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authorRoger Frank <rfrank@pglaf.org>2025-10-15 01:48:59 -0700
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+The Project Gutenberg EBook of Bases pour servir aux entreprises de
+colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine, by Auguste Brougnes
+
+This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
+almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
+re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
+with this eBook or online at www.gutenberg.org
+
+
+Title: Bases pour servir aux entreprises de colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine
+
+Author: Auguste Brougnes
+
+Release Date: August 25, 2007 [EBook #22393]
+
+Language: French
+
+Character set encoding: ISO-8859-1
+
+*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK BASES POUR SERVIR AUX ENTREPRISES DE COLONISATION ***
+
+
+
+
+Produced by Adrian Mastronardi, Laurent Vogel and the
+Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net
+(This file was produced from images generously made
+available by the Bibliothèque nationale de France
+(BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)
+
+
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+
+
+
+
+
+ BASES
+ Pour servir aux Entreprises de Colonisation
+ DANS LES
+ TERRITOIRES NATIONAUX
+ DE LA
+ RÉPUBLIQUE ARGENTINE
+
+ PAR LE
+
+ Docteur AUGUSTE BROUGNES
+ Propriétaire-Agriculteur à Caixon, près Vic-Bigorre
+ Hautes-Pyrénées.
+
+
+ _La colonisation à l'extérieur est,
+ dans les conditions économiques
+ actuelles, le remède le plus
+ efficace du paupérisme agricole._
+
+ _COHEN._
+
+ _SEMAINE du 22 novembre 1850._
+
+ _La rédemption de la race blanche se
+ trouverait dans l'acquisition morale
+ de tout un monde riche et vierge,
+ d'un monde qui donnerait terre,
+ travail, fortune._
+
+ _ANDRES LAMAS._
+
+ _Notice sur l'Uruguay._
+
+
+ TARBES
+ Imprimerie de E. VIMARD, place Maubourguet, 7.
+
+ 1882
+
+
+
+
+ À SON EXCELLENCE
+ M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE
+ Brigadier général, Jules ROCA
+
+ _Hommage de ma respectueuse estime._
+
+ Dr BROUGNES.
+
+
+
+
+ BASES
+ Pour servir aux Entreprises de Colonisation
+ DANS LES
+ TERRITOIRES NATIONAUX
+ DE LA
+ RÉPUBLIQUE ARGENTINE
+
+ PAR LE
+
+ Docteur AUGUSTE BROUGNES
+ Propriétaire-Agriculteur à Caixon, près Vic-Bigorre
+ Hautes-Pyrénées.
+
+
+
+ TARBES
+ Imprimerie de E. VIMARD, place Maubourguet, 7.
+
+ 1882
+
+
+
+
+ Tarbes, imprimerie de E. Vimard, place Maubourguet, 7.
+
+
+
+
+ INTRODUCTION
+
+
+ _La colonisation à l'extérieur est,
+ dans les conditions économiques
+ actuelles, le remède le plus
+ efficace du paupérisme agricole._
+
+ _COHEN._
+
+ (_Semaine_ du 21 novembre 1850).
+
+
+Nous livrons aujourd'hui au public la traduction d'une brochure, publiée
+en espagnol, au mois d'août 1881, à Buenos-Ayres, capitale de la
+République Argentine. Nous l'offrons à nos compatriotes, sans ambition
+pour son mérite littéraire, que nous n'avons pas cherché, mais seulement
+pour son utilité économique et pratique, considérée au point de vue des
+intérêts matériels de l'intéressante population agricole européenne
+pauvre, dont nous voudrions voir améliorer le sort.
+
+Frappé d'admiration dans notre dernier voyage de l'Amérique du Sud, de
+l'immense mouvement commercial et industriel qu'offrait cette contrée
+que nous visitions pour la troisième fois depuis trente ans; enchanté du
+tableau vivant de la richesse de sa campagne, peuplée d'innombrables
+troupeaux de brebis, de vaches, de chevaux, au milieu desquels se
+promenaient des groupes de cerfs; étonné surtout de voir chaque semaine
+descendre sur la plage des milliers d'émigrants, en grande partie colons
+italiens, suisses, savoyards, et quelques Français, dont la majeure
+partie étaient dirigés, aux frais du gouvernement, aux nombreuses
+colonies de la province de Santa-Fé, autrefois la plus pauvre et
+aujourd'hui une des plus riches de la République; heureux de voir dans
+ce pays que l'idée de la colonisation, dont j'avais été le promoteur et
+le premier entrepreneur en 1854, avait pris un développement
+inespéré[1], à l'aspect, dis-je, de ce mouvement agricole, commercial et
+industriel, je me mis de nouveau à étudier la question de la
+colonisation argentine, organisée en vue de compléter l'oeuvre par une
+combinaison propre à produire de meilleurs, de plus grands résultats.
+
+Partant du principe économique que le travail, le travail agricole
+surtout, est d'autant plus productif que l'outillage (capital mobilier
+et de rente) est plus complet; trouvant d'autre part, dans la loi sur la
+colonisation, promulguée par le gouvernement argentin le 6 octobre 1876,
+des dispositions largement libérales, dans les concessions des terres et
+autres priviléges que le gouvernement accorde, je m'occupai de
+coordonner dans les proportions voulues l'action de ces trois éléments:
+terre, travail, capital, de manière à leur faire produire, par leur
+concours simultané, les plus grands résultats possibles.
+
+Le but que je me proposais, en me livrant à ce travail, consistait à
+ouvrir au cultivateur européen pauvre une voie de salut large, facile à
+parcourir, sans sacrifice d'argent de sa part, entreprise qui lui
+permette de se créer une honnête aisance pour ses vieux jours, une
+fortune pour ses enfants. Les moyens que je propose en vue de ce
+résultat, et que j'exposerai dans le cours de ce travail, sont clairs et
+bien définis. Je n'en connais pas de plus efficaces pour remédier aux
+souffrances du cultivateur pauvre, ce Sisyphe de notre époque, condamné
+à la peine, aux privations, sans espoir d'en voir la fin.
+
+Les souffrances de l'agriculture, tout le monde les connaît, le
+cultivateur plus que tout autre. Une enquête sérieuse sur sa situation
+dévoilerait des misères profondes, inconnues. On serait étonné comment,
+avec sa propriété réduite, le peu de rendement que donne le sol, les
+risques que font courir les perturbations atmosphériques, telles que
+sécheresse, gelées, grêle, maladie des plantes, la mortalité des
+animaux, sans compter toutes les charges que le fisc fait peser sur
+l'agriculture[3], celles que lui impose l'entretien d'une famille et
+d'une maison d'exploitation; on serait étonné, dis-je, comment ce
+cultivateur, qui donne à la terre tout le travail d'une année, peut se
+maintenir sans se ruiner et conserver son faible patrimoine jusqu'au
+jour où ses enfants viendront se le partager et le réduire en lambeaux.
+
+Sans doute, telle n'est pas la situation de tous les petits
+cultivateurs; je ne veux pas exagérer le tableau. Il y en a certes dans
+le nombre qui, à force de travail et d'économie, en s'aidant des
+bénéfices de quelque autre industrie, ou favorisés par quelque héritage,
+se procurent une certaine aisance; mais ceux-ci sont peu nombreux.
+_Apparent rari nantes in gurgite vasto_; et leur situation
+exceptionnelle ne détruit pas mon assertion.
+
+Sans doute, aussi, nos économistes, nos hommes d'État, émus de cette
+situation, ont cherché et cherchent encore les moyens d'y remédier.
+
+Jusqu'à ce jour, leur bonne volonté, tous leurs efforts, sont restés
+impuissants pour améliorer cette situation, et le pauvre cultivateur
+attend encore la nymphe Egérie qui doit souffler, aux oreilles de nos
+législateurs et de nos ministres, les mesures de salut propres à
+l'arracher au gouffre béant de la misère. Bien des propositions ont été
+faites, de nombreux projets ont été présentés et étudiés. On a bien vite
+reconnu que ces propositions, ces projets, n'étaient que des palliatifs,
+des mesures impuissantes pour remédier au mal. Ce n'était qu'appliquer
+un sédatif sur une plaie douloureuse, sans pouvoir la cicatriser.
+Pense-t-on, en effet, qu'avec la faible gratification de quelques
+francs, résultant de la diminution ou de l'exemption de l'impôt foncier,
+de celui des portes et fenêtres, ou de la prestation, guérir le mal qui
+dévore la petite culture? On ne peut le croire; et les soixante millions
+provenant de la conversion de la rente, distribués chaque année à nos
+trois millions de petits cultivateurs, c'est-à-dire vingt francs pour
+chacun d'eux, changeront-ils sa situation? Et croit-on que l'institution
+des banques agricoles, en facilitant les emprunts au petit cultivateur,
+c'est-à-dire le moyen de dépenser davantage, au lieu de diminuer le mal,
+ne l'aggraverait pas? Peut-on, avec de telles mesures, couvrir la dette
+hypothécaire de huit milliards de francs qui pèse sur la propriété,
+prélevant chaque année sur la production agricole de trois à quatre cent
+millions de francs?
+
+Non, tous ces moyens proposés, toutes ces mesures indiquées ne suffisent
+pas et sont impuissantes à résoudre le grand problème de l'extinction du
+paupérisme agricole.
+
+Pour mon compte, je ne connais qu'un moyen réellement efficace,
+pratique, radical, c'est celui indiqué par Cohen dans le journal la
+_Semaine_ du 22 novembre 1850 (cité plus haut). C'est aussi celui que la
+nature nous conseille. Lorsqu'une plante, un arbre, dépérissent sur un
+sol maigre et stérile, transplantés sur un terrain gras et fertile, ils
+revivent, reprennent leur vigueur et se couvrent de fruits.
+
+Notre oeuvre de colonisation ne s'adresse pas précisément aux
+propriétaires qui jouissent de plus ou moins d'aisance. Que ceux-ci
+continuent à vivre dans le village où les retiennent des habitudes
+sociales, des relations d'amitié ou de familles, pénibles à rompre.
+Notre oeuvre a pour unique objet d'ouvrir une voie de salut à tous ces
+malheureux petits cultivateurs, qui usent inutilement leur vie et leur
+courage par un travail stérile, improductif, accablés sous le fardeau de
+lourdes charges qui paralysent l'action du travail et à qui, s'ils
+venaient à liquider leur situation, il ne resterait rien ou resterait un
+capital insignifiant. C'est pour ces Danaïdes de notre époque,
+condamnées à remplir d'eau un tonneau dont la bonde est ouverte; c'est,
+en un mot, au cultivateur pauvre qu'est destinée notre oeuvre. Dans
+notre conviction, nous croyons faire une bonne oeuvre.
+
+L'histoire économique moderne nous offre une preuve éclatante des
+résultats que procure la mesure que nous conseillons. En moins de
+quatre-vingts ans, trois millions de colons irlandais et allemands ont
+fait des terres désertes et incultes des États-Unis de l'Amérique du
+Nord le champ le plus vaste d'exploitation agricole; en s'enrichissant,
+ces colons ont fait de cette contrée une des plus puissantes et des plus
+riches nations du monde. Pendant que l'Amérique espagnole fermait ses
+portes aux étrangers, les États-Unis de l'Amérique du Nord promulguaient
+leur _homestead Lau_ (Loi du domicile) et concédaient à très bas prix,
+même gratuitement, des terres aux colons. Aujourd'hui, les Argentins de
+l'Amérique du sud, convertis aux idées de colonisation, viennent aussi
+de promulguer une loi de colonisation plus complète et bien plus
+libérale que celle de l'Amérique du Nord, sans pour cela être parfaite.
+
+Le plan de colonisation que nous publions aujourd'hui a pour objet de
+compléter cette loi, en simplifiant les procédés d'exécution et en
+donnant un développement plus grand, plus élevé, aux opérations de cette
+classe, tout en restant dans le cercle des dispositions des articles 98,
+99 et 104 de la partie de cette loi qui s'applique aux entreprises
+particulières de colonisation. La loi homestead Lau, de l'Amérique du
+Nord, se bornait à céder où à vendre à bas prix des terres aux colons.
+Dans notre système de colonisation, en 1853, nous ajoutions, à la
+concession d'un vaste terrain, des avances remboursables, consistant en
+une habitation, la subsistance durant la première année, les outils
+agricoles indispensables au colon. La loi argentine du 6 octobre 1876 a
+adopté ce système; aujourd'hui, nous venons le compléter, en le
+régularisant, en l'élevant à un plus haut degré de puissance productive,
+par un bon choix de familles agricoles et par l'emploi d'un capital
+suffisant pour permettre au colon de faire de la colonisation une
+industrie des plus productives pour lui, pour les entrepreneurs, pour le
+gouvernement lui-même, ce qui est le perfectionnement de l'oeuvre
+économique de la colonisation, comme le prouveront les résultats
+immenses que notre système produira.
+
+
+
+
+ BASES
+ POUR SERVIR AUX ENTREPRISES DE COLONISATION
+ DANS LES
+ TERRITOIRES NATIONAUX & PROVINCIAUX
+ DE LA
+ RÉPUBLIQUE ARGENTINE
+
+
+Une des premières conditions de toute colonisation, c'est que le pays
+que l'on veut coloniser offre des garanties d'ordre et de paix, une
+situation hygiénique et climatérique, sans danger pour la vie des
+colons, où enfin règnent et se développent à l'aise le progrès et la
+prospérité. Or, toutes ces conditions se trouvent aujourd'hui réunies
+dans la République Argentine.
+
+Située entre les 22ème et 53ème degrés de latitude de l'hémisphère sud,
+limitée à l'ouest par la chaîne des cordillères, sur une longueur de six
+cents lieues et arrosée au sud-est et à l'est par les eaux de l'Océan
+atlantique, sur une étendue de près de quatre cents lieues, jouissant du
+bénéfice de tous les climats, tropical au nord, tempéré au centre,
+glacial au sud, la République Argentine offre au travail du cultivateur
+européen le plus vaste, le plus fructueux champ d'exploitation qui
+existe sur le globe.
+
+Un territoire de cent mille lieues carrées[4] quatre fois plus étendu
+que celui de la France, dont quarante mille appartiennent à l'État,
+formant huit territoires; une population réduite de 1,852,029 habitants,
+une terre vierge des plus fertiles,--5,116,029 têtes de
+bétail,--1,534,478 chevaux et juments,--45,511,351 brebis ou moutons,
+évalués à 364,090,860 francs. (Recensement de 1875).... Voilà, en gros,
+le pays que le gouvernement argentin veut coloniser, en le livrant à
+l'activité du travailleur agricole européen, et pour quel objet il a
+promulgué une loi dont nous ferons connaître plus loin les principales
+dispositions.
+
+Le moment est on ne peut plus favorable pour cette entreprise.
+
+Les questions d'ordre politique intérieur ont été résolues par la
+constitution fédérale de 1853, qui maintient unies les quatorze
+provinces argentines, sous la protection d'un gouvernement national fort
+et respecté, disposant de la force publique et de toutes les ressources
+nationales. La question de la capitale de la République, qui a tenu
+durant vingt ans les Argentins dans un état d'agitation passionnée, a
+été résolue, il y a deux ans, par la cession au gouvernement national de
+la riche cité de Buenos-Ayres, avec ses trois cent mille habitants, ses
+établissements publics, ses immenses ressources et son port de commerce
+visité chaque année par les navires de toutes les nations du globe. Les
+Indiens, qui occupaient l'immense et fertile plaine des Pampes et qui,
+durant des siècles, furent la terreur des éleveurs de bétail des
+provinces de Buenos-Ayres, Santa-Fé, Cordova, Saint-Louis et Mendosa,
+ont disparu et sont tenus à distance par la ligne militaire de la
+frontière, à la suite d'une expédition armée, habilement dirigée par le
+général Roca, Président actuel de la République. Huit mille Indiens avec
+leurs caciques faits prisonniers, un grand territoire conquis, la
+confiance rétablie parmi les éleveurs de bétail des provinces
+voisines... tels ont été les résultats de cette heureuse et importante
+expédition sur les Indiens, dont la race tend à disparaître sous
+l'action de la misère et de la maladie. Enfin, la question des
+frontières avec le Chili, qui, depuis soixante ans, préoccupaient les
+esprits de l'un et de l'autre côté des Andes, s'est terminée par un
+traité de limites signé en juillet 1881.
+
+Ces trois importantes questions--choix de Buenos-Ayres pour capitale de
+la République,--conquête de plusieurs territoires sur les
+Indiens,--traité de limites avec le Chili, se trouvant heureusement
+résolues, la paix et l'ordre étant assurés, une ère de prospérité d'une
+portée incalculable s'ouvre aujourd'hui pour la République Argentine.
+Cette ère s'est déjà manifestée pour tous ceux qui jugent sans passion
+la marche des affaires dans ce pays. Le tableau de sa situation
+économique, commerciale et financière, formulé en chiffres statistiques
+dans le Message du Président de la République, à l'ouverture du congrès
+le 7 mai dernier (1882), est la preuve éclatante de ce fait.
+
+D'après ce Message, le commerce international pendant l'année 1881 s'est
+élevé au chiffre de 582,155,035 francs, avec 14 pour cent d'augmentation
+sur celle de 1880. Il promet de s'élever à 711,800,000 francs pour
+l'année courante de 1882, le mouvement commercial pour le premier
+trimestre ayant été de 174,900,000 francs, ce qui est considérable pour
+un pays de moins de deux millions d'habitants. Dans ce chiffre,
+l'importation figure pour 270,870,020 francs, et l'exportation pour
+280,930,970. Durant la même année de 1881, 11,691 navires sont entrés
+dans les ports de la République argentine. La dette nationale, dont
+partie a été employée à la construction de chemins de fer, s'élevait, au
+31 décembre 1881, à 397,005,705 francs; on a amorti, durant la même
+année, 16,057,245 francs. La circulation des lettres à la poste a été,
+pour la même année, de 12,285,000 fr., cinq millions de plus que l'année
+précédente; 11,489 kilomètres de fil de fer fonctionnent par le
+télégraphe électrique, 2,590 kilomètres de chemins de fer sont livrés à
+la circulation; 2,777 sont en construction. L'État pourvoit aux frais de
+12 colléges et de 1,341 écoles primaires. L'armée permanente d'environ
+quinze mille hommes, formant quatre divisions, occupe les principales
+villes de l'intérieur et la ligne des frontières. L'escadre, composée
+d'un cuirassé de premier ordre, de neuf vapeurs de guerre et de cinq
+navires à voile, est occupée à l'exploration des côtes et des fleuves.
+
+Quand un pays offre une pareille situation, les cultivateurs européens
+et les entrepreneurs de colonisation peuvent hardiment répondre à son
+appel et avoir confiance dans son avenir.
+
+À l'époque où nous conçûmes notre projet de colonisation organisée
+(1852) dans la République Argentine en vue de l'extinction du paupérisme
+agricole européen, personne dans l'Amérique du Sud n'avait songé à cette
+idée et moins encore à la mettre à exécution. Seule l'émigration des
+Basques vers Montevideo, provoquée par les frères Brië de
+Saint-Jean-Pied-de-Port, avait pris un certain développement, en dehors
+de toute idée de colonisation. Celui, en effet, qui eût osé proposer à
+cette époque au dictateur Rosas l'établissement de colonies avec des
+éléments étrangers, aurait été bien mal reçu. Les partisans de ce tyran,
+imbus des idées et des haines de leurs pères contre les étrangers, ont
+été longtemps opposés à l'établissement de colonies dans ce pays, et
+quelques-uns d'entre eux le sont encore aujourd'hui.
+
+Au contraire, les hommes du parti libéral de cette époque qui
+s'allièrent au général Urquiza dans sa lutte contre Rosas, plus
+intelligents et plus instruits, acquis depuis longtemps aux idées de la
+civilisation et de la science économique modernes, Alsina père, Alberdi,
+Mitre, Gorostiaga, Sarmiento, Luis-Jose de la Péna, Édouard Olivera,
+Avettaneda, Roca, Président actuel de la République..... arrivèrent au
+pouvoir avec des opinions tout opposées à celles des Rosistes. Ils
+avaient compris que l'immigration des cultivateurs européens portait en
+elle le germe d'un accroissement d'ordre, de puissance et de richesse
+pour leur pays.
+
+La prospérité prodigieuse des États-Unis de l'Amérique du Nord due en
+grande partie à l'émigration agricole européenne les avait conquis à
+l'idée de colonisation. C'est donc de 1853 que date l'ère de la
+colonisation dans la République Argentine;[5] et le premier contrat de
+colonisation passé dans ce pays fut le mien.
+
+Les deux premières colonies fondées furent celle de Sainte-Anne dans la
+province de Corrientes et celle de Esperanza dans la province de
+Santa-Fé. Le contrat avec la première de ces provinces fut résilié pour
+des raisons expliquées plus haut. La colonisation continua dans celle de
+Santa-Fé. Durant les vingt années qui ont suivi, cinquante colonies ont
+été fondées dans cette province: elles comprennent aujourd'hui un
+personnel de 28,910 individus de tout âge, une extension territoriale de
+529,434 hectares 88 ares, desquelles 155,778 furent semées en 1879. Les
+chiffres statistiques suivants du rapport de l'administrateur des
+colonies de Santa-Fé, Jonas Larguia, peuvent donner une idée du
+mouvement productif de ces colonies pour l'année 1879.
+
+
+Colonies de Santa Fé en 1879.
+
+ Population 28,910 de tout âge et sexe.
+ Extension territoriale 318,170 cuadros 529,434 hectares.
+ Terrain cultivé en 1879 94,617 155,778
+
+
+Production de l'année 1879.
+
+TERRES ENSEMENCÉES,
+
+ Froment, 70,186 cuadros 116,789 hectares.
+ Maïs, 11,729 cuadros 19,517 --
+ Avoine, 1,110 cuadros 1,847 --
+ Arachides, 2,133 cuadros 3,549 --
+ Autres produits, 9,295 15,466 --
+
+RÉCOLTE
+
+ 586,937 fanègues de 15 arrobes (10 kil.) 1,269,318 hectolitres,
+ 81,024 fanègues de 12 arrobes 139,766 --
+ 12,568 fanègues -- 21,679 --
+ 168,095 arrobes 19,330 --
+ 947,282 arrobes 109,937 --
+
+La valeur de ces produits en argent était de:
+
+ Blé, 586,937 fanègues de 13 décalitres, à 25 f. la fanègue, 14,673,425 fr.
+ Maïs, 81,024 fanègues -- à 10 f. la fanègue, 810,024 fr.
+ Avoine, 12,588 fanègues -- à 15 f. la fanègue, 188,820 fr.
+ Arachides, 168,095 arrobes de 11 k. à 2 fr. 50 arrobe, 420,237 fr.
+ [6] Autres produits 947,283 arrobe à 1 fr. 25 arrobe, 1,184,106 fr.
+
+ Valeur de la récolte en 1879, 17,066,829 fr.
+
+
+Mouvement du port de Santa-Fé sur le Parano en 1879.
+
+Durant la même année de 1879, 1,169 navires à voile et 444 à vapeur
+entrèrent dans le port de Santa-Fé; il en sortit 1.067 chargés, sur
+lesquels 69 à vapeur.
+
+ La valeur de l'importation s'éleva à 976,734
+ piastres fortes (5 fr.) 4,883,670 fr.
+ Celle de l'exportation, à 1,139,372 piastres fortes 5,696,860 fr.
+ Différence en faveur de l'exportation, 190,385 fr. 951,925 fr.
+
+Parmi les matières exportées, on compte 3,506,004 kil. de farine et
+169,946 kil. de blé, soit 43,822 balles de farine de 80 kil. et
+2,124 hectolitres de blé.
+
+
+Le succès de la colonisation dans la province de Santa-Fé engagea le
+gouvernement national à entreprendre la création de colonies agricoles
+dans les territoires nationaux. À cet effet, il présenta au congrès un
+projet de loi sur l'immigration et la colonisation qui fut votée par les
+Chambres le 6 octobre 1876. La première partie de cette loi, celle de
+l'immigration, comprend dix titres: dans le premier, il est créé un
+bureau d'immigration sous la direction d'un commissaire général; le
+deuxième institue les agences d'immigration à l'étranger; le troisième
+traite des commissions d'immigration dans les provinces; le quatrième
+établit les bureaux de placement pour les immigrants; le cinquième
+traite des priviléges accordés aux immigrants; le sixième, des navires
+de transport; le septième, du débarquement des immigrants, de leur
+subsistance et logement en attendant leur placement, par les soins et
+aux frais du bureau d'immigration. Enfin, par le dixième, il est créé
+des ressources pour le fonctionnement de l'institution.
+
+La seconde partie de la loi comprend tout ce qui se rattache à la
+colonisation. Par le chapitre 1er, il est créé un bureau de terres et
+des colonies nationales, chargé de l'examen et de l'enregistrement des
+propositions de colonisation qui sont adressées au gouvernement, et des
+rapports sur la matière; de veiller aux opérations de comptabilité et de
+statistique; d'ordonner les explorations, l'arpentage et le bornage de
+terres, de s'occuper enfin de tout ce qui se rattache à la colonisation
+des territoires nationaux. Les six titres suivants traitent: 1º de la
+division des territoires nationaux, de la colonisation, des concessions
+de terres, de leur vente; 2º des entreprises de colonisation par des
+particuliers ou par des compagnies; 3º de l'emploi des fonds provenant
+de la vente de terres et de la gratification à faire aux colons; 4º de
+l'administration des colonies; 5º de la colonisation des terres
+appartenant au gouvernement des provinces.
+
+Je me bornerai ici à citer quelques-uns des articles se rattachant
+principalement au sujet que je traite:
+
+Art. 65.--Les territoires nationaux se diviseront en sections carrées de
+vingt kilomètres de côté.
+
+Art. 67.--Chaque section se divisera en quatre cents lots de cent
+hectares chaque.
+
+Art 68.--Quatre lots seront destinés à la création d'un village qui
+devra être placé au centre de la section.
+
+Art. 72.--Chaque section sera divisée dans toute sa longueur et largeur
+par deux routes de cinquante mètres de large, lesquelles devront se
+croiser au centre du village.
+
+Art. 73.--Les chemins vicinaux qui sépareront les lots devront avoir
+cinq mètres de largeur.
+
+Art. 82.--Le pouvoir exécutif désignera les territoires à coloniser,
+après quoi le bureau de colonisation fera procéder à l'arpentage,
+division et bornage des sections, et à la construction, dans chacune
+d'elles, d'un édifice pour les employés de la colonie, et pouvant loger
+cinquante familles, au moins, et contenir les vivres nécessaires à la
+subsistance des colons, ainsi que leurs instruments agricoles.
+
+Art. 88.--Les colons auront droit aux avantages suivants:
+
+1º À l'avance du passage du point d'embarquement jusqu'à leur
+destination coloniale;
+
+2º À la livraison, à titre d'avances, d'une habitation, des vivres,
+durant la première année, d'animaux de travail et de production, des
+semences, des outils aratoires. La somme de ces avances ne devra pas
+dépasser mille piastres fortes (5,000 francs), et sera remboursée par
+annuités à partir de la troisième année.
+
+Art. 99.--Relatif aux entreprises.--Entre section et section subdivisées
+et livrées à la population, il sera réservé une section (25 lieues
+carrées) sans être divisée, mais bornée sur ses côtés. Ces sections
+seront destinées:
+
+1º À la colonisation par entreprise particulière;
+
+2º À la réduction des Indiens;
+
+3º À l'élève du bétail.
+
+Art. 98.--Le pouvoir exécutif pourra concéder à toute compagnie ou
+entreprise qui en fera la demande, une des sections déterminées dans
+l'article précédent, sous les conditions suivantes:
+
+1º Se soumettre à l'arpentage, subdivision au plan prescrit par la
+présente loi;
+
+2º Établir sur la susdite section cent quarante familles agricoles pour
+le moins durant les deux premières années;
+
+3º Donner ou vendre à chaque famille un terrain de cinquante hectares
+pour le moins;
+
+4º Construire sur le terrain destiné à cet objet un édifice, dans les
+conditions déterminées par l'article 83.
+
+5º Fournir aux colons qui en feront la demande une habitation, outils
+aratoires, animaux de travail et de production, semences et subsistance,
+durant un an au moins, ne se faisant rembourser pour ces avances que le
+prix coûtant, avec 1,20 % de prime et un intérêt de 10 % l'an, sur la
+totalité de la somme des avances[7].
+
+6º N'exiger des colons le remboursement du montant de ces avances que
+par annuités proportionnelles à partir de la troisième année;
+
+7º Déposer au bureau des terres et colonies les contrats passés avec les
+colons, en vue d'empêcher des contraventions à la présente loi;
+
+8º Se soumettre aux lois, décrets et autres dispositions qui se
+rattachent au gouvernement, administration, colonisation du territoire;
+
+9º Déposer la somme de deux mille piastres fortes (10,000 fr.), ou
+fournir caution pour une pareille somme, à titre d'amende dans le cas
+d'infraction au contrat, sans préjudice de caducité dans le cas échéant.
+
+Art. 99.--Les entreprises ou compagnies auront droit au transport des
+colons par le gouvernement du point de débarquement au lieu destiné à la
+colonie.
+
+Art. 104.--Dans les territoires nationaux qui ne seront pas arpentés, ni
+livrés à la colonisation, le pouvoir exécutif pourra concéder des
+terrains aux entreprises qui en feront la demande, pour coloniser aux
+conditions suivantes:
+
+1º Le terrain concédé à une entreprise ne pourra s'étendre au-delà de
+deux sections (50 lieues carrées) ayant chacune l'extension donnée par
+l'article 65 (25 lieues par section; ensemble, les deux sections, 50
+lieues carrées).
+
+2º L'entreprise se soumettra à l'obligation de coloniser, conformément
+au plan et aux divisions prescrites par la présente loi;
+
+3º Elle s'obligera à introduire, pour le moins, deux cent cinquante
+familles agricoles pendant la durée de quatre années, à partir du jour
+de la signature du contrat;
+
+4º L'arpentage, l'exploration et la division du terrain, ainsi que
+toutes les autres dépenses, seront à la charge de l'entreprise, à
+l'exception de ceux résultant du transport des colons, du port de
+débarquement à la colonie, qui restent à la charge du gouvernement;
+
+5º L'entreprise s'obligera, en outre, à se conformer aux prescriptions
+des paragraphes 3, 4, 5, 6, 7 et 8 de l'article 98.
+
+Art. 105.--L'entreprise qui n'observerait pas les conditions stipulées
+dans le contrat de concession, paiera une amende de dix mille piastres
+fortes (50,000 francs). À cet effet, elle fournira caution acceptable,
+sans préjudice de la nullité du contrat.
+
+La loi sur la colonisation argentine dont nous venons de citer les
+principaux articles, est certainement la plus libérale de toutes celles
+qui ont été publiées sur la matière. Elle fait de larges concessions de
+terres et facilite l'entreprise du colon au moyen des avances qui lui
+sont faites. C'est conformément aux dispositions de cette loi que le
+gouvernement national de la République Argentine a créé neuf colonies
+sur les territoires nationaux et provinciaux[8]. La dépense s'est élevée
+à 311,707 piastres fortes (1,558,535 francs). Ce mois de juin dernier,
+le ministre de l'intérieur a encore présenté au congrès une demande
+d'une somme de un million de piastres fortes (5,000,000 de francs) pour
+établir quatorze nouvelles colonies.
+
+Selon nous, cependant, la loi argentine est un peu trop compliquée dans
+ses détails; on aurait pu la réduire à moins d'articles et supprimer un
+certain nombre de paragraphes qui gênent l'action du gouvernement et
+celle des entrepreneurs pour la rédaction d'un contrat. Cette loi pèche
+surtout dans le mode de recrutement des colons qu'elle prend un peu trop
+au hasard à leur débarquement, sans connaître leurs aptitudes et leur
+moralité[9]. Ce sera, si l'on veut, de la colonisation spontanée, tant
+prônée par les journaux argentins, mais la spontanéité comporte bien des
+inconvénients. Mieux vaudrait choisir le colon chez lui, avant son
+départ, lui faire connaître exactement, sans exagération, dans toute sa
+vérité, la situation qu'on lui offre, et traduire dans un contrat
+formulé d'avance les obligations réciproques de l'entreprise, et du
+colon, du colon et du gouvernement quand celui-ci se fait entrepreneur.
+Les obligations étant bien définies, il n'y aurait qu'à les remplir
+exactement, avec loyauté de part et d'autre. On éviterait ainsi bien des
+mésintelligences qui se produisent au moment et après l'installation des
+colons.
+
+De grands esprits, des journaux importants de Buenos-Ayres, ont vivement
+critiqué cette loi et la combattent surtout au point de vue d'entreprise
+gouvernementale, qualifiée de colonisation officielle. Ils ont tort et
+ils ont raison. Ils ont tort de reprocher au gouvernement d'avoir
+entrepris lui-même l'opération de colonisation. Cette initiative était
+nécessaire pour démontrer la possibilité de son exécution et surtout
+pour donner l'impulsion, en appliquant à ce genre d'opérations le
+capital nécessaire que l'entreprise particulière ne possédait pas. Ils
+ont raison quand ils conseillent au gouvernement de ne pas descendre au
+rôle d'entrepreneur, et de laisser aux grandes compagnies, ou sociétés
+industrielles et financières, l'oeuvre de la colonisation argentine, et
+celle des chemins de fer; et de rester dans sa haute mission de traiter,
+de faire des concessions ou d'accorder des subventions, suivant les
+circonstances et la convenance des intérêts du pays. Les gouvernements
+ne visent pas la spéculation, ils bornent leur action à l'exécution
+d'une oeuvre d'intérêt public; pendant que les grandes sociétés ou
+compagnies d'entreprise, ayant pour objet la plus grande production
+possible, c'est-à-dire le gain le plus élevé, appliquent à l'exécution
+de l'oeuvre tous les capitaux nécessaires, les engins les plus
+puissants, les hommes les plus habiles. Ce sont elles qui ont produit
+ces oeuvres colossales qui font l'admiration du monde, la construction
+des chemins de fer, des télégraphes électriques, le percement des
+isthmes . . . . . . . . .
+
+C'est frappé d'admiration pour ce phénomène qui se reproduit tous les
+jours, que nous venons aujourd'hui proposer le même procédé pour
+l'exécution de cette autre grande oeuvre d'économie sociale,
+l'extinction du paupérisme agricole européen par la colonisation dans la
+République Argentine, procédé que nous allons exposer dans le chapitre
+qui suit.
+
+
+
+
+ SYSTÈME DE COLONISATION ORGANISÉE
+
+ _Agricole et industrielle à production élevée_.
+
+
+Dans toute colonisation, trois éléments concourent à l'opération: 1º la
+terre, ou sol à élaborer;--2º le travail, qui élabore;--3º le capital,
+c'est-à-dire l'outillage nécessaire au travail pour obtenir la
+production. Nous traduisons ces trois éléments par la formule suivante:
+terre + travail + capital = production. Maintenant si nous voulions
+élever le chiffre de la résultante production, à un plus haut degré de
+puissance qui est le résultat à chercher, il nous suffira d'élever la
+puissance des facteurs par cette autre formule (terre + travail +
+capital)^m = production^m--élevée à sa plus haute puissance.
+C'est-à-dire _terre concédée_, acquérant une valeur croissante à côté
+d'une voie ferrée et dont la culture est accompagnée de l'industrie si
+productive de l'élève du bétail, établie sur une grande échelle.
+_Capital anonyme_, agent le plus élastique, le plus puissant de
+l'industrie;--_travailleur de la terre_, choisi seulement dans la
+population agricole, parce que celle-ci comporte plus de vigueur de
+corps, plus d'esprit d'ordre, plus de moralité, plus d'aptitude pour le
+travail de la terre et l'élève du bétail.
+
+La formule, telle que nous venons de l'établir, va être le pivot sur
+lequel roulera notre système de colonisation à production élevée.
+
+
+
+ PREMIER FACTEUR
+
+ Terre à côté de chemins de fer, concédés par le
+ gouvernement, ayant pour agent le gouvernement.
+
+
+La concession de la terre n'est pas une condition onéreuse pour le
+gouvernement national qui a sous sa main 47,000 lieues carrées
+appartenant à l'État: ni pour les gouvernements des provinces qui
+possèdent d'immenses espaces de sol incultivé. Au contraire, les uns et
+les autres ont un grand intérêt à livrer ce terrain au travail du
+cultivateur pour lui faire acquérir de la valeur et accroître ainsi la
+richesse du pays. Toutefois, une condition essentielle s'impose dans
+toute oeuvre de colonisation, et qu'il est de toute nécessité de
+remplir, si on veut les voir prospérer; c'est que les colonies aient des
+rapports faciles avec de grandes cités commerciales et des ports de mer,
+par où doivent s'écouler leurs produits agricoles; en conséquence, elles
+doivent se fonder non loin des fleuves navigables, comme dans la
+province de Santa-Fé, ou le long des chemins de fer. Or, les provinces
+de l'ouest de la République Argentine, ni le territoire national des
+Pampes qui leur est adjacent, ne possèdent pas de fleuve navigable. Il
+sera donc indispensable d'y créer des chemins de fer, si l'on veut
+fonder des colonies dans ces contrées[10]. En attendant la construction
+des voies ferrées sur les territoires nationaux, le chemin de fer de
+l'ouest de Villa-Nueva à Mendosa, qui est aujourd'hui en circulation,
+pourrait permettre la fondation d'un certain nombre de colonies; car,
+sur un parcours de cent trente lieues du Rio-Cuarto à Mendosa, on
+rencontre à peine une dizaine de centres de population.
+
+Mais le chemin de fer qui est appelé à jouer le plus grand rôle
+économique et politique, pour la prospérité des provinces du centre et
+de l'ouest de la République, c'est sans contre-dit le chemin de fer
+central des Pampas, qui reliera ces dernières provinces aux deux plus
+grands ports argentins sur l'Océan Atlantique, les ports de
+Saint-Antoine et de Bahia-Blanca, mettant ainsi une population
+industrieuse et commerçante de 400,000 âmes, en rapport direct et rapide
+avec le commerce étranger. Le chemin de fer central de la Pampa aura un
+autre grand avantage, celui de rendre possible et facile la colonisation
+du vaste territoire des Pampas de dix mille lieux carrées de superficie,
+de cette immense plaine herbacée qui fait suite à la Pampa de la
+province de Buenos-Ayres, et s'étend jusqu'aux pieds des Cordillières;
+que les Indiens avaient choisie pour résidence à cause de sa fertilité
+et de son climat tempéré, et que le gouvernement national doit
+s'empresser de livrer aujourd'hui au travail producteur du cultivateur
+et de l'éleveur de bétail, en y créant des centres de population,
+destinés à devenir prospères et à accroître la richesse du pays, centres
+de population autour desquels viendront s'établir de nombreux éleveurs
+de bétail.
+
+La distance entre la ville de Mercedes (province de San-Luis) point de
+départ du chemin de fer Pampéen et le port de Saint-Antoine où il devra
+aboutir, peut être calculée à 170 lieues; celle de l'embranchement de
+Poytagué à Bahia-Blanca à 40 lieues et celle du Port Saint-Antoine à la
+vallée de Rio-Negro de 11 lieues[11], 80 milles (140 kilomètres) d'après
+le capitaine anglais Fitz Roy. Il y a donc dans les Pampas un vaste
+champ ouvert à la colonisation et à l'industrie si productive de l'élève
+du bétail qui a enrichi et enrichira encore davantage à l'avenir les
+nombreux éleveurs de la province de Buenos-Ayres. En mettant une
+distance de dix lieues, d'axe à axe entre ces colonies, et en
+intercalant celle du côté opposé, de manière à former des stations de
+cinq lieues de distance, il reste un terrain intermédiaire de six lieues
+sur chaque côté de la voie appartenant au gouvernement qui en disposera
+comme il l'entendra.
+
+L'article 104 de la loi sur la colonisation argentine suffirait au
+besoin au gouvernement pour passer un contrat avec une entreprise.
+Toutefois, pour mieux coordonner notre système de colonisation avec la
+loi, nous préférerions qu'il fût ajouté à cette loi un chapitre VIII
+spécial, avec le titre suivant: _Des colonies à établir le long des
+chemins de fer_. Les quelques articles suivants suffiraient pour la
+rédaction de ce chapitre.
+
+
+ CHAPITRE VIII
+
+ _Colonisation le long des chemins de fer dans les
+ territoires nationaux._
+
+Art. 128.--Étant de toute nécessité de peupler les territoires
+nationaux, surtout les lieux où doivent se construire les chemins de
+fer, le Pouvoir Exécutif est autorisé à passer des contrats avec des
+entrepreneurs de chemins de fer et de colonisation, les deux opérations
+réunies ou séparées, aux conditions suivantes:
+
+1º Les colonies seront établies le long des voies ferrées sur un seul,
+ou sur les deux côtés de la voie;
+
+2º Dans ce dernier cas, les colonies seront distantes l'une de l'autre
+de dix lieues d'axe à axe du terrain colonial faisant face au chemin de
+fer par son front de quatre lieues de largeur, de manière qu'une colonie
+ayant quatre lieues de front, il reste un terrain de six lieues
+d'intervalle appartenant à l'État. Même disposition pour le côté opposé,
+à la condition d'intercaler les colonies en face du terrain d'État, et
+permettre ainsi d'établir des stations à cinq lieues d'intervalle l'une
+de l'autre. (Voir la disposition des colonies dans la carte.)
+
+3º Dans le cas où les terrains ne seraient pas propres à la colonisation
+à cause de leur infertilité ou insalubrité, on prolongera la distance
+d'une colonie à l'autre, jusqu'à trouver un terrain favorable.
+
+Art. 129.--Le Pouvoir Exécutif est autorisé à concéder des terrains aux
+entrepreneurs de colonisation avec les conditions suivantes:
+
+1º Vingt lieues carrées de terrain dont quatre faisant face au chemin de
+fer et cinq de profondeur pour chaque groupe de quarante à quatre-vingts
+familles, composées de cinq personnes, au moins, âgées de dix ans,
+
+2º Dix lieues carrées pour chaque groupe de vingt à quarante familles,
+
+3º Cinq lieues carrées pour chaque groupe de dix à vingt familles.
+
+Art. 130.--Dans chaque terrain colonial concédé, le gouvernement réserve
+une lieue carrée, adjacente à la voie ferrée, pour être affectée au
+service du chemin de fer et à l'établissement d'une station. Ce terrain
+devant être concédé à l'entreprise du chemin de fer.
+
+Quant au chemin de fer central de la Pampa, de Mercedes (San-Luis),
+ville de six mille âmes, au port de mer de Saint-Antoine, et de
+Bahia-Blanca, chemin dont la prospérité, dans l'avenir, ne peut être
+douteuse, il devrait se combiner avec l'entreprise de colonisation à
+laquelle il prêtera un puissant concours. Les grands bénéfices, que
+procurera celle-ci, pourraient compenser, durant les premières années,
+les bénéfices moindres de celle-là. Dans tous les cas, on peut compter
+sur une garantie de sept pour cent, pour le capital employé, qu'en
+principe, le gouvernement argentin accorde à cette classe d'entreprises.
+Si nous ajoutons à ce chiffre de garantie d'intérêt une lieue carrée par
+colonie pour chaque station, soit environ cent trente-cinq lieues
+carrées, sur toute la longueur du chemin de fer, terrain qui, vendu plus
+tard en détail, acquerra une grande valeur, par le fait de sa situation,
+on peut calculer qu'à ces conditions le produit de l'opération sera
+grandement rémunérateur.
+
+Art. 131.--Chaque terrain colonial sera divisé en son milieu, faisant
+face au chemin de fer, par une ligne de deux cuadres de largeur (260
+mètres), et de cinq lieues de profondeur. Une seconde ligne de cinquante
+mètres de largeur coupera en travers dans son milieu le terrain concédé;
+
+Art. 132.--L'arpentage du susdit terrain sera fait par deux géomètres,
+un représentant l'entreprise de colonisation, l'autre le bureau central
+des terres;
+
+Art. 133.--Restent à la charge des entreprises de colonisation toutes
+les obligations relatives aux colons, savoir:
+
+1º Le passage d'Europe à un port argentin; le gouvernement argentin
+prenant à sa charge le transport du port de débarquement à la
+destination coloniale, conformément à l'article 99 de la loi;
+
+2º Les avances à faire aux colons, savoir: maison d'habitation, vivres
+pour une année, semences, instruments de travail, animaux de labour et
+de production, conformément à l'article 98, dont la quantité et la
+valeur seront déterminées dans les contrats passés avec les colons;
+
+Art. 134.--Les entreprises de colonisation joindront à leur demande de
+concession de terres une copie des contrats passés ou à passer avec les
+colons, pour être approuvés par le gouvernement argentin; une copie de
+leurs statuts pour les sociétés anonymes ou de leur constitution pour
+les sociétés en commandite, ou autres. Art. 135.--Pour assurer
+l'accomplissement de leurs obligations, les entreprises déposeront à une
+banque de Buenos-Ayres la somme de 2,000 piastres fortes (10,000 francs)
+ou bien une caution pour pareille somme, acceptée par le gouvernement
+sans préjudice de la caducité du contrat, s'il y avait lieu;
+
+Art. 136.--Les autorités civiles, de police et militaires, établies dans
+les colonies, seront sous la dépendance du gouvernement national.
+
+Art. 137.--Le gouvernement reste chargé de l'établissement des services
+publics, religieux, judiciaires et d'instruction primaire dans les
+colonies;
+
+Art. 138.--Un sept pour cent de garantie du capital employé à la
+construction des chemins de fer dans les territoires nationaux, sera
+accordé par le gouvernement aux entrepreneurs, soit que la construction
+se fasse séparément ou conjointement avec l'entreprise coloniale.
+
+ * * * * *
+
+Les frais de construction du chemin de fer ne seront pas relativement
+considérables, si l'on considère que cette construction se fera sur un
+pays de plaine où le bois abonde, ce qui n'existe pas dans la Pampa, de
+Buenos-Ayres. Les études préparatoires prouveront que l'entreprise est
+de facile exécution et d'une grande importance par les résultats qu'elle
+est appelée à produire. Je puis affirmer qu'une grande partie des
+actions pourront se placer à Buenos-Ayres, où existent de grands
+capitaux et que leur négociation à la Bourse de cette ville ouvrira un
+vaste champ à la spéculation.
+
+Nous terminons ici nos explications sur le facteur _terre_ et son
+satellite le chemin de fer, qui élève sa puissance. C'est le premier
+terme de notre formule. Nous allons passer à l'exposition du deuxième
+facteur, le _capital_, élément qui, jusqu'à ce jour, a été négligé et
+appliqué en grande disproportion dans les opérations de colonisation, et
+qui, élevé à sa puissance dans notre système, est appelé à produire des
+résultats incalculables, en permettant d'ajouter au produit agricole du
+colon le produit si considérable de l'industrie de l'élève du bétail,
+facile à faire sur une grande échelle dans ces plaines herbacées à
+grands espaces, où les contenances des domaines s'expriment par lieues
+carrées, et les têtes de bétail de production par milliers; où
+l'industrie de l'élève du bétail se pratique sans frais de préparation
+de fourrages, ni de construction d'étables, les animaux se nourissant et
+vivant toujours dehors; industrie qui donne, en général, un produit net
+de 33 %, les frais déduits; et qui, dans notre système, rapportera bien
+davantage, le travailleur agricole, concourant à l'opération, étant
+chargé de cette partie de travail et des soins à donner à cette
+industrie.
+
+
+
+ DEUXIÈME FACTEUR
+
+Le Capital, ayant pour agent une Société anonyme ou en commandite.
+
+
+Le travail de l'homme, appliqué à la culture du sol, réduit aux seuls
+efforts de ses bras serait improductif, ou bien peu productif, s'il ne
+s'aidait d'instruments, d'outils, de machines, propres à accroître la
+production: ces instruments de travail sont surtout indispensables au
+cultivateur-colon, à qui on livre un vaste domaine de cinquante hectares
+à exploiter. Ces instruments, ces outils, ces machines, constituent ce
+qu'on appelle _le matériel agricole_, autrement dit _l'outillage du
+cultivateur_. Cet outillage représente une valeur que l'on désigne sous
+le nom de _Capital mobilier_. Or, le cultivateur qui émigre, le
+cultivateur pauvre surtout, celui au sort duquel nous nous intéressons,
+n'emporte pas avec lui ce capital mobilier, ni même l'argent pour se le
+procurer. Il est donc indispensable de le lui fournir. C'est ce que nous
+faisons dans notre système de colonisation, sous le titre d'avances
+remboursables à des époques déterminées assez éloignées.
+
+À ce capital, représenté par l'outillage, nous ajoutons d'autres objets
+de première nécessité, tels que l'abri ou habitation, les semences, la
+subsistance, durant la première année en attendant la récolte...
+L'ensemble de ces dépenses, nous en évaluons la valeur à 2,500 francs.
+L'article 88, paragraphe 2 de la loi sur la colonisation, élève le
+chiffre de ces avances à 5,000 francs (mille piastres fortes), mais il y
+comprend le bétail de travail, que nous rapportons à une autre catégorie
+d'avances, sous le titre de cheptel. Ces avances, nous les classons sous
+la dénomination d'avances improductives, parce que, sauf l'intérêt de
+dix pour cent prescrit par le paragraphe 5 de l'article 98, elles ne
+produisent aucun bénéfice à l'entreprise de colonisation, et nous
+classons, sous le titre d'avances productives, celles qui se rattachent
+à l'industrie de l'élève du bétail, dont le produit est partagé entre le
+colon et l'entreprise. Cette seconde catégorie d'avances, dite
+productive, comprend 500 brebis, 20 vaches, 5 juments; elle est destinée
+à augmenter la production au profit du colon et de l'entreprise, sous le
+titre de cheptel.
+
+C'est la première fois, à notre connaissance, que cette industrie est
+ajoutée à l'industrie agricole du colon. Nous verrons, plus loin, dans
+nos tableaux de calcul des produits, les grands bénéfices qu'elle
+rapporte à l'entreprise; ce qui nous autorise à donner à notre système
+de colonisation, celui de _système de colonisation organisée à
+production élevée._ Nous évaluons le chiffre de la valeur des avances de
+cette seconde catégorie à faire au colon à 5,500 francs, à 8,000 francs
+pour chaque famille, y comprenant les 2,500 francs de la première
+catégorie, et à 9,500 francs si nous ajoutons les 1,500 francs, montant
+du passage des cinq membres de la famille du colon. Le transport du port
+de débarquement à la colonie restant pour le compte du gouvernement
+(article 104, paragraphe 4 de la loi sur la colonisation).--La somme des
+avances s'élevant ainsi à 9,500 francs pour chaque famille, celle de
+quarante familles, formant une colonie, s'élèverait à 380,000 francs, et
+à 430,000 avec le magasin commercial à établir dans chaque colonie. Ce
+capital 380,000 francs, remboursable après cinq ans, sera hypothéqué sur
+les biens, meubles et immeubles du colon, et garanti, en outre, par les
+vingt lieues carrées concédées par le gouvernement pour chaque colonie.
+
+Quant au capital total à employer à l'entreprise de colonisation, nous
+proposerons de l'élever à sept millions cinq cent mille francs pour
+l'établissement de quinze colonies en cinq ans, trois chaque année, soit
+1,500,000 francs pour chaque année. Les quinze colonies pourraient être
+établies le long de la voie ferrée de l'ouest, entre le Rio-Quarto et la
+ville de Mendosa, sur une étendue de cent dix lieues, ligne sur laquelle
+on rencontre à peine dix centres de population.
+
+Le capital de sept millions cinq cent mille francs pourrait être réalisé
+par une société anonyme, moyennant une émission de 15,000 actions de 500
+francs chacune, payable par annuités de cent francs, soit 1,500,000
+francs, destinés à l'établissement de trois colonies par an, durant cinq
+ans, et quinze colonies en cinq ans, avec le capital 7,500,000 fr.
+
+Dans tous les cas, aucun appel de fonds ne serait fait qu'après
+réalisation des contrats de concession de terres qui restent à notre
+charge, et pour l'obtention desquels les dispositions nécessaires sont
+déjà prises par nous, auprès du gouvernement national et provincial de
+la République Argentine.
+
+
+ Construction de chemins de fer avec colonisation
+ dans les territoires nationaux
+
+Cette classe d'opérations est bien plus importante que celle de la
+simple colonisation dont nous venons de parler. Elle exige aussi
+l'emploi d'un capital plus élevé. Mais comme, d'autre part, on ne peut
+faire de la colonisation dans les vastes territoires de la République
+Argentine sans chemins de fer, ni des chemins de fer sans colonisation
+au travers de déserts, dépourvus de population, si fertiles, si beaux
+qu'ils soient, la simultanéité de ces deux opérations s'impose. Aussi
+est-ce sous ce point de vue que je vais les traiter.
+
+Tout chemin de fer doit avoir pour objet l'utilité: autrement dit de
+donner satisfaction aux intérêts économiques du pays qu'il relie ou
+qu'il traverse: c'est-à-dire de développer son mouvement commercial,
+industriel, agricole, et accroître ainsi sa richesse, sa prospérité, sa
+puissance nationale; or, le chemin de fer qui est en première ligne
+appelé à produire ces résultats, c'est, sans contre-dit, le chemin de
+fer central du territoire de la Pampa, devant relier les deux grands
+ports de mer de Saint-Antoine et de Bahia-Blanca aux provinces de
+l'Ouest de la République. (Voir la carte ci-jointe à la fin de la
+brochure.) Cette oeuvre, d'un haut intérêt, pour cette contrée, le
+gouvernement argentin devrait, sans retard, mettre à l'étude cette
+question et s'imposer tous les sacrifices nécessaires pour son
+exécution. Le pays et les générations futures lui en seront
+reconnaissants.
+
+Le chemin de fer central de la Pampa comprend la ligne qui, partant de
+Mercedes, ville de la province de Saint-Louis, se dirigerait vers le sud
+pour aboutir au grand port de Saint-Antoine, sur l'Océan atlantique. Un
+embranchement, partant de Poitagué, relierait ce chemin de fer au port
+de Bahia-Blanca. Pris en totalité, ce chemin de fer aurait une étendue
+de 175 lieues, entre Mercedes et le port Saint-Antoine, et de 215 en
+ajoutant les 40 lieues de distance de Poitagué à Bahia-Blanca pour
+l'embranchement. Ces 215 lieues à 300,000 francs la lieue[12]
+porteraient la dépense à 64,500,000 fr., et à 72,000,000 de fr. en
+ajoutant les 7,500,000 pour la colonisation.
+
+Toutefois, cette grande ligne pourrait être entreprise partiellement,
+par tronçons, de la manière suivante:
+
+ 1º Ligne de Mercedes à Bahia-Blanca[13], longueur 110 lieues,
+ à 300,000 fr. la lieue....................... 33,000,000 fr.
+
+ Pour la colonisation........ 7,500,000
+
+ Total.......... 40,500,000 fr.
+
+ 2º Tronçon de Mercedes à Poitagué, longueur 70 lieues à
+ 300,000 fr. la lieue......................... 21,000,000 fr.
+
+ Pour la colonisation...... 7,500,000
+
+ Total...... 28,500,000 fr.
+
+ 3º Tronçon de Mercedes au territoire national de la Pampa,
+ longueur 30 lieues, à 300,000 fr. la lieue... 9,000,000 fr.
+
+ Pour la colonisation......... 7,500,000
+ --------------
+ Total....... 16,500,000 fr.
+
+ 4º Tronçon du port Saint-Antoine, à la vallée du Rio-Negro,
+ longueur 11 lieues, à 300,000 fr. la lieue... 3,300,000 fr.
+
+ Pour la colonisation......... 7,500,000
+ --------------
+ Total......... 10,800,000 fr.
+
+Le chemin de fer du port Saint-Antoine à la vallée du Rio-Negro serait
+le moins coûteux et celui qui offrirait le plus vaste champ
+d'exploitation pour la colonisation d'une vallée fertile d'une longueur
+de 150 lieues sur une à six de largeur, avec un fleuve navigable sur
+toute son étendue et voisine d'un port de mer appelé à devenir le plus
+grand port de la contrée. En outre, le chemin de fer du port
+Saint-Antoine au Rio-Negro monopolisera plus tard, par sa jonction avec
+le Central de la Pampa, les transports de la Pampa et des provinces
+argentines de l'ouest.
+
+Toutes ces diverses entreprises ouvrent aujourd'hui un vaste champ
+d'exploitation à la spéculation; toutes donneront de grands résultats.
+Mais c'est la colonisation fondée sur les bases de notre système qui les
+produira aux trois quarts. Que les capitalistes et les hommes
+d'entreprises sachent bien que les nombreuses et grandes fortunes
+acquises dans les États-Unis de l'Amérique du Nord, sont dues, en
+général, aux spéculations sur la terre. Les immenses fortunes créées
+dans la Californie ont eu pour origine, moins les mines d'or qui ne
+tardèrent pas à s'épuiser, que les opérations sur la terre achetée
+d'abord à vil prix et vendue, plus tard, pour des sommes énormes, le
+jour où l'immigration se répandit dans le désert et qu'un chemin de fer
+vint y donner la vie et répandre le mouvement. Pareil résultat est
+réservé dans la République Argentine aux entreprises de colonisation
+fondées sur de bonnes bases et combinées de manière à donner la
+production la plus élevée possible, jointes ou non aux opérations de
+chemins de fer. Nul ne peut en douter. Je dis plus, c'est que ce pays
+est aujourd'hui l'unique au monde qui offre les conditions les plus
+favorables pour ce genre d'entreprise.
+
+
+ CRÉATION DU CAPITAL.
+
+Le capital, outillage agricole du travail du colon, étant indispensable
+à celui-ci pour obtenir une plus grande production possible, nous avons
+dû le comprendre dans notre système, comme agent nécessaire de
+l'opération de colonisation.
+
+On a cru longtemps, et des personnes croient encore aujourd'hui, qu'il
+suffisait de faire une large concession de terres au colon et de lui
+accorder quelques mesquines avances pour lui faciliter ce genre
+d'entreprises. L'expérience a démontré le peu de résultat que ces
+opérations donnaient. Si l'on veut que le colon produise tout ce que son
+travail peut produire, il faut mettre sous sa main un outillage complet.
+C'est ce que nous faisons aujourd'hui dans notre système de
+colonisation.--Outre les cinquante hectares concédés, nous lui faisons
+les avances suivantes: le passage d'Europe à l'Amérique du Sud,--une
+habitation,--la subsistance de la famille durant la première année,--les
+semences,--les outils et instruments de travail, les animaux de
+labour,--et nous ajoutons à l'industrie agricole du colon, l'industrie
+productive de l'élève du bétail. Le tout évalué à neuf mille cinq cents
+francs, remboursables après cinq ans.
+
+ Soit donc, neuf mille cinq cents francs, la somme à dépenser
+ pour l'établissement de chaque famille agricole, composée
+ de cinq personnes au-dessus de dix ans, à......... 9,500 fr.
+
+ Le capital à employer pour une colonie de
+ quarante familles s'élèverait à................. 380,000
+
+ Plus cent vingt mille pour magasin commercial,
+ frais d'administration et réserve............... 120,000
+ soit............................................ 500,000
+
+ En limitant l'opération à trois colonies par
+ an, la dépense s'élèverait, par an, à......... 1,500,000
+
+ Et à sept millions cinq cent mille francs celle
+ de 15 colonies, durant une période de cinq
+ ans, à........................................ 7,500,000
+
+Ce capital, étant remboursable par le colon après la cinquième année,
+peut se réappliquer à une seconde période quinquennale pour
+l'établissement de quinze nouvelles colonies. Voilà pourquoi, dans notre
+système de construction de chemins de fer coloniaux, nous ne comprenons
+que le chiffre de 7,500,000 francs pour les colonies à établir le long
+des divers chemins de fer à construire. C'est donc un capital de
+7,500,000 fr. qu'il s'agit de créer.
+
+Or, comme l'institution d'une société anonyme se prête mieux à la
+création de capitaux, nous avons adopté ce moyen, et nous conseillons de
+fixer le capital de l'émission à 7,500,000 francs, à réaliser par une
+émission de 15,000 actions de 500 francs chaque.--Mais comme le capital
+7,500,000 francs ne doit s'employer que durant le cours d'une période de
+cinq années pour l'établissement de 15 colonies, trois colonies par an,
+soit 1,500,000 francs par an, nous divisons le paiement de l'action 500
+francs en cinq coupons ou cinq annuités de 100 francs, à verser par an
+durant cinq ans. Ainsi, le capitaliste qui prendrait les 15,000 actions,
+n'aurait à payer, durant cinq ans, qu'une annuité de 1,500,000
+francs.--Nous verrons, plus loin, les gros bénéfices que ce capital
+rapporte dans les conditions établies par nous. Ce dont le lecteur
+pourra se convaincre.
+
+ Soit donc, capital social...................... 7,500,000 fr.
+ à employer pour l'établissement de 15 colonies
+ en cinq ans.
+
+ Chiffre de l'émission, actions de 500 fr......... 15,000
+ à payer en cinq ans, par annuités, soit 100 fr.
+
+ Emploi annuel du capital pour fondation de
+ trois colonies................................. 1,500,000
+
+ Emploi, durant cinq ans, pour fondation de
+ 15 colonies................................... 7,500,000[14]
+
+_Garantie du capital_.--Ce capital est garanti: 1º par une hypothèque
+sur tous les biens meubles et immeubles concédés au colon; 2º par les
+300 lieues carrées concédées à l'entreprise, par les gouvernements
+national ou provinciaux, 20 lieues par colonie (300 lieues pour 15
+colonies), dont la valeur augmentera par le fait de la création d'un
+centre de population.
+
+Mais, me dira-t-on, le colon pourra-t-il payer le dix pour cent par an
+et rembourser le capital de 11,400 francs, y compris la prime 1,900
+francs, prescrite par la loi sur la colonisation? Ce doute n'est pas
+permis, en présence de la grande situation qui est faite au colon,
+possesseur, à cette époque, d'un domaine de cinquante hectares, d'une
+maison, d'un outillage agricole, d'un nombreux troupeau de bétail de
+plus de trois mille brebis, d'une centaine de vaches. Le troupeau seul
+suffirait pour opérer le remboursement. Ne nous préoccupons pas de cela,
+le colon saura bien trouver, dans ses économies accumulées, le capital
+du remboursement et ne se laissera pas exproprier d'un domaine dont la
+valeur dépassera le chiffre de la dette. Et d'ailleurs, y aurait-il
+retard dans le remboursement, les vingt lieues carrées concédées à
+l'entreprise ne sont-elles pas une garantie suffisante pour une créance
+de cinq-cent mille francs par colonie[15].
+
+
+
+ TROISIÈME FACTEUR
+
+ Le travail, ayant pour agent, le colon chef
+ de la famille agricole.
+
+
+Le troisième facteur dans l'oeuvre de colonisation des territoires
+nationaux de la République argentine, c'est le travail du colon, chef de
+famille agricole. C'est le cultivateur qui apporte à l'exécution de
+l'oeuvre son plus puissant levier, le travail de la terre; c'est lui qui
+fait surgir du sol les merveilles de la production et transforme les
+déserts en centres de production, en foyer de richesse, de lumière et de
+civilisation. Dans notre combinaison, c'est le travail du colon qui fait
+la richesse du gouvernement, celle de l'entrepreneur capitaliste et la
+sienne propre; le concours du gouvernement, celui de l'entrepreneur,
+n'ayant d'autre objet que celui de préparer, de faciliter, les moyens
+d'exécution, de favoriser le travail agricole et de lui permettre de se
+développer avec toute sa puissance. Cet agent du travail agricole, le
+colon, n'existe pas dans l'Amérique du Sud, où l'homme s'est livré à
+l'industrie bien plus productive de l'élève du bétail. Il est donc de
+toute nécessité d'aller le chercher là où il se trouve, c'est-à-dire en
+Europe, où la population agricole est nombreuse, trop serrée, trop
+compacte.
+
+Mais le travailleur de la terre, si pauvre qu'il soit, n'émigre pas.
+Ignorant s'il existe d'autres régions plus favorables à son industrie,
+il continue à vivre pauvrement dans le village où il est né, où vivent à
+côté de lui des parents, des amis. Et lorsqu'on voudra le faire sortir
+de son engouement et de sa misère, pour l'élever à une situation
+meilleure, il faudra aller à lui, l'instruire, l'éclairer, le
+renseigner, lui faire connaître toutes les faces de l'entreprise qu'on
+lui propose, et les conditions favorables qui lui sont accordées pour
+améliorer sa position, et le placer sur la voie de la fortune. Il devra
+être éclairé, non avec des tableaux exagérés et trompeurs et des
+promesses illusoires, mais bien en lui exposant clairement, loyalement,
+dans toute sa vérité, la nouvelle situation qui lui a été préparée, afin
+qu'il puisse entreprendre avec connaissance et résolution, l'opération
+qu'on lui propose, consigner, enfin, dans un contrat, les obligations
+réciproques du cultivateur-colon et de l'entreprise, et les remplir
+comme le feraient deux hommes sérieux et honnêtes, sans nécessité de
+l'intervention des tribunaux.
+
+De son côté, le travailleur agricole devant apporter à l'opération de
+colonisation son travail élevé à une haute puissance, devra être choisi
+parmi les cultivateurs des campagnes, connus par leurs habitudes
+d'ordre, de travail et de moralité, et non pas le prendre au hasard,
+comme cela se pratique dans la colonisation par l'émigration spontanée,
+qui permet ainsi l'introduction dans les colonies d'éléments divers,
+impropres à l'espèce de travail qu'elles comportent, sans activité, ni
+intelligence, et, quelquefois, promoteurs de désordre dans les colonies.
+
+Pour obtenir cet agent précieux de la colonisation, le bon, le laborieux
+cultivateur, si pauvre qu'il soit, il sera nécessaire d'établir une
+agence de recrutement sous la direction d'un homme intéressé au succès
+de l'entreprise et chargé, sous sa responsabilité, de créer en Europe,
+les sous-agences nécessaires. Le directeur du bureau de recrutement
+devra, en outre, être chargé des opérations de transport d'Europe en
+Amérique, opérations qui se lient, sous bien des rapports, avec celles
+du recrutement. L'ordre et la plus grande exactitude devront être
+apportés dans le mouvement de ces transports.
+
+Un directeur des colonies devra également être établi dans la contrée où
+se fonderont les colonies pour diriger sur les lieux et surveiller les
+opérations coloniales, exécuter et faire exécuter les obligations
+contractées. Un agent colonial, dans chaque colonie, sera chargé de la
+direction du magasin commercial et de la surveillance de la colonie. Cet
+agent sera placé sous la surveillance et le contrôle du directeur des
+colonies.
+
+Un agent général représentera l'entreprise dans la ville de
+Buenos-Ayres, capitale de la République Argentine.
+
+
+ COMBINAISON DE L'OPÉRATION
+
+Notre système de colonisation repose, comme on le voit, sur la
+coopération de trois facteurs: 1º terre ayant pour agent le gouvernement
+argentin qui la concède; 2º capital ou outillage du travail ayant pour
+agent l'entrepreneur capitaliste; 3º le travail ayant pour agent le
+colon, père de famille agricole, qui l'apporte. C'est donc une opération
+coopérative, non pas dans le sens des utopistes socialistes qui
+préconisent la coopération individuelle organisée, mais bien dans le
+sens que la nature indique, celui de la coopération de trois forces
+distinctes l'une de l'autre, de trois agents indépendants qui
+s'associent librement pour l'exécution d'une oeuvre dont le produit doit
+être partagé entre eux. Ce genre de coopération rentre dans le cercle
+des principes économiques.
+
+La loi argentine sur la colonisation est conçue aussi sur la coopération
+de ces trois agents; seulement, ici, le gouvernement fournit les deux
+facteurs _terre_ et _capital_ et le colon le travail; c'est-à-dire, que
+le gouvernement prend à sa charge l'action des deux premiers agents,
+gouvernement et entrepreneur capitaliste, pendant qu'il devrait rester
+dans son vrai rôle d'agent gouvernemental. Ce système a été qualifié de
+colonisation officielle, que condamnent des économistes éminents
+argentins. Notre combinaison, en réduisant l'action gouvernementale à
+son unique et véritable rôle, consiste donc dans l'application de la
+formule suivante, établie par nous, comme axiome fondamental de la
+science économique: Terre + travail + capital (^m) = production (^m).
+C'est-à-dire, terre adjacente à un chemin de fer.--Travailleur agricole
+choisi et réunissant les aptitudes nécessaires;--entrepreneur
+capitaliste fournissant un outillage complet, plus le capital
+Cheptel.--La résultante sera: production élevée.
+
+Toutefois, il ne suffit pas au facteur _terre_ de comprendre une grande
+extension de vingt lieues carrées pour l'entrepreneur, de cinquante
+hectares pour le colon, et de posséder à son côté un chemin de fer pour
+l'écoulement des denrées, il était essentiel qu'il offrît aussi les
+conditions hygiéniques nécessaires pour protéger l'existence du colon.
+Or, sous ce rapport, la République Argentine ne laisse rien à désirer.
+Le territoire des Pampas situé entre les 34ème et 40ème degrés de
+latitude Sud, jouissant d'un climat tempéré, pareil à celui du midi de
+la France, de l'Espagne, de l'Italie... rafraîchi par les brises de
+l'Océan Atlantique, protégé à l'Ouest par les Cordillières... offre au
+point de vue de la salubrité du climat toutes les garanties hygiéniques
+désirables. Les institutions politiques et administratives du pays se
+rapprochent de celles des pays libres de l'Europe, la religion
+catholique y est généralement pratiquée et toutes les autres y sont
+libres.
+
+Quant à la puissance du facteur _capital_, nous l'élevons en ajoutant au
+capital agricole celui du cheptel en vue d'augmenter la production. Or,
+tout le monde sait la richesse que produit l'élève du bétail dans la
+République Argentine, où cette industrie est créée sur de vastes
+étendues de domaines à pâturage sans frais de construction d'étables, ni
+d'emmagasinage de fourrage, le bétail s'alimentant par le pacage et
+vivant continuellement dehors[16].
+
+Pour faciliter l'intelligence de notre combinaison, nous allons
+l'exposer en quelques articles clairs et précis qui pourront servir pour
+la rédaction des statuts aux entreprises particulières de colonisation
+dans la République Argentine.
+
+
+ BASES
+
+ Pour servir à la rédaction des statuts pour les
+ entreprises de colonisation dans la République Argentine.
+
+
+Article 1er.--Des entreprises de colonisation se feront dans les
+territoires nationaux et provinciaux de la République Argentine en vue
+de l'extinction du paupérisme agricole européen, dans les conditions
+établies dans le projet ci-exposé.
+
+Art. 2.--À cet effet, des contrats seront passés avec le gouvernement
+National et les gouvernements provinciaux argentins, par l'intermédiaire
+de notre fondé de pouvoirs à Buenos-Ayres, seul ou accompagné d'un agent
+spécial de l'entreprise.
+
+Art. 3.--Ces entreprises comprendront la fondation des colonies
+séparément ou conjointement avec la construction des chemins de fer.
+
+Art. 4.--Les chemins de fer de cette classe à construire, sont:
+
+1º La ligne centrale de la Pampa de Mercedes au port Saint-Antoine, 175
+lieues;
+
+2º La ligne de Mercedes à Bahia-Blanca par Pontiagué, 110 lieues;
+
+3º Le chemin de fer de Mercedes à la limite de la Pampa, 25 lieues;
+
+4º Le chemin de fer du port Saint-Antoine à la vallée du Rio-Negro, 11
+lieues.
+
+Art. 5.--L'entreprise du chemin de fer devra se faire avec la condition
+d'un sept pour cent de garantie d'intérêt du capital employé à la
+construction, avec concessions de terrains dont la contenance sera
+débattue avec le gouvernement.
+
+Dans le cas de jonction des deux opérations, construction de chemin de
+fer et colonisation, cette dernière se fera conformément aux bases
+établies dans le présent projet.
+
+
+ Des entreprises de colonisations, séparées des
+ opérations de chemin de fer.
+
+Art. 6.--Les entreprises de colonisation séparées de celles de chemin de
+fer pourront se faire:
+
+1º Par une grande institution de crédit déjà fondée;
+
+2º Par une société anonyme spéciale de colonisation argentine à fonder;
+
+3º Par une banque Franco-Argentine à fonder;
+
+4º Par une compagnie ou société en commandite;
+
+5º Par de simples particuliers pour les opérations de colonisations
+réduites.
+
+
+ Entreprise par une société anonyme spéciale de colonisation.
+
+Art. 7.--Une société anonyme, sous le titre de...... sera établie
+à......
+
+Elle aura pour objet la colonisation dans les territoires nationaux et
+provinciaux de la République Argentine.
+
+Art. 8.--Les vingt premiers adhérents à notre système de colonisation
+seront réputés fondateurs de l'entreprise, après nous avoir manifesté,
+par écrit, leur adhésion à notre projet et leur intention de prendre une
+part active à l'exécution de l'oeuvre.
+
+Art 9.--Les fondateurs de ladite société éliront une commission
+provisoire chargée de rédiger les statuts de la société; celle-ci
+nommera un directeur du bureau, également provisoire, un trésorier et
+d'autres employés, s'ils sont nécessaires.
+
+Art. 10.--Il ne sera fait d'émission, ni constitution définitive de
+société, qu'après que la commission provisoire aura été mise en
+possession des contrats passés avec le gouvernement national argentin ou
+les gouvernements provinciaux, opération qui reste à la charge de
+l'auteur du présent projet de colonisation.
+
+Art. 11.--Aussitôt après avoir été mise en possession des contrats, la
+commission provisoire fixera le chiffre de l'émission et procèdera à la
+constitution définitive de la société.
+
+Art. 12.--Dans le cas où la société se constituerait pour la fondation
+de QUINZE colonies, durant la période de cinq années, le chiffre de
+l'émission restera fixé à 7,500,000 francs. L'emploi de ce capital se
+fera dans l'ordre suivant:
+
+ 1re année... 1,500,000 fr., pour la fondation de 3 colonies.
+ 2e année.... 1,500,000 id. 3 id.
+ 3e année.... 1,500,000 id. 3 id.
+ 4e année.... 1,500,000 id. 3 id.
+ 5e année.... 1,500,000 id. 3 id.
+ 7,500,000 fr. 15 colonies.
+
+Art. 13.--Pour réaliser le capital 7,500,000 francs, il sera fait une
+émission de quinze mille actions (15,000) de 500 francs chacune,
+payables par annuités de cent francs, le 15 janvier de chaque année,
+durant cinq ans.
+
+
+ Emploi du capital social 7,500,000 francs.
+
+Le capital social 7,500,000 francs est spécialement destiné à
+l'établissement des colonies dans les territoires nationaux et
+provinciaux de la République Argentine, et aux frais nécessaires au
+fonctionnement de la société anonyme. C'est ce capital qui constitue le
+second facteur de notre système de colonisation, facteur puissant
+lorsqu'il complète l'outillage du travail, et qui avec la terre du
+gouvernement et le travail du colon concourt à réaliser la production.
+Ce capital garanti par un hypothèque, revient au capitaliste-actionnaire
+ou entrepreneur, après être passé durant cinq ans dans les mains de la
+famille agricole du colon, et avoir produit des bénéfices considérables
+par son application à l'industrie si productive de l'élève du bétail, en
+dehors du dix pour cent d'intérêt qu'il comporte, d'une prime de vingt
+pour cent sur le capital avancé, 9,500 fr., et de la valeur accrue d'un
+terrain de vingt lieues carrées par colonie.
+
+Art. 14.--Les avances à faire à chaque famille agricole composée de cinq
+personnes sont les suivantes:
+
+ _1e Catégorie.--Avances improductives devant être
+ remboursées après cinq ans._
+
+ { A.--Maison d'habitation,
+ { comprenant deux pièces 1,500 fr.
+ {
+ { B.--Farine pour la subsistance
+ { d'une famille agricole,
+ { durant la première année,
+ { 5 balles de 100 kilos 250
+ {
+ { C.--Semences
+ { { Froment, 2 hect. 50
+ { { Maïs, 1 hect. 15
+ { { Pommes de terre, 2 hect. 30
+ { { Orge ou avoine, 2 hect. 30
+ {
+ { D.--Un char à quatre roues. 500
+ {
+ { E.--Une charrette, ou un tombereau
+ { à deux roues 100
+ {
+ { F.--Une charrue en fer 30
+ ---------------------
+ 2,500 fr.
+
+Les autres ustensiles et outils agricoles ainsi que les objets de
+ménage, le colon pourra les acheter au magasin de commerce établi par
+l'entreprise dans chaque colonie.
+
+ _2e Catégorie.--Avances productives, livrées à
+ titre de cheptel, avec partage par moitié du
+ produit entre le colon et l'entreprise;
+ remboursables après cinq ans._
+
+ { A.--Brebis, 500, à 7 fr. chaque 3500
+ { 3 béliers comm. 150
+ { 1 bélier, Rambouilles,
+ { Negrets ou Southdowns 400
+ {
+ { B.--Vaches, 20, à 50 fr. chaque. 1,000
+ { Taureau, 1, à 100 fr. 100
+ {
+ { C.--Juments, 5, plus un cheval
+ { étalon[17] 350
+ -------
+ 5,500 fr.
+
+ Passage d'Europe en Amérique, cinq
+ personnes, à 300 fr. chaque 1,500
+ ---------------------
+ Total des avances pour une famille 9,500 fr.
+ ---------------------
+ Total pour une colonie de 40 familles 380,000 fr.
+ ---------------------
+ Total pour 3 colonies à établir annuellement 1,140,000 fr.
+ Établissement de 3 magasins commerciaux 70,000
+ Frais d'administration 90,000
+ Réserve 200,000
+ ---------------------
+ Total 1,500,000 fr.
+
+Art. 15.--La somme de neuf mille cinq cents francs sera remboursée à
+l'entreprise après cinq ans dans le courant des deux premiers mois de la
+sixième année avec la prime vingt pour cent (1,900 fr.) soit au total
+11,400 francs, sans préjudice du dix pour cent à payer chaque année
+conformément au paragraphe 5 de l'article 98 de la loi sur la
+colonisation.
+
+Art. 16.--Durant le cours de la sixième année, il sera procédé par
+l'entreprise, si celle-ci le juge utile, à la vente du terrain colonial
+concédé en dehors de ceux cédés aux colons dont les titres de propriété
+leur seront délivrés à la même époque.
+
+Art. 17.--Les opérations continueront ainsi successivement, par période
+de cinq ans, en appliquant le capital remboursé à la fondation de
+nouvelles colonies, jusqu'au jour où la société décidera, en assemblée
+générale, vouloir terminer son oeuvre et se mettra en liquidation.[18]
+
+
+ Entreprises de colonisation par compagnies
+ ou sociétés en commandite.
+
+Art. 18.--Les compagnies ou sociétés en commandite qui désireraient
+entreprendre des opérations de colonisation sur une moins grande échelle
+et sur les mêmes bases, pourront adresser leur déclaration à l'auteur du
+présent projet, qui s'empressera de leur fournir les renseignements
+nécessaires et son concours pour l'exécution de l'opération.
+
+
+ Entreprises de colonisation particulière
+
+Art. 19.--Comme il m'est arrivé de rencontrer des propriétaires
+argentins qui demandaient à établir des colonies réduites à vingt et
+même dix familles, avec la condition de se réserver la moitié du terrain
+colonial, soit cinq lieues sur dix, ou deux lieues et demi sur cinq; les
+capitalistes qui désireraient entreprendre la colonisation sur ces
+bases, pourront m'adresser leur proposition, je donnerai immédiatement
+des ordres à mon fondé de pouvoir, à Buenos-Ayres, pour passer des
+contrats de cette classe.
+
+
+
+
+ TROISIÈME FACTEUR
+
+ Le travail agricole.
+
+
+Le troisième facteur qui reste à élever à sa haute puissance, par un bon
+choix et avec des procédés qui donnent confiance et crédit à
+l'opération, c'est le travail du cultivateur colon, chef de famille
+agricole. Ce choix devra être confié à un homme sérieux, honorable et
+dévoué à l'entreprise. Son titre sera celui de directeur général du
+bureau de recrutement et des transports maritimes d'Europe à l'Amérique
+du Sud.
+
+
+ Recrutement des colons.
+
+Art. 20.--À cet effet il sera établi dans la ville de... un bureau
+spécial de recrutement de colons sous la direction d'un directeur
+général, lequel pour être aidé dans ses opérations pourra créer sous sa
+responsabilité des agents dans les chefs-lieux de départements français
+et les diverses provinces en Europe.
+
+Art. 21.--Les frais du bureau de recrutement, y compris les
+appointements du directeur et des agents, seront fixés par le conseil
+d'administration de la société de colonisation.
+
+Art. 22.--Le directeur du bureau de recrutement et ses agents auront
+pour mission:
+
+1º De faire connaître l'objet de l'entreprise, ses moyens d'exécution,
+les conditions exigées des colons pour être admis;
+
+2º De fournir toutes les explications exactes et véritables, nécessaires
+au colon, pour qu'il se décide librement et en toute connaissance, à
+entreprendre l'opération de colonisation;
+
+3º Publier, à cet effet, des brochures, des circulaires, articles de
+journaux, sous sa responsabilité;
+
+4º Faire connaître dans ces publications les conditions hygiéniques et
+climatériques du pays à coloniser, ses zones terrestres, les
+institutions politiques, administratives, judiciaires, qui le régissent,
+les bénéfices que peuvent lui rapporter les industries agricoles et de
+l'élève du bétail; enfin tout ce qu'il importe au colon de connaître
+pour entreprendre l'opération proposée;
+
+Art. 23.--Le directeur général du bureau de recrutement remettra à
+chaque colon, chef de famille, avant son embarquement une feuille
+d'engagement, extraite d'un livre à souche, comportant un numéro
+d'ordre, les noms et prénoms du colon et des membres de sa famille, leur
+âge, le lieu de leur résidence. Elle comprendra aussi les obligations
+réciproques du colon et de l'entreprise, et au bas les signatures du
+colon et du directeur de l'entreprise.
+
+Il suffira au colon de présenter la feuille d'engagement pour être admis
+à la colonie. Copie en sera adressée au directeur général des colonies.
+
+Art. 24.--Les frais de transport d'Europe à la République Argentine
+seront à la charge de l'entreprise, et ceux du port argentin de
+débarquement à la colonie, à la charge du gouvernement argentin,
+conformément aux articles 88 et 89, et du paragraphe 4 de l'article 104
+de la loi sur la colonisation. Le montant de ces avances de passage sera
+remboursé par le colon aux époques déterminées par le contrat.
+
+Art. 25.--Le colon, chef de famille agricole, représente celle-ci dans
+tous les actes et obligations qui lui incombent.
+
+Art. 26.--La famille agricole se composera de cinq membres, au moins
+âgés de dix ans. Les enfants au-dessous de dix ans ne compteront pas
+pour l'entreprise, mais ils pourront accompagner la famille et suivre
+leurs parents.
+
+Art. 27.--Deux familles séparées pourront s'associer pour former un
+groupe de famille au nombre de cinq membres au moins. Ils auront la
+faculté de rompre, plus tard, l'association en se partageant la
+concession de terrain et les avances à elles faites. Mais elles
+resteront solidaires de leur engagement, vis-à-vis l'entreprise.
+
+Art. 28.--Deux mois avant le départ des colons d'Europe, le directeur
+général de l'entreprise de colonisation enverra l'ordre au directeur des
+colonies de préparer les lots de cinquante hectares chaque à distribuer
+aux colons, avec leurs limites et bornage. Le lot portera un numéro
+d'ordre. Cette opération terminée, il sera procédé à la construction des
+maisons d'habitation composées chacune de deux pièces de quatre mètres
+carrés de surface, avec un corridor intermédiaire.
+
+Art. 29.--Immédiatement après l'arrivée des colons sur les lieux, les
+lots seront tirés au sort et chaque colon prendra possession de celui
+que lui aura désigné le sort. On lui délivrera, ensuite, les avances de
+la première catégorie, telles que farine, semences, une charrue, un
+char.... Durant les quinze jours qui suivront, les colons recevront les
+avances de la seconde catégorie, à titre de cheptel, savoir: 500 brebis,
+avec trois béliers, 20 vaches et un taureau, cinq juments. La
+distribution se fera par tirage au sort, par lots d'animaux.
+
+Art. 30.--Deux fours à cuire le pain seront construits d'avance dans
+chaque colonie, un pour la section de droite, l'autre pour la section de
+gauche.
+
+Art. 31.--Dans chacune des colonies, l'entreprise établira un magasin
+commercial comprenant des outils aratoires et ustensiles de ménage,
+quincaillerie, objets de consommation; enfin, toute marchandise ou
+denrée que l'entreprise jugera utile de livrer en vente. Un crédit de
+six mois sera accordé aux colons.
+
+Art. 32.--Chaque colon sera obligé de cultiver et de maintenir en état
+de culture, à partir de la première année, pour le moins quatre hectares
+de terrain sur les cinquante qui lui sont concédés et de clore la partie
+cultivée soit en bois, soit en fil de fer, restant libre, pour le
+surplus, d'en cultiver la contenance qu'il lui conviendra.
+
+Art. 33.--Tout colon qui ne cultiverait pas la contenance ci-dessus
+indiquée dans l'article précédent, ou qui ne donnerait pas à l'élève du
+bétail les soins qui leurs sont dus, ou qui serait une cause de désordre
+dans la colonie, la concession du terrain et les avances à lui faites
+lui seront retirées et il sera expulsé de la colonie. Toutefois, le fait
+devra être attesté par dix colons tirés au sort et confirmé par un
+rapport du directeur des colonies; seul, l'agent général, représentant
+de l'entreprise, aura droit de prononcer l'exclusion.
+
+Art. 34.--Tout le produit du sol, celui des animaux de basse-cour et de
+toute autre industrie, appartiendra au colon; seul, le produit cheptel
+des brebis, vaches, chevaux, sera partagé entre ce dernier et
+l'entreprise.
+
+Art. 35.--Les mâles des trois classes d'animaux spécifiés ci-dessus,
+ayant acquis un an d'âge, seront partagés, chaque année et livrés à la
+vente durant cinq ans, c'est-à-dire, pendant le cours de six années,
+entre le colon et l'entreprise. La laine des brebis sera également
+partagée durant les cinq premières années.
+
+Art. 36.--Durant les cinq premières années, le colon paiera à
+l'entreprise un dix pour cent du montant des avances 9,500 francs, soit
+950 francs par an, conformément aux prescriptions du paragraphe 5 de
+l'article 98 de la loi sur la colonisation.
+
+Art. 37.--Après cinq ans, durant les deux premiers mois de la sixième
+année, le colon remboursera à l'entreprise le montant des avances 9,500
+francs, avec une prime de 20 pour cent, soit 1,900 fr., en total: 11,400
+fr., conformément au paragraphe 5 de l'article 98 précité.
+
+Art. 38.--Une fois le règlement fait et le remboursement du montant des
+avances opéré, l'agent général de l'entreprise aux colonies délivrera à
+chaque colon, chef de famille, un titre de propriété dûment légalisé.
+Après quoi le colon restera maître absolu, non seulement du terrain, de
+la maison, du mobilier, mais encore des animaux qui se trouveront dans
+son domaine; restant libre et dégagé de tout compromis avec l'entreprise
+de colonisation.
+
+Art. 39.--Les colons seront soumis aux lois et institutions de la
+République Argentine sous l'autorité d'un juge de paix, chargé de les
+faire exécuter.
+
+Art. 40.--De même que dans les autres centres de population de la
+République Argentine, les colons constitueront un conseil municipal
+chargé de l'administration des affaires communales de la colonie: le
+service religieux, l'instruction primaire, restant à la charge du
+gouvernement National ou provincial.
+
+Art. 41.--Un directeur général des colonies, nommé par l'entreprise,
+assisté d'un inspecteur, surveillera, contrôlera et dirigera les
+affaires coloniales de l'entreprise. Un agent général représentera
+celle-ci dans le pays.
+
+
+ Disposition et distribution des colonies le long des chemins de fer
+ à construire, dans les territoires nationaux.
+
+Art. 42.--En attendant qu'il soit ajouté à la loi de colonisation un
+titre 8 réglant la colonisation le long des chemins de fer, l'entreprise
+se conformera à l'article 104 de la loi qui détermine le nombre de cent
+vingt-cinq familles à établir dans chaque section de terrain concédé de
+vingt-cinq lieues chaque; disposition qui n'apporte pas un changement
+irréalisable pour notre projet, et qui d'ailleurs n'est applicable
+qu'aux territoires nationaux. Les gouvernements provinciaux restant
+libres de passer des contrats sur d'autres bases qui seraient plus
+conformes à leurs intérêts.
+
+Les colons des territoires nationaux seront exempts de la contribution
+directe durant dix ans. Art. 114 de la loi.
+
+
+ Disposition des colonies dans les territoires provinciaux.
+
+Art. 43.--Il sera passé des contrats de colonisation avec les
+gouvernements provinciaux dans les conditions suivantes:
+
+1º Établissement d'une colonie de quarante à quatre-vingts familles,
+pour chaque concession de vingt lieues carrées le long d'un chemin de
+fer,
+
+2º Établissement de vingt à quarante familles pour une concession de dix
+lieues carrées.
+
+Les autres conditions comme ci-dessus dans nos dispositions générales.
+
+
+ Disposition de colonies avec des propriétaires de terrain.
+
+Art. 44.--Les propriétaires particuliers qui demanderont à établir des
+colonies sur leur terrain propre pourront le faire aux conditions
+formulées dans l'article précédent, même en réduisant la concession à
+cinq lieues pour dix à vingt familles. Par exception pour les
+propriétaires de cette dernière catégorie, la moitié du terrain concédé
+restera leur propriété après la cinquième année, et en disposeront pour
+la vente ou leur usage, comme bon leur semblera.
+
+
+
+
+ AVANTAGES ET BÉNÉFICES
+
+ À répartir aux trois agents de la production:
+ Gouvernement,--Colon,--Entrepreneur-capitaliste.
+
+
+En toute opération productive et surtout dans celles qui ont une grande
+portée, les principes d'une bonne morale et ceux de la science
+économique prescrivent une équitable répartition des bénéfices entre les
+agents qui concourent à son exécution. C'est fondé sur ces principes que
+nous procédons à la répartition des avantages et bénéfices entre les
+trois agents qui concourent à l'oeuvre de la colonisation, gouvernement
+argentin,--colon européen,--entrepreneur-capitaliste, autrement dit
+entre les trois facteurs: _Terre, travail, capital_.
+
+Notre système de colonisation organisée à production élevée comporte
+deux opérations distinctes, celle de la colonisation proprement dite,
+qui consiste à l'exploitation de la terre, et celle de l'élève du
+bétail. À la première de ces industries concourent le gouvernement et le
+colon; à la seconde le colon et l'entrepreneur-capitaliste qui fournit
+le capital des avances. Les avantages et bénéfices de la première de ces
+deux industries sont attribués au gouvernement et au colon seulement;
+les bénéfices de la seconde sont partagés entre le colon et
+l'entrepreneur-capitaliste. Définie ainsi la coopération des trois
+agents, nous allons procéder à la répartition des avantages et bénéfices
+entr'eux, tout en faisant une large part au colon.
+
+
+ Avantages que recueille le gouvernement argentin de notre
+ système de colonisation.
+
+Tout d'abord nous simplifions la coopération du gouvernement en
+réduisant son concours à celui d'une simple concession de terres, le
+dégageant de toute dépense à faire pour avances au colon, et réservant
+le capital qu'il emploie aujourd'hui à cet objet pour l'appliquer à la
+construction de chemins de fer dans les territoires nationaux pour la
+garantie d'un sept pour cent d'intérêt du capital à employer à cette
+oeuvre d'une grande portée économique.
+
+La colonisation officielle a rempli son rôle d'initiative et
+d'expérimentation, le gouvernement argentin peut abandonner aujourd'hui
+la continuation de l'oeuvre à l'industrie privée, en ajoutant à la loi
+de colonisation un chapitre 8 ayant pour titre «des colonies à établir
+le long du chemin de fer.» Chapitre pour la rédaction duquel pourront
+servir de base les quelques articles que nous avons indiqués dans le
+cours de cette publication. (Voir page 24.)
+
+Libre de tout engagement avec les colons, déchargé des dépenses que
+nécessite l'opération et des embarras de l'administration coloniale,
+charges qui incombent aux entreprises de colonisation, le gouvernement
+argentin verra s'accomplir sur une vaste échelle l'oeuvre de la
+colonisation, si importante pour la prospérité et l'accroissement de
+puissance de son pays. Des colonies nombreuses s'établiront dans ses
+vastes et fertiles territoires; de nouveaux centres de consommation et
+de production se multiplieront; le mouvement et la vie se répandront
+dans ces immenses solitudes; et avec eux s'accroîtront la population et
+la richesse. La terre des environs augmentera de valeur et deviendra une
+source de revenus incalculables pour le trésor national; le commerce,
+l'industrie, les arts se développeront dans ces nouveaux centres de
+population, de consommation et de production de matières premières qui
+iront alimenter les ports, sur l'Océan Atlantique, de Saint-Antoine et
+de Bahia-Blanca, dont le mouvement commercial ne tardera pas à prendre
+un mouvement inespéré, le jour où le chemin de fer central de la Pampa,
+traversant ce vaste territoire, les mettra en communication directe avec
+le Chili et les provinces de l'Ouest.
+
+
+
+
+ BÉNÉFICES DE L'ENTREPRISE
+ AUTREMENT DIT DU FACTEUR CAPITAL
+
+
+Le capital, sans lequel la colonisation, paralysée dans son action, par
+défaut d'outillage, ne peut donner que des résultats insignifiants, ou
+des insuccès affligeants, est représenté dans notre système de
+colonisation à production élevée par l'entrepreneur-capitaliste. Ce
+capital, nous l'avons proportionné à l'ample concession de terre, de 20
+lieues carrées, faite par le gouvernement et à la masse de travail que
+fournit une famille de cinq membres au moins; nous avons voulu qu'il fût
+complet (9,500 francs par famille). Aussi avons-nous dû lui faire une
+large part dans les bénéfices. Ces bénéfices proviennent de deux
+sources: 1º ceux que lui attribue la loi sur la colonisation, savoir,
+concession de terre (20 lieues) un dix pour cent d'intérêt annuel, plus
+une prime de vingt pour cent sur le capital employé, soit 1,900 francs
+sur 9,500; 2º ceux qui proviennent de l'industrie du bétail, laquelle
+pour la première fois se trouve ajoutée à l'industrie agricole du colon;
+ce sont les bénéfices qui proviennent de cette double source que nous
+allons évaluer. Soit donc: 1º bénéfices attribués par la loi à
+l'entrepreneur-capitaliste. (Art. 98.)
+
+ A--Concession de terre, 25 lieues carrées (art. 65, 98, 104),
+ que nous réduisons à 20 lieues.
+
+ B--Intérêt de dix pour cent à payer
+ annuellement par le colon, ci 950 fr.
+
+ C--Prime de vingt pour cent 1,900 francs.
+ à ajouter au capital 9,500, ci 9,500 francs.
+ --------------
+ Soit ensemble 11,400 francs.
+
+Ces bénéfices attribués par la loi de colonisation argentine au capital
+seraient déjà une rémunération suffisante. Mais voulant tirer parti de
+la grande étendue de terre à pâturage concédé par le gouvernement et du
+nombre de travailleurs que fournit la famille agricole, nous ajoutons à
+l'industrie agricole du colon, celle de l'élève du bétail si productive
+dans ces contrées à pâturage et à grands domaines, dont la contenance
+s'évalue par lieues carrées. Nous avons créé cette industrie sur le pied
+de 500 brebis, 20 vaches, 5 juments, pour chaque famille, soit pour une
+colonie de quarante familles 20,000 brebis, 800 vaches, 200 juments, et
+pour trois colonies à établir chaque année, 60,000 brebis, 2,400 vaches,
+600 juments. Le produit devant être partagé par moitié entre le colon et
+l'entreprise; il s'agit maintenant d'évaluer la somme des bénéfices que
+cette industrie procurera à l'entreprise.
+
+Observons d'abord que nos troupeaux des trois espèces d'animaux, brebis,
+vaches, juments, augmentent en nombre chaque année de cinquante pour
+cent environ par l'adjonction aux mères des femelles nées dans l'année
+et qui deviendront mères l'année suivante; or ce chiffre s'élève
+généralement à la moitié des naissances. Nous aurons ainsi sur les 500
+agneaux nouveau-nés 250 femelles à ajouter aux 500 mères, soit 750
+femelles pour la production de la seconde année, 1,125 pour celle de la
+troisième; ainsi progressivement pour les années suivantes. Même
+progression à appliquer aux vaches et juments. Nous avons donc une
+progression croissante des produits partant des bénéfices; et cela sans
+augmentation de frais; le pacage de vingt lieues carrées étant immense,
+et les animaux vivant nuit et jour dehors ne nécessitant pas de
+constructions d'étables. Appliquant la même progression aux mâles à
+livrer chaque année à la vente à l'âge d'un an, nous obtenons pour la
+première année 250 moutons, 375 pour la deuxième, 563 pour la troisième,
+814 pour la quatrième, 1,765 pour la cinquième. Le prix ordinaire à cet
+âge étant cinq francs, on peut évaluer le produit annuel. Appliquant le
+même procédé de progression aux produits de la laine, des veaux et des
+poulains de deux ans, et réunissant leur somme à celle déjà calculée des
+agneaux, nous arrivons à avoir pour production de la première année,
+pour chaque famille, 2,300 fr.; pour la seconde année 3,475 fr.; pour la
+troisième 5,240 fr.; pour la quatrième 7,830 fr.; pour la cinquième
+14,205 fr. Soit total de la production cheptel d'une famille durant cinq
+ans 33,050 fr. Déduisant maintenant de ce chiffre le dixième pour
+pertes, soit 3,305 fr., il reste 29,745 fr. à partager entre le colon et
+l'entreprise, soit 14,872 fr, pour chacun d'eux pour les cinq années.
+
+ Chaque famille produisant 14,872 francs de cheptel à l'entreprise
+ en cinq ans, les 40 familles, composant une colonie
+ produiront 594,880 fr., ci., 594,880 fr.
+
+ À ce chiffre, nous devons ajouter les femelles
+ des trois races ovine, bovine et chevaline,
+ conservées pour la reproduction dont la valeur
+ s'élève, pour la race ovine, à 341,600 fr.;
+ pour la race bovine, à 117,000 fr., et pour la
+ race chevaline, à 3,200 fr., soit, valeur en
+ francs, des produits des femelles des trois races. 461,800
+
+ Il nous reste à ajouter, à la somme de ces
+ bénéfices, la valeur des 19 lieues carrées sur
+ 20, concédées par le gouvernement, soit un
+ minimum de dix mille francs la lieue, on
+ aura, 190,000
+ ----------
+ Soit, total des bénéfices cheptel produit à
+ l'entreprise, pour une colonie de 40 familles
+ (200 personnes) 1,246,680
+
+ (_Voir les tableaux du calcul des bénéfices à l'Appendice_).
+
+ Pour trois colonies à établir chaque année
+ × 3 = 3,740,040
+ avec le capital 1,500,000 fr.
+
+ Pour quinze colonies à établir en cinq
+ ans × 15 = 18,700,200
+ avec le capital 7,500,000 fr.
+ ------------
+
+Les chiffres qui représentent ici les bénéfices de l'industrie du
+bétail, pour le compte de l'entreprise, n'offrent certainement pas
+l'exactitude désirable, ce qui est impossible à obtenir quand on opère
+sur des produits de valeur variable dans leur cours commercial. Ces
+chiffres se traduiront par un plus ou un moins dans la réalité. Ce qui
+est certain, c'est que le produit de vingt mille brebis, pour chaque
+colonie, celui de huit cents vaches et de deux cents juments, avec leur
+reproduction croissante de cinquante pour cent l'an, sera toujours
+considérable, quelque diminution qu'on fasse subir à mon appréciation.
+Ni les critiques malveillantes, ni le calculateur le plus sévère, ne
+pourront contester ce grand résultat. Nous avons indiqué le procédé de
+calcul à suivre pour l'évaluation des produits du cheptel. Que nos
+lecteurs veuillent bien se livrer à une étude attentive de la matière,
+et ils reconnaîtront que nous sommes restés éloignés de toute
+exagération.
+
+Maintenant, si l'entreprise, se contentant du dix pour cent d'intérêt
+pour le capital employé et de la prime vingt pour cent qu'accorde la loi
+argentine sur le capital, se décidait à élargir le cercle de ses
+opérations, en appliquant à la construction des chemins de fer coloniaux
+les bénéfices produits par le cheptel, ce qui est possible à exécuter,
+on arriverait à construire, avec le capital de dix-huit millions de ces
+bénéfices, environ soixante lieues de chemins de fer, celui de Mercedes
+à Poitagué, par exemple, à continuer, plus tard, avec les mêmes
+ressources, jusqu'au port de Bahia-Blanca.
+
+Le gouvernement argentin accordant une garantie d'intérêt de sept pour
+cent aux capitaux affectés à cette classe de travaux publics,
+l'entreprise bénéficierait ainsi d'une somme d'intérêt s'élevant à
+1,402,254 francs par an, une fois la construction terminée, tout en
+restant propriétaire d'une voie ferrée de soixante lieues. Dans ces
+conditions, à quel chiffre s'élèveront les actions de l'émission
+7,500,000 francs, appliquées à l'opération de colonisation? Je laisse la
+réponse à faire aux spéculateurs habituels de négociations de titres
+industriels à la Bourse.
+
+
+ Avantages et Bénéfices du Colon.
+
+Le troisième agent de notre oeuvre de colonisation à production élevée,
+c'est le colon, qui, avec sa famille, apporte à son exécution le
+puissant levier de la production, le travail, troisième facteur de notre
+formule économique. Le colon a donc un droit incontestable à la
+répartition de la richesse produite avec son concours. Cette part de
+richesse doit lui être accordée libéralement, largement, car c'est lui
+qui crée cette richesse avec ses bras et son intelligence, le capital
+n'étant que l'instrument du travail et la terre la matière à élaborer.
+Nous dirons même que le principal objet du colonisateur doit tendre à
+assurer la richesse du colon, car, de ce résultat ressortiront le
+prestige de l'opération, le succès de l'entreprise, la solution du grand
+problème d'économie sociale, l'_extinction du paupérisme agricole
+européen_.
+
+Dans notre mode de répartition des profits, il est accordé au colon des
+avantages importants et des bénéfices grands et assurés:
+
+1º Les avantages sont les suivants:
+
+Avance de passage d'Europe aux colonies argentines;
+
+Concession après cinq ans, à titre de propriété, d'un domaine de
+cinquante hectares, avec une maison d'habitation composée de deux
+pièces;
+
+Avance de farines pour la subsistance de la famille durant la première
+année, des semences, une charrue, un char à quatre roues.....
+
+Livraison, à titre de cheptel, de troupeaux d'animaux, savoir: 500
+brebis, -- 20 vaches, 5 juments, dont la moitié du produit lui
+appartiendra;
+
+Le colon sera placé près d'un chemin de fer, conséquemment, transport
+facile des personnes, des marchandises, des produits agricoles aux
+grandes places commerciales et aux ports de mer de Buenos-Ayres,
+Bahia-Blanca, Saint-Antoine.
+
+Il jouira des mêmes avantages sociaux qu'en Europe, de la liberté et de
+l'administration communale; avec une école pour l'instruction des
+enfants, une église pour ses pratiques religieuses;
+
+Chaque colonie sera pourvue d'un magasin commercial pour la vente de
+divers denrées, de ferretterie, de quincaillerie, d'ustensiles de ménage
+et d'outils agricoles;
+
+Il sera exempt, pendant dix ans, de la contribution directe (article 114
+de la loi de colonisation);
+
+Il sera libre dans son industrie, avec la seule condition de remplir les
+obligations du contrat.
+
+2º Les bénéfices sont les suivants; ils résultent de la situation
+avantageuse faite au colon:
+
+Tout le produit de l'industrie agricole et de tout autre appartiennent
+au colon;
+
+La moitié du produit de l'élevage du bétail lui appartient durant cinq
+ans; nous avons vu plus haut que le chiffre de la moitié de ce produit
+pouvait être calculé à 14,000 francs pour les cinq ans.
+
+Nous terminons ici l'exposition de notre système de colonisation à
+production élevée, à appliquer aux territoires immenses et de fertilité
+reconnue de la République Argentine. L'objet de notre travail consiste à
+ouvrir au cultivateur pauvre européen, une voie de salut praticable,
+facile à parcourir, qui lui permette d'échapper au goufre béant de la
+misère vers lequel il est entraîné, et de s'élever par son travail à
+l'aisance pour lui, à la fortune pour ses enfants. À cet effet, le
+gouvernement argentin nous offre libéralement, largement, la terre: ce
+qui est beaucoup, car cette libéralité est le pivot de notre
+combinaison, sa grande étendue permettant au capital d'élever son action
+productive à un degré de rémunération tel que toute autre opération ne
+saurait atteindre, et cela par le fait de l'adjonction à l'industrie
+agricole du colon, de l'industrie de l'élève du bétail, organisée sur
+une grande échelle: complétant ainsi l'outillage du travailleur
+agricole. Pour ce grand service rendu, nous devions au capital une large
+part dans la répartition des produits; c'est ce que nous avons fait,
+comme on l'a déjà vu, en nous conformant aux usages dans la pratique du
+cheptel et aux principes économiques. Donc, toute idée d'exploitation
+doit être écartée, et les énormes bénéfices que fait l'entreprise ne
+doivent être attribués qu'à l'importance du capital employé, à son
+application, à la multiplicité des opérations (40 par colonie), et à la
+combinaison bien ordonnée des trois facteurs: terre--travail--capital,
+élevés à leur puissance, et dont la résultante production (^m) devait
+être la conséquence nécessaire.
+
+Jamais, nous osons le dire, système de colonisation n'a été établi sur
+des bases aussi bien définies, aussi clairement déterminées et d'une
+aussi grande puissance de production; jamais entreprises de colonisation
+n'auront donné de si considérables résultats, jamais colons n'ont obtenu
+des conditions aussi avantageuses; jamais gouvernement n'a fait des
+concessions si libérales, mais aussi n'aura recueilli des résultats
+aussi grandioses.
+
+Jamais capital aussi bien garanti, doté d'un intérêt satisfaisant et
+d'une prime équitable, n'aura produit une rémunération aussi
+considérable pour le service rendu durant la courte période de cinq ans.
+Jamais enfin situation aussi favorable n'a été offerte à la population
+agricole européenne pauvre.
+
+Nous pourrons donc voir se réaliser, à une époque peu éloignée, les
+belles paroles prophétiques d'un notable écrivain de l'Amérique du Sud:
+«La rédemption de la race blanche se trouverait dans l'acquisition
+morale de tout un monde riche et vierge, d'un monde qui donnerait terre,
+travail, fortune.»
+
+ Andres LAMAS.
+ (Notice sur l'Uruguay).
+
+
+C'est donc une oeuvre philanthropique et économique de haute importance
+que nous conseillons d'entreprendre. Quand à ses résultats heureux, nul
+ne peut les contester. Les bénéfices, si réduits qu'ils soient ne
+peuvent se nier. Un fait incontestable, c'est l'intérêt dix pour cent
+par an et la prime de vingt pour cent sur le capital, alloués par la loi
+argentine au capital employé à la colonisation hypothéquée sur l'avoir
+mobilier et immobilier avancé au colon et sur une grande concession de
+terrain qui devient propriété de l'entreprise, dès le moment de
+l'installation de la colonie, c'est-à-dire au moment de l'application du
+capital.
+
+Quant à nous, ouvriers de la première heure, dans ce genre d'entreprise
+de colonisation dans la République Argentine, notre conscience
+satisfaite nous dit que nous faisons une bonne oeuvre et une bonne
+action.
+
+ AUGUSTE BROUGNES,
+
+ _Docteur en médecine, propriétaire du domaine de
+ Caixon, près Vic-Bigorre (Hautes-Pyrénées)._
+
+
+
+Caixon, le 20 novembre 1882.
+
+
+
+
+ Cinq lieues de longueur.
+ +----------------------------------------------------------------+
+ | Terrain colonial de l'entreprise de 20 lieues carrées. |
+ | |
+ | 20 lots de 50 hectares chacun |
+ | +-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+ |
+ | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
+ | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
+ | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
+ QUATRE | |o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o| |
+ LIEUES +-----------+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+------------+
+ DE |Terrain communal de 258 mètres de largeur, 5 lieues de longueur.|
+ LARGEUR+-----------+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+------------+
+ | |o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o|o| |
+ | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
+ | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
+ | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | | |
+ | +-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+-+ |
+ | 20 lots de 50 hectares chacun |
+ | |
+ | Terrain colonial de l'entreprise de 20 lieues carrées. |
+ +----------------------------------------------------------------+
+ Cinq lieues de longueur.
+
+
+PRODUIT DU CHEPTEL À REPARTIR ENTRE LE COLON ET L'ENTREPRISE
+
+Produit annuel d'une famille agricole durant cinq ans.
+
+ PRODUIT DES ANIMAUX
+ Classe Années Naissance| Femelles Mâles Produit
+ d'animaux | à à de la vente
+ | conserver vendre à 5 fr.
+ ----------------------------+-------------------------------
+ 1re année 500 | 250 250 1,250 f.
+ BREBIS 2e année. 750 | 375 375 1,875
+ 3e année. 1,125 | 562 562 2,800
+ 500 4e année. 1,687 | 843 843 4,215
+ 5e année. 2,530 | 1,765 1,765 8,825
+ +-------------------------------
+ | 3,795 3,797 18,965
+ Perte 1/10 à déduire. | 379 379 1,896
+ +-------------------------------
+ | 3,416 3,418 17,069
+ ------------------+-------------------------------
+ PRODUIT DE LA LAINE
+ Années Nombre | Quantité de | Prix | Valeur
+ d'anim. | laine de | du |
+ |chaque animal | kilo |
+ ------------------+--------------+------+---------
+ 1re ann. 500 | 500 kil. | 1 fr.| 500
+ 2e ann. 750 | 750 | id. | 750
+ 3e ann. 1,125 | 1,125 | id. | 1,125
+ 4e ann. 1,687 | 1,687 | id. | 1,687
+ 5e ann. 2,530 | 2,530 | id. | 2,530
+ |--------------+ +---------
+ | 6,592 | | 6,592 f.
+ Perte 1/10. | 659 | | 669
+ +--------------+ +---------
+ | 5,933 | | 5,923
+ ------------------+--------------+------+---------
+ Années Nombre | Total
+ d'anim. | du produit des brebis
+ ------------------+-------------------------------
+ 1re ann. 500 | 1,750 + 500 = 1,750
+ 2e ann. 750 | 1,875 + 750 = 2,625
+ 3e ann. 1,125 | 2,800 + 1,125 = 3,925
+ 4e ann. 1,687 | 4,215 + 1,687 = 5,902
+ 5e ann. 2,530 | 8,825 + 2,530 = 11,355
+ | -------
+ | 25,557
+ Perte 1/10. | 2,555
+ | -------
+ | 23,002
+ ----------------------------+-------------------------------
+ | 50 f. à 2 ans
+ 1re année 20 | 10 10 500
+ VACHES 2e année. 30 | 15 15 750
+ 3e année. 45 | 22 23 1,150
+ 20 4e année. 67 | 33 34 1,700
+ 5e année. 100 | 50 50 2,500
+ +-------------------------------
+ | 130 132 6,600
+ Perte 1/10 à déduire. | 13 13 660
+ +-------------------------------
+ | 117 119 5,940
+ ----------------------------+-------------------------------
+ | 25 francs.
+ 1re année 5 | 3 2 50
+ JUMENTS 2e année. 8 | 4 4 100
+ 3e année. 12 | 6 6 150
+ 5 4e année. 18 | 9 9 225
+ 5e année. 27 | 13 14 350
+ +-------------------------------
+ | 35 35 1,075
+ Perte 1/10 à déduire. | 3 3 107
+ +-------------------------------
+ | 32 32 968
+
+
+
+ Produit du cheptel, de race ovine (brebis)
+ durant cinq ans 23,002 fr.
+
+ Produit du cheptel, de race bovine, durant
+ cinq ans 6,600
+
+ Produit du cheptel, de race chevaline, durant
+ cinq ans 675
+
+ Total 30,477 fr.
+
+
+
+
+
+Produit du cheptel à repartir entre l'entreprise et le colon.
+
+
+ Brebis 60,000
+ Vaches 2,400
+ Juments 600
+ PRODUIT DE 1 COLONIE DE --------------------
+ 40 FAMILLES (200 PERSONNES). PRODUIT DE 3 COLONIES
+ _Capital à employer, 500,000 francs._ _Capital_ 1,500,000
+
+
+ MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL
+ à d'une colonie de 3 colonies
+ entreprise de 40 familles 120 familles
+
+ ANNÉES Produit annuel d'une famille TOTAL du produit,
+ de 3 personnes moins 1/10 pertes
+
+ 1re Brebis
+ année Vente d'agneaux 1,250 }
+ Vente de laine 500 } 1,750 } = 2,300 francs
+ Vaches: Vente de veaux 500 } p. 1/10 230 = 2,070
+ Juments: Vente de poulains 50 }
+
+ MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL
+ 1,035 × 40 = 41,400 × 3 col. = 124,200
+
+ 2e Brebis
+ année Vente d'agneaux 1,875 }
+ Vente de laine 750 } 2,625 } = 3,475 francs
+ Vaches: Vente de veaux 750 } p. 1/10 347 = 3,128
+ Juments: Vente de poulains 100 }
+
+ MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL
+ 1,564 × 40 = 62,560 × 3 col. = 187,680
+
+ 3e Brebis
+ année Vente d'agneaux 2,815 }
+ Vente de laine 1,125 } 3,940 } = 5,240 francs
+ Vaches: Vente de veaux 1,150 } p. 1/10 524 = 4,716
+ Juments: Vente de poulains 150 }
+
+ MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL
+ 2,358 × 40 = 94,320 × 3 col. = 282,960
+
+ 4e Brebis
+ année Vente d'agneaux 4,220 }
+ Vente de laine 1,695 } 5,905 } = 7,830 francs
+ Vaches: Vente de veaux 1,700 } p. 1/10 783 = 7,047
+ Juments: Vente de poulains 225 }
+
+ MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL
+ 3,523 × 40 = 140,920 × 3 col. = 422,760
+
+ 5e Brebis
+ année Vente d'agneaux 8,825 }
+ Vente de laine 2,530 } 11,355 } =14,205 francs
+ Vaches: Vente de veaux 2,500 } p. 1/10 1,420 = 12,782
+ Juments: Vente de poulains 350 }
+
+ MOITIÉ PRODUIT ANNUEL PRODUIT ANNUEL
+ 6,392 × 40 = 255,680 × 3 col. = 767,040
+
+ 5 ans, 1 colonie
+ Total. 594,880 × 3 col. = 1,784,640
+
+ 6e Ajouter: Produit de la vente, après cinq ans, des femelles
+ année conservées pour la reproduction des trois races, déduction
+ faite du dixième pour perte.
+ Brebis, 3,416 à 5 f. 17,080 }
+ Vaches, 117 à 50 f. 5,850 } 23,730 pour 1 famille
+ Juments, 32 à 25 f. 808 } 11,865 × 40 = 474,600
+ × 3 col. = 1,423,800
+
+
+ Ajouter, produit de vente du terrain concédé.
+ 19 lieues par colonie, à 10,000 fr. la lieue = 190,000
+ × 3 col. = 570,000
+
+ Id. Prime, 20 pour cent sur capital avancé au
+ colon (9,500) soit 1,900 f. sur 40 familles = 76,000
+ × 3 col. = 228,000
+
+ Total général des bénéfices après cinq ans
+ pour une colonie = 1,335,480
+ × 3 col. = 4,006,440
+
+ 10 % l'an,--plus bénéfice après cinq ans
+ pour une colonie =
+ × 3
+
+
+
+
+DIVIDENDE DU COUPON, 100 FR. SUR LE PRODUIT DE 3 COLONIES DURANT 5 ANS
+
+ ========================================================================
+ | | Produit | À repartir | | |
+ | | annuel | aux 15,000 | | Dividende |
+ | Années | de 3 | coupons de | Dividende | joint à l'intérêt |
+ | | colonies | 100 fr. | annuel | dix pour cent. |
+ |--------+-----------|------------|-----------|------------------------|
+ |(année) | (francs) | (coupons) | (fr. c. ) | (p. cent d'intérêt) |
+ | | |
+ | 1re | 124,200 ÷ 15,000 8 25 +10 18 fr. 25 c. |
+ | 2e | 187,680 ÷ 15,000 12 50 +10 22 fr. 50 c. |
+ | 3e | 282,960 ÷ 15,000 18 86 +10 28 fr. 86 c. |
+ | 4e | 422,760 ÷ 15,000 28 18 +10 38 fr. 18 c. |
+ | 5e | 767,040 ÷ 15,000 51 13 +10 61 fr. 13 c. |
+ | | ---------- --------- -----------------------|
+ | Total | 1,684,740 Total des 118 92 +50 168 fr. 92 c. |
+ En 5 ans dividendes
+
+ 6e.--Produit des ventes de 3 colonies
+ { 1º des femelles de reproduction 1,423,800 f.
+ { 2º du terrain colonial 570,000
+ { 3º Prime 20 pour cent 228,000
+ -------------
+ 2,221,800 fr.
+ ÷15,000 coupons 148 fr. 12 c.
+ ---------------
+ Produit du coupon 100 fr. en 5 ans 317 fr. 04 c.
+
+ Moyenne par an, durant 5 ans 63 fr. 20 c.
+
+
+Nous ne faisons pas entrer en ligne de compte les bénéfices qui
+résulteront de la vente de marchandises dans les magasins commerciaux
+établis dans les colonies, les bases de calcul manquant.
+
+Quant aux frais d'administration, ils seront compris dans le tableau
+suivant de l'emploi du capital.
+
+ Création et emploi du capital 7,500,000 francs
+ Pour fondation de 15 colonies, 3 colonies par an durant 5 ans.
+
+ =======================================================================
+ Émission de 15,000 actions de 500 fr., payables en cinq annuités
+ de 100 fr. (coupons d'action).
+
+ Paiement des annuités en coupons d'action de 100 francs.
+ { 1re année -- 15,000 1,500,000 fr. pour 3 colonies.
+ { 2e année -- 15,000 { coupons } 1,500,000 fr. pour 3 colonies.
+ { 3e année -- 15,000 { de 100 fr., } 1,500,000 fr. pour 3 colonies.
+ { 4e année -- 15,000 { produisant } 1,500,000 fr. pour 3 colonies.
+ { 5e année -- 15,000 1,500,000 fr. pour 3 colonies.
+ -------- --------------- ----
+ Total 7,500,000 fr. 15 colonies.
+ -------------------------------
+
+Le capital 1,500,000 francs des annuités 100 francs étant remboursable
+après la cinquième année, peut s'appliquer à une nouvelle série
+quinquennale d'opérations, et ainsi successivement durant
+dix,--quinze,--vingt ans. On pourra donc, avec le même capital 7,500,000
+francs, fonder, avec le temps, des centaines de colonies, et l'opération
+continuer tout le temps que l'entreprise et le gouvernement argentin le
+jugeront utile.
+
+
+ Emploi du capital 1,500,000 fr., chaque année, pendant trois ans.
+
+ 1º Pour une colonie de 40 familles 500,000 fr.
+ ---------------
+ Savoir: A.--Pour { Outillage agricole 2,500 fr.
+ 1 famille:_ { Animaux à cheptel 5,500
+ 9,500 fr._ { Passage 1,500
+ --------------
+ 9,500 fr.
+
+ B.--Pour 40 familles, 9,500 × 40 = 380,000 fr.
+ Frais d'administration et réserve. 120,000
+ --------------
+ 500,000 fr.
+
+ 2º Pour 3 colonies (120 familles) 1,500,000 fr.
+ ---------------
+ Savoir: Frais d'établissement et outillage 1,140,000 fr.
+ Frais d'administration 110,000
+ Id. magasins commerciaux 150,000
+ --------------
+ 1,500,000 fr.
+
+NOTA.--Les frais d'administration étant compris dans la distribution du
+capital, nous avons dû ne pas les faire entrer en ligne de compte dans
+la répartition des bénéfices.
+
+
+
+
+TABLEAU RÉSUMÉ
+
+De l'oeuvre de colonisation à production élevée à appliquer dans les
+territoires nationaux de la République Argentine.
+
+
+A.--Extinction du paupérisme agricole européen par la colonisation
+des territoires nationaux dans la République argentine.
+
+ Situation malheureuse du petit cultivateur européen.
+
+ Mesures inefficaces proposées pour remédier à cette situation.
+
+ La colonisation, à l'extérieur, est dans les conditions économiques
+ actuelles, le remède le plus efficace du paupérisme agricole.
+
+ Résultats prodigieux obtenus dans l'Amérique du Nord par la
+ colonisation avec les émigrants cultivateurs Irlandais et Allemands.
+
+ Conditions meilleures pour obtenir le même résultat dans la République
+ Argentine.
+
+ Loi argentine sur la colonisation du 6 Octobre 1876.
+
+ Premier contrat de colonisation du Dr Brougnes, du 29 janvier 1853,
+ passé dans la République Argentine, stipulant concession de terrain et
+ avances remboursables.--Colonie San-Martin.
+
+
+B.--Système de colonisation perfectionnée.
+
+ 1º Axiome économique: terre + travail + capital^m = production^m.
+
+ 2º Colonisation à production élevée, par l'adjonction à l'industrie
+ agricole de l'élevage du bétail et établissement des colonies le long
+ des voies ferrées.
+
+ 3º Réseau du chemin de fer Pampéen de Mercedes (San-Luis) au port
+ St-Antoine, avec embranchement de Poitagué à Bahia-Blanca et à
+ Santiago (Chili), avec une garantie d'intérêt 7 % par le
+ gouvernement argentin. Voie commerciale directe aux ports de mer pour
+ les provinces argentines de l'ouest: Cordova, St-Louis, Men Josa,
+ San-Juan.
+
+
+C.--****** de l'oeuvre de colonisation à production élevée.
+
+ 1º Pour le gouvernement argentin concessionnaire de la terre.--Sans
+ autres dépenses
+
+ Création de centres de population, foyers de production,
+ d'accroissement de puissance et d'attraction pour l'immigration
+ spontanée d'artisans, de commerçants, d'industriels.
+
+ Augmentation de la valeur des terres dans les territoires nationaux,
+ source de revenus incalculables pour le trésor public.
+
+ 2º Pour le colon, cultivateur du sol et éleveur de bétail.
+
+ Situation extraordinairement avantageuse faite au colon, savoir:
+
+ Concession de 50 hectares de terrain.
+
+ Avances remboursables
+ Passage d'Europe à Amérique 1,500 fr.
+ Maison d'habitation; }
+ Subsistance pour l'année; } 2,500
+ Outillage agricole. }
+
+ Animaux à cheptel
+ 500 brebis.
+ 20 vaches.
+ 5 juments.
+
+ Capital remboursable.... 5,500
+ -------------
+ Total 9,500 fr.
+ à 10 % 20 % prime.
+
+ Bénéfices { 1º Produit total de l'industrie agricole;
+ { 2º Moitié du produit cheptel.
+
+ 3º Pour l'entreprise, à Capital remboursable après 5 ans.
+
+ 1º 10 % sur le capital durant cinq ans;
+
+ 2º 20 % prime sur le capital, après cinq ans;
+
+ 3º Moitié du produit cheptel;
+
+ 4º Produit de la vente de 19 lieues carrées par colonie.
+
+
+D.--Administration.
+
+ Centrale.
+ { Conseil d'administration;
+ { Directeur général;
+ { Un trésorier;
+ { Un comptable.
+
+ Coloniale résidant aux colonies.
+ { Un directeur général;
+ { Un inspecteur;
+ { Un comptable;
+ { Un agent du magasin commercial dans chaque colonie
+
+
+
+
+ APPENDICE
+
+ Industrie de l'élève du bétail dans la République Argentine.
+
+
+On peut juger des bénéfices que procure aux éleveurs de la race bovine
+(celle de la race ovine produit bien davantage) par le calcul suivant
+fait par un estancier, Mr de Brayer:
+
+ «Un capital de 40,000 francs employé à l'achat de trois mille têtes de
+ bétail[19] placées sur un établissement déjà monté, produit net au
+ bout de six années, tous frais payés, la somme de cent trente-sept
+ mille cent quatre-vingt-treize francs; c'est-à-dire que ce troupeau de
+ trois mille vaches s'accroît chaque année dans une proportion
+ croissante de trente-deux pour cent, et que, en déduisant les animaux
+ tués pour la nourriture des pasteurs, ainsi que ceux qui ont été
+ vendus pour les abattoirs ou saladeros, l'estancier se trouve avoir,
+ au bout de six années de travail et de soins, un troupeau de dix mille
+ quatre cent quatorze têtes de bétail.
+
+ «Il ne faut qu'un pâtre par mille têtes de bétail, et vu la nature du
+ terrain et la qualité des pâturages, on compte généralement une lieue
+ carrée pour deux mille vaches.»
+
+ _Émigration et colonisation_, par Arsène Isabelle,
+ ex-chancelier du consulat français à Montevideo,
+ page 43.
+
+
+Dans les 13ème et 14ème volumes des _Annales du club rural de Buenos
+Ayres_, publication mensuelle des plus remarquables et des plus
+intéressantes, on trouvera les rapports de diverses commissions qui
+donneront une idée de la grandeur et de l'importance qu'a prise
+l'industrie du bétail dans la République Argentine. Nous allons donner,
+d'après ces rapports, un état sommaire de quelques-uns de ces
+établissements.
+
+
+ 1879.--Estancia de Rosario de las Flores.--Propriétaire,
+ M Chas.
+
+Ce domaine, fondé en 1857 par François Chas, est situé à trente-cinq
+lieues Sud-Est de Buenos-Ayres. Il est traversé par le chemin de fer du
+Sud. Près de la station, M. Chas a fait construire des magasins et des
+hangars pour le dépôt de ses laines.
+
+Le domaine se compose de douze lieues carrées, dont six sont clôturées
+en fil de fer. Les six autres sont affermées à raison de 1,400 à 2,000
+francs la lieue. Dans les six lieues clôturées, une lieue est affermée
+pour 3,400 francs[20]. Les cinq restantes sont exploitées par M. Chas.
+
+_Exploitation de cinq lieues_--La valeur de la terre de M. Chas est
+estimée 28,000 fr. la lieue.
+
+Le majordome de M. Chas pense que l'on peut élever 1,000 vaches, 500
+juments et 10,000 brebis dans une lieue.
+
+_Maison d'habitation_.--Non loin de la station du chemin de fer est
+située la maison d'habitation solidement construite et à terrasse, sur
+une longueur de 30 mètres et une largeur de cinq. En face se trouvent la
+cuisine et les magasins de dépôt. Un peu plus loin sont les hangars pour
+la tonte des brebis et le dépôt des laines. Autour de ces hangars et à
+une courte distance se trouvent de grandes enceintes clôturées de
+piquets pour y renfermer les animaux la nuit.
+
+Non loin de la maison d'habitation on conserve avec un soin religieux la
+chaumière qui servit d'habitation à M. Chas père, an commencement de son
+exploitation en 1857.
+
+Vingt-cinq hectares ont été plantés en bois, on y compte 80,000
+peupliers de dix ans, plantés en lignes droites à deux mètres
+d'écartement l'un de l'autre; 4,000 eucalyptus... Un champ de 21
+hectares est semé en luzerne. Chaque année M. Chas sème 16 hectares de
+maïs; son rendement est de 39 hectolitres par hectare.
+
+_Animaux_.--Dans le terrain que s'est réservé M. Chas, et après une
+vente de 8,500 vaches qu'il fit en 1878, il élevait, en 1879, 3,000
+vaches et 3,000 juments.
+
+_Brebis._--L'estancia de las Flores comprend 6,500 brebis de race, sur
+lesquelles 1,000 de pur sang Negrette et 5,500 communes croisées avec
+des béliers Negrette.
+
+Les brebis pur sang de la première catégorie se vendent de 200 à 1,700
+francs; les brebis croisées de la seconde, 40 fr. La toison d'une des
+brebis Negrette qui obtint une prime à l'exposition de Philadelphie et
+une médaille d'or à celle de Paris, pesait 31 livres 3/4.
+
+
+ Estancia du Tatay de Samuel Hale.
+
+Cette belle estancia est située dans le district de Carmen d'Areco, à
+deux lieues de cette petite ville et à vingt lieues de celle de
+Buenos-Ayres.
+
+La contenance est de quatre lieues carrées, clôturées de tous côtés par
+sept fils de fer.
+
+Dans la contrée, le fermage de 100 cuadres (166 hectares), pour
+pâturage, est généralement de 2,000 francs; celui d'une lieue carrée,
+32,000 francs, intérêt à 8 pour cent de 400,000 francs.
+
+D'après le dernier recensement de 1878, l'estancia se composait de
+80,000 brebis, de 2,700 vaches, et de 800 chevaux et juments.
+
+Pour expliquer le fermage de 2,000 francs par lot de 1,600 hectares, il
+nous suffira de dire qu'un troupeau de 1600 brebis, s'entretenant sur ce
+terrain, produit annuellement en laine 240 arrobes, de vingt cinq livres
+chaque (2,400 kil.), vendue à vingt francs l'arobe de dix kilogrammes,
+soit deux francs le kilogramme, produisent 4,800 francs, plus 400
+animaux femelles d'augmentation pour le troupeau.
+
+Les bâtiments se composent d'une belle maison de maître avec des
+cuisines d'un côté, des magasins de denrées et de dépôt de l'autre, plus
+loin d'autres bâtiments pour fumer les jambons, pour extraire la graisse
+des animaux, des hangars pour la tonte et dépôt de laine, des volières,
+un magnifique jardin et enfin les diverses enceintes entourées de
+piquets pour y renfermer les animaux. Autour du jardin et des
+constructions existe un bosquet de 70,000 grands arbres, acacias,
+peupliers....
+
+_Vaches._--L'estancia du Tatay contient 2,700 vaches desquelles 1,000
+sont de race croisée Devon et Durham. La race Devon a ses quartiers de
+devant plus parfaits et s'entretient à moins de frais et engraisse
+facilement; seulement, elle n'acquiert pas le volume des Durham et des
+Herfords. 150 veaux de race pure de Durham étaient destinés au service
+de la reproduction croisée.
+
+Les taureaux croisés d'un à deux ans se vendent 200 francs.
+
+_Brebis._--Le domaine possède 80,000 brebis croisées fines, en majeure
+partie de race Negrette et Rambouillet. Divers béliers de ces races ont
+produit 35 et 36 livres de laine. En général, ils donnent des toisons de
+18 à 20 livres et les brebis 8 livres. La race Lincoln a été également
+introduite dans l'établissement; en 1878 la vente des béliers produisit
+33,315 francs.
+
+Le produit de la laine des brebis de toute race donne, terme moyen, 5
+livres 8 par toison: ce qui donne pour 80,000 brebis 185,600
+kilogrammes, soit à 1 fr. 50 le kilo: 464,000 fr.
+
+_Chevaux._--L'établissement ne contient que 350 juments et 50 étalons.
+
+_Cochons._--Il y a aussi 200 cochons de race Chester, blancs, longs de
+corps, de forme ronde, oreille tombante. Gras, ils pèsent 80 à 100
+kilogrammes, et à un an 120 à 140.
+
+_Administration._--L'administration se compose d'un majordome et d'un
+aide-majordome, d'un comptable, un teneur de livres chargé des magasins
+à denrées et des dépôts. Il y a un chef domestique et des pasteurs-chefs
+pour chaque espèce d'animaux; chacun d'eux dirige et surveille les
+serviteurs et pasteurs de chacune de ces classes. Il y a encore un
+jardinier, un forgeron, un menuisier; en général, chacun de ces derniers
+exploite un troupeau pour son compte dans l'établissement.
+
+_Produit._--Le produit brut du Tatay fut en 1877 de 2,967,019 piastres
+papiers, soit 593,400 francs.
+
+Les frais d'exploitation étaient de 32,000 francs.
+
+La valeur de l'établissement est d'environ 3,200,000 francs.
+
+Ce magnifique établissement a été créé par un homme d'une rare bonté,
+âgé aujourd'hui de 75 ans, encore robuste, Sir Samuel Hale.
+
+
+ Estancia de San-Juan de Léonardo Pereyra.
+
+L'estancia de San-Juan, appartenant à M. Léonard Pereyra, est située
+dans le district de Quilmes, à huit lieues au sud de la ville de
+Buenos-Ayres. Sa contenance est de quatre lieues et un tiers. Le chemin
+de fer de las Ensenades traverse le domaine, lequel se termine au
+sud-est du fleuve de Rio de la Plata.
+
+De la contenance ci-dessus indiquée, 900 cuadres (1,494 hectares) sont
+affermées à des cultivateurs en onze fermes de 70 cuadres (116
+hectares), deux de 83 hectares chacune et une de 44 hectares. Toutes ces
+fermes sont séparées les unes des autres par des haies vives et des
+chemins larges de dix-sept mètres. Les haies ont une extension de 34,400
+mètres.
+
+Le prix de fermage est de 60 francs par cuadre (1 hectare 66 ares).
+
+Les 3 lieues 3/4 du domaine qui ne sont pas affermées sont destinées à
+l'industrie de l'élève du bétail. Elles sont séparées en deux parties
+par une clôture en fil de fer. La partie basse près du fleuve, le Rio de
+la Plata, d'environ une lieue trois quarts, est destinée au pacage des
+vaches et juments, au nombre de 7,000 têtes de la première race,
+croisées Herford et Durham et de 800 de la seconde, croisement avec
+étalons Claveland. Les autres deux lieues sont destinées à l'élève de la
+race ovine, au nombre de 32,000 brebis croisées avec des béliers
+Rambouillet et Southdown.
+
+Dans cet espace de trois lieues trois quarts, un quart de lieue a été
+divisé en cinq compartiments destinés aux poulains de la race la plus
+fine de chaque espèce.
+
+151 cuadres (250 hectares) sont occupées par un grand pare situé autour
+du domaine; 50 cuadres (83 hectares) sont semées en luzerne.
+
+_Habitation._--En face la station Pereyra du chemin de fer se trouve la
+maison d'habitation, avec l'apparence d'un palais. On y arrive par une
+large allée bordée de grands arbres, traversant le parc; c'est la
+résidence d'été du propriétaire; 16 ouvriers sont occupés aux travaux et
+à l'entretien du parc et des jardins. Un bâtiment de cinq pièces est
+destiné au majordome, un autre pour le jardinier, d'autres pour les
+hommes de service de la maison. Divers hangars et des étables pour les
+animaux de fine race complètent l'ensemble des constructions.
+
+_Race chevaline._--La race chevaline est représentée, dans cet
+établissement, par mille juments de divers degrés de croisement.
+
+35 de pure race sont servies par un étalon Yort Claveland.
+
+35 autres, également de pure race, sont servies par un étalon Trakenem,
+de race allemande, introduite en 1876.
+
+Les poulains de ces races se vendent 600 francs.
+
+Deux autres groupes de juments sont destinés à produire les chevaux
+galopeurs chiliens. Ces chevaux ont le mérite d'aller à un pas de galop
+sans trop fatiguer le cheval et le cavalier.
+
+_Race bovine._--3,600 vaches, de divers croisements, sont servies par
+des taureaux Herford à face blanche.
+
+3,800 vaches croisées sont servies par des taureaux Durham. La première
+de ces races a été choisie parce qu'elle est plus robuste et moins
+difficile à élever.
+
+La seconde comme plus propre à l'engraissement et qu'elle produit une
+plus grande masse de viande.
+
+_Race ovine._--Deux races de brebis sont élevées dans le domaine de
+San-Juan, la race Southdown à face et pattes noires, sans cornes, et la
+race Rambouillet.
+
+Le groupe de race pure Southdown est de 1,500 brebis. Elles sont servies
+par des béliers de pure race.
+
+Le groupe de race croisée s'élève à 5,500 brebis.
+
+Les Southdowns acquièrent tout leur développement en dix-huit mois,
+pendant qu'aux Rambouillets il faut deux ans.
+
+Dans cet établissement, des moutons Southdown ont pesé après leur mort 9
+arrobes (90 kil.).
+
+La laine de cette race est plus recherchée que celle du Rambouillet,
+parce qu'elle est plus légère; on la paie deux francs de plus par
+arrobe.
+
+Le groupe de la race Rambouillet comprend 32,000 brebis.
+
+300 sont de pure race. Des béliers ont donné des toisons pesant de 18 à
+32 livres de laine. Ces brebis sont menées au pâturage pendant le jour,
+et la nuit, on leur donne, dans des hangars, du fourrage sec à manger.
+
+L'année 1877, on récolta 3,500 arrobes (35,000 kil.) de laine, ce qui,
+pour 32,000 têtes, donne 1 kil. 09 environ par tête, l'une comportant
+l'autre.
+
+À ces établissements nous pourrions en ajouter des centaines, tout aussi
+importants et aussi bien tenus, tels que ceux de M. Émile Duportal, à
+San-Vicente, de MM. Casares, Guerrico, Unzué, Lincoln, Ortiz, Édouard
+Olivera[21]. Celles dont je viens de faire la sommaire description
+suffiront pour démontrer à mes lecteurs les richesses immenses que
+l'industrie du bétail est appelée à produire dans la République
+Argentine.
+
+Comme preuve de haut intérêt que porte le gouvernement argentin depuis
+trente ans à l'oeuvre de la colonisation de son vaste territoire et de
+sa décision à en poursuivre l'exécution, nous reproduisons ici la lettre
+de félicitation et de remerciements pour notre initiative de
+colonisation, que nous faisait adresser, en septembre 1854, le
+gouvernement argentin, sous le général Urquiza, par l'éminent ministre
+de l'intérieur, M. le docteur Gorostiaga. Le président actuel de la
+République Argentine, brigadier-général Roca, pénétré de la même
+décision, disait, dans son dernier message au congrès: «Je crois
+nécessaire de stimuler la colonisation de nos territoires nationaux en
+accordant de larges concessions et en protégeant les colons.»
+
+Voici la lettre du ministre de l'intérieur, docteur Gorostiaga:
+
+
+ Parana, 11 septembre 1858.
+
+ Monsieur le docteur BROUGNES,
+
+«Son Excellence M. le président de la République Argentine a reçu un
+exemplaire de votre ouvrage intitulé: _Extinction du paupérisme agricole
+par la colonisation dans les provinces de la Plata_. La lecture de votre
+livre a complètement satisfait Son Excellence; elle m'a chargé de vous
+remercier en son nom, non-seulement de l'envoi d'un exemplaire dudit
+ouvrage, mais surtout du service important que vous rendez à la
+confédération, en vous occupant d'un de ses intérêts les plus vitaux,
+celui d'introduire dans nos contrées des travailleurs honnêtes et
+laborieux.
+
+«La question que vous avez traitée dans votre livre est frappante de
+vérité et pleine d'intérêt. Comme vous le dites, les bras surabondent en
+Europe, où le sol arable est infiniment trop réduit pour sa trop
+nombreuse population, pendant que nos immenses et fertiles plaines
+manquent presque totalement de laboureurs. Fournir du sol aux
+travailleurs agricoles, du travail et la subsistance aux indigents,
+telle est la question à résoudre au profit de l'Europe et de l'Amérique,
+question dont vous avez entrepris la solution avec un zèle qui vous
+honore. Le gouvernement argentin ne négligera rien, pour son compte, et
+s'imposera tous les sacrifices pour le succès d'une aussi grandiose
+entreprise.
+
+«Vous trouverez, à la suite de cette lettre, une copie d'un décret du 9
+septembre, qui vous prouvera le prix que M. le président de la
+République fait de vos travaux et de votre activité pour
+l'accomplissement de l'oeuvre dont la direction vous a été confiée,
+celle d'introduire dans notre pays des émigrants utiles et laborieux.
+
+«En exécutant les ordres de M. le Président, qu'il me soit permis, à mon
+tour, de vous adresser mes félicitations pour votre important travail,
+et je vous prie d'agréer l'assurance de ma haute considération,
+
+ Le ministre de l'intérieur,
+
+ BENJAMIN GOVOSTIAGA.
+
+
+
+ DÉCRET
+
+ Panama, 9 septembre 1852.
+
+En vue de répandre, dans la République Argentine, les idées bien conçues
+sur l'émigration européenne et de prouver le grand intérêt que prend le
+gouvernement pour les travaux des hommes d'intelligence sur cette
+question, et sur les avantages que l'agriculture, l'industrie, le
+commerce peuvent retirer de l'exploitation de notre sol,
+
+Le Président de la République Argentine décrète:
+
+Article 1er.--Le livre de M. le docteur Brougnes, intitulé: _Extinction
+du paupérisme agricole par la colonisation dans les provinces de la
+Plata_, sera traduit en espagnol, imprimé et publié aux frais du Trésor
+National.
+
+Art. 2.--L'exemplaire adressé au gouvernement argentin par M. Brougnes,
+sera déposé aux archives. Des remerciements seront adressés à l'auteur.
+
+Art. 3.--Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution du présent
+décret.
+
+Art. 4.--Il sera publié et communiqué à qui de droit.
+
+ _Le Président de la République Argentine_,
+ URQUIZA.
+
+ _Le secrétaire général_,
+ V. QUESADA.
+
+ _Le ministre de l'intérieur_,
+ B. GOROSTIAGA.
+
+
+L'oeuvre de colonisation à production élevée, dont nous venons d'exposer
+la combinaison et l'organisation, est destinée aux familles de
+cultivateurs pauvres dont la situation nous a paru irrémédiable par tout
+autre moyen. En les transformant en grands propriétaires, éleveurs de
+nombreux troupeaux d'animaux, avec l'outillage nécessaire à
+l'exploitation du sol, nous faisons de ces familles des agents de grande
+production, dont partie doit appartenir, en toute justice, à
+l'entreprise qui leur a créé une telle situation. Quant aux résultats
+heureux de l'oeuvre, nul ne peut les contester. Le chiffre des bénéfices
+sera, sans nul doute, plus ou moins élevé que celui que nous avons
+rationnellement calculé. Mais ces bénéfices, si réduits qu'ils soient,
+nul ne peut les nier. Un fait incontestable, c'est l'intérêt dix pour
+cent par an et la prime de vingt pour cent alloués par la loi argentine
+au capital employé à la colonisation, hypothéqué sur l'avoir mobilier et
+immobilier du colon et sur une grande concession de terre qui devient
+propriété de l'entreprise dès le moment de l'installation de la colonie,
+c'est-à-dire, du moment de l'application du capital à l'opération. Il y
+a donc toute sécurité pour le capital et de grands bénéfices à réaliser,
+tout en rendant au cultivateur pauvre le plus grand des services, celui
+de l'arracher au goufre de la misère vers lequel il est entraîné et de
+le placer sur la voie de la fortune largement ouverte devant lui. Quant
+à nous, notre conscience satisfaite nous dit que nous faisons une bonne
+oeuvre et une bonne action.
+
+ Dr BROUGNES.
+
+
+
+[Carte Géographique
+de la République Argentine
+avec les limites réglées par les derniers traités de 1881.]
+
+
+
+
+NOTES
+
+
+[1] En 1850, ému de la triste situation du petit cultivateur en
+ Europe, situation qui me parut irrémédiable par les moyens proposés
+ à cette époque, laquelle, en effet, n'a pas été améliorée,
+ j'entrepris un voyage dans l'Amérique du sud en vue de résoudre la
+ question du paupérisme agricole européen.[2] Dès mon arrivée dans
+ cette contrée, je ne tardai pas à reconnaître que la solution du
+ problème que je cherchais à résoudre était trouvée. L'inspiration de
+ mon entreprise m'était venue en lisant le journal la _Semaine_, du
+ 22 novembre 1850, où je trouvais la pensée de Cohen écrite en tête
+ de cette introduction.
+
+ À la vue de cet immense territoire, d'une salubrité reconnue, sous
+ la zone des climats tempérés, entre les 30ème et 40ème degrés de
+ latitude sud, la même que celle de l'Espagne et de l'Italie, et où
+ le sol est d'une fertilité rare, sous forme de prairies à pâturage
+ couvertes de bétail, sol facile à défricher, facile à exploiter, que
+ les gouvernements et même le particulier vendaient à vil prix, ou
+ concédaient même gratis; à la vue, dis-je, de ces immenses plaines
+ sans limites et incultivées, je me décidai à faire profiter le
+ cultivateur pauvre européen des conditions si favorables pour lui.
+ C'est en vue de cet objet que je publiai à Montevideo, en 1852, une
+ brochure ayant pour titre: _Moyen de s'enrichir par la culture du
+ sol en Uruguay_.
+
+ Peu de temps après cette publication, des gouverneurs des provinces
+ argentines m'appelèrent à concourir aux entreprises que je
+ proposais. Le magnifique territoire des missions jésuitiques, si
+ salubre, si fertile, si pittoresque, qui m'était offert par le
+ gouvernement de Corrientes, fixa mon choix, et un contrat fut passé
+ le 29 janvier 1853, lequel fut garanti par le gouvernement national
+ le 12 octobre 1854. Un caprice du gouverneur de Corrientes lui ayant
+ fait établir la colonie à Ste-Anne, à trois lieues de la capitale,
+ au lieu de l'établir dans le territoire des missions, m'amena à
+ demander la résiliation du contrat; ma proposition, acceptée par le
+ gouvernement National, se termina par une transaction avec indemnité
+ en 1863. La colonie transférée dans le territoire des missions en
+ 1862, porte le nom de St-Martin; elle est située sur le bord du
+ fleuve Uruguay, non loin des ruines de Japeyu, ancienne capitale des
+ jésuites.
+
+ Dans cette dernière localité, la colonie a prospéré; on peut en
+ juger par l'extrait suivant du rapport de M. Samuel Navarro,
+ inspecteur des colonies du gouvernement argentin, en 1878, rapport
+ déposé aux archives du gouvernement National. J'extrais de ce
+ rapport la partie relative à la colonie St-Martin.
+
+ «D'après les renseignements que m'ont fourni les membres du conseil
+ municipal de la colonie, presque tous les colons se trouvent dans un
+ état prospère, au point que le moins aisé d'entr'eux pourrait
+ réaliser un capital de vingt à vingt-cinq mille francs s'il voulait
+ rentrer en France. En général, ils s'occupent d'agriculture et de
+ l'élève du bétail. Le plus âgé des colons, maire de la colonie, le
+ sieur Déjeane, venait de livrer à un autre colon, à cheptel, sept
+ cents vaches. Il en possède plus d'un millier.»
+
+ Le territoire des missions, qui a une superficie de deux mille
+ lieues carrées, est, depuis un an, sous la dépendance du
+ gouvernement national, qui va y établir des colonies.
+
+
+[2] _Extinction du paupérisme agricole européen par la colonisation
+ dans les provinces de la Plata, par le docteur BROUGNES_.
+
+ (Bagnères, 1854.)
+
+
+[3] Le revenu net de la propriété rurale en France est évaluée à
+ 2,750,000,000 de francs sur lequel l'État prélève le 25 pour cent,
+ soit 687,500,000 fr., droits de succession, impôt foncier, portes et
+ fenêtres...
+
+
+[4]
+ Territoires Nationaux.
+
+ { Les Pampas 10,000 lieues carrées.
+ À L'OUEST { Les Andes 3,000 --
+ { Le Rio Negro 4,000 --
+ { Le Limay 1,000 --
+
+ AU SUD { Le Chubut 5,000 --
+ { La Patagonie 10,000 --
+
+ AU NORD { Les Missions jésuitiques 2,000 --
+ { Le Chaco 8,000 --
+ ------
+ Total 43,000 --
+
+ Territoire des Provinces Argentines.
+
+ Superficies. Population.
+
+ Buenos-Ayres, capitale. 5 lieues carrées 300,000 âmes.
+ Buenos-Ayres, province 7,000 -- 195,121
+ Entrerios 5,000 -- 135,000
+ Santa-Fé 2,000 -- 88,981
+ Corrientes 6,000 -- 125,000
+ San-Luis 2,000 -- 53,268
+ Cordova 6,000 -- 216,241
+ Santiago de l'Estero 3,500 -- 133,243
+ Xucuman 1,570 -- 109,106
+ Salta 5,000 -- 110,000
+ Jujui 3,000 -- 40,265
+ Mendosa 6,500 -- 65,456
+ San Juan 3,200 -- 60,328
+ La Rioja 3,500 -- 48,959
+ Catamarca 3,500 -- 80,052
+ Indiens divers. 91,090
+ ------ ---------
+ TOTAL 57,775 lieues carrées. 1,755,040 âmes.
+
+
+[5] On a cru longtemps, et des personnes croient encore en France, que
+ l'émigration était préjudiciable au pays où elle se pratiquait.
+ Erreur profonde; les faits sont venus démontrer le contraire.
+ L'Angleterre, plus pratique que nous, ne s'est jamais opposée à
+ l'émigration. De 1847 à 1851, il sortit des ports d'Angleterre et
+ d'Irlande 2,307,470 émigrants, sur 11,050 navires. Récemment, en
+ 1878, il sortit de ce même pays 147,663 émigrants pour les
+ destinations suivantes: 81,557 pour les États-Unis de l'Amérique du
+ Nord;--37,224 pour l'Australie;--13,836 pour les possessions
+ anglaises;--13,036 pour autres pays divers. Est-ce que, pour avoir
+ perdu ces millions d'émigrants, l'Angleterre est moins riche
+ aujourd'hui, moins puissante qu'en 1840? Non, c'est le contraire. On
+ a dit aussi que l'argent emporté par les émigrants diminuait la
+ masse monétaire du pays; ceci n'est pas tout à fait exact. En
+ général, les émigrants emportent peu d'argent; il y en a même qui,
+ après avoir payé leur passage, n'en emportent pas du tout. Mais
+ l'argent de leur passage ne passe pas à l'étranger, il reste dans
+ les caisses des armateurs, propriétaires des navires de transport.
+ Il faut, d'autre part, tenir compte d'un autre fait qui est à la
+ connaissance de tout le monde: c'est le chiffre considérable
+ d'argent que nos émigrants, établis à l'étranger, envoient à leur
+ patrie. On a constaté que les émigrants anglais établis dans les
+ États-Unis de l'Amérique du Nord envoient chaque année à leurs
+ parents et aux banques de dépôt un million de livres sterling
+ (25,000,000 de francs). Les 60,000 Italiens, établis dans la
+ République argentine, envoient, chaque année, en Italie, de cinq à
+ six millions de francs. On a constaté ce fait sur les registres du
+ consulat italien à Buenos-Ayres et dans les livres des banques. Je
+ signalerai une autre considération d'une haute moralité: C'est la
+ séparation des jeunes gens d'avec leurs parents, dans nos campagnes
+ d'Europe. On voit tous les jours les enfants du petit cultivateur,
+ vivant dans les privations et la gêne dans leur propriété, réduits à
+ quitter la maison paternelle pour aller dans les villes gagner un
+ salaire qui leur permette de s'entretenir et de se procurer
+ certaines jouissances de la vie qui n'existent pas dans le village.
+ Il arrive alors que, libres de la direction et de la surveillance
+ des parents, ils se livrent avec l'inexpérience de leur âge à
+ l'entraînement des passions et des jouissances de la vie, souvent au
+ détriment de leur santé et des sentiments moraux que leur avaient
+ inspirés le père et la mère. Jetez un regard dans les grandes
+ villes, et vous serez douloureusement ému à la vue du tourbillon
+ fascinateur dans lequel se trouve entraîné la jeunesse française
+ ouvrière. Ne serait-elle pas mieux placée en pays étranger à côté
+ des parents, travaillant avec goût et courage, produisant en grand,
+ pouvant par conséquent pourvoir à leurs besoins, s'enrichissant de
+ leurs économies et préparant un meilleur avenir à la génération qui
+ suivra. La colonisation est donc une mesure de haute moralité
+ pratique.
+
+
+[6] _Entr'autres produits agricoles, nous devons signaler le lin,
+ lequel d'après certains colons, donne plus de rendement que le blé,
+ et encore n'est-il cultivé que pour la graine achetée pour le
+ commerce extérieur._
+
+
+[7] Cet intérêt de dix pour cent est le chiffre généralement adopté
+ pour les affaires commerciales dans la République Argentine.
+
+
+[8]
+ Territoires Nom des Colonies. Familles Individus
+
+ Entrerios Villa Libertad 197 982
+ Général Alvear 173 923
+
+ Chaco Resistencia 308 1,421
+ Presidente Avellanda 106 774
+ Formosa 13 74
+
+ Sta-Fé Reconquista 260 1,980
+ San Xavier 44 217
+ Iriondo 74 216
+
+ Cordova Caroya 190 874
+ Sampacho 170 814
+
+ Chubut Chubut 187 750
+
+ Patagonie Santa Cruz » 62
+
+ Buenos-Ayres Olavarria 85 433
+ ----- -----
+ Total 1,807 9,520
+
+
+[9] Le mois de juillet dernier (1882) un entrepreneur Italien, M.
+ Picasso, a proposé au gouvernement argentin de transporter dans la
+ République Argentine 500,000 émigrants européens, dont 300,000 pris
+ dans les pays du nord de l'Europe, et 200,000 dans les pays du sud.
+ Il emploierait de grands vapeurs propres à cette classe de
+ transport. Nous ignorons la réponse qu'aura faite le gouvernement.
+
+
+[10] Depuis la publication de mon travail à Buenos-Ayres, il y a un
+ an, le gouvernement de Santa Fé, qui occupe toujours la tête du
+ mouvement de la colonisation, s'est emparé de mon idée, et le mois
+ d'octobre dernier, il passait un contrat avec M. Calsado, chargé, à
+ cet effet, de fonder une société anonyme pour la construction d'un
+ chemin de fer colonial de Rosario à Candelaria; et le 3 juillet
+ dernier (1882), il est venu demander au congrès, avec l'assentiment
+ du gouvernement national, une loi de garantie d'un 7 pour cent pour
+ le capital nécessaire à la construction de cette voie ferrée. Ce
+ chiffre de garantie est généralement adopté par le gouvernement
+ argentin pour les constructions des chemins de fer.
+
+
+[11] La vallée de Rio-Negro, cet autre Nil de l'Amérique du Sud,
+ s'étend à partir de l'Océan Atlantique du Sud-Est vers le
+ Nord-Ouest, entre le 39ème et le 41ème degrés de latitude sud, jusqu'à
+ la confluence des deux fleuves Limay et Neuquen, à environ 170
+ lieues de la mer. Cette vallée qui tantôt se rétrécit et tantôt
+ s'élargit jusqu'à la distance de 2 à 6 lieues de largeur, est
+ couverte d'une végétation splendide: la vigne, le blé et toutes les
+ céréales y prospèrent et des prairies à herbages vigoureux couvrent
+ ce terrain d'alluvion déposé chaque année par les crues des eaux du
+ grand fleuve, le Rio-Negro, formé par les deux grandes rivières le
+ Limay et le Neuquen.
+
+ L'ingénieur français, M. Ebelot, parlant de cette vallée dans un
+ rapport adressé au gouvernement Barros, s'exprime ainsi:
+
+ «La vallée du Rio-Negro court entre deux lignes de coteaux
+ parallèles; lesquels, tantôt se rapprochent jusqu'à former un
+ détroit, tantôt s'éloignent à deux lieues du lit du fleuve, et la
+ vallée alors se présente sous l'aspect d'une prairie ondulée dont le
+ sol formé de matériaux d'alluvion est d'une grande fertilité.
+
+ --Les explorateurs du fleuve Rio-Negro, Delcalsi en 1833, les
+ colonels Obligado et Guerrico tout récemment, ont confirmé cette
+ assertion. 2,700 habitants occupent l'entrée de cette vallée,
+ s'étendant à trente lieues vers l'Ouest jusque vis-à-vis le port
+ St-Antoine, situé à 11 lieues au Sud de ce point.
+
+
+[12] Le chiffre de 300,000 francs est la moyenne de la dépense dans la
+ construction du chemin de fer que le gouvernement national fait
+ construire entre Mercedes et Mendosa. À mon avis, ce chiffre de
+ dépenses pourrait être réduit, le terrain de la Pampa offrant les
+ conditions les plus faciles pour la construction des voies ferrées
+ et peu de difficultés, sauf les deux Ponts à construire sur le Rio
+ Cotorado et le Rio Negro, dont on pourrait réserver la construction
+ pour le compte de l'État.
+
+
+[13] Nous donnons ici des distances approximatives à quelques lieues
+ près, à défaut d'une étude exacte des distances qui n'a pas encore
+ été faite dans cette contrée récemment conquise sur les Indiens. Le
+ chiffre des distances que nous donnons a été calculé sur les
+ rapports fournis par les chefs de détachement de l'armée
+ expéditionnaire de l'année 1879. Ces rapports, insérés dans le grand
+ ouvrage (itinéraire de la Pampa et du Rio Negro) du colonel
+ Oloscoaga, chef du bureau topographique de l'expédition, donnent,
+ outre les distances parcourues, un aperçu géographique de cette
+ magnifique contrée, parsemée de lacs et de bouquets de grands
+ arbres, qui n'existent pas dans la Pampa nue de Buenos-Ayres.
+ Condition heureuse pour une entreprise de chemins de fer qui
+ trouverait ainsi sur les lieux le bois nécessaire à la construction
+ d'une voie ferrée sur une plaine peu accidentée où les terrassements
+ sont faciles à exécuter.
+
+ Je dois mentionner aussi les précieux renseignements que m'ont
+ fournis deux excellents amis, le commandant Alsogaray et le docteur
+ Astrié.
+
+ Le premier a parcouru avec son détachement la ligne entière de
+ Mercedes à Poitagué et de là quarante lieues plus loin jusqu'au paso
+ del Noque de la grande rivière le Chalideobu, continuation du Rio
+ Salado. Le docteur Astrié, Français, du département de l'Ariége, a
+ parcouru comme médecin du corps du général Uriburu, toute la ligne
+ qui s'étend au bas des Cordillères, entre le Rio-Neuquen au Sud et
+ Mendosa au Nord, cent lieues environ. Le docteur Astrié, par son
+ noble caractère, ses connaissances scientifiques, son généreux
+ dévouement pour ses compatriotes, honore le nom français dans ces
+ contrées. Je lui devais ici une manifestation de ma profonde et
+ sympathique estime. Le docteur Astrié réside à Mercedes. Il est
+ aujourd'hui médecin en chef du corps d'armée de l'Ouest.
+
+
+[14] Voir, page 35, l'emploi de ce capital.
+
+
+[15] «En décembre dernier, 1881, on a vendu pour 20,000 piastres
+ fortes (100,000 francs) une lieue carrée de terrain, à Juarer,
+ village situé à cent lieues au sud de la ville de Buenos-Ayres.» Ce
+ terrain n'aurait pas trouvé d'acheteurs à 1,000 piastres avant la
+ fondation du village, il y a vingt ans. (_National de Buenos-Ayres_,
+ du 22 décembre 1881.)
+
+
+[16] L'énorme quantité d'animaux qui se produit dans ces contrées, est
+ achetée, par milliers, pour être exploitée dans les nombreux
+ saladeros, établissements où l'on tue des centaines d'animaux,
+ chaque jour, pour les dépouiller du cuir et extraire le suif, les
+ os, etc.
+
+
+[17] _Dans l'état des dépenses que nous établissons ici, nous avons
+ pris la moyenne des valeurs. Mais ces valeurs étant variables, il
+ pourra arriver que le chiffre de 9,500 fr., somme des avances à
+ faire au colon, se trouve plus élevé ou plus faible que celui qui
+ sera réellement employé. Dans ce cas, on puisera dans la réserve
+ assez considérable que nous créons pour couvrir l'insuffisance, et,
+ dans le cas contraire, d'un excédent, le chiffre de celui-ci
+ rentrera dans la réserve._
+
+
+[18] La nécessité d'une Banque Franco-Argentine se fait sentir depuis
+ longtemps, à Buenos-Ayres, pour le service des grandes affaires
+ commerciales qui se font entre Paris et la République Argentine, où
+ l'intérêt usuel des capitaux est de dix et quinze pour cent. Les
+ Anglais, les Italiens, les Brésiliens, ont déjà fondé des Banques à
+ Buenos-Ayres avec succès. Les nombreux négociants Parisiens qui font
+ des affaires importantes avec la République Argentine trouveraient,
+ dans une institution de cette classe, une puissante ressource pour
+ leurs opérations commerciales et de grands bénéfices à réaliser;
+ surtout en ce moment où ce pays marche, à pas de géant, dans la voie
+ de sa prospérité.
+
+
+[19] À l'époque où vivait M. Brayer (1840), la vache ne valait que
+ quinze francs, aujourd'hui son prix est de cinquante à soixante
+ francs. Cette différence de prix ne change pas la valeur du
+ rendement, car si la vache a haussé de prix, le produit de l'élève a
+ haussé dans les mêmes proportions; mille vaches achetées pour
+ cinquante mille francs produiraient aujourd'hui deux cent mille
+ francs en six ans.
+
+
+[20] La lieue argentine équivaut à 5 kilomètres 160 mètres.
+
+ La lieue carrée est donc égale à 26 kilomètres carrés 346 mètres.
+
+
+[21] M. Édouard Olivera est l'Argentin qui a contribué le plus au
+ progrès immense qu'ont acquis l'agriculture et l'industrie de
+ l'élève du bétail dans la République Argentine. Ancien élève
+ distingué de l'école de Grignon, agronome instruit, auteur d'un
+ ouvrage très intéressant, en deux volumes, ayant pour titre:
+ _Voyages agricoles en Europe_, organisateur de la grande société,
+ _le Club Rural Argentin_, fondateur des annales de cette société,
+ dans lesquelles il a publié plusieurs articles remarquables, M.
+ Édouard Olivera est appelé à jouer un rôle important dans le
+ mouvement industriel de son pays. Pour mon compte, je n'oublierai
+ jamais les agréables et instructifs entretiens que j'ai été assez
+ heureux d'avoir avec cet homme distingué. La publication en français
+ de son livre, serait une oeuvre précieuse pour les agronomes et
+ cultivateurs de l'Europe. Cet ouvrage, écrit en espagnol, est entre
+ nos mains, nous le mettons à la disposition d'un auteur qui se
+ chargera de la traduction. Sa publication sera une oeuvre utile, et,
+ je crois aussi, une bonne spéculation.
+
+
+
+
+NOTES DU TRANSCRIPTEUR
+
+On a représenté les lettres en exposant au moyen du signe ^. Ainsi,
+«production^m» se lit «production à la puissance m».
+
+Un mot illisible a été remplacé par des astérisques.
+
+Quelques coquilles ont été corrigées, y compris dans les tableaux de
+chiffres. BLA BLA BLA.
+
+
+
+
+
+End of the Project Gutenberg EBook of Bases pour servir aux entreprises de
+colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine, by Auguste Brougnes
+
+*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK BASES POUR SERVIR AUX ENTREPRISES DE COLONISATION ***
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+Produced by Adrian Mastronardi, Laurent Vogel and the
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+(This file was produced from images generously made
+available by the Bibliothèque nationale de France
+(BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)
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+(and you!) can copy and distribute it in the United States without
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+things that you can do with most Project Gutenberg-tm electronic works
+even without complying with the full terms of this agreement. See
+paragraph 1.C below. There are a lot of things you can do with Project
+Gutenberg-tm electronic works if you follow the terms of this agreement
+and help preserve free future access to Project Gutenberg-tm electronic
+works. See paragraph 1.E below.
+
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+Gutenberg-tm electronic works. Nearly all the individual works in the
+collection are in the public domain in the United States. If an
+individual work is in the public domain in the United States and you are
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+ you already use to calculate your applicable taxes. The fee is
+ owed to the owner of the Project Gutenberg-tm trademark, but he
+ has agreed to donate royalties under this paragraph to the
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+ must be paid within 60 days following each date on which you
+ prepare (or are legally required to prepare) your periodic tax
+ returns. Royalty payments should be clearly marked as such and
+ sent to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation at the
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+ the Project Gutenberg Literary Archive Foundation."
+
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+ License. You must require such a user to return or
+ destroy all copies of the works possessed in a physical medium
+ and discontinue all use of and all access to other copies of
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+ money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the
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+ of receipt of the work.
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+forth in this agreement, you must obtain permission in writing from
+both the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and Michael
+Hart, the owner of the Project Gutenberg-tm trademark. Contact the
+Foundation as set forth in Section 3 below.
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+effort to identify, do copyright research on, transcribe and proofread
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+works, and the medium on which they may be stored, may contain
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+of Replacement or Refund" described in paragraph 1.F.3, the Project
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+PROVIDED IN PARAGRAPH F3. YOU AGREE THAT THE FOUNDATION, THE
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+LIABLE TO YOU FOR ACTUAL, DIRECT, INDIRECT, CONSEQUENTIAL, PUNITIVE OR
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+receive the work electronically in lieu of a refund. If the second copy
+is also defective, you may demand a refund in writing without further
+opportunities to fix the problem.
+
+1.F.4. Except for the limited right of replacement or refund set forth
+in paragraph 1.F.3, this work is provided to you 'AS-IS' WITH NO OTHER
+WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO
+WARRANTIES OF MERCHANTIBILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE.
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+warranties or the exclusion or limitation of certain types of damages.
+If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the
+law of the state applicable to this agreement, the agreement shall be
+interpreted to make the maximum disclaimer or limitation permitted by
+the applicable state law. The invalidity or unenforceability of any
+provision of this agreement shall not void the remaining provisions.
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+1.F.6. INDEMNITY - You agree to indemnify and hold the Foundation, the
+trademark owner, any agent or employee of the Foundation, anyone
+providing copies of Project Gutenberg-tm electronic works in accordance
+with this agreement, and any volunteers associated with the production,
+promotion and distribution of Project Gutenberg-tm electronic works,
+harmless from all liability, costs and expenses, including legal fees,
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+or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg-tm
+work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any
+Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause.
+
+
+Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
+
+Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
+electronic works in formats readable by the widest variety of computers
+including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists
+because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
+people in all walks of life.
+
+Volunteers and financial support to provide volunteers with the
+assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's
+goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
+remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
+Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
+and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
+To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
+and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
+and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.
+
+
+Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
+Foundation
+
+The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
+501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
+state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
+Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
+number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
+http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
+permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
+
+The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
+Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
+throughout numerous locations. Its business office is located at
+809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
+business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
+information can be found at the Foundation's web site and official
+page at http://pglaf.org
+
+For additional contact information:
+ Dr. Gregory B. Newby
+ Chief Executive and Director
+ gbnewby@pglaf.org
+
+
+Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation
+
+Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
+spread public support and donations to carry out its mission of
+increasing the number of public domain and licensed works that can be
+freely distributed in machine readable form accessible by the widest
+array of equipment including outdated equipment. Many small donations
+($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
+status with the IRS.
+
+The Foundation is committed to complying with the laws regulating
+charities and charitable donations in all 50 states of the United
+States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
+considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
+with these requirements. We do not solicit donations in locations
+where we have not received written confirmation of compliance. To
+SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
+particular state visit http://pglaf.org
+
+While we cannot and do not solicit contributions from states where we
+have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
+against accepting unsolicited donations from donors in such states who
+approach us with offers to donate.
+
+International donations are gratefully accepted, but we cannot make
+any statements concerning tax treatment of donations received from
+outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
+
+Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
+methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
+ways including checks, online payments and credit card donations.
+To donate, please visit: http://pglaf.org/donate
+
+
+Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic
+works.
+
+Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
+concept of a library of electronic works that could be freely shared
+with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
+Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.
+
+
+Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
+editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
+unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily
+keep eBooks in compliance with any particular paper edition.
+
+
+Most people start at our Web site which has the main PG search facility:
+
+ http://www.gutenberg.org
+
+This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
+including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
+Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
+subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.
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+</head>
+
+<body>
+
+
+<pre>
+
+The Project Gutenberg EBook of Bases pour servir aux entreprises de
+colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine, by Auguste Brougnes
+
+This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
+almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
+re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
+with this eBook or online at www.gutenberg.org
+
+
+Title: Bases pour servir aux entreprises de colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine
+
+Author: Auguste Brougnes
+
+Release Date: August 25, 2007 [EBook #22393]
+
+Language: French
+
+Character set encoding: ISO-8859-1
+
+*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK BASES POUR SERVIR AUX ENTREPRISES DE COLONISATION ***
+
+
+
+
+Produced by Adrian Mastronardi, Laurent Vogel and the
+Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net
+(This file was produced from images generously made
+available by the Bibliothèque nationale de France
+(BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)
+
+
+
+
+
+
+</pre>
+
+<h1><big>BASES</big><br>
+Pour servir aux Entreprises de Colonisation<br>
+<small>DANS LES</small><br>
+TERRITOIRES NATIONAUX<br>
+<small>DE LA</small><br>
+RÉPUBLIQUE ARGENTINE</h1>
+
+<p class="h3">PAR LE<br>
+<big>Docteur AUGUSTE BROUGNES</big><br>
+Propriétaire-Agriculteur à Caixon, près Vic-Bigorre<br>
+[Hautes-Pyrénées].</p>
+
+<p class="cite"><i>La colonisation à l'extérieur est, dans les
+conditions économiques actuelles, le remède le
+plus efficace du paupérisme agricole.</i></p>
+
+<p class="r2"><i>COHEN.</i></p>
+
+<p class="r1"><span class="sc">Semaine</span> <i>du 22 novembre 1850.</i></p>
+
+<p class="cite"><i>La rédemption de la race blanche se trouverait
+dans l'acquisition morale de tout un
+monde riche et vierge, d'un monde qui donnerait
+terre, travail, fortune.</i></p>
+
+<p class="r2"><i>ANDRES LAMAS.</i></p>
+
+<p class="r1"><i>Notice sur l'Uruguay.</i></p>
+
+<br>
+<br>
+
+<p class="c">TARBES<br>
+<small>Imprimerie de E. VIMARD, place Maubourguet, 7.</small></p>
+
+<p class="c">1882</p>
+
+<br><hr><br>
+
+
+
+<p class="h3"><big>À SON EXCELLENCE</big><br>
+M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ARGENTINE<br>
+Brigadier général, Jules ROCA</p>
+
+<p class="r2"><i>Hommage de ma respectueuse estime</i>.</p>
+
+<p class="r1">D<sup>r</sup> BROUGNES.</p>
+
+<br><hr><br>
+
+
+<span class="pagenum"> -1- </span>
+
+<p class="h1"><big>BASES</big><br>
+Pour servir aux Entreprises de Colonisation<br>
+<small>DANS LES</small><br>
+TERRITOIRES NATIONAUX<br>
+<small>DE LA</small><br>
+RÉPUBLIQUE ARGENTINE</p>
+
+<p class="h3">PAR LE<br>
+<big>Docteur AUGUSTE BROUGNES</big><br>
+Propriétaire-Agriculteur à Caixon, près Vic-Bigorre<br>
+[Hautes-Pyrénées].</p>
+
+<br><br>
+
+<p class="c">TARBES<br>
+<span class="sm">Imprimerie de E. VIMARD, place Maubourguet, 7.</span></p>
+
+<p class="c">1882</p>
+
+<br><hr><br>
+
+<span class="pagenum"> -2- </span>
+<p class="c">Tarbes, imprimerie de E. Vimard, place Maubourguet, 7.</p>
+
+<br><hr><br>
+
+
+<span class="pagenum"> -3- </span>
+
+<h2>INTRODUCTION</h2>
+
+<p class="cite"><i>La colonisation à l'extérieur est, dans les conditions
+économiques actuelles, le remède le plus
+efficace du paupérisme agricole</i>.</p>
+
+<p class="r2">COHEN.</p>
+
+<p class="r1"><span class="sm">(<i>Semaine</i> du 21 novembre 1850).</span></p>
+
+<p>Nous livrons aujourd'hui au public la traduction d'une
+brochure, publiée en espagnol, au mois d'août 1881, à Buenos-Ayres,
+capitale de la République Argentine. Nous l'offrons à
+nos compatriotes, sans ambition pour son mérite littéraire,
+que nous n'avons pas cherché, mais seulement pour son utilité
+économique et pratique, considérée au point de vue des intérêts
+matériels de l'intéressante population agricole européenne
+pauvre, dont nous voudrions voir améliorer le sort.</p>
+
+<p>Frappé d'admiration dans notre dernier voyage de
+l'Amérique du Sud, de l'immense mouvement commercial et
+industriel qu'offrait cette contrée que nous visitions pour la
+troisième fois depuis trente ans; enchanté du tableau vivant
+de la richesse de sa campagne, peuplée d'innombrables
+troupeaux de brebis, de vaches, de chevaux, au milieu
+desquels se promenaient des groupes de cerfs; étonné surtout
+de voir chaque semaine descendre sur la plage des milliers
+d'émigrants, en grande partie colons italiens, suisses,
+savoyards, et quelques Français, dont la majeure partie étaient
+dirigés, aux frais du gouvernement, aux nombreuses colonies
+de la province de Santa-Fé, autrefois la plus pauvre et
+aujourd'hui une des plus riches de la République; heureux
+de voir dans ce pays que l'idée de la colonisation, dont j'avais
+été le promoteur et le premier entrepreneur en 1854, avait
+pris un développement inespéré<a id="footnotetag1" name="footnotetag1"></a><a href="#footnote1"><sup>1</sup></a>, à l'aspect, dis-je, de ce
+<span class="pagenum"> -4- </span>mouvement agricole, commercial et industriel, je me mis de
+nouveau à étudier la question de la colonisation argentine,
+organisée en vue de compléter l'&oelig;uvre par une combinaison
+propre à produire de meilleurs, de plus grands résultats.</p>
+
+<p>Partant du principe économique que le travail, le travail
+agricole surtout, est d'autant plus productif que l'outillage
+(capital mobilier et de rente) est plus complet; trouvant
+d'autre part, dans la loi sur la colonisation, promulguée par le
+gouvernement argentin le 6 octobre 1876, des dispositions
+largement libérales, dans les concessions des terres et autres
+priviléges que le gouvernement accorde, je m'occupai de
+coordonner dans les proportions voulues l'action de ces trois
+éléments: terre, travail, capital, de manière à leur faire
+produire, par leur concours simultané, les plus grands résultats
+possibles.</p>
+
+<p>Le but que je me proposais, en me livrant à ce travail,
+consistait à ouvrir au cultivateur européen pauvre une voie de
+salut large, facile à parcourir, sans sacrifice d'argent de sa
+part, entreprise qui lui permette de se créer une honnête
+<span class="pagenum"> -5- </span>aisance pour ses vieux jours, une fortune pour ses enfants.
+Les moyens que je propose en vue de ce résultat, et que
+j'exposerai dans le cours de ce travail, sont clairs et bien
+définis. Je n'en connais pas de plus efficaces pour remédier
+aux souffrances du cultivateur pauvre, ce Sisyphe de notre
+époque, condamné à la peine, aux privations, sans espoir
+d'en voir la fin.</p>
+
+<p>Les souffrances de l'agriculture, tout le monde les connaît,
+le cultivateur plus que tout autre. Une enquête sérieuse sur
+sa situation dévoilerait des misères profondes, inconnues. On
+serait étonné comment, avec sa propriété réduite, le peu de
+rendement que donne le sol, les risques que font courir les
+perturbations atmosphériques, telles que sécheresse, gelées,
+grêle, maladie des plantes, la mortalité des animaux, sans
+compter toutes les charges que le fisc fait peser sur l'agriculture<a id="footnotetag3" name="footnotetag3"></a><a href="#footnote3"><sup>3</sup></a>,
+celles que lui impose l'entretien d'une famille et
+<span class="pagenum"> -6- </span>d'une maison d'exploitation; on serait étonné, dis-je, comment
+ce cultivateur, qui donne à la terre tout le travail d'une
+année, peut se maintenir sans se ruiner et conserver son
+faible patrimoine jusqu'au jour où ses enfants viendront se le
+partager et le réduire en lambeaux.</p>
+
+<p>Sans doute, telle n'est pas la situation de tous les petits
+cultivateurs; je ne veux pas exagérer le tableau. Il y en a
+certes dans le nombre qui, à force de travail et d'économie,
+en s'aidant des bénéfices de quelque autre industrie, ou
+favorisés par quelque héritage, se procurent une certaine
+aisance; mais ceux-ci sont peu nombreux. <i>Apparent rari
+nantes in gurgite vasto</i>; et leur situation exceptionnelle ne
+détruit pas mon assertion.</p>
+
+<p>Sans doute, aussi, nos économistes, nos hommes d'État,
+émus de cette situation, ont cherché et cherchent encore les
+moyens d'y remédier.</p>
+
+<p>Jusqu'à ce jour, leur bonne volonté, tous leurs efforts, sont
+restés impuissants pour améliorer cette situation, et le pauvre
+cultivateur attend encore la nymphe Egérie qui doit souffler,
+aux oreilles de nos législateurs et de nos ministres, les
+mesures de salut propres à l'arracher au gouffre béant de la
+misère. Bien des propositions ont été faites, de nombreux
+projets ont été présentés et étudiés. On a bien vite reconnu
+que ces propositions, ces projets, n'étaient que des palliatifs,
+des mesures impuissantes pour remédier au mal. Ce n'était
+qu'appliquer un sédatif sur une plaie douloureuse, sans pouvoir
+la cicatriser. Pense-t-on, en effet, qu'avec la faible
+gratification de quelques francs, résultant de la diminution
+ou de l'exemption de l'impôt foncier, de celui des portes et
+fenêtres, ou de la prestation, guérir le mal qui dévore la
+petite culture? On ne peut le croire; et les soixante millions
+provenant de la conversion de la rente, distribués chaque
+année à nos trois millions de petits cultivateurs, c'est-à-dire
+vingt francs pour chacun d'eux, changeront-ils sa situation?
+Et croit-on que l'institution des banques agricoles, en facilitant
+les emprunts au petit cultivateur, c'est-à-dire le moyen de
+dépenser davantage, au lieu de diminuer le mal, ne l'aggraverait
+pas? Peut-on, avec de telles mesures, couvrir la dette
+hypothécaire de huit milliards de francs qui pèse sur la
+<span class="pagenum"> -7- </span>propriété, prélevant chaque année sur la production agricole
+de trois à quatre cent millions de francs?</p>
+
+<p>Non, tous ces moyens proposés, toutes ces mesures indiquées
+ne suffisent pas et sont impuissantes à résoudre le grand
+problème de l'extinction du paupérisme agricole.</p>
+
+<p>Pour mon compte, je ne connais qu'un moyen réellement
+efficace, pratique, radical, c'est celui indiqué par Cohen dans
+le journal la <i>Semaine</i> du 22 novembre 1850 (cité plus haut).
+C'est aussi celui que la nature nous conseille. Lorsqu'une plante,
+un arbre, dépérissent sur un sol maigre et stérile, transplantés
+sur un terrain gras et fertile, ils revivent, reprennent leur
+vigueur et se couvrent de fruits.</p>
+
+<p>Notre &oelig;uvre de colonisation ne s'adresse pas précisément
+aux propriétaires qui jouissent de plus ou moins d'aisance.
+Que ceux-ci continuent à vivre dans le village où les retiennent
+des habitudes sociales, des relations d'amitié ou de familles,
+pénibles à rompre. Notre &oelig;uvre a pour unique objet d'ouvrir
+une voie de salut à tous ces malheureux petits cultivateurs,
+qui usent inutilement leur vie et leur courage par un travail
+stérile, improductif, accablés sous le fardeau de lourdes
+charges qui paralysent l'action du travail et à qui, s'ils venaient
+à liquider leur situation, il ne resterait rien ou resterait un
+capital insignifiant. C'est pour ces Danaïdes de notre époque,
+condamnées à remplir d'eau un tonneau dont la bonde est
+ouverte; c'est, en un mot, au cultivateur pauvre qu'est destinée
+notre &oelig;uvre. Dans notre conviction, nous croyons faire une
+bonne &oelig;uvre.</p>
+
+<p>L'histoire économique moderne nous offre une preuve
+éclatante des résultats que procure la mesure que nous
+conseillons. En moins de quatre-vingts ans, trois millions de
+colons irlandais et allemands ont fait des terres désertes et
+incultes des États-Unis de l'Amérique du Nord le champ le
+plus vaste d'exploitation agricole; en s'enrichissant, ces colons
+ont fait de cette contrée une des plus puissantes et des plus
+riches nations du monde. Pendant que l'Amérique espagnole
+fermait ses portes aux étrangers, les États-Unis de l'Amérique
+du Nord promulguaient leur <i>homestead Lau</i> (Loi du domicile)
+et concédaient à très bas prix, même gratuitement, des
+terres aux colons. Aujourd'hui, les Argentins de l'Amérique
+<span class="pagenum"> -8- </span>du sud, convertis aux idées de colonisation, viennent aussi
+de promulguer une loi de colonisation plus complète et bien
+plus libérale que celle de l'Amérique du Nord, sans pour
+cela être parfaite.</p>
+
+<p>Le plan de colonisation que nous publions aujourd'hui a
+pour objet de compléter cette loi, en simplifiant les procédés
+d'exécution et en donnant un développement plus grand, plus
+élevé, aux opérations de cette classe, tout en restant dans le
+cercle des dispositions des articles 98, 99 et 104 de la partie
+de cette loi qui s'applique aux entreprises particulières de
+colonisation. La loi homestead Lau, de l'Amérique du Nord,
+se bornait à céder où à vendre à bas prix des terres aux colons.
+Dans notre système de colonisation, en 1853, nous ajoutions,
+à la concession d'un vaste terrain, des avances remboursables,
+consistant en une habitation, la subsistance durant la
+première année, les outils agricoles indispensables au colon.
+La loi argentine du 6 octobre 1876 a adopté ce système; aujourd'hui,
+nous venons le compléter, en le régularisant, en l'élevant
+à un plus haut degré de puissance productive, par un
+bon choix de familles agricoles et par l'emploi d'un capital
+suffisant pour permettre au colon de faire de la colonisation
+une industrie des plus productives pour lui, pour les entrepreneurs,
+pour le gouvernement lui-même, ce qui est le perfectionnement
+de l'&oelig;uvre économique de la colonisation,
+comme le prouveront les résultats immenses que notre système
+produira.</p>
+
+
+<br><hr><br>
+
+
+<span class="pagenum"> -9- </span>
+
+<h2><big>BASES</big><br>
+POUR SERVIR AUX ENTREPRISES DE COLONISATION<br>
+<small>DANS LES</small><br>
+TERRITOIRES NATIONAUX &amp; PROVINCIAUX<br>
+<small>DE LA</small><br>
+RÉPUBLIQUE ARGENTINE</h2>
+
+<p>Une des premières conditions de toute colonisation, c'est
+que le pays que l'on veut coloniser offre des garanties d'ordre
+et de paix, une situation hygiénique et climatérique, sans danger
+pour la vie des colons, où enfin règnent et se développent
+à l'aise le progrès et la prospérité. Or, toutes ces conditions se
+trouvent aujourd'hui réunies dans la République Argentine.</p>
+
+<p>Située entre les 22<sup>me</sup> et 53<sup>me</sup> degrés de latitude de l'hémisphère
+sud, limitée à l'ouest par la chaîne des cordillères,
+sur une longueur de six cents lieues et arrosée au
+sud-est et à l'est par les eaux de l'Océan atlantique, sur une
+étendue de près de quatre cents lieues, jouissant du bénéfice
+de tous les climats, tropical au nord, tempéré au centre, glacial
+au sud, la République Argentine offre au travail du cultivateur
+européen le plus vaste, le plus fructueux champ d'exploitation
+qui existe sur le globe.</p>
+
+<p><span class="pagenum"> -10- </span>Un territoire de cent mille lieues carrées<a id="footnotetag4" name="footnotetag4"></a><a href="#footnote4"><sup>4</sup></a> quatre fois plus
+étendu que celui de la France, dont quarante mille appartiennent
+à l'État, formant huit territoires; une population réduite
+de 1,852,029 habitants, une terre vierge des plus fertiles,&mdash;5,116,029
+têtes de bétail,&mdash;1,534,478 chevaux et juments,&mdash;45,511,351
+brebis ou moutons, évalués à 364,090,860 francs.
+(Recensement de 1875).... Voilà, en gros, le pays que le gouvernement
+argentin veut coloniser, en le livrant à l'activité du
+travailleur agricole européen, et pour quel objet il a promulgué
+une loi dont nous ferons connaître plus loin les principales
+dispositions.</p>
+
+<p><span class="pagenum"> -11- </span>Le moment est on ne peut plus favorable pour cette entreprise.</p>
+
+<p>Les questions d'ordre politique intérieur ont été résolues
+par la constitution fédérale de 1853, qui maintient unies les
+quatorze provinces argentines, sous la protection d'un gouvernement
+national fort et respecté, disposant de la force publique
+et de toutes les ressources nationales. La question de la
+capitale de la République, qui a tenu durant vingt ans les Argentins
+dans un état d'agitation passionnée, a été résolue, il y
+a deux ans, par la cession au gouvernement national de la riche
+cité de Buenos-Ayres, avec ses trois cent mille habitants,
+ses établissements publics, ses immenses ressources et son
+port de commerce visité chaque année par les navires de toutes
+les nations du globe. Les Indiens, qui occupaient l'immense
+et fertile plaine des Pampes et qui, durant des siècles, furent
+la terreur des éleveurs de bétail des provinces de Buenos-Ayres,
+Santa-Fé, Cordova, Saint-Louis et Mendosa, ont disparu
+et sont tenus à distance par la ligne militaire de la frontière,
+à la suite d'une expédition armée, habilement dirigée par le
+général Roca, Président actuel de la République. Huit mille
+Indiens avec leurs caciques faits prisonniers, un grand territoire
+conquis, la confiance rétablie parmi les éleveurs de bétail des
+provinces voisines... tels ont été les résultats de cette heureuse
+et importante expédition sur les Indiens, dont la race
+tend à disparaître sous l'action de la misère et de la maladie.
+Enfin, la question des frontières avec le Chili, qui, depuis
+soixante ans, préoccupaient les esprits de l'un et de l'autre côté
+des Andes, s'est terminée par un traité de limites signé en juillet
+1881.</p>
+
+<p>Ces trois importantes questions&mdash;choix de Buenos-Ayres
+pour capitale de la République,&mdash;conquête de plusieurs territoires
+sur les Indiens,&mdash;traité de limites avec le Chili, se
+trouvant heureusement résolues, la paix et l'ordre étant assurés,
+une ère de prospérité d'une portée incalculable s'ouvre
+aujourd'hui pour la République Argentine. Cette ère s'est déjà
+manifestée pour tous ceux qui jugent sans passion la marche
+des affaires dans ce pays. Le tableau de sa situation économique,
+commerciale et financière, formulé en chiffres statistiques
+dans le Message du Président de la République, à l'ouverture
+<span class="pagenum"> -12- </span>du congrès le 7 mai dernier (1882), est la preuve éclatante de
+ce fait.</p>
+
+<p>D'après ce Message, le commerce international pendant l'année
+1881 s'est élevé au chiffre de 582,155,035 francs, avec 14
+pour cent d'augmentation sur celle de 1880. Il promet de s'élever
+à 711,800,000 francs pour l'année courante de 1882, le mouvement
+commercial pour le premier trimestre ayant été de
+174,900,000 francs, ce qui est considérable pour un pays de
+moins de deux millions d'habitants. Dans ce chiffre, l'importation
+figure pour 270,870,020 francs, et l'exportation pour
+280,930,970. Durant la même année de 1881, 11,691 navires
+sont entrés dans les ports de la République argentine. La
+dette nationale, dont partie a été employée à la construction
+de chemins de fer, s'élevait, au 31 décembre 1881, à
+397,005,705 francs; on a amorti, durant la même année,
+16,057,245 francs. La circulation des lettres à la poste a été,
+pour la même année, de 12,285,000 fr., cinq millions de plus
+que l'année précédente; 11,489 kilomètres de fil de fer fonctionnent
+par le télégraphe électrique, 2,590 kilomètres de chemins
+de fer sont livrés à la circulation; 2,777 sont en construction.
+L'État pourvoit aux frais de 12 colléges et de 1,341 écoles
+primaires. L'armée permanente d'environ quinze mille hommes,
+formant quatre divisions, occupe les principales villes de
+l'intérieur et la ligne des frontières. L'escadre, composée d'un
+cuirassé de premier ordre, de neuf vapeurs de guerre et de
+cinq navires à voile, est occupée à l'exploration des côtes et
+des fleuves.</p>
+
+<p>Quand un pays offre une pareille situation, les cultivateurs
+européens et les entrepreneurs de colonisation peuvent hardiment
+répondre à son appel et avoir confiance dans son avenir.</p>
+
+<p>À l'époque où nous conçûmes notre projet de colonisation
+organisée (1852) dans la République Argentine en vue de l'extinction
+du paupérisme agricole européen, personne dans l'Amérique
+du Sud n'avait songé à cette idée et moins encore à la
+mettre à exécution. Seule l'émigration des Basques vers Montevideo,
+provoquée par les frères Brië de Saint-Jean-Pied-de-Port,
+<span class="pagenum"> -13- </span>avait pris un certain développement, en dehors de toute
+idée de colonisation. Celui, en effet, qui eût osé proposer à
+cette époque au dictateur Rosas l'établissement de colonies
+avec des éléments étrangers, aurait été bien mal reçu. Les
+partisans de ce tyran, imbus des idées et des haines de leurs
+pères contre les étrangers, ont été longtemps opposés à l'établissement
+de colonies dans ce pays, et quelques-uns d'entre
+eux le sont encore aujourd'hui.</p>
+
+<p>Au contraire, les hommes du parti libéral de cette époque
+qui s'allièrent au général Urquiza dans sa lutte contre Rosas,
+plus intelligents et plus instruits, acquis depuis longtemps aux
+idées de la civilisation et de la science économique modernes,
+Alsina père, Alberdi, Mitre, Gorostiaga, Sarmiento, Luis-Jose
+de la Péna, Édouard Olivera, Avettaneda, Roca, Président
+actuel de la République..... arrivèrent au pouvoir avec des
+opinions tout opposées à celles des Rosistes. Ils avaient compris
+que l'immigration des cultivateurs européens portait en
+elle le germe d'un accroissement d'ordre, de puissance et de
+richesse pour leur pays.</p>
+
+<p>La prospérité prodigieuse des États-Unis de l'Amérique du
+Nord due en grande partie à l'émigration agricole européenne
+les avait conquis à l'idée de colonisation. C'est donc de 1853
+que date l'ère de la colonisation dans la République Argentine;<a id="footnotetag5" name="footnotetag5"></a><a href="#footnote5"><sup>5</sup></a>
+et le premier contrat de colonisation passé dans ce
+pays fut le mien.</p>
+
+<p><span class="pagenum"> -14- </span>Les deux premières colonies fondées furent celle de Sainte-Anne
+dans la province de Corrientes et celle de Esperanza dans
+la province de Santa-Fé. Le contrat avec la première de ces provinces
+fut résilié pour des raisons expliquées plus haut. La
+colonisation continua dans celle de Santa-Fé. Durant les vingt
+années qui ont suivi, cinquante colonies ont été fondées dans
+cette province: elles comprennent aujourd'hui un personnel de
+28,910 individus de tout âge, une extension territoriale de
+529,434 hectares 88 ares, desquelles 155,778 furent semées en
+1879. Les chiffres statistiques suivants du rapport de l'administrateur
+des colonies de Santa-Fé, Jonas Larguia, peuvent donner
+une idée du mouvement productif de ces colonies pour
+l'année 1879.</p>
+
+<span class="pagenum"> -15- </span>
+
+<blockquote>
+<p class="c"><b>Colonies de Santa Fé en 1879.</b></p>
+
+<div class="c">
+<table summary="table">
+<tr>
+ <td>Population</td>
+ <td class="r">28,910</td>
+ <td colspan="3">de tout âge et sexe.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Extension territoriale</td>
+ <td class="r">318,170</td>
+ <td>cuadros</td>
+ <td class="r">529,434</td>
+ <td>hectares.</td>
+<tr>
+ <td>Terrain cultivé en 1879</td>
+ <td class="r">94,617</td>
+ <td>&nbsp;</td>
+ <td class="r">155,778</td>
+ <td>&nbsp;</td>
+</tr>
+</table>
+</div>
+
+<p class="c"><b>Production de l'année 1879.</b></p>
+
+<p class="c"><small>TERRES ENSEMENCÉES,</small></p>
+
+<div class="c">
+<table summary="">
+<tr>
+ <td>Froment, 70,186 cuadros</td>
+ <td class="r">116,789</td>
+ <td>hectares.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Maïs, 11,729 cuadros</td>
+ <td class="r">19,517</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Avoine, 1,110 cuadros</td>
+ <td class="r">1,847</td>
+ <td class="c">&mdash; </td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Arachides, 2,133 cuadros</td>
+ <td class="r">3,549</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Autres produits, 9,295</td>
+ <td class="r">15,466</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+</tr>
+</table>
+</div>
+
+<p class="c"><small>RÉCOLTE</small></p>
+
+<div class="c">
+<table summary="">
+<tr>
+ <td>Froment</td>
+ <td class="r">586,937</td>
+ <td>fanègues</td>
+ <td>de 15 arrobes</td>
+ <td>(10 kil.)</td>
+ <td class="r">1,269,318</td>
+ <td>hectolitres,</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Maïs</td>
+ <td class="r"> 81,024</td>
+ <td>fanègues</td>
+ <td>de 12 arrobes</td>
+ <td>&nbsp;</td>
+ <td class="r">139,766</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Avoine</td>
+ <td class="r"> 12,568</td>
+ <td>fanègues</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td rowspan="3">&nbsp;</td>
+ <td class="r">21,679</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Arachides</td>
+ <td>168,095</td>
+ <td colspan="2">arrobes</td>
+ <td class="r">19,330</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Autres produits</td>
+ <td>947,282</td>
+ <td colspan="2">arrobes</td>
+ <td class="r">109,937</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+</tr>
+</table>
+</div>
+
+<p>La valeur de ces produits en argent était de:</p>
+
+<div class="c">
+<table summary="">
+<tr>
+ <td colspan="2">Blé, 586,937 fanègues de 13 décalitres,</td>
+ <td>à 25 f. la fanègue,</td>
+ <td class="r">14,673,425 fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Maïs, 81,024 fanègues</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td>à 10 f. la fanègue,</td>
+ <td class="r">810,024 fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Avoine, 12,588 fanègues</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td>à 15 f. la fanègue,</td>
+ <td class="r">188,820 fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="2">Arachides, 168,095 arrobes de 11 k.</td>
+ <td>à 2 fr. 50 arrobe,</td>
+ <td class="r">420,237 fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="2"><a id="footnotetag6" name="footnotetag6"></a><a href="#footnote6"><sup>6</sup></a>
+ Autres produits 947,283 arrobe</td>
+ <td>à 1 fr. 25 arrobe,</td>
+ <td class="r">1,184,106 fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="3" class="r">Valeur de la récolte en 1879,</td>
+ <td class="r">17,066,829 fr.</td>
+</tr>
+</table>
+</div>
+
+<p class="c"><b>Mouvement du port de Santa-Fé sur le Parano en 1879.</b></p>
+
+<p>Durant la même année de 1879, 1,169 navires à voile et 444 à
+vapeur entrèrent dans le port de Santa-Fé; il en sortit 1.067 chargés,
+sur lesquels 69 à vapeur.</p>
+
+<div class="c">
+<table summary="">
+<tr>
+ <td>La valeur de l'importation s'éleva à 976,734
+piastres fortes (5 fr.)</td>
+ <td class="r">4,883,670 fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Celle de l'exportation, à 1,139,372 piastres fortes</td>
+ <td class="r">5,696,860 fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Différence en faveur de l'exportation, 190, 385 fr.</td>
+ <td class="r">951,925 fr.</td>
+</tr>
+</table>
+</div>
+
+<p>Parmi les matières exportées, on compte 3,506,004 kil. de farine
+et 169,946 kil. de blé, soit 43,822 balles de farine de 80 kil. et 2,124
+hectolitres de blé.</p>
+
+</blockquote>
+
+<p>Le succès de la colonisation dans la province de Santa-Fé
+engagea le gouvernement national à entreprendre la création
+de colonies agricoles dans les territoires nationaux. À cet effet,
+il présenta au congrès un projet de loi sur l'immigration
+<span class="pagenum"> -16- </span>et la colonisation qui fut votée par les Chambres le 6 octobre
+1876. La première partie de cette loi, celle de l'immigration,
+comprend dix titres: dans le premier, il est créé un bureau
+d'immigration sous la direction d'un commissaire général; le
+deuxième institue les agences d'immigration à l'étranger; le
+troisième traite des commissions d'immigration dans les provinces;
+le quatrième établit les bureaux de placement pour
+les immigrants; le cinquième traite des priviléges accordés
+aux immigrants; le sixième, des navires de transport; le septième,
+du débarquement des immigrants, de leur subsistance
+et logement en attendant leur placement, par les soins et aux
+frais du bureau d'immigration. Enfin, par le dixième, il est
+créé des ressources pour le fonctionnement de l'institution.</p>
+
+<p>La seconde partie de la loi comprend tout ce qui se rattache
+à la colonisation. Par le chapitre 1<sup>er</sup>, il est créé un bureau
+de terres et des colonies nationales, chargé de l'examen et de
+l'enregistrement des propositions de colonisation qui sont
+adressées au gouvernement, et des rapports sur la matière;
+de veiller aux opérations de comptabilité et de statistique;
+d'ordonner les explorations, l'arpentage et le bornage de terres,
+de s'occuper enfin de tout ce qui se rattache à la colonisation
+des territoires nationaux. Les six titres suivants traitent:
+1<sup>o</sup> de la division des territoires nationaux, de la colonisation,
+des concessions de terres, de leur vente; 2<sup>o</sup> des entreprises
+de colonisation par des particuliers ou par des compagnies;
+3<sup>o</sup> de l'emploi des fonds provenant de la vente de terres et de
+la gratification à faire aux colons; 4<sup>o</sup> de l'administration des
+colonies; 5<sup>o</sup> de la colonisation des terres appartenant au gouvernement
+des provinces.</p>
+
+<p>Je me bornerai ici à citer quelques-uns des articles se
+rattachant principalement au sujet que je traite:</p>
+
+<p>Art. 65.&mdash;Les territoires nationaux se diviseront en
+sections carrées de vingt kilomètres de côté.</p>
+
+<p>Art. 67.&mdash;Chaque section se divisera en quatre cents lots
+de cent hectares chaque.</p>
+
+<p>Art 68.&mdash;Quatre lots seront destinés à la création d'un
+village qui devra être placé au centre de la section.</p>
+
+<p><span class="pagenum"> -17- </span>Art. 72.&mdash;Chaque section sera divisée dans toute sa longueur
+et largeur par deux routes de cinquante mètres de large,
+lesquelles devront se croiser au centre du village.</p>
+
+<p>Art. 73.&mdash;Les chemins vicinaux qui sépareront les lots
+devront avoir cinq mètres de largeur.</p>
+
+<p>Art. 82.&mdash;Le pouvoir exécutif désignera les territoires à
+coloniser, après quoi le bureau de colonisation fera procéder
+à l'arpentage, division et bornage des sections, et à la construction,
+dans chacune d'elles, d'un édifice pour les employés
+de la colonie, et pouvant loger cinquante familles, au moins,
+et contenir les vivres nécessaires à la subsistance des colons,
+ainsi que leurs instruments agricoles.</p>
+
+<p>Art. 88.&mdash;Les colons auront droit aux avantages suivants:</p>
+
+<p>1<sup>o</sup> À l'avance du passage du point d'embarquement jusqu'à
+leur destination coloniale;</p>
+
+<p>2<sup>o</sup> À la livraison, à titre d'avances, d'une habitation, des
+vivres, durant la première année, d'animaux de travail et de
+production, des semences, des outils aratoires. La somme de
+ces avances ne devra pas dépasser mille piastres fortes
+(5,000 francs), et sera remboursée par annuités à partir de
+la troisième année.</p>
+
+<p>Art. 99.&mdash;Relatif aux entreprises.&mdash;Entre section et
+section subdivisées et livrées à la population, il sera réservé
+une section (25 lieues carrées) sans être divisée, mais bornée
+sur ses côtés. Ces sections seront destinées:</p>
+
+<p>1<sup>o</sup> À la colonisation par entreprise particulière;</p>
+
+<p>2<sup>o</sup> À la réduction des Indiens;</p>
+
+<p>3<sup>o</sup> À l'élève du bétail.</p>
+
+<p>Art. 98.&mdash;Le pouvoir exécutif pourra concéder à toute
+compagnie ou entreprise qui en fera la demande, une des
+sections déterminées dans l'article précédent, sous les conditions
+suivantes:</p>
+
+<p>1<sup>o</sup> Se soumettre à l'arpentage, subdivision au plan prescrit
+par la présente loi;</p>
+
+<p>2<sup>o</sup> Établir sur la susdite section cent quarante familles agricoles
+pour le moins durant les deux premières années;</p>
+
+<p>3<sup>o</sup> Donner ou vendre à chaque famille un terrain de cinquante
+hectares pour le moins;</p>
+
+<p><span class="pagenum"> -18- </span>4<sup>o</sup> Construire sur le terrain destiné à cet objet un édifice,
+dans les conditions déterminées par l'article 83.</p>
+
+<p>5<sup>o</sup> Fournir aux colons qui en feront la demande une habitation,
+outils aratoires, animaux de travail et de production,
+semences et subsistance, durant un an au moins, ne se faisant
+rembourser pour ces avances que le prix coûtant, avec
+1,20 % de prime et un intérêt de 10 % l'an, sur la totalité de
+la somme des avances<a id="footnotetag7" name="footnotetag7"></a><a href="#footnote7"><sup>7</sup></a>.</p>
+
+<p>6<sup>o</sup> N'exiger des colons le remboursement du montant de ces
+avances que par annuités proportionnelles à partir de la troisième
+année;</p>
+
+<p>7<sup>o</sup> Déposer au bureau des terres et colonies les contrats
+passés avec les colons, en vue d'empêcher des contraventions
+à la présente loi;</p>
+
+<p>8<sup>o</sup> Se soumettre aux lois, décrets et autres dispositions qui
+se rattachent au gouvernement, administration, colonisation
+du territoire;</p>
+
+<p>9<sup>o</sup> Déposer la somme de deux mille piastres fortes (10,000 fr.),
+ou fournir caution pour une pareille somme, à titre d'amende
+dans le cas d'infraction au contrat, sans préjudice de caducité
+dans le cas échéant.</p>
+
+<p>Art. 99.&mdash;Les entreprises ou compagnies auront droit au
+transport des colons par le gouvernement du point de débarquement
+au lieu destiné à la colonie.</p>
+
+<p>Art. 104.&mdash;Dans les territoires nationaux qui ne seront pas
+arpentés, ni livrés à la colonisation, le pouvoir exécutif pourra
+concéder des terrains aux entreprises qui en feront la demande,
+pour coloniser aux conditions suivantes:</p>
+
+<p>1<sup>o</sup> Le terrain concédé à une entreprise ne pourra s'étendre
+au-delà de deux sections (50 lieues carrées) ayant chacune
+l'extension donnée par l'article 65 (25 lieues par section;
+ensemble, les deux sections, 50 lieues carrées).</p>
+
+<p>2<sup>o</sup> L'entreprise se soumettra à l'obligation de coloniser,
+conformément au plan et aux divisions prescrites par la présente
+loi;</p>
+
+<p>3<sup>o</sup> Elle s'obligera à introduire, pour le moins, deux cent
+<span class="pagenum"> -19- </span>cinquante familles agricoles pendant la durée de quatre
+années, à partir du jour de la signature du contrat;</p>
+
+<p>4<sup>o</sup> L'arpentage, l'exploration et la division du terrain, ainsi
+que toutes les autres dépenses, seront à la charge de l'entreprise,
+à l'exception de ceux résultant du transport des colons,
+du port de débarquement à la colonie, qui restent à la charge
+du gouvernement;</p>
+
+<p>5<sup>o</sup> L'entreprise s'obligera, en outre, à se conformer aux
+prescriptions des paragraphes 3, 4, 5, 6, 7 et 8 de l'article 98.</p>
+
+<p>Art. 105.&mdash;L'entreprise qui n'observerait pas les conditions
+stipulées dans le contrat de concession, paiera une amende de
+dix mille piastres fortes (50,000 francs). À cet effet, elle fournira
+caution acceptable, sans préjudice de la nullité du contrat.</p>
+
+<p>La loi sur la colonisation argentine dont nous venons de citer
+les principaux articles, est certainement la plus libérale de
+toutes celles qui ont été publiées sur la matière. Elle fait de
+larges concessions de terres et facilite l'entreprise du colon au
+moyen des avances qui lui sont faites. C'est conformément aux
+dispositions de cette loi que le gouvernement national de la
+République Argentine a créé neuf colonies sur les territoires
+nationaux et provinciaux<a id="footnotetag8" name="footnotetag8"></a><a href="#footnote8"><sup>8</sup></a>. La dépense s'est élevée à 311,707
+piastres fortes (1,558,535 francs). Ce mois de juin dernier, le
+ministre de l'intérieur a encore présenté au congrès une demande
+d'une somme de un million de piastres fortes (5,000,000
+de francs) pour établir quatorze nouvelles colonies.</p>
+
+<p><span class="pagenum"> -20- </span>Selon nous, cependant, la loi argentine est un peu trop compliquée
+dans ses détails; on aurait pu la réduire à moins d'articles
+et supprimer un certain nombre de paragraphes qui gênent
+l'action du gouvernement et celle des entrepreneurs pour
+la rédaction d'un contrat. Cette loi pèche surtout dans le mode
+de recrutement des colons qu'elle prend un peu trop au hasard
+à leur débarquement, sans connaître leurs aptitudes et leur
+moralité<a id="footnotetag9" name="footnotetag9"></a><a href="#footnote9"><sup>9</sup></a>. Ce sera, si l'on veut, de la colonisation spontanée,
+tant prônée par les journaux argentins, mais la spontanéité
+comporte bien des inconvénients. Mieux vaudrait choisir le colon
+chez lui, avant son départ, lui faire connaître exactement, sans
+exagération, dans toute sa vérité, la situation qu'on lui offre, et
+traduire dans un contrat formulé d'avance les obligations réciproques
+de l'entreprise, et du colon, du colon et du gouvernement
+quand celui-ci se fait entrepreneur. Les obligations étant
+bien définies, il n'y aurait qu'à les remplir exactement, avec
+loyauté de part et d'autre. On éviterait ainsi bien des mésintelligences
+qui se produisent au moment et après l'installation
+des colons.</p>
+
+<p>De grands esprits, des journaux importants de Buenos-Ayres,
+ont vivement critiqué cette loi et la combattent surtout au
+point de vue d'entreprise gouvernementale, qualifiée de colonisation
+officielle. Ils ont tort et ils ont raison. Ils ont tort de
+reprocher au gouvernement d'avoir entrepris lui-même l'opération
+de colonisation. Cette initiative était nécessaire pour démontrer
+la possibilité de son exécution et surtout pour donner
+l'impulsion, en appliquant à ce genre d'opérations le capital
+nécessaire que l'entreprise particulière ne possédait pas. Ils
+ont raison quand ils conseillent au gouvernement de ne pas
+descendre au rôle d'entrepreneur, et de laisser aux grandes
+compagnies, ou sociétés industrielles et financières, l'&oelig;uvre
+de la colonisation argentine, et celle des chemins de fer; et de
+rester dans sa haute mission de traiter, de faire des concessions
+<span class="pagenum"> -21- </span>ou d'accorder des subventions, suivant les circonstances
+et la convenance des intérêts du pays. Les gouvernements ne
+visent pas la spéculation, ils bornent leur action à l'exécution
+d'une &oelig;uvre d'intérêt public; pendant que les grandes sociétés
+ou compagnies d'entreprise, ayant pour objet la plus grande
+production possible, c'est-à-dire le gain le plus élevé, appliquent
+à l'exécution de l'&oelig;uvre tous les capitaux nécessaires,
+les engins les plus puissants, les hommes les plus habiles. Ce
+sont elles qui ont produit ces &oelig;uvres colossales qui font l'admiration
+du monde, la construction des chemins de fer, des
+télégraphes électriques, le percement des isthmes . . . . . . . . .</p>
+
+<p>C'est frappé d'admiration pour ce phénomène qui se reproduit
+tous les jours, que nous venons aujourd'hui proposer le
+même procédé pour l'exécution de cette autre grande &oelig;uvre
+d'économie sociale, l'extinction du paupérisme agricole européen
+par la colonisation dans la République Argentine, procédé
+que nous allons exposer dans le chapitre qui suit.</p>
+
+<hr>
+
+
+
+
+
+<h2>SYSTÈME DE COLONISATION ORGANISÉE<br>
+<small><i>Agricole et industrielle à production élevée</i>.</small></h2>
+
+
+<p>Dans toute colonisation, trois éléments concourent à l'opération:
+1<sup>o</sup> la terre, ou sol à élaborer;&mdash;2<sup>o</sup> le travail, qui élabore;&mdash;3<sup>o</sup>
+le capital, c'est-à-dire l'outillage nécessaire au travail
+pour obtenir la production. Nous traduisons ces trois éléments
+par la formule suivante: terre + travail + capital = production.
+Maintenant si nous voulions élever le chiffre de la
+résultante production, à un plus haut degré de puissance qui
+est le résultat à chercher, il nous suffira d'élever la puissance
+des facteurs par cette autre formule (terre + travail + capital)<sup>m</sup>
+= production<sup>m</sup>&mdash;élevée à sa plus haute puissance.
+C'est-à-dire <i>terre concédée</i>, acquérant une valeur croissante à
+côté d'une voie ferrée et dont la culture est accompagnée de
+l'industrie si productive de l'élève du bétail, établie sur une
+grande échelle. <i>Capital anonyme</i>, agent le plus élastique, le plus
+puissant de l'industrie;&mdash;<i>travailleur de la terre</i>, choisi seulement
+dans la population agricole, parce que celle-ci comporte
+<span class="pagenum"> -22- </span>plus de vigueur de corps, plus d'esprit d'ordre, plus de moralité,
+plus d'aptitude pour le travail de la terre et l'élève du bétail.</p>
+
+<p>La formule, telle que nous venons de l'établir, va être le
+pivot sur lequel roulera notre système de colonisation à production
+élevée.</p>
+
+
+
+<h3>PREMIER FACTEUR<br>
+<small>Terre à côté de chemins de fer, concédés par le
+gouvernement, ayant pour agent le gouvernement.</small></h3>
+
+
+<p>La concession de la terre n'est pas une condition onéreuse
+pour le gouvernement national qui a sous sa main 47,000
+lieues carrées appartenant à l'État: ni pour les gouvernements
+des provinces qui possèdent d'immenses espaces de sol incultivé.
+Au contraire, les uns et les autres ont un grand intérêt à
+livrer ce terrain au travail du cultivateur pour lui faire
+acquérir de la valeur et accroître ainsi la richesse du pays.
+Toutefois, une condition essentielle s'impose dans toute &oelig;uvre
+de colonisation, et qu'il est de toute nécessité de remplir, si on
+veut les voir prospérer; c'est que les colonies aient des rapports
+faciles avec de grandes cités commerciales et des ports
+de mer, par où doivent s'écouler leurs produits agricoles; en
+conséquence, elles doivent se fonder non loin des fleuves
+navigables, comme dans la province de Santa-Fé, ou le long
+des chemins de fer. Or, les provinces de l'ouest de la République
+Argentine, ni le territoire national des Pampes qui
+leur est adjacent, ne possèdent pas de fleuve navigable. Il
+sera donc indispensable d'y créer des chemins de fer, si l'on
+veut fonder des colonies dans ces contrées<a id="footnotetag10" name="footnotetag10"></a><a href="#footnote10"><sup>10</sup></a>. En attendant
+<span class="pagenum"> -23- </span>la construction des voies ferrées sur les territoires nationaux,
+le chemin de fer de l'ouest de Villa-Nueva à Mendosa, qui
+est aujourd'hui en circulation, pourrait permettre la fondation
+d'un certain nombre de colonies; car, sur un parcours de
+cent trente lieues du Rio-Cuarto à Mendosa, on rencontre à
+peine une dizaine de centres de population.</p>
+
+<p>Mais le chemin de fer qui est appelé à jouer le plus grand
+rôle économique et politique, pour la prospérité des provinces
+du centre et de l'ouest de la République, c'est sans contre-dit
+le chemin de fer central des Pampas, qui reliera ces dernières
+provinces aux deux plus grands ports argentins sur
+l'Océan Atlantique, les ports de Saint-Antoine et de Bahia-Blanca,
+mettant ainsi une population industrieuse et commerçante
+de 400,000 âmes, en rapport direct et rapide avec le
+commerce étranger. Le chemin de fer central de la Pampa
+aura un autre grand avantage, celui de rendre possible et
+facile la colonisation du vaste territoire des Pampas de dix
+mille lieux carrées de superficie, de cette immense plaine
+herbacée qui fait suite à la Pampa de la province de Buenos-Ayres,
+et s'étend jusqu'aux pieds des Cordillières; que les
+Indiens avaient choisie pour résidence à cause de sa fertilité
+et de son climat tempéré, et que le gouvernement national doit
+s'empresser de livrer aujourd'hui au travail producteur du
+cultivateur et de l'éleveur de bétail, en y créant des centres
+de population, destinés à devenir prospères et à accroître la
+richesse du pays, centres de population autour desquels viendront
+s'établir de nombreux éleveurs de bétail.</p>
+
+<p>La distance entre la ville de Mercedes (province de San-Luis)
+point de départ du chemin de fer Pampéen et le port de
+Saint-Antoine où il devra aboutir, peut être calculée à 170
+lieues; celle de l'embranchement de Poytagué à Bahia-Blanca
+à 40 lieues et celle du Port Saint-Antoine à la vallée de Rio-Negro
+de 11 lieues<a id="footnotetag11" name="footnotetag11"></a><a href="#footnote11"><sup>11</sup></a>, 80 milles (140 kilomètres) d'après le capitaine
+<span class="pagenum"> <a name="p24">-24-</a> </span>anglais Fitz Roy. Il y a donc dans les Pampas un vaste
+champ ouvert à la colonisation et à l'industrie si productive de
+l'élève du bétail qui a enrichi et enrichira encore davantage
+à l'avenir les nombreux éleveurs de la province de Buenos-Ayres.
+En mettant une distance de dix lieues, d'axe à axe
+entre ces colonies, et en intercalant celle du côté opposé, de
+manière à former des stations de cinq lieues de distance, il
+reste un terrain intermédiaire de six lieues sur chaque côté de
+la voie appartenant au gouvernement qui en disposera comme
+il l'entendra.</p>
+
+<p>L'article 104 de la loi sur la colonisation argentine suffirait
+au besoin au gouvernement pour passer un contrat avec une
+entreprise. Toutefois, pour mieux coordonner notre système
+de colonisation avec la loi, nous préférerions qu'il fût ajouté
+à cette loi un chapitre VIII spécial, avec le titre suivant:
+<i>Des colonies à établir le long des chemins de fer</i>. Les quelques
+articles suivants suffiraient pour la rédaction de ce
+chapitre.</p>
+
+<br>
+
+<p class="h3">CHAPITRE VIII<br>
+<i>Colonisation le long des chemins de fer dans les
+territoires nationaux.</i></p>
+
+<p>Art. 128.&mdash;Étant de toute nécessité de peupler les territoires
+nationaux, surtout les lieux où doivent se construire les
+chemins de fer, le Pouvoir Exécutif est autorisé à passer des
+<span class="pagenum"> -25- </span>contrats avec des entrepreneurs de chemins de fer et de colonisation,
+les deux opérations réunies ou séparées, aux conditions
+suivantes:</p>
+
+<p>1<sup>o</sup> Les colonies seront établies le long des voies ferrées sur
+un seul, ou sur les deux côtés de la voie;</p>
+
+<p>2<sup>o</sup> Dans ce dernier cas, les colonies seront distantes l'une
+de l'autre de dix lieues d'axe à axe du terrain colonial faisant
+face au chemin de fer par son front de quatre lieues de
+largeur, de manière qu'une colonie ayant quatre lieues de
+front, il reste un terrain de six lieues d'intervalle appartenant
+à l'État. Même disposition pour le côté opposé, à la condition
+d'intercaler les colonies en face du terrain d'État, et
+permettre ainsi d'établir des stations à cinq lieues d'intervalle
+l'une de l'autre. (Voir la disposition des colonies
+dans la carte.)</p>
+
+<p>3<sup>o</sup> Dans le cas où les terrains ne seraient pas propres à la
+colonisation à cause de leur infertilité ou insalubrité, on prolongera
+la distance d'une colonie à l'autre, jusqu'à trouver un
+terrain favorable.</p>
+
+<p>Art. 129.&mdash;Le Pouvoir Exécutif est autorisé à concéder des
+terrains aux entrepreneurs de colonisation avec les conditions
+suivantes:</p>
+
+<p>1<sup>o</sup> Vingt lieues carrées de terrain dont quatre faisant face
+au chemin de fer et cinq de profondeur pour chaque groupe
+de quarante à quatre-vingts familles, composées de cinq personnes,
+au moins, âgées de dix ans,</p>
+
+<p>2<sup>o</sup> Dix lieues carrées pour chaque groupe de vingt à quarante
+familles,</p>
+
+<p>3<sup>o</sup> Cinq lieues carrées pour chaque groupe de dix à vingt
+familles.</p>
+
+<p>Art. 130.&mdash;Dans chaque terrain colonial concédé, le gouvernement
+réserve une lieue carrée, adjacente à la voie ferrée,
+pour être affectée au service du chemin de fer et à l'établissement
+d'une station. Ce terrain devant être concédé à l'entreprise
+du chemin de fer.</p>
+
+<p>Quant au chemin de fer central de la Pampa, de Mercedes
+(San-Luis), ville de six mille âmes, au port de mer de Saint-Antoine,
+et de Bahia-Blanca, chemin dont la prospérité, dans
+l'avenir, ne peut être douteuse, il devrait se combiner
+avec l'entreprise de colonisation à laquelle il prêtera un puissant
+<span class="pagenum"> -26- </span>concours. Les grands bénéfices, que procurera celle-ci,
+pourraient compenser, durant les premières années, les bénéfices
+moindres de celle-là. Dans tous les cas, on peut compter
+sur une garantie de sept pour cent, pour le capital employé,
+qu'en principe, le gouvernement argentin accorde à cette
+classe d'entreprises. Si nous ajoutons à ce chiffre de garantie
+d'intérêt une lieue carrée par colonie pour chaque station, soit
+environ cent trente-cinq lieues carrées, sur toute la longueur
+du chemin de fer, terrain qui, vendu plus tard en détail, acquerra
+une grande valeur, par le fait de sa situation, on peut calculer
+qu'à ces conditions le produit de l'opération sera grandement
+rémunérateur.</p>
+
+<p>Art. 131.&mdash;Chaque terrain colonial sera divisé en son
+milieu, faisant face au chemin de fer, par une ligne de deux
+cuadres de largeur (260 mètres), et de cinq lieues de profondeur.
+Une seconde ligne de cinquante mètres de largeur
+coupera en travers dans son milieu le terrain concédé;</p>
+
+<p>Art. 132.&mdash;L'arpentage du susdit terrain sera fait par deux
+géomètres, un représentant l'entreprise de colonisation, l'autre
+le bureau central des terres;</p>
+
+<p>Art. 133.&mdash;Restent à la charge des entreprises de colonisation
+toutes les obligations relatives aux colons, savoir:</p>
+
+<p>1<sup>o</sup> Le passage d'Europe à un port argentin; le gouvernement
+argentin prenant à sa charge le transport du port de débarquement
+à la destination coloniale, conformément à l'article 99
+de la loi;</p>
+
+<p>2<sup>o</sup> Les avances à faire aux colons, savoir: maison d'habitation,
+vivres pour une année, semences, instruments de travail,
+animaux de labour et de production, conformément à l'article
+98, dont la quantité et la valeur seront déterminées dans les
+contrats passés avec les colons;</p>
+
+<p>Art. 134.&mdash;Les entreprises de colonisation joindront à leur
+demande de concession de terres une copie des contrats passés
+ou à passer avec les colons, pour être approuvés par le gouvernement
+argentin; une copie de leurs statuts pour les sociétés
+anonymes ou de leur constitution pour les sociétés en commandite,
+ou autres.
+Art. 135.&mdash;Pour assurer l'accomplissement de leurs obligations,
+les entreprises déposeront à une banque de Buenos-Ayres
+<span class="pagenum"> -27- </span>la somme de 2,000 piastres fortes (10,000 francs) ou bien
+une caution pour pareille somme, acceptée par le gouvernement
+sans préjudice de la caducité du contrat, s'il y avait lieu;</p>
+
+<p>Art. 136.&mdash;Les autorités civiles, de police et militaires,
+établies dans les colonies, seront sous la dépendance du
+gouvernement national.</p>
+
+<p>Art. 137.&mdash;Le gouvernement reste chargé de l'établissement
+des services publics, religieux, judiciaires et d'instruction
+primaire dans les colonies;</p>
+
+<p>Art. 138.&mdash;Un sept pour cent de garantie du capital
+employé à la construction des chemins de fer dans les territoires
+nationaux, sera accordé par le gouvernement aux
+entrepreneurs, soit que la construction se fasse séparément ou
+conjointement avec l'entreprise coloniale.</p>
+
+<hr>
+
+
+<p>Les frais de construction du chemin de fer ne seront pas relativement
+considérables, si l'on considère que cette construction
+se fera sur un pays de plaine où le bois abonde, ce qui n'existe
+pas dans la Pampa, de Buenos-Ayres. Les études préparatoires
+prouveront que l'entreprise est de facile exécution et d'une
+grande importance par les résultats qu'elle est appelée à produire.
+Je puis affirmer qu'une grande partie des actions pourront
+se placer à Buenos-Ayres, où existent de grands capitaux
+et que leur négociation à la Bourse de cette ville ouvrira un
+vaste champ à la spéculation.</p>
+
+<p>Nous terminons ici nos explications sur le facteur <i>terre</i> et
+son satellite le chemin de fer, qui élève sa puissance. C'est le
+premier terme de notre formule. Nous allons passer à l'exposition
+du deuxième facteur, le <i>capital</i>, élément qui, jusqu'à ce
+jour, a été négligé et appliqué en grande disproportion dans
+les opérations de colonisation, et qui, élevé à sa puissance
+dans notre système, est appelé à produire des résultats incalculables,
+en permettant d'ajouter au produit agricole du colon
+le produit si considérable de l'industrie de l'élève du bétail,
+facile à faire sur une grande échelle dans ces plaines herbacées
+à grands espaces, où les contenances des domaines
+s'expriment par lieues carrées, et les têtes de bétail de
+production par milliers; où l'industrie de l'élève du bétail se
+pratique sans frais de préparation de fourrages, ni de
+construction d'étables, les animaux se nourissant et vivant
+<span class="pagenum"> -28- </span>toujours dehors; industrie qui donne, en général, un produit
+net de 33 %, les frais déduits; et qui, dans notre système,
+rapportera bien davantage, le travailleur agricole, concourant
+à l'opération, étant chargé de cette partie de travail et des
+soins à donner à cette industrie.</p>
+
+
+
+<h3>DEUXIÈME FACTEUR<br>
+<small>Le Capital, ayant pour agent une Société
+anonyme ou en commandite.</small></h3>
+
+
+<p>Le travail de l'homme, appliqué à la culture du sol, réduit
+aux seuls efforts de ses bras serait improductif, ou bien peu
+productif, s'il ne s'aidait d'instruments, d'outils, de machines,
+propres à accroître la production: ces instruments de travail
+sont surtout indispensables au cultivateur-colon, à qui on
+livre un vaste domaine de cinquante hectares à exploiter. Ces
+instruments, ces outils, ces machines, constituent ce qu'on
+appelle <i>le matériel agricole</i>, autrement dit <i>l'outillage du
+cultivateur</i>. Cet outillage représente une valeur que l'on
+désigne sous le nom de <i>Capital mobilier</i>. Or, le cultivateur
+qui émigre, le cultivateur pauvre surtout, celui au sort duquel
+nous nous intéressons, n'emporte pas avec lui ce capital
+mobilier, ni même l'argent pour se le procurer. Il est donc
+indispensable de le lui fournir. C'est ce que nous faisons
+dans notre système de colonisation, sous le titre d'avances
+remboursables à des époques déterminées assez éloignées.</p>
+
+<p>À ce capital, représenté par l'outillage, nous ajoutons
+d'autres objets de première nécessité, tels que l'abri ou habitation,
+les semences, la subsistance, durant la première année
+en attendant la récolte... L'ensemble de ces dépenses, nous en
+évaluons la valeur à 2,500 francs. L'article 88, paragraphe 2
+de la loi sur la colonisation, élève le chiffre de ces avances
+à 5,000 francs (mille piastres fortes), mais il y comprend le
+bétail de travail, que nous rapportons à une autre catégorie
+d'avances, sous le titre de cheptel. Ces avances, nous les
+classons sous la dénomination d'avances improductives,
+parce que, sauf l'intérêt de dix pour cent prescrit par le paragraphe
+5 de l'article 98, elles ne produisent aucun bénéfice à
+<span class="pagenum"> -29- </span>l'entreprise de colonisation, et nous classons, sous le titre
+d'avances productives, celles qui se rattachent à l'industrie
+de l'élève du bétail, dont le produit est partagé entre le colon
+et l'entreprise. Cette seconde catégorie d'avances, dite productive,
+comprend 500 brebis, 20 vaches, 5 juments; elle
+est destinée à augmenter la production au profit du colon et
+de l'entreprise, sous le titre de cheptel.</p>
+
+<p>C'est la première fois, à notre connaissance, que cette
+industrie est ajoutée à l'industrie agricole du colon. Nous
+verrons, plus loin, dans nos tableaux de calcul des produits,
+les grands bénéfices qu'elle rapporte à l'entreprise; ce qui
+nous autorise à donner à notre système de colonisation, celui
+de <i>système de colonisation organisée à production élevée.</i>
+Nous évaluons le chiffre de la valeur des avances de cette
+seconde catégorie à faire au colon à 5,500 francs, à 8,000 francs
+pour chaque famille, y comprenant les 2,500 francs de la
+première catégorie, et à 9,500 francs si nous ajoutons les
+1,500 francs, montant du passage des cinq membres de la
+famille du colon. Le transport du port de débarquement à la
+colonie restant pour le compte du gouvernement (article 104,
+paragraphe 4 de la loi sur la colonisation).&mdash;La somme des
+avances s'élevant ainsi à 9,500 francs pour chaque famille,
+celle de quarante familles, formant une colonie, s'élèverait à
+380,000 francs, et à 430,000 avec le magasin commercial à
+établir dans chaque colonie. Ce capital 380,000 francs, remboursable
+après cinq ans, sera hypothéqué sur les biens,
+meubles et immeubles du colon, et garanti, en outre, par les
+vingt lieues carrées concédées par le gouvernement pour
+chaque colonie.</p>
+
+<p>Quant au capital total à employer à l'entreprise de colonisation,
+nous proposerons de l'élever à sept millions cinq
+cent mille francs pour l'établissement de quinze colonies en
+cinq ans, trois chaque année, soit 1,500,000 francs pour
+chaque année. Les quinze colonies pourraient être établies le
+long de la voie ferrée de l'ouest, entre le Rio-Quarto et la
+ville de Mendosa, sur une étendue de cent dix lieues,
+ligne sur laquelle on rencontre à peine dix centres de population.</p>
+
+<p>Le capital de sept millions cinq cent mille francs pourrait
+<span class="pagenum"> -30- </span>être réalisé par une société anonyme, moyennant une émission
+de 15,000 actions de 500 francs chacune, payable par
+annuités de cent francs, soit 1,500,000 francs, destinés à
+l'établissement de trois colonies par an, durant cinq ans,
+et quinze colonies en cinq ans, avec le capital 7,500,000 fr.</p>
+
+<p>Dans tous les cas, aucun appel de fonds ne serait fait
+qu'après réalisation des contrats de concession de terres qui
+restent à notre charge, et pour l'obtention desquels les dispositions
+nécessaires sont déjà prises par nous, auprès du
+gouvernement national et provincial de la République
+Argentine.</p>
+
+
+<h4>Construction de chemins de fer avec colonisation dans
+les territoires nationaux</h4>
+
+<p>Cette classe d'opérations est bien plus importante que
+celle de la simple colonisation dont nous venons de parler.
+Elle exige aussi l'emploi d'un capital plus élevé. Mais comme,
+d'autre part, on ne peut faire de la colonisation dans les vastes
+territoires de la République Argentine sans chemins de fer,
+ni des chemins de fer sans colonisation au travers de déserts,
+dépourvus de population, si fertiles, si beaux qu'ils
+soient, la simultanéité de ces deux opérations s'impose. Aussi
+est-ce sous ce point de vue que je vais les traiter.</p>
+
+<p>Tout chemin de fer doit avoir pour objet l'utilité: autrement
+dit de donner satisfaction aux intérêts économiques
+du pays qu'il relie ou qu'il traverse: c'est-à-dire de développer
+son mouvement commercial, industriel, agricole, et
+accroître ainsi sa richesse, sa prospérité, sa puissance nationale;
+or, le chemin de fer qui est en première ligne appelé à
+produire ces résultats, c'est, sans contre-dit, le chemin de
+fer central du territoire de la Pampa, devant relier les deux
+grands ports de mer de Saint-Antoine et de Bahia-Blanca aux
+provinces de l'Ouest de la République. (Voir la carte ci-jointe
+à la fin de la brochure.) Cette &oelig;uvre, d'un haut intérêt, pour cette
+contrée, le gouvernement argentin devrait, sans retard, mettre à
+l'étude cette question et s'imposer tous les sacrifices nécessaires
+pour son exécution. Le pays et les générations futures
+lui en seront reconnaissants.</p>
+
+<p>Le chemin de fer central de la Pampa comprend la ligne
+qui, partant de Mercedes, ville de la province de Saint-Louis,
+<span class="pagenum"> -31- </span>se dirigerait vers le sud pour aboutir au grand port de Saint-Antoine,
+sur l'Océan atlantique. Un embranchement, partant
+de Poitagué, relierait ce chemin de fer au port de Bahia-Blanca.
+Pris en totalité, ce chemin de fer aurait une étendue
+de 175 lieues, entre Mercedes et le port Saint-Antoine, et de
+215 en ajoutant les 40 lieues de distance de Poitagué à
+Bahia-Blanca pour l'embranchement. Ces 215 lieues à 300,000
+francs la lieue<a id="footnotetag12" name="footnotetag12"></a><a href="#footnote12"><sup>12</sup></a> porteraient la dépense à 64,500,000 fr., et
+à 72,000,000 de fr. en ajoutant les 7,500,000 pour la colonisation.</p>
+
+<p>Toutefois, cette grande ligne pourrait être entreprise partiellement,
+par tronçons, de la manière suivante:</p>
+
+<table summary="">
+<tr>
+ <td>
+1<sup>o</sup> Ligne de Mercedes à Bahia-Blanca<a id="footnotetag13" name="footnotetag13"></a><a href="#footnote13"><sup>13</sup></a>, longueur 110 lieues,
+à 300,000 fr. la lieue</td>
+ <td class="r">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;33,000,000</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="c">Pour la colonisation</td>
+ <td class="r">7,500,000</td>
+ <td>&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="r">Total</td>
+ <td class="r">40,500,000</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td><span class="pagenum"> -32- </span>2<sup>o</sup> Tronçon de Mercedes à Poitagué, longueur 70 lieues à
+300,000 fr. la lieue</td>
+ <td class="r">21,000,000</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="c">Pour la colonisation</td>
+ <td class="r">7,500,000</td>
+ <td>&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="r">Total</td>
+ <td class="r">28,500,000</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>3<sup>o</sup> Tronçon de Mercedes au territoire national de la Pampa,
+longueur 30 lieues, à 300,000 fr. la lieue</td>
+ <td class="r">9,000,000</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="c">Pour la colonisation</td>
+ <td class="r">7,500,000</td>
+ <td>&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="r">Total</td>
+ <td class="r">16,500,000</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>4<sup>o</sup> Tronçon du port Saint-Antoine, à la vallée du Rio-Negro,
+longueur 11 lieues, à 300,000 fr. la lieue</td>
+ <td class="r">3,300,000</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="c">Pour la colonisation</td>
+ <td class="r">7,500,000</td>
+ <td>&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="r">Total</td>
+ <td class="r">10,800,000</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+</table>
+
+<p>Le chemin de fer du port Saint-Antoine à la vallée du Rio-Negro
+serait le moins coûteux et celui qui offrirait le plus vaste
+champ d'exploitation pour la colonisation d'une vallée fertile
+d'une longueur de 150 lieues sur une à six de largeur, avec
+un fleuve navigable sur toute son étendue et voisine d'un port
+de mer appelé à devenir le plus grand port de la contrée. En
+outre, le chemin de fer du port Saint-Antoine au Rio-Negro
+monopolisera plus tard, par sa jonction avec le Central de la
+Pampa, les transports de la Pampa et des provinces argentines
+de l'ouest.</p>
+
+<p>Toutes ces diverses entreprises ouvrent aujourd'hui un
+vaste champ d'exploitation à la spéculation; toutes donneront
+de grands résultats. Mais c'est la colonisation fondée sur les
+bases de notre système qui les produira aux trois quarts. Que
+les capitalistes et les hommes d'entreprises sachent bien que
+les nombreuses et grandes fortunes acquises dans les États-Unis
+de l'Amérique du Nord, sont dues, en général, aux
+<span class="pagenum"> -33- </span>spéculations sur la terre. Les immenses fortunes créées dans
+la Californie ont eu pour origine, moins les mines d'or qui ne
+tardèrent pas à s'épuiser, que les opérations sur la terre
+achetée d'abord à vil prix et vendue, plus tard, pour des
+sommes énormes, le jour où l'immigration se répandit dans
+le désert et qu'un chemin de fer vint y donner la vie et
+répandre le mouvement. Pareil résultat est réservé dans la
+République Argentine aux entreprises de colonisation fondées
+sur de bonnes bases et combinées de manière à donner la
+production la plus élevée possible, jointes ou non aux opérations
+de chemins de fer. Nul ne peut en douter. Je dis plus,
+c'est que ce pays est aujourd'hui l'unique au monde qui offre
+les conditions les plus favorables pour ce genre d'entreprise.</p>
+
+<hr>
+
+<h4>CRÉATION DU CAPITAL</h4>
+
+<p>Le capital, outillage agricole du travail du colon, étant
+indispensable à celui-ci pour obtenir une plus grande production
+possible, nous avons dû le comprendre dans notre
+système, comme agent nécessaire de l'opération de colonisation.</p>
+
+<p>On a cru longtemps, et des personnes croient encore
+aujourd'hui, qu'il suffisait de faire une large concession de
+terres au colon et de lui accorder quelques mesquines
+avances pour lui faciliter ce genre d'entreprises. L'expérience
+a démontré le peu de résultat que ces opérations donnaient.
+Si l'on veut que le colon produise tout ce que son travail
+peut produire, il faut mettre sous sa main un outillage complet.
+C'est ce que nous faisons aujourd'hui dans notre système
+de colonisation.&mdash;Outre les cinquante hectares concédés,
+nous lui faisons les avances suivantes: le passage d'Europe à
+l'Amérique du Sud,&mdash;une habitation,&mdash;la subsistance de
+la famille durant la première année,&mdash;les semences,&mdash;les
+outils et instruments de travail, les animaux de labour,&mdash;et
+nous ajoutons à l'industrie agricole du colon, l'industrie
+productive de l'élève du bétail. Le tout évalué à neuf mille
+cinq cents francs, remboursables après cinq ans.</p>
+
+<table summary="">
+<tr>
+ <td>Soit donc, neuf mille cinq cents francs, la somme à dépenser
+<span class="pagenum"> -34- </span>pour l'établissement de chaque famille agricole, composée
+de cinq personnes au-dessus de dix ans, à</td>
+ <td class="r">9,500</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Le capital à employer pour une colonie de
+quarante familles s'élèverait à</td>
+ <td class="r">380,000</td>
+<td rowspan="5">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Plus cent vingt mille pour magasin commercial,
+frais d'administration et réserve</td>
+ <td class="r">120,000</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>soit</td>
+ <td class="r">500,000</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>En limitant l'opération à trois colonies par
+an, la dépense s'élèverait, par an, à</td>
+ <td class="r">1,500,000</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Et à sept millions cinq cent mille francs celle
+de 15 colonies, durant une période de cinq
+ans, à</td>
+ <td class="r">7,500,000</td>
+</tr>
+</table>
+
+<p>Ce capital, étant remboursable par le colon après la
+cinquième année, peut se réappliquer à une seconde période
+quinquennale pour l'établissement de quinze nouvelles colonies.
+Voilà pourquoi, dans notre système de construction de
+chemins de fer coloniaux, nous ne comprenons que le chiffre
+de 7,500,000 francs pour les colonies à établir le long des
+divers chemins de fer à construire. C'est donc un capital de
+7,500,000 fr. qu'il s'agit de créer.</p>
+
+<p>Or, comme l'institution d'une société anonyme se prête
+mieux à la création de capitaux, nous avons adopté ce moyen,
+et nous conseillons de fixer le capital de l'émission à 7,500,000
+francs, à réaliser par une émission de 15,000 actions
+de 500 francs chaque.&mdash;Mais comme le capital 7,500,000
+francs ne doit s'employer que durant le cours d'une période
+de cinq années pour l'établissement de 15 colonies,
+trois colonies par an, soit 1,500,000 francs par an, nous divisons
+le paiement de l'action 500 francs en cinq coupons ou
+cinq annuités de 100 francs, à verser par an durant cinq
+ans. Ainsi, le capitaliste qui prendrait les 15,000 actions,
+n'aurait à payer, durant cinq ans, qu'une annuité de 1,500,000
+francs.&mdash;Nous verrons, plus loin, les gros bénéfices que ce
+capital rapporte dans les conditions établies par nous. Ce dont
+le lecteur pourra se convaincre.</p>
+
+<table summary="">
+<tr>
+ <td>Soit donc, capital social</td>
+ <td class="r">7,500,000</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>à employer pour l'établissement de 15 colonies
+en cinq ans.</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td><span class="pagenum"> <a name="p35">-35-</a> </span>Chiffre de l'émission, actions de 500 fr.</td>
+ <td class="r">15,000</td>
+ <td rowspan="2">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>à payer en cinq ans, par annuités, soit 100 fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Emploi annuel du capital pour fondation de
+trois colonies</td>
+ <td class="r">1,500,000</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Emploi, durant cinq ans, pour fondation de
+15 colonies</td>
+ <td class="r">7,500,000</td>
+ <td><a id="footnotetag14" name="footnotetag14"></a><a href="#footnote14"><sup>14</sup></a></td>
+</tr>
+</table>
+
+<p><i>Garantie du capital</i>.&mdash;Ce capital est garanti: 1<sup>o</sup> par une
+hypothèque sur tous les biens meubles et immeubles concédés
+au colon; 2<sup>o</sup> par les 300 lieues carrées concédées à
+l'entreprise, par les gouvernements national ou provinciaux,
+20 lieues par colonie (300 lieues pour 15 colonies), dont la
+valeur augmentera par le fait de la création d'un centre de
+population.</p>
+
+<p>Mais, me dira-t-on, le colon pourra-t-il payer le dix pour
+cent par an et rembourser le capital de 11,400 francs, y compris
+la prime 1,900 francs, prescrite par la loi sur la colonisation?
+Ce doute n'est pas permis, en présence de la grande situation
+qui est faite au colon, possesseur, à cette époque, d'un
+domaine de cinquante hectares, d'une maison, d'un outillage
+agricole, d'un nombreux troupeau de bétail de plus de trois
+mille brebis, d'une centaine de vaches. Le troupeau seul
+suffirait pour opérer le remboursement. Ne nous préoccupons
+pas de cela, le colon saura bien trouver, dans ses économies
+accumulées, le capital du remboursement et ne se laissera pas
+exproprier d'un domaine dont la valeur dépassera le chiffre de
+la dette. Et d'ailleurs, y aurait-il retard dans le remboursement,
+les vingt lieues carrées concédées à l'entreprise ne
+sont-elles pas une garantie suffisante pour une créance de
+cinq-cent mille francs par colonie<a id="footnotetag15" name="footnotetag15"></a><a href="#footnote15"><sup>15</sup></a>.</p>
+
+
+
+<span class="pagenum"> -36- </span>
+
+<h3>TROISIÈME FACTEUR<br>
+<small>Le travail, ayant pour agent, le colon chef
+de la famille agricole.</small></h3>
+
+
+<p>Le troisième facteur dans l'&oelig;uvre de colonisation des territoires
+nationaux de la République argentine, c'est le travail du
+colon, chef de famille agricole. C'est le cultivateur qui apporte
+à l'exécution de l'&oelig;uvre son plus puissant levier, le travail de
+la terre; c'est lui qui fait surgir du sol les merveilles de la
+production et transforme les déserts en centres de production,
+en foyer de richesse, de lumière et de civilisation. Dans notre
+combinaison, c'est le travail du colon qui fait la richesse du
+gouvernement, celle de l'entrepreneur capitaliste et la sienne
+propre; le concours du gouvernement, celui de l'entrepreneur,
+n'ayant d'autre objet que celui de préparer, de faciliter, les
+moyens d'exécution, de favoriser le travail agricole et de lui
+permettre de se développer avec toute sa puissance. Cet agent
+du travail agricole, le colon, n'existe pas dans l'Amérique du
+Sud, où l'homme s'est livré à l'industrie bien plus productive
+de l'élève du bétail. Il est donc de toute nécessité d'aller le
+chercher là où il se trouve, c'est-à-dire en Europe, où la population
+agricole est nombreuse, trop serrée, trop compacte.</p>
+
+<p>Mais le travailleur de la terre, si pauvre qu'il soit, n'émigre
+pas. Ignorant s'il existe d'autres régions plus favorables à son
+industrie, il continue à vivre pauvrement dans le village où il
+est né, où vivent à côté de lui des parents, des amis. Et lorsqu'on
+voudra le faire sortir de son engouement et de sa misère,
+pour l'élever à une situation meilleure, il faudra aller à lui,
+l'instruire, l'éclairer, le renseigner, lui faire connaître toutes
+les faces de l'entreprise qu'on lui propose, et les conditions
+favorables qui lui sont accordées pour améliorer sa position,
+et le placer sur la voie de la fortune. Il devra être éclairé,
+non avec des tableaux exagérés et trompeurs et des promesses
+illusoires, mais bien en lui exposant clairement, loyalement,
+dans toute sa vérité, la nouvelle situation qui lui a été préparée,
+afin qu'il puisse entreprendre avec connaissance et
+résolution, l'opération qu'on lui propose, consigner, enfin,
+dans un contrat, les obligations réciproques du cultivateur-colon
+et de l'entreprise, et les remplir comme le feraient deux
+<span class="pagenum"> -37- </span>hommes sérieux et honnêtes, sans nécessité de l'intervention
+des tribunaux.</p>
+
+<p>De son côté, le travailleur agricole devant apporter à
+l'opération de colonisation son travail élevé à une haute
+puissance, devra être choisi parmi les cultivateurs des
+campagnes, connus par leurs habitudes d'ordre, de travail et
+de moralité, et non pas le prendre au hasard, comme cela se
+pratique dans la colonisation par l'émigration spontanée, qui
+permet ainsi l'introduction dans les colonies d'éléments
+divers, impropres à l'espèce de travail qu'elles comportent,
+sans activité, ni intelligence, et, quelquefois, promoteurs de
+désordre dans les colonies.</p>
+
+<p>Pour obtenir cet agent précieux de la colonisation, le bon,
+le laborieux cultivateur, si pauvre qu'il soit, il sera nécessaire
+d'établir une agence de recrutement sous la direction d'un
+homme intéressé au succès de l'entreprise et chargé, sous sa
+responsabilité, de créer en Europe, les sous-agences nécessaires.
+Le directeur du bureau de recrutement devra, en
+outre, être chargé des opérations de transport d'Europe en
+Amérique, opérations qui se lient, sous bien des rapports,
+avec celles du recrutement. L'ordre et la plus grande
+exactitude devront être apportés dans le mouvement de ces
+transports.</p>
+
+<p>Un directeur des colonies devra également être établi dans
+la contrée où se fonderont les colonies pour diriger sur les
+lieux et surveiller les opérations coloniales, exécuter et faire
+exécuter les obligations contractées. Un agent colonial, dans
+chaque colonie, sera chargé de la direction du magasin
+commercial et de la surveillance de la colonie. Cet agent
+sera placé sous la surveillance et le contrôle du directeur des
+colonies.</p>
+
+<p>Un agent général représentera l'entreprise dans la ville de
+Buenos-Ayres, capitale de la République Argentine.</p>
+
+
+<h3>COMBINAISON DE L'OPÉRATION</h3>
+
+<p>Notre système de colonisation repose, comme on le voit,
+sur la coopération de trois facteurs: 1<sup>o</sup> terre ayant pour
+agent le gouvernement argentin qui la concède; 2<sup>o</sup> capital
+<span class="pagenum"> -38- </span>ou outillage du travail ayant pour agent l'entrepreneur
+capitaliste; 3<sup>o</sup> le travail ayant pour agent le colon, père
+de famille agricole, qui l'apporte. C'est donc une opération
+coopérative, non pas dans le sens des utopistes socialistes
+qui préconisent la coopération individuelle organisée, mais
+bien dans le sens que la nature indique, celui de la coopération
+de trois forces distinctes l'une de l'autre, de trois
+agents indépendants qui s'associent librement pour l'exécution
+d'une &oelig;uvre dont le produit doit être partagé entre eux. Ce
+genre de coopération rentre dans le cercle des principes
+économiques.</p>
+
+<p>La loi argentine sur la colonisation est conçue aussi sur la
+coopération de ces trois agents; seulement, ici, le gouvernement
+fournit les deux facteurs <i>terre</i> et <i>capital</i> et le colon le
+travail; c'est-à-dire, que le gouvernement prend à sa charge
+l'action des deux premiers agents, gouvernement et entrepreneur
+capitaliste, pendant qu'il devrait rester dans son vrai
+rôle d'agent gouvernemental. Ce système a été qualifié de
+colonisation officielle, que condamnent des économistes
+éminents argentins. Notre combinaison, en réduisant l'action
+gouvernementale à son unique et véritable rôle, consiste
+donc dans l'application de la formule suivante, établie par
+nous, comme axiome fondamental de la science économique:
+Terre + travail + capital (<sup>m</sup>) = production (<sup>m</sup>). C'est-à-dire,
+terre adjacente à un chemin de fer.&mdash;Travailleur agricole
+choisi et réunissant les aptitudes nécessaires;&mdash;entrepreneur
+capitaliste fournissant un outillage complet, plus le
+capital Cheptel.&mdash;La résultante sera: production élevée.</p>
+
+<p>Toutefois, il ne suffit pas au facteur <i>terre</i> de comprendre une
+grande extension de vingt lieues carrées pour l'entrepreneur,
+de cinquante hectares pour le colon, et de posséder à son côté
+un chemin de fer pour l'écoulement des denrées, il était essentiel
+qu'il offrît aussi les conditions hygiéniques nécessaires
+pour protéger l'existence du colon. Or, sous ce rapport, la République
+Argentine ne laisse rien à désirer. Le territoire des
+Pampas situé entre les 34<sup>me</sup> et 40<sup>me</sup> degrés de latitude Sud,
+jouissant d'un climat tempéré, pareil à celui du midi de la
+France, de l'Espagne, de l'Italie... rafraîchi par les brises de
+l'Océan Atlantique, protégé à l'Ouest par les Cordillières... offre
+<span class="pagenum"> -39- </span>au point de vue de la salubrité du climat toutes les garanties
+hygiéniques désirables. Les institutions politiques et administratives
+du pays se rapprochent de celles des pays libres
+de l'Europe, la religion catholique y est généralement pratiquée
+et toutes les autres y sont libres.</p>
+
+<p>Quant à la puissance du facteur <i>capital</i>, nous l'élevons en
+ajoutant au capital agricole celui du cheptel en vue d'augmenter
+la production. Or, tout le monde sait la richesse que produit
+l'élève du bétail dans la République Argentine, où cette
+industrie est créée sur de vastes étendues de domaines à pâturage
+sans frais de construction d'étables, ni d'emmagasinage
+de fourrage, le bétail s'alimentant par le pacage et vivant
+continuellement dehors<a id="footnotetag16" name="footnotetag16"></a><a href="#footnote16"><sup>16</sup></a>.</p>
+
+<p>Pour faciliter l'intelligence de notre combinaison, nous allons
+l'exposer en quelques articles clairs et précis qui pourront
+servir pour la rédaction des statuts aux entreprises particulières
+de colonisation dans la République Argentine.</p>
+
+
+<h3>BASES<br>
+<small>Pour servir à la rédaction des statuts pour les entreprises de
+colonisation dans la République Argentine.</small></h3>
+
+
+<p>Article 1<sup>er</sup>.&mdash;Des entreprises de colonisation se feront
+dans les territoires nationaux et provinciaux de la République
+Argentine en vue de l'extinction du paupérisme agricole européen,
+dans les conditions établies dans le projet ci-exposé.</p>
+
+<p>Art. 2.&mdash;À cet effet, des contrats seront passés avec le
+gouvernement National et les gouvernements provinciaux argentins,
+par l'intermédiaire de notre fondé de pouvoirs à
+Buenos-Ayres, seul ou accompagné d'un agent spécial de l'entreprise.</p>
+
+<p>Art. 3.&mdash;Ces entreprises comprendront la fondation des
+colonies séparément ou conjointement avec la construction
+des chemins de fer.</p>
+
+<p>Art. 4.&mdash;Les chemins de fer de cette classe à construire,
+sont:</p>
+
+<p><span class="pagenum"> -40- </span>1<sup>o</sup> La ligne centrale de la Pampa de Mercedes au port Saint-Antoine,
+175 lieues;</p>
+
+<p>2<sup>o</sup> La ligne de Mercedes à Bahia-Blanca par Pontiagué,
+110 lieues;</p>
+
+<p>3<sup>o</sup> Le chemin de fer de Mercedes à la limite de la Pampa,
+25 lieues;</p>
+
+<p>4<sup>o</sup> Le chemin de fer du port Saint-Antoine à la vallée du
+Rio-Negro, 11 lieues.</p>
+
+<p>Art. 5.&mdash;L'entreprise du chemin de fer devra se faire avec
+la condition d'un sept pour cent de garantie d'intérêt du capital
+employé à la construction, avec concessions de terrains
+dont la contenance sera débattue avec le gouvernement.</p>
+
+<p>Dans le cas de jonction des deux opérations, construction de
+chemin de fer et colonisation, cette dernière se fera conformément
+aux bases établies dans le présent projet.</p>
+
+
+<h4>Des entreprises de colonisations, séparées des
+opérations de chemin de fer.</h4>
+
+<p>Art. 6.&mdash;Les entreprises de colonisation séparées de celles de
+chemin de fer pourront se faire:</p>
+
+<p>1<sup>o</sup> Par une grande institution de crédit déjà fondée;</p>
+
+<p>2<sup>o</sup> Par une société anonyme spéciale de colonisation argentine
+à fonder;</p>
+
+<p>3<sup>o</sup> Par une banque Franco-Argentine à fonder;</p>
+
+<p>4<sup>o</sup> Par une compagnie ou société en commandite;</p>
+
+<p>5<sup>o</sup> Par de simples particuliers pour les opérations de colonisations
+réduites.</p>
+
+
+<h4>Entreprise par une société anonyme spéciale de colonisation.</h4>
+
+<p>Art. 7.&mdash;Une société anonyme, sous le titre de......
+sera établie à......</p>
+
+<p>Elle aura pour objet la colonisation dans les territoires
+nationaux et provinciaux de la République Argentine.</p>
+
+<p>Art. 8.&mdash;Les vingt premiers adhérents à notre système de
+colonisation seront réputés fondateurs de l'entreprise, après
+nous avoir manifesté, par écrit, leur adhésion à notre projet et
+leur intention de prendre une part active à l'exécution de l'&oelig;uvre.</p>
+
+<p>Art 9.&mdash;Les fondateurs de ladite société éliront une commission
+provisoire chargée de rédiger les statuts de la société;
+celle-ci nommera un directeur du bureau, également provisoire,
+un trésorier et d'autres employés, s'ils sont nécessaires.</p>
+
+<p><span class="pagenum"> -41- </span>Art. 10.&mdash;Il ne sera fait d'émission, ni constitution
+définitive de société, qu'après que la commission provisoire
+aura été mise en possession des contrats passés avec le
+gouvernement national argentin ou les gouvernements provinciaux,
+opération qui reste à la charge de l'auteur du présent
+projet de colonisation.</p>
+
+<p>Art. 11.&mdash;Aussitôt après avoir été mise en possession des
+contrats, la commission provisoire fixera le chiffre de l'émission
+et procèdera à la constitution définitive de la société.</p>
+
+<p>Art. 12.&mdash;Dans le cas où la société se constituerait pour
+la fondation de QUINZE colonies, durant la période de cinq
+années, le chiffre de l'émission restera fixé à 7,500,000 francs.
+L'emploi de ce capital se fera dans l'ordre suivant:</p>
+
+<div class="c">
+<table summary="">
+<tr>
+ <td>1<sup>re</sup> année.</td>
+ <td>1,500,000</td>
+ <td>fr., pour la fondation de</td>
+ <td class="r">3</td>
+ <td>colonies.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>2<sup>e</sup> année.</td>
+ <td>1,500,000</td>
+ <td class="c">id.</td>
+ <td class="r">3</td>
+ <td class="c">id.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>3<sup>e</sup> année.</td>
+ <td>1,500,000</td>
+ <td class="c">id.</td>
+ <td class="r">3</td>
+ <td class="c">id.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>4<sup>e</sup> année.</td>
+ <td>1,500,000</td>
+ <td class="c">id.</td>
+ <td class="r">3</td>
+ <td class="c">id.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>5<sup>e</sup> année</td>
+ <td>1,500,000</td>
+ <td class="c">id.</td>
+ <td class="r">3</td>
+ <td class="c">id.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td></td>
+ <td>7,500,000</td>
+ <td>fr.</td>
+ <td class="r">15</td>
+ <td>colonies.</td>
+</tr>
+</table>
+</div>
+
+<p>Art. 13.&mdash;Pour réaliser le capital 7,500,000 francs, il sera
+fait une émission de quinze mille actions (15,000) de
+500 francs chacune, payables par annuités de cent francs, le
+15 janvier de chaque année, durant cinq ans.</p>
+
+
+<h4>Emploi du capital social 7,500,000 francs.</h4>
+
+<p>Le capital social 7,500,000 francs est spécialement destiné
+à l'établissement des colonies dans les territoires nationaux et
+provinciaux de la République Argentine, et aux frais nécessaires
+au fonctionnement de la société anonyme. C'est ce capital
+qui constitue le second facteur de notre système de colonisation,
+facteur puissant lorsqu'il complète l'outillage du travail,
+et qui avec la terre du gouvernement et le travail du
+colon concourt à réaliser la production. Ce capital garanti par un
+hypothèque, revient au capitaliste-actionnaire ou entrepreneur,
+après être passé durant cinq ans dans les mains de la famille
+agricole du colon, et avoir produit des bénéfices considérables
+par son application à l'industrie si productive de l'élève du
+bétail, en dehors du dix pour cent d'intérêt qu'il comporte,
+d'une prime de vingt pour cent sur le capital avancé, 9,500 fr.,
+et de la valeur accrue d'un terrain de vingt lieues carrées par
+colonie.</p>
+
+<p><span class="pagenum"> -42- </span>Art. 14.&mdash;Les avances à faire à chaque famille agricole
+composée de cinq personnes sont les suivantes:</p>
+
+<div class="c">
+<table summary="">
+<tr>
+ <td colspan="5"><i>1<sup>e</sup> Catégorie.<br>
+ Avances improductives devant être remboursée après cinq ans.</i></td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="1">A.&mdash;Maison d'habitation, comprenant deux pièces</td>
+ <td class="r">1,500</td>
+ <td>fr.</td>
+ <td rowspan="8" colspan="2">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="1">B.&mdash;Farine pour la subsistance d'une famille agricole, durant
+ la première année, 5 balles de 100 kilos</td>
+ <td class="r">250</td>
+ <td rowspan="7">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="1">C.&mdash;Semences</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="2">Froment, 2 hect.</td>
+ <td class="r">50</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="2">Maïs, 1 hect.</td>
+ <td class="r">15</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="2">Pommes de terre, 2 hect.</td>
+ <td class="r">30</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="2">Orge ou avoine, 2 hect.</td>
+ <td class="r">30</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="1">D.&mdash;Un char à quatre roues.</td>
+ <td class="r">500</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="1">E.&mdash;Une charrette, ou un tombereau à deux roues</td>
+ <td class="r">100</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="1">F.&mdash;Une charrue en fer</td>
+ <td class="r">30</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>&nbsp;</td>
+ <td colspan="2" style="border-top: 1px solid black;">&nbsp;</td>
+ <td style="border-top: 1px solid black;" class="r">2,500</td>
+ <td style="border-top: 1px solid black;">fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Les autres ustensiles et outils agricoles ainsi
+que les objets de ménage, le colon pourra les
+acheter au magasin de commerce établi par
+l'entreprise dans chaque colonie.</td>
+ <td colspan="4" rowspan="2">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td><i>2<sup>e</sup> Catégorie.
+ Avances productives, livrées à titre de cheptel, avec partage par
+ moitié du produit entre le colon et l'entreprise; remboursables après
+ cinq ans.</i></td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="1">A.&mdash;Brebis, 500, à 7 fr. chaque</td>
+ <td class="r">3500</td>
+ <td colspan="2" rowspan="6">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="2">3 béliers comm.</td>
+ <td class="r">150</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="2">1 bélier, Rambouilles, Negrets ou Southdowns</td>
+ <td class="r">400</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="1">B.&mdash;Vaches, 20, à 50 fr. chaque.</td>
+ <td class="r">1,000</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="2">Taureau, 1, à 100 fr.</td>
+ <td class="r">100</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="1">C.&mdash;Juments, 5, plus un cheval étalon<a id="footnotetag17" name="footnotetag17"></a><a href="#footnote17"><sup>17</sup></a></td>
+ <td class="r">350</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>&nbsp;</td>
+ <td style="border-top: 1px solid black;" colspan="2">&nbsp;</td>
+ <td class="r">5,500</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Passage d'Europe en Amérique, cinq personnes, à 300 fr. chaque</td>
+ <td colspan="2">&nbsp;</td>
+ <td class="r">1,500</td>
+ <td>&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Total des avances pour une famille</td>
+ <td style="border-top: 1px solid black;" colspan="2">&nbsp;</td>
+ <td style="border-top: 1px solid black;" class="r">9,500</td>
+ <td style="border-top: 1px solid black;" >fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Total pour une colonie de 40 familles</td>
+ <td style="border-top: 1px solid black;" colspan="2">&nbsp;</td>
+ <td style="border-top: 1px solid black;" class="r">380,000</td>
+ <td style="border-top: 1px solid black;" >fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Total pour 3 colonies à établir annuellement</td>
+ <td style="border-top: 1px solid black;" colspan="2">&nbsp;</td>
+ <td style="border-top: 1px solid black;" class="r">1,140,000</td>
+ <td style="border-top: 1px solid black;" >fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Établissement de 3 magasins commerciaux</td>
+ <td colspan="2">&nbsp;</td>
+ <td class="r">70,000</td>
+ <td rowspan="3">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Frais d'administration</td>
+ <td colspan="2">&nbsp;</td>
+ <td class="r">90,000</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Réserve</td>
+ <td colspan="2">&nbsp;</td>
+ <td class="r">200,000</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="c">Total</td>
+ <td style="border-top: 1px solid black;" colspan="2">&nbsp;</td>
+ <td style="border-top: 1px solid black;" class="r">1,500,000</td>
+ <td style="border-top: 1px solid black;">fr.</td>
+</tr>
+</table>
+</div>
+
+
+<p><span class="pagenum"> -43- </span>Art. 15.&mdash;La somme de neuf mille cinq cents francs sera remboursée
+à l'entreprise après cinq ans dans le courant des deux
+premiers mois de la sixième année avec la prime vingt pour
+cent (1,900 fr.) soit au total 11,400 francs, sans préjudice du
+dix pour cent à payer chaque année conformément au paragraphe
+5 de l'article 98 de la loi sur la colonisation.</p>
+
+<p>Art. 16.&mdash;Durant le cours de la sixième année, il sera procédé
+par l'entreprise, si celle-ci le juge utile, à la vente du
+terrain colonial concédé en dehors de ceux cédés aux colons
+dont les titres de propriété leur seront délivrés à la même
+époque.</p>
+
+<p>Art. 17.&mdash;Les opérations continueront ainsi successivement,
+par période de cinq ans, en appliquant le capital remboursé
+à la fondation de nouvelles colonies, jusqu'au jour où
+la société décidera, en assemblée générale, vouloir terminer
+son &oelig;uvre et se mettra en liquidation.<a id="footnotetag18" name="footnotetag18"></a><a href="#footnote18"><sup>18</sup></a></p>
+
+
+<h4>Entreprises de colonisation par compagnies
+ou sociétés en commandite.</h4>
+
+<p>Art. 18.&mdash;Les compagnies ou sociétés en commandite qui
+désireraient entreprendre des opérations de colonisation sur
+une moins grande échelle et sur les mêmes bases, pourront
+adresser leur déclaration à l'auteur du présent projet, qui
+s'empressera de leur fournir les renseignements nécessaires
+et son concours pour l'exécution de l'opération.</p>
+
+
+<span class="pagenum"> -44- </span>
+<h4>Entreprises de colonisation particulière</h4>
+
+<p>Art. 19.&mdash;Comme il m'est arrivé de rencontrer des propriétaires
+argentins qui demandaient à établir des colonies
+réduites à vingt et même dix familles, avec la condition de se
+réserver la moitié du terrain colonial, soit cinq lieues sur dix,
+ou deux lieues et demi sur cinq; les capitalistes qui désireraient
+entreprendre la colonisation sur ces bases, pourront
+m'adresser leur proposition, je donnerai immédiatement
+des ordres à mon fondé de pouvoir, à Buenos-Ayres, pour
+passer des contrats de cette classe.</p>
+
+
+
+
+<h4>TROISIÈME FACTEUR<br>
+<small>Le travail agricole.</small></h4>
+
+
+<p>Le troisième facteur qui reste à élever à sa haute puissance,
+par un bon choix et avec des procédés qui donnent confiance
+et crédit à l'opération, c'est le travail du cultivateur colon,
+chef de famille agricole. Ce choix devra être confié à un homme
+sérieux, honorable et dévoué à l'entreprise. Son titre sera
+celui de directeur général du bureau de recrutement et des
+transports maritimes d'Europe à l'Amérique du Sud.</p>
+
+
+<h4>Recrutement des colons.</h4>
+
+<p>Art. 20.&mdash;À cet effet il sera établi dans la ville de... un
+bureau spécial de recrutement de colons sous la direction d'un
+directeur général, lequel pour être aidé dans ses opérations
+pourra créer sous sa responsabilité des agents dans les chefs-lieux
+de départements français et les diverses provinces en
+Europe.</p>
+
+<p>Art. 21.&mdash;Les frais du bureau de recrutement, y compris les
+appointements du directeur et des agents, seront fixés par le
+conseil d'administration de la société de colonisation.</p>
+
+<p>Art. 22.&mdash;Le directeur du bureau de recrutement et ses
+agents auront pour mission:</p>
+
+<p>1<sup>o</sup> De faire connaître l'objet de l'entreprise, ses moyens
+d'exécution, les conditions exigées des colons pour être
+admis;</p>
+
+<p><span class="pagenum"> -45- </span>2<sup>o</sup> De fournir toutes les explications exactes et véritables,
+nécessaires au colon, pour qu'il se décide librement et en
+toute connaissance, à entreprendre l'opération de colonisation;</p>
+
+<p>3<sup>o</sup> Publier, à cet effet, des brochures, des circulaires, articles
+de journaux, sous sa responsabilité;</p>
+
+<p>4<sup>o</sup> Faire connaître dans ces publications les conditions hygiéniques
+et climatériques du pays à coloniser, ses zones terrestres,
+les institutions politiques, administratives, judiciaires,
+qui le régissent, les bénéfices que peuvent lui rapporter les
+industries agricoles et de l'élève du bétail; enfin tout ce
+qu'il importe au colon de connaître pour entreprendre l'opération
+proposée;</p>
+
+<p>Art. 23.&mdash;Le directeur général du bureau de recrutement
+remettra à chaque colon, chef de famille, avant son embarquement
+une feuille d'engagement, extraite d'un livre à souche,
+comportant un numéro d'ordre, les noms et prénoms du
+colon et des membres de sa famille, leur âge, le lieu de leur
+résidence. Elle comprendra aussi les obligations réciproques
+du colon et de l'entreprise, et au bas les signatures du colon
+et du directeur de l'entreprise.</p>
+
+<p>Il suffira au colon de présenter la feuille d'engagement
+pour être admis à la colonie. Copie en sera adressée au
+directeur général des colonies.</p>
+
+<p>Art. 24.&mdash;Les frais de transport d'Europe à la République
+Argentine seront à la charge de l'entreprise, et ceux du port
+argentin de débarquement à la colonie, à la charge du gouvernement
+argentin, conformément aux articles 88 et 89, et
+du paragraphe 4 de l'article 104 de la loi sur la colonisation.
+Le montant de ces avances de passage sera remboursé par le
+colon aux époques déterminées par le contrat.</p>
+
+<p>Art. 25.&mdash;Le colon, chef de famille agricole, représente
+celle-ci dans tous les actes et obligations qui lui incombent.</p>
+
+<p>Art. 26.&mdash;La famille agricole se composera de cinq
+membres, au moins âgés de dix ans. Les enfants au-dessous
+de dix ans ne compteront pas pour l'entreprise, mais ils
+pourront accompagner la famille et suivre leurs parents.</p>
+
+<p>Art. 27.&mdash;Deux familles séparées pourront s'associer pour
+former un groupe de famille au nombre de cinq membres au
+<span class="pagenum"> -46- </span>moins. Ils auront la faculté de rompre, plus tard, l'association
+en se partageant la concession de terrain et les avances à elles
+faites. Mais elles resteront solidaires de leur engagement,
+vis-à-vis l'entreprise.</p>
+
+<p>Art. 28.&mdash;Deux mois avant le départ des colons d'Europe,
+le directeur général de l'entreprise de colonisation enverra
+l'ordre au directeur des colonies de préparer les lots de
+cinquante hectares chaque à distribuer aux colons, avec leurs
+limites et bornage. Le lot portera un numéro d'ordre. Cette
+opération terminée, il sera procédé à la construction des
+maisons d'habitation composées chacune de deux pièces de
+quatre mètres carrés de surface, avec un corridor intermédiaire.</p>
+
+<p>Art. 29.&mdash;Immédiatement après l'arrivée des colons sur
+les lieux, les lots seront tirés au sort et chaque colon prendra
+possession de celui que lui aura désigné le sort. On lui
+délivrera, ensuite, les avances de la première catégorie,
+telles que farine, semences, une charrue, un char.... Durant
+les quinze jours qui suivront, les colons recevront les
+avances de la seconde catégorie, à titre de cheptel, savoir:
+500 brebis, avec trois béliers, 20 vaches et un taureau, cinq
+juments. La distribution se fera par tirage au sort, par lots
+d'animaux.</p>
+
+<p>Art. 30.&mdash;Deux fours à cuire le pain seront construits
+d'avance dans chaque colonie, un pour la section de droite,
+l'autre pour la section de gauche.</p>
+
+<p>Art. 31.&mdash;Dans chacune des colonies, l'entreprise établira
+un magasin commercial comprenant des outils aratoires et
+ustensiles de ménage, quincaillerie, objets de consommation;
+enfin, toute marchandise ou denrée que l'entreprise jugera
+utile de livrer en vente. Un crédit de six mois sera accordé
+aux colons.</p>
+
+<p>Art. 32.&mdash;Chaque colon sera obligé de cultiver et de
+maintenir en état de culture, à partir de la première année,
+pour le moins quatre hectares de terrain sur les cinquante
+qui lui sont concédés et de clore la partie cultivée soit en
+bois, soit en fil de fer, restant libre, pour le surplus, d'en
+cultiver la contenance qu'il lui conviendra.</p>
+
+<p><span class="pagenum"> -47- </span>Art. 33.&mdash;Tout colon qui ne cultiverait pas la contenance
+ci-dessus indiquée dans l'article précédent, ou qui ne
+donnerait pas à l'élève du bétail les soins qui leurs sont dus,
+ou qui serait une cause de désordre dans la colonie, la
+concession du terrain et les avances à lui faites lui seront
+retirées et il sera expulsé de la colonie. Toutefois, le fait devra
+être attesté par dix colons tirés au sort et confirmé par un
+rapport du directeur des colonies; seul, l'agent général,
+représentant de l'entreprise, aura droit de prononcer l'exclusion.</p>
+
+<p>Art. 34.&mdash;Tout le produit du sol, celui des animaux de
+basse-cour et de toute autre industrie, appartiendra au colon;
+seul, le produit cheptel des brebis, vaches, chevaux, sera
+partagé entre ce dernier et l'entreprise.</p>
+
+<p>Art. 35.&mdash;Les mâles des trois classes d'animaux spécifiés
+ci-dessus, ayant acquis un an d'âge, seront partagés, chaque
+année et livrés à la vente durant cinq ans, c'est-à-dire, pendant
+le cours de six années, entre le colon et l'entreprise.
+La laine des brebis sera également partagée durant les cinq
+premières années.</p>
+
+<p>Art. 36.&mdash;Durant les cinq premières années, le colon
+paiera à l'entreprise un dix pour cent du montant des avances
+9,500 francs, soit 950 francs par an, conformément aux
+prescriptions du paragraphe 5 de l'article 98 de la loi sur la
+colonisation.</p>
+
+<p>Art. 37.&mdash;Après cinq ans, durant les deux premiers mois
+de la sixième année, le colon remboursera à l'entreprise le
+montant des avances 9,500 francs, avec une prime de 20 pour
+cent, soit 1,900 fr., en total: 11,400 fr., conformément au
+paragraphe 5 de l'article 98 précité.</p>
+
+<p>Art. 38.&mdash;Une fois le règlement fait et le remboursement
+du montant des avances opéré, l'agent général de l'entreprise
+aux colonies délivrera à chaque colon, chef de famille, un
+titre de propriété dûment légalisé. Après quoi le colon
+restera maître absolu, non seulement du terrain, de la
+maison, du mobilier, mais encore des animaux qui se trouveront
+dans son domaine; restant libre et dégagé de tout compromis
+avec l'entreprise de colonisation.</p>
+
+<p><span class="pagenum"> -48- </span>Art. 39.&mdash;Les colons seront soumis aux lois et institutions
+de la République Argentine sous l'autorité d'un juge de paix,
+chargé de les faire exécuter.</p>
+
+<p>Art. 40.&mdash;De même que dans les autres centres de population
+de la République Argentine, les colons constitueront un
+conseil municipal chargé de l'administration des affaires communales
+de la colonie: le service religieux, l'instruction primaire,
+restant à la charge du gouvernement National ou provincial.</p>
+
+<p>Art. 41.&mdash;Un directeur général des colonies, nommé par
+l'entreprise, assisté d'un inspecteur, surveillera, contrôlera et
+dirigera les affaires coloniales de l'entreprise. Un agent général
+représentera celle-ci dans le pays.</p>
+
+
+<h4>Disposition et distribution des colonies le long des chemins de fer
+à construire, dans les territoires nationaux.</h4>
+
+<p>Art. 42.&mdash;En attendant qu'il soit ajouté à la loi de colonisation
+un titre 8 réglant la colonisation le long des chemins de
+fer, l'entreprise se conformera à l'article 104 de la loi qui détermine
+le nombre de cent vingt-cinq familles à établir dans
+chaque section de terrain concédé de vingt-cinq lieues chaque;
+disposition qui n'apporte pas un changement irréalisable
+pour notre projet, et qui d'ailleurs n'est applicable qu'aux
+territoires nationaux. Les gouvernements provinciaux restant
+libres de passer des contrats sur d'autres bases qui seraient
+plus conformes à leurs intérêts.</p>
+
+<p>Les colons des territoires nationaux seront exempts de la
+contribution directe durant dix ans. Art. 114 de la loi.</p>
+
+
+<h4>Disposition des colonies dans les territoires provinciaux.</h4>
+
+<p>Art. 43.&mdash;Il sera passé des contrats de colonisation avec
+les gouvernements provinciaux dans les conditions suivantes:</p>
+
+<p>1<sup>o</sup> Établissement d'une colonie de quarante à quatre-vingts
+familles, pour chaque concession de vingt lieues carrées le
+long d'un chemin de fer,</p>
+
+<p>2<sup>o</sup> Établissement de vingt à quarante familles pour une concession
+de dix lieues carrées.</p>
+
+<p>Les autres conditions comme ci-dessus dans nos dispositions
+générales.</p>
+
+
+<span class="pagenum"> -49- </span>
+<h4>Disposition de colonies avec des propriétaires de terrain.</h4>
+
+<p>Art. 44.&mdash;Les propriétaires particuliers qui demanderont
+à établir des colonies sur leur terrain propre pourront le faire
+aux conditions formulées dans l'article précédent, même en
+réduisant la concession à cinq lieues pour dix à vingt familles.
+Par exception pour les propriétaires de cette dernière catégorie,
+la moitié du terrain concédé restera leur propriété après
+la cinquième année, et en disposeront pour la vente ou leur
+usage, comme bon leur semblera.</p>
+
+
+
+
+<h2>AVANTAGES ET BÉNÉFICES<br>
+<small>À répartir aux trois agents de la production:
+Gouvernement,&mdash;Colon,&mdash;Entrepreneur-capitaliste.</small></h2>
+
+
+<p>En toute opération productive et surtout dans celles qui ont
+une grande portée, les principes d'une bonne morale et ceux
+de la science économique prescrivent une équitable répartition
+des bénéfices entre les agents qui concourent à son exécution.
+C'est fondé sur ces principes que nous procédons à la
+répartition des avantages et bénéfices entre les trois agents
+qui concourent à l'&oelig;uvre de la colonisation, gouvernement
+argentin,&mdash;colon européen,&mdash;entrepreneur-capitaliste, autrement
+dit entre les trois facteurs: <i>Terre, travail, capital</i>.</p>
+
+<p>Notre système de colonisation organisée à production élevée
+comporte deux opérations distinctes, celle de la colonisation
+proprement dite, qui consiste à l'exploitation de la terre, et
+celle de l'élève du bétail. À la première de ces industries
+concourent le gouvernement et le colon; à la seconde le colon
+et l'entrepreneur-capitaliste qui fournit le capital des avances.
+Les avantages et bénéfices de la première de ces deux industries
+sont attribués au gouvernement et au colon seulement;
+les bénéfices de la seconde sont partagés entre le colon et l'entrepreneur-capitaliste.
+Définie ainsi la coopération des trois
+agents, nous allons procéder à la répartition des avantages et
+bénéfices entr'eux, tout en faisant une large part au colon.</p>
+
+
+<span class="pagenum"> -50- </span>
+<h3>Avantages que recueille le gouvernement argentin de notre
+système de colonisation.</h3>
+
+<p>Tout d'abord nous simplifions la coopération du gouvernement
+en réduisant son concours à celui d'une simple concession
+de terres, le dégageant de toute dépense à faire pour
+avances au colon, et réservant le capital qu'il emploie aujourd'hui
+à cet objet pour l'appliquer à la construction de chemins
+de fer dans les territoires nationaux pour la garantie d'un sept
+pour cent d'intérêt du capital à employer à cette &oelig;uvre d'une
+grande portée économique.</p>
+
+<p>La colonisation officielle a rempli son rôle d'initiative et
+d'expérimentation, le gouvernement argentin peut abandonner
+aujourd'hui la continuation de l'&oelig;uvre à l'industrie privée, en
+ajoutant à la loi de colonisation un chapitre 8 ayant pour titre
+«des colonies à établir le long du chemin de fer.» Chapitre
+pour la rédaction duquel pourront servir de base les quelques
+articles que nous avons indiqués dans le cours de cette publication.
+(Voir <a href="#p24">page 24</a>.)</p>
+
+<p>Libre de tout engagement avec les colons, déchargé des dépenses
+que nécessite l'opération et des embarras de l'administration
+coloniale, charges qui incombent aux entreprises de
+colonisation, le gouvernement argentin verra s'accomplir sur
+une vaste échelle l'&oelig;uvre de la colonisation, si importante
+pour la prospérité et l'accroissement de puissance de son
+pays. Des colonies nombreuses s'établiront dans ses vastes et
+fertiles territoires; de nouveaux centres de consommation et
+de production se multiplieront; le mouvement et la vie se répandront
+dans ces immenses solitudes; et avec eux s'accroîtront
+la population et la richesse. La terre des environs augmentera
+de valeur et deviendra une source de revenus incalculables
+pour le trésor national; le commerce, l'industrie, les
+arts se développeront dans ces nouveaux centres de population,
+de consommation et de production de matières premières
+qui iront alimenter les ports, sur l'Océan Atlantique, de Saint-Antoine
+et de Bahia-Blanca, dont le mouvement commercial
+ne tardera pas à prendre un mouvement inespéré, le jour
+où le chemin de fer central de la Pampa, traversant ce vaste
+territoire, les mettra en communication directe avec le Chili
+et les provinces de l'Ouest.</p>
+
+
+
+
+<span class="pagenum"> -51- </span>
+<h3>BÉNÉFICES DE L'ENTREPRISE<br>
+<small>AUTREMENT DIT DU FACTEUR CAPITAL</small></h3>
+
+
+<p>Le capital, sans lequel la colonisation, paralysée dans son
+action, par défaut d'outillage, ne peut donner que des résultats
+insignifiants, ou des insuccès affligeants, est représenté
+dans notre système de colonisation à production élevée par
+l'entrepreneur-capitaliste. Ce capital, nous l'avons proportionné
+à l'ample concession de terre, de 20 lieues carrées,
+faite par le gouvernement et à la masse de travail que fournit
+une famille de cinq membres au moins; nous avons voulu qu'il
+fût complet (9,500 francs par famille). Aussi avons-nous dû
+lui faire une large part dans les bénéfices. Ces bénéfices proviennent
+de deux sources: 1<sup>o</sup> ceux que lui attribue la loi sur
+la colonisation, savoir, concession de terre (20 lieues) un dix
+pour cent d'intérêt annuel, plus une prime de vingt pour cent
+sur le capital employé, soit 1,900 francs sur 9,500; 2<sup>o</sup> ceux qui
+proviennent de l'industrie du bétail, laquelle pour la première
+fois se trouve ajoutée à l'industrie agricole du colon; ce
+sont les bénéfices qui proviennent de cette double source que
+nous allons évaluer. Soit donc: 1<sup>o</sup> bénéfices attribués par la
+loi à l'entrepreneur-capitaliste. (Art. 98.)</p>
+
+<table summary="">
+<tr>
+ <td style="padding-left: 3em; text-indent: -3em;" colspan="3">
+ A&mdash;Concession de terre, 25 lieues carrées (art. 65, 98, 104),
+ que nous réduisons à 20 lieues.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td style="padding-left: 3em; text-indent: -3em;">
+ B&mdash;Intérêt de dix pour cent à payer annuellement
+ par le colon, ci 950 fr.</td>
+ <td colspan="2">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td style="padding-left: 3em; text-indent: -3em;">
+ C&mdash;Prime de vingt pour cent</td>
+ <td class="r">1,900</td>
+ <td>francs.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td style="padding-left: 3em;">à ajouter au capital 9,500, ci</td>
+ <td class="r">9,500</td>
+ <td>francs.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="c">Soit ensemble</td>
+ <td class="tr">11,400</td>
+ <td class="t">francs.</td>
+</tr>
+</table>
+
+<p>Ces bénéfices attribués par la loi de colonisation argentine
+au capital seraient déjà une rémunération suffisante. Mais voulant
+tirer parti de la grande étendue de terre à pâturage concédé
+par le gouvernement et du nombre de travailleurs que
+fournit la famille agricole, nous ajoutons à l'industrie agricole
+du colon, celle de l'élève du bétail si productive dans ces contrées
+à pâturage et à grands domaines, dont la contenance
+s'évalue par lieues carrées. Nous avons créé cette industrie
+<span class="pagenum"> -52- </span>sur le pied de 500 brebis, 20 vaches, 5 juments, pour chaque
+famille, soit pour une colonie de quarante familles 20,000 brebis,
+800 vaches, 200 juments, et pour trois colonies à établir
+chaque année, 60,000 brebis, 2,400 vaches, 600 juments. Le
+produit devant être partagé par moitié entre le colon et l'entreprise;
+il s'agit maintenant d'évaluer la somme des bénéfices
+que cette industrie procurera à l'entreprise.</p>
+
+<p>Observons d'abord que nos troupeaux des trois espèces d'animaux,
+brebis, vaches, juments, augmentent en nombre chaque
+année de cinquante pour cent environ par l'adjonction
+aux mères des femelles nées dans l'année et qui deviendront
+mères l'année suivante; or ce chiffre s'élève généralement à la
+moitié des naissances. Nous aurons ainsi sur les 500 agneaux
+nouveau-nés 250 femelles à ajouter aux 500 mères, soit 750
+femelles pour la production de la seconde année, 1,125 pour
+celle de la troisième; ainsi progressivement pour les années
+suivantes. Même progression à appliquer aux vaches et juments.
+Nous avons donc une progression croissante des produits
+partant des bénéfices; et cela sans augmentation de
+frais; le pacage de vingt lieues carrées étant immense, et les
+animaux vivant nuit et jour dehors ne nécessitant pas de constructions
+d'étables. Appliquant la même progression aux mâles
+à livrer chaque année à la vente à l'âge d'un an, nous obtenons
+pour la première année 250 moutons, 375 pour la deuxième,
+563 pour la troisième, 814 pour la quatrième, 1,765 pour
+la cinquième. Le prix ordinaire à cet âge étant cinq francs,
+on peut évaluer le produit annuel. Appliquant le même procédé
+de progression aux produits de la laine, des veaux et des
+poulains de deux ans, et réunissant leur somme à celle déjà
+calculée des agneaux, nous arrivons à avoir pour production
+de la première année, pour chaque famille, 2,300 fr.; pour la
+seconde année 3,475 fr.; pour la troisième 5,240 fr.; pour la
+quatrième 7,830 fr.; pour la cinquième 14,205 fr. Soit total de
+la production cheptel d'une famille durant cinq ans 33,050 fr.
+Déduisant maintenant de ce chiffre le dixième pour pertes,
+soit 3,305 fr., il reste 29,745 fr. à partager entre le colon et l'entreprise,
+soit 14,872 fr, pour chacun d'eux pour les cinq années.</p>
+
+<table summary="">
+<tr>
+ <td>Chaque famille produisant 14,872 francs de cheptel à l'entreprise
+<span class="pagenum"> -53- </span>en cinq ans, les 40 familles, composant une colonie
+produiront 594,880 fr., ci.,</td>
+ <td class="r">594,880</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>À ce chiffre, nous devons ajouter les femelles
+ des trois races ovine, bovine et chevaline,
+ conservées pour la reproduction dont la valeur
+ s'élève, pour la race ovine, à 341,600 fr.;
+ pour la race bovine, à 117,000 fr., et pour la
+ race chevaline, à 3,200 fr., soit, valeur en
+ francs, des produits des femelles des trois races.</td>
+ <td class="r">461,800</td>
+ <td>&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Il nous reste à ajouter, à la somme de ces
+ bénéfices, la valeur des 19 lieues carrées sur
+ 20, concédées par le gouvernement, soit un
+ minimum de dix mille francs la lieue, on
+ aura,</td>
+ <td class="r">190,000</td>
+ <td>&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Soit, total des bénéfices cheptel produit à
+ l'entreprise, pour une colonie de 40 familles
+ (200 personnes)</td>
+ <td class="tr">1,246,680</td>
+ <td class="t">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="c">(<i>Voir les tableaux du calcul des bénéfices à l'Appendice</i>).</td>
+ <td colspan="2">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Pour trois colonies à établir chaque année
+ × 3 =</td>
+ <td class="tr">3,740,040</td>
+ <td class="t">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>avec le capital 1,500,000 fr.</td>
+ <td colspan="2">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Pour quinze colonies à établir en cinq
+ ans × 15 =</td>
+ <td class="tr">18,700,200</td>
+ <td class="t">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>avec le capital 7,500,000 fr.</td>
+ <td colspan="2">&nbsp;</td>
+</tr>
+</table>
+
+<p>Les chiffres qui représentent ici les bénéfices de l'industrie
+du bétail, pour le compte de l'entreprise, n'offrent certainement
+pas l'exactitude désirable, ce qui est impossible à
+obtenir quand on opère sur des produits de valeur variable
+dans leur cours commercial. Ces chiffres se traduiront par un
+plus ou un moins dans la réalité. Ce qui est certain, c'est que
+le produit de vingt mille brebis, pour chaque colonie, celui
+de huit cents vaches et de deux cents juments, avec leur
+reproduction croissante de cinquante pour cent l'an, sera
+toujours considérable, quelque diminution qu'on fasse subir à
+mon appréciation. Ni les critiques malveillantes, ni le calculateur
+le plus sévère, ne pourront contester ce grand
+résultat. Nous avons indiqué le procédé de calcul à suivre
+pour l'évaluation des produits du cheptel. Que nos lecteurs
+<span class="pagenum"> -54- </span>veuillent bien se livrer à une étude attentive de la matière, et
+ils reconnaîtront que nous sommes restés éloignés de toute
+exagération.</p>
+
+<p>Maintenant, si l'entreprise, se contentant du dix pour cent
+d'intérêt pour le capital employé et de la prime vingt pour
+cent qu'accorde la loi argentine sur le capital, se décidait à
+élargir le cercle de ses opérations, en appliquant à la construction
+des chemins de fer coloniaux les bénéfices produits
+par le cheptel, ce qui est possible à exécuter, on arriverait à
+construire, avec le capital de dix-huit millions de ces bénéfices,
+environ soixante lieues de chemins de fer, celui de
+Mercedes à Poitagué, par exemple, à continuer, plus tard,
+avec les mêmes ressources, jusqu'au port de Bahia-Blanca.</p>
+
+<p>Le gouvernement argentin accordant une garantie d'intérêt
+de sept pour cent aux capitaux affectés à cette classe de travaux
+publics, l'entreprise bénéficierait ainsi d'une somme d'intérêt
+s'élevant à 1,402,254 francs par an, une fois la construction
+terminée, tout en restant propriétaire d'une voie ferrée
+de soixante lieues. Dans ces conditions, à quel chiffre s'élèveront
+les actions de l'émission 7,500,000 francs, appliquées
+à l'opération de colonisation? Je laisse la réponse à faire aux
+spéculateurs habituels de négociations de titres industriels à
+la Bourse.</p>
+
+
+<h3>Avantages et Bénéfices du Colon.</h3>
+
+<p>Le troisième agent de notre &oelig;uvre de colonisation à
+production élevée, c'est le colon, qui, avec sa famille, apporte
+à son exécution le puissant levier de la production, le travail,
+troisième facteur de notre formule économique. Le colon a
+donc un droit incontestable à la répartition de la richesse
+produite avec son concours. Cette part de richesse doit lui
+être accordée libéralement, largement, car c'est lui qui crée
+cette richesse avec ses bras et son intelligence, le capital
+n'étant que l'instrument du travail et la terre la matière à
+élaborer. Nous dirons même que le principal objet du colonisateur
+doit tendre à assurer la richesse du colon, car, de ce
+résultat ressortiront le prestige de l'opération, le succès de
+<span class="pagenum"> -55- </span>l'entreprise, la solution du grand problème d'économie
+sociale, l'<i>extinction du paupérisme agricole européen</i>.</p>
+
+<p>Dans notre mode de répartition des profits, il est accordé
+au colon des avantages importants et des bénéfices grands et
+assurés:</p>
+
+<p>1<sup>o</sup> Les avantages sont les suivants:</p>
+
+<p>Avance de passage d'Europe aux colonies argentines;</p>
+
+<p>Concession après cinq ans, à titre de propriété, d'un
+domaine de cinquante hectares, avec une maison d'habitation
+composée de deux pièces;</p>
+
+<p>Avance de farines pour la subsistance de la famille durant
+la première année, des semences, une charrue, un char à
+quatre roues.....</p>
+
+<p>Livraison, à titre de cheptel, de troupeaux d'animaux,
+savoir: 500 brebis, &mdash; 20 vaches, 5 juments, dont la moitié
+du produit lui appartiendra;</p>
+
+<p>Le colon sera placé près d'un chemin de fer, conséquemment,
+transport facile des personnes, des marchandises, des
+produits agricoles aux grandes places commerciales et aux
+ports de mer de Buenos-Ayres, Bahia-Blanca, Saint-Antoine.</p>
+
+<p>Il jouira des mêmes avantages sociaux qu'en Europe, de la
+liberté et de l'administration communale; avec une école
+pour l'instruction des enfants, une église pour ses pratiques
+religieuses;</p>
+
+<p>Chaque colonie sera pourvue d'un magasin commercial pour
+la vente de divers denrées, de ferretterie, de quincaillerie,
+d'ustensiles de ménage et d'outils agricoles;</p>
+
+<p>Il sera exempt, pendant dix ans, de la contribution directe
+(article 114 de la loi de colonisation);</p>
+
+<p>Il sera libre dans son industrie, avec la seule condition de
+remplir les obligations du contrat.</p>
+
+<p>2<sup>o</sup> Les bénéfices sont les suivants; ils résultent de la situation
+avantageuse faite au colon:</p>
+
+<p>Tout le produit de l'industrie agricole et de tout autre
+appartiennent au colon;</p>
+
+<p>La moitié du produit de l'élevage du bétail lui appartient
+durant cinq ans; nous avons vu plus haut que le chiffre de
+la moitié de ce produit pouvait être calculé à 14,000 francs
+pour les cinq ans.</p>
+
+<p><span class="pagenum"> -56- </span>Nous terminons ici l'exposition de notre système de colonisation
+à production élevée, à appliquer aux territoires immenses
+et de fertilité reconnue de la République Argentine. L'objet
+de notre travail consiste à ouvrir au cultivateur pauvre européen,
+une voie de salut praticable, facile à parcourir, qui
+lui permette d'échapper au goufre béant de la misère vers
+lequel il est entraîné, et de s'élever par son travail à l'aisance
+pour lui, à la fortune pour ses enfants. À cet effet, le gouvernement
+argentin nous offre libéralement, largement, la terre:
+ce qui est beaucoup, car cette libéralité est le pivot de notre
+combinaison, sa grande étendue permettant au capital d'élever
+son action productive à un degré de rémunération tel que
+toute autre opération ne saurait atteindre, et cela par le fait
+de l'adjonction à l'industrie agricole du colon, de l'industrie
+de l'élève du bétail, organisée sur une grande échelle: complétant
+ainsi l'outillage du travailleur agricole. Pour ce grand
+service rendu, nous devions au capital une large part dans la
+répartition des produits; c'est ce que nous avons fait, comme
+on l'a déjà vu, en nous conformant aux usages dans la pratique
+du cheptel et aux principes économiques. Donc, toute idée
+d'exploitation doit être écartée, et les énormes bénéfices que
+fait l'entreprise ne doivent être attribués qu'à l'importance du
+capital employé, à son application, à la multiplicité des opérations
+(40 par colonie), et à la combinaison bien ordonnée des
+trois facteurs: terre&mdash;travail&mdash;capital, élevés à leur puissance,
+et dont la résultante production (<sup>m</sup>) devait être la conséquence
+nécessaire.</p>
+
+<br>
+
+<p>Jamais, nous osons le dire, système de colonisation n'a été
+établi sur des bases aussi bien définies, aussi clairement déterminées
+et d'une aussi grande puissance de production; jamais
+entreprises de colonisation n'auront donné de si considérables
+résultats, jamais colons n'ont obtenu des conditions
+aussi avantageuses; jamais gouvernement n'a fait des concessions
+si libérales, mais aussi n'aura recueilli des résultats aussi
+grandioses.</p>
+
+<br>
+
+<p>Jamais capital aussi bien garanti, doté d'un intérêt satisfaisant
+et d'une prime équitable, n'aura produit une rémunération
+aussi considérable pour le service rendu durant la courte
+<span class="pagenum"> -57- </span>période de cinq ans. Jamais enfin situation aussi favorable n'a
+été offerte à la population agricole européenne pauvre.</p>
+
+<p>Nous pourrons donc voir se réaliser, à une époque peu
+éloignée, les belles paroles prophétiques d'un notable écrivain
+de l'Amérique du Sud: «La rédemption de la race blanche
+se trouverait dans l'acquisition morale de tout un monde
+riche et vierge, d'un monde qui donnerait terre, travail, fortune.»</p>
+
+<p class="r1">Andres LAMAS.</p>
+
+<p class="1">(Notice sur l'Uruguay).</p>
+
+
+<p>C'est donc une &oelig;uvre philanthropique et économique de
+haute importance que nous conseillons d'entreprendre. Quand
+à ses résultats heureux, nul ne peut les contester. Les bénéfices,
+si réduits qu'ils soient ne peuvent se nier. Un fait incontestable,
+c'est l'intérêt dix pour cent par an et la prime de
+vingt pour cent sur le capital, alloués par la loi argentine au
+capital employé à la colonisation hypothéquée sur l'avoir mobilier
+et immobilier avancé au colon et sur une grande concession
+de terrain qui devient propriété de l'entreprise, dès
+le moment de l'installation de la colonie, c'est-à-dire au moment
+de l'application du capital.</p>
+
+<p>Quant à nous, ouvriers de la première heure, dans ce
+genre d'entreprise de colonisation dans la République Argentine,
+notre conscience satisfaite nous dit que nous faisons
+une bonne &oelig;uvre et une bonne action.</p>
+
+<p class="r2"><span class="sc">Auguste</span> BROUGNES,</p>
+
+<p class="r"><i>Docteur en médecine, propriétaire du domaine de<br>
+Caixon, près Vic-Bigorre (Hautes-Pyrénées).</i></p>
+
+
+
+<p>Caixon, le 20 novembre 1882.</p>
+
+<br><hr><br>
+
+<span class="pagenum"> -58- </span>
+
+<div class="c"><img src="images/a.png" alt=""></div>
+
+
+
+
+
+
+<span class="pagenum"> -59- </span>
+<h3>PRODUIT DU CHEPTEL À REPARTIR ENTRE LE COLON ET L'ENTREPRISE</h3>
+
+<h4>Produit annuel d'une famille agricole durant cinq ans.</h4>
+
+<div class="c">
+<table summary="">
+<tr>
+ <th colspan="6" class="tf">PRODUIT DES ANIMAUX</th>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="te">Classe d'animaux</td>
+ <td class="te">Années</td>
+ <td class="te">Naissance</td>
+ <td class="te">Femelles à conserver</td>
+ <td class="te">Mâles à vendre</td>
+ <td class="te">Produit de la vente</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t7" rowspan="6">BREBIS<br>500</td>
+ <td class="t7">&nbsp;</td>
+ <td class="t7">&nbsp;</td>
+ <td class="t7">&nbsp;</td>
+ <td class="t7">&nbsp;</td>
+ <td class="t7">(5 fr.)</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">1<sup>re</sup> année</td>
+ <td class="t6r">500</td>
+ <td class="t6r">250</td>
+ <td class="t6r">250</td>
+ <td class="t6r">1,250 f.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">2<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">750</td>
+ <td class="t6r">375</td>
+ <td class="t6r">375</td>
+ <td class="t6r">1,875</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">3<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">1,125</td>
+ <td class="t6r">562</td>
+ <td class="t6r">562</td>
+ <td class="t6r">2,800</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">4<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">1,687</td>
+ <td class="t6r">843</td>
+ <td class="t6r">843</td>
+ <td class="t6r">4,215</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">5<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">2,530</td>
+ <td class="ter">1,765</td>
+ <td class="ter">1,765</td>
+ <td class="ter">8,825</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6" colspan="3">&nbsp;</td>
+ <td class="t7r">3,795</td>
+ <td class="t7r">3,797</td>
+ <td class="t7r">18,965</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6" colspan="3">Perte 1/10 à déduire.</td>
+ <td class="ter">379</td>
+ <td class="ter">379</td>
+ <td class="ter">1,896</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="te" colspan="3">&nbsp;</td>
+ <td class="tfr">3,416</td>
+ <td class="tfr">3,418</td>
+ <td class="tfr">17,069</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t7" rowspan="6">VACHES<br>20</td>
+ <td class="t7">&nbsp;</td>
+ <td class="t7">&nbsp;</td>
+ <td class="t7">&nbsp;</td>
+ <td class="t7">&nbsp;</td>
+ <td class="t7">(50 fr. à 2 ans)</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">1<sup>re</sup> année</td>
+ <td class="t6r">20</td>
+ <td class="t6r">10</td>
+ <td class="t6r">10</td>
+ <td class="t6r">500</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">2<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">30</td>
+ <td class="t6r">15</td>
+ <td class="t6r">15</td>
+ <td class="t6r">750</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">3<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">45</td>
+ <td class="t6r">22</td>
+ <td class="t6r">23</td>
+ <td class="t6r">1,150</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">4<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">67</td>
+ <td class="t6r">33</td>
+ <td class="t6r">34</td>
+ <td class="t6r">1,700</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">5<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">100</td>
+ <td class="ter">50</td>
+ <td class="ter">50</td>
+ <td class="ter">2,500</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6" colspan="3">&nbsp;</td>
+ <td class="t7r">130</td>
+ <td class="t7r">132</td>
+ <td class="t7r">6,600</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6" colspan="3">Perte 1/10 à déduire.</td>
+ <td class="ter">13</td>
+ <td class="ter">13</td>
+ <td class="ter">660</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="te" colspan="3">&nbsp;</td>
+ <td class="tfr">117</td>
+ <td class="tfr">119</td>
+ <td class="tfr">5,940</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t7" rowspan="6">JUMENTS<br>5</td>
+ <td class="t7">&nbsp;</td>
+ <td class="t7">&nbsp;</td>
+ <td class="t7">&nbsp;</td>
+ <td class="t7">&nbsp;</td>
+ <td class="t7">(25 francs.)</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">1<sup>re</sup> année</td>
+ <td class="t6r">5</td>
+ <td class="t6r">3</td>
+ <td class="t6r">2</td>
+ <td class="t6r">50</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">2<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">8</td>
+ <td class="t6r">4</td>
+ <td class="t6r">4</td>
+ <td class="t6r">100</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">3<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">12</td>
+ <td class="t6r">6</td>
+ <td class="t6r">6</td>
+ <td class="t6r">150</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">4<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">18</td>
+ <td class="t6r">9</td>
+ <td class="t6r">9</td>
+ <td class="t6r">225</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">5<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">27</td>
+ <td class="t6r">13</td>
+ <td class="t6r">14</td>
+ <td class="t6r">350</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6" colspan="3">&nbsp;</td>
+ <td class="t7r">35</td>
+ <td class="t7r">35</td>
+ <td class="t7r">1,075</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6" colspan="3">Perte 1/10 à déduire.</td>
+ <td class="ter">3</td>
+ <td class="ter">3</td>
+ <td class="ter">107</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="te" colspan="3">&nbsp;</td>
+ <td class="tfr">32</td>
+ <td class="tfr">32</td>
+ <td class="tfr">968</td>
+</tr>
+</table>
+</div>
+
+<br>
+
+<div class="c">
+<table summary="">
+<tr>
+ <th class="tf" colspan="8">VALEUR DU PRODUIT DE LA LAINE</th>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="te">Années</td>
+ <td class="te">Nombre d'anim.</td>
+ <td class="te">Quantité de laine de chaque animal (kil.)</td>
+ <td class="te">Prix du kilo</td>
+ <td class="te">Valeur</td>
+ <td class="te" colspan="3">Total du produit des brebis</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t7l">1<sup>re</sup> année</td>
+ <td class="t7r">500</td>
+ <td class="t7r">500</td>
+ <td class="t7">1 fr.</td>
+ <td class="t7r">500</td>
+ <td class="t3r">1250 +</td>
+ <td class="t1r">500 =</td>
+ <td class="t4r">1750</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">2<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">750</td>
+ <td class="t6r">750</td>
+ <td class="t6">Id.</td>
+ <td class="t6r">750</td>
+ <td class="t2r">1,875 +</td>
+ <td class="t0r">750 =</td>
+ <td class="t4r">2,625</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">3<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">1,125</td>
+ <td class="t6r">1,125</td>
+ <td class="t6">Id.</td>
+ <td class="t6r">1,125</td>
+ <td class="t2r">2,800 +</td>
+ <td class="t0r">1,125 =</td>
+ <td class="t4r">3,925</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">4<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">1,687</td>
+ <td class="t6r">1,687</td>
+ <td class="t6">Id.</td>
+ <td class="t6r">1,687</td>
+ <td class="t2r">4,215 +</td>
+ <td class="t0r">1,687 =</td>
+ <td class="t4r">5,902</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">5<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">2,530</td>
+ <td class="ter">2,530</td>
+ <td class="t6">Id.</td>
+ <td class="ter">2,530</td>
+ <td class="t2r">8,825 +</td>
+ <td class="t0r">2,530 =</td>
+ <td class="tcr">11,355</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6" colspan="2">&nbsp;</td>
+ <td class="t7r">6,592</td>
+ <td class="t6">&nbsp;</td>
+ <td class="t7r">6,592</td>
+ <td class="t2" colspan="2">&nbsp;</td>
+ <td class="t5r">25,557</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6" colspan="2">Perte 1/10.</td>
+ <td class="ter">659</td>
+ <td class="t6">&nbsp;</td>
+ <td class="ter">659</td>
+ <td class="t2" colspan="2">&nbsp;</td>
+ <td class="tcr">2,555</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="te" colspan="2">&nbsp;</td>
+ <td class="tfr">5,933</td>
+ <td class="te">&nbsp;</td>
+ <td class="tfr">5,933</td>
+ <td class="ta" colspan="2">&nbsp;</td>
+ <td class="tdr">23,002</td>
+</tr>
+</table>
+</div>
+
+<table summary="">
+<tr>
+ <td>Produit du cheptel, de race ovine (brebis)
+durant cinq ans</td>
+ <td class="r">23,002</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Produit du cheptel, de race bovine, durant
+cinq ans</td>
+ <td class="r">6,600</td>
+ <td rowspan="2">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Produit du cheptel, de race chevaline, durant
+cinq ans</td>
+ <td class="r">675</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="c">Total</td>
+ <td class="tr">30,477</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+</table>
+
+<span class="pagenum"> -60- </span>
+
+<h4>Produit du cheptel à repartir entre l'entreprise et le colon.</h4>
+
+<table summary="">
+<tr>
+ <td class="t8" colspan="8" rowspan="4"><span class="sc">
+ Produit de 1 colonie de 40 familles (200 personnes).</span><br>
+<i>Capital à employer, 500,000 francs.</i></td>
+ <td><span class="sm">Brebis 60,000</span></td>
+</tr><tr>
+ <td><span class="sm">Vaches 2,400</span></td>
+</tr><tr>
+ <td><span class="sm">Juments 600</span></td>
+</tr><tr>
+ <td class="c"><span class="sc">Produit de 3 colonies</span><br>
+<span class="sm"><i>Capital</i> 1,500,000</span></td>
+</tr>
+
+
+<tr>
+ <td class="tf">ANNÉES</td>
+ <td class="tf" colspan="4">Produit annuel d'une famille de 3 personnes</td>
+ <td class="tf">TOTAL du produit, moins 1/10 pertes</td>
+ <td class="tf">MOITIÉ à entreprise</td>
+ <td class="tf">PRODUIT ANNUEL d'une colonie de 40 familles</td>
+ <td class="tf">PRODUIT ANNUEL de 3 colonies 120 familles</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td rowspan="4" class="t7">1<sup>re</sup> année</td>
+ <td class="t7" rowspan="2">Brebis:</td>
+ <td class="t3l">V.&nbsp;agneaux</td>
+ <td class="t5r">1,250</td>
+ <td rowspan="2" class="t7r">1,750</td>
+ <td rowspan="4" class="t7">= 2,300 francs<br>p. 1/10 230 = 2,070</td>
+ <td rowspan="4" class="t7">1,035</td>
+ <td class="t7l">× 40 =</td>
+ <td class="t7l">× 3 col. =</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t2l">V. laine</td>
+ <td class="t4r">500</td>
+ <td rowspan="3" class="t4r">41,400</td>
+ <td rowspan="3" class="t4r">124,200</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="3">Vaches: Vente de veaux</td>
+ <td class="t4r">500</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="3">Juments: Vente de poulains</td>
+ <td class="t4r">50</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td rowspan="4" class="t6">2<sup>e</sup> année</td>
+ <td class="t6" rowspan="2">Brebis:</td>
+ <td class="t2l">V.&nbsp;agneaux</td>
+ <td class="t4r">1,875</td>
+ <td rowspan="2" class="t4r">2,625</td>
+ <td rowspan="4" class="t6">= 3,475 francs<br>p. 1/10 347 = 3,128</td>
+ <td rowspan="4" class="t6">1,564</td>
+ <td rowspan="4" class="t4r">62,560</td>
+ <td rowspan="4" class="t4r">187,680</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t2l">V. laine</td>
+ <td class="t4r">750</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="3">Vaches: Vente de veaux</td>
+ <td class="t4r">750</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="3">Juments: Vente de poulains</td>
+ <td class="t4r">100</td>
+</tr>
+
+
+<tr>
+ <td rowspan="4" class="t6">3<sup>e</sup> année</td>
+ <td class="t6" rowspan="2">Brebis:</td>
+ <td class="t2l">V.&nbsp;agneaux</td>
+ <td class="t4r">2,815</td>
+ <td rowspan="2" class="t4r">3,940</td>
+ <td rowspan="4" class="t6">= 5,240 francs<br>p. 1/10 524 = 4,716</td>
+ <td rowspan="4" class="t6">2,358</td>
+ <td rowspan="4" class="t4r">94,320</td>
+ <td rowspan="4" class="t4r">282,960</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t2l">V. laine</td>
+ <td class="t4r">1,125</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="3">Vaches: Vente de veaux</td>
+ <td class="t4r">1,125</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="3">Juments: Vente de poulains</td>
+ <td class="t4r">150</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td rowspan="4" class="t6">4<sup>e</sup> année</td>
+ <td class="t6" rowspan="2">Brebis:</td>
+ <td class="t2l">V.&nbsp;agneaux</td>
+ <td class="t4r">4,220</td>
+ <td rowspan="2" class="t4r">5,905</td>
+ <td rowspan="4" class="t6">= 7,830 francs<br>p. 1/10 783 = 7,047</td>
+ <td rowspan="4" class="t6">3,523</td>
+ <td rowspan="4" class="t4r">140,920</td>
+ <td rowspan="4" class="t4r">422,760</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t2l">V. laine</td>
+ <td class="t4r">1,695</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="3">Vaches: Vente de veaux</td>
+ <td class="t4r">1,700</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="3">Juments: Vente de poulains</td>
+ <td class="t4r">225</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td rowspan="4" class="t6">5<sup>e</sup> année</td>
+ <td class="t6" rowspan="2">Brebis:</td>
+ <td class="t2l">V.&nbsp;agneaux</td>
+ <td class="t4r">8,825</td>
+ <td rowspan="2" class="t4r">11,355</td>
+ <td rowspan="4" class="t6">= 14,205 francs<br>p. 1/10 1,420 = 12,782</td>
+ <td rowspan="4" class="t6">6,392</td>
+ <td rowspan="4" class="tcr">255,680</td>
+ <td rowspan="4" class="tcr">767,040</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t2l">V. laine</td>
+ <td class="t4r">2,530</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="3">Vaches: Vente de veaux</td>
+ <td class="t4r">2,500</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="3">Juments: Vente de poulains</td>
+ <td class="t4r">350</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td class="t6">&nbsp;</td>
+ <td colspan="6" class="t2r">5 ans, 1 colonie Total.</td>
+ <td class="t5r">594,880</td>
+ <td class="t5r">1,784,640</td>
+</tr>
+
+
+<tr>
+ <td rowspan="4" class="t6">6<sup>e</sup> année</td>
+ <td colspan="6" class="t2l">Ajouter: Produit de la vente, après cinq ans, des femelles
+conservées pour la reproduction des trois races, déduction
+faite du dixième pour perte.</td>
+ <td class="t4">&nbsp;</td>
+ <td class="t6">&nbsp;</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td colspan="3" class="t2l">Brebis, 3,416 à 5 f.</td>
+ <td class="t4r">17,080</td>
+ <td rowspan="3" class="t6">pour 1 famille: 23,730</td>
+ <td rowspan="3" class="t6">11,865</td>
+ <td rowspan="3" class="t6r">474,600</td>
+ <td rowspan="3" class="t6r">1,423,800</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="3" class="t2l">Vaches, 117 à 50 f.</td>
+ <td class="t4r">5,850</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="3" class="t2l">Juments, 32 à 25 f.</td>
+ <td class="t4r">808</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td colspan="7" class="t2r">Ajouter, produit de vente du terrain concédé.
+ 19 lieues par colonie, à 10,000 fr. la lieue =</td>
+ <td class="t4r">190,000</td>
+ <td class="t6r">570,000</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="7" class="tar">Id. Prime, 20 pour cent sur capital avancé au colon (9,500)
+ soit 1,900 f. sur 40 familles =</td>
+ <td class="tcr">76,000</td>
+ <td class="ter">228,000</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="7" class="t3r">Total général des bénéfices après cinq ans pour une colonie =</td>
+ <td class="t5r">1,335,480</td>
+ <td class="t7r">4,006,440</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="7" class="tar">10 % l'an,&mdash;plus bénéfice après cinq ans pour une colonie =</td>
+ <td class="tcr">&nbsp;</td>
+ <td class="ter">&nbsp;</td>
+</tr>
+</table>
+
+<!--
+P left a discussion about calculus:
+"15,000 coupons 148 fr. 12 c."
+-->
+
+<span class="pagenum"> -61- </span>
+
+<h4>DIVIDENDE
+DU COUPON, 100 FR. SUR LE PRODUIT DE 3 COLONIES DURANT 5 ANS</h4>
+
+<table summary="">
+<tr>
+ <td class="tf">Années</td>
+ <td class="tf">Produit annuel de 3 colonies<br>(francs)</td>
+ <td class="tf">À repartir aux 15,000 coupons de 100 fr.</td>
+ <td class="tf" colspan="2">Dividende annuel</td>
+ <td class="tf" colspan="3">Dividende joint à l'intérêt dix pour cent.</td>
+</tr>
+
+
+<tr>
+ <td class="t7l">1<sup>re</sup>&nbsp;année.</td>
+ <td class="t7r">124,200</td>
+ <td class="tf" rowspan="5" style="vertical-align: middle">÷ 15,000 coupons</td>
+ <td class="t3r">8 fr. 25</td>
+ <td class="t5l">c.</td>
+ <td class="tb" rowspan="5" style="vertical-align: middle">+10
+ pour cent d'intérêt</td>
+ <td class="t1r">18&nbsp;fr.&nbsp;25</td>
+ <td class="t5l">c.</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td class="t6l">2<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">187,680</td>
+ <td class="t2r">12&nbsp;fr.&nbsp;50</td>
+ <td class="tc" rowspan="4">&nbsp;</td>
+ <td class="r">22 fr. 50</td>
+ <td class="tc" rowspan="4">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">3<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">282,960</td>
+ <td class="t2r">18 fr. 86</td>
+ <td class="r">28 fr. 86</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="t6l">4<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="t6r">422,760</td>
+ <td class="t2r">28 fr. 18</td>
+ <td class="r">38 fr. 18</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="tel">5<sup>e</sup> année.</td>
+ <td class="ter">767,040</td>
+ <td class="tar">51 fr. 13</td>
+ <td class="t8r">61 fr. 13</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td class="tb">Total.</td>
+ <td class="tdr">1,684,740</td>
+ <td class="tb">Total des dividendes.</td>
+ <td class="t9r">118&nbsp;fr.&nbsp;92</td>
+ <td class="tdl">c.</td>
+ <td class="tb">+ 50 Id.</td>
+ <td class="t9r">168&nbsp;fr.&nbsp;92</td>
+ <td class="tdl">c.</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td class="t7l" colspan="8">6<sup>e</sup> année.&mdash;Produit
+ des ventes de 3 colonies</td>
+ <td>&nbsp;</td>
+</tr>
+
+
+<tr>
+ <td colspan="3" class="t2l">1<sup>o</sup> des femelles de reproduction</td>
+ <td class="r">1,423,800</td>
+ <td>f.</td>
+ <td colspan="3" rowspan="2" class="t4">&nbsp;</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td colspan="3" class="t2l">2<sup>o</sup> du terrain colonial</td>
+ <td class="r">570,000</td>
+ <td>&nbsp;</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td colspan="3" class="t2l">3<sup>o</sup> Prime 20 pour cent</td>
+ <td class="t8r">228,000</td>
+ <td class="t8l">&nbsp;</td>
+ <td class="c" rowspan="2">÷15,000 coupons</td>
+ <td class="t4" colspan="2">&nbsp;</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td colspan="3" class="t2">&nbsp;</td>
+ <td class="t1r">2,221,800</td>
+ <td class="t1l">fr.</td>
+ <td class="t8r">148 fr. 12</td>
+ <td class="tcl">c.</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td colspan="6" class="c">Produit du coupon 100 fr. en 5 ans</td>
+ <td class="t1r">317 fr. 04</td>
+ <td class="t1l">c.</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td colspan="6" class="c">Moyenne par an, durant 5 ans</td>
+ <td class="r">63 fr. 20</td>
+ <td>c.</td>
+</tr>
+</table>
+
+<p>Nous ne faisons pas entrer en ligne de compte les bénéfices qui résulteront de la vente de marchandises dans les
+magasins commerciaux établis dans les colonies, les bases de calcul manquant.</p>
+
+<p>Quant aux frais d'administration, ils seront compris dans le tableau suivant de l'emploi du capital.</p>
+
+<span class="pagenum"> -62- </span>
+
+<h3>Création et emploi du capital 7,500,000 francs<br>
+<small>Pour fondation de 15 colonies, 3 colonies par an durant 5 ans.</small></h3>
+
+<h4>Émission de 15,000 actions de 500 fr.,
+payables en cinq annuités de 100 fr.
+(coupons d'action).</h4>
+
+<p>Paiement des annuités en coupons d'action de 100 francs.</p>
+
+<table summary="">
+<tr>
+ <td>1<sup>e</sup> année &mdash; 15,000</td>
+ <td rowspan="5" style="vertical-align: middle">coupons de 100 fr., produisant</td>
+ <td>1,500,000 fr.</td>
+ <td rowspan="5" style="vertical-align: middle">pour</td>
+ <td class="r">3</td>
+ <td>colonies.</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td>2<sup>e</sup> année &mdash; 15,000</td>
+ <td>1,500,000 fr.</td>
+ <td class="r">3</td>
+ <td>colonies.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>3<sup>e</sup> année &mdash; 15,000</td>
+ <td>1,500,000 fr.</td>
+ <td class="r">3</td>
+ <td>colonies.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>4<sup>e</sup> année &mdash; 15,000</td>
+ <td>1,500,000 fr.</td>
+ <td class="r">3</td>
+ <td>colonies.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>5<sup>e</sup> année &mdash; 15,000</td>
+ <td class="t8">1,500,000 fr.</td>
+ <td class="t8r">3</td>
+ <td style="vertical-align: top">colonies.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>&nbsp;</td>
+ <td class="c">Total</td>
+ <td class="t1">7,500,000 fr.</td>
+ <td>&nbsp;</td>
+ <td class="t1r">15</td>
+ <td>colonies.</td>
+</tr>
+</table>
+
+<p>Le capital 1,500,000 francs des annuités 100 francs étant remboursable après la cinquième année, peut s'appliquer
+à une nouvelle série quinquennale d'opérations, et ainsi successivement durant dix,&mdash;quinze,&mdash;vingt ans. On pourra
+donc, avec le même capital 7,500,000 francs, fonder, avec le temps, des centaines de colonies, et l'opération continuer
+tout le temps que l'entreprise et le gouvernement argentin le jugeront utile.</p>
+
+<h4>Emploi du capital 1,500,000 fr., chaque année, pendant trois ans.</h4>
+
+<table summary="">
+<tr>
+ <td>1<sup>o</sup><br> Pour une colonie de 40 familles</td>
+ <td class="t8r">500,000</td>
+ <td class="t8l">fr.</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td><i>Savoir:<br>A.&mdash;Pour 1 famille: 9,500 fr.</i></td>
+ <td colspan="2" class="t1">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>&ndash; Outillage agricole</td>
+ <td class="r">2,500</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>&ndash; Animaux à cheptel</td>
+ <td class="r">5,500</td>
+ <td rowspan="2" class="t8">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td style="vertical-align: top">&ndash; Passage</td>
+ <td class="t8r">1,500</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>&nbsp;</td>
+ <td class="t1r">9,500</td>
+ <td class="t1l">fr.</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td>B.&mdash;Pour 40 familles, 9,500 × 40 =</td>
+ <td class="r">380,000</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td style="vertical-align: top">Frais d'administration et réserve.</td>
+ <td class="t8r">120,000</td>
+ <td class="t8">&nbsp;</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td>&nbsp;</td>
+ <td class="t1r">500,000</td>
+ <td class="t1l">fr.</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td>2<sup>o</sup><br>Pour 3 colonies (120 familles)</td>
+ <td class="t8r">1,500,000</td>
+ <td class="t8l">fr.</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td>Savoir:<br>Frais d'établissement et outillage</td>
+ <td class="t1r">1,140,000</td>
+ <td class="t1l">fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Frais d'administration</td>
+ <td class="r">110,000</td>
+ <td rowspan="2" class="t8">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Id. magasins commerciaux</td>
+ <td class="t8r">150,000</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>&nbsp;</td>
+ <td class="t1r">1,500,000</td>
+ <td class="t1l">fr.</td>
+</tr>
+</table>
+
+<p><span class="sc">Nota.</span>&mdash;Les frais d'administration étant compris dans la distribution du capital, nous avons dû ne pas les faire entrer
+en ligne de compte dans la répartition des bénéfices.</p>
+
+
+
+<span class="pagenum"> -63- </span>
+
+<h3>TABLEAU RÉSUMÉ<br>
+<small>De l'&oelig;uvre de colonisation à production élevée à appliquer
+dans les territoires nationaux de la République
+Argentine.</small></h3>
+
+
+
+<p><i>A.&mdash;Extinction du paupérisme agricole européen par la colonisation
+des territoires nationaux dans la République argentine.</i></p>
+
+<ul><li>Situation malheureuse du petit cultivateur européen.</li>
+
+<li>Mesures inefficaces proposées pour remédier à cette situation.</li>
+
+<li>La colonisation, à l'extérieur, est dans les conditions économiques
+actuelles, le remède le plus efficace du paupérisme agricole.</li>
+
+<li>Résultats prodigieux obtenus dans l'Amérique du Nord par la
+colonisation avec les émigrants cultivateurs Irlandais et Allemands.</li>
+
+<li>Conditions meilleures pour obtenir le même résultat dans la République
+Argentine.</li>
+
+<li>Loi argentine sur la colonisation du 6 Octobre 1876.</li>
+
+<li>Premier contrat de colonisation du Dr Brougnes, du 29 janvier 1853,
+passé dans la République Argentine, stipulant concession de terrain et
+avances remboursables.&mdash;Colonie San-Martin.</li>
+</ul>
+
+<p><i>B.&mdash;Système de colonisation perfectionnée.</i></p>
+
+<ol><li>Axiome économique: terre + travail + capital<sup>m</sup> = production<sup>m</sup>.</li>
+
+<li>Colonisation à production élevée, par l'adjonction à l'industrie
+agricole de l'élevage du bétail et établissement des colonies le long
+des voies ferrées.</li>
+
+<li>Réseau du chemin de fer Pampéen de Mercedes (San-Luis) au port
+St-Antoine, avec embranchement de Poitagué à Bahia-Blanca et à
+Santiago (Chili), avec une garantie d'intérêt 7&nbsp;% par le
+gouvernement argentin. Voie commerciale directe aux ports de mer pour
+les provinces argentines de l'ouest: Cordova, St-Louis, Men Josa,
+San-Juan.</li>
+</ol>
+
+<p><i>C.&mdash;****** de l'&oelig;uvre de colonisation à production élevée.</i></p>
+
+<ol><li><i>Pour le gouvernement argentin concessionnaire de la terre.&mdash;Sans
+ autres dépenses</i>
+
+<ul><li>Création de centres de population, foyers de production,
+ d'accroissement de puissance et d'attraction pour l'immigration
+ spontanée d'artisans, de commerçants, d'industriels.</li>
+
+<li>Augmentation de la valeur des terres dans les territoires nationaux,
+ source de revenus incalculables pour le trésor public.</li>
+</ul>
+
+<li><i>Pour le colon, cultivateur du sol et éleveur de bétail.</i>
+
+<ul><li><p>Situation extraordinairement avantageuse faite au colon, savoir:</p>
+
+<p>Concession de 50 hectares de terrain.</p>
+
+<table summary="">
+<tr>
+ <td><i>Avances remboursables:</i><br>
+ &ndash; Passage d'Europe à Amérique.</td>
+ <td class="r">1,500</td>
+ <td>fr.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>&ndash; Maison d'habitation; subsistance pour l'année; outillage agricole.</td>
+ <td class="r">2,500</td>
+ <td>&nbsp;</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td><i>Animaux à cheptel.</i><br>
+ &ndash; 500 brebis;<br>
+ &ndash; 20 vaches;<br>
+ &ndash; 5 juments.</td>
+ <td>&nbsp;</td>
+</tr>
+
+<tr>
+ <td>Capital remboursable.</td>
+ <td class="t8r">5,500</td>
+ <td class="t8r">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="c">Total (à 10 % 20 % prime.)</td>
+ <td class="t1r">9,500</td>
+ <td class="t1l">fr.</td>
+</tr>
+</table>
+
+<p><i>Bénéfices.</i></p>
+<ol><li>Produit total de l'industrie agricole;</li>
+<li>Moitié du produit cheptel.</li></ol>
+</ul></li>
+
+<li><i>Pour l'entreprise, à Capital remboursable après 5 ans.</i>
+
+<ol><li>10 % sur le capital durant cinq ans;</li>
+
+<li>20 % prime sur le capital, après cinq ans;</li>
+
+<li>Moitié du produit cheptel;</li>
+
+<li>Produit de la vente de 19 lieues carrées par colonie.</li>
+</ol></ol>
+
+<p><i>D.&mdash;Administration.</i></p>
+
+<ul>
+ <li>Centrale.
+ <ul>
+ <li>Conseil d'administration;</li>
+ <li>Directeur général;</li>
+ <li>Un trésorier;</li>
+ <li>Un comptable.</li>
+ </ul>
+ </li>
+
+ <li>Coloniale résidant aux colonies.
+ <ul>
+ <li>Un directeur général;</li>
+ <li>Un inspecteur;</li>
+ <li>Un comptable;</li>
+ <li>Un agent du magasin commercial dans chaque colonie.</li>
+ </ul>
+ </li>
+</ul>
+
+
+
+
+
+
+
+
+
+<span class="pagenum"> -64- </span>
+<h2>APPENDICE<br>
+<small>Industrie de l'élève du bétail dans la République Argentine.</small></h2>
+
+
+<p>On peut juger des bénéfices que procure aux éleveurs de la
+race bovine (celle de la race ovine produit bien davantage)
+par le calcul suivant fait par un estancier, M<sup>r</sup> de Brayer:</p>
+
+<p>«Un capital de 40,000 francs employé à l'achat de trois
+mille têtes de bétail<a id="footnotetag19" name="footnotetag19"></a><a href="#footnote19"><sup>19</sup></a> placées sur un établissement déjà
+monté, produit net au bout de six années, tous frais payés,
+la somme de cent trente-sept mille cent quatre-vingt-treize
+francs; c'est-à-dire que ce troupeau de trois mille vaches
+s'accroît chaque année dans une proportion croissante de
+trente-deux pour cent, et que, en déduisant les animaux tués
+pour la nourriture des pasteurs, ainsi que ceux qui ont été
+vendus pour les abattoirs ou saladeros, l'estancier se trouve
+avoir, au bout de six années de travail et de soins, un troupeau
+de dix mille quatre cent quatorze têtes de bétail.</p>
+
+<p>«Il ne faut qu'un pâtre par mille têtes de bétail, et vu la nature
+du terrain et la qualité des pâturages, on compte généralement
+une lieue carrée pour deux mille vaches.»</p>
+
+<p class="r1"><i>Émigration et colonisation</i>, par Arsène Isabelle,
+ex-chancelier du consulat français à Montevideo,
+page 43.</p>
+
+<p>Dans les 13<sup>me</sup> et 14<sup>me</sup> volumes des <i>Annales du club rural de
+Buenos Ayres</i>, publication mensuelle des plus remarquables
+et des plus intéressantes, on trouvera les rapports de diverses
+commissions qui donneront une idée de la grandeur et de
+l'importance qu'a prise l'industrie du bétail dans la République
+Argentine. Nous allons donner, d'après ces rapports, un
+état sommaire de quelques-uns de ces établissements.</p>
+
+
+<span class="pagenum"> -65- </span>
+<h4>1879.&mdash;Estancia de Rosario de las Flores.&mdash;Propriétaire,
+M Chas.</h4>
+
+<p>Ce domaine, fondé en 1857 par François Chas, est situé à
+trente-cinq lieues Sud-Est de Buenos-Ayres. Il est traversé
+par le chemin de fer du Sud. Près de la station, M. Chas a
+fait construire des magasins et des hangars pour le dépôt de
+ses laines.</p>
+
+<p>Le domaine se compose de douze lieues carrées, dont six
+sont clôturées en fil de fer. Les six autres sont affermées à raison
+de 1,400 à 2,000 francs la lieue. Dans les six lieues clôturées,
+une lieue est affermée pour 3,400 francs<a id="footnotetag20" name="footnotetag20"></a><a href="#footnote20"><sup>20</sup></a>. Les cinq
+restantes sont exploitées par M. Chas.</p>
+
+<p><i>Exploitation de cinq lieues.</i>&mdash;La valeur de la terre de M. Chas
+est estimée 28,000 fr. la lieue.</p>
+
+<p>Le majordome de M. Chas pense que l'on peut élever 1,000
+vaches, 500 juments et 10,000 brebis dans une lieue.</p>
+
+<p><i>Maison d'habitation.</i>&mdash;Non loin de la station du chemin de
+fer est située la maison d'habitation solidement construite et à
+terrasse, sur une longueur de 30 mètres et une largeur de cinq.
+En face se trouvent la cuisine et les magasins de dépôt. Un
+peu plus loin sont les hangars pour la tonte des brebis et le
+dépôt des laines. Autour de ces hangars et à une courte
+distance se trouvent de grandes enceintes clôturées de piquets
+pour y renfermer les animaux la nuit.</p>
+
+<p>Non loin de la maison d'habitation on conserve avec un soin
+religieux la chaumière qui servit d'habitation à M. Chas père,
+an commencement de son exploitation en 1857.</p>
+
+<p>Vingt-cinq hectares ont été plantés en bois, on y compte
+80,000 peupliers de dix ans, plantés en lignes droites à deux
+mètres d'écartement l'un de l'autre; 4,000 eucalyptus... Un
+champ de 21 hectares est semé en luzerne. Chaque année M.
+Chas sème 16 hectares de maïs; son rendement est de 39 hectolitres
+par hectare.</p>
+
+<p><i>Animaux.</i>&mdash;Dans le terrain que s'est réservé M. Chas, et
+<span class="pagenum"> -66- </span>
+après une vente de 8,500 vaches qu'il fit en 1878, il élevait, en
+1879, 3,000 vaches et 3,000 juments.</p>
+
+<p><i>Brebis.</i>&mdash;L'estancia de las Flores comprend 6,500 brebis
+de race, sur lesquelles 1,000 de pur sang Negrette et 5,500
+communes croisées avec des béliers Negrette.</p>
+
+<p>Les brebis pur sang de la première catégorie se vendent de
+200 à 1,700 francs; les brebis croisées de la seconde, 40 fr.
+La toison d'une des brebis Negrette qui obtint une prime à
+l'exposition de Philadelphie et une médaille d'or à celle de
+Paris, pesait 31 livres 3/4.</p>
+
+
+<h4>Estancia du Tatay de Samuel Hale.</h4>
+
+<p>Cette belle estancia est située dans le district de Carmen
+d'Areco, à deux lieues de cette petite ville et à vingt lieues de
+celle de Buenos-Ayres.</p>
+
+<p>La contenance est de quatre lieues carrées, clôturées de
+tous côtés par sept fils de fer.</p>
+
+<p>Dans la contrée, le fermage de 100 cuadres (166 hectares),
+pour pâturage, est généralement de 2,000 francs; celui d'une
+lieue carrée, 32,000 francs, intérêt à 8 pour cent de 400,000
+francs.</p>
+
+<p>D'après le dernier recensement de 1878, l'estancia se composait
+de 80,000 brebis, de 2,700 vaches, et de 800 chevaux
+et juments.</p>
+
+<p>Pour expliquer le fermage de 2,000 francs par lot de
+1,600 hectares, il nous suffira de dire qu'un troupeau de 1600
+brebis, s'entretenant sur ce terrain, produit annuellement en
+laine 240 arrobes, de vingt cinq livres chaque (2,400 kil.),
+vendue à vingt francs l'arobe de dix kilogrammes, soit deux
+francs le kilogramme, produisent 4,800 francs, plus 400 animaux
+femelles d'augmentation pour le troupeau.</p>
+
+<p>Les bâtiments se composent d'une belle maison de maître
+avec des cuisines d'un côté, des magasins de denrées et de
+dépôt de l'autre, plus loin d'autres bâtiments pour fumer les
+jambons, pour extraire la graisse des animaux, des hangars
+pour la tonte et dépôt de laine, des volières, un magnifique
+jardin et enfin les diverses enceintes entourées de piquets
+pour y renfermer les animaux. Autour du jardin et des constructions
+<span class="pagenum"> -67- </span>existe un bosquet de 70,000 grands arbres, acacias,
+peupliers....</p>
+
+<p><i>Vaches.</i>&mdash;L'estancia du Tatay contient 2,700 vaches desquelles
+1,000 sont de race croisée Devon et Durham. La race
+Devon a ses quartiers de devant plus parfaits et s'entretient
+à moins de frais et engraisse facilement; seulement, elle
+n'acquiert pas le volume des Durham et des Herfords.
+150 veaux de race pure de Durham étaient destinés au service
+de la reproduction croisée.</p>
+
+<p>Les taureaux croisés d'un à deux ans se vendent 200 francs.</p>
+
+<p><i>Brebis.</i>&mdash;Le domaine possède 80,000 brebis croisées fines,
+en majeure partie de race Negrette et Rambouillet. Divers
+béliers de ces races ont produit 35 et 36 livres de laine.
+En général, ils donnent des toisons de 18 à 20 livres et les
+brebis 8 livres. La race Lincoln a été également introduite
+dans l'établissement; en 1878 la vente des béliers produisit
+33,315 francs.</p>
+
+<p>Le produit de la laine des brebis de toute race donne, terme
+moyen, 5 livres 8 par toison: ce qui donne pour 80,000 brebis
+185,600 kilogrammes, soit à 1 fr. 50 le kilo: 464,000 fr.</p>
+
+<p><i>Chevaux.</i>&mdash;L'établissement ne contient que 350 juments et
+50 étalons.</p>
+
+<p><i>Cochons.</i>&mdash;Il y a aussi 200 cochons de race Chester, blancs,
+longs de corps, de forme ronde, oreille tombante. Gras, ils pèsent
+80 à 100 kilogrammes, et à un an 120 à 140.</p>
+
+<p><i>Administration.</i>&mdash;L'administration se compose d'un majordome
+et d'un aide-majordome, d'un comptable, un teneur
+de livres chargé des magasins à denrées et des dépôts. Il y
+a un chef domestique et des pasteurs-chefs pour chaque espèce
+d'animaux; chacun d'eux dirige et surveille les serviteurs et
+pasteurs de chacune de ces classes. Il y a encore un jardinier,
+un forgeron, un menuisier; en général, chacun de ces derniers
+exploite un troupeau pour son compte dans l'établissement.</p>
+
+<p><i>Produit.</i>&mdash;Le produit brut du Tatay fut en 1877 de 2,967,019
+piastres papiers, soit 593,400 francs.</p>
+
+<p>Les frais d'exploitation étaient de 32,000 francs.</p>
+
+<p>La valeur de l'établissement est d'environ 3,200,000 francs.</p>
+
+<p><span class="pagenum"> -68- </span>Ce magnifique établissement a été créé par un homme d'une
+rare bonté, âgé aujourd'hui de 75 ans, encore robuste, Sir
+Samuel Hale.</p>
+
+
+<h4>Estancia de San-Juan de Léonardo Pereyra.</h4>
+
+<p>L'estancia de San-Juan, appartenant à M. Léonard Pereyra,
+est située dans le district de Quilmes, à huit lieues au sud de
+la ville de Buenos-Ayres. Sa contenance est de quatre lieues
+et un tiers. Le chemin de fer de las Ensenades traverse le
+domaine, lequel se termine au sud-est du fleuve de Rio de la
+Plata.</p>
+
+<p>De la contenance ci-dessus indiquée, 900 cuadres (1,494
+hectares) sont affermées à des cultivateurs en onze fermes de
+70 cuadres (116 hectares), deux de 83 hectares chacune et
+une de 44 hectares. Toutes ces fermes sont séparées les unes
+des autres par des haies vives et des chemins larges de dix-sept
+mètres. Les haies ont une extension de 34,400 mètres.</p>
+
+<p>Le prix de fermage est de 60 francs par cuadre (1 hectare
+66 ares).</p>
+
+<p>Les 3 lieues 3/4 du domaine qui ne sont pas affermées sont
+destinées à l'industrie de l'élève du bétail. Elles sont séparées en
+deux parties par une clôture en fil de fer. La partie basse près
+du fleuve, le Rio de la Plata, d'environ une lieue trois quarts,
+est destinée au pacage des vaches et juments, au nombre de
+7,000 têtes de la première race, croisées Herford et Durham
+et de 800 de la seconde, croisement avec étalons Claveland.
+Les autres deux lieues sont destinées à l'élève de la race
+ovine, au nombre de 32,000 brebis croisées avec des béliers
+Rambouillet et Southdown.</p>
+
+<p>Dans cet espace de trois lieues trois quarts, un quart de
+lieue a été divisé en cinq compartiments destinés aux poulains
+de la race la plus fine de chaque espèce.</p>
+
+<p>151 cuadres (250 hectares) sont occupées par un grand pare
+situé autour du domaine; 50 cuadres (83 hectares) sont semées
+en luzerne.</p>
+
+<p><i>Habitation.</i>&mdash;En face la station Pereyra du chemin de fer
+se trouve la maison d'habitation, avec l'apparence d'un palais.
+On y arrive par une large allée bordée de grands arbres, traversant
+le parc; c'est la résidence d'été du propriétaire; 16 ouvriers
+<span class="pagenum"> -69- </span>sont occupés aux travaux et à l'entretien du parc
+et des jardins. Un bâtiment de cinq pièces est destiné au
+majordome, un autre pour le jardinier, d'autres pour les
+hommes de service de la maison. Divers hangars et des étables
+pour les animaux de fine race complètent l'ensemble des
+constructions.</p>
+
+<p><i>Race chevaline.</i>&mdash;La race chevaline est représentée, dans
+cet établissement, par mille juments de divers degrés de croisement.</p>
+
+<p>35 de pure race sont servies par un étalon Yort Claveland.</p>
+
+<p>35 autres, également de pure race, sont servies par un étalon
+Trakenem, de race allemande, introduite en 1876.</p>
+
+<p>Les poulains de ces races se vendent 600 francs.</p>
+
+<p>Deux autres groupes de juments sont destinés à produire
+les chevaux galopeurs chiliens. Ces chevaux ont le mérite
+d'aller à un pas de galop sans trop fatiguer le cheval et le cavalier.</p>
+
+<p><i>Race bovine.</i>&mdash;3,600 vaches, de divers croisements, sont
+servies par des taureaux Herford à face blanche.</p>
+
+<p>3,800 vaches croisées sont servies par des taureaux Durham.
+La première de ces races a été choisie parce qu'elle est plus
+robuste et moins difficile à élever.</p>
+
+<p>La seconde comme plus propre à l'engraissement et qu'elle
+produit une plus grande masse de viande.</p>
+
+<p><i>Race ovine.</i>&mdash;Deux races de brebis sont élevées dans
+le domaine de San-Juan, la race Southdown à face et
+pattes noires, sans cornes, et la race Rambouillet.</p>
+
+<p>Le groupe de race pure Southdown est de 1,500 brebis. Elles
+sont servies par des béliers de pure race.</p>
+
+<p>Le groupe de race croisée s'élève à 5,500 brebis.</p>
+
+<p>Les Southdowns acquièrent tout leur développement en dix-huit
+mois, pendant qu'aux Rambouillets il faut deux ans.</p>
+
+<p>Dans cet établissement, des moutons Southdown ont pesé
+après leur mort 9 arrobes (90 kil.).</p>
+
+<p>La laine de cette race est plus recherchée que celle du Rambouillet,
+parce qu'elle est plus légère; on la paie deux francs
+de plus par arrobe.</p>
+
+<p>Le groupe de la race Rambouillet comprend 32,000 brebis.</p>
+
+<p>300 sont de pure race. Des béliers ont donné des toisons
+<span class="pagenum"> -70- </span>pesant de 18 à 32 livres de laine. Ces brebis sont menées au
+pâturage pendant le jour, et la nuit, on leur donne, dans des
+hangars, du fourrage sec à manger.</p>
+
+<p>L'année 1877, on récolta 3,500 arrobes (35,000 kil.) de laine,
+ce qui, pour 32,000 têtes, donne 1 kil. 09 environ par tête, l'une
+comportant l'autre.</p>
+
+<p>À ces établissements nous pourrions en ajouter des centaines,
+tout aussi importants et aussi bien tenus, tels que
+ceux de M. Émile Duportal, à San-Vicente, de MM. Casares,
+Guerrico, Unzué, Lincoln, Ortiz, Édouard Olivera<a id="footnotetag21" name="footnotetag21"></a><a href="#footnote21"><sup>21</sup></a>. Celles
+dont je viens de faire la sommaire description suffiront pour
+démontrer à mes lecteurs les richesses immenses que l'industrie
+du bétail est appelée à produire dans la République Argentine.</p>
+
+<p>Comme preuve de haut intérêt que porte le gouvernement
+argentin depuis trente ans à l'&oelig;uvre de la colonisation de son
+vaste territoire et de sa décision à en poursuivre l'exécution,
+nous reproduisons ici la lettre de félicitation et de remerciements
+pour notre initiative de colonisation, que nous faisait
+adresser, en septembre 1854, le gouvernement argentin,
+sous le général Urquiza, par l'éminent ministre de l'intérieur,
+M. le docteur Gorostiaga. Le président actuel de la République
+Argentine, brigadier-général Roca, pénétré de la même
+décision, disait, dans son dernier message au congrès: «Je
+crois nécessaire de stimuler la colonisation de nos territoires
+<span class="pagenum"> -71- </span>nationaux en accordant de larges concessions et en protégeant
+les colons.»</p>
+
+<p>Voici la lettre du ministre de l'intérieur, docteur Gorostiaga:</p>
+
+<blockquote>
+<p class="r1">Parana, 11 septembre 1858.</p>
+
+<p class="i1">Monsieur le docteur <span class="sc">Brougnes</span>,</p>
+
+
+<p>«Son Excellence M. le président de la République Argentine a
+reçu un exemplaire de votre ouvrage intitulé: <i>Extinction du paupérisme
+agricole par la colonisation dans les provinces de la Plata</i>.
+La lecture de votre livre a complètement satisfait Son Excellence; elle
+m'a chargé de vous remercier en son nom, non-seulement de l'envoi
+d'un exemplaire dudit ouvrage, mais surtout du service important que
+vous rendez à la confédération, en vous occupant d'un de ses intérêts
+les plus vitaux, celui d'introduire dans nos contrées des travailleurs
+honnêtes et laborieux.</p>
+
+<p>«La question que vous avez traitée dans votre livre est frappante
+de vérité et pleine d'intérêt. Comme vous le dites, les bras surabondent
+en Europe, où le sol arable est infiniment trop réduit pour sa trop nombreuse
+population, pendant que nos immenses et fertiles plaines manquent
+presque totalement de laboureurs. Fournir du sol aux travailleurs
+agricoles, du travail et la subsistance aux indigents, telle est la question
+à résoudre au profit de l'Europe et de l'Amérique, question dont
+vous avez entrepris la solution avec un zèle qui vous honore. Le gouvernement
+argentin ne négligera rien, pour son compte, et s'imposera
+tous les sacrifices pour le succès d'une aussi grandiose entreprise.</p>
+
+<p>«Vous trouverez, à la suite de cette lettre, une copie d'un décret
+du 9 septembre, qui vous prouvera le prix que M. le président de la
+République fait de vos travaux et de votre activité pour l'accomplissement
+de l'&oelig;uvre dont la direction vous a été confiée, celle d'introduire
+dans notre pays des émigrants utiles et laborieux.</p>
+
+<p>«En exécutant les ordres de M. le Président, qu'il me soit permis,
+à mon tour, de vous adresser mes félicitations pour votre important
+travail, et je vous prie d'agréer l'assurance de ma haute considération,</p>
+
+<p class="r1">Le ministre de l'intérieur,<br>
+<span class="sc">Benjamin</span> GOVOSTIAGA.</p>
+</blockquote>
+
+<hr>
+
+
+<h3>DÉCRET</h3>
+
+<p class="r">Panama, 9 septembre 1852.</p>
+
+<p>En vue de répandre, dans la République Argentine, les
+idées bien conçues sur l'émigration européenne et de prouver
+le grand intérêt que prend le gouvernement pour les travaux
+des hommes d'intelligence sur cette question, et sur les
+avantages que l'agriculture, l'industrie, le commerce peuvent
+retirer de l'exploitation de notre sol,</p>
+
+<p><span class="pagenum"> -72- </span>Le Président de la République Argentine décrète:</p>
+
+<p>Article 1<sup>er</sup>.&mdash;Le livre de M. le docteur Brougnes, intitulé:
+<i>Extinction du paupérisme agricole par la colonisation dans
+les provinces de la Plata</i>, sera traduit en espagnol, imprimé
+et publié aux frais du Trésor National.</p>
+
+<p>Art. 2.&mdash;L'exemplaire adressé au gouvernement argentin
+par M. Brougnes, sera déposé aux archives. Des remerciements
+seront adressés à l'auteur.</p>
+
+<p>Art. 3.&mdash;Le ministre de l'intérieur est chargé de l'exécution
+du présent décret.</p>
+
+<p>Art. 4.&mdash;Il sera publié et communiqué à qui de droit.</p>
+
+
+<p class="r1"><i>Le Président de la République Argentine</i>,<br>
+URQUIZA.</p>
+
+<p class="r2"><i>Le secrétaire général</i>,<br>
+<span class="sc">V. Quesada</span>.</p>
+
+<p class="r1"><i>Le ministre de l'intérieur</i>,<br>
+<span class="sc">B. Gorostiaga</span>.</p>
+
+<hr>
+
+<p>L'&oelig;uvre de colonisation à production élevée, dont nous
+venons d'exposer la combinaison et l'organisation, est destinée
+aux familles de cultivateurs pauvres dont la situation nous a
+paru irrémédiable par tout autre moyen. En les transformant
+en grands propriétaires, éleveurs de nombreux troupeaux
+d'animaux, avec l'outillage nécessaire à l'exploitation du sol,
+nous faisons de ces familles des agents de grande production,
+dont partie doit appartenir, en toute justice, à l'entreprise
+qui leur a créé une telle situation. Quant aux résultats heureux
+de l'&oelig;uvre, nul ne peut les contester. Le chiffre des
+bénéfices sera, sans nul doute, plus ou moins élevé que celui
+que nous avons rationnellement calculé. Mais ces bénéfices,
+si réduits qu'ils soient, nul ne peut les nier. Un fait incontestable,
+c'est l'intérêt dix pour cent par an et la prime de vingt
+pour cent alloués par la loi argentine au capital employé à la
+colonisation, hypothéqué sur l'avoir mobilier et immobilier
+du colon et sur une grande concession de terre qui devient
+propriété de l'entreprise dès le moment de l'installation de la
+colonie, c'est-à-dire, du moment de l'application du capital à
+l'opération. Il y a donc toute sécurité pour le capital et de
+grands bénéfices à réaliser, tout en rendant au cultivateur
+pauvre le plus grand des services, celui de l'arracher au
+goufre de la misère vers lequel il est entraîné et de le placer
+sur la voie de la fortune largement ouverte devant lui. Quant
+à nous, notre conscience satisfaite nous dit que nous faisons
+une bonne &oelig;uvre et une bonne action.</p>
+
+<p class="r1">D<sup>r</sup> BROUGNES.</p>
+
+<br>
+<br>
+
+<div class="c">
+<p class="c"><i>Carte Géographique</i><br>
+de la République Argentine<br>
+<small>avec les limites réglées par les derniers traités de 1881.</small></p>
+<a href="images/map.png"><img src="images/thumb.png" alt=""></a>
+</div>
+
+
+<div class="footnotes">
+<h2>NOTES</h2>
+
+
+<div class="footnote">
+<p><a id="footnote1" name="footnote1"></a><b>Note 1: </b><a href="#footnotetag1">(retour)</a> En 1850, ému de la triste situation du petit cultivateur en Europe,
+situation qui me parut irrémédiable par les moyens proposés à cette
+époque, laquelle, en effet, n'a pas été améliorée, j'entrepris un voyage
+dans l'Amérique du sud en vue de résoudre la question du paupérisme
+agricole européen.<a id="footnotetag2" name="footnotetag2"></a><a href="#footnote2"><sup>2</sup></a> Dès mon arrivée dans cette contrée, je ne tardai
+pas à reconnaître que la solution du problème que je cherchais à résoudre
+était trouvée. L'inspiration de mon entreprise m'était venue en
+lisant le journal la <i>Semaine</i>, du 22 novembre 1850, où je trouvais la
+pensée de Cohen écrite en tête de cette introduction.</p>
+
+<p>À la vue de cet immense territoire, d'une salubrité reconnue, sous
+la zone des climats tempérés, entre les 30<sup>e</sup> et 40<sup>e</sup> degrés de latitude
+sud, la même que celle de l'Espagne et de l'Italie, et où le sol est d'une
+fertilité rare, sous forme de prairies à pâturage couvertes de bétail, sol
+facile à défricher, facile à exploiter, que les gouvernements et même
+le particulier vendaient à vil prix, ou concédaient même gratis; à la
+vue, dis-je, de ces immenses plaines sans limites et incultivées, je me
+décidai à faire profiter le cultivateur pauvre européen des conditions
+si favorables pour lui. C'est en vue de cet objet que je publiai à Montevideo,
+en 1852, une brochure ayant pour titre: <i>Moyen de s'enrichir
+par la culture du sol en Uruguay</i>.</p>
+
+<p>Peu de temps après cette publication, des gouverneurs des provinces
+argentines m'appelèrent à concourir aux entreprises que je proposais.
+Le magnifique territoire des missions jésuitiques, si salubre, si fertile,
+si pittoresque, qui m'était offert par le gouvernement de Corrientes, fixa
+mon choix, et un contrat fut passé le 29 janvier 1853, lequel fut garanti
+par le gouvernement national le 12 octobre 1854. Un caprice du
+gouverneur de Corrientes lui ayant fait établir la colonie à Ste-Anne,
+à trois lieues de la capitale, au lieu de l'établir dans le territoire des
+missions, m'amena à demander la résiliation du contrat; ma proposition,
+acceptée par le gouvernement National, se termina par une transaction
+avec indemnité en 1863. La colonie transférée dans le territoire
+des missions en 1862, porte le nom de St-Martin; elle est située
+sur le bord du fleuve Uruguay, non loin des ruines de Japeyu,
+ancienne capitale des jésuites.</p>
+
+<p>Dans cette dernière localité, la colonie a prospéré; on peut en
+juger par l'extrait suivant du rapport de M. Samuel Navarro, inspecteur
+des colonies du gouvernement argentin, en 1878, rapport
+déposé aux archives du gouvernement National. J'extrais de ce rapport
+la partie relative à la colonie St-Martin.</p>
+
+<p>«D'après les renseignements que m'ont fourni les membres du conseil
+municipal de la colonie, presque tous les colons se trouvent
+dans un état prospère, au point que le moins aisé d'entr'eux pourrait
+réaliser un capital de vingt à vingt-cinq mille francs s'il voulait
+rentrer en France. En général, ils s'occupent d'agriculture et de
+l'élève du bétail. Le plus âgé des colons, maire de la colonie, le sieur
+Déjeane, venait de livrer à un autre colon, à cheptel, sept cents vaches.
+Il en possède plus d'un millier.»</p>
+
+<p>Le territoire des missions, qui a une superficie de deux mille lieues
+carrées, est, depuis un an, sous la dépendance du gouvernement national,
+qui va y établir des colonies.</p>
+</div>
+
+
+<div class="footnote">
+<p><a id="footnote2" name="footnote2"></a><b>Note 2: </b><a href="#footnotetag2">(retour)</a> <i>Extinction du paupérisme agricole européen par la colonisation dans les provinces de la
+Plata, par le docteur BROUGNES</i>.</p>
+
+<p class="r2">(Bagnères, 1854.)</p>
+</div>
+
+
+<div class="footnote">
+<p><a id="footnote3" name="footnote3"></a><b>Note 3: </b><a href="#footnotetag3">(retour)</a> Le revenu net de la propriété rurale en France est évaluée à
+2,750,000,000 de francs sur lequel l'État prélève le 25 pour cent, soit
+687,500,000 fr., droits de succession, impôt foncier, portes et fenêtres...</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+<p><a id="footnote4" name="footnote4"></a><b>Note 4: </b><a href="#footnotetag4">(retour)</a>
+
+<h4>Territoires Nationaux.</h4>
+
+<div class="c">
+<table summary="">
+<tr>
+ <td rowspan="4" style="vertical-align: top;"><span class="sc">À l'Ouest</span></td>
+ <td>Les Pampas</td>
+ <td class="r">10,000</td>
+ <td>lieues carrées.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Les Andes</td>
+ <td class="r">3,000</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Le Rio Negro</td>
+ <td class="r">4,000</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Le Limay</td>
+ <td class="r">1,000</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td rowspan="2" style="vertical-align: top;"><span class="sc">Au Sud</span></td>
+ <td>Le Chubut</td>
+ <td class="r">5,000</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>La Patagonie </td>
+ <td class="r">10,000</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td rowspan="2" style="vertical-align: top;"><span class="sc">Au Nord</span></td>
+ <td>Les Missions jésuitiques</td>
+ <td class="r">2,000</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td style="vertical-align: top;">Le Chaco</td>
+ <td class="t8r">8,000</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="2" class="c">Total</td>
+ <td class="t1r">43,000</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+</tr>
+</table></div>
+
+<h4>Territoire des Provinces Argentines.</h4>
+
+<div class="c">
+<table summary="">
+<tr>
+ <td>&nbsp;</td>
+ <td colspan="2" class="c">Superficies.</td>
+ <td colspan="2" class="c">Population.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Buenos-Ayres, capitale.</td>
+ <td class="r">5</td>
+ <td>lieues carrées</td>
+ <td class="r">300,000</td>
+ <td>âmes.</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Buenos-Ayres, province</td>
+ <td class="r">7,000</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td class="r">195,121</td>
+ <td rowspan="15">&nbsp;</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Entrerios</td>
+ <td class="r">5,000</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td class="r">135,000</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Santa-Fé</td>
+ <td class="r">2,000</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td class="r"> 88,981</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Corrientes</td>
+ <td class="r">6,000 </td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td class="r">125,000</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>San-Luis</td>
+ <td class="r">2,000</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td class="r"> 53,268</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Cordova</td>
+ <td class="r">6,000 </td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td class="r">216,241</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Santiago de l'Estero</td>
+ <td class="r">3,500 </td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td class="r">133,243</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Xucuman</td>
+ <td class="r">1,570</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td class="r">109,106</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Salta</td>
+ <td class="r">5,000</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td class="r">110,000</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Jujui</td>
+ <td class="r">3,000</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td class="r">40,265</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Mendosa</td>
+ <td class="r">6,500</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td class="r">65,456</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>San Juan</td>
+ <td class="r">3,200</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td class="r">60,328</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>La Rioja</td>
+ <td class="r">3,500</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td class="r">48,959</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Catamarca</td>
+ <td class="r">3,500</td>
+ <td class="c">&mdash;</td>
+ <td class="r">80,052</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>&nbsp;</td>
+ <td class="t8">&nbsp;</td>
+ <td style="vertical-align: top;">Indiens divers.</td>
+ <td class="t8r">91,090</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td class="c"><span class="sc">Total</span></td>
+ <td class="t1r">57,775</td>
+ <td>lieues carrées.</td>
+ <td class="t1r">1,755,040</td>
+ <td>âmes.</td>
+</tr>
+</table></div>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="footnote5" name="footnote5"></a><b>Note 5: </b><a href="#footnotetag5">(retour)</a> On a cru longtemps, et des personnes croient encore en France,
+que l'émigration était préjudiciable au pays où elle se pratiquait.
+Erreur profonde; les faits sont venus démontrer le contraire. L'Angleterre,
+plus pratique que nous, ne s'est jamais opposée à l'émigration.
+De 1847 à 1851, il sortit des ports d'Angleterre et d'Irlande 2,307,470
+émigrants, sur 11,050 navires. Récemment, en 1878, il sortit de ce
+même pays 147,663 émigrants pour les destinations suivantes: 81,557
+pour les États-Unis de l'Amérique du Nord;&mdash;37,224 pour l'Australie;&mdash;13,836
+pour les possessions anglaises;&mdash;13,036 pour autres pays
+divers. Est-ce que, pour avoir perdu ces millions d'émigrants, l'Angleterre
+est moins riche aujourd'hui, moins puissante qu'en 1840? Non,
+c'est le contraire. On a dit aussi que l'argent emporté par les émigrants
+diminuait la masse monétaire du pays; ceci n'est pas tout à fait exact.
+En général, les émigrants emportent peu d'argent; il y en a même
+qui, après avoir payé leur passage, n'en emportent pas du tout. Mais
+l'argent de leur passage ne passe pas à l'étranger, il reste dans les
+caisses des armateurs, propriétaires des navires de transport. Il faut,
+d'autre part, tenir compte d'un autre fait qui est à la connaissance de
+tout le monde: c'est le chiffre considérable d'argent que nos émigrants,
+établis à l'étranger, envoient à leur patrie. On a constaté que les émigrants
+anglais établis dans les États-Unis de l'Amérique du Nord envoient
+chaque année à leurs parents et aux banques de dépôt un million
+de livres sterling (25,000,000 de francs). Les 60,000 Italiens, établis
+dans la République argentine, envoient, chaque année, en Italie, de
+cinq à six millions de francs. On a constaté ce fait sur les registres du
+consulat italien à Buenos-Ayres et dans les livres des banques. Je signalerai
+une autre considération d'une haute moralité: C'est la séparation
+des jeunes gens d'avec leurs parents, dans nos campagnes d'Europe.
+On voit tous les jours les enfants du petit cultivateur, vivant dans
+les privations et la gêne dans leur propriété, réduits à quitter la maison
+paternelle pour aller dans les villes gagner un salaire qui leur permette
+de s'entretenir et de se procurer certaines jouissances de la vie
+qui n'existent pas dans le village. Il arrive alors que, libres de la direction
+et de la surveillance des parents, ils se livrent avec l'inexpérience
+de leur âge à l'entraînement des passions et des jouissances de
+la vie, souvent au détriment de leur santé et des sentiments moraux
+que leur avaient inspirés le père et la mère. Jetez un regard dans les
+grandes villes, et vous serez douloureusement ému à la vue du tourbillon
+fascinateur dans lequel se trouve entraîné la jeunesse française
+ouvrière. Ne serait-elle pas mieux placée en pays étranger à côté
+des parents, travaillant avec goût et courage, produisant en grand,
+pouvant par conséquent pourvoir à leurs besoins, s'enrichissant de
+leurs économies et préparant un meilleur avenir à la génération qui
+suivra. La colonisation est donc une mesure de haute moralité pratique.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="footnote6" name="footnote6"></a><b>Note 6: </b><a href="#footnotetag6">(retour)</a> <i>Entr'autres produits agricoles, nous devons signaler le lin, lequel d'après certains colons,
+donne plus de rendement que le blé, et encore n'est-il cultivé que pour la graine achetée pour le
+commerce extérieur.</i></p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="footnote7" name="footnote7"></a><b>Note 7: </b><a href="#footnotetag7">(retour)</a> Cet intérêt de dix pour cent est le chiffre généralement adopté
+pour les affaires commerciales dans la République Argentine.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="footnote8" name="footnote8"></a><b>Note 8: </b><a href="#footnotetag8">(retour)</a></p>
+
+<div class="c"><table summary="">
+<tr>
+ <td class="c">Territoires</td>
+ <td class="c">Nom des Colonies.</td>
+ <td class="c">Familles</td>
+ <td class="c">Individus</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td style="vertical-align: top;" rowspan="2">Entrerios</td>
+ <td>Villa Libertad</td>
+ <td class="r">197</td>
+ <td class="r">982</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Général Alvear</td>
+ <td class="r">173</td>
+ <td class="r">923</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td style="vertical-align: top;" rowspan="3">Chaco</td>
+ <td>Resistencia</td>
+ <td class="r"> 308</td>
+ <td class="r">1,421</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Presidente Avellanda</td>
+ <td class="r">106</td>
+ <td class="r">774</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Formosa </td>
+ <td class="r">13</td>
+ <td class="r">74</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td style="vertical-align: top;" rowspan="3">Sta-Fé</td>
+ <td> Reconquista </td>
+ <td class="r">260</td>
+ <td class="r">1,980</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>San Xavier</td>
+ <td class="r">44</td>
+ <td class="r">217</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Iriondo </td>
+ <td class="r">74 </td>
+ <td class="r">216</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td style="vertical-align: top;" rowspan="2">Cordova</td>
+ <td>Caroya</td>
+ <td class="r">190 </td>
+ <td class="r">874</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Sampacho </td>
+ <td class="r">170 </td>
+ <td class="r">814</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Chubut</td>
+ <td>Chubut</td>
+ <td class="r">187</td>
+ <td class="r">750</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td>Patagonie</td>
+ <td>Santa Cruz</td>
+ <td class="r">»</td>
+ <td class="r">62</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td style="vertical-align: top;">Buenos-Ayres </td>
+ <td style="vertical-align: top;">Olavarria</td>
+ <td class="t8r">85</td>
+ <td class="t8r">433</td>
+</tr>
+<tr>
+ <td colspan="2" class="c">Total</td>
+ <td class="t1r">1,807</td>
+ <td class="t1r">9,520</td>
+</tr>
+</table></div>
+
+</div>
+
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="footnote9" name="footnote9"></a><b>Note 9: </b><a href="#footnotetag9">(retour)</a> Le mois de juillet dernier (1882) un entrepreneur Italien, M. Picasso,
+a proposé au gouvernement argentin de transporter dans la République
+Argentine 500,000 émigrants européens, dont 300,000 pris
+dans les pays du nord de l'Europe, et 200,000 dans les pays du sud. Il
+emploierait de grands vapeurs propres à cette classe de transport. Nous
+ignorons la réponse qu'aura faite le gouvernement.</p>
+</div>
+
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="footnote10" name="footnote10"></a><b>Note 10: </b><a href="#footnotetag10">(retour)</a> Depuis la publication de mon travail à Buenos-Ayres, il y a un
+an, le gouvernement de Santa Fé, qui occupe toujours la tête du
+mouvement de la colonisation, s'est emparé de mon idée, et le mois
+d'octobre dernier, il passait un contrat avec M. Calsado, chargé, à cet
+effet, de fonder une société anonyme pour la construction d'un chemin
+de fer colonial de Rosario à Candelaria; et le 3 juillet dernier (1882),
+il est venu demander au congrès, avec l'assentiment du gouvernement
+national, une loi de garantie d'un 7 pour cent pour le capital nécessaire
+à la construction de cette voie ferrée. Ce chiffre de garantie est
+généralement adopté par le gouvernement argentin pour les constructions
+des chemins de fer.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+
+<p><a id="footnote11" name="footnote11"></a><b>Note 11: </b><a href="#footnotetag11">(retour)</a> La vallée de Rio-Negro, cet autre Nil de l'Amérique du Sud, s'étend
+à partir de l'Océan Atlantique du Sud-Est vers le Nord-Ouest, entre
+le 39<sup>e</sup> et le 41<sup>e</sup> degrés de latitude sud, jusqu'à la confluence des deux
+fleuves Limay et Neuquen, à environ 170 lieues de la mer. Cette vallée
+qui tantôt se rétrécit et tantôt s'élargit jusqu'à la distance de 2 à 6
+lieues de largeur, est couverte d'une végétation splendide: la vigne,
+le blé et toutes les céréales y prospèrent et des prairies à herbages vigoureux
+couvrent ce terrain d'alluvion déposé chaque année par les
+crues des eaux du grand fleuve, le Rio-Negro, formé par les deux
+grandes rivières le Limay et le Neuquen.</p>
+
+<p>L'ingénieur français, M. Ebelot, parlant de cette vallée dans un rapport
+adressé au gouvernement Barros, s'exprime ainsi:</p>
+
+<p>«La vallée du Rio-Negro court entre deux lignes de coteaux parallèles;
+lesquels, tantôt se rapprochent jusqu'à former un détroit, tantôt
+s'éloignent à deux lieues du lit du fleuve, et la vallée alors se
+présente sous l'aspect d'une prairie ondulée dont le sol formé de matériaux
+d'alluvion est d'une grande fertilité.»</p>
+
+<p>&mdash;Les explorateurs du fleuve Rio-Negro, Delcalsi en 1833, les colonels
+Obligado et Guerrico tout récemment, ont confirmé cette assertion.
+2,700 habitants occupent l'entrée de cette vallée, s'étendant à trente
+lieues vers l'Ouest jusque vis-à-vis le port St-Antoine, situé à 11 lieues
+au Sud de ce point.</p>
+</div>
+
+
+<div class="footnote">
+<p><a id="footnote12" name="footnote12"></a><b>Note 12: </b><a href="#footnotetag12">(retour)</a> Le chiffre de 300,000 francs est la moyenne de la dépense dans
+la construction du chemin de fer que le gouvernement national fait
+construire entre Mercedes et Mendosa. À mon avis, ce chiffre de dépenses
+pourrait être réduit, le terrain de la Pampa offrant les conditions les
+plus faciles pour la construction des voies ferrées et peu de difficultés,
+sauf les deux Ponts à construire sur le Rio Cotorado et le Rio Negro,
+dont on pourrait réserver la construction pour le compte de l'État.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+<p><a id="footnote13" name="footnote13"></a><b>Note 13: </b><a href="#footnotetag13">(retour)</a> Nous donnons ici des distances approximatives à quelques lieues
+près, à défaut d'une étude exacte des distances qui n'a pas encore été
+faite dans cette contrée récemment conquise sur les Indiens. Le chiffre
+des distances que nous donnons a été calculé sur les rapports fournis
+par les chefs de détachement de l'armée expéditionnaire de l'année
+1879. Ces rapports, insérés dans le grand ouvrage (itinéraire de la
+Pampa et du Rio Negro) du colonel Oloscoaga, chef du bureau topographique
+de l'expédition, donnent, outre les distances parcourues, un
+aperçu géographique de cette magnifique contrée, parsemée de lacs et de
+bouquets de grands arbres, qui n'existent pas dans la Pampa nue de
+Buenos-Ayres. Condition heureuse pour une entreprise de chemins de
+fer qui trouverait ainsi sur les lieux le bois nécessaire à la construction
+d'une voie ferrée sur une plaine peu accidentée où les terrassements sont
+faciles à exécuter.</p>
+
+<p>Je dois mentionner aussi les précieux renseignements que m'ont
+fournis deux excellents amis, le commandant Alsogaray et le docteur
+Astrié.</p>
+
+<p>Le premier a parcouru avec son détachement la ligne entière de
+Mercedes à Poitagué et de là quarante lieues plus loin jusqu'au paso
+del Noque de la grande rivière le Chalideobu, continuation du Rio
+Salado. Le docteur Astrié, Français, du département de l'Ariége, a parcouru
+comme médecin du corps du général Uriburu, toute la ligne qui
+s'étend au bas des Cordillères, entre le Rio-Neuquen au Sud et Mendosa
+au Nord, cent lieues environ. Le docteur Astrié, par son noble caractère,
+ses connaissances scientifiques, son généreux dévouement pour ses
+compatriotes, honore le nom français dans ces contrées. Je lui devais
+ici une manifestation de ma profonde et sympathique estime. Le docteur
+Astrié réside à Mercedes. Il est aujourd'hui médecin en chef du
+corps d'armée de l'Ouest.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+<p><a id="footnote14" name="footnote14"></a><b>Note 14: </b><a href="#footnotetag14">(retour)</a> Voir,
+<a href="#p35">page 35</a>, l'emploi de ce capital.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+<p><a id="footnote15" name="footnote15"></a><b>Note 15: </b><a href="#footnotetag15">(retour)</a> «En décembre dernier, 1881, on a vendu pour 20,000 piastres
+fortes (100,000 francs) une lieue carrée de terrain, à Juarer, village
+situé à cent lieues au sud de la ville de Buenos-Ayres.» Ce terrain
+n'aurait pas trouvé d'acheteurs à 1,000 piastres avant la fondation du
+village, il y a vingt ans. (<i>National de Buenos-Ayres</i>, du 22 décembre
+1881.)</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+<p><a id="footnote16" name="footnote16"></a><b>Note 16: </b><a href="#footnotetag16">(retour)</a> L'énorme quantité d'animaux qui se produit dans ces contrées, est
+achetée, par milliers, pour être exploitée dans les nombreux saladeros,
+établissements où l'on tue des centaines d'animaux, chaque jour, pour
+les dépouiller du cuir et extraire le suif, les os, etc.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+<p><a id="footnote17" name="footnote17"></a><b>Note 17: </b><a href="#footnotetag17">(retour)</a> <i>Dans l'état des dépenses que nous établissons ici, nous avons pris la moyenne des valeurs.
+Mais ces valeurs étant variables, il pourra arriver que le chiffre de 9,500 fr., somme des
+avances à faire au colon, se trouve plus élevé ou plus faible que celui qui sera réellement employé.
+Dans ce cas, on puisera dans la réserve assez considérable que nous créons pour couvrir l'insuffisance,
+et, dans le cas contraire, d'un excédent, le chiffre de celui-ci rentrera dans la réserve.</i></p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+<p><a id="footnote18" name="footnote18"></a><b>Note 18: </b><a href="#footnotetag18">(retour)</a> La nécessité d'une Banque Franco-Argentine se fait sentir
+depuis longtemps, à Buenos-Ayres, pour le service des grandes affaires
+commerciales qui se font entre Paris et la République Argentine, où
+l'intérêt usuel des capitaux est de dix et quinze pour cent. Les
+Anglais, les Italiens, les Brésiliens, ont déjà fondé des Banques à
+Buenos-Ayres avec succès. Les nombreux négociants Parisiens qui
+font des affaires importantes avec la République Argentine trouveraient,
+dans une institution de cette classe, une puissante ressource
+pour leurs opérations commerciales et de grands bénéfices à réaliser;
+surtout en ce moment où ce pays marche, à pas de géant, dans la voie
+de sa prospérité.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+<p><a id="footnote19" name="footnote19"></a><b>Note 19: </b><a href="#footnotetag19">(retour)</a> À l'époque où vivait M. Brayer (1840), la vache ne valait que
+quinze francs, aujourd'hui son prix est de cinquante à soixante francs.
+Cette différence de prix ne change pas la valeur du rendement, car si
+la vache a haussé de prix, le produit de l'élève a haussé dans les mêmes
+proportions; mille vaches achetées pour cinquante mille francs
+produiraient aujourd'hui deux cent mille francs en six ans.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+<p><a id="footnote20" name="footnote20"></a><b>Note 20: </b><a href="#footnotetag20">(retour)</a> La lieue argentine équivaut à 5 kilomètres 160 mètres.</p>
+
+<p>La lieue carrée est donc égale à 26 kilomètres carrés 346 mètres.</p>
+</div>
+
+<div class="footnote">
+<p><a id="footnote21" name="footnote21"></a><b>Note 21: </b><a href="#footnotetag21">(retour)</a> M. Édouard Olivera est l'Argentin qui a contribué le plus au progrès
+immense qu'ont acquis l'agriculture et l'industrie de l'élève du bétail
+dans la République Argentine. Ancien élève distingué de l'école de
+Grignon, agronome instruit, auteur d'un ouvrage très intéressant, en
+deux volumes, ayant pour titre: <i>Voyages agricoles en Europe</i>, organisateur
+de la grande société, <i>le Club Rural Argentin</i>, fondateur des
+annales de cette société, dans lesquelles il a publié plusieurs articles
+remarquables, M. Édouard Olivera est appelé à jouer un rôle important
+dans le mouvement industriel de son pays. Pour mon compte, je n'oublierai
+jamais les agréables et instructifs entretiens que j'ai été assez heureux
+d'avoir avec cet homme distingué. La publication en français de
+son livre, serait une &oelig;uvre précieuse pour les agronomes et cultivateurs
+de l'Europe. Cet ouvrage, écrit en espagnol, est entre nos mains,
+nous le mettons à la disposition d'un auteur qui se chargera de la traduction.
+Sa publication sera une &oelig;uvre utile, et, je crois aussi, une
+bonne spéculation.</p>
+</div>
+</div>
+
+<div class="trnotes">
+<h3>NOTES DU TRANSCRIPTEUR</h3>
+
+<p>Un mot illisible page 63 a été remplacé par des astérisques.</p>
+
+<p>On a corrigé quelques coquilles, y compris dans les tableaux de
+chiffres. On a dû également changer la disposition de certains tableaux
+pour des questions de taille.</p>
+</div>
+
+
+
+
+
+
+
+
+<pre>
+
+
+
+
+
+End of the Project Gutenberg EBook of Bases pour servir aux entreprises de
+colonisation dans les territoires nationaux de la Republique Argentine, by Auguste Brougnes
+
+*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK BASES POUR SERVIR AUX ENTREPRISES DE COLONISATION ***
+
+***** This file should be named 22393-h.htm or 22393-h.zip *****
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+Produced by Adrian Mastronardi, Laurent Vogel and the
+Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net
+(This file was produced from images generously made
+available by the Bibliothèque nationale de France
+(BnF/Gallica) at http://gallica.bnf.fr)
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+(and you!) can copy and distribute it in the United States without
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+Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you
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+such as creation of derivative works, reports, performances and
+research. They may be modified and printed and given away--you may do
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+Gutenberg-tm electronic work and you do not agree to be bound by the
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+things that you can do with most Project Gutenberg-tm electronic works
+even without complying with the full terms of this agreement. See
+paragraph 1.C below. There are a lot of things you can do with Project
+Gutenberg-tm electronic works if you follow the terms of this agreement
+and help preserve free future access to Project Gutenberg-tm electronic
+works. See paragraph 1.E below.
+
+1.C. The Project Gutenberg Literary Archive Foundation ("the Foundation"
+or PGLAF), owns a compilation copyright in the collection of Project
+Gutenberg-tm electronic works. Nearly all the individual works in the
+collection are in the public domain in the United States. If an
+individual work is in the public domain in the United States and you are
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+ License. You must require such a user to return or
+ destroy all copies of the works possessed in a physical medium
+ and discontinue all use of and all access to other copies of
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+ money paid for a work or a replacement copy, if a defect in the
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+providing it to you may choose to give you a second opportunity to
+receive the work electronically in lieu of a refund. If the second copy
+is also defective, you may demand a refund in writing without further
+opportunities to fix the problem.
+
+1.F.4. Except for the limited right of replacement or refund set forth
+in paragraph 1.F.3, this work is provided to you 'AS-IS' WITH NO OTHER
+WARRANTIES OF ANY KIND, EXPRESS OR IMPLIED, INCLUDING BUT NOT LIMITED TO
+WARRANTIES OF MERCHANTIBILITY OR FITNESS FOR ANY PURPOSE.
+
+1.F.5. Some states do not allow disclaimers of certain implied
+warranties or the exclusion or limitation of certain types of damages.
+If any disclaimer or limitation set forth in this agreement violates the
+law of the state applicable to this agreement, the agreement shall be
+interpreted to make the maximum disclaimer or limitation permitted by
+the applicable state law. The invalidity or unenforceability of any
+provision of this agreement shall not void the remaining provisions.
+
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+with this agreement, and any volunteers associated with the production,
+promotion and distribution of Project Gutenberg-tm electronic works,
+harmless from all liability, costs and expenses, including legal fees,
+that arise directly or indirectly from any of the following which you do
+or cause to occur: (a) distribution of this or any Project Gutenberg-tm
+work, (b) alteration, modification, or additions or deletions to any
+Project Gutenberg-tm work, and (c) any Defect you cause.
+
+
+Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
+
+Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
+electronic works in formats readable by the widest variety of computers
+including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists
+because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
+people in all walks of life.
+
+Volunteers and financial support to provide volunteers with the
+assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's
+goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
+remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
+Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
+and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
+To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
+and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
+and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.
+
+
+Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
+Foundation
+
+The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
+501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
+state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
+Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
+number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
+http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
+permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
+
+The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
+Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
+throughout numerous locations. Its business office is located at
+809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
+business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
+information can be found at the Foundation's web site and official
+page at http://pglaf.org
+
+For additional contact information:
+ Dr. Gregory B. Newby
+ Chief Executive and Director
+ gbnewby@pglaf.org
+
+
+Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
+Literary Archive Foundation
+
+Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
+spread public support and donations to carry out its mission of
+increasing the number of public domain and licensed works that can be
+freely distributed in machine readable form accessible by the widest
+array of equipment including outdated equipment. Many small donations
+($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
+status with the IRS.
+
+The Foundation is committed to complying with the laws regulating
+charities and charitable donations in all 50 states of the United
+States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
+considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
+with these requirements. We do not solicit donations in locations
+where we have not received written confirmation of compliance. To
+SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
+particular state visit http://pglaf.org
+
+While we cannot and do not solicit contributions from states where we
+have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
+against accepting unsolicited donations from donors in such states who
+approach us with offers to donate.
+
+International donations are gratefully accepted, but we cannot make
+any statements concerning tax treatment of donations received from
+outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
+
+Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
+methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
+ways including checks, online payments and credit card donations.
+To donate, please visit: http://pglaf.org/donate
+
+
+Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic
+works.
+
+Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
+concept of a library of electronic works that could be freely shared
+with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
+Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.
+
+
+Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
+editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
+unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily
+keep eBooks in compliance with any particular paper edition.
+
+
+Most people start at our Web site which has the main PG search facility:
+
+ http://www.gutenberg.org
+
+This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
+including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
+Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to
+subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks.
+
+
+</pre>
+
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+This eBook, including all associated images, markup, improvements,
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+the "Copyright How-To" at https://www.gutenberg.org.
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+No investigation has been made concerning possible copyrights in
+jurisdictions other than the United States. Anyone seeking to utilize
+this eBook outside of the United States should confirm copyright
+status under the laws that apply to them.
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