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You may copy it, give it away or +re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included +with this eBook or online at www.gutenberg.org + + +Title: Bases pour servir aux entreprises de colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine + +Author: Auguste Brougnes + +Release Date: August 25, 2007 [EBook #22393] + +Language: French + +Character set encoding: ISO-8859-1 + +*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK BASES POUR SERVIR AUX ENTREPRISES DE COLONISATION *** + + + + +Produced by Adrian Mastronardi, Laurent Vogel and the +Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net +(This file was produced from images generously made +available by the Bibliothèque nationale de France +(BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr) + + + + + + + + + + + BASES + Pour servir aux Entreprises de Colonisation + DANS LES + TERRITOIRES NATIONAUX + DE LA + RÉPUBLIQUE ARGENTINE + + PAR LE + + Docteur AUGUSTE BROUGNES + Propriétaire-Agriculteur à Caixon, près Vic-Bigorre + Hautes-Pyrénées. + + + _La colonisation à l'extérieur est, + dans les conditions économiques + actuelles, le remède le plus + efficace du paupérisme agricole._ + + _COHEN._ + + _SEMAINE du 22 novembre 1850._ + + _La rédemption de la race blanche se + trouverait dans l'acquisition morale + de tout un monde riche et vierge, + d'un monde qui donnerait terre, + travail, fortune._ + + _ANDRES LAMAS._ + + _Notice sur l'Uruguay._ + + + TARBES + Imprimerie de E. VIMARD, place Maubourguet, 7. + + 1882 + + + + + À SON EXCELLENCE + M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE + Brigadier général, Jules ROCA + + _Hommage de ma respectueuse estime._ + + Dr BROUGNES. + + + + + BASES + Pour servir aux Entreprises de Colonisation + DANS LES + TERRITOIRES NATIONAUX + DE LA + RÉPUBLIQUE ARGENTINE + + PAR LE + + Docteur AUGUSTE BROUGNES + Propriétaire-Agriculteur à Caixon, près Vic-Bigorre + Hautes-Pyrénées. + + + + TARBES + Imprimerie de E. VIMARD, place Maubourguet, 7. + + 1882 + + + + + Tarbes, imprimerie de E. Vimard, place Maubourguet, 7. + + + + + INTRODUCTION + + + _La colonisation à l'extérieur est, + dans les conditions économiques + actuelles, le remède le plus + efficace du paupérisme agricole._ + + _COHEN._ + + (_Semaine_ du 21 novembre 1850). + + +Nous livrons aujourd'hui au public la traduction d'une brochure, publiée +en espagnol, au mois d'août 1881, à Buenos-Ayres, capitale de la +République Argentine. Nous l'offrons à nos compatriotes, sans ambition +pour son mérite littéraire, que nous n'avons pas cherché, mais seulement +pour son utilité économique et pratique, considérée au point de vue des +intérêts matériels de l'intéressante population agricole européenne +pauvre, dont nous voudrions voir améliorer le sort. + +Frappé d'admiration dans notre dernier voyage de l'Amérique du Sud, de +l'immense mouvement commercial et industriel qu'offrait cette contrée +que nous visitions pour la troisième fois depuis trente ans; enchanté du +tableau vivant de la richesse de sa campagne, peuplée d'innombrables +troupeaux de brebis, de vaches, de chevaux, au milieu desquels se +promenaient des groupes de cerfs; étonné surtout de voir chaque semaine +descendre sur la plage des milliers d'émigrants, en grande partie colons +italiens, suisses, savoyards, et quelques Français, dont la majeure +partie étaient dirigés, aux frais du gouvernement, aux nombreuses +colonies de la province de Santa-Fé, autrefois la plus pauvre et +aujourd'hui une des plus riches de la République; heureux de voir dans +ce pays que l'idée de la colonisation, dont j'avais été le promoteur et +le premier entrepreneur en 1854, avait pris un développement +inespéré[1], à l'aspect, dis-je, de ce mouvement agricole, commercial et +industriel, je me mis de nouveau à étudier la question de la +colonisation argentine, organisée en vue de compléter l'oeuvre par une +combinaison propre à produire de meilleurs, de plus grands résultats. + +Partant du principe économique que le travail, le travail agricole +surtout, est d'autant plus productif que l'outillage (capital mobilier +et de rente) est plus complet; trouvant d'autre part, dans la loi sur la +colonisation, promulguée par le gouvernement argentin le 6 octobre 1876, +des dispositions largement libérales, dans les concessions des terres et +autres priviléges que le gouvernement accorde, je m'occupai de +coordonner dans les proportions voulues l'action de ces trois éléments: +terre, travail, capital, de manière à leur faire produire, par leur +concours simultané, les plus grands résultats possibles. + +Le but que je me proposais, en me livrant à ce travail, consistait à +ouvrir au cultivateur européen pauvre une voie de salut large, facile à +parcourir, sans sacrifice d'argent de sa part, entreprise qui lui +permette de se créer une honnête aisance pour ses vieux jours, une +fortune pour ses enfants. Les moyens que je propose en vue de ce +résultat, et que j'exposerai dans le cours de ce travail, sont clairs et +bien définis. Je n'en connais pas de plus efficaces pour remédier aux +souffrances du cultivateur pauvre, ce Sisyphe de notre époque, condamné +à la peine, aux privations, sans espoir d'en voir la fin. + +Les souffrances de l'agriculture, tout le monde les connaît, le +cultivateur plus que tout autre. Une enquête sérieuse sur sa situation +dévoilerait des misères profondes, inconnues. On serait étonné comment, +avec sa propriété réduite, le peu de rendement que donne le sol, les +risques que font courir les perturbations atmosphériques, telles que +sécheresse, gelées, grêle, maladie des plantes, la mortalité des +animaux, sans compter toutes les charges que le fisc fait peser sur +l'agriculture[3], celles que lui impose l'entretien d'une famille et +d'une maison d'exploitation; on serait étonné, dis-je, comment ce +cultivateur, qui donne à la terre tout le travail d'une année, peut se +maintenir sans se ruiner et conserver son faible patrimoine jusqu'au +jour où ses enfants viendront se le partager et le réduire en lambeaux. + +Sans doute, telle n'est pas la situation de tous les petits +cultivateurs; je ne veux pas exagérer le tableau. Il y en a certes dans +le nombre qui, à force de travail et d'économie, en s'aidant des +bénéfices de quelque autre industrie, ou favorisés par quelque héritage, +se procurent une certaine aisance; mais ceux-ci sont peu nombreux. +_Apparent rari nantes in gurgite vasto_; et leur situation +exceptionnelle ne détruit pas mon assertion. + +Sans doute, aussi, nos économistes, nos hommes d'État, émus de cette +situation, ont cherché et cherchent encore les moyens d'y remédier. + +Jusqu'à ce jour, leur bonne volonté, tous leurs efforts, sont restés +impuissants pour améliorer cette situation, et le pauvre cultivateur +attend encore la nymphe Egérie qui doit souffler, aux oreilles de nos +législateurs et de nos ministres, les mesures de salut propres à +l'arracher au gouffre béant de la misère. Bien des propositions ont été +faites, de nombreux projets ont été présentés et étudiés. On a bien vite +reconnu que ces propositions, ces projets, n'étaient que des palliatifs, +des mesures impuissantes pour remédier au mal. Ce n'était qu'appliquer +un sédatif sur une plaie douloureuse, sans pouvoir la cicatriser. +Pense-t-on, en effet, qu'avec la faible gratification de quelques +francs, résultant de la diminution ou de l'exemption de l'impôt foncier, +de celui des portes et fenêtres, ou de la prestation, guérir le mal qui +dévore la petite culture? On ne peut le croire; et les soixante millions +provenant de la conversion de la rente, distribués chaque année à nos +trois millions de petits cultivateurs, c'est-à-dire vingt francs pour +chacun d'eux, changeront-ils sa situation? Et croit-on que l'institution +des banques agricoles, en facilitant les emprunts au petit cultivateur, +c'est-à-dire le moyen de dépenser davantage, au lieu de diminuer le mal, +ne l'aggraverait pas? Peut-on, avec de telles mesures, couvrir la dette +hypothécaire de huit milliards de francs qui pèse sur la propriété, +prélevant chaque année sur la production agricole de trois à quatre cent +millions de francs? + +Non, tous ces moyens proposés, toutes ces mesures indiquées ne suffisent +pas et sont impuissantes à résoudre le grand problème de l'extinction du +paupérisme agricole. + +Pour mon compte, je ne connais qu'un moyen réellement efficace, +pratique, radical, c'est celui indiqué par Cohen dans le journal la +_Semaine_ du 22 novembre 1850 (cité plus haut). C'est aussi celui que la +nature nous conseille. Lorsqu'une plante, un arbre, dépérissent sur un +sol maigre et stérile, transplantés sur un terrain gras et fertile, ils +revivent, reprennent leur vigueur et se couvrent de fruits. + +Notre oeuvre de colonisation ne s'adresse pas précisément aux +propriétaires qui jouissent de plus ou moins d'aisance. Que ceux-ci +continuent à vivre dans le village où les retiennent des habitudes +sociales, des relations d'amitié ou de familles, pénibles à rompre. +Notre oeuvre a pour unique objet d'ouvrir une voie de salut à tous ces +malheureux petits cultivateurs, qui usent inutilement leur vie et leur +courage par un travail stérile, improductif, accablés sous le fardeau de +lourdes charges qui paralysent l'action du travail et à qui, s'ils +venaient à liquider leur situation, il ne resterait rien ou resterait un +capital insignifiant. C'est pour ces Danaïdes de notre époque, +condamnées à remplir d'eau un tonneau dont la bonde est ouverte; c'est, +en un mot, au cultivateur pauvre qu'est destinée notre oeuvre. Dans +notre conviction, nous croyons faire une bonne oeuvre. + +L'histoire économique moderne nous offre une preuve éclatante des +résultats que procure la mesure que nous conseillons. En moins de +quatre-vingts ans, trois millions de colons irlandais et allemands ont +fait des terres désertes et incultes des États-Unis de l'Amérique du +Nord le champ le plus vaste d'exploitation agricole; en s'enrichissant, +ces colons ont fait de cette contrée une des plus puissantes et des plus +riches nations du monde. Pendant que l'Amérique espagnole fermait ses +portes aux étrangers, les États-Unis de l'Amérique du Nord promulguaient +leur _homestead Lau_ (Loi du domicile) et concédaient à très bas prix, +même gratuitement, des terres aux colons. Aujourd'hui, les Argentins de +l'Amérique du sud, convertis aux idées de colonisation, viennent aussi +de promulguer une loi de colonisation plus complète et bien plus +libérale que celle de l'Amérique du Nord, sans pour cela être parfaite. + +Le plan de colonisation que nous publions aujourd'hui a pour objet de +compléter cette loi, en simplifiant les procédés d'exécution et en +donnant un développement plus grand, plus élevé, aux opérations de cette +classe, tout en restant dans le cercle des dispositions des articles 98, +99 et 104 de la partie de cette loi qui s'applique aux entreprises +particulières de colonisation. La loi homestead Lau, de l'Amérique du +Nord, se bornait à céder où à vendre à bas prix des terres aux colons. +Dans notre système de colonisation, en 1853, nous ajoutions, à la +concession d'un vaste terrain, des avances remboursables, consistant en +une habitation, la subsistance durant la première année, les outils +agricoles indispensables au colon. La loi argentine du 6 octobre 1876 a +adopté ce système; aujourd'hui, nous venons le compléter, en le +régularisant, en l'élevant à un plus haut degré de puissance productive, +par un bon choix de familles agricoles et par l'emploi d'un capital +suffisant pour permettre au colon de faire de la colonisation une +industrie des plus productives pour lui, pour les entrepreneurs, pour le +gouvernement lui-même, ce qui est le perfectionnement de l'oeuvre +économique de la colonisation, comme le prouveront les résultats +immenses que notre système produira. + + + + + BASES + POUR SERVIR AUX ENTREPRISES DE COLONISATION + DANS LES + TERRITOIRES NATIONAUX & PROVINCIAUX + DE LA + RÉPUBLIQUE ARGENTINE + + +Une des premières conditions de toute colonisation, c'est que le pays +que l'on veut coloniser offre des garanties d'ordre et de paix, une +situation hygiénique et climatérique, sans danger pour la vie des +colons, où enfin règnent et se développent à l'aise le progrès et la +prospérité. Or, toutes ces conditions se trouvent aujourd'hui réunies +dans la République Argentine. + +Située entre les 22ème et 53ème degrés de latitude de l'hémisphère sud, +limitée à l'ouest par la chaîne des cordillères, sur une longueur de six +cents lieues et arrosée au sud-est et à l'est par les eaux de l'Océan +atlantique, sur une étendue de près de quatre cents lieues, jouissant du +bénéfice de tous les climats, tropical au nord, tempéré au centre, +glacial au sud, la République Argentine offre au travail du cultivateur +européen le plus vaste, le plus fructueux champ d'exploitation qui +existe sur le globe. + +Un territoire de cent mille lieues carrées[4] quatre fois plus étendu +que celui de la France, dont quarante mille appartiennent à l'État, +formant huit territoires; une population réduite de 1,852,029 habitants, +une terre vierge des plus fertiles,--5,116,029 têtes de +bétail,--1,534,478 chevaux et juments,--45,511,351 brebis ou moutons, +évalués à 364,090,860 francs. (Recensement de 1875).... Voilà, en gros, +le pays que le gouvernement argentin veut coloniser, en le livrant à +l'activité du travailleur agricole européen, et pour quel objet il a +promulgué une loi dont nous ferons connaître plus loin les principales +dispositions. + +Le moment est on ne peut plus favorable pour cette entreprise. + +Les questions d'ordre politique intérieur ont été résolues par la +constitution fédérale de 1853, qui maintient unies les quatorze +provinces argentines, sous la protection d'un gouvernement national fort +et respecté, disposant de la force publique et de toutes les ressources +nationales. La question de la capitale de la République, qui a tenu +durant vingt ans les Argentins dans un état d'agitation passionnée, a +été résolue, il y a deux ans, par la cession au gouvernement national de +la riche cité de Buenos-Ayres, avec ses trois cent mille habitants, ses +établissements publics, ses immenses ressources et son port de commerce +visité chaque année par les navires de toutes les nations du globe. Les +Indiens, qui occupaient l'immense et fertile plaine des Pampes et qui, +durant des siècles, furent la terreur des éleveurs de bétail des +provinces de Buenos-Ayres, Santa-Fé, Cordova, Saint-Louis et Mendosa, +ont disparu et sont tenus à distance par la ligne militaire de la +frontière, à la suite d'une expédition armée, habilement dirigée par le +général Roca, Président actuel de la République. Huit mille Indiens avec +leurs caciques faits prisonniers, un grand territoire conquis, la +confiance rétablie parmi les éleveurs de bétail des provinces +voisines... tels ont été les résultats de cette heureuse et importante +expédition sur les Indiens, dont la race tend à disparaître sous +l'action de la misère et de la maladie. Enfin, la question des +frontières avec le Chili, qui, depuis soixante ans, préoccupaient les +esprits de l'un et de l'autre côté des Andes, s'est terminée par un +traité de limites signé en juillet 1881. + +Ces trois importantes questions--choix de Buenos-Ayres pour capitale de +la République,--conquête de plusieurs territoires sur les +Indiens,--traité de limites avec le Chili, se trouvant heureusement +résolues, la paix et l'ordre étant assurés, une ère de prospérité d'une +portée incalculable s'ouvre aujourd'hui pour la République Argentine. +Cette ère s'est déjà manifestée pour tous ceux qui jugent sans passion +la marche des affaires dans ce pays. Le tableau de sa situation +économique, commerciale et financière, formulé en chiffres statistiques +dans le Message du Président de la République, à l'ouverture du congrès +le 7 mai dernier (1882), est la preuve éclatante de ce fait. + +D'après ce Message, le commerce international pendant l'année 1881 s'est +élevé au chiffre de 582,155,035 francs, avec 14 pour cent d'augmentation +sur celle de 1880. Il promet de s'élever à 711,800,000 francs pour +l'année courante de 1882, le mouvement commercial pour le premier +trimestre ayant été de 174,900,000 francs, ce qui est considérable pour +un pays de moins de deux millions d'habitants. Dans ce chiffre, +l'importation figure pour 270,870,020 francs, et l'exportation pour +280,930,970. Durant la même année de 1881, 11,691 navires sont entrés +dans les ports de la République argentine. La dette nationale, dont +partie a été employée à la construction de chemins de fer, s'élevait, au +31 décembre 1881, à 397,005,705 francs; on a amorti, durant la même +année, 16,057,245 francs. La circulation des lettres à la poste a été, +pour la même année, de 12,285,000 fr., cinq millions de plus que l'année +précédente; 11,489 kilomètres de fil de fer fonctionnent par le +télégraphe électrique, 2,590 kilomètres de chemins de fer sont livrés à +la circulation; 2,777 sont en construction. L'État pourvoit aux frais de +12 colléges et de 1,341 écoles primaires. L'armée permanente d'environ +quinze mille hommes, formant quatre divisions, occupe les principales +villes de l'intérieur et la ligne des frontières. L'escadre, composée +d'un cuirassé de premier ordre, de neuf vapeurs de guerre et de cinq +navires à voile, est occupée à l'exploration des côtes et des fleuves. + +Quand un pays offre une pareille situation, les cultivateurs européens +et les entrepreneurs de colonisation peuvent hardiment répondre à son +appel et avoir confiance dans son avenir. + +À l'époque où nous conçûmes notre projet de colonisation organisée +(1852) dans la République Argentine en vue de l'extinction du paupérisme +agricole européen, personne dans l'Amérique du Sud n'avait songé à cette +idée et moins encore à la mettre à exécution. Seule l'émigration des +Basques vers Montevideo, provoquée par les frères Brië de +Saint-Jean-Pied-de-Port, avait pris un certain développement, en dehors +de toute idée de colonisation. Celui, en effet, qui eût osé proposer à +cette époque au dictateur Rosas l'établissement de colonies avec des +éléments étrangers, aurait été bien mal reçu. Les partisans de ce tyran, +imbus des idées et des haines de leurs pères contre les étrangers, ont +été longtemps opposés à l'établissement de colonies dans ce pays, et +quelques-uns d'entre eux le sont encore aujourd'hui. + +Au contraire, les hommes du parti libéral de cette époque qui +s'allièrent au général Urquiza dans sa lutte contre Rosas, plus +intelligents et plus instruits, acquis depuis longtemps aux idées de la +civilisation et de la science économique modernes, Alsina père, Alberdi, +Mitre, Gorostiaga, Sarmiento, Luis-Jose de la Péna, Édouard Olivera, +Avettaneda, Roca, Président actuel de la République..... arrivèrent au +pouvoir avec des opinions tout opposées à celles des Rosistes. Ils +avaient compris que l'immigration des cultivateurs européens portait en +elle le germe d'un accroissement d'ordre, de puissance et de richesse +pour leur pays. + +La prospérité prodigieuse des États-Unis de l'Amérique du Nord due en +grande partie à l'émigration agricole européenne les avait conquis à +l'idée de colonisation. C'est donc de 1853 que date l'ère de la +colonisation dans la République Argentine;[5] et le premier contrat de +colonisation passé dans ce pays fut le mien. + +Les deux premières colonies fondées furent celle de Sainte-Anne dans la +province de Corrientes et celle de Esperanza dans la province de +Santa-Fé. Le contrat avec la première de ces provinces fut résilié pour +des raisons expliquées plus haut. La colonisation continua dans celle de +Santa-Fé. Durant les vingt années qui ont suivi, cinquante colonies ont +été fondées dans cette province: elles comprennent aujourd'hui un +personnel de 28,910 individus de tout âge, une extension territoriale de +529,434 hectares 88 ares, desquelles 155,778 furent semées en 1879. Les +chiffres statistiques suivants du rapport de l'administrateur des +colonies de Santa-Fé, Jonas Larguia, peuvent donner une idée du +mouvement productif de ces colonies pour l'année 1879. + + +Colonies de Santa Fé en 1879. + + Population 28,910 de tout âge et sexe. + Extension territoriale 318,170 cuadros 529,434 hectares. + Terrain cultivé en 1879 94,617 155,778 + + +Production de l'année 1879. + +TERRES ENSEMENCÉES, + + Froment, 70,186 cuadros 116,789 hectares. + Maïs, 11,729 cuadros 19,517 -- + Avoine, 1,110 cuadros 1,847 -- + Arachides, 2,133 cuadros 3,549 -- + Autres produits, 9,295 15,466 -- + +RÉCOLTE + + 586,937 fanègues de 15 arrobes (10 kil.) 1,269,318 hectolitres, + 81,024 fanègues de 12 arrobes 139,766 -- + 12,568 fanègues -- 21,679 -- + 168,095 arrobes 19,330 -- + 947,282 arrobes 109,937 -- + +La valeur de ces produits en argent était de: + + Blé, 586,937 fanègues de 13 décalitres, à 25 f. la fanègue, 14,673,425 fr. + Maïs, 81,024 fanègues -- à 10 f. la fanègue, 810,024 fr. + Avoine, 12,588 fanègues -- à 15 f. la fanègue, 188,820 fr. + Arachides, 168,095 arrobes de 11 k. à 2 fr. 50 arrobe, 420,237 fr. + [6] Autres produits 947,283 arrobe à 1 fr. 25 arrobe, 1,184,106 fr. + + Valeur de la récolte en 1879, 17,066,829 fr. + + +Mouvement du port de Santa-Fé sur le Parano en 1879. + +Durant la même année de 1879, 1,169 navires à voile et 444 à vapeur +entrèrent dans le port de Santa-Fé; il en sortit 1.067 chargés, sur +lesquels 69 à vapeur. + + La valeur de l'importation s'éleva à 976,734 + piastres fortes (5 fr.) 4,883,670 fr. + Celle de l'exportation, à 1,139,372 piastres fortes 5,696,860 fr. + Différence en faveur de l'exportation, 190,385 fr. 951,925 fr. + +Parmi les matières exportées, on compte 3,506,004 kil. de farine et +169,946 kil. de blé, soit 43,822 balles de farine de 80 kil. et +2,124 hectolitres de blé. + + +Le succès de la colonisation dans la province de Santa-Fé engagea le +gouvernement national à entreprendre la création de colonies agricoles +dans les territoires nationaux. À cet effet, il présenta au congrès un +projet de loi sur l'immigration et la colonisation qui fut votée par les +Chambres le 6 octobre 1876. La première partie de cette loi, celle de +l'immigration, comprend dix titres: dans le premier, il est créé un +bureau d'immigration sous la direction d'un commissaire général; le +deuxième institue les agences d'immigration à l'étranger; le troisième +traite des commissions d'immigration dans les provinces; le quatrième +établit les bureaux de placement pour les immigrants; le cinquième +traite des priviléges accordés aux immigrants; le sixième, des navires +de transport; le septième, du débarquement des immigrants, de leur +subsistance et logement en attendant leur placement, par les soins et +aux frais du bureau d'immigration. Enfin, par le dixième, il est créé +des ressources pour le fonctionnement de l'institution. + +La seconde partie de la loi comprend tout ce qui se rattache à la +colonisation. Par le chapitre 1er, il est créé un bureau de terres et +des colonies nationales, chargé de l'examen et de l'enregistrement des +propositions de colonisation qui sont adressées au gouvernement, et des +rapports sur la matière; de veiller aux opérations de comptabilité et de +statistique; d'ordonner les explorations, l'arpentage et le bornage de +terres, de s'occuper enfin de tout ce qui se rattache à la colonisation +des territoires nationaux. Les six titres suivants traitent: 1º de la +division des territoires nationaux, de la colonisation, des concessions +de terres, de leur vente; 2º des entreprises de colonisation par des +particuliers ou par des compagnies; 3º de l'emploi des fonds provenant +de la vente de terres et de la gratification à faire aux colons; 4º de +l'administration des colonies; 5º de la colonisation des terres +appartenant au gouvernement des provinces. + +Je me bornerai ici à citer quelques-uns des articles se rattachant +principalement au sujet que je traite: + +Art. 65.--Les territoires nationaux se diviseront en sections carrées de +vingt kilomètres de côté. + +Art. 67.--Chaque section se divisera en quatre cents lots de cent +hectares chaque. + +Art 68.--Quatre lots seront destinés à la création d'un village qui +devra être placé au centre de la section. + +Art. 72.--Chaque section sera divisée dans toute sa longueur et largeur +par deux routes de cinquante mètres de large, lesquelles devront se +croiser au centre du village. + +Art. 73.--Les chemins vicinaux qui sépareront les lots devront avoir +cinq mètres de largeur. + +Art. 82.--Le pouvoir exécutif désignera les territoires à coloniser, +après quoi le bureau de colonisation fera procéder à l'arpentage, +division et bornage des sections, et à la construction, dans chacune +d'elles, d'un édifice pour les employés de la colonie, et pouvant loger +cinquante familles, au moins, et contenir les vivres nécessaires à la +subsistance des colons, ainsi que leurs instruments agricoles. + +Art. 88.--Les colons auront droit aux avantages suivants: + +1º À l'avance du passage du point d'embarquement jusqu'à leur +destination coloniale; + +2º À la livraison, à titre d'avances, d'une habitation, des vivres, +durant la première année, d'animaux de travail et de production, des +semences, des outils aratoires. La somme de ces avances ne devra pas +dépasser mille piastres fortes (5,000 francs), et sera remboursée par +annuités à partir de la troisième année. + +Art. 99.--Relatif aux entreprises.--Entre section et section subdivisées +et livrées à la population, il sera réservé une section (25 lieues +carrées) sans être divisée, mais bornée sur ses côtés. Ces sections +seront destinées: + +1º À la colonisation par entreprise particulière; + +2º À la réduction des Indiens; + +3º À l'élève du bétail. + +Art. 98.--Le pouvoir exécutif pourra concéder à toute compagnie ou +entreprise qui en fera la demande, une des sections déterminées dans +l'article précédent, sous les conditions suivantes: + +1º Se soumettre à l'arpentage, subdivision au plan prescrit par la +présente loi; + +2º Établir sur la susdite section cent quarante familles agricoles pour +le moins durant les deux premières années; + +3º Donner ou vendre à chaque famille un terrain de cinquante hectares +pour le moins; + +4º Construire sur le terrain destiné à cet objet un édifice, dans les +conditions déterminées par l'article 83. + +5º Fournir aux colons qui en feront la demande une habitation, outils +aratoires, animaux de travail et de production, semences et subsistance, +durant un an au moins, ne se faisant rembourser pour ces avances que le +prix coûtant, avec 1,20 % de prime et un intérêt de 10 % l'an, sur la +totalité de la somme des avances[7]. + +6º N'exiger des colons le remboursement du montant de ces avances que +par annuités proportionnelles à partir de la troisième année; + +7º Déposer au bureau des terres et colonies les contrats passés avec les +colons, en vue d'empêcher des contraventions à la présente loi; + +8º Se soumettre aux lois, décrets et autres dispositions qui se +rattachent au gouvernement, administration, colonisation du territoire; + +9º Déposer la somme de deux mille piastres fortes (10,000 fr.), ou +fournir caution pour une pareille somme, à titre d'amende dans le cas +d'infraction au contrat, sans préjudice de caducité dans le cas échéant. + +Art. 99.--Les entreprises ou compagnies auront droit au transport des +colons par le gouvernement du point de débarquement au lieu destiné à la +colonie. + +Art. 104.--Dans les territoires nationaux qui ne seront pas arpentés, ni +livrés à la colonisation, le pouvoir exécutif pourra concéder des +terrains aux entreprises qui en feront la demande, pour coloniser aux +conditions suivantes: + +1º Le terrain concédé à une entreprise ne pourra s'étendre au-delà de +deux sections (50 lieues carrées) ayant chacune l'extension donnée par +l'article 65 (25 lieues par section; ensemble, les deux sections, 50 +lieues carrées). + +2º L'entreprise se soumettra à l'obligation de coloniser, conformément +au plan et aux divisions prescrites par la présente loi; + +3º Elle s'obligera à introduire, pour le moins, deux cent cinquante +familles agricoles pendant la durée de quatre années, à partir du jour +de la signature du contrat; + +4º L'arpentage, l'exploration et la division du terrain, ainsi que +toutes les autres dépenses, seront à la charge de l'entreprise, à +l'exception de ceux résultant du transport des colons, du port de +débarquement à la colonie, qui restent à la charge du gouvernement; + +5º L'entreprise s'obligera, en outre, à se conformer aux prescriptions +des paragraphes 3, 4, 5, 6, 7 et 8 de l'article 98. + +Art. 105.--L'entreprise qui n'observerait pas les conditions stipulées +dans le contrat de concession, paiera une amende de dix mille piastres +fortes (50,000 francs). À cet effet, elle fournira caution acceptable, +sans préjudice de la nullité du contrat. + +La loi sur la colonisation argentine dont nous venons de citer les +principaux articles, est certainement la plus libérale de toutes celles +qui ont été publiées sur la matière. Elle fait de larges concessions de +terres et facilite l'entreprise du colon au moyen des avances qui lui +sont faites. C'est conformément aux dispositions de cette loi que le +gouvernement national de la République Argentine a créé neuf colonies +sur les territoires nationaux et provinciaux[8]. La dépense s'est élevée +à 311,707 piastres fortes (1,558,535 francs). Ce mois de juin dernier, +le ministre de l'intérieur a encore présenté au congrès une demande +d'une somme de un million de piastres fortes (5,000,000 de francs) pour +établir quatorze nouvelles colonies. + +Selon nous, cependant, la loi argentine est un peu trop compliquée dans +ses détails; on aurait pu la réduire à moins d'articles et supprimer un +certain nombre de paragraphes qui gênent l'action du gouvernement et +celle des entrepreneurs pour la rédaction d'un contrat. Cette loi pèche +surtout dans le mode de recrutement des colons qu'elle prend un peu trop +au hasard à leur débarquement, sans connaître leurs aptitudes et leur +moralité[9]. Ce sera, si l'on veut, de la colonisation spontanée, tant +prônée par les journaux argentins, mais la spontanéité comporte bien des +inconvénients. Mieux vaudrait choisir le colon chez lui, avant son +départ, lui faire connaître exactement, sans exagération, dans toute sa +vérité, la situation qu'on lui offre, et traduire dans un contrat +formulé d'avance les obligations réciproques de l'entreprise, et du +colon, du colon et du gouvernement quand celui-ci se fait entrepreneur. +Les obligations étant bien définies, il n'y aurait qu'à les remplir +exactement, avec loyauté de part et d'autre. On éviterait ainsi bien des +mésintelligences qui se produisent au moment et après l'installation des +colons. + +De grands esprits, des journaux importants de Buenos-Ayres, ont vivement +critiqué cette loi et la combattent surtout au point de vue d'entreprise +gouvernementale, qualifiée de colonisation officielle. Ils ont tort et +ils ont raison. Ils ont tort de reprocher au gouvernement d'avoir +entrepris lui-même l'opération de colonisation. Cette initiative était +nécessaire pour démontrer la possibilité de son exécution et surtout +pour donner l'impulsion, en appliquant à ce genre d'opérations le +capital nécessaire que l'entreprise particulière ne possédait pas. Ils +ont raison quand ils conseillent au gouvernement de ne pas descendre au +rôle d'entrepreneur, et de laisser aux grandes compagnies, ou sociétés +industrielles et financières, l'oeuvre de la colonisation argentine, et +celle des chemins de fer; et de rester dans sa haute mission de traiter, +de faire des concessions ou d'accorder des subventions, suivant les +circonstances et la convenance des intérêts du pays. Les gouvernements +ne visent pas la spéculation, ils bornent leur action à l'exécution +d'une oeuvre d'intérêt public; pendant que les grandes sociétés ou +compagnies d'entreprise, ayant pour objet la plus grande production +possible, c'est-à-dire le gain le plus élevé, appliquent à l'exécution +de l'oeuvre tous les capitaux nécessaires, les engins les plus +puissants, les hommes les plus habiles. Ce sont elles qui ont produit +ces oeuvres colossales qui font l'admiration du monde, la construction +des chemins de fer, des télégraphes électriques, le percement des +isthmes . . . . . . . . . + +C'est frappé d'admiration pour ce phénomène qui se reproduit tous les +jours, que nous venons aujourd'hui proposer le même procédé pour +l'exécution de cette autre grande oeuvre d'économie sociale, +l'extinction du paupérisme agricole européen par la colonisation dans la +République Argentine, procédé que nous allons exposer dans le chapitre +qui suit. + + + + + SYSTÈME DE COLONISATION ORGANISÉE + + _Agricole et industrielle à production élevée_. + + +Dans toute colonisation, trois éléments concourent à l'opération: 1º la +terre, ou sol à élaborer;--2º le travail, qui élabore;--3º le capital, +c'est-à-dire l'outillage nécessaire au travail pour obtenir la +production. Nous traduisons ces trois éléments par la formule suivante: +terre + travail + capital = production. Maintenant si nous voulions +élever le chiffre de la résultante production, à un plus haut degré de +puissance qui est le résultat à chercher, il nous suffira d'élever la +puissance des facteurs par cette autre formule (terre + travail + +capital)^m = production^m--élevée à sa plus haute puissance. +C'est-à-dire _terre concédée_, acquérant une valeur croissante à côté +d'une voie ferrée et dont la culture est accompagnée de l'industrie si +productive de l'élève du bétail, établie sur une grande échelle. +_Capital anonyme_, agent le plus élastique, le plus puissant de +l'industrie;--_travailleur de la terre_, choisi seulement dans la +population agricole, parce que celle-ci comporte plus de vigueur de +corps, plus d'esprit d'ordre, plus de moralité, plus d'aptitude pour le +travail de la terre et l'élève du bétail. + +La formule, telle que nous venons de l'établir, va être le pivot sur +lequel roulera notre système de colonisation à production élevée. + + + + PREMIER FACTEUR + + Terre à côté de chemins de fer, concédés par le + gouvernement, ayant pour agent le gouvernement. + + +La concession de la terre n'est pas une condition onéreuse pour le +gouvernement national qui a sous sa main 47,000 lieues carrées +appartenant à l'État: ni pour les gouvernements des provinces qui +possèdent d'immenses espaces de sol incultivé. Au contraire, les uns et +les autres ont un grand intérêt à livrer ce terrain au travail du +cultivateur pour lui faire acquérir de la valeur et accroître ainsi la +richesse du pays. Toutefois, une condition essentielle s'impose dans +toute oeuvre de colonisation, et qu'il est de toute nécessité de +remplir, si on veut les voir prospérer; c'est que les colonies aient des +rapports faciles avec de grandes cités commerciales et des ports de mer, +par où doivent s'écouler leurs produits agricoles; en conséquence, elles +doivent se fonder non loin des fleuves navigables, comme dans la +province de Santa-Fé, ou le long des chemins de fer. Or, les provinces +de l'ouest de la République Argentine, ni le territoire national des +Pampes qui leur est adjacent, ne possèdent pas de fleuve navigable. Il +sera donc indispensable d'y créer des chemins de fer, si l'on veut +fonder des colonies dans ces contrées[10]. En attendant la construction +des voies ferrées sur les territoires nationaux, le chemin de fer de +l'ouest de Villa-Nueva à Mendosa, qui est aujourd'hui en circulation, +pourrait permettre la fondation d'un certain nombre de colonies; car, +sur un parcours de cent trente lieues du Rio-Cuarto à Mendosa, on +rencontre à peine une dizaine de centres de population. + +Mais le chemin de fer qui est appelé à jouer le plus grand rôle +économique et politique, pour la prospérité des provinces du centre et +de l'ouest de la République, c'est sans contre-dit le chemin de fer +central des Pampas, qui reliera ces dernières provinces aux deux plus +grands ports argentins sur l'Océan Atlantique, les ports de +Saint-Antoine et de Bahia-Blanca, mettant ainsi une population +industrieuse et commerçante de 400,000 âmes, en rapport direct et rapide +avec le commerce étranger. Le chemin de fer central de la Pampa aura un +autre grand avantage, celui de rendre possible et facile la colonisation +du vaste territoire des Pampas de dix mille lieux carrées de superficie, +de cette immense plaine herbacée qui fait suite à la Pampa de la +province de Buenos-Ayres, et s'étend jusqu'aux pieds des Cordillières; +que les Indiens avaient choisie pour résidence à cause de sa fertilité +et de son climat tempéré, et que le gouvernement national doit +s'empresser de livrer aujourd'hui au travail producteur du cultivateur +et de l'éleveur de bétail, en y créant des centres de population, +destinés à devenir prospères et à accroître la richesse du pays, centres +de population autour desquels viendront s'établir de nombreux éleveurs +de bétail. + +La distance entre la ville de Mercedes (province de San-Luis) point de +départ du chemin de fer Pampéen et le port de Saint-Antoine où il devra +aboutir, peut être calculée à 170 lieues; celle de l'embranchement de +Poytagué à Bahia-Blanca à 40 lieues et celle du Port Saint-Antoine à la +vallée de Rio-Negro de 11 lieues[11], 80 milles (140 kilomètres) d'après +le capitaine anglais Fitz Roy. Il y a donc dans les Pampas un vaste +champ ouvert à la colonisation et à l'industrie si productive de l'élève +du bétail qui a enrichi et enrichira encore davantage à l'avenir les +nombreux éleveurs de la province de Buenos-Ayres. En mettant une +distance de dix lieues, d'axe à axe entre ces colonies, et en +intercalant celle du côté opposé, de manière à former des stations de +cinq lieues de distance, il reste un terrain intermédiaire de six lieues +sur chaque côté de la voie appartenant au gouvernement qui en disposera +comme il l'entendra. + +L'article 104 de la loi sur la colonisation argentine suffirait au +besoin au gouvernement pour passer un contrat avec une entreprise. +Toutefois, pour mieux coordonner notre système de colonisation avec la +loi, nous préférerions qu'il fût ajouté à cette loi un chapitre VIII +spécial, avec le titre suivant: _Des colonies à établir le long des +chemins de fer_. Les quelques articles suivants suffiraient pour la +rédaction de ce chapitre. + + + CHAPITRE VIII + + _Colonisation le long des chemins de fer dans les + territoires nationaux._ + +Art. 128.--Étant de toute nécessité de peupler les territoires +nationaux, surtout les lieux où doivent se construire les chemins de +fer, le Pouvoir Exécutif est autorisé à passer des contrats avec des +entrepreneurs de chemins de fer et de colonisation, les deux opérations +réunies ou séparées, aux conditions suivantes: + +1º Les colonies seront établies le long des voies ferrées sur un seul, +ou sur les deux côtés de la voie; + +2º Dans ce dernier cas, les colonies seront distantes l'une de l'autre +de dix lieues d'axe à axe du terrain colonial faisant face au chemin de +fer par son front de quatre lieues de largeur, de manière qu'une colonie +ayant quatre lieues de front, il reste un terrain de six lieues +d'intervalle appartenant à l'État. Même disposition pour le côté opposé, +à la condition d'intercaler les colonies en face du terrain d'État, et +permettre ainsi d'établir des stations à cinq lieues d'intervalle l'une +de l'autre. (Voir la disposition des colonies dans la carte.) + +3º Dans le cas où les terrains ne seraient pas propres à la colonisation +à cause de leur infertilité ou insalubrité, on prolongera la distance +d'une colonie à l'autre, jusqu'à trouver un terrain favorable. + +Art. 129.--Le Pouvoir Exécutif est autorisé à concéder des terrains aux +entrepreneurs de colonisation avec les conditions suivantes: + +1º Vingt lieues carrées de terrain dont quatre faisant face au chemin de +fer et cinq de profondeur pour chaque groupe de quarante à quatre-vingts +familles, composées de cinq personnes, au moins, âgées de dix ans, + +2º Dix lieues carrées pour chaque groupe de vingt à quarante familles, + +3º Cinq lieues carrées pour chaque groupe de dix à vingt familles. + +Art. 130.--Dans chaque terrain colonial concédé, le gouvernement réserve +une lieue carrée, adjacente à la voie ferrée, pour être affectée au +service du chemin de fer et à l'établissement d'une station. Ce terrain +devant être concédé à l'entreprise du chemin de fer. + +Quant au chemin de fer central de la Pampa, de Mercedes (San-Luis), +ville de six mille âmes, au port de mer de Saint-Antoine, et de +Bahia-Blanca, chemin dont la prospérité, dans l'avenir, ne peut être +douteuse, il devrait se combiner avec l'entreprise de colonisation à +laquelle il prêtera un puissant concours. Les grands bénéfices, que +procurera celle-ci, pourraient compenser, durant les premières années, +les bénéfices moindres de celle-là. Dans tous les cas, on peut compter +sur une garantie de sept pour cent, pour le capital employé, qu'en +principe, le gouvernement argentin accorde à cette classe d'entreprises. +Si nous ajoutons à ce chiffre de garantie d'intérêt une lieue carrée par +colonie pour chaque station, soit environ cent trente-cinq lieues +carrées, sur toute la longueur du chemin de fer, terrain qui, vendu plus +tard en détail, acquerra une grande valeur, par le fait de sa situation, +on peut calculer qu'à ces conditions le produit de l'opération sera +grandement rémunérateur. + +Art. 131.--Chaque terrain colonial sera divisé en son milieu, faisant +face au chemin de fer, par une ligne de deux cuadres de largeur (260 +mètres), et de cinq lieues de profondeur. Une seconde ligne de cinquante +mètres de largeur coupera en travers dans son milieu le terrain concédé; + +Art. 132.--L'arpentage du susdit terrain sera fait par deux géomètres, +un représentant l'entreprise de colonisation, l'autre le bureau central +des terres; + +Art. 133.--Restent à la charge des entreprises de colonisation toutes +les obligations relatives aux colons, savoir: + +1º Le passage d'Europe à un port argentin; le gouvernement argentin +prenant à sa charge le transport du port de débarquement à la +destination coloniale, conformément à l'article 99 de la loi; + +2º Les avances à faire aux colons, savoir: maison d'habitation, vivres +pour une année, semences, instruments de travail, animaux de labour et +de production, conformément à l'article 98, dont la quantité et la +valeur seront déterminées dans les contrats passés avec les colons; + +Art. 134.--Les entreprises de colonisation joindront à leur demande de +concession de terres une copie des contrats passés ou à passer avec les +colons, pour être approuvés par le gouvernement argentin; une copie de +leurs statuts pour les sociétés anonymes ou de leur constitution pour +les sociétés en commandite, ou autres. Art. 135.--Pour assurer +l'accomplissement de leurs obligations, les entreprises déposeront à une +banque de Buenos-Ayres la somme de 2,000 piastres fortes (10,000 francs) +ou bien une caution pour pareille somme, acceptée par le gouvernement +sans préjudice de la caducité du contrat, s'il y avait lieu; + +Art. 136.--Les autorités civiles, de police et militaires, établies dans +les colonies, seront sous la dépendance du gouvernement national. + +Art. 137.--Le gouvernement reste chargé de l'établissement des services +publics, religieux, judiciaires et d'instruction primaire dans les +colonies; + +Art. 138.--Un sept pour cent de garantie du capital employé à la +construction des chemins de fer dans les territoires nationaux, sera +accordé par le gouvernement aux entrepreneurs, soit que la construction +se fasse séparément ou conjointement avec l'entreprise coloniale. + + * * * * * + +Les frais de construction du chemin de fer ne seront pas relativement +considérables, si l'on considère que cette construction se fera sur un +pays de plaine où le bois abonde, ce qui n'existe pas dans la Pampa, de +Buenos-Ayres. Les études préparatoires prouveront que l'entreprise est +de facile exécution et d'une grande importance par les résultats qu'elle +est appelée à produire. Je puis affirmer qu'une grande partie des +actions pourront se placer à Buenos-Ayres, où existent de grands +capitaux et que leur négociation à la Bourse de cette ville ouvrira un +vaste champ à la spéculation. + +Nous terminons ici nos explications sur le facteur _terre_ et son +satellite le chemin de fer, qui élève sa puissance. C'est le premier +terme de notre formule. Nous allons passer à l'exposition du deuxième +facteur, le _capital_, élément qui, jusqu'à ce jour, a été négligé et +appliqué en grande disproportion dans les opérations de colonisation, et +qui, élevé à sa puissance dans notre système, est appelé à produire des +résultats incalculables, en permettant d'ajouter au produit agricole du +colon le produit si considérable de l'industrie de l'élève du bétail, +facile à faire sur une grande échelle dans ces plaines herbacées à +grands espaces, où les contenances des domaines s'expriment par lieues +carrées, et les têtes de bétail de production par milliers; où +l'industrie de l'élève du bétail se pratique sans frais de préparation +de fourrages, ni de construction d'étables, les animaux se nourissant et +vivant toujours dehors; industrie qui donne, en général, un produit net +de 33 %, les frais déduits; et qui, dans notre système, rapportera bien +davantage, le travailleur agricole, concourant à l'opération, étant +chargé de cette partie de travail et des soins à donner à cette +industrie. + + + + DEUXIÈME FACTEUR + +Le Capital, ayant pour agent une Société anonyme ou en commandite. + + +Le travail de l'homme, appliqué à la culture du sol, réduit aux seuls +efforts de ses bras serait improductif, ou bien peu productif, s'il ne +s'aidait d'instruments, d'outils, de machines, propres à accroître la +production: ces instruments de travail sont surtout indispensables au +cultivateur-colon, à qui on livre un vaste domaine de cinquante hectares +à exploiter. Ces instruments, ces outils, ces machines, constituent ce +qu'on appelle _le matériel agricole_, autrement dit _l'outillage du +cultivateur_. Cet outillage représente une valeur que l'on désigne sous +le nom de _Capital mobilier_. Or, le cultivateur qui émigre, le +cultivateur pauvre surtout, celui au sort duquel nous nous intéressons, +n'emporte pas avec lui ce capital mobilier, ni même l'argent pour se le +procurer. Il est donc indispensable de le lui fournir. C'est ce que nous +faisons dans notre système de colonisation, sous le titre d'avances +remboursables à des époques déterminées assez éloignées. + +À ce capital, représenté par l'outillage, nous ajoutons d'autres objets +de première nécessité, tels que l'abri ou habitation, les semences, la +subsistance, durant la première année en attendant la récolte... +L'ensemble de ces dépenses, nous en évaluons la valeur à 2,500 francs. +L'article 88, paragraphe 2 de la loi sur la colonisation, élève le +chiffre de ces avances à 5,000 francs (mille piastres fortes), mais il y +comprend le bétail de travail, que nous rapportons à une autre catégorie +d'avances, sous le titre de cheptel. Ces avances, nous les classons sous +la dénomination d'avances improductives, parce que, sauf l'intérêt de +dix pour cent prescrit par le paragraphe 5 de l'article 98, elles ne +produisent aucun bénéfice à l'entreprise de colonisation, et nous +classons, sous le titre d'avances productives, celles qui se rattachent +à l'industrie de l'élève du bétail, dont le produit est partagé entre le +colon et l'entreprise. Cette seconde catégorie d'avances, dite +productive, comprend 500 brebis, 20 vaches, 5 juments; elle est destinée +à augmenter la production au profit du colon et de l'entreprise, sous le +titre de cheptel. + +C'est la première fois, à notre connaissance, que cette industrie est +ajoutée à l'industrie agricole du colon. Nous verrons, plus loin, dans +nos tableaux de calcul des produits, les grands bénéfices qu'elle +rapporte à l'entreprise; ce qui nous autorise à donner à notre système +de colonisation, celui de _système de colonisation organisée à +production élevée._ Nous évaluons le chiffre de la valeur des avances de +cette seconde catégorie à faire au colon à 5,500 francs, à 8,000 francs +pour chaque famille, y comprenant les 2,500 francs de la première +catégorie, et à 9,500 francs si nous ajoutons les 1,500 francs, montant +du passage des cinq membres de la famille du colon. Le transport du port +de débarquement à la colonie restant pour le compte du gouvernement +(article 104, paragraphe 4 de la loi sur la colonisation).--La somme des +avances s'élevant ainsi à 9,500 francs pour chaque famille, celle de +quarante familles, formant une colonie, s'élèverait à 380,000 francs, et +à 430,000 avec le magasin commercial à établir dans chaque colonie. Ce +capital 380,000 francs, remboursable après cinq ans, sera hypothéqué sur +les biens, meubles et immeubles du colon, et garanti, en outre, par les +vingt lieues carrées concédées par le gouvernement pour chaque colonie. + +Quant au capital total à employer à l'entreprise de colonisation, nous +proposerons de l'élever à sept millions cinq cent mille francs pour +l'établissement de quinze colonies en cinq ans, trois chaque année, soit +1,500,000 francs pour chaque année. Les quinze colonies pourraient être +établies le long de la voie ferrée de l'ouest, entre le Rio-Quarto et la +ville de Mendosa, sur une étendue de cent dix lieues, ligne sur laquelle +on rencontre à peine dix centres de population. + +Le capital de sept millions cinq cent mille francs pourrait être réalisé +par une société anonyme, moyennant une émission de 15,000 actions de 500 +francs chacune, payable par annuités de cent francs, soit 1,500,000 +francs, destinés à l'établissement de trois colonies par an, durant cinq +ans, et quinze colonies en cinq ans, avec le capital 7,500,000 fr. + +Dans tous les cas, aucun appel de fonds ne serait fait qu'après +réalisation des contrats de concession de terres qui restent à notre +charge, et pour l'obtention desquels les dispositions nécessaires sont +déjà prises par nous, auprès du gouvernement national et provincial de +la République Argentine. + + + Construction de chemins de fer avec colonisation + dans les territoires nationaux + +Cette classe d'opérations est bien plus importante que celle de la +simple colonisation dont nous venons de parler. Elle exige aussi +l'emploi d'un capital plus élevé. Mais comme, d'autre part, on ne peut +faire de la colonisation dans les vastes territoires de la République +Argentine sans chemins de fer, ni des chemins de fer sans colonisation +au travers de déserts, dépourvus de population, si fertiles, si beaux +qu'ils soient, la simultanéité de ces deux opérations s'impose. Aussi +est-ce sous ce point de vue que je vais les traiter. + +Tout chemin de fer doit avoir pour objet l'utilité: autrement dit de +donner satisfaction aux intérêts économiques du pays qu'il relie ou +qu'il traverse: c'est-à-dire de développer son mouvement commercial, +industriel, agricole, et accroître ainsi sa richesse, sa prospérité, sa +puissance nationale; or, le chemin de fer qui est en première ligne +appelé à produire ces résultats, c'est, sans contre-dit, le chemin de +fer central du territoire de la Pampa, devant relier les deux grands +ports de mer de Saint-Antoine et de Bahia-Blanca aux provinces de +l'Ouest de la République. (Voir la carte ci-jointe à la fin de la +brochure.) Cette oeuvre, d'un haut intérêt, pour cette contrée, le +gouvernement argentin devrait, sans retard, mettre à l'étude cette +question et s'imposer tous les sacrifices nécessaires pour son +exécution. Le pays et les générations futures lui en seront +reconnaissants. + +Le chemin de fer central de la Pampa comprend la ligne qui, partant de +Mercedes, ville de la province de Saint-Louis, se dirigerait vers le sud +pour aboutir au grand port de Saint-Antoine, sur l'Océan atlantique. Un +embranchement, partant de Poitagué, relierait ce chemin de fer au port +de Bahia-Blanca. Pris en totalité, ce chemin de fer aurait une étendue +de 175 lieues, entre Mercedes et le port Saint-Antoine, et de 215 en +ajoutant les 40 lieues de distance de Poitagué à Bahia-Blanca pour +l'embranchement. Ces 215 lieues à 300,000 francs la lieue[12] +porteraient la dépense à 64,500,000 fr., et à 72,000,000 de fr. en +ajoutant les 7,500,000 pour la colonisation. + +Toutefois, cette grande ligne pourrait être entreprise partiellement, +par tronçons, de la manière suivante: + + 1º Ligne de Mercedes à Bahia-Blanca[13], longueur 110 lieues, + à 300,000 fr. la lieue....................... 33,000,000 fr. + + Pour la colonisation........ 7,500,000 + + Total.......... 40,500,000 fr. + + 2º Tronçon de Mercedes à Poitagué, longueur 70 lieues à + 300,000 fr. la lieue......................... 21,000,000 fr. + + Pour la colonisation...... 7,500,000 + + Total...... 28,500,000 fr. + + 3º Tronçon de Mercedes au territoire national de la Pampa, + longueur 30 lieues, à 300,000 fr. la lieue... 9,000,000 fr. + + Pour la colonisation......... 7,500,000 + -------------- + Total....... 16,500,000 fr. + + 4º Tronçon du port Saint-Antoine, à la vallée du Rio-Negro, + longueur 11 lieues, à 300,000 fr. la lieue... 3,300,000 fr. + + Pour la colonisation......... 7,500,000 + -------------- + Total......... 10,800,000 fr. + +Le chemin de fer du port Saint-Antoine à la vallée du Rio-Negro serait +le moins coûteux et celui qui offrirait le plus vaste champ +d'exploitation pour la colonisation d'une vallée fertile d'une longueur +de 150 lieues sur une à six de largeur, avec un fleuve navigable sur +toute son étendue et voisine d'un port de mer appelé à devenir le plus +grand port de la contrée. En outre, le chemin de fer du port +Saint-Antoine au Rio-Negro monopolisera plus tard, par sa jonction avec +le Central de la Pampa, les transports de la Pampa et des provinces +argentines de l'ouest. + +Toutes ces diverses entreprises ouvrent aujourd'hui un vaste champ +d'exploitation à la spéculation; toutes donneront de grands résultats. +Mais c'est la colonisation fondée sur les bases de notre système qui les +produira aux trois quarts. Que les capitalistes et les hommes +d'entreprises sachent bien que les nombreuses et grandes fortunes +acquises dans les États-Unis de l'Amérique du Nord, sont dues, en +général, aux spéculations sur la terre. Les immenses fortunes créées +dans la Californie ont eu pour origine, moins les mines d'or qui ne +tardèrent pas à s'épuiser, que les opérations sur la terre achetée +d'abord à vil prix et vendue, plus tard, pour des sommes énormes, le +jour où l'immigration se répandit dans le désert et qu'un chemin de fer +vint y donner la vie et répandre le mouvement. Pareil résultat est +réservé dans la République Argentine aux entreprises de colonisation +fondées sur de bonnes bases et combinées de manière à donner la +production la plus élevée possible, jointes ou non aux opérations de +chemins de fer. Nul ne peut en douter. Je dis plus, c'est que ce pays +est aujourd'hui l'unique au monde qui offre les conditions les plus +favorables pour ce genre d'entreprise. + + + CRÉATION DU CAPITAL. + +Le capital, outillage agricole du travail du colon, étant indispensable +à celui-ci pour obtenir une plus grande production possible, nous avons +dû le comprendre dans notre système, comme agent nécessaire de +l'opération de colonisation. + +On a cru longtemps, et des personnes croient encore aujourd'hui, qu'il +suffisait de faire une large concession de terres au colon et de lui +accorder quelques mesquines avances pour lui faciliter ce genre +d'entreprises. L'expérience a démontré le peu de résultat que ces +opérations donnaient. Si l'on veut que le colon produise tout ce que son +travail peut produire, il faut mettre sous sa main un outillage complet. +C'est ce que nous faisons aujourd'hui dans notre système de +colonisation.--Outre les cinquante hectares concédés, nous lui faisons +les avances suivantes: le passage d'Europe à l'Amérique du Sud,--une +habitation,--la subsistance de la famille durant la première année,--les +semences,--les outils et instruments de travail, les animaux de +labour,--et nous ajoutons à l'industrie agricole du colon, l'industrie +productive de l'élève du bétail. Le tout évalué à neuf mille cinq cents +francs, remboursables après cinq ans. + + Soit donc, neuf mille cinq cents francs, la somme à dépenser + pour l'établissement de chaque famille agricole, composée + de cinq personnes au-dessus de dix ans, à......... 9,500 fr. + + Le capital à employer pour une colonie de + quarante familles s'élèverait à................. 380,000 + + Plus cent vingt mille pour magasin commercial, + frais d'administration et réserve............... 120,000 + soit............................................ 500,000 + + En limitant l'opération à trois colonies par + an, la dépense s'élèverait, par an, à......... 1,500,000 + + Et à sept millions cinq cent mille francs celle + de 15 colonies, durant une période de cinq + ans, à........................................ 7,500,000 + +Ce capital, étant remboursable par le colon après la cinquième année, +peut se réappliquer à une seconde période quinquennale pour +l'établissement de quinze nouvelles colonies. Voilà pourquoi, dans notre +système de construction de chemins de fer coloniaux, nous ne comprenons +que le chiffre de 7,500,000 francs pour les colonies à établir le long +des divers chemins de fer à construire. C'est donc un capital de +7,500,000 fr. qu'il s'agit de créer. + +Or, comme l'institution d'une société anonyme se prête mieux à la +création de capitaux, nous avons adopté ce moyen, et nous conseillons de +fixer le capital de l'émission à 7,500,000 francs, à réaliser par une +émission de 15,000 actions de 500 francs chaque.--Mais comme le capital +7,500,000 francs ne doit s'employer que durant le cours d'une période de +cinq années pour l'établissement de 15 colonies, trois colonies par an, +soit 1,500,000 francs par an, nous divisons le paiement de l'action 500 +francs en cinq coupons ou cinq annuités de 100 francs, à verser par an +durant cinq ans. Ainsi, le capitaliste qui prendrait les 15,000 actions, +n'aurait à payer, durant cinq ans, qu'une annuité de 1,500,000 +francs.--Nous verrons, plus loin, les gros bénéfices que ce capital +rapporte dans les conditions établies par nous. Ce dont le lecteur +pourra se convaincre. + + Soit donc, capital social...................... 7,500,000 fr. + à employer pour l'établissement de 15 colonies + en cinq ans. + + Chiffre de l'émission, actions de 500 fr......... 15,000 + à payer en cinq ans, par annuités, soit 100 fr. + + Emploi annuel du capital pour fondation de + trois colonies................................. 1,500,000 + + Emploi, durant cinq ans, pour fondation de + 15 colonies................................... 7,500,000[14] + +_Garantie du capital_.--Ce capital est garanti: 1º par une hypothèque +sur tous les biens meubles et immeubles concédés au colon; 2º par les +300 lieues carrées concédées à l'entreprise, par les gouvernements +national ou provinciaux, 20 lieues par colonie (300 lieues pour 15 +colonies), dont la valeur augmentera par le fait de la création d'un +centre de population. + +Mais, me dira-t-on, le colon pourra-t-il payer le dix pour cent par an +et rembourser le capital de 11,400 francs, y compris la prime 1,900 +francs, prescrite par la loi sur la colonisation? Ce doute n'est pas +permis, en présence de la grande situation qui est faite au colon, +possesseur, à cette époque, d'un domaine de cinquante hectares, d'une +maison, d'un outillage agricole, d'un nombreux troupeau de bétail de +plus de trois mille brebis, d'une centaine de vaches. Le troupeau seul +suffirait pour opérer le remboursement. Ne nous préoccupons pas de cela, +le colon saura bien trouver, dans ses économies accumulées, le capital +du remboursement et ne se laissera pas exproprier d'un domaine dont la +valeur dépassera le chiffre de la dette. Et d'ailleurs, y aurait-il +retard dans le remboursement, les vingt lieues carrées concédées à +l'entreprise ne sont-elles pas une garantie suffisante pour une créance +de cinq-cent mille francs par colonie[15]. + + + + TROISIÈME FACTEUR + + Le travail, ayant pour agent, le colon chef + de la famille agricole. + + +Le troisième facteur dans l'oeuvre de colonisation des territoires +nationaux de la République argentine, c'est le travail du colon, chef de +famille agricole. C'est le cultivateur qui apporte à l'exécution de +l'oeuvre son plus puissant levier, le travail de la terre; c'est lui qui +fait surgir du sol les merveilles de la production et transforme les +déserts en centres de production, en foyer de richesse, de lumière et de +civilisation. Dans notre combinaison, c'est le travail du colon qui fait +la richesse du gouvernement, celle de l'entrepreneur capitaliste et la +sienne propre; le concours du gouvernement, celui de l'entrepreneur, +n'ayant d'autre objet que celui de préparer, de faciliter, les moyens +d'exécution, de favoriser le travail agricole et de lui permettre de se +développer avec toute sa puissance. Cet agent du travail agricole, le +colon, n'existe pas dans l'Amérique du Sud, où l'homme s'est livré à +l'industrie bien plus productive de l'élève du bétail. Il est donc de +toute nécessité d'aller le chercher là où il se trouve, c'est-à-dire en +Europe, où la population agricole est nombreuse, trop serrée, trop +compacte. + +Mais le travailleur de la terre, si pauvre qu'il soit, n'émigre pas. +Ignorant s'il existe d'autres régions plus favorables à son industrie, +il continue à vivre pauvrement dans le village où il est né, où vivent à +côté de lui des parents, des amis. Et lorsqu'on voudra le faire sortir +de son engouement et de sa misère, pour l'élever à une situation +meilleure, il faudra aller à lui, l'instruire, l'éclairer, le +renseigner, lui faire connaître toutes les faces de l'entreprise qu'on +lui propose, et les conditions favorables qui lui sont accordées pour +améliorer sa position, et le placer sur la voie de la fortune. Il devra +être éclairé, non avec des tableaux exagérés et trompeurs et des +promesses illusoires, mais bien en lui exposant clairement, loyalement, +dans toute sa vérité, la nouvelle situation qui lui a été préparée, afin +qu'il puisse entreprendre avec connaissance et résolution, l'opération +qu'on lui propose, consigner, enfin, dans un contrat, les obligations +réciproques du cultivateur-colon et de l'entreprise, et les remplir +comme le feraient deux hommes sérieux et honnêtes, sans nécessité de +l'intervention des tribunaux. + +De son côté, le travailleur agricole devant apporter à l'opération de +colonisation son travail élevé à une haute puissance, devra être choisi +parmi les cultivateurs des campagnes, connus par leurs habitudes +d'ordre, de travail et de moralité, et non pas le prendre au hasard, +comme cela se pratique dans la colonisation par l'émigration spontanée, +qui permet ainsi l'introduction dans les colonies d'éléments divers, +impropres à l'espèce de travail qu'elles comportent, sans activité, ni +intelligence, et, quelquefois, promoteurs de désordre dans les colonies. + +Pour obtenir cet agent précieux de la colonisation, le bon, le laborieux +cultivateur, si pauvre qu'il soit, il sera nécessaire d'établir une +agence de recrutement sous la direction d'un homme intéressé au succès +de l'entreprise et chargé, sous sa responsabilité, de créer en Europe, +les sous-agences nécessaires. Le directeur du bureau de recrutement +devra, en outre, être chargé des opérations de transport d'Europe en +Amérique, opérations qui se lient, sous bien des rapports, avec celles +du recrutement. L'ordre et la plus grande exactitude devront être +apportés dans le mouvement de ces transports. + +Un directeur des colonies devra également être établi dans la contrée où +se fonderont les colonies pour diriger sur les lieux et surveiller les +opérations coloniales, exécuter et faire exécuter les obligations +contractées. Un agent colonial, dans chaque colonie, sera chargé de la +direction du magasin commercial et de la surveillance de la colonie. Cet +agent sera placé sous la surveillance et le contrôle du directeur des +colonies. + +Un agent général représentera l'entreprise dans la ville de +Buenos-Ayres, capitale de la République Argentine. + + + COMBINAISON DE L'OPÉRATION + +Notre système de colonisation repose, comme on le voit, sur la +coopération de trois facteurs: 1º terre ayant pour agent le gouvernement +argentin qui la concède; 2º capital ou outillage du travail ayant pour +agent l'entrepreneur capitaliste; 3º le travail ayant pour agent le +colon, père de famille agricole, qui l'apporte. C'est donc une opération +coopérative, non pas dans le sens des utopistes socialistes qui +préconisent la coopération individuelle organisée, mais bien dans le +sens que la nature indique, celui de la coopération de trois forces +distinctes l'une de l'autre, de trois agents indépendants qui +s'associent librement pour l'exécution d'une oeuvre dont le produit doit +être partagé entre eux. Ce genre de coopération rentre dans le cercle +des principes économiques. + +La loi argentine sur la colonisation est conçue aussi sur la coopération +de ces trois agents; seulement, ici, le gouvernement fournit les deux +facteurs _terre_ et _capital_ et le colon le travail; c'est-à-dire, que +le gouvernement prend à sa charge l'action des deux premiers agents, +gouvernement et entrepreneur capitaliste, pendant qu'il devrait rester +dans son vrai rôle d'agent gouvernemental. Ce système a été qualifié de +colonisation officielle, que condamnent des économistes éminents +argentins. Notre combinaison, en réduisant l'action gouvernementale à +son unique et véritable rôle, consiste donc dans l'application de la +formule suivante, établie par nous, comme axiome fondamental de la +science économique: Terre + travail + capital (^m) = production (^m). +C'est-à-dire, terre adjacente à un chemin de fer.--Travailleur agricole +choisi et réunissant les aptitudes nécessaires;--entrepreneur +capitaliste fournissant un outillage complet, plus le capital +Cheptel.--La résultante sera: production élevée. + +Toutefois, il ne suffit pas au facteur _terre_ de comprendre une grande +extension de vingt lieues carrées pour l'entrepreneur, de cinquante +hectares pour le colon, et de posséder à son côté un chemin de fer pour +l'écoulement des denrées, il était essentiel qu'il offrît aussi les +conditions hygiéniques nécessaires pour protéger l'existence du colon. +Or, sous ce rapport, la République Argentine ne laisse rien à désirer. +Le territoire des Pampas situé entre les 34ème et 40ème degrés de +latitude Sud, jouissant d'un climat tempéré, pareil à celui du midi de +la France, de l'Espagne, de l'Italie... rafraîchi par les brises de +l'Océan Atlantique, protégé à l'Ouest par les Cordillières... offre au +point de vue de la salubrité du climat toutes les garanties hygiéniques +désirables. Les institutions politiques et administratives du pays se +rapprochent de celles des pays libres de l'Europe, la religion +catholique y est généralement pratiquée et toutes les autres y sont +libres. + +Quant à la puissance du facteur _capital_, nous l'élevons en ajoutant au +capital agricole celui du cheptel en vue d'augmenter la production. Or, +tout le monde sait la richesse que produit l'élève du bétail dans la +République Argentine, où cette industrie est créée sur de vastes +étendues de domaines à pâturage sans frais de construction d'étables, ni +d'emmagasinage de fourrage, le bétail s'alimentant par le pacage et +vivant continuellement dehors[16]. + +Pour faciliter l'intelligence de notre combinaison, nous allons +l'exposer en quelques articles clairs et précis qui pourront servir pour +la rédaction des statuts aux entreprises particulières de colonisation +dans la République Argentine. + + + BASES + + Pour servir à la rédaction des statuts pour les + entreprises de colonisation dans la République Argentine. + + +Article 1er.--Des entreprises de colonisation se feront dans les +territoires nationaux et provinciaux de la République Argentine en vue +de l'extinction du paupérisme agricole européen, dans les conditions +établies dans le projet ci-exposé. + +Art. 2.--À cet effet, des contrats seront passés avec le gouvernement +National et les gouvernements provinciaux argentins, par l'intermédiaire +de notre fondé de pouvoirs à Buenos-Ayres, seul ou accompagné d'un agent +spécial de l'entreprise. + +Art. 3.--Ces entreprises comprendront la fondation des colonies +séparément ou conjointement avec la construction des chemins de fer. + +Art. 4.--Les chemins de fer de cette classe à construire, sont: + +1º La ligne centrale de la Pampa de Mercedes au port Saint-Antoine, 175 +lieues; + +2º La ligne de Mercedes à Bahia-Blanca par Pontiagué, 110 lieues; + +3º Le chemin de fer de Mercedes à la limite de la Pampa, 25 lieues; + +4º Le chemin de fer du port Saint-Antoine à la vallée du Rio-Negro, 11 +lieues. + +Art. 5.--L'entreprise du chemin de fer devra se faire avec la condition +d'un sept pour cent de garantie d'intérêt du capital employé à la +construction, avec concessions de terrains dont la contenance sera +débattue avec le gouvernement. + +Dans le cas de jonction des deux opérations, construction de chemin de +fer et colonisation, cette dernière se fera conformément aux bases +établies dans le présent projet. + + + Des entreprises de colonisations, séparées des + opérations de chemin de fer. + +Art. 6.--Les entreprises de colonisation séparées de celles de chemin de +fer pourront se faire: + +1º Par une grande institution de crédit déjà fondée; + +2º Par une société anonyme spéciale de colonisation argentine à fonder; + +3º Par une banque Franco-Argentine à fonder; + +4º Par une compagnie ou société en commandite; + +5º Par de simples particuliers pour les opérations de colonisations +réduites. + + + Entreprise par une société anonyme spéciale de colonisation. + +Art. 7.--Une société anonyme, sous le titre de...... sera établie +à...... + +Elle aura pour objet la colonisation dans les territoires nationaux et +provinciaux de la République Argentine. + +Art. 8.--Les vingt premiers adhérents à notre système de colonisation +seront réputés fondateurs de l'entreprise, après nous avoir manifesté, +par écrit, leur adhésion à notre projet et leur intention de prendre une +part active à l'exécution de l'oeuvre. + +Art 9.--Les fondateurs de ladite société éliront une commission +provisoire chargée de rédiger les statuts de la société; celle-ci +nommera un directeur du bureau, également provisoire, un trésorier et +d'autres employés, s'ils sont nécessaires. + +Art. 10.--Il ne sera fait d'émission, ni constitution définitive de +société, qu'après que la commission provisoire aura été mise en +possession des contrats passés avec le gouvernement national argentin ou +les gouvernements provinciaux, opération qui reste à la charge de +l'auteur du présent projet de colonisation. + +Art. 11.--Aussitôt après avoir été mise en possession des contrats, la +commission provisoire fixera le chiffre de l'émission et procèdera à la +constitution définitive de la société. + +Art. 12.--Dans le cas où la société se constituerait pour la fondation +de QUINZE colonies, durant la période de cinq années, le chiffre de +l'émission restera fixé à 7,500,000 francs. L'emploi de ce capital se +fera dans l'ordre suivant: + + 1re année... 1,500,000 fr., pour la fondation de 3 colonies. + 2e année.... 1,500,000 id. 3 id. + 3e année.... 1,500,000 id. 3 id. + 4e année.... 1,500,000 id. 3 id. + 5e année.... 1,500,000 id. 3 id. + 7,500,000 fr. 15 colonies. + +Art. 13.--Pour réaliser le capital 7,500,000 francs, il sera fait une +émission de quinze mille actions (15,000) de 500 francs chacune, +payables par annuités de cent francs, le 15 janvier de chaque année, +durant cinq ans. + + + Emploi du capital social 7,500,000 francs. + +Le capital social 7,500,000 francs est spécialement destiné à +l'établissement des colonies dans les territoires nationaux et +provinciaux de la République Argentine, et aux frais nécessaires au +fonctionnement de la société anonyme. C'est ce capital qui constitue le +second facteur de notre système de colonisation, facteur puissant +lorsqu'il complète l'outillage du travail, et qui avec la terre du +gouvernement et le travail du colon concourt à réaliser la production. +Ce capital garanti par un hypothèque, revient au capitaliste-actionnaire +ou entrepreneur, après être passé durant cinq ans dans les mains de la +famille agricole du colon, et avoir produit des bénéfices considérables +par son application à l'industrie si productive de l'élève du bétail, en +dehors du dix pour cent d'intérêt qu'il comporte, d'une prime de vingt +pour cent sur le capital avancé, 9,500 fr., et de la valeur accrue d'un +terrain de vingt lieues carrées par colonie. + +Art. 14.--Les avances à faire à chaque famille agricole composée de cinq +personnes sont les suivantes: + + _1e Catégorie.--Avances improductives devant être + remboursées après cinq ans._ + + { A.--Maison d'habitation, + { comprenant deux pièces 1,500 fr. + { + { B.--Farine pour la subsistance + { d'une famille agricole, + { durant la première année, + { 5 balles de 100 kilos 250 + { + { C.--Semences + { { Froment, 2 hect. 50 + { { Maïs, 1 hect. 15 + { { Pommes de terre, 2 hect. 30 + { { Orge ou avoine, 2 hect. 30 + { + { D.--Un char à quatre roues. 500 + { + { E.--Une charrette, ou un tombereau + { à deux roues 100 + { + { F.--Une charrue en fer 30 + --------------------- + 2,500 fr. + +Les autres ustensiles et outils agricoles ainsi que les objets de +ménage, le colon pourra les acheter au magasin de commerce établi par +l'entreprise dans chaque colonie. + + _2e Catégorie.--Avances productives, livrées à + titre de cheptel, avec partage par moitié du + produit entre le colon et l'entreprise; + remboursables après cinq ans._ + + { A.--Brebis, 500, à 7 fr. chaque 3500 + { 3 béliers comm. 150 + { 1 bélier, Rambouilles, + { Negrets ou Southdowns 400 + { + { B.--Vaches, 20, à 50 fr. chaque. 1,000 + { Taureau, 1, à 100 fr. 100 + { + { C.--Juments, 5, plus un cheval + { étalon[17] 350 + ------- + 5,500 fr. + + Passage d'Europe en Amérique, cinq + personnes, à 300 fr. chaque 1,500 + --------------------- + Total des avances pour une famille 9,500 fr. + --------------------- + Total pour une colonie de 40 familles 380,000 fr. + --------------------- + Total pour 3 colonies à établir annuellement 1,140,000 fr. + Établissement de 3 magasins commerciaux 70,000 + Frais d'administration 90,000 + Réserve 200,000 + --------------------- + Total 1,500,000 fr. + +Art. 15.--La somme de neuf mille cinq cents francs sera remboursée à +l'entreprise après cinq ans dans le courant des deux premiers mois de la +sixième année avec la prime vingt pour cent (1,900 fr.) soit au total +11,400 francs, sans préjudice du dix pour cent à payer chaque année +conformément au paragraphe 5 de l'article 98 de la loi sur la +colonisation. + +Art. 16.--Durant le cours de la sixième année, il sera procédé par +l'entreprise, si celle-ci le juge utile, à la vente du terrain colonial +concédé en dehors de ceux cédés aux colons dont les titres de propriété +leur seront délivrés à la même époque. + +Art. 17.--Les opérations continueront ainsi successivement, par période +de cinq ans, en appliquant le capital remboursé à la fondation de +nouvelles colonies, jusqu'au jour où la société décidera, en assemblée +générale, vouloir terminer son oeuvre et se mettra en liquidation.[18] + + + Entreprises de colonisation par compagnies + ou sociétés en commandite. + +Art. 18.--Les compagnies ou sociétés en commandite qui désireraient +entreprendre des opérations de colonisation sur une moins grande échelle +et sur les mêmes bases, pourront adresser leur déclaration à l'auteur du +présent projet, qui s'empressera de leur fournir les renseignements +nécessaires et son concours pour l'exécution de l'opération. + + + Entreprises de colonisation particulière + +Art. 19.--Comme il m'est arrivé de rencontrer des propriétaires +argentins qui demandaient à établir des colonies réduites à vingt et +même dix familles, avec la condition de se réserver la moitié du terrain +colonial, soit cinq lieues sur dix, ou deux lieues et demi sur cinq; les +capitalistes qui désireraient entreprendre la colonisation sur ces +bases, pourront m'adresser leur proposition, je donnerai immédiatement +des ordres à mon fondé de pouvoir, à Buenos-Ayres, pour passer des +contrats de cette classe. + + + + + TROISIÈME FACTEUR + + Le travail agricole. + + +Le troisième facteur qui reste à élever à sa haute puissance, par un bon +choix et avec des procédés qui donnent confiance et crédit à +l'opération, c'est le travail du cultivateur colon, chef de famille +agricole. Ce choix devra être confié à un homme sérieux, honorable et +dévoué à l'entreprise. Son titre sera celui de directeur général du +bureau de recrutement et des transports maritimes d'Europe à l'Amérique +du Sud. + + + Recrutement des colons. + +Art. 20.--À cet effet il sera établi dans la ville de... un bureau +spécial de recrutement de colons sous la direction d'un directeur +général, lequel pour être aidé dans ses opérations pourra créer sous sa +responsabilité des agents dans les chefs-lieux de départements français +et les diverses provinces en Europe. + +Art. 21.--Les frais du bureau de recrutement, y compris les +appointements du directeur et des agents, seront fixés par le conseil +d'administration de la société de colonisation. + +Art. 22.--Le directeur du bureau de recrutement et ses agents auront +pour mission: + +1º De faire connaître l'objet de l'entreprise, ses moyens d'exécution, +les conditions exigées des colons pour être admis; + +2º De fournir toutes les explications exactes et véritables, nécessaires +au colon, pour qu'il se décide librement et en toute connaissance, à +entreprendre l'opération de colonisation; + +3º Publier, à cet effet, des brochures, des circulaires, articles de +journaux, sous sa responsabilité; + +4º Faire connaître dans ces publications les conditions hygiéniques et +climatériques du pays à coloniser, ses zones terrestres, les +institutions politiques, administratives, judiciaires, qui le régissent, +les bénéfices que peuvent lui rapporter les industries agricoles et de +l'élève du bétail; enfin tout ce qu'il importe au colon de connaître +pour entreprendre l'opération proposée; + +Art. 23.--Le directeur général du bureau de recrutement remettra à +chaque colon, chef de famille, avant son embarquement une feuille +d'engagement, extraite d'un livre à souche, comportant un numéro +d'ordre, les noms et prénoms du colon et des membres de sa famille, leur +âge, le lieu de leur résidence. Elle comprendra aussi les obligations +réciproques du colon et de l'entreprise, et au bas les signatures du +colon et du directeur de l'entreprise. + +Il suffira au colon de présenter la feuille d'engagement pour être admis +à la colonie. Copie en sera adressée au directeur général des colonies. + +Art. 24.--Les frais de transport d'Europe à la République Argentine +seront à la charge de l'entreprise, et ceux du port argentin de +débarquement à la colonie, à la charge du gouvernement argentin, +conformément aux articles 88 et 89, et du paragraphe 4 de l'article 104 +de la loi sur la colonisation. Le montant de ces avances de passage sera +remboursé par le colon aux époques déterminées par le contrat. + +Art. 25.--Le colon, chef de famille agricole, représente celle-ci dans +tous les actes et obligations qui lui incombent. + +Art. 26.--La famille agricole se composera de cinq membres, au moins +âgés de dix ans. Les enfants au-dessous de dix ans ne compteront pas +pour l'entreprise, mais ils pourront accompagner la famille et suivre +leurs parents. + +Art. 27.--Deux familles séparées pourront s'associer pour former un +groupe de famille au nombre de cinq membres au moins. Ils auront la +faculté de rompre, plus tard, l'association en se partageant la +concession de terrain et les avances à elles faites. Mais elles +resteront solidaires de leur engagement, vis-à-vis l'entreprise. + +Art. 28.--Deux mois avant le départ des colons d'Europe, le directeur +général de l'entreprise de colonisation enverra l'ordre au directeur des +colonies de préparer les lots de cinquante hectares chaque à distribuer +aux colons, avec leurs limites et bornage. Le lot portera un numéro +d'ordre. Cette opération terminée, il sera procédé à la construction des +maisons d'habitation composées chacune de deux pièces de quatre mètres +carrés de surface, avec un corridor intermédiaire. + +Art. 29.--Immédiatement après l'arrivée des colons sur les lieux, les +lots seront tirés au sort et chaque colon prendra possession de celui +que lui aura désigné le sort. On lui délivrera, ensuite, les avances de +la première catégorie, telles que farine, semences, une charrue, un +char.... Durant les quinze jours qui suivront, les colons recevront les +avances de la seconde catégorie, à titre de cheptel, savoir: 500 brebis, +avec trois béliers, 20 vaches et un taureau, cinq juments. La +distribution se fera par tirage au sort, par lots d'animaux. + +Art. 30.--Deux fours à cuire le pain seront construits d'avance dans +chaque colonie, un pour la section de droite, l'autre pour la section de +gauche. + +Art. 31.--Dans chacune des colonies, l'entreprise établira un magasin +commercial comprenant des outils aratoires et ustensiles de ménage, +quincaillerie, objets de consommation; enfin, toute marchandise ou +denrée que l'entreprise jugera utile de livrer en vente. Un crédit de +six mois sera accordé aux colons. + +Art. 32.--Chaque colon sera obligé de cultiver et de maintenir en état +de culture, à partir de la première année, pour le moins quatre hectares +de terrain sur les cinquante qui lui sont concédés et de clore la partie +cultivée soit en bois, soit en fil de fer, restant libre, pour le +surplus, d'en cultiver la contenance qu'il lui conviendra. + +Art. 33.--Tout colon qui ne cultiverait pas la contenance ci-dessus +indiquée dans l'article précédent, ou qui ne donnerait pas à l'élève du +bétail les soins qui leurs sont dus, ou qui serait une cause de désordre +dans la colonie, la concession du terrain et les avances à lui faites +lui seront retirées et il sera expulsé de la colonie. Toutefois, le fait +devra être attesté par dix colons tirés au sort et confirmé par un +rapport du directeur des colonies; seul, l'agent général, représentant +de l'entreprise, aura droit de prononcer l'exclusion. + +Art. 34.--Tout le produit du sol, celui des animaux de basse-cour et de +toute autre industrie, appartiendra au colon; seul, le produit cheptel +des brebis, vaches, chevaux, sera partagé entre ce dernier et +l'entreprise. + +Art. 35.--Les mâles des trois classes d'animaux spécifiés ci-dessus, +ayant acquis un an d'âge, seront partagés, chaque année et livrés à la +vente durant cinq ans, c'est-à-dire, pendant le cours de six années, +entre le colon et l'entreprise. La laine des brebis sera également +partagée durant les cinq premières années. + +Art. 36.--Durant les cinq premières années, le colon paiera à +l'entreprise un dix pour cent du montant des avances 9,500 francs, soit +950 francs par an, conformément aux prescriptions du paragraphe 5 de +l'article 98 de la loi sur la colonisation. + +Art. 37.--Après cinq ans, durant les deux premiers mois de la sixième +année, le colon remboursera à l'entreprise le montant des avances 9,500 +francs, avec une prime de 20 pour cent, soit 1,900 fr., en total: 11,400 +fr., conformément au paragraphe 5 de l'article 98 précité. + +Art. 38.--Une fois le règlement fait et le remboursement du montant des +avances opéré, l'agent général de l'entreprise aux colonies délivrera à +chaque colon, chef de famille, un titre de propriété dûment légalisé. +Après quoi le colon restera maître absolu, non seulement du terrain, de +la maison, du mobilier, mais encore des animaux qui se trouveront dans +son domaine; restant libre et dégagé de tout compromis avec l'entreprise +de colonisation. + +Art. 39.--Les colons seront soumis aux lois et institutions de la +République Argentine sous l'autorité d'un juge de paix, chargé de les +faire exécuter. + +Art. 40.--De même que dans les autres centres de population de la +République Argentine, les colons constitueront un conseil municipal +chargé de l'administration des affaires communales de la colonie: le +service religieux, l'instruction primaire, restant à la charge du +gouvernement National ou provincial. + +Art. 41.--Un directeur général des colonies, nommé par l'entreprise, +assisté d'un inspecteur, surveillera, contrôlera et dirigera les +affaires coloniales de l'entreprise. Un agent général représentera +celle-ci dans le pays. + + + Disposition et distribution des colonies le long des chemins de fer + à construire, dans les territoires nationaux. + +Art. 42.--En attendant qu'il soit ajouté à la loi de colonisation un +titre 8 réglant la colonisation le long des chemins de fer, l'entreprise +se conformera à l'article 104 de la loi qui détermine le nombre de cent +vingt-cinq familles à établir dans chaque section de terrain concédé de +vingt-cinq lieues chaque; disposition qui n'apporte pas un changement +irréalisable pour notre projet, et qui d'ailleurs n'est applicable +qu'aux territoires nationaux. Les gouvernements provinciaux restant +libres de passer des contrats sur d'autres bases qui seraient plus +conformes à leurs intérêts. + +Les colons des territoires nationaux seront exempts de la contribution +directe durant dix ans. Art. 114 de la loi. + + + Disposition des colonies dans les territoires provinciaux. + +Art. 43.--Il sera passé des contrats de colonisation avec les +gouvernements provinciaux dans les conditions suivantes: + +1º Établissement d'une colonie de quarante à quatre-vingts familles, +pour chaque concession de vingt lieues carrées le long d'un chemin de +fer, + +2º Établissement de vingt à quarante familles pour une concession de dix +lieues carrées. + +Les autres conditions comme ci-dessus dans nos dispositions générales. + + + Disposition de colonies avec des propriétaires de terrain. + +Art. 44.--Les propriétaires particuliers qui demanderont à établir des +colonies sur leur terrain propre pourront le faire aux conditions +formulées dans l'article précédent, même en réduisant la concession à +cinq lieues pour dix à vingt familles. Par exception pour les +propriétaires de cette dernière catégorie, la moitié du terrain concédé +restera leur propriété après la cinquième année, et en disposeront pour +la vente ou leur usage, comme bon leur semblera. + + + + + AVANTAGES ET BÉNÉFICES + + À répartir aux trois agents de la production: + Gouvernement,--Colon,--Entrepreneur-capitaliste. + + +En toute opération productive et surtout dans celles qui ont une grande +portée, les principes d'une bonne morale et ceux de la science +économique prescrivent une équitable répartition des bénéfices entre les +agents qui concourent à son exécution. C'est fondé sur ces principes que +nous procédons à la répartition des avantages et bénéfices entre les +trois agents qui concourent à l'oeuvre de la colonisation, gouvernement +argentin,--colon européen,--entrepreneur-capitaliste, autrement dit +entre les trois facteurs: _Terre, travail, capital_. + +Notre système de colonisation organisée à production élevée comporte +deux opérations distinctes, celle de la colonisation proprement dite, +qui consiste à l'exploitation de la terre, et celle de l'élève du +bétail. À la première de ces industries concourent le gouvernement et le +colon; à la seconde le colon et l'entrepreneur-capitaliste qui fournit +le capital des avances. Les avantages et bénéfices de la première de ces +deux industries sont attribués au gouvernement et au colon seulement; +les bénéfices de la seconde sont partagés entre le colon et +l'entrepreneur-capitaliste. Définie ainsi la coopération des trois +agents, nous allons procéder à la répartition des avantages et bénéfices +entr'eux, tout en faisant une large part au colon. + + + Avantages que recueille le gouvernement argentin de notre + système de colonisation. + +Tout d'abord nous simplifions la coopération du gouvernement en +réduisant son concours à celui d'une simple concession de terres, le +dégageant de toute dépense à faire pour avances au colon, et réservant +le capital qu'il emploie aujourd'hui à cet objet pour l'appliquer à la +construction de chemins de fer dans les territoires nationaux pour la +garantie d'un sept pour cent d'intérêt du capital à employer à cette +oeuvre d'une grande portée économique. + +La colonisation officielle a rempli son rôle d'initiative et +d'expérimentation, le gouvernement argentin peut abandonner aujourd'hui +la continuation de l'oeuvre à l'industrie privée, en ajoutant à la loi +de colonisation un chapitre 8 ayant pour titre «des colonies à établir +le long du chemin de fer.» Chapitre pour la rédaction duquel pourront +servir de base les quelques articles que nous avons indiqués dans le +cours de cette publication. (Voir page 24.) + +Libre de tout engagement avec les colons, déchargé des dépenses que +nécessite l'opération et des embarras de l'administration coloniale, +charges qui incombent aux entreprises de colonisation, le gouvernement +argentin verra s'accomplir sur une vaste échelle l'oeuvre de la +colonisation, si importante pour la prospérité et l'accroissement de +puissance de son pays. Des colonies nombreuses s'établiront dans ses +vastes et fertiles territoires; de nouveaux centres de consommation et +de production se multiplieront; le mouvement et la vie se répandront +dans ces immenses solitudes; et avec eux s'accroîtront la population et +la richesse. La terre des environs augmentera de valeur et deviendra une +source de revenus incalculables pour le trésor national; le commerce, +l'industrie, les arts se développeront dans ces nouveaux centres de +population, de consommation et de production de matières premières qui +iront alimenter les ports, sur l'Océan Atlantique, de Saint-Antoine et +de Bahia-Blanca, dont le mouvement commercial ne tardera pas à prendre +un mouvement inespéré, le jour où le chemin de fer central de la Pampa, +traversant ce vaste territoire, les mettra en communication directe avec +le Chili et les provinces de l'Ouest. + + + + + BÉNÉFICES DE L'ENTREPRISE + AUTREMENT DIT DU FACTEUR CAPITAL + + +Le capital, sans lequel la colonisation, paralysée dans son action, par +défaut d'outillage, ne peut donner que des résultats insignifiants, ou +des insuccès affligeants, est représenté dans notre système de +colonisation à production élevée par l'entrepreneur-capitaliste. Ce +capital, nous l'avons proportionné à l'ample concession de terre, de 20 +lieues carrées, faite par le gouvernement et à la masse de travail que +fournit une famille de cinq membres au moins; nous avons voulu qu'il fût +complet (9,500 francs par famille). Aussi avons-nous dû lui faire une +large part dans les bénéfices. Ces bénéfices proviennent de deux +sources: 1º ceux que lui attribue la loi sur la colonisation, savoir, +concession de terre (20 lieues) un dix pour cent d'intérêt annuel, plus +une prime de vingt pour cent sur le capital employé, soit 1,900 francs +sur 9,500; 2º ceux qui proviennent de l'industrie du bétail, laquelle +pour la première fois se trouve ajoutée à l'industrie agricole du colon; +ce sont les bénéfices qui proviennent de cette double source que nous +allons évaluer. Soit donc: 1º bénéfices attribués par la loi à +l'entrepreneur-capitaliste. (Art. 98.) + + A--Concession de terre, 25 lieues carrées (art. 65, 98, 104), + que nous réduisons à 20 lieues. + + B--Intérêt de dix pour cent à payer + annuellement par le colon, ci 950 fr. + + C--Prime de vingt pour cent 1,900 francs. + à ajouter au capital 9,500, ci 9,500 francs. + -------------- + Soit ensemble 11,400 francs. + +Ces bénéfices attribués par la loi de colonisation argentine au capital +seraient déjà une rémunération suffisante. Mais voulant tirer parti de +la grande étendue de terre à pâturage concédé par le gouvernement et du +nombre de travailleurs que fournit la famille agricole, nous ajoutons à +l'industrie agricole du colon, celle de l'élève du bétail si productive +dans ces contrées à pâturage et à grands domaines, dont la contenance +s'évalue par lieues carrées. Nous avons créé cette industrie sur le pied +de 500 brebis, 20 vaches, 5 juments, pour chaque famille, soit pour une +colonie de quarante familles 20,000 brebis, 800 vaches, 200 juments, et +pour trois colonies à établir chaque année, 60,000 brebis, 2,400 vaches, +600 juments. Le produit devant être partagé par moitié entre le colon et +l'entreprise; il s'agit maintenant d'évaluer la somme des bénéfices que +cette industrie procurera à l'entreprise. + +Observons d'abord que nos troupeaux des trois espèces d'animaux, brebis, +vaches, juments, augmentent en nombre chaque année de cinquante pour +cent environ par l'adjonction aux mères des femelles nées dans l'année +et qui deviendront mères l'année suivante; or ce chiffre s'élève +généralement à la moitié des naissances. Nous aurons ainsi sur les 500 +agneaux nouveau-nés 250 femelles à ajouter aux 500 mères, soit 750 +femelles pour la production de la seconde année, 1,125 pour celle de la +troisième; ainsi progressivement pour les années suivantes. Même +progression à appliquer aux vaches et juments. Nous avons donc une +progression croissante des produits partant des bénéfices; et cela sans +augmentation de frais; le pacage de vingt lieues carrées étant immense, +et les animaux vivant nuit et jour dehors ne nécessitant pas de +constructions d'étables. Appliquant la même progression aux mâles à +livrer chaque année à la vente à l'âge d'un an, nous obtenons pour la +première année 250 moutons, 375 pour la deuxième, 563 pour la troisième, +814 pour la quatrième, 1,765 pour la cinquième. Le prix ordinaire à cet +âge étant cinq francs, on peut évaluer le produit annuel. Appliquant le +même procédé de progression aux produits de la laine, des veaux et des +poulains de deux ans, et réunissant leur somme à celle déjà calculée des +agneaux, nous arrivons à avoir pour production de la première année, +pour chaque famille, 2,300 fr.; pour la seconde année 3,475 fr.; pour la +troisième 5,240 fr.; pour la quatrième 7,830 fr.; pour la cinquième +14,205 fr. Soit total de la production cheptel d'une famille durant cinq +ans 33,050 fr. Déduisant maintenant de ce chiffre le dixième pour +pertes, soit 3,305 fr., il reste 29,745 fr. à partager entre le colon et +l'entreprise, soit 14,872 fr, pour chacun d'eux pour les cinq années. + + Chaque famille produisant 14,872 francs de cheptel à l'entreprise + en cinq ans, les 40 familles, composant une colonie + produiront 594,880 fr., ci., 594,880 fr. + + À ce chiffre, nous devons ajouter les femelles + des trois races ovine, bovine et chevaline, + conservées pour la reproduction dont la valeur + s'élève, pour la race ovine, à 341,600 fr.; + pour la race bovine, à 117,000 fr., et pour la + race chevaline, à 3,200 fr., soit, valeur en + francs, des produits des femelles des trois races. 461,800 + + Il nous reste à ajouter, à la somme de ces + bénéfices, la valeur des 19 lieues carrées sur + 20, concédées par le gouvernement, soit un + minimum de dix mille francs la lieue, on + aura, 190,000 + ---------- + Soit, total des bénéfices cheptel produit à + l'entreprise, pour une colonie de 40 familles + (200 personnes) 1,246,680 + + (_Voir les tableaux du calcul des bénéfices à l'Appendice_). + + Pour trois colonies à établir chaque année + × 3 = 3,740,040 + avec le capital 1,500,000 fr. + + Pour quinze colonies à établir en cinq + ans × 15 = 18,700,200 + avec le capital 7,500,000 fr. + ------------ + +Les chiffres qui représentent ici les bénéfices de l'industrie du +bétail, pour le compte de l'entreprise, n'offrent certainement pas +l'exactitude désirable, ce qui est impossible à obtenir quand on opère +sur des produits de valeur variable dans leur cours commercial. Ces +chiffres se traduiront par un plus ou un moins dans la réalité. Ce qui +est certain, c'est que le produit de vingt mille brebis, pour chaque +colonie, celui de huit cents vaches et de deux cents juments, avec leur +reproduction croissante de cinquante pour cent l'an, sera toujours +considérable, quelque diminution qu'on fasse subir à mon appréciation. +Ni les critiques malveillantes, ni le calculateur le plus sévère, ne +pourront contester ce grand résultat. Nous avons indiqué le procédé de +calcul à suivre pour l'évaluation des produits du cheptel. Que nos +lecteurs veuillent bien se livrer à une étude attentive de la matière, +et ils reconnaîtront que nous sommes restés éloignés de toute +exagération. + +Maintenant, si l'entreprise, se contentant du dix pour cent d'intérêt +pour le capital employé et de la prime vingt pour cent qu'accorde la loi +argentine sur le capital, se décidait à élargir le cercle de ses +opérations, en appliquant à la construction des chemins de fer coloniaux +les bénéfices produits par le cheptel, ce qui est possible à exécuter, +on arriverait à construire, avec le capital de dix-huit millions de ces +bénéfices, environ soixante lieues de chemins de fer, celui de Mercedes +à Poitagué, par exemple, à continuer, plus tard, avec les mêmes +ressources, jusqu'au port de Bahia-Blanca. + +Le gouvernement argentin accordant une garantie d'intérêt de sept pour +cent aux capitaux affectés à cette classe de travaux publics, +l'entreprise bénéficierait ainsi d'une somme d'intérêt s'élevant à +1,402,254 francs par an, une fois la construction terminée, tout en +restant propriétaire d'une voie ferrée de soixante lieues. Dans ces +conditions, à quel chiffre s'élèveront les actions de l'émission +7,500,000 francs, appliquées à l'opération de colonisation? Je laisse la +réponse à faire aux spéculateurs habituels de négociations de titres +industriels à la Bourse. + + + Avantages et Bénéfices du Colon. + +Le troisième agent de notre oeuvre de colonisation à production élevée, +c'est le colon, qui, avec sa famille, apporte à son exécution le +puissant levier de la production, le travail, troisième facteur de notre +formule économique. Le colon a donc un droit incontestable à la +répartition de la richesse produite avec son concours. Cette part de +richesse doit lui être accordée libéralement, largement, car c'est lui +qui crée cette richesse avec ses bras et son intelligence, le capital +n'étant que l'instrument du travail et la terre la matière à élaborer. +Nous dirons même que le principal objet du colonisateur doit tendre à +assurer la richesse du colon, car, de ce résultat ressortiront le +prestige de l'opération, le succès de l'entreprise, la solution du grand +problème d'économie sociale, l'_extinction du paupérisme agricole +européen_. + +Dans notre mode de répartition des profits, il est accordé au colon des +avantages importants et des bénéfices grands et assurés: + +1º Les avantages sont les suivants: + +Avance de passage d'Europe aux colonies argentines; + +Concession après cinq ans, à titre de propriété, d'un domaine de +cinquante hectares, avec une maison d'habitation composée de deux +pièces; + +Avance de farines pour la subsistance de la famille durant la première +année, des semences, une charrue, un char à quatre roues..... + +Livraison, à titre de cheptel, de troupeaux d'animaux, savoir: 500 +brebis, -- 20 vaches, 5 juments, dont la moitié du produit lui +appartiendra; + +Le colon sera placé près d'un chemin de fer, conséquemment, transport +facile des personnes, des marchandises, des produits agricoles aux +grandes places commerciales et aux ports de mer de Buenos-Ayres, +Bahia-Blanca, Saint-Antoine. + +Il jouira des mêmes avantages sociaux qu'en Europe, de la liberté et de +l'administration communale; avec une école pour l'instruction des +enfants, une église pour ses pratiques religieuses; + +Chaque colonie sera pourvue d'un magasin commercial pour la vente de +divers denrées, de ferretterie, de quincaillerie, d'ustensiles de ménage +et d'outils agricoles; + +Il sera exempt, pendant dix ans, de la contribution directe (article 114 +de la loi de colonisation); + +Il sera libre dans son industrie, avec la seule condition de remplir les +obligations du contrat. + +2º Les bénéfices sont les suivants; ils résultent de la situation +avantageuse faite au colon: + +Tout le produit de l'industrie agricole et de tout autre appartiennent +au colon; + +La moitié du produit de l'élevage du bétail lui appartient durant cinq +ans; nous avons vu plus haut que le chiffre de la moitié de ce produit +pouvait être calculé à 14,000 francs pour les cinq ans. + +Nous terminons ici l'exposition de notre système de colonisation à +production élevée, à appliquer aux territoires immenses et de fertilité +reconnue de la République Argentine. L'objet de notre travail consiste à +ouvrir au cultivateur pauvre européen, une voie de salut praticable, +facile à parcourir, qui lui permette d'échapper au goufre béant de la +misère vers lequel il est entraîné, et de s'élever par son travail à +l'aisance pour lui, à la fortune pour ses enfants. À cet effet, le +gouvernement argentin nous offre libéralement, largement, la terre: ce +qui est beaucoup, car cette libéralité est le pivot de notre +combinaison, sa grande étendue permettant au capital d'élever son action +productive à un degré de rémunération tel que toute autre opération ne +saurait atteindre, et cela par le fait de l'adjonction à l'industrie +agricole du colon, de l'industrie de l'élève du bétail, organisée sur +une grande échelle: complétant ainsi l'outillage du travailleur +agricole. Pour ce grand service rendu, nous devions au capital une large +part dans la répartition des produits; c'est ce que nous avons fait, +comme on l'a déjà vu, en nous conformant aux usages dans la pratique du +cheptel et aux principes économiques. Donc, toute idée d'exploitation +doit être écartée, et les énormes bénéfices que fait l'entreprise ne +doivent être attribués qu'à l'importance du capital employé, à son +application, à la multiplicité des opérations (40 par colonie), et à la +combinaison bien ordonnée des trois facteurs: terre--travail--capital, +élevés à leur puissance, et dont la résultante production (^m) devait +être la conséquence nécessaire. + +Jamais, nous osons le dire, système de colonisation n'a été établi sur +des bases aussi bien définies, aussi clairement déterminées et d'une +aussi grande puissance de production; jamais entreprises de colonisation +n'auront donné de si considérables résultats, jamais colons n'ont obtenu +des conditions aussi avantageuses; jamais gouvernement n'a fait des +concessions si libérales, mais aussi n'aura recueilli des résultats +aussi grandioses. + +Jamais capital aussi bien garanti, doté d'un intérêt satisfaisant et +d'une prime équitable, n'aura produit une rémunération aussi +considérable pour le service rendu durant la courte période de cinq ans. +Jamais enfin situation aussi favorable n'a été offerte à la population +agricole européenne pauvre. + +Nous pourrons donc voir se réaliser, à une époque peu éloignée, les +belles paroles prophétiques d'un notable écrivain de l'Amérique du Sud: +«La rédemption de la race blanche se trouverait dans l'acquisition +morale de tout un monde riche et vierge, d'un monde qui donnerait terre, +travail, fortune.» + + Andres LAMAS. + (Notice sur l'Uruguay). + + +C'est donc une oeuvre philanthropique et économique de haute importance +que nous conseillons d'entreprendre. Quand à ses résultats heureux, nul +ne peut les contester. Les bénéfices, si réduits qu'ils soient ne +peuvent se nier. Un fait incontestable, c'est l'intérêt dix pour cent +par an et la prime de vingt pour cent sur le capital, alloués par la loi +argentine au capital employé à la colonisation hypothéquée sur l'avoir +mobilier et immobilier avancé au colon et sur une grande concession de +terrain qui devient propriété de l'entreprise, dès le moment de +l'installation de la colonie, c'est-à-dire au moment de l'application du +capital. + +Quant à nous, ouvriers de la première heure, dans ce genre d'entreprise +de colonisation dans la République Argentine, notre conscience +satisfaite nous dit que nous faisons une bonne oeuvre et une bonne +action. + + AUGUSTE BROUGNES, + + _Docteur en médecine, propriétaire du domaine de + Caixon, près Vic-Bigorre (Hautes-Pyrénées)._ + + + +Caixon, le 20 novembre 1882. + + + + + Cinq lieues de longueur. + +----------------------------------------------------------------+ + | Terrain colonial de l'entreprise de 20 lieues carrées. | + | | + | 20 lots de 50 hectares chacun | + | +-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+ | + | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | + | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | + | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | + QUATRE | |o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o| | + LIEUES +-----------+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+------------+ + DE |Terrain communal de 258 mètres de largeur, 5 lieues de longueur.| + LARGEUR+-----------+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+------------+ + | |o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o| | + | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | + | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | + | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | + | +-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+ | + | 20 lots de 50 hectares chacun | + | | + | Terrain colonial de l'entreprise de 20 lieues carrées. | + +----------------------------------------------------------------+ + Cinq lieues de longueur. + + +PRODUIT DU CHEPTEL À REPARTIR ENTRE LE COLON ET L'ENTREPRISE + +Produit annuel d'une famille agricole durant cinq ans. + + PRODUIT DES ANIMAUX + Classe Années Naissance| Femelles Mâles Produit + d'animaux | à à de la vente + | conserver vendre à 5 fr. + ----------------------------+------------------------------- + 1re année 500 | 250 250 1,250 f. + BREBIS 2e année. 750 | 375 375 1,875 + 3e année. 1,125 | 562 562 2,800 + 500 4e année. 1,687 | 843 843 4,215 + 5e année. 2,530 | 1,765 1,765 8,825 + +------------------------------- + | 3,795 3,797 18,965 + Perte 1/10 à déduire. | 379 379 1,896 + +------------------------------- + | 3,416 3,418 17,069 + ------------------+------------------------------- + PRODUIT DE LA LAINE + Années Nombre | Quantité de | Prix | Valeur + d'anim. | laine de | du | + |chaque animal | kilo | + ------------------+--------------+------+--------- + 1re ann. 500 | 500 kil. | 1 fr.| 500 + 2e ann. 750 | 750 | id. | 750 + 3e ann. 1,125 | 1,125 | id. | 1,125 + 4e ann. 1,687 | 1,687 | id. | 1,687 + 5e ann. 2,530 | 2,530 | id. | 2,530 + |--------------+ +--------- + | 6,592 | | 6,592 f. + Perte 1/10. | 659 | | 669 + +--------------+ +--------- + | 5,933 | | 5,923 + ------------------+--------------+------+--------- + Années Nombre | Total + d'anim. | du produit des brebis + ------------------+------------------------------- + 1re ann. 500 | 1,750 + 500 = 1,750 + 2e ann. 750 | 1,875 + 750 = 2,625 + 3e ann. 1,125 | 2,800 + 1,125 = 3,925 + 4e ann. 1,687 | 4,215 + 1,687 = 5,902 + 5e ann. 2,530 | 8,825 + 2,530 = 11,355 + | ------- + | 25,557 + Perte 1/10. | 2,555 + | ------- + | 23,002 + ----------------------------+------------------------------- + | 50 f. à 2 ans + 1re année 20 | 10 10 500 + VACHES 2e année. 30 | 15 15 750 + 3e année. 45 | 22 23 1,150 + 20 4e année. 67 | 33 34 1,700 + 5e année. 100 | 50 50 2,500 + +------------------------------- + | 130 132 6,600 + Perte 1/10 à déduire. | 13 13 660 + +------------------------------- + | 117 119 5,940 + ----------------------------+------------------------------- + | 25 francs. + 1re année 5 | 3 2 50 + JUMENTS 2e année. 8 | 4 4 100 + 3e année. 12 | 6 6 150 + 5 4e année. 18 | 9 9 225 + 5e année. 27 | 13 14 350 + +------------------------------- + | 35 35 1,075 + Perte 1/10 à déduire. | 3 3 107 + +------------------------------- + | 32 32 968 + + + + Produit du cheptel, de race ovine (brebis) + durant cinq ans 23,002 fr. + + Produit du cheptel, de race bovine, durant + cinq ans 6,600 + + Produit du cheptel, de race chevaline, durant + cinq ans 675 + + Total 30,477 fr. + + + + + +Produit du cheptel à repartir entre l'entreprise et le colon. + + + Brebis 60,000 + Vaches 2,400 + Juments 600 + PRODUIT DE 1 COLONIE DE -------------------- + 40 FAMILLES (200 PERSONNES). PRODUIT DE 3 COLONIES + _Capital à employer, 500,000 francs._ _Capital_ 1,500,000 + + + MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL + à d'une colonie de 3 colonies + entreprise de 40 familles 120 familles + + ANNÉES Produit annuel d'une famille TOTAL du produit, + de 3 personnes moins 1/10 pertes + + 1re Brebis + année Vente d'agneaux 1,250 } + Vente de laine 500 } 1,750 } = 2,300 francs + Vaches: Vente de veaux 500 } p. 1/10 230 = 2,070 + Juments: Vente de poulains 50 } + + MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL + 1,035 × 40 = 41,400 × 3 col. = 124,200 + + 2e Brebis + année Vente d'agneaux 1,875 } + Vente de laine 750 } 2,625 } = 3,475 francs + Vaches: Vente de veaux 750 } p. 1/10 347 = 3,128 + Juments: Vente de poulains 100 } + + MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL + 1,564 × 40 = 62,560 × 3 col. = 187,680 + + 3e Brebis + année Vente d'agneaux 2,815 } + Vente de laine 1,125 } 3,940 } = 5,240 francs + Vaches: Vente de veaux 1,150 } p. 1/10 524 = 4,716 + Juments: Vente de poulains 150 } + + MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL + 2,358 × 40 = 94,320 × 3 col. = 282,960 + + 4e Brebis + année Vente d'agneaux 4,220 } + Vente de laine 1,695 } 5,905 } = 7,830 francs + Vaches: Vente de veaux 1,700 } p. 1/10 783 = 7,047 + Juments: Vente de poulains 225 } + + MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL + 3,523 × 40 = 140,920 × 3 col. = 422,760 + + 5e Brebis + année Vente d'agneaux 8,825 } + Vente de laine 2,530 } 11,355 } =14,205 francs + Vaches: Vente de veaux 2,500 } p. 1/10 1,420 = 12,782 + Juments: Vente de poulains 350 } + + MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL + 6,392 × 40 = 255,680 × 3 col. = 767,040 + + 5 ans, 1 colonie + Total. 594,880 × 3 col. = 1,784,640 + + 6e Ajouter: Produit de la vente, après cinq ans, des femelles + année conservées pour la reproduction des trois races, déduction + faite du dixième pour perte. + Brebis, 3,416 à 5 f. 17,080 } + Vaches, 117 à 50 f. 5,850 } 23,730 pour 1 famille + Juments, 32 à 25 f. 808 } 11,865 × 40 = 474,600 + × 3 col. = 1,423,800 + + + Ajouter, produit de vente du terrain concédé. + 19 lieues par colonie, à 10,000 fr. la lieue = 190,000 + × 3 col. = 570,000 + + Id. Prime, 20 pour cent sur capital avancé au + colon (9,500) soit 1,900 f. sur 40 familles = 76,000 + × 3 col. = 228,000 + + Total général des bénéfices après cinq ans + pour une colonie = 1,335,480 + × 3 col. = 4,006,440 + + 10 % l'an,--plus bénéfice après cinq ans + pour une colonie = + × 3 + + + + +DIVIDENDE DU COUPON, 100 FR. SUR LE PRODUIT DE 3 COLONIES DURANT 5 ANS + + ======================================================================== + | | Produit | À repartir | | | + | | annuel | aux 15,000 | | Dividende | + | Années | de 3 | coupons de | Dividende | joint à l'intérêt | + | | colonies | 100 fr. | annuel | dix pour cent. | + |--------+-----------|------------|-----------|------------------------| + |(année) | (francs) | (coupons) | (fr. c. ) | (p. cent d'intérêt) | + | | | + | 1re | 124,200 ÷ 15,000 8 25 +10 18 fr. 25 c. | + | 2e | 187,680 ÷ 15,000 12 50 +10 22 fr. 50 c. | + | 3e | 282,960 ÷ 15,000 18 86 +10 28 fr. 86 c. | + | 4e | 422,760 ÷ 15,000 28 18 +10 38 fr. 18 c. | + | 5e | 767,040 ÷ 15,000 51 13 +10 61 fr. 13 c. | + | | ---------- --------- -----------------------| + | Total | 1,684,740 Total des 118 92 +50 168 fr. 92 c. | + En 5 ans dividendes + + 6e.--Produit des ventes de 3 colonies + { 1º des femelles de reproduction 1,423,800 f. + { 2º du terrain colonial 570,000 + { 3º Prime 20 pour cent 228,000 + ------------- + 2,221,800 fr. + ÷15,000 coupons 148 fr. 12 c. + --------------- + Produit du coupon 100 fr. en 5 ans 317 fr. 04 c. + + Moyenne par an, durant 5 ans 63 fr. 20 c. + + +Nous ne faisons pas entrer en ligne de compte les bénéfices qui +résulteront de la vente de marchandises dans les magasins commerciaux +établis dans les colonies, les bases de calcul manquant. + +Quant aux frais d'administration, ils seront compris dans le tableau +suivant de l'emploi du capital. + + Création et emploi du capital 7,500,000 francs + Pour fondation de 15 colonies, 3 colonies par an durant 5 ans. + + ======================================================================= + Émission de 15,000 actions de 500 fr., payables en cinq annuités + de 100 fr. (coupons d'action). + + Paiement des annuités en coupons d'action de 100 francs. + { 1re année -- 15,000 1,500,000 fr. pour 3 colonies. + { 2e année -- 15,000 { coupons } 1,500,000 fr. pour 3 colonies. + { 3e année -- 15,000 { de 100 fr., } 1,500,000 fr. pour 3 colonies. + { 4e année -- 15,000 { produisant } 1,500,000 fr. pour 3 colonies. + { 5e année -- 15,000 1,500,000 fr. pour 3 colonies. + -------- --------------- ---- + Total 7,500,000 fr. 15 colonies. + ------------------------------- + +Le capital 1,500,000 francs des annuités 100 francs étant remboursable +après la cinquième année, peut s'appliquer à une nouvelle série +quinquennale d'opérations, et ainsi successivement durant +dix,--quinze,--vingt ans. On pourra donc, avec le même capital 7,500,000 +francs, fonder, avec le temps, des centaines de colonies, et l'opération +continuer tout le temps que l'entreprise et le gouvernement argentin le +jugeront utile. + + + Emploi du capital 1,500,000 fr., chaque année, pendant trois ans. + + 1º Pour une colonie de 40 familles 500,000 fr. + --------------- + Savoir: A.--Pour { Outillage agricole 2,500 fr. + 1 famille:_ { Animaux à cheptel 5,500 + 9,500 fr._ { Passage 1,500 + -------------- + 9,500 fr. + + B.--Pour 40 familles, 9,500 × 40 = 380,000 fr. + Frais d'administration et réserve. 120,000 + -------------- + 500,000 fr. + + 2º Pour 3 colonies (120 familles) 1,500,000 fr. + --------------- + Savoir: Frais d'établissement et outillage 1,140,000 fr. + Frais d'administration 110,000 + Id. magasins commerciaux 150,000 + -------------- + 1,500,000 fr. + +NOTA.--Les frais d'administration étant compris dans la distribution du +capital, nous avons dû ne pas les faire entrer en ligne de compte dans +la répartition des bénéfices. + + + + +TABLEAU RÉSUMÉ + +De l'oeuvre de colonisation à production élevée à appliquer dans les +territoires nationaux de la République Argentine. + + +A.--Extinction du paupérisme agricole européen par la colonisation +des territoires nationaux dans la République argentine. + + Situation malheureuse du petit cultivateur européen. + + Mesures inefficaces proposées pour remédier à cette situation. + + La colonisation, à l'extérieur, est dans les conditions économiques + actuelles, le remède le plus efficace du paupérisme agricole. + + Résultats prodigieux obtenus dans l'Amérique du Nord par la + colonisation avec les émigrants cultivateurs Irlandais et Allemands. + + Conditions meilleures pour obtenir le même résultat dans la République + Argentine. + + Loi argentine sur la colonisation du 6 Octobre 1876. + + Premier contrat de colonisation du Dr Brougnes, du 29 janvier 1853, + passé dans la République Argentine, stipulant concession de terrain et + avances remboursables.--Colonie San-Martin. + + +B.--Système de colonisation perfectionnée. + + 1º Axiome économique: terre + travail + capital^m = production^m. + + 2º Colonisation à production élevée, par l'adjonction à l'industrie + agricole de l'élevage du bétail et établissement des colonies le long + des voies ferrées. + + 3º Réseau du chemin de fer Pampéen de Mercedes (San-Luis) au port + St-Antoine, avec embranchement de Poitagué à Bahia-Blanca et à + Santiago (Chili), avec une garantie d'intérêt 7 % par le + gouvernement argentin. Voie commerciale directe aux ports de mer pour + les provinces argentines de l'ouest: Cordova, St-Louis, Men Josa, + San-Juan. + + +C.--****** de l'oeuvre de colonisation à production élevée. + + 1º Pour le gouvernement argentin concessionnaire de la terre.--Sans + autres dépenses + + Création de centres de population, foyers de production, + d'accroissement de puissance et d'attraction pour l'immigration + spontanée d'artisans, de commerçants, d'industriels. + + Augmentation de la valeur des terres dans les territoires nationaux, + source de revenus incalculables pour le trésor public. + + 2º Pour le colon, cultivateur du sol et éleveur de bétail. + + Situation extraordinairement avantageuse faite au colon, savoir: + + Concession de 50 hectares de terrain. + + Avances remboursables + Passage d'Europe à Amérique 1,500 fr. + Maison d'habitation; } + Subsistance pour l'année; } 2,500 + Outillage agricole. } + + Animaux à cheptel + 500 brebis. + 20 vaches. + 5 juments. + + Capital remboursable.... 5,500 + ------------- + Total 9,500 fr. + à 10 % 20 % prime. + + Bénéfices { 1º Produit total de l'industrie agricole; + { 2º Moitié du produit cheptel. + + 3º Pour l'entreprise, à Capital remboursable après 5 ans. + + 1º 10 % sur le capital durant cinq ans; + + 2º 20 % prime sur le capital, après cinq ans; + + 3º Moitié du produit cheptel; + + 4º Produit de la vente de 19 lieues carrées par colonie. + + +D.--Administration. + + Centrale. + { Conseil d'administration; + { Directeur général; + { Un trésorier; + { Un comptable. + + Coloniale résidant aux colonies. + { Un directeur général; + { Un inspecteur; + { Un comptable; + { Un agent du magasin commercial dans chaque colonie + + + + + APPENDICE + + Industrie de l'élève du bétail dans la République Argentine. + + +On peut juger des bénéfices que procure aux éleveurs de la race bovine +(celle de la race ovine produit bien davantage) par le calcul suivant +fait par un estancier, Mr de Brayer: + + «Un capital de 40,000 francs employé à l'achat de trois mille têtes de + bétail[19] placées sur un établissement déjà monté, produit net au + bout de six années, tous frais payés, la somme de cent trente-sept + mille cent quatre-vingt-treize francs; c'est-à-dire que ce troupeau de + trois mille vaches s'accroît chaque année dans une proportion + croissante de trente-deux pour cent, et que, en déduisant les animaux + tués pour la nourriture des pasteurs, ainsi que ceux qui ont été + vendus pour les abattoirs ou saladeros, l'estancier se trouve avoir, + au bout de six années de travail et de soins, un troupeau de dix mille + quatre cent quatorze têtes de bétail. + + «Il ne faut qu'un pâtre par mille têtes de bétail, et vu la nature du + terrain et la qualité des pâturages, on compte généralement une lieue + carrée pour deux mille vaches.» + + _Émigration et colonisation_, par Arsène Isabelle, + ex-chancelier du consulat français à Montevideo, + page 43. + + +Dans les 13ème et 14ème volumes des _Annales du club rural de Buenos +Ayres_, publication mensuelle des plus remarquables et des plus +intéressantes, on trouvera les rapports de diverses commissions qui +donneront une idée de la grandeur et de l'importance qu'a prise +l'industrie du bétail dans la République Argentine. Nous allons donner, +d'après ces rapports, un état sommaire de quelques-uns de ces +établissements. + + + 1879.--Estancia de Rosario de las Flores.--Propriétaire, + M Chas. + +Ce domaine, fondé en 1857 par François Chas, est situé à trente-cinq +lieues Sud-Est de Buenos-Ayres. Il est traversé par le chemin de fer du +Sud. Près de la station, M. Chas a fait construire des magasins et des +hangars pour le dépôt de ses laines. + +Le domaine se compose de douze lieues carrées, dont six sont clôturées +en fil de fer. Les six autres sont affermées à raison de 1,400 à 2,000 +francs la lieue. Dans les six lieues clôturées, une lieue est affermée +pour 3,400 francs[20]. Les cinq restantes sont exploitées par M. Chas. + +_Exploitation de cinq lieues_--La valeur de la terre de M. Chas est +estimée 28,000 fr. la lieue. + +Le majordome de M. Chas pense que l'on peut élever 1,000 vaches, 500 +juments et 10,000 brebis dans une lieue. + +_Maison d'habitation_.--Non loin de la station du chemin de fer est +située la maison d'habitation solidement construite et à terrasse, sur +une longueur de 30 mètres et une largeur de cinq. En face se trouvent la +cuisine et les magasins de dépôt. Un peu plus loin sont les hangars pour +la tonte des brebis et le dépôt des laines. Autour de ces hangars et à +une courte distance se trouvent de grandes enceintes clôturées de +piquets pour y renfermer les animaux la nuit. + +Non loin de la maison d'habitation on conserve avec un soin religieux la +chaumière qui servit d'habitation à M. Chas père, an commencement de son +exploitation en 1857. + +Vingt-cinq hectares ont été plantés en bois, on y compte 80,000 +peupliers de dix ans, plantés en lignes droites à deux mètres +d'écartement l'un de l'autre; 4,000 eucalyptus... Un champ de 21 +hectares est semé en luzerne. Chaque année M. Chas sème 16 hectares de +maïs; son rendement est de 39 hectolitres par hectare. + +_Animaux_.--Dans le terrain que s'est réservé M. Chas, et après une +vente de 8,500 vaches qu'il fit en 1878, il élevait, en 1879, 3,000 +vaches et 3,000 juments. + +_Brebis._--L'estancia de las Flores comprend 6,500 brebis de race, sur +lesquelles 1,000 de pur sang Negrette et 5,500 communes croisées avec +des béliers Negrette. + +Les brebis pur sang de la première catégorie se vendent de 200 à 1,700 +francs; les brebis croisées de la seconde, 40 fr. La toison d'une des +brebis Negrette qui obtint une prime à l'exposition de Philadelphie et +une médaille d'or à celle de Paris, pesait 31 livres 3/4. + + + Estancia du Tatay de Samuel Hale. + +Cette belle estancia est située dans le district de Carmen d'Areco, à +deux lieues de cette petite ville et à vingt lieues de celle de +Buenos-Ayres. + +La contenance est de quatre lieues carrées, clôturées de tous côtés par +sept fils de fer. + +Dans la contrée, le fermage de 100 cuadres (166 hectares), pour +pâturage, est généralement de 2,000 francs; celui d'une lieue carrée, +32,000 francs, intérêt à 8 pour cent de 400,000 francs. + +D'après le dernier recensement de 1878, l'estancia se composait de +80,000 brebis, de 2,700 vaches, et de 800 chevaux et juments. + +Pour expliquer le fermage de 2,000 francs par lot de 1,600 hectares, il +nous suffira de dire qu'un troupeau de 1600 brebis, s'entretenant sur ce +terrain, produit annuellement en laine 240 arrobes, de vingt cinq livres +chaque (2,400 kil.), vendue à vingt francs l'arobe de dix kilogrammes, +soit deux francs le kilogramme, produisent 4,800 francs, plus 400 +animaux femelles d'augmentation pour le troupeau. + +Les bâtiments se composent d'une belle maison de maître avec des +cuisines d'un côté, des magasins de denrées et de dépôt de l'autre, plus +loin d'autres bâtiments pour fumer les jambons, pour extraire la graisse +des animaux, des hangars pour la tonte et dépôt de laine, des volières, +un magnifique jardin et enfin les diverses enceintes entourées de +piquets pour y renfermer les animaux. Autour du jardin et des +constructions existe un bosquet de 70,000 grands arbres, acacias, +peupliers.... + +_Vaches._--L'estancia du Tatay contient 2,700 vaches desquelles 1,000 +sont de race croisée Devon et Durham. La race Devon a ses quartiers de +devant plus parfaits et s'entretient à moins de frais et engraisse +facilement; seulement, elle n'acquiert pas le volume des Durham et des +Herfords. 150 veaux de race pure de Durham étaient destinés au service +de la reproduction croisée. + +Les taureaux croisés d'un à deux ans se vendent 200 francs. + +_Brebis._--Le domaine possède 80,000 brebis croisées fines, en majeure +partie de race Negrette et Rambouillet. Divers béliers de ces races ont +produit 35 et 36 livres de laine. En général, ils donnent des toisons de +18 à 20 livres et les brebis 8 livres. La race Lincoln a été également +introduite dans l'établissement; en 1878 la vente des béliers produisit +33,315 francs. + +Le produit de la laine des brebis de toute race donne, terme moyen, 5 +livres 8 par toison: ce qui donne pour 80,000 brebis 185,600 +kilogrammes, soit à 1 fr. 50 le kilo: 464,000 fr. + +_Chevaux._--L'établissement ne contient que 350 juments et 50 étalons. + +_Cochons._--Il y a aussi 200 cochons de race Chester, blancs, longs de +corps, de forme ronde, oreille tombante. Gras, ils pèsent 80 à 100 +kilogrammes, et à un an 120 à 140. + +_Administration._--L'administration se compose d'un majordome et d'un +aide-majordome, d'un comptable, un teneur de livres chargé des magasins +à denrées et des dépôts. Il y a un chef domestique et des pasteurs-chefs +pour chaque espèce d'animaux; chacun d'eux dirige et surveille les +serviteurs et pasteurs de chacune de ces classes. Il y a encore un +jardinier, un forgeron, un menuisier; en général, chacun de ces derniers +exploite un troupeau pour son compte dans l'établissement. + +_Produit._--Le produit brut du Tatay fut en 1877 de 2,967,019 piastres +papiers, soit 593,400 francs. + +Les frais d'exploitation étaient de 32,000 francs. + +La valeur de l'établissement est d'environ 3,200,000 francs. + +Ce magnifique établissement a été créé par un homme d'une rare bonté, +âgé aujourd'hui de 75 ans, encore robuste, Sir Samuel Hale. + + + Estancia de San-Juan de Léonardo Pereyra. + +L'estancia de San-Juan, appartenant à M. Léonard Pereyra, est située +dans le district de Quilmes, à huit lieues au sud de la ville de +Buenos-Ayres. Sa contenance est de quatre lieues et un tiers. Le chemin +de fer de las Ensenades traverse le domaine, lequel se termine au +sud-est du fleuve de Rio de la Plata. + +De la contenance ci-dessus indiquée, 900 cuadres (1,494 hectares) sont +affermées à des cultivateurs en onze fermes de 70 cuadres (116 +hectares), deux de 83 hectares chacune et une de 44 hectares. Toutes ces +fermes sont séparées les unes des autres par des haies vives et des +chemins larges de dix-sept mètres. Les haies ont une extension de 34,400 +mètres. + +Le prix de fermage est de 60 francs par cuadre (1 hectare 66 ares). + +Les 3 lieues 3/4 du domaine qui ne sont pas affermées sont destinées à +l'industrie de l'élève du bétail. Elles sont séparées en deux parties +par une clôture en fil de fer. La partie basse près du fleuve, le Rio de +la Plata, d'environ une lieue trois quarts, est destinée au pacage des +vaches et juments, au nombre de 7,000 têtes de la première race, +croisées Herford et Durham et de 800 de la seconde, croisement avec +étalons Claveland. Les autres deux lieues sont destinées à l'élève de la +race ovine, au nombre de 32,000 brebis croisées avec des béliers +Rambouillet et Southdown. + +Dans cet espace de trois lieues trois quarts, un quart de lieue a été +divisé en cinq compartiments destinés aux poulains de la race la plus +fine de chaque espèce. + +151 cuadres (250 hectares) sont occupées par un grand pare situé autour +du domaine; 50 cuadres (83 hectares) sont semées en luzerne. + +_Habitation._--En face la station Pereyra du chemin de fer se trouve la +maison d'habitation, avec l'apparence d'un palais. On y arrive par une +large allée bordée de grands arbres, traversant le parc; c'est la +résidence d'été du propriétaire; 16 ouvriers sont occupés aux travaux et +à l'entretien du parc et des jardins. Un bâtiment de cinq pièces est +destiné au majordome, un autre pour le jardinier, d'autres pour les +hommes de service de la maison. Divers hangars et des étables pour les +animaux de fine race complètent l'ensemble des constructions. + +_Race chevaline._--La race chevaline est représentée, dans cet +établissement, par mille juments de divers degrés de croisement. + +35 de pure race sont servies par un étalon Yort Claveland. + +35 autres, également de pure race, sont servies par un étalon Trakenem, +de race allemande, introduite en 1876. + +Les poulains de ces races se vendent 600 francs. + +Deux autres groupes de juments sont destinés à produire les chevaux +galopeurs chiliens. Ces chevaux ont le mérite d'aller à un pas de galop +sans trop fatiguer le cheval et le cavalier. + +_Race bovine._--3,600 vaches, de divers croisements, sont servies par +des taureaux Herford à face blanche. + +3,800 vaches croisées sont servies par des taureaux Durham. La première +de ces races a été choisie parce qu'elle est plus robuste et moins +difficile à élever. + +La seconde comme plus propre à l'engraissement et qu'elle produit une +plus grande masse de viande. + +_Race ovine._--Deux races de brebis sont élevées dans le domaine de +San-Juan, la race Southdown à face et pattes noires, sans cornes, et la +race Rambouillet. + +Le groupe de race pure Southdown est de 1,500 brebis. Elles sont servies +par des béliers de pure race. + +Le groupe de race croisée s'élève à 5,500 brebis. + +Les Southdowns acquièrent tout leur développement en dix-huit mois, +pendant qu'aux Rambouillets il faut deux ans. + +Dans cet établissement, des moutons Southdown ont pesé après leur mort 9 +arrobes (90 kil.). + +La laine de cette race est plus recherchée que celle du Rambouillet, +parce qu'elle est plus légère; on la paie deux francs de plus par +arrobe. + +Le groupe de la race Rambouillet comprend 32,000 brebis. + +300 sont de pure race. Des béliers ont donné des toisons pesant de 18 à +32 livres de laine. Ces brebis sont menées au pâturage pendant le jour, +et la nuit, on leur donne, dans des hangars, du fourrage sec à manger. + +L'année 1877, on récolta 3,500 arrobes (35,000 kil.) de laine, ce qui, +pour 32,000 têtes, donne 1 kil. 09 environ par tête, l'une comportant +l'autre. + +À ces établissements nous pourrions en ajouter des centaines, tout aussi +importants et aussi bien tenus, tels que ceux de M. Émile Duportal, à +San-Vicente, de MM. Casares, Guerrico, Unzué, Lincoln, Ortiz, Édouard +Olivera[21]. Celles dont je viens de faire la sommaire description +suffiront pour démontrer à mes lecteurs les richesses immenses que +l'industrie du bétail est appelée à produire dans la République +Argentine. + +Comme preuve de haut intérêt que porte le gouvernement argentin depuis +trente ans à l'oeuvre de la colonisation de son vaste territoire et de +sa décision à en poursuivre l'exécution, nous reproduisons ici la lettre +de félicitation et de remerciements pour notre initiative de +colonisation, que nous faisait adresser, en septembre 1854, le +gouvernement argentin, sous le général Urquiza, par l'éminent ministre +de l'intérieur, M. le docteur Gorostiaga. Le président actuel de la +République Argentine, brigadier-général Roca, pénétré de la même +décision, disait, dans son dernier message au congrès: «Je crois +nécessaire de stimuler la colonisation de nos territoires nationaux en +accordant de larges concessions et en protégeant les colons.» + +Voici la lettre du ministre de l'intérieur, docteur Gorostiaga: + + + Parana, 11 septembre 1858. + + Monsieur le docteur BROUGNES, + +«Son Excellence M. le président de la République Argentine a reçu un +exemplaire de votre ouvrage intitulé: _Extinction du paupérisme agricole +par la colonisation dans les provinces de la Plata_. La lecture de votre +livre a complètement satisfait Son Excellence; elle m'a chargé de vous +remercier en son nom, non-seulement de l'envoi d'un exemplaire dudit +ouvrage, mais surtout du service important que vous rendez à la +confédération, en vous occupant d'un de ses intérêts les plus vitaux, +celui d'introduire dans nos contrées des travailleurs honnêtes et +laborieux. + +«La question que vous avez traitée dans votre livre est frappante de +vérité et pleine d'intérêt. Comme vous le dites, les bras surabondent en +Europe, où le sol arable est infiniment trop réduit pour sa trop +nombreuse population, pendant que nos immenses et fertiles plaines +manquent presque totalement de laboureurs. Fournir du sol aux +travailleurs agricoles, du travail et la subsistance aux indigents, +telle est la question à résoudre au profit de l'Europe et de l'Amérique, +question dont vous avez entrepris la solution avec un zèle qui vous +honore. Le gouvernement argentin ne négligera rien, pour son compte, et +s'imposera tous les sacrifices pour le succès d'une aussi grandiose +entreprise. + +«Vous trouverez, à la suite de cette lettre, une copie d'un décret du 9 +septembre, qui vous prouvera le prix que M. le président de la +République fait de vos travaux et de votre activité pour +l'accomplissement de l'oeuvre dont la direction vous a été confiée, +celle d'introduire dans notre pays des émigrants utiles et laborieux. + +«En exécutant les ordres de M. le Président, qu'il me soit permis, à mon +tour, de vous adresser mes félicitations pour votre important travail, +et je vous prie d'agréer l'assurance de ma haute considération, + + Le ministre de l'intérieur, + + BENJAMIN GOVOSTIAGA. + + + + DÉCRET + + Panama, 9 septembre 1852. + +En vue de répandre, dans la République Argentine, les idées bien conçues +sur l'émigration européenne et de prouver le grand intérêt que prend le +gouvernement pour les travaux des hommes d'intelligence sur cette +question, et sur les avantages que l'agriculture, l'industrie, le +commerce peuvent retirer de l'exploitation de notre sol, + +Le Président de la République Argentine décrète: + +Article 1er.--Le livre de M. le docteur Brougnes, intitulé: _Extinction +du paupérisme agricole par la colonisation dans les provinces de la +Plata_, sera traduit en espagnol, imprimé et publié aux frais du Trésor +National. + +Art. 2.--L'exemplaire adressé au gouvernement argentin par M. Brougnes, +sera déposé aux archives. Des remerciements seront adressés à l'auteur. + +Art. 3.--Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent +décret. + +Art. 4.--Il sera publié et communiqué à qui de droit. + + _Le Président de la République Argentine_, + URQUIZA. + + _Le secrétaire général_, + V. QUESADA. + + _Le ministre de l'intérieur_, + B. GOROSTIAGA. + + +L'oeuvre de colonisation à production élevée, dont nous venons d'exposer +la combinaison et l'organisation, est destinée aux familles de +cultivateurs pauvres dont la situation nous a paru irrémédiable par tout +autre moyen. En les transformant en grands propriétaires, éleveurs de +nombreux troupeaux d'animaux, avec l'outillage nécessaire à +l'exploitation du sol, nous faisons de ces familles des agents de grande +production, dont partie doit appartenir, en toute justice, à +l'entreprise qui leur a créé une telle situation. Quant aux résultats +heureux de l'oeuvre, nul ne peut les contester. Le chiffre des bénéfices +sera, sans nul doute, plus ou moins élevé que celui que nous avons +rationnellement calculé. Mais ces bénéfices, si réduits qu'ils soient, +nul ne peut les nier. Un fait incontestable, c'est l'intérêt dix pour +cent par an et la prime de vingt pour cent alloués par la loi argentine +au capital employé à la colonisation, hypothéqué sur l'avoir mobilier et +immobilier du colon et sur une grande concession de terre qui devient +propriété de l'entreprise dès le moment de l'installation de la colonie, +c'est-à-dire, du moment de l'application du capital à l'opération. Il y +a donc toute sécurité pour le capital et de grands bénéfices à réaliser, +tout en rendant au cultivateur pauvre le plus grand des services, celui +de l'arracher au goufre de la misère vers lequel il est entraîné et de +le placer sur la voie de la fortune largement ouverte devant lui. Quant +à nous, notre conscience satisfaite nous dit que nous faisons une bonne +oeuvre et une bonne action. + + Dr BROUGNES. + + + +[Carte Géographique +de la République Argentine +avec les limites réglées par les derniers traités de 1881.] + + + + +NOTES + + +[1] En 1850, ému de la triste situation du petit cultivateur en + Europe, situation qui me parut irrémédiable par les moyens proposés + à cette époque, laquelle, en effet, n'a pas été améliorée, + j'entrepris un voyage dans l'Amérique du sud en vue de résoudre la + question du paupérisme agricole européen.[2] Dès mon arrivée dans + cette contrée, je ne tardai pas à reconnaître que la solution du + problème que je cherchais à résoudre était trouvée. L'inspiration de + mon entreprise m'était venue en lisant le journal la _Semaine_, du + 22 novembre 1850, où je trouvais la pensée de Cohen écrite en tête + de cette introduction. + + À la vue de cet immense territoire, d'une salubrité reconnue, sous + la zone des climats tempérés, entre les 30ème et 40ème degrés de + latitude sud, la même que celle de l'Espagne et de l'Italie, et où + le sol est d'une fertilité rare, sous forme de prairies à pâturage + couvertes de bétail, sol facile à défricher, facile à exploiter, que + les gouvernements et même le particulier vendaient à vil prix, ou + concédaient même gratis; à la vue, dis-je, de ces immenses plaines + sans limites et incultivées, je me décidai à faire profiter le + cultivateur pauvre européen des conditions si favorables pour lui. + C'est en vue de cet objet que je publiai à Montevideo, en 1852, une + brochure ayant pour titre: _Moyen de s'enrichir par la culture du + sol en Uruguay_. + + Peu de temps après cette publication, des gouverneurs des provinces + argentines m'appelèrent à concourir aux entreprises que je + proposais. Le magnifique territoire des missions jésuitiques, si + salubre, si fertile, si pittoresque, qui m'était offert par le + gouvernement de Corrientes, fixa mon choix, et un contrat fut passé + le 29 janvier 1853, lequel fut garanti par le gouvernement national + le 12 octobre 1854. Un caprice du gouverneur de Corrientes lui ayant + fait établir la colonie à Ste-Anne, à trois lieues de la capitale, + au lieu de l'établir dans le territoire des missions, m'amena à + demander la résiliation du contrat; ma proposition, acceptée par le + gouvernement National, se termina par une transaction avec indemnité + en 1863. La colonie transférée dans le territoire des missions en + 1862, porte le nom de St-Martin; elle est située sur le bord du + fleuve Uruguay, non loin des ruines de Japeyu, ancienne capitale des + jésuites. + + Dans cette dernière localité, la colonie a prospéré; on peut en + juger par l'extrait suivant du rapport de M. Samuel Navarro, + inspecteur des colonies du gouvernement argentin, en 1878, rapport + déposé aux archives du gouvernement National. J'extrais de ce + rapport la partie relative à la colonie St-Martin. + + «D'après les renseignements que m'ont fourni les membres du conseil + municipal de la colonie, presque tous les colons se trouvent dans un + état prospère, au point que le moins aisé d'entr'eux pourrait + réaliser un capital de vingt à vingt-cinq mille francs s'il voulait + rentrer en France. En général, ils s'occupent d'agriculture et de + l'élève du bétail. Le plus âgé des colons, maire de la colonie, le + sieur Déjeane, venait de livrer à un autre colon, à cheptel, sept + cents vaches. Il en possède plus d'un millier.» + + Le territoire des missions, qui a une superficie de deux mille + lieues carrées, est, depuis un an, sous la dépendance du + gouvernement national, qui va y établir des colonies. + + +[2] _Extinction du paupérisme agricole européen par la colonisation + dans les provinces de la Plata, par le docteur BROUGNES_. + + (Bagnères, 1854.) + + +[3] Le revenu net de la propriété rurale en France est évaluée à + 2,750,000,000 de francs sur lequel l'État prélève le 25 pour cent, + soit 687,500,000 fr., droits de succession, impôt foncier, portes et + fenêtres... + + +[4] + Territoires Nationaux. + + { Les Pampas 10,000 lieues carrées. + À L'OUEST { Les Andes 3,000 -- + { Le Rio Negro 4,000 -- + { Le Limay 1,000 -- + + AU SUD { Le Chubut 5,000 -- + { La Patagonie 10,000 -- + + AU NORD { Les Missions jésuitiques 2,000 -- + { Le Chaco 8,000 -- + ------ + Total 43,000 -- + + Territoire des Provinces Argentines. + + Superficies. Population. + + Buenos-Ayres, capitale. 5 lieues carrées 300,000 âmes. + Buenos-Ayres, province 7,000 -- 195,121 + Entrerios 5,000 -- 135,000 + Santa-Fé 2,000 -- 88,981 + Corrientes 6,000 -- 125,000 + San-Luis 2,000 -- 53,268 + Cordova 6,000 -- 216,241 + Santiago de l'Estero 3,500 -- 133,243 + Xucuman 1,570 -- 109,106 + Salta 5,000 -- 110,000 + Jujui 3,000 -- 40,265 + Mendosa 6,500 -- 65,456 + San Juan 3,200 -- 60,328 + La Rioja 3,500 -- 48,959 + Catamarca 3,500 -- 80,052 + Indiens divers. 91,090 + ------ --------- + TOTAL 57,775 lieues carrées. 1,755,040 âmes. + + +[5] On a cru longtemps, et des personnes croient encore en France, que + l'émigration était préjudiciable au pays où elle se pratiquait. + Erreur profonde; les faits sont venus démontrer le contraire. + L'Angleterre, plus pratique que nous, ne s'est jamais opposée à + l'émigration. De 1847 à 1851, il sortit des ports d'Angleterre et + d'Irlande 2,307,470 émigrants, sur 11,050 navires. Récemment, en + 1878, il sortit de ce même pays 147,663 émigrants pour les + destinations suivantes: 81,557 pour les États-Unis de l'Amérique du + Nord;--37,224 pour l'Australie;--13,836 pour les possessions + anglaises;--13,036 pour autres pays divers. Est-ce que, pour avoir + perdu ces millions d'émigrants, l'Angleterre est moins riche + aujourd'hui, moins puissante qu'en 1840? Non, c'est le contraire. On + a dit aussi que l'argent emporté par les émigrants diminuait la + masse monétaire du pays; ceci n'est pas tout à fait exact. En + général, les émigrants emportent peu d'argent; il y en a même qui, + après avoir payé leur passage, n'en emportent pas du tout. Mais + l'argent de leur passage ne passe pas à l'étranger, il reste dans + les caisses des armateurs, propriétaires des navires de transport. + Il faut, d'autre part, tenir compte d'un autre fait qui est à la + connaissance de tout le monde: c'est le chiffre considérable + d'argent que nos émigrants, établis à l'étranger, envoient à leur + patrie. On a constaté que les émigrants anglais établis dans les + États-Unis de l'Amérique du Nord envoient chaque année à leurs + parents et aux banques de dépôt un million de livres sterling + (25,000,000 de francs). Les 60,000 Italiens, établis dans la + République argentine, envoient, chaque année, en Italie, de cinq à + six millions de francs. On a constaté ce fait sur les registres du + consulat italien à Buenos-Ayres et dans les livres des banques. Je + signalerai une autre considération d'une haute moralité: C'est la + séparation des jeunes gens d'avec leurs parents, dans nos campagnes + d'Europe. On voit tous les jours les enfants du petit cultivateur, + vivant dans les privations et la gêne dans leur propriété, réduits à + quitter la maison paternelle pour aller dans les villes gagner un + salaire qui leur permette de s'entretenir et de se procurer + certaines jouissances de la vie qui n'existent pas dans le village. + Il arrive alors que, libres de la direction et de la surveillance + des parents, ils se livrent avec l'inexpérience de leur âge à + l'entraînement des passions et des jouissances de la vie, souvent au + détriment de leur santé et des sentiments moraux que leur avaient + inspirés le père et la mère. Jetez un regard dans les grandes + villes, et vous serez douloureusement ému à la vue du tourbillon + fascinateur dans lequel se trouve entraîné la jeunesse française + ouvrière. Ne serait-elle pas mieux placée en pays étranger à côté + des parents, travaillant avec goût et courage, produisant en grand, + pouvant par conséquent pourvoir à leurs besoins, s'enrichissant de + leurs économies et préparant un meilleur avenir à la génération qui + suivra. La colonisation est donc une mesure de haute moralité + pratique. + + +[6] _Entr'autres produits agricoles, nous devons signaler le lin, + lequel d'après certains colons, donne plus de rendement que le blé, + et encore n'est-il cultivé que pour la graine achetée pour le + commerce extérieur._ + + +[7] Cet intérêt de dix pour cent est le chiffre généralement adopté + pour les affaires commerciales dans la République Argentine. + + +[8] + Territoires Nom des Colonies. Familles Individus + + Entrerios Villa Libertad 197 982 + Général Alvear 173 923 + + Chaco Resistencia 308 1,421 + Presidente Avellanda 106 774 + Formosa 13 74 + + Sta-Fé Reconquista 260 1,980 + San Xavier 44 217 + Iriondo 74 216 + + Cordova Caroya 190 874 + Sampacho 170 814 + + Chubut Chubut 187 750 + + Patagonie Santa Cruz » 62 + + Buenos-Ayres Olavarria 85 433 + ----- ----- + Total 1,807 9,520 + + +[9] Le mois de juillet dernier (1882) un entrepreneur Italien, M. + Picasso, a proposé au gouvernement argentin de transporter dans la + République Argentine 500,000 émigrants européens, dont 300,000 pris + dans les pays du nord de l'Europe, et 200,000 dans les pays du sud. + Il emploierait de grands vapeurs propres à cette classe de + transport. Nous ignorons la réponse qu'aura faite le gouvernement. + + +[10] Depuis la publication de mon travail à Buenos-Ayres, il y a un + an, le gouvernement de Santa Fé, qui occupe toujours la tête du + mouvement de la colonisation, s'est emparé de mon idée, et le mois + d'octobre dernier, il passait un contrat avec M. Calsado, chargé, à + cet effet, de fonder une société anonyme pour la construction d'un + chemin de fer colonial de Rosario à Candelaria; et le 3 juillet + dernier (1882), il est venu demander au congrès, avec l'assentiment + du gouvernement national, une loi de garantie d'un 7 pour cent pour + le capital nécessaire à la construction de cette voie ferrée. Ce + chiffre de garantie est généralement adopté par le gouvernement + argentin pour les constructions des chemins de fer. + + +[11] La vallée de Rio-Negro, cet autre Nil de l'Amérique du Sud, + s'étend à partir de l'Océan Atlantique du Sud-Est vers le + Nord-Ouest, entre le 39ème et le 41ème degrés de latitude sud, jusqu'à + la confluence des deux fleuves Limay et Neuquen, à environ 170 + lieues de la mer. Cette vallée qui tantôt se rétrécit et tantôt + s'élargit jusqu'à la distance de 2 à 6 lieues de largeur, est + couverte d'une végétation splendide: la vigne, le blé et toutes les + céréales y prospèrent et des prairies à herbages vigoureux couvrent + ce terrain d'alluvion déposé chaque année par les crues des eaux du + grand fleuve, le Rio-Negro, formé par les deux grandes rivières le + Limay et le Neuquen. + + L'ingénieur français, M. Ebelot, parlant de cette vallée dans un + rapport adressé au gouvernement Barros, s'exprime ainsi: + + «La vallée du Rio-Negro court entre deux lignes de coteaux + parallèles; lesquels, tantôt se rapprochent jusqu'à former un + détroit, tantôt s'éloignent à deux lieues du lit du fleuve, et la + vallée alors se présente sous l'aspect d'une prairie ondulée dont le + sol formé de matériaux d'alluvion est d'une grande fertilité. + + --Les explorateurs du fleuve Rio-Negro, Delcalsi en 1833, les + colonels Obligado et Guerrico tout récemment, ont confirmé cette + assertion. 2,700 habitants occupent l'entrée de cette vallée, + s'étendant à trente lieues vers l'Ouest jusque vis-à-vis le port + St-Antoine, situé à 11 lieues au Sud de ce point. + + +[12] Le chiffre de 300,000 francs est la moyenne de la dépense dans la + construction du chemin de fer que le gouvernement national fait + construire entre Mercedes et Mendosa. À mon avis, ce chiffre de + dépenses pourrait être réduit, le terrain de la Pampa offrant les + conditions les plus faciles pour la construction des voies ferrées + et peu de difficultés, sauf les deux Ponts à construire sur le Rio + Cotorado et le Rio Negro, dont on pourrait réserver la construction + pour le compte de l'État. + + +[13] Nous donnons ici des distances approximatives à quelques lieues + près, à défaut d'une étude exacte des distances qui n'a pas encore + été faite dans cette contrée récemment conquise sur les Indiens. Le + chiffre des distances que nous donnons a été calculé sur les + rapports fournis par les chefs de détachement de l'armée + expéditionnaire de l'année 1879. Ces rapports, insérés dans le grand + ouvrage (itinéraire de la Pampa et du Rio Negro) du colonel + Oloscoaga, chef du bureau topographique de l'expédition, donnent, + outre les distances parcourues, un aperçu géographique de cette + magnifique contrée, parsemée de lacs et de bouquets de grands + arbres, qui n'existent pas dans la Pampa nue de Buenos-Ayres. + Condition heureuse pour une entreprise de chemins de fer qui + trouverait ainsi sur les lieux le bois nécessaire à la construction + d'une voie ferrée sur une plaine peu accidentée où les terrassements + sont faciles à exécuter. + + Je dois mentionner aussi les précieux renseignements que m'ont + fournis deux excellents amis, le commandant Alsogaray et le docteur + Astrié. + + Le premier a parcouru avec son détachement la ligne entière de + Mercedes à Poitagué et de là quarante lieues plus loin jusqu'au paso + del Noque de la grande rivière le Chalideobu, continuation du Rio + Salado. Le docteur Astrié, Français, du département de l'Ariége, a + parcouru comme médecin du corps du général Uriburu, toute la ligne + qui s'étend au bas des Cordillères, entre le Rio-Neuquen au Sud et + Mendosa au Nord, cent lieues environ. Le docteur Astrié, par son + noble caractère, ses connaissances scientifiques, son généreux + dévouement pour ses compatriotes, honore le nom français dans ces + contrées. Je lui devais ici une manifestation de ma profonde et + sympathique estime. Le docteur Astrié réside à Mercedes. Il est + aujourd'hui médecin en chef du corps d'armée de l'Ouest. + + +[14] Voir, page 35, l'emploi de ce capital. + + +[15] «En décembre dernier, 1881, on a vendu pour 20,000 piastres + fortes (100,000 francs) une lieue carrée de terrain, à Juarer, + village situé à cent lieues au sud de la ville de Buenos-Ayres.» Ce + terrain n'aurait pas trouvé d'acheteurs à 1,000 piastres avant la + fondation du village, il y a vingt ans. (_National de Buenos-Ayres_, + du 22 décembre 1881.) + + +[16] L'énorme quantité d'animaux qui se produit dans ces contrées, est + achetée, par milliers, pour être exploitée dans les nombreux + saladeros, établissements où l'on tue des centaines d'animaux, + chaque jour, pour les dépouiller du cuir et extraire le suif, les + os, etc. + + +[17] _Dans l'état des dépenses que nous établissons ici, nous avons + pris la moyenne des valeurs. Mais ces valeurs étant variables, il + pourra arriver que le chiffre de 9,500 fr., somme des avances à + faire au colon, se trouve plus élevé ou plus faible que celui qui + sera réellement employé. Dans ce cas, on puisera dans la réserve + assez considérable que nous créons pour couvrir l'insuffisance, et, + dans le cas contraire, d'un excédent, le chiffre de celui-ci + rentrera dans la réserve._ + + +[18] La nécessité d'une Banque Franco-Argentine se fait sentir depuis + longtemps, à Buenos-Ayres, pour le service des grandes affaires + commerciales qui se font entre Paris et la République Argentine, où + l'intérêt usuel des capitaux est de dix et quinze pour cent. Les + Anglais, les Italiens, les Brésiliens, ont déjà fondé des Banques à + Buenos-Ayres avec succès. Les nombreux négociants Parisiens qui font + des affaires importantes avec la République Argentine trouveraient, + dans une institution de cette classe, une puissante ressource pour + leurs opérations commerciales et de grands bénéfices à réaliser; + surtout en ce moment où ce pays marche, à pas de géant, dans la voie + de sa prospérité. + + +[19] À l'époque où vivait M. Brayer (1840), la vache ne valait que + quinze francs, aujourd'hui son prix est de cinquante à soixante + francs. Cette différence de prix ne change pas la valeur du + rendement, car si la vache a haussé de prix, le produit de l'élève a + haussé dans les mêmes proportions; mille vaches achetées pour + cinquante mille francs produiraient aujourd'hui deux cent mille + francs en six ans. + + +[20] La lieue argentine équivaut à 5 kilomètres 160 mètres. + + La lieue carrée est donc égale à 26 kilomètres carrés 346 mètres. + + +[21] M. Édouard Olivera est l'Argentin qui a contribué le plus au + progrès immense qu'ont acquis l'agriculture et l'industrie de + l'élève du bétail dans la République Argentine. Ancien élève + distingué de l'école de Grignon, agronome instruit, auteur d'un + ouvrage très intéressant, en deux volumes, ayant pour titre: + _Voyages agricoles en Europe_, organisateur de la grande société, + _le Club Rural Argentin_, fondateur des annales de cette société, + dans lesquelles il a publié plusieurs articles remarquables, M. + Édouard Olivera est appelé à jouer un rôle important dans le + mouvement industriel de son pays. Pour mon compte, je n'oublierai + jamais les agréables et instructifs entretiens que j'ai été assez + heureux d'avoir avec cet homme distingué. La publication en français + de son livre, serait une oeuvre précieuse pour les agronomes et + cultivateurs de l'Europe. Cet ouvrage, écrit en espagnol, est entre + nos mains, nous le mettons à la disposition d'un auteur qui se + chargera de la traduction. Sa publication sera une oeuvre utile, et, + je crois aussi, une bonne spéculation. + + + + +NOTES DU TRANSCRIPTEUR + +On a représenté les lettres en exposant au moyen du signe ^. Ainsi, +«production^m» se lit «production à la puissance m». + +Un mot illisible a été remplacé par des astérisques. + +Quelques coquilles ont été corrigées, y compris dans les tableaux de +chiffres. BLA BLA BLA. + + + + + +End of the Project Gutenberg EBook of Bases pour servir aux entreprises de +colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine, by Auguste Brougnes + +*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK BASES POUR SERVIR AUX ENTREPRISES DE COLONISATION *** + +***** This file should be named 22393-8.txt or 22393-8.zip ***** +This and all associated files of various formats will be found in: + http://www.gutenberg.org/2/2/3/9/22393/ + +Produced by Adrian Mastronardi, Laurent Vogel and the +Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net +(This file was produced from images generously made +available by the Bibliothèque nationale de France +(BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr) + + +Updated editions will replace the previous one--the old editions +will be renamed. + +Creating the works from public domain print editions means that no +one owns a United States copyright in these works, so the Foundation +(and you!) can copy and distribute it in the United States without +permission and without paying copyright royalties. Special rules, +set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to +copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to +protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark. Project +Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you +charge for the eBooks, unless you receive specific permission. If you +do not charge anything for copies of this eBook, complying with the +rules is very easy. You may use this eBook for nearly any purpose +such as creation of derivative works, reports, performances and +research. They may be modified and printed and given away--you may do +practically ANYTHING with public domain eBooks. Redistribution is +subject to the trademark license, especially commercial +redistribution. + + + +*** START: FULL LICENSE *** + +THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE +PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK + +To protect the Project Gutenberg-tm mission of promoting the free +distribution of electronic works, by using or distributing this work +(or any other work associated in any way with the phrase "Project +Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full Project +Gutenberg-tm License (available with this file or online at +http://gutenberg.org/license). + + +Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg-tm +electronic works + +1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg-tm +electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to +and accept all the terms of this license and intellectual property +(trademark/copyright) agreement. 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It exists +because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from +people in all walks of life. + +Volunteers and financial support to provide volunteers with the +assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's +goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will +remain freely available for generations to come. In 2001, the Project +Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure +and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations. +To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation +and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 +and the Foundation web page at http://www.pglaf.org. + + +Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive +Foundation + +The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit +501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the +state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal +Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification +number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at +http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg +Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent +permitted by U.S. federal laws and your state's laws. + +The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S. +Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered +throughout numerous locations. Its business office is located at +809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email +business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact +information can be found at the Foundation's web site and official +page at http://pglaf.org + +For additional contact information: + Dr. Gregory B. Newby + Chief Executive and Director + gbnewby@pglaf.org + + +Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg +Literary Archive Foundation + +Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide +spread public support and donations to carry out its mission of +increasing the number of public domain and licensed works that can be +freely distributed in machine readable form accessible by the widest +array of equipment including outdated equipment. Many small donations +($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt +status with the IRS. + +The Foundation is committed to complying with the laws regulating +charities and charitable donations in all 50 states of the United +States. 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Donations are accepted in a number of other +ways including checks, online payments and credit card donations. +To donate, please visit: http://pglaf.org/donate + + +Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic +works. + +Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm +concept of a library of electronic works that could be freely shared +with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project +Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support. + + +Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed +editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S. +unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily +keep eBooks in compliance with any particular paper edition. + + +Most people start at our Web site which has the main PG search facility: + + http://www.gutenberg.org + +This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, +including how to make donations to the Project Gutenberg Literary +Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to +subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks. diff --git a/22393-8.zip b/22393-8.zip Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..47f1c74 --- /dev/null +++ b/22393-8.zip diff --git a/22393-h.zip b/22393-h.zip Binary files differnew file mode 100644 index 0000000..e7b12cf --- /dev/null +++ b/22393-h.zip diff --git a/22393-h/22393-h.htm b/22393-h/22393-h.htm new file mode 100644 index 0000000..80516fb --- /dev/null +++ b/22393-h/22393-h.htm @@ -0,0 +1,5180 @@ +<!DOCTYPE html PUBLIC "-//W3C//DTD HTML 4.01 Transitional//EN"> +<html> +<head> + <meta http-equiv="content-type" content="text/html; charset=ISO-8859-1"> + <title>The Project Gutenberg ebook of Bases pour servir aux entreprises de colonisation by Auguste Brougnes</title> + <meta name="author" content="Auguste Brougnes"> + +<style type="text/css"> +<!-- + body {margin-left: 10%; margin-right: 10%} + +h1, .h1 { font-size: 200%; margin-top: 1em; margin-bottom: 1em;} +h2, .h2 { font-size: 140%; margin-top: 1em; margin-bottom: 1em; } +h3, .h3 { font-size: 120%; margin-top: 1em; margin-bottom: 1em; } + +h1,h2,h3,h4,h5,h6, .h1, .h2, .h3 { text-align: center; } +h1,h2, .h1, .h2, .h3 { line-height: 1.5em; } +p,ul,ol,li {text-align: justify} +blockquote {text-align: justify} + +hr {width: 50%; text-align: center} + + +.sc {font-variant: small-caps;} +.sm {font-size: smaller; } + + +.r { text-align: right; } +.r2 { text-align: right; margin-left: 40%; margin-right: 20% } +.r1 { text-align: right; margin-left: 40%; margin-right: 7% } +.c { text-align: center; } +.i1 { margin-left: 7% } + + +.cite { margin-left: 50%; } + +.pagenum { + position: absolute; + left: 94%; + font-size: smaller; + text-align: right; +} + +td { vertical-align: bottom; padding: .1em; } + +/* TODO, mettre un style pour les paragraphes en drapeau dans + * les tables + */ + +table { border: none; border-collapse: collapse; } +.t { border-top: 1px solid black; } +.tr { border-top: 1px solid black; text-align: right; } + + + + + + .t1,.t3,.t5,.t7,.t9,.tb,.td,.tf, + .t1r,.t3r,.t5r,.t7r,.t9r,.tbr,.tdr,.tfr, + .t1l,.t3l,.t5l,.t7l,.t9l,.tbl,.tdl,.tfl, + .t1j,.t3j,.t5j,.t7j,.t9j,.tbj,.tdj,.tfj { border-top: 1px black solid; padding-top: .4em} + + .t2,.t3,.t6,.t7,.ta,.tb,.te,.tf, + .t2r,.t3r,.t6r,.t7r,.tar,.tbr,.ter,.tfr, + .t2l,.t3l,.t6l,.t7l,.tal,.tbl,.tel,.tfl, + .t2j,.t3j,.t6j,.t7j,.taj,.tbj,.tej,.tfj { border-left: 1px black solid; padding-left: .3em} + + .t4,.t5,.t6,.t7,.tc,.td,.te,.tf, + .t4r,.t5r,.t6r,.t7r,.tcr,.tdr,.ter,.tfr, + .t4l,.t5l,.t6l,.t7l,.tcl,.tdl,.tel,.tfl, + .t4j,.t5j,.t6j,.t7j,.tcj,.tdj,.tej,.tfj { border-right: 1px black solid; padding-right: .3em} + + .t8,.t9,.ta,.tb,.tc,.td,.te,.tf, + .t8r,.t9r,.tar,.tbr,.tcr,.tdr,.ter,.tfr, + .t8l,.t9l,.tal,.tbl,.tcl,.tdl,.tel,.tfl, + .t8j,.t9j,.taj,.tbj,.tcj,.tdj,.tej,.tfj { border-bottom: 1px black solid; padding-bottom: .4em} + + .t0,.t1,.t2,.t3,.t4,.t5,.t6,.t7, + .t8,.t9,.ta,.tb,.tc,.td,.te,.tf { text-align: center; } + .t0r,.t1r,.t2r,.t3r,.t4r,.t5r,.t6r,.t7r, + .t8r,.t9r,.tar,.tbr,.tcr,.tdr,.ter,.tfr { text-align: right; } + + .t0l,.t1l,.t2l,.t3l,.t4l,.t5l,.t6l,.t7l, + .t8l,.t9l,.tal,.tbl,.tcl,.tdl,.tel,.tfl { text-align: left; } + .t0j,.t1j,.t2j,.t3j,.t4j,.t5j,.t6j,.t7j, + .t8j,.t9j,.taj,.tbj,.tcj,.tdj,.tej,.tfj { text-align: justify; } + + .t6t { vertical-align: top; text-align: center; border-right: 1px black solid; border-left: 1px black solid; } + .t7t { vertical-align: top; text-align: center; border-right: 1px black solid; border-left: 1px black solid; border-top: 1px black solid; } + .tet { vertical-align: top; text-align: center; border-bottom: 1px black solid; border-right: 1px black solid; border-left: 1px black solid; } + + .t5lt { vertical-align: top; text-align: left; border-right: 1px black solid; border-top: 1px black solid; } + .tclt { vertical-align: top; text-align: left; border-bottom: 1px black solid; border-right: 1px black solid; } + .tdlt { vertical-align: top; text-align: left; border-bottom: 1px black solid; border-right: 1px black solid; border-top: 1px black solid; } + + .t0t { vertical-align: top; } + .t0b { vertical-align: bottom; } + +.trnotes { border: 1px dotted black; padding: 1em; margin-top: 2em; + font-family: sans-serif; font-size: 90%; } + +--> +</style> +</head> + +<body> + + +<pre> + +The Project Gutenberg EBook of Bases pour servir aux entreprises de +colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine, by Auguste Brougnes + +This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with +almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or +re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included +with this eBook or online at www.gutenberg.org + + +Title: Bases pour servir aux entreprises de colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine + +Author: Auguste Brougnes + +Release Date: August 25, 2007 [EBook #22393] + +Language: French + +Character set encoding: ISO-8859-1 + +*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK BASES POUR SERVIR AUX ENTREPRISES DE COLONISATION *** + + + + +Produced by Adrian Mastronardi, Laurent Vogel and the +Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net +(This file was produced from images generously made +available by the Bibliothèque nationale de France +(BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr) + + + + + + +</pre> + +<h1><big>BASES</big><br> +Pour servir aux Entreprises de Colonisation<br> +<small>DANS LES</small><br> +TERRITOIRES NATIONAUX<br> +<small>DE LA</small><br> +RÉPUBLIQUE ARGENTINE</h1> + +<p class="h3">PAR LE<br> +<big>Docteur AUGUSTE BROUGNES</big><br> +Propriétaire-Agriculteur à Caixon, près Vic-Bigorre<br> +[Hautes-Pyrénées].</p> + +<p class="cite"><i>La colonisation à l'extérieur est, dans les +conditions économiques actuelles, le remède le +plus efficace du paupérisme agricole.</i></p> + +<p class="r2"><i>COHEN.</i></p> + +<p class="r1"><span class="sc">Semaine</span> <i>du 22 novembre 1850.</i></p> + +<p class="cite"><i>La rédemption de la race blanche se trouverait +dans l'acquisition morale de tout un +monde riche et vierge, d'un monde qui donnerait +terre, travail, fortune.</i></p> + +<p class="r2"><i>ANDRES LAMAS.</i></p> + +<p class="r1"><i>Notice sur l'Uruguay.</i></p> + +<br> +<br> + +<p class="c">TARBES<br> +<small>Imprimerie de E. VIMARD, place Maubourguet, 7.</small></p> + +<p class="c">1882</p> + +<br><hr><br> + + + +<p class="h3"><big>À SON EXCELLENCE</big><br> +M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE<br> +Brigadier général, Jules ROCA</p> + +<p class="r2"><i>Hommage de ma respectueuse estime</i>.</p> + +<p class="r1">D<sup>r</sup> BROUGNES.</p> + +<br><hr><br> + + +<span class="pagenum"> -1- </span> + +<p class="h1"><big>BASES</big><br> +Pour servir aux Entreprises de Colonisation<br> +<small>DANS LES</small><br> +TERRITOIRES NATIONAUX<br> +<small>DE LA</small><br> +RÉPUBLIQUE ARGENTINE</p> + +<p class="h3">PAR LE<br> +<big>Docteur AUGUSTE BROUGNES</big><br> +Propriétaire-Agriculteur à Caixon, près Vic-Bigorre<br> +[Hautes-Pyrénées].</p> + +<br><br> + +<p class="c">TARBES<br> +<span class="sm">Imprimerie de E. VIMARD, place Maubourguet, 7.</span></p> + +<p class="c">1882</p> + +<br><hr><br> + +<span class="pagenum"> -2- </span> +<p class="c">Tarbes, imprimerie de E. Vimard, place Maubourguet, 7.</p> + +<br><hr><br> + + +<span class="pagenum"> -3- </span> + +<h2>INTRODUCTION</h2> + +<p class="cite"><i>La colonisation à l'extérieur est, dans les conditions +économiques actuelles, le remède le plus +efficace du paupérisme agricole</i>.</p> + +<p class="r2">COHEN.</p> + +<p class="r1"><span class="sm">(<i>Semaine</i> du 21 novembre 1850).</span></p> + +<p>Nous livrons aujourd'hui au public la traduction d'une +brochure, publiée en espagnol, au mois d'août 1881, à Buenos-Ayres, +capitale de la République Argentine. Nous l'offrons à +nos compatriotes, sans ambition pour son mérite littéraire, +que nous n'avons pas cherché, mais seulement pour son utilité +économique et pratique, considérée au point de vue des intérêts +matériels de l'intéressante population agricole européenne +pauvre, dont nous voudrions voir améliorer le sort.</p> + +<p>Frappé d'admiration dans notre dernier voyage de +l'Amérique du Sud, de l'immense mouvement commercial et +industriel qu'offrait cette contrée que nous visitions pour la +troisième fois depuis trente ans; enchanté du tableau vivant +de la richesse de sa campagne, peuplée d'innombrables +troupeaux de brebis, de vaches, de chevaux, au milieu +desquels se promenaient des groupes de cerfs; étonné surtout +de voir chaque semaine descendre sur la plage des milliers +d'émigrants, en grande partie colons italiens, suisses, +savoyards, et quelques Français, dont la majeure partie étaient +dirigés, aux frais du gouvernement, aux nombreuses colonies +de la province de Santa-Fé, autrefois la plus pauvre et +aujourd'hui une des plus riches de la République; heureux +de voir dans ce pays que l'idée de la colonisation, dont j'avais +été le promoteur et le premier entrepreneur en 1854, avait +pris un développement inespéré<a id="footnotetag1" name="footnotetag1"></a><a href="#footnote1"><sup>1</sup></a>, à l'aspect, dis-je, de ce +<span class="pagenum"> -4- </span>mouvement agricole, commercial et industriel, je me mis de +nouveau à étudier la question de la colonisation argentine, +organisée en vue de compléter l'œuvre par une combinaison +propre à produire de meilleurs, de plus grands résultats.</p> + +<p>Partant du principe économique que le travail, le travail +agricole surtout, est d'autant plus productif que l'outillage +(capital mobilier et de rente) est plus complet; trouvant +d'autre part, dans la loi sur la colonisation, promulguée par le +gouvernement argentin le 6 octobre 1876, des dispositions +largement libérales, dans les concessions des terres et autres +priviléges que le gouvernement accorde, je m'occupai de +coordonner dans les proportions voulues l'action de ces trois +éléments: terre, travail, capital, de manière à leur faire +produire, par leur concours simultané, les plus grands résultats +possibles.</p> + +<p>Le but que je me proposais, en me livrant à ce travail, +consistait à ouvrir au cultivateur européen pauvre une voie de +salut large, facile à parcourir, sans sacrifice d'argent de sa +part, entreprise qui lui permette de se créer une honnête +<span class="pagenum"> -5- </span>aisance pour ses vieux jours, une fortune pour ses enfants. +Les moyens que je propose en vue de ce résultat, et que +j'exposerai dans le cours de ce travail, sont clairs et bien +définis. Je n'en connais pas de plus efficaces pour remédier +aux souffrances du cultivateur pauvre, ce Sisyphe de notre +époque, condamné à la peine, aux privations, sans espoir +d'en voir la fin.</p> + +<p>Les souffrances de l'agriculture, tout le monde les connaît, +le cultivateur plus que tout autre. Une enquête sérieuse sur +sa situation dévoilerait des misères profondes, inconnues. On +serait étonné comment, avec sa propriété réduite, le peu de +rendement que donne le sol, les risques que font courir les +perturbations atmosphériques, telles que sécheresse, gelées, +grêle, maladie des plantes, la mortalité des animaux, sans +compter toutes les charges que le fisc fait peser sur l'agriculture<a id="footnotetag3" name="footnotetag3"></a><a href="#footnote3"><sup>3</sup></a>, +celles que lui impose l'entretien d'une famille et +<span class="pagenum"> -6- </span>d'une maison d'exploitation; on serait étonné, dis-je, comment +ce cultivateur, qui donne à la terre tout le travail d'une +année, peut se maintenir sans se ruiner et conserver son +faible patrimoine jusqu'au jour où ses enfants viendront se le +partager et le réduire en lambeaux.</p> + +<p>Sans doute, telle n'est pas la situation de tous les petits +cultivateurs; je ne veux pas exagérer le tableau. Il y en a +certes dans le nombre qui, à force de travail et d'économie, +en s'aidant des bénéfices de quelque autre industrie, ou +favorisés par quelque héritage, se procurent une certaine +aisance; mais ceux-ci sont peu nombreux. <i>Apparent rari +nantes in gurgite vasto</i>; et leur situation exceptionnelle ne +détruit pas mon assertion.</p> + +<p>Sans doute, aussi, nos économistes, nos hommes d'État, +émus de cette situation, ont cherché et cherchent encore les +moyens d'y remédier.</p> + +<p>Jusqu'à ce jour, leur bonne volonté, tous leurs efforts, sont +restés impuissants pour améliorer cette situation, et le pauvre +cultivateur attend encore la nymphe Egérie qui doit souffler, +aux oreilles de nos législateurs et de nos ministres, les +mesures de salut propres à l'arracher au gouffre béant de la +misère. Bien des propositions ont été faites, de nombreux +projets ont été présentés et étudiés. On a bien vite reconnu +que ces propositions, ces projets, n'étaient que des palliatifs, +des mesures impuissantes pour remédier au mal. Ce n'était +qu'appliquer un sédatif sur une plaie douloureuse, sans pouvoir +la cicatriser. Pense-t-on, en effet, qu'avec la faible +gratification de quelques francs, résultant de la diminution +ou de l'exemption de l'impôt foncier, de celui des portes et +fenêtres, ou de la prestation, guérir le mal qui dévore la +petite culture? On ne peut le croire; et les soixante millions +provenant de la conversion de la rente, distribués chaque +année à nos trois millions de petits cultivateurs, c'est-à-dire +vingt francs pour chacun d'eux, changeront-ils sa situation? +Et croit-on que l'institution des banques agricoles, en facilitant +les emprunts au petit cultivateur, c'est-à-dire le moyen de +dépenser davantage, au lieu de diminuer le mal, ne l'aggraverait +pas? Peut-on, avec de telles mesures, couvrir la dette +hypothécaire de huit milliards de francs qui pèse sur la +<span class="pagenum"> -7- </span>propriété, prélevant chaque année sur la production agricole +de trois à quatre cent millions de francs?</p> + +<p>Non, tous ces moyens proposés, toutes ces mesures indiquées +ne suffisent pas et sont impuissantes à résoudre le grand +problème de l'extinction du paupérisme agricole.</p> + +<p>Pour mon compte, je ne connais qu'un moyen réellement +efficace, pratique, radical, c'est celui indiqué par Cohen dans +le journal la <i>Semaine</i> du 22 novembre 1850 (cité plus haut). +C'est aussi celui que la nature nous conseille. Lorsqu'une plante, +un arbre, dépérissent sur un sol maigre et stérile, transplantés +sur un terrain gras et fertile, ils revivent, reprennent leur +vigueur et se couvrent de fruits.</p> + +<p>Notre œuvre de colonisation ne s'adresse pas précisément +aux propriétaires qui jouissent de plus ou moins d'aisance. +Que ceux-ci continuent à vivre dans le village où les retiennent +des habitudes sociales, des relations d'amitié ou de familles, +pénibles à rompre. Notre œuvre a pour unique objet d'ouvrir +une voie de salut à tous ces malheureux petits cultivateurs, +qui usent inutilement leur vie et leur courage par un travail +stérile, improductif, accablés sous le fardeau de lourdes +charges qui paralysent l'action du travail et à qui, s'ils venaient +à liquider leur situation, il ne resterait rien ou resterait un +capital insignifiant. C'est pour ces Danaïdes de notre époque, +condamnées à remplir d'eau un tonneau dont la bonde est +ouverte; c'est, en un mot, au cultivateur pauvre qu'est destinée +notre œuvre. Dans notre conviction, nous croyons faire une +bonne œuvre.</p> + +<p>L'histoire économique moderne nous offre une preuve +éclatante des résultats que procure la mesure que nous +conseillons. En moins de quatre-vingts ans, trois millions de +colons irlandais et allemands ont fait des terres désertes et +incultes des États-Unis de l'Amérique du Nord le champ le +plus vaste d'exploitation agricole; en s'enrichissant, ces colons +ont fait de cette contrée une des plus puissantes et des plus +riches nations du monde. Pendant que l'Amérique espagnole +fermait ses portes aux étrangers, les États-Unis de l'Amérique +du Nord promulguaient leur <i>homestead Lau</i> (Loi du domicile) +et concédaient à très bas prix, même gratuitement, des +terres aux colons. Aujourd'hui, les Argentins de l'Amérique +<span class="pagenum"> -8- </span>du sud, convertis aux idées de colonisation, viennent aussi +de promulguer une loi de colonisation plus complète et bien +plus libérale que celle de l'Amérique du Nord, sans pour +cela être parfaite.</p> + +<p>Le plan de colonisation que nous publions aujourd'hui a +pour objet de compléter cette loi, en simplifiant les procédés +d'exécution et en donnant un développement plus grand, plus +élevé, aux opérations de cette classe, tout en restant dans le +cercle des dispositions des articles 98, 99 et 104 de la partie +de cette loi qui s'applique aux entreprises particulières de +colonisation. La loi homestead Lau, de l'Amérique du Nord, +se bornait à céder où à vendre à bas prix des terres aux colons. +Dans notre système de colonisation, en 1853, nous ajoutions, +à la concession d'un vaste terrain, des avances remboursables, +consistant en une habitation, la subsistance durant la +première année, les outils agricoles indispensables au colon. +La loi argentine du 6 octobre 1876 a adopté ce système; aujourd'hui, +nous venons le compléter, en le régularisant, en l'élevant +à un plus haut degré de puissance productive, par un +bon choix de familles agricoles et par l'emploi d'un capital +suffisant pour permettre au colon de faire de la colonisation +une industrie des plus productives pour lui, pour les entrepreneurs, +pour le gouvernement lui-même, ce qui est le perfectionnement +de l'œuvre économique de la colonisation, +comme le prouveront les résultats immenses que notre système +produira.</p> + + +<br><hr><br> + + +<span class="pagenum"> -9- </span> + +<h2><big>BASES</big><br> +POUR SERVIR AUX ENTREPRISES DE COLONISATION<br> +<small>DANS LES</small><br> +TERRITOIRES NATIONAUX & PROVINCIAUX<br> +<small>DE LA</small><br> +RÉPUBLIQUE ARGENTINE</h2> + +<p>Une des premières conditions de toute colonisation, c'est +que le pays que l'on veut coloniser offre des garanties d'ordre +et de paix, une situation hygiénique et climatérique, sans danger +pour la vie des colons, où enfin règnent et se développent +à l'aise le progrès et la prospérité. Or, toutes ces conditions se +trouvent aujourd'hui réunies dans la République Argentine.</p> + +<p>Située entre les 22<sup>me</sup> et 53<sup>me</sup> degrés de latitude de l'hémisphère +sud, limitée à l'ouest par la chaîne des cordillères, +sur une longueur de six cents lieues et arrosée au +sud-est et à l'est par les eaux de l'Océan atlantique, sur une +étendue de près de quatre cents lieues, jouissant du bénéfice +de tous les climats, tropical au nord, tempéré au centre, glacial +au sud, la République Argentine offre au travail du cultivateur +européen le plus vaste, le plus fructueux champ d'exploitation +qui existe sur le globe.</p> + +<p><span class="pagenum"> -10- </span>Un territoire de cent mille lieues carrées<a id="footnotetag4" name="footnotetag4"></a><a href="#footnote4"><sup>4</sup></a> quatre fois plus +étendu que celui de la France, dont quarante mille appartiennent +à l'État, formant huit territoires; une population réduite +de 1,852,029 habitants, une terre vierge des plus fertiles,—5,116,029 +têtes de bétail,—1,534,478 chevaux et juments,—45,511,351 +brebis ou moutons, évalués à 364,090,860 francs. +(Recensement de 1875).... Voilà, en gros, le pays que le gouvernement +argentin veut coloniser, en le livrant à l'activité du +travailleur agricole européen, et pour quel objet il a promulgué +une loi dont nous ferons connaître plus loin les principales +dispositions.</p> + +<p><span class="pagenum"> -11- </span>Le moment est on ne peut plus favorable pour cette entreprise.</p> + +<p>Les questions d'ordre politique intérieur ont été résolues +par la constitution fédérale de 1853, qui maintient unies les +quatorze provinces argentines, sous la protection d'un gouvernement +national fort et respecté, disposant de la force publique +et de toutes les ressources nationales. La question de la +capitale de la République, qui a tenu durant vingt ans les Argentins +dans un état d'agitation passionnée, a été résolue, il y +a deux ans, par la cession au gouvernement national de la riche +cité de Buenos-Ayres, avec ses trois cent mille habitants, +ses établissements publics, ses immenses ressources et son +port de commerce visité chaque année par les navires de toutes +les nations du globe. Les Indiens, qui occupaient l'immense +et fertile plaine des Pampes et qui, durant des siècles, furent +la terreur des éleveurs de bétail des provinces de Buenos-Ayres, +Santa-Fé, Cordova, Saint-Louis et Mendosa, ont disparu +et sont tenus à distance par la ligne militaire de la frontière, +à la suite d'une expédition armée, habilement dirigée par le +général Roca, Président actuel de la République. Huit mille +Indiens avec leurs caciques faits prisonniers, un grand territoire +conquis, la confiance rétablie parmi les éleveurs de bétail des +provinces voisines... tels ont été les résultats de cette heureuse +et importante expédition sur les Indiens, dont la race +tend à disparaître sous l'action de la misère et de la maladie. +Enfin, la question des frontières avec le Chili, qui, depuis +soixante ans, préoccupaient les esprits de l'un et de l'autre côté +des Andes, s'est terminée par un traité de limites signé en juillet +1881.</p> + +<p>Ces trois importantes questions—choix de Buenos-Ayres +pour capitale de la République,—conquête de plusieurs territoires +sur les Indiens,—traité de limites avec le Chili, se +trouvant heureusement résolues, la paix et l'ordre étant assurés, +une ère de prospérité d'une portée incalculable s'ouvre +aujourd'hui pour la République Argentine. Cette ère s'est déjà +manifestée pour tous ceux qui jugent sans passion la marche +des affaires dans ce pays. Le tableau de sa situation économique, +commerciale et financière, formulé en chiffres statistiques +dans le Message du Président de la République, à l'ouverture +<span class="pagenum"> -12- </span>du congrès le 7 mai dernier (1882), est la preuve éclatante de +ce fait.</p> + +<p>D'après ce Message, le commerce international pendant l'année +1881 s'est élevé au chiffre de 582,155,035 francs, avec 14 +pour cent d'augmentation sur celle de 1880. Il promet de s'élever +à 711,800,000 francs pour l'année courante de 1882, le mouvement +commercial pour le premier trimestre ayant été de +174,900,000 francs, ce qui est considérable pour un pays de +moins de deux millions d'habitants. Dans ce chiffre, l'importation +figure pour 270,870,020 francs, et l'exportation pour +280,930,970. Durant la même année de 1881, 11,691 navires +sont entrés dans les ports de la République argentine. La +dette nationale, dont partie a été employée à la construction +de chemins de fer, s'élevait, au 31 décembre 1881, à +397,005,705 francs; on a amorti, durant la même année, +16,057,245 francs. La circulation des lettres à la poste a été, +pour la même année, de 12,285,000 fr., cinq millions de plus +que l'année précédente; 11,489 kilomètres de fil de fer fonctionnent +par le télégraphe électrique, 2,590 kilomètres de chemins +de fer sont livrés à la circulation; 2,777 sont en construction. +L'État pourvoit aux frais de 12 colléges et de 1,341 écoles +primaires. L'armée permanente d'environ quinze mille hommes, +formant quatre divisions, occupe les principales villes de +l'intérieur et la ligne des frontières. L'escadre, composée d'un +cuirassé de premier ordre, de neuf vapeurs de guerre et de +cinq navires à voile, est occupée à l'exploration des côtes et +des fleuves.</p> + +<p>Quand un pays offre une pareille situation, les cultivateurs +européens et les entrepreneurs de colonisation peuvent hardiment +répondre à son appel et avoir confiance dans son avenir.</p> + +<p>À l'époque où nous conçûmes notre projet de colonisation +organisée (1852) dans la République Argentine en vue de l'extinction +du paupérisme agricole européen, personne dans l'Amérique +du Sud n'avait songé à cette idée et moins encore à la +mettre à exécution. Seule l'émigration des Basques vers Montevideo, +provoquée par les frères Brië de Saint-Jean-Pied-de-Port, +<span class="pagenum"> -13- </span>avait pris un certain développement, en dehors de toute +idée de colonisation. Celui, en effet, qui eût osé proposer à +cette époque au dictateur Rosas l'établissement de colonies +avec des éléments étrangers, aurait été bien mal reçu. Les +partisans de ce tyran, imbus des idées et des haines de leurs +pères contre les étrangers, ont été longtemps opposés à l'établissement +de colonies dans ce pays, et quelques-uns d'entre +eux le sont encore aujourd'hui.</p> + +<p>Au contraire, les hommes du parti libéral de cette époque +qui s'allièrent au général Urquiza dans sa lutte contre Rosas, +plus intelligents et plus instruits, acquis depuis longtemps aux +idées de la civilisation et de la science économique modernes, +Alsina père, Alberdi, Mitre, Gorostiaga, Sarmiento, Luis-Jose +de la Péna, Édouard Olivera, Avettaneda, Roca, Président +actuel de la République..... arrivèrent au pouvoir avec des +opinions tout opposées à celles des Rosistes. Ils avaient compris +que l'immigration des cultivateurs européens portait en +elle le germe d'un accroissement d'ordre, de puissance et de +richesse pour leur pays.</p> + +<p>La prospérité prodigieuse des États-Unis de l'Amérique du +Nord due en grande partie à l'émigration agricole européenne +les avait conquis à l'idée de colonisation. C'est donc de 1853 +que date l'ère de la colonisation dans la République Argentine;<a id="footnotetag5" name="footnotetag5"></a><a href="#footnote5"><sup>5</sup></a> +et le premier contrat de colonisation passé dans ce +pays fut le mien.</p> + +<p><span class="pagenum"> -14- </span>Les deux premières colonies fondées furent celle de Sainte-Anne +dans la province de Corrientes et celle de Esperanza dans +la province de Santa-Fé. Le contrat avec la première de ces provinces +fut résilié pour des raisons expliquées plus haut. La +colonisation continua dans celle de Santa-Fé. Durant les vingt +années qui ont suivi, cinquante colonies ont été fondées dans +cette province: elles comprennent aujourd'hui un personnel de +28,910 individus de tout âge, une extension territoriale de +529,434 hectares 88 ares, desquelles 155,778 furent semées en +1879. Les chiffres statistiques suivants du rapport de l'administrateur +des colonies de Santa-Fé, Jonas Larguia, peuvent donner +une idée du mouvement productif de ces colonies pour +l'année 1879.</p> + +<span class="pagenum"> -15- </span> + +<blockquote> +<p class="c"><b>Colonies de Santa Fé en 1879.</b></p> + +<div class="c"> +<table summary="table"> +<tr> + <td>Population</td> + <td class="r">28,910</td> + <td colspan="3">de tout âge et sexe.</td> +</tr> +<tr> + <td>Extension territoriale</td> + <td class="r">318,170</td> + <td>cuadros</td> + <td class="r">529,434</td> + <td>hectares.</td> +<tr> + <td>Terrain cultivé en 1879</td> + <td class="r">94,617</td> + <td> </td> + <td class="r">155,778</td> + <td> </td> +</tr> +</table> +</div> + +<p class="c"><b>Production de l'année 1879.</b></p> + +<p class="c"><small>TERRES ENSEMENCÉES,</small></p> + +<div class="c"> +<table summary=""> +<tr> + <td>Froment, 70,186 cuadros</td> + <td class="r">116,789</td> + <td>hectares.</td> +</tr> +<tr> + <td>Maïs, 11,729 cuadros</td> + <td class="r">19,517</td> + <td class="c">—</td> +</tr> +<tr> + <td>Avoine, 1,110 cuadros</td> + <td class="r">1,847</td> + <td class="c">— </td> +</tr> +<tr> + <td>Arachides, 2,133 cuadros</td> + <td class="r">3,549</td> + <td class="c">—</td> +</tr> +<tr> + <td>Autres produits, 9,295</td> + <td class="r">15,466</td> + <td class="c">—</td> +</tr> +</table> +</div> + +<p class="c"><small>RÉCOLTE</small></p> + +<div class="c"> +<table summary=""> +<tr> + <td>Froment</td> + <td class="r">586,937</td> + <td>fanègues</td> + <td>de 15 arrobes</td> + <td>(10 kil.)</td> + <td class="r">1,269,318</td> + <td>hectolitres,</td> +</tr> +<tr> + <td>Maïs</td> + <td class="r"> 81,024</td> + <td>fanègues</td> + <td>de 12 arrobes</td> + <td> </td> + <td class="r">139,766</td> + <td class="c">—</td> +</tr> +<tr> + <td>Avoine</td> + <td class="r"> 12,568</td> + <td>fanègues</td> + <td class="c">—</td> + <td rowspan="3"> </td> + <td class="r">21,679</td> + <td class="c">—</td> +</tr> +<tr> + <td>Arachides</td> + <td>168,095</td> + <td colspan="2">arrobes</td> + <td class="r">19,330</td> + <td class="c">—</td> +</tr> +<tr> + <td>Autres produits</td> + <td>947,282</td> + <td colspan="2">arrobes</td> + <td class="r">109,937</td> + <td class="c">—</td> +</tr> +</table> +</div> + +<p>La valeur de ces produits en argent était de:</p> + +<div class="c"> +<table summary=""> +<tr> + <td colspan="2">Blé, 586,937 fanègues de 13 décalitres,</td> + <td>à 25 f. la fanègue,</td> + <td class="r">14,673,425 fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>Maïs, 81,024 fanègues</td> + <td class="c">—</td> + <td>à 10 f. la fanègue,</td> + <td class="r">810,024 fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>Avoine, 12,588 fanègues</td> + <td class="c">—</td> + <td>à 15 f. la fanègue,</td> + <td class="r">188,820 fr.</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="2">Arachides, 168,095 arrobes de 11 k.</td> + <td>à 2 fr. 50 arrobe,</td> + <td class="r">420,237 fr.</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="2"><a id="footnotetag6" name="footnotetag6"></a><a href="#footnote6"><sup>6</sup></a> + Autres produits 947,283 arrobe</td> + <td>à 1 fr. 25 arrobe,</td> + <td class="r">1,184,106 fr.</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="3" class="r">Valeur de la récolte en 1879,</td> + <td class="r">17,066,829 fr.</td> +</tr> +</table> +</div> + +<p class="c"><b>Mouvement du port de Santa-Fé sur le Parano en 1879.</b></p> + +<p>Durant la même année de 1879, 1,169 navires à voile et 444 à +vapeur entrèrent dans le port de Santa-Fé; il en sortit 1.067 chargés, +sur lesquels 69 à vapeur.</p> + +<div class="c"> +<table summary=""> +<tr> + <td>La valeur de l'importation s'éleva à 976,734 +piastres fortes (5 fr.)</td> + <td class="r">4,883,670 fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>Celle de l'exportation, à 1,139,372 piastres fortes</td> + <td class="r">5,696,860 fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>Différence en faveur de l'exportation, 190, 385 fr.</td> + <td class="r">951,925 fr.</td> +</tr> +</table> +</div> + +<p>Parmi les matières exportées, on compte 3,506,004 kil. de farine +et 169,946 kil. de blé, soit 43,822 balles de farine de 80 kil. et 2,124 +hectolitres de blé.</p> + +</blockquote> + +<p>Le succès de la colonisation dans la province de Santa-Fé +engagea le gouvernement national à entreprendre la création +de colonies agricoles dans les territoires nationaux. À cet effet, +il présenta au congrès un projet de loi sur l'immigration +<span class="pagenum"> -16- </span>et la colonisation qui fut votée par les Chambres le 6 octobre +1876. La première partie de cette loi, celle de l'immigration, +comprend dix titres: dans le premier, il est créé un bureau +d'immigration sous la direction d'un commissaire général; le +deuxième institue les agences d'immigration à l'étranger; le +troisième traite des commissions d'immigration dans les provinces; +le quatrième établit les bureaux de placement pour +les immigrants; le cinquième traite des priviléges accordés +aux immigrants; le sixième, des navires de transport; le septième, +du débarquement des immigrants, de leur subsistance +et logement en attendant leur placement, par les soins et aux +frais du bureau d'immigration. Enfin, par le dixième, il est +créé des ressources pour le fonctionnement de l'institution.</p> + +<p>La seconde partie de la loi comprend tout ce qui se rattache +à la colonisation. Par le chapitre 1<sup>er</sup>, il est créé un bureau +de terres et des colonies nationales, chargé de l'examen et de +l'enregistrement des propositions de colonisation qui sont +adressées au gouvernement, et des rapports sur la matière; +de veiller aux opérations de comptabilité et de statistique; +d'ordonner les explorations, l'arpentage et le bornage de terres, +de s'occuper enfin de tout ce qui se rattache à la colonisation +des territoires nationaux. Les six titres suivants traitent: +1<sup>o</sup> de la division des territoires nationaux, de la colonisation, +des concessions de terres, de leur vente; 2<sup>o</sup> des entreprises +de colonisation par des particuliers ou par des compagnies; +3<sup>o</sup> de l'emploi des fonds provenant de la vente de terres et de +la gratification à faire aux colons; 4<sup>o</sup> de l'administration des +colonies; 5<sup>o</sup> de la colonisation des terres appartenant au gouvernement +des provinces.</p> + +<p>Je me bornerai ici à citer quelques-uns des articles se +rattachant principalement au sujet que je traite:</p> + +<p>Art. 65.—Les territoires nationaux se diviseront en +sections carrées de vingt kilomètres de côté.</p> + +<p>Art. 67.—Chaque section se divisera en quatre cents lots +de cent hectares chaque.</p> + +<p>Art 68.—Quatre lots seront destinés à la création d'un +village qui devra être placé au centre de la section.</p> + +<p><span class="pagenum"> -17- </span>Art. 72.—Chaque section sera divisée dans toute sa longueur +et largeur par deux routes de cinquante mètres de large, +lesquelles devront se croiser au centre du village.</p> + +<p>Art. 73.—Les chemins vicinaux qui sépareront les lots +devront avoir cinq mètres de largeur.</p> + +<p>Art. 82.—Le pouvoir exécutif désignera les territoires à +coloniser, après quoi le bureau de colonisation fera procéder +à l'arpentage, division et bornage des sections, et à la construction, +dans chacune d'elles, d'un édifice pour les employés +de la colonie, et pouvant loger cinquante familles, au moins, +et contenir les vivres nécessaires à la subsistance des colons, +ainsi que leurs instruments agricoles.</p> + +<p>Art. 88.—Les colons auront droit aux avantages suivants:</p> + +<p>1<sup>o</sup> À l'avance du passage du point d'embarquement jusqu'à +leur destination coloniale;</p> + +<p>2<sup>o</sup> À la livraison, à titre d'avances, d'une habitation, des +vivres, durant la première année, d'animaux de travail et de +production, des semences, des outils aratoires. La somme de +ces avances ne devra pas dépasser mille piastres fortes +(5,000 francs), et sera remboursée par annuités à partir de +la troisième année.</p> + +<p>Art. 99.—Relatif aux entreprises.—Entre section et +section subdivisées et livrées à la population, il sera réservé +une section (25 lieues carrées) sans être divisée, mais bornée +sur ses côtés. Ces sections seront destinées:</p> + +<p>1<sup>o</sup> À la colonisation par entreprise particulière;</p> + +<p>2<sup>o</sup> À la réduction des Indiens;</p> + +<p>3<sup>o</sup> À l'élève du bétail.</p> + +<p>Art. 98.—Le pouvoir exécutif pourra concéder à toute +compagnie ou entreprise qui en fera la demande, une des +sections déterminées dans l'article précédent, sous les conditions +suivantes:</p> + +<p>1<sup>o</sup> Se soumettre à l'arpentage, subdivision au plan prescrit +par la présente loi;</p> + +<p>2<sup>o</sup> Établir sur la susdite section cent quarante familles agricoles +pour le moins durant les deux premières années;</p> + +<p>3<sup>o</sup> Donner ou vendre à chaque famille un terrain de cinquante +hectares pour le moins;</p> + +<p><span class="pagenum"> -18- </span>4<sup>o</sup> Construire sur le terrain destiné à cet objet un édifice, +dans les conditions déterminées par l'article 83.</p> + +<p>5<sup>o</sup> Fournir aux colons qui en feront la demande une habitation, +outils aratoires, animaux de travail et de production, +semences et subsistance, durant un an au moins, ne se faisant +rembourser pour ces avances que le prix coûtant, avec +1,20 % de prime et un intérêt de 10 % l'an, sur la totalité de +la somme des avances<a id="footnotetag7" name="footnotetag7"></a><a href="#footnote7"><sup>7</sup></a>.</p> + +<p>6<sup>o</sup> N'exiger des colons le remboursement du montant de ces +avances que par annuités proportionnelles à partir de la troisième +année;</p> + +<p>7<sup>o</sup> Déposer au bureau des terres et colonies les contrats +passés avec les colons, en vue d'empêcher des contraventions +à la présente loi;</p> + +<p>8<sup>o</sup> Se soumettre aux lois, décrets et autres dispositions qui +se rattachent au gouvernement, administration, colonisation +du territoire;</p> + +<p>9<sup>o</sup> Déposer la somme de deux mille piastres fortes (10,000 fr.), +ou fournir caution pour une pareille somme, à titre d'amende +dans le cas d'infraction au contrat, sans préjudice de caducité +dans le cas échéant.</p> + +<p>Art. 99.—Les entreprises ou compagnies auront droit au +transport des colons par le gouvernement du point de débarquement +au lieu destiné à la colonie.</p> + +<p>Art. 104.—Dans les territoires nationaux qui ne seront pas +arpentés, ni livrés à la colonisation, le pouvoir exécutif pourra +concéder des terrains aux entreprises qui en feront la demande, +pour coloniser aux conditions suivantes:</p> + +<p>1<sup>o</sup> Le terrain concédé à une entreprise ne pourra s'étendre +au-delà de deux sections (50 lieues carrées) ayant chacune +l'extension donnée par l'article 65 (25 lieues par section; +ensemble, les deux sections, 50 lieues carrées).</p> + +<p>2<sup>o</sup> L'entreprise se soumettra à l'obligation de coloniser, +conformément au plan et aux divisions prescrites par la présente +loi;</p> + +<p>3<sup>o</sup> Elle s'obligera à introduire, pour le moins, deux cent +<span class="pagenum"> -19- </span>cinquante familles agricoles pendant la durée de quatre +années, à partir du jour de la signature du contrat;</p> + +<p>4<sup>o</sup> L'arpentage, l'exploration et la division du terrain, ainsi +que toutes les autres dépenses, seront à la charge de l'entreprise, +à l'exception de ceux résultant du transport des colons, +du port de débarquement à la colonie, qui restent à la charge +du gouvernement;</p> + +<p>5<sup>o</sup> L'entreprise s'obligera, en outre, à se conformer aux +prescriptions des paragraphes 3, 4, 5, 6, 7 et 8 de l'article 98.</p> + +<p>Art. 105.—L'entreprise qui n'observerait pas les conditions +stipulées dans le contrat de concession, paiera une amende de +dix mille piastres fortes (50,000 francs). À cet effet, elle fournira +caution acceptable, sans préjudice de la nullité du contrat.</p> + +<p>La loi sur la colonisation argentine dont nous venons de citer +les principaux articles, est certainement la plus libérale de +toutes celles qui ont été publiées sur la matière. Elle fait de +larges concessions de terres et facilite l'entreprise du colon au +moyen des avances qui lui sont faites. C'est conformément aux +dispositions de cette loi que le gouvernement national de la +République Argentine a créé neuf colonies sur les territoires +nationaux et provinciaux<a id="footnotetag8" name="footnotetag8"></a><a href="#footnote8"><sup>8</sup></a>. La dépense s'est élevée à 311,707 +piastres fortes (1,558,535 francs). Ce mois de juin dernier, le +ministre de l'intérieur a encore présenté au congrès une demande +d'une somme de un million de piastres fortes (5,000,000 +de francs) pour établir quatorze nouvelles colonies.</p> + +<p><span class="pagenum"> -20- </span>Selon nous, cependant, la loi argentine est un peu trop compliquée +dans ses détails; on aurait pu la réduire à moins d'articles +et supprimer un certain nombre de paragraphes qui gênent +l'action du gouvernement et celle des entrepreneurs pour +la rédaction d'un contrat. Cette loi pèche surtout dans le mode +de recrutement des colons qu'elle prend un peu trop au hasard +à leur débarquement, sans connaître leurs aptitudes et leur +moralité<a id="footnotetag9" name="footnotetag9"></a><a href="#footnote9"><sup>9</sup></a>. Ce sera, si l'on veut, de la colonisation spontanée, +tant prônée par les journaux argentins, mais la spontanéité +comporte bien des inconvénients. Mieux vaudrait choisir le colon +chez lui, avant son départ, lui faire connaître exactement, sans +exagération, dans toute sa vérité, la situation qu'on lui offre, et +traduire dans un contrat formulé d'avance les obligations réciproques +de l'entreprise, et du colon, du colon et du gouvernement +quand celui-ci se fait entrepreneur. Les obligations étant +bien définies, il n'y aurait qu'à les remplir exactement, avec +loyauté de part et d'autre. On éviterait ainsi bien des mésintelligences +qui se produisent au moment et après l'installation +des colons.</p> + +<p>De grands esprits, des journaux importants de Buenos-Ayres, +ont vivement critiqué cette loi et la combattent surtout au +point de vue d'entreprise gouvernementale, qualifiée de colonisation +officielle. Ils ont tort et ils ont raison. Ils ont tort de +reprocher au gouvernement d'avoir entrepris lui-même l'opération +de colonisation. Cette initiative était nécessaire pour démontrer +la possibilité de son exécution et surtout pour donner +l'impulsion, en appliquant à ce genre d'opérations le capital +nécessaire que l'entreprise particulière ne possédait pas. Ils +ont raison quand ils conseillent au gouvernement de ne pas +descendre au rôle d'entrepreneur, et de laisser aux grandes +compagnies, ou sociétés industrielles et financières, l'œuvre +de la colonisation argentine, et celle des chemins de fer; et de +rester dans sa haute mission de traiter, de faire des concessions +<span class="pagenum"> -21- </span>ou d'accorder des subventions, suivant les circonstances +et la convenance des intérêts du pays. Les gouvernements ne +visent pas la spéculation, ils bornent leur action à l'exécution +d'une œuvre d'intérêt public; pendant que les grandes sociétés +ou compagnies d'entreprise, ayant pour objet la plus grande +production possible, c'est-à-dire le gain le plus élevé, appliquent +à l'exécution de l'œuvre tous les capitaux nécessaires, +les engins les plus puissants, les hommes les plus habiles. Ce +sont elles qui ont produit ces œuvres colossales qui font l'admiration +du monde, la construction des chemins de fer, des +télégraphes électriques, le percement des isthmes . . . . . . . . .</p> + +<p>C'est frappé d'admiration pour ce phénomène qui se reproduit +tous les jours, que nous venons aujourd'hui proposer le +même procédé pour l'exécution de cette autre grande œuvre +d'économie sociale, l'extinction du paupérisme agricole européen +par la colonisation dans la République Argentine, procédé +que nous allons exposer dans le chapitre qui suit.</p> + +<hr> + + + + + +<h2>SYSTÈME DE COLONISATION ORGANISÉE<br> +<small><i>Agricole et industrielle à production élevée</i>.</small></h2> + + +<p>Dans toute colonisation, trois éléments concourent à l'opération: +1<sup>o</sup> la terre, ou sol à élaborer;—2<sup>o</sup> le travail, qui élabore;—3<sup>o</sup> +le capital, c'est-à-dire l'outillage nécessaire au travail +pour obtenir la production. Nous traduisons ces trois éléments +par la formule suivante: terre + travail + capital = production. +Maintenant si nous voulions élever le chiffre de la +résultante production, à un plus haut degré de puissance qui +est le résultat à chercher, il nous suffira d'élever la puissance +des facteurs par cette autre formule (terre + travail + capital)<sup>m</sup> += production<sup>m</sup>—élevée à sa plus haute puissance. +C'est-à-dire <i>terre concédée</i>, acquérant une valeur croissante à +côté d'une voie ferrée et dont la culture est accompagnée de +l'industrie si productive de l'élève du bétail, établie sur une +grande échelle. <i>Capital anonyme</i>, agent le plus élastique, le plus +puissant de l'industrie;—<i>travailleur de la terre</i>, choisi seulement +dans la population agricole, parce que celle-ci comporte +<span class="pagenum"> -22- </span>plus de vigueur de corps, plus d'esprit d'ordre, plus de moralité, +plus d'aptitude pour le travail de la terre et l'élève du bétail.</p> + +<p>La formule, telle que nous venons de l'établir, va être le +pivot sur lequel roulera notre système de colonisation à production +élevée.</p> + + + +<h3>PREMIER FACTEUR<br> +<small>Terre à côté de chemins de fer, concédés par le +gouvernement, ayant pour agent le gouvernement.</small></h3> + + +<p>La concession de la terre n'est pas une condition onéreuse +pour le gouvernement national qui a sous sa main 47,000 +lieues carrées appartenant à l'État: ni pour les gouvernements +des provinces qui possèdent d'immenses espaces de sol incultivé. +Au contraire, les uns et les autres ont un grand intérêt à +livrer ce terrain au travail du cultivateur pour lui faire +acquérir de la valeur et accroître ainsi la richesse du pays. +Toutefois, une condition essentielle s'impose dans toute œuvre +de colonisation, et qu'il est de toute nécessité de remplir, si on +veut les voir prospérer; c'est que les colonies aient des rapports +faciles avec de grandes cités commerciales et des ports +de mer, par où doivent s'écouler leurs produits agricoles; en +conséquence, elles doivent se fonder non loin des fleuves +navigables, comme dans la province de Santa-Fé, ou le long +des chemins de fer. Or, les provinces de l'ouest de la République +Argentine, ni le territoire national des Pampes qui +leur est adjacent, ne possèdent pas de fleuve navigable. Il +sera donc indispensable d'y créer des chemins de fer, si l'on +veut fonder des colonies dans ces contrées<a id="footnotetag10" name="footnotetag10"></a><a href="#footnote10"><sup>10</sup></a>. En attendant +<span class="pagenum"> -23- </span>la construction des voies ferrées sur les territoires nationaux, +le chemin de fer de l'ouest de Villa-Nueva à Mendosa, qui +est aujourd'hui en circulation, pourrait permettre la fondation +d'un certain nombre de colonies; car, sur un parcours de +cent trente lieues du Rio-Cuarto à Mendosa, on rencontre à +peine une dizaine de centres de population.</p> + +<p>Mais le chemin de fer qui est appelé à jouer le plus grand +rôle économique et politique, pour la prospérité des provinces +du centre et de l'ouest de la République, c'est sans contre-dit +le chemin de fer central des Pampas, qui reliera ces dernières +provinces aux deux plus grands ports argentins sur +l'Océan Atlantique, les ports de Saint-Antoine et de Bahia-Blanca, +mettant ainsi une population industrieuse et commerçante +de 400,000 âmes, en rapport direct et rapide avec le +commerce étranger. Le chemin de fer central de la Pampa +aura un autre grand avantage, celui de rendre possible et +facile la colonisation du vaste territoire des Pampas de dix +mille lieux carrées de superficie, de cette immense plaine +herbacée qui fait suite à la Pampa de la province de Buenos-Ayres, +et s'étend jusqu'aux pieds des Cordillières; que les +Indiens avaient choisie pour résidence à cause de sa fertilité +et de son climat tempéré, et que le gouvernement national doit +s'empresser de livrer aujourd'hui au travail producteur du +cultivateur et de l'éleveur de bétail, en y créant des centres +de population, destinés à devenir prospères et à accroître la +richesse du pays, centres de population autour desquels viendront +s'établir de nombreux éleveurs de bétail.</p> + +<p>La distance entre la ville de Mercedes (province de San-Luis) +point de départ du chemin de fer Pampéen et le port de +Saint-Antoine où il devra aboutir, peut être calculée à 170 +lieues; celle de l'embranchement de Poytagué à Bahia-Blanca +à 40 lieues et celle du Port Saint-Antoine à la vallée de Rio-Negro +de 11 lieues<a id="footnotetag11" name="footnotetag11"></a><a href="#footnote11"><sup>11</sup></a>, 80 milles (140 kilomètres) d'après le capitaine +<span class="pagenum"> <a name="p24">-24-</a> </span>anglais Fitz Roy. Il y a donc dans les Pampas un vaste +champ ouvert à la colonisation et à l'industrie si productive de +l'élève du bétail qui a enrichi et enrichira encore davantage +à l'avenir les nombreux éleveurs de la province de Buenos-Ayres. +En mettant une distance de dix lieues, d'axe à axe +entre ces colonies, et en intercalant celle du côté opposé, de +manière à former des stations de cinq lieues de distance, il +reste un terrain intermédiaire de six lieues sur chaque côté de +la voie appartenant au gouvernement qui en disposera comme +il l'entendra.</p> + +<p>L'article 104 de la loi sur la colonisation argentine suffirait +au besoin au gouvernement pour passer un contrat avec une +entreprise. Toutefois, pour mieux coordonner notre système +de colonisation avec la loi, nous préférerions qu'il fût ajouté +à cette loi un chapitre VIII spécial, avec le titre suivant: +<i>Des colonies à établir le long des chemins de fer</i>. Les quelques +articles suivants suffiraient pour la rédaction de ce +chapitre.</p> + +<br> + +<p class="h3">CHAPITRE VIII<br> +<i>Colonisation le long des chemins de fer dans les +territoires nationaux.</i></p> + +<p>Art. 128.—Étant de toute nécessité de peupler les territoires +nationaux, surtout les lieux où doivent se construire les +chemins de fer, le Pouvoir Exécutif est autorisé à passer des +<span class="pagenum"> -25- </span>contrats avec des entrepreneurs de chemins de fer et de colonisation, +les deux opérations réunies ou séparées, aux conditions +suivantes:</p> + +<p>1<sup>o</sup> Les colonies seront établies le long des voies ferrées sur +un seul, ou sur les deux côtés de la voie;</p> + +<p>2<sup>o</sup> Dans ce dernier cas, les colonies seront distantes l'une +de l'autre de dix lieues d'axe à axe du terrain colonial faisant +face au chemin de fer par son front de quatre lieues de +largeur, de manière qu'une colonie ayant quatre lieues de +front, il reste un terrain de six lieues d'intervalle appartenant +à l'État. Même disposition pour le côté opposé, à la condition +d'intercaler les colonies en face du terrain d'État, et +permettre ainsi d'établir des stations à cinq lieues d'intervalle +l'une de l'autre. (Voir la disposition des colonies +dans la carte.)</p> + +<p>3<sup>o</sup> Dans le cas où les terrains ne seraient pas propres à la +colonisation à cause de leur infertilité ou insalubrité, on prolongera +la distance d'une colonie à l'autre, jusqu'à trouver un +terrain favorable.</p> + +<p>Art. 129.—Le Pouvoir Exécutif est autorisé à concéder des +terrains aux entrepreneurs de colonisation avec les conditions +suivantes:</p> + +<p>1<sup>o</sup> Vingt lieues carrées de terrain dont quatre faisant face +au chemin de fer et cinq de profondeur pour chaque groupe +de quarante à quatre-vingts familles, composées de cinq personnes, +au moins, âgées de dix ans,</p> + +<p>2<sup>o</sup> Dix lieues carrées pour chaque groupe de vingt à quarante +familles,</p> + +<p>3<sup>o</sup> Cinq lieues carrées pour chaque groupe de dix à vingt +familles.</p> + +<p>Art. 130.—Dans chaque terrain colonial concédé, le gouvernement +réserve une lieue carrée, adjacente à la voie ferrée, +pour être affectée au service du chemin de fer et à l'établissement +d'une station. Ce terrain devant être concédé à l'entreprise +du chemin de fer.</p> + +<p>Quant au chemin de fer central de la Pampa, de Mercedes +(San-Luis), ville de six mille âmes, au port de mer de Saint-Antoine, +et de Bahia-Blanca, chemin dont la prospérité, dans +l'avenir, ne peut être douteuse, il devrait se combiner +avec l'entreprise de colonisation à laquelle il prêtera un puissant +<span class="pagenum"> -26- </span>concours. Les grands bénéfices, que procurera celle-ci, +pourraient compenser, durant les premières années, les bénéfices +moindres de celle-là. Dans tous les cas, on peut compter +sur une garantie de sept pour cent, pour le capital employé, +qu'en principe, le gouvernement argentin accorde à cette +classe d'entreprises. Si nous ajoutons à ce chiffre de garantie +d'intérêt une lieue carrée par colonie pour chaque station, soit +environ cent trente-cinq lieues carrées, sur toute la longueur +du chemin de fer, terrain qui, vendu plus tard en détail, acquerra +une grande valeur, par le fait de sa situation, on peut calculer +qu'à ces conditions le produit de l'opération sera grandement +rémunérateur.</p> + +<p>Art. 131.—Chaque terrain colonial sera divisé en son +milieu, faisant face au chemin de fer, par une ligne de deux +cuadres de largeur (260 mètres), et de cinq lieues de profondeur. +Une seconde ligne de cinquante mètres de largeur +coupera en travers dans son milieu le terrain concédé;</p> + +<p>Art. 132.—L'arpentage du susdit terrain sera fait par deux +géomètres, un représentant l'entreprise de colonisation, l'autre +le bureau central des terres;</p> + +<p>Art. 133.—Restent à la charge des entreprises de colonisation +toutes les obligations relatives aux colons, savoir:</p> + +<p>1<sup>o</sup> Le passage d'Europe à un port argentin; le gouvernement +argentin prenant à sa charge le transport du port de débarquement +à la destination coloniale, conformément à l'article 99 +de la loi;</p> + +<p>2<sup>o</sup> Les avances à faire aux colons, savoir: maison d'habitation, +vivres pour une année, semences, instruments de travail, +animaux de labour et de production, conformément à l'article +98, dont la quantité et la valeur seront déterminées dans les +contrats passés avec les colons;</p> + +<p>Art. 134.—Les entreprises de colonisation joindront à leur +demande de concession de terres une copie des contrats passés +ou à passer avec les colons, pour être approuvés par le gouvernement +argentin; une copie de leurs statuts pour les sociétés +anonymes ou de leur constitution pour les sociétés en commandite, +ou autres. +Art. 135.—Pour assurer l'accomplissement de leurs obligations, +les entreprises déposeront à une banque de Buenos-Ayres +<span class="pagenum"> -27- </span>la somme de 2,000 piastres fortes (10,000 francs) ou bien +une caution pour pareille somme, acceptée par le gouvernement +sans préjudice de la caducité du contrat, s'il y avait lieu;</p> + +<p>Art. 136.—Les autorités civiles, de police et militaires, +établies dans les colonies, seront sous la dépendance du +gouvernement national.</p> + +<p>Art. 137.—Le gouvernement reste chargé de l'établissement +des services publics, religieux, judiciaires et d'instruction +primaire dans les colonies;</p> + +<p>Art. 138.—Un sept pour cent de garantie du capital +employé à la construction des chemins de fer dans les territoires +nationaux, sera accordé par le gouvernement aux +entrepreneurs, soit que la construction se fasse séparément ou +conjointement avec l'entreprise coloniale.</p> + +<hr> + + +<p>Les frais de construction du chemin de fer ne seront pas relativement +considérables, si l'on considère que cette construction +se fera sur un pays de plaine où le bois abonde, ce qui n'existe +pas dans la Pampa, de Buenos-Ayres. Les études préparatoires +prouveront que l'entreprise est de facile exécution et d'une +grande importance par les résultats qu'elle est appelée à produire. +Je puis affirmer qu'une grande partie des actions pourront +se placer à Buenos-Ayres, où existent de grands capitaux +et que leur négociation à la Bourse de cette ville ouvrira un +vaste champ à la spéculation.</p> + +<p>Nous terminons ici nos explications sur le facteur <i>terre</i> et +son satellite le chemin de fer, qui élève sa puissance. C'est le +premier terme de notre formule. Nous allons passer à l'exposition +du deuxième facteur, le <i>capital</i>, élément qui, jusqu'à ce +jour, a été négligé et appliqué en grande disproportion dans +les opérations de colonisation, et qui, élevé à sa puissance +dans notre système, est appelé à produire des résultats incalculables, +en permettant d'ajouter au produit agricole du colon +le produit si considérable de l'industrie de l'élève du bétail, +facile à faire sur une grande échelle dans ces plaines herbacées +à grands espaces, où les contenances des domaines +s'expriment par lieues carrées, et les têtes de bétail de +production par milliers; où l'industrie de l'élève du bétail se +pratique sans frais de préparation de fourrages, ni de +construction d'étables, les animaux se nourissant et vivant +<span class="pagenum"> -28- </span>toujours dehors; industrie qui donne, en général, un produit +net de 33 %, les frais déduits; et qui, dans notre système, +rapportera bien davantage, le travailleur agricole, concourant +à l'opération, étant chargé de cette partie de travail et des +soins à donner à cette industrie.</p> + + + +<h3>DEUXIÈME FACTEUR<br> +<small>Le Capital, ayant pour agent une Société +anonyme ou en commandite.</small></h3> + + +<p>Le travail de l'homme, appliqué à la culture du sol, réduit +aux seuls efforts de ses bras serait improductif, ou bien peu +productif, s'il ne s'aidait d'instruments, d'outils, de machines, +propres à accroître la production: ces instruments de travail +sont surtout indispensables au cultivateur-colon, à qui on +livre un vaste domaine de cinquante hectares à exploiter. Ces +instruments, ces outils, ces machines, constituent ce qu'on +appelle <i>le matériel agricole</i>, autrement dit <i>l'outillage du +cultivateur</i>. Cet outillage représente une valeur que l'on +désigne sous le nom de <i>Capital mobilier</i>. Or, le cultivateur +qui émigre, le cultivateur pauvre surtout, celui au sort duquel +nous nous intéressons, n'emporte pas avec lui ce capital +mobilier, ni même l'argent pour se le procurer. Il est donc +indispensable de le lui fournir. C'est ce que nous faisons +dans notre système de colonisation, sous le titre d'avances +remboursables à des époques déterminées assez éloignées.</p> + +<p>À ce capital, représenté par l'outillage, nous ajoutons +d'autres objets de première nécessité, tels que l'abri ou habitation, +les semences, la subsistance, durant la première année +en attendant la récolte... L'ensemble de ces dépenses, nous en +évaluons la valeur à 2,500 francs. L'article 88, paragraphe 2 +de la loi sur la colonisation, élève le chiffre de ces avances +à 5,000 francs (mille piastres fortes), mais il y comprend le +bétail de travail, que nous rapportons à une autre catégorie +d'avances, sous le titre de cheptel. Ces avances, nous les +classons sous la dénomination d'avances improductives, +parce que, sauf l'intérêt de dix pour cent prescrit par le paragraphe +5 de l'article 98, elles ne produisent aucun bénéfice à +<span class="pagenum"> -29- </span>l'entreprise de colonisation, et nous classons, sous le titre +d'avances productives, celles qui se rattachent à l'industrie +de l'élève du bétail, dont le produit est partagé entre le colon +et l'entreprise. Cette seconde catégorie d'avances, dite productive, +comprend 500 brebis, 20 vaches, 5 juments; elle +est destinée à augmenter la production au profit du colon et +de l'entreprise, sous le titre de cheptel.</p> + +<p>C'est la première fois, à notre connaissance, que cette +industrie est ajoutée à l'industrie agricole du colon. Nous +verrons, plus loin, dans nos tableaux de calcul des produits, +les grands bénéfices qu'elle rapporte à l'entreprise; ce qui +nous autorise à donner à notre système de colonisation, celui +de <i>système de colonisation organisée à production élevée.</i> +Nous évaluons le chiffre de la valeur des avances de cette +seconde catégorie à faire au colon à 5,500 francs, à 8,000 francs +pour chaque famille, y comprenant les 2,500 francs de la +première catégorie, et à 9,500 francs si nous ajoutons les +1,500 francs, montant du passage des cinq membres de la +famille du colon. Le transport du port de débarquement à la +colonie restant pour le compte du gouvernement (article 104, +paragraphe 4 de la loi sur la colonisation).—La somme des +avances s'élevant ainsi à 9,500 francs pour chaque famille, +celle de quarante familles, formant une colonie, s'élèverait à +380,000 francs, et à 430,000 avec le magasin commercial à +établir dans chaque colonie. Ce capital 380,000 francs, remboursable +après cinq ans, sera hypothéqué sur les biens, +meubles et immeubles du colon, et garanti, en outre, par les +vingt lieues carrées concédées par le gouvernement pour +chaque colonie.</p> + +<p>Quant au capital total à employer à l'entreprise de colonisation, +nous proposerons de l'élever à sept millions cinq +cent mille francs pour l'établissement de quinze colonies en +cinq ans, trois chaque année, soit 1,500,000 francs pour +chaque année. Les quinze colonies pourraient être établies le +long de la voie ferrée de l'ouest, entre le Rio-Quarto et la +ville de Mendosa, sur une étendue de cent dix lieues, +ligne sur laquelle on rencontre à peine dix centres de population.</p> + +<p>Le capital de sept millions cinq cent mille francs pourrait +<span class="pagenum"> -30- </span>être réalisé par une société anonyme, moyennant une émission +de 15,000 actions de 500 francs chacune, payable par +annuités de cent francs, soit 1,500,000 francs, destinés à +l'établissement de trois colonies par an, durant cinq ans, +et quinze colonies en cinq ans, avec le capital 7,500,000 fr.</p> + +<p>Dans tous les cas, aucun appel de fonds ne serait fait +qu'après réalisation des contrats de concession de terres qui +restent à notre charge, et pour l'obtention desquels les dispositions +nécessaires sont déjà prises par nous, auprès du +gouvernement national et provincial de la République +Argentine.</p> + + +<h4>Construction de chemins de fer avec colonisation dans +les territoires nationaux</h4> + +<p>Cette classe d'opérations est bien plus importante que +celle de la simple colonisation dont nous venons de parler. +Elle exige aussi l'emploi d'un capital plus élevé. Mais comme, +d'autre part, on ne peut faire de la colonisation dans les vastes +territoires de la République Argentine sans chemins de fer, +ni des chemins de fer sans colonisation au travers de déserts, +dépourvus de population, si fertiles, si beaux qu'ils +soient, la simultanéité de ces deux opérations s'impose. Aussi +est-ce sous ce point de vue que je vais les traiter.</p> + +<p>Tout chemin de fer doit avoir pour objet l'utilité: autrement +dit de donner satisfaction aux intérêts économiques +du pays qu'il relie ou qu'il traverse: c'est-à-dire de développer +son mouvement commercial, industriel, agricole, et +accroître ainsi sa richesse, sa prospérité, sa puissance nationale; +or, le chemin de fer qui est en première ligne appelé à +produire ces résultats, c'est, sans contre-dit, le chemin de +fer central du territoire de la Pampa, devant relier les deux +grands ports de mer de Saint-Antoine et de Bahia-Blanca aux +provinces de l'Ouest de la République. (Voir la carte ci-jointe +à la fin de la brochure.) Cette œuvre, d'un haut intérêt, pour cette +contrée, le gouvernement argentin devrait, sans retard, mettre à +l'étude cette question et s'imposer tous les sacrifices nécessaires +pour son exécution. Le pays et les générations futures +lui en seront reconnaissants.</p> + +<p>Le chemin de fer central de la Pampa comprend la ligne +qui, partant de Mercedes, ville de la province de Saint-Louis, +<span class="pagenum"> -31- </span>se dirigerait vers le sud pour aboutir au grand port de Saint-Antoine, +sur l'Océan atlantique. Un embranchement, partant +de Poitagué, relierait ce chemin de fer au port de Bahia-Blanca. +Pris en totalité, ce chemin de fer aurait une étendue +de 175 lieues, entre Mercedes et le port Saint-Antoine, et de +215 en ajoutant les 40 lieues de distance de Poitagué à +Bahia-Blanca pour l'embranchement. Ces 215 lieues à 300,000 +francs la lieue<a id="footnotetag12" name="footnotetag12"></a><a href="#footnote12"><sup>12</sup></a> porteraient la dépense à 64,500,000 fr., et +à 72,000,000 de fr. en ajoutant les 7,500,000 pour la colonisation.</p> + +<p>Toutefois, cette grande ligne pourrait être entreprise partiellement, +par tronçons, de la manière suivante:</p> + +<table summary=""> +<tr> + <td> +1<sup>o</sup> Ligne de Mercedes à Bahia-Blanca<a id="footnotetag13" name="footnotetag13"></a><a href="#footnote13"><sup>13</sup></a>, longueur 110 lieues, +à 300,000 fr. la lieue</td> + <td class="r"> 33,000,000</td> + <td>fr.</td> +</tr> +<tr> + <td class="c">Pour la colonisation</td> + <td class="r">7,500,000</td> + <td> </td> +</tr> +<tr> + <td class="r">Total</td> + <td class="r">40,500,000</td> + <td>fr.</td> +</tr> +<tr> + <td><span class="pagenum"> -32- </span>2<sup>o</sup> Tronçon de Mercedes à Poitagué, longueur 70 lieues à +300,000 fr. la lieue</td> + <td class="r">21,000,000</td> + <td>fr.</td> +</tr> +<tr> + <td class="c">Pour la colonisation</td> + <td class="r">7,500,000</td> + <td> </td> +</tr> +<tr> + <td class="r">Total</td> + <td class="r">28,500,000</td> + <td>fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>3<sup>o</sup> Tronçon de Mercedes au territoire national de la Pampa, +longueur 30 lieues, à 300,000 fr. la lieue</td> + <td class="r">9,000,000</td> + <td>fr.</td> +</tr> +<tr> + <td class="c">Pour la colonisation</td> + <td class="r">7,500,000</td> + <td> </td> +</tr> +<tr> + <td class="r">Total</td> + <td class="r">16,500,000</td> + <td>fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>4<sup>o</sup> Tronçon du port Saint-Antoine, à la vallée du Rio-Negro, +longueur 11 lieues, à 300,000 fr. la lieue</td> + <td class="r">3,300,000</td> + <td>fr.</td> +</tr> +<tr> + <td class="c">Pour la colonisation</td> + <td class="r">7,500,000</td> + <td> </td> +</tr> +<tr> + <td class="r">Total</td> + <td class="r">10,800,000</td> + <td>fr.</td> +</tr> +</table> + +<p>Le chemin de fer du port Saint-Antoine à la vallée du Rio-Negro +serait le moins coûteux et celui qui offrirait le plus vaste +champ d'exploitation pour la colonisation d'une vallée fertile +d'une longueur de 150 lieues sur une à six de largeur, avec +un fleuve navigable sur toute son étendue et voisine d'un port +de mer appelé à devenir le plus grand port de la contrée. En +outre, le chemin de fer du port Saint-Antoine au Rio-Negro +monopolisera plus tard, par sa jonction avec le Central de la +Pampa, les transports de la Pampa et des provinces argentines +de l'ouest.</p> + +<p>Toutes ces diverses entreprises ouvrent aujourd'hui un +vaste champ d'exploitation à la spéculation; toutes donneront +de grands résultats. Mais c'est la colonisation fondée sur les +bases de notre système qui les produira aux trois quarts. Que +les capitalistes et les hommes d'entreprises sachent bien que +les nombreuses et grandes fortunes acquises dans les États-Unis +de l'Amérique du Nord, sont dues, en général, aux +<span class="pagenum"> -33- </span>spéculations sur la terre. Les immenses fortunes créées dans +la Californie ont eu pour origine, moins les mines d'or qui ne +tardèrent pas à s'épuiser, que les opérations sur la terre +achetée d'abord à vil prix et vendue, plus tard, pour des +sommes énormes, le jour où l'immigration se répandit dans +le désert et qu'un chemin de fer vint y donner la vie et +répandre le mouvement. Pareil résultat est réservé dans la +République Argentine aux entreprises de colonisation fondées +sur de bonnes bases et combinées de manière à donner la +production la plus élevée possible, jointes ou non aux opérations +de chemins de fer. Nul ne peut en douter. Je dis plus, +c'est que ce pays est aujourd'hui l'unique au monde qui offre +les conditions les plus favorables pour ce genre d'entreprise.</p> + +<hr> + +<h4>CRÉATION DU CAPITAL</h4> + +<p>Le capital, outillage agricole du travail du colon, étant +indispensable à celui-ci pour obtenir une plus grande production +possible, nous avons dû le comprendre dans notre +système, comme agent nécessaire de l'opération de colonisation.</p> + +<p>On a cru longtemps, et des personnes croient encore +aujourd'hui, qu'il suffisait de faire une large concession de +terres au colon et de lui accorder quelques mesquines +avances pour lui faciliter ce genre d'entreprises. L'expérience +a démontré le peu de résultat que ces opérations donnaient. +Si l'on veut que le colon produise tout ce que son travail +peut produire, il faut mettre sous sa main un outillage complet. +C'est ce que nous faisons aujourd'hui dans notre système +de colonisation.—Outre les cinquante hectares concédés, +nous lui faisons les avances suivantes: le passage d'Europe à +l'Amérique du Sud,—une habitation,—la subsistance de +la famille durant la première année,—les semences,—les +outils et instruments de travail, les animaux de labour,—et +nous ajoutons à l'industrie agricole du colon, l'industrie +productive de l'élève du bétail. Le tout évalué à neuf mille +cinq cents francs, remboursables après cinq ans.</p> + +<table summary=""> +<tr> + <td>Soit donc, neuf mille cinq cents francs, la somme à dépenser +<span class="pagenum"> -34- </span>pour l'établissement de chaque famille agricole, composée +de cinq personnes au-dessus de dix ans, à</td> + <td class="r">9,500</td> + <td>fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>Le capital à employer pour une colonie de +quarante familles s'élèverait à</td> + <td class="r">380,000</td> +<td rowspan="5"> </td> +</tr> +<tr> + <td>Plus cent vingt mille pour magasin commercial, +frais d'administration et réserve</td> + <td class="r">120,000</td> +</tr> +<tr> + <td>soit</td> + <td class="r">500,000</td> +</tr> +<tr> + <td>En limitant l'opération à trois colonies par +an, la dépense s'élèverait, par an, à</td> + <td class="r">1,500,000</td> +</tr> +<tr> + <td>Et à sept millions cinq cent mille francs celle +de 15 colonies, durant une période de cinq +ans, à</td> + <td class="r">7,500,000</td> +</tr> +</table> + +<p>Ce capital, étant remboursable par le colon après la +cinquième année, peut se réappliquer à une seconde période +quinquennale pour l'établissement de quinze nouvelles colonies. +Voilà pourquoi, dans notre système de construction de +chemins de fer coloniaux, nous ne comprenons que le chiffre +de 7,500,000 francs pour les colonies à établir le long des +divers chemins de fer à construire. C'est donc un capital de +7,500,000 fr. qu'il s'agit de créer.</p> + +<p>Or, comme l'institution d'une société anonyme se prête +mieux à la création de capitaux, nous avons adopté ce moyen, +et nous conseillons de fixer le capital de l'émission à 7,500,000 +francs, à réaliser par une émission de 15,000 actions +de 500 francs chaque.—Mais comme le capital 7,500,000 +francs ne doit s'employer que durant le cours d'une période +de cinq années pour l'établissement de 15 colonies, +trois colonies par an, soit 1,500,000 francs par an, nous divisons +le paiement de l'action 500 francs en cinq coupons ou +cinq annuités de 100 francs, à verser par an durant cinq +ans. Ainsi, le capitaliste qui prendrait les 15,000 actions, +n'aurait à payer, durant cinq ans, qu'une annuité de 1,500,000 +francs.—Nous verrons, plus loin, les gros bénéfices que ce +capital rapporte dans les conditions établies par nous. Ce dont +le lecteur pourra se convaincre.</p> + +<table summary=""> +<tr> + <td>Soit donc, capital social</td> + <td class="r">7,500,000</td> + <td>fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>à employer pour l'établissement de 15 colonies +en cinq ans.</td> +</tr> + +<tr> + <td><span class="pagenum"> <a name="p35">-35-</a> </span>Chiffre de l'émission, actions de 500 fr.</td> + <td class="r">15,000</td> + <td rowspan="2"> </td> +</tr> +<tr> + <td>à payer en cinq ans, par annuités, soit 100 fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>Emploi annuel du capital pour fondation de +trois colonies</td> + <td class="r">1,500,000</td> +</tr> +<tr> + <td>Emploi, durant cinq ans, pour fondation de +15 colonies</td> + <td class="r">7,500,000</td> + <td><a id="footnotetag14" name="footnotetag14"></a><a href="#footnote14"><sup>14</sup></a></td> +</tr> +</table> + +<p><i>Garantie du capital</i>.—Ce capital est garanti: 1<sup>o</sup> par une +hypothèque sur tous les biens meubles et immeubles concédés +au colon; 2<sup>o</sup> par les 300 lieues carrées concédées à +l'entreprise, par les gouvernements national ou provinciaux, +20 lieues par colonie (300 lieues pour 15 colonies), dont la +valeur augmentera par le fait de la création d'un centre de +population.</p> + +<p>Mais, me dira-t-on, le colon pourra-t-il payer le dix pour +cent par an et rembourser le capital de 11,400 francs, y compris +la prime 1,900 francs, prescrite par la loi sur la colonisation? +Ce doute n'est pas permis, en présence de la grande situation +qui est faite au colon, possesseur, à cette époque, d'un +domaine de cinquante hectares, d'une maison, d'un outillage +agricole, d'un nombreux troupeau de bétail de plus de trois +mille brebis, d'une centaine de vaches. Le troupeau seul +suffirait pour opérer le remboursement. Ne nous préoccupons +pas de cela, le colon saura bien trouver, dans ses économies +accumulées, le capital du remboursement et ne se laissera pas +exproprier d'un domaine dont la valeur dépassera le chiffre de +la dette. Et d'ailleurs, y aurait-il retard dans le remboursement, +les vingt lieues carrées concédées à l'entreprise ne +sont-elles pas une garantie suffisante pour une créance de +cinq-cent mille francs par colonie<a id="footnotetag15" name="footnotetag15"></a><a href="#footnote15"><sup>15</sup></a>.</p> + + + +<span class="pagenum"> -36- </span> + +<h3>TROISIÈME FACTEUR<br> +<small>Le travail, ayant pour agent, le colon chef +de la famille agricole.</small></h3> + + +<p>Le troisième facteur dans l'œuvre de colonisation des territoires +nationaux de la République argentine, c'est le travail du +colon, chef de famille agricole. C'est le cultivateur qui apporte +à l'exécution de l'œuvre son plus puissant levier, le travail de +la terre; c'est lui qui fait surgir du sol les merveilles de la +production et transforme les déserts en centres de production, +en foyer de richesse, de lumière et de civilisation. Dans notre +combinaison, c'est le travail du colon qui fait la richesse du +gouvernement, celle de l'entrepreneur capitaliste et la sienne +propre; le concours du gouvernement, celui de l'entrepreneur, +n'ayant d'autre objet que celui de préparer, de faciliter, les +moyens d'exécution, de favoriser le travail agricole et de lui +permettre de se développer avec toute sa puissance. Cet agent +du travail agricole, le colon, n'existe pas dans l'Amérique du +Sud, où l'homme s'est livré à l'industrie bien plus productive +de l'élève du bétail. Il est donc de toute nécessité d'aller le +chercher là où il se trouve, c'est-à-dire en Europe, où la population +agricole est nombreuse, trop serrée, trop compacte.</p> + +<p>Mais le travailleur de la terre, si pauvre qu'il soit, n'émigre +pas. Ignorant s'il existe d'autres régions plus favorables à son +industrie, il continue à vivre pauvrement dans le village où il +est né, où vivent à côté de lui des parents, des amis. Et lorsqu'on +voudra le faire sortir de son engouement et de sa misère, +pour l'élever à une situation meilleure, il faudra aller à lui, +l'instruire, l'éclairer, le renseigner, lui faire connaître toutes +les faces de l'entreprise qu'on lui propose, et les conditions +favorables qui lui sont accordées pour améliorer sa position, +et le placer sur la voie de la fortune. Il devra être éclairé, +non avec des tableaux exagérés et trompeurs et des promesses +illusoires, mais bien en lui exposant clairement, loyalement, +dans toute sa vérité, la nouvelle situation qui lui a été préparée, +afin qu'il puisse entreprendre avec connaissance et +résolution, l'opération qu'on lui propose, consigner, enfin, +dans un contrat, les obligations réciproques du cultivateur-colon +et de l'entreprise, et les remplir comme le feraient deux +<span class="pagenum"> -37- </span>hommes sérieux et honnêtes, sans nécessité de l'intervention +des tribunaux.</p> + +<p>De son côté, le travailleur agricole devant apporter à +l'opération de colonisation son travail élevé à une haute +puissance, devra être choisi parmi les cultivateurs des +campagnes, connus par leurs habitudes d'ordre, de travail et +de moralité, et non pas le prendre au hasard, comme cela se +pratique dans la colonisation par l'émigration spontanée, qui +permet ainsi l'introduction dans les colonies d'éléments +divers, impropres à l'espèce de travail qu'elles comportent, +sans activité, ni intelligence, et, quelquefois, promoteurs de +désordre dans les colonies.</p> + +<p>Pour obtenir cet agent précieux de la colonisation, le bon, +le laborieux cultivateur, si pauvre qu'il soit, il sera nécessaire +d'établir une agence de recrutement sous la direction d'un +homme intéressé au succès de l'entreprise et chargé, sous sa +responsabilité, de créer en Europe, les sous-agences nécessaires. +Le directeur du bureau de recrutement devra, en +outre, être chargé des opérations de transport d'Europe en +Amérique, opérations qui se lient, sous bien des rapports, +avec celles du recrutement. L'ordre et la plus grande +exactitude devront être apportés dans le mouvement de ces +transports.</p> + +<p>Un directeur des colonies devra également être établi dans +la contrée où se fonderont les colonies pour diriger sur les +lieux et surveiller les opérations coloniales, exécuter et faire +exécuter les obligations contractées. Un agent colonial, dans +chaque colonie, sera chargé de la direction du magasin +commercial et de la surveillance de la colonie. Cet agent +sera placé sous la surveillance et le contrôle du directeur des +colonies.</p> + +<p>Un agent général représentera l'entreprise dans la ville de +Buenos-Ayres, capitale de la République Argentine.</p> + + +<h3>COMBINAISON DE L'OPÉRATION</h3> + +<p>Notre système de colonisation repose, comme on le voit, +sur la coopération de trois facteurs: 1<sup>o</sup> terre ayant pour +agent le gouvernement argentin qui la concède; 2<sup>o</sup> capital +<span class="pagenum"> -38- </span>ou outillage du travail ayant pour agent l'entrepreneur +capitaliste; 3<sup>o</sup> le travail ayant pour agent le colon, père +de famille agricole, qui l'apporte. C'est donc une opération +coopérative, non pas dans le sens des utopistes socialistes +qui préconisent la coopération individuelle organisée, mais +bien dans le sens que la nature indique, celui de la coopération +de trois forces distinctes l'une de l'autre, de trois +agents indépendants qui s'associent librement pour l'exécution +d'une œuvre dont le produit doit être partagé entre eux. Ce +genre de coopération rentre dans le cercle des principes +économiques.</p> + +<p>La loi argentine sur la colonisation est conçue aussi sur la +coopération de ces trois agents; seulement, ici, le gouvernement +fournit les deux facteurs <i>terre</i> et <i>capital</i> et le colon le +travail; c'est-à-dire, que le gouvernement prend à sa charge +l'action des deux premiers agents, gouvernement et entrepreneur +capitaliste, pendant qu'il devrait rester dans son vrai +rôle d'agent gouvernemental. Ce système a été qualifié de +colonisation officielle, que condamnent des économistes +éminents argentins. Notre combinaison, en réduisant l'action +gouvernementale à son unique et véritable rôle, consiste +donc dans l'application de la formule suivante, établie par +nous, comme axiome fondamental de la science économique: +Terre + travail + capital (<sup>m</sup>) = production (<sup>m</sup>). C'est-à-dire, +terre adjacente à un chemin de fer.—Travailleur agricole +choisi et réunissant les aptitudes nécessaires;—entrepreneur +capitaliste fournissant un outillage complet, plus le +capital Cheptel.—La résultante sera: production élevée.</p> + +<p>Toutefois, il ne suffit pas au facteur <i>terre</i> de comprendre une +grande extension de vingt lieues carrées pour l'entrepreneur, +de cinquante hectares pour le colon, et de posséder à son côté +un chemin de fer pour l'écoulement des denrées, il était essentiel +qu'il offrît aussi les conditions hygiéniques nécessaires +pour protéger l'existence du colon. Or, sous ce rapport, la République +Argentine ne laisse rien à désirer. Le territoire des +Pampas situé entre les 34<sup>me</sup> et 40<sup>me</sup> degrés de latitude Sud, +jouissant d'un climat tempéré, pareil à celui du midi de la +France, de l'Espagne, de l'Italie... rafraîchi par les brises de +l'Océan Atlantique, protégé à l'Ouest par les Cordillières... offre +<span class="pagenum"> -39- </span>au point de vue de la salubrité du climat toutes les garanties +hygiéniques désirables. Les institutions politiques et administratives +du pays se rapprochent de celles des pays libres +de l'Europe, la religion catholique y est généralement pratiquée +et toutes les autres y sont libres.</p> + +<p>Quant à la puissance du facteur <i>capital</i>, nous l'élevons en +ajoutant au capital agricole celui du cheptel en vue d'augmenter +la production. Or, tout le monde sait la richesse que produit +l'élève du bétail dans la République Argentine, où cette +industrie est créée sur de vastes étendues de domaines à pâturage +sans frais de construction d'étables, ni d'emmagasinage +de fourrage, le bétail s'alimentant par le pacage et vivant +continuellement dehors<a id="footnotetag16" name="footnotetag16"></a><a href="#footnote16"><sup>16</sup></a>.</p> + +<p>Pour faciliter l'intelligence de notre combinaison, nous allons +l'exposer en quelques articles clairs et précis qui pourront +servir pour la rédaction des statuts aux entreprises particulières +de colonisation dans la République Argentine.</p> + + +<h3>BASES<br> +<small>Pour servir à la rédaction des statuts pour les entreprises de +colonisation dans la République Argentine.</small></h3> + + +<p>Article 1<sup>er</sup>.—Des entreprises de colonisation se feront +dans les territoires nationaux et provinciaux de la République +Argentine en vue de l'extinction du paupérisme agricole européen, +dans les conditions établies dans le projet ci-exposé.</p> + +<p>Art. 2.—À cet effet, des contrats seront passés avec le +gouvernement National et les gouvernements provinciaux argentins, +par l'intermédiaire de notre fondé de pouvoirs à +Buenos-Ayres, seul ou accompagné d'un agent spécial de l'entreprise.</p> + +<p>Art. 3.—Ces entreprises comprendront la fondation des +colonies séparément ou conjointement avec la construction +des chemins de fer.</p> + +<p>Art. 4.—Les chemins de fer de cette classe à construire, +sont:</p> + +<p><span class="pagenum"> -40- </span>1<sup>o</sup> La ligne centrale de la Pampa de Mercedes au port Saint-Antoine, +175 lieues;</p> + +<p>2<sup>o</sup> La ligne de Mercedes à Bahia-Blanca par Pontiagué, +110 lieues;</p> + +<p>3<sup>o</sup> Le chemin de fer de Mercedes à la limite de la Pampa, +25 lieues;</p> + +<p>4<sup>o</sup> Le chemin de fer du port Saint-Antoine à la vallée du +Rio-Negro, 11 lieues.</p> + +<p>Art. 5.—L'entreprise du chemin de fer devra se faire avec +la condition d'un sept pour cent de garantie d'intérêt du capital +employé à la construction, avec concessions de terrains +dont la contenance sera débattue avec le gouvernement.</p> + +<p>Dans le cas de jonction des deux opérations, construction de +chemin de fer et colonisation, cette dernière se fera conformément +aux bases établies dans le présent projet.</p> + + +<h4>Des entreprises de colonisations, séparées des +opérations de chemin de fer.</h4> + +<p>Art. 6.—Les entreprises de colonisation séparées de celles de +chemin de fer pourront se faire:</p> + +<p>1<sup>o</sup> Par une grande institution de crédit déjà fondée;</p> + +<p>2<sup>o</sup> Par une société anonyme spéciale de colonisation argentine +à fonder;</p> + +<p>3<sup>o</sup> Par une banque Franco-Argentine à fonder;</p> + +<p>4<sup>o</sup> Par une compagnie ou société en commandite;</p> + +<p>5<sup>o</sup> Par de simples particuliers pour les opérations de colonisations +réduites.</p> + + +<h4>Entreprise par une société anonyme spéciale de colonisation.</h4> + +<p>Art. 7.—Une société anonyme, sous le titre de...... +sera établie à......</p> + +<p>Elle aura pour objet la colonisation dans les territoires +nationaux et provinciaux de la République Argentine.</p> + +<p>Art. 8.—Les vingt premiers adhérents à notre système de +colonisation seront réputés fondateurs de l'entreprise, après +nous avoir manifesté, par écrit, leur adhésion à notre projet et +leur intention de prendre une part active à l'exécution de l'œuvre.</p> + +<p>Art 9.—Les fondateurs de ladite société éliront une commission +provisoire chargée de rédiger les statuts de la société; +celle-ci nommera un directeur du bureau, également provisoire, +un trésorier et d'autres employés, s'ils sont nécessaires.</p> + +<p><span class="pagenum"> -41- </span>Art. 10.—Il ne sera fait d'émission, ni constitution +définitive de société, qu'après que la commission provisoire +aura été mise en possession des contrats passés avec le +gouvernement national argentin ou les gouvernements provinciaux, +opération qui reste à la charge de l'auteur du présent +projet de colonisation.</p> + +<p>Art. 11.—Aussitôt après avoir été mise en possession des +contrats, la commission provisoire fixera le chiffre de l'émission +et procèdera à la constitution définitive de la société.</p> + +<p>Art. 12.—Dans le cas où la société se constituerait pour +la fondation de QUINZE colonies, durant la période de cinq +années, le chiffre de l'émission restera fixé à 7,500,000 francs. +L'emploi de ce capital se fera dans l'ordre suivant:</p> + +<div class="c"> +<table summary=""> +<tr> + <td>1<sup>re</sup> année.</td> + <td>1,500,000</td> + <td>fr., pour la fondation de</td> + <td class="r">3</td> + <td>colonies.</td> +</tr> +<tr> + <td>2<sup>e</sup> année.</td> + <td>1,500,000</td> + <td class="c">id.</td> + <td class="r">3</td> + <td class="c">id.</td> +</tr> +<tr> + <td>3<sup>e</sup> année.</td> + <td>1,500,000</td> + <td class="c">id.</td> + <td class="r">3</td> + <td class="c">id.</td> +</tr> +<tr> + <td>4<sup>e</sup> année.</td> + <td>1,500,000</td> + <td class="c">id.</td> + <td class="r">3</td> + <td class="c">id.</td> +</tr> +<tr> + <td>5<sup>e</sup> année</td> + <td>1,500,000</td> + <td class="c">id.</td> + <td class="r">3</td> + <td class="c">id.</td> +</tr> +<tr> + <td></td> + <td>7,500,000</td> + <td>fr.</td> + <td class="r">15</td> + <td>colonies.</td> +</tr> +</table> +</div> + +<p>Art. 13.—Pour réaliser le capital 7,500,000 francs, il sera +fait une émission de quinze mille actions (15,000) de +500 francs chacune, payables par annuités de cent francs, le +15 janvier de chaque année, durant cinq ans.</p> + + +<h4>Emploi du capital social 7,500,000 francs.</h4> + +<p>Le capital social 7,500,000 francs est spécialement destiné +à l'établissement des colonies dans les territoires nationaux et +provinciaux de la République Argentine, et aux frais nécessaires +au fonctionnement de la société anonyme. C'est ce capital +qui constitue le second facteur de notre système de colonisation, +facteur puissant lorsqu'il complète l'outillage du travail, +et qui avec la terre du gouvernement et le travail du +colon concourt à réaliser la production. Ce capital garanti par un +hypothèque, revient au capitaliste-actionnaire ou entrepreneur, +après être passé durant cinq ans dans les mains de la famille +agricole du colon, et avoir produit des bénéfices considérables +par son application à l'industrie si productive de l'élève du +bétail, en dehors du dix pour cent d'intérêt qu'il comporte, +d'une prime de vingt pour cent sur le capital avancé, 9,500 fr., +et de la valeur accrue d'un terrain de vingt lieues carrées par +colonie.</p> + +<p><span class="pagenum"> -42- </span>Art. 14.—Les avances à faire à chaque famille agricole +composée de cinq personnes sont les suivantes:</p> + +<div class="c"> +<table summary=""> +<tr> + <td colspan="5"><i>1<sup>e</sup> Catégorie.<br> + Avances improductives devant être remboursée après cinq ans.</i></td> +</tr> +<tr> + <td class="1">A.—Maison d'habitation, comprenant deux pièces</td> + <td class="r">1,500</td> + <td>fr.</td> + <td rowspan="8" colspan="2"> </td> +</tr> +<tr> + <td class="1">B.—Farine pour la subsistance d'une famille agricole, durant + la première année, 5 balles de 100 kilos</td> + <td class="r">250</td> + <td rowspan="7"> </td> +</tr> +<tr> + <td class="1">C.—Semences</td> +</tr> +<tr> + <td class="2">Froment, 2 hect.</td> + <td class="r">50</td> +</tr> +<tr> + <td class="2">Maïs, 1 hect.</td> + <td class="r">15</td> +</tr> +<tr> + <td class="2">Pommes de terre, 2 hect.</td> + <td class="r">30</td> +</tr> +<tr> + <td class="2">Orge ou avoine, 2 hect.</td> + <td class="r">30</td> +</tr> +<tr> + <td class="1">D.—Un char à quatre roues.</td> + <td class="r">500</td> +</tr> +<tr> + <td class="1">E.—Une charrette, ou un tombereau à deux roues</td> + <td class="r">100</td> +</tr> +<tr> + <td class="1">F.—Une charrue en fer</td> + <td class="r">30</td> +</tr> +<tr> + <td> </td> + <td colspan="2" style="border-top: 1px solid black;"> </td> + <td style="border-top: 1px solid black;" class="r">2,500</td> + <td style="border-top: 1px solid black;">fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>Les autres ustensiles et outils agricoles ainsi +que les objets de ménage, le colon pourra les +acheter au magasin de commerce établi par +l'entreprise dans chaque colonie.</td> + <td colspan="4" rowspan="2"> </td> +</tr> +<tr> + <td><i>2<sup>e</sup> Catégorie. + Avances productives, livrées à titre de cheptel, avec partage par + moitié du produit entre le colon et l'entreprise; remboursables après + cinq ans.</i></td> +</tr> +<tr> + <td class="1">A.—Brebis, 500, à 7 fr. chaque</td> + <td class="r">3500</td> + <td colspan="2" rowspan="6"> </td> +</tr> +<tr> + <td class="2">3 béliers comm.</td> + <td class="r">150</td> +</tr> +<tr> + <td class="2">1 bélier, Rambouilles, Negrets ou Southdowns</td> + <td class="r">400</td> +</tr> +<tr> + <td class="1">B.—Vaches, 20, à 50 fr. chaque.</td> + <td class="r">1,000</td> +</tr> +<tr> + <td class="2">Taureau, 1, à 100 fr.</td> + <td class="r">100</td> +</tr> +<tr> + <td class="1">C.—Juments, 5, plus un cheval étalon<a id="footnotetag17" name="footnotetag17"></a><a href="#footnote17"><sup>17</sup></a></td> + <td class="r">350</td> +</tr> +<tr> + <td> </td> + <td style="border-top: 1px solid black;" colspan="2"> </td> + <td class="r">5,500</td> + <td>fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>Passage d'Europe en Amérique, cinq personnes, à 300 fr. chaque</td> + <td colspan="2"> </td> + <td class="r">1,500</td> + <td> </td> +</tr> +<tr> + <td>Total des avances pour une famille</td> + <td style="border-top: 1px solid black;" colspan="2"> </td> + <td style="border-top: 1px solid black;" class="r">9,500</td> + <td style="border-top: 1px solid black;" >fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>Total pour une colonie de 40 familles</td> + <td style="border-top: 1px solid black;" colspan="2"> </td> + <td style="border-top: 1px solid black;" class="r">380,000</td> + <td style="border-top: 1px solid black;" >fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>Total pour 3 colonies à établir annuellement</td> + <td style="border-top: 1px solid black;" colspan="2"> </td> + <td style="border-top: 1px solid black;" class="r">1,140,000</td> + <td style="border-top: 1px solid black;" >fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>Établissement de 3 magasins commerciaux</td> + <td colspan="2"> </td> + <td class="r">70,000</td> + <td rowspan="3"> </td> +</tr> +<tr> + <td>Frais d'administration</td> + <td colspan="2"> </td> + <td class="r">90,000</td> +</tr> +<tr> + <td>Réserve</td> + <td colspan="2"> </td> + <td class="r">200,000</td> +</tr> +<tr> + <td class="c">Total</td> + <td style="border-top: 1px solid black;" colspan="2"> </td> + <td style="border-top: 1px solid black;" class="r">1,500,000</td> + <td style="border-top: 1px solid black;">fr.</td> +</tr> +</table> +</div> + + +<p><span class="pagenum"> -43- </span>Art. 15.—La somme de neuf mille cinq cents francs sera remboursée +à l'entreprise après cinq ans dans le courant des deux +premiers mois de la sixième année avec la prime vingt pour +cent (1,900 fr.) soit au total 11,400 francs, sans préjudice du +dix pour cent à payer chaque année conformément au paragraphe +5 de l'article 98 de la loi sur la colonisation.</p> + +<p>Art. 16.—Durant le cours de la sixième année, il sera procédé +par l'entreprise, si celle-ci le juge utile, à la vente du +terrain colonial concédé en dehors de ceux cédés aux colons +dont les titres de propriété leur seront délivrés à la même +époque.</p> + +<p>Art. 17.—Les opérations continueront ainsi successivement, +par période de cinq ans, en appliquant le capital remboursé +à la fondation de nouvelles colonies, jusqu'au jour où +la société décidera, en assemblée générale, vouloir terminer +son œuvre et se mettra en liquidation.<a id="footnotetag18" name="footnotetag18"></a><a href="#footnote18"><sup>18</sup></a></p> + + +<h4>Entreprises de colonisation par compagnies +ou sociétés en commandite.</h4> + +<p>Art. 18.—Les compagnies ou sociétés en commandite qui +désireraient entreprendre des opérations de colonisation sur +une moins grande échelle et sur les mêmes bases, pourront +adresser leur déclaration à l'auteur du présent projet, qui +s'empressera de leur fournir les renseignements nécessaires +et son concours pour l'exécution de l'opération.</p> + + +<span class="pagenum"> -44- </span> +<h4>Entreprises de colonisation particulière</h4> + +<p>Art. 19.—Comme il m'est arrivé de rencontrer des propriétaires +argentins qui demandaient à établir des colonies +réduites à vingt et même dix familles, avec la condition de se +réserver la moitié du terrain colonial, soit cinq lieues sur dix, +ou deux lieues et demi sur cinq; les capitalistes qui désireraient +entreprendre la colonisation sur ces bases, pourront +m'adresser leur proposition, je donnerai immédiatement +des ordres à mon fondé de pouvoir, à Buenos-Ayres, pour +passer des contrats de cette classe.</p> + + + + +<h4>TROISIÈME FACTEUR<br> +<small>Le travail agricole.</small></h4> + + +<p>Le troisième facteur qui reste à élever à sa haute puissance, +par un bon choix et avec des procédés qui donnent confiance +et crédit à l'opération, c'est le travail du cultivateur colon, +chef de famille agricole. Ce choix devra être confié à un homme +sérieux, honorable et dévoué à l'entreprise. Son titre sera +celui de directeur général du bureau de recrutement et des +transports maritimes d'Europe à l'Amérique du Sud.</p> + + +<h4>Recrutement des colons.</h4> + +<p>Art. 20.—À cet effet il sera établi dans la ville de... un +bureau spécial de recrutement de colons sous la direction d'un +directeur général, lequel pour être aidé dans ses opérations +pourra créer sous sa responsabilité des agents dans les chefs-lieux +de départements français et les diverses provinces en +Europe.</p> + +<p>Art. 21.—Les frais du bureau de recrutement, y compris les +appointements du directeur et des agents, seront fixés par le +conseil d'administration de la société de colonisation.</p> + +<p>Art. 22.—Le directeur du bureau de recrutement et ses +agents auront pour mission:</p> + +<p>1<sup>o</sup> De faire connaître l'objet de l'entreprise, ses moyens +d'exécution, les conditions exigées des colons pour être +admis;</p> + +<p><span class="pagenum"> -45- </span>2<sup>o</sup> De fournir toutes les explications exactes et véritables, +nécessaires au colon, pour qu'il se décide librement et en +toute connaissance, à entreprendre l'opération de colonisation;</p> + +<p>3<sup>o</sup> Publier, à cet effet, des brochures, des circulaires, articles +de journaux, sous sa responsabilité;</p> + +<p>4<sup>o</sup> Faire connaître dans ces publications les conditions hygiéniques +et climatériques du pays à coloniser, ses zones terrestres, +les institutions politiques, administratives, judiciaires, +qui le régissent, les bénéfices que peuvent lui rapporter les +industries agricoles et de l'élève du bétail; enfin tout ce +qu'il importe au colon de connaître pour entreprendre l'opération +proposée;</p> + +<p>Art. 23.—Le directeur général du bureau de recrutement +remettra à chaque colon, chef de famille, avant son embarquement +une feuille d'engagement, extraite d'un livre à souche, +comportant un numéro d'ordre, les noms et prénoms du +colon et des membres de sa famille, leur âge, le lieu de leur +résidence. Elle comprendra aussi les obligations réciproques +du colon et de l'entreprise, et au bas les signatures du colon +et du directeur de l'entreprise.</p> + +<p>Il suffira au colon de présenter la feuille d'engagement +pour être admis à la colonie. Copie en sera adressée au +directeur général des colonies.</p> + +<p>Art. 24.—Les frais de transport d'Europe à la République +Argentine seront à la charge de l'entreprise, et ceux du port +argentin de débarquement à la colonie, à la charge du gouvernement +argentin, conformément aux articles 88 et 89, et +du paragraphe 4 de l'article 104 de la loi sur la colonisation. +Le montant de ces avances de passage sera remboursé par le +colon aux époques déterminées par le contrat.</p> + +<p>Art. 25.—Le colon, chef de famille agricole, représente +celle-ci dans tous les actes et obligations qui lui incombent.</p> + +<p>Art. 26.—La famille agricole se composera de cinq +membres, au moins âgés de dix ans. Les enfants au-dessous +de dix ans ne compteront pas pour l'entreprise, mais ils +pourront accompagner la famille et suivre leurs parents.</p> + +<p>Art. 27.—Deux familles séparées pourront s'associer pour +former un groupe de famille au nombre de cinq membres au +<span class="pagenum"> -46- </span>moins. Ils auront la faculté de rompre, plus tard, l'association +en se partageant la concession de terrain et les avances à elles +faites. Mais elles resteront solidaires de leur engagement, +vis-à-vis l'entreprise.</p> + +<p>Art. 28.—Deux mois avant le départ des colons d'Europe, +le directeur général de l'entreprise de colonisation enverra +l'ordre au directeur des colonies de préparer les lots de +cinquante hectares chaque à distribuer aux colons, avec leurs +limites et bornage. Le lot portera un numéro d'ordre. Cette +opération terminée, il sera procédé à la construction des +maisons d'habitation composées chacune de deux pièces de +quatre mètres carrés de surface, avec un corridor intermédiaire.</p> + +<p>Art. 29.—Immédiatement après l'arrivée des colons sur +les lieux, les lots seront tirés au sort et chaque colon prendra +possession de celui que lui aura désigné le sort. On lui +délivrera, ensuite, les avances de la première catégorie, +telles que farine, semences, une charrue, un char.... Durant +les quinze jours qui suivront, les colons recevront les +avances de la seconde catégorie, à titre de cheptel, savoir: +500 brebis, avec trois béliers, 20 vaches et un taureau, cinq +juments. La distribution se fera par tirage au sort, par lots +d'animaux.</p> + +<p>Art. 30.—Deux fours à cuire le pain seront construits +d'avance dans chaque colonie, un pour la section de droite, +l'autre pour la section de gauche.</p> + +<p>Art. 31.—Dans chacune des colonies, l'entreprise établira +un magasin commercial comprenant des outils aratoires et +ustensiles de ménage, quincaillerie, objets de consommation; +enfin, toute marchandise ou denrée que l'entreprise jugera +utile de livrer en vente. Un crédit de six mois sera accordé +aux colons.</p> + +<p>Art. 32.—Chaque colon sera obligé de cultiver et de +maintenir en état de culture, à partir de la première année, +pour le moins quatre hectares de terrain sur les cinquante +qui lui sont concédés et de clore la partie cultivée soit en +bois, soit en fil de fer, restant libre, pour le surplus, d'en +cultiver la contenance qu'il lui conviendra.</p> + +<p><span class="pagenum"> -47- </span>Art. 33.—Tout colon qui ne cultiverait pas la contenance +ci-dessus indiquée dans l'article précédent, ou qui ne +donnerait pas à l'élève du bétail les soins qui leurs sont dus, +ou qui serait une cause de désordre dans la colonie, la +concession du terrain et les avances à lui faites lui seront +retirées et il sera expulsé de la colonie. Toutefois, le fait devra +être attesté par dix colons tirés au sort et confirmé par un +rapport du directeur des colonies; seul, l'agent général, +représentant de l'entreprise, aura droit de prononcer l'exclusion.</p> + +<p>Art. 34.—Tout le produit du sol, celui des animaux de +basse-cour et de toute autre industrie, appartiendra au colon; +seul, le produit cheptel des brebis, vaches, chevaux, sera +partagé entre ce dernier et l'entreprise.</p> + +<p>Art. 35.—Les mâles des trois classes d'animaux spécifiés +ci-dessus, ayant acquis un an d'âge, seront partagés, chaque +année et livrés à la vente durant cinq ans, c'est-à-dire, pendant +le cours de six années, entre le colon et l'entreprise. +La laine des brebis sera également partagée durant les cinq +premières années.</p> + +<p>Art. 36.—Durant les cinq premières années, le colon +paiera à l'entreprise un dix pour cent du montant des avances +9,500 francs, soit 950 francs par an, conformément aux +prescriptions du paragraphe 5 de l'article 98 de la loi sur la +colonisation.</p> + +<p>Art. 37.—Après cinq ans, durant les deux premiers mois +de la sixième année, le colon remboursera à l'entreprise le +montant des avances 9,500 francs, avec une prime de 20 pour +cent, soit 1,900 fr., en total: 11,400 fr., conformément au +paragraphe 5 de l'article 98 précité.</p> + +<p>Art. 38.—Une fois le règlement fait et le remboursement +du montant des avances opéré, l'agent général de l'entreprise +aux colonies délivrera à chaque colon, chef de famille, un +titre de propriété dûment légalisé. Après quoi le colon +restera maître absolu, non seulement du terrain, de la +maison, du mobilier, mais encore des animaux qui se trouveront +dans son domaine; restant libre et dégagé de tout compromis +avec l'entreprise de colonisation.</p> + +<p><span class="pagenum"> -48- </span>Art. 39.—Les colons seront soumis aux lois et institutions +de la République Argentine sous l'autorité d'un juge de paix, +chargé de les faire exécuter.</p> + +<p>Art. 40.—De même que dans les autres centres de population +de la République Argentine, les colons constitueront un +conseil municipal chargé de l'administration des affaires communales +de la colonie: le service religieux, l'instruction primaire, +restant à la charge du gouvernement National ou provincial.</p> + +<p>Art. 41.—Un directeur général des colonies, nommé par +l'entreprise, assisté d'un inspecteur, surveillera, contrôlera et +dirigera les affaires coloniales de l'entreprise. Un agent général +représentera celle-ci dans le pays.</p> + + +<h4>Disposition et distribution des colonies le long des chemins de fer +à construire, dans les territoires nationaux.</h4> + +<p>Art. 42.—En attendant qu'il soit ajouté à la loi de colonisation +un titre 8 réglant la colonisation le long des chemins de +fer, l'entreprise se conformera à l'article 104 de la loi qui détermine +le nombre de cent vingt-cinq familles à établir dans +chaque section de terrain concédé de vingt-cinq lieues chaque; +disposition qui n'apporte pas un changement irréalisable +pour notre projet, et qui d'ailleurs n'est applicable qu'aux +territoires nationaux. Les gouvernements provinciaux restant +libres de passer des contrats sur d'autres bases qui seraient +plus conformes à leurs intérêts.</p> + +<p>Les colons des territoires nationaux seront exempts de la +contribution directe durant dix ans. Art. 114 de la loi.</p> + + +<h4>Disposition des colonies dans les territoires provinciaux.</h4> + +<p>Art. 43.—Il sera passé des contrats de colonisation avec +les gouvernements provinciaux dans les conditions suivantes:</p> + +<p>1<sup>o</sup> Établissement d'une colonie de quarante à quatre-vingts +familles, pour chaque concession de vingt lieues carrées le +long d'un chemin de fer,</p> + +<p>2<sup>o</sup> Établissement de vingt à quarante familles pour une concession +de dix lieues carrées.</p> + +<p>Les autres conditions comme ci-dessus dans nos dispositions +générales.</p> + + +<span class="pagenum"> -49- </span> +<h4>Disposition de colonies avec des propriétaires de terrain.</h4> + +<p>Art. 44.—Les propriétaires particuliers qui demanderont +à établir des colonies sur leur terrain propre pourront le faire +aux conditions formulées dans l'article précédent, même en +réduisant la concession à cinq lieues pour dix à vingt familles. +Par exception pour les propriétaires de cette dernière catégorie, +la moitié du terrain concédé restera leur propriété après +la cinquième année, et en disposeront pour la vente ou leur +usage, comme bon leur semblera.</p> + + + + +<h2>AVANTAGES ET BÉNÉFICES<br> +<small>À répartir aux trois agents de la production: +Gouvernement,—Colon,—Entrepreneur-capitaliste.</small></h2> + + +<p>En toute opération productive et surtout dans celles qui ont +une grande portée, les principes d'une bonne morale et ceux +de la science économique prescrivent une équitable répartition +des bénéfices entre les agents qui concourent à son exécution. +C'est fondé sur ces principes que nous procédons à la +répartition des avantages et bénéfices entre les trois agents +qui concourent à l'œuvre de la colonisation, gouvernement +argentin,—colon européen,—entrepreneur-capitaliste, autrement +dit entre les trois facteurs: <i>Terre, travail, capital</i>.</p> + +<p>Notre système de colonisation organisée à production élevée +comporte deux opérations distinctes, celle de la colonisation +proprement dite, qui consiste à l'exploitation de la terre, et +celle de l'élève du bétail. À la première de ces industries +concourent le gouvernement et le colon; à la seconde le colon +et l'entrepreneur-capitaliste qui fournit le capital des avances. +Les avantages et bénéfices de la première de ces deux industries +sont attribués au gouvernement et au colon seulement; +les bénéfices de la seconde sont partagés entre le colon et l'entrepreneur-capitaliste. +Définie ainsi la coopération des trois +agents, nous allons procéder à la répartition des avantages et +bénéfices entr'eux, tout en faisant une large part au colon.</p> + + +<span class="pagenum"> -50- </span> +<h3>Avantages que recueille le gouvernement argentin de notre +système de colonisation.</h3> + +<p>Tout d'abord nous simplifions la coopération du gouvernement +en réduisant son concours à celui d'une simple concession +de terres, le dégageant de toute dépense à faire pour +avances au colon, et réservant le capital qu'il emploie aujourd'hui +à cet objet pour l'appliquer à la construction de chemins +de fer dans les territoires nationaux pour la garantie d'un sept +pour cent d'intérêt du capital à employer à cette œuvre d'une +grande portée économique.</p> + +<p>La colonisation officielle a rempli son rôle d'initiative et +d'expérimentation, le gouvernement argentin peut abandonner +aujourd'hui la continuation de l'œuvre à l'industrie privée, en +ajoutant à la loi de colonisation un chapitre 8 ayant pour titre +«des colonies à établir le long du chemin de fer.» Chapitre +pour la rédaction duquel pourront servir de base les quelques +articles que nous avons indiqués dans le cours de cette publication. +(Voir <a href="#p24">page 24</a>.)</p> + +<p>Libre de tout engagement avec les colons, déchargé des dépenses +que nécessite l'opération et des embarras de l'administration +coloniale, charges qui incombent aux entreprises de +colonisation, le gouvernement argentin verra s'accomplir sur +une vaste échelle l'œuvre de la colonisation, si importante +pour la prospérité et l'accroissement de puissance de son +pays. Des colonies nombreuses s'établiront dans ses vastes et +fertiles territoires; de nouveaux centres de consommation et +de production se multiplieront; le mouvement et la vie se répandront +dans ces immenses solitudes; et avec eux s'accroîtront +la population et la richesse. La terre des environs augmentera +de valeur et deviendra une source de revenus incalculables +pour le trésor national; le commerce, l'industrie, les +arts se développeront dans ces nouveaux centres de population, +de consommation et de production de matières premières +qui iront alimenter les ports, sur l'Océan Atlantique, de Saint-Antoine +et de Bahia-Blanca, dont le mouvement commercial +ne tardera pas à prendre un mouvement inespéré, le jour +où le chemin de fer central de la Pampa, traversant ce vaste +territoire, les mettra en communication directe avec le Chili +et les provinces de l'Ouest.</p> + + + + +<span class="pagenum"> -51- </span> +<h3>BÉNÉFICES DE L'ENTREPRISE<br> +<small>AUTREMENT DIT DU FACTEUR CAPITAL</small></h3> + + +<p>Le capital, sans lequel la colonisation, paralysée dans son +action, par défaut d'outillage, ne peut donner que des résultats +insignifiants, ou des insuccès affligeants, est représenté +dans notre système de colonisation à production élevée par +l'entrepreneur-capitaliste. Ce capital, nous l'avons proportionné +à l'ample concession de terre, de 20 lieues carrées, +faite par le gouvernement et à la masse de travail que fournit +une famille de cinq membres au moins; nous avons voulu qu'il +fût complet (9,500 francs par famille). Aussi avons-nous dû +lui faire une large part dans les bénéfices. Ces bénéfices proviennent +de deux sources: 1<sup>o</sup> ceux que lui attribue la loi sur +la colonisation, savoir, concession de terre (20 lieues) un dix +pour cent d'intérêt annuel, plus une prime de vingt pour cent +sur le capital employé, soit 1,900 francs sur 9,500; 2<sup>o</sup> ceux qui +proviennent de l'industrie du bétail, laquelle pour la première +fois se trouve ajoutée à l'industrie agricole du colon; ce +sont les bénéfices qui proviennent de cette double source que +nous allons évaluer. Soit donc: 1<sup>o</sup> bénéfices attribués par la +loi à l'entrepreneur-capitaliste. (Art. 98.)</p> + +<table summary=""> +<tr> + <td style="padding-left: 3em; text-indent: -3em;" colspan="3"> + A—Concession de terre, 25 lieues carrées (art. 65, 98, 104), + que nous réduisons à 20 lieues.</td> +</tr> +<tr> + <td style="padding-left: 3em; text-indent: -3em;"> + B—Intérêt de dix pour cent à payer annuellement + par le colon, ci 950 fr.</td> + <td colspan="2"> </td> +</tr> +<tr> + <td style="padding-left: 3em; text-indent: -3em;"> + C—Prime de vingt pour cent</td> + <td class="r">1,900</td> + <td>francs.</td> +</tr> +<tr> + <td style="padding-left: 3em;">à ajouter au capital 9,500, ci</td> + <td class="r">9,500</td> + <td>francs.</td> +</tr> +<tr> + <td class="c">Soit ensemble</td> + <td class="tr">11,400</td> + <td class="t">francs.</td> +</tr> +</table> + +<p>Ces bénéfices attribués par la loi de colonisation argentine +au capital seraient déjà une rémunération suffisante. Mais voulant +tirer parti de la grande étendue de terre à pâturage concédé +par le gouvernement et du nombre de travailleurs que +fournit la famille agricole, nous ajoutons à l'industrie agricole +du colon, celle de l'élève du bétail si productive dans ces contrées +à pâturage et à grands domaines, dont la contenance +s'évalue par lieues carrées. Nous avons créé cette industrie +<span class="pagenum"> -52- </span>sur le pied de 500 brebis, 20 vaches, 5 juments, pour chaque +famille, soit pour une colonie de quarante familles 20,000 brebis, +800 vaches, 200 juments, et pour trois colonies à établir +chaque année, 60,000 brebis, 2,400 vaches, 600 juments. Le +produit devant être partagé par moitié entre le colon et l'entreprise; +il s'agit maintenant d'évaluer la somme des bénéfices +que cette industrie procurera à l'entreprise.</p> + +<p>Observons d'abord que nos troupeaux des trois espèces d'animaux, +brebis, vaches, juments, augmentent en nombre chaque +année de cinquante pour cent environ par l'adjonction +aux mères des femelles nées dans l'année et qui deviendront +mères l'année suivante; or ce chiffre s'élève généralement à la +moitié des naissances. Nous aurons ainsi sur les 500 agneaux +nouveau-nés 250 femelles à ajouter aux 500 mères, soit 750 +femelles pour la production de la seconde année, 1,125 pour +celle de la troisième; ainsi progressivement pour les années +suivantes. Même progression à appliquer aux vaches et juments. +Nous avons donc une progression croissante des produits +partant des bénéfices; et cela sans augmentation de +frais; le pacage de vingt lieues carrées étant immense, et les +animaux vivant nuit et jour dehors ne nécessitant pas de constructions +d'étables. Appliquant la même progression aux mâles +à livrer chaque année à la vente à l'âge d'un an, nous obtenons +pour la première année 250 moutons, 375 pour la deuxième, +563 pour la troisième, 814 pour la quatrième, 1,765 pour +la cinquième. Le prix ordinaire à cet âge étant cinq francs, +on peut évaluer le produit annuel. Appliquant le même procédé +de progression aux produits de la laine, des veaux et des +poulains de deux ans, et réunissant leur somme à celle déjà +calculée des agneaux, nous arrivons à avoir pour production +de la première année, pour chaque famille, 2,300 fr.; pour la +seconde année 3,475 fr.; pour la troisième 5,240 fr.; pour la +quatrième 7,830 fr.; pour la cinquième 14,205 fr. Soit total de +la production cheptel d'une famille durant cinq ans 33,050 fr. +Déduisant maintenant de ce chiffre le dixième pour pertes, +soit 3,305 fr., il reste 29,745 fr. à partager entre le colon et l'entreprise, +soit 14,872 fr, pour chacun d'eux pour les cinq années.</p> + +<table summary=""> +<tr> + <td>Chaque famille produisant 14,872 francs de cheptel à l'entreprise +<span class="pagenum"> -53- </span>en cinq ans, les 40 familles, composant une colonie +produiront 594,880 fr., ci.,</td> + <td class="r">594,880</td> + <td>fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>À ce chiffre, nous devons ajouter les femelles + des trois races ovine, bovine et chevaline, + conservées pour la reproduction dont la valeur + s'élève, pour la race ovine, à 341,600 fr.; + pour la race bovine, à 117,000 fr., et pour la + race chevaline, à 3,200 fr., soit, valeur en + francs, des produits des femelles des trois races.</td> + <td class="r">461,800</td> + <td> </td> +</tr> +<tr> + <td>Il nous reste à ajouter, à la somme de ces + bénéfices, la valeur des 19 lieues carrées sur + 20, concédées par le gouvernement, soit un + minimum de dix mille francs la lieue, on + aura,</td> + <td class="r">190,000</td> + <td> </td> +</tr> +<tr> + <td>Soit, total des bénéfices cheptel produit à + l'entreprise, pour une colonie de 40 familles + (200 personnes)</td> + <td class="tr">1,246,680</td> + <td class="t"> </td> +</tr> +<tr> + <td class="c">(<i>Voir les tableaux du calcul des bénéfices à l'Appendice</i>).</td> + <td colspan="2"> </td> +</tr> +<tr> + <td>Pour trois colonies à établir chaque année + × 3 =</td> + <td class="tr">3,740,040</td> + <td class="t"> </td> +</tr> +<tr> + <td>avec le capital 1,500,000 fr.</td> + <td colspan="2"> </td> +</tr> +<tr> + <td>Pour quinze colonies à établir en cinq + ans × 15 =</td> + <td class="tr">18,700,200</td> + <td class="t"> </td> +</tr> +<tr> + <td>avec le capital 7,500,000 fr.</td> + <td colspan="2"> </td> +</tr> +</table> + +<p>Les chiffres qui représentent ici les bénéfices de l'industrie +du bétail, pour le compte de l'entreprise, n'offrent certainement +pas l'exactitude désirable, ce qui est impossible à +obtenir quand on opère sur des produits de valeur variable +dans leur cours commercial. Ces chiffres se traduiront par un +plus ou un moins dans la réalité. Ce qui est certain, c'est que +le produit de vingt mille brebis, pour chaque colonie, celui +de huit cents vaches et de deux cents juments, avec leur +reproduction croissante de cinquante pour cent l'an, sera +toujours considérable, quelque diminution qu'on fasse subir à +mon appréciation. Ni les critiques malveillantes, ni le calculateur +le plus sévère, ne pourront contester ce grand +résultat. Nous avons indiqué le procédé de calcul à suivre +pour l'évaluation des produits du cheptel. Que nos lecteurs +<span class="pagenum"> -54- </span>veuillent bien se livrer à une étude attentive de la matière, et +ils reconnaîtront que nous sommes restés éloignés de toute +exagération.</p> + +<p>Maintenant, si l'entreprise, se contentant du dix pour cent +d'intérêt pour le capital employé et de la prime vingt pour +cent qu'accorde la loi argentine sur le capital, se décidait à +élargir le cercle de ses opérations, en appliquant à la construction +des chemins de fer coloniaux les bénéfices produits +par le cheptel, ce qui est possible à exécuter, on arriverait à +construire, avec le capital de dix-huit millions de ces bénéfices, +environ soixante lieues de chemins de fer, celui de +Mercedes à Poitagué, par exemple, à continuer, plus tard, +avec les mêmes ressources, jusqu'au port de Bahia-Blanca.</p> + +<p>Le gouvernement argentin accordant une garantie d'intérêt +de sept pour cent aux capitaux affectés à cette classe de travaux +publics, l'entreprise bénéficierait ainsi d'une somme d'intérêt +s'élevant à 1,402,254 francs par an, une fois la construction +terminée, tout en restant propriétaire d'une voie ferrée +de soixante lieues. Dans ces conditions, à quel chiffre s'élèveront +les actions de l'émission 7,500,000 francs, appliquées +à l'opération de colonisation? Je laisse la réponse à faire aux +spéculateurs habituels de négociations de titres industriels à +la Bourse.</p> + + +<h3>Avantages et Bénéfices du Colon.</h3> + +<p>Le troisième agent de notre œuvre de colonisation à +production élevée, c'est le colon, qui, avec sa famille, apporte +à son exécution le puissant levier de la production, le travail, +troisième facteur de notre formule économique. Le colon a +donc un droit incontestable à la répartition de la richesse +produite avec son concours. Cette part de richesse doit lui +être accordée libéralement, largement, car c'est lui qui crée +cette richesse avec ses bras et son intelligence, le capital +n'étant que l'instrument du travail et la terre la matière à +élaborer. Nous dirons même que le principal objet du colonisateur +doit tendre à assurer la richesse du colon, car, de ce +résultat ressortiront le prestige de l'opération, le succès de +<span class="pagenum"> -55- </span>l'entreprise, la solution du grand problème d'économie +sociale, l'<i>extinction du paupérisme agricole européen</i>.</p> + +<p>Dans notre mode de répartition des profits, il est accordé +au colon des avantages importants et des bénéfices grands et +assurés:</p> + +<p>1<sup>o</sup> Les avantages sont les suivants:</p> + +<p>Avance de passage d'Europe aux colonies argentines;</p> + +<p>Concession après cinq ans, à titre de propriété, d'un +domaine de cinquante hectares, avec une maison d'habitation +composée de deux pièces;</p> + +<p>Avance de farines pour la subsistance de la famille durant +la première année, des semences, une charrue, un char à +quatre roues.....</p> + +<p>Livraison, à titre de cheptel, de troupeaux d'animaux, +savoir: 500 brebis, — 20 vaches, 5 juments, dont la moitié +du produit lui appartiendra;</p> + +<p>Le colon sera placé près d'un chemin de fer, conséquemment, +transport facile des personnes, des marchandises, des +produits agricoles aux grandes places commerciales et aux +ports de mer de Buenos-Ayres, Bahia-Blanca, Saint-Antoine.</p> + +<p>Il jouira des mêmes avantages sociaux qu'en Europe, de la +liberté et de l'administration communale; avec une école +pour l'instruction des enfants, une église pour ses pratiques +religieuses;</p> + +<p>Chaque colonie sera pourvue d'un magasin commercial pour +la vente de divers denrées, de ferretterie, de quincaillerie, +d'ustensiles de ménage et d'outils agricoles;</p> + +<p>Il sera exempt, pendant dix ans, de la contribution directe +(article 114 de la loi de colonisation);</p> + +<p>Il sera libre dans son industrie, avec la seule condition de +remplir les obligations du contrat.</p> + +<p>2<sup>o</sup> Les bénéfices sont les suivants; ils résultent de la situation +avantageuse faite au colon:</p> + +<p>Tout le produit de l'industrie agricole et de tout autre +appartiennent au colon;</p> + +<p>La moitié du produit de l'élevage du bétail lui appartient +durant cinq ans; nous avons vu plus haut que le chiffre de +la moitié de ce produit pouvait être calculé à 14,000 francs +pour les cinq ans.</p> + +<p><span class="pagenum"> -56- </span>Nous terminons ici l'exposition de notre système de colonisation +à production élevée, à appliquer aux territoires immenses +et de fertilité reconnue de la République Argentine. L'objet +de notre travail consiste à ouvrir au cultivateur pauvre européen, +une voie de salut praticable, facile à parcourir, qui +lui permette d'échapper au goufre béant de la misère vers +lequel il est entraîné, et de s'élever par son travail à l'aisance +pour lui, à la fortune pour ses enfants. À cet effet, le gouvernement +argentin nous offre libéralement, largement, la terre: +ce qui est beaucoup, car cette libéralité est le pivot de notre +combinaison, sa grande étendue permettant au capital d'élever +son action productive à un degré de rémunération tel que +toute autre opération ne saurait atteindre, et cela par le fait +de l'adjonction à l'industrie agricole du colon, de l'industrie +de l'élève du bétail, organisée sur une grande échelle: complétant +ainsi l'outillage du travailleur agricole. Pour ce grand +service rendu, nous devions au capital une large part dans la +répartition des produits; c'est ce que nous avons fait, comme +on l'a déjà vu, en nous conformant aux usages dans la pratique +du cheptel et aux principes économiques. Donc, toute idée +d'exploitation doit être écartée, et les énormes bénéfices que +fait l'entreprise ne doivent être attribués qu'à l'importance du +capital employé, à son application, à la multiplicité des opérations +(40 par colonie), et à la combinaison bien ordonnée des +trois facteurs: terre—travail—capital, élevés à leur puissance, +et dont la résultante production (<sup>m</sup>) devait être la conséquence +nécessaire.</p> + +<br> + +<p>Jamais, nous osons le dire, système de colonisation n'a été +établi sur des bases aussi bien définies, aussi clairement déterminées +et d'une aussi grande puissance de production; jamais +entreprises de colonisation n'auront donné de si considérables +résultats, jamais colons n'ont obtenu des conditions +aussi avantageuses; jamais gouvernement n'a fait des concessions +si libérales, mais aussi n'aura recueilli des résultats aussi +grandioses.</p> + +<br> + +<p>Jamais capital aussi bien garanti, doté d'un intérêt satisfaisant +et d'une prime équitable, n'aura produit une rémunération +aussi considérable pour le service rendu durant la courte +<span class="pagenum"> -57- </span>période de cinq ans. Jamais enfin situation aussi favorable n'a +été offerte à la population agricole européenne pauvre.</p> + +<p>Nous pourrons donc voir se réaliser, à une époque peu +éloignée, les belles paroles prophétiques d'un notable écrivain +de l'Amérique du Sud: «La rédemption de la race blanche +se trouverait dans l'acquisition morale de tout un monde +riche et vierge, d'un monde qui donnerait terre, travail, fortune.»</p> + +<p class="r1">Andres LAMAS.</p> + +<p class="1">(Notice sur l'Uruguay).</p> + + +<p>C'est donc une œuvre philanthropique et économique de +haute importance que nous conseillons d'entreprendre. Quand +à ses résultats heureux, nul ne peut les contester. Les bénéfices, +si réduits qu'ils soient ne peuvent se nier. Un fait incontestable, +c'est l'intérêt dix pour cent par an et la prime de +vingt pour cent sur le capital, alloués par la loi argentine au +capital employé à la colonisation hypothéquée sur l'avoir mobilier +et immobilier avancé au colon et sur une grande concession +de terrain qui devient propriété de l'entreprise, dès +le moment de l'installation de la colonie, c'est-à-dire au moment +de l'application du capital.</p> + +<p>Quant à nous, ouvriers de la première heure, dans ce +genre d'entreprise de colonisation dans la République Argentine, +notre conscience satisfaite nous dit que nous faisons +une bonne œuvre et une bonne action.</p> + +<p class="r2"><span class="sc">Auguste</span> BROUGNES,</p> + +<p class="r"><i>Docteur en médecine, propriétaire du domaine de<br> +Caixon, près Vic-Bigorre (Hautes-Pyrénées).</i></p> + + + +<p>Caixon, le 20 novembre 1882.</p> + +<br><hr><br> + +<span class="pagenum"> -58- </span> + +<div class="c"><img src="images/a.png" alt=""></div> + + + + + + +<span class="pagenum"> -59- </span> +<h3>PRODUIT DU CHEPTEL À REPARTIR ENTRE LE COLON ET L'ENTREPRISE</h3> + +<h4>Produit annuel d'une famille agricole durant cinq ans.</h4> + +<div class="c"> +<table summary=""> +<tr> + <th colspan="6" class="tf">PRODUIT DES ANIMAUX</th> +</tr> +<tr> + <td class="te">Classe d'animaux</td> + <td class="te">Années</td> + <td class="te">Naissance</td> + <td class="te">Femelles à conserver</td> + <td class="te">Mâles à vendre</td> + <td class="te">Produit de la vente</td> +</tr> +<tr> + <td class="t7" rowspan="6">BREBIS<br>500</td> + <td class="t7"> </td> + <td class="t7"> </td> + <td class="t7"> </td> + <td class="t7"> </td> + <td class="t7">(5 fr.)</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">1<sup>re</sup> année</td> + <td class="t6r">500</td> + <td class="t6r">250</td> + <td class="t6r">250</td> + <td class="t6r">1,250 f.</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">2<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">750</td> + <td class="t6r">375</td> + <td class="t6r">375</td> + <td class="t6r">1,875</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">3<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">1,125</td> + <td class="t6r">562</td> + <td class="t6r">562</td> + <td class="t6r">2,800</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">4<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">1,687</td> + <td class="t6r">843</td> + <td class="t6r">843</td> + <td class="t6r">4,215</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">5<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">2,530</td> + <td class="ter">1,765</td> + <td class="ter">1,765</td> + <td class="ter">8,825</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6" colspan="3"> </td> + <td class="t7r">3,795</td> + <td class="t7r">3,797</td> + <td class="t7r">18,965</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6" colspan="3">Perte 1/10 à déduire.</td> + <td class="ter">379</td> + <td class="ter">379</td> + <td class="ter">1,896</td> +</tr> +<tr> + <td class="te" colspan="3"> </td> + <td class="tfr">3,416</td> + <td class="tfr">3,418</td> + <td class="tfr">17,069</td> +</tr> +<tr> + <td class="t7" rowspan="6">VACHES<br>20</td> + <td class="t7"> </td> + <td class="t7"> </td> + <td class="t7"> </td> + <td class="t7"> </td> + <td class="t7">(50 fr. à 2 ans)</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">1<sup>re</sup> année</td> + <td class="t6r">20</td> + <td class="t6r">10</td> + <td class="t6r">10</td> + <td class="t6r">500</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">2<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">30</td> + <td class="t6r">15</td> + <td class="t6r">15</td> + <td class="t6r">750</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">3<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">45</td> + <td class="t6r">22</td> + <td class="t6r">23</td> + <td class="t6r">1,150</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">4<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">67</td> + <td class="t6r">33</td> + <td class="t6r">34</td> + <td class="t6r">1,700</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">5<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">100</td> + <td class="ter">50</td> + <td class="ter">50</td> + <td class="ter">2,500</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6" colspan="3"> </td> + <td class="t7r">130</td> + <td class="t7r">132</td> + <td class="t7r">6,600</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6" colspan="3">Perte 1/10 à déduire.</td> + <td class="ter">13</td> + <td class="ter">13</td> + <td class="ter">660</td> +</tr> +<tr> + <td class="te" colspan="3"> </td> + <td class="tfr">117</td> + <td class="tfr">119</td> + <td class="tfr">5,940</td> +</tr> +<tr> + <td class="t7" rowspan="6">JUMENTS<br>5</td> + <td class="t7"> </td> + <td class="t7"> </td> + <td class="t7"> </td> + <td class="t7"> </td> + <td class="t7">(25 francs.)</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">1<sup>re</sup> année</td> + <td class="t6r">5</td> + <td class="t6r">3</td> + <td class="t6r">2</td> + <td class="t6r">50</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">2<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">8</td> + <td class="t6r">4</td> + <td class="t6r">4</td> + <td class="t6r">100</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">3<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">12</td> + <td class="t6r">6</td> + <td class="t6r">6</td> + <td class="t6r">150</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">4<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">18</td> + <td class="t6r">9</td> + <td class="t6r">9</td> + <td class="t6r">225</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">5<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">27</td> + <td class="t6r">13</td> + <td class="t6r">14</td> + <td class="t6r">350</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6" colspan="3"> </td> + <td class="t7r">35</td> + <td class="t7r">35</td> + <td class="t7r">1,075</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6" colspan="3">Perte 1/10 à déduire.</td> + <td class="ter">3</td> + <td class="ter">3</td> + <td class="ter">107</td> +</tr> +<tr> + <td class="te" colspan="3"> </td> + <td class="tfr">32</td> + <td class="tfr">32</td> + <td class="tfr">968</td> +</tr> +</table> +</div> + +<br> + +<div class="c"> +<table summary=""> +<tr> + <th class="tf" colspan="8">VALEUR DU PRODUIT DE LA LAINE</th> +</tr> +<tr> + <td class="te">Années</td> + <td class="te">Nombre d'anim.</td> + <td class="te">Quantité de laine de chaque animal (kil.)</td> + <td class="te">Prix du kilo</td> + <td class="te">Valeur</td> + <td class="te" colspan="3">Total du produit des brebis</td> +</tr> +<tr> + <td class="t7l">1<sup>re</sup> année</td> + <td class="t7r">500</td> + <td class="t7r">500</td> + <td class="t7">1 fr.</td> + <td class="t7r">500</td> + <td class="t3r">1250 +</td> + <td class="t1r">500 =</td> + <td class="t4r">1750</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">2<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">750</td> + <td class="t6r">750</td> + <td class="t6">Id.</td> + <td class="t6r">750</td> + <td class="t2r">1,875 +</td> + <td class="t0r">750 =</td> + <td class="t4r">2,625</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">3<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">1,125</td> + <td class="t6r">1,125</td> + <td class="t6">Id.</td> + <td class="t6r">1,125</td> + <td class="t2r">2,800 +</td> + <td class="t0r">1,125 =</td> + <td class="t4r">3,925</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">4<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">1,687</td> + <td class="t6r">1,687</td> + <td class="t6">Id.</td> + <td class="t6r">1,687</td> + <td class="t2r">4,215 +</td> + <td class="t0r">1,687 =</td> + <td class="t4r">5,902</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">5<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">2,530</td> + <td class="ter">2,530</td> + <td class="t6">Id.</td> + <td class="ter">2,530</td> + <td class="t2r">8,825 +</td> + <td class="t0r">2,530 =</td> + <td class="tcr">11,355</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6" colspan="2"> </td> + <td class="t7r">6,592</td> + <td class="t6"> </td> + <td class="t7r">6,592</td> + <td class="t2" colspan="2"> </td> + <td class="t5r">25,557</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6" colspan="2">Perte 1/10.</td> + <td class="ter">659</td> + <td class="t6"> </td> + <td class="ter">659</td> + <td class="t2" colspan="2"> </td> + <td class="tcr">2,555</td> +</tr> +<tr> + <td class="te" colspan="2"> </td> + <td class="tfr">5,933</td> + <td class="te"> </td> + <td class="tfr">5,933</td> + <td class="ta" colspan="2"> </td> + <td class="tdr">23,002</td> +</tr> +</table> +</div> + +<table summary=""> +<tr> + <td>Produit du cheptel, de race ovine (brebis) +durant cinq ans</td> + <td class="r">23,002</td> + <td>fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>Produit du cheptel, de race bovine, durant +cinq ans</td> + <td class="r">6,600</td> + <td rowspan="2"> </td> +</tr> +<tr> + <td>Produit du cheptel, de race chevaline, durant +cinq ans</td> + <td class="r">675</td> +</tr> +<tr> + <td class="c">Total</td> + <td class="tr">30,477</td> + <td>fr.</td> +</tr> +</table> + +<span class="pagenum"> -60- </span> + +<h4>Produit du cheptel à repartir entre l'entreprise et le colon.</h4> + +<table summary=""> +<tr> + <td class="t8" colspan="8" rowspan="4"><span class="sc"> + Produit de 1 colonie de 40 familles (200 personnes).</span><br> +<i>Capital à employer, 500,000 francs.</i></td> + <td><span class="sm">Brebis 60,000</span></td> +</tr><tr> + <td><span class="sm">Vaches 2,400</span></td> +</tr><tr> + <td><span class="sm">Juments 600</span></td> +</tr><tr> + <td class="c"><span class="sc">Produit de 3 colonies</span><br> +<span class="sm"><i>Capital</i> 1,500,000</span></td> +</tr> + + +<tr> + <td class="tf">ANNÉES</td> + <td class="tf" colspan="4">Produit annuel d'une famille de 3 personnes</td> + <td class="tf">TOTAL du produit, moins 1/10 pertes</td> + <td class="tf">MOITIÉ à entreprise</td> + <td class="tf">PRODUIT ANNUEL d'une colonie de 40 familles</td> + <td class="tf">PRODUIT ANNUEL de 3 colonies 120 familles</td> +</tr> +<tr> + <td rowspan="4" class="t7">1<sup>re</sup> année</td> + <td class="t7" rowspan="2">Brebis:</td> + <td class="t3l">V. agneaux</td> + <td class="t5r">1,250</td> + <td rowspan="2" class="t7r">1,750</td> + <td rowspan="4" class="t7">= 2,300 francs<br>p. 1/10 230 = 2,070</td> + <td rowspan="4" class="t7">1,035</td> + <td class="t7l">× 40 =</td> + <td class="t7l">× 3 col. =</td> +</tr> +<tr> + <td class="t2l">V. laine</td> + <td class="t4r">500</td> + <td rowspan="3" class="t4r">41,400</td> + <td rowspan="3" class="t4r">124,200</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="3">Vaches: Vente de veaux</td> + <td class="t4r">500</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="3">Juments: Vente de poulains</td> + <td class="t4r">50</td> +</tr> + +<tr> + <td rowspan="4" class="t6">2<sup>e</sup> année</td> + <td class="t6" rowspan="2">Brebis:</td> + <td class="t2l">V. agneaux</td> + <td class="t4r">1,875</td> + <td rowspan="2" class="t4r">2,625</td> + <td rowspan="4" class="t6">= 3,475 francs<br>p. 1/10 347 = 3,128</td> + <td rowspan="4" class="t6">1,564</td> + <td rowspan="4" class="t4r">62,560</td> + <td rowspan="4" class="t4r">187,680</td> +</tr> +<tr> + <td class="t2l">V. laine</td> + <td class="t4r">750</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="3">Vaches: Vente de veaux</td> + <td class="t4r">750</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="3">Juments: Vente de poulains</td> + <td class="t4r">100</td> +</tr> + + +<tr> + <td rowspan="4" class="t6">3<sup>e</sup> année</td> + <td class="t6" rowspan="2">Brebis:</td> + <td class="t2l">V. agneaux</td> + <td class="t4r">2,815</td> + <td rowspan="2" class="t4r">3,940</td> + <td rowspan="4" class="t6">= 5,240 francs<br>p. 1/10 524 = 4,716</td> + <td rowspan="4" class="t6">2,358</td> + <td rowspan="4" class="t4r">94,320</td> + <td rowspan="4" class="t4r">282,960</td> +</tr> +<tr> + <td class="t2l">V. laine</td> + <td class="t4r">1,125</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="3">Vaches: Vente de veaux</td> + <td class="t4r">1,125</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="3">Juments: Vente de poulains</td> + <td class="t4r">150</td> +</tr> + +<tr> + <td rowspan="4" class="t6">4<sup>e</sup> année</td> + <td class="t6" rowspan="2">Brebis:</td> + <td class="t2l">V. agneaux</td> + <td class="t4r">4,220</td> + <td rowspan="2" class="t4r">5,905</td> + <td rowspan="4" class="t6">= 7,830 francs<br>p. 1/10 783 = 7,047</td> + <td rowspan="4" class="t6">3,523</td> + <td rowspan="4" class="t4r">140,920</td> + <td rowspan="4" class="t4r">422,760</td> +</tr> +<tr> + <td class="t2l">V. laine</td> + <td class="t4r">1,695</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="3">Vaches: Vente de veaux</td> + <td class="t4r">1,700</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="3">Juments: Vente de poulains</td> + <td class="t4r">225</td> +</tr> + +<tr> + <td rowspan="4" class="t6">5<sup>e</sup> année</td> + <td class="t6" rowspan="2">Brebis:</td> + <td class="t2l">V. agneaux</td> + <td class="t4r">8,825</td> + <td rowspan="2" class="t4r">11,355</td> + <td rowspan="4" class="t6">= 14,205 francs<br>p. 1/10 1,420 = 12,782</td> + <td rowspan="4" class="t6">6,392</td> + <td rowspan="4" class="tcr">255,680</td> + <td rowspan="4" class="tcr">767,040</td> +</tr> +<tr> + <td class="t2l">V. laine</td> + <td class="t4r">2,530</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="3">Vaches: Vente de veaux</td> + <td class="t4r">2,500</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="3">Juments: Vente de poulains</td> + <td class="t4r">350</td> +</tr> + +<tr> + <td class="t6"> </td> + <td colspan="6" class="t2r">5 ans, 1 colonie Total.</td> + <td class="t5r">594,880</td> + <td class="t5r">1,784,640</td> +</tr> + + +<tr> + <td rowspan="4" class="t6">6<sup>e</sup> année</td> + <td colspan="6" class="t2l">Ajouter: Produit de la vente, après cinq ans, des femelles +conservées pour la reproduction des trois races, déduction +faite du dixième pour perte.</td> + <td class="t4"> </td> + <td class="t6"> </td> +</tr> + +<tr> + <td colspan="3" class="t2l">Brebis, 3,416 à 5 f.</td> + <td class="t4r">17,080</td> + <td rowspan="3" class="t6">pour 1 famille: 23,730</td> + <td rowspan="3" class="t6">11,865</td> + <td rowspan="3" class="t6r">474,600</td> + <td rowspan="3" class="t6r">1,423,800</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="3" class="t2l">Vaches, 117 à 50 f.</td> + <td class="t4r">5,850</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="3" class="t2l">Juments, 32 à 25 f.</td> + <td class="t4r">808</td> +</tr> + +<tr> + <td colspan="7" class="t2r">Ajouter, produit de vente du terrain concédé. + 19 lieues par colonie, à 10,000 fr. la lieue =</td> + <td class="t4r">190,000</td> + <td class="t6r">570,000</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="7" class="tar">Id. Prime, 20 pour cent sur capital avancé au colon (9,500) + soit 1,900 f. sur 40 familles =</td> + <td class="tcr">76,000</td> + <td class="ter">228,000</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="7" class="t3r">Total général des bénéfices après cinq ans pour une colonie =</td> + <td class="t5r">1,335,480</td> + <td class="t7r">4,006,440</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="7" class="tar">10 % l'an,—plus bénéfice après cinq ans pour une colonie =</td> + <td class="tcr"> </td> + <td class="ter"> </td> +</tr> +</table> + +<!-- +P left a discussion about calculus: +"15,000 coupons 148 fr. 12 c." +--> + +<span class="pagenum"> -61- </span> + +<h4>DIVIDENDE +DU COUPON, 100 FR. SUR LE PRODUIT DE 3 COLONIES DURANT 5 ANS</h4> + +<table summary=""> +<tr> + <td class="tf">Années</td> + <td class="tf">Produit annuel de 3 colonies<br>(francs)</td> + <td class="tf">À repartir aux 15,000 coupons de 100 fr.</td> + <td class="tf" colspan="2">Dividende annuel</td> + <td class="tf" colspan="3">Dividende joint à l'intérêt dix pour cent.</td> +</tr> + + +<tr> + <td class="t7l">1<sup>re</sup> année.</td> + <td class="t7r">124,200</td> + <td class="tf" rowspan="5" style="vertical-align: middle">÷ 15,000 coupons</td> + <td class="t3r">8 fr. 25</td> + <td class="t5l">c.</td> + <td class="tb" rowspan="5" style="vertical-align: middle">+10 + pour cent d'intérêt</td> + <td class="t1r">18 fr. 25</td> + <td class="t5l">c.</td> +</tr> + +<tr> + <td class="t6l">2<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">187,680</td> + <td class="t2r">12 fr. 50</td> + <td class="tc" rowspan="4"> </td> + <td class="r">22 fr. 50</td> + <td class="tc" rowspan="4"> </td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">3<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">282,960</td> + <td class="t2r">18 fr. 86</td> + <td class="r">28 fr. 86</td> +</tr> +<tr> + <td class="t6l">4<sup>e</sup> année.</td> + <td class="t6r">422,760</td> + <td class="t2r">28 fr. 18</td> + <td class="r">38 fr. 18</td> +</tr> +<tr> + <td class="tel">5<sup>e</sup> année.</td> + <td class="ter">767,040</td> + <td class="tar">51 fr. 13</td> + <td class="t8r">61 fr. 13</td> +</tr> + +<tr> + <td class="tb">Total.</td> + <td class="tdr">1,684,740</td> + <td class="tb">Total des dividendes.</td> + <td class="t9r">118 fr. 92</td> + <td class="tdl">c.</td> + <td class="tb">+ 50 Id.</td> + <td class="t9r">168 fr. 92</td> + <td class="tdl">c.</td> +</tr> + +<tr> + <td class="t7l" colspan="8">6<sup>e</sup> année.—Produit + des ventes de 3 colonies</td> + <td> </td> +</tr> + + +<tr> + <td colspan="3" class="t2l">1<sup>o</sup> des femelles de reproduction</td> + <td class="r">1,423,800</td> + <td>f.</td> + <td colspan="3" rowspan="2" class="t4"> </td> +</tr> + +<tr> + <td colspan="3" class="t2l">2<sup>o</sup> du terrain colonial</td> + <td class="r">570,000</td> + <td> </td> +</tr> + +<tr> + <td colspan="3" class="t2l">3<sup>o</sup> Prime 20 pour cent</td> + <td class="t8r">228,000</td> + <td class="t8l"> </td> + <td class="c" rowspan="2">÷15,000 coupons</td> + <td class="t4" colspan="2"> </td> +</tr> + +<tr> + <td colspan="3" class="t2"> </td> + <td class="t1r">2,221,800</td> + <td class="t1l">fr.</td> + <td class="t8r">148 fr. 12</td> + <td class="tcl">c.</td> +</tr> + +<tr> + <td colspan="6" class="c">Produit du coupon 100 fr. en 5 ans</td> + <td class="t1r">317 fr. 04</td> + <td class="t1l">c.</td> +</tr> + +<tr> + <td colspan="6" class="c">Moyenne par an, durant 5 ans</td> + <td class="r">63 fr. 20</td> + <td>c.</td> +</tr> +</table> + +<p>Nous ne faisons pas entrer en ligne de compte les bénéfices qui résulteront de la vente de marchandises dans les +magasins commerciaux établis dans les colonies, les bases de calcul manquant.</p> + +<p>Quant aux frais d'administration, ils seront compris dans le tableau suivant de l'emploi du capital.</p> + +<span class="pagenum"> -62- </span> + +<h3>Création et emploi du capital 7,500,000 francs<br> +<small>Pour fondation de 15 colonies, 3 colonies par an durant 5 ans.</small></h3> + +<h4>Émission de 15,000 actions de 500 fr., +payables en cinq annuités de 100 fr. +(coupons d'action).</h4> + +<p>Paiement des annuités en coupons d'action de 100 francs.</p> + +<table summary=""> +<tr> + <td>1<sup>e</sup> année — 15,000</td> + <td rowspan="5" style="vertical-align: middle">coupons de 100 fr., produisant</td> + <td>1,500,000 fr.</td> + <td rowspan="5" style="vertical-align: middle">pour</td> + <td class="r">3</td> + <td>colonies.</td> +</tr> + +<tr> + <td>2<sup>e</sup> année — 15,000</td> + <td>1,500,000 fr.</td> + <td class="r">3</td> + <td>colonies.</td> +</tr> +<tr> + <td>3<sup>e</sup> année — 15,000</td> + <td>1,500,000 fr.</td> + <td class="r">3</td> + <td>colonies.</td> +</tr> +<tr> + <td>4<sup>e</sup> année — 15,000</td> + <td>1,500,000 fr.</td> + <td class="r">3</td> + <td>colonies.</td> +</tr> +<tr> + <td>5<sup>e</sup> année — 15,000</td> + <td class="t8">1,500,000 fr.</td> + <td class="t8r">3</td> + <td style="vertical-align: top">colonies.</td> +</tr> +<tr> + <td> </td> + <td class="c">Total</td> + <td class="t1">7,500,000 fr.</td> + <td> </td> + <td class="t1r">15</td> + <td>colonies.</td> +</tr> +</table> + +<p>Le capital 1,500,000 francs des annuités 100 francs étant remboursable après la cinquième année, peut s'appliquer +à une nouvelle série quinquennale d'opérations, et ainsi successivement durant dix,—quinze,—vingt ans. On pourra +donc, avec le même capital 7,500,000 francs, fonder, avec le temps, des centaines de colonies, et l'opération continuer +tout le temps que l'entreprise et le gouvernement argentin le jugeront utile.</p> + +<h4>Emploi du capital 1,500,000 fr., chaque année, pendant trois ans.</h4> + +<table summary=""> +<tr> + <td>1<sup>o</sup><br> Pour une colonie de 40 familles</td> + <td class="t8r">500,000</td> + <td class="t8l">fr.</td> +</tr> + +<tr> + <td><i>Savoir:<br>A.—Pour 1 famille: 9,500 fr.</i></td> + <td colspan="2" class="t1"> </td> +</tr> +<tr> + <td>– Outillage agricole</td> + <td class="r">2,500</td> + <td>fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>– Animaux à cheptel</td> + <td class="r">5,500</td> + <td rowspan="2" class="t8"> </td> +</tr> +<tr> + <td style="vertical-align: top">– Passage</td> + <td class="t8r">1,500</td> +</tr> +<tr> + <td> </td> + <td class="t1r">9,500</td> + <td class="t1l">fr.</td> +</tr> + +<tr> + <td>B.—Pour 40 familles, 9,500 × 40 =</td> + <td class="r">380,000</td> + <td>fr.</td> +</tr> +<tr> + <td style="vertical-align: top">Frais d'administration et réserve.</td> + <td class="t8r">120,000</td> + <td class="t8"> </td> +</tr> + +<tr> + <td> </td> + <td class="t1r">500,000</td> + <td class="t1l">fr.</td> +</tr> + +<tr> + <td>2<sup>o</sup><br>Pour 3 colonies (120 familles)</td> + <td class="t8r">1,500,000</td> + <td class="t8l">fr.</td> +</tr> + +<tr> + <td>Savoir:<br>Frais d'établissement et outillage</td> + <td class="t1r">1,140,000</td> + <td class="t1l">fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>Frais d'administration</td> + <td class="r">110,000</td> + <td rowspan="2" class="t8"> </td> +</tr> +<tr> + <td>Id. magasins commerciaux</td> + <td class="t8r">150,000</td> +</tr> +<tr> + <td> </td> + <td class="t1r">1,500,000</td> + <td class="t1l">fr.</td> +</tr> +</table> + +<p><span class="sc">Nota.</span>—Les frais d'administration étant compris dans la distribution du capital, nous avons dû ne pas les faire entrer +en ligne de compte dans la répartition des bénéfices.</p> + + + +<span class="pagenum"> -63- </span> + +<h3>TABLEAU RÉSUMÉ<br> +<small>De l'œuvre de colonisation à production élevée à appliquer +dans les territoires nationaux de la République +Argentine.</small></h3> + + + +<p><i>A.—Extinction du paupérisme agricole européen par la colonisation +des territoires nationaux dans la République argentine.</i></p> + +<ul><li>Situation malheureuse du petit cultivateur européen.</li> + +<li>Mesures inefficaces proposées pour remédier à cette situation.</li> + +<li>La colonisation, à l'extérieur, est dans les conditions économiques +actuelles, le remède le plus efficace du paupérisme agricole.</li> + +<li>Résultats prodigieux obtenus dans l'Amérique du Nord par la +colonisation avec les émigrants cultivateurs Irlandais et Allemands.</li> + +<li>Conditions meilleures pour obtenir le même résultat dans la République +Argentine.</li> + +<li>Loi argentine sur la colonisation du 6 Octobre 1876.</li> + +<li>Premier contrat de colonisation du Dr Brougnes, du 29 janvier 1853, +passé dans la République Argentine, stipulant concession de terrain et +avances remboursables.—Colonie San-Martin.</li> +</ul> + +<p><i>B.—Système de colonisation perfectionnée.</i></p> + +<ol><li>Axiome économique: terre + travail + capital<sup>m</sup> = production<sup>m</sup>.</li> + +<li>Colonisation à production élevée, par l'adjonction à l'industrie +agricole de l'élevage du bétail et établissement des colonies le long +des voies ferrées.</li> + +<li>Réseau du chemin de fer Pampéen de Mercedes (San-Luis) au port +St-Antoine, avec embranchement de Poitagué à Bahia-Blanca et à +Santiago (Chili), avec une garantie d'intérêt 7 % par le +gouvernement argentin. Voie commerciale directe aux ports de mer pour +les provinces argentines de l'ouest: Cordova, St-Louis, Men Josa, +San-Juan.</li> +</ol> + +<p><i>C.—****** de l'œuvre de colonisation à production élevée.</i></p> + +<ol><li><i>Pour le gouvernement argentin concessionnaire de la terre.—Sans + autres dépenses</i> + +<ul><li>Création de centres de population, foyers de production, + d'accroissement de puissance et d'attraction pour l'immigration + spontanée d'artisans, de commerçants, d'industriels.</li> + +<li>Augmentation de la valeur des terres dans les territoires nationaux, + source de revenus incalculables pour le trésor public.</li> +</ul> + +<li><i>Pour le colon, cultivateur du sol et éleveur de bétail.</i> + +<ul><li><p>Situation extraordinairement avantageuse faite au colon, savoir:</p> + +<p>Concession de 50 hectares de terrain.</p> + +<table summary=""> +<tr> + <td><i>Avances remboursables:</i><br> + – Passage d'Europe à Amérique.</td> + <td class="r">1,500</td> + <td>fr.</td> +</tr> +<tr> + <td>– Maison d'habitation; subsistance pour l'année; outillage agricole.</td> + <td class="r">2,500</td> + <td> </td> +</tr> + +<tr> + <td><i>Animaux à cheptel.</i><br> + – 500 brebis;<br> + – 20 vaches;<br> + – 5 juments.</td> + <td> </td> +</tr> + +<tr> + <td>Capital remboursable.</td> + <td class="t8r">5,500</td> + <td class="t8r"> </td> +</tr> +<tr> + <td class="c">Total (à 10 % 20 % prime.)</td> + <td class="t1r">9,500</td> + <td class="t1l">fr.</td> +</tr> +</table> + +<p><i>Bénéfices.</i></p> +<ol><li>Produit total de l'industrie agricole;</li> +<li>Moitié du produit cheptel.</li></ol> +</ul></li> + +<li><i>Pour l'entreprise, à Capital remboursable après 5 ans.</i> + +<ol><li>10 % sur le capital durant cinq ans;</li> + +<li>20 % prime sur le capital, après cinq ans;</li> + +<li>Moitié du produit cheptel;</li> + +<li>Produit de la vente de 19 lieues carrées par colonie.</li> +</ol></ol> + +<p><i>D.—Administration.</i></p> + +<ul> + <li>Centrale. + <ul> + <li>Conseil d'administration;</li> + <li>Directeur général;</li> + <li>Un trésorier;</li> + <li>Un comptable.</li> + </ul> + </li> + + <li>Coloniale résidant aux colonies. + <ul> + <li>Un directeur général;</li> + <li>Un inspecteur;</li> + <li>Un comptable;</li> + <li>Un agent du magasin commercial dans chaque colonie.</li> + </ul> + </li> +</ul> + + + + + + + + + +<span class="pagenum"> -64- </span> +<h2>APPENDICE<br> +<small>Industrie de l'élève du bétail dans la République Argentine.</small></h2> + + +<p>On peut juger des bénéfices que procure aux éleveurs de la +race bovine (celle de la race ovine produit bien davantage) +par le calcul suivant fait par un estancier, M<sup>r</sup> de Brayer:</p> + +<p>«Un capital de 40,000 francs employé à l'achat de trois +mille têtes de bétail<a id="footnotetag19" name="footnotetag19"></a><a href="#footnote19"><sup>19</sup></a> placées sur un établissement déjà +monté, produit net au bout de six années, tous frais payés, +la somme de cent trente-sept mille cent quatre-vingt-treize +francs; c'est-à-dire que ce troupeau de trois mille vaches +s'accroît chaque année dans une proportion croissante de +trente-deux pour cent, et que, en déduisant les animaux tués +pour la nourriture des pasteurs, ainsi que ceux qui ont été +vendus pour les abattoirs ou saladeros, l'estancier se trouve +avoir, au bout de six années de travail et de soins, un troupeau +de dix mille quatre cent quatorze têtes de bétail.</p> + +<p>«Il ne faut qu'un pâtre par mille têtes de bétail, et vu la nature +du terrain et la qualité des pâturages, on compte généralement +une lieue carrée pour deux mille vaches.»</p> + +<p class="r1"><i>Émigration et colonisation</i>, par Arsène Isabelle, +ex-chancelier du consulat français à Montevideo, +page 43.</p> + +<p>Dans les 13<sup>me</sup> et 14<sup>me</sup> volumes des <i>Annales du club rural de +Buenos Ayres</i>, publication mensuelle des plus remarquables +et des plus intéressantes, on trouvera les rapports de diverses +commissions qui donneront une idée de la grandeur et de +l'importance qu'a prise l'industrie du bétail dans la République +Argentine. Nous allons donner, d'après ces rapports, un +état sommaire de quelques-uns de ces établissements.</p> + + +<span class="pagenum"> -65- </span> +<h4>1879.—Estancia de Rosario de las Flores.—Propriétaire, +M Chas.</h4> + +<p>Ce domaine, fondé en 1857 par François Chas, est situé à +trente-cinq lieues Sud-Est de Buenos-Ayres. Il est traversé +par le chemin de fer du Sud. Près de la station, M. Chas a +fait construire des magasins et des hangars pour le dépôt de +ses laines.</p> + +<p>Le domaine se compose de douze lieues carrées, dont six +sont clôturées en fil de fer. Les six autres sont affermées à raison +de 1,400 à 2,000 francs la lieue. Dans les six lieues clôturées, +une lieue est affermée pour 3,400 francs<a id="footnotetag20" name="footnotetag20"></a><a href="#footnote20"><sup>20</sup></a>. Les cinq +restantes sont exploitées par M. Chas.</p> + +<p><i>Exploitation de cinq lieues.</i>—La valeur de la terre de M. Chas +est estimée 28,000 fr. la lieue.</p> + +<p>Le majordome de M. Chas pense que l'on peut élever 1,000 +vaches, 500 juments et 10,000 brebis dans une lieue.</p> + +<p><i>Maison d'habitation.</i>—Non loin de la station du chemin de +fer est située la maison d'habitation solidement construite et à +terrasse, sur une longueur de 30 mètres et une largeur de cinq. +En face se trouvent la cuisine et les magasins de dépôt. Un +peu plus loin sont les hangars pour la tonte des brebis et le +dépôt des laines. Autour de ces hangars et à une courte +distance se trouvent de grandes enceintes clôturées de piquets +pour y renfermer les animaux la nuit.</p> + +<p>Non loin de la maison d'habitation on conserve avec un soin +religieux la chaumière qui servit d'habitation à M. Chas père, +an commencement de son exploitation en 1857.</p> + +<p>Vingt-cinq hectares ont été plantés en bois, on y compte +80,000 peupliers de dix ans, plantés en lignes droites à deux +mètres d'écartement l'un de l'autre; 4,000 eucalyptus... Un +champ de 21 hectares est semé en luzerne. Chaque année M. +Chas sème 16 hectares de maïs; son rendement est de 39 hectolitres +par hectare.</p> + +<p><i>Animaux.</i>—Dans le terrain que s'est réservé M. Chas, et +<span class="pagenum"> -66- </span> +après une vente de 8,500 vaches qu'il fit en 1878, il élevait, en +1879, 3,000 vaches et 3,000 juments.</p> + +<p><i>Brebis.</i>—L'estancia de las Flores comprend 6,500 brebis +de race, sur lesquelles 1,000 de pur sang Negrette et 5,500 +communes croisées avec des béliers Negrette.</p> + +<p>Les brebis pur sang de la première catégorie se vendent de +200 à 1,700 francs; les brebis croisées de la seconde, 40 fr. +La toison d'une des brebis Negrette qui obtint une prime à +l'exposition de Philadelphie et une médaille d'or à celle de +Paris, pesait 31 livres 3/4.</p> + + +<h4>Estancia du Tatay de Samuel Hale.</h4> + +<p>Cette belle estancia est située dans le district de Carmen +d'Areco, à deux lieues de cette petite ville et à vingt lieues de +celle de Buenos-Ayres.</p> + +<p>La contenance est de quatre lieues carrées, clôturées de +tous côtés par sept fils de fer.</p> + +<p>Dans la contrée, le fermage de 100 cuadres (166 hectares), +pour pâturage, est généralement de 2,000 francs; celui d'une +lieue carrée, 32,000 francs, intérêt à 8 pour cent de 400,000 +francs.</p> + +<p>D'après le dernier recensement de 1878, l'estancia se composait +de 80,000 brebis, de 2,700 vaches, et de 800 chevaux +et juments.</p> + +<p>Pour expliquer le fermage de 2,000 francs par lot de +1,600 hectares, il nous suffira de dire qu'un troupeau de 1600 +brebis, s'entretenant sur ce terrain, produit annuellement en +laine 240 arrobes, de vingt cinq livres chaque (2,400 kil.), +vendue à vingt francs l'arobe de dix kilogrammes, soit deux +francs le kilogramme, produisent 4,800 francs, plus 400 animaux +femelles d'augmentation pour le troupeau.</p> + +<p>Les bâtiments se composent d'une belle maison de maître +avec des cuisines d'un côté, des magasins de denrées et de +dépôt de l'autre, plus loin d'autres bâtiments pour fumer les +jambons, pour extraire la graisse des animaux, des hangars +pour la tonte et dépôt de laine, des volières, un magnifique +jardin et enfin les diverses enceintes entourées de piquets +pour y renfermer les animaux. Autour du jardin et des constructions +<span class="pagenum"> -67- </span>existe un bosquet de 70,000 grands arbres, acacias, +peupliers....</p> + +<p><i>Vaches.</i>—L'estancia du Tatay contient 2,700 vaches desquelles +1,000 sont de race croisée Devon et Durham. La race +Devon a ses quartiers de devant plus parfaits et s'entretient +à moins de frais et engraisse facilement; seulement, elle +n'acquiert pas le volume des Durham et des Herfords. +150 veaux de race pure de Durham étaient destinés au service +de la reproduction croisée.</p> + +<p>Les taureaux croisés d'un à deux ans se vendent 200 francs.</p> + +<p><i>Brebis.</i>—Le domaine possède 80,000 brebis croisées fines, +en majeure partie de race Negrette et Rambouillet. Divers +béliers de ces races ont produit 35 et 36 livres de laine. +En général, ils donnent des toisons de 18 à 20 livres et les +brebis 8 livres. La race Lincoln a été également introduite +dans l'établissement; en 1878 la vente des béliers produisit +33,315 francs.</p> + +<p>Le produit de la laine des brebis de toute race donne, terme +moyen, 5 livres 8 par toison: ce qui donne pour 80,000 brebis +185,600 kilogrammes, soit à 1 fr. 50 le kilo: 464,000 fr.</p> + +<p><i>Chevaux.</i>—L'établissement ne contient que 350 juments et +50 étalons.</p> + +<p><i>Cochons.</i>—Il y a aussi 200 cochons de race Chester, blancs, +longs de corps, de forme ronde, oreille tombante. Gras, ils pèsent +80 à 100 kilogrammes, et à un an 120 à 140.</p> + +<p><i>Administration.</i>—L'administration se compose d'un majordome +et d'un aide-majordome, d'un comptable, un teneur +de livres chargé des magasins à denrées et des dépôts. Il y +a un chef domestique et des pasteurs-chefs pour chaque espèce +d'animaux; chacun d'eux dirige et surveille les serviteurs et +pasteurs de chacune de ces classes. Il y a encore un jardinier, +un forgeron, un menuisier; en général, chacun de ces derniers +exploite un troupeau pour son compte dans l'établissement.</p> + +<p><i>Produit.</i>—Le produit brut du Tatay fut en 1877 de 2,967,019 +piastres papiers, soit 593,400 francs.</p> + +<p>Les frais d'exploitation étaient de 32,000 francs.</p> + +<p>La valeur de l'établissement est d'environ 3,200,000 francs.</p> + +<p><span class="pagenum"> -68- </span>Ce magnifique établissement a été créé par un homme d'une +rare bonté, âgé aujourd'hui de 75 ans, encore robuste, Sir +Samuel Hale.</p> + + +<h4>Estancia de San-Juan de Léonardo Pereyra.</h4> + +<p>L'estancia de San-Juan, appartenant à M. Léonard Pereyra, +est située dans le district de Quilmes, à huit lieues au sud de +la ville de Buenos-Ayres. Sa contenance est de quatre lieues +et un tiers. Le chemin de fer de las Ensenades traverse le +domaine, lequel se termine au sud-est du fleuve de Rio de la +Plata.</p> + +<p>De la contenance ci-dessus indiquée, 900 cuadres (1,494 +hectares) sont affermées à des cultivateurs en onze fermes de +70 cuadres (116 hectares), deux de 83 hectares chacune et +une de 44 hectares. Toutes ces fermes sont séparées les unes +des autres par des haies vives et des chemins larges de dix-sept +mètres. Les haies ont une extension de 34,400 mètres.</p> + +<p>Le prix de fermage est de 60 francs par cuadre (1 hectare +66 ares).</p> + +<p>Les 3 lieues 3/4 du domaine qui ne sont pas affermées sont +destinées à l'industrie de l'élève du bétail. Elles sont séparées en +deux parties par une clôture en fil de fer. La partie basse près +du fleuve, le Rio de la Plata, d'environ une lieue trois quarts, +est destinée au pacage des vaches et juments, au nombre de +7,000 têtes de la première race, croisées Herford et Durham +et de 800 de la seconde, croisement avec étalons Claveland. +Les autres deux lieues sont destinées à l'élève de la race +ovine, au nombre de 32,000 brebis croisées avec des béliers +Rambouillet et Southdown.</p> + +<p>Dans cet espace de trois lieues trois quarts, un quart de +lieue a été divisé en cinq compartiments destinés aux poulains +de la race la plus fine de chaque espèce.</p> + +<p>151 cuadres (250 hectares) sont occupées par un grand pare +situé autour du domaine; 50 cuadres (83 hectares) sont semées +en luzerne.</p> + +<p><i>Habitation.</i>—En face la station Pereyra du chemin de fer +se trouve la maison d'habitation, avec l'apparence d'un palais. +On y arrive par une large allée bordée de grands arbres, traversant +le parc; c'est la résidence d'été du propriétaire; 16 ouvriers +<span class="pagenum"> -69- </span>sont occupés aux travaux et à l'entretien du parc +et des jardins. Un bâtiment de cinq pièces est destiné au +majordome, un autre pour le jardinier, d'autres pour les +hommes de service de la maison. Divers hangars et des étables +pour les animaux de fine race complètent l'ensemble des +constructions.</p> + +<p><i>Race chevaline.</i>—La race chevaline est représentée, dans +cet établissement, par mille juments de divers degrés de croisement.</p> + +<p>35 de pure race sont servies par un étalon Yort Claveland.</p> + +<p>35 autres, également de pure race, sont servies par un étalon +Trakenem, de race allemande, introduite en 1876.</p> + +<p>Les poulains de ces races se vendent 600 francs.</p> + +<p>Deux autres groupes de juments sont destinés à produire +les chevaux galopeurs chiliens. Ces chevaux ont le mérite +d'aller à un pas de galop sans trop fatiguer le cheval et le cavalier.</p> + +<p><i>Race bovine.</i>—3,600 vaches, de divers croisements, sont +servies par des taureaux Herford à face blanche.</p> + +<p>3,800 vaches croisées sont servies par des taureaux Durham. +La première de ces races a été choisie parce qu'elle est plus +robuste et moins difficile à élever.</p> + +<p>La seconde comme plus propre à l'engraissement et qu'elle +produit une plus grande masse de viande.</p> + +<p><i>Race ovine.</i>—Deux races de brebis sont élevées dans +le domaine de San-Juan, la race Southdown à face et +pattes noires, sans cornes, et la race Rambouillet.</p> + +<p>Le groupe de race pure Southdown est de 1,500 brebis. Elles +sont servies par des béliers de pure race.</p> + +<p>Le groupe de race croisée s'élève à 5,500 brebis.</p> + +<p>Les Southdowns acquièrent tout leur développement en dix-huit +mois, pendant qu'aux Rambouillets il faut deux ans.</p> + +<p>Dans cet établissement, des moutons Southdown ont pesé +après leur mort 9 arrobes (90 kil.).</p> + +<p>La laine de cette race est plus recherchée que celle du Rambouillet, +parce qu'elle est plus légère; on la paie deux francs +de plus par arrobe.</p> + +<p>Le groupe de la race Rambouillet comprend 32,000 brebis.</p> + +<p>300 sont de pure race. Des béliers ont donné des toisons +<span class="pagenum"> -70- </span>pesant de 18 à 32 livres de laine. Ces brebis sont menées au +pâturage pendant le jour, et la nuit, on leur donne, dans des +hangars, du fourrage sec à manger.</p> + +<p>L'année 1877, on récolta 3,500 arrobes (35,000 kil.) de laine, +ce qui, pour 32,000 têtes, donne 1 kil. 09 environ par tête, l'une +comportant l'autre.</p> + +<p>À ces établissements nous pourrions en ajouter des centaines, +tout aussi importants et aussi bien tenus, tels que +ceux de M. Émile Duportal, à San-Vicente, de MM. Casares, +Guerrico, Unzué, Lincoln, Ortiz, Édouard Olivera<a id="footnotetag21" name="footnotetag21"></a><a href="#footnote21"><sup>21</sup></a>. Celles +dont je viens de faire la sommaire description suffiront pour +démontrer à mes lecteurs les richesses immenses que l'industrie +du bétail est appelée à produire dans la République Argentine.</p> + +<p>Comme preuve de haut intérêt que porte le gouvernement +argentin depuis trente ans à l'œuvre de la colonisation de son +vaste territoire et de sa décision à en poursuivre l'exécution, +nous reproduisons ici la lettre de félicitation et de remerciements +pour notre initiative de colonisation, que nous faisait +adresser, en septembre 1854, le gouvernement argentin, +sous le général Urquiza, par l'éminent ministre de l'intérieur, +M. le docteur Gorostiaga. Le président actuel de la République +Argentine, brigadier-général Roca, pénétré de la même +décision, disait, dans son dernier message au congrès: «Je +crois nécessaire de stimuler la colonisation de nos territoires +<span class="pagenum"> -71- </span>nationaux en accordant de larges concessions et en protégeant +les colons.»</p> + +<p>Voici la lettre du ministre de l'intérieur, docteur Gorostiaga:</p> + +<blockquote> +<p class="r1">Parana, 11 septembre 1858.</p> + +<p class="i1">Monsieur le docteur <span class="sc">Brougnes</span>,</p> + + +<p>«Son Excellence M. le président de la République Argentine a +reçu un exemplaire de votre ouvrage intitulé: <i>Extinction du paupérisme +agricole par la colonisation dans les provinces de la Plata</i>. +La lecture de votre livre a complètement satisfait Son Excellence; elle +m'a chargé de vous remercier en son nom, non-seulement de l'envoi +d'un exemplaire dudit ouvrage, mais surtout du service important que +vous rendez à la confédération, en vous occupant d'un de ses intérêts +les plus vitaux, celui d'introduire dans nos contrées des travailleurs +honnêtes et laborieux.</p> + +<p>«La question que vous avez traitée dans votre livre est frappante +de vérité et pleine d'intérêt. Comme vous le dites, les bras surabondent +en Europe, où le sol arable est infiniment trop réduit pour sa trop nombreuse +population, pendant que nos immenses et fertiles plaines manquent +presque totalement de laboureurs. Fournir du sol aux travailleurs +agricoles, du travail et la subsistance aux indigents, telle est la question +à résoudre au profit de l'Europe et de l'Amérique, question dont +vous avez entrepris la solution avec un zèle qui vous honore. Le gouvernement +argentin ne négligera rien, pour son compte, et s'imposera +tous les sacrifices pour le succès d'une aussi grandiose entreprise.</p> + +<p>«Vous trouverez, à la suite de cette lettre, une copie d'un décret +du 9 septembre, qui vous prouvera le prix que M. le président de la +République fait de vos travaux et de votre activité pour l'accomplissement +de l'œuvre dont la direction vous a été confiée, celle d'introduire +dans notre pays des émigrants utiles et laborieux.</p> + +<p>«En exécutant les ordres de M. le Président, qu'il me soit permis, +à mon tour, de vous adresser mes félicitations pour votre important +travail, et je vous prie d'agréer l'assurance de ma haute considération,</p> + +<p class="r1">Le ministre de l'intérieur,<br> +<span class="sc">Benjamin</span> GOVOSTIAGA.</p> +</blockquote> + +<hr> + + +<h3>DÉCRET</h3> + +<p class="r">Panama, 9 septembre 1852.</p> + +<p>En vue de répandre, dans la République Argentine, les +idées bien conçues sur l'émigration européenne et de prouver +le grand intérêt que prend le gouvernement pour les travaux +des hommes d'intelligence sur cette question, et sur les +avantages que l'agriculture, l'industrie, le commerce peuvent +retirer de l'exploitation de notre sol,</p> + +<p><span class="pagenum"> -72- </span>Le Président de la République Argentine décrète:</p> + +<p>Article 1<sup>er</sup>.—Le livre de M. le docteur Brougnes, intitulé: +<i>Extinction du paupérisme agricole par la colonisation dans +les provinces de la Plata</i>, sera traduit en espagnol, imprimé +et publié aux frais du Trésor National.</p> + +<p>Art. 2.—L'exemplaire adressé au gouvernement argentin +par M. Brougnes, sera déposé aux archives. Des remerciements +seront adressés à l'auteur.</p> + +<p>Art. 3.—Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution +du présent décret.</p> + +<p>Art. 4.—Il sera publié et communiqué à qui de droit.</p> + + +<p class="r1"><i>Le Président de la République Argentine</i>,<br> +URQUIZA.</p> + +<p class="r2"><i>Le secrétaire général</i>,<br> +<span class="sc">V. Quesada</span>.</p> + +<p class="r1"><i>Le ministre de l'intérieur</i>,<br> +<span class="sc">B. Gorostiaga</span>.</p> + +<hr> + +<p>L'œuvre de colonisation à production élevée, dont nous +venons d'exposer la combinaison et l'organisation, est destinée +aux familles de cultivateurs pauvres dont la situation nous a +paru irrémédiable par tout autre moyen. En les transformant +en grands propriétaires, éleveurs de nombreux troupeaux +d'animaux, avec l'outillage nécessaire à l'exploitation du sol, +nous faisons de ces familles des agents de grande production, +dont partie doit appartenir, en toute justice, à l'entreprise +qui leur a créé une telle situation. Quant aux résultats heureux +de l'œuvre, nul ne peut les contester. Le chiffre des +bénéfices sera, sans nul doute, plus ou moins élevé que celui +que nous avons rationnellement calculé. Mais ces bénéfices, +si réduits qu'ils soient, nul ne peut les nier. Un fait incontestable, +c'est l'intérêt dix pour cent par an et la prime de vingt +pour cent alloués par la loi argentine au capital employé à la +colonisation, hypothéqué sur l'avoir mobilier et immobilier +du colon et sur une grande concession de terre qui devient +propriété de l'entreprise dès le moment de l'installation de la +colonie, c'est-à-dire, du moment de l'application du capital à +l'opération. Il y a donc toute sécurité pour le capital et de +grands bénéfices à réaliser, tout en rendant au cultivateur +pauvre le plus grand des services, celui de l'arracher au +goufre de la misère vers lequel il est entraîné et de le placer +sur la voie de la fortune largement ouverte devant lui. Quant +à nous, notre conscience satisfaite nous dit que nous faisons +une bonne œuvre et une bonne action.</p> + +<p class="r1">D<sup>r</sup> BROUGNES.</p> + +<br> +<br> + +<div class="c"> +<p class="c"><i>Carte Géographique</i><br> +de la République Argentine<br> +<small>avec les limites réglées par les derniers traités de 1881.</small></p> +<a href="images/map.png"><img src="images/thumb.png" alt=""></a> +</div> + + +<div class="footnotes"> +<h2>NOTES</h2> + + +<div class="footnote"> +<p><a id="footnote1" name="footnote1"></a><b>Note 1: </b><a href="#footnotetag1">(retour)</a> En 1850, ému de la triste situation du petit cultivateur en Europe, +situation qui me parut irrémédiable par les moyens proposés à cette +époque, laquelle, en effet, n'a pas été améliorée, j'entrepris un voyage +dans l'Amérique du sud en vue de résoudre la question du paupérisme +agricole européen.<a id="footnotetag2" name="footnotetag2"></a><a href="#footnote2"><sup>2</sup></a> Dès mon arrivée dans cette contrée, je ne tardai +pas à reconnaître que la solution du problème que je cherchais à résoudre +était trouvée. L'inspiration de mon entreprise m'était venue en +lisant le journal la <i>Semaine</i>, du 22 novembre 1850, où je trouvais la +pensée de Cohen écrite en tête de cette introduction.</p> + +<p>À la vue de cet immense territoire, d'une salubrité reconnue, sous +la zone des climats tempérés, entre les 30<sup>e</sup> et 40<sup>e</sup> degrés de latitude +sud, la même que celle de l'Espagne et de l'Italie, et où le sol est d'une +fertilité rare, sous forme de prairies à pâturage couvertes de bétail, sol +facile à défricher, facile à exploiter, que les gouvernements et même +le particulier vendaient à vil prix, ou concédaient même gratis; à la +vue, dis-je, de ces immenses plaines sans limites et incultivées, je me +décidai à faire profiter le cultivateur pauvre européen des conditions +si favorables pour lui. C'est en vue de cet objet que je publiai à Montevideo, +en 1852, une brochure ayant pour titre: <i>Moyen de s'enrichir +par la culture du sol en Uruguay</i>.</p> + +<p>Peu de temps après cette publication, des gouverneurs des provinces +argentines m'appelèrent à concourir aux entreprises que je proposais. +Le magnifique territoire des missions jésuitiques, si salubre, si fertile, +si pittoresque, qui m'était offert par le gouvernement de Corrientes, fixa +mon choix, et un contrat fut passé le 29 janvier 1853, lequel fut garanti +par le gouvernement national le 12 octobre 1854. Un caprice du +gouverneur de Corrientes lui ayant fait établir la colonie à Ste-Anne, +à trois lieues de la capitale, au lieu de l'établir dans le territoire des +missions, m'amena à demander la résiliation du contrat; ma proposition, +acceptée par le gouvernement National, se termina par une transaction +avec indemnité en 1863. La colonie transférée dans le territoire +des missions en 1862, porte le nom de St-Martin; elle est située +sur le bord du fleuve Uruguay, non loin des ruines de Japeyu, +ancienne capitale des jésuites.</p> + +<p>Dans cette dernière localité, la colonie a prospéré; on peut en +juger par l'extrait suivant du rapport de M. Samuel Navarro, inspecteur +des colonies du gouvernement argentin, en 1878, rapport +déposé aux archives du gouvernement National. J'extrais de ce rapport +la partie relative à la colonie St-Martin.</p> + +<p>«D'après les renseignements que m'ont fourni les membres du conseil +municipal de la colonie, presque tous les colons se trouvent +dans un état prospère, au point que le moins aisé d'entr'eux pourrait +réaliser un capital de vingt à vingt-cinq mille francs s'il voulait +rentrer en France. En général, ils s'occupent d'agriculture et de +l'élève du bétail. Le plus âgé des colons, maire de la colonie, le sieur +Déjeane, venait de livrer à un autre colon, à cheptel, sept cents vaches. +Il en possède plus d'un millier.»</p> + +<p>Le territoire des missions, qui a une superficie de deux mille lieues +carrées, est, depuis un an, sous la dépendance du gouvernement national, +qui va y établir des colonies.</p> +</div> + + +<div class="footnote"> +<p><a id="footnote2" name="footnote2"></a><b>Note 2: </b><a href="#footnotetag2">(retour)</a> <i>Extinction du paupérisme agricole européen par la colonisation dans les provinces de la +Plata, par le docteur BROUGNES</i>.</p> + +<p class="r2">(Bagnères, 1854.)</p> +</div> + + +<div class="footnote"> +<p><a id="footnote3" name="footnote3"></a><b>Note 3: </b><a href="#footnotetag3">(retour)</a> Le revenu net de la propriété rurale en France est évaluée à +2,750,000,000 de francs sur lequel l'État prélève le 25 pour cent, soit +687,500,000 fr., droits de succession, impôt foncier, portes et fenêtres...</p> +</div> + +<div class="footnote"> +<p><a id="footnote4" name="footnote4"></a><b>Note 4: </b><a href="#footnotetag4">(retour)</a> + +<h4>Territoires Nationaux.</h4> + +<div class="c"> +<table summary=""> +<tr> + <td rowspan="4" style="vertical-align: top;"><span class="sc">À l'Ouest</span></td> + <td>Les Pampas</td> + <td class="r">10,000</td> + <td>lieues carrées.</td> +</tr> +<tr> + <td>Les Andes</td> + <td class="r">3,000</td> + <td class="c">—</td> +</tr> +<tr> + <td>Le Rio Negro</td> + <td class="r">4,000</td> + <td class="c">—</td> +</tr> +<tr> + <td>Le Limay</td> + <td class="r">1,000</td> + <td class="c">—</td> +</tr> +<tr> + <td rowspan="2" style="vertical-align: top;"><span class="sc">Au Sud</span></td> + <td>Le Chubut</td> + <td class="r">5,000</td> + <td class="c">—</td> +</tr> +<tr> + <td>La Patagonie </td> + <td class="r">10,000</td> + <td class="c">—</td> +</tr> +<tr> + <td rowspan="2" style="vertical-align: top;"><span class="sc">Au Nord</span></td> + <td>Les Missions jésuitiques</td> + <td class="r">2,000</td> + <td class="c">—</td> +</tr> +<tr> + <td style="vertical-align: top;">Le Chaco</td> + <td class="t8r">8,000</td> + <td class="c">—</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="2" class="c">Total</td> + <td class="t1r">43,000</td> + <td class="c">—</td> +</tr> +</table></div> + +<h4>Territoire des Provinces Argentines.</h4> + +<div class="c"> +<table summary=""> +<tr> + <td> </td> + <td colspan="2" class="c">Superficies.</td> + <td colspan="2" class="c">Population.</td> +</tr> +<tr> + <td>Buenos-Ayres, capitale.</td> + <td class="r">5</td> + <td>lieues carrées</td> + <td class="r">300,000</td> + <td>âmes.</td> +</tr> +<tr> + <td>Buenos-Ayres, province</td> + <td class="r">7,000</td> + <td class="c">—</td> + <td class="r">195,121</td> + <td rowspan="15"> </td> +</tr> +<tr> + <td>Entrerios</td> + <td class="r">5,000</td> + <td class="c">—</td> + <td class="r">135,000</td> +</tr> +<tr> + <td>Santa-Fé</td> + <td class="r">2,000</td> + <td class="c">—</td> + <td class="r"> 88,981</td> +</tr> +<tr> + <td>Corrientes</td> + <td class="r">6,000 </td> + <td class="c">—</td> + <td class="r">125,000</td> +</tr> +<tr> + <td>San-Luis</td> + <td class="r">2,000</td> + <td class="c">—</td> + <td class="r"> 53,268</td> +</tr> +<tr> + <td>Cordova</td> + <td class="r">6,000 </td> + <td class="c">—</td> + <td class="r">216,241</td> +</tr> +<tr> + <td>Santiago de l'Estero</td> + <td class="r">3,500 </td> + <td class="c">—</td> + <td class="r">133,243</td> +</tr> +<tr> + <td>Xucuman</td> + <td class="r">1,570</td> + <td class="c">—</td> + <td class="r">109,106</td> +</tr> +<tr> + <td>Salta</td> + <td class="r">5,000</td> + <td class="c">—</td> + <td class="r">110,000</td> +</tr> +<tr> + <td>Jujui</td> + <td class="r">3,000</td> + <td class="c">—</td> + <td class="r">40,265</td> +</tr> +<tr> + <td>Mendosa</td> + <td class="r">6,500</td> + <td class="c">—</td> + <td class="r">65,456</td> +</tr> +<tr> + <td>San Juan</td> + <td class="r">3,200</td> + <td class="c">—</td> + <td class="r">60,328</td> +</tr> +<tr> + <td>La Rioja</td> + <td class="r">3,500</td> + <td class="c">—</td> + <td class="r">48,959</td> +</tr> +<tr> + <td>Catamarca</td> + <td class="r">3,500</td> + <td class="c">—</td> + <td class="r">80,052</td> +</tr> +<tr> + <td> </td> + <td class="t8"> </td> + <td style="vertical-align: top;">Indiens divers.</td> + <td class="t8r">91,090</td> +</tr> +<tr> + <td class="c"><span class="sc">Total</span></td> + <td class="t1r">57,775</td> + <td>lieues carrées.</td> + <td class="t1r">1,755,040</td> + <td>âmes.</td> +</tr> +</table></div> +</div> + +<div class="footnote"> + +<p><a id="footnote5" name="footnote5"></a><b>Note 5: </b><a href="#footnotetag5">(retour)</a> On a cru longtemps, et des personnes croient encore en France, +que l'émigration était préjudiciable au pays où elle se pratiquait. +Erreur profonde; les faits sont venus démontrer le contraire. L'Angleterre, +plus pratique que nous, ne s'est jamais opposée à l'émigration. +De 1847 à 1851, il sortit des ports d'Angleterre et d'Irlande 2,307,470 +émigrants, sur 11,050 navires. Récemment, en 1878, il sortit de ce +même pays 147,663 émigrants pour les destinations suivantes: 81,557 +pour les États-Unis de l'Amérique du Nord;—37,224 pour l'Australie;—13,836 +pour les possessions anglaises;—13,036 pour autres pays +divers. Est-ce que, pour avoir perdu ces millions d'émigrants, l'Angleterre +est moins riche aujourd'hui, moins puissante qu'en 1840? Non, +c'est le contraire. On a dit aussi que l'argent emporté par les émigrants +diminuait la masse monétaire du pays; ceci n'est pas tout à fait exact. +En général, les émigrants emportent peu d'argent; il y en a même +qui, après avoir payé leur passage, n'en emportent pas du tout. Mais +l'argent de leur passage ne passe pas à l'étranger, il reste dans les +caisses des armateurs, propriétaires des navires de transport. Il faut, +d'autre part, tenir compte d'un autre fait qui est à la connaissance de +tout le monde: c'est le chiffre considérable d'argent que nos émigrants, +établis à l'étranger, envoient à leur patrie. On a constaté que les émigrants +anglais établis dans les États-Unis de l'Amérique du Nord envoient +chaque année à leurs parents et aux banques de dépôt un million +de livres sterling (25,000,000 de francs). Les 60,000 Italiens, établis +dans la République argentine, envoient, chaque année, en Italie, de +cinq à six millions de francs. On a constaté ce fait sur les registres du +consulat italien à Buenos-Ayres et dans les livres des banques. Je signalerai +une autre considération d'une haute moralité: C'est la séparation +des jeunes gens d'avec leurs parents, dans nos campagnes d'Europe. +On voit tous les jours les enfants du petit cultivateur, vivant dans +les privations et la gêne dans leur propriété, réduits à quitter la maison +paternelle pour aller dans les villes gagner un salaire qui leur permette +de s'entretenir et de se procurer certaines jouissances de la vie +qui n'existent pas dans le village. Il arrive alors que, libres de la direction +et de la surveillance des parents, ils se livrent avec l'inexpérience +de leur âge à l'entraînement des passions et des jouissances de +la vie, souvent au détriment de leur santé et des sentiments moraux +que leur avaient inspirés le père et la mère. Jetez un regard dans les +grandes villes, et vous serez douloureusement ému à la vue du tourbillon +fascinateur dans lequel se trouve entraîné la jeunesse française +ouvrière. Ne serait-elle pas mieux placée en pays étranger à côté +des parents, travaillant avec goût et courage, produisant en grand, +pouvant par conséquent pourvoir à leurs besoins, s'enrichissant de +leurs économies et préparant un meilleur avenir à la génération qui +suivra. La colonisation est donc une mesure de haute moralité pratique.</p> +</div> + +<div class="footnote"> + +<p><a id="footnote6" name="footnote6"></a><b>Note 6: </b><a href="#footnotetag6">(retour)</a> <i>Entr'autres produits agricoles, nous devons signaler le lin, lequel d'après certains colons, +donne plus de rendement que le blé, et encore n'est-il cultivé que pour la graine achetée pour le +commerce extérieur.</i></p> +</div> + +<div class="footnote"> + +<p><a id="footnote7" name="footnote7"></a><b>Note 7: </b><a href="#footnotetag7">(retour)</a> Cet intérêt de dix pour cent est le chiffre généralement adopté +pour les affaires commerciales dans la République Argentine.</p> +</div> + +<div class="footnote"> + +<p><a id="footnote8" name="footnote8"></a><b>Note 8: </b><a href="#footnotetag8">(retour)</a></p> + +<div class="c"><table summary=""> +<tr> + <td class="c">Territoires</td> + <td class="c">Nom des Colonies.</td> + <td class="c">Familles</td> + <td class="c">Individus</td> +</tr> +<tr> + <td style="vertical-align: top;" rowspan="2">Entrerios</td> + <td>Villa Libertad</td> + <td class="r">197</td> + <td class="r">982</td> +</tr> +<tr> + <td>Général Alvear</td> + <td class="r">173</td> + <td class="r">923</td> +</tr> +<tr> + <td style="vertical-align: top;" rowspan="3">Chaco</td> + <td>Resistencia</td> + <td class="r"> 308</td> + <td class="r">1,421</td> +</tr> +<tr> + <td>Presidente Avellanda</td> + <td class="r">106</td> + <td class="r">774</td> +</tr> +<tr> + <td>Formosa </td> + <td class="r">13</td> + <td class="r">74</td> +</tr> +<tr> + <td style="vertical-align: top;" rowspan="3">Sta-Fé</td> + <td> Reconquista </td> + <td class="r">260</td> + <td class="r">1,980</td> +</tr> +<tr> + <td>San Xavier</td> + <td class="r">44</td> + <td class="r">217</td> +</tr> +<tr> + <td>Iriondo </td> + <td class="r">74 </td> + <td class="r">216</td> +</tr> +<tr> + <td style="vertical-align: top;" rowspan="2">Cordova</td> + <td>Caroya</td> + <td class="r">190 </td> + <td class="r">874</td> +</tr> +<tr> + <td>Sampacho </td> + <td class="r">170 </td> + <td class="r">814</td> +</tr> +<tr> + <td>Chubut</td> + <td>Chubut</td> + <td class="r">187</td> + <td class="r">750</td> +</tr> +<tr> + <td>Patagonie</td> + <td>Santa Cruz</td> + <td class="r">»</td> + <td class="r">62</td> +</tr> +<tr> + <td style="vertical-align: top;">Buenos-Ayres </td> + <td style="vertical-align: top;">Olavarria</td> + <td class="t8r">85</td> + <td class="t8r">433</td> +</tr> +<tr> + <td colspan="2" class="c">Total</td> + <td class="t1r">1,807</td> + <td class="t1r">9,520</td> +</tr> +</table></div> + +</div> + + +<div class="footnote"> + +<p><a id="footnote9" name="footnote9"></a><b>Note 9: </b><a href="#footnotetag9">(retour)</a> Le mois de juillet dernier (1882) un entrepreneur Italien, M. Picasso, +a proposé au gouvernement argentin de transporter dans la République +Argentine 500,000 émigrants européens, dont 300,000 pris +dans les pays du nord de l'Europe, et 200,000 dans les pays du sud. Il +emploierait de grands vapeurs propres à cette classe de transport. Nous +ignorons la réponse qu'aura faite le gouvernement.</p> +</div> + + +<div class="footnote"> + +<p><a id="footnote10" name="footnote10"></a><b>Note 10: </b><a href="#footnotetag10">(retour)</a> Depuis la publication de mon travail à Buenos-Ayres, il y a un +an, le gouvernement de Santa Fé, qui occupe toujours la tête du +mouvement de la colonisation, s'est emparé de mon idée, et le mois +d'octobre dernier, il passait un contrat avec M. Calsado, chargé, à cet +effet, de fonder une société anonyme pour la construction d'un chemin +de fer colonial de Rosario à Candelaria; et le 3 juillet dernier (1882), +il est venu demander au congrès, avec l'assentiment du gouvernement +national, une loi de garantie d'un 7 pour cent pour le capital nécessaire +à la construction de cette voie ferrée. Ce chiffre de garantie est +généralement adopté par le gouvernement argentin pour les constructions +des chemins de fer.</p> +</div> + +<div class="footnote"> + +<p><a id="footnote11" name="footnote11"></a><b>Note 11: </b><a href="#footnotetag11">(retour)</a> La vallée de Rio-Negro, cet autre Nil de l'Amérique du Sud, s'étend +à partir de l'Océan Atlantique du Sud-Est vers le Nord-Ouest, entre +le 39<sup>e</sup> et le 41<sup>e</sup> degrés de latitude sud, jusqu'à la confluence des deux +fleuves Limay et Neuquen, à environ 170 lieues de la mer. Cette vallée +qui tantôt se rétrécit et tantôt s'élargit jusqu'à la distance de 2 à 6 +lieues de largeur, est couverte d'une végétation splendide: la vigne, +le blé et toutes les céréales y prospèrent et des prairies à herbages vigoureux +couvrent ce terrain d'alluvion déposé chaque année par les +crues des eaux du grand fleuve, le Rio-Negro, formé par les deux +grandes rivières le Limay et le Neuquen.</p> + +<p>L'ingénieur français, M. Ebelot, parlant de cette vallée dans un rapport +adressé au gouvernement Barros, s'exprime ainsi:</p> + +<p>«La vallée du Rio-Negro court entre deux lignes de coteaux parallèles; +lesquels, tantôt se rapprochent jusqu'à former un détroit, tantôt +s'éloignent à deux lieues du lit du fleuve, et la vallée alors se +présente sous l'aspect d'une prairie ondulée dont le sol formé de matériaux +d'alluvion est d'une grande fertilité.»</p> + +<p>—Les explorateurs du fleuve Rio-Negro, Delcalsi en 1833, les colonels +Obligado et Guerrico tout récemment, ont confirmé cette assertion. +2,700 habitants occupent l'entrée de cette vallée, s'étendant à trente +lieues vers l'Ouest jusque vis-à-vis le port St-Antoine, situé à 11 lieues +au Sud de ce point.</p> +</div> + + +<div class="footnote"> +<p><a id="footnote12" name="footnote12"></a><b>Note 12: </b><a href="#footnotetag12">(retour)</a> Le chiffre de 300,000 francs est la moyenne de la dépense dans +la construction du chemin de fer que le gouvernement national fait +construire entre Mercedes et Mendosa. À mon avis, ce chiffre de dépenses +pourrait être réduit, le terrain de la Pampa offrant les conditions les +plus faciles pour la construction des voies ferrées et peu de difficultés, +sauf les deux Ponts à construire sur le Rio Cotorado et le Rio Negro, +dont on pourrait réserver la construction pour le compte de l'État.</p> +</div> + +<div class="footnote"> +<p><a id="footnote13" name="footnote13"></a><b>Note 13: </b><a href="#footnotetag13">(retour)</a> Nous donnons ici des distances approximatives à quelques lieues +près, à défaut d'une étude exacte des distances qui n'a pas encore été +faite dans cette contrée récemment conquise sur les Indiens. Le chiffre +des distances que nous donnons a été calculé sur les rapports fournis +par les chefs de détachement de l'armée expéditionnaire de l'année +1879. Ces rapports, insérés dans le grand ouvrage (itinéraire de la +Pampa et du Rio Negro) du colonel Oloscoaga, chef du bureau topographique +de l'expédition, donnent, outre les distances parcourues, un +aperçu géographique de cette magnifique contrée, parsemée de lacs et de +bouquets de grands arbres, qui n'existent pas dans la Pampa nue de +Buenos-Ayres. Condition heureuse pour une entreprise de chemins de +fer qui trouverait ainsi sur les lieux le bois nécessaire à la construction +d'une voie ferrée sur une plaine peu accidentée où les terrassements sont +faciles à exécuter.</p> + +<p>Je dois mentionner aussi les précieux renseignements que m'ont +fournis deux excellents amis, le commandant Alsogaray et le docteur +Astrié.</p> + +<p>Le premier a parcouru avec son détachement la ligne entière de +Mercedes à Poitagué et de là quarante lieues plus loin jusqu'au paso +del Noque de la grande rivière le Chalideobu, continuation du Rio +Salado. Le docteur Astrié, Français, du département de l'Ariége, a parcouru +comme médecin du corps du général Uriburu, toute la ligne qui +s'étend au bas des Cordillères, entre le Rio-Neuquen au Sud et Mendosa +au Nord, cent lieues environ. Le docteur Astrié, par son noble caractère, +ses connaissances scientifiques, son généreux dévouement pour ses +compatriotes, honore le nom français dans ces contrées. Je lui devais +ici une manifestation de ma profonde et sympathique estime. Le docteur +Astrié réside à Mercedes. Il est aujourd'hui médecin en chef du +corps d'armée de l'Ouest.</p> +</div> + +<div class="footnote"> +<p><a id="footnote14" name="footnote14"></a><b>Note 14: </b><a href="#footnotetag14">(retour)</a> Voir, +<a href="#p35">page 35</a>, l'emploi de ce capital.</p> +</div> + +<div class="footnote"> +<p><a id="footnote15" name="footnote15"></a><b>Note 15: </b><a href="#footnotetag15">(retour)</a> «En décembre dernier, 1881, on a vendu pour 20,000 piastres +fortes (100,000 francs) une lieue carrée de terrain, à Juarer, village +situé à cent lieues au sud de la ville de Buenos-Ayres.» Ce terrain +n'aurait pas trouvé d'acheteurs à 1,000 piastres avant la fondation du +village, il y a vingt ans. (<i>National de Buenos-Ayres</i>, du 22 décembre +1881.)</p> +</div> + +<div class="footnote"> +<p><a id="footnote16" name="footnote16"></a><b>Note 16: </b><a href="#footnotetag16">(retour)</a> L'énorme quantité d'animaux qui se produit dans ces contrées, est +achetée, par milliers, pour être exploitée dans les nombreux saladeros, +établissements où l'on tue des centaines d'animaux, chaque jour, pour +les dépouiller du cuir et extraire le suif, les os, etc.</p> +</div> + +<div class="footnote"> +<p><a id="footnote17" name="footnote17"></a><b>Note 17: </b><a href="#footnotetag17">(retour)</a> <i>Dans l'état des dépenses que nous établissons ici, nous avons pris la moyenne des valeurs. +Mais ces valeurs étant variables, il pourra arriver que le chiffre de 9,500 fr., somme des +avances à faire au colon, se trouve plus élevé ou plus faible que celui qui sera réellement employé. +Dans ce cas, on puisera dans la réserve assez considérable que nous créons pour couvrir l'insuffisance, +et, dans le cas contraire, d'un excédent, le chiffre de celui-ci rentrera dans la réserve.</i></p> +</div> + +<div class="footnote"> +<p><a id="footnote18" name="footnote18"></a><b>Note 18: </b><a href="#footnotetag18">(retour)</a> La nécessité d'une Banque Franco-Argentine se fait sentir +depuis longtemps, à Buenos-Ayres, pour le service des grandes affaires +commerciales qui se font entre Paris et la République Argentine, où +l'intérêt usuel des capitaux est de dix et quinze pour cent. Les +Anglais, les Italiens, les Brésiliens, ont déjà fondé des Banques à +Buenos-Ayres avec succès. Les nombreux négociants Parisiens qui +font des affaires importantes avec la République Argentine trouveraient, +dans une institution de cette classe, une puissante ressource +pour leurs opérations commerciales et de grands bénéfices à réaliser; +surtout en ce moment où ce pays marche, à pas de géant, dans la voie +de sa prospérité.</p> +</div> + +<div class="footnote"> +<p><a id="footnote19" name="footnote19"></a><b>Note 19: </b><a href="#footnotetag19">(retour)</a> À l'époque où vivait M. Brayer (1840), la vache ne valait que +quinze francs, aujourd'hui son prix est de cinquante à soixante francs. +Cette différence de prix ne change pas la valeur du rendement, car si +la vache a haussé de prix, le produit de l'élève a haussé dans les mêmes +proportions; mille vaches achetées pour cinquante mille francs +produiraient aujourd'hui deux cent mille francs en six ans.</p> +</div> + +<div class="footnote"> +<p><a id="footnote20" name="footnote20"></a><b>Note 20: </b><a href="#footnotetag20">(retour)</a> La lieue argentine équivaut à 5 kilomètres 160 mètres.</p> + +<p>La lieue carrée est donc égale à 26 kilomètres carrés 346 mètres.</p> +</div> + +<div class="footnote"> +<p><a id="footnote21" name="footnote21"></a><b>Note 21: </b><a href="#footnotetag21">(retour)</a> M. Édouard Olivera est l'Argentin qui a contribué le plus au progrès +immense qu'ont acquis l'agriculture et l'industrie de l'élève du bétail +dans la République Argentine. Ancien élève distingué de l'école de +Grignon, agronome instruit, auteur d'un ouvrage très intéressant, en +deux volumes, ayant pour titre: <i>Voyages agricoles en Europe</i>, organisateur +de la grande société, <i>le Club Rural Argentin</i>, fondateur des +annales de cette société, dans lesquelles il a publié plusieurs articles +remarquables, M. Édouard Olivera est appelé à jouer un rôle important +dans le mouvement industriel de son pays. Pour mon compte, je n'oublierai +jamais les agréables et instructifs entretiens que j'ai été assez heureux +d'avoir avec cet homme distingué. La publication en français de +son livre, serait une œuvre précieuse pour les agronomes et cultivateurs +de l'Europe. Cet ouvrage, écrit en espagnol, est entre nos mains, +nous le mettons à la disposition d'un auteur qui se chargera de la traduction. +Sa publication sera une œuvre utile, et, je crois aussi, une +bonne spéculation.</p> +</div> +</div> + +<div class="trnotes"> +<h3>NOTES DU TRANSCRIPTEUR</h3> + +<p>Un mot illisible page 63 a été remplacé par des astérisques.</p> + +<p>On a corrigé quelques coquilles, y compris dans les tableaux de +chiffres. On a dû également changer la disposition de certains tableaux +pour des questions de taille.</p> +</div> + + + + + + + + +<pre> + + + + + +End of the Project Gutenberg EBook of Bases pour servir aux entreprises de +colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine, by Auguste Brougnes + +*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK BASES POUR SERVIR AUX ENTREPRISES DE COLONISATION *** + +***** This file should be named 22393-h.htm or 22393-h.zip ***** +This and all associated files of various formats will be found in: + http://www.gutenberg.org/2/2/3/9/22393/ + +Produced by Adrian Mastronardi, Laurent Vogel and the +Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net +(This file was produced from images generously made +available by the Bibliothèque nationale de France +(BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr) + + +Updated editions will replace the previous one--the old editions +will be renamed. + +Creating the works from public domain print editions means that no +one owns a United States copyright in these works, so the Foundation +(and you!) can copy and distribute it in the United States without +permission and without paying copyright royalties. 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It exists +because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from +people in all walks of life. + +Volunteers and financial support to provide volunteers with the +assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's +goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will +remain freely available for generations to come. In 2001, the Project +Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure +and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations. +To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation +and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 +and the Foundation web page at http://www.pglaf.org. + + +Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive +Foundation + +The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit +501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the +state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal +Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification +number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at +http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg +Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent +permitted by U.S. federal laws and your state's laws. + +The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S. +Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered +throughout numerous locations. Its business office is located at +809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email +business@pglaf.org. 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