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-The Project Gutenberg EBook of L'idée médicale dans les romans de Paul
-Bourget, by Joseph Grasset
-
-This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and most
-other parts of the world at no cost and with almost no restrictions
-whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of
-the Project Gutenberg License included with this eBook or online at
-www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you'll have
-to check the laws of the country where you are located before using this ebook.
-
-Title: L'idée médicale dans les romans de Paul Bourget
-
-Author: Joseph Grasset
-
-Release Date: December 21, 2019 [EBook #60986]
-
-Language: French
-
-Character set encoding: ISO-8859-1
-
-*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'IDÉE MÉDICALE DANS LES ***
-
-
-
-
-Produced by Clarity and the Online Distributed Proofreading
-Team at http://www.pgdp.net (This file was produced from
-images generously made available by The Internet
-Archive/Canadian Libraries)
-
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-
-
- Dr J. GRASSET
- Professeur de clinique médicale
- à l'Université de Montpellier
-
- _L'Idée Médicale_
- DANS LES
- _Romans de Paul Bourget_
-
- MONTPELLIER
- COULET & FILS, ÉDITEURS
- GRAND'RUE, 5
-
- 1904
-
-
-
-
-A
-
-MONSIEUR PAUL BOURGET
-
-DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
-
-
-_Je dédie cette Conférence, en témoignage de profond et reconnaissant
-dévouement, comme Diomède offrit ses grossières armes d'airain en
-échange des armes d'or finement ciselées de Glaucos._
-
-J. G.
-
-Montpellier, janvier 1904.
-
-
-
-
-L'IDÉE MÉDICALE
-
-DANS LES
-
-ROMANS DE PAUL BOURGET
-
-
-MESDAMES,
-
-MESSIEURS,
-
-1. Etrange, à première vue, doit vous paraître le choix de Paul Bourget
-pour étudier l'_idée médicale_ dans une grande oeuvre littéraire.
-
-Et, en effet, vous ne trouverez, dans cette oeuvre, ni des Romans
-médicaux comme ceux d'André Couvreur, ni des critiques de médecins comme
-celles de Léon Daudet, ni des thèses médicales comme chez Brieux ou chez
-de Curel, ni des descriptions de maladie comme celles de Zola...
-
-Il faut la chercher, pour trouver l'idée médicale, dans les Romans de
-Paul Bourget. Mais, en la cherchant, on la trouve (c'est du moins ce que
-je voudrais vous prouver) et on la trouve _partout_ dans ses oeuvres,
-comme ces solides assises de fer qu'on découvre dans une belle maison en
-écartant les tentures et en grattant un peu les murailles.
-
-Vous comprendrez qu'un marchand de fer trouve quelque plaisir à chercher
-et à montrer son métal professionnel à travers et derrière mille autres
-choses agréables qui le masquent gentiment, tandis qu'il n'en trouverait
-plus aucun à disserter sur l'ossature trop évidente et trop nue de la
-tour Eiffel.
-
- * * * * *
-
-2. Pour retrouver ainsi l'idée médicale dans l'oeuvre de Paul Bourget,
-il faut donner à ce mot _médical_ et au mot _médecin_, d'où il dérive,
-son sens le plus large et d'ailleurs le seul vrai.
-
-Le médecin n'est pas, en effet (comme un vain peuple pense), un monsieur
-qui échange des ordonnances contre des honoraires. Le médecin est un
-homme qui étudie et doit connaître la _vie humaine_ dans tous les
-détails de son évolution, à l'état de santé et à l'état de maladie. Car
-nul ne peut réparer l'horloge détraquée, s'il n'en connaît à fond le
-mécanisme intact dans son fonctionnement normal.
-
-Et le médecin doit connaître l'homme vivant dans son _unité totale_,
-formée de l'union, souvent inextricable, du moral et du physique. Car,
-même pour le spiritualiste le plus orthodoxe[1], le corps étant encore
-l'outil indispensable de l'âme, tout se tient dans la vie de l'homme.
-
- [1] Ceci pour prévenir les accusations que pourraient faire naître
- contre Paul Bourget, chez des superficiels, des passages comme
- celui-ci: «L'évêque d'Orléans avait signalé à la défiance des pères
- de famille le philosophe (Taine) coupable d'avoir écrit cette phrase
- hardie: «... le vice et la vertu sont des produits comme le vitriol
- et comme le sucre...», phrase plus paradoxale dans la forme que dans
- le fond; car éclairez-la d'un petit mot; mettez des produits
- _psychologiques_... et vous lui restituez son vrai sens». _Essais de
- Psychologie contemporaine; M. Taine_ (1882), p. 152.
-
-Aveugle et impuissant serait le médecin qui méconnaîtrait ces
-élémentaires principes.
-
-Le médecin est donc le _biologiste humain_ et, quand je parle d'étudier
-l'_idée médicale_ dans l'oeuvre de Paul Bourget, c'est l'_idée
-biologique_ que je voulais dire.
-
- * * * * *
-
-3. Ces principes posés, j'aborde la dissection biologique des Romans de
-Paul Bourget en vous rappelant quelques-uns des _types de médecin_ qu'on
-y rencontre.
-
-Ils ne sont pas très nombreux. Un critique[2] n'en a trouvé que trois
-sur trois cent quatre-vingt-onze personnages mis en scène. On en
-trouvera davantage si on tient compte des simples esquisses. En tous
-cas, ils sont finement observés et joliment crayonnés.
-
- [2] JULES SAGERET.--Les grands convertis. Paul Bourget. _La Revue_,
- 1er et 15 novembre 1903, p. 297.
-
-Voici d'abord un «praticien de quartier», le Dr Graux: «à côté des
-professeurs justement illustres auxquels le temps manque et des
-charlatans sans conscience que l'on doit supplier pour en obtenir des
-consultations de cent francs», il est un de ces «modestes docteurs qui
-tiennent le rôle, autrefois si fréquent, aujourd'hui si rare, du médecin
-de famille, toujours à portée et cependant discret, et qui, connaissant
-ses clients depuis des années, devenait naturellement leur ami et leur
-conseiller»[3].
-
- [3] _L'Etape_ (oct. 1901-mai 1902), p. 421.--Toutes les citations des
- oeuvres de Paul Bourget sont faites sur l'édition in-8º pour les
- Romans parus dans les sept premiers volumes des OEuvres complètes,
- dans l'édition in-18 pour les suivants.
-
-Tout autre est le Dr Louvet[4], le médecin mondain avec son salon
-d'attente, meublé «comme un musée, avec la prodigalité de bibelots
-particulière aux installations modernes». Il appartient à «cette
-génération de savants, hommes du monde, qui vont à l'hôpital le matin,
-reçoivent leurs clients l'après-midi et trouvent le moyen d'avoir de
-l'esprit, comme des oisifs, dans un salon, à dix heures du soir». Aussi,
-«ont-ils l'intelligence de préparer aux longues attentes de leurs belles
-malades un décor où elles retrouvent un peu de ce qu'elles ont laissé au
-logis, une face des choses semblable à celle qui leur est coutumière»,
-tandis que, dans le cabinet du docteur, il n'y a que des livres,
-«contraste habilement cherché par Louvet, metteur en scène aussi habile
-qu'il était bon diagnosticien»; Louvet, «ce mince avec un air de mignon
-de Henri III. Je l'appelle toujours Louvetsky, parce qu'il ne soigne que
-des Russes»[5].
-
- [4] _Un Crime d'amour_ (oct. 1885-janvier 1886), p. 208.
-
- [5] _Mensonges_ (février-octobre 1887), p. 38.
-
-Tout à côté, on peut placer le Dr Noirot, qui a été interne à Bicêtre,
-«infiniment cynique et intelligent, méthodique et doucement implacable,
-avec un air d'employé plutôt que de médecin... Matérialiste outrageux,
-expliquant la sensibilité humaine par les plus dégradantes hypothèses,
-Noirot donne l'exemple des vertus les plus délicates, cousues à l'âme la
-plus gangrenée de négations. Avec cela, observateur très habile, mais
-qui ne croit guère à la médecine, il s'est fait, depuis des années, une
-spécialité du massage... et gagne soixante mille francs par an»[6].
-
- [6] _Physiologie de l'Amour moderne_ (mai 1888-septembre 1889), p. 550
- et suivantes.
-
-Chaque matin, il masse soigneusement le baron Desforges, surveille son
-hygiène quotidienne et ne lui permet que trois cigares par jour. «On
-digère avec ses jambes», répète-t-il au baron; «le massage, c'est du
-Liebig d'exercice»[7]. Ce Noirot assiste[8] «au souper triste» dans
-lequel, chez Marguerite Percy, on devait manger du boudin blanc et rire
-avec les camarades, et dans lequel il y a tant de «silences glacés» et
-de «rires faux». A la sortie, il émet des théories bizarres sur la
-nécessité de la grande vie pour la viveuse, comme la morphine et
-l'alcool sont nécessaires à ceux qui s'y sont habitués, et raconte la
-sauvage vengeance de Corsègues, qui brûle sa femme, en plein Paris,
-comme au Malabar. C'est un grand «original», ce Noirot, «un médecin qui
-n'a jamais voulu être décoré et qui n'essaie les remèdes nouveaux que
-lorsqu'il en est sûr»[9].
-
- [7] _La Duchesse bleue_ (déc. 1893-juin 1898), p. 445.
-
- [8] _Mensonges_, pp. 116, 251, 257.
-
- [9] _Physiologie de l'Amour moderne_, p. 487 à 504.
-
- * * * * *
-
-Je n'insiste pas sur quelques types secondaires, comme: le médecin qui,
-ayant le génie de la statistique, s'applique, dans un hôpital de femmes,
-à dresser la liste des déflorateurs[10];--le docteur Ch., qui dénonce si
-justement le danger des vices de l'enfance[11];--Auguste Dupuy, ce
-timide médecin de province, qui, abandonné par sa femme, la reprend
-quand son amant l'a quittée, et élève avec tendresse l'enfant de
-l'adultère[12];--le médecin de quartier qui entretient Madame Malvina
-Raulet[13];--le médecin sans clients, qui est député et enlève à Poyanne
-son siège de conseiller général[14];--le professeur Teresi et l'autre
-médecin sicilien «recommandé par l'hôtelier»[15];--le médecin américain,
-qui prescrit à son neurasthénique un voyage «aux îles du Pacifique:
-quarante jours sans télégraphe et sans téléphone»[16];--le docteur Léon
-Pacotte, qui enseigne et pratique si bien l'hygiène, a soixante-dix ans
-et a enterré Dupuytren, Broussais et Orfila qui l'avaient condamné comme
-phtisique, et dirige si intelligemment l'éducation et le redressement
-moral des enfants[17];--le docteur berrichon, qui est le médecin de
-George Sand, et son camarade, le docteur Le Prieux, qui, «dans le canton
-de Chevagnes..., comptait autant de prétendus cousins, c'est-à-dire de
-clients presque gratuits, que cette Sologne bourbonnaise compte de
-hameaux»[18];--le pauvre médicastre de Noyelles, «si comiquement inquiet
-sur l'avenir de sa plus fructueuse visite»[19]...
-
- [10] _Ibidem_, p. 337.
-
- [11] _Ibidem_, p. 362.
-
- [12] _Physiologie de l'Amour moderne_, p. 590.
-
- [13] _Mensonges_, p. 190.
-
- [14] _Un Coeur de femme_ (décembre 1889-juillet 1890), p. 378.
-
- [15] _La Terre promise_ (septembre 1891-avril 1892), p. 178 et 184.
-
- [16] _Voyageuses_ (juillet 1897); _Deux Ménages_, p. 87.
-
- [17] _Le Talisman_ (avril 1898), p. 283.
-
- [18] _Le Luxe des autres_ (décembre 1899-février 1900), p. 91 et 93.
-
- [19] _Un Cas de conscience_. The New-York Herald, édition européenne,
- numéro de Noël, 20 décembre 1903, p. 19.
-
-Je signale le «profil perdu» de l'étudiante russe, Sofia, dont le
-«projet était de retourner en Russie, de pratiquer sa science dans son
-village et de contribuer à la propagande des idées occidentales parmi
-les paysans..., inexplicable fille, qui parlait de l'amour, de la
-maternité, de la mort, dans des termes d'un matérialisme scientifique et
-à qui nulle bouche d'homme n'avait seulement baisé la main»[20]...,
-«nihiliste, athée et vierge», comme l'étudiant d'Oxford[21].
-
- [20] _Profils perdus_ (1880-1881); _Ancien Portrait_, p. 253 et 256.
-
- [21] _Ibidem_; _Autre Anglaise_, p. 274.
-
- * * * * *
-
-Eugène Corbières mérite aussi une mention spéciale par sa manière de
-comprendre la médecine.
-
-Ce qui l'a décidé «à prendre cette voie, c'est le besoin de certitude».
-Son esprit «a comme faim et soif de quelque chose de positif,
-d'indiscutable. Les sciences naturelles donnent cela». Il lui a semblé
-que «la médecine, comprise d'une façon un peu haute», est «parmi les
-sciences naturelles la branche qui se prête à une application pratique
-telle que cette application soit acceptable dans toutes les hypothèses»
-philosophiques. Le médecin «est l'altruiste par excellence. Il est dans
-le vrai quel que soit le postulat métaphysique auquel nous nous
-rangions». Comme tout grand médecin, il a «une exceptionnelle capacité
-d'affirmation personnelle, de décision immédiate, de parti pris
-effectif». Ce métier comporte, «si l'on peut dire, un empoignement
-direct de la réalité». Corbières permet de constater «cette vertu
-presque militaire de la discipline médicale» et, un jour, «ses collègues
-l'ont vu, avec une stupeur que les années n'ont pas dissipée,
-brusquement, peu de temps après les trois morts survenues coup sur coup,
-quitter sa place enviée de médecin des hôpitaux, sa magnifique clientèle
-parisienne, la certitude de tous les honneurs, pour entrer dans la
-congrégation des frères de Saint-Jean-de-Dieu, vouée, comme on sait, au
-service des malades...»[22].
-
- [22] _L'Echéance_ (décembre 1898), p. 9 à 11, 59 et 78.
-
-Tout récent[23] est le croquis de cet interne de Trousseau, le héros de
-cette tragédie de scrupule, qui formule et applique si bien ce grand
-principe de déontologie: «pour un médecin, le grand devoir, et qui prime
-tous les autres, c'est le service du malade. Le médecin ne doit
-connaître que cela, ne voir que cela». Il ne doit jamais céder «à la
-tentation d'interposer son rôle au chevet du patient». Il doit n'avoir
-jamais d'autre mesure de ses actes «que la lutte avec la maladie, quel
-que fût le malade et sans aucun souci des conséquences».
-
- [23] _Un Cas de conscience_, p. 19.
-
- * * * * *
-
-Je termine par le spécialiste du système nerveux que Paul Bourget
-symbolise dans le professeur Salvan et l'étudiant Bobetière.
-
-«Conservé par une existence continûment active et ascétique..., mince et
-robuste, avec une tête petite, dont le masque saisissant et glabre
-rappelait la face napoléonienne de son maître Charcot...», Salvan
-associe, «comme jadis Trousseau, un beau talent d'écrire aux plus
-solides qualités de clinicien et d'anatomiste. Plus fameux que connu,
-ses immenses travaux l'ont toujours éloigné des salons... Ce manieur de
-misères humaines» est un «sensible, malgré des allures volontiers
-brusques qu'explique son métier de neurologue...»[24].
-
- [24] _L'Eau profonde_ (décembre 1902), p. 74, 138, 141.
-
-A propos de Bobetière qui veut aussi se spécialiser dans l'étude des
-maladies nerveuses, Paul Bourget dit: «s'il est un ordre de
-connaissances qui doive ramener un esprit à la vérité sociale, il semble
-bien que ce soit celui-là, qui nous fait toucher du doigt la fragilité
-de la pensée, l'équilibre instable de la volonté, l'irrésistible et
-constante pesée sur nous des influences héréditaires. Le problème de la
-politique consistant à faire vivre ensemble des hommes, il se ramène ou
-devrait se ramener, pour un neurologue, à l'art de diriger vers le bien
-commun et de neutraliser pour le moindre mal une majorité d'impulsifs,
-de dégénérés et de candidats à la manie»[25].
-
- [25] _L'Etape_, p. 148.
-
-Vous voyez que Paul Bourget comprend le médecin et son rôle par le grand
-côté[26]; il proclame les relations de l'idée médicale avec les
-problèmes qu'il discute dans ses Romans.
-
- [26] «Il en est du vrai prêtre comme du vrai médecin. L'un et l'autre,
- devant un malade ou de corps ou d'âme, abolissent en eux d'instinct
- tout ce qui n'est pas leur fonction». (_Une Confession_, janvier
- 1897, p. 227).
-
- * * * * *
-
-4. Aussi aime-t-il les médecins et les biologistes; et il ne s'en cache
-pas. Il les cite, emploie leur langage, leur emprunte des comparaisons.
-
-Il intitule _Physiologie_ sa belle étude de l'Amour moderne et c'est de
-la définition du Dictionnaire de médecine de Nysten que part Claude
-Larcher pour déduire ses axiomes si curieux[27].
-
- [27] _Physiologie de l'Amour moderne_, p. 327.
-
-Il cite volontiers Claude Bernard, Pasteur, Jules Soury, Magendie,
-Flourens, Beaunis, Dieulafoy, Legrand du Saulle, Brière de Boismont...,
-dédie _Un coeur de femme_ à Albert Robin...
-
-C'est à un confrère[28] qu'il emprunte cette fière devise: «où
-descendrions-nous sans la noble douleur?».
-
- [28] _L'Etape_, p. 422.
-
-Exposant la théorie du Roman d'analyse[29], il «assimile le moraliste au
-clinicien» et montre que, dans la littérature supérieure, comme en
-médecine, il faut d'abord faire de l'anatomie et de la physiologie
-(analyse) avant le diagnostic (synthèse) et avant la thérapeutique
-(applications).
-
- [29] _OEuvres complètes; Romans_, t. I (septembre 1900), p. VIII.
-
-René Vincy se sait «atteint» de «romantisme analytique» et développe son
-mal «comme un médecin qui cultiverait sa maladie par amour d'un beau
-_cas_». «Ce que Claude Bernard faisait avec ses chiens, ce que Pasteur
-fait avec ses lapins», il le fait avec son coeur et lui injecte «tous
-les virus de l'âme humaine»[30].
-
- [30] _Mensonges_, p. 75, 300.
-
-Dans un grand nombre de passages, Paul Bourget compare les maladies de
-l'âme à celles du corps, décrit «leurs heures de convalescence[31],
-leurs crises, leur thérapeutique...»[32].
-
- [31] _Une Idylle tragique_ (avril 1895-février 1896), p. 311.
-
- [32] _Physiologie de l'Amour moderne_, p. 548. Titre du chapitre:
- _Thérapeutique de l'amour_.--«La psychologie est à l'éthique ce que
- l'anatomie est à la thérapeutique». (_Essais de Psychologie
- contemporaine_, Préface de 1899, p. X).
-
-Il décrit souvent, et fort exactement, des types pathologiques[33] et
-conclut: «notre être moral subit les mêmes lois que notre être
-physique»[34].
-
- [33] Voir notamment des passages: sur les névroses (_Un Crime
- d'amour_, p. 247 et suiv.; _Physiologie de l'Amour moderne_, p. 332,
- 442 et 443; _L'Etape_, p. 336; _Une Idylle tragique_, p. 298); sur
- la neurasthénie (_nervous exhaustion_) d'un Américain: «la rançon
- d'une existence de _hard work_ à tuer un Européen en quelques mois»
- (_Voyageuses_; _Deux ménages_, p. 63); sur une tuberculeuse (_La
- Terre promise_, p. 102); sur un cardiaque (_Un Homme d'affaires_,
- octobre 1900, p. 29); sur l'hygiène du viveur Casal (_Un Coeur de
- femme_, p. 359); sur l'artériosclérose (_Mensonges_, p. 21); sur un
- cas d'aphasie avec hémiplégie droite et les traits tirés à gauche
- (_André Cornelis_, avril-novembre 1886, p. 352); sur la télépathie
- (_Nouveaux Pastels_. _Dix portraits d'homme_, 1890; _Autre joueur_,
- p. 344); sur le spiritisme (_Mensonges_, p. 37); sur le rêve (_La
- Duchesse bleue_, p. 542; _Un Coeur de femme_, p. 315); sur les
- avariés scrofuleux (_La Duchesse bleue_, p. 372; _Physiologie de
- l'Amour moderne_, p. 366 et 531: le «mal dont Voltaire accuse si
- plaisamment Christophe Colomb»); sur les fous (_Ibidem_, p. 522,
- LXXVI); sur les rapports de l'estomac et du système nerveux
- (_Ibidem_, p. 554)... Dans l'_Echéance_ (p. 43), il y a une
- excellente description de l'alcoolique, de sa «loquacité... si
- douloureuse à suivre, tant on la sent morbide, qui tour à tour
- précipite ou cherche les mots», qui est «la première forme de ce qui
- sera, dans trois mois, dans huit jours, demain, le délire expansif
- avec le dérèglement de sa gloriole et de ses vantardises»... et de
- ces «hésitations dans l'attaque des mots qui révèlent l'aphasie
- latente»,--dans _Un Cas de conscience_ (p. 20), la description du
- mal de Bright, de l'urémie convulsive et de leur traitement.....
-
- [34] _Deuxième Amour_ (octobre-novembre 1883), p. 139.
-
-Les analogies de la physiologie et de la psychologie sont indiscutables;
-comme dit Taine, «la littérature est une Psychologie vivante»[35]. Donc,
-rien de plus intimement lié que le Roman et la Biologie.
-
- [35] _Essais de Psychologie contemporaine_, p. X.
-
- * * * * *
-
-Voilà l'opinion de Paul Bourget sur la _personne_, la _langue_ et la
-_méthode_ des médecins et des biologistes. Cela nous fait prévoir son
-opinion sur leurs _doctrines_.
-
- * * * * *
-
-5. Au fond, pour le biologiste, la vie d'un homme, à un moment donné de
-son existence, est résultante de quatre facteurs: l'_hérédité_, le
-_milieu_, le _passé individuel_ et l'_élément personnel_ (ce dernier
-facteur étant difficile à analyser scientifiquement, mais indiscutable
-dans son existence).
-
-Je crois qu'il va être facile de vous montrer le compte que tient Paul
-Bourget de ces quatre facteurs dans la composition de ses personnages.
-
- * * * * *
-
-6. Les Romans de Paul Bourget sont d'abord dominés, d'un bout à l'autre,
-par l'idée de l'_hérédité_, morale et physique; les deux parties de
-l'hérédité pouvant s'associer (le plus souvent) ou se dissocier suivant
-les cas; «cette dure loi de l'hérédité qui veut que nos tares physiques
-se retrouvent chez nos enfants et non moins sûrement nos tares
-sentimentales»[36].
-
- [36] _Sauvetage_ (octobre 1897), p. 336.
-
- * * * * *
-
-Si Francis Nayrac ne peut pas atteindre _la Terre promise_, c'est à
-cause de cette hérédité _physique_ qui lui fait reconnaître sa fille.
-Les anciens romanciers auraient parlé de la voix du sang. Ici la base de
-la reconnaissance est toute biologique et Francis «voit son sang»,
-tandis que sa fille est attirée, non vers ce père qu'elle ne reconnaît
-pas, mais vers la fiancée de son père, la rivale de sa mère[37]. Toute
-la complication psychologique est ainsi à base biologique.
-
- [37] _La Terre promise_, p. 90, 131.
-
-C'est encore la ressemblance physique qui fait connaître le père de
-Noémie Hurtrel[38]. Une grande partie des tortures que subit Bassigny
-vient de la ressemblance physique entre sa fille naturelle qui ne le
-connaît pas et sa fille légitime qu'il a perdue[39]. Pierre Fauchery
-retrouve dans «une enfant de vingt ans, le portrait, l'hallucinant
-portrait de celle qu'il a voulu épouser trente ans auparavant»[40].
-
- [38] _L'Irréparable_ (mai-juin 1883).
-
- [39] _Sauvetage_.
-
- [40] _L'Age de l'Amour_ (novembre 1896), p. 108.
-
-Les Le Prieux, chez lesquels se passe un de ces _Drames de famille_ qui
-sont si puissamment fouillés, sont tous dominés par l'hérédité physique.
-Le _père_, «avec sa tête plus large que longue, sa face presque plate et
-que termine un menton rond, avec ses cheveux lisses et qui restent
-châtains dans leur grisonnement, ses yeux bruns, son cou puissant, ses
-épaules horizontales, son torse épais, sa taille courte, toute sa
-personne ramassée et trapue, présente un type accompli de ce paysan
-celte, qui occupait cette partie de la France à l'époque où César y
-parut».--La _mère_ «gardait cet admirable type méridional, qui prend,
-lorsqu'il est très pur, des finesses et des élégances de médaille
-grecque...; son front, petit et rond, se rattachait à son nez par
-cette ligne presque droite qui a tant de noblesse, et sa petite tête
-laissait deviner, sous d'épais cheveux noirs, cette construction d'un
-ovale allongé, où se perpétue la race de cet _homo mediterraneus_,
-de ce souple et fin dolichocéphale brun, louangé par les
-anthropologistes...».--«Jamais le mélange de deux sangs ne fut plus
-visible» que chez la fille...[41].
-
- [41] _Le Luxe des autres_, p. 89, 99, 118.
-
- * * * * *
-
-Et cette hérédité physique se prolonge et s'accumule comme chez cette
-«vieille lady en bonnet», qui a «des joues où il tient quatre
-générations de buveurs de porto»[42].
-
- [42] _La Terre promise_, p. 130.
-
-C'est encore l'hérédité physique qui donne ses «pieds larges» et ses
-«mains velues» à ce «butor riche» d'Albert Duvernay qui a été trop
-évidemment fabriqué «avec de l'épaisse étoffe humaine»[43].
-
- [43] _Le Fantôme_ (mars 1900-janvier 1901), p. 23 et 24.
-
-C'est «avec notre sang et nos nerfs que nous avons un certain courage,
-autant dire avec notre hérédité»[44].
-
- [44] _Un Homme d'affaires_, p. 50.
-
-Chez Firmin Nortier, l'hérédité rurale se révèle par «la carrure des
-épaules hautes, la charpente lourde des gros os, la forte pesée du pied
-sur le sol»[45].--Alfred Chazel était «un fils du peuple, et, malgré
-l'affinement intellectuel de deux générations, l'origine paysanne
-reparaissait en lui à des gaucheries de gestes et d'attitude»[46].--Chez
-la baronne Ely, «cette hérédité avait pu seule pétrir le masque,
-magnifique à la fois et si fin, auquel une blancheur mate et chaude
-achevait de donner un vague reflet oriental»[47].
-
- [45] _Un Homme d'affaires_, p. 7.
-
- [46] _Un Crime d'Amour_, p. 172.
-
- [47] _Une Idylle tragique_, p. 32.
-
-Odile[48] est l'histoire dramatique du suicide héréditaire avec
-l'admirable description de la tentation de la mort et de l'effroi
-qu'elle cause à ces malheureux névrosés.
-
- [48] _Voyageuses_; _Odile_, p. 203 à 248.
-
- * * * * *
-
-L'âge modifie les signes de cette hérédité physique. C'est ce que l'on
-voit chez Madame Castel à qui sa fille ressemble au point d'infliger une
-sorte de mélancolie à leurs amis. «D'une génération à l'autre, il y a eu
-comme une marche en avant du tempérament commun. La qualité dominante de
-la physionomie est devenue plus dominante, symbole visible d'un
-développement du caractère produit par l'hérédité. Trop fin déjà, le
-visage s'est affiné davantage; sensuel, il s'est matérialisé;
-volontaire, il s'est durci et séché. A l'époque où la vie a fait toute
-son oeuvre, lorsque la mère a passé la soixantième année, la fille la
-quarantième, cette gradation dans les ressemblances devient comme
-palpable au contemplateur... l'aperception des fatalités du sang devient
-si lucide alors, que parfois elle tourne à l'angoisse»[49].
-
- [49] _Cruelle énigme_ (juillet-septembre 1884), p. 5. Voir aussi p.
- 20, 21, 22 et 83.
-
-N'était la perfection du style, qui ne s'observe guère chez nous, ne
-diriez-vous pas ces lignes écrites par un biologiste?
-
- * * * * *
-
-L'hérédité purement _morale_ éclate cruellement chez ce fils d'un
-aigrefin et d'une sainte, qui reproduit tous les vices du père et dont
-Claude Larcher raconte la douloureuse histoire[50].
-
- [50] _Physiologie de l'Amour moderne_, p. 541.
-
-«L'hérédité apparaît aussi comme un puissant modificateur de cet
-instinct (sexuel). Entre la fille d'un père chaste et celle d'un père
-qui a vécu, entre le fils d'une honnête femme et le fils d'une femme
-galante, il y a la même différence qu'entre les enfants d'un goutteux et
-ceux d'un phtisique»[51].
-
- [51] _Physiologie de l'Amour moderne_, p. 359.
-
-Et le philosophe Victor Ferrand le proclame: «qu'il y ait un atavisme
-moral, comme il y a un atavisme physique, une hérédité en retour des
-idées et des sentiments de nos aïeux, c'est un fait indiscutable»[52], à
-l'appui duquel je pourrais encore citer ce fils de voleur qui révèle son
-vrai père en allant, la nuit, dérober des bonbons à l'arbre de Noël du
-lendemain[53].
-
- [52] _L'Etape_, p. 25.
-
- [53] _Le vrai Père_ (décembre 1894).
-
- * * * * *
-
-Le plus souvent l'hérédité n'est pas aussi dissociée et porte à la fois
-sur le physique et sur le moral. L'exemple le plus fouillé est
-certainement celui des Monneron.
-
-Joseph Monneron, l'universitaire, «déclassé par en haut, grâce aux
-concours», est fils d'un cultivateur de Quintenas; sa femme a une mère
-indolente et un père équivoque, «rentier interlope de Nice, mi-courtier,
-mi-contrebandier». De là dérivent: l'hypocrisie et la vulgarité
-d'Antoine, l'ignoble tenue et la flétrissure précoce de Gaspard,
-l'incertitude et la morbidité de Jean, la sensibilité déréglée de
-Julie[54].
-
- [54] _L'Etape_, p. 9, 63, 117, 215, 303.
-
- * * * * *
-
-Ainsi les hérédités se superposent et, formant un tout complexe,
-aboutissent à des produits divers, d'apparence contradictoire. Dans _le
-Fantôme_, l'hérédité paysanne tourne en rudesse chez Albert Duvernay et
-en bonhomie chez sa soeur.
-
-De même, «l'atavisme de la servitude a ces deux effets qui ne sont
-contradictoires qu'en apparence: il produit des capacités insondables de
-sacrifice ou de perfidie. L'une et l'autre de ces dispositions morales
-se trouvaient incarnées dans le frère et dans la soeur. Ils s'étaient,
-comme il arrive quelquefois, distribué le double caractère de leur race:
-l'un en avait hérité toute la vertu d'immolation, l'autre toute la
-puissance d'hypocrisie»[55].
-
- [55] _Cosmopolis_ (mai-octobre 1892), p. 418.
-
- * * * * *
-
-Et, dans cette hérédité, pèsent naturellement les erreurs et les vices
-des ancêtres. Comme dit la Bible, «les fils seront punis pour les péchés
-des pères»[56].
-
- [56] _Cosmopolis_, p. 572.
-
-On comprend maintenant que le _Disciple_ commence sa confession à son
-Maître, après son crime, par une longue analyse de ses hérédités[57], et
-que Paul Bourget conclue de toutes ses études: «On n'échappe pas à ses
-hérédités. On les subit, quoiqu'on en ait, par toutes les fibres dont on
-est tissé»[58].
-
- [57] _Le Disciple_ (septembre 1888-mai 1889), p. 65.
-
- [58] _L'Etape_, p. 297.
-
- * * * * *
-
-Mais le biologiste ne doit pas uniquement constater les résultats bruts
-de l'hérédité; il doit étudier cette hérédité, dans son évolution, dans
-sa vie, dans la suite de ses transformations. Car, en passant d'une
-génération à l'autre, l'hérédité rencontre des agents modificateurs,
-comme le croisement et le milieu. Le biologiste doit analyser les _lois_
-de ces modifications que le temps apporte dans l'hérédité.
-
- * * * * *
-
-Une de ces lois qui a le plus frappé Paul Bourget est certainement
-celle-ci: pour favoriser l'amélioration et le perfectionnement de
-l'espèce, les transformations par l'hérédité doivent se faire lentement
-et progressivement; si on veut brûler les étapes, on n'a plus de
-progrès: l'individu régresse au contraire, soit au physique, soit au
-moral.
-
-C'est ainsi que chez Joseph Monneron «le paysan est trop près», et Jean
-peut dire à son père: «on ne change pas de milieu et de classe sans que
-des troubles profonds se manifestent dans tout l'être, et nous avons
-changé de milieu et de classe, c'est un fait, puisque le grand-père
-Monneron est mort un paysan et que tu en as été un jusqu'à ta dixième
-année».
-
-La grande culture a été donnée trop vite à son père. La durée lui
-«manque, et cette maturation antérieure de la race, sans laquelle le
-transfert de classe est trop dangereux». C'est pour cela qu'il paie la
-rançon de ce que Paul Bourget «appelle l'Erreur française, et qui n'est
-au fond, tout au fond, que cela: une méconnaissance des lois
-essentielles de la famille».[59]
-
- [59] _L'Etape_, p. 44, 51, 458.
-
-Vous voyez comme notre romancier tire des lois biologiques les lois
-sociales auxquelles il tient le plus. Nous comprendrons mieux cela quand
-nous aurons parlé des autres facteurs de la vie humaine et spécialement
-du milieu, sur lequel nous avons déjà empiété.
-
- * * * * *
-
-7. Le _milieu_, en Biologie humaine, est extrêmement complexe et il se
-complique d'autant plus que l'individu est plus cultivé et plus élevé.
-
-Dans ce milieu, il faut nommer d'abord et surtout la _famille_, qui est
-la première éducatrice[60], le _pays_ qui comprend la patrie et le petit
-pays (la province, la ville que l'on habite), les _maîtres_ (maîtres de
-l'instruction et maîtres de l'éducation), la _classe_ de la société dans
-laquelle on vit, et aussi d'une manière plus générale les
-_contemporains_ (artistes, littérateurs, hommes politiques, collègues de
-la profession)...[61].
-
- [60] «Quand une femme se donne à un homme, ce dernier, s'il était
- poli, enverrait ses cartes au père et à la mère de sa nouvelle
- maîtresse, en écrivant au-dessous de son nom, comme il sied: avec
- mille remerciements. Quatre-vingt-dix fois sur cent il la leur
- doit». (_Physiologie de l'Amour moderne_, p. 382).
-
- [61] Chez Poyanne, l'influence du milieu professionnel, du métier,
- reprend ses droits dans les heures de crise. (_Un Coeur de femme_,
- p. 382).
-
-Les noms seuls que je viens de prononcer vous rappellent immédiatement
-une série de passages dans lesquels Paul Bourget proclame l'influence du
-milieu sur la vie humaine.
-
- * * * * *
-
-«Notre destinée n'est, du petit au grand, que notre caractère projeté au
-dehors, et ce caractère lui-même n'est, en dernière analyse, qu'une
-résultante des vastes faits généraux qui ont gouverné le développement
-de notre individualité: notre patrie, le moment de son histoire, ses
-moeurs, les idées qui flottent dans son air»[62]; et, immédiatement
-après ses hérédités, le _Disciple_ analyse son _milieu d'idées_[63].
-
- [62] _L'Etape_, p. 67.
-
- [63] _Le Disciple_, p. 83.
-
-Dans la magnifique Etude qu'il a consacrée à son maître Taine[64], Paul
-Bourget analyse avec le plus grand soin son milieu. «Tout système se
-rattache en effet par le plus étroit lien aux autres productions de
-l'époque dans laquelle il a paru». On ne peut même pas s'empêcher de
-penser que, quoiqu'ils ne soient pas contemporains, Paul Bourget a un
-peu décrit, dans cette Etude, le milieu dans lequel il s'est formé
-lui-même (à condition d'ajouter Taine aux maîtres éducateurs), milieu
-que caractérisent surtout l'influence des progrès des sciences,
-l'envahissement des méthodes scientifiques et l'amour des _faits_.
-
- [64] _Essais de Psychologie contemporaine_; _M. Taine_, p. 164, 169.
-
-Dans cette même Etude, Paul Bourget écrit sur «l'illustre et infortuné
-Spinoza»: «si le pauvre petit juif, poitrinaire et ombrageux, n'avait
-pas été maudit par ses frères en religion, persécuté par sa famille,
-dédaigné par la jeune fille qu'il devait épouser, s'il n'avait senti,
-dès son adolescence, la table de fer de la réalité peser sur sa personne
-et la meurtrir, certes il n'aurait pas écrit avec une soif si évidente
-d'abdication, avec une telle horreur des vains désirs, les terribles
-phrases où se complaît son stoïcisme intellectuel: «ni dans sa façon
-d'exister, ni dans sa façon d'agir, la nature n'a de principe d'où elle
-parte ou de but auquel elle tende»; et cette autre qui, rapprochée du
-consolant _Pater noster qui es in cælis_ de l'Evangile, prend toute sa
-force de cruel fatalisme: «celui qui aime Dieu ne peut pas faire
-d'effort afin que Dieu l'aime en retour»[65].
-
- [65] _Essais de Psychologie contemporaine_; _M. Taine_, p. 166.
-
-Ce milieu a lui-même une hérédité, il est fait des influences
-antérieures. A travers les deux volumes d'_Etudes psychologiques_
-«circule» cette thèse «que les états de l'âme particuliers à une
-génération nouvelle étaient enveloppés en germe dans les théories et les
-rêves de la génération précédente».
-
- * * * * *
-
-Comme pour l'hérédité, le biologiste étudie et détermine les conditions
-dans lesquelles cette influence du milieu est bonne et salutaire pour le
-développement et l'expansion de la vie humaine. Une de ces conditions a
-particulièrement frappé Paul Bourget, c'est la _continuité_ et l'_unité_
-d'action de ce milieu. Il faut donc, pour favoriser le progrès
-biologique, que l'être vivant ne change pas trop souvent ni trop
-brusquement de milieu: dans ce dernier cas, il se développe des
-désharmonies et des contradictions qui sont des éléments de diminution
-dans la vie.
-
-En transportant cette loi biologique dans la sociologie, on en déduit
-que la grande condition du progrès pour une société d'hommes est de
-constituer fortement une _nation_ et une _race_, tandis que le
-_déracinement_ et le _cosmopolitisme_ facilitent la régression et la
-décadence.
-
-«Les races perdent beaucoup plus qu'elles ne gagnent à quitter le coin
-de terre où elles ont grandi. Ce que nous pouvons appeler proprement une
-famille, au vieux et beau sens du mot, a toujours été constitué, au
-moins dans notre Occident, par une longue vie héréditaire sur un même
-point du sol. Pour que la plante humaine croisse solide, et capable de
-porter des rejetons plus solides encore, il est nécessaire qu'elle
-absorbe en elle, par un travail puissant, quotidien et obscur, la sève
-physique et morale d'un endroit unique[66]». Et Paul Bourget évoque le
-souvenir (rappelé par Maurice Barrès dans les _Déracinés_) de Taine
-aimant à se diriger vers un arbre adolescent et vigoureux du square des
-Invalides, en disant: «allons voir cet être bien portant»[67].
-
- [66] _Essais de Psychologie contemporaine_; _Stendhal_ (1882), p. 241.
-
- [67] _Ibidem_; _M. Taine_. Appendice G, p. 202.
-
-L'_Etape_ montre l'importance sociale qu'a «l'âge de la race»[68]; le
-_Disciple_ montre les terribles effets d'un brusque changement de
-milieu[69]; l'idée de _Cosmopolis_ est la permanence de la race
-ballottée dans les milieux les plus variés et les plus hétérogènes[70];
-dans _Fausse manoeuvre_, c'est la désharmonie et les contradictions du
-terrien déraciné de sa province et vivant à Paris[71]; dans le _Portrait
-du doge_, c'est le choc de deux races dans cette belle scène où se
-heurtent et pensent si différemment le noble Français et l'Américain
-riche...[72].
-
- [68] _L'Etape_, p. 105.
-
- [69] _Le Disciple_, p. 108.
-
- [70] Le baron Hafner est le type du cosmopolite qui traverse une série
- de milieux.
-
- [71] _Fausse manoeuvre_ (mai 1903), p. 343.
-
- [72] _Le Portrait du doge_ (décembre 1897), p. 265.
-
-Toute cette doctrine de l'utilité de la permanence et de la durée du
-milieu est symbolisée dans ce passage du _Timée_ que Jean Monneron
-évoque dans ses pénibles méditations[73]: «Alors, dans ce temple de
-Saïs, entouré par le Nil, un des plus avancés en âge parmi les prêtres
-dit au voyageur: O Solon, vous autres Grecs, vous serez toujours des
-enfants et il n'y a pas un Grec digne du beau nom de vieillard.--Et
-Solon demanda: Que veux-tu dire?--Que vous êtes très jeunes quant à vos
-âmes, répondit le prêtre. Vous n'y possédez aucune vieille doctrine,
-transmise par les aïeux, aucun enseignement donné de siècle en siècle
-par des têtes blanchies...».
-
- [73] _L'Etape_, p. 306.
-
-Pour faire une forte race, une grande nation, il faut ne pas mériter le
-reproche de Platon; il faut avoir l'unité, la durée, la permanence du
-milieu.
-
-Il faut beaucoup d'hommes _encadrés_ et _racinés_. Le milieu n'est pas
-un décor inerte; c'est un cadre qui vit et qui intervient dans la
-facture du tableau.
-
-Voilà une autre des grandes lois sociologiques de Paul Bourget qui a,
-elle aussi, une base absolument biologique.
-
- * * * * *
-
-8. L'hérédité et le milieu ne sont pas les seuls facteurs de
-l'individualité humaine. A chaque moment de son existence, cette
-individualité dépend encore des _antécédents_ du sujet, des moments
-antérieurs de sa vie personnelle.
-
-Le mot de Goethe «le présent a tous les droits» n'est pas absolu. Le
-passé intervient constamment dans notre vie actuelle. Et Paul Bourget
-symbolise cette loi biologique dans cette jolie légende de l'âme du
-purgatoire qui ne pourra «entrer au ciel qu'après être revenue sur la
-terre à tous les endroits où, vivante, ses pas s'étaient posés, afin
-d'effacer toutes les traces de ses démarches coupables, afin de
-recueillir tous les vestiges de ses actions vertueuses».
-
-Nous sommes ainsi forcés «de remettre sans cesse nos pas dans nos pas,
-et il nous faut retrouver, aux détours désappris de nos anciens chemins,
-le fantôme de l'homme que nous fûmes un jour!»[74].
-
- [74] _Les Pas dans les pas_ (décembre 1902), p. 203.
-
- * * * * *
-
-A l'appui de cette loi de Biologie physicomorale nous n'avons pas
-seulement les six tragédies morales qui forment le Recueil «les Pas dans
-les pas» pour établir que «tout se paie» dans le corps et dans l'esprit.
-Nous retrouvons l'application et la démonstration de ce principe dans
-une série d'autres romans.
-
-Les dix histoires de _Recommencements_ sont «toutes un commentaire
-d'après nature d'une même vérité, formulée par le philosophe: _la vie
-est une grande recommenceuse_»[75].
-
- [75] _Recommencements_. Dédicace à Charles de Pomairols (14 janvier
- 1897), p. 1.
-
-L'_Echéance_, toute entière, n'est que l'illustration de cet «étrange
-dicton où les Italiens... ont résumé, avec leur vive imagination, le
-retour de la faute sur celui qui l'a commise: _la saetta gira, gira_,
-disent-ils, la flèche tourne, _torna adosso a chi la tira_ et elle
-retombe sur qui la tire». Et ainsi on voit «combien est exact le _Tout
-se paie_ de Napoléon à Sainte-Hélène, par quels détours le châtiment
-poursuit et rejoint la faute et que le hasard n'est le plus souvent
-qu'une forme inattendue de l'expiation»[76].
-
- [76] _L'Echéance_, p. 25 et 6.
-
-L'idée mère d'_André Cornelis_ repose sur le crime commis par le
-mystérieux Crawford (est-ce là ou dans _Neptunevale_[77] que madame
-Humbert a pris le nom de son mystérieux millionnaire?) et l'influence
-que ce crime exerce sur l'assassin et sur le fils de la victime: c'est
-l'analyse psychologique de la logique implacable des choses.
-
- [77] _Voyageuses_; _Neptunevale_, p. 87 à 160.
-
-Une des bases d'_Une Idylle tragique_ est certainement ce passé de la
-baronne Ely, qui se dresse à tout instant et lui fait dire:
-«Hautefeuille et moi nous nous aimons avec un fantôme entre nous, qu'il
-ne voit pas, mais que je vois si bien»[78]. Et plus tard, quand Olivier
-du Prat a été tué, «un mort est entre ces deux vivants, qui, jamais,
-jamais, ne s'en ira», comme entre les héros du _Roman comique_ d'Anatole
-France.
-
- [78] _Une Idylle tragique_, p. 137.
-
-Dans le Roman qui porte ce nom même, _le Fantôme_ de la mère
-antérieurement aimée se dresse constamment devant Etienne Malclerc et,
-quand il a épousé la fille, lui donne la sensation de l'inceste.
-
-Francis Nayrac, de _la Terre promise_, est écrasé par «son impuissance à
-s'échapper de ce passé qui refluait sur lui toujours, comme la marée
-reflue sur le malheureux qu'elle a une fois surpris, le renversant d'un
-coup de lame lorsqu'il se relève, l'enveloppant de houle quand il court,
-l'aveuglant d'écume quand il cherche un rocher où s'appuyer,
-l'assourdissant de clameurs quand il appelle». Et, vaincu, il s'écrie:
-«c'est donc vrai que l'on ne refait pas sa vie? c'est donc vrai que
-notre passé nous poursuit sans cesse dans notre avenir?»[79].
-
- [79] _La Terre promise_, p. 197, 252.
-
-C'est ce même passé, mais plus aimable, que René Vincy évoque et
-objective dans cette chanson en deux strophes «que la bonne Madame
-Ethorel avait qualifiée de sonnet»:
-
- Le spectre d'une ancienne année
- M'est apparu, tenant aux doigts
- Une blanche rose fanée,
- Et murmurant à demi-voix:
- Où donc est ton coeur d'autrefois?[80]
-
- [80] _Mensonges_, p. 121.
-
-Et ce n'est pas seulement le passé _moral_ qui saisit ainsi constamment
-notre présent et notre lendemain. C'est aussi le passé _physique_. Les
-maladies de l'enfance, de l'adolescence, des années précédentes
-gouvernent, je pourrais dire tyrannisent, notre santé ultérieure. Il y a
-des maladies qui créent en nous ce que nous appelons en médecine des
-_tempéraments morbides_, c'est-à-dire qu'on vit toute sa vie ultérieure
-en arthritique ou en avarié.
-
-Et, à cause de l'intrication si souvent signalée du physique et du
-moral, nos antécédents physiques pèsent sur notre vie morale. C'est
-ainsi que vous comprendrez Paul Bourget parlant de l'influence du lard,
-du fromage et des pommes de terre sur un sentiment, qui est certainement
-des plus élevés mais des plus complexes, l'amour. Et, en effet, sur la
-manière de comprendre l'amour influent les éléments physiques qui
-paraissent le plus distants: «la nourriture», «la boisson», «les
-occupations», «l'air respiré»...
-
-«Un laboureur, nourri de lard, de fromage et de pommes de terre, qui
-peine tout le jour, qui n'ouvre jamais un livre, quand il est assailli
-par la puberté, comme une bête, vers ses dix-huit ans, peut-il être
-comparé à ce que nous étions, vous ou moi» (c'est Claude Larcher qui
-parle), «à cet âge où notre innocence valait à peu près celle d'un
-capitaine de hussards?»[81].
-
- [81] _Physiologie de l'Amour moderne_, p. 358.
-
-Tous ces passages (et j'aurais pu en rapprocher beaucoup d'autres)
-suffisent à vous montrer de quelle admirable manière Paul Bourget
-développe cette idée biologique et montre, dans chaque cas, l'importance
-de ce que nous appelons, dans une observation médicale, les _antécédents
-personnels_ du sujet.
-
- * * * * *
-
-9. Le dernier facteur de l'individualité humaine comprend pour le
-biologiste tous les autres éléments, inconnus ou mal connus, qui ne sont
-ni l'hérédité, ni le milieu, ni les antécédents, et qu'on appelle, faute
-de meilleur mot, l'_élément personnel_.
-
-La preuve de cet élément est donnée par ce fait que les facteurs déjà
-étudiés n'ont pas un résultat fatal et nécessaire; il y a dans les faits
-vitaux une contingence indiscutable, en rapport avec la plus grande
-complexité de la structure et qui distingue les êtres vivants des corps
-bruts.
-
-Quand on étudie un phénomène physique ou chimique, on peut, en
-connaissant bien les corps mis en présence, les conditions de chaleur,
-de lumière, de milieu ambiant, déterminer exactement et prévoir ce qui
-se produira. Pour l'être vivant, il n'en est pas de même.
-
-Cet imprévu, cet aléa dans le résultat augmentent d'autant plus que
-l'être vivant a un organisme plus compliqué, est plus élevé dans
-l'échelle. Chez l'homme, cette complexité est au maximum et l'élément
-personnel, la cote individuelle prend une importance d'autant plus
-grande qu'il faut, de plus, tenir compte ici de l'élément psychique et
-de l'élément moral, facteurs capitaux qui varient tellement d'un
-individu à un autre.
-
-Voilà donc la loi de Biologie humaine à laquelle les faits conduisent
-naturellement: deux individus ayant les mêmes hérédités, le même milieu
-et les mêmes antécédents ne sont pas nécessairement les mêmes à un
-moment donné de leur existence.
-
-Paul Bourget a nettement appliqué, démontré et illustré cette loi.
-
- * * * * *
-
-Le meilleur exemple est certainement encore cette famille Monneron, dans
-laquelle dans les mêmes conditions de famille et d'éducation, on voit se
-développer: Gaspard, un dépravé précoce et un grossier; Antoine, viveur
-et faussaire; Julie, criminelle aussi, mais avec plus de distinction et
-d'élévation dans l'esprit; Jean, un vaillant et un fort;--les uns étant
-ainsi bien inférieurs, le dernier étant supérieur à leurs hérédités et à
-leur milieu.
-
-Nous pourrions prendre dans d'autres Romans des exemples des corrections
-que cet élément individuel peut apporter aux autres facteurs.
-
-Perron Dumenil, fils d'un avocat d'affaires et d'origine plébéienne,
-manoeuvre «de manière qu'il a vécu et qu'il est mort membre du Jockey!
-Il est vrai qu'il datait d'une des élections du siège» et «avait
-traversé les lignes prussiennes pour venir poser sa candidature dans le
-seul ballottage où il eût quelque chance d'être élu»[82].
-
- [82] Le _Cob rouan_ (mars 1903), p. 206.
-
-C'est l'élément individuel qui fait d'Hubert Liauran un jeune homme
-«comme les autres», malgré l'éducation exceptionnelle que lui ont donnée
-sa mère et sa grand'mère, deux saintes[83].
-
- [83] _Cruelle Enigme_, p. 127.
-
-C'est la lutte de l'élément individuel contre les autres facteurs qui
-produit les nombreuses contradictions présentées par Rumesnil, à la fois
-«gentilhomme, chatouilleux sur le point d'honneur comme un raffiné de
-l'ancien régime», «idéaliste humanitaire» qui préside l'Union Tolstoï,
-fondation socialiste, pense, comme un duc anticlérical ou un marquis
-voltairien, «contre son milieu» et, en même temps, séduit Julie et
-organise tout pour la rendre criminelle. C'est encore la lutte de cet
-élément individuel qui donne à Joseph Monneron «cette infaillible
-logique dans le faux» qui, avec l'instruction complète d'un éducateur
-national, lui fait si mal réussir l'éducation de sa propre famille[84].
-
- [84] L'_Etape_, p. 129, 167 et 269.
-
- * * * * *
-
-En affirmant ainsi l'élément individuel, c'est-à-dire l'existence
-personnelle du moi chez chacun, Paul Bourget se sépare complètement de
-Taine, pour qui, au contraire, les «génératrices» ont une influence
-absolue, nécessaire et fatale. Quand il étudie «la personnalité d'un
-écrivain ou d'un général», celui-ci ne procède «pas autrement qu'un
-chimiste placé devant un gaz ou qu'un physiologiste en train d'examiner
-un organisme»[85]. Pour Paul Bourget, tout cela n'est pas identique:
-dans l'organisme vivant il y a quelque chose de plus que dans le gaz: il
-y a une unité, un individu qui s'affirme encore bien mieux dans sa
-personnalité complète quand il s'agit de l'homme[86].
-
- [85] _Essais de Psychologie contemporaine_; _M. Taine_, p. 171.
-
- [86] Paul Bourget n'admet pas, avec Stendhal, que «le tempérament et
- le milieu font tout l'homme». _Essais de Psychologie contemporaine_:
- _Stendhal_, p. 215.
-
-Vous voyez comme l'idée biologique se développe dans l'oeuvre de Paul
-Bourget et comme elle se précise dans le sens de la doctrine vitaliste
-que Barthez et Bichat ont exposée au commencement du XIXe siècle et que
-Laënnec, Claude Bernard et Pasteur ont si magnifiquement complétée et
-couronnée, de cette doctrine qui ne veut pas confondre les phénomènes
-vitaux avec les phénomènes physicochimiques, ni l'individu vivant avec
-le cristal, et qui fait de la Biologie une science spéciale et bien
-distincte de la science des corps bruts.
-
- * * * * *
-
-10. Voilà l'homme biologiquement constitué dans ses quatre facteurs,
-l'hérédité, le milieu, les antécédents, l'élément personnel. L'homme est
-ainsi constitué comme une unité avec son psychisme personnel, sa liberté
-et sa responsabilité, responsabilité personnelle, familiale et sociale.
-Cette personnalité est si caractérisée, si particulière, que dans la
-même famille et dans le même milieu on rencontre souvent des génies et
-des névrosés, aboutissants bien différents de facteurs constitutifs
-identiques.
-
-Ceci nous conduit à l'étude d'une autre loi biologique dont Paul Bourget
-a fait sa loi sociale: c'est l'_inégalité_ native et originelle des
-hommes.
-
- * * * * *
-
-Pour le biologiste, les hommes naissent et vivent inégaux; ils sont
-inégaux en force héréditaire et personnelle, inégaux dans leurs organes,
-dans leurs fonctions, dans leur psychisme, dans leur sensibilité... en
-tout; pour le biologiste il n'y a pas deux hommes égaux.
-
-_Ce sont les philosophies spiritualistes et les religions qui enseignent
-l'idée d'égalité en introduisant l'idée de morale et de devoirs._ Les
-grands devoirs sont les mêmes pour tous, tous doivent avoir les mêmes
-droits et la même liberté pour remplir ces devoirs. Donc _toutes les
-âmes sont égales_. Si, au point de vue biologique, les hommes sont
-inégaux, ils sont égaux au point de vue moral.
-
-Une société doit avoir pour objectif idéal l'égalisation _par en haut_
-dans _l'égalité des devoirs_ et non l'égalisation _par en bas_ dans
-_l'égalité des droits_.
-
-Se plaçant au seul point de vue biologique, le traducteur et
-commentateur du grand matérialiste Haeckel, Vacher de Lapouge l'a dit
-très nettement et très logiquement: «à la formule célèbre qui résume le
-christianisme laïcisé de la Révolution: Liberté, Egalité, Fraternité,
-nous répondrons: Déterminisme, Inégalité, Sélection»[87]. C'est ce
-qu'exprime Jean Weber quand il écrit: «la raison du plus fort est
-toujours la meilleure; cette proposition voudrait être une audace; ce
-n'est qu'une naïveté»[88].
-
- [87] ERNEST HAECKEL. _Le monisme, lien entre la religion et la
- science. Profession de foi d'un naturaliste._ Préface et traduction
- de VACHER DE LAPOUGE, 1897.
-
- [88] JEAN WEBER. Citation d'ALFRED FOUILLÉE. _Le Mouvement idéaliste
- et la réaction contre la science positive_, 1896, p. 267.
-
-Voilà la loi biologique, si elle n'est pas corrigée, _humanisée_ par la
-loi morale. C'est ce qui m'a fait toujours énergiquement soutenir[89]
-que la Morale complète la Biologie, mais ne doit pas être ramenée et
-identifiée à la Biologie. La morale biologique, défendue aujourd'hui par
-tant de philosophes depuis Herbert Spencer, ne peut donner pour objectif
-à l'homme que le plaisir, le bonheur, l'accroissement et l'expansion de
-la vie de l'individu et de l'espèce. Or, cet objectif ne peut pas
-comporter l'obligation et s'imposer à la liberté. Et le plaisir de la
-vie accrue ne peut pas être donné comme sanction de l'acte bon; car trop
-souvent la peine et la douleur sont la seule récompense actuelle du
-devoir accompli.
-
- [89] Voir: _Les Limites de la Biologie_. Bibliothèque de Philosophie
- contemporaine, 2e édit. 1903, p. 23.
-
-Une seconde loi biologique s'impose en effet au physiologiste humain à
-côté de la loi de l'inégalité, c'est la _loi de la douleur_, la douleur
-pouvant accompagner normalement l'acte physiologique le plus régulier,
-le plus désirable au point de vue de la Biologie et pouvant être
-épargnée à l'acte le plus antiphysiologique, pouvant être remplacée même
-par le plaisir après un acte qui diminue la vie de l'individu et encore
-plus la vie de l'espèce.
-
- * * * * *
-
-Ces deux grandes lois biologiques de l'inégalité et de la douleur sont
-chères à Paul Bourget: nous en retrouvons partout la démonstration ou la
-discussion.
-
-Il cite et rapproche: d'un côté, Taine, qui «comme tous les philosophes
-qui voient dans l'état un organisme, doit considérer et considère
-l'inégalité comme une loi essentielle de la société»[90]; de l'autre,
-Stendhal qui dit, par la bouche de Julien: «il n'y a pas de droit
-naturel... avant la loi, il n'y a de naturel que la force du lion ou le
-besoin de l'être qui a faim, qui a froid; le _besoin_ en un mot...»[91].
-Et Bourget ajoute: «apercevez-vous, à l'extrémité de cette oeuvre, la
-plus complète que l'auteur ait laissée, poindre l'aube tragique du
-pessimisme?»
-
- [90] _Essais de Psychologie contemporaine_; _M. Taine_, p. 188.
-
- [91] _Ibidem_; _Stendhal_, p. 248.
-
-Est-il besoin d'insister pour démontrer tous les combats livrés par Paul
-Bourget contre ce _pessimisme_ et sa forme légère et plus dangereuse
-encore, le _dilettantisme_.
-
-Relisez tout le premier chapitre de _Cosmopolis_ et la dernière phrase
-du marquis à Dorsenne: «je ne sais pas pourquoi je vous aime tant, car
-au fond vous incarnez, vous aussi, un des vices d'esprit qui me fait le
-plus d'horreur, ce dilettantisme, mis à la mode par les disciples de M.
-Renan et qui est le fond du fond de la décadence. Mais vous en guérirez,
-j'en ai bon espoir. Vous êtes si jeune!»[92].
-
- [92] _Cosmopolis_, p. 303.
-
-C'est surtout dans _le Disciple_ qu'est exposée cette doctrine de la
-morale biologique que je vous indiquais tout à l'heure. Robert Greslou
-l'applique jusqu'à l'absurde dans ses expérimentations
-psychologiques[93] qui le conduisent, non seulement au crime, mais à la
-lâcheté et au déshonneur. Et son maître Adrien Sixte, qui aurait mérité
-«aussi justement que le vénérable Emile Littré» d'être appelé un «Saint
-Laïque», est terrifié en voyant à quoi aboutissent, poussées à l'extrême
-dans la pratique, les doctrines qu'il a exposées dans ses livres
-«l'Anatomie de la volonté», la «Psychologie de Dieu»... C'est la morale
-évolutionniste de nos contemporains: «l'univers moral reproduit
-exactement l'univers physique»[94]. C'est la morale dont l'exposé
-souleva, on s'en souvient, un différend avec Anatole France[95].
-
- [93] «La résolution de séduire cette enfant sans l'aimer, par pure
- curiosité de psychologue». _Le Disciple_, p. 120.
-
- [94] _Le Disciple_, p. 22, 23, 41.
-
- [95] ANATOLE FRANCE. La morale et la science. _La Vie littéraire_, 3e
- série, 1899, p. 59.
-
- * * * * *
-
-Il faut donc chercher ailleurs que dans la Biologie même le complément
-moral des lois de la vie humaine. Mais il ne faut pas, d'autre part,
-nier ces lois biologiques (que les lois morales complètent sans les
-détruire): la loi de l'inégalité et la loi de la douleur.
-
-Dans la Préface manifeste qu'il a écrite pour la réédition de ses
-Romans, Paul Bourget écrit: «tout dans l'ordre moral comme dans l'ordre
-physique est soumis à des lois» et, en tête de ces lois «inéluctables,
-auxquelles notre libre arbitre peut bien tenter de se soustraire, mais
-que nos révoltes ne changent pas, non plus que nos désirs», il place, à
-côté de «l'hérédité invincible de la race», «l'inégalité incorrigible
-des individus»[96].
-
- [96] _OEuvres complètes_; _Romans_, t. I. Préface, 1900, p. VII.
-
-De même, Ferrand proclame la nécessité de se soumettre à ces deux lois
-«vérifiées depuis l'origine des âges»: «l'inégalité et la douleur». On
-ne doit pas plus chanter:
-
- Du passé faisons table rase
-
-que:
-
- Le monde va changer de base.
-
-Car les lois biologiques de l'inégalité et de la douleur restent
-toujours pour former cette base et il est impossible même au «Demos
-Moloch» d'en faire table rase. L'arbre tout entier ne peut pas devenir
-fleur; les racines, le tronc et les branches ne peuvent pas cesser leurs
-fonctions respectives. «La science démontre que les deux lois de la vie,
-d'un bout à l'autre de l'univers, sont la continuité et la
-sélection...»[97].
-
- [97] _L'Etape_, passim.
-
-J'arrête ces citations et je vous demande pardon de l'austérité de ces
-derniers développements. Mais il m'a paru impossible de ne pas montrer
-combien biologique est la base des grandes lois de l'inégalité et de la
-douleur qui se retrouvent partout dans les Romans de Paul Bourget et
-combien évidente apparaît, dans ces Romans, la nécessité de compléter,
-chez l'homme, les lois de la Biologie par les lois d'une morale
-distincte et séparée.
-
- * * * * *
-
-11. Pour passer à un sujet moins austère, au moins en apparence, je vais
-étudier la part de l'idée biologique dans la manière dont Paul Bourget
-envisage et étudie l'_amour_, ce sentiment qu'il excelle à analyser de
-mille manières charmantes.
-
-Ne vous effarouchez pas, Mesdames, de me voir aborder ce chapitre.
-
-Peut-on étudier Paul Bourget sans parler de l'amour? La plupart de ses
-héros ne pourraient-ils pas dire comme Thérèse de Sauve: «Vivre sans
-aimer, est-ce vivre?»[98].
-
- [98] _Nouveaux Pastels_; _Jacques Molan_, p. 393.
-
-Croyez d'ailleurs que je ne vais pas vous parler, sur un sujet aussi
-délicat, la langue brutale du physiologiste ou du médecin. Je ne vous
-parlerai sur l'amour que la langue même de Paul Bourget, que vous
-appréciez toutes si bien.
-
-Même dans cette langue, je ne vous développerai pas toutes les idées de
-Claude Larcher et les déductions qu'il tire de cette définition de
-Nysten dans laquelle est signalée l'association de l'instinct de
-destruction comme une aberration fréquente de l'amour[99], idées que
-développe aussi Adrien Sixte quand il soutient «que l'instinct de la
-destruction et celui de l'amour s'éveillent ensemble chez le mâle»[100].
-
- [99] _Physiologie de l'Amour moderne_, p. 327.
-
- [100] _Le Disciple_, p. 50.
-
-Certes ce serait bien là une étude biologique qui appartient à notre
-sujet. Mais ce côté trop physiologique nous entraînerait très loin et
-j'aime mieux consacrer les quelques moments que vous voulez bien me
-donner encore, à étudier le fondement biologique de ce que Paul Bourget
-aime tant à étudier et étudie si bien sous le nom de _Complications
-sentimentales_[101]: le _dualisme_ ou la multiplicité dans l'amour.
-
- [101] _Complications sentimentales_ (1897).
-
- * * * * *
-
-L'amour, ce sentiment si envahissant, si exclusif, si jaloux, qui
-s'empare si complètement de l'être tout entier, peut-il avoir plusieurs
-objets simultanés?
-
-Je ne parle pas bien entendu des amours divers, paternel, filial,
-patriotique..., qui font si bon ménage ensemble; je parle de l'amour
-tout court, le «grand amour» comme dit Elie Laurence[102].
-
- [102] _Deuxième Amour_, p. 229.
-
-Cet amour là, on le comprend s'appliquant à plusieurs objets
-_successivement_. Ce n'est pas encore là la question.
-
-Mais comment l'âme, une et indivisible, peut-elle se donner toute
-entière à deux personnes à la fois? _Cruelle énigme!_ Problème
-psychologique, grave entre tous, qui me paraît insoluble en dehors de
-l'explication biologique.
-
- * * * * *
-
-D'abord le _fait_ est matériellement établi dans une série de Romans de
-Paul Bourget.
-
-Les exemples masculins sont peu gracieux et moins démonstratifs, à cause
-de «l'irréductible différence qui sépare le point de vue masculin et
-celui de la femme, pour ce qui touche aux choses de l'amour»[103].
-
- [103] _Sauvetage_, p. 289.
-
-Je vous citerai cependant Bertrand d'Aydie qui superpose à son amour
-pour Madame de Sarliève un autre amour pour l'_Amie écran_ Madame de
-Lautrec[104].
-
- [104] _L'Ecran_ (août 1897).
-
-«Ce que je garde depuis deux ans au fond de mon coeur et qui doit en
-sortir, dit Boleslas à sa femme, c'est qu'à travers ces funestes
-entraînements, je n'ai jamais cessé de vous aimer»[105].--Henriette «ne
-savait pas qu'un homme peut mentir à une femme qu'il aime et l'aimer
-autant, l'aimer davantage, avec une ardeur avivée par le remords»[106].
-
- [105] _Cosmopolis_, p. 505.
-
- [106] _La Terre promise_, p. 174.
-
-Je vous citerai enfin cet affreux Jacques Molan qui aime à la fois la
-_Duchesse bleue_ et Madame de Bonnivet, autorise chez Madame de Bonnivet
-cette soirée dans laquelle la pauvre duchesse bleue dit des vers devant
-sa rivale et, renouvelant la scène d'Adrienne Lecouvreur devant la
-duchesse de Bouillon et Maurice de Saxe, récite du Racine et stigmatise
-
- ......... ces femmes hardies
- Qui, goûtant dans le crime une honteuse paix,
- Ont su se faire un front qui ne rougit jamais.
-
-Le dilettante se contente de sourire et plus tard il finit par faire
-avec cette scène une pièce qu'il fait jouer par la même duchesse bleue,
-devenue courtisane.
-
- * * * * *
-
-J'aime mieux insister sur les exemples féminins, bien plus intéressants
-et impossibles à expliquer par une simple sécheresse de coeur.
-
-Dualiste: cette charmante Thérèse de Sauve qui aime si complètement
-Hubert Liauran et va retrouver le comte de La Croix-Firmin à Trouville.
-«Quelle monstrueuse énigme! Comment, avec cet amour divin dans son
-coeur, avait-elle pu faire ce qu'elle avait fait?»[107].--Thérèse de
-Sauve «avait trompé ce garçon qu'elle adorait, entraînée par un caprice
-de sexualité qu'elle ne comprenait plus elle-même»[108].
-
- [107] _Cruelle énigme_, p. 87.
-
- [108] _Nouveaux Pastels_; _Jacques Molan_, p. 367.
-
-Dualiste: Madame de Tillières qui aime à la fois Poyanne et Casal, au
-point d'étonner celui-ci qui dit «non, c'est impossible; on n'a pas de
-place en soi pour deux amours» et au point de trembler également pour
-ses deux amis quand elle apprend qu'ils vont se battre[109].
-
- [109] _Un Coeur de femme_, p. 500 et 450 («Vous deux!») et tout le
- chapitre «Dualisme», p. 392.
-
-Dualistes: la baronne Ely[110] et Claire de Welde[111] dont le second
-amant est le «seul», l'«unique» amour, du vivant du premier.
-
- [110] _Une Idylle tragique_.
-
- [111] _Deuxième Amour_.
-
-Dualiste: cette grande dame anglaise qui s'est fait recevoir au
-_Flirting club_ et s'y rend d'autant plus joyeuse et en train qu'elle
-est plus rassurée sur la santé de son mari. «Quand il est souffrant,
-comme ces derniers jours, je n'ai plus le coeur à flirter»[112].
-
- [112] _Profils perdus_ (1880-1881); _Flirting Club_, p. 264.
-
-Dualiste et même plus: Clémentine de Ravigny qui aime d'abord le comte
-de Miossens, puis le député Michel Favanne, épouse le premier, aime
-Videville, Edmond de Bonnivet...; cela fait quatre, dont deux au moins
-occupent son coeur en même temps. Ce qui fait dire d'elle au peintre
-Miraut: c'est «très alliance russe, cet attelage à trois; cela s'appelle
-une troïka, n'est-il pas vrai?», tandis que Favanne s'écriait: «est-ce
-qu'on cesse jamais d'aimer, quand on aime véritablement»[113] comme
-Pierre Fauchery disait: «l'homme ne cesse jamais d'aimer le même
-être»[114].
-
- [113] _L'Inutile science_ (janvier 1897), p. 256 et 187.
-
- [114] _L'Age de l'amour_, p. 96.
-
- * * * * *
-
-De tous ces faits, Paul Bourget formule lui-même la conclusion: «il faut
-croire que la dualité sentimentale, si coupable dans ses conséquences et
-qui représente un tel abus de l'âme d'autrui, correspond, dans certaines
-natures complexes, à de profonds besoins et que cette anomalie est leur
-vraie manière de sentir»[115].
-
- [115] _L'Ecran_, p. 23.
-
-Voilà le fait brutal, plus facile à établir et à analyser qu'à
-expliquer, au moins en psychologie pure.
-
-On essaie des explications en opposant les mots _coeur_, _tête_, _sens_:
-on aime l'un avec le coeur, un autre avec la tête, ou bien un troisième
-avec les sens.
-
-Ainsi, d'après Claude Larcher, les modernes aiment avec leur cerveau,
-sont des cérébraux[116]. Chez Thérèse de Sauve, c'est «le duel de la
-chair et de l'esprit». «Thérèse avait des sens en même temps qu'un coeur
-et... le divorce s'établissait à de certaines heures entre les besoins
-de ce coeur et la tyrannie de ces sens»[117].
-
- [116] _Physiologie de l'Amour moderne_, p. 367 et 398.
-
- [117] _Cruelle énigme_, p. 128 et 109.
-
-Mais on ne peut employer ces mots que par métaphore. Si on leur donne
-leur signification scientifique, cela ne veut plus rien dire. On n'aime
-jamais avec son organe-coeur, on ne peut pas aimer sans ses
-sens-organes. Un biologiste est obligé d'avoir un langage plus précis et
-il énonce alors la théorie suivante.
-
- * * * * *
-
-L'âme ou, si l'on préfère, la personne humaine vraie, élevée, libre et
-responsable reste une et indivisible toujours et partout, quelles que
-soient les contradictions de ses actes et de ses sentiments. La
-multiplicité des actes vient de l'outil qui, lui, est complexe et
-divisible, et spécialement des centres nerveux, qui sont l'agent
-indispensable et inévitable de l'amour, même le plus élevé et le plus
-complet.
-
-Même dans l'amour platonique, dont Philippe d'Audiguier est un si bel
-exemple, dans cet amour, «à qui le scepticisme a donné un brevet de
-chimère en le baptisant du nom d'un philosophe»[118], même dans l'amour
-platonique les centres nerveux jouent un rôle considérable.
-
- [118] _Le Fantôme_, p. 37.
-
-Ce principe posé, je vous rappelle que les centres nerveux sont un tout
-complexe et divisible, formé d'une série de centres secondaires
-distincts, depuis la partie la plus inférieure de la moelle jusqu'aux
-parties les plus élevées du cerveau. Les centres cérébraux qui président
-aux fonctions de la pensée, aux fonctions psychiques, se subdivisent
-eux-mêmes et nous distinguons les centres du psychisme supérieur, du moi
-conscient, libre et responsable (ce que j'appelle le centre O) et les
-centres du psychisme inférieur, des actes inconscients et automatiques
-(ce que j'appelle le polygone[119]).
-
- [119] Le Dr L. LAURENT, après avoir appliqué le schéma du polygone à
- l'étude très fine de la psychologie des sourciers, vient, dans un
- travail encore inédit (_Essais sur le mécanisme de l'inconscient.
- Peut-on reconnaître aux sciences dites divinatoires une base
- réellement scientifique?_) de l'appliquer à l'étude de certaines
- divinations et à l'intuition de la physiognomonie, qui fait
- rapidement porter à O des jugements sur les personnes, sympathiques
- ou antipathiques, portant veine ou malchance, jugements dont le
- polygone a préparé les «Considérant», à l'insu de O.--Cela peut
- s'appliquer aux intuitions et aux pressentiments, si bien décrits
- dans l'_Adversaire_ (mai 1895).
-
-Normalement, pour chaque fonction, ces deux ordres de centres
-collaborent, entrent en activité synergiquement. Mais dans bien des cas
-leur action peut se dissocier: les centres psychiques inférieurs et les
-centres psychiques supérieurs fonctionnent séparément et distinctement,
-quand on est distrait ou quand on dort, par exemple, Archimède sortant
-tout nu de son bain marche avec ses centres psychiques inférieurs,
-tandis qu'il trouve son problème et crie _Eurêka_ avec son centre O.
-Quand vous dormez, votre centre psychique supérieur se repose et votre
-polygone rêve.
-
-Cette dissociation des deux ordres de centres psychiques est plus
-accentuée dans des états extraphysiologiques, qui ne sont pas encore la
-maladie, comme le sommeil provoqué de l'hypnotisme et l'état de transe
-des médiums. Enfin cette même dissociation peut devenir un véritable
-état morbide et constitue le fond de certaines névroses comme le
-somnambulisme et l'hystérie.
-
-Dans tous ces états de dissociation, il y a ce que l'on appelle
-_dédoublement de la personnalité_.
-
-Vous rappelez-vous la _Nuit de Décembre_:
-
- Du temps que j'étais écolier,
- Je restais un soir à veiller
- Dans notre salle solitaire.
- Devant ma table vint s'asseoir
- Un pauvre enfant vêtu de noir,
- Qui me ressemblait comme un frère.
-
-Comme Musset, Goethe, Guy de Maupassant, ont vu leur _double_ venir
-au-devant d'eux, leur parler, leur dicter[120]...
-
- [120] Voir PAUL SOLLIER. _Les Phénomènes d'autoscopie_. Bibliothèque
- de philosophie contemporaine, 1903.--Chez François Vernantes,
- l'«incapacité d'agir provenait de l'hypertrophie d'une puissance
- très spéciale: l'imagination de la vie intérieure. Il se voyait
- vivre et sentir avec une telle acuité que cela lui suffisait. Son
- action était au-dessus de lui et l'excès de l'analyse personnelle
- absorbait toute sa sève». (_Pastels_; _Madame Bressuire_, juin 1884,
- p. 64).
-
-Au fond, il est inexact d'appeler cela des _dédoublements_ de la
-personnalité. La vraie personnalité est une et indivisible; elle reste
-avec les centres supérieurs, pendant que les centres polygonaux,
-dissociés, forment des personnalités fausses, artificielles,
-_surajoutées_, plus ou moins anormales ou même morbides.
-
- * * * * *
-
-Tout ce que je viens de dire s'applique à l'amour qui est une fonction
-cérébrale psychique. L'amour vrai, complet et normal a pour organe
-l'ensemble des centres psychiques, supérieurs et inférieurs, unis et
-synergiques. Mais chez certaines personnes il y a dissociation entre les
-deux ordres de centres et alors il y a comme un dédoublement de la
-personne aimante: l'amour vrai restant celui des centres supérieurs, un
-ou plusieurs autres amours adventices, accidentels, incomplets, mais
-souvent très impérieux et trop obéis, se développent dans le polygone.
-
-Les actes passionnels sont souvent automatiques et polygonaux; on
-comprend donc un amour polygonal à côté de l'amour vrai et complet du
-psychisme supérieur.
-
-C'est l'unité du mot amour qui fait la confusion. Quand Thérèse de Sauve
-va à Trouville, elle continue à n'aimer vraiment qu'Hubert Liauran.
-L'acte polygonal par lequel elle se livre à La Croix-Firmin ne devrait
-pas être appelé amour; de même que l'hypnotisée à qui vous imposez dans
-le sommeil une personnalité de _général_ reste _couturière_ tout en
-commandant à des troupes imaginaires; sa personnalité vraie et
-antérieure n'a pas changé malgré ce déguisement polygonal.
-
- * * * * *
-
-De tout cela résultent trois principes:
-
-1º Le moi est un et la personnalité est une; le dédoublement apparent du
-moi et de la personnalité correspond à la dissociation des centres
-psychiques et à l'apparition de fausses personnalités polygonales;
-
-2º De même, dans tous les cas de dualisme sentimental, il n'y a jamais
-égalité de deux amours simultanés; un des amours reste toujours le vrai,
-le supérieur, l'autre étant l'inférieur, l'incomplet, le transitoire;
-
-3º Quand ce dualisme sentimental se développe et atteint un certain
-degré, c'est un signe, chez le sujet, d'un état au moins
-extraphysiologique, pas entièrement normal, souvent même d'un état
-pathologique.
-
-Cette doctrine me paraît s'adapter merveilleusement à l'oeuvre entière
-de Paul Bourget qui en est comme imprégnée.
-
-En tête de l'_Irréparable_, il proclame que c'est le «commentaire
-mondain et mélancolique de la doctrine de son maître en psychologie sur
-la multiplicité du moi»[121].
-
- [121] _L'Irréparable_, p. 5.
-
-Et en effet Taine se donne comme un bel exemple de dédoublement de
-personnalité: «j'ai fait deux parts de moi-même, dit-il: l'homme
-ordinaire qui boit, qui mange, qui fait ses affaires; qu'il ait des
-opinions, une conduite, des chapeaux et des gants comme le public, cela
-regarde le public. L'autre homme, à qui je permets l'accès de la
-philosophie, ne sait pas que ce public existe»[122].
-
- [122] _Essais de Psychologie contemporaine_; _M. Taine_, p. 162.
-
-Dans Joseph Monneron il y avait deux êtres: «l'un, le vrai, le _moi_
-raisonnable et raisonnant, constitué par les idées pures, l'homme en soi
-de la Déclaration des Droits; l'autre, l'animal inférieur, _Médor_, fait
-pour obéir au premier, comme le chien à son maître»[123].
-
- [123] _L'Etape_, p. 236.
-
-Médor est la Bête de Xavier de Maistre qui le conduit chez madame de
-Hautcastel quand _l'autre_ veut aller à la Cour. Médor est notre
-polygone.
-
-Chez Henry Bobetière, «comme chez Crémieu Dax, la poussée de
-l'inconscient était la plus forte aussitôt qu'il s'agissait de la chose
-publique»[124].
-
- [124] _Ibidem_, p. 149.
-
-De même, dans Robert Greslou, il y a toujours eu «deux personnes
-distinctes: une qui allait, venait, agissait, sentait, et une autre qui
-regardait la première aller, venir, agir, sentir, avec une impassible
-curiosité»[125].
-
- [125] _Le Disciple_, p. 65.
-
-François Vernantes semble, comme don Juan, «posséder plusieurs âmes» et
-plaisante sur ce qu'il appelle son «polypsychisme»[126].
-
- [126] _Pastels_; _Madame Bressuire_, p. 386.
-
-«Quelle singulière machine qu'une femme pourtant! on dirait qu'une
-cloison étanche sépare l'amoureuse et l'autre»[127].
-
- [127] _La Duchesse bleue_, p. 376.
-
-Vincy prend «une de ces décisions subites, qui révèlent un long travail
-de ce que les philosophes appellent barbarement l'_inconscient_, le
-_subconscient_, le _subliminal_. Le pédantisme de ces formules n'empêche
-pas qu'elles étiquettent le plus exact des faits»[128].
-
- [128] _Dernière Poésie_ (novembre 1900), p. 295.
-
-Voilà bien toute la doctrine biologique de la dissociation des deux
-ordres de psychisme[129] et du dédoublement de la personnalité et
-l'application de cette doctrine à la _pluralité des amours simultanés_.
-
- [129] Dans l'_Ecran_ (p. 24), Paul Bourget discute même la théorie du
- fonctionnement séparé des deux hémisphères cérébraux pour expliquer
- ce dualisme.
-
- * * * * *
-
-D'autre part, Paul Bourget reconnaît le caractère extraphysiologique,
-souvent morbide, de ces dissociations et de ces dédoublements.
-
-Ce n'est pas l'amour en lui-même qu'il considère comme une maladie,
-quoiqu'il en décrive la thérapeutique et malgré l'axiome de Claude
-Larcher: «l'amour est une maladie et le malade le plus sage, pour cette
-maladie là comme pour les autres, est celui qui, n'ayant jamais lu un
-livre de médecine, ne sait pas ce qu'il a et qui souffre sans penser,
-comme une bête»[130]; axiome qu'on peut comparer à la définition de
-Boissier de Sauvages: l'amour est une «maladie qui s'insinue entre les
-jeunes filles et les jeunes gens...», maladie dont il étudie les
-symptômes, le diagnostic, le pronostic et le traitement[131].
-
- [130] _Physiologie de l'Amour moderne_, p. 526.
-
- [131] Voir: _Le Médecin de l'amour au temps de Marivaux. Etude sur
- Boissier de Sauvages_, 1896.--La thèse de Sauvages (1724) portait ce
- titre: _Dissertatio medica atque ludicra de Amore... utrum sit Amor
- medicabilis herbis?_
-
-Non, Paul Bourget ne regarde pas l'amour comme une maladie. Ce qu'il
-considère comme une maladie, c'est la dissociation sentimentale,
-aboutissant au dualisme ou à la multiplicité des amours simultanés.
-
-Ici c'est une «anomalie d'âme si criminellement pathologique»[132].
-Ailleurs ce sont des «difformités» dans la «façon de sentir» qui
-entraînent cette «singulière» et «détestable» «complication d'âme»[133].
-Dans la Dédicace de la _Duchesse bleue_ à Madame Mathilde Sérao il dit
-nettement: «poussé à ce degré, ce phénomène de dédoublement devient une
-déformation morale presque monstrueuse, à laquelle il faut maintenir son
-caractère d'exception»[134].
-
- [132] _Le Fantôme_, p. 8.
-
- [133] _L'Inutile science_, p. 193-194.
-
- [134] _La Duchesse bleue_, p. 331.
-
-Donc, vous le voyez, sur tous ces points encore, l'oeuvre de Paul
-Bourget est conforme à la doctrine biologique: il admet la dissociation
-des psychismes, le caractère anormal des dissociés, et il s'appuie sur
-ces idées pour expliquer les «complications sentimentales» de ses héros.
-
- * * * * *
-
-12. On peut donc conclure, ce me semble, que l'idée médicale ou
-biologique, loin de rester étrangère aux Romans de Paul Bourget, les
-pénètre et les imprègne intimement: une dissection, même rapide, permet
-de la bien mettre en lumière.
-
-Mais il faut se garder de dépasser cette conclusion et de dire que ces
-Romans sont des oeuvres biologiques ou médicales.
-
-Paul Bourget est certainement un des auteurs qui ont le mieux compris et
-limité les rapports de la science et de la littérature[135].
-
- [135] Voir, sur les rapports de la Biologie avec la Littérature et les
- Arts, le chapitre V des _Limites de la Biologie_, p. 74.
-
-Il avait déjà étudié cette question, pour la poésie, à propos de Leconte
-de Lisle[136]. Il parle des poèmes scientifiques de Sully Prudhomme,
-montre que le littérateur doit se documenter, le vrai étant la source du
-beau; mais pour écrire un poème, il faut «des yeux de poète ouverts sur
-des hypothèses de science»[137]. Les formules du savant «expliquent» les
-phénomènes, elles ne les «représentent» pas. Or, «cette représentation
-colorée et vivante des choses est précisément le caractère propre de
-l'esprit poétique»[138].
-
- [136] _Essais de Psychologie contemporaine_; _Leconte de Lisle_, 1884,
- p. 339 et 361.
-
- [137] _Ibidem_, p. 341.
-
- [138] «Un poète, c'est-à-dire le contraire d'un médecin et d'un
- philosophe». _Mensonges_, p. 53.
-
-Cela s'applique admirablement au Roman.
-
-Comme dit très bien Lanson[139], si un Roman peut être vrai à la façon
-d'un tableau de Léonard ou de Rembrandt, il ne saurait l'être à la façon
-d'une démonstration de Laplace ou d'une expérience de Pasteur. Et on
-peut appliquer au Roman cette phrase de Brunetière: «l'imitation de la
-nature ne saurait être le terme de l'art de peindre et, pour admirer,
-selon le mot de Pascal, les imitations des choses dont nous n'admirons
-pas les originaux, il faut que la pensée de l'artiste ait démêlé en
-elles quelque chose de caché, d'intime et d'ultérieur, que n'y
-discernait pas le regard du vulgaire»[140].
-
- [139] LANSON. _La Littérature et la Science_, in _Hommes et Livres_.
- _Etudes morales et littéraires_, 1895.
-
- [140] BRUNETIÈRE. _La Renaissance de l'idéalisme_, 1896, p. 63-66.
-
-Le Roman est une oeuvre d'art et non une oeuvre de science. Il y a «des
-qualités indispensables, malgré tout, à cet art du Roman qui ne saurait
-se réduire à la dissertation pure»[141].
-
- [141] _Nouveaux Pastels_; _Monsieur Legrimaudet_, p. 149.
-
-Le Roman ne doit pas donner seulement la _sensation du Vrai_ comme un
-exposé scientifique; il doit donner l'_émotion du Beau_ et l'_émotion du
-Bien_.
-
-C'est là ce que produisent les Romans de Paul Bourget: il nous présente
-des cas biologiques; soit. Mais il les peint, au lieu de les décrire; il
-fait vivre[142] ses personnages et nous avons toujours, à la lecture,
-l'impression du vrai et du faux, la nette distinction de ce qui est beau
-et de ce qui ne l'est pas, de ce qui est moral et de ce qui ne l'est
-pas, dans le tableau que nous venons de lire.
-
- [142] Paul Bourget se calomnie quand, parlant de la limitation du
- Roman d'analyse, il dit qu'il lui manque le coloris de la vie en
- mouvement. _La Duchesse bleue_. Préface à Madame Mathilde Sérao, p.
- 329.
-
-Telle est bien l'idée que se fait Paul Bourget de son Roman qu'il
-appelle le _Roman d'analyse_ au lieu de lui donner «le nom équivoque de
-psychologique»[143].
-
- [143] _La Terre promise_. Préface à Ferdinand Brunetière (octobre
- 1892), p. 6.
-
-Il combat la doctrine de Taine, d'après laquelle le roman est
-«maintenant une grande enquête sur l'homme, sur toutes les variétés,
-toutes les situations, toutes les floraisons, toutes les dégénérescences
-de la nature humaine»[144]; doctrine d'où découle toute «l'esthétique
-des écrivains et des naturalistes».
-
- [144] Préface du tome I des _Romans_ in _OEuvres complètes_, p. V.
-
-«Le pessimisme le plus découragé est le dernier mot de cette littérature
-d'enquête». Bourget veut échapper à ce «fanatisme de la science»[145]
-qu'il constate chez Taine. Il veut, comme Pascal, opposer «l'ordre de
-l'esprit et l'ordre du coeur à cet univers aveugle et impassible, qui
-peut nous broyer, mais qui ne peut que cela»[146].
-
- [145] «Pour le physiologiste, le drame moral où avaient failli sombrer
- la raison et la foi d'Henriette n'était que cela: un accident de
- névrose en train de passer ainsi qu'il était venu, par un phénomène
- d'hypnotisme subjectif... La faiblesse de telles hypothèses est
- qu'elles n'expliquent rien de ce qui constitue le fond même de la
- vie de l'âme». (_La Terre promise_, p. 244).
-
- [146] _Essais de Psychologie contemporaine_; _M. Taine_, p. 181-182.
-
-Certainement la «science moderne fournit aux curieux de l'anatomie
-mentale des documents et des méthodes d'une incomparable
-supériorité»[147]; mais une «oeuvre de littérature, M. Taine lui-même le
-remarque excellemment, _se rapproche_ de la science; elle _n'est pas_ de
-la science»[148].
-
- [147] _La Terre promise_, p. 7.
-
- [148] Préface du tome I des _Romans_, p. VIII.--Ceci enlève sa valeur
- à la critique de JULES SAGERET qui a relevé une erreur zoologique
- dans _Outre-mer_ (t. II, p. 210): Paul Bourget donne quatre crocs au
- serpent à sonnettes ou crotale, alors qu'il n'en a que deux.--Cela
- confirme que les livres de Paul Bourget ne sont pas des ouvrages
- d'histoire naturelle. Adrien Sixte avait répondu déjà à Marius
- Dumoulin lui démontrant une grave erreur dans son «Anatomie de la
- volonté» que «ce point de détail n'intéressait pas l'ensemble de la
- thèse». (_Le Disciple_, p. 48).
-
-Le Roman d'analyse n'est pas un Roman de dissection scientifique. «Tout
-ce que l'on dissèque est mort», tandis qu'il étudie «des crises de la
-vie vivante».
-
-«Les lois imposées au romancier par les diverses esthétiques se ramènent
-en définitive à une seule: donner une impression personnelle de la
-vie»[149].
-
- [149] _Cruelle Enigme_. _Dédicace à M. Henry James_, p. 3.
-
-Le Roman est une «psychologie vivante», ne décrivant jamais le fait brut
-objectif, mais le peignant toujours à travers l'âme du romancier; «même
-la description du paysage le plus résolument plastique n'est-elle pas
-une transcription d'un état de l'âme?»[150]. «Toute narration d'un fait
-extérieur n'est jamais que la copie de l'impression que nous produit ce
-fait et toujours une part d'interprétation individuelle s'insinue dans
-le tableau le plus systématiquement objectif»[151].
-
- [150] _La Terre promise_, p. 8, 9 et 6.
-
- [151] _Ibidem_, p. 9.
-
-Donc, et ceci résume admirablement les rapports du Roman et de la
-Biologie, le romancier doit avoir uniquement le «souci de doubler la
-soie brillante de l'imagination avec l'étoffe solide de la
-science»[152].
-
- [152] _Essais de Psychologie contemporaine_; _M. Taine_, p. 181.
-
-Nous revenons ainsi à l'idée annoncée au début de cette Conférence: la
-Biologie dans les Romans de Paul Bourget est la charpente de fer qui
-soutient l'édifice; mais ce qui fait la beauté de l'édifice, ce sont les
-tentures et les oeuvres d'art qui, à profusion, revêtent et masquent
-cette ossature, c'est surtout la vie dont on a animé ces appartements.
-
- * * * * *
-
-Il ne nous reste plus donc, en finissant, qu'à présenter publiquement
-nos excuses à Paul Bourget pour cette dissection maladroite de son
-oeuvre si bien agencée et si impressionnante.
-
-Oubliez, Mesdames, cette oeuvre de cuistre.
-
-Remettez tous ses atours à ce squelette si misérablement dévêtu.
-Remettez en place les magnifiques tapisseries et les charmants
-bibelots...
-
-Oubliez ma Conférence et relisez Bourget; non plus au radioscope et avec
-les rayons Roentgen, mais en suçant ses livres comme des fleurs, suivant
-le précepte de Byron[153]... Vous y trouverez plaisir extrême et grand
-profit.
-
- [153] _Essais de Psychologie contemporaine_; _Stendhal_, p. 237.
-
-
-
-
-TABLE
-
-DES OEUVRES CITÉES DE PAUL BOURGET
-
-
- Adversaire (L') 65
- Age de l'Amour (L') 24, 62
- Ancien Portrait 15
- André Cornelis 21, 40
- Autre anglaise 15
- Autre joueur 21
-
- Bressuire (Madame) 66, 70
-
- Cas de Conscience (Un) 15, 17, 21
- Cob rouan (Le) 46
- Coeur de Femme (Un) 14, 19, 21, 32, 61
- Complications sentimentales 57
- Confession (Une) 19
- Cosmopolis 29, 30, 37, 52, 53, 59
- Crime d'amour (Un) 11, 21, 26
- Cruelle Enigme 27, 46, 58, 60, 63, 78
-
- Dernière Poésie 71
- Deuxième Amour 21, 58, 61
- Deux Ménages 14, 21
- Disciple (Le) 30, 33, 37, 53, 57, 70, 77
- Drames de Famille 24
- Duchesse bleue (La) 12, 21, 59, 70, 72, 73, 75
-
- Eau profonde (L') 18
- Echéance (L') 17, 21, 40
- Ecran (L') 59, 62, 71
- Essais de Psychologie contemporaine 35
- Voir: Préface, Leconte de Lisle, Stendhal, Taine
- Etape (L') 10, 18, 19, 21, 28, 29, 30, 31, 33, 36, 37, 47, 55, 70
-
- Fantôme (Le) 25, 29, 41, 64, 72
- Fausse Manoeuvre 37
- Flirting Club 61
-
- Homme d'Affaires (Un) 21, 25, 26
-
- Idylle tragique (Une) 20, 21, 26, 41, 61
- Inutile Science (L') 62, 72
- Irréparable (L') 23, 69
-
- Jacques Molan 56, 60
-
- Leconte de Lisle (Essais de Psychologie contemporaine) 74
- Legrimaudet (Monsieur) 75
- Luxe des autres (Le) 15, 25
-
- Mensonges 11, 12, 14, 20, 21, 42, 74
-
- Neptunevale 40
- Nouveaux Pastels 21, 56, 60, 75
-
- Odile 26
- Outre-Mer 77
-
- Pas dans les Pas (Les) 39
- Pastels 66, 70
- Physiologie de l'Amour moderne 12, 13, 14, 19, 20, 21, 27, 28, 32
- 43, 57, 63, 72
- Portrait du Doge (Le) 37
- Préface de la réédition des Essais de Psychologie
- contemporaine 20, 22
- Préface de la réédition des Romans 20, 54, 76
- Profils perdus 15, 61
-
- Recommencements 39, 40
-
- Sauvetage 23, 24, 58
- Stendhal (Essais de Psychologie contemporaine) 36, 48, 52, 79
-
- Taine (Essais de Psychologie contemporaine) 9, 33, 34, 36, 47, 52
- 69, 77, 78
- Talisman (Le) 14
- Terre promise (La) 14, 21, 23, 25, 41, 42, 59, 76, 77, 78
-
- Voyageuses 14, 21, 26, 40
- Vrai Père (Le) 28
-
-
-
-
-
-
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-Paul Bourget, by Joseph Grasset
-
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- The Project Gutenberg eBook of L'Idée Médicale dans les Romans de Paul Bourget, by J. Grasset.
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-<body>
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-<pre>
-
-The Project Gutenberg EBook of L'idée médicale dans les romans de Paul
-Bourget, by Joseph Grasset
-
-This eBook is for the use of anyone anywhere in the United States and most
-other parts of the world at no cost and with almost no restrictions
-whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of
-the Project Gutenberg License included with this eBook or online at
-www.gutenberg.org. If you are not located in the United States, you'll have
-to check the laws of the country where you are located before using this ebook.
-
-Title: L'idée médicale dans les romans de Paul Bourget
-
-Author: Joseph Grasset
-
-Release Date: December 21, 2019 [EBook #60986]
-
-Language: French
-
-Character set encoding: ISO-8859-1
-
-*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'IDÉE MÉDICALE DANS LES ***
-
-
-
-
-Produced by Clarity and the Online Distributed Proofreading
-Team at http://www.pgdp.net (This file was produced from
-images generously made available by The Internet
-Archive/Canadian Libraries)
-
-
-
-
-
-
-</pre>
-
-<div class="r"><div class="blk">
-<div class="c"><b class="large">D<sup>r</sup> J. GRASSET</b><br />
-<span class="small">Professeur de clinique médicale<br />
-à l'Université de Montpellier</span></div></div></div>
-<h1 title="L'Idée Médicale dans les Romans de Paul Bourget"><i class="huge bold">L'Idée Médicale</i><br />
-<span class="xsmall">DANS LES</span><br />
-<i class="large bold">Romans de Paul Bourget</i></h1>
-
-<p class="c gap"><span class="large">MONTPELLIER</span><br />
-COULET &amp; FILS, <span class="sc">Éditeurs</span><br />
-<span class="small">GRAND'RUE, 5</span></p>
-
-<p class="c">1904</p>
-
-<div class="break"></div>
-
-<h2 class="nobreak"><span class="small">A</span><br />
-MONSIEUR PAUL BOURGET<br />
-<span class="small">DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE</span></h2>
-
-<div class="narrow">
-<p><i>Je dédie cette Conférence, en témoignage de profond et
-reconnaissant dévouement, comme Diomède offrit ses grossières
-armes d'airain en échange des armes d'or finement
-ciselées de Glaucos.</i></p>
-
-<div class="sign">J. G.</div>
-<div class="date">Montpellier, janvier 1904.
-</div></div>
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak"><span class="xlarge" id="page_7">L'IDÉE MÉDICALE</span><br />
-<span class="xsmall">DANS LES</span><br />
-<span class="large">ROMANS DE PAUL BOURGET</span></h2>
-
-
-<p class="ind"><span class="sc">Mesdames</span>,<br />
-<span class="sc">Messieurs</span>,</p>
-
-<p>1. Etrange, à première vue, doit vous paraître
-le choix de Paul Bourget pour étudier l'<i>idée médicale</i>
-dans une grande &oelig;uvre littéraire.</p>
-
-<p>Et, en effet, vous ne trouverez, dans cette &oelig;uvre,
-ni des Romans médicaux comme ceux d'André
-Couvreur, ni des critiques de médecins comme
-celles de Léon Daudet, ni des thèses médicales
-comme chez Brieux ou chez de Curel, ni des descriptions
-de maladie comme celles de Zola&hellip;</p>
-
-<p id="page_8">Il faut la chercher, pour trouver l'idée médicale,
-dans les Romans de Paul Bourget. Mais, en
-la cherchant, on la trouve (c'est du moins ce que
-je voudrais vous prouver) et on la trouve <i>partout</i>
-dans ses &oelig;uvres, comme ces solides assises de
-fer qu'on découvre dans une belle maison en
-écartant les tentures et en grattant un peu les
-murailles.</p>
-
-<p>Vous comprendrez qu'un marchand de fer
-trouve quelque plaisir à chercher et à montrer
-son métal professionnel à travers et derrière
-mille autres choses agréables qui le masquent
-gentiment, tandis qu'il n'en trouverait plus aucun
-à disserter sur l'ossature trop évidente et trop
-nue de la tour Eiffel.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>2. Pour retrouver ainsi l'idée médicale dans
-l'&oelig;uvre de Paul Bourget, il faut donner à ce mot
-<i>médical</i> et au mot <i>médecin</i>, d'où il dérive, son
-sens le plus large et d'ailleurs le seul vrai.</p>
-
-<p>Le médecin n'est pas, en effet (comme un vain
-peuple pense), un monsieur qui échange des ordonnances
-contre des honoraires. Le médecin est
-un homme qui étudie et doit connaître la <i>vie
-humaine</i> dans tous les détails de son évolution,
-<a id="page_9"></a>à l'état de santé et à l'état de maladie. Car nul ne
-peut réparer l'horloge détraquée, s'il n'en connaît
-à fond le mécanisme intact dans son fonctionnement
-normal.</p>
-
-<p>Et le médecin doit connaître l'homme vivant
-dans son <i>unité totale</i>, formée de l'union, souvent
-inextricable, du moral et du physique. Car, même
-pour le spiritualiste le plus orthodoxe<a id="FNanchor_1" href="#Footnote_1" class="fnanchor">[1]</a>, le
-corps étant encore l'outil indispensable de l'âme,
-tout se tient dans la vie de l'homme.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_1" href="#FNanchor_1"><span class="label">[1]</span></a> Ceci pour prévenir les accusations que pourraient faire
-naître contre Paul Bourget, chez des superficiels, des passages
-comme celui-ci: «L'évêque d'Orléans avait signalé à la défiance
-des pères de famille le philosophe (Taine) coupable d'avoir écrit
-cette phrase hardie: «&hellip; le vice et la vertu sont des produits
-comme le vitriol et comme le sucre&hellip;», phrase plus paradoxale
-dans la forme que dans le fond; car éclairez-la d'un petit mot;
-mettez des produits <i>psychologiques</i>&hellip; et vous lui restituez son
-vrai sens». <i>Essais de Psychologie contemporaine; M. Taine</i> (1882),
-p. 152.</p>
-</div>
-<p>Aveugle et impuissant serait le médecin qui
-méconnaîtrait ces élémentaires principes.</p>
-
-<p>Le médecin est donc le <i>biologiste humain</i> et,
-quand je parle d'étudier l'<i>idée médicale</i> dans
-l'&oelig;uvre de Paul Bourget, c'est l'<i>idée biologique</i>
-que je voulais dire.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p id="page_10">3. Ces principes posés, j'aborde la dissection
-biologique des Romans de Paul Bourget en vous
-rappelant quelques-uns des <i>types de médecin</i> qu'on
-y rencontre.</p>
-
-<p>Ils ne sont pas très nombreux. Un critique<a id="FNanchor_2" href="#Footnote_2" class="fnanchor">[2]</a>
-n'en a trouvé que trois sur trois cent quatre-vingt-onze
-personnages mis en scène. On en
-trouvera davantage si on tient compte des simples
-esquisses. En tous cas, ils sont finement observés
-et joliment crayonnés.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_2" href="#FNanchor_2"><span class="label">[2]</span></a> <span class="sc">Jules Sageret.</span>&mdash;Les grands convertis. Paul Bourget. <i>La
-Revue</i>, 1<sup>er</sup> et 15 novembre 1903, p. 297.</p>
-</div>
-<p>Voici d'abord un «praticien de quartier», le
-D<sup>r</sup> Graux: «à côté des professeurs justement
-illustres auxquels le temps manque et des charlatans
-sans conscience que l'on doit supplier pour
-en obtenir des consultations de cent francs», il est
-un de ces «modestes docteurs qui tiennent le rôle,
-autrefois si fréquent, aujourd'hui si rare, du médecin
-de famille, toujours à portée et cependant
-discret, et qui, connaissant ses clients depuis des
-années, devenait naturellement leur ami et leur
-conseiller»<a id="FNanchor_3" href="#Footnote_3" class="fnanchor">[3]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_3" href="#FNanchor_3"><span class="label">[3]</span></a> <i>L'Etape</i> (oct. 1901-mai 1902), p. 421.&mdash;Toutes les citations
-des &oelig;uvres de Paul Bourget sont faites sur l'édition in-8<sup>o</sup> pour les
-Romans parus dans les sept premiers volumes des &OElig;uvres complètes,
-dans l'édition in-18 pour les suivants.</p>
-</div>
-<p id="page_11">Tout autre est le D<sup>r</sup> Louvet<a id="FNanchor_4" href="#Footnote_4" class="fnanchor">[4]</a>, le médecin
-mondain avec son salon d'attente, meublé «comme
-un musée, avec la prodigalité de bibelots particulière
-aux installations modernes». Il appartient à
-«cette génération de savants, hommes du monde,
-qui vont à l'hôpital le matin, reçoivent leurs
-clients l'après-midi et trouvent le moyen d'avoir
-de l'esprit, comme des oisifs, dans un salon, à
-dix heures du soir». Aussi, «ont-ils l'intelligence
-de préparer aux longues attentes de leurs belles
-malades un décor où elles retrouvent un peu de
-ce qu'elles ont laissé au logis, une face des choses
-semblable à celle qui leur est coutumière»,
-tandis que, dans le cabinet du docteur, il n'y a
-que des livres, «contraste habilement cherché par
-Louvet, metteur en scène aussi habile qu'il était
-bon diagnosticien»; Louvet, «ce mince avec un
-air de mignon de Henri III. Je l'appelle toujours
-Louvetsky, parce qu'il ne soigne que des
-Russes»<a id="FNanchor_5" href="#Footnote_5" class="fnanchor">[5]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_4" href="#FNanchor_4"><span class="label">[4]</span></a> <i>Un Crime d'amour</i> (oct. 1885-janvier 1886), p. 208.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_5" href="#FNanchor_5"><span class="label">[5]</span></a> <i>Mensonges</i> (février-octobre 1887), p. 38.</p>
-</div>
-<p id="page_12">Tout à côté, on peut placer le D<sup>r</sup> Noirot, qui a
-été interne à Bicêtre, «infiniment cynique et intelligent,
-méthodique et doucement implacable, avec
-un air d'employé plutôt que de médecin&hellip; Matérialiste
-outrageux, expliquant la sensibilité humaine
-par les plus dégradantes hypothèses, Noirot
-donne l'exemple des vertus les plus délicates,
-cousues à l'âme la plus gangrenée de négations.
-Avec cela, observateur très habile, mais qui ne
-croit guère à la médecine, il s'est fait, depuis des
-années, une spécialité du massage&hellip; et gagne
-soixante mille francs par an»<a id="FNanchor_6" href="#Footnote_6" class="fnanchor">[6]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_6" href="#FNanchor_6"><span class="label">[6]</span></a> <i>Physiologie de l'Amour moderne</i> (mai 1888-septembre 1889),
-p. 550 et suivantes.</p>
-</div>
-<p>Chaque matin, il masse soigneusement le
-baron Desforges, surveille son hygiène quotidienne
-et ne lui permet que trois cigares par
-jour. «On digère avec ses jambes», répète-t-il au
-baron; «le massage, c'est du Liebig d'exercice»<a id="FNanchor_7" href="#Footnote_7" class="fnanchor">[7]</a>.
-Ce Noirot assiste<a id="FNanchor_8" href="#Footnote_8" class="fnanchor">[8]</a> «au souper
-triste» dans lequel, chez Marguerite Percy, on
-devait manger du boudin blanc et rire avec les
-<a id="page_13"></a>camarades, et dans lequel il y a tant de «silences
-glacés» et de «rires faux». A la sortie, il émet
-des théories bizarres sur la nécessité de la grande
-vie pour la viveuse, comme la morphine et l'alcool
-sont nécessaires à ceux qui s'y sont habitués, et
-raconte la sauvage vengeance de Corsègues, qui
-brûle sa femme, en plein Paris, comme au Malabar.
-C'est un grand «original», ce Noirot, «un
-médecin qui n'a jamais voulu être décoré et qui
-n'essaie les remèdes nouveaux que lorsqu'il en
-est sûr»<a id="FNanchor_9" href="#Footnote_9" class="fnanchor">[9]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_7" href="#FNanchor_7"><span class="label">[7]</span></a> <i>La Duchesse bleue</i> (déc. 1893-juin 1898), p. 445.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_8" href="#FNanchor_8"><span class="label">[8]</span></a> <i>Mensonges</i>, pp. 116, 251, 257.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_9" href="#FNanchor_9"><span class="label">[9]</span></a> <i>Physiologie de l'Amour moderne</i>, p. 487 à 504.</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<p>Je n'insiste pas sur quelques types secondaires,
-comme: le médecin qui, ayant le génie de la
-statistique, s'applique, dans un hôpital de femmes,
-à dresser la liste des déflorateurs<a id="FNanchor_10" href="#Footnote_10" class="fnanchor">[10]</a>;&mdash;le
-docteur Ch., qui dénonce si justement le danger
-des vices de l'enfance<a id="FNanchor_11" href="#Footnote_11" class="fnanchor">[11]</a>;&mdash;Auguste Dupuy,
-ce timide médecin de province, qui, abandonné
-par sa femme, la reprend quand son amant
-l'a quittée, et élève avec tendresse l'enfant de
-<a id="page_14"></a>l'adultère<a id="FNanchor_12" href="#Footnote_12" class="fnanchor">[12]</a>;&mdash;le médecin de quartier qui entretient
-Madame Malvina Raulet<a id="FNanchor_13" href="#Footnote_13" class="fnanchor">[13]</a>;&mdash;le médecin
-sans clients, qui est député et enlève à
-Poyanne son siège de conseiller général<a id="FNanchor_14" href="#Footnote_14" class="fnanchor">[14]</a>;&mdash;le
-professeur Teresi et l'autre médecin sicilien
-«recommandé par l'hôtelier»<a id="FNanchor_15" href="#Footnote_15" class="fnanchor">[15]</a>;&mdash;le médecin
-américain, qui prescrit à son neurasthénique un
-voyage «aux îles du Pacifique: quarante jours
-sans télégraphe et sans téléphone»<a id="FNanchor_16" href="#Footnote_16" class="fnanchor">[16]</a>;&mdash;le
-docteur Léon Pacotte, qui enseigne et pratique si
-bien l'hygiène, a soixante-dix ans et a enterré Dupuytren,
-Broussais et Orfila qui l'avaient condamné
-comme phtisique, et dirige si intelligemment l'éducation
-et le redressement moral des enfants<a id="FNanchor_17" href="#Footnote_17" class="fnanchor">[17]</a>;&mdash;le
-docteur berrichon, qui est le médecin de
-George Sand, et son camarade, le docteur Le
-Prieux, qui, «dans le canton de Chevagnes&hellip;,
-comptait autant de prétendus cousins, c'est-à-dire
-de clients presque gratuits, que cette Sologne
-<a id="page_15"></a>bourbonnaise compte de hameaux»<a id="FNanchor_18" href="#Footnote_18" class="fnanchor">[18]</a>;&mdash;le
-pauvre médicastre de Noyelles, «si comiquement
-inquiet sur l'avenir de sa plus fructueuse visite»<a id="FNanchor_19" href="#Footnote_19" class="fnanchor">[19]</a>&hellip;</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_10" href="#FNanchor_10"><span class="label">[10]</span></a> <i>Ibidem</i>, p. 337.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_11" href="#FNanchor_11"><span class="label">[11]</span></a> <i>Ibidem</i>, p. 362.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_12" href="#FNanchor_12"><span class="label">[12]</span></a> <i>Physiologie de l'Amour moderne</i>, p. 590.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_13" href="#FNanchor_13"><span class="label">[13]</span></a> <i>Mensonges</i>, p. 190.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_14" href="#FNanchor_14"><span class="label">[14]</span></a> <i>Un C&oelig;ur de femme</i> (décembre 1889-juillet 1890), p. 378.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_15" href="#FNanchor_15"><span class="label">[15]</span></a> <i>La Terre promise</i> (septembre 1891-avril 1892), p. 178 et 184.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_16" href="#FNanchor_16"><span class="label">[16]</span></a> <i>Voyageuses</i> (juillet 1897); <i>Deux Ménages</i>, p. 87.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_17" href="#FNanchor_17"><span class="label">[17]</span></a> <i>Le Talisman</i> (avril 1898), p. 283.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_18" href="#FNanchor_18"><span class="label">[18]</span></a> <i>Le Luxe des autres</i> (décembre 1899-février 1900), p. 91 et 93.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_19" href="#FNanchor_19"><span class="label">[19]</span></a> <i>Un Cas de conscience</i>. <span lang="en" xml:lang="en">The New-York Herald</span>, édition européenne,
-numéro de Noël, 20 décembre 1903, p. 19.</p>
-</div>
-<p>Je signale le «profil perdu» de l'étudiante
-russe, Sofia, dont le «projet était de retourner en
-Russie, de pratiquer sa science dans son village
-et de contribuer à la propagande des idées occidentales
-parmi les paysans&hellip;, inexplicable fille,
-qui parlait de l'amour, de la maternité, de la
-mort, dans des termes d'un matérialisme scientifique
-et à qui nulle bouche d'homme n'avait seulement
-baisé la main»<a id="FNanchor_20" href="#Footnote_20" class="fnanchor">[20]</a>&hellip;, «nihiliste, athée
-et vierge», comme l'étudiant d'Oxford<a id="FNanchor_21" href="#Footnote_21" class="fnanchor">[21]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_20" href="#FNanchor_20"><span class="label">[20]</span></a> <i>Profils perdus</i> (1880-1881); <i>Ancien Portrait</i>, p. 253 et 256.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_21" href="#FNanchor_21"><span class="label">[21]</span></a> <i>Ibidem</i>; <i>Autre Anglaise</i>, p. 274.</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<p>Eugène Corbières mérite aussi une mention
-spéciale par sa manière de comprendre la médecine.</p>
-
-<p>Ce qui l'a décidé «à prendre cette voie, c'est le
-besoin de certitude». Son esprit «a comme faim
-<a id="page_16"></a>et soif de quelque chose de positif, d'indiscutable.
-Les sciences naturelles donnent cela». Il
-lui a semblé que «la médecine, comprise d'une
-façon un peu haute», est «parmi les sciences naturelles
-la branche qui se prête à une application
-pratique telle que cette application soit acceptable
-dans toutes les hypothèses» philosophiques.
-Le médecin «est l'altruiste par excellence. Il est
-dans le vrai quel que soit le postulat métaphysique
-auquel nous nous rangions». Comme tout
-grand médecin, il a «une exceptionnelle capacité
-d'affirmation personnelle, de décision immédiate,
-de parti pris effectif». Ce métier comporte, «si
-l'on peut dire, un empoignement direct de la
-réalité». Corbières permet de constater «cette
-vertu presque militaire de la discipline médicale»
-et, un jour, «ses collègues l'ont vu, avec une stupeur
-que les années n'ont pas dissipée, brusquement,
-peu de temps après les trois morts survenues
-coup sur coup, quitter sa place enviée de
-médecin des hôpitaux, sa magnifique clientèle
-parisienne, la certitude de tous les honneurs, pour
-entrer dans la congrégation des frères de Saint-Jean-de-Dieu,
-<a id="page_17"></a>vouée, comme on sait, au service
-des malades&hellip;»<a id="FNanchor_22" href="#Footnote_22" class="fnanchor">[22]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_22" href="#FNanchor_22"><span class="label">[22]</span></a> <i>L'Echéance</i> (décembre 1898), p. 9 à 11, 59 et 78.</p>
-</div>
-<p>Tout récent<a id="FNanchor_23" href="#Footnote_23" class="fnanchor">[23]</a> est le croquis de cet interne de
-Trousseau, le héros de cette tragédie de scrupule,
-qui formule et applique si bien ce grand principe
-de déontologie: «pour un médecin, le grand
-devoir, et qui prime tous les autres, c'est le service
-du malade. Le médecin ne doit connaître
-que cela, ne voir que cela». Il ne doit jamais
-céder «à la tentation d'interposer son rôle au
-chevet du patient». Il doit n'avoir jamais d'autre
-mesure de ses actes «que la lutte avec la maladie,
-quel que fût le malade et sans aucun souci
-des conséquences».</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_23" href="#FNanchor_23"><span class="label">[23]</span></a> <i>Un Cas de conscience</i>, p. 19.</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<p>Je termine par le spécialiste du système nerveux
-que Paul Bourget symbolise dans le professeur
-Salvan et l'étudiant Bobetière.</p>
-
-<p>«Conservé par une existence continûment active
-et ascétique&hellip;, mince et robuste, avec une
-tête petite, dont le masque saisissant et glabre
-rappelait la face napoléonienne de son maître
-<a id="page_18"></a>Charcot&hellip;», Salvan associe, «comme jadis Trousseau,
-un beau talent d'écrire aux plus solides qualités
-de clinicien et d'anatomiste. Plus fameux
-que connu, ses immenses travaux l'ont toujours
-éloigné des salons&hellip; Ce manieur de misères humaines»
-est un «sensible, malgré des allures
-volontiers brusques qu'explique son métier de
-neurologue&hellip;»<a id="FNanchor_24" href="#Footnote_24" class="fnanchor">[24]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_24" href="#FNanchor_24"><span class="label">[24]</span></a> <i>L'Eau profonde</i> (décembre 1902), p. 74, 138, 141.</p>
-</div>
-<p>A propos de Bobetière qui veut aussi se spécialiser
-dans l'étude des maladies nerveuses, Paul
-Bourget dit: «s'il est un ordre de connaissances
-qui doive ramener un esprit à la vérité sociale, il
-semble bien que ce soit celui-là, qui nous fait toucher
-du doigt la fragilité de la pensée, l'équilibre
-instable de la volonté, l'irrésistible et constante
-pesée sur nous des influences héréditaires. Le
-problème de la politique consistant à faire vivre
-ensemble des hommes, il se ramène ou devrait se
-ramener, pour un neurologue, à l'art de diriger
-vers le bien commun et de neutraliser pour le
-moindre mal une majorité d'impulsifs, de dégénérés
-et de candidats à la manie»<a id="FNanchor_25" href="#Footnote_25" class="fnanchor">[25]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_25" href="#FNanchor_25"><span class="label">[25]</span></a> <i>L'Etape</i>, p. 148.</p>
-</div>
-<p id="page_19">Vous voyez que Paul Bourget comprend le médecin
-et son rôle par le grand côté<a id="FNanchor_26" href="#Footnote_26" class="fnanchor">[26]</a>; il proclame
-les relations de l'idée médicale avec les
-problèmes qu'il discute dans ses Romans.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_26" href="#FNanchor_26"><span class="label">[26]</span></a> «Il en est du vrai prêtre comme du vrai médecin. L'un et
-l'autre, devant un malade ou de corps ou d'âme, abolissent en
-eux d'instinct tout ce qui n'est pas leur fonction». (<i>Une Confession</i>,
-janvier 1897, p. 227).</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<p>4. Aussi aime-t-il les médecins et les biologistes;
-et il ne s'en cache pas. Il les cite, emploie leur
-langage, leur emprunte des comparaisons.</p>
-
-<p>Il intitule <i>Physiologie</i> sa belle étude de l'Amour
-moderne et c'est de la définition du Dictionnaire
-de médecine de Nysten que part Claude Larcher
-pour déduire ses axiomes si curieux<a id="FNanchor_27" href="#Footnote_27" class="fnanchor">[27]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_27" href="#FNanchor_27"><span class="label">[27]</span></a> <i>Physiologie de l'Amour moderne</i>, p. 327.</p>
-</div>
-<p>Il cite volontiers Claude Bernard, Pasteur,
-Jules Soury, Magendie, Flourens, Beaunis, Dieulafoy,
-Legrand du Saulle, Brière de Boismont&hellip;,
-dédie <i>Un c&oelig;ur de femme</i> à Albert Robin&hellip;</p>
-
-<p>C'est à un confrère<a id="FNanchor_28" href="#Footnote_28" class="fnanchor">[28]</a> qu'il emprunte cette fière
-devise: «où descendrions-nous sans la noble
-douleur?».</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_28" href="#FNanchor_28"><span class="label">[28]</span></a> <i>L'Etape</i>, p. 422.</p>
-</div>
-<p id="page_20">Exposant la théorie du Roman d'analyse<a id="FNanchor_29" href="#Footnote_29" class="fnanchor">[29]</a>, il
-«assimile le moraliste au clinicien» et montre
-que, dans la littérature supérieure, comme en
-médecine, il faut d'abord faire de l'anatomie et
-de la physiologie (analyse) avant le diagnostic
-(synthèse) et avant la thérapeutique (applications).</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_29" href="#FNanchor_29"><span class="label">[29]</span></a> <i>&OElig;uvres complètes; Romans</i>, t. I (septembre 1900),
-p. <small>VIII</small>.</p>
-</div>
-<p>René Vincy se sait «atteint» de «romantisme
-analytique» et développe son mal «comme un
-médecin qui cultiverait sa maladie par amour
-d'un beau <i>cas</i>». «Ce que Claude Bernard faisait
-avec ses chiens, ce que Pasteur fait avec ses
-lapins», il le fait avec son c&oelig;ur et lui injecte «tous
-les virus de l'âme humaine»<a id="FNanchor_30" href="#Footnote_30" class="fnanchor">[30]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_30" href="#FNanchor_30"><span class="label">[30]</span></a> <i>Mensonges</i>, p. 75, 300.</p>
-</div>
-<p>Dans un grand nombre de passages, Paul
-Bourget compare les maladies de l'âme à celles
-du corps, décrit «leurs heures de convalescence<a id="FNanchor_31" href="#Footnote_31" class="fnanchor">[31]</a>,
-leurs crises, leur thérapeutique&hellip;»<a id="FNanchor_32" href="#Footnote_32" class="fnanchor">[32]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_31" href="#FNanchor_31"><span class="label">[31]</span></a> <i>Une Idylle tragique</i> (avril 1895-février 1896), p. 311.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_32" href="#FNanchor_32"><span class="label">[32]</span></a> <i>Physiologie de l'Amour moderne</i>, p. 548. Titre du chapitre:
-<i>Thérapeutique de l'amour</i>.&mdash;«La psychologie est à l'éthique ce
-que l'anatomie est à la thérapeutique». (<i>Essais de Psychologie
-contemporaine</i>, Préface de 1899, p. <small>X</small>).</p>
-</div>
-<p id="page_21">Il décrit souvent, et fort exactement, des types
-pathologiques<a id="FNanchor_33" href="#Footnote_33" class="fnanchor">[33]</a> et conclut: «notre être moral
-subit les mêmes lois que notre être physique»<a id="FNanchor_34" href="#Footnote_34" class="fnanchor">[34]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_33" href="#FNanchor_33"><span class="label">[33]</span></a> Voir notamment des passages: sur les névroses (<i>Un Crime
-d'amour</i>, p. 247 et suiv.; <i>Physiologie de l'Amour moderne</i>, p. 332,
-442 et 443; <i>L'Etape</i>, p. 336; <i>Une Idylle tragique</i>, p. 298); sur la
-neurasthénie (<i lang="en" xml:lang="en">nervous exhaustion</i>) d'un Américain: «la rançon
-d'une existence de <i lang="en" xml:lang="en">hard work</i> à tuer un Européen en quelques
-mois» (<i>Voyageuses</i>; <i>Deux ménages</i>, p. 63); sur une tuberculeuse
-(<i>La Terre promise</i>, p. 102); sur un cardiaque (<i>Un Homme d'affaires</i>,
-octobre 1900, p. 29); sur l'hygiène du viveur Casal (<i>Un C&oelig;ur de
-femme</i>, p. 359); sur l'artériosclérose (<i>Mensonges</i>, p. 21); sur un
-cas d'aphasie avec hémiplégie droite et les traits tirés à gauche
-(<i>André Cornelis</i>, avril-novembre 1886, p. 352); sur la télépathie
-(<i>Nouveaux Pastels</i>. <i>Dix portraits d'homme</i>, 1890; <i>Autre joueur</i>,
-p. 344); sur le spiritisme (<i>Mensonges</i>, p. 37); sur le rêve (<i>La
-Duchesse bleue</i>, p. 542; <i>Un C&oelig;ur de femme</i>, p. 315); sur les avariés
-scrofuleux (<i>La Duchesse bleue</i>, p. 372; <i>Physiologie de l'Amour
-moderne</i>, p. 366 et 531: le «mal dont Voltaire accuse si plaisamment
-Christophe Colomb»); sur les fous (<i>Ibidem</i>, p. 522, <small>LXXVI</small>);
-sur les rapports de l'estomac et du système nerveux (<i>Ibidem</i>,
-p. 554)&hellip; Dans l'<i>Echéance</i> (p. 43), il y a une excellente description
-de l'alcoolique, de sa «loquacité&hellip; si douloureuse à suivre, tant
-on la sent morbide, qui tour à tour précipite ou cherche les
-mots», qui est «la première forme de ce qui sera, dans trois
-mois, dans huit jours, demain, le délire expansif avec le dérèglement
-de sa gloriole et de ses vantardises»&hellip; et de ces «hésitations
-dans l'attaque des mots qui révèlent l'aphasie latente»,&mdash;dans
-<i>Un Cas de conscience</i> (p. 20), la description du mal de
-Bright, de l'urémie convulsive et de leur traitement&hellip;</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_34" href="#FNanchor_34"><span class="label">[34]</span></a> <i>Deuxième Amour</i> (octobre-novembre 1883), p. 139.</p>
-</div>
-<p id="page_22">Les analogies de la physiologie et de la psychologie
-sont indiscutables; comme dit Taine,
-«la littérature est une Psychologie vivante»<a id="FNanchor_35" href="#Footnote_35" class="fnanchor">[35]</a>.
-Donc, rien de plus intimement lié que le Roman
-et la Biologie.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_35" href="#FNanchor_35"><span class="label">[35]</span></a> <i>Essais de Psychologie contemporaine</i>, p. <small>X</small>.</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<p>Voilà l'opinion de Paul Bourget sur la <i>personne</i>,
-la <i>langue</i> et la <i>méthode</i> des médecins et des biologistes.
-Cela nous fait prévoir son opinion sur
-leurs <i>doctrines</i>.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>5. Au fond, pour le biologiste, la vie d'un
-homme, à un moment donné de son existence,
-est résultante de quatre facteurs: l'<i>hérédité</i>, le
-<i>milieu</i>, le <i>passé individuel</i> et l'<i>élément personnel</i>
-(ce dernier facteur étant difficile à analyser scientifiquement,
-mais indiscutable dans son existence).</p>
-
-<p>Je crois qu'il va être facile de vous montrer le
-compte que tient Paul Bourget de ces quatre
-facteurs dans la composition de ses personnages.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>6. Les Romans de Paul Bourget sont d'abord
-dominés, d'un bout à l'autre, par l'idée de l'<i>hérédité</i>,
-<a id="page_23"></a>morale et physique; les deux parties de
-l'hérédité pouvant s'associer (le plus souvent) ou
-se dissocier suivant les cas; «cette dure loi de
-l'hérédité qui veut que nos tares physiques se
-retrouvent chez nos enfants et non moins sûrement
-nos tares sentimentales»<a id="FNanchor_36" href="#Footnote_36" class="fnanchor">[36]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_36" href="#FNanchor_36"><span class="label">[36]</span></a> <i>Sauvetage</i> (octobre 1897), p. 336.</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<p>Si Francis Nayrac ne peut pas atteindre <i>la Terre
-promise</i>, c'est à cause de cette hérédité <i>physique</i>
-qui lui fait reconnaître sa fille. Les anciens romanciers
-auraient parlé de la voix du sang. Ici la base
-de la reconnaissance est toute biologique et Francis
-«voit son sang», tandis que sa fille est attirée,
-non vers ce père qu'elle ne reconnaît pas, mais
-vers la fiancée de son père, la rivale de sa
-mère<a id="FNanchor_37" href="#Footnote_37" class="fnanchor">[37]</a>. Toute la complication psychologique
-est ainsi à base biologique.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_37" href="#FNanchor_37"><span class="label">[37]</span></a> <i>La Terre promise</i>, p. 90, 131.</p>
-</div>
-<p>C'est encore la ressemblance physique qui fait
-connaître le père de Noémie Hurtrel<a id="FNanchor_38" href="#Footnote_38" class="fnanchor">[38]</a>. Une
-grande partie des tortures que subit Bassigny
-vient de la ressemblance physique entre sa fille
-naturelle qui ne le connaît pas et sa fille légitime
-<a id="page_24"></a>qu'il a perdue<a id="FNanchor_39" href="#Footnote_39" class="fnanchor">[39]</a>. Pierre Fauchery retrouve
-dans «une enfant de vingt ans, le portrait, l'hallucinant
-portrait de celle qu'il a voulu épouser
-trente ans auparavant»<a id="FNanchor_40" href="#Footnote_40" class="fnanchor">[40]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_38" href="#FNanchor_38"><span class="label">[38]</span></a> <i>L'Irréparable</i> (mai-juin 1883).</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_39" href="#FNanchor_39"><span class="label">[39]</span></a> <i>Sauvetage</i>.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_40" href="#FNanchor_40"><span class="label">[40]</span></a> <i>L'Age de l'Amour</i> (novembre 1896), p. 108.</p>
-</div>
-<p>Les Le Prieux, chez lesquels se passe un de
-ces <i>Drames de famille</i> qui sont si puissamment
-fouillés, sont tous dominés par l'hérédité physique.
-Le <i>père</i>, «avec sa tête plus large que longue,
-sa face presque plate et que termine un menton
-rond, avec ses cheveux lisses et qui restent châtains
-dans leur grisonnement, ses yeux bruns,
-son cou puissant, ses épaules horizontales, son
-torse épais, sa taille courte, toute sa personne
-ramassée et trapue, présente un type accompli
-de ce paysan celte, qui occupait cette partie de la
-France à l'époque où César y parut».&mdash;La <i>mère</i>
-«gardait cet admirable type méridional, qui prend,
-lorsqu'il est très pur, des finesses et des élégances
-de médaille grecque&hellip;; son front, petit et rond, se
-rattachait à son nez par cette ligne presque droite
-qui a tant de noblesse, et sa petite tête laissait
-deviner, sous d'épais cheveux noirs, cette construction
-<a id="page_25"></a>d'un ovale allongé, où se perpétue la race
-de cet <i lang="la" xml:lang="la">homo mediterraneus</i>, de ce souple et fin
-dolichocéphale brun, louangé par les anthropologistes&hellip;».&mdash;«Jamais
-le mélange de deux sangs ne
-fut plus visible» que chez la fille&hellip;<a id="FNanchor_41" href="#Footnote_41" class="fnanchor">[41]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_41" href="#FNanchor_41"><span class="label">[41]</span></a> <i>Le Luxe des autres</i>, p. 89, 99, 118.</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<div class="section"></div>
-<p>Et cette hérédité physique se prolonge et s'accumule
-comme chez cette «vieille lady en bonnet»,
-qui a «des joues où il tient quatre générations de
-buveurs de porto»<a id="FNanchor_42" href="#Footnote_42" class="fnanchor">[42]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_42" href="#FNanchor_42"><span class="label">[42]</span></a> <i>La Terre promise</i>, p. 130.</p>
-</div>
-<p>C'est encore l'hérédité physique qui donne ses
-«pieds larges» et ses «mains velues» à ce «butor
-riche» d'Albert Duvernay qui a été trop évidemment
-fabriqué «avec de l'épaisse étoffe humaine»<a id="FNanchor_43" href="#Footnote_43" class="fnanchor">[43]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_43" href="#FNanchor_43"><span class="label">[43]</span></a> <i>Le Fantôme</i> (mars 1900-janvier 1901), p. 23 et 24.</p>
-</div>
-<p>C'est «avec notre sang et nos nerfs que nous
-avons un certain courage, autant dire avec notre
-hérédité»<a id="FNanchor_44" href="#Footnote_44" class="fnanchor">[44]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_44" href="#FNanchor_44"><span class="label">[44]</span></a> <i>Un Homme d'affaires</i>, p. 50.</p>
-</div>
-<p>Chez Firmin Nortier, l'hérédité rurale se révèle
-par «la carrure des épaules hautes, la charpente
-lourde des gros os, la forte pesée du pied sur le
-<a id="page_26"></a>sol»<a id="FNanchor_45" href="#Footnote_45" class="fnanchor">[45]</a>.&mdash;Alfred Chazel était «un fils du peuple,
-et, malgré l'affinement intellectuel de deux générations,
-l'origine paysanne reparaissait en lui à
-des gaucheries de gestes et d'attitude»<a id="FNanchor_46" href="#Footnote_46" class="fnanchor">[46]</a>.&mdash;Chez
-la baronne Ely, «cette hérédité avait pu
-seule pétrir le masque, magnifique à la fois et si fin,
-auquel une blancheur mate et chaude achevait de
-donner un vague reflet oriental»<a id="FNanchor_47" href="#Footnote_47" class="fnanchor">[47]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_45" href="#FNanchor_45"><span class="label">[45]</span></a> <i>Un Homme d'affaires</i>, p. 7.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_46" href="#FNanchor_46"><span class="label">[46]</span></a> <i>Un Crime d'Amour</i>, p. 172.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_47" href="#FNanchor_47"><span class="label">[47]</span></a> <i>Une Idylle tragique</i>, p. 32.</p>
-</div>
-<p>Odile<a id="FNanchor_48" href="#Footnote_48" class="fnanchor">[48]</a> est l'histoire dramatique du suicide
-héréditaire avec l'admirable description de la
-tentation de la mort et de l'effroi qu'elle cause à
-ces malheureux névrosés.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_48" href="#FNanchor_48"><span class="label">[48]</span></a> <i>Voyageuses</i>; <i>Odile</i>, p. 203 à 248.</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<p>L'âge modifie les signes de cette hérédité physique.
-C'est ce que l'on voit chez Madame Castel à
-qui sa fille ressemble au point d'infliger une sorte
-de mélancolie à leurs amis. «D'une génération à
-l'autre, il y a eu comme une marche en avant du
-tempérament commun. La qualité dominante de
-la physionomie est devenue plus dominante, symbole
-visible d'un développement du caractère produit
-<a id="page_27"></a>par l'hérédité. Trop fin déjà, le visage s'est
-affiné davantage; sensuel, il s'est matérialisé;
-volontaire, il s'est durci et séché. A l'époque où la
-vie a fait toute son &oelig;uvre, lorsque la mère a passé
-la soixantième année, la fille la quarantième,
-cette gradation dans les ressemblances devient
-comme palpable au contemplateur&hellip; l'aperception
-des fatalités du sang devient si lucide alors, que
-parfois elle tourne à l'angoisse»<a id="FNanchor_49" href="#Footnote_49" class="fnanchor">[49]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_49" href="#FNanchor_49"><span class="label">[49]</span></a> <i>Cruelle énigme</i> (juillet-septembre 1884), p. 5. Voir aussi p.
-20, 21, 22 et 83.</p>
-</div>
-<p>N'était la perfection du style, qui ne s'observe
-guère chez nous, ne diriez-vous pas ces lignes
-écrites par un biologiste?</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>L'hérédité purement <i>morale</i> éclate cruellement
-chez ce fils d'un aigrefin et d'une sainte, qui
-reproduit tous les vices du père et dont Claude
-Larcher raconte la douloureuse histoire<a id="FNanchor_50" href="#Footnote_50" class="fnanchor">[50]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_50" href="#FNanchor_50"><span class="label">[50]</span></a> <i>Physiologie de l'Amour moderne</i>, p. 541.</p>
-</div>
-<p>«L'hérédité apparaît aussi comme un puissant
-modificateur de cet instinct (sexuel). Entre la
-fille d'un père chaste et celle d'un père qui a vécu,
-entre le fils d'une honnête femme et le fils d'une
-<a id="page_28"></a>femme galante, il y a la même différence qu'entre
-les enfants d'un goutteux et ceux d'un phtisique»<a id="FNanchor_51" href="#Footnote_51" class="fnanchor">[51]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_51" href="#FNanchor_51"><span class="label">[51]</span></a> <i>Physiologie de l'Amour moderne</i>, p. 359.</p>
-</div>
-<p>Et le philosophe Victor Ferrand le proclame:
-«qu'il y ait un atavisme moral, comme il y a un
-atavisme physique, une hérédité en retour des
-idées et des sentiments de nos aïeux, c'est un
-fait indiscutable»<a id="FNanchor_52" href="#Footnote_52" class="fnanchor">[52]</a>, à l'appui duquel je pourrais
-encore citer ce fils de voleur qui révèle son vrai
-père en allant, la nuit, dérober des bonbons à
-l'arbre de Noël du lendemain<a id="FNanchor_53" href="#Footnote_53" class="fnanchor">[53]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_52" href="#FNanchor_52"><span class="label">[52]</span></a> <i>L'Etape</i>, p. 25.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_53" href="#FNanchor_53"><span class="label">[53]</span></a> <i>Le vrai Père</i> (décembre 1894).</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<p>Le plus souvent l'hérédité n'est pas aussi dissociée
-et porte à la fois sur le physique et sur
-le moral. L'exemple le plus fouillé est certainement
-celui des Monneron.</p>
-
-<p>Joseph Monneron, l'universitaire, «déclassé par
-en haut, grâce aux concours», est fils d'un cultivateur
-de Quintenas; sa femme a une mère indolente
-et un père équivoque, «rentier interlope de
-Nice, mi-courtier, mi-contrebandier». De là dérivent:
-l'hypocrisie et la vulgarité d'Antoine,
-<a id="page_29"></a>l'ignoble tenue et la flétrissure précoce de Gaspard,
-l'incertitude et la morbidité de Jean, la
-sensibilité déréglée de Julie<a id="FNanchor_54" href="#Footnote_54" class="fnanchor">[54]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_54" href="#FNanchor_54"><span class="label">[54]</span></a> <i>L'Etape</i>, p. 9, 63, 117, 215, 303.</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<p>Ainsi les hérédités se superposent et, formant
-un tout complexe, aboutissent à des produits
-divers, d'apparence contradictoire. Dans <i>le Fantôme</i>,
-l'hérédité paysanne tourne en rudesse chez
-Albert Duvernay et en bonhomie chez sa s&oelig;ur.</p>
-
-<p>De même, «l'atavisme de la servitude a ces
-deux effets qui ne sont contradictoires qu'en
-apparence: il produit des capacités insondables
-de sacrifice ou de perfidie. L'une et l'autre de
-ces dispositions morales se trouvaient incarnées
-dans le frère et dans la s&oelig;ur. Ils s'étaient, comme
-il arrive quelquefois, distribué le double caractère
-de leur race: l'un en avait hérité toute la
-vertu d'immolation, l'autre toute la puissance
-d'hypocrisie»<a id="FNanchor_55" href="#Footnote_55" class="fnanchor">[55]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_55" href="#FNanchor_55"><span class="label">[55]</span></a> <i>Cosmopolis</i> (mai-octobre 1892), p. 418.</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<p>Et, dans cette hérédité, pèsent naturellement
-les erreurs et les vices des ancêtres. Comme dit
-<a id="page_30"></a>la Bible, «les fils seront punis pour les péchés
-des pères»<a id="FNanchor_56" href="#Footnote_56" class="fnanchor">[56]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_56" href="#FNanchor_56"><span class="label">[56]</span></a> <i>Cosmopolis</i>, p. 572.</p>
-</div>
-<p>On comprend maintenant que le <i>Disciple</i> commence
-sa confession à son Maître, après son
-crime, par une longue analyse de ses hérédités<a id="FNanchor_57" href="#Footnote_57" class="fnanchor">[57]</a>,
-et que Paul Bourget conclue de toutes
-ses études: «On n'échappe pas à ses hérédités.
-On les subit, quoiqu'on en ait, par toutes les
-fibres dont on est tissé»<a id="FNanchor_58" href="#Footnote_58" class="fnanchor">[58]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_57" href="#FNanchor_57"><span class="label">[57]</span></a> <i>Le Disciple</i> (septembre 1888-mai 1889), p. 65.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_58" href="#FNanchor_58"><span class="label">[58]</span></a> <i>L'Etape</i>, p. 297.</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<p>Mais le biologiste ne doit pas uniquement
-constater les résultats bruts de l'hérédité; il doit
-étudier cette hérédité, dans son évolution, dans
-sa vie, dans la suite de ses transformations. Car,
-en passant d'une génération à l'autre, l'hérédité
-rencontre des agents modificateurs, comme le
-croisement et le milieu. Le biologiste doit analyser
-les <i>lois</i> de ces modifications que le temps
-apporte dans l'hérédité.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>Une de ces lois qui a le plus frappé Paul
-<a id="page_31"></a>Bourget est certainement celle-ci: pour favoriser
-l'amélioration et le perfectionnement de l'espèce,
-les transformations par l'hérédité doivent se faire
-lentement et progressivement; si on veut brûler
-les étapes, on n'a plus de progrès: l'individu
-régresse au contraire, soit au physique, soit au
-moral.</p>
-
-<p>C'est ainsi que chez Joseph Monneron «le
-paysan est trop près», et Jean peut dire à son
-père: «on ne change pas de milieu et de classe
-sans que des troubles profonds se manifestent
-dans tout l'être, et nous avons changé de milieu
-et de classe, c'est un fait, puisque le grand-père
-Monneron est mort un paysan et que tu en as été
-un jusqu'à ta dixième année».</p>
-
-<p>La grande culture a été donnée trop vite à son
-père. La durée lui «manque, et cette maturation
-antérieure de la race, sans laquelle le transfert de
-classe est trop dangereux». C'est pour cela qu'il
-paie la rançon de ce que Paul Bourget «appelle
-l'Erreur française, et qui n'est au fond, tout au
-fond, que cela: une méconnaissance des lois
-essentielles de la famille».<a id="FNanchor_59" href="#Footnote_59" class="fnanchor">[59]</a></p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_59" href="#FNanchor_59"><span class="label">[59]</span></a> <i>L'Etape</i>, p. 44, 51, 458.</p>
-</div>
-<p id="page_32">Vous voyez comme notre romancier tire des
-lois biologiques les lois sociales auxquelles il
-tient le plus. Nous comprendrons mieux cela
-quand nous aurons parlé des autres facteurs de
-la vie humaine et spécialement du milieu, sur
-lequel nous avons déjà empiété.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>7. Le <i>milieu</i>, en Biologie humaine, est extrêmement
-complexe et il se complique d'autant
-plus que l'individu est plus cultivé et plus élevé.</p>
-
-<p>Dans ce milieu, il faut nommer d'abord et surtout
-la <i>famille</i>, qui est la première éducatrice<a id="FNanchor_60" href="#Footnote_60" class="fnanchor">[60]</a>,
-le <i>pays</i> qui comprend la patrie et le petit pays
-(la province, la ville que l'on habite), les <i>maîtres</i>
-(maîtres de l'instruction et maîtres de l'éducation),
-la <i>classe</i> de la société dans laquelle on vit,
-et aussi d'une manière plus générale les <i>contemporains</i>
-(artistes, littérateurs, hommes politiques,
-collègues de la profession)&hellip;<a id="FNanchor_61" href="#Footnote_61" class="fnanchor">[61]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_60" href="#FNanchor_60"><span class="label">[60]</span></a> «Quand une femme se donne à un homme, ce dernier, s'il
-était poli, enverrait ses cartes au père et à la mère de sa nouvelle
-maîtresse, en écrivant au-dessous de son nom, comme il
-sied: avec mille remerciements. Quatre-vingt-dix fois sur cent
-il la leur doit». (<i>Physiologie de l'Amour moderne</i>, p. 382).</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_61" href="#FNanchor_61"><span class="label">[61]</span></a> Chez Poyanne, l'influence du milieu professionnel, du
-métier, reprend ses droits dans les heures de crise. (<i>Un C&oelig;ur de
-femme</i>, p. 382).</p>
-</div>
-<p id="page_33">Les noms seuls que je viens de prononcer vous
-rappellent immédiatement une série de passages
-dans lesquels Paul Bourget proclame l'influence
-du milieu sur la vie humaine.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>«Notre destinée n'est, du petit au grand, que
-notre caractère projeté au dehors, et ce caractère
-lui-même n'est, en dernière analyse, qu'une résultante
-des vastes faits généraux qui ont gouverné
-le développement de notre individualité: notre
-patrie, le moment de son histoire, ses m&oelig;urs, les
-idées qui flottent dans son air»<a id="FNanchor_62" href="#Footnote_62" class="fnanchor">[62]</a>; et, immédiatement
-après ses hérédités, le <i>Disciple</i> analyse son
-<i>milieu d'idées</i><a id="FNanchor_63" href="#Footnote_63" class="fnanchor">[63]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_62" href="#FNanchor_62"><span class="label">[62]</span></a> <i>L'Etape</i>, p. 67.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_63" href="#FNanchor_63"><span class="label">[63]</span></a> <i>Le Disciple</i>, p. 83.</p>
-</div>
-<p>Dans la magnifique Etude qu'il a consacrée à son
-maître Taine<a id="FNanchor_64" href="#Footnote_64" class="fnanchor">[64]</a>, Paul Bourget analyse avec le plus
-grand soin son milieu. «Tout système se rattache
-en effet par le plus étroit lien aux autres productions
-de l'époque dans laquelle il a paru». On
-ne peut même pas s'empêcher de penser que,
-quoiqu'ils ne soient pas contemporains, Paul
-<a id="page_34"></a>Bourget a un peu décrit, dans cette Etude, le
-milieu dans lequel il s'est formé lui-même (à condition
-d'ajouter Taine aux maîtres éducateurs),
-milieu que caractérisent surtout l'influence des
-progrès des sciences, l'envahissement des méthodes
-scientifiques et l'amour des <i>faits</i>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_64" href="#FNanchor_64"><span class="label">[64]</span></a> <i>Essais de Psychologie contemporaine</i>; <i>M. Taine</i>, p. 164, 169.</p>
-</div>
-<p>Dans cette même Etude, Paul Bourget écrit
-sur «l'illustre et infortuné Spinoza»: «si le pauvre
-petit juif, poitrinaire et ombrageux, n'avait pas
-été maudit par ses frères en religion, persécuté
-par sa famille, dédaigné par la jeune fille qu'il
-devait épouser, s'il n'avait senti, dès son adolescence,
-la table de fer de la réalité peser sur sa
-personne et la meurtrir, certes il n'aurait pas
-écrit avec une soif si évidente d'abdication, avec
-une telle horreur des vains désirs, les terribles
-phrases où se complaît son stoïcisme intellectuel:
-«ni dans sa façon d'exister, ni dans sa façon
-d'agir, la nature n'a de principe d'où elle parte
-ou de but auquel elle tende»; et cette autre qui,
-rapprochée du consolant <i lang="la" xml:lang="la">Pater noster qui es in
-cælis</i> de l'Evangile, prend toute sa force de cruel
-fatalisme: «celui qui aime Dieu ne peut pas faire
-d'effort afin que Dieu l'aime en retour»<a id="FNanchor_65" href="#Footnote_65" class="fnanchor">[65]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_65" href="#FNanchor_65"><span class="label">[65]</span></a> <i>Essais de Psychologie contemporaine</i>; <i>M. Taine</i>, p. 166.</p>
-</div>
-<p id="page_35">Ce milieu a lui-même une hérédité, il est fait
-des influences antérieures. A travers les deux
-volumes d'<i>Etudes psychologiques</i> «circule» cette
-thèse «que les états de l'âme particuliers à une
-génération nouvelle étaient enveloppés en germe
-dans les théories et les rêves de la génération
-précédente».</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>Comme pour l'hérédité, le biologiste étudie et
-détermine les conditions dans lesquelles cette
-influence du milieu est bonne et salutaire pour
-le développement et l'expansion de la vie humaine.
-Une de ces conditions a particulièrement
-frappé Paul Bourget, c'est la <i>continuité</i> et l'<i>unité</i>
-d'action de ce milieu. Il faut donc, pour favoriser
-le progrès biologique, que l'être vivant ne
-change pas trop souvent ni trop brusquement de
-milieu: dans ce dernier cas, il se développe des
-désharmonies et des contradictions qui sont des
-éléments de diminution dans la vie.</p>
-
-<p>En transportant cette loi biologique dans la
-sociologie, on en déduit que la grande condition
-du progrès pour une société d'hommes est de
-constituer fortement une <i>nation</i> et une <i>race</i>, tandis
-<a id="page_36"></a>que le <i>déracinement</i> et le <i>cosmopolitisme</i> facilitent
-la régression et la décadence.</p>
-
-<p>«Les races perdent beaucoup plus qu'elles ne
-gagnent à quitter le coin de terre où elles ont
-grandi. Ce que nous pouvons appeler proprement
-une famille, au vieux et beau sens du mot, a
-toujours été constitué, au moins dans notre Occident,
-par une longue vie héréditaire sur un même
-point du sol. Pour que la plante humaine croisse
-solide, et capable de porter des rejetons plus solides
-encore, il est nécessaire qu'elle absorbe en
-elle, par un travail puissant, quotidien et obscur,
-la sève physique et morale d'un endroit unique<a id="FNanchor_66" href="#Footnote_66" class="fnanchor">[66]</a>».
-Et Paul Bourget évoque le souvenir (rappelé
-par Maurice Barrès dans les <i>Déracinés</i>) de
-Taine aimant à se diriger vers un arbre adolescent
-et vigoureux du square des Invalides, en
-disant: «allons voir cet être bien portant»<a id="FNanchor_67" href="#Footnote_67" class="fnanchor">[67]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_66" href="#FNanchor_66"><span class="label">[66]</span></a> <i>Essais de Psychologie contemporaine</i>; <i>Stendhal</i> (1882),
-p. 241.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_67" href="#FNanchor_67"><span class="label">[67]</span></a> <i>Ibidem</i>; <i>M. Taine</i>. Appendice G, p. 202.</p>
-</div>
-<p>L'<i>Etape</i> montre l'importance sociale qu'a «l'âge
-de la race»<a id="FNanchor_68" href="#Footnote_68" class="fnanchor">[68]</a>; le <i>Disciple</i> montre les terribles
-<a id="page_37"></a>effets d'un brusque changement de milieu<a id="FNanchor_69" href="#Footnote_69" class="fnanchor">[69]</a>;
-l'idée de <i>Cosmopolis</i> est la permanence de la race
-ballottée dans les milieux les plus variés et les plus
-hétérogènes<a id="FNanchor_70" href="#Footnote_70" class="fnanchor">[70]</a>; dans <i>Fausse man&oelig;uvre</i>, c'est la
-désharmonie et les contradictions du terrien déraciné
-de sa province et vivant à Paris<a id="FNanchor_71" href="#Footnote_71" class="fnanchor">[71]</a>; dans le
-<i>Portrait du doge</i>, c'est le choc de deux races
-dans cette belle scène où se heurtent et pensent si
-différemment le noble Français et l'Américain
-riche&hellip;<a id="FNanchor_72" href="#Footnote_72" class="fnanchor">[72]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_68" href="#FNanchor_68"><span class="label">[68]</span></a> <i>L'Etape</i>, p. 105.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_69" href="#FNanchor_69"><span class="label">[69]</span></a> <i>Le Disciple</i>, p. 108.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_70" href="#FNanchor_70"><span class="label">[70]</span></a> Le baron Hafner est le type du cosmopolite qui traverse
-une série de milieux.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_71" href="#FNanchor_71"><span class="label">[71]</span></a> <i>Fausse man&oelig;uvre</i> (mai 1903), p. 343.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_72" href="#FNanchor_72"><span class="label">[72]</span></a> <i>Le Portrait du doge</i> (décembre 1897), p. 265.</p>
-</div>
-<p>Toute cette doctrine de l'utilité de la permanence
-et de la durée du milieu est symbolisée
-dans ce passage du <i>Timée</i> que Jean Monneron
-évoque dans ses pénibles méditations<a id="FNanchor_73" href="#Footnote_73" class="fnanchor">[73]</a>: «Alors,
-dans ce temple de Saïs, entouré par le Nil, un des
-plus avancés en âge parmi les prêtres dit au
-voyageur: O Solon, vous autres Grecs, vous
-serez toujours des enfants et il n'y a pas un Grec
-digne du beau nom de vieillard.&mdash;Et Solon demanda:
-<a id="page_38"></a>Que veux-tu dire?&mdash;Que vous êtes très
-jeunes quant à vos âmes, répondit le prêtre. Vous
-n'y possédez aucune vieille doctrine, transmise
-par les aïeux, aucun enseignement donné de siècle
-en siècle par des têtes blanchies&hellip;».</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_73" href="#FNanchor_73"><span class="label">[73]</span></a> <i>L'Etape</i>, p. 306.</p>
-</div>
-<p>Pour faire une forte race, une grande nation,
-il faut ne pas mériter le reproche de Platon; il
-faut avoir l'unité, la durée, la permanence du
-milieu.</p>
-
-<p>Il faut beaucoup d'hommes <i>encadrés</i> et <i>racinés</i>.
-Le milieu n'est pas un décor inerte; c'est un
-cadre qui vit et qui intervient dans la facture du
-tableau.</p>
-
-<p>Voilà une autre des grandes lois sociologiques
-de Paul Bourget qui a, elle aussi, une base absolument
-biologique.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>8. L'hérédité et le milieu ne sont pas les seuls
-facteurs de l'individualité humaine. A chaque
-moment de son existence, cette individualité dépend
-encore des <i>antécédents</i> du sujet, des moments
-antérieurs de sa vie personnelle.</p>
-
-<p>Le mot de G&oelig;the «le présent a tous les droits»
-n'est pas absolu. Le passé intervient constamment
-dans notre vie actuelle. Et Paul Bourget symbolise
-<a id="page_39"></a>cette loi biologique dans cette jolie légende
-de l'âme du purgatoire qui ne pourra «entrer au
-ciel qu'après être revenue sur la terre à tous les
-endroits où, vivante, ses pas s'étaient posés, afin
-d'effacer toutes les traces de ses démarches coupables,
-afin de recueillir tous les vestiges de ses
-actions vertueuses».</p>
-
-<p>Nous sommes ainsi forcés «de remettre sans
-cesse nos pas dans nos pas, et il nous faut retrouver,
-aux détours désappris de nos anciens
-chemins, le fantôme de l'homme que nous fûmes
-un jour!»<a id="FNanchor_74" href="#Footnote_74" class="fnanchor">[74]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_74" href="#FNanchor_74"><span class="label">[74]</span></a> <i>Les Pas dans les pas</i> (décembre 1902), p. 203.</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<p>A l'appui de cette loi de Biologie physicomorale
-nous n'avons pas seulement les six tragédies morales
-qui forment le Recueil «les Pas dans les pas»
-pour établir que «tout se paie» dans le corps et
-dans l'esprit. Nous retrouvons l'application et la
-démonstration de ce principe dans une série
-d'autres romans.</p>
-
-<p>Les dix histoires de <i>Recommencements</i> sont
-«toutes un commentaire d'après nature d'une
-<a id="page_40"></a>même vérité, formulée par le philosophe: <i>la vie
-est une grande recommenceuse</i>»<a id="FNanchor_75" href="#Footnote_75" class="fnanchor">[75]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_75" href="#FNanchor_75"><span class="label">[75]</span></a> <i>Recommencements</i>. Dédicace à Charles de Pomairols (14
-janvier 1897), p. 1.</p>
-</div>
-<p>L'<i>Echéance</i>, toute entière, n'est que l'illustration
-de cet «étrange dicton où les Italiens&hellip; ont
-résumé, avec leur vive imagination, le retour de
-la faute sur celui qui l'a commise: <i lang="it" xml:lang="it">la saetta gira,
-gira</i>, disent-ils, la flèche tourne, <i lang="it" xml:lang="it">torna adosso a chi
-la tira</i> et elle retombe sur qui la tire». Et ainsi on
-voit «combien est exact le <i>Tout se paie</i> de Napoléon
-à Sainte-Hélène, par quels détours le châtiment
-poursuit et rejoint la faute et que le hasard n'est
-le plus souvent qu'une forme inattendue de l'expiation»<a id="FNanchor_76" href="#Footnote_76" class="fnanchor">[76]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_76" href="#FNanchor_76"><span class="label">[76]</span></a> <i>L'Echéance</i>, p. 25 et 6.</p>
-</div>
-<p>L'idée mère d'<i>André Cornelis</i> repose sur le
-crime commis par le mystérieux Crawford (est-ce
-là ou dans <i>Neptunevale</i><a id="FNanchor_77" href="#Footnote_77" class="fnanchor">[77]</a> que madame Humbert
-a pris le nom de son mystérieux millionnaire?)
-et l'influence que ce crime exerce sur l'assassin
-et sur le fils de la victime: c'est l'analyse psychologique
-de la logique implacable des choses.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_77" href="#FNanchor_77"><span class="label">[77]</span></a> <i>Voyageuses</i>; <i>Neptunevale</i>, p. 87 à 160.</p>
-</div>
-<p id="page_41">Une des bases d'<i>Une Idylle tragique</i> est certainement
-ce passé de la baronne Ely, qui se
-dresse à tout instant et lui fait dire: «Hautefeuille
-et moi nous nous aimons avec un fantôme
-entre nous, qu'il ne voit pas, mais que je vois
-si bien»<a id="FNanchor_78" href="#Footnote_78" class="fnanchor">[78]</a>. Et plus tard, quand Olivier du Prat
-a été tué, «un mort est entre ces deux vivants,
-qui, jamais, jamais, ne s'en ira», comme entre
-les héros du <i>Roman comique</i> d'Anatole France.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_78" href="#FNanchor_78"><span class="label">[78]</span></a> <i>Une Idylle tragique</i>, p. 137.</p>
-</div>
-<p>Dans le Roman qui porte ce nom même, <i>le
-Fantôme</i> de la mère antérieurement aimée se
-dresse constamment devant Etienne Malclerc et,
-quand il a épousé la fille, lui donne la sensation
-de l'inceste.</p>
-
-<p>Francis Nayrac, de <i>la Terre promise</i>, est écrasé
-par «son impuissance à s'échapper de ce passé
-qui refluait sur lui toujours, comme la marée
-reflue sur le malheureux qu'elle a une fois surpris,
-le renversant d'un coup de lame lorsqu'il se relève,
-l'enveloppant de houle quand il court, l'aveuglant
-d'écume quand il cherche un rocher où s'appuyer,
-l'assourdissant de clameurs quand il appelle».
-<a id="page_42"></a>Et, vaincu, il s'écrie: «c'est donc vrai que l'on
-ne refait pas sa vie? c'est donc vrai que notre
-passé nous poursuit sans cesse dans notre avenir?»<a id="FNanchor_79" href="#Footnote_79" class="fnanchor">[79]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_79" href="#FNanchor_79"><span class="label">[79]</span></a> <i>La Terre promise</i>, p. 197, 252.</p>
-</div>
-<p>C'est ce même passé, mais plus aimable, que
-René Vincy évoque et objective dans cette chanson
-en deux strophes «que la bonne Madame
-Ethorel avait qualifiée de sonnet»:</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">Le spectre d'une ancienne année</div>
-<div class="verse">M'est apparu, tenant aux doigts</div>
-<div class="verse">Une blanche rose fanée,</div>
-<div class="verse">Et murmurant à demi-voix:</div>
-<div class="verse">Où donc est ton c&oelig;ur d'autrefois?<a id="FNanchor_80" href="#Footnote_80" class="fnanchor">[80]</a></div>
-</div>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_80" href="#FNanchor_80"><span class="label">[80]</span></a> <i>Mensonges</i>, p. 121.</p>
-</div>
-<p>Et ce n'est pas seulement le passé <i>moral</i> qui
-saisit ainsi constamment notre présent et notre
-lendemain. C'est aussi le passé <i>physique</i>. Les maladies
-de l'enfance, de l'adolescence, des années
-précédentes gouvernent, je pourrais dire tyrannisent,
-notre santé ultérieure. Il y a des maladies
-qui créent en nous ce que nous appelons en médecine
-des <i>tempéraments morbides</i>, c'est-à-dire qu'on
-vit toute sa vie ultérieure en arthritique ou en
-avarié.</p>
-
-<p id="page_43">Et, à cause de l'intrication si souvent signalée
-du physique et du moral, nos antécédents physiques
-pèsent sur notre vie morale. C'est ainsi que
-vous comprendrez Paul Bourget parlant de l'influence
-du lard, du fromage et des pommes de
-terre sur un sentiment, qui est certainement des
-plus élevés mais des plus complexes, l'amour.
-Et, en effet, sur la manière de comprendre l'amour
-influent les éléments physiques qui paraissent le
-plus distants: «la nourriture», «la boisson», «les
-occupations», «l'air respiré»&hellip;</p>
-
-<p>«Un laboureur, nourri de lard, de fromage et
-de pommes de terre, qui peine tout le jour, qui
-n'ouvre jamais un livre, quand il est assailli par
-la puberté, comme une bête, vers ses dix-huit ans,
-peut-il être comparé à ce que nous étions, vous ou
-moi» (c'est Claude Larcher qui parle), «à cet âge
-où notre innocence valait à peu près celle d'un
-capitaine de hussards?»<a id="FNanchor_81" href="#Footnote_81" class="fnanchor">[81]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_81" href="#FNanchor_81"><span class="label">[81]</span></a> <i>Physiologie de l'Amour moderne</i>, p. 358.</p>
-</div>
-<p>Tous ces passages (et j'aurais pu en rapprocher
-beaucoup d'autres) suffisent à vous montrer de
-quelle admirable manière Paul Bourget développe
-<a id="page_44"></a>cette idée biologique et montre, dans chaque
-cas, l'importance de ce que nous appelons,
-dans une observation médicale, les <i>antécédents
-personnels</i> du sujet.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>9. Le dernier facteur de l'individualité humaine
-comprend pour le biologiste tous les autres éléments,
-inconnus ou mal connus, qui ne sont ni
-l'hérédité, ni le milieu, ni les antécédents, et qu'on
-appelle, faute de meilleur mot, l'<i>élément personnel</i>.</p>
-
-<p>La preuve de cet élément est donnée par ce fait
-que les facteurs déjà étudiés n'ont pas un résultat
-fatal et nécessaire; il y a dans les faits vitaux une
-contingence indiscutable, en rapport avec la plus
-grande complexité de la structure et qui distingue
-les êtres vivants des corps bruts.</p>
-
-<p>Quand on étudie un phénomène physique ou
-chimique, on peut, en connaissant bien les corps
-mis en présence, les conditions de chaleur, de
-lumière, de milieu ambiant, déterminer exactement
-et prévoir ce qui se produira. Pour l'être
-vivant, il n'en est pas de même.</p>
-
-<p>Cet imprévu, cet aléa dans le résultat augmentent
-d'autant plus que l'être vivant a un organisme
-<a id="page_45"></a>plus compliqué, est plus élevé dans l'échelle. Chez
-l'homme, cette complexité est au maximum et
-l'élément personnel, la cote individuelle prend
-une importance d'autant plus grande qu'il faut,
-de plus, tenir compte ici de l'élément psychique
-et de l'élément moral, facteurs capitaux qui varient
-tellement d'un individu à un autre.</p>
-
-<p>Voilà donc la loi de Biologie humaine à laquelle
-les faits conduisent naturellement: deux individus
-ayant les mêmes hérédités, le même milieu
-et les mêmes antécédents ne sont pas nécessairement
-les mêmes à un moment donné de leur existence.</p>
-
-<p>Paul Bourget a nettement appliqué, démontré
-et illustré cette loi.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>Le meilleur exemple est certainement encore
-cette famille Monneron, dans laquelle dans les
-mêmes conditions de famille et d'éducation, on voit
-se développer: Gaspard, un dépravé précoce et un
-grossier; Antoine, viveur et faussaire; Julie, criminelle
-aussi, mais avec plus de distinction et
-d'élévation dans l'esprit; Jean, un vaillant et un
-fort;&mdash;les uns étant ainsi bien inférieurs, le
-<a id="page_46"></a>dernier étant supérieur à leurs hérédités et à leur
-milieu.</p>
-
-<p>Nous pourrions prendre dans d'autres Romans
-des exemples des corrections que cet élément individuel
-peut apporter aux autres facteurs.</p>
-
-<p>Perron Dumenil, fils d'un avocat d'affaires et
-d'origine plébéienne, man&oelig;uvre «de manière qu'il
-a vécu et qu'il est mort membre du Jockey! Il est
-vrai qu'il datait d'une des élections du siège» et
-«avait traversé les lignes prussiennes pour venir
-poser sa candidature dans le seul ballottage où il
-eût quelque chance d'être élu»<a id="FNanchor_82" href="#Footnote_82" class="fnanchor">[82]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_82" href="#FNanchor_82"><span class="label">[82]</span></a> Le <i>Cob rouan</i> (mars 1903), p. 206.</p>
-</div>
-<p>C'est l'élément individuel qui fait d'Hubert
-Liauran un jeune homme «comme les autres»,
-malgré l'éducation exceptionnelle que lui ont
-donnée sa mère et sa grand'mère, deux saintes<a id="FNanchor_83" href="#Footnote_83" class="fnanchor">[83]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_83" href="#FNanchor_83"><span class="label">[83]</span></a> <i>Cruelle Enigme</i>, p. 127.</p>
-</div>
-<p>C'est la lutte de l'élément individuel contre les
-autres facteurs qui produit les nombreuses contradictions
-présentées par Rumesnil, à la fois
-«gentilhomme, chatouilleux sur le point d'honneur
-comme un raffiné de l'ancien régime», «idéaliste
-<a id="page_47"></a>humanitaire» qui préside l'Union Tolstoï,
-fondation socialiste, pense, comme un duc anticlérical
-ou un marquis voltairien, «contre son
-milieu» et, en même temps, séduit Julie et organise
-tout pour la rendre criminelle. C'est encore
-la lutte de cet élément individuel qui donne à
-Joseph Monneron «cette infaillible logique dans
-le faux» qui, avec l'instruction complète d'un éducateur
-national, lui fait si mal réussir l'éducation
-de sa propre famille<a id="FNanchor_84" href="#Footnote_84" class="fnanchor">[84]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_84" href="#FNanchor_84"><span class="label">[84]</span></a> L'<i>Etape</i>, p. 129, 167 et 269.</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<div class="section"></div>
-<p>En affirmant ainsi l'élément individuel, c'est-à-dire
-l'existence personnelle du moi chez chacun,
-Paul Bourget se sépare complètement de Taine,
-pour qui, au contraire, les «génératrices» ont une
-influence absolue, nécessaire et fatale. Quand il
-étudie «la personnalité d'un écrivain ou d'un
-général», celui-ci ne procède «pas autrement qu'un
-chimiste placé devant un gaz ou qu'un physiologiste
-en train d'examiner un organisme»<a id="FNanchor_85" href="#Footnote_85" class="fnanchor">[85]</a>. Pour
-Paul Bourget, tout cela n'est pas identique: dans
-l'organisme vivant il y a quelque chose de plus
-<a id="page_48"></a>que dans le gaz: il y a une unité, un individu
-qui s'affirme encore bien mieux dans sa personnalité
-complète quand il s'agit de l'homme<a id="FNanchor_86" href="#Footnote_86" class="fnanchor">[86]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_85" href="#FNanchor_85"><span class="label">[85]</span></a> <i>Essais de Psychologie contemporaine</i>; <i>M. Taine</i>, p. 171.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_86" href="#FNanchor_86"><span class="label">[86]</span></a> Paul Bourget n'admet pas, avec Stendhal, que «le tempérament
-et le milieu font tout l'homme». <i>Essais de Psychologie contemporaine</i>:
-<i>Stendhal</i>, p. 215.</p>
-</div>
-<p>Vous voyez comme l'idée biologique se développe
-dans l'&oelig;uvre de Paul Bourget et comme
-elle se précise dans le sens de la doctrine vitaliste
-que Barthez et Bichat ont exposée au commencement
-du XIX<sup>e</sup> siècle et que Laënnec, Claude Bernard
-et Pasteur ont si magnifiquement complétée
-et couronnée, de cette doctrine qui ne veut pas
-confondre les phénomènes vitaux avec les phénomènes
-physicochimiques, ni l'individu vivant avec
-le cristal, et qui fait de la Biologie une science
-spéciale et bien distincte de la science des corps
-bruts.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>10. Voilà l'homme biologiquement constitué
-dans ses quatre facteurs, l'hérédité, le milieu, les
-antécédents, l'élément personnel. L'homme est
-ainsi constitué comme une unité avec son psychisme
-personnel, sa liberté et sa responsabilité, responsabilité
-<a id="page_49"></a>personnelle, familiale et sociale. Cette personnalité
-est si caractérisée, si particulière, que
-dans la même famille et dans le même milieu on
-rencontre souvent des génies et des névrosés,
-aboutissants bien différents de facteurs constitutifs
-identiques.</p>
-
-<p>Ceci nous conduit à l'étude d'une autre loi biologique
-dont Paul Bourget a fait sa loi sociale:
-c'est l'<i>inégalité</i> native et originelle des hommes.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>Pour le biologiste, les hommes naissent et vivent
-inégaux; ils sont inégaux en force héréditaire
-et personnelle, inégaux dans leurs organes,
-dans leurs fonctions, dans leur psychisme, dans
-leur sensibilité&hellip; en tout; pour le biologiste il
-n'y a pas deux hommes égaux.</p>
-
-<p><i>Ce sont les philosophies spiritualistes et les religions
-qui enseignent l'idée d'égalité en introduisant
-l'idée de morale et de devoirs.</i> Les grands devoirs
-sont les mêmes pour tous, tous doivent avoir les
-mêmes droits et la même liberté pour remplir ces
-devoirs. Donc <i>toutes les âmes sont égales</i>. Si, au
-point de vue biologique, les hommes sont inégaux,
-ils sont égaux au point de vue moral.</p>
-
-<p>Une société doit avoir pour objectif idéal l'égalisation
-<a id="page_50"></a><i>par en haut</i> dans <i>l'égalité des devoirs</i> et
-non l'égalisation <i>par en bas</i> dans <i>l'égalité des
-droits</i>.</p>
-
-<p>Se plaçant au seul point de vue biologique, le
-traducteur et commentateur du grand matérialiste
-Haeckel, Vacher de Lapouge l'a dit très
-nettement et très logiquement: «à la formule
-célèbre qui résume le christianisme laïcisé de la
-Révolution: Liberté, Egalité, Fraternité, nous
-répondrons: Déterminisme, Inégalité, Sélection»<a id="FNanchor_87" href="#Footnote_87" class="fnanchor">[87]</a>.
-C'est ce qu'exprime Jean Weber quand
-il écrit: «la raison du plus fort est toujours la
-meilleure; cette proposition voudrait être une
-audace; ce n'est qu'une naïveté»<a id="FNanchor_88" href="#Footnote_88" class="fnanchor">[88]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_87" href="#FNanchor_87"><span class="label">[87]</span></a> <span class="sc">Ernest Haeckel.</span> <i>Le monisme, lien entre la religion et la
-science. Profession de foi d'un naturaliste.</i> Préface et traduction
-de <span class="sc">Vacher de Lapouge</span>, 1897.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_88" href="#FNanchor_88"><span class="label">[88]</span></a> <span class="sc">Jean Weber.</span> Citation d'<span class="sc">Alfred Fouillée</span>. <i>Le Mouvement
-idéaliste et la réaction contre la science positive</i>, 1896, p. 267.</p>
-</div>
-<p>Voilà la loi biologique, si elle n'est pas corrigée,
-<i>humanisée</i> par la loi morale. C'est ce qui m'a fait
-toujours énergiquement soutenir<a id="FNanchor_89" href="#Footnote_89" class="fnanchor">[89]</a> que la Morale
-complète la Biologie, mais ne doit pas être
-<a id="page_51"></a>ramenée et identifiée à la Biologie. La morale biologique,
-défendue aujourd'hui par tant de philosophes
-depuis Herbert Spencer, ne peut donner
-pour objectif à l'homme que le plaisir, le bonheur,
-l'accroissement et l'expansion de la vie de
-l'individu et de l'espèce. Or, cet objectif ne peut
-pas comporter l'obligation et s'imposer à la liberté.
-Et le plaisir de la vie accrue ne peut pas
-être donné comme sanction de l'acte bon; car
-trop souvent la peine et la douleur sont la seule
-récompense actuelle du devoir accompli.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_89" href="#FNanchor_89"><span class="label">[89]</span></a> Voir: <i>Les Limites de la Biologie</i>. Bibliothèque de Philosophie
-contemporaine, 2<sup>e</sup> édit. 1903, p. 23.</p>
-</div>
-<p>Une seconde loi biologique s'impose en effet
-au physiologiste humain à côté de la loi de l'inégalité,
-c'est la <i>loi de la douleur</i>, la douleur pouvant
-accompagner normalement l'acte physiologique
-le plus régulier, le plus désirable au point
-de vue de la Biologie et pouvant être épargnée à
-l'acte le plus antiphysiologique, pouvant être
-remplacée même par le plaisir après un acte qui
-diminue la vie de l'individu et encore plus la vie
-de l'espèce.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>Ces deux grandes lois biologiques de l'inégalité
-et de la douleur sont chères à Paul Bourget:
-<a id="page_52"></a>nous en retrouvons partout la démonstration ou
-la discussion.</p>
-
-<p>Il cite et rapproche: d'un côté, Taine, qui «comme
-tous les philosophes qui voient dans l'état un
-organisme, doit considérer et considère l'inégalité
-comme une loi essentielle de la société»<a id="FNanchor_90" href="#Footnote_90" class="fnanchor">[90]</a>; de
-l'autre, Stendhal qui dit, par la bouche de Julien:
-«il n'y a pas de droit naturel&hellip; avant la loi, il
-n'y a de naturel que la force du lion ou le besoin
-de l'être qui a faim, qui a froid; le <i>besoin</i>
-en un mot&hellip;»<a id="FNanchor_91" href="#Footnote_91" class="fnanchor">[91]</a>. Et Bourget ajoute: «apercevez-vous,
-à l'extrémité de cette &oelig;uvre, la plus complète
-que l'auteur ait laissée, poindre l'aube tragique
-du pessimisme?»</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_90" href="#FNanchor_90"><span class="label">[90]</span></a> <i>Essais de Psychologie contemporaine</i>; <i>M. Taine</i>, p. 188.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_91" href="#FNanchor_91"><span class="label">[91]</span></a> <i>Ibidem</i>; <i>Stendhal</i>, p. 248.</p>
-</div>
-<p>Est-il besoin d'insister pour démontrer tous
-les combats livrés par Paul Bourget contre ce
-<i>pessimisme</i> et sa forme légère et plus dangereuse
-encore, le <i>dilettantisme</i>.</p>
-
-<p>Relisez tout le premier chapitre de <i>Cosmopolis</i>
-et la dernière phrase du marquis à Dorsenne:
-«je ne sais pas pourquoi je vous aime tant, car
-au fond vous incarnez, vous aussi, un des vices
-<a id="page_53"></a>d'esprit qui me fait le plus d'horreur, ce dilettantisme,
-mis à la mode par les disciples de M. Renan
-et qui est le fond du fond de la décadence.
-Mais vous en guérirez, j'en ai bon espoir. Vous
-êtes si jeune!»<a id="FNanchor_92" href="#Footnote_92" class="fnanchor">[92]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_92" href="#FNanchor_92"><span class="label">[92]</span></a> <i>Cosmopolis</i>, p. 303.</p>
-</div>
-<p>C'est surtout dans <i>le Disciple</i> qu'est exposée
-cette doctrine de la morale biologique que je vous
-indiquais tout à l'heure. Robert Greslou l'applique
-jusqu'à l'absurde dans ses expérimentations
-psychologiques<a id="FNanchor_93" href="#Footnote_93" class="fnanchor">[93]</a> qui le conduisent, non seulement
-au crime, mais à la lâcheté et au déshonneur.
-Et son maître Adrien Sixte, qui aurait mérité
-«aussi justement que le vénérable Emile
-Littré» d'être appelé un «Saint Laïque», est terrifié
-en voyant à quoi aboutissent, poussées à
-l'extrême dans la pratique, les doctrines qu'il a
-exposées dans ses livres «l'Anatomie de la volonté»,
-la «Psychologie de Dieu»&hellip; C'est la morale
-évolutionniste de nos contemporains: «l'univers
-moral reproduit exactement l'univers physique»<a id="FNanchor_94" href="#Footnote_94" class="fnanchor">[94]</a>.
-C'est la morale dont l'exposé souleva,
-<a id="page_54"></a>on s'en souvient, un différend avec Anatole
-France<a id="FNanchor_95" href="#Footnote_95" class="fnanchor">[95]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_93" href="#FNanchor_93"><span class="label">[93]</span></a> «La résolution de séduire cette enfant sans l'aimer, par
-pure curiosité de psychologue». <i>Le Disciple</i>, p. 120.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_94" href="#FNanchor_94"><span class="label">[94]</span></a> <i>Le Disciple</i>, p. 22, 23, 41.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_95" href="#FNanchor_95"><span class="label">[95]</span></a> <span class="sc">Anatole France.</span> La morale et la science. <i>La Vie littéraire</i>,
-3<sup>e</sup> série, 1899, p. 59.</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<p>Il faut donc chercher ailleurs que dans la Biologie
-même le complément moral des lois de la
-vie humaine. Mais il ne faut pas, d'autre part, nier
-ces lois biologiques (que les lois morales complètent
-sans les détruire): la loi de l'inégalité et
-la loi de la douleur.</p>
-
-<p>Dans la Préface manifeste qu'il a écrite pour
-la réédition de ses Romans, Paul Bourget écrit:
-«tout dans l'ordre moral comme dans l'ordre
-physique est soumis à des lois» et, en tête de ces
-lois «inéluctables, auxquelles notre libre arbitre
-peut bien tenter de se soustraire, mais que nos
-révoltes ne changent pas, non plus que nos désirs»,
-il place, à côté de «l'hérédité invincible
-de la race», «l'inégalité incorrigible des individus»<a id="FNanchor_96" href="#Footnote_96" class="fnanchor">[96]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_96" href="#FNanchor_96"><span class="label">[96]</span></a> <i>&OElig;uvres complètes</i>; <i>Romans</i>, t. I. Préface,
-1900, p. <small>VII</small>.</p>
-</div>
-<p>De même, Ferrand proclame la nécessité de se
-soumettre à ces deux lois «vérifiées depuis l'origine
-<a id="page_55"></a>des âges»: «l'inégalité et la douleur». On
-ne doit pas plus chanter:</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">Du passé faisons table rase</div>
-</div>
-
-<p class="noindent">que:</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">Le monde va changer de base.</div>
-</div>
-
-<p class="noindent">Car les lois biologiques de l'inégalité et de la douleur
-restent toujours pour former cette base et il
-est impossible même au «Demos Moloch» d'en
-faire table rase. L'arbre tout entier ne peut pas devenir
-fleur; les racines, le tronc et les branches ne
-peuvent pas cesser leurs fonctions respectives.
-«La science démontre que les deux lois de la vie,
-d'un bout à l'autre de l'univers, sont la continuité
-et la sélection&hellip;»<a id="FNanchor_97" href="#Footnote_97" class="fnanchor">[97]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_97" href="#FNanchor_97"><span class="label">[97]</span></a> <i>L'Etape</i>, passim.</p>
-</div>
-<p>J'arrête ces citations et je vous demande pardon
-de l'austérité de ces derniers développements.
-Mais il m'a paru impossible de ne pas montrer
-combien biologique est la base des grandes lois
-de l'inégalité et de la douleur qui se retrouvent
-partout dans les Romans de Paul Bourget et combien
-évidente apparaît, dans ces Romans, la nécessité
-de compléter, chez l'homme, les lois de la
-<a id="page_56"></a>Biologie par les lois d'une morale distincte et
-séparée.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>11. Pour passer à un sujet moins austère, au
-moins en apparence, je vais étudier la part de
-l'idée biologique dans la manière dont Paul Bourget
-envisage et étudie l'<i>amour</i>, ce sentiment qu'il
-excelle à analyser de mille manières charmantes.</p>
-
-<p>Ne vous effarouchez pas, Mesdames, de me voir
-aborder ce chapitre.</p>
-
-<p>Peut-on étudier Paul Bourget sans parler de
-l'amour? La plupart de ses héros ne pourraient-ils
-pas dire comme Thérèse de Sauve: «Vivre sans
-aimer, est-ce vivre?»<a id="FNanchor_98" href="#Footnote_98" class="fnanchor">[98]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_98" href="#FNanchor_98"><span class="label">[98]</span></a> <i>Nouveaux Pastels</i>; <i>Jacques Molan</i>, p. 393.</p>
-</div>
-<p>Croyez d'ailleurs que je ne vais pas vous parler,
-sur un sujet aussi délicat, la langue brutale du
-physiologiste ou du médecin. Je ne vous parlerai
-sur l'amour que la langue même de Paul Bourget,
-que vous appréciez toutes si bien.</p>
-
-<p>Même dans cette langue, je ne vous développerai
-pas toutes les idées de Claude Larcher et les
-déductions qu'il tire de cette définition de Nysten
-<a id="page_57"></a>dans laquelle est signalée l'association de l'instinct
-de destruction comme une aberration fréquente
-de l'amour<a id="FNanchor_99" href="#Footnote_99" class="fnanchor">[99]</a>, idées que développe aussi Adrien
-Sixte quand il soutient «que l'instinct de la destruction
-et celui de l'amour s'éveillent ensemble
-chez le mâle»<a id="FNanchor_100" href="#Footnote_100" class="fnanchor">[100]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_99" href="#FNanchor_99"><span class="label">[99]</span></a> <i>Physiologie de l'Amour moderne</i>, p. 327.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_100" href="#FNanchor_100"><span class="label">[100]</span></a> <i>Le Disciple</i>, p. 50.</p>
-</div>
-<p>Certes ce serait bien là une étude biologique
-qui appartient à notre sujet. Mais ce côté trop
-physiologique nous entraînerait très loin et j'aime
-mieux consacrer les quelques moments que vous
-voulez bien me donner encore, à étudier le fondement
-biologique de ce que Paul Bourget aime
-tant à étudier et étudie si bien sous le nom de
-<i>Complications sentimentales</i><a id="FNanchor_101" href="#Footnote_101" class="fnanchor">[101]</a>: le <i>dualisme</i> ou la
-multiplicité dans l'amour.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_101" href="#FNanchor_101"><span class="label">[101]</span></a> <i>Complications sentimentales</i> (1897).</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<p>L'amour, ce sentiment si envahissant, si exclusif,
-si jaloux, qui s'empare si complètement de
-l'être tout entier, peut-il avoir plusieurs objets simultanés?</p>
-
-<p>Je ne parle pas bien entendu des amours divers,
-<a id="page_58"></a>paternel, filial, patriotique&hellip;, qui font si bon
-ménage ensemble; je parle de l'amour tout court,
-le «grand amour» comme dit Elie Laurence<a id="FNanchor_102" href="#Footnote_102" class="fnanchor">[102]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_102" href="#FNanchor_102"><span class="label">[102]</span></a> <i>Deuxième Amour</i>, p. 229.</p>
-</div>
-<p>Cet amour là, on le comprend s'appliquant à
-plusieurs objets <i>successivement</i>. Ce n'est pas encore
-là la question.</p>
-
-<p>Mais comment l'âme, une et indivisible, peut-elle
-se donner toute entière à deux personnes à la
-fois? <i>Cruelle énigme!</i> Problème psychologique,
-grave entre tous, qui me paraît insoluble en dehors
-de l'explication biologique.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>D'abord le <i>fait</i> est matériellement établi dans
-une série de Romans de Paul Bourget.</p>
-
-<p>Les exemples masculins sont peu gracieux et
-moins démonstratifs, à cause de «l'irréductible
-différence qui sépare le point de vue masculin et
-celui de la femme, pour ce qui touche aux choses
-de l'amour»<a id="FNanchor_103" href="#Footnote_103" class="fnanchor">[103]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_103" href="#FNanchor_103"><span class="label">[103]</span></a> <i>Sauvetage</i>, p. 289.</p>
-</div>
-<p>Je vous citerai cependant Bertrand d'Aydie qui
-superpose à son amour pour Madame de Sarliève
-<a id="page_59"></a>un autre amour pour l'<i>Amie écran</i> Madame de
-Lautrec<a id="FNanchor_104" href="#Footnote_104" class="fnanchor">[104]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_104" href="#FNanchor_104"><span class="label">[104]</span></a> <i>L'Ecran</i> (août 1897).</p>
-</div>
-<p>«Ce que je garde depuis deux ans au fond de
-mon c&oelig;ur et qui doit en sortir, dit Boleslas à sa
-femme, c'est qu'à travers ces funestes entraînements,
-je n'ai jamais cessé de vous aimer»<a id="FNanchor_105" href="#Footnote_105" class="fnanchor">[105]</a>.&mdash;Henriette
-«ne savait pas qu'un homme peut
-mentir à une femme qu'il aime et l'aimer autant,
-l'aimer davantage, avec une ardeur avivée par le
-remords»<a id="FNanchor_106" href="#Footnote_106" class="fnanchor">[106]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_105" href="#FNanchor_105"><span class="label">[105]</span></a> <i>Cosmopolis</i>, p. 505.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_106" href="#FNanchor_106"><span class="label">[106]</span></a> <i>La Terre promise</i>, p. 174.</p>
-</div>
-<p>Je vous citerai enfin cet affreux Jacques Molan
-qui aime à la fois la <i>Duchesse bleue</i> et Madame de
-Bonnivet, autorise chez Madame de Bonnivet cette
-soirée dans laquelle la pauvre duchesse bleue dit
-des vers devant sa rivale et, renouvelant la scène
-d'Adrienne Lecouvreur devant la duchesse de
-Bouillon et Maurice de Saxe, récite du Racine et
-stigmatise</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">&hellip;&hellip;&hellip; ces femmes hardies</div>
-<div class="verse">Qui, goûtant dans le crime une honteuse paix,</div>
-<div class="verse">Ont su se faire un front qui ne rougit jamais.</div>
-</div>
-
-<p id="page_60">Le dilettante se contente de sourire et plus tard
-il finit par faire avec cette scène une pièce qu'il
-fait jouer par la même duchesse bleue, devenue
-courtisane.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>J'aime mieux insister sur les exemples féminins,
-bien plus intéressants et impossibles à expliquer
-par une simple sécheresse de c&oelig;ur.</p>
-
-<p>Dualiste: cette charmante Thérèse de Sauve
-qui aime si complètement Hubert Liauran et va
-retrouver le comte de La Croix-Firmin à Trouville.
-«Quelle monstrueuse énigme! Comment,
-avec cet amour divin dans son c&oelig;ur, avait-elle
-pu faire ce qu'elle avait fait?»<a id="FNanchor_107" href="#Footnote_107" class="fnanchor">[107]</a>.&mdash;Thérèse de
-Sauve «avait trompé ce garçon qu'elle adorait,
-entraînée par un caprice de sexualité qu'elle ne
-comprenait plus elle-même»<a id="FNanchor_108" href="#Footnote_108" class="fnanchor">[108]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_107" href="#FNanchor_107"><span class="label">[107]</span></a> <i>Cruelle énigme</i>, p. 87.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_108" href="#FNanchor_108"><span class="label">[108]</span></a> <i>Nouveaux Pastels</i>; <i>Jacques Molan</i>, p. 367.</p>
-</div>
-<p>Dualiste: Madame de Tillières qui aime à la fois
-Poyanne et Casal, au point d'étonner celui-ci qui
-dit «non, c'est impossible; on n'a pas de place en
-soi pour deux amours» et au point de trembler
-<a id="page_61"></a>également pour ses deux amis quand elle apprend
-qu'ils vont se battre<a id="FNanchor_109" href="#Footnote_109" class="fnanchor">[109]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_109" href="#FNanchor_109"><span class="label">[109]</span></a> <i>Un C&oelig;ur de femme</i>, p. 500 et 450 («Vous deux!») et tout le
-chapitre «Dualisme», p. 392.</p>
-</div>
-<p>Dualistes: la baronne Ely<a id="FNanchor_110" href="#Footnote_110" class="fnanchor">[110]</a> et Claire de
-Welde<a id="FNanchor_111" href="#Footnote_111" class="fnanchor">[111]</a> dont le second amant est le «seul»,
-l'«unique» amour, du vivant du premier.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_110" href="#FNanchor_110"><span class="label">[110]</span></a> <i>Une Idylle tragique</i>.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_111" href="#FNanchor_111"><span class="label">[111]</span></a> <i>Deuxième Amour</i>.</p>
-</div>
-<p>Dualiste: cette grande dame anglaise qui s'est
-fait recevoir au <i lang="en" xml:lang="en">Flirting club</i> et s'y rend d'autant
-plus joyeuse et en train qu'elle est plus rassurée
-sur la santé de son mari. «Quand il est souffrant,
-comme ces derniers jours, je n'ai plus le c&oelig;ur à
-flirter»<a id="FNanchor_112" href="#Footnote_112" class="fnanchor">[112]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_112" href="#FNanchor_112"><span class="label">[112]</span></a> <i>Profils perdus</i> (1880-1881);
-<i lang="en" xml:lang="en">Flirting Club</i>, p. 264.</p>
-</div>
-<p>Dualiste et même plus: Clémentine de Ravigny
-qui aime d'abord le comte de Miossens, puis
-le député Michel Favanne, épouse le premier,
-aime Videville, Edmond de Bonnivet&hellip;; cela fait
-quatre, dont deux au moins occupent son c&oelig;ur
-en même temps. Ce qui fait dire d'elle au peintre
-Miraut: c'est «très alliance russe, cet attelage à
-trois; cela s'appelle une troïka, n'est-il pas
-<a id="page_62"></a>vrai?», tandis que Favanne s'écriait: «est-ce
-qu'on cesse jamais d'aimer, quand on aime véritablement»<a id="FNanchor_113" href="#Footnote_113" class="fnanchor">[113]</a>
-comme Pierre Fauchery disait:
-«l'homme ne cesse jamais d'aimer le même
-être»<a id="FNanchor_114" href="#Footnote_114" class="fnanchor">[114]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_113" href="#FNanchor_113"><span class="label">[113]</span></a> <i>L'Inutile science</i> (janvier 1897), p. 256 et 187.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_114" href="#FNanchor_114"><span class="label">[114]</span></a> <i>L'Age de l'amour</i>, p. 96.</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<p>De tous ces faits, Paul Bourget formule lui-même
-la conclusion: «il faut croire que la dualité
-sentimentale, si coupable dans ses conséquences
-et qui représente un tel abus de l'âme d'autrui,
-correspond, dans certaines natures complexes, à
-de profonds besoins et que cette anomalie est leur
-vraie manière de sentir»<a id="FNanchor_115" href="#Footnote_115" class="fnanchor">[115]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_115" href="#FNanchor_115"><span class="label">[115]</span></a> <i>L'Ecran</i>, p. 23.</p>
-</div>
-<p>Voilà le fait brutal, plus facile à établir et à
-analyser qu'à expliquer, au moins en psychologie
-pure.</p>
-
-<p>On essaie des explications en opposant les mots
-<i>c&oelig;ur</i>, <i>tête</i>, <i>sens</i>: on aime l'un avec le c&oelig;ur, un
-autre avec la tête, ou bien un troisième avec les
-sens.</p>
-
-<p>Ainsi, d'après Claude Larcher, les modernes
-<a id="page_63"></a>aiment avec leur cerveau, sont des cérébraux<a id="FNanchor_116" href="#Footnote_116" class="fnanchor">[116]</a>.
-Chez Thérèse de Sauve, c'est «le duel de la chair
-et de l'esprit». «Thérèse avait des sens en même
-temps qu'un c&oelig;ur et&hellip; le divorce s'établissait à de
-certaines heures entre les besoins de ce c&oelig;ur et
-la tyrannie de ces sens»<a id="FNanchor_117" href="#Footnote_117" class="fnanchor">[117]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_116" href="#FNanchor_116"><span class="label">[116]</span></a> <i>Physiologie de l'Amour moderne</i>, p. 367 et 398.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_117" href="#FNanchor_117"><span class="label">[117]</span></a> <i>Cruelle énigme</i>, p. 128 et 109.</p>
-</div>
-<p>Mais on ne peut employer ces mots que par
-métaphore. Si on leur donne leur signification
-scientifique, cela ne veut plus rien dire. On n'aime
-jamais avec son organe-c&oelig;ur, on ne peut pas
-aimer sans ses sens-organes. Un biologiste est
-obligé d'avoir un langage plus précis et il énonce
-alors la théorie suivante.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>L'âme ou, si l'on préfère, la personne humaine
-vraie, élevée, libre et responsable reste une et indivisible
-toujours et partout, quelles que soient les
-contradictions de ses actes et de ses sentiments.
-La multiplicité des actes vient de l'outil qui, lui,
-est complexe et divisible, et spécialement des
-centres nerveux, qui sont l'agent indispensable et
-<a id="page_64"></a>inévitable de l'amour, même le plus élevé et le
-plus complet.</p>
-
-<p>Même dans l'amour platonique, dont Philippe
-d'Audiguier est un si bel exemple, dans cet amour,
-«à qui le scepticisme a donné un brevet de chimère
-en le baptisant du nom d'un philosophe»<a id="FNanchor_118" href="#Footnote_118" class="fnanchor">[118]</a>,
-même dans l'amour platonique les centres nerveux
-jouent un rôle considérable.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_118" href="#FNanchor_118"><span class="label">[118]</span></a> <i>Le Fantôme</i>, p. 37.</p>
-</div>
-<p>Ce principe posé, je vous rappelle que les centres
-nerveux sont un tout complexe et divisible,
-formé d'une série de centres secondaires distincts,
-depuis la partie la plus inférieure de la moelle
-jusqu'aux parties les plus élevées du cerveau. Les
-centres cérébraux qui président aux fonctions de
-la pensée, aux fonctions psychiques, se subdivisent
-eux-mêmes et nous distinguons les centres du
-psychisme supérieur, du moi conscient, libre et
-responsable (ce que j'appelle le centre O) et les
-centres du psychisme inférieur, des actes inconscients
-et automatiques (ce que j'appelle le polygone<a id="FNanchor_119" href="#Footnote_119" class="fnanchor">[119]</a>).</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_119" href="#FNanchor_119"><span class="label">[119]</span></a> Le D<sup>r</sup> <span class="sc">L. Laurent</span>, après avoir appliqué le schéma du polygone
-à l'étude très fine de la psychologie des sourciers, vient,
-dans un travail encore inédit (<i>Essais sur le mécanisme de l'inconscient.
-Peut-on reconnaître aux sciences dites divinatoires
-une base réellement scientifique?</i>) de l'appliquer à l'étude de certaines
-divinations et à l'intuition de la physiognomonie, qui fait
-rapidement porter à O des jugements sur les personnes, sympathiques
-ou antipathiques, portant veine ou malchance, jugements
-dont le polygone a préparé les «Considérant», à l'insu de O.&mdash;Cela
-peut s'appliquer aux intuitions et aux pressentiments, si
-bien décrits dans l'<i>Adversaire</i> (mai 1895).</p>
-</div>
-<p id="page_65">Normalement, pour chaque fonction, ces deux
-ordres de centres collaborent, entrent en activité
-synergiquement. Mais dans bien des cas leur
-action peut se dissocier: les centres psychiques
-inférieurs et les centres psychiques supérieurs
-fonctionnent séparément et distinctement, quand
-on est distrait ou quand on dort, par exemple, Archimède
-sortant tout nu de son bain marche avec
-ses centres psychiques inférieurs, tandis qu'il
-trouve son problème et crie <i>Eurêka</i> avec son centre
-O. Quand vous dormez, votre centre psychique
-supérieur se repose et votre polygone rêve.</p>
-
-<p>Cette dissociation des deux ordres de centres
-psychiques est plus accentuée dans des états
-extraphysiologiques, qui ne sont pas encore la
-maladie, comme le sommeil provoqué de l'hypnotisme
-et l'état de transe des médiums. Enfin cette
-<a id="page_66"></a>même dissociation peut devenir un véritable état
-morbide et constitue le fond de certaines névroses
-comme le somnambulisme et l'hystérie.</p>
-
-<p>Dans tous ces états de dissociation, il y a ce que
-l'on appelle <i>dédoublement de la personnalité</i>.</p>
-
-<p>Vous rappelez-vous la <i>Nuit de Décembre</i>:</p>
-
-<div class="poetry">
-<div class="verse">Du temps que j'étais écolier,</div>
-<div class="verse">Je restais un soir à veiller</div>
-<div class="verse">Dans notre salle solitaire.</div>
-<div class="verse">Devant ma table vint s'asseoir</div>
-<div class="verse">Un pauvre enfant vêtu de noir,</div>
-<div class="verse">Qui me ressemblait comme un frère.</div>
-</div>
-
-<p>Comme Musset, G&oelig;the, Guy de Maupassant,
-ont vu leur <i>double</i> venir au-devant d'eux, leur
-parler, leur dicter<a id="FNanchor_120" href="#Footnote_120" class="fnanchor">[120]</a>&hellip;</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_120" href="#FNanchor_120"><span class="label">[120]</span></a> Voir <span class="sc">Paul Sollier</span>. <i>Les Phénomènes d'autoscopie</i>. Bibliothèque
-de philosophie contemporaine, 1903.&mdash;Chez François Vernantes,
-l'«incapacité d'agir provenait de l'hypertrophie d'une
-puissance très spéciale: l'imagination de la vie intérieure. Il se
-voyait vivre et sentir avec une telle acuité que cela lui suffisait.
-Son action était au-dessus de lui et l'excès de l'analyse personnelle
-absorbait toute sa sève». (<i>Pastels</i>; <i>Madame Bressuire</i>,
-juin 1884, p. 64).</p>
-</div>
-<p>Au fond, il est inexact d'appeler cela des <i>dédoublements</i>
-de la personnalité. La vraie personnalité
-<a id="page_67"></a>est une et indivisible; elle reste avec les
-centres supérieurs, pendant que les centres polygonaux,
-dissociés, forment des personnalités
-fausses, artificielles, <i>surajoutées</i>, plus ou moins
-anormales ou même morbides.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>Tout ce que je viens de dire s'applique à l'amour
-qui est une fonction cérébrale psychique.
-L'amour vrai, complet et normal a pour organe
-l'ensemble des centres psychiques, supérieurs et
-inférieurs, unis et synergiques. Mais chez certaines
-personnes il y a dissociation entre les deux
-ordres de centres et alors il y a comme un dédoublement
-de la personne aimante: l'amour vrai
-restant celui des centres supérieurs, un ou plusieurs
-autres amours adventices, accidentels, incomplets,
-mais souvent très impérieux et trop
-obéis, se développent dans le polygone.</p>
-
-<p>Les actes passionnels sont souvent automatiques
-et polygonaux; on comprend donc un amour
-polygonal à côté de l'amour vrai et complet du
-psychisme supérieur.</p>
-
-<p>C'est l'unité du mot amour qui fait la confusion.
-Quand Thérèse de Sauve va à Trouville,
-elle continue à n'aimer vraiment qu'Hubert Liauran.
-<a id="page_68"></a>L'acte polygonal par lequel elle se livre à
-La Croix-Firmin ne devrait pas être appelé amour;
-de même que l'hypnotisée à qui vous imposez
-dans le sommeil une personnalité de <i>général</i>
-reste <i>couturière</i> tout en commandant à des troupes
-imaginaires; sa personnalité vraie et antérieure
-n'a pas changé malgré ce déguisement
-polygonal.</p>
-
-<hr />
-
-
-<div class="section"></div>
-<p>De tout cela résultent trois principes:</p>
-
-<p>1<sup>o</sup> Le moi est un et la personnalité est une; le
-dédoublement apparent du moi et de la personnalité
-correspond à la dissociation des centres
-psychiques et à l'apparition de fausses personnalités
-polygonales;</p>
-
-<p>2<sup>o</sup> De même, dans tous les cas de dualisme
-sentimental, il n'y a jamais égalité de deux amours
-simultanés; un des amours reste toujours le vrai,
-le supérieur, l'autre étant l'inférieur, l'incomplet,
-le transitoire;</p>
-
-<p>3<sup>o</sup> Quand ce dualisme sentimental se développe
-et atteint un certain degré, c'est un signe, chez le
-sujet, d'un état au moins extraphysiologique, pas
-entièrement normal, souvent même d'un état pathologique.</p>
-
-<p id="page_69">Cette doctrine me paraît s'adapter merveilleusement
-à l'&oelig;uvre entière de Paul Bourget qui en
-est comme imprégnée.</p>
-
-<p>En tête de l'<i>Irréparable</i>, il proclame que c'est le
-«commentaire mondain et mélancolique de la doctrine
-de son maître en psychologie sur la multiplicité
-du moi»<a id="FNanchor_121" href="#Footnote_121" class="fnanchor">[121]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_121" href="#FNanchor_121"><span class="label">[121]</span></a> <i>L'Irréparable</i>, p. 5.</p>
-</div>
-<p>Et en effet Taine se donne comme un bel exemple
-de dédoublement de personnalité: «j'ai fait
-deux parts de moi-même, dit-il: l'homme ordinaire
-qui boit, qui mange, qui fait ses affaires;
-qu'il ait des opinions, une conduite, des chapeaux
-et des gants comme le public, cela regarde le public.
-L'autre homme, à qui je permets l'accès de
-la philosophie, ne sait pas que ce public existe»<a id="FNanchor_122" href="#Footnote_122" class="fnanchor">[122]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_122" href="#FNanchor_122"><span class="label">[122]</span></a> <i>Essais de Psychologie contemporaine</i>; <i>M. Taine</i>, p. 162.</p>
-</div>
-<p>Dans Joseph Monneron il y avait deux êtres:
-«l'un, le vrai, le <i>moi</i> raisonnable et raisonnant,
-constitué par les idées pures, l'homme en soi de la
-Déclaration des Droits; l'autre, l'animal inférieur,
-<a id="page_70"></a><i>Médor</i>, fait pour obéir au premier, comme le chien
-à son maître»<a id="FNanchor_123" href="#Footnote_123" class="fnanchor">[123]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_123" href="#FNanchor_123"><span class="label">[123]</span></a> <i>L'Etape</i>, p. 236.</p>
-</div>
-<p>Médor est la Bête de Xavier de Maistre qui le
-conduit chez madame de Hautcastel quand <i>l'autre</i>
-veut aller à la Cour. Médor est notre polygone.</p>
-
-<p>Chez Henry Bobetière, «comme chez Crémieu
-Dax, la poussée de l'inconscient était la plus forte
-aussitôt qu'il s'agissait de la chose publique»<a id="FNanchor_124" href="#Footnote_124" class="fnanchor">[124]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_124" href="#FNanchor_124"><span class="label">[124]</span></a> <i>Ibidem</i>, p. 149.</p>
-</div>
-<p>De même, dans Robert Greslou, il y a toujours
-eu «deux personnes distinctes: une qui allait, venait,
-agissait, sentait, et une autre qui regardait
-la première aller, venir, agir, sentir, avec une
-impassible curiosité»<a id="FNanchor_125" href="#Footnote_125" class="fnanchor">[125]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_125" href="#FNanchor_125"><span class="label">[125]</span></a> <i>Le Disciple</i>, p. 65.</p>
-</div>
-<p>François Vernantes semble, comme don Juan,
-«posséder plusieurs âmes» et plaisante sur ce
-qu'il appelle son «polypsychisme»<a id="FNanchor_126" href="#Footnote_126" class="fnanchor">[126]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_126" href="#FNanchor_126"><span class="label">[126]</span></a> <i>Pastels</i>; <i>Madame Bressuire</i>, p. 386.</p>
-</div>
-<p>«Quelle singulière machine qu'une femme
-pourtant! on dirait qu'une cloison étanche sépare
-l'amoureuse et l'autre»<a id="FNanchor_127" href="#Footnote_127" class="fnanchor">[127]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_127" href="#FNanchor_127"><span class="label">[127]</span></a> <i>La Duchesse bleue</i>, p. 376.</p>
-</div>
-<p>Vincy prend «une de ces décisions subites, qui
-<a id="page_71"></a>révèlent un long travail de ce que les philosophes
-appellent barbarement l'<i>inconscient</i>, le <i>subconscient</i>,
-le <i>subliminal</i>. Le pédantisme de ces formules
-n'empêche pas qu'elles étiquettent le plus exact
-des faits»<a id="FNanchor_128" href="#Footnote_128" class="fnanchor">[128]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_128" href="#FNanchor_128"><span class="label">[128]</span></a> <i>Dernière Poésie</i> (novembre 1900), p. 295.</p>
-</div>
-<p>Voilà bien toute la doctrine biologique de la
-dissociation des deux ordres de psychisme<a id="FNanchor_129" href="#Footnote_129" class="fnanchor">[129]</a> et
-du dédoublement de la personnalité et l'application
-de cette doctrine à la <i>pluralité des amours
-simultanés</i>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_129" href="#FNanchor_129"><span class="label">[129]</span></a> Dans l'<i>Ecran</i> (p. 24), Paul Bourget discute même la théorie
-du fonctionnement séparé des deux hémisphères cérébraux pour
-expliquer ce dualisme.</p>
-</div>
-<hr />
-
-
-<p>D'autre part, Paul Bourget reconnaît le caractère
-extraphysiologique, souvent morbide, de ces
-dissociations et de ces dédoublements.</p>
-
-<p>Ce n'est pas l'amour en lui-même qu'il considère
-comme une maladie, quoiqu'il en décrive la
-thérapeutique et malgré l'axiome de Claude Larcher:
-«l'amour est une maladie et le malade le
-plus sage, pour cette maladie là comme pour les
-autres, est celui qui, n'ayant jamais lu un livre de
-<a id="page_72"></a>médecine, ne sait pas ce qu'il a et qui souffre sans
-penser, comme une bête»<a id="FNanchor_130" href="#Footnote_130" class="fnanchor">[130]</a>; axiome qu'on peut
-comparer à la définition de Boissier de Sauvages:
-l'amour est une «maladie qui s'insinue entre les
-jeunes filles et les jeunes gens&hellip;», maladie dont il
-étudie les symptômes, le diagnostic, le pronostic
-et le traitement<a id="FNanchor_131" href="#Footnote_131" class="fnanchor">[131]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_130" href="#FNanchor_130"><span class="label">[130]</span></a> <i>Physiologie de l'Amour moderne</i>, p. 526.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_131" href="#FNanchor_131"><span class="label">[131]</span></a> Voir: <i>Le Médecin de l'amour au temps de Marivaux. Etude
-sur Boissier de Sauvages</i>, 1896.&mdash;La thèse de Sauvages (1724)
-portait ce titre: <i lang="la" xml:lang="la">Dissertatio medica atque ludicra de Amore&hellip;
-utrum sit Amor medicabilis herbis?</i></p>
-</div>
-<p>Non, Paul Bourget ne regarde pas l'amour
-comme une maladie. Ce qu'il considère comme
-une maladie, c'est la dissociation sentimentale,
-aboutissant au dualisme ou à la multiplicité des
-amours simultanés.</p>
-
-<p>Ici c'est une «anomalie d'âme si criminellement
-pathologique»<a id="FNanchor_132" href="#Footnote_132" class="fnanchor">[132]</a>. Ailleurs ce sont des «difformités»
-dans la «façon de sentir» qui entraînent
-cette «singulière» et «détestable» «complication
-d'âme»<a id="FNanchor_133" href="#Footnote_133" class="fnanchor">[133]</a>. Dans la Dédicace de la <i>Duchesse
-bleue</i> à Madame Mathilde Sérao il dit nettement:
-<a id="page_73"></a>«poussé à ce degré, ce phénomène de dédoublement
-devient une déformation morale presque
-monstrueuse, à laquelle il faut maintenir son
-caractère d'exception»<a id="FNanchor_134" href="#Footnote_134" class="fnanchor">[134]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_132" href="#FNanchor_132"><span class="label">[132]</span></a> <i>Le Fantôme</i>, p. 8.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_133" href="#FNanchor_133"><span class="label">[133]</span></a> <i>L'Inutile science</i>, p. 193-194.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_134" href="#FNanchor_134"><span class="label">[134]</span></a> <i>La Duchesse bleue</i>, p. 331.</p>
-</div>
-<p>Donc, vous le voyez, sur tous ces points encore,
-l'&oelig;uvre de Paul Bourget est conforme à la doctrine
-biologique: il admet la dissociation des psychismes,
-le caractère anormal des dissociés, et il
-s'appuie sur ces idées pour expliquer les «complications
-sentimentales» de ses héros.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>12. On peut donc conclure, ce me semble, que
-l'idée médicale ou biologique, loin de rester étrangère
-aux Romans de Paul Bourget, les pénètre et
-les imprègne intimement: une dissection, même
-rapide, permet de la bien mettre en lumière.</p>
-
-<p>Mais il faut se garder de dépasser cette conclusion
-et de dire que ces Romans sont des &oelig;uvres
-biologiques ou médicales.</p>
-
-<p>Paul Bourget est certainement un des auteurs
-qui ont le mieux compris et limité les rapports de
-la science et de la littérature<a id="FNanchor_135" href="#Footnote_135" class="fnanchor">[135]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_135" href="#FNanchor_135"><span class="label">[135]</span></a> Voir, sur les rapports de la Biologie avec la Littérature et
-les Arts, le chapitre V des <i>Limites de la Biologie</i>, p. 74.</p>
-</div>
-<p id="page_74">Il avait déjà étudié cette question, pour la poésie,
-à propos de Leconte de Lisle<a id="FNanchor_136" href="#Footnote_136" class="fnanchor">[136]</a>. Il parle des
-poèmes scientifiques de Sully Prudhomme, montre
-que le littérateur doit se documenter, le vrai
-étant la source du beau; mais pour écrire un
-poème, il faut «des yeux de poète ouverts sur des
-hypothèses de science»<a id="FNanchor_137" href="#Footnote_137" class="fnanchor">[137]</a>. Les formules du savant
-«expliquent» les phénomènes, elles ne les
-«représentent» pas. Or, «cette représentation colorée
-et vivante des choses est précisément le caractère
-propre de l'esprit poétique»<a id="FNanchor_138" href="#Footnote_138" class="fnanchor">[138]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_136" href="#FNanchor_136"><span class="label">[136]</span></a> <i>Essais de Psychologie contemporaine</i>; <i>Leconte de Lisle</i>,
-1884, p. 339 et 361.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_137" href="#FNanchor_137"><span class="label">[137]</span></a> <i>Ibidem</i>, p. 341.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_138" href="#FNanchor_138"><span class="label">[138]</span></a> «Un poète, c'est-à-dire le contraire d'un médecin et d'un
-philosophe». <i>Mensonges</i>, p. 53.</p>
-</div>
-<p>Cela s'applique admirablement au Roman.</p>
-
-<p>Comme dit très bien Lanson<a id="FNanchor_139" href="#Footnote_139" class="fnanchor">[139]</a>, si un Roman
-peut être vrai à la façon d'un tableau de Léonard
-ou de Rembrandt, il ne saurait l'être à la façon
-d'une démonstration de Laplace ou d'une expérience
-de Pasteur. Et on peut appliquer au Roman
-cette phrase de Brunetière: «l'imitation de la nature
-<a id="page_75"></a>ne saurait être le terme de l'art de peindre
-et, pour admirer, selon le mot de Pascal, les imitations
-des choses dont nous n'admirons pas les
-originaux, il faut que la pensée de l'artiste ait
-démêlé en elles quelque chose de caché, d'intime
-et d'ultérieur, que n'y discernait pas le regard du
-vulgaire»<a id="FNanchor_140" href="#Footnote_140" class="fnanchor">[140]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_139" href="#FNanchor_139"><span class="label">[139]</span></a> <span class="sc">Lanson.</span> <i>La Littérature et la Science</i>, in
-<i>Hommes et Livres</i>. <i>Etudes morales et littéraires</i>, 1895.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_140" href="#FNanchor_140"><span class="label">[140]</span></a> <span class="sc">Brunetière.</span> <i>La Renaissance de l'idéalisme</i>, 1896, p. 63-66.</p>
-</div>
-<p>Le Roman est une &oelig;uvre d'art et non une &oelig;uvre
-de science. Il y a «des qualités indispensables,
-malgré tout, à cet art du Roman qui ne saurait
-se réduire à la dissertation pure»<a id="FNanchor_141" href="#Footnote_141" class="fnanchor">[141]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_141" href="#FNanchor_141"><span class="label">[141]</span></a> <i>Nouveaux Pastels</i>; <i>Monsieur Legrimaudet</i>, p. 149.</p>
-</div>
-<p>Le Roman ne doit pas donner seulement la <i>sensation
-du Vrai</i> comme un exposé scientifique; il
-doit donner l'<i>émotion du Beau</i> et l'<i>émotion du
-Bien</i>.</p>
-
-<p>C'est là ce que produisent les Romans de Paul
-Bourget: il nous présente des cas biologiques;
-soit. Mais il les peint, au lieu de les décrire; il
-fait vivre<a id="FNanchor_142" href="#Footnote_142" class="fnanchor">[142]</a> ses personnages et nous avons toujours,
-<a id="page_76"></a>à la lecture, l'impression du vrai et du faux,
-la nette distinction de ce qui est beau et de ce qui
-ne l'est pas, de ce qui est moral et de ce qui ne
-l'est pas, dans le tableau que nous venons de
-lire.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_142" href="#FNanchor_142"><span class="label">[142]</span></a> Paul Bourget se calomnie quand, parlant de la limitation
-du Roman d'analyse, il dit qu'il lui manque le coloris de la vie
-en mouvement. <i>La Duchesse bleue</i>. Préface à Madame Mathilde
-Sérao, p. 329.</p>
-</div>
-<p>Telle est bien l'idée que se fait Paul Bourget de
-son Roman qu'il appelle le <i>Roman d'analyse</i> au
-lieu de lui donner «le nom équivoque de psychologique»<a id="FNanchor_143" href="#Footnote_143" class="fnanchor">[143]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_143" href="#FNanchor_143"><span class="label">[143]</span></a> <i>La Terre promise</i>. Préface à Ferdinand Brunetière (octobre
-1892), p. 6.</p>
-</div>
-<p>Il combat la doctrine de Taine, d'après laquelle
-le roman est «maintenant une grande enquête sur
-l'homme, sur toutes les variétés, toutes les situations,
-toutes les floraisons, toutes les dégénérescences
-de la nature humaine»<a id="FNanchor_144" href="#Footnote_144" class="fnanchor">[144]</a>; doctrine
-d'où découle toute «l'esthétique des écrivains et
-des naturalistes».</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_144" href="#FNanchor_144"><span class="label">[144]</span></a> Préface du tome I des <i>Romans</i> in <i>&OElig;uvres complètes</i>,
-p. <small>V</small>.</p>
-</div>
-<p>«Le pessimisme le plus découragé est le dernier
-mot de cette littérature d'enquête». Bourget veut
-échapper à ce «fanatisme de la science»<a id="FNanchor_145" href="#Footnote_145" class="fnanchor">[145]</a> qu'il
-<a id="page_77"></a>constate chez Taine. Il veut, comme Pascal,
-opposer «l'ordre de l'esprit et l'ordre du c&oelig;ur à
-cet univers aveugle et impassible, qui peut nous
-broyer, mais qui ne peut que cela»<a id="FNanchor_146" href="#Footnote_146" class="fnanchor">[146]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_145" href="#FNanchor_145"><span class="label">[145]</span></a> «Pour le physiologiste, le drame moral où avaient failli
-sombrer la raison et la foi d'Henriette n'était que cela: un accident
-de névrose en train de passer ainsi qu'il était venu, par un
-phénomène d'hypnotisme subjectif&hellip; La faiblesse de telles hypothèses
-est qu'elles n'expliquent rien de ce qui constitue le fond
-même de la vie de l'âme». (<i>La Terre promise</i>, p. 244).</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_146" href="#FNanchor_146"><span class="label">[146]</span></a> <i>Essais de Psychologie contemporaine</i>; <i>M. Taine</i>, p. 181-182.</p>
-</div>
-<p>Certainement la «science moderne fournit aux
-curieux de l'anatomie mentale des documents et
-des méthodes d'une incomparable supériorité»<a id="FNanchor_147" href="#Footnote_147" class="fnanchor">[147]</a>;
-mais une «&oelig;uvre de littérature, M. Taine lui-même
-le remarque excellemment, <i>se rapproche</i> de
-la science; elle <i>n'est pas</i> de la science»<a id="FNanchor_148" href="#Footnote_148" class="fnanchor">[148]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_147" href="#FNanchor_147"><span class="label">[147]</span></a> <i>La Terre promise</i>, p. 7.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_148" href="#FNanchor_148"><span class="label">[148]</span></a> Préface du tome I des <i>Romans</i>,
-p. <small>VIII</small>.&mdash;Ceci enlève sa
-valeur à la critique de <span class="sc">Jules Sageret</span> qui a relevé une erreur
-zoologique dans <i>Outre-mer</i> (t. II, p. 210): Paul Bourget donne
-quatre crocs au serpent à sonnettes ou crotale, alors qu'il n'en a
-que deux.&mdash;Cela confirme que les livres de Paul Bourget ne
-sont pas des ouvrages d'histoire naturelle. Adrien Sixte avait
-répondu déjà à Marius Dumoulin lui démontrant une grave erreur
-dans son «Anatomie de la volonté» que «ce point de détail n'intéressait
-pas l'ensemble de la thèse». (<i>Le Disciple</i>, p. 48).</p>
-</div>
-<p>Le Roman d'analyse n'est pas un Roman de dissection
-scientifique. «Tout ce que l'on dissèque
-est mort», tandis qu'il étudie «des crises de la vie
-vivante».</p>
-
-<p id="page_78">«Les lois imposées au romancier par les diverses
-esthétiques se ramènent en définitive à une
-seule: donner une impression personnelle de la
-vie»<a id="FNanchor_149" href="#Footnote_149" class="fnanchor">[149]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_149" href="#FNanchor_149"><span class="label">[149]</span></a> <i>Cruelle Enigme</i>. <i>Dédicace à M. Henry James</i>, p. 3.</p>
-</div>
-<p>Le Roman est une «psychologie vivante», ne
-décrivant jamais le fait brut objectif, mais le peignant
-toujours à travers l'âme du romancier;
-«même la description du paysage le plus résolument
-plastique n'est-elle pas une transcription d'un
-état de l'âme?»<a id="FNanchor_150" href="#Footnote_150" class="fnanchor">[150]</a>. «Toute narration d'un fait extérieur
-n'est jamais que la copie de l'impression que
-nous produit ce fait et toujours une part d'interprétation
-individuelle s'insinue dans le tableau le
-plus systématiquement objectif»<a id="FNanchor_151" href="#Footnote_151" class="fnanchor">[151]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_150" href="#FNanchor_150"><span class="label">[150]</span></a> <i>La Terre promise</i>, p. 8, 9 et 6.</p>
-</div>
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_151" href="#FNanchor_151"><span class="label">[151]</span></a> <i>Ibidem</i>, p. 9.</p>
-</div>
-<p>Donc, et ceci résume admirablement les rapports
-du Roman et de la Biologie, le romancier doit
-avoir uniquement le «souci de doubler la soie brillante
-de l'imagination avec l'étoffe solide de la
-science»<a id="FNanchor_152" href="#Footnote_152" class="fnanchor">[152]</a>.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_152" href="#FNanchor_152"><span class="label">[152]</span></a> <i>Essais de Psychologie contemporaine</i>; <i>M. Taine</i>, p. 181.</p>
-</div>
-<p>Nous revenons ainsi à l'idée annoncée au début
-<a id="page_79"></a>de cette Conférence: la Biologie dans les Romans
-de Paul Bourget est la charpente de fer qui soutient
-l'édifice; mais ce qui fait la beauté de l'édifice,
-ce sont les tentures et les &oelig;uvres d'art qui, à profusion,
-revêtent et masquent cette ossature, c'est
-surtout la vie dont on a animé ces appartements.</p>
-
-<hr />
-
-
-<p>Il ne nous reste plus donc, en finissant, qu'à
-présenter publiquement nos excuses à Paul Bourget
-pour cette dissection maladroite de son &oelig;uvre
-si bien agencée et si impressionnante.</p>
-
-<p>Oubliez, Mesdames, cette &oelig;uvre de cuistre.</p>
-
-<p>Remettez tous ses atours à ce squelette si misérablement
-dévêtu. Remettez en place les magnifiques
-tapisseries et les charmants bibelots&hellip;</p>
-
-<p>Oubliez ma Conférence et relisez Bourget; non
-plus au radioscope et avec les rayons R&oelig;ntgen,
-mais en suçant ses livres comme des fleurs, suivant
-le précepte de Byron<a id="FNanchor_153" href="#Footnote_153" class="fnanchor">[153]</a>&hellip; Vous y trouverez
-plaisir extrême et grand profit.</p>
-
-<div class="footnote"><p><a id="Footnote_153" href="#FNanchor_153"><span class="label">[153]</span></a> <i>Essais de Psychologie contemporaine</i>; <i>Stendhal</i>, p. 237.</p>
-</div>
-<div class="chapter"></div>
-
-<h2 class="nobreak" id="page_81">TABLE<br />
-DES &OElig;UVRES CITÉES DE PAUL BOURGET</h2>
-
-
-<ul>
-<li>Adversaire (L'), <a href="#page_65">65</a></li>
-<li>Age de l'Amour (L'), <a href="#page_24">24</a>, <a href="#page_62">62</a></li>
-<li>Ancien Portrait, <a href="#page_15">15</a></li>
-<li>André Cornelis, <a href="#page_21">21</a>, <a href="#page_40">40</a></li>
-<li>Autre anglaise, <a href="#page_15">15</a></li>
-<li>Autre joueur, <a href="#page_21">21</a></li>
-<li class="top1em">Bressuire (Madame), <a href="#page_66">66</a>, <a href="#page_70">70</a></li>
-<li class="top1em">Cas de Conscience (Un), <a href="#page_15">15</a>, <a href="#page_17">17</a>, <a href="#page_21">21</a></li>
-<li>Cob rouan (Le), <a href="#page_46">46</a></li>
-<li>C&oelig;ur de Femme (Un), <a href="#page_14">14</a>, <a href="#page_19">19</a>, <a href="#page_21">21</a>, <a href="#page_32">32</a>, <a href="#page_61">61</a></li>
-<li>Complications sentimentales, <a href="#page_57">57</a></li>
-<li>Confession (Une), <a href="#page_19">19</a></li>
-<li>Cosmopolis, <a href="#page_29">29</a>, <a href="#page_30">30</a>, <a href="#page_37">37</a>, <a href="#page_52">52</a>, <a href="#page_53">53</a>, <a href="#page_59">59</a></li>
-<li>Crime d'amour (Un), <a href="#page_11">11</a>, <a href="#page_21">21</a>, <a href="#page_26">26</a></li>
-<li>Cruelle Enigme, <a href="#page_27">27</a>, <a href="#page_46">46</a>, <a href="#page_58">58</a>, <a href="#page_60">60</a>, <a href="#page_63">63</a>, <a href="#page_78">78</a></li>
-<li class="top1em">Dernière Poésie, <a href="#page_71">71</a></li>
-<li>Deuxième Amour, <a href="#page_21">21</a>, <a href="#page_58">58</a>, <a href="#page_61">61</a></li>
-<li>Deux Ménages, <a href="#page_14">14</a>, <a href="#page_21">21</a></li>
-<li>Disciple (Le), <a href="#page_30">30</a>, <a href="#page_33">33</a>, <a href="#page_37">37</a>, <a href="#page_53">53</a>, <a href="#page_57">57</a>, <a href="#page_70">70</a>, <a href="#page_77">77</a></li>
-<li>Drames de Famille, <a href="#page_24">24</a></li>
-<li>Duchesse bleue (La), <a href="#page_12">12</a>, <a href="#page_21">21</a>, <a href="#page_59">59</a>, <a href="#page_70">70</a>, <a href="#page_72">72</a>, <a href="#page_73">73</a>, <a href="#page_75">75</a></li>
-<li class="top1em">Eau profonde (L'), <a href="#page_18">18</a></li>
-<li>Echéance (L'), <a href="#page_17">17</a>, <a href="#page_21">21</a>, <a href="#page_40">40</a></li>
-<li>Ecran (L'), <a href="#page_59">59</a>, <a href="#page_62">62</a>, <a href="#page_71">71</a></li>
-<li>Essais de Psychologie contemporaine, <a href="#page_35">35</a><br />
-Voir: Préface, Leconte de Lisle, Stendhal, Taine.</li>
-<li>Etape (L'), <a href="#page_10">10</a>, <a href="#page_18">18</a>, <a href="#page_19">19</a>, <a href="#page_21">21</a>, <a href="#page_28">28</a>, <a href="#page_29">29</a>, <a href="#page_30">30</a>, <a href="#page_31">31</a>, <a href="#page_33">33</a>, <a href="#page_36">36</a>, <a href="#page_37">37</a>, <a href="#page_47">47</a>, <a href="#page_55">55</a>, <a href="#page_70">70</a></li>
-<li class="top1em">Fantôme (Le), <a href="#page_25">25</a>, <a href="#page_29">29</a>, <a href="#page_41">41</a>, <a href="#page_64">64</a>, <a href="#page_72">72</a></li>
-<li>Fausse Man&oelig;uvre, <a href="#page_37">37</a></li>
-<li>Flirting Club, <a href="#page_61">61</a></li>
-<li class="top1em">Homme d'Affaires (Un), <a href="#page_21">21</a>, <a href="#page_25">25</a>, <a href="#page_26">26</a></li>
-<li class="top1em">Idylle tragique (Une), <a href="#page_20">20</a>, <a href="#page_21">21</a>, <a href="#page_26">26</a>, <a href="#page_41">41</a>, <a href="#page_61">61</a></li>
-<li>Inutile Science (L'), <a href="#page_62">62</a>, <a href="#page_72">72</a></li>
-<li>Irréparable (L'), <a href="#page_23">23</a>, <a href="#page_69">69</a></li>
-<li class="top1em">Jacques Molan, <a href="#page_56">56</a>, <a href="#page_60">60</a></li>
-<li class="top1em">Leconte de Lisle (Essais de Psychologie contemporaine), <a href="#page_74">74</a></li>
-<li>Legrimaudet (Monsieur), <a href="#page_75">75</a></li>
-<li>Luxe des autres (Le), <a href="#page_15">15</a>, <a href="#page_25">25</a></li>
-<li class="top1em">Mensonges, <a href="#page_11">11</a>, <a href="#page_12">12</a>, <a href="#page_14">14</a>, <a href="#page_20">20</a>, <a href="#page_21">21</a>, <a href="#page_42">42</a>, <a href="#page_74">74</a></li>
-<li class="top1em">Neptunevale, <a href="#page_40">40</a></li>
-<li>Nouveaux Pastels, <a href="#page_21">21</a>, <a href="#page_56">56</a>, <a href="#page_60">60</a>, <a href="#page_75">75</a></li>
-<li class="top1em">Odile, <a href="#page_26">26</a></li>
-<li>Outre-Mer, <a href="#page_77">77</a></li>
-<li class="top1em">Pas dans les Pas (Les), <a href="#page_39">39</a></li>
-<li>Pastels, <a href="#page_66">66</a>, <a href="#page_70">70</a></li>
-<li>Physiologie de l'Amour moderne, <a href="#page_12">12</a>, <a href="#page_13">13</a>, <a href="#page_14">14</a>, <a href="#page_19">19</a>, <a href="#page_20">20</a>, <a href="#page_21">21</a>, <a href="#page_27">27</a>, <a href="#page_28">28</a>, <a href="#page_32">32</a>, <a href="#page_43">43</a>, <a href="#page_57">57</a>, <a href="#page_63">63</a>, <a href="#page_72">72</a></li>
-<li>Portrait du Doge (Le), <a href="#page_37">37</a></li>
-<li>Préface de la réédition des Essais de Psychologie contemporaine, <a href="#page_20">20</a>, <a href="#page_22">22</a></li>
-<li>Préface de la réédition des Romans, <a href="#page_20">20</a>, <a href="#page_54">54</a>, <a href="#page_76">76</a></li>
-<li>Profils perdus, <a href="#page_15">15</a>, <a href="#page_61">61</a></li>
-<li class="top1em">Recommencements, <a href="#page_39">39</a>, <a href="#page_40">40</a></li>
-<li class="top1em">Sauvetage, <a href="#page_23">23</a>, <a href="#page_24">24</a>, <a href="#page_58">58</a></li>
-<li>Stendhal (Essais de Psychologie contemporaine), <a href="#page_36">36</a>, <a href="#page_48">48</a>, <a href="#page_52">52</a>, <a href="#page_79">79</a></li>
-<li class="top1em">Taine (Essais de Psychologie contemporaine), <a href="#page_9">9</a>, <a href="#page_33">33</a>, <a href="#page_34">34</a>, <a href="#page_36">36</a>, <a href="#page_47">47</a>, <a href="#page_52">52</a>, <a href="#page_69">69</a>, <a href="#page_77">77</a>, <a href="#page_78">78</a></li>
-<li>Talisman (Le), <a href="#page_14">14</a></li>
-<li>Terre promise (La), <a href="#page_14">14</a>, <a href="#page_21">21</a>, <a href="#page_23">23</a>, <a href="#page_25">25</a>, <a href="#page_41">41</a>, <a href="#page_42">42</a>, <a href="#page_59">59</a>, <a href="#page_76">76</a>, <a href="#page_77">77</a>, <a href="#page_78">78</a></li>
-<li class="top1em">Voyageuses, <a href="#page_14">14</a>, <a href="#page_21">21</a>, <a href="#page_26">26</a>, <a href="#page_40">40</a></li>
-<li>Vrai Père (Le), <a href="#page_28">28</a></li>
-</ul>
-
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-<pre>
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-
-End of the Project Gutenberg EBook of L'idée médicale dans les romans de
-Paul Bourget, by Joseph Grasset
-
-*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK L'IDÉE MÉDICALE DANS LES ***
-
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