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+
+This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and
+most other parts of the world at no cost and with almost no restrictions
+whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms
+of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at
+www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you
+will have to check the laws of the country where you are located before
+using this eBook.
+
+Title: Victor Hugo à vingt ans
+ Glanes romantiques
+
+Author: Pierre Dufay
+
+Release Date: November 28, 2021 [eBook #66834]
+
+Language: French
+
+Character set encoding: UTF-8
+
+Produced by: Laurent Vogel, Pierre Lacaze and the Online Distributed
+ Proofreading Team at https://www.pgdp.net (This file was
+ produced from images generously made available by The Internet
+ Archive/Canadian Libraries)
+
+*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK VICTOR HUGO À VINGT ANS ***
+
+VICTOR HUGO A VINGT ANS
+
+
+
+
+_DU MEME AUTEUR_
+
+
+Un chapitre inédit de l'Histoire du Costume.--Le
+Pantalon féminin. Préface d'Armand Silvestre
+(Ch. Carrington) 1 vol.
+
+_Etude iconographique sur Ronsard._ Le Portrait,
+le buste et l'épitaphe de Ronsard au
+musée de Blois (H. Champion) 1 vol.
+
+Le Tombeau de Jean de Morvillier et les
+Pleureuses de Germain Pilon (H. Champion) 1 vol.
+
+
+_Sous presse._
+
+Napoléon en Loir-et-Cher. _Blois, 3 avril,
+13 août 1808. Vendôme, 14 août, 30 octobre
+1808, 22 janvier 1809._--Les Gardes
+d'honneur.
+
+
+
+
+PIERRE DUFAY
+
+
+Victor Hugo
+
+à vingt ans
+
+
+--_GLANES ROMANTIQUES_--
+
+PARIS
+
+MERCVRE DE FRANCE
+
+XXVI, RVE DE CONDÉ, XXVI
+
+MCMIX
+
+JUSTIFICATION DU TIRAGE:
+
+Droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays.
+
+
+A
+
+MONSIEUR LÉON SÉCHÉ,
+
+_en témoignage de haute et de vive sympathie_.
+
+
+
+
+I
+
+La Jeunesse et les débuts.--Mme Hugo.--Le général Hugo.--Premiers
+succès académiques.--Le _Conservateur littéraire_.--Les _Odes et
+Poésies diverses_.--La seconde femme du Général: Marie-Catherine Thomas
+y Saëtoni, veuve Anaclet d'Almeg.
+
+
+La Bibliothèque de Blois, assez pauvre en manuscrits, a la bonne
+fortune de posséder une quarantaine de lettres autographes de Victor
+Hugo à son père, le général Hugo.
+
+Elles ont trouvé place par extraits dans le tome premier de la
+_Correspondance_ de Victor Hugo[1] et ont fourni à M. Louis Belton,
+avocat à Blois, matière à une fort attachante étude: _Victor Hugo et
+son Père, le général Hugo à Blois_[2].
+
+[Note 1: Victor Hugo: _Correspondance, 1815-1835_. Paris,
+Calmann-Lévy, 1896; in-8º de 383 pp. _Lettres au général Hugo_, pp.
+166-215.]
+
+[Note 2: Louis Belton: _Victor Hugo et son père, le général Hugo_ à
+Blois, d'après les lettres de Victor Hugo conservées à la Bibliothèque
+de Blois et divers documents inédits.
+
+Publiée d'abord dans le tome XVI des _Mémoires de la Société des
+Sciences et Lettres de Loir-et-Cher_, pp. 9-85, cette étude a été
+l'objet d'un élégant tirage à part. Blois, Typ. et Lith. C. Migault et
+Cie, 1902, in-8º de 81 pp.
+
+Cette étude fort bien faite a été souvent mise à contribution au cours
+de ce travail. Des notes, que je ferai suivre des initiales L. B., y
+ont, même, été textuellement empruntées.]
+
+Embrassant une période de quatre ans,--la première est du 4 juillet
+1822 et la dernière du 4 novembre 1826,--ces lettres offrent le très
+vif intérêt d'avoir été écrites par le poète de vingt à vingt-quatre
+ans, à la veille et au lendemain de son mariage. Ainsi, assistons-nous
+aux joies initiales et aux premiers chagrins du ménage, ce pendant que
+paraît et s'épuise la première édition des _Odes et Poésies diverses_
+et que des cendres du _Conservateur littéraire_ ne tardera pas à éclore
+la _Muse française_.
+
+L'_Histoire du Romantisme_ de Gautier--et enthousiasma-t-elle nos
+quinze ans, appareillant nos curiosités en partance vers les floraisons
+inconnues et magiques de Baudelaire!--ne parle pour ainsi dire que de
+la seconde période déjà du Romantisme: Petrus Borel, le lycanthrope,
+farouche et énigmatique, Jehan du Seigneur, Augustus Mac-Keat,
+Philothée O'Neddy, chacun a sa façon de porter le gilet rouge. Cette
+correspondance, au contraire, nous ramène aux temps héroïques de la
+nouvelle école.
+
+Ces dates de 1822 et de 1823 évoquent non point ces satellites qui lors
+de la représentation d'_Hernani_ commençaient à graviter, «grandiloques
+et bousingots», autour de l'astre fulgurant qu'était Hugo, mais les
+ouvriers de la première heure, anciens collaborateurs du _Conservateur
+littéraire_, créateurs de la _Muse_ de demain.
+
+Alfred de Vigny, tôt maître de son instrument, atteint déjà à la
+sereine magnificence de ses poèmes. Plus tard, un froid pourra se
+produire entre Hugo et lui, mais à ce moment, leur affection semble
+sincère et étroite; le chantre d'_Eloa_ sera le témoin de Victor, lors
+de son mariage et sa «tour d'ivoire» n'est point tellement éloignée de
+la terre, qu'il ne soit des fondateurs du nouveau recueil.
+
+Le souci de son exclusive réputation et l'ennui de participer aux
+frais de la publication semblent en avoir éloigné Lamartine, dont les
+_Méditations_ venaient de consacrer le nom. Il ne devait pas tarder,
+d'ailleurs, à y être bientôt malmené.
+
+Hugo et Lamartine semblent, en vérité, s'observer plutôt que s'aimer.
+Le Cygne de Saint-Point se préoccupait, avant tout, de lui-même,
+puis, sa nature paraissait répugner à la collectivité d'un effort,
+ce par quoi se traduit toute école littéraire ou artistique. Malgré
+son singulier éclectisme, on peut dire que la _Muse française_ ne fut
+jamais la sienne.
+
+Mais à côté de la mer de Sorrente et de son «flot hexamètre», eût
+spécifié Corbière, que de talents se dessinaient et donnaient
+alors des espérances de succès et de gloire: Guiraud, Gaspard de
+Pons, camarade de Vigny à la Garde royale, Adolphe de Saint-Valry,
+moins euphoniquement Souillard dans la vie privée et châtelain à
+Montfort-l'Amaury, le toulousain Jules de Rességuier et tant d'autres,
+injustes oubliés de la grande critique, dont les murmures de l'Anio
+n'ont pas empêché l'implacable Léthé de submerger les noms.
+
+Elles sont contemporaines de cette génération et la rappellent,
+ces lettres. Souvent, elles complètent, et rectifient parfois, les
+souvenirs de jeunesse dictés par Olympio à sa femme, dans _Victor Hugo
+raconté par un Témoin de sa Vie_[3].
+
+[Note 3: Édition consultée: _Victor Hugo raconté par un Témoin de
+sa Vie_, avec œuvres inédites de Victor Hugo, entre autres un drame
+en trois actes: _Inez de Castro_. Paris, A. Lacroix, Verbœckhoven et
+Cie, 1867, 2 in-12 de 376; 419 pp.]
+
+Le grand homme aimait trop la légende pour n'en point créer autour de
+lui quelques-unes, surtout lorsqu'elles faisaient bien et prêtaient à
+antithèse. D'où le père bonapartiste et la mère vendéenne.
+
+La gloire claironnante du fils a pu faire négliger assez communément
+celle, assez restreinte, du père, le «héros au sourire si doux[4]», et
+ses _Mémoires_: il ne messied point de le mieux connaître[5].
+
+[Note 4: _La Légende des Siècles: Après la Bataille._]
+
+[Note 5: _Mémoires du général Hugo_, gouverneur de plusieurs
+provinces et aide-major général des armées en Espagne. Paris, Ladvocat,
+1823, 3 in-8º de 175-292, CII; 388 et 480 pp.
+
+Ces Mémoires «contenant l'Histoire abrégée des guerres de la Révolution
+française depuis 1792 jusqu'en 1815, et notamment les campagnes des
+armées du Rhin, de la Vendée, d'Italie, d'Espagne», et la relation des
+deux sièges de Thionville, sont précédés de _Mémoires inédits sur la
+guerre de Vendée_, par le général Aubertin.
+
+Un _Précis historique_, dû à Abel Hugo, _des Événements qui ont conduit
+Joseph Napoléon sur le trône d'Espagne_ sert d'introduction à la
+deuxième partie des _Mémoires du général Hugo_, (T. II; pp. V-CII).]
+
+Dans son autobiographie, les souvenirs d'enfance et de jeunesse de
+Victor Hugo débordent d'affection et de reconnaissance,--c'était
+justice,--pour sa mère, cette Sophie Trébuchet, épousée, en 1796, par
+le général, alors simple capitaine et qui devait être si parfaite et si
+indulgente pour ses enfants, lorsqu'une aventurière corse, plus tard
+épousée, aurait fait abandonner à leur père le domicile conjugal et la
+vie commune.
+
+La silhouette du général apparaît, au contraire, au second plan
+seulement, comme effacée, et ne prend corps qu'au moment où elle prête
+matière à une antithèse connue et souvent répétée.
+
+Les enfants semblent avoir pris depuis longtemps parti contre leur
+père, insoucieux, d'ailleurs, de la pension qu'il leur devrait servir,
+et entre Victor et le général, cela a tout l'air d'une réconciliation.
+
+Ils ne se connaissaient pas ou si peu.
+
+Les lettres de Victor Hugo conservées à la Bibliothèque de Blois, sur
+ce point comme sur d'autres, remettent singulièrement les choses au
+point. L'éloignement entre le père et ses fils était plutôt matériel et
+ceux-ci de savoir fort bien lui réclamer leurs mois de pension, quand
+ils se faisaient trop attendre.
+
+Elles ne sont postérieures que de dix-huit mois à la mort de Mme
+Hugo, ce déchirant chagrin pour Abel, Eugène et Victor, et d'un an
+à peine au second mariage qu'alla perpétrer, presque en cachette,
+le général dans l'Indre et, cependant, elles sont empreintes d'une
+attention respectueuse et continue du fils vis-à-vis du père. Elles
+ne sont même pas exemptes d'une certaine tendresse. On la désirerait
+sans doute plus simple et moins apprêtée, mais n'y avait-il pas entre
+eux le souvenir de leur mère et la présence de «l'Intruse», cette veuve
+Anaclet d'Almet, comtesse de Salcano, auquel le vieux brave n'avait pas
+craint d'associer sa vie.
+
+Quant aux choses de l'esprit, loin de les haïr, le général les aimait
+fort, et, dans sa retraite anticipée, avait conservé pour elles un goût
+très prononcé[6].
+
+[Note 6: Outre ses _Mémoires_, on doit au général Hugo:
+
+_Coup d'œil militaire sur la manière d'escorter et de défendre les
+convois et sur les moyens de diminuer la fréquence des convois et d'en
+assurer la marche: suivi d'un mot sur le pillage._
+
+Paris, 1796, in-12.
+
+Ces considérations ont été jointes au tome Ier des _Mémoires du
+général Hugo_, pp. 209-255.
+
+_Mémoires sur les moyens de suppléer à la traite des nègres par des
+individus libres, et d'une manière qui garantisse pour l'avenir la
+sûreté des colons et la dépendance des colonies._
+
+(Publié sous le pseudonyme de Genty, cet ouvrage parut à Blois, 1818,
+in-8º).
+
+_Journal historique du blocus de Thionville en 1814, et de Thionville,
+Sierck et Rodemack en 1815, contenant quelques détails sur le siège de
+Longwy_; rédigé sur des rapports et mémoires communiqués par M. A.-A.
+M***, ancien officier d'état-major au gouvernement de Madrid.
+
+Blois, 1819, in-8º.
+
+_L'Aventure tyrolienne_, par Sigisbert (roman).
+
+Paris, 1826, 3 in-12.
+
+(Est-ce à ce roman que, sous un autre titre, faisait allusion Méry dans
+sa conversation avec les Goncourt: «Méry nous raconte la vente qu'il
+conclut au prix de 600 francs, d'un roman du général Hugo, le père de
+Victor Hugo, qui s'appelait la Vierge du Monastère.» (_Journal des
+Goncourt_, tome II, 1862-1865, Paris, Charpentier, 1887, in-12; 18 mai
+1864, p. 198). Méry était en effet revenu à Paris en 1824.
+
+Peu de temps avant sa mort, en 1827, le général Hugo avait tenté
+d'organiser une souscription pour la publication d'un ouvrage demeuré
+inédit.
+
+Prospectus de l'ouvrage intitulé: _Des grands moyens accessoires de
+défense et de conservation aujourd'hui indispensables aux places
+fortes, aux armées, aux colonies et aux États qui les possèdent_.
+
+Paris, 1827, in-8º.
+
+Enfin, il laissait un certain nombre de manuscrits dont M. Louis Belton
+a relevé les titres dans l'inventaire établi après son décès:
+
+«La duchesse d'Alba (1820).
+
+«Le tambour Robin (1823).
+
+«L'Ermite (ou le Solitaire) du Lac.
+
+«L'épée de Brennus.
+
+«Perrine, ou la nouvelle Nina, anecdote napolitaine.
+
+«L'Intrigue de Cour, comédie en trois actes.
+
+«La Permission, anecdote.
+
+«Variante des Amants ennemis (1824).
+
+«Joseph, ou l'Enfant trouvé (1825).
+
+«Essai complémentaire sur le commandement des places de guerre et
+autres.
+
+«Minutes (antérieures à 1826) de la défense des nations, et de leurs
+grands intérêts maritimes et coloniaux.
+
+«Enfin le général préparait un ouvrage, et il avait préparé des notes
+sur les pensions des veuves de militaires.»
+
+(Louis Belton: _Victor Hugo et son père, le général Hugo, à Blois_, p.
+19).]
+
+Les craintes qu'inspirait deux ans plus tôt la collaboration d'Eugène
+et de Victor au _Conservateur littéraire_,--n'allaient-ils point
+négliger par trop leurs études de droit[7]?--semblent évanouies. Il ne
+leur tient pas rigueur d'avoir préféré l'incertaine fortune des lettres
+à l'avenir réputé sûr de Polytechnique, ce rêve de tous les parents de
+province et même de Paris.
+
+[Note 7: M. Émile Paul, dans le _Catalogue de la Bibliothèque
+romantique_ de M. J. Noilly (Paris, A. Labitte, 1886), fournit à ce
+sujet la curieuse note que voici:
+
+«_Lettre autographe_ du général Hugo, père du poète, au doyen de la
+Faculté de droit de Paris; Blois, le 28 avril 1820, 1 p. 1/2 in-4º. Il
+s'informe auprès du doyen de la Faculté de droit de Paris si Eugène et
+Victor Hugo suivent leurs cours. Il craint qu'une entreprise littéraire
+dont il a entendu parler (le _Conservateur littéraire_) n'absorbe leur
+argent et ne les détourne de leurs études.»]
+
+Les débuts de Victor étaient, au reste, assez glorieux pour le
+rassurer sur ce point. Nul besoin d'employer vis-à-vis de lui le verbe
+comminatoire.
+
+Les délassements intellectuels n'étaient point étrangers à l'ancien
+défenseur de Thionville: il les aimait.
+
+Une seule chose aurait pu l'inquiéter peut-être: la détresse morale
+d'Eugène..., il ne pouvait la soupçonner.
+
+Le pauvre garçon était déjà bizarre, avant que d'être fou.
+
+La politique ne semblait point davantage devoir les séparer. Si le
+général Hugo devait de la reconnaissance au roi Joseph, il n'avait
+jamais eu beaucoup à se louer de Napoléon. Maréchal de camp des armées
+du roi d'Espagne depuis le 20 août 1809, à peine si, à sa rentrée en
+France, en juillet 1813, l'Empereur lui avait reconnu le grade de major
+dans l'armée française. Comme tel, il avait été appelé, le 9 janvier
+suivant, à défendre Thionville contre les troupes alliées.
+
+L'on sait ce que cette défense de quatre-vingt-huit jours--il la devait
+renouveler en 1815--comporta d'héroïsme et d'intelligence. Le général
+en a écrit le _Journal_, et, tout en le mettant en demi-solde, Louis
+XVIII, loin de lui tenir rigueur, lui avait auparavant accordé la croix
+de chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis (1er
+novembre 1814) et le grade de maréchal de camp des armées françaises
+(21 novembre 1814), pour prendre rang à la date de sa rentrée en
+France, 11 septembre 1813.
+
+Quelques mois plus tard, le général était ainsi qu'un de ses frères, le
+colonel Louis-Joseph, promu par la même ordonnance, au grade d'officier
+de la Légion d'honneur[8].
+
+[Note 8: Ordonnance du 14 février 1815 (_Moniteur universel_, 19
+février 1815).]
+
+Sauf un commandement actif, il n'avait donc pas à en vouloir trop aux
+Bourbons, et son bonapartisme, pour le moins douteux[9], n'avait
+point à s'offusquer du royalisme ardent, alors si bien porté, dont
+témoignaient ses fils et dont ils firent montre dans le _Conservateur
+littéraire_[10].
+
+[Note 9: Lettre à M. le Comte Roger de Damas, gouverneur pour le
+Roi, à Nancy:
+
+Thionville, le 18 avril 1814.
+
+Monsieur le Comte,
+
+La brave garnison que je commande, mon conseil de défense et moi, avons
+unanimement adhéré le 14 aux actes du Sénat.
+
+Enfermés pendant quatre-vingt-huit jours dans cette forteresse, nous y
+avons été fidèles à l'oriflamme de l'honneur: c'est vous rappeler celui
+d'Henri IV.
+
+En combattant nous n'avons pas attendu les éloges des hommes; l'amour
+sacré de la patrie nous animait. Que le bon prince qui vient régner
+sur nous daigne sourire à notre constance, et nous en aurons reçu le
+prix. Nous avons été fidèles et loyaux sous l'Empereur; le serment qui
+nous enchaîne au roi Louis XVIII est la garantie que nous le serons
+également sous lui. Donnez à cet auguste monarque de la confiance dans
+sa brave garnison de Thionville; elle y répondra noblement, elle saura
+mourir pour sa gloire et pour son service.
+
+Je vous prie, etc.
+
+Le général Hugo.
+
+(_Mémoires du général Hugo_, tome III, notes et pièces justificatives,
+p. 467).]
+
+[Note 10: _Le Conservateur littéraire._ A Paris, chez Anthe.
+Boucher, imprimeur-éditeur, rue des Bons-Enfants, nº 34.
+
+Décembre 1819-mars 1821; 30 livraisons formant 3 volumes in-8º.
+
+En épigraphe, au-dessous du titre, à partir de la seconde livraison:
+
+ ... Fungar vice cotis acutum
+ Reddere quæ ferrum valet, exsors ipsa secandi.
+
+(Hor.)
+
+Il faut lire en quels termes le brave M. Agier, qui, en 1816, avait été
+président des _Francs régénérés_, encourageait dans le _Conservateur_,
+dont le _Conservateur littéraire_ cuidait être le supplément, les
+débuts de ses jeunes confrères:
+
+«Il y a dans cette honorable entreprise quelque chose de plus
+intéressant, de plus touchant encore, c'est son motif, dont MM. Hugo,
+que nous n'avons point l'avantage de connaître, nous pardonneront de
+révéler ici le secret. L'éducation de ces intéressants jeunes gens a
+été dirigée par une mère distinguée, qui a pensé de bonne heure que de
+bons principes et des talents formaient la seule fortune qui pût être
+à l'abri des révolutions, la seule arme avec laquelle on pût ne pas se
+défendre de l'envie, de la calomnie, mais la braver. Maintenant, fils
+reconnaissants, ils essaient d'acquitter une dette aussi sacrée que
+douce. Ils doivent à leur mère une seconde vie: ils veulent soutenir,
+embellir la sienne; et pour y parvenir, ils unissent la fraternité
+du talent à la fraternité du sang. Heureux jeunes gens d'avoir une
+mère qui ait senti le prix de l'éducation! Heureuse mère de voir
+ainsi couronner ses soins! Outre l'utilité et la bonne rédaction du
+_Conservateur littéraire_, c'est donc la piété filiale et maternelle
+qui le recommande à tous les amis des lettres et du bien....» (_Le
+Conservateur_, tome VI, 1820, p. 465). Ce passage a été reproduit par
+M. Ch.-M. Des Granges dans son très intéressant volume: _La Presse
+Littéraire sous la Restauration_ dont nous avons souvent mis à profit
+la précieuse documentation.
+
+M. Agier ne se contentait point d'être pompier; en mars 1815 il avait
+troqué sa robe de substitut du procureur général, pour l'uniforme de
+capitaine d'une compagnie de volontaires royaux!
+
+Quant au légitimisme ultra du _Conservateur littéraire_, la disparition
+de son aîné, en 1820, ne l'affaiblit en rien, et dans la préface du
+tome II (avril 1820), les «intéressants jeunes gens», que louait si
+fort M. Agier, de clamer sur le mode majeur leurs opinions:
+
+«Nous continuerons donc de servir autant qu'il sera en nous le trône
+et la littérature; trop heureux si nous pouvons ranimer le goût des
+lettres et éveiller de jeunes talents; plus heureux encore, si nous
+pouvons propager le royalisme et convertir aux saines doctrines de
+généreux caractères!.....
+
+«Enfin, puisque notre redoutable aîné, le _Conservateur_, a cessé
+de paraître, nous promettons de conserver intact l'héritage de
+saints principes qu'il nous a légués avec son titre; nous espérons
+que ses honorables rédacteurs reconnaîtront entre eux et nous une
+confraternité, sinon de talent, du moins de zèle et d'opinions; et
+nous croyons dire assez quel haut prix nous attachons à ce titre de
+royalistes, en ajoutant que cette seconde confraternité ne nous paraît
+pas moins glorieuse que la première.»
+
+Cf: Ch.-M. Des Granges: _Le Romantisme et la Critique.--La Presse
+littéraire sous la Restauration_, 1815-1830. Paris, Société du Mercure
+de France, 1907, in-8º, de 386 pp.]
+
+De ses trois fils, Victor était, comme on le sait, le plus jeune,
+Abel étant né à Paris le 15 novembre 1798 et Eugène à Nancy, le 29
+fructidor an VIII (16 septembre 1800).
+
+Après avoir fait partie des pages du roi Joseph, ancien officier
+d'état-major à quinze ans! Abel était venu retrouver ses frères. Ils
+avaient mis leurs jeux, puis leurs travaux en commun. Si en 1822
+Victor Hugo connaissait déjà la gloire, par deux mentions à l'Académie
+française[11] et par le lis et l'amarante d'or de l'Académie des
+Jeux Floraux, qui, le 28 août 1820, l'avait nommé maître ès jeux
+floraux[12], sans parler des _Odes et Poésies diverses_ qui venaient
+de paraître[13]. Abel et Eugène avaient glané, eux aussi, quelques
+lauriers académiques: Abel devait être couronné, en décembre 1822, par
+la Société d'Émulation de Cambrai, pour son _Ode sur la bataille de
+Denain_[14] et Eugène avait déjà obtenu, en 1818 et en 1819, un souci
+réservé et une mention des Jeux Floraux, pour une _Ode sur la mort du
+duc d'Enghien_[15] et une autre sur celle de _S. A. R. Louis-Joseph de
+Bourbon, prince de Condé_.
+
+[Note 11: Victor Hugo avait, on le sait, obtenu en 1817, à l'âge de
+quinze ans, une neuvième mention pour le sujet, mis au concours le 5
+avril 1815, durant les Cent-Jours, par la seconde classe de l'Institut
+impérial pour le prix de poésie: _Le bonheur que procure l'étude dans
+toutes les situations de la vie._
+
+La pièce de Victor Hugo, inscrite sous le nº 15, avait pour épigraphe
+ce vers d'Ovide:
+
+ _At mihi jam puero cœlestia sacra placebant._
+
+Deux ans plus tard, en 1819, il avait obtenu une nouvelle mention,
+ayant, cette fois, traité comme sujet de concours: _Avantages de
+l'enseignement mutuel._
+
+Des fragments de ce discours ont été publiés par Victor Hugo dans
+_Littérature et Philosophie mêlées_.]
+
+[Note 12: M. Edmond Biré a relevé dans son _Victor Hugo avant 1830_
+(Paris, Jules Gervais; Nantes, Emile Grimaud, 1883, in-12 de 533 pages)
+la liste des succès du poète aux Jeux Floraux:
+
+1819.--_Les Derniers Bardes_; mention.
+
+_Les Vierges de Verdun_; amarante réservée.
+
+_Le Rétablissement de la Statue de Henri IV_; lis d'or.
+
+1820.--_Moïse sur le Nil_; amarante d'or réservée.
+
+Par lettre du 28 avril, Victor Hugo avait été nommé _maître ès jeux
+floraux_, et proclamé tel dans la séance du 3 mai suivant.]
+
+[Note 13: _Odes et Poésies diverses._ Paris, Pélicier, libraire,
+place du Palais-Royal, nº 243, 1822.
+
+Très médiocre comme édition, ce recueil contenait, outre les premières
+odes: _Raymond d'Ascoli_, élégie; _Les Deux Ages_, idylle; _Les
+Derniers Bardes_, poème, qui légitimaient la seconde partie du titre du
+volume, et disparurent avec elle, en 1828, de l'édition définitive.
+
+Envoyés au concours de l'Académie des Jeux Floraux, en 1819, où ils
+n'obtinrent qu'une mention, publiés ensuite dans le _Conservateur
+littéraire_, _Les Derniers Bardes_ devaient prendre place, plus tard,
+dans _Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie_.]
+
+[Note 14: «Le prix de poésie a été décerné à M. Abel Hugo, pour une
+ode sur la bataille de Denain». (Le _Moniteur universel_, 11 décembre
+1823).]
+
+[Note 15: C'est là, avec les _Stances à Thaliarque_, traduites
+d'Horace, la seule pièce de vers d'Eugène Hugo, publiée par le
+_Conservateur littéraire_, dont une note spécifie, tome Ier, p. 320,
+au sujet de MM. Hugo «que deux de ces messieurs seulement, l'aîné et le
+plus jeune (Abel et Victor) comptent parmi les rédacteurs».]
+
+A Blois, où il s'était retiré, le général Hugo, créé par Joseph comte
+de Siguenza[16]--titre qu'il ne devait porter que plus tard--en
+souvenir et en récompense des défaites qu'il avait infligées à
+l'Empecinado, s'était d'abord installé au château de Saint-Lazare,
+maison bourgeoise luxueuse pour l'époque, située hors la ville et
+aujourd'hui transformée en annexe de l'Asile d'aliénés, qu'il avait
+acheté 36.000 francs[17].
+
+[Note 16: Dans son _Armorial du Premier Empire_ (Paris, 1894-1897,
+4 vol. in-8º), le Vicomte A. Révérend parle bien en note du général
+Hugo (tome II, p. 323), mais par une singulière inadvertance, il le
+donne pour le grand-père et non comme le père du poète et substitue au
+comté de Siguenza celui de Gogolludo:
+
+«Le général Hugo, grand-père du célèbre poète, qui fut pair de France,
+appartenait à une autre famille et avait reçu de Joseph Bonaparte, roi
+d'Espagne, le titre de comte de Cogolludo, qui ne fut pas l'objet d'une
+confirmation impériale.»]
+
+[Note 17: «L'acquisition, faite d'abord sous le nom d'un tiers, ne
+fut régularisée à son profit que le 1er mai 1822, par un acte devant
+Me Pardessus, notaire à Blois.»
+
+Le château et le domaine de Saint-Lazare «comprenaient à cette époque
+une grande maison de maître, logement de closier et de jardinier,
+bâtiments d'exploitation: pressoir garni de ses ustensiles, cour,
+basse-cour, jardins, promenades, charmilles, bosquets, vignes et terres
+labourables, le tout en un seul clos entouré de murs, et contenant 9
+hectares 72 ares 48 centiares». (L. B.).
+
+Léproserie au moyen âge, Saint-Lazare formait, en 1789, un prieuré
+conventuel de Génovéfains qui fut remis à la Nation le 6 décembre 1790
+et vendu, par adjudication publique, le 9 février 1791.]
+
+Un second mariage n'avait point tardé à suivre, comme il a été dit, la
+mort de Sophie Trébuchet. Moins de trois mois après, le 6 septembre
+1821, à 6 heures du soir, il épousait devant l'officier de l'état civil
+de la commune de Chabris (Indre), le marquis de Béthune-Sully, une
+veuve d'origine corse: Marie-Catherine Thomas y Saëtoni, veuve Anaclet
+d'Almeg.
+
+L'acte de mariage est peu connu[18] et n'est point dénué d'intérêt. Il
+fixe deux dates, et, à l'orthographe près, fournit les noms exacts de
+l'aventurière que le général Hugo allait épouser à Chabris[19]:
+
+[Note 18: Je m'étais adressé pour avoir le texte de l'acte de
+mariage du général Hugo, à M. le Maire de Chabris, ignorant alors qu'il
+avait déjà été reproduit par le Dr G. Patrigeon dans une intéressante
+notice qu'il y aurait injustice à ne point citer: _Excursions à travers
+le passé.--Le père de Victor Hugo (Général Joseph-Léopold-Sigisbert
+Hugo) à propos de son deuxième mariage à Chabris en septembre
+1821._--Châteauroux, A. Mellotée, 1892, in-8º, de 21 pp.
+
+Cette étude avait d'abord été publiée par la _Revue du Berry_ et par le
+_Bulletin du Musée municipal de Châteauroux_.]
+
+[Note 19: M. Edmond Biré fixe, en effet, d'après les Archives
+municipales de Nancy, le second mariage du général à la date du 20
+juillet 1821 et non du 6 septembre. Marie-Catherine y Saëtoni y devient
+Marie-Catherine Thomas y Sactoin. D'autre part, l'acte de son décès, à
+l'état civil de Blois (1858) ne donne pas les noms de ses père et mère.]
+
+Nº 10
+
+Hugo Joseph-Léopold-Sigisbert
+
+et
+
+Marie-Catherine
+Tomat Isaétony
+
+
+_Du 6 Septembre 1821_
+
+ Aujourd'hui six septembre mil huit cent vingt-un, à six heures
+ du soir, par devant Nous, Louis, marquis de Béthune Sully,
+ chevalier de l'ordre Royal de la Légion d'honneur, maire et
+ officier de l'état-civil de la commune de Chabris, canton de
+ Saint-Christophe, arrondissement d'Issoudun (Indre), sont comparus M.
+ Joseph-Léopold-Sigisbert Hugo, ancien officier général, domicilié à
+ Nancy[20], département de la Meurthe, né à Nancy le quinze novembre
+ mil sept cent soixante-treize, fils majeur de feu Joseph Hugo, vivant
+ propriétaire, décédé à Nancy, le quinze messidor, an sept et de feue
+ Marguerite Michaud, décédée aussi à Nancy le vingt-trois février mil
+ huit cent quatorze.
+
+[Note 20: Le général Hugo résidait, en fait, à Blois, depuis
+plusieurs années.]
+
+D'une part,
+
+ Et Dame Marie-Catherine Tomat Isaétony, domiciliée à Chabris[21],
+ Comtesse de Salcano, née à Cervione, le cinq novembre mil sept cent
+ quatre-vingt-quatre, veuve de Anaclet d'Almay, vivant propriétaire,
+ décédé à la Havane, le quinze août mil huit cent dix-sept, fille
+ majeure de feu Nicolas de Ligny Tomat, décédé en Corse le premier
+ novembre mil huit cent trois et feue Lina Isaétony de Compolor,
+ décédée à Cervione le quinze décembre mil sept cent quatre-vingt-cinq,
+
+[Note 21: «Plus exactement elle résidait au Château de Beauregard,
+habitation du marquis de Béthune-Sully, dont elle était l'hôte» (Dr
+Patrigeon)... passagère, car la veuve d'Almeg était depuis 1816,
+propriétaire à Blois, et cet acte de l'état civil n'était que la
+consécration des liens... religieux (?) qui depuis longtemps déjà
+l'unissaient au général Hugo.]
+
+D'autre part,
+
+ Lesquels nous ont requis de procéder à la célébration du mariage
+ projeté entre eux et dont les publications ont été faites dans cette
+ commune les dimanches vingt-deux et vingt-neuf juillet dernier et
+ dans la ville de Nancy, les dimanches vingt-deux et vingt-neuf
+ juillet aussi dernier, d'après qu'il résulte du certificat de
+ Monsieur l'adjoint dudit Nancy, en date du dix-huit août dernier,
+ signé Morville, adjoint.
+
+ Aucune opposition audit mariage ne nous ayant été signifiée, vu aussi
+ la permission de mariage accordée par le Ministre Secrétaire d'État
+ au département de la Guerre, en date du vingt-huit août dernier,
+ faisant droit à leur réquisition, après leur avoir donné lecture
+ de toutes les pièces ci-dessus mentionnées, ainsi que du chapitre
+ six du code civil: _Du Mariage_; nous avons demandé au futur époux
+ et à la future épouse s'ils veulent se prendre pour mary et femme;
+ chacun d'eux nous ayant répondu séparément et affirmativement, nous
+ avons déclaré: Au nom de la loi, que Joseph-Léopold-Sigisbert Hugo
+ et Marie-Catherine Tomat Isaétony sont unis par le mariage, dont
+ acte fait à la mairie de Chabris, les jour, mois et an que dessus,
+ en présence des sieurs Jacques Rousseau, chevalier de l'ordre royal
+ de la Légion d'honneur, âgé de quarante-six ans[22], de Jacob
+ Schiésingeyer, cocher de M. le marquis de Béthune Sully, âgé de
+ trente-quatre ans; de Chantreau Maurice, homme d'affaires de M. de
+ Béthune, âgé de quarante-huit ans, et de Nicolas Kallenborenne,
+ tailleur d'habits, âgé de trente-cinq ans, tous demeurant commune
+ de Chabris et ont, lesdits comparants et témoins, signés avec Nous,
+ après lecture faite.
+
+[Note 22: Ancien soldat de l'Empire, Jacques Rousseau était adjoint
+au maire de Chabris.
+
+«Il n'y eut pas de bénédiction nuptiale à l'église de Chabris. Aucun
+contrat ne fut passé en l'étude de Me Jaupitre, notaire de la
+localité» (Dr Patrigeon).]
+
+_Le Général Hugo_
+
+_Veuve Dalmay_
+
+_Rousseau, Jacob Schiésingeyer, Chantreau, Kallenborenne,
+Le Marquis de Béthune Sully._
+
+L'on connaît par Edmond Biré, le singulier faire-part que le général
+adressa en cette occasion à ses connaissances:
+
+_M._
+
+ Monsieur le général Léopold Hugo a l'honneur de vous faire part qu'il
+ vient de faire légaliser, par devant M. l'officier public de Chabris
+ (Indre), les liens purement religieux qui l'unissaient à Madame veuve
+ d'Almé, comtesse de Salcano.
+
+Saint-Lazare, près Blois[23].
+
+[Note 23: Edmond Biré: _Victor Hugo avant 1830_, p. 233.]
+
+La religion a parfois bon dos... Victor, cependant, se contenta
+d'ignorer ainsi que ses frères, la seconde femme du général «la femme
+pour laquelle il a quitté sa famille[24]» jusqu'au jour où les soins
+donnés à son frère Eugène et à son petit Léopold amenèrent entre le
+beau-fils et la belle-mère un rapprochement passager.
+
+[Note 24: Victor Hugo: _Lettres à la Fiancée_, 1820-1822, Paris,
+Fasquelle, 1901, in-12 de 340 pp. Note, p. 231.]
+
+
+
+
+II
+
+Les fiançailles et le mariage.--Les lettres de Victor à son père.--La
+_Société littéraire de Blois_.--Une pension longue à toucher.--Le
+colonel Louis Hugo.--_La Révolte des Enfers._--Un ban à racheter.--Un
+mariage d'amour.
+
+
+Au surplus, il avait d'autres préoccupations en tête que sa belle-mère.
+Il était amoureux. Le clair roman éclos sous les frais ombrages du
+jardin de la rue des Feuillantines touchait à son dénouement. Depuis
+près d'un an, au retour du voyage de Dreux, il était fiancé de fait
+à Mlle Adèle Foucher, la camarade des jeux de leur enfance et la
+gracieuse voisine de la rue du Cherche-Midi. L'autorisation de son
+père et une demande régulière lui importaient autrement que «l'épouse
+actuelle», du général, Marie-Catherine Thomas y Saëtoni.
+
+Le vendredi 8 mars 1822, il avait écrit au général, pour lui demander
+son autorisation; elle lui parvenait enfin le 13 mars, et un court
+billet des _Lettres à la Fiancée_ témoigne de la joie sans mélange,
+s'il n'y eût eu «un nuage»,--le nuage était l'intruse--de Victor-Marie
+Hugo[25].
+
+[Note 25: _Lettres à la Fiancée_, p. 230.]
+
+Cette année-là, M. et Mme Foucher avaient loué pour deux mois, dans
+la grande banlieue de Paris, à Gentilly, une maison de campagne où
+ils vinrent passer avril et mai. Agréé officiellement comme fiancé, à
+la suite de l'assentiment de son père, le poète fut autorisé à venir
+habiter, près de la bien-aimée, «une vieille tourelle de l'ancienne
+construction où il y avait une chambre, vrai nid d'oiseau ou de
+poète[26]». Il prenait ses repas auprès d'elle, et pouvait lui faire
+sa cour, à la condition expresse de ne jamais rester seul avec elle.
+Aussi ce qu'il ne pouvait lui dire, il le lui écrivait, et même durant
+les deux mois où ils vécurent presque côte à côte, la correspondance ne
+chôma point entre eux.
+
+[Note 26: _Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie_, tome II,
+p. 55.]
+
+Victor Hugo, dans son autobiographie a joliment évoqué cette maison de
+Gentilly, le jardin où se promenaient les amoureux, leurs voisins, les
+fous de Bicêtre, et ce gentil garçon, amené un jour par Paul Foucher,
+qui avec ses douze ans et ses cheveux d'un blond de lin, «imitait un
+ivrogne avec une facilité et une vérité extraordinaires».
+
+«Il se nommait Alfred de Musset[27].»
+
+[Note 27: _Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie_, t. II, p.
+57.]
+
+La maison existe toujours, et l'un des hommes qui connaissent le
+mieux Paris et ses environs, dont il s'est fait l'historiographe par
+excellence M. Fernand Bournon, en donnait fort élégamment ces temps
+derniers la description dans son état actuel[28].
+
+[Note 28: Fernand Bournon: _Victor Hugo à Gentilly_, Paris,
+Lucien Gougy, 1906, in-8º de 10 pp. (Publication de la Société «Les
+Hugophiles»).]
+
+Ces deux mois furent vite passés. En juin, les Foucher regagnèrent, rue
+du Cherche-Midi, l'hôtel de Toulouse, où séait le Conseil de guerre.
+M. Foucher en avait longtemps tenu le greffe, qu'il avait cédé, depuis
+quelques années, à son beau-frère M. Asseline, et y avait cependant
+conservé son appartement.
+
+Le premier volume des _Odes_ paraissait à ce moment[29]; et, de la rue
+du Dragon, attendant, pour que le mariage ait lieu, le versement de la
+pension promise sur la cassette royale, Victor Hugo avait repris sa
+correspondance journalière avec sa fiancée, à laquelle ne tarda point à
+s'en joindre une autre, assez suivie, avec son père, le général.
+
+[Note 29: Les _Odes et Poésies diverses_ parurent en juin 1822,
+chez Pélicier, libraire, place du Palais-Royal. Il éditait, la même
+année, les _Romances historiques traduites de l'espagnol_ d'Abel Hugo,
+qui avait été l'intermédiaire entre le poète et le libraire. Pélicier
+ne fit point fortune et ses affaires furent moins que brillantes. Il
+méritait mieux cependant, ne publia-t-il point, toujours en 1822, les
+premiers _Poèmes_ d'Alfred de Vigny. Ils tenaient trop du chef-d'œuvre
+pour ne point passer inaperçus.
+
+Témoin cette phrase du _Figaro_, du 28 mai 1829:
+
+«Les poèmes de M. de Vigny avaient été publiés séparément, sans faste
+et sans prôneurs; longtemps il a fait partie des dieux inconnus de la
+_Muse française_;...»
+
+Plus perspicace, un rédacteur anonyme du _Moniteur_ rendit cependant
+compte des deux volumes à la date du 29 octobre 1822, unissant Victor
+Hugo et Alfred de Vigny dans l'éloge, comme ils l'étaient alors par
+l'amitié:
+
+«Ils nous pardonneront, disait ce journal, de n'avoir qu'une seule
+couronne pour leur double triomphe; nous ne nous pardonnerions pas
+de l'arrêter plus longtemps sur un front que sur l'autre: ces deux
+talents ont une même source, le cœur; tous deux sont doués de force
+et de grâce; ils ont tous deux initié la poésie au secret des plus
+intimes émotions. La moindre préférence serait une grande injustice, et
+cependant, comme pour doubler nos plaisirs en les variant, si tout est
+égal entre eux, rien n'est pareil, ni le système de composition, ni la
+facture du vers, ni le coloris, ni les mouvements du style.»
+
+Léon Séché: _Alfred de Vigny_ et son temps. Paris, A. Juven, S. D.
+in-8º de XV; 376 pp., p. 107.]
+
+L'écriture de ces lettres est courante, assez fine même. Ce n'est point
+encore l'écriture définitive, si connue du maître. Çà et là cependant,
+des hampes de lettres, fortement appuyées, égratignant presque le
+papier, en trahissent déjà la griffe.
+
+Elles sont simplement signées Victor,--un et quatre ans plus tard et
+dans deux lettres seulement apparaîtront les initiales V. M. H.,--le
+prénom du poète entouré d'un paraphe délié, et sont d'abord adressées.
+
+«A Monsieur
+
+Monsieur le général Hugo
+à sa terre de Saint-Lazare,
+près Blois.»
+
+Le plus souvent, Victor tient la plume pour ses frères, donne de leurs
+nouvelles, excuse leur silence et rappelle au père la pension dont les
+mensualités ne sont pas toujours exactement servies.
+
+Abel est très occupé, Eugène toujours bizarre--le roman se vivait,
+hélas! en partie double--la correspondance est impartie au plus jeune.
+Nul ne saurait mieux flatter l'orgueil du père, puis par Paris, et
+jusqu'à Meudon,--encore qu'on n'en fût plus au _Voyage de Paris à
+Saint-Cloud par mer_, c'était encore presque une expédition!--il
+faisait si bien les courses du général, et elles étaient nombreuses.
+
+Non content de lire et d'écrire, (il lui faut savoir gré de ne s'être
+point attelé à une traduction d'Horace ou des Géorgiques), le général
+a eu l'inconsciente ironie de vouloir fonder, à Blois, une société
+littéraire! Et l'on ne saurait croire combien de pas et démarches il
+faut, pour ne point aboutir à faire autoriser par le gouvernement une
+telle chimère.
+
+Littéraire ou non, nulle société n'avait, cette année-là, chance
+d'être autorisée. Saumur, Belfort, La Rochelle, trois conspirations
+militaires avaient marqué l'année 1822. Condamnations et exécutions:
+les hommes de 1815, revenus au pouvoir, s'étaient montrés implacables.
+L'on poursuivait jusqu'à Béranger, et un autre chansonnier, Eugène de
+Pradel, se voyait, en mai, condamner à six mois de prison.
+
+Victor ne se rebute point cependant. Du ministère de l'Intérieur, où
+M. Lelarge de Lourdoueix[30] présidait à la division des beaux-arts,
+sciences et belles-lettres, à la direction de la police, que M.
+Franchet-Desperey[31] devait à son mariage avec la cadette des
+Sainte-Luce, il voit de près et peut admirer les rouages de notre
+administration. C'est presque un chapitre de Courteline: un dossier
+perdu.
+
+[Note 30: Jacques-Honoré Lelarge de Lourdoueix, né en 1787 au
+château de Beaufort, près Boussac (Creuse). Après avoir fait ses études
+à l'ancien collège de Pont-Levoy (Loir-et-Cher), et un court passage
+dans l'administration, il se vit confier la rédaction de la _Gazette de
+France_, qu'il quitta momentanément pour prendre en 1821 la direction
+de la division des beaux-arts, sciences et belles-lettres au ministère
+de l'Intérieur. Démissionnaire à la chute de M. de Villèle et à
+l'avènement du ministère Martignac, il devint à la _Gazette de France_
+le collaborateur de M. de Genoude, à qui il succéda en 1849. Il est
+mort à Paris, en 1860.]
+
+[Note 31: Franchet Desperey, fils de cultivateurs des environs
+de Lyon où il était né vers 1775. Après des emplois infimes, poussé
+par la congrégation et servi par les relations du roi de Prusse
+avec la famille de Sainte-Luce, s'était vu appeler en 1821 à la
+direction générale de la police par le ministère Villèle. Fanatique
+et ultramontain, accusé d'avoir organisé avec le préfet Delaveau les
+massacres de la rue Saint-Denis (19-20 novembre 1827), il dut quitter
+la direction de la police à l'arrivée au pouvoir de M. de Martignac.
+Les ordonnances de juillet le nommèrent conseiller d'État et membre du
+conseil privé. La Révolution de 1830 mit un terme à cette faveur. Il
+se retira en Prusse, où sa belle-sœur, l'aînée des Sainte-Luce avait
+épousé un général.]
+
+Puis, c'est, bien naturelle, son impatience de voir se terminer ses
+affaires aux ministères--toujours la pension promise--pour pouvoir
+épouser celle qu'il aime, et toujours également le soin qu'il a de
+recommander ses frères, ce pauvre Eugène surtout, à la sollicitude et à
+la... générosité du général.
+
+Celui-ci n'est riche que de cédules hypothécaires du roi Joseph,
+moins que des châteaux en Espagne, la pension des fils s'en ressent,
+semble-t-il. Mais qu'importe, la première édition des _Odes_ s'épuise
+avec une rapidité que le poète n'osait espérer. Il songe déjà à une
+seconde. En vendrait-on, à Blois?
+
+Paris, 4 juillet 1822.
+
+Mon cher papa,
+
+ Je mettais à suivre la demande de la Société autant d'activité que
+ le bureau des belles-lettres y mettait de lenteur. Enfin, il y a
+ quelques jours M. de Lourdoueix m'annonça qu'il fallait m'adresser
+ aux bureaux de M. Franchet, c'est-à-dire à la police générale; il me
+ demanda en outre la liste des membres que je ne pus lui donner: puis
+ il ajouta que du reste, puisqu'elle était recommandée par moi, la
+ Société de Blois était sans doute composée de manière à ne pouvoir
+ inquiéter le gouvernement. Je crus pouvoir lui en donner l'assurance
+ et il me dit que très probablement, dans le moment de troubles où
+ nous sommes, l'approbation de l'autorité dépendrait de la composition
+ de la Société.
+
+ Je me rendis d'après son indication aux bureaux de la direction de
+ la police, où l'on me promit de faire des recherches. Hier j'y suis
+ retourné et le chef de bureau auquel a dû être renvoyée la demande
+ (qui est je crois celui de l'_ordre_) m'a déclaré l'avoir cherchée
+ en vain et n'en avoir jamais entendu parler. Il paraît donc qu'elle
+ s'est égarée de l'un à l'autre ministère. Il m'a conseillé d'en faire
+ expédier sur-le-champ une autre accompagnée de la liste de MM. les
+ membres et des statuts; car c'est d'après ces pièces que doit décider
+ le ministre, lequel, m'a-t-il dit, accorde très difficilement ces
+ sortes de demandes dans l'instant de crise où nous sommes.
+
+ Je m'empresse de te rendre fidèlement compte de tous ces détails,
+ cher papa, afin que tu te consultes sur ce que tu veux faire. Tu me
+ trouveras toujours prêt à te seconder de tout mon faible pouvoir.
+
+ D'après ton désir je suis retourné chez M. le général d'Hurbal que
+ je n'ai point trouvé chez lui. J'ai demandé son adresse à Meudon,
+ et j'irai, quoiqu'on m'ait dit qu'il était assez difficile de le
+ rencontrer parce qu'il fait de fréquentes excursions.
+
+ Puisque l'eau de Barèges te fait du bien, je te prie d'en continuer
+ l'usage. Il faut espérer que les palpitations dont tu te plains
+ disparaîtront tout à fait avec du repos et du bonheur.
+
+ Pour moi, mon bon et cher papa, je vois le moment du mien approcher
+ avec la fin de mes affaires aux ministères, mon impatience est
+ grande, et tu le comprendras. Quand j'aurai tout reçu de toi, comment
+ pourrai-je m'acquitter?
+
+ Je croyais t'avoir dit qu'Eugène n'avait d'autre ressource que la
+ pension que tu lui fais, en attendant qu'il s'en soit créé par son
+ travail. C'est pour cela que je le recommandai si souvent à ta
+ générosité. Nul doute qu'en se refroidissant il ne sente toute la
+ reconnaissance qu'il te doit.
+
+ Nous supporterons encore le sacrifice que la nécessité t'oblige de
+ nous faire supporter. Nous ne doutons pas que puisque tu le fais,
+ c'est que tu ne peux autrement.
+
+ Adieu, cher papa, j'attends avec impatience ton poëme et les conseils
+ que tu m'annonces. Je te remercie vivement de toute la peine que je
+ te cause. Ils pourront m'être fort utiles pour ma seconde édition
+ à laquelle je vais bientôt songer, car celle-ci s'épuise avec une
+ rapidité que j'étais loin d'espérer. Crois-tu qu'il s'en vendrait à
+ Blois?
+
+ Le papier me manque pour te parler de mes grands projets littéraires,
+ mais non pour te renouveler la tendre assurance de mon respect et de
+ mon amour. Je t'embrasse.
+
+Ton fils soumis,
+Victor.
+
+ J'ai envoyé au colonel[32] un exemplaire avant d'avoir reçu ta lettre.
+
+[Note 32: Le colonel, Louis-Joseph Hugo, né le 14 février 1777,
+mort en 1854. Promu officier de la Légion d'honneur par la même
+ordonnance que son frère, 14 février 1815, il reçut les étoiles
+de brigadier, et commanda longtemps comme tel la subdivision de
+la Corrèze. Il laissa deux enfants. Son fils Léopold, après avoir
+préparé Saint-Cyr où il ne fut pas admis, vécut et mourut en Corrèze.
+Devenue veuve, sa fille Marie Hugo entra au Carmel de Tulle, où elle
+devint Sœur Marie-Joseph de Jésus et où elle est morte en 1906.
+Elle n'était point tellement retirée du monde qu'elle n'écrivît des
+lettres charmantes, quand elle pouvait rendre un service, et au cours
+desquelles elle aimait à évoquer des souvenirs de son enfance et de sa
+jeunesse et à citer des vers de son oncle Victor Hugo.]
+
+L'amoureux avait bien l'autorisation officieuse de son père d'épouser
+Mlle Foucher, mais aucune demande officielle n'avait été faite
+encore.
+
+A sa prière, le général lui a adressé la lettre, demandant la main
+d'Adèle, qu'il remettra lui-même à M. Foucher, lorsque enfin la pension
+royale sera autre chose qu'une promesse. Les temps semblent proches.
+Son cœur déborde envers son père de reconnaissance, ce pendant que, par
+les gazettes, il semble assurer le service de presse du _Journal de
+Thionville_.
+
+Le nuage ne crève pas, mais menace. Victor a, jusqu'ici, négligé de
+joindre à ses lettres toute formule de politesse vis-à-vis de la
+seconde Mme Hugo. Le général s'en est plaint sans doute; et de façon
+assez désinvolte, Victor s'en excuse: il n'a «contre _son_ épouse
+actuelle aucune prévention, n'ayant pas l'honneur de la connaître».
+
+Mon cher Papa,
+
+ Ta lettre a comblé ma joie et ma reconnaissance. Je n'attendais pas
+ moins de mon bon et tendre père. Je sors de chez M. de Lourdoueix;
+ il doit sous très peu de jours me fixer un terme précis, alors je
+ montrerai ta lettre à M. et à Mme Foucher. Ainsi je te devrai
+ tout, vie, bonheur, tout. Quelle gratitude n'es-tu pas en droit
+ d'attendre de moi, toi, mon père, qui as comblé le vide immense
+ laissé dans mon cœur par la perte de ma bien-aimée mère!
+
+ Je doute, pour ce qui concerne la pension que je viens d'obtenir à
+ la maison du Roi, qu'on me rappelle le trimestre de juillet, alors
+ elle ne courrait qu'à dater du 1er octobre, ce qui remettrait mon
+ bienheureux mariage à la fin de septembre. C'est bien long, mais je
+ me console en pensant que mon bonheur est décidé. Quand l'espérance
+ est changée en certitude, la patience est moins malaisée. Cher papa,
+ si tu savais quel ange tu vas nommer ta fille!
+
+ J'attends toujours bien impatiemment ton _poëme_, et je ferai des
+ exemplaires du _Journal de Thionville_ l'usage que tu m'indiques. Un
+ Espagnol, nommé d'_Abayma_, qui m'est venu voir hier m'a parlé de mon
+ père, de manière à m'en rendre fier, si je ne l'avais pas déjà été.
+
+ Je n'ai aucune prévention contre ton épouse actuelle, n'ayant pas
+ l'honneur de la connaître. J'ai pour elle le respect que je dois à
+ la femme qui porte ton noble nom, c'est donc sans aucune répugnance
+ que je te prierai d'être mon interprète auprès d'elle, je ne crois
+ pouvoir mieux choisir. N'est-il pas vrai, mon excellent et cher papa?
+
+ Adieu, pardonne à ce griffonnage, c'est ma reconnaissance, c'est ma
+ joie qui me rendent illisible. Adieu, cher papa, porte-toi bien et
+ aime ton fils heureux, dévoué et respectueux,
+
+Victor.
+
+Paris, 26 juillet.
+
+ Je tâcherai de remettre en personne ta lettre au général d'Hurbal.
+
+ Je renouvelle mes démarches pour la Société de Blois.
+
+ Dans ma prochaine lettre, je te parlerai de tous les travaux auxquels
+ le bonheur va me permettre de livrer un esprit calme, une tête
+ tranquille et un cœur content. Tu seras peut-être satisfait. C'est au
+ moins mon plus vif désir.
+
+Le poète des _Odes_ continue à assurer, à Paris, le service de presse
+du _Journal de Thionville_,--un exemplaire en a été remis au rédacteur
+du _Dictionnaire des Généraux français_--et à prêter son appui aux
+difficultueux débuts de la Société littéraire de Blois.
+
+Le général, non content de manier la prose, «sacrifie aux muses».
+Il a envoyé à son fils une copie de son poème, _la Révolte des
+Enfers_. Victor Hugo se montre moins sévère que dans le _Conservateur
+littéraire_. Il a lu et relu les alexandrins paternels--les Mémoires
+du Général valaient beaucoup mieux,--s'extasie devant un vers assez
+médiocre, et admire que son père ait «mis si peu de temps à faire» ce
+«joli poëme».
+
+Mon cher Papa,
+
+ Au moment où je commence cette lettre, on m'apporte l'argent du mois.
+ Les 36 francs qui y sont joints seront remis aujourd'hui même à leur
+ destination. Les exemplaires de l'intéressant _Journal de Thionville_
+ que tu destinais à l'Académie des Sciences et au rédacteur du
+ _Dictionnaire des Généraux français_ sont déjà parvenus à la leur.
+
+ J'ai reçu en même temps que ta dernière lettre un paquet de M.
+ le Secrétaire de la Société de Blois. J'aurai l'honneur de lui
+ répondre directement dès que les nouvelles démarches que je viens
+ d'entreprendre m'auront donné un résultat quelconque. Il est tout
+ simple, cher Papa, que j'apporte beaucoup de zèle à cette affaire: tu
+ y prends intérêt.
+
+ Je me hâte d'en venir à ton ingénieux poëme; il me tardait de te dire
+ tout le plaisir que j'ai éprouvé à le lire. Je l'ai déjà relu trois
+ fois et j'en sais des passages par cœur. On trouve à chaque page une
+ foule de vers excellents tels que _et vendre à tout venant le pardon
+ que je donne_ et de peintures pleines de verve et d'esprit comme
+ celle de Lucifer prenant sa lunette pour observer l'ange. Plusieurs
+ de mes amis, qui sont en même temps de nos littérateurs les plus
+ distingués, portent de ton ouvrage le même jugement que moi. Tu vois
+ donc bien, cher papa, que je ne suis pas prévenu par l'amour profond
+ et la tendre reconnaissance que je t'ai vouée pour la vie.
+
+Ton fils soumis et respectueux,
+
+Victor.
+
+Paris, 8 août.
+
+ Je crois en vérité M. le général d'Hurbal _introuvable_. J'ai été à
+ Meudon _inutilement_. J'espère être plus heureux un de ces jours.
+
+ J'attends toujours un mot de M. de Lourdoueix qui ne peut se faire
+ attendre maintenant que la session est presque finie.
+
+ Encore un mot, cher papa, malgré l'heure de la poste qui me presse,
+ je ne puis m'empêcher de te dire combien il m'a semblé remarquable
+ que tu aies mis si peu de temps à faire ton joli poëme. Parle-moi de
+ ta santé, de grâce, dans ta prochaine. Ce projet d'aller passer les
+ vendanges près de toi était charmant, j'y ai reconnu toute ta bonté;
+ mais il faut remettre ce bonheur à l'année prochaine, rien alors ne
+ l'entravera.
+
+Le gouvernement se montre peu disposé à accorder à la Société
+littéraire de Blois l'autorisation sollicitée, d'autant que «MM. les
+Députés qui s'étaient chargés d'appuyer la demande ne l'ont fait que
+très faiblement».
+
+Toutefois, on a indiqué au poète un biais--on a, à la direction de la
+police, l'ironie facile--pour suppléer à cette faveur. La société peut
+se passer d'être autorisée, ne comptant pas vingt membres. Et, de fait,
+elle disparut, sans avoir jamais atteint ce chiffre.
+
+Que M. de Chateaubriand revienne au pouvoir[33], Victor aura plus de
+crédit et se fait fort d'obtenir de lui les droits à la littérature de
+la ville de Blois.
+
+[Note 33: Chateaubriand n'avait pas seulement été disgracié,
+mais désavoué par Louis XVIII qui avait cru devoir donner à son
+mécontentement une publicité pour le moins singulière: «Le vicomte de
+Chateaubriand ayant dans un écrit imprimé, élevé des doutes sur notre
+volonté personnelle, manifestée par notre ordonnance du 5 septembre,
+nous avons ordonné ce qui suit: le vicomte de Chateaubriand cesse, de
+ce jour, d'être compté au nombre de nos ministres d'État.»
+
+La réaction qui suivit l'assassinat du duc de Berry avait mis fin à
+cet imbroglio. Avec le ministère Villèle, Chateaubriand acceptait
+l'ambassade de France à Londres, accompagnait M. de Montmorency
+au congrès de Vérone (15 octobre 1822), et après la démission de
+celui-ci, le portefeuille des Affaires étrangères par ordonnance du
+28 novembre... Non moins cavalièrement, on verra à la suite de quels
+événements, ce portefeuille devait lui être retiré le 6 juin 1824.]
+
+Il connaît en ce moment l'ennui des formalités administratives qui
+accompagnent les actes principaux de la vie. Des papiers lui manquent,
+son père pourrait-il lui procurer une copie de son acte de naissance et
+un extrait de baptême.
+
+Ne perdant pas le nord, le «bon oncle Louis», le colonel Louis Hugo,
+commandant le bureau de recrutement de Tulle, a déjà écrit à son neveu
+pour mettre à profit le crédit au ministère de la Guerre de M. Foucher,
+son futur beau-père.
+
+Mon cher Papa,
+
+ Il y a déjà longtems que j'aurais répondu à ta bonne et chère lettre,
+ si je n'avais désiré te marquer en même tems le résultat définitif
+ de mes démarches pour la Société de Blois. Il n'est pas tel que tu
+ le désirais et c'est une peine qui se mêle au plaisir de t'écrire.
+ Tu sais que le dossier de la Société fut renvoyé (selon l'usage, à
+ ce qu'il paraît) dans les bureaux de la direction générale de la
+ police. Après plusieurs démarches dans ces bureaux, j'obtins enfin il
+ y a quelque tems cette réponse de M. Franchet que _le gouvernement
+ ne jugeait pas à propos d'accorder en ce moment aucune autorisation
+ de ce genre_; que d'ailleurs la Société de Blois n'étant composée
+ actuellement que de quatorze membres pouvait se passer de cette
+ autorisation, laquelle ne lui deviendrait nécessaire qu'autant
+ qu'elle en porterait le nombre au delà de vingt, cette réponse me
+ fut donnée comme irrévocable. Sentant néanmoins ce qu'elle avait de
+ peu satisfaisant pour la Société, j'ai voulu, avant de te l'envoyer,
+ remonter jusqu'au ministre de l'Intérieur, qui n'a fait que me
+ confirmer d'une manière décisive la réponse du directeur de la
+ police. Je me hâte donc, bien à regret, de t'en faire part. Je pense
+ du reste, mon cher papa, que la Société ne doit pas se décourager.
+ L'obstacle opposé par le gouvernement passera avec les événemens qui
+ le font naître, et d'ailleurs, si jamais M. de Chateaubriand arrivait
+ au ministère, je ne désespérerais pas de le faire lever pour peu
+ que tu le désirasses encore. J'aurais alors, par le moyen de cet
+ illustre ami, un peu plus de crédit. Veuille, je te prie, mon cher
+ papa, transmettre tous ces détails à M. le Secrétaire de la Société,
+ auquel j'aurais eu l'honneur d'écrire si selon mon vif désir, j'avais
+ eu de bonnes nouvelles à vous annoncer. Pour ne rien te cacher, je
+ te dirai très confidentiellement que MM. les députés qui s'étaient
+ chargés d'appuyer la demande ne l'ont fait que très faiblement. Pour
+ moi, j'ai fait bien des pas et des démarches inutiles: mais je n'en
+ aurais, certes, aucun regret, si j'avais réussi.
+
+ Maintenant, cher papa, c'est toi que je vais importuner. Tout annonce
+ que mes affaires à l'intérieur vont enfin se terminer et que mon
+ bonheur va commencer. Mais il me faudra mon acte de naissance et
+ mon extrait de baptême. Je m'adresse à toi, mon bon et cher papa,
+ ne connaissant personne à Besançon, je ne sais comment m'y prendre
+ pour obtenir ces deux papiers. Ta bonté inépuisable est mon recours.
+ Je voudrais les avoir dès à présent, car si j'attendais encore, je
+ tremblerais qu'ils n'apportassent du retard à cette félicité qui me
+ semble déjà si lente à venir. Moi qui connais ton cœur, je sais que
+ tu vas te mettre à ma place; pardonne-moi de te causer encore ce
+ petit embarras. Tu nous avais envoyé il y a quatre ans nos actes de
+ naissance: mais en prenant nos inscriptions de droit, nous avons dû
+ les déposer au bureau de l'école, selon la loi, et la loi s'oppose
+ à ce qu'on les restitue. Tu me rendrais donc bien heureux en me
+ procurant cette pièce avec mon extrait de baptême, nécessaire pour
+ l'église, comme tu sais.
+
+ Adieu, cher et excellent papa, l'offre que tu me fais dans ta
+ charmante lettre de m'envoyer des vues de Saint-Lazare, dessinées
+ par toi, me comble de joie et d'une douce reconnaissance. Il me
+ serait bien doux de pouvoir placer des ornements aussi chers dans
+ l'appartement qui sera témoin de mon bonheur. Réalise, je t'en prie,
+ cette promesse à laquelle j'attache un si haut prix.
+
+ Réponds-moi le plus tôt possible, et parle-moi beaucoup de ta santé,
+ de tes occupations et de ton affection pour tes fils, que peuvent à
+ peine payer tout le respect et tout l'amour de ton
+
+Victor.
+
+Paris, 31 août 1822.
+
+ Mon bon oncle Louis m'a écrit pour un objet qui le concerne et dont
+ M. Foucher s'occupe activement. Je lui transmettrai la réponse dès
+ que je l'aurai.--Nous t'embrassons tous ici bien tendrement. Je pense
+ que tu lis à Blois les journaux qui parlent de mon recueil, si tu
+ le désires, je t'enverrai ceux qui me tombent entre les mains. Je
+ lis et relis ton joli poëme de la _Révolte des Enfers_.--Parle-moi,
+ je te prie, de ce que tu fais en ce moment. Tu sais combien cela
+ m'intéresse et comme fils et comme littérateur.
+
+ Pardonne à mon griffonnage; je t'écris avec une main malade: je me
+ suis blessé légèrement avec un canif, ce ne sera rien. Adieu, cher
+ papa, je t'embrasse encore.
+
+La demande officielle du général Hugo a été remise à M. Foucher, qui a
+fait la réponse en partie reproduite par Mme Hugo[34]. La pension
+ne peut tarder, mais le général fait attendre à ses fils le mois de la
+leur. Avec toutes les formes possibles, Victor signale à son père ce
+gênant oubli. Ne lui sont pas encore parvenus également son extrait de
+naissance et le consentement légalisé du général.
+
+[Note 34: _Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie_, pp. 59-60.]
+
+Paris, 13 septembre 1822.
+
+Mon cher papa,
+
+ M. de Lourdoueix m'ayant donné sa parole d'honneur que ma pension de
+ l'intérieur me serait assignée durant l'administration intérimaire
+ de M. de Peyronnet[35], j'ai remis ta lettre à M. Foucher et tu as
+ dû recevoir sa réponse. Nous n'attendons plus que ton consentement
+ légalisé.
+
+[Note 35: Charles-Ignace de Peyronnet, né à Bordeaux en 1775,
+devait à Madame, dont il avait protégé la fuite à Bordeaux, et à Mme
+du Cayla qu'il avait fait triompher, en appel, de son mari, à Bourges,
+sa scandaleuse fortune. Successivement président du tribunal de
+Bordeaux (1816), procureur général à Bourges, puis à Rouen, poste dont
+il ne prit pas possession, la Restauration en fît un garde des sceaux,
+le 21 décembre 1821 et le créa comte le 17 août 1822. Son nom reste
+attaché à toutes les mesures rétrogrades ou restrictives soutenues
+par lui devant la Chambre des députés, non sans provoquer parfois son
+hilarité par le décousu et la vulgarité de son éloquence. Il tomba avec
+le ministère Villèle, le 6 décembre 1827, fut nommé pair de France par
+ordonnance du 5 janvier 1828, contresigna comme ministre de l'Intérieur
+du cabinet Polignac après son remaniement (19 mai 1830) les ordonnances
+du 25 juillet; mis en accusation et condamné à la détention perpétuelle
+par la Chambre des Pairs (19 décembre 1830) il fut grâcié en 1834 et
+mourut en 1854.]
+
+ Cher papa, n'attribue le silence d'Abel qu'à la multiplicité de ses
+ occupations, je lui ai communiqué ta lettre, et il va s'empresser de
+ dissiper lui-même un doute aussi affligeant pour ton cœur.
+
+ Si je n'ai pas été baptisé à Besançon, je suis néanmoins sûr de
+ l'avoir été, et tu sais combien il serait fâcheux de recommencer
+ cette cérémonie à mon âge. M. de Lamennais[36], mon illustre ami,
+ m'a assuré qu'en attestant que j'ai été baptisé en pays étranger
+ (en Italie), cette affirmation accompagnée de la tienne suffirait.
+ Tu sens combien de hautes raisons doivent me faire désirer que tu
+ m'envoies cette simple attestation.
+
+[Note 36: Voir la lettre écrite de la Chenaie à Victor Hugo à
+l'occasion de son mariage (_Victor Hugo raconté..._, tome II, p.
+60-61).]
+
+ Nous sommes au 13, mon cher papa, et je n'ai pas encore reçu notre
+ mois. Ton exactitude à prévenir les besoins de tes fils me rend
+ certain que la négligence ne vient que des messageries. Mais je t'en
+ avertis, cher papa, sûr que tu t'empresseras de faire cesser notre
+ gêne.
+
+ Adieu, mon excellent père, je t'aime, je t'embrasse et je fais les
+ vœux les plus ardens pour te voir et te voir bien portant.
+
+Ton fils tendre et respectueux,
+
+Victor.
+
+L'attestation de baptême est parvenue, seul le consentement légalisé
+du général manque encore. Son fils le presse de le lui adresser.
+Il voudrait bien que la publication des bans commence le dimanche
+suivant--demande même à son père d'en racheter un dans sa paroisse, à
+Blois--afin que le mariage puisse avoir lieu vers le 7 ou le 8 octobre.
+
+L'impatience très naturelle du fiancé n'est pas seule en jeu: une
+question d'appartement s'y mêle: il a donné congé du sien pour
+le 8 octobre et voudrait éviter les ennuis et les frais de deux
+déménagements successifs.
+
+Victor Hugo, ainsi que ses futurs beaux-parents, regrette vivement
+qu'un accident empêche le général d'assister au mariage et de prendre
+part aux frais de la noce. Mais, il faut qu'il y ait là une absolue
+nécessité. Le père doit à ses fils un mois arriéré de leur pension, il
+le prie de le leur envoyer et il le supplie de la continuer à Abel et à
+Eugène--ce dernier «était un peu fou» quand il a écrit au général. Pour
+lui, il ne l'importunera plus de ses besoins, à la pension qu'il va
+toucher s'en ajoutera bientôt une nouvelle, et il compte redoubler de
+travail et de veilles.
+
+Mon cher papa,
+
+ Je te réponds courrier par courrier pour te remercier de
+ l'attestation que tu m'envoies et te prier de mettre autant de
+ célérité à me faire parvenir ton consentement notarié. Je désirerais
+ bien vivement que mon mariage pût avoir lieu le 7 ou le 8 octobre
+ pour un motif impérieux (entre tous les motifs de cœur qui, tu
+ le sais, ne le sont pas moins), c'est que je quitte forcément
+ l'appartement que j'occupe le 8 octobre. J'ai donc prié M. et Mme
+ Foucher de faire commencer la publication des bans dimanche prochain
+ 22, elle se terminera le dimanche 6 octobre. Mais ces bans doivent
+ être également publiés à ton domicile, et il faut que le 6 octobre
+ on ait reçu à notre paroisse de Saint-Sulpice la notification de la
+ complète publication des bans à Blois, ce qui ne se pourrait faire
+ qu'autant que tu serais assez bon pour racheter un ban à ta paroisse.
+ Ce rachat coûte _cinq_ francs ici, on m'assure qu'il doit être moins
+ cher encore à Blois. Tu sens, mon cher papa, combien est urgente la
+ nécessité qui me fait t'adresser cette instante prière. Il s'agit de
+ m'épargner l'embarras et la dépense de deux déménagements coup sur
+ coup dans un moment qui entraîne déjà naturellement tant de dépenses
+ et d'embarras, il s'agit de plus encore, c'est de hâter mon bonheur
+ de quelques jours, et je connais assez ton cœur pour ne plus insister.
+
+ Je suis tout à fait en règle, j'ai fait lever sur l'extrait de
+ naissance déposé à l'école de droit une copie notariée qui vaut
+ l'original, quand ton consentement me sera parvenu, je pourrai
+ remplir toutes les formalités civiles. Le papier que tu m'envoies
+ aujourd'hui suffit également pour les formalités religieuses.
+
+ Les noms et prénoms de ma bien-aimée fiancée sont _Adèle-Julie_
+ Foucher, fille mineure de Pierre Foucher, chef de bureau au ministère
+ de la Guerre, chevalier de la Légion d'honneur, et d'Anne-Victoire
+ Asseline. Ces renseignements te seront nécessaires pour la
+ publication des bans.
+
+ Nous avons tous bien vivement regretté ici, mon cher et excellent
+ papa, que cet accident arrivé à ton élève (?) nous privât du
+ bonheur de te voir prendre part et ajouter par ta présence à tant
+ de félicité. Il est inutile de te dire combien ton absence me sera
+ pénible; mais je me dédommagerai quelque jour, j'espère, d'avoir été
+ si longtems sevré de la joie de t'embrasser.
+
+ Il est malheureux encore, cher papa, que cet accident te prive de
+ contribuer aux sacrifices que vont faire M. et Mme Foucher.
+ Je ne doute pas qu'il n'y a que l'absolue nécessité qui puisse
+ t'imposer cette économie, et je suis sûr que ton cœur en sera le
+ plus affligé. Tâche, cependant, de nous envoyer le plus tôt possible
+ le mois arriéré. Tu sens combien je vais avoir besoin d'argent dans
+ le moment actuel. Je te supplie encore, bon et cher papa, de faire
+ tout ton possible pour continuer à mes frères Abel et Eugène leur
+ pension, n'oublie pas qu'Eugène était un peu fou quand il t'a écrit,
+ et donne-lui, si tu le peux, cette nouvelle preuve de tendresse
+ généreuse et paternelle. Pour moi je ne t'importunerai pas de mes
+ besoins; à dater du 1er octobre, ma pension me sera comptée,
+ l'autre ne tardera pas sans doute, et quoique ce moment-ci m'entraîne
+ nécessairement à beaucoup de frais, en redoublant de travail et de
+ veilles, je parviendrai peut-être à les couvrir. Le travail ne me
+ sera plus dur désormais, je vais être si heureux!
+
+ Permets-moi en finissant, mon cher et bien cher papa, de te rappeler
+ combien sont importantes toutes les prières que je t'adresse
+ relativement à l'envoi de ton consentement légal, à la publication et
+ au rachat des bans dans ta paroisse.
+
+ Adieu, pardonne à ce griffonnage et reçois l'expression de ma tendre
+ et profonde reconnaissance.
+
+Ton fils soumis et respectueux,
+
+Victor.
+
+Paris, 18 septembre 1822.
+
+ J'ai été obligé de rectifier une erreur d'inadvertance dans la pièce
+ que tu m'envoies, je suis né le 26 février 1802 et non 1801.
+
+ M. et Mme Foucher sont bien sensibles à tout ce que tu leur dis
+ d'aimable. Tu verras un jour quel présent ils te font quand je
+ t'amènerai ta fille.
+
+ Je t'enverrai incessamment tous ceux que j'ai pu me procurer des
+ journaux qui ont parlé de mon recueil. Il continue à se bien vendre
+ et dans peu les frais seront couverts. C'est une chose étonnante dans
+ cette saison.
+
+Le général n'a pas racheté, paraît-il, le ban qui devait permettre
+au mariage d'avoir lieu à la date désirée. Son fils d'en être très
+contrarié et de le presser à nouveau.
+
+Mon cher papa,
+
+ En prévoyant combien je serais contrarié du retard que tu m'annonces,
+ tu ne t'es pas trompé. Je m'empresse aujourd'hui de t'écrire quelques
+ mots pour te prier très instamment de faire au moins en sorte que
+ le certificat de publication de bans m'arrive vendredi matin (11
+ octobre) avant onze heures. Le jour du mariage est fixé au samedi 12,
+ et toutes les raisons que je t'ai détaillées déjà empêchent qu'il ne
+ soit retardé d'un jour. Je recommande tout cela à cette diligence qui
+ me prouve ta tendresse et je finis en t'embrassant.
+
+Ton fils soumis et respectueux,
+
+Victor.
+
+ Abel va te répondre incessamment et t'embrasse ainsi qu'Eugène.
+ Excuse ce griffonnage.
+
+ Ce 3 octobre 1822.
+
+ Réponds-moi, je te prie, au sujet de la demande que je te fais dans
+ cette lettre le plus tôt possible.
+
+Ici, s'intercale parmi les lettres de Victor Hugo, une lettre, d'une
+écriture serrée et soignée, presque commerciale, à tous points de vue
+intéressante, de son oncle, le colonel Louis Hugo.
+
+Leurs châteaux en Espagne, c'est-à-dire les cédules hypothécaires du
+roi Joseph, le préoccupent autant que son frère: quoique désespérant,
+comme Oronte, il espère toujours.
+
+Il a fait quelques observations à son neveu sur son mariage, le
+trouvant bien jeune pour s'établir et lui conseillant d'attendre, pour
+cela, d'avoir trouvé «une bonne place».
+
+Victor Hugo l'a rassuré: il aura bientôt 3.000 francs de revenu, tant
+du produit de son travail que de la pension qui va lui être servie...
+comme membre de l'Académie des Jeux Floraux[37].
+
+[Note 37: Cette pension servie aux membres de «la seconde Académie
+du royaume» n'ayant point laissé de me surprendre, il m'a paru
+intéressant de m'adresser à l'Académie elle-même, pour savoir si jamais
+ses membres avaient été l'objet de cette libéralité royale.
+
+La réponse fut fort aimable, mais négative, comme je m'y attendais:
+
+Académie
+des
+Jeux Floraux
+
+Toulouse, 2 décembre 1906.
+
+Monsieur,
+
+ L'Académie vient seulement de reprendre ses travaux. De là le retard
+ de ma réponse; vous voudrez bien nous en excuser.
+
+ Jamais le titre de membre de l'Académie des Jeux Floraux n'a
+ donné droit à pension de la cassette royale, et Victor Hugo dont
+ vous parlez ne se sert évidemment pas de termes d'une rigoureuse
+ exactitude.
+
+ J'ajoute,--pour vous renseigner très complètement,--que Victor Hugo,
+ après avoir obtenu divers prix à plusieurs concours de l'Académie,
+ fut déclaré _maître ès-jeux_. Il n'appartint pas à notre Compagnie
+ comme mainteneur.
+
+ Veuillez, Monsieur, me permettre de saisir cette occasion pour vous
+ prier d'agréer l'expression de mes très distingués sentiments.
+
+ Le mainteneur, secrétaire des Assemblées.
+
+G. Depeyre.
+
+
+Les Jeux Floraux n'avaient donc rien à voir dans cette pension. Elle a
+été accordée à Victor Hugo, en septembre 1822, par Louis XVIII, «sur la
+proposition de M. le Marquis de Lauriston, alors ministre de la maison
+du roi, et sur la recommandation spéciale de S. A. R. Madame, duchesse
+de Berry, transmise au ministre par Mme la maréchale, duchesse de
+Reggio».
+
+Une lettre de Victor Hugo, adressée en 1826 à M. le vicomte de
+la Rochefoucauld, aide de camp du roi, chargé du département des
+beaux-arts, et reproduite par Edmond Biré (p. 397), spécifie ces
+détails et ne permet à ce sujet aucun doute.]
+
+Le colonel a cru devoir s'incliner, conseille au général de l'imiter
+et,--un post-scriptum de Victor Hugo a antérieurement révélé ce
+détail--a mis aussitôt à profit la situation de M. Foucher au ministère
+de la Guerre pour tâcher d'éviter sa mise à la retraite.
+
+Le colonel a fait de suite, par la voie hiérarchique, une demande,
+pour quitter le bureau de recrutement où il est détaché et rentrer en
+activité de service.
+
+Cette lettre, scellée d'un cachet portant les initiales L. H., est
+adressée:
+
+A Monsieur
+Monsieur Le Chevalier Hugo
+Maréchal de camp des Armées du Roi
+à Saint-Lazare,
+
+Blois.
+
+ J'ai reçu en son tems, mon bon ami, ta lettre du 9 septembre à
+ laquelle tu avais joint deux lettres à mon adresse que tu avais
+ reçues de M. Bourg. Il paraît d'après leur contenu que toutes nos
+ espérances sur l'Espagne sont tout à fait perdues. Cependant je ne
+ pense pas que nous puissions entièrement renoncer à nos prétentions;
+ attendu que si la lutte politique qui est engagée en ce moment dans
+ ce pays tourne à l'avantage des constitutionnels[38]: ce nouveau
+ Gouvernement pour se faire des amis voudra peut-être contenter tout
+ le monde; conséquemment comme il y a beaucoup d'Espagnols qui sont
+ porteurs de cédules hypothécaires du roi Joseph, il est présumable
+ que l'on prendra un parti à leur égard, dès lors, on pourra donner un
+ cours à ses papiers, ce qui fera reprendre un peu les nôtres.
+
+[Note 38: Écrite huit jours avant le congrès de Vérone, cette
+lettre n'en pouvait prévoir les résultats et la prochaine intervention
+de la France en Espagne pour y rétablir les droits que Ferdinand avait
+en partie abdiqués, contraint, en 1820, de rétablir la constitution de
+1812.]
+
+ Une chose qui me semble encore en notre faveur, c'est que la
+ commission chargée de l'exécution des conventions du 25 avril 1818 et
+ du 30 avril 1822 avait été créée avant la dernière révolution qui
+ s'est oppérée (_sic_) à Madrid. Depuis il a été question aux Cortes,
+ de mettre un terme à toutes ces réclamations dont le Gouvernement
+ était accablé. Donc il faudrait en attendre les résultats.
+
+ J'avais fait à Victor quelques observations sur ses projets futurs
+ de mariage, je lui disais qu'il était bien jeune encore pour songer
+ à s'établir, que ta position ne te permettait pas de faire de grands
+ sacrifice (_sic_) dans cette circonstance, et que par conséquent il
+ ferait bien d'attendre qu'il eût obtenu une bonne place qui le mette
+ à même de pouvoir vivre honorablement avec son Épouse. De manière
+ qu'il m'a répondu ce qui suit: «Je te remercie, cher oncle, des
+ conseils que tu me donne (_sic_) et de l'intérêt que tu me témoigne
+ (_sic_) à l'occasion de mon très prochain mariage avec la fille de
+ M. Foucher, Mlle Adèle Foucher. Toutes les aimables inquiétudes
+ que tu me témoigne (_sic_) pour mon avenir cesseront quand tu sauras
+ qu'avant deux mois j'aurai près de 3.000 francs de revenu par
+ moi-même, tant du produit de mes ouvrages, que de la pension qui
+ est attachée au titre de membre de la Seconde académie du Royaume.
+ Tu sais, mon cher Oncle, qu'en 1820 après avoir remporté trois prix
+ successifs j'ai été nommé membre de l'Académie des jeux floraux. La
+ pénurie de la cassette royale m'avait empêché jusqu'ici de toucher ma
+ pension, mais j'ai tout lieu de croire qu'à dater du 1er octobre
+ elle me sera comptée.»
+
+ Tu vois, d'après cela, mon ami, qu'avec de la conduite et des mœurs
+ aussi douce (s) que celle (s) de Victor, il peut, par la suite, avoir
+ une très belle existance (_sic_). Il paraît que son futur mariage est
+ un mariage d'inclination et que Mlle Foucher est très bien élevée:
+ or il faut laisser aller la chose et faire des vœux pour qu'ils
+ soient heureux.
+
+ J'avais aussi prié Victor de s'informer, près de M. Foucher, s'il
+ pensait que cette mission à Tulle ne serait pas un titre d'exception
+ pour ma mise à la retraite quoique n'ayant pas atteint mes cinquante
+ ans d'âge.
+
+ Voici un passage de sa lettre:
+
+ «Il est très vrai que MM. les colonels employés dans les conseils de
+ recrutement ne sont pas considérés comme en activité, il est très
+ vrai également que le désir d'éteindre les demi-soldes fait qu'on
+ s'empresse de mettre à la retraite tous les officiers qui remplissent
+ les conditions demandées, quelque jeunes qu'ils puissent d'ailleurs
+ être encore. M. Foucher pense donc que ce qu'il y aurait de mieux à
+ faire pour toi, ce serait de réclamer l'activité. Il m'a dit au reste
+ que le Ministre était très satisfait de ton zèle et de tes services
+ à Tulle, et qu'il se pourrait grâce à cette considération, que la
+ règle général (_sic_) de mettre à la retraite tous les officiers qui
+ peuvent y être mis, souffre une exception à ton égard. Je termine
+ ces détails, mon meilleur oncle, en te priant si tu fais quelques
+ démarches, de te servir de moi comme de toi-même. Je serai heureux de
+ te rendre quelque petit service.»
+
+ Depuis la réception de cette lettre j'ai fait le voyage de Périgueux
+ où M. le lieutenant-général Almeras[39] m'a reçu de la manière la
+ plus amicale; il m'a beaucoup parlé de toi, et chargé de le rappeler
+ à ton ancienne amitié. Il m'a tenu à peu près le même lengage (_sic_)
+ que Victor, et fortement engagé à lui adresser une demande d'activité
+ de service, pour S. E. le Ministre de la Guerre[40]; j'ai suivi ses
+ conseils et la lui ai expédiée avant-hier. Maintenant il reste à
+ savoir quel effet cela produira.
+
+[Note 39: Le lieutenant général Almeras, après s'être signalé dans
+les Alpes, dans le Midi de la France, où son œuvre de pacification lui
+valait des félicitations du Conseil des Cinq-Cents et en Égypte avec
+Kléber, avait fait les campagnes d'Autriche et de Prusse. Nommé général
+au lendemain de la bataille de la Moskowa (7 septembre 1812), il avait
+reçu en 1814 de la Restauration la croix de Saint-Louis.]
+
+[Note 40: Victor, duc de Bellune.]
+
+ Si M. de Lescale était de retour à Blois et qu'il fût disposé à
+ écrire un mot à M. Perceval, il me ferait plaisir. Car tu sais que
+ dans ces circonstances il vaut mieux avoir deux cordes à son arc
+ qu'une seule.
+
+ Adieu, je t'embrasse de tout mon cœur, ainsi que ta femme et Goton,
+ si elle est encore près de toi.
+
+ Tout à toi de cœur et d'amitié,
+
+Le Colonel,
+Chev. L. Hugo.
+
+Tulle, le 9 octobre 1822.
+
+A Saint-Sulpice, où dix-huit mois auparavant avaient été récitées
+autour du cercueil de sa mère les dernières prières, le mariage de
+Victor Hugo était enfin célébré le 12 octobre 1822. L'acte de mariage
+fut ainsi rédigé:
+
+ Le 12 octobre 1822, après la publication des trois bans, en cette
+ église, et d'un seul en celle de Blois vu la dispense des deux
+ autres, les fiançailles faites le même jour, ont reçu la bénédiction
+ nuptiale:
+
+ Victor-Marie Hugo, membre de l'Académie des Jeux-Floraux de Toulouse,
+ âgé de vingt ans, demeurant de droit et de fait à Blois, diocèse
+ d'Orléans[41], fils mineur de Joseph-Léopold-Sigisbert Hugo, maréchal
+ des camps et armées du roi, chevalier de l'ordre royal et militaire
+ de Saint-Louis, officier de la Légion d'honneur et commandant de
+ l'ordre royal de Naples, et de défunte Sophie-Françoise Trébuchet,
+ son épouse,
+
+[Note 41: Le Blaisois et le Vendômois n'avaient été longtemps
+que des archidiaconés du diocèse de Chartres. Par bulle du 25 juin
+1697 seulement, Innocent XII institua le diocèse de Blois, dont les
+promoteurs avaient été auprès de Louis XIV, le père La Chaise, son
+confesseur et Mme de Maintenon.
+
+Le diocèse de Blois, illustré par l'épiscopat de Grégoire, fut supprimé
+par le Concordat et le département de Loir-et-Cher réuni au diocèse
+d'Orléans.
+
+Rétabli par ordonnance royale du 10 octobre 1822, le diocèse de Blois
+risqua fort d'être supprimé en 1834, ainsi que les autres sièges non
+concordataires qui avaient bénéficié de cette ordonnance.]
+
+D'une part;
+
+ Et Adèle-Julie Foucher, âgée de dix-neuf ans, demeurant de droit et
+ de fait rue du Cherche-Midi, nº 39, de cette paroisse, fille mineure
+ de Pierre Foucher, chef au Ministère de la Guerre, chevalier de la
+ Légion d'honneur, et de Anne-Victoire Asseline, son épouse,
+
+D'autre part;
+
+ Présents et témoins, Jean-Baptiste Biscarrat, Alfred-Victor, comte de
+ Vigny; Jean-Baptiste Asseline, Jean-Jacques-Philippe-Marie Duvidal,
+ lesquels ont signé avec les époux et leur père et mère.
+
+ _Victor-M. Hugo,--A.-J.-V.-M. Foucher,--comte Alfred de
+ Vigny,--Fouché,--Biscarrat,--Eugène Hugo,--Duvidal, marquis de
+ Montferrier,[42]--Asseline,--V.-A. Fouché,--A. Hugo,--Victor
+ Fouché,--A. Asseline,--Deschamps,--Soumet,--Fessart,--Dumas, vicaire._
+
+[Note 42: Abel Hugo devait épouser plus tard Mlle de
+Montferrier.]
+
+Contrairement aux souvenirs de Victor Hugo, (_Victor Hugo raconté..._)
+les témoins de son mariage n'avaient donc point été M. Ancelot[43] et
+Alexandre Soumet[44], mais bien Jean-Baptiste Biscarrat[45], l'ancien
+maître d'étude d'Eugène et de Victor à la pension Cordier, demeuré
+par la suite leur ami et l'un des plus nobles poètes dont se puisse
+enorgueillir la Restauration, le comte Alfred de Vigny.
+
+[Note 43: Jacques-Arsène-François-Polycarpe Ancelot (1794-1854). A
+cette époque, Ancelot avait connu, en 1819, un succès plus politique
+que littéraire avec son _Louis neuf_, tragédie qui lui valut une
+pension de Louis XVIII.
+
+Il devait figurer de 1823 à 1824, parmi les rédacteurs, de composition
+si éclectique, de la _Muse française_ et collaborait déjà aux _Annales
+de la Littérature et des Arts_, le journal officiel de la _Société des
+Bonnes Lettres_, où il consacra en 1822, un article très élogieux à
+Alfred de Vigny.
+
+Ancelot était un pseudo-classique dans toute la rigueur du terme. Il
+fit représenter le _Maire du Palais_, en 1823; un _Fiesque_ imité
+de Schiller, en 1824; _Olga_ ou l'_Orpheline moscovite_, en 1829;
+_Élisabeth d'Angleterre_, en 1829.
+
+La Révolution de 1830 l'ayant privé de sa pension, il se tourna vers
+les petits théâtres, d'un rapport plus lucratif, qu'il inonda de ses
+vaudevilles, dépourvus de style, comme il convient, mais non sans
+esprit et sans gaîté.]
+
+[Note 44: Alexandre Soumet, né à Castelnaudary, en 1788, mort
+en 1845. Après avoir d'abord chanté Napoléon et le Roi de Rome, il
+se réconcilia avec les Bourbons qui le nommèrent successivement
+bibliothécaire des châteaux de Saint-Cloud, de Rambouillet et de
+Compiègne.
+
+Très favorable aux théories romantiques, qu'il n'osait suivre lui-même
+que très timidement, Alexandre Soumet fut un des premiers défenseurs
+de Victor Hugo à ses débuts et collabora aux _Lettres champenoises_,
+sorte de «centre droit» entre les Romantiques et les Classiques, où il
+consacra également un article élogieux à Alfred de Vigny (tome VII); au
+_Conservateur littéraire_, dans lequel il rendit compte des _Nouvelles
+Odes_ de Victor Hugo, au _Mercure du XIXe siècle_, et fit partie de la
+_Société des Bonnes Lettres_, où il devait lire, en 1826, sa _Jeanne
+d'Arc_.
+
+Une élégie: _La Pauvre fille_, a plus contribué à rendre, un moment,
+son nom populaire, que ses tragédies: _Clytemnestre_ (1822), _Saül_
+(1822), _Elisabeth de France_ (1823), _Jeanne d'Arc_ (1823), pour n'en
+citer que quelques-unes, qui lui ouvrirent, en 1834, les portes de
+l'Académie française.
+
+Alexandre Soumet a laissé, à côté de son théâtre, un poème de longue
+haleine, témoignant d'un louable effort et où se trouvent de beaux
+vers, _la Divine Epopée_ (1840).
+
+Cf. Léon Séché: _Études d'Histoire romantique_.--_Le Cénacle de la Muse
+française_ (_Mercure de France_, 1908, LXXII, pp. 385-417; LXXIII, pp.
+24-57).]
+
+[Note 45: Biscarrat, que ses contemporains et tous ceux qui se
+sont occupés des débuts du Romantisme semblent avoir appelé Félix,
+aurait signé de l'initiale S des articles nombreux et intéressants du
+_Conservateur littéraire_.
+
+Alexandre Soumet ne paraît avoir collaboré qu'au tome III (1820-1821).
+
+Dans ce même volume, Alfred de Vigny donna sur les _Œuvres_ complètes
+de Byron, un premier article qui ne fut jamais suivi d'un second.
+
+Cf. Ch.-M. Des Granges: _La Presse littéraire sous la Restauration_.]
+
+La noce eut lieu chez M. Foucher. Sa salle à manger s'étant trouvée
+trop étroite, l'on dîna dans la salle du Conseil de guerre. Là même,
+dix ans plus tôt, le général Lahorie, le mystérieux réfugié de la rue
+de Clichy et des Feuillantines, s'était entendu condamner à mort.
+
+La lettre, qui, à moins de huit jours suivit, déborde de joie, de
+bonheur et de reconnaissance. Victor Hugo, cependant, malgré le rêve
+étoilé de ces oarystis semble avoir à cœur de ne point oublier ses
+frères et les recommande une fois de plus à la bonté et à la générosité
+du général.
+
+Mon cher Papa,
+
+ C'est le plus reconnaissant des fils et le plus heureux des hommes
+ qui t'écrit. Depuis le 12 de ce mois, je jouis du bonheur le plus
+ doux et le plus complet et je n'y vois pas de terme dans l'avenir.
+ C'est à toi, bon et cher papa, que je dois rapporter l'expression de
+ ces pures et légitimes joies, c'est toi qui m'as fait ma félicité,
+ reçois donc pour la centième fois l'assurance de toute ma tendre et
+ profonde gratitude.
+
+ Si je ne t'ai pas écrit dans les premiers jours de mon bienheureux
+ mariage, c'est que j'avais le cœur trop plein pour trouver des
+ paroles, maintenant même tu m'excuseras, mon bon père, car je ne sais
+ pas trop ce que j'écris. Je suis absorbé dans un sentiment profond
+ d'amour, et pourvu que toute cette lettre en soit pleine, je ne doute
+ pas que ton bon cœur ne soit content. Mon angélique Adèle se joint
+ à moi, si elle osait, elle t'écrirait, mais maintenant que nous ne
+ formons plus qu'un, mon cœur est devenu le sien pour toi.
+
+ Permets-moi, en terminant cette trop courte lettre, mon cher et
+ excellent papa de te recommander les intérêts de mes frères, je
+ ne doute pas que tu n'aies déjà décidé en leur faveur, mais c'est
+ uniquement pour hâter l'exécution de cette décision que je t'en
+ reparle.
+
+ Adieu donc, cher papa, je me sépare de toi avec regret; c'est
+ pourtant une douceur pour moi que de t'assurer encore de l'amour
+ respectueux et de l'inaltérable reconnaissance de tes heureux enfants.
+
+Victor.
+
+Paris, 19 octobre 1822.
+
+ Mes deux frères t'embrassent tendrement. Mon beau-père et ma
+ belle-mère ont été très sensibles à ta lettre. Je crois que M.
+ Foucher te répondra bientôt. Il s'occupe des intérêts de mon oncle
+ Louis au ministère de la Guerre.
+
+Un mois plus tard, le général Hugo et la comtesse de Salcano, son
+épouse, faisaient part en ces termes du mariage de Victor:
+
+M.
+
+ Monsieur le général Léopold Hugo et Madame la comtesse A. de Salcano,
+ son épouse, ont l'honneur de vous faire part du mariage, à Paris, de
+ Monsieur Victor-Marie Hugo, leur fils et beau-fils, avec Mademoiselle
+ Adèle-Julie-Victoire-Marie Foucher, fille de Monsieur le chevalier
+ Foucher, chef de bureau au ministère de la Guerre, et de Madame
+ Anne-Victoire Asseline, son épouse.
+
+ Saint-Lazare, près Blois, le 15 novembre 1822.
+
+ On n'aura pas l'honneur de recevoir.
+
+Dorénavant, Mme Victor Hugo prendra une place presque égale à celle
+de son mari dans cette correspondance avec le général. A son tour,
+elle lui exprime son affection et sa reconnaissance. Confiante dans
+l'avenir, elle célèbre son amour et son bonheur.
+
+La belle-mère n'a pas été l'obstacle que l'on pouvait craindre au
+mariage. Elle semble, au contraire, s'être entremise en faveur des
+amoureux pour en hâter la célébration. Ce n'est plus «l'épouse
+actuelle» du général, mais une alliée que l'on remercie, lui devant
+quelques jours fastes de plus.
+
+Paris, 19 novembre 1822.
+
+Mon cher Papa,
+
+ Tout ce que ta bonne lettre nous dit de tendre et de paternel a été
+ accueilli ici par deux cœurs qui n'en font qu'un pour t'aimer. Je ne
+ saurais te dire combien mon Adèle a été sensible à l'expression de
+ ton affection qu'elle mérite si bien par celle qu'elle daigne porter
+ à ton fils. Elle va t'exprimer elle-même tout ce qu'elle ressent pour
+ toi. Veuille bien, je te prie, dire à notre belle-mère combien nous
+ sommes reconnaissans de tout ce qu'elle a bien voulu faire pour hâter
+ notre fortuné mariage.
+
+ J'ai montré ta lettre à mes frères. Abel va t'écrire. Ils me chargent
+ de t'embrasser tendrement pour eux.
+
+ Maintenant permets-moi de t'embrasser pour moi et de céder le reste
+ de cette lettre à ta fille.
+
+Ton fils soumis et respectueux,
+
+Victor.
+
+Mon cher papa,
+
+ C'est la plus heureuse des femmes qui vous doit tout son bonheur que
+ sans vous elle désirerait encore, c'est votre fille qui a mis sa
+ destinée entre les mains du plus noble des hommes qui voudrait vous
+ rendre sa reconnaissance. Dieu sait que ce n'est pas la gloire qui
+ entoure son talent qui me le fait admirer, mais bien cette âme si
+ pure, si élevée que vous connaissez à peine et à laquelle la mienne
+ est consacrée. Il n'est rien de moi qui ne soit pour lui, pour mon
+ Victor, pour votre digne fils.
+
+ Si notre belle-mère savait combien j'ai été sensible à tout ce
+ qu'elle a bien voulu faire pour accélérer notre mariage, j'espère
+ qu'elle voudrait bien recevoir mes remerciements. Je lui dois
+ quelques jours de bonheur que sans elle je demanderais en vain.
+
+ J'ai vu, mon cher papa, s'écouler le plus beau jour de ma vie sans
+ avoir connu l'auteur de ce beau jour. Nous espérons, et moi en
+ particulier, comme une grâce, que la fin de cette année ne se passera
+ pas sans que j'aie pu vous exprimer de vive voix tous les sentiments
+ avec lesquels j'ai l'honneur d'être votre très respectueuse fille,
+
+A. Hugo.
+
+
+
+
+III
+
+Un roman en partie double.--La folie d'Eugène Hugo.--«La recommandation
+de M. de Clermont-Tonnerre».--La maison de la rue du Foix, à Blois.--La
+grossesse d'Adèle Hugo.--Le pauvre Eugène.
+
+
+L'antithèse n'existe pas seulement dans l'œuvre de Victor Hugo, et
+Baudelaire ne fut pas le premier, hélas!
+
+ admis au noir mystère
+ Des rires effrénés mêlés aux sombres pleurs.
+
+Le lendemain de ce beau jour, dont les jeunes époux clamaient
+orgueilleusement la joie, fut atrocement triste.
+
+Eugène Hugo, exalté, «un peu fou» depuis des mois, prononça, au cours
+du dîner de noce des paroles incohérentes. Biscarrat en fut frappé,
+avertit Abel Hugo, et au sortir de table, ils l'emmenèrent et le firent
+rentrer chez lui, sans en parler à personne.
+
+Le lendemain matin, on le trouva dans sa chambre, dont il avait allumé
+tous les flambeaux, vaticinant et tailladant les meubles à coups de
+sabre. Il était tout à fait fou.
+
+Un drame intime, navrant dans sa simplicité, se cachait sous cette
+démence et l'expliquait.
+
+«Cet Eugène, qui est mort enfin, après avoir survécu quatorze ou quinze
+ans à son âme, à son intelligence», mourut, plus discret qu'Arvers,
+sans trahir son secret. Mais, celui-là même qui écrivit le commencement
+de cette phrase, leur ami, le collaborateur d'Abel et de Victor au
+_Conservateur littéraire_, Gaspard de Pons[46], a soulevé une partie
+du voile qui le recouvrait.
+
+[Note 46: Né en 1798, «Gaspard de Pons était venu, en 1819,
+d'Avallon, sa ville natale, à Paris, pour y entrer dans la garde. Il
+se lia, par son camarade Alfred de Vigny, avec M. Victor Hugo, dont
+il était l'aîné de deux ans, et dont il devint le collaborateur au
+_Conservateur littéraire_, puis à la _Muse française_». (Edmond Biré:
+_Victor Hugo avant 1830_, p. 343).
+
+On lui doit: _Constant et Discrète_, poème en quatre chants, suivi de
+_Poésies diverses_ (1819), _Amour_, _A Elle_ (1824), _Inspirations
+poétiques_ (1825).
+
+Il figurait, au dire de Jay, (_Conversion d'un Romantique_, 1830), au
+nombre des «étoiles de la Pléiade romantique».
+
+Cf. Ch.-M. Des Granges: _La Presse littéraire sous la Restauration_.
+
+Tous n'ont pas imité la discrétion de Gaspard de Pons. Évariste
+Boulay-Paty, dans son curieux Journal, publié en 1901, par les soins
+du Dr Dominique Caillé, dans les _Annales de la Société académique de
+Nantes_, écrivait, à la date du 14 mai 1830:
+
+«Je m'en suis revenu avec Soulié, qui est venu passer une heure chez
+moi. Il m'a dit que Eugène Hugo avait tellement aimé Mme Victor Hugo
+que, deux ou trois jours après le mariage de son frère, il était devenu
+fou. C'était un jeune homme qui annonçait le plus beau talent. Fou par
+sève de chasteté! ô Charenton!»
+
+Le Dr Patrigeon ne se montre guère moins affirmatif et commet, sur ce
+point, une erreur de date que corrigent le mariage et la correspondance
+de Victor:
+
+«Cependant, un événement douloureux et imprévu avait mis, vers la fin
+de 1821, le général Hugo en présence de ses fils, Eugène, qui, dit-on,
+aimait éperdument Adèle Foucher, était devenu subitement fou, le jour
+du mariage de son frère. Le général dut venir à Paris, où la maladie
+d'Eugène le retint quelque temps.» (_Le père de Victor Hugo_, p. 15.)
+
+Le _Matin_ n'est pas seul à tout dire.]
+
+M. Edmond Biré a eu la chance de découvrir, sur les quais, un
+exemplaire des _Adieux poétiques_[47] du comte Gaspard de Pons, cette
+insigne rareté.
+
+[Note 47: _Adieux poétiques_, par le comte Gaspard de Pons, Paris,
+Librairie nouvelle, 1860, 3 in-12.]
+
+Dans une pièce intitulée _la Démence_ et où le poète s'adresse «A ce
+qui fut Eugène», on peut lire, entre autres, ces vers. Ils donnent la
+clef de la terrible énigme:
+
+ Peut-être dédaigné par l'Amour et la Muse,
+ Un désespoir jaloux s'alluma dans ton cœur:
+ Tu hais malgré toi ton rival, ton vainqueur...
+ La mort de la pensée au plus affreux destin
+ A seule, hélas! pu te soustraire:
+
+ Tu cessas bien à temps d'être toi, d'être frère,
+ Le premier frère fut Caïn.
+ Oui, certe, et dans ce mot ne vois pas un outrage;
+ L'outrage serait lâche autant que solennel.
+ Ton cœur fut assez chaud pour qu'un moment d'orage
+ En toi pût allumer un foudre criminel...[48].
+
+[Note 48: _Victor Hugo avant 1830_, pp. 273-274.]
+
+Plus de deux mois, on avait caché ce triste accident au général Hugo,
+espérant quand même un mieux impossible. Les frères redoublaient de
+soins autour du malade et leurs ressources s'épuisaient.
+
+Le 20 décembre enfin, Victor se décidait à faire appel à son père et
+lui adressait cette lettre désolée.
+
+Mon cher Papa,
+
+ C'est auprès du lit d'Eugène malade et dangereusement malade que
+ je t'écris. Le déplorable état de sa raison dont je t'avais si
+ souvent entretenu empirait depuis plusieurs mois d'une manière qui
+ nous alarmait tous profondément, sans que nous pussions y porter
+ sérieusement remède, parce qu'ayant conservé le libre exercice de sa
+ volonté, il se refusait obstinément à tous les secours et à tous les
+ soins. Son amour pour la solitude poussé à un excès effrayant a hâté
+ une crise qui sera peut-être salutaire, du moins il faut l'espérer,
+ mais qui n'en est pas moins extrêmement grave et le laissera pour
+ longtemps dans une position bien délicate. Abel et M. Foucher
+ t'écriront plus de détails sur ce désolant sujet. Pour le moment je
+ me hâte de te prier de vouloir bien nous envoyer de l'argent, tu
+ comprendras aisément dans quelle gêne ce fatal événement m'a surpris.
+ Abel est également pris au dépourvu et nous nous adressons à toi
+ comme à un père que ses fils ont toujours trouvé dans leurs peines et
+ pour qui les malheurs de ses enfants sont les premiers malheurs.
+
+ Du moins, dans cette cruelle position, avons-nous été heureux dans
+ le hasard qui nous a fait prendre pour médecin une de tes anciennes
+ connaissances, le docteur Fleury.
+
+ Adieu, bon et cher Papa, j'ai le cœur navré de la triste nouvelle que
+ je t'apporte. Notre malade a passé une assez bonne nuit, il se trouve
+ mieux ce matin, seulement son esprit, qui est tout à fait délirant
+ depuis avant-hier, est en ce moment très égaré. On l'a saigné hier,
+ on lui a donné l'émétique ce matin, et je suis auprès de lui en
+ garde-malade. Adieu, adieu, la poste va partir et je n'ai que le
+ temps de t'embrasser en te promettant de plus longues lettres d'Abel
+ et de M. Foucher.
+
+Ton fils tendre et respectueux,
+
+Victor.
+
+Ce 20 décembre 1822.
+
+Le général Hugo ne tarda point à venir voir à Paris son fils malade,
+et, profitant d'un intervalle lucide, l'emmena à Blois, où il le
+soigna quelque temps chez lui.
+
+Le répit fut court, Eugène dut, bientôt, être enfermé à nouveau.
+Dix ans et plus il survécut au naufrage de sa raison et en 1837[49]
+seulement, il s'éteignit, à Charenton.
+
+[Note 49: Eugène Hugo est mort à Saint-Maurice (Charenton) le 5
+mars 1837.]
+
+Les tristesses de l'heure présente n'avaient point seules le don de
+préoccuper la famille Hugo. Outre le colonel, le général avait un
+autre frère officier, le major Francis[50]. Il les avait fait venir,
+jadis, l'un et l'autre en Espagne pour servir à leur avancement. La
+monarchie de Joseph tombée, eux aussi avaient connu la demi-solde et
+la non-activité. Et les yeux fixés sur l'avenir, ils s'adressaient
+au neveu bien en cours, lauréat de l'Académie française et membre de
+l'Académie de Toulouse, marié à la fille d'un chef de bureau à la
+guerre, lui demandant son appui, rêvant d'une mise en activité, d'un
+galon de plus ou de deux étoiles.
+
+[Note 50: Le plus jeune frère du général, François-Juste Hugo, né
+le 3 août 1780.]
+
+Victor Hugo d'être embarrassé. En dépit de l'affection portée par lui à
+l'oncle Francis, le servir, n'était-ce pas desservir son père?
+
+Le crédit des amis puissants, très puissants, qu'il comptait au
+pouvoir, devant être conservé _vierge_ pour une occasion autrement
+importante, le rappel à l'activité du général Hugo, un mirage
+peut-être, mais si cher à tous.
+
+Dans cette lettre Mme Hugo était devenue «ta brave femme».
+
+Pour la première fois--et des mois encore, cette suscription demeurera
+isolée--elle est adressée à
+
+Monsieur
+
+Monsieur le général Comte Hugo
+
+et scellée d'un cachet, embarrassé des pièces compliquées de l'armorial
+impérial, et timbré de la couronne comtale du général[51].
+
+[Note 51: D'après ce cachet et l'_Armorial général_ de Riestap,
+les armes octroyées par Joseph, roi d'Espagne, au comte de Siguenza,
+étaient les suivantes:
+
+_Écartelé au Ier d'azur, à l'épée en pal d'argent garnie d'or,
+accompagnée en chef de 2 étoiles d'argent: au 2e de gueules au pont
+de 3 arches d'argent maçonné de sable, soutenu d'une eau d'argent et
+brochant sur une forêt de même; au 3e de gueules à la couronne murale
+d'argent; au 4e d'azur au cheval effrayé d'or._
+
+Nous sommes loin, comme on voit, avec cet écu encombré de toute la
+ferblanterie héraldique de l'Empire, de la belle simplicité du blason
+des Hugo, de Lorraine:
+
+_D'azur à un chef d'argent, chargé de deux merlettes de sable_
+
+que donne d'Hozier et qui est encore, en Allemagne, celui des Hugo de
+Spitzemberg.
+
+Plus tard, quand il plut à quelques généalogistes--ces gens-là sont
+sans pitié--de rattacher le général Hugo et ses fils à Georges Hugo
+(fils de Jean Hugo, capitaine des troupes de René II, duc de Lorraine),
+le vicomte Victor Hugo, pair de France, fit, ou laissa, figurer ces
+armes, du XVIe siècle, au-dessous de son nom dans les annuaires de
+la noblesse, notamment dans l'_Armorial historique de la Noblesse de
+France_, de Henri J.-G. de Milleville (Paris, Amyot. S. D.), p. 127.
+
+Cependant, dans l'intimité, le grand poète était, paraît-il, le premier
+à rire de ces prétentions nobiliaires, y compris le fameux et si
+décoratif évêque de Ptolémaïs et le chapitre-noble de Remiremont. Les
+thuriféraires seuls les prirent jamais au sérieux.]
+
+Et, pour la seconde, des espérances de paternité semblaient sourire à
+l'heureux mari d'Adèle Foucher.
+
+Mon cher Papa,
+
+ Je te prie d'avance d'excuser encore la brièveté de cette lettre.
+ Francis me prie de t'écrire, pour te renouveler ses prières à l'égard
+ du ministre de la Marine. Je conçois parfaitement, je ne puis même
+ m'empêcher de partager ta manière de voir sur cette affaire qui
+ pourrait entraver la tienne, la nôtre, celle de toute la famille,
+ puisque ta mise en activité est certainement ce qui peut nous arriver
+ à tous de plus heureux. Je sais bien que la recommandation de M.
+ de Cl. T.[52] doit être conservée _vierge_ pour cette importante
+ occasion. Cependant je t'avouerai, et tu le comprendras sans peine,
+ que je n'ai pu refuser à mon oncle et à ma tante de te récrire à ce
+ sujet. Ils sont tous deux si bons, si aimables, que je craindrais
+ de les affliger. Écris-moi donc (si tu persistes dans un refus que
+ je ne puis m'empêcher de trouver raisonnable), une lettre que je
+ puisse leur montrer où tes motifs soient déduits de nouveau, et où
+ il ne se trouve rien qui puisse les faire douter de la chaleur et
+ du zèle que j'apporte à leurs intérêts. Je les sers en attendant de
+ mon mieux auprès de M. de Cl..., et M. Foucher nous seconde dans ses
+ bureaux. Quand tu seras employé, tes efforts unis aux nôtres feront
+ certainement obtenir au major la place de lieutenant-colonel qu'il
+ désire. Voilà la chance que ta lettre peut leur présenter.
+
+[Note 52: M. de Clermont-Tonnerre, ministre de la Marine du cabinet
+Villèle; le portefeuille de la guerre lui fut confié en août 1824,
+lors du remaniement ministériel nécessité par la nouvelle disgrâce de
+Chateaubriand.]
+
+ Adieu, cher et excellent père. Il est impossible de dire avec quelle
+ impatience nous attendons le printemps, afin de t'aller voir ainsi
+ que ton excellente femme. Embrasse-la bien tendrement pour nous, et
+ croyez tous deux à notre affectueux respect.
+
+Victor.
+
+
+Ce lundi 9 janvier.
+
+ Tout porte à croire que notre Léopold est revenu.--Chut!
+
+ Mille choses aimables à M. de Féraudy[53], auquel j'ai écrit,
+ dis-lui que l'article sur ses fables a paru dans le numéro de la
+ _Foudre_ du 30 novembre, lequel contenait aussi un article sur ses
+ mémoires. Le troisième volume est plein d'intérêt, je vais en rendre
+ compte dans l'_Oriflamme_.
+
+[Note 53: M. de Féraudy, ancien major du génie, chevalier de
+Saint-Louis du 5 novembre 1814 (_Moniteur_ du 7 novembre), l'un des
+amis du général Hugo à Blois.
+
+Ce grand-oncle de l'excellent sociétaire de la Comédie française
+venait de publier un troisième volume de fables: _Quelques fables ou
+Mes loisirs_. Blois, Aucher-Éloy, 1823, in-12 de IX-204 pages, faisant
+suite au recueil antérieurement paru sous ses initiales:
+
+_Quelques fables ou Mes loisirs_, par Jh-Bmi de F..., ancien officier
+supérieur du Corps royal du Génie. Paris, chez Chauvin, 1820, in-16
+oblong, de 102 pages.
+
+Il existe une «nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée d'une
+deuxième partie» de ce premier recueil, publiée sous le nom de
+l'auteur, en 1821, chez J.-G. Dentu, in-12, de XLI-161 pp.
+
+Originaire de Provence, la famille de Féraudy est encore représentée
+aujourd'hui, dans le Loiret, par une de ses branches.]
+
+Le Général Hugo avait quitté le château de Saint-Lazare, revendu le 16
+janvier 1823 à M. Gay, médecin[54], et était allé s'installer, dans le
+bas de la ville, rue du Foix, dans la petite maison qu'y possédait sa
+seconde femme depuis 1816[55].
+
+[Note 54: Acte passé devant Me Naudin, notaire.]
+
+[Note 55: Mme veuve d'Almeg avait acheté cette maison des époux
+Hadou, par acte devant Me Vosdey, notaire à Blois, du 10 février
+1816. Le général y joignait, le 29 juin 1823 (adjudication devant Me
+Pardessus, notaire), une petite maison voisine qui portait le nº 71, et
+qui après sa mort, fut vendue à sa veuve, moyennant 1.720 francs (acte
+devant Me Pardessus, notaire, du 25 juillet 1830.)]
+
+C'est la petite maison si connue par la description qu'en donna le
+poète dans ses _Feuilles d'Automne_:
+
+ Et sorti de la ville, au midi,
+ Cherchez un tertre vert, circulaire, arrondi,
+ Que surmonte un grand arbre, un noyer, ce me semble,
+ Comme au cimier d'un casque une plume qui tremble.
+ Vous le reconnaîtrez, ami; car tout rêvant,
+ Vous l'aurez vu de loin sans doute en arrivant.
+
+ Sur le tertre monté, que la plaine bleuâtre,
+ Que la ville étagée en long amphithéâtre,
+ Que l'église, ou la Loire et ses voiles aux vents,
+ Et ses mille archipels plus que ses flots mouvants,
+ Et de Chambord là-bas au loin les cent tourelles,
+ Ne fassent pas voler votre pensée entre elles.
+ Ne levez pas vos yeux si haut que l'horizon,
+ Regardez à vos pieds.--
+
+ Louis, cette maison
+ Qu'on voit bâtie en pierre et d'ardoises couverte,
+ Blanche et carrée, au bas de la colline verte,
+ Et qui, fermée à peine aux regards étrangers,
+ S'épanouit charmante entre ses deux vergers:
+ C'est là.--Regardez bien: c'est le toit de mon père.
+ C'est ici qu'il s'en vint dormir après la guerre,
+ Celui que tant de fois mes vers vous ont nommé,
+ Que vous n'avez pas vu, qui vous aurait aimé!...
+
+ «Une maison à Blois! riante, quoiqu'en deuil.
+ Élégante et petite, avec un lierre au seuil,
+ Et qui fait soupirer le voyageur d'envie
+ Comme un charmant asile à reposer sa vie,
+ Tant sa neuve façade a de fraîches couleurs,
+ Tant son front est caché dans l'herbe et dans les fleurs![56].»
+
+[Note 56: _Les Feuilles d'Automne_.]
+
+Elle portait alors le nº 73, devenu aujourd'hui le 65; «Grande-Rue du
+Foix,--elle est assez longue, en effet,--nº 73 à Blois», spécifient les
+adresses de Victor.
+
+Dans cette maison conservée par sa veuve, et où elle est morte le
+21 avril 1858 seulement[57], le 28 février 1902, M. Raphaël Périé,
+inspecteur d'Académie de Loir-et-Cher, un universitaire resté fidèle
+aux lettres[58], organisait une cérémonie enfantine, et elle fut
+charmante, pour commémorer et magnifier le centenaire de Victor
+Hugo[59].
+
+[Note 57: Registres de l'état-civil de Blois.]
+
+[Note 58: Outre de fort jolis vers publiés dans la _Revue de Paris_
+on doit à M. Raphaël Périé, une très élégante adaptation, publiée chez
+Hachette, du _Roman de Berte aux grands pieds_ (Paris, 1900, in-12), et
+une intéressante étude sur _Victor Hugo poète civique_ (Paris, Gedalge,
+S. D. in-8º de 39 pp.).]
+
+[Note 59: Un journal du cru, _L'Indépendant de Loir-et-Cher_, a
+rendu compte de cette cérémonie et publié la pièce de circonstance,
+plus qu'honorable, composée et récitée par un des grands élèves du
+_Collège Augustin Thierry_, de Blois, le fils du préfet, M. Heim.]
+
+Un mieux semblait avoir suivi le transfert du malade dans la maison
+paternelle. La lettre de Victor adressée à son frère chez son père,
+l'encourage et le félicite.
+
+ Ta lettre, mon bon et cher Eugène, nous a causé une bien vive joie.
+ Nous espérons que l'amélioration de ta santé continuera au gré de
+ tous nos désirs et que tu auras bientôt retrouvé avec le calme
+ de l'esprit cette force et cette vivacité d'imagination que nous
+ admirions dans tes ouvrages.
+
+ Dis, répète à tous ceux qui t'entourent combien nous les aimons pour
+ les soins qu'ils te donnent, dis à papa que le regret d'être éloigné
+ de lui et de toi est rendu moins vif par la douceur de vous savoir
+ ensemble, dis-lui que son nom est bien souvent prononcé ici comme un
+ mot de bonheur, que les mois qui me séparent de votre retour vont
+ nous sembler bien longs, dis-lui pour nous tout ce que ton cœur te
+ dit pour lui, et ce sera bien.
+
+Ton frère et ami,
+
+Victor.
+
+ Écris-nous le plus souvent possible.
+
+Suit une lettre plus longue pour le général. Elle nous fait faire plus
+ample connaissance avec l'oncle Francis et sa femme.
+
+Les espérances de paternité du jeune homme n'ont point été déçues:
+Adèle Hugo est enceinte et se porte «aussi bien que sa situation le
+permet».
+
+Et voici venir une autre espérance, outre la gratification de 500
+francs accordée par Louis XVIII, et révélée par Edmond Biré[60] à
+Victor Hugo, pour l'_Ode sur la mort de S. A. R. Charles-Ferdinand
+d'Artois, duc de Berri, fils de France_, insérée dans la septième
+livraison du _Conservateur littéraire_[61], et la pension sur la
+cassette royale qui, si longtemps attendue, avait enfin permis aux
+fiancés de se marier, on fait espérer à Victor une pension de 3.000
+francs, qui lui «aurait été accordée sur le ministère de l'Intérieur».
+
+[Note 60: _Victor Hugo avant 1830_, p. 173.]
+
+[Note 61: _Odes et Ballades_, Liv. Ier; ode VII.]
+
+Entre temps, il est vrai, le _Moniteur_ avait publié, dans son numéro
+du 13 décembre 1822, l'_Ode sur Louis XVII_[62].
+
+[Note 62: Ode lue à l'ouverture des séances de la Société des
+bonnes lettres (Seconde année). Le _Moniteur universel_, nº 347,
+vendredi 13 décembre 1822. _Odes et Ballades_, Liv. Ier; ode V.]
+
+Vers la même époque, paraissait chez Persan, ce marquis ruiné qui se
+fit libraire et ne fit point fortune, la seconde édition des _Odes_, et
+Louis XVIII, flatté par tant de loyalisme, avait souscrit à vingt-cinq
+exemplaires pour ses bibliothèques particulières.
+
+A PAPA
+
+Mon cher papa,
+
+ Ton absence nous prive d'une des joies les plus vives que nous ayons
+ éprouvées dans la félicité de notre union, celle de te voir. Il nous
+ semble que maintenant le mois qui nous donnera un enfant sera bien
+ heureux, surtout parce qu'il nous rendra notre père. Eugène reviendra
+ aussi, et reviendra sûrement content et guéri.
+
+ Mon oncle Francis vient de passer quelques jours ici, et c'est ce qui
+ nous a empêchés de t'écrire plus tôt. Nous avons fait connaissance
+ avec notre tante qui paraît heureuse et semble spirituelle et
+ aimable. Francis est aussi fort heureux; il a été plein d'affection
+ et de tendresse pour nous, et a bien regretté que tu ne fusses plus à
+ Paris.
+
+ Ma femme continue à se porter aussi bien que sa situation le
+ permet, j'ai appris avec peine et joie tout à la fois que tu avais
+ été souffrant et que tu étais guéri. Nous te prions de féliciter
+ également ta femme sur le rétablissement de sa santé dont nous parle
+ notre excellent Eugène.
+
+ M. Lebarbier m'a écrit: je lui répondrai; je n'ai encore rien de
+ décisif à lui mander.
+
+ On m'avait parlé il y a qque tems d'une pension de 3.000 francs
+ qui m'aurait été accordée sur le ministère de l'Intérieur. Je
+ n'en entends plus parler. Si cette bonne nouvelle se confirme, je
+ m'empresserai de te le mander, certain que notre bon père y prendra
+ bien part.
+
+ Adieu, cher et excellent papa, tout le monde ici t'aime et t'embrasse
+ comme ton fils tendre et respectueux.
+
+Victor.
+
+ Ce mercredi 5 mars.
+
+ Nos hommages à notre belle-mère.
+
+Nous n'avons rien inventé, pas même la crise de la librairie. Victor
+Hugo, dont les éditeurs devaient plus tard édifier la fortune, n'avait
+encore affaire qu'à de pauvres libraires qui ne payaient guère qu'en
+billets, et leurs billets l'étaient rarement.
+
+Pour venir en aide au jeune ménage, M. Foucher avait avancé l'argent;
+bientôt il s'agit de le lui rembourser à son tour, il était assez gêné
+lui-même. Victor recourait alors, pour un nouveau prêt, à la bourse de
+son père et à son compte chez M. Katzenberger.
+
+Mon cher Papa,
+
+ Je suis dans un grand embarras: je m'adresse à toi, sûr que tu me
+ fourniras le moyen d'en sortir.
+
+ J'ai entre les mains un billet à ordre de 500 francs sur mon libraire
+ qui devait être acquitté le 11 février dernier. A cette époque,
+ extrêmement gêné par la stagnation du commerce au milieu des bruits
+ de guerre, mon libraire me supplia d'accepter un à-compte de 200
+ francs, et de ne point user de la faculté que me donne la loi de
+ faire protester son billet, démarche qui eût pu ruiner son crédit.
+ Avec l'assentiment de M. Foucher, auquel devaient être remis les
+ 500 francs, je consentis à cet arrangement, dans l'assurance que le
+ paiement des 300 francs restants aurait lieu dans le mois.
+
+ Depuis cette époque l'embarras du crédit augmentant sans cesse n'a
+ pas permis à mon libraire de retirer son billet. J'ai attendu aussi
+ longtemps que j'ai pu; mais aujourd'hui M. Foucher étant absolument
+ sans argent j'ai essayé en vain de faire escompter le malheureux
+ billet. Ce qui aurait été facile il y a trois mois est impossible
+ aujourd'hui, la crainte ayant absolument resserré (?) les capitaux.
+ Je ne vois donc plus de recours qu'en toi, mon cher papa, je te prie
+ de m'envoyer le plus tôt possible les 300 francs que mon libraire ne
+ pourra peut-être pas me rembourser d'ici un ou deux mois, mais pour
+ lesquels on n'aura pas moins une garantie suffisante dans le billet
+ de 500 francs qui dort entre mes mains. Si tu n'avais pas cette
+ somme, ne pourrais-tu me la faire avancer par M. Katzenberger. Je
+ ne t'en dis pas davantage, cher papa, j'attends une prompte réponse
+ comme une planche de salut dans l'embarras où nous nous trouvons.
+
+ Je déposerai le billet entre les mains de M. Katzenberger qui
+ ainsi pourrait être tranquille. Je ne voudrais pas en venir à des
+ poursuites judiciaires contre le pauvre libraire dont je ne suspecte
+ pas la probité.
+
+ Adieu, cher et excellent papa, embrasse pour nous notre Eugène qui
+ a écrit une lettre extrêmement remarquable à Félix Biscarrat et
+ présente nos respects à notre belle-mère, en lui disant combien nous
+ sommes touchés des soins qu'elle prend de notre frère.
+
+ Mon Adèle t'embrasse et moi aussi.
+
+Ton fils soumis et respectueux,
+
+Victor.
+
+ Ce samedi 15 mars.
+
+Malgré les illusions du père et du fils, il ne semble pas que la santé
+d'Eugène s'améliorât beaucoup.
+
+La _Correspondance_ possédée par la Bibliothèque de Blois nous fournit
+le texte d'une lettre d'Eugène à Abel. Elle dut ne pas être envoyée.
+
+Elle trahit de façon lamentable l'état d'esprit du malade, même dans
+ses intervalles lucides.
+
+On sent les vains efforts de l'intelligence pour se ressaisir. La
+pensée est exprimée avec une difficulté extrême, le style semble
+presque enfantin et les répétitions abondent.
+
+M. de Féraudy et ses fables--il s'agissait, en plus, d'un acte
+manuscrit à présenter à l'Odéon--faisait l'objet de cette missive.
+
+Mon cher Abel,
+
+ Un des amis de Papa, M. de Féraudy, et l'un des membres de la Société
+ littéraire fondée à Blois, dont papa avait été élu Président, et dont
+ tu avais été nommé membre Correspondant, ce monsieur, dis-je, ayant
+ appris l'influence que tu pourrais avoir auprès de quelques journaux,
+ a paru désirer que tu lui fisses insérer quelques-unes de ses fables
+ dans les feuilles où tu travailles.
+
+ Ayant également entendu parler des facilités que tu parais avoir
+ auprès du théâtre de l'Odéon, il te prie également de lui rendre
+ le service de présenter au comité de ce théâtre un acte dont je
+ t'enverrai le manuscrit.
+
+ Avec les titres dont je viens de te parler il était impossible que
+ ce Monsieur pût s'attendre à quelque refus de ma part. Ami de Papa,
+ et membre d'une Société littéraire dont je t'ai entendu te féliciter
+ d'être membre, c'était sans doute te faire plaisir à toi-même que de
+ me charger auprès de toi de sa commission.
+
+ Ce monsieur a déjà publié un recueil de fables dont le journal des
+ _Débats_ a rendu compte il y a un an, il compte en publier un nouveau
+ volume. Il est membre de la Société littéraire qui avait tenté de
+ s'organiser à Blois, et dont toi et Victor faisiez partie; ses fables
+ ne te laisseront aucun doute sur son esprit et son talent.
+
+ Après m'être acquitté de cette commission, il convient que je te
+ manifeste mon étonnement de ce que tu ne nous as pas répondu. Cet
+ oubli de ta part, justifie les reproches de négligence que je t'ai
+ entendu faire par Papa.
+
+ En attendant une lettre de toi, je suis toujours avec attachement,
+
+Ton frère affectionné,
+E. Hugo.
+
+Blois, le 19 mars 1823.
+
+A nouveau Adèle Hugo tient la plume. Elle n'ose encore s'exprimer
+librement vis-à-vis de ses beaux-parents--par la suite elle écrira des
+lettres charmantes d'abandon, de cœur et de simplicité.
+
+Actuellement, elle est encore sous l'entière domination du génie de
+son mari. Il relit ses lettres et elle doit craindre un froncement de
+sourcil.
+
+L'enfant qu'elle porte sera un garçon, elle l'appellera Léopold pour
+«faire la cour» à sa belle-mère, et ingénûment, ne prévoyant pas à
+quelle plaisanterie va donner lieu le plein de sa plume, la pauvre
+femme fait, fille respectueuse, «fortement saillir les rondeurs» de l'A
+de sa signature.
+
+Mon cher papa,
+
+ Mon mari m'a laissé le soin de vous écrire; c'est pour moi une bien
+ douce charge, d'autant plus que dans une réponse à ma lettre je
+ saurai de vos nouvelles qui jusqu'ici nous ont fait craindre que
+ votre santé et celle de notre belle-mère ne fussent moins bonnes que
+ lors de votre départ d'ici. D'un autre côté, nous sommes convaincus
+ que celle de notre frère est entièrement remise, d'ailleurs les soins
+ de bons parens, et la vie d'ordre à laquelle il n'était point habitué
+ sont certainement cause de son prompt rétablissement.
+
+ Nous avons eu le plaisir de voir dernièrement notre oncle Francisque
+ et sa femme, ils sont restés à Paris beaucoup moins longtemps que
+ nous ne l'aurions désiré, et ils ont été très fâchés de n'être pas
+ venus à Paris un mois plus tôt, et nous que vous ne fussiez pas
+ restés un mois plus tard, mais nous espérons qu'à votre premier
+ voyage vous nous récompenserez de votre prompt départ.
+
+ Adieu, mon cher papa, embrassez pour moi notre belle-mère et
+ dites-lui que pour lui faire la cour j'appellerai mon petit garçon
+ Léopold.
+
+ Nous attendons une prompte réponse pour nous mettre hors d'inquiétude
+ de toutes les santés auxquelles nous nous intéressons vivement, et je
+ vous prie, cher papa, de me croire votre respectueuse fille.
+
+A. Hugo.
+
+Ce mardi.
+
+Le génie n'est pas léger, et l'esprit, cette mousse des vins
+pétillants, lui semble peu familier. Comme la gaîté chez Rabelais, la
+plaisanterie était, chez Hugo, énorme. La signature de la jeune femme
+de prêter donc à ce thème:
+
+Mon cher papa,
+
+ Je crois que c'est pour te donner une image de son ventre toujours
+ croissant que mon Adèle a fait si fortement saillir les rondeurs
+ de sa signature. Je vois avec un sentiment bien doux approcher
+ l'heureuse époque qui nous réunira autour d'un berceau.
+
+ J'ai reçu ta note relative à M. Eloy et je m'occupe de son affaire en
+ même temps que de celle de M. Lebarbier. Dès que j'aurai une décision
+ favorable, je la leur transmettrai.
+
+ Adieu, cher papa, embrasse bien notre Eugène, présente nos respects à
+ notre belle-mère et aime-nous toujours comme nous t'aimons.
+
+Ton fils tendre et respectueux,
+Victor.
+
+Les espérances étaient vaines d'un retour à la raison d'Eugène Hugo.
+L'on s'est bercé de cet espoir, mais, bientôt, il y fallut renoncer, et
+le pauvre dément n'a point tardé à quitter l'oasis de la rue du Foix
+pour être traité dans la maison de santé du Dr Esquirol[63].
+
+[Note 63: Jean-Étienne-Dominique Esquirol, né à Toulouse en 1772,
+mort à Paris en 1840. Il continua et compléta les travaux de Pinel. Son
+principal ouvrage: _Des Maladies mentales considérées sous le rapport
+médical, hygiénique et médico-légal_ (Paris, J.-Baillière, 1838, 2
+in-8º), est devenu classique. Il y a tracé, entre autres, un navrant
+tableau de la folie et de la déchéance de Théroigne de Méricourt.
+
+Il devait, en 1825, se voir confier la direction de Charenton.]
+
+Victor donne à son père des nouvelles du malheureux et lui confie
+ses impressions. En dépit des soins dont sont entourés les malades,
+il ne l'a «plus trouvé aussi bien». Il redoute, pour son frère,
+«la solitude et l'oisiveté». Puis, ce sont les phantasmasies du
+persécuté-persécuteur, entendant, dans le silence des nuits, assassiner
+des femmes, en des souterrains.
+
+Le prix de la pension est très élevé et l'on n'a pas assez caché au
+malade qu'il se trouvait parmi des fous.
+
+La fin de la lettre nous ramène aux éditeurs, sinon à la littérature.
+Le poète, par la faute d'Abel, qui, en croyant faire bien, l'a «poussé
+dans cette galère»[64], se trouve initié aux banqueroutes des
+libraires et aux ennuis concomitants. Il avertit son père du danger et
+lui conseille la prudence pour la vente proche du manuscrit de ses
+_Mémoires_.
+
+[Note 64: _Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie_ conte
+l'anecdote.
+
+L'on doit à Abel Hugo, enlevé en 1855, comme l'avait été vingt ans plus
+tôt son père, par une attaque d'apoplexie, de nombreux comptes rendus
+critiques dans le _Conservateur littéraire_ et quatre nouvelles qui y
+furent publiées également: _El Viego_; _La naissance de Henri IV_; _Le
+combat de taureaux_; _Le carnaval de Venise_.
+
+Dès 1817, il avait publié en collaboration avec André Malitourne et
+Ader: _Traité du Mélodrame_, par A. A. A.
+
+Il fit paraître en 1822, in-8º, _la Vengeance de la Madone_, fragment
+traduit de l'italien.
+
+Il donna lecture à la _Société des Bonnes lettres_ d'un important
+ouvrage qu'il entreprit et ne termina point:
+
+_Le Génie du Théâtre espagnol, ou Traduction et analyses des meilleures
+pièces de Lopez de Véga; F. Calderon et autres auteurs dramatiques,
+depuis le milieu du_ XVIe _siècle jusqu'à la fin du_ XVIIIe.
+
+Entré aux _Annales de la Littérature et des Arts_, après leur fusion
+avec le _Conservateur littéraire_ (août 1821) il entreprit, en 1823, la
+publication des _Tablettes romantiques_.
+
+Il a laissé en outre:
+
+_Romances historiques_, traduites de l'espagnol par A. Hugo. Cet
+ouvrage porte cette dédicace: A ma mère, morte le 27 juin 1821,
+
+et avait été publié:
+
+A Paris, chez Pélicier, libraire, place du Palais-Royal, 1822; in-12,
+de LV-302 pp.
+
+C'est-à-dire, chez l'éditeur des _Odes et poésies diverses_, près de
+qui il avait été l'introducteur de son frère.
+
+_L'Heure de la Mort._ Paris, 1822, in-8º.
+
+_Les Français en Espagne._ A-propos, vaudeville en un acte (avec Alph.
+Vulpian). Paris, 1823, in-8º.
+
+_Précis historique des Événements qui ont conduit Joseph Napoléon sur
+le trône d'Espagne_ (Introduction au tome II des Mémoires du général
+Hugo. Paris, Ladvocat, 1823, trois in-8º) signés Hugo (Abel) fils.
+
+Il existe en outre, de ce précis un tirage à part à 60 exemplaires.
+Paris, 1823: in-8º.
+
+_Pierre et Thomas Corneille._--(En collaboration avec Romieu et signé
+du pseudonyme de Monnières. Paris. 1823, in-8º.)
+
+_Campagne d'Espagne en 1823._ Paris. Le Fuel, SD. (1824), 2 in-8º, de
+IV-442 et 399 pp.
+
+_Les tombeaux de Saint-Denis_ ou description historique de cette abbaye
+célèbre, des monuments qui y sont renfermés et de son riche trésor;
+suivie du récit de la violation des tombeaux en 1793, de détails sur
+la restauration de l'église en 1806, et depuis en 1814; de notices
+sur les rois et les grands hommes qui y ont été enterrés et sur les
+cérémonies usitées aux obsèques des rois de France, et de la relation
+des funérailles de Louis XVIII. Paris, 1824, in-18.
+
+_Vie anecdotique de Monsieur, comte d'Artois, aujourd'hui S. M. Charles
+X, roi de France et de Navarre, depuis sa naissance jusqu'à ce jour._
+Paris, 1824, in-18.
+
+_Histoire de l'empereur Napoléon_, par A. Hugo, illustrée de 31
+vignettes, par Charlet. Paris, Perrotin, 1833, in-8º de 479 pp.
+
+_Souvenirs sur Joseph Bonaparte, roi d'Espagne. Revue des Deux-Mondes_,
+1er et 15 avril 1833.
+
+_Le Conteur_, recueil de contes de tous les temps et de tous les pays
+paraissant mensuellement. Paris, 1833, in-12.
+
+_France militaire_, histoire des armées françaises de terre et de
+mer de 1792 à 1833. Ouvrage rédigé par une Société de militaires, et
+de gens de lettres; etc., etc., revu et corrigé par A. Hugo, ancien
+officier d'état-major, membre de plusieurs sociétés savantes, auteur de
+l'_Histoire de Napoléon_. Paris, Delloye, 1833-1838, 5 in-8º.
+
+_France pittoresque_ ou Description pittoresque, topographique et
+statistique des Départements et Colonies de la France, offrant en
+résumé pour chaque département et colonie, l'histoire, les antiquités,
+la topographie, etc., etc., par A. Hugo, ancien officier d'état-major,
+membre de plusieurs sociétés savantes et littéraires, auteur de
+l'_Histoire de Napoléon_. Paris. Delloye, 1835, 3 in-8º.
+
+_France historique et monumentale._ Histoire générale de France depuis
+les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, par A. Hugo, auteur de
+l'_Histoire de Napoléon_ et de la _France pittoresque_. Paris, Delloye,
+1836-1843, 5 in-8º.]
+
+Mon cher Papa,
+
+ J'ai remis hier à Eugène ta lettre qui l'a touché autant qu'affligé.
+ Sa douleur de ne pouvoir te revoir à Blois n'a été un peu calmée que
+ par l'espérance que je lui ai donnée de te revoir à Paris dans deux
+ mois, ce tems lui a paru bien long. Je vais te dire aussi, cher papa,
+ que je ne l'ai plus trouvé aussi bien. On a pour les malades chez M.
+ Esquirol des soins infinis, mais ce qui est le plus funeste à Eugène,
+ c'est la solitude et l'oisiveté, auxquelles il est entièrement livré
+ dans cette maison. Quelques mots qui lui sont échappés m'ont montré
+ que dans l'incandescence de sa tête il prenait cette _prison_ en
+ horreur, il m'a dit à voix basse qu'_on y assassinait des femmes dans
+ les souterrains et qu'il avait entendu leurs cris_. Tu vois, cher
+ papa, que ce séjour lui est plus pernicieux qu'utile. D'un autre
+ côté la pension (dont M. Esquirol doit t'informer) est énorme, elle
+ est de 400 francs par mois. D'ailleurs le docteur Fleury pense que
+ la promenade et l'exercice sont absolument nécessaires au malade. Je
+ te transmets tous ces détails, mon cher papa, sans te donner d'avis.
+ Tu sais mieux que moi ce qu'il faut faire. Je crois néanmoins devoir
+ te dire qu'il existe, m'a-t-on assuré, des maisons du même genre,
+ où les malades ne sont pas moins bien que là, et paient moins cher.
+ Il paraît qu'on n'a point assez caché à Eugène qu'il fût parmi des
+ _fous_, aussi est-il très affecté de cette idée que j'ai néanmoins
+ combattue hier avec succès.
+
+ Je t'écris à la hâte, bon et cher papa, au milieu de tous les ennuis
+ que me donne la banqueroute de mon libraire, garde-toi un peu, pour
+ la vente de tes _Mémoires_, de l'extrême confiance de notre bon Abel.
+
+ C'est lui qui m'a, bien involontairement il est vrai, _poussé dans
+ cette galère_.
+
+ Adieu, cher et excellent papa; nous t'embrassons tous ici bien
+ tendrement.
+
+Ton fils dévoué et respectueux,
+Victor.
+
+24 mai 1823.
+
+ Mes hommages à ta femme, dont nous attendons des nouvelles.
+
+Eugène ne demeura guère, en effet, chez le Dr Esquirol, et après
+un court séjour au Val-de-Grâce, ne tarda point à être transféré à
+Saint-Maurice, c'est-à-dire à Charenton.
+
+Il devait y trouver, comme directeur, le second frère de
+Royer-Collard[65], qui fut professeur de médecine légale à la Faculté
+de médecine de Paris, et médecin de Louis XVIII.
+
+[Note 65: Antoine-Athanase Royer-Collard, né à Sempis en 1768, mort
+en 1825. Il était, depuis 1806, médecin de l'asile de Charenton.]
+
+La grossesse d'Adèle Hugo semble pénible et, revenant au frère malade,
+Victor après avoir merveilleusement dépeint l'aspect du triste fou,
+d'ajouter cette phrase où apparaissent déjà derrière le poète, l'homme
+de tête et le réformateur.
+
+«Je crains que les moyens dont la société use envers les malades, la
+captivité et l'oisiveté, ne fassent qu'alimenter une mélancolie dont le
+seul remède, ce me semble, serait le mouvement et la distraction.»
+
+N'est-elle point à retenir, si on songe, surtout, aux vingt et un ans
+de son auteur?
+
+La pension du ministère de l'Intérieur ne semble pas devoir se faire
+longtemps attendre.
+
+Quant aux biens en Espagne et aux cédules hypothécaires, Victor Hugo
+se tient, pour des démarches, à la disposition de son père. Mais, le
+moment ne lui paraît pas favorable.
+
+Cette affaire semble moins dépendre de M. de Chateaubriand que de M. de
+Martignac[66], et celui-ci est l'homme de M. de Villèle[67].
+
+[Note 66: Jean-Baptiste-Sylvère Gay, vicomte de Martignac, né à
+Bordeaux en 1778, mort à Paris en 1832. Il était alors conseiller
+d'État et devait plus tard, rallié à une politique plus modérée, se
+voir confier le ministère de l'Intérieur, à la chute de M. de Villèle
+(janvier 1828).]
+
+[Note 67: Jean-Baptiste-Séraphin-Joseph, comte de Villèle, né à
+Toulouse en 1773, mort en 1854. Membre de la Chambre introuvable de
+1815, il entra, ultra-royaliste, au Ministère en 1821, pour prendre
+bientôt la présidence du Conseil. Les élections de novembre 1827, la
+dissolution de la Chambre n'ayant pas amené le résultat qu'il espérait,
+provoquèrent sa démission.]
+
+Mon cher Papa,
+
+ Eugène, après un séjour de quelques semaines au Val-de-Grâce, vient
+ d'être transféré à Saint-Maurice, maison dépendant de l'hospice de
+ Charenton, dirigé par M. le docteur Royer-Collard. La translation
+ et le traitement ont lieu aux frais du gouvernement: il te sera
+ néanmoins facile d'améliorer sa position moyennant une pension plus
+ ou moins modique; on nous assure que cet usage est généralement suivi
+ pour les malades d'un certain rang. Au reste, le docteur Fleury a dû
+ écrire à l'un de ses amis qui sera chargé d'Eugène dans cette maison,
+ et M. Girard, directeur de l'école vétérinaire d'Alfort, a promis
+ à M. Foucher, qui le connaît très particulièrement, de recommander
+ également les soins les plus empressés pour notre pauvre et cher
+ malade et _d'en faire son affaire_.
+
+ M. Foucher, Abel et moi, comptons t'écrire incessamment de
+ nouveaux détails sur ces objets, ainsi que sur la santé toujours
+ douloureusement affectée de notre infortuné frère. Les souffrances
+ de mon Adèle, qui augmentent à mesure que son terme approche, ne
+ m'ont point encore permis d'aller le voir dans son nouveau domicile;
+ je ne puis donc t'en donner des nouvelles aussi fraîches que je le
+ désirerais. Au reste l'état de sa raison, comme j'ai eu occasion de
+ l'observer dans mes fréquentes visites chez le docteur Esquirol et
+ au Val-de-Grâce, ne subit que des variations insensibles. Toujours
+ dominé d'une idée funeste, celle d'un danger imminent; tous ses
+ discours, comme tous ses mouvements, comme tous ses regards
+ trahissent cette invincible préoccupation, et je crains que les
+ moyens dont la société use envers les malades, la captivité et
+ l'oisiveté, ne fassent qu'alimenter une mélancolie dont le seul
+ remède, ce me semble, serait le mouvement et la distraction. Ce qu'il
+ y a de cruel, c'est que l'exécution de ce remède est à peu près
+ impossible, parce qu'elle est dangereuse.
+
+ Je t'envoie ci-incluse une lettre de M. Esquirol, qui n'éclaircit
+ rien, et n'ajoute rien à mes idées personnelles, à mes observations
+ particulières sur notre Eugène; je crois t'avoir déjà écrit la
+ plupart de ce qu'écrit le docteur, auquel j'avais déjà exposé tous
+ les faits qu'il présente. Il est vrai que le malade a fait chez lui
+ un bien court séjour. Mais je pense que cette maison lui était plus
+ nuisible qu'utile. M. Katzenberger a envoyé chez M. Foucher les 400
+ francs que demande le docteur Esquirol pour un mois de pension, et M.
+ Foucher a prévenu ce dernier qu'ils sont à sa disposition.
+
+ Je suis heureux, cher papa, de reposer tes idées sur des sujets moins
+ tristes en t'entretenant aujourd'hui de l'heureux événement qui doit
+ en amener un autre également heureux pour nous, ton retour.
+
+ Ma bien-aimée Adèle accouche dans cinq semaines environ. Viens le
+ plus tôt qu'il te sera commode. Il me sera bien doux que mon enfant
+ reçoive de toi son nom, et c'est pour moi un sujet de joie immense de
+ penser qu'il m'était réservé, à moi le plus jeune de tes fils, de te
+ donner le premier le titre de grand-père. J'aime cet enfant d'avance,
+ parce qu'il sera un lien de plus entre mon père et moi.
+
+ Je te remercie de la proposition que tu me fais relativement à M.
+ de Chateaubriand; mais la position intérieure du ministère rend
+ singulièrement délicates les communications actuelles entre MM. de
+ Chateaubriand et de Corbière[68]. Tu comprendras ce que je ne peux
+ dire ici qu'à demi-mot. Au reste, les espérances dont on me berce si
+ longtemps ont acquis depuis deux jours un caractère assez _positif_.
+ Si elles se réalisaient enfin, je m'empresserais de t'en faire part.
+ Quant aux biens d'Espagne, je ne doute pas qu'une réclamation de
+ toi en fût parfaitement accueillie, et je la présenterai moi-même
+ au ministère des Affaires étrangères. Seulement j'appréhende que la
+ décision de cette affaire ne dépende moins de mon illustre ami que de
+ M. de Martignac, qui est l'homme de M. de Villèle.
+
+ [Note 68: Jacques-Joseph-Guillaume-Pierre, comte de Corbière, né
+ à Amanlis, près Rennes, 1768, mort en 1858.
+
+ Député d'Ille-et Vilaine, après avoir été président au Conseil royal
+ de l'Instruction publique, il se vit appeler, en décembre 1821, par
+ M. de Villèle, au ministère de l'Intérieur, et se retira avec lui, en
+ 1828.]
+
+ Adieu, bon et cher papa, mon Adèle désire que je lui cède le reste de
+ ce papier. J'avais pourtant encore bien des choses à te dire, mais il
+ faut obéir à une prière si naturelle et me borner à t'embrasser avec
+ autant de tendresse que de respect.
+
+Ton fils,
+Victor.
+
+Gentilly, 27 juin 1823.
+
+ J'ajoute un mot à ce que dit mon Victor pour vous réitérer la
+ prière de hâter votre arrivée le plus tôt que vos affaires vous
+ le permettront, j'entends par affaires vos commodités, et celles
+ de notre excellente belle-mère à la santé de laquelle nous nous
+ intéressons bien vivement et que je désire embrasser en même temps
+ que mon petit enfant; nous comptons tous, mon cher papa, que vous
+ serez à Paris à la fin de juillet; s'il en était autrement, j'en
+ aurais beaucoup de chagrin, car son grand père doit le voir un des
+ premiers, ainsi, cher papa, nous vous attendons dans cinq semaines au
+ plus tard.
+
+Votre respectueuse fille,
+A. Hugo.
+
+La santé d'Eugène est loin de s'améliorer. Il fait de la mélancolie
+et on a peine à le faire manger. Victor--il signe ce billet V.-M.
+H.--donne à son père ces mauvaises nouvelles, en recommandant à son bon
+accueil le jeune Adolphe Trébuchet, son cousin germain, qui vient à
+Blois, et désirerait sans doute visiter Chambord.
+
+Outre l'intérêt artistique de Chambord l'on pense si le _Simple
+discours_ de Paul-Louis Courier et ses deux mois de prison légitimaient
+cette curiosité[69].
+
+[Note 69: _Le simple discours de Paul Louis, vigneron de
+La Chavonnière, aux membres du conseil de Véretz, département
+d'Indre-et-Loire, à l'occasion de l'acquisition de Chambord_, parut
+chez Bobée, 1821, in-8º, de 28 pp.
+
+Le 28 août, Courier était traduit sous l'inculpation d'outrage aux
+mœurs,--il avait rappelé dans son _Discours_ certains scandales des
+mœurs royales et représenté les cours comme le centre de toutes les
+corruptions,--devant la cour d'assises de la Seine, se voyait déclarer
+coupable et condamner à deux mois de prison.
+
+Ce fut l'occasion d'un nouveau pamphlet, plus âpre encore:
+
+_Procès de Paul-Louis Courier, vigneron de La Chavonnière, condamné
+le 28 août 1821, à l'occasion de son Discours sur la souscription de
+Chambord_ (Paris, Chantpie, in-8º de 80 pp.).
+
+Mais, cette fois, on n'osa poursuivre.]
+
+Mon cher papa,
+
+ C'est mon bon petit cousin Adolphe Trébuchet, qui te remettra cette
+ lettre où tu trouveras le reçu de M. Esquirol. Nous n'avons encore pu
+ voir notre pauvre Eugène à Saint-Maurice; il faut une permission et
+ il est assez difficile de l'obtenir.
+
+ Abel a du reste obtenu en attendant de ses nouvelles qui sont loin
+ malheureusement d'être satisfaisantes; il est toujours plongé dans la
+ même mélancolie; il a pendant quelque temps refusé toute nourriture;
+ mais enfin la nature a parlé, il a consenti à manger. Le traitement
+ qu'il subit n'exige pas encore à ce qu'il paraît un supplément de
+ pension, quand cela sera nécessaire, on nous en avertira.
+
+ Ces détails me navrent, cher papa, et il me faut toute la joie de ton
+ prochain retour pour ne pas me livrer en ce moment au désespoir.
+
+ M. Foucher et Abel vont bientôt t'écrire, moi-même je me hâterai de
+ te transmettre tout ce que l'état de notre cher malade offrira de
+ nouveau.
+
+ Adieu, cher papa, il est inutile de te recommander cet Adolphe que
+ nous aimons tous comme un frère; je crois qu'il désire vivement voir
+ Chambord, et ce sera pour lui comme pour toi un plaisir de passer
+ quelques jours à Blois, si l'urgence de son voyage le lui permet.
+
+ Je t'embrasse tendrement pour moi et mon Adèle, présente nos hommages
+ empressés à notre belle-mère, qui, nous l'espérons, est rétablie.
+
+Ton fils soumis et respectueux,
+V.-M. H.
+
+Ce 1er juillet 1823.
+
+
+
+
+IV
+
+Léopold Hugo.--Sa naissance.--Des ennuis de nourrice.--_La Muse
+française._--Le petit Léopold à Blois.--Le cri de la mère.--Sa
+mort.--_A l'ombre d'un Enfant._
+
+
+Le général Hugo n'a pu arriver à Paris à temps pour être un des
+premiers à voir son petit-fils. La grossesse d'Adèle Hugo a été
+difficile, l'accouchement laborieux. Le petit Léopold est venu au monde
+presque mourant.
+
+La mère a dû renoncer à la joie qu'elle se faisait de le nourrir et
+l'enfant a été mis en nourrice dans le quartier.
+
+Victor se fait des illusions et sur la «remplaçante», et sur la santé
+du petit être.
+
+Mon cher papa,
+
+ Si je ne t'ai point encore annoncé moi-même l'événement qui te
+ donne un être de plus à aimer, c'est que j'ai voulu épargner à
+ ton cœur de père les inquiétudes, les anxiétés, les angoisses qui
+ m'ont tourmenté depuis huit jours. La couche de ma femme a été très
+ laborieuse, les suites jusqu'à ce jour ont été douloureuses; l'enfant
+ est venu au monde presque mourant, il est resté fort délicat. Le
+ lait de la mère affaibli par la grande quantité d'eau dont elle
+ était incommodée et échauffé par les souffrances de la grossesse
+ et de l'enfantement, n'a pu convenir à une créature aussi faible.
+ Nous avons été contraints, après des essais qui ont presque mis ton
+ petit-fils en danger, de songer à le faire nourrir par une étrangère.
+ Tu peux te figurer combien j'ai eu de peine à y déterminer mon Adèle
+ qui se faisait une si grande joie des fatigues de l'allaitement. Ce
+ qui y a pu seulement la décider, ce n'est pas le péril que sa propre
+ santé eût couru réellement, mais celui qui eût menacé l'enfant. Elle
+ a donc sacrifié courageusement à l'intérêt de son fils son droit de
+ mère, et nous avons mis l'enfant en nourrice. Nous avons été assez
+ heureux pour trouver dans ce cas urgent une fort belle nourrice
+ habitant notre quartier, et quoique ces femmes soient fort chères à
+ Paris, l'instante nécessité et la facilité d'avoir à chaque instant
+ des nouvelles de ton Léopold m'ont fait accepter cette charge avec
+ joie.
+
+ Maintenant enfin, après tant d'inquiétudes et d'indécision, je puis
+ te donner de bonnes nouvelles. Mon Adèle bien-aimée se rétablit à vue
+ d'œil, nous avons l'espoir que le lait sera bientôt passé. L'enfant
+ fortifié par une nourrice saine et abondante va très bien et promet
+ de devenir un jour grand-père comme toi.
+
+ Tu vois, bon et cher papa, que je t'ai dérobé ta part dans des
+ anxiétés que tu aurais certainement ressenties aussi cruellement que
+ moi. Voilà la cause d'un silence que tu approuveras peut-être après
+ l'avoir blâmé. Ta joie à présent peut être sans mélange comme la
+ nôtre, qui s'accroît encore bien vivement par l'idée de te savoir
+ bientôt dans nos bras.
+
+ Adieu, notre excellent père, viens vite, remercie-moi, je t'ai donné
+ une fille qui t'aime comme moi, nous te donnons maintenant un fils
+ qui t'aimera comme nous. Et qu'y a-t-il de consolant dans la vie si
+ ce n'est le lien d'amour qui joint les parents aux enfants?
+
+Ton fils soumis et respectueux,
+Victor.
+
+24 juillet.
+
+ Embrasse bien pour nous notre belle-mère que nous attendons avec toi.
+
+ Depuis quinze jours que je suis garde-malade, je n'ai pu m'occuper de
+ notre cher Eugène comme je l'aurais voulu, mais tu vas venir: puis-je
+ ne pas voir son avenir sous des couleurs moins sombres?
+
+Les yeux du père et de la mère n'ont point tardé à se dessiller. La
+femme à laquelle ils avaient confié leur enfant, la croyant bonne et
+douce, leur semble, maintenant, d'un caractère méchant et faux.
+
+Ils ont hâte de le lui retirer. Victor demande au général de lui
+trouver à Blois ou dans les environs une nourrice dont le lait n'ait
+pas plus de quatre ou cinq mois.
+
+Ils lui confieront le petit Léopold. Éloigné de ses parents, il sera au
+moins soumis à l'affectueuse surveillance du général et de sa femme.
+
+Mon cher papa,
+
+ Je me félicitais de n'avoir plus que d'excellentes nouvelles à
+ te mander, lorsqu'un événement imprévu m'oblige à recourir à tes
+ conseils et à ton assistance. La nourrice à laquelle il a fallu
+ confier notre enfant ne peut nous convenir. Cette femme nous trompe,
+ elle paraît être d'un caractère méchant et faux: elle a abusé de la
+ nécessité où nous étions de placer cet enfant; nous l'avons d'abord
+ crue bonne et douce, maintenant nous n'avons que trop de raisons pour
+ lui retirer notre pauvre petit Léopold le plus tôt possible. Nous
+ désirerions donc, mon Adèle et moi, après avoir pris la résolution
+ de le retirer à cette femme, que tu nous rendes le service de nous
+ trouver à Blois ou dans les environs une nourrice dont le lait n'ait
+ pas plus de quatre ou cinq mois, et dont la vie et le caractère
+ présentent des garanties suffisantes. D'ailleurs nous serions tous
+ deux tranquilles, sachant notre Léopold sous tes yeux, et sous ceux
+ de ta femme. C'est ce qui nous a décidés à le placer à Blois plutôt
+ que partout ailleurs.
+
+ Il est inutile cher et excellent père, de te recommander une prompte
+ réponse, la santé de ton petit-fils pourrait être altérée du moindre
+ retard. Je ne te demande pas pardon de tous les soins que nous te
+ donnons, je sais qu'ils sont doux à ton cœur bon et paternel.
+
+ Adieu, cher papa, Eugène va mieux _physiquement_: tout le monde
+ ici t'embrasse aussi tendrement que ton fils qui t'aime. Hâte ton
+ arrivée, réponds-moi vite, et crois mon amour aussi respectueux
+ qu'inaltérable.
+
+Victor.
+
+29 juillet.
+
+ Je te fais envoyer la _Muse française_[70], recueil littéraire à la
+ rédaction duquel je participe. Je te remettrai à Paris la deuxième
+ édition de _Han d'Islande_[71].
+
+[Note 70: La _Muse française_ parut de juillet 1823 à juin 1824,
+chez Ambroise Tardieu, éditeur, rue du Battoir-Saint-André, nº 12, en
+douze livraisons formant 2 volumes in-8º, avec, en épigraphe, cette
+citation de Virgile:
+
+ Jam redit et virgo, . . . . . . .
+ Jam nova progenies cœlo dimittitur alto.
+
+Eugène Hatin a omis de citer ce recueil dans sa _Bibliographie
+historique et critique de la presse périodique française_ (1866).
+
+M. Ch.-M. Des Granges a copieusement comblé cette lacune et donné,
+dans sa _Presse littéraire sous la Restauration_, un fac-simile, non
+seulement du titre, mais de la page contenant la première strophe de
+l'ode. A mon Père:
+
+ «Quoi! toujours une lyre et jamais une épée!»]
+]
+
+[Note 71: Paris, Lecointe et Durey, libraires, quai des Augustins,
+nº 49, 1823, 4 vol. in-12.
+
+C'est l'exemplaire portant la dédicace du fils au père sur lequel nous
+avons eu la chance de pouvoir mettre la main, à Blois.]
+
+ Il est urgent que la nourrice que tu aurais la bonté de nous
+ procurer, s'il est possible, ait promptement l'enfant, que je ne vois
+ pas sans inquiétude entre les mains de cette femme. Tâche de l'amener
+ avec toi, et en tout cas, réponds-moi courrier par courrier, car mon
+ Adèle est très inquiète et n'a plus d'espérance qu'en toi qu'elle
+ sait si _bon_ et qu'elle aime tant.
+
+Le général n'a point perdu de temps. Il a été assez heureux pour
+pouvoir mettre la main sur une nourrice qu'il expédiait aussitôt à son
+fils. Elle arrivait à Paris le 2 août. Le lendemain, Victor, exprimait
+abondamment sa reconnaissance et celle d'Adèle Hugo.
+
+Mon cher papa,
+
+ Pour pouvoir t'exprimer la joie et la reconnaissance dont nous
+ pénètrent (_sic_) ta lettre, il faudrait qu'il fût possible en même
+ tems de dire tout ce qu'il y a de sentiments tendres et de touchante
+ bonté dans ton cœur paternel. Ainsi tu veux entrer plus encore que
+ moi dans mes devoirs de père, et en effet le premier sourire comme
+ le premier regard de ce pauvre petit Léopold te sera dû. Je voudrais
+ épancher ici tout ce que ta fille et moi ressentons d'amour pour
+ toi, mon excellent père, mais il faudrait répéter ici tout ce qui
+ remplit nos entretiens depuis deux jours, et je me borne à ce qui
+ n'excède pas les limites de ce papier.
+
+ A la réception de ta lettre, mon cœur était trop plein, et je voulais
+ te répondre sur-le-champ. Mais un avis sage l'a emporté sur mon
+ impatience, et j'ai attendu que ce que tu avais si bien préparé fût
+ exécuté, pour pouvoir, en t'exprimant notre vive reconnaissance, te
+ donner en même tems des nouvelles de ton Léopold, de la nourrice et
+ de mon Adèle.
+
+ La nourrice est arrivée hier matin bien portante et gaie; elle
+ nous a remis ta lettre et tes instructions ont été suivies de tout
+ point. Tout le monde a été enchanté et d'elle et de son nourrisson.
+ Nous avons dans la même matinée retiré ton pauvre enfant de chez sa
+ marâtre, et il a parfaitement commencé toutes ses fonctions. Je ne
+ sais si c'est illusion personnelle, mais nous le trouvons déjà mieux
+ ce matin.
+
+ Adieu, bon et bien cher papa, exprime, de grâce, à ta femme toute
+ notre vive et sincère gratitude, il nous tarde de la lui exprimer
+ nous-mêmes, et nous t'embrassons tendrement en attendant cet heureux
+ jour.
+
+Ton fils reconnaissant et respectueux,
+Victor.
+
+3 août.
+
+ Tu trouveras inclus le mot que je te prie de communiquer au père
+ nourricier. Adieu, adieu.
+
+ La santé d'Eugène continue à se soutenir physiquement, mais il est
+ toujours d'une malpropreté désolante. Le Val-de-Grâce n'a envoyé
+ avec lui à Charenton qu'une partie de son linge; nous nous occupons
+ de rassembler le reste pour le lui faire porter. Ce qui me contrarie
+ vivement, c'est l'extrême difficulté de voir notre pauvre frère à
+ Saint-Maurice.
+
+Les nouvelles d'Eugène ne sont guère bonnes, comme on voit. Et d'après
+ce mot, la jeune maman est loin encore d'être rétablie.
+
+Mon cher papa,
+
+ Quoique très faible encore, je ne puis laisser échapper l'occasion
+ de vous exprimer toute ma reconnaissance qui ne pourra jamais être
+ trop grande pour vos bontés et celles de notre belle-mère. Croyez que
+ nous sommes profondément touchés de tout ce qui fait notre bonheur
+ aujourd'hui, car depuis que nous avons cette nourrice j'espère élever
+ mon petit Léopold qui vous devra une seconde vie et combien nous
+ serons heureux de pouvoir visiter en même temps et notre enfant et
+ vous, mes chers parens. Adieu, papa, embrassez la grand'maman de mon
+ petit Léopold pour moi.
+
+Adèle.
+
+
+Sa belle-fille embrasse bien «la grand'maman de son petit Léopold»;
+pour le général, cela ne suffit pas, paraît-il, Victor n'a point assez
+oublié sa mère, pour que la dame Thomas y Saëtoni, veuve d'Almeg, ne
+demeure point pour lui l'étrangère. Sa reconnaissance envers elle, ne
+semble pas aux yeux de son mari, d'un lyrisme suffisant. Il ne lui
+écrit pas directement pour la remercier et le général a dû, à ce sujet,
+adresser quelques observations à Victor.
+
+Et celui-ci, on le sent embarrassé, de répondre du ministère de la
+Guerre, où il est allé, sans doute, soumettre à M. Foucher cette
+correspondance.
+
+Ministère
+de la Guerre
+
+Mon cher papa,
+
+ Ta lettre m'a causé un véritable chagrin, et il me tarde que tu aies
+ reçu celle-ci pour m'en sentir un peu soulagé. Comment donc as-tu
+ pu supposer un seul instant que tout mon cœur ne fût pas plein de
+ reconnaissance pour les bontés dont ta femme a comblé notre Eugène
+ et notre Léopold? Il faudrait que je ne fusse ni frère ni père pour
+ ne pas sentir le prix de ce qu'elle a fait pour eux, cher papa, et
+ par conséquent pour moi. Si c'est à toi principalement que se sont
+ adressés mes remerciements, c'est que notre père est pour nous la
+ source de tout amour et de toute tendresse, c'est que j'ai pensé
+ qu'il te serait doux de porter à ta femme l'hommage tendre et profond
+ de ma gratitude filiale, et que dans ta bouche cet hommage même
+ aurait bien plus de prix que dans la mienne.
+
+ Je t'en supplie, mon cher et bon père, ne m'afflige plus ainsi. Je
+ suis bien sûr que ce n'est pas ta femme qui aura pu me supposer
+ ingrat et croire que je n'étais pas sincèrement touché de tous ses
+ soins pour ton Léopold, et comment, grand Dieu, ne serais-je pas
+ vivement attendri de cette bienveillante sollicitude qui a peut-être
+ sauvé mon enfant? cher papa, je te le répète, hâte-toi de réparer
+ la peine que tu m'as injustement causée au milieu de tant de joie,
+ et qui m'a paru bien plus cruelle encore dans un moment où mon
+ âme s'ouvrait avec tant de confiance à toutes les tendresses et à
+ toutes les félicités. Adieu, je ne veux pas insister davantage sur
+ une explication que ton cœur et le mien trouvent déjà trop longue,
+ et dont le chagrin ne sera entièrement effacé pour moi que par le
+ bonheur de te revoir bientôt ici, ainsi que ta femme.
+
+ Tout continue à aller ici de mieux en mieux, mère, enfant, nourrice.
+ Cette dernière continue à se porter parfaitement et gaiement. La
+ lettre de son mari lui a fait grand plaisir, elle me charge de le lui
+ mander, ainsi que toutes les amitiés du monde.
+
+ Je compte, maintenant que j'ai quelque répit, aller voir un peu notre
+ pauvre Eugène et lui porter le reste de ses effets demain jeudi. Il
+ continue aussi, du reste, à aller un peu mieux.
+
+ Ainsi, cher et excellent père, que nous te revoyions bientôt et rien
+ ne manquera à nos joies. Réponds-moi promptement, de grâce, et viens,
+ si tu le peux, plus promptement encore. Tout le monde ici t'embrasse
+ tendrement ainsi que la grand-maman de Léopold qui voudra bien sans
+ doute être ma panégyriste et mon avocat près de toi, puisque tu ne
+ veux pas être mon interprète près d'elle.
+
+Ton fils dévoué et respectueux,
+Victor.
+
+6 août 1823.
+
+ Mon Adèle me charge de mille tendresses pour toi et pour ta femme.
+
+ Abel se joint à nous. Il se porte toujours bien et t'attend
+ impatiemment.
+
+La venue à Paris du général et de la comtesse Hugo mit momentanément
+fin à ce malentendu. Le jeune ménage a fait la connaissance de la
+belle-mère. Il n'a plus l'excuse de ne la point connaître.
+
+Puis, les parents étant repartis, emmenant avec eux l'enfant malade
+et la nourrice, le moment eût été singulièrement mal choisi de ne pas
+joindre aux formules de politesse pour Mme Hugo les nécessaires
+mensonges d'une affection, toute sur le papier.
+
+Victor, dont la femme a mal au pied, s'exécute sans enthousiasme. Quant
+à Adèle Hugo, sa lettre est pleine de cœur et de simplicité. Elle nous
+fait mieux connaître la jeune femme devenue maman. Elle n'a dans ses
+lignes brèves nul souci de la littérature.
+
+Son Léopold l'intéresse seul. La nourrice manque peut-être de propreté
+et demande à être surveillée à ce point de vue; mais, que de jolis
+détails, à côté de la biscotte, chère aujourd'hui aux spécialistes de
+l'estomac, dont cette lettre nous révèle déjà l'existence[72].
+
+[Note 72: «Les biscottes de Bruxelles sont recherchées.» (_Compl.
+de l'Acad._)]
+
+Pour elle, la belle-mère est devenue «maman», et, sous sa plume,
+l'effort ne se sent pas.
+
+Mon cher papa,
+
+ Ta bonne et précieuse lettre pouvait seule nous consoler du départ
+ de notre père et de notre fils. Les tendres soins que ta femme a
+ prodigués durant la route à son pauvre petit-fils nous ont attendris
+ et touchés profondément. Chaque jour nous prouve de plus qu'elle a
+ pour nous ton cœur, et c'est un témoignage qu'il m'est bien doux de
+ lui rendre.
+
+ Mon Adèle depuis ton départ n'est pas sortie, il lui est venu au
+ pied un petit bobo fort incommode qui l'empêche de marcher et la
+ fait même, par intervalle, assez vivement souffrir. Elle supporte
+ ce nouvel ennui avec l'égalité d'humeur que tu lui connais, mais moi
+ j'en suis attristé pour elle.
+
+ Je reçois à l'instant une lettre du Colonel qui me charge des plus
+ tendres amitiés pour toi et je t'en envoie sous ce couvert une autre
+ du major.
+
+ Malgré tout mon désir de prolonger cette lettre, il faut la terminer
+ ici: ma femme qui a beaucoup de choses à dire à la tienne, me demande
+ le reste de mon papier. J'espère que Léopold continue à se bien
+ porter. Présente mes affectueux hommages à sa grand'mère, embrasse
+ pour moi son oncle Paul et dis-moi si depuis son voyage, ses yeux
+ se sont agrandis à force de s'ouvrir. Abel et moi t'embrassons
+ tendrement.
+
+Ton fils dévoué et respectueux,
+Victor.
+
+13 septembre 1823.
+
+ Je tâcherai de te donner des nouvelles de notre Eugène dans ma
+ prochaine lettre.
+
+Ma chère maman,
+
+ Depuis votre départ, je n'ai cessé de penser à mon Léopold et cette
+ pensée est inséparable des bontés que vous avez pour ce cher enfant
+ et de toutes celles que vous avez pour nous, et si je suis si à
+ plaindre d'être loin de lui, il est bien heureux d'être près de vous.
+ J'ai été charmée de sa bonne conduite pendant le voyage, j'espère
+ qu'il a continué d'être aimable et de vous sourire, car il serait
+ bien ingrat s'il en était autrement. J'espère aussi que la nourrice
+ ne vous a donné que des sujets de contentement, c'est une bonne
+ femme qu'il faudra je crois surveiller pour la propreté: j'ai oublié
+ de faire emporter à la nourrice une petite brosse pour sa tête, il
+ y en a à Paris de fort commodes en chiendent. S'il n'y en a pas à
+ Blois je vous en enverrai une; dites-moi aussi, chère maman, si vous
+ pouvez vous procurer de la biscotte, nourriture, dit-on, très saine
+ et surtout légère pour les enfants. Dans le cas où la bouillie ou
+ bien une petite panade ne lui conviendrait pas je lui en enverrais.
+ Croyez-vous aussi, qu'il ne lui serait pas bon de le mettre dans son
+ berceau les jambes un peu à l'air, ce qui lui donnerait des forces
+ et lui ferait plaisir; car j'ai remarqué qu'il ne disait jamais rien
+ démailloté et criait très fort lorsqu'il sentait ses petites jambes
+ en prison: cela n'empêcherait pas de le couvrir lorsqu'il ferait
+ froid. Je ne me permets de vous dire tout cela que parce que je sais
+ que vous en agirez suivant votre volonté et pour le bien-être de
+ notre fils.
+
+ Je suis retenue à la chambre par une écorchure au pied qui me fait
+ souffrir. Mais toutes mes souffrances sont des bonheurs pour moi,
+ puisque tous les soins qui me sont prodigués viennent de mon Victor,
+ qui est toujours un ange et fait toujours de belles odes.
+
+ Agréez, chère maman, tous mes sentiments de respect.
+
+A. Hugo.
+
+ Papa et maman ont été très sensibles à tout ce que vous leur dites
+ d'amical. Nous embrassons tous notre Léopold et Paul.
+
+Victor a ajouté ce post-scriptum. Il a trait au large cachet, aux armes
+du général, dont est scellée cette lettre.
+
+ Le cachet de cuivre dont tu verras l'empreinte sur cette lettre, est
+ terminé. Il est fort beau. Celui d'acier, qui demande plus de temps,
+ me sera bientôt remis par le graveur. Il ne veut pas faire l'écusson
+ colorié à moins de 12 francs. J'attends tes instructions à cet égard.
+ Marque-moi de même par quelle voie il faudra t'envoyer le cachet
+ d'acier. Adieu encore, bon et cher papa.
+
+Paul Foucher, le jeune beau-frère de Victor Hugo, avait accompagné
+les grands-parents à Blois. Il est revenu à Paris, porteur de bonnes
+nouvelles et les yeux agrandis à force de s'ouvrir. Adèle remercie le
+général et sa belle-mère de leur bon accueil.
+
+Les Mémoires s'impriment chez Ladvocat. Victor a prié l'éditeur de lui
+en communiquer les feuilles à mesure. Sa femme désire les lire avant
+tout le monde et «_désir de femme est un feu qui dévore_».
+
+L'écusson colorié a coûté deux francs de plus qu'il n'était prévu,
+mais il est tout à fait digne d'être encadré.
+
+4 octobre 1823.
+
+Mon cher papa,
+
+ Paul est arrivé enchanté et m'a enchantée par ce qu'il m'a dit de
+ mon Léopold; je ne parle pas des soins si attentifs de la grand'mère
+ parce qu'ils sont tels que (je) renonce à mes droits de mère. Je
+ suis ravie quand je pense que dans deux mois je vous verrai ainsi
+ que ce cher enfant qui nous est si précieux, et qui vous coûte tant
+ de peines et de sollicitudes. Je suis triste seulement de penser
+ que je ne serai que très secondaire dans sa tendresse puisque je ne
+ serai que sa seconde mère; et que je n'aurai même pas droit d'en être
+ jalouse.
+
+ Je voulais vous consulter pour faire vacciner notre fils: je crois
+ que le temps est favorable; et il est important qu'il le soit, au
+ reste que tout cela soit selon votre volonté.
+
+ Je ne sais si je dois attendre l'arrivée de cette Dame pour vous
+ envoyer les objets que je vous ai annoncés, ainsi que le cachet qui
+ a son portrait joliment peint, et le petit livre que vous demandez,
+ j'attends votre réponse pour cela. Mon Victor vous aurait écrit s'il
+ n'avait toujours son doigt très douloureux, mais je crois que malgré
+ cela il n'aura pas le courage de laisser partir cette lettre sans y
+ mettre quelques mots.
+
+ Maman doit écrire à mon autre maman pour la remercier des soins et
+ des bontés qu'elle a eus pour Paul qui vous aime tant et qui est si
+ charmé de son voyage; elle voudrait aussi savoir comment vous faire
+ parvenir l'argent qu'elle vous doit pour Paul.
+
+ Adieu, mon cher papa, embrassez s'il vous plaît mon Léopold et sa
+ grand'maman et comptez sur les sentiments respectueux de votre fille.
+
+A. Hugo.
+
+Mon cher et bon papa,
+
+ Il y a trop longtemps que je ne me suis entretenu avec toi, pour
+ ne pas sentir le besoin de te renseigner aussi moi-même combien je
+ suis profondément touché de toutes les bontés dont notre Léopold est
+ comblé par toi, et par son excellente grand'maman. La première lettre
+ que je puis écrire avec ma main convalescente, doit être pour toi,
+ cher papa. J'ignore comment je pourrai te rendre tous les sentiments
+ de reconnaissance et de tendresse que je voudrais t'exprimer,
+ mais cette impuissance même fait mon bonheur. Puisse un jour, ton
+ petit-fils, digne de toi, te payer ainsi que la seconde mère qu'il a
+ trouvée en ta femme, par tout ce que l'amour filial a de plus tendre
+ et de plus dévoué! Voilà des sentiments qu'il me sera aisé de lui
+ inspirer.
+
+ Nous espérons que ce pauvre petit _chevreau_ continue à se bien
+ trouver de son nouveau régime. Paul nous a dit tous les soins et
+ toutes les caresses que tu lui prodigues ainsi que sa grand'mère et
+ toute ta maison. Ce récit a ému Adèle jusqu'aux larmes c'est te dire
+ l'impression qu'il a produite sur moi.
+
+ L'écusson colorié a coûté 14 francs au lieu de 12 à cause d'un
+ passe-partout qui le rend tout à fait digne d'être encadré. Je ne
+ t'ai point encore envoyé le livre que tu me demandes, parce que j'ai
+ pensé que si la dame qui doit venir à Paris, veut bien s'en charger,
+ ainsi que du cachet et de l'écusson peint, cela t'épargnera les frais
+ de port. Mande-moi tes instructions définitives à cet égard.
+
+ Voici une lettre de Francis qui est pour toi. Ma maudite habitude de
+ ne pas lire les adresses de mes lettres fait que je l'ai décachetée
+ étourdiment. Maintenant j'y prendrai garde puisque le major choisit
+ mon canal pour t'écrire.
+
+ Ma femme qui est souffrante et qu'on purge, désire beaucoup lire
+ tes _Mémoires_ avant tout le monde. _Désir de femme est un feu qui
+ dévore._ J'ai fait prier Ladvocat de m'envoyer les feuilles à mesure
+ qu'elles s'impriment. Écris-lui, si tu en as le tems, pour qu'il
+ presse les envois.
+
+ Adieu bien cher et excellent père, nous ne voyons Abel que bien
+ rarement, mais je t'embrasse toujours en son nom et au mien.
+
+Ton fils tendre et respectueux,
+Victor.
+
+ Mes empressés hommages à la grand'maman.
+
+Il était malheureusement de la santé physique du petit Léopold, comme
+de la santé morale d'Eugène. Le lait de la nouvelle nourrice, le
+changement d'air, les soins dont il était entouré, n'avaient pu avoir
+raison de l'état bien précaire du nourrisson. Les nouvelles envoyées
+par le général à son fils laissent bien peu d'espoir.
+
+Mon cher papa,
+
+ L'impatience d'avoir des nouvelles de son Léopold, a porté ma femme à
+ décacheter hier la lettre que tu écrivais à son père. Tu peux juger
+ de sa désolation et de ses inquiétudes.
+
+ Pour moi, bon et excellent père, je me confie avec une tendre
+ confiance aux sollicitudes maternelles de ta femme. Dis-lui,
+ répète-lui cent fois, que nul être au monde ne sent plus profondément
+ que moi tout ce qu'elle fait pour ce pauvre enfant qui sera plus
+ encore à elle qu'à moi.
+
+ Nous espérons, puisque ta lettre permet encore d'espérer, nous
+ espérons puisque ta femme a eu la secourable pensée de s'adresser au
+ ciel, nous espérons enfin, parce que vous êtes là, vous, ses bons
+ parents, ses protecteurs, ses sauveurs.
+
+ Envoie-nous promptement de ses nouvelles, cher papa. Nous espérons,
+ mais nous sommes résignés; c'est une force qui vient aussi du ciel.
+ Adèle attend ta réponse avec courage; je ne t'embrasse pas pour elle,
+ elle veut le faire elle-même. Porte l'expression de ma tendre et
+ profonde reconnaissance au pied de la grand'maman de ce pauvre petit
+ ange. Je t'embrasse encore une fois avec tendresse et respect.
+
+6 8bre
+
+Le cri de la mère, menacée dans le fruit de ses entrailles, est
+terrible et angoissant. Sa lettre, ce mot rapide, n'a point la tenue de
+celle de Victor. On sent les larmes prêtes à jaillir.
+
+Ma chère maman,
+
+ Je viens d'apprendre une nouvelle désolante pour nous. Mon pauvre
+ petit est donc bien mal? et quel mal vous-même n'avez-vous pas? Si
+ je pouvais partir de suite pour Blois, j'irais vous relayer dans vos
+ soins maternels, mais moi-même je suis très souffrante et ai besoin
+ d'être soignée. Je n'écouterais pas encore tout cela, si le médecin
+ ne s'y opposait très expressément, malgré tout je partirai suivant
+ votre conseil pour mêler nos larmes ou pour l'embrasser encore une
+ fois ce pauvre enfant. Quel droit n'avez-vous pas, chère maman, à
+ notre tendresse? et comment notre Léopold n'est-il pas guéri, soigné
+ par une si tendre mère? Adieu, j'embrasse mon bon papa, et vous chère
+ maman que j'aime tant.
+
+A. Hugo.
+
+ Maman vient de perdre son père. Nous prenons le deuil demain.
+
+Trois jours plus tard, l'enfant mourait, en effet, et les registres
+de l'état civil de Blois, nous ont conservé cette mention du court
+passage dans la vie de Léopold-Victor Hugo.
+
+ L'an mil huit cent vingt-trois le dixième jour d'octobre à dix heures
+ du matin par devant nous Denis Gault, officier de l'État civil de la
+ commune de Blois, canton de Blois, département de Loir-et-Cher, sont
+ comparus Monsieur Jules Benoist, âgé de vingt-cinq ans, licencié en
+ droit domicilié à Blois et Monsieur Charles-Henry Lemaignen, âgé de
+ quarante-neuf ans, profession d'employé, domicilié à Blois.
+
+ Lesquels nous ont déclaré que le neuf du mois d'octobre à trois
+ heures du soir Léopold-Victor Hugo, âgé de trois mois, né à Paris
+ demeurant à Blois, département de Loir-et-Cher, fils de Monsieur
+ Victor-Marie Hugo, membre de l'Académie des Jeux Floraux et de dame
+ Adèle Foucher son épouse, domiciliés à Paris.
+
+ Est décédé en notre commune, en la maison de M. le général Hugo, rue
+ du Foix.
+
+ Le premier nous a déclaré être voisin et le second témoin être voisin
+ du décédé; et les déclarans ont signé avec nous le présent acte après
+ que lecture leur en a été faite.
+
+J. Benoist
+H. Lemaignen
+Gault
+
+Le vaudeville doit donc se mêler toujours un peu aux tristesses
+humaines. La bonne Madame Foucher a caché les lettres annonçant la
+mort de l'enfant, de peur que sa fille ne les lût. Elle les a si bien
+cachées, qu'elle ne les a pu retrouver. Il lui a fallu annoncer de vive
+voix la désolante nouvelle à son gendre.
+
+Victor de répondre à des lettres dont il n'a point eu connaissance par
+celle-ci, trop écrite, trop résignée, où perce déjà trop l'ode qui
+suivra.
+
+Cher papa,
+
+ Je n'accroîtrai pas ta douleur en te dépeignant la nôtre; tu as senti
+ tout ce que je sens, ta femme éprouve tout ce qu'éprouve Adèle.
+ Non, je ne veux pas t'attrister de toute notre affliction; si tu
+ étais ici, excellent père, nous pleurerions ensemble, et nous nous
+ consolerions en partageant nos larmes.
+
+ Tout le monde est ici plongé dans la stupeur, comme si Léopold, comme
+ si cet enfant d'hier, cet être maladif et délicat n'était pas mortel.
+ Hélas il faut remercier Dieu qui a daigné lui épargner les douleurs
+ de la vie. Il est des moments où elles sont bien cruelles.
+
+ Notre Léopold est un ange aujourd'hui, cher papa, nous le prierons
+ pour nous, pour toi, pour sa seconde mère, pour tous ceux qui l'ont
+ aimé durant sa courte apparition sur la terre.
+
+ Il ne faut pas croire que Dieu n'ait pas eu son dessein en nous
+ envoyant ce petit ange, sitôt rappelé à lui. Il a voulu que Léopold
+ fût un lien de plus entre vous, tendres parens et nous, enfants
+ dévoués. Mon Adèle au milieu de ses sanglots me répétait hier que
+ l'une de ses douleurs les plus vives était de penser à celles que toi
+ et ton excellente femme avez éprouvées.
+
+ Ce n'est pas à ta lettre que je réponds. J'ai appris la fatale
+ nouvelle de Madame Foucher. Dans le premier moment, elle avait
+ caché les deux lettres de peur qu'Adèle ne les lût, elle n'a pu les
+ retrouver depuis.
+
+ Du reste, elle m'a dit tout votre chagrin, toutes vos tendres et
+ pieuses intentions pour que la trace de ce cher petit ne s'efface pas
+ plus sur la terre qu'elle ne s'effacera dans nos cœurs.
+
+ Adieu, bon et cher papa, console-toi de mon malheur.
+
+ C'était hier (12 oct.) l'anniversaire de notre mariage. Le bon Dieu
+ nous a donné une leçon en nous ramenant ce doux souvenir de joie au
+ milieu d'une si vive douleur.
+
+ Adieu encore, ma femme et moi avons le cœur plein de tendresse pour
+ vous deux.
+
+Ton fils résigné et respectueux,
+Victor.
+
+13 octobre.
+
+On peut comparer cette lettre à l'ode adressée _A l'Ombre d'un Enfant_.
+L'inspiration est bien la même.
+
+ Oh! parmi les soleils, les sphères, les étoiles,
+ Les portiques d'azur, les palais de saphir,
+ Parmi les saints rayons, parmi les sacrés voiles
+ Qu'agite un éternel zéphir!
+
+ Dans le torrent d'amour où toute âme se noie,
+ Où s'abreuve de feux le séraphin brûlant:
+ Dans l'orbe flamboyant qui sans cesse tournoie
+ Autour du trône étincelant!
+
+ Parmi les jeux sans fin des âmes enfantines;
+ Quand leurs soins, d'un vieil astre, égaré dans les cieux,
+ Avec de longs efforts et des voix argentines,
+ Guident les chancelans essieux;
+
+ Ou lorsqu'entre ses bras quelque vierge ravie
+ Les prend, d'un saint baiser leur imprime le sceau,
+ Et rit, leur demandant si l'aspect de la vie
+ Les effrayait, dans leur berceau;
+
+ Ou qu'enfin dans son arche éclatante et profonde,
+ Rangeant de cieux en cieux son cortège ébloui,
+ Jésus, pour accomplir ce qui fut dit au monde,
+ Les place le plus près de lui;
+
+ Oh! dans ce monde auguste où rien n'est éphémère,
+ Dans ces flots de bonheur que ne trouble aucun fiel,
+ Enfant! loin du sourire et des pleurs de ta mère,
+ N'es-tu pas orphelin au ciel?
+
+ Octobre 1823[73].
+
+[Note 73: _Odes et Ballades._ Livre V, 1819-1828. Ode XV. Edition
+définitive, Livre V, ode XVI.]
+
+
+
+
+V
+
+Le cachet du Général.--Ode sur _la guerre d'Espagne_.--Les _Nouvelles
+Odes_.--La négligence de Ladvocat.--Les bonnes dispositions du duc
+d'Angoulême vis-à-vis du Général.--Les dessous d'une disgrâce:
+Chateaubriand et Mme Boni de Castellane.
+
+
+Victor Hugo a trop éloquemment exprimé sa douleur pour qu'elle fût
+de longue durée. La mère fut plus longue à se consoler et pour se
+distraire, dessinait un peu.
+
+Le poète continue à faire à Paris les courses du général. Le fameux
+cachet d'acier--«il a excité l'admiration de tout le monde»--et
+l'écusson colorié semblent tenir une grande place dans les
+préoccupations du père et du fils.
+
+Mon cher papa,
+
+ Notre désolée mère commence à se consoler un peu; tandis que je
+ t'écris ceci, elle s'occupe à dessiner quelque chose qui fera plaisir
+ à ses chers parents de Blois, car l'un de ses sentiments les plus
+ vifs est sa tendresse et sa reconnaissance pour vous. Tu connais
+ quelqu'un, cher papa, qui partage bien ces sentiments.
+
+ M. Lemaire te remettra avec cette lettre les deux bouteilles de fleur
+ d'orange, le cachet d'acier qui a excité ici l'admiration de tout
+ le monde par la beauté de son fini et l'écusson colorié. J'ai eu le
+ malheur dans tous mes malheurs, d'égarer la lettre où tu m'envoies la
+ note d'un livre à t'acheter. Seras-tu assez bon pour m'excuser et me
+ récrire de nouveau ce renseignement.
+
+ Adieu, bon et cher papa, ma femme t'embrasse tendrement, ainsi que
+ ton excellente femme. J'en fais autant. Nous sommes inquiets des
+ santés de Blois. Il y a longtemps que nous n'avons de tes nouvelles.
+
+Ton fils dévoué et respectueux,
+Victor.
+
+16 octobre.
+
+Le dessin destiné par Adèle aux parents de Blois est terminé. M. de
+Féraudy, de passage à Paris, veut bien se charger de le leur porter.
+
+Mon cher papa,
+
+ Je t'écris à la hâte quelques mots; M. de Féraudy attend ma lettre
+ et le paquet; ma femme se dépêche de terminer ce qu'elle envoie à
+ ses bons parents de Blois; j'espère que tu en seras content; et
+ je me tais parce que je craindrais en louant le talent de mon
+ Adèle, de paraître vouloir rehausser son présent. Nous aurions bien
+ voulu t'envoyer ceci encadré; mais M. de Féraudy nous ayant fait
+ quelques observations sur la difficulté du transport, tu sens qu'une
+ délicatesse impérieuse nous a interdit de t'offrir ce beau dessin
+ dans toute sa splendeur. Au reste M. de Féraudy s'est chargé de
+ la commission avec une grâce toute parfaite, et je te prie de lui
+ réitérer à Blois tous nos vifs remerciemens.
+
+ Il y a bien longtems, ce me semble, cher papa, que nous n'avons de
+ vos nouvelles. Comment se porte ta femme? Console-la en notre nom de
+ notre malheur. Je chercherai ce que tu me demandes.
+
+ Mon Adèle est toujours bien souffrante. Ce coup n'a pas contribué à
+ la remettre. Cependant, elle a éprouvé une grande douceur à faire
+ quelque chose pour toi, mon excellent père, et pour la grand'mère de
+ son Léopold. Elle ne prend pas en ce moment la plume pour vous parce
+ qu'elle tient encore le crayon.
+
+ Je ne puis m'empêcher de te dire tout bas que son dessin a fait ici
+ l'admiration de tous ceux qui l'ont vu.
+
+ Ce bon Adolphe est peut-être à Blois en ce moment, embrasse-le pour
+ nous en attendant que je l'embrasse pour toi. Adieu, bon et cher
+ papa. Nos respects à ta femme. Nous t'embrassons bien tendrement.
+ Il faut fermer ma lettre. M. de Féraudy m'attend; une ligne de plus
+ serait une indiscrétion.
+
+V.
+
+Samedi, novembre.
+
+Le 2 décembre 1823, date de la rentrée plus officielle que triomphale
+du duc d'Angoulême à Paris,--l'anniversaire d'Austerlitz!--Adèle Hugo
+rend compte au général des démarches de Victor et de ses espérances.
+
+Le marquis de Clermont-Tonnerre, à qui il a lu son ode sur _La guerre
+d'Espagne_, l'a engagé à la remettre au duc d'Angoulême.
+
+Le libraire Ladvocat vient d'acheter pour deux ans, moyennant deux
+mille francs, la propriété des odes.
+
+La pauvre femme cherche à cacher à son mari, sous des apparences de
+tranquillité, la profonde douleur que lui a laissée la mort de son
+enfant.
+
+Elle souffre des oreilles, Abel engraisse et les nouvelles d'Eugène ne
+sont guère bonnes.
+
+Mon cher papa,
+
+ Victor est tellement occupé en ce moment, qu'il me charge d'être
+ son secrétaire; et je remplis avec joie cet emploi. Il me charge de
+ vous dire que la lettre a été remise à M. de Serre[74], qu'il a été
+ chez Monsieur de Chateaubriand[75], qu'ayant trouvé à quelque heure
+ que ce soit du monde, il va lui demander un rendez-vous. Monsieur
+ de Clermont-Tonnerre[76] a été charmant pour lui, Victor ayant fait
+ une ode sur la guerre d'Espagne[77], il l'a engagé à la remettre à
+ Monseigneur le duc d'Angoulême qui doit venir à une fête que va lui
+ donner le ministre de la Marine[78].
+
+[Note 74: Pierre-François-Hercule, comte de Serre, né à
+Pagny-sur-Moselle en 1776, mort ambassadeur de France à Naples, à
+Castellamare, dans la nuit du 20 au 21 juillet 1824.
+
+Ministre de la Justice sous le cabinet Dessolle (29 décembre 1818), M.
+de Serre avait conservé son portefeuille sous la présidence du comte
+Decazes (19 novembre 1819) et sous le second ministère Richelieu (20
+février 1820).
+
+Démissionnaire ainsi que ses collègues le 12 décembre 1821, il avait
+reçu le titre de ministre d'État et était allé siéger au centre droit.]
+
+[Note 75: Ministre des Affaires étrangères, depuis le 28 décembre
+1822.]
+
+[Note 76: Ministre de la Marine et des Colonies du 14 décembre
+1821, le marquis de Clermont-Tonnerre devait être appelé le 4 août
+1824, au portefeuille de la Guerre.]
+
+[Note 77: _Odes et Ballades_, Liv. II; Ode VII.
+
+_La guerre d'Espagne_ fait, dans l'édition originale des _Nouvelles
+Odes_, suite à l'_Ombre d'un Enfant_.]
+
+[Note 78: Des banquets eurent lieu à l'Hôtel de Ville les 15 et 23
+décembre. Le 15: concert et bal aux Champs-Élysées.]
+
+ Mon Victor vient de vendre à l'Advocat un nouveau volume d'odes[79]
+ qu'il vient de faire. Il en a vendu la propriété pour deux ans ainsi
+ que celle de son premier volume, _deux mille francs_. Mais qui ne
+ doivent lui être payés de (que) dans l'année prochaine. Nous désirons
+ ne pas tomber encore dans une banqueroute.
+
+[Note 79: _Nouvelles Odes._]
+
+ Je suis enchantée que mon portrait ait fait quelque plaisir à notre
+ chère maman, c'est le seul bonheur que j'aye éprouvé depuis notre
+ malheur qui ne cesse de me poursuivre. Je tâche pourtant de le cacher
+ à mon Victor crainte de l'affecter, sous des apparences de gaîté ou du
+ moins de tranquillité. Je ne sors pas, j'ai des douleurs d'oreilles
+ très cruelles, on parle encore de me purger, ce qui est pour moi un
+ grand ennui.
+
+ Mon frère Victor est à Alençon bien placé; que ne pouvons-nous en dire
+ autant de notre frère Eugène. Ces messieurs lui écriront comme vous
+ l'avez dit. Bien heureux si cela adoucit un peu son sort.
+
+ Nous ne savons pas ce que fait Abel en ce moment, il est plus gros que
+ jamais. Notre oncle Francisque doit être à Paris, Victor y est en ce
+ moment; je voudrais bien que vous y fussiez aussi.
+
+ Adieu, mes chers et bien bons parents, permettez-moi de vous embrasser
+ comme je vous aime, et de vous assurer des sentiments avec lesquels je
+ suis,
+
+votre très humble et respectueuse fille,
+A. Hugo.
+
+Ce 2 décembre.
+
+Victor songe toujours au rappel à l'activité de son père. C'est,
+dit-il, ce qu'il désire le plus au monde. Il rêve pour lui d'une
+inspection générale et a déjeuné, ces jours derniers, avec le marquis
+de Clermont-Tonnerre qui a été des plus aimables.
+
+Il s'occupe en même temps, de concert avec l'oncle Francis, en ce
+moment à Paris avec sa femme, de leur cousin Michaud que lui a
+recommandé le général, tout en surveillant l'impression de ses odes,
+sans pour cela négliger ses banqueroutiers.
+
+Victor et sa femme se font une joie d'aller passer quelques jours à
+Blois, au printemps prochain.
+
+Ce pli est adressé à M. le Gal Comte Hugo.
+
+Mon cher papa,
+
+ Je suis bien étonnée que vous n'ayez pas encore reçu le bonnet, je
+ l'ai livré il y a quinze jours à Abel, qui l'attendait pour le faire
+ voyager avec deux tableaux qu'il devait vous envoyer de suite; il
+ est vrai que tout cela est parti par le roulage mais il est fort
+ étonnant, que vous ne l'ayez pas encore, car il y aura demain quinze
+ jours qu'il est en route.
+
+ Vous êtes bien bon de vous occuper de ma santé, je ne souffre plus
+ des oreilles mais des douleurs d'entrailles qui m'ont fait garder la
+ chambre tous ces jours-ci, mais je vais mieux cependant sans me bien
+ porter. Vous m'avez chargée, mon cher papa, de rappeler à Victor,
+ notre cousin, mon oncle Francisque s'en occupe en ce moment, il
+ connaît justement la personne qu'il faut solliciter. Nous le voyons
+ souvent ainsi que sa femme qui est très bonne et très aimable. Nous
+ leur parlons souvent de vous, de toutes vos bontés, de celles de
+ votre excellente femme et du bonheur que nous avons à vous aimer.
+
+ Je vous envoie une note de la part de papa, Victor désirerait bien
+ que vous fussiez employé, c'est, dit-il, la seule chose qu'il
+ désire. Ce bon Victor vous aime tant!
+
+ Nous nous faisons une fête d'aller vous voir au printemps, comme nous
+ allons nous embrasser.
+
+ Adieu, mon cher papa, dites bien des tendresses de ma part à ma chère
+ maman, et croyez aux sentiments respectueux de votre fille.
+
+A. Hugo.
+
+ En attendant, cher papa, que je puisse te rendre un compte détaillé
+ des démarches que le major et moi faisons pour notre cousin, M.
+ Michaud[80], je ne puis m'empêcher d'ajouter quelques mots à la
+ lettre de mon ange.
+
+ [Note 80: Joseph Hugo, père du général, menuisier, «très
+ excellent républicain», couronné, le 10 floréal an V, à Nancy,
+ lors de la fête des époux, avait épousé en secondes noces,
+ Jeanne-Marguerite Michaud, gouvernante d'enfants chez le comte
+ Rosières d'Euvezin; d'où ce cousinage.]
+
+ Je ne saurais te dire quel plaisir nous font les lettres de Blois, et
+ si je n'étais accablé de mes prochaines publications, j'y répondrais
+ bien plus promptement; mais les soins à donner à mon nouveau recueil
+ qui s'imprime, outre l'affaire de mes banqueroutiers et les démarches
+ sans nombre qui se disputent mes instans, m'ôtent la douceur de
+ t'écrire aussi fréquemment que l'exigerait mon attachement profond
+ pour toi et ta femme.
+
+ M. le marquis de Clermont-Tonnerre, avec qui j'ai déjeuné
+ dernièrement m'a chargé de mille choses aimables pour toi; il est
+ tout disposé à te servir, et je voudrais que toi tu employasses tes
+ amis, parmi lesquels il en est de si puissans, à obtenir au moins une
+ inspection générale.
+
+ M. Foucher, qui compte incessamment t'écrire et Mme Foucher, ainsi
+ qu'Abel, le major et sa femme vous embrassent tendrement. Quant à
+ moi, cher et excellent père, tu connais mon profond et respectueux
+ dévouement.
+
+Victor.
+
+Ce lundi 19.
+
+Le voyage à Blois est remis: Adèle Hugo est à nouveau enceinte et les
+médecins lui ont interdit la voiture. Les _Nouvelles Odes_ viennent de
+paraître[81]; mais, par la négligence de Ladvocat, le général n'a pas
+encore reçu l'exemplaire sur vélin qui lui est destiné. La publication
+de ce «méchant livre» initie Victor Hugo aux «courses indispensables»
+connues des auteurs.
+
+[Note 81: Les _Nouvelles Odes_ avaient paru chez Ladvocat quelques
+jours auparavant (_Journal des Débats_ du 24 mars 1824) avec cette
+épigraphe: _Nos canimus surdis_ et formaient un volume grand in-8º,
+orné d'une gravure, vendu 4 francs. Les _Débats_ en rendirent compte le
+14 juin sous l'initiale Z, signature de M. Hofman. Victor Hugo répondit
+aux critiques qui lui étaient adressées par une longue lettre publiée
+dans le numéro du 26 juillet suivant.]
+
+M. de Féraudy, candidat, sans doute, avec ses fables, à une récompense
+de l'Académie, a été également l'objet des démarches de son confrère.
+
+Le poète est décidément fort bien en cour. Il vient de déjeuner
+derechef avec M. de Clermont-Tonnerre. Le duc d'Angoulême aurait lu les
+_Mémoires du général_ et aurait regretté, au dire du marquis, qu'il
+n'ait pas «été employé dans la dernière guerre d'Espagne».
+
+Mon cher Papa,
+
+ Remercie, de grâce, M. de Féraudy de sa trop aimable lettre qui nous
+ a apporté un mot de toi. Dès que j'aurai qque détail des opérations
+ de l'Académie, je m'empresserai de lui en faire part; et je désire
+ bien vivement qu'ils soient conformes à mes justes espérances.
+
+ Il me paraît d'après ton apostille d'ailleurs si pleine de tendresse
+ et de bonté, que tu n'as pas encore reçu mes _nouvelles_ rapsodies.
+ Pourtant le libraire Ladvocat s'était chargé de te faire passer un
+ exemplaire vélin sur lequel j'avais écrit un mot. Mande-moi si tu
+ l'as reçu.
+
+ Je t'écris encore aujourd'hui _provisoirement_, entre deux courses
+ _indispensables_ et je t'assure fort ennuyeuses. Il n'y a rien pour
+ absorber toute une vie, comme la publication d'un méchant livre.
+
+ M. de Clerm.-Tonn. avec qui j'ai déjeuné avant-hier m'a chargé de
+ t'écrire que M. le duc d'Angoulême lui avait parlé de toi et de tes
+ Mémoires _qu'il a lus avec le plus haut intérêt_, et qu'il regrettait
+ que tu n'eusses pas été employé dans la dernière guerre d'Espagne.
+
+ Je n'oublie pas, cher papa, les dernières commissions dont tu m'as
+ chargé; ma prochaine lettre t'en annoncera l'accomplissement.
+
+ Ma femme avance dans sa grossesse sans se porter aussi bien que je
+ le voudrais. Nous ne sommes cependant pas inquiets: mais, tout en
+ m'affligeant, je ne puis m'empêcher d'approuver la défense que lui
+ ont faite les médecins d'aller en voiture. Cela nous prive d'un bien
+ grand bonheur que nous nous promettions pour le printemps; mais qui,
+ nous l'espérons, n'est retardé que de six mois.
+
+ Adieu, cher papa, nous t'embrassons tendrement, mon Adèle et moi,
+ ainsi que ton excellente femme.
+
+Ton fils dévoué et respectueux,
+Victor.
+
+Ce 27 mars 1824.
+
+ Tout le monde ici se porte bien.
+
+Trois mois se sont écoulés. L'inspection générale rêvée par Victor pour
+son père, vient, malgré tous leurs efforts, de leur échapper. Le duc
+d'Angoulême réservait ces fonctions à des généraux ayant fait avec lui
+la campagne d'Espagne.
+
+Il n'y a pas lieu de se désespérer, néanmoins. C'est peut-être une
+chance de plus d'obtenir le titre de lieutenant-général si ardemment
+désiré.
+
+Puis, c'est la disgrâce de Chateaubriand...
+
+Elle était encore bien complète. Le 6 juin 1824, une ordonnance royale
+confiait l'intérim des Affaires étrangères à M. de Villèle[82], sans
+même indiquer que le vicomte de Chateaubriand fût démissionnaire, ni
+même appelé à d'autres fonctions.
+
+[Note 82: Par ordonnance du 4 août le baron de Damas devait se voir
+attribuer le portefeuille des Affaires étrangères.]
+
+A nouveau il était chassé du Ministère. La comtesse du Cayla, née
+Talon, triomphait.
+
+Même à la cour de Louis XVIII, les dessous de cartes de la politique
+sont toujours plaisants à connaître et ceux-ci de ne point manquer à la
+règle.
+
+Dans ce renvoi brusque de Chateaubriand, en dehors de l'animosité de la
+favorite du vieux roi et de la rancune de M. de Villèle, qui ne pouvait
+pardonner à son collègue des Affaires étrangères d'avoir prétexté
+d'un enrouement pour ne pas défendre, au Luxembourg, son projet de
+conversion des rentes, il y a, dirai-je, une histoire de femme, et peu
+banale, en vérité.
+
+Malgré ses cinquante-cinq ans, Chateaubriand était une fois de
+plus amoureux, amoureux comme un jeune homme, comme on l'est à
+peine hors de page, et écrivait à sa maîtresse--oh, cette fugue si
+malencontreusement interrompue, tous les deux, vers Dieppe!--les
+lettres les plus insensées.
+
+Ces lettres à une presque inconnue, Mme de C..., M. Léon Séché les
+a publiées dans les _Annales Romantiques_[83] où leur publication fit
+du bruit, et reproduites, non sans dévoiler en partie l'anonymat de la
+nouvelle amie de René, dans son bel ouvrage sur _Hortense Allart de
+Méritens_[84].
+
+[Note 83: Juillet-octobre 1907, pp. 257-301.]
+
+[Note 84: Paris, Société du Mercure de France, 1908, in-8º, pp.
+98-104.]
+
+Le nom de la dame n'avait pas été prononcé, cependant. Les _Souvenirs
+du Baron de Frénilly_, récemment publiés[85], ne laissent aucune
+incertitude à ce sujet, pas plus que sur les motifs de la grande colère
+de Louis XVIII qui amena cette seconde révocation.
+
+[Note 85: _Souvenirs du baron de Frénilly, pair de France_
+(1768-1828), publiés avec introduction et notes par Arthur Chuquet,
+membre de l'Institut, Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1908, in-8º.]
+
+L'incendie qui dévorait son cœur ne faisait point assez oublier au
+Ministre l'influence à laquelle il pouvait prétendre vis-à-vis de cet
+infortuné Ferdinand.
+
+Les affaires sont les affaires.
+
+Chateaubriand «avait donc joint au portefeuille des affaires étrangères
+celui des affaires particulières de Mme Boni de Castellane[86]
+dont il était l'admirateur fort peu secret, avant, je crois, que mon
+ancien ami Molé[87] eût recueilli sa succession, et cette dame ayant
+vendu 1.800.000 francs sa terre de Saint-Pierre de Moustier, il n'avait
+su rien de mieux que de lui conseiller le placement de ces fonds dans
+l'emprunt des Cortès d'Espagne. Par suite, quand Ferdinand, replacé
+sur son trône par Louis XVIII, refusa fort sagement de reconnaître cet
+emprunt révolutionnaire, Chateaubriand, voyant son amie ruinée, n'avait
+encore su rien de mieux que de charger Talaru[88] de mettre le pied sur
+la gorge au monarque espagnol pour le forcer à légitimer l'emprunt, et
+Talaru, à qui on ne peut nier la force et quelquefois les formes d'un
+cheval, avait si fidèlement rempli cette commission que le roi, irrité
+et éperdu, avait passé par-dessus toutes les formes diplomatiques en
+écrivant secrètement à Louis XVIII pour savoir de lui-même si c'était
+réellement par ordre de celui qui venait de le remettre sur le trône
+et qui avait annulé l'ordonnance d'Andujar[89] qu'on lui ordonnait de
+ruiner lui et son peuple pour enrichir les révolutionnaires d'Espagne
+et donner crédit et garantie aux révolutions futures... Le roi fut
+irrité ainsi que Villèle; le silence perfide de Chateaubriand dans
+l'affaire des rentes fit déborder le vase[90].»
+
+[Note 86: Louise-Cornélia-Eucharis de Greffulhe.
+
+Marmont, dans une note de ses _Mémoires_ (tome VII, p. 293), avait
+montré plus de discrétion:
+
+«M. de Chateaubriand était lié d'une manière intime avec une personne
+de la Cour, qui est assez connue pour que je ne donne aucun détail sur
+elle...»
+
+mais, racontait l'aventure en termes presque identiques.]
+
+[Note 87: Le comte Louis-Mathieu Molé (1781-1855), ancien grand
+juge, ministre de la Justice, en novembre 1813, votait deux ans plus
+tard, pair de France, la mort de Ney.]
+
+[Note 88: Louis-Justin-Marie, marquis de Talaru (1773-1850), ancien
+officier de l'armée royale, siégea en 1815 comme ultra-royaliste à la
+Chambre des pairs, fut promu maréchal de camp en 1823, et nommé, la
+même année, ambassadeur à Madrid. Le marquis de Talaru avait été un des
+premiers bailleurs de fonds du _Conservateur_, ce semble même avoir été
+son seul titre, au dire du chancelier Pasquier, à représenter la France
+en Espagne.
+
+Sur «ce patagon romanesque», cf. _Souvenirs du baron de Frénilly_, p.
+425.]
+
+[Note 89: Ordonnance rendue le 8 août 1823, à Andujar, par le duc
+d'Angoulême, pour placer l'autorité entre les mains des commandants
+français et faire libérer les détenus politiques, bientôt abrogée de
+fait sur des ordres venus de Paris.]
+
+[Note 90: _Souvenirs du baron de Frénilly_, pp. 494-495.]
+
+Le général Hugo était indirectement victime des amours de René vieilli
+et de la femme du futur maréchal de France.
+
+Mon cher papa,
+
+ Malgré tous les efforts de M. Foucher et toute la bonne volonté du
+ Gal Coëtlosq...[91] nous n'avons pu réussir cette fois. Ta demande
+ était arrivée trop tard; et le duc d'Angoul... avait depuis quelque
+ temps retenu les inspect. gales pour des officiers gaux de l'armée
+ d'Espagne. J'ignore, cher papa, si cet événement est un malheur réel;
+ ce n'est pas un échec pour tes vieux et glorieux services, puisqu'il
+ est hors de doute que ta demande l'aurait emporté, s'il y eût eu
+ concurrence; mais les places étaient déjà promises au Prince. Il me
+ semble d'ailleurs que cela augmente tes chances pour la promotion
+ de lieutenants-généraux de la Saint-Louis; et qu'avec l'appui de
+ M. Clerm.-Tonn. (je ne puis plus dire malheureusement et de M. de
+ Chateaub...) il sera très possible à cette époque de te faire arriver
+ à ce sommet des dignités militaires où tu devrais être depuis si
+ longtemps parvenu.
+
+[Note 91: Le lieutenant général Charles-Yves-César-Cyr de (alias
+du) Coetlosquet, directeur général au Ministère de la Guerre, né à
+Morlaix, le 21 juillet 1783, mort à Paris, le 23 janvier 1836.]
+
+ Je crois que M. Foucher envisage la chose comme moi; au reste, il va
+ t'écrire. Quant à moi, je griffonne à la hâte cette lettre. Mes yeux
+ sont toujours bien faibles, et notre emménagement n'est pas encore
+ terminé[92]. Mon Adèle, qui se porte toujours bien, va t'écrire et
+ te répéter, ainsi qu'à ta femme, l'expression de notre filial et
+ respectueux dévouement.
+
+[Note 92: Victor Hugo et sa femme venaient de s'installer au nº 90
+de la rue de Vaugirard.]
+
+Victor.
+
+ Si mon illustre ami revient aux affaires, nos chances triplent. Nos
+ rapports se sont beaucoup resserrés depuis sa disgrâce, ils s'étaient
+ fort relâchés pendant sa faveur.
+
+Ce 27 juin.
+
+Cependant, une fille est née dont le berceau est venu remplacer celui
+de l'enfant mort à Blois. Elle porte aussi le prénom du grand-père.
+C'est Léopoldine: elle devait épouser plus tard Charles Vacquerie, et
+trouver avec lui une fin si tragique à Villequier, le 4 septembre 1843.
+
+La femme du général Hugo en est marraine. La petite va bien et n'a
+pas encore de dents. Le jeune ménage se fait une fête de la conduire
+bientôt grande rue du Foix.
+
+Mon cher papa,
+
+ J'attendais toujours pour vous écrire que mon mari eût fini le
+ portrait de ma Didine, mais comme ma fille remue toujours et que
+ Victor exige un modèle tranquille, il est très long à le terminer, et
+ moi je m'ennuyais de ne pas vous écrire. Si je ne vous aimais trop je
+ vous gronderais de n'avoir pas compris le motif de mon silence, et de
+ ne m'avoir pas donné de vos nouvelles, mais j'espère mon cher papa
+ que vous ne tarderez pas à nous satisfaire en me donnant en détail
+ des nouvelles de la santé de ma bonne mère.
+
+ Ma fille se porte très bien et n'a pas encore de dents. Elle est très
+ gaie et nous amuse beaucoup; il me tarde bien de vous la remettre
+ entre les bras, aussi comptons-nous partir, si cela arrange vos
+ projets, dans deux mois; nous nous faisons une si grande fête de vous
+ voir que je voudrais que ce fût demain. Au surplus, mon cher papa,
+ écrivez-nous quand il vous sera commode de nous recevoir.
+
+ Mon Victor vous embrasse, embrasse la marraine de notre Didine; et
+ moi mon cher papa je vous aime tous deux à l'égal de votre bonté,
+ d'après cela jamais il n'y a eu de plus tendre fille. Je vous
+ écrirais plus longuement, mais ma fille me réclame.
+
+Votre respectueuse fille,
+A. Hugo.
+
+Cette lettre est adressée au Général comte Hugo (en toutes lettres) et
+Victor y a joint ce court billet:
+
+Ce 19 février.
+
+ J'ajoute un mot, cher papa, à la lettre de notre Adèle. Je voudrais
+ pouvoir ajouter quelque chose à l'expression de sa tendresse pour toi
+ et ta femme; mais je ne saurais exprimer mieux qu'elle, ce qu'elle
+ sent aussi bien que moi. Je voulais, comme elle te le dit, t'envoyer
+ le portrait de ta Léopoldine dans ma plus prochaine lettre, mais mon
+ désir de te le donner ressemblant me l'ayant déjà fait deux ou trois
+ fois recommencer: je ne veux pas tarder plus longtemps à solliciter
+ de tes nouvelles pour nous, pour Abel et pour la famille Foucher.
+
+ Rabbe[93], qui est venu hier dîner avec nous, m'a parlé de toi avec
+ le plus tendre et le plus respectueux attachement. C'est un bon et
+ noble ami.
+
+[Note 93: Alphonse Rabbe, né en 1786 dans les Basses-Alpes, mort
+à Paris, le 1er janvier 1830. Après avoir créé à Marseille _le
+Phocéen_, essai d'un quotidien en province, Rabbe était venu à Paris,
+où il collabora au _Courrier français_, aux _Tablettes universelles_
+(1820-1824) et à différents périodiques.
+
+Il dirigea la _Biographie universelle et portative des Contemporains_
+à ses débuts et en demeura le collaborateur. Il a laissé, entre autres
+travaux, des résumés de l'histoire d'Espagne et de celle de Russie.
+
+Une maladie cruelle avait défiguré Alphonse Rabbe et Victor Hugo
+raconte comment le pauvre homme évitait, en raison de sa laideur, de
+se laisser voir par Adèle Hugo, durant sa grossesse (_Victor Hugo
+raconté_, p. 69-70).]
+
+ Louis nous a envoyé ces jours-ci un superbe panier de gibier que nous
+ avons mangé en famille avec le vif regret de ne pas vous le voir
+ partager.
+
+ Adieu, bien cher et bien excellent père, je m'occupe en ce moment de
+ ramasser de la besogne pour notre séjour à Blois, qui nous promet
+ tant de bonheur.
+
+ Notre Didine est charmante. Elle ressemble à sa mère, elle ressemble
+ à son grand-père. Embrasse pour elle sa bonne marraine.
+
+Ton fils tendre et respectueux,
+V. H.
+
+ Où en est ta demande près du ministre? Veux-tu que je m'en informe?
+ As-tu vu que des exceptions ont été faites[94]?
+
+[Note 94: Le _Moniteur_ (20 février 1825) chercha à les expliquer:
+
+«Plusieurs journaux ont annoncé que quelques-uns des officiers généraux
+mis en retraite par l'ordonnance du 1er décembre 1824, avaient été,
+par une exception ou faveur spéciale du Roi, rétablis sur le cadre de
+l'État-major général de l'armée.
+
+«Nous nous sommes assurés que rien n'est moins exact et qu'aucune
+exception à cette ordonnance n'a été faite; à la vérité quelques
+officiers généraux qui avaient été d'abord considérés comme compris
+dans une des deux positions qu'elle détermine ont réclamé: ils ont
+produit de nouveaux documents; et un examen approfondi de leurs
+réclamations et des nouvelles pièces fournies, a fait reconnaître
+qu'ils ne remplissaient pas les conditions exigées par l'ordonnance
+pour l'admission à la retraite; ils ont été alors et ont dû être
+maintenus dans le cadre de l'État-major général, non par une exception
+prononcée en leur faveur comme on l'a prétendu, mais par une suite
+naturelle de l'exécution impartiale de l'ordonnance du 1er décembre
+1824.»]
+
+Ces deux lettres se sont croisées avec celle du général annonçant sa
+venue et celle de sa femme à Paris. Les grands-parents connaîtront donc
+leur petite-fille, avant qu'on la leur ait menée à Blois.
+
+Mon cher papa,
+
+ Tu as vu que nos lettres se sont croisées. Je désire que notre lettre
+ t'ait fait autant de plaisir que la tienne nous en a fait. Elle ne
+ pouvait nous apporter de plus agréable nouvelle que celle de votre
+ prochaine arrivée; et j'espère presque, en t'écrivant celle-ci,
+ qu'elle ne te trouvera pas à Blois.
+
+ Tu ne saurais croire quelle fête nous nous faisons de vous présenter
+ notre Léopoldine toujours petite, mais toujours bien portante et si
+ gentille... elle vous aimera tous deux comme nous l'aimons, nous ne
+ saurions dire davantage.
+
+ Nous nous applaudissons presque d'avoir été une partie du mois sans
+ nouvelles de toi puisque tu as été malade. Nous aurions eu des
+ inquiétudes, maintenant nous n'avons que le plaisir de te savoir
+ rétabli.
+
+ Adieu, bon et cher papa, je ne t'en écris pas plus long puisque nous
+ pourrons bientôt communiquer de vive voix.
+
+ Quelles que soient les affaires qui t'amènent, tu sais que tu peux
+ compter en tout et pour tout sur notre dévoûment comme sur notre
+ tendre et respectueux attachement.
+
+ Embrasse pour moi la bonne marraine de ta Léopoldine.
+
+Victor.
+
+Ce 27 février.
+
+
+
+
+VI
+
+Le voyage à Blois.--Une lettre de Victor Hugo au dessinateur
+Queyroy.--Deux poètes nommés chevaliers de la Légion d'honneur.--Les
+sables de la Miltière.--Le sacre de Charles X.
+
+
+En avril 1825, le projet si longtemps caressé d'un voyage à Blois put
+enfin être mis à exécution.
+
+Victor Hugo et sa femme, elle nourrissait Léopoldine, prirent la
+malle-poste et arrivèrent à Blois, au matin, par la rive gauche de la
+Loire[95].
+
+[Note 95: Ancienne route directe de Blois à Orléans par Saint-Dyé
+et Cléry, avant que Mme de Pompadour eut fait tracer, sur la rive
+droite, une nouvelle route, passant devant son château de Menars.]
+
+Près de quarante ans plus tard, remerciant de son album, les _Rues et
+Maisons du vieux Blois_, le dessinateur Queyroy[96], Hugo vieilli
+adressait, de Guernesey, cette jolie lettre à l'artiste.
+
+[Note 96: Outre les _Rues et Maisons du vieux Blois_, on doit au
+dessinateur Armand Queyroy, qui a été longtemps conservateur du Musée
+de Moulins, un certain nombre d'eaux-fortes sur Vendôme et la plupart
+des portraits qui servent de frontispice à chacun des volumes composant
+la _Galerie des Hommes illustres du Vendômois_.]
+
+Ce n'est plus la prose un peu flottante et souvent impersonnelle des
+lettres au général. Si les cheveux du poète avaient blanchi, son
+verbe avait, depuis des années, pris son ampleur et adopté sa formule
+définitive.
+
+Ce sont là de très belles pages, où magnifiquement, Victor Hugo évoque
+son arrivée à Blois, son père et son jardin; et, s'éveillant au bord du
+fleuve, la ville tout entière, désuète mais pleine de grâce, avec son
+château, ses vieilles maisons et tous ces souvenirs qui sont le passé.
+
+Hauteville-House, 17 avril 1864.
+
+ Monsieur, je vous remercie. Vous venez de me faire revivre dans le
+ passé. Le 17 avril 1825, il y a trente-neuf ans aujourd'hui même,
+ (laissez-moi noter cette petite coïncidence intéressante pour moi),
+ j'arrivais à Blois. C'était le matin. Je venais de Paris. J'avais
+ passé la nuit en malle-poste, et que faire en malle-poste? J'avais
+ fait la ballade des _Deux Archers_[97] puis, les derniers vers
+ achevés, comme le jour ne paraissait pas encore, tout en regardant
+ à la lueur de la lanterne passer à chaque instant des deux côtés
+ de la voiture des troupes de bœufs de l'Orléanais descendant vers
+ Paris, je m'étais endormi. La voix du conducteur me réveilla.--Voilà
+ Blois! me cria-t-il. J'ouvris les yeux et je vis mille fenêtres à la
+ fois, un entassement irrégulier et confus de maisons, des clochers,
+ un château, et sur la colline un couronnement de grands arbres et
+ une rangée de façades aiguës à pignons de pierre au bord de l'eau,
+ toute une vieille ville en amphithéâtre capricieusement répandue,
+ sur les saillies d'un plan incliné, et, à cela près que l'océan est
+ plus large que la Loire et n'a pas de pont qui mène à l'autre rive,
+ presque pareille à cette ville de Guernesey que j'habite aujourd'hui.
+ Le soleil se levait sur Blois.
+
+[Note 97: Ballade VIII; dédiée à Louis Boulanger.]
+
+ Un quart d'heure après, j'étais rue du Foix, nº 73. Je frappais à
+ une petite porte donnant sur un jardin: un homme qui travaillait au
+ jardin venait m'ouvrir. C'était mon père.
+
+ Le soir, mon père me mena sur le monticule qui dominait sa maison
+ et où est l'arbre de Gaston[98]; je revis d'en haut la ville que
+ j'avais vue d'en bas; l'aspect, autre, était, quoique sévère, plus
+ charmant encore. La ville, le matin, m'avait semblé avoir le gracieux
+ désordre et presque la surprise du réveil; le soir avait calmé les
+ lignes. Bien qu'il fît encore jour, le soleil venant à peine de
+ se coucher, il y avait un commencement de mélancolie; l'estompe du
+ crépuscule émoussait les pointes des toits; de rares scintillements
+ de chandelles remplaçaient l'éblouissante diffusion de l'aurore sur
+ les vitres; les profils des choses subissaient la transformation
+ mystérieuse du soir; les roideurs perdaient; les courbes gagnaient;
+ il y avait plus de coudes et moins d'angles. Je regardais avec
+ émotion, presque attendri par cette nature. Le ciel avait un vague
+ souffle d'été.
+
+[Note 98: La Butte des Capucins.
+
+Cf. Dr H. Chauveau: _Mémoire sur les Buttes dans le département de
+Loir-et-Cher_. Blois, imp. Lecesne, 1866, in-8, de 39 pp. (carte).
+
+A. de Rochas: _Les Buttes et la télégraphie optique_. Mémoires de la
+_Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher_, tome XI (1886), pp.
+1-26 (carte).]
+
+ La ville m'apparaissait non plus comme le matin, gaie et ravissante,
+ pêle-mêle, mais harmonieuse; elle était coupée en compartiments
+ d'une belle masse, se faisant équilibre; les plans reculaient, les
+ étages se superposaient avec à-propos et tranquillité. La cathédrale,
+ l'évêché, l'église noire de Saint-Nicolas[99], le château, autant
+ citadelle que palais, les ravins mêlés à la ville, les montées et
+ les descentes où les maisons tantôt grimpent, tantôt dégringolent,
+ le pont avec son obélisque, la belle Loire serpentant, les bandes
+ rectilignes de peupliers, à l'extrême horizon, Chambord indistinct
+ avec sa futaie de tourelles, les forêts où s'enfonce l'antique voie
+ dite «ponts romains»[100] marquant l'ancien lit de la Loire, tout cet
+ ensemble était grand et doux. Et puis mon père aimait cette ville.
+
+[Note 99: Ancienne église de l'abbaye bénédictine de Saint-Laumer.]
+
+[Note 100: Les «ponts châtrés», vulgairement appelés «ponts
+chartrains».]
+
+ Vous me la rendez aujourd'hui.
+
+ Grâce à vous, je suis à Blois. Vos vingt eaux-fortes montrent la
+ ville intime, non la ville des palais et des églises, mais la ville
+ des maisons. Avec vous, on est dans la rue; avec vous on entre dans
+ la masure; et telle de ces bâtisses décrépites, comme les logis
+ en bois sculpté de la rue Saint-Lubin[101], comme l'hôtel Denis
+ Dupont[102], avec sa lanterne d'escalier à baies obliques suivant
+ le mouvement de la vis de Saint-Gilles, comme la maison de la rue
+ Haute, comme l'arcade surbaissée de la rue Pierre-de-Blois étale
+ toute la fantaisie gothique, ou toutes les grâces de la Renaissance,
+ augmentées de la poésie du délabrement. Être une masure, cela
+ n'empêche pas d'être un bijou. Une vieille femme qui a du cœur et de
+ l'esprit, rien n'est plus charmant. Beaucoup des exquises maisons
+ dessinées par vous sont cette vieille femme-là. On fait avec bonheur
+ leur connaissance. On les revoit avec joie, quand on est, comme
+ moi, leur vieil ami. Que de choses elles ont à vous dire, et quel
+ délicieux rabâchage du passé! Par exemple, regardez cette fine et
+ délicate maison de la rue des Orfèvres, il semble que ce soit un
+ tête-à-tête. On est en bonne fortune avec toute cette élégance.
+ Vous nous faites tout reconnaître, tant vos eaux-fortes sont des
+ portraits. C'est la fidélité photographique, avec la liberté du grand
+ art. Votre rue Chemonton est un chef-d'œuvre. J'ai monté, en même
+ temps que ces bons paysans de Sologne peints par vous, les grands
+ degrés du château. La maison à statuettes de la rue Pierre-de-Blois
+ est comparable à la précieuse maison des musiciens de Woymouth. Je
+ retrouve tout.
+
+[Note 101: Vieille rue de Blois, bien connue des touristes pour ses
+maisons du XVe siècle. L'une d'elles, dont il existe un curieux dessin
+par Victor Hugo, aurait été habitée par Marion Delorme, que certains,
+(le bibliothécaire Dupré, entre autres, qui en a publié un acte de
+naissance), prétendent née à Blois.]
+
+[Note 102: Denys Dupont,--Pontanus--avocat et célèbre jurisconsulte
+blaisois; l'un des principaux auteurs de la Coutume de Blois et son
+commentateur. (Blois, Angelier, 1556; Paris, Billaine, 1677.)]
+
+ Voici la Tour-d'Argent[103], voici le haut pignon sombre, coin des
+ rues des Violettes et de Saint-Lubin, voici l'hôtel de Guise, voici
+ l'hôtel de Cheverny[104], voici l'hôtel Sardini[105] avec ses voûtes
+ en anses de panier, voici l'hôtel d'Alluye[106] avec ses galantes
+ arcades du temps de Charles VIII, voici les degrés de Saint-Louis
+ qui mènent à la cathédrale, voici la rue du Sermon, et au fond la
+ silhouette presque romane de Saint-Nicolas; voici la jolie tourelle à
+ pans coupés dite Oratoire[107] de la reine Anne. C'est derrière cette
+ tourelle qu'était le jardin où Louis XII, goutteux, se promenait sur
+ son petit mulet.
+
+[Note 103: Ancien atelier monétaire des comtes de Blois formant
+le coin des rues des Trois-Clefs et de la Serrurerie, où est établi
+aujourd'hui le siège d'une compagnie électrique.]
+
+[Note 104: Hôtel à Blois de la famille Hurault (Hurault de Cheverny
+de Saint-Denis et de Vibraye), ou «Petit Louvre», rue Saint-Martin.]
+
+[Note 105: Scipion Sardini, financier lucquois amené en France
+par Catherine de Médicis qui lui fit épouser Isabelle de Limeuil. La
+rapidité de sa fortune lui valut cette épigramme de ses contemporains:
+
+ _Qui modo Sardinii jam nunc sunt grandia cete
+ Sic alit italicos Gallia pisciculos._
+
+En dehors de l'hôtel du 7 de la rue du Puits-Châtel, à Blois, Sardini
+possédait, à Paris, un hôtel dans le quartier Mouffetard, auquel M.
+Anatole de Montaiglon a consacré deux articles intéressants: _L'hôtel
+de Scipion Sardini et ses médaillons en terre cuite_ (_Les Beaux-Arts_,
+tome I, 1869, pp. 161-166; 197-202); _Bulletin de la Société impériale
+des Antiquaires de France_, année 1857, pp. 97-101; cette communication
+a été réimprimée dans la _Revue universelle des Arts_, tome V, 1857,
+pp. 461-463).
+
+M. Édouard Drumont a d'autre part tracé une jolie silhouette du
+personnage dans la première série de _Mon vieux Paris: Un Financier du
+XVIe siècle_ (Réimpression Flammarion, S. D., in-12, pp. 207-247).
+
+Brantôme, puis... le duc d'Aumale ont évoqué, non sans esprit, cette
+tant bizarre Isabelle de Limeuil dont la vengeance vis-à-vis de Condé
+fut plutôt rabelaisienne, et l'accouchement en pleine cour pour le
+moins maladroit.]
+
+[Note 106: Ancien hôtel rue Saint-Honoré (ainsi que l'hôtel Denys
+Dupont), de Florimond Robertet, baron d'Alluye, secrétaire des finances
+de Charles VIII, de Louis XII et de François Ier. Bien que la
+plupart de ses biographes le fassent mourir, à Blois, en 1522, il ne
+serait mort, d'après l'hommage de sa veuve, Michelle Gaillard, pour le
+château de Bury, qu'en 1527, et à Paris.]
+
+[Note 107: Pavillon situé dans les anciens jardins bas du château
+et y faisant face, souvent improprement appelé «Bains de Catherine».
+
+Anne de Bretagne s'y était retirée durant l'excommunication de Louis
+XII.
+
+Cf. Pierre Lesueur: _Les Jardins du château de Blois et leurs
+dépendances_. Blois: C. Migault et Cie, in-8º, de 225 pp. (Pl.)]
+
+ Ce Louis XII a, comme Henri IV, des côtés aimables. Il fit beaucoup
+ de sottises, mais c'était un roi-bonhomme. Il jetait au Rhône les
+ procédures commencées contre les Vaudois. Il était digne d'avoir
+ pour fille cette vaillante huguenote astrologue, Renée de Bretagne,
+ si intrépide devant la Saint-Barthélémy et si fière à Montargis.
+ Jeune, il avait passé trois ans à la tour de Bourges, et il avait
+ tâté de la cage de fer. Cela qui aurait rendu un autre méchant, le
+ fit débonnaire.
+
+ Il entra à Gênes, vainqueur, avec une ruche d'abeilles dorée sur sa
+ cotte d'armes et cette devise: _Non utitur aculeo_. A Aignadel, à
+ un courtisan qui disait: _Vous vous exposez, sire_, il répondait:
+ _Mettez-vous derrière moi._ C'est lui aussi qui disait: _Bon roi,
+ roi avare. J'aime mieux être ridicule aux courtisans que lourd au
+ peuple._ Il disait: _La plus laide bête à voir passer, c'est un
+ procureur portant ses sacs._ Il haïssait les juges désireux de
+ condamner et faisant effort pour agrandir la faute et envelopper
+ l'accusé. _Ils sont_, disait-il, _comme les savetiers qui allongent
+ le cuir en tirant dessus avec leurs dents._ Il mourut de trop aimer
+ sa femme, comme plus tard François II doucement tués l'un et l'autre
+ par une Marie. Cette noce fut courte. Le 1er janvier 1515, après
+ quatre-vingt-trois jours ou plutôt quatre-vingt-trois nuits de
+ mariage, Louis XII expira, et comme c'était le jour de l'an, il dit à
+ sa femme: _Mignonne, je vous donne ma mort pour vos étrennes_. Elle
+ accepta de moitié avec le duc de Brandon.
+
+ L'autre fantôme qui domine Blois est aussi haïssable que Louis XII
+ est sympathique. C'est ce Gaston, Bourbon coupé de Médicis. Florentin
+ du XVIe siècle, lâche, perfide spirituel, disant de l'arrestation
+ de Longueville, de Conti et de Condé: _Beau coup de filet, prendre
+ à la fois un renard, un singe et un lion!_ Curieux artiste,
+ collectionneur, épris de médailles, de filigranes et de bonbonnières,
+ passant sa matinée à admirer le couvercle d'une boîte en ivoire,
+ pendant qu'on coupait la tête à quelqu'un de ses amis, trahi par
+ lui[108].
+
+[Note 108: Non sans courage,--il est des réhabilitations
+difficiles--un descendant de Brunyer, l'ancien médecin de Gaston, M.
+J. de Pétigny, de l'Institut, protesta dans une lettre à la _France
+Centrale_ (9 juin 1864), contre la sévérité de ce jugement.]
+
+ Toutes ces figures, et Henri III, et le duc de Guise, et d'autres, y
+ compris ce Pierre-de-Blois[109], qui a pour gloire d'avoir prononcé
+ le premier le mot _transsubstantiation_, je les ai revues, Monsieur,
+ dans la confuse évocation de l'histoire, en feuilletant votre
+ précieux recueil. Votre fontaine de Louis XII m'a arrêté longtemps.
+ Vous l'avez reproduite comme je l'ai vue, toute vieille, toute
+ jeune, charmante. C'est une de vos meilleurs planches. Je crois bien
+ que la _Rouennerie en gros_, constatée par vous, vis-à-vis l'hôtel
+ d'Amboise, était déjà là de mon temps[110]. Vous avez un talent vrai
+ et fin, le coup d'œil qui saisit, le style la touche ferme, agile
+ et forte, beaucoup de naïveté, et ce don rare de la lumière dans
+ l'ombre. Ce qui me frappe et me charme dans vos eaux-fortes, c'est le
+ grand jour, la gaieté, l'aspect souriant, cette joie du commencement
+ qui est toute la grâce du matin. Des planches sont baignées d'aurore.
+ C'est bien là Blois, mon Blois à moi, ma ville lumineuse. Car la
+ première impression de l'arrivée m'est restée. Blois est pour moi
+ radieux. Je ne vois Blois que dans le soleil levant. Ce sont là des
+ effets de jeunesse et de patrie.
+
+[Note 109: Pierre de Blois, né dans le faubourg de Vienne, vers
+1130. Après avoir étudié le droit à Bologne et la théologie à Paris,
+fut tour à tour, en Angleterre, où il mourut en disgrâce vers 1200,
+secrétaire et confident de Henri II Plantagenet et chancelier de
+l'archevêque de Cantorbéry, qui lui conféra l'archidiaconé de Bath.
+
+Les lettres qu'il a laissées sont, au dire des biographes, pleines de
+jugements satiriques et violents sur ses contemporains.]
+
+[Note 110: Une plaque de cuivre gravé a ramené cette inscription à
+des proportions plus modestes.]
+
+ Je me suis laissé aller à causer longuement avec vous Monsieur,
+ parce que vous m'avez fait plaisir. Vous m'avez pris par mon faible,
+ vous avez touché le coin sacré des souvenirs. J'ai quelquefois de
+ la tristesse amère, vous m'avez donné de la tristesse douce. Être
+ doucement triste, c'est là le plaisir. Je vous en suis reconnaissant.
+ Je suis heureux qu'elle soit bien conservée, si peu défaite, et si
+ pareille encore à ce que je l'ai vue il y a quarante ans, cette
+ ville à laquelle m'attache cet invisible écheveau des fils de l'âme,
+ impossible à rompre, ce Blois qui m'a vu adolescent, ce Blois où les
+ rues me connaissent, où une maison m'a aimé, et où je viens de me
+ promener en votre compagnie, cherchant les cheveux blancs de mon père
+ et trouvant les miens.
+
+ Je vous serre la main, Monsieur.
+
+Victor Hugo.
+
+Publiée d'abord dans la _Gazette des Beaux-Arts_[111], la _Presse_ et
+la _France Centrale_[112], souvent reproduite depuis, cette lettre fixe
+au 17 avril 1825 l'arrivée de Victor Hugo à Blois.
+
+[Note 111: _Gazette des Beaux-Arts_, juin 1864.]
+
+[Note 112: _La France Centrale_, 2 juin 1864.]
+
+Le commissionnaire essoufflé remettant au poète «la grande lettre
+cachetée de rouge qui venait d'arriver chez lui et que son beau-père
+lui envoyait en toute hâte» de _Victor Hugo raconté par un Témoin de sa
+Vie_ risque donc fort d'appartenir à la légende.
+
+C'est dommage, car nous y perdons cette jolie scène.
+
+ A Blois, le général était à la descente de la voiture. Victor Hugo,
+ sachant le plaisir qu'il ferait à son père, lui tendit aussitôt son
+ brevet et lui dit:
+
+ --Tiens, ceci est pour toi.
+
+ Le général, charmé en effet, garda le brevet et, en échange détacha
+ de sa boutonnière son ruban rouge[113] qu'il mit à celle de son
+ fils[114].
+
+[Note 113: Le général était officier de la Légion d'honneur du 14
+février 1815.]
+
+[Note 114: _Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie_, tome II,
+p. 83.]
+
+Le 29 avril seulement, le _Moniteur_ annonçait la distinction dont
+Lamartine et Victor Hugo venaient d'être l'objet:
+
+«Le Roi vient de nommer MM. Alphonse de Lamartine et Victor Hugo,
+chevaliers de la Légion d'honneur[115].»
+
+[Note 115: _Moniteur Universel_, nº 119, vendredi 29 avril 1825,
+partie non officielle.]
+
+Le 12 mai suivant, le nouveau chevalier n'avait encore ni croix, ni
+papiers[116].
+
+[Note 116: Lettre écrite de la Miltière à M. Foucher, le 12 mai
+1825.]
+
+Ce Roi qui, par ordonnance spéciale, venait de décorer deux poètes,
+n'était plus Louis XVIII, mort le 16 septembre 1824, à 4 heures du
+matin, mais le comte d'Artois, devenu Charles X.
+
+Non content d'accorder à Victor Hugo l'étoile au centre de laquelle un
+Henri IV barbu avait remplacé le masque consulaire, le Roi l'invitait à
+son sacre.
+
+Cette «marque d'honneur» était bien due au chantre, alors si fidèle,
+des Bourbons. Il y fut très sensible, et les lettres qu'il écrivit
+alors de Blois témoignent du plaisir qu'il en ressentit.
+
+La _Correspondance_ de Victor Hugo nous en fournit le texte. Il
+complète heureusement celui dont la bibliothèque de Blois conserve les
+originaux.
+
+Dès le 27 avril, aussitôt ces importantes nouvelles reçues, Victor
+écrit à Soulié, au bon Soulié, non pas l'auteur du _Lion Amoureux_,
+mais Augustin Soulié, le rédacteur à la _Quotidienne_[117].
+
+[Note 117: Jean-Baptiste-Augustin Soulié, né à Castres en 1780,
+mort à Paris en 1845. Après avoir fondé et dirigé à Bordeaux: le
+_Mémorial bordelais_, la _Ruche d'Aquitaine_ et la _Ruche politique_
+il vint, en 1828, se fixer à Paris, où il collabora activement à la
+_Quotidienne_.
+
+Paul Lacroix lui attribue les articles signés d'un S. parus dans le
+_Conservateur littéraire_. Ils semblent plutôt devoir être attribués à
+J.-B. Biscarrat.
+
+Nommé conservateur à la Bibliothèque de l'Arsenal, A. Soulié a laissé
+une édition assez estimée des _Poésies de Charles d'Orléans_.]
+
+Le poète ne cache ni sa joie, ni sa reconnaissance pour ses protecteurs.
+
+A Monsieur J.-B. Soulié, hôtel de Hollande,
+rue Neuve-des-Bons-Enfants, à Paris.
+
+
+Blois, 27 avril 1825, matin.
+
+ Savez-vous, mon bon Soulié, que les grâces royales pleuvent sur moi,
+ au moment où je viens à Blois me faire hermite? Le Roi me nomme
+ chevalier de la Légion d'honneur, et me fait l'insigne honneur de
+ m'inviter à son sacre. Vous allez vous réjouir, vous qui m'aimez,
+ et je vous assure que le plaisir que cette nouvelle vous fera
+ augmente beaucoup ma propre satisfaction. Il y a entre nous une telle
+ fraternité de sentiments et d'opinions, qu'il me semble que ma croix
+ est la vôtre, comme la vôtre serait la mienne.
+
+ Ce qui accroît beaucoup le prix de cette croix à mes yeux, c'est que
+ je l'obtiens avec Lamartine, par ordonnance spéciale qui ne nomme
+ que nous deux, attendu, a dit le Roi, qu'il s'agit de réparer une
+ omission. Ces deux décorations ne comptent pas dans le nombre donné
+ au sacre.
+
+ Ce qui ajoute aussi un grand charme à mon voyage de Reims, c'est
+ l'espérance de le faire avec notre Charles Nodier[118], auquel
+ j'ai écrit hier, pour qu'il s'arrange de manière à m'avoir pour
+ compagnon. Je dois ajouter à tout ceci que M. de La Rochefoucauld a
+ été charmant, dans cette circonstance, pour Lamartine et moi. Il est
+ impossible de s'effacer plus complètement pour laisser au Roi toute
+ la reconnaissance, de mettre plus de grâce et de délicatesse dans
+ ses rapports avec nous. C'est à lui que nous devons nos croix et
+ c'est lui qui nous remercie. Je dois cette justice haute et entière à
+ un homme qui ne l'obtient pas toujours[119].
+
+[Note 118: «Notre Charles Nodier»! Il faut lire le jugement que
+portait sur lui, dans une lettre à Albert Stapfer, Prosper Mérimée,
+son successeur à l'Académie, qui venait de terminer non sans peine,
+il est à croire, le discours de réception au cours duquel les usages
+académiques le forçaient à faire son éloge:
+
+«Il m'a fallu lire les œuvres complètes de Nodier, y compris _Jean
+Sbogar_. C'était un gaillard très taré qui faisait le bonhomme et avait
+toujours la larme à l'œil. Je suis obligé de dire, dès mon exorde,
+que c'était un infâme menteur. Cela m'a fort coûté à dire en style
+académique. Enfin, vous entendrez ce morceau, si je ne crève pas de
+peur en le lisant». (_Prosper Mérimée; l'homme, l'écrivain, l'artiste._
+Paris, _Journal des Débats_, 1907, in-8º. Lettre du 16 octobre 1844, p.
+101).
+
+L'article de Charles Nodier sur _Han d'Islande_, paru dans la
+_Quotidienne_, en 1823, l'avait mis en rapport avec Victor Hugo et
+leurs relations n'avaient point tardé à tourner à l'intimité.]
+
+[Note 119: Le vicomte Sosthènes de la Rochefoucauld. Son passage
+à la direction des Beaux-Arts fut surtout marqué par l'allongement
+momentané qu'il fit subir, à l'Opéra, aux jupes des danseuses et par
+les feuilles de vigne en papier dont il gratifia, au Louvre, les
+nudités des statues.
+
+Sa haine du nu souffrait, sans doute, en dehors de ses fonctions, des
+accommodements: à entendre Horace de Viel Castel, il n'aurait pas été
+sans consoler Zoé du Cayla des amours par trop pures de Louis XVIII.
+
+Le vicomte de la Rochefoucauld fut,--lui aussi,--l'objet de
+mystifications sans nombre, auxquelles le _Mercure de France_ ne
+demeura pas toujours étranger.]
+
+ Je vais donc vous revoir, cher ami, et il me faut cette espérance
+ pour apporter quelque adoucissement au chagrin de quitter mon Adèle
+ pour la première fois. Dites tout cela à ceux de nos bons amis
+ auxquels je n'aurai pas le temps d'écrire.
+
+ Votre canif est beau et excellent; votre dessin est d'une bizarrerie
+ charmante. Merci mille fois, et merci surtout de votre franche et
+ tendre amitié.
+
+ Personne ne vous aime plus que moi.
+
+Victor[120].
+
+[Note 120: Victor Hugo: _Correspondance_, 1815-1835, pp. 219-220.]
+
+Le lendemain c'est le tour d'Alfred de Vigny, «Vigny qu'on avait
+oublié dans cette cérémonie malgré ses titres de noblesse et les
+autres»[121], et, à la satisfaction du jeune légionnaire se mêlent de
+jolies notes sur Blois.
+
+[Note 121: Léon Séché: _Alfred de Vigny et son temps_, p. 113.
+
+«Il est vrai que ce fils de royalistes, cet officier de la garde
+royale, n'avait été inspiré ni par la mort du duc de Berry, ni par
+celle de Louis XVIII, ni par la naissance du duc de Bordeaux. Un
+jour, trente ans plus tard, on lui demanda de faire une poésie sur la
+naissance du prince impérial. Il répondit qu'il n'avait jamais su faire
+ces choses-là.» (_Ibid._, en note.)]
+
+A Monsieur le comte Alfred de Vigny,
+rue Richepanse, Paris.
+
+Blois, 28 avril 1825.
+
+ Il ne faut pas, cher Alfred, que vous appreniez d'un autre que
+ moi les faveurs inattendues qui sont venues me chercher dans la
+ retraite de mon père. Le Roi me donne la croix et m'invite à son
+ sacre. Réjouissez-vous, vous qui m'aimez, de cette nouvelle; car je
+ repasserai à Paris en allant à Reims, et je vous embrasserai.
+
+ Je compte faire le voyage avec notre Nodier, auquel je viens
+ d'écrire. Vous nous manquerez.
+
+ Tous les honneurs, du reste, portent leur épine avec eux. Ce voyage
+ me force à quitter pour quinze éternels jours cette Adèle que j'aime
+ comme vous aimez votre Lydia[122], et il me semble que cette première
+ séparation va me couper en deux.
+
+[Note 122: Miss Lydia de Bunbury que le poète avait rencontrée en
+1824, à Pau, où il était en garnison et où il l'avait épousée le 3
+février 1825.]
+
+ Vous me plaindrez, mon ami, car vous aimez comme moi.
+
+ Je suis ici, en attendant mon nouveau départ, dans la plus délicieuse
+ ville qu'on puisse voir. Les rues et les maisons sont noires et
+ laides, mais tout cela est jeté pour le plaisir des yeux sur les deux
+ rives de cette belle Loire; d'un côté un amphithéâtre de jardins et
+ de ruines, de l'autre une plaine inondée de verdure. A chaque pas un
+ souvenir.
+
+ La maison de mon père est en pierres de taille blanches, avec des
+ contrevents verts comme ceux que rêvait J.-J. Rousseau; elle est
+ entre deux jardins charmants, au pied d'un coteau, entre l'arbre de
+ Gaston et les clochers de Saint-Nicolas. L'un de ces clochers n'a
+ point été achevé et tombe en ruine[123]. Le temps le démolit avant
+ que l'homme l'ait bâti.
+
+[Note 123: Restauré une première fois sous le règne de
+Louis-Philippe, ce clocher a été complètement refait ces dernières
+années.]
+
+ Voilà tout ce que je vais quitter pour quinze jours, et mon vieux et
+ excellent père et ma bien-aimée femme par-dessus tout. Mais je vous
+ reverrai un instant, et il y a tant de consolations dans la vue d'un
+ ami.
+
+ Adieu, cher Alfred, mille hommages à votre chère Lydia. Avez-vous
+ terminé votre formidable _Enfer_[124]? C'est une page de Dante, c'est
+ un tableau de Michel-Ange, le triple génie.
+
+[Note 124: Il faut comprendre, sans doute, votre _Satan_.]
+
+ Embrassez bien pour moi Émile[125], Soumet, Jules[126], Guiraud[127]
+ et d'Hendicourt et tous nos amis, auxquels j'écrirai dès que j'aurai
+ quelque loisir.
+
+[Note 125: Émile Deschamps, né à Bourges en 1791, mort à
+Versailles, en 1871. L'un des premiers adeptes du Romantisme. Il
+fut un des fondateurs de la _Muse française_ de Victor Hugo, dont
+il demeura l'ami, collabora aux _Annales de la Littérature et des
+Arts_, au _Mercure du XIXe siècle_, etc. Poésie, drame, roman, études
+historiques et littéraires, Émile Deschamps embrassa un peu tous les
+genres. Ses œuvres complètes ont été publiées en six volumes, chez
+Lemerre (1872-1894).]
+
+[Note 126: Jules Lefèvre-Deumier (1797-1857), lié d'amitié avec
+Alexandre Soumet, entra avec lui dans le mouvement romantique et
+collabora au _Conservateur littéraire_ et à la _Muse française_. Ses
+vers se ressentent fort de l'influence de Byron qu'il imita en allant
+combattre pour la délivrance de la Pologne. Fait prisonnier par les
+Autrichiens, il devint, après son retour en France, bibliothécaire du
+prince Louis-Napoléon, puis de l'Élysée et des Tuileries.
+
+Jules Lefèvre n'était pas, comme poète, sans valeur (_le Parricide_,
+1823; _le Clocher de Saint-Marc_, 1826; _Ode sur la mort du général
+Foy_, 1826; _les Confidences_, 1833). Il a laissé en outre des romans
+qui eurent quelques succès: _Sir Lionel d'Arquenay_ (1834), _les
+Martyrs d'Arezzo_ (1836).
+
+Il fut un moment co-propriétaire de l'_Artiste_ avec Arsène Houssaye.]
+
+[Note 127: Pierre-Marie-Thérèse-Alexandre, baron Guiraud
+(1788-1847). Un des fondateurs de la _Muse française_ où il rendit
+compte des _Mémoires du général Hugo_ (tome I, p. 198) et où il publia
+un véritable manifeste littéraire: _Nos Doctrines_ (t. II, nº 7).
+Collabora également aux _Annales de la Littérature et des Arts_ et au
+_Mercure du XIXe siècle_.
+
+Avait eu un drame, _les Macchabées_, joué, en 1822, à l'Odéon; d'autres
+suivirent: _le comte Julien_ (1823), _Pharamond_, en collaboration avec
+Ancelot (1825), _Virginie_ (1827).
+
+Assidu du salon de Mme Ancelot (Marguerite Chardon), Guiraud
+aimait à y réciter les vers un peu pleurards qui devaient former ses
+_Élégies savoyardes_ (Ponthieu, 1823). Il a publié, en outre, _Poèmes
+et Chants élégiaques_ (Boulland, 1824), des _Poésies dédiées à la
+jeunesse_ (Dondey-Dupré, 1836) et deux forts volumes assez justement
+oubliés, imprimés à Limoux, sa ville natale: _Philosophie catholique de
+l'Histoire_ (Boute, 1839-1841).
+
+Le baron Guiraud faisait depuis 1826 partie de l'Académie française.
+
+Cf. Léon Séché: _Le Cénacle de la Muse française_.]
+
+ Je suis encore ici pour trois semaines. Vous m'écrirez vite, n'est-ce
+ pas?
+
+ Mille respects de ma part à Madame votre mère[128].
+
+[Note 128: Victor Hugo: _Correspondance_, 1815-1835, p. 221-222.]
+
+Rues et maisons noires et laides, «tout cela est jeté pour le plaisir
+des yeux». Voilà, pour les Blaisois, s'il en était besoin, de quoi
+faire pardonner au poète les deux vers du comte de Gassé.
+
+ Regardez.--Tout est laid, tout est vieux, tout est mal.
+ Ces clochers même ont l'air gauche et provincial[129].
+
+[Note 129: _Marion Delorme_, acte II, scène I.]
+
+Au reste, Victor Hugo a suffisamment magnifié Blois, voire les clochers
+de Saint-Nicolas, pour que cette boutade ne puisse inspirer qu'un
+sourire et rien plus.
+
+De Blois, il écrivit encore au baron d'Eckstein[130], pour lui
+recommander le _Résumé de L'Histoire de Russie_, du pauvre Alphonse
+Rabbe; puis, le 7 mai, à la veille d'en partir, ce fut cette lettre,
+jolie et intéressante, à Adolphe de Saint-Valry[131], son ami d'enfance:
+
+[Note 130: Ferdinand d'Eckstein, né à Altona, en 1790, mort à Paris
+en 1861. Après avoir servi contre la France, suivit Louis XVIII et
+s'attacha à sa fortune. Successivement commissaire central à Marseille,
+inspecteur général au ministère de la police, historiographe à celui
+des Affaires étrangères et enfin créé baron.
+
+Après avoir collaboré aux _Annales de la Littérature et des Arts_,
+auxquelles il donna des articles politiques, historiques et de
+littérature étrangère, le baron d'Eckstein, fonda en 1826, le
+_Catholique_.
+
+Rendu à la vie privée par la Révolution de juillet il a exprimé, avec
+talent, dans nombre d'ouvrages, son loyalisme.]
+
+[Note 131: Adolphe Souillard, plus connu sous le nom d'Adolphe
+de Saint-Valry (1802-1862), né la même année que Victor Hugo, était
+pour lui un ami d'enfance, car son père avait servi sous les ordres du
+général. Après avoir collaboré au _Conservateur littéraire_, Adolphe de
+Saint-Valry,--il donnait comme Jules Lefèvre et Jules de Rességuier les
+plus belles espérances,--était passé aux _Annales de la Littérature et
+des Arts_, où l'honneur lui fut imparti de rendre compte des _Odes et
+poésies diverses_ de V. Hugo.
+
+Je ne puis reproduire le morceau dans son entier, il ferait longueur,
+mais la date où ces lignes furent écrites (1822, tome VII) leur donne
+trop de saveur pour que je puisse ne point les citer:
+
+«Nous ne savons à quelle fatalité attribuer le silence des journaux
+quotidiens à son égard; est-ce que par hasard la supériorité d'un
+écrivain aussi jeune que M. Victor Hugo donnerait de l'ombrage et du
+souci à quelques hommes de lettres en crédit? Ce serait là un sentiment
+bien bas, mais au reste bien digne d'un siècle essentiellement jaloux
+et dépréciateur; car, de nos jours dans le compte que l'on rend des
+meilleurs ouvrages, il règne habituellement une certaine réserve
+cauteleuse, assez proche parente de l'envie et de la médiocrité.
+Heureusement pour M. V. Hugo, une édition épuisée sans annonce, les
+éloges et l'amitié si honorables de M. de Chateaubriand et de M. de
+Lamennais sont une fort belle compensation.»
+
+Que l'on veuille se souvenir que le poète et le critique n'avaient pas
+à eux deux, plus de quarante ans.
+
+Adolphe de Saint-Valry fut un des sept fondateurs de la _Muse
+française_, avec Émile Deschamps, Guiraud, Soumet, Victor Hugo,
+Alfred de Vigny et Desjardins. (Ce Desjardins, doit être l'auteur
+d'un drame «en cinq coupes d'amertume», _Semiramis la Grande_, dont
+les lecteurs de l'_Intermédiaire_ n'ignorent pas le titre. Il semble
+avoir été professeur libre et avoir collaboré à la _Tribune_ de Germain
+Sarrut. C'est, parmi les Romantiques de la première heure, un des plus
+inconnus.)
+
+Il prit une part active, en l'absence de Guiraud, à la préparation
+du premier numéro, qui parut le 28 juillet 1823 sous la date du
+15, et, quand, après douze numéros, la _Muse_ disparut, le 15 juin
+1824, survivant à peine huit jours à la disgrâce de Chateaubriand,
+dont le grand public ignora longtemps les causes, ou tout au moins
+l'une d'entre elles, ce fut Saint-Valry, qui, non sans esprit et
+sans courage, traça le portrait d'Auguste, l'ami hier tout puissant,
+aujourd'hui ministre révoqué, «car il est doux de rendre hommage à
+la vertu et au courage d'un homme de bien, et peut-être n'est-il pas
+encore défendu d'accompagner jusqu'aux portes de Rome Cicéron partant
+pour l'exil».
+
+En vérité, Saint-Valry donnait mieux, là, que des espérances, et, en
+dehors de leur amitié, l'on comprend en quelle singulière estime le
+pouvait tenir Hugo qui avait souvent été son hôte à Montfort-l'Amaury,
+dont ils ont, l'un et l'autre, chanté les ruines. (_Odes et Ballades_,
+Odes Livre V, Ode XVII; _Les Annales romantiques_, 1826.)
+
+On doit à Adolphe de Saint-Valry un roman, publié en 1836: _Mme de
+Mably_.
+
+Cf. Ch.-M. Des Granges: _La Presse littéraire sous la
+Restauration._--Léon Séché: _Le Cénacle de la Muse
+française_.--_L'Intermédiaire des Chercheurs et Curieux_, 1893.]
+
+A Adolphe de Saint-Valry.
+
+Blois, 7 mai 1825.
+
+ Oui, mon ami, de cette ville historique et pittoresque, je tournerai
+ bien souvent mes regards vers Paris et Montfort, et le château de
+ Blois ne me fera point oublier Saint-Laurent. J'ai passé là en août
+ 1821, des moments bien doux et votre excellente mère m'y a fait
+ presque oublier pendant huit jours l'admirable mère que je venais de
+ perdre.
+
+ Je vous remercie des nouvelles que vous me donnez. Je suis charmé
+ que le bon Jules Lefèvre vous doive la vente de son _Clocher de
+ Saint-Marc_. C'est un homme d'un vrai talent, et il ne manque à ce
+ talent qu'un succès.
+
+ Rien de tout cela ne vous manque à vous, mon cher ami, et vous avez
+ tort de désespérer de vous-même; il faut que votre poème se vende,
+ et il se vendra. Entre le talent et le public, le traité est bientôt
+ fait.
+
+ On me dit ici que l'on dit là-bas que j'ai fait abjuration de mes
+ _hérésies littéraires_, comme notre grand poète Soumet. Démentez le
+ fait bien haut partout où vous serez, vous me rendrez service.
+
+ J'ai visité hier Chambord. Vous ne pouvez vous figurer comme c'est
+ singulièrement beau. Toutes les magies, toutes les poésies, toutes
+ les _folies_ mêmes sont représentées dans l'admirable bizarrerie de
+ ce palais de fées et de chevaliers. J'ai gravé mon nom sur le faîte
+ de la plus haute tourelle[132]; j'ai emporté un peu de pierre et
+ de mousse de ce sommet, et un morceau de châssis de la croisée sur
+ laquelle François Ier a inscrit les deux vers:
+
+[Note 132: Marie-Caroline, duchesse de Berry, devait suivre ce
+mauvais exemple, le 18 juin 1828, lors de sa visite à Chambord.
+(_Relation du voyage de S.A.R. Madame, Duchesse de Berry, dans la
+Touraine, l'Anjou, la Bretagne, la Vendée, et le Midi de la France en
+1828_; par M. le vicomte Walsh. (Paris, Hiver, 1829, tome I, p. 24.) Il
+faut lire dans les mémoires d'Horace de Viel Castel comment il traite
+ce «Walsh d'Irlande».
+
+Sur Chambord, cf. L. de la Saussaye: _Le château de Chambord_, 8e
+édit. Lyon, Perrin, 1859, in-8º, de VII; 137 pp.]
+
+ Souvent femme varie
+ Bien fol est qui s'y fie
+
+ Ces deux reliques me sont précieuses.
+
+ Adieu, mon ami, vous savez que le roi m'invite à son sacre. Je serai
+ à Paris vers le 29, et je vous embrasserai.
+
+ L'amitié d'un homme comme vous est douce et inappréciable.
+
+Victor[133].
+
+[Note 133: Victor Hugo: _Correspondance_, 1815-1835, pp. 48-49.]
+
+Le lendemain ou le surlendemain, le général emmenait ses hôtes
+passer quelques jours à la Miltière, la propriété qu'il possédait en
+Sologne[134], d'où, après avoir écrit de façon plaisante à son jeune
+beau-frère, Paul Foucher[135], le 9 ou le 10 mai, il adressait, le 12,
+cette lettre plus sérieuse à son beau-père.
+
+[Note 134: Par acte passé devant Me Pardessus, notaire à Blois,
+le 12 décembre 1823, le général Hugo, avait acquis au prix de 31.000
+francs cette petite propriété située communes de Pruniers et de Lassay
+(Loir-et-Cher) avec la locature de Laudinière. «Elle consistait d'après
+l'acte, en: maison de maître, grange, cénacles, un enclos appelé le
+parc de la Miltière, distribué en jardins anglais et entouré de fossés,
+contenant environ 5 hectares de terre, prés et taillis.» (L. B.)]
+
+[Note 135: _Correspondance_, pp. 50-51.
+
+Né en 1818 et mort en 1875, Paul-Henri Foucher devait être en 1828
+le collaborateur de son beau-frère dans le drame d'_Amy Robsart_.
+Drames, opéras, ballets, romans, chroniques, Paul Foucher a un peu
+affronté tous les genres et l'on ne doit pas oublier ses intéressantes
+correspondances parisiennes adressées à l'_Indépendance belge_.
+
+Alfred de Musset semble avoir lié à jamais son nom à celui de Mélanie
+Waldor:
+
+ Quand Madame Waldor à Paul Foucher s'accroche,
+ Montrant le tartre de ses dents...
+]
+
+Il ne s'agit pas dans celle-ci de baccalauréat ou des jeux du soleil
+à travers le lierre tapissant «une salle de verdure attenante à la
+Miltière».
+
+Le sacre approche, Victor n'a reçu encore ni sa croix de la Légion
+d'honneur, ni les papiers la concernant. Il craint «de ne pouvoir
+porter la décoration au sacre, ce qui serait inconvenant». Il prie son
+beau-père de vouloir bien passer à la chancellerie pour stimuler un peu
+l'apathie des bureaux.
+
+Puis, ce sont les 350 francs demandés à Reims pour une chambre,--la
+province est sans pitié quand elle a occasion d'écorcher quelques
+Parisiens,--et si ce n'est tout à fait le chapitre des chapeaux, c'est
+tout au moins celui du tailleur et du chapelier. Du protocole presque.
+
+La Miltière, 12 mai 1825.
+
+Mon cher papa,
+
+ Le messager envoyé par mon père à Blois est de retour. Il nous
+ rapporte l'aimable lettre de maman à son Adèle, que nous avons lue
+ en famille et une lettre fort cordiale de Victor Foucher[136], qui
+ nous fait aussi beaucoup de plaisir. Nous nous attendions également
+ à recevoir la croix de la Légion d'honneur et les papiers, etc.,
+ que vous nous avez annoncés pour le commencement de cette semaine.
+ Notre espérance est frustrée de ce côté, et mon père désirerait que
+ vous eussiez la bonté de passer encore une fois à la Légion, pour
+ presser cet envoi. Car ma place est retenue pour le 19 au matin, et
+ si nous ne recevions pas tout cela au moins le 18, je courrais grand
+ risque de ne pouvoir porter la décoration au sacre, ce qui serait
+ inconvenant.
+
+[Note 136: Victor-Adrien Foucher, beau-frère de Victor Hugo, né
+comme lui, en 1802, mort en 1866. Magistrat, Victor Foucher a dirigé de
+1833 à 1862 la _Collection des lois civiles et criminelles des États
+modernes_ et a laissé en outre, un certain nombre d'ouvrages et de
+brochures d'un caractère juridique.
+
+Paul Lacroix attribue à Victor Foucher vingt articles, signés F., du
+_Conservateur littéraire_.]
+
+ Je sens, mon excellent père, combien je vous donne de peines, et
+ je suis pénétré d'une vive reconnaissance de toutes vos bontés. La
+ lettre de maman Foucher est bonne comme elle: elle est remplie de
+ détails qui nous intéressent. Nous sommes enchantés des progrès de
+ Juju[137] autant que de Didine[138]; quand nous serons de retour à
+ Paris ces deux enfants seront l'objet de nos curiosités réciproques,
+ et nous aurons de longs récits à nous faire.
+
+[Note 137: Julie Foucher, la toute jeune sœur d'Adèle Hugo, mariée
+plus tard au graveur Paul Chenay (1818-1906) auteur d'un volume de
+souvenirs intimes: _Victor Hugo à Guernesey_.
+
+(Paris, Juven, S. D. in-12), de 296 pp.]
+
+[Note 138: Léopoldine Hugo.]
+
+ Voudriez-vous encore ajouter à tous vos soins paternels celui de
+ payer nos contributions dont le papier a été remis à maman. Nous vous
+ rembourserons cette petite somme.
+
+ Maman nous apprend que la chambre à Reims est louée 350 francs et
+ qu'on cherche une quatrième personne. Est-ce pour la voiture ou
+ pour le logement? Vous me disiez dans votre dernière que Beauchêne
+ s'occupait de la fabrication de mon habit. Comment a-t-il eu ma
+ mesure? Il faudra sans doute les culottes, bas, souliers à boucles,
+ épée d'acier, chapeau à galon d'acier et plumes. En quel métal
+ doivent être les boucles de la culotte et des souliers? Faudra-t-il
+ les jabots et les manchettes?
+
+ Parlez de nous à la bonne Mme Deschamps. M. Deschamps[139] m'a
+ écrit une charmante lettre. Veuillez l'en remercier en attendant que
+ je le fasse moi-même.
+
+[Note 139: Père d'Émile et d'Antoni Deschamps.]
+
+ Paul a dû recevoir aujourd'hui une lettre de moi, la première que
+ j'ai écrite de la Miltière. Celle-ci est la seconde. Je vais écrire
+ la troisième à Charles Nodier.
+
+ Adieu, mon cher et bon père; papa et son excellente femme, mon Adèle
+ et sa petite Didine aux joues fermes, vous embrassent ainsi que maman
+ Foucher, et je me joins à eux de cœur. Vous ne sauriez croire comme
+ on parle de vous en Sologne à l'heure qu'il est.
+
+Votre fils tendrement dévoué,
+Victor.
+
+ Mon portier a-t-il reçu quelque lettre depuis notre départ? J'en
+ reçois une bien paternelle de M. de la Rivière[140].
+
+[Note 140: M. de la Rivière, le vieux maître d'école de Victor rue
+Saint-Jacques. Il en sera, ultérieurement, plus longuement question.]
+
+ Écrivez toujours à Blois[141].
+
+[Note 141: _Correspondance_, pp. 223-225.]
+
+Victor Hugo a raconté assez sommairement son séjour à Reims et ses
+impressions au cours de la cérémonie du sacre, à laquelle il fait
+assister Lamartine[142], dont M. Edmond Biré a, depuis, établi
+l'absence à ce gala où le carton peint semble avoir été un trop
+fréquent accessoire[143].
+
+[Note 142: _Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie_, tome II,
+p. 92.]
+
+[Note 143: _Victor Hugo avant 1830_, p. 377.]
+
+Il convient d'être plus bref encore. Ce fut pour Victor l'occasion, et
+elle était excellente, d'écrire l'_Ode sur le Sacre_[144].
+
+[Note 144: _Odes_, livre III (1824-1828), ode IV.]
+
+Il aimait le sujet. Les Bourbons l'avaient jusqu'ici heureusement
+inspiré. Louis XVIII ne s'était point montré ingrat. Charles X ne le
+fut point davantage.
+
+
+
+
+VII
+
+L'Ode sur _le Sacre_.--Une promotion désirée: le lieutenant-général
+comte Hugo.--Une dette sacrée.--Ce bon M. de la Rivière.--Le _voyage au
+Mont-Blanc et dans la vallée de Chamonix_.--Naissance de Charles-Victor
+Hugo.
+
+
+Ces vers firent plus sans doute pour la nomination du général Hugo au
+grade de lieutenant-général que les démarches répétées de jadis auprès
+de MM. de Chateaubriand et de Clermont-Tonnerre et du duc d'Angoulême
+lui-même.
+
+Le sacre est du 29 mai. Le 5 juin, le _Moniteur Universel_ nº 156,
+publiait cette promotion si ardemment désirée:
+
+«M. le Maréchal-de-camp Hugo, vient d'être nommé lieutenant-général.»
+
+Le fils s'en réjouit autant que le père. Il est de nouveau à Gentilly,
+chez un ami, cette fois, et de cette banlieue, il adresse ses
+félicitations au nouveau lieutenant-général, «M. le Lieutenant-général
+Comte Hugo», et ses excuses à Mme Hugo pour la négligence de
+Ladvocat.
+
+Gentilly, 19 juin.
+
+Mon cher papa,
+
+ C'est de ma campagne où je suis allé passer quelques jours chez
+ un ami qui demeure à deux lieues de Paris, que je te réponds. Je
+ regrette bien que tu y sois toi-même en ce moment. Les chaleurs
+ excessives, la solitude et le dénuement de la Miltière me font
+ trembler pour ta chère santé. Il me semble que tu aurais dû retarder
+ ce voyage quelque important qu'il pût être, et ne pas t'aventurer
+ tout seul dans cette saison au milieu des déserts de la Sologne.
+ Tu sais comme moi combien les pays humides et sablonneux exhalent
+ de miasmes morbifiques dans les grandes chaleurs, et mon Adèle te
+ reproche tendrement de nous avoir donné l'inquiétude de te savoir
+ là-bas.
+
+ Les journaux de Paris ont annoncé ta promotion de la manière la plus
+ flatteuse. Que t'importe un oubli qu'ils font si fréquemment? Que
+ t'importe la jalousie? Il suffit de ton nom et de ta réputation pour
+ mériter l'envie. Résigne-toi, mon noble père, à cet inconvénient de
+ toute position élevée.
+
+ J'ai rempli ta commission auprès d'Adolphe.
+
+ Tu ne m'étonnes pas en m'apprenant que ta femme n'a pas reçu son
+ exemplaire. J'avais remis à Ladvocat le paquet à son adresse avec
+ beaucoup d'autres, pour qu'il le mît à la poste. Tu connais la
+ négligence de ce libraire. Partant pour la campagne j'ai dû me
+ reposer sur lui de ce soin, et j'ai déjà reçu plusieurs plaintes
+ comme la tienne. Le messager qui va porter cette lettre à la poste
+ à Paris, va être chargé en même temps d'un petit mot sévère pour
+ Ladvocat et de l'ordre de réparer sur-le-champ cet oubli. Si j'en
+ avais ici un seul exemplaire je l'enverrais directement à ta femme,
+ mais j'espère que Ladvocat sera soigneux cette fois.
+
+ Je suis heureux que mon ode t'ait fait quelque plaisir. Son succès
+ ici passe mon espérance. Elle a été réimprimée par sept ou huit
+ journaux. Je vais la présenter au Roi.
+
+ Adieu, mon excellent père, je n'ai que le temps de fermer cette
+ lettre et de t'embrasser bien tendrement. Ma femme et Didine
+ embrassent la tienne.
+
+ Didine nous a un peu inquiétés ces jours-ci: ses dents la tourmentent.
+
+ Je reçois à l'instant une lettre d'Émile Deschamps où je lis: «M. le
+ Général Hugo nous a fait bien plaisir en devenant lieutenant-général.
+ Y aurait-il quelque moyen de lui faire parvenir nos félicitations et
+ l'hommage de mon respect?» Tout le monde applaudit.
+
+Le 24 juin, en effet, l'auteur de l'_Ode sur le Sacre_ avait l'honneur
+de présenter lui-même ses vers au roi.
+
+ O Dieu! garde à jamais ce roi qu'un peuple adore!
+ Romps de ses ennemis les flèches et les dards,
+ Qu'ils viennent du couchant, qu'ils viennent de l'aurore,
+ Sur des coursiers ou sur des chars!
+ Charles, comme au Sina, t'a pu voir face à face!
+ Du moins qu'un long bonheur efface
+ Ses bien longues adversités.
+ Qu'ici-bas des élus il ait l'habit de fête.
+ Prête à son front royal deux rayons de ta tête;
+ Mets deux anges à ses côtés!
+
+Ce n'est point assez que sept ou huit journaux les aient déjà
+reproduits. La gloire des caractères des presses royales leur manquait.
+Charles X allait la leur accorder:
+
+ Nous avons annoncé que le roi avait accueilli avec bonté M.
+ Victor Hugo, auteur d'une _Ode sur le Sacre_. M. le vicomte de la
+ Rochefoucauld, chargé du département des Beaux-Arts, vient d'informer
+ ce jeune poète que Sa Majesté, voulant témoigner la satisfaction
+ que lui a causée la lecture de cette ode, avait ordonné qu'elle
+ fût réimprimée avec tout le luxe typographique par les presses de
+ l'Imprimerie royale[145].
+
+[Note 145: _Moniteur Universel_, 30 juin 1825.]
+
+Les titres du père sont énoncés désormais en toutes lettres et la
+correspondance est adressée à
+
+Monsieur
+Monsieur le lieutenant général Comte Hugo
+A Blois.
+
+quand ce n'est point à «Madame la Comtesse Hugo».
+
+Précédant le départ pour la Suisse des Hugo et des Nodier, ce voyage
+littéraire dont Urbain Canel fit les frais, un geste qui précéda sa
+faillite, voici une lettre d'un tout autre ton.
+
+Il s'agit bien d'une dette d'honneur; le prix, dû encore à M. de la
+Rivière, le vieil instituteur de la rue Saint-Jacques, des leçons
+données jadis à Victor[146]. Le brave homme, devenu, comme Biscarrat,
+un ami pour l'écolier de naguère, s'était contenté de présenter
+autrefois sa note. Mais au lendemain de la mort de Mme Hugo, la
+vraie, le piteux état de la succession n'avait point permis à sa
+délicatesse d'insister... puis, étaient venues la vieillesse et les
+infirmités.
+
+[Note 146: «Ils n'avaient pas, surtout Victor, l'âge du collège;
+elle (Mme Hugo) les envoya d'abord à une école de la rue
+Saint-Jacques où un brave homme et une brave femme enseignaient aux
+fils d'ouvriers la lecture, l'écriture et un peu d'arithmétique.
+Le père et la mère Larivière, comme les appelaient les écoliers,
+méritaient cette appellation par la paternité et la maternité de leur
+enseignement. Ça se passait en famille. La femme ne se gênait pas, la
+classe commencée, pour apporter au mari sa tasse de café au lait, pour
+lui prendre des mains le devoir qu'il était en train de dicter, et pour
+dicter à sa place pendant qu'il déjeunait.
+
+Ce Larivière, du reste, était un homme instruit et qui eût pu être
+mieux que maître d'école. Il sut très bien, quand il le fallut,
+enseigner aux deux frères le latin et le grec. C'était un ancien prêtre
+de l'Oratoire. La Révolution l'avait épouvanté, et il s'était vu
+guillotiné s'il ne se mariait pas; il avait mieux aimé donner sa main
+que sa tête. Dans sa précipitation, il n'était pas allé chercher sa
+femme bien loin; il avait pris la première qu'il avait trouvée auprès
+de lui, sa servante.»
+
+(_Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie_, tome I, pp. 51-52.)]
+
+Le fils plaide joliment auprès du général la cause de son ancien
+maître. Il a fait, lui-même, le sacrifice d'une montre en or, dont il
+se proposait l'acquisition, pour éteindre en partie cette dette: le
+général n'aura plus qu'un reliquat de 286 francs et quelques centimes à
+payer... et tardera un peu à le faire.
+
+Paris, 18 juillet 1825.
+
+Mon cher Papa,
+
+ C'est avec un véritable regret que je me vois contraint de t'envoyer
+ la lettre et la note ci-incluses. Ces deux pièces ont besoin d'une
+ petite explication que voici. Ces jours passés, mon vieil et
+ respectable maître, M. de la Rivière, se présenta chez moi: j'étais
+ sorti. Il dit avoir quelque chose de pressant à me communiquer. Je
+ m'empressai de me rendre chez lui, comme je le fais toujours chaque
+ fois que je suppose qu'il peut avoir besoin de moi. Cet excellent
+ homme m'exposa alors que sa position, que son âge et celui de sa
+ femme rendaient plus gênée chaque jour l'obligeaient de me rappeler
+ une dette sur laquelle il s'était tu jusqu'à présent, pensant que
+ ta fortune ou la nôtre ne nous permettaient pas encore d'y faire
+ honneur. Mais la nécessité l'emportant sur son excessive délicatesse,
+ il s'est vu enfin forcé à cette démarche. Cette dette est celle
+ de 486 fr. 80, qui se trouve expliquée dans la note ci-jointe. Je
+ me suis parfaitement rappelé qu'à la mort de ma mère nous avions
+ effectivement ce mémoire dans ses papiers, mais je pensais qu'Abel
+ s'était chargé du soin de l'envoyer et depuis j'avais totalement
+ oublié cette dette que je croyais éteinte avec le petit nombre
+ d'autres modiques dettes que ma mère a laissées et dont la majeure
+ partie fut dans le temps acquittée sur le produit de son argenterie
+ et de ses robes. Je savais aussi que tu avais fait honneur aux autres
+ créanciers, et je croyais M. de la Rivière de ce nombre. Comme
+ le besoin était pressant, je pris l'avis de ma femme; et de son
+ consentement je m'empressai d'envoyer à M. de la Rivière une somme
+ de _deux cents_ francs que j'avais disponible et que je réservais
+ pour m'acheter une montre, cette somme, mon cher papa, servira à te
+ décharger d'autant sur le total de la dette, c'est une fort légère
+ privation que je m'impose en renonçant à cette montre, et je puis le
+ faire sans me gêner. D'ailleurs, je sais, excellent père, que tu es
+ loin d'être riche, et puisque je suis pour une part dans la dépense
+ faite par M. de la Rivière, ces 200 francs seront ma cotisation
+ personnelle. Ne songe donc plus qu'au reliquat de 286 fr. 80. Il est
+ absolument inutile que je te dise, cher papa, combien une créance de
+ ce genre est sacrée. Le peu que nous savons, le peu que nous valons,
+ nous le devons en grande partie à cet homme vénérable et je ne doute
+ pas que tu ne t'empresses de le satisfaire, d'autant plus qu'il en
+ a besoin. Il ne subsiste que du produit d'une petite école primaire
+ dont le modique revenu diminue de jour en jour, l'affaiblissement
+ progressif de ses organes et de ses facultés lui faisant perdre par
+ degrés tous ses élèves. Il a attendu dix ans avec une délicatesse
+ admirable, et c'est le seul reproche qu'on lui puisse faire, car
+ je suis sûr que tu aurais fait cesser l'objet de sa réclamation
+ si tu l'avais connu plus tôt. C'est ce que (je) lui ai dit, en
+ l'engageant à m'envoyer en hâte son compte pour te le faire parvenir.
+ Tu le trouveras ci-inclus avec la lettre qu'il m'a écrite. Je vais
+ m'occuper de chercher l'ancien mémoire détaillé et si je le trouve
+ dans le peu qui nous reste des papiers de ma mère, je te l'enverrai
+ sans perdre de tems. En attendant tu peux considérer sa note comme
+ authentique.
+
+ Adieu, mon bon cher père, mon Adèle te prie d'embrasser pour elle ses
+ deux mères et de leur dire que Juju et Didine se portent à merveille.
+ Tout va bien ici, et tout est impatient de revoir maman Foucher.
+ Mille hommages à Mmes Br...,[147] Pinlevé, etc., amitiés à tes
+ amis.
+
+[Note 147: Femme du colonel Brousse, sous-directeur, puis directeur
+du haras à Blois, l'un des amis et des voisins du général Hugo; née
+Francesca Gazza, Mme Brousse est morte, centenaire, le 26 mars 1879.]
+
+ M. de la Rivière, chef d'institution primaire, demeure rue
+ Saint-Jacques, vis-à-vis l'église de Saint-Jacques du Haut-Pas.
+
+ Je t'embrasse bien tendrement.
+
+Ton fils respectueux et dévoué,
+Victor.
+
+ Je m'occupe de toutes tes commissions. Le Roi m'a fait annoncer qu'il
+ avait ordonné qu'on ajoutât à toutes les faveurs dont il m'honore un
+ envoi de porcelaines. C'est me combler.
+
+Suit le fameux voyage en Suisse, le _Voyage poétique et pittoresque au
+Mont-Blanc et dans la vallée de Chamonix_, dont Charles Nodier devait
+fournir le texte et dont Hugo, seul, a écrit le récit, de Sallences à
+Servoz, et de Servoz à Chamonix[148].
+
+[Note 148: Publiés d'abord dans la _Revue de Paris_ (1829) et dans
+la _Revue des Deux Mondes_ (1831), ces deux fragments ont pris place
+dans _Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie_, t. II, pp. 108-126.]
+
+--Quel beau livre ce sera! avait dit Mme Nodier, à Sallences, où
+l'on déjeunait.
+
+--S'il se fait[149], avait répondu la femme du poète, et Adèle Hugo
+avait raison.
+
+[Note 149: _Victor Hugo raconté_, tome II, p. 106.]
+
+Paris, 31 juillet.
+
+Cher Papa,
+
+ Nous apprenons pour la première fois avec regret, que tu vas bientôt
+ peut-être venir à Paris; c'est que nous en partons; et tu conviendras
+ qu'il est dur d'en partir quand tu vas y arriver.
+
+ Notre excursion en Suisse s'exécute. Mardi, à 2 heures du matin, nous
+ roulerons vers Fontainebleau. J'ai été horriblement souffrant toute
+ la semaine d'un torticoli, mais je suis mieux, et le voyage achèvera
+ de me remettre.
+
+ Les libraires paient notre voyage et au delà. Ils me donnent 2.250
+ francs pour quatre méchantes odes. C'est bien payé. Je ne crois
+ pas que Lamartine puisse être de la partie, il vient d'être nommé
+ secrétaire d'ambassade à Florence. Nodier est des nôtres.
+
+ Je te remercie pour M. de la Rivière. Je lui ai écrit tes bonnes
+ intentions, j'aurais seulement désiré que tu puisses lui donner
+ quelque chose avant le 1er janvier.
+
+ Nous avons vu M. Driollet. Il dit que l'affaire Lambert[150] va bien.
+ Abel en dit autant.
+
+[Note 150: Lors de sa mort en 1828, le général Hugo figurait parmi
+les administrateurs de la «Banque Lambert».]
+
+ Ta femme avait bien raison. Cette Augustine était pire qu'un mauvais
+ sujet, c'était un _petit monstre_. Nous l'avons renvoyée. Elle est
+ placée chez un herboriste. Je voudrais que tu en fisses prévenir sa
+ mère.
+
+ Didine se porte à merveille. J'ai commandé des cartes séparées pour
+ ta femme et pour toi. Il n'est plus de mode, à ce que m'a dit le
+ graveur, d'en donner de collectives.
+
+ Adieu, mon excellent père, embrasse ta femme pour moi. Nous
+ t'embrassons bien tendrement.
+
+Ton fils respectueux et dévoué,
+Victor.
+
+ Adolphe te remettra les cartes.
+
+Le ménage a continué à vagabonder, et, c'est le retour à Paris, où
+il convie quelques amis à déjeuner. Mme Victor Hugo s'enquiert
+auprès de sa belle-mère, d'un beau poisson acheté à bon compte à la
+poissonnerie de Blois, qui pût arriver frais à Paris.
+
+ Ma chère maman, il y a bien longtemps que je voulais vous écrire,
+ mais les embarras de domestique, joints à ceux du voyage, car nous
+ venons encore d'aller passer quelques jours à dix lieues de Paris, ne
+ m'ont pas laissé un moment. Joignez à cela l'inquiétude que ma fille
+ m'a donnée pour percer les deux dents qu'elle vient de percer; mais
+ tout cela ne m'a pas empêché (_sic_) de penser à vous et à mon bon
+ père.
+
+ Malgré la peine que ma fille m'a donnée et qu'elle a eue pour ses
+ dents: elle n'en marche pas moins seule et j'espère que la force
+ qu'elle a l'aidera à percer toutes ses autres dents car à peine en
+ a-t-elle six.
+
+ Mon mari s'est occupé de vous faire tirer des cartes de visites. Nous
+ les donnerons à M. de Féraudy.
+
+ J'espère, chers bons parents, vous voir à Paris très incessamment.
+ Si vous pouviez être à Paris samedi 31 de ce mois vous partageriez
+ un déjeuner où nous réunissons quelques amis et où nos bons parents
+ complèteraient si bien notre bonheur qui ne peut être entier sans
+ eux. Si à Blois vous trouviez chère maman un beau poisson qui pût
+ arriver frais à Paris vous seriez bien bonne de me l'envoyer pour ce
+ jour, toutefois si le prix ajouté à celui du voyage ne le faisait pas
+ monter plus haut que celui qu'on achèterait à Paris.
+
+ Écrivez-moi au juste quand vous serez à Paris, c'est le but que vous
+ devez vous proposer si vous nous aimez.
+
+ Adieu chère maman, ma fille, mon Victor vous embrassent.
+
+Votre respectueuse fille,
+A. Hugo.
+
+Victor, suivant son habitude, tient à conserver vierge pour les siens
+le crédit dont il peut jouir et refuse assez cavalièrement à son père
+sa protection pour un professeur, dont il l'avait prié de s'occuper:
+
+Mon cher papa,
+
+ Nous voilà définitivement de retour à Paris. Nous n'avons fait que
+ courir à droite et à gauche tout le mois de septembre, et nous avons
+ terminé ces jours-ci nos promenades par une excursion à Montfort
+ l'Amaury, charmante petite ville à dix lieues de Paris où il y a des
+ ruines, des bois, un de mes amis[151] et un des tiens, le colonel
+ Derivoire, qui a servi sous toi. J'ai beaucoup parlé de toi avec ce
+ brave qui t'aime et te vénère et désire vivement te voir. Il compte
+ faire le voyage de Paris la première fois que tu y viendras.
+
+[Note 151: Adolphe de Saint-Valry.]
+
+ Nous désespérons presque, cher papa, d'avoir le bonheur de t'y voir
+ cette année, puisque la saison s'avance sans t'amener. Cependant M.
+ Lambert t'avait presque promis à tous tes amis de Paris.
+
+ Il est malheureusement impossible de rien faire pour le professeur
+ dont tu m'envoies une lettre. J'ai beaucoup moins de crédit qu'on
+ ne m'en suppose et j'ai dû dernièrement employer le peu d'influence
+ que je puis avoir sur M. l'évêque d'Hermopolis[152] pour obtenir une
+ bourse à l'un de nos cousins Trébuchet. Le succès n'est même pas
+ encore décidé. Tu sens que toutes mes forces doivent être dirigées
+ vers ce but, si important pour notre malheureux oncle Trébuchet, et
+ que je ne pourrais occuper le ministre d'une autre affaire sans nuire
+ à la sienne. Qui trop embrasse mal étreint.
+
+[Note 152: Denis, comte de Frayssinous, évêque _in partibus_
+d'Hermopolis, né à Curières (Aveyron) en 1765, mort en 1841. Après
+ses retentissantes conférences à la chapelle des Carmes et en
+l'église Saint-Sulpice, fut le 1er juin 1822 nommé grand maître
+de l'Université, puis, le 26 août 1824, ministre des affaires
+ecclésiastiques, portefeuille, créé pour lui, qu'il conserva, sous le
+ministère Martignac, jusqu'au 3 mars 1828.]
+
+ Nous avons trouvé ici à mon retour les 200 cartes commandées pour
+ toi: elles me paraissent fort belles. C'est un petit cadeau qu'Adèle
+ veut faire à ta femme, indique-moi un moyen de le lui faire parvenir.
+
+ Adieu, cher papa, toute la famille Foucher, Abel, Adolphe, tous nos
+ cousins embrassent ta femme et toi de tout cœur, et ne font en cela
+ que se joindre à nous.
+
+Ton fils tendre et respectueux,
+
+Victor.
+
+C'est, enfin, un an plus tard presque, la naissance d'un second
+fils,--ce sera Charles Hugo[153],--«qui vient remplacer le petit ange»
+dont les _Odes et Ballades_ conservent le souvenir. Le jour même,
+Victor en fait part à son père:
+
+[Note 153: Charles-Victor Hugo, né à Paris le 3 novembre 1829,
+mort à Bordeaux d'une congestion le 13 mars 1871, trois jours après la
+séance de l'Assemblée nationale qui avait amené la démission de Victor
+Hugo. Outre sa collaboration à l'_Événement_ et au _Rappel_, on doit
+au père de Georges et de Jeanne: _Le Cochon de saint Antoine_ (1857),
+_La Bohème dorée_ (1859), _La Chaise de paille_ (1859), _Une Famille
+tragique_ (1862). Il avait écrit une comédie: _Je vous aime_ (1868) et,
+enfin, avait tiré des _Misérables_ un drame souvent représenté.]
+
+Paris, le 3 novembre.
+
+Mon cher papa,
+
+ Tu vois que la nouvelle ne se fait pas attendre. Mon Adèle est
+ accouchée cette nuit à cinq heures moins vingt minutes du matin d'un
+ garçon fort bien portant. Cette pauvre amie a cruellement souffert.
+ Je t'écris en ce moment près de son lit; elle se trouve assez bien,
+ cependant elle croit avoir quelque fièvre et je lui recommande de ne
+ pas parler.
+
+ Nos bons parents recevront sans doute avec bien de la joie ce
+ nouveau venu qui vient remplacer le petit ange que nous avons si
+ douloureusement perdu il y a trois ans. Votre bonheur ajoute au nôtre.
+
+ Je ne t'en écris pas davantage aujourd'hui, cher papa, embrasse pour
+ nous ta femme; fais part de la naissance de ton petit-fils à tous nos
+ amis de Blois, MM. Brousse, de Féraudy, de Béthune, Driollet, etc.,
+ Mmes Brousse, etc., ma femme prie la tienne de dire à la jeune
+ dame les choses les plus affectueuses en son nom.
+
+ Abel et Mélanie, femme de Pierre Foucher, seront les parrains du
+ nouveau-né dont nous ignorons encore le nom. Il a déjà fort bien tété.
+
+Ton fils tendre et respectueux,
+
+Victor.
+
+ Est-ce que vous n'arriverez pas bientôt à Paris? Nous vous
+ attendrions pour le baptême. Ce serait double fête.
+
+
+
+
+VIII
+
+Le général Hugo à Paris.--Sa mort et ses obsèques.--Une succession
+difficile.--Un tailleur qui entend le petit jeu des intérêts.--La vente
+du mobilier, à Blois et à la Miltière.--Les œuvres dédicacées du fils
+au père.--La mort de la veuve d'Almeg.
+
+
+Cette lettre est la dernière en date que possède la Bibliothèque de
+Blois.
+
+D'autres existeraient, m'a-t-on assuré, jointes à quelque dossier, dans
+les cartons d'une étude blaisoise. Elles seraient curieuses également à
+consulter et éclairciraient, sans doute, les mobiles de la résolution
+que n'allait point tarder à prendre le général Hugo.
+
+Six ou sept mois plus tard, en effet, vers juin 1827,--l'ennui de la
+province ou les liens l'unissant à la veuve d'Almeg étaient-ils devenus
+plus lourds à supporter?--il quitta Blois, et, tout en continuant à y
+conserver son domicile réel, venait se fixer à Paris, dans le voisinage
+de ses enfants.
+
+Dans un quartier n'ayant guère à envier à celui du Foix comme
+tranquillité, au 9 de la rue Monsieur, le général loua et meubla, dans
+la même maison que son fils Abel, un petit appartement, composé d'une
+chambre à coucher, d'un cabinet de travail, d'une salle à manger, d'un
+salon, d'un cabinet de toilette et d'une chambre de domestique[154].
+
+[Note 154: La note du tapissier s'élevant à 3.792 fr. 65, n'avait
+pas encore été réglée lors de la mort du général et figure sur les
+comptes de la liquidation.]
+
+Il s'occupa, ces derniers mois, d'affaires financières, et figurait, au
+moment de son décès, parmi les administrateurs de la «Société d'avances
+mutuelles sur garanties» et de la «Banque Lambert». Peut-être, était-ce
+sous deux noms différents, la même société?
+
+Une attaque d'apoplexie l'enleva soudainement dans la nuit du 29 au
+30 janvier 1828. Le _Moniteur Universel_ paru à la date du 30 janvier
+annonçait brièvement sa mort.
+
+On remarquera dans ce «communiqué» une formule aujourd'hui courante.
+Elle devait, alors, être nouvelle:
+
+ M. le lieutenant général, comte Hugo, est mort la nuit dernière
+ frappé d'une apoplexie foudroyante. Ses obsèques auront lieu demain
+ jeudi 31 janvier, en l'église des Missions Étrangères, sa paroisse.
+
+ Dans l'impossibilité d'inviter, en tems utile, tous les nombreux
+ amis du général à cette triste cérémonie, la famille les prie de
+ considérer le présent avis comme une invitation.
+
+ On se réunira dans la maison mortuaire, rue de Monsieur, nº 9, à une
+ heure et demie.
+
+L'enterrement eut lieu, le surlendemain, non sans éclat; toutes les
+troupes de la garnison y étaient représentées. Il ne semble pas que la
+comtesse Hugo y assistât.
+
+ Les obsèques de M. le lieutenant général Hugo ont eu lieu aujourd'hui
+ à deux heures, après le service funéraire qui a été célébré dans
+ l'église des Missions. Ses dépouilles mortelles ont été portées au
+ cimetière du père La Chaise. Ses deux fils, les parens et un grand
+ nombre d'amis du défunt accompagnaient le convoi, qui était précédé
+ et suivi de détachemens de tous les corps de la garnison[155].
+
+[Note 155: _Moniteur Universel_, 1er février 1828.]
+
+Les fils du défunt firent élever à leur père un monument, dont
+l'_Illustration_ du 30 mai 1885 a donné la reproduction[156].
+
+[Note 156: Vingt-septième division, chemin Monvoisin.]
+
+Entourée d'une grille, ornée de flammes aux quatre coins et de
+palmettes entre les barreaux, une pyramide de marbre blanc veiné se
+dresse sur un socle de même matière. Une inscription rappelle, gravée
+en creux, les états de service du général.
+
+Le tombeau réunissait le «héros au sourire si doux» et sa première
+femme. Eugène, le pauvre dément devait les y rejoindre, et, plus tard,
+vinrent s'ajouter à ces dépouilles celles de deux fils du poète,
+Charles et François-Victor Hugo[157].
+
+[Note 157: François-Victor Hugo, né en 1828, mort le 26 décembre
+1873, après une longue et cruelle maladie. Collabora comme son frère à
+l'_Événement_ et au _Rappel_, mais son nom reste surtout attaché à la
+remarquable et fidèle traduction qu'il a donnée des _Œuvres complètes
+de Shakspeare_ (1860-1864).]
+
+La situation pécuniaire du père n'était pas seulement modeste. Elle
+était embarrassée et donna lieu à une liquidation qui fut pénible et
+dura fort longtemps.
+
+Les arrérages de sa pension militaire, 4.000 fr., ou plus exactement,
+3.800 francs nets, déduction faite du prélèvement de 5 % pour les
+Invalides[158], formaient le principal revenu du général.
+
+[Note 158: Louis Belton: _Victor Hugo et son père, le général Hugo
+à Blois_, p. 16.]
+
+Les créanciers étaient nombreux. Certains se montrèrent pressants ou
+excessifs.
+
+Au bout de douze ans ils n'étaient pas, il est vrai, encore réglés,
+et, du dossier qu'a bien voulu me communiquer M. Louis Belton,
+je détache ce mémoire du tailleur Moreau «fournisseur de Leurs
+Altesses Sérénissimes les Princes de Holstein-Augustenbourg, rue
+Neuve-des-Petits-Champs, à Paris».
+
+
+Vendu à M. le Comte Hugo.
+
++==========+======================================+====+===+
+| _1827_ | |FR. |C. |
++----------+---------------------------------+----+---+----|
+|Juill. 12 |Un habit en poil de chèvre |100 | » |
+| |Un pantalon poil de chèvre rayé | 36 | » |
+| |Un gilet poil de chèvre | 23 | » |
+| |Un do poil de chèvre de mode | 23 | » |
+| |Un do poil de chèvre rayé | 23 | » |
+|Déc. 3 |Une redingotte (_sic_) drap bleu |140 | » |
+| |Un pantalon casimir noir | 56 | » |
+| |Un gilet velours rayé | 30 | » |
+| » 11 |Un do velours soie et argent | 36 | » |
+| |Un do piqué blanc anglais | 25 | » |
+| |Payé à Lemaignen, avoué, pour | | |
+| | frais de port de lettres dans | | |
+| | cette affaire | 3 | » |
+| | |----|---|
+| | |495 | » |
+| |Intérêts de ces fournitures après | | |
+| | un an de crédit, à raison de | | |
+| | 6 % par an; un crédit de | | |
+| | douze ans |356 | » |
+| | |----|---|
+| | Total |851 | » |
++==========+======================================+====+===+
+
+Cet homme entendait trop le petit jeu et le taux des intérêts. La
+liquidation en abaissa le montant à de plus justes proportions.
+
+Comme ils pouvaient s'y attendre, les fils trouvèrent Marie-Catherine
+Thomas y Saëtoni, veuve pour la seconde fois, intéressée et âpre au
+gain.
+
+Ils n'acceptèrent la succession que sous bénéfice d'inventaire[159] et
+à cette femme qui avait l'habitude du «maquis» opposèrent la compétence
+et la grande honnêteté de leur ami le jurisconsulte Duvergier[160].
+
+[Note 159: Acte au greffe du Tribunal civil de Blois, du 29 août
+1829.]
+
+[Note 160: Jean-Baptiste-Marie Duvergier, né à Bordeaux en 1792,
+mort en 1877, président de section au Conseil d'État, garde des Sceaux
+du 17 juillet 1866 au ministère Ollivier (2 janvier 1870). Duvergier
+a publié entre autres ouvrages comme jurisconsulte: _Collection des
+lois, décrets, ordonnances, règlements, et avis du Conseil d'État de
+1788 à 1824_ (1824-1828) et, reprenant et continuant le manuscrit de
+Toullier: _Le Droit civil français suivant l'ordre du Code_, dont les
+sept premiers volumes ont seuls paru.]
+
+Le mobilier de Blois fut vendu aux enchères et produisit 3.255 fr.
+65[161]. Celui de la Miltière, des meubles de rebut, il est à croire,
+atteignit péniblement 681 fr. 04.
+
+[Note 161: D'après l'inventaire dressé les 3, 4, 5 et 6 juin 1828,
+par les soins de Me Pardessus, notaire à Blois, à la suite du décès de
+M. le comte Hugo, la maison de la rue de Foix comprenait intérieurement:
+
+«Au rez-de-chaussée, une cuisine, garnie des ustensiles nécessaires,
+notamment d'un rôtissoir à l'ancienne mode, avec ses cordes et poids.
+
+«Un cabinet servant de chambre de domestique.
+
+«Un salon orné de diverses gravures encadrées de bois doré,
+représentant des faits militaires, des vues des bords de la Néva, les
+portraits des généraux Kléber et Desaix, des portraits de famille, etc.
+
+«Et le cabinet du général, garni de ses livres et papiers. «Au premier
+étage était un autre salon, la chambre à coucher du général éclairée au
+midi, et ornée, comme le salon du rez-de-chaussée, de deux vues de la
+Néva; une autre chambre et un cabinet de bains.
+
+«Au second étage, une chambre à coucher et deux cabinets.
+
+«L'écurie à la mort du général ne contenait que des débarras; un
+cénacle à côté renfermait un tombereau démonté et un équipage de limon.
+Sous la remise étaient une carriole et une charrette. Une calèche, que
+le général avait achetée 1900 francs, avait été cédée par lui à son
+fils Abel.
+
+«Dans la cave il y avait 114 bouteilles de vin rouge.
+
+«Le cabinet de travail du général Hugo, placé au rez-de-chaussée de sa
+maison, renfermait ses livres et ses papiers. Les murs étaient ornés
+d'un télescope, d'une lunette en cuivre et de six tableaux.»
+
+Louis Belton: _Victor Hugo et son père le général Hugo à Blois_, pp.
+8-9.
+
+L'inventaire des 600 volumes composant la bibliothèque du général
+Hugo, ne relève les titres d'aucune des œuvres du fils. Cinq d'entre
+elles avaient, cependant, déjà été publiées avant le départ du général
+pour Paris (_Cromwell_ ne parut que le 7 décembre 1827): _Odes et
+Poésies diverses_, 1822; _Han d'Islande_, 1823; _Nouvelles Odes_, 1824;
+_Bug-Jargal_, 1826; _Odes_, 1827.
+
+N'était-ce pas, me suis-je demandé, l'édition originale des _Odes et
+Poésies diverses_ ce petit livre mal imprimé, en caractères dits à tête
+de clous, sur un papier à chandelles, qu'un admirateur du poète avait
+déniché sur les quais et lui adressait à Hauteville-House, au lendemain
+de l'apparition des _Misérables_?
+
+Cette description ressemble fort au tirage de Pélicier.
+
+Le beau-frère de Victor Hugo donne au «vieux bouquin» la date de 1818,
+ce serait 1822 qu'il faudrait lire. Et combien deviendrait alors claire
+et lumineuse la dédicace qu'il portait:
+
+«A mon très cher Père, le général Hugo, mes premiers vers imprimés.
+
+«Son fils très respectueux,
+
+«Victor Hugo.»
+
+(_Victor Hugo à Guernesey_, p. 86.)
+
+Sans vouloir mettre en doute la fidélité des souvenirs de M. Paul
+Chenay, je sais cependant qu'il se faut méfier des autographes!...
+Puis, l'auteur des _Odes_, s'il écrivait bien mon père, se contentait
+de signer «Victor» ou V. H...
+
+D'ailleurs, si ces dons du fils au père ne figuraient pas à
+l'inventaire de 1828, dont ils avaient été distraits sans doute, par la
+veuve Hugo, ils ne sont pas cependant perdus.
+
+La parfaite obligeance d'un de mes amis, M. Pierre Tardieu, à qui
+je suis heureux de pouvoir exprimer ici ma sincère gratitude, m'a
+permis de retrouver et d'identifier ces volumes, dans la bibliothèque
+familiale où ils sont, depuis plus de quarante ans, soigneusement
+conservés.
+
+Ce sont:
+
+_Han d'Islande_, seconde édition; Paris, Lecointe et Durey, libraires,
+quai des Augustins, nº 49; 1823, 4 in-12, de 244, 285, 268 et 248 pp.
+
+Dédicace:
+
+«A mon Père
+
+Hommage de tendre et respectueux attachement.
+Victor.»
+
+_Bug-Jargal_, par l'auteur d'_Han d'Islande_. Paris, Urbain Canel,
+libraire, rue Saint-Germain-des-Prés, nº 9, 1826, in-12 de 386 pp.
+
+Frontispice de Devéria, représentant la lutte au-dessus du précipice.
+
+Dédicace non signée--mais l'écriture ne laissant aucun doute--et
+massacrée par le relieur qui a odieusement rogné ce volume.
+
+On distingue:
+
+«Hommage et respectueux
+
+A mon noble père»
+
+_Odes_, par Victor Hugo, 3e édition (en deux volumes). A Paris, chez
+Ladvocat, libraire de S. A. S. M. le duc de Chartres, MDCCCXXVII.
+
+1er vol., in-12 de 236 pp. Frontispice de Devéria: «La
+Chauve-Souris».
+
+Dédicace:
+
+«A mon Bon et Noble Père
+
+Hommage respectueux
+
+V. H.»
+
+2e vol., in-12, de 232 pp. Frontispice de Devéria: «Le Sylphe».
+
+A ces volumes doit être ajouté le recueil d'Abel Hugo, contemporain de
+la première édition des _Odes et Poésies diverses_ et publié également
+sous la firme de Pélicier:
+
+_Littérature espagnole.--Romances historiques._--A Paris, chez
+Pélicier, libraire, place du Palais-Royal, nº 243, 1822, in-12, de 302
+pp.
+
+Dédicace:
+
+«A mon Père
+Hommage d'amour et d'attachement
+A. Hugo.»
+
+Quel trésor à signaler aux Hugophiles!]
+
+Le domaine lui-même, après avoir été longtemps en vente fut payé
+20.020 francs et la veuve d'Almeg se fit adjuger pour 1.720 francs la
+petite maison portant le nº 71 de la rue du Foix que le général avait
+annexée à la maison qu'elle possédait elle-même en propre depuis le 10
+février 1816.
+
+Les 50.000 réaux réclamés,--la prétention était plutôt inattendue,--par
+la veuve et les enfants du général Marie de Fréhaut, pour le reliquat
+de l'achat du couvent des Trinitaires déchaussés de Madrid, ne semble
+pas avoir retardé beaucoup la liquidation de la succession. Elle ne se
+termina guère, cependant, avant 1845, et dès 1829, Victor Hugo écrivait
+à Adolphe de Saint-Valry les ennuis qu'elle lui causait et le peu qu'il
+avait à retirer des débris d'une grande fortune:
+
+ Mes affaires privées toujours fort embrouillées, l'héritage de mon
+ père non liquidé, nos biens en Espagne accrochés par Ferdinand VII,
+ nos indemnités de Saint-Domingue retenues par Boyer, nos sables de
+ Sologne (la Miltière) à vendre depuis 23 mois, les maisons de Blois
+ que notre belle-mère nous dispute... par conséquent rien, ou peu de
+ chose, à retirer dans les débris d'une grande fortune, sinon des
+ procès et des chagrins...[162].
+
+[Note 162: Victor Hugo: _Correspondance_, 1815-1835. Lettre à
+Adolphe de Saint-Valry du 18 décembre 1829, p. 87.]
+
+La comtesse Hugo avait su, il est vrai, retirer son épingle du jeu:
+L'_Étrangère_ était devenue l'_Adversaire_.
+
+Trente ans, elle survécut au général, habitant la petite maison, dont,
+au loin, aimait à se souvenir l'exilé.
+
+L'on chuchotait sur elle et on la voyait peu. On prête au cœur, même
+vieilli, des faiblesses; puis, une femme seule a besoin, pour le
+règlement de ses affaires de quelques conseils...
+
+Et vinrent les cheveux blancs et l'oubli...
+
+Cependant que Victor Hugo atteignait le zénith de sa gloire, le
+21 avril 1858, Mme Hugo, la seconde, s'éteignait à l'âge de
+soixante-treize ans.
+
+Deux voisins, les sieurs Besson, cordonnier, et Fouquet, jardinier,
+furent, au bureau de l'état civil de Blois, les témoins de son
+décès[163].
+
+[Note 163: Les registres de l'état civil de Blois fournissent,
+ainsi que celui du petit Léopold, l'acte de décès de Marie-Catherine
+Thomas y Saëtoni, Vve Hugo. En voici la teneur:
+
+«L'an mil huit cent cinquante-huit, le vingt-unième jour du mois
+d'avril à trois heures du soir par devant Jean-Claude-Eugène Riffault,
+maire de Blois, chevalier de Légion d'honneur, Officier de l'État civil
+de la commune de Blois, canton de Blois, département de Loir-et-Cher,
+sont comparus Clovis Besson âgé de trente-neuf ans, profession de
+cordonnier, domicilié à Blois et Eugène-Frédéric Fouquet, âgé de
+quarante-huit ans, profession de jardinier domicilié à Blois.
+
+«Lesquels nous ont déclaré que le vingt et un du mois d'avril, à
+dix heures du matin, Marie-Catherine Thomas y Saëtoni, âgée de
+soixante-treize ans, profession de rentière, demeurant à Blois,
+département de Loir-et-Cher, née à Cervione (Corse), veuve en deuxièmes
+noces de Joseph Léopold Sigisbert, comte Hugo, lieutenant général,
+officier de la Légion d'honneur, fille de feu... est décédée en notre
+commune, en sa maison, rue du Foix.
+
+«Le premier témoin a déclaré être voisin et le second témoin être
+voisin de la décédée. Nous nous sommes assurés de l'exactitude de la
+déclaration de ces témoins, qui ont signé avec nous le présent acte,
+après que lecture leur en a été faite.
+
+«Eug. Riffault.
+Fouquet. C. Besson.»
+]
+
+Elle mourait dans l'isolement, ignorée de tous, à commencer par la
+famille à laquelle la faiblesse du général et les circonstances
+l'avaient imposée.
+
+Nul ne se souviendrait de cette veuve d'Almeg, si les actes de l'état
+civil ne venaient parfois suppléer à l'insuffisance de notre mémoire.
+
+Le temps, en confondant, au Père-Lachaise, les dépouilles du général
+Hugo et de Sophie Trébuchet, sa première femme, la mère intelligente
+et exquise, qui, non contente de donner au monde Victor Hugo, avait
+façonné son cœur et son esprit, avait depuis longtemps remis les choses
+au point.
+
+Son souvenir seul reste associé à celui du père et du fils.
+
+Elle avait été la bonté et la grâce.
+
+Première confidente des essais de ses enfants, elle les avait
+encouragés et l'on ne saurait oublier qu'auprès du lit de la malade,
+Victor, non encore hors de page, avait composé quelques-unes de ses
+meilleures odes.
+
+Sa figure fut pour le poète toujours présente. C'était plus que de
+l'amour filial. Il lui avait voué un culte, auquel il ne cessa d'être
+fidèle.
+
+Deux femmes,--elles se valurent par le cœur et par
+l'intelligence,--éclairent, à l'aube de sa vie, la personnalité du
+prodigieux écrivain, dont la renommée, comme «la claire tour» de
+Solness, domine la médiocrité, les obscurs labeurs et les luttes
+fratricides des hommes, Sophie Trébuchet et Adèle Foucher.
+
+Elles furent les inspiratrices, les bons anges, placés auprès du poète
+aux heures des débuts, alors que les mauvais sont, si souvent, les
+ordinaires compagnons de l'artiste et endorment de leur poison sa
+volonté et sa force.
+
+Toutes deux eurent une part égale dans le libre et harmonieux
+développement de son génie, et il est doux, après avoir évoqué un peu
+de l'âme de Victor Hugo à vingt ans, de conjoindre leurs noms, et,
+en cet été de la Saint-Martin, de couronner des dernières fleurs de
+l'automne les tombes sacrées où elles goûtent l'immuable repos.
+
+ Blois, 30 octobre 1908.
+
+
+
+
+INDEX ANALYTIQUE ET ALPHABÉTIQUE
+
+
+A
+
+A.-A.-A.: _Traité du Mélodrame_ (1817), par Abel Hugo, André Malitourne
+et Ader: 90 en note.
+
+A.-A. M***. Le général Hugo signe de ce pseudonyme son _Journal du
+siège de Thionville_, 13 en note.
+
+Abayma (Un espagnol nommé): Comment il parle du général Hugo, 38.
+
+_Académie des Jeux Floraux._ Succès de Victor Hugo, 20.
+
+ Il est nommé maître ès-jeux floraux, 20.
+
+ Pension que de ce chef il toucherait bientôt, 57.
+
+ Renseignements à ce sujet, 54-55 en note.
+
+ Il ne fut jamais mainteneur, 55 en note.
+
+ Eugène Hugo y obtient un souci réservé et une mention, 21.
+
+_Académie des Sciences_ (Victor y remet de la part de son père un
+exemplaire du _Journal de Thionville_, 41).
+
+_Académie française_ (L') accorde deux mentions au jeune Victor Hugo,
+19.
+
+Acte de mariage du général Hugo et de Marie-Catherine Thomas y Saëtoni,
+veuve d'Almeg, 23-26.
+
+Acte de mariage de Victor Hugo et d'Adèle Foucher, 60-61.
+
+Acte de décès de Léopold Hugo, 122.
+
+. . . . . de la veuve Hugo, 200-201 en note.
+
+Ader: _Traité du Mélodrame_ (en collaboration avec Abel Hugo et André
+Malitourne), 90 en note.
+
+_Adieux poétiques_, par le comte Gaspard de Pons, 70-71.
+
+_A Elle_, par Gaspard de Pons, 69 en note.
+
+Agier (M.), Comment il fait dans le _Conservateur_ l'éloge des frères
+Hugo, 18 en note.
+
+_Alfred de Vigny et son temps_, par Léon Séché, 31 en note, 161-162 en
+note.
+
+_Allart de Méritens (Hortense)_, par Léon Séché, 138.
+
+Alluye (L'hôtel d'), à Blois, 153.
+
+Alméras (Le lieutenant général), 59.
+
+Amboise (L'hôtel d'), à Blois, 155.
+
+_Amour_, par Gaspard de Pons, 69 en note.
+
+_Amy Robsart_, Victor Hugo en tire un drame avec Paul Foucher: 170 en
+note.
+
+Anaclet d'Almeg, premier mari de Marie-Catherine Thomas y Saëtoni;
+décédé à La Havane, 24. Sa veuve devient comtesse Hugo, 23.
+
+Ancelot (Jacques-Arsène-François-Polycarpe), ne fut pas témoin du
+mariage de Victor Hugo, 61.
+
+ Son _Louis Neuf_, 61 en note.
+
+ Sa collaboration à la _Muse française_, aux _Annales de la
+Littérature et des Arts_. Son œuvre dramatique, 61 en note.
+
+ Ancelot vaudevilliste, 62 en note.
+
+Ancelot (Mme), 164 en note.
+
+Andujar (L'ordonnance d'), 140.
+
+Angoulême (Le duc d'). Sa rentrée à Paris après la campagne d'Espagne.
+Fêtes données en son honneur, 129, 130.
+
+ Aurait lu les _Mémoires du général Hugo_ «avec le plus haut intérêt»
+et aurait regretté qu'il n'eût «pas été employé dans la dernière
+guerre d'Espagne», 135.
+
+ Aurait réservé les inspections générales à des officiers ayant fait
+avec lui cette campagne, 136-141.
+
+_Annales (les) de la Littérature et des Arts._
+
+ Quelques-uns de leurs collaborateurs:
+
+ M. Ancelot, 61 en note.
+
+ E. Deschamps, 163 en note.
+
+ A. Guiraud, 164 en note.
+
+ Abel Hugo, 91 en note.
+
+ Adolphe de Saint-Valry, 166 en note.
+
+ Le baron d'Eckstein, 165 en note.
+
+_Annales de la Société académique de Nantes_, 69 en note.
+
+_Annales Romantiques_ (Les), 138, 167 en note.
+
+Anne de Bretagne, 153.
+
+ Son oratoire, s'y réfugie pendant l'excommunication de Louis XII, 153.
+
+Armes concédées par Joseph, roi d'Espagne, au général Hugo, comte de
+Siguenza, 74 en note.
+
+ Victor les fait graver sur un cachet commandé pour son père, dont il
+scelle souvent ses lettres, 74.
+
+ Pair de France, il leur substitue les armes des Hugo, de Lorraine. Ce
+sont celles des Hugo de Spitzemberg, 74 en note.
+
+_Armorial général_ de Riestap, 74 en note.
+
+_Armorial du Premier Empire_, par le vicomte A. Révérend, 21 en note.
+
+_Armorial historique de la Noblesse de France_, par Henri J. G. de
+Milleville, 75 en note.
+
+_Artiste_ (Le journal l'), 164 en note.
+
+Arvers (Félix), son secret, 69.
+
+Asséline (M.), M. Foucher son beau-frère lui avait cédé son greffe du
+Conseil de guerre, 30.
+
+ Assiste au mariage de sa nièce, Adèle Foucher avec Victor Hugo, 61.
+
+Asseline (Anne-Victoire), Mme Pierre Foucher.
+
+Aubertin (Général): _Mémoires inédits sur la guerre de Vendée_, 11 en
+note.
+
+Augustine (Ce «petit monstre» d'), 184.
+
+Aumale (Le duc) publie l'_Instruction dirigée contre Isabelle de
+Limeuil_, 152 en note.
+
+_Avantages de l'Enseignement mutuel_, sujet de concours traité par
+Victor Hugo, 20 en note.
+
+_Aventure tyrolienne_ (L'), par le général Hugo, 13 en note.
+
+
+B
+
+Baudelaire (Une citation de Charles), 68.
+
+ Les premiers enthousiasmes, 8.
+
+Beauchêne, tailleur, 172.
+
+Beauregard (Le château de), près Chabris, 24 en note.
+
+_Beaux-Arts_ (Les), Revue, 152 en note.
+
+Belfort (La conspiration de), 33.
+
+Bellune (Victor, duc de), ministre de la Guerre, 59 en note.
+
+Belton (Louis): _Victor Hugo et son père, le général Hugo, à Blois_,
+7-14 en note, 22 en note, 169-170 en note, 193, 195-196 en note.
+
+Benoist (J.), témoin à l'état civil de Blois du décès du petit Léopold
+Hugo, 119.
+
+Béranger (Le chansonnier), poursuivi, 33.
+
+Berry (duc de), Réaction qui suivit son assassinat, 43 en note.
+
+ Ode sur sa mort, 81.
+
+Berry (Duchesse de), Sa recommandation spéciale afin de faire obtenir
+à Victor Hugo une pension sur la cassette royale, 55 en note.
+
+ Visite Chambord, le 18 juin 1828, et grave son nom sur le mur de
+l'escalier de la lanterne, 168 en note.
+
+Besson (Le sieur), cordonnier, témoin dans l'acte de décès de la veuve
+Hugo, 200.
+
+Béthune-Sully (Le marquis de), maire de Chabris, procède au mariage du
+général Hugo et de Marie-Catherine Thomas y Saëtoni, 22-26. Figure à
+Blois parmi les amis du général, 189.
+
+_Bibliographie historique et critique de la presse française_, par
+Eugène Hatin, 106 en note.
+
+Bibliothèque de Blois (Les lettres de Victor Hugo à son père conservées
+à la), 7.
+
+ _Biographie universelle et portative des Contemporains_, 144 en note.
+
+Biré (Edmond): _Victor Hugo avant 1830_, 20, 23 en note, 26, 55 en
+note, 69 en note 70, 81, 173.
+
+ L'absence de Lamartine au sacre de Charles X, 173.
+
+Biscarrat (Jean-Baptiste), ancien maître d'étude à la pension Cordier.
+Témoin de Victor Hugo à son mariage, 61, 62.
+
+ Aurait collaboré au _Conservateur littéraire_, 63 en note, 159 en
+note.
+
+ Pendant le repas de noces de Victor, s'aperçoit de la folie d'Eugène
+Hugo et l'emmène, 68.
+
+Blois (La venue de Victor Hugo à), 147-169.
+
+ Descriptions qu'il en a faites, 78-79, 148-156, 163.
+
+_Bohême dorée (La)_, par Charles-Victor Hugo, 188 en note.
+
+_Bonheur (Le) que procure l'étude dans toutes les situations de la
+vie._ Sujet de concours traité par Victor Hugo, 20 en note.
+
+_Bonnes Lettres_ (La Société des). En note: 61, 62, 91.
+
+Borel (Petrus), le lycanthrope, 8.
+
+Boulay-Paty (Évariste), son _Journal_. Soulié lui raconte la cause de
+la folie d'Eugène Hugo, 69-70 en note.
+
+Bourg (M.), 56.
+
+Bournon (Fernand): _Victor Hugo à Gentilly_, 30.
+
+Brandon (Le duc de), aide Marie d'Angleterre à se consoler de son
+veuvage, 154.
+
+Brousse (M.), ancien lieutenant-colonel, chevalier de Saint-Louis, ami
+du général Hugo, à Blois, 182 en note, 189.
+
+Brousse (Mme), morte centenaire en 1879, 183, 189.
+
+Brunyer, médecin de Gaston d'Orléans, 155 en note.
+
+_Bug-Jargal_, 196 en note. L'exemplaire offert par Victor Hugo à son
+père, 197 en note.
+
+_Bulletin de la Société impériale des Antiquaires de France_, 152 en
+note.
+
+_Bulletin du Musée municipal de Châteauroux_, 23 en note.
+
+Bunbury (Miss Lydia de): Mme Alfred de Vigny, 162 en note.
+
+Bury (Le château de), 153 en note.
+
+_Buttes (Les) et la télégraphie optique_, par A. de Rochas, 149 en note.
+
+
+C
+
+Cachet (Le) du général Hugo, 74, 116, 126, 127.
+
+Caillé (Le Dr Dominique) publie le _Journal d'Évariste Boulay-Paty_,
+69 en note.
+
+Calderon, 91 en note.
+
+_Campagne d'Espagne en 1823_, par Abel Hugo, 91 en note.
+
+Canel (Un geste de l'éditeur Urbain); il fait les frais du _voyage_
+des ménages Hugo et Nodier _au Mont Blanc et dans la vallée de
+Chamonix_, 179, 184.
+
+_Carnaval de Venise_ (Le), par Abel Hugo, 90 en note.
+
+Castellane (Mme Boni de): sa liaison avec Chateaubriand, 138,
+139-140.
+
+_Catalogue de la Bibliothèque romantique de M. J. Noilly_, 15 en note.
+
+Catherine de Médicis, 152 en note.
+
+_Catholique_ (Le journal, _Le_), fondé par le baron d'Eckstein, 166 en
+note.
+
+Cayla (La comtesse de), née Zoé Talon, 47 en note, 137.
+
+ Aurait été consolée par le vicomte Sosthènes de la Rochefoucauld de
+la faiblesse de Louis XVIII, 161 en note.
+
+Cédules hypothécaires (Les) du roi Joseph, 34, 56.
+
+_Cénacle de la Muse française (Le)_, par Léon Séché, 62 en note, 165 en
+note, 168 en note.
+
+Chabris (Indre), le général Hugo y épouse, en secondes noces, Marie
+Catherine Thomas y Saëtoni, veuve Anaclet d'Almeg, 22-26.
+
+_Chaise de paille (La)_, par Charles-Victor Hugo, 188 en note.
+
+Chambord (Le château de): Adolphe Trébuchet désire le visiter, 99, 101.
+
+ Paul-Louis Courier et son _Simple Discours_; sa condamnation; il rend
+compte de son procès, 99, 100 en note.
+
+ La «futaie de tourelles» de Chambord, vue de Blois? 150.
+
+ Enthousiasme de Victor Hugo pour Chambord. Il grave son nom au faîte
+de la plus haute tourelle, 168, 169.
+
+ La duchesse de Berry devait, en 1828, suivre ce mauvais exemple, 168
+en note.
+
+Chantreau (Maurice), homme d'affaires du marquis de Béthune-Sully, sert
+de témoin au second mariage du général Hugo, 26.
+
+Charenton (L'hospice de), dirigé par le Dr _Royer-Collard_. Eugène
+Hugo y est transporté, 94, 96.
+
+Charles VIII, 153 en note.
+
+Charles X: par ordonnance spéciale, nomme Lamartine et Victor Hugo
+chevaliers de la Légion d'honneur, invite Victor Hugo à son sacre, 157,
+158.
+
+ Le sacre, 174.
+
+ Fait tirer l'_Ode sur le Sacre_ sur les presses de l'Imprimerie
+royale, 178.
+
+ Fait remettre à Victor Hugo des porcelaines (de Sèvres), 183.
+
+Charles d'Orléans, ses poésies, 159 en note.
+
+_Château (Le) de Chambord_, par L. de la Saussaye, 169 en note.
+
+Chateaubriand (M. de), 95, 98, 130, 167 en note.
+
+ Sa première disgrâce, 43 en note.
+
+ Son ambassade à Londres, 43 en note.
+
+ Accompagne M. de Montmorency au Congrès de Vérone, 43 en note.
+
+ Accepte le portefeuille des Affaires étrangères, 43 en note.
+
+ Nouvel amour, nouvelle disgrâce: la conversion des rentes, les
+finances de Mme Boni de Castellane, 43 en note, 75 en note, 137,
+140, 141.
+
+ Hommage que lui rend Adolphe de Saint-Valry, 167 en note.
+
+Chauveau (Dr H.). _Mémoire sur les Buttes dans le département de
+Loir-et-Cher_, 149 en note.
+
+Chemonton (La rue), à Blois, 152.
+
+Chenay (Le graveur Paul), beau-frère de Victor Hugo, par son mariage
+avec Julie Foucher, 172 en note.
+
+ Un volume de souvenirs: _Victor Hugo à Guernesey_, 172 en note, 196,
+197 en note.
+
+ La première édition des _Odes_? 196, 197 en note.
+
+Cheverny (L'hôtel de), à Blois, 152.
+
+Chuquet (M. Arthur), 138 en note.
+
+Clermont-Tonnerre (M. de), son appui doit être conservé «vierge» pour
+le général Hugo, 75.
+
+ Ses bonnes dispositions à son égard, 133.
+
+ Victor Hugo déjeune avec lui à plusieurs reprises. Son précieux
+appui, 133, 135.
+
+ Engage Victor à remettre au duc d'Angoulême son ode sur _la guerre
+d'Espagne_, 129.
+
+_Clocher de Saint-Marc (Le)_, par Jules Lefèvre-Deumier, 164 en note.
+
+ Adolphe de Saint-Valry le lui fait vendre, 168.
+
+Cléry (Loiret), sur la rive gauche de la Loire, 147 en note.
+
+_Clytemnestre_, tragédie de A. Soumet, 62 en note.
+
+_Cochon de saint Antoine (Le)_, par Charles-Victor Hugo, 188 en note.
+
+Coetlosquet (Le général), sa bonne volonté à l'égard du général Hugo,
+141.
+
+Cogolludo: suivant le vicomte A. Révérend, le général Hugo eût été créé
+par le roi Joseph comte de Cogolludo, 21 en note.
+
+_Collection des lois civiles et criminelles des États modernes_, par
+Victor Foucher, 171 en note.
+
+_Collection des lois, décrets, ordonnances, règlements et avis du
+Conseil d'Etat_, par Duvergier, 195 en note.
+
+_Combat de taureaux (Le)_, par Abel Hugo, 90 en note.
+
+_Comte Julien (Le)_, par A. Guiraud, 164 en note.
+
+Condé (Princes de), 153 en note, 155.
+
+_Confidences (Les)_, par Jules Lefèvre-Deumier, 164 en note.
+
+_Conservateur_ (Le Journal _Le_): le marquis de Talaru est un de ses
+premiers bailleurs de fonds, ce à quoi il doit sa fortune politique,
+139 en note.
+
+ Fait l'éloge des frères Hugo, 18 en note.
+
+ Cesse de paraître, 19 en note.
+
+_Conservateur littéraire (Le)_, 8, 9, 17.
+
+ Crainte du général Hugo que cette entreprise littéraire ne fasse
+négliger à ses fils leurs études de droit, 14.
+
+ Ses doctrines politiques, 17, 19 en note.
+
+ Abel et Victor Hugo à la tête du _Conservateur littéraire_, 21 en
+note.
+
+ Eugène n'y publie que son _Ode sur la mort du duc d'Enghien_ et que
+ses _Stances à Thaliarque_, 21 en note.
+
+A. Soumet y rend compte des _Nouvelles Odes_ de Victor Hugo, 62 en note.
+
+ Quelques-uns de ses collaborateurs: Gaspard de Pons, 69.
+
+ Jules Lefèvre-Deumier, 164 en note.
+
+ Adolphe de Saint-Valry, 166 en note.
+
+ Ode sur _la mort du duc de Berri_, 81.
+
+_Constant et Discrète_, poème, par Gaspard de Pons, 69 en note.
+
+_Conteur (Le)_, recueil de contes publié par Abel Hugo, 92 en note.
+
+Conti (Prince de), 155.
+
+_Conversion d'un romantique_, par Antoine Jay, 69 en note.
+
+Corbière (M. de), ministre de l'Intérieur, 98.
+
+Corbière (Le poète Tristan), 10.
+
+_Correspondance de Victor Hugo_, 7, 158, 161 en note, 165 en note, 169
+en note, 170 en note, 173 en note, 199 en note.
+
+_Coup d'œil militaire sur la manière d'escorter, d'attaquer et de
+défendre les convois et sur les moyens de diminuer la fréquence des
+convois et d'en assurer la marche; suivi d'un mot sur le pillage_; par
+le général (alors capitaine) Hugo (1796), 13 en note.
+
+Courier (Paul-Louis), son _Simple Discours aux membres du Conseil de
+Véretz, au sujet de l'acquisition de Chambord_, 99.
+
+ Traduit devant la Cour d'assises de la Seine, est condamné à deux
+mois de prison, 99.
+
+ Rend compte de son procès et on n'ose le poursuivre à nouveau, 100 en
+note.
+
+_Courrier français (Le)_, 144 en note.
+
+Courteline (Un chapitre de): un dossier perdu, 34.
+
+_Cromwell_ (1827), 196 en note.
+
+
+D
+
+Damas (Le comte Roger de), 16, 17 en note, 137 en note.
+
+Dante, 163.
+
+_Débats (Le Journal des)_, 86, 134 en note.
+
+Decazes (Le comte), ministre de la Police générale; de l'Intérieur
+(puis président du Conseil (19 novembre, 29 décembre 1818-20 février
+1820), 129 en note.
+
+Delaveau (Le préfet), organisateur avec Franchet-Desperey, des
+massacres de la rue Saint-Denis (19-20 novembre 1827), 34 en note.
+
+Delorme (Marion): suivant le bibliothécaire Dupré, serait née à Blois,
+151 en note.
+
+ La maison que lui prête la tradition, 151 en note.
+
+ Un dessin de Victor Hugo, 151 en note.
+
+ Deux vers de _Marion Delorme_, 165.
+
+Depeyre (M. G.), secrétaire de l'Académie des Jeux floraux: un petit
+point d'histoire littéraire, 55 en note.
+
+Derivoire (Le colonel), de Montfort-l'Amaury; avait servi sous les
+ordres du général Hugo, 187.
+
+_Derniers bardes (Les)_, poème, par Victor Hugo, 20 en note.
+
+ Avaient été, en 1819, l'objet d'une mention de l'Académie des Jeux
+floraux, 20 en note.
+
+Deschamps (M. et Mme), 172.
+
+Deschamps (Emile), 163. Signe au mariage de Victor Hugo, 61.
+
+ Fut un des fondateurs de la _Muse française_. Sa collaboration aux
+_Annales de la Littérature et des Arts_, au _Mercure du XIXe siècle_,
+etc. Ses œuvres, 163, 164 en note.
+
+ Adresse ses félicitations au lieutenant général, comte Hugo, 177.
+
+_Des grands moyens accessoires de défense et de conservation
+aujourd'hui indispensables aux places fortes, aux armées, aux colonies
+et aux États qui les possèdent._ Ouvrage du général Hugo dont le
+prospectus a seul paru, 14 en note.
+
+Des Granges (Ch.-M.), Un précieux volume souvent mis à contribution:
+_Le Romantisme et la Critique. La Presse Littéraire sous la
+Restauration_, 1815-1830, 18 en note, 19 en note, 63 en note, 69 en
+note, 168 en note.
+
+Desjardins, le plus inconnu des fondateurs de la _Muse française_, 167
+en note.
+
+_Des maladies mentales considérées sous le rapport médical, hygiénique
+et médico-légal_, par Ed. Esquirol, 89-90 en note.
+
+Dessole (Le Cabinet, 29 décembre 1818), 129 en note.
+
+_Deux Ages (Les)_, idylle, par Victor Hugo, 20 en note.
+
+_Deux Archers_ (La ballade des), 148.
+
+Devéria, ses frontispices de _Bug-Jargal_ et des _Odes_ (édition
+Ladvocat), 197, 198 en note.
+
+_Dictionnaire des Généraux français_, 40, 41.
+
+Didine, Léopoldine Hugo, 142, 143, 144, 172, 173, 177, 185.
+
+_Divine Epopée (La)_, poème d'A. Soumet, 62 en note.
+
+Driollet (M.), ami du général Hugo, 184, 189.
+
+_Droit civil français (Le) suivant l'ordre du Code_, par Toullier et
+Duvergier, 195 en note.
+
+Drumont (Edouard), _Mon vieux Paris_. Scipion Sardini et Isabelle de
+Limeuil, 153 en note.
+
+_Duchesse d'Alba (La)_, manuscrit du général Hugo, 14 en note.
+
+Dumas (L'Abbé), vicaire à Saint-Sulpice lors du mariage de Victor Hugo,
+61.
+
+Dupont (L'hôtel Denis), à Blois, 151.
+
+Dupré (Le bibliothécaire A.), 151 en note.
+
+Du Seigneur (Jehan), 8.
+
+Duvergier (Le jurisconsulte), Victor Hugo oppose sa compétence et son
+honnêteté aux appétits de sa belle-mère, 195.
+
+Duvidal, marquis de Montferrier, l'un des signataires de l'acte de
+mariage de Victor Hugo, 61.
+
+
+E
+
+Eckstein (Le baron d') a collaboré aux _Annales de la Littérature et
+des Arts_ et fondé _Le Catholique_, 165 en note.
+
+ Victor Hugo lui recommande le _Résumé de l'Histoire de Russie_,
+d'Alphonse Rabbe, 165.
+
+_Élégies savoyardes_, par A. Guiraud, 161 en note.
+
+_Elisabeth d'Angleterre_, par M. Ancelot, 61 en note.
+
+_Elisabeth de France_, tragédie de A. Soumet, 62 en note.
+
+Eloy (M.), 89.
+
+_El viego_, par Abel Hugo, 90 en note.
+
+Empecinado (L'), défaites que lui fit subir le général Hugo, 22.
+
+_Émulation de Cambrai (La Société d')_ couronne Abel Hugo pour son _Ode
+sur la bataille de Denain_, 21.
+
+_Épée de Brennus (L')_, manuscrit du général Hugo, 14 en note.
+
+_Ermite (L') ou le solitaire du lac_, autre manuscrit du général Hugo,
+14 en note.
+
+Esquirol (Le Docteur), 89-90.--Eugène Hugo est placé dans sa maison,
+89, 90.
+
+ Victor va l'y visiter; état du malade, 92-93.
+
+ Le prix de la pension, 93.
+
+ Son règlement, 97, 100.
+
+ Le Dr Esquirol, nommé à Charenton, 90 en note.
+
+ Un ouvrage classique, 89-90 en note.
+
+_Essai complémentaire sur le commandement des places de guerre et
+autres._ Manuscrit du général Hugo, 14 en note.
+
+_Études d'Histoire romantique. Le Cénacle de la Muse française_, par
+Léon Séché, 62 en note.
+
+_Evénement_ (Le journal _L'_): Charles-Victor et François-Victor Hugo,
+188 en note, 193 en note.
+
+
+F
+
+_Famille tragique (Une)_, par Charles-Victor Hugo, 188 en note.
+
+Féraudy (M. de), ancien major du génie, le meilleur ami du général Hugo
+à Blois, où il fonde avec lui une société littéraire, 86, 189.
+
+ Ses _fables_, 77.
+
+ Ses _mémoires_, 77.
+
+ Est vivement recommandé à Victor, par Eugène, dans un intervalle de
+lucidité, 86.
+
+ Présente un acte à l'Odéon, 86.
+
+ Ses voyages à Paris mis à profit par Victor et par son père, 127-128.
+
+ Candidat à une récompense de l'Académie: démarches de Victor Hugo,
+135, 136.
+
+Ferdinand, roi d'Espagne, 139-140.
+
+Fessart (M.), signe au mariage de Victor Hugo, 61.
+
+_Feuilles d'automne (Les)_: la maison du général Hugo à Blois, 78-79.
+
+_Fiesque_, par M. Ancelot, 61 en note.
+
+_Figaro_ (une citation du), de 1829, 31 en note.
+
+Fleury (Le Docteur), 72, 96.
+
+Foix (La maison de la rue du), à Blois.
+
+ Est achetée dès 1816 par la veuve d'Almeg, 24 en note, 77.
+
+ Après son mariage avec le général Hugo qui vient de revendre le
+domaine de Saint-Lazare, elle s'y installe avec lui, en 1823, 77.
+
+ Le général y joint une petite maison voisine, plus tard achetée par
+la double veuve, 77 en note.
+
+ Sa description par Victor Hugo, 78-79, 149.
+
+ Le petit Léopold vient y mourir, 112, 122.
+
+ L'inventaire et la vente du mobilier après la mort du général Hugo,
+195.
+
+ Sa veuve n'y meurt qu'en 1858, 79, 200.
+
+ Le centenaire de la naissance d'Hugo: une cérémonie bien inspirée,
+79.
+
+Foucher (Adèle), Mme Victor Hugo. Voir ce nom.
+
+Foucher (Julie), petite sœur d'Adèle, ses progrès, 172.
+
+ Epouse le graveur Paul Chenay, 172 en note.
+
+Foucher (Paul), jeune beau-frère de Victor Hugo. Encore élève au lycée
+Henri IV, amène chez ses parents, à Gentilly, un de ses camarades qui
+contrefaisait à merveille l'ivrogne: il se nommait Alfred de Musset, 30.
+
+ Son voyage à Blois, 116, 117.
+
+ Il en revient avec de bonnes nouvelles et les yeux agrandis à force
+de s'ouvrir, 114, 116, 117.
+
+ Une lettre de Victor Hugo à Paul Foucher écrite de la Miltière, 170,
+173.
+
+ Leur collaboration: _Amy Robsart_, 170 en note.
+
+ Ses correspondances parisiennes à _l'Indépendance belge_, 170 en note.
+
+ Son nom lié, par Alfred de Musset, à celui de Mme Mélanie Waldor,
+170 en note.
+
+Foucher (Pierre), beau-père de Victor Hugo, ancien greffier du Conseil
+de guerre; chef de bureau au Ministère de la Guerre, 31.
+
+ Sa réponse à la demande de mariage entre sa fille Adèle et Victor,
+faite par le général Hugo, 47.
+
+ Son crédit au Ministère mis à profit par son gendre pour les siens,
+76.
+
+ A prêté de l'argent au jeune ménage gêné: Victor s'adresse à son père
+pour le lui rembourser, 83, 84.
+
+Foucher (Mme Pierre), Anne-Victoire Asseline, 61.
+
+ Passe avec son mari les vacances à Gentilly: le fiancé les y
+accompagne, 29-30.
+
+ Perd son père, 121.
+
+ A caché à sa fille les lettres annonçant la mort du petit Léopold et
+ne peut les retrouver, 122, 124.
+
+Foucher (Victor), l'aîné des beaux-frères de Victor Hugo, 171.
+
+ Est à Alençon bien placé, 131.
+
+ Ses œuvres, 171 en note.
+
+ Aurait collaboré, sous la signature F..., au _Conservateur
+littéraire_, 171 en note.
+
+_Foudre_ (Le journal _La_) consacre un article aux _Fables_ de M. de
+Féraudy, 77.
+
+Fouquet (Le sieur), jardinier, l'un des témoins, à l'état civil de
+Blois, de la mort de la veuve du général Hugo, 200.
+
+_Français en Espagne (Les)_, à-propos-vaudeville par Abel Hugo et Alph.
+Vulpian, 91 en note.
+
+_France Centrale_ (Le journal _La_) reproduit la belle lettre de Victor
+Hugo à l'aqua-fortiste Queyroy, 157.
+
+ M. J. de Pétigny y défend la mémoire de Gaston d'Orléans, 155 en note.
+
+_France historique et monumentale_, par Abel Hugo, 93 en note.
+
+_France militaire_, par Abel Hugo, 92 en note.
+
+_France pittoresque_, par Abel Hugo, 92 en note.
+
+Franchet Desperey (M.), directeur général de la police, 34, 35, 47.
+
+François Ier (Une citation inévitable de), 169.
+
+_Francs régénérés (Les)_, 18 en note.
+
+Frayssinous (Le comte de), évêque d'Hermopolis, ministre des Affaires
+ecclésiastiques; Victor Hugo cherche à obtenir de lui une bourse pour
+un de ses cousins Trébuchet, 187.
+
+Frénilly (Le baron de), ses _Souvenirs_: les causes secrètes d'une
+disgrâce, Chateaubriand et Mme Boni de Castellane, 138-140.
+
+
+G
+
+Gaillard (Michelle), veuve de Florimond Robertet, 153 en note.
+
+_Galerie des Hommes illustres du Vendômois_, 147 en note.
+
+Gaston d'Orléans, 149, 163.
+
+ Duplicité de ce «Bourbon coupé de Médicis», 154-155.
+
+ M. de Pétigny cherche à prendre la défense de sa mémoire, 155 en note.
+
+Gault (M. Denis), officier de l'état civil de la commune de Blois, 119.
+
+Gautier (Théophile): son _Histoire du Romantisme_, 8.
+
+Gay (Le Docteur) achète du général Hugo la terre de Saint-Lazare, près
+Blois, 77.
+
+_Gazette de France (La)_, 33 en note, 157.
+
+_Gazette des Beaux-Arts: Les Rues et Maisons du vieux Blois._ Une
+lettre de Victor Hugo au dessinateur Queyroy, 157.
+
+Gazza (Francesca), Mme Brousse, 182 en note.
+
+_Génie (Le) du Théâtre espagnol, ou Traduction et analyses des
+meilleures pièces de Lopez de Véga; F. Calderon et autres auteurs
+dramatiques, depuis le milieu du XVIe siècle jusqu'à la fin du
+XVIIIe_; par Abel Hugo (Ouvrage non terminé), 91 en note.
+
+Genoude (M. de), 33 en note.
+
+Gentilly (Victor Hugo à), 29-30, 99, 175, 176.
+
+Genty, l'un des pseudonymes du général Hugo, 13 en note.
+
+Girard (M.), directeur de l'École vétérinaire d'Alfort, 96.
+
+Goncourt (Edmond et Jules de): leur _Journal_, 13 en note.
+
+Greffulhe (Louise-Cornélia-Eucharis de), comtesse Boni de Castellane:
+sa liaison avec Chateaubriand, 138, 139-140.
+
+Grégoire (L'Abbé), évêque constitutionnel de Blois, 60 en note.
+
+Guiraud (P.-M.-T.-Alexandre), l'un des fondateurs de la _Muse
+française_ où il rendit compte des _Mémoires du général Hugo_ et publia
+un véritable manifeste: _Nos Doctrines_, 10, 164.
+
+Guise (Le duc de), 155.
+
+ (L'hôtel de), à Blois, 152.
+
+
+H
+
+Hadou (Les époux), propriétaires de la maison achetée, en 1816, par la
+veuve d'Almeg, rue du Foix, à Blois, 77 en note.
+
+_Han d'Islande_ (L'exemplaire de la seconde édition de) que Victor Hugo
+destine à son père, 106.
+
+ Description de cet exemplaire, 197 en note.
+
+Hatin (Eugène), omet de citer la _Muse française_ dans sa
+_Bibliographie historique et critique de la Presse périodique
+française_, 106 en note.
+
+Haute (Une maison de la rue), à Blois, 151.
+
+Heim (Le jeune M.) récite des vers de circonstance, en la maison de la
+rue du Foix, à Blois, à l'occasion du centenaire de la naissance de
+Victor Hugo, 79 en note.
+
+Hendicourt (M. d'), 161.
+
+Henri III, 155.
+
+Henri IV, 153.
+
+_Hernani_, 9.
+
+_Heure de la Mort (L')_, par Abel Hugo, 91 en note.
+
+_Histoire de l'empereur Napoléon_, par Abel Hugo, 92 en note.
+
+_Histoire du Romantisme_, par Théophile Gautier, 8.
+
+Hofman (Le critique), du journal des _Débats_.--Réponse de Victor Hugo,
+134 en note.
+
+Holstein-Augustenbourg (Leurs Altesses Sérénissimes les princes de),
+194.
+
+_Hôtel (L') de Scipion Sardini et ses Médaillons en terre cuite_, par
+Anatole de Montaiglon, 152 en note.
+
+Hôtel Toulouse (L'), rue du Cherche-Midi, siège du Conseil de guerre où
+habitait la famille Foucher, 30, 63.
+
+Houssaye (Arsène), 164 en note.
+
+Hugo (Joseph), menuisier, «très excellent républicain», marié à
+Marguerite Michaud, père du général Hugo, 24, 133 en note.
+
+Hugo (Le général Joseph-Léopold-Sigisbert). Lettres que lui adressa
+Victor, conservées à la Bibliothèque de Blois, 7.
+
+ Étude à ce sujet de M. Louis Belton: _Victor Hugo et son père, le
+général Hugo, à Blois_, 7.
+
+ Ses _mémoires_, 11, 13 en note, 92, 94, 116, 119, 164 en note.
+
+ Ces lettres le font mieux connaître, 12.
+
+ Son premier mariage, la séparation: l'aventurière, 11.
+
+ L'éloignement semble, cependant, plutôt matériel entre les fils et le
+père, qui leur continue une pension mensuelle, 12.
+
+ Ses goûts littéraires, 13. Ses œuvres imprimées et manuscrites, 13-14
+en note.
+
+ Sa crainte passagère que le _Conservateur littéraire_ ne fasse
+négliger à Eugène et à Victor leurs études de droit: lettre au doyen,
+15.
+
+ Sa carrière militaire: le général Hugo en Espagne, la défense de
+Thionville: son bonapartisme pour le moins douteux. Il semble avoir eu
+plus à se louer de Louis XVIII, qui après lui avoir reconnu le grade de
+maréchal de camp, lui avait ensuite accordé la croix de Saint-Louis,
+puis la rosette de la Légion d'honneur, que de Napoléon, 16.
+
+ Sa lettre au comte Roger de Damas, 15-17.
+
+ La demi-solde, 16.
+
+ Créé, par Joseph, comte de Siguenza, ses armes, 21.
+
+ Se retire à Blois où il achète le domaine de Saint-Lazare, qu'il ne
+tarde pas à revendre, 22.
+
+ Son second mariage (une régularisation), à Chabris, avec
+Marie-Catherine Thomas y Saëtoni, veuve Anaclet d'Almeg, 22.
+
+ L'acte de mariage, 23-26.
+
+ Comment le général Hugo et la comtesse de Salcano firent part de leur
+union: la religion a parfois bon dos, 26.
+
+ Autorise le mariage de Victor avec Mlle Adèle Foucher, 28.
+
+ Veut fonder, à Blois, une Société littéraire: les vains efforts de
+Victor pour la faire autoriser. Un biais administratif, 33, 35-36, 40,
+41, 44.
+
+ La demande officielle de la main d'Adèle Foucher, 38, 47.
+
+ Victor se défend d'avoir des préventions contre son épouse actuelle,
+qu'il n'a pas l'honneur de connaître, 39.
+
+ Le service de presse du _Journal de Thionville_, 39, 41.
+
+ Un poème du général: la _Révolte des Enfers_, 41, 42, 46.
+
+ Acte de naissance et extrait de baptême du fiancé, 45.
+
+ Un consentement légalisé et un mois de pension longs à venir, 47.
+
+ Le rachat d'un ban, 50.
+
+ Le général n'assistera pas à la noce et ne prendra pas part aux
+frais, 49, 51.
+
+ Entre frères: lettre du colonel Hugo au général, 56-59.
+
+ Le faire-part du mariage de Victor, 65.
+
+ La chanson des nouveaux époux, 63-64, 66-67.
+
+ La folie d'Eugène: Victor en avise son père et fait appel à sa
+bourse, 71-72.
+
+ L'écu et les armes du général: un blason du XVIe et la ferblanterie
+héraldique impériale, 74 en note.
+
+ Tous les efforts de Victor tendent à le faire rappeler à l'activité,
+75.
+
+ Quitte et revend le château de Saint-Lazare, pour aller habiter la
+petite maison achetée, en 1816, rue du Foix par la veuve d'Almeg, 77.
+
+ Va chercher Eugène à Paris et le ramène à Blois, 72-73.
+
+ Son compte à la banque Katzenberger: il vient à nouveau au secours du
+jeune ménage, 83-84.
+
+ Des nouvelles du pauvre fou, placé chez le Dr Esquirol, puis
+transféré au Val-de-Grâce et à Saint-Maurice, 90, 92-93, 94, 95, 96-97,
+99, 100, 106, 131.
+
+ Il reçoit le jeune Adolphe Trébuchet, 99-101.
+
+ Le général grand-père: la naissance du petit Léopold, 102-104.
+
+ La recherche d'une nourrice. Il en expédie une à ses enfants,
+104-107, 107-108.
+
+ Un nuage prêt à crever: la reconnaissance due à la comtesse de
+Salcano, 110-111.
+
+ Il va, avec sa femme, chercher à Paris l'enfant malade et le ramène
+à Blois, où, malgré les soins dont il est entouré, il ne tardera pas à
+mourir, 112, 120, 121.
+
+ Le cachet du général, 74, 116, 126, 127.
+
+ Ses _Mémoires_ s'impriment chez Ladvocat: Adèle Hugo, souffrante,
+demande à les lire en feuilles, 119.
+
+ La mort de l'enfant. Consolations du père au grand-père, 122-124.
+
+ Les bonnes dispositions du marquis de Clermont-Tonnerre et du duc
+d'Angoulême à l'égard du général, 134, 135-136.
+
+ L'espoir, vite envolé, d'une inspection générale, 136, 141.
+
+ Nouveau voyage à Paris où il va faire connaissance de sa petite-fille
+Léopoldine, 145.
+
+ Victor et Adèle Hugo à Blois: la maison, le jardin et les cheveux
+blancs de son père, 147-173.
+
+ Les charmes d'une légende, 157.
+
+ Le général emmène ses enfants passer quelques jours à la Miltière, sa
+propriété de Sologne, 169.
+
+ La promotion du général au grade de lieutenant général (5 juin 1825),
+175.
+
+ Le nouveau lieutenant général parmi ses sables de Sologne, 176.
+
+ Le fils lui rappelle d'une façon charmante une dette sacrée, 180-182.
+
+ Il tarde un peu à s'exécuter, 184.
+
+ Une recommandation dont ne s'enthousiasme pas Victor, 187.
+
+ Sa belle-fille lui donne un nouveau petit-fils, 189.
+
+ Il quitte Blois et vient s'installer à Paris dans la même maison
+qu'Abel Hugo, 190-191.
+
+ Affaires dont il semble s'être occupé, 191.
+
+ Sa mort subite: un «avis d'obsèques», dans le _Moniteur_, les débuts
+d'une formule, 191-192.
+
+ La cérémonie. La dépouille du général Hugo rejoint au cimetière du
+Père-Lachaise, celle de la mère de ses enfants: leur monument, 192-193.
+
+ Une succession difficile: le tailleur Moreau et Marie-Catherine
+Thomas y Saëtoni, 193-200.
+
+ Inventaire et vente de mobiliers de Blois et de la Miltière, 195-196.
+
+ Quelques livres échappés à la vente: dédicaces de Victor Hugo à son
+père, 196-198.
+
+ Ce qu'on peut retirer dans les débris d'une grande fortune, 199.
+
+Hugo (Le colonel Louis-Joseph), commandant le bureau de recrutement de
+Tulle, 37, 114, 144.
+
+ Sa croix d'officier de la Légion d'honneur, 16.
+
+ Demande à son neveu Victor son appui auprès de M. Foucher, 43, 46.
+
+ Une lettre du colonel au général, 56-59.
+
+ Les affaires des Hugo en Espagne, 56-57.
+
+ Observations qu'il a cru devoir faire à Victor au sujet de son
+mariage. La réponse de celui-ci, 57-58.
+
+ Désirerait être rappelé à l'activité et éviter la mise à la retraite.
+Va voir, dans ce but, le lieutenant général Alméras, 58.
+
+Hugo (Léopold), fils du colonel, 37 en note.
+
+Hugo (Marie), fille du colonel, Sœur Marie-Joseph de Jésus, du Carmel
+de Tulle, 37 en note.
+
+Hugo (Le major François-Juste), le plus jeune frère du général, 73,
+114, 119.
+
+ A recours également au crédit de Victor, 75.
+
+ Sa femme; ses séjours à Paris, 82, 88, 131, 132, 133, 134.
+
+Hugo (Abel): Fait précéder les _Mémoires du général Hugo_ d'un _Précis
+historique des Evénements qui ont conduit Joseph Napoléon sur le trône
+d'Espagne_, 11 en note, 91 en note.
+
+ Vient retrouver ses frères à Paris, 19.
+
+ Couronné par la _Société d'Emulation de Cambrai_, 21.
+
+ Collabore, avec son frère Victor, au _Conservateur littéraire_, 21 en
+note.
+
+ Sert d'intermédiaire entre le poète et l'éditeur Pélicier. La 1re
+édition des _Odes et Poésies diverses_, 30 en note.
+
+ Galère dans laquelle il a poussé Victor, 90, 94.
+
+ Ses _romances historiques traduites de l'espagnol_, 30 en note, 91 en
+note, 198 en note.
+
+ Très occupé, n'a guère le temps d'écrire à son père, 32, 48.
+
+ Épouse Mlle de Montferrier, 61 en note.
+
+ Emmène, avec Biscarrat, de chez M. Foucher, Eugène Hugo, atteint
+d'une crise de folie, pendant le dîner de noces de son frère, 68.
+
+ Ses œuvres, 90-93 en note.
+
+ La maison qu'il habite, rue Monsieur: son père y prend un appartement
+et y meurt, 191.
+
+Hugo (Eugène): Obtient un souci réservé et une mention à l'_Académie
+des Jeux Floraux_, 21.
+
+ Publie dans le _Conservateur littéraire_ son _Ode sur la mort du duc
+d'Enghien_ et sa traduction des _Stances à Thaliarque_, 21 en note.
+
+ Toujours bizarre: un roman en partie double, 32, 36.
+
+ Sa situation précaire, 36.
+
+ «Un peu fou», quand il écrit à son père, 51.
+
+ Assiste au mariage de Victor et d'Adèle Foucher et signe l'acte de
+mariage, 61.
+
+ Est pris d'un accès de folie durant le repas de noces, 68.
+
+ Le douloureux secret: il aimait Adèle, 70.
+
+ Son père vient le chercher et l'emmène à Blois, où il le soigne
+quelque temps chez lui, 72.
+
+ Un mieux passager: il écrit à Victor et à J.-B. Biscarrat, 80, 85.
+
+ Autre lettre à Abel, dans laquelle il lui recommande vivement M. de
+Féraudy. Elle trahit l'état du malade, 86-87.
+
+ Est ramené à Paris et placé dans la maison de santé du Dr Esquirol,
+89-90.
+
+ Victor va l'y voir: son état, ses phantasmasies, 92-93, 96-97.
+
+ Est transféré au Val-de-Grâce, puis à Saint-Maurice, 94.
+
+ Il y fait de la mélancolie; peine qu'on a à le faire manger, 99, 100.
+
+ Sa malpropreté, 109.
+
+ Sa mort, 73 en note.
+
+ Est enterré au Père-Lachaise, auprès de sa mère et de son père, 193.
+
+Hugo (Victor): Ses lettres à son père, conservées à la Bibliothèque de
+Blois, 7.
+
+ Son affection pour Alfred de Vigny, 9.
+
+ Termes respectueux et affectueux dans lesquels il écrit à son père,
+12.
+
+ Ses débuts, 15.
+
+ Obtient deux mentions à l'_Académie française_, 19.
+
+ Ses succès aux _Jeux Floraux_, 20.
+
+ Est nommé maître, mais ne fut pas mainteneur, 20.
+
+ Pension qu'il prétend devoir toucher comme membre de la seconde
+Académie du Royaume, 54, 57.
+
+ Le dénouement d'un roman: Victor vient passer les deux mois, à
+Gentilly, chez les Foucher. Un «nid d'oiseau ou de poète», 29.
+
+ Les _Lettres à la Fiancée_, 27, 29.
+
+ L'édition originale des _Odes et Poésies diverses_, 8, 20, 30, 193 en
+note.
+
+ S'en vendrait-il à Blois? 37, 42.
+
+ Les courses de Victor à Paris pour son père: la Société littéraire de
+Blois, 33, 35-36, 40, 41, 44.
+
+ L'introuvable général d'Hurbal, 36, 40.
+
+ Sollicitude avec laquelle il recommande ses frères à son père, 51, 64.
+
+ Il fait appel aux conseils littéraires du général, 37.
+
+ La demande en mariage: si le général savait quel ange il va nommer sa
+fille, 39.
+
+ La pension de Victor sur la maison du roi, 39, 45, 47, 51, 130, 141.
+
+ Le service de presse du _Journal du blocus de Thionville_, 39, 41.
+
+ Son crédit auprès de M. de Chateaubriand, 43, 44.
+
+ Un mois en retard de la pension paternelle, 48.
+
+ Il a diverses raisons pour désirer que son mariage ait lieu le plus
+tôt possible, 50.
+
+ Son mariage à Saint-Sulpice, l'acte de mariage, les témoins, 60-63.
+
+ La noce à l'hôtel Toulouse, 63, la folie d'Eugène, 68.
+
+ Les premières joies du ménage: les oarystis, 63-64.
+
+ Un mot aimable pour la femme du général, 66, 67.
+
+ Victor se décide à révéler à son père l'état d'Eugène et fait appel à
+sa bourse, 71-72.
+
+ Il tient à conserver «vierge» pour le général la recommandation de M.
+de Clermont-Tonnerre, 75.
+
+ Espérances de paternité, 76.
+
+ Les _Fables_ et les _Mémoires_ de M. de Féraudy, 76-77.
+
+ Une lettre au pauvre Eugène, 80.
+
+ La gratification de 500 fr. qui lui avait été accordée par Louis
+XVIII, pour son _Ode sur la mort du duc de Berry_, 81.
+
+ On lui fait espérer une pension de 3.000 francs sur les fonds du
+ministère de l'Intérieur, 82.
+
+ La seconde édition des _Odes_, 81.
+
+ Une plaisanterie un peu grasse: le ventre d'Adèle, 87, 88-89.
+
+ Il va voir Eugène chez le Dr Esquirol. Son état, 92-93.
+
+ Il existe des maisons où le prix de la pension est moins élevé, 93.
+
+ Quelques idées sur le traitement de la folie, 97.
+
+ L'enfant que porte sa femme sera un nouveau lien entre le père et le
+fils, 97.
+
+ Mauvaises nouvelles d'Eugène, 100.
+
+ Le voyage à Blois du jeune Adolphe Trébuchet, 99-101.
+
+ La naissance du petit Léopold. Il est mis en nourrice, 102-104.
+
+ La femme à qui il est confié semble d'un caractère méchant et faux,
+Victor demande au général de lui chercher une nourrice à Blois, ou dans
+les environs, 105-106.
+
+ Il adresse à son père le premier numéro de la _Muse française_, 106.
+
+ La seconde édition de _Han d'Islande_, 106.
+
+ Remerciements au général pour l'envoi d'une nourrice. Son arrivée,
+107-108.
+
+ Remerciements au père et à sa femme pour les soins dont le petit
+Léopold, qu'ils ont emmené à Blois, est l'objet de leur part, 113.
+
+ Les armes et l'écusson du comte Hugo, 116.
+
+ La fin de Léopold: «nous espérons, mais nous sommes résignés», 120.
+
+ _A l'Ombre d'un Enfant_, 124-125.
+
+ Vente des _Odes_, à Ladvocat, 130.
+
+ Démarches de Victor en faveur de son cousin Michaud, 132, 133.
+
+ Déjeune à deux reprises avec le marquis de Clermont-Tonnerre, auprès
+de qui il appuie vivement son père, 133, 135.
+
+ Intervient à l'Académie en faveur de M. de Féraudy, 135.
+
+ Les _Nouvelles Odes_; la négligence de Ladvocat, 135.
+
+ Les courses et les besognes d'un auteur, 135.
+
+ Impossibilité d'obtenir pour le général une inspection générale:
+c'est peut-être, un mal pour un bien, 141.
+
+ La disgrâce de Chateaubriand, 141.
+
+ La naissance de Léopoldine, 142.
+
+ Le voyage à Blois, 147-173.
+
+ Les _Rues et Maisons du vieux Blois_: lettre au dessinateur A.
+Queyroy, 148-156.
+
+ Le _Moniteur_ publie la nomination, par ordonnance spéciale, de
+Lamartine et de Victor Hugo au grade de chevaliers de la Légion
+d'honneur, 157-158.
+
+ Victor Hugo invité au sacre, 158.
+
+ Lettres à J.-B. Soulié, à Alfred de Vigny et à Adolphe de
+Saint-Valry, 159, 162, 167.
+
+ Quelques jours à la Miltière, 169-173.
+
+ Victor n'a reçu encore ni croix, ni brevet: il craint de ne pouvoir
+porter la croix au sacre, ce qui serait inconvenant, 171.
+
+ Le sacre, 174.
+
+ L'_Ode sur le Sacre_, 174, 177-178.
+
+ Nouveau séjour à Gentilly, 176.
+
+ Compliments au Lieutenant général, comte Hugo, 177.
+
+ Toujours la négligence de Ladvocat, 176.
+
+ Une dette d'honneur: ce qui reste dû à M. de la Rivière, l'ancien
+maître d'Eugène et de Victor, rue Saint-Jacques. Victor fait, pour
+payer sa quote-part, le sacrifice d'une montre qu'il comptait s'acheter
+et plaide joliment auprès de son père la cause du vieil homme, 180-183.
+
+ Le _Voyage poétique et pittoresque_, avec le ménage Nodier, _au Mont
+Blanc et dans la vallée de Chamonix_, ce qui en est paru, 183.
+
+ Séjour à Montfort-l'Amaury: Victor vient d'user du peu d'influence
+qu'il peut avoir sur M. l'évêque d'Hermopolis, pour obtenir une bourse
+à un de ses cousins Trébuchet, 187.
+
+ La naissance de Charles Hugo, 189.
+
+ D'autres lettres de Victor Hugo existent, sans doute, dans une étude
+blaisoise, 190.
+
+ Une succession difficile; les débris d'une grande fortune:
+«l'Adversaire», 193-199.
+
+ Les exemplaires des œuvres de Victor Hugo offerts par lui à son père.
+Leurs dédicaces, 196-198 en note.
+
+Hugo (Mme Victor). Adèle Foucher.
+
+ Ecrit sous l'inspiration de son mari: _Victor Hugo raconté par un
+Témoin de sa Vie_, 10.
+
+ Ses lettres au général et à Mme Hugo, 65, 67, 87-88, 99, 109,
+114-116, 117-118, 121, 129-131, 132-133, 142-143, 185-186.
+
+ Semble à nouveau enceinte, 76.
+
+ Se porte aussi bien que sa situation le permet, 82.
+
+ Elle appellera son petit garçon Léopold, pour faire la cour à sa
+belle-mère, 88.
+
+ Plaisanterie de Victor à laquelle prêtent les rondeurs de sa
+signature, 87, 88-89.
+
+ La naissance du petit Léopold; des couches laborieuses, 102-103.
+
+ Léopold mourant: les angoisses d'une mère, 121.
+
+ Feint de se consoler un peu, dessine et cherche à cacher sa tristesse
+à son mari, 128, 130-131.
+
+ Est à nouveau enceinte: les médecins lui interdisent l'usage de la
+voiture, 136.
+
+ Sa fille Léopoldine Hugo, en donne des nouvelles au général et à sa
+«bonne mère», 142-143.
+
+ Nourrit Léopoldine et accompagne son mari à Blois, 147.
+
+ Victor la quitte pour se rendre au sacre de Charles X, 161-162.
+
+ Le _voyage poétique et pittoresque au Mont Blanc et dans la vallée
+de Chamonix_: ses doutes sur l'éclosion du livre dont Urbain Canel
+supporte à l'avance les frais, 179, 183.
+
+ Une lettre à la femme du général, «ma chère maman», où elle la prie
+de lui envoyer de Blois, si elle en trouve, un beau poisson qui pût
+arriver frais à Paris, 185-186.
+
+ Un accouchement difficile: Charles Hugo, 189.
+
+Hugo (Le petit Léopold): Sa naissance, il est mis en nourrice, 102-104.
+
+ Le général est chargé de lui trouver une nourrice à Blois, 105-107.
+
+ Il en trouve et en envoie une, 107-108.
+
+ Est emmené dans la maison du grand-père, 112.
+
+ Une lettre charmante, à son sujet, d'Adèle Hugo à sa belle-mère,
+114-115.
+
+ Il va de mal en pis, 120.
+
+ Le cri de la mère, 121.
+
+ Sa mort, son acte de décès, 121-122.
+
+ La résignation de Victor Hugo: l'ode qui va suivre, 123-124, 124-125.
+
+Hugo (Léopoldine): Sa naissance, épouse Charles Vacquerie, sa mort
+tragique à Villequier, 142.
+
+Hugo (Charles-Victor): Sa naissance, ses œuvres, 188-189.
+
+Hugo (François-Victor): Sa traduction des _Œuvres complètes de
+Shakespeare_, 193.
+
+Hugo de Lorraine (Les) et les Hugo de Spitzemberg: leurs armes, 74-75
+en note.
+
+Hurault (La famille des), 152 en note.
+
+Hurbal (L'introuvable général), 36, 40.
+
+
+I
+
+_Illustration (L')_, 192.
+
+_Indépendance belge (L')_, 170 en note.
+
+_Indépendant de Loir-et-Cher (L')_, 79 en note.
+
+_Inez de Castro_, drame en trois actes de Victor Hugo, 10 en note.
+
+Innocent XII institue le diocèse de Blois, 60 en note.
+
+_Inspirations poétiques_, par Gaspard de Pons, 69 en note.
+
+_Intermédiaire des Chercheurs et Curieux (L')_, 167 en note, 168 en
+note.
+
+_Intrigue de cour (L')_, comédie. Manuscrit du général Hugo, 14 en note.
+
+Isaétony de Compolor (Lina), mère de la seconde femme du général Hugo,
+24.
+
+
+J
+
+Jardins du château de Blois.
+
+ Louis XII, goutteux, s'y fait promener sur son petit mulet, 153.
+
+_Jardins du château de Blois (Les)_, étude architectonique, par Pierre
+Lesueur, 153 en note.
+
+Jaupître (notaire à Chabris), 1821, 25 en note.
+
+Jay (Antoine), sa _Conversion d'un Romantique_, 69 en note.
+
+_Jeanne d'Arc_, par A. Soumet, 62 en note.
+
+_Je vous aime_, comédie de Charles-Victor Hugo, 188 en note.
+
+_Joseph, ou l'Enfant trouvé_, manuscrit du général Hugo, 14 en note.
+
+_Journal d'Evariste Boulay-Paty_, 69-70 en note.
+
+_Journal des Goncourt_, 13 en note.
+
+_Journal historique du blocus de Thionville, en 1814, et de Thionville,
+Sierck et Rodemach en 1815, contenant quelques détails sur le siège de
+Longwy_ (par le général Hugo), 13 en note, 16, 39, 41.
+
+Juju, Julie Foucher, 172.
+
+
+K
+
+Kallenborenne (Nicolas), tailleur d'habits à Chabris, et témoin du
+second mariage du général Hugo, 26.
+
+Katzenberger (La banque), 83, 84, 97.
+
+
+L
+
+La Chaise (Le père) et l'évêché de Blois, 60 en note.
+
+ (Le cimetière du Père): le lieutenant général, comte Hugo, y est
+enterré à côté de sa première femme, 192-193.
+
+Lacroix (Paul), 159 en note.
+
+Ladvocat (l'éditeur) imprime les _Mémoires du général Hugo_, 116, 119.
+
+ Achète 2.000 francs, pour deux ans, la propriété des _Odes_, 130.
+
+ Son édition des _Odes_, 130, 198 en note.
+
+ Sa négligence: le général ni sa femme ne reçoivent les exemplaires
+qui leur sont destinés, 134, 135.
+
+Lahorie (le général), sa condamnation, 63.
+
+Lamartine (Alphonse de): Ne fait point partie du cénacle de la _Muse
+française_, 9.
+
+ Une ordonnance spéciale de Charles X le nomme ainsi que Victor Hugo,
+chevalier de la Légion d'honneur, 157-158.
+
+ N'assiste point au sacre, 173-174.
+
+ Nommé secrétaire d'ambassade à Florence, ne prend pas part à
+l'excursion des ménages Nodier et Hugo, 184.
+
+Lambert (M.), 184, 187.
+
+ (La banque): le général Hugo s'en occupe et figure au moment de son
+décès parmi ses administrateurs, 184 en note, 191.
+
+Lamennais (M. de), 48, 167 en note.
+
+La Rivière (M. de), ancien maître d'école d'Eugène et de Victor Hugo,
+rue Saint-Jacques, 173.
+
+ Sa délicatesse: un vieux compte dont il n'osait réclamer le
+règlement, 179-180.
+
+ Une dette sacrée, la montre de Victor, 180-183.
+
+ Le général semble se faire tirer l'oreille pour payer, 183.
+
+La Rochefoucauld (Le vicomte Sosthènes de), aide de camp du roi chargé
+du département des Beaux-Arts, 55 en note, 178.
+
+ Sa délicatesse vis-à-vis de Lamartine et de Victor Hugo, 160-161.
+
+ Jupes longues et feuilles de vigne. Le nu semblait moins l'effrayer
+lorsque c'était celui de Mme du Cayla, 161 en note.
+
+La Rochelle (La conspiration des Quatre sergents de), 33.
+
+La Saussaye (L. de): _Histoire du château de Chambord_, 169 en note.
+
+Laudinière (La locature de), dépendant de la Miltière, propriété, en
+Sologne, du général Hugo, 169 en note.
+
+Lauriston (Le marquis de), ministre de la Maison du roi, 55 en note.
+
+Lebarbier (M.), 82, 89.
+
+Lefèvre-Deumier (Jules), sa collaboration au _Conservateur littéraire_
+et à la _Muse française_, ses œuvres, 164.
+
+ Fut avec Arsène Houssaye, copropriétaire de l'_Artiste_, 164 en note.
+
+Adolphe de Saint-Valry lui fait vendre son _Clocher de Saint-Marc_, 168.
+
+Lelarge de Lourdoueix (M.), président de la division des Beaux-Arts,
+sciences et belles-lettres à la direction de la police, 33, 35, 38, 42,
+47.
+
+Lemaignen (Henry), témoin, à l'état civil de Blois, de la mort du petit
+Léopold Hugo, 119.
+
+Lemaire (M.), 127.
+
+Lescale (M. de), 59.
+
+Lesueur (Pierre), _Les jardins du château de Blois_, 153 en note.
+
+_Lettres à la Fiancée_, lettres de Victor Hugo à Adèle Foucher, 27.
+
+_Lettres champenoises (Les)_, 62 en note.
+
+Lettres (Les) de Victor Hugo à son père conservées à la Bibliothèque de
+Blois, 7.
+
+ Leur écriture, 31.
+
+ La suscription des adresses, 32, 74, 79, 132, 143, 178.
+
+ D'autres lettres existeraient dans une étude blaisoise, 190.
+
+Ligny Tomat (Nicolas de), le père de l'Étrangère, 24.
+
+Limeuil (Isabelle de): Une vengeance un peu salée et une délivrance
+plutôt inopportune. Scipion Sardini n'y regarde point de si près:
+«Financier épouserait demoiselle avec tache»,... et il l'épousa, 152,
+153 en note.
+
+_Littérature et Philosophie mêlées_, de Victor Hugo, 20 en note.
+
+Longueville (Prince de), 155.
+
+Lopez de Vega, 91 en note.
+
+_Louis IX_, tragédie d'Ancelot, lui vaut une pension de Louis XVIII, 61
+en note.
+
+Louis XII: Se promène, goutteux, sur un petit mulet dans les jardins du
+château de Blois, 153.
+
+ Son côté bonhomme, 153.
+
+ Quelques anecdotes, 153-154.
+
+ Quatre-vingt-trois nuits mortelles. Cadeau qu'il fit, le 1er
+janvier 1515, à Marie d'Angleterre pour ses étrennes, 154.
+
+Louis XIV, 60 en note.
+
+Louis XVIII: Son attitude vis-à-vis de Chateaubriand, 43 en note.
+
+ Accorde une pension à M. Ancelot, pour son _Louis Neuf_, 61 en note.
+
+ Sa pension à Victor Hugo, 55 en note.
+
+ Lui alloue une gratification de 500 francs pour son _Ode sur la mort
+du duc de Berry_, 81.
+
+ Souscrit à vingt-cinq exemplaires de la seconde édition des _Odes_,
+81.
+
+ Sa mort, 158.
+
+Lourdoueix (M. de). Voir Lelarge de Lourdoueix.
+
+
+M
+
+_Macchabées (Les)_, par Alexandre Guiraud, 164 en note.
+
+Mac Keat (Augustus): Auguste Maquet, 8.
+
+Madame, duchesse de Berry, (voir Berry, duchesse de).
+
+Maintenon (Mme de), 60 en note.
+
+_Maire du Palais (Le)_, par Ancelot, 61 en note.
+
+Malitourne (André), l'un des auteurs du _Traité du Mélodrame_, 90 en
+note.
+
+Mariage (Le second mariage) du général Hugo à Chabris, 22.
+
+Mariage de Victor Hugo et d'Adèle Foucher, 50.
+
+ Le général Hugo n'y assiste pas, 49, 51.
+
+ Est célébré, à Saint-Sulpice, le 12 octobre 1822; l'acte de mariage;
+les témoins, 60-63.
+
+ Le repas de noces chez M. Foucher, la folie d'Eugène Hugo, 63, 68.
+
+ Les lettres de faire-part envoyées par le général et la comtesse A.
+de Salcano, son épouse, 65.
+
+Marie d'Angleterre, seconde femme de Louis XII, son veuvage, 154.
+
+Marie de Frehaut (Les prétentions de la veuve et des enfants du
+général), 198-199.
+
+Marmont, duc de Raguse, sans nommer la dame, fait allusion à la liaison
+de Chateaubriand et de Mme Boni de Castellane. Les dessous d'une...
+disgrâce, 139 en note.
+
+Martignac (M. de), 95, 98.
+
+ Son ministère, 33 en note, 34 en note.
+
+_Martyrs d'Arezzo (Les)_, par Jules Lefèvre-Deumier, 164 en note.
+
+_Matin (Le)_ n'est pas seul à tout dire, 70 en note.
+
+_Méditations (Les)_ de Lamartine, 9.
+
+_Mémoires de la Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher_, 7,
+149 en note.
+
+_Mémoires du comte Horace de Viel Castel sur le règne de Napoléon III
+(1851-1864)_, 161 en note, 169 en note.
+
+_Mémoires du duc de Raguse_, 139 en note.
+
+_Mémoires du général Hugo_, 11, 13 en note, 92, 94, 116, 119, 164 en
+note.
+
+_Mémoires inédits sur la guerre de Vendée_, par le général Aubertin, 11
+en note.
+
+_Mémoire sur les moyens de suppléer à la traite des nègres par des
+individus libres, et d'une manière qui garantisse pour l'avenir la
+sûreté des colons et la dépendance des colonies_; par le général Hugo,
+13 en note.
+
+_Mémoire sur les Buttes dans le département de Loir-et-Cher_, par le
+Dr H. Chauveau, 149 en note.
+
+_Mémorial bordelais (Le)_, 159 en note.
+
+Menars (Le château de), ancienne résidence de Mme de Pompadour, puis
+du marquis de Marigny, 147 en note.
+
+_Mercure de France (Le)._
+
+ Série moderne, 62 en note.
+
+_Mercure du XIXe siècle (Le)._
+
+ Quelques collaborateurs: A. Soumet, 62 en note. E. Deschamps, 163
+en note. A. Guiraud, 164 en note.
+
+Méricourt (Théroigne de), sa folie, sa déchéance. Navrant tableau qu'en
+fait le Dr Esquirol, 90 en note.
+
+Mérimée (Prosper): Son jugement sur Charles Nodier, 160 en note.
+
+_Mérimée (Prosper), l'homme, l'écrivain, l'artiste_, 160 en note.
+
+Méry: la vente d'un roman du général Hugo, 13 en note.
+
+Michaud (Marguerite), mère du général Hugo, 24, 133 en note.
+
+Michaud, jeune cousin dont s'occupe Victor Hugo, à la recommandation du
+général, 131, 132, 133.
+
+Michel-Ange, 163.
+
+Milleville (Henri J.-G. de): _Armorial historique de la Noblesse de
+France_, 75 en note.
+
+Miltière (La), propriété en Sologne du général Hugo, 169-170, 176, 195.
+
+ Difficultés qu'éprouvent ses héritiers à vendre ce domaine, 197, 199.
+
+Minutes (antérieures à 1826) de _la défense des nations, et de leurs
+grands intérêts maritimes et coloniaux_.
+
+ Manuscrits du général Hugo, 14 en note.
+
+_Misérables (Les)_: Charles-Victor Hugo en tire un drame souvent
+représenté, 188 en note.
+
+_Mme de Mably_, roman, par Adolphe de Saint-Valry, 168 en note.
+
+_Moïse sur le Nil_, de Victor Hugo, obtient, en 1820, une amarante d'or
+réservée de l'_Académie des Jeux Floraux_, 20 en note.
+
+Molé (Louis-Mathieu, comte) aurait succédé à Chateaubriand auprès de
+Mme Boni de Castellane, 139.
+
+ A voté la mort de Ney, 139 en note.
+
+_Moniteur Universel (Le)_: Le major du génie, M. de Féraudy, est nommé
+chevalier de Saint-Louis (7 novembre 1814), 76 en note. Promotion du
+général et du colonel Hugo au grade d'officiers de la Légion d'honneur
+(19 février 1815), 16. Un prix de poésie accordé à Abel Hugo, 21.
+
+ Son jugement sur Victor Hugo et sur Alfred de Vigny, 31 en note.
+
+ Publie l'_Ode_, de Victor Hugo, _sur la mort de Louis XVII_ (13
+décembre 1822), 81.
+
+ Ordonnance spéciale nommant Alphonse de Lamartine et Victor Hugo
+chevaliers de la Légion d'honneur (29 avril 1825), 157-158.
+
+ La promotion du général Hugo au grade de lieutenant-général (5 juin
+1825), 175.
+
+ Sa mort et ses obsèques (31 janvier et 1er février 1828), 191, 192.
+
+Monnières (pseudonyme d'Abel Hugo).
+
+ _Pierre et Thomas Corneille_, en collaboration avec Romieu, 91 en
+note.
+
+Montaiglon (Anatole de): _L'Hôtel de Scipion Sardini et ses médaillons
+en terre cuite_, 152 en note.
+
+Montferrier (Duvidal, marquis de) assiste au mariage de Victor Hugo, 61.
+
+ Abel Hugo épouse Mlle de Montferrier, 61, en note.
+
+Montfort-l'Amaury: propriété qu'y possède Adolphe de Saint-Valry, 10.
+
+ Séjours qu'y fait Victor Hugo, 167, 187.
+
+ _Les ruines de Montfort-l'Amaury_, 167 en note.
+
+Montmorency (M. de) au Congrès de Vérone.--Chateaubriand l'y
+accompagne, 43 en note.
+
+_Mon vieux Paris_, par Edouard Drumont, 153 en note.
+
+Moreau (Le tailleur), «fournisseur de leurs altesses sérénissimes les
+princes de Holstein-Augustenbourg»: comment on engraisse une note,
+193-194.
+
+Morville (M.), adjoint au maire de Nancy (1821), 25.
+
+_Muse française (La)_: 8, 9. Notes bibliographiques, 106 en note.
+
+ Ses «dieux inconnus» (_le Figaro_, 1829), 31 en note.
+
+ Ses sept fondateurs: E. Deschamps, A. Guiraud, A. Soumet, Victor
+Hugo, Adolphe de Saint-Valry, Alfred de Vigny et Desjardins, 167
+en note. Autres collaborateurs: M. Ancelot, 61 en note. Jules
+Lefèvre-Deumier, 164 en note.
+
+ A. Guiraud y rend compte des _Mémoires du général Hugo_, et y publie
+_Nos Doctrines_, 164 en note.
+
+ Victor Hugo en envoie le premier numéro à son père, 106.
+
+Musset (Alfred de), est amené, enfant, par Paul Foucher, chez ses
+parents à Gentilly.--Comment il imitait l'ivrogne, 30.
+
+ Paul Foucher et Mme Waldor, 170 en note.
+
+
+N
+
+_Naissance (La) de Henri IV_, par Abel Hugo, 90 en note.
+
+Napoléon (Joseph), roi d'Espagne, 11 en note, 16, 21.
+
+Naudin (M.), notaire à Blois, 77 en note.
+
+Ney (Le maréchal), 139 en note.
+
+Nodier (Charles): Doit se rendre avec Victor Hugo au sacre de Charles
+X, 160, 162.
+
+ Leurs relations, 160 en note.
+
+ «C'était», au dire de Mérimée, «un gaillard très taré», 160 en note.
+
+ Le voyage des ménages Hugo et Nodier au Mont-Blanc et dans la vallée
+de Chamonix, 179, 183.
+
+Nodier (Mme Ch.), 183.
+
+Noilly (M. J.) _Catalogue de (sa) bibliothèque romantique_, 15 en note.
+
+_Nouvelles Odes (Les)_, de Victor Hugo. A. Soumet en rend compte dans
+le _Conservateur littéraire_, 62 en note.
+
+ L'édition Ladvocat.
+
+ Victor Hugo en surveille l'impression, 132, 133.
+
+ Le _Journal des Débats_ en annonce l'apparition puis en rend compte,
+134 en note.
+
+ Une lettre de Victor Hugo en réponse aux critiques de M. Hofman, 134
+en note.
+
+ L'exemplaire offert par Victor Hugo à son père, 198 en note.
+
+
+O
+
+Odes (Les): Leur première édition: _Odes et poésies diverses_, 8, 20,
+196 en note.
+
+ Elle s'épuise, 35, 37.
+
+ La seconde: Louis XVIII souscrit à vingt-cinq exemplaires, 81.
+
+ La troisième, Ladvocat (1827), 130, 134, 135, 198 en note.
+
+_Odes et Ballades_, 81 en note, 125 (en note), 130 en note, 167 en note.
+
+_Ode sur la bataille de Denain_, d'Abel Hugo, 21.
+
+_Ode sur la mort du duc d'Enghien_, (Eugène Hugo), 21.
+
+_Ode sur la mort de S. A. R. Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé_,
+(Eugène Hugo), 21.
+
+_Ode sur la mort de S. A. R. Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry._
+Publiée dans le _Conservateur littéraire_, elle vaut à Victor Hugo une
+gratification de 500 francs de Louis XVIII, 81.
+
+Ode: _Louis XVII_, lue à la Société des _Bonnes lettres_ et publiée
+dans le _Moniteur_, 81.
+
+Ode: _La guerre d'Espagne_: M. de Clermont-Tonnerre engage Victor Hugo
+à la remettre au duc d'Angoulême, 129, 130.
+
+Ode: _A l'ombre d'un enfant_, 124-125.
+
+Ode _sur le Sacre_, 174, 177-178. Déjà reproduite par sept ou huit
+journaux, Charles X la fait tirer sur les presses de l'imprimerie
+royale, 178.
+
+_Ode sur la mort du général Foy_ (Jules Lefèvre-Deumier), 164 en note.
+
+_Olga, ou l'orpheline moscovite_, par M. Ancelot, 61 en note.
+
+O'Neddy (Philothée), 8.
+
+Oratoire (L') de la reine Anne, à Blois, 153.
+
+Orfèvres (Une vieille maison de la rue des), à Blois, 151.
+
+_Oriflamme (L')_, Victor Hugo doit y rendre compte des derniers volumes
+de M. de Féraudy, 77.
+
+
+P
+
+Pardessus (Me), notaire à Blois, frère du jurisconsulte, 22 en note,
+77 en note, 169 en note, 195 en note.
+
+_Parricide (Le)_, par Jules Lefèvre-Deumier, 164 en note.
+
+Pasquier (Le chancelier), son opinion sur le marquis de Talaru, 139 en
+note.
+
+Patrigeon (Le Dr G.): _Le père de Victor Hugo (Général
+Joseph-Léopold-Sigisbert Hugo), à propos de son second mariage à
+Chabris_, 23 en note, 24 en note, 25 en note.
+
+ Les causes de la folie d'Eugène Hugo: il aimait Adèle Foucher, 70 en
+note.
+
+Paul (Emile): _Catalogue de la Bibliothèque romantique de M. J.
+Noilly_, 15 en note.
+
+_Pauvre fille (La)_, élégie d'A. Soumet, 62 en note.
+
+Pélicier (Le libraire) édite les _Odes et Poésies diverses_ de Victor
+Hugo, 20 en note, 30 en note.
+
+Pension mensuelle (La), faite par le général Hugo à ses fils, 12, 48,
+51. Victor le supplie de la continuer à ses frères, 51, 64.
+
+_Pensions des veuves de militaires_ (Notes manuscrites du général Hugo
+sur les), 14 en note.
+
+Pensions de Victor Hugo.--Sa pension sur la cassette royale:
+
+ Il l'attend pour se marier, 39, 45, 47, 51.
+
+ La vérité sur cette première pension, 55 en note.
+
+ Il écrit à son oncle, le colonel Hugo, qu'il en attend une nouvelle,
+comme membre de l'Académie des Jeux Floraux, 57.
+
+ Une rectification nécessaire, 54-55 en note.
+
+ Gratification de 500 francs accordée au poète, par Louis XVIII, pour
+son ode sur _la mort du duc de Berry_, 81
+
+ On lui en fait espérer une nouvelle sur les fonds du ministère de
+l'Intérieur, 81, 82-83.
+
+Perceval (M.), 59.
+
+_Père (Le) de Victor Hugo (Général Joseph-Léopold-Sigisbert Hugo), à
+propos de son second mariage à Chabris_, par le Dr G. Patrigeon, 23,
+24, 25; 70 en note.
+
+Périé (M. Raphaël), un universitaire resté fidèle aux lettres, 79.
+
+ _Le Roman de Berte aux grands pieds_, 79 en note.
+
+ _Victor Hugo poète civique_, 79 en note.
+
+_Permission (La)_, manuscrit du général, 14 en note.
+
+_Perrine ou La Nouvelle Nina_, autre manuscrit du général, 14 en note.
+
+Persan (Le marquis de), devenu libraire, publie la seconde édition des
+_Odes_ de Victor Hugo, 81.
+
+Pétigny (M. J. de), proteste dans une lettre adressée à la _France
+Centrale_ contre la sévérité du jugement de Victor Hugo sur Gaston
+d'Orléans, 155 en note.
+
+Peyronnet (M. Charles-Ignace de), 47.
+
+_Pharamond_, par A. Guiraud et M. Ancelot, 164 en note.
+
+_Philosophie catholique de l'Histoire_, par A. Guiraud, 165 en note.
+
+_Phocéen_ (Le journal _Le_), 144 en note.
+
+Pierre de Blois: la gloire d'un mot, 155.
+
+Pierre de Blois (Vieilles maisons de la rue), à Blois, 151.
+
+_Pierre et Thomas Corneille_, par Abel Hugo (sous le pseudonyme de
+Monnières, en collaboration avec Romieu), 91 en note.
+
+Pinel (Le Dr Esquirol continue et complète ses travaux), 89 en note.
+
+Pinlevé (Mme), amie du général et de Mme Hugo à Blois, 182.
+
+_Poèmes_, par Alfred de Vigny, 31 en note.
+
+_Poèmes et Chants élégiaques_, par A. Guiraud, 164 en note.
+
+_Poèmes dédiés à la jeunesse_, par A. Guiraud, 164-165 en note.
+
+_Poésies de Charles d'Orléans_: édition qu'en donna Augustin Soulié,
+159 en note.
+
+Polignac (Le cabinet), 47 en note.
+
+Pompadour (Mme de), son château de Menars, 147 en note.
+
+Pons (Gaspard de): sa collaboration au _Conservateur littéraire_ et à
+la _Muse française_, 10, 69.
+
+ Ses œuvres, 69 en note.
+
+ Ses _Adieux poétiques_: lève une partie du voile qui recouvrait le
+secret de la folie d'Eugène Hugo, 70-71.
+
+Pradel (Le chansonnier Eugène de), condamné à trois mois de prison, 33.
+
+_Précis historique des Événements qui ont conduit Joseph Napoléon sur
+le trône d'Espagne_, par Abel Hugo, 11 en note, 91 en note.
+
+_Presse_ (Le journal _La_), 157.
+
+_Presse littéraire sous la Restauration (La)_, par Ch.-M. Des Granges,
+18 en note, 19 en note, 63 en note, 69 en note, 168 en note.
+
+_Procès de Paul-Louis Courier, vigneron de la Chavonnière, condamné
+le 28 août 1821, à l'occasion de son Discours sur la souscription de
+Chambord_, 100 en note.
+
+
+Q
+
+_Quelques Fables, ou Mes Loisirs_, par M. de Féraudy, 77 en note.
+
+Queyroy (Le dessinateur A.): ses _Rues et Maisons du vieux Blois_.
+Lettre que lui adressa, de Guernesey, Victor Hugo pour le remercier de
+l'envoi de ses eaux-fortes, 147, 148-156.
+
+_Quotidienne_ (Le journal _La_), 159, 160 en note.
+
+
+R
+
+Rabbe (Alphonse), 144, sa laideur, ne veut pas se laisser voir par
+Mme Victor Hugo enceinte, 144 en note.
+
+ Ses œuvres, 144 en note.
+
+ Est recommandé par Victor Hugo au baron d'Eckstein, 165.
+
+Rabelais, sa gaîté comparée à la plaisanterie de Victor Hugo, 88.
+
+_Rappel_ (Le journal _Le_), 188 en note, 193 en note.
+
+_Raymond d'Ascoli_, élégie de Victor Hugo ayant figuré dans les _Odes
+et Poésies diverses_, 20 en note.
+
+Reggio (Mme la maréchale, duchesse de), 55 en note.
+
+_Relation du Voyage de S. A. R. Madame, duchesse de Berry, dans la
+Touraine, l'Anjou, la Bretagne, la Vendée et le midi de la France en
+1828_; par le vicomte Walsh, 168-169 en note.
+
+Renée de Bretagne (La vaillante), 154.
+
+Rességuier (Jules de), les espérances qu'il donnait, 10, 166 en note.
+
+_Résumé de l'Histoire de Russie_, par Alphonse Rabbe, 144 en note, 165.
+
+_Rétablissement de la statue de Henri IV_ (L'ode de Victor Hugo sur
+le), lui vaut le lis d'or de l'_Académie des Jeux Floraux_, 20 en note.
+
+Révérend (Le vicomte A.): son _Armorial du Premier Empire_, 21 en note.
+
+_La Révolte des Enfers (La)_, poème du général Hugo, 41, 42, 46.
+
+_Revue de Paris (La)_, 79 en note, 183 en note.
+
+_Revue des Deux Mondes (La)_, 92 en note, 183 en note.
+
+_Revue du Berry (La)_, 23 en note.
+
+_Revue universelle des Arts (La)_, 153 en note.
+
+Richelieu (Le second ministère), 20 février 1820, 129 en note.
+
+Riestap donne bien, dans son _Armorial général_, au général Hugo, les
+armes qui figurent sur le cachet commandé par Victor pour son père, 74
+en note.
+
+Riffault (M. Eugène), maire de Blois, 200, 201 en note.
+
+Robertet (Florimond), baron d'Alluye: son hôtel à Blois, 153 en note.
+
+Rochas (A. de): _Les Buttes et la Télégraphie optique_ 149 en note.
+
+Roger de Damas (comte), 17 en note, 137 en note.
+
+_Roman de Berte aux grands pieds (Le)_, renouvelé par Raphaël Périé, 79
+en note.
+
+_Romances historiques traduites de l'espagnol_, par Abel Hugo, 30 en
+note, 91 en note.
+
+ L'exemplaire qu'il en offrit à son père, 198 en note.
+
+_Romantisme (Le) et la Critique.--La Presse littéraire sous la
+Restauration_, par Ch.-M. Des Granges, 18 en note, 19 en note, 63 en
+note, 69 en note, 168 en note.
+
+Romieu, collaborateur d'Abel Hugo (Monnières), dans _Pierre et Thomas
+Corneille_, 91 en note.
+
+Rousseau (J.-J.), 163.
+
+Rousseau (Jacques), adjoint au maire de Chabris, témoin du second
+mariage du général Hugo, 25.
+
+Royer-Collard (Le Docteur), médecin de l'Asile de Charenton, 94.
+
+_Ruche d'Aquitaine (La)_, 159 en note.
+
+_Ruche politique (La)_, 159 en note.
+
+_Rues et maisons du vieux Blois_, eaux-fortes de A. Queyroy, 147,
+148-156.
+
+
+S
+
+Saint-Dyé (Loir-et-Cher), sur la rive gauche de la Loire, 147 en note.
+
+Sainte-Luce (Les demoiselles de), 34.
+
+Saint-Lubin (La rue), à Blois, 151.
+
+Saint-Laumer (L'ancienne abbaye de), aujourd'hui église Saint-Nicolas,
+à Blois, 150, 153, 163, 165.
+
+Saint-Lazare (Le domaine de), à Blois. Ancien prieuré, est acheté et
+habité par le général Hugo, 22.
+
+ Il le revend au Dr Gay, 77.
+
+ Aujourd'hui transformé en maison de santé, 22.
+
+Saint-Martin (rue), à Blois, 152 en note.
+
+Saint-Maurice (maison de). Voir: Charenton.
+
+Saint-Valry (Adolphe Souillard de). L'un des amis d'enfance et de
+jeunesse de Victor Hugo, 10.
+
+ Sa collaboration au _Conservateur littéraire_ et aux _Annales de
+la Littérature et des Arts_ où il rendit compte des _Odes et Poésies
+diverses_, 166 en note.
+
+ Fut un des sept fondateurs de la _Muse française_, 167 en note.
+
+ Y rend hommage à Chateaubriand disgracié, 167 en note.
+
+ Sa propriété de Montfort-l'Amaury, 167.
+
+ Chante, ainsi que Victor Hugo, _les ruines de Montfort_, 167 en note.
+
+ _Mme de Mably_ (roman), 168 en note.
+
+Sardini (Scipion), gentilhomme lucquois et petit poisson italien.
+Isabelle de Limeuil lui apporte la fortune et le souvenir de quelques
+aventures que célèbre Brantôme. Ses hôtels à Blois et à Paris, 152, 153
+en note.
+
+Sarrut (Germain), 167 en note.
+
+_Satan (Le)_ d'Alfred de Vigny, 163 en note.
+
+_Saül_, tragédie d'A. Soumet, 62 en note.
+
+Saumur (La conspiration de), 33.
+
+_Sbogar (Jean)_, par Charles Nodier, 160 en note.
+
+Schiésingeyer (Jacob), cocher du marquis de Béthune-Sully et témoin du
+second mariage du général Hugo, 26.
+
+Schiller (M. Ancelot donne une imitation de son _Fiesque_), 61 en note.
+
+Séché (Léon): _Alfred de Vigny et son temps_, 31 en note, 161, 162 en
+note.
+
+Séché (Léon): _Hortense Allart de Meritens_. Une passade de
+Chateaubriand: Mme Boni de Castellane, 138.
+
+Séché (Léon): _Etudes d'histoire romantique.--Le Cénacle de la Muse
+française_, 62 en note, 165 en note, 168 en note.
+
+_Sémiramis la grande_, drame «en cinq coupes d'amertume», de
+Desjardins, 167 en note.
+
+Serre (Le comte de), Ministre de la justice dans les cabinets Dessolle
+et Decazes et sous le second ministère Richelieu (1818-1819-1820), 129.
+
+Serrurerie (La rue de la) à Blois, 152 en note.
+
+Shakespeare (La traduction de), François-Victor Hugo, 193 en note.
+
+Sigisbert, l'un des prénoms du général Hugo, dont il se sert comme
+pseudonyme, 13 en note.
+
+Siguenza (Le général Hugo créé par Joseph Napoléon comte de), 21.
+
+_Simple discours de Paul-Louis, vigneron de la Chavonnière, aux membres
+du Conseil de Véretz, à l'occasion de l'acquisition de Chambord_, 99.
+
+_Sir Lionel d'Arquenay_, par Jules Lefèvre-Deumier, 164 en note.
+
+_Société d'Emulation de Cambrai (La)_, accorde le prix de poésie à Abel
+Hugo, pour son _Ode sur la bataille de Denain_, 21.
+
+_Société des Bonnes Lettres_, 61 en note, 62 en note, 91 en note.
+
+_Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher._
+
+ Le général Hugo avait fondé à Blois une première Société littéraire:
+vains efforts du père et du fils pour la faire autoriser, 33, 35-36,
+40, 41, 44-45, 86.
+
+ L'intervention plutôt platonique des députés de Loir-et-Cher, 45.
+
+ Un biais administratif: la Société ne comptant pas vingt membres n'a
+pas besoin d'autorisation, 44.
+
+_Solitaire (Le) du lac_, manuscrit du général Hugo, 14 en note.
+
+Souillard (Adolphe)--Voir: Saint-Valry (Adolphe Souillard de).
+
+Soulié (J.-B.): dévoile à Évariste Boulay-Paty la cause de la folie
+d'Eugène Hugo, 69-70 en note.
+
+ Une lettre de Victor Hugo au bon Soulié, 159-161.
+
+ Fonde et dirige _le Mémorial bordelais, la Ruche d'Aquitaine et la
+Ruche politique_. Sa collaboration à _la Quotidienne_, 159 en note.
+
+Soumet (Alexandre): assiste au mariage de Victor Hugo, mais ne fut pas
+son témoin, 61-62.
+
+ Sa collaboration aux _Lettres champenoises_, au _Conservateur
+littéraire_, au _Mercure du XIXe siècle_, 62 en note.
+
+ Fait partie de la _Société des Bonnes Lettres_ et y lit sa _Jeanne
+d'Arc_, 62 en note.
+
+ Ses œuvres, 62 en note.
+
+_Souvenirs du baron de Frénilly_, 138-140.
+
+_Souvenirs sur Joseph Napoléon, roi d'Espagne_, par Abel Hugo, 92 en
+note.
+
+Stapfer (Extrait d'une lettre de Prosper Mérimée à Albert), 160 en note.
+
+
+T
+
+_Tablettes romantiques (Les)_, 91 en note.
+
+_Tablettes universelles (Les)_, 144 en note.
+
+Talaru (Le marquis de), ambassadeur à Madrid: ses titres à la faveur
+royale, 139 en note.
+
+ Chateaubriand le charge d'une mission assez spéciale auprès du roi
+Ferdinand, 139-140.
+
+Talon (Zoé), par son mariage, comtesse du Cayla, 47 en note, 137, 161
+en note.
+
+_Tambour Robin (Le)_, manuscrit du général Hugo, 14 en note.
+
+Tardieu (M. Pierre), 197 en note.
+
+Thionville (La défense de), par le général Hugo, 16.
+
+_Thionville (Journal historique du blocus de)_, par le général Hugo, 13
+en note, 16, 39, 41.
+
+Thomas y Saêtoni (Marie-Catherine), comtesse de Salcano, veuve Anaclet
+d'Almeg, épouse, à Chabris, le 6 septembre 1821, le général Hugo, 23.
+
+ Les liens religieux (?) qu'ils régularisaient ainsi, 26.
+
+ Etait, depuis 1816, propriétaire, à Blois, de la maison de la rue du
+Foix chantée par Victor Hugo dans les _Feuilles d'automne_, 24 en note,
+77.
+
+ Ses beaux-fils l'ignorent, 26.
+
+ Fait donner par le général sur les doigts de Victor comment il s'en
+tire, 38, 39.
+
+ Ne le gêne point pour son mariage, 66.
+
+ La situation semble se détendre, 66.
+
+ Une nouvelle explication entre le père et le fils, 110-111.
+
+ Son second veuvage, 191.
+
+ Son âpreté, 195.
+
+ Elle tire son épingle du jeu et survit trente ans au général Hugo,
+199.
+
+ Sa mort (21 avril 1858), les témoins de son décès à l'état civil de
+Blois, 79, 200.
+
+_Tombeaux de Saint-Denis (Les)_, par Abel Hugo, 91 en note.
+
+Toulouse (L'Hôtel), rue du Cherche-Midi, siège du Conseil de guerre et
+habitation de la famille Foucher, 30, 63.
+
+Tour d'Argent (La), à Blois, 152.
+
+_Traité du Mélodrame_, par A. A. A. (Abel Hugo, André Malitourne et
+Ader), 90 en note.
+
+Trébuchet (Sophie), première femme du général Hugo et mère de ses
+enfants, 11, 193, 201-202.
+
+ Abandonnée par son mari, comment elle les élève, leur amour pour
+elle, sa mort, 11, 12.
+
+ Gêne extrême qui suivit, 180, 181.
+
+Trébuchet (le «malheureux oncle»), 188.
+
+Trébuchet (Le cousin Adolphe), vient à Blois et désire visiter
+Chambord, 99, 100, 101.
+
+ Semble y revenir, 128.
+
+ Victor Hugo cherche à obtenir une bourse pour un de ses frères, 187.
+
+_Tribune_ (Le journal _La_), de Germain Sarrut, 167 en note.
+
+Trois Clefs (La rue des), à Blois, 152.
+
+
+U
+
+_Un Financier du XVIe siècle_ (Edouard Drumont; _Mon vieux Paris_),
+153 en note.
+
+
+V
+
+Vacquerie (Charles), épouse Léopoldine Hugo, avec qui il se noie à
+Villequier, 142.
+
+Val-de-Grâce (Eugène Hugo transféré au). Il n'y fait qu'un court
+séjour, 94, 96.
+
+Variante des _Amants ennemis_, manuscrit du général Hugo, 14 en note.
+
+_Vengeance de la Madone (La)_, par Abel Hugo, 90 en note.
+
+Vérone (Le Congrès de), 43 en note.
+
+Victor, duc de Bellune, 59.
+
+_Victor Hugo à Gentilly_, par Fernand Bournon, 30.
+
+_Victor Hugo à Guernesey_, par Paul Chenay, 172 en note, 196-197 en
+note.
+
+_Victor Hugo avant 1830_, par Edmond Biré, 20, 23 en note, 26, 55 en
+note, 69 en note, 71 en note, 81 en note, 173, 174 en note.
+
+_Victor Hugo et son père, le général Hugo à Blois_, par Louis Belton,
+7, 14 en note, 22 en note, 169 en note, 193 en note, 195-196 en note.
+
+_Victor Hugo poète civique_, par Raphaël Périé, 79 en note.
+
+_Victor Hugo raconté par un témoin de sa Vie_ (par Mme Victor Hugo),
+10, 29, 30, 47, 48, 61, 90 en note, 144 en note, 157, 173 en note, 179
+en note, 183 en note.
+
+_Vie anecdotique de Monsieur, comte d'Artois, aujourd'hui S. M. Charles
+X, roi de France et de Navarre, depuis sa naissance jusqu'à ce jour_,
+par Abel Hugo, 92 en note.
+
+Viel Castel (comte Horace de): Ses _Mémoires_. Mme du Cayla et le
+vicomte de la Rochefoucauld, 161 en note.
+
+ Son jugement sur le vicomte Walsh, 169 en note.
+
+_Vierges de Verdun_ (L'ode: _Les_) obtient en 1819, une amarante
+réservée de l'_Académie des Jeux Floraux_, 20 en note.
+
+_Vierge du Monastère (La)_, par le général Hugo, 14 en note.
+
+Vigny (Alfred de): Sa liaison avec Victor Hugo, 9.
+
+ Est témoin de son mariage, 61, 63.
+
+ Ses _Poèmes_ paraissent la même année et chez le même éditeur
+(Pélicier, 1822), que les _Odes et Poésies diverses_, 31 en note.
+
+ Figure parmi les fondateurs--«les dieux inconnus» spécifiera le
+_Figaro_ de 1829,--de la _Muse française_, 9, 31 en note.
+
+ «Malgré ses titres de noblesse et les autres», n'est pas invité au
+sacre de Charles X, 161.
+
+ Sa répugnance pour les à-propos rémunérateurs: «il n'avait jamais su
+faire ces choses-là», 162 en note.
+
+ Sa Lydia, 162.
+
+Villèle (M. de): son ministère, ses démélés avec Chateaubriand, 33 en
+note, 34 en note, 43 en note, 47 en note, 95, 98, 137.
+
+Violettes (La rue des), à Blois, 152.
+
+_Virginie_, par A. Guiraud, 164 en note.
+
+Vosdey (M.), notaire à Blois, 77 en note.
+
+_Voyage de Paris à Saint-Cloud par mer_, 32.
+
+_Voyage poétique et pittoresque au Mont Blanc et dans la Vallée de
+Chamonix._ Ce qui en est paru, 183.
+
+Vulpian (Alphonse): _Les Français en Espagne_, à-propos, vaudeville en
+collaboration avec Abel Hugo, 1 en note.
+
+
+W
+
+Waldor (Mme Mélanie): comment elle s'accrochait à Paul Foucher; le
+tartre de ses dents, 170 en note.
+
+Walsh (Le vicomte): _Relation du voyage de S. A. R. Madame, duchesse de
+Berry, dans la Touraine, l'Anjou, la Bretagne, la Vendée et le midi de
+la France, en 1828_, 168-169 en note.
+
+Woymouth (La maison des musiciens de), 152.
+
+
+
+
+TABLE DES MATIÈRES
+
+
+I
+
+LA JEUNESSE ET LES DÉBUTS.--Mme HUGO.--LE
+GÉNÉRAL HUGO.--PREMIERS SUCCÈS ACADÉMIQUES.--LE
+_Conservateur littéraire_.--LES _Odes et
+Poésies diverses_.--LA SECONDE FEMME DU GÉNÉRAL:
+MARIE-CATHERINE THOMAS Y SAÊTONI,
+VEUVE ANACLET D'ALMEG. 7
+
+
+II
+
+LES FIANÇAILLES ET LE MARIAGE.--LES LETTRES DE
+VICTOR A SON PÈRE.--LA _Société littéraire de
+Blois_.--UNE PENSION LONGUE A TOUCHER.--LE
+COLONEL LOUIS HUGO.--_La Révolte des Enfers._--UN
+BAN A RACHETER.--UN MARIAGE D'AMOUR. 28
+
+
+III
+
+UN ROMAN EN PARTIE DOUBLE.--LA FOLIE D'EUGÈNE
+HUGO.--LES ARMES DU GÉNÉRAL COMTE HUGO.--«LA
+RECOMMANDATION DE M. DE CLERMONT-TONNERRE».--LA
+MAISON DE LA RUE DU FOIX, A
+BLOIS.--LA GROSSESSE D'ADÈLE HUGO.--LE PAUVRE
+EUGÈNE 68
+
+
+IV
+
+LÉOPOLD HUGO.--SA NAISSANCE.--DES ENNUIS DE
+NOURRICE.--_La Muse française._--LE PETIT
+LÉOPOLD A BLOIS.--LE CRI DE LA MÈRE.--SA
+MORT.--_A l'Ombre d'un Enfant_ 102
+
+
+V
+
+LE CACHET DU GÉNÉRAL.--ODE SUR _la guerre d'Espagne_.--LES
+_Nouvelles Odes_.--LA NÉGLIGENCE
+DE LADVOCAT. LES BONNES DISPOSITIONS
+DU DUC D'ANGOULÊME VIS-A-VIS DU GÉNÉRAL.--LES
+DESSOUS D'UNE DISGRACE: CHATEAUBRIAND ET
+Mme BONI DE CASTELLANE 126
+
+
+VI
+
+LE VOYAGE A BLOIS.--UNE LETTRE DE VICTOR HUGO
+AU DESSINATEUR QUEYROY.--DEUX POÈTES NOMMÉS
+CHEVALIERS DE LA LÉGION D'HONNEUR.--LES SABLES
+DE LA MILTIÈRE.--LE SACRE DE CHARLES X 147
+
+
+VII
+
+L'ODE SUR _le Sacre_.--UNE PROMOTION DÉSIRÉE: LE
+LIEUTENANT GÉNÉRAL COMTE HUGO.--UNE DETTE
+SACRÉE.--CE BON M. DE LA RIVIÈRE.--LE _voyage
+au Mont Blanc et dans la Vallée de Chamonix_.--NAISSANCE
+DE CHARLES-VICTOR HUGO 175
+
+
+VIII
+
+LE GÉNÉRAL HUGO A PARIS.--SA MORT ET SES OBSÈQUES.--UNE
+SUCCESSION DIFFICILE.--UN TAILLEUR
+QUI ENTEND LE PETIT JEU DES INTÉRÊTS.--LA
+VENTE DU MOBILIER, A BLOIS ET A LA MILTIÈRE.--LES
+ŒUVRES DÉDICACÉES DU FILS AU PÈRE.--LA
+MORT DE LA VEUVE D'ALMEG 190
+
+
+IX
+
+INDEX ANALYTIQUE ET ALPHABÉTIQUE 203
+
+
+
+
+_ACHEVÉ D'IMPRIMER_
+
+le vingt-trois décembre mil neuf cent huit
+
+PAR
+
+Ch. COLIN
+
+à Mayenne
+
+pour le
+
+MERCVRE
+
+DE
+
+FRANCE
+
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+*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK VICTOR HUGO À VINGT ANS ***
+
+Updated editions will replace the previous one--the old editions will
+be renamed.
+
+Creating the works from print editions not protected by U.S. copyright
+law means that no one owns a United States copyright in these works,
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+Foundation" or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection
+of Project Gutenberg-tm electronic works. Nearly all the individual
+works in the collection are in the public domain in the United
+States. If an individual work is unprotected by copyright law in the
+United States and you are located in the United States, we do not
+claim a right to prevent you from copying, distributing, performing,
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+Vanilla ASCII" or other form. Any alternate format must include the
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+ you already use to calculate your applicable taxes. The fee is owed
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+ legally required to prepare) your periodic tax returns. Royalty
+ payments should be clearly marked as such and sent to the Project
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+ Literary Archive Foundation."
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+ License. You must require such a user to return or destroy all
+ copies of the works possessed in a physical medium and discontinue
+ all use of and all access to other copies of Project Gutenberg-tm
+ works.
+
+* You provide, in accordance with paragraph 1.F.3, a full refund of
+ any money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the
+ electronic work is discovered and reported to you within 90 days of
+ receipt of the work.
+
+* You comply with all other terms of this agreement for free
+ distribution of Project Gutenberg-tm works.
+
+1.E.9. If you wish to charge a fee or distribute a Project
+Gutenberg-tm electronic work or group of works on different terms than
+are set forth in this agreement, you must obtain permission in writing
+from the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, the manager of
+the Project Gutenberg-tm trademark. Contact the Foundation as set
+forth in Section 3 below.
+
+1.F.
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+Gutenberg-tm collection. Despite these efforts, Project Gutenberg-tm
+electronic works, and the medium on which they may be stored, may
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+INCIDENTAL DAMAGES EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH
+DAMAGE.
+
+1.F.3. LIMITED RIGHT OF REPLACEMENT OR REFUND - If you discover a
+defect in this electronic work within 90 days of receiving it, you can
+receive a refund of the money (if any) you paid for it by sending a
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+received the work on a physical medium, you must return the medium
+with your written explanation. The person or entity that provided you
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+or entity providing it to you may choose to give you a second
+opportunity to receive the work electronically in lieu of a refund. If
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+agreement shall be interpreted to make the maximum disclaimer or
+limitation permitted by the applicable state law. The invalidity or
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+Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
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+Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
+electronic works in formats readable by the widest variety of
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+The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non-profit
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+to date contact information can be found at the Foundation's website
+and official page at www.gutenberg.org/contact
+
+Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation
+
+Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without
+widespread public support and donations to carry out its mission of
+increasing the number of public domain and licensed works that can be
+freely distributed in machine-readable form accessible by the widest
+array of equipment including outdated equipment. Many small donations
+($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
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+States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
+considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
+with these requirements. We do not solicit donations in locations
+where we have not received written confirmation of compliance. To SEND
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+state visit www.gutenberg.org/donate
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+any statements concerning tax treatment of donations received from
+outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
+
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+ways including checks, online payments and credit card donations. To
+donate, please visit: www.gutenberg.org/donate
+
+Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic works
+
+Professor Michael S. Hart was the originator of the Project
+Gutenberg-tm concept of a library of electronic works that could be
+freely shared with anyone. For forty years, he produced and
+distributed Project Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of
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+
+Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
+editions, all of which are confirmed as not protected by copyright in
+the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not
+necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper
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+Most people start at our website which has the main PG search
+facility: www.gutenberg.org
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+This website includes information about Project Gutenberg-tm,
+including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
+Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
+subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.
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+<div style='text-align:center; font-size:1.2em; font-weight:bold'>The Project Gutenberg eBook of Victor Hugo à vingt ans, by Pierre Dufay</div>
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+<div style='display:block; margin:1em 0'>
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+whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms
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+
+<p style='display:block; margin-top:1em; margin-bottom:0; margin-left:2em; text-indent:-2em'>Title: Victor Hugo à vingt ans</p>
+<p style='display:block; margin-top:0; margin-bottom:1em; margin-left:2em; text-indent:0;'>Glanes romantiques</p>
+
+<div style='display:block; margin-top:1em; margin-bottom:1em; margin-left:2em; text-indent:-2em'>Author: Pierre Dufay</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>Release Date: November 28, 2021 [eBook #66834]</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>Language: French</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>Character set encoding: UTF-8</div>
+
+<div style='display:block; margin-left:2em; text-indent:-2em'>Produced by: Laurent Vogel, Pierre Lacaze and the Online Distributed Proofreading Team at https://www.pgdp.net (This file was produced from images generously made available by The Internet Archive/Canadian Libraries)</div>
+
+<div style='margin-top:2em; margin-bottom:4em'>*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK VICTOR HUGO À VINGT ANS ***</div>
+
+
+<h1>VICTOR HUGO A VINGT ANS</h1>
+
+
+<hr class="chap x-ebookmaker-drop" />
+
+<div class="chapter">
+<h2 class="nobreak" id="DU_MEME_AUTEUR"><i>DU MEME AUTEUR</i></h2>
+</div>
+
+
+<table summary="MEME_AUTEUR" id="MEME_AUTEUR">
+<tr><td><span class="smcap">Un chapitre inédit de l'Histoire du Costume.—Le<br />
+Pantalon féminin.</span> Préface d'Armand Silvestre<br />
+(Ch. Carrington) </td><td> 1 vol.</td></tr>
+
+<tr><td><i>Etude iconographique sur Ronsard.</i> <span class="smcap">Le Portrait,<br />
+le buste et l'épitaphe de Ronsard au<br />
+musée de Blois</span> (H. Champion) </td><td> 1 vol.</td></tr>
+
+<tr><td><span class="smcap">Le Tombeau de Jean de Morvillier et les<br />
+Pleureuses de Germain Pilon</span> (H. Champion) </td><td> 1 vol.</td></tr>
+
+<tr><td><i>Sous presse.</i></td></tr>
+
+<tr><td><span class="smcap">Napoléon en Loir-et-Cher.</span> <i>Blois, 3 avril,<br />
+13 août 1808. Vendôme, 14 août, 30 octobre<br />
+1808, 22 janvier 1809.</i>—<span class="smcap">Les Gardes<br />
+d'honneur.</span></td></tr>
+</table>
+
+<hr class="chap x-ebookmaker-drop" />
+
+<div class="chapter">
+<p><span class="pagenum" id="Page_3">[Pg 3]</span></p>
+
+<h2 class="nobreak" id="PIERRE_DUFAY">PIERRE DUFAY</h2>
+</div>
+
+<hr class="chap x-ebookmaker-drop" />
+<h1>Victor Hugo</h1>
+
+<h1>à vingt ans</h1>
+
+
+<h3>—<i>GLANES ROMANTIQUES</i>—</h3>
+
+<h4>PARIS</h4>
+
+<h4>MERCVRE DE FRANCE</h4>
+
+<h4>XXVI, RVE DE CONDÉ, XXVI</h4>
+
+<h4>MCMIX</h4>
+
+<hr class="chap x-ebookmaker-drop" />
+
+<p>JUSTIFICATION DU TIRAGE:</p>
+
+<p>Droits de reproduction et de traduction réservés pour tous pays.</p>
+
+<hr class="chap x-ebookmaker-drop" />
+
+
+<h3>A</h3>
+
+<h3>MONSIEUR LÉON SÉCHÉ,</h3>
+
+<p class="center"><i>en témoignage de haute et de vive sympathie</i>.</p>
+<hr class="chap x-ebookmaker-drop" />
+
+<div class="chapter">
+<p><span class="pagenum" id="Page_7">[Pg 7]</span></p>
+
+<h2 class="nobreak" id="I">I</h2>
+</div>
+
+<p>La Jeunesse et les débuts.—M<sup>me</sup> Hugo.—Le général
+Hugo.—Premiers succès académiques.—Le
+<i>Conservateur littéraire</i>.—Les <i>Odes et Poésies diverses</i>.—La
+seconde femme du Général: Marie-Catherine
+Thomas y Saëtoni, veuve Anaclet d'Almeg.</p>
+
+
+<p class="p2">La Bibliothèque de Blois, assez pauvre en
+manuscrits, a la bonne fortune de posséder une
+quarantaine de lettres autographes de Victor
+Hugo à son père, le général Hugo.</p>
+
+<p>Elles ont trouvé place par extraits dans le
+tome premier de la <i>Correspondance</i> de Victor
+Hugo<a id="FNanchor_1" href="#Footnote_1" class="fnanchor">[1]</a> et ont fourni à M. Louis Belton, avocat
+à Blois, matière à une fort attachante étude:
+<i>Victor Hugo et son Père, le général Hugo à
+Blois</i><a id="FNanchor_2" href="#Footnote_2" class="fnanchor">[2]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_1" href="#FNanchor_1" class="label">[1]</a> <span class="smcap">Victor Hugo</span>: <i>Correspondance, 1815-1835</i>.
+Paris, Calmann-Lévy, 1896; in-8º de 383 pp. <i>Lettres au général
+Hugo</i>, pp. 166-215.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_2" href="#FNanchor_2" class="label">[2]</a> <span class="smcap">Louis Belton</span>: <i>Victor Hugo et son père, le général Hugo</i>
+à Blois, d'après les lettres de Victor Hugo conservées à la Bibliothèque
+de Blois et divers documents inédits.</p>
+
+<p>Publiée d'abord dans le tome XVI des <i>Mémoires de la Société
+des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher</i>, pp. 9-85, cette étude a
+été l'objet d'un élégant tirage à part. Blois, Typ. et Lith. C.
+Migault et C<sup>ie</sup>, 1902, in-8º de 81 pp.</p>
+
+<p>Cette étude fort bien faite a été souvent mise à contribution
+au cours de ce travail. Des notes, que je ferai suivre des initiales
+L. B., y ont, même, été textuellement empruntées.</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_8">[Pg 8]</span></p>
+
+<p>Embrassant une période de quatre ans,—la
+première est du 4 juillet 1822 et la dernière du
+4 novembre 1826,—ces lettres offrent le très
+vif intérêt d'avoir été écrites par le poète de
+vingt à vingt-quatre ans, à la veille et au lendemain
+de son mariage. Ainsi, assistons-nous aux
+joies initiales et aux premiers chagrins du ménage,
+ce pendant que paraît et s'épuise la première
+édition des <i>Odes et Poésies diverses</i> et que
+des cendres du <i>Conservateur littéraire</i> ne tardera
+pas à éclore la <i>Muse française</i>.</p>
+
+<p>L'<i>Histoire du Romantisme</i> de Gautier—et enthousiasma-t-elle
+nos quinze ans, appareillant
+nos curiosités en partance vers les floraisons
+inconnues et magiques de Baudelaire!—ne parle
+pour ainsi dire que de la seconde période déjà
+du Romantisme: Petrus Borel, le lycanthrope,
+farouche et énigmatique, Jehan du Seigneur,
+Augustus Mac-Keat, Philothée O'Neddy, chacun
+a sa façon de porter le gilet rouge. Cette correspondance,<span class="pagenum" id="Page_9">[Pg 9]</span>
+au contraire, nous ramène aux temps
+héroïques de la nouvelle école.</p>
+
+<p>Ces dates de 1822 et de 1823 évoquent non
+point ces satellites qui lors de la représentation
+d'<i>Hernani</i> commençaient à graviter, «grandiloques
+et bousingots», autour de l'astre fulgurant
+qu'était Hugo, mais les ouvriers de la première
+heure, anciens collaborateurs du <i>Conservateur
+littéraire</i>, créateurs de la <i>Muse</i> de demain.</p>
+
+<p>Alfred de Vigny, tôt maître de son instrument,
+atteint déjà à la sereine magnificence de ses
+poèmes. Plus tard, un froid pourra se produire
+entre Hugo et lui, mais à ce moment, leur affection
+semble sincère et étroite; le chantre d'<i>Eloa</i>
+sera le témoin de Victor, lors de son mariage
+et sa «tour d'ivoire» n'est point tellement éloignée
+de la terre, qu'il ne soit des fondateurs du
+nouveau recueil.</p>
+
+<p>Le souci de son exclusive réputation et l'ennui
+de participer aux frais de la publication semblent
+en avoir éloigné Lamartine, dont les <i>Méditations</i>
+venaient de consacrer le nom. Il ne devait pas
+tarder, d'ailleurs, à y être bientôt malmené.</p>
+
+<p>Hugo et Lamartine semblent, en vérité, s'observer
+plutôt que s'aimer. Le Cygne de Saint-Point
+se préoccupait, avant tout, de lui-même,
+puis, sa nature paraissait répugner à la collectivité
+d'un effort, ce par quoi se traduit toute<span class="pagenum" id="Page_10">[Pg 10]</span>
+école littéraire ou artistique. Malgré son singulier
+éclectisme, on peut dire que la <i>Muse française</i>
+ne fut jamais la sienne.</p>
+
+<p>Mais à côté de la mer de Sorrente et de son
+«flot hexamètre», eût spécifié Corbière, que
+de talents se dessinaient et donnaient alors des
+espérances de succès et de gloire: Guiraud,
+Gaspard de Pons, camarade de Vigny à la Garde
+royale, Adolphe de Saint-Valry, moins euphoniquement
+Souillard dans la vie privée et châtelain
+à Montfort-l'Amaury, le toulousain Jules
+de Rességuier et tant d'autres, injustes oubliés
+de la grande critique, dont les murmures de
+l'Anio n'ont pas empêché l'implacable Léthé de
+submerger les noms.</p>
+
+<p>Elles sont contemporaines de cette génération
+et la rappellent, ces lettres. Souvent, elles complètent,
+et rectifient parfois, les souvenirs de
+jeunesse dictés par Olympio à sa femme, dans
+<i>Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie</i><a id="FNanchor_3" href="#Footnote_3" class="fnanchor">[3]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_3" href="#FNanchor_3" class="label">[3]</a> Édition consultée: <i>Victor Hugo raconté par un Témoin
+de sa Vie</i>, avec œuvres inédites de Victor Hugo, entre autres
+un drame en trois actes: <i>Inez de Castro</i>. Paris, A. Lacroix,
+Verbœckhoven et C<sup>ie</sup>, 1867, 2 in-12 de 376; 419 pp.</p>
+
+</div>
+
+<p>Le grand homme aimait trop la légende pour
+n'en point créer autour de lui quelques-unes,
+surtout lorsqu'elles faisaient bien et prêtaient à<span class="pagenum" id="Page_11">[Pg 11]</span>
+antithèse. D'où le père bonapartiste et la mère
+vendéenne.</p>
+
+<p>La gloire claironnante du fils a pu faire négliger
+assez communément celle, assez restreinte,
+du père, le «héros au sourire si doux<a id="FNanchor_4" href="#Footnote_4" class="fnanchor">[4]</a>», et ses
+<i>Mémoires</i>: il ne messied point de le mieux connaître<a id="FNanchor_5" href="#Footnote_5" class="fnanchor">[5]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_4" href="#FNanchor_4" class="label">[4]</a> <i>La Légende des Siècles: Après la Bataille.</i></p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_5" href="#FNanchor_5" class="label">[5]</a> <i>Mémoires du général Hugo</i>, gouverneur de plusieurs provinces
+et aide-major général des armées en Espagne. Paris,
+Ladvocat, 1823, 3 in-8º de 175-292, CII; 388 et 480 pp.</p>
+
+<p>Ces Mémoires «contenant l'Histoire abrégée des guerres de
+la Révolution française depuis 1792 jusqu'en 1815, et notamment
+les campagnes des armées du Rhin, de la Vendée, d'Italie,
+d'Espagne», et la relation des deux sièges de Thionville,
+sont précédés de <i>Mémoires inédits sur la guerre de Vendée</i>,
+par le général Aubertin.</p>
+
+<p>Un <i>Précis historique</i>, dû à Abel Hugo, <i>des Événements qui
+ont conduit Joseph Napoléon sur le trône d'Espagne</i> sert d'introduction
+à la deuxième partie des <i>Mémoires du général Hugo</i>,
+(T. II; pp. V-CII).</p>
+
+</div>
+
+<p>Dans son autobiographie, les souvenirs d'enfance
+et de jeunesse de Victor Hugo débordent
+d'affection et de reconnaissance,—c'était justice,—pour
+sa mère, cette Sophie Trébuchet,
+épousée, en 1796, par le général, alors simple
+capitaine et qui devait être si parfaite et si indulgente
+pour ses enfants, lorsqu'une aventurière
+corse, plus tard épousée, aurait fait abandonner<span class="pagenum" id="Page_12">[Pg 12]</span>
+à leur père le domicile conjugal et la vie
+commune.</p>
+
+<p>La silhouette du général apparaît, au contraire,
+au second plan seulement, comme effacée,
+et ne prend corps qu'au moment où elle
+prête matière à une antithèse connue et souvent
+répétée.</p>
+
+<p>Les enfants semblent avoir pris depuis longtemps
+parti contre leur père, insoucieux, d'ailleurs,
+de la pension qu'il leur devrait servir, et
+entre Victor et le général, cela a tout l'air d'une
+réconciliation.</p>
+
+<p>Ils ne se connaissaient pas ou si peu.</p>
+
+<p>Les lettres de Victor Hugo conservées à la
+Bibliothèque de Blois, sur ce point comme sur
+d'autres, remettent singulièrement les choses au
+point. L'éloignement entre le père et ses fils
+était plutôt matériel et ceux-ci de savoir fort
+bien lui réclamer leurs mois de pension, quand
+ils se faisaient trop attendre.</p>
+
+<p>Elles ne sont postérieures que de dix-huit mois
+à la mort de M<sup>me</sup> Hugo, ce déchirant chagrin
+pour Abel, Eugène et Victor, et d'un an à peine
+au second mariage qu'alla perpétrer, presque en
+cachette, le général dans l'Indre et, cependant,
+elles sont empreintes d'une attention respectueuse
+et continue du fils vis-à-vis du père. Elles
+ne sont même pas exemptes d'une certaine tendresse.<span class="pagenum" id="Page_13">[Pg 13]</span>
+On la désirerait sans doute plus simple
+et moins apprêtée, mais n'y avait-il pas entre
+eux le souvenir de leur mère et la présence de
+«l'Intruse», cette veuve Anaclet d'Almet, comtesse
+de Salcano, auquel le vieux brave n'avait
+pas craint d'associer sa vie.</p>
+
+<p>Quant aux choses de l'esprit, loin de les haïr,
+le général les aimait fort, et, dans sa retraite
+anticipée, avait conservé pour elles un goût
+très prononcé<a id="FNanchor_6" href="#Footnote_6" class="fnanchor">[6]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_6" href="#FNanchor_6" class="label">[6]</a> Outre ses <i>Mémoires</i>, on doit au général Hugo:</p>
+
+<p><i>Coup d'œil militaire sur la manière d'escorter et de défendre
+les convois et sur les moyens de diminuer la fréquence des
+convois et d'en assurer la marche: suivi d'un mot sur le pillage.</i></p>
+
+<p>Paris, 1796, in-12.</p>
+
+<p>Ces considérations ont été jointes au tome I<sup>er</sup> des <i>Mémoires
+du général Hugo</i>, pp. 209-255.</p>
+
+<p><i>Mémoires sur les moyens de suppléer à la traite des nègres
+par des individus libres, et d'une manière qui garantisse pour
+l'avenir la sûreté des colons et la dépendance des colonies.</i></p>
+
+<p>(Publié sous le pseudonyme de Genty, cet ouvrage parut à
+Blois, 1818, in-8º).</p>
+
+<p><i>Journal historique du blocus de Thionville en 1814, et de
+Thionville, Sierck et Rodemack en 1815, contenant quelques
+détails sur le siège de Longwy</i>; rédigé sur des rapports et
+mémoires communiqués par M. A.-A. M***, ancien officier
+d'état-major au gouvernement de Madrid.</p>
+
+<p>Blois, 1819, in-8º.</p>
+
+<p><i>L'Aventure tyrolienne</i>, par Sigisbert (roman).</p>
+
+<p>Paris, 1826, 3 in-12.</p>
+
+<p>(Est-ce à ce roman que, sous un autre titre, faisait allusion
+Méry dans sa conversation avec les Goncourt: «Méry nous
+raconte la vente qu'il conclut au prix de 600 francs, d'un roman
+du général Hugo, le père de Victor Hugo, qui s'appelait la
+<span class="smcap">Vierge du Monastère</span>.» (<i>Journal des Goncourt</i>, tome II, 1862-1865,
+Paris, Charpentier, 1887, in-12; 18 mai 1864, p. 198). Méry
+était en effet revenu à Paris en 1824.</p>
+
+<p>Peu de temps avant sa mort, en 1827, le général Hugo avait
+tenté d'organiser une souscription pour la publication d'un
+ouvrage demeuré inédit.</p>
+
+<p>Prospectus de l'ouvrage intitulé: <i>Des grands moyens accessoires
+de défense et de conservation aujourd'hui indispensables
+aux places fortes, aux armées, aux colonies et aux États qui
+les possèdent</i>.</p>
+
+<p>Paris, 1827, in-8º.</p>
+
+<p>Enfin, il laissait un certain nombre de manuscrits dont
+M. Louis Belton a relevé les titres dans l'inventaire établi après
+son décès:</p>
+
+<p>«La duchesse d'Alba (1820).</p>
+
+<p>«Le tambour Robin (1823).</p>
+
+<p>«L'Ermite (ou le Solitaire) du Lac.</p>
+
+<p>«L'épée de Brennus.</p>
+
+<p>«Perrine, ou la nouvelle Nina, anecdote napolitaine.</p>
+
+<p>«L'Intrigue de Cour, comédie en trois actes.</p>
+
+<p>«La Permission, anecdote.</p>
+
+<p>«Variante des Amants ennemis (1824).</p>
+
+<p>«Joseph, ou l'Enfant trouvé (1825).</p>
+
+<p>«Essai complémentaire sur le commandement des places de
+guerre et autres.</p>
+
+<p>«Minutes (antérieures à 1826) de la défense des nations, et
+de leurs grands intérêts maritimes et coloniaux.</p>
+
+<p>«Enfin le général préparait un ouvrage, et il avait préparé
+des notes sur les pensions des veuves de militaires.»</p>
+
+<p>(<span class="smcap">Louis Belton</span>: <i>Victor Hugo et son père, le général Hugo, à
+Blois</i>, p. 19).</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_14">[Pg 14]</span></p>
+
+<p>Les craintes qu'inspirait deux ans plus tôt
+la collaboration d'Eugène et de Victor au <i>Conservateur
+littéraire</i>,—n'allaient-ils point négliger<span class="pagenum" id="Page_15">[Pg 15]</span>
+par trop leurs études de droit<a id="FNanchor_7" href="#Footnote_7" class="fnanchor">[7]</a>?—semblent évanouies.
+Il ne leur tient pas rigueur d'avoir préféré
+l'incertaine fortune des lettres à l'avenir
+réputé sûr de Polytechnique, ce rêve de tous les
+parents de province et même de Paris.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_7" href="#FNanchor_7" class="label">[7]</a> M. Émile Paul, dans le <i>Catalogue de la Bibliothèque
+romantique</i> de M. J. Noilly (Paris, A. Labitte, 1886), fournit
+à ce sujet la curieuse note que voici:</p>
+
+<p>«<i>Lettre autographe</i> du général Hugo, père du poète, au doyen
+de la Faculté de droit de Paris; Blois, le 28 avril 1820, 1 p. 1/2
+in-4º. Il s'informe auprès du doyen de la Faculté de droit de
+Paris si Eugène et Victor Hugo suivent leurs cours. Il craint
+qu'une entreprise littéraire dont il a entendu parler (le <i>Conservateur
+littéraire</i>) n'absorbe leur argent et ne les détourne de
+leurs études.»</p>
+
+</div>
+
+<p>Les débuts de Victor étaient, au reste, assez
+glorieux pour le rassurer sur ce point. Nul besoin
+d'employer vis-à-vis de lui le verbe comminatoire.</p>
+
+<p>Les délassements intellectuels n'étaient point
+étrangers à l'ancien défenseur de Thionville: il
+les aimait.</p>
+
+<p>Une seule chose aurait pu l'inquiéter peut-être:
+la détresse morale d'Eugène..., il ne pouvait
+la soupçonner.</p>
+
+<p>Le pauvre garçon était déjà bizarre, avant que
+d'être fou.</p>
+
+<p>La politique ne semblait point davantage devoir
+les séparer. Si le général Hugo devait de la<span class="pagenum" id="Page_16">[Pg 16]</span>
+reconnaissance au roi Joseph, il n'avait jamais
+eu beaucoup à se louer de Napoléon. Maréchal
+de camp des armées du roi d'Espagne depuis
+le 20 août 1809, à peine si, à sa rentrée en France,
+en juillet 1813, l'Empereur lui avait reconnu le
+grade de major dans l'armée française. Comme
+tel, il avait été appelé, le 9 janvier suivant, à
+défendre Thionville contre les troupes alliées.</p>
+
+<p>L'on sait ce que cette défense de quatre-vingt-huit
+jours—il la devait renouveler en 1815—comporta
+d'héroïsme et d'intelligence. Le général
+en a écrit le <i>Journal</i>, et, tout en le mettant
+en demi-solde, Louis XVIII, loin de lui tenir rigueur,
+lui avait auparavant accordé la croix de
+chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis
+(1<sup>er</sup> novembre 1814) et le grade de maréchal
+de camp des armées françaises (21 novembre
+1814), pour prendre rang à la date de sa
+rentrée en France, 11 septembre 1813.</p>
+
+<p>Quelques mois plus tard, le général était ainsi
+qu'un de ses frères, le colonel Louis-Joseph,
+promu par la même ordonnance, au grade d'officier
+de la Légion d'honneur<a id="FNanchor_8" href="#Footnote_8" class="fnanchor">[8]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_8" href="#FNanchor_8" class="label">[8]</a> Ordonnance du 14 février 1815 (<i>Moniteur universel</i>, 19 février
+1815).</p>
+
+</div>
+
+<p>Sauf un commandement actif, il n'avait donc
+pas à en vouloir trop aux Bourbons, et son bonapartisme,<span class="pagenum" id="Page_17">[Pg 17]</span>
+pour le moins douteux<a id="FNanchor_9" href="#Footnote_9" class="fnanchor">[9]</a>, n'avait
+point à s'offusquer du royalisme ardent, alors
+si bien porté, dont témoignaient ses fils et dont
+ils firent montre dans le <i>Conservateur littéraire</i><a id="FNanchor_10" href="#Footnote_10" class="fnanchor">[10]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_9" href="#FNanchor_9" class="label">[9]</a> Lettre à M. le Comte Roger de Damas, gouverneur pour
+le Roi, à Nancy:</p>
+
+<p>
+Thionville, le 18 avril 1814.<br />
+<br />
+Monsieur le Comte,<br />
+</p>
+
+<p>La brave garnison que je commande, mon conseil de défense
+et moi, avons unanimement adhéré le 14 aux actes du Sénat.</p>
+
+<p>Enfermés pendant quatre-vingt-huit jours dans cette forteresse,
+nous y avons été fidèles à l'oriflamme de l'honneur:
+c'est vous rappeler celui d'Henri IV.</p>
+
+<p>En combattant nous n'avons pas attendu les éloges des hommes;
+l'amour sacré de la patrie nous animait. Que le bon
+prince qui vient régner sur nous daigne sourire à notre constance,
+et nous en aurons reçu le prix. Nous avons été fidèles
+et loyaux sous l'Empereur; le serment qui nous enchaîne au
+roi Louis XVIII est la garantie que nous le serons également
+sous lui. Donnez à cet auguste monarque de la confiance dans
+sa brave garnison de Thionville; elle y répondra noblement,
+elle saura mourir pour sa gloire et pour son service.</p>
+
+<p>Je vous prie, etc.</p>
+
+<p>
+Le général Hugo.<br />
+</p>
+
+<p>(<i>Mémoires du général Hugo</i>, tome III, notes et pièces justificatives,
+p. 467).</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_10" href="#FNanchor_10" class="label">[10]</a> <i>Le Conservateur littéraire.</i> A Paris, chez Anthe. Boucher,
+imprimeur-éditeur, rue des Bons-Enfants, nº 34.</p>
+
+<p>Décembre 1819-mars 1821; 30 livraisons formant 3 volumes
+in-8º.</p>
+
+<p>En épigraphe, au-dessous du titre, à partir de la seconde
+livraison:</p>
+
+<div class="poetry-container">
+<div class="poetry">
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent2">... Fungar vice cotis acutum</div>
+ <div class="verse indent0">Reddere quæ ferrum valet, exsors ipsa secandi.</div>
+ </div>
+</div>
+</div>
+
+<p>(<span class="smcap">Hor.</span>)</p>
+
+<p>Il faut lire en quels termes le brave M. Agier, qui, en 1816,
+avait été président des <i>Francs régénérés</i>, encourageait dans
+le <i>Conservateur</i>, dont le <i>Conservateur littéraire</i> cuidait être le
+supplément, les débuts de ses jeunes confrères:</p>
+
+<p>«Il y a dans cette honorable entreprise quelque chose de
+plus intéressant, de plus touchant encore, c'est son motif, dont
+MM. Hugo, que nous n'avons point l'avantage de connaître,
+nous pardonneront de révéler ici le secret. L'éducation de ces
+intéressants jeunes gens a été dirigée par une mère distinguée,
+qui a pensé de bonne heure que de bons principes et des talents
+formaient la seule fortune qui pût être à l'abri des révolutions,
+la seule arme avec laquelle on pût ne pas se défendre
+de l'envie, de la calomnie, mais la braver. Maintenant, fils reconnaissants,
+ils essaient d'acquitter une dette aussi sacrée que
+douce. Ils doivent à leur mère une seconde vie: ils veulent
+soutenir, embellir la sienne; et pour y parvenir, ils unissent
+la fraternité du talent à la fraternité du sang. Heureux jeunes
+gens d'avoir une mère qui ait senti le prix de l'éducation! Heureuse
+mère de voir ainsi couronner ses soins! Outre l'utilité
+et la bonne rédaction du <i>Conservateur littéraire</i>, c'est donc la
+piété filiale et maternelle qui le recommande à tous les amis des
+lettres et du bien....» (<i>Le Conservateur</i>, tome VI, 1820,
+p. 465). Ce passage a été reproduit par M. Ch.-M. Des Granges
+dans son très intéressant volume: <i>La Presse Littéraire sous
+la Restauration</i> dont nous avons souvent mis à profit la précieuse
+documentation.</p>
+
+<p>M. Agier ne se contentait point d'être pompier; en mars 1815
+il avait troqué sa robe de substitut du procureur général, pour
+l'uniforme de capitaine d'une compagnie de volontaires royaux!</p>
+
+<p>Quant au légitimisme ultra du <i>Conservateur littéraire</i>, la disparition
+de son aîné, en 1820, ne l'affaiblit en rien, et dans la
+préface du tome II (avril 1820), les «intéressants jeunes gens»,
+que louait si fort M. Agier, de clamer sur le mode majeur leurs
+opinions:</p>
+
+<p>«Nous continuerons donc de servir autant qu'il sera en nous
+le trône et la littérature; trop heureux si nous pouvons ranimer
+le goût des lettres et éveiller de jeunes talents; plus heureux
+encore, si nous pouvons propager le royalisme et convertir
+aux saines doctrines de généreux caractères!.....</p>
+
+<p>«Enfin, puisque notre redoutable aîné, le <i>Conservateur</i>, a
+cessé de paraître, nous promettons de conserver intact l'héritage
+de saints principes qu'il nous a légués avec son titre;
+nous espérons que ses honorables rédacteurs reconnaîtront
+entre eux et nous une confraternité, sinon de talent, du moins
+de zèle et d'opinions; et nous croyons dire assez quel haut
+prix nous attachons à ce titre de royalistes, en ajoutant que
+cette seconde confraternité ne nous paraît pas moins glorieuse
+que la première.»</p>
+
+<p>Cf: Ch.-M. <span class="smcap">Des Granges</span>: <i>Le Romantisme et la Critique.—La
+Presse littéraire sous la Restauration</i>, 1815-1830. Paris, Société
+du Mercure de France, 1907, in-8º, de 386 pp.</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_18">[Pg 18]</span></p>
+
+<p>De ses trois fils, Victor était, comme on le
+sait, le plus jeune, Abel étant né à Paris le<span class="pagenum" id="Page_19">[Pg 19]</span>
+15 novembre 1798 et Eugène à Nancy, le 29 fructidor
+an VIII (16 septembre 1800).</p>
+
+<p>Après avoir fait partie des pages du roi Joseph,
+ancien officier d'état-major à quinze ans! Abel
+était venu retrouver ses frères. Ils avaient mis
+leurs jeux, puis leurs travaux en commun. Si en
+1822 Victor Hugo connaissait déjà la gloire, par
+deux mentions à l'Académie française<a id="FNanchor_11" href="#Footnote_11" class="fnanchor">[11]</a> et par<span class="pagenum" id="Page_20">[Pg 20]</span>
+le lis et l'amarante d'or de l'Académie des Jeux
+Floraux, qui, le 28 août 1820, l'avait nommé
+maître ès jeux floraux<a id="FNanchor_12" href="#Footnote_12" class="fnanchor">[12]</a>, sans parler des <i>Odes
+et Poésies diverses</i> qui venaient de paraître<a id="FNanchor_13" href="#Footnote_13" class="fnanchor">[13]</a>.<span class="pagenum" id="Page_21">[Pg 21]</span>
+Abel et Eugène avaient glané, eux aussi, quelques
+lauriers académiques: Abel devait être
+couronné, en décembre 1822, par la Société
+d'Émulation de Cambrai, pour son <i>Ode sur la
+bataille de Denain</i><a id="FNanchor_14" href="#Footnote_14" class="fnanchor">[14]</a> et Eugène avait déjà obtenu,
+en 1818 et en 1819, un souci réservé et
+une mention des Jeux Floraux, pour une <i>Ode
+sur la mort du duc d'Enghien</i><a id="FNanchor_15" href="#Footnote_15" class="fnanchor">[15]</a> et une autre
+sur celle de <i>S. A. R. Louis-Joseph de Bourbon,
+prince de Condé</i>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_11" href="#FNanchor_11" class="label">[11]</a> Victor Hugo avait, on le sait, obtenu en 1817, à l'âge de
+quinze ans, une neuvième mention pour le sujet, mis au concours
+le 5 avril 1815, durant les Cent-Jours, par la seconde
+classe de l'Institut impérial pour le prix de poésie: <i>Le bonheur
+que procure l'étude dans toutes les situations de la vie.</i></p>
+
+<p>La pièce de Victor Hugo, inscrite sous le nº 15, avait pour
+épigraphe ce vers d'Ovide:</p>
+
+<div class="poetry-container">
+<div class="poetry">
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0"><i>At mihi jam puero cœlestia sacra placebant.</i></div>
+ </div>
+</div>
+</div>
+
+<p>Deux ans plus tard, en 1819, il avait obtenu une nouvelle
+mention, ayant, cette fois, traité comme sujet de concours:
+<i>Avantages de l'enseignement mutuel.</i></p>
+
+<p>Des fragments de ce discours ont été publiés par Victor
+Hugo dans <i>Littérature et Philosophie mêlées</i>.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_12" href="#FNanchor_12" class="label">[12]</a> M. Edmond Biré a relevé dans son <i>Victor Hugo avant 1830</i>
+(Paris, Jules Gervais; Nantes, Emile Grimaud, 1883, in-12 de
+533 pages) la liste des succès du poète aux Jeux Floraux:</p>
+
+<p>1819.—<i>Les Derniers Bardes</i>; mention.</p>
+
+<p><i>Les Vierges de Verdun</i>; amarante réservée.</p>
+
+<p><i>Le Rétablissement de la Statue de Henri IV</i>; lis d'or.</p>
+
+<p>1820.—<i>Moïse sur le Nil</i>; amarante d'or réservée.</p>
+
+<p>Par lettre du 28 avril, Victor Hugo avait été nommé <i>maître
+ès jeux floraux</i>, et proclamé tel dans la séance du 3 mai suivant.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_13" href="#FNanchor_13" class="label">[13]</a> <i>Odes et Poésies diverses.</i> Paris, Pélicier, libraire, place du
+Palais-Royal, nº 243, 1822.</p>
+
+<p>Très médiocre comme édition, ce recueil contenait, outre les
+premières odes: <i>Raymond d'Ascoli</i>, élégie; <i>Les Deux Ages</i>,
+idylle; <i>Les Derniers Bardes</i>, poème, qui légitimaient la seconde
+partie du titre du volume, et disparurent avec elle, en 1828,
+de l'édition définitive.</p>
+
+<p>Envoyés au concours de l'Académie des Jeux Floraux, en
+1819, où ils n'obtinrent qu'une mention, publiés ensuite dans
+le <i>Conservateur littéraire</i>, <i>Les Derniers Bardes</i> devaient prendre
+place, plus tard, dans <i>Victor Hugo raconté par un Témoin
+de sa Vie</i>.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_14" href="#FNanchor_14" class="label">[14]</a> «Le prix de poésie a été décerné à M. Abel Hugo, pour
+une ode sur la bataille de Denain». (Le <i>Moniteur universel</i>,
+11 décembre 1823).</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_15" href="#FNanchor_15" class="label">[15]</a> C'est là, avec les <i>Stances à Thaliarque</i>, traduites d'Horace,
+la seule pièce de vers d'Eugène Hugo, publiée par le <i>Conservateur
+littéraire</i>, dont une note spécifie, tome I<sup>er</sup>, p. 320, au
+sujet de MM. Hugo «que deux de ces messieurs seulement,
+l'aîné et le plus jeune (Abel et Victor) comptent parmi les
+rédacteurs».</p>
+
+</div>
+
+<p>A Blois, où il s'était retiré, le général Hugo,
+créé par Joseph comte de Siguenza<a id="FNanchor_16" href="#Footnote_16" class="fnanchor">[16]</a>—titre qu'il<span class="pagenum" id="Page_22">[Pg 22]</span>
+ne devait porter que plus tard—en souvenir
+et en récompense des défaites qu'il avait infligées
+à l'Empecinado, s'était d'abord installé au
+château de Saint-Lazare, maison bourgeoise
+luxueuse pour l'époque, située hors la ville et
+aujourd'hui transformée en annexe de l'Asile
+d'aliénés, qu'il avait acheté 36.000 francs<a id="FNanchor_17" href="#Footnote_17" class="fnanchor">[17]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_16" href="#FNanchor_16" class="label">[16]</a> Dans son <i>Armorial du Premier Empire</i> (Paris, 1894-1897,
+4 vol. in-8º), le Vicomte A. Révérend parle bien en note du
+général Hugo (tome II, p. 323), mais par une singulière inadvertance,
+il le donne pour le grand-père et non comme le père
+du poète et substitue au comté de Siguenza celui de Gogolludo:</p>
+
+<p>«Le général Hugo, grand-père du célèbre poète, qui fut
+pair de France, appartenait à une autre famille et avait reçu
+de Joseph Bonaparte, roi d'Espagne, le titre de comte de
+Cogolludo, qui ne fut pas l'objet d'une confirmation impériale.»</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_17" href="#FNanchor_17" class="label">[17]</a> «L'acquisition, faite d'abord sous le nom d'un tiers, ne
+fut régularisée à son profit que le 1<sup>er</sup> mai 1822, par un acte devant
+M<sup>e</sup> Pardessus, notaire à Blois.»</p>
+
+<p>Le château et le domaine de Saint-Lazare «comprenaient à
+cette époque une grande maison de maître, logement de closier
+et de jardinier, bâtiments d'exploitation: pressoir garni
+de ses ustensiles, cour, basse-cour, jardins, promenades, charmilles,
+bosquets, vignes et terres labourables, le tout en un
+seul clos entouré de murs, et contenant 9 hectares 72 ares
+48 centiares». (L. B.).</p>
+
+<p>Léproserie au moyen âge, Saint-Lazare formait, en 1789, un
+prieuré conventuel de Génovéfains qui fut remis à la Nation
+le 6 décembre 1790 et vendu, par adjudication publique, le
+9 février 1791.</p>
+
+</div>
+
+<p>Un second mariage n'avait point tardé à suivre,
+comme il a été dit, la mort de Sophie Trébuchet.
+Moins de trois mois après, le 6 septembre
+1821, à 6 heures du soir, il épousait devant
+l'officier de l'état civil de la commune de Chabris
+(Indre), le marquis de Béthune-Sully, une veuve<span class="pagenum" id="Page_23">[Pg 23]</span>
+d'origine corse: Marie-Catherine Thomas y
+Saëtoni, veuve Anaclet d'Almeg.</p>
+
+<p>L'acte de mariage est peu connu<a id="FNanchor_18" href="#Footnote_18" class="fnanchor">[18]</a> et n'est
+point dénué d'intérêt. Il fixe deux dates, et, à
+l'orthographe près, fournit les noms exacts de
+l'aventurière que le général Hugo allait épouser
+à Chabris<a id="FNanchor_19" href="#Footnote_19" class="fnanchor">[19]</a>:</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_18" href="#FNanchor_18" class="label">[18]</a> Je m'étais adressé pour avoir le texte de l'acte de mariage
+du général Hugo, à M. le Maire de Chabris, ignorant alors
+qu'il avait déjà été reproduit par le D<sup>r</sup> G. Patrigeon dans une
+intéressante notice qu'il y aurait injustice à ne point citer:
+<i>Excursions à travers le passé.—Le père de Victor Hugo (Général
+Joseph-Léopold-Sigisbert Hugo) à propos de son deuxième
+mariage à Chabris en septembre 1821.</i>—Châteauroux, A. Mellotée,
+1892, in-8º, de 21 pp.</p>
+
+<p>Cette étude avait d'abord été publiée par la <i>Revue du Berry</i>
+et par le <i>Bulletin du Musée municipal de Châteauroux</i>.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_19" href="#FNanchor_19" class="label">[19]</a> M. Edmond Biré fixe, en effet, d'après les Archives municipales
+de Nancy, le second mariage du général à la date du
+20 juillet 1821 et non du 6 septembre. Marie-Catherine y Saëtoni
+y devient Marie-Catherine Thomas y Sactoin. D'autre
+part, l'acte de son décès, à l'état civil de Blois (1858) ne donne
+pas les noms de ses père et mère.</p>
+
+</div>
+
+<p>
+Nº 10<br />
+<br />
+<span class="smcap">Hugo Joseph-Léopold-Sigisbert</span><br />
+<br />
+et<br />
+<br />
+<span class="smcap">Marie-Catherine<br />
+Tomat Isaétony</span><br />
+<br />
+<br />
+<i>Du 6 Septembre 1821</i><br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Aujourd'hui six septembre mil
+huit cent vingt-un, à six heures
+du soir, par devant Nous, Louis,
+marquis de Béthune Sully, chevalier
+de l'ordre Royal de la
+Légion d'honneur, maire et officier
+de l'état-civil de la commune
+de Chabris, canton de
+Saint-Christophe, arrondissement
+d'Issoudun (Indre), sont comparus M. Joseph-Léopold-Sigisbert
+Hugo, ancien officier général, domicilié<span class="pagenum" id="Page_24">[Pg 24]</span>
+à Nancy<a id="FNanchor_20" href="#Footnote_20" class="fnanchor">[20]</a>, département de la Meurthe, né à
+Nancy le quinze novembre mil sept cent soixante-treize,
+fils majeur de feu Joseph Hugo, vivant propriétaire,
+décédé à Nancy, le quinze messidor, an sept
+et de feue Marguerite Michaud, décédée aussi à
+Nancy le vingt-trois février mil huit cent quatorze.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_20" href="#FNanchor_20" class="label">[20]</a> Le général Hugo résidait, en fait, à Blois, depuis plusieurs
+années.</p>
+
+</div>
+
+<p>
+D'une part,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Et Dame Marie-Catherine Tomat Isaétony, domiciliée
+à Chabris<a id="FNanchor_21" href="#Footnote_21" class="fnanchor">[21]</a>, Comtesse de Salcano, née à Cervione,
+le cinq novembre mil sept cent quatre-vingt-quatre,
+veuve de Anaclet d'Almay, vivant propriétaire,
+décédé à la Havane, le quinze août mil huit cent
+dix-sept, fille majeure de feu Nicolas de Ligny Tomat,
+décédé en Corse le premier novembre mil huit cent
+trois et feue Lina Isaétony de Compolor, décédée à
+Cervione le quinze décembre mil sept cent quatre-vingt-cinq,</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_21" href="#FNanchor_21" class="label">[21]</a> «Plus exactement elle résidait au Château de Beauregard,
+habitation du marquis de Béthune-Sully, dont elle était l'hôte»
+(D<sup>r</sup> Patrigeon)... passagère, car la veuve d'Almeg était depuis
+1816, propriétaire à Blois, et cet acte de l'état civil n'était que
+la consécration des liens... religieux (?) qui depuis longtemps
+déjà l'unissaient au général Hugo.</p>
+
+</div>
+
+<p>
+D'autre part,<br />
+</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_25">[Pg 25]</span></p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Lesquels nous ont requis de procéder à la célébration
+du mariage projeté entre eux et dont les publications
+ont été faites dans cette commune les dimanches
+vingt-deux et vingt-neuf juillet dernier et dans
+la ville de Nancy, les dimanches vingt-deux et vingt-neuf
+juillet aussi dernier, d'après qu'il résulte du
+certificat de Monsieur l'adjoint dudit Nancy, en date
+du dix-huit août dernier, signé Morville, adjoint.</p>
+
+<p>Aucune opposition audit mariage ne nous ayant
+été signifiée, vu aussi la permission de mariage
+accordée par le Ministre Secrétaire d'État au département
+de la Guerre, en date du vingt-huit août dernier,
+faisant droit à leur réquisition, après leur avoir
+donné lecture de toutes les pièces ci-dessus mentionnées,
+ainsi que du chapitre six du code civil: <i>Du
+Mariage</i>; nous avons demandé au futur époux et à
+la future épouse s'ils veulent se prendre pour mary
+et femme; chacun d'eux nous ayant répondu séparément
+et affirmativement, nous avons déclaré: Au
+nom de la loi, que Joseph-Léopold-Sigisbert Hugo
+et Marie-Catherine Tomat Isaétony sont unis par le
+mariage, dont acte fait à la mairie de Chabris, les
+jour, mois et an que dessus, en présence des sieurs
+Jacques Rousseau, chevalier de l'ordre royal de la
+Légion d'honneur, âgé de quarante-six ans<a id="FNanchor_22" href="#Footnote_22" class="fnanchor">[22]</a>, de<span class="pagenum" id="Page_26">[Pg 26]</span>
+Jacob Schiésingeyer, cocher de M. le marquis de
+Béthune Sully, âgé de trente-quatre ans; de Chantreau
+Maurice, homme d'affaires de M. de Béthune,
+âgé de quarante-huit ans, et de Nicolas Kallenborenne,
+tailleur d'habits, âgé de trente-cinq ans, tous
+demeurant commune de Chabris et ont, lesdits comparants
+et témoins, signés avec Nous, après lecture
+faite.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_22" href="#FNanchor_22" class="label">[22]</a> Ancien soldat de l'Empire, Jacques Rousseau était adjoint
+au maire de Chabris.</p>
+
+<p>«Il n'y eut pas de bénédiction nuptiale à l'église de Chabris.
+Aucun contrat ne fut passé en l'étude de M<sup>e</sup> Jaupitre, notaire
+de la localité» (D<sup>r</sup> Patrigeon).</p>
+
+</div>
+
+<p>
+<i>Le Général Hugo</i><br />
+<br />
+<i>Veuve Dalmay</i><br />
+<br />
+<i>Rousseau, Jacob Schiésingeyer, Chantreau, Kallenborenne,<br />
+Le Marquis de Béthune Sully.</i><br />
+</p>
+
+<p>L'on connaît par Edmond Biré, le singulier
+faire-part que le général adressa en cette occasion
+à ses connaissances:</p>
+
+<p>
+<i>M.</i><br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Monsieur le général Léopold Hugo a l'honneur de
+vous faire part qu'il vient de faire légaliser, par devant
+M. l'officier public de Chabris (Indre), les liens
+purement religieux qui l'unissaient à Madame veuve
+d'Almé, comtesse de Salcano.</p>
+</div>
+
+<p>
+Saint-Lazare, près Blois<a id="FNanchor_23" href="#Footnote_23" class="fnanchor">[23]</a>.<br />
+</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_23" href="#FNanchor_23" class="label">[23]</a> <span class="smcap">Edmond Biré</span>: <i>Victor Hugo avant 1830</i>, p. 233.</p>
+
+</div>
+
+<p>La religion a parfois bon dos... Victor, cependant,
+se contenta d'ignorer ainsi que ses<span class="pagenum" id="Page_27">[Pg 27]</span>
+frères, la seconde femme du général «la femme
+pour laquelle il a quitté sa famille<a id="FNanchor_24" href="#Footnote_24" class="fnanchor">[24]</a>» jusqu'au
+jour où les soins donnés à son frère Eugène et
+à son petit Léopold amenèrent entre le beau-fils
+et la belle-mère un rapprochement passager.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_24" href="#FNanchor_24" class="label">[24]</a> <span class="smcap">Victor Hugo</span>: <i>Lettres à la Fiancée</i>, 1820-1822, Paris, Fasquelle,
+1901, in-12 de 340 pp. Note, p. 231.</p>
+
+</div>
+<hr class="chap x-ebookmaker-drop" />
+
+<div class="chapter">
+<p><span class="pagenum" id="Page_28">[Pg 28]</span></p>
+
+<h2 class="nobreak" id="II">II</h2>
+</div>
+
+<p>Les fiançailles et le mariage.—Les lettres de Victor
+à son père.—La <i>Société littéraire de Blois</i>.—Une
+pension longue à toucher.—Le colonel Louis
+Hugo.—<i>La Révolte des Enfers.</i>—Un ban à
+racheter.—Un mariage d'amour.</p>
+
+
+<p class="p2">Au surplus, il avait d'autres préoccupations
+en tête que sa belle-mère. Il était amoureux. Le
+clair roman éclos sous les frais ombrages du
+jardin de la rue des Feuillantines touchait à son
+dénouement. Depuis près d'un an, au retour du
+voyage de Dreux, il était fiancé de fait à M<sup>lle</sup> Adèle
+Foucher, la camarade des jeux de leur enfance
+et la gracieuse voisine de la rue du Cherche-Midi.
+L'autorisation de son père et une demande
+régulière lui importaient autrement que «l'épouse
+actuelle», du général, Marie-Catherine
+Thomas y Saëtoni.</p>
+
+<p>Le vendredi 8 mars 1822, il avait écrit au général,
+pour lui demander son autorisation; elle
+lui parvenait enfin le 13 mars, et un court billet<span class="pagenum" id="Page_29">[Pg 29]</span>
+des <i>Lettres à la Fiancée</i> témoigne de la joie sans
+mélange, s'il n'y eût eu «un nuage»,—le
+nuage était l'intruse—de Victor-Marie Hugo<a id="FNanchor_25" href="#Footnote_25" class="fnanchor">[25]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_25" href="#FNanchor_25" class="label">[25]</a> <i>Lettres à la Fiancée</i>, p. 230.</p>
+
+</div>
+
+<p>Cette année-là, M. et M<sup>me</sup> Foucher avaient
+loué pour deux mois, dans la grande banlieue
+de Paris, à Gentilly, une maison de campagne
+où ils vinrent passer avril et mai. Agréé officiellement
+comme fiancé, à la suite de l'assentiment
+de son père, le poète fut autorisé à venir
+habiter, près de la bien-aimée, «une vieille
+tourelle de l'ancienne construction où il y avait
+une chambre, vrai nid d'oiseau ou de poète<a id="FNanchor_26" href="#Footnote_26" class="fnanchor">[26]</a>».
+Il prenait ses repas auprès d'elle, et pouvait lui
+faire sa cour, à la condition expresse de ne jamais
+rester seul avec elle. Aussi ce qu'il ne pouvait
+lui dire, il le lui écrivait, et même durant
+les deux mois où ils vécurent presque côte à
+côte, la correspondance ne chôma point entre
+eux.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_26" href="#FNanchor_26" class="label">[26]</a> <i>Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie</i>, tome II,
+p. 55.</p>
+
+</div>
+
+<p>Victor Hugo, dans son autobiographie a joliment
+évoqué cette maison de Gentilly, le jardin
+où se promenaient les amoureux, leurs voisins,
+les fous de Bicêtre, et ce gentil garçon, amené
+un jour par Paul Foucher, qui avec ses douze<span class="pagenum" id="Page_30">[Pg 30]</span>
+ans et ses cheveux d'un blond de lin, «imitait
+un ivrogne avec une facilité et une vérité extraordinaires».</p>
+
+<p>«Il se nommait Alfred de Musset<a id="FNanchor_27" href="#Footnote_27" class="fnanchor">[27]</a>.»</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_27" href="#FNanchor_27" class="label">[27]</a> <i>Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie</i>, t. II, p. 57.</p>
+
+</div>
+
+<p>La maison existe toujours, et l'un des hommes
+qui connaissent le mieux Paris et ses environs,
+dont il s'est fait l'historiographe par excellence
+M. Fernand Bournon, en donnait fort
+élégamment ces temps derniers la description
+dans son état actuel<a id="FNanchor_28" href="#Footnote_28" class="fnanchor">[28]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_28" href="#FNanchor_28" class="label">[28]</a> <span class="smcap">Fernand Bournon</span>: <i>Victor Hugo à Gentilly</i>, Paris, Lucien
+Gougy, 1906, in-8º de 10 pp. (Publication de la Société «Les
+Hugophiles»).</p>
+
+</div>
+
+<p>Ces deux mois furent vite passés. En juin, les
+Foucher regagnèrent, rue du Cherche-Midi,
+l'hôtel de Toulouse, où séait le Conseil de guerre.
+M. Foucher en avait longtemps tenu le greffe,
+qu'il avait cédé, depuis quelques années, à son
+beau-frère M. Asseline, et y avait cependant
+conservé son appartement.</p>
+
+<p>Le premier volume des <i>Odes</i> paraissait à ce
+moment<a id="FNanchor_29" href="#Footnote_29" class="fnanchor">[29]</a>; et, de la rue du Dragon, attendant,
+pour que le mariage ait lieu, le versement de la
+pension promise sur la cassette royale, Victor<span class="pagenum" id="Page_31">[Pg 31]</span>
+Hugo avait repris sa correspondance journalière
+avec sa fiancée, à laquelle ne tarda point à s'en
+joindre une autre, assez suivie, avec son père,
+le général.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_29" href="#FNanchor_29" class="label">[29]</a> Les <i>Odes et Poésies diverses</i> parurent en juin 1822, chez
+Pélicier, libraire, place du Palais-Royal. Il éditait, la même
+année, les <i>Romances historiques traduites de l'espagnol</i> d'Abel
+Hugo, qui avait été l'intermédiaire entre le poète et le libraire.
+Pélicier ne fit point fortune et ses affaires furent moins que
+brillantes. Il méritait mieux cependant, ne publia-t-il point,
+toujours en 1822, les premiers <i>Poèmes</i> d'Alfred de Vigny. Ils
+tenaient trop du chef-d'œuvre pour ne point passer inaperçus.</p>
+
+<p>Témoin cette phrase du <i>Figaro</i>, du 28 mai 1829:</p>
+
+<p>«Les poèmes de M. de Vigny avaient été publiés séparément,
+sans faste et sans prôneurs; longtemps il a fait partie des
+dieux inconnus de la <i>Muse française</i>;...»</p>
+
+<p>Plus perspicace, un rédacteur anonyme du <i>Moniteur</i> rendit
+cependant compte des deux volumes à la date du 29 octobre
+1822, unissant Victor Hugo et Alfred de Vigny dans l'éloge,
+comme ils l'étaient alors par l'amitié:</p>
+
+<p>«Ils nous pardonneront, disait ce journal, de n'avoir qu'une
+seule couronne pour leur double triomphe; nous ne nous pardonnerions
+pas de l'arrêter plus longtemps sur un front que
+sur l'autre: ces deux talents ont une même source, le cœur;
+tous deux sont doués de force et de grâce; ils ont tous deux
+initié la poésie au secret des plus intimes émotions. La
+moindre préférence serait une grande injustice, et cependant,
+comme pour doubler nos plaisirs en les variant, si tout est
+égal entre eux, rien n'est pareil, ni le système de composition,
+ni la facture du vers, ni le coloris, ni les mouvements du
+style.»</p>
+
+<p><span class="smcap">Léon Séché</span>: <i>Alfred de Vigny</i> et son temps. Paris, A. Juven,
+S. D. in-8º de XV; 376 pp., p. 107.</p>
+
+</div>
+
+<p>L'écriture de ces lettres est courante, assez
+fine même. Ce n'est point encore l'écriture définitive,
+si connue du maître. Çà et là cependant,
+des hampes de lettres, fortement appuyées,<span class="pagenum" id="Page_32">[Pg 32]</span>
+égratignant presque le papier, en trahissent déjà
+la griffe.</p>
+
+<p>Elles sont simplement signées Victor,—un
+et quatre ans plus tard et dans deux lettres seulement
+apparaîtront les initiales V. M. H.,—le
+prénom du poète entouré d'un paraphe délié, et
+sont d'abord adressées.</p>
+
+<p>
+«A Monsieur<br />
+<br />
+Monsieur le général Hugo<br />
+à sa terre de Saint-Lazare,<br />
+près Blois.»<br />
+</p>
+
+<p>Le plus souvent, Victor tient la plume pour
+ses frères, donne de leurs nouvelles, excuse leur
+silence et rappelle au père la pension dont les
+mensualités ne sont pas toujours exactement
+servies.</p>
+
+<p>Abel est très occupé, Eugène toujours bizarre—le
+roman se vivait, hélas! en partie double—la
+correspondance est impartie au plus jeune.
+Nul ne saurait mieux flatter l'orgueil du père,
+puis par Paris, et jusqu'à Meudon,—encore
+qu'on n'en fût plus au <i>Voyage de Paris à Saint-Cloud
+par mer</i>, c'était encore presque une expédition!—il
+faisait si bien les courses du général,
+et elles étaient nombreuses.</p>
+
+<p>Non content de lire et d'écrire, (il lui faut<span class="pagenum" id="Page_33">[Pg 33]</span>
+savoir gré de ne s'être point attelé à une traduction
+d'Horace ou des Géorgiques), le général
+a eu l'inconsciente ironie de vouloir fonder, à
+Blois, une société littéraire! Et l'on ne saurait
+croire combien de pas et démarches il faut, pour
+ne point aboutir à faire autoriser par le gouvernement
+une telle chimère.</p>
+
+<p>Littéraire ou non, nulle société n'avait, cette
+année-là, chance d'être autorisée. Saumur, Belfort,
+La Rochelle, trois conspirations militaires
+avaient marqué l'année 1822. Condamnations et
+exécutions: les hommes de 1815, revenus au
+pouvoir, s'étaient montrés implacables. L'on
+poursuivait jusqu'à Béranger, et un autre chansonnier,
+Eugène de Pradel, se voyait, en mai,
+condamner à six mois de prison.</p>
+
+<p>Victor ne se rebute point cependant. Du ministère
+de l'Intérieur, où M. Lelarge de Lourdoueix<a id="FNanchor_30" href="#Footnote_30" class="fnanchor">[30]</a>
+présidait à la division des beaux-arts,<span class="pagenum" id="Page_34">[Pg 34]</span>
+sciences et belles-lettres, à la direction de la
+police, que M. Franchet-Desperey<a id="FNanchor_31" href="#Footnote_31" class="fnanchor">[31]</a> devait à son
+mariage avec la cadette des Sainte-Luce, il voit
+de près et peut admirer les rouages de notre
+administration. C'est presque un chapitre de
+Courteline: un dossier perdu.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_30" href="#FNanchor_30" class="label">[30]</a> Jacques-Honoré Lelarge de Lourdoueix, né en 1787 au château
+de Beaufort, près Boussac (Creuse). Après avoir fait ses études
+à l'ancien collège de Pont-Levoy (Loir-et-Cher), et un court
+passage dans l'administration, il se vit confier la rédaction de
+la <i>Gazette de France</i>, qu'il quitta momentanément pour prendre
+en 1821 la direction de la division des beaux-arts, sciences et
+belles-lettres au ministère de l'Intérieur. Démissionnaire à la
+chute de M. de Villèle et à l'avènement du ministère Martignac,
+il devint à la <i>Gazette de France</i> le collaborateur de M. de
+Genoude, à qui il succéda en 1849. Il est mort à Paris, en 1860.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_31" href="#FNanchor_31" class="label">[31]</a> Franchet Desperey, fils de cultivateurs des environs de
+Lyon où il était né vers 1775. Après des emplois infimes,
+poussé par la congrégation et servi par les relations du roi de
+Prusse avec la famille de Sainte-Luce, s'était vu appeler en
+1821 à la direction générale de la police par le ministère Villèle.
+Fanatique et ultramontain, accusé d'avoir organisé avec le
+préfet Delaveau les massacres de la rue Saint-Denis (19-20 novembre
+1827), il dut quitter la direction de la police à l'arrivée
+au pouvoir de M. de Martignac. Les ordonnances de juillet le
+nommèrent conseiller d'État et membre du conseil privé. La
+Révolution de 1830 mit un terme à cette faveur. Il se retira en
+Prusse, où sa belle-sœur, l'aînée des Sainte-Luce avait épousé
+un général.</p>
+
+</div>
+
+<p>Puis, c'est, bien naturelle, son impatience de
+voir se terminer ses affaires aux ministères—toujours
+la pension promise—pour pouvoir
+épouser celle qu'il aime, et toujours également
+le soin qu'il a de recommander ses frères, ce
+pauvre Eugène surtout, à la sollicitude et à
+la... générosité du général.</p>
+
+<p>Celui-ci n'est riche que de cédules hypothécaires
+du roi Joseph, moins que des châteaux
+en Espagne, la pension des fils s'en ressent,
+semble-t-il. Mais qu'importe, la première édition<span class="pagenum" id="Page_35">[Pg 35]</span>
+des <i>Odes</i> s'épuise avec une rapidité que le
+poète n'osait espérer. Il songe déjà à une seconde.
+En vendrait-on, à Blois?</p>
+
+<p class="indent2">
+Paris, 4 juillet 1822.<br />
+<br />
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je mettais à suivre la demande de la Société autant
+d'activité que le bureau des belles-lettres y mettait
+de lenteur. Enfin, il y a quelques jours M. de Lourdoueix
+m'annonça qu'il fallait m'adresser aux bureaux
+de M. Franchet, c'est-à-dire à la police générale; il
+me demanda en outre la liste des membres que je ne
+pus lui donner: puis il ajouta que du reste, puisqu'elle
+était recommandée par moi, la Société de Blois était
+sans doute composée de manière à ne pouvoir inquiéter
+le gouvernement. Je crus pouvoir lui en donner
+l'assurance et il me dit que très probablement, dans
+le moment de troubles où nous sommes, l'approbation
+de l'autorité dépendrait de la composition de la
+Société.</p>
+
+<p>Je me rendis d'après son indication aux bureaux
+de la direction de la police, où l'on me promit de
+faire des recherches. Hier j'y suis retourné et le chef
+de bureau auquel a dû être renvoyée la demande
+(qui est je crois celui de l'<i>ordre</i>) m'a déclaré l'avoir
+cherchée en vain et n'en avoir jamais entendu parler.
+Il paraît donc qu'elle s'est égarée de l'un à l'autre
+ministère. Il m'a conseillé d'en faire expédier<span class="pagenum" id="Page_36">[Pg 36]</span>
+sur-le-champ une autre accompagnée de la liste de
+MM. les membres et des statuts; car c'est d'après
+ces pièces que doit décider le ministre, lequel, m'a-t-il
+dit, accorde très difficilement ces sortes de demandes
+dans l'instant de crise où nous sommes.</p>
+
+<p>Je m'empresse de te rendre fidèlement compte de
+tous ces détails, cher papa, afin que tu te consultes
+sur ce que tu veux faire. Tu me trouveras toujours
+prêt à te seconder de tout mon faible pouvoir.</p>
+
+<p>D'après ton désir je suis retourné chez M. le général
+d'Hurbal que je n'ai point trouvé chez lui. J'ai
+demandé son adresse à Meudon, et j'irai, quoiqu'on
+m'ait dit qu'il était assez difficile de le rencontrer
+parce qu'il fait de fréquentes excursions.</p>
+
+<p>Puisque l'eau de Barèges te fait du bien, je te prie
+d'en continuer l'usage. Il faut espérer que les palpitations
+dont tu te plains disparaîtront tout à fait
+avec du repos et du bonheur.</p>
+
+<p>Pour moi, mon bon et cher papa, je vois le moment
+du mien approcher avec la fin de mes affaires
+aux ministères, mon impatience est grande, et tu le
+comprendras. Quand j'aurai tout reçu de toi, comment
+pourrai-je m'acquitter?</p>
+
+<p>Je croyais t'avoir dit qu'Eugène n'avait d'autre
+ressource que la pension que tu lui fais, en attendant
+qu'il s'en soit créé par son travail. C'est pour
+cela que je le recommandai si souvent à ta générosité.
+Nul doute qu'en se refroidissant il ne sente
+toute la reconnaissance qu'il te doit.</p>
+
+<p>Nous supporterons encore le sacrifice que la nécessité
+t'oblige de nous faire supporter. Nous ne doutons<span class="pagenum" id="Page_37">[Pg 37]</span>
+pas que puisque tu le fais, c'est que tu ne peux
+autrement.</p>
+
+<p>Adieu, cher papa, j'attends avec impatience ton
+poëme et les conseils que tu m'annonces. Je te remercie
+vivement de toute la peine que je te cause.
+Ils pourront m'être fort utiles pour ma seconde édition
+à laquelle je vais bientôt songer, car celle-ci
+s'épuise avec une rapidité que j'étais loin d'espérer.
+Crois-tu qu'il s'en vendrait à Blois?</p>
+
+<p>Le papier me manque pour te parler de mes grands
+projets littéraires, mais non pour te renouveler la
+tendre assurance de mon respect et de mon amour.
+Je t'embrasse.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils soumis,<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>J'ai envoyé au colonel<a id="FNanchor_32" href="#Footnote_32" class="fnanchor">[32]</a> un exemplaire avant d'avoir
+reçu ta lettre.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_32" href="#FNanchor_32" class="label">[32]</a> Le colonel, Louis-Joseph Hugo, né le 14 février 1777, mort
+en 1854. Promu officier de la Légion d'honneur par la même
+ordonnance que son frère, 14 février 1815, il reçut les étoiles
+de brigadier, et commanda longtemps comme tel la subdivision
+de la Corrèze. Il laissa deux enfants. Son fils Léopold, après
+avoir préparé Saint-Cyr où il ne fut pas admis, vécut et mourut
+en Corrèze. Devenue veuve, sa fille Marie Hugo entra au Carmel
+de Tulle, où elle devint Sœur Marie-Joseph de Jésus et où
+elle est morte en 1906. Elle n'était point tellement retirée du
+monde qu'elle n'écrivît des lettres charmantes, quand elle
+pouvait rendre un service, et au cours desquelles elle aimait
+à évoquer des souvenirs de son enfance et de sa jeunesse et à
+citer des vers de son oncle Victor Hugo.</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_38">[Pg 38]</span></p>
+
+<p>L'amoureux avait bien l'autorisation officieuse
+de son père d'épouser M<sup>lle</sup> Foucher, mais
+aucune demande officielle n'avait été faite encore.</p>
+
+<p>A sa prière, le général lui a adressé la lettre,
+demandant la main d'Adèle, qu'il remettra lui-même
+à M. Foucher, lorsque enfin la pension
+royale sera autre chose qu'une promesse. Les
+temps semblent proches. Son cœur déborde
+envers son père de reconnaissance, ce pendant
+que, par les gazettes, il semble assurer le service
+de presse du <i>Journal de Thionville</i>.</p>
+
+<p>Le nuage ne crève pas, mais menace. Victor
+a, jusqu'ici, négligé de joindre à ses lettres
+toute formule de politesse vis-à-vis de la seconde
+M<sup>me</sup> Hugo. Le général s'en est plaint
+sans doute; et de façon assez désinvolte, Victor
+s'en excuse: il n'a «contre <i>son</i> épouse actuelle
+aucune prévention, n'ayant pas l'honneur de la
+connaître».</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher Papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Ta lettre a comblé ma joie et ma reconnaissance.
+Je n'attendais pas moins de mon bon et tendre père.
+Je sors de chez M. de Lourdoueix; il doit sous très
+peu de jours me fixer un terme précis, alors je montrerai
+ta lettre à M. et à M<sup>me</sup> Foucher. Ainsi je te
+devrai tout, vie, bonheur, tout. Quelle gratitude
+n'es-tu pas en droit d'attendre de moi, toi, mon père,<span class="pagenum" id="Page_39">[Pg 39]</span>
+qui as comblé le vide immense laissé dans mon cœur
+par la perte de ma bien-aimée mère!</p>
+
+<p>Je doute, pour ce qui concerne la pension que je
+viens d'obtenir à la maison du Roi, qu'on me rappelle
+le trimestre de juillet, alors elle ne courrait
+qu'à dater du 1<sup>er</sup> octobre, ce qui remettrait mon
+bienheureux mariage à la fin de septembre. C'est
+bien long, mais je me console en pensant que mon
+bonheur est décidé. Quand l'espérance est changée
+en certitude, la patience est moins malaisée. Cher
+papa, si tu savais quel ange tu vas nommer ta fille!</p>
+
+<p>J'attends toujours bien impatiemment ton <i>poëme</i>,
+et je ferai des exemplaires du <i>Journal de Thionville</i>
+l'usage que tu m'indiques. Un Espagnol, nommé
+d'<i>Abayma</i>, qui m'est venu voir hier m'a parlé de mon
+père, de manière à m'en rendre fier, si je ne l'avais
+pas déjà été.</p>
+
+<p>Je n'ai aucune prévention contre ton épouse actuelle,
+n'ayant pas l'honneur de la connaître. J'ai
+pour elle le respect que je dois à la femme qui porte
+ton noble nom, c'est donc sans aucune répugnance
+que je te prierai d'être mon interprète auprès d'elle,
+je ne crois pouvoir mieux choisir. N'est-il pas vrai,
+mon excellent et cher papa?</p>
+
+<p>Adieu, pardonne à ce griffonnage, c'est ma reconnaissance,
+c'est ma joie qui me rendent illisible.
+Adieu, cher papa, porte-toi bien et aime ton fils heureux,
+dévoué et respectueux,</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_40">[Pg 40]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+Paris, 26 juillet.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je tâcherai de remettre en personne ta lettre au
+général d'Hurbal.</p>
+
+<p>Je renouvelle mes démarches pour la Société de
+Blois.</p>
+
+<p>Dans ma prochaine lettre, je te parlerai de tous
+les travaux auxquels le bonheur va me permettre de
+livrer un esprit calme, une tête tranquille et un cœur
+content. Tu seras peut-être satisfait. C'est au moins
+mon plus vif désir.</p>
+</div>
+
+<p>Le poète des <i>Odes</i> continue à assurer, à Paris,
+le service de presse du <i>Journal de Thionville</i>,—un
+exemplaire en a été remis au rédacteur
+du <i>Dictionnaire des Généraux français</i>—et à
+prêter son appui aux difficultueux débuts de la
+Société littéraire de Blois.</p>
+
+<p>Le général, non content de manier la prose,
+«sacrifie aux muses». Il a envoyé à son fils une
+copie de son poème, <i>la Révolte des Enfers</i>. Victor
+Hugo se montre moins sévère que dans le
+<i>Conservateur littéraire</i>. Il a lu et relu les alexandrins
+paternels—les Mémoires du Général valaient
+beaucoup mieux,—s'extasie devant un
+vers assez médiocre, et admire que son père
+ait «mis si peu de temps à faire» ce «joli poëme».</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_41">[Pg 41]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher Papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Au moment où je commence cette lettre, on m'apporte
+l'argent du mois. Les 36 francs qui y sont
+joints seront remis aujourd'hui même à leur destination.
+Les exemplaires de l'intéressant <i>Journal de
+Thionville</i> que tu destinais à l'Académie des Sciences
+et au rédacteur du <i>Dictionnaire des Généraux français</i>
+sont déjà parvenus à la leur.</p>
+
+<p>J'ai reçu en même temps que ta dernière lettre un
+paquet de M. le Secrétaire de la Société de Blois.
+J'aurai l'honneur de lui répondre directement dès
+que les nouvelles démarches que je viens d'entreprendre
+m'auront donné un résultat quelconque. Il
+est tout simple, cher Papa, que j'apporte beaucoup
+de zèle à cette affaire: tu y prends intérêt.</p>
+
+<p>Je me hâte d'en venir à ton ingénieux poëme; il
+me tardait de te dire tout le plaisir que j'ai éprouvé
+à le lire. Je l'ai déjà relu trois fois et j'en sais des
+passages par cœur. On trouve à chaque page une
+foule de vers excellents tels que <i>et vendre à tout venant
+le pardon que je donne</i> et de peintures pleines
+de verve et d'esprit comme celle de Lucifer prenant
+sa lunette pour observer l'ange. Plusieurs de mes
+amis, qui sont en même temps de nos littérateurs les
+plus distingués, portent de ton ouvrage le même jugement
+que moi. Tu vois donc bien, cher papa, que je
+ne suis pas prévenu par l'amour profond et la tendre
+reconnaissance que je t'ai vouée pour la vie.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils soumis et respectueux,<br />
+<br />
+<span class="smcap">Victor.</span><br />
+</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_42">[Pg 42]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+Paris, 8 août.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je crois en vérité M. le général d'Hurbal <i>introuvable</i>.
+J'ai été à Meudon <i>inutilement</i>. J'espère être
+plus heureux un de ces jours.</p>
+
+<p>J'attends toujours un mot de M. de Lourdoueix
+qui ne peut se faire attendre maintenant que la session
+est presque finie.</p>
+
+<p>Encore un mot, cher papa, malgré l'heure de la
+poste qui me presse, je ne puis m'empêcher de te
+dire combien il m'a semblé remarquable que tu aies
+mis si peu de temps à faire ton joli poëme. Parle-moi
+de ta santé, de grâce, dans ta prochaine. Ce projet
+d'aller passer les vendanges près de toi était charmant,
+j'y ai reconnu toute ta bonté; mais il faut
+remettre ce bonheur à l'année prochaine, rien alors
+ne l'entravera.</p>
+</div>
+
+<p>Le gouvernement se montre peu disposé à
+accorder à la Société littéraire de Blois l'autorisation
+sollicitée, d'autant que «MM. les Députés
+qui s'étaient chargés d'appuyer la demande
+ne l'ont fait que très faiblement».</p>
+
+<p>Toutefois, on a indiqué au poète un biais—on
+a, à la direction de la police, l'ironie facile—pour
+suppléer à cette faveur. La société peut se
+passer d'être autorisée, ne comptant pas vingt
+membres. Et, de fait, elle disparut, sans avoir
+jamais atteint ce chiffre.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_43">[Pg 43]</span></p>
+
+<p>Que M. de Chateaubriand revienne au pouvoir<a id="FNanchor_33" href="#Footnote_33" class="fnanchor">[33]</a>,
+Victor aura plus de crédit et se fait fort
+d'obtenir de lui les droits à la littérature de la
+ville de Blois.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_33" href="#FNanchor_33" class="label">[33]</a> Chateaubriand n'avait pas seulement été disgracié, mais
+désavoué par Louis XVIII qui avait cru devoir donner à son
+mécontentement une publicité pour le moins singulière: «Le
+vicomte de Chateaubriand ayant dans un écrit imprimé, élevé
+des doutes sur notre volonté personnelle, manifestée par notre
+ordonnance du 5 septembre, nous avons ordonné ce qui suit:
+le vicomte de Chateaubriand cesse, de ce jour, d'être compté
+au nombre de nos ministres d'État.»</p>
+
+<p>La réaction qui suivit l'assassinat du duc de Berry avait mis
+fin à cet imbroglio. Avec le ministère Villèle, Chateaubriand
+acceptait l'ambassade de France à Londres, accompagnait
+M. de Montmorency au congrès de Vérone (15 octobre 1822),
+et après la démission de celui-ci, le portefeuille des Affaires
+étrangères par ordonnance du 28 novembre... Non moins cavalièrement,
+on verra à la suite de quels événements, ce portefeuille
+devait lui être retiré le 6 juin 1824.</p>
+
+</div>
+
+<p>Il connaît en ce moment l'ennui des formalités
+administratives qui accompagnent les actes
+principaux de la vie. Des papiers lui manquent,
+son père pourrait-il lui procurer une copie de
+son acte de naissance et un extrait de baptême.</p>
+
+<p>Ne perdant pas le nord, le «bon oncle
+Louis», le colonel Louis Hugo, commandant
+le bureau de recrutement de Tulle, a déjà écrit
+à son neveu pour mettre à profit le crédit au
+ministère de la Guerre de M. Foucher, son futur
+beau-père.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_44">[Pg 44]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher Papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Il y a déjà longtems que j'aurais répondu à ta
+bonne et chère lettre, si je n'avais désiré te marquer
+en même tems le résultat définitif de mes démarches
+pour la Société de Blois. Il n'est pas tel que tu le
+désirais et c'est une peine qui se mêle au plaisir de
+t'écrire. Tu sais que le dossier de la Société fut renvoyé
+(selon l'usage, à ce qu'il paraît) dans les bureaux
+de la direction générale de la police. Après plusieurs
+démarches dans ces bureaux, j'obtins enfin il y a
+quelque tems cette réponse de M. Franchet que <i>le
+gouvernement ne jugeait pas à propos d'accorder en
+ce moment aucune autorisation de ce genre</i>; que d'ailleurs
+la Société de Blois n'étant composée actuellement
+que de quatorze membres pouvait se passer de
+cette autorisation, laquelle ne lui deviendrait nécessaire
+qu'autant qu'elle en porterait le nombre au
+delà de vingt, cette réponse me fut donnée comme
+irrévocable. Sentant néanmoins ce qu'elle avait de
+peu satisfaisant pour la Société, j'ai voulu, avant de
+te l'envoyer, remonter jusqu'au ministre de l'Intérieur,
+qui n'a fait que me confirmer d'une manière
+décisive la réponse du directeur de la police. Je me
+hâte donc, bien à regret, de t'en faire part. Je pense
+du reste, mon cher papa, que la Société ne doit pas
+se décourager. L'obstacle opposé par le gouvernement
+passera avec les événemens qui le font naître,
+et d'ailleurs, si jamais M. de Chateaubriand arrivait
+au ministère, je ne désespérerais pas de le faire lever
+pour peu que tu le désirasses encore. J'aurais alors,<span class="pagenum" id="Page_45">[Pg 45]</span>
+par le moyen de cet illustre ami, un peu plus de
+crédit. Veuille, je te prie, mon cher papa, transmettre
+tous ces détails à M. le Secrétaire de la Société,
+auquel j'aurais eu l'honneur d'écrire si selon mon vif
+désir, j'avais eu de bonnes nouvelles à vous annoncer.
+Pour ne rien te cacher, je te dirai très confidentiellement
+que MM. les députés qui s'étaient chargés
+d'appuyer la demande ne l'ont fait que très faiblement.
+Pour moi, j'ai fait bien des pas et des démarches inutiles:
+mais je n'en aurais, certes, aucun regret, si
+j'avais réussi.</p>
+
+<p>Maintenant, cher papa, c'est toi que je vais importuner.
+Tout annonce que mes affaires à l'intérieur
+vont enfin se terminer et que mon bonheur va commencer.
+Mais il me faudra mon acte de naissance et
+mon extrait de baptême. Je m'adresse à toi, mon bon
+et cher papa, ne connaissant personne à Besançon,
+je ne sais comment m'y prendre pour obtenir ces
+deux papiers. Ta bonté inépuisable est mon recours.
+Je voudrais les avoir dès à présent, car si j'attendais
+encore, je tremblerais qu'ils n'apportassent du retard
+à cette félicité qui me semble déjà si lente à venir.
+Moi qui connais ton cœur, je sais que tu vas te mettre
+à ma place; pardonne-moi de te causer encore
+ce petit embarras. Tu nous avais envoyé il y a quatre
+ans nos actes de naissance: mais en prenant nos
+inscriptions de droit, nous avons dû les déposer au
+bureau de l'école, selon la loi, et la loi s'oppose à ce
+qu'on les restitue. Tu me rendrais donc bien heureux
+en me procurant cette pièce avec mon extrait de
+baptême, nécessaire pour l'église, comme tu sais.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_46">[Pg 46]</span></p>
+
+<p>Adieu, cher et excellent papa, l'offre que tu me
+fais dans ta charmante lettre de m'envoyer des vues
+de Saint-Lazare, dessinées par toi, me comble de
+joie et d'une douce reconnaissance. Il me serait bien
+doux de pouvoir placer des ornements aussi chers
+dans l'appartement qui sera témoin de mon bonheur.
+Réalise, je t'en prie, cette promesse à laquelle
+j'attache un si haut prix.</p>
+
+<p>Réponds-moi le plus tôt possible, et parle-moi
+beaucoup de ta santé, de tes occupations et de ton
+affection pour tes fils, que peuvent à peine payer
+tout le respect et tout l'amour de ton</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+</p>
+
+<p class="indent2">
+Paris, 31 août 1822.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Mon bon oncle Louis m'a écrit pour un objet qui
+le concerne et dont M. Foucher s'occupe activement.
+Je lui transmettrai la réponse dès que je l'aurai.—Nous
+t'embrassons tous ici bien tendrement. Je
+pense que tu lis à Blois les journaux qui parlent de
+mon recueil, si tu le désires, je t'enverrai ceux qui me
+tombent entre les mains. Je lis et relis ton joli poëme
+de la <i>Révolte des Enfers</i>.—Parle-moi, je te prie, de
+ce que tu fais en ce moment. Tu sais combien cela
+m'intéresse et comme fils et comme littérateur.</p>
+
+<p>Pardonne à mon griffonnage; je t'écris avec une
+main malade: je me suis blessé légèrement avec un
+canif, ce ne sera rien. Adieu, cher papa, je t'embrasse
+encore.</p>
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_47">[Pg 47]</span></p>
+
+<p>La demande officielle du général Hugo a été
+remise à M. Foucher, qui a fait la réponse en
+partie reproduite par M<sup>me</sup> Hugo<a id="FNanchor_34" href="#Footnote_34" class="fnanchor">[34]</a>. La pension
+ne peut tarder, mais le général fait attendre à
+ses fils le mois de la leur. Avec toutes les formes
+possibles, Victor signale à son père ce
+gênant oubli. Ne lui sont pas encore parvenus
+également son extrait de naissance et le consentement
+légalisé du général.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_34" href="#FNanchor_34" class="label">[34]</a> <i>Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie</i>, pp. 59-60.</p>
+
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Paris, 13 septembre 1822.<br />
+<br />
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>M. de Lourdoueix m'ayant donné sa parole d'honneur
+que ma pension de l'intérieur me serait assignée
+durant l'administration intérimaire de M. de
+Peyronnet<a id="FNanchor_35" href="#Footnote_35" class="fnanchor">[35]</a>, j'ai remis ta lettre à M. Foucher et tu<span class="pagenum" id="Page_48">[Pg 48]</span>
+as dû recevoir sa réponse. Nous n'attendons plus
+que ton consentement légalisé.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_35" href="#FNanchor_35" class="label">[35]</a> Charles-Ignace de Peyronnet, né à Bordeaux en 1775,
+devait à Madame, dont il avait protégé la fuite à Bordeaux, et
+à M<sup>me</sup> du Cayla qu'il avait fait triompher, en appel, de son
+mari, à Bourges, sa scandaleuse fortune. Successivement président
+du tribunal de Bordeaux (1816), procureur général à
+Bourges, puis à Rouen, poste dont il ne prit pas possession,
+la Restauration en fît un garde des sceaux, le 21 décembre 1821
+et le créa comte le 17 août 1822. Son nom reste attaché à
+toutes les mesures rétrogrades ou restrictives soutenues par
+lui devant la Chambre des députés, non sans provoquer parfois
+son hilarité par le décousu et la vulgarité de son éloquence.
+Il tomba avec le ministère Villèle, le 6 décembre 1827, fut
+nommé pair de France par ordonnance du 5 janvier 1828, contresigna
+comme ministre de l'Intérieur du cabinet Polignac
+après son remaniement (19 mai 1830) les ordonnances du
+25 juillet; mis en accusation et condamné à la détention perpétuelle
+par la Chambre des Pairs (19 décembre 1830) il fut
+grâcié en 1834 et mourut en 1854.</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Cher papa, n'attribue le silence d'Abel qu'à la multiplicité
+de ses occupations, je lui ai communiqué ta
+lettre, et il va s'empresser de dissiper lui-même un
+doute aussi affligeant pour ton cœur.</p>
+
+<p>Si je n'ai pas été baptisé à Besançon, je suis néanmoins
+sûr de l'avoir été, et tu sais combien il serait
+fâcheux de recommencer cette cérémonie à mon âge.
+M. de Lamennais<a id="FNanchor_36" href="#Footnote_36" class="fnanchor">[36]</a>, mon illustre ami, m'a assuré
+qu'en attestant que j'ai été baptisé en pays étranger
+(en Italie), cette affirmation accompagnée de la
+tienne suffirait. Tu sens combien de hautes raisons
+doivent me faire désirer que tu m'envoies cette simple
+attestation.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_36" href="#FNanchor_36" class="label">[36]</a> Voir la lettre écrite de la Chenaie à Victor Hugo à l'occasion
+de son mariage (<i>Victor Hugo raconté...</i>, tome II, p. 60-61).</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Nous sommes au 13, mon cher papa, et je n'ai pas
+encore reçu notre mois. Ton exactitude à prévenir
+les besoins de tes fils me rend certain que la négligence
+ne vient que des messageries. Mais je t'en
+avertis, cher papa, sûr que tu t'empresseras de faire
+cesser notre gêne.</p>
+
+<p>Adieu, mon excellent père, je t'aime, je t'embrasse
+et je fais les vœux les plus ardens pour te voir et te
+voir bien portant.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils tendre et respectueux,<br />
+<br />
+<span class="smcap">Victor.</span><br />
+</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_49">[Pg 49]</span></p>
+
+<p>L'attestation de baptême est parvenue, seul
+le consentement légalisé du général manque
+encore. Son fils le presse de le lui adresser. Il
+voudrait bien que la publication des bans commence
+le dimanche suivant—demande même
+à son père d'en racheter un dans sa paroisse, à
+Blois—afin que le mariage puisse avoir lieu
+vers le 7 ou le 8 octobre.</p>
+
+<p>L'impatience très naturelle du fiancé n'est
+pas seule en jeu: une question d'appartement
+s'y mêle: il a donné congé du sien pour le
+8 octobre et voudrait éviter les ennuis et les
+frais de deux déménagements successifs.</p>
+
+<p>Victor Hugo, ainsi que ses futurs beaux-parents,
+regrette vivement qu'un accident empêche le
+général d'assister au mariage et de prendre part
+aux frais de la noce. Mais, il faut qu'il y ait là
+une absolue nécessité. Le père doit à ses fils un
+mois arriéré de leur pension, il le prie de le leur
+envoyer et il le supplie de la continuer à Abel
+et à Eugène—ce dernier «était un peu fou»
+quand il a écrit au général. Pour lui, il ne l'importunera
+plus de ses besoins, à la pension qu'il
+va toucher s'en ajoutera bientôt une nouvelle,
+et il compte redoubler de travail et de veilles.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je te réponds courrier par courrier pour te remercier
+de l'attestation que tu m'envoies et te prier de<span class="pagenum" id="Page_50">[Pg 50]</span>
+mettre autant de célérité à me faire parvenir ton
+consentement notarié. Je désirerais bien vivement
+que mon mariage pût avoir lieu le 7 ou le 8 octobre
+pour un motif impérieux (entre tous les motifs de
+cœur qui, tu le sais, ne le sont pas moins), c'est que
+je quitte forcément l'appartement que j'occupe le
+8 octobre. J'ai donc prié M. et M<sup>me</sup> Foucher de faire
+commencer la publication des bans dimanche prochain
+22, elle se terminera le dimanche 6 octobre. Mais ces
+bans doivent être également publiés à ton domicile,
+et il faut que le 6 octobre on ait reçu à notre paroisse
+de Saint-Sulpice la notification de la complète publication
+des bans à Blois, ce qui ne se pourrait faire
+qu'autant que tu serais assez bon pour racheter un
+ban à ta paroisse. Ce rachat coûte <i>cinq</i> francs ici, on
+m'assure qu'il doit être moins cher encore à Blois.
+Tu sens, mon cher papa, combien est urgente la nécessité
+qui me fait t'adresser cette instante prière. Il
+s'agit de m'épargner l'embarras et la dépense de deux
+déménagements coup sur coup dans un moment qui
+entraîne déjà naturellement tant de dépenses et d'embarras,
+il s'agit de plus encore, c'est de hâter mon
+bonheur de quelques jours, et je connais assez ton
+cœur pour ne plus insister.</p>
+
+<p>Je suis tout à fait en règle, j'ai fait lever sur l'extrait
+de naissance déposé à l'école de droit une copie
+notariée qui vaut l'original, quand ton consentement
+me sera parvenu, je pourrai remplir toutes les formalités
+civiles. Le papier que tu m'envoies aujourd'hui
+suffit également pour les formalités religieuses.</p>
+
+<p>Les noms et prénoms de ma bien-aimée fiancée<span class="pagenum" id="Page_51">[Pg 51]</span>
+sont <i>Adèle-Julie</i> Foucher, fille mineure de Pierre
+Foucher, chef de bureau au ministère de la Guerre,
+chevalier de la Légion d'honneur, et d'Anne-Victoire
+Asseline. Ces renseignements te seront nécessaires
+pour la publication des bans.</p>
+
+<p>Nous avons tous bien vivement regretté ici, mon
+cher et excellent papa, que cet accident arrivé à ton
+élève (?) nous privât du bonheur de te voir prendre
+part et ajouter par ta présence à tant de félicité. Il
+est inutile de te dire combien ton absence me sera
+pénible; mais je me dédommagerai quelque jour,
+j'espère, d'avoir été si longtems sevré de la joie de
+t'embrasser.</p>
+
+<p>Il est malheureux encore, cher papa, que cet accident
+te prive de contribuer aux sacrifices que vont
+faire M. et M<sup>me</sup> Foucher. Je ne doute pas qu'il n'y a
+que l'absolue nécessité qui puisse t'imposer cette
+économie, et je suis sûr que ton cœur en sera le plus
+affligé. Tâche, cependant, de nous envoyer le plus tôt
+possible le mois arriéré. Tu sens combien je vais
+avoir besoin d'argent dans le moment actuel. Je te
+supplie encore, bon et cher papa, de faire tout ton
+possible pour continuer à mes frères Abel et Eugène
+leur pension, n'oublie pas qu'Eugène était un peu
+fou quand il t'a écrit, et donne-lui, si tu le peux,
+cette nouvelle preuve de tendresse généreuse et paternelle.
+Pour moi je ne t'importunerai pas de mes
+besoins; à dater du 1<sup>er</sup> octobre, ma pension me sera
+comptée, l'autre ne tardera pas sans doute, et quoique
+ce moment-ci m'entraîne nécessairement à beaucoup
+de frais, en redoublant de travail et de veilles,<span class="pagenum" id="Page_52">[Pg 52]</span>
+je parviendrai peut-être à les couvrir. Le travail ne
+me sera plus dur désormais, je vais être si heureux!</p>
+
+<p>Permets-moi en finissant, mon cher et bien cher
+papa, de te rappeler combien sont importantes toutes
+les prières que je t'adresse relativement à l'envoi de
+ton consentement légal, à la publication et au rachat
+des bans dans ta paroisse.</p>
+
+<p>Adieu, pardonne à ce griffonnage et reçois l'expression
+de ma tendre et profonde reconnaissance.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils soumis et respectueux,<br />
+<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+</p>
+
+<p class="indent2">
+Paris, 18 septembre 1822.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>J'ai été obligé de rectifier une erreur d'inadvertance
+dans la pièce que tu m'envoies, je suis né le
+26 février 1802 et non 1801.</p>
+
+<p>M. et M<sup>me</sup> Foucher sont bien sensibles à tout ce
+que tu leur dis d'aimable. Tu verras un jour quel
+présent ils te font quand je t'amènerai ta fille.</p>
+
+<p>Je t'enverrai incessamment tous ceux que j'ai pu
+me procurer des journaux qui ont parlé de mon
+recueil. Il continue à se bien vendre et dans peu les
+frais seront couverts. C'est une chose étonnante
+dans cette saison.</p>
+</div>
+
+<p>Le général n'a pas racheté, paraît-il, le ban
+qui devait permettre au mariage d'avoir lieu à
+la date désirée. Son fils d'en être très contrarié
+et de le presser à nouveau.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_53">[Pg 53]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>En prévoyant combien je serais contrarié du retard
+que tu m'annonces, tu ne t'es pas trompé. Je m'empresse
+aujourd'hui de t'écrire quelques mots pour
+te prier très instamment de faire au moins en sorte
+que le certificat de publication de bans m'arrive
+vendredi matin (11 octobre) avant onze heures. Le
+jour du mariage est fixé au samedi 12, et toutes les
+raisons que je t'ai détaillées déjà empêchent qu'il ne
+soit retardé d'un jour. Je recommande tout cela à
+cette diligence qui me prouve ta tendresse et je finis
+en t'embrassant.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils soumis et respectueux,<br />
+<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Abel va te répondre incessamment et t'embrasse
+ainsi qu'Eugène. Excuse ce griffonnage.</p>
+
+<p>Ce 3 octobre 1822.</p>
+
+<p>Réponds-moi, je te prie, au sujet de la demande
+que je te fais dans cette lettre le plus tôt possible.</p>
+</div>
+
+<p>Ici, s'intercale parmi les lettres de Victor
+Hugo, une lettre, d'une écriture serrée et soignée,
+presque commerciale, à tous points de vue
+intéressante, de son oncle, le colonel Louis
+Hugo.</p>
+
+<p>Leurs châteaux en Espagne, c'est-à-dire les
+cédules hypothécaires du roi Joseph, le préoccupent<span class="pagenum" id="Page_54">[Pg 54]</span>
+autant que son frère: quoique désespérant,
+comme Oronte, il espère toujours.</p>
+
+<p>Il a fait quelques observations à son neveu
+sur son mariage, le trouvant bien jeune pour
+s'établir et lui conseillant d'attendre, pour cela,
+d'avoir trouvé «une bonne place».</p>
+
+<p>Victor Hugo l'a rassuré: il aura bientôt
+3.000 francs de revenu, tant du produit de son
+travail que de la pension qui va lui être servie...
+comme membre de l'Académie des Jeux Floraux<a id="FNanchor_37" href="#Footnote_37" class="fnanchor">[37]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_37" href="#FNanchor_37" class="label">[37]</a> Cette pension servie aux membres de «la seconde Académie
+du royaume» n'ayant point laissé de me surprendre,
+il m'a paru intéressant de m'adresser à l'Académie elle-même,
+pour savoir si jamais ses membres avaient été l'objet de cette
+libéralité royale.</p>
+
+<p>La réponse fut fort aimable, mais négative, comme je m'y
+attendais:</p>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">Académie<br />
+des<br />
+Jeux Floraux</span><br />
+<br />
+Toulouse, 2 décembre 1906.<br />
+<br />
+Monsieur,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>L'Académie vient seulement de reprendre ses travaux. De là
+le retard de ma réponse; vous voudrez bien nous en excuser.</p>
+
+<p>Jamais le titre de membre de l'Académie des Jeux Floraux
+n'a donné droit à pension de la cassette royale, et Victor
+Hugo dont vous parlez ne se sert évidemment pas de termes
+d'une rigoureuse exactitude.</p>
+
+<p>J'ajoute,—pour vous renseigner très complètement,—que
+Victor Hugo, après avoir obtenu divers prix à plusieurs concours
+de l'Académie, fut déclaré <i>maître ès-jeux</i>. Il n'appartint
+pas à notre Compagnie comme mainteneur.</p>
+
+<p>Veuillez, Monsieur, me permettre de saisir cette occasion
+pour vous prier d'agréer l'expression de mes très distingués
+sentiments.</p>
+
+<p>Le mainteneur, secrétaire des Assemblées.</p>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">G. Depeyre.</span><br />
+</p>
+</div>
+
+<p>Les Jeux Floraux n'avaient donc rien à voir dans cette pension.
+Elle a été accordée à Victor Hugo, en septembre 1822,
+par Louis XVIII, «sur la proposition de M. le Marquis de
+Lauriston, alors ministre de la maison du roi, et sur la recommandation
+spéciale de S. A. R. Madame, duchesse de Berry,
+transmise au ministre par M<sup>me</sup> la maréchale, duchesse de
+Reggio».</p>
+
+<p>Une lettre de Victor Hugo, adressée en 1826 à M. le vicomte
+de la Rochefoucauld, aide de camp du roi, chargé du département
+des beaux-arts, et reproduite par Edmond Biré (p. 397),
+spécifie ces détails et ne permet à ce sujet aucun doute.</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_55">[Pg 55]</span></p>
+
+<p>Le colonel a cru devoir s'incliner, conseille
+au général de l'imiter et,—un post-scriptum
+de Victor Hugo a antérieurement révélé ce
+détail—a mis aussitôt à profit la situation de
+M. Foucher au ministère de la Guerre pour
+tâcher d'éviter sa mise à la retraite.</p>
+
+<p>Le colonel a fait de suite, par la voie hiérarchique,
+une demande, pour quitter le bureau
+de recrutement où il est détaché et rentrer en
+activité de service.</p>
+
+<p>Cette lettre, scellée d'un cachet portant les
+initiales L. H., est adressée:</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_56">[Pg 56]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+A Monsieur<br />
+Monsieur Le Chevalier Hugo<br />
+Maréchal de camp des Armées du Roi<br />
+à Saint-Lazare,<br />
+<br />
+Blois.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>J'ai reçu en son tems, mon bon ami, ta lettre du
+9 septembre à laquelle tu avais joint deux lettres à
+mon adresse que tu avais reçues de M. Bourg. Il
+paraît d'après leur contenu que toutes nos espérances
+sur l'Espagne sont tout à fait perdues. Cependant
+je ne pense pas que nous puissions entièrement
+renoncer à nos prétentions; attendu que si la lutte
+politique qui est engagée en ce moment dans ce pays
+tourne à l'avantage des constitutionnels<a id="FNanchor_38" href="#Footnote_38" class="fnanchor">[38]</a>: ce nouveau
+Gouvernement pour se faire des amis voudra
+peut-être contenter tout le monde; conséquemment
+comme il y a beaucoup d'Espagnols qui sont porteurs
+de cédules hypothécaires du roi Joseph, il est
+présumable que l'on prendra un parti à leur égard,
+dès lors, on pourra donner un cours à ses papiers,
+ce qui fera reprendre un peu les nôtres.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_38" href="#FNanchor_38" class="label">[38]</a> Écrite huit jours avant le congrès de Vérone, cette lettre
+n'en pouvait prévoir les résultats et la prochaine intervention
+de la France en Espagne pour y rétablir les droits que Ferdinand
+avait en partie abdiqués, contraint, en 1820, de rétablir la
+constitution de 1812.</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Une chose qui me semble encore en notre faveur,
+c'est que la commission chargée de l'exécution des
+conventions du 25 avril 1818 et du 30 avril 1822<span class="pagenum" id="Page_57">[Pg 57]</span>
+avait été créée avant la dernière révolution qui s'est
+oppérée (<i>sic</i>) à Madrid. Depuis il a été question aux
+Cortes, de mettre un terme à toutes ces réclamations
+dont le Gouvernement était accablé. Donc il faudrait
+en attendre les résultats.</p>
+
+<p>J'avais fait à Victor quelques observations sur ses
+projets futurs de mariage, je lui disais qu'il était
+bien jeune encore pour songer à s'établir, que ta
+position ne te permettait pas de faire de grands
+sacrifice (<i>sic</i>) dans cette circonstance, et que par
+conséquent il ferait bien d'attendre qu'il eût obtenu
+une bonne place qui le mette à même de pouvoir
+vivre honorablement avec son Épouse. De manière
+qu'il m'a répondu ce qui suit: «Je te remercie, cher
+oncle, des conseils que tu me donne (<i>sic</i>) et de l'intérêt
+que tu me témoigne (<i>sic</i>) à l'occasion de mon
+très prochain mariage avec la fille de M. Foucher,
+M<sup>lle</sup> Adèle Foucher. Toutes les aimables inquiétudes
+que tu me témoigne (<i>sic</i>) pour mon avenir cesseront
+quand tu sauras qu'avant deux mois j'aurai près
+de 3.000 francs de revenu par moi-même, tant du
+produit de mes ouvrages, que de la pension qui
+est attachée au titre de membre de la Seconde académie
+du Royaume. Tu sais, mon cher Oncle, qu'en
+1820 après avoir remporté trois prix successifs j'ai
+été nommé membre de l'Académie des jeux floraux.
+La pénurie de la cassette royale m'avait empêché
+jusqu'ici de toucher ma pension, mais j'ai tout lieu
+de croire qu'à dater du 1<sup>er</sup> octobre elle me sera
+comptée.»</p>
+
+<p>Tu vois, d'après cela, mon ami, qu'avec de la conduite<span class="pagenum" id="Page_58">[Pg 58]</span>
+et des mœurs aussi douce (s) que celle (s) de
+Victor, il peut, par la suite, avoir une très belle existance
+(<i>sic</i>). Il paraît que son futur mariage est un
+mariage d'inclination et que M<sup>lle</sup> Foucher est très
+bien élevée: or il faut laisser aller la chose et faire
+des vœux pour qu'ils soient heureux.</p>
+
+<p>J'avais aussi prié Victor de s'informer, près de
+M. Foucher, s'il pensait que cette mission à Tulle ne
+serait pas un titre d'exception pour ma mise à la
+retraite quoique n'ayant pas atteint mes cinquante
+ans d'âge.</p>
+
+<p>Voici un passage de sa lettre:</p>
+
+<p>«Il est très vrai que MM. les colonels employés
+dans les conseils de recrutement ne sont pas considérés
+comme en activité, il est très vrai également
+que le désir d'éteindre les demi-soldes fait qu'on
+s'empresse de mettre à la retraite tous les officiers
+qui remplissent les conditions demandées, quelque
+jeunes qu'ils puissent d'ailleurs être encore. M. Foucher
+pense donc que ce qu'il y aurait de mieux à
+faire pour toi, ce serait de réclamer l'activité. Il m'a
+dit au reste que le Ministre était très satisfait de ton
+zèle et de tes services à Tulle, et qu'il se pourrait
+grâce à cette considération, que la règle général (<i>sic</i>)
+de mettre à la retraite tous les officiers qui peuvent
+y être mis, souffre une exception à ton égard. Je
+termine ces détails, mon meilleur oncle, en te priant
+si tu fais quelques démarches, de te servir de moi
+comme de toi-même. Je serai heureux de te rendre
+quelque petit service.»</p>
+
+<p>Depuis la réception de cette lettre j'ai fait le voyage<span class="pagenum" id="Page_59">[Pg 59]</span>
+de Périgueux où M. le lieutenant-général Almeras<a id="FNanchor_39" href="#Footnote_39" class="fnanchor">[39]</a>
+m'a reçu de la manière la plus amicale; il m'a beaucoup
+parlé de toi, et chargé de le rappeler à ton
+ancienne amitié. Il m'a tenu à peu près le même lengage
+(<i>sic</i>) que Victor, et fortement engagé à lui adresser
+une demande d'activité de service, pour S. E. le
+Ministre de la Guerre<a id="FNanchor_40" href="#Footnote_40" class="fnanchor">[40]</a>; j'ai suivi ses conseils et la
+lui ai expédiée avant-hier. Maintenant il reste à savoir
+quel effet cela produira.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_39" href="#FNanchor_39" class="label">[39]</a> Le lieutenant général Almeras, après s'être signalé dans
+les Alpes, dans le Midi de la France, où son œuvre de pacification
+lui valait des félicitations du Conseil des Cinq-Cents et
+en Égypte avec Kléber, avait fait les campagnes d'Autriche et
+de Prusse. Nommé général au lendemain de la bataille de la
+Moskowa (7 septembre 1812), il avait reçu en 1814 de la Restauration
+la croix de Saint-Louis.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_40" href="#FNanchor_40" class="label">[40]</a> Victor, duc de Bellune.</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Si M. de Lescale était de retour à Blois et qu'il fût
+disposé à écrire un mot à M. Perceval, il me ferait
+plaisir. Car tu sais que dans ces circonstances il vaut
+mieux avoir deux cordes à son arc qu'une seule.</p>
+
+<p>Adieu, je t'embrasse de tout mon cœur, ainsi que
+ta femme et Goton, si elle est encore près de toi.</p>
+
+<p>Tout à toi de cœur et d'amitié,</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Le Colonel,<br />
+Chev. <span class="smcap">L. Hugo</span>.<br />
+</p>
+
+<p class="indent2">
+Tulle, le 9 octobre 1822.<br />
+</p>
+
+<p>A Saint-Sulpice, où dix-huit mois auparavant
+avaient été récitées autour du cercueil de sa<span class="pagenum" id="Page_60">[Pg 60]</span>
+mère les dernières prières, le mariage de Victor
+Hugo était enfin célébré le 12 octobre 1822. L'acte
+de mariage fut ainsi rédigé:</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Le 12 octobre 1822, après la publication des trois
+bans, en cette église, et d'un seul en celle de Blois
+vu la dispense des deux autres, les fiançailles faites
+le même jour, ont reçu la bénédiction nuptiale:</p>
+
+<p>Victor-Marie Hugo, membre de l'Académie des
+Jeux-Floraux de Toulouse, âgé de vingt ans, demeurant
+de droit et de fait à Blois, diocèse d'Orléans<a id="FNanchor_41" href="#Footnote_41" class="fnanchor">[41]</a>,
+fils mineur de Joseph-Léopold-Sigisbert Hugo, maréchal
+des camps et armées du roi, chevalier de l'ordre
+royal et militaire de Saint-Louis, officier de la Légion
+d'honneur et commandant de l'ordre royal de Naples,
+et de défunte Sophie-Françoise Trébuchet, son épouse,</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_41" href="#FNanchor_41" class="label">[41]</a> Le Blaisois et le Vendômois n'avaient été longtemps que
+des archidiaconés du diocèse de Chartres. Par bulle du 25 juin
+1697 seulement, Innocent XII institua le diocèse de Blois, dont
+les promoteurs avaient été auprès de Louis XIV, le père La
+Chaise, son confesseur et M<sup>me</sup> de Maintenon.</p>
+
+<p>Le diocèse de Blois, illustré par l'épiscopat de Grégoire, fut
+supprimé par le Concordat et le département de Loir-et-Cher
+réuni au diocèse d'Orléans.</p>
+
+<p>Rétabli par ordonnance royale du 10 octobre 1822, le diocèse
+de Blois risqua fort d'être supprimé en 1834, ainsi que les
+autres sièges non concordataires qui avaient bénéficié de cette
+ordonnance.</p>
+
+</div>
+
+<p class="indent2">
+D'une part;<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Et Adèle-Julie Foucher, âgée de dix-neuf ans,
+demeurant de droit et de fait rue du Cherche-Midi,<span class="pagenum" id="Page_61">[Pg 61]</span>
+nº 39, de cette paroisse, fille mineure de Pierre Foucher,
+chef au Ministère de la Guerre, chevalier de la
+Légion d'honneur, et de Anne-Victoire Asseline, son
+épouse,</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+D'autre part;<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Présents et témoins, Jean-Baptiste Biscarrat, Alfred-Victor,
+comte de Vigny; Jean-Baptiste Asseline,
+Jean-Jacques-Philippe-Marie Duvidal, lesquels ont
+signé avec les époux et leur père et mère.</p>
+
+<p><i>Victor-M. Hugo,—A.-J.-V.-M. Foucher,—comte
+Alfred de Vigny,—Fouché,—Biscarrat,—Eugène
+Hugo,—Duvidal, marquis de Montferrier,<a id="FNanchor_42" href="#Footnote_42" class="fnanchor">[42]</a>—Asseline,—V.-A.
+Fouché,—A. Hugo,—Victor Fouché,—A.
+Asseline,—Deschamps,—Soumet,—Fessart,—Dumas,
+vicaire.</i></p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_42" href="#FNanchor_42" class="label">[42]</a> Abel Hugo devait épouser plus tard M<sup>lle</sup> de Montferrier.</p>
+
+</div>
+
+<p>Contrairement aux souvenirs de Victor Hugo,
+(<i>Victor Hugo raconté...</i>) les témoins de son mariage
+n'avaient donc point été M. Ancelot<a id="FNanchor_43" href="#Footnote_43" class="fnanchor">[43]</a> et<span class="pagenum" id="Page_62">[Pg 62]</span>
+Alexandre Soumet<a id="FNanchor_44" href="#Footnote_44" class="fnanchor">[44]</a>, mais bien Jean-Baptiste
+Biscarrat<a id="FNanchor_45" href="#Footnote_45" class="fnanchor">[45]</a>, l'ancien maître d'étude d'Eugène
+et de Victor à la pension Cordier, demeuré par<span class="pagenum" id="Page_63">[Pg 63]</span>
+la suite leur ami et l'un des plus nobles poètes
+dont se puisse enorgueillir la Restauration, le
+comte Alfred de Vigny.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_43" href="#FNanchor_43" class="label">[43]</a> Jacques-Arsène-François-Polycarpe Ancelot (1794-1854).
+A cette époque, Ancelot avait connu, en 1819, un succès plus
+politique que littéraire avec son <i>Louis neuf</i>, tragédie qui lui
+valut une pension de Louis XVIII.</p>
+
+<p>Il devait figurer de 1823 à 1824, parmi les rédacteurs, de
+composition si éclectique, de la <i>Muse française</i> et collaborait
+déjà aux <i>Annales de la Littérature et des Arts</i>, le journal officiel
+de la <i>Société des Bonnes Lettres</i>, où il consacra en 1822,
+un article très élogieux à Alfred de Vigny.</p>
+
+<p>Ancelot était un pseudo-classique dans toute la rigueur du
+terme. Il fit représenter le <i>Maire du Palais</i>, en 1823; un <i>Fiesque</i>
+imité de Schiller, en 1824; <i>Olga</i> ou l'<i>Orpheline moscovite</i>,
+en 1829; <i>Élisabeth d'Angleterre</i>, en 1829.</p>
+
+<p>La Révolution de 1830 l'ayant privé de sa pension, il se
+tourna vers les petits théâtres, d'un rapport plus lucratif, qu'il
+inonda de ses vaudevilles, dépourvus de style, comme il convient,
+mais non sans esprit et sans gaîté.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_44" href="#FNanchor_44" class="label">[44]</a> Alexandre Soumet, né à Castelnaudary, en 1788, mort en
+1845. Après avoir d'abord chanté Napoléon et le Roi de Rome,
+il se réconcilia avec les Bourbons qui le nommèrent successivement
+bibliothécaire des châteaux de Saint-Cloud, de Rambouillet
+et de Compiègne.</p>
+
+<p>Très favorable aux théories romantiques, qu'il n'osait suivre
+lui-même que très timidement, Alexandre Soumet fut un des
+premiers défenseurs de Victor Hugo à ses débuts et collabora
+aux <i>Lettres champenoises</i>, sorte de «centre droit» entre les
+Romantiques et les Classiques, où il consacra également un
+article élogieux à Alfred de Vigny (tome VII); au <i>Conservateur
+littéraire</i>, dans lequel il rendit compte des <i>Nouvelles
+Odes</i> de Victor Hugo, au <i>Mercure du XIX<sup>e</sup> siècle</i>, et fit partie
+de la <i>Société des Bonnes Lettres</i>, où il devait lire, en 1826, sa
+<i>Jeanne d'Arc</i>.</p>
+
+<p>Une élégie: <i>La Pauvre fille</i>, a plus contribué à rendre, un
+moment, son nom populaire, que ses tragédies: <i>Clytemnestre</i>
+(1822), <i>Saül</i> (1822), <i>Elisabeth de France</i> (1823), <i>Jeanne d'Arc</i>
+(1823), pour n'en citer que quelques-unes, qui lui ouvrirent,
+en 1834, les portes de l'Académie française.</p>
+
+<p>Alexandre Soumet a laissé, à côté de son théâtre, un poème
+de longue haleine, témoignant d'un louable effort et où se
+trouvent de beaux vers, <i>la Divine Epopée</i> (1840).</p>
+
+<p>Cf. <span class="smcap">Léon Séché</span>: <i>Études d'Histoire romantique</i>.—<i>Le Cénacle
+de la Muse française</i> (<i>Mercure de France</i>, 1908, LXXII,
+pp. 385-417; LXXIII, pp. 24-57).</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_45" href="#FNanchor_45" class="label">[45]</a> Biscarrat, que ses contemporains et tous ceux qui se sont
+occupés des débuts du Romantisme semblent avoir appelé
+Félix, aurait signé de l'initiale S des articles nombreux et
+intéressants du <i>Conservateur littéraire</i>.</p>
+
+<p>Alexandre Soumet ne paraît avoir collaboré qu'au tome III
+(1820-1821).</p>
+
+<p>Dans ce même volume, Alfred de Vigny donna sur les
+<i>Œuvres</i> complètes de Byron, un premier article qui ne fut
+jamais suivi d'un second.</p>
+
+<p>Cf. Ch.-M. <span class="smcap">Des Granges</span>: <i>La Presse littéraire sous la Restauration</i>.</p>
+
+</div>
+
+<p>La noce eut lieu chez M. Foucher. Sa salle à
+manger s'étant trouvée trop étroite, l'on dîna
+dans la salle du Conseil de guerre. Là même,
+dix ans plus tôt, le général Lahorie, le mystérieux
+réfugié de la rue de Clichy et des Feuillantines,
+s'était entendu condamner à mort.</p>
+
+<p>La lettre, qui, à moins de huit jours suivit,
+déborde de joie, de bonheur et de reconnaissance.
+Victor Hugo, cependant, malgré le rêve
+étoilé de ces oarystis semble avoir à cœur de
+ne point oublier ses frères et les recommande
+une fois de plus à la bonté et à la générosité
+du général.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher Papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>C'est le plus reconnaissant des fils et le plus heureux
+des hommes qui t'écrit. Depuis le 12 de ce
+mois, je jouis du bonheur le plus doux et le plus<span class="pagenum" id="Page_64">[Pg 64]</span>
+complet et je n'y vois pas de terme dans l'avenir.
+C'est à toi, bon et cher papa, que je dois rapporter
+l'expression de ces pures et légitimes joies, c'est toi
+qui m'as fait ma félicité, reçois donc pour la centième
+fois l'assurance de toute ma tendre et profonde gratitude.</p>
+
+<p>Si je ne t'ai pas écrit dans les premiers jours de
+mon bienheureux mariage, c'est que j'avais le cœur
+trop plein pour trouver des paroles, maintenant même
+tu m'excuseras, mon bon père, car je ne sais pas
+trop ce que j'écris. Je suis absorbé dans un sentiment
+profond d'amour, et pourvu que toute cette
+lettre en soit pleine, je ne doute pas que ton bon
+cœur ne soit content. Mon angélique Adèle se joint
+à moi, si elle osait, elle t'écrirait, mais maintenant
+que nous ne formons plus qu'un, mon cœur est devenu
+le sien pour toi.</p>
+
+<p>Permets-moi, en terminant cette trop courte lettre,
+mon cher et excellent papa de te recommander les
+intérêts de mes frères, je ne doute pas que tu n'aies
+déjà décidé en leur faveur, mais c'est uniquement
+pour hâter l'exécution de cette décision que je t'en
+reparle.</p>
+
+<p>Adieu donc, cher papa, je me sépare de toi avec
+regret; c'est pourtant une douceur pour moi que de
+t'assurer encore de l'amour respectueux et de l'inaltérable
+reconnaissance de tes heureux enfants.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">Victor.</span><br />
+</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_65">[Pg 65]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+Paris, 19 octobre 1822.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Mes deux frères t'embrassent tendrement. Mon
+beau-père et ma belle-mère ont été très sensibles à
+ta lettre. Je crois que M. Foucher te répondra bientôt.
+Il s'occupe des intérêts de mon oncle Louis au
+ministère de la Guerre.</p>
+</div>
+
+<p>Un mois plus tard, le général Hugo et la comtesse
+de Salcano, son épouse, faisaient part en
+ces termes du mariage de Victor:</p>
+
+<p class="indent2">
+M.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Monsieur le général Léopold Hugo et Madame la
+comtesse A. de Salcano, son épouse, ont l'honneur
+de vous faire part du mariage, à Paris, de Monsieur
+Victor-Marie Hugo, leur fils et beau-fils, avec Mademoiselle
+Adèle-Julie-Victoire-Marie Foucher, fille de
+Monsieur le chevalier Foucher, chef de bureau au
+ministère de la Guerre, et de Madame Anne-Victoire
+Asseline, son épouse.</p>
+
+<p>Saint-Lazare, près Blois, le 15 novembre 1822.</p>
+
+<p>On n'aura pas l'honneur de recevoir.</p>
+</div>
+
+<p>Dorénavant, M<sup>me</sup> Victor Hugo prendra une
+place presque égale à celle de son mari dans
+cette correspondance avec le général. A son
+tour, elle lui exprime son affection et sa reconnaissance.<span class="pagenum" id="Page_66">[Pg 66]</span>
+Confiante dans l'avenir, elle célèbre
+son amour et son bonheur.</p>
+
+<p>La belle-mère n'a pas été l'obstacle que l'on
+pouvait craindre au mariage. Elle semble, au
+contraire, s'être entremise en faveur des amoureux
+pour en hâter la célébration. Ce n'est plus
+«l'épouse actuelle» du général, mais une alliée
+que l'on remercie, lui devant quelques jours
+fastes de plus.</p>
+
+<p class="indent2">
+Paris, 19 novembre 1822.<br />
+<br />
+Mon cher Papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Tout ce que ta bonne lettre nous dit de tendre et
+de paternel a été accueilli ici par deux cœurs qui
+n'en font qu'un pour t'aimer. Je ne saurais te dire
+combien mon Adèle a été sensible à l'expression de
+ton affection qu'elle mérite si bien par celle qu'elle
+daigne porter à ton fils. Elle va t'exprimer elle-même
+tout ce qu'elle ressent pour toi. Veuille bien, je te
+prie, dire à notre belle-mère combien nous sommes
+reconnaissans de tout ce qu'elle a bien voulu faire
+pour hâter notre fortuné mariage.</p>
+
+<p>J'ai montré ta lettre à mes frères. Abel va t'écrire.
+Ils me chargent de t'embrasser tendrement pour eux.</p>
+
+<p>Maintenant permets-moi de t'embrasser pour moi
+et de céder le reste de cette lettre à ta fille.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils soumis et respectueux,<br />
+<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_67">[Pg 67]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>C'est la plus heureuse des femmes qui vous doit
+tout son bonheur que sans vous elle désirerait encore,
+c'est votre fille qui a mis sa destinée entre les mains
+du plus noble des hommes qui voudrait vous rendre
+sa reconnaissance. Dieu sait que ce n'est pas la
+gloire qui entoure son talent qui me le fait admirer,
+mais bien cette âme si pure, si élevée que vous connaissez
+à peine et à laquelle la mienne est consacrée.
+Il n'est rien de moi qui ne soit pour lui, pour
+mon Victor, pour votre digne fils.</p>
+
+<p>Si notre belle-mère savait combien j'ai été sensible
+à tout ce qu'elle a bien voulu faire pour accélérer
+notre mariage, j'espère qu'elle voudrait bien recevoir
+mes remerciements. Je lui dois quelques jours de
+bonheur que sans elle je demanderais en vain.</p>
+
+<p>J'ai vu, mon cher papa, s'écouler le plus beau jour
+de ma vie sans avoir connu l'auteur de ce beau jour.
+Nous espérons, et moi en particulier, comme une
+grâce, que la fin de cette année ne se passera pas
+sans que j'aie pu vous exprimer de vive voix tous les
+sentiments avec lesquels j'ai l'honneur d'être votre
+très respectueuse fille,</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">A. Hugo</span>.<br />
+</p>
+<hr class="chap x-ebookmaker-drop" />
+
+<div class="chapter">
+<p><span class="pagenum" id="Page_68">[Pg 68]</span></p>
+
+<h2 class="nobreak" id="III">III</h2>
+</div>
+
+<p>Un roman en partie double.—La folie d'Eugène
+Hugo.—«La recommandation de M. de Clermont-Tonnerre».—La
+maison de la rue du Foix,
+à Blois.—La grossesse d'Adèle Hugo.—Le pauvre
+Eugène.</p>
+
+
+<p class="p2">L'antithèse n'existe pas seulement dans l'œuvre
+de Victor Hugo, et Baudelaire ne fut pas le
+premier, hélas!</p>
+
+<div class="poetry-container">
+<div class="poetry">
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent12">admis au noir mystère</div>
+ <div class="verse indent0">Des rires effrénés mêlés aux sombres pleurs.</div>
+ </div>
+</div>
+</div>
+
+<p>Le lendemain de ce beau jour, dont les jeunes
+époux clamaient orgueilleusement la joie,
+fut atrocement triste.</p>
+
+<p>Eugène Hugo, exalté, «un peu fou» depuis
+des mois, prononça, au cours du dîner de noce
+des paroles incohérentes. Biscarrat en fut frappé,
+avertit Abel Hugo, et au sortir de table, ils l'emmenèrent
+et le firent rentrer chez lui, sans en
+parler à personne.</p>
+
+<p>Le lendemain matin, on le trouva dans sa<span class="pagenum" id="Page_69">[Pg 69]</span>
+chambre, dont il avait allumé tous les flambeaux,
+vaticinant et tailladant les meubles à
+coups de sabre. Il était tout à fait fou.</p>
+
+<p>Un drame intime, navrant dans sa simplicité,
+se cachait sous cette démence et l'expliquait.</p>
+
+<p>«Cet Eugène, qui est mort enfin, après avoir
+survécu quatorze ou quinze ans à son âme, à
+son intelligence», mourut, plus discret qu'Arvers,
+sans trahir son secret. Mais, celui-là même
+qui écrivit le commencement de cette phrase,
+leur ami, le collaborateur d'Abel et de Victor
+au <i>Conservateur littéraire</i>, Gaspard de Pons<a id="FNanchor_46" href="#Footnote_46" class="fnanchor">[46]</a>,<span class="pagenum" id="Page_70">[Pg 70]</span>
+a soulevé une partie du voile qui le recouvrait.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_46" href="#FNanchor_46" class="label">[46]</a> Né en 1798, «Gaspard de Pons était venu, en 1819, d'Avallon,
+sa ville natale, à Paris, pour y entrer dans la garde. Il se
+lia, par son camarade Alfred de Vigny, avec M. Victor Hugo,
+dont il était l'aîné de deux ans, et dont il devint le collaborateur
+au <i>Conservateur littéraire</i>, puis à la <i>Muse française</i>».
+(<span class="smcap">Edmond Biré</span>: <i>Victor Hugo avant 1830</i>, p. 343).</p>
+
+<p>On lui doit: <i>Constant et Discrète</i>, poème en quatre chants,
+suivi de <i>Poésies diverses</i> (1819), <i>Amour</i>, <i>A Elle</i> (1824), <i>Inspirations
+poétiques</i> (1825).</p>
+
+<p>Il figurait, au dire de Jay, (<i>Conversion d'un Romantique</i>,
+1830), au nombre des «étoiles de la Pléiade romantique».</p>
+
+<p>Cf. Ch.-M. <span class="smcap">Des Granges</span>: <i>La Presse littéraire sous la Restauration</i>.</p>
+
+<p>Tous n'ont pas imité la discrétion de Gaspard de Pons. Évariste
+Boulay-Paty, dans son curieux Journal, publié en 1901,
+par les soins du D<sup>r</sup> Dominique Caillé, dans les <i>Annales de la
+Société académique de Nantes</i>, écrivait, à la date du 14 mai
+1830:</p>
+
+<p>«Je m'en suis revenu avec Soulié, qui est venu passer une
+heure chez moi. Il m'a dit que Eugène Hugo avait tellement
+aimé M<sup>me</sup> Victor Hugo que, deux ou trois jours après le mariage
+de son frère, il était devenu fou. C'était un jeune homme
+qui annonçait le plus beau talent. Fou par sève de chasteté!
+ô Charenton!»</p>
+
+<p>Le D<sup>r</sup> Patrigeon ne se montre guère moins affirmatif et
+commet, sur ce point, une erreur de date que corrigent le
+mariage et la correspondance de Victor:</p>
+
+<p>«Cependant, un événement douloureux et imprévu avait
+mis, vers la fin de 1821, le général Hugo en présence de ses
+fils, Eugène, qui, dit-on, aimait éperdument Adèle Foucher,
+était devenu subitement fou, le jour du mariage de son frère.
+Le général dut venir à Paris, où la maladie d'Eugène le retint
+quelque temps.» (<i>Le père de Victor Hugo</i>, p. 15.)</p>
+
+<p>Le <i>Matin</i> n'est pas seul à tout dire.</p>
+
+</div>
+
+<p>M. Edmond Biré a eu la chance de découvrir,
+sur les quais, un exemplaire des <i>Adieux poétiques</i><a id="FNanchor_47" href="#Footnote_47" class="fnanchor">[47]</a>
+du comte Gaspard de Pons, cette insigne
+rareté.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_47" href="#FNanchor_47" class="label">[47]</a> <i>Adieux poétiques</i>, par le comte Gaspard de Pons, Paris,
+Librairie nouvelle, 1860, 3 in-12.</p>
+
+</div>
+
+<p>Dans une pièce intitulée <i>la Démence</i> et où le
+poète s'adresse «A ce qui fut Eugène», on
+peut lire, entre autres, ces vers. Ils donnent la
+clef de la terrible énigme:</p>
+
+<div class="poetry-container">
+<div class="poetry">
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0">Peut-être dédaigné par l'Amour et la Muse,</div>
+ <div class="verse indent0">Un désespoir jaloux s'alluma dans ton cœur:</div>
+ <div class="verse indent0">Tu hais malgré toi ton rival, ton vainqueur...</div>
+ <div class="verse indent0">La mort de la pensée au plus affreux destin</div>
+ <div class="verse indent4">A seule, hélas! pu te soustraire:</div><span class="pagenum" id="Page_71">[Pg 71]</span>
+ </div>
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent2">Tu cessas bien à temps d'être toi, d'être frère,</div>
+ <div class="verse indent4">Le premier frère fut Caïn.</div>
+ <div class="verse indent0">Oui, certe, et dans ce mot ne vois pas un outrage;</div>
+ <div class="verse indent0">L'outrage serait lâche autant que solennel.</div>
+ <div class="verse indent0">Ton cœur fut assez chaud pour qu'un moment d'orage</div>
+ <div class="verse indent0">En toi pût allumer un foudre criminel...<a id="FNanchor_48" href="#Footnote_48" class="fnanchor">[48]</a>.</div>
+ </div>
+</div>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_48" href="#FNanchor_48" class="label">[48]</a> <i>Victor Hugo avant 1830</i>, pp. 273-274.</p>
+
+</div>
+
+<p>Plus de deux mois, on avait caché ce triste
+accident au général Hugo, espérant quand même
+un mieux impossible. Les frères redoublaient
+de soins autour du malade et leurs ressources
+s'épuisaient.</p>
+
+<p>Le 20 décembre enfin, Victor se décidait à
+faire appel à son père et lui adressait cette lettre
+désolée.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher Papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>C'est auprès du lit d'Eugène malade et dangereusement
+malade que je t'écris. Le déplorable état de
+sa raison dont je t'avais si souvent entretenu empirait
+depuis plusieurs mois d'une manière qui nous
+alarmait tous profondément, sans que nous pussions
+y porter sérieusement remède, parce qu'ayant conservé
+le libre exercice de sa volonté, il se refusait
+obstinément à tous les secours et à tous les soins.
+Son amour pour la solitude poussé à un excès effrayant
+a hâté une crise qui sera peut-être salutaire, du moins
+il faut l'espérer, mais qui n'en est pas moins extrêmement<span class="pagenum" id="Page_72">[Pg 72]</span>
+grave et le laissera pour longtemps dans
+une position bien délicate. Abel et M. Foucher t'écriront
+plus de détails sur ce désolant sujet. Pour le
+moment je me hâte de te prier de vouloir bien nous
+envoyer de l'argent, tu comprendras aisément dans
+quelle gêne ce fatal événement m'a surpris. Abel est
+également pris au dépourvu et nous nous adressons
+à toi comme à un père que ses fils ont toujours trouvé
+dans leurs peines et pour qui les malheurs de ses
+enfants sont les premiers malheurs.</p>
+
+<p>Du moins, dans cette cruelle position, avons-nous
+été heureux dans le hasard qui nous a fait prendre
+pour médecin une de tes anciennes connaissances,
+le docteur Fleury.</p>
+
+<p>Adieu, bon et cher Papa, j'ai le cœur navré de la
+triste nouvelle que je t'apporte. Notre malade a passé
+une assez bonne nuit, il se trouve mieux ce matin,
+seulement son esprit, qui est tout à fait délirant depuis
+avant-hier, est en ce moment très égaré.
+On l'a saigné hier, on lui a donné l'émétique ce
+matin, et je suis auprès de lui en garde-malade.
+Adieu, adieu, la poste va partir et je n'ai que le temps
+de t'embrasser en te promettant de plus longues
+lettres d'Abel et de M. Foucher.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils tendre et respectueux,<br />
+<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+<br />
+Ce 20 décembre 1822.<br />
+</p>
+
+<p>Le général Hugo ne tarda point à venir voir à
+Paris son fils malade, et, profitant d'un intervalle<span class="pagenum" id="Page_73">[Pg 73]</span>
+lucide, l'emmena à Blois, où il le soigna
+quelque temps chez lui.</p>
+
+<p>Le répit fut court, Eugène dut, bientôt, être
+enfermé à nouveau. Dix ans et plus il survécut
+au naufrage de sa raison et en 1837<a id="FNanchor_49" href="#Footnote_49" class="fnanchor">[49]</a> seulement,
+il s'éteignit, à Charenton.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_49" href="#FNanchor_49" class="label">[49]</a> Eugène Hugo est mort à Saint-Maurice (Charenton) le
+5 mars 1837.</p>
+
+</div>
+
+<p>Les tristesses de l'heure présente n'avaient
+point seules le don de préoccuper la famille
+Hugo. Outre le colonel, le général avait un autre
+frère officier, le major Francis<a id="FNanchor_50" href="#Footnote_50" class="fnanchor">[50]</a>. Il les avait
+fait venir, jadis, l'un et l'autre en Espagne pour
+servir à leur avancement. La monarchie de
+Joseph tombée, eux aussi avaient connu la demi-solde
+et la non-activité. Et les yeux fixés sur
+l'avenir, ils s'adressaient au neveu bien en cours,
+lauréat de l'Académie française et membre de
+l'Académie de Toulouse, marié à la fille d'un
+chef de bureau à la guerre, lui demandant son
+appui, rêvant d'une mise en activité, d'un galon
+de plus ou de deux étoiles.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_50" href="#FNanchor_50" class="label">[50]</a> Le plus jeune frère du général, François-Juste Hugo, né
+le 3 août 1780.</p>
+
+</div>
+
+<p>Victor Hugo d'être embarrassé. En dépit de
+l'affection portée par lui à l'oncle Francis, le
+servir, n'était-ce pas desservir son père?</p>
+
+<p>Le crédit des amis puissants, très puissants,<span class="pagenum" id="Page_74">[Pg 74]</span>
+qu'il comptait au pouvoir, devant être conservé
+<i>vierge</i> pour une occasion autrement importante,
+le rappel à l'activité du général Hugo, un mirage
+peut-être, mais si cher à tous.</p>
+
+<p>Dans cette lettre M<sup>me</sup> Hugo était devenue «ta
+brave femme».</p>
+
+<p>Pour la première fois—et des mois encore,
+cette suscription demeurera isolée—elle est
+adressée à</p>
+
+<p class="indent2">
+Monsieur<br />
+<br />
+Monsieur le général Comte Hugo<br />
+</p>
+
+<p>et scellée d'un cachet, embarrassé des pièces
+compliquées de l'armorial impérial, et timbré
+de la couronne comtale du général<a id="FNanchor_51" href="#Footnote_51" class="fnanchor">[51]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_51" href="#FNanchor_51" class="label">[51]</a> D'après ce cachet et l'<i>Armorial général</i> de Riestap, les
+armes octroyées par Joseph, roi d'Espagne, au comte de Siguenza,
+étaient les suivantes:</p>
+
+<p><i>Écartelé au I<sup>er</sup> d'azur, à l'épée en pal d'argent garnie d'or,
+accompagnée en chef de 2 étoiles d'argent: au 2<sup>e</sup> de gueules
+au pont de 3 arches d'argent maçonné de sable, soutenu d'une
+eau d'argent et brochant sur une forêt de même; au 3<sup>e</sup> de
+gueules à la couronne murale d'argent; au 4<sup>e</sup> d'azur au cheval
+effrayé d'or.</i></p>
+
+<p>Nous sommes loin, comme on voit, avec cet écu encombré
+de toute la ferblanterie héraldique de l'Empire, de la belle
+simplicité du blason des Hugo, de Lorraine:</p>
+
+<p><i>D'azur à un chef d'argent, chargé de deux merlettes de
+sable</i></p>
+
+<p>que donne d'Hozier et qui est encore, en Allemagne, celui des
+Hugo de Spitzemberg.</p>
+
+<p>Plus tard, quand il plut à quelques généalogistes—ces gens-là
+sont sans pitié—de rattacher le général Hugo et ses fils à
+Georges Hugo (fils de Jean Hugo, capitaine des troupes de
+René II, duc de Lorraine), le vicomte Victor Hugo, pair de
+France, fit, ou laissa, figurer ces armes, du <span class="allsmcap">XVI</span><sup>e</sup> siècle, au-dessous
+de son nom dans les annuaires de la noblesse, notamment
+dans l'<i>Armorial historique de la Noblesse de France</i>, de
+Henri J.-G. de Milleville (Paris, Amyot. S. D.), p. 127.</p>
+
+<p>Cependant, dans l'intimité, le grand poète était, paraît-il, le
+premier à rire de ces prétentions nobiliaires, y compris le
+fameux et si décoratif évêque de Ptolémaïs et le chapitre-noble
+de Remiremont. Les thuriféraires seuls les prirent jamais au
+sérieux.</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_75">[Pg 75]</span></p>
+
+<p>Et, pour la seconde, des espérances de paternité
+semblaient sourire à l'heureux mari d'Adèle
+Foucher.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher Papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je te prie d'avance d'excuser encore la brièveté de
+cette lettre. Francis me prie de t'écrire, pour te
+renouveler ses prières à l'égard du ministre de la
+Marine. Je conçois parfaitement, je ne puis même
+m'empêcher de partager ta manière de voir sur cette
+affaire qui pourrait entraver la tienne, la nôtre, celle
+de toute la famille, puisque ta mise en activité est
+certainement ce qui peut nous arriver à tous de plus
+heureux. Je sais bien que la recommandation de
+M. de Cl. T.<a id="FNanchor_52" href="#Footnote_52" class="fnanchor">[52]</a> doit être conservée <i>vierge</i> pour cette<span class="pagenum" id="Page_76">[Pg 76]</span>
+importante occasion. Cependant je t'avouerai, et tu
+le comprendras sans peine, que je n'ai pu refuser à
+mon oncle et à ma tante de te récrire à ce sujet. Ils
+sont tous deux si bons, si aimables, que je craindrais
+de les affliger. Écris-moi donc (si tu persistes dans
+un refus que je ne puis m'empêcher de trouver raisonnable),
+une lettre que je puisse leur montrer où
+tes motifs soient déduits de nouveau, et où il ne se
+trouve rien qui puisse les faire douter de la chaleur
+et du zèle que j'apporte à leurs intérêts. Je les sers
+en attendant de mon mieux auprès de M. de Cl..., et
+M. Foucher nous seconde dans ses bureaux. Quand
+tu seras employé, tes efforts unis aux nôtres feront
+certainement obtenir au major la place de lieutenant-colonel
+qu'il désire. Voilà la chance que ta lettre
+peut leur présenter.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_52" href="#FNanchor_52" class="label">[52]</a> M. de Clermont-Tonnerre, ministre de la Marine du cabinet
+Villèle; le portefeuille de la guerre lui fut confié en août
+1824, lors du remaniement ministériel nécessité par la nouvelle
+disgrâce de Chateaubriand.</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Adieu, cher et excellent père. Il est impossible de
+dire avec quelle impatience nous attendons le printemps,
+afin de t'aller voir ainsi que ton excellente
+femme. Embrasse-la bien tendrement pour nous, et
+croyez tous deux à notre affectueux respect.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">Victor.</span><br />
+</p>
+
+
+<p class="indent2">
+Ce lundi 9 janvier.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Tout porte à croire que notre Léopold est revenu.—Chut!</p>
+
+<p>Mille choses aimables à M. de Féraudy<a id="FNanchor_53" href="#Footnote_53" class="fnanchor">[53]</a>, auquel j'ai<span class="pagenum" id="Page_77">[Pg 77]</span>
+écrit, dis-lui que l'article sur ses fables a paru dans
+le numéro de la <i>Foudre</i> du 30 novembre, lequel contenait
+aussi un article sur ses mémoires. Le troisième
+volume est plein d'intérêt, je vais en rendre compte
+dans l'<i>Oriflamme</i>.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_53" href="#FNanchor_53" class="label">[53]</a> M. de Féraudy, ancien major du génie, chevalier de
+Saint-Louis du 5 novembre 1814 (<i>Moniteur</i> du 7 novembre),
+l'un des amis du général Hugo à Blois.</p>
+
+<p>Ce grand-oncle de l'excellent sociétaire de la Comédie française
+venait de publier un troisième volume de fables: <i>Quelques
+fables ou Mes loisirs</i>. Blois, Aucher-Éloy, 1823, in-12 de
+IX-204 pages, faisant suite au recueil antérieurement paru sous
+ses initiales:</p>
+
+<p><i>Quelques fables ou Mes loisirs</i>, par Jh-Bmi de F..., ancien
+officier supérieur du Corps royal du Génie. Paris, chez Chauvin,
+1820, in-16 oblong, de 102 pages.</p>
+
+<p>Il existe une «nouvelle édition, revue, corrigée et augmentée
+d'une deuxième partie» de ce premier recueil, publiée sous
+le nom de l'auteur, en 1821, chez J.-G. Dentu, in-12, de XLI-161
+pp.</p>
+
+<p>Originaire de Provence, la famille de Féraudy est encore
+représentée aujourd'hui, dans le Loiret, par une de ses branches.</p>
+
+</div>
+
+<p>Le Général Hugo avait quitté le château de
+Saint-Lazare, revendu le 16 janvier 1823 à
+M. Gay, médecin<a id="FNanchor_54" href="#Footnote_54" class="fnanchor">[54]</a>, et était allé s'installer,
+dans le bas de la ville, rue du Foix, dans la
+petite maison qu'y possédait sa seconde femme
+depuis 1816<a id="FNanchor_55" href="#Footnote_55" class="fnanchor">[55]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_54" href="#FNanchor_54" class="label">[54]</a> Acte passé devant M<sup>e</sup> Naudin, notaire.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_55" href="#FNanchor_55" class="label">[55]</a> M<sup>me</sup> veuve d'Almeg avait acheté cette maison des époux
+Hadou, par acte devant M<sup>e</sup> Vosdey, notaire à Blois, du 10 février
+1816. Le général y joignait, le 29 juin 1823 (adjudication
+devant M<sup>e</sup> Pardessus, notaire), une petite maison voisine qui
+portait le nº 71, et qui après sa mort, fut vendue à sa veuve,
+moyennant 1.720 francs (acte devant M<sup>e</sup> Pardessus, notaire, du
+25 juillet 1830.)</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_78">[Pg 78]</span></p>
+
+<p>C'est la petite maison si connue par la description
+qu'en donna le poète dans ses <i>Feuilles
+d'Automne</i>:</p>
+
+<div class="poetry-container">
+<div class="poetry">
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent6">Et sorti de la ville, au midi,</div>
+ <div class="verse indent0">Cherchez un tertre vert, circulaire, arrondi,</div>
+ <div class="verse indent0">Que surmonte un grand arbre, un noyer, ce me semble,</div>
+ <div class="verse indent0">Comme au cimier d'un casque une plume qui tremble.</div>
+ <div class="verse indent0">Vous le reconnaîtrez, ami; car tout rêvant,</div>
+ <div class="verse indent0">Vous l'aurez vu de loin sans doute en arrivant.</div>
+ </div>
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0">Sur le tertre monté, que la plaine bleuâtre,</div>
+ <div class="verse indent0">Que la ville étagée en long amphithéâtre,</div>
+ <div class="verse indent0">Que l'église, ou la Loire et ses voiles aux vents,</div>
+ <div class="verse indent0">Et ses mille archipels plus que ses flots mouvants,</div>
+ <div class="verse indent0">Et de Chambord là-bas au loin les cent tourelles,</div>
+ <div class="verse indent0">Ne fassent pas voler votre pensée entre elles.</div>
+ <div class="verse indent0">Ne levez pas vos yeux si haut que l'horizon,</div>
+ <div class="verse indent0">Regardez à vos pieds.—</div>
+ </div>
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent32">Louis, cette maison</div>
+ <div class="verse indent0">Qu'on voit bâtie en pierre et d'ardoises couverte,</div>
+ <div class="verse indent0">Blanche et carrée, au bas de la colline verte,</div>
+ <div class="verse indent0">Et qui, fermée à peine aux regards étrangers,</div>
+ <div class="verse indent0">S'épanouit charmante entre ses deux vergers:</div>
+ <div class="verse indent0">C'est là.—Regardez bien: c'est le toit de mon père.</div>
+ <div class="verse indent0">C'est ici qu'il s'en vint dormir après la guerre,</div>
+ <div class="verse indent0">Celui que tant de fois mes vers vous ont nommé,</div>
+ <div class="verse indent0">Que vous n'avez pas vu, qui vous aurait aimé!...</div>
+ </div>
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0">«Une maison à Blois! riante, quoiqu'en deuil.</div>
+ <div class="verse indent0">Élégante et petite, avec un lierre au seuil,</div>
+ <div class="verse indent0">Et qui fait soupirer le voyageur d'envie</div><span class="pagenum" id="Page_79">[Pg 79]</span>
+ <div class="verse indent0">Comme un charmant asile à reposer sa vie,</div>
+ <div class="verse indent0">Tant sa neuve façade a de fraîches couleurs,</div>
+ <div class="verse indent0">Tant son front est caché dans l'herbe et dans les fleurs!<a id="FNanchor_56" href="#Footnote_56" class="fnanchor">[56]</a>.»</div>
+ </div>
+</div>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_56" href="#FNanchor_56" class="label">[56]</a> <i>Les Feuilles d'Automne</i>.</p>
+
+</div>
+
+<p>Elle portait alors le nº 73, devenu aujourd'hui
+le 65; «Grande-Rue du Foix,—elle est assez
+longue, en effet,—nº 73 à Blois», spécifient
+les adresses de Victor.</p>
+
+<p>Dans cette maison conservée par sa veuve, et
+où elle est morte le 21 avril 1858 seulement<a id="FNanchor_57" href="#Footnote_57" class="fnanchor">[57]</a>,
+le 28 février 1902, M. Raphaël Périé, inspecteur
+d'Académie de Loir-et-Cher, un universitaire
+resté fidèle aux lettres<a id="FNanchor_58" href="#Footnote_58" class="fnanchor">[58]</a>, organisait une
+cérémonie enfantine, et elle fut charmante, pour
+commémorer et magnifier le centenaire de Victor
+Hugo<a id="FNanchor_59" href="#Footnote_59" class="fnanchor">[59]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_57" href="#FNanchor_57" class="label">[57]</a> Registres de l'état-civil de Blois.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_58" href="#FNanchor_58" class="label">[58]</a> Outre de fort jolis vers publiés dans la <i>Revue de Paris</i> on
+doit à M. Raphaël Périé, une très élégante adaptation, publiée
+chez Hachette, du <i>Roman de Berte aux grands pieds</i> (Paris,
+1900, in-12), et une intéressante étude sur <i>Victor Hugo poète
+civique</i> (Paris, Gedalge, S. D. in-8º de 39 pp.).</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_59" href="#FNanchor_59" class="label">[59]</a> Un journal du cru, <i>L'Indépendant de Loir-et-Cher</i>, a rendu
+compte de cette cérémonie et publié la pièce de circonstance,
+plus qu'honorable, composée et récitée par un des grands
+élèves du <i>Collège Augustin Thierry</i>, de Blois, le fils du préfet,
+M. Heim.</p>
+
+</div>
+
+<p>Un mieux semblait avoir suivi le transfert du
+malade dans la maison paternelle. La lettre de<span class="pagenum" id="Page_80">[Pg 80]</span>
+Victor adressée à son frère chez son père, l'encourage
+et le félicite.</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Ta lettre, mon bon et cher Eugène, nous a causé
+une bien vive joie. Nous espérons que l'amélioration
+de ta santé continuera au gré de tous nos désirs et
+que tu auras bientôt retrouvé avec le calme de l'esprit
+cette force et cette vivacité d'imagination que
+nous admirions dans tes ouvrages.</p>
+
+<p>Dis, répète à tous ceux qui t'entourent combien
+nous les aimons pour les soins qu'ils te donnent, dis
+à papa que le regret d'être éloigné de lui et de toi
+est rendu moins vif par la douceur de vous savoir
+ensemble, dis-lui que son nom est bien souvent prononcé
+ici comme un mot de bonheur, que les mois
+qui me séparent de votre retour vont nous sembler
+bien longs, dis-lui pour nous tout ce que ton cœur
+te dit pour lui, et ce sera bien.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton frère et ami,<br />
+<br />
+<span class="smcap">Victor.</span><br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Écris-nous le plus souvent possible.</p>
+</div>
+
+<p>Suit une lettre plus longue pour le général.
+Elle nous fait faire plus ample connaissance avec
+l'oncle Francis et sa femme.</p>
+
+<p>Les espérances de paternité du jeune homme
+n'ont point été déçues: Adèle Hugo est enceinte
+et se porte «aussi bien que sa situation le permet».</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_81">[Pg 81]</span></p>
+
+<p>Et voici venir une autre espérance, outre la gratification
+de 500 francs accordée par Louis XVIII,
+et révélée par Edmond Biré<a id="FNanchor_60" href="#Footnote_60" class="fnanchor">[60]</a> à Victor Hugo,
+pour l'<i>Ode sur la mort de S. A. R. Charles-Ferdinand
+d'Artois, duc de Berri, fils de France</i>,
+insérée dans la septième livraison du <i>Conservateur
+littéraire</i><a id="FNanchor_61" href="#Footnote_61" class="fnanchor">[61]</a>, et la pension sur la cassette
+royale qui, si longtemps attendue, avait enfin
+permis aux fiancés de se marier, on fait espérer
+à Victor une pension de 3.000 francs, qui lui
+«aurait été accordée sur le ministère de l'Intérieur».</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_60" href="#FNanchor_60" class="label">[60]</a> <i>Victor Hugo avant 1830</i>, p. 173.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_61" href="#FNanchor_61" class="label">[61]</a> <i>Odes et Ballades</i>, Liv. I<sup>er</sup>; ode VII.</p>
+
+</div>
+
+<p>Entre temps, il est vrai, le <i>Moniteur</i> avait
+publié, dans son numéro du 13 décembre 1822,
+l'<i>Ode sur Louis XVII</i><a id="FNanchor_62" href="#Footnote_62" class="fnanchor">[62]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_62" href="#FNanchor_62" class="label">[62]</a> Ode lue à l'ouverture des séances de la Société des bonnes
+lettres (Seconde année). Le <i>Moniteur universel</i>, nº 347, vendredi
+13 décembre 1822. <i>Odes et Ballades</i>, Liv. I<sup>er</sup>; ode V.</p>
+
+</div>
+
+<p>Vers la même époque, paraissait chez Persan,
+ce marquis ruiné qui se fit libraire et ne fit point
+fortune, la seconde édition des <i>Odes</i>, et
+Louis XVIII, flatté par tant de loyalisme, avait
+souscrit à vingt-cinq exemplaires pour ses
+bibliothèques particulières.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_82">[Pg 82]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+A PAPA<br />
+<br />
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Ton absence nous prive d'une des joies les plus
+vives que nous ayons éprouvées dans la félicité de
+notre union, celle de te voir. Il nous semble que
+maintenant le mois qui nous donnera un enfant sera
+bien heureux, surtout parce qu'il nous rendra notre
+père. Eugène reviendra aussi, et reviendra sûrement
+content et guéri.</p>
+
+<p>Mon oncle Francis vient de passer quelques jours
+ici, et c'est ce qui nous a empêchés de t'écrire plus
+tôt. Nous avons fait connaissance avec notre tante
+qui paraît heureuse et semble spirituelle et aimable.
+Francis est aussi fort heureux; il a été plein d'affection
+et de tendresse pour nous, et a bien regretté
+que tu ne fusses plus à Paris.</p>
+
+<p>Ma femme continue à se porter aussi bien que sa
+situation le permet, j'ai appris avec peine et joie tout
+à la fois que tu avais été souffrant et que tu étais
+guéri. Nous te prions de féliciter également ta femme
+sur le rétablissement de sa santé dont nous parle
+notre excellent Eugène.</p>
+
+<p>M. Lebarbier m'a écrit: je lui répondrai; je n'ai
+encore rien de décisif à lui mander.</p>
+
+<p>On m'avait parlé il y a qque tems d'une pension
+de 3.000 francs qui m'aurait été accordée sur le
+ministère de l'Intérieur. Je n'en entends plus parler.
+Si cette bonne nouvelle se confirme, je m'empresserai<span class="pagenum" id="Page_83">[Pg 83]</span>
+de te le mander, certain que notre bon père y
+prendra bien part.</p>
+
+<p>Adieu, cher et excellent papa, tout le monde ici
+t'aime et t'embrasse comme ton fils tendre et respectueux.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">Victor.</span><br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Ce mercredi 5 mars.</p>
+
+<p>Nos hommages à notre belle-mère.</p>
+</div>
+
+<p>Nous n'avons rien inventé, pas même la crise
+de la librairie. Victor Hugo, dont les éditeurs
+devaient plus tard édifier la fortune, n'avait
+encore affaire qu'à de pauvres libraires qui ne
+payaient guère qu'en billets, et leurs billets
+l'étaient rarement.</p>
+
+<p>Pour venir en aide au jeune ménage, M. Foucher
+avait avancé l'argent; bientôt il s'agit de
+le lui rembourser à son tour, il était assez
+gêné lui-même. Victor recourait alors, pour un
+nouveau prêt, à la bourse de son père et à son
+compte chez M. Katzenberger.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher Papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je suis dans un grand embarras: je m'adresse à
+toi, sûr que tu me fourniras le moyen d'en sortir.</p>
+
+<p>J'ai entre les mains un billet à ordre de 500 francs
+sur mon libraire qui devait être acquitté le 11 février
+dernier. A cette époque, extrêmement gêné par la<span class="pagenum" id="Page_84">[Pg 84]</span>
+stagnation du commerce au milieu des bruits de
+guerre, mon libraire me supplia d'accepter un
+à-compte de 200 francs, et de ne point user de la faculté
+que me donne la loi de faire protester son billet,
+démarche qui eût pu ruiner son crédit. Avec
+l'assentiment de M. Foucher, auquel devaient être
+remis les 500 francs, je consentis à cet arrangement,
+dans l'assurance que le paiement des 300 francs restants
+aurait lieu dans le mois.</p>
+
+<p>Depuis cette époque l'embarras du crédit augmentant
+sans cesse n'a pas permis à mon libraire de retirer
+son billet. J'ai attendu aussi longtemps que j'ai
+pu; mais aujourd'hui M. Foucher étant absolument
+sans argent j'ai essayé en vain de faire escompter le
+malheureux billet. Ce qui aurait été facile il y a trois
+mois est impossible aujourd'hui, la crainte ayant absolument
+resserré (?) les capitaux. Je ne vois donc
+plus de recours qu'en toi, mon cher papa, je te prie
+de m'envoyer le plus tôt possible les 300 francs que
+mon libraire ne pourra peut-être pas me rembourser
+d'ici un ou deux mois, mais pour lesquels on
+n'aura pas moins une garantie suffisante dans le
+billet de 500 francs qui dort entre mes mains. Si tu
+n'avais pas cette somme, ne pourrais-tu me la faire
+avancer par M. Katzenberger. Je ne t'en dis pas davantage,
+cher papa, j'attends une prompte réponse
+comme une planche de salut dans l'embarras où nous
+nous trouvons.</p>
+
+<p>Je déposerai le billet entre les mains de M. Katzenberger
+qui ainsi pourrait être tranquille. Je ne
+voudrais pas en venir à des poursuites judiciaires<span class="pagenum" id="Page_85">[Pg 85]</span>
+contre le pauvre libraire dont je ne suspecte pas la
+probité.</p>
+
+<p>Adieu, cher et excellent papa, embrasse pour nous
+notre Eugène qui a écrit une lettre extrêmement
+remarquable à Félix Biscarrat et présente nos respects
+à notre belle-mère, en lui disant combien nous
+sommes touchés des soins qu'elle prend de notre
+frère.</p>
+
+<p>Mon Adèle t'embrasse et moi aussi.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils soumis et respectueux,<br />
+<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Ce samedi 15 mars.</p>
+</div>
+
+<p>Malgré les illusions du père et du fils, il ne
+semble pas que la santé d'Eugène s'améliorât
+beaucoup.</p>
+
+<p>La <i>Correspondance</i> possédée par la Bibliothèque
+de Blois nous fournit le texte d'une lettre
+d'Eugène à Abel. Elle dut ne pas être envoyée.</p>
+
+<p>Elle trahit de façon lamentable l'état d'esprit
+du malade, même dans ses intervalles lucides.</p>
+
+<p>On sent les vains efforts de l'intelligence pour
+se ressaisir. La pensée est exprimée avec une
+difficulté extrême, le style semble presque enfantin
+et les répétitions abondent.</p>
+
+<p>M. de Féraudy et ses fables—il s'agissait,
+en plus, d'un acte manuscrit à présenter à
+l'Odéon—faisait l'objet de cette missive.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_86">[Pg 86]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher Abel,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Un des amis de Papa, M. de Féraudy, et l'un des
+membres de la Société littéraire fondée à Blois, dont
+papa avait été élu Président, et dont tu avais été
+nommé membre Correspondant, ce monsieur, dis-je,
+ayant appris l'influence que tu pourrais avoir auprès
+de quelques journaux, a paru désirer que tu lui fisses
+insérer quelques-unes de ses fables dans les feuilles
+où tu travailles.</p>
+
+<p>Ayant également entendu parler des facilités que
+tu parais avoir auprès du théâtre de l'Odéon, il te
+prie également de lui rendre le service de présenter
+au comité de ce théâtre un acte dont je t'enverrai le
+manuscrit.</p>
+
+<p>Avec les titres dont je viens de te parler il était impossible
+que ce Monsieur pût s'attendre à quelque
+refus de ma part. Ami de Papa, et membre d'une Société
+littéraire dont je t'ai entendu te féliciter d'être
+membre, c'était sans doute te faire plaisir à toi-même
+que de me charger auprès de toi de sa commission.</p>
+
+<p>Ce monsieur a déjà publié un recueil de fables
+dont le journal des <i>Débats</i> a rendu compte il y a un
+an, il compte en publier un nouveau volume. Il est
+membre de la Société littéraire qui avait tenté de s'organiser
+à Blois, et dont toi et Victor faisiez partie;
+ses fables ne te laisseront aucun doute sur son esprit
+et son talent.</p>
+
+<p>Après m'être acquitté de cette commission, il convient
+que je te manifeste mon étonnement de ce
+que tu ne nous as pas répondu. Cet oubli de ta part,<span class="pagenum" id="Page_87">[Pg 87]</span>
+justifie les reproches de négligence que je t'ai entendu
+faire par Papa.</p>
+
+<p>En attendant une lettre de toi, je suis toujours
+avec attachement,</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton frère affectionné,<br />
+<span class="smcap">E. Hugo</span>.<br />
+<br />
+Blois, le 19 mars 1823.<br />
+</p>
+
+<p>A nouveau Adèle Hugo tient la plume. Elle
+n'ose encore s'exprimer librement vis-à-vis de
+ses beaux-parents—par la suite elle écrira des
+lettres charmantes d'abandon, de cœur et de
+simplicité.</p>
+
+<p>Actuellement, elle est encore sous l'entière
+domination du génie de son mari. Il relit ses
+lettres et elle doit craindre un froncement de
+sourcil.</p>
+
+<p>L'enfant qu'elle porte sera un garçon, elle
+l'appellera Léopold pour «faire la cour» à sa
+belle-mère, et ingénûment, ne prévoyant pas à
+quelle plaisanterie va donner lieu le plein de
+sa plume, la pauvre femme fait, fille respectueuse,
+«fortement saillir les rondeurs» de
+l'A de sa signature.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Mon mari m'a laissé le soin de vous écrire; c'est
+pour moi une bien douce charge, d'autant plus que<span class="pagenum" id="Page_88">[Pg 88]</span>
+dans une réponse à ma lettre je saurai de vos nouvelles
+qui jusqu'ici nous ont fait craindre que votre
+santé et celle de notre belle-mère ne fussent moins
+bonnes que lors de votre départ d'ici. D'un autre
+côté, nous sommes convaincus que celle de notre
+frère est entièrement remise, d'ailleurs les soins de
+bons parens, et la vie d'ordre à laquelle il n'était
+point habitué sont certainement cause de son prompt
+rétablissement.</p>
+
+<p>Nous avons eu le plaisir de voir dernièrement notre
+oncle Francisque et sa femme, ils sont restés à Paris
+beaucoup moins longtemps que nous ne l'aurions
+désiré, et ils ont été très fâchés de n'être pas venus
+à Paris un mois plus tôt, et nous que vous ne fussiez
+pas restés un mois plus tard, mais nous espérons
+qu'à votre premier voyage vous nous récompenserez
+de votre prompt départ.</p>
+
+<p>Adieu, mon cher papa, embrassez pour moi notre
+belle-mère et dites-lui que pour lui faire la cour j'appellerai
+mon petit garçon Léopold.</p>
+
+<p>Nous attendons une prompte réponse pour nous
+mettre hors d'inquiétude de toutes les santés auxquelles
+nous nous intéressons vivement, et je vous
+prie, cher papa, de me croire votre respectueuse fille.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">A. Hugo.</span><br />
+<br />
+Ce mardi.<br />
+</p>
+
+<p>Le génie n'est pas léger, et l'esprit, cette
+mousse des vins pétillants, lui semble peu familier.
+Comme la gaîté chez Rabelais, la plaisanterie<span class="pagenum" id="Page_89">[Pg 89]</span>
+était, chez Hugo, énorme. La signature
+de la jeune femme de prêter donc à ce thème:</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je crois que c'est pour te donner une image de
+son ventre toujours croissant que mon Adèle a fait
+si fortement saillir les rondeurs de sa signature. Je
+vois avec un sentiment bien doux approcher l'heureuse
+époque qui nous réunira autour d'un berceau.</p>
+
+<p>J'ai reçu ta note relative à M. Eloy et je m'occupe
+de son affaire en même temps que de celle de M. Lebarbier.
+Dès que j'aurai une décision favorable, je
+la leur transmettrai.</p>
+
+<p>Adieu, cher papa, embrasse bien notre Eugène,
+présente nos respects à notre belle-mère et aime-nous
+toujours comme nous t'aimons.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils tendre et respectueux,<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+</p>
+
+<p>Les espérances étaient vaines d'un retour à la
+raison d'Eugène Hugo. L'on s'est bercé de cet
+espoir, mais, bientôt, il y fallut renoncer, et le
+pauvre dément n'a point tardé à quitter l'oasis
+de la rue du Foix pour être traité dans la maison
+de santé du D<sup>r</sup> Esquirol<a id="FNanchor_63" href="#Footnote_63" class="fnanchor">[63]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_63" href="#FNanchor_63" class="label">[63]</a> Jean-Étienne-Dominique Esquirol, né à Toulouse en 1772,
+mort à Paris en 1840. Il continua et compléta les travaux de
+Pinel. Son principal ouvrage: <i>Des Maladies mentales considérées
+sous le rapport médical, hygiénique et médico-légal</i>
+(Paris, J.-Baillière, 1838, 2 in-8º), est devenu classique. Il y a
+tracé, entre autres, un navrant tableau de la folie et de la déchéance
+de Théroigne de Méricourt.</p>
+
+<p>Il devait, en 1825, se voir confier la direction de Charenton.</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_90">[Pg 90]</span></p>
+
+<p>Victor donne à son père des nouvelles du
+malheureux et lui confie ses impressions. En
+dépit des soins dont sont entourés les malades,
+il ne l'a «plus trouvé aussi bien». Il redoute,
+pour son frère, «la solitude et l'oisiveté». Puis,
+ce sont les phantasmasies du persécuté-persécuteur,
+entendant, dans le silence des nuits,
+assassiner des femmes, en des souterrains.</p>
+
+<p>Le prix de la pension est très élevé et l'on
+n'a pas assez caché au malade qu'il se trouvait
+parmi des fous.</p>
+
+<p>La fin de la lettre nous ramène aux éditeurs,
+sinon à la littérature. Le poète, par la faute
+d'Abel, qui, en croyant faire bien, l'a «poussé
+dans cette galère»<a id="FNanchor_64" href="#Footnote_64" class="fnanchor">[64]</a>, se trouve initié aux banqueroutes<span class="pagenum" id="Page_91">[Pg 91]</span>
+des libraires et aux ennuis concomitants.
+Il avertit son père du danger et lui conseille<span class="pagenum" id="Page_92">[Pg 92]</span>
+la prudence pour la vente proche du
+manuscrit de ses <i>Mémoires</i>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_64" href="#FNanchor_64" class="label">[64]</a> <i>Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie</i> conte l'anecdote.</p>
+
+<p>L'on doit à Abel Hugo, enlevé en 1855, comme l'avait été
+vingt ans plus tôt son père, par une attaque d'apoplexie, de
+nombreux comptes rendus critiques dans le <i>Conservateur littéraire</i>
+et quatre nouvelles qui y furent publiées également:
+<i>El Viego</i>; <i>La naissance de Henri IV</i>; <i>Le combat de taureaux</i>;
+<i>Le carnaval de Venise</i>.</p>
+
+<p>Dès 1817, il avait publié en collaboration avec André Malitourne
+et Ader: <i>Traité du Mélodrame</i>, par A. A. A.</p>
+
+<p>Il fit paraître en 1822, in-8º, <i>la Vengeance de la Madone</i>,
+fragment traduit de l'italien.</p>
+
+<p>Il donna lecture à la <i>Société des Bonnes lettres</i> d'un important
+ouvrage qu'il entreprit et ne termina point:</p>
+
+<p><i>Le Génie du Théâtre espagnol, ou Traduction et analyses
+des meilleures pièces de Lopez de Véga; F. Calderon et autres
+auteurs dramatiques, depuis le milieu du</i> <span class="allsmcap">XVI</span><sup>e</sup> <i>siècle jusqu'à la
+fin du</i> <span class="allsmcap">XVIII</span><sup>e</sup>.</p>
+
+<p>Entré aux <i>Annales de la Littérature et des Arts</i>, après leur
+fusion avec le <i>Conservateur littéraire</i> (août 1821) il entreprit,
+en 1823, la publication des <i>Tablettes romantiques</i>.</p>
+
+<p>Il a laissé en outre:</p>
+
+<p><i>Romances historiques</i>, traduites de l'espagnol par A. Hugo.
+Cet ouvrage porte cette dédicace: A ma mère, morte le 27 juin
+1821,</p>
+
+<p>et avait été publié:</p>
+
+<p>A Paris, chez Pélicier, libraire, place du Palais-Royal, 1822;
+in-12, de LV-302 pp.</p>
+
+<p>C'est-à-dire, chez l'éditeur des <i>Odes et poésies diverses</i>, près
+de qui il avait été l'introducteur de son frère.</p>
+
+<p><i>L'Heure de la Mort.</i> Paris, 1822, in-8º.</p>
+
+<p><i>Les Français en Espagne.</i> A-propos, vaudeville en un acte
+(avec Alph. Vulpian). Paris, 1823, in-8º.</p>
+
+<p><i>Précis historique des Événements qui ont conduit Joseph
+Napoléon sur le trône d'Espagne</i> (Introduction au tome II des
+Mémoires du général Hugo. Paris, Ladvocat, 1823, trois in-8º)
+signés Hugo (Abel) fils.</p>
+
+<p>Il existe en outre, de ce précis un tirage à part à 60 exemplaires.
+Paris, 1823: in-8º.</p>
+
+<p><i>Pierre et Thomas Corneille.</i>—(En collaboration avec Romieu
+et signé du pseudonyme de Monnières. Paris. 1823, in-8º.)</p>
+
+<p><i>Campagne d'Espagne en 1823.</i> Paris. Le Fuel, SD. (1824),
+2 in-8º, de IV-442 et 399 pp.</p>
+
+<p><i>Les tombeaux de Saint-Denis</i> ou description historique de
+cette abbaye célèbre, des monuments qui y sont renfermés et
+de son riche trésor; suivie du récit de la violation des tombeaux
+en 1793, de détails sur la restauration de l'église en
+1806, et depuis en 1814; de notices sur les rois et les grands
+hommes qui y ont été enterrés et sur les cérémonies usitées
+aux obsèques des rois de France, et de la relation des funérailles
+de Louis XVIII. Paris, 1824, in-18.</p>
+
+<p><i>Vie anecdotique de Monsieur, comte d'Artois, aujourd'hui
+S. M. Charles X, roi de France et de Navarre, depuis sa naissance
+jusqu'à ce jour.</i> Paris, 1824, in-18.</p>
+
+<p><i>Histoire de l'empereur Napoléon</i>, par A. Hugo, illustrée de
+31 vignettes, par Charlet. Paris, Perrotin, 1833, in-8º de 479 pp.</p>
+
+<p><i>Souvenirs sur Joseph Bonaparte, roi d'Espagne. Revue des
+Deux-Mondes</i>, 1<sup>er</sup> et 15 avril 1833.</p>
+
+<p><i>Le Conteur</i>, recueil de contes de tous les temps et de tous
+les pays paraissant mensuellement. Paris, 1833, in-12.</p>
+
+<p><i>France militaire</i>, histoire des armées françaises de terre et
+de mer de 1792 à 1833. Ouvrage rédigé par une Société de
+militaires, et de gens de lettres; etc., etc., revu et corrigé par
+A. Hugo, ancien officier d'état-major, membre de plusieurs
+sociétés savantes, auteur de l'<i>Histoire de Napoléon</i>. Paris, Delloye,
+1833-1838, 5 in-8º.</p>
+
+<p><i>France pittoresque</i> ou Description pittoresque, topographique
+et statistique des Départements et Colonies de la France,
+offrant en résumé pour chaque département et colonie, l'histoire,
+les antiquités, la topographie, etc., etc., par A. Hugo,
+ancien officier d'état-major, membre de plusieurs sociétés
+savantes et littéraires, auteur de l'<i>Histoire de Napoléon</i>. Paris.
+Delloye, 1835, 3 in-8º.</p>
+
+<p><i>France historique et monumentale.</i> Histoire générale de
+France depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, par
+A. Hugo, auteur de l'<i>Histoire de Napoléon</i> et de la <i>France pittoresque</i>.
+Paris, Delloye, 1836-1843, 5 in-8º.</p>
+
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher Papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>J'ai remis hier à Eugène ta lettre qui l'a touché
+autant qu'affligé. Sa douleur de ne pouvoir te revoir
+à Blois n'a été un peu calmée que par l'espérance
+que je lui ai donnée de te revoir à Paris dans deux<span class="pagenum" id="Page_93">[Pg 93]</span>
+mois, ce tems lui a paru bien long. Je vais te dire
+aussi, cher papa, que je ne l'ai plus trouvé aussi
+bien. On a pour les malades chez M. Esquirol des
+soins infinis, mais ce qui est le plus funeste à Eugène,
+c'est la solitude et l'oisiveté, auxquelles il est entièrement
+livré dans cette maison. Quelques mots qui
+lui sont échappés m'ont montré que dans l'incandescence
+de sa tête il prenait cette <i>prison</i> en horreur,
+il m'a dit à voix basse qu'<i>on y assassinait des femmes
+dans les souterrains et qu'il avait entendu leurs cris</i>.
+Tu vois, cher papa, que ce séjour lui est plus pernicieux
+qu'utile. D'un autre côté la pension (dont
+M. Esquirol doit t'informer) est énorme, elle est de
+400 francs par mois. D'ailleurs le docteur Fleury pense
+que la promenade et l'exercice sont absolument nécessaires
+au malade. Je te transmets tous ces détails,
+mon cher papa, sans te donner d'avis. Tu sais mieux
+que moi ce qu'il faut faire. Je crois néanmoins
+devoir te dire qu'il existe, m'a-t-on assuré, des maisons
+du même genre, où les malades ne sont pas
+moins bien que là, et paient moins cher. Il paraît
+qu'on n'a point assez caché à Eugène qu'il fût parmi
+des <i>fous</i>, aussi est-il très affecté de cette idée que
+j'ai néanmoins combattue hier avec succès.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_94">[Pg 94]</span></p>
+
+<p>Je t'écris à la hâte, bon et cher papa, au milieu
+de tous les ennuis que me donne la banqueroute de
+mon libraire, garde-toi un peu, pour la vente de tes
+<i>Mémoires</i>, de l'extrême confiance de notre bon Abel.</p>
+
+<p>C'est lui qui m'a, bien involontairement il est vrai,
+<i>poussé dans cette galère</i>.</p>
+
+<p>Adieu, cher et excellent papa; nous t'embrassons
+tous ici bien tendrement.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils dévoué et respectueux,<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+<br />
+24 mai 1823.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Mes hommages à ta femme, dont nous attendons
+des nouvelles.</p>
+</div>
+
+<p>Eugène ne demeura guère, en effet, chez le
+D<sup>r</sup> Esquirol, et après un court séjour au Val-de-Grâce,
+ne tarda point à être transféré à
+Saint-Maurice, c'est-à-dire à Charenton.</p>
+
+<p>Il devait y trouver, comme directeur, le second
+frère de Royer-Collard<a id="FNanchor_65" href="#Footnote_65" class="fnanchor">[65]</a>, qui fut professeur de
+médecine légale à la Faculté de médecine de
+Paris, et médecin de Louis XVIII.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_65" href="#FNanchor_65" class="label">[65]</a> Antoine-Athanase Royer-Collard, né à Sempis en 1768,
+mort en 1825. Il était, depuis 1806, médecin de l'asile de Charenton.</p>
+
+</div>
+
+<p>La grossesse d'Adèle Hugo semble pénible
+et, revenant au frère malade, Victor après avoir
+merveilleusement dépeint l'aspect du triste fou,
+d'ajouter cette phrase où apparaissent déjà<span class="pagenum" id="Page_95">[Pg 95]</span>
+derrière le poète, l'homme de tête et le réformateur.</p>
+
+<p>«Je crains que les moyens dont la société
+use envers les malades, la captivité et l'oisiveté,
+ne fassent qu'alimenter une mélancolie
+dont le seul remède, ce me semble, serait le
+mouvement et la distraction.»</p>
+
+<p>N'est-elle point à retenir, si on songe, surtout,
+aux vingt et un ans de son auteur?</p>
+
+<p>La pension du ministère de l'Intérieur ne
+semble pas devoir se faire longtemps attendre.</p>
+
+<p>Quant aux biens en Espagne et aux cédules
+hypothécaires, Victor Hugo se tient, pour des
+démarches, à la disposition de son père. Mais,
+le moment ne lui paraît pas favorable.</p>
+
+<p>Cette affaire semble moins dépendre de M. de
+Chateaubriand que de M. de Martignac<a id="FNanchor_66" href="#Footnote_66" class="fnanchor">[66]</a>, et
+celui-ci est l'homme de M. de Villèle<a id="FNanchor_67" href="#Footnote_67" class="fnanchor">[67]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_66" href="#FNanchor_66" class="label">[66]</a> Jean-Baptiste-Sylvère Gay, vicomte de Martignac, né à
+Bordeaux en 1778, mort à Paris en 1832. Il était alors conseiller
+d'État et devait plus tard, rallié à une politique plus modérée,
+se voir confier le ministère de l'Intérieur, à la chute de
+M. de Villèle (janvier 1828).</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_67" href="#FNanchor_67" class="label">[67]</a> Jean-Baptiste-Séraphin-Joseph, comte de Villèle, né à
+Toulouse en 1773, mort en 1854. Membre de la Chambre introuvable
+de 1815, il entra, ultra-royaliste, au Ministère en 1821,
+pour prendre bientôt la présidence du Conseil. Les élections
+de novembre 1827, la dissolution de la Chambre n'ayant pas
+amené le résultat qu'il espérait, provoquèrent sa démission.</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_96">[Pg 96]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher Papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Eugène, après un séjour de quelques semaines au
+Val-de-Grâce, vient d'être transféré à Saint-Maurice,
+maison dépendant de l'hospice de Charenton, dirigé
+par M. le docteur Royer-Collard. La translation et le
+traitement ont lieu aux frais du gouvernement: il te
+sera néanmoins facile d'améliorer sa position moyennant
+une pension plus ou moins modique; on nous
+assure que cet usage est généralement suivi pour
+les malades d'un certain rang. Au reste, le docteur
+Fleury a dû écrire à l'un de ses amis qui sera chargé
+d'Eugène dans cette maison, et M. Girard, directeur de
+l'école vétérinaire d'Alfort, a promis à M. Foucher,
+qui le connaît très particulièrement, de recommander
+également les soins les plus empressés pour
+notre pauvre et cher malade et <i>d'en faire son affaire</i>.</p>
+
+<p>M. Foucher, Abel et moi, comptons t'écrire incessamment
+de nouveaux détails sur ces objets, ainsi que
+sur la santé toujours douloureusement affectée de
+notre infortuné frère. Les souffrances de mon Adèle,
+qui augmentent à mesure que son terme approche,
+ne m'ont point encore permis d'aller le voir dans son
+nouveau domicile; je ne puis donc t'en donner des
+nouvelles aussi fraîches que je le désirerais. Au reste
+l'état de sa raison, comme j'ai eu occasion de l'observer
+dans mes fréquentes visites chez le docteur
+Esquirol et au Val-de-Grâce, ne subit que des variations
+insensibles. Toujours dominé d'une idée funeste,
+celle d'un danger imminent; tous ses discours,
+comme tous ses mouvements, comme tous ses regards<span class="pagenum" id="Page_97">[Pg 97]</span>
+trahissent cette invincible préoccupation, et je crains
+que les moyens dont la société use envers les malades,
+la captivité et l'oisiveté, ne fassent qu'alimenter
+une mélancolie dont le seul remède, ce me semble,
+serait le mouvement et la distraction. Ce qu'il y a de
+cruel, c'est que l'exécution de ce remède est à peu
+près impossible, parce qu'elle est dangereuse.</p>
+
+<p>Je t'envoie ci-incluse une lettre de M. Esquirol,
+qui n'éclaircit rien, et n'ajoute rien à mes idées personnelles,
+à mes observations particulières sur notre
+Eugène; je crois t'avoir déjà écrit la plupart de ce
+qu'écrit le docteur, auquel j'avais déjà exposé tous
+les faits qu'il présente. Il est vrai que le malade a
+fait chez lui un bien court séjour. Mais je pense que
+cette maison lui était plus nuisible qu'utile. M. Katzenberger
+a envoyé chez M. Foucher les 400 francs que
+demande le docteur Esquirol pour un mois de pension,
+et M. Foucher a prévenu ce dernier qu'ils sont à sa
+disposition.</p>
+
+<p>Je suis heureux, cher papa, de reposer tes idées
+sur des sujets moins tristes en t'entretenant aujourd'hui
+de l'heureux événement qui doit en amener un
+autre également heureux pour nous, ton retour.</p>
+
+<p>Ma bien-aimée Adèle accouche dans cinq semaines
+environ. Viens le plus tôt qu'il te sera commode.
+Il me sera bien doux que mon enfant reçoive de toi
+son nom, et c'est pour moi un sujet de joie immense
+de penser qu'il m'était réservé, à moi le plus jeune
+de tes fils, de te donner le premier le titre de grand-père.
+J'aime cet enfant d'avance, parce qu'il sera un
+lien de plus entre mon père et moi.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_98">[Pg 98]</span></p>
+
+<p>Je te remercie de la proposition que tu me fais
+relativement à M. de Chateaubriand; mais la position
+intérieure du ministère rend singulièrement
+délicates les communications actuelles entre MM. de
+Chateaubriand et de Corbière<a id="FNanchor_68" href="#Footnote_68" class="fnanchor">[68]</a>. Tu comprendras ce
+que je ne peux dire ici qu'à demi-mot. Au reste, les
+espérances dont on me berce si longtemps ont acquis
+depuis deux jours un caractère assez <i>positif</i>. Si elles
+se réalisaient enfin, je m'empresserais de t'en faire
+part. Quant aux biens d'Espagne, je ne doute pas
+qu'une réclamation de toi en fût parfaitement accueillie,
+et je la présenterai moi-même au ministère
+des Affaires étrangères. Seulement j'appréhende que
+la décision de cette affaire ne dépende moins de mon
+illustre ami que de M. de Martignac, qui est l'homme
+de M. de Villèle.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_68" href="#FNanchor_68" class="label">[68]</a> Jacques-Joseph-Guillaume-Pierre, comte de Corbière, né à
+Amanlis, près Rennes, 1768, mort en 1858.</p>
+
+<p>Député d'Ille-et Vilaine, après avoir été président au Conseil
+royal de l'Instruction publique, il se vit appeler, en décembre
+1821, par M. de Villèle, au ministère de l'Intérieur, et se retira
+avec lui, en 1828.</p>
+
+</div>
+
+<p>Adieu, bon et cher papa, mon Adèle désire que je
+lui cède le reste de ce papier. J'avais pourtant encore
+bien des choses à te dire, mais il faut obéir à
+une prière si naturelle et me borner à t'embrasser
+avec autant de tendresse que de respect.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils,<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_99">[Pg 99]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+Gentilly, 27 juin 1823.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>J'ajoute un mot à ce que dit mon Victor pour vous
+réitérer la prière de hâter votre arrivée le plus tôt
+que vos affaires vous le permettront, j'entends par
+affaires vos commodités, et celles de notre excellente
+belle-mère à la santé de laquelle nous nous intéressons
+bien vivement et que je désire embrasser en
+même temps que mon petit enfant; nous comptons
+tous, mon cher papa, que vous serez à Paris à la fin
+de juillet; s'il en était autrement, j'en aurais beaucoup
+de chagrin, car son grand père doit le voir un
+des premiers, ainsi, cher papa, nous vous attendons
+dans cinq semaines au plus tard.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Votre respectueuse fille,<br />
+<span class="smcap">A. Hugo</span>.<br />
+</p>
+
+<p>La santé d'Eugène est loin de s'améliorer. Il
+fait de la mélancolie et on a peine à le faire
+manger. Victor—il signe ce billet V.-M. H.—donne
+à son père ces mauvaises nouvelles, en
+recommandant à son bon accueil le jeune Adolphe
+Trébuchet, son cousin germain, qui vient à
+Blois, et désirerait sans doute visiter Chambord.</p>
+
+<p>Outre l'intérêt artistique de Chambord l'on
+pense si le <i>Simple discours</i> de Paul-Louis Courier
+et ses deux mois de prison légitimaient
+cette curiosité<a id="FNanchor_69" href="#Footnote_69" class="fnanchor">[69]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_69" href="#FNanchor_69" class="label">[69]</a> <i>Le simple discours de Paul Louis, vigneron de La Chavonnière,
+aux membres du conseil de Véretz, département d'Indre-et-Loire,
+à l'occasion de l'acquisition de Chambord</i>, parut chez
+Bobée, 1821, in-8º, de 28 pp.</p>
+
+<p>Le 28 août, Courier était traduit sous l'inculpation d'outrage
+aux mœurs,—il avait rappelé dans son <i>Discours</i> certains
+scandales des mœurs royales et représenté les cours comme
+le centre de toutes les corruptions,—devant la cour d'assises
+de la Seine, se voyait déclarer coupable et condamner à deux
+mois de prison.</p>
+
+<p>Ce fut l'occasion d'un nouveau pamphlet, plus âpre encore:</p>
+
+<p><i>Procès de Paul-Louis Courier, vigneron de La Chavonnière,
+condamné le 28 août 1821, à l'occasion de son Discours sur la
+souscription de Chambord</i> (Paris, Chantpie, in-8º de 80 pp.).</p>
+
+<p>Mais, cette fois, on n'osa poursuivre.</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_100">[Pg 100]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>C'est mon bon petit cousin Adolphe Trébuchet, qui
+te remettra cette lettre où tu trouveras le reçu de
+M. Esquirol. Nous n'avons encore pu voir notre pauvre
+Eugène à Saint-Maurice; il faut une permission
+et il est assez difficile de l'obtenir.</p>
+
+<p>Abel a du reste obtenu en attendant de ses nouvelles
+qui sont loin malheureusement d'être satisfaisantes;
+il est toujours plongé dans la même mélancolie;
+il a pendant quelque temps refusé toute nourriture;
+mais enfin la nature a parlé, il a consenti à manger.
+Le traitement qu'il subit n'exige pas encore à ce
+qu'il paraît un supplément de pension, quand cela
+sera nécessaire, on nous en avertira.</p>
+
+<p>Ces détails me navrent, cher papa, et il me faut
+toute la joie de ton prochain retour pour ne pas me
+livrer en ce moment au désespoir.</p>
+
+<p>M. Foucher et Abel vont bientôt t'écrire, moi-même<span class="pagenum" id="Page_101">[Pg 101]</span>
+je me hâterai de te transmettre tout ce que
+l'état de notre cher malade offrira de nouveau.</p>
+
+<p>Adieu, cher papa, il est inutile de te recommander
+cet Adolphe que nous aimons tous comme un frère;
+je crois qu'il désire vivement voir Chambord, et ce
+sera pour lui comme pour toi un plaisir de passer
+quelques jours à Blois, si l'urgence de son voyage le
+lui permet.</p>
+
+<p>Je t'embrasse tendrement pour moi et mon Adèle,
+présente nos hommages empressés à notre belle-mère,
+qui, nous l'espérons, est rétablie.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils soumis et respectueux,<br />
+V.-M. H.<br />
+<br />
+Ce 1<sup>er</sup> juillet 1823.<br />
+</p>
+<hr class="chap x-ebookmaker-drop" />
+
+<div class="chapter">
+<p><span class="pagenum" id="Page_102">[Pg 102]</span></p>
+
+<h2 class="nobreak" id="IV">IV</h2>
+</div>
+
+<p>Léopold Hugo.—Sa naissance.—Des ennuis de
+nourrice.—<i>La Muse française.</i>—Le petit Léopold
+à Blois.—Le cri de la mère.—Sa mort.—<i>A
+l'ombre d'un Enfant.</i></p>
+
+
+<p class="p2">Le général Hugo n'a pu arriver à Paris à
+temps pour être un des premiers à voir son
+petit-fils. La grossesse d'Adèle Hugo a été difficile,
+l'accouchement laborieux. Le petit Léopold
+est venu au monde presque mourant.</p>
+
+<p>La mère a dû renoncer à la joie qu'elle se faisait
+de le nourrir et l'enfant a été mis en nourrice
+dans le quartier.</p>
+
+<p>Victor se fait des illusions et sur la «remplaçante»,
+et sur la santé du petit être.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Si je ne t'ai point encore annoncé moi-même
+l'événement qui te donne un être de plus à aimer,
+c'est que j'ai voulu épargner à ton cœur de père les
+inquiétudes, les anxiétés, les angoisses qui m'ont<span class="pagenum" id="Page_103">[Pg 103]</span>
+tourmenté depuis huit jours. La couche de ma femme
+a été très laborieuse, les suites jusqu'à ce jour ont
+été douloureuses; l'enfant est venu au monde presque
+mourant, il est resté fort délicat. Le lait de la
+mère affaibli par la grande quantité d'eau dont elle
+était incommodée et échauffé par les souffrances de
+la grossesse et de l'enfantement, n'a pu convenir à
+une créature aussi faible. Nous avons été contraints,
+après des essais qui ont presque mis ton petit-fils en
+danger, de songer à le faire nourrir par une étrangère.
+Tu peux te figurer combien j'ai eu de peine à y
+déterminer mon Adèle qui se faisait une si grande
+joie des fatigues de l'allaitement. Ce qui y a pu seulement
+la décider, ce n'est pas le péril que sa propre
+santé eût couru réellement, mais celui qui eût menacé
+l'enfant. Elle a donc sacrifié courageusement à l'intérêt
+de son fils son droit de mère, et nous avons
+mis l'enfant en nourrice. Nous avons été assez heureux
+pour trouver dans ce cas urgent une fort belle
+nourrice habitant notre quartier, et quoique ces femmes
+soient fort chères à Paris, l'instante nécessité
+et la facilité d'avoir à chaque instant des nouvelles
+de ton Léopold m'ont fait accepter cette charge avec
+joie.</p>
+
+<p>Maintenant enfin, après tant d'inquiétudes et d'indécision,
+je puis te donner de bonnes nouvelles. Mon
+Adèle bien-aimée se rétablit à vue d'œil, nous avons
+l'espoir que le lait sera bientôt passé. L'enfant fortifié
+par une nourrice saine et abondante va très
+bien et promet de devenir un jour grand-père
+comme toi.</p>
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_104">[Pg 104]</span></p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Tu vois, bon et cher papa, que je t'ai dérobé ta
+part dans des anxiétés que tu aurais certainement
+ressenties aussi cruellement que moi. Voilà la cause
+d'un silence que tu approuveras peut-être après
+l'avoir blâmé. Ta joie à présent peut être sans mélange
+comme la nôtre, qui s'accroît encore bien vivement
+par l'idée de te savoir bientôt dans nos bras.</p>
+
+<p>Adieu, notre excellent père, viens vite, remercie-moi,
+je t'ai donné une fille qui t'aime comme moi,
+nous te donnons maintenant un fils qui t'aimera
+comme nous. Et qu'y a-t-il de consolant dans la vie
+si ce n'est le lien d'amour qui joint les parents aux
+enfants?</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils soumis et respectueux,<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+<br />
+24 juillet.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Embrasse bien pour nous notre belle-mère que
+nous attendons avec toi.</p>
+
+<p>Depuis quinze jours que je suis garde-malade, je n'ai
+pu m'occuper de notre cher Eugène comme je l'aurais
+voulu, mais tu vas venir: puis-je ne pas voir
+son avenir sous des couleurs moins sombres?</p>
+</div>
+
+<p>Les yeux du père et de la mère n'ont point
+tardé à se dessiller. La femme à laquelle ils
+avaient confié leur enfant, la croyant bonne et
+douce, leur semble, maintenant, d'un caractère
+méchant et faux.</p>
+
+<p>Ils ont hâte de le lui retirer. Victor demande<span class="pagenum" id="Page_105">[Pg 105]</span>
+au général de lui trouver à Blois ou dans les
+environs une nourrice dont le lait n'ait pas plus
+de quatre ou cinq mois.</p>
+
+<p>Ils lui confieront le petit Léopold. Éloigné de
+ses parents, il sera au moins soumis à l'affectueuse
+surveillance du général et de sa femme.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je me félicitais de n'avoir plus que d'excellentes
+nouvelles à te mander, lorsqu'un événement imprévu
+m'oblige à recourir à tes conseils et à ton assistance.
+La nourrice à laquelle il a fallu confier notre enfant
+ne peut nous convenir. Cette femme nous trompe,
+elle paraît être d'un caractère méchant et faux: elle
+a abusé de la nécessité où nous étions de placer cet
+enfant; nous l'avons d'abord crue bonne et douce,
+maintenant nous n'avons que trop de raisons pour
+lui retirer notre pauvre petit Léopold le plus tôt
+possible. Nous désirerions donc, mon Adèle et moi,
+après avoir pris la résolution de le retirer à cette
+femme, que tu nous rendes le service de nous trouver
+à Blois ou dans les environs une nourrice dont
+le lait n'ait pas plus de quatre ou cinq mois, et dont
+la vie et le caractère présentent des garanties suffisantes.
+D'ailleurs nous serions tous deux tranquilles,
+sachant notre Léopold sous tes yeux, et sous
+ceux de ta femme. C'est ce qui nous a décidés à le
+placer à Blois plutôt que partout ailleurs.</p>
+
+<p>Il est inutile cher et excellent père, de te recommander<span class="pagenum" id="Page_106">[Pg 106]</span>
+une prompte réponse, la santé de ton petit-fils
+pourrait être altérée du moindre retard. Je ne te
+demande pas pardon de tous les soins que nous te
+donnons, je sais qu'ils sont doux à ton cœur bon et
+paternel.</p>
+
+<p>Adieu, cher papa, Eugène va mieux <i>physiquement</i>:
+tout le monde ici t'embrasse aussi tendrement que
+ton fils qui t'aime. Hâte ton arrivée, réponds-moi
+vite, et crois mon amour aussi respectueux qu'inaltérable.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">Victor.</span><br />
+<br />
+29 juillet.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je te fais envoyer la <i>Muse française</i><a id="FNanchor_70" href="#Footnote_70" class="fnanchor">[70]</a>, recueil littéraire
+à la rédaction duquel je participe. Je te remettrai
+à Paris la deuxième édition de <i>Han d'Islande</i><a id="FNanchor_71" href="#Footnote_71" class="fnanchor">[71]</a>.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_70" href="#FNanchor_70" class="label">[70]</a> La <i>Muse française</i> parut de juillet 1823 à juin 1824, chez
+Ambroise Tardieu, éditeur, rue du Battoir-Saint-André, nº 12,
+en douze livraisons formant 2 volumes in-8º, avec, en épigraphe,
+cette citation de Virgile:</p>
+
+<div class="poetry-container">
+<div class="poetry">
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0">Jam redit et virgo, . . . . . . .</div>
+ <div class="verse indent0">Jam nova progenies cœlo dimittitur alto.</div>
+ </div>
+</div>
+</div>
+
+<p>Eugène Hatin a omis de citer ce recueil dans sa <i>Bibliographie
+historique et critique de la presse périodique française</i>
+(1866).</p>
+
+<p>M. Ch.-M. Des Granges a copieusement comblé cette lacune
+et donné, dans sa <i>Presse littéraire sous la Restauration</i>, un
+fac-simile, non seulement du titre, mais de la page contenant
+la première strophe de l'ode. A mon Père:</p>
+
+<div class="poetry-container">
+<div class="poetry">
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0">«Quoi! toujours une lyre et jamais une épée!»</div>
+ </div>
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0"></div></div>
+ </div>
+</div>
+</div>
+
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_71" href="#FNanchor_71" class="label">[71]</a> Paris, Lecointe et Durey, libraires, quai des Augustins,
+nº 49, 1823, 4 vol. in-12.</p>
+
+<p>C'est l'exemplaire portant la dédicace du fils au père sur
+lequel nous avons eu la chance de pouvoir mettre la main, à
+Blois.</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_107">[Pg 107]</span></p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Il est urgent que la nourrice que tu aurais la bonté
+de nous procurer, s'il est possible, ait promptement
+l'enfant, que je ne vois pas sans inquiétude entre les
+mains de cette femme. Tâche de l'amener avec toi,
+et en tout cas, réponds-moi courrier par courrier,
+car mon Adèle est très inquiète et n'a plus d'espérance
+qu'en toi qu'elle sait si <i>bon</i> et qu'elle aime
+tant.</p>
+</div>
+
+<p>Le général n'a point perdu de temps. Il a été
+assez heureux pour pouvoir mettre la main sur
+une nourrice qu'il expédiait aussitôt à son fils.
+Elle arrivait à Paris le 2 août. Le lendemain,
+Victor, exprimait abondamment sa reconnaissance
+et celle d'Adèle Hugo.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Pour pouvoir t'exprimer la joie et la reconnaissance
+dont nous pénètrent (<i>sic</i>) ta lettre, il faudrait
+qu'il fût possible en même tems de dire tout ce qu'il
+y a de sentiments tendres et de touchante bonté dans
+ton cœur paternel. Ainsi tu veux entrer plus encore
+que moi dans mes devoirs de père, et en effet le premier
+sourire comme le premier regard de ce pauvre
+petit Léopold te sera dû. Je voudrais épancher ici
+tout ce que ta fille et moi ressentons d'amour pour<span class="pagenum" id="Page_108">[Pg 108]</span>
+toi, mon excellent père, mais il faudrait répéter ici
+tout ce qui remplit nos entretiens depuis deux jours,
+et je me borne à ce qui n'excède pas les limites de
+ce papier.</p>
+
+<p>A la réception de ta lettre, mon cœur était trop
+plein, et je voulais te répondre sur-le-champ. Mais
+un avis sage l'a emporté sur mon impatience, et j'ai
+attendu que ce que tu avais si bien préparé fût exécuté,
+pour pouvoir, en t'exprimant notre vive reconnaissance,
+te donner en même tems des nouvelles
+de ton Léopold, de la nourrice et de mon Adèle.</p>
+
+<p>La nourrice est arrivée hier matin bien portante
+et gaie; elle nous a remis ta lettre et tes instructions
+ont été suivies de tout point. Tout le monde a été
+enchanté et d'elle et de son nourrisson. Nous avons
+dans la même matinée retiré ton pauvre enfant de
+chez sa marâtre, et il a parfaitement commencé toutes
+ses fonctions. Je ne sais si c'est illusion personnelle,
+mais nous le trouvons déjà mieux ce matin.</p>
+
+<p>Adieu, bon et bien cher papa, exprime, de grâce,
+à ta femme toute notre vive et sincère gratitude, il
+nous tarde de la lui exprimer nous-mêmes, et nous
+t'embrassons tendrement en attendant cet heureux
+jour.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils reconnaissant et respectueux,<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+<br />
+3 août.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Tu trouveras inclus le mot que je te prie de communiquer
+au père nourricier. Adieu, adieu.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_109">[Pg 109]</span></p>
+
+<p>La santé d'Eugène continue à se soutenir physiquement,
+mais il est toujours d'une malpropreté
+désolante. Le Val-de-Grâce n'a envoyé avec lui à
+Charenton qu'une partie de son linge; nous nous
+occupons de rassembler le reste pour le lui faire
+porter. Ce qui me contrarie vivement, c'est l'extrême
+difficulté de voir notre pauvre frère à Saint-Maurice.</p>
+</div>
+
+<p>Les nouvelles d'Eugène ne sont guère bonnes,
+comme on voit. Et d'après ce mot, la jeune
+maman est loin encore d'être rétablie.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Quoique très faible encore, je ne puis laisser
+échapper l'occasion de vous exprimer toute ma
+reconnaissance qui ne pourra jamais être trop grande
+pour vos bontés et celles de notre belle-mère. Croyez
+que nous sommes profondément touchés de tout ce
+qui fait notre bonheur aujourd'hui, car depuis que
+nous avons cette nourrice j'espère élever mon petit
+Léopold qui vous devra une seconde vie et combien
+nous serons heureux de pouvoir visiter en même
+temps et notre enfant et vous, mes chers parens.
+Adieu, papa, embrassez la grand'maman de mon
+petit Léopold pour moi.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">Adèle.</span><br />
+</p>
+
+
+<p>Sa belle-fille embrasse bien «la
+grand'maman de son petit Léopold»; pour le
+général, cela ne suffit pas, paraît-il, Victor n'a<span class="pagenum" id="Page_110">[Pg 110]</span>
+point assez oublié sa mère, pour que la dame
+Thomas y Saëtoni, veuve d'Almeg, ne demeure
+point pour lui l'étrangère. Sa reconnaissance
+envers elle, ne semble pas aux yeux de son mari,
+d'un lyrisme suffisant. Il ne lui écrit pas directement
+pour la remercier et le général a dû, à
+ce sujet, adresser quelques observations à
+Victor.</p>
+
+<p>Et celui-ci, on le sent embarrassé, de répondre
+du ministère de la Guerre, où il est allé,
+sans doute, soumettre à M. Foucher cette correspondance.</p>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">Ministère<br />
+de la Guerre</span><br />
+<br />
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Ta lettre m'a causé un véritable chagrin, et il me
+tarde que tu aies reçu celle-ci pour m'en sentir un
+peu soulagé. Comment donc as-tu pu supposer un
+seul instant que tout mon cœur ne fût pas plein de
+reconnaissance pour les bontés dont ta femme a comblé
+notre Eugène et notre Léopold? Il faudrait que
+je ne fusse ni frère ni père pour ne pas sentir le prix
+de ce qu'elle a fait pour eux, cher papa, et par conséquent
+pour moi. Si c'est à toi principalement que
+se sont adressés mes remerciements, c'est que notre
+père est pour nous la source de tout amour et de<span class="pagenum" id="Page_111">[Pg 111]</span>
+toute tendresse, c'est que j'ai pensé qu'il te serait
+doux de porter à ta femme l'hommage tendre et profond
+de ma gratitude filiale, et que dans ta bouche
+cet hommage même aurait bien plus de prix que
+dans la mienne.</p>
+
+<p>Je t'en supplie, mon cher et bon père, ne m'afflige
+plus ainsi. Je suis bien sûr que ce n'est pas ta femme
+qui aura pu me supposer ingrat et croire que je n'étais
+pas sincèrement touché de tous ses soins pour ton
+Léopold, et comment, grand Dieu, ne serais-je pas
+vivement attendri de cette bienveillante sollicitude
+qui a peut-être sauvé mon enfant? cher papa, je te
+le répète, hâte-toi de réparer la peine que tu m'as
+injustement causée au milieu de tant de joie, et qui
+m'a paru bien plus cruelle encore dans un moment
+où mon âme s'ouvrait avec tant de confiance à toutes
+les tendresses et à toutes les félicités. Adieu, je ne
+veux pas insister davantage sur une explication que
+ton cœur et le mien trouvent déjà trop longue, et dont
+le chagrin ne sera entièrement effacé pour moi que
+par le bonheur de te revoir bientôt ici, ainsi que
+ta femme.</p>
+
+<p>Tout continue à aller ici de mieux en mieux, mère,
+enfant, nourrice. Cette dernière continue à se porter
+parfaitement et gaiement. La lettre de son mari lui
+a fait grand plaisir, elle me charge de le lui mander,
+ainsi que toutes les amitiés du monde.</p>
+
+<p>Je compte, maintenant que j'ai quelque répit, aller
+voir un peu notre pauvre Eugène et lui porter le
+reste de ses effets demain jeudi. Il continue aussi,
+du reste, à aller un peu mieux.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_112">[Pg 112]</span></p>
+
+<p>Ainsi, cher et excellent père, que nous te revoyions
+bientôt et rien ne manquera à nos joies. Réponds-moi
+promptement, de grâce, et viens, si tu le peux,
+plus promptement encore. Tout le monde ici t'embrasse
+tendrement ainsi que la grand-maman de Léopold
+qui voudra bien sans doute être ma panégyriste
+et mon avocat près de toi, puisque tu ne veux pas
+être mon interprète près d'elle.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils dévoué et respectueux,<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+<br />
+6 août 1823.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Mon Adèle me charge de mille tendresses pour toi
+et pour ta femme.</p>
+
+<p>Abel se joint à nous. Il se porte toujours bien et
+t'attend impatiemment.</p>
+</div>
+
+<p>La venue à Paris du général et de la comtesse
+Hugo mit momentanément fin à ce malentendu.
+Le jeune ménage a fait la connaissance de la
+belle-mère. Il n'a plus l'excuse de ne la point
+connaître.</p>
+
+<p>Puis, les parents étant repartis, emmenant
+avec eux l'enfant malade et la nourrice, le moment
+eût été singulièrement mal choisi de ne
+pas joindre aux formules de politesse pour
+M<sup>me</sup> Hugo les nécessaires mensonges d'une
+affection, toute sur le papier.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_113">[Pg 113]</span></p>
+
+<p>Victor, dont la femme a mal au pied, s'exécute
+sans enthousiasme. Quant à Adèle Hugo,
+sa lettre est pleine de cœur et de simplicité.
+Elle nous fait mieux connaître la jeune femme
+devenue maman. Elle n'a dans ses lignes brèves
+nul souci de la littérature.</p>
+
+<p>Son Léopold l'intéresse seul. La nourrice
+manque peut-être de propreté et demande à
+être surveillée à ce point de vue; mais, que de
+jolis détails, à côté de la biscotte, chère aujourd'hui
+aux spécialistes de l'estomac, dont cette
+lettre nous révèle déjà l'existence<a id="FNanchor_72" href="#Footnote_72" class="fnanchor">[72]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_72" href="#FNanchor_72" class="label">[72]</a> «Les biscottes de Bruxelles sont recherchées.» (<i>Compl.
+de l'Acad.</i>)</p>
+
+</div>
+
+<p>Pour elle, la belle-mère est devenue «maman»,
+et, sous sa plume, l'effort ne se sent pas.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Ta bonne et précieuse lettre pouvait seule nous
+consoler du départ de notre père et de notre fils.
+Les tendres soins que ta femme a prodigués durant
+la route à son pauvre petit-fils nous ont attendris et
+touchés profondément. Chaque jour nous prouve de
+plus qu'elle a pour nous ton cœur, et c'est un témoignage
+qu'il m'est bien doux de lui rendre.</p>
+
+<p>Mon Adèle depuis ton départ n'est pas sortie, il lui
+est venu au pied un petit bobo fort incommode qui
+l'empêche de marcher et la fait même, par intervalle,<span class="pagenum" id="Page_114">[Pg 114]</span>
+assez vivement souffrir. Elle supporte ce nouvel
+ennui avec l'égalité d'humeur que tu lui connais,
+mais moi j'en suis attristé pour elle.</p>
+
+<p>Je reçois à l'instant une lettre du Colonel qui me
+charge des plus tendres amitiés pour toi et je t'en
+envoie sous ce couvert une autre du major.</p>
+
+<p>Malgré tout mon désir de prolonger cette lettre,
+il faut la terminer ici: ma femme qui a beaucoup de
+choses à dire à la tienne, me demande le reste de
+mon papier. J'espère que Léopold continue à se bien
+porter. Présente mes affectueux hommages à sa
+grand'mère, embrasse pour moi son oncle Paul et
+dis-moi si depuis son voyage, ses yeux se sont agrandis
+à force de s'ouvrir. Abel et moi t'embrassons tendrement.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils dévoué et respectueux,<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+<br />
+13 septembre 1823.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je tâcherai de te donner des nouvelles de notre
+Eugène dans ma prochaine lettre.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ma chère maman,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Depuis votre départ, je n'ai cessé de penser à mon
+Léopold et cette pensée est inséparable des bontés
+que vous avez pour ce cher enfant et de toutes celles
+que vous avez pour nous, et si je suis si à plaindre
+d'être loin de lui, il est bien heureux d'être près
+de vous. J'ai été charmée de sa bonne conduite pendant
+le voyage, j'espère qu'il a continué d'être aimable<span class="pagenum" id="Page_115">[Pg 115]</span>
+et de vous sourire, car il serait bien ingrat s'il
+en était autrement. J'espère aussi que la nourrice
+ne vous a donné que des sujets de contentement,
+c'est une bonne femme qu'il faudra je crois surveiller
+pour la propreté: j'ai oublié de faire emporter
+à la nourrice une petite brosse pour sa tête, il y en
+a à Paris de fort commodes en chiendent. S'il n'y en
+a pas à Blois je vous en enverrai une; dites-moi
+aussi, chère maman, si vous pouvez vous procurer
+de la biscotte, nourriture, dit-on, très saine et surtout
+légère pour les enfants. Dans le cas où la bouillie
+ou bien une petite panade ne lui conviendrait pas
+je lui en enverrais. Croyez-vous aussi, qu'il ne lui
+serait pas bon de le mettre dans son berceau les jambes
+un peu à l'air, ce qui lui donnerait des forces
+et lui ferait plaisir; car j'ai remarqué qu'il ne disait
+jamais rien démailloté et criait très fort lorsqu'il
+sentait ses petites jambes en prison: cela n'empêcherait
+pas de le couvrir lorsqu'il ferait froid. Je ne
+me permets de vous dire tout cela que parce que je
+sais que vous en agirez suivant votre volonté et pour
+le bien-être de notre fils.</p>
+
+<p>Je suis retenue à la chambre par une écorchure
+au pied qui me fait souffrir. Mais toutes mes souffrances
+sont des bonheurs pour moi, puisque tous
+les soins qui me sont prodigués viennent de mon
+Victor, qui est toujours un ange et fait toujours de
+belles odes.</p>
+
+<p>Agréez, chère maman, tous mes sentiments de
+respect.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">A. Hugo.</span><br />
+</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_116">[Pg 116]</span></p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Papa et maman ont été très sensibles à tout ce
+que vous leur dites d'amical. Nous embrassons tous
+notre Léopold et Paul.</p>
+</div>
+
+<p>Victor a ajouté ce post-scriptum. Il a trait au
+large cachet, aux armes du général, dont est
+scellée cette lettre.</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Le cachet de cuivre dont tu verras l'empreinte sur
+cette lettre, est terminé. Il est fort beau. Celui d'acier,
+qui demande plus de temps, me sera bientôt remis
+par le graveur. Il ne veut pas faire l'écusson colorié
+à moins de 12 francs. J'attends tes instructions à cet
+égard. Marque-moi de même par quelle voie il faudra
+t'envoyer le cachet d'acier. Adieu encore, bon
+et cher papa.</p>
+</div>
+
+<p>Paul Foucher, le jeune beau-frère de Victor
+Hugo, avait accompagné les grands-parents à
+Blois. Il est revenu à Paris, porteur de bonnes
+nouvelles et les yeux agrandis à force de s'ouvrir.
+Adèle remercie le général et sa belle-mère
+de leur bon accueil.</p>
+
+<p>Les Mémoires s'impriment chez Ladvocat.
+Victor a prié l'éditeur de lui en communiquer
+les feuilles à mesure. Sa femme désire les lire
+avant tout le monde et «<i>désir de femme est un feu
+qui dévore</i>».</p>
+
+<p>L'écusson colorié a coûté deux francs de plus<span class="pagenum" id="Page_117">[Pg 117]</span>
+qu'il n'était prévu, mais il est tout à fait digne
+d'être encadré.</p>
+
+<p class="indent2">
+4 octobre 1823.<br />
+<br />
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Paul est arrivé enchanté et m'a enchantée par ce
+qu'il m'a dit de mon Léopold; je ne parle pas des soins
+si attentifs de la grand'mère parce qu'ils sont tels
+que (je) renonce à mes droits de mère. Je suis ravie
+quand je pense que dans deux mois je vous verrai
+ainsi que ce cher enfant qui nous est si précieux,
+et qui vous coûte tant de peines et de sollicitudes.
+Je suis triste seulement de penser que je ne serai
+que très secondaire dans sa tendresse puisque je ne
+serai que sa seconde mère; et que je n'aurai même
+pas droit d'en être jalouse.</p>
+
+<p>Je voulais vous consulter pour faire vacciner notre
+fils: je crois que le temps est favorable; et il est
+important qu'il le soit, au reste que tout cela soit
+selon votre volonté.</p>
+
+<p>Je ne sais si je dois attendre l'arrivée de cette
+Dame pour vous envoyer les objets que je vous ai
+annoncés, ainsi que le cachet qui a son portrait joliment
+peint, et le petit livre que vous demandez,
+j'attends votre réponse pour cela. Mon Victor vous
+aurait écrit s'il n'avait toujours son doigt très douloureux,
+mais je crois que malgré cela il n'aura pas le
+courage de laisser partir cette lettre sans y mettre
+quelques mots.</p>
+
+<p>Maman doit écrire à mon autre maman pour la
+remercier des soins et des bontés qu'elle a eus pour<span class="pagenum" id="Page_118">[Pg 118]</span>
+Paul qui vous aime tant et qui est si charmé de son
+voyage; elle voudrait aussi savoir comment vous
+faire parvenir l'argent qu'elle vous doit pour Paul.</p>
+
+<p>Adieu, mon cher papa, embrassez s'il vous plaît
+mon Léopold et sa grand'maman et comptez sur les
+sentiments respectueux de votre fille.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">A. Hugo.</span><br />
+</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher et bon papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Il y a trop longtemps que je ne me suis entretenu
+avec toi, pour ne pas sentir le besoin de te renseigner
+aussi moi-même combien je suis profondément
+touché de toutes les bontés dont notre Léopold est
+comblé par toi, et par son excellente grand'maman.
+La première lettre que je puis écrire avec ma main
+convalescente, doit être pour toi, cher papa. J'ignore
+comment je pourrai te rendre tous les sentiments de
+reconnaissance et de tendresse que je voudrais
+t'exprimer, mais cette impuissance même fait mon
+bonheur. Puisse un jour, ton petit-fils, digne de toi,
+te payer ainsi que la seconde mère qu'il a trouvée
+en ta femme, par tout ce que l'amour filial a de plus
+tendre et de plus dévoué! Voilà des sentiments qu'il
+me sera aisé de lui inspirer.</p>
+
+<p>Nous espérons que ce pauvre petit <i>chevreau</i> continue
+à se bien trouver de son nouveau régime. Paul
+nous a dit tous les soins et toutes les caresses que
+tu lui prodigues ainsi que sa grand'mère et toute ta
+maison. Ce récit a ému Adèle jusqu'aux larmes<span class="pagenum" id="Page_119">[Pg 119]</span>
+c'est te dire l'impression qu'il a produite sur moi.</p>
+
+<p>L'écusson colorié a coûté 14 francs au lieu de 12 à
+cause d'un passe-partout qui le rend tout à fait digne
+d'être encadré. Je ne t'ai point encore envoyé le
+livre que tu me demandes, parce que j'ai pensé que
+si la dame qui doit venir à Paris, veut bien s'en
+charger, ainsi que du cachet et de l'écusson peint,
+cela t'épargnera les frais de port. Mande-moi tes
+instructions définitives à cet égard.</p>
+
+<p>Voici une lettre de Francis qui est pour toi. Ma
+maudite habitude de ne pas lire les adresses de mes
+lettres fait que je l'ai décachetée étourdiment. Maintenant
+j'y prendrai garde puisque le major choisit
+mon canal pour t'écrire.</p>
+
+<p>Ma femme qui est souffrante et qu'on purge, désire
+beaucoup lire tes <i>Mémoires</i> avant tout le monde.
+<i>Désir de femme est un feu qui dévore.</i> J'ai fait prier
+Ladvocat de m'envoyer les feuilles à mesure qu'elles
+s'impriment. Écris-lui, si tu en as le tems, pour qu'il
+presse les envois.</p>
+
+<p>Adieu bien cher et excellent père, nous ne voyons
+Abel que bien rarement, mais je t'embrasse toujours
+en son nom et au mien.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils tendre et respectueux,<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Mes empressés hommages à la grand'maman.</p>
+</div>
+
+<p>Il était malheureusement de la santé physique
+du petit Léopold, comme de la santé morale
+d'Eugène. Le lait de la nouvelle nourrice, le<span class="pagenum" id="Page_120">[Pg 120]</span>
+changement d'air, les soins dont il était entouré,
+n'avaient pu avoir raison de l'état bien précaire
+du nourrisson. Les nouvelles envoyées par le
+général à son fils laissent bien peu d'espoir.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>L'impatience d'avoir des nouvelles de son Léopold,
+a porté ma femme à décacheter hier la lettre que tu
+écrivais à son père. Tu peux juger de sa désolation
+et de ses inquiétudes.</p>
+
+<p>Pour moi, bon et excellent père, je me confie avec
+une tendre confiance aux sollicitudes maternelles de
+ta femme. Dis-lui, répète-lui cent fois, que nul
+être au monde ne sent plus profondément que moi
+tout ce qu'elle fait pour ce pauvre enfant qui sera
+plus encore à elle qu'à moi.</p>
+
+<p>Nous espérons, puisque ta lettre permet encore
+d'espérer, nous espérons puisque ta femme a eu la
+secourable pensée de s'adresser au ciel, nous espérons
+enfin, parce que vous êtes là, vous, ses bons
+parents, ses protecteurs, ses sauveurs.</p>
+
+<p>Envoie-nous promptement de ses nouvelles, cher
+papa. Nous espérons, mais nous sommes résignés;
+c'est une force qui vient aussi du ciel. Adèle attend
+ta réponse avec courage; je ne t'embrasse pas pour
+elle, elle veut le faire elle-même. Porte l'expression
+de ma tendre et profonde reconnaissance au pied de
+la grand'maman de ce pauvre petit ange. Je t'embrasse
+encore une fois avec tendresse et respect.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+6 8<sup>bre</sup><br />
+</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_121">[Pg 121]</span></p>
+
+<p>Le cri de la mère, menacée dans le fruit de
+ses entrailles, est terrible et angoissant. Sa lettre,
+ce mot rapide, n'a point la tenue de celle de
+Victor. On sent les larmes prêtes à jaillir.</p>
+
+<p class="indent2">
+Ma chère maman,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je viens d'apprendre une nouvelle désolante pour
+nous. Mon pauvre petit est donc bien mal? et quel
+mal vous-même n'avez-vous pas? Si je pouvais partir
+de suite pour Blois, j'irais vous relayer dans vos
+soins maternels, mais moi-même je suis très souffrante
+et ai besoin d'être soignée. Je n'écouterais
+pas encore tout cela, si le médecin ne s'y opposait
+très expressément, malgré tout je partirai suivant
+votre conseil pour mêler nos larmes ou pour l'embrasser
+encore une fois ce pauvre enfant. Quel droit
+n'avez-vous pas, chère maman, à notre tendresse?
+et comment notre Léopold n'est-il pas guéri, soigné
+par une si tendre mère? Adieu, j'embrasse mon bon
+papa, et vous chère maman que j'aime tant.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">A. Hugo.</span><br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Maman vient de perdre son père. Nous prenons le
+deuil demain.</p>
+</div>
+
+<p>Trois jours plus tard, l'enfant mourait, en
+effet, et les registres de l'état civil de Blois,<span class="pagenum" id="Page_122">[Pg 122]</span>
+nous ont conservé cette mention du court passage
+dans la vie de Léopold-Victor Hugo.</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>L'an mil huit cent vingt-trois le dixième jour d'octobre
+à dix heures du matin par devant nous Denis
+Gault, officier de l'État civil de la commune de Blois,
+canton de Blois, département de Loir-et-Cher, sont
+comparus Monsieur Jules Benoist, âgé de vingt-cinq
+ans, licencié en droit domicilié à Blois et Monsieur
+Charles-Henry Lemaignen, âgé de quarante-neuf ans,
+profession d'employé, domicilié à Blois.</p>
+
+<p>Lesquels nous ont déclaré que le neuf du mois
+d'octobre à trois heures du soir Léopold-Victor Hugo,
+âgé de trois mois, né à Paris demeurant à Blois,
+département de Loir-et-Cher, fils de Monsieur Victor-Marie
+Hugo, membre de l'Académie des Jeux
+Floraux et de dame Adèle Foucher son épouse, domiciliés
+à Paris.</p>
+
+<p>Est décédé en notre commune, en la maison de
+M. le général Hugo, rue du Foix.</p>
+
+<p>Le premier nous a déclaré être voisin et le second
+témoin être voisin du décédé; et les déclarans ont
+signé avec nous le présent acte après que lecture
+leur en a été faite.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">J. Benoist<br />
+H. Lemaignen<br />
+Gault</span><br />
+</p>
+
+<p>Le vaudeville doit donc se mêler toujours un
+peu aux tristesses humaines. La bonne Madame
+Foucher a caché les lettres annonçant la mort de<span class="pagenum" id="Page_123">[Pg 123]</span>
+l'enfant, de peur que sa fille ne les lût. Elle les
+a si bien cachées, qu'elle ne les a pu retrouver.
+Il lui a fallu annoncer de vive voix la désolante
+nouvelle à son gendre.</p>
+
+<p>Victor de répondre à des lettres dont il n'a
+point eu connaissance par celle-ci, trop écrite,
+trop résignée, où perce déjà trop l'ode qui suivra.</p>
+
+<p class="indent2">
+Cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je n'accroîtrai pas ta douleur en te dépeignant la
+nôtre; tu as senti tout ce que je sens, ta femme
+éprouve tout ce qu'éprouve Adèle. Non, je ne veux
+pas t'attrister de toute notre affliction; si tu étais ici,
+excellent père, nous pleurerions ensemble, et nous
+nous consolerions en partageant nos larmes.</p>
+
+<p>Tout le monde est ici plongé dans la stupeur,
+comme si Léopold, comme si cet enfant d'hier, cet
+être maladif et délicat n'était pas mortel. Hélas il
+faut remercier Dieu qui a daigné lui épargner les
+douleurs de la vie. Il est des moments où elles sont
+bien cruelles.</p>
+
+<p>Notre Léopold est un ange aujourd'hui, cher papa,
+nous le prierons pour nous, pour toi, pour sa seconde
+mère, pour tous ceux qui l'ont aimé durant sa courte
+apparition sur la terre.</p>
+
+<p>Il ne faut pas croire que Dieu n'ait pas eu son dessein
+en nous envoyant ce petit ange, sitôt rappelé à
+lui. Il a voulu que Léopold fût un lien de plus entre
+vous, tendres parens et nous, enfants dévoués.<span class="pagenum" id="Page_124">[Pg 124]</span>
+Mon Adèle au milieu de ses sanglots me répétait hier
+que l'une de ses douleurs les plus vives était de penser
+à celles que toi et ton excellente femme avez
+éprouvées.</p>
+
+<p>Ce n'est pas à ta lettre que je réponds. J'ai appris
+la fatale nouvelle de Madame Foucher. Dans le premier
+moment, elle avait caché les deux lettres de peur
+qu'Adèle ne les lût, elle n'a pu les retrouver depuis.</p>
+
+<p>Du reste, elle m'a dit tout votre chagrin, toutes
+vos tendres et pieuses intentions pour que la trace
+de ce cher petit ne s'efface pas plus sur la terre
+qu'elle ne s'effacera dans nos cœurs.</p>
+
+<p>Adieu, bon et cher papa, console-toi de mon malheur.</p>
+
+<p>C'était hier (12 oct.) l'anniversaire de notre mariage.
+Le bon Dieu nous a donné une leçon en nous
+ramenant ce doux souvenir de joie au milieu d'une
+si vive douleur.</p>
+
+<p>Adieu encore, ma femme et moi avons le cœur
+plein de tendresse pour vous deux.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils résigné et respectueux,<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+<br />
+13 octobre.<br />
+</p>
+
+<p>On peut comparer cette lettre à l'ode adressée
+<i>A l'Ombre d'un Enfant</i>. L'inspiration est
+bien la même.</p>
+
+<div class="poetry-container">
+<div class="poetry">
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0">Oh! parmi les soleils, les sphères, les étoiles,</div>
+ <div class="verse indent0">Les portiques d'azur, les palais de saphir,</div><span class="pagenum" id="Page_125">[Pg 125]</span>
+ <div class="verse indent0">Parmi les saints rayons, parmi les sacrés voiles</div>
+ <div class="verse indent8">Qu'agite un éternel zéphir!</div>
+ </div>
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0">Dans le torrent d'amour où toute âme se noie,</div>
+ <div class="verse indent0">Où s'abreuve de feux le séraphin brûlant:</div>
+ <div class="verse indent0">Dans l'orbe flamboyant qui sans cesse tournoie</div>
+ <div class="verse indent8">Autour du trône étincelant!</div>
+ </div>
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0">Parmi les jeux sans fin des âmes enfantines;</div>
+ <div class="verse indent0">Quand leurs soins, d'un vieil astre, égaré dans les cieux,</div>
+ <div class="verse indent0">Avec de longs efforts et des voix argentines,</div>
+ <div class="verse indent8">Guident les chancelans essieux;</div>
+ </div>
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0">Ou lorsqu'entre ses bras quelque vierge ravie</div>
+ <div class="verse indent0">Les prend, d'un saint baiser leur imprime le sceau,</div>
+ <div class="verse indent0">Et rit, leur demandant si l'aspect de la vie</div>
+ <div class="verse indent8">Les effrayait, dans leur berceau;</div>
+ </div>
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0">Ou qu'enfin dans son arche éclatante et profonde,</div>
+ <div class="verse indent0">Rangeant de cieux en cieux son cortège ébloui,</div>
+ <div class="verse indent0">Jésus, pour accomplir ce qui fut dit au monde,</div>
+ <div class="verse indent8">Les place le plus près de lui;</div>
+ </div>
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0">Oh! dans ce monde auguste où rien n'est éphémère,</div>
+ <div class="verse indent0">Dans ces flots de bonheur que ne trouble aucun fiel,</div>
+ <div class="verse indent0">Enfant! loin du sourire et des pleurs de ta mère,</div>
+ <div class="verse indent8">N'es-tu pas orphelin au ciel?</div>
+ </div>
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0">Octobre 1823<a id="FNanchor_73" href="#Footnote_73" class="fnanchor">[73]</a>.</div>
+ </div>
+</div>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_73" href="#FNanchor_73" class="label">[73]</a> <i>Odes et Ballades.</i> Livre V, 1819-1828. Ode XV. Edition définitive,
+Livre V, ode XVI.</p>
+
+</div>
+<hr class="chap x-ebookmaker-drop" />
+
+<div class="chapter">
+<p><span class="pagenum" id="Page_126">[Pg 126]</span></p>
+
+<h2 class="nobreak" id="V">V</h2>
+</div>
+
+<p>Le cachet du Général.—Ode sur <i>la guerre d'Espagne</i>.—Les
+<i>Nouvelles Odes</i>.—La négligence de Ladvocat.—Les
+bonnes dispositions du duc d'Angoulême
+vis-à-vis du Général.—Les dessous d'une
+disgrâce: Chateaubriand et M<sup>me</sup> Boni de Castellane.</p>
+
+
+<p class="p2">Victor Hugo a trop éloquemment exprimé sa
+douleur pour qu'elle fût de longue durée. La
+mère fut plus longue à se consoler et pour se
+distraire, dessinait un peu.</p>
+
+<p>Le poète continue à faire à Paris les courses
+du général. Le fameux cachet d'acier—«il a
+excité l'admiration de tout le monde»—et
+l'écusson colorié semblent tenir une grande
+place dans les préoccupations du père et du fils.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Notre désolée mère commence à se consoler un
+peu; tandis que je t'écris ceci, elle s'occupe à dessiner
+quelque chose qui fera plaisir à ses chers parents
+de Blois, car l'un de ses sentiments les plus
+vifs est sa tendresse et sa reconnaissance pour vous.<span class="pagenum" id="Page_127">[Pg 127]</span>
+Tu connais quelqu'un, cher papa, qui partage bien
+ces sentiments.</p>
+
+<p>M. Lemaire te remettra avec cette lettre les deux
+bouteilles de fleur d'orange, le cachet d'acier qui a
+excité ici l'admiration de tout le monde par la beauté
+de son fini et l'écusson colorié. J'ai eu le malheur
+dans tous mes malheurs, d'égarer la lettre où tu
+m'envoies la note d'un livre à t'acheter. Seras-tu
+assez bon pour m'excuser et me récrire de nouveau
+ce renseignement.</p>
+
+<p>Adieu, bon et cher papa, ma femme t'embrasse
+tendrement, ainsi que ton excellente femme. J'en
+fais autant. Nous sommes inquiets des santés de
+Blois. Il y a longtemps que nous n'avons de tes nouvelles.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils dévoué et respectueux,<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+<br />
+16 octobre.<br />
+</p>
+
+<p>Le dessin destiné par Adèle aux parents de
+Blois est terminé. M. de Féraudy, de passage à
+Paris, veut bien se charger de le leur porter.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je t'écris à la hâte quelques mots; M. de Féraudy
+attend ma lettre et le paquet; ma femme se dépêche
+de terminer ce qu'elle envoie à ses bons parents de
+Blois; j'espère que tu en seras content; et je me
+tais parce que je craindrais en louant le talent de<span class="pagenum" id="Page_128">[Pg 128]</span>
+mon Adèle, de paraître vouloir rehausser son présent.
+Nous aurions bien voulu t'envoyer ceci encadré;
+mais M. de Féraudy nous ayant fait quelques observations
+sur la difficulté du transport, tu sens qu'une
+délicatesse impérieuse nous a interdit de t'offrir ce
+beau dessin dans toute sa splendeur. Au reste M. de
+Féraudy s'est chargé de la commission avec une grâce
+toute parfaite, et je te prie de lui réitérer à Blois tous
+nos vifs remerciemens.</p>
+
+<p>Il y a bien longtems, ce me semble, cher papa, que
+nous n'avons de vos nouvelles. Comment se porte
+ta femme? Console-la en notre nom de notre malheur.
+Je chercherai ce que tu me demandes.</p>
+
+<p>Mon Adèle est toujours bien souffrante. Ce coup
+n'a pas contribué à la remettre. Cependant, elle a
+éprouvé une grande douceur à faire quelque chose
+pour toi, mon excellent père, et pour la grand'mère
+de son Léopold. Elle ne prend pas en ce moment la
+plume pour vous parce qu'elle tient encore le crayon.</p>
+
+<p>Je ne puis m'empêcher de te dire tout bas que son
+dessin a fait ici l'admiration de tous ceux qui l'ont vu.</p>
+
+<p>Ce bon Adolphe est peut-être à Blois en ce moment,
+embrasse-le pour nous en attendant que je
+l'embrasse pour toi. Adieu, bon et cher papa. Nos
+respects à ta femme. Nous t'embrassons bien tendrement.
+Il faut fermer ma lettre. M. de Féraudy
+m'attend; une ligne de plus serait une indiscrétion.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+V.<br />
+<br />
+Samedi, novembre.<br />
+</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_129">[Pg 129]</span></p>
+
+<p>Le 2 décembre 1823, date de la rentrée plus
+officielle que triomphale du duc d'Angoulême à
+Paris,—l'anniversaire d'Austerlitz!—Adèle
+Hugo rend compte au général des démarches
+de Victor et de ses espérances.</p>
+
+<p>Le marquis de Clermont-Tonnerre, à qui il a
+lu son ode sur <i>La guerre d'Espagne</i>, l'a engagé
+à la remettre au duc d'Angoulême.</p>
+
+<p>Le libraire Ladvocat vient d'acheter pour deux
+ans, moyennant deux mille francs, la propriété
+des odes.</p>
+
+<p>La pauvre femme cherche à cacher à son mari,
+sous des apparences de tranquillité, la profonde
+douleur que lui a laissée la mort de son enfant.</p>
+
+<p>Elle souffre des oreilles, Abel engraisse et les
+nouvelles d'Eugène ne sont guère bonnes.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Victor est tellement occupé en ce moment, qu'il
+me charge d'être son secrétaire; et je remplis avec
+joie cet emploi. Il me charge de vous dire que la
+lettre a été remise à M. de Serre<a id="FNanchor_74" href="#Footnote_74" class="fnanchor">[74]</a>, qu'il a été chez<span class="pagenum" id="Page_130">[Pg 130]</span>
+Monsieur de Chateaubriand<a id="FNanchor_75" href="#Footnote_75" class="fnanchor">[75]</a>, qu'ayant trouvé à quelque
+heure que ce soit du monde, il va lui demander un
+rendez-vous. Monsieur de Clermont-Tonnerre<a id="FNanchor_76" href="#Footnote_76" class="fnanchor">[76]</a> a été
+charmant pour lui, Victor ayant fait une ode sur la
+guerre d'Espagne<a id="FNanchor_77" href="#Footnote_77" class="fnanchor">[77]</a>, il l'a engagé à la remettre à
+Monseigneur le duc d'Angoulême qui doit venir à
+une fête que va lui donner le ministre de la Marine<a id="FNanchor_78" href="#Footnote_78" class="fnanchor">[78]</a>.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_74" href="#FNanchor_74" class="label">[74]</a> Pierre-François-Hercule, comte de Serre, né à Pagny-sur-Moselle
+en 1776, mort ambassadeur de France à Naples, à Castellamare,
+dans la nuit du 20 au 21 juillet 1824.</p>
+
+<p>Ministre de la Justice sous le cabinet Dessolle (29 décembre
+1818), M. de Serre avait conservé son portefeuille sous la présidence
+du comte Decazes (19 novembre 1819) et sous le second
+ministère Richelieu (20 février 1820).</p>
+
+<p>Démissionnaire ainsi que ses collègues le 12 décembre 1821,
+il avait reçu le titre de ministre d'État et était allé siéger au
+centre droit.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_75" href="#FNanchor_75" class="label">[75]</a> Ministre des Affaires étrangères, depuis le 28 décembre 1822.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_76" href="#FNanchor_76" class="label">[76]</a> Ministre de la Marine et des Colonies du 14 décembre 1821,
+le marquis de Clermont-Tonnerre devait être appelé le 4 août
+1824, au portefeuille de la Guerre.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_77" href="#FNanchor_77" class="label">[77]</a> <i>Odes et Ballades</i>, Liv. II; Ode VII.</p>
+
+<p><i>La guerre d'Espagne</i> fait, dans l'édition originale des <i>Nouvelles
+Odes</i>, suite à l'<i>Ombre d'un Enfant</i>.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_78" href="#FNanchor_78" class="label">[78]</a> Des banquets eurent lieu à l'Hôtel de Ville les 15 et
+23 décembre. Le 15: concert et bal aux Champs-Élysées.</p>
+
+</div>
+<div class="blockquot">
+<p>Mon Victor vient de vendre à l'Advocat un nouveau
+volume d'odes<a id="FNanchor_79" href="#Footnote_79" class="fnanchor">[79]</a> qu'il vient de faire. Il en a vendu la
+propriété pour deux ans ainsi que celle de son premier
+volume, <i>deux mille francs</i>. Mais qui ne doivent
+lui être payés de (que) dans l'année prochaine. Nous
+désirons ne pas tomber encore dans une banqueroute.</p>
+</div>
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_79" href="#FNanchor_79" class="label">[79]</a> <i>Nouvelles Odes.</i></p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+<p>Je suis enchantée que mon portrait ait fait quelque
+plaisir à notre chère maman, c'est le seul bonheur
+que j'aye éprouvé depuis notre malheur qui ne cesse
+de me poursuivre. Je tâche pourtant de le cacher à
+mon Victor crainte de l'affecter, sous des apparences
+de gaîté ou du moins de tranquillité. Je ne sors pas,<span class="pagenum" id="Page_131">[Pg 131]</span>
+j'ai des douleurs d'oreilles très cruelles, on parle encore
+de me purger, ce qui est pour moi un grand
+ennui.</p>
+
+<p>Mon frère Victor est à Alençon bien placé; que ne
+pouvons-nous en dire autant de notre frère Eugène.
+Ces messieurs lui écriront comme vous l'avez dit.
+Bien heureux si cela adoucit un peu son sort.</p>
+
+<p>Nous ne savons pas ce que fait Abel en ce moment,
+il est plus gros que jamais. Notre oncle Francisque
+doit être à Paris, Victor y est en ce moment;
+je voudrais bien que vous y fussiez aussi.</p>
+
+<p>Adieu, mes chers et bien bons parents, permettez-moi
+de vous embrasser comme je vous aime, et de
+vous assurer des sentiments avec lesquels je suis,</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+votre très humble et respectueuse fille,<br />
+<span class="smcap">A. Hugo</span>.<br />
+<br />
+Ce 2 décembre.<br />
+</p>
+
+<p>Victor songe toujours au rappel à l'activité
+de son père. C'est, dit-il, ce qu'il désire le plus
+au monde. Il rêve pour lui d'une inspection générale
+et a déjeuné, ces jours derniers, avec le
+marquis de Clermont-Tonnerre qui a été des
+plus aimables.</p>
+
+<p>Il s'occupe en même temps, de concert avec
+l'oncle Francis, en ce moment à Paris avec sa
+femme, de leur cousin Michaud que lui a recommandé
+le général, tout en surveillant l'impression<span class="pagenum" id="Page_132">[Pg 132]</span>
+de ses odes, sans pour cela négliger ses
+banqueroutiers.</p>
+
+<p>Victor et sa femme se font une joie d'aller
+passer quelques jours à Blois, au printemps
+prochain.</p>
+
+<p>Ce pli est adressé à M. le G<sup>al</sup> Comte Hugo.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je suis bien étonnée que vous n'ayez pas encore
+reçu le bonnet, je l'ai livré il y a quinze jours à Abel,
+qui l'attendait pour le faire voyager avec deux tableaux
+qu'il devait vous envoyer de suite; il est vrai
+que tout cela est parti par le roulage mais il est fort
+étonnant, que vous ne l'ayez pas encore, car il y aura
+demain quinze jours qu'il est en route.</p>
+
+<p>Vous êtes bien bon de vous occuper de ma santé,
+je ne souffre plus des oreilles mais des douleurs d'entrailles
+qui m'ont fait garder la chambre tous ces
+jours-ci, mais je vais mieux cependant sans me bien
+porter. Vous m'avez chargée, mon cher papa, de rappeler
+à Victor, notre cousin, mon oncle Francisque
+s'en occupe en ce moment, il connaît justement la
+personne qu'il faut solliciter. Nous le voyons souvent
+ainsi que sa femme qui est très bonne et très
+aimable. Nous leur parlons souvent de vous, de toutes
+vos bontés, de celles de votre excellente femme
+et du bonheur que nous avons à vous aimer.</p>
+
+<p>Je vous envoie une note de la part de papa, Victor
+désirerait bien que vous fussiez employé, c'est, dit-il,<span class="pagenum" id="Page_133">[Pg 133]</span>
+la seule chose qu'il désire. Ce bon Victor vous aime
+tant!</p>
+
+<p>Nous nous faisons une fête d'aller vous voir au
+printemps, comme nous allons nous embrasser.</p>
+
+<p>Adieu, mon cher papa, dites bien des tendresses
+de ma part à ma chère maman, et croyez aux sentiments
+respectueux de votre fille.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">A. Hugo.</span><br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>En attendant, cher papa, que je puisse te rendre
+un compte détaillé des démarches que le major et
+moi faisons pour notre cousin, M. Michaud<a id="FNanchor_80" href="#Footnote_80" class="fnanchor">[80]</a>, je ne
+puis m'empêcher d'ajouter quelques mots à la lettre
+de mon ange.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_80" href="#FNanchor_80" class="label">[80]</a> Joseph Hugo, père du général, menuisier, «très excellent
+républicain», couronné, le 10 floréal an V, à Nancy, lors de la
+fête des époux, avait épousé en secondes noces, Jeanne-Marguerite
+Michaud, gouvernante d'enfants chez le comte Rosières
+d'Euvezin; d'où ce cousinage.</p>
+
+</div>
+
+<p>Je ne saurais te dire quel plaisir nous font les lettres
+de Blois, et si je n'étais accablé de mes prochaines
+publications, j'y répondrais bien plus promptement;
+mais les soins à donner à mon nouveau recueil
+qui s'imprime, outre l'affaire de mes banqueroutiers
+et les démarches sans nombre qui se disputent mes
+instans, m'ôtent la douceur de t'écrire aussi fréquemment
+que l'exigerait mon attachement profond
+pour toi et ta femme.</p>
+
+<p>M. le marquis de Clermont-Tonnerre, avec qui j'ai
+déjeuné dernièrement m'a chargé de mille choses<span class="pagenum" id="Page_134">[Pg 134]</span>
+aimables pour toi; il est tout disposé à te servir, et
+je voudrais que toi tu employasses tes amis, parmi
+lesquels il en est de si puissans, à obtenir au moins
+une inspection générale.</p>
+
+<p>M. Foucher, qui compte incessamment t'écrire et
+M<sup>me</sup> Foucher, ainsi qu'Abel, le major et sa femme
+vous embrassent tendrement. Quant à moi, cher et
+excellent père, tu connais mon profond et respectueux
+dévouement.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">Victor.</span><br />
+<br />
+Ce lundi 19.<br />
+</p>
+
+<p>Le voyage à Blois est remis: Adèle Hugo est
+à nouveau enceinte et les médecins lui ont interdit
+la voiture. Les <i>Nouvelles Odes</i> viennent
+de paraître<a id="FNanchor_81" href="#Footnote_81" class="fnanchor">[81]</a>; mais, par la négligence de Ladvocat,
+le général n'a pas encore reçu l'exemplaire
+sur vélin qui lui est destiné. La publication
+de ce «méchant livre» initie Victor Hugo
+aux «courses indispensables» connues des auteurs.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_81" href="#FNanchor_81" class="label">[81]</a> Les <i>Nouvelles Odes</i> avaient paru chez Ladvocat quelques
+jours auparavant (<i>Journal des Débats</i> du 24 mars 1824) avec
+cette épigraphe: <i>Nos canimus surdis</i> et formaient un volume
+grand in-8º, orné d'une gravure, vendu 4 francs. Les <i>Débats</i>
+en rendirent compte le 14 juin sous l'initiale Z, signature de
+M. Hofman. Victor Hugo répondit aux critiques qui lui étaient
+adressées par une longue lettre publiée dans le numéro du
+26 juillet suivant.</p>
+
+</div>
+
+<p>M. de Féraudy, candidat, sans doute, avec ses<span class="pagenum" id="Page_135">[Pg 135]</span>
+fables, à une récompense de l'Académie, a été
+également l'objet des démarches de son confrère.</p>
+
+<p>Le poète est décidément fort bien en cour. Il
+vient de déjeuner derechef avec M. de Clermont-Tonnerre.
+Le duc d'Angoulême aurait lu les
+<i>Mémoires du général</i> et aurait regretté, au dire
+du marquis, qu'il n'ait pas «été employé dans
+la dernière guerre d'Espagne».</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher Papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Remercie, de grâce, M. de Féraudy de sa trop
+aimable lettre qui nous a apporté un mot de toi. Dès
+que j'aurai qque détail des opérations de l'Académie,
+je m'empresserai de lui en faire part; et je
+désire bien vivement qu'ils soient conformes à mes
+justes espérances.</p>
+
+<p>Il me paraît d'après ton apostille d'ailleurs si pleine
+de tendresse et de bonté, que tu n'as pas encore reçu
+mes <i>nouvelles</i> rapsodies. Pourtant le libraire Ladvocat
+s'était chargé de te faire passer un exemplaire
+vélin sur lequel j'avais écrit un mot. Mande-moi si
+tu l'as reçu.</p>
+
+<p>Je t'écris encore aujourd'hui <i>provisoirement</i>, entre
+deux courses <i>indispensables</i> et je t'assure fort ennuyeuses.
+Il n'y a rien pour absorber toute une vie,
+comme la publication d'un méchant livre.</p>
+
+<p>M. de Clerm.-Tonn. avec qui j'ai déjeuné avant-hier
+m'a chargé de t'écrire que M. le duc d'Angoulême
+lui avait parlé de toi et de tes Mémoires <i>qu'il
+a lus avec le plus haut intérêt</i>, et qu'il regrettait que<span class="pagenum" id="Page_136">[Pg 136]</span>
+tu n'eusses pas été employé dans la dernière guerre
+d'Espagne.</p>
+
+<p>Je n'oublie pas, cher papa, les dernières commissions
+dont tu m'as chargé; ma prochaine lettre t'en
+annoncera l'accomplissement.</p>
+
+<p>Ma femme avance dans sa grossesse sans se porter
+aussi bien que je le voudrais. Nous ne sommes cependant
+pas inquiets: mais, tout en m'affligeant, je ne
+puis m'empêcher d'approuver la défense que lui ont
+faite les médecins d'aller en voiture. Cela nous prive
+d'un bien grand bonheur que nous nous promettions
+pour le printemps; mais qui, nous l'espérons, n'est
+retardé que de six mois.</p>
+
+<p>Adieu, cher papa, nous t'embrassons tendrement,
+mon Adèle et moi, ainsi que ton excellente femme.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils dévoué et respectueux,<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+<br />
+Ce 27 mars 1824.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Tout le monde ici se porte bien.</p>
+</div>
+
+<p>Trois mois se sont écoulés. L'inspection générale
+rêvée par Victor pour son père, vient,
+malgré tous leurs efforts, de leur échapper. Le
+duc d'Angoulême réservait ces fonctions à des
+généraux ayant fait avec lui la campagne d'Espagne.</p>
+
+<p>Il n'y a pas lieu de se désespérer, néanmoins.
+C'est peut-être une chance de plus d'obtenir le<span class="pagenum" id="Page_137">[Pg 137]</span>
+titre de lieutenant-général si ardemment désiré.</p>
+
+<p>Puis, c'est la disgrâce de Chateaubriand...</p>
+
+<p>Elle était encore bien complète. Le 6 juin
+1824, une ordonnance royale confiait l'intérim
+des Affaires étrangères à M. de Villèle<a id="FNanchor_82" href="#Footnote_82" class="fnanchor">[82]</a>, sans
+même indiquer que le vicomte de Chateaubriand
+fût démissionnaire, ni même appelé à d'autres
+fonctions.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_82" href="#FNanchor_82" class="label">[82]</a> Par ordonnance du 4 août le baron de Damas devait se
+voir attribuer le portefeuille des Affaires étrangères.</p>
+
+</div>
+
+<p>A nouveau il était chassé du Ministère. La
+comtesse du Cayla, née Talon, triomphait.</p>
+
+<p>Même à la cour de Louis XVIII, les dessous
+de cartes de la politique sont toujours plaisants
+à connaître et ceux-ci de ne point manquer à la
+règle.</p>
+
+<p>Dans ce renvoi brusque de Chateaubriand, en
+dehors de l'animosité de la favorite du vieux
+roi et de la rancune de M. de Villèle, qui ne
+pouvait pardonner à son collègue des Affaires
+étrangères d'avoir prétexté d'un enrouement
+pour ne pas défendre, au Luxembourg, son projet
+de conversion des rentes, il y a, dirai-je, une
+histoire de femme, et peu banale, en vérité.</p>
+
+<p>Malgré ses cinquante-cinq ans, Chateaubriand
+était une fois de plus amoureux, amoureux
+comme un jeune homme, comme on l'est à peine
+hors de page, et écrivait à sa maîtresse—oh,<span class="pagenum" id="Page_138">[Pg 138]</span>
+cette fugue si malencontreusement interrompue,
+tous les deux, vers Dieppe!—les lettres les
+plus insensées.</p>
+
+<p>Ces lettres à une presque inconnue, M<sup>me</sup> de C...,
+M. Léon Séché les a publiées dans les <i>Annales
+Romantiques</i><a id="FNanchor_83" href="#Footnote_83" class="fnanchor">[83]</a> où leur publication fit du bruit,
+et reproduites, non sans dévoiler en partie l'anonymat
+de la nouvelle amie de René, dans son
+bel ouvrage sur <i>Hortense Allart de Méritens</i><a id="FNanchor_84" href="#Footnote_84" class="fnanchor">[84]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_83" href="#FNanchor_83" class="label">[83]</a> Juillet-octobre 1907, pp. 257-301.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_84" href="#FNanchor_84" class="label">[84]</a> Paris, Société du Mercure de France, 1908, in-8º, pp. 98-104.</p>
+
+</div>
+
+<p>Le nom de la dame n'avait pas été prononcé,
+cependant. Les <i>Souvenirs du Baron de Frénilly</i>,
+récemment publiés<a id="FNanchor_85" href="#Footnote_85" class="fnanchor">[85]</a>, ne laissent aucune incertitude
+à ce sujet, pas plus que sur les motifs de
+la grande colère de Louis XVIII qui amena
+cette seconde révocation.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_85" href="#FNanchor_85" class="label">[85]</a> <i>Souvenirs du baron de Frénilly, pair de France</i> (1768-1828),
+publiés avec introduction et notes par Arthur Chuquet, membre
+de l'Institut, Paris, Plon-Nourrit et C<sup>ie</sup>, 1908, in-8º.</p>
+
+</div>
+
+<p>L'incendie qui dévorait son cœur ne faisait
+point assez oublier au Ministre l'influence à
+laquelle il pouvait prétendre vis-à-vis de cet
+infortuné Ferdinand.</p>
+
+<p>Les affaires sont les affaires.</p>
+
+<p>Chateaubriand «avait donc joint au portefeuille
+des affaires étrangères celui des affaires<span class="pagenum" id="Page_139">[Pg 139]</span>
+particulières de M<sup>me</sup> Boni de Castellane<a id="FNanchor_86" href="#Footnote_86" class="fnanchor">[86]</a> dont
+il était l'admirateur fort peu secret, avant, je
+crois, que mon ancien ami Molé<a id="FNanchor_87" href="#Footnote_87" class="fnanchor">[87]</a> eût recueilli
+sa succession, et cette dame ayant vendu
+1.800.000 francs sa terre de Saint-Pierre de Moustier,
+il n'avait su rien de mieux que de lui conseiller
+le placement de ces fonds dans l'emprunt
+des Cortès d'Espagne. Par suite, quand Ferdinand,
+replacé sur son trône par Louis XVIII,
+refusa fort sagement de reconnaître cet emprunt
+révolutionnaire, Chateaubriand, voyant son amie
+ruinée, n'avait encore su rien de mieux que de
+charger Talaru<a id="FNanchor_88" href="#Footnote_88" class="fnanchor">[88]</a> de mettre le pied sur la gorge<span class="pagenum" id="Page_140">[Pg 140]</span>
+au monarque espagnol pour le forcer à légitimer
+l'emprunt, et Talaru, à qui on ne peut nier
+la force et quelquefois les formes d'un cheval,
+avait si fidèlement rempli cette commission que
+le roi, irrité et éperdu, avait passé par-dessus
+toutes les formes diplomatiques en écrivant
+secrètement à Louis XVIII pour savoir de lui-même
+si c'était réellement par ordre de celui
+qui venait de le remettre sur le trône et qui avait
+annulé l'ordonnance d'Andujar<a id="FNanchor_89" href="#Footnote_89" class="fnanchor">[89]</a> qu'on lui ordonnait
+de ruiner lui et son peuple pour enrichir
+les révolutionnaires d'Espagne et donner crédit
+et garantie aux révolutions futures... Le roi fut
+irrité ainsi que Villèle; le silence perfide de
+Chateaubriand dans l'affaire des rentes fit déborder
+le vase<a id="FNanchor_90" href="#Footnote_90" class="fnanchor">[90]</a>.»</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_86" href="#FNanchor_86" class="label">[86]</a> Louise-Cornélia-Eucharis de Greffulhe.</p>
+
+<p>Marmont, dans une note de ses <i>Mémoires</i> (tome VII, p. 293),
+avait montré plus de discrétion:</p>
+
+<p>«M. de Chateaubriand était lié d'une manière intime avec
+une personne de la Cour, qui est assez connue pour que je ne
+donne aucun détail sur elle...»</p>
+
+<p>mais, racontait l'aventure en termes presque identiques.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_87" href="#FNanchor_87" class="label">[87]</a> Le comte Louis-Mathieu Molé (1781-1855), ancien grand
+juge, ministre de la Justice, en novembre 1813, votait deux ans
+plus tard, pair de France, la mort de Ney.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_88" href="#FNanchor_88" class="label">[88]</a> Louis-Justin-Marie, marquis de Talaru (1773-1850), ancien
+officier de l'armée royale, siégea en 1815 comme ultra-royaliste
+à la Chambre des pairs, fut promu maréchal de camp en 1823,
+et nommé, la même année, ambassadeur à Madrid. Le marquis
+de Talaru avait été un des premiers bailleurs de fonds du <i>Conservateur</i>,
+ce semble même avoir été son seul titre, au dire du
+chancelier Pasquier, à représenter la France en Espagne.</p>
+
+<p>Sur «ce patagon romanesque», cf. <i>Souvenirs du baron de
+Frénilly</i>, p. 425.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_89" href="#FNanchor_89" class="label">[89]</a> Ordonnance rendue le 8 août 1823, à Andujar, par le duc
+d'Angoulême, pour placer l'autorité entre les mains des commandants
+français et faire libérer les détenus politiques, bientôt
+abrogée de fait sur des ordres venus de Paris.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_90" href="#FNanchor_90" class="label">[90]</a> <i>Souvenirs du baron de Frénilly</i>, pp. 494-495.</p>
+
+</div>
+
+<p>Le général Hugo était indirectement victime
+des amours de René vieilli et de la femme du
+futur maréchal de France.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_141">[Pg 141]</span></p><div class="blockquot">
+
+<p>Malgré tous les efforts de M. Foucher et toute la
+bonne volonté du G<sup>al</sup> Coëtlosq...<a id="FNanchor_91" href="#Footnote_91" class="fnanchor">[91]</a> nous n'avons pu
+réussir cette fois. Ta demande était arrivée trop tard;
+et le duc d'Angoul... avait depuis quelque temps
+retenu les inspect. gales pour des officiers gaux de
+l'armée d'Espagne. J'ignore, cher papa, si cet événement
+est un malheur réel; ce n'est pas un échec
+pour tes vieux et glorieux services, puisqu'il est
+hors de doute que ta demande l'aurait emporté, s'il
+y eût eu concurrence; mais les places étaient déjà
+promises au Prince. Il me semble d'ailleurs que cela
+augmente tes chances pour la promotion de lieutenants-généraux
+de la Saint-Louis; et qu'avec l'appui
+de M. Clerm.-Tonn. (je ne puis plus dire malheureusement
+et de M. de Chateaub...) il sera très possible
+à cette époque de te faire arriver à ce sommet des
+dignités militaires où tu devrais être depuis si longtemps
+parvenu.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_91" href="#FNanchor_91" class="label">[91]</a> Le lieutenant général Charles-Yves-César-Cyr de (alias du)
+Coetlosquet, directeur général au Ministère de la Guerre, né
+à Morlaix, le 21 juillet 1783, mort à Paris, le 23 janvier 1836.</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je crois que M. Foucher envisage la chose comme
+moi; au reste, il va t'écrire. Quant à moi, je griffonne
+à la hâte cette lettre. Mes yeux sont toujours bien faibles,
+et notre emménagement n'est pas encore terminé<a id="FNanchor_92" href="#Footnote_92" class="fnanchor">[92]</a>.
+Mon Adèle, qui se porte toujours bien, va
+t'écrire et te répéter, ainsi qu'à ta femme, l'expression
+de notre filial et respectueux dévouement.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_92" href="#FNanchor_92" class="label">[92]</a> Victor Hugo et sa femme venaient de s'installer au nº 90
+de la rue de Vaugirard.</p>
+
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">Victor.</span><br />
+</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_142">[Pg 142]</span></p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Si mon illustre ami revient aux affaires, nos chances
+triplent. Nos rapports se sont beaucoup resserrés depuis
+sa disgrâce, ils s'étaient fort relâchés pendant
+sa faveur.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ce 27 juin.<br />
+</p>
+
+<p>Cependant, une fille est née dont le berceau
+est venu remplacer celui de l'enfant mort à
+Blois. Elle porte aussi le prénom du grand-père.
+C'est Léopoldine: elle devait épouser plus tard
+Charles Vacquerie, et trouver avec lui une fin
+si tragique à Villequier, le 4 septembre 1843.</p>
+
+<p>La femme du général Hugo en est marraine.
+La petite va bien et n'a pas encore de dents. Le
+jeune ménage se fait une fête de la conduire
+bientôt grande rue du Foix.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>J'attendais toujours pour vous écrire que mon
+mari eût fini le portrait de ma Didine, mais comme
+ma fille remue toujours et que Victor exige un modèle
+tranquille, il est très long à le terminer, et moi
+je m'ennuyais de ne pas vous écrire. Si je ne vous
+aimais trop je vous gronderais de n'avoir pas compris
+le motif de mon silence, et de ne m'avoir pas
+donné de vos nouvelles, mais j'espère mon cher papa
+que vous ne tarderez pas à nous satisfaire en me
+donnant en détail des nouvelles de la santé de ma
+bonne mère.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_143">[Pg 143]</span></p>
+
+<p>Ma fille se porte très bien et n'a pas encore de
+dents. Elle est très gaie et nous amuse beaucoup;
+il me tarde bien de vous la remettre entre les bras,
+aussi comptons-nous partir, si cela arrange vos projets,
+dans deux mois; nous nous faisons une si grande
+fête de vous voir que je voudrais que ce fût demain.
+Au surplus, mon cher papa, écrivez-nous quand il
+vous sera commode de nous recevoir.</p>
+
+<p>Mon Victor vous embrasse, embrasse la marraine
+de notre Didine; et moi mon cher papa je vous aime
+tous deux à l'égal de votre bonté, d'après cela jamais
+il n'y a eu de plus tendre fille. Je vous écrirais plus
+longuement, mais ma fille me réclame.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Votre respectueuse fille,<br />
+<span class="smcap">A. Hugo</span>.<br />
+</p>
+
+<p>Cette lettre est adressée au Général comte
+Hugo (en toutes lettres) et Victor y a joint ce
+court billet:</p>
+
+<p class="indent2">
+Ce 19 février.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>J'ajoute un mot, cher papa, à la lettre de notre
+Adèle. Je voudrais pouvoir ajouter quelque chose
+à l'expression de sa tendresse pour toi et ta femme;
+mais je ne saurais exprimer mieux qu'elle, ce qu'elle
+sent aussi bien que moi. Je voulais, comme elle te le
+dit, t'envoyer le portrait de ta Léopoldine dans ma
+plus prochaine lettre, mais mon désir de te le donner
+ressemblant me l'ayant déjà fait deux ou trois fois<span class="pagenum" id="Page_144">[Pg 144]</span>
+recommencer: je ne veux pas tarder plus longtemps
+à solliciter de tes nouvelles pour nous, pour Abel et
+pour la famille Foucher.</p>
+
+<p>Rabbe<a id="FNanchor_93" href="#Footnote_93" class="fnanchor">[93]</a>, qui est venu hier dîner avec nous, m'a
+parlé de toi avec le plus tendre et le plus respectueux
+attachement. C'est un bon et noble ami.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_93" href="#FNanchor_93" class="label">[93]</a> Alphonse Rabbe, né en 1786 dans les Basses-Alpes, mort
+à Paris, le 1<sup>er</sup> janvier 1830. Après avoir créé à Marseille <i>le
+Phocéen</i>, essai d'un quotidien en province, Rabbe était venu à
+Paris, où il collabora au <i>Courrier français</i>, aux <i>Tablettes universelles</i>
+(1820-1824) et à différents périodiques.</p>
+
+<p>Il dirigea la <i>Biographie universelle et portative des Contemporains</i>
+à ses débuts et en demeura le collaborateur. Il a laissé,
+entre autres travaux, des résumés de l'histoire d'Espagne et de
+celle de Russie.</p>
+
+<p>Une maladie cruelle avait défiguré Alphonse Rabbe et Victor
+Hugo raconte comment le pauvre homme évitait, en raison
+de sa laideur, de se laisser voir par Adèle Hugo, durant sa
+grossesse (<i>Victor Hugo raconté</i>, p. 69-70).</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Louis nous a envoyé ces jours-ci un superbe panier
+de gibier que nous avons mangé en famille avec le
+vif regret de ne pas vous le voir partager.</p>
+
+<p>Adieu, bien cher et bien excellent père, je m'occupe
+en ce moment de ramasser de la besogne pour
+notre séjour à Blois, qui nous promet tant de bonheur.</p>
+
+<p>Notre Didine est charmante. Elle ressemble à sa
+mère, elle ressemble à son grand-père. Embrasse
+pour elle sa bonne marraine.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils tendre et respectueux,<br />
+V. H.<br />
+</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_145">[Pg 145]</span></p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Où en est ta demande près du ministre? Veux-tu
+que je m'en informe? As-tu vu que des exceptions
+ont été faites<a id="FNanchor_94" href="#Footnote_94" class="fnanchor">[94]</a>?</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_94" href="#FNanchor_94" class="label">[94]</a> Le <i>Moniteur</i> (20 février 1825) chercha à les expliquer:</p>
+
+<p>«Plusieurs journaux ont annoncé que quelques-uns des officiers
+généraux mis en retraite par l'ordonnance du 1<sup>er</sup> décembre 1824,
+avaient été, par une exception ou faveur spéciale du Roi, rétablis
+sur le cadre de l'État-major général de l'armée.</p>
+
+<p>«Nous nous sommes assurés que rien n'est moins exact et
+qu'aucune exception à cette ordonnance n'a été faite; à la
+vérité quelques officiers généraux qui avaient été d'abord considérés
+comme compris dans une des deux positions qu'elle
+détermine ont réclamé: ils ont produit de nouveaux documents;
+et un examen approfondi de leurs réclamations et des
+nouvelles pièces fournies, a fait reconnaître qu'ils ne remplissaient
+pas les conditions exigées par l'ordonnance pour l'admission
+à la retraite; ils ont été alors et ont dû être maintenus
+dans le cadre de l'État-major général, non par une exception
+prononcée en leur faveur comme on l'a prétendu, mais par une
+suite naturelle de l'exécution impartiale de l'ordonnance du
+1<sup>er</sup> décembre 1824.»</p>
+
+</div>
+
+<p>Ces deux lettres se sont croisées avec celle
+du général annonçant sa venue et celle de sa
+femme à Paris. Les grands-parents connaîtront
+donc leur petite-fille, avant qu'on la leur ait
+menée à Blois.</p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Tu as vu que nos lettres se sont croisées. Je désire
+que notre lettre t'ait fait autant de plaisir que la
+tienne nous en a fait. Elle ne pouvait nous apporter<span class="pagenum" id="Page_146">[Pg 146]</span>
+de plus agréable nouvelle que celle de votre prochaine
+arrivée; et j'espère presque, en t'écrivant celle-ci,
+qu'elle ne te trouvera pas à Blois.</p>
+
+<p>Tu ne saurais croire quelle fête nous nous faisons
+de vous présenter notre Léopoldine toujours petite,
+mais toujours bien portante et si gentille... elle vous
+aimera tous deux comme nous l'aimons, nous ne
+saurions dire davantage.</p>
+
+<p>Nous nous applaudissons presque d'avoir été une
+partie du mois sans nouvelles de toi puisque tu as
+été malade. Nous aurions eu des inquiétudes, maintenant
+nous n'avons que le plaisir de te savoir
+rétabli.</p>
+
+<p>Adieu, bon et cher papa, je ne t'en écris pas plus
+long puisque nous pourrons bientôt communiquer
+de vive voix.</p>
+
+<p>Quelles que soient les affaires qui t'amènent, tu
+sais que tu peux compter en tout et pour tout sur
+notre dévoûment comme sur notre tendre et respectueux
+attachement.</p>
+
+<p>Embrasse pour moi la bonne marraine de ta Léopoldine.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">Victor.</span><br />
+<br />
+Ce 27 février.<br />
+</p>
+<hr class="chap x-ebookmaker-drop" />
+
+<div class="chapter">
+<p><span class="pagenum" id="Page_147">[Pg 147]</span></p>
+
+<h2 class="nobreak" id="VI">VI</h2>
+</div>
+
+<p>Le voyage à Blois.—Une lettre de Victor Hugo au
+dessinateur Queyroy.—Deux poètes nommés chevaliers
+de la Légion d'honneur.—Les sables de la
+Miltière.—Le sacre de Charles X.</p>
+
+
+<p class="p2">En avril 1825, le projet si longtemps caressé
+d'un voyage à Blois put enfin être mis à exécution.</p>
+
+<p>Victor Hugo et sa femme, elle nourrissait Léopoldine,
+prirent la malle-poste et arrivèrent à
+Blois, au matin, par la rive gauche de la Loire<a id="FNanchor_95" href="#Footnote_95" class="fnanchor">[95]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_95" href="#FNanchor_95" class="label">[95]</a> Ancienne route directe de Blois à Orléans par Saint-Dyé
+et Cléry, avant que M<sup>me</sup> de Pompadour eut fait tracer, sur la
+rive droite, une nouvelle route, passant devant son château
+de Menars.</p>
+
+</div>
+
+<p>Près de quarante ans plus tard, remerciant
+de son album, les <i>Rues et Maisons du vieux
+Blois</i>, le dessinateur Queyroy<a id="FNanchor_96" href="#Footnote_96" class="fnanchor">[96]</a>, Hugo vieilli<span class="pagenum" id="Page_148">[Pg 148]</span>
+adressait, de Guernesey, cette jolie lettre à l'artiste.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_96" href="#FNanchor_96" class="label">[96]</a> Outre les <i>Rues et Maisons du vieux Blois</i>, on doit au dessinateur
+Armand Queyroy, qui a été longtemps conservateur
+du Musée de Moulins, un certain nombre d'eaux-fortes sur
+Vendôme et la plupart des portraits qui servent de frontispice
+à chacun des volumes composant la <i>Galerie des Hommes illustres
+du Vendômois</i>.</p>
+
+</div>
+
+<p>Ce n'est plus la prose un peu flottante et souvent
+impersonnelle des lettres au général. Si
+les cheveux du poète avaient blanchi, son verbe
+avait, depuis des années, pris son ampleur et
+adopté sa formule définitive.</p>
+
+<p>Ce sont là de très belles pages, où magnifiquement,
+Victor Hugo évoque son arrivée à
+Blois, son père et son jardin; et, s'éveillant au
+bord du fleuve, la ville tout entière, désuète
+mais pleine de grâce, avec son château, ses
+vieilles maisons et tous ces souvenirs qui sont
+le passé.</p>
+
+<p class="indent2">
+Hauteville-House, 17 avril 1864.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Monsieur, je vous remercie. Vous venez de me
+faire revivre dans le passé. Le 17 avril 1825, il y a
+trente-neuf ans aujourd'hui même, (laissez-moi noter
+cette petite coïncidence intéressante pour moi), j'arrivais
+à Blois. C'était le matin. Je venais de Paris.
+J'avais passé la nuit en malle-poste, et que faire en
+malle-poste? J'avais fait la ballade des <i>Deux Archers</i><a id="FNanchor_97" href="#Footnote_97" class="fnanchor">[97]</a>
+puis, les derniers vers achevés, comme le jour ne
+paraissait pas encore, tout en regardant à la lueur
+de la lanterne passer à chaque instant des deux côtés
+de la voiture des troupes de bœufs de l'Orléanais<span class="pagenum" id="Page_149">[Pg 149]</span>
+descendant vers Paris, je m'étais endormi. La voix
+du conducteur me réveilla.—Voilà Blois! me cria-t-il.
+J'ouvris les yeux et je vis mille fenêtres à la fois,
+un entassement irrégulier et confus de maisons, des
+clochers, un château, et sur la colline un couronnement
+de grands arbres et une rangée de façades
+aiguës à pignons de pierre au bord de l'eau, toute
+une vieille ville en amphithéâtre capricieusement répandue,
+sur les saillies d'un plan incliné, et, à cela
+près que l'océan est plus large que la Loire et n'a pas
+de pont qui mène à l'autre rive, presque pareille à
+cette ville de Guernesey que j'habite aujourd'hui.
+Le soleil se levait sur Blois.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_97" href="#FNanchor_97" class="label">[97]</a> Ballade VIII; dédiée à Louis Boulanger.</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Un quart d'heure après, j'étais rue du Foix, nº 73.
+Je frappais à une petite porte donnant sur un jardin:
+un homme qui travaillait au jardin venait m'ouvrir.
+C'était mon père.</p>
+
+<p>Le soir, mon père me mena sur le monticule qui
+dominait sa maison et où est l'arbre de Gaston<a id="FNanchor_98" href="#Footnote_98" class="fnanchor">[98]</a>; je
+revis d'en haut la ville que j'avais vue d'en bas; l'aspect,
+autre, était, quoique sévère, plus charmant
+encore. La ville, le matin, m'avait semblé avoir le
+gracieux désordre et presque la surprise du réveil;
+le soir avait calmé les lignes. Bien qu'il fît encore<span class="pagenum" id="Page_150">[Pg 150]</span>
+jour, le soleil venant à peine de se coucher, il y avait
+un commencement de mélancolie; l'estompe du crépuscule
+émoussait les pointes des toits; de rares
+scintillements de chandelles remplaçaient l'éblouissante
+diffusion de l'aurore sur les vitres; les profils
+des choses subissaient la transformation mystérieuse
+du soir; les roideurs perdaient; les courbes gagnaient;
+il y avait plus de coudes et moins d'angles.
+Je regardais avec émotion, presque attendri par cette
+nature. Le ciel avait un vague souffle d'été.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_98" href="#FNanchor_98" class="label">[98]</a> La Butte des Capucins.</p>
+
+<p>Cf. D<sup>r</sup> <span class="smcap">H. Chauveau</span>: <i>Mémoire sur les Buttes dans le département
+de Loir-et-Cher</i>. Blois, imp. Lecesne, 1866, in-8, de
+39 pp. (carte).</p>
+
+<p>A. de <span class="smcap">Rochas</span>: <i>Les Buttes et la télégraphie optique</i>. Mémoires
+de la <i>Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher</i>,
+tome XI (1886), pp. 1-26 (carte).</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>La ville m'apparaissait non plus comme le matin,
+gaie et ravissante, pêle-mêle, mais harmonieuse;
+elle était coupée en compartiments d'une belle masse,
+se faisant équilibre; les plans reculaient, les étages
+se superposaient avec à-propos et tranquillité. La
+cathédrale, l'évêché, l'église noire de Saint-Nicolas<a id="FNanchor_99" href="#Footnote_99" class="fnanchor">[99]</a>,
+le château, autant citadelle que palais, les ravins
+mêlés à la ville, les montées et les descentes où les
+maisons tantôt grimpent, tantôt dégringolent, le pont
+avec son obélisque, la belle Loire serpentant, les
+bandes rectilignes de peupliers, à l'extrême horizon,
+Chambord indistinct avec sa futaie de tourelles, les
+forêts où s'enfonce l'antique voie dite «ponts romains»<a id="FNanchor_100" href="#Footnote_100" class="fnanchor">[100]</a>
+marquant l'ancien lit de la Loire, tout cet
+ensemble était grand et doux. Et puis mon père
+aimait cette ville.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_99" href="#FNanchor_99" class="label">[99]</a> Ancienne église de l'abbaye bénédictine de Saint-Laumer.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_100" href="#FNanchor_100" class="label">[100]</a> Les «ponts châtrés», vulgairement appelés «ponts chartrains».</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_151">[Pg 151]</span></p><div class="blockquot">
+
+<p>Vous me la rendez aujourd'hui.</p>
+
+<p>Grâce à vous, je suis à Blois. Vos vingt eaux-fortes
+montrent la ville intime, non la ville des palais
+et des églises, mais la ville des maisons. Avec vous,
+on est dans la rue; avec vous on entre dans la masure;
+et telle de ces bâtisses décrépites, comme les
+logis en bois sculpté de la rue Saint-Lubin<a id="FNanchor_101" href="#Footnote_101" class="fnanchor">[101]</a>, comme
+l'hôtel Denis Dupont<a id="FNanchor_102" href="#Footnote_102" class="fnanchor">[102]</a>, avec sa lanterne d'escalier à
+baies obliques suivant le mouvement de la vis de
+Saint-Gilles, comme la maison de la rue Haute,
+comme l'arcade surbaissée de la rue Pierre-de-Blois
+étale toute la fantaisie gothique, ou toutes les grâces
+de la Renaissance, augmentées de la poésie du délabrement.
+Être une masure, cela n'empêche pas d'être
+un bijou. Une vieille femme qui a du cœur et de l'esprit,
+rien n'est plus charmant. Beaucoup des exquises
+maisons dessinées par vous sont cette vieille femme-là.
+On fait avec bonheur leur connaissance. On les
+revoit avec joie, quand on est, comme moi, leur vieil
+ami. Que de choses elles ont à vous dire, et quel
+délicieux rabâchage du passé! Par exemple, regardez
+cette fine et délicate maison de la rue des Orfèvres,
+il semble que ce soit un tête-à-tête. On est en<span class="pagenum" id="Page_152">[Pg 152]</span>
+bonne fortune avec toute cette élégance. Vous nous
+faites tout reconnaître, tant vos eaux-fortes sont des
+portraits. C'est la fidélité photographique, avec la
+liberté du grand art. Votre rue Chemonton est un
+chef-d'œuvre. J'ai monté, en même temps que ces
+bons paysans de Sologne peints par vous, les grands
+degrés du château. La maison à statuettes de la rue
+Pierre-de-Blois est comparable à la précieuse maison
+des musiciens de Woymouth. Je retrouve tout.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_101" href="#FNanchor_101" class="label">[101]</a> Vieille rue de Blois, bien connue des touristes pour ses
+maisons du <span class="allsmcap">XV</span><sup>e</sup> siècle. L'une d'elles, dont il existe un curieux
+dessin par Victor Hugo, aurait été habitée par Marion Delorme,
+que certains, (le bibliothécaire Dupré, entre autres, qui
+en a publié un acte de naissance), prétendent née à Blois.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_102" href="#FNanchor_102" class="label">[102]</a> Denys Dupont,—Pontanus—avocat et célèbre jurisconsulte
+blaisois; l'un des principaux auteurs de la Coutume de
+Blois et son commentateur. (Blois, Angelier, 1556; Paris, Billaine,
+1677.)</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Voici la Tour-d'Argent<a id="FNanchor_103" href="#Footnote_103" class="fnanchor">[103]</a>, voici le haut pignon sombre,
+coin des rues des Violettes et de Saint-Lubin,
+voici l'hôtel de Guise, voici l'hôtel de Cheverny<a id="FNanchor_104" href="#Footnote_104" class="fnanchor">[104]</a>,
+voici l'hôtel Sardini<a id="FNanchor_105" href="#Footnote_105" class="fnanchor">[105]</a> avec ses voûtes en anses de<span class="pagenum" id="Page_153">[Pg 153]</span>
+panier, voici l'hôtel d'Alluye<a id="FNanchor_106" href="#Footnote_106" class="fnanchor">[106]</a> avec ses galantes arcades
+du temps de Charles VIII, voici les degrés de
+Saint-Louis qui mènent à la cathédrale, voici la rue
+du Sermon, et au fond la silhouette presque romane
+de Saint-Nicolas; voici la jolie tourelle à pans coupés
+dite Oratoire<a id="FNanchor_107" href="#Footnote_107" class="fnanchor">[107]</a> de la reine Anne. C'est derrière
+cette tourelle qu'était le jardin où Louis XII, goutteux,
+se promenait sur son petit mulet.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_103" href="#FNanchor_103" class="label">[103]</a> Ancien atelier monétaire des comtes de Blois formant le
+coin des rues des Trois-Clefs et de la Serrurerie, où est établi
+aujourd'hui le siège d'une compagnie électrique.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_104" href="#FNanchor_104" class="label">[104]</a> Hôtel à Blois de la famille Hurault (Hurault de Cheverny
+de Saint-Denis et de Vibraye), ou «Petit Louvre», rue Saint-Martin.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_105" href="#FNanchor_105" class="label">[105]</a> Scipion Sardini, financier lucquois amené en France par
+Catherine de Médicis qui lui fit épouser Isabelle de Limeuil.
+La rapidité de sa fortune lui valut cette épigramme de ses
+contemporains:</p>
+
+<div class="poetry-container">
+<div class="poetry">
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0"><i>Qui modo Sardinii jam nunc sunt grandia cete</i></div>
+ <div class="verse indent0"><i>Sic alit italicos Gallia pisciculos.</i></div>
+ </div>
+</div>
+</div>
+
+<p>En dehors de l'hôtel du 7 de la rue du Puits-Châtel, à Blois,
+Sardini possédait, à Paris, un hôtel dans le quartier Mouffetard,
+auquel M. Anatole de Montaiglon a consacré deux articles
+intéressants: <i>L'hôtel de Scipion Sardini et ses médaillons
+en terre cuite</i> (<i>Les Beaux-Arts</i>, tome I, 1869, pp. 161-166;
+197-202); <i>Bulletin de la Société impériale des Antiquaires
+de France</i>, année 1857, pp. 97-101; cette communication a été
+réimprimée dans la <i>Revue universelle des Arts</i>, tome V, 1857,
+pp. 461-463).</p>
+
+<p>M. Édouard Drumont a d'autre part tracé une jolie silhouette
+du personnage dans la première série de <i>Mon vieux Paris: Un
+Financier du XVI<sup>e</sup> siècle</i> (Réimpression Flammarion, S. D.,
+in-12, pp. 207-247).</p>
+
+<p>Brantôme, puis... le duc d'Aumale ont évoqué, non sans
+esprit, cette tant bizarre Isabelle de Limeuil dont la vengeance
+vis-à-vis de Condé fut plutôt rabelaisienne, et l'accouchement
+en pleine cour pour le moins maladroit.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_106" href="#FNanchor_106" class="label">[106]</a> Ancien hôtel rue Saint-Honoré (ainsi que l'hôtel Denys
+Dupont), de Florimond Robertet, baron d'Alluye, secrétaire
+des finances de Charles VIII, de Louis XII et de François I<sup>er</sup>.
+Bien que la plupart de ses biographes le fassent mourir, à
+Blois, en 1522, il ne serait mort, d'après l'hommage de sa
+veuve, Michelle Gaillard, pour le château de Bury, qu'en 1527,
+et à Paris.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_107" href="#FNanchor_107" class="label">[107]</a> Pavillon situé dans les anciens jardins bas du château et
+y faisant face, souvent improprement appelé «Bains de Catherine».</p>
+
+<p>Anne de Bretagne s'y était retirée durant l'excommunication
+de Louis XII.</p>
+
+<p>Cf. <span class="smcap">Pierre Lesueur</span>: <i>Les Jardins du château de Blois et
+leurs dépendances</i>. Blois: C. Migault et C<sup>ie</sup>, in-8º, de 225 pp. (Pl.)</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Ce Louis XII a, comme Henri IV, des côtés aimables.
+Il fit beaucoup de sottises, mais c'était un roi-bonhomme.
+Il jetait au Rhône les procédures commencées<span class="pagenum" id="Page_154">[Pg 154]</span>
+contre les Vaudois. Il était digne d'avoir
+pour fille cette vaillante huguenote astrologue, Renée
+de Bretagne, si intrépide devant la Saint-Barthélémy
+et si fière à Montargis. Jeune, il avait passé trois ans
+à la tour de Bourges, et il avait tâté de la cage de
+fer. Cela qui aurait rendu un autre méchant, le fit
+débonnaire.</p>
+
+<p>Il entra à Gênes, vainqueur, avec une ruche d'abeilles
+dorée sur sa cotte d'armes et cette devise: <i>Non
+utitur aculeo</i>. A Aignadel, à un courtisan qui disait:
+<i>Vous vous exposez, sire</i>, il répondait: <i>Mettez-vous
+derrière moi.</i> C'est lui aussi qui disait: <i>Bon roi, roi
+avare. J'aime mieux être ridicule aux courtisans que
+lourd au peuple.</i> Il disait: <i>La plus laide bête à voir
+passer, c'est un procureur portant ses sacs.</i> Il haïssait
+les juges désireux de condamner et faisant effort
+pour agrandir la faute et envelopper l'accusé. <i>Ils
+sont</i>, disait-il, <i>comme les savetiers qui allongent le
+cuir en tirant dessus avec leurs dents.</i> Il mourut de
+trop aimer sa femme, comme plus tard François II
+doucement tués l'un et l'autre par une Marie. Cette
+noce fut courte. Le 1<sup>er</sup> janvier 1515, après quatre-vingt-trois
+jours ou plutôt quatre-vingt-trois nuits
+de mariage, Louis XII expira, et comme c'était le
+jour de l'an, il dit à sa femme: <i>Mignonne, je vous
+donne ma mort pour vos étrennes</i>. Elle accepta de moitié
+avec le duc de Brandon.</p>
+
+<p>L'autre fantôme qui domine Blois est aussi haïssable
+que Louis XII est sympathique. C'est ce Gaston,
+Bourbon coupé de Médicis. Florentin du <span class="allsmcap">XVI</span><sup>e</sup> siècle,
+lâche, perfide spirituel, disant de l'arrestation de<span class="pagenum" id="Page_155">[Pg 155]</span>
+Longueville, de Conti et de Condé: <i>Beau coup de
+filet, prendre à la fois un renard, un singe et un lion!</i>
+Curieux artiste, collectionneur, épris de médailles,
+de filigranes et de bonbonnières, passant sa matinée
+à admirer le couvercle d'une boîte en ivoire, pendant
+qu'on coupait la tête à quelqu'un de ses amis,
+trahi par lui<a id="FNanchor_108" href="#Footnote_108" class="fnanchor">[108]</a>.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_108" href="#FNanchor_108" class="label">[108]</a> Non sans courage,—il est des réhabilitations difficiles—un
+descendant de Brunyer, l'ancien médecin de Gaston,
+M. J. de Pétigny, de l'Institut, protesta dans une lettre à la
+<i>France Centrale</i> (9 juin 1864), contre la sévérité de ce jugement.</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Toutes ces figures, et Henri III, et le duc de Guise,
+et d'autres, y compris ce Pierre-de-Blois<a id="FNanchor_109" href="#Footnote_109" class="fnanchor">[109]</a>, qui a pour
+gloire d'avoir prononcé le premier le mot <i>transsubstantiation</i>,
+je les ai revues, Monsieur, dans la confuse
+évocation de l'histoire, en feuilletant votre précieux
+recueil. Votre fontaine de Louis XII m'a arrêté
+longtemps. Vous l'avez reproduite comme je l'ai vue,
+toute vieille, toute jeune, charmante. C'est une de
+vos meilleurs planches. Je crois bien que la <i>Rouennerie
+en gros</i>, constatée par vous, vis-à-vis l'hôtel
+d'Amboise, était déjà là de mon temps<a id="FNanchor_110" href="#Footnote_110" class="fnanchor">[110]</a>. Vous avez<span class="pagenum" id="Page_156">[Pg 156]</span>
+un talent vrai et fin, le coup d'œil qui saisit, le style
+la touche ferme, agile et forte, beaucoup de naïveté,
+et ce don rare de la lumière dans l'ombre. Ce qui
+me frappe et me charme dans vos eaux-fortes, c'est
+le grand jour, la gaieté, l'aspect souriant, cette joie
+du commencement qui est toute la grâce du matin.
+Des planches sont baignées d'aurore. C'est bien là
+Blois, mon Blois à moi, ma ville lumineuse. Car la
+première impression de l'arrivée m'est restée. Blois
+est pour moi radieux. Je ne vois Blois que dans le
+soleil levant. Ce sont là des effets de jeunesse et de
+patrie.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_109" href="#FNanchor_109" class="label">[109]</a> Pierre de Blois, né dans le faubourg de Vienne, vers 1130.
+Après avoir étudié le droit à Bologne et la théologie à Paris,
+fut tour à tour, en Angleterre, où il mourut en disgrâce vers
+1200, secrétaire et confident de Henri II Plantagenet et chancelier
+de l'archevêque de Cantorbéry, qui lui conféra l'archidiaconé
+de Bath.</p>
+
+<p>Les lettres qu'il a laissées sont, au dire des biographes, pleines
+de jugements satiriques et violents sur ses contemporains.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_110" href="#FNanchor_110" class="label">[110]</a> Une plaque de cuivre gravé a ramené cette inscription à
+des proportions plus modestes.</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je me suis laissé aller à causer longuement avec
+vous Monsieur, parce que vous m'avez fait plaisir.
+Vous m'avez pris par mon faible, vous avez touché
+le coin sacré des souvenirs. J'ai quelquefois de la
+tristesse amère, vous m'avez donné de la tristesse
+douce. Être doucement triste, c'est là le plaisir. Je
+vous en suis reconnaissant. Je suis heureux qu'elle
+soit bien conservée, si peu défaite, et si pareille encore
+à ce que je l'ai vue il y a quarante ans, cette
+ville à laquelle m'attache cet invisible écheveau des
+fils de l'âme, impossible à rompre, ce Blois qui m'a
+vu adolescent, ce Blois où les rues me connaissent,
+où une maison m'a aimé, et où je viens de me promener
+en votre compagnie, cherchant les cheveux
+blancs de mon père et trouvant les miens.</p>
+
+<p>Je vous serre la main, Monsieur.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">Victor Hugo.</span><br />
+</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_157">[Pg 157]</span></p>
+
+<p>Publiée d'abord dans la <i>Gazette des Beaux-Arts</i><a id="FNanchor_111" href="#Footnote_111" class="fnanchor">[111]</a>,
+la <i>Presse</i> et la <i>France Centrale</i><a id="FNanchor_112" href="#Footnote_112" class="fnanchor">[112]</a>, souvent
+reproduite depuis, cette lettre fixe au 17 avril
+1825 l'arrivée de Victor Hugo à Blois.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_111" href="#FNanchor_111" class="label">[111]</a> <i>Gazette des Beaux-Arts</i>, juin 1864.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_112" href="#FNanchor_112" class="label">[112]</a> <i>La France Centrale</i>, 2 juin 1864.</p>
+
+</div>
+
+<p>Le commissionnaire essoufflé remettant au
+poète «la grande lettre cachetée de rouge qui
+venait d'arriver chez lui et que son beau-père
+lui envoyait en toute hâte» de <i>Victor Hugo
+raconté par un Témoin de sa Vie</i> risque donc
+fort d'appartenir à la légende.</p>
+
+<p>C'est dommage, car nous y perdons cette jolie
+scène.</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>A Blois, le général était à la descente de la voiture.
+Victor Hugo, sachant le plaisir qu'il ferait à son
+père, lui tendit aussitôt son brevet et lui dit:</p>
+
+<p>—Tiens, ceci est pour toi.</p>
+
+<p>Le général, charmé en effet, garda le brevet et,
+en échange détacha de sa boutonnière son ruban
+rouge<a id="FNanchor_113" href="#Footnote_113" class="fnanchor">[113]</a> qu'il mit à celle de son fils<a id="FNanchor_114" href="#Footnote_114" class="fnanchor">[114]</a>.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_113" href="#FNanchor_113" class="label">[113]</a> Le général était officier de la Légion d'honneur du 14 février
+1815.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_114" href="#FNanchor_114" class="label">[114]</a> <i>Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie</i>, tome II,
+p. 83.</p>
+
+</div>
+
+<p>Le 29 avril seulement, le <i>Moniteur</i> annonçait
+la distinction dont Lamartine et Victor Hugo
+venaient d'être l'objet:</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_158">[Pg 158]</span></p>
+
+<p>«Le Roi vient de nommer MM. Alphonse de
+Lamartine et Victor Hugo, chevaliers de la Légion
+d'honneur<a id="FNanchor_115" href="#Footnote_115" class="fnanchor">[115]</a>.»</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_115" href="#FNanchor_115" class="label">[115]</a> <i>Moniteur Universel</i>, nº 119, vendredi 29 avril 1825, partie
+non officielle.</p>
+
+</div>
+
+<p>Le 12 mai suivant, le nouveau chevalier n'avait
+encore ni croix, ni papiers<a id="FNanchor_116" href="#Footnote_116" class="fnanchor">[116]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_116" href="#FNanchor_116" class="label">[116]</a> Lettre écrite de la Miltière à M. Foucher, le 12 mai 1825.</p>
+
+</div>
+
+<p>Ce Roi qui, par ordonnance spéciale, venait
+de décorer deux poètes, n'était plus Louis XVIII,
+mort le 16 septembre 1824, à 4 heures du matin,
+mais le comte d'Artois, devenu Charles X.</p>
+
+<p>Non content d'accorder à Victor Hugo l'étoile
+au centre de laquelle un Henri IV barbu avait
+remplacé le masque consulaire, le Roi l'invitait
+à son sacre.</p>
+
+<p>Cette «marque d'honneur» était bien due au
+chantre, alors si fidèle, des Bourbons. Il y fut
+très sensible, et les lettres qu'il écrivit alors de
+Blois témoignent du plaisir qu'il en ressentit.</p>
+
+<p>La <i>Correspondance</i> de Victor Hugo nous en
+fournit le texte. Il complète heureusement celui
+dont la bibliothèque de Blois conserve les originaux.</p>
+
+<p>Dès le 27 avril, aussitôt ces importantes nouvelles
+reçues, Victor écrit à Soulié, au bon
+Soulié, non pas l'auteur du <i>Lion Amoureux</i>,<span class="pagenum" id="Page_159">[Pg 159]</span>
+mais Augustin Soulié, le rédacteur à la <i>Quotidienne</i><a id="FNanchor_117" href="#Footnote_117" class="fnanchor">[117]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_117" href="#FNanchor_117" class="label">[117]</a> Jean-Baptiste-Augustin Soulié, né à Castres en 1780, mort
+à Paris en 1845. Après avoir fondé et dirigé à Bordeaux: le
+<i>Mémorial bordelais</i>, la <i>Ruche d'Aquitaine</i> et la <i>Ruche politique</i>
+il vint, en 1828, se fixer à Paris, où il collabora activement à
+la <i>Quotidienne</i>.</p>
+
+<p>Paul Lacroix lui attribue les articles signés d'un S. parus
+dans le <i>Conservateur littéraire</i>. Ils semblent plutôt devoir
+être attribués à J.-B. Biscarrat.</p>
+
+<p>Nommé conservateur à la Bibliothèque de l'Arsenal, A. Soulié
+a laissé une édition assez estimée des <i>Poésies de Charles
+d'Orléans</i>.</p>
+
+</div>
+
+<p>Le poète ne cache ni sa joie, ni sa reconnaissance
+pour ses protecteurs.</p>
+
+<p class="indent2">
+A Monsieur J.-B. Soulié, hôtel de Hollande,<br />
+rue Neuve-des-Bons-Enfants, à Paris.<br />
+<br />
+<br />
+Blois, 27 avril 1825, matin.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Savez-vous, mon bon Soulié, que les grâces royales
+pleuvent sur moi, au moment où je viens à Blois
+me faire hermite? Le Roi me nomme chevalier de la
+Légion d'honneur, et me fait l'insigne honneur de
+m'inviter à son sacre. Vous allez vous réjouir, vous
+qui m'aimez, et je vous assure que le plaisir que
+cette nouvelle vous fera augmente beaucoup ma propre
+satisfaction. Il y a entre nous une telle fraternité
+de sentiments et d'opinions, qu'il me semble que<span class="pagenum" id="Page_160">[Pg 160]</span>
+ma croix est la vôtre, comme la vôtre serait la
+mienne.</p>
+
+<p>Ce qui accroît beaucoup le prix de cette croix à
+mes yeux, c'est que je l'obtiens avec Lamartine, par
+ordonnance spéciale qui ne nomme que nous deux,
+attendu, a dit le Roi, qu'il s'agit de réparer une
+omission. Ces deux décorations ne comptent pas dans
+le nombre donné au sacre.</p>
+
+<p>Ce qui ajoute aussi un grand charme à mon voyage
+de Reims, c'est l'espérance de le faire avec notre
+Charles Nodier<a id="FNanchor_118" href="#Footnote_118" class="fnanchor">[118]</a>, auquel j'ai écrit hier, pour qu'il
+s'arrange de manière à m'avoir pour compagnon. Je
+dois ajouter à tout ceci que M. de La Rochefoucauld
+a été charmant, dans cette circonstance, pour Lamartine
+et moi. Il est impossible de s'effacer plus complètement
+pour laisser au Roi toute la reconnaissance,
+de mettre plus de grâce et de délicatesse dans ses<span class="pagenum" id="Page_161">[Pg 161]</span>
+rapports avec nous. C'est à lui que nous devons nos
+croix et c'est lui qui nous remercie. Je dois cette
+justice haute et entière à un homme qui ne l'obtient
+pas toujours<a id="FNanchor_119" href="#Footnote_119" class="fnanchor">[119]</a>.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_118" href="#FNanchor_118" class="label">[118]</a> «Notre Charles Nodier»! Il faut lire le jugement que portait
+sur lui, dans une lettre à Albert Stapfer, Prosper Mérimée,
+son successeur à l'Académie, qui venait de terminer non sans
+peine, il est à croire, le discours de réception au cours duquel
+les usages académiques le forçaient à faire son éloge:</p>
+
+<p>«Il m'a fallu lire les œuvres complètes de Nodier, y compris
+<i>Jean Sbogar</i>. C'était un gaillard très taré qui faisait le bonhomme
+et avait toujours la larme à l'œil. Je suis obligé de
+dire, dès mon exorde, que c'était un infâme menteur. Cela
+m'a fort coûté à dire en style académique. Enfin, vous entendrez
+ce morceau, si je ne crève pas de peur en le lisant».
+(<i>Prosper Mérimée; l'homme, l'écrivain, l'artiste.</i> Paris, <i>Journal
+des Débats</i>, 1907, in-8º. Lettre du 16 octobre 1844, p. 101).</p>
+
+<p>L'article de Charles Nodier sur <i>Han d'Islande</i>, paru dans la
+<i>Quotidienne</i>, en 1823, l'avait mis en rapport avec Victor Hugo
+et leurs relations n'avaient point tardé à tourner à l'intimité.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_119" href="#FNanchor_119" class="label">[119]</a> Le vicomte Sosthènes de la Rochefoucauld. Son passage à la
+direction des Beaux-Arts fut surtout marqué par l'allongement
+momentané qu'il fit subir, à l'Opéra, aux jupes des danseuses
+et par les feuilles de vigne en papier dont il gratifia, au Louvre,
+les nudités des statues.</p>
+
+<p>Sa haine du nu souffrait, sans doute, en dehors de ses fonctions,
+des accommodements: à entendre Horace de Viel Castel,
+il n'aurait pas été sans consoler Zoé du Cayla des amours par
+trop pures de Louis XVIII.</p>
+
+<p>Le vicomte de la Rochefoucauld fut,—lui aussi,—l'objet
+de mystifications sans nombre, auxquelles le <i>Mercure de France</i>
+ne demeura pas toujours étranger.</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je vais donc vous revoir, cher ami, et il me faut
+cette espérance pour apporter quelque adoucissement
+au chagrin de quitter mon Adèle pour la première
+fois. Dites tout cela à ceux de nos bons amis auxquels
+je n'aurai pas le temps d'écrire.</p>
+
+<p>Votre canif est beau et excellent; votre dessin est
+d'une bizarrerie charmante. Merci mille fois, et merci
+surtout de votre franche et tendre amitié.</p>
+
+<p>Personne ne vous aime plus que moi.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">Victor<a id="FNanchor_120" href="#Footnote_120" class="fnanchor">[120]</a>.</span><br />
+</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_120" href="#FNanchor_120" class="label">[120]</a> <span class="smcap">Victor Hugo</span>: <i>Correspondance</i>, 1815-1835, pp. 219-220.</p>
+
+</div>
+
+<p>Le lendemain c'est le tour d'Alfred de Vigny,
+«Vigny qu'on avait oublié dans cette cérémonie
+malgré ses titres de noblesse et les autres»<a id="FNanchor_121" href="#Footnote_121" class="fnanchor">[121]</a>,<span class="pagenum" id="Page_162">[Pg 162]</span>
+et, à la satisfaction du jeune légionnaire se
+mêlent de jolies notes sur Blois.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_121" href="#FNanchor_121" class="label">[121]</a> <span class="smcap">Léon Séché</span>: <i>Alfred de Vigny et son temps</i>, p. 113.</p>
+
+<p>«Il est vrai que ce fils de royalistes, cet officier de la garde
+royale, n'avait été inspiré ni par la mort du duc de Berry, ni
+par celle de Louis XVIII, ni par la naissance du duc de Bordeaux.
+Un jour, trente ans plus tard, on lui demanda de faire
+une poésie sur la naissance du prince impérial. Il répondit
+qu'il n'avait jamais su faire ces choses-là.» (<i>Ibid.</i>, en note.)</p>
+
+</div>
+
+<p class="indent2">
+A Monsieur le comte Alfred de Vigny,<br />
+rue Richepanse, Paris.<br />
+<br />
+Blois, 28 avril 1825.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Il ne faut pas, cher Alfred, que vous appreniez
+d'un autre que moi les faveurs inattendues qui sont
+venues me chercher dans la retraite de mon père.
+Le Roi me donne la croix et m'invite à son sacre.
+Réjouissez-vous, vous qui m'aimez, de cette nouvelle;
+car je repasserai à Paris en allant à Reims, et je
+vous embrasserai.</p>
+
+<p>Je compte faire le voyage avec notre Nodier, auquel
+je viens d'écrire. Vous nous manquerez.</p>
+
+<p>Tous les honneurs, du reste, portent leur épine
+avec eux. Ce voyage me force à quitter pour quinze
+éternels jours cette Adèle que j'aime comme vous
+aimez votre Lydia<a id="FNanchor_122" href="#Footnote_122" class="fnanchor">[122]</a>, et il me semble que cette première
+séparation va me couper en deux.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_122" href="#FNanchor_122" class="label">[122]</a> Miss Lydia de Bunbury que le poète avait rencontrée en
+1824, à Pau, où il était en garnison et où il l'avait épousée le
+3 février 1825.</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Vous me plaindrez, mon ami, car vous aimez
+comme moi.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_163">[Pg 163]</span></p>
+
+<p>Je suis ici, en attendant mon nouveau départ, dans
+la plus délicieuse ville qu'on puisse voir. Les rues et
+les maisons sont noires et laides, mais tout cela est
+jeté pour le plaisir des yeux sur les deux rives de
+cette belle Loire; d'un côté un amphithéâtre de jardins
+et de ruines, de l'autre une plaine inondée de
+verdure. A chaque pas un souvenir.</p>
+
+<p>La maison de mon père est en pierres de taille
+blanches, avec des contrevents verts comme ceux
+que rêvait J.-J. Rousseau; elle est entre deux jardins
+charmants, au pied d'un coteau, entre l'arbre de
+Gaston et les clochers de Saint-Nicolas. L'un de ces
+clochers n'a point été achevé et tombe en ruine<a id="FNanchor_123" href="#Footnote_123" class="fnanchor">[123]</a>.
+Le temps le démolit avant que l'homme l'ait bâti.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_123" href="#FNanchor_123" class="label">[123]</a> Restauré une première fois sous le règne de Louis-Philippe,
+ce clocher a été complètement refait ces dernières années.</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Voilà tout ce que je vais quitter pour quinze jours,
+et mon vieux et excellent père et ma bien-aimée
+femme par-dessus tout. Mais je vous reverrai un instant,
+et il y a tant de consolations dans la vue d'un ami.</p>
+
+<p>Adieu, cher Alfred, mille hommages à votre chère
+Lydia. Avez-vous terminé votre formidable <i>Enfer</i><a id="FNanchor_124" href="#Footnote_124" class="fnanchor">[124]</a>?
+C'est une page de Dante, c'est un tableau de Michel-Ange,
+le triple génie.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_124" href="#FNanchor_124" class="label">[124]</a> Il faut comprendre, sans doute, votre <i>Satan</i>.</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_164">[Pg 164]</span></p><div class="blockquot">
+
+<p>Embrassez bien pour moi Émile<a id="FNanchor_125" href="#Footnote_125" class="fnanchor">[125]</a>, Soumet,
+Jules<a id="FNanchor_126" href="#Footnote_126" class="fnanchor">[126]</a>, Guiraud<a id="FNanchor_127" href="#Footnote_127" class="fnanchor">[127]</a> et d'Hendicourt et tous nos amis,
+auxquels j'écrirai dès que j'aurai quelque loisir.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_125" href="#FNanchor_125" class="label">[125]</a> Émile Deschamps, né à Bourges en 1791, mort à Versailles,
+en 1871. L'un des premiers adeptes du Romantisme. Il fut un
+des fondateurs de la <i>Muse française</i> de Victor Hugo, dont il
+demeura l'ami, collabora aux <i>Annales de la Littérature et des
+Arts</i>, au <i>Mercure du XIX<sup>e</sup> siècle</i>, etc.
+Poésie, drame, roman, études historiques et littéraires,
+Émile Deschamps embrassa un peu tous les genres. Ses œuvres
+complètes ont été publiées en six volumes, chez Lemerre
+(1872-1894).</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_126" href="#FNanchor_126" class="label">[126]</a> Jules Lefèvre-Deumier (1797-1857), lié d'amitié avec
+Alexandre Soumet, entra avec lui dans le mouvement romantique
+et collabora au <i>Conservateur littéraire</i> et à la <i>Muse française</i>.
+Ses vers se ressentent fort de l'influence de Byron qu'il
+imita en allant combattre pour la délivrance de la Pologne.
+Fait prisonnier par les Autrichiens, il devint, après son
+retour en France, bibliothécaire du prince Louis-Napoléon,
+puis de l'Élysée et des Tuileries.</p>
+
+<p>Jules Lefèvre n'était pas, comme poète, sans valeur (<i>le Parricide</i>,
+1823; <i>le Clocher de Saint-Marc</i>, 1826; <i>Ode sur la mort
+du général Foy</i>, 1826; <i>les Confidences</i>, 1833). Il a laissé en
+outre des romans qui eurent quelques succès: <i>Sir Lionel
+d'Arquenay</i> (1834), <i>les Martyrs d'Arezzo</i> (1836).</p>
+
+<p>Il fut un moment co-propriétaire de l'<i>Artiste</i> avec Arsène
+Houssaye.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_127" href="#FNanchor_127" class="label">[127]</a> Pierre-Marie-Thérèse-Alexandre, baron Guiraud (1788-1847).
+Un des fondateurs de la <i>Muse française</i> où il rendit
+compte des <i>Mémoires du général Hugo</i> (tome I, p. 198) et où
+il publia un véritable manifeste littéraire: <i>Nos Doctrines</i> (t. II,
+nº 7). Collabora également aux <i>Annales de la Littérature et des
+Arts</i> et au <i>Mercure du XIX<sup>e</sup> siècle</i>.</p>
+
+<p>Avait eu un drame, <i>les Macchabées</i>, joué, en 1822, à l'Odéon;
+d'autres suivirent: <i>le comte Julien</i> (1823), <i>Pharamond</i>, en
+collaboration avec Ancelot (1825), <i>Virginie</i> (1827).</p>
+
+<p>Assidu du salon de M<sup>me</sup> Ancelot (Marguerite Chardon), Guiraud
+aimait à y réciter les vers un peu pleurards qui devaient
+former ses <i>Élégies savoyardes</i> (Ponthieu, 1823). Il a publié, en
+outre, <i>Poèmes et Chants élégiaques</i> (Boulland, 1824), des <i>Poésies
+dédiées à la jeunesse</i> (Dondey-Dupré, 1836) et deux forts
+volumes assez justement oubliés, imprimés à Limoux, sa ville
+natale: <i>Philosophie catholique de l'Histoire</i> (Boute, 1839-1841).</p>
+
+<p>Le baron Guiraud faisait depuis 1826 partie de l'Académie
+française.</p>
+
+<p>Cf. <span class="smcap">Léon Séché</span>: <i>Le Cénacle de la Muse française</i>.</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_165">[Pg 165]</span></p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je suis encore ici pour trois semaines. Vous
+m'écrirez vite, n'est-ce pas?</p>
+
+<p>Mille respects de ma part à Madame votre mère<a id="FNanchor_128" href="#Footnote_128" class="fnanchor">[128]</a>.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_128" href="#FNanchor_128" class="label">[128]</a> <span class="smcap">Victor Hugo</span>: <i>Correspondance</i>, 1815-1835, p. 221-222.</p>
+
+</div>
+
+<p>Rues et maisons noires et laides, «tout cela
+est jeté pour le plaisir des yeux». Voilà, pour
+les Blaisois, s'il en était besoin, de quoi faire
+pardonner au poète les deux vers du comte de
+Gassé.</p>
+
+<div class="poetry-container">
+<div class="poetry">
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0">Regardez.—Tout est laid, tout est vieux, tout est mal.</div>
+ <div class="verse indent0">Ces clochers même ont l'air gauche et provincial<a id="FNanchor_129" href="#Footnote_129" class="fnanchor">[129]</a>.</div>
+ </div>
+</div>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_129" href="#FNanchor_129" class="label">[129]</a> <i>Marion Delorme</i>, acte II, scène I.</p>
+
+</div>
+
+<p>Au reste, Victor Hugo a suffisamment magnifié
+Blois, voire les clochers de Saint-Nicolas,
+pour que cette boutade ne puisse inspirer qu'un
+sourire et rien plus.</p>
+
+<p>De Blois, il écrivit encore au baron d'Eckstein<a id="FNanchor_130" href="#Footnote_130" class="fnanchor">[130]</a>,
+pour lui recommander le <i>Résumé de L'Histoire
+de Russie</i>, du pauvre Alphonse Rabbe;<span class="pagenum" id="Page_166">[Pg 166]</span>
+puis, le 7 mai, à la veille d'en partir, ce fut
+cette lettre, jolie et intéressante, à Adolphe de
+Saint-Valry<a id="FNanchor_131" href="#Footnote_131" class="fnanchor">[131]</a>, son ami d'enfance:</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_130" href="#FNanchor_130" class="label">[130]</a> Ferdinand d'Eckstein, né à Altona, en 1790, mort à Paris
+en 1861. Après avoir servi contre la France, suivit Louis XVIII
+et s'attacha à sa fortune. Successivement commissaire central
+à Marseille, inspecteur général au ministère de la police, historiographe
+à celui des Affaires étrangères et enfin créé baron.</p>
+
+<p>Après avoir collaboré aux <i>Annales de la Littérature et des
+Arts</i>, auxquelles il donna des articles politiques, historiques
+et de littérature étrangère, le baron d'Eckstein, fonda en 1826,
+le <i>Catholique</i>.</p>
+
+<p>Rendu à la vie privée par la Révolution de juillet il a exprimé,
+avec talent, dans nombre d'ouvrages, son loyalisme.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_131" href="#FNanchor_131" class="label">[131]</a> Adolphe Souillard, plus connu sous le nom d'Adolphe de
+Saint-Valry (1802-1862), né la même année que Victor Hugo,
+était pour lui un ami d'enfance, car son père avait servi sous
+les ordres du général. Après avoir collaboré au <i>Conservateur
+littéraire</i>, Adolphe de Saint-Valry,—il donnait comme Jules
+Lefèvre et Jules de Rességuier les plus belles espérances,—était
+passé aux <i>Annales de la Littérature et des Arts</i>, où l'honneur
+lui fut imparti de rendre compte des <i>Odes et poésies diverses</i>
+de V. Hugo.</p>
+
+<p>Je ne puis reproduire le morceau dans son entier, il ferait
+longueur, mais la date où ces lignes furent écrites (1822, tome
+VII) leur donne trop de saveur pour que je puisse ne point
+les citer:</p>
+
+<p>«Nous ne savons à quelle fatalité attribuer le silence des
+journaux quotidiens à son égard; est-ce que par hasard la
+supériorité d'un écrivain aussi jeune que M. Victor Hugo donnerait
+de l'ombrage et du souci à quelques hommes de lettres
+en crédit? Ce serait là un sentiment bien bas, mais au reste
+bien digne d'un siècle essentiellement jaloux et dépréciateur;
+car, de nos jours dans le compte que l'on rend des meilleurs
+ouvrages, il règne habituellement une certaine réserve cauteleuse,
+assez proche parente de l'envie et de la médiocrité.
+Heureusement pour M. V. Hugo, une édition épuisée sans
+annonce, les éloges et l'amitié si honorables de M. de Chateaubriand
+et de M. de Lamennais sont une fort belle compensation.»</p>
+
+<p>Que l'on veuille se souvenir que le poète et le critique
+n'avaient pas à eux deux, plus de quarante ans.</p>
+
+<p>Adolphe de Saint-Valry fut un des sept fondateurs de la
+<i>Muse française</i>, avec Émile Deschamps, Guiraud, Soumet,
+Victor Hugo, Alfred de Vigny et Desjardins. (Ce Desjardins,
+doit être l'auteur d'un drame «en cinq coupes d'amertume»,
+<i>Semiramis la Grande</i>, dont les lecteurs de l'<i>Intermédiaire</i>
+n'ignorent pas le titre. Il semble avoir été professeur libre et
+avoir collaboré à la <i>Tribune</i> de Germain Sarrut. C'est, parmi
+les Romantiques de la première heure, un des plus inconnus.)</p>
+
+<p>Il prit une part active, en l'absence de Guiraud, à la préparation
+du premier numéro, qui parut le 28 juillet 1823 sous la
+date du 15, et, quand, après douze numéros, la <i>Muse</i> disparut,
+le 15 juin 1824, survivant à peine huit jours à la disgrâce de
+Chateaubriand, dont le grand public ignora longtemps les
+causes, ou tout au moins l'une d'entre elles, ce fut Saint-Valry,
+qui, non sans esprit et sans courage, traça le portrait d'Auguste,
+l'ami hier tout puissant, aujourd'hui ministre révoqué, «car il
+est doux de rendre hommage à la vertu et au courage d'un
+homme de bien, et peut-être n'est-il pas encore défendu d'accompagner
+jusqu'aux portes de Rome Cicéron partant pour
+l'exil».</p>
+
+<p>En vérité, Saint-Valry donnait mieux, là, que des espérances,
+et, en dehors de leur amitié, l'on comprend en quelle singulière
+estime le pouvait tenir Hugo qui avait souvent été son hôte
+à Montfort-l'Amaury, dont ils ont, l'un et l'autre, chanté les
+ruines. (<i>Odes et Ballades</i>, Odes Livre V, Ode XVII; <i>Les Annales
+romantiques</i>, 1826.)</p>
+
+<p>On doit à Adolphe de Saint-Valry un roman, publié en 1836:
+<i>M<sup>me</sup> de Mably</i>.</p>
+
+<p>Cf. Ch.-M. <span class="smcap">Des Granges</span>: <i>La Presse littéraire sous la Restauration.</i>—<span class="smcap">Léon
+Séché</span>: <i>Le Cénacle de la Muse française</i>.—<i>L'Intermédiaire
+des Chercheurs et Curieux</i>, 1893.</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_167">[Pg 167]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+A Adolphe de Saint-Valry.<br />
+<br />
+Blois, 7 mai 1825.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Oui, mon ami, de cette ville historique et pittoresque,
+je tournerai bien souvent mes regards vers Paris
+et Montfort, et le château de Blois ne me fera point
+oublier Saint-Laurent. J'ai passé là en août 1821, des<span class="pagenum" id="Page_168">[Pg 168]</span>
+moments bien doux et votre excellente mère m'y a
+fait presque oublier pendant huit jours l'admirable
+mère que je venais de perdre.</p>
+
+<p>Je vous remercie des nouvelles que vous me donnez.
+Je suis charmé que le bon Jules Lefèvre vous
+doive la vente de son <i>Clocher de Saint-Marc</i>. C'est un
+homme d'un vrai talent, et il ne manque à ce talent
+qu'un succès.</p>
+
+<p>Rien de tout cela ne vous manque à vous, mon
+cher ami, et vous avez tort de désespérer de vous-même;
+il faut que votre poème se vende, et il se vendra.
+Entre le talent et le public, le traité est bientôt
+fait.</p>
+
+<p>On me dit ici que l'on dit là-bas que j'ai fait abjuration
+de mes <i>hérésies littéraires</i>, comme notre grand
+poète Soumet. Démentez le fait bien haut partout où
+vous serez, vous me rendrez service.</p>
+
+<p>J'ai visité hier Chambord. Vous ne pouvez vous figurer
+comme c'est singulièrement beau. Toutes les
+magies, toutes les poésies, toutes les <i>folies</i> mêmes
+sont représentées dans l'admirable bizarrerie de ce
+palais de fées et de chevaliers. J'ai gravé mon nom
+sur le faîte de la plus haute tourelle<a id="FNanchor_132" href="#Footnote_132" class="fnanchor">[132]</a>; j'ai emporté<span class="pagenum" id="Page_169">[Pg 169]</span>
+un peu de pierre et de mousse de ce sommet, et un
+morceau de châssis de la croisée sur laquelle François
+I<sup>er</sup> a inscrit les deux vers:</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_132" href="#FNanchor_132" class="label">[132]</a> Marie-Caroline, duchesse de Berry, devait suivre ce mauvais
+exemple, le 18 juin 1828, lors de sa visite à Chambord.
+(<i>Relation du voyage de S.A.R. Madame, Duchesse de Berry, dans
+la Touraine, l'Anjou, la Bretagne, la Vendée, et le Midi de la
+France en 1828</i>; par M. le vicomte <span class="smcap">Walsh</span>. (Paris, Hiver, 1829,
+tome I, p. 24.) Il faut lire dans les mémoires d'Horace de Viel
+Castel comment il traite ce «Walsh d'Irlande».</p>
+
+<p>Sur Chambord, cf. <span class="smcap">L. de la Saussaye</span>: <i>Le château de Chambord</i>,
+8<sup>e</sup> édit. Lyon, Perrin, 1859, in-8º, de VII; 137 pp.</p>
+
+</div>
+
+<div class="poetry-container">
+<div class="poetry">
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0">Souvent femme varie</div>
+ <div class="verse indent0">Bien fol est qui s'y fie</div>
+ </div>
+</div>
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Ces deux reliques me sont précieuses.</p>
+
+<p>Adieu, mon ami, vous savez que le roi m'invite à
+son sacre. Je serai à Paris vers le 29, et je vous embrasserai.</p>
+
+<p>L'amitié d'un homme comme vous est douce et
+inappréciable.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+<span class="smcap">Victor<a id="FNanchor_133" href="#Footnote_133" class="fnanchor">[133]</a>.</span><br />
+</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_133" href="#FNanchor_133" class="label">[133]</a> <span class="smcap">Victor Hugo</span>: <i>Correspondance</i>, 1815-1835, pp. 48-49.</p>
+
+</div>
+
+<p>Le lendemain ou le surlendemain, le général
+emmenait ses hôtes passer quelques jours à la
+Miltière, la propriété qu'il possédait en Sologne<a id="FNanchor_134" href="#Footnote_134" class="fnanchor">[134]</a>,<span class="pagenum" id="Page_170">[Pg 170]</span>
+d'où, après avoir écrit de façon plaisante à son
+jeune beau-frère, Paul Foucher<a id="FNanchor_135" href="#Footnote_135" class="fnanchor">[135]</a>, le 9 ou le
+10 mai, il adressait, le 12, cette lettre plus sérieuse
+à son beau-père.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_134" href="#FNanchor_134" class="label">[134]</a> Par acte passé devant M<sup>e</sup> Pardessus, notaire à Blois, le
+12 décembre 1823, le général Hugo, avait acquis au prix de
+31.000 francs cette petite propriété située communes de Pruniers
+et de Lassay (Loir-et-Cher) avec la locature de Laudinière.
+«Elle consistait d'après l'acte, en: maison de maître, grange,
+cénacles, un enclos appelé le parc de la Miltière, distribué en
+jardins anglais et entouré de fossés, contenant environ 5 hectares
+de terre, prés et taillis.» (L. B.)</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_135" href="#FNanchor_135" class="label">[135]</a> <i>Correspondance</i>, pp. 50-51.</p>
+
+<p>Né en 1818 et mort en 1875, Paul-Henri Foucher devait être
+en 1828 le collaborateur de son beau-frère dans le drame d'<i>Amy
+Robsart</i>. Drames, opéras, ballets, romans, chroniques, Paul
+Foucher a un peu affronté tous les genres et l'on ne doit pas
+oublier ses intéressantes correspondances parisiennes adressées
+à l'<i>Indépendance belge</i>.</p>
+
+<p>Alfred de Musset semble avoir lié à jamais son nom à celui
+de Mélanie Waldor:</p>
+
+<div class="poetry-container">
+<div class="poetry">
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0">Quand Madame Waldor à Paul Foucher s'accroche,</div>
+ <div class="verse indent0">Montrant le tartre de ses dents...</div>
+ </div>
+</div>
+</div>
+
+
+</div>
+
+<p>Il ne s'agit pas dans celle-ci de baccalauréat
+ou des jeux du soleil à travers le lierre tapissant
+«une salle de verdure attenante à la Miltière».</p>
+
+<p>Le sacre approche, Victor n'a reçu encore ni
+sa croix de la Légion d'honneur, ni les papiers
+la concernant. Il craint «de ne pouvoir porter
+la décoration au sacre, ce qui serait inconvenant».
+Il prie son beau-père de vouloir bien
+passer à la chancellerie pour stimuler un peu
+l'apathie des bureaux.</p>
+
+<p>Puis, ce sont les 350 francs demandés à Reims
+pour une chambre,—la province est sans pitié
+quand elle a occasion d'écorcher quelques<span class="pagenum" id="Page_171">[Pg 171]</span>
+Parisiens,—et si ce n'est tout à fait le chapitre
+des chapeaux, c'est tout au moins celui du
+tailleur et du chapelier. Du protocole presque.</p>
+
+<p class="indent2">
+La Miltière, 12 mai 1825.<br />
+<br />
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Le messager envoyé par mon père à Blois est de
+retour. Il nous rapporte l'aimable lettre de maman à
+son Adèle, que nous avons lue en famille et une lettre
+fort cordiale de Victor Foucher<a id="FNanchor_136" href="#Footnote_136" class="fnanchor">[136]</a>, qui nous fait
+aussi beaucoup de plaisir. Nous nous attendions également
+à recevoir la croix de la Légion d'honneur et les
+papiers, etc., que vous nous avez annoncés pour le
+commencement de cette semaine. Notre espérance
+est frustrée de ce côté, et mon père désirerait que
+vous eussiez la bonté de passer encore une fois à la
+Légion, pour presser cet envoi. Car ma place est
+retenue pour le 19 au matin, et si nous ne recevions
+pas tout cela au moins le 18, je courrais grand risque
+de ne pouvoir porter la décoration au sacre, ce
+qui serait inconvenant.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_136" href="#FNanchor_136" class="label">[136]</a> Victor-Adrien Foucher, beau-frère de Victor Hugo, né
+comme lui, en 1802, mort en 1866. Magistrat, Victor Foucher
+a dirigé de 1833 à 1862 la <i>Collection des lois civiles et criminelles
+des États modernes</i> et a laissé en outre, un certain
+nombre d'ouvrages et de brochures d'un caractère juridique.</p>
+
+<p>Paul Lacroix attribue à Victor Foucher vingt articles, signés
+F., du <i>Conservateur littéraire</i>.</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_172">[Pg 172]</span></p><div class="blockquot">
+
+<p>Je sens, mon excellent père, combien je vous
+donne de peines, et je suis pénétré d'une vive reconnaissance
+de toutes vos bontés. La lettre de maman
+Foucher est bonne comme elle: elle est remplie de
+détails qui nous intéressent. Nous sommes enchantés
+des progrès de Juju<a id="FNanchor_137" href="#Footnote_137" class="fnanchor">[137]</a> autant que de Didine<a id="FNanchor_138" href="#Footnote_138" class="fnanchor">[138]</a>; quand
+nous serons de retour à Paris ces deux enfants
+seront l'objet de nos curiosités réciproques, et nous
+aurons de longs récits à nous faire.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_137" href="#FNanchor_137" class="label">[137]</a> Julie Foucher, la toute jeune sœur d'Adèle Hugo, mariée
+plus tard au graveur Paul Chenay (1818-1906) auteur d'un volume
+de souvenirs intimes: <i>Victor Hugo à Guernesey</i>.</p>
+
+<p>(Paris, Juven, S. D. in-12), de 296 pp.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_138" href="#FNanchor_138" class="label">[138]</a> Léopoldine Hugo.</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Voudriez-vous encore ajouter à tous vos soins
+paternels celui de payer nos contributions dont le
+papier a été remis à maman. Nous vous rembourserons
+cette petite somme.</p>
+
+<p>Maman nous apprend que la chambre à Reims est
+louée 350 francs et qu'on cherche une quatrième
+personne. Est-ce pour la voiture ou pour le logement?
+Vous me disiez dans votre dernière que Beauchêne
+s'occupait de la fabrication de mon habit.
+Comment a-t-il eu ma mesure? Il faudra sans doute
+les culottes, bas, souliers à boucles, épée d'acier,
+chapeau à galon d'acier et plumes. En quel métal
+doivent être les boucles de la culotte et des souliers?
+Faudra-t-il les jabots et les manchettes?</p>
+
+<p>Parlez de nous à la bonne M<sup>me</sup> Deschamps. M. Deschamps<a id="FNanchor_139" href="#Footnote_139" class="fnanchor">[139]</a>
+m'a écrit une charmante lettre. Veuillez<span class="pagenum" id="Page_173">[Pg 173]</span>
+l'en remercier en attendant que je le fasse moi-même.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_139" href="#FNanchor_139" class="label">[139]</a> Père d'Émile et d'Antoni Deschamps.</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Paul a dû recevoir aujourd'hui une lettre de moi,
+la première que j'ai écrite de la Miltière. Celle-ci
+est la seconde. Je vais écrire la troisième à Charles
+Nodier.</p>
+
+<p>Adieu, mon cher et bon père; papa et son excellente
+femme, mon Adèle et sa petite Didine aux
+joues fermes, vous embrassent ainsi que maman
+Foucher, et je me joins à eux de cœur. Vous ne sauriez
+croire comme on parle de vous en Sologne à
+l'heure qu'il est.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Votre fils tendrement dévoué,<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Mon portier a-t-il reçu quelque lettre depuis notre
+départ? J'en reçois une bien paternelle de M. de la
+Rivière<a id="FNanchor_140" href="#Footnote_140" class="fnanchor">[140]</a>.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_140" href="#FNanchor_140" class="label">[140]</a> M. de la Rivière, le vieux maître d'école de Victor rue
+Saint-Jacques. Il en sera, ultérieurement, plus longuement
+question.</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Écrivez toujours à Blois<a id="FNanchor_141" href="#Footnote_141" class="fnanchor">[141]</a>.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_141" href="#FNanchor_141" class="label">[141]</a> <i>Correspondance</i>, pp. 223-225.</p>
+
+</div>
+
+<p>Victor Hugo a raconté assez sommairement
+son séjour à Reims et ses impressions au cours
+de la cérémonie du sacre, à laquelle il fait assister
+Lamartine<a id="FNanchor_142" href="#Footnote_142" class="fnanchor">[142]</a>, dont M. Edmond Biré a, depuis,<span class="pagenum" id="Page_174">[Pg 174]</span>
+établi l'absence à ce gala où le carton
+peint semble avoir été un trop fréquent accessoire<a id="FNanchor_143" href="#Footnote_143" class="fnanchor">[143]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_142" href="#FNanchor_142" class="label">[142]</a> <i>Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie</i>, tome II,
+p. 92.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_143" href="#FNanchor_143" class="label">[143]</a> <i>Victor Hugo avant 1830</i>, p. 377.</p>
+
+</div>
+
+<p>Il convient d'être plus bref encore. Ce fut
+pour Victor l'occasion, et elle était excellente,
+d'écrire l'<i>Ode sur le Sacre</i><a id="FNanchor_144" href="#Footnote_144" class="fnanchor">[144]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_144" href="#FNanchor_144" class="label">[144]</a> <i>Odes</i>, livre III (1824-1828), ode IV.</p>
+
+</div>
+
+<p>Il aimait le sujet. Les Bourbons l'avaient jusqu'ici
+heureusement inspiré. Louis XVIII ne
+s'était point montré ingrat. Charles X ne le fut
+point davantage.</p>
+<hr class="chap x-ebookmaker-drop" />
+
+<div class="chapter">
+<p><span class="pagenum" id="Page_175">[Pg 175]</span></p>
+
+<h2 class="nobreak" id="VII">VII</h2>
+</div>
+
+<p>L'Ode sur <i>le Sacre</i>.—Une promotion désirée: le
+lieutenant-général comte Hugo.—Une dette sacrée.—Ce
+bon M. de la Rivière.—Le <i>voyage au Mont-Blanc
+et dans la vallée de Chamonix</i>.—Naissance
+de Charles-Victor Hugo.</p>
+
+
+<p class="p2">Ces vers firent plus sans doute pour la nomination
+du général Hugo au grade de lieutenant-général
+que les démarches répétées de jadis
+auprès de MM. de Chateaubriand et de Clermont-Tonnerre
+et du duc d'Angoulême lui-même.</p>
+
+<p>Le sacre est du 29 mai. Le 5 juin, le <i>Moniteur
+Universel</i> nº 156, publiait cette promotion
+si ardemment désirée:</p>
+
+<p>«M. le Maréchal-de-camp Hugo, vient d'être
+nommé lieutenant-général.»</p>
+
+<p>Le fils s'en réjouit autant que le père. Il est
+de nouveau à Gentilly, chez un ami, cette fois,
+et de cette banlieue, il adresse ses félicitations
+au nouveau lieutenant-général, «M. le Lieutenant-général
+Comte Hugo», et ses excuses à
+<span class="pagenum" id="Page_176">[Pg 176]</span>M<sup>me</sup> Hugo pour la négligence de Ladvocat.</p>
+
+<p class="indent2">
+Gentilly, 19 juin.<br />
+<br />
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>C'est de ma campagne où je suis allé passer quelques
+jours chez un ami qui demeure à deux lieues de
+Paris, que je te réponds. Je regrette bien que tu y
+sois toi-même en ce moment. Les chaleurs excessives,
+la solitude et le dénuement de la Miltière me
+font trembler pour ta chère santé. Il me semble que
+tu aurais dû retarder ce voyage quelque important
+qu'il pût être, et ne pas t'aventurer tout seul dans
+cette saison au milieu des déserts de la Sologne. Tu
+sais comme moi combien les pays humides et sablonneux
+exhalent de miasmes morbifiques dans les
+grandes chaleurs, et mon Adèle te reproche tendrement
+de nous avoir donné l'inquiétude de te savoir
+là-bas.</p>
+
+<p>Les journaux de Paris ont annoncé ta promotion
+de la manière la plus flatteuse. Que t'importe un
+oubli qu'ils font si fréquemment? Que t'importe la
+jalousie? Il suffit de ton nom et de ta réputation
+pour mériter l'envie. Résigne-toi, mon noble père, à
+cet inconvénient de toute position élevée.</p>
+
+<p>J'ai rempli ta commission auprès d'Adolphe.</p>
+
+<p>Tu ne m'étonnes pas en m'apprenant que ta femme
+n'a pas reçu son exemplaire. J'avais remis à Ladvocat
+le paquet à son adresse avec beaucoup d'autres,
+pour qu'il le mît à la poste. Tu connais la négligence
+de ce libraire. Partant pour la campagne j'ai dû me
+reposer sur lui de ce soin, et j'ai déjà reçu plusieurs<span class="pagenum" id="Page_177">[Pg 177]</span>
+plaintes comme la tienne. Le messager qui va porter
+cette lettre à la poste à Paris, va être chargé en même
+temps d'un petit mot sévère pour Ladvocat et de
+l'ordre de réparer sur-le-champ cet oubli. Si j'en
+avais ici un seul exemplaire je l'enverrais directement
+à ta femme, mais j'espère que Ladvocat sera
+soigneux cette fois.</p>
+
+<p>Je suis heureux que mon ode t'ait fait quelque
+plaisir. Son succès ici passe mon espérance. Elle a
+été réimprimée par sept ou huit journaux. Je vais la
+présenter au Roi.</p>
+
+<p>Adieu, mon excellent père, je n'ai que le temps de
+fermer cette lettre et de t'embrasser bien tendrement.
+Ma femme et Didine embrassent la tienne.</p>
+
+<p>Didine nous a un peu inquiétés ces jours-ci: ses
+dents la tourmentent.</p>
+
+<p>Je reçois à l'instant une lettre d'Émile Deschamps
+où je lis: «M. le Général Hugo nous a fait bien
+plaisir en devenant lieutenant-général. Y aurait-il
+quelque moyen de lui faire parvenir nos félicitations
+et l'hommage de mon respect?» Tout le monde
+applaudit.</p>
+</div>
+
+<p>Le 24 juin, en effet, l'auteur de l'<i>Ode sur le
+Sacre</i> avait l'honneur de présenter lui-même
+ses vers au roi.</p>
+
+<div class="poetry-container">
+<div class="poetry">
+ <div class="stanza">
+ <div class="verse indent0">O Dieu! garde à jamais ce roi qu'un peuple adore!</div>
+ <div class="verse indent0">Romps de ses ennemis les flèches et les dards,</div>
+ <div class="verse indent0">Qu'ils viennent du couchant, qu'ils viennent de l'aurore,</div>
+ <div class="verse indent6">Sur des coursiers ou sur des chars!</div><span class="pagenum" id="Page_178">[Pg 178]</span>
+ <div class="verse indent0">Charles, comme au Sina, t'a pu voir face à face!</div>
+ <div class="verse indent4">Du moins qu'un long bonheur efface</div>
+ <div class="verse indent4">Ses bien longues adversités.</div>
+ <div class="verse indent0">Qu'ici-bas des élus il ait l'habit de fête.</div>
+ <div class="verse indent0">Prête à son front royal deux rayons de ta tête;</div>
+ <div class="verse indent4">Mets deux anges à ses côtés!</div>
+ </div>
+</div>
+</div>
+
+<p>Ce n'est point assez que sept ou huit journaux
+les aient déjà reproduits. La gloire des caractères
+des presses royales leur manquait. Charles
+X allait la leur accorder:</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Nous avons annoncé que le roi avait accueilli avec
+bonté M. Victor Hugo, auteur d'une <i>Ode sur le Sacre</i>.
+M. le vicomte de la Rochefoucauld, chargé du département
+des Beaux-Arts, vient d'informer ce jeune
+poète que Sa Majesté, voulant témoigner la satisfaction
+que lui a causée la lecture de cette ode, avait
+ordonné qu'elle fût réimprimée avec tout le luxe
+typographique par les presses de l'Imprimerie
+royale<a id="FNanchor_145" href="#Footnote_145" class="fnanchor">[145]</a>.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_145" href="#FNanchor_145" class="label">[145]</a> <i>Moniteur Universel</i>, 30 juin 1825.</p>
+
+</div>
+
+<p>Les titres du père sont énoncés désormais en
+toutes lettres et la correspondance est adressée
+à</p>
+
+<p class="indent2">
+Monsieur<br />
+Monsieur le lieutenant général Comte Hugo<br />
+A Blois.<br />
+</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_179">[Pg 179]</span></p>
+
+<p>quand ce n'est point à «Madame la Comtesse
+Hugo».</p>
+
+<p>Précédant le départ pour la Suisse des Hugo
+et des Nodier, ce voyage littéraire dont Urbain
+Canel fit les frais, un geste qui précéda sa faillite,
+voici une lettre d'un tout autre ton.</p>
+
+<p>Il s'agit bien d'une dette d'honneur; le prix,
+dû encore à M. de la Rivière, le vieil instituteur
+de la rue Saint-Jacques, des leçons données
+jadis à Victor<a id="FNanchor_146" href="#Footnote_146" class="fnanchor">[146]</a>. Le brave homme, devenu,
+comme Biscarrat, un ami pour l'écolier de
+naguère, s'était contenté de présenter autrefois<span class="pagenum" id="Page_180">[Pg 180]</span>
+sa note. Mais au lendemain de la mort de
+M<sup>me</sup> Hugo, la vraie, le piteux état de la succession
+n'avait point permis à sa délicatesse d'insister...
+puis, étaient venues la vieillesse et les
+infirmités.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_146" href="#FNanchor_146" class="label">[146]</a> «Ils n'avaient pas, surtout Victor, l'âge du collège; elle
+(M<sup>me</sup> Hugo) les envoya d'abord à une école de la rue Saint-Jacques
+où un brave homme et une brave femme enseignaient
+aux fils d'ouvriers la lecture, l'écriture et un peu d'arithmétique.
+Le père et la mère Larivière, comme les appelaient les
+écoliers, méritaient cette appellation par la paternité et la
+maternité de leur enseignement. Ça se passait en famille. La
+femme ne se gênait pas, la classe commencée, pour apporter
+au mari sa tasse de café au lait, pour lui prendre des mains le
+devoir qu'il était en train de dicter, et pour dicter à sa place
+pendant qu'il déjeunait.</p>
+
+<p>Ce Larivière, du reste, était un homme instruit et qui eût
+pu être mieux que maître d'école. Il sut très bien, quand il le
+fallut, enseigner aux deux frères le latin et le grec. C'était un
+ancien prêtre de l'Oratoire. La Révolution l'avait épouvanté,
+et il s'était vu guillotiné s'il ne se mariait pas; il avait mieux
+aimé donner sa main que sa tête. Dans sa précipitation, il
+n'était pas allé chercher sa femme bien loin; il avait pris la
+première qu'il avait trouvée auprès de lui, sa servante.»</p>
+
+<p>(<i>Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie</i>, tome I,
+pp. 51-52.)</p>
+
+</div>
+
+<p>Le fils plaide joliment auprès du général la
+cause de son ancien maître. Il a fait, lui-même,
+le sacrifice d'une montre en or, dont il se proposait
+l'acquisition, pour éteindre en partie cette
+dette: le général n'aura plus qu'un reliquat de
+286 francs et quelques centimes à payer... et
+tardera un peu à le faire.</p>
+
+<p class="indent2">
+Paris, 18 juillet 1825.<br />
+<br />
+Mon cher Papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>C'est avec un véritable regret que je me vois contraint
+de t'envoyer la lettre et la note ci-incluses.
+Ces deux pièces ont besoin d'une petite explication
+que voici. Ces jours passés, mon vieil et respectable
+maître, M. de la Rivière, se présenta chez moi:
+j'étais sorti. Il dit avoir quelque chose de pressant à
+me communiquer. Je m'empressai de me rendre chez
+lui, comme je le fais toujours chaque fois que je suppose
+qu'il peut avoir besoin de moi. Cet excellent
+homme m'exposa alors que sa position, que son âge
+et celui de sa femme rendaient plus gênée chaque
+jour l'obligeaient de me rappeler une dette sur
+laquelle il s'était tu jusqu'à présent, pensant que ta<span class="pagenum" id="Page_181">[Pg 181]</span>
+fortune ou la nôtre ne nous permettaient pas encore
+d'y faire honneur. Mais la nécessité l'emportant sur
+son excessive délicatesse, il s'est vu enfin forcé à
+cette démarche. Cette dette est celle de 486 fr. 80,
+qui se trouve expliquée dans la note ci-jointe. Je me
+suis parfaitement rappelé qu'à la mort de ma mère
+nous avions effectivement ce mémoire dans ses
+papiers, mais je pensais qu'Abel s'était chargé du
+soin de l'envoyer et depuis j'avais totalement oublié
+cette dette que je croyais éteinte avec le petit nombre
+d'autres modiques dettes que ma mère a laissées
+et dont la majeure partie fut dans le temps acquittée
+sur le produit de son argenterie et de ses robes. Je
+savais aussi que tu avais fait honneur aux autres
+créanciers, et je croyais M. de la Rivière de ce nombre.
+Comme le besoin était pressant, je pris l'avis
+de ma femme; et de son consentement je m'empressai
+d'envoyer à M. de la Rivière une somme de <i>deux
+cents</i> francs que j'avais disponible et que je réservais
+pour m'acheter une montre, cette somme, mon
+cher papa, servira à te décharger d'autant sur le
+total de la dette, c'est une fort légère privation que
+je m'impose en renonçant à cette montre, et je puis
+le faire sans me gêner. D'ailleurs, je sais, excellent
+père, que tu es loin d'être riche, et puisque je suis
+pour une part dans la dépense faite par M. de la Rivière,
+ces 200 francs seront ma cotisation personnelle.
+Ne songe donc plus qu'au reliquat de 286 fr. 80.
+Il est absolument inutile que je te dise, cher papa,
+combien une créance de ce genre est sacrée. Le peu
+que nous savons, le peu que nous valons, nous le<span class="pagenum" id="Page_182">[Pg 182]</span>
+devons en grande partie à cet homme vénérable
+et je ne doute pas que tu ne t'empresses de le satisfaire,
+d'autant plus qu'il en a besoin. Il ne subsiste
+que du produit d'une petite école primaire dont le
+modique revenu diminue de jour en jour, l'affaiblissement
+progressif de ses organes et de ses facultés
+lui faisant perdre par degrés tous ses élèves. Il a
+attendu dix ans avec une délicatesse admirable, et
+c'est le seul reproche qu'on lui puisse faire, car je
+suis sûr que tu aurais fait cesser l'objet de sa réclamation
+si tu l'avais connu plus tôt. C'est ce que (je)
+lui ai dit, en l'engageant à m'envoyer en hâte son
+compte pour te le faire parvenir. Tu le trouveras ci-inclus
+avec la lettre qu'il m'a écrite. Je vais m'occuper
+de chercher l'ancien mémoire détaillé et si je le
+trouve dans le peu qui nous reste des papiers de ma
+mère, je te l'enverrai sans perdre de tems. En attendant
+tu peux considérer sa note comme authentique.</p>
+
+<p>Adieu, mon bon cher père, mon Adèle te prie
+d'embrasser pour elle ses deux mères et de leur dire
+que Juju et Didine se portent à merveille. Tout va
+bien ici, et tout est impatient de revoir maman Foucher.
+Mille hommages à M<sup>mes</sup> Br...,<a id="FNanchor_147" href="#Footnote_147" class="fnanchor">[147]</a> Pinlevé, etc.,
+amitiés à tes amis.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_147" href="#FNanchor_147" class="label">[147]</a> Femme du colonel Brousse, sous-directeur, puis directeur
+du haras à Blois, l'un des amis et des voisins du général
+Hugo; née Francesca Gazza, M<sup>me</sup> Brousse est morte, centenaire,
+le 26 mars 1879.</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_183">[Pg 183]</span></p><div class="blockquot">
+
+<p>M. de la Rivière, chef d'institution primaire, demeure
+rue Saint-Jacques, vis-à-vis l'église de Saint-Jacques
+du Haut-Pas.</p>
+
+<p>Je t'embrasse bien tendrement.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils respectueux et dévoué,<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Je m'occupe de toutes tes commissions. Le Roi
+m'a fait annoncer qu'il avait ordonné qu'on ajoutât
+à toutes les faveurs dont il m'honore un envoi de
+porcelaines. C'est me combler.</p>
+</div>
+
+<p>Suit le fameux voyage en Suisse, le <i>Voyage
+poétique et pittoresque au Mont-Blanc et dans
+la vallée de Chamonix</i>, dont Charles Nodier devait
+fournir le texte et dont Hugo, seul, a écrit
+le récit, de Sallences à Servoz, et de Servoz à
+Chamonix<a id="FNanchor_148" href="#Footnote_148" class="fnanchor">[148]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_148" href="#FNanchor_148" class="label">[148]</a> Publiés d'abord dans la <i>Revue de Paris</i> (1829) et dans la
+<i>Revue des Deux Mondes</i> (1831), ces deux fragments ont pris
+place dans <i>Victor Hugo raconté par un Témoin de sa Vie</i>, t. II,
+pp. 108-126.</p>
+
+</div>
+
+<p>—Quel beau livre ce sera! avait dit M<sup>me</sup> Nodier,
+à Sallences, où l'on déjeunait.</p>
+
+<p>—S'il se fait<a id="FNanchor_149" href="#Footnote_149" class="fnanchor">[149]</a>, avait répondu la femme du
+poète, et Adèle Hugo avait raison.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_149" href="#FNanchor_149" class="label">[149]</a> <i>Victor Hugo raconté</i>, tome II, p. 106.</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_184">[Pg 184]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+Paris, 31 juillet.<br />
+<br />
+Cher Papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Nous apprenons pour la première fois avec regret,
+que tu vas bientôt peut-être venir à Paris; c'est que
+nous en partons; et tu conviendras qu'il est dur
+d'en partir quand tu vas y arriver.</p>
+
+<p>Notre excursion en Suisse s'exécute. Mardi, à
+2 heures du matin, nous roulerons vers Fontainebleau.
+J'ai été horriblement souffrant toute la semaine
+d'un torticoli, mais je suis mieux, et le voyage
+achèvera de me remettre.</p>
+
+<p>Les libraires paient notre voyage et au delà. Ils
+me donnent 2.250 francs pour quatre méchantes
+odes. C'est bien payé. Je ne crois pas que Lamartine
+puisse être de la partie, il vient d'être nommé
+secrétaire d'ambassade à Florence. Nodier est des
+nôtres.</p>
+
+<p>Je te remercie pour M. de la Rivière. Je lui ai
+écrit tes bonnes intentions, j'aurais seulement désiré
+que tu puisses lui donner quelque chose avant le
+1<sup>er</sup> janvier.</p>
+
+<p>Nous avons vu M. Driollet. Il dit que l'affaire Lambert<a id="FNanchor_150" href="#Footnote_150" class="fnanchor">[150]</a>
+va bien. Abel en dit autant.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_150" href="#FNanchor_150" class="label">[150]</a> Lors de sa mort en 1828, le général Hugo figurait parmi
+les administrateurs de la «Banque Lambert».</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Ta femme avait bien raison. Cette Augustine était
+pire qu'un mauvais sujet, c'était un <i>petit monstre</i>.
+Nous l'avons renvoyée. Elle est placée chez un herboriste.<span class="pagenum" id="Page_185">[Pg 185]</span>
+Je voudrais que tu en fisses prévenir sa mère.</p>
+
+<p>Didine se porte à merveille. J'ai commandé des
+cartes séparées pour ta femme et pour toi. Il n'est
+plus de mode, à ce que m'a dit le graveur, d'en donner
+de collectives.</p>
+
+<p>Adieu, mon excellent père, embrasse ta femme pour
+moi. Nous t'embrassons bien tendrement.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils respectueux et dévoué,<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Adolphe te remettra les cartes.</p>
+</div>
+
+<p>Le ménage a continué à vagabonder, et, c'est
+le retour à Paris, où il convie quelques amis à
+déjeuner. M<sup>me</sup> Victor Hugo s'enquiert auprès de
+sa belle-mère, d'un beau poisson acheté à bon
+compte à la poissonnerie de Blois, qui pût arriver
+frais à Paris.</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Ma chère maman, il y a bien longtemps que je
+voulais vous écrire, mais les embarras de domestique,
+joints à ceux du voyage, car nous venons encore d'aller
+passer quelques jours à dix lieues de Paris, ne
+m'ont pas laissé un moment. Joignez à cela l'inquiétude
+que ma fille m'a donnée pour percer les deux
+dents qu'elle vient de percer; mais tout cela ne m'a
+pas empêché (<i>sic</i>) de penser à vous et à mon bon
+père.</p>
+
+<p>Malgré la peine que ma fille m'a donnée et qu'elle
+a eue pour ses dents: elle n'en marche pas moins<span class="pagenum" id="Page_186">[Pg 186]</span>
+seule et j'espère que la force qu'elle a l'aidera à percer
+toutes ses autres dents car à peine en a-t-elle six.</p>
+
+<p>Mon mari s'est occupé de vous faire tirer des cartes
+de visites. Nous les donnerons à M. de Féraudy.</p>
+
+<p>J'espère, chers bons parents, vous voir à Paris très
+incessamment. Si vous pouviez être à Paris samedi
+31 de ce mois vous partageriez un déjeuner où nous
+réunissons quelques amis et où nos bons parents complèteraient
+si bien notre bonheur qui ne peut être
+entier sans eux. Si à Blois vous trouviez chère maman
+un beau poisson qui pût arriver frais à Paris vous
+seriez bien bonne de me l'envoyer pour ce jour, toutefois
+si le prix ajouté à celui du voyage ne le faisait
+pas monter plus haut que celui qu'on achèterait à
+Paris.</p>
+
+<p>Écrivez-moi au juste quand vous serez à Paris,
+c'est le but que vous devez vous proposer si vous
+nous aimez.</p>
+
+<p>Adieu chère maman, ma fille, mon Victor vous
+embrassent.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Votre respectueuse fille,<br />
+<span class="smcap">A. Hugo</span>.<br />
+</p>
+
+<p>Victor, suivant son habitude, tient à conserver
+vierge pour les siens le crédit dont il peut
+jouir et refuse assez cavalièrement à son père sa
+protection pour un professeur, dont il l'avait
+prié de s'occuper:</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_187">[Pg 187]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Nous voilà définitivement de retour à Paris. Nous
+n'avons fait que courir à droite et à gauche tout le
+mois de septembre, et nous avons terminé ces jours-ci
+nos promenades par une excursion à Montfort
+l'Amaury, charmante petite ville à dix lieues de Paris
+où il y a des ruines, des bois, un de mes amis<a id="FNanchor_151" href="#Footnote_151" class="fnanchor">[151]</a> et
+un des tiens, le colonel Derivoire, qui a servi sous
+toi. J'ai beaucoup parlé de toi avec ce brave qui
+t'aime et te vénère et désire vivement te voir. Il
+compte faire le voyage de Paris la première fois que
+tu y viendras.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_151" href="#FNanchor_151" class="label">[151]</a> Adolphe de Saint-Valry.</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Nous désespérons presque, cher papa, d'avoir le
+bonheur de t'y voir cette année, puisque la saison
+s'avance sans t'amener. Cependant M. Lambert t'avait
+presque promis à tous tes amis de Paris.</p>
+
+<p>Il est malheureusement impossible de rien faire
+pour le professeur dont tu m'envoies une lettre. J'ai
+beaucoup moins de crédit qu'on ne m'en suppose et
+j'ai dû dernièrement employer le peu d'influence que
+je puis avoir sur M. l'évêque d'Hermopolis<a id="FNanchor_152" href="#Footnote_152" class="fnanchor">[152]</a> pour
+obtenir une bourse à l'un de nos cousins Trébuchet.<span class="pagenum" id="Page_188">[Pg 188]</span>
+Le succès n'est même pas encore décidé. Tu sens
+que toutes mes forces doivent être dirigées vers ce
+but, si important pour notre malheureux oncle Trébuchet,
+et que je ne pourrais occuper le ministre
+d'une autre affaire sans nuire à la sienne. Qui trop
+embrasse mal étreint.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_152" href="#FNanchor_152" class="label">[152]</a> Denis, comte de Frayssinous, évêque <i>in partibus</i> d'Hermopolis,
+né à Curières (Aveyron) en 1765, mort en 1841. Après
+ses retentissantes conférences à la chapelle des Carmes et en
+l'église Saint-Sulpice, fut le 1<sup>er</sup> juin 1822 nommé grand maître
+de l'Université, puis, le 26 août 1824, ministre des affaires
+ecclésiastiques, portefeuille, créé pour lui, qu'il conserva, sous
+le ministère Martignac, jusqu'au 3 mars 1828.</p>
+
+</div>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Nous avons trouvé ici à mon retour les 200 cartes
+commandées pour toi: elles me paraissent fort belles.
+C'est un petit cadeau qu'Adèle veut faire à ta femme,
+indique-moi un moyen de le lui faire parvenir.</p>
+
+<p>Adieu, cher papa, toute la famille Foucher, Abel,
+Adolphe, tous nos cousins embrassent ta femme et
+toi de tout cœur, et ne font en cela que se joindre à
+nous.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils tendre et respectueux,<br />
+<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+</p>
+
+<p>C'est, enfin, un an plus tard presque, la naissance
+d'un second fils,—ce sera Charles Hugo<a id="FNanchor_153" href="#Footnote_153" class="fnanchor">[153]</a>,—«qui
+vient remplacer le petit ange» dont les
+<i>Odes et Ballades</i> conservent le souvenir. Le jour
+même, Victor en fait part à son père:</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_153" href="#FNanchor_153" class="label">[153]</a> Charles-Victor Hugo, né à Paris le 3 novembre 1829, mort
+à Bordeaux d'une congestion le 13 mars 1871, trois jours après
+la séance de l'Assemblée nationale qui avait amené la démission
+de Victor Hugo. Outre sa collaboration à l'<i>Événement</i>
+et au <i>Rappel</i>, on doit au père de Georges et de Jeanne: <i>Le
+Cochon de saint Antoine</i> (1857), <i>La Bohème dorée</i> (1859), <i>La
+Chaise de paille</i> (1859), <i>Une Famille tragique</i> (1862). Il avait
+écrit une comédie: <i>Je vous aime</i> (1868) et, enfin, avait tiré des
+<i>Misérables</i> un drame souvent représenté.</p>
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_189">[Pg 189]</span></p>
+
+<p class="indent2">
+Paris, le 3 novembre.<br />
+<br />
+Mon cher papa,<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Tu vois que la nouvelle ne se fait pas attendre.
+Mon Adèle est accouchée cette nuit à cinq heures
+moins vingt minutes du matin d'un garçon fort bien
+portant. Cette pauvre amie a cruellement souffert. Je
+t'écris en ce moment près de son lit; elle se trouve
+assez bien, cependant elle croit avoir quelque fièvre
+et je lui recommande de ne pas parler.</p>
+
+<p>Nos bons parents recevront sans doute avec bien
+de la joie ce nouveau venu qui vient remplacer le
+petit ange que nous avons si douloureusement perdu
+il y a trois ans. Votre bonheur ajoute au nôtre.</p>
+
+<p>Je ne t'en écris pas davantage aujourd'hui, cher
+papa, embrasse pour nous ta femme; fais part de la
+naissance de ton petit-fils à tous nos amis de Blois,
+MM. Brousse, de Féraudy, de Béthune, Driollet, etc.,
+M<sup>mes</sup> Brousse, etc., ma femme prie la tienne de dire
+à la jeune dame les choses les plus affectueuses en son
+nom.</p>
+
+<p>Abel et Mélanie, femme de Pierre Foucher, seront
+les parrains du nouveau-né dont nous ignorons encore
+le nom. Il a déjà fort bien tété.</p>
+</div>
+
+<p class="indent2">
+Ton fils tendre et respectueux,<br />
+<br />
+<span class="smcap">Victor</span>.<br />
+</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Est-ce que vous n'arriverez pas bientôt à Paris?
+Nous vous attendrions pour le baptême. Ce serait
+double fête.</p>
+</div>
+<hr class="chap x-ebookmaker-drop" />
+
+<div class="chapter">
+<p><span class="pagenum" id="Page_190">[Pg 190]</span></p>
+
+<h2 class="nobreak" id="VIII">VIII</h2>
+</div>
+
+<p>Le général Hugo à Paris.—Sa mort et ses obsèques.—Une
+succession difficile.—Un tailleur qui entend
+le petit jeu des intérêts.—La vente du mobilier,
+à Blois et à la Miltière.—Les œuvres dédicacées
+du fils au père.—La mort de la veuve
+d'Almeg.</p>
+
+
+<p class="p2">Cette lettre est la dernière en date que possède
+la Bibliothèque de Blois.</p>
+
+<p>D'autres existeraient, m'a-t-on assuré, jointes
+à quelque dossier, dans les cartons d'une
+étude blaisoise. Elles seraient curieuses également
+à consulter et éclairciraient, sans doute,
+les mobiles de la résolution que n'allait point
+tarder à prendre le général Hugo.</p>
+
+<p>Six ou sept mois plus tard, en effet, vers juin
+1827,—l'ennui de la province ou les liens l'unissant
+à la veuve d'Almeg étaient-ils devenus plus
+lourds à supporter?—il quitta Blois, et, tout
+en continuant à y conserver son domicile réel,
+venait se fixer à Paris, dans le voisinage de ses
+enfants.</p>
+
+<p>Dans un quartier n'ayant guère à envier à<span class="pagenum" id="Page_191">[Pg 191]</span>
+celui du Foix comme tranquillité, au 9 de la rue
+Monsieur, le général loua et meubla, dans la
+même maison que son fils Abel, un petit appartement,
+composé d'une chambre à coucher, d'un
+cabinet de travail, d'une salle à manger, d'un
+salon, d'un cabinet de toilette et d'une chambre
+de domestique<a id="FNanchor_154" href="#Footnote_154" class="fnanchor">[154]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_154" href="#FNanchor_154" class="label">[154]</a> La note du tapissier s'élevant à 3.792 fr. 65, n'avait pas
+encore été réglée lors de la mort du général et figure sur les
+comptes de la liquidation.</p>
+
+</div>
+
+<p>Il s'occupa, ces derniers mois, d'affaires financières,
+et figurait, au moment de son décès, parmi
+les administrateurs de la «Société d'avances
+mutuelles sur garanties» et de la «Banque
+Lambert». Peut-être, était-ce sous deux noms
+différents, la même société?</p>
+
+<p>Une attaque d'apoplexie l'enleva soudainement
+dans la nuit du 29 au 30 janvier 1828. Le <i>Moniteur
+Universel</i> paru à la date du 30 janvier
+annonçait brièvement sa mort.</p>
+
+<p>On remarquera dans ce «communiqué» une
+formule aujourd'hui courante. Elle devait, alors,
+être nouvelle:</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>M. le lieutenant général, comte Hugo, est mort la
+nuit dernière frappé d'une apoplexie foudroyante.
+Ses obsèques auront lieu demain jeudi 31 janvier, en
+l'église des Missions Étrangères, sa paroisse.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_192">[Pg 192]</span></p>
+
+<p>Dans l'impossibilité d'inviter, en tems utile, tous les
+nombreux amis du général à cette triste cérémonie, la
+famille les prie de considérer le présent avis comme
+une invitation.</p>
+
+<p>On se réunira dans la maison mortuaire, rue de
+Monsieur, nº 9, à une heure et demie.</p>
+</div>
+
+<p>L'enterrement eut lieu, le surlendemain, non
+sans éclat; toutes les troupes de la garnison y
+étaient représentées. Il ne semble pas que la comtesse
+Hugo y assistât.</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Les obsèques de M. le lieutenant général Hugo ont
+eu lieu aujourd'hui à deux heures, après le service
+funéraire qui a été célébré dans l'église des Missions.
+Ses dépouilles mortelles ont été portées au cimetière
+du père La Chaise. Ses deux fils, les parens et un
+grand nombre d'amis du défunt accompagnaient le
+convoi, qui était précédé et suivi de détachemens de
+tous les corps de la garnison<a id="FNanchor_155" href="#Footnote_155" class="fnanchor">[155]</a>.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_155" href="#FNanchor_155" class="label">[155]</a> <i>Moniteur Universel</i>, 1<sup>er</sup> février 1828.</p>
+
+</div>
+
+<p>Les fils du défunt firent élever à leur père un
+monument, dont l'<i>Illustration</i> du 30 mai 1885
+a donné la reproduction<a id="FNanchor_156" href="#Footnote_156" class="fnanchor">[156]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_156" href="#FNanchor_156" class="label">[156]</a> Vingt-septième division, chemin Monvoisin.</p>
+
+</div>
+
+<p>Entourée d'une grille, ornée de flammes aux
+quatre coins et de palmettes entre les barreaux,
+une pyramide de marbre blanc veiné se dresse
+sur un socle de même matière. Une inscription<span class="pagenum" id="Page_193">[Pg 193]</span>
+rappelle, gravée en creux, les états de service du
+général.</p>
+
+<p>Le tombeau réunissait le «héros au sourire
+si doux» et sa première femme. Eugène, le pauvre
+dément devait les y rejoindre, et, plus tard,
+vinrent s'ajouter à ces dépouilles celles de deux
+fils du poète, Charles et François-Victor Hugo<a id="FNanchor_157" href="#Footnote_157" class="fnanchor">[157]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_157" href="#FNanchor_157" class="label">[157]</a> François-Victor Hugo, né en 1828, mort le 26 décembre
+1873, après une longue et cruelle maladie. Collabora comme
+son frère à l'<i>Événement</i> et au <i>Rappel</i>, mais son nom reste
+surtout attaché à la remarquable et fidèle traduction qu'il a
+donnée des <i>Œuvres complètes de Shakspeare</i> (1860-1864).</p>
+
+</div>
+
+<p>La situation pécuniaire du père n'était pas
+seulement modeste. Elle était embarrassée et
+donna lieu à une liquidation qui fut pénible et
+dura fort longtemps.</p>
+
+<p>Les arrérages de sa pension militaire, 4.000 fr.,
+ou plus exactement, 3.800 francs nets, déduction
+faite du prélèvement de 5 % pour les Invalides<a id="FNanchor_158" href="#Footnote_158" class="fnanchor">[158]</a>,
+formaient le principal revenu du général.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_158" href="#FNanchor_158" class="label">[158]</a> <span class="smcap">Louis Belton</span>: <i>Victor Hugo et son père, le général Hugo
+à Blois</i>, p. 16.</p>
+
+</div>
+
+<p>Les créanciers étaient nombreux. Certains se
+montrèrent pressants ou excessifs.</p>
+
+<p>Au bout de douze ans ils n'étaient pas, il est
+vrai, encore réglés, et, du dossier qu'a bien voulu
+me communiquer M. Louis Belton, je détache
+ce mémoire du tailleur Moreau «fournisseur de
+Leurs Altesses Sérénissimes les Princes de<span class="pagenum" id="Page_194">[Pg 194]</span>
+Holstein-Augustenbourg, rue Neuve-des-Petits-Champs,
+à Paris».</p>
+
+
+<p><span class="smcap">Vendu</span> à M. le Comte Hugo.</p>
+
+<table summary="tailleur" id="tailleur">
+<tr><td><i>1827</i></td><td></td><td>FR.</td><td>C. </td></tr>
+<tr><td>Juill. 12</td><td>Un habit en poil de chèvre </td><td>100</td><td> » </td></tr>
+<tr><td> </td><td>Un pantalon poil de chèvre rayé </td><td> 36</td><td> »</td></tr>
+<tr><td> </td><td>Un gilet poil de chèvre </td><td> 23 </td><td> » </td></tr>
+<tr><td> </td><td>Un do poil de chèvre de mode </td><td> 23</td><td> » </td></tr>
+<tr><td> </td><td>Un do poil de chèvre rayé </td><td> 23</td><td> » </td></tr>
+<tr><td>Déc. 3</td><td>Une redingotte (<i>sic</i>) drap bleu</td><td>140 </td><td> » </td></tr>
+<tr><td> </td><td>Un pantalon casimir noir </td><td> 56</td><td> » </td></tr>
+<tr><td> </td><td>Un gilet velours rayé </td><td> 30 </td><td> » </td></tr>
+<tr><td> » 11 </td><td>Un do velours soie et argent </td><td> 36 </td><td> » </td></tr>
+<tr><td> </td><td>Un do piqué blanc anglais </td><td> 25</td><td> » </td></tr>
+<tr><td> </td><td>Payé à Lemaignen, avoué, pour <br/>
+ frais de port de lettres dans <br />
+ cette affaire </td><td> 3 </td><td> » </td></tr>
+
+<tr><td> </td><td> </td><td>495 </td><td> » </td></tr>
+<tr><td> </td><td>Intérêts de ces fournitures après <br/>
+ un an de crédit, à raison de <br/>
+ 6 % par an; un crédit de <br/>
+ douze ans </td><td>356</td><td> »</td></tr>
+
+<tr><td> </td><td> Total </td><td>851</td><td> »</td></tr>
+
+</table>
+
+<p>Cet homme entendait trop le petit jeu et le
+taux des intérêts. La liquidation en abaissa le
+montant à de plus justes proportions.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_195">[Pg 195]</span></p>
+
+<p>Comme ils pouvaient s'y attendre, les fils trouvèrent
+Marie-Catherine Thomas y Saëtoni, veuve
+pour la seconde fois, intéressée et âpre au gain.</p>
+
+<p>Ils n'acceptèrent la succession que sous bénéfice
+d'inventaire<a id="FNanchor_159" href="#Footnote_159" class="fnanchor">[159]</a> et à cette femme qui avait
+l'habitude du «maquis» opposèrent la compétence
+et la grande honnêteté de leur ami le jurisconsulte
+Duvergier<a id="FNanchor_160" href="#Footnote_160" class="fnanchor">[160]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_159" href="#FNanchor_159" class="label">[159]</a> Acte au greffe du Tribunal civil de Blois, du 29 août 1829.</p>
+
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_160" href="#FNanchor_160" class="label">[160]</a> Jean-Baptiste-Marie Duvergier, né à Bordeaux en 1792,
+mort en 1877, président de section au Conseil d'État, garde
+des Sceaux du 17 juillet 1866 au ministère Ollivier (2 janvier
+1870). Duvergier a publié entre autres ouvrages comme jurisconsulte:
+<i>Collection des lois, décrets, ordonnances, règlements,
+et avis du Conseil d'État de 1788 à 1824</i> (1824-1828) et, reprenant
+et continuant le manuscrit de Toullier: <i>Le Droit civil
+français suivant l'ordre du Code</i>, dont les sept premiers volumes
+ont seuls paru.</p>
+
+</div>
+
+<p>Le mobilier de Blois fut vendu aux enchères
+et produisit 3.255 fr. 65<a id="FNanchor_161" href="#Footnote_161" class="fnanchor">[161]</a>. Celui de la Miltière,<span class="pagenum" id="Page_196">[Pg 196]</span>
+des meubles de rebut, il est à croire, atteignit
+péniblement 681 fr. 04.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_161" href="#FNanchor_161" class="label">[161]</a> D'après l'inventaire dressé les 3, 4, 5 et 6 juin 1828, par
+les soins de M<sup>e</sup> Pardessus, notaire à Blois, à la suite du décès
+de M. le comte Hugo, la maison de la rue de Foix comprenait
+intérieurement:</p>
+
+<p>«Au rez-de-chaussée, une cuisine, garnie des ustensiles
+nécessaires, notamment d'un rôtissoir à l'ancienne mode, avec
+ses cordes et poids.</p>
+
+<p>«Un cabinet servant de chambre de domestique.</p>
+
+<p>«Un salon orné de diverses gravures encadrées de bois doré,
+représentant des faits militaires, des vues des bords de la Néva,
+les portraits des généraux Kléber et Desaix, des portraits de
+famille, etc.</p>
+
+<p>«Et le cabinet du général, garni de ses livres et papiers.
+«Au premier étage était un autre salon, la chambre à coucher
+du général éclairée au midi, et ornée, comme le salon du rez-de-chaussée,
+de deux vues de la Néva; une autre chambre et
+un cabinet de bains.</p>
+
+<p>«Au second étage, une chambre à coucher et deux cabinets.</p>
+
+<p>«L'écurie à la mort du général ne contenait que des débarras;
+un cénacle à côté renfermait un tombereau démonté et un
+équipage de limon. Sous la remise étaient une carriole et une
+charrette. Une calèche, que le général avait achetée 1900 francs,
+avait été cédée par lui à son fils Abel.</p>
+
+<p>«Dans la cave il y avait 114 bouteilles de vin rouge.</p>
+
+<p>«Le cabinet de travail du général Hugo, placé au rez-de-chaussée
+de sa maison, renfermait ses livres et ses papiers. Les
+murs étaient ornés d'un télescope, d'une lunette en cuivre et
+de six tableaux.»</p>
+
+<p><span class="smcap">Louis Belton</span>: <i>Victor Hugo et son père le général Hugo à
+Blois</i>, pp. 8-9.</p>
+
+<p>L'inventaire des 600 volumes composant la bibliothèque du
+général Hugo, ne relève les titres d'aucune des œuvres du fils.
+Cinq d'entre elles avaient, cependant, déjà été publiées avant
+le départ du général pour Paris (<i>Cromwell</i> ne parut que le 7 décembre
+1827): <i>Odes et Poésies diverses</i>, 1822; <i>Han d'Islande</i>,
+1823; <i>Nouvelles Odes</i>, 1824;
+<i>Bug-Jargal</i>, 1826; <i>Odes</i>, 1827.</p>
+
+<p>N'était-ce pas, me suis-je demandé, l'édition originale des <i>Odes
+et Poésies diverses</i> ce petit livre mal imprimé, en caractères dits
+à tête de clous, sur un papier à chandelles, qu'un admirateur
+du poète avait déniché sur les quais et lui adressait à Hauteville-House,
+au lendemain de l'apparition des <i>Misérables</i>?</p>
+
+<p>Cette description ressemble fort au tirage de Pélicier.</p>
+
+<p>Le beau-frère de Victor Hugo donne au «vieux bouquin»
+la date de 1818, ce serait 1822 qu'il faudrait lire. Et combien
+deviendrait alors claire et lumineuse la dédicace qu'il portait:</p>
+
+<p>«A mon très cher Père, le général Hugo, mes premiers vers
+imprimés.</p>
+
+<p>
+«Son fils très respectueux,<br />
+<br />
+«<span class="smcap">Victor Hugo</span>.»<br />
+</p>
+
+<p>(<i>Victor Hugo à Guernesey</i>, p. 86.)</p>
+
+<p>Sans vouloir mettre en doute la fidélité des souvenirs de
+M. Paul Chenay, je sais cependant qu'il se faut méfier des
+autographes!... Puis, l'auteur des <i>Odes</i>, s'il écrivait bien mon
+père, se contentait de signer «Victor» ou V. H...</p>
+
+<p>D'ailleurs, si ces dons du fils au père ne figuraient pas à
+l'inventaire de 1828, dont ils avaient été distraits sans doute,
+par la veuve Hugo, ils ne sont pas cependant perdus.</p>
+
+<p>La parfaite obligeance d'un de mes amis, M. Pierre Tardieu,
+à qui je suis heureux de pouvoir exprimer ici ma sincère gratitude,
+m'a permis de retrouver et d'identifier ces volumes,
+dans la bibliothèque familiale où ils sont, depuis plus de
+quarante ans, soigneusement conservés.</p>
+
+<p>Ce sont:</p>
+
+<p><i>Han d'Islande</i>, seconde édition; Paris, Lecointe et Durey,
+libraires, quai des Augustins, nº 49; 1823, 4 in-12, de 244, 285,
+268 et 248 pp.</p>
+
+<p>
+Dédicace:<br />
+<br />
+«<span class="smcap">A mon Père</span><br />
+<br />
+Hommage de tendre et respectueux attachement.<br />
+<span class="smcap">Victor.</span>»<br />
+</p>
+
+<p><i>Bug-Jargal</i>, par l'auteur d'<i>Han d'Islande</i>. Paris, Urbain
+Canel, libraire, rue Saint-Germain-des-Prés, nº 9, 1826, in-12
+de 386 pp.</p>
+
+<p>Frontispice de Devéria, représentant la lutte au-dessus du
+précipice.</p>
+
+<p>Dédicace non signée—mais l'écriture ne laissant aucun
+doute—et massacrée par le relieur qui a odieusement rogné
+ce volume.</p>
+
+<p>On distingue:</p>
+
+<p>
+«Hommage et respectueux<br />
+<br />
+A mon noble père»<br />
+</p>
+
+<p><i>Odes</i>, par Victor Hugo, 3<sup>e</sup> édition (en deux volumes). A Paris,
+chez Ladvocat, libraire de S. A. S. M. le duc de Chartres,
+MDCCCXXVII.</p>
+
+<p>1<sup>er</sup> vol., in-12 de 236 pp. Frontispice de Devéria: «La
+Chauve-Souris».</p>
+
+<p>
+Dédicace:<br />
+<br />
+«<span class="smcap">A mon Bon et Noble Père</span><br />
+<br />
+Hommage respectueux<br />
+<br />
+V. H.»<br />
+</p>
+
+<p>2<sup>e</sup> vol., in-12, de 232 pp. Frontispice de Devéria: «Le Sylphe».</p>
+
+<p>A ces volumes doit être ajouté le recueil d'Abel Hugo, contemporain
+de la première édition des <i>Odes et Poésies diverses</i>
+et publié également sous la firme de Pélicier:</p>
+
+<p><i>Littérature espagnole.—Romances historiques.</i>—A Paris,
+chez Pélicier, libraire, place du Palais-Royal, nº 243, 1822,
+in-12, de 302 pp.</p>
+
+<p>
+Dédicace:<br />
+<br />
+«<span class="smcap">A mon Père</span><br />
+Hommage d'amour et d'attachement<br />
+<span class="smcap">A. Hugo</span>.»<br />
+</p>
+
+<p>Quel trésor à signaler aux Hugophiles!</p>
+
+</div>
+
+<p>Le domaine lui-même, après avoir été longtemps<span class="pagenum" id="Page_197">[Pg 197]</span>
+en vente fut payé 20.020 francs et la
+veuve d'Almeg se fit adjuger pour 1.720 francs
+la petite maison portant le nº 71 de la rue du<span class="pagenum" id="Page_198">[Pg 198]</span>
+Foix que le général avait annexée à la maison
+qu'elle possédait elle-même en propre depuis le
+10 février 1816.</p>
+
+<p>Les 50.000 réaux réclamés,—la prétention
+était plutôt inattendue,—par la veuve et les<span class="pagenum" id="Page_199">[Pg 199]</span>
+enfants du général Marie de Fréhaut, pour le
+reliquat de l'achat du couvent des Trinitaires
+déchaussés de Madrid, ne semble pas avoir retardé
+beaucoup la liquidation de la succession.
+Elle ne se termina guère, cependant, avant 1845,
+et dès 1829, Victor Hugo écrivait à Adolphe de
+Saint-Valry les ennuis qu'elle lui causait et le
+peu qu'il avait à retirer des débris d'une grande
+fortune:</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Mes affaires privées toujours fort embrouillées,
+l'héritage de mon père non liquidé, nos biens en
+Espagne accrochés par Ferdinand VII, nos indemnités
+de Saint-Domingue retenues par Boyer, nos
+sables de Sologne (la Miltière) à vendre depuis 23 mois,
+les maisons de Blois que notre belle-mère nous dispute...
+par conséquent rien, ou peu de chose, à retirer
+dans les débris d'une grande fortune, sinon des
+procès et des chagrins...<a id="FNanchor_162" href="#Footnote_162" class="fnanchor">[162]</a>.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_162" href="#FNanchor_162" class="label">[162]</a> <span class="smcap">Victor Hugo</span>: <i>Correspondance</i>, 1815-1835. Lettre à Adolphe
+de Saint-Valry du 18 décembre 1829, p. 87.</p>
+
+</div>
+
+<p>La comtesse Hugo avait su, il est vrai, retirer
+son épingle du jeu: L'<i>Étrangère</i> était devenue
+l'<i>Adversaire</i>.</p>
+
+<p>Trente ans, elle survécut au général, habitant
+la petite maison, dont, au loin, aimait à se souvenir
+l'exilé.</p>
+
+<p>L'on chuchotait sur elle et on la voyait peu.<span class="pagenum" id="Page_200">[Pg 200]</span>
+On prête au cœur, même vieilli, des faiblesses;
+puis, une femme seule a besoin, pour le règlement
+de ses affaires de quelques conseils...</p>
+
+<p>Et vinrent les cheveux blancs et l'oubli...</p>
+
+<p>Cependant que Victor Hugo atteignait le zénith
+de sa gloire, le 21 avril 1858, M<sup>me</sup> Hugo, la
+seconde, s'éteignait à l'âge de soixante-treize ans.</p>
+
+<p>Deux voisins, les sieurs Besson, cordonnier,
+et Fouquet, jardinier, furent, au bureau de l'état
+civil de Blois, les témoins de son décès<a id="FNanchor_163" href="#Footnote_163" class="fnanchor">[163]</a>.</p>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="Footnote_163" href="#FNanchor_163" class="label">[163]</a> Les registres de l'état civil de Blois fournissent, ainsi que
+celui du petit Léopold, l'acte de décès de Marie-Catherine
+Thomas y Saëtoni, Vve Hugo. En voici la teneur:</p>
+
+<p>«L'an mil huit cent cinquante-huit, le vingt-unième jour du
+mois d'avril à trois heures du soir par devant Jean-Claude-Eugène
+Riffault, maire de Blois, chevalier de Légion d'honneur,
+Officier de l'État civil de la commune de Blois, canton de
+Blois, département de Loir-et-Cher, sont comparus Clovis
+Besson âgé de trente-neuf ans, profession de cordonnier, domicilié
+à Blois et Eugène-Frédéric Fouquet, âgé de quarante-huit
+ans, profession de jardinier domicilié à Blois.</p>
+
+<p>«Lesquels nous ont déclaré que le vingt et un du mois d'avril,
+à dix heures du matin, Marie-Catherine Thomas y Saëtoni,
+âgée de soixante-treize ans, profession de rentière, demeurant
+à Blois, département de Loir-et-Cher, née à Cervione (Corse),
+veuve en deuxièmes noces de Joseph Léopold Sigisbert, comte
+Hugo, lieutenant général, officier de la Légion d'honneur, fille
+de feu... est décédée en notre commune, en sa maison, rue du
+Foix.</p>
+
+<p>«Le premier témoin a déclaré être voisin et le second témoin
+être voisin de la décédée. Nous nous sommes assurés de
+l'exactitude de la déclaration de ces témoins, qui ont signé
+avec nous le présent acte, après que lecture leur en a été
+faite.</p>
+
+<p>
+«<span class="smcap">Eug. Riffault.</span><br />
+<span class="smcap">Fouquet. C. Besson.</span>»<br />
+</p>
+
+
+</div>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_201">[Pg 201]</span></p>
+
+<p>Elle mourait dans l'isolement, ignorée de tous,
+à commencer par la famille à laquelle la faiblesse
+du général et les circonstances l'avaient imposée.</p>
+
+<p>Nul ne se souviendrait de cette veuve d'Almeg,
+si les actes de l'état civil ne venaient parfois
+suppléer à l'insuffisance de notre mémoire.</p>
+
+<p>Le temps, en confondant, au Père-Lachaise,
+les dépouilles du général Hugo et de Sophie
+Trébuchet, sa première femme, la mère intelligente
+et exquise, qui, non contente de donner
+au monde Victor Hugo, avait façonné son cœur
+et son esprit, avait depuis longtemps remis les
+choses au point.</p>
+
+<p>Son souvenir seul reste associé à celui du
+père et du fils.</p>
+
+<p>Elle avait été la bonté et la grâce.</p>
+
+<p>Première confidente des essais de ses enfants,
+elle les avait encouragés et l'on ne saurait oublier
+qu'auprès du lit de la malade, Victor, non
+encore hors de page, avait composé quelques-unes
+de ses meilleures odes.</p>
+
+<p>Sa figure fut pour le poète toujours présente.
+C'était plus que de l'amour filial. Il lui avait<span class="pagenum" id="Page_202">[Pg 202]</span>
+voué un culte, auquel il ne cessa d'être fidèle.</p>
+
+<p>Deux femmes,—elles se valurent par le cœur
+et par l'intelligence,—éclairent, à l'aube de sa
+vie, la personnalité du prodigieux écrivain, dont
+la renommée, comme «la claire tour» de Solness,
+domine la médiocrité, les obscurs labeurs
+et les luttes fratricides des hommes, Sophie Trébuchet
+et Adèle Foucher.</p>
+
+<p>Elles furent les inspiratrices, les bons anges,
+placés auprès du poète aux heures des débuts,
+alors que les mauvais sont, si souvent, les ordinaires
+compagnons de l'artiste et endorment de
+leur poison sa volonté et sa force.</p>
+
+<p>Toutes deux eurent une part égale dans le libre
+et harmonieux développement de son génie,
+et il est doux, après avoir évoqué un peu de
+l'âme de Victor Hugo à vingt ans, de conjoindre
+leurs noms, et, en cet été de la Saint-Martin,
+de couronner des dernières fleurs de l'automne
+les tombes sacrées où elles goûtent
+l'immuable repos.</p>
+
+<div class="blockquot">
+
+<p>Blois, 30 octobre 1908.</p>
+</div>
+<hr class="chap x-ebookmaker-drop" />
+
+<div class="chapter">
+<p><span class="pagenum" id="Page_205">[Pg 205]</span></p>
+
+<h2 class="nobreak" id="INDEX_ANALYTIQUE_ET_ALPHABETIQUE">INDEX ANALYTIQUE ET ALPHABÉTIQUE</h2>
+</div>
+
+
+<p class="p2">A</p>
+
+<p>A.-A.-A.: <i>Traité du Mélodrame</i> (1817), par Abel <span class="smcap">Hugo</span>,
+André <span class="smcap">Malitourne</span> et <span class="smcap">Ader</span>: 90 en note.</p>
+
+<p>A.-A. M***. Le général <span class="smcap">Hugo</span> signe de ce pseudonyme
+son <i>Journal du siège de Thionville</i>, 13 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Abayma</span> (Un espagnol nommé): Comment il parle du
+général <span class="smcap">Hugo</span>, 38.</p>
+
+<p><i>Académie des Jeux Floraux.</i> Succès de Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 20.</p>
+
+<p class="indent1">Il est nommé maître ès-jeux floraux, 20.</p>
+
+<p class="indent1">Pension que de ce chef il toucherait bientôt, 57.</p>
+
+<p class="indent1">Renseignements à ce sujet, 54-55 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Il ne fut jamais mainteneur, 55 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Eugène <span class="smcap">Hugo</span> y obtient un souci réservé et une
+mention, 21.</p>
+
+<p><i>Académie des Sciences</i> (Victor y remet de la part de
+son père un exemplaire du <i>Journal de Thionville</i>,
+41).</p>
+
+<p><i>Académie française</i> (L') accorde deux mentions au
+jeune Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 19.</p>
+
+<p>Acte de mariage du général <span class="smcap">Hugo</span> et de Marie-Catherine
+<span class="smcap">Thomas y Saëtoni</span>, veuve d'<span class="smcap">Almeg</span>, 23-26.</p>
+
+<p>Acte de mariage de Victor <span class="smcap">Hugo</span> et d'Adèle <span class="smcap">Foucher</span>,
+60-61.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_206">[Pg 206]</span></p>
+
+<p>Acte de décès de Léopold <span class="smcap">Hugo</span>, 122.</p>
+
+<p>. . . . . de la veuve <span class="smcap">Hugo</span>, 200-201 en note.</p>
+
+<p>Ader: <i>Traité du Mélodrame</i> (en collaboration avec
+Abel <span class="smcap">Hugo</span> et André <span class="smcap">Malitourne</span>), 90 en note.</p>
+
+<p><i>Adieux poétiques</i>, par le comte Gaspard de <span class="smcap">Pons</span>, 70-71.</p>
+
+<p><i>A Elle</i>, par Gaspard de <span class="smcap">Pons</span>, 69 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Agier</span> (M.), Comment il fait dans le <i>Conservateur</i>
+l'éloge des frères <span class="smcap">Hugo</span>, 18 en note.</p>
+
+<p><i>Alfred de Vigny et son temps</i>, par Léon <span class="smcap">Séché</span>, 31 en
+note, 161-162 en note.</p>
+
+<p><i>Allart de Méritens (Hortense)</i>, par Léon <span class="smcap">Séché</span>, 138.</p>
+
+<p>Alluye (L'hôtel d'), à Blois, 153.</p>
+
+<p><span class="smcap">Alméras</span> (Le lieutenant général), 59.</p>
+
+<p>Amboise (L'hôtel d'), à Blois, 155.</p>
+
+<p><i>Amour</i>, par Gaspard de <span class="smcap">Pons</span>, 69 en note.</p>
+
+<p><i>Amy Robsart</i>, Victor <span class="smcap">Hugo</span> en tire un drame avec Paul
+<span class="smcap">Foucher</span>: 170 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Anaclet</span> d'<span class="smcap">Almeg</span>, premier mari de Marie-Catherine
+Thomas y Saëtoni; décédé à La Havane, 24. Sa
+veuve devient comtesse <span class="smcap">Hugo</span>, 23.</p>
+
+<p><span class="smcap">Ancelot</span> (Jacques-Arsène-François-Polycarpe), ne fut
+pas témoin du mariage de Victor Hugo, 61.</p>
+
+<p class="indent1">Son <i>Louis Neuf</i>, 61 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Sa collaboration à la <i>Muse française</i>, aux <i>Annales
+de la Littérature et des Arts</i>. Son œuvre dramatique,
+61 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Ancelot vaudevilliste, 62 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Ancelot</span> (M<sup>me</sup>), 164 en note.</p>
+
+<p>Andujar (L'ordonnance d'), 140.</p>
+
+<p><span class="smcap">Angoulême</span> (Le duc d'). Sa rentrée à Paris après la campagne
+d'Espagne. Fêtes données en son honneur,
+129, 130.</p>
+
+<p class="indent1">Aurait lu les <i>Mémoires du général Hugo</i> «avec le
+plus haut intérêt» et aurait regretté qu'il n'eût<span class="pagenum" id="Page_207">[Pg 207]</span>
+«pas été employé dans la dernière guerre d'Espagne»,
+135.</p>
+
+<p class="indent1">Aurait réservé les inspections générales à des officiers
+ayant fait avec lui cette campagne, 136-141.</p>
+
+<p><i>Annales (les) de la Littérature et des Arts.</i></p>
+
+<p class="indent1">Quelques-uns de leurs collaborateurs:</p>
+
+<p class="indent2">M. <span class="smcap">Ancelot</span>, 61 en note.</p>
+
+<p class="indent2">E. <span class="smcap">Deschamps</span>, 163 en note.</p>
+
+<p class="indent2">A. <span class="smcap">Guiraud</span>, 164 en note.</p>
+
+<p class="indent2">Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 91 en note.</p>
+
+<p class="indent2">Adolphe de <span class="smcap">Saint-Valry</span>, 166 en note.</p>
+
+<p class="indent2">Le baron d'<span class="smcap">Eckstein</span>, 165 en note.</p>
+
+<p><i>Annales de la Société académique de Nantes</i>, 69 en
+note.</p>
+
+<p><i>Annales Romantiques</i> (Les), 138, 167 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Anne de Bretagne</span>, 153.</p>
+
+<p class="indent1">Son oratoire, s'y réfugie pendant l'excommunication
+de Louis XII, 153.</p>
+
+<p>Armes concédées par <span class="smcap">Joseph</span>, roi d'Espagne, au général
+<span class="smcap">Hugo</span>, comte de <span class="smcap">Siguenza</span>, 74 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Victor les fait graver sur un cachet commandé pour
+son père, dont il scelle souvent ses lettres, 74.</p>
+
+<p class="indent1">Pair de France, il leur substitue les armes des <span class="smcap">Hugo</span>,
+de Lorraine. Ce sont celles des <span class="smcap">Hugo</span> de <span class="smcap">Spitzemberg</span>,
+74 en note.</p>
+
+<p><i>Armorial général</i> de <span class="smcap">Riestap</span>, 74 en note.</p>
+
+<p><i>Armorial du Premier Empire</i>, par le vicomte A. <span class="smcap">Révérend</span>,
+21 en note.</p>
+
+<p><i>Armorial historique de la Noblesse de France</i>, par
+Henri J. G. de <span class="smcap">Milleville</span>, 75 en note.</p>
+
+<p><i>Artiste</i> (Le journal l'), 164 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Arvers</span> (Félix), son secret, 69.</p>
+
+<p><span class="smcap">Asséline</span> (M.), M. <span class="smcap">Foucher</span> son beau-frère lui avait cédé
+son greffe du Conseil de guerre, 30.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_208">[Pg 208]</span></p>
+
+<p class="indent1">Assiste au mariage de sa nièce, Adèle <span class="smcap">Foucher</span> avec
+Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 61.</p>
+
+<p><span class="smcap">Asseline</span> (Anne-Victoire), M<sup>me</sup> Pierre Foucher.</p>
+
+<p><span class="smcap">Aubertin</span> (Général): <i>Mémoires inédits sur la guerre de
+Vendée</i>, 11 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Augustine</span> (Ce «petit monstre» d'), 184.</p>
+
+<p><span class="smcap">Aumale</span> (Le duc) publie l'<i>Instruction dirigée contre
+Isabelle de Limeuil</i>, 152 en note.</p>
+
+<p><i>Avantages de l'Enseignement mutuel</i>, sujet de concours
+traité par Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 20 en note.</p>
+
+<p><i>Aventure tyrolienne</i> (L'), par le général <span class="smcap">Hugo</span>, 13 en
+note.</p>
+
+
+<p class="p2">B</p>
+
+<p><span class="smcap">Baudelaire</span> (Une citation de Charles), 68.</p>
+
+<p class="indent1">Les premiers enthousiasmes, 8.</p>
+
+<p><span class="smcap">Beauchêne</span>, tailleur, 172.</p>
+
+<p>Beauregard (Le château de), près Chabris, 24 en note.</p>
+
+<p><i>Beaux-Arts</i> (Les), Revue, 152 en note.</p>
+
+<p>Belfort (La conspiration de), 33.</p>
+
+<p><span class="smcap">Bellune</span> (Victor, duc de), ministre de la Guerre, 59 en
+note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Belton</span> (Louis): <i>Victor Hugo et son père, le général
+Hugo, à Blois</i>, 7-14 en note, 22 en note, 169-170
+en note, 193, 195-196 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Benoist</span> (J.), témoin à l'état civil de Blois du décès du
+petit Léopold <span class="smcap">Hugo</span>, 119.</p>
+
+<p><span class="smcap">Béranger</span> (Le chansonnier), poursuivi, 33.</p>
+
+<p><span class="smcap">Berry</span> (duc de), Réaction qui suivit son assassinat, 43 en
+note.</p>
+
+<p class="indent1">Ode sur sa mort, 81.</p>
+
+<p><span class="smcap">Berry</span> (Duchesse de), Sa recommandation spéciale afin<span class="pagenum" id="Page_209">[Pg 209]</span>
+de faire obtenir à Victor <span class="smcap">Hugo</span> une pension sur la
+cassette royale, 55 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Visite Chambord, le 18 juin 1828, et grave son nom
+sur le mur de l'escalier de la lanterne, 168 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Besson</span> (Le sieur), cordonnier, témoin dans l'acte de
+décès de la veuve <span class="smcap">Hugo</span>, 200.</p>
+
+<p><span class="smcap">Béthune-Sully</span> (Le marquis de), maire de Chabris,
+procède au mariage du général <span class="smcap">Hugo</span> et de Marie-Catherine
+<span class="smcap">Thomas y Saëtoni</span>, 22-26. Figure à Blois
+parmi les amis du général, 189.</p>
+
+<p><i>Bibliographie historique et critique de la presse française</i>,
+par Eugène <span class="smcap">Hatin</span>, 106 en note.</p>
+
+<p>Bibliothèque de Blois (Les lettres de Victor Hugo à
+son père conservées à la), 7.</p>
+
+<p class="indent1"><i>Biographie universelle et portative des Contemporains</i>,
+144 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Biré</span> (Edmond): <i>Victor Hugo avant 1830</i>, 20, 23 en
+note, 26, 55 en note, 69 en note 70, 81, 173.</p>
+
+<p class="indent1">L'absence de <span class="smcap">Lamartine</span> au sacre de <span class="smcap">Charles X</span>, 173.</p>
+
+<p><span class="smcap">Biscarrat</span> (Jean-Baptiste), ancien maître d'étude à la
+pension Cordier. Témoin de Victor <span class="smcap">Hugo</span> à son
+mariage, 61, 62.</p>
+
+<p class="indent1">Aurait collaboré au <i>Conservateur littéraire</i>, 63 en
+note, 159 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Pendant le repas de noces de Victor, s'aperçoit de la
+folie d'Eugène <span class="smcap">Hugo</span> et l'emmène, 68.</p>
+
+<p>Blois (La venue de Victor <span class="smcap">Hugo</span> à), 147-169.</p>
+
+<p class="indent1">Descriptions qu'il en a faites, 78-79, 148-156, 163.</p>
+
+<p><i>Bohême dorée (La)</i>, par Charles-Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 188 en
+note.</p>
+
+<p><i>Bonheur (Le) que procure l'étude dans toutes les situations
+de la vie.</i> Sujet de concours traité par Victor
+<span class="smcap">Hugo</span>, 20 en note.</p>
+
+<p><i>Bonnes Lettres</i> (La Société des). En note: 61, 62, 91.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_210">[Pg 210]</span></p>
+
+<p><span class="smcap">Borel</span> (Petrus), le lycanthrope, 8.</p>
+
+<p><span class="smcap">Boulay-Paty</span> (Évariste), son <i>Journal</i>. Soulié lui raconte
+la cause de la folie d'Eugène <span class="smcap">Hugo</span>, 69-70 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Bourg</span> (M.), 56.</p>
+
+<p><span class="smcap">Bournon</span> (Fernand): <i>Victor Hugo à Gentilly</i>, 30.</p>
+
+<p><span class="smcap">Brandon</span> (Le duc de), aide <span class="smcap">Marie</span> d'<span class="smcap">Angleterre</span> à se
+consoler de son veuvage, 154.</p>
+
+<p><span class="smcap">Brousse</span> (M.), ancien lieutenant-colonel, chevalier de
+Saint-Louis, ami du général <span class="smcap">Hugo</span>, à Blois, 182 en
+note, 189.</p>
+
+<p><span class="smcap">Brousse</span> (M<sup>me</sup>), morte centenaire en 1879, 183, 189.</p>
+
+<p><span class="smcap">Brunyer</span>, médecin de <span class="smcap">Gaston</span> d'<span class="smcap">Orléans</span>, 155 en note.</p>
+
+<p><i>Bug-Jargal</i>, 196 en note. L'exemplaire offert par Victor
+<span class="smcap">Hugo</span> à son père, 197 en note.</p>
+
+<p><i>Bulletin de la Société impériale des Antiquaires de
+France</i>, 152 en note.</p>
+
+<p><i>Bulletin du Musée municipal de Châteauroux</i>, 23 en
+note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Bunbury</span> (Miss Lydia de): M<sup>me</sup> Alfred de <span class="smcap">Vigny</span>, 162
+en note.</p>
+
+<p>Bury (Le château de), 153 en note.</p>
+
+<p><i>Buttes (Les) et la télégraphie optique</i>, par A. de <span class="smcap">Rochas</span>,
+149 en note.</p>
+
+
+<p class="p2">C</p>
+
+<p>Cachet (Le) du général <span class="smcap">Hugo</span>, 74, 116, 126, 127.</p>
+
+<p><span class="smcap">Caillé</span> (Le D<sup>r</sup> Dominique) publie le <i>Journal d'Évariste
+Boulay-Paty</i>, 69 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Calderon</span>, 91 en note.</p>
+
+<p><i>Campagne d'Espagne en 1823</i>, par Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 91
+en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Canel</span> (Un geste de l'éditeur Urbain); il fait les frais<span class="pagenum" id="Page_211">[Pg 211]</span>
+du <i>voyage</i> des ménages <span class="smcap">Hugo</span> et <span class="smcap">Nodier</span> <i>au Mont
+Blanc et dans la vallée de Chamonix</i>, 179, 184.</p>
+
+<p><i>Carnaval de Venise</i> (Le), par Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 90 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Castellane</span> (M<sup>me</sup> Boni de): sa liaison avec <span class="smcap">Chateaubriand</span>,
+138, 139-140.</p>
+
+<p><i>Catalogue de la Bibliothèque romantique de M. J.
+Noilly</i>, 15 en note.</p>
+
+<p>Catherine de Médicis, 152 en note.</p>
+
+<p><i>Catholique</i> (Le journal, <i>Le</i>), fondé par le baron d'<span class="smcap">Eckstein</span>,
+166 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Cayla</span> (La comtesse de), née Zoé <span class="smcap">Talon</span>, 47 en note, 137.</p>
+
+<p class="indent1">Aurait été consolée par le vicomte Sosthènes de la
+<span class="smcap">Rochefoucauld</span> de la faiblesse de Louis XVIII, 161
+en note.</p>
+
+<p>Cédules hypothécaires (Les) du roi <span class="smcap">Joseph</span>, 34, 56.</p>
+
+<p><i>Cénacle de la Muse française (Le)</i>, par Léon <span class="smcap">Séché</span>, 62
+en note, 165 en note, 168 en note.</p>
+
+<p>Chabris (Indre), le général <span class="smcap">Hugo</span> y épouse, en secondes
+noces, Marie Catherine <span class="smcap">Thomas y Saëtoni</span>,
+veuve <span class="smcap">Anaclet</span> d'<span class="smcap">Almeg</span>, 22-26.</p>
+
+<p><i>Chaise de paille (La)</i>, par Charles-Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 188
+en note.</p>
+
+<p>Chambord (Le château de): Adolphe <span class="smcap">Trébuchet</span> désire
+le visiter, 99, 101.</p>
+
+<p class="indent1">Paul-Louis <span class="smcap">Courier</span> et son <i>Simple Discours</i>; sa condamnation;
+il rend compte de son procès, 99, 100
+en note.</p>
+
+<p class="indent1">La «futaie de tourelles» de Chambord, vue de
+Blois? 150.</p>
+
+<p class="indent1">Enthousiasme de Victor <span class="smcap">Hugo</span> pour Chambord. Il
+grave son nom au faîte de la plus haute tourelle,
+168, 169.</p>
+
+<p class="indent1">La duchesse de <span class="smcap">Berry</span> devait, en 1828, suivre ce
+mauvais exemple, 168 en note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_212">[Pg 212]</span></p>
+
+<p><span class="smcap">Chantreau</span> (Maurice), homme d'affaires du marquis
+de <span class="smcap">Béthune-Sully</span>, sert de témoin au second mariage
+du général <span class="smcap">Hugo</span>, 26.</p>
+
+<p>Charenton (L'hospice de), dirigé par le D<sup>r</sup> <i>Royer-Collard</i>.
+Eugène <span class="smcap">Hugo</span> y est transporté, 94, 96.</p>
+
+<p><span class="smcap">Charles</span> VIII, 153 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Charles</span> X: par ordonnance spéciale, nomme <span class="smcap">Lamartine</span>
+et Victor <span class="smcap">Hugo</span> chevaliers de la Légion d'honneur,
+invite Victor <span class="smcap">Hugo</span> à son sacre, 157, 158.</p>
+
+<p class="indent1">Le sacre, 174.</p>
+
+<p class="indent1">Fait tirer l'<i>Ode sur le Sacre</i> sur les presses de l'Imprimerie
+royale, 178.</p>
+
+<p class="indent1">Fait remettre à Victor <span class="smcap">Hugo</span> des porcelaines (de Sèvres),
+183.</p>
+
+<p><span class="smcap">Charles</span> d'<span class="smcap">Orléans</span>, ses poésies, 159 en note.</p>
+
+<p><i>Château (Le) de Chambord</i>, par L. de la <span class="smcap">Saussaye</span>, 169
+en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Chateaubriand</span> (M. de), 95, 98, 130, 167 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Sa première disgrâce, 43 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Son ambassade à Londres, 43 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Accompagne M. de <span class="smcap">Montmorency</span> au Congrès de Vérone,
+43 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Accepte le portefeuille des Affaires étrangères, 43 en
+note.</p>
+
+<p class="indent1">Nouvel amour, nouvelle disgrâce: la conversion des
+rentes, les finances de M<sup>me</sup> Boni de <span class="smcap">Castellane</span>, 43
+en note, 75 en note, 137, 140, 141.</p>
+
+<p class="indent1">Hommage que lui rend Adolphe de <span class="smcap">Saint-Valry</span>, 167
+en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Chauveau</span> (D<sup>r</sup> H.). <i>Mémoire sur les Buttes dans le département
+de Loir-et-Cher</i>, 149 en note.</p>
+
+<p>Chemonton (La rue), à Blois, 152.</p>
+
+<p><span class="smcap">Chenay</span> (Le graveur Paul), beau-frère de Victor <span class="smcap">Hugo</span>,
+par son mariage avec Julie <span class="smcap">Foucher</span>, 172 en note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_213">[Pg 213]</span></p>
+
+<p class="indent1">Un volume de souvenirs: <i>Victor Hugo à Guernesey</i>,
+172 en note, 196, 197 en note.</p>
+
+<p class="indent1">La première édition des <i>Odes</i>? 196, 197 en note.</p>
+
+<p>Cheverny (L'hôtel de), à Blois, 152.</p>
+
+<p><span class="smcap">Chuquet</span> (M. Arthur), 138 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Clermont-Tonnerre</span> (M. de), son appui doit être conservé
+«vierge» pour le général <span class="smcap">Hugo</span>, 75.</p>
+
+<p class="indent1">Ses bonnes dispositions à son égard, 133.</p>
+
+<p class="indent1">Victor <span class="smcap">Hugo</span> déjeune avec lui à plusieurs reprises.
+Son précieux appui, 133, 135.</p>
+
+<p class="indent1">Engage Victor à remettre au duc d'<span class="smcap">Angoulême</span> son
+ode sur <i>la guerre d'Espagne</i>, 129.</p>
+
+<p><i>Clocher de Saint-Marc (Le)</i>, par Jules <span class="smcap">Lefèvre-Deumier</span>,
+164 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Adolphe de <span class="smcap">Saint-Valry</span> le lui fait vendre, 168.</p>
+
+<p>Cléry (Loiret), sur la rive gauche de la Loire, 147 en note.</p>
+
+<p><i>Clytemnestre</i>, tragédie de A. <span class="smcap">Soumet</span>, 62 en note.</p>
+
+<p><i>Cochon de saint Antoine (Le)</i>, par Charles-Victor <span class="smcap">Hugo</span>,
+188 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Coetlosquet</span> (Le général), sa bonne volonté à l'égard du
+général <span class="smcap">Hugo</span>, 141.</p>
+
+<p>Cogolludo: suivant le vicomte A. <span class="smcap">Révérend</span>, le général
+<span class="smcap">Hugo</span> eût été créé par le roi <span class="smcap">Joseph</span> comte de
+<span class="smcap">Cogolludo</span>, 21 en note.</p>
+
+<p><i>Collection des lois civiles et criminelles des États modernes</i>,
+par Victor <span class="smcap">Foucher</span>, 171 en note.</p>
+
+<p><i>Collection des lois, décrets, ordonnances, règlements
+et avis du Conseil d'Etat</i>, par <span class="smcap">Duvergier</span>, 195 en
+note.</p>
+
+<p><i>Combat de taureaux (Le)</i>, par Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 90 en note.</p>
+
+<p><i>Comte Julien (Le)</i>, par A. <span class="smcap">Guiraud</span>, 164 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Condé</span> (Princes de), 153 en note, 155.</p>
+
+<p><i>Confidences (Les)</i>, par Jules <span class="smcap">Lefèvre-Deumier</span>, 164 en
+note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_214">[Pg 214]</span></p>
+
+<p><i>Conservateur</i> (Le Journal <i>Le</i>): le marquis de <span class="smcap">Talaru</span>
+est un de ses premiers bailleurs de fonds, ce à
+quoi il doit sa fortune politique, 139 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Fait l'éloge des frères <span class="smcap">Hugo</span>, 18 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Cesse de paraître, 19 en note.</p>
+
+<p><i>Conservateur littéraire (Le)</i>, 8, 9, 17.</p>
+
+<p class="indent1">Crainte du général <span class="smcap">Hugo</span> que cette entreprise littéraire
+ne fasse négliger à ses fils leurs études de
+droit, 14.</p>
+
+<p class="indent1">Ses doctrines politiques, 17, 19 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Abel et Victor <span class="smcap">Hugo</span> à la tête du <i>Conservateur littéraire</i>,
+21 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Eugène n'y publie que son <i>Ode sur la mort du duc
+d'Enghien</i> et que ses <i>Stances à Thaliarque</i>, 21
+en note.</p>
+
+<p>A. <span class="smcap">Soumet</span> y rend compte des <i>Nouvelles Odes</i> de Victor
+<span class="smcap">Hugo</span>, 62 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Quelques-uns de ses collaborateurs: Gaspard de
+<span class="smcap">Pons</span>, 69.</p>
+
+<p class="indent1">Jules <span class="smcap">Lefèvre-Deumier</span>, 164 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Adolphe de <span class="smcap">Saint-Valry</span>, 166 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Ode sur <i>la mort du duc de Berri</i>, 81.</p>
+
+<p><i>Constant et Discrète</i>, poème, par Gaspard de <span class="smcap">Pons</span>, 69
+en note.</p>
+
+<p><i>Conteur (Le)</i>, recueil de contes publié par Abel <span class="smcap">Hugo</span>,
+92 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Conti</span> (Prince de), 155.</p>
+
+<p><i>Conversion d'un romantique</i>, par Antoine <span class="smcap">Jay</span>, 69 en
+note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Corbière</span> (M. de), ministre de l'Intérieur, 98.</p>
+
+<p><span class="smcap">Corbière</span> (Le poète Tristan), 10.</p>
+
+<p><i>Correspondance de Victor Hugo</i>, 7, 158, 161 en note,
+165 en note, 169 en note, 170 en note, 173 en
+note, 199 en note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_215">[Pg 215]</span></p>
+
+<p><i>Coup d'œil militaire sur la manière d'escorter, d'attaquer
+et de défendre les convois et sur les
+moyens de diminuer la fréquence des convois et
+d'en assurer la marche; suivi d'un mot sur le
+pillage</i>; par le général (alors capitaine) <span class="smcap">Hugo</span>
+(1796), 13 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Courier</span> (Paul-Louis), son <i>Simple Discours aux membres
+du Conseil de Véretz, au sujet de l'acquisition
+de Chambord</i>, 99.</p>
+
+<p class="indent1">Traduit devant la Cour d'assises de la Seine, est
+condamné à deux mois de prison, 99.</p>
+
+<p class="indent1">Rend compte de son procès et on n'ose le poursuivre
+à nouveau, 100 en note.</p>
+
+<p><i>Courrier français (Le)</i>, 144 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Courteline</span> (Un chapitre de): un dossier perdu, 34.</p>
+
+<p><i>Cromwell</i> (1827), 196 en note.</p>
+
+
+<p class="p2">D</p>
+
+<p><span class="smcap">Damas</span> (Le comte Roger de), 16, 17 en note, 137 en
+note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Dante</span>, 163.</p>
+
+<p><i>Débats (Le Journal des)</i>, 86, 134 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Decazes</span> (Le comte), ministre de la Police générale; de
+l'Intérieur (puis président du Conseil (19 novembre,
+29 décembre 1818-20 février 1820), 129 en
+note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Delaveau</span> (Le préfet), organisateur avec <span class="smcap">Franchet-Desperey</span>,
+des massacres de la rue Saint-Denis (19-20
+novembre 1827), 34 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Delorme</span> (Marion): suivant le bibliothécaire <span class="smcap">Dupré</span>,
+serait née à Blois, 151 en note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_216">[Pg 216]</span></p>
+
+<p class="indent1">La maison que lui prête la tradition, 151 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Un dessin de Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 151 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Deux vers de <i>Marion Delorme</i>, 165.</p>
+
+<p><span class="smcap">Depeyre</span> (M. G.), secrétaire de l'Académie des Jeux
+floraux: un petit point d'histoire littéraire, 55 en
+note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Derivoire</span> (Le colonel), de Montfort-l'Amaury; avait
+servi sous les ordres du général <span class="smcap">Hugo</span>, 187.</p>
+
+<p><i>Derniers bardes (Les)</i>, poème, par Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 20 en
+note.</p>
+
+<p class="indent1">Avaient été, en 1819, l'objet d'une mention de l'Académie
+des Jeux floraux, 20 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Deschamps</span> (M. et M<sup>me</sup>), 172.</p>
+
+<p><span class="smcap">Deschamps</span> (Emile), 163. Signe au mariage de Victor
+<span class="smcap">Hugo</span>, 61.</p>
+
+<p class="indent1">Fut un des fondateurs de la <i>Muse française</i>. Sa
+collaboration aux <i>Annales de la Littérature et
+des Arts</i>, au <i>Mercure du XIX<sup>e</sup> siècle</i>, etc. Ses
+œuvres, 163, 164 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Adresse ses félicitations au lieutenant général, comte
+<span class="smcap">Hugo</span>, 177.</p>
+
+<p><i>Des grands moyens accessoires de défense et de conservation
+aujourd'hui indispensables aux places fortes,
+aux armées, aux colonies et aux États qui les
+possèdent.</i> Ouvrage du général <span class="smcap">Hugo</span> dont le prospectus
+a seul paru, 14 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Des Granges</span> (Ch.-M.), Un précieux volume souvent
+mis à contribution: <i>Le Romantisme et la Critique.
+La Presse Littéraire sous la Restauration</i>, 1815-1830,
+18 en note, 19 en note, 63 en note, 69 en
+note, 168 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Desjardins</span>, le plus inconnu des fondateurs de la <i>Muse
+française</i>, 167 en note.</p>
+
+<p><i>Des maladies mentales considérées sous le rapport médical,<span class="pagenum" id="Page_217">[Pg 217]</span>
+hygiénique et médico-légal</i>, par Ed. <span class="smcap">Esquirol</span>,
+89-90 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Dessole</span> (Le Cabinet, 29 décembre 1818), 129 en note.</p>
+
+<p><i>Deux Ages (Les)</i>, idylle, par Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 20 en note.</p>
+
+<p><i>Deux Archers</i> (La ballade des), 148.</p>
+
+<p><span class="smcap">Devéria</span>, ses frontispices de <i>Bug-Jargal</i> et des <i>Odes</i>
+(édition Ladvocat), 197, 198 en note.</p>
+
+<p><i>Dictionnaire des Généraux français</i>, 40, 41.</p>
+
+<p><span class="smcap">Didine</span>, Léopoldine <span class="smcap">Hugo</span>, 142, 143, 144, 172, 173, 177,
+185.</p>
+
+<p><i>Divine Epopée (La)</i>, poème d'A. <span class="smcap">Soumet</span>, 62 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Driollet</span> (M.), ami du général <span class="smcap">Hugo</span>, 184, 189.</p>
+
+<p><i>Droit civil français (Le) suivant l'ordre du Code</i>, par
+<span class="smcap">Toullier</span> et <span class="smcap">Duvergier</span>, 195 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Drumont</span> (Edouard), <i>Mon vieux Paris</i>. Scipion <span class="smcap">Sardini</span>
+et Isabelle de <span class="smcap">Limeuil</span>, 153 en note.</p>
+
+<p><i>Duchesse d'Alba (La)</i>, manuscrit du général <span class="smcap">Hugo</span>,
+14 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Dumas</span> (L'Abbé), vicaire à Saint-Sulpice lors du mariage
+de Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 61.</p>
+
+<p>Dupont (L'hôtel Denis), à Blois, 151.</p>
+
+<p><span class="smcap">Dupré</span> (Le bibliothécaire A.), 151 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Du Seigneur</span> (Jehan), 8.</p>
+
+<p><span class="smcap">Duvergier</span> (Le jurisconsulte), Victor <span class="smcap">Hugo</span> oppose sa
+compétence et son honnêteté aux appétits de sa
+belle-mère, 195.</p>
+
+<p><span class="smcap">Duvidal</span>, marquis de <span class="smcap">Montferrier</span>, l'un des signataires
+de l'acte de mariage de Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 61.</p>
+
+
+<p class="p2">E</p>
+
+<p><span class="smcap">Eckstein</span> (Le baron d') a collaboré aux <i>Annales de la
+Littérature et des Arts</i> et fondé <i>Le Catholique</i>, 165
+en note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_218">[Pg 218]</span></p>
+
+<p class="indent1">Victor <span class="smcap">Hugo</span> lui recommande le <i>Résumé de l'Histoire
+de Russie</i>, d'Alphonse <span class="smcap">Rabbe</span>, 165.</p>
+
+<p><i>Élégies savoyardes</i>, par A. <span class="smcap">Guiraud</span>, 161 en note.</p>
+
+<p><i>Elisabeth d'Angleterre</i>, par M. <span class="smcap">Ancelot</span>, 61 en note.</p>
+
+<p><i>Elisabeth de France</i>, tragédie de A. <span class="smcap">Soumet</span>, 62 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Eloy</span> (M.), 89.</p>
+
+<p><i>El viego</i>, par Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 90 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Empecinado</span> (L'), défaites que lui fit subir le général
+Hugo, 22.</p>
+
+<p><i>Émulation de Cambrai (La Société d')</i> couronne Abel
+<span class="smcap">Hugo</span> pour son <i>Ode sur la bataille de Denain</i>, 21.</p>
+
+<p><i>Épée de Brennus (L')</i>, manuscrit du général <span class="smcap">Hugo</span>, 14 en
+note.</p>
+
+<p><i>Ermite (L') ou le solitaire du lac</i>, autre manuscrit du
+général <span class="smcap">Hugo</span>, 14 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Esquirol</span> (Le Docteur), 89-90.—Eugène <span class="smcap">Hugo</span> est placé
+dans sa maison, 89, 90.</p>
+
+<p class="indent1">Victor va l'y visiter; état du malade, 92-93.</p>
+
+<p class="indent1">Le prix de la pension, 93.</p>
+
+<p class="indent1">Son règlement, 97, 100.</p>
+
+<p class="indent1">Le D<sup>r</sup> <span class="smcap">Esquirol</span>, nommé à Charenton, 90 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Un ouvrage classique, 89-90 en note.</p>
+
+<p><i>Essai complémentaire sur le commandement des places
+de guerre et autres.</i> Manuscrit du général
+<span class="smcap">Hugo</span>, 14 en note.</p>
+
+<p><i>Études d'Histoire romantique. Le Cénacle de la Muse
+française</i>, par Léon <span class="smcap">Séché</span>, 62 en note.</p>
+
+<p><i>Evénement</i> (Le journal <i>L'</i>): Charles-Victor et François-Victor
+<span class="smcap">Hugo</span>, 188 en note, 193 en note.</p>
+
+
+<p class="p2">F</p>
+
+<p><i>Famille tragique (Une)</i>, par Charles-Victor <span class="smcap">Hugo</span>,
+188 en note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_219">[Pg 219]</span></p>
+
+<p><span class="smcap">Féraudy</span> (M. de), ancien major du génie, le meilleur
+ami du général <span class="smcap">Hugo</span> à Blois, où il fonde avec lui
+une société littéraire, 86, 189.</p>
+
+<p class="indent1">Ses <i>fables</i>, 77.</p>
+
+<p class="indent1">Ses <i>mémoires</i>, 77.</p>
+
+<p class="indent1">Est vivement recommandé à Victor, par Eugène,
+dans un intervalle de lucidité, 86.</p>
+
+<p class="indent1">Présente un acte à l'Odéon, 86.</p>
+
+<p class="indent1">Ses voyages à Paris mis à profit par Victor et par
+son père, 127-128.</p>
+
+<p class="indent1">Candidat à une récompense de l'Académie: démarches
+de Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 135, 136.</p>
+
+<p><span class="smcap">Ferdinand</span>, roi d'Espagne, 139-140.</p>
+
+<p><span class="smcap">Fessart</span> (M.), signe au mariage de Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 61.</p>
+
+<p><i>Feuilles d'automne (Les)</i>: la maison du général <span class="smcap">Hugo</span>
+à Blois, 78-79.</p>
+
+<p><i>Fiesque</i>, par M. <span class="smcap">Ancelot</span>, 61 en note.</p>
+
+<p><i>Figaro</i> (une citation du), de 1829, 31 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Fleury</span> (Le Docteur), 72, 96.</p>
+
+<p>Foix (La maison de la rue du), à Blois.</p>
+
+<p class="indent1">Est achetée dès 1816 par la veuve d'<span class="smcap">Almeg</span>, 24 en
+note, 77.</p>
+
+<p class="indent1">Après son mariage avec le général <span class="smcap">Hugo</span> qui vient
+de revendre le domaine de Saint-Lazare, elle s'y
+installe avec lui, en 1823, 77.</p>
+
+<p class="indent1">Le général y joint une petite maison voisine, plus
+tard achetée par la double veuve, 77 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Sa description par Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 78-79, 149.</p>
+
+<p class="indent1">Le petit <span class="smcap">Léopold</span> vient y mourir, 112, 122.</p>
+
+<p class="indent1">L'inventaire et la vente du mobilier après la mort
+du général <span class="smcap">Hugo</span>, 195.</p>
+
+<p class="indent1">Sa veuve n'y meurt qu'en 1858, 79, 200.</p>
+
+<p class="indent1">Le centenaire de la naissance d'<span class="smcap">Hugo</span>: une cérémonie
+bien inspirée, 79.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_220">[Pg 220]</span></p>
+
+<p><span class="smcap">Foucher</span> (Adèle), M<sup>me</sup> Victor <span class="smcap">Hugo</span>. Voir ce nom.</p>
+
+<p><span class="smcap">Foucher</span> (Julie), petite sœur d'Adèle, ses progrès, 172.</p>
+
+<p class="indent1">Epouse le graveur Paul <span class="smcap">Chenay</span>, 172 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Foucher</span> (Paul), jeune beau-frère de Victor Hugo. Encore
+élève au lycée Henri IV, amène chez ses
+parents, à Gentilly, un de ses camarades qui contrefaisait
+à merveille l'ivrogne: il se nommait
+Alfred de <span class="smcap">Musset</span>, 30.</p>
+
+<p class="indent1">Son voyage à Blois, 116, 117.</p>
+
+<p class="indent1">Il en revient avec de bonnes nouvelles et les yeux
+agrandis à force de s'ouvrir, 114, 116, 117.</p>
+
+<p class="indent1">Une lettre de Victor <span class="smcap">Hugo</span> à Paul <span class="smcap">Foucher</span> écrite de
+la Miltière, 170, 173.</p>
+
+<p class="indent1">Leur collaboration: <i>Amy Robsart</i>, 170 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Ses correspondances parisiennes à <i>l'Indépendance
+belge</i>, 170 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Son nom lié, par Alfred de <span class="smcap">Musset</span>, à celui de M<sup>me</sup> Mélanie
+<span class="smcap">Waldor</span>, 170 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Foucher</span> (Pierre), beau-père de Victor <span class="smcap">Hugo</span>, ancien
+greffier du Conseil de guerre; chef de bureau au
+Ministère de la Guerre, 31.</p>
+
+<p class="indent1">Sa réponse à la demande de mariage entre sa fille
+Adèle et Victor, faite par le général <span class="smcap">Hugo</span>, 47.</p>
+
+<p class="indent1">Son crédit au Ministère mis à profit par son gendre
+pour les siens, 76.</p>
+
+<p class="indent1">A prêté de l'argent au jeune ménage gêné: Victor
+s'adresse à son père pour le lui rembourser, 83,
+84.</p>
+
+<p><span class="smcap">Foucher</span> (M<sup>me</sup> Pierre), Anne-Victoire <span class="smcap">Asseline</span>, 61.</p>
+
+<p class="indent1">Passe avec son mari les vacances à Gentilly: le fiancé
+les y accompagne, 29-30.</p>
+
+<p class="indent1">Perd son père, 121.</p>
+
+<p class="indent1">A caché à sa fille les lettres annonçant la mort du
+petit Léopold et ne peut les retrouver, 122, 124.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_221">[Pg 221]</span></p>
+
+<p><span class="smcap">Foucher</span> (Victor), l'aîné des beaux-frères de Victor
+<span class="smcap">Hugo</span>, 171.</p>
+
+<p class="indent1">Est à Alençon bien placé, 131.</p>
+
+<p class="indent1">Ses œuvres, 171 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Aurait collaboré, sous la signature F..., au <i>Conservateur
+littéraire</i>, 171 en note.</p>
+
+<p><i>Foudre</i> (Le journal <i>La</i>) consacre un article aux <i>Fables</i>
+de M. de <span class="smcap">Féraudy</span>, 77.</p>
+
+<p><span class="smcap">Fouquet</span> (Le sieur), jardinier, l'un des témoins, à l'état
+civil de Blois, de la mort de la veuve du général
+<span class="smcap">Hugo</span>, 200.</p>
+
+<p><i>Français en Espagne (Les)</i>, à-propos-vaudeville par
+Abel <span class="smcap">Hugo</span> et Alph. <span class="smcap">Vulpian</span>, 91 en note.</p>
+
+<p><i>France Centrale</i> (Le journal <i>La</i>) reproduit la belle
+lettre de Victor <span class="smcap">Hugo</span> à l'aqua-fortiste <span class="smcap">Queyroy</span>,
+157.</p>
+
+<p class="indent1">M. J. de <span class="smcap">Pétigny</span> y défend la mémoire de <span class="smcap">Gaston</span>
+d'<span class="smcap">Orléans</span>, 155 en note.</p>
+
+<p><i>France historique et monumentale</i>, par Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 93
+en note.</p>
+
+<p><i>France militaire</i>, par Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 92 en note.</p>
+
+<p><i>France pittoresque</i>, par Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 92 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Franchet Desperey</span> (M.), directeur général de la police,
+34, 35, 47.</p>
+
+<p><span class="smcap">François</span> I<sup>er</sup> (Une citation inévitable de), 169.</p>
+
+<p><i>Francs régénérés (Les)</i>, 18 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Frayssinous</span> (Le comte de), évêque d'Hermopolis, ministre
+des Affaires ecclésiastiques; Victor <span class="smcap">Hugo</span>
+cherche à obtenir de lui une bourse pour un de ses
+cousins <span class="smcap">Trébuchet</span>, 187.</p>
+
+<p><span class="smcap">Frénilly</span> (Le baron de), ses <i>Souvenirs</i>: les causes secrètes
+d'une disgrâce, <span class="smcap">Chateaubriand</span> et M<sup>me</sup> Boni
+de <span class="smcap">Castellane</span>, 138-140.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_222">[Pg 222]</span></p>
+
+
+<p class="p2">G</p>
+
+<p><span class="smcap">Gaillard</span> (Michelle), veuve de Florimond Robertet,
+153 en note.</p>
+
+<p><i>Galerie des Hommes illustres du Vendômois</i>, 147 en
+note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Gaston</span> d'<span class="smcap">Orléans</span>, 149, 163.</p>
+
+<p class="indent1">Duplicité de ce «Bourbon coupé de Médicis», 154-155.</p>
+
+<p class="indent1">M. de <span class="smcap">Pétigny</span> cherche à prendre la défense de sa
+mémoire, 155 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Gault</span> (M. Denis), officier de l'état civil de la commune
+de Blois, 119.</p>
+
+<p><span class="smcap">Gautier</span> (Théophile): son <i>Histoire du Romantisme</i>, 8.</p>
+
+<p><span class="smcap">Gay</span> (Le Docteur) achète du général <span class="smcap">Hugo</span> la terre de
+Saint-Lazare, près Blois, 77.</p>
+
+<p><i>Gazette de France (La)</i>, 33 en note, 157.</p>
+
+<p><i>Gazette des Beaux-Arts: Les Rues et Maisons du vieux
+Blois.</i> Une lettre de Victor <span class="smcap">Hugo</span> au dessinateur
+<span class="smcap">Queyroy</span>, 157.</p>
+
+<p><span class="smcap">Gazza</span> (Francesca), M<sup>me</sup> <span class="smcap">Brousse</span>, 182 en note.</p>
+
+<p><i>Génie (Le) du Théâtre espagnol, ou Traduction et
+analyses des meilleures pièces de Lopez de Véga;
+F. Calderon et autres auteurs dramatiques, depuis
+le milieu du XVI<sup>e</sup> siècle jusqu'à la fin du XVIII<sup>e</sup></i>;
+par Abel <span class="smcap">Hugo</span> (Ouvrage non terminé), 91 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Genoude</span> (M. de), 33 en note.</p>
+
+<p>Gentilly (Victor <span class="smcap">Hugo</span> à), 29-30, 99, 175, 176.</p>
+
+<p><span class="smcap">Genty</span>, l'un des pseudonymes du général <span class="smcap">Hugo</span>, 13 en
+note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Girard</span> (M.), directeur de l'École vétérinaire d'Alfort, 96.</p>
+
+<p><span class="smcap">Goncourt</span> (Edmond et Jules de): leur <i>Journal</i>, 13 en
+note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_223">[Pg 223]</span></p>
+
+<p><span class="smcap">Greffulhe</span> (Louise-Cornélia-Eucharis de), comtesse
+Boni de <span class="smcap">Castellane</span>: sa liaison avec <span class="smcap">Chateaubriand</span>,
+138, 139-140.</p>
+
+<p><span class="smcap">Grégoire</span> (L'Abbé), évêque constitutionnel de Blois,
+60 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Guiraud</span> (P.-M.-T.-Alexandre), l'un des fondateurs de
+la <i>Muse française</i> où il rendit compte des <i>Mémoires
+du général Hugo</i> et publia un véritable manifeste:
+<i>Nos Doctrines</i>, 10, 164.</p>
+
+<p><span class="smcap">Guise</span> (Le duc de), 155.</p>
+
+<p class="indent1">(L'hôtel de), à Blois, 152.</p>
+
+
+<p class="p2">H</p>
+
+<p><span class="smcap">Hadou</span> (Les époux), propriétaires de la maison achetée,
+en 1816, par la veuve d'Almeg, rue du Foix, à
+Blois, 77 en note.</p>
+
+<p><i>Han d'Islande</i> (L'exemplaire de la seconde édition de)
+que Victor <span class="smcap">Hugo</span> destine à son père, 106.</p>
+
+<p class="indent1">Description de cet exemplaire, 197 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hatin</span> (Eugène), omet de citer la <i>Muse française</i> dans
+sa <i>Bibliographie historique et critique de la Presse
+périodique française</i>, 106 en note.</p>
+
+<p>Haute (Une maison de la rue), à Blois, 151.</p>
+
+<p><span class="smcap">Heim</span> (Le jeune M.) récite des vers de circonstance, en
+la maison de la rue du Foix, à Blois, à l'occasion
+du centenaire de la naissance de Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 79
+en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hendicourt</span> (M. d'), 161.</p>
+
+<p><span class="smcap">Henri</span> III, 155.</p>
+
+<p><span class="smcap">Henri</span> IV, 153.</p>
+
+<p><i>Hernani</i>, 9.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_224">[Pg 224]</span></p>
+
+<p><i>Heure de la Mort (L')</i>, par Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 91 en note.</p>
+
+<p><i>Histoire de l'empereur Napoléon</i>, par Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 92 en
+note.</p>
+
+<p><i>Histoire du Romantisme</i>, par Théophile <span class="smcap">Gautier</span>, 8.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hofman</span> (Le critique), du journal des <i>Débats</i>.—Réponse
+de Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 134 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Holstein-Augustenbourg</span> (Leurs Altesses Sérénissimes
+les princes de), 194.</p>
+
+<p><i>Hôtel (L') de Scipion Sardini et ses Médaillons en terre
+cuite</i>, par Anatole de <span class="smcap">Montaiglon</span>, 152 en note.</p>
+
+<p>Hôtel Toulouse (L'), rue du Cherche-Midi, siège du Conseil
+de guerre où habitait la famille <span class="smcap">Foucher</span>, 30, 63.</p>
+
+<p><span class="smcap">Houssaye</span> (Arsène), 164 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hugo</span> (Joseph), menuisier, «très excellent républicain»,
+marié à Marguerite <span class="smcap">Michaud</span>, père du général
+<span class="smcap">Hugo</span>, 24, 133 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hugo</span> (Le général Joseph-Léopold-Sigisbert). Lettres
+que lui adressa Victor, conservées à la Bibliothèque
+de Blois, 7.</p>
+
+<p class="indent1">Étude à ce sujet de M. Louis <span class="smcap">Belton</span>: <i>Victor Hugo
+et son père, le général Hugo, à Blois</i>, 7.</p>
+
+<p class="indent1">Ses <i>mémoires</i>, 11, 13 en note, 92, 94, 116, 119, 164
+en note.</p>
+
+<p class="indent1">Ces lettres le font mieux connaître, 12.</p>
+
+<p class="indent1">Son premier mariage, la séparation: l'aventurière, 11.</p>
+
+<p class="indent1">L'éloignement semble, cependant, plutôt matériel
+entre les fils et le père, qui leur continue une pension
+mensuelle, 12.</p>
+
+<p class="indent1">Ses goûts littéraires, 13. Ses œuvres imprimées et manuscrites,
+13-14 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Sa crainte passagère que le <i>Conservateur littéraire</i>
+ne fasse négliger à Eugène et à Victor leurs études
+de droit: lettre au doyen, 15.</p>
+
+<p class="indent1">Sa carrière militaire: le général Hugo en Espagne,<span class="pagenum" id="Page_225">[Pg 225]</span>
+la défense de Thionville: son bonapartisme pour le
+moins douteux. Il semble avoir eu plus à se louer
+de <span class="smcap">Louis</span> XVIII, qui après lui avoir reconnu le grade
+de maréchal de camp, lui avait ensuite accordé la
+croix de Saint-Louis, puis la rosette de la Légion
+d'honneur, que de <span class="smcap">Napoléon</span>, 16.</p>
+
+<p class="indent1">Sa lettre au comte <span class="smcap">Roger</span> de <span class="smcap">Damas</span>, 15-17.</p>
+
+<p class="indent1">La demi-solde, 16.</p>
+
+<p class="indent1">Créé, par Joseph, comte de <span class="smcap">Siguenza</span>, ses armes, 21.</p>
+
+<p class="indent1">Se retire à Blois où il achète le domaine de Saint-Lazare,
+qu'il ne tarde pas à revendre, 22.</p>
+
+<p class="indent1">Son second mariage (une régularisation), à Chabris,
+avec Marie-Catherine <span class="smcap">Thomas y Saëtoni</span>, veuve
+<span class="smcap">Anaclet</span> d'<span class="smcap">Almeg</span>, 22.</p>
+
+<p class="indent1">L'acte de mariage, 23-26.</p>
+
+<p class="indent1">Comment le général <span class="smcap">Hugo</span> et la comtesse de <span class="smcap">Salcano</span>
+firent part de leur union: la religion a parfois bon
+dos, 26.</p>
+
+<p class="indent1">Autorise le mariage de Victor avec M<sup>lle</sup> Adèle <span class="smcap">Foucher</span>,
+28.</p>
+
+<p class="indent1">Veut fonder, à Blois, une Société littéraire: les
+vains efforts de Victor pour la faire autoriser. Un
+biais administratif, 33, 35-36, 40, 41, 44.</p>
+
+<p class="indent1">La demande officielle de la main d'Adèle <span class="smcap">Foucher</span>,
+38, 47.</p>
+
+<p class="indent1">Victor se défend d'avoir des préventions contre son
+épouse actuelle, qu'il n'a pas l'honneur de connaître,
+39.</p>
+
+<p class="indent1">Le service de presse du <i>Journal de Thionville</i>, 39, 41.</p>
+
+<p class="indent1">Un poème du général: la <i>Révolte des Enfers</i>,
+41, 42, 46.</p>
+
+<p class="indent1">Acte de naissance et extrait de baptême du fiancé, 45.</p>
+
+<p class="indent1">Un consentement légalisé et un mois de pension longs
+à venir, 47.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_226">[Pg 226]</span></p>
+
+<p class="indent1">Le rachat d'un ban, 50.</p>
+
+<p class="indent1">Le général n'assistera pas à la noce et ne prendra pas
+part aux frais, 49, 51.</p>
+
+<p class="indent1">Entre frères: lettre du colonel <span class="smcap">Hugo</span> au général,
+56-59.</p>
+
+<p class="indent1">Le faire-part du mariage de Victor, 65.</p>
+
+<p class="indent1">La chanson des nouveaux époux, 63-64, 66-67.</p>
+
+<p class="indent1">La folie d'Eugène: Victor en avise son père et fait
+appel à sa bourse, 71-72.</p>
+
+<p class="indent1">L'écu et les armes du général: un blason du
+XVI<sup>e</sup> et la ferblanterie héraldique impériale, 74
+en note.</p>
+
+<p class="indent1">Tous les efforts de Victor tendent à le faire rappeler
+à l'activité, 75.</p>
+
+<p class="indent1">Quitte et revend le château de Saint-Lazare, pour
+aller habiter la petite maison achetée, en 1816,
+rue du Foix par la veuve d'<span class="smcap">Almeg</span>, 77.</p>
+
+<p class="indent1">Va chercher Eugène à Paris et le ramène à Blois, 72-73.</p>
+
+<p class="indent1">Son compte à la banque <span class="smcap">Katzenberger</span>: il vient à
+nouveau au secours du jeune ménage, 83-84.</p>
+
+<p class="indent1">Des nouvelles du pauvre fou, placé chez le D<sup>r</sup> <span class="smcap">Esquirol</span>,
+puis transféré au Val-de-Grâce et à Saint-Maurice,
+90, 92-93, 94, 95, 96-97, 99, 100, 106, 131.</p>
+
+<p class="indent1">Il reçoit le jeune Adolphe <span class="smcap">Trébuchet</span>, 99-101.</p>
+
+<p class="indent1">Le général grand-père: la naissance du petit Léopold,
+102-104.</p>
+
+<p class="indent1">La recherche d'une nourrice. Il en expédie une à ses
+enfants, 104-107, 107-108.</p>
+
+<p class="indent1">Un nuage prêt à crever: la reconnaissance due à
+la comtesse de <span class="smcap">Salcano</span>, 110-111.</p>
+
+<p class="indent1">Il va, avec sa femme, chercher à Paris l'enfant malade
+et le ramène à Blois, où, malgré les soins
+dont il est entouré, il ne tardera pas à mourir,
+112, 120, 121.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_227">[Pg 227]</span></p>
+
+<p class="indent1">Le cachet du général, 74, 116, 126, 127.</p>
+
+<p class="indent1">Ses <i>Mémoires</i> s'impriment chez <span class="smcap">Ladvocat</span>: Adèle
+Hugo, souffrante, demande à les lire en feuilles, 119.</p>
+
+<p class="indent1">La mort de l'enfant. Consolations du père au grand-père,
+122-124.</p>
+
+<p class="indent1">Les bonnes dispositions du marquis de <span class="smcap">Clermont-Tonnerre</span>
+et du duc d'<span class="smcap">Angoulême</span> à l'égard du général,
+134, 135-136.</p>
+
+<p class="indent1">L'espoir, vite envolé, d'une inspection générale,
+136, 141.</p>
+
+<p class="indent1">Nouveau voyage à Paris où il va faire connaissance
+de sa petite-fille Léopoldine, 145.</p>
+
+<p class="indent1">Victor et Adèle Hugo à Blois: la maison, le jardin
+et les cheveux blancs de son père, 147-173.</p>
+
+<p class="indent1">Les charmes d'une légende, 157.</p>
+
+<p class="indent1">Le général emmène ses enfants passer quelques jours
+à la Miltière, sa propriété de Sologne, 169.</p>
+
+<p class="indent1">La promotion du général au grade de lieutenant général
+(5 juin 1825), 175.</p>
+
+<p class="indent1">Le nouveau lieutenant général parmi ses sables de
+Sologne, 176.</p>
+
+<p class="indent1">Le fils lui rappelle d'une façon charmante une dette
+sacrée, 180-182.</p>
+
+<p class="indent1">Il tarde un peu à s'exécuter, 184.</p>
+
+<p class="indent1">Une recommandation dont ne s'enthousiasme pas
+Victor, 187.</p>
+
+<p class="indent1">Sa belle-fille lui donne un nouveau petit-fils, 189.</p>
+
+<p class="indent1">Il quitte Blois et vient s'installer à Paris dans la
+même maison qu'Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 190-191.</p>
+
+<p class="indent1">Affaires dont il semble s'être occupé, 191.</p>
+
+<p class="indent1">Sa mort subite: un «avis d'obsèques», dans le <i>Moniteur</i>,
+les débuts d'une formule, 191-192.</p>
+
+<p class="indent1">La cérémonie. La dépouille du général Hugo rejoint<span class="pagenum" id="Page_228">[Pg 228]</span>
+au cimetière du Père-Lachaise, celle de la mère
+de ses enfants: leur monument, 192-193.</p>
+
+<p class="indent1">Une succession difficile: le tailleur <span class="smcap">Moreau</span> et Marie-Catherine
+<span class="smcap">Thomas y Saëtoni</span>, 193-200.</p>
+
+<p class="indent1">Inventaire et vente de mobiliers de Blois et de la
+Miltière, 195-196.</p>
+
+<p class="indent1">Quelques livres échappés à la vente: dédicaces de
+Victor <span class="smcap">Hugo</span> à son père, 196-198.</p>
+
+<p class="indent1">Ce qu'on peut retirer dans les débris d'une grande
+fortune, 199.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hugo</span> (Le colonel Louis-Joseph), commandant le bureau
+de recrutement de Tulle, 37, 114, 144.</p>
+
+<p class="indent1">Sa croix d'officier de la Légion d'honneur, 16.</p>
+
+<p class="indent1">Demande à son neveu Victor son appui auprès de
+M. <span class="smcap">Foucher</span>, 43, 46.</p>
+
+<p class="indent1">Une lettre du colonel au général, 56-59.</p>
+
+<p class="indent1">Les affaires des <span class="smcap">Hugo</span> en Espagne, 56-57.</p>
+
+<p class="indent1">Observations qu'il a cru devoir faire à Victor au sujet
+de son mariage. La réponse de celui-ci, 57-58.</p>
+
+<p class="indent1">Désirerait être rappelé à l'activité et éviter la mise à
+la retraite. Va voir, dans ce but, le lieutenant général
+<span class="smcap">Alméras</span>, 58.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hugo</span> (Léopold), fils du colonel, 37 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hugo</span> (Marie), fille du colonel, Sœur Marie-Joseph de
+Jésus, du Carmel de Tulle, 37 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hugo</span> (Le major François-Juste), le plus jeune frère du
+général, 73, 114, 119.</p>
+
+<p class="indent1">A recours également au crédit de Victor, 75.</p>
+
+<p class="indent1">Sa femme; ses séjours à Paris, 82, 88, 131, 132, 133,
+134.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hugo</span> (Abel): Fait précéder les <i>Mémoires du général
+Hugo</i> d'un <i>Précis historique des Evénements qui
+ont conduit Joseph Napoléon sur le trône d'Espagne</i>,
+11 en note, 91 en note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_229">[Pg 229]</span></p>
+
+<p class="indent1">Vient retrouver ses frères à Paris, 19.</p>
+
+<p class="indent1">Couronné par la <i>Société d'Emulation de Cambrai</i>, 21.</p>
+
+<p class="indent1">Collabore, avec son frère Victor, au <i>Conservateur littéraire</i>,
+21 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Sert d'intermédiaire entre le poète et l'éditeur Pélicier.
+La 1<sup>re</sup> édition des <i>Odes et Poésies diverses</i>,
+30 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Galère dans laquelle il a poussé Victor, 90, 94.</p>
+
+<p class="indent1">Ses <i>romances historiques traduites de l'espagnol</i>, 30
+en note, 91 en note, 198 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Très occupé, n'a guère le temps d'écrire à son père,
+32, 48.</p>
+
+<p class="indent1">Épouse M<sup>lle</sup> de <span class="smcap">Montferrier</span>, 61 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Emmène, avec <span class="smcap">Biscarrat</span>, de chez M. <span class="smcap">Foucher</span>, Eugène
+<span class="smcap">Hugo</span>, atteint d'une crise de folie, pendant le
+dîner de noces de son frère, 68.</p>
+
+<p class="indent1">Ses œuvres, 90-93 en note.</p>
+
+<p class="indent1">La maison qu'il habite, rue Monsieur: son père y
+prend un appartement et y meurt, 191.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hugo</span> (Eugène): Obtient un souci réservé et une mention
+à l'<i>Académie des Jeux Floraux</i>, 21.</p>
+
+<p class="indent1">Publie dans le <i>Conservateur littéraire</i> son <i>Ode sur
+la mort du duc d'Enghien</i> et sa traduction des
+<i>Stances à Thaliarque</i>, 21 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Toujours bizarre: un roman en partie double, 32, 36.</p>
+
+<p class="indent1">Sa situation précaire, 36.</p>
+
+<p class="indent1">«Un peu fou», quand il écrit à son père, 51.</p>
+
+<p class="indent1">Assiste au mariage de Victor et d'Adèle <span class="smcap">Foucher</span> et
+signe l'acte de mariage, 61.</p>
+
+<p class="indent1">Est pris d'un accès de folie durant le repas de noces,
+68.</p>
+
+<p class="indent1">Le douloureux secret: il aimait Adèle, 70.</p>
+
+<p class="indent1">Son père vient le chercher et l'emmène à Blois, où il
+le soigne quelque temps chez lui, 72.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_230">[Pg 230]</span></p>
+
+<p class="indent1">Un mieux passager: il écrit à Victor et à J.-B. <span class="smcap">Biscarrat</span>,
+80, 85.</p>
+
+<p class="indent1">Autre lettre à Abel, dans laquelle il lui recommande
+vivement M. de <span class="smcap">Féraudy</span>. Elle trahit l'état du
+malade, 86-87.</p>
+
+<p class="indent1">Est ramené à Paris et placé dans la maison de santé
+du D<sup>r</sup> <span class="smcap">Esquirol</span>, 89-90.</p>
+
+<p class="indent1">Victor va l'y voir: son état, ses phantasmasies, 92-93,
+96-97.</p>
+
+<p class="indent1">Est transféré au Val-de-Grâce, puis à Saint-Maurice, 94.</p>
+
+<p class="indent1">Il y fait de la mélancolie; peine qu'on a à le faire
+manger, 99, 100.</p>
+
+<p class="indent1">Sa malpropreté, 109.</p>
+
+<p class="indent1">Sa mort, 73 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Est enterré au Père-Lachaise, auprès de sa mère et
+de son père, 193.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hugo</span> (Victor): Ses lettres à son père, conservées à la
+Bibliothèque de Blois, 7.</p>
+
+<p class="indent1">Son affection pour Alfred de <span class="smcap">Vigny</span>, 9.</p>
+
+<p class="indent1">Termes respectueux et affectueux dans lesquels il
+écrit à son père, 12.</p>
+
+<p class="indent1">Ses débuts, 15.</p>
+
+<p class="indent1">Obtient deux mentions à l'<i>Académie française</i>, 19.</p>
+
+<p class="indent1">Ses succès aux <i>Jeux Floraux</i>, 20.</p>
+
+<p class="indent1">Est nommé maître, mais ne fut pas mainteneur, 20.</p>
+
+<p class="indent1">Pension qu'il prétend devoir toucher comme membre
+de la seconde Académie du Royaume, 54, 57.</p>
+
+<p class="indent1">Le dénouement d'un roman: Victor vient passer les
+deux mois, à Gentilly, chez les <span class="smcap">Foucher</span>. Un «nid
+d'oiseau ou de poète», 29.</p>
+
+<p class="indent1">Les <i>Lettres à la Fiancée</i>, 27, 29.</p>
+
+<p class="indent1">L'édition originale des <i>Odes et Poésies diverses</i>, 8,
+20, 30, 193 en note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_231">[Pg 231]</span></p>
+
+<p class="indent1">S'en vendrait-il à Blois? 37, 42.</p>
+
+<p class="indent1">Les courses de Victor à Paris pour son père: la Société
+littéraire de Blois, 33, 35-36, 40, 41, 44.</p>
+
+<p class="indent1">L'introuvable général d'<span class="smcap">Hurbal</span>, 36, 40.</p>
+
+<p class="indent1">Sollicitude avec laquelle il recommande ses frères à
+son père, 51, 64.</p>
+
+<p class="indent1">Il fait appel aux conseils littéraires du général, 37.</p>
+
+<p class="indent1">La demande en mariage: si le général savait quel
+ange il va nommer sa fille, 39.</p>
+
+<p class="indent1">La pension de Victor sur la maison du roi, 39, 45,
+47, 51, 130, 141.</p>
+
+<p class="indent1">Le service de presse du <i>Journal du blocus de Thionville</i>,
+39, 41.</p>
+
+<p class="indent1">Son crédit auprès de M. de <span class="smcap">Chateaubriand</span>, 43, 44.</p>
+
+<p class="indent1">Un mois en retard de la pension paternelle, 48.</p>
+
+<p class="indent1">Il a diverses raisons pour désirer que son mariage ait
+lieu le plus tôt possible, 50.</p>
+
+<p class="indent1">Son mariage à Saint-Sulpice, l'acte de mariage, les
+témoins, 60-63.</p>
+
+<p class="indent1">La noce à l'hôtel Toulouse, 63, la folie d'Eugène, 68.</p>
+
+<p class="indent1">Les premières joies du ménage: les oarystis, 63-64.</p>
+
+<p class="indent1">Un mot aimable pour la femme du général, 66, 67.</p>
+
+<p class="indent1">Victor se décide à révéler à son père l'état d'Eugène
+et fait appel à sa bourse, 71-72.</p>
+
+<p class="indent1">Il tient à conserver «vierge» pour le général la
+recommandation de M. de <span class="smcap">Clermont-Tonnerre</span>, 75.</p>
+
+<p class="indent1">Espérances de paternité, 76.</p>
+
+<p class="indent1">Les <i>Fables</i> et les <i>Mémoires</i> de M. de Féraudy, 76-77.</p>
+
+<p class="indent1">Une lettre au pauvre Eugène, 80.</p>
+
+<p class="indent1">La gratification de 500 fr. qui lui avait été accordée
+par <span class="smcap">Louis</span> XVIII, pour son <i>Ode sur la mort du
+duc de Berry</i>, 81.</p>
+
+<p class="indent1">On lui fait espérer une pension de 3.000 francs sur
+les fonds du ministère de l'Intérieur, 82.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_232">[Pg 232]</span></p>
+
+<p class="indent1">La seconde édition des <i>Odes</i>, 81.</p>
+
+<p class="indent1">Une plaisanterie un peu grasse: le ventre d'Adèle,
+87, 88-89.</p>
+
+<p class="indent1">Il va voir Eugène chez le D<sup>r</sup> <span class="smcap">Esquirol</span>. Son état, 92-93.</p>
+
+<p class="indent1">Il existe des maisons où le prix de la pension est
+moins élevé, 93.</p>
+
+<p class="indent1">Quelques idées sur le traitement de la folie, 97.</p>
+
+<p class="indent1">L'enfant que porte sa femme sera un nouveau lien
+entre le père et le fils, 97.</p>
+
+<p class="indent1">Mauvaises nouvelles d'Eugène, 100.</p>
+
+<p class="indent1">Le voyage à Blois du jeune Adolphe <span class="smcap">Trébuchet</span>, 99-101.</p>
+
+<p class="indent1">La naissance du petit Léopold. Il est mis en nourrice,
+102-104.</p>
+
+<p class="indent1">La femme à qui il est confié semble d'un caractère
+méchant et faux, Victor demande au général de
+lui chercher une nourrice à Blois, ou dans les environs,
+105-106.</p>
+
+<p class="indent1">Il adresse à son père le premier numéro de la <i>Muse
+française</i>, 106.</p>
+
+<p class="indent1">La seconde édition de <i>Han d'Islande</i>, 106.</p>
+
+<p class="indent1">Remerciements au général pour l'envoi d'une nourrice.
+Son arrivée, 107-108.</p>
+
+<p class="indent1">Remerciements au père et à sa femme pour les soins
+dont le petit Léopold, qu'ils ont emmené à Blois,
+est l'objet de leur part, 113.</p>
+
+<p class="indent1">Les armes et l'écusson du comte Hugo, 116.</p>
+
+<p class="indent1">La fin de Léopold: «nous espérons, mais nous sommes
+résignés», 120.</p>
+
+<p class="indent1"><i>A l'Ombre d'un Enfant</i>, 124-125.</p>
+
+<p class="indent1">Vente des <i>Odes</i>, à <span class="smcap">Ladvocat</span>, 130.</p>
+
+<p class="indent1">Démarches de Victor en faveur de son cousin <span class="smcap">Michaud</span>,
+132, 133.</p>
+
+<p class="indent1">Déjeune à deux reprises avec le marquis de <span class="smcap">Clermont-Tonnerre</span>,<span class="pagenum" id="Page_233">[Pg 233]</span>
+auprès de qui il appuie vivement
+son père, 133, 135.</p>
+
+<p class="indent1">Intervient à l'Académie en faveur de M. de <span class="smcap">Féraudy</span>,
+135.</p>
+
+<p class="indent1">Les <i>Nouvelles Odes</i>; la négligence de <span class="smcap">Ladvocat</span>, 135.</p>
+
+<p class="indent1">Les courses et les besognes d'un auteur, 135.</p>
+
+<p class="indent1">Impossibilité d'obtenir pour le général une inspection
+générale: c'est peut-être, un mal pour un bien, 141.</p>
+
+<p class="indent1">La disgrâce de <span class="smcap">Chateaubriand</span>, 141.</p>
+
+<p class="indent1">La naissance de Léopoldine, 142.</p>
+
+<p class="indent1">Le voyage à Blois, 147-173.</p>
+
+<p class="indent1">Les <i>Rues et Maisons du vieux Blois</i>: lettre au dessinateur
+A. <span class="smcap">Queyroy</span>, 148-156.</p>
+
+<p class="indent1">Le <i>Moniteur</i> publie la nomination, par ordonnance
+spéciale, de <span class="smcap">Lamartine</span> et de Victor <span class="smcap">Hugo</span> au grade
+de chevaliers de la Légion d'honneur, 157-158.</p>
+
+<p class="indent1">Victor <span class="smcap">Hugo</span> invité au sacre, 158.</p>
+
+<p class="indent1">Lettres à J.-B. <span class="smcap">Soulié</span>, à Alfred de <span class="smcap">Vigny</span> et à Adolphe
+de <span class="smcap">Saint-Valry</span>, 159, 162, 167.</p>
+
+<p class="indent1">Quelques jours à la Miltière, 169-173.</p>
+
+<p class="indent1">Victor n'a reçu encore ni croix, ni brevet: il craint
+de ne pouvoir porter la croix au sacre, ce qui serait
+inconvenant, 171.</p>
+
+<p class="indent1">Le sacre, 174.</p>
+
+<p class="indent1">L'<i>Ode sur le Sacre</i>, 174, 177-178.</p>
+
+<p class="indent1">Nouveau séjour à Gentilly, 176.</p>
+
+<p class="indent1">Compliments au Lieutenant général, comte <span class="smcap">Hugo</span>, 177.</p>
+
+<p class="indent1">Toujours la négligence de <span class="smcap">Ladvocat</span>, 176.</p>
+
+<p class="indent1">Une dette d'honneur: ce qui reste dû à M. de la
+<span class="smcap">Rivière</span>, l'ancien maître d'Eugène et de Victor, rue
+Saint-Jacques. Victor fait, pour payer sa quote-part,
+le sacrifice d'une montre qu'il comptait s'acheter
+et plaide joliment auprès de son père la cause du
+vieil homme, 180-183.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_234">[Pg 234]</span></p>
+
+<p class="indent1">Le <i>Voyage poétique et pittoresque</i>, avec le ménage
+<span class="smcap">Nodier</span>, <i>au Mont Blanc et dans la vallée de Chamonix</i>,
+ce qui en est paru, 183.</p>
+
+<p class="indent1">Séjour à Montfort-l'Amaury: Victor vient d'user du
+peu d'influence qu'il peut avoir sur M. l'évêque
+d'Hermopolis, pour obtenir une bourse à un de ses
+cousins <span class="smcap">Trébuchet</span>, 187.</p>
+
+<p class="indent1">La naissance de Charles <span class="smcap">Hugo</span>, 189.</p>
+
+<p class="indent1">D'autres lettres de Victor <span class="smcap">Hugo</span> existent, sans doute,
+dans une étude blaisoise, 190.</p>
+
+<p class="indent1">Une succession difficile; les débris d'une grande fortune:
+«l'Adversaire», 193-199.</p>
+
+<p class="indent1">Les exemplaires des œuvres de Victor Hugo offerts
+par lui à son père. Leurs dédicaces, 196-198 en
+note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hugo</span> (M<sup>me</sup> Victor). Adèle <span class="smcap">Foucher</span>.</p>
+
+<p class="indent1">Ecrit sous l'inspiration de son mari: <i>Victor Hugo
+raconté par un Témoin de sa Vie</i>, 10.</p>
+
+<p class="indent1">Ses lettres au général et à M<sup>me</sup> Hugo, 65, 67, 87-88,
+99, 109, 114-116, 117-118, 121, 129-131, 132-133,
+142-143, 185-186.</p>
+
+<p class="indent1">Semble à nouveau enceinte, 76.</p>
+
+<p class="indent1">Se porte aussi bien que sa situation le permet, 82.</p>
+
+<p class="indent1">Elle appellera son petit garçon Léopold, pour faire la
+cour à sa belle-mère, 88.</p>
+
+<p class="indent1">Plaisanterie de Victor à laquelle prêtent les rondeurs
+de sa signature, 87, 88-89.</p>
+
+<p class="indent1">La naissance du petit Léopold; des couches laborieuses,
+102-103.</p>
+
+<p class="indent1">Léopold mourant: les angoisses d'une mère, 121.</p>
+
+<p class="indent1">Feint de se consoler un peu, dessine et cherche à
+cacher sa tristesse à son mari, 128, 130-131.</p>
+
+<p class="indent1">Est à nouveau enceinte: les médecins lui interdisent
+l'usage de la voiture, 136.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_235">[Pg 235]</span></p>
+
+<p class="indent1">Sa fille Léopoldine <span class="smcap">Hugo</span>, en donne des nouvelles au
+général et à sa «bonne mère», 142-143.</p>
+
+<p class="indent1">Nourrit Léopoldine et accompagne son mari à Blois,
+147.</p>
+
+<p class="indent1">Victor la quitte pour se rendre au sacre de Charles X,
+161-162.</p>
+
+<p class="indent1">Le <i>voyage poétique et pittoresque au Mont Blanc et
+dans la vallée de Chamonix</i>: ses doutes sur l'éclosion
+du livre dont Urbain <span class="smcap">Canel</span> supporte à l'avance
+les frais, 179, 183.</p>
+
+<p class="indent1">Une lettre à la femme du général, «ma chère maman»,
+où elle la prie de lui envoyer de Blois, si
+elle en trouve, un beau poisson qui pût arriver
+frais à Paris, 185-186.</p>
+
+<p class="indent1">Un accouchement difficile: Charles <span class="smcap">Hugo</span>, 189.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hugo</span> (Le petit Léopold): Sa naissance, il est mis en
+nourrice, 102-104.</p>
+
+<p class="indent1">Le général est chargé de lui trouver une nourrice à
+Blois, 105-107.</p>
+
+<p class="indent1">Il en trouve et en envoie une, 107-108.</p>
+
+<p class="indent1">Est emmené dans la maison du grand-père, 112.</p>
+
+<p class="indent1">Une lettre charmante, à son sujet, d'Adèle Hugo à sa
+belle-mère, 114-115.</p>
+
+<p class="indent1">Il va de mal en pis, 120.</p>
+
+<p class="indent1">Le cri de la mère, 121.</p>
+
+<p class="indent1">Sa mort, son acte de décès, 121-122.</p>
+
+<p class="indent1">La résignation de Victor Hugo: l'ode qui va suivre,
+123-124, 124-125.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hugo</span> (Léopoldine): Sa naissance, épouse Charles <span class="smcap">Vacquerie</span>,
+sa mort tragique à Villequier, 142.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hugo</span> (Charles-Victor): Sa naissance, ses œuvres, 188-189.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hugo</span> (François-Victor): Sa traduction des <i>Œuvres complètes
+de Shakespeare</i>, 193.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_236">[Pg 236]</span></p>
+
+<p><span class="smcap">Hugo</span> de Lorraine (Les) et les <span class="smcap">Hugo</span> de <span class="smcap">Spitzemberg</span>: leurs
+armes, 74-75 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hurault</span> (La famille des), 152 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Hurbal</span> (L'introuvable général), 36, 40.</p>
+
+
+<p class="p2">I</p>
+
+<p><i>Illustration (L')</i>, 192.</p>
+
+<p><i>Indépendance belge (L')</i>, 170 en note.</p>
+
+<p><i>Indépendant de Loir-et-Cher (L')</i>, 79 en note.</p>
+
+<p><i>Inez de Castro</i>, drame en trois actes de Victor <span class="smcap">Hugo</span>,
+10 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Innocent</span> XII institue le diocèse de Blois, 60 en note.</p>
+
+<p><i>Inspirations poétiques</i>, par Gaspard de <span class="smcap">Pons</span>, 69 en note.</p>
+
+<p><i>Intermédiaire des Chercheurs et Curieux (L')</i>, 167 en
+note, 168 en note.</p>
+
+<p><i>Intrigue de cour (L')</i>, comédie. Manuscrit du général
+<span class="smcap">Hugo</span>, 14 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Isaétony</span> de <span class="smcap">Compolor</span> (Lina), mère de la seconde femme
+du général <span class="smcap">Hugo</span>, 24.</p>
+
+
+<p class="p2">J</p>
+
+<p>Jardins du château de Blois.</p>
+
+<p class="indent1"><span class="smcap">Louis</span> XII, goutteux, s'y fait promener sur son petit
+mulet, 153.</p>
+
+<p><i>Jardins du château de Blois (Les)</i>, étude architectonique,
+par Pierre <span class="smcap">Lesueur</span>, 153 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Jaupître</span> (notaire à Chabris), 1821, 25 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Jay</span> (Antoine), sa <i>Conversion d'un Romantique</i>, 69 en
+note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_237">[Pg 237]</span></p>
+
+<p><i>Jeanne d'Arc</i>, par A. <span class="smcap">Soumet</span>, 62 en note.</p>
+
+<p><i>Je vous aime</i>, comédie de Charles-Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 188 en
+note.</p>
+
+<p><i>Joseph, ou l'Enfant trouvé</i>, manuscrit du général <span class="smcap">Hugo</span>,
+14 en note.</p>
+
+<p><i>Journal d'Evariste Boulay-Paty</i>, 69-70 en note.</p>
+
+<p><i>Journal des Goncourt</i>, 13 en note.</p>
+
+<p><i>Journal historique du blocus de Thionville, en 1814,
+et de Thionville, Sierck et Rodemach en 1815, contenant
+quelques détails sur le siège de Longwy</i>
+(par le général Hugo), 13 en note, 16, 39, 41.</p>
+
+<p><span class="smcap">Juju</span>, Julie <span class="smcap">Foucher</span>, 172.</p>
+
+
+<p class="p2">K</p>
+
+<p><span class="smcap">Kallenborenne</span> (Nicolas), tailleur d'habits à Chabris, et
+témoin du second mariage du général <span class="smcap">Hugo</span>, 26.</p>
+
+<p><span class="smcap">Katzenberger</span> (La banque), 83, 84, 97.</p>
+
+
+<p class="p2">L</p>
+
+<p><span class="smcap">La Chaise</span> (Le père) et l'évêché de Blois, 60 en note.</p>
+
+<p class="indent1">(Le cimetière du Père): le lieutenant général, comte
+<span class="smcap">Hugo</span>, y est enterré à côté de sa première femme,
+192-193.</p>
+
+<p><span class="smcap">Lacroix</span> (Paul), 159 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Ladvocat</span> (l'éditeur) imprime les <i>Mémoires du général
+Hugo</i>, 116, 119.</p>
+
+<p class="indent1">Achète 2.000 francs, pour deux ans, la propriété des
+<i>Odes</i>, 130.</p>
+
+<p class="indent1">Son édition des <i>Odes</i>, 130, 198 en note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_238">[Pg 238]</span></p>
+
+<p class="indent1">Sa négligence: le général ni sa femme ne reçoivent les
+exemplaires qui leur sont destinés, 134, 135.</p>
+
+<p><span class="smcap">Lahorie</span> (le général), sa condamnation, 63.</p>
+
+<p><span class="smcap">Lamartine</span> (Alphonse de): Ne fait point partie du cénacle
+de la <i>Muse française</i>, 9.</p>
+
+<p class="indent1">Une ordonnance spéciale de <span class="smcap">Charles</span> X le nomme
+ainsi que Victor <span class="smcap">Hugo</span>, chevalier de la Légion d'honneur,
+157-158.</p>
+
+<p class="indent1">N'assiste point au sacre, 173-174.</p>
+
+<p class="indent1">Nommé secrétaire d'ambassade à Florence, ne prend
+pas part à l'excursion des ménages <span class="smcap">Nodier</span> et <span class="smcap">Hugo</span>,
+184.</p>
+
+<p><span class="smcap">Lambert</span> (M.), 184, 187.</p>
+
+<p class="indent1">(La banque): le général <span class="smcap">Hugo</span> s'en occupe et figure
+au moment de son décès parmi ses administrateurs,
+184 en note, 191.</p>
+
+<p><span class="smcap">Lamennais</span> (M. de), 48, 167 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">La Rivière</span> (M. de), ancien maître d'école d'Eugène et
+de Victor <span class="smcap">Hugo</span>, rue Saint-Jacques, 173.</p>
+
+<p class="indent1">Sa délicatesse: un vieux compte dont il n'osait réclamer
+le règlement, 179-180.</p>
+
+<p class="indent1">Une dette sacrée, la montre de Victor, 180-183.</p>
+
+<p class="indent1">Le général semble se faire tirer l'oreille pour payer,
+183.</p>
+
+<p><span class="smcap">La Rochefoucauld</span> (Le vicomte Sosthènes de), aide de
+camp du roi chargé du département des Beaux-Arts,
+55 en note, 178.</p>
+
+<p class="indent1">Sa délicatesse vis-à-vis de <span class="smcap">Lamartine</span> et de Victor
+<span class="smcap">Hugo</span>, 160-161.</p>
+
+<p class="indent1">Jupes longues et feuilles de vigne. Le nu semblait
+moins l'effrayer lorsque c'était celui de M<sup>me</sup> du
+<span class="smcap">Cayla</span>, 161 en note.</p>
+
+<p>La Rochelle (La conspiration des Quatre sergents de),
+33.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_239">[Pg 239]</span></p>
+
+<p><span class="smcap">La Saussaye</span> (L. de): <i>Histoire du château de Chambord</i>,
+169 en note.</p>
+
+<p>Laudinière (La locature de), dépendant de la Miltière,
+propriété, en Sologne, du général <span class="smcap">Hugo</span>, 169 en
+note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Lauriston</span> (Le marquis de), ministre de la Maison du
+roi, 55 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Lebarbier</span> (M.), 82, 89.</p>
+
+<p><span class="smcap">Lefèvre-Deumier</span> (Jules), sa collaboration au <i>Conservateur
+littéraire</i> et à la <i>Muse française</i>, ses œuvres, 164.</p>
+
+<p class="indent1">Fut avec Arsène <span class="smcap">Houssaye</span>, copropriétaire de l'<i>Artiste</i>,
+164 en note.</p>
+
+<p>Adolphe de <span class="smcap">Saint-Valry</span> lui fait vendre son <i>Clocher
+de Saint-Marc</i>, 168.</p>
+
+<p><span class="smcap">Lelarge</span> de <span class="smcap">Lourdoueix</span> (M.), président de la division des
+Beaux-Arts, sciences et belles-lettres à la direction
+de la police, 33, 35, 38, 42, 47.</p>
+
+<p><span class="smcap">Lemaignen</span> (Henry), témoin, à l'état civil de Blois, de
+la mort du petit Léopold <span class="smcap">Hugo</span>, 119.</p>
+
+<p><span class="smcap">Lemaire</span> (M.), 127.</p>
+
+<p><span class="smcap">Lescale</span> (M. de), 59.</p>
+
+<p><span class="smcap">Lesueur</span> (Pierre), <i>Les jardins du château de Blois</i>, 153
+en note.</p>
+
+<p><i>Lettres à la Fiancée</i>, lettres de Victor <span class="smcap">Hugo</span> à Adèle
+<span class="smcap">Foucher</span>, 27.</p>
+
+<p><i>Lettres champenoises (Les)</i>, 62 en note.</p>
+
+<p>Lettres (Les) de Victor <span class="smcap">Hugo</span> à son père conservées à
+la Bibliothèque de Blois, 7.</p>
+
+<p class="indent1">Leur écriture, 31.</p>
+
+<p class="indent1">La suscription des adresses, 32, 74, 79, 132, 143, 178.</p>
+
+<p class="indent1">D'autres lettres existeraient dans une étude blaisoise,
+190.</p>
+
+<p><span class="smcap">Ligny Tomat</span> (Nicolas de), le père de l'Étrangère, 24.</p>
+
+<p><span class="smcap">Limeuil</span> (Isabelle de): Une vengeance un peu salée et
+une délivrance plutôt inopportune. Scipion <span class="smcap">Sardini<span class="pagenum" id="Page_240">[Pg 240]</span></span>
+n'y regarde point de si près: «Financier épouserait
+demoiselle avec tache»,... et il l'épousa, 152,
+153 en note.</p>
+
+<p><i>Littérature et Philosophie mêlées</i>, de Victor <span class="smcap">Hugo</span>,
+20 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Longueville</span> (Prince de), 155.</p>
+
+<p><span class="smcap">Lopez de Vega</span>, 91 en note.</p>
+
+<p><i>Louis IX</i>, tragédie d'<span class="smcap">Ancelot</span>, lui vaut une pension de
+<span class="smcap">Louis</span> XVIII, 61 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Louis</span> XII: Se promène, goutteux, sur un petit mulet
+dans les jardins du château de Blois, 153.</p>
+
+<p class="indent1">Son côté bonhomme, 153.</p>
+
+<p class="indent1">Quelques anecdotes, 153-154.</p>
+
+<p class="indent1">Quatre-vingt-trois nuits mortelles. Cadeau qu'il fit,
+le 1<sup>er</sup> janvier 1515, à <span class="smcap">Marie</span> d'<span class="smcap">Angleterre</span> pour ses
+étrennes, 154.</p>
+
+<p><span class="smcap">Louis</span> XIV, 60 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Louis</span> XVIII: Son attitude vis-à-vis de <span class="smcap">Chateaubriand</span>,
+43 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Accorde une pension à M. <span class="smcap">Ancelot</span>, pour son <i>Louis
+Neuf</i>, 61 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Sa pension à Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 55 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Lui alloue une gratification de 500 francs pour son
+<i>Ode sur la mort du duc de Berry</i>, 81.</p>
+
+<p class="indent1">Souscrit à vingt-cinq exemplaires de la seconde édition
+des <i>Odes</i>, 81.</p>
+
+<p class="indent1">Sa mort, 158.</p>
+
+<p><span class="smcap">Lourdoueix</span> (M. de). Voir <span class="smcap">Lelarge</span> de <span class="smcap">Lourdoueix</span>.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_241">[Pg 241]</span></p>
+
+
+<p class="p2">M</p>
+
+<p><i>Macchabées (Les)</i>, par Alexandre <span class="smcap">Guiraud</span>, 164 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Mac Keat</span> (Augustus): Auguste <span class="smcap">Maquet</span>, 8.</p>
+
+<p><span class="smcap">Madame</span>, duchesse de <span class="smcap">Berry</span>, (voir <span class="smcap">Berry</span>, duchesse de).</p>
+
+<p>Maintenon (M<sup>me</sup> de), 60 en note.</p>
+
+<p><i>Maire du Palais (Le)</i>, par <span class="smcap">Ancelot</span>, 61 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Malitourne</span> (André), l'un des auteurs du <i>Traité du Mélodrame</i>,
+90 en note.</p>
+
+<p>Mariage (Le second mariage) du général <span class="smcap">Hugo</span> à Chabris,
+22.</p>
+
+<p>Mariage de Victor Hugo et d'Adèle <span class="smcap">Foucher</span>, 50.</p>
+
+<p class="indent1">Le général <span class="smcap">Hugo</span> n'y assiste pas, 49, 51.</p>
+
+<p class="indent1">Est célébré, à Saint-Sulpice, le 12 octobre 1822;
+l'acte de mariage; les témoins, 60-63.</p>
+
+<p class="indent1">Le repas de noces chez M. <span class="smcap">Foucher</span>, la folie d'Eugène
+<span class="smcap">Hugo</span>, 63, 68.</p>
+
+<p class="indent1">Les lettres de faire-part envoyées par le général et
+la comtesse A. de <span class="smcap">Salcano</span>, son épouse, 65.</p>
+
+<p><span class="smcap">Marie</span> d'<span class="smcap">Angleterre</span>, seconde femme de <span class="smcap">Louis</span> XII, son
+veuvage, 154.</p>
+
+<p><span class="smcap">Marie</span> de <span class="smcap">Frehaut</span> (Les prétentions de la veuve et des
+enfants du général), 198-199.</p>
+
+<p><span class="smcap">Marmont</span>, duc de <span class="smcap">Raguse</span>, sans nommer la dame, fait
+allusion à la liaison de <span class="smcap">Chateaubriand</span> et de M<sup>me</sup> Boni
+de <span class="smcap">Castellane</span>. Les dessous d'une... disgrâce, 139
+en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Martignac</span> (M. de), 95, 98.</p>
+
+<p class="indent1">Son ministère, 33 en note, 34 en note.</p>
+
+<p><i>Martyrs d'Arezzo (Les)</i>, par Jules <span class="smcap">Lefèvre-Deumier</span>,
+164 en note.</p>
+
+<p><i>Matin (Le)</i> n'est pas seul à tout dire, 70 en note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_242">[Pg 242]</span></p>
+
+<p><i>Méditations (Les)</i> de <span class="smcap">Lamartine</span>, 9.</p>
+
+<p><i>Mémoires de la Société des Sciences et Lettres de
+Loir-et-Cher</i>, 7, 149 en note.</p>
+
+<p><i>Mémoires du comte Horace de Viel Castel sur le règne
+de Napoléon III (1851-1864)</i>, 161 en note, 169
+en note.</p>
+
+<p><i>Mémoires du duc de Raguse</i>, 139 en note.</p>
+
+<p><i>Mémoires du général Hugo</i>, 11, 13 en note, 92, 94, 116,
+119, 164 en note.</p>
+
+<p><i>Mémoires inédits sur la guerre de Vendée</i>, par le général
+<span class="smcap">Aubertin</span>, 11 en note.</p>
+
+<p><i>Mémoire sur les moyens de suppléer à la traite des
+nègres par des individus libres, et d'une manière
+qui garantisse pour l'avenir la sûreté des colons
+et la dépendance des colonies</i>; par le général <span class="smcap">Hugo</span>,
+13 en note.</p>
+
+<p><i>Mémoire sur les Buttes dans le département de Loir-et-Cher</i>,
+par le D<sup>r</sup> H. <span class="smcap">Chauveau</span>, 149 en note.</p>
+
+<p><i>Mémorial bordelais (Le)</i>, 159 en note.</p>
+
+<p>Menars (Le château de), ancienne résidence de M<sup>me</sup> de
+<span class="smcap">Pompadour</span>, puis du marquis de <span class="smcap">Marigny</span>, 147 en
+note.</p>
+
+<p><i>Mercure de France (Le).</i></p>
+
+<p class="indent1">Série moderne, 62 en note.</p>
+
+<p><i>Mercure du XIX<sup>e</sup> siècle (Le).</i></p>
+
+<p class="indent1">Quelques collaborateurs: A. <span class="smcap">Soumet</span>, 62 en note.</p>
+<p class="indent2">E. <span class="smcap">Deschamps</span>, 163 en note.</p>
+<p class="indent2"> A. <span class="smcap">Guiraud</span>, 164 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Méricourt</span> (Théroigne de), sa folie, sa déchéance. Navrant
+tableau qu'en fait le D<sup>r</sup> <span class="smcap">Esquirol</span>, 90 en
+note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Mérimée</span> (Prosper): Son jugement sur Charles <span class="smcap">Nodier</span>,
+160 en note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_243">[Pg 243]</span></p>
+
+<p><i>Mérimée (Prosper), l'homme, l'écrivain, l'artiste</i>, 160
+en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Méry</span>: la vente d'un roman du général <span class="smcap">Hugo</span>, 13 en
+note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Michaud</span> (Marguerite), mère du général <span class="smcap">Hugo</span>, 24, 133
+en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Michaud</span>, jeune cousin dont s'occupe Victor <span class="smcap">Hugo</span>, à
+la recommandation du général, 131, 132, 133.</p>
+
+<p><span class="smcap">Michel-Ange</span>, 163.</p>
+
+<p><span class="smcap">Milleville</span> (Henri J.-G. de): <i>Armorial historique de la
+Noblesse de France</i>, 75 en note.</p>
+
+<p>Miltière (La), propriété en Sologne du général <span class="smcap">Hugo</span>,
+169-170, 176, 195.</p>
+
+<p class="indent1">Difficultés qu'éprouvent ses héritiers à vendre ce
+domaine, 197, 199.</p>
+
+<p>Minutes (antérieures à 1826) de <i>la défense des nations,
+et de leurs grands intérêts maritimes et coloniaux</i>.</p>
+
+<p class="indent1">Manuscrits du général <span class="smcap">Hugo</span>, 14 en note.</p>
+
+<p><i>Misérables (Les)</i>: Charles-Victor <span class="smcap">Hugo</span> en tire un
+drame souvent représenté, 188 en note.</p>
+
+<p><i>M<sup>me</sup> de Mably</i>, roman, par Adolphe de <span class="smcap">Saint-Valry</span>,
+168 en note.</p>
+
+<p><i>Moïse sur le Nil</i>, de Victor <span class="smcap">Hugo</span>, obtient, en 1820, une
+amarante d'or réservée de l'<i>Académie des Jeux
+Floraux</i>, 20 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Molé</span> (Louis-Mathieu, comte) aurait succédé à <span class="smcap">Chateaubriand</span>
+auprès de M<sup>me</sup> Boni de <span class="smcap">Castellane</span>, 139.</p>
+
+<p class="indent1">A voté la mort de <span class="smcap">Ney</span>, 139 en note.</p>
+
+<p><i>Moniteur Universel (Le)</i>: Le major du génie, M. de
+<span class="smcap">Féraudy</span>, est nommé chevalier de Saint-Louis (7 novembre
+1814), 76 en note. Promotion du général
+et du colonel <span class="smcap">Hugo</span> au grade d'officiers de la Légion
+d'honneur (19 février 1815), 16. Un prix de
+poésie accordé à Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 21.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_244">[Pg 244]</span></p>
+
+<p class="indent1">Son jugement sur Victor <span class="smcap">Hugo</span> et sur Alfred de <span class="smcap">Vigny</span>,
+31 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Publie l'<i>Ode</i>, de Victor <span class="smcap">Hugo</span>, <i>sur la mort de Louis XVII</i>
+(13 décembre 1822), 81.</p>
+
+<p class="indent1">Ordonnance spéciale nommant Alphonse de <span class="smcap">Lamartine</span>
+et Victor <span class="smcap">Hugo</span> chevaliers de la Légion d'honneur
+(29 avril 1825), 157-158.</p>
+
+<p class="indent1">La promotion du général <span class="smcap">Hugo</span> au grade de lieutenant-général
+(5 juin 1825), 175.</p>
+
+<p class="indent1">Sa mort et ses obsèques (31 janvier et 1<sup>er</sup> février
+1828), 191, 192.</p>
+
+<p><span class="smcap">Monnières</span> (pseudonyme d'Abel <span class="smcap">Hugo</span>).</p>
+
+<p class="indent1"><i>Pierre et Thomas Corneille</i>, en collaboration avec
+<span class="smcap">Romieu</span>, 91 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Montaiglon</span> (Anatole de): <i>L'Hôtel de Scipion Sardini
+et ses médaillons en terre cuite</i>, 152 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Montferrier</span> (<span class="smcap">Duvidal</span>, marquis de) assiste au mariage
+de Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 61.</p>
+
+<p class="indent1">Abel <span class="smcap">Hugo</span> épouse M<sup>lle</sup> de <span class="smcap">Montferrier</span>, 61, en note.</p>
+
+<p>Montfort-l'Amaury: propriété qu'y possède Adolphe de
+<span class="smcap">Saint-Valry</span>, 10.</p>
+
+<p class="indent1">Séjours qu'y fait Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 167, 187.</p>
+
+<p class="indent1"><i>Les ruines de Montfort-l'Amaury</i>, 167 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Montmorency</span> (M. de) au Congrès de Vérone.—Chateaubriand
+l'y accompagne, 43 en note.</p>
+
+<p><i>Mon vieux Paris</i>, par Edouard <span class="smcap">Drumont</span>, 153 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Moreau</span> (Le tailleur), «fournisseur de leurs altesses
+sérénissimes les princes de <span class="smcap">Holstein-Augustenbourg</span>»:
+comment on engraisse une note, 193-194.</p>
+
+<p><span class="smcap">Morville</span> (M.), adjoint au maire de Nancy (1821), 25.</p>
+
+<p><i>Muse française (La)</i>: 8, 9. Notes bibliographiques,
+106 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Ses «dieux inconnus» (<i>le Figaro</i>, 1829), 31 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Ses sept fondateurs: E. <span class="smcap">Deschamps</span>, A. <span class="smcap">Guiraud</span>,<span class="pagenum" id="Page_245">[Pg 245]</span>
+A. <span class="smcap">Soumet</span>, Victor <span class="smcap">Hugo</span>, Adolphe de <span class="smcap">Saint-Valry</span>,
+Alfred de <span class="smcap">Vigny</span> et <span class="smcap">Desjardins</span>, 167 en note.
+Autres collaborateurs: M. <span class="smcap">Ancelot</span>, 61 en note.
+Jules <span class="smcap">Lefèvre-Deumier</span>, 164 en note.</p>
+
+<p class="indent1">A. <span class="smcap">Guiraud</span> y rend compte des <i>Mémoires du général
+Hugo</i>, et y publie <i>Nos Doctrines</i>, 164 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Victor <span class="smcap">Hugo</span> en envoie le premier numéro à son père,
+106.</p>
+
+<p><span class="smcap">Musset</span> (Alfred de), est amené, enfant, par Paul <span class="smcap">Foucher</span>,
+chez ses parents à Gentilly.—Comment il
+imitait l'ivrogne, 30.</p>
+
+<p class="indent1">Paul <span class="smcap">Foucher</span> et M<sup>me</sup> <span class="smcap">Waldor</span>, 170 en note.</p>
+
+
+<p class="p2">N</p>
+
+<p><i>Naissance (La) de Henri IV</i>, par Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 90 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Napoléon (Joseph)</span>, roi d'Espagne, 11 en note, 16, 21.</p>
+
+<p><span class="smcap">Naudin</span> (M.), notaire à Blois, 77 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Ney</span> (Le maréchal), 139 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Nodier</span> (Charles): Doit se rendre avec Victor <span class="smcap">Hugo</span> au
+sacre de <span class="smcap">Charles</span> X, 160, 162.</p>
+
+<p class="indent1">Leurs relations, 160 en note.</p>
+
+<p class="indent1">«C'était», au dire de <span class="smcap">Mérimée</span>, «un gaillard très
+taré», 160 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Le voyage des ménages <span class="smcap">Hugo</span> et <span class="smcap">Nodier</span> au Mont-Blanc
+et dans la vallée de Chamonix, 179, 183.</p>
+
+<p><span class="smcap">Nodier</span> (M<sup>me</sup> Ch.), 183.</p>
+
+<p><span class="smcap">Noilly</span> (M. J.) <i>Catalogue de (sa) bibliothèque romantique</i>,
+15 en note.</p>
+
+<p><i>Nouvelles Odes (Les)</i>, de Victor <span class="smcap">Hugo</span>. A. <span class="smcap">Soumet</span> en rend
+compte dans le <i>Conservateur littéraire</i>, 62 en note.</p>
+
+<p class="indent1">L'édition Ladvocat.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_246">[Pg 246]</span></p>
+
+<p class="indent1">Victor <span class="smcap">Hugo</span> en surveille l'impression, 132, 133.</p>
+
+<p class="indent1">Le <i>Journal des Débats</i> en annonce l'apparition puis
+en rend compte, 134 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Une lettre de Victor <span class="smcap">Hugo</span> en réponse aux critiques
+de M. <span class="smcap">Hofman</span>, 134 en note.</p>
+
+<p class="indent1">L'exemplaire offert par Victor <span class="smcap">Hugo</span> à son père, 198
+en note.</p>
+
+
+<p class="p2">O</p>
+
+<p>Odes (Les): Leur première édition: <i>Odes et poésies
+diverses</i>, 8, 20, 196 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Elle s'épuise, 35, 37.</p>
+
+<p class="indent1">La seconde: Louis XVIII souscrit à vingt-cinq exemplaires,
+81.</p>
+
+<p class="indent1">La troisième, Ladvocat (1827), 130, 134, 135, 198 en
+note.</p>
+
+<p><i>Odes et Ballades</i>, 81 en note, 125 (en note), 130 en note,
+167 en note.</p>
+
+<p><i>Ode sur la bataille de Denain</i>, d'Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 21.</p>
+
+<p><i>Ode sur la mort du duc d'Enghien</i>, (Eugène <span class="smcap">Hugo</span>), 21.</p>
+
+<p><i>Ode sur la mort de S. A. R. Louis-Joseph de Bourbon,
+prince de Condé</i>, (Eugène <span class="smcap">Hugo</span>), 21.</p>
+
+<p><i>Ode sur la mort de S. A. R. Charles-Ferdinand d'Artois,
+duc de Berry.</i> Publiée dans le <i>Conservateur
+littéraire</i>, elle vaut à Victor Hugo une gratification
+de 500 francs de <span class="smcap">Louis</span> XVIII, 81.</p>
+
+<p>Ode: <i>Louis XVII</i>, lue à la Société des <i>Bonnes lettres</i>
+et publiée dans le <i>Moniteur</i>, 81.</p>
+
+<p>Ode: <i>La guerre d'Espagne</i>: M. de <span class="smcap">Clermont-Tonnerre</span>
+engage Victor <span class="smcap">Hugo</span> à la remettre au duc d'<span class="smcap">Angoulême</span>,
+129, 130.</p>
+
+<p>Ode: <i>A l'ombre d'un enfant</i>, 124-125.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_247">[Pg 247]</span></p>
+
+<p>Ode <i>sur le Sacre</i>, 174, 177-178. Déjà reproduite par
+sept ou huit journaux, <span class="smcap">Charles</span> X la fait tirer sur
+les presses de l'imprimerie royale, 178.</p>
+
+<p><i>Ode sur la mort du général Foy</i> (Jules <span class="smcap">Lefèvre-Deumier</span>),
+164 en note.</p>
+
+<p><i>Olga, ou l'orpheline moscovite</i>, par M. <span class="smcap">Ancelot</span>, 61 en
+note.</p>
+
+<p><span class="smcap">O'Neddy</span> (Philothée), 8.</p>
+
+<p>Oratoire (L') de la reine Anne, à Blois, 153.</p>
+
+<p>Orfèvres (Une vieille maison de la rue des), à Blois, 151.</p>
+
+<p><i>Oriflamme (L')</i>, Victor <span class="smcap">Hugo</span> doit y rendre compte des
+derniers volumes de M. de <span class="smcap">Féraudy</span>, 77.</p>
+
+
+<p class="p2">P</p>
+
+<p><span class="smcap">Pardessus</span> (M<sup>e</sup>), notaire à Blois, frère du jurisconsulte,
+22 en note, 77 en note, 169 en note, 195 en note.</p>
+
+<p><i>Parricide (Le)</i>, par Jules <span class="smcap">Lefèvre-Deumier</span>, 164 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Pasquier</span> (Le chancelier), son opinion sur le marquis
+de <span class="smcap">Talaru</span>, 139 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Patrigeon</span> (Le D<sup>r</sup> G.): <i>Le père de Victor Hugo (Général
+Joseph-Léopold-Sigisbert Hugo), à propos de
+son second mariage à Chabris</i>, 23 en note, 24 en
+note, 25 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Les causes de la folie d'Eugène <span class="smcap">Hugo</span>: il aimait Adèle
+<span class="smcap">Foucher</span>, 70 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Paul</span> (Emile): <i>Catalogue de la Bibliothèque romantique
+de M. J. Noilly</i>, 15 en note.</p>
+
+<p><i>Pauvre fille (La)</i>, élégie d'A. <span class="smcap">Soumet</span>, 62 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Pélicier</span> (Le libraire) édite les <i>Odes et Poésies diverses</i>
+de Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 20 en note, 30 en note.</p>
+
+<p>Pension mensuelle (La), faite par le général Hugo à ses
+fils, 12, 48, 51.<span class="pagenum" id="Page_248">[Pg 248]</span>
+Victor le supplie de la continuer à ses frères, 51, 64.</p>
+
+<p><i>Pensions des veuves de militaires</i> (Notes manuscrites
+du général <span class="smcap">Hugo</span> sur les), 14 en note.</p>
+
+<p>Pensions de Victor <span class="smcap">Hugo</span>.—Sa pension sur la cassette
+royale:</p>
+
+<p class="indent1">Il l'attend pour se marier, 39, 45, 47, 51.</p>
+
+<p class="indent1">La vérité sur cette première pension, 55 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Il écrit à son oncle, le colonel Hugo, qu'il en attend
+une nouvelle, comme membre de l'Académie des
+Jeux Floraux, 57.</p>
+
+<p class="indent1">Une rectification nécessaire, 54-55 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Gratification de 500 francs accordée au poète, par
+<span class="smcap">Louis</span> XVIII, pour son ode sur <i>la mort du duc de
+Berry</i>, 81</p>
+
+<p class="indent1">On lui en fait espérer une nouvelle sur les fonds du
+ministère de l'Intérieur, 81, 82-83.</p>
+
+<p>Perceval (M.), 59.</p>
+
+<p><i>Père (Le) de Victor Hugo (Général Joseph-Léopold-Sigisbert
+Hugo), à propos de son second mariage
+à Chabris</i>, par le D<sup>r</sup> G. <span class="smcap">Patrigeon</span>, 23, 24, 25;
+70 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Périé (M. Raphaël)</span>, un universitaire resté fidèle aux
+lettres, 79.</p>
+
+<p class="indent1"><i>Le Roman de Berte aux grands pieds</i>, 79 en note.</p>
+
+<p class="indent1"><i>Victor Hugo poète civique</i>, 79 en note.</p>
+
+<p><i>Permission (La)</i>, manuscrit du général, 14 en note.</p>
+
+<p><i>Perrine ou La Nouvelle Nina</i>, autre manuscrit du général,
+14 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Persan</span> (Le marquis de), devenu libraire, publie la
+seconde édition des <i>Odes</i> de Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 81.</p>
+
+<p><span class="smcap">Pétigny</span> (M. J. de), proteste dans une lettre adressée à
+la <i>France Centrale</i> contre la sévérité du jugement
+de Victor <span class="smcap">Hugo</span> sur <span class="smcap">Gaston</span> d'<span class="smcap">Orléans</span>, 155 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Peyronnet</span> (M. Charles-Ignace de), 47.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_249">[Pg 249]</span></p>
+
+<p><i>Pharamond</i>, par A. <span class="smcap">Guiraud</span> et M. <span class="smcap">Ancelot</span>, 164 en note.</p>
+
+<p><i>Philosophie catholique de l'Histoire</i>, par A. <span class="smcap">Guiraud</span>,
+165 en note.</p>
+
+<p><i>Phocéen</i> (Le journal <i>Le</i>), 144 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Pierre</span> de <span class="smcap">Blois</span>: la gloire d'un mot, 155.</p>
+
+<p>Pierre de Blois (Vieilles maisons de la rue), à Blois, 151.</p>
+
+<p><i>Pierre et Thomas Corneille</i>, par Abel <span class="smcap">Hugo</span> (sous le
+pseudonyme de <span class="smcap">Monnières</span>, en collaboration avec
+<span class="smcap">Romieu</span>), 91 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Pinel</span> (Le D<sup>r</sup> <span class="smcap">Esquirol</span> continue et complète ses travaux),
+89 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Pinlevé</span> (M<sup>me</sup>), amie du général et de M<sup>me</sup> <span class="smcap">Hugo</span> à Blois,
+182.</p>
+
+<p><i>Poèmes</i>, par Alfred de <span class="smcap">Vigny</span>, 31 en note.</p>
+
+<p><i>Poèmes et Chants élégiaques</i>, par A. <span class="smcap">Guiraud</span>, 164 en
+note.</p>
+
+<p><i>Poèmes dédiés à la jeunesse</i>, par A. <span class="smcap">Guiraud</span>, 164-165
+en note.</p>
+
+<p><i>Poésies de Charles d'Orléans</i>: édition qu'en donna <span class="smcap">Augustin
+Soulié</span>, 159 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Polignac</span> (Le cabinet), 47 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Pompadour</span> (M<sup>me</sup> de), son château de Menars, 147 en
+note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Pons</span> (Gaspard de): sa collaboration au <i>Conservateur
+littéraire</i> et à la <i>Muse française</i>, 10, 69.</p>
+
+<p class="indent1">Ses œuvres, 69 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Ses <i>Adieux poétiques</i>: lève une partie du voile qui
+recouvrait le secret de la folie d'Eugène <span class="smcap">Hugo</span>,
+70-71.</p>
+
+<p><span class="smcap">Pradel</span> (Le chansonnier Eugène de), condamné à trois
+mois de prison, 33.</p>
+
+<p><i>Précis historique des Événements qui ont conduit Joseph
+Napoléon sur le trône d'Espagne</i>, par Abel
+<span class="smcap">Hugo</span>, 11 en note, 91 en note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_250">[Pg 250]</span></p>
+
+<p><i>Presse</i> (Le journal <i>La</i>), 157.</p>
+
+<p><i>Presse littéraire sous la Restauration (La)</i>, par Ch.-M.
+<span class="smcap">Des Granges</span>, 18 en note, 19 en note, 63 en
+note, 69 en note, 168 en note.</p>
+
+<p><i>Procès de Paul-Louis Courier, vigneron de la Chavonnière,
+condamné le 28 août 1821, à l'occasion de
+son Discours sur la souscription de Chambord</i>,
+100 en note.</p>
+
+
+<p class="p2">Q</p>
+
+<p><i>Quelques Fables, ou Mes Loisirs</i>, par M. de <span class="smcap">Féraudy</span>,
+77 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Queyroy</span> (Le dessinateur A.): ses <i>Rues et Maisons du
+vieux Blois</i>. Lettre que lui adressa, de Guernesey,
+Victor <span class="smcap">Hugo</span> pour le remercier de l'envoi de ses
+eaux-fortes, 147, 148-156.</p>
+
+<p><i>Quotidienne</i> (Le journal <i>La</i>), 159, 160 en note.</p>
+
+
+<p class="p2">R</p>
+
+<p><span class="smcap">Rabbe</span> (Alphonse), 144, sa laideur, ne veut pas se laisser
+voir par M<sup>me</sup> Victor <span class="smcap">Hugo</span> enceinte, 144 en
+note.</p>
+
+<p class="indent1">Ses œuvres, 144 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Est recommandé par Victor <span class="smcap">Hugo</span> au baron d'<span class="smcap">Eckstein</span>,
+165.</p>
+
+<p><span class="smcap">Rabelais</span>, sa gaîté comparée à la plaisanterie de Victor
+<span class="smcap">Hugo</span>, 88.</p>
+
+<p><i>Rappel</i> (Le journal <i>Le</i>), 188 en note, 193 en note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_251">[Pg 251]</span></p>
+
+<p><i>Raymond d'Ascoli</i>, élégie de Victor <span class="smcap">Hugo</span> ayant figuré
+dans les <i>Odes et Poésies diverses</i>, 20 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Reggio</span> (M<sup>me</sup> la maréchale, duchesse de), 55 en note.</p>
+
+<p><i>Relation du Voyage de S. A. R. Madame, duchesse de
+Berry, dans la Touraine, l'Anjou, la Bretagne, la
+Vendée et le midi de la France en 1828</i>; par le vicomte
+<span class="smcap">Walsh</span>, 168-169 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Renée</span> de <span class="smcap">Bretagne</span> (La vaillante), 154.</p>
+
+<p><span class="smcap">Rességuier</span> (Jules de), les espérances qu'il donnait, 10,
+166 en note.</p>
+
+<p><i>Résumé de l'Histoire de Russie</i>, par Alphonse <span class="smcap">Rabbe</span>,
+144 en note, 165.</p>
+
+<p><i>Rétablissement de la statue de Henri IV</i> (L'ode de Victor
+<span class="smcap">Hugo</span> sur le), lui vaut le lis d'or de l'<i>Académie
+des Jeux Floraux</i>, 20 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Révérend</span> (Le vicomte A.): son <i>Armorial du Premier
+Empire</i>, 21 en note.</p>
+
+<p><i>La Révolte des Enfers (La)</i>, poème du général <span class="smcap">Hugo</span>,
+41, 42, 46.</p>
+
+<p><i>Revue de Paris (La)</i>, 79 en note, 183 en note.</p>
+
+<p><i>Revue des Deux Mondes (La)</i>, 92 en note, 183 en note.</p>
+
+<p><i>Revue du Berry (La)</i>, 23 en note.</p>
+
+<p><i>Revue universelle des Arts (La)</i>, 153 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Richelieu</span> (Le second ministère), 20 février 1820, 129
+en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Riestap</span> donne bien, dans son <i>Armorial général</i>, au
+général Hugo, les armes qui figurent sur le cachet
+commandé par Victor pour son père, 74 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Riffault</span> (M. Eugène), maire de Blois, 200, 201 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Robertet</span> (Florimond), baron d'<span class="smcap">Alluye</span>: son hôtel à
+Blois, 153 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Rochas</span> (A. de): <i>Les Buttes et la Télégraphie optique</i>
+149 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Roger</span> de <span class="smcap">Damas</span> (comte), 17 en note, 137 en note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_252">[Pg 252]</span></p>
+
+<p><i>Roman de Berte aux grands pieds (Le)</i>, renouvelé
+par Raphaël <span class="smcap">Périé</span>, 79 en note.</p>
+
+<p><i>Romances historiques traduites de l'espagnol</i>, par Abel
+<span class="smcap">Hugo</span>, 30 en note, 91 en note.</p>
+
+<p class="indent1">L'exemplaire qu'il en offrit à son père, 198 en note.</p>
+
+<p><i>Romantisme (Le) et la Critique.—La Presse littéraire
+sous la Restauration</i>, par Ch.-M. <span class="smcap">Des Granges</span>,
+18 en note, 19 en note, 63 en note, 69 en note,
+168 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Romieu</span>, collaborateur d'Abel <span class="smcap">Hugo</span> (<span class="smcap">Monnières</span>), dans
+<i>Pierre et Thomas Corneille</i>, 91 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Rousseau</span> (J.-J.), 163.</p>
+
+<p><span class="smcap">Rousseau</span> (Jacques), adjoint au maire de Chabris, témoin
+du second mariage du général <span class="smcap">Hugo</span>, 25.</p>
+
+<p><span class="smcap">Royer-Collard</span> (Le Docteur), médecin de l'Asile de
+Charenton, 94.</p>
+
+<p><i>Ruche d'Aquitaine (La)</i>, 159 en note.</p>
+
+<p><i>Ruche politique (La)</i>, 159 en note.</p>
+
+<p><i>Rues et maisons du vieux Blois</i>, eaux-fortes de A. Queyroy,
+147, 148-156.</p>
+
+
+<p class="p2">S</p>
+
+<p>Saint-Dyé (Loir-et-Cher), sur la rive gauche de la Loire,
+147 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Sainte-Luce</span> (Les demoiselles de), 34.</p>
+
+<p>Saint-Lubin (La rue), à Blois, 151.</p>
+
+<p>Saint-Laumer (L'ancienne abbaye de), aujourd'hui église
+Saint-Nicolas, à Blois, 150, 153, 163, 165.</p>
+
+<p>Saint-Lazare (Le domaine de), à Blois. Ancien prieuré,
+est acheté et habité par le général <span class="smcap">Hugo</span>, 22.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_253">[Pg 253]</span></p>
+
+<p class="indent1">Il le revend au D<sup>r</sup> <span class="smcap">Gay</span>, 77.</p>
+
+<p class="indent1">Aujourd'hui transformé en maison de santé, 22.</p>
+
+<p>Saint-Martin (rue), à Blois, 152 en note.</p>
+
+<p>Saint-Maurice (maison de). Voir: Charenton.</p>
+
+<p><span class="smcap">Saint-Valry</span> (Adolphe <span class="smcap">Souillard</span> de). L'un des amis d'enfance
+et de jeunesse de Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 10.</p>
+
+<p class="indent1">Sa collaboration au <i>Conservateur littéraire</i> et aux
+<i>Annales de la Littérature et des Arts</i> où il rendit
+compte des <i>Odes et Poésies diverses</i>, 166 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Fut un des sept fondateurs de la <i>Muse française</i>, 167
+en note.</p>
+
+<p class="indent1">Y rend hommage à <span class="smcap">Chateaubriand</span> disgracié, 167 en
+note.</p>
+
+<p class="indent1">Sa propriété de Montfort-l'Amaury, 167.</p>
+
+<p class="indent1">Chante, ainsi que Victor Hugo, <i>les ruines de Montfort</i>,
+167 en note.</p>
+
+<p class="indent1"><i>M<sup>me</sup> de Mably</i> (roman), 168 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Sardini</span> (Scipion), gentilhomme lucquois et petit poisson
+italien. Isabelle de <span class="smcap">Limeuil</span> lui apporte la fortune
+et le souvenir de quelques aventures que célèbre
+<span class="smcap">Brantôme</span>. Ses hôtels à Blois et à Paris, 152,
+153 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Sarrut</span> (Germain), 167 en note.</p>
+
+<p><i>Satan (Le)</i> d'Alfred de <span class="smcap">Vigny</span>, 163 en note.</p>
+
+<p><i>Saül</i>, tragédie d'A. <span class="smcap">Soumet</span>, 62 en note.</p>
+
+<p>Saumur (La conspiration de), 33.</p>
+
+<p><i>Sbogar (Jean)</i>, par Charles <span class="smcap">Nodier</span>, 160 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Schiésingeyer</span> (Jacob), cocher du marquis de <span class="smcap">Béthune-Sully</span>
+et témoin du second mariage du général
+<span class="smcap">Hugo</span>, 26.</p>
+
+<p><span class="smcap">Schiller</span> (M. <span class="smcap">Ancelot</span> donne une imitation de son <i>Fiesque</i>),
+61 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Séché</span> (Léon): <i>Alfred de Vigny et son temps</i>, 31 en
+note, 161, 162 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Séché</span> (Léon): <i>Hortense Allart de Meritens</i>. Une passade<span class="pagenum" id="Page_254">[Pg 254]</span>
+de <span class="smcap">Chateaubriand</span>: M<sup>me</sup> Boni de <span class="smcap">Castellane</span>,
+138.</p>
+
+<p><span class="smcap">Séché</span> (Léon): <i>Etudes d'histoire romantique.—Le Cénacle
+de la Muse française</i>, 62 en note, 165 en note,
+168 en note.</p>
+
+<p><i>Sémiramis la grande</i>, drame «en cinq coupes d'amertume»,
+de <span class="smcap">Desjardins</span>, 167 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Serre</span> (Le comte de), Ministre de la justice dans les
+cabinets <span class="smcap">Dessolle</span> et <span class="smcap">Decazes</span> et sous le second
+ministère <span class="smcap">Richelieu</span> (1818-1819-1820), 129.</p>
+
+<p>Serrurerie (La rue de la) à Blois, 152 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Shakespeare</span> (La traduction de), François-Victor <span class="smcap">Hugo</span>,
+193 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Sigisbert</span>, l'un des prénoms du général <span class="smcap">Hugo</span>, dont il
+se sert comme pseudonyme, 13 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Siguenza</span> (Le général <span class="smcap">Hugo</span> créé par <span class="smcap">Joseph Napoléon</span>
+comte de), 21.</p>
+
+<p><i>Simple discours de Paul-Louis, vigneron de la Chavonnière,
+aux membres du Conseil de Véretz, à
+l'occasion de l'acquisition de Chambord</i>, 99.</p>
+
+<p><i>Sir Lionel d'Arquenay</i>, par Jules <span class="smcap">Lefèvre-Deumier</span>,
+164 en note.</p>
+
+<p><i>Société d'Emulation de Cambrai (La)</i>, accorde le prix
+de poésie à Abel <span class="smcap">Hugo</span>, pour son <i>Ode sur la
+bataille de Denain</i>, 21.</p>
+
+<p><i>Société des Bonnes Lettres</i>, 61 en note, 62 en note, 91
+en note.</p>
+
+<p><i>Société des Sciences et Lettres de Loir-et-Cher.</i></p>
+
+<p class="indent1">Le général Hugo avait fondé à Blois une première
+Société littéraire: vains efforts du père et du fils
+pour la faire autoriser, 33, 35-36, 40, 41, 44-45,
+86.</p>
+
+<p class="indent1">L'intervention plutôt platonique des députés de Loir-et-Cher,
+45.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_255">[Pg 255]</span></p>
+
+<p class="indent1">Un biais administratif: la Société ne comptant pas
+vingt membres n'a pas besoin d'autorisation, 44.</p>
+
+<p><i>Solitaire (Le) du lac</i>, manuscrit du général <span class="smcap">Hugo</span>, 14
+en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Souillard</span> (Adolphe)—Voir: <span class="smcap">Saint-Valry</span> (Adolphe
+<span class="smcap">Souillard</span> de).</p>
+
+<p><span class="smcap">Soulié</span> (J.-B.): dévoile à Évariste <span class="smcap">Boulay-Paty</span> la cause
+de la folie d'Eugène <span class="smcap">Hugo</span>, 69-70 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Une lettre de Victor <span class="smcap">Hugo</span> au bon <span class="smcap">Soulié</span>, 159-161.</p>
+
+<p class="indent1">Fonde et dirige <i>le Mémorial bordelais, la Ruche
+d'Aquitaine et la Ruche politique</i>. Sa collaboration
+à <i>la Quotidienne</i>, 159 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Soumet</span> (Alexandre): assiste au mariage de Victor <span class="smcap">Hugo</span>,
+mais ne fut pas son témoin, 61-62.</p>
+
+<p class="indent1">Sa collaboration aux <i>Lettres champenoises</i>, au <i>Conservateur
+littéraire</i>, au <i>Mercure du XIX<sup>e</sup> siècle</i>,
+62 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Fait partie de la <i>Société des Bonnes Lettres</i> et y lit
+sa <i>Jeanne d'Arc</i>, 62 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Ses œuvres, 62 en note.</p>
+
+<p><i>Souvenirs du baron de Frénilly</i>, 138-140.</p>
+
+<p><i>Souvenirs sur Joseph Napoléon, roi d'Espagne</i>, par Abel
+<span class="smcap">Hugo</span>, 92 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Stapfer</span> (Extrait d'une lettre de Prosper <span class="smcap">Mérimée</span> à Albert),
+160 en note.</p>
+
+
+<p class="p2">T</p>
+
+<p><i>Tablettes romantiques (Les)</i>, 91 en note.</p>
+
+<p><i>Tablettes universelles (Les)</i>, 144 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Talaru</span> (Le marquis de), ambassadeur à Madrid: ses
+titres à la faveur royale, 139 en note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_256">[Pg 256]</span></p>
+
+<p class="indent1"><span class="smcap">Chateaubriand</span> le charge d'une mission assez spéciale
+auprès du roi <span class="smcap">Ferdinand</span>, 139-140.</p>
+
+<p><span class="smcap">Talon</span> (Zoé), par son mariage, comtesse du <span class="smcap">Cayla</span>, 47
+en note, 137, 161 en note.</p>
+
+<p><i>Tambour Robin (Le)</i>, manuscrit du général <span class="smcap">Hugo</span>, 14 en
+note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Tardieu</span> (M. Pierre), 197 en note.</p>
+
+<p>Thionville (La défense de), par le général <span class="smcap">Hugo</span>, 16.</p>
+
+<p><i>Thionville (Journal historique du blocus de)</i>, par le
+général <span class="smcap">Hugo</span>, 13 en note, 16, 39, 41.</p>
+
+<p><span class="smcap">Thomas y Saêtoni</span> (Marie-Catherine), comtesse de <span class="smcap">Salcano</span>,
+veuve <span class="smcap">Anaclet</span> d'<span class="smcap">Almeg</span>, épouse, à Chabris, le
+6 septembre 1821, le général <span class="smcap">Hugo</span>, 23.</p>
+
+<p class="indent1">Les liens religieux (?) qu'ils régularisaient ainsi, 26.</p>
+
+<p class="indent1">Etait, depuis 1816, propriétaire, à Blois, de la maison
+de la rue du Foix chantée par Victor <span class="smcap">Hugo</span> dans
+les <i>Feuilles d'automne</i>, 24 en note, 77.</p>
+
+<p class="indent1">Ses beaux-fils l'ignorent, 26.</p>
+
+<p class="indent1">Fait donner par le général sur les doigts de Victor
+comment il s'en tire, 38, 39.</p>
+
+<p class="indent1">Ne le gêne point pour son mariage, 66.</p>
+
+<p class="indent1">La situation semble se détendre, 66.</p>
+
+<p class="indent1">Une nouvelle explication entre le père et le fils, 110-111.</p>
+
+<p class="indent1">Son second veuvage, 191.</p>
+
+<p class="indent1">Son âpreté, 195.</p>
+
+<p class="indent1">Elle tire son épingle du jeu et survit trente ans au
+général <span class="smcap">Hugo</span>, 199.</p>
+
+<p class="indent1">Sa mort (21 avril 1858), les témoins de son décès à
+l'état civil de Blois, 79, 200.</p>
+
+<p><i>Tombeaux de Saint-Denis (Les)</i>, par Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 91 en
+note.</p>
+
+<p>Toulouse (L'Hôtel), rue du Cherche-Midi, siège du Conseil
+de guerre et habitation de la famille Foucher,
+30, 63.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_257">[Pg 257]</span></p>
+
+<p>Tour d'Argent (La), à Blois, 152.</p>
+
+<p><i>Traité du Mélodrame</i>, par A. A. A. (Abel <span class="smcap">Hugo</span>, André
+<span class="smcap">Malitourne</span> et <span class="smcap">Ader</span>), 90 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Trébuchet</span> (Sophie), première femme du général Hugo
+et mère de ses enfants, 11, 193, 201-202.</p>
+
+<p class="indent1">Abandonnée par son mari, comment elle les élève, leur
+amour pour elle, sa mort, 11, 12.</p>
+
+<p class="indent1">Gêne extrême qui suivit, 180, 181.</p>
+
+<p><span class="smcap">Trébuchet</span> (le «malheureux oncle»), 188.</p>
+
+<p><span class="smcap">Trébuchet</span> (Le cousin Adolphe), vient à Blois et désire
+visiter Chambord, 99, 100, 101.</p>
+
+<p class="indent1">Semble y revenir, 128.</p>
+
+<p class="indent1">Victor Hugo cherche à obtenir une bourse pour un
+de ses frères, 187.</p>
+
+<p><i>Tribune</i> (Le journal <i>La</i>), de Germain <span class="smcap">Sarrut</span>, 167 en
+note.</p>
+
+<p>Trois Clefs (La rue des), à Blois, 152.</p>
+
+
+<p class="p2">U</p>
+
+<p><i>Un Financier du XVI<sup>e</sup> siècle</i> (Edouard <span class="smcap">Drumont</span>; <i>Mon
+vieux Paris</i>), 153 en note.</p>
+
+
+<p class="p2">V</p>
+
+<p><span class="smcap">Vacquerie</span> (Charles), épouse Léopoldine <span class="smcap">Hugo</span>, avec
+qui il se noie à Villequier, 142.</p>
+
+<p>Val-de-Grâce (Eugène <span class="smcap">Hugo</span> transféré au). Il n'y fait
+qu'un court séjour, 94, 96.</p>
+
+<p>Variante des <i>Amants ennemis</i>, manuscrit du général
+<span class="smcap">Hugo</span>, 14 en note.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_258">[Pg 258]</span></p>
+
+<p><i>Vengeance de la Madone (La)</i>, par Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 90 en
+note.</p>
+
+<p>Vérone (Le Congrès de), 43 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Victor</span>, duc de Bellune, 59.</p>
+
+<p><i>Victor Hugo à Gentilly</i>, par Fernand <span class="smcap">Bournon</span>, 30.</p>
+
+<p><i>Victor Hugo à Guernesey</i>, par Paul <span class="smcap">Chenay</span>, 172 en
+note, 196-197 en note.</p>
+
+<p><i>Victor Hugo avant 1830</i>, par Edmond <span class="smcap">Biré</span>, 20, 23 en
+note, 26, 55 en note, 69 en note, 71 en note, 81 en
+note, 173, 174 en note.</p>
+
+<p><i>Victor Hugo et son père, le général Hugo à Blois</i>, par
+Louis <span class="smcap">Belton</span>, 7, 14 en note, 22 en note, 169 en
+note, 193 en note, 195-196 en note.</p>
+
+<p><i>Victor Hugo poète civique</i>, par Raphaël <span class="smcap">Périé</span>, 79 en
+note.</p>
+
+<p><i>Victor Hugo raconté par un témoin de sa Vie</i> (par
+M<sup>me</sup> Victor <span class="smcap">Hugo</span>), 10, 29, 30, 47, 48, 61, 90 en
+note, 144 en note, 157, 173 en note, 179 en note,
+183 en note.</p>
+
+<p><i>Vie anecdotique de Monsieur, comte d'Artois, aujourd'hui
+S. M. Charles X, roi de France et de Navarre,
+depuis sa naissance jusqu'à ce jour</i>, par
+Abel <span class="smcap">Hugo</span>, 92 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Viel Castel</span> (comte Horace de): Ses <i>Mémoires</i>. M<sup>me</sup> du
+<span class="smcap">Cayla</span> et le vicomte de la <span class="smcap">Rochefoucauld</span>, 161 en
+note.</p>
+
+<p class="indent1">Son jugement sur le vicomte <span class="smcap">Walsh</span>, 169 en note.</p>
+
+<p><i>Vierges de Verdun</i> (L'ode: <i>Les</i>) obtient en 1819, une
+amarante réservée de l'<i>Académie des Jeux Floraux</i>,
+20 en note.</p>
+
+<p><i>Vierge du Monastère (La)</i>, par le général <span class="smcap">Hugo</span>, 14 en
+note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Vigny</span> (Alfred de): Sa liaison avec Victor <span class="smcap">Hugo</span>, 9.</p>
+
+<p class="indent1">Est témoin de son mariage, 61, 63.</p>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_259">[Pg 259]</span></p>
+
+<p class="indent1">Ses <i>Poèmes</i> paraissent la même année et chez le
+même éditeur (Pélicier, 1822), que les <i>Odes et
+Poésies diverses</i>, 31 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Figure parmi les fondateurs—«les dieux inconnus»
+spécifiera le <i>Figaro</i> de 1829,—de la <i>Muse
+française</i>, 9, 31 en note.</p>
+
+<p class="indent1">«Malgré ses titres de noblesse et les autres», n'est
+pas invité au sacre de Charles X, 161.</p>
+
+<p class="indent1">Sa répugnance pour les à-propos rémunérateurs: «il
+n'avait jamais su faire ces choses-là», 162 en note.</p>
+
+<p class="indent1">Sa Lydia, 162.</p>
+
+<p><span class="smcap">Villèle</span> (M. de): son ministère, ses démélés avec <span class="smcap">Chateaubriand</span>,
+33 en note, 34 en note, 43 en note,
+47 en note, 95, 98, 137.</p>
+
+<p>Violettes (La rue des), à Blois, 152.</p>
+
+<p><i>Virginie</i>, par A. <span class="smcap">Guiraud</span>, 164 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Vosdey</span> (M.), notaire à Blois, 77 en note.</p>
+
+<p><i>Voyage de Paris à Saint-Cloud par mer</i>, 32.</p>
+
+<p><i>Voyage poétique et pittoresque au Mont Blanc et dans
+la Vallée de Chamonix.</i> Ce qui en est paru, 183.</p>
+
+<p><span class="smcap">Vulpian</span> (Alphonse): <i>Les Français en Espagne</i>, à-propos,
+vaudeville en collaboration avec Abel <span class="smcap">Hugo</span>,
+1 en note.</p>
+
+
+<p class="p2">W</p>
+
+<p><span class="smcap">Waldor</span> (M<sup>me</sup> Mélanie): comment elle s'accrochait à
+Paul <span class="smcap">Foucher</span>; le tartre de ses dents, 170 en note.</p>
+
+<p><span class="smcap">Walsh</span> (Le vicomte): <i>Relation du voyage de S. A. R.
+Madame, duchesse de Berry, dans la Touraine,
+l'Anjou, la Bretagne, la Vendée et le midi de la
+France, en 1828</i>, 168-169 en note.</p>
+
+<p>Woymouth (La maison des musiciens de), 152.</p>
+<hr class="chap x-ebookmaker-drop" />
+
+<div class="chapter">
+<p><span class="pagenum" id="Page_263">[Pg 263]</span></p>
+
+<h2 class="nobreak" id="TABLE_DES_MATIERES">TABLE DES MATIÈRES</h2>
+</div>
+
+<table summary="matieres">
+<tr><td class="tdc noborder">
+<a href="#I">I</a> </td></tr>
+
+<tr><td>LA JEUNESSE ET LES DÉBUTS.—M<sup>me</sup> HUGO.—LE
+GÉNÉRAL HUGO.—PREMIERS SUCCÈS ACADÉMIQUES.—LE
+<i>Conservateur littéraire</i>.—LES <i>Odes et
+Poésies diverses</i>.—LA SECONDE FEMME DU GÉNÉRAL:
+MARIE-CATHERINE THOMAS Y SAÊTONI,
+VEUVE ANACLET D'ALMEG. </td><td> 7</td></tr>
+
+<tr><td class="tdc noborder">
+<a href="#II">II</a></td></tr>
+<tr><td>
+LES FIANÇAILLES ET LE MARIAGE.—LES LETTRES DE
+VICTOR A SON PÈRE.—LA <i>Société littéraire de
+Blois</i>.—UNE PENSION LONGUE A TOUCHER.—LE
+COLONEL LOUIS HUGO.—<i>La Révolte des Enfers.</i>—UN
+BAN A RACHETER.—UN MARIAGE D'AMOUR. </td><td> 28</td></tr>
+
+<tr><td class="tdc noborder">
+<a href="#III">III</a></td></tr>
+<tr><td>
+UN ROMAN EN PARTIE DOUBLE.—LA FOLIE D'EUGÈNE
+HUGO.—LES ARMES DU GÉNÉRAL COMTE HUGO.—«LA
+RECOMMANDATION DE M. DE CLERMONT-TONNERRE».—LA
+MAISON DE LA RUE DU FOIX, A
+BLOIS.—LA GROSSESSE D'ADÈLE HUGO.—LE PAUVRE
+EUGÈNE </td><td> 68</td></tr>
+
+<tr><td class="tdc noborder">
+<a href="#IV">IV</a></td></tr>
+<tr><td>
+LÉOPOLD HUGO.—SA NAISSANCE.—DES ENNUIS DE
+NOURRICE.—<i>La Muse française.</i>—LE PETIT
+LÉOPOLD A BLOIS.—LE CRI DE LA MÈRE.—SA
+MORT.—<i>A l'Ombre d'un Enfant</i> </td><td> 102</td></tr>
+
+<tr><td class="tdc noborder">
+<a href="#V">V</a></td></tr>
+<tr><td>
+LE CACHET DU GÉNÉRAL.—ODE SUR <i>la guerre d'Espagne</i>.—LES
+<i>Nouvelles Odes</i>.—LA NÉGLIGENCE
+DE LADVOCAT. LES BONNES DISPOSITIONS
+DU DUC D'ANGOULÊME VIS-A-VIS DU GÉNÉRAL.—LES
+DESSOUS D'UNE DISGRACE: CHATEAUBRIAND ET
+M<sup>me</sup> BONI DE CASTELLANE </td><td> 126</td></tr>
+
+
+<tr><td class="tdc noborder">
+<a href="#VI">VI</a></td></tr>
+<tr><td>
+LE VOYAGE A BLOIS.—UNE LETTRE DE VICTOR HUGO
+AU DESSINATEUR QUEYROY.—DEUX POÈTES NOMMÉS
+CHEVALIERS DE LA LÉGION D'HONNEUR.—LES SABLES
+DE LA MILTIÈRE.—LE SACRE DE CHARLES X </td><td> 147</td></tr>
+
+<tr><td class="tdc noborder">
+<a href="#VII">VII</a></td></tr>
+<tr><td>
+L'ODE SUR <i>le Sacre</i>.—UNE PROMOTION DÉSIRÉE: LE
+LIEUTENANT GÉNÉRAL COMTE HUGO.—UNE DETTE
+SACRÉE.—CE BON M. DE LA RIVIÈRE.—LE <i>voyage
+au Mont Blanc et dans la Vallée de Chamonix</i>.—NAISSANCE
+DE CHARLES-VICTOR HUGO </td><td> 175</td></tr>
+
+<tr><td class="tdc noborder">
+<a href="#VIII">VIII</a></td></tr>
+<tr><td>
+LE GÉNÉRAL HUGO A PARIS.—SA MORT ET SES OBSÈQUES.—UNE
+SUCCESSION DIFFICILE.—UN TAILLEUR
+QUI ENTEND LE PETIT JEU DES INTÉRÊTS.—LA
+VENTE DU MOBILIER, A BLOIS ET A LA MILTIÈRE.—LES
+ŒUVRES DÉDICACÉES DU FILS AU PÈRE.—LA
+MORT DE LA VEUVE D'ALMEG </td><td> 190</td></tr>
+
+<tr><td class="tdc noborder">
+<a href="#INDEX_ANALYTIQUE_ET_ALPHABETIQUE">IX</a></td></tr>
+<tr><td>
+INDEX ANALYTIQUE ET ALPHABÉTIQUE </td><td> 203</td></tr>
+</table>
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_266">[Pg 266]</span></p>
+<hr class="chap x-ebookmaker-drop" />
+
+<p><span class="pagenum" id="Page_267">[Pg 267]</span></p>
+
+<p class="nobreak" id="ACHEVE_DIMPRIMER"><i>ACHEVÉ D'IMPRIMER</i></p>
+
+<p>le vingt-trois décembre mil neuf cent huit</p>
+
+<p>PAR</p>
+
+<p><span class="smcap">Ch.</span> COLIN</p>
+
+<p>à Mayenne</p>
+
+<p>pour le</p>
+
+<p>MERCVRE</p>
+
+<p>DE</p>
+
+<p>FRANCE</p>
+
+
+<div style='display:block; margin-top:4em'>*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK VICTOR HUGO À VINGT ANS ***</div>
+<div style='text-align:left'>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+Updated editions will replace the previous one—the old editions will
+be renamed.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+Creating the works from print editions not protected by U.S. copyright
+law means that no one owns a United States copyright in these works,
+so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United
+States without permission and without paying copyright
+royalties. Special rules, set forth in the General Terms of Use part
+of this license, apply to copying and distributing Project
+Gutenberg™ electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG™
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+easy. You may use this eBook for nearly any purpose such as creation
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+by U.S. copyright law. Redistribution is subject to the trademark
+license, especially commercial redistribution.
+</div>
+
+<div style='margin:0.83em 0; font-size:1.1em; text-align:center'>START: FULL LICENSE<br />
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+PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK</span>
+</div>
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+To protect the Project Gutenberg™ mission of promoting the free
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+(or any other work associated in any way with the phrase “Project
+Gutenberg”), you agree to comply with all the terms of the Full
+Project Gutenberg™ License available with this file or online at
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+</div>
+
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+Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg™ electronic works
+</div>
+
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+1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg™
+electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to
+and accept all the terms of this license and intellectual property
+(trademark/copyright) agreement. If you do not agree to abide by all
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+</div>
+
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+1.B. “Project Gutenberg” is a registered trademark. It may only be
+used on or associated in any way with an electronic work by people who
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+things that you can do with most Project Gutenberg™ electronic works
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+paragraph 1.C below. There are a lot of things you can do with Project
+Gutenberg™ electronic works if you follow the terms of this
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+electronic works. See paragraph 1.E below.
+</div>
+
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+1.C. The Project Gutenberg Literary Archive Foundation (“the
+Foundation” or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection
+of Project Gutenberg™ electronic works. Nearly all the individual
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+</div>
+
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+</div>
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+phrase “Project Gutenberg” is associated) is accessed, displayed,
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+</div>
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+ This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and most
+ other parts of the world at no cost and with almost no restrictions
+ whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms
+ of the Project Gutenberg License included with this eBook or online
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+ are not located in the United States, you will have to check the laws
+ of the country where you are located before using this eBook.
+ </div>
+</blockquote>
+
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+Gutenberg” associated with or appearing on the work, you must comply
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+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+1.E.3. If an individual Project Gutenberg™ electronic work is posted
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+beginning of this work.
+</div>
+
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+work or any other work associated with Project Gutenberg™.
+</div>
+
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+1.E.5. Do not copy, display, perform, distribute or redistribute this
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+</div>
+
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+1.E.6. You may convert to and distribute this work in any binary,
+compressed, marked up, nonproprietary or proprietary form, including
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+Vanilla ASCII” or other form. Any alternate format must include the
+full Project Gutenberg™ License as specified in paragraph 1.E.1.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+1.E.7. Do not charge a fee for access to, viewing, displaying,
+performing, copying or distributing any Project Gutenberg™ works
+unless you comply with paragraph 1.E.8 or 1.E.9.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
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+access to or distributing Project Gutenberg™ electronic works
+provided that:
+</div>
+
+<div style='margin-left:0.7em;'>
+ <div style='text-indent:-0.7em'>
+ • You pay a royalty fee of 20% of the gross profits you derive from
+ the use of Project Gutenberg™ works calculated using the method
+ you already use to calculate your applicable taxes. The fee is owed
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+ Gutenberg Literary Archive Foundation. Royalty payments must be paid
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+ legally required to prepare) your periodic tax returns. Royalty
+ payments should be clearly marked as such and sent to the Project
+ Gutenberg Literary Archive Foundation at the address specified in
+ Section 4, “Information about donations to the Project Gutenberg
+ Literary Archive Foundation.”
+ </div>
+
+ <div style='text-indent:-0.7em'>
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+ License. You must require such a user to return or destroy all
+ copies of the works possessed in a physical medium and discontinue
+ all use of and all access to other copies of Project Gutenberg™
+ works.
+ </div>
+
+ <div style='text-indent:-0.7em'>
+ • You provide, in accordance with paragraph 1.F.3, a full refund of
+ any money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the
+ electronic work is discovered and reported to you within 90 days of
+ receipt of the work.
+ </div>
+
+ <div style='text-indent:-0.7em'>
+ • You comply with all other terms of this agreement for free
+ distribution of Project Gutenberg™ works.
+ </div>
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+1.E.9. If you wish to charge a fee or distribute a Project
+Gutenberg™ electronic work or group of works on different terms than
+are set forth in this agreement, you must obtain permission in writing
+from the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, the manager of
+the Project Gutenberg™ trademark. Contact the Foundation as set
+forth in Section 3 below.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+1.F.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+1.F.1. Project Gutenberg volunteers and employees expend considerable
+effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread
+works not protected by U.S. copyright law in creating the Project
+Gutenberg™ collection. Despite these efforts, Project Gutenberg™
+electronic works, and the medium on which they may be stored, may
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+or corrupt data, transcription errors, a copyright or other
+intellectual property infringement, a defective or damaged disk or
+other medium, a computer virus, or computer codes that damage or
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+</div>
+
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+1.F.2. LIMITED WARRANTY, DISCLAIMER OF DAMAGES - Except for the “Right
+of Replacement or Refund” described in paragraph 1.F.3, the Project
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+liability to you for damages, costs and expenses, including legal
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+LIABILITY, BREACH OF WARRANTY OR BREACH OF CONTRACT EXCEPT THOSE
+PROVIDED IN PARAGRAPH 1.F.3. YOU AGREE THAT THE FOUNDATION, THE
+TRADEMARK OWNER, AND ANY DISTRIBUTOR UNDER THIS AGREEMENT WILL NOT BE
+LIABLE TO YOU FOR ACTUAL, DIRECT, INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR
+INCIDENTAL DAMAGES EVEN IF YOU GIVE NOTICE OF THE POSSIBILITY OF SUCH
+DAMAGE.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+1.F.3. LIMITED RIGHT OF REPLACEMENT OR REFUND - If you discover a
+defect in this electronic work within 90 days of receiving it, you can
+receive a refund of the money (if any) you paid for it by sending a
+written explanation to the person you received the work from. If you
+received the work on a physical medium, you must return the medium
+with your written explanation. The person or entity that provided you
+with the defective work may elect to provide a replacement copy in
+lieu of a refund. If you received the work electronically, the person
+or entity providing it to you may choose to give you a second
+opportunity to receive the work electronically in lieu of a refund. If
+the second copy is also defective, you may demand a refund in writing
+without further opportunities to fix the problem.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+1.F.4. Except for the limited right of replacement or refund set forth
+in paragraph 1.F.3, this work is provided to you ‘AS-IS’, WITH NO
+OTHER WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT
+LIMITED TO WARRANTIES OF MERCHANTABILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+1.F.5. Some states do not allow disclaimers of certain implied
+warranties or the exclusion or limitation of certain types of
+damages. If any disclaimer or limitation set forth in this agreement
+violates the law of the state applicable to this agreement, the
+agreement shall be interpreted to make the maximum disclaimer or
+limitation permitted by the applicable state law. The invalidity or
+unenforceability of any provision of this agreement shall not void the
+remaining provisions.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+1.F.6. INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the
+trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone
+providing copies of Project Gutenberg™ electronic works in
+accordance with this agreement, and any volunteers associated with the
+production, promotion and distribution of Project Gutenberg™
+electronic works, harmless from all liability, costs and expenses,
+including legal fees, that arise directly or indirectly from any of
+the following which you do or cause to occur: (a) distribution of this
+or any Project Gutenberg™ work, (b) alteration, modification, or
+additions or deletions to any Project Gutenberg™ work, and (c) any
+Defect you cause.
+</div>
+
+<div style='display:block; font-size:1.1em; margin:1em 0; font-weight:bold'>
+Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg™
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+Project Gutenberg™ is synonymous with the free distribution of
+electronic works in formats readable by the widest variety of
+computers including obsolete, old, middle-aged and new computers. It
+exists because of the efforts of hundreds of volunteers and donations
+from people in all walks of life.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+Volunteers and financial support to provide volunteers with the
+assistance they need are critical to reaching Project Gutenberg™’s
+goals and ensuring that the Project Gutenberg™ collection will
+remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
+Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
+and permanent future for Project Gutenberg™ and future
+generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary
+Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see
+Sections 3 and 4 and the Foundation information page at www.gutenberg.org.
+</div>
+
+<div style='display:block; font-size:1.1em; margin:1em 0; font-weight:bold'>
+Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non-profit
+501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
+state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
+Revenue Service. The Foundation’s EIN or federal tax identification
+number is 64-6221541. Contributions to the Project Gutenberg Literary
+Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by
+U.S. federal laws and your state’s laws.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+The Foundation’s business office is located at 809 North 1500 West,
+Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887. Email contact links and up
+to date contact information can be found at the Foundation’s website
+and official page at www.gutenberg.org/contact
+</div>
+
+<div style='display:block; font-size:1.1em; margin:1em 0; font-weight:bold'>
+Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+Project Gutenberg™ depends upon and cannot survive without widespread
+public support and donations to carry out its mission of
+increasing the number of public domain and licensed works that can be
+freely distributed in machine-readable form accessible by the widest
+array of equipment including outdated equipment. Many small donations
+($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
+status with the IRS.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+The Foundation is committed to complying with the laws regulating
+charities and charitable donations in all 50 states of the United
+States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
+considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
+with these requirements. We do not solicit donations in locations
+where we have not received written confirmation of compliance. To SEND
+DONATIONS or determine the status of compliance for any particular state
+visit <a href="https://www.gutenberg.org/donate/">www.gutenberg.org/donate</a>.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+While we cannot and do not solicit contributions from states where we
+have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
+against accepting unsolicited donations from donors in such states who
+approach us with offers to donate.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+International donations are gratefully accepted, but we cannot make
+any statements concerning tax treatment of donations received from
+outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+Please check the Project Gutenberg web pages for current donation
+methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
+ways including checks, online payments and credit card donations. To
+donate, please visit: www.gutenberg.org/donate
+</div>
+
+<div style='display:block; font-size:1.1em; margin:1em 0; font-weight:bold'>
+Section 5. General Information About Project Gutenberg™ electronic works
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+Professor Michael S. Hart was the originator of the Project
+Gutenberg™ concept of a library of electronic works that could be
+freely shared with anyone. For forty years, he produced and
+distributed Project Gutenberg™ eBooks with only a loose network of
+volunteer support.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+Project Gutenberg™ eBooks are often created from several printed
+editions, all of which are confirmed as not protected by copyright in
+the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not
+necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper
+edition.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+Most people start at our website which has the main PG search
+facility: <a href="https://www.gutenberg.org">www.gutenberg.org</a>.
+</div>
+
+<div style='display:block; margin:1em 0'>
+This website includes information about Project Gutenberg™,
+including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
+Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
+subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.
+</div>
+
+</div>
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