensibles avec lesquelles on commet
+tant d'erreurs judiciaires _parce qu'elles vous font dire ce_
+_qu'elles veulent!_ Il ne faut point, je vous le repete, s'en
+servir pour raisonner! Il faut raisonner d'abord! Et voir ensuite
+si les marques sensibles peuvent entrer dans le cercle de votre
+raisonnement... J'ai un tout petit cercle de verite incontestable:
+_l'assassin n'etait point dans la Chambre Jaune!_ Pourquoi a-t-on
+cru qu'il y etait? A cause des marques de son passage! Mais il
+peut etre passe _avant!_ Que dis-je: il "doit" etre passe avant.
+La raison me dit qu'il faut qu'il soit passe la, _avant_!
+Examinons les marques et ce que nous savons de l'affaire, et
+voyons si ces marques vont a l'encontre de ce _passage avant...
+avant que Mlle Stangerson s'enferme dans sa chambre, devant son
+pere et le pere Jacques!_
+
+"Apres la publication de l'article du _Matin_ et une conversation
+que j'eus dans le trajet de Paris a Epinay-sur-Orge avec le juge
+d'instruction, la preuve me parut faite que la "Chambre Jaune"
+etait mathematiquement close et que, par consequent, l'assassin en
+avait disparu avant l'entree de Mlle Stangerson dans sa chambre, a
+minuit.
+
+"Les marques exterieures se trouvaient alors etre terriblement
+"contre ma raison". Mlle Stangerson ne s'etait pas assassinee
+toute seule, et ces marques attestaient qu'il n'y avait pas eu
+suicide. L'assassin etait donc venu _avant!_ Mais comment Mlle
+Stangerson n'avait-elle ete assassinee qu'apres? ou plutot "ne
+paraissait-elle" avoir ete assassinee qu'apres? Il me fallait
+naturellement reconstituer l'affaire en deux phases, deux phases
+bien distinctes l'une de l'autre de quelques heures: la premiere
+phase pendant laquelle on avait reellement tente d'assassiner Mlle
+Stangerson, tentative qu'elle avait dissimulee; la seconde phase
+pendant laquelle, a la suite d'un cauchemar qu'elle avait eu, ceux
+qui etaient dans le laboratoire avaient cru qu'on l'assassinait!
+
+"Je n'avais pas encore, alors, penetre dans la "Chambre Jaune".
+Quelles etaient les blessures de Mlle Stangerson? Des marques de
+strangulation et un coup formidable a la tempe... Les marques de
+strangulation ne me genaient pas. Elles pouvaient avoir ete faites
+"avant" et Mlle Stangerson les avait dissimulees sous une
+collerette, un boa, n'importe quoi! Car, du moment que je creais,
+que j'etais oblige de diviser l'affaire en deux phases, j'etais
+accule a la necessite de me dire que _Mlle Stangerson avait_
+_cache tous les evenements de la premiere phase;_ elle avait des
+raisons, sans doute, assez puissantes pour cela, puisqu'elle
+n'avait rien dit a son pere et qu'elle dut raconter naturellement
+au juge d'instruction l'agression de l'assassin _dont elle ne
+pouvait nier le_ _passage,_ comme si cette agression avait eu lieu
+la nuit, pendant la seconde phase! Elle y etait forcee, sans quoi
+son pere lui eut dit: "Que nous as-tu cache la? Que signifie "ton
+silence apres une pareille agression"?"
+
+"Elle avait donc dissimule les marques de la main de l'homme a son
+cou. Mais il y avait le coup formidable de la tempe! Ca, je ne le
+comprenais pas! Surtout quand j'appris que l'on avait trouve dans
+la chambre un os de mouton, arme du crime... Elle ne pouvait avoir
+dissimule qu'on l'avait assommee, et cependant cette blessure
+apparaissait evidemment comme ayant du etre faite pendant la
+premiere phase puisqu'elle necessitait la presence de l'assassin!
+J'imaginai que cette blessure etait beaucoup moins forte qu'on ne
+le disait -- en quoi j'avais tort -- et je pensai que Mlle
+Stangerson avait cache la blessure de la tempe _sous une coiffure
+en bandeaux!_
+
+"Quant a la marque, sur le mur, de la main de l'assassin blessee
+par le revolver de Mlle Stangerson, cette marque avait ete faite
+evidemment "avant" et l'assassin avait ete necessairement blesse
+pendant la premiere phase, c'est-a-dire _pendant qu'il etait_
+_la!_ Toutes les traces du passage de l'assassin avaient ete
+naturellement laissees pendant la premiere phase: L'os de mouton,
+les pas noirs, le beret, le mouchoir, le sang sur le mur, sur la
+porte et par terre... De toute evidence, si ces traces etaient
+encore la, c'est que Mlle Stangerson, qui desirait qu'on ne sut
+rien et qui agissait pour qu'on ne sut rien de cette affaire,
+n'avait pas encore eu le temps de les faire disparaitre! Ce qui me
+conduisait a chercher la premiere phase de l'affaire dans _un
+temps tres_ _rapproche de la seconde._ Si, apres la premiere
+phase, c'est-a-dire apres que l'assassin se fut echappe, apres
+qu'elle-meme eut en hate regagne le laboratoire ou son pere la
+retrouvait, travaillant, -- si elle avait pu penetrer a nouveau un
+instant dans la chambre, elle aurait au moins fait disparaitre,
+tout de suite, l'os de mouton, le beret et le mouchoir qui
+trainaient par terre. Mais elle ne le tenta pas, son pere ne
+l'ayant pas quittee. Apres, donc, cette premiere phase, elle n'est
+entree dans sa chambre qu'a minuit. Quelqu'un y etait entre a dix
+heures: le pere Jacques, qui fit sa besogne de tous les soirs,
+ferma les volets et alluma la veilleuse. Dans son aneantissement
+sur le bureau du laboratoire ou elle feignait de travailler, Mlle
+Stangerson avait sans doute oublie que le pere Jacques allait
+entrer dans sa chambre! Aussi elle a un mouvement: elle prie le
+pere Jacques de ne pas se deranger! De ne pas penetrer dans la
+chambre! Ceci est en toutes lettres dans l'article du _Matin_. Le
+pere Jacques entre tout de meme et ne s'apercoit de rien, tant la
+"Chambre Jaune" est obscure! ... Mlle Stangerson a du vivre la
+deux minutes affreuses! Cependant, je crois qu'elle ignorait qu'il
+y avait tant de marques du passage de l'assassin dans sa chambre!
+Elle n'avait sans doute, apres la premiere phase, eu le temps que
+de dissimuler les traces des doigts de l'homme a son cou et de
+sortir de sa chambre! ... Si elle avait su que l'os, le beret et
+le mouchoir fussent sur le parquet, elle les aurait egalement
+ramasses quand elle est rentree a minuit dans sa chambre... Elle
+ne les a pas vus, elle s'est deshabillee a la clarte douteuse de
+la veilleuse... Elle s'est couchee, brisee par tant d'emotions, et
+par la terreur, la terreur qui ne l'avait fait regagner cette
+chambre que le plus tard possible...
+
+"Ainsi etais-je _oblige_ d'arriver de la sorte a la seconde phase
+du drame, _avec Mlle Stangerson seule dans la chambre, du moment
+qu'on n'avait pas trouve l'assassin dans la chambre..._ Ainsi
+devais-je naturellement faire entrer dans le cercle de mon
+raisonnement les marques exterieures.
+
+"Mais il y avait d'autres marques exterieures a expliquer. Des
+coups de revolver avaient ete tires, pendant la seconde phase. Des
+cris: "Au secours! A l'assassin!" avaient ete proferes! ... Que
+pouvait me designer, en une telle occurrence, le bon bout de ma
+raison? Quant aux cris, d'abord: du moment ou il n'y a pas
+d'assassin dans la chambre, _il y avait forcement cauchemar dans
+la chambre!_
+
+"On entend un grand bruit de meubles renverses. J'imagine... je
+suis oblige d'imaginer ceci: Mlle Stangerson s'est endormie,
+hantee par l'abominable scene de l'apres-midi... elle reve... le
+cauchemar precise ses images rouges... elle revoit l'assassin qui
+se precipite sur elle, elle crie: "A l'assassin! Au secours!" et
+son geste desordonne va chercher le revolver qu'elle a pose, avant
+de se coucher, sur sa table de nuit. Mais cette main heurte la
+table de nuit avec une telle force qu'elle la renverse. Le
+revolver roule par terre, un coup part et va se loger dans le
+plafond... Cette balle dans le plafond me parut, des l'abord,
+devoir etre la balle de l'accident... Elle revelait la possibilite
+de l'accident et arrivait si bien avec mon hypothese de cauchemar
+qu'elle fut une des raisons pour lesquelles je commencai a ne plus
+douter que le crime avait eu lieu _avant,_ et que Mlle Stangerson,
+douee d'un caractere d'une energie peu commune, l'avait cache...
+Cauchemar, coup de revolver... Mlle Stangerson, dans un etat moral
+affreux, est reveillee; elle essaye de se lever; elle roule par
+terre, sans force, renversant les meubles, ralant meme..."A
+l'assassin! Au secours!" et s'evanouit...
+
+"Cependant, on parlait de deux coups de revolver, la nuit, lors de
+la seconde phase. A moi aussi, pour ma these -- ce n'etait plus,
+deja, une hypothese -- il en fallait deux; mais "un" dans chacune
+des phases et non pas deux dans la derniere... un coup pour
+blesser l'assassin, _avant_, et un coup lors du cauchemar,
+_apres!_ Or, etait-il bien sur que, la nuit, deux coups de
+revolver eussent ete tires? Le revolver s'etait fait entendre au
+milieu du fracas de meubles renverses. Dans un interrogatoire, M.
+Stangerson parle d'un coup sourd d'abord, d'un coup eclatant
+ensuite! Si le coup sourd avait ete produit par la chute de la
+table de nuit en marbre sur le plancher? Il est _necessaire_ que
+cette explication soit la bonne. Je fus certain qu'elle etait la
+bonne, quand je sus que les concierges, Bernier et sa femme,
+n'avaient entendu, eux qui etaient tout pres du pavillon, _qu'un
+seul coup de_ _revolver._ Ils l'ont declare au juge d'instruction.
+
+"Ainsi, j'avais presque reconstitue les deux phases du drame quand
+je penetrai, pour la premiere fois, dans la "Chambre Jaune".
+Cependant la gravite de la blessure a la tempe n'entrait pas dans
+le cercle de mon raisonnement. Cette blessure n'avait donc pas ete
+faite par l'assassin avec l'os de mouton, lors de la premiere
+phase, parce qu'elle etait trop grave, que Mlle Stangerson
+n'aurait pu la dissimuler et qu'elle ne l'avait pas dissimulee
+sous une coiffure en bandeaux! Alors, cette blessure avait ete
+"necessairement" faite lors de la seconde phase, au moment du
+cauchemar? C'est ce que je suis alle demander a la "Chambre Jaune"
+et la "Chambre Jaune" m'a repondu!"
+
+Rouletabille tira, toujours de son petit paquet, un morceau de
+papier blanc plie en quatre, et, de ce morceau de papier blanc,
+sortit un objet invisible, qu'il tint entre le pouce et l'index et
+qu'il porta au president:
+
+"Ceci, monsieur le president, est un cheveu, un cheveu blond
+macule de sang, un cheveu de Mlle Stangerson... Je l'ai trouve
+colle a l'un des coins de marbre de la table de nuit renversee...
+Ce coin de marbre etait lui-meme macule de sang. Oh! un petit
+carre rouge de rien du tout! mais fort important! car il
+m'apprenait, ce petit carre de sang, qu'en se levant, affolee, de
+son lit, Mlle Stangerson etait tombee de tout son haut et fort
+brutalement sur ce coin de marbre qui l'avait blessee a la tempe,
+et qui avait retenu ce cheveu, ce cheveu que Mlle Stangerson
+devait avoir sur le front, bien qu'elle ne portat pas la coiffure
+en bandeaux! Les medecins avaient declare que Mlle Stangerson
+avait ete assommee avec un objet _contondant_ et, comme l'os de
+mouton etait la, le juge d'instruction avait immediatement accuse
+l'os de mouton _mais le coin d'une table de nuit en marbre est
+aussi un objet contondant auquel ni les medecins ni le juge
+d'instruction n'avaient songe, et que je n'eusse peut-etre point
+decouvert moi -meme si le bon bout de ma raison ne me l'avait
+indique, ne me l'avait fait pressentir."_
+
+La salle faillit partir, une fois de plus, en applaudissements;
+mais, comme Rouletabille reprenait tout de suite sa deposition, le
+silence se retablit sur-le-champ.
+
+"Il me restait a savoir, en dehors du nom de l'assassin que je ne
+devais connaitre que quelques jours plus tard, a quel moment avait
+eu lieu la premiere phase du drame. L'interrogatoire de Mlle
+Stangerson, bien qu'arrange pour tromper le juge d'instruction, et
+celui de M. Stangerson, devaient me le reveler. Mlle Stangerson a
+donne exactement l'emploi de son temps, ce jour-la. Nous avons
+etabli que l'assassin s'est introduit entre cinq et six dans le
+pavillon; mettons qu'il fut six heures et quart quand le
+professeur et sa fille se sont remis au travail. C'est donc entre
+cinq heures et six heures et quart qu'il faut chercher. Que dis-
+je, cinq heures! mais le professeur est alors avec sa fille... Le
+drame ne pourra s'etre passe que loin du professeur! Il me faut
+donc, dans ce court espace de temps, chercher le moment ou le
+professeur et sa fille seront separes! ... Eh bien, ce moment, je
+le trouve dans l'interrogatoire qui eut lieu dans la chambre de
+Mlle Stangerson, en presence de M. Stangerson. Il y est marque que
+le professeur et sa fille rentrent vers six heures au laboratoire.
+M. Stangerson dit: "A ce moment, je fus aborde par mon garde qui
+_me retint un_ _instant."_ il y a donc conversation avec le garde.
+Le garde parle a M. Stangerson de coupe de bois ou de braconnage;
+Mlle Stangerson n'est plus la; elle a deja regagne le laboratoire
+puisque le professeur dit encore: "Je quittai le garde et je
+rejoignis ma fille qui etait deja au travail!"
+
+"C'est donc dans ces courtes minutes que le drame se deroula.
+C'est necessaire! Je vois tres bien Mlle Stangerson rentrer dans
+le pavillon, penetrer dans sa chambre pour poser son chapeau et se
+trouver en face du bandit qui la poursuit. Le bandit etait la,
+dans le pavillon, depuis un certain temps. Il devait avoir arrange
+son affaire pour que tout se passat la nuit. Il avait alors
+dechausse les chaussures du pere Jacques qui le genaient, dans les
+conditions que j'ai dites au juge d'instruction, il avait opere la
+rafle des papiers, comme je vous l'ai dit tout a l'heure, et il
+s'etait ensuite glisse sous le lit quand le pere Jacques etait
+revenu laver le vestibule et le laboratoire... Le temps lui avait
+paru long... il s'etait releve, apres le depart du pere Jacques,
+avait a nouveau erre dans le laboratoire, etait venu dans le
+vestibule, avait regarde dans le jardin, et avait vu venir, vers
+le pavillon -- car, a ce moment-la, la nuit qui commencait etait
+tres claire -- _Mlle Stangerson, toute seule! _Jamais il n'eut ose
+l'attaquer a cette heure-la s'il n'avait cru etre certain que Mlle
+Stangerson etait seule! Et, pour qu'elle lui apparut seule, il
+fallait que la conversation entre M. Stangerson et le garde qui le
+retenait eut lieu a un coin detourne du sentier, _coin ou se
+trouve un bouquet d'arbres qui les cachait aux yeux du miserable.
+_Alors, son plan est fait. Il va etre plus tranquille, seul avec
+Mlle Stangerson dans ce pavillon, qu'il ne l'aurait ete, en pleine
+nuit, avec le pere Jacques dormant dans son grenier. _Et il dut
+fermer la fenetre du_ _vestibule!_ ce qui explique aussi que ni M.
+Stangerson, ni le garde, du reste assez eloignes encore du
+pavillon, n'ont entendu le coup de revolver.
+
+"Puis il regagna la "Chambre Jaune". Mlle Stangerson arrive. Ce
+qui s'est passe a du etre rapide comme l'eclair! ... Mlle
+Stangerson a du crier... ou plutot a voulu crier son effroi;
+l'homme l'a saisie a la gorge... Peut-etre va-t-il l'etouffer,
+l'etrangler... Mais la main tatonnante de Mlle Stangerson a saisi,
+dans le tiroir de la table de nuit, le revolver qu'elle y a cache
+depuis qu'elle redoute les menaces de l'homme. L'assassin brandit
+deja, sur la tete de la malheureuse, cette arme terrible dans les
+mains de Larsan-Ballmeyer, un os de mouton... Mais elle tire... le
+coup part, blesse la main qui abandonne l'arme. L'os de mouton
+roule par terre, _ensanglante par la blessure de_ _l'assassin..._
+l'assassin chancelle, va s'appuyer a la muraille, y imprime ses
+doigts rouges, craint une autre balle et s'enfuit...
+
+"Elle le voit traverser le laboratoire... Elle ecoute... Que fait-
+il dans le vestibule? ... Il est bien long a sauter par cette
+fenetre... Enfin, il saute! Elle court a la fenetre et la referme!
+... Et maintenant, est-ce que son pere a vu? a entendu? Maintenant
+que le danger a disparu, toute sa pensee va a son pere... douee
+d'une energie surhumaine, elle lui cachera tout, s'il en est temps
+encore! ... Et, quand M. Stangerson reviendra, il trouvera la
+porte de la "Chambre Jaune" fermee, et sa fille, dans le
+laboratoire, penchee sur son bureau, attentive, _au travail,
+deja!"_
+
+Rouletabille se tourne alors vers M. Darzac:
+
+"Vous savez la verite, s'ecria-t-il, dites-nous donc si la chose
+ne s'est pas passee ainsi?
+
+-- Je ne sais rien, repond M. Darzac.
+
+-- Vous etes un heros! fait Rouletabille, en se croisant les
+bras... Mais si Mlle Stangerson etait, helas! en etat de savoir
+que vous etes accuse, elle vous releverait de votre parole... elle
+vous prierait de dire tout ce qu'elle vous a confie... que dis-je,
+elle viendrait vous defendre elle-meme! ..."
+
+M. Darzac ne fit pas un mouvement, ne prononca pas un mot. Il
+regarda tristement Rouletabille.
+
+"Enfin, fit celui-ci, puisque Mlle Stangerson n'est pas la, _il_
+_faut bien que j'y sois, moi!_ Mais, croyez-moi, monsieur Darzac,
+le meilleur moyen, le seul, de sauver Mlle Stangerson et de lui
+rendre la raison, c'est encore de vous faire acquitter!"
+
+Un tonnerre d'applaudissements accueillit cette derniere phrase.
+Le president n'essaya meme pas de refrener l'enthousiasme de la
+salle. Robert Darzac etait sauve. Il n'y avait qu'a regarder les
+jures pour en etre certain! Leur attitude manifestait hautement
+leur conviction.
+
+Le president s'ecria alors:
+
+"Mais enfin, quel est ce mystere qui fait que Mlle Stangerson, que
+l'on tente d'assassiner, dissimule un pareil crime a son pere?
+
+-- Ca, m'sieur, fit Rouletabille, j'sais pas! ... Ca ne me regarde
+pas! ..."
+
+Le president fit un nouvel effort aupres de M. Robert Darzac.
+
+"Vous refusez toujours de nous dire, monsieur, quel a ete l'emploi
+de votre temps pendant qu'"on" attentait a la vie de Mlle
+Stangerson?
+
+-- Je ne peux rien vous dire, monsieur..."
+
+Le president implora du regard une explication de Rouletabille:
+
+"On a le droit de penser, m'sieur le president, que les absences
+de M. Robert Darzac etaient etroitement liees au secret de Mlle
+Stangerson... Aussi M. Darzac se croit-il tenu a garder le
+silence! ... Imaginez que Larsan, qui a, lors de ses trois
+tentatives, tout mis en train pour detourner les soupcons sur M.
+Darzac, ait fixe, justement, ces trois fois-la, des rendez-vous a
+M. Darzac dans un endroit compromettant, rendez-vous ou il devait
+etre traite du mystere... M. Darzac se fera plutot condamner que
+d'avouer quoi que ce soit, que d'expliquer quoi que ce soit qui
+touche au mystere de Mlle Stangerson. Larsan est assez malin pour
+avoir fait encore cette "combinaise-la! ..."
+
+Le president, ebranle, mais curieux, repartit encore:
+
+"Mais quel peut bien etre ce mystere-la?
+
+-- Ah! m'sieur, j'pourrais pas vous dire! fit Rouletabille en
+saluant le president; seulement, je crois que vous en savez assez
+maintenant pour acquitter M. Robert Darzac! ... A moins que Larsan
+ne revienne! mais j'crois pas!" fit-il en riant d'un gros rire
+heureux.
+
+Tout le monde rit avec lui.
+
+"Encore une question, monsieur, fit le president. Nous comprenons,
+toujours en admettant votre these, que Larsan ait voulu detourner
+les soupcons sur M. Robert Darzac, mais quel interet avait-il a
+les detourner aussi sur le pere Jacques? ...
+
+-- "L'interet du policier!" m'sieur! L'interet de se montrer
+debrouillard en annihilant lui-meme ces preuves qu'il avait
+accumulees. C'est tres fort, ca! C'est un truc qui lui a souvent
+servi a detourner les soupcons qui eussent pu s'arreter sur lui-
+meme! Il prouvait l'innocence de l'un, avant d'accuser l'autre.
+Songez, monsieur le president, qu'une affaire comme celle-la
+devait avoir ete longuement "mijotee "a l'avance par Larsan. Je
+vous dis qu'il avait tout etudie et qu'il connaissait les etres et
+tout. Si vous avez la curiosite de savoir comment il s'etait
+documente, vous apprendrez qu'il s'etait fait un moment le
+commissionnaire entre "le laboratoire de la Surete"et M.
+Stangerson, a qui on demandait des "experiences". Ainsi, il a pu,
+avant le crime, penetrer deux fois dans le pavillon. Il etait
+grime de telle sorte que le pere Jacques, depuis, ne l'a pas
+reconnu; mais il a trouve, lui, Larsan, l'occasion de chiper au
+pere Jacques une vieille paire de godillots et un beret hors
+d'usage, que le vieux serviteur de M. Stangerson avait noues dans
+un mouchoir pour les porter sans doute a un de ses amis,
+charbonnier sur la route d'Epinay! Quand le crime fut decouvert,
+le pere Jacques, reconnaissant les objets a part lui, n'eut garde
+de les reconnaitre immediatement! Ils etaient trop compromettants,
+et c'est ce qui vous explique son trouble, a cette epoque, quand
+nous lui en parlions. Tout cela est simple comme bonjour et j'ai
+accule Larsan a me l'avouer. Il l'a du reste fait avec plaisir,
+car, si c'est un bandit -- ce qui ne fait plus, j'ose l'esperer,
+de doute pour personne -- c'est aussi un artiste! ... C'est sa
+maniere de faire, a cet homme, sa maniere a lui... Il a agi de
+meme lors de l'affaire du "Credit universel" et des "Lingots de la
+Monnaie!" Des affaires qu'il faudra reviser, m'sieur le president,
+car il y a quelques innocents dans les prisons depuis que
+Ballmeyer-Larsan appartient a la Surete!"
+
+
+
+XXVIII
+Ou il est prouve qu'on ne pense pas toujours a tout
+
+
+Gros emoi, murmures, bravos! Maitre Henri-Robert deposa des
+conclusions tendant a ce que l'affaire fut renvoyee a une autre
+session pour supplement d'instruction; le ministere public lui-
+meme s'y associa. L'affaire fut renvoyee. Le lendemain, M. Robert
+Darzac etait remis en liberte provisoire, et le pere Mathieu
+beneficiait "d'unnon-lieu"immediat. On chercha vainement Frederic
+Larsan. La preuve de l'innocence etait faite. M. Darzac echappa
+enfin a l'affreuse calamite qui l'avait, un instant, menace, et il
+put esperer, apres une visite a Mlle Stangerson, que celle-ci
+recouvrerait un jour, a force de soins assidus, la raison.
+
+Quant a ce gamin de Rouletabille, il fut, naturellement, "l'homme
+du jour"! A sa sortie du palais de Versailles, la foule l'avait
+porte en triomphe. Les journaux du monde entier publierent ses
+exploits et sa photographie; et lui, qui avait tant interviewe
+d'illustres personnages, fut illustre et interviewe a son tour! Je
+dois dire qu'il ne s'en montra pas plus fier pour ca!
+
+Nous revinmes de Versailles ensemble, apres avoir dine fort
+gaiement au "Chien qui fume". Dans le train, je commencai a lui
+poser un tas de questions qui, pendant le repas, s'etaient
+pressees deja sur mes levres et que j'avais tues toutefois parce
+que je savais que Rouletabille n'aimait pas travailler en
+mangeant.
+
+"Mon ami, fis-je, cette affaire de Larsan est tout a fait sublime
+et digne de votre cerveau heroique."
+
+Ici il m'arreta, m'invitant a parler plus simplement et pretendant
+qu'il ne se consolerait jamais de voir qu'une aussi belle
+intelligence que la mienne etait prete a tomber dans le gouffre
+hideux de la stupidite, et cela simplement a cause de l'admiration
+que j'avais pour lui...
+
+"Je viens au fait, fis-je, un peu vexe. Tout ce qui vient de se
+passer ne m'apprend point du tout ce que vous etes alle faire en
+Amerique. Si je vous ai bien compris: quand vous etes parti la
+derniere fois du Glandier, vous aviez tout devine de Frederic
+Larsan? ... Vous saviez que Larsan etait l'assassin et vous
+n'ignoriez plus rien de la facon dont il avait tente d'assassiner?
+
+-- Parfaitement. Et vous, fit-il, en detournant la conversation,
+vous ne vous doutiez de rien?
+
+-- De rien!
+
+-- C'est incroyable.
+
+-- Mais, mon ami... vous avez eu bien soin de me dissimuler votre
+pensee et je ne vois point comment je l'aurais penetree... Quand
+je suis arrive au Glandier avec les revolvers, "a ce moment
+precis", vous soupconniez deja Larsan?
+
+-- Oui! Je venais de tenir le raisonnement de la "galerie
+inexplicable!" mais le retour de Larsan dans la chambre de Mlle
+Stangerson ne m'avait pas encore ete explique par la decouverte du
+binocle de presbyte... Enfin, mon soupcon n'etait que
+mathematique, et l'idee de Larsan assassin m'apparaissait si
+formidable que j'etais resolu a attendre des "traces sensibles"
+avant d'oser m'y arreter davantage. Tout de meme cette idee me
+tracassait, et j'avais parfois une facon de vous parler du
+policier qui eut du vous mettre en eveil. D'abord je ne mettais
+plus du tout en avant "sa bonne foi" et je ne vous disais plus
+"qu'il se trompait". Je vous entretenais de son systeme comme d'un
+miserable systeme, et le mepris que j'en marquais, qui s'adressait
+dans votre esprit au policier, s'adressait en realite, dans le
+mien, moins au policier qu'au bandit que je le soupconnais
+d'etre!... Rappelez-vous... quand je vous enumerais toutes les
+preuves qui s'accumulaient contre M. Darzac, je vous disais: "Tout
+cela semble donner quelque corps a l'hypothese du grand Fred.
+C'est, du reste, cette hypothese, que je crois fausse, qui
+l'egarera..." et j'ajoutais sur un ton qui eut du vous stupefier:
+"Maintenant, cette hypothese egare-t-elle reellement Frederic
+Larsan? Voila! Voila! Voila! ..."
+
+Ces "voila!" eussent du vous donner a reflechir; il y avait tout
+mon soupcon dans ces "Voila!" Et que signifiait: "egare-t-elle
+reellement?" sinon qu'elle pouvait ne pas l'egarer, lui, mais
+qu'elle etait _destinee a nous egarer, nous!_ Je vous regardais a
+ce moment et vous n'avez pas tressailli, vous n'avez pas
+compris... J'en ai ete enchante, car, jusqu'a la decouverte du
+binocle, je ne pouvais considerer le crime de Larsan que comme une
+absurde hypothese... Mais, apres la decouverte du binocle qui
+m'expliquait le retour de Larsan dans la chambre de Mlle
+Stangerson... voyez ma joie, mes transports... Oh! Je me souviens
+tres bien! Je courais comme un fou dans ma chambre et je vous
+criais: "Je roulerai le grand Fred! je le roulerai d'une facon
+retentissante!" Ces paroles s'adressaient alors au bandit. Et, le
+soir meme, quand, charge par M. Darzac de surveiller la chambre de
+Mlle Stangerson, je me bornai jusqu'a dix heures du soir a diner
+avec Larsan sans prendre aucune mesure autre, _tranquille parce
+qu'il_ _etait la,_ en face de moi! a ce moment encore, cher ami,
+vous auriez pu soupconner que c'etait seulement cet homme-la que
+je redoutais... Et quand je vous disais, au moment ou nous
+parlions de l'arrivee prochaine de l'assassin: "Oh! je suis bien
+sur que Frederic Larsan sera la cette nuit! ..."
+
+"Mais il y a une chose capitale qui eut pu, qui eut du nous
+eclairer tout a fait et tout de suite sur le criminel, une chose
+qui nous denoncait Frederic Larsan et que nous avons laissee
+echapper, _vous et moi! ..._
+
+"Auriez-vous donc oublie l'histoire de la canne?
+
+"Oui, en dehors du raisonnement qui, pour tout "esprit logique",
+denoncait Larsan, il y avait l'"histoire de la canne"qui le
+denoncait a tout "esprit observateur".
+
+"J'ai ete tout a fait etonne -- apprenez-le donc -- qu'a
+l'instruction, Larsan ne se fut pas servi de la canne contre M.
+Darzac. Est-ce que cette canne n'avait pas ete achetee le soir du
+crime par un homme dont le signalement repondait a celui de M.
+Darzac? Eh bien, tout a l'heure, j'ai demande a Larsan lui-meme,
+avant qu'il prit le train pour disparaitre, je lui ai demande
+pourquoi il n'avait pas use de la canne. Il m'a repondu qu'il n'en
+avait jamais eu l'intention; que, dans sa pensee, il n'avait
+jamais rien imagine contre M. Darzac avec cette canne et que nous
+l'avions fort embarrasse, le soir du cabaret d'Epinay, _en lui_
+_prouvant qu'il nous mentait!_ Vous savez qu'il disait qu'il avait
+eu cette canne a Londres; or, la marque attestait qu'elle etait de
+Paris! Pourquoi, a ce moment, au lieu de penser: "Fred ment; il
+etait a Londres; il n'a pas pu avoir cette canne de Paris, a
+Londres?"; Pourquoi ne nous sommes-nous pas dit: "Fred ment. Il
+n'etait pas a Londres, puisqu'il a achete cette canne a Paris!"
+Fred menteur, Fred a Paris, au moment du crime! C'est un point de
+depart de soupcon, cela! Et quand, apres votre enquete chez
+Cassette, vous nous apprenez que cette canne a ete achetee par un
+homme qui est habille comme M. Darzac, alors que nous sommes surs,
+d'apres la parole de M. Darzac lui-meme, que ce n'est pas lui qui
+a achete cette canne, alors que nous sommes surs, grace a
+l'histoire du bureau de poste 40, _qu'il y a a_ _Paris un homme
+qui prend la silhouette Darzac,_ alors que nous nous demandons
+quel est donc cet homme qui, deguise en Darzac, se presente le
+soir du crime chez Cassette pour acheter une canne que nous
+retrouvons entre les mains de Fred, comment? comment? comment ne
+nous sommes-nous pas dit un instant: "Mais... mais... mais... cet
+inconnu deguise en Darzac qui achete une canne que Fred a entre
+les mains, ... si c'etait... si c'etait... Fred lui-meme? ..."
+Certes, sa qualite d'agent de la Surete n'etait point propice a
+une pareille hypothese; mais, quand nous avions constate
+l'acharnement avec lequel Fred accumulait les preuves contre
+Darzac, la rage avec laquelle il poursuivait le malheureux... nous
+aurions pu etre frappes par un mensonge de Fred aussi important
+que celui qui le faisait entrer en possession, a Paris, d'une
+canne _qu'il ne pouvait avoir eue a Londres_. Meme, s'il l'avait
+trouvee a Paris, le mensonge de Londres n'en existait pas moins.
+Tout le monde le croyait a Londres, meme ses chefs et il achetait
+une canne a Paris! Maintenant, comment se faisait-il que, pas une
+seconde, il n'en usa comme d'une canne trouvee _autour de M.
+Darzac! _C'est bien simple! C'est tellement simple que nous n'y
+avons pas pense... Larsan l'avait achetee, apres avoir ete blesse
+legerement a la main par la balle de Mlle Stangerson, _uniquement
+pour avoir un maintien, pour avoir toujours la main refermee, pour
+n'etre point tente d'ouvrir la main et de montrer sa blessure
+interieure? _Comprenez-vous? ... Voila ce qu'il m'a dit, Larsan,
+et je me rappelle vous avoir repete souvent combien je trouvais
+bizarre "que sa main ne quittat pas cette canne". A table, quand
+je dinais avec lui, il n'avait pas plutot quitte cette canne qu'il
+s'emparait d'un couteau dont sa main droite ne se separait plus.
+Tous ces details me sont revenus quand mon idee se fut arretee sur
+Larsan, c'est-a-dire trop tard pour qu'ils me fussent d'un
+quelconque secours. C'est ainsi que, le soir ou Larsan a simule
+devant nous le sommeil, je me suis penche sur lui et, tres
+habilement, j'ai pu voir, sans qu'il s'en doutat, dans sa main. Il
+ne s'y trouvait plus qu'une bande legere de taffetas qui
+dissimulait ce qui restait d'une blessure legere. Je constatai
+qu'il eut pu pretendre a ce moment que cette blessure lui avait
+ete faite par toute autre chose qu'une balle de revolver. Tout de
+meme, pour moi, a cette heure-la, c'etait un nouveau signe
+exterieur qui entrait dans le cercle de mon raisonnement. La
+balle, m'a dit tout a l'heure Larsan, n'avait fait que lui
+effleurer la paume et avait determine une assez abondante
+hemorragie.
+
+"Si nous avions ete plus perspicaces, au moment du mensonge de
+Larsan, et plus... dangereux... il est certain que celui-ci eut
+sorti, pour detourner les soupcons, _l'histoire que nous_ _avions
+imaginee pour lui,_ l'histoire de la decouverte de la canne autour
+de Darzac; mais les evenements se sont tellement precipites que
+nous n'avons plus pense a la canne! Tout de meme nous l'avons fort
+ennuye, Larsan-Ballmeyer, sans que nous nous en doutions!
+
+-- Mais, interrompis-je, s'il n'avait aucune intention, en
+achetant la canne, contre Darzac, pourquoi avait-il alors la
+silhouette Darzac? Le pardessus mastic? Le melon? Etc.
+
+-- Parce qu'il arrivait du crime et qu'aussitot le crime commis,
+il avait repris le deguisement Darzac qui l'a toujours accompagne
+dans son oeuvre criminelle dans l'intention que vous savez!
+
+"Mais deja, vous pensez bien, _sa main blessee l'ennuyait_ et il
+eut, en passant avenue de l'Opera, l'idee d'acheter une canne,
+idee qu'il realisa sur-le-champ! ... Il etait huit heures! Un
+homme, avec la silhouette Darzac, qui achete une canne que je
+trouve dans les mains de Larsan! ... Et moi, moi qui avais devine
+que _le drame_ _avait deja eu lieu_ a cette heure-la, _qu'il
+venait d'avoir lieu,_ qui etais a peu pres persuade de l'innocence
+de Darzac je ne soupconne pas Larsan! ... il y a des moments...
+
+-- Il y a des moments, fis-je, ou les plus vastes
+intelligences..."
+
+Rouletabille me ferma la bouche... Et comme je l'interrogeais
+encore, je m'apercus qu'il ne m'ecoutait plus... Rouletabille
+dormait. J'eus toutes les peines du monde a le tirer de son
+sommeil quand nous arrivames a Paris.
+
+
+
+XXIX
+Le mystere de Mlle Stangerson
+
+
+Les jours suivants, j'eus l'occasion de lui demander encore ce
+qu'il etait alle faire en Amerique. Il ne me repondit guere d'une
+facon plus precise qu'il ne l'avait fait dans le train de
+Versailles, et il detourna la conversation sur d'autres points de
+l'affaire.
+
+Il finit, un jour, par me dire:
+
+"Mais comprenez donc que j'avais besoin de connaitre la veritable
+personnalite de Larsan!
+
+-- Sans doute, fis-je, mais pourquoi alliez-vous la chercher en
+Amerique? ..."
+
+Il fuma sa pipe et me tourna le dos. Evidemment, je touchais au
+"mystere de Mlle Stangerson". Rouletabille avait pense que ce
+mystere, qui liait d'une facon si terrible Larsan a Mlle
+Stangerson, mystere dont il ne trouvait, lui, Rouletabille, aucune
+explication dans la vie de Mlle Stangerson, "en France", il avait
+pense, dis-je, que ce mystere "devait avoir son origine dans la
+vie de Mlle Stangerson, en Amerique". Et il avait pris le bateau!
+La-bas, il apprendrait qui etait ce Larsan, il acquerrait les
+materiaux necessaires a lui fermer la bouche... Et il etait parti
+pour Philadelphie!
+
+Et maintenant, quel etait ce mystere qui avait "commande le
+silence" a Mlle Stangerson et a M. Robert Darzac? Au bout de tant
+d'annees, apres certaines publications de la presse a scandale,
+maintenant que M. Stangerson sait tout et a tout pardonne, on peut
+tout dire. C'est, du reste, tres court, et cela remettra les
+choses au point, car il s'est trouve de tristes esprits pour
+accuser Mlle Stangerson qui, en toute cette sinistre affaire, fut
+toujours victime, "depuis le commencement".
+
+Le commencement remontait a une epoque lointaine ou, jeune fille,
+elle habitait avec son pere a Philadelphie. La, elle fit la
+connaissance, dans une soiree, chez un ami de son pere, d'un
+compatriote, un Francais qui sut la seduire par ses manieres, son
+esprit, sa douceur et son amour. On le disait riche. Il demanda la
+main de Mlle Stangerson au celebre professeur. Celui-ci prit des
+renseignements sur M. Jean Roussel, et, des l'abord, il vit qu'il
+avait affaire a un chevalier d'industrie. Or, M. Jean Roussel,
+vous l'avez devine, n'etait autre qu'une des nombreuses
+transformations du fameux Ballmeyer, poursuivi en France, refugie
+en Amerique. Mais M. Stangerson n'en savait rien; sa fille non
+plus. Celle-ci ne devait l'apprendre que dans les circonstances
+suivantes: M. Stangerson avait, non seulement refuse la main de sa
+fille a M. Roussel, mais encore il lui avait interdit l'acces de
+sa demeure. La jeune Mathilde, dont le coeur s'ouvrait a l'amour,
+et qui ne voyait rien au monde de plus beau ni de meilleur que son
+Jean, en fut outree. Elle ne cacha point son mecontentement a son
+pere qui l'envoya se calmer sur les bords de l'Ohio, chez une
+vieille tante qui habitait Cincinnati. Jean rejoignit Mathilde la-
+bas et, malgre la grande veneration qu'elle avait pour son pere,
+Mlle Stangerson resolut de tromper la surveillance de la vieille
+tante, et de s'enfuir avec Jean Roussel, bien decides qu'ils
+etaient tous les deux a profiter des facilites des lois
+americaines pour se marier au plus tot. Ainsi fut fait. Ils
+fuirent donc, pas loin, jusqu'a Louisville. La, un matin, on vint
+frapper a leur porte. C'etait la police qui desirait arreter M.
+Jean Roussel, ce qu'elle fit, malgre ses protestations et les cris
+de la fille du professeur Stangerson. En meme temps, la police
+apprenait a Mathilde que "son mari" n'etait autre que le trop
+fameux Ballmeyer! ...
+
+Desesperee, apres une vaine tentative de suicide, Mathilde
+rejoignit sa tante a Cincinnati. Celle-ci faillit mourir de joie
+de la revoir. Elle n'avait cesse, depuis huit jours, de faire
+rechercher Mathilde partout, et n'avait pas encore ose avertir le
+pere. Mathilde fit jurer a sa tante que M. Stangerson ne saurait
+jamais rien! C'est bien ainsi que l'entendait la tante, qui se
+trouvait coupable de legerete dans cette si grave circonstance.
+Mlle Mathilde Stangerson, un mois plus tard, revenait aupres de
+son pere, repentante, le coeur mort a l'amour, et ne demandant
+qu'une chose: ne plus jamais entendre parler de son mari, le
+terrible Ballmeyer -- arriver a se pardonner sa faute a elle-meme,
+et se relever devant sa propre conscience par une vie de travail
+sans borne et de devouement a son pere!
+
+Elle s'est tenue parole. Cependant, dans le moment ou, apres avoir
+tout avoue a M. Robert Darzac, alors qu'elle croyait Ballmeyer
+defunt, car le bruit de sa mort avait courut, elle s'etait
+accordee la joie supreme, apres avoir tant expie, de s'unir a un
+ami sur, le destin lui avait ressuscite Jean Roussel, le Ballmeyer
+de sa jeunesse! Celui-ci lui avait fait savoir qu'il ne
+permettrait jamais son mariage avec M. Robert Darzac et qu'"il
+l'aimait toujours!" ce qui, helas! etait vrai.
+
+Mlle Stangerson n'hesita pas a se confier a M. Robert Darzac; elle
+lui montra cette lettre ou Jean Roussel-Frederic Larsan-Ballmeyer
+lui rappelait les premieres heures de leur union dans ce petit et
+charmant presbytere qu'ils avaient loue a Louisville: "... Le
+presbytere n'a rien perdu de son charme, ni le jardin de son
+eclat." Le miserable se disait riche et emettait la pretention "de
+la ramener la-bas"! Mlle Stangerson avait declare a M. Darzac que,
+si son pere arrivait a soupconner un pareil deshonneur, "elle se
+tuerait"! M. Darzac s'etait jure qu'il ferait taire cet Americain,
+soit par la terreur, soit par la force, dut-il commettre un crime!
+Mais M. Darzac n'etait pas de force, et il aurait succombe sans ce
+brave petit bonhomme de Rouletabille.
+
+Quant a Mlle Stangerson, que vouliez-vous qu'elle fit, en face du
+monstre? Une premiere fois, quand, apres des menaces prealables
+qui l'avaient mise sur ses gardes, il se dressa devant elle, dans
+la "Chambre Jaune", elle essaya de le tuer. Pour son malheur, elle
+n'y reussit pas. Des lors, elle etait la victime assuree de cet
+etre invisible "qui pouvait la faire chanter jusqu'a la mort", qui
+habitait chez elle, a ses cotes, sans qu'elle le sut, qui exigeait
+des rendez-vous "au nom de leur amour". La premiere fois, elle lui
+avait "refuse" ce rendez-vous, "reclame dans la lettre du bureau
+40"; il en etait resulte le drame de la "Chambre Jaune". La
+seconde fois, avertie par une nouvelle lettre de lui, lettre
+arrivee par la poste, et qui etait venue la trouver normalement
+dans sa chambre de convalescente, "elle avait fui le rendez-vous",
+en s'enfermant dans son boudoir avec ses femmes. Dans cette
+lettre, le miserable l'avait prevenue, que, puisqu'elle ne pouvait
+se deranger, "vu son etat", il irait chez elle, et serait dans sa
+chambre telle nuit, a telle heure... qu'elle eut a prendre toute
+disposition pour eviter le scandale... Mathilde Stangerson,
+sachant qu'elle avait tout a redouter de l'audace de Ballmeyer,
+"lui avait abandonne sa chambre"... Ce fut l'episode de la
+"galerie inexplicable". La troisieme fois, elle avait "prepare le
+rendez-vous". C'est qu'avant de quitter la chambre vide de Mlle
+Stangerson, la nuit de la "galerie inexplicable", Larsan lui avait
+ecrit, comme nous devons nous le rappeler, une derniere lettre,
+dans sa chambre meme, et l'avait laissee sur le bureau de sa
+victime; cette lettre exigeait un rendez-vous "effectif" dont il
+fixa ensuite la date et l'heure, "lui promettant de lui rapporter
+les papiers de son pere, et la menacant de les bruler si elle se
+derobait encore". Elle ne doutait point que le miserable n'eut en
+sa possession ces papiers precieux; il ne faisait la sans doute
+que renouveler un celebre larcin, car elle le soupconnait depuis
+longtemps d'avoir, "avec sa complicite inconsciente", vole lui-
+meme, autrefois, les fameux papiers de Philadelphie, dans les
+tiroirs de son pere! ... Et elle le connaissait assez pour
+imaginer que si elle ne se pliait point a sa volonte, tant de
+travaux, tant d'efforts, et tant de scientifiques espoirs ne
+seraient bientot plus que de la cendre! ... Elle resolut de le
+revoir une fois encore, face a face, cet homme qui avait ete son
+epoux... et de tenter de le flechir... puisqu'elle ne pouvait
+l'eviter! ... On devine ce qui s'y passa... Les supplications de
+Mathilde, la brutalite de Larsan... Il exige qu'elle renonce a
+Darzac... Elle proclame son amour... Et il la frappe... "avec la
+pensee arretee de faire monter l'autre sur l'echafaud!" car il est
+habile, lui, et le masque Larsan qu'il va se reposer sur la
+figure, le sauvera... pense-t-il... tandis que l'autre... l'autre
+ne pourra pas, cette fois encore, donner l'emploi de son temps...
+De ce cote, les precautions de Ballmeyer sont bien prises... et
+l'inspiration en a ete des plus simples, ainsi que l'avait devine
+le jeune Rouletabille...
+
+Larsan fait chanter Darzac comme il fait chanter Mathilde... avec
+les memes armes, avec le meme mystere... Dans des lettres,
+pressantes comme des ordres, il se declare pret a traiter, a
+livrer toute la correspondance amoureuse d'autrefois et surtout "a
+disparaitre..." si on veut y mettre le prix... Darzac doit aller
+aux rendez-vous qu'il lui fixe, sous menace de divulgation des le
+lendemain, comme Mathilde doit subir les rendez-vous qu'il lui
+donne... Et, dans l'heure meme que Ballmeyer agit en assassin
+aupres de Mathilde, Robert debarque a Epinay, ou un complice de
+Larsan, un etre bizarre, "une creature d'un autre monde", que nous
+retrouverons un jour, le retient de force, et "lui fait perdre son
+temps, en attendant que cette coincidence, dont l'accuse de demain
+ne pourra se resoudre a donner la raison, lui fasse perdre la
+tete..."
+
+Seulement, Ballmeyer avait compte sans notre Joseph Rouletabille!
+
+*
+
+Ce n'est pas a cette heure que voila explique "le mystere de la
+Chambre Jaune, que nous suivrons pas a pas Rouletabille en
+Amerique. Nous connaissons le jeune reporter, nous savons de quels
+moyens puissants d'information, loges dans les deux bosses de son
+front, il disposait "pour remonter toute l'aventure de Mlle
+Stangerson et de Jean Roussel". A Philadelphie, il fut renseigne
+tout de suite en ce qui concernait Arthur-William Rance; il apprit
+son acte de devouement, mais aussi le prix dont il avait garde la
+pretention de se le faire payer. Le bruit de son mariage avec Mlle
+Stangerson avait couru autrefois les salons de Philadelphie... Le
+peu de discretion du jeune savant, la poursuite inlassable dont il
+n'avait cesse de fatiguer Mlle Stangerson, meme en Europe, la vie
+desordonnee qu'il menait sous pretexte de "noyer ses chagrins",
+tout cela n'etait point fait pour rendre Arthur Rance sympathique
+a Rouletabille, et ainsi s'explique la froideur avec laquelle il
+l'accueillit dans la salle des temoins. Tout de suite il avait du
+reste juge que l'affaire Rance n'entrait point dans l'affaire
+Larsan-Stangerson. Et il avait decouvert le flirt formidable
+Roussel-Mlle Stangerson. Qui etait ce Jean Roussel? Il alla de
+Philadelphie a Cincinnati, refaisant le voyage de Mathilde. A
+Cincinnati, il trouva la vieille tante et sut la faire parler:
+l'histoire de l'arrestation de Ballmeyer lui fut une lueur qui
+eclaira tout. Il put visiter, a Louisville, le "presbytere"-- une
+modeste et jolie demeure dans le vieux style colonial -- qui
+n'avait en effet "rien perdu de son charme". Puis, abandonnant la
+piste de Mlle Stangerson, il remonta la piste Ballmeyer, de prison
+en prison, de bagne en bagne, de crime en crime; enfin, quand il
+reprenait le bateau pour l'Europe sur les quais de New-York,
+Rouletabille savait que, sur ces quais memes, Ballmeyer s'etait
+embarque cinq ans auparavant, ayant en poche les papiers d'un
+certain Larsan, honorable commercant de la Nouvelle-Orleans, qu'il
+venait d'assassiner...
+
+Et maintenant, connaissez-vous tout le mystere de Mlle Stangerson?
+Non, pas encore. _Mlle Stangerson avait eu de son_ _mari Jean
+Roussel un enfant, un garcon._ Cet enfant etait ne chez la vieille
+tante qui s'etait si bien arrangee que nul n'en sut jamais rien en
+Amerique. Qu'etait devenu ce garcon? Ceci est une autre histoire
+que je vous conterai un jour.
+
+*
+
+Deux mois environ apres ces evenements, je rencontrai Rouletabille
+assis melancoliquement sur un banc du palais de justice.
+
+"Eh bien! lui dis-je, a quoi songez-vous, mon cher ami? Vous avez
+l'air bien triste. Comment vont vos amis?
+
+-- En dehors de vous, me dit-il, ai-je vraiment des amis?
+
+-- Mais j'espere que M. Darzac...
+
+-- Sans doute...
+
+-- Et que Mlle Stangerson... Comment va-t-elle, Mlle Stangerson?
+...
+
+-- Beaucoup mieux... mieux... beaucoup mieux...
+
+-- Alors il ne faut pas etre triste...
+
+-- Je suis triste, fit-il, parce que je songe au _parfum de la
+dame en noir..._
+
+-- _le parfum de la dame en noir!_ Je vous en entends toujours
+parler! M'expliquerez-vous, enfin, pourquoi il vous poursuit avec
+cette assiduite?
+
+-- Peut-etre, un jour... un jour, peut-etre..." fit Rouletabille.
+
+Et il poussa un gros soupir.
+
+
+ [1] textuel
+
+
+
+
+
+
+End of Project Gutenberg's Le mystere de la chambre jaune, by Gaston Leroux
+
+*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LE MYSTERE DE LA CHAMBRE JAUNE ***
+
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+Updated editions will replace the previous one--the old editions
+will be renamed.
+
+Creating the works from public domain print editions means that no
+one owns a United States copyright in these works, so the Foundation
+(and you!) can copy and distribute it in the United States without
+permission and without paying copyright royalties. Special rules,
+set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to
+copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to
+protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark. Project
+Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you
+charge for the eBooks, unless you receive specific permission. If you
+do not charge anything for copies of this eBook, complying with the
+rules is very easy. You may use this eBook for nearly any purpose
+such as creation of derivative works, reports, performances and
+research. They may be modified and printed and given away--you may do
+practically ANYTHING with public domain eBooks. Redistribution is
+subject to the trademark license, especially commercial
+redistribution.
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+
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+*** START: FULL LICENSE ***
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+
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+things that you can do with most Project Gutenberg-tm electronic works
+even without complying with the full terms of this agreement. See
+paragraph 1.C below. There are a lot of things you can do with Project
+Gutenberg-tm electronic works if you follow the terms of this agreement
+and help preserve free future access to Project Gutenberg-tm electronic
+works. See paragraph 1.E below.
+
+1.C. The Project Gutenberg Literary Archive Foundation ("the Foundation"
+or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project
+Gutenberg-tm electronic works. Nearly all the individual works in the
+collection are in the public domain in the United States. If an
+individual work is in the public domain in the United States and you are
+located in the United States, we do not claim a right to prevent you from
+copying, distributing, performing, displaying or creating derivative
+works based on the work as long as all references to Project Gutenberg
+are removed. Of course, we hope that you will support the Project
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+ money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the
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+ of receipt of the work.
+
+- You comply with all other terms of this agreement for free
+ distribution of Project Gutenberg-tm works.
+
+1.E.9. If you wish to charge a fee or distribute a Project Gutenberg-tm
+electronic work or group of works on different terms than are set
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+Foundation as set forth in Section 3 below.
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+receive the work electronically in lieu of a refund. If the second copy
+is also defective, you may demand a refund in writing without further
+opportunities to fix the problem.
+
+1.F.4. Except for the limited right of replacement or refund set forth
+in paragraph 1.F.3, this work is provided to you 'AS-IS' WITH NO OTHER
+WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO
+WARRANTIES OF MERCHANTIBILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE.
+
+1.F.5. Some states do not allow disclaimers of certain implied
+warranties or the exclusion or limitation of certain types of damages.
+If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the
+law of the state applicable to this agreement, the agreement shall be
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+the applicable state law. The invalidity or unenforceability of any
+provision of this agreement shall not void the remaining provisions.
+
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+that arise directly or indirectly from any of the following which you do
+or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg-tm
+work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any
+Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause.
+
+
+Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
+
+Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
+electronic works in formats readable by the widest variety of computers
+including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists
+because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
+people in all walks of life.
+
+Volunteers and financial support to provide volunteers with the
+assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's
+goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
+remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
+Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
+and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
+To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
+and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
+and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.
+
+
+Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
+Foundation
+
+The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
+501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
+state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
+Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
+number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
+http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
+permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
+
+The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
+Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
+throughout numerous locations. Its business office is located at
+809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
+business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
+information can be found at the Foundation's web site and official
+page at http://pglaf.org
+
+For additional contact information:
+ Dr. Gregory B. Newby
+ Chief Executive and Director
+ gbnewby@pglaf.org
+
+
+Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation
+
+Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
+spread public support and donations to carry out its mission of
+increasing the number of public domain and licensed works that can be
+freely distributed in machine readable form accessible by the widest
+array of equipment including outdated equipment. Many small donations
+($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
+status with the IRS.
+
+The Foundation is committed to complying with the laws regulating
+charities and charitable donations in all 50 states of the United
+States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
+considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
+with these requirements. We do not solicit donations in locations
+where we have not received written confirmation of compliance. To
+SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
+particular state visit http://pglaf.org
+
+While we cannot and do not solicit contributions from states where we
+have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
+against accepting unsolicited donations from donors in such states who
+approach us with offers to donate.
+
+International donations are gratefully accepted, but we cannot make
+any statements concerning tax treatment of donations received from
+outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
+
+Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
+methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
+ways including including checks, online payments and credit card
+donations. To donate, please visit: http://pglaf.org/donate
+
+
+Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic
+works.
+
+Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
+concept of a library of electronic works that could be freely shared
+with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
+Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.
+
+
+Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
+editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
+unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily
+keep eBooks in compliance with any particular paper edition.
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