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+*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK 57865 ***
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+ DICTIONNAIRE
+ ÉROTIQUE
+ LATIN-FRANÇAIS
+
+ PAR
+ NICOLAS BLONDEAU
+ Avocat en Parlement, Censeur des livres et Inspecteur de
+ l'Imprimerie de Trévoux (XVIIe siècle)
+
+ _Édité pour la première fois sur le Manuscrit original
+ avec des notes et additions de_
+ FRANÇOIS NOËL
+ Inspecteur général de l'Université
+
+ _Précédé d'un_ ESSAI SUR LA LANGUE ÉROTIQUE
+ Par le Traducteur du _Manuel d'Érotologie_ de Forberg
+
+ [Marque d'imprimeur: SCIENTIA DUCE. IL.]
+
+ PARIS
+ ISIDORE LISEUX, ÉDITEUR
+ Rue Bonaparte, nº 25
+
+ 1885
+
+
+
+
+_Tiré à
+
+trois cent soixante-quinze exemplaires._
+
+_Nº 204_
+
+
+
+
+AVANT-PROPOS
+
+DE L'ÉDITEUR
+
+
+Les Amateurs qui veulent bien suivre mes publications se rappellent sans
+doute les Adieux dont j'ai fait précéder la _Raffaella_, en Décembre
+1884: «Le présent volume,» disais-je, «est peut-être le dernier de son
+genre que je mette au jour...; le prochain sera un gros ouvrage de
+Théologie.»
+
+J'étais sincère; j'avais débuté, en 1875, par une oeuvre Théologique, la
+_Démonialité_, du P. Sinistrari: je voulais finir saintement, comme
+j'avais commencé.
+
+Et j'ai tenu parole: j'ai donné, tout récemment, une réimpression des
+_Divinités génératrices_ de Dulaure, croyant bien m'arrêter sur cette
+oeuvre pie.
+
+Mais ne finit pas qui veut. Or, que faire quand la vie s'obstine et
+qu'on n'a pas de goût pour le suicide? Éditer, éditer sans cesse.
+Malheureusement, la matière se raréfie, et depuis que d'austères
+censeurs, voyant un péril social dans des badinages poétiques du XVIe
+siècle imprimés à cent cinquante exemplaires, m'ont traîné sur le banc
+des assassins, je suis devenu fort timide. La Théologie elle-même ne me
+rassure pas. Si j'essayais de l'Enseignement? Certes, c'est une noble
+tâche que de façonner l'esprit de ses semblables, de les initier aux
+élégances de cette littérature qui, suivant l'expression d'Ovide,
+«_emollit mores, nec sinit esse feros_». Et pouvais-je mieux choisir,
+pour inaugurer une nouvelle Bibliothèque d'Éducation, que l'_Aloisia_ de
+Chorier, cette incomparable _Civilité juvénile_, ce chef-d'oeuvre Latin
+d'un Français du grand siècle: un livre qui, si notre idiome devait
+jamais disparaître, lui survivrait avec la langue immortelle dans
+laquelle il est écrit?
+
+J'ai donc publié une édition Latine de l'_Aloisia_, plus correcte, je
+puis l'affirmer, qu'aucune de ses devancières.
+
+Voici maintenant un second ouvrage, un _Dictionarium eroticum
+Latino-Gallicum_, qui peut se rattacher au précédent. Il est aussi du
+grand siècle, et tout à fait inédit. Son auteur, Pierre-Nicolas
+Blondeau, n'est guères connu: du moins les Biographies Michaud et Didot
+n'en font pas mention. Mais une Note[1] annexée au Manuscrit, de la main
+d'un de ses possesseurs, Hyacinthe-Théodore Baron, ancien doyen de la
+Faculté de Médecine de Paris et bibliophile distingué, nous apprend que
+Nicolas Blondeau était avocat en Parlement, censeur des livres et
+inspecteur de l'imprimerie établie à Trévoux, vers 1695, par le duc du
+Maine, et qu'on lui devait le Dictionnaire classique Français-Latin,
+connu sous le nom de _Boudot_. D'après d'autres renseignements, ce
+dictionnaire de Boudot n'était que l'abrégé d'un grand Dictionnaire
+manuscrit, en quatorze volumes in-4º, composé par Nicolas Blondeau et
+qui n'a pas été imprimé.
+
+ [1] Voir ci-après, p. XVII.
+
+Baron étant mort, en 1787, sa volumineuse bibliothèque, dont nous avons
+sous les yeux le Catalogue[2] comprenant 6506 numéros, fut mise aux
+enchères, et notre Manuscrit,
+
+ _Nº 4495. Petri-Nicolai Blondeau Dictionarium Eroticum
+ Latino-Gallicum_, pet. in-4º. _Manuscrit, copie autographe mise au
+ net_,
+
+adjugé au prix de 34 livres 4 sous.
+
+ [2] Catalogue de la bibliothèque de feu M. Baron, premier Médecin des
+ Camps et Armées du Roi en Italie et en Allemagne, ancien Doyen de la
+ Faculté de Médecine de Paris. _Paris_, _Née de la Rochelle_, 1788,
+ in-8º.
+
+Quel en fut l'acquéreur immédiat? On l'ignore: mais, deux ans plus tard,
+il était préparé pour l'impression, revu, commenté et augmenté, pour
+servir d'annexe à un Recueil de Priapées Latines dont voici le titre
+projeté, de l'écriture du Commentateur:
+
+ CARMINA ITHYPHALLICA
+ vel
+ EROTICA LATINA
+
+ _Quibus accedit Dictionarium Eroticum Latino-Gallicum, continens voces
+ salaciores apud auctores optimae notae reperiundas, cum eorum
+ paraphrasi Gallica_
+
+ _Olim a Petro Nicolao Blondeau, advocato, confectum et in schedis
+ manuscriptis relictum, nunc revisum et auctum_
+
+ IN INSULA CYTHERAE
+ _Typis Amoris_
+ 1790
+
+On se proposait, en outre, d'en faire un tirage séparé, avec ce titre
+spécial:
+
+ DICTIONNAIRE ÉROTIQUE
+ LATIN-FRANÇAIS
+
+ pour servir à l'intelligence de quelques auteurs de la belle
+ Latinité, et de Supplément au Dictionnaire dit de _Boudot_
+
+ A CYTHÈRE
+ _De l'Imprimerie de l'Amour_
+ _L'an deuxième de la Liberté_
+ 1791
+
+Au verso d'un de ces titres sont de petites notes ou _memoranda_ du
+Commentateur, indiquant les ouvrages qu'il devra consulter pour son
+édition des _Carmina Ithyphallica_ ou Priapées Latines:
+
+ _Priapeia._
+
+ _Excerpta ex Anthologia Latina._
+
+ _Excerpta ex Catullo, Tibullo, Propertio, Phaedro, Ovidio, Lucretio,
+ Horatio, Martiale, Juvenale._
+
+ _Pervigilium Veneris._
+
+ _Ausonii Cupido cruci affixus_; _Cento nuptialis._
+
+ _Ausonii Rosae idyllium._
+
+ Vérifier, dans _Baudii Amores_, les pièces anciennes qui peuvent me
+ convenir.
+
+ Le _Delectus Epigrammatum Latinorum_ diffère-t-il de l'Anthologie de
+ Burmann?
+
+ Pline le Jeune a écrit quelques vers libres, dont il cherche à
+ s'excuser dans deux de ses Lettres. Voyez, au 7e livre des Epîtres de
+ Pline, sa lettre à Pontius. Ausone en parle, mais ces poésies se sont
+ perdues.
+
+ Apulée a écrit quelques Épigrammes libres, qui se sont perdues; il en
+ parle dans sa première Apologie de la Magie.
+
+ On dit qu'il a existé des Lettres de Cicéron à Cerellia, qui respirent
+ tous les feux de l'amour.
+
+ Le poème d'_Io_, par Laevius, ancien poète Latin, s'est perdu; il
+ avait aussi composé quelques livres sur l'Amour, nommés
+ _Erotopaegnia_, dont Barthius a adopté le titre pour ses compositions
+ du même genre.
+
+ On trouve à la fin du _Meursius_ de Barbou des fragments de poésies
+ libres Latines; mais elles sont modernes.
+
+ Voir _Poetae Latini minores_.
+
+ Je ne prends aucun des vers qui font partie de la Satire de Pétrone,
+ pour ne pas démembrer cet ouvrage, qui peut se joindre un jour à
+ celui-ci.
+
+Avec ces données, il était facile de reconnaître, dans le Commentateur
+anonyme de notre Manuscrit, l'auteur du Recueil de Priapées publié à
+Paris en 1798, sous le titre d'_Erotopaegnion_[3]: c'est-à-dire François
+Noël, professeur de belles-lettres avant la Révolution, et, de 1802 à
+1841, date de sa mort, inspecteur général de l'Université. Et comme
+j'avais sous la main plusieurs des innombrables autographes et
+compilations manuscrites laissés par Noël, l'identité de l'écriture
+n'était pas moins facile à constater.
+
+ [3] _Erotopaegnion, sive Priapeia Veterum et Recentiorum, Veneri
+ jocosae sacrum. Lutetiae Parisiorum, Patris, 1798_, pet. in-8º.
+
+Jean-François Noël, né en 1755, mort en 1841, est assez connu: il
+suffira d'en dire ce qui se rattache plus directement à notre sujet.
+Comme la plupart des jeunes gens qui, sous l'ancien Régime, se
+destinaient à l'enseignement, il était entré dans les Ordres, et il
+occupait une chaire de professeur au collège Louis-le-Grand, lorsque la
+Révolution lui ouvrit une voie nouvelle. D'abord chef de bureau au
+Ministère des Relations extérieures, il obtint bientôt des postes
+diplomatiques, débuta par une mission à Londres en 1792, fut
+successivement ministre plénipotentiaire de la République à La Haye et à
+Venise (1793 à 1796); puis, rappelé en France, devint membre de la
+Commission de l'Instruction publique, commissaire général de police à
+Lyon (1800), préfet du Haut-Rhin (1801), enfin inspecteur général de
+l'Instruction publique (1802), place qu'il conserva jusqu'à sa mort. Ses
+ouvrages, tous relatifs à l'Enseignement, témoignent d'une infatigable
+fécondité: _Leçons de Littérature et de Morale, Françaises, Latines,
+Latines modernes, Anglaises, Italiennes, Grecques, Allemandes_,
+consistant, pour chaque langue, en deux volumes in-8º; _Leçons
+Françaises de Philosophie et de Morale_; _Nouveau Dictionnaire des
+Inventions et Découvertes_; _Dictionarium Latino-Gallicum_;
+_Dictionnaire Français-Latin_; _Philologie Française, ou Dictionnaire
+étymologique, critique, historique, anecdotique et littéraire_;
+_Dictionnaire historique des personnages de l'Antiquité_; _Dictionnaire
+de la Fable_; _Traduction de Catulle et Gallus_; _Abrégé de la Grammaire
+Française_ (avec Chapsal), etc.
+
+Mais ces travaux officiels ne suffisaient pas à son activité. Humaniste
+passionné, de la vieille école des Ménage et des La Monnoye, il occupait
+ses loisirs à d'incessantes recherches dans des livres rares: anciens
+conteurs Latins, Français ou étrangers, épigrammatistes, auteurs de
+facéties, qu'il s'amusait à copier par extraits ou même in-extenso.
+Outre son _Erotopaegnion_, il fut aussi l'éditeur anonyme des _Poggii
+Facetiae_ parues à la même date (1798). Toutefois, ces deux publications
+ne représentent qu'une minime partie de ses compilations manuscrites,
+J'en possède, comme je l'ai dit plus haut, une notable quantité. C'est,
+1º un volumineux Recueil intitulé: _Erycina ridens, seu recentiorum
+Poetarum qui Latine cecinerunt Deliciae deliciarum_ (_Venetiae_, 1795):
+_Erycina ridens_, en d'autres termes _Venus jocosa_, à laquelle son
+_Erotopaegnion_ est dédié; 2º Le _Martial moderne, ou choix d'Épigrammes
+tirées des Poètes Latins modernes, depuis la renaissance des lettres
+jusqu'à nos jours_; sur le titre, _La Roche-Guyon_, 1827: La Roche-Guyon
+est un village près de Mantes (Seine-et-Oise), où Noël avait
+probablement sa résidence d'été; 3º _Le Perroquet_, recueil de pièces en
+prose et en vers sur cet oiseau, en plusieurs parties: Latine,
+Française, Anglaise, Italienne, Orientale; comment expliquer, chez Noël,
+cet amour du perroquet, sinon par une sympathie de linguiste? 4º _Basia
+variorum, libri IV_; recueil des meilleurs _Baisers_ de Jean Second et
+autres imitateurs modernes de Catulle; 5º enfin, _Fabellae Milesiacae_,
+ou _Fabellarum Milesiacarum libri, tum erotica et jocosa, tum heroica et
+tragica continentes, e veteribus et recentioribus scriptoribus excerpti_
+(_Leropolis_, 1809); six gros volumes in-8º, dont le dernier porte la
+date de 1840: Noël avait alors quatre-vingt-cinq ans.
+
+Il mourut, comme il a été dit, l'année suivante, et sa bibliothèque fut
+aussitôt vendue par adjudication, sauf les Manuscrits, qu'il avait
+réservés pour son fils, Charles Noël. Le Catalogue de vente[4], composé
+de 1555 numéros, dont plusieurs réunissaient jusqu'à vingt ouvrages
+différents, présentait, dans une assez petite proportion, ce qu'on est
+convenu d'appeler des livres érotiques. Il fit scandale; la pudeur
+officielle en fut alarmée, et cent soixante numéros furent «retirés par
+ordre». On peut lire, en effet, sur un feuillet de garde de l'exemplaire
+conservé à la Bibliothèque Nationale (_Collection Jullien_), les
+curieuses annotations suivantes:
+
+ _«Ce Catalogue est remarquable par le grand nombre de livres
+ licencieux qu'il contient..._
+
+ _»Et, par ce triste motif, fort cher et fort recherché.»_
+
+ [4] _Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Fr.
+ Noël, ancien conseiller de l'Université, inspecteur général des
+ études_, etc. Paris, Galliot, 1841, in-8º.
+
+Puis, d'une autre écriture:
+
+ _«Sur 1555 numéros dont se compose ce singulier et unique Catalogue,
+ 160 ont été interdits comme contraires aux moeurs; on aurait pu en
+ trouver davantage.»_
+
+Le premier annotateur n'était autre, probablement, que le digne
+collectionneur Jullien: on sent le bibliophile tout aise de posséder un
+article «fort cher et fort recherché», quitte à gémir sur le «triste
+motif» de cette cherté.
+
+Quant à la seconde note, rédigée sans doute par un fonctionnaire de la
+Bibliothèque, elle est digne d'un de nos magistrats, sévères gardiens de
+la morale publique. «_On aurait pu en trouver davantage!_» Voyons donc
+ce qu'il y avait de si effrayant dans ces cent soixante numéros retirés
+par ordre:
+
+Pour ne rien dissimuler, oui, il y avait deux classiques du genre
+proscrit: l'_Arétin Français_ et la _Justine_ en quatre volumes; mais la
+grande majorité des autres numéros, c'était des livres comme ceux-ci:
+
+ _Le Système de la Nature_, par d'Holbach;
+ _La Callipédie_ de Claude Quillet;
+ _Le Balai_; _la Chandelle d'Arras_;
+ _Les quatre heures de la Toilette des Dames_;
+ _La Nuit et le Moment_, par Crébillon fils;
+ _Opus macaronicum Merlini Coccaii_;
+ _Les Bigarrures et Touches_ de Tabourot des Accords;
+ _OEuvres de Tabarin_;
+ _Le Moyen de parvenir_;
+ _Aventures de Roquelaure_;
+ _L'Art de désopiler la rate_;
+ _Mémoires pour servir à la fête des Fous_, par Du Tilliot;
+ _Novelle dell' abbate Casti_;
+ _Traité des Eunuques_, par Ancillon;
+ _Collection d'ana_: _Scaligerana_, _Chevroeana_, etc.
+
+Voilà les monstruosités qu'il était défendu à un littérateur de
+posséder, sous le règne du bon roi Louis-Philippe.
+
+ * * * * *
+
+Revenons, en terminant, au Manuscrit qui fait l'objet de cette
+publication.
+
+Noël y avait fondu ses notes et additions, voulant ne donner qu'un seul
+texte; mais les idées comme le style du prêtre défroqué de 1791
+n'étaient pas sans disparate avec la manière de penser et d'écrire du
+vieux Blondeau: aussi, ai-je préféré distinguer les deux auteurs, en
+rejetant au bas des pages ce qui appartient à Noël. Quant au mérite et à
+l'utilité de ce Dictionnaire spécial, je laisse à plus compétent que moi
+le soin de l'apprécier: je ne puis donc que renvoyer le lecteur à
+l'_Essai sur la langue érotique_, travail original et approfondi, qu'on
+trouvera ci-après et qui n'est pas la moindre curiosité de ce volume.
+
+ISIDORE LISEUX.
+
+Paris, 30 Avril 1885.
+
+[Dans la version électronique, les entrées de François Noël sont
+indiquées par la mention «(N)».]
+
+
+
+
+NOTE
+
+D'HYACINTHE-THÉODORE BARON
+
+Premier Médecin des Camps et des Armées du Roi,
+
+Ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Paris.
+
+
+Un homme de lettres de la fin du dernier siècle[5], composant un petit
+Dictionnaire[6], qui a eu la plus grande vogue, avait mis à part les
+mots licencieux qui se trouvent dans les différents auteurs Latins. Son
+intention était d'en faire un petit Dictionnaire séparé, en y joignant
+l'interprétation Française, et des périphrases pour expliquer la
+signification des mots de la manière la moins déshonnête qu'il serait
+possible; il l'avait intitulé: _Dictionarium vocum obscenarum quae apud
+varios authores reperiuntur, ex universali meo decerptum_.
+
+ [5] Me Pierre-Nicolas Blondeau, avocat en Parlement, censeur des
+ livres et inspecteur de l'Imprimerie que M. le duc du Maine avait
+ établie à Trévoux, sous l'autorité de M. de Malezieux, chancelier de
+ la principauté de Dombes.
+
+ [6] Le Dictionnaire vulgairement appelé de _Boudot_, parce que ce
+ libraire avait acquis le manuscrit de Me Blondeau.
+
+Ce petit ouvrage manuscrit, de la propre main de l'auteur, a passé
+successivement dans le cabinet de plusieurs de ses parents[7], sans
+qu'il ait été jamais imprimé, et même sans qu'il en ait été tiré aucune
+copie. On a jugé à propos d'en changer le titre, en y substituant le
+suivant: _Dictionarium eroticum Latino-Gallicum, continens voces
+salaciores apud optimae notae scriptores reperiundas; cum earum
+interpretatione Gallica et honesta utcunque periphrasi_.
+
+ [7] Me P.-N. Blondeau demeurait à Paris chez M. Philippe Baron,
+ apothicaire ordinaire du Roi, mon aïeul, dont il était cousin issu
+ de germain par Marguerite Blondeau, mère de M. Baron; c'est de cette
+ manière que le présent Manuscrit m'est parvenu par succession.
+
+
+
+
+ESSAI
+
+Sur la Langue Érotique
+
+PAR LE TRADUCTEUR
+
+du _Manuel d'Érotologie_ de Forberg
+
+
+Si l'on examine d'un peu près la langue érotique, les termes et
+locutions dont elle se compose, tant chez les Anciens que chez les
+Modernes, on s'aperçoit que les écrivains puisent les éléments de leur
+vocabulaire à trois sources principales.
+
+Il y a d'abord le mot cru, le terme propre, qui peut maintenant nous
+paraître assez malsonnant, mais qui certainement à l'origine ne devait
+pas être obscène. L'homme donna un nom à ses parties génitales, à celles
+de la femme, à l'acte amoureux, aux sécrétions qui en résultent, comme à
+toutes les autres parties du corps, à toutes les autres actions et
+sécrétions, sans choquer en rien la pudeur. Les Grecs et les Romains
+employaient le mot cru, non seulement entre hommes et dans la
+conversation familière, mais publiquement, dans les poèmes, dans les
+livres, sur la scène. Aristophane disait le mot et exhibait la chose en
+plein théâtre. Horace dit ingénument: _dum futuo_; il parle sans
+périphrase des humides résultats d'un songe provoqué chez lui par
+l'attente d'une servante d'auberge, dans son voyage à Brindes[8]; ses
+invectives à Canidie sont intraduisibles en langage décent. Martial a
+encore moins de sans-gêne qu'Horace: il se plaît à étaler en ce genre
+des énormités et appelle cela parler Latin, user de la simplicité
+Romaine[9].
+
+ [8] _Sat._, I, 5, v. 85.
+
+ [9] _Qui scis Romana simplicitate loqui_ (XI, 21.)
+
+Un second élément est puisé dans la langue médicale. Le médecin ne peut
+se contenter du mot populaire assigné à tel ou tel organe; le sérieux de
+son art ne s'accommoderait pas d'un terme banal ou plaisant et qui fait
+rire; de plus, l'anatomie lui a révélé la complexité de cet organe, qui
+est un pour le vulgaire, mais qui pour lui se compose d'un certain
+nombre de parties distinctes, jouant chacune leur rôle, et auxquelles il
+assigne un nom particulier. Il se servira donc, soit de termes vagues,
+par décence, comme _inguen_, _abdomen_, _uterus_, _pudenda_,
+_muliebria_, _habitare_, _inire_, _coire_, etc.; soit, s'il a besoin
+d'être précis, des termes techniques dont il enrichit la langue, et que
+l'écrivain ou tout le monde peut employer à son tour, s'ils n'ont pas un
+aspect scientifique par trop rébarbatif.
+
+Réduit à ces deux éléments premiers, le vocabulaire érotique serait
+encore bien restreint, et la nécessité d'un glossaire spécial se ferait
+à peine sentir. Mais ils n'ont, à vrai dire, que la moindre importance,
+et le troisième élément, l'élément métaphorique, est de beaucoup la
+source la plus abondante. Le peuple crée naturellement et
+continuellement des métaphores, en matière érotique comme en toute autre
+matière; les écrivains utilisent les locutions passées en usage, en
+forgent d'autres, à l'infini, suivant leur tournure d'esprit ou leur
+caprice, détournent le sens ordinaire des mots, parlent d'une chose pour
+en faire entendre une autre, se servent d'équivoques s'ils ont peur
+d'être trop bien compris, et créent ainsi, parallèlement à la langue
+générale, une langue particulière, figurée, d'autant plus savoureuse et
+d'autant plus riche qu'ils ont plus d'ingéniosité. Quelques-uns en ont
+tant, que les seuls initiés comprennent la moitié de ce qu'ils ont voulu
+dire et, pour l'autre moitié, en sont réduits aux conjectures. Sans les
+anciens scoliastes qui nous avertissent que tel passage d'Aristophane
+renferme une allusion obscène, on poursuivrait sans la voir; et les
+savants disputent encore sur le sens qu'il faut donner à tel vers de
+Perse, de Juvénal, d'Ausone, à telle phrase de Pétrone et d'Apulée.
+C'est ici qu'un bon lexique n'est pas de trop, et, malgré quelques
+essais estimables, il est encore à faire.
+
+ * * * * *
+
+Mais avant de pénétrer plus intimement dans l'étude de la langue
+érotique, pourquoi les écrivains, le peuple lui-même, ont-ils recours à
+tant de métaphores, périphrases, ambages et circonlocutions, dès qu'il
+est question des organes et des rapports sexuels? Si nous n'avons pas
+honte d'être hommes, pourquoi n'oser parler qu'à mots couverts de ce qui
+rend chez nous manifeste la virilité? La Nature a fait de l'union des
+sexes la condition de notre existence et de la perpétuité de la race;
+elle y a attaché, en vue de cette perpétuité, l'attrait le plus
+puissant, la volupté la plus intense: pourquoi nous en cacher comme d'un
+délit ou d'un crime? Pourquoi appeler honteuses ces parties sexuelles où
+la Nature a concentré toute son industrie, et rougir de montrer ce dont
+nous devrions être fiers? Même à ne considérer que l'acte brutal, il est
+encore dans le voeu de la Nature, puisqu'elle nous en fait un besoin, et
+la satisfaction d'un besoin ne peut avoir en elle-même rien de honteux.
+Des moralistes ont vu, dans cette singulière pudeur, une hypocrisie
+injustifiable. Écoutez Montaigne: «Qu'a fait l'action génitale aux
+hommes, si naturelle, si nécessaire et si juste, pour n'en oser parler
+sans vergongne, et pour l'exclure des propos sérieux et réglés? Nous
+prononçons hardiment _tuer_, _desrober_, _trahir_, et _cela_, nous
+n'oserions qu'entre les dents. Est-ce à dire que moins nous en exhalons
+en paroles, d'autant nous avons loy d'en grossir la pensée? Car il est
+bon que les mots qui sont le moins en usage, moins escripts et mieux
+teus, soient les mieux sçeus et plus généralement cogneus.» Un autre
+grand écrivain, moraliste à sa manière, maître Pietro Aretino, va bien
+plus loin: «Quel mal y a-t-il à voir un homme grimper sur une femme? Les
+bêtes doivent-elles donc être plus libres que nous? Il me semble, à moi,
+que l'instrument à nous donné par la Nature pour sa propre conservation
+devrait se porter au col en guise de pendant, et à la toque en guise de
+médaillon, puisque c'est la veine d'où jaillissent les fleuves des
+générations, et l'ambroisie que boit le monde, aux jours solennels. Il
+vous a fait, vous qui êtes des premiers chirurgiens vivants[10]; il m'a
+créé, moi qui suis meilleur que le pain; il a produit les Bembo, les
+Molza, les Varchi, les Dolce, les Fra Sebastiano, les Sansovino, les
+Titien, les Michel-Ange et, après eux, les Papes, les Empereurs, les
+Rois; il a engendré les beaux enfants et les très belles dames, _cum
+Santo Santorum_: on devrait donc lui prescrire des jours fériés, lui
+consacrer des Vigiles et des Fêtes, et non le renfermer dans un morceau
+de drap ou de soie. Les mains seraient bien mieux cachées, elles qui
+jouent de l'argent, jurent à faux, prêtent à usure, vous font la figue,
+déchirent, empoignent, flanquent des coups de poing, blessent et tuent.
+Que vous semble de la bouche qui blasphème, crache à la figure, dévore,
+enivre et vomit? Bref, les Légistes se feraient honneur s'ils ajoutaient
+pour lui une glose à leur grimoire, et je crois qu'ils y viendront.»
+
+ [10] Ce passage est extrait d'une lettre adressée à l'un des plus
+ célèbres médecins de l'époque, messer Battista Zatti, de Brescia.
+
+Ce sont des jeux d'esprit, des paradoxes. Diderot, qui reproduit à peu
+près dans les mêmes termes la remarque de Montaigne, a du moins le
+mérite de la franchise: il écrit en toutes lettres le dérivé Français du
+Latin _futuo_[11]; mais Montaigne se sert pudiquement du mot «cela»,
+obéissant ainsi au préjugé qu'il blâme; et quant à maître Pietro
+Aretino, il s'est donné pour tâche, dans ses étonnants _Ragionamenti_,
+de traiter les sujets les plus lubriques sans employer une seule fois le
+mot propre: le Diable n'y a rien perdu. Ce préjugé est si fort, si
+anciennement enraciné, qu'on ne le détruira pas. On aura beau nous dire
+que le membre viril a beaucoup plus de noblesse que le nez, la bouche ou
+les mains, nous continuerons à ne pas l'exhiber; et quoique le
+rapprochement sexuel soit dans le voeu de la Nature, nous ferons
+toujours difficulté de nous y livrer en public. Les premiers couples
+humains se cachaient dans les bois pour l'opérer:
+
+ _Tunc Venus in sylvis jungebat corpora amantum_,
+
+dit Lucrèce, parlant de ces temps anciens où l'homme ne se nourrissait
+encore que de glands. Cet instinct appartient à l'animal même. Un
+naturaliste Anglais, le révérend Philips, attribue la disparition
+presque complète aujourd'hui des éléphants, si communs autrefois qu'on
+les recrutait par milliers pour les armées, à la pullulation des singes
+qui viennent, au moment solennel, les troubler dans leurs solitudes; ils
+cherchent en vain un fourré assez impénétrable pour se livrer aux
+douceurs de l'hymen hors de la présence de ces importunes bêtes, et,
+faute de le trouver, se résignent au célibat. En captivité, ils refusent
+de s'accoupler, ainsi du reste que la plupart des animaux non
+domestiques, ou ne s'y décident que si on les y amène par supercherie, à
+force de ruse et de patience, ne voulant pas qu'un si profond mystère
+ait des témoins profanes: à moins qu'on les croie convertis aux idées de
+Malthus, et bien résolus à ne pas procréer de pauvres petits destinés à
+devenir des malheureux.
+
+ [11] «F..tez comme des ânes débâtés, mais permettez-moi de dire
+ f..tre.»
+
+L'homme, d'ailleurs, ne tient pas tant que cela à ressembler aux bêtes.
+C'est bien assez qu'on lui dise à présent qu'il descend directement du
+gorille, ou qu'il est son proche parent au moyen d'un ancêtre commun.
+Précisément peut-être parce qu'il a une obscure conscience de cette
+infime origine, il s'efforce d'étouffer ou d'atténuer chez lui le
+gorille. Ses besoins naturels le rapprochent le plus de l'animal: il se
+cachera donc pour les satisfaire, et il sera logique en cela, quoi qu'on
+dise. Il ne se cache pas pour boire et pour manger, étant parvenu à s'en
+acquitter proprement, avec décence, de façon à ne pas trop montrer
+l'animal qui prend sa pâture; mais il va déposer à l'écart le résultat
+de sa digestion. Voilà pourtant un besoin naturel, dont la satisfaction
+est légitime; pourquoi le considérer comme immonde?
+
+Ce n'est pas la pruderie ou l'hypocrisie moderne qui a imaginé d'appeler
+honteuses les parties sexuelles. Les Latins les appelaient _pudenda_,
+les Grecs [Grec: aidoia], mot qui a le même sens. «Faire des choses
+malhonnêtes» semble appartenir exclusivement à la langue de M.
+Prudhomme: c'est une locution Grecque, [Grec: arrhêta] ou [Grec: aischra
+poiein]. Les termes vagues, les périphrases: être, aller, dormir avec
+une femme, cohabiter, avoir commerce, remplir le devoir, etc., sont
+toutes des locutions Latines: _esse_, _dormire cum muliere_, _coire_,
+_cognoscere mulierem_, _habitare_, _habere rem_, _officium fungi_, et
+elles ont leurs similaires en Grec; connaître, dormir, dans le sens
+érotique, remontent à une civilisation encore plus ancienne, puisqu'on
+les trouve dans la Bible: Adam _connut_ Ève, sa femme, et Ruth _dormit_
+avec Booz. Les Latins, qui reculaient si peu devant la crudité des mots,
+avaient en même temps des termes atténués d'une bien plus grande
+délicatesse que nous-mêmes.
+
+ * * * * *
+
+Les métaphores, si nombreuses, dans tous les idiomes, qu'elles
+constituent à elles seules la principale richesse de la langue érotique,
+ont dû être, à l'origine, imaginées dans le même but; mais il faut
+convenir que ce but n'a pas toujours été atteint, ou qu'il a été bien
+vite perdu de vue. De ces figures, les unes, aussi transparentes que
+possible, ne sont que gracieuses ou plaisantes; d'autres, d'un sens plus
+caché, forcent l'esprit à s'appesantir sur elles pour les comprendre;
+d'autres enfin sont plus ordurières que ne pourrait l'être le mot
+propre. Lorsque Martial, par exemple, dit _cacare mentulam_, pour rendre
+la sensation du patient dans l'acte pédérastique, et Juvénal, _hesternae
+occurrere coenae_, pour faire honte du rôle d'agent, ils sont
+volontairement plus obscènes que s'ils disaient en propres termes
+_paedicari_ et _paedicare_. Bayle, accusé d'obscénité pour n'avoir pas
+adouci la crudité d'expression d'anciens textes qu'il était obligé de
+donner, s'est défendu en condamnant sans distinction toutes les
+périphrases et métaphores usitées dans le langage érotique, en
+affirmant, avec le P. Bouhours, qu'elles sont plus dangereuses que des
+ordures grossières.
+
+«Ces manières délicates que l'on se plaint que je n'ai pas employées,»
+dit-il[12], «n'empêchent pas que l'objet ne s'aille peindre dans
+l'imagination, et elles sont causes qu'il s'y peint sans exciter les
+mouvements de la honte et du dépit. Ceux qui se servent de ces
+enveloppes ne prétendent point qu'ils seroient inintelligibles, ils
+savent bien que tout le monde entendra de quoi il s'agit, et il est fort
+vrai que l'on entend parfaitement ce qu'ils veulent dire. La délicatesse
+de leurs traits produit seulement ceci, que l'on s'approche de leurs
+peintures avec d'autant plus de hardiesse que l'on ne craint pas de
+rencontrer des nudités. La bienséance ne souffriroit pas que l'on y
+jetât les yeux, si c'étoient des saletés toutes nues; mais quand elles
+sont habillées d'une étoffe transparente, on ne se fait point un
+scrupule de les parcourir de l'oeil depuis les pieds jusques à la tête,
+toute honte mise à part, et sans se fâcher contre le peintre: et ainsi
+l'objet s'insinue dans l'imagination plus aisément, et verse jusques au
+coeur, et au-delà, ses malignes influences, avec plus de liberté que si
+l'âme étoit saisie de honte et de colère. Joignez à cela que quand on ne
+marque qu'à demi une obscénité, mais de telle sorte que le supplément
+n'est pas malaisé à faire, ceux à qui on parle achèvent eux-mêmes le
+portrait qui salit l'imagination. Ils ont donc plus de part à la
+production de cette image, que si l'on se fût expliqué plus rondement.
+Ils n'auroient été en ce dernier cas qu'un sujet passif, et par
+conséquent la réception de l'image obscène eût été très innocente; mais
+dans l'autre cas ils en sont l'un des principes actifs: ils ne sont donc
+pas si innocents, et ils ont bien plus à craindre les suites
+contagieuses de cet objet qui est en partie leur ouvrage. Ainsi ces
+prétendus ménagements de la pudeur sont en effet un piège dangereux. Ils
+engagent à méditer sur une matière sale, afin de trouver le supplément
+de ce qui n'a pas été exprimé par des paroles précises.
+
+ [12] _Éclaircissement sur les obscénités_ (Appendice au _Dictionnaire
+ critique_).
+
+»Ceci est encore plus fort contre les chercheurs de détours. S'ils
+s'étoient servis du premier mot que les dictionnaires leur présentoient,
+ils n'eussent fait que passer sur une matière sale, ils eussent gagné
+promptement pays; mais les enveloppes qu'ils ont cherchées avec beaucoup
+d'art, et les périodes qu'ils ont corrigées et abrégées, jusques à ce
+qu'ils fussent contents de la finesse de leur pinceau, les ont retenus
+des heures entières sur l'obscénité. Ils l'ont tournée de toutes sortes
+de sens, ils ont serpenté autour, comme s'ils eussent eu quelque regret
+de s'éloigner d'un lieu aimable. N'est-ce pas là _ad Sirenum scopulos
+consenescere_, jeter l'ancre à la portée du chant des Sirènes? Si
+quelque chose a pu rendre très pernicieux les _Contes_ de La Fontaine,
+c'est qu'à l'égard des expressions ils ne contiennent presque rien qui
+soit grossier. Il y a des gens d'esprit qui aiment fort la débauche. Ils
+vous jureront que les satires de Juvénal sont cent fois plus propres à
+dégoûter de l'impureté que les discours les plus modestes et les plus
+chastes que l'on puisse faire contre ce vice. Ils vous jureront que
+Pétrone est incomparablement moins dangereux dans ses ordures
+grossières, que dans les délicatesses dont le comte de Rabutin les a
+revêtues, et qu'après avoir lu les _Amours des Gaules_, on trouve la
+galanterie incomparablement plus aimable qu'après avoir lu Pétrone.»
+
+Bayle semble bien avoir cause gagnée, avec de si bons arguments, et
+cependant le procès est toujours en litige; malgré les immunités
+réclamées en faveur du franc parler, du mot Latin ou Gaulois, par de si
+bonnes raisons, les juges, comme le gros du public, inclineront toujours
+à donner tort à ceux qui s'en servent, et à excuser ceux qui disent les
+mêmes choses, ou de pires, en termes enveloppés et décents. Il est
+curieux d'entendre un de nos contemporains soutenir la même thèse à sa
+façon, avec beaucoup moins de solennité académique, mais sans plus de
+succès: «La gauloiserie, les choses désignées par leur nom, la bonne
+franquette d'un style en manches de chemise, la gueulée populacière des
+termes propres, n'ont jamais dépravé personne. Cela n'offre pas plus de
+dangers que le nu de la peinture et de la statuaire, lequel ne paraît
+sale qu'aux chercheurs de saletés. Ce qui trouble l'imagination, ce qui
+éveille les curiosités malsaines, ce qui peut corrompre, ce n'est pas le
+marbre, c'est la feuille de vigne qu'on lui met, cette feuille de vigne
+qui raccroche les regards, cette feuille de vigne qui rend honteux et
+obscène ce que la Nature a fait sacré. Mon livre n'a point de feuille de
+vigne, et je m'en flatte. Tel quel, avec ses violences, ses impudeurs,
+son cynisme, il me paraît autrement moral que certains ouvrages
+approuvés cependant par le bon goût, patronnés même par la vertu
+bourgeoise, mais où le libertinage passe sa tête de serpent tentateur
+entre les périodes fleuries, où l'odeur mondaine du _Lubin_ se marie à
+des relents de marée, où la poudre de riz qu'on vous jette aux yeux a le
+montant pimenté du diablotin: romans d'une corruption raffinée, d'une
+pourriture élégante, qui cachent des moxas vésicants sous leur style
+tempéré, aux fadeurs de cataplasmes. C'est cette _belle et honneste
+dame_, fardée, maquillée, avec un livre de messe à la main, et dans ce
+livre des photographies obscènes, baissant les yeux pour les mieux faire
+en coulisse, serrant pudiquement les jambes pour jouer plus allègrement
+de la croupe, et portant au coin de la lèvre, en guise de mouche, une
+mouche cantharide. Mais, morbleu! ce n'est pas la mienne, cette
+littérature. La mienne est une brave et gaillarde fille, qui parle gras,
+je l'avoue, et qui gueule même, échevelée, un peu vive, haute en
+couleur, dépoitraillée au grand air, salissant ses cottes hardies et ses
+pieds délurés dans la glu noire de la boue des faubourgs ou dans l'or
+chaud des fumiers paysans, avec des jurons souvent, des hoquets parfois,
+des refrains d'argot, des gaîtés de femme du peuple, et tout cela pour
+le plaisir de chanter, de rire, de vivre, sans arrière-pensée de luxure,
+non comme une mijaurée libidineuse qui laisse voir un bout de peau afin
+d'attiser les désirs d'un vieillard ou d'un galopin, mais bien comme une
+belle et robuste créature qui n'a pas peur de montrer au soleil ses
+tetons gonflés de sève et son ventre auguste où resplendit déjà
+l'orgueil des maternités futures. Par la nudité chaste, par la gloire de
+la Nature! si cela est immoral, eh bien! alors, vive l'immoralité![13]»
+Un journaliste, M. Henry Fouquier, a cité à l'appui de ces conclusions
+une anecdote qui serait bien piquante, si elle était vraie: «Un homme
+d'esprit du commencement de ce siècle, membre de l'Institut, s'amusa à
+écrire un livre érotique, un bijou d'ailleurs, intitulé: _Point de
+lendemain_, et en fit deux versions. L'une à la façon des érotiques
+brutaux, tels que Nerciat ou Restif; l'autre où l'on ne trouvait pas un
+mot qui ne se pût dire devant des jeunes filles. Il fit lire ces deux
+versions à une femme, lui demandant celle qu'elle préférait. La dame,
+ingénument, avoua que l'ardeur amoureuse, éveillée en elle par la
+version chaste en ses expressions, n'avait pu être calmée que par la
+lecture ordurière.» L'historiette est jolie; mais il n'est pas sûr que
+cette parodie obscène de _Point de lendemain_, la _Nuit merveilleuse_,
+soit aussi de Vivant Denon.
+
+ [13] Jean Richepin, _La Chanson des Gueux_.
+
+Quoi qu'il en soit, que la métaphore et la périphrase laissent plus à
+entendre, bien souvent, que le mot propre, que la feuille de vigne
+aggrave ou non la nudité, ces jeux de style, ces détours et ces
+enveloppements ont pour eux une haute autorité, la Bible. Tout le monde
+connaît le fameux Proverbe de Salomon: «Telle est la voie de la femme
+adultère; elle mange et, s'essuyant la bouche, dit: Je n'ai pas fait de
+mal.» _Talis est via mulieris adulterae, quae comedit, et tergens os
+suum, dicit: Non operavi malum._ Le _Cantique des Cantiques_, cet
+épithalame Juif d'une poésie sensuelle si épanouie et si parfumée, est
+plein de ces figures: _Posuerunt me custodem in vineis, _et vineam[14]
+meam_ non custodi_.--__Hortus_ conclusus, soror mea sponsa, _hortus_
+conclusus, _fons_ signatus.--Dilectus meus misit manum suam per
+_foramen_, et venter meus intremuit ad tactum ejus... _Pessulum ostii_
+mei aperui dilecto meo, at ille _declinaverat_... Mane surgamus ad
+_vineas_, videamus si floruit _vinea_, si _flores_ fructus parturiunt,
+si floruerunt mala Punica: ibi dabo tibi mea ubera... _Vinea_ mea coram
+me est_, etc. Sans compter bien d'autres endroits de la Bible où des
+yeux perçants entrevoient des allégories plus cachées. Beverland, _De
+peccato originali_, prétend que l'arbre du bien et du mal n'est pas
+autre chose que le membre viril d'Adam: il se fonde sur ce qu'en Latin,
+_arbor_, _truncus_, _ramus_, sont très souvent synonymes de _mentula_.
+Il se demande également s'il ne faut pas voir un symbole du même genre
+dans le serpent tentateur: _«Verum _Serpentem_ interpretatur sensibilem
+carnis affectum, immo ipsum carnalis concupiscentiae genitale viri
+membrum.»_ D'après Petrus Comestor, on croit, sans tenir compte du
+langage figuré, que les Philistins, s'étant emparés de Samson, lui
+firent tourner la meule (_molere_); mais il s'agit de toute autre chose:
+le voyant si fort, ils l'obligèrent de coucher avec leurs femmes pour
+avoir des enfants vigoureux. _«Hebraei tradunt,»_ dit-il, _«quod
+Philistaei fecerunt eum dormire cum mulieribus robustis, ut ex eo prolem
+robustam susciperent; nam _molere_ etiam est _subagitare_ vel _coire_.»_
+Ces rabbins ont peut-être raison.
+
+ [14] Vigne, dans le sens de _pudendum muliebre_, n'est pas très
+ commun. La Fontaine qui, lisant Baruch, n'a pas dû négliger le
+ _Cantique des Cantiques_, en a fait son profit:
+
+ Et dans la vigne du seigneur
+ Travaillant ainsi qu'on peut croire...
+
+Les métaphores les plus naturelles sont celles qui ont leurs termes
+empruntés au labourage: les parties de la femme assimilées au champ, au
+sillon qui va recevoir la semence: _campus_, _arvum muliebre_, _sulcus_;
+celles de l'homme au soc de la charrue:
+
+ _Atque in eo est Venus ut _muliebria_ censorat _arva_._
+
+ (Lucrèce, IV, 1095).
+
+ _Ejicit enim _sulcum_ recta regione viaque
+ _Vomeris_._
+
+ (Id., IV, 1260.)
+
+ _Arentque _sulcos_ in _arvo Venerio_._
+
+ (Apulée, [Grec: Anechom.], 14.)
+
+ _Cur sit ager sterilis, cur uxor lactitet edam:
+ Quo fodiatur ager non habet, uxor habet._
+
+ (Martial, XVII, 101.)
+
+Ambroise Paré parle de même du «_cultiveur_ qui _entre dans le champ de
+Nature humaine_,» et le vieux naïf médecin Jacques Duval (_Traité des
+Hermaphrodits_, chap. VI), «de la première _culture_ qui se fait dans le
+_champ naturel_» des filles. Brantôme a dit plus plaisamment: «Le cas
+d'une femme est une _terre de marais_; on y enfonce jusqu'au ventre.»
+Rabelais appelle le membre viril «le manche que l'on nomme le laboureur
+de Nature,» et Maynard le dépeint:
+
+ Roide, entrant tout ainsi que la pointe d'un _soc_
+ Qui se plonge et se cache en toute _terre grasse_.
+
+ (_Cabinet satyrique_.)
+
+ Si pour cueillir tu veux donques semer,
+ Trouve autre champ et du mien te retire.
+
+ (Clément Marot.)
+
+D'autres locutions Latines appartenant au même ordre d'idées: _Hortus
+muliebris_, _hortus Cupidinis_ ou _Hesperidum_, _irrigare hortum_, etc.,
+ainsi que les noms de divers instruments et opérations de jardinage:
+_ligo_, _raster_, _palus_, _falx_, bêche, hoyau, serpe, façonner, enter,
+écussonner, abattre du bois, mettre la cognée dans la forêt, sont
+également du style badin. Brantôme dit d'une femme mariée, qu'elle
+s'était réservé «l'usage de sa forêt de mort-bois, ou de bois mort;»
+Tallemant des Réaux appelle «grand abatteur de bois» un coureur de
+femmes. Cueillir des fleurs, des fruits, des roses, dans le jardin de
+Vénus, appartient à un jargon tout à fait suranné maintenant, mais nos
+vieux poètes et conteurs aimaient assez _jardinet_ et _jardinier_:
+
+ Ces larges reins, ce sadinet
+ Assis sur grosses, fermes cuisses,
+ Dedans un joly _jardinet_.
+
+ (Villon, _Les regrets de la belle heaumière_.)
+
+«Le _jardinier_, voyant et trouvant le cabinet aussi avantageusement
+ouvert, y logea petit à petit son _ferrement_» (Noël Du Fail). On trouve
+aussi chez eux: _bêcher_, _biner_, _béquiller_, _planter son piquet_,
+_planter le baliveau_, etc. _Orto_, _orticello_, dans ce sens, sont très
+fréquents chez les érotiques Italiens; ils disent: _sarchiar l'orto_
+(sarcler le jardin), _ficar un porro nell'orto_ (planter un poireau dans
+le jardin), _mettere il roncone nella siepe_ (mettre la serpette dans la
+haie), _il piantone nel fosso_ (le plantoir dans la rigole), _la
+pastinaccia_, _la carota_, _la radice_ (le panais, la carotte, le
+radis), _lavorare il terreno_ (façonner le terrain), etc.
+
+Assimiler les rapports sexuels à une bataille, un duel, un combat, et
+tirer les termes de comparaison de toutes les armes offensives et
+défensives connues, doit être aussi très naturel, car ces sortes de
+métaphores se rencontrent mot pour mot dans toutes les langues. Nous
+trouvons en Latin: _Militare, depugnare in campe Venereo_; _committere
+praelium, duellum_; _ponere castra_; _peragere tacito Marte_; _immergere
+ensem, pugionem, mucronem_; _excipere pilum in parma sua_; _pilum
+vibrare, torquere_; _arcum tendere_. Toutes les armes des Anciens y ont
+passé, et non seulement la pique, le javelot, la flèche, l'épée, le
+glaive, le poignard, mais jusqu'à la grosse artillerie: la baliste, le
+bélier, la catapulte. Chez les Modernes, bien qu'on ne se serve plus de
+pique depuis longtemps, le mot est resté, avec cette acception, dans un
+certain nombre de locutions familières: _manier la pique_, _être passée
+par les piques_ (ce que les Italiens appellent _recevoir un trente et
+un_). _Braquemart_, depuis Rabelais: «De tant de _braquemarts_ enroidis
+qui habitent par les brayettes claustrales,» a pris un sens érotique si
+décidé, que beaucoup de gens n'oseraient l'employer dans son sens propre
+d'épée courte et large, le _gladius_ des Romains, l'ancien briquet de
+nos soldats. Il en est de même d'_allumelle_ (de _lamella_, petite
+lame). _Poignard_ n'est plus usité; Regnier, La Fontaine, Grécourt s'en
+sont servis:
+
+ Mais Robin, las de la servir,
+ Craignant une nouvelle plainte,
+ Lui dit: «Hâte-toi de mourir,
+ Car mon _poignard_ n'a plus de pointe.»
+
+ (Mathurin Regnier.)
+
+ Lève sa cotte, et puis lui donne
+ D'un _poignard_ à travers le corps.
+
+ (La Fontaine.)
+
+ Heureuse la nymphe légère
+ Qui, trompant sa jalouse mère,
+ Peut saisir un _poignard_ si doux!
+
+ (Grécourt.)
+
+Chez Brantôme et nos anciens conteurs, l'amour est toute une stratégie:
+engager l'escarmouche, battre la chamade, être fort à l'escrime, mettre
+l'épée à la main, reconnaître la forteresse, faire les approches,
+dresser les machines, pointer les pièces, envoyer des volées de canon,
+cheminer à la sape, allumer la mèche, bouter le feu à la mine, franchir
+la contrescarpe, combler le fossé, livrer l'assaut, planter l'étendard
+dans la brèche, se loger dans la place. A ces métaphores militaires il
+convient d'ajouter celles que les Grecs et les Romains tiraient des
+jeux, des luttes d'athlètes, des courses du cirque: _in agonem, in
+palaestram descendere_; _conficere stadium_; _properare ad metas_; nos
+conteurs, qui se souciaient peu de la palestre, leur ont substitué des
+comparaisons empruntées aux joutes et aux tournois: courir la bague,
+rompre une lance, mettre la lance en arrêt, envoyer la flèche dans le
+but, mettre dans la quintaine; ou bien des termes de vénerie: le faucon
+désencapuchonné, l'épervier au poing, etc.
+
+Le savant Gasp. Barthius n'a pas dédaigné de colliger, dans ses
+_Animadversiones in Claudianum_, les métaphores tirées par les Anciens
+des exercices équestres, et détournées par eux dans le sens érotique.
+Nous regrettons de ne pas avoir sous la main son travail, pour en
+enrichir le nôtre, et surtout pour nous ôter d'un doute. Nous
+rencontrons bien, dans Nicolas Chorier, bon nombre de locutions telles
+que: _subigere veredum_, _conscendere_, _insilire in equum_, _ex equo
+desilire_, _equitare_, _admovere calcar_, etc., où le rôle de cavalier
+est dévolu à l'homme, et celui de monture à la femme; mais nous
+craignons fort que l'excellent auteur de l'_Aloisia_ n'ait attribué aux
+Latins, sans y trop songer, une idée toute Française et moderne.
+Pétrone, faisant passer Embasicaetas de la croupe d'Encolpe à celle
+d'Ascylte, dit, il est vrai: _Equum cinaedus mutavit_, «le cinède
+changea de cheval;» mais c'est une exception, ils sont là d'ailleurs
+entre hommes; dans tous les exemples Latins et Grecs que nous suggère
+notre mémoire, c'est toujours la femme qui est le cavalier. La figure
+est ainsi plus régulière, car, pour être à cheval, il faut tenir sa
+monture entre les jambes, ce qui est le fait de la femme, et non de
+l'homme. Ovide recommande à celles qui ont des plis au ventre de monter
+à cheval à rebours comme le Parthe, c'est-à-dire en tournant le dos:
+
+ _Tu quoque, cui rugis uterum Lucina notavit,
+ Ut celer aversis utere Parthus equis._
+
+ (_Ars amatoria_, III, 785-6.)
+
+Horace dit de même:
+
+ _Clunibus aut agitavit equum lasciva supinum._
+
+ (_Sat._, II, VII, 50.)
+
+Martial:
+
+ _Masturbabantur Phrygii post ostia servi,
+ Hectoreo quoties sederat uxor equo._
+
+ (XI, 105.)
+
+Juvénal fait se chevaucher les femmes entre elles:
+
+ _Inque vices equitant..._
+
+ (_Sat._ VI, 311.)
+
+Aristophane nous montre, au moins en deux endroits, que les choses se
+passaient de même chez les Grecs:
+
+ [Grec: Kame g' hê pornê chthes eiselthonta tês mesêmbrias,
+ hoti kelêtisai 'keleuon, oxythymêtheisa moi
+ êret' ei tên Hippiou kathistamai tyrannida.]
+
+ (_Les Guêpes_, 500-2.)
+
+ Comme j'entre chez une putain, sur le midi,
+ Et que j'exige qu'elle me chevauche, elle me demande furieuse
+ Si je veux rétablir la tyrannie d'Hippias.
+
+ [Grec: Kai malist' osphrainomai tês Hippiou tyrannidos],
+
+ Je flaire là-dessous la tyrannie d'Hippias,
+
+dit encore le choeur des vieillards dans _Lysistrata_, v. 618, lorsque
+les femmes voulant s'emparer du gouvernement, il craint qu'elles ne
+fassent la loi aux hommes et ne les chevauchent. Dans diverses pièces de
+l'_Anthologie_, des courtisanes suspendent en _ex-voto_, devant l'autel
+d'Aphrodite, des mors, des fouets, des éperons, pour la remercier de les
+avoir fait allègrement caracoler sur leurs coursiers d'Étolie, _id est_
+sur de beaux et fringants jeunes hommes.
+
+Tout au contraire, chez les auteurs modernes, quand ils parlent de
+chevaucher, cavalcader et caracoler, c'est de l'homme qu'il s'agit, et
+la monture est la femme:
+
+ Carmes chevaulchent nos voisines
+ Mais cela ne m'est que du meins.
+
+ (Villon, _Petit Testament_.)
+
+ Un médecin, toi sachant,
+ Va ta femme chevauchant.
+
+ (Tabourot, sr des Accords.)
+
+«Ny plus ny moins que le manège d'un grand et beau coursier du règne est
+bien cent fois plus agréable et plus plaisant que d'un petit bidet, et
+donne bien plus de plaisir à son escuyer; mais aussi il faut bien que
+cet escuyer soit bon et se tienne bien et montre bien plus de force et
+d'adresse: de même se faut-il porter à l'endroit des grandes et hautes
+femmes, car de cette taille elles sont sujettes d'aller d'un air plus
+haut que les autres, et bien souvent font perdre l'estrier, voire
+l'arçon, si l'on n'a bonne tenue, comme j'ay ouy conter à aucuns
+cavalcadours qui les ont montées.» (Brantôme, _Dames galantes_, Disc.
+I). Il dit encore d'une grande dame que c'était le cheval de Séjan,
+«d'autant que tous ceux qui montoient sur elle mouroient, et ne vivoient
+guères» (_ibid._), et il emploie souvent les termes fort irrévérencieux
+de jument et de haquenée, pour dire une femme.
+
+ La femme et le cheval doivent être semblables...
+ Tous deux se doivent rendre à l'homme obéissants,
+ Façonnés à l'espron et fiers en ornements,
+ Avoir le montoir doux, la descente bénigne.
+
+ (_Cabinet satyrique_.)
+
+Par une singulière image, nos vieux poètes et conteurs ont aussi donné
+le nom de bidet, de courtaut, de roussin, au membre viril, sans pour
+cela qu'il soit question du rôle joué par l'homme dans les citations
+ci-dessus d'Horace, d'Ovide, de Martial et d'Aristophane. P. Aretino dit
+en ce sens: _Far stallare i cavalli_ (faire pisser les chevaux), _dar le
+mosse a i cavalli_ (donner l'élan aux chevaux). L'Arioste s'est
+plaisamment servi de cette figure dans la rencontre d'Angélique avec
+l'Ermite:
+
+ La voici étendue sur le dos dans le sable,
+ Livrée aux fantaisies du rapace vieillard.
+
+ Il l'étreint et à son gré la caresse;
+ Elle dort et ne peut faire résistance.
+ Il lui baise tantôt le beau sein, tantôt la bouche,
+ Personne qui le voie en ce désert sauvage;
+ Mais à l'encontre son destrier trébuche,
+ Au désir ne répond pas le corps débile:
+ La bête est mal en point, étant trop chargée d'ans,
+ Et n'en vaudra pas mieux, tant plus il la fatigue.
+
+ Il a beau essayer toutes voies et moyens,
+ Le paresseux roussin n'en saute pas davantage;
+ En vain il lui secoue la bride et le tourmente,
+ Il ne lui peut faire tenir la tête haute.
+
+ (_Roland furieux_, VIII, st. XLVIII à L.)[15]
+
+ [15] Arioste, Chants I à XV, trad d'Alcide Bonneau (Paris, Liseux,
+ 1881, 3 vol. pet. in-18).
+
+Est-ce Catulle qui a le premier imaginé la gentille allégorie de
+l'oiseau et de la cage? En tous cas, il l'a fait si spirituellement, en
+termes si enveloppés, que beaucoup d'érudits ont soutenu que le moineau
+de Lesbie était un moineau véritable, et dit des injures à ceux qui
+s'obstinaient à croire le contraire. M. Armand Barthet a écrit, sur la
+délicieuse pièce de Catulle, une petite comédie dont Rachel interprétait
+le principal rôle et où l'on voyait un vrai moineau dans une cage de fil
+de fer, sans allégorie aucune. Le sens dans lequel les Latins
+entendaient le «_passer deliciae meae puellae_», n'est pourtant pas
+douteux, si Martial ne nous déçoit:
+
+ _Issa est passere nequitior Catulli..._
+
+ Issa est plus lascive que le moineau de Catulle,
+
+nous dit-il (III, 110); et encore, s'adressant à Dyndimus, son Giton:
+
+ _Da nunc basia, sed Catulliana;
+ Quae si tot fuerint quot ille dixit,
+ Donabo tibi passerem Catulli._
+
+ (XI, 7.)
+
+ Donne-moi des baisers, mais Catulliens;
+ Et si tu m'en donnes autant qu'il le dit,
+ Je te ferai cadeau du moineau de Catulle.
+
+Ainsi compris, on voit quel serait le passereau qui faisait les délices
+de Lesbie, qu'elle agaçait du bout du doigt, qui se réfugiait dans son
+sein, qui ne pépiait que pour elle et qu'elle aimait plus que ses yeux,
+car il était couleur de miel, _nam mellitus erat_[16]. Depuis, Italiens
+et Français ont usé et abusé de l'oiseau et de la cage, mais les
+Italiens encore plus que les Français. Boccace leur a donné l'exemple en
+écrivant son joli conte du _Rossignol_; le _lusignuolo_ et la _gabbia_,
+l'_uccello_, le _passerotto_ et la _passerina_, reviennent
+continuellement dans l'Aretino; ceux qui connaissent Baffo savent seuls
+à combien de sauces l'_osello_ peut s'accommoder. Parmi les Français,
+sans oublier la chanson populaire:
+
+ Ah! le bel _oiseau_, maman,
+ Qu'Alain a mis dans ma _cage_!
+
+contentons-nous d'en citer deux ou trois:
+
+ Autant et plus que sa vie
+ Phyllis aime un passereau;
+ Ainsi la jeune Lesbie
+ Aima jadis son moineau.
+
+ Mais de celui de Catulle
+ Se laissant aussi charmer,
+ Dans sa _cage_, sans scrupule
+ Elle eut soin de l'enfermer.
+
+ (_Chaulieu._)
+
+ Elle le prit dans sa main blanche,
+ Et puis dans sa _cage_ le mit.
+
+ (_Regnard._)
+
+ Lisette avait dans un endroit
+ Une _cage_ secrète;
+ Lucas l'entr'ouvrit, et tout droit
+ D'abord l'_oiseau_ s'y jette.
+
+ (_Collé._)
+
+ [16] Politien, Lampridius, Turnèbe, Vossius ont entendu dans le sens
+ érotique l'élégie de Catulle; Scaliger et Sannazar traitent
+ d'orduriers ceux qui ont la vue si longue. Volpi propose un moyen
+ terme: selon lui, le _moineau de Lesbie_, à force de passer de
+ bouche en bouche, a pu donner lieu à des allusions et équivoques
+ libertines auxquelles l'auteur n'avait pas songé.
+
+On en a fait de toutes les sortes de ces métaphores, et chaque écrivain
+s'est piqué d'en inventer de nouvelles, de trouver les mots les plus
+drôles. Rabelais dit: le baston à un bout, le baston de mariage, le
+membre nerveux, caverneux, la vivificque cheville, maistre Jean Chouart,
+maistre Jean Jeudy, l'anneau de Hans Carvel, le comment a nom, le
+callibistris, la boursavit, sacquer, baudouiner, roussiner, jocqueter,
+culleter, beluter[17], grimbetiletolleter, jouer du serre-croupière,
+jouer des basses marches, sonner l'antiquaille, faire la bête à deux
+dos[18], saigner entre les deux gros orteils, etc. L'Aretino: Habiller
+ceux qui sont nus, embéguiner le poupard (de peur du froid), abreuver le
+chien à l'écuelle, faire compter les solives du plafond, mettre le
+fuseau dans la quenouille, le pilon dans le mortier, le cordon dans la
+bague. Brantôme affectionne la pénillière, la devantière, moudre au
+moulin, hausser le devant, rembourrer le bas, secouer le pellisson, et
+donne aux femmes les allures des haquenées: le pas, l'entre-pas, le
+trot, l'amble, le galop. Nos conteurs ont emprunté leurs métaphores à
+des ordres d'idées si divers qu'on ne saurait les classer par groupes;
+la plupart ont d'ailleurs vieilli à force d'être usitées. Notons
+cependant les figures religieuses: Temple, autel, sanctuaire,
+tabernacle, chapelle, cierge, bourdon de Saint Jacques, aspergés,
+goupillon, carillonner, chanter l'_Introït_, aller à l'offrande. Les
+Anciens avaient donné l'exemple; nous trouvons chez eux employés dans un
+sens érotique: _ara voluptatis_, _adyta Cupidinis_, _Isiaca_ et _pygiaca
+sacra_, _penetralia_, sans compter tous les attributs des divinités: la
+conque de Vénus, le sceptre de Priape, la verge de Mercure, le Rameau
+d'or, le thyrse de Bacchus, la massue d'Hercule.
+
+ [17] Bluter, équivalent presque exact du Latin _crissare_, vanner.
+
+ [18] Shakspeare lui a probablement emprunté cette plaisante métaphore:
+ _«Your daughter and the Moor are now making _the beast with two
+ backs_»_ (_Othello_); Coquillart s'en était déjà servi, et les
+ Latins disaient: faire la bête à quatre pattes, _quadrupedantem
+ agere_ (Plaute).
+
+Il y a bien de la forfanterie dans quelques-unes de ces ambitieuses
+appellations, et une tendance manifeste à donner des proportions
+colossales à ce qui souvent n'est que bien peu de chose, une paille, un
+fétu. La massue d'Hercule! nous avons déjà rencontré: baliste, bélier,
+catapulte; il y a encore: arbre, poutre, battant de cloche, mât, aviron,
+timon, gouvernail, colonne (fréquent dans les Priapées, ainsi que
+_malus_ et _arbor_), obélisque. Si c'était vrai à moitié, ou seulement
+au quart, Anciens et Modernes n'auraient pas eu besoin de chercher pour
+la partie adverse tant de termes désobligeants: _antrum muliebre_,
+_fossa_, _caverna_, _lacus_, _barathrum_, l'antre de la Sibylle,
+l'énorme solution de continuité, dit Rabelais[19], l'hiatus béant;
+d'autres n'auraient pas dit que s'y aventurer c'est jeter l'ancre dans
+une mer qui n'a ni fond ni rive, lancer le javelot à travers de vastes
+portiques (N. Chorier), pisser dans le jardin par une fenêtre grande
+ouverte. «Je l'ay ouy nommer sépulchre et monument au Père Anne de
+Joyeuse, en un sermon qu'il fit dans l'église de S. Germain de
+l'Auxerrois au temps de Carême de l'an 1607. Le sieur Le Veneur, vivant
+évesque d'Évreux, l'appelait vallée de Josaphat, où se fait le viril
+combat. Bocace au conte de la belle Alibec, l'appelle Enfer, symbolisant
+à ce nom avec les Pères et plus dévots Théologiens Sainct Thomas, Sainct
+Augustin et autres, qui l'ont nommé _portam Inferi_, _januam Diaboli_.»
+(J. Duval, _Hermaphr._, chap. VIII.)
+
+ [19] La Fontaine a trouvé moyen de mettre en vers cette hyperbole:
+
+ ... mais quand il vit l'énorme
+ Solution de continuité...
+
+ * * * * *
+
+Les Grecs et les Latins, pour parler des dépravations dont ils
+rougissaient ou faisaient semblant de rougir, avaient des termes et des
+locutions d'un sens plus caché que les simples métaphores. Pour
+_irrumare_ et _irrumari_, ils avaient: [Grec: binein stomati, karizein
+tê glôssê, molynai to stoma], _petere summa_ (gagner les hauteurs),
+_capitibus non parcere_ (ne pas faire grâce aux têtes), _comprimere
+linguam_ (comprimer la langue), _Harpocratem reddere_ (rendre un
+Harpocrate), _tacere_ (se taire), et pour _paedicare_ ou _paedicari_:
+_concidere_, _percidere_, _incurvare_, _conquiniscere_, demander le
+_collarium_ ou l'_officium puerile_; sans compter bien d'autres termes
+sur lesquels les commentateurs sont loin d'être d'accord: Chalcidiser,
+Phéniciser, _Corinthiari_, Phicidiser, _Coa_ et _Nola_ (Cicéron), les
+Clazomènes (Ausone), etc. Les Italiens, héritiers, s'il faut les en
+croire[20], des goûts de leurs vieux ancêtres, ont aussi beaucoup de ces
+sortes de locutions que les initiés savent comprendre: _Volger le
+spalle_ (tourner le dos), _appoggiar la testa al muro_ (appuyer la tête
+au mur), _scuotere il pesco_ (secouer le pêcher), _dar le mele_ (offrir
+les pommes). Celles dans lesquelles ils opposent le commerce naturel à
+l'acte contre nature sont curieuses: _il lesso e l'arrosto_ (le bouilli
+et le rôti), _il piovoso e l'asciutto_ (le mouillé et le sec), _la capra
+e il capretto_ (la chèvre et le chevreau), _le mele et il finocchio_
+(les pommes et le fenouil). Le _messale Culabriense_ et le _Culiseo_
+sont de bonnes inventions de maître Pierre Arétin. Bandello, tout évêque
+d'Agen qu'il était, s'est servi de quelques-unes de ces locutions; il
+dit: _andar in zoccoli per l'asciutto_ (aller en pantoufles par le
+chemin sec), opposé à _andar in nave per il piovoso_ (aller en bateau
+par où il pleut), et il nous fait à ce propos le bon conte d'un pécheur
+endurci qui, arrivé à sa confession dernière, refuse absolument d'avouer
+sa préférence pour l'_asciutto_. Le Moine, qui sait de quel pied a
+cloché toute sa vie le mauvais garnement, veut lui faire dire à haute
+voix qu'il a commis le péché contre nature, qu'il est infecté du vice
+abominable; l'autre se récrie et dit qu'on l'accuse à tort. Enfin, sur
+une objurgation plus directe, il avoue tout de suite, et comme le Moine
+le reprend de l'obstination qu'il mettait à s'en défendre:--«Oh! oh!
+révérend Père,» lui répond-il, «vous n'avez pas su m'interroger.
+M'amuser avec de jeunes garçons m'est plus naturel à moi qu'il n'est
+naturel à l'homme de boire et de manger, et vous me demandiez si je
+péchais contre la Nature! Allez, allez, messer, vous ne savez pas ce que
+c'est qu'un bon morceau[21].» Voilà comment périphrases et métaphores
+peuvent quelquefois n'être pas bien comprises.
+
+ [20] Baffo assure que s'il parle si souvent de _buggerar_, ce n'est
+ pas qu'il tienne à la chose, mais seulement pour ne pas faire tort à
+ son pays, enlever à ses compatriotes un avantage qui leur a valu
+ quelque réputation dans le monde.
+
+ [21] _Nouvelles de Bandello_, tome I; Paris, Liseux, 1879, pet. in-18.
+
+Bon nombre de ces expressions figurées, à double sens, se confondent
+avec l'équivoque, autre façon de se faire plus ou moins clairement
+entendre, et qui est d'un fréquent usage dans la langue érotique.
+Aristophane en a semé partout dans ses comédies, et elles sont souvent
+si fines qu'elles passeraient inaperçues. Lysistrata s'étonne de ce que
+les femmes de Salamine ne soient pas encore arrivées, et Calonice lui
+répond qu'elles ont pourtant dû se mettre en bateau dès le matin: on
+venait en barque de Salamine à Athènes. Mais «se mettre en bateau»
+([Grec: kelêtizein]) veut dire aussi ce qu'Horace appelle _peccare
+superne_ et _equum agitare supinum_. La «tyrannie d'Hippias», citée plus
+haut, est un jeu de mots du même genre. Il équivoque encore sur le
+_delta_, le _lambda_, et après lui Ausone s'est escrimé sur le _thêta_,
+le _psi_, le _phi_, le _rho_, l'_iota_ majuscule, le _tau_: il n'a
+oublié que l'_oméga_ souscrit. Cicéron faisait des équivoques érotiques
+en plein prétoire, disant, par exemple, que si l'on cherchait Sextus
+Claudius, on le trouverait chez la soeur de Publius, _occultantem se
+capite demisso_ (_Pro domo_, 31); _demittere caput_ ne signifie, si l'on
+veut, que baisser la tête, mais les fines oreilles entendaient _cunnum
+lingere_. Il en a commis bien d'autres; il appelait _colei_, pour se
+moquer d'eux, des témoins véritables, des témoins appelés à déposer en
+justice. Dans notre langue l'équivoque est encore plus facile, beaucoup
+plus de mots pouvant se prendre dans un double sens: aussi en
+relèverait-on un grand nombre. Rabelais, Noël du Fail, H. Estienne, Th.
+de Béze parlent du pays de Surie ou Suerie, qu'on peut entendre Syrie,
+mais qui signifie tout bonnement la vérole, pour la guérison de laquelle
+on faisait suer les pauvres malades jusqu'à dessiccation presque
+complète. «En maintes compagnies, celuy n'est réputé vaillant champion
+qui n'a fait cinq ou six voyages en Suerie» (H. Estienne, _Apologie pour
+Hérodote_, chap. XII). J. Duval équivoque sur les poulains qui vous
+mènent jusque-là, «poulains qui souvent sont assez forts» dit-il, «pour
+porter un homme au pays de Surie» (_Hermaphr._, chap. VI); plus tard, on
+a dit dans le même sens aller en Suède, et passer par la Bavière de ceux
+que la vérole ou le traitement mercuriel faisait saliver, baver. On a
+équivoqué sur la bague et le doigt, le doigt mouillé, le poisson et la
+nasse, le pied et la chaussure, les fleurs blanches et les fleurs
+rouges.
+
+ C'est une bague qui circule
+ Et qui se met à tous les doigts,
+
+dit Bonnard d'une femme galante.
+
+ La marquise a bien des appas,
+ Ses traits sont vifs, ses grâces franches,
+ Et les fleurs naissent sous ses pas,
+ Mais hélas! ce sont des fleurs blanches.
+
+ (Maurepas.)
+
+Nos vieux poètes et chansonniers avaient un faible pour l'andouille, le
+cervelas, le boudin, la saucisse, le jambon, le lardon et toutes sortes
+de charcuteries:
+
+ Item à l'orfèvre Du Boys
+ Donne cent clouz, queues et testes,
+ De gingembre Sarazinoys:
+ Non pas pour accoupler ses boytes,
+ Mais pour conjoindre culs et coettes,
+ Et couldre jambons et andoilles,
+ Tant que le laict en monte aux tettes,
+ Et le sang en dévalle aux coilles.
+
+ (F. Villon, _Le Grand Testament_, CI.)
+
+ De tout le gibier, Fauchon
+ N'aime rien que le cochon;
+ Surtout devant une andouille
+ Qu'aux Carmes on choisira,
+ Elle s'agenouille, nouille,
+ Elle s'agenouillera.
+
+ (Collé.)
+
+Brillat-Savarin note l'exclamation d'une dame en voyant servir une
+énorme mortadelle de Bologne.--«Quelle idée a-t-on de faire des
+saucissons de cette taille? cela ne ressemble à rien.--Vous trouviez
+donc que les autres ressemblaient à quelque chose?» lui demande à
+l'oreille son voisin de table. Richelet, sciemment ou non[22], en a
+commis une aussi grosse que la mortadelle de Brillat-Savarin: «LAPINE,
+s. f. Femelle du lapin. Quelques-uns des plus habiles dans la langue
+condamnent le mot de lapine, et prétendent qu'on doit dire femelle du
+lapin, et non pas lapine. Néanmoins, comme lapine est dans la bouche de
+plusieurs femmes qui parlent bien, je ne le condamnerais point, surtout
+en parlant, et dans le style le plus simple.» L'équivoque remarquée dans
+Corneille:
+
+ Mais le désir s'accroît quand l'effet se recule,
+
+ (_Polyeucte_, acte I, sc. 1.)
+
+est certainement involontaire; elle n'en est pas moins drôle. Il en est
+de même de l'hémistiche reproché à Malherbe:
+
+ ... qu'on survit à sa mort.
+
+Ceux qui voient ces indécences les ont dans l'esprit, remarque très bien
+Quintilien; elles ne sont pas le fait de l'auteur. Sans grand renfort de
+bésicles on en découvrirait de semblables chez tous. La grotte creuse où
+Calypso retient si longtemps Ulysse (_Odyssée_, rhaps. I et V) n'a pas
+été à l'abri du soupçon. L'antre des Nymphes, si curieusement décrit par
+le bon Homère, qui ne sommeillait pas toujours (_Odyssée_, rhaps. XIII),
+cet antre obscur, frais et sacré, ombragé d'un feuillage épais, où les
+Naïades versent leurs urnes inépuisables, où les abeilles font leur
+miel, où les Nymphes tissent des toiles de pourpre, et qui a deux
+portes: l'une pour les hommes, l'autre pour les Dieux, a paru encore
+bien plus équivoque à des malins qui y ont vu l'_antrum muliebre_ et la
+_postica Venus_ de Pénélope[23].
+
+ [22] Ce qui ferait croire que Richelet y a mis de la malice, c'est
+ qu'il manque rarement dans son Dictionnaire l'occasion de médire des
+ femmes:
+
+ «APARIER (S'). Le coq coche la poule, le moineau coche sa femelle
+ plusieurs fois sans reprendre haleine. Si les hommes avoient ce
+ destin à l'égard des femmes, ils en seroient adorés.
+
+ »FEMME. La femme est un animal créé pour donner du plaisir, et
+ particulièrement pour en prendre et faire enrager ceux qui l'en
+ pensent empêcher. La femme est un animal intéressé.
+
+ »FLON-FLON.
+
+ Si ta femme est méchante,
+ Apprends-lui la chanson.
+ Voici comme on la chante,
+ Avec un bon bâton:
+ Flon, flon, flon.
+
+ »LOUVE. Femme insatiable dans la débauche. La plupart des femmes
+ sont un peu louves.»
+
+ [23] La Mothe Le Vayer, _Hexaméron rustique_.
+
+Les critiques Latins en voyaient chez Virgile, qui aurait dans ce vers:
+
+ _Dextra mihi Deus, et telum quod missile libro_,
+
+formulé à mots couverts la devise du masturbateur, et ils lui
+reprochaient d'avoir écrit:
+
+ _Incipiunt agitata tumescere..._
+
+ce qui prend un sens obscène si on sous-entend _genitalia_; ils avaient
+la vue moins perçante qu'Ausone, qui, dans la dernière partie de son
+_Cento nuptialis_, a détourné dans le sens érotique une cinquantaine de
+vers ou d'hémistiches de l'_Énéide_ et des _Bucoliques_:
+
+ _Perfidus alla petens, ramum qui veste latebat,
+ Sanguineis ebuli baccis minioque rubentem,
+ Nudato capite, et pedibus per mutua nexis,
+ Monstrum horrendum, informe, ingens, cui lumen ademptum,
+ Eripit a femore, et trepidanti fervidus instat.
+ Est in secessu, tenuis quo semita ducit,
+ Ignea rima micans, exhalat opaca mephitim;
+ Hic specus horrendum, talis sese halitus atris
+ Faucibus effundens nares contingit odore.
+ Huc juvenis nota fertur regione viarum,
+ Et super incumbens, nodis et cortice crudo,
+ Intorquet summis adnixus viribus hastam.
+ Haesit, virgineumque alte bibit acta cruorem.
+ Insonuere cavae, gemitumque dedere cavernae.
+ Illa manu moriens telum trahit, ossa sed inter
+ Altius ad vivum persedit vulnere mucro_, etc.
+
+L'équivoque est surtout plaisante quand elle est prolongée; l'adresse
+consiste alors à trouver des développements tels, qu'ils conviennent à
+deux sujets, l'un honnête et décent, qui est exprimé, l'autre érotique,
+sous-entendu, et que les termes dont on se sert s'adaptent aussi
+aisément à l'un qu'à l'autre. Les Italiens ont été nos maîtres dans
+cette sorte de jeu d'esprit, auquel ils doivent toute une partie, et non
+la moins curieuse, de leur littérature, ce qu'ils appellent le genre
+Berniesque ou _alla Berniesca_, du nom de Francesco Berni qui y a
+excellé; la plupart de leurs poètes du XVIe siècle, La Casa, Firenzuola,
+Mauro, Dolce, Varchi, Molza s'y sont exercés avec succès. Une des plus
+célèbres pièces est le _Capitolo del Forno_, de G. della Casa[24], dont
+les équivoques sont d'autant plus compréhensibles, que le four, le pain,
+la pâte, ont donné lieu chez tous les peuples à des plaisanteries qui
+sont aussi vieilles que le monde. Hérodote nous dit qu'un oracle
+reprochait à Périandre, tyran de Corinthe, d'avoir «mis son pain dans un
+four froid», parole énigmatique à laquelle le vulgaire ne comprit rien,
+mais qu'entendit parfaitement le prince, qui, ne pouvant se décider à se
+séparer d'une femme qu'il aimait, avait eu commerce avec son cadavre.
+«Emprunter un pain sur la fournée» est chez nous un vieux proverbe qui
+se trouve dans les _Caquets de l'accouchée_. On en trouverait bien
+d'autres exemples: «Comme n'estant, disent les boulengers, le pain
+refaict et prest d'enfourner toutesfois et quantes que le four est
+chaud, à quoy Nature, provide mesnagère et curieuse de la propagation
+d'un si digne animal que l'homme, a tellement pourveu, que le four est
+chaud et si bien disposé, quand la paste est faicte et le pain prest
+d'enfourner, qu'il n'est bien reçeu seulement, mais, comme dit Galen au
+livre de la _Semence_, il est aussi curieusement et avidement attiré,
+que peut être l'air sucé du corps à l'usage des ventouses médicinales.»
+(J. Duval, _Hermaphr._, chap. VI). La Casa nous décrit donc le four et
+ses diverses constructions: le four à cuire le pain et le four à cuire
+les friandises; il nous dit le soin que les boulangères en prennent,
+comme elles le lavent matin et soir, y passent le torchon et l'éponge
+toutes les fois qu'elles ont cuit, savent faire lever la pâte, diriger
+la pelle en haussant la jambe, et, sans y mettre trop de bonne volonté,
+on peut croire qu'il ne s'agit que des mystères de la boulangerie. F.
+Berni a célébré dans le même goût la _Flûte_, l'_Anguille_, le _Pot de
+chambre_ (_orinale_), Mauro la _Fève_ (les Italiens appellent fève ce
+que nous appelons gland), Dolce le _Nez_, Molza les _Figues_, dans un
+poème illustré d'un long et savant commentaire par Annibal Caro; Varchi
+les _OEufs durs_, la _Ricotta_ (sorte de fromage), le _Fenouil_ «dont
+les Italiens,» dit Ginguené, «font un grand usage dans leur cuisine,»
+est-ce sérieusement? Franzesi les _Carottes_, les _Cure-dents_, la
+_Castagna_ (châtaigne et nature de la femme); Lodovico Martelli la
+_Balançoire_; le Bronzino, aussi bon poète que grand peintre, le
+_Pinceau_, le _Ravanello_ (raifort ou radis noir), _le Campane_ (le
+carillon des cloches et du battant); des anonymes _il mortaio_ (le
+mortier et le pilon), _le Mele_ (pommes et fesses), _il pescare_ (pêcher
+et cueillir des pêches dans le sens de: secouer le pêcher, indiqué plus
+haut); le Lasca la _Saucisse_, le _Melon_ (_mellone_, melon et fessier),
+etc. Au temps où la littérature Italienne était très étudiée en France,
+quelques-uns de nos poètes, Motin, de Rosset, Rapin, Du Souhait,
+Chauvet, ont spirituellement essayé de lutter contre ces maîtres avec le
+_Jeu du toton_, le _Jeu de dames_, la _Douche_, les _Joueurs de paume_,
+les _Fureteurs_ (chasseurs au furet), les _Batteurs d'amour_ (équivoque
+avec les batteurs d'or), les _Pionniers d'amour_, la _Mascarade des
+scieurs de bois_, les _Astrologues_, les _Sagittaires_, l'_Arracheur de
+dents_, et autres pièces qu'on peut lire dans le _Cabinet satyrique_.
+
+ [24] On a essayé, dans la 1re Série de la _Curiosité littéraire et
+ bibliographique_ (Paris, Liseux, 1880), d'en donner une traduction
+ littérale.
+
+ * * * * *
+
+Une telle quantité de mots ayant été empruntés à la langue ordinaire et
+détournés dans un sens érotique, on ne s'étonnera pas qu'il soit arrivé
+à certains d'entre eux un accident tout naturel: que ce double sens soit
+resté le seul où on les entende communément, et qu'on n'ose plus s'en
+servir de peur de créer une équivoque. Le miracle, c'est que l'accident
+ne soit pas arrivé à un plus grand nombre. Nul, par exemple, n'a
+reproché aux jurisconsultes Romains d'employer au sens propre _testes_,
+ni aux écrivains militaires, _vagina_, quoiqu'ils soient l'un et l'autre
+d'un usage tout aussi fréquent dans la langue érotique:
+
+ _Magnis _testibus_ ista res agetur._
+
+ (_Priapées_, XIV.)
+
+ _AL. Mihi quoque assunt _testes_ qui illud, quod ego
+ dicam, assentiant.
+ AM. Qui _testes_?
+ AL. _Testes_.
+ AM. Quid _testiculare_?_
+
+ Plaute (_Amphitryon_.)
+
+ _Conveniebatne in _vaginam_ tuam machaera militis?_
+
+ Plaute (_Pseudolus_.)
+
+Mais en revanche les grammairiens mettaient à l'index des mots que nous
+n'aurions pas soupçonnés d'indécence. Quintilien défend qu'on se serve
+des expressions de Salluste: _ductare exercitus_, _patrare bellum_[25].
+«Le vieil historien», dit-il, «les a employées honnêtement et en toute
+bonne foi; maintenant elles feraient rire, ce dont j'accuse non
+l'écrivain, mais le lecteur. On n'en doit pas moins les éviter: des mots
+honnêtes sont perdus, par la faute de nos moeurs.» (_Inst. orat._, VIII,
+3). Cicéron (_Orator_, XVIII) note d'obscénité _cum nobis_, sans que
+nous voyions trop pourquoi (peut-être est-ce à cause d'une équivoque
+avec _connubere_ ou _cunnus_) et dit qu'il faut séparer les deux mots
+par _autem_: _cum autem nobis_. La Casa reproche de même à Dante d'avoir
+employé _chiavare_ dans le sens propre: enfoncer un clou, une cheville,
+_chiavare_ ne pouvant plus s'entendre depuis longtemps en Italien que de
+la vivificque cheville dont parle Rabelais. Il en est de même chez nous
+de bander; Malherbe commence ainsi une ode:
+
+ Je veux bander...
+
+on n'oserait plus aujourd'hui. _Branler_, dans le sens de bouger,
+remuer, _décharger_, dans celui de poser à terre un paquet, un fardeau,
+ne peuvent plus se dire, à moins qu'on ne veuille de propos délibéré
+faire une équivoque, comme dans l'épigramme de Vasselier où un
+portefaix, causant un embarras de voitures au milieu d'une rue étroite,
+est sommé de décharger par l'homme au carrosse:
+
+ ... Je ne puis me branler,
+ Comment veux-tu que je décharge?
+
+répond avec beaucoup de présence d'esprit le pauvre diable. _Le faire_,
+_le mettre_, sont dans le même cas. Les vers de Corneille:
+
+ Dis-moi donc, lorsqu'Othon s'est offert à Camille,
+ A-t-il paru contraint? a-t-elle été facile?
+ Son hommage auprès d'elle a-t-il eu plein effet?
+ Comment l'a-t-elle pris, et comment l'a-t-il fait?
+
+seraient aujourd'hui insupportables à la scène. On dit encore _érection_
+en parlant de celle d'une statue, mais le temps n'est peut-être pas très
+éloigné où l'on n'osera plus le dire. L'_instrument de paix_, _dresser
+l'instrument_, sont des locutions encore usitées, dans le langage
+diplomatique, pour signifier l'acte authentique d'un traité, d'une
+convention: elles n'ont pas longtemps à vivre, mais on les remplacera
+aisément. La perte du verbe actif _baiser_ est plus regrettable. Le sens
+honnête du mot, donner un baiser, n'était pas, du temps de Molière,
+aussi complètement oblitéré par l'autre sens, qu'il l'est à
+présent.--«Baiserai-je?» demande ingénument Thomas Diafoirus à son père,
+quand on lui présente sa future. «_Baiseuse_, s. f., celle qui baise
+volontiers,» dit Richelet, probablement sans y entendre malice,
+quoiqu'il soit assez sujet à caution, et qu'il vienne de définir
+_baiser_: «avoir la dernière faveur d'une dame.»
+
+ Viens, Margot, viens qu'on te baise,
+
+disait Béranger. Des deux verbes, _baiser_ et _embrasser_, ce serait
+plutôt le dernier qui aurait dû devenir indécent, puisqu'il signifie
+tenir entre ses bras; c'est le premier à qui est échu ce mauvais sort,
+et on le remplace par _embrasser_, non sans faire gauchir la langue, car
+il est absurde de dire _embrasser_ pour: donner un baiser, et encore
+plus de dire: _embrasser sur la bouche_. Les mots deviennent obscènes ou
+grossiers par le temps, par l'usage, sans qu'on puisse bien se rendre
+compte du pourquoi, ni de l'époque à laquelle la métamorphose s'est
+opérée. On trouve dans Richelet: «_Instrument_, parties naturelles de
+l'homme. _Pine_, parties naturelles d'un petit garçon; ex.: Elle lui
+prend la pine. _Queue_ (_pudenda hominis_); ex.: La queue lui pend au
+petit bonhomme. _Trou du cul_; ex.: Se torcher le trou du cul.» Tous ces
+mots sont maintenant bannis des Dictionnaires. Éloi Johanneau
+(_Épigrammes contre Martial_, p. 50) dit que de son temps, le jour de
+Pâques, à la porte de la cathédrale de Saintes, des femmes vendaient des
+gâteaux en forme de Priapes, et criaient: «_A mes pines! qui veut de mes
+pines?_» La police y mettrait aujourd'hui bon ordre. Le gendarme qui
+arrêterait la délinquante serait sans doute bien embarrassé de dire
+pourquoi _pine_ est obscène quand _pénis_ ne l'est pas, mais cela est.
+
+ [25] Entendus dans le sens érotique, _ductare exercitus_ voudrait
+ dire: branler l'armée, et _patrare bellum_: décharger la guerre,
+ tropes violents qui n'étaient aucunement dans l'esprit de Salluste,
+ et dont pourtant Mirabeau a égalé sinon surpassé l'énergie: «Ce
+ d'Orléans est un Jeanfoutre qui toujours bande le crime et qui n'ose
+ le décharger.»
+
+ * * * * *
+
+Les médecins sont en possession de l'immunité complète pour tous les
+termes dont ils ont besoin dans l'exercice de leur art. Même dans les
+livres qu'ils écrivent pour «l'instruction des gens du monde,» ils
+disent librement: pénis, gland, verge, membre viril, vulve, vagin,
+érection, sperme, et traitent non seulement de ce qui touche aux
+rapports sexuels, mais de toutes les dépravations du sens génital:
+pédérastie et Saphisme ou tribadisme, onanisme manuel, anal, vulvaire,
+buccal, mammaire, axillaire, titillations uréthrales et clitoridiennes,
+etc. Les termes techniques dont ils se servent sont d'ailleurs, sauf
+quelques-uns, assez peu accessibles au vulgaire, par leur étymologie
+savante, pour que beaucoup de gens fassent leur première connaissance
+avec eux lorsqu'Éros les amène, l'oreille basse, dans le cabinet du
+docteur. La vieille langue médicale avait plus de sans-façon, barbiers
+et sages-femmes, pompeusement qualifiés de chirurgiens et d'obstétrices,
+en ayant fourni une bonne moitié, sans que la Faculté y trouvât à
+redire. Le jardin et verger de nature, le cabinet de Vénus, le cloître
+virginal, le soc viril, le baume naturel, et autres expressions
+métaphoriques, n'en étaient pas bannis comme à présent. Les appellations
+affectées aux diverses parties de «l'ovale féminin» et de ses alentours:
+les barres, les barboles, les landies, l'entreprend, le ponnant, le
+guillocquet, le guillevart, les hallerons ou ailerons, la dame du
+milieu, se rencontrent quelquefois dans Brantôme et les conteurs; elles
+appartiennent par là à la langue érotique. Les anciens prédicateurs, et
+surtout les casuistes, se sont également trouvés dans la nécessité de se
+constituer un vocabulaire spécial qu'ils ont en partie inventé pour
+leurs besoins, en partie emprunté soit aux Latins, soit à la langue
+médicale de leur temps. Les casuistes disent _mollities_ pour
+_masturbatio_, et distinguent dans ses effets la _distillatio_ de la
+_seminatio_, la première étant simplement préparatoire à la seconde;
+_fornicatio_, _concupiscentia_, _tactus impudici_, _copula carnalis_,
+_delectatio Venerea, amorosa_ et _morosa_, _pollutio in ore_, _osculari
+verenda_, appartiennent à cette langue des théologiens, ainsi que le
+_vas debitum, legitimum, naturale_, opposé au _vas illegitimum,
+innaturale, praeposterum_, la _copula naturalis_ à la _copula
+Sodomitica_. L'expression _peccatum mutum_, dont ils se servent aussi,
+fait penser au _tacere_, de Martial, _reddere Harpocratem_, de Catulle,
+mais n'est pas chez eux synonyme d'irrumation; leur «péché muet» est la
+Sodomie. Ils appellent le clitoris: douceur d'amour, _dulcedo amoris_,
+et par incubes ou succubes n'entendent pas toujours ces êtres vaporeux
+que l'on voit en rêve: ils désignent ainsi, à mots couverts, les
+diverses positions que l'homme et la femme peuvent prendre dans le
+congrès. Les vieux prédicateurs, parlant en public, avaient un langage
+plus familier: Paillards, Sodomites, ribauds, maquereaux, ruffians;
+paillarder, forniquer, faire l'oeuvre de chair, hanter les bourdeaux,
+trousser les chambrières, payer des manches rouges à sa putain, être à
+pot et à cuiller avec sa servante (ce que le populaire, en abrégeant,
+traduisait par: être à pot et à cul), gagner sa dot de mariage à la
+sueur de son corps, jetter ses enfants ès-rivières et retraits, etc.,
+sont les expressions dont se servent Maillard, Menot et Barlette en
+reprochant leurs mauvaises moeurs à leurs contemporains[26].
+
+ [26] V. Henri Estienne, _Apologie pour Hérodote_, chap. VI; Dulaure,
+ _Des Divinités génératrices_, chap. XV.
+
+Les traducteurs Français des grands satiriques Latins auraient pu, eux
+aussi, tenter d'enrichir notre langue érotique en y faisant passer les
+hardiesses de Juvénal, de Perse, de Pétrone, de Martial surtout, dont le
+vocabulaire est si opulent. Leurs essais n'ont été jusqu'à présent
+qu'insuffisants ou ridicules. Trois traductions assez estimées de
+Martial: celle de l'abbé de Marolles, une seconde attribuée sur le titre
+à des «militaires», et qu'on croit être de Volland, la troisième de
+Simon de Troyes et publiée par Auguis, ont été examinées à ce point de
+vue par Éloi Johanneau[27]. On se ferait difficilement une idée de leur
+niaiserie. L'abbé de Marolles traduit _Priapus_ par visage!
+
+ _Gallo turpius est nihil Priapo_,
+
+ (I, 36.)
+
+«Il n'y a rien de plus vilain que le _visage_ d'un prêtre de Cybèle.» Il
+rend _futuere_, par «cajoler, se divertir, passer le temps, aimer,
+entretenir, avoir une entrevue»; _fututor_ par «galant, effronté»;
+_cunnus_ par «chaînon»; _fellare_ par «ne pas bien user de sa langue»,
+_arrigere_ par «se roidir dans les combats, désirer quelque faveur»; sa
+manie de décence quand même le conduit tout droit à faire des
+contre-sens d'écolier, comme lorsqu'il traduit _paedicare_ par «faire
+l'amour»; ailleurs il dit que c'est «faire d'étranges choses», ce qui,
+sans être meilleur, montre pourtant qu'il comprenait. Il a le privilège
+des périphrases souvent plus lestes que le mot propre de l'original; il
+traduit _mentula_ par «je ne sçay quoy qui fait aimer les hommes», et
+ajoute en note: «Quelque lasciveté, sans doute»; ailleurs, c'est
+«quelque chose que l'on porte». _Inguina_, c'est: «ce que je ne puis
+nommer»; _canus cunnus_, «une vieille passion»; _vellere cunnum_,
+«farder sa vieillesse»; _percidi_, équivalent de _paedicari_, «se faire
+gratter». Il abuse de «quelque chose»; ce «quelque chose» rend les mots
+les plus divers: _mentula_, c'est «quelque chose», _inguina_, «quelque
+chose», qu'il s'agisse de l'homme (VII, 57) ou de la femme (III, 72), et
+_culus_ est «quelque autre chose» (III, 71). _Paedicare_ étant «faire
+d'étranges choses», _paedicari_, _irrumari_, c'est «faire quelque chose
+de plus» ou «de pis;» mais quoi? l'abbé ne le dit pas, et encore
+faudrait-il dire: se laisser faire.
+
+ [27] _Épigrammes contre Martial, ou les mille et une drôleries,
+ sottises et platitudes de ses traducteurs_, par un ami de Martial
+ (Paris, 1835, in-8º).
+
+Les «militaires» ou Volland se sont dressé à l'avance une espèce de
+Barême; ils traduisent constamment les mêmes mots Latins par les mêmes
+mots Français auxquels ils donnent souvent un sens conventionnel:
+_futuere_ par «aimer» et «forniquer»; entre femmes (VII, 69) c'est aussi
+«forniquer»; _fututor_, par «amant, amateur»; _vulva_, _barathrum_,
+_cunnus_, par «anneau»; _mentula_, _penis_, _columna_, _veretrum_, par
+«béquille», s'inspirant sans doute de la chanson de Collé, _La béquille
+du Père Barnaba_; _fellare_ et _lingere_ par «breloquer», d'où
+_fellator_, «breloqueur», et _fellatrix_, «breloqueuse»; _irrumare_, qui
+signifie une chose, et _percidere_, _irrumpere_ qui en signifient une
+autre, par «se faire breloquer»: contre-sens énorme du moment qu'ils
+prennent «breloquer» pour l'équivalent de _lingere_ et de _fellare_. Ce
+mélange de breloques, de béquilles et d'anneaux, nous donne des
+«breloqueurs et breloqueuses d'anneaux», une «béquille énervée», une
+«béquille à poils», une «béquille en fureur», une béquille qui «apprend
+une route inconnue», ailleurs, des «testicules de cerf remplacés par une
+jeune béquille»; un «anneau qui parle», des anneaux «qui se
+réjouissent». De temps à autre, ils veulent cependant varier un peu; ils
+traduisent alors _paedicare_, tantôt par «faire des polissonneries», et
+tantôt par «jouer le second rôle», ce qui montre combien peu ils savent
+ce qu'ils disent; _fellator_ par «fripon», _paedico_ par «badin», et
+continuellement confondent le rôle actif avec le rôle passif.
+
+Simon de Troyes, et son reviseur Auguis, n'entendaient pas beaucoup
+mieux le Latin, car pour eux le _paedico_ est un Ganymède (VI, 33); ils
+affectionnent les périphrases les plus pompeuses: _mentula_, organe des
+plaisirs, frêle instrument des amours, intention directe; _cunnus_,
+ceinture de Vénus; _colei_, les recoins les plus secrets du corps;
+_paedicare_, se livrer à une débauche irrégulière, avoir des habitudes
+vicieuses; _lingere_, faire d'impudiques caresses aux appas les plus
+secrets d'une belle (douze mots pour un), et _irrumare_, demander à
+avoir part aux bonnes grâces d'une belle (dix seulement). Encore ces
+périphrases, toutes niaises qu'elles sont, feraient-elles croire qu'ils
+comprennent; mais non: ils traduisent ailleurs le même verbe _irrumare_
+par: «avaler le plaisir avec sa bouche», c'est tout le contraire; et
+_periclitari capite_, synonyme d'_irrumari_, par «perdre la tête».
+
+La seule bonne méthode de traduction que l'on doive, suivant nous,
+appliquer aux érotiques Grecs et Latins, est celle qui s'impose comme
+règle de dire à mots couverts seulement ce que l'auteur a dit à mots
+couverts, de ne pas mettre de périphrases où il n'en a pas mis, de
+rendre le mot propre par le mot propre, et les métaphores par des
+métaphores semblables, tirées des mêmes termes de comparaison. Traduire
+autrement sera toujours donner une idée fausse du goût personnel de
+l'auteur, de ce qui constitue son style ou sa manière. Mais le mot
+propre serait souvent bien plus obscène en Français qu'il n'était en
+Latin; les dérivés populaires de _cunnus_, _colei_, _futuere_, les
+équivalents de _paedico_, de _cinaedus_, sont absolument ignobles, et
+les termes Latins ne l'étaient pas, du moins au même degré[28]. Pour
+obvier à cette difficulté, rien n'empêche qu'on ne francise tous ceux
+qu'on pourra, conformément au génie de la langue. Mentule, gluber,
+vérètre, quelques autres encore, se trouvent dans Rabelais; irrumation,
+fellation, dans La Mothe Le Vayer; l'abbé de Marolles a osé fellatrice;
+pourquoi ne dirait-on pas fellateur, pédicon et pédiquer, fututeur,
+drauque, cinède, cunnilinge, liguriteur, exolète, irrumer, etc? Ces
+mots, nous objectera-t-on, ne seront compris que de ceux qui savent le
+Latin, et le traducteur doit se faire entendre de tout le monde. Mais
+n'en est-il pas de même de sesterce, modius, laticlave, pallium, atrium,
+impluvium, vomitoire, vélite, belluaire, et de tant d'autres termes
+francisés depuis longtemps par les archéologues? Les définitions vagues
+qu'en fournissent les Dictionnaires: monnaie, mesure Romaine, partie du
+vêtement, de l'édifice Romain, soldat, gladiateur, donnent-elles la
+valeur précise du mot à celui qui ignore le Latin et les moeurs de
+l'ancienne Rome?
+
+ [28] «Il y a tout lieu de croire que beaucoup d'expressions dont la
+ malhonnêteté nous choque n'avaient pas la même portée chez les
+ Romains et n'étaient pas si brutales. Martial dit quelque part que
+ les jeunes filles peuvent le lire sans danger. Admettons que ce
+ propos soit une fanfaronnade Bilbilitaine, et réduisons l'innocence
+ de son recueil à ce qu'elle est en réalité: encore est-il vrai qu'on
+ ne se cachait pas pour le lire, que les gens de bon ton, comme on
+ dirait chez nous, gens qui ont d'autant plus de pruderie en paroles
+ qu'ils sont plus libres dans la conduite, avouaient publiquement
+ leur admiration pour Martial. J'ai sans doute bien mauvaise idée de
+ la Rome impériale, et je crois peu à la chasteté d'une ville où des
+ statues nues de Priape souillaient les palais, les temples, les
+ places publiques, les carrefours; où, dans les fêtes de Flore, on
+ voyait courir sur le soir, à travers les rues, non pas des
+ prostituées, mais des dames Romaines échevelées et nues; où les
+ femmes se baignaient pêle-mêle avec les hommes; où les comédiennes
+ se déshabillaient quand on leur avait crié du parterre:
+ Déshabillez-vous. Mais j'ai peine à croire qu'on pût s'y vanter
+ ouvertement de faire ses délices de Martial, si Martial eût été
+ aussi impur qu'il nous paraît aujourd'hui.» (Désiré Nisard, les
+ _Poètes Latins de la décadence_.)
+
+Le _Dictionnarium eroticum_ de Nicolas Blondeau ne fera pas faire de
+grands progrès dans cette voie aux chercheurs de traduction exacte et
+littérale. L'auteur, et François Noël qui l'a complété, sont tous les
+deux des partisans à outrance de la périphrase, qui enveloppe le mot
+comme une orange dans du papier, et de l'équivalent, qui n'équivaut
+jamais, qui est toujours au-dessous, au-dessus ou à côté de l'expression
+dont il s'agit de rendre l'énergie, la grâce ou la finesse. Il n'en est
+pas moins curieux par le nombre, l'abondance de ces équivalents, de ces
+périphrases patiemment colligées dans les auteurs ou plaisamment
+imaginées, et dont quelques-unes sont de véritables trouvailles[29].
+Publié en son temps, il eût été le premier, ce qui est la meilleure
+excuse de ses imperfections et de ses lacunes: la série des mots et
+surtout des locutions érotiques est loin d'être complète dans les
+volumineux Glossaires d'Henri Estienne, de Forcellini et de Du Cange, et
+la difficulté de trouver l'acception spéciale au milieu d'une foule
+d'autres, fait qu'on songe rarement à y avoir recours. Resté si
+longtemps manuscrit, il a été devancé par un autre, bien connu des
+amateurs, le _Glossarium eroticum linguae Latinae, sive theogoniae,
+legum et morum nuptialium apud Romanos explanatio nova, auctore P. P._
+(_Parisiis_, 1826, in-8º), auquel on croit qu'Éloi Johanneau a
+collaboré, mais dont l'auteur est resté incertain[30]. Ce recueil est
+d'une utilité incontestable pour tous ceux qui veulent lire et
+comprendre les érotiques ou satiriques Latins; il abonde en citations
+qui éclaircissent les passages obscurs ou douteux, mais les explications
+sont en Latin, ce qui laisse à celui de Blondeau et Noël une certaine
+supériorité. La comparaison des deux ouvrages est instructive et montre
+les difficultés d'un pareil genre de travail. Rien que dans la lettre A,
+nous relevons chez Noël et Blondeau soixante-quinze mots ou locutions
+qui ne se trouvent pas, au moins à cette place, dans le _Glossarium_ dit
+de Pierrugues; en revanche, celui-ci en a deux cent vingt-huit négligés
+par ses devanciers, et vingt-deux articles seulement sont communs aux
+deux recueils. De plus, si on les collationne avec l'_Index_ du _Manuel
+d'Érotologie_, on se convainc que près de la moitié des mots commentés
+par Forberg ne se trouvent ni dans l'un ni dans l'autre. Une refonte
+générale de ces trois ouvrages, sur un bon plan, donnerait un résultat
+sinon parfait, du moins très satisfaisant.
+
+ [29] Le suppositoire vivant, le gobet amoureux, le Calendrier naturel,
+ le combat de cinq contre un, le Manuel des solitaires, etc.
+
+ [30] Quérard dit que les initiales P. P. cachent le chevalier P.
+ Pierrugues, ingénieur à Bordeaux, qui publia en la même année 1826
+ un bon plan de cette ville. On lui attribue également, mais
+ peut-être à tort, les Notes de l'_Errotica Biblion_. C. de Katrix,
+ auteur d'un Avant-Propos placé en tête de ce dernier ouvrage, dit
+ avoir eu entre les mains un exemplaire du _Glossarium_ portant cette
+ mention: «_Ab Eligio Johanno constructum, auspicio et cura
+ (forsitan) baronis Schonen._ S. E.»
+
+ * * * * *
+
+Il nous resterait, en terminant, à dire un mot de la langue érotique
+contemporaine; mais quoique nous ayons des «naturalistes», qui ne
+reculent pas devant les mots, et même des «pornographes», on serait
+embarrassé de relever chez eux les éléments d'un vocabulaire original,
+qui leur soit propre. Les plus timides ou les moins maladroits
+s'essayent dans les réticences, les sous-entendus de Laclos et de
+Crébillon fils; mais comme ils n'ont pas l'art exquis et la finesse de
+ces maîtres, on devine l'intention qu'ils avaient de dire quelque chose,
+plus qu'on ne voit clairement la scène qu'ils ont voulu décrire.
+D'autres se sont fait avec des crudités du vieux Français, mélangées à
+des trivialités de faubourg, à ce que Richepin appelle la gueulée
+populacière, une langue hybride, bâtarde, assez écoeurante, et il en est
+une pire encore, celle dont Alfred Delvau s'est constitué hardiment le
+lexicographe dans son _Dictionnaire de la langue verte_, puis dans son
+_Dictionnaire érotique moderne_. Nos pères avaient déjà, pour désigner
+ces bonnes filles dont le métier est de faire plaisir aux hommes, un
+nombre plus que suffisant d'appellations désobligeantes: carogne, catau,
+catin, coureuse, créature, donzelle, drôlesse, gueuse, gourgandine,
+poupée, putain; comme nous sommes plus riches! nous avons: allumeuse,
+baladeuse, blanchisseuse de tuyaux de pipes, bouchère en chambre,
+chahuteuse, chameau, chausson, crevette, éponge, gadoue, gaupe, gibier
+de Saint-Lazare, gonzesse, gouge, gouine, grenouille, loupeuse, marmite,
+menesse, morue, omnibus, paillasse, peau, pierreuse, punaise, rouchie,
+rouleuse, rulière, sangsue, taupe, tireuse de vinaigre, tocandine,
+toupie, traînée, vache, vadrouille ou vadrouilleuse, et vessie! Ce que
+peuvent être les locutions imagées où ces termes choisis entrent en
+combinaison avec d'autres de plus basse catégorie encore, on le conçoit
+sans peine. Ni l'énergie ni le pittoresque ne leur manquent; mais à part
+quelques bonnes et vertes Gauloiseries, ce vocabulaire est par trop
+ordurier. Malgré toutes les raisons qu'on peut donner en faveur du
+parler à la bonne franquette et contre la pruderie bégueule, nous
+penchons à partager l'aversion de beaucoup de gens pour ces mots que
+l'on nous dit être la langue de l'amour, et qui sentent mauvais, qui
+font sur le papier comme des taches malpropres. Nous sommes volontiers
+de l'avis de La Fontaine:
+
+ L'Amour est nu, mais il n'est pas crotté.
+
+
+Paris, Avril 1885.
+
+
+
+
+DICTIONARIUM
+
+EROTICUM
+
+LATINO-GALLICUM
+
+
+
+
+A
+
+
+ABSOLVERE HOMINEM VENERI. _Cicero._ Priver un homme des marques de la
+virilité; le décharger des soins que l'on rend à Vénus; l'exempter de
+faire ses hommages à la déesse d'amour; le dispenser de servir les
+dames; mettre un frein à ses désirs amoureux; donner des bornes à ses
+galants exploits; retenir l'inclination qu'il peut avoir de faire
+service aux belles; le délier des engagements qu'il peut avoir avec la
+mère d'Amour; lui retrancher tout commerce galant. Ou, au contraire:
+rendre un homme capable de servir Vénus; le perfectionner de manière que
+ses soins soient toujours agréables; lui procurer tous les avantages
+nécessaires pour faire recevoir ses hommages; le rendre parfait dans
+l'art de faire service aux dames; le tourner de sorte qu'il plaise
+partout; lui faire prendre un air à réussir près des belles; le mettre
+en état de se rendre digne des regards de la mère d'Amour; en faire un
+joli homme, un homme consommé dans l'art de la galanterie; rendre un
+homme aimable et tout galant. Ou: absoudre un homme de tout ce que Vénus
+lui fait faire; lui pardonner tout ce qu'il entreprend en faveur de ses
+feux; excuser les fautes amoureuses d'un galant; avoir de l'indulgence
+pour les erreurs où sa passion le plonge.
+
+ACERSECOMES, _ae_, m. _Juv._ Catamite.
+
+ADDUCTRIX, _icis_, f. Conciliatrice de volontés, médiatrice[31].
+
+ [31] Voyez AGABULA, LENO.
+
+(N) ADHINNIO, _is, ire_. Crier de joie en voyant une belle femme; se
+sentir vivement ému par sa présence, et ne pouvoir modérer les
+transports qu'elle excite.
+
+ADINEO, ADINIO, _is, ivi, itum, ire_. _Col._ Dormir à l'Hébraïque.
+
+ADVERSUS ET AVERSUS IMPUDICUS EST. _Cic._ A découvert ou en secret, il
+est toujours débauché; qu'on le regarde ou qu'on ne le regarde pas, il
+ne s'en livre pas moins à sa passion déréglée; qu'on puisse le savoir ou
+l'ignorer, c'est tout un pour son tempérament amoureux; qu'il soit en
+compagnie ou sans témoins, il faut que son dérèglement ait son cours;
+qu'on le voie ou non, il donne tout au plaisir de ses sens. Ou: l'une et
+l'autre Vénus le touchent également; de quelque côté qu'on le prenne, on
+n'y trouvera que débauche; s'il aime l'action, il veut bien la souffrir.
+
+AEDOEICA ULCERA, n. Chancres aux parties naturelles.
+
+AEDOEICON, _i_, n. Le membre, la verge.
+
+AEDOEPALMUS, _i_, m. Priapisme, érection continuelle; maladie qui cause
+une tension du v.. douloureuse et continue[32].
+
+ [32] Une tension douloureuse et continue dans la partie reproductive
+ de l'espèce humaine.
+
+AFFERRE CONSECUTIONEM VOLUPTATIS. _Cic._ Faire jouir de ses amours;
+procurer le plaisir de la jouissance; mettre en possession de l'objet de
+ses voeux; faire venir le moment heureux en amour; donner la facilité
+d'exécuter ses desseins galants; faire naître l'occasion de satisfaire
+ses désirs amoureux; mettre un amant au comble de la joie; faire
+apercevoir que l'heure du berger sonne; mettre en état de donner dans le
+but des amants; rendre un amant heureux; fournir les moyens de se
+divertir.
+
+AGABULA, _ae_, m. f. Maquereau; maquerelle.
+
+AGAGULA, _ae_, m. f. Maquereau; maquerelle.
+
+AGAGULO, _onis_, m. Maquereau.
+
+AGERE LENONEM. _Cic._ Faire le métier de pourvoyeur de Vénus; se mêler
+d'appareiller des amants; travailler à concilier les volontés en amour;
+s'appliquer à l'union des amants; donner ses soins à rendre mutuelles
+les inclinations amoureuses; être agent de change en amour; s'attacher à
+rendre les amants contents; s'employer à faire réussir les passions
+galantes; faire l'office d'appareilleur d'amour; faciliter les approches
+intimes des amants; être conciliateur en amour.
+
+AGITO, _are_. _Hor._ Se prend aussi pour faire l'action que demande une
+passion qui fait le plaisir et la peine de la plupart des hommes.
+
+AGNEON, _i_, n. Bordel, lieu où l'on trouve des filles de commodité; par
+antiphrase, bon lieu[33].
+
+ [33] Ou, plutôt, mauvais lieu que le plaisir n'habite jamais, et où le
+ mal habite toujours.
+
+(N) AGO, _is, egi, actum, agere_. Agir; est le contraire de _pati_;
+souffrir les agissants. C'est jouer avec ardeur au jeu d'amour. Il est
+du style Sodomitique.
+
+AGULA, _ae_, f. Appareilleuse, maquerelle.
+
+ALECTRA, _ae_, f. Celle qui ne laisse pas de prendre les plaisirs de
+l'amour, bien qu'elle soit sans mari; celle qui se console galamment de
+la solitude du célibat ou de la viduité; celle qui se sert du remède
+propre à guérir les chagrins où le célibat et le veuvage peuvent
+plonger[34].
+
+ [34] Épicurienne qui laisse à qui les veut les peines et les tourments
+ du mariage, mais qui s'en procure les plaisirs.
+
+ALICARIAE, _arum_, f. _Plaut._ Filles de joie qui se tenaient devant les
+boutiques des vendeurs de fromentée, attendant aventure.
+
+ALIENUS EST DIU VENERIS USUS EO QUI CONVALUIT. _Cels._ Celui qui relève
+de maladie se doit interdire pour un temps l'usage de Vénus; les délices
+de l'amour sont un mets dont les convalescents ne doivent point goûter;
+au sortir d'une maladie, on doit être dispensé pour quelque temps du
+service des belles; les plaisirs de l'amour ne sont point faits pour un
+convalescent; il ne sied point du tout de faire le galant tant qu'on a
+besoin de reprendre des forces; vouloir faire l'amour pendant une
+convalescence, c'est chercher entre les bras de Vénus une rechute[35].
+
+ [35] Ou même la mort. Les vieillards sont comme les convalescents:
+ l'usage des plaisirs amoureux les tue ou les rend imbéciles.
+
+ALILARIA, _ae_, f. Garce suivant la Cour, putain de Cour[36].
+
+ [36] Comme les gens de Cour sont au-dessus des préjugés, c'est pour
+ cela qu'elles y abondent.
+
+ALLUDERE AD SCORTUM. _Ter._ Se jouer à une courtisane[37].
+
+ [37] Badiner, folâtrer avec une fille de joie.
+
+(N) ALUTA, _ae_, f. Peau inutile; boyau sans ressort et propre à être
+livré au mégissier. _Aluta Priami_: vieil outil qui ne peut plus servir
+qu'à exciter les sarcasmes des jeunes filles. Instrument fêté dans sa
+jeunesse, et méprisé, comme tant d'autres choses, lorsqu'il se trouve
+usé par le service ou la vieillesse.
+
+AMASCUS, _i_, m. _Plaut._ V. AMASIUS.
+
+AMASIA, _ae_, f. _Gell._ Celle qui aime, ou qui est aimée, maîtresse.
+Ou: femme galante[38].
+
+ [38] Bonne amie à qui il ne manque que le contrat matrimonial pour
+ être une femme parfaite.
+
+AMASIO, _onis_, m. _Apul._ V. AMASIUS.
+
+AMASIOLA, _ae_, f. Une petite maîtresse, une jeune enfant qu'on aime.
+
+AMASIOLUS, AMASIUNCULUS, _i_, m. _Petr._ Un jeune amoureux, un petit
+galant. Ou: un petit favori, un jeune mignon.
+
+AMASIUS, _ii_, m. _Plaut._ Un amoureux, un galant, le berger d'une
+bergère, l'amant d'une belle. Ou: celui qui est porté à l'amour, qui est
+enclin aux plaisirs de Vénus. Ou: un favori, un mignon, celui qui
+souffre les caprices amoureux d'une passion déréglée.
+
+AMATIO, _onis_, f. _Plaut._ Amourachement, amourette; attachement
+galant, inclination amoureuse.
+
+AMATOR, _oris_, m. _Ter._ Un amoureux, un galant, un passionné, un
+amant[39].
+
+ [39] En Français, le mot _amateur_ équivaut à libertin: un friand de
+ jeunes tendrons.
+
+AMATORCULUS, _i_, m. _Plaut._ Diminutif d'_amator_.
+
+AMATORIA VOLUPTATE FRUI. _Cic._ Goûter les plus parfaites douceurs de
+l'amour; jouir des plaisirs amoureux; satisfaire ses amoureux désirs;
+s'enivrer des délices de l'amour.
+
+AMATRICULA, _ae_, f. V. AMASIOLA.
+
+AMATRIX, _icis_, f. _Plaut._ Amante, amoureuse, bergère, maîtresse.
+
+AMATUS, _us_, m. Ce qu'on aime, objet aimé, ses amours, son inclination.
+
+AMBULARE IN MASCULOS. _Sen._ Donner dans ses amours l'exclusion au beau
+sexe; prendre un sexe pour l'autre dans ses divertissements amoureux;
+faire un affront aux femmes et à la nature; se méprendre au sexe dans
+ses amours; aimer ses pareils avec dérèglement.
+
+(N) AMICUS LAEVIS vel LEVIS. Ami jeune et sans barbe, qui chez les
+Anciens tenait lieu d'une amie et en faisait les fonctions.
+
+AMISSI CORPORIS DAMNUM. _Phaed._ Le dommage que cause la perte de la
+virilité, la perte de ce qui nous distingue et qui nous fait aimer des
+femmes.
+
+(N) AMOR, _is_, m. L'Amour, le fils de Vénus; la passion d'aimer. Cette
+passion n'est point obscène par elle-même, mais l'abus de l'amour le
+devient. _Amor Socraticus_: l'amour Socratique, quoique portant le nom
+d'un sage, doit être proscrit de la bonne compagnie et relégué dans les
+collèges, les séminaires, les couvents et dans toutes les sociétés
+composées d'hommes qui connaissent trop ou trop peu les femmes. La bonne
+philosophie n'est point de contrarier la nature. L'amour Platonique est
+au moins fondé sur la délicatesse, mais les femmes commencent à
+l'abjurer comme inutile et ridicule.
+
+AMPHICAUSTIS, _is_, f. (dans les comiques). La partie sans laquelle les
+femmes seraient bien malheureuses.
+
+AMPHIDAEUM, _i_, n. Les lèvres rebordées de la bouche inférieure, qui
+engloutit la plus pure substance des hommes.
+
+(N) AMPLEXUS, _us_, m. Étreinte amoureuse, embrassement, baiser.
+
+ANAGRIPH, ind. Le plaisir amoureux pris avec une fille, ou avec une
+veuve.
+
+ANAITIS, _idis_, f. Vénus Assyrienne, dans les temples de laquelle les
+filles des meilleures maisons tiraient gloire d'avoir gagné leur mariage
+en satisfaisant les désirs amoureux de tous ceux qui se présentaient, et
+après ce galant noviciat trouvaient à se marier plus avantageusement, vu
+leur grande expérience[40].
+
+ [40] Si les divinités des Assyriens avoient des temples en France, nos
+ jeunes filles n'auraient pas les pâles couleurs.
+
+ANAPHLASMUS, _i_, m. Le plaisir amoureux.
+
+ANAPHLYSTIUM, _ii_, n. Le mariage solitaire, le combat de cinq contre
+un.
+
+ANAPHLYSTIUS, _ii_, m. Qui trouve une femme dans sa main.
+
+ANAPHRODISIA, _ae_, f. Apathie de la nature, insensibilité pour les
+plaisirs de l'amour[41].
+
+ [41] Mort anticipée.
+
+ANAPHRODISUS, _a, um_. Qui est insensible aux plaisirs de Vénus; qui est
+dans l'indolence à l'égard de l'amour; qui n'a aucun goût pour les
+douceurs amoureuses; que les charmes de Vénus n'attirent point; qui
+n'est ému d'aucuns désirs pour la beauté; que les délices de l'amour ne
+tentent pas; qui n'est point touché des attraits de Vénus; qui n'a
+aucune pente aux divertissements amoureux; qui ne se sent point;
+insensible aux traits de l'Amour; sur qui les appas de Vénus ne font
+point d'effet.
+
+ANCUBA, _ae_, f. Succube, qui est introduite dessous.
+
+ANCYRA, _ae_, f. V. MENTULA.
+
+ANDROGENIA, _ae_, f. L'union des corps qui perpétue le genre humain; la
+liaison des deux sexes pour la propagation des hommes; le mélange des
+corps et des esprits pour reproduire son semblable; ce qui donne
+naissance à l'amour et ensuite aux hommes.
+
+ANDROGENUS, _a, um_. Qui s'étudie à la reproduction; qui prend soin de
+la propagation humaine; qui fait ce qu'il peut pour perpétuer le genre
+humain; qui travaille à se faire des successeurs; qui s'emploie à se
+donner une postérité.
+
+(N) ANDROGYNUS, _i_, m. Androgyne. On appelle de ce nom l'être qui
+réunit les deux sexes. Deux androgynes parfaits équivaudraient à quatre
+personnes ordinaires; mais comme la Nature les crée presque tous
+imparfaits, douze androgynes ne valent ni un homme ni une femme.
+
+ANDROPHYTIDES, _is_, _omn. gen._ Qui est propre à donner des habitants à
+sa patrie; qui a tous les talents nécessaires pour peupler le monde; à
+qui rien ne manque pour fournir des sujets à l'État; qui ne laissera pas
+périr la race des hommes par sa faute; qui est en état de travailler à
+la propagation du genre humain.
+
+ANDROSATHUS, _i_, m. Que l'Amour a libéralement fourni; avantageusement
+pourvu des dons de l'Amour[42]; qui a de grandes parties pour Vénus; à
+qui l'Amour a fait présent d'un sceptre magnifique; qui est avantagé de
+la nature en faveur des dames; qui a un grand talent pour persuader en
+amour; un substitut du dieu des jardins; un second Zagachrist. V.
+MENTULATUS.
+
+ [42] Qui a de grands moyens de plaire au beau sexe.
+
+(N) ANHELO, _as, are_. _Juv._ Montrer toute sa vigueur et se mettre hors
+d'haleine; être sur le grabat pour avoir trop travaillé.
+
+ANITERGIUM, _ii_, n. Mouchoir de commodité, torchecul[43].
+
+ [43] Si ce mot n'est pas propre, au moins il est expressif.
+
+ANO FASCINUM INSERERE. _Petr._ Introduire un suppositoire vivant.
+
+ANTILLO, _as, are_. V. SCORTOR.
+
+ANULARE, _is_, n. La bague que l'on court en amour; l'anneau que l'amour
+cherche à mettre à son doigt[44].
+
+ [44] Et qui est propre à tous les hommes.
+
+ANXITIA, _ae_, f. Fille de joie, garce[45].
+
+ [45] Coquine.
+
+APHRODISIA, _orum_, n. _Plaut._ Les plaisirs de Vénus, les jeux où Vénus
+engage les amants, les combats amoureux, les victoires amoureuses, les
+exercices d'amour.
+
+APHRODISIAS, _adis_, f. Ile dans le golfe Persique, où Vénus était
+servie de la manière la plus tendre et la plus vigoureuse.
+
+APHRODISIASMUS, _i_, m. Le service de Vénus; l'usage des contentements
+que Vénus peut procurer; le doux emploi auquel la mère d'Amour destine
+les amants; le devoir amoureux.
+
+APHRODISIUM, _ii_, n. Les délices où Vénus invite; le plaisir sans
+lequel on ne verrait point d'amants; les douceurs qu'offre la mère
+d'Amour pour payer les maux que son fils fait souffrir.
+
+APHRODISIUS, _a, um_. Qui est tout à Vénus; qui s'est voué tout entier à
+la mère d'Amour.
+
+APHRODITARIUM, _ii_, n. Médicament propre au service de Vénus.
+
+APOCOPUS, _i_, m. Eunuque; homme qui a souffert un retranchement
+considérable; personnage de mauvais augure pour les dames; inhabile ou
+impuissant; celui dont les forces ne lui permettent pas de servir sous
+les enseignes d'Amour; auquel il n'est pas permis de lever l'étendard
+amoureux; qui est dans l'impuissance de combattre amoureusement[46].
+
+ [46] Dont le lit est un lit de repos.
+
+APORAPHANIDOSIS, _is_, f. Peine des pauvres surpris en adultère à
+Athènes, auxquels on fourrait un navet dans le cul après leur en avoir
+arraché les poils; d'où est venu le proverbe: _Drôle à la fesse
+tondue_[47].
+
+ [47] Le code criminel d'Athènes méritait aussi d'être réformé.
+
+AQUACULO, _as, are_. Maquereller, faire le maquerellage. V. AGERE
+LENONEM.
+
+AQUARIOLUS, _i_, m. _Cic._ AQUARIUS, _ii_, m. _Juv._ Maquereau,
+pourvoyeur d'amour[48]. Ou (_Apul._): cocu volontaire, mari commode. Ou
+(_Fest._): suppôt de bordel, souteneur, mangeur de blanc.
+
+ [48] Voy. BALLIO.
+
+AQUATICULUS, _i_, m. Le bas du ventre; l'endroit où sont les parties
+destinées à la génération, qui, par l'abondance d'une chaleur humide qui
+y règne, se couvre de poils; le pénil; la motte[49].
+
+ [49] L'aqueduc d'amour.
+
+ARARE FUNDUM ALIENUM. _Plaut._ Cultiver le champ d'autrui; travailler à
+la tâche d'un autre; mettre en oeuvre le fonds de son voisin; prendre
+soin des plaisirs de la femme de quelqu'un; se divertir aux dépens des
+maris.
+
+ARCUM TENDERE. _Apul._ Se mettre en état de servir les belles; être en
+amour sous les armes; se tenir prêt pour le combat amoureux; se disposer
+à l'attaque amoureuse; diriger son intention au service des dames.
+
+ARDERE FELICITER. _Ovid._ Être heureux en amour; avoir du bonheur dans
+ses amours; être vu de bon oeil par les dames; être bien reçu des
+belles; être favorisé du beau sexe; ne point soupirer à crédit; ne
+s'enflammer jamais seul; ne point brûler d'une passion infructueuse;
+être homme à bonne fortune.
+
+ARGA, _ae_, f. Le vase amoureux.
+
+ARGENTARIAE ELECEBRAE. _Fest._ Filles de joie.
+
+ARIETINO, _as, are_. Beliner.
+
+(N) ARMA VIRILIA. Les armes propres à la joute amoureuse.
+
+ARRHENOCOETES, _ae_, m. Pédéraste, adonné à l'amour des mâles,
+bougre[50], Sodomite[51].
+
+ [50] Bulgare.
+
+ [51] Hérétique en amour.
+
+ARRIDET FORTUNAE HORA. _Petr._ Voici l'heure du berger; berger, ton
+heure sonne; le moment heureux est venu.
+
+ARRIGERE AD VETULAS. _Mart._ Être fort galant près des vieilles; ne pas
+mépriser les vieilles amoureuses[52].
+
+ [52] Heureux qui peut ainsi faire, car les jeunes doivent bien trouver
+ leur compte avec un tel homme.
+
+ Le mot _arrigere_ s'emploie presque toujours avec un autre mot qui
+ détermine le genre d'action qu'il exprime. En langage lubrique, cela
+ veut dire: avoir la lance en arrêt pour attaquer les jeunes filles
+ et les jolies femmes. _Arrigere in aliquam_: avoir une intention,
+ des désirs de préférence pour une dame. _Arrigis? en propera_, dit
+ Pétrone à une jeune fille qui n'osait pas profiter d'une bonne
+ occasion.
+
+ARSENOCOETA, _ae_, m. V. ARRHENOCOETES.
+
+ARSENOTHETA, _ae_, m. Corrupteur de jeunes garçons[53].
+
+ [53] Homme dangereux, qui ne fait rien qu'à rebours du bon sens.
+
+ARTICULOS OMNES COMMODITATIS & SCIRE. _Plaut._ Connaître l'heure du
+berger[54].
+
+ [54] Deviner le moment de la faiblesse des dames.
+
+(N) ARVA CONSERERE MULIEBRIA. Ensemencer les champs d'amour; rendre une
+femme fertile.
+
+ARVUM GENITALE. _Virg._ ARVUM MULIEBRE. _Lucr._ Le champ que l'amour
+fait cultiver; le jardin de Vénus; la patrie commune de tous les hommes;
+le pays natal; le lieu de la naissance.
+
+ASINIS (AB) AD BOVES TRANSIRE. _Plaut._ Quitter la mandille pour devenir
+fermier général; passer du régiment de l'arc-en-ciel dans la brigade de
+la fortune; parvenir d'une condition médiocre à une fortune
+considérable.
+
+ASOTIUM, _ii_, n. Endroit où l'on se divertit; lieu de plaisir; maison
+de divertissement; maison libre; maison de liberté; maison où l'on se
+réjouit.
+
+ASSILIO, _is, lii, lui, ultum, ire_. _Col._ Saillir; couvrir; faire
+l'action naturelle; sauter sur les quatre quartiers[55].
+
+ [55] Cela se dit plutôt des animaux que des hommes.
+
+ASTYANASSA, _ae_, f. La suivante d'Hélène, qui composa un livre des
+différentes manières d'androgyniser: ce que Philénis et Éléphantine
+imitèrent depuis; et, de nos jours, Louise Sigée de Tolède, dame
+Espagnole, et le magnifique Molza, Florentin.
+
+ATAURUS, _a, um_. Qui n'a point encore fait l'exercice de Vénus[56].
+
+ [56] Novice qui ne connaît rien aux plaisirs de l'amour.
+
+ATHYR, ATHYRI, ind. L'antre des Nymphes; la fontaine où l'on porte
+l'eau; la boutique où l'Amour fait travailler en peau.
+
+ATTENUATUS AMORE. _Ovid._ Atténué par les fatigues de l'exercice
+amoureux.
+
+ATTRECTARE UXOREM ALICUJUS. _Cic._ Manier, patiner, tâtonner la femme de
+quelqu'un[57].
+
+ [57] La caresser.
+
+AVERSA VENUS. _Jul. Cap._ Amour désordonné, dérèglement en amour; injure
+faite à Vénus et aux belles; la Vénus antistrophe; l'art subtil.
+
+
+
+
+B
+
+
+BABALUM, _i_, n. La pique du dieu gardien des jardins; le sceptre de
+Cupidon.
+
+(N) BACCHANALIA. Bacchanales, ou les fêtes en l'honneur de Bacchus, dieu
+de la vendange. D'abord elles furent décentes, mais elles offrirent
+ensuite tous les désordres de la débauche la plus crapuleuse. On portait
+en procession des membres virils couronnés par des matrones
+respectables. Les Bacchantes couraient les rues toutes nues. Aujourd'hui
+il n'y a de Bacchanales que dans de petits appartements consacrés à
+cela, et ces fêtes se nomment, comme autrefois, orgies.
+
+BADAS, _ae_, m. Qui se laisse métamorphoser en fille; qu'on emploie pour
+fille[58].
+
+ [58] Par une erreur bien volontaire.
+
+BAETA, _ae_, m. Qui se laisse prendre pour une jolie fille, et qu'on
+traite de même.
+
+BALANUS, _i_, m. Le gland qu'on offre à Vénus; la tête du dieu Priape.
+
+BALLIO, _onis_. _Cic._ Conciliateur d'amourettes; pourvoyeur
+d'amour[59].
+
+ [59] Négociant en jeunes filles.
+
+(N) BALNEA, _eorum_. Bains publics, endroits de rendez-vous et
+préparatoires à la prostitution. Les Romains y allaient pour examiner
+les hommes nus, et choisir en quelque sorte les jeunes gens les plus
+propres à contenter leur goût singulier pour le péché contre nature. On
+dit que, dans plusieurs de ces endroits, les hommes et les femmes se
+baignaient pêle-mêle. Véritablement, les Romains ont poussé très loin ce
+genre de mollesse, qui se retrouve en Asie.
+
+(N) BAPTAE, _arum_, m. Prêtres de Cotytto, dont il sera parlé plus bas.
+C'étaient de francs vauriens et les plus débauchés des hommes. De tous
+temps les prêtres ont été libertins plus ou moins ouvertement.
+
+(N) BASIATIO, _onis_, f. Baiser, l'action d'embrasser. Voy. OSCULUM.
+
+(N) BASIO, _as, are_. Baiser, donner des baisers, embrasser.
+
+BASSARA, _ae_, f. Fille de joie, courtisane.
+
+BATALUM, _i_, n. BATALUS, _i_, m. Le batail, ou le battant de la cloche
+amoureuse.
+
+BATALUS, _i_, m. Qui souffre qu'on le fasse servir de femme; qui laisse
+exiger de lui le plaisir que les femmes seules devraient donner. Ou:
+Voy. PODEX.
+
+BETA, _ae_, f. Voy. BAETA.
+
+BILBIL, _ind._ BILBIS, _idis_, f. _Fest._ BILLIS, _is_, f. Le lait
+d'amour répandu à terre[60].
+
+ [60] Esprit-de-vin évaporé contre l'intention de la Nature.
+
+(N) BONA DEA. Cérès, ou la Bonne Déesse. Ses mystères, inconnus aux
+historiens et aux mythologistes, ne l'étaient pas à Juvénal. Si on l'en
+croit, il s'y passait de son temps des choses qui offensent rudement la
+pudeur. Cérès était la déesse de la terre et de la fécondité; une de ses
+fêtes avait lieu au mois de Mai, si célèbre par la révolution qui se
+fait dans la nature, qu'une chaleur nouvelle semble vivifier alors et
+rappeler aux actes d'une régénération entière. Ce que dit Juvénal de la
+licence de ces fêtes fait croire que, quoique dans les premiers temps de
+leur institution à Rome elles eussent été chastes, néanmoins, par
+analogie avec les propriétés du mois de Mai, il s'y serait introduit des
+mystères très opposés à leur première institution. Les prêtres de tous
+les pays ont le talent de régénérer, par des institutions commodes, la
+religion lorsqu'elle se perd. Les mystères d'Isis, de Vénus, de Bacchus,
+de Priape, n'étaient guère plus chastes. Clodius, à Rome, tenta le
+premier de violer les mystères de la Bonne Déesse, qui se célébraient à
+huis clos entre femmes, et, sous un déguisement féminin, s'introduisit
+dans la maison de César pour mieux jouir de Pompeia, qu'il aimait.
+Pompeia était la femme de César: elle ne pouvait mieux se venger de ses
+infidélités qu'avec ce Clodius, l'un des plus beaux chevaliers de son
+temps.
+
+Voy. Juvénal, sat. 6e, vers 313 et suiv.; Apulée, au liv. 8e de ses
+_Transformations_.
+
+BIPENNA, _ae_, f. L'instrument avec lequel l'Amour taille sa besogne.
+
+BUBALIUM, _ii_, n. La bague qu'on court dans l'académie amoureuse.
+
+BUCHEIS, _idis_, f. Palma Christi, plante merveilleuse pour les
+exercices d'amour. Elle croît en Syrie[61].
+
+ [61] Rien n'est plus dangereux que ces remèdes aphrodisiaques. Ils
+ conduisent à l'impuissance par le plus court chemin.
+
+
+
+
+C
+
+
+CADERE CREBRO. _Plaut._ Tomber souvent sur les bras d'une aimable
+ennemie[62].
+
+ [62] C'est un plaisir qu'on n'a pas toujours le pouvoir de se procurer
+ et qui n'en est que plus piquant lorsqu'on l'éprouve.
+
+CADURCA, _orum_, n. Les bords de la fontaine d'amour; les lèvres de la
+bouche amoureuse; ce qu'on appelle, aux vieilles, les babines.
+
+CADURCUM, _i_, n. Le cabinet de Vénus, la loge amoureuse[63].
+
+ [63] La chambrette des délices.
+
+CAPULUS, _i_, m. _Priap._ Le manche amoureux; la poignée d'amour.
+
+CARUNCULA, _ae_, f. Carnosité; excroissance de chair; chair glanduleuse
+et spongieuse; caroncule, dont quatre forment une barricade au devant du
+chemin couvert de la forteresse d'amour. Palissade sur laquelle niche
+quelquefois cet oiseau rare qu'on appelle aux Indes oiseau de Paradis,
+et en France pucelage.
+
+CASALBADIUM, _ii_, n. _Petr._ Fille de commodité, fille de joie.
+
+CASALVIUM, _ii_, n. Lieu, à Athènes, où l'on pouvait se fournir de
+filles commodes.
+
+CASAURA, _ae_, f. Fille commode.
+
+CASAURIUM, _ii_, n. Bordel, lieu de plaisir.
+
+CASTRA CUPIDINIS. _Ovid._ Le camp de l'amour; le poste amoureux.
+
+(N) CASTRO, _as, are_. Ôter le sexe à un homme; le rendre neutre,
+inhabile à la génération; le priver de ce qui attire les dames, de ce
+lien qui joint un sexe à l'autre et des deux n'en fait qu'un. _Eunucho
+committere juvenem_ exprime la même chose que _castrare_.
+
+CATADACTYLIUM, _ii_, n. La bague puérile, que courent certaines gens
+d'un goût extraordinaire.
+
+(N) CATAMITUS, _i_, m. Favori de Jupiter, Ganymède; jeune garçon
+substituant les filles. Notre mot Français _chattemite_, que l'on
+interprète par ceux-ci: _patelin_, _rusé_, _hypocrite_, n'aurait-il pas
+aussi quelque analogie avec celui-ci? Voy. CONCUBINUS, PULLUS.
+
+CATAPYGOS, _i_, m. Qui recherche la Vénus antistrophe. Ou: le doigt du
+milieu auquel on met quelquefois une bague, mais qui n'en porte
+jamais[64].
+
+ [64] Des religieux Asiatiques, par esprit de pénitence, se mettent au
+ gland un anneau assez lourd pour empêcher l'effet des désirs
+ charnels.
+
+CATAPYGOSINE, _es_, f. L'amour de Vénus antistrophe, l'exercice de l'art
+subtil; la passion à laquelle les auteurs orientaux disent que la femme
+de Loth s'était soumise.
+
+(N) CATIA MATRONA. Femme qui s'habille à la manière des courtisanes, qui
+savent faire valoir tous leurs avantages corporels; femme leste,
+élégante.
+
+CAUDA, _ae_, f. _Hor._ Ce qu'on appelle la queue dans les animaux qui
+n'en ont point.
+
+CAULIS, _is_, m. CAULOS, _i_, m. La tige du genre animal.
+
+(N) CELLA, _ae_, f. La cellule des prêtresses de Vénus; la petite alcôve
+où elles se retirent pour sacrifier à l'amour dans un lieu de
+prostitution.
+
+CERCOLIPA, _ae_, m. _Catull._ Voy. PENIS.
+
+(N) CEVEO, _es, cevi, cevere_. _Juv._ Il a la même acception que le mot
+_crissare, crisso_, cité plus bas. Cependant le verbe _cevere_ désigne
+plus spécialement le mouvement des hommes pendant le plaisir à la
+Grecque: _Ego te ceventem, Sexte, verebor._ _Juvenalis._
+
+CHALAMYDES, _dum_, f. Celles qui, par humilité, veulent bien prendre sur
+elles le fardeau du genre humain.
+
+(N) CHALCIDISSO, _as, are_. Mot tiré du Grec, qui exprime un genre de
+fantaisie érotique qui consiste à se faire lécher ou sucer les parties
+naturelles par des enfants. Les anciens habitants de la Chalcide
+chérissaient cette singulière volupté.
+
+CHELIDON, _onis_, f. La caverne de Vénus; le gouffre où se précipitent
+la plupart des hommes.
+
+CHIA, _ae_, f. _Mart._ (_Subaud._ FICUS). La figue que les Ganymèdes
+donnent à entamer, que Martial dit être d'un goût piquant et qui excite:
+au lieu que, dans les femmes, il dit qu'elle est fade et insipide, et la
+nomme _marisca_, et prétend que c'est un second c...
+
+CHOEROS, _i_, m. La bauge où se vautrent les hommes les plus propres; le
+bourbier où presque tous les hommes se plongent.
+
+CHRYSION, _ii_, n. Le Priape enfantin, une courte, une guigi, une
+margot.
+
+(N) CICINNIA, _ae_, f. La patronne des mignons ou Ganymèdes.
+
+CIDARIUS, _ii_, m. Pédéraste; qui aime les jeunes garçons.
+
+CILLO, _onis_, m. _Sext. Pomp. Ict._ Qui se laisse assujettir à
+l'ouvrage dont les femmes sont jalouses; qui usurpe l'emploi des femmes
+dans la République d'Amour; qui souffre les caresses qui ne sont dues
+qu'aux femmes[65].
+
+ [65] Et mérite par conséquent leur juste indignation.
+
+CINAEDIA, _ae_, f. CINAEDIUM, _ii_, n. La patience à se laisser
+métamorphoser en femme.
+
+CINAEDOLOGUS, _i_, m. Qui s'entretient de ce que les Italiens appellent
+l'art subtil; qui parle de l'amour déréglé pour les jeunes garçons.
+
+CINAEDOLOGI, _orum_, m. Vers qui traitent de l'art subtil des Italiens.
+
+CINAEDUS, _i_, m. _Catull._ Jeune garçon qui se livre à toutes les
+caresses que l'on veut lui faire[66].
+
+ [66] Octave, qui depuis fut appelé Auguste, passe pour avoir joué ce
+ rôle auprès de César, qui, par reconnaissance, l'adopta. Les
+ Romains, avant que d'être abrutis par l'esclavage, lui firent un
+ jour sentir qu'ils savaient bien qu'il devait le trône à cette
+ complaisance, et applaudirent devant lui à ce vers d'une comédie que
+ l'on jouait:
+
+ _Videsne ut cinaedus orbem digito temperet?_
+
+ Ce goût paraît être celui des grands rois, et c'est peut-être pour
+ cela que le grand Frédéric en était entiché de nos jours.
+
+CIPUS, _i_, m. Le terrain où se plante le piquet amoureux.
+
+CISTUS, _i_, m. _Plin._ La corbeille féminine; le panier où l'Amour met
+ses oeufs[67].
+
+ [67] Heureux qui les casse!
+
+CLAVUS CUPIDINIS. _Plaut._ Le clou de Cupidon, qui entre par la
+tête[68].
+
+ [68] Le passe-partout du jardin de Cypris.
+
+(N) CLAZOMENAE, _arum_, f. Les fesses: la partie chérie des hérétiques
+en amour. Comme les habitants de la ville Grecque nommée Clazomène
+étaient fort amateurs en ce genre, le nom de la ville est resté à
+l'objet de leur amour. C'est comme nous appliquons le nom de _Normand_ à
+quelqu'un que nous jugeons fin et cauteleux.
+
+CLINOPALE, _es_. _Suet._ L'exercice de la couchette; les tours de lit;
+la lutte amoureuse sur un lit, de peur de se blesser en tombant[69].
+
+ [69] Les gens à tempérament regardent cet exercice comme aussi
+ nécessaire que celui de boire et de manger; et souvent ils ne
+ considèrent les femmes que comme un meuble de ménage. Cette idée
+ n'est point galante: en conséquence, il faut que les femmes fassent
+ payer à ces gens-là leur utilité.
+
+CLITORIAZO, _is, ire_. Clitoriser, se chatouiller le clitoris avec le
+bout du doigt pour se faire rire; ou faire cette action sur une personne
+dans la même intention. Badiner à l'endroit sensible; se jouer à la
+partie chatouilleuse; folâtrer du bout du doigt avec le loquet du
+cabinet d'amour[70].
+
+ [70] Gratter à la porte du palais d'amour.
+
+CLITORIS, _is_, f. CLITORIUM, _ii_, n. Le clitoris, petit corps très
+sensible au haut de la partie naturelle de la femme; il a la figure du
+membre de l'homme. Le loquet du cabinet d'amour; le Priape féminin.
+
+(N) CLIVUS, _i_, m. La double colline qui se trouve au bas du dos. Voy.
+CLUNES.
+
+(N) CLUNES, _ium_, f. _Clunes agitare, movere._ _Priap._ S'agiter, se
+remuer pendant le plaisir amoureux; faire sauter son homme. Ce qui suit
+s'applique aux non-conformistes comme aux femmes: _clunibus fluctuare
+crispatis_.
+
+COA, _ae_, f. Femme qui boit bien, et qui ne refuse pas d'autres
+plaisirs[71].
+
+ [71] _Venus Coa_: femme débauchée, libertine à table. _In triclinio
+ Coa, in cubiculo Nola._
+
+COEO, _is, ivi, itum, ire_. _Ovid._ Se choquer amoureusement; unir les
+corps comme les coeurs; s'exercer au combat amoureux; faire l'action;
+faire en compagnie le voyage amoureux.
+
+(N) COETUS, _us_, m. L'union charnelle des corps, légitime lorsque des
+contrats l'ont sanctionnée; illégitime quand elle tient à la convention
+du moment ou à la volonté passagère de deux individus. _Coitus_ et
+_concubitus_ lui sont synonymes.
+
+COIRE FURTIM. _Ovid._ Dérober la connaissance d'un duel amoureux;
+prendre à la dérobée le plaisir, qui est plus doux quand on le
+dérobe[72].
+
+ [72] Si toutefois on dérobe un plaisir consenti par les deux personnes
+ intéressées à ce plaisir.
+
+COGNOSCO, _is, ovi, itum, ere_. _Ovid._ Connaître de la manière la plus
+intime et la plus sensible, et par celui de tous les sens qui fait le
+plus de plaisir[73].
+
+ [73] Connaître est alors synonyme avec posséder et jouir.
+
+COGNOSCERE AMORES SUOS. _Ovid._ Jouir de ses amours; connaître
+actuellement quel est le plaisir qu'on peut tirer de ce qu'on aime.
+
+COLEATUS, _a, um_. _Pomp. Ict._ Qui a des témoins pour prouver son droit
+en amour.
+
+COLEATA CUSPIS. _Pomp. Ict._ L'aiguille de l'horloge d'amour et ses
+contrepoids; le dard, ou la flèche de Cupidon garnie de ses pennes.
+
+COLEPHIUM, _ii_, n. Pain qui avait la figure de ce que, par excellence,
+l'on appelle le membre[74].
+
+ [74] _Coliphia_: c'était le pain dont se nourrissaient les athlètes.
+ On croit qu'il était de même sorte que la béquille du Père Barnaba,
+ et qu'on y glissait de la racine de satyrion pour augmenter les
+ forces dans la lutte amoureuse.
+
+COLES, _is_, m. _Cels._ La pique du dieu qui gardait les jardins; le
+dard de Cupidon, la flèche de l'Amour[75].
+
+ [75] La clef de toutes les serrures féminines.
+
+COLEUS, _i_, m. _Cic._ Témoin en justice amoureuse; ce qui rend
+témoignage de la virilité; témoin de la validité d'un mariage.
+
+COLUMBOR, _ari_, dép. _Sen._ Baiser à la pigeonne; pigeonner; donner et
+recevoir des coups de langue qui n'offensent point[76].
+
+ [76] Ou, par périphrase, _humida dare oscula pugnantibus linguis_.
+ _Tibull._ S'embrasser de tout coeur.
+
+COLUMNA, _ae_, f. La colonne de l'architecture humaine.
+
+COMMITTERE OSCULA LINGUAE. _Ovid._ Commettre à la langue le soin de
+l'assaisonnement des baisers; faire servir la langue à rendre les
+baisers plus délicieux.
+
+COMPRESSA VIRGO. _Ter._ Fille qui a été vivement embrassée; fille qui a
+souffert les plus tendres et les plus sensibles embrassements[77].
+
+ [77] _Comprimere patronam_, mettre une femme en presse.
+
+COMPRESSUS, _us_. _Ter._ L'accolade de Cupidon; une embrassade tendre,
+vive et très sensible; le plus vif de tous les embrassements[78].
+
+ [78] L'étreinte la plus douce, le moment où deux corps ne font qu'un.
+
+EX COMPRESSU EJUS GRAVIDA FACTA EST. _Ter._ Cette fille est grosse de
+son fait; il a engrossé cette fille.
+
+CONCHA, _ae_, f. _Plaut._ La coquille de Vénus.
+
+CONCILIATRIX, _icis_, f. _Cic._ Conciliatrice; celle qui s'insinue dans
+les bonnes grâces, qui gagne les coeurs, ou pour soi-même, ou pour
+d'autres.
+
+CONCILIATRIX ANCILLA. _Plaut._ Une suivante qui ménage les intrigues de
+sa maîtresse; une fille qui entre dans le commerce amoureux de sa dame;
+une confidente des galanteries de sa maîtresse; l'intendante des
+plaisirs de sa dame[79].
+
+ [79] Duègne qui trahit son maître pour contenter sa maîtresse, et
+ _vice versa_.
+
+CONCILIUM GENITALE. _Lucr._ Conseil où l'on agite si l'on mettra un
+homme au monde; assemblée où l'on traite plaisamment de la génération de
+l'homme; accord mutuel de la nature; correspondance des natures.
+
+CONCIPERE EX ALIQUO. _Cic._ Concevoir du fait de quelqu'un; être grosse
+des oeuvres d'une personne; s'être imprimé fortement les plus vives et
+les plus sensibles expressions d'amour de quelqu'un.
+
+CONCUBINA, _ae_, f. _Cic._ Concubine; maîtresse; femme d'un homme qui
+n'est pas marié; celle à qui un homme ne s'est pas engagé pour
+toujours[80].
+
+ [80] Synonymes: _concuba, concubia, succuba, pellex_.
+
+CONCUBINATUS, _us_. _Plaut._ Concubinage; habitude de plaisir amoureux
+avec une personne[81].
+
+ [81] Qui n'est point sa femme par contrat notarié.
+
+CONCUBINUS, _i_, m. _Catull._ Qui a une maîtresse; qui est en habitude
+amoureuse avec une fille; qui a une concubine. Ou (_Quintil._): qui a
+une patience féminine en amour; catamite[82].
+
+ [82] Ganymède. Voy. CATAMITUS, PULLUS.
+
+CONCUBITOR, _oris_, m. Qui couche avec un autre de quelque sexe que ce
+soit, ou par compagnie, ou dans la vue du plaisir.
+
+CONCUBITUS, _us_, m. _Ovid._ Les caresses du lit; la tâche des amants;
+le devoir amoureux; l'ouvrage d'amour[83].
+
+ [83] _Concubitus quaerere_: désirer, rechercher le plaisir amoureux.
+
+CONCUBITUM PETERE, PATI. _Ovid._ Rechercher, souffrir les caresses du
+lit.
+
+(N) CONCUBO, _as, are_, CONCUMBO, _is, ubui, ubitum, umbere_. Coucher
+avec quelqu'un, homme ou femme: ce mot n'est obscène qu'autant que, de
+l'action très innocente de coucher deux, il résulte un plaisir qui n'est
+pas innocent.
+
+CONFICERE VIRGINEM. _Ter._ Abattre la fermeté d'une fille; avoir les
+gants d'une belle; humilier une pucelle[84].
+
+ [84] Forcer la garde du palais d'Amour.
+
+CONFUTUO, _is, ere_. _Catull._ Faire de compagnie ce qu'on appelle
+f...... Ou: pondre au même nid qu'un autre[85].
+
+ [85] Posséder à deux les faveurs d'une belle.
+
+CONGENUO, _as, are_. _Varr._ Serrer les genoux pour être plus ferme en
+lice.
+
+(N) CONGRESSUS, _us_, m. Combat de deux personnes sur un lit ou sur un
+canapé. _Congressio_ exprime la même chose.
+
+CONISALUS, _i_, m. Les armes de Priape.
+
+CONJUGIUM, _ii_, n. _Virg._ L'action du mariage, le devoir conjugal.
+
+CONJUGIO ALTERIUS POTIRI. _Virg._ Faire un cocu; jouir de la femme d'un
+autre; planter des cornes à quelqu'un.
+
+CONNATATIO, _onis_, f. V. CONNATIO.
+
+CONNATILIS, m. f. _le_, n. _is_, g. Qui travaille au même atelier
+amoureux; qui entre de part dans une intrigue amoureuse; qui nage en
+amour dans la même eau; qui fait société avec un autre pour un commerce
+d'amour; qui vogue en amour sur la même mer.
+
+CONNATIO, _onis_, f. _Plaut._ Course dans la même lice amoureuse;
+société en amour; jouissance par indivis; travail au même atelier
+amoureux; intrigue amoureuse partagée de concert. Ou, autrement: partage
+des faveurs d'une belle avec quelqu'un.
+
+CONNATO, _as, are_. _Plaut._ Partager un coeur avec un autre; être rival
+heureux d'un amant bien traité; cultiver amoureusement avec quelqu'un le
+même champ; travailler au même atelier d'amour, n'être pas seul qui ait
+part aux faveurs d'une belle; goûter les douceurs d'amour au même
+endroit qu'un autre; aimer sans jalousie en même lieu; être en société
+d'amour avec quelqu'un; avoir un compagnon de jouissance.
+
+CONQUINIO, _is, ire_, CONQUINISCO, _is, ere_. _Plaut._ Offrir le présent
+de Ganymède. Ou: baisser la tête et plier le corps, pour donner belle à
+l'enfilade.
+
+(N) CONSTUPRO, _as, are_. Violer, faire violence à la pudeur; vouloir
+donner par force du plaisir à des femmes qui n'en veulent pas avoir.
+
+CONSUESCERE ALICUI. _Ter._ ALIQUO ou & CUM ALIQUO. _Plaut._ Être l'un
+avec l'autre dans la dernière privauté; avoir l'un pour l'autre une
+amoureuse complaisance; se donner ensemble de telles libertés, qu'on ne
+puisse se refuser rien; être familier au dernier point avec une
+personne[86].
+
+ [86] Être bien d'accord ensemble.
+
+CONSUESCERE CUM MULIERE. _Cic._ Être en intrigue avec une belle; avoir
+commerce ou des liaisons secrètes avec une personne; avoir une habitude;
+avoir une inclination; avoir une maîtresse; faire galanterie avec une
+belle.
+
+CONSUETIO, _onis_, f. _Plaut._ Commerce amoureux, galanterie; habitude
+galante; intrigue; liaison d'amour.
+
+(N) CONTUBERNIUM, _ii_, n. Cohabitation qui dégénère quelquefois en
+colibertinage, et tellement que ce mot, dans Suétone, veut dire
+_concubitus_. _Vesticontubernium_ exprime la même chose.
+
+(N) CONTUS PEDALIS _vel_ SESQUIPEDALIS. La perche d'amour. Ce mot est
+bien expliqué à l'article MENTULA.
+
+CONVENIO, _is, ire_. _Plin._ S'accorder dans le point qui fait la
+liaison la plus étroite des deux sexes; ne faire qu'un tout amoureux de
+deux moitiés séparées; en venir aux prises sous les étendards de
+l'Amour; livrer le combat amoureux; s'assembler amoureusement.
+
+COPA, _ae_, f. _Virg._ Fille de plaisir; fille de joie; fille de
+commodité; courtisane; fille commode.
+
+(N) COPULO, _as, are_. Se joindre deux à deux, corps à corps: s'unir
+étroitement; jouir amoureusement.
+
+COROLLARIUM PUERILE. _Apul._ La bague que courent certains amoureux
+dévoyés du chemin naturel; le soleil rouge-brun de Vénus antistrophe.
+
+CORONA, _ae_, f. La tête du dieu Priape.
+
+(N) COTYTTIA, _orum_, n. Les mystères de la déesse Cotytto, ou de
+l'impudicité. Cette déesse n'était ci-devant qu'une danseuse, dont
+l'extrême lubricité mérita des autels; ses prêtres s'appelaient
+_Baptae_; ils dansaient en contrefaisant les femmes, et probablement
+prenaient leur place quand ils trouvaient des amateurs. Eupolis fit une
+comédie intitulée _Baptae_: Alcibiade, le Socratique Alcibiade, s'y
+trouvant désigné, tua tout bonnement l'auteur pour l'empêcher de
+critiquer les moeurs de ses contemporains.
+
+(N) COXA, _ae_, f. La cuisse touche de bien près au temple de Vénus, et
+celui-ci est souvent désigné chez les poètes par tout ce qui l'avoisine.
+_Laufella tollit pendentis praemia coxae_ (_Juven._): cela veut dire
+qu'elle se présente de si bonne grâce au combat amoureux, qu'elle
+remporte la victoire.
+
+CRISSANS, _tis_, _omn. gen._ _Juven._ Qui remue les fesses; qui joue du
+croupion; qui tortille les fesses; qui remue le cul fort dru.
+
+CRISSATURA, _ae_, f. _Lucret._ Remuement de fesses: jeu du croupion;
+mouvement de cul fort prompt; tortillement de fesses fort dru.
+
+CRISSO, _as, are_. Remuer les fesses; faire des mouvements de fesses
+fort drus; jouer du croupion; tortiller le cul légèrement; faire des
+tortillements de cul fort prompts. Ce verbe est particulier aux femmes
+et à ceux qui en font l'office[87].
+
+ [87] On croit qu'il se prend plus particulièrement pour la posture
+ qu'adopte la femme quand elle se met sur l'homme pour ne pas avoir
+ le dessous; alors elle s'agite beaucoup mieux, et cela donne
+ l'explication du _lumbi fluctuantes_ de la 18e Priapée.
+
+(N) CROCOTULA, _ae_, f. _Movere lumbos in crocotula._ Habit léger pour
+les femmes, et couleur de safran, peut-être par allusion à quelques
+usages dans les orgies des Anciens autrement appelées fêtes nocturnes,
+mystères, etc. Habits de combat qui ne mettent que peu d'obstacles à la
+jouissance. Si l'on veut avoir des détails sur les habillements des
+femmes voluptueuses de l'Antiquité, il faut consulter l'_Errotika
+Biblion_, p. 94.
+
+(N) CRYPTA, _ae_, f. La grotte de Vénus.
+
+CTIR, ind. La fontaine des amoureux et le gazon qui l'environne[88].
+
+ [88] La carte des pays bas.
+
+CUCURBITA, _ae_, f. _Plaut._ Femme galante[89].
+
+ [89] Qui se livre aisément.
+
+CUCURBITARIUS, _ii_, m. Qui met en oeuvre la femme d'autrui,
+principalement celle de son seigneur de fief, ou de son maître, ou
+quelqu'une de leurs parentes.
+
+CUCURBITATIO, _onis_, f. La liberté qu'on prend de semer dans le jardin
+secret d'autrui, etc.
+
+CUCURBITO, _as, are_. Planter dans le jardin de plaisir d'autrui, et
+particulièrement de son seigneur de fief, ou de son maître; ou mettre en
+oeuvre quelqu'une de leurs parentes.
+
+CULICES PATI. Se laisser Ganymédiser.
+
+(N) CULUS, _i_, m. Visage à deux parties, autrement dit postérieur;
+objet du culte des hérétiques en amour. _Culus tritus_, autel trop
+fréquenté, où les sacrifices sont banaux. Synonymes: _pars postica,
+clunes_.
+
+CUNNAGIUM, _ii_, n. Le droit du seigneur en amour; droit de coucher, la
+première nuit des noces, avec les femmes de ses vassaux, possédé
+autrefois par les comtes chanoines de Lyon[90].
+
+ [90] Tout cela est aboli, en France, avec les droits de fiefs.
+
+CUNNATUS, _a, um_. Qui est pourvu de la partie qui fait presque tout le
+mérite des femmes.
+
+CUNNILINGUS, _a, um_. _Priap._[91]. Qui lèche le plat dans lequel on
+sert le mets amoureux; lèche-c.., épithète des petits chiens des dames,
+qui, par là, deviennent souvent enragés[92].
+
+ [91] _Lingua maritus_ (_Martial._)
+
+ [92] Il y a des hommes qui leur envient ce nom. On dit que les chiens
+ deviennent enragés à force de s'occuper de cet ouvrage: mais il faut
+ l'être pour les imiter.
+
+CUNNOSUS, _a, um_. Qui loge au large les pèlerins d'amour[93].
+
+ [93] Anneau trop grand pour le doigt.
+
+CUNNULUS, _i_, m. Ce qui ne se trouve que chez les petites filles, un
+conin, un conichon.
+
+CUNNUS, _i_, m.[94] _Hor._ Le conduit de l'urine féminine; le vase
+amoureux; le chemin couvert de l'amour; la coquille de Vénus; le pays
+natal du genre humain; le but où visent les amants; l'endroit, chez les
+femmes, qu'on dit, mais qu'on n'imprime pas; l'autel où l'on sacrifie à
+l'Amour; le temple de Vénus; l'objet des peines et des plaisirs des
+amants; le bel endroit; le carquois de Cupidon; la boutique où l'Amour
+fait travailler en peau; le colombier de Vénus; le point d'honneur des
+dames[95]; le centre des délices amoureuses; le champ de bataille
+d'amour; le manège des coursiers de Cupidon; la nasse où se prennent les
+anguilles amoureuses; la salle d'armes du dieu d'amour; la fontaine où
+l'on porte l'eau; le réservoir de propagation; le four qui fait lever la
+pâte; la cuve de la brasserie humaine; le marais d'amour où l'on enfonce
+jusqu'au ventre; le trébuchet amoureux; le nid de l'oiseau d'amour; le
+nord de l'aiguille amoureuse; le calendrier naturel; le puits d'amour;
+la grotte de Vénus; l'embrasure des canons de Cupidon; le mortier
+amoureux; le terroir où l'on plante l'herbe sensitive; le champ qu'on
+aime à défricher; le terrier du lapin de Vénus; l'hôtellerie des
+pèlerins amoureux; l'objet de la galanterie; le creux où l'on moule les
+hommes; le cadran qui a souvent besoin d'aiguille; la manufacture de
+Cupidon; le tronc où chacun s'empresse de mettre la pièce; le trône du
+dieu des appas; le tribunal d'amour; le clocher où Vénus fait
+carillonner; le fourreau propre à toutes lames; le chemin qui conduit au
+plaisir; le receveur des droits de la mère d'Amour; le lieu de la
+folâtrerie; le bureau de la confrérie de Vénus; le bassin où l'on met
+les offrandes amoureuses; le peloton où Vénus fiche ses épingles; le
+fourneau où l'on fixe le mercure d'amour; le camp où l'Amour fait
+planter le piquet; le plus fort des objets de la tentation; le
+manichordion de Vénus; le creuset où l'on met les hommes en fonte; le
+palais de la galanterie; la galère qu'une seule rame met en mouvement;
+la prairie des amours; le cabinet de Vénus; le jardin de plaisir; la
+lice des coursiers d'Amour; le magasin des plaisirs amoureux; la niche
+du dieu Priape; la foulerie d'Amour; l'abreuvoir des coursiers de
+Cupidon; le tire-moelle amoureux[96].
+
+ [94] EPIGRAMMA JOANNIS SECUNDI
+
+ _Dicite, grammatici, cur mascula nomina _cunnus_.
+ Et cur foemineum _mentula_ nomen habet?
+ Sic ego, sic aliquis senior de gente verenda
+ Rettulit, attollens longa supercilia:
+ Mentula foeminei gerit usque negotia sexus,
+ Inde genus merito vindicat illa sibi;
+ Indefessus agit res qui, sine fine, virorum,
+ Mascula non temere nomina _cunnus_ habet._
+
+ [95] Ce que les dames appellent «leur honneur», le «coeur» du
+ chevalier de Boufflers.
+
+ [96] La partie qui distingue spécialement le sexe féminin. Nulle femme
+ sans c.., nul homme sans v... Synonymes Latins de ce bijou: _vagina,
+ fossa inguinis, sulcus, arvum muliebre, genitale, hortus Cupidinis,
+ pudendum muliebre, puta, selinon, prodigiosa Venus, meatum Veneris,
+ feminal, virginal, radius Veneris, scrobs virginalis, barathrum
+ foemineum, lanuvium, xanion, ulcus, rima, caverna, custon_.
+
+ _Infelix, cui torpet hebes locus ille!..._
+
+ (Ovid.)
+
+CURRUCA, _ae_, m. Celui que nous appelons improprement _cocu_, à qui sa
+femme donne un substitut[97].
+
+ [97] Qui n'est pas seul possesseur de son bien.
+
+CYANISSANS, _tis_, _omn. gen._ Qui a envie de travailler naturellement;
+qui veut mettre en pratique le symbole de la fève qui a encore sa peau
+(c'est la fève de marais, symbole qui a fait dire à Pythagore: _Abstine
+a fabis_, abstenez-vous des fèves)[98].
+
+ [98] Axiome rejeté par les femmes, même les plus philosophes.
+
+(N) CYBELE, _es_. f. Cybèle, la mère des Dieux, la Bonne Déesse. Ses
+mystères se célébraient dans le plus grand secret, mais il paraît que la
+chasteté et la tempérance n'y présidèrent pas toujours, quoique les
+femmes eussent été dans l'origine les seules initiées. P. Clodius fut le
+premier qui entreprit de les violer en s'introduisant, sous l'habit
+d'une danseuse, dans l'appartement de Pompeia, épouse de Jules César. La
+chronique dit qu'il voulait abuser de cette femme. Les prêtres de cette
+déesse se nommaient _Galli_, et avaient été privés de cette partie qui
+nous rend hommes. Dans les temps de corruption, des hommes faisant
+fonctions de femmes imitèrent entre eux ces mystères et, comme on peut
+le croire, y introduisirent ce que la lubricité humaine a de plus
+dégoûtant.
+
+CYDON, _onis_, m. Pédéraste, Gomorrhiste.
+
+CYLLO, _onis_, m. _Cic._ Qui a été amplement pourvu par l'Amour en
+faveur des dames; personnage bien envitaillé.
+
+(N) CYNAEDUS. Voy. CINAEDUS.
+
+CYSONIPTES, _ae_, m. Baigneur qui a soin de tenir propre tout ce qui est
+plus particulièrement dédié à l'amour.
+
+CYSOS, _i_, m. L'écrin du bijou d'amour; la gaine du poignard de
+Cupidon.
+
+CYSTHOS, _i_, m. V. CYSOS. Ou: les fesses. Ou: le trou du cul.
+
+
+
+
+D
+
+
+(N) DECURRERE SPATIUM AMORIS. Faire la course au jardin d'amour; courir
+la bague; jouir amoureusement.
+
+(N) DEGLUTIO, _is, ire_. Prendre à la bouche la flûte de Cupidon; la
+recevoir, la presser avec les lèvres:
+
+ _Deglutit, fellat, molitur per utramque cavernam._
+
+ (_Auson._)
+
+DEJICERE CAPUT. Baisser la tête en courbant les reins pour offrir mieux
+la bague; présenter le cul en haut[99].
+
+ [99] Voyez la différence entre _dejicere caput_ et _demittere caput_,
+ au mot DEMITTERE.
+
+DELPHYS, _yos_, f. La coquille du limaçon d'amour. Ou: la matrice.
+
+DELTA, ind. Le triangle de la géométrie d'amour; l'entrée du jardin de
+Vénus; l'ouverture de l'antre des Nymphes.
+
+DEMITTERE CAPUT. Faire près d'une femme l'office de petit chien; lécher
+la baratte où l'on bat le beurre en amour[100].
+
+ [100] Voy. VORARE TENTA.
+
+(N) DEPRENSUS, DEPRENSA. Pris sur le fait: _Nihil est audacius, illis
+deprensis (adde mulieribus.)_ _Juven._
+
+ _Quantum deprensi damna pudoris ement._
+
+ (_Auson._)
+
+DEPSO, _is, psui, psitum, ere_. _Cic._ Pétrir le levain amoureux; battre
+le beurre d'amour.
+
+DESTUPRATRIX, _icis_, f. _Mart._ Une tribade.
+
+(N) DIFFUTUTUS, _a, um_. Épuisé par trop de jouissance. Voy. EXFUTUTUS.
+_Virgo diffututa_, fille commode, qui se laisse caresser par tout le
+monde.
+
+(N) DIGITUS IMPUDICUS, INFAMIS. C'est le substitut d'un très joli
+instrument dont les dames aiment à jouer. Les Anciens paraissent avoir
+employé ce doigt à plusieurs usages: tantôt à procurer du plaisir aux
+femmes, tantôt à montrer aux hommes le désir d'une jouissance contre
+nature.
+
+DINDYMUS, _i_, m. Le trou de la verge de l'homme.
+
+(N) DIOBOLARES, _ium_, f. Courtisanes pour le bas peuple; raccrocheuses;
+salopes à deux sols; paillasses de corps-de-garde.
+
+(N) DISSAVIOR _vel_ DISSUAVIOR, _aris, ari_. Embrasser avec ardeur, avec
+vivacité.
+
+DIVIDERE CUM ALIQUA. _Petr._ Partager avec une belle les plaisirs de
+l'amour; diviser le terrain amoureux.
+
+DIVISOR, _oris_, m. _Cic._ Corrupteur de jeunes garçons.
+
+DIVOLTRES, _ium_, f. Garces à canailles; donneuses de bonsoir[101].
+
+ [101] Coureuses de nuit; chauves-souris.
+
+DO, _as, are_. _Dare solet._ _Mart._ Elle a coutume de s'en faire
+donner[102].
+
+ [102] _Dare._ Ce verbe se prête à beaucoup d'obscénités; c'est un de
+ ces mots commodes dans les langues, que l'on prend en bonne ou
+ mauvaise part selon l'intention louable ou maligne de l'écrivain.
+ Donner, prêter, accorder, consentir, voilà ses acceptions dans le
+ langage amoureux.
+
+DARE OPERAM LIBERIS. _Cic._ S'étudier à faire des enfants; s'appliquer à
+se faire des successeurs; s'employer à perpétuer sa race; travailler à
+sa postérité.
+
+DORILLUS, _i_, m. Le jardin de Nature; le champ de Vénus; le clapier
+d'amour.
+
+DRAUCUS, _i_, m. _Mart._ Pédéraste.
+
+DRILOPOTA, _ae_, m. Celui qui boit dans un vase qui représente le
+laboureur de la Nature[103].
+
+ [103] _Vitreo bibit ille Priapo_ (_Juven._).
+
+DUCO, _is, xi, ctum, cere_. _Plaut._ Trouver une femme, ou un mari, dans
+sa main[104].
+
+ [104] Faire jouer le prépuce sur le gland.
+
+DUCTO, _as, are_. _Ter._ Conduire au plaisir.
+
+DUCTARE AMICAM. _Plaut._ Conduire du bout du doigt sa maîtresse au
+plaisir.
+
+
+
+
+E
+
+
+EMASCULATOR, _oris_, m. _Apul._ Pédéraste. Ou: qui effémine, qui rend
+efféminé[105].
+
+ [105] Bourreau des facultés viriles; destructeur d'hommes.
+
+(N) EFFEMINO, _vel_ EFFOEMINO, _as, are_. Être sans force et sans
+courage. Ce verbe a des rapports, au figuré, avec _ementulare_.
+_Effeminatus culus._ _Priap._ Bijou Grec sans ressort, ou dont le
+ressort est usé par le service.
+
+(N) ELECEBRAE, _arum_, f. Courtisanes, filles de joie.
+
+(N) ELEPHANTIS, _idis_. _Priap._ Jeune fille Grecque auteur d'ouvrages
+galants dans le genre de ceux de l'Arétin, des _Élégances Latines_ du
+faux Meursius, du _Portier des Chartreux_, et de tous les livres
+lubriques à l'usage des modernes. Philænis et Cyrène, autres jeunes
+filles Grecques, passent pour avoir composé de pareilles tablettes où
+étaient peintes les postures libidineuses et leur explication. Elles
+étaient autrefois, comme à présent, les leçons préparatoires pour la
+jeunesse de l'un et l'autre sexe que les personnes d'un âge mûr ne
+prenaient pas la peine d'instruire. De jeunes filles innocentes venaient
+offrir en don ces tablettes au dieu Priape, pour lui demander la réalité
+des peintures. On doit croire qu'elles traitaient fort mal leur
+protecteur, lorsque le voeu n'était pas exaucé; Sotade, poète de
+Mantinée, a composé un ouvrage intitulé _Cinaedica_; c'est Suidas qui
+nous l'apprend. L'empereur Tibère avait orné les murs de sa chambre à
+coucher, à Caprée, de ces peintures lubriques, et cette mode a été
+adoptée par quelques vieux et invétérés libertins de son siècle et des
+suivants.
+
+EMASCULATUS, _a, um_. Bardache, Ganymède, catamite. Ou: châtré; ou:
+rendu efféminé.
+
+EMASCULO, _as, are_. _Apul._ Châtrer. Ou: efféminer, rendre efféminé.
+Ou: métamorphoser un mâle en femelle; se servir d'un mâle aux usages
+féminins.
+
+EMBOLUM, _i_, n. Ce qui est cause que l'écusson des filles est fait en
+losange; le losange de la géométrie d'amour; l'entrée du palais de
+Vénus.
+
+EMENTULO, _as, are_. Priver du sceptre amoureux[106].
+
+ [106] Retrancher la partie spécifique du sexe masculin.
+
+ENTESYPATHIA, _ae_, f. Ce qui se passe dans celui qui se laisse
+Ganymédiser; ce que souffre un successeur de Ganymède.
+
+EPISIUM, _ii_, n. Ce qu'on recherche dans le sexe féminin, quoiqu'on lui
+donne le nom de partie honteuse.
+
+(N) EQUITO, _as, are_. Faire la cavalcade; se frotter mutuellement
+l'endroit sensible en remuant l'un sur l'autre; tribader:
+
+ _Inque vices equitant, ac luna teste moventur._
+
+ (_Juven._)
+
+EQUUS HECTOREUS. _Mart._ La posture favorite du sexe; le cheval
+d'Hector; l'amoureuse situation qu'Andromaque exigeait de la
+complaisance d'Hector[107].
+
+ [107] Et dont toutes les femmes font usage dans le déduit.
+
+EREBINTHINUS, _a, um_. Qui concerne le bélier d'amour.
+
+EREBINTHUS, _i_, m. Bélier de Cupidon; la machine avec laquelle l'Amour
+force les remparts amoureux.
+
+EROMENE, _es_, f. Maîtresse; inclination; bonne amie.
+
+EROMENUS, _i_, m. Mignon; favori; Ganymède.
+
+EROTIUM, _ii_, n. _Plaut._ Une petite maîtresse; un petit amour; une
+jeune mignonne[108].
+
+ [108] Sunamite.
+
+(N) ERUCA, _ae_, f. _Herba salax_; c'est une herbe qui excite à l'amour.
+Les personnes d'un tempérament paresseux en font usage. C'est, selon
+Tournefort, la _roquette_. Les oignons et le satyrion, les artichauts,
+font, à ce qu'on dit, le même effet; mais malheur à ceux qui en font
+trop usage, car il est pernicieux.
+
+ESCHARA, ESCHARIA, _ae_, f. Les lèvres de la bouche d'en bas[109].
+
+ [109] V. ci-dessous EXSORBERE VIROS.
+
+EUGIUM, _ii_, n. _Laber. et Lucil._ Le clitoris. Ou: la membrane Hymen.
+Ou: voy. CUNNUS.
+
+(N) EUNUCHUS, _i_, m. Triste sujet, homme nul, impropre au plaisir des
+dames et, par conséquent, l'objet de leur antipathie. En Asie, ils sont
+les gardiens de la vertu des belles; mais celui qui porte la clef de
+leur trésor est toujours sûr de s'en rendre maître, malgré ces odieux
+Argus. En France, et surtout en Italie, ils sont fort utiles aux
+prélats, soit pour la musique de la cathédrale, soit pour un usage moins
+canonique.
+
+Il y a cependant des eunuques à qui il reste l'image de la virilité, et
+qui n'en ont perdu que les témoins: ceux-ci sont encore utiles au beau
+sexe, qui s'en amuse sans danger pour la grossesse. Martial a dit:
+
+ _Cur tantum eunuchos habeat tua Gellia quaeris,
+ Pannice? Vult futui Gellia, non parere._
+
+EXERCINATES, _is_, _omn. gen._ Qui sait remuer les fesses; savant en
+l'exercice des fesses; dressé au manège des fesses; qui sait jouer du
+croupion.
+
+EXFORNICOR, _ari_. Pécher contre nature.
+
+EXFUTIO, _is, ui, utum, ire_. Énerver; effouter[110].
+
+ [110] Rendre nul, impuissant.
+
+EXFUTUTOR, _oris_, m. EXFUTUTRIX, _icis_, f. Qui énerve; qui effoute.
+
+EXFUTUTUS, _a, um_. _Catull._ Énervé; effouté[111].
+
+ [111] _Latera exfututa_: flancs mis à sec par trop de jouissance.
+
+EXIMEQUI, _orum_. m. Pourvoyeurs d'amour.
+
+(N) EXOLETUS, _a, um_. Usé, anéanti par les débauches.
+
+EXONIROTTICUS, _a, um_. A qui les pollutions nocturnes sont fréquentes;
+qui répand d'ordinaire sa semence pendant la nuit.
+
+EXONIROGMUS, _i_, m. Écoulement de semence involontaire pendant le
+sommeil.
+
+(N) EXPATRO, _as, are_. Faire la douce affaire. V. PATRO.
+
+EXPERTA PUELLA VIRUM. _Hor._ Fille qui sait ce que c'est qu'un homme;
+fille qui connaît par expérience les plaisirs qu'un homme peut lui
+procurer; fille qui s'est fait essayer; fille qui a combattu en champ
+clos; fille qui s'est éprouvée avec un homme.
+
+EXPROCOR, _ari_. Demander la courtoisie. Ou: obtenir la dernière faveur.
+
+EXPUGNATOR PUDICITIAE. _Cic._ Un galant dangereux; un crocheteur de
+pucelages; un forceur de remparts amoureux[112].
+
+ [112] Un dénicheur de vertu.
+
+EXPUGNARE PUDICITIAM PUELLAE. _Cic._ Forcer un jeune coeur à se rendre à
+ses désirs galants; tirer les premières faveurs d'une jeune fille; venir
+à bout d'une jeune personne; avoir les gants d'une belle; obliger un
+jeune enfant à céder à ses galanteries; crocheter un pucelage; cueillir
+les premiers fruits de l'amour.
+
+(N) EXSORBERE VIROS. Avaler des hommes (par métaphore.) C'est assez pour
+les dames d'avaler la partie qui leur plaît davantage, et cela par la
+voie ordinaire; car l'idée de l'extraordinaire fait vomir.
+
+
+
+
+F
+
+
+(N) FACILIS VIRIS. Complaisant avec les hommes; ne sachant pas les
+refuser, quand même il s'agirait d'offenser la nature.
+
+FACIO, _is, ere_. _Plaut._ Faire ce qu'on appelle _faire_[113].
+
+ [113] Par excellence. C'est agir d'une manière agréable.
+
+FACTURIO, _is, ivi, itum, ire_. _Plaut._ Avoir envie de le faire;
+souhaiter de travailler d'après nature[114].
+
+ [114] Désirer ardemment le déduit.
+
+FASCINOSUS, _a, um_. _Priap._ Bien fourni du charme viril; amplement
+pourvu de ce qui charme les belles; qui a un grand persuasif en amour.
+
+FASCINUM, _i_, n. _Hor._ Le membre par excellence; le charme viril; le
+laboureur naturel[115].
+
+ [115] L'instrument de la propagation humaine.
+
+FASCINUS, _i_, m. _Petr._ Petite figure du laboureur naturel qu'on
+pendait au cou des enfants pour les préserver des charmes; le
+contre-charme de Priape[116].
+
+ [116] Les Vestales sacrifiaient au culte du dieu _Fascinus_, et
+ peut-être s'en servaient-elles comme de correctif au voeu de
+ virginité qui leur interdisait tout commerce charnel avec les
+ hommes. Pauvre consolation, mais bien connue des Religieuses qu'on
+ vient de rendre à la société. Que de dévotes le dieu _Fascinus_ va
+ perdre!
+
+FELES VIRGINALIS ou VIRGINARIA, f. _Plaut._ Celui ou celle qui dérobe
+des jeunes filles pour les dédier à Vénus[117].
+
+ [117] Corruptrice de jeunes filles.
+
+FELES PULLARIA, f. _Auson._ Qui enlève des petits garçons pour en faire
+des Ganymèdes[118].
+
+ [118] Autre genre de corruption, mais contraire aux lois de la Nature.
+
+FELLATOR, _oris_, m. _Mart._ Suceur; qui boit des hommes; qui suce le
+doigt qui est sans os.
+
+FELLATRIX, _icis_, f. Suceuse; qui emploie la bouche supérieure à
+l'usage de l'inférieure; qui boit des hommes.
+
+FELLICANDUS, _a, um_. _Solin._ Qu'on donne à sucer; qu'on donne à teter.
+
+FELLICATIO, _onis_, f. Le sucement; l'action de teter le trayon
+amoureux.
+
+FELLICO, _onis_, m. V. FELLATOR.
+
+FELLICO, _as, are_. _Solin._ Sucer, teter.
+
+FELLITO, _as, are_. _Solin._ Sucer souvent.
+
+FELLO, _as, are_. _Mart._ Sucer, teter. Ou: sucer le doigt qui n'a point
+d'os; teter ce qui n'est pas fait pour être teté; prendre à la bouche le
+trayon amoureux[119].
+
+ [119] Se dit des femmes qui consentent à cette vilenie.
+
+FEMINAL, _is_, n. L'endroit par où les femmes se distinguent[120].
+
+ [120] La partie spécifique du sexe féminin.
+
+FEMINALIA, _um_, n. _Suet._ Haut de chausses, caleçons, et tout ce qui
+sert à couvrir les cuisses et les parties de la génération.
+
+(N) FEMEN, FEMINA, n. Se prend quelquefois pour _femur_ et _femora_. On
+veut aussi que cela signifie le chemin de la création, ce qui ne serait
+pas extraordinaire, vu la proximité.
+
+(N) FEMUR et FEMORA, n. Les cuisses, ou les grosses colonnes du temple
+de Cypris; ou le temple lui-même. _Femori conserere femur, committere,
+vel imponere_: jouir, confondre deux corps en un.
+
+(N) FESCENNINI VERSUS. Vers obscènes qui se chantaient aux noces.
+Catulle, dans l'Epithalame de Julie et de Manlius, dit:
+
+ _Nec diu taceat procax
+ Fescennina locutio._
+
+Lorsqu'on veut dire des injures en vers, cela s'appelle _Fescennina
+licentia_.
+
+(N) FIBULA, _ae_, f. Cadenas de chasteté; gaine où l'on renfermait les
+instruments de la génération, soit pour les cacher par pudeur, soit pour
+empêcher les jeunes gens d'en abuser, ou les chanteurs de perdre leur
+voix. Les Juifs en faisaient assez d'usage: c'est ce que Martial appelle
+_Judaeum pondus_.
+
+_Fibula_ indique aussi l'anneau de sagesse dont les Anciens se bridaient
+le prépuce en le passant à travers des deux côtés de cette peau qui
+couvre le gland. On le soudait lorsqu'on voulait le conserver longtemps;
+mais je pense que le plus grand nombre ressemblaient aux anneaux qui
+servent à enchaîner plusieurs clefs. _Fibulare_, _infibulare, fibulatio,
+infibulatio_, dérivent de _fibula_. Quelques religieux Asiatiques ont
+conservé l'infibulation par esprit de pénitence. _Theca_ est synonyme de
+_fibula_.
+
+FLAGITATUS, _a, um_. _Fest._ Qui s'est laissé employer aux usages
+amoureux; qu'on a mis en oeuvre en amour.
+
+FLAGITO, _as, are_. _Apul._ Employer aux usages amoureux; soumettre aux
+désirs amoureux; mettre en oeuvre amoureusement.
+
+FLAGITARE ANCILLAM. _Ulp._ Mettre en oeuvre sa servante; employer
+amoureusement sa servante.
+
+(N) FLAGITIUM, _ii_, n. Crime que les jeunes filles pardonnent à l'amant
+chéri. Le viol est un attentat contre la pudeur: l'amour seul peut le
+faire pardonner.
+
+FLOS, _oris_, m. _Catull._ Le pucelage.
+
+(N) FODERE JACENTEM. Sonder quelqu'un amoureusement. V. STUPRO.
+
+ _Servus erit minus ille miser, qui foderit agrum,
+ Quam dominum..._
+
+ (_Juven._)
+
+FORNIX, _icis_, f. _Hor._ Maison de plaisir; bordel; lieu de
+prostitution; maison de débauche. Ou (_Suet._): personne prostituée de
+l'un ou de l'autre sexe; fille de commodité; ou: Ganymède.
+
+FORNIX BITHYNICUS. _Suet._ Jules César, galantisé dans sa jeunesse par
+Nicodème, roi de Bithynie.
+
+(N) FOSSAE INGUINIS. Périphrase. V. CUNNUS. _Fossa notissima cinaedis_
+est le contraire de _cunnus_.
+
+FRANGO, _is, ere_. Ganymédiser.
+
+(N) FRICARE TERGA, FRICARE MEATUM VENERIS. Frotter, électriser la partie
+amoureuse. Le frottement produit le feu: c'est ce qui rend les femmes si
+endiablées, que plus on les frotte et plus elles veulent être frottées.
+
+FRICATRIX, _icis_, f. _Mart._ Frotteuse; celle qui fait une légère
+friction sur quelque partie, soit pour le plaisir, soit pour la santé.
+
+FRICTRIA, _ae_, FRICTRIX, _icis_, f. Tribade; femme qui veut contrefaire
+l'homme dans les fonctions d'amour[121].
+
+ [121] Mais un palliatif n'a jamais valu l'objet à remplacer.
+
+FRUTINAL, _is_, n. _Fest._ Temple dédié à Vénus qui procure la
+jouissance.
+
+FRUTIS, _is_, f. _Solin._ Surnom de Vénus qui procure la jouissance.
+
+FULLO, _onis_, m. _Naev._ Pédérastie. Ou: pédéraste.
+
+FULLONIUS FRUCTUS. _Plaut._ Le gland de Cupidon. _Cras mihi potandus
+fructus est fullonius._ _Plaut._ Je dois demain passer par les piques;
+il faudra demain que je prenne le gobet amoureux.
+
+FURTIVA VENUS. _Ovid._ De furtives amours; un mariage clandestin; des
+larcins amoureux; une amourette cachée; des plaisirs d'amour
+dérobés[122].
+
+ [122] Paillardise secrète.
+
+FURTA VENUS SUA VULT CELARI. _Ovid._ Vénus pardonne les larcins qu'on
+lui fait, pourvu qu'on s'en taise; la mère d'Amour impose silence sur
+les faveurs qu'on lui dérobe; on ne doit point parler des larcins
+amoureux[123].
+
+ [123] _Furta novare ignota Venere_: s'égayer, se ravigoter par une
+ jouissance nouvelle.
+
+FUTUITIO, _onis_, f. _Mart._ L'art de la génération; l'exercice de
+Vénus; le combat amoureux; l'enfilade amoureuse; l'estocade d'amour; la
+lutte amoureuse.
+
+FUTUO, _is, tui, tutum, ere_. _Mart._ Exercer l'art de la génération;
+combattre amoureusement; faire l'exercice de Vénus; pousser une estocade
+amoureuse; le faire; baiser; lutter amoureusement; courir dans la lice
+amoureuse; empaler amoureusement; donner, et recevoir le plaisir
+amoureux; goûter les délices d'amour; faire la joie; enfiler
+amoureusement; travailler naturellement; sangler; exploiter[124].
+
+ [124] Et, selon Martial, tribader.
+
+FUTUTIO, _onis_, f. _Catull._ V. FUTUITIO.
+
+FUTUTOR, _oris_, m. FUTUTRIX, _icis_, f. _Mart._ Qui le fait; qui exerce
+l'art de la génération; qui fait l'exercice de Vénus; qui court dans la
+lice amoureuse; qui combat amoureusement; qui donne, et qui reçoit le
+plaisir amoureux; qui goûte, et fait goûter les délices d'amour; qui
+travaille naturellement; qui lutte amoureusement; qui baise[125].
+
+ [125] Martial appelle une tribade _fututor foemina_.
+
+FUTUTUS, _a, um_. _Mart._ Exercé amoureusement; employé à l'exercice de
+Vénus; à qui on l'a fait; enfilé amoureusement; travaillé naturellement;
+baisé; sanglé; exploité amoureusement[126].
+
+ [126] Caressé.
+
+
+
+
+G
+
+
+(N) GALLUS, _i_, m. En langage ordinaire, _gallus_ est un coq; mais en
+style obscène, _gallus_ veut dire un chapon, un castrat, un chanteur à
+voix claire, un prêtre de Cybèle. _Gallo turpius est nihil Priapo._
+_Mart._
+
+(N) GANEO, _onis_, m. Libertin; pilier de mauvais lieux.
+
+(N) GANYMEDES, _is_, m. Fils de Tros, roi des Troyens. C'était un beau
+garçon, et si beau, qu'il plut à Jupiter, qui tour à tour s'amusait avec
+les hommes et avec les femmes. Or donc, Jupiter en fit son page, son
+échanson, son mignon, son giton, et lui donna les grandes entrées à la
+Cour céleste, afin de le voir plus souvent. Depuis ce temps, beaucoup de
+potentats, de grands seigneurs, tant laïques qu'ecclésiastiques, ont
+voulu avoir leur Ganymède. Cette fantaisie gagna les villes et les
+faubourgs dans les pays civilisés; et, ce qu'il y a de singulier, c'est
+que des sauvages ont eu le même goût.
+
+GENITALE, _is_, n. _Plin._ Le laboureur de nature; le coutre de la
+charrue d'amour; l'instrument de la génération; l'outil de Cupidon[127].
+
+ [127] _Genitalia_ se dit pour les parties de la génération.
+
+GENITALE ARVUM. _Ovid._ V. ARVUM GENITALE.
+
+(N) GESTIO, _is, ire_. Exprimer ses désirs par des mouvements
+involontaires, quoique très naturels.
+
+(N) GLANS, _dis_, f. Le gland; c'est la partie obscène de la partie
+naturelle de l'homme, celle où réside la sensation la plus vive des
+plaisirs Vénériens.
+
+GLOTTISMUS, _i_, m. Un baiser à la pigeonne.
+
+GLUBO, _is, ere_. _Varr._ V. FELLO.
+
+GNATHO, _onis_, m. _Cic._ Suceur; qui entreprend sur l'office d'une
+espèce de bouche[128].
+
+ [128] Destinée par la Nature à cet usage.
+
+GNATHONICUS, _a, um_. _Ter._ De suceur, de teteur; de suceuse, de
+teteuse; qui concerne ceux dont la bouche entreprend sur l'office d'une
+espèce de bouche.
+
+GNATO, _as, are_, GNATURIO, _is, ire_. Travailler à se faire une
+postérité; s'exercer à la multiplication de son espèce.
+
+GRAOSOBA, _ae_, m. Consolateur d'une vieille amoureuse: savetier en
+amour; amoureux charitable qui ne dédaigne pas la vieillesse[129].
+
+ [129] Nos abbés, par prudence, se sont destinés à ce service: il y a
+ trop de danger avec les jeunes.
+
+GREGARIA VENUS. _Solin._ Une coureuse; une Vénus du tiers-ordre; une
+raccrocheuse nocturne; une chauve-souris d'amour; une à tous venants
+beau jeu; une femme du genre humain. Ou: inclination pour les maîtresses
+du public; penchant pour celles qui ne refusent personne; attache pour
+les publiques.
+
+
+
+
+H
+
+
+HABERE REM CUM ALIQUA, _Ter._ NOTITIAM & FOEMINAE. _Cic._ Avoir avec une
+femme le commerce le plus particulier; connaître à fond une femme autant
+qu'il se peut faire; avoir les plus étroites liaisons avec une belle;
+prendre connaissance d'une belle personne de la manière la plus intime;
+avoir affaire avec une femme[130].
+
+ [130] La posséder entièrement.
+
+HARPOCRATEM REDDERE. _Catull._ Empêcher de parler en mettant quelque
+chose dans la bouche; engager une bouche au silence en l'occupant aux
+fonctions d'une autre espèce de bouche; obliger à se taire en faisant
+subir à la bouche la peine dont le gardien des jardins menace les
+voleurs qui ont de la barbe; rendre muet en mettant le doigt amoureux à
+la bouche; fermer la bouche en faisant prendre le gobet amoureux.
+
+(N) HASTA, _ae_, f. Pique d'amour; sceptre de Cythère. Voy. MENTULA:
+c'est le mot propre; celui-ci n'est que figuré.
+
+(N) HEMITHEON, _is_, m. Hémithéon de Sybaris, auteur de livres
+Sybaritiques cités par Martial et Lucien pour leur lubricité.
+
+(N) HERMAPHRODITUS, _a, um_. Hermaphrodite: être neutre, qui porte
+souvent les marques spécifiques des deux sexes et qui n'est parfaitement
+d'aucun. Cela s'appelle une curiosité d'histoire naturelle. En amour,
+ces êtres ne sont bons que pour les personnes qui n'aiment pas les
+routes ordinaires.
+
+HILLAS CAEDERE. _Laber._ Chercher une femme dans sa main[131].
+
+ [131] Tuer des hommes dans leur plus tendre enfance.
+
+(N) HIPPOMANES, _is_, n. C'est la liqueur qui sort de la vulve d'une
+jument lorsqu'elle est en chaleur. Les sorcières et empoisonneuses s'en
+servaient dans la composition de leurs drogues infernales.
+
+HIPPOPORNOS, _i_, f. Amoureuse d'un cheval: surnom de Cérès lorsque,
+s'étant changée en cavale, Neptune, son frère, sous la figure d'un
+cheval, l'engrossa. Surnom de Philyra, mère du centaure Chiron,
+engrossée par Neptune sous la figure d'un cheval. Surnom de Méduse, que
+Neptune, sous la figure d'un cheval, engrossa du cheval ailé
+Pégase[132].
+
+ [132] Les dieux des Anciens avaient tous les vices, et il paraît que
+ Neptune était le patron de la bestialité.
+
+HIPPOS, _i_, m. Le coursier d'amour.
+
+(N) HIRQUITALLUS, _i_, m. _Fest._ Jeune garçon qui s'abandonne à l'amour
+Socratique, qui souffre les caresses des hommes.
+
+HORTI HESPERIDUM. Les jardins de l'Amour[133].
+
+ [133] _Hortus Cupidinis_ dit la même chose au singulier.
+
+HUMIDUS LACUS. _Plaut._ Le lac où l'on pêche quelquefois de cuisants
+souvenirs.
+
+HYSTERA, _ae_, f. La matrice; ou: le chemin qui conduit à la matrice, la
+gaine.
+
+HYSTERICA, _ae_, f. Suffocation de matrice: maladie qui ordinairement se
+guérit par l'introduction d'un pessaire vivant[134].
+
+ [134] Les médecins de cette maladie sont très faciles à trouver; c'est
+ pourquoi rarement les femmes en meurent. Les plus honnêtes,
+ cependant, sont celles qui l'éprouvent le plus souvent.
+
+
+
+
+I
+
+
+(N) ILLIC. Là; à l'endroit. _Illic habere manum_: avoir la main à
+l'endroit du plaisir.
+
+(N) ILLUD. Cela. Faire cela; se donner du plaisir plus ou moins
+gracieux, plus ou moins hérétique.
+
+ILLUDERE CORPORI MULIERIS. _Quint. Curt._ Se divertir avec une femme;
+tirer d'une femme tout le plaisir qu'on en peut prendre. Ou: Ganymédiser
+une femme[135].
+
+ [135] S'amuser avec une femme par tous les bouts.
+
+ILLUDERE FOEMINARUM CAPITIBUS. _Suet._ Ôter aux femmes l'usage de la
+parole d'une manière toute extraordinaire; priver les femmes de deux
+plaisirs qui leur sont chers, en leur fermant la bouche d'une façon peu
+séante, et laissant l'autre mâcher à vide.
+
+IMMEIERE VULVAE PATRICIAE. _Pers._ Pisser dans un pot de chambre de
+qualité[136].
+
+ [136] Consacrer ses soins aux dames de qualité. Autrefois ces soins
+ menaient à la fortune les gens de lettres et les abbés.
+
+IMMINUERE VIRGINIS PUDICITIAM. _Plaut._ Dépuceler une fille; avoir le
+pucelage d'une belle. Ou: apprivoiser une fille; accoutumer une belle
+aux caresses; mettre amoureusement une belle sur le pied de ne pas
+s'effaroucher; ébranler la retenue d'une jeune personne; écorner la
+fermeté d'une jeune enfant[137].
+
+ [137] Faire une brèche à la pudeur.
+
+(N) IMPUDICUS, _a, um_. Paillard ou paillarde: reproche que l'on fait
+aux gens qui aiment à goûter le plaisir amoureux. _Impudicum digitum
+ostendere_: montrer le doigt impudique, que les Anciens appelaient le
+doigt infâme. C'est le doigt du milieu qui, par sa longueur, fait le
+mieux plaisir aux belles, ou sert à indiquer la secte des amoureux.
+
+(N) IMPURUS, _a, um_. Impudique; crapuleux libertin qui laisse souiller
+son corps par des complaisances infâmes.
+
+(N) INACHIDOS LIMINA. Le portique du temple d'Isis, ou le temple même de
+cette déesse, où se rendent tous ceux qui font des plaisirs de l'amour
+leur occupation favorite. Voy. ISIACA SACRA.
+
+INAM CAEDERE. Jeter un homme à terre, étant cinq contre un; branler la
+pique sans faire peur à personne; répandre un homme informe; se battre
+amoureusement contre l'air.
+
+(N) INCESTARE SE INVICEM. _Suet._ Se livrer à qui mieux mieux à la
+luxure; se souiller mutuellement par la plus sale lubricité; faire le
+chapelet comme les colimaçons; s'enfiler réciproquement; se tenir comme
+les hannetons.
+
+(N) INCESTUM, _i_, n. Toute copulation contraire aux lois de la nature
+ou de la société est un inceste, ou manque de respect envers l'une ou
+l'autre. _Cestum_ est la ceinture dont Vénus ornait les filles sages qui
+se destinaient au mariage, et Vénus n'a jamais présidé aux mariages que
+la chasteté réprouve: de là on a nommé incestueux les gens qui violaient
+la chasteté.
+
+INCUBA, _ae_, f. Celle qui veut prendre le dessus dans la lutte
+amoureuse; celle qui, dans le combat d'amour, se veut soumettre ce
+qu'elle aime; celle qui veut primer dans les exercices
+androgyniques[138].
+
+ [138] C'est de l'orgueil tout pur. Il faut espérer que les femmes
+ nobles y renonceront dorénavant, en admettant leurs inférieurs dans
+ leur lit; car on les accuse de conserver, même en amour, l'étiquette
+ du rang.
+
+INCUBITATUS, _a, um_. _Plaut._ A qui l'on a introduit un pessaire animé,
+ou un suppositoire vivant.
+
+(N) INCLINARE MARITOS IPSOS. _Juv._ Courber les maris après avoir
+renversé leurs femmes. Voy. INCURVO.
+
+INCURVO, _as, are_. _Mart._ Faire montrer le nord de l'aiguille animale;
+le faire présenter beau[139].
+
+ [139] Faire ramasser des cerises aux jeunes gens. _Inclinare_ exprime
+ la même chose. _Inclinare discipulos_: habitude de collège dont il
+ faut se garder.
+
+INEO, _is, ire_. _Cic._ _Idem ac_ COEO. Prendre le plaisir amoureux;
+jouir de ses amours; entrer dans le plus particulier de ce qu'on aime;
+pénétrer dans l'intime de l'objet aimé.
+
+(N) INEQUITATIO, _onis_. f. L'une des postures amoureuses dont on donne
+des leçons à Lampsaque: c'est celle où la femme se met à cheval sur son
+amie pour tribader, ou, plus agréablement, sur son ami, pour en recevoir
+ou lui donner plus de plaisir. Voy. EQUITO.
+
+INERRARE IN FILIOS. _Minut. Fel._ Se tromper en prenant amoureusement de
+jeunes garçons pour des filles.
+
+INIRE ALIQUAM. _Suet._ Faire galanterie avec une belle; sonder
+l'intérieur d'une jolie personne.
+
+INIRE CUBILE ALICUJUS. _Cic._ Se mêler de partager avec quelqu'un les
+plaisirs de son lit; entrer dans les plaisirs secrets de la femme
+d'autrui[140].
+
+ [140] Cocufier.
+
+INFAMIAM (AD) USQUE ORIS LIBIDINIBUS & FLAGRARE. _Suet._ Être si déréglé
+dans ses plaisirs que d'en salir sa bouche ou celle d'autrui.
+
+INFAMIS DIGITUS[141]. _Pers._ Le doigt du milieu de la main (à cause de
+certains usages auxquels il est préférablement employé).
+
+ [141] _Vel impudicus._
+
+INFORATIO, _onis_, f. L'action de mettre amoureusement en perce.
+
+INFORATOR, _oris_, m. _Apul._ Celui qui, par plaisir, perce un trou qui
+est déjà tout fait[142].
+
+ [142] Enfonceur de porte ouverte.
+
+INFORATUS, _a, um_. Qu'on a mis amoureusement en perce.
+
+INFORO, _as, are_. _Plaut._ Percer amoureusement un trou qui est déjà
+percé.
+
+(N) INGUEN, _inis_; INGUINA, _um_, n. Les parties naturelles de l'homme
+et de la femme, et tout ce qui les avoisine, comme l'aine, le haut des
+cuisses, le bas-ventre, etc. _Inguina recutita._ _Hor._ Les parties de
+l'homme marquées de la circoncision, ou dont la peau du prépuce a été
+coupée.
+
+INSCENSUS, _us_, m. _Apul._ La cavalcade d'amour; le manège amoureux; le
+saut sur les quatre quartiers.
+
+INTERFEMINEUM, _i_, n. _Apul._ A l'égard des hommes: le périnée,
+l'entrefesson. Ou, à l'égard des femmes: la situation d'où un des
+moindres animaux, voulant éviter Scylla, tomberait en Charybde. Ou: le
+détroit d'entre les deux colonnes de Vénus[143].
+
+ [143] Le pont du Diable qui sépare Charybde de Scylla.
+
+INTERNUCULUS, _i_, m. _Petr._ Un petit Ganymède.
+
+INTESTABILIS, m. f., _le_, n., INTESTATUS, _a, um_, INTESTIS, m. f.,
+_te_, n. _Plaut._ Léger de deux grains au trébuchet d'Amour; à qui on a
+enlevé les témoins amoureux; qui manque de témoins pour prouver sa
+galanterie; eunuque; châtré; chapon; chaponné.
+
+INVITARE IN AMPLEXUS, ATQUE IN CUBITUM. Demander la courtoisie; prier
+d'amour (grâce que ce galant d'empereur Caligula demandait à la
+Lune)[144].
+
+ [144] Jouer le rôle de Putiphar avec Joseph.
+
+IRRUMATIO, _onis_, f. _Catull._ L'action de faire teter à la bouche
+supérieure ce qui n'est fait que pour l'inférieure.
+
+IRRUMATOR, _oris_, m. _Catull._ Celui qui fait prendre à la bouche d'en
+haut ce qui n'est dû qu'à la bouche d'en bas; qui fait servir la bouche
+supérieure à l'usage de l'inférieure; qui met à la bouche le gobet
+amoureux[145].
+
+ [145] Cet expédient était nécessaire aux vieux libertins usés par la
+ jouissance, et, lorsqu'on voyait un vieillard rechercher les femmes,
+ _irrumatorem esse suspicabatur_ (Dussaulx, sur Juvénal, p. 399). On
+ appelait les femmes qui se livraient à cette lubricité,
+ _fellatrices_. Les hommes s'en mêlaient aussi: car de quoi ne se
+ mêlent-ils pas? Il paraît que ce badinage était fort usité en Italie
+ du temps des Romains: on en juge par le fréquent emploi du mot dans
+ les auteurs Latins. Les artistes Grecs ont reproduit cette action
+ dans leurs peintures: témoin le tableau de Parrhasius, dans lequel
+ Atalante se voit représentée à genoux devant Méléagre, qu'elle
+ caresse à la mode des Lesbiennes.
+
+IRRUMATUS, _a, um_. _Mart._ Dont la bouche a servi à l'usage de certaine
+autre bouche; qui a pris avec la bouche le gobet amoureux; irrumé; à qui
+l'on a fait teter le trayon amoureux.
+
+IRRUMO, _as, are_. _Mart._ Faire teter le trayon amoureux; employer la
+bouche supérieure aux usages de l'inférieure; faire prendre avec la
+bouche le gobet d'amour; donner à la bouche d'en haut ce qui n'est dû
+qu'à la bouche d'en bas; faire servir la bouche de vase amoureux;
+irrumer[146].
+
+ [146] Se dit des hommes qui usent entre eux de cette affreuse
+ jouissance.
+
+ISIACA SACRA. Le plus secret du mystère amoureux; le sacrifice d'amour;
+les mystères de Vénus.
+
+ISICAE SACRARIA LUNAE. _Juv._ Les petits temples d'Isis, où quantité
+d'aventures galantes se mettaient à fin[147].
+
+ [147] Les mystères de cette déesse devinrent ceux de l'amour et de la
+ débauche. Le culte en fut proscrit sous le consulat de Pison et de
+ Gabinius; mais Auguste le rétablit, pour amuser le peuple qu'il
+ voulait asservir.
+
+ITHYPHALLUS, _i_, m. Le Priape en belle humeur porté en procession, et
+les poésies qu'on y chantait à sa louange, aux fêtes d'Osiris en Égypte,
+et à celles de Bacchus et de Priape à Athènes.
+
+
+
+
+J
+
+
+(N) JACEO, _es, ere_. Être couché dans une posture favorable au plaisir.
+_Briseis multum aversa jacebat_: Briséis, selon Martial, voyait très
+fréquemment la feuille à l'envers; c'est qu'elle avait un héros pour
+ami.
+
+(N) JUDAEUM PONDUS. Le paquet des trois pièces utiles à la génération.
+Voy. FIBULA, PENSILIA, PONDUS.
+
+
+
+
+K
+
+
+(N) KALENDAE FOEMINEAE. Les Calendes de Mars, pendant lesquelles il y
+avait, dans l'intérieur des maisons, des fêtes pour les domestiques du
+genre féminin. Les maîtresses les servaient alors, comme les maîtres
+servaient leurs esclaves mâles pendant les Saturnales. Ces fêtes étaient
+appelées _Matronalia_. Les uns veulent qu'elles aient été instituées en
+mémoire de la paix avec les Sabins à pareille époque, pour cause de
+l'enlèvement des Sabines; d'autres disent que c'est en l'honneur de
+Vénus. Il en est aussi qui assurent que les premiers jours du printemps
+étaient comme des jours de fête pour les dames; qu'elles paraient leurs
+appartements, et qu'alors elles recevaient des présents de leurs maris
+ou de leurs galants. Juvénal reprend quelques hommes efféminés de son
+siècle pour les imiter en cela (Sat. IX, vers 46 et suiv.).
+
+
+
+
+L
+
+
+LABDA, _ae_, m. f. _Varr._ Qui fait usurper à sa bouche l'emploi d'une
+autre espèce de bouche; qui engloutit des hommes liquides; qui boit le
+plaisir amoureux; qui dévore les hommes avant qu'ils puissent être vus.
+
+LABDACE, _es_, f. _Varr._ Le suçage du trayon amoureux; le sucement du
+doigt qui est sans os; l'action de faire servir sa bouche aux usages
+d'une autre espèce de bouche.
+
+(N) LABRA MORDERE. Pincer avec les dents les lèvres de sa mie. Ces
+petits amusements ont lieu en attendant des plaisirs plus vifs.
+
+LACINATA MULIER. _Petr._ Femme qu'on a déchirée à force de vouloir lui
+faire plaisir.
+
+LAECASTRA, _ae_, f. Une courtisane sous les armes; une fille commode en
+équipage de conquête.
+
+LAECACITAS, _atis_, f. Maquerellage. Ou: paillardise.
+
+LAECATOR, _oris_, m. Pourvoyeur d'amour. Ou: paillard.
+
+LAECO, _as, are_. Faire un maquerellage. Ou: paillarder, faire la joie.
+
+(N) LAEVIS. Voy. LEVIS.
+
+(N) LAMBERE MEDIOS VIROS. Faire un métier de chien; Voy. DEMITTERE
+CAPUT, PHOENICISSARE, TERERE INGUINA. C'est faire aux dames, avec la
+langue, le même plaisir qu'elles font aux hommes avec la bouche.
+
+LAMPADIUM, _ii_, n. Sortes de filles de joie qui se tenaient la nuit
+dans les rues avec une petite lampe à la main, afin que le marchand pût
+voir si la marchandise lui plaisait. A Rome, il y a encore de petits
+coquins qu'on trouve assis le soir dans les places et dans les rues,
+avec une petite lumière, et qui crient de temps en temps: «_Chi me vuol
+levar?_»
+
+(N) LAMPSACUM, _i_, n. Lampsaque, ville de Bithynie, célèbre par le
+culte de Vénus, de Cupidon et de Cybèle. C'est à Lampsaque que le dieu
+Priape, fils de Bacchus et de Vénus, fut élevé. Par reconnaissance, il
+fit toutes sortes de niches aux habitants de cette ville, c'est-à-dire
+aux maris des plus belles femmes, ce qui d'abord le fit chasser. Il
+finit cependant par y être adoré, et son culte y devint public.
+
+LANDICA, _ae_, f. Voy. CUNNUS.
+
+LANGORES, _orum_, m. Débauchés aux femmes.
+
+LANGUS, _i_, m. Adonné aux femmes. Ou: bardache.
+
+LANUVINI, _orum_, m. _Cic._ Les témoins d'amour, vénérables par leur
+barbe.
+
+LANUVIUM, _ii_, n. _Prop._ La foulerie d'Amour; le fouloir de Vénus; la
+fouloire de Cupidon.
+
+(N) LASCIVIA, _ae_, f. Lubricité; recherche des moyens de varier,
+augmenter, suspendre ou prolonger les plaisirs amoureux. _Improbitas
+Venerea_, selon Juvénal.
+
+(N) LASCIVIRE. C'est prolonger la jouissance; user des plaisirs de
+l'amour tantôt avec délicatesse, quelquefois avec assez d'emportement
+pour se mettre hors de combat.
+
+LASTAURUS, _i_, m. Celui qu'en amour on appelle bien fourni; qui est
+bien emmanché. Ou: qui a l'entrefesson velu. Ou: l'entrefesson, le
+périnée. Ou: paillard, ribaud.
+
+(N) LATUS MOLLE. La croupe, les parties supérieures aux fesses; le
+fessier lui-même.
+
+ _Quantum et quale latus! quam juvenile femur!_
+
+ (_Ovid._)
+
+(N) LAXUS, _a, um_. Se dit des hommes et des femmes dont le vase
+amoureux s'est élargi à force de servir. Il y a du remède avec
+l'_onguent de la Comtesse_; mais les palliatifs ne rendent jamais à la
+nature son vrai mérite.
+
+LECTAMBULUS, _i_, m. Qui essaie de diverses garnitures de lit sans se
+fixer à pas une; un pirate d'amour; galant qui se divertit aux dépens
+des maris; un amant qui vit sur le commun; un corsaire en amour; qui
+court le bon bord en amour.
+
+LECTICARIOLA, _ae_, f. _Mart._ Une femme qui trouve du ragoût dans les
+porteurs de chaise.
+
+LECTI FURTIVI FOEDERA. _Tib._ Les secrètes liaisons où les larcins
+amoureux engagent; les tendres engagements que font prendre les vols que
+l'on fait en amour.
+
+LEGAEGYNAECES, _cum_, f. Femmes âpres à la curée; gaillardes de grand
+appétit[148].
+
+ [148] Femmes à tempérament.
+
+LENA, _ae_, f. _Plaut._ Appareilleuse; conciliatrice de volontés;
+entremetteuse; médiatrice de plaisir; pourvoyeuse d'amour; maquerelle;
+ministre de Vénus[149].
+
+ [149] Tante d'Opéra. _Lena juventa_, dans Ausone: la fraîcheur de
+ l'âge attire les hommages.
+
+LENO, _onis_, m. _Ter._ Marchand d'esclaves. Ou: ministre d'amour;
+intendant des plaisirs amoureux; pourvoyeur d'amour; appareilleur de
+Vénus; agent de change en amour; conciliateur de volontés amoureuses;
+courtier de plaisirs; maquereau; médiateur de tendres unions[150].
+
+ [150] Accapareur de filles; marchand de chair humaine.
+
+LENO, _as, are_. _Vet. epigr._ Être marchand d'esclaves. Ou: fournir des
+sujets de plaisirs amoureux; concilier les volontés en amour; être
+ministre de Vénus; appareiller des amants; être courtier de plaisir; se
+mêler de pourvoir aux besoins amoureux; être pourvoyeur de Cupidon; être
+agent de change en amour; faire trafic de ce que recherchent les amants;
+s'entremettre d'unir les coeurs et les corps; être médiateur de tendres
+unions; faire commerce de marchandise amoureuse; négocier en faveur des
+amants; battre la caisse pour enrôler sous les étendards de Vénus;
+maquereller; prostituer.
+
+LENOCINAMENTUM, _i_, n. Voy. LENOCINIUM.
+
+LENOCINATOR, _oris_, m. Voy. LENO.
+
+LENOCINE, adv. _Lamprid._ En maquereau; à la manière des pourvoyeurs
+d'amour; en courtier de Vénus; par maquerellage.
+
+LENOCINIUM, _ii_, n. _Cic._ Trafic d'esclaves. Ou: conciliation de
+volontés en amour; intendance de plaisirs amoureux; trafic d'union de
+coeurs et de corps; charge de pourvoyeur de Vénus; médiation entre les
+amants; commerce de sujets de plaisirs amoureux; emploi d'appareilleur
+d'amants; courtage de plaisir; négociation en faveur des amants; office
+d'entremetteur d'amour; négoce de marchandise amoureuse; commerce de
+prostitution. Ou (_Sueton._): coquetterie; air coquet; soin excessif de
+se parer; afféterie; affectation dans la propreté; manière affétée.
+
+LENONICE, adv. Voy. LENOCINE.
+
+LENONIUS, _a, um_. _Plaut._ Qui concerne les marchands d'esclaves. Ou:
+qui concerne les ministres des plaisirs amoureux.
+
+LEPUS, _oris_, m. _Ter._ Qui est, comme le lièvre, tantôt mâle, tantôt
+femelle; qui se laisse Ganymédiser. Ou (_Ovid._): le lièvre qu'on fait
+lever pour le mener au gîte. Ou (_Plaut._): Terme de caresse amoureuse.
+
+LESBIO, _as, are_. Aimer à la manière de Sapho; vouloir imiter les
+hommes dans les caresses qu'on fait aux belles personnes de son sexe;
+tribader[151].
+
+ [151] Gamahucher. Les Lesbiennes sont célèbres pour avoir rendu la
+ bouche le plus fréquent organe de la volupté. Elles employaient la
+ langue à se faire plaisir mutuellement, et elles affectaient la
+ blancheur aux lèvres.
+
+(N) LEVIS. Homme efféminé, qui prend soin de son corps comme une femme;
+qui se fait épiler pour qu'on se méprenne à la douceur de sa peau, et
+pour mieux jouer le rôle de femme.
+
+LIBIDINES IN ALIQUO FACERE. _Catull._ Soumettre quelqu'un au dérèglement
+de ses passions[152].
+
+ [152] _Libido praepostera_: passion bizarre des non-conformistes.
+
+(N) LIBIDINOR, _aris, ari_. Polissonner; s'abandonner à la débauche.
+
+(N) LIBIDINOSUS, _a, um_. Débauché; libertin, tantôt impudique, et
+tantôt voluptueux.
+
+(N) LIBIDO, _inis_, f. Passion; désir; volonté; fantaisie; débauche.
+
+LIGURIRE NATURAM CAPRIS. _Suet._ Employer sa langue à découvrir la
+propreté de la nature de nos chèvres[153].
+
+ [153] Il est difficile de rendre proprement cette expression. Voy.
+ LESBIO, TERERE INGUINA.
+
+LIMARE CAPUT CUM ALIQUA. _Plaut._ Donner à une personne et en recevoir
+coup sur coup des baisers affectueux; s'entrebaisotter. Ou: joindre de
+près une belle; se frotter avec elle.
+
+(N) LINGERE CUNNUM. Voy. LIGURIRE et CUNNILINGUS. Fantaisie
+ultramontaine et Florentine: les Français ont le coeur trop faible pour
+s'y livrer aussi fréquemment que les Italiens. Selon Martial, Eryx, fils
+de Vénus et de Butis, en est mort; mais les mythologistes prétendent
+qu'Hercule l'a tué, ce qui est bien différent.
+
+(N) LINGUA MALA. Mauvaise langue, en terme ordinaire. Ici, cela veut
+dire une langue impudique, lubrique. Voy. LAMBERE MEDIOS VIROS.
+
+(N) LINGUA MARITUS. _Martial._ Langue qui entreprend sur les droits d'un
+mari, d'un amant.
+
+LONGANO, _onis_, m. _Varr._ L'intestin rectum, que les Italiens
+appellent _budel gentile_. Pourquoi cela? je m'en rapporte. Le boyau
+culier; le gros boyau[154].
+
+ [154] Le gentil boyau: instrument de fantaisie.
+
+LONGANON, _is_, m. _Veget._ LONGANUM, _i_, n. Voy. LONGANO.
+
+LUCUS HUMIDUS. _Plaut._ Le bosquet que l'Amour a soin d'arroser.
+
+LUDERE, EDERE, BIBERE. _Hor._ Boire, manger, dormir à l'Hébraïque.
+
+LUDERE IN UMBRA VOLUPTATIS. _Petr._ Se divertir en idée; goûter des
+plaisirs en imagination; s'arrêter à des voluptés imaginaires. Ou:
+préluder amoureusement; tâter le clavier amoureux.
+
+LUDERE CUM ALIQUA. _Petr._ Badiner avec une personne; se jouer avec une
+belle; se divertir avec quelqu'une[155].
+
+ [155] Folâtrer, préluder, batifoler.
+
+(N) LUMBI, _orum_, m. Les reins: le levier d'amour; la puissance motrice
+et génératrice; la source de la liqueur séminale.
+
+LUPA, _ae_, f. _Cic._ Courtisane; fille de joie; personne de commodité.
+
+LUPAL, LUPANAR, _is_, n. _Juv._ Lieu de plaisir; maison de commodité;
+retraite de débauche; bordel.
+
+LUPANARIS, m. f., _re_, n. _Apul._ De maison de commodité; de bordel;
+qui concerne les lieux de plaisir.
+
+LUPANARIUM, _ii_, n. _Ulp._ Voy. LUPANAR.
+
+LUPANARIUS, _ii_, m. _Lamprid._ Suppôt de bordel; un souteneur; un
+mangeur de blanc. Ou: coureur d'aiguillette.
+
+LUPOR, _ari_, dép. _Accius._ Courir l'aiguillette; rechercher les belles
+apprivoisées; mordre sur toute bête comme un chien d'amour affamé; en
+vouloir jusqu'aux chèvres coiffées; ne mépriser pas en amour les restes
+du genre humain; se plonger dans la débauche des femmes.
+
+LUSIZONOS, _i_, f. Celle qui a éprouvé ce que vaut un homme; personne
+qui a fait expérience des talents amoureux d'un galant; fille qui a
+expérimenté combien un homme peut être utile au sexe[156].
+
+ [156] Voy. LYZIZONA.
+
+LUSTRO, _onis_, m. _Catull._ Chercheur de bonnes fortunes aisées;
+fureteur de lieux de plaisir; coureur d'aiguillette.
+
+LUSTROR, _ari_, dép. _Plaut._ Courir l'aiguillette; fureter les lieux de
+plaisir; fréquenter les maisons de commodité.
+
+LUSTRUM, _i_, n. _Cic._ Lieu de plaisir; maison de commodité; bordel.
+
+(N) LUXURIA, _ae_, LUXURIES, _ei_, f. La luxure; la débauche;
+l'impureté.
+
+ _... Saevior armis
+ Luxuria incubuit, victumque ulciscitur orbem._
+
+ (_Juven._)
+
+Le péché de luxure a son agrément, lorsqu'il n'est pas poussé trop loin.
+
+LYZIZONA, _ae_, f. Fille devenue femme; celle qui a fait épreuve des
+bons offices mutuels que les deux sexes peuvent se rendre. Voy.
+LUSIZONOS.
+
+
+
+
+M
+
+
+MACROCAULUS, MACROCOLUS, _i_, m. Piquier dans le régiment de Vénus;
+lancier en la milice d'Amour; un longue-queue.
+
+(N) MAENADES, _dum_, f. C'étaient des espèces de prêtresses de Bacchus
+ou de Priape, qui, dans les fêtes de Cérès, ou de la Bonne Déesse, ou
+d'Isis, contrefaisaient peut-être ensemble, par chasteté, les mystères
+de l'amour, comme les philosophes Socratiques les contrefaisaient entre
+eux, par sagesse. Il résultait de tout cela que de l'imitation on
+voulait venir à la réalité, et que, sortant des mystères, les Ménades ou
+les Bacchantes couraient après les hommes, _ululabant Priapum_, avec une
+fureur qui écartait tout le monde. Aussi, ne trouvant personne à qui
+parler, on assure qu'elles sollicitaient les animaux.
+
+(N) MALA, _orum_, n. _Priap._ Ce sont les petites pommes de l'arbre de
+vie. Ève en fut gourmande, et ses descendantes ont conservé le même
+appétit pour ce fruit. Voy. COLEUS, TESTES.
+
+(N) MAMMA, _ae_, f. La mamelle; le sein d'une femme; la pomme d'amour.
+_Mamilla_ est le diminutif; le terme est plus joli, mais la chose vaut
+mieux dans une belle et juste proportion. _Mamilla_ se prend aussi pour
+la fraise ou le bouton qui couronne le sein d'une femme. _Mamma
+inclinata_: pendard.
+
+(N) MANGO, _onis_, m. _Mart._ Un maquignon; un Mercure procureur
+d'amourettes; intendant de sérail; directeur des menus plaisirs de la
+cour de Cythère.
+
+(N) MANUS PULLARIA, PROTERVA. Main libertine ou officieuse, qui rend à
+d'autres le service qu'on peut se rendre à soi-même. La jeune amie
+d'Ovide ne lui refusait pas cet aimable service:
+
+ _Hanc etiam mea non est dedignata puella
+ Leniter admota sollicitare manu._
+
+La main d'une belle femme a produit des miracles, et rajeuni des
+vieillards dont le coeur toutefois n'était pas mort:
+
+ _Illius ad tactum Pylius juvenescere possit,
+ Tithonusque annis fortior esse suis._
+
+ (_Ovid._)
+
+MARISCA, _ae_, f. _Mart._ (_Subaud._ FICUS). Voy. CHIA[157].
+
+ [157] Tumeurs au fondement, par l'effet du libertinage contre nature.
+
+MASTRUPATOR, _oris_, m. _Mart._ Voy. MASTUPRATOR.
+
+MASTRUPOR, _ari_, dép. _Mart._ Voy. MASTUPROR.
+
+MASTRYLLIUM, _ii_, n. Voy. LUPANAR.
+
+MASTUPRATOR, _oris_, m. _Mart._ Assassin d'hommes informes; qui se passe
+de femme parce qu'il a cinq doigts à chaque main; celui qui se conduit
+par la main au plaisir; qui trouve une femme dans sa main; qui se joue à
+soi-même[158]. (En cas que ce mot soit composé de _manus_ et de
+_stupror_: car s'il est fait de _mas_ et de _stupror_, il signifie un
+Ganymédiseur; un puériseur; celui qui emploie dans ses plaisirs un sexe
+pour l'autre; qui métamorphose des garçons en filles; un bougre.)
+
+ [158] Un Narcisse, un Hippolyte; tout homme épris des jouissances
+ solitaires: onanisme, et, pour les femmes, nymphomanie.
+
+MASTUPROR, _ari_, dép. _Mart._ Assassiner des hommes informes; se passer
+de femme parce qu'on a cinq doigts à chaque main; trouver une femme dans
+sa main; se jouer à soi-même; conduire au plaisir par la main (soi ou un
+autre); clitoriser. Cette signification n'est qu'en cas que ce verbe
+soit composé de _manus_ et de _stupror_: car, si on le dérive de _mas_
+et de _stupror_, il signifie Ganymédiser; puériser; métamorphoser des
+garçons en filles; faire emploi d'un sexe pour l'autre dans ses
+plaisirs[159].
+
+ [159] User du Manuel des Solitaires.
+
+MASTURBATOR, _oris_, m. _Mart._ Qui devient mari de sa main; ou: qui
+conduit au plaisir par la main. Voy. MASTUPRATOR.
+
+MASTURBATUS, _a, um_. _Mart._ Qui est devenu le mari de sa main; qui a
+été conduit au plaisir par la main; qui s'est amoureusement chatouillé
+pour se faire rire; qui s'est joué soi-même; qui a trouvé une femme dans
+sa main. Ou: clitorisé.
+
+MASTURBO, _are_, MASTURBOR, _ari_, dép. _Mart._ Voy. MASTUPROR.
+
+(N) MATRIMONIUM, _ii_, n. Honnête concubinage ordonné par des lois et
+fondé sur des conventions entre hommes et femmes, qui presque toujours
+s'en repentent. Les Anciens en usaient avec encore plus d'appareil que
+les Modernes. Ils avaient une multitude de dieux, grands et petits, qui
+présidaient à toutes les cérémonies du mariage. Quand la fille avait
+engagé sa foi, les matrones la conduisaient au dieu Priape et la
+faisaient asseoir sur le membre énorme de ce dieu: là, on ôtait la
+ceinture de la jeune mariée, et l'on invoquait la déesse _Virginensis_.
+Le dieu _Subigus_ soumettait la fille aux transports du mari. Le déesse
+_Prema_ la contenait sous lui pour l'empêcher de remuer à contre-temps.
+Enfin la déesse _Pertunda_, ou Perforatrice, ouvrait à l'homme le
+sentier de la volupté. Dans les Indes, ce sont les prêtres qui se sont
+emparés de cette fonction divine. D'autres dieux et déesses présidaient
+aux travaux de l'enfantement; mais ici il ne s'agit que du plaisir, et
+non de la peine qui le suit.
+
+MELLINA, _ae_, f. _Plaut._ Le cabaret où l'Amour enivre les hommes; le
+lieu où l'on goûte ses douceurs.
+
+(N) MEMBROSUS, _a, um_. _Priap._ _Membrosior aequo Priapus_: bien fourni
+de la pièce essentielle au jeu d'amour: puissant plus que l'homme n'a
+coutume de l'être.
+
+(N) MEMBRUM, _i_, n. Il y a beaucoup d'épithètes à ce mot. Voy. MENTULA.
+
+MENTULA, _ae_, f. _Mart._ Le sceptre d'amour[160]; le bâton de
+commandement dans la milice amoureuse; le flambeau de Cupidon; le
+poisson de Vénus; l'arc-boutant de Nature; le coutre de la charrue
+d'amour; le serpent tentateur; le pilon du mortier amoureux; la lardoire
+et le lardon dont fait piquer sa viande Cupidon; le pinceau qui redonne
+la couleur aux filles; le chalumeau dont l'Amour se sert pour enfler son
+ballon; le hoyau des jardins de Vénus; le bourdon des pèlerins amoureux;
+ce qui n'est qu'une ligne droite et fait pourtant les cornes aux cocus;
+le ciseau des sculpteurs d'amour; le refouloir des canonniers de Vénus;
+l'aiguillon de la volupté; le prototype des chevilles; la clef du
+cabinet de la mère d'Amour; l'instrument que l'Amour emploie à faire un
+étui pour les âmes; la quille, le mât et le gouvernail des vaisseaux
+amoureux; la lame que Vénus aime bien au fourreau; le hochet des amours;
+le plongeon de Vénus; le battant de la cloche amoureuse[161].
+
+ [160] Ce sceptre amoureux a plus d'une fois procuré le trône à des
+ mortels favorisés de la Nature:
+
+ _Imperium nobis mentula sola dedit._
+
+ (_Priap._)
+
+ [161] La plume de l'Amour.
+
+ Voici les synonymes Latins de cette partie essentielle: _Pars
+ obscena, pars tegenda, tenta, penis, telum, columna, trabs, palus,
+ contus pedalis, fascinum pedale, coleata cuspis, sceptrum, seminale
+ membrum, ventris arma, vena tenta, hasta, Priapus, anguis, thyrsus,
+ pensilia, peculium, muto, nota virilis, virilis nervus, mutinus,
+ verpa, inguen, taurus, glans, babalum, psoleon, pyramis, clavus
+ Cupidinis, vir, sica, sicula vel parva sica, cauda turgens, aluta,
+ pipinna, iota longum_.
+
+MENTULATUS, _a, um_. _Plaut._ Qui est pourvu d'un grand persuasif en
+amour; qui est avantageusement partagé en faveur des dames; qui est bien
+fourni, doué par la Nature de magnifiques talents pour le service des
+belles; qui a de quoi servir le sexe à bouche que veux-tu; qui a une
+ample garniture amoureuse; que Nature a libéralement fourni à l'usage
+des dames, bien entalenté pour le sexe.
+
+MERENDUM (AD) A LENONE COGI. _A. Gell._ Être forcé par un marchand
+d'esclaves à s'attirer les caresses du public par sa complaisance.
+
+MERETRICATIO, _onis_, f. Voy. MERETRICIUM.
+
+MERETRICIE, adv. _Plaut._ En courtisane; en coquette outrée; à la
+manière des filles de joie; d'un air de garce; en putain.
+
+MERETRICIUM, _ii_, n. _Suet._ Coquetterie outrée; profession de
+courtisane; métier de fille de joie.
+
+MERETRICIUS, _a, um_. _Cic._ De coquette outrée; de fille de joie; de
+courtisane; de fille de commodité; de putain.
+
+MERETRICOR, _ari_, dép. _Colum._ Fréquenter les maisons de commodité;
+hanter les lieux de plaisir.
+
+MERETRICULA, _ae_, f. _Cic._ Diminutif de MERETRIX.
+
+MERETRIX, _icis_, f. Coquette outrée; courtisane; fille de commodité;
+fille commode; fille de joie; garce; putain; débauchée; fille
+d'amour[162].
+
+ [162] Synonymes: _alicaria, diobolaris, elecebra, schoenicula,
+ scortum_.
+
+MERITORIUS PUER. _Cic._ Jeune mignon qu'on entretient dans la vue de
+s'en servir à sa fantaisie; un Ganymède.
+
+MERITORIA TABERNA. _Suet._ Maison de commodité.
+
+MERITORIA SCORTA. _Suet._ Personnes qui s'attirent les bonnes grâces par
+des complaisances sans réserve.
+
+(N) MOBILIS, m. f., _e_, n. Cet adjectif est pris dans un sens assez
+lubrique par Ovide au second livre des _Amours_, où il parle du mérite
+des femmes et soutient que celle dont la démarche est hardie, agaçante,
+doit procurer sur un lit la plus voluptueuse agitation:
+
+ _Sive procax aliqua est, capior, quia rustica non est,
+ Spemque dat in molli mobilis esse thoro._
+
+(N) MOECHA, _ae_, f. Femme mariée qui se livre aux désirs de tous les
+hommes qui lui font la cour; femme adultère; impudique, infidèle.
+
+(N) MOECHISSO, _are_. Entretenir un commerce adultère; pondre dans le
+nid d'autrui; cocufier son voisin, son ami, son parent.
+
+MOECHOCINAEDUS, _i_, m. _Lucil._ Le mignon du mari et de la femme; celui
+qui rend à la femme ce que lui prête le mari; celui qui souffre du mari
+les caresses qu'il fait à la femme.
+
+(N) MOECHOR, _ari_, dép. Violer le lit nuptial; déchirer le contrat de
+mariage.
+
+(N) MOECHUS, _i_, m. Mari débauché, qui porte à la femme d'autrui ce qui
+n'appartient qu'à la sienne; adultère.
+
+ _Fundum alienum arat: incultum familiarem deserit._
+
+ (_Plaut._)
+
+_Semitarii moechi_: libertins, coureurs de filles dans les carrefours et
+les places publiques.
+
+(N) MOLLES MARES. Hommes efféminés qui se prostituent à d'autres hommes;
+Ganymèdes, etc. Le synonyme de _mollis_ serait le mot _facilis_. Voy.
+PATHICUS.
+
+MOLO, _is, ere_. _Petr._ Moudre amoureusement[163].
+
+ [163] _Molitur per utramque cavernam_: moudre à tout vent; ne refuser
+ aucune proposition; entreprendre en tout sens. _Molitor_, dans
+ Ausone, se distingue de _moechus_ et _adulter_.
+
+MONETA, _ae_, f. Le lieu où se frappe la monnaie d'amour; la pièce avec
+laquelle les femmes se font battre monnaie.
+
+(N) MORARI GAUDIA, _vel sustinere sese in gaudiis_. _Ovid._ Suspendre,
+arrêter, prolonger le plaisir et la volupté d'une jouissance. C'est un
+talent heureux, et auquel les amants délicats et bien constitués savent
+se livrer. Ovide prétend qu'il faut avoir sept lustres, ou trente-cinq
+ans, pour bien savourer le plaisir des sens; mais cela dépend d'une
+constitution plus ou moins forte.
+
+(N) MORDERE LABELLA. _Catull._ Sorte de caresse amoureuse imitée des
+oiseaux, qui se mordent bec en bec dans leurs transports érotiques. La
+marque qui reste quelquefois de cette morsure ne fait pas plaisir aux
+dames.
+
+MORIGERARI ORE ALICUI. _Suet._ Livrer sa bouche aux plaisirs de
+quelqu'un; accommoder quelqu'un de sa bouche[164].
+
+ [164] _Tacere_, pris obscènement, veut dire la même chose.
+
+MORIGERARI SIBI CUM ALIQUA. _Plaut._ Se divertir avec une belle; se
+donner du plaisir avec une personne; se satisfaire avec quelque belle;
+trouver une personne complaisante à tout ce qu'on veut d'elle; ne se
+refuser rien auprès d'une personne.
+
+(N) MORSIUNCULA, _ae_, f. Voy. NOTA MEMOR.
+
+(N) MOTUS IONICI. Mouvements gracieux perfectionnés par les filles
+d'Ionie:
+
+ _Motus doceri gaudet Ionicos
+ Matura virgo, et fingitur artubus._
+
+ (Horat., od. 6, l. III.)
+
+(N) MUGILIS, _is_, m. Muge ou mulet: c'est un poisson vorace que l'on
+appliquait, à Athènes, au fondement d'un homme surpris en adultère. Ce
+genre de supplice devait être cruel, en raison de la force de l'animal.
+On épilait aussi le derrière de ces criminels avec de la cendre chaude,
+ou on leur enfonçait un raifort dans le fondement. La jalousie conjugale
+a inventé tous ces supplices, dont il est parlé dans Catulle et Juvénal.
+
+MULIEBRIA, _ium_, n. _Quintil._ Ce que les dames aiment à souffrir[165].
+
+ [165] Le plaisir des dames.
+
+MULIEBRIA PASSUS A CENTURIONE ADOLESCENS. _Quintil._ Jeune garçon qui a
+souffert qu'un capitaine l'enrôlât au nombre des femmes.
+
+MULIEBRIA, _ium_, n. La principale, et peut-être l'unique chose qui fait
+considérer les femmes dans le monde[166].
+
+ [166] La distinction spécifique du sexe.
+
+MULIEBRE BELLUM GERERE. _Cic._ Combattre une aimable ennemie; faire la
+douce guerre.
+
+MULIERO, _are_. _Varr._ Employer en guise de femme: faire servir de
+femme; métamorphoser en femme.
+
+(N) MUSAEUS, _i_, m. Auteur de livres lubriques. Voy. ELEPHANTIS.
+
+MUTINUS, _i_, m. Le dieu Priape, ou son arme.
+
+MUTO, _onis_, m. _Hor._ Le membre par excellence.
+
+MUTONIATUS, _a, um_. _Mart._ Voy. MENTULATUS.
+
+MUTONIUM, _ii_, n. Le coin des charpentiers naturels.
+
+MUTONUS, MUTUNUS, _i_, m. _Solin._ Voy. MUTINUS[167].
+
+ [167] _Mutona verba_: paroles obscènes en usage parmi les libertins.
+
+(N) MYSTAE, _arum_, m. Les prêtres de Priape et de Bacchus. On peut voir
+par là combien leur ministère était utile et respectable. Les prêtres
+ont été partout les ministres de la débauche et du mensonge.
+
+
+
+
+N
+
+
+(N) NASUTUS BENE, _vel bene mentulatus_. Bien fourni d'un instrument qui
+fait plaisir aux dames; bien savant dans l'art de la luxure.
+
+(N) NATES MOVERE. Remuer les fesses: mouvement très naturel pendant la
+durée du plaisir amoureux. _Pastas glande nates habere_: se livrer au
+plaisir contre nature.
+
+(N) NATURA, _ae_, f. Se prend pour les parties naturelles des femmes
+comme des hommes.
+
+NECESSARIA, _ae_, f. _Cic._ Amie intime; bonne amie; personne qui est de
+moitié dans nos plaisirs.
+
+(N) NEQUITIA, _ae_, f. Petites folies amoureuses; badinages lascifs;
+débauche; vie déréglée; fredaines de la jeunesse. Martial prétend que
+les habitants de l'Égypte les connaissaient mieux que les autres peuples
+du monde. Juvénal les appelle _lasciviam et improbitatem Veneream_.
+
+(N) NOLANI ORE MORIGERANTES. Fantaisie en amour à laquelle les habitants
+de Nole étaient fort adonnés. Voy. les mots ILLUDERE FOEMINARUM
+CAPITIBUS, et ORE MORIGERARI. Les Osques et les habitants de la campagne
+de Rome connaissaient ce genre de volupté. Les Florentins en ont un
+autre, et rendent aux femmes avec la langue le plaisir que celles-ci
+cherchent à donner aux hommes avec la bouche. Ces sortes de voluptés
+servent à diversifier une action qui deviendrait fastidieuse par son
+uniformité.
+
+(N) NOTA MEMOR. _Hor._ Suçon amoureux.
+
+(N) NOTA VIRILIS. Caractère spécifique du sexe masculin.
+
+(N) NUPTIAE TURPES, SPONSAE TURPES. _Juv._ Mariage d'un homme avec un
+homme. Les Romains avaient poussé jusque-là le dérèglement des passions.
+Rome et Sodome depuis longtemps sont synonymes. En outre, les Romains
+couchaient sans scrupule avec de jeunes esclaves fruits de leurs amours:
+cela s'appelait _injustae nuptiae et illegitimae_.
+
+
+
+
+O
+
+
+(N) OBSCENA, _orum_, n. Tout ce qui est contre la pudeur et l'honnêteté
+des moeurs est obscène et bon à cacher. _Obscena pars_, la partie
+obscène et que les dames ne voient pas sans rougir.
+
+(N) OFFENDERE BUCCAM. La même chose que ORI ILLUDERE, MORIGERARI.
+
+OFFICIUM, _ii_, n. _Cic._ Ce que l'on appelle le devoir, le bon office
+amoureux[168].
+
+ [168] Ovide ne veut pas que l'on fasse par devoir ce qu'on peut faire
+ par plaisir: à la bonne heure pour les maris!
+
+(N) OPUS JUVENILE. Travail d'amour, dont on se charge volontiers quand
+on est jeune. Voy. CONCUBITUS. _Opus dulce_ (_Ovid._): la douce affaire,
+l'occupation la plus gracieuse de la vie.
+
+ORTHOPHALLICUS, _a, um_. _Varr._ Qui se tient droit comme un Priape de
+noce.
+
+ORTHOPHALLUS, _i_, m. Priape en belle humeur; un Priape de noce.
+
+(N) OS, _oris_, n. La bouche. Elle ne devient obscène que par l'abus
+qu'on en fait en la prêtant aux plaisirs de l'amour. Voy. MORIGERARI
+ORE. Martial prétend qu'avec la bouche on ressuscite le physique d'un
+homme usé par la jouissance ordinaire:
+
+ _Quid miseros frustra cunnos culosque lacessis?
+ Summa petas: illic mentula vivit anus._
+
+(N) OSCULUM, _i_, n. Petite bouche qui donne grand appétit; préliminaire
+du jeu d'amour; charmant badinage; baiser: le plus innocent, le plus
+aimable des plaisirs amoureux. _Oscula delibare, dare, adfigere alicui_:
+donner et prendre des baisers; cueillir des baisers sur une bouche
+vermeille. _Jungere salivas oris_: s'embrasser étroitement.
+
+ _Oscula cognosco cupidae; luctantia linguae_,
+
+dit Ovide; et c'était un grand maître, à qui tous les jeux d'amour
+étaient si bien connus, qu'il en a pu donner la leçon à qui voudrait en
+profiter.
+
+
+
+
+P
+
+
+PAEDERASTES, _ae_, m. Pédéraste; puériseur; qui aime à caresser les
+jeunes garçons[169].
+
+ [169] Sodomite.
+
+PAEDERASTIA, _ae_, f. Pédérastie; amour désordonné pour les jeunes
+garçons; l'art subtil des Italiens[170].
+
+ [170] Et des Grecs.
+
+PAEDEROS, _otis_, m. Voy. PAEDICO.
+
+PAEDICATIO, _onis_. Voy. PAEDERASTIA.
+
+PAEDICATOR, _oris_, m. _Suet._, PAEDICO, _onis_, m. _Catull._ Pédéraste;
+puériseur; qui aime à caresser désordonnément les jeunes garçons; qui
+exerce l'art subtil des Italiens; Gomorrhiste, bougre,
+Ganymédiseur[171].
+
+ [171] Jupiter est le premier qui ait eu cette fantaisie à la cour
+ céleste, et Laïus, père d'OEdipe, l'a fait connaître sur terre. Il
+ enleva Chrysippe, fils de Pélops, à l'imitation de Jupiter, qui
+ avait fait enlever Ganymède; et le mauvais exemple a été imité par
+ toute la terre.
+
+PAEDICO, _are_. _Mart._ Puériser; exercer l'art subtil;
+Ganymédiser[172].
+
+ [172] Faire l'amour à la Grecque. Il existe un distique Latin composé
+ par un ancien poète, où, dans les premières syllabes des quatre noms
+ propres qu'il contient, se trouve le mot _pedicare_ écrit par l'_e_
+ simple:
+
+ __Pe_nelopes primam _Di_donis prima sequatur,
+ Et primam _Ca_ni syllaba prima _Re_mi._
+
+ Voici un autre _rébus_ Latin faisant allusion au même mot:
+
+ _Quum loquor, una mihi peccatur littera, nam _T_
+ _P_ dico semper; blaesaque lingua mihi est._
+
+PAEDISCA, _ae_, f. Servante qu'on emploie à tout; une domestique dont on
+fait litière; servante caressée par son maître[173].
+
+ [173] Par conséquent, servante maîtresse.
+
+PAEDISCIUM, _ii_, n. Voy. LUPANAR.
+
+PAEDOMANES, _is_, m. Éperdument porté à l'amour des jeunes garçons; qui
+aime les jeunes garçons à la folie.
+
+PAEDOMANIA, _ae_, f. Amour désordonné pour les jeunes garçons.
+
+PAEDOPHTHORIA, _ae_, f. Corruption de jeunes garçons.
+
+PAEDOPHTHORUS, _i_, m. Qui débauche les jeunes garçons; corrupteur de
+jeunesse; puériseur.
+
+PAEDOPOEIA, _ae_, f. Génération des enfants.
+
+PAEDOPOEUS, _i_, m. Qui fait des enfants.
+
+PAEDURGIA, _ae_, f. Le travail qui fait des enfants; l'exercice de la
+génération; la manière de faire des enfants.
+
+PAEDURGUS, _a, um_. Qui travaille à faire des enfants; qui s'exerce à la
+génération; qui fait des enfants[174].
+
+ [174] Qui s'occupe de sa postérité.
+
+PALAESTRA, _ae_, f. _Cic._ Magasin de pourvoyeur d'amour; lieu de
+plaisir; maison de commodité: académie d'Amour; collège de Vénus[175].
+
+ [175] Gymnase ou lieu d'exercice pour le libertinage.
+
+PALAESTRICA, _ae_, f. _Petr._ Femme qui donne des leçons de lutte; celle
+qui forme aux exercices du corps et de l'esprit les personnes qu'elle
+veut rendre agréables; maîtresse d'académie galante.
+
+PALPATIO, _onis_, f. _Plaut._ Patinage; patinement[176].
+
+ [176] Maniement.
+
+PALPATOR, _oris_, m. _Plaut._; PALPO, _onis_, m. _Pers._ Patineur.
+
+PALPATUS, _a, um_. Patiné[177].
+
+ [177] Touché, manié.
+
+PALPO, _are_. _Juv._; PALPOR, _ari_, dép. _Hor._ Patiner[178].
+
+ [178] Manier, toucher.
+
+PALPARI MULIERI. _Plaut._ Caresser une femme. Ou: Sonder le coeur d'une
+femme.
+
+(N) PALUS RUBER. Un pieu; un pal plus humain que ceux dont on se sert en
+Turquie. C'est un instrument dont le dieu des jardins est toujours armé.
+Voy. MENTULA.
+
+(N) PANNUCEA MENTULA. Hochet dont les jeunes filles ne peuvent plus
+faire usage; instrument hors de service, flétri, ridé.
+
+(N) PAPILLA, _ae_, f. Le mamelon; la fraise qui termine le sein d'une
+femme; les mamelles. _Carpere papillas_, cueillir les pommes d'amour;
+mettre la main sous le mouchoir des belles.
+
+ _Forma papillarum quam fuit apta premi!_
+
+ (_Ovid._)
+
+(N) PARATUS, _a, um_. Prêt à faire plaisir aux dames.
+
+(N) PARCERE LATERI. _Juv._ Faire le paresseux; dormir auprès d'une
+femme, au lieu de s'occuper à lui faire plaisir.
+
+(N) PATENS, _tis_, _omn. gen._ Ouvert. En amour il ne faut pas être trop
+ouvert.
+
+PATHICUS, _i_, m. _Juv._; PATHICUS, _a, um_. _Juv._ Qui souffre qu'on le
+Ganymédise; qu'on emploie à l'office amoureux de Ganymède[179].
+
+ [179] Synonymes: _mollis, facilis_. Sénèque nous apprend qu'on
+ connaissait un homme de cette espèce à la manière dont il se
+ grattait la tête: _uno digito scalpit caput_ était passé en proverbe
+ à cet égard.
+
+PATHICA PUELLA. _Priap._ Jeune fille qu'on Ganymédise; une jeune enfant
+qu'on fait servir de Ganymède; fille dont on se sert comme d'un jeune
+garçon qu'on emploie pour une fille.
+
+PATHICISSIMUS, _a, um_. _Mart._ Qui se souffre employer à tout ce que
+peut demander une passion déréglée.
+
+PATIENTIAE MULIEBRIS LEGEM ACCIPERE. _Petr._ Supporter les fatigues où
+le beau sexe s'expose lorsqu'il entre dans la milice amoureuse.
+
+PATI CONCUBITUS. _Ovid._ Souffrir les caresses du lit[180].
+
+ [180] Ne pas repousser le plaisir. _Pathicus_ en dérive.
+
+PATI TANGI. _Ovid._ Se laisser patiner; se souffrir manier; vouloir bien
+être tâtonnée.
+
+PATRANS, _tis_, _omn. gen._ _Pers._ Qui fait ce qu'on appelle faire; qui
+travaille à l'ouvrage naturel; qui fait l'action.
+
+PATRANS OCELLUS. _Pers._ Un oeil mourant de plaisir.
+
+PATRATIO, _onis_, f. _Cornut._ L'accomplissement de ce qu'on appelle
+l'action; le travail amoureux; l'exercice de Vénus.
+
+PATRATOR, _oris_, m. _Tac._ Un faiseur; un artiste amoureux.
+
+PATRO, _are_. _Sall._ Ce qu'on appelle faire; se mettre à l'ouvrage
+naturel; s'exercer au travail amoureux; faire l'action.
+
+(N) PECULIO, _are_. Entrer au petit magasin d'amour; jouir
+amoureusement.
+
+PECULIUM, _ii_, n. _Petr._ Le magasin d'amour et sa marchandise.
+
+PECULIUM PROLATUM. _Petr._ Marchandise amoureuse étalée.
+
+PECULII MAJORIS HOMINES. _Lampr._ Les hommes les mieux fournis; les
+substituts de Priape.
+
+(N) PELLEX, _icis_, f. Fille commode; concubine; femme entretenue; femme
+galante dont la physionomie et les grâces attirent les hommes.
+
+(N) PELLICATUS, _us_, m. Concubinage.
+
+PENIS, _is_, m. _Cic._ La queue des animaux, tant raisonnables
+qu'irraisonnables[181].
+
+ [181] Le battant de la cloche d'amour. Voy. MENTULA. _Agere inter
+ viscera penem._ _Juv._ S'amuser au jeu contre nature.
+
+PENI DEDITI ADOLESCENTES. _Cic._ Jeunes gens qui s'en prennent à
+eux-mêmes quand la passion les presse[182].
+
+ [182] Disciples de Narcisse et d'Hippolyte.
+
+PENSILIA, _ium_, n. _Priap._ Le paquet d'amour; l'aiguille et les
+contrepoids de l'horloge amoureuse[183].
+
+ [183] Les trois pendards masculins; les trois pièces.
+
+(N) PERAGERE VIRUM AUT MULIEREM. Jouir d'un homme ou d'une femme; se
+prêter aux désirs amoureux.
+
+(N) PERCIDO, _ere_; PERCISUS, _a, um_; PRAECIDO, _ere_; & PRAECISUS.
+C'est à peu près la même signification que _perforare_, mais il
+s'applique aux hommes plutôt qu'aux femmes. _Puer percisus, virgo
+perforata_, sont deux individus violés, chez qui l'on est entré de
+force.
+
+PERDEPSO, _is, ere_. _Catull._ Pétrir vigoureusement dans le pétrin
+naturel.
+
+(N) PERDUCO, _ere_. Conduire une femme contre sa volonté chez un
+amateur; la tromper; la produire contre son intention.
+
+PERDUCTATIO, _onis_, f. Maquerellage.
+
+PERDUCTATOR, _oris_, m. Voy. PERDUCTOR.
+
+PERDUCTO, _are_. _Plaut._ Maquereller.
+
+PERDUCTOR, _oris_, m. _Cic._ Courtier d'amour; pourvoyeur de Vénus;
+maquignon de plaisirs; appareilleur de coeurs; conciliateur de volontés
+amoureuses.
+
+PERFICIO, _is, ere_. _Jul. Cap._ Achever une besogne qu'on voudrait
+toujours recommencer.
+
+(N) PERFORO, _are_. Entrer de force; faire un trou plus grand qu'il
+n'était; dépuceler; jouir amoureusement. Le dieu des jardins menaçait
+les voleurs de tout sexe de leur faire subir cette peine: aussi était-il
+souvent volé.
+
+PERIRE MULIEREM. Ces deux mots sont marqués dans le _Dictionnaire_ de
+Danet pour être de Plaute. Ils n'en sont pas; mais ils se trouvent dans
+le premier vers de l'argument acrostiche du _Truculentus_ de Plaute. Ces
+arguments acrostiches des comédies de Plaute sont ordinairement
+attribués à Priscien, qui aurait fait une faute dans cette construction,
+s'il avait entendu se servir de _perire_ dans le sens ordinaire. Il a
+prétendu rire, et, pour cadrer à son jeu, il a fait un verbe de _per_ et
+de _ire_, aller au travers: pour peu qu'on y ait été en sa vie, on
+entendra bien ce que signifie _perire mulierem_[184].
+
+ [184] Traverser le beau sexe. Voy. PERAGERE.
+
+PERMOLENDUS, _a, um_. _Plaut._ A qui il faut faire broyer le vermillon
+de Vénus.
+
+PERMOLITOR, _oris_, m. _Plaut._ Qui moud et fait moudre amoureusement
+sous soi.
+
+PERMOLO, _is, ere_. _Hor._ Moudre et faire moudre amoureusement sous
+soi; broyer le vermillon de Vénus[185].
+
+ [185] _Permolere uxores alienas_: caresser la femme d'autrui; pondre
+ dans un nid qui n'est pas le sien; ensemencer un champ que d'autres
+ labourent.
+
+PERPELLO, _ere_. _Ter._ Faire tomber à la renverse sans risque de
+blessure[186].
+
+ [186] Sur le dos, et comme il faut que tombe toute fille.
+
+PERPULIT MIHI PUDICITIAM PRIMUS. _Plaut._ Il m'a dépucelée; il a eu mon
+pucelage; il a eu ma fleur; il est le premier qui m'ait entamée.
+
+PERTUNDA, _ae_. La déesse qui présidait à l'attaque d'un pucelage; la
+présidente au premier assaut nuptial[187].
+
+ [187] _Pertundere tunicam tentigine_: sentir l'aiguillon d'amour.
+
+PHALLAGOGIA, _orum_, n. Les fêtes de Bacchus et de Priape.
+
+PHALLICA, _orum_, n. Les mystères de Bacchus et de Priape.
+
+PHALLICUS, _a, um_. Qui concerne le laboureur du champ de Nature; ou:
+qui concerne le symbole de la fécondité de la Nature.
+
+PHALLICUM CARMEN. Hymne, poème, chanson à la louange de l'instrument de
+la vie animale, qu'on chantait aux processions en l'honneur de Bacchus,
+de Priape ou d'Osiris.
+
+PHALLOPHORI, _orum_, m. _Cic._ Ceux qui portaient la représentation du
+dieu Priape, ou du laboureur naturel, à la procession des fêtes d'Osiris
+en Égypte, et à celle des fêtes de Bacchus et de Priape à Athènes; ou:
+ceux qui portaient ce symbole de fécondité pendu au col dans le temps de
+la célébration de ces fêtes[188].
+
+ [188] Les chevaliers de l'ordre de Cupidon. On trouvera dans Apulée le
+ détail de ces fêtes et de ces cérémonies obscènes dont les prêtres
+ Phallophores avaient la direction.
+
+PHALLOPHORIA, _orum_, n. Procession en Égypte aux fêtes d'Osiris, et à
+Athènes aux fêtes de Bacchus et de Priape, où le symbole de la fécondité
+naturelle était porté en pompe au bout d'un bâton.
+
+PHALLOPOTES, _ae_, m. f. _Jul. Cap._ Qui boit dans un Priape de verre,
+ou d'autre matière[189].
+
+ [189] On a vu plus haut que les Anciens avaient des pains de même
+ figure.
+
+PHALLOVITROBOLUS, _i_, m. _Jul. Cap._ Priape de verre qui sert de tasse.
+
+PHALLUS, _i_, m. Figure du laboureur naturel, faite de bois de figuier,
+que portaient pendue au col ceux et celles qui célébraient en Égypte les
+fêtes d'Osiris, et à Athènes celles de Bacchus et de Priape, et qu'on
+portait aussi en pompe au bout d'un bâton aux processions qui se
+faisaient alors[190].
+
+ [190] Le Phallus est encore adoré chez les Chrétiens par beaucoup de
+ filles recluses, de vierges timides et de veuves qui craignent les
+ suites des plaisirs amoureux. Le pessaire, le godemiché et le
+ Phallus des Anciens ne font qu'un.
+
+(N) PHICIDISSO, _are_. _Suet._ Employer de jeunes chiens à lécher les
+testicules. Ce mot vient du Grec.
+
+(N) PHOENICISSO, _are_. L'une des hérésies des libertins. V. le mot
+LIGURIRE NATURAM MULIEBREM, et celui DEMITTERE CAPUT; c'est la même
+chose que _Lesbiare_. Les Phéniciens différaient des Lesbiens, en ce que
+les premiers se rougissaient les lèvres pour mieux imiter l'entrée du
+sanctuaire de l'amour: les Lesbiens, au contraire, n'y mettaient d'autre
+fard que l'empreinte des libations amoureuses qui les rendaient
+blanches: _demisso labra notata sero_ (_Catull._). Chaque peuple et
+chaque individu a son goût favori en amour, et il n'y a rien dont un
+homme usé de débauche ne s'avise pour ranimer la langueur de ses sens.
+Mais autant de tentatives de ce genre, autant de pas faits vers la mort,
+ou l'imbécillité, qui est un état plus affreux.
+
+PHORMISIUM, _ii_, n. Voy. CUNNUS.
+
+PHYSSIONUS, _a, um_. Pour qui la Nature a été prodigue, ou avare, selon
+les besoins qu'en ont les deux sexes dans les plaisirs mutuels.
+
+(N) PIPINNA, _ae_, f. Joli diminutif d'un nom qui ne manque pas de
+synonymes. Nous avons en Français le même nom, à peu de chose près. Voy.
+MENTULA.
+
+(N) PODEX, _icis_, m. C'est le contraire de _cunnus_; mais il y a des
+gens qui se plaisent à rapprocher les contraires, et pour qui tout est
+bon, lorsqu'ils sont tourmentés du désir charnel. Une chose singulière,
+c'est que chaque homme tient à la partie qu'il préfère avec beaucoup
+d'obstination, et qu'il est presque impossible de convertir un hérétique
+en amour. Synonyme: _luteum symplegadis antrum_.
+
+(N) POLLA, _ae_, f. _Mart._ Il paraît que les commentateurs et les
+lexicographes Latins n'ont pas connu la signification de ce mot, qui
+doit avoir de l'analogie avec MENTULA.
+
+(N) POLLUO, _ere_. Tacher son linge ou celui d'autrui; tuer des hommes
+avant leur naissance; tromper la nature; abuser de sa main, de ses
+doigts, ou de la bouche de quelques gens commodes; céder trop vite à ses
+désirs; y succomber trop tôt.
+
+(N) POLYGITON, _onis_, m. Archibougre; archilibertin; dictateur en
+crapule, en Sodomie.
+
+POMUM, _i_, n. Voy. COLEUS.
+
+PONDUS, _eris_, n. _Hor._ Le poids de la virilité; le paquet
+d'amour[191].
+
+ [191] Voy. PENSILIA, JUDAEUM PONDUS.
+
+(N) POPPYSMA CUNNI. Le cliquetis des armes de Cupidon, lorsque le dard
+remue dans le fourreau naturel. C'est, pour la bouche, le sifflement du
+baiser, le bruit qu'on entend quand deux amants s'embrassent bien
+tendrement.
+
+PORCA, _ae_, f. _Varr._ Le conin des petites filles (parce que c'est une
+victime digne d'être immolée par celui qui aime, de même que les
+nouveaux mariés immolaient un porc, et ceux qui concluaient une paix
+immolaient une truie).
+
+(N) POSTICA PRAELIA. Combat Socratique, pendant lequel les combattants
+ne se regardent jamais en face.
+
+(N) POTIOR, _iri_, dép. Jouir. C'est en amour le bien suprême et la
+source du bonheur.
+
+POTUS, _i_, m. _Virg._ Catamite; Ganymède; bardache.
+
+(N) PRAEBERE SE. Accorder ses faveurs; se livrer; consentir aux désirs
+de quelqu'un. Voy. DO.
+
+PRAECIDO, _ere_. _Mart._ Voy. PAEDICO.
+
+PRAECISUS, _a, um_. _Sen._ Voy. PATHICUS.
+
+(N) PRAEMIA COXAE TOLERE. Remporter le prix de la lubricité.
+
+PRAEPUTIO, _are_. Jouer du prépuce. Ou: se jouer du prépuce.
+
+PRAEPUTIUM, _ii_, n. _Juv._ Prépuce: la barrette de Priape; le capuce du
+dieu des jardins; le bonnet du laboureur naturel.
+
+PRAEPUTIA DUCERE. _Juv._ Jouer du prépuce; se conduire au plaisir par la
+main; s'en prendre à soi-même pour apaiser son ardeur. Ou: se jouer du
+prépuce; conduire au plaisir par la main; coiffer et décoiffer Priape de
+moment en moment[192].
+
+ [192] M. Dussaulx dit que c'est amortir ses désirs impatients.
+
+PREMA, _ae_, f. Une des divinités du lit nuptial qui présidait aux
+saccades amoureuses; la déesse qui avait l'intendance sur l'ouvrage des
+foulons amoureux; la déesse de Bourre-fort.
+
+PREMO, _ere_. Fouler amoureusement.
+
+PRIAPISCUS, _a, um_. Fait en manière de Priape.
+
+PRIAPISCUS, _i_, m. Le refouloir des tribades: un clitoris démesuré.
+
+PRIAPISMUS, _i_, m. Priapisme: maladie qui cause une tension douloureuse
+et continuelle du membre génital.
+
+PRIAPOLITHUS, _i_, m. Sorte de caillou blanchâtre formé par la Nature en
+figure de Priape, et dont le canal est représenté par une veine de
+cristal très pur. Quelquefois on le trouve aussi garni de ses
+contre-poids. Il y en a de droits, de courbés, et d'autres qui
+paraissent comme rongés par des chancres; le gland y est marqué. Ces
+sortes de cailloux se trouvent, dit Borel, près de Castres en Albigeois.
+Il y en a aussi d'autres qui ont la figure du jardin de nature
+animale[193].
+
+ [193] Une plante, dont j'ai oublié le nom, a la même forme. Ce sont
+ des jeux de la Nature, qui n'ont aucun mérite en comparaison de
+ l'original.
+
+PRIAPUS, _i_, m. _Ovid._ Priape, le dieu des jardins naturels et
+artificiels. Ou (_Juven._): le laboureur naturel; le membre par
+excellence[194].
+
+ [194] Le dépuceleur banal; le fléau des pucelages. Voici ses
+ synonymes: _Ruber hortorum deus, rigidus deus, salax deus,
+ ithyphallus, triphallus, ligneus hortorum custos, rari nemoris
+ custos_. _Ululare Priapum_: invoquer Priape.
+
+(N) PRIAPUS VITREUS. Verre à boire représentant la forme d'un Priape.
+
+(N) PROCAX FASCINUM. Un bel échantillon de virilité.
+
+(N) PRODUCO, _ere_. Produire dans le monde; annoncer une jeune fille que
+l'on veut livrer pour de l'argent aux désirs des amateurs. C'est un
+synonyme de PROSTITUERE.
+
+(N) PROPUDIUM FISSILE. La partie soi-disant honteuse des dames: car,
+plus cette partie est jolie, moins elle doit craindre la honte.
+_Propudium de viris dicitur, libidines de foeminis_ (_Plaut._): un
+adjectif ajouté à un nom détermine son application à l'un ou l'autre
+sexe; l'adjectif _fissile_, joint à _propudium_, fait ici connaître
+qu'il s'agit d'un instrument féminin.
+
+PROSTERNO, _ere_. _Catull._ Prostituer; abandonner à tous venants; faire
+litière.
+
+PROSTERNERE SORORES EXOLETIS SUIS. _Suet._ Prostituer ses soeurs à ses
+mignons[195].
+
+ [195] C'est un joli métier, digne des empereurs Romains et des gens de
+ Cour, qui sacrifient tout à la fortune.
+
+PROSTIBILIS, m. f. _le_, n. _is_, gén. _Plaut._ Prostitué; abandonné à
+tous venants.
+
+PROSTIBULA, _ae_, f. _Plaut._ Prostituée; abandonnée à tous venants.
+
+PROSTIBULATUS, _a, um_. Prostitué.
+
+PROSTIBULUM, _i_, n. _Plaut._ Lieu de prostitution. Ou: voy.
+PROSTIBULA[196].
+
+ [196] _Prostibula_, mis comme pluriel de _prostibulum_, signifie la
+ même chose, mais en collection. Voy. LUPANAR.
+
+PROSTIBULUS, _a, um_. Prostitué.
+
+PROSTITUERE SE TOTO CORPORE. _Catull._ Abandonner son corps à toutes
+sortes de lubricités; se livrer tout entier à la prostitution.
+
+PROSTITUTA, _ae_, f. _Sen._ Prostituée; abandonnée à tous venants.
+
+PROSTITUTUS, _a, um_. _Plin._ Prostitué; abandonné à tous.
+
+PROSTO, _are_. _Juv._ Se prostituer; s'abandonner à tous venants; être
+toujours prêt à être mis en oeuvre; être prostitué; être abandonné à
+tous[197].
+
+ [197]
+
+ _... Nam quo non prostat foemina templo?_
+
+ (_Juven._)
+
+ Voy. PROSTERNO, PROSTITUERE SE. Le _stare in carcere fornicis_ de
+ Juvénal exprime la même chose.
+
+PROSTARE IN LOCIS OCCULTIS. _Plaut._ S'exposer à tous venants en des
+lieux secrets.
+
+PROSTRATUS, _a, um_. _Suet._ Prostitué, abandonné à tous; exposé au
+premier venu.
+
+PROSTRATA REGI PUDICITIA. _Suet._ Pudicité prostituée au roi[198].
+
+ [198] Sacrifiée au rang.
+
+PROSTRO, _are_. Voy. PROSTITUO.
+
+(N) PRURIGO, _inis_, f.; PRURITUS, _us_, m. Sensation délicieuse et
+parfois gênante, selon les tempéraments; chatouillement; érection.
+
+(N) PRURIO, _ire_. Chatouiller; exciter au jeu d'amour.
+
+PSOLE, _es_, f. Voy. MENTULA.
+
+(N) PSOTION, _onis_, m.; PSOTOENTA, _ae_, m. _Priap._ L'architecte du
+genre humain. Ce mot vient du Grec.
+
+PTERYGOMATA, _um_, n. Les lèvres de la bouche perpendiculaire; les bords
+du bassin amoureux. Ou: les nymphes; les dames des eaux du palais de
+Vénus; les ailes, les ailerons que l'Amour applique quelquefois à son
+caducée.
+
+PUBERALE, _is_, n. Le mont de Vénus; la motte; le pénil.
+
+PUBES, _is_, f. _Cic._ Le poil qui couvre le mont de Vénus[199]. Ou
+(_Virg._): Voy. CUNNUS.
+
+ [199] Ou qui se trouve à l'origine des parties génératives de l'homme.
+
+PUBES, _eris_, _omn. gen._ _Cic._ A qui le poil follet commence à
+couvrir le mont de Vénus; qui entre en puberté.
+
+PUBIS, _is_, f. _Prud._ Voy. PUBES.
+
+PUDENDA, _orum_, n. Les parties de la pudeur[200].
+
+ [200] C'est un terme d'anatomie.
+
+PUDENDAGRA, _ae_, f. La vérole, le mal de Naples; ou: chancre aux
+parties de la génération, etc.; maladie qui rend véritablement honteuses
+les parties qu'elle attaque.
+
+PUDENDUM, _i_, n. La partie de la pudeur[201].
+
+ [201] Celle que l'on cache pour en doubler le prix lorsqu'on la
+ montre.
+
+(N) PUDOR, _oris_, m. La pudeur, le fard du beau sexe. _Pudorem pellere,
+vel ponere_: oublier la pudeur. Il n'y a rien de plus agréable pour un
+homme, que de causer cet oubli pour quelques instants. Elle revient chez
+certaines femmes, mais il y en a qui s'en privent, par goût: ce ne sont
+pas les plus aimables.
+
+PUELLA EXPERTA VIRUM. _Hor._ Fille qui a éprouvé ce que vaut un homme en
+amour; belle qui a goûté des fruits de l'amour[202].
+
+ [202] Qui sait à quoi s'en tenir sur les mystères de la nature.
+ _Puella procax_ (_Ovid._): fille agaçante, et dont l'aimable
+ vivacité excite le désir du combat amoureux.
+
+PUELLASCO, _ere_. _Varr._ S'efféminer; prendre des airs de fille;
+contrefaire la fillette; imiter les jeunes filles; faire la poulette;
+faire la mignarde, la pouponne; se mignarder[203].
+
+ [203] _Quod non solum innubae fiunt communes, sed etiam veteres
+ puellascunt, et multi pueri puellascunt (Fragmentum ex M. T.
+ Varrone)._
+
+PUELLITOR, _ari_, dép. _Laber._ Clitoriser; jouer du clitoris; badiner
+au clitoris; folâtrer du bout du doigt avec une jeune fille; chatouiller
+au bel endroit; jouer du bout du doigt à la manière des jeunes filles.
+
+PUER, _i_, m. _Mart._ Un jeune mignon; un Ganymède[204].
+
+ [204] Les jeunes esclaves mâles avaient souvent, chez les Anciens, le
+ bonheur de plaire à leurs maîtres par cette sorte de complaisance.
+ Les Grecs et les Romains menaient de front l'amour de la femme et de
+ l'homme; et ceux-ci avaient souvent la préférence sur les femmes,
+ quoique, pour plaire à leurs amants ou à leurs maris, elles se
+ prêtassent souvent à leurs sales fantaisies.
+
+ _Divisit Natura mares: pars una puellis,
+ Una viris genita est..._
+
+ dit Martial. Je ne crois pas que Buffon, qui a mieux étudié que lui
+ la nature humaine, ait été de cet avis.
+
+ _Pusio_ est synonyme de _puer_. Lisez le nº VI dans les _Monuments
+ de la vie privée des Césars_, pages 21 à 24.
+
+(N) PUERA, _ae_, f. Fille qui oublie son sexe et qui sert de Ganymède.
+
+PUERARIUS, _ii_, Voy. PAEDICO.
+
+PULLARIA, _ae_, f. _Plaut._ Main qui patine, qui farfouille[205].
+
+ [205] Qui chiffonne.
+
+PULLARIAM FACERE. _Petr._ Patiner; farfouiller.
+
+PULLARIUS, _ii_, PULLIPREMO, _onis_, Voy. PAEDICO.
+
+PULLUS, _i_, m. _Fest._ Mignon; Ganymède; bardache[206].
+
+ [206] Mon poulet: c'est le nom que l'on donnait à son mignon.
+
+(N) PUSIO, _onis_, m. Jeune garçon; jeune esclave mâle réservé pour la
+couche du maître. Voy. PUER.
+
+PUTA, _ae_, f. _Hor._ La conque amoureuse[207].
+
+ [207] Virgile a dit _putus_ pour désigner un Giton.
+
+PUTILLA, _ae_, f. _Hor._ Un conichon; un conin; une coniche.
+
+PUTILLUS, _i_, m. _Plaut._ Une courte; une guigi; une margot; une gotte.
+
+(N) PYGAE, _arum_, f.; NATES, _ium_, f.; CLUNES, _ium_, f. Ce sont trois
+synonymes pour dire la même chose. En Français: les fesses, ou les
+coussins d'amour.
+
+PYGIACA SACRA. _Petr._ PYGIACA, _orum_, n. Le combat des fesses. Ou: les
+fêtes de Vénus antistrophe; ou: ses mystères postérieurs; l'exercice de
+l'art subtil.
+
+PYGISMA, _tis_, n. Voy. PAEDICATIO.
+
+PYGISTA, _ae_, m; PYGISTES, _ae_, m. Voy. PAEDICO.
+
+(N) PYRAMIS TENTA LIBIDINOSA NERVOS. La pique d'amour dans toute sa
+raideur.
+
+PYTISMA, _tis_, n. _Juv._ Onction avec du crachat pour faire couler;
+liniment avec du crachat pour faire glisser; enduit de crachat pour
+faciliter l'introduction[208].
+
+ [208] Chez les jeunes filles trop étroites. Les femmes cessent trop
+ tôt d'avoir besoin de ce liniment.
+
+
+
+
+Q
+
+
+(N) QUADRUPUS, _odis_, m. f. L'androgyne; le genre humain faisant la
+bête à quatre pieds, la bête à deux dos.
+
+
+
+
+R
+
+
+RADIUS, _ii_, m. Le rayon de la géométrie d'amour.
+
+(N) RAMUS, _i_, m. Le rameau pacificateur entre mari et femme, entre
+amant et maîtresse; l'arbre de vie. Voy. HASTA, MENTULA. Ausone, dans
+son _Cento nuptialis_, a plaisamment parodié le vers de Virgile en
+disant de l'époux prêt à livrer le premier assaut: _aperit ramum qui
+veste latebat_.
+
+(N) REN, _renis_, m. _Auson._ Il prend les reins pour la matrice, par
+licence poétique:
+
+ _Utere rene tuo: casta puella anus est._
+
+C'est un précepte très humain, que celui qui prescrit de faire usage des
+membres et des biens qu'on reçoit de la Nature; mais le mot, dans le
+vers cité, est obscène par l'idée qu'il présente.
+
+(N) RESOLUTA FOEMINA. _Ovid._ Femme en attitude de combat.
+
+RESUPINANDUS, _a, um_. _Cels._ Qu'il faut coucher le ventre en haut;
+qu'on doit renverser sur le dos; à qui l'on doit faire voir la feuille à
+l'envers.
+
+RESUPINATUS, _a, um_. _Juv._ Voy. RESUPINUS.
+
+RESUPINO, _are_. _Liv._ Coucher le ventre en haut; renverser sur le dos.
+Ou (_Juv._): faire voir la feuille à l'envers.
+
+RESUPINUS, _a, um_. _Ovid._ Couché le ventre en haut; renversé sur le
+dos; à qui l'on fait voir la feuille à l'envers. Ou (_Quintil._): mou,
+efféminé.
+
+RETRO AGERE ALIQUEM. _Plin._ Faire travailler quelqu'un du derrière;
+Ganymédiser quelqu'un; aiguillonner quelqu'un postérieurement.
+
+(N) RIGIDUS DEUS. Priape, le dieu le plus ferme. _Rigere_ ou _arrigere_
+servent, dans le style licencieux, à exprimer le mouvement naturel qui
+fait qu'un homme se trouve capable d'en créer un autre.
+
+(N) RUMPERE LATUS IN VENERE. Se fatiguer au jeu d'amour; ne pouvoir plus
+remuer les reins. _Rumpi tentigine_, être en proie aux plus violents
+désirs.
+
+(N) RUSTICUS, _a, um_. En style amoureux, c'est celui qui va trop vite
+au fait, sans préliminaires ni consentement.
+
+
+
+
+S
+
+
+SACANDRUS, _i_, m. La partie qui mérite des saccades amoureuses.
+
+SAGITTATA OSCULA. _Plaut._ Des baisers à la pigeonne; baisers où les
+coups de langue vont dru[209].
+
+ [209] Où les langues se dardent.
+
+(N) SALACITAS, _atis_. f. Extrême lubricité.
+
+SALAPUTIUM, _ii_, n. Voy. PUTILLUS.
+
+(N) SALAX, _acis_. De _salire_: celui que la Nature rend très habile au
+jeu d'amour. _Salax deus_, Priape, dieu de l'impureté; _salax eruca_, la
+roquette, herbe aphrodisiaque ou qui excite à l'amour.
+
+(N) SALIO, _ire_. Monter à l'assaut; couvrir la femelle (ce qui se dit
+des animaux). _Vox saliente libidine_: cri que le plaisir arrache à qui
+jouit passionnément.
+
+SALMACIDA SPOLIA. _Cic._ Une victoire amoureuse.
+
+SALTUS, _us_, m. _Plaut._ Le bocage amoureux; la garenne d'amour; le
+bosquet de Vénus; le taillis où l'Amour va giboyer.
+
+SARABUS, _i_, m.; SARON, _i_, n. Voy. CUNNUS.
+
+(N) SAVIARI (_pro_ SUAVIARI). S'embrasser avec tendresse.
+
+SCATINIA LEX. Loi faite contre les professeurs de l'art subtil et contre
+leurs disciples.
+
+(N) SCELERARE TEMPLA. Profaner, souiller les temples par des actes de
+lubricité.
+
+SCHEMA, _ae_. f. _Suet._ Manière particulière d'embrasser
+homocentriquement; la manière de faire cela.
+
+(N) SCEPTRUM, _i_, n. Le sceptre d'Amour; voy. MENTULA.
+
+(N) SCHOENICULA, _ae_, f. Courtisane; prostituée.
+
+(N) SCINDO, _ere_. Rompre et déchirer tous les obstacles qui s'opposent
+à la jouissance; enlever un pucelage; forcer les barrières de la
+volupté.
+
+SCORTATIO, _onis_. Voy. SCORTATUS.
+
+SCORTATOR, _oris_, m. _Cic._ Qui aime les filles de joie; putassier;
+bordelier; coureur de garces.
+
+SCORTATUS, _us_, m. _Apul._ Inclination pour les filles de joie; ou:
+l'exercice qu'on fait faire aux filles de commodité; ou: leur
+fréquentation.
+
+SCORTILLUM, _i_, n. _Catull._; SCORTISCUM, _i_, n. Une jeune fille de
+joie; une petite garce[210].
+
+ [210] Ou: une fille de joie pour le petit peuple.
+
+SCORTOR, _ari_. dép. _Ter._ Courir les filles de joie; fréquenter les
+filles de commodité; hanter les maisons de plaisir; ou: mettre en
+exercice les filles commodes; faire travailler les filles de Vénus.
+
+SCORTUM, _i_, n. _Cic._ Fille de joie; fille commune. Ou (_Suet._): un
+Ganymède.
+
+SCORTUS, _i_, m. Voy. CINAEDUS.
+
+(N) SCROBS VIRGINALIS. La fossette naturelle chez les dames; le puits
+d'amour. Voy. CUNNUS.
+
+SECUTULEIA, _ae_, f. _Petr._ Celle qui recherche les caresses de
+l'homme; belle de haut appétit; personne âpre à la curée[211].
+
+ [211] Femme à tempérament.
+
+SELINON, _i_, n. Voy. CUNNUS.
+
+(N) SEMEN HUMANUM. La graine d'hommes; la liqueur générative dont
+l'expansion est le but que la Nature se propose dans le déduit amoureux.
+
+(N) SEMINALE MEMBRUM. La gerbe d'amour. Voy. MENTULA.
+
+(N) SEMIVIR, _i_, m. Eunuque; prêtre de Cybèle.
+
+SICULA, _ae_, f. _Catull._ La dague amoureuse[212].
+
+ [212] _Parva sica._
+
+(N) SIPHNIASSO, _are_. _Plin._ Fantaisie lubrique en usage parmi les
+anciens habitants de Siphno, l'une des îles Cyclades. Érasme dit que
+c'est _manum admovere postico_: aider les plaisirs du devant par ceux du
+derrière.
+
+(N) SOCRATES; SOCRATICI DISCIPULI. Tous ces messieurs les Sages, en
+fuyant la compagnie des femmes, en déclamant contre leurs défauts et
+contre l'amour, ont donné pour la plupart dans des accès bien plus
+répréhensibles. La nature ne perd jamais ses droits, et encore moins
+qu'ailleurs dans des climats brûlants.
+
+(N) SOLLICITARE INGUINA. Réveiller le chat qui dort; irriter les désirs
+charnels.
+
+(N) SOTADES, _is_, m. Sotadès, poète de Mantinée, le premier qui ait
+écrit sur l'amour Grec ou l'amour malhonnête et contre nature.
+
+(N) SPADO, _onis_, m. Eunuque: homme qui n'est plus homme, et qui peut
+servir de femme à ceux qui ne les cherchent pas où elles sont, ou les
+prennent à rebours lorsqu'ils les trouvent.
+
+SPATALOCINAEDUS[213], _i_, m. _Petr._ Un joli Ganymède.
+
+ [213] Ou: SPATHALOCINAEDUS.
+
+SPETLOMA, _atis_, n. Le bruit du concert amoureux.
+
+SPHINGA, _ae_, f. Voy. MERETRICULA.
+
+SPHINX, _gis_, f. Voy. MERETRIX.
+
+SPINTRIA, _ae_, m. _Suet._ Inventeur de nouvelles attitudes amoureuses;
+qui trouve en amour des postures inusitées. Ou: Voy. PATHICUS.
+
+(N) SPONSA TURPIS. Une épouse qu'on ne peut avouer. Les Romains avaient
+une sorte de mariage infâme et bien qualifié du nom _turpis_: deux
+hommes se mariaient ensemble. Juvénal en parle en plusieurs endroits de
+ses Satires, notamment dans la deuxième, vers 134 et suiv.
+
+ _... Quid quaeris? nubit amicus,
+ Nec multos adhibet. Liceat modo vivere, fient,
+ Fient ista palam, cupient et in acta referri.
+ Interea tormentum ingens nubentibus haeret,
+ Quod nequeunt parere, et partu retinere maritos.
+ Sed melius, quod nil animis in corpora juris
+ Natura indulget: steriles moriuntur, et illis
+ Turgida non prodest condita pyxide Lyde,
+ Nec prodest agili palmas praebere Luperco._
+
+Voyez le mariage de Gracchus avec un musicien, décrit dans la deuxième
+Satire, vers 117.
+
+Néron épousa publiquement Sporus, son Ganymède; et le plaisant de
+l'affaire, c'est qu'après l'avoir épousé comme homme, il voulut
+décidément lui faire changer de sexe, et tenta pour cela le secours de
+la chirurgie et des enfants d'Esculape. Le pauvre Sporus en demeura tout
+mutilé: aussi, pourquoi se mariait-il à Néron?
+
+Martial a parlé de ces noces abominables. Elles se sont, à ce qu'on dit,
+renouvelées sous Héliogabale, et sous notre ridicule Henri III, roi
+Français de Sodomitique mémoire.
+
+On a dit plaisamment que Domitien, père de Néron, aurait agi prudemment
+en épousant un homme. En effet il n'eût pas eu d'enfant, et la terre
+n'eût pas été souillée par l'existence d'un monstre tel que Néron.
+
+(N) SPORUS, _i_, m. Non d'un eunuque. Voy. SPONSA TURPIS.
+
+SPURIA, _ae_, f.; SPURIUM, _ii_, n. La coquille des pèlerins d'amour.
+
+STRUTHEUM, _i_, n.; STRUTHEUS, _i_, m.; & STRUTHIUM, _ii_, n.; STRUTHOS,
+_i_, m. L'oiseau d'amour; la racine amoureuse; le moineau de Vénus.
+
+STULTICEN, _inis_, m. Un poète folâtre; qui ne chante que des
+folâtreries.
+
+STUPRATIO, _onis_, f. _Plaut._ Engagement où l'on met une belle de se
+rendre à sa passion; la soumission à ses désirs amoureux qu'on exige de
+la complaisance d'une personne; prise de possession de l'honneur d'une
+jolie personne; la douce et agréable violence faite aux dames; prise de
+corps amoureuse; l'effort auquel les dames succombent avec plaisir.
+
+STUPRATOR, _oris_, m. _Quintil._ Qui soumet une belle à ses désirs
+amoureux; qui fait aux dames une agréable et douce violence; qui pousse
+son inclination amoureuse aussi loin qu'elle peut aller; qui engage une
+jolie personne à se rendre à sa passion; qui s'empare de ce que les
+dames n'osent offrir; qui prend amoureusement possession de l'honneur
+d'une belle; qui fait des efforts où les dames succombent avec plaisir;
+qui exige la dernière complaisance des belles; qui pousse amoureusement
+sa pointe jusqu'au bout; un abatteur de bois remuant; un Poliorcète en
+amour.
+
+STUPRATUS, _a, um_. _Cic._ Qui a laissé prendre une amoureuse possession
+de son honneur; qui s'est laissé aller à la passion amoureuse d'autrui;
+pris amoureusement au corps; qui a donné les dernières marques de
+complaisance en amour; qui a succombé aux efforts amoureux de quelqu'un;
+qui s'est donné aux désirs amoureux d'autrui; qui s'est amoureusement
+soumis aux inclinations de quelqu'un; dont on a exigé les dernières
+faveurs; à qui l'on a fait une amoureuse et douce violence; qui a été
+poussé amoureusement à bout; qui a été engagé à se rendre aux
+sollicitations amoureuses; qui a souffert des secousses d'amour; qui a
+été employé amoureusement hors de l'état de mariage.
+
+STUPRISEQUESTRA, _ae_, f. _Plaut._ Fille de joie. Ou: appareilleuse.
+
+STUPRO, _are_. _Plaut._ S'emparer de l'honneur d'une belle; engager une
+personne à se rendre à sa passion; prendre amoureusement au corps;
+s'attirer les dernières marques de complaisance en amour; soumettre à
+ses inclinations amoureuses; faire une amoureuse et douce violence;
+exiger les dernières faveurs; faire succomber sous ses efforts amoureux;
+pousser amoureusement à bout; prendre une amoureuse possession; engager
+à se rendre à ses sollicitations amoureuses; faire céder à ses
+empressements amoureux; employer amoureusement hors de l'état de
+mariage.
+
+STUPROSUS, _a, um_. _Val. Max._ Voy. STUPRATOR.
+
+STUPRUM, _i_, n. _Cic._ Prise de possession de l'honneur d'une fille ou
+d'une femme; excès de familiarité amoureuse; l'effort où les dames
+succombent avec plaisir; la douce et amoureuse violence faite aux
+belles; amoureuse prise de corps; exaction des dernières faveurs; emploi
+qu'on fait d'une belle hors de l'état de mariage.
+
+(N) SUAVIOR, _ari_, dép. S'embrasser, se baiser amoureusement. Voy.
+SAVIOR.
+
+(N) SUAVIUM, _ii_, n. Baiser sur la bouche. Synonymes: _basium,
+osculum_. Servius donne l'explication de ces trois mots: _basium_ est le
+baiser qu'on donne à une épouse; _suavium_ est celui que l'on donne à
+une maîtresse; _osculum_ est le baiser de paternité, ou que les pères et
+mères donnent à leurs enfants: c'est aussi le baiser de paix et de
+cérémonie. Il y a un gros livre sur les baisers, par Kempius. On peut le
+lire lorsque l'on veut approfondir la matière en curieux et en savant:
+pour ceux qui ne le sont pas, la chose vaut mieux que le mot.
+
+SUBACTIO, _onis_, f. _Cic._ L'action de fouler amoureusement; le travail
+amoureux qu'on fait faire sous soi.
+
+SUBACTOR, _oris_, m. _Lampr._ Voy. FUTUTOR. Ou: Voy. PAEDICO.
+
+SUBACTRIX, _icis_, f. Voy. FRICTRIX. Voy. TRIBAS.
+
+SUBACTUS, _a, um_. Foulé amoureusement; repassé naturellement ou contre
+nature.
+
+SUBACTUS, _us_, m. _Plin._ Voy. SUBACTIO.
+
+SUBADMOVERE MARI FOEMINAM. _Colum._ Mettre aux prises le mâle et la
+femelle; engager les deux sexes au combat de Vénus.
+
+SUBAGITATIO, _onis_, f. _Plaut._ Le travail amoureux qu'on fait faire
+sous soi; les mouvements qu'on cause à ce qu'on caresse amoureusement;
+le branle qu'on donne à l'objet de ses plaisirs; les secousses
+amoureuses.
+
+SUBAGITATOR, _oris_, m.; SUBAGITATRIX, _icis_, f. Qui met en mouvement
+l'objet de ses désirs; qui fait travailler amoureusement sous soi; qui
+met en branle ce qu'il aime.
+
+SUBAGITATUS, _a, um_. Qu'on a mis amoureusement en branle; mis en
+mouvement amoureux; à qui l'on a donné des secousses amoureuses; qui
+travaille amoureusement sous autrui.
+
+SUBAGITO, _are_. _Plaut._ Faire mouvoir amoureusement sous soi; mettre
+en amoureux mouvement; mettre en branle ce qu'on aime; donner des
+secousses amoureuses à l'objet de ses plaisirs.
+
+SUBALARIA NEGOTIA. Affaires amoureuses.
+
+SUBANS, _tis_, _omn. gen._ _Plin._ Qui refoule amoureusement. Ou: qui
+est en amour; qui est en chaleur.
+
+SUBATIO, _onis_, f.; SUBATUS, _us_, m. _Plin._ Voy. SUBACTIO. Ou: la
+chaleur des femelles; le désir du mâle[214].
+
+ [214] Ce qui se dit plus spécialement des animaux.
+
+SUBATUS, _a, um_. Qui a été amoureusement refoulé. Voy. SUBAGITATUS.
+
+SUBIGATRIX, _icis_. f. Voy. SUBIGITATRIX.
+
+SUBIGENDUS, _a, um_. _Col._ Qu'il faut refouler amoureusement; qu'on
+doit faire travailler amoureusement sous soi.
+
+SUBIGITATRIX, _icis_. f. _Plaut._ Tribade, moderne Sapho.
+
+SUBIGITO, _are_. _Plaut._ SUBIGO, _ere_. _Cic. Suet._ Refouler
+amoureusement; faire travailler amoureusement sous soi; refouler la
+charge amoureuse[215].
+
+ [215] Cela se dit des hommes et des femmes: _Nicomedes Caesarem
+ subegit_.
+
+SUBIGUS, _i_, m. Le dieu qui présidait au renversement des belles[216].
+
+ [216] Aux premiers sacrifices à l'Amour.
+
+SUBO, _are_. _Plin._ Rechercher le mâle; être en amour; être en
+chaleur[217]. Ou (_Hor._): Voy. SUBIGO.
+
+ [217] Se remuer, s'agiter pendant le plaisir amoureux. Voy. SURIO.
+
+SUBANDO CUBILIA RUMPERE. _Hor._ Enfoncer le lit à force de faire
+rage[218].
+
+ [218] Et de mouvoir le croupion.
+
+(N) SUBSIDERE MARIBUS. Se dit des femelles des animaux, qui s'arrêtent
+et se tiennent fermes pour recevoir le mâle.
+
+SUBULA, _ae_, f. _Colum._ L'alène de Cupidon.
+
+SUBULO, _onis_, m. Voy. PAEDICO.
+
+SUBULO, _are_. Voy. PAEDICO.
+
+(N) SUBURRANA PUELLA. Fille publique; courtisane; raccrocheuse. La
+Suburra est le quartier de Rome où logent toutes les filles publiques.
+_Suburrana uxor, vel Summoeniana uxor_: une prostituée, une femme qui se
+marie au premier venu pendant un quart d'heure.
+
+SUCCUBA, _ae_, f. _Ovid._ Concubine; maîtresse; celle dont on a les
+faveurs.
+
+SUCCUBO, _are_. _Apul._ Se soumettre aux caresses amoureuses; travailler
+amoureusement sous une personne.
+
+SUCCUBONEUS, _a, um_. _Titinn._; SUCCUBUS, _a, um_. _Prud._ Qui se
+soumet aux caresses amoureuses; qui travaille amoureusement sous autrui.
+
+SUCCUMBO, _ere_. _Varr._ Voy. SUCCUBO.
+
+SUCCUMBERE ANTE NUPTIAS QUIBUS & VELLENT. _Varr._ Se soumettre, avant le
+mariage, aux caresses de tous ses amants; en donner à tous ceux qui en
+veulent avant d'être mariée; ne refuser personne avant ses noces.
+
+(N) SULCUS, _i_, m. Sillon charmant; fosse d'amour.
+
+SUPERCUNNUM, _i_. n. Les broussailles du mont de Vénus.
+
+(N) SURIO, _ire_. Ce mot exprime pour les hommes ce que _subare_ veut
+dire des dames.
+
+(N) SUSTINERE SESE (_scilicet in gaudiis_). Savoir jouir; s'arrêter à
+propos pour prolonger le plaisir que l'on peut donner à son amie dans
+l'acte Vénérien. Voy. MORARI.
+
+(N) SYBARITICI LIBELLI. Catéchismes pour les libertins, dans lesquels la
+gymnastique lubrique était enseignée avec la plus grande perfection.
+Selon Lucien, ils ont pour auteur Hémithéon, natif de Sybaris.
+
+SYNCOETIUM, _ii_, n. Le paiement des plus vives caresses amoureuses;
+l'honoraire en amour; le prix des dernières faveurs.
+
+SYNUSIA, _ae_, f. La plus intime liaison que puissent avoir ensemble les
+deux sexes; la plus étroite union que puissent former deux personnes de
+sexe différent.
+
+
+
+
+T
+
+
+(N) TABELLAE, _arum_, f. Tablettes ou billets doux écrits par des
+amants.
+
+(N) TABELLAE VOTIVAE ET PICTAE. Tablettes où se trouvent peintes toutes
+les postures inventées à Lampsaque. Les jeunes filles qui possédaient de
+ces tablettes en faisaient hommage à Priape, afin qu'il leur accordât la
+réalité. On ne voit pas de ces _ex-voto_ dans les églises Chrétiennes.
+Properce a déclamé contre ces tablettes obscènes:
+
+ _Quae manus obscenas depinxit prima tabellas
+ Et posuit casta turpia visa domo,
+ Illa puellarum ingenuos corrupit ocellos,
+ Nequitiaeque suae noluit esse rudes._
+
+ (_Propert._, II, 5, 19.)
+
+(N) TACEO, _ere_. Se taire est un acte très simple de sa volonté; mais
+quand on se laisse mettre dans la bouche quelque chose d'humain qui
+l'emplit, il y a bien force. En ce sens, _tacere_ est synonyme de
+_morigerari_, et très obscène. Vossius dit que _tacere_ signifie la même
+chose que _irrumari_.
+
+TAEDAE JURE COIRE. _Ovid._ User des droits de l'Hyménée en faveur du
+plaisir; prendre l'ascendant amoureux que donne l'Hymen; se servir
+amoureusement des libertés que donne le mariage.
+
+(N) TANGERE MULIEREM MANIBUS. Faire l'imposition des mains sur une
+femme; aller à la découverte du bosquet de Cythère; y faire naître avec
+les doigts mille sensations agréables, qui préparent une de ces crises
+charmantes qui font perdre la vie pendant quelques minutes.
+
+TAUROPOLIA, _orum_, n. Le carquois de Cupidon.
+
+TAURUS, _i_, m. _Fest._ Le laboureur du champ de la Nature.
+
+(N) TENDO, _ere_. Dans le style lubrique, signifie l'érection causée par
+les désirs charnels. _Tendere alutam_ (_Mart._)
+
+(N) TENER, _era, erum_. Jeune, délicat, agréable, joli, charmant:
+
+ _... Sed tu sane tenerum et puerum te
+ Et pulchrum, et dignum cyatho coeloque putabas._
+
+ (_Juven._)
+
+TENTIGINOSUS, _a, um_. Qui bande toujours son imagination vers les
+plaisirs de l'amour.
+
+TENTIGO, _inis_, f. _Mart._ L'érection, le désir de Vénus. Ou (_Juv._):
+Priapisme volontaire, ou involontaire.
+
+TENTARE DIGITIS LOCA FOEMINARUM. _Colum._ Tâter si les poulettes ont
+l'oeuf; mettre les doigts où il n'en faut qu'un bon.
+
+TENTUM, _i_. n. La tente de la plaie amoureuse.
+
+TERERE INGUINA. _Juv._ Se donner des branles amoureux[219].
+
+ [219] Sonder avec la langue l'antre de Cypris. Voy. PHOENICISSO,
+ LESBIO.
+
+(N) TESTES, _ium_, m. Les témoins du pouvoir génératif.
+
+(N) TESTICULI, _orum_, m. Les témoins et les assistants du jeu d'amour.
+Ils sont presque toujours deux, et quelquefois trois.
+
+TESTICULO, _are_; TESTICULOR, _ari_, dép. _Fest._ Donner le mâle aux
+femelles.
+
+(N) THALASSIO, _onis_, m. L'action qui est le premier but du mariage; le
+dieu des noces; la chanson nuptiale ou épithalame. Martial a dit:
+_Indicare thalassionem manibus libidinosis._
+
+(N) THECA, _ae_, f. La boîte ou l'étui dans lequel on serrait toute la
+marchandise qui sert à la génération. Il y en avait en métal ou en cuir.
+Voy. FIBULA.
+
+(N) THORUS, _i_, m. Le lit ou le canapé où l'on se livre aux jouissances
+de l'amour.
+
+(N) THYRSUS, _i_, m. Le thyrse d'amour. Voy. MENTULA.
+
+(N) TOLLERE PEDES. Faire des gambades sur un lit; mettre les gens plus à
+leur aise en levant les pieds et les jambes en l'air pendant le combat
+amoureux.
+
+(N) TRABES, _is_, f. Arc-boutant de la génération. Voy. MENTULA.
+
+(N) TRACTARE MENTULAM. Le beau Narcisse et le sauvage Hippolyte fuyaient
+les femmes pour se livrer plus à leur aise à ce plaisir, qui n'en est
+plus un lorsqu'il conduit à la mort. C'est l'Onanisme, dont Tissot a
+montré tous les dangers. Chacun voit cela à sa manière, et de grands
+capitaines assurent que l'Onanisme est nécessaire à la guerre. Moi je
+prétends qu'il doit y être rare ou bien ménagé: sans quoi les dames
+n'auraient plus de plaisir à recevoir les militaires en quartier
+d'hiver, et ces messieurs dépeupleraient le monde de toutes les
+manières.
+
+TRIBAS, _adis_, f. _Mart._ Tribade; moderne Sapho; femme qui entreprend
+sur les fonctions viriles auprès de son sexe; clitoriseuse.
+
+TRIEMBOLUM, _i_. n. Le membre par excellence.
+
+TRIPHALLUS, _i_, m. _Tibull._ Surnom de Priape, à cause de sa grande
+fourniture. Ou: un magnifique sceptre amoureux.
+
+(N) TRUSO, _are_. Presser vivement l'entrée du palais d'Amour; s'agiter
+pour s'y introduire. Vient de _trudere_.
+
+TUTUNUS, _i_, m. Voy. PRIAPUS.
+
+
+
+
+U
+
+
+(N) ULCUS, _i_, m. Ulcère ou plaie, que toutes les femmes ont plus ou
+moins grande et qu'elles font soigner par les hommes. Cette plaie, fort
+heureusement, ne guérit jamais, malgré les visites fréquentes qu'ils y
+font.
+
+(N) ULULARE PRIAPUM. Invoquer Priape; lui demander la réalité des
+plaisirs que l'imagination sait peindre.
+
+UNICOLEUS, _a, um_; UNITESTIS, m. f., _te_, n. Qui n'a qu'un testicule;
+qui n'a qu'un témoin amoureux[220].
+
+ [220] Le nombre n'y fait rien, mais la bonne qualité en fait le
+ mérite.
+
+UPUPA, _ae_, f. _Plaut._ Fille de joie; fille de plaisir; fille de
+commodité; belle commode; courtisane; fille apprivoisée; fille de Vénus;
+fille d'amour.
+
+UXORCULO, _are_. _Plaut._ Efféminer; rendre efféminé.
+
+
+
+
+V
+
+
+(N) VALEO, _ere_. Être vigoureux en amour.
+
+VANNO, _are_. _Lucil._ Jouer du croupion; remuer amoureusement les
+fesses.
+
+(N) VASATUS BENE. Riche des dons de la Nature; bien pourvu de ce qui
+fait plaisir aux dames. Voy. MUTONIATUS.
+
+VELITARI PRAELIIS VENERIS. _Apul._ S'entre-agacer amoureusement; faire
+les approches amoureuses; escarmoucher amoureusement. Ou: tâcher de
+n'avoir pas le dernier au combat d'amour.
+
+(N) VELLERE CUNNUM. Arracher la barbe au capucin; s'épiler dans un
+endroit secret. C'est une petite coquetterie de femme qui veut passer
+pour jeune encore et près de la puberté. Les femmes Turques se rasent en
+cet endroit, ce qui rend le jeu plus plaisant.
+
+(N) VENA TENTA. Marteau d'Amour. Voy. MENTULA.
+
+VENEREAE RES. _Cic._ Les plaisirs de Vénus; les délices d'Amour; les
+voluptés amoureuses.
+
+VENEREUM ARVUM. _Apul._ Le champ de Vénus; le terrain amoureux; le
+territoire d'Amour.
+
+VENERIPETA, _ae_, m. f. Qui recherche les plaisirs de Vénus.
+
+VENERIS PER RES JUNGI. _Lucr._ Être unis par les liens les plus étroits
+du corps; être joints par les liens d'amour.
+
+VENERIS MODUM IN ALIQUA SIBI FACERE. _Ovid._ S'acquérir le fonds des
+bonnes grâces d'une aimable personne; être le tenant chez une belle;
+trouver ses nécessités amoureuses chez une belle.
+
+VENEREM VENDERE. _Suet._ Vendre des plaisirs qui ne le sont
+véritablement que lorsqu'ils sont donnés; faire trafic des faveurs
+amoureuses[221].
+
+ [221] Voici le conseil d'Ovide sur ce point:
+
+ _Parcite, formosae, pretium pro nocte pacisci;
+ Non habet eventus sordida praeda bonos._
+
+ Plaute nous donne le portrait du véritable amour dans une jeune
+ fille qui préfère un baiser de son amant à tous les honneurs et à
+ toutes les richesses de la terre.
+
+VENEREM IN ALIAM HABERE. _Apul._ Être sectatrice de Sapho; prendre des
+plaisirs à la Lesbienne; vouloir passer pour homme près d'une personne
+de son sexe; tribader; contrefaire les fonctions de l'homme auprès de
+celles de son sexe.
+
+VENERIVAGUS, _a, um_. _Varr._ Aventurier d'Amour; qui court le bord en
+amour; qui courtiserait jusqu'aux chèvres coiffées; coureur de belles
+apprivoisées.
+
+(N) VENUS, _eris_, f. Vénus, la déesse de la beauté; la mère des Amours;
+la fontaine des plaisirs. _Venus Coa_: Vénus libertine: _in triclinio
+Coa, in cubiculo Nola_; voy. NOLANI. _Venus ebria_: Vénus crapuleuse.
+
+ _... Quid enim Venus ebria curat?
+ Inguinis et capitis quae sint discrimina nescit._
+
+ (_Juven._)
+
+_Quieta Venus_: Vénus tranquille ou qui aime ses aises. Il y a un mot
+plus énergique.
+
+VENUS FOEMINEA. _Ovid._ Le plus grand plaisir que l'on puisse prendre
+avec les femmes; le plus doux plaisir que les belles peuvent causer; le
+déduit.
+
+VENUS FURTIVA. _Ovid._ Les plaisirs que l'on dérobe en amour.
+
+VEPENIS, _is_, m. _Mart._ Une courte; une guigi; une margot. Ou: un
+pauvre engin; un faible outil.
+
+VERETILLA, _ae_, f. Sorte de coquille de mer qui a une figure Priapique.
+
+VERETILLUM, _i_, n. _Apul._ Diminutif de _veretrum_.
+
+VERETILLUM ET VIRGINAL QUAERERE. _Apul._ S'escrimer en amour et d'estoc
+et de taille; en vouloir amoureusement aux deux sexes; aimer les grandes
+filles et les petits garçons; greffer (en amour) en fente et en écusson;
+s'attaquer à Priape et à Vénus.
+
+VERETRUM, _i_, n. _Suet._ Voy. MENTULA.
+
+VERETRUM MULIEBRE. _Tert._ Le clitoris.
+
+VERPA, _ae_, f. _Catull._ Le sceptre humain[222]. Voy. MENTULA.
+
+ [222] Ce mot s'adapte aux instruments naturels dont on a circoncis le
+ prépuce; c'est pourquoi les Juifs par excellence peuvent être
+ appelés _verpae, verpi_. Il paraît que les Romains se moquaient des
+ circoncis.
+
+VERPULENTUS, _a, um_. V. MENTULATUS.
+
+VERPUS, _i_, m. _Catull._ Le doigt du milieu du corps. Ou (_Juv._): un
+circoncis.
+
+VERRETRUM, _i_, n. Voy. VERETRUM.
+
+(N) VESTA, _ae_, f. Déesse du feu, ou le feu lui-même. Comme le feu se
+combine sous mille formes, son culte devait être varié.
+
+(N) VESTALIS, _is_, f. Prêtresse de Vesta. L'auteur de l'_Errotika
+Biblion_ assure que le collège des Vestales peut être regardé comme le
+plus fameux sérail de tribades qui ait jamais existé; que certaines
+parties de leur culte les appelaient à des idées voluptueuses bien
+difficiles à concilier avec le voeu de virginité qu'elles prononçaient.
+Les Vestales, dit-il, sacrifiaient au dieu _Fascinus_; elles attachaient
+l'image de ce dieu aux chars des triomphateurs (voy. FASCINUS); ainsi le
+feu sacré qu'elles entretenaient était censé se propager dans l'Empire
+par les voies véritablement vivifiantes. Il est certain que plusieurs
+des mystères de la religion des Anciens n'étaient autres que les
+mystères de la Nature, qui se célébraient en secret par les initiés.
+
+VIR, _i_, m. _Catull._ La partie qui fait l'homme; le sceptre de
+Cupidon.
+
+VIRGINAL, _is_, n. _Solin._ Pucelage; membrane en quoi il consiste, et
+que cependant plusieurs célèbres anatomistes disent n'avoir jamais
+vue[223].
+
+ [223] Ce mot se prend aussi pour toute la partie indicative du sexe
+ féminin.
+
+VIRGINAL CONCRETUM. _Solin._ VIRGINAL INTACTUM. _Prud._ Pucelage en son
+entier, qui n'est point entamé.
+
+VIRGINALE, _is_, n. Voy. VIRGINAL.
+
+VIRILE, _is_, n. _Ovid._ Le membre viril.
+
+VIRILIA, _ium_, n. _Plin._ Les parties qui marquent la virilité.
+
+VIRILIORES, _ium_, m. Ceux qui sont les mieux fournis pour l'amour; ceux
+qui ont de plus grands talents pour le service des belles.
+
+VIRILITAS, _atis_, f. _Tac._ La virilité; les parties viriles; ce qui
+fait homme l'homme.
+
+(N) VIROSUS, _a, um_. Passionné pour les hommes. Cela n'est point
+obscène dans une femme.
+
+(N) VIRUS, _i_, n. Se prend, en bonne et en mauvaise part, pour la
+liqueur qui s'écoule par l'excès du plaisir ou du mal d'amour.
+
+(N) VORARE TENTA. Prêter sa bouche à un usage obscène; sucer la flûte de
+Cupidon; manger le père des hommes et détruire sa progéniture. _Se ipse
+vorare demisso capite_: manger soi-même sa race; c'est le comble du
+libertinage et de la folie.
+
+VULVA, _ae_, f. _Juv._ Le chemin qui conduit à la matrice; le canal qui
+mène au plaisir amoureux; le conduit des délices d'amour; la galerie de
+Vénus. Selon Pline: la matrice.
+
+
+
+
+X
+
+
+XANION, _ii_, n. La pièce avec laquelle les femmes se font valoir; ce
+qui fait presque tout le mérite des femmes; la pièce avec quoi les dames
+croient pouvoir rendre la monnaie de toutes choses[224].
+
+ [224] Et la rendent en effet. La base principale de leur triomphe sur
+ les hommes.
+
+
+
+
+Z
+
+
+ZONAM SOLVERE. _Catull._[225]. Dépuceler; avoir les gants d'une belle;
+prendre les premières faveurs[226].
+
+ [225] Dénouer la ceinture d'une fille.
+
+ [226] Catulle et Agathemerus l'appellent _zonula_: voyez celui-ci dans
+ son _Hymne à Priape_. Vossius nous dit que les jeunes filles
+ Romaines emprisonnaient leur virginité au moyen d'une ceinture faite
+ de cuir, de peau ou de métal, afin qu'elle fût moins fragile; et que
+ la partie qui touchait la peau était garnie d'une étoffe de laine.
+ On empêchait aussi par de semblables moyens les jeunes garçons
+ d'abuser de leur corps. Mais, avec le temps et l'adresse, toutes ces
+ précautions devenaient inutiles, et chaque partie reprenait les
+ fonctions qui leur sont naturelles. C'est pourquoi _zonam_ ou
+ _fibulam solvere_ signifient mettre les jeunes gens à leur aise, les
+ émanciper.
+
+
+FIN
+
+
+Paris.--Charles UNSINGER, imprimeur, 83, rue du Bac.
+
+
+
+
+
+
+
+End of the Project Gutenberg EBook of Dictionnaire érotique Latin-Français, by
+Nicolas Blondeau and François Noël and Alcide Bonneau
+
+*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK 57865 ***
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-The Project Gutenberg EBook of Dictionnaire érotique Latin-Français, by
-Nicolas Blondeau and François Noël and Alcide Bonneau
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-This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
-almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
-re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
-with this eBook or online at www.gutenberg.org/license
-
-
-Title: Dictionnaire érotique Latin-Français
-
-Author: Nicolas Blondeau
- François Noël
- Alcide Bonneau
-
-Release Date: September 8, 2018 [EBook #57865]
-
-Language: French
-
-Character set encoding: ISO-8859-1
-
-*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK DICTIONNAIRE ÉROTIQUE ***
-
-
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-
-Produced by Laurent Vogel and the Online Distributed
-Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was
-produced from images generously made available by the
-Digital Library at http://library.ibb.net/dlib/)
-
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-
-
-
- DICTIONNAIRE
- ÉROTIQUE
- LATIN-FRANÇAIS
-
- PAR
- NICOLAS BLONDEAU
- Avocat en Parlement, Censeur des livres et Inspecteur de
- l'Imprimerie de Trévoux (XVIIe siècle)
-
- _Édité pour la première fois sur le Manuscrit original
- avec des notes et additions de_
- FRANÇOIS NOËL
- Inspecteur général de l'Université
-
- _Précédé d'un_ ESSAI SUR LA LANGUE ÉROTIQUE
- Par le Traducteur du _Manuel d'Érotologie_ de Forberg
-
- [Marque d'imprimeur: SCIENTIA DUCE. IL.]
-
- PARIS
- ISIDORE LISEUX, ÉDITEUR
- Rue Bonaparte, nº 25
-
- 1885
-
-
-
-
-_Tiré à
-
-trois cent soixante-quinze exemplaires._
-
-_Nº 204_
-
-
-
-
-AVANT-PROPOS
-
-DE L'ÉDITEUR
-
-
-Les Amateurs qui veulent bien suivre mes publications se rappellent sans
-doute les Adieux dont j'ai fait précéder la _Raffaella_, en Décembre
-1884: «Le présent volume,» disais-je, «est peut-être le dernier de son
-genre que je mette au jour...; le prochain sera un gros ouvrage de
-Théologie.»
-
-J'étais sincère; j'avais débuté, en 1875, par une oeuvre Théologique, la
-_Démonialité_, du P. Sinistrari: je voulais finir saintement, comme
-j'avais commencé.
-
-Et j'ai tenu parole: j'ai donné, tout récemment, une réimpression des
-_Divinités génératrices_ de Dulaure, croyant bien m'arrêter sur cette
-oeuvre pie.
-
-Mais ne finit pas qui veut. Or, que faire quand la vie s'obstine et
-qu'on n'a pas de goût pour le suicide? Éditer, éditer sans cesse.
-Malheureusement, la matière se raréfie, et depuis que d'austères
-censeurs, voyant un péril social dans des badinages poétiques du XVIe
-siècle imprimés à cent cinquante exemplaires, m'ont traîné sur le banc
-des assassins, je suis devenu fort timide. La Théologie elle-même ne me
-rassure pas. Si j'essayais de l'Enseignement? Certes, c'est une noble
-tâche que de façonner l'esprit de ses semblables, de les initier aux
-élégances de cette littérature qui, suivant l'expression d'Ovide,
-«_emollit mores, nec sinit esse feros_». Et pouvais-je mieux choisir,
-pour inaugurer une nouvelle Bibliothèque d'Éducation, que l'_Aloisia_ de
-Chorier, cette incomparable _Civilité juvénile_, ce chef-d'oeuvre Latin
-d'un Français du grand siècle: un livre qui, si notre idiome devait
-jamais disparaître, lui survivrait avec la langue immortelle dans
-laquelle il est écrit?
-
-J'ai donc publié une édition Latine de l'_Aloisia_, plus correcte, je
-puis l'affirmer, qu'aucune de ses devancières.
-
-Voici maintenant un second ouvrage, un _Dictionarium eroticum
-Latino-Gallicum_, qui peut se rattacher au précédent. Il est aussi du
-grand siècle, et tout à fait inédit. Son auteur, Pierre-Nicolas
-Blondeau, n'est guères connu: du moins les Biographies Michaud et Didot
-n'en font pas mention. Mais une Note[1] annexée au Manuscrit, de la main
-d'un de ses possesseurs, Hyacinthe-Théodore Baron, ancien doyen de la
-Faculté de Médecine de Paris et bibliophile distingué, nous apprend que
-Nicolas Blondeau était avocat en Parlement, censeur des livres et
-inspecteur de l'imprimerie établie à Trévoux, vers 1695, par le duc du
-Maine, et qu'on lui devait le Dictionnaire classique Français-Latin,
-connu sous le nom de _Boudot_. D'après d'autres renseignements, ce
-dictionnaire de Boudot n'était que l'abrégé d'un grand Dictionnaire
-manuscrit, en quatorze volumes in-4º, composé par Nicolas Blondeau et
-qui n'a pas été imprimé.
-
- [1] Voir ci-après, p. XVII.
-
-Baron étant mort, en 1787, sa volumineuse bibliothèque, dont nous avons
-sous les yeux le Catalogue[2] comprenant 6506 numéros, fut mise aux
-enchères, et notre Manuscrit,
-
- _Nº 4495. Petri-Nicolai Blondeau Dictionarium Eroticum
- Latino-Gallicum_, pet. in-4º. _Manuscrit, copie autographe mise au
- net_,
-
-adjugé au prix de 34 livres 4 sous.
-
- [2] Catalogue de la bibliothèque de feu M. Baron, premier Médecin des
- Camps et Armées du Roi en Italie et en Allemagne, ancien Doyen de la
- Faculté de Médecine de Paris. _Paris_, _Née de la Rochelle_, 1788,
- in-8º.
-
-Quel en fut l'acquéreur immédiat? On l'ignore: mais, deux ans plus tard,
-il était préparé pour l'impression, revu, commenté et augmenté, pour
-servir d'annexe à un Recueil de Priapées Latines dont voici le titre
-projeté, de l'écriture du Commentateur:
-
- CARMINA ITHYPHALLICA
- vel
- EROTICA LATINA
-
- _Quibus accedit Dictionarium Eroticum Latino-Gallicum, continens voces
- salaciores apud auctores optimae notae reperiundas, cum eorum
- paraphrasi Gallica_
-
- _Olim a Petro Nicolao Blondeau, advocato, confectum et in schedis
- manuscriptis relictum, nunc revisum et auctum_
-
- IN INSULA CYTHERAE
- _Typis Amoris_
- 1790
-
-On se proposait, en outre, d'en faire un tirage séparé, avec ce titre
-spécial:
-
- DICTIONNAIRE ÉROTIQUE
- LATIN-FRANÇAIS
-
- pour servir à l'intelligence de quelques auteurs de la belle
- Latinité, et de Supplément au Dictionnaire dit de _Boudot_
-
- A CYTHÈRE
- _De l'Imprimerie de l'Amour_
- _L'an deuxième de la Liberté_
- 1791
-
-Au verso d'un de ces titres sont de petites notes ou _memoranda_ du
-Commentateur, indiquant les ouvrages qu'il devra consulter pour son
-édition des _Carmina Ithyphallica_ ou Priapées Latines:
-
- _Priapeia._
-
- _Excerpta ex Anthologia Latina._
-
- _Excerpta ex Catullo, Tibullo, Propertio, Phaedro, Ovidio, Lucretio,
- Horatio, Martiale, Juvenale._
-
- _Pervigilium Veneris._
-
- _Ausonii Cupido cruci affixus_; _Cento nuptialis._
-
- _Ausonii Rosae idyllium._
-
- Vérifier, dans _Baudii Amores_, les pièces anciennes qui peuvent me
- convenir.
-
- Le _Delectus Epigrammatum Latinorum_ diffère-t-il de l'Anthologie de
- Burmann?
-
- Pline le Jeune a écrit quelques vers libres, dont il cherche à
- s'excuser dans deux de ses Lettres. Voyez, au 7e livre des Epîtres de
- Pline, sa lettre à Pontius. Ausone en parle, mais ces poésies se sont
- perdues.
-
- Apulée a écrit quelques Épigrammes libres, qui se sont perdues; il en
- parle dans sa première Apologie de la Magie.
-
- On dit qu'il a existé des Lettres de Cicéron à Cerellia, qui respirent
- tous les feux de l'amour.
-
- Le poème d'_Io_, par Laevius, ancien poète Latin, s'est perdu; il
- avait aussi composé quelques livres sur l'Amour, nommés
- _Erotopaegnia_, dont Barthius a adopté le titre pour ses compositions
- du même genre.
-
- On trouve à la fin du _Meursius_ de Barbou des fragments de poésies
- libres Latines; mais elles sont modernes.
-
- Voir _Poetae Latini minores_.
-
- Je ne prends aucun des vers qui font partie de la Satire de Pétrone,
- pour ne pas démembrer cet ouvrage, qui peut se joindre un jour à
- celui-ci.
-
-Avec ces données, il était facile de reconnaître, dans le Commentateur
-anonyme de notre Manuscrit, l'auteur du Recueil de Priapées publié à
-Paris en 1798, sous le titre d'_Erotopaegnion_[3]: c'est-à-dire François
-Noël, professeur de belles-lettres avant la Révolution, et, de 1802 à
-1841, date de sa mort, inspecteur général de l'Université. Et comme
-j'avais sous la main plusieurs des innombrables autographes et
-compilations manuscrites laissés par Noël, l'identité de l'écriture
-n'était pas moins facile à constater.
-
- [3] _Erotopaegnion, sive Priapeia Veterum et Recentiorum, Veneri
- jocosae sacrum. Lutetiae Parisiorum, Patris, 1798_, pet. in-8º.
-
-Jean-François Noël, né en 1755, mort en 1841, est assez connu: il
-suffira d'en dire ce qui se rattache plus directement à notre sujet.
-Comme la plupart des jeunes gens qui, sous l'ancien Régime, se
-destinaient à l'enseignement, il était entré dans les Ordres, et il
-occupait une chaire de professeur au collège Louis-le-Grand, lorsque la
-Révolution lui ouvrit une voie nouvelle. D'abord chef de bureau au
-Ministère des Relations extérieures, il obtint bientôt des postes
-diplomatiques, débuta par une mission à Londres en 1792, fut
-successivement ministre plénipotentiaire de la République à La Haye et à
-Venise (1793 à 1796); puis, rappelé en France, devint membre de la
-Commission de l'Instruction publique, commissaire général de police à
-Lyon (1800), préfet du Haut-Rhin (1801), enfin inspecteur général de
-l'Instruction publique (1802), place qu'il conserva jusqu'à sa mort. Ses
-ouvrages, tous relatifs à l'Enseignement, témoignent d'une infatigable
-fécondité: _Leçons de Littérature et de Morale, Françaises, Latines,
-Latines modernes, Anglaises, Italiennes, Grecques, Allemandes_,
-consistant, pour chaque langue, en deux volumes in-8º; _Leçons
-Françaises de Philosophie et de Morale_; _Nouveau Dictionnaire des
-Inventions et Découvertes_; _Dictionarium Latino-Gallicum_;
-_Dictionnaire Français-Latin_; _Philologie Française, ou Dictionnaire
-étymologique, critique, historique, anecdotique et littéraire_;
-_Dictionnaire historique des personnages de l'Antiquité_; _Dictionnaire
-de la Fable_; _Traduction de Catulle et Gallus_; _Abrégé de la Grammaire
-Française_ (avec Chapsal), etc.
-
-Mais ces travaux officiels ne suffisaient pas à son activité. Humaniste
-passionné, de la vieille école des Ménage et des La Monnoye, il occupait
-ses loisirs à d'incessantes recherches dans des livres rares: anciens
-conteurs Latins, Français ou étrangers, épigrammatistes, auteurs de
-facéties, qu'il s'amusait à copier par extraits ou même in-extenso.
-Outre son _Erotopaegnion_, il fut aussi l'éditeur anonyme des _Poggii
-Facetiae_ parues à la même date (1798). Toutefois, ces deux publications
-ne représentent qu'une minime partie de ses compilations manuscrites,
-J'en possède, comme je l'ai dit plus haut, une notable quantité. C'est,
-1º un volumineux Recueil intitulé: _Erycina ridens, seu recentiorum
-Poetarum qui Latine cecinerunt Deliciae deliciarum_ (_Venetiae_, 1795):
-_Erycina ridens_, en d'autres termes _Venus jocosa_, à laquelle son
-_Erotopaegnion_ est dédié; 2º Le _Martial moderne, ou choix d'Épigrammes
-tirées des Poètes Latins modernes, depuis la renaissance des lettres
-jusqu'à nos jours_; sur le titre, _La Roche-Guyon_, 1827: La Roche-Guyon
-est un village près de Mantes (Seine-et-Oise), où Noël avait
-probablement sa résidence d'été; 3º _Le Perroquet_, recueil de pièces en
-prose et en vers sur cet oiseau, en plusieurs parties: Latine,
-Française, Anglaise, Italienne, Orientale; comment expliquer, chez Noël,
-cet amour du perroquet, sinon par une sympathie de linguiste? 4º _Basia
-variorum, libri IV_; recueil des meilleurs _Baisers_ de Jean Second et
-autres imitateurs modernes de Catulle; 5º enfin, _Fabellae Milesiacae_,
-ou _Fabellarum Milesiacarum libri, tum erotica et jocosa, tum heroica et
-tragica continentes, e veteribus et recentioribus scriptoribus excerpti_
-(_Leropolis_, 1809); six gros volumes in-8º, dont le dernier porte la
-date de 1840: Noël avait alors quatre-vingt-cinq ans.
-
-Il mourut, comme il a été dit, l'année suivante, et sa bibliothèque fut
-aussitôt vendue par adjudication, sauf les Manuscrits, qu'il avait
-réservés pour son fils, Charles Noël. Le Catalogue de vente[4], composé
-de 1555 numéros, dont plusieurs réunissaient jusqu'à vingt ouvrages
-différents, présentait, dans une assez petite proportion, ce qu'on est
-convenu d'appeler des livres érotiques. Il fit scandale; la pudeur
-officielle en fut alarmée, et cent soixante numéros furent «retirés par
-ordre». On peut lire, en effet, sur un feuillet de garde de l'exemplaire
-conservé à la Bibliothèque Nationale (_Collection Jullien_), les
-curieuses annotations suivantes:
-
- _«Ce Catalogue est remarquable par le grand nombre de livres
- licencieux qu'il contient..._
-
- _»Et, par ce triste motif, fort cher et fort recherché.»_
-
- [4] _Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Fr.
- Noël, ancien conseiller de l'Université, inspecteur général des
- études_, etc. Paris, Galliot, 1841, in-8º.
-
-Puis, d'une autre écriture:
-
- _«Sur 1555 numéros dont se compose ce singulier et unique Catalogue,
- 160 ont été interdits comme contraires aux moeurs; on aurait pu en
- trouver davantage.»_
-
-Le premier annotateur n'était autre, probablement, que le digne
-collectionneur Jullien: on sent le bibliophile tout aise de posséder un
-article «fort cher et fort recherché», quitte à gémir sur le «triste
-motif» de cette cherté.
-
-Quant à la seconde note, rédigée sans doute par un fonctionnaire de la
-Bibliothèque, elle est digne d'un de nos magistrats, sévères gardiens de
-la morale publique. «_On aurait pu en trouver davantage!_» Voyons donc
-ce qu'il y avait de si effrayant dans ces cent soixante numéros retirés
-par ordre:
-
-Pour ne rien dissimuler, oui, il y avait deux classiques du genre
-proscrit: l'_Arétin Français_ et la _Justine_ en quatre volumes; mais la
-grande majorité des autres numéros, c'était des livres comme ceux-ci:
-
- _Le Système de la Nature_, par d'Holbach;
- _La Callipédie_ de Claude Quillet;
- _Le Balai_; _la Chandelle d'Arras_;
- _Les quatre heures de la Toilette des Dames_;
- _La Nuit et le Moment_, par Crébillon fils;
- _Opus macaronicum Merlini Coccaii_;
- _Les Bigarrures et Touches_ de Tabourot des Accords;
- _OEuvres de Tabarin_;
- _Le Moyen de parvenir_;
- _Aventures de Roquelaure_;
- _L'Art de désopiler la rate_;
- _Mémoires pour servir à la fête des Fous_, par Du Tilliot;
- _Novelle dell' abbate Casti_;
- _Traité des Eunuques_, par Ancillon;
- _Collection d'ana_: _Scaligerana_, _Chevroeana_, etc.
-
-Voilà les monstruosités qu'il était défendu à un littérateur de
-posséder, sous le règne du bon roi Louis-Philippe.
-
- * * * * *
-
-Revenons, en terminant, au Manuscrit qui fait l'objet de cette
-publication.
-
-Noël y avait fondu ses notes et additions, voulant ne donner qu'un seul
-texte; mais les idées comme le style du prêtre défroqué de 1791
-n'étaient pas sans disparate avec la manière de penser et d'écrire du
-vieux Blondeau: aussi, ai-je préféré distinguer les deux auteurs, en
-rejetant au bas des pages ce qui appartient à Noël. Quant au mérite et à
-l'utilité de ce Dictionnaire spécial, je laisse à plus compétent que moi
-le soin de l'apprécier: je ne puis donc que renvoyer le lecteur à
-l'_Essai sur la langue érotique_, travail original et approfondi, qu'on
-trouvera ci-après et qui n'est pas la moindre curiosité de ce volume.
-
-ISIDORE LISEUX.
-
-Paris, 30 Avril 1885.
-
-[Dans la version électronique, les entrées de François Noël sont
-indiquées par la mention «(N)».]
-
-
-
-
-NOTE
-
-D'HYACINTHE-THÉODORE BARON
-
-Premier Médecin des Camps et des Armées du Roi,
-
-Ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Paris.
-
-
-Un homme de lettres de la fin du dernier siècle[5], composant un petit
-Dictionnaire[6], qui a eu la plus grande vogue, avait mis à part les
-mots licencieux qui se trouvent dans les différents auteurs Latins. Son
-intention était d'en faire un petit Dictionnaire séparé, en y joignant
-l'interprétation Française, et des périphrases pour expliquer la
-signification des mots de la manière la moins déshonnête qu'il serait
-possible; il l'avait intitulé: _Dictionarium vocum obscenarum quae apud
-varios authores reperiuntur, ex universali meo decerptum_.
-
- [5] Me Pierre-Nicolas Blondeau, avocat en Parlement, censeur des
- livres et inspecteur de l'Imprimerie que M. le duc du Maine avait
- établie à Trévoux, sous l'autorité de M. de Malezieux, chancelier de
- la principauté de Dombes.
-
- [6] Le Dictionnaire vulgairement appelé de _Boudot_, parce que ce
- libraire avait acquis le manuscrit de Me Blondeau.
-
-Ce petit ouvrage manuscrit, de la propre main de l'auteur, a passé
-successivement dans le cabinet de plusieurs de ses parents[7], sans
-qu'il ait été jamais imprimé, et même sans qu'il en ait été tiré aucune
-copie. On a jugé à propos d'en changer le titre, en y substituant le
-suivant: _Dictionarium eroticum Latino-Gallicum, continens voces
-salaciores apud optimae notae scriptores reperiundas; cum earum
-interpretatione Gallica et honesta utcunque periphrasi_.
-
- [7] Me P.-N. Blondeau demeurait à Paris chez M. Philippe Baron,
- apothicaire ordinaire du Roi, mon aïeul, dont il était cousin issu
- de germain par Marguerite Blondeau, mère de M. Baron; c'est de cette
- manière que le présent Manuscrit m'est parvenu par succession.
-
-
-
-
-ESSAI
-
-Sur la Langue Érotique
-
-PAR LE TRADUCTEUR
-
-du _Manuel d'Érotologie_ de Forberg
-
-
-Si l'on examine d'un peu près la langue érotique, les termes et
-locutions dont elle se compose, tant chez les Anciens que chez les
-Modernes, on s'aperçoit que les écrivains puisent les éléments de leur
-vocabulaire à trois sources principales.
-
-Il y a d'abord le mot cru, le terme propre, qui peut maintenant nous
-paraître assez malsonnant, mais qui certainement à l'origine ne devait
-pas être obscène. L'homme donna un nom à ses parties génitales, à celles
-de la femme, à l'acte amoureux, aux sécrétions qui en résultent, comme à
-toutes les autres parties du corps, à toutes les autres actions et
-sécrétions, sans choquer en rien la pudeur. Les Grecs et les Romains
-employaient le mot cru, non seulement entre hommes et dans la
-conversation familière, mais publiquement, dans les poèmes, dans les
-livres, sur la scène. Aristophane disait le mot et exhibait la chose en
-plein théâtre. Horace dit ingénument: _dum futuo_; il parle sans
-périphrase des humides résultats d'un songe provoqué chez lui par
-l'attente d'une servante d'auberge, dans son voyage à Brindes[8]; ses
-invectives à Canidie sont intraduisibles en langage décent. Martial a
-encore moins de sans-gêne qu'Horace: il se plaît à étaler en ce genre
-des énormités et appelle cela parler Latin, user de la simplicité
-Romaine[9].
-
- [8] _Sat._, I, 5, v. 85.
-
- [9] _Qui scis Romana simplicitate loqui_ (XI, 21.)
-
-Un second élément est puisé dans la langue médicale. Le médecin ne peut
-se contenter du mot populaire assigné à tel ou tel organe; le sérieux de
-son art ne s'accommoderait pas d'un terme banal ou plaisant et qui fait
-rire; de plus, l'anatomie lui a révélé la complexité de cet organe, qui
-est un pour le vulgaire, mais qui pour lui se compose d'un certain
-nombre de parties distinctes, jouant chacune leur rôle, et auxquelles il
-assigne un nom particulier. Il se servira donc, soit de termes vagues,
-par décence, comme _inguen_, _abdomen_, _uterus_, _pudenda_,
-_muliebria_, _habitare_, _inire_, _coire_, etc.; soit, s'il a besoin
-d'être précis, des termes techniques dont il enrichit la langue, et que
-l'écrivain ou tout le monde peut employer à son tour, s'ils n'ont pas un
-aspect scientifique par trop rébarbatif.
-
-Réduit à ces deux éléments premiers, le vocabulaire érotique serait
-encore bien restreint, et la nécessité d'un glossaire spécial se ferait
-à peine sentir. Mais ils n'ont, à vrai dire, que la moindre importance,
-et le troisième élément, l'élément métaphorique, est de beaucoup la
-source la plus abondante. Le peuple crée naturellement et
-continuellement des métaphores, en matière érotique comme en toute autre
-matière; les écrivains utilisent les locutions passées en usage, en
-forgent d'autres, à l'infini, suivant leur tournure d'esprit ou leur
-caprice, détournent le sens ordinaire des mots, parlent d'une chose pour
-en faire entendre une autre, se servent d'équivoques s'ils ont peur
-d'être trop bien compris, et créent ainsi, parallèlement à la langue
-générale, une langue particulière, figurée, d'autant plus savoureuse et
-d'autant plus riche qu'ils ont plus d'ingéniosité. Quelques-uns en ont
-tant, que les seuls initiés comprennent la moitié de ce qu'ils ont voulu
-dire et, pour l'autre moitié, en sont réduits aux conjectures. Sans les
-anciens scoliastes qui nous avertissent que tel passage d'Aristophane
-renferme une allusion obscène, on poursuivrait sans la voir; et les
-savants disputent encore sur le sens qu'il faut donner à tel vers de
-Perse, de Juvénal, d'Ausone, à telle phrase de Pétrone et d'Apulée.
-C'est ici qu'un bon lexique n'est pas de trop, et, malgré quelques
-essais estimables, il est encore à faire.
-
- * * * * *
-
-Mais avant de pénétrer plus intimement dans l'étude de la langue
-érotique, pourquoi les écrivains, le peuple lui-même, ont-ils recours à
-tant de métaphores, périphrases, ambages et circonlocutions, dès qu'il
-est question des organes et des rapports sexuels? Si nous n'avons pas
-honte d'être hommes, pourquoi n'oser parler qu'à mots couverts de ce qui
-rend chez nous manifeste la virilité? La Nature a fait de l'union des
-sexes la condition de notre existence et de la perpétuité de la race;
-elle y a attaché, en vue de cette perpétuité, l'attrait le plus
-puissant, la volupté la plus intense: pourquoi nous en cacher comme d'un
-délit ou d'un crime? Pourquoi appeler honteuses ces parties sexuelles où
-la Nature a concentré toute son industrie, et rougir de montrer ce dont
-nous devrions être fiers? Même à ne considérer que l'acte brutal, il est
-encore dans le voeu de la Nature, puisqu'elle nous en fait un besoin, et
-la satisfaction d'un besoin ne peut avoir en elle-même rien de honteux.
-Des moralistes ont vu, dans cette singulière pudeur, une hypocrisie
-injustifiable. Écoutez Montaigne: «Qu'a fait l'action génitale aux
-hommes, si naturelle, si nécessaire et si juste, pour n'en oser parler
-sans vergongne, et pour l'exclure des propos sérieux et réglés? Nous
-prononçons hardiment _tuer_, _desrober_, _trahir_, et _cela_, nous
-n'oserions qu'entre les dents. Est-ce à dire que moins nous en exhalons
-en paroles, d'autant nous avons loy d'en grossir la pensée? Car il est
-bon que les mots qui sont le moins en usage, moins escripts et mieux
-teus, soient les mieux sçeus et plus généralement cogneus.» Un autre
-grand écrivain, moraliste à sa manière, maître Pietro Aretino, va bien
-plus loin: «Quel mal y a-t-il à voir un homme grimper sur une femme? Les
-bêtes doivent-elles donc être plus libres que nous? Il me semble, à moi,
-que l'instrument à nous donné par la Nature pour sa propre conservation
-devrait se porter au col en guise de pendant, et à la toque en guise de
-médaillon, puisque c'est la veine d'où jaillissent les fleuves des
-générations, et l'ambroisie que boit le monde, aux jours solennels. Il
-vous a fait, vous qui êtes des premiers chirurgiens vivants[10]; il m'a
-créé, moi qui suis meilleur que le pain; il a produit les Bembo, les
-Molza, les Varchi, les Dolce, les Fra Sebastiano, les Sansovino, les
-Titien, les Michel-Ange et, après eux, les Papes, les Empereurs, les
-Rois; il a engendré les beaux enfants et les très belles dames, _cum
-Santo Santorum_: on devrait donc lui prescrire des jours fériés, lui
-consacrer des Vigiles et des Fêtes, et non le renfermer dans un morceau
-de drap ou de soie. Les mains seraient bien mieux cachées, elles qui
-jouent de l'argent, jurent à faux, prêtent à usure, vous font la figue,
-déchirent, empoignent, flanquent des coups de poing, blessent et tuent.
-Que vous semble de la bouche qui blasphème, crache à la figure, dévore,
-enivre et vomit? Bref, les Légistes se feraient honneur s'ils ajoutaient
-pour lui une glose à leur grimoire, et je crois qu'ils y viendront.»
-
- [10] Ce passage est extrait d'une lettre adressée à l'un des plus
- célèbres médecins de l'époque, messer Battista Zatti, de Brescia.
-
-Ce sont des jeux d'esprit, des paradoxes. Diderot, qui reproduit à peu
-près dans les mêmes termes la remarque de Montaigne, a du moins le
-mérite de la franchise: il écrit en toutes lettres le dérivé Français du
-Latin _futuo_[11]; mais Montaigne se sert pudiquement du mot «cela»,
-obéissant ainsi au préjugé qu'il blâme; et quant à maître Pietro
-Aretino, il s'est donné pour tâche, dans ses étonnants _Ragionamenti_,
-de traiter les sujets les plus lubriques sans employer une seule fois le
-mot propre: le Diable n'y a rien perdu. Ce préjugé est si fort, si
-anciennement enraciné, qu'on ne le détruira pas. On aura beau nous dire
-que le membre viril a beaucoup plus de noblesse que le nez, la bouche ou
-les mains, nous continuerons à ne pas l'exhiber; et quoique le
-rapprochement sexuel soit dans le voeu de la Nature, nous ferons
-toujours difficulté de nous y livrer en public. Les premiers couples
-humains se cachaient dans les bois pour l'opérer:
-
- _Tunc Venus in sylvis jungebat corpora amantum_,
-
-dit Lucrèce, parlant de ces temps anciens où l'homme ne se nourrissait
-encore que de glands. Cet instinct appartient à l'animal même. Un
-naturaliste Anglais, le révérend Philips, attribue la disparition
-presque complète aujourd'hui des éléphants, si communs autrefois qu'on
-les recrutait par milliers pour les armées, à la pullulation des singes
-qui viennent, au moment solennel, les troubler dans leurs solitudes; ils
-cherchent en vain un fourré assez impénétrable pour se livrer aux
-douceurs de l'hymen hors de la présence de ces importunes bêtes, et,
-faute de le trouver, se résignent au célibat. En captivité, ils refusent
-de s'accoupler, ainsi du reste que la plupart des animaux non
-domestiques, ou ne s'y décident que si on les y amène par supercherie, à
-force de ruse et de patience, ne voulant pas qu'un si profond mystère
-ait des témoins profanes: à moins qu'on les croie convertis aux idées de
-Malthus, et bien résolus à ne pas procréer de pauvres petits destinés à
-devenir des malheureux.
-
- [11] «F..tez comme des ânes débâtés, mais permettez-moi de dire
- f..tre.»
-
-L'homme, d'ailleurs, ne tient pas tant que cela à ressembler aux bêtes.
-C'est bien assez qu'on lui dise à présent qu'il descend directement du
-gorille, ou qu'il est son proche parent au moyen d'un ancêtre commun.
-Précisément peut-être parce qu'il a une obscure conscience de cette
-infime origine, il s'efforce d'étouffer ou d'atténuer chez lui le
-gorille. Ses besoins naturels le rapprochent le plus de l'animal: il se
-cachera donc pour les satisfaire, et il sera logique en cela, quoi qu'on
-dise. Il ne se cache pas pour boire et pour manger, étant parvenu à s'en
-acquitter proprement, avec décence, de façon à ne pas trop montrer
-l'animal qui prend sa pâture; mais il va déposer à l'écart le résultat
-de sa digestion. Voilà pourtant un besoin naturel, dont la satisfaction
-est légitime; pourquoi le considérer comme immonde?
-
-Ce n'est pas la pruderie ou l'hypocrisie moderne qui a imaginé d'appeler
-honteuses les parties sexuelles. Les Latins les appelaient _pudenda_,
-les Grecs [Grec: aidoia], mot qui a le même sens. «Faire des choses
-malhonnêtes» semble appartenir exclusivement à la langue de M.
-Prudhomme: c'est une locution Grecque, [Grec: arrhêta] ou [Grec: aischra
-poiein]. Les termes vagues, les périphrases: être, aller, dormir avec
-une femme, cohabiter, avoir commerce, remplir le devoir, etc., sont
-toutes des locutions Latines: _esse_, _dormire cum muliere_, _coire_,
-_cognoscere mulierem_, _habitare_, _habere rem_, _officium fungi_, et
-elles ont leurs similaires en Grec; connaître, dormir, dans le sens
-érotique, remontent à une civilisation encore plus ancienne, puisqu'on
-les trouve dans la Bible: Adam _connut_ Ève, sa femme, et Ruth _dormit_
-avec Booz. Les Latins, qui reculaient si peu devant la crudité des mots,
-avaient en même temps des termes atténués d'une bien plus grande
-délicatesse que nous-mêmes.
-
- * * * * *
-
-Les métaphores, si nombreuses, dans tous les idiomes, qu'elles
-constituent à elles seules la principale richesse de la langue érotique,
-ont dû être, à l'origine, imaginées dans le même but; mais il faut
-convenir que ce but n'a pas toujours été atteint, ou qu'il a été bien
-vite perdu de vue. De ces figures, les unes, aussi transparentes que
-possible, ne sont que gracieuses ou plaisantes; d'autres, d'un sens plus
-caché, forcent l'esprit à s'appesantir sur elles pour les comprendre;
-d'autres enfin sont plus ordurières que ne pourrait l'être le mot
-propre. Lorsque Martial, par exemple, dit _cacare mentulam_, pour rendre
-la sensation du patient dans l'acte pédérastique, et Juvénal, _hesternae
-occurrere coenae_, pour faire honte du rôle d'agent, ils sont
-volontairement plus obscènes que s'ils disaient en propres termes
-_paedicari_ et _paedicare_. Bayle, accusé d'obscénité pour n'avoir pas
-adouci la crudité d'expression d'anciens textes qu'il était obligé de
-donner, s'est défendu en condamnant sans distinction toutes les
-périphrases et métaphores usitées dans le langage érotique, en
-affirmant, avec le P. Bouhours, qu'elles sont plus dangereuses que des
-ordures grossières.
-
-«Ces manières délicates que l'on se plaint que je n'ai pas employées,»
-dit-il[12], «n'empêchent pas que l'objet ne s'aille peindre dans
-l'imagination, et elles sont causes qu'il s'y peint sans exciter les
-mouvements de la honte et du dépit. Ceux qui se servent de ces
-enveloppes ne prétendent point qu'ils seroient inintelligibles, ils
-savent bien que tout le monde entendra de quoi il s'agit, et il est fort
-vrai que l'on entend parfaitement ce qu'ils veulent dire. La délicatesse
-de leurs traits produit seulement ceci, que l'on s'approche de leurs
-peintures avec d'autant plus de hardiesse que l'on ne craint pas de
-rencontrer des nudités. La bienséance ne souffriroit pas que l'on y
-jetât les yeux, si c'étoient des saletés toutes nues; mais quand elles
-sont habillées d'une étoffe transparente, on ne se fait point un
-scrupule de les parcourir de l'oeil depuis les pieds jusques à la tête,
-toute honte mise à part, et sans se fâcher contre le peintre: et ainsi
-l'objet s'insinue dans l'imagination plus aisément, et verse jusques au
-coeur, et au-delà, ses malignes influences, avec plus de liberté que si
-l'âme étoit saisie de honte et de colère. Joignez à cela que quand on ne
-marque qu'à demi une obscénité, mais de telle sorte que le supplément
-n'est pas malaisé à faire, ceux à qui on parle achèvent eux-mêmes le
-portrait qui salit l'imagination. Ils ont donc plus de part à la
-production de cette image, que si l'on se fût expliqué plus rondement.
-Ils n'auroient été en ce dernier cas qu'un sujet passif, et par
-conséquent la réception de l'image obscène eût été très innocente; mais
-dans l'autre cas ils en sont l'un des principes actifs: ils ne sont donc
-pas si innocents, et ils ont bien plus à craindre les suites
-contagieuses de cet objet qui est en partie leur ouvrage. Ainsi ces
-prétendus ménagements de la pudeur sont en effet un piège dangereux. Ils
-engagent à méditer sur une matière sale, afin de trouver le supplément
-de ce qui n'a pas été exprimé par des paroles précises.
-
- [12] _Éclaircissement sur les obscénités_ (Appendice au _Dictionnaire
- critique_).
-
-»Ceci est encore plus fort contre les chercheurs de détours. S'ils
-s'étoient servis du premier mot que les dictionnaires leur présentoient,
-ils n'eussent fait que passer sur une matière sale, ils eussent gagné
-promptement pays; mais les enveloppes qu'ils ont cherchées avec beaucoup
-d'art, et les périodes qu'ils ont corrigées et abrégées, jusques à ce
-qu'ils fussent contents de la finesse de leur pinceau, les ont retenus
-des heures entières sur l'obscénité. Ils l'ont tournée de toutes sortes
-de sens, ils ont serpenté autour, comme s'ils eussent eu quelque regret
-de s'éloigner d'un lieu aimable. N'est-ce pas là _ad Sirenum scopulos
-consenescere_, jeter l'ancre à la portée du chant des Sirènes? Si
-quelque chose a pu rendre très pernicieux les _Contes_ de La Fontaine,
-c'est qu'à l'égard des expressions ils ne contiennent presque rien qui
-soit grossier. Il y a des gens d'esprit qui aiment fort la débauche. Ils
-vous jureront que les satires de Juvénal sont cent fois plus propres à
-dégoûter de l'impureté que les discours les plus modestes et les plus
-chastes que l'on puisse faire contre ce vice. Ils vous jureront que
-Pétrone est incomparablement moins dangereux dans ses ordures
-grossières, que dans les délicatesses dont le comte de Rabutin les a
-revêtues, et qu'après avoir lu les _Amours des Gaules_, on trouve la
-galanterie incomparablement plus aimable qu'après avoir lu Pétrone.»
-
-Bayle semble bien avoir cause gagnée, avec de si bons arguments, et
-cependant le procès est toujours en litige; malgré les immunités
-réclamées en faveur du franc parler, du mot Latin ou Gaulois, par de si
-bonnes raisons, les juges, comme le gros du public, inclineront toujours
-à donner tort à ceux qui s'en servent, et à excuser ceux qui disent les
-mêmes choses, ou de pires, en termes enveloppés et décents. Il est
-curieux d'entendre un de nos contemporains soutenir la même thèse à sa
-façon, avec beaucoup moins de solennité académique, mais sans plus de
-succès: «La gauloiserie, les choses désignées par leur nom, la bonne
-franquette d'un style en manches de chemise, la gueulée populacière des
-termes propres, n'ont jamais dépravé personne. Cela n'offre pas plus de
-dangers que le nu de la peinture et de la statuaire, lequel ne paraît
-sale qu'aux chercheurs de saletés. Ce qui trouble l'imagination, ce qui
-éveille les curiosités malsaines, ce qui peut corrompre, ce n'est pas le
-marbre, c'est la feuille de vigne qu'on lui met, cette feuille de vigne
-qui raccroche les regards, cette feuille de vigne qui rend honteux et
-obscène ce que la Nature a fait sacré. Mon livre n'a point de feuille de
-vigne, et je m'en flatte. Tel quel, avec ses violences, ses impudeurs,
-son cynisme, il me paraît autrement moral que certains ouvrages
-approuvés cependant par le bon goût, patronnés même par la vertu
-bourgeoise, mais où le libertinage passe sa tête de serpent tentateur
-entre les périodes fleuries, où l'odeur mondaine du _Lubin_ se marie à
-des relents de marée, où la poudre de riz qu'on vous jette aux yeux a le
-montant pimenté du diablotin: romans d'une corruption raffinée, d'une
-pourriture élégante, qui cachent des moxas vésicants sous leur style
-tempéré, aux fadeurs de cataplasmes. C'est cette _belle et honneste
-dame_, fardée, maquillée, avec un livre de messe à la main, et dans ce
-livre des photographies obscènes, baissant les yeux pour les mieux faire
-en coulisse, serrant pudiquement les jambes pour jouer plus allègrement
-de la croupe, et portant au coin de la lèvre, en guise de mouche, une
-mouche cantharide. Mais, morbleu! ce n'est pas la mienne, cette
-littérature. La mienne est une brave et gaillarde fille, qui parle gras,
-je l'avoue, et qui gueule même, échevelée, un peu vive, haute en
-couleur, dépoitraillée au grand air, salissant ses cottes hardies et ses
-pieds délurés dans la glu noire de la boue des faubourgs ou dans l'or
-chaud des fumiers paysans, avec des jurons souvent, des hoquets parfois,
-des refrains d'argot, des gaîtés de femme du peuple, et tout cela pour
-le plaisir de chanter, de rire, de vivre, sans arrière-pensée de luxure,
-non comme une mijaurée libidineuse qui laisse voir un bout de peau afin
-d'attiser les désirs d'un vieillard ou d'un galopin, mais bien comme une
-belle et robuste créature qui n'a pas peur de montrer au soleil ses
-tetons gonflés de sève et son ventre auguste où resplendit déjà
-l'orgueil des maternités futures. Par la nudité chaste, par la gloire de
-la Nature! si cela est immoral, eh bien! alors, vive l'immoralité![13]»
-Un journaliste, M. Henry Fouquier, a cité à l'appui de ces conclusions
-une anecdote qui serait bien piquante, si elle était vraie: «Un homme
-d'esprit du commencement de ce siècle, membre de l'Institut, s'amusa à
-écrire un livre érotique, un bijou d'ailleurs, intitulé: _Point de
-lendemain_, et en fit deux versions. L'une à la façon des érotiques
-brutaux, tels que Nerciat ou Restif; l'autre où l'on ne trouvait pas un
-mot qui ne se pût dire devant des jeunes filles. Il fit lire ces deux
-versions à une femme, lui demandant celle qu'elle préférait. La dame,
-ingénument, avoua que l'ardeur amoureuse, éveillée en elle par la
-version chaste en ses expressions, n'avait pu être calmée que par la
-lecture ordurière.» L'historiette est jolie; mais il n'est pas sûr que
-cette parodie obscène de _Point de lendemain_, la _Nuit merveilleuse_,
-soit aussi de Vivant Denon.
-
- [13] Jean Richepin, _La Chanson des Gueux_.
-
-Quoi qu'il en soit, que la métaphore et la périphrase laissent plus à
-entendre, bien souvent, que le mot propre, que la feuille de vigne
-aggrave ou non la nudité, ces jeux de style, ces détours et ces
-enveloppements ont pour eux une haute autorité, la Bible. Tout le monde
-connaît le fameux Proverbe de Salomon: «Telle est la voie de la femme
-adultère; elle mange et, s'essuyant la bouche, dit: Je n'ai pas fait de
-mal.» _Talis est via mulieris adulterae, quae comedit, et tergens os
-suum, dicit: Non operavi malum._ Le _Cantique des Cantiques_, cet
-épithalame Juif d'une poésie sensuelle si épanouie et si parfumée, est
-plein de ces figures: _Posuerunt me custodem in vineis, _et vineam[14]
-meam_ non custodi_.--__Hortus_ conclusus, soror mea sponsa, _hortus_
-conclusus, _fons_ signatus.--Dilectus meus misit manum suam per
-_foramen_, et venter meus intremuit ad tactum ejus... _Pessulum ostii_
-mei aperui dilecto meo, at ille _declinaverat_... Mane surgamus ad
-_vineas_, videamus si floruit _vinea_, si _flores_ fructus parturiunt,
-si floruerunt mala Punica: ibi dabo tibi mea ubera... _Vinea_ mea coram
-me est_, etc. Sans compter bien d'autres endroits de la Bible où des
-yeux perçants entrevoient des allégories plus cachées. Beverland, _De
-peccato originali_, prétend que l'arbre du bien et du mal n'est pas
-autre chose que le membre viril d'Adam: il se fonde sur ce qu'en Latin,
-_arbor_, _truncus_, _ramus_, sont très souvent synonymes de _mentula_.
-Il se demande également s'il ne faut pas voir un symbole du même genre
-dans le serpent tentateur: _«Verum _Serpentem_ interpretatur sensibilem
-carnis affectum, immo ipsum carnalis concupiscentiae genitale viri
-membrum.»_ D'après Petrus Comestor, on croit, sans tenir compte du
-langage figuré, que les Philistins, s'étant emparés de Samson, lui
-firent tourner la meule (_molere_); mais il s'agit de toute autre chose:
-le voyant si fort, ils l'obligèrent de coucher avec leurs femmes pour
-avoir des enfants vigoureux. _«Hebraei tradunt,»_ dit-il, _«quod
-Philistaei fecerunt eum dormire cum mulieribus robustis, ut ex eo prolem
-robustam susciperent; nam _molere_ etiam est _subagitare_ vel _coire_.»_
-Ces rabbins ont peut-être raison.
-
- [14] Vigne, dans le sens de _pudendum muliebre_, n'est pas très
- commun. La Fontaine qui, lisant Baruch, n'a pas dû négliger le
- _Cantique des Cantiques_, en a fait son profit:
-
- Et dans la vigne du seigneur
- Travaillant ainsi qu'on peut croire...
-
-Les métaphores les plus naturelles sont celles qui ont leurs termes
-empruntés au labourage: les parties de la femme assimilées au champ, au
-sillon qui va recevoir la semence: _campus_, _arvum muliebre_, _sulcus_;
-celles de l'homme au soc de la charrue:
-
- _Atque in eo est Venus ut _muliebria_ censorat _arva_._
-
- (Lucrèce, IV, 1095).
-
- _Ejicit enim _sulcum_ recta regione viaque
- _Vomeris_._
-
- (Id., IV, 1260.)
-
- _Arentque _sulcos_ in _arvo Venerio_._
-
- (Apulée, [Grec: Anechom.], 14.)
-
- _Cur sit ager sterilis, cur uxor lactitet edam:
- Quo fodiatur ager non habet, uxor habet._
-
- (Martial, XVII, 101.)
-
-Ambroise Paré parle de même du «_cultiveur_ qui _entre dans le champ de
-Nature humaine_,» et le vieux naïf médecin Jacques Duval (_Traité des
-Hermaphrodits_, chap. VI), «de la première _culture_ qui se fait dans le
-_champ naturel_» des filles. Brantôme a dit plus plaisamment: «Le cas
-d'une femme est une _terre de marais_; on y enfonce jusqu'au ventre.»
-Rabelais appelle le membre viril «le manche que l'on nomme le laboureur
-de Nature,» et Maynard le dépeint:
-
- Roide, entrant tout ainsi que la pointe d'un _soc_
- Qui se plonge et se cache en toute _terre grasse_.
-
- (_Cabinet satyrique_.)
-
- Si pour cueillir tu veux donques semer,
- Trouve autre champ et du mien te retire.
-
- (Clément Marot.)
-
-D'autres locutions Latines appartenant au même ordre d'idées: _Hortus
-muliebris_, _hortus Cupidinis_ ou _Hesperidum_, _irrigare hortum_, etc.,
-ainsi que les noms de divers instruments et opérations de jardinage:
-_ligo_, _raster_, _palus_, _falx_, bêche, hoyau, serpe, façonner, enter,
-écussonner, abattre du bois, mettre la cognée dans la forêt, sont
-également du style badin. Brantôme dit d'une femme mariée, qu'elle
-s'était réservé «l'usage de sa forêt de mort-bois, ou de bois mort;»
-Tallemant des Réaux appelle «grand abatteur de bois» un coureur de
-femmes. Cueillir des fleurs, des fruits, des roses, dans le jardin de
-Vénus, appartient à un jargon tout à fait suranné maintenant, mais nos
-vieux poètes et conteurs aimaient assez _jardinet_ et _jardinier_:
-
- Ces larges reins, ce sadinet
- Assis sur grosses, fermes cuisses,
- Dedans un joly _jardinet_.
-
- (Villon, _Les regrets de la belle heaumière_.)
-
-«Le _jardinier_, voyant et trouvant le cabinet aussi avantageusement
-ouvert, y logea petit à petit son _ferrement_» (Noël Du Fail). On trouve
-aussi chez eux: _bêcher_, _biner_, _béquiller_, _planter son piquet_,
-_planter le baliveau_, etc. _Orto_, _orticello_, dans ce sens, sont très
-fréquents chez les érotiques Italiens; ils disent: _sarchiar l'orto_
-(sarcler le jardin), _ficar un porro nell'orto_ (planter un poireau dans
-le jardin), _mettere il roncone nella siepe_ (mettre la serpette dans la
-haie), _il piantone nel fosso_ (le plantoir dans la rigole), _la
-pastinaccia_, _la carota_, _la radice_ (le panais, la carotte, le
-radis), _lavorare il terreno_ (façonner le terrain), etc.
-
-Assimiler les rapports sexuels à une bataille, un duel, un combat, et
-tirer les termes de comparaison de toutes les armes offensives et
-défensives connues, doit être aussi très naturel, car ces sortes de
-métaphores se rencontrent mot pour mot dans toutes les langues. Nous
-trouvons en Latin: _Militare, depugnare in campe Venereo_; _committere
-praelium, duellum_; _ponere castra_; _peragere tacito Marte_; _immergere
-ensem, pugionem, mucronem_; _excipere pilum in parma sua_; _pilum
-vibrare, torquere_; _arcum tendere_. Toutes les armes des Anciens y ont
-passé, et non seulement la pique, le javelot, la flèche, l'épée, le
-glaive, le poignard, mais jusqu'à la grosse artillerie: la baliste, le
-bélier, la catapulte. Chez les Modernes, bien qu'on ne se serve plus de
-pique depuis longtemps, le mot est resté, avec cette acception, dans un
-certain nombre de locutions familières: _manier la pique_, _être passée
-par les piques_ (ce que les Italiens appellent _recevoir un trente et
-un_). _Braquemart_, depuis Rabelais: «De tant de _braquemarts_ enroidis
-qui habitent par les brayettes claustrales,» a pris un sens érotique si
-décidé, que beaucoup de gens n'oseraient l'employer dans son sens propre
-d'épée courte et large, le _gladius_ des Romains, l'ancien briquet de
-nos soldats. Il en est de même d'_allumelle_ (de _lamella_, petite
-lame). _Poignard_ n'est plus usité; Regnier, La Fontaine, Grécourt s'en
-sont servis:
-
- Mais Robin, las de la servir,
- Craignant une nouvelle plainte,
- Lui dit: «Hâte-toi de mourir,
- Car mon _poignard_ n'a plus de pointe.»
-
- (Mathurin Regnier.)
-
- Lève sa cotte, et puis lui donne
- D'un _poignard_ à travers le corps.
-
- (La Fontaine.)
-
- Heureuse la nymphe légère
- Qui, trompant sa jalouse mère,
- Peut saisir un _poignard_ si doux!
-
- (Grécourt.)
-
-Chez Brantôme et nos anciens conteurs, l'amour est toute une stratégie:
-engager l'escarmouche, battre la chamade, être fort à l'escrime, mettre
-l'épée à la main, reconnaître la forteresse, faire les approches,
-dresser les machines, pointer les pièces, envoyer des volées de canon,
-cheminer à la sape, allumer la mèche, bouter le feu à la mine, franchir
-la contrescarpe, combler le fossé, livrer l'assaut, planter l'étendard
-dans la brèche, se loger dans la place. A ces métaphores militaires il
-convient d'ajouter celles que les Grecs et les Romains tiraient des
-jeux, des luttes d'athlètes, des courses du cirque: _in agonem, in
-palaestram descendere_; _conficere stadium_; _properare ad metas_; nos
-conteurs, qui se souciaient peu de la palestre, leur ont substitué des
-comparaisons empruntées aux joutes et aux tournois: courir la bague,
-rompre une lance, mettre la lance en arrêt, envoyer la flèche dans le
-but, mettre dans la quintaine; ou bien des termes de vénerie: le faucon
-désencapuchonné, l'épervier au poing, etc.
-
-Le savant Gasp. Barthius n'a pas dédaigné de colliger, dans ses
-_Animadversiones in Claudianum_, les métaphores tirées par les Anciens
-des exercices équestres, et détournées par eux dans le sens érotique.
-Nous regrettons de ne pas avoir sous la main son travail, pour en
-enrichir le nôtre, et surtout pour nous ôter d'un doute. Nous
-rencontrons bien, dans Nicolas Chorier, bon nombre de locutions telles
-que: _subigere veredum_, _conscendere_, _insilire in equum_, _ex equo
-desilire_, _equitare_, _admovere calcar_, etc., où le rôle de cavalier
-est dévolu à l'homme, et celui de monture à la femme; mais nous
-craignons fort que l'excellent auteur de l'_Aloisia_ n'ait attribué aux
-Latins, sans y trop songer, une idée toute Française et moderne.
-Pétrone, faisant passer Embasicaetas de la croupe d'Encolpe à celle
-d'Ascylte, dit, il est vrai: _Equum cinaedus mutavit_, «le cinède
-changea de cheval;» mais c'est une exception, ils sont là d'ailleurs
-entre hommes; dans tous les exemples Latins et Grecs que nous suggère
-notre mémoire, c'est toujours la femme qui est le cavalier. La figure
-est ainsi plus régulière, car, pour être à cheval, il faut tenir sa
-monture entre les jambes, ce qui est le fait de la femme, et non de
-l'homme. Ovide recommande à celles qui ont des plis au ventre de monter
-à cheval à rebours comme le Parthe, c'est-à-dire en tournant le dos:
-
- _Tu quoque, cui rugis uterum Lucina notavit,
- Ut celer aversis utere Parthus equis._
-
- (_Ars amatoria_, III, 785-6.)
-
-Horace dit de même:
-
- _Clunibus aut agitavit equum lasciva supinum._
-
- (_Sat._, II, VII, 50.)
-
-Martial:
-
- _Masturbabantur Phrygii post ostia servi,
- Hectoreo quoties sederat uxor equo._
-
- (XI, 105.)
-
-Juvénal fait se chevaucher les femmes entre elles:
-
- _Inque vices equitant..._
-
- (_Sat._ VI, 311.)
-
-Aristophane nous montre, au moins en deux endroits, que les choses se
-passaient de même chez les Grecs:
-
- [Grec: Kame g' hê pornê chthes eiselthonta tês mesêmbrias,
- hoti kelêtisai 'keleuon, oxythymêtheisa moi
- êret' ei tên Hippiou kathistamai tyrannida.]
-
- (_Les Guêpes_, 500-2.)
-
- Comme j'entre chez une putain, sur le midi,
- Et que j'exige qu'elle me chevauche, elle me demande furieuse
- Si je veux rétablir la tyrannie d'Hippias.
-
- [Grec: Kai malist' osphrainomai tês Hippiou tyrannidos],
-
- Je flaire là-dessous la tyrannie d'Hippias,
-
-dit encore le choeur des vieillards dans _Lysistrata_, v. 618, lorsque
-les femmes voulant s'emparer du gouvernement, il craint qu'elles ne
-fassent la loi aux hommes et ne les chevauchent. Dans diverses pièces de
-l'_Anthologie_, des courtisanes suspendent en _ex-voto_, devant l'autel
-d'Aphrodite, des mors, des fouets, des éperons, pour la remercier de les
-avoir fait allègrement caracoler sur leurs coursiers d'Étolie, _id est_
-sur de beaux et fringants jeunes hommes.
-
-Tout au contraire, chez les auteurs modernes, quand ils parlent de
-chevaucher, cavalcader et caracoler, c'est de l'homme qu'il s'agit, et
-la monture est la femme:
-
- Carmes chevaulchent nos voisines
- Mais cela ne m'est que du meins.
-
- (Villon, _Petit Testament_.)
-
- Un médecin, toi sachant,
- Va ta femme chevauchant.
-
- (Tabourot, sr des Accords.)
-
-«Ny plus ny moins que le manège d'un grand et beau coursier du règne est
-bien cent fois plus agréable et plus plaisant que d'un petit bidet, et
-donne bien plus de plaisir à son escuyer; mais aussi il faut bien que
-cet escuyer soit bon et se tienne bien et montre bien plus de force et
-d'adresse: de même se faut-il porter à l'endroit des grandes et hautes
-femmes, car de cette taille elles sont sujettes d'aller d'un air plus
-haut que les autres, et bien souvent font perdre l'estrier, voire
-l'arçon, si l'on n'a bonne tenue, comme j'ay ouy conter à aucuns
-cavalcadours qui les ont montées.» (Brantôme, _Dames galantes_, Disc.
-I). Il dit encore d'une grande dame que c'était le cheval de Séjan,
-«d'autant que tous ceux qui montoient sur elle mouroient, et ne vivoient
-guères» (_ibid._), et il emploie souvent les termes fort irrévérencieux
-de jument et de haquenée, pour dire une femme.
-
- La femme et le cheval doivent être semblables...
- Tous deux se doivent rendre à l'homme obéissants,
- Façonnés à l'espron et fiers en ornements,
- Avoir le montoir doux, la descente bénigne.
-
- (_Cabinet satyrique_.)
-
-Par une singulière image, nos vieux poètes et conteurs ont aussi donné
-le nom de bidet, de courtaut, de roussin, au membre viril, sans pour
-cela qu'il soit question du rôle joué par l'homme dans les citations
-ci-dessus d'Horace, d'Ovide, de Martial et d'Aristophane. P. Aretino dit
-en ce sens: _Far stallare i cavalli_ (faire pisser les chevaux), _dar le
-mosse a i cavalli_ (donner l'élan aux chevaux). L'Arioste s'est
-plaisamment servi de cette figure dans la rencontre d'Angélique avec
-l'Ermite:
-
- La voici étendue sur le dos dans le sable,
- Livrée aux fantaisies du rapace vieillard.
-
- Il l'étreint et à son gré la caresse;
- Elle dort et ne peut faire résistance.
- Il lui baise tantôt le beau sein, tantôt la bouche,
- Personne qui le voie en ce désert sauvage;
- Mais à l'encontre son destrier trébuche,
- Au désir ne répond pas le corps débile:
- La bête est mal en point, étant trop chargée d'ans,
- Et n'en vaudra pas mieux, tant plus il la fatigue.
-
- Il a beau essayer toutes voies et moyens,
- Le paresseux roussin n'en saute pas davantage;
- En vain il lui secoue la bride et le tourmente,
- Il ne lui peut faire tenir la tête haute.
-
- (_Roland furieux_, VIII, st. XLVIII à L.)[15]
-
- [15] Arioste, Chants I à XV, trad d'Alcide Bonneau (Paris, Liseux,
- 1881, 3 vol. pet. in-18).
-
-Est-ce Catulle qui a le premier imaginé la gentille allégorie de
-l'oiseau et de la cage? En tous cas, il l'a fait si spirituellement, en
-termes si enveloppés, que beaucoup d'érudits ont soutenu que le moineau
-de Lesbie était un moineau véritable, et dit des injures à ceux qui
-s'obstinaient à croire le contraire. M. Armand Barthet a écrit, sur la
-délicieuse pièce de Catulle, une petite comédie dont Rachel interprétait
-le principal rôle et où l'on voyait un vrai moineau dans une cage de fil
-de fer, sans allégorie aucune. Le sens dans lequel les Latins
-entendaient le «_passer deliciae meae puellae_», n'est pourtant pas
-douteux, si Martial ne nous déçoit:
-
- _Issa est passere nequitior Catulli..._
-
- Issa est plus lascive que le moineau de Catulle,
-
-nous dit-il (III, 110); et encore, s'adressant à Dyndimus, son Giton:
-
- _Da nunc basia, sed Catulliana;
- Quae si tot fuerint quot ille dixit,
- Donabo tibi passerem Catulli._
-
- (XI, 7.)
-
- Donne-moi des baisers, mais Catulliens;
- Et si tu m'en donnes autant qu'il le dit,
- Je te ferai cadeau du moineau de Catulle.
-
-Ainsi compris, on voit quel serait le passereau qui faisait les délices
-de Lesbie, qu'elle agaçait du bout du doigt, qui se réfugiait dans son
-sein, qui ne pépiait que pour elle et qu'elle aimait plus que ses yeux,
-car il était couleur de miel, _nam mellitus erat_[16]. Depuis, Italiens
-et Français ont usé et abusé de l'oiseau et de la cage, mais les
-Italiens encore plus que les Français. Boccace leur a donné l'exemple en
-écrivant son joli conte du _Rossignol_; le _lusignuolo_ et la _gabbia_,
-l'_uccello_, le _passerotto_ et la _passerina_, reviennent
-continuellement dans l'Aretino; ceux qui connaissent Baffo savent seuls
-à combien de sauces l'_osello_ peut s'accommoder. Parmi les Français,
-sans oublier la chanson populaire:
-
- Ah! le bel _oiseau_, maman,
- Qu'Alain a mis dans ma _cage_!
-
-contentons-nous d'en citer deux ou trois:
-
- Autant et plus que sa vie
- Phyllis aime un passereau;
- Ainsi la jeune Lesbie
- Aima jadis son moineau.
-
- Mais de celui de Catulle
- Se laissant aussi charmer,
- Dans sa _cage_, sans scrupule
- Elle eut soin de l'enfermer.
-
- (_Chaulieu._)
-
- Elle le prit dans sa main blanche,
- Et puis dans sa _cage_ le mit.
-
- (_Regnard._)
-
- Lisette avait dans un endroit
- Une _cage_ secrète;
- Lucas l'entr'ouvrit, et tout droit
- D'abord l'_oiseau_ s'y jette.
-
- (_Collé._)
-
- [16] Politien, Lampridius, Turnèbe, Vossius ont entendu dans le sens
- érotique l'élégie de Catulle; Scaliger et Sannazar traitent
- d'orduriers ceux qui ont la vue si longue. Volpi propose un moyen
- terme: selon lui, le _moineau de Lesbie_, à force de passer de
- bouche en bouche, a pu donner lieu à des allusions et équivoques
- libertines auxquelles l'auteur n'avait pas songé.
-
-On en a fait de toutes les sortes de ces métaphores, et chaque écrivain
-s'est piqué d'en inventer de nouvelles, de trouver les mots les plus
-drôles. Rabelais dit: le baston à un bout, le baston de mariage, le
-membre nerveux, caverneux, la vivificque cheville, maistre Jean Chouart,
-maistre Jean Jeudy, l'anneau de Hans Carvel, le comment a nom, le
-callibistris, la boursavit, sacquer, baudouiner, roussiner, jocqueter,
-culleter, beluter[17], grimbetiletolleter, jouer du serre-croupière,
-jouer des basses marches, sonner l'antiquaille, faire la bête à deux
-dos[18], saigner entre les deux gros orteils, etc. L'Aretino: Habiller
-ceux qui sont nus, embéguiner le poupard (de peur du froid), abreuver le
-chien à l'écuelle, faire compter les solives du plafond, mettre le
-fuseau dans la quenouille, le pilon dans le mortier, le cordon dans la
-bague. Brantôme affectionne la pénillière, la devantière, moudre au
-moulin, hausser le devant, rembourrer le bas, secouer le pellisson, et
-donne aux femmes les allures des haquenées: le pas, l'entre-pas, le
-trot, l'amble, le galop. Nos conteurs ont emprunté leurs métaphores à
-des ordres d'idées si divers qu'on ne saurait les classer par groupes;
-la plupart ont d'ailleurs vieilli à force d'être usitées. Notons
-cependant les figures religieuses: Temple, autel, sanctuaire,
-tabernacle, chapelle, cierge, bourdon de Saint Jacques, aspergés,
-goupillon, carillonner, chanter l'_Introït_, aller à l'offrande. Les
-Anciens avaient donné l'exemple; nous trouvons chez eux employés dans un
-sens érotique: _ara voluptatis_, _adyta Cupidinis_, _Isiaca_ et _pygiaca
-sacra_, _penetralia_, sans compter tous les attributs des divinités: la
-conque de Vénus, le sceptre de Priape, la verge de Mercure, le Rameau
-d'or, le thyrse de Bacchus, la massue d'Hercule.
-
- [17] Bluter, équivalent presque exact du Latin _crissare_, vanner.
-
- [18] Shakspeare lui a probablement emprunté cette plaisante métaphore:
- _«Your daughter and the Moor are now making _the beast with two
- backs_»_ (_Othello_); Coquillart s'en était déjà servi, et les
- Latins disaient: faire la bête à quatre pattes, _quadrupedantem
- agere_ (Plaute).
-
-Il y a bien de la forfanterie dans quelques-unes de ces ambitieuses
-appellations, et une tendance manifeste à donner des proportions
-colossales à ce qui souvent n'est que bien peu de chose, une paille, un
-fétu. La massue d'Hercule! nous avons déjà rencontré: baliste, bélier,
-catapulte; il y a encore: arbre, poutre, battant de cloche, mât, aviron,
-timon, gouvernail, colonne (fréquent dans les Priapées, ainsi que
-_malus_ et _arbor_), obélisque. Si c'était vrai à moitié, ou seulement
-au quart, Anciens et Modernes n'auraient pas eu besoin de chercher pour
-la partie adverse tant de termes désobligeants: _antrum muliebre_,
-_fossa_, _caverna_, _lacus_, _barathrum_, l'antre de la Sibylle,
-l'énorme solution de continuité, dit Rabelais[19], l'hiatus béant;
-d'autres n'auraient pas dit que s'y aventurer c'est jeter l'ancre dans
-une mer qui n'a ni fond ni rive, lancer le javelot à travers de vastes
-portiques (N. Chorier), pisser dans le jardin par une fenêtre grande
-ouverte. «Je l'ay ouy nommer sépulchre et monument au Père Anne de
-Joyeuse, en un sermon qu'il fit dans l'église de S. Germain de
-l'Auxerrois au temps de Carême de l'an 1607. Le sieur Le Veneur, vivant
-évesque d'Évreux, l'appelait vallée de Josaphat, où se fait le viril
-combat. Bocace au conte de la belle Alibec, l'appelle Enfer, symbolisant
-à ce nom avec les Pères et plus dévots Théologiens Sainct Thomas, Sainct
-Augustin et autres, qui l'ont nommé _portam Inferi_, _januam Diaboli_.»
-(J. Duval, _Hermaphr._, chap. VIII.)
-
- [19] La Fontaine a trouvé moyen de mettre en vers cette hyperbole:
-
- ... mais quand il vit l'énorme
- Solution de continuité...
-
- * * * * *
-
-Les Grecs et les Latins, pour parler des dépravations dont ils
-rougissaient ou faisaient semblant de rougir, avaient des termes et des
-locutions d'un sens plus caché que les simples métaphores. Pour
-_irrumare_ et _irrumari_, ils avaient: [Grec: binein stomati, karizein
-tê glôssê, molynai to stoma], _petere summa_ (gagner les hauteurs),
-_capitibus non parcere_ (ne pas faire grâce aux têtes), _comprimere
-linguam_ (comprimer la langue), _Harpocratem reddere_ (rendre un
-Harpocrate), _tacere_ (se taire), et pour _paedicare_ ou _paedicari_:
-_concidere_, _percidere_, _incurvare_, _conquiniscere_, demander le
-_collarium_ ou l'_officium puerile_; sans compter bien d'autres termes
-sur lesquels les commentateurs sont loin d'être d'accord: Chalcidiser,
-Phéniciser, _Corinthiari_, Phicidiser, _Coa_ et _Nola_ (Cicéron), les
-Clazomènes (Ausone), etc. Les Italiens, héritiers, s'il faut les en
-croire[20], des goûts de leurs vieux ancêtres, ont aussi beaucoup de ces
-sortes de locutions que les initiés savent comprendre: _Volger le
-spalle_ (tourner le dos), _appoggiar la testa al muro_ (appuyer la tête
-au mur), _scuotere il pesco_ (secouer le pêcher), _dar le mele_ (offrir
-les pommes). Celles dans lesquelles ils opposent le commerce naturel à
-l'acte contre nature sont curieuses: _il lesso e l'arrosto_ (le bouilli
-et le rôti), _il piovoso e l'asciutto_ (le mouillé et le sec), _la capra
-e il capretto_ (la chèvre et le chevreau), _le mele et il finocchio_
-(les pommes et le fenouil). Le _messale Culabriense_ et le _Culiseo_
-sont de bonnes inventions de maître Pierre Arétin. Bandello, tout évêque
-d'Agen qu'il était, s'est servi de quelques-unes de ces locutions; il
-dit: _andar in zoccoli per l'asciutto_ (aller en pantoufles par le
-chemin sec), opposé à _andar in nave per il piovoso_ (aller en bateau
-par où il pleut), et il nous fait à ce propos le bon conte d'un pécheur
-endurci qui, arrivé à sa confession dernière, refuse absolument d'avouer
-sa préférence pour l'_asciutto_. Le Moine, qui sait de quel pied a
-cloché toute sa vie le mauvais garnement, veut lui faire dire à haute
-voix qu'il a commis le péché contre nature, qu'il est infecté du vice
-abominable; l'autre se récrie et dit qu'on l'accuse à tort. Enfin, sur
-une objurgation plus directe, il avoue tout de suite, et comme le Moine
-le reprend de l'obstination qu'il mettait à s'en défendre:--«Oh! oh!
-révérend Père,» lui répond-il, «vous n'avez pas su m'interroger.
-M'amuser avec de jeunes garçons m'est plus naturel à moi qu'il n'est
-naturel à l'homme de boire et de manger, et vous me demandiez si je
-péchais contre la Nature! Allez, allez, messer, vous ne savez pas ce que
-c'est qu'un bon morceau[21].» Voilà comment périphrases et métaphores
-peuvent quelquefois n'être pas bien comprises.
-
- [20] Baffo assure que s'il parle si souvent de _buggerar_, ce n'est
- pas qu'il tienne à la chose, mais seulement pour ne pas faire tort à
- son pays, enlever à ses compatriotes un avantage qui leur a valu
- quelque réputation dans le monde.
-
- [21] _Nouvelles de Bandello_, tome I; Paris, Liseux, 1879, pet. in-18.
-
-Bon nombre de ces expressions figurées, à double sens, se confondent
-avec l'équivoque, autre façon de se faire plus ou moins clairement
-entendre, et qui est d'un fréquent usage dans la langue érotique.
-Aristophane en a semé partout dans ses comédies, et elles sont souvent
-si fines qu'elles passeraient inaperçues. Lysistrata s'étonne de ce que
-les femmes de Salamine ne soient pas encore arrivées, et Calonice lui
-répond qu'elles ont pourtant dû se mettre en bateau dès le matin: on
-venait en barque de Salamine à Athènes. Mais «se mettre en bateau»
-([Grec: kelêtizein]) veut dire aussi ce qu'Horace appelle _peccare
-superne_ et _equum agitare supinum_. La «tyrannie d'Hippias», citée plus
-haut, est un jeu de mots du même genre. Il équivoque encore sur le
-_delta_, le _lambda_, et après lui Ausone s'est escrimé sur le _thêta_,
-le _psi_, le _phi_, le _rho_, l'_iota_ majuscule, le _tau_: il n'a
-oublié que l'_oméga_ souscrit. Cicéron faisait des équivoques érotiques
-en plein prétoire, disant, par exemple, que si l'on cherchait Sextus
-Claudius, on le trouverait chez la soeur de Publius, _occultantem se
-capite demisso_ (_Pro domo_, 31); _demittere caput_ ne signifie, si l'on
-veut, que baisser la tête, mais les fines oreilles entendaient _cunnum
-lingere_. Il en a commis bien d'autres; il appelait _colei_, pour se
-moquer d'eux, des témoins véritables, des témoins appelés à déposer en
-justice. Dans notre langue l'équivoque est encore plus facile, beaucoup
-plus de mots pouvant se prendre dans un double sens: aussi en
-relèverait-on un grand nombre. Rabelais, Noël du Fail, H. Estienne, Th.
-de Béze parlent du pays de Surie ou Suerie, qu'on peut entendre Syrie,
-mais qui signifie tout bonnement la vérole, pour la guérison de laquelle
-on faisait suer les pauvres malades jusqu'à dessiccation presque
-complète. «En maintes compagnies, celuy n'est réputé vaillant champion
-qui n'a fait cinq ou six voyages en Suerie» (H. Estienne, _Apologie pour
-Hérodote_, chap. XII). J. Duval équivoque sur les poulains qui vous
-mènent jusque-là, «poulains qui souvent sont assez forts» dit-il, «pour
-porter un homme au pays de Surie» (_Hermaphr._, chap. VI); plus tard, on
-a dit dans le même sens aller en Suède, et passer par la Bavière de ceux
-que la vérole ou le traitement mercuriel faisait saliver, baver. On a
-équivoqué sur la bague et le doigt, le doigt mouillé, le poisson et la
-nasse, le pied et la chaussure, les fleurs blanches et les fleurs
-rouges.
-
- C'est une bague qui circule
- Et qui se met à tous les doigts,
-
-dit Bonnard d'une femme galante.
-
- La marquise a bien des appas,
- Ses traits sont vifs, ses grâces franches,
- Et les fleurs naissent sous ses pas,
- Mais hélas! ce sont des fleurs blanches.
-
- (Maurepas.)
-
-Nos vieux poètes et chansonniers avaient un faible pour l'andouille, le
-cervelas, le boudin, la saucisse, le jambon, le lardon et toutes sortes
-de charcuteries:
-
- Item à l'orfèvre Du Boys
- Donne cent clouz, queues et testes,
- De gingembre Sarazinoys:
- Non pas pour accoupler ses boytes,
- Mais pour conjoindre culs et coettes,
- Et couldre jambons et andoilles,
- Tant que le laict en monte aux tettes,
- Et le sang en dévalle aux coilles.
-
- (F. Villon, _Le Grand Testament_, CI.)
-
- De tout le gibier, Fauchon
- N'aime rien que le cochon;
- Surtout devant une andouille
- Qu'aux Carmes on choisira,
- Elle s'agenouille, nouille,
- Elle s'agenouillera.
-
- (Collé.)
-
-Brillat-Savarin note l'exclamation d'une dame en voyant servir une
-énorme mortadelle de Bologne.--«Quelle idée a-t-on de faire des
-saucissons de cette taille? cela ne ressemble à rien.--Vous trouviez
-donc que les autres ressemblaient à quelque chose?» lui demande à
-l'oreille son voisin de table. Richelet, sciemment ou non[22], en a
-commis une aussi grosse que la mortadelle de Brillat-Savarin: «LAPINE,
-s. f. Femelle du lapin. Quelques-uns des plus habiles dans la langue
-condamnent le mot de lapine, et prétendent qu'on doit dire femelle du
-lapin, et non pas lapine. Néanmoins, comme lapine est dans la bouche de
-plusieurs femmes qui parlent bien, je ne le condamnerais point, surtout
-en parlant, et dans le style le plus simple.» L'équivoque remarquée dans
-Corneille:
-
- Mais le désir s'accroît quand l'effet se recule,
-
- (_Polyeucte_, acte I, sc. 1.)
-
-est certainement involontaire; elle n'en est pas moins drôle. Il en est
-de même de l'hémistiche reproché à Malherbe:
-
- ... qu'on survit à sa mort.
-
-Ceux qui voient ces indécences les ont dans l'esprit, remarque très bien
-Quintilien; elles ne sont pas le fait de l'auteur. Sans grand renfort de
-bésicles on en découvrirait de semblables chez tous. La grotte creuse où
-Calypso retient si longtemps Ulysse (_Odyssée_, rhaps. I et V) n'a pas
-été à l'abri du soupçon. L'antre des Nymphes, si curieusement décrit par
-le bon Homère, qui ne sommeillait pas toujours (_Odyssée_, rhaps. XIII),
-cet antre obscur, frais et sacré, ombragé d'un feuillage épais, où les
-Naïades versent leurs urnes inépuisables, où les abeilles font leur
-miel, où les Nymphes tissent des toiles de pourpre, et qui a deux
-portes: l'une pour les hommes, l'autre pour les Dieux, a paru encore
-bien plus équivoque à des malins qui y ont vu l'_antrum muliebre_ et la
-_postica Venus_ de Pénélope[23].
-
- [22] Ce qui ferait croire que Richelet y a mis de la malice, c'est
- qu'il manque rarement dans son Dictionnaire l'occasion de médire des
- femmes:
-
- «APARIER (S'). Le coq coche la poule, le moineau coche sa femelle
- plusieurs fois sans reprendre haleine. Si les hommes avoient ce
- destin à l'égard des femmes, ils en seroient adorés.
-
- »FEMME. La femme est un animal créé pour donner du plaisir, et
- particulièrement pour en prendre et faire enrager ceux qui l'en
- pensent empêcher. La femme est un animal intéressé.
-
- »FLON-FLON.
-
- Si ta femme est méchante,
- Apprends-lui la chanson.
- Voici comme on la chante,
- Avec un bon bâton:
- Flon, flon, flon.
-
- »LOUVE. Femme insatiable dans la débauche. La plupart des femmes
- sont un peu louves.»
-
- [23] La Mothe Le Vayer, _Hexaméron rustique_.
-
-Les critiques Latins en voyaient chez Virgile, qui aurait dans ce vers:
-
- _Dextra mihi Deus, et telum quod missile libro_,
-
-formulé à mots couverts la devise du masturbateur, et ils lui
-reprochaient d'avoir écrit:
-
- _Incipiunt agitata tumescere..._
-
-ce qui prend un sens obscène si on sous-entend _genitalia_; ils avaient
-la vue moins perçante qu'Ausone, qui, dans la dernière partie de son
-_Cento nuptialis_, a détourné dans le sens érotique une cinquantaine de
-vers ou d'hémistiches de l'_Énéide_ et des _Bucoliques_:
-
- _Perfidus alla petens, ramum qui veste latebat,
- Sanguineis ebuli baccis minioque rubentem,
- Nudato capite, et pedibus per mutua nexis,
- Monstrum horrendum, informe, ingens, cui lumen ademptum,
- Eripit a femore, et trepidanti fervidus instat.
- Est in secessu, tenuis quo semita ducit,
- Ignea rima micans, exhalat opaca mephitim;
- Hic specus horrendum, talis sese halitus atris
- Faucibus effundens nares contingit odore.
- Huc juvenis nota fertur regione viarum,
- Et super incumbens, nodis et cortice crudo,
- Intorquet summis adnixus viribus hastam.
- Haesit, virgineumque alte bibit acta cruorem.
- Insonuere cavae, gemitumque dedere cavernae.
- Illa manu moriens telum trahit, ossa sed inter
- Altius ad vivum persedit vulnere mucro_, etc.
-
-L'équivoque est surtout plaisante quand elle est prolongée; l'adresse
-consiste alors à trouver des développements tels, qu'ils conviennent à
-deux sujets, l'un honnête et décent, qui est exprimé, l'autre érotique,
-sous-entendu, et que les termes dont on se sert s'adaptent aussi
-aisément à l'un qu'à l'autre. Les Italiens ont été nos maîtres dans
-cette sorte de jeu d'esprit, auquel ils doivent toute une partie, et non
-la moins curieuse, de leur littérature, ce qu'ils appellent le genre
-Berniesque ou _alla Berniesca_, du nom de Francesco Berni qui y a
-excellé; la plupart de leurs poètes du XVIe siècle, La Casa, Firenzuola,
-Mauro, Dolce, Varchi, Molza s'y sont exercés avec succès. Une des plus
-célèbres pièces est le _Capitolo del Forno_, de G. della Casa[24], dont
-les équivoques sont d'autant plus compréhensibles, que le four, le pain,
-la pâte, ont donné lieu chez tous les peuples à des plaisanteries qui
-sont aussi vieilles que le monde. Hérodote nous dit qu'un oracle
-reprochait à Périandre, tyran de Corinthe, d'avoir «mis son pain dans un
-four froid», parole énigmatique à laquelle le vulgaire ne comprit rien,
-mais qu'entendit parfaitement le prince, qui, ne pouvant se décider à se
-séparer d'une femme qu'il aimait, avait eu commerce avec son cadavre.
-«Emprunter un pain sur la fournée» est chez nous un vieux proverbe qui
-se trouve dans les _Caquets de l'accouchée_. On en trouverait bien
-d'autres exemples: «Comme n'estant, disent les boulengers, le pain
-refaict et prest d'enfourner toutesfois et quantes que le four est
-chaud, à quoy Nature, provide mesnagère et curieuse de la propagation
-d'un si digne animal que l'homme, a tellement pourveu, que le four est
-chaud et si bien disposé, quand la paste est faicte et le pain prest
-d'enfourner, qu'il n'est bien reçeu seulement, mais, comme dit Galen au
-livre de la _Semence_, il est aussi curieusement et avidement attiré,
-que peut être l'air sucé du corps à l'usage des ventouses médicinales.»
-(J. Duval, _Hermaphr._, chap. VI). La Casa nous décrit donc le four et
-ses diverses constructions: le four à cuire le pain et le four à cuire
-les friandises; il nous dit le soin que les boulangères en prennent,
-comme elles le lavent matin et soir, y passent le torchon et l'éponge
-toutes les fois qu'elles ont cuit, savent faire lever la pâte, diriger
-la pelle en haussant la jambe, et, sans y mettre trop de bonne volonté,
-on peut croire qu'il ne s'agit que des mystères de la boulangerie. F.
-Berni a célébré dans le même goût la _Flûte_, l'_Anguille_, le _Pot de
-chambre_ (_orinale_), Mauro la _Fève_ (les Italiens appellent fève ce
-que nous appelons gland), Dolce le _Nez_, Molza les _Figues_, dans un
-poème illustré d'un long et savant commentaire par Annibal Caro; Varchi
-les _OEufs durs_, la _Ricotta_ (sorte de fromage), le _Fenouil_ «dont
-les Italiens,» dit Ginguené, «font un grand usage dans leur cuisine,»
-est-ce sérieusement? Franzesi les _Carottes_, les _Cure-dents_, la
-_Castagna_ (châtaigne et nature de la femme); Lodovico Martelli la
-_Balançoire_; le Bronzino, aussi bon poète que grand peintre, le
-_Pinceau_, le _Ravanello_ (raifort ou radis noir), _le Campane_ (le
-carillon des cloches et du battant); des anonymes _il mortaio_ (le
-mortier et le pilon), _le Mele_ (pommes et fesses), _il pescare_ (pêcher
-et cueillir des pêches dans le sens de: secouer le pêcher, indiqué plus
-haut); le Lasca la _Saucisse_, le _Melon_ (_mellone_, melon et fessier),
-etc. Au temps où la littérature Italienne était très étudiée en France,
-quelques-uns de nos poètes, Motin, de Rosset, Rapin, Du Souhait,
-Chauvet, ont spirituellement essayé de lutter contre ces maîtres avec le
-_Jeu du toton_, le _Jeu de dames_, la _Douche_, les _Joueurs de paume_,
-les _Fureteurs_ (chasseurs au furet), les _Batteurs d'amour_ (équivoque
-avec les batteurs d'or), les _Pionniers d'amour_, la _Mascarade des
-scieurs de bois_, les _Astrologues_, les _Sagittaires_, l'_Arracheur de
-dents_, et autres pièces qu'on peut lire dans le _Cabinet satyrique_.
-
- [24] On a essayé, dans la 1re Série de la _Curiosité littéraire et
- bibliographique_ (Paris, Liseux, 1880), d'en donner une traduction
- littérale.
-
- * * * * *
-
-Une telle quantité de mots ayant été empruntés à la langue ordinaire et
-détournés dans un sens érotique, on ne s'étonnera pas qu'il soit arrivé
-à certains d'entre eux un accident tout naturel: que ce double sens soit
-resté le seul où on les entende communément, et qu'on n'ose plus s'en
-servir de peur de créer une équivoque. Le miracle, c'est que l'accident
-ne soit pas arrivé à un plus grand nombre. Nul, par exemple, n'a
-reproché aux jurisconsultes Romains d'employer au sens propre _testes_,
-ni aux écrivains militaires, _vagina_, quoiqu'ils soient l'un et l'autre
-d'un usage tout aussi fréquent dans la langue érotique:
-
- _Magnis _testibus_ ista res agetur._
-
- (_Priapées_, XIV.)
-
- _AL. Mihi quoque assunt _testes_ qui illud, quod ego
- dicam, assentiant.
- AM. Qui _testes_?
- AL. _Testes_.
- AM. Quid _testiculare_?_
-
- Plaute (_Amphitryon_.)
-
- _Conveniebatne in _vaginam_ tuam machaera militis?_
-
- Plaute (_Pseudolus_.)
-
-Mais en revanche les grammairiens mettaient à l'index des mots que nous
-n'aurions pas soupçonnés d'indécence. Quintilien défend qu'on se serve
-des expressions de Salluste: _ductare exercitus_, _patrare bellum_[25].
-«Le vieil historien», dit-il, «les a employées honnêtement et en toute
-bonne foi; maintenant elles feraient rire, ce dont j'accuse non
-l'écrivain, mais le lecteur. On n'en doit pas moins les éviter: des mots
-honnêtes sont perdus, par la faute de nos moeurs.» (_Inst. orat._, VIII,
-3). Cicéron (_Orator_, XVIII) note d'obscénité _cum nobis_, sans que
-nous voyions trop pourquoi (peut-être est-ce à cause d'une équivoque
-avec _connubere_ ou _cunnus_) et dit qu'il faut séparer les deux mots
-par _autem_: _cum autem nobis_. La Casa reproche de même à Dante d'avoir
-employé _chiavare_ dans le sens propre: enfoncer un clou, une cheville,
-_chiavare_ ne pouvant plus s'entendre depuis longtemps en Italien que de
-la vivificque cheville dont parle Rabelais. Il en est de même chez nous
-de bander; Malherbe commence ainsi une ode:
-
- Je veux bander...
-
-on n'oserait plus aujourd'hui. _Branler_, dans le sens de bouger,
-remuer, _décharger_, dans celui de poser à terre un paquet, un fardeau,
-ne peuvent plus se dire, à moins qu'on ne veuille de propos délibéré
-faire une équivoque, comme dans l'épigramme de Vasselier où un
-portefaix, causant un embarras de voitures au milieu d'une rue étroite,
-est sommé de décharger par l'homme au carrosse:
-
- ... Je ne puis me branler,
- Comment veux-tu que je décharge?
-
-répond avec beaucoup de présence d'esprit le pauvre diable. _Le faire_,
-_le mettre_, sont dans le même cas. Les vers de Corneille:
-
- Dis-moi donc, lorsqu'Othon s'est offert à Camille,
- A-t-il paru contraint? a-t-elle été facile?
- Son hommage auprès d'elle a-t-il eu plein effet?
- Comment l'a-t-elle pris, et comment l'a-t-il fait?
-
-seraient aujourd'hui insupportables à la scène. On dit encore _érection_
-en parlant de celle d'une statue, mais le temps n'est peut-être pas très
-éloigné où l'on n'osera plus le dire. L'_instrument de paix_, _dresser
-l'instrument_, sont des locutions encore usitées, dans le langage
-diplomatique, pour signifier l'acte authentique d'un traité, d'une
-convention: elles n'ont pas longtemps à vivre, mais on les remplacera
-aisément. La perte du verbe actif _baiser_ est plus regrettable. Le sens
-honnête du mot, donner un baiser, n'était pas, du temps de Molière,
-aussi complètement oblitéré par l'autre sens, qu'il l'est à
-présent.--«Baiserai-je?» demande ingénument Thomas Diafoirus à son père,
-quand on lui présente sa future. «_Baiseuse_, s. f., celle qui baise
-volontiers,» dit Richelet, probablement sans y entendre malice,
-quoiqu'il soit assez sujet à caution, et qu'il vienne de définir
-_baiser_: «avoir la dernière faveur d'une dame.»
-
- Viens, Margot, viens qu'on te baise,
-
-disait Béranger. Des deux verbes, _baiser_ et _embrasser_, ce serait
-plutôt le dernier qui aurait dû devenir indécent, puisqu'il signifie
-tenir entre ses bras; c'est le premier à qui est échu ce mauvais sort,
-et on le remplace par _embrasser_, non sans faire gauchir la langue, car
-il est absurde de dire _embrasser_ pour: donner un baiser, et encore
-plus de dire: _embrasser sur la bouche_. Les mots deviennent obscènes ou
-grossiers par le temps, par l'usage, sans qu'on puisse bien se rendre
-compte du pourquoi, ni de l'époque à laquelle la métamorphose s'est
-opérée. On trouve dans Richelet: «_Instrument_, parties naturelles de
-l'homme. _Pine_, parties naturelles d'un petit garçon; ex.: Elle lui
-prend la pine. _Queue_ (_pudenda hominis_); ex.: La queue lui pend au
-petit bonhomme. _Trou du cul_; ex.: Se torcher le trou du cul.» Tous ces
-mots sont maintenant bannis des Dictionnaires. Éloi Johanneau
-(_Épigrammes contre Martial_, p. 50) dit que de son temps, le jour de
-Pâques, à la porte de la cathédrale de Saintes, des femmes vendaient des
-gâteaux en forme de Priapes, et criaient: «_A mes pines! qui veut de mes
-pines?_» La police y mettrait aujourd'hui bon ordre. Le gendarme qui
-arrêterait la délinquante serait sans doute bien embarrassé de dire
-pourquoi _pine_ est obscène quand _pénis_ ne l'est pas, mais cela est.
-
- [25] Entendus dans le sens érotique, _ductare exercitus_ voudrait
- dire: branler l'armée, et _patrare bellum_: décharger la guerre,
- tropes violents qui n'étaient aucunement dans l'esprit de Salluste,
- et dont pourtant Mirabeau a égalé sinon surpassé l'énergie: «Ce
- d'Orléans est un Jeanfoutre qui toujours bande le crime et qui n'ose
- le décharger.»
-
- * * * * *
-
-Les médecins sont en possession de l'immunité complète pour tous les
-termes dont ils ont besoin dans l'exercice de leur art. Même dans les
-livres qu'ils écrivent pour «l'instruction des gens du monde,» ils
-disent librement: pénis, gland, verge, membre viril, vulve, vagin,
-érection, sperme, et traitent non seulement de ce qui touche aux
-rapports sexuels, mais de toutes les dépravations du sens génital:
-pédérastie et Saphisme ou tribadisme, onanisme manuel, anal, vulvaire,
-buccal, mammaire, axillaire, titillations uréthrales et clitoridiennes,
-etc. Les termes techniques dont ils se servent sont d'ailleurs, sauf
-quelques-uns, assez peu accessibles au vulgaire, par leur étymologie
-savante, pour que beaucoup de gens fassent leur première connaissance
-avec eux lorsqu'Éros les amène, l'oreille basse, dans le cabinet du
-docteur. La vieille langue médicale avait plus de sans-façon, barbiers
-et sages-femmes, pompeusement qualifiés de chirurgiens et d'obstétrices,
-en ayant fourni une bonne moitié, sans que la Faculté y trouvât à
-redire. Le jardin et verger de nature, le cabinet de Vénus, le cloître
-virginal, le soc viril, le baume naturel, et autres expressions
-métaphoriques, n'en étaient pas bannis comme à présent. Les appellations
-affectées aux diverses parties de «l'ovale féminin» et de ses alentours:
-les barres, les barboles, les landies, l'entreprend, le ponnant, le
-guillocquet, le guillevart, les hallerons ou ailerons, la dame du
-milieu, se rencontrent quelquefois dans Brantôme et les conteurs; elles
-appartiennent par là à la langue érotique. Les anciens prédicateurs, et
-surtout les casuistes, se sont également trouvés dans la nécessité de se
-constituer un vocabulaire spécial qu'ils ont en partie inventé pour
-leurs besoins, en partie emprunté soit aux Latins, soit à la langue
-médicale de leur temps. Les casuistes disent _mollities_ pour
-_masturbatio_, et distinguent dans ses effets la _distillatio_ de la
-_seminatio_, la première étant simplement préparatoire à la seconde;
-_fornicatio_, _concupiscentia_, _tactus impudici_, _copula carnalis_,
-_delectatio Venerea, amorosa_ et _morosa_, _pollutio in ore_, _osculari
-verenda_, appartiennent à cette langue des théologiens, ainsi que le
-_vas debitum, legitimum, naturale_, opposé au _vas illegitimum,
-innaturale, praeposterum_, la _copula naturalis_ à la _copula
-Sodomitica_. L'expression _peccatum mutum_, dont ils se servent aussi,
-fait penser au _tacere_, de Martial, _reddere Harpocratem_, de Catulle,
-mais n'est pas chez eux synonyme d'irrumation; leur «péché muet» est la
-Sodomie. Ils appellent le clitoris: douceur d'amour, _dulcedo amoris_,
-et par incubes ou succubes n'entendent pas toujours ces êtres vaporeux
-que l'on voit en rêve: ils désignent ainsi, à mots couverts, les
-diverses positions que l'homme et la femme peuvent prendre dans le
-congrès. Les vieux prédicateurs, parlant en public, avaient un langage
-plus familier: Paillards, Sodomites, ribauds, maquereaux, ruffians;
-paillarder, forniquer, faire l'oeuvre de chair, hanter les bourdeaux,
-trousser les chambrières, payer des manches rouges à sa putain, être à
-pot et à cuiller avec sa servante (ce que le populaire, en abrégeant,
-traduisait par: être à pot et à cul), gagner sa dot de mariage à la
-sueur de son corps, jetter ses enfants ès-rivières et retraits, etc.,
-sont les expressions dont se servent Maillard, Menot et Barlette en
-reprochant leurs mauvaises moeurs à leurs contemporains[26].
-
- [26] V. Henri Estienne, _Apologie pour Hérodote_, chap. VI; Dulaure,
- _Des Divinités génératrices_, chap. XV.
-
-Les traducteurs Français des grands satiriques Latins auraient pu, eux
-aussi, tenter d'enrichir notre langue érotique en y faisant passer les
-hardiesses de Juvénal, de Perse, de Pétrone, de Martial surtout, dont le
-vocabulaire est si opulent. Leurs essais n'ont été jusqu'à présent
-qu'insuffisants ou ridicules. Trois traductions assez estimées de
-Martial: celle de l'abbé de Marolles, une seconde attribuée sur le titre
-à des «militaires», et qu'on croit être de Volland, la troisième de
-Simon de Troyes et publiée par Auguis, ont été examinées à ce point de
-vue par Éloi Johanneau[27]. On se ferait difficilement une idée de leur
-niaiserie. L'abbé de Marolles traduit _Priapus_ par visage!
-
- _Gallo turpius est nihil Priapo_,
-
- (I, 36.)
-
-«Il n'y a rien de plus vilain que le _visage_ d'un prêtre de Cybèle.» Il
-rend _futuere_, par «cajoler, se divertir, passer le temps, aimer,
-entretenir, avoir une entrevue»; _fututor_ par «galant, effronté»;
-_cunnus_ par «chaînon»; _fellare_ par «ne pas bien user de sa langue»,
-_arrigere_ par «se roidir dans les combats, désirer quelque faveur»; sa
-manie de décence quand même le conduit tout droit à faire des
-contre-sens d'écolier, comme lorsqu'il traduit _paedicare_ par «faire
-l'amour»; ailleurs il dit que c'est «faire d'étranges choses», ce qui,
-sans être meilleur, montre pourtant qu'il comprenait. Il a le privilège
-des périphrases souvent plus lestes que le mot propre de l'original; il
-traduit _mentula_ par «je ne sçay quoy qui fait aimer les hommes», et
-ajoute en note: «Quelque lasciveté, sans doute»; ailleurs, c'est
-«quelque chose que l'on porte». _Inguina_, c'est: «ce que je ne puis
-nommer»; _canus cunnus_, «une vieille passion»; _vellere cunnum_,
-«farder sa vieillesse»; _percidi_, équivalent de _paedicari_, «se faire
-gratter». Il abuse de «quelque chose»; ce «quelque chose» rend les mots
-les plus divers: _mentula_, c'est «quelque chose», _inguina_, «quelque
-chose», qu'il s'agisse de l'homme (VII, 57) ou de la femme (III, 72), et
-_culus_ est «quelque autre chose» (III, 71). _Paedicare_ étant «faire
-d'étranges choses», _paedicari_, _irrumari_, c'est «faire quelque chose
-de plus» ou «de pis;» mais quoi? l'abbé ne le dit pas, et encore
-faudrait-il dire: se laisser faire.
-
- [27] _Épigrammes contre Martial, ou les mille et une drôleries,
- sottises et platitudes de ses traducteurs_, par un ami de Martial
- (Paris, 1835, in-8º).
-
-Les «militaires» ou Volland se sont dressé à l'avance une espèce de
-Barême; ils traduisent constamment les mêmes mots Latins par les mêmes
-mots Français auxquels ils donnent souvent un sens conventionnel:
-_futuere_ par «aimer» et «forniquer»; entre femmes (VII, 69) c'est aussi
-«forniquer»; _fututor_, par «amant, amateur»; _vulva_, _barathrum_,
-_cunnus_, par «anneau»; _mentula_, _penis_, _columna_, _veretrum_, par
-«béquille», s'inspirant sans doute de la chanson de Collé, _La béquille
-du Père Barnaba_; _fellare_ et _lingere_ par «breloquer», d'où
-_fellator_, «breloqueur», et _fellatrix_, «breloqueuse»; _irrumare_, qui
-signifie une chose, et _percidere_, _irrumpere_ qui en signifient une
-autre, par «se faire breloquer»: contre-sens énorme du moment qu'ils
-prennent «breloquer» pour l'équivalent de _lingere_ et de _fellare_. Ce
-mélange de breloques, de béquilles et d'anneaux, nous donne des
-«breloqueurs et breloqueuses d'anneaux», une «béquille énervée», une
-«béquille à poils», une «béquille en fureur», une béquille qui «apprend
-une route inconnue», ailleurs, des «testicules de cerf remplacés par une
-jeune béquille»; un «anneau qui parle», des anneaux «qui se
-réjouissent». De temps à autre, ils veulent cependant varier un peu; ils
-traduisent alors _paedicare_, tantôt par «faire des polissonneries», et
-tantôt par «jouer le second rôle», ce qui montre combien peu ils savent
-ce qu'ils disent; _fellator_ par «fripon», _paedico_ par «badin», et
-continuellement confondent le rôle actif avec le rôle passif.
-
-Simon de Troyes, et son reviseur Auguis, n'entendaient pas beaucoup
-mieux le Latin, car pour eux le _paedico_ est un Ganymède (VI, 33); ils
-affectionnent les périphrases les plus pompeuses: _mentula_, organe des
-plaisirs, frêle instrument des amours, intention directe; _cunnus_,
-ceinture de Vénus; _colei_, les recoins les plus secrets du corps;
-_paedicare_, se livrer à une débauche irrégulière, avoir des habitudes
-vicieuses; _lingere_, faire d'impudiques caresses aux appas les plus
-secrets d'une belle (douze mots pour un), et _irrumare_, demander à
-avoir part aux bonnes grâces d'une belle (dix seulement). Encore ces
-périphrases, toutes niaises qu'elles sont, feraient-elles croire qu'ils
-comprennent; mais non: ils traduisent ailleurs le même verbe _irrumare_
-par: «avaler le plaisir avec sa bouche», c'est tout le contraire; et
-_periclitari capite_, synonyme d'_irrumari_, par «perdre la tête».
-
-La seule bonne méthode de traduction que l'on doive, suivant nous,
-appliquer aux érotiques Grecs et Latins, est celle qui s'impose comme
-règle de dire à mots couverts seulement ce que l'auteur a dit à mots
-couverts, de ne pas mettre de périphrases où il n'en a pas mis, de
-rendre le mot propre par le mot propre, et les métaphores par des
-métaphores semblables, tirées des mêmes termes de comparaison. Traduire
-autrement sera toujours donner une idée fausse du goût personnel de
-l'auteur, de ce qui constitue son style ou sa manière. Mais le mot
-propre serait souvent bien plus obscène en Français qu'il n'était en
-Latin; les dérivés populaires de _cunnus_, _colei_, _futuere_, les
-équivalents de _paedico_, de _cinaedus_, sont absolument ignobles, et
-les termes Latins ne l'étaient pas, du moins au même degré[28]. Pour
-obvier à cette difficulté, rien n'empêche qu'on ne francise tous ceux
-qu'on pourra, conformément au génie de la langue. Mentule, gluber,
-vérètre, quelques autres encore, se trouvent dans Rabelais; irrumation,
-fellation, dans La Mothe Le Vayer; l'abbé de Marolles a osé fellatrice;
-pourquoi ne dirait-on pas fellateur, pédicon et pédiquer, fututeur,
-drauque, cinède, cunnilinge, liguriteur, exolète, irrumer, etc? Ces
-mots, nous objectera-t-on, ne seront compris que de ceux qui savent le
-Latin, et le traducteur doit se faire entendre de tout le monde. Mais
-n'en est-il pas de même de sesterce, modius, laticlave, pallium, atrium,
-impluvium, vomitoire, vélite, belluaire, et de tant d'autres termes
-francisés depuis longtemps par les archéologues? Les définitions vagues
-qu'en fournissent les Dictionnaires: monnaie, mesure Romaine, partie du
-vêtement, de l'édifice Romain, soldat, gladiateur, donnent-elles la
-valeur précise du mot à celui qui ignore le Latin et les moeurs de
-l'ancienne Rome?
-
- [28] «Il y a tout lieu de croire que beaucoup d'expressions dont la
- malhonnêteté nous choque n'avaient pas la même portée chez les
- Romains et n'étaient pas si brutales. Martial dit quelque part que
- les jeunes filles peuvent le lire sans danger. Admettons que ce
- propos soit une fanfaronnade Bilbilitaine, et réduisons l'innocence
- de son recueil à ce qu'elle est en réalité: encore est-il vrai qu'on
- ne se cachait pas pour le lire, que les gens de bon ton, comme on
- dirait chez nous, gens qui ont d'autant plus de pruderie en paroles
- qu'ils sont plus libres dans la conduite, avouaient publiquement
- leur admiration pour Martial. J'ai sans doute bien mauvaise idée de
- la Rome impériale, et je crois peu à la chasteté d'une ville où des
- statues nues de Priape souillaient les palais, les temples, les
- places publiques, les carrefours; où, dans les fêtes de Flore, on
- voyait courir sur le soir, à travers les rues, non pas des
- prostituées, mais des dames Romaines échevelées et nues; où les
- femmes se baignaient pêle-mêle avec les hommes; où les comédiennes
- se déshabillaient quand on leur avait crié du parterre:
- Déshabillez-vous. Mais j'ai peine à croire qu'on pût s'y vanter
- ouvertement de faire ses délices de Martial, si Martial eût été
- aussi impur qu'il nous paraît aujourd'hui.» (Désiré Nisard, les
- _Poètes Latins de la décadence_.)
-
-Le _Dictionnarium eroticum_ de Nicolas Blondeau ne fera pas faire de
-grands progrès dans cette voie aux chercheurs de traduction exacte et
-littérale. L'auteur, et François Noël qui l'a complété, sont tous les
-deux des partisans à outrance de la périphrase, qui enveloppe le mot
-comme une orange dans du papier, et de l'équivalent, qui n'équivaut
-jamais, qui est toujours au-dessous, au-dessus ou à côté de l'expression
-dont il s'agit de rendre l'énergie, la grâce ou la finesse. Il n'en est
-pas moins curieux par le nombre, l'abondance de ces équivalents, de ces
-périphrases patiemment colligées dans les auteurs ou plaisamment
-imaginées, et dont quelques-unes sont de véritables trouvailles[29].
-Publié en son temps, il eût été le premier, ce qui est la meilleure
-excuse de ses imperfections et de ses lacunes: la série des mots et
-surtout des locutions érotiques est loin d'être complète dans les
-volumineux Glossaires d'Henri Estienne, de Forcellini et de Du Cange, et
-la difficulté de trouver l'acception spéciale au milieu d'une foule
-d'autres, fait qu'on songe rarement à y avoir recours. Resté si
-longtemps manuscrit, il a été devancé par un autre, bien connu des
-amateurs, le _Glossarium eroticum linguae Latinae, sive theogoniae,
-legum et morum nuptialium apud Romanos explanatio nova, auctore P. P._
-(_Parisiis_, 1826, in-8º), auquel on croit qu'Éloi Johanneau a
-collaboré, mais dont l'auteur est resté incertain[30]. Ce recueil est
-d'une utilité incontestable pour tous ceux qui veulent lire et
-comprendre les érotiques ou satiriques Latins; il abonde en citations
-qui éclaircissent les passages obscurs ou douteux, mais les explications
-sont en Latin, ce qui laisse à celui de Blondeau et Noël une certaine
-supériorité. La comparaison des deux ouvrages est instructive et montre
-les difficultés d'un pareil genre de travail. Rien que dans la lettre A,
-nous relevons chez Noël et Blondeau soixante-quinze mots ou locutions
-qui ne se trouvent pas, au moins à cette place, dans le _Glossarium_ dit
-de Pierrugues; en revanche, celui-ci en a deux cent vingt-huit négligés
-par ses devanciers, et vingt-deux articles seulement sont communs aux
-deux recueils. De plus, si on les collationne avec l'_Index_ du _Manuel
-d'Érotologie_, on se convainc que près de la moitié des mots commentés
-par Forberg ne se trouvent ni dans l'un ni dans l'autre. Une refonte
-générale de ces trois ouvrages, sur un bon plan, donnerait un résultat
-sinon parfait, du moins très satisfaisant.
-
- [29] Le suppositoire vivant, le gobet amoureux, le Calendrier naturel,
- le combat de cinq contre un, le Manuel des solitaires, etc.
-
- [30] Quérard dit que les initiales P. P. cachent le chevalier P.
- Pierrugues, ingénieur à Bordeaux, qui publia en la même année 1826
- un bon plan de cette ville. On lui attribue également, mais
- peut-être à tort, les Notes de l'_Errotica Biblion_. C. de Katrix,
- auteur d'un Avant-Propos placé en tête de ce dernier ouvrage, dit
- avoir eu entre les mains un exemplaire du _Glossarium_ portant cette
- mention: «_Ab Eligio Johanno constructum, auspicio et cura
- (forsitan) baronis Schonen._ S. E.»
-
- * * * * *
-
-Il nous resterait, en terminant, à dire un mot de la langue érotique
-contemporaine; mais quoique nous ayons des «naturalistes», qui ne
-reculent pas devant les mots, et même des «pornographes», on serait
-embarrassé de relever chez eux les éléments d'un vocabulaire original,
-qui leur soit propre. Les plus timides ou les moins maladroits
-s'essayent dans les réticences, les sous-entendus de Laclos et de
-Crébillon fils; mais comme ils n'ont pas l'art exquis et la finesse de
-ces maîtres, on devine l'intention qu'ils avaient de dire quelque chose,
-plus qu'on ne voit clairement la scène qu'ils ont voulu décrire.
-D'autres se sont fait avec des crudités du vieux Français, mélangées à
-des trivialités de faubourg, à ce que Richepin appelle la gueulée
-populacière, une langue hybride, bâtarde, assez écoeurante, et il en est
-une pire encore, celle dont Alfred Delvau s'est constitué hardiment le
-lexicographe dans son _Dictionnaire de la langue verte_, puis dans son
-_Dictionnaire érotique moderne_. Nos pères avaient déjà, pour désigner
-ces bonnes filles dont le métier est de faire plaisir aux hommes, un
-nombre plus que suffisant d'appellations désobligeantes: carogne, catau,
-catin, coureuse, créature, donzelle, drôlesse, gueuse, gourgandine,
-poupée, putain; comme nous sommes plus riches! nous avons: allumeuse,
-baladeuse, blanchisseuse de tuyaux de pipes, bouchère en chambre,
-chahuteuse, chameau, chausson, crevette, éponge, gadoue, gaupe, gibier
-de Saint-Lazare, gonzesse, gouge, gouine, grenouille, loupeuse, marmite,
-menesse, morue, omnibus, paillasse, peau, pierreuse, punaise, rouchie,
-rouleuse, rulière, sangsue, taupe, tireuse de vinaigre, tocandine,
-toupie, traînée, vache, vadrouille ou vadrouilleuse, et vessie! Ce que
-peuvent être les locutions imagées où ces termes choisis entrent en
-combinaison avec d'autres de plus basse catégorie encore, on le conçoit
-sans peine. Ni l'énergie ni le pittoresque ne leur manquent; mais à part
-quelques bonnes et vertes Gauloiseries, ce vocabulaire est par trop
-ordurier. Malgré toutes les raisons qu'on peut donner en faveur du
-parler à la bonne franquette et contre la pruderie bégueule, nous
-penchons à partager l'aversion de beaucoup de gens pour ces mots que
-l'on nous dit être la langue de l'amour, et qui sentent mauvais, qui
-font sur le papier comme des taches malpropres. Nous sommes volontiers
-de l'avis de La Fontaine:
-
- L'Amour est nu, mais il n'est pas crotté.
-
-
-Paris, Avril 1885.
-
-
-
-
-DICTIONARIUM
-
-EROTICUM
-
-LATINO-GALLICUM
-
-
-
-
-A
-
-
-ABSOLVERE HOMINEM VENERI. _Cicero._ Priver un homme des marques de la
-virilité; le décharger des soins que l'on rend à Vénus; l'exempter de
-faire ses hommages à la déesse d'amour; le dispenser de servir les
-dames; mettre un frein à ses désirs amoureux; donner des bornes à ses
-galants exploits; retenir l'inclination qu'il peut avoir de faire
-service aux belles; le délier des engagements qu'il peut avoir avec la
-mère d'Amour; lui retrancher tout commerce galant. Ou, au contraire:
-rendre un homme capable de servir Vénus; le perfectionner de manière que
-ses soins soient toujours agréables; lui procurer tous les avantages
-nécessaires pour faire recevoir ses hommages; le rendre parfait dans
-l'art de faire service aux dames; le tourner de sorte qu'il plaise
-partout; lui faire prendre un air à réussir près des belles; le mettre
-en état de se rendre digne des regards de la mère d'Amour; en faire un
-joli homme, un homme consommé dans l'art de la galanterie; rendre un
-homme aimable et tout galant. Ou: absoudre un homme de tout ce que Vénus
-lui fait faire; lui pardonner tout ce qu'il entreprend en faveur de ses
-feux; excuser les fautes amoureuses d'un galant; avoir de l'indulgence
-pour les erreurs où sa passion le plonge.
-
-ACERSECOMES, _ae_, m. _Juv._ Catamite.
-
-ADDUCTRIX, _icis_, f. Conciliatrice de volontés, médiatrice[31].
-
- [31] Voyez AGABULA, LENO.
-
-(N) ADHINNIO, _is, ire_. Crier de joie en voyant une belle femme; se
-sentir vivement ému par sa présence, et ne pouvoir modérer les
-transports qu'elle excite.
-
-ADINEO, ADINIO, _is, ivi, itum, ire_. _Col._ Dormir à l'Hébraïque.
-
-ADVERSUS ET AVERSUS IMPUDICUS EST. _Cic._ A découvert ou en secret, il
-est toujours débauché; qu'on le regarde ou qu'on ne le regarde pas, il
-ne s'en livre pas moins à sa passion déréglée; qu'on puisse le savoir ou
-l'ignorer, c'est tout un pour son tempérament amoureux; qu'il soit en
-compagnie ou sans témoins, il faut que son dérèglement ait son cours;
-qu'on le voie ou non, il donne tout au plaisir de ses sens. Ou: l'une et
-l'autre Vénus le touchent également; de quelque côté qu'on le prenne, on
-n'y trouvera que débauche; s'il aime l'action, il veut bien la souffrir.
-
-AEDOEICA ULCERA, n. Chancres aux parties naturelles.
-
-AEDOEICON, _i_, n. Le membre, la verge.
-
-AEDOEPALMUS, _i_, m. Priapisme, érection continuelle; maladie qui cause
-une tension du v.. douloureuse et continue[32].
-
- [32] Une tension douloureuse et continue dans la partie reproductive
- de l'espèce humaine.
-
-AFFERRE CONSECUTIONEM VOLUPTATIS. _Cic._ Faire jouir de ses amours;
-procurer le plaisir de la jouissance; mettre en possession de l'objet de
-ses voeux; faire venir le moment heureux en amour; donner la facilité
-d'exécuter ses desseins galants; faire naître l'occasion de satisfaire
-ses désirs amoureux; mettre un amant au comble de la joie; faire
-apercevoir que l'heure du berger sonne; mettre en état de donner dans le
-but des amants; rendre un amant heureux; fournir les moyens de se
-divertir.
-
-AGABULA, _ae_, m. f. Maquereau; maquerelle.
-
-AGAGULA, _ae_, m. f. Maquereau; maquerelle.
-
-AGAGULO, _onis_, m. Maquereau.
-
-AGERE LENONEM. _Cic._ Faire le métier de pourvoyeur de Vénus; se mêler
-d'appareiller des amants; travailler à concilier les volontés en amour;
-s'appliquer à l'union des amants; donner ses soins à rendre mutuelles
-les inclinations amoureuses; être agent de change en amour; s'attacher à
-rendre les amants contents; s'employer à faire réussir les passions
-galantes; faire l'office d'appareilleur d'amour; faciliter les approches
-intimes des amants; être conciliateur en amour.
-
-AGITO, _are_. _Hor._ Se prend aussi pour faire l'action que demande une
-passion qui fait le plaisir et la peine de la plupart des hommes.
-
-AGNEON, _i_, n. Bordel, lieu où l'on trouve des filles de commodité; par
-antiphrase, bon lieu[33].
-
- [33] Ou, plutôt, mauvais lieu que le plaisir n'habite jamais, et où le
- mal habite toujours.
-
-(N) AGO, _is, egi, actum, agere_. Agir; est le contraire de _pati_;
-souffrir les agissants. C'est jouer avec ardeur au jeu d'amour. Il est
-du style Sodomitique.
-
-AGULA, _ae_, f. Appareilleuse, maquerelle.
-
-ALECTRA, _ae_, f. Celle qui ne laisse pas de prendre les plaisirs de
-l'amour, bien qu'elle soit sans mari; celle qui se console galamment de
-la solitude du célibat ou de la viduité; celle qui se sert du remède
-propre à guérir les chagrins où le célibat et le veuvage peuvent
-plonger[34].
-
- [34] Épicurienne qui laisse à qui les veut les peines et les tourments
- du mariage, mais qui s'en procure les plaisirs.
-
-ALICARIAE, _arum_, f. _Plaut._ Filles de joie qui se tenaient devant les
-boutiques des vendeurs de fromentée, attendant aventure.
-
-ALIENUS EST DIU VENERIS USUS EO QUI CONVALUIT. _Cels._ Celui qui relève
-de maladie se doit interdire pour un temps l'usage de Vénus; les délices
-de l'amour sont un mets dont les convalescents ne doivent point goûter;
-au sortir d'une maladie, on doit être dispensé pour quelque temps du
-service des belles; les plaisirs de l'amour ne sont point faits pour un
-convalescent; il ne sied point du tout de faire le galant tant qu'on a
-besoin de reprendre des forces; vouloir faire l'amour pendant une
-convalescence, c'est chercher entre les bras de Vénus une rechute[35].
-
- [35] Ou même la mort. Les vieillards sont comme les convalescents:
- l'usage des plaisirs amoureux les tue ou les rend imbéciles.
-
-ALILARIA, _ae_, f. Garce suivant la Cour, putain de Cour[36].
-
- [36] Comme les gens de Cour sont au-dessus des préjugés, c'est pour
- cela qu'elles y abondent.
-
-ALLUDERE AD SCORTUM. _Ter._ Se jouer à une courtisane[37].
-
- [37] Badiner, folâtrer avec une fille de joie.
-
-(N) ALUTA, _ae_, f. Peau inutile; boyau sans ressort et propre à être
-livré au mégissier. _Aluta Priami_: vieil outil qui ne peut plus servir
-qu'à exciter les sarcasmes des jeunes filles. Instrument fêté dans sa
-jeunesse, et méprisé, comme tant d'autres choses, lorsqu'il se trouve
-usé par le service ou la vieillesse.
-
-AMASCUS, _i_, m. _Plaut._ V. AMASIUS.
-
-AMASIA, _ae_, f. _Gell._ Celle qui aime, ou qui est aimée, maîtresse.
-Ou: femme galante[38].
-
- [38] Bonne amie à qui il ne manque que le contrat matrimonial pour
- être une femme parfaite.
-
-AMASIO, _onis_, m. _Apul._ V. AMASIUS.
-
-AMASIOLA, _ae_, f. Une petite maîtresse, une jeune enfant qu'on aime.
-
-AMASIOLUS, AMASIUNCULUS, _i_, m. _Petr._ Un jeune amoureux, un petit
-galant. Ou: un petit favori, un jeune mignon.
-
-AMASIUS, _ii_, m. _Plaut._ Un amoureux, un galant, le berger d'une
-bergère, l'amant d'une belle. Ou: celui qui est porté à l'amour, qui est
-enclin aux plaisirs de Vénus. Ou: un favori, un mignon, celui qui
-souffre les caprices amoureux d'une passion déréglée.
-
-AMATIO, _onis_, f. _Plaut._ Amourachement, amourette; attachement
-galant, inclination amoureuse.
-
-AMATOR, _oris_, m. _Ter._ Un amoureux, un galant, un passionné, un
-amant[39].
-
- [39] En Français, le mot _amateur_ équivaut à libertin: un friand de
- jeunes tendrons.
-
-AMATORCULUS, _i_, m. _Plaut._ Diminutif d'_amator_.
-
-AMATORIA VOLUPTATE FRUI. _Cic._ Goûter les plus parfaites douceurs de
-l'amour; jouir des plaisirs amoureux; satisfaire ses amoureux désirs;
-s'enivrer des délices de l'amour.
-
-AMATRICULA, _ae_, f. V. AMASIOLA.
-
-AMATRIX, _icis_, f. _Plaut._ Amante, amoureuse, bergère, maîtresse.
-
-AMATUS, _us_, m. Ce qu'on aime, objet aimé, ses amours, son inclination.
-
-AMBULARE IN MASCULOS. _Sen._ Donner dans ses amours l'exclusion au beau
-sexe; prendre un sexe pour l'autre dans ses divertissements amoureux;
-faire un affront aux femmes et à la nature; se méprendre au sexe dans
-ses amours; aimer ses pareils avec dérèglement.
-
-(N) AMICUS LAEVIS vel LEVIS. Ami jeune et sans barbe, qui chez les
-Anciens tenait lieu d'une amie et en faisait les fonctions.
-
-AMISSI CORPORIS DAMNUM. _Phaed._ Le dommage que cause la perte de la
-virilité, la perte de ce qui nous distingue et qui nous fait aimer des
-femmes.
-
-(N) AMOR, _is_, m. L'Amour, le fils de Vénus; la passion d'aimer. Cette
-passion n'est point obscène par elle-même, mais l'abus de l'amour le
-devient. _Amor Socraticus_: l'amour Socratique, quoique portant le nom
-d'un sage, doit être proscrit de la bonne compagnie et relégué dans les
-collèges, les séminaires, les couvents et dans toutes les sociétés
-composées d'hommes qui connaissent trop ou trop peu les femmes. La bonne
-philosophie n'est point de contrarier la nature. L'amour Platonique est
-au moins fondé sur la délicatesse, mais les femmes commencent à
-l'abjurer comme inutile et ridicule.
-
-AMPHICAUSTIS, _is_, f. (dans les comiques). La partie sans laquelle les
-femmes seraient bien malheureuses.
-
-AMPHIDAEUM, _i_, n. Les lèvres rebordées de la bouche inférieure, qui
-engloutit la plus pure substance des hommes.
-
-(N) AMPLEXUS, _us_, m. Étreinte amoureuse, embrassement, baiser.
-
-ANAGRIPH, ind. Le plaisir amoureux pris avec une fille, ou avec une
-veuve.
-
-ANAITIS, _idis_, f. Vénus Assyrienne, dans les temples de laquelle les
-filles des meilleures maisons tiraient gloire d'avoir gagné leur mariage
-en satisfaisant les désirs amoureux de tous ceux qui se présentaient, et
-après ce galant noviciat trouvaient à se marier plus avantageusement, vu
-leur grande expérience[40].
-
- [40] Si les divinités des Assyriens avoient des temples en France, nos
- jeunes filles n'auraient pas les pâles couleurs.
-
-ANAPHLASMUS, _i_, m. Le plaisir amoureux.
-
-ANAPHLYSTIUM, _ii_, n. Le mariage solitaire, le combat de cinq contre
-un.
-
-ANAPHLYSTIUS, _ii_, m. Qui trouve une femme dans sa main.
-
-ANAPHRODISIA, _ae_, f. Apathie de la nature, insensibilité pour les
-plaisirs de l'amour[41].
-
- [41] Mort anticipée.
-
-ANAPHRODISUS, _a, um_. Qui est insensible aux plaisirs de Vénus; qui est
-dans l'indolence à l'égard de l'amour; qui n'a aucun goût pour les
-douceurs amoureuses; que les charmes de Vénus n'attirent point; qui
-n'est ému d'aucuns désirs pour la beauté; que les délices de l'amour ne
-tentent pas; qui n'est point touché des attraits de Vénus; qui n'a
-aucune pente aux divertissements amoureux; qui ne se sent point;
-insensible aux traits de l'Amour; sur qui les appas de Vénus ne font
-point d'effet.
-
-ANCUBA, _ae_, f. Succube, qui est introduite dessous.
-
-ANCYRA, _ae_, f. V. MENTULA.
-
-ANDROGENIA, _ae_, f. L'union des corps qui perpétue le genre humain; la
-liaison des deux sexes pour la propagation des hommes; le mélange des
-corps et des esprits pour reproduire son semblable; ce qui donne
-naissance à l'amour et ensuite aux hommes.
-
-ANDROGENUS, _a, um_. Qui s'étudie à la reproduction; qui prend soin de
-la propagation humaine; qui fait ce qu'il peut pour perpétuer le genre
-humain; qui travaille à se faire des successeurs; qui s'emploie à se
-donner une postérité.
-
-(N) ANDROGYNUS, _i_, m. Androgyne. On appelle de ce nom l'être qui
-réunit les deux sexes. Deux androgynes parfaits équivaudraient à quatre
-personnes ordinaires; mais comme la Nature les crée presque tous
-imparfaits, douze androgynes ne valent ni un homme ni une femme.
-
-ANDROPHYTIDES, _is_, _omn. gen._ Qui est propre à donner des habitants à
-sa patrie; qui a tous les talents nécessaires pour peupler le monde; à
-qui rien ne manque pour fournir des sujets à l'État; qui ne laissera pas
-périr la race des hommes par sa faute; qui est en état de travailler à
-la propagation du genre humain.
-
-ANDROSATHUS, _i_, m. Que l'Amour a libéralement fourni; avantageusement
-pourvu des dons de l'Amour[42]; qui a de grandes parties pour Vénus; à
-qui l'Amour a fait présent d'un sceptre magnifique; qui est avantagé de
-la nature en faveur des dames; qui a un grand talent pour persuader en
-amour; un substitut du dieu des jardins; un second Zagachrist. V.
-MENTULATUS.
-
- [42] Qui a de grands moyens de plaire au beau sexe.
-
-(N) ANHELO, _as, are_. _Juv._ Montrer toute sa vigueur et se mettre hors
-d'haleine; être sur le grabat pour avoir trop travaillé.
-
-ANITERGIUM, _ii_, n. Mouchoir de commodité, torchecul[43].
-
- [43] Si ce mot n'est pas propre, au moins il est expressif.
-
-ANO FASCINUM INSERERE. _Petr._ Introduire un suppositoire vivant.
-
-ANTILLO, _as, are_. V. SCORTOR.
-
-ANULARE, _is_, n. La bague que l'on court en amour; l'anneau que l'amour
-cherche à mettre à son doigt[44].
-
- [44] Et qui est propre à tous les hommes.
-
-ANXITIA, _ae_, f. Fille de joie, garce[45].
-
- [45] Coquine.
-
-APHRODISIA, _orum_, n. _Plaut._ Les plaisirs de Vénus, les jeux où Vénus
-engage les amants, les combats amoureux, les victoires amoureuses, les
-exercices d'amour.
-
-APHRODISIAS, _adis_, f. Ile dans le golfe Persique, où Vénus était
-servie de la manière la plus tendre et la plus vigoureuse.
-
-APHRODISIASMUS, _i_, m. Le service de Vénus; l'usage des contentements
-que Vénus peut procurer; le doux emploi auquel la mère d'Amour destine
-les amants; le devoir amoureux.
-
-APHRODISIUM, _ii_, n. Les délices où Vénus invite; le plaisir sans
-lequel on ne verrait point d'amants; les douceurs qu'offre la mère
-d'Amour pour payer les maux que son fils fait souffrir.
-
-APHRODISIUS, _a, um_. Qui est tout à Vénus; qui s'est voué tout entier à
-la mère d'Amour.
-
-APHRODITARIUM, _ii_, n. Médicament propre au service de Vénus.
-
-APOCOPUS, _i_, m. Eunuque; homme qui a souffert un retranchement
-considérable; personnage de mauvais augure pour les dames; inhabile ou
-impuissant; celui dont les forces ne lui permettent pas de servir sous
-les enseignes d'Amour; auquel il n'est pas permis de lever l'étendard
-amoureux; qui est dans l'impuissance de combattre amoureusement[46].
-
- [46] Dont le lit est un lit de repos.
-
-APORAPHANIDOSIS, _is_, f. Peine des pauvres surpris en adultère à
-Athènes, auxquels on fourrait un navet dans le cul après leur en avoir
-arraché les poils; d'où est venu le proverbe: _Drôle à la fesse
-tondue_[47].
-
- [47] Le code criminel d'Athènes méritait aussi d'être réformé.
-
-AQUACULO, _as, are_. Maquereller, faire le maquerellage. V. AGERE
-LENONEM.
-
-AQUARIOLUS, _i_, m. _Cic._ AQUARIUS, _ii_, m. _Juv._ Maquereau,
-pourvoyeur d'amour[48]. Ou (_Apul._): cocu volontaire, mari commode. Ou
-(_Fest._): suppôt de bordel, souteneur, mangeur de blanc.
-
- [48] Voy. BALLIO.
-
-AQUATICULUS, _i_, m. Le bas du ventre; l'endroit où sont les parties
-destinées à la génération, qui, par l'abondance d'une chaleur humide qui
-y règne, se couvre de poils; le pénil; la motte[49].
-
- [49] L'aqueduc d'amour.
-
-ARARE FUNDUM ALIENUM. _Plaut._ Cultiver le champ d'autrui; travailler à
-la tâche d'un autre; mettre en oeuvre le fonds de son voisin; prendre
-soin des plaisirs de la femme de quelqu'un; se divertir aux dépens des
-maris.
-
-ARCUM TENDERE. _Apul._ Se mettre en état de servir les belles; être en
-amour sous les armes; se tenir prêt pour le combat amoureux; se disposer
-à l'attaque amoureuse; diriger son intention au service des dames.
-
-ARDERE FELICITER. _Ovid._ Être heureux en amour; avoir du bonheur dans
-ses amours; être vu de bon oeil par les dames; être bien reçu des
-belles; être favorisé du beau sexe; ne point soupirer à crédit; ne
-s'enflammer jamais seul; ne point brûler d'une passion infructueuse;
-être homme à bonne fortune.
-
-ARGA, _ae_, f. Le vase amoureux.
-
-ARGENTARIAE ELECEBRAE. _Fest._ Filles de joie.
-
-ARIETINO, _as, are_. Beliner.
-
-(N) ARMA VIRILIA. Les armes propres à la joute amoureuse.
-
-ARRHENOCOETES, _ae_, m. Pédéraste, adonné à l'amour des mâles,
-bougre[50], Sodomite[51].
-
- [50] Bulgare.
-
- [51] Hérétique en amour.
-
-ARRIDET FORTUNAE HORA. _Petr._ Voici l'heure du berger; berger, ton
-heure sonne; le moment heureux est venu.
-
-ARRIGERE AD VETULAS. _Mart._ Être fort galant près des vieilles; ne pas
-mépriser les vieilles amoureuses[52].
-
- [52] Heureux qui peut ainsi faire, car les jeunes doivent bien trouver
- leur compte avec un tel homme.
-
- Le mot _arrigere_ s'emploie presque toujours avec un autre mot qui
- détermine le genre d'action qu'il exprime. En langage lubrique, cela
- veut dire: avoir la lance en arrêt pour attaquer les jeunes filles
- et les jolies femmes. _Arrigere in aliquam_: avoir une intention,
- des désirs de préférence pour une dame. _Arrigis? en propera_, dit
- Pétrone à une jeune fille qui n'osait pas profiter d'une bonne
- occasion.
-
-ARSENOCOETA, _ae_, m. V. ARRHENOCOETES.
-
-ARSENOTHETA, _ae_, m. Corrupteur de jeunes garçons[53].
-
- [53] Homme dangereux, qui ne fait rien qu'à rebours du bon sens.
-
-ARTICULOS OMNES COMMODITATIS & SCIRE. _Plaut._ Connaître l'heure du
-berger[54].
-
- [54] Deviner le moment de la faiblesse des dames.
-
-(N) ARVA CONSERERE MULIEBRIA. Ensemencer les champs d'amour; rendre une
-femme fertile.
-
-ARVUM GENITALE. _Virg._ ARVUM MULIEBRE. _Lucr._ Le champ que l'amour
-fait cultiver; le jardin de Vénus; la patrie commune de tous les hommes;
-le pays natal; le lieu de la naissance.
-
-ASINIS (AB) AD BOVES TRANSIRE. _Plaut._ Quitter la mandille pour devenir
-fermier général; passer du régiment de l'arc-en-ciel dans la brigade de
-la fortune; parvenir d'une condition médiocre à une fortune
-considérable.
-
-ASOTIUM, _ii_, n. Endroit où l'on se divertit; lieu de plaisir; maison
-de divertissement; maison libre; maison de liberté; maison où l'on se
-réjouit.
-
-ASSILIO, _is, lii, lui, ultum, ire_. _Col._ Saillir; couvrir; faire
-l'action naturelle; sauter sur les quatre quartiers[55].
-
- [55] Cela se dit plutôt des animaux que des hommes.
-
-ASTYANASSA, _ae_, f. La suivante d'Hélène, qui composa un livre des
-différentes manières d'androgyniser: ce que Philénis et Éléphantine
-imitèrent depuis; et, de nos jours, Louise Sigée de Tolède, dame
-Espagnole, et le magnifique Molza, Florentin.
-
-ATAURUS, _a, um_. Qui n'a point encore fait l'exercice de Vénus[56].
-
- [56] Novice qui ne connaît rien aux plaisirs de l'amour.
-
-ATHYR, ATHYRI, ind. L'antre des Nymphes; la fontaine où l'on porte
-l'eau; la boutique où l'Amour fait travailler en peau.
-
-ATTENUATUS AMORE. _Ovid._ Atténué par les fatigues de l'exercice
-amoureux.
-
-ATTRECTARE UXOREM ALICUJUS. _Cic._ Manier, patiner, tâtonner la femme de
-quelqu'un[57].
-
- [57] La caresser.
-
-AVERSA VENUS. _Jul. Cap._ Amour désordonné, dérèglement en amour; injure
-faite à Vénus et aux belles; la Vénus antistrophe; l'art subtil.
-
-
-
-
-B
-
-
-BABALUM, _i_, n. La pique du dieu gardien des jardins; le sceptre de
-Cupidon.
-
-(N) BACCHANALIA. Bacchanales, ou les fêtes en l'honneur de Bacchus, dieu
-de la vendange. D'abord elles furent décentes, mais elles offrirent
-ensuite tous les désordres de la débauche la plus crapuleuse. On portait
-en procession des membres virils couronnés par des matrones
-respectables. Les Bacchantes couraient les rues toutes nues. Aujourd'hui
-il n'y a de Bacchanales que dans de petits appartements consacrés à
-cela, et ces fêtes se nomment, comme autrefois, orgies.
-
-BADAS, _ae_, m. Qui se laisse métamorphoser en fille; qu'on emploie pour
-fille[58].
-
- [58] Par une erreur bien volontaire.
-
-BAETA, _ae_, m. Qui se laisse prendre pour une jolie fille, et qu'on
-traite de même.
-
-BALANUS, _i_, m. Le gland qu'on offre à Vénus; la tête du dieu Priape.
-
-BALLIO, _onis_. _Cic._ Conciliateur d'amourettes; pourvoyeur
-d'amour[59].
-
- [59] Négociant en jeunes filles.
-
-(N) BALNEA, _eorum_. Bains publics, endroits de rendez-vous et
-préparatoires à la prostitution. Les Romains y allaient pour examiner
-les hommes nus, et choisir en quelque sorte les jeunes gens les plus
-propres à contenter leur goût singulier pour le péché contre nature. On
-dit que, dans plusieurs de ces endroits, les hommes et les femmes se
-baignaient pêle-mêle. Véritablement, les Romains ont poussé très loin ce
-genre de mollesse, qui se retrouve en Asie.
-
-(N) BAPTAE, _arum_, m. Prêtres de Cotytto, dont il sera parlé plus bas.
-C'étaient de francs vauriens et les plus débauchés des hommes. De tous
-temps les prêtres ont été libertins plus ou moins ouvertement.
-
-(N) BASIATIO, _onis_, f. Baiser, l'action d'embrasser. Voy. OSCULUM.
-
-(N) BASIO, _as, are_. Baiser, donner des baisers, embrasser.
-
-BASSARA, _ae_, f. Fille de joie, courtisane.
-
-BATALUM, _i_, n. BATALUS, _i_, m. Le batail, ou le battant de la cloche
-amoureuse.
-
-BATALUS, _i_, m. Qui souffre qu'on le fasse servir de femme; qui laisse
-exiger de lui le plaisir que les femmes seules devraient donner. Ou:
-Voy. PODEX.
-
-BETA, _ae_, f. Voy. BAETA.
-
-BILBIL, _ind._ BILBIS, _idis_, f. _Fest._ BILLIS, _is_, f. Le lait
-d'amour répandu à terre[60].
-
- [60] Esprit-de-vin évaporé contre l'intention de la Nature.
-
-(N) BONA DEA. Cérès, ou la Bonne Déesse. Ses mystères, inconnus aux
-historiens et aux mythologistes, ne l'étaient pas à Juvénal. Si on l'en
-croit, il s'y passait de son temps des choses qui offensent rudement la
-pudeur. Cérès était la déesse de la terre et de la fécondité; une de ses
-fêtes avait lieu au mois de Mai, si célèbre par la révolution qui se
-fait dans la nature, qu'une chaleur nouvelle semble vivifier alors et
-rappeler aux actes d'une régénération entière. Ce que dit Juvénal de la
-licence de ces fêtes fait croire que, quoique dans les premiers temps de
-leur institution à Rome elles eussent été chastes, néanmoins, par
-analogie avec les propriétés du mois de Mai, il s'y serait introduit des
-mystères très opposés à leur première institution. Les prêtres de tous
-les pays ont le talent de régénérer, par des institutions commodes, la
-religion lorsqu'elle se perd. Les mystères d'Isis, de Vénus, de Bacchus,
-de Priape, n'étaient guère plus chastes. Clodius, à Rome, tenta le
-premier de violer les mystères de la Bonne Déesse, qui se célébraient à
-huis clos entre femmes, et, sous un déguisement féminin, s'introduisit
-dans la maison de César pour mieux jouir de Pompeia, qu'il aimait.
-Pompeia était la femme de César: elle ne pouvait mieux se venger de ses
-infidélités qu'avec ce Clodius, l'un des plus beaux chevaliers de son
-temps.
-
-Voy. Juvénal, sat. 6e, vers 313 et suiv.; Apulée, au liv. 8e de ses
-_Transformations_.
-
-BIPENNA, _ae_, f. L'instrument avec lequel l'Amour taille sa besogne.
-
-BUBALIUM, _ii_, n. La bague qu'on court dans l'académie amoureuse.
-
-BUCHEIS, _idis_, f. Palma Christi, plante merveilleuse pour les
-exercices d'amour. Elle croît en Syrie[61].
-
- [61] Rien n'est plus dangereux que ces remèdes aphrodisiaques. Ils
- conduisent à l'impuissance par le plus court chemin.
-
-
-
-
-C
-
-
-CADERE CREBRO. _Plaut._ Tomber souvent sur les bras d'une aimable
-ennemie[62].
-
- [62] C'est un plaisir qu'on n'a pas toujours le pouvoir de se procurer
- et qui n'en est que plus piquant lorsqu'on l'éprouve.
-
-CADURCA, _orum_, n. Les bords de la fontaine d'amour; les lèvres de la
-bouche amoureuse; ce qu'on appelle, aux vieilles, les babines.
-
-CADURCUM, _i_, n. Le cabinet de Vénus, la loge amoureuse[63].
-
- [63] La chambrette des délices.
-
-CAPULUS, _i_, m. _Priap._ Le manche amoureux; la poignée d'amour.
-
-CARUNCULA, _ae_, f. Carnosité; excroissance de chair; chair glanduleuse
-et spongieuse; caroncule, dont quatre forment une barricade au devant du
-chemin couvert de la forteresse d'amour. Palissade sur laquelle niche
-quelquefois cet oiseau rare qu'on appelle aux Indes oiseau de Paradis,
-et en France pucelage.
-
-CASALBADIUM, _ii_, n. _Petr._ Fille de commodité, fille de joie.
-
-CASALVIUM, _ii_, n. Lieu, à Athènes, où l'on pouvait se fournir de
-filles commodes.
-
-CASAURA, _ae_, f. Fille commode.
-
-CASAURIUM, _ii_, n. Bordel, lieu de plaisir.
-
-CASTRA CUPIDINIS. _Ovid._ Le camp de l'amour; le poste amoureux.
-
-(N) CASTRO, _as, are_. Ôter le sexe à un homme; le rendre neutre,
-inhabile à la génération; le priver de ce qui attire les dames, de ce
-lien qui joint un sexe à l'autre et des deux n'en fait qu'un. _Eunucho
-committere juvenem_ exprime la même chose que _castrare_.
-
-CATADACTYLIUM, _ii_, n. La bague puérile, que courent certaines gens
-d'un goût extraordinaire.
-
-(N) CATAMITUS, _i_, m. Favori de Jupiter, Ganymède; jeune garçon
-substituant les filles. Notre mot Français _chattemite_, que l'on
-interprète par ceux-ci: _patelin_, _rusé_, _hypocrite_, n'aurait-il pas
-aussi quelque analogie avec celui-ci? Voy. CONCUBINUS, PULLUS.
-
-CATAPYGOS, _i_, m. Qui recherche la Vénus antistrophe. Ou: le doigt du
-milieu auquel on met quelquefois une bague, mais qui n'en porte
-jamais[64].
-
- [64] Des religieux Asiatiques, par esprit de pénitence, se mettent au
- gland un anneau assez lourd pour empêcher l'effet des désirs
- charnels.
-
-CATAPYGOSINE, _es_, f. L'amour de Vénus antistrophe, l'exercice de l'art
-subtil; la passion à laquelle les auteurs orientaux disent que la femme
-de Loth s'était soumise.
-
-(N) CATIA MATRONA. Femme qui s'habille à la manière des courtisanes, qui
-savent faire valoir tous leurs avantages corporels; femme leste,
-élégante.
-
-CAUDA, _ae_, f. _Hor._ Ce qu'on appelle la queue dans les animaux qui
-n'en ont point.
-
-CAULIS, _is_, m. CAULOS, _i_, m. La tige du genre animal.
-
-(N) CELLA, _ae_, f. La cellule des prêtresses de Vénus; la petite alcôve
-où elles se retirent pour sacrifier à l'amour dans un lieu de
-prostitution.
-
-CERCOLIPA, _ae_, m. _Catull._ Voy. PENIS.
-
-(N) CEVEO, _es, cevi, cevere_. _Juv._ Il a la même acception que le mot
-_crissare, crisso_, cité plus bas. Cependant le verbe _cevere_ désigne
-plus spécialement le mouvement des hommes pendant le plaisir à la
-Grecque: _Ego te ceventem, Sexte, verebor._ _Juvenalis._
-
-CHALAMYDES, _dum_, f. Celles qui, par humilité, veulent bien prendre sur
-elles le fardeau du genre humain.
-
-(N) CHALCIDISSO, _as, are_. Mot tiré du Grec, qui exprime un genre de
-fantaisie érotique qui consiste à se faire lécher ou sucer les parties
-naturelles par des enfants. Les anciens habitants de la Chalcide
-chérissaient cette singulière volupté.
-
-CHELIDON, _onis_, f. La caverne de Vénus; le gouffre où se précipitent
-la plupart des hommes.
-
-CHIA, _ae_, f. _Mart._ (_Subaud._ FICUS). La figue que les Ganymèdes
-donnent à entamer, que Martial dit être d'un goût piquant et qui excite:
-au lieu que, dans les femmes, il dit qu'elle est fade et insipide, et la
-nomme _marisca_, et prétend que c'est un second c...
-
-CHOEROS, _i_, m. La bauge où se vautrent les hommes les plus propres; le
-bourbier où presque tous les hommes se plongent.
-
-CHRYSION, _ii_, n. Le Priape enfantin, une courte, une guigi, une
-margot.
-
-(N) CICINNIA, _ae_, f. La patronne des mignons ou Ganymèdes.
-
-CIDARIUS, _ii_, m. Pédéraste; qui aime les jeunes garçons.
-
-CILLO, _onis_, m. _Sext. Pomp. Ict._ Qui se laisse assujettir à
-l'ouvrage dont les femmes sont jalouses; qui usurpe l'emploi des femmes
-dans la République d'Amour; qui souffre les caresses qui ne sont dues
-qu'aux femmes[65].
-
- [65] Et mérite par conséquent leur juste indignation.
-
-CINAEDIA, _ae_, f. CINAEDIUM, _ii_, n. La patience à se laisser
-métamorphoser en femme.
-
-CINAEDOLOGUS, _i_, m. Qui s'entretient de ce que les Italiens appellent
-l'art subtil; qui parle de l'amour déréglé pour les jeunes garçons.
-
-CINAEDOLOGI, _orum_, m. Vers qui traitent de l'art subtil des Italiens.
-
-CINAEDUS, _i_, m. _Catull._ Jeune garçon qui se livre à toutes les
-caresses que l'on veut lui faire[66].
-
- [66] Octave, qui depuis fut appelé Auguste, passe pour avoir joué ce
- rôle auprès de César, qui, par reconnaissance, l'adopta. Les
- Romains, avant que d'être abrutis par l'esclavage, lui firent un
- jour sentir qu'ils savaient bien qu'il devait le trône à cette
- complaisance, et applaudirent devant lui à ce vers d'une comédie que
- l'on jouait:
-
- _Videsne ut cinaedus orbem digito temperet?_
-
- Ce goût paraît être celui des grands rois, et c'est peut-être pour
- cela que le grand Frédéric en était entiché de nos jours.
-
-CIPUS, _i_, m. Le terrain où se plante le piquet amoureux.
-
-CISTUS, _i_, m. _Plin._ La corbeille féminine; le panier où l'Amour met
-ses oeufs[67].
-
- [67] Heureux qui les casse!
-
-CLAVUS CUPIDINIS. _Plaut._ Le clou de Cupidon, qui entre par la
-tête[68].
-
- [68] Le passe-partout du jardin de Cypris.
-
-(N) CLAZOMENAE, _arum_, f. Les fesses: la partie chérie des hérétiques
-en amour. Comme les habitants de la ville Grecque nommée Clazomène
-étaient fort amateurs en ce genre, le nom de la ville est resté à
-l'objet de leur amour. C'est comme nous appliquons le nom de _Normand_ à
-quelqu'un que nous jugeons fin et cauteleux.
-
-CLINOPALE, _es_. _Suet._ L'exercice de la couchette; les tours de lit;
-la lutte amoureuse sur un lit, de peur de se blesser en tombant[69].
-
- [69] Les gens à tempérament regardent cet exercice comme aussi
- nécessaire que celui de boire et de manger; et souvent ils ne
- considèrent les femmes que comme un meuble de ménage. Cette idée
- n'est point galante: en conséquence, il faut que les femmes fassent
- payer à ces gens-là leur utilité.
-
-CLITORIAZO, _is, ire_. Clitoriser, se chatouiller le clitoris avec le
-bout du doigt pour se faire rire; ou faire cette action sur une personne
-dans la même intention. Badiner à l'endroit sensible; se jouer à la
-partie chatouilleuse; folâtrer du bout du doigt avec le loquet du
-cabinet d'amour[70].
-
- [70] Gratter à la porte du palais d'amour.
-
-CLITORIS, _is_, f. CLITORIUM, _ii_, n. Le clitoris, petit corps très
-sensible au haut de la partie naturelle de la femme; il a la figure du
-membre de l'homme. Le loquet du cabinet d'amour; le Priape féminin.
-
-(N) CLIVUS, _i_, m. La double colline qui se trouve au bas du dos. Voy.
-CLUNES.
-
-(N) CLUNES, _ium_, f. _Clunes agitare, movere._ _Priap._ S'agiter, se
-remuer pendant le plaisir amoureux; faire sauter son homme. Ce qui suit
-s'applique aux non-conformistes comme aux femmes: _clunibus fluctuare
-crispatis_.
-
-COA, _ae_, f. Femme qui boit bien, et qui ne refuse pas d'autres
-plaisirs[71].
-
- [71] _Venus Coa_: femme débauchée, libertine à table. _In triclinio
- Coa, in cubiculo Nola._
-
-COEO, _is, ivi, itum, ire_. _Ovid._ Se choquer amoureusement; unir les
-corps comme les coeurs; s'exercer au combat amoureux; faire l'action;
-faire en compagnie le voyage amoureux.
-
-(N) COETUS, _us_, m. L'union charnelle des corps, légitime lorsque des
-contrats l'ont sanctionnée; illégitime quand elle tient à la convention
-du moment ou à la volonté passagère de deux individus. _Coitus_ et
-_concubitus_ lui sont synonymes.
-
-COIRE FURTIM. _Ovid._ Dérober la connaissance d'un duel amoureux;
-prendre à la dérobée le plaisir, qui est plus doux quand on le
-dérobe[72].
-
- [72] Si toutefois on dérobe un plaisir consenti par les deux personnes
- intéressées à ce plaisir.
-
-COGNOSCO, _is, ovi, itum, ere_. _Ovid._ Connaître de la manière la plus
-intime et la plus sensible, et par celui de tous les sens qui fait le
-plus de plaisir[73].
-
- [73] Connaître est alors synonyme avec posséder et jouir.
-
-COGNOSCERE AMORES SUOS. _Ovid._ Jouir de ses amours; connaître
-actuellement quel est le plaisir qu'on peut tirer de ce qu'on aime.
-
-COLEATUS, _a, um_. _Pomp. Ict._ Qui a des témoins pour prouver son droit
-en amour.
-
-COLEATA CUSPIS. _Pomp. Ict._ L'aiguille de l'horloge d'amour et ses
-contrepoids; le dard, ou la flèche de Cupidon garnie de ses pennes.
-
-COLEPHIUM, _ii_, n. Pain qui avait la figure de ce que, par excellence,
-l'on appelle le membre[74].
-
- [74] _Coliphia_: c'était le pain dont se nourrissaient les athlètes.
- On croit qu'il était de même sorte que la béquille du Père Barnaba,
- et qu'on y glissait de la racine de satyrion pour augmenter les
- forces dans la lutte amoureuse.
-
-COLES, _is_, m. _Cels._ La pique du dieu qui gardait les jardins; le
-dard de Cupidon, la flèche de l'Amour[75].
-
- [75] La clef de toutes les serrures féminines.
-
-COLEUS, _i_, m. _Cic._ Témoin en justice amoureuse; ce qui rend
-témoignage de la virilité; témoin de la validité d'un mariage.
-
-COLUMBOR, _ari_, dép. _Sen._ Baiser à la pigeonne; pigeonner; donner et
-recevoir des coups de langue qui n'offensent point[76].
-
- [76] Ou, par périphrase, _humida dare oscula pugnantibus linguis_.
- _Tibull._ S'embrasser de tout coeur.
-
-COLUMNA, _ae_, f. La colonne de l'architecture humaine.
-
-COMMITTERE OSCULA LINGUAE. _Ovid._ Commettre à la langue le soin de
-l'assaisonnement des baisers; faire servir la langue à rendre les
-baisers plus délicieux.
-
-COMPRESSA VIRGO. _Ter._ Fille qui a été vivement embrassée; fille qui a
-souffert les plus tendres et les plus sensibles embrassements[77].
-
- [77] _Comprimere patronam_, mettre une femme en presse.
-
-COMPRESSUS, _us_. _Ter._ L'accolade de Cupidon; une embrassade tendre,
-vive et très sensible; le plus vif de tous les embrassements[78].
-
- [78] L'étreinte la plus douce, le moment où deux corps ne font qu'un.
-
-EX COMPRESSU EJUS GRAVIDA FACTA EST. _Ter._ Cette fille est grosse de
-son fait; il a engrossé cette fille.
-
-CONCHA, _ae_, f. _Plaut._ La coquille de Vénus.
-
-CONCILIATRIX, _icis_, f. _Cic._ Conciliatrice; celle qui s'insinue dans
-les bonnes grâces, qui gagne les coeurs, ou pour soi-même, ou pour
-d'autres.
-
-CONCILIATRIX ANCILLA. _Plaut._ Une suivante qui ménage les intrigues de
-sa maîtresse; une fille qui entre dans le commerce amoureux de sa dame;
-une confidente des galanteries de sa maîtresse; l'intendante des
-plaisirs de sa dame[79].
-
- [79] Duègne qui trahit son maître pour contenter sa maîtresse, et
- _vice versa_.
-
-CONCILIUM GENITALE. _Lucr._ Conseil où l'on agite si l'on mettra un
-homme au monde; assemblée où l'on traite plaisamment de la génération de
-l'homme; accord mutuel de la nature; correspondance des natures.
-
-CONCIPERE EX ALIQUO. _Cic._ Concevoir du fait de quelqu'un; être grosse
-des oeuvres d'une personne; s'être imprimé fortement les plus vives et
-les plus sensibles expressions d'amour de quelqu'un.
-
-CONCUBINA, _ae_, f. _Cic._ Concubine; maîtresse; femme d'un homme qui
-n'est pas marié; celle à qui un homme ne s'est pas engagé pour
-toujours[80].
-
- [80] Synonymes: _concuba, concubia, succuba, pellex_.
-
-CONCUBINATUS, _us_. _Plaut._ Concubinage; habitude de plaisir amoureux
-avec une personne[81].
-
- [81] Qui n'est point sa femme par contrat notarié.
-
-CONCUBINUS, _i_, m. _Catull._ Qui a une maîtresse; qui est en habitude
-amoureuse avec une fille; qui a une concubine. Ou (_Quintil._): qui a
-une patience féminine en amour; catamite[82].
-
- [82] Ganymède. Voy. CATAMITUS, PULLUS.
-
-CONCUBITOR, _oris_, m. Qui couche avec un autre de quelque sexe que ce
-soit, ou par compagnie, ou dans la vue du plaisir.
-
-CONCUBITUS, _us_, m. _Ovid._ Les caresses du lit; la tâche des amants;
-le devoir amoureux; l'ouvrage d'amour[83].
-
- [83] _Concubitus quaerere_: désirer, rechercher le plaisir amoureux.
-
-CONCUBITUM PETERE, PATI. _Ovid._ Rechercher, souffrir les caresses du
-lit.
-
-(N) CONCUBO, _as, are_, CONCUMBO, _is, ubui, ubitum, umbere_. Coucher
-avec quelqu'un, homme ou femme: ce mot n'est obscène qu'autant que, de
-l'action très innocente de coucher deux, il résulte un plaisir qui n'est
-pas innocent.
-
-CONFICERE VIRGINEM. _Ter._ Abattre la fermeté d'une fille; avoir les
-gants d'une belle; humilier une pucelle[84].
-
- [84] Forcer la garde du palais d'Amour.
-
-CONFUTUO, _is, ere_. _Catull._ Faire de compagnie ce qu'on appelle
-f...... Ou: pondre au même nid qu'un autre[85].
-
- [85] Posséder à deux les faveurs d'une belle.
-
-CONGENUO, _as, are_. _Varr._ Serrer les genoux pour être plus ferme en
-lice.
-
-(N) CONGRESSUS, _us_, m. Combat de deux personnes sur un lit ou sur un
-canapé. _Congressio_ exprime la même chose.
-
-CONISALUS, _i_, m. Les armes de Priape.
-
-CONJUGIUM, _ii_, n. _Virg._ L'action du mariage, le devoir conjugal.
-
-CONJUGIO ALTERIUS POTIRI. _Virg._ Faire un cocu; jouir de la femme d'un
-autre; planter des cornes à quelqu'un.
-
-CONNATATIO, _onis_, f. V. CONNATIO.
-
-CONNATILIS, m. f. _le_, n. _is_, g. Qui travaille au même atelier
-amoureux; qui entre de part dans une intrigue amoureuse; qui nage en
-amour dans la même eau; qui fait société avec un autre pour un commerce
-d'amour; qui vogue en amour sur la même mer.
-
-CONNATIO, _onis_, f. _Plaut._ Course dans la même lice amoureuse;
-société en amour; jouissance par indivis; travail au même atelier
-amoureux; intrigue amoureuse partagée de concert. Ou, autrement: partage
-des faveurs d'une belle avec quelqu'un.
-
-CONNATO, _as, are_. _Plaut._ Partager un coeur avec un autre; être rival
-heureux d'un amant bien traité; cultiver amoureusement avec quelqu'un le
-même champ; travailler au même atelier d'amour, n'être pas seul qui ait
-part aux faveurs d'une belle; goûter les douceurs d'amour au même
-endroit qu'un autre; aimer sans jalousie en même lieu; être en société
-d'amour avec quelqu'un; avoir un compagnon de jouissance.
-
-CONQUINIO, _is, ire_, CONQUINISCO, _is, ere_. _Plaut._ Offrir le présent
-de Ganymède. Ou: baisser la tête et plier le corps, pour donner belle à
-l'enfilade.
-
-(N) CONSTUPRO, _as, are_. Violer, faire violence à la pudeur; vouloir
-donner par force du plaisir à des femmes qui n'en veulent pas avoir.
-
-CONSUESCERE ALICUI. _Ter._ ALIQUO ou & CUM ALIQUO. _Plaut._ Être l'un
-avec l'autre dans la dernière privauté; avoir l'un pour l'autre une
-amoureuse complaisance; se donner ensemble de telles libertés, qu'on ne
-puisse se refuser rien; être familier au dernier point avec une
-personne[86].
-
- [86] Être bien d'accord ensemble.
-
-CONSUESCERE CUM MULIERE. _Cic._ Être en intrigue avec une belle; avoir
-commerce ou des liaisons secrètes avec une personne; avoir une habitude;
-avoir une inclination; avoir une maîtresse; faire galanterie avec une
-belle.
-
-CONSUETIO, _onis_, f. _Plaut._ Commerce amoureux, galanterie; habitude
-galante; intrigue; liaison d'amour.
-
-(N) CONTUBERNIUM, _ii_, n. Cohabitation qui dégénère quelquefois en
-colibertinage, et tellement que ce mot, dans Suétone, veut dire
-_concubitus_. _Vesticontubernium_ exprime la même chose.
-
-(N) CONTUS PEDALIS _vel_ SESQUIPEDALIS. La perche d'amour. Ce mot est
-bien expliqué à l'article MENTULA.
-
-CONVENIO, _is, ire_. _Plin._ S'accorder dans le point qui fait la
-liaison la plus étroite des deux sexes; ne faire qu'un tout amoureux de
-deux moitiés séparées; en venir aux prises sous les étendards de
-l'Amour; livrer le combat amoureux; s'assembler amoureusement.
-
-COPA, _ae_, f. _Virg._ Fille de plaisir; fille de joie; fille de
-commodité; courtisane; fille commode.
-
-(N) COPULO, _as, are_. Se joindre deux à deux, corps à corps: s'unir
-étroitement; jouir amoureusement.
-
-COROLLARIUM PUERILE. _Apul._ La bague que courent certains amoureux
-dévoyés du chemin naturel; le soleil rouge-brun de Vénus antistrophe.
-
-CORONA, _ae_, f. La tête du dieu Priape.
-
-(N) COTYTTIA, _orum_, n. Les mystères de la déesse Cotytto, ou de
-l'impudicité. Cette déesse n'était ci-devant qu'une danseuse, dont
-l'extrême lubricité mérita des autels; ses prêtres s'appelaient
-_Baptae_; ils dansaient en contrefaisant les femmes, et probablement
-prenaient leur place quand ils trouvaient des amateurs. Eupolis fit une
-comédie intitulée _Baptae_: Alcibiade, le Socratique Alcibiade, s'y
-trouvant désigné, tua tout bonnement l'auteur pour l'empêcher de
-critiquer les moeurs de ses contemporains.
-
-(N) COXA, _ae_, f. La cuisse touche de bien près au temple de Vénus, et
-celui-ci est souvent désigné chez les poètes par tout ce qui l'avoisine.
-_Laufella tollit pendentis praemia coxae_ (_Juven._): cela veut dire
-qu'elle se présente de si bonne grâce au combat amoureux, qu'elle
-remporte la victoire.
-
-CRISSANS, _tis_, _omn. gen._ _Juven._ Qui remue les fesses; qui joue du
-croupion; qui tortille les fesses; qui remue le cul fort dru.
-
-CRISSATURA, _ae_, f. _Lucret._ Remuement de fesses: jeu du croupion;
-mouvement de cul fort prompt; tortillement de fesses fort dru.
-
-CRISSO, _as, are_. Remuer les fesses; faire des mouvements de fesses
-fort drus; jouer du croupion; tortiller le cul légèrement; faire des
-tortillements de cul fort prompts. Ce verbe est particulier aux femmes
-et à ceux qui en font l'office[87].
-
- [87] On croit qu'il se prend plus particulièrement pour la posture
- qu'adopte la femme quand elle se met sur l'homme pour ne pas avoir
- le dessous; alors elle s'agite beaucoup mieux, et cela donne
- l'explication du _lumbi fluctuantes_ de la 18e Priapée.
-
-(N) CROCOTULA, _ae_, f. _Movere lumbos in crocotula._ Habit léger pour
-les femmes, et couleur de safran, peut-être par allusion à quelques
-usages dans les orgies des Anciens autrement appelées fêtes nocturnes,
-mystères, etc. Habits de combat qui ne mettent que peu d'obstacles à la
-jouissance. Si l'on veut avoir des détails sur les habillements des
-femmes voluptueuses de l'Antiquité, il faut consulter l'_Errotika
-Biblion_, p. 94.
-
-(N) CRYPTA, _ae_, f. La grotte de Vénus.
-
-CTIR, ind. La fontaine des amoureux et le gazon qui l'environne[88].
-
- [88] La carte des pays bas.
-
-CUCURBITA, _ae_, f. _Plaut._ Femme galante[89].
-
- [89] Qui se livre aisément.
-
-CUCURBITARIUS, _ii_, m. Qui met en oeuvre la femme d'autrui,
-principalement celle de son seigneur de fief, ou de son maître, ou
-quelqu'une de leurs parentes.
-
-CUCURBITATIO, _onis_, f. La liberté qu'on prend de semer dans le jardin
-secret d'autrui, etc.
-
-CUCURBITO, _as, are_. Planter dans le jardin de plaisir d'autrui, et
-particulièrement de son seigneur de fief, ou de son maître; ou mettre en
-oeuvre quelqu'une de leurs parentes.
-
-CULICES PATI. Se laisser Ganymédiser.
-
-(N) CULUS, _i_, m. Visage à deux parties, autrement dit postérieur;
-objet du culte des hérétiques en amour. _Culus tritus_, autel trop
-fréquenté, où les sacrifices sont banaux. Synonymes: _pars postica,
-clunes_.
-
-CUNNAGIUM, _ii_, n. Le droit du seigneur en amour; droit de coucher, la
-première nuit des noces, avec les femmes de ses vassaux, possédé
-autrefois par les comtes chanoines de Lyon[90].
-
- [90] Tout cela est aboli, en France, avec les droits de fiefs.
-
-CUNNATUS, _a, um_. Qui est pourvu de la partie qui fait presque tout le
-mérite des femmes.
-
-CUNNILINGUS, _a, um_. _Priap._[91]. Qui lèche le plat dans lequel on
-sert le mets amoureux; lèche-c.., épithète des petits chiens des dames,
-qui, par là, deviennent souvent enragés[92].
-
- [91] _Lingua maritus_ (_Martial._)
-
- [92] Il y a des hommes qui leur envient ce nom. On dit que les chiens
- deviennent enragés à force de s'occuper de cet ouvrage: mais il faut
- l'être pour les imiter.
-
-CUNNOSUS, _a, um_. Qui loge au large les pèlerins d'amour[93].
-
- [93] Anneau trop grand pour le doigt.
-
-CUNNULUS, _i_, m. Ce qui ne se trouve que chez les petites filles, un
-conin, un conichon.
-
-CUNNUS, _i_, m.[94] _Hor._ Le conduit de l'urine féminine; le vase
-amoureux; le chemin couvert de l'amour; la coquille de Vénus; le pays
-natal du genre humain; le but où visent les amants; l'endroit, chez les
-femmes, qu'on dit, mais qu'on n'imprime pas; l'autel où l'on sacrifie à
-l'Amour; le temple de Vénus; l'objet des peines et des plaisirs des
-amants; le bel endroit; le carquois de Cupidon; la boutique où l'Amour
-fait travailler en peau; le colombier de Vénus; le point d'honneur des
-dames[95]; le centre des délices amoureuses; le champ de bataille
-d'amour; le manège des coursiers de Cupidon; la nasse où se prennent les
-anguilles amoureuses; la salle d'armes du dieu d'amour; la fontaine où
-l'on porte l'eau; le réservoir de propagation; le four qui fait lever la
-pâte; la cuve de la brasserie humaine; le marais d'amour où l'on enfonce
-jusqu'au ventre; le trébuchet amoureux; le nid de l'oiseau d'amour; le
-nord de l'aiguille amoureuse; le calendrier naturel; le puits d'amour;
-la grotte de Vénus; l'embrasure des canons de Cupidon; le mortier
-amoureux; le terroir où l'on plante l'herbe sensitive; le champ qu'on
-aime à défricher; le terrier du lapin de Vénus; l'hôtellerie des
-pèlerins amoureux; l'objet de la galanterie; le creux où l'on moule les
-hommes; le cadran qui a souvent besoin d'aiguille; la manufacture de
-Cupidon; le tronc où chacun s'empresse de mettre la pièce; le trône du
-dieu des appas; le tribunal d'amour; le clocher où Vénus fait
-carillonner; le fourreau propre à toutes lames; le chemin qui conduit au
-plaisir; le receveur des droits de la mère d'Amour; le lieu de la
-folâtrerie; le bureau de la confrérie de Vénus; le bassin où l'on met
-les offrandes amoureuses; le peloton où Vénus fiche ses épingles; le
-fourneau où l'on fixe le mercure d'amour; le camp où l'Amour fait
-planter le piquet; le plus fort des objets de la tentation; le
-manichordion de Vénus; le creuset où l'on met les hommes en fonte; le
-palais de la galanterie; la galère qu'une seule rame met en mouvement;
-la prairie des amours; le cabinet de Vénus; le jardin de plaisir; la
-lice des coursiers d'Amour; le magasin des plaisirs amoureux; la niche
-du dieu Priape; la foulerie d'Amour; l'abreuvoir des coursiers de
-Cupidon; le tire-moelle amoureux[96].
-
- [94] EPIGRAMMA JOANNIS SECUNDI
-
- _Dicite, grammatici, cur mascula nomina _cunnus_.
- Et cur foemineum _mentula_ nomen habet?
- Sic ego, sic aliquis senior de gente verenda
- Rettulit, attollens longa supercilia:
- Mentula foeminei gerit usque negotia sexus,
- Inde genus merito vindicat illa sibi;
- Indefessus agit res qui, sine fine, virorum,
- Mascula non temere nomina _cunnus_ habet._
-
- [95] Ce que les dames appellent «leur honneur», le «coeur» du
- chevalier de Boufflers.
-
- [96] La partie qui distingue spécialement le sexe féminin. Nulle femme
- sans c.., nul homme sans v... Synonymes Latins de ce bijou: _vagina,
- fossa inguinis, sulcus, arvum muliebre, genitale, hortus Cupidinis,
- pudendum muliebre, puta, selinon, prodigiosa Venus, meatum Veneris,
- feminal, virginal, radius Veneris, scrobs virginalis, barathrum
- foemineum, lanuvium, xanion, ulcus, rima, caverna, custon_.
-
- _Infelix, cui torpet hebes locus ille!..._
-
- (Ovid.)
-
-CURRUCA, _ae_, m. Celui que nous appelons improprement _cocu_, à qui sa
-femme donne un substitut[97].
-
- [97] Qui n'est pas seul possesseur de son bien.
-
-CYANISSANS, _tis_, _omn. gen._ Qui a envie de travailler naturellement;
-qui veut mettre en pratique le symbole de la fève qui a encore sa peau
-(c'est la fève de marais, symbole qui a fait dire à Pythagore: _Abstine
-a fabis_, abstenez-vous des fèves)[98].
-
- [98] Axiome rejeté par les femmes, même les plus philosophes.
-
-(N) CYBELE, _es_. f. Cybèle, la mère des Dieux, la Bonne Déesse. Ses
-mystères se célébraient dans le plus grand secret, mais il paraît que la
-chasteté et la tempérance n'y présidèrent pas toujours, quoique les
-femmes eussent été dans l'origine les seules initiées. P. Clodius fut le
-premier qui entreprit de les violer en s'introduisant, sous l'habit
-d'une danseuse, dans l'appartement de Pompeia, épouse de Jules César. La
-chronique dit qu'il voulait abuser de cette femme. Les prêtres de cette
-déesse se nommaient _Galli_, et avaient été privés de cette partie qui
-nous rend hommes. Dans les temps de corruption, des hommes faisant
-fonctions de femmes imitèrent entre eux ces mystères et, comme on peut
-le croire, y introduisirent ce que la lubricité humaine a de plus
-dégoûtant.
-
-CYDON, _onis_, m. Pédéraste, Gomorrhiste.
-
-CYLLO, _onis_, m. _Cic._ Qui a été amplement pourvu par l'Amour en
-faveur des dames; personnage bien envitaillé.
-
-(N) CYNAEDUS. Voy. CINAEDUS.
-
-CYSONIPTES, _ae_, m. Baigneur qui a soin de tenir propre tout ce qui est
-plus particulièrement dédié à l'amour.
-
-CYSOS, _i_, m. L'écrin du bijou d'amour; la gaine du poignard de
-Cupidon.
-
-CYSTHOS, _i_, m. V. CYSOS. Ou: les fesses. Ou: le trou du cul.
-
-
-
-
-D
-
-
-(N) DECURRERE SPATIUM AMORIS. Faire la course au jardin d'amour; courir
-la bague; jouir amoureusement.
-
-(N) DEGLUTIO, _is, ire_. Prendre à la bouche la flûte de Cupidon; la
-recevoir, la presser avec les lèvres:
-
- _Deglutit, fellat, molitur per utramque cavernam._
-
- (_Auson._)
-
-DEJICERE CAPUT. Baisser la tête en courbant les reins pour offrir mieux
-la bague; présenter le cul en haut[99].
-
- [99] Voyez la différence entre _dejicere caput_ et _demittere caput_,
- au mot DEMITTERE.
-
-DELPHYS, _yos_, f. La coquille du limaçon d'amour. Ou: la matrice.
-
-DELTA, ind. Le triangle de la géométrie d'amour; l'entrée du jardin de
-Vénus; l'ouverture de l'antre des Nymphes.
-
-DEMITTERE CAPUT. Faire près d'une femme l'office de petit chien; lécher
-la baratte où l'on bat le beurre en amour[100].
-
- [100] Voy. VORARE TENTA.
-
-(N) DEPRENSUS, DEPRENSA. Pris sur le fait: _Nihil est audacius, illis
-deprensis (adde mulieribus.)_ _Juven._
-
- _Quantum deprensi damna pudoris ement._
-
- (_Auson._)
-
-DEPSO, _is, psui, psitum, ere_. _Cic._ Pétrir le levain amoureux; battre
-le beurre d'amour.
-
-DESTUPRATRIX, _icis_, f. _Mart._ Une tribade.
-
-(N) DIFFUTUTUS, _a, um_. Épuisé par trop de jouissance. Voy. EXFUTUTUS.
-_Virgo diffututa_, fille commode, qui se laisse caresser par tout le
-monde.
-
-(N) DIGITUS IMPUDICUS, INFAMIS. C'est le substitut d'un très joli
-instrument dont les dames aiment à jouer. Les Anciens paraissent avoir
-employé ce doigt à plusieurs usages: tantôt à procurer du plaisir aux
-femmes, tantôt à montrer aux hommes le désir d'une jouissance contre
-nature.
-
-DINDYMUS, _i_, m. Le trou de la verge de l'homme.
-
-(N) DIOBOLARES, _ium_, f. Courtisanes pour le bas peuple; raccrocheuses;
-salopes à deux sols; paillasses de corps-de-garde.
-
-(N) DISSAVIOR _vel_ DISSUAVIOR, _aris, ari_. Embrasser avec ardeur, avec
-vivacité.
-
-DIVIDERE CUM ALIQUA. _Petr._ Partager avec une belle les plaisirs de
-l'amour; diviser le terrain amoureux.
-
-DIVISOR, _oris_, m. _Cic._ Corrupteur de jeunes garçons.
-
-DIVOLTRES, _ium_, f. Garces à canailles; donneuses de bonsoir[101].
-
- [101] Coureuses de nuit; chauves-souris.
-
-DO, _as, are_. _Dare solet._ _Mart._ Elle a coutume de s'en faire
-donner[102].
-
- [102] _Dare._ Ce verbe se prête à beaucoup d'obscénités; c'est un de
- ces mots commodes dans les langues, que l'on prend en bonne ou
- mauvaise part selon l'intention louable ou maligne de l'écrivain.
- Donner, prêter, accorder, consentir, voilà ses acceptions dans le
- langage amoureux.
-
-DARE OPERAM LIBERIS. _Cic._ S'étudier à faire des enfants; s'appliquer à
-se faire des successeurs; s'employer à perpétuer sa race; travailler à
-sa postérité.
-
-DORILLUS, _i_, m. Le jardin de Nature; le champ de Vénus; le clapier
-d'amour.
-
-DRAUCUS, _i_, m. _Mart._ Pédéraste.
-
-DRILOPOTA, _ae_, m. Celui qui boit dans un vase qui représente le
-laboureur de la Nature[103].
-
- [103] _Vitreo bibit ille Priapo_ (_Juven._).
-
-DUCO, _is, xi, ctum, cere_. _Plaut._ Trouver une femme, ou un mari, dans
-sa main[104].
-
- [104] Faire jouer le prépuce sur le gland.
-
-DUCTO, _as, are_. _Ter._ Conduire au plaisir.
-
-DUCTARE AMICAM. _Plaut._ Conduire du bout du doigt sa maîtresse au
-plaisir.
-
-
-
-
-E
-
-
-EMASCULATOR, _oris_, m. _Apul._ Pédéraste. Ou: qui effémine, qui rend
-efféminé[105].
-
- [105] Bourreau des facultés viriles; destructeur d'hommes.
-
-(N) EFFEMINO, _vel_ EFFOEMINO, _as, are_. Être sans force et sans
-courage. Ce verbe a des rapports, au figuré, avec _ementulare_.
-_Effeminatus culus._ _Priap._ Bijou Grec sans ressort, ou dont le
-ressort est usé par le service.
-
-(N) ELECEBRAE, _arum_, f. Courtisanes, filles de joie.
-
-(N) ELEPHANTIS, _idis_. _Priap._ Jeune fille Grecque auteur d'ouvrages
-galants dans le genre de ceux de l'Arétin, des _Élégances Latines_ du
-faux Meursius, du _Portier des Chartreux_, et de tous les livres
-lubriques à l'usage des modernes. Philænis et Cyrène, autres jeunes
-filles Grecques, passent pour avoir composé de pareilles tablettes où
-étaient peintes les postures libidineuses et leur explication. Elles
-étaient autrefois, comme à présent, les leçons préparatoires pour la
-jeunesse de l'un et l'autre sexe que les personnes d'un âge mûr ne
-prenaient pas la peine d'instruire. De jeunes filles innocentes venaient
-offrir en don ces tablettes au dieu Priape, pour lui demander la réalité
-des peintures. On doit croire qu'elles traitaient fort mal leur
-protecteur, lorsque le voeu n'était pas exaucé; Sotade, poète de
-Mantinée, a composé un ouvrage intitulé _Cinaedica_; c'est Suidas qui
-nous l'apprend. L'empereur Tibère avait orné les murs de sa chambre à
-coucher, à Caprée, de ces peintures lubriques, et cette mode a été
-adoptée par quelques vieux et invétérés libertins de son siècle et des
-suivants.
-
-EMASCULATUS, _a, um_. Bardache, Ganymède, catamite. Ou: châtré; ou:
-rendu efféminé.
-
-EMASCULO, _as, are_. _Apul._ Châtrer. Ou: efféminer, rendre efféminé.
-Ou: métamorphoser un mâle en femelle; se servir d'un mâle aux usages
-féminins.
-
-EMBOLUM, _i_, n. Ce qui est cause que l'écusson des filles est fait en
-losange; le losange de la géométrie d'amour; l'entrée du palais de
-Vénus.
-
-EMENTULO, _as, are_. Priver du sceptre amoureux[106].
-
- [106] Retrancher la partie spécifique du sexe masculin.
-
-ENTESYPATHIA, _ae_, f. Ce qui se passe dans celui qui se laisse
-Ganymédiser; ce que souffre un successeur de Ganymède.
-
-EPISIUM, _ii_, n. Ce qu'on recherche dans le sexe féminin, quoiqu'on lui
-donne le nom de partie honteuse.
-
-(N) EQUITO, _as, are_. Faire la cavalcade; se frotter mutuellement
-l'endroit sensible en remuant l'un sur l'autre; tribader:
-
- _Inque vices equitant, ac luna teste moventur._
-
- (_Juven._)
-
-EQUUS HECTOREUS. _Mart._ La posture favorite du sexe; le cheval
-d'Hector; l'amoureuse situation qu'Andromaque exigeait de la
-complaisance d'Hector[107].
-
- [107] Et dont toutes les femmes font usage dans le déduit.
-
-EREBINTHINUS, _a, um_. Qui concerne le bélier d'amour.
-
-EREBINTHUS, _i_, m. Bélier de Cupidon; la machine avec laquelle l'Amour
-force les remparts amoureux.
-
-EROMENE, _es_, f. Maîtresse; inclination; bonne amie.
-
-EROMENUS, _i_, m. Mignon; favori; Ganymède.
-
-EROTIUM, _ii_, n. _Plaut._ Une petite maîtresse; un petit amour; une
-jeune mignonne[108].
-
- [108] Sunamite.
-
-(N) ERUCA, _ae_, f. _Herba salax_; c'est une herbe qui excite à l'amour.
-Les personnes d'un tempérament paresseux en font usage. C'est, selon
-Tournefort, la _roquette_. Les oignons et le satyrion, les artichauts,
-font, à ce qu'on dit, le même effet; mais malheur à ceux qui en font
-trop usage, car il est pernicieux.
-
-ESCHARA, ESCHARIA, _ae_, f. Les lèvres de la bouche d'en bas[109].
-
- [109] V. ci-dessous EXSORBERE VIROS.
-
-EUGIUM, _ii_, n. _Laber. et Lucil._ Le clitoris. Ou: la membrane Hymen.
-Ou: voy. CUNNUS.
-
-(N) EUNUCHUS, _i_, m. Triste sujet, homme nul, impropre au plaisir des
-dames et, par conséquent, l'objet de leur antipathie. En Asie, ils sont
-les gardiens de la vertu des belles; mais celui qui porte la clef de
-leur trésor est toujours sûr de s'en rendre maître, malgré ces odieux
-Argus. En France, et surtout en Italie, ils sont fort utiles aux
-prélats, soit pour la musique de la cathédrale, soit pour un usage moins
-canonique.
-
-Il y a cependant des eunuques à qui il reste l'image de la virilité, et
-qui n'en ont perdu que les témoins: ceux-ci sont encore utiles au beau
-sexe, qui s'en amuse sans danger pour la grossesse. Martial a dit:
-
- _Cur tantum eunuchos habeat tua Gellia quaeris,
- Pannice? Vult futui Gellia, non parere._
-
-EXERCINATES, _is_, _omn. gen._ Qui sait remuer les fesses; savant en
-l'exercice des fesses; dressé au manège des fesses; qui sait jouer du
-croupion.
-
-EXFORNICOR, _ari_. Pécher contre nature.
-
-EXFUTIO, _is, ui, utum, ire_. Énerver; effouter[110].
-
- [110] Rendre nul, impuissant.
-
-EXFUTUTOR, _oris_, m. EXFUTUTRIX, _icis_, f. Qui énerve; qui effoute.
-
-EXFUTUTUS, _a, um_. _Catull._ Énervé; effouté[111].
-
- [111] _Latera exfututa_: flancs mis à sec par trop de jouissance.
-
-EXIMEQUI, _orum_. m. Pourvoyeurs d'amour.
-
-(N) EXOLETUS, _a, um_. Usé, anéanti par les débauches.
-
-EXONIROTTICUS, _a, um_. A qui les pollutions nocturnes sont fréquentes;
-qui répand d'ordinaire sa semence pendant la nuit.
-
-EXONIROGMUS, _i_, m. Écoulement de semence involontaire pendant le
-sommeil.
-
-(N) EXPATRO, _as, are_. Faire la douce affaire. V. PATRO.
-
-EXPERTA PUELLA VIRUM. _Hor._ Fille qui sait ce que c'est qu'un homme;
-fille qui connaît par expérience les plaisirs qu'un homme peut lui
-procurer; fille qui s'est fait essayer; fille qui a combattu en champ
-clos; fille qui s'est éprouvée avec un homme.
-
-EXPROCOR, _ari_. Demander la courtoisie. Ou: obtenir la dernière faveur.
-
-EXPUGNATOR PUDICITIAE. _Cic._ Un galant dangereux; un crocheteur de
-pucelages; un forceur de remparts amoureux[112].
-
- [112] Un dénicheur de vertu.
-
-EXPUGNARE PUDICITIAM PUELLAE. _Cic._ Forcer un jeune coeur à se rendre à
-ses désirs galants; tirer les premières faveurs d'une jeune fille; venir
-à bout d'une jeune personne; avoir les gants d'une belle; obliger un
-jeune enfant à céder à ses galanteries; crocheter un pucelage; cueillir
-les premiers fruits de l'amour.
-
-(N) EXSORBERE VIROS. Avaler des hommes (par métaphore.) C'est assez pour
-les dames d'avaler la partie qui leur plaît davantage, et cela par la
-voie ordinaire; car l'idée de l'extraordinaire fait vomir.
-
-
-
-
-F
-
-
-(N) FACILIS VIRIS. Complaisant avec les hommes; ne sachant pas les
-refuser, quand même il s'agirait d'offenser la nature.
-
-FACIO, _is, ere_. _Plaut._ Faire ce qu'on appelle _faire_[113].
-
- [113] Par excellence. C'est agir d'une manière agréable.
-
-FACTURIO, _is, ivi, itum, ire_. _Plaut._ Avoir envie de le faire;
-souhaiter de travailler d'après nature[114].
-
- [114] Désirer ardemment le déduit.
-
-FASCINOSUS, _a, um_. _Priap._ Bien fourni du charme viril; amplement
-pourvu de ce qui charme les belles; qui a un grand persuasif en amour.
-
-FASCINUM, _i_, n. _Hor._ Le membre par excellence; le charme viril; le
-laboureur naturel[115].
-
- [115] L'instrument de la propagation humaine.
-
-FASCINUS, _i_, m. _Petr._ Petite figure du laboureur naturel qu'on
-pendait au cou des enfants pour les préserver des charmes; le
-contre-charme de Priape[116].
-
- [116] Les Vestales sacrifiaient au culte du dieu _Fascinus_, et
- peut-être s'en servaient-elles comme de correctif au voeu de
- virginité qui leur interdisait tout commerce charnel avec les
- hommes. Pauvre consolation, mais bien connue des Religieuses qu'on
- vient de rendre à la société. Que de dévotes le dieu _Fascinus_ va
- perdre!
-
-FELES VIRGINALIS ou VIRGINARIA, f. _Plaut._ Celui ou celle qui dérobe
-des jeunes filles pour les dédier à Vénus[117].
-
- [117] Corruptrice de jeunes filles.
-
-FELES PULLARIA, f. _Auson._ Qui enlève des petits garçons pour en faire
-des Ganymèdes[118].
-
- [118] Autre genre de corruption, mais contraire aux lois de la Nature.
-
-FELLATOR, _oris_, m. _Mart._ Suceur; qui boit des hommes; qui suce le
-doigt qui est sans os.
-
-FELLATRIX, _icis_, f. Suceuse; qui emploie la bouche supérieure à
-l'usage de l'inférieure; qui boit des hommes.
-
-FELLICANDUS, _a, um_. _Solin._ Qu'on donne à sucer; qu'on donne à teter.
-
-FELLICATIO, _onis_, f. Le sucement; l'action de teter le trayon
-amoureux.
-
-FELLICO, _onis_, m. V. FELLATOR.
-
-FELLICO, _as, are_. _Solin._ Sucer, teter.
-
-FELLITO, _as, are_. _Solin._ Sucer souvent.
-
-FELLO, _as, are_. _Mart._ Sucer, teter. Ou: sucer le doigt qui n'a point
-d'os; teter ce qui n'est pas fait pour être teté; prendre à la bouche le
-trayon amoureux[119].
-
- [119] Se dit des femmes qui consentent à cette vilenie.
-
-FEMINAL, _is_, n. L'endroit par où les femmes se distinguent[120].
-
- [120] La partie spécifique du sexe féminin.
-
-FEMINALIA, _um_, n. _Suet._ Haut de chausses, caleçons, et tout ce qui
-sert à couvrir les cuisses et les parties de la génération.
-
-(N) FEMEN, FEMINA, n. Se prend quelquefois pour _femur_ et _femora_. On
-veut aussi que cela signifie le chemin de la création, ce qui ne serait
-pas extraordinaire, vu la proximité.
-
-(N) FEMUR et FEMORA, n. Les cuisses, ou les grosses colonnes du temple
-de Cypris; ou le temple lui-même. _Femori conserere femur, committere,
-vel imponere_: jouir, confondre deux corps en un.
-
-(N) FESCENNINI VERSUS. Vers obscènes qui se chantaient aux noces.
-Catulle, dans l'Epithalame de Julie et de Manlius, dit:
-
- _Nec diu taceat procax
- Fescennina locutio._
-
-Lorsqu'on veut dire des injures en vers, cela s'appelle _Fescennina
-licentia_.
-
-(N) FIBULA, _ae_, f. Cadenas de chasteté; gaine où l'on renfermait les
-instruments de la génération, soit pour les cacher par pudeur, soit pour
-empêcher les jeunes gens d'en abuser, ou les chanteurs de perdre leur
-voix. Les Juifs en faisaient assez d'usage: c'est ce que Martial appelle
-_Judaeum pondus_.
-
-_Fibula_ indique aussi l'anneau de sagesse dont les Anciens se bridaient
-le prépuce en le passant à travers des deux côtés de cette peau qui
-couvre le gland. On le soudait lorsqu'on voulait le conserver longtemps;
-mais je pense que le plus grand nombre ressemblaient aux anneaux qui
-servent à enchaîner plusieurs clefs. _Fibulare_, _infibulare, fibulatio,
-infibulatio_, dérivent de _fibula_. Quelques religieux Asiatiques ont
-conservé l'infibulation par esprit de pénitence. _Theca_ est synonyme de
-_fibula_.
-
-FLAGITATUS, _a, um_. _Fest._ Qui s'est laissé employer aux usages
-amoureux; qu'on a mis en oeuvre en amour.
-
-FLAGITO, _as, are_. _Apul._ Employer aux usages amoureux; soumettre aux
-désirs amoureux; mettre en oeuvre amoureusement.
-
-FLAGITARE ANCILLAM. _Ulp._ Mettre en oeuvre sa servante; employer
-amoureusement sa servante.
-
-(N) FLAGITIUM, _ii_, n. Crime que les jeunes filles pardonnent à l'amant
-chéri. Le viol est un attentat contre la pudeur: l'amour seul peut le
-faire pardonner.
-
-FLOS, _oris_, m. _Catull._ Le pucelage.
-
-(N) FODERE JACENTEM. Sonder quelqu'un amoureusement. V. STUPRO.
-
- _Servus erit minus ille miser, qui foderit agrum,
- Quam dominum..._
-
- (_Juven._)
-
-FORNIX, _icis_, f. _Hor._ Maison de plaisir; bordel; lieu de
-prostitution; maison de débauche. Ou (_Suet._): personne prostituée de
-l'un ou de l'autre sexe; fille de commodité; ou: Ganymède.
-
-FORNIX BITHYNICUS. _Suet._ Jules César, galantisé dans sa jeunesse par
-Nicodème, roi de Bithynie.
-
-(N) FOSSAE INGUINIS. Périphrase. V. CUNNUS. _Fossa notissima cinaedis_
-est le contraire de _cunnus_.
-
-FRANGO, _is, ere_. Ganymédiser.
-
-(N) FRICARE TERGA, FRICARE MEATUM VENERIS. Frotter, électriser la partie
-amoureuse. Le frottement produit le feu: c'est ce qui rend les femmes si
-endiablées, que plus on les frotte et plus elles veulent être frottées.
-
-FRICATRIX, _icis_, f. _Mart._ Frotteuse; celle qui fait une légère
-friction sur quelque partie, soit pour le plaisir, soit pour la santé.
-
-FRICTRIA, _ae_, FRICTRIX, _icis_, f. Tribade; femme qui veut contrefaire
-l'homme dans les fonctions d'amour[121].
-
- [121] Mais un palliatif n'a jamais valu l'objet à remplacer.
-
-FRUTINAL, _is_, n. _Fest._ Temple dédié à Vénus qui procure la
-jouissance.
-
-FRUTIS, _is_, f. _Solin._ Surnom de Vénus qui procure la jouissance.
-
-FULLO, _onis_, m. _Naev._ Pédérastie. Ou: pédéraste.
-
-FULLONIUS FRUCTUS. _Plaut._ Le gland de Cupidon. _Cras mihi potandus
-fructus est fullonius._ _Plaut._ Je dois demain passer par les piques;
-il faudra demain que je prenne le gobet amoureux.
-
-FURTIVA VENUS. _Ovid._ De furtives amours; un mariage clandestin; des
-larcins amoureux; une amourette cachée; des plaisirs d'amour
-dérobés[122].
-
- [122] Paillardise secrète.
-
-FURTA VENUS SUA VULT CELARI. _Ovid._ Vénus pardonne les larcins qu'on
-lui fait, pourvu qu'on s'en taise; la mère d'Amour impose silence sur
-les faveurs qu'on lui dérobe; on ne doit point parler des larcins
-amoureux[123].
-
- [123] _Furta novare ignota Venere_: s'égayer, se ravigoter par une
- jouissance nouvelle.
-
-FUTUITIO, _onis_, f. _Mart._ L'art de la génération; l'exercice de
-Vénus; le combat amoureux; l'enfilade amoureuse; l'estocade d'amour; la
-lutte amoureuse.
-
-FUTUO, _is, tui, tutum, ere_. _Mart._ Exercer l'art de la génération;
-combattre amoureusement; faire l'exercice de Vénus; pousser une estocade
-amoureuse; le faire; baiser; lutter amoureusement; courir dans la lice
-amoureuse; empaler amoureusement; donner, et recevoir le plaisir
-amoureux; goûter les délices d'amour; faire la joie; enfiler
-amoureusement; travailler naturellement; sangler; exploiter[124].
-
- [124] Et, selon Martial, tribader.
-
-FUTUTIO, _onis_, f. _Catull._ V. FUTUITIO.
-
-FUTUTOR, _oris_, m. FUTUTRIX, _icis_, f. _Mart._ Qui le fait; qui exerce
-l'art de la génération; qui fait l'exercice de Vénus; qui court dans la
-lice amoureuse; qui combat amoureusement; qui donne, et qui reçoit le
-plaisir amoureux; qui goûte, et fait goûter les délices d'amour; qui
-travaille naturellement; qui lutte amoureusement; qui baise[125].
-
- [125] Martial appelle une tribade _fututor foemina_.
-
-FUTUTUS, _a, um_. _Mart._ Exercé amoureusement; employé à l'exercice de
-Vénus; à qui on l'a fait; enfilé amoureusement; travaillé naturellement;
-baisé; sanglé; exploité amoureusement[126].
-
- [126] Caressé.
-
-
-
-
-G
-
-
-(N) GALLUS, _i_, m. En langage ordinaire, _gallus_ est un coq; mais en
-style obscène, _gallus_ veut dire un chapon, un castrat, un chanteur à
-voix claire, un prêtre de Cybèle. _Gallo turpius est nihil Priapo._
-_Mart._
-
-(N) GANEO, _onis_, m. Libertin; pilier de mauvais lieux.
-
-(N) GANYMEDES, _is_, m. Fils de Tros, roi des Troyens. C'était un beau
-garçon, et si beau, qu'il plut à Jupiter, qui tour à tour s'amusait avec
-les hommes et avec les femmes. Or donc, Jupiter en fit son page, son
-échanson, son mignon, son giton, et lui donna les grandes entrées à la
-Cour céleste, afin de le voir plus souvent. Depuis ce temps, beaucoup de
-potentats, de grands seigneurs, tant laïques qu'ecclésiastiques, ont
-voulu avoir leur Ganymède. Cette fantaisie gagna les villes et les
-faubourgs dans les pays civilisés; et, ce qu'il y a de singulier, c'est
-que des sauvages ont eu le même goût.
-
-GENITALE, _is_, n. _Plin._ Le laboureur de nature; le coutre de la
-charrue d'amour; l'instrument de la génération; l'outil de Cupidon[127].
-
- [127] _Genitalia_ se dit pour les parties de la génération.
-
-GENITALE ARVUM. _Ovid._ V. ARVUM GENITALE.
-
-(N) GESTIO, _is, ire_. Exprimer ses désirs par des mouvements
-involontaires, quoique très naturels.
-
-(N) GLANS, _dis_, f. Le gland; c'est la partie obscène de la partie
-naturelle de l'homme, celle où réside la sensation la plus vive des
-plaisirs Vénériens.
-
-GLOTTISMUS, _i_, m. Un baiser à la pigeonne.
-
-GLUBO, _is, ere_. _Varr._ V. FELLO.
-
-GNATHO, _onis_, m. _Cic._ Suceur; qui entreprend sur l'office d'une
-espèce de bouche[128].
-
- [128] Destinée par la Nature à cet usage.
-
-GNATHONICUS, _a, um_. _Ter._ De suceur, de teteur; de suceuse, de
-teteuse; qui concerne ceux dont la bouche entreprend sur l'office d'une
-espèce de bouche.
-
-GNATO, _as, are_, GNATURIO, _is, ire_. Travailler à se faire une
-postérité; s'exercer à la multiplication de son espèce.
-
-GRAOSOBA, _ae_, m. Consolateur d'une vieille amoureuse: savetier en
-amour; amoureux charitable qui ne dédaigne pas la vieillesse[129].
-
- [129] Nos abbés, par prudence, se sont destinés à ce service: il y a
- trop de danger avec les jeunes.
-
-GREGARIA VENUS. _Solin._ Une coureuse; une Vénus du tiers-ordre; une
-raccrocheuse nocturne; une chauve-souris d'amour; une à tous venants
-beau jeu; une femme du genre humain. Ou: inclination pour les maîtresses
-du public; penchant pour celles qui ne refusent personne; attache pour
-les publiques.
-
-
-
-
-H
-
-
-HABERE REM CUM ALIQUA, _Ter._ NOTITIAM & FOEMINAE. _Cic._ Avoir avec une
-femme le commerce le plus particulier; connaître à fond une femme autant
-qu'il se peut faire; avoir les plus étroites liaisons avec une belle;
-prendre connaissance d'une belle personne de la manière la plus intime;
-avoir affaire avec une femme[130].
-
- [130] La posséder entièrement.
-
-HARPOCRATEM REDDERE. _Catull._ Empêcher de parler en mettant quelque
-chose dans la bouche; engager une bouche au silence en l'occupant aux
-fonctions d'une autre espèce de bouche; obliger à se taire en faisant
-subir à la bouche la peine dont le gardien des jardins menace les
-voleurs qui ont de la barbe; rendre muet en mettant le doigt amoureux à
-la bouche; fermer la bouche en faisant prendre le gobet amoureux.
-
-(N) HASTA, _ae_, f. Pique d'amour; sceptre de Cythère. Voy. MENTULA:
-c'est le mot propre; celui-ci n'est que figuré.
-
-(N) HEMITHEON, _is_, m. Hémithéon de Sybaris, auteur de livres
-Sybaritiques cités par Martial et Lucien pour leur lubricité.
-
-(N) HERMAPHRODITUS, _a, um_. Hermaphrodite: être neutre, qui porte
-souvent les marques spécifiques des deux sexes et qui n'est parfaitement
-d'aucun. Cela s'appelle une curiosité d'histoire naturelle. En amour,
-ces êtres ne sont bons que pour les personnes qui n'aiment pas les
-routes ordinaires.
-
-HILLAS CAEDERE. _Laber._ Chercher une femme dans sa main[131].
-
- [131] Tuer des hommes dans leur plus tendre enfance.
-
-(N) HIPPOMANES, _is_, n. C'est la liqueur qui sort de la vulve d'une
-jument lorsqu'elle est en chaleur. Les sorcières et empoisonneuses s'en
-servaient dans la composition de leurs drogues infernales.
-
-HIPPOPORNOS, _i_, f. Amoureuse d'un cheval: surnom de Cérès lorsque,
-s'étant changée en cavale, Neptune, son frère, sous la figure d'un
-cheval, l'engrossa. Surnom de Philyra, mère du centaure Chiron,
-engrossée par Neptune sous la figure d'un cheval. Surnom de Méduse, que
-Neptune, sous la figure d'un cheval, engrossa du cheval ailé
-Pégase[132].
-
- [132] Les dieux des Anciens avaient tous les vices, et il paraît que
- Neptune était le patron de la bestialité.
-
-HIPPOS, _i_, m. Le coursier d'amour.
-
-(N) HIRQUITALLUS, _i_, m. _Fest._ Jeune garçon qui s'abandonne à l'amour
-Socratique, qui souffre les caresses des hommes.
-
-HORTI HESPERIDUM. Les jardins de l'Amour[133].
-
- [133] _Hortus Cupidinis_ dit la même chose au singulier.
-
-HUMIDUS LACUS. _Plaut._ Le lac où l'on pêche quelquefois de cuisants
-souvenirs.
-
-HYSTERA, _ae_, f. La matrice; ou: le chemin qui conduit à la matrice, la
-gaine.
-
-HYSTERICA, _ae_, f. Suffocation de matrice: maladie qui ordinairement se
-guérit par l'introduction d'un pessaire vivant[134].
-
- [134] Les médecins de cette maladie sont très faciles à trouver; c'est
- pourquoi rarement les femmes en meurent. Les plus honnêtes,
- cependant, sont celles qui l'éprouvent le plus souvent.
-
-
-
-
-I
-
-
-(N) ILLIC. Là; à l'endroit. _Illic habere manum_: avoir la main à
-l'endroit du plaisir.
-
-(N) ILLUD. Cela. Faire cela; se donner du plaisir plus ou moins
-gracieux, plus ou moins hérétique.
-
-ILLUDERE CORPORI MULIERIS. _Quint. Curt._ Se divertir avec une femme;
-tirer d'une femme tout le plaisir qu'on en peut prendre. Ou: Ganymédiser
-une femme[135].
-
- [135] S'amuser avec une femme par tous les bouts.
-
-ILLUDERE FOEMINARUM CAPITIBUS. _Suet._ Ôter aux femmes l'usage de la
-parole d'une manière toute extraordinaire; priver les femmes de deux
-plaisirs qui leur sont chers, en leur fermant la bouche d'une façon peu
-séante, et laissant l'autre mâcher à vide.
-
-IMMEIERE VULVAE PATRICIAE. _Pers._ Pisser dans un pot de chambre de
-qualité[136].
-
- [136] Consacrer ses soins aux dames de qualité. Autrefois ces soins
- menaient à la fortune les gens de lettres et les abbés.
-
-IMMINUERE VIRGINIS PUDICITIAM. _Plaut._ Dépuceler une fille; avoir le
-pucelage d'une belle. Ou: apprivoiser une fille; accoutumer une belle
-aux caresses; mettre amoureusement une belle sur le pied de ne pas
-s'effaroucher; ébranler la retenue d'une jeune personne; écorner la
-fermeté d'une jeune enfant[137].
-
- [137] Faire une brèche à la pudeur.
-
-(N) IMPUDICUS, _a, um_. Paillard ou paillarde: reproche que l'on fait
-aux gens qui aiment à goûter le plaisir amoureux. _Impudicum digitum
-ostendere_: montrer le doigt impudique, que les Anciens appelaient le
-doigt infâme. C'est le doigt du milieu qui, par sa longueur, fait le
-mieux plaisir aux belles, ou sert à indiquer la secte des amoureux.
-
-(N) IMPURUS, _a, um_. Impudique; crapuleux libertin qui laisse souiller
-son corps par des complaisances infâmes.
-
-(N) INACHIDOS LIMINA. Le portique du temple d'Isis, ou le temple même de
-cette déesse, où se rendent tous ceux qui font des plaisirs de l'amour
-leur occupation favorite. Voy. ISIACA SACRA.
-
-INAM CAEDERE. Jeter un homme à terre, étant cinq contre un; branler la
-pique sans faire peur à personne; répandre un homme informe; se battre
-amoureusement contre l'air.
-
-(N) INCESTARE SE INVICEM. _Suet._ Se livrer à qui mieux mieux à la
-luxure; se souiller mutuellement par la plus sale lubricité; faire le
-chapelet comme les colimaçons; s'enfiler réciproquement; se tenir comme
-les hannetons.
-
-(N) INCESTUM, _i_, n. Toute copulation contraire aux lois de la nature
-ou de la société est un inceste, ou manque de respect envers l'une ou
-l'autre. _Cestum_ est la ceinture dont Vénus ornait les filles sages qui
-se destinaient au mariage, et Vénus n'a jamais présidé aux mariages que
-la chasteté réprouve: de là on a nommé incestueux les gens qui violaient
-la chasteté.
-
-INCUBA, _ae_, f. Celle qui veut prendre le dessus dans la lutte
-amoureuse; celle qui, dans le combat d'amour, se veut soumettre ce
-qu'elle aime; celle qui veut primer dans les exercices
-androgyniques[138].
-
- [138] C'est de l'orgueil tout pur. Il faut espérer que les femmes
- nobles y renonceront dorénavant, en admettant leurs inférieurs dans
- leur lit; car on les accuse de conserver, même en amour, l'étiquette
- du rang.
-
-INCUBITATUS, _a, um_. _Plaut._ A qui l'on a introduit un pessaire animé,
-ou un suppositoire vivant.
-
-(N) INCLINARE MARITOS IPSOS. _Juv._ Courber les maris après avoir
-renversé leurs femmes. Voy. INCURVO.
-
-INCURVO, _as, are_. _Mart._ Faire montrer le nord de l'aiguille animale;
-le faire présenter beau[139].
-
- [139] Faire ramasser des cerises aux jeunes gens. _Inclinare_ exprime
- la même chose. _Inclinare discipulos_: habitude de collège dont il
- faut se garder.
-
-INEO, _is, ire_. _Cic._ _Idem ac_ COEO. Prendre le plaisir amoureux;
-jouir de ses amours; entrer dans le plus particulier de ce qu'on aime;
-pénétrer dans l'intime de l'objet aimé.
-
-(N) INEQUITATIO, _onis_. f. L'une des postures amoureuses dont on donne
-des leçons à Lampsaque: c'est celle où la femme se met à cheval sur son
-amie pour tribader, ou, plus agréablement, sur son ami, pour en recevoir
-ou lui donner plus de plaisir. Voy. EQUITO.
-
-INERRARE IN FILIOS. _Minut. Fel._ Se tromper en prenant amoureusement de
-jeunes garçons pour des filles.
-
-INIRE ALIQUAM. _Suet._ Faire galanterie avec une belle; sonder
-l'intérieur d'une jolie personne.
-
-INIRE CUBILE ALICUJUS. _Cic._ Se mêler de partager avec quelqu'un les
-plaisirs de son lit; entrer dans les plaisirs secrets de la femme
-d'autrui[140].
-
- [140] Cocufier.
-
-INFAMIAM (AD) USQUE ORIS LIBIDINIBUS & FLAGRARE. _Suet._ Être si déréglé
-dans ses plaisirs que d'en salir sa bouche ou celle d'autrui.
-
-INFAMIS DIGITUS[141]. _Pers._ Le doigt du milieu de la main (à cause de
-certains usages auxquels il est préférablement employé).
-
- [141] _Vel impudicus._
-
-INFORATIO, _onis_, f. L'action de mettre amoureusement en perce.
-
-INFORATOR, _oris_, m. _Apul._ Celui qui, par plaisir, perce un trou qui
-est déjà tout fait[142].
-
- [142] Enfonceur de porte ouverte.
-
-INFORATUS, _a, um_. Qu'on a mis amoureusement en perce.
-
-INFORO, _as, are_. _Plaut._ Percer amoureusement un trou qui est déjà
-percé.
-
-(N) INGUEN, _inis_; INGUINA, _um_, n. Les parties naturelles de l'homme
-et de la femme, et tout ce qui les avoisine, comme l'aine, le haut des
-cuisses, le bas-ventre, etc. _Inguina recutita._ _Hor._ Les parties de
-l'homme marquées de la circoncision, ou dont la peau du prépuce a été
-coupée.
-
-INSCENSUS, _us_, m. _Apul._ La cavalcade d'amour; le manège amoureux; le
-saut sur les quatre quartiers.
-
-INTERFEMINEUM, _i_, n. _Apul._ A l'égard des hommes: le périnée,
-l'entrefesson. Ou, à l'égard des femmes: la situation d'où un des
-moindres animaux, voulant éviter Scylla, tomberait en Charybde. Ou: le
-détroit d'entre les deux colonnes de Vénus[143].
-
- [143] Le pont du Diable qui sépare Charybde de Scylla.
-
-INTERNUCULUS, _i_, m. _Petr._ Un petit Ganymède.
-
-INTESTABILIS, m. f., _le_, n., INTESTATUS, _a, um_, INTESTIS, m. f.,
-_te_, n. _Plaut._ Léger de deux grains au trébuchet d'Amour; à qui on a
-enlevé les témoins amoureux; qui manque de témoins pour prouver sa
-galanterie; eunuque; châtré; chapon; chaponné.
-
-INVITARE IN AMPLEXUS, ATQUE IN CUBITUM. Demander la courtoisie; prier
-d'amour (grâce que ce galant d'empereur Caligula demandait à la
-Lune)[144].
-
- [144] Jouer le rôle de Putiphar avec Joseph.
-
-IRRUMATIO, _onis_, f. _Catull._ L'action de faire teter à la bouche
-supérieure ce qui n'est fait que pour l'inférieure.
-
-IRRUMATOR, _oris_, m. _Catull._ Celui qui fait prendre à la bouche d'en
-haut ce qui n'est dû qu'à la bouche d'en bas; qui fait servir la bouche
-supérieure à l'usage de l'inférieure; qui met à la bouche le gobet
-amoureux[145].
-
- [145] Cet expédient était nécessaire aux vieux libertins usés par la
- jouissance, et, lorsqu'on voyait un vieillard rechercher les femmes,
- _irrumatorem esse suspicabatur_ (Dussaulx, sur Juvénal, p. 399). On
- appelait les femmes qui se livraient à cette lubricité,
- _fellatrices_. Les hommes s'en mêlaient aussi: car de quoi ne se
- mêlent-ils pas? Il paraît que ce badinage était fort usité en Italie
- du temps des Romains: on en juge par le fréquent emploi du mot dans
- les auteurs Latins. Les artistes Grecs ont reproduit cette action
- dans leurs peintures: témoin le tableau de Parrhasius, dans lequel
- Atalante se voit représentée à genoux devant Méléagre, qu'elle
- caresse à la mode des Lesbiennes.
-
-IRRUMATUS, _a, um_. _Mart._ Dont la bouche a servi à l'usage de certaine
-autre bouche; qui a pris avec la bouche le gobet amoureux; irrumé; à qui
-l'on a fait teter le trayon amoureux.
-
-IRRUMO, _as, are_. _Mart._ Faire teter le trayon amoureux; employer la
-bouche supérieure aux usages de l'inférieure; faire prendre avec la
-bouche le gobet d'amour; donner à la bouche d'en haut ce qui n'est dû
-qu'à la bouche d'en bas; faire servir la bouche de vase amoureux;
-irrumer[146].
-
- [146] Se dit des hommes qui usent entre eux de cette affreuse
- jouissance.
-
-ISIACA SACRA. Le plus secret du mystère amoureux; le sacrifice d'amour;
-les mystères de Vénus.
-
-ISICAE SACRARIA LUNAE. _Juv._ Les petits temples d'Isis, où quantité
-d'aventures galantes se mettaient à fin[147].
-
- [147] Les mystères de cette déesse devinrent ceux de l'amour et de la
- débauche. Le culte en fut proscrit sous le consulat de Pison et de
- Gabinius; mais Auguste le rétablit, pour amuser le peuple qu'il
- voulait asservir.
-
-ITHYPHALLUS, _i_, m. Le Priape en belle humeur porté en procession, et
-les poésies qu'on y chantait à sa louange, aux fêtes d'Osiris en Égypte,
-et à celles de Bacchus et de Priape à Athènes.
-
-
-
-
-J
-
-
-(N) JACEO, _es, ere_. Être couché dans une posture favorable au plaisir.
-_Briseis multum aversa jacebat_: Briséis, selon Martial, voyait très
-fréquemment la feuille à l'envers; c'est qu'elle avait un héros pour
-ami.
-
-(N) JUDAEUM PONDUS. Le paquet des trois pièces utiles à la génération.
-Voy. FIBULA, PENSILIA, PONDUS.
-
-
-
-
-K
-
-
-(N) KALENDAE FOEMINEAE. Les Calendes de Mars, pendant lesquelles il y
-avait, dans l'intérieur des maisons, des fêtes pour les domestiques du
-genre féminin. Les maîtresses les servaient alors, comme les maîtres
-servaient leurs esclaves mâles pendant les Saturnales. Ces fêtes étaient
-appelées _Matronalia_. Les uns veulent qu'elles aient été instituées en
-mémoire de la paix avec les Sabins à pareille époque, pour cause de
-l'enlèvement des Sabines; d'autres disent que c'est en l'honneur de
-Vénus. Il en est aussi qui assurent que les premiers jours du printemps
-étaient comme des jours de fête pour les dames; qu'elles paraient leurs
-appartements, et qu'alors elles recevaient des présents de leurs maris
-ou de leurs galants. Juvénal reprend quelques hommes efféminés de son
-siècle pour les imiter en cela (Sat. IX, vers 46 et suiv.).
-
-
-
-
-L
-
-
-LABDA, _ae_, m. f. _Varr._ Qui fait usurper à sa bouche l'emploi d'une
-autre espèce de bouche; qui engloutit des hommes liquides; qui boit le
-plaisir amoureux; qui dévore les hommes avant qu'ils puissent être vus.
-
-LABDACE, _es_, f. _Varr._ Le suçage du trayon amoureux; le sucement du
-doigt qui est sans os; l'action de faire servir sa bouche aux usages
-d'une autre espèce de bouche.
-
-(N) LABRA MORDERE. Pincer avec les dents les lèvres de sa mie. Ces
-petits amusements ont lieu en attendant des plaisirs plus vifs.
-
-LACINATA MULIER. _Petr._ Femme qu'on a déchirée à force de vouloir lui
-faire plaisir.
-
-LAECASTRA, _ae_, f. Une courtisane sous les armes; une fille commode en
-équipage de conquête.
-
-LAECACITAS, _atis_, f. Maquerellage. Ou: paillardise.
-
-LAECATOR, _oris_, m. Pourvoyeur d'amour. Ou: paillard.
-
-LAECO, _as, are_. Faire un maquerellage. Ou: paillarder, faire la joie.
-
-(N) LAEVIS. Voy. LEVIS.
-
-(N) LAMBERE MEDIOS VIROS. Faire un métier de chien; Voy. DEMITTERE
-CAPUT, PHOENICISSARE, TERERE INGUINA. C'est faire aux dames, avec la
-langue, le même plaisir qu'elles font aux hommes avec la bouche.
-
-LAMPADIUM, _ii_, n. Sortes de filles de joie qui se tenaient la nuit
-dans les rues avec une petite lampe à la main, afin que le marchand pût
-voir si la marchandise lui plaisait. A Rome, il y a encore de petits
-coquins qu'on trouve assis le soir dans les places et dans les rues,
-avec une petite lumière, et qui crient de temps en temps: «_Chi me vuol
-levar?_»
-
-(N) LAMPSACUM, _i_, n. Lampsaque, ville de Bithynie, célèbre par le
-culte de Vénus, de Cupidon et de Cybèle. C'est à Lampsaque que le dieu
-Priape, fils de Bacchus et de Vénus, fut élevé. Par reconnaissance, il
-fit toutes sortes de niches aux habitants de cette ville, c'est-à-dire
-aux maris des plus belles femmes, ce qui d'abord le fit chasser. Il
-finit cependant par y être adoré, et son culte y devint public.
-
-LANDICA, _ae_, f. Voy. CUNNUS.
-
-LANGORES, _orum_, m. Débauchés aux femmes.
-
-LANGUS, _i_, m. Adonné aux femmes. Ou: bardache.
-
-LANUVINI, _orum_, m. _Cic._ Les témoins d'amour, vénérables par leur
-barbe.
-
-LANUVIUM, _ii_, n. _Prop._ La foulerie d'Amour; le fouloir de Vénus; la
-fouloire de Cupidon.
-
-(N) LASCIVIA, _ae_, f. Lubricité; recherche des moyens de varier,
-augmenter, suspendre ou prolonger les plaisirs amoureux. _Improbitas
-Venerea_, selon Juvénal.
-
-(N) LASCIVIRE. C'est prolonger la jouissance; user des plaisirs de
-l'amour tantôt avec délicatesse, quelquefois avec assez d'emportement
-pour se mettre hors de combat.
-
-LASTAURUS, _i_, m. Celui qu'en amour on appelle bien fourni; qui est
-bien emmanché. Ou: qui a l'entrefesson velu. Ou: l'entrefesson, le
-périnée. Ou: paillard, ribaud.
-
-(N) LATUS MOLLE. La croupe, les parties supérieures aux fesses; le
-fessier lui-même.
-
- _Quantum et quale latus! quam juvenile femur!_
-
- (_Ovid._)
-
-(N) LAXUS, _a, um_. Se dit des hommes et des femmes dont le vase
-amoureux s'est élargi à force de servir. Il y a du remède avec
-l'_onguent de la Comtesse_; mais les palliatifs ne rendent jamais à la
-nature son vrai mérite.
-
-LECTAMBULUS, _i_, m. Qui essaie de diverses garnitures de lit sans se
-fixer à pas une; un pirate d'amour; galant qui se divertit aux dépens
-des maris; un amant qui vit sur le commun; un corsaire en amour; qui
-court le bon bord en amour.
-
-LECTICARIOLA, _ae_, f. _Mart._ Une femme qui trouve du ragoût dans les
-porteurs de chaise.
-
-LECTI FURTIVI FOEDERA. _Tib._ Les secrètes liaisons où les larcins
-amoureux engagent; les tendres engagements que font prendre les vols que
-l'on fait en amour.
-
-LEGAEGYNAECES, _cum_, f. Femmes âpres à la curée; gaillardes de grand
-appétit[148].
-
- [148] Femmes à tempérament.
-
-LENA, _ae_, f. _Plaut._ Appareilleuse; conciliatrice de volontés;
-entremetteuse; médiatrice de plaisir; pourvoyeuse d'amour; maquerelle;
-ministre de Vénus[149].
-
- [149] Tante d'Opéra. _Lena juventa_, dans Ausone: la fraîcheur de
- l'âge attire les hommages.
-
-LENO, _onis_, m. _Ter._ Marchand d'esclaves. Ou: ministre d'amour;
-intendant des plaisirs amoureux; pourvoyeur d'amour; appareilleur de
-Vénus; agent de change en amour; conciliateur de volontés amoureuses;
-courtier de plaisirs; maquereau; médiateur de tendres unions[150].
-
- [150] Accapareur de filles; marchand de chair humaine.
-
-LENO, _as, are_. _Vet. epigr._ Être marchand d'esclaves. Ou: fournir des
-sujets de plaisirs amoureux; concilier les volontés en amour; être
-ministre de Vénus; appareiller des amants; être courtier de plaisir; se
-mêler de pourvoir aux besoins amoureux; être pourvoyeur de Cupidon; être
-agent de change en amour; faire trafic de ce que recherchent les amants;
-s'entremettre d'unir les coeurs et les corps; être médiateur de tendres
-unions; faire commerce de marchandise amoureuse; négocier en faveur des
-amants; battre la caisse pour enrôler sous les étendards de Vénus;
-maquereller; prostituer.
-
-LENOCINAMENTUM, _i_, n. Voy. LENOCINIUM.
-
-LENOCINATOR, _oris_, m. Voy. LENO.
-
-LENOCINE, adv. _Lamprid._ En maquereau; à la manière des pourvoyeurs
-d'amour; en courtier de Vénus; par maquerellage.
-
-LENOCINIUM, _ii_, n. _Cic._ Trafic d'esclaves. Ou: conciliation de
-volontés en amour; intendance de plaisirs amoureux; trafic d'union de
-coeurs et de corps; charge de pourvoyeur de Vénus; médiation entre les
-amants; commerce de sujets de plaisirs amoureux; emploi d'appareilleur
-d'amants; courtage de plaisir; négociation en faveur des amants; office
-d'entremetteur d'amour; négoce de marchandise amoureuse; commerce de
-prostitution. Ou (_Sueton._): coquetterie; air coquet; soin excessif de
-se parer; afféterie; affectation dans la propreté; manière affétée.
-
-LENONICE, adv. Voy. LENOCINE.
-
-LENONIUS, _a, um_. _Plaut._ Qui concerne les marchands d'esclaves. Ou:
-qui concerne les ministres des plaisirs amoureux.
-
-LEPUS, _oris_, m. _Ter._ Qui est, comme le lièvre, tantôt mâle, tantôt
-femelle; qui se laisse Ganymédiser. Ou (_Ovid._): le lièvre qu'on fait
-lever pour le mener au gîte. Ou (_Plaut._): Terme de caresse amoureuse.
-
-LESBIO, _as, are_. Aimer à la manière de Sapho; vouloir imiter les
-hommes dans les caresses qu'on fait aux belles personnes de son sexe;
-tribader[151].
-
- [151] Gamahucher. Les Lesbiennes sont célèbres pour avoir rendu la
- bouche le plus fréquent organe de la volupté. Elles employaient la
- langue à se faire plaisir mutuellement, et elles affectaient la
- blancheur aux lèvres.
-
-(N) LEVIS. Homme efféminé, qui prend soin de son corps comme une femme;
-qui se fait épiler pour qu'on se méprenne à la douceur de sa peau, et
-pour mieux jouer le rôle de femme.
-
-LIBIDINES IN ALIQUO FACERE. _Catull._ Soumettre quelqu'un au dérèglement
-de ses passions[152].
-
- [152] _Libido praepostera_: passion bizarre des non-conformistes.
-
-(N) LIBIDINOR, _aris, ari_. Polissonner; s'abandonner à la débauche.
-
-(N) LIBIDINOSUS, _a, um_. Débauché; libertin, tantôt impudique, et
-tantôt voluptueux.
-
-(N) LIBIDO, _inis_, f. Passion; désir; volonté; fantaisie; débauche.
-
-LIGURIRE NATURAM CAPRIS. _Suet._ Employer sa langue à découvrir la
-propreté de la nature de nos chèvres[153].
-
- [153] Il est difficile de rendre proprement cette expression. Voy.
- LESBIO, TERERE INGUINA.
-
-LIMARE CAPUT CUM ALIQUA. _Plaut._ Donner à une personne et en recevoir
-coup sur coup des baisers affectueux; s'entrebaisotter. Ou: joindre de
-près une belle; se frotter avec elle.
-
-(N) LINGERE CUNNUM. Voy. LIGURIRE et CUNNILINGUS. Fantaisie
-ultramontaine et Florentine: les Français ont le coeur trop faible pour
-s'y livrer aussi fréquemment que les Italiens. Selon Martial, Eryx, fils
-de Vénus et de Butis, en est mort; mais les mythologistes prétendent
-qu'Hercule l'a tué, ce qui est bien différent.
-
-(N) LINGUA MALA. Mauvaise langue, en terme ordinaire. Ici, cela veut
-dire une langue impudique, lubrique. Voy. LAMBERE MEDIOS VIROS.
-
-(N) LINGUA MARITUS. _Martial._ Langue qui entreprend sur les droits d'un
-mari, d'un amant.
-
-LONGANO, _onis_, m. _Varr._ L'intestin rectum, que les Italiens
-appellent _budel gentile_. Pourquoi cela? je m'en rapporte. Le boyau
-culier; le gros boyau[154].
-
- [154] Le gentil boyau: instrument de fantaisie.
-
-LONGANON, _is_, m. _Veget._ LONGANUM, _i_, n. Voy. LONGANO.
-
-LUCUS HUMIDUS. _Plaut._ Le bosquet que l'Amour a soin d'arroser.
-
-LUDERE, EDERE, BIBERE. _Hor._ Boire, manger, dormir à l'Hébraïque.
-
-LUDERE IN UMBRA VOLUPTATIS. _Petr._ Se divertir en idée; goûter des
-plaisirs en imagination; s'arrêter à des voluptés imaginaires. Ou:
-préluder amoureusement; tâter le clavier amoureux.
-
-LUDERE CUM ALIQUA. _Petr._ Badiner avec une personne; se jouer avec une
-belle; se divertir avec quelqu'une[155].
-
- [155] Folâtrer, préluder, batifoler.
-
-(N) LUMBI, _orum_, m. Les reins: le levier d'amour; la puissance motrice
-et génératrice; la source de la liqueur séminale.
-
-LUPA, _ae_, f. _Cic._ Courtisane; fille de joie; personne de commodité.
-
-LUPAL, LUPANAR, _is_, n. _Juv._ Lieu de plaisir; maison de commodité;
-retraite de débauche; bordel.
-
-LUPANARIS, m. f., _re_, n. _Apul._ De maison de commodité; de bordel;
-qui concerne les lieux de plaisir.
-
-LUPANARIUM, _ii_, n. _Ulp._ Voy. LUPANAR.
-
-LUPANARIUS, _ii_, m. _Lamprid._ Suppôt de bordel; un souteneur; un
-mangeur de blanc. Ou: coureur d'aiguillette.
-
-LUPOR, _ari_, dép. _Accius._ Courir l'aiguillette; rechercher les belles
-apprivoisées; mordre sur toute bête comme un chien d'amour affamé; en
-vouloir jusqu'aux chèvres coiffées; ne mépriser pas en amour les restes
-du genre humain; se plonger dans la débauche des femmes.
-
-LUSIZONOS, _i_, f. Celle qui a éprouvé ce que vaut un homme; personne
-qui a fait expérience des talents amoureux d'un galant; fille qui a
-expérimenté combien un homme peut être utile au sexe[156].
-
- [156] Voy. LYZIZONA.
-
-LUSTRO, _onis_, m. _Catull._ Chercheur de bonnes fortunes aisées;
-fureteur de lieux de plaisir; coureur d'aiguillette.
-
-LUSTROR, _ari_, dép. _Plaut._ Courir l'aiguillette; fureter les lieux de
-plaisir; fréquenter les maisons de commodité.
-
-LUSTRUM, _i_, n. _Cic._ Lieu de plaisir; maison de commodité; bordel.
-
-(N) LUXURIA, _ae_, LUXURIES, _ei_, f. La luxure; la débauche;
-l'impureté.
-
- _... Saevior armis
- Luxuria incubuit, victumque ulciscitur orbem._
-
- (_Juven._)
-
-Le péché de luxure a son agrément, lorsqu'il n'est pas poussé trop loin.
-
-LYZIZONA, _ae_, f. Fille devenue femme; celle qui a fait épreuve des
-bons offices mutuels que les deux sexes peuvent se rendre. Voy.
-LUSIZONOS.
-
-
-
-
-M
-
-
-MACROCAULUS, MACROCOLUS, _i_, m. Piquier dans le régiment de Vénus;
-lancier en la milice d'Amour; un longue-queue.
-
-(N) MAENADES, _dum_, f. C'étaient des espèces de prêtresses de Bacchus
-ou de Priape, qui, dans les fêtes de Cérès, ou de la Bonne Déesse, ou
-d'Isis, contrefaisaient peut-être ensemble, par chasteté, les mystères
-de l'amour, comme les philosophes Socratiques les contrefaisaient entre
-eux, par sagesse. Il résultait de tout cela que de l'imitation on
-voulait venir à la réalité, et que, sortant des mystères, les Ménades ou
-les Bacchantes couraient après les hommes, _ululabant Priapum_, avec une
-fureur qui écartait tout le monde. Aussi, ne trouvant personne à qui
-parler, on assure qu'elles sollicitaient les animaux.
-
-(N) MALA, _orum_, n. _Priap._ Ce sont les petites pommes de l'arbre de
-vie. Ève en fut gourmande, et ses descendantes ont conservé le même
-appétit pour ce fruit. Voy. COLEUS, TESTES.
-
-(N) MAMMA, _ae_, f. La mamelle; le sein d'une femme; la pomme d'amour.
-_Mamilla_ est le diminutif; le terme est plus joli, mais la chose vaut
-mieux dans une belle et juste proportion. _Mamilla_ se prend aussi pour
-la fraise ou le bouton qui couronne le sein d'une femme. _Mamma
-inclinata_: pendard.
-
-(N) MANGO, _onis_, m. _Mart._ Un maquignon; un Mercure procureur
-d'amourettes; intendant de sérail; directeur des menus plaisirs de la
-cour de Cythère.
-
-(N) MANUS PULLARIA, PROTERVA. Main libertine ou officieuse, qui rend à
-d'autres le service qu'on peut se rendre à soi-même. La jeune amie
-d'Ovide ne lui refusait pas cet aimable service:
-
- _Hanc etiam mea non est dedignata puella
- Leniter admota sollicitare manu._
-
-La main d'une belle femme a produit des miracles, et rajeuni des
-vieillards dont le coeur toutefois n'était pas mort:
-
- _Illius ad tactum Pylius juvenescere possit,
- Tithonusque annis fortior esse suis._
-
- (_Ovid._)
-
-MARISCA, _ae_, f. _Mart._ (_Subaud._ FICUS). Voy. CHIA[157].
-
- [157] Tumeurs au fondement, par l'effet du libertinage contre nature.
-
-MASTRUPATOR, _oris_, m. _Mart._ Voy. MASTUPRATOR.
-
-MASTRUPOR, _ari_, dép. _Mart._ Voy. MASTUPROR.
-
-MASTRYLLIUM, _ii_, n. Voy. LUPANAR.
-
-MASTUPRATOR, _oris_, m. _Mart._ Assassin d'hommes informes; qui se passe
-de femme parce qu'il a cinq doigts à chaque main; celui qui se conduit
-par la main au plaisir; qui trouve une femme dans sa main; qui se joue à
-soi-même[158]. (En cas que ce mot soit composé de _manus_ et de
-_stupror_: car s'il est fait de _mas_ et de _stupror_, il signifie un
-Ganymédiseur; un puériseur; celui qui emploie dans ses plaisirs un sexe
-pour l'autre; qui métamorphose des garçons en filles; un bougre.)
-
- [158] Un Narcisse, un Hippolyte; tout homme épris des jouissances
- solitaires: onanisme, et, pour les femmes, nymphomanie.
-
-MASTUPROR, _ari_, dép. _Mart._ Assassiner des hommes informes; se passer
-de femme parce qu'on a cinq doigts à chaque main; trouver une femme dans
-sa main; se jouer à soi-même; conduire au plaisir par la main (soi ou un
-autre); clitoriser. Cette signification n'est qu'en cas que ce verbe
-soit composé de _manus_ et de _stupror_: car, si on le dérive de _mas_
-et de _stupror_, il signifie Ganymédiser; puériser; métamorphoser des
-garçons en filles; faire emploi d'un sexe pour l'autre dans ses
-plaisirs[159].
-
- [159] User du Manuel des Solitaires.
-
-MASTURBATOR, _oris_, m. _Mart._ Qui devient mari de sa main; ou: qui
-conduit au plaisir par la main. Voy. MASTUPRATOR.
-
-MASTURBATUS, _a, um_. _Mart._ Qui est devenu le mari de sa main; qui a
-été conduit au plaisir par la main; qui s'est amoureusement chatouillé
-pour se faire rire; qui s'est joué soi-même; qui a trouvé une femme dans
-sa main. Ou: clitorisé.
-
-MASTURBO, _are_, MASTURBOR, _ari_, dép. _Mart._ Voy. MASTUPROR.
-
-(N) MATRIMONIUM, _ii_, n. Honnête concubinage ordonné par des lois et
-fondé sur des conventions entre hommes et femmes, qui presque toujours
-s'en repentent. Les Anciens en usaient avec encore plus d'appareil que
-les Modernes. Ils avaient une multitude de dieux, grands et petits, qui
-présidaient à toutes les cérémonies du mariage. Quand la fille avait
-engagé sa foi, les matrones la conduisaient au dieu Priape et la
-faisaient asseoir sur le membre énorme de ce dieu: là, on ôtait la
-ceinture de la jeune mariée, et l'on invoquait la déesse _Virginensis_.
-Le dieu _Subigus_ soumettait la fille aux transports du mari. Le déesse
-_Prema_ la contenait sous lui pour l'empêcher de remuer à contre-temps.
-Enfin la déesse _Pertunda_, ou Perforatrice, ouvrait à l'homme le
-sentier de la volupté. Dans les Indes, ce sont les prêtres qui se sont
-emparés de cette fonction divine. D'autres dieux et déesses présidaient
-aux travaux de l'enfantement; mais ici il ne s'agit que du plaisir, et
-non de la peine qui le suit.
-
-MELLINA, _ae_, f. _Plaut._ Le cabaret où l'Amour enivre les hommes; le
-lieu où l'on goûte ses douceurs.
-
-(N) MEMBROSUS, _a, um_. _Priap._ _Membrosior aequo Priapus_: bien fourni
-de la pièce essentielle au jeu d'amour: puissant plus que l'homme n'a
-coutume de l'être.
-
-(N) MEMBRUM, _i_, n. Il y a beaucoup d'épithètes à ce mot. Voy. MENTULA.
-
-MENTULA, _ae_, f. _Mart._ Le sceptre d'amour[160]; le bâton de
-commandement dans la milice amoureuse; le flambeau de Cupidon; le
-poisson de Vénus; l'arc-boutant de Nature; le coutre de la charrue
-d'amour; le serpent tentateur; le pilon du mortier amoureux; la lardoire
-et le lardon dont fait piquer sa viande Cupidon; le pinceau qui redonne
-la couleur aux filles; le chalumeau dont l'Amour se sert pour enfler son
-ballon; le hoyau des jardins de Vénus; le bourdon des pèlerins amoureux;
-ce qui n'est qu'une ligne droite et fait pourtant les cornes aux cocus;
-le ciseau des sculpteurs d'amour; le refouloir des canonniers de Vénus;
-l'aiguillon de la volupté; le prototype des chevilles; la clef du
-cabinet de la mère d'Amour; l'instrument que l'Amour emploie à faire un
-étui pour les âmes; la quille, le mât et le gouvernail des vaisseaux
-amoureux; la lame que Vénus aime bien au fourreau; le hochet des amours;
-le plongeon de Vénus; le battant de la cloche amoureuse[161].
-
- [160] Ce sceptre amoureux a plus d'une fois procuré le trône à des
- mortels favorisés de la Nature:
-
- _Imperium nobis mentula sola dedit._
-
- (_Priap._)
-
- [161] La plume de l'Amour.
-
- Voici les synonymes Latins de cette partie essentielle: _Pars
- obscena, pars tegenda, tenta, penis, telum, columna, trabs, palus,
- contus pedalis, fascinum pedale, coleata cuspis, sceptrum, seminale
- membrum, ventris arma, vena tenta, hasta, Priapus, anguis, thyrsus,
- pensilia, peculium, muto, nota virilis, virilis nervus, mutinus,
- verpa, inguen, taurus, glans, babalum, psoleon, pyramis, clavus
- Cupidinis, vir, sica, sicula vel parva sica, cauda turgens, aluta,
- pipinna, iota longum_.
-
-MENTULATUS, _a, um_. _Plaut._ Qui est pourvu d'un grand persuasif en
-amour; qui est avantageusement partagé en faveur des dames; qui est bien
-fourni, doué par la Nature de magnifiques talents pour le service des
-belles; qui a de quoi servir le sexe à bouche que veux-tu; qui a une
-ample garniture amoureuse; que Nature a libéralement fourni à l'usage
-des dames, bien entalenté pour le sexe.
-
-MERENDUM (AD) A LENONE COGI. _A. Gell._ Être forcé par un marchand
-d'esclaves à s'attirer les caresses du public par sa complaisance.
-
-MERETRICATIO, _onis_, f. Voy. MERETRICIUM.
-
-MERETRICIE, adv. _Plaut._ En courtisane; en coquette outrée; à la
-manière des filles de joie; d'un air de garce; en putain.
-
-MERETRICIUM, _ii_, n. _Suet._ Coquetterie outrée; profession de
-courtisane; métier de fille de joie.
-
-MERETRICIUS, _a, um_. _Cic._ De coquette outrée; de fille de joie; de
-courtisane; de fille de commodité; de putain.
-
-MERETRICOR, _ari_, dép. _Colum._ Fréquenter les maisons de commodité;
-hanter les lieux de plaisir.
-
-MERETRICULA, _ae_, f. _Cic._ Diminutif de MERETRIX.
-
-MERETRIX, _icis_, f. Coquette outrée; courtisane; fille de commodité;
-fille commode; fille de joie; garce; putain; débauchée; fille
-d'amour[162].
-
- [162] Synonymes: _alicaria, diobolaris, elecebra, schoenicula,
- scortum_.
-
-MERITORIUS PUER. _Cic._ Jeune mignon qu'on entretient dans la vue de
-s'en servir à sa fantaisie; un Ganymède.
-
-MERITORIA TABERNA. _Suet._ Maison de commodité.
-
-MERITORIA SCORTA. _Suet._ Personnes qui s'attirent les bonnes grâces par
-des complaisances sans réserve.
-
-(N) MOBILIS, m. f., _e_, n. Cet adjectif est pris dans un sens assez
-lubrique par Ovide au second livre des _Amours_, où il parle du mérite
-des femmes et soutient que celle dont la démarche est hardie, agaçante,
-doit procurer sur un lit la plus voluptueuse agitation:
-
- _Sive procax aliqua est, capior, quia rustica non est,
- Spemque dat in molli mobilis esse thoro._
-
-(N) MOECHA, _ae_, f. Femme mariée qui se livre aux désirs de tous les
-hommes qui lui font la cour; femme adultère; impudique, infidèle.
-
-(N) MOECHISSO, _are_. Entretenir un commerce adultère; pondre dans le
-nid d'autrui; cocufier son voisin, son ami, son parent.
-
-MOECHOCINAEDUS, _i_, m. _Lucil._ Le mignon du mari et de la femme; celui
-qui rend à la femme ce que lui prête le mari; celui qui souffre du mari
-les caresses qu'il fait à la femme.
-
-(N) MOECHOR, _ari_, dép. Violer le lit nuptial; déchirer le contrat de
-mariage.
-
-(N) MOECHUS, _i_, m. Mari débauché, qui porte à la femme d'autrui ce qui
-n'appartient qu'à la sienne; adultère.
-
- _Fundum alienum arat: incultum familiarem deserit._
-
- (_Plaut._)
-
-_Semitarii moechi_: libertins, coureurs de filles dans les carrefours et
-les places publiques.
-
-(N) MOLLES MARES. Hommes efféminés qui se prostituent à d'autres hommes;
-Ganymèdes, etc. Le synonyme de _mollis_ serait le mot _facilis_. Voy.
-PATHICUS.
-
-MOLO, _is, ere_. _Petr._ Moudre amoureusement[163].
-
- [163] _Molitur per utramque cavernam_: moudre à tout vent; ne refuser
- aucune proposition; entreprendre en tout sens. _Molitor_, dans
- Ausone, se distingue de _moechus_ et _adulter_.
-
-MONETA, _ae_, f. Le lieu où se frappe la monnaie d'amour; la pièce avec
-laquelle les femmes se font battre monnaie.
-
-(N) MORARI GAUDIA, _vel sustinere sese in gaudiis_. _Ovid._ Suspendre,
-arrêter, prolonger le plaisir et la volupté d'une jouissance. C'est un
-talent heureux, et auquel les amants délicats et bien constitués savent
-se livrer. Ovide prétend qu'il faut avoir sept lustres, ou trente-cinq
-ans, pour bien savourer le plaisir des sens; mais cela dépend d'une
-constitution plus ou moins forte.
-
-(N) MORDERE LABELLA. _Catull._ Sorte de caresse amoureuse imitée des
-oiseaux, qui se mordent bec en bec dans leurs transports érotiques. La
-marque qui reste quelquefois de cette morsure ne fait pas plaisir aux
-dames.
-
-MORIGERARI ORE ALICUI. _Suet._ Livrer sa bouche aux plaisirs de
-quelqu'un; accommoder quelqu'un de sa bouche[164].
-
- [164] _Tacere_, pris obscènement, veut dire la même chose.
-
-MORIGERARI SIBI CUM ALIQUA. _Plaut._ Se divertir avec une belle; se
-donner du plaisir avec une personne; se satisfaire avec quelque belle;
-trouver une personne complaisante à tout ce qu'on veut d'elle; ne se
-refuser rien auprès d'une personne.
-
-(N) MORSIUNCULA, _ae_, f. Voy. NOTA MEMOR.
-
-(N) MOTUS IONICI. Mouvements gracieux perfectionnés par les filles
-d'Ionie:
-
- _Motus doceri gaudet Ionicos
- Matura virgo, et fingitur artubus._
-
- (Horat., od. 6, l. III.)
-
-(N) MUGILIS, _is_, m. Muge ou mulet: c'est un poisson vorace que l'on
-appliquait, à Athènes, au fondement d'un homme surpris en adultère. Ce
-genre de supplice devait être cruel, en raison de la force de l'animal.
-On épilait aussi le derrière de ces criminels avec de la cendre chaude,
-ou on leur enfonçait un raifort dans le fondement. La jalousie conjugale
-a inventé tous ces supplices, dont il est parlé dans Catulle et Juvénal.
-
-MULIEBRIA, _ium_, n. _Quintil._ Ce que les dames aiment à souffrir[165].
-
- [165] Le plaisir des dames.
-
-MULIEBRIA PASSUS A CENTURIONE ADOLESCENS. _Quintil._ Jeune garçon qui a
-souffert qu'un capitaine l'enrôlât au nombre des femmes.
-
-MULIEBRIA, _ium_, n. La principale, et peut-être l'unique chose qui fait
-considérer les femmes dans le monde[166].
-
- [166] La distinction spécifique du sexe.
-
-MULIEBRE BELLUM GERERE. _Cic._ Combattre une aimable ennemie; faire la
-douce guerre.
-
-MULIERO, _are_. _Varr._ Employer en guise de femme: faire servir de
-femme; métamorphoser en femme.
-
-(N) MUSAEUS, _i_, m. Auteur de livres lubriques. Voy. ELEPHANTIS.
-
-MUTINUS, _i_, m. Le dieu Priape, ou son arme.
-
-MUTO, _onis_, m. _Hor._ Le membre par excellence.
-
-MUTONIATUS, _a, um_. _Mart._ Voy. MENTULATUS.
-
-MUTONIUM, _ii_, n. Le coin des charpentiers naturels.
-
-MUTONUS, MUTUNUS, _i_, m. _Solin._ Voy. MUTINUS[167].
-
- [167] _Mutona verba_: paroles obscènes en usage parmi les libertins.
-
-(N) MYSTAE, _arum_, m. Les prêtres de Priape et de Bacchus. On peut voir
-par là combien leur ministère était utile et respectable. Les prêtres
-ont été partout les ministres de la débauche et du mensonge.
-
-
-
-
-N
-
-
-(N) NASUTUS BENE, _vel bene mentulatus_. Bien fourni d'un instrument qui
-fait plaisir aux dames; bien savant dans l'art de la luxure.
-
-(N) NATES MOVERE. Remuer les fesses: mouvement très naturel pendant la
-durée du plaisir amoureux. _Pastas glande nates habere_: se livrer au
-plaisir contre nature.
-
-(N) NATURA, _ae_, f. Se prend pour les parties naturelles des femmes
-comme des hommes.
-
-NECESSARIA, _ae_, f. _Cic._ Amie intime; bonne amie; personne qui est de
-moitié dans nos plaisirs.
-
-(N) NEQUITIA, _ae_, f. Petites folies amoureuses; badinages lascifs;
-débauche; vie déréglée; fredaines de la jeunesse. Martial prétend que
-les habitants de l'Égypte les connaissaient mieux que les autres peuples
-du monde. Juvénal les appelle _lasciviam et improbitatem Veneream_.
-
-(N) NOLANI ORE MORIGERANTES. Fantaisie en amour à laquelle les habitants
-de Nole étaient fort adonnés. Voy. les mots ILLUDERE FOEMINARUM
-CAPITIBUS, et ORE MORIGERARI. Les Osques et les habitants de la campagne
-de Rome connaissaient ce genre de volupté. Les Florentins en ont un
-autre, et rendent aux femmes avec la langue le plaisir que celles-ci
-cherchent à donner aux hommes avec la bouche. Ces sortes de voluptés
-servent à diversifier une action qui deviendrait fastidieuse par son
-uniformité.
-
-(N) NOTA MEMOR. _Hor._ Suçon amoureux.
-
-(N) NOTA VIRILIS. Caractère spécifique du sexe masculin.
-
-(N) NUPTIAE TURPES, SPONSAE TURPES. _Juv._ Mariage d'un homme avec un
-homme. Les Romains avaient poussé jusque-là le dérèglement des passions.
-Rome et Sodome depuis longtemps sont synonymes. En outre, les Romains
-couchaient sans scrupule avec de jeunes esclaves fruits de leurs amours:
-cela s'appelait _injustae nuptiae et illegitimae_.
-
-
-
-
-O
-
-
-(N) OBSCENA, _orum_, n. Tout ce qui est contre la pudeur et l'honnêteté
-des moeurs est obscène et bon à cacher. _Obscena pars_, la partie
-obscène et que les dames ne voient pas sans rougir.
-
-(N) OFFENDERE BUCCAM. La même chose que ORI ILLUDERE, MORIGERARI.
-
-OFFICIUM, _ii_, n. _Cic._ Ce que l'on appelle le devoir, le bon office
-amoureux[168].
-
- [168] Ovide ne veut pas que l'on fasse par devoir ce qu'on peut faire
- par plaisir: à la bonne heure pour les maris!
-
-(N) OPUS JUVENILE. Travail d'amour, dont on se charge volontiers quand
-on est jeune. Voy. CONCUBITUS. _Opus dulce_ (_Ovid._): la douce affaire,
-l'occupation la plus gracieuse de la vie.
-
-ORTHOPHALLICUS, _a, um_. _Varr._ Qui se tient droit comme un Priape de
-noce.
-
-ORTHOPHALLUS, _i_, m. Priape en belle humeur; un Priape de noce.
-
-(N) OS, _oris_, n. La bouche. Elle ne devient obscène que par l'abus
-qu'on en fait en la prêtant aux plaisirs de l'amour. Voy. MORIGERARI
-ORE. Martial prétend qu'avec la bouche on ressuscite le physique d'un
-homme usé par la jouissance ordinaire:
-
- _Quid miseros frustra cunnos culosque lacessis?
- Summa petas: illic mentula vivit anus._
-
-(N) OSCULUM, _i_, n. Petite bouche qui donne grand appétit; préliminaire
-du jeu d'amour; charmant badinage; baiser: le plus innocent, le plus
-aimable des plaisirs amoureux. _Oscula delibare, dare, adfigere alicui_:
-donner et prendre des baisers; cueillir des baisers sur une bouche
-vermeille. _Jungere salivas oris_: s'embrasser étroitement.
-
- _Oscula cognosco cupidae; luctantia linguae_,
-
-dit Ovide; et c'était un grand maître, à qui tous les jeux d'amour
-étaient si bien connus, qu'il en a pu donner la leçon à qui voudrait en
-profiter.
-
-
-
-
-P
-
-
-PAEDERASTES, _ae_, m. Pédéraste; puériseur; qui aime à caresser les
-jeunes garçons[169].
-
- [169] Sodomite.
-
-PAEDERASTIA, _ae_, f. Pédérastie; amour désordonné pour les jeunes
-garçons; l'art subtil des Italiens[170].
-
- [170] Et des Grecs.
-
-PAEDEROS, _otis_, m. Voy. PAEDICO.
-
-PAEDICATIO, _onis_. Voy. PAEDERASTIA.
-
-PAEDICATOR, _oris_, m. _Suet._, PAEDICO, _onis_, m. _Catull._ Pédéraste;
-puériseur; qui aime à caresser désordonnément les jeunes garçons; qui
-exerce l'art subtil des Italiens; Gomorrhiste, bougre,
-Ganymédiseur[171].
-
- [171] Jupiter est le premier qui ait eu cette fantaisie à la cour
- céleste, et Laïus, père d'OEdipe, l'a fait connaître sur terre. Il
- enleva Chrysippe, fils de Pélops, à l'imitation de Jupiter, qui
- avait fait enlever Ganymède; et le mauvais exemple a été imité par
- toute la terre.
-
-PAEDICO, _are_. _Mart._ Puériser; exercer l'art subtil;
-Ganymédiser[172].
-
- [172] Faire l'amour à la Grecque. Il existe un distique Latin composé
- par un ancien poète, où, dans les premières syllabes des quatre noms
- propres qu'il contient, se trouve le mot _pedicare_ écrit par l'_e_
- simple:
-
- __Pe_nelopes primam _Di_donis prima sequatur,
- Et primam _Ca_ni syllaba prima _Re_mi._
-
- Voici un autre _rébus_ Latin faisant allusion au même mot:
-
- _Quum loquor, una mihi peccatur littera, nam _T_
- _P_ dico semper; blaesaque lingua mihi est._
-
-PAEDISCA, _ae_, f. Servante qu'on emploie à tout; une domestique dont on
-fait litière; servante caressée par son maître[173].
-
- [173] Par conséquent, servante maîtresse.
-
-PAEDISCIUM, _ii_, n. Voy. LUPANAR.
-
-PAEDOMANES, _is_, m. Éperdument porté à l'amour des jeunes garçons; qui
-aime les jeunes garçons à la folie.
-
-PAEDOMANIA, _ae_, f. Amour désordonné pour les jeunes garçons.
-
-PAEDOPHTHORIA, _ae_, f. Corruption de jeunes garçons.
-
-PAEDOPHTHORUS, _i_, m. Qui débauche les jeunes garçons; corrupteur de
-jeunesse; puériseur.
-
-PAEDOPOEIA, _ae_, f. Génération des enfants.
-
-PAEDOPOEUS, _i_, m. Qui fait des enfants.
-
-PAEDURGIA, _ae_, f. Le travail qui fait des enfants; l'exercice de la
-génération; la manière de faire des enfants.
-
-PAEDURGUS, _a, um_. Qui travaille à faire des enfants; qui s'exerce à la
-génération; qui fait des enfants[174].
-
- [174] Qui s'occupe de sa postérité.
-
-PALAESTRA, _ae_, f. _Cic._ Magasin de pourvoyeur d'amour; lieu de
-plaisir; maison de commodité: académie d'Amour; collège de Vénus[175].
-
- [175] Gymnase ou lieu d'exercice pour le libertinage.
-
-PALAESTRICA, _ae_, f. _Petr._ Femme qui donne des leçons de lutte; celle
-qui forme aux exercices du corps et de l'esprit les personnes qu'elle
-veut rendre agréables; maîtresse d'académie galante.
-
-PALPATIO, _onis_, f. _Plaut._ Patinage; patinement[176].
-
- [176] Maniement.
-
-PALPATOR, _oris_, m. _Plaut._; PALPO, _onis_, m. _Pers._ Patineur.
-
-PALPATUS, _a, um_. Patiné[177].
-
- [177] Touché, manié.
-
-PALPO, _are_. _Juv._; PALPOR, _ari_, dép. _Hor._ Patiner[178].
-
- [178] Manier, toucher.
-
-PALPARI MULIERI. _Plaut._ Caresser une femme. Ou: Sonder le coeur d'une
-femme.
-
-(N) PALUS RUBER. Un pieu; un pal plus humain que ceux dont on se sert en
-Turquie. C'est un instrument dont le dieu des jardins est toujours armé.
-Voy. MENTULA.
-
-(N) PANNUCEA MENTULA. Hochet dont les jeunes filles ne peuvent plus
-faire usage; instrument hors de service, flétri, ridé.
-
-(N) PAPILLA, _ae_, f. Le mamelon; la fraise qui termine le sein d'une
-femme; les mamelles. _Carpere papillas_, cueillir les pommes d'amour;
-mettre la main sous le mouchoir des belles.
-
- _Forma papillarum quam fuit apta premi!_
-
- (_Ovid._)
-
-(N) PARATUS, _a, um_. Prêt à faire plaisir aux dames.
-
-(N) PARCERE LATERI. _Juv._ Faire le paresseux; dormir auprès d'une
-femme, au lieu de s'occuper à lui faire plaisir.
-
-(N) PATENS, _tis_, _omn. gen._ Ouvert. En amour il ne faut pas être trop
-ouvert.
-
-PATHICUS, _i_, m. _Juv._; PATHICUS, _a, um_. _Juv._ Qui souffre qu'on le
-Ganymédise; qu'on emploie à l'office amoureux de Ganymède[179].
-
- [179] Synonymes: _mollis, facilis_. Sénèque nous apprend qu'on
- connaissait un homme de cette espèce à la manière dont il se
- grattait la tête: _uno digito scalpit caput_ était passé en proverbe
- à cet égard.
-
-PATHICA PUELLA. _Priap._ Jeune fille qu'on Ganymédise; une jeune enfant
-qu'on fait servir de Ganymède; fille dont on se sert comme d'un jeune
-garçon qu'on emploie pour une fille.
-
-PATHICISSIMUS, _a, um_. _Mart._ Qui se souffre employer à tout ce que
-peut demander une passion déréglée.
-
-PATIENTIAE MULIEBRIS LEGEM ACCIPERE. _Petr._ Supporter les fatigues où
-le beau sexe s'expose lorsqu'il entre dans la milice amoureuse.
-
-PATI CONCUBITUS. _Ovid._ Souffrir les caresses du lit[180].
-
- [180] Ne pas repousser le plaisir. _Pathicus_ en dérive.
-
-PATI TANGI. _Ovid._ Se laisser patiner; se souffrir manier; vouloir bien
-être tâtonnée.
-
-PATRANS, _tis_, _omn. gen._ _Pers._ Qui fait ce qu'on appelle faire; qui
-travaille à l'ouvrage naturel; qui fait l'action.
-
-PATRANS OCELLUS. _Pers._ Un oeil mourant de plaisir.
-
-PATRATIO, _onis_, f. _Cornut._ L'accomplissement de ce qu'on appelle
-l'action; le travail amoureux; l'exercice de Vénus.
-
-PATRATOR, _oris_, m. _Tac._ Un faiseur; un artiste amoureux.
-
-PATRO, _are_. _Sall._ Ce qu'on appelle faire; se mettre à l'ouvrage
-naturel; s'exercer au travail amoureux; faire l'action.
-
-(N) PECULIO, _are_. Entrer au petit magasin d'amour; jouir
-amoureusement.
-
-PECULIUM, _ii_, n. _Petr._ Le magasin d'amour et sa marchandise.
-
-PECULIUM PROLATUM. _Petr._ Marchandise amoureuse étalée.
-
-PECULII MAJORIS HOMINES. _Lampr._ Les hommes les mieux fournis; les
-substituts de Priape.
-
-(N) PELLEX, _icis_, f. Fille commode; concubine; femme entretenue; femme
-galante dont la physionomie et les grâces attirent les hommes.
-
-(N) PELLICATUS, _us_, m. Concubinage.
-
-PENIS, _is_, m. _Cic._ La queue des animaux, tant raisonnables
-qu'irraisonnables[181].
-
- [181] Le battant de la cloche d'amour. Voy. MENTULA. _Agere inter
- viscera penem._ _Juv._ S'amuser au jeu contre nature.
-
-PENI DEDITI ADOLESCENTES. _Cic._ Jeunes gens qui s'en prennent à
-eux-mêmes quand la passion les presse[182].
-
- [182] Disciples de Narcisse et d'Hippolyte.
-
-PENSILIA, _ium_, n. _Priap._ Le paquet d'amour; l'aiguille et les
-contrepoids de l'horloge amoureuse[183].
-
- [183] Les trois pendards masculins; les trois pièces.
-
-(N) PERAGERE VIRUM AUT MULIEREM. Jouir d'un homme ou d'une femme; se
-prêter aux désirs amoureux.
-
-(N) PERCIDO, _ere_; PERCISUS, _a, um_; PRAECIDO, _ere_; & PRAECISUS.
-C'est à peu près la même signification que _perforare_, mais il
-s'applique aux hommes plutôt qu'aux femmes. _Puer percisus, virgo
-perforata_, sont deux individus violés, chez qui l'on est entré de
-force.
-
-PERDEPSO, _is, ere_. _Catull._ Pétrir vigoureusement dans le pétrin
-naturel.
-
-(N) PERDUCO, _ere_. Conduire une femme contre sa volonté chez un
-amateur; la tromper; la produire contre son intention.
-
-PERDUCTATIO, _onis_, f. Maquerellage.
-
-PERDUCTATOR, _oris_, m. Voy. PERDUCTOR.
-
-PERDUCTO, _are_. _Plaut._ Maquereller.
-
-PERDUCTOR, _oris_, m. _Cic._ Courtier d'amour; pourvoyeur de Vénus;
-maquignon de plaisirs; appareilleur de coeurs; conciliateur de volontés
-amoureuses.
-
-PERFICIO, _is, ere_. _Jul. Cap._ Achever une besogne qu'on voudrait
-toujours recommencer.
-
-(N) PERFORO, _are_. Entrer de force; faire un trou plus grand qu'il
-n'était; dépuceler; jouir amoureusement. Le dieu des jardins menaçait
-les voleurs de tout sexe de leur faire subir cette peine: aussi était-il
-souvent volé.
-
-PERIRE MULIEREM. Ces deux mots sont marqués dans le _Dictionnaire_ de
-Danet pour être de Plaute. Ils n'en sont pas; mais ils se trouvent dans
-le premier vers de l'argument acrostiche du _Truculentus_ de Plaute. Ces
-arguments acrostiches des comédies de Plaute sont ordinairement
-attribués à Priscien, qui aurait fait une faute dans cette construction,
-s'il avait entendu se servir de _perire_ dans le sens ordinaire. Il a
-prétendu rire, et, pour cadrer à son jeu, il a fait un verbe de _per_ et
-de _ire_, aller au travers: pour peu qu'on y ait été en sa vie, on
-entendra bien ce que signifie _perire mulierem_[184].
-
- [184] Traverser le beau sexe. Voy. PERAGERE.
-
-PERMOLENDUS, _a, um_. _Plaut._ A qui il faut faire broyer le vermillon
-de Vénus.
-
-PERMOLITOR, _oris_, m. _Plaut._ Qui moud et fait moudre amoureusement
-sous soi.
-
-PERMOLO, _is, ere_. _Hor._ Moudre et faire moudre amoureusement sous
-soi; broyer le vermillon de Vénus[185].
-
- [185] _Permolere uxores alienas_: caresser la femme d'autrui; pondre
- dans un nid qui n'est pas le sien; ensemencer un champ que d'autres
- labourent.
-
-PERPELLO, _ere_. _Ter._ Faire tomber à la renverse sans risque de
-blessure[186].
-
- [186] Sur le dos, et comme il faut que tombe toute fille.
-
-PERPULIT MIHI PUDICITIAM PRIMUS. _Plaut._ Il m'a dépucelée; il a eu mon
-pucelage; il a eu ma fleur; il est le premier qui m'ait entamée.
-
-PERTUNDA, _ae_. La déesse qui présidait à l'attaque d'un pucelage; la
-présidente au premier assaut nuptial[187].
-
- [187] _Pertundere tunicam tentigine_: sentir l'aiguillon d'amour.
-
-PHALLAGOGIA, _orum_, n. Les fêtes de Bacchus et de Priape.
-
-PHALLICA, _orum_, n. Les mystères de Bacchus et de Priape.
-
-PHALLICUS, _a, um_. Qui concerne le laboureur du champ de Nature; ou:
-qui concerne le symbole de la fécondité de la Nature.
-
-PHALLICUM CARMEN. Hymne, poème, chanson à la louange de l'instrument de
-la vie animale, qu'on chantait aux processions en l'honneur de Bacchus,
-de Priape ou d'Osiris.
-
-PHALLOPHORI, _orum_, m. _Cic._ Ceux qui portaient la représentation du
-dieu Priape, ou du laboureur naturel, à la procession des fêtes d'Osiris
-en Égypte, et à celle des fêtes de Bacchus et de Priape à Athènes; ou:
-ceux qui portaient ce symbole de fécondité pendu au col dans le temps de
-la célébration de ces fêtes[188].
-
- [188] Les chevaliers de l'ordre de Cupidon. On trouvera dans Apulée le
- détail de ces fêtes et de ces cérémonies obscènes dont les prêtres
- Phallophores avaient la direction.
-
-PHALLOPHORIA, _orum_, n. Procession en Égypte aux fêtes d'Osiris, et à
-Athènes aux fêtes de Bacchus et de Priape, où le symbole de la fécondité
-naturelle était porté en pompe au bout d'un bâton.
-
-PHALLOPOTES, _ae_, m. f. _Jul. Cap._ Qui boit dans un Priape de verre,
-ou d'autre matière[189].
-
- [189] On a vu plus haut que les Anciens avaient des pains de même
- figure.
-
-PHALLOVITROBOLUS, _i_, m. _Jul. Cap._ Priape de verre qui sert de tasse.
-
-PHALLUS, _i_, m. Figure du laboureur naturel, faite de bois de figuier,
-que portaient pendue au col ceux et celles qui célébraient en Égypte les
-fêtes d'Osiris, et à Athènes celles de Bacchus et de Priape, et qu'on
-portait aussi en pompe au bout d'un bâton aux processions qui se
-faisaient alors[190].
-
- [190] Le Phallus est encore adoré chez les Chrétiens par beaucoup de
- filles recluses, de vierges timides et de veuves qui craignent les
- suites des plaisirs amoureux. Le pessaire, le godemiché et le
- Phallus des Anciens ne font qu'un.
-
-(N) PHICIDISSO, _are_. _Suet._ Employer de jeunes chiens à lécher les
-testicules. Ce mot vient du Grec.
-
-(N) PHOENICISSO, _are_. L'une des hérésies des libertins. V. le mot
-LIGURIRE NATURAM MULIEBREM, et celui DEMITTERE CAPUT; c'est la même
-chose que _Lesbiare_. Les Phéniciens différaient des Lesbiens, en ce que
-les premiers se rougissaient les lèvres pour mieux imiter l'entrée du
-sanctuaire de l'amour: les Lesbiens, au contraire, n'y mettaient d'autre
-fard que l'empreinte des libations amoureuses qui les rendaient
-blanches: _demisso labra notata sero_ (_Catull._). Chaque peuple et
-chaque individu a son goût favori en amour, et il n'y a rien dont un
-homme usé de débauche ne s'avise pour ranimer la langueur de ses sens.
-Mais autant de tentatives de ce genre, autant de pas faits vers la mort,
-ou l'imbécillité, qui est un état plus affreux.
-
-PHORMISIUM, _ii_, n. Voy. CUNNUS.
-
-PHYSSIONUS, _a, um_. Pour qui la Nature a été prodigue, ou avare, selon
-les besoins qu'en ont les deux sexes dans les plaisirs mutuels.
-
-(N) PIPINNA, _ae_, f. Joli diminutif d'un nom qui ne manque pas de
-synonymes. Nous avons en Français le même nom, à peu de chose près. Voy.
-MENTULA.
-
-(N) PODEX, _icis_, m. C'est le contraire de _cunnus_; mais il y a des
-gens qui se plaisent à rapprocher les contraires, et pour qui tout est
-bon, lorsqu'ils sont tourmentés du désir charnel. Une chose singulière,
-c'est que chaque homme tient à la partie qu'il préfère avec beaucoup
-d'obstination, et qu'il est presque impossible de convertir un hérétique
-en amour. Synonyme: _luteum symplegadis antrum_.
-
-(N) POLLA, _ae_, f. _Mart._ Il paraît que les commentateurs et les
-lexicographes Latins n'ont pas connu la signification de ce mot, qui
-doit avoir de l'analogie avec MENTULA.
-
-(N) POLLUO, _ere_. Tacher son linge ou celui d'autrui; tuer des hommes
-avant leur naissance; tromper la nature; abuser de sa main, de ses
-doigts, ou de la bouche de quelques gens commodes; céder trop vite à ses
-désirs; y succomber trop tôt.
-
-(N) POLYGITON, _onis_, m. Archibougre; archilibertin; dictateur en
-crapule, en Sodomie.
-
-POMUM, _i_, n. Voy. COLEUS.
-
-PONDUS, _eris_, n. _Hor._ Le poids de la virilité; le paquet
-d'amour[191].
-
- [191] Voy. PENSILIA, JUDAEUM PONDUS.
-
-(N) POPPYSMA CUNNI. Le cliquetis des armes de Cupidon, lorsque le dard
-remue dans le fourreau naturel. C'est, pour la bouche, le sifflement du
-baiser, le bruit qu'on entend quand deux amants s'embrassent bien
-tendrement.
-
-PORCA, _ae_, f. _Varr._ Le conin des petites filles (parce que c'est une
-victime digne d'être immolée par celui qui aime, de même que les
-nouveaux mariés immolaient un porc, et ceux qui concluaient une paix
-immolaient une truie).
-
-(N) POSTICA PRAELIA. Combat Socratique, pendant lequel les combattants
-ne se regardent jamais en face.
-
-(N) POTIOR, _iri_, dép. Jouir. C'est en amour le bien suprême et la
-source du bonheur.
-
-POTUS, _i_, m. _Virg._ Catamite; Ganymède; bardache.
-
-(N) PRAEBERE SE. Accorder ses faveurs; se livrer; consentir aux désirs
-de quelqu'un. Voy. DO.
-
-PRAECIDO, _ere_. _Mart._ Voy. PAEDICO.
-
-PRAECISUS, _a, um_. _Sen._ Voy. PATHICUS.
-
-(N) PRAEMIA COXAE TOLERE. Remporter le prix de la lubricité.
-
-PRAEPUTIO, _are_. Jouer du prépuce. Ou: se jouer du prépuce.
-
-PRAEPUTIUM, _ii_, n. _Juv._ Prépuce: la barrette de Priape; le capuce du
-dieu des jardins; le bonnet du laboureur naturel.
-
-PRAEPUTIA DUCERE. _Juv._ Jouer du prépuce; se conduire au plaisir par la
-main; s'en prendre à soi-même pour apaiser son ardeur. Ou: se jouer du
-prépuce; conduire au plaisir par la main; coiffer et décoiffer Priape de
-moment en moment[192].
-
- [192] M. Dussaulx dit que c'est amortir ses désirs impatients.
-
-PREMA, _ae_, f. Une des divinités du lit nuptial qui présidait aux
-saccades amoureuses; la déesse qui avait l'intendance sur l'ouvrage des
-foulons amoureux; la déesse de Bourre-fort.
-
-PREMO, _ere_. Fouler amoureusement.
-
-PRIAPISCUS, _a, um_. Fait en manière de Priape.
-
-PRIAPISCUS, _i_, m. Le refouloir des tribades: un clitoris démesuré.
-
-PRIAPISMUS, _i_, m. Priapisme: maladie qui cause une tension douloureuse
-et continuelle du membre génital.
-
-PRIAPOLITHUS, _i_, m. Sorte de caillou blanchâtre formé par la Nature en
-figure de Priape, et dont le canal est représenté par une veine de
-cristal très pur. Quelquefois on le trouve aussi garni de ses
-contre-poids. Il y en a de droits, de courbés, et d'autres qui
-paraissent comme rongés par des chancres; le gland y est marqué. Ces
-sortes de cailloux se trouvent, dit Borel, près de Castres en Albigeois.
-Il y en a aussi d'autres qui ont la figure du jardin de nature
-animale[193].
-
- [193] Une plante, dont j'ai oublié le nom, a la même forme. Ce sont
- des jeux de la Nature, qui n'ont aucun mérite en comparaison de
- l'original.
-
-PRIAPUS, _i_, m. _Ovid._ Priape, le dieu des jardins naturels et
-artificiels. Ou (_Juven._): le laboureur naturel; le membre par
-excellence[194].
-
- [194] Le dépuceleur banal; le fléau des pucelages. Voici ses
- synonymes: _Ruber hortorum deus, rigidus deus, salax deus,
- ithyphallus, triphallus, ligneus hortorum custos, rari nemoris
- custos_. _Ululare Priapum_: invoquer Priape.
-
-(N) PRIAPUS VITREUS. Verre à boire représentant la forme d'un Priape.
-
-(N) PROCAX FASCINUM. Un bel échantillon de virilité.
-
-(N) PRODUCO, _ere_. Produire dans le monde; annoncer une jeune fille que
-l'on veut livrer pour de l'argent aux désirs des amateurs. C'est un
-synonyme de PROSTITUERE.
-
-(N) PROPUDIUM FISSILE. La partie soi-disant honteuse des dames: car,
-plus cette partie est jolie, moins elle doit craindre la honte.
-_Propudium de viris dicitur, libidines de foeminis_ (_Plaut._): un
-adjectif ajouté à un nom détermine son application à l'un ou l'autre
-sexe; l'adjectif _fissile_, joint à _propudium_, fait ici connaître
-qu'il s'agit d'un instrument féminin.
-
-PROSTERNO, _ere_. _Catull._ Prostituer; abandonner à tous venants; faire
-litière.
-
-PROSTERNERE SORORES EXOLETIS SUIS. _Suet._ Prostituer ses soeurs à ses
-mignons[195].
-
- [195] C'est un joli métier, digne des empereurs Romains et des gens de
- Cour, qui sacrifient tout à la fortune.
-
-PROSTIBILIS, m. f. _le_, n. _is_, gén. _Plaut._ Prostitué; abandonné à
-tous venants.
-
-PROSTIBULA, _ae_, f. _Plaut._ Prostituée; abandonnée à tous venants.
-
-PROSTIBULATUS, _a, um_. Prostitué.
-
-PROSTIBULUM, _i_, n. _Plaut._ Lieu de prostitution. Ou: voy.
-PROSTIBULA[196].
-
- [196] _Prostibula_, mis comme pluriel de _prostibulum_, signifie la
- même chose, mais en collection. Voy. LUPANAR.
-
-PROSTIBULUS, _a, um_. Prostitué.
-
-PROSTITUERE SE TOTO CORPORE. _Catull._ Abandonner son corps à toutes
-sortes de lubricités; se livrer tout entier à la prostitution.
-
-PROSTITUTA, _ae_, f. _Sen._ Prostituée; abandonnée à tous venants.
-
-PROSTITUTUS, _a, um_. _Plin._ Prostitué; abandonné à tous.
-
-PROSTO, _are_. _Juv._ Se prostituer; s'abandonner à tous venants; être
-toujours prêt à être mis en oeuvre; être prostitué; être abandonné à
-tous[197].
-
- [197]
-
- _... Nam quo non prostat foemina templo?_
-
- (_Juven._)
-
- Voy. PROSTERNO, PROSTITUERE SE. Le _stare in carcere fornicis_ de
- Juvénal exprime la même chose.
-
-PROSTARE IN LOCIS OCCULTIS. _Plaut._ S'exposer à tous venants en des
-lieux secrets.
-
-PROSTRATUS, _a, um_. _Suet._ Prostitué, abandonné à tous; exposé au
-premier venu.
-
-PROSTRATA REGI PUDICITIA. _Suet._ Pudicité prostituée au roi[198].
-
- [198] Sacrifiée au rang.
-
-PROSTRO, _are_. Voy. PROSTITUO.
-
-(N) PRURIGO, _inis_, f.; PRURITUS, _us_, m. Sensation délicieuse et
-parfois gênante, selon les tempéraments; chatouillement; érection.
-
-(N) PRURIO, _ire_. Chatouiller; exciter au jeu d'amour.
-
-PSOLE, _es_, f. Voy. MENTULA.
-
-(N) PSOTION, _onis_, m.; PSOTOENTA, _ae_, m. _Priap._ L'architecte du
-genre humain. Ce mot vient du Grec.
-
-PTERYGOMATA, _um_, n. Les lèvres de la bouche perpendiculaire; les bords
-du bassin amoureux. Ou: les nymphes; les dames des eaux du palais de
-Vénus; les ailes, les ailerons que l'Amour applique quelquefois à son
-caducée.
-
-PUBERALE, _is_, n. Le mont de Vénus; la motte; le pénil.
-
-PUBES, _is_, f. _Cic._ Le poil qui couvre le mont de Vénus[199]. Ou
-(_Virg._): Voy. CUNNUS.
-
- [199] Ou qui se trouve à l'origine des parties génératives de l'homme.
-
-PUBES, _eris_, _omn. gen._ _Cic._ A qui le poil follet commence à
-couvrir le mont de Vénus; qui entre en puberté.
-
-PUBIS, _is_, f. _Prud._ Voy. PUBES.
-
-PUDENDA, _orum_, n. Les parties de la pudeur[200].
-
- [200] C'est un terme d'anatomie.
-
-PUDENDAGRA, _ae_, f. La vérole, le mal de Naples; ou: chancre aux
-parties de la génération, etc.; maladie qui rend véritablement honteuses
-les parties qu'elle attaque.
-
-PUDENDUM, _i_, n. La partie de la pudeur[201].
-
- [201] Celle que l'on cache pour en doubler le prix lorsqu'on la
- montre.
-
-(N) PUDOR, _oris_, m. La pudeur, le fard du beau sexe. _Pudorem pellere,
-vel ponere_: oublier la pudeur. Il n'y a rien de plus agréable pour un
-homme, que de causer cet oubli pour quelques instants. Elle revient chez
-certaines femmes, mais il y en a qui s'en privent, par goût: ce ne sont
-pas les plus aimables.
-
-PUELLA EXPERTA VIRUM. _Hor._ Fille qui a éprouvé ce que vaut un homme en
-amour; belle qui a goûté des fruits de l'amour[202].
-
- [202] Qui sait à quoi s'en tenir sur les mystères de la nature.
- _Puella procax_ (_Ovid._): fille agaçante, et dont l'aimable
- vivacité excite le désir du combat amoureux.
-
-PUELLASCO, _ere_. _Varr._ S'efféminer; prendre des airs de fille;
-contrefaire la fillette; imiter les jeunes filles; faire la poulette;
-faire la mignarde, la pouponne; se mignarder[203].
-
- [203] _Quod non solum innubae fiunt communes, sed etiam veteres
- puellascunt, et multi pueri puellascunt (Fragmentum ex M. T.
- Varrone)._
-
-PUELLITOR, _ari_, dép. _Laber._ Clitoriser; jouer du clitoris; badiner
-au clitoris; folâtrer du bout du doigt avec une jeune fille; chatouiller
-au bel endroit; jouer du bout du doigt à la manière des jeunes filles.
-
-PUER, _i_, m. _Mart._ Un jeune mignon; un Ganymède[204].
-
- [204] Les jeunes esclaves mâles avaient souvent, chez les Anciens, le
- bonheur de plaire à leurs maîtres par cette sorte de complaisance.
- Les Grecs et les Romains menaient de front l'amour de la femme et de
- l'homme; et ceux-ci avaient souvent la préférence sur les femmes,
- quoique, pour plaire à leurs amants ou à leurs maris, elles se
- prêtassent souvent à leurs sales fantaisies.
-
- _Divisit Natura mares: pars una puellis,
- Una viris genita est..._
-
- dit Martial. Je ne crois pas que Buffon, qui a mieux étudié que lui
- la nature humaine, ait été de cet avis.
-
- _Pusio_ est synonyme de _puer_. Lisez le nº VI dans les _Monuments
- de la vie privée des Césars_, pages 21 à 24.
-
-(N) PUERA, _ae_, f. Fille qui oublie son sexe et qui sert de Ganymède.
-
-PUERARIUS, _ii_, Voy. PAEDICO.
-
-PULLARIA, _ae_, f. _Plaut._ Main qui patine, qui farfouille[205].
-
- [205] Qui chiffonne.
-
-PULLARIAM FACERE. _Petr._ Patiner; farfouiller.
-
-PULLARIUS, _ii_, PULLIPREMO, _onis_, Voy. PAEDICO.
-
-PULLUS, _i_, m. _Fest._ Mignon; Ganymède; bardache[206].
-
- [206] Mon poulet: c'est le nom que l'on donnait à son mignon.
-
-(N) PUSIO, _onis_, m. Jeune garçon; jeune esclave mâle réservé pour la
-couche du maître. Voy. PUER.
-
-PUTA, _ae_, f. _Hor._ La conque amoureuse[207].
-
- [207] Virgile a dit _putus_ pour désigner un Giton.
-
-PUTILLA, _ae_, f. _Hor._ Un conichon; un conin; une coniche.
-
-PUTILLUS, _i_, m. _Plaut._ Une courte; une guigi; une margot; une gotte.
-
-(N) PYGAE, _arum_, f.; NATES, _ium_, f.; CLUNES, _ium_, f. Ce sont trois
-synonymes pour dire la même chose. En Français: les fesses, ou les
-coussins d'amour.
-
-PYGIACA SACRA. _Petr._ PYGIACA, _orum_, n. Le combat des fesses. Ou: les
-fêtes de Vénus antistrophe; ou: ses mystères postérieurs; l'exercice de
-l'art subtil.
-
-PYGISMA, _tis_, n. Voy. PAEDICATIO.
-
-PYGISTA, _ae_, m; PYGISTES, _ae_, m. Voy. PAEDICO.
-
-(N) PYRAMIS TENTA LIBIDINOSA NERVOS. La pique d'amour dans toute sa
-raideur.
-
-PYTISMA, _tis_, n. _Juv._ Onction avec du crachat pour faire couler;
-liniment avec du crachat pour faire glisser; enduit de crachat pour
-faciliter l'introduction[208].
-
- [208] Chez les jeunes filles trop étroites. Les femmes cessent trop
- tôt d'avoir besoin de ce liniment.
-
-
-
-
-Q
-
-
-(N) QUADRUPUS, _odis_, m. f. L'androgyne; le genre humain faisant la
-bête à quatre pieds, la bête à deux dos.
-
-
-
-
-R
-
-
-RADIUS, _ii_, m. Le rayon de la géométrie d'amour.
-
-(N) RAMUS, _i_, m. Le rameau pacificateur entre mari et femme, entre
-amant et maîtresse; l'arbre de vie. Voy. HASTA, MENTULA. Ausone, dans
-son _Cento nuptialis_, a plaisamment parodié le vers de Virgile en
-disant de l'époux prêt à livrer le premier assaut: _aperit ramum qui
-veste latebat_.
-
-(N) REN, _renis_, m. _Auson._ Il prend les reins pour la matrice, par
-licence poétique:
-
- _Utere rene tuo: casta puella anus est._
-
-C'est un précepte très humain, que celui qui prescrit de faire usage des
-membres et des biens qu'on reçoit de la Nature; mais le mot, dans le
-vers cité, est obscène par l'idée qu'il présente.
-
-(N) RESOLUTA FOEMINA. _Ovid._ Femme en attitude de combat.
-
-RESUPINANDUS, _a, um_. _Cels._ Qu'il faut coucher le ventre en haut;
-qu'on doit renverser sur le dos; à qui l'on doit faire voir la feuille à
-l'envers.
-
-RESUPINATUS, _a, um_. _Juv._ Voy. RESUPINUS.
-
-RESUPINO, _are_. _Liv._ Coucher le ventre en haut; renverser sur le dos.
-Ou (_Juv._): faire voir la feuille à l'envers.
-
-RESUPINUS, _a, um_. _Ovid._ Couché le ventre en haut; renversé sur le
-dos; à qui l'on fait voir la feuille à l'envers. Ou (_Quintil._): mou,
-efféminé.
-
-RETRO AGERE ALIQUEM. _Plin._ Faire travailler quelqu'un du derrière;
-Ganymédiser quelqu'un; aiguillonner quelqu'un postérieurement.
-
-(N) RIGIDUS DEUS. Priape, le dieu le plus ferme. _Rigere_ ou _arrigere_
-servent, dans le style licencieux, à exprimer le mouvement naturel qui
-fait qu'un homme se trouve capable d'en créer un autre.
-
-(N) RUMPERE LATUS IN VENERE. Se fatiguer au jeu d'amour; ne pouvoir plus
-remuer les reins. _Rumpi tentigine_, être en proie aux plus violents
-désirs.
-
-(N) RUSTICUS, _a, um_. En style amoureux, c'est celui qui va trop vite
-au fait, sans préliminaires ni consentement.
-
-
-
-
-S
-
-
-SACANDRUS, _i_, m. La partie qui mérite des saccades amoureuses.
-
-SAGITTATA OSCULA. _Plaut._ Des baisers à la pigeonne; baisers où les
-coups de langue vont dru[209].
-
- [209] Où les langues se dardent.
-
-(N) SALACITAS, _atis_. f. Extrême lubricité.
-
-SALAPUTIUM, _ii_, n. Voy. PUTILLUS.
-
-(N) SALAX, _acis_. De _salire_: celui que la Nature rend très habile au
-jeu d'amour. _Salax deus_, Priape, dieu de l'impureté; _salax eruca_, la
-roquette, herbe aphrodisiaque ou qui excite à l'amour.
-
-(N) SALIO, _ire_. Monter à l'assaut; couvrir la femelle (ce qui se dit
-des animaux). _Vox saliente libidine_: cri que le plaisir arrache à qui
-jouit passionnément.
-
-SALMACIDA SPOLIA. _Cic._ Une victoire amoureuse.
-
-SALTUS, _us_, m. _Plaut._ Le bocage amoureux; la garenne d'amour; le
-bosquet de Vénus; le taillis où l'Amour va giboyer.
-
-SARABUS, _i_, m.; SARON, _i_, n. Voy. CUNNUS.
-
-(N) SAVIARI (_pro_ SUAVIARI). S'embrasser avec tendresse.
-
-SCATINIA LEX. Loi faite contre les professeurs de l'art subtil et contre
-leurs disciples.
-
-(N) SCELERARE TEMPLA. Profaner, souiller les temples par des actes de
-lubricité.
-
-SCHEMA, _ae_. f. _Suet._ Manière particulière d'embrasser
-homocentriquement; la manière de faire cela.
-
-(N) SCEPTRUM, _i_, n. Le sceptre d'Amour; voy. MENTULA.
-
-(N) SCHOENICULA, _ae_, f. Courtisane; prostituée.
-
-(N) SCINDO, _ere_. Rompre et déchirer tous les obstacles qui s'opposent
-à la jouissance; enlever un pucelage; forcer les barrières de la
-volupté.
-
-SCORTATIO, _onis_. Voy. SCORTATUS.
-
-SCORTATOR, _oris_, m. _Cic._ Qui aime les filles de joie; putassier;
-bordelier; coureur de garces.
-
-SCORTATUS, _us_, m. _Apul._ Inclination pour les filles de joie; ou:
-l'exercice qu'on fait faire aux filles de commodité; ou: leur
-fréquentation.
-
-SCORTILLUM, _i_, n. _Catull._; SCORTISCUM, _i_, n. Une jeune fille de
-joie; une petite garce[210].
-
- [210] Ou: une fille de joie pour le petit peuple.
-
-SCORTOR, _ari_. dép. _Ter._ Courir les filles de joie; fréquenter les
-filles de commodité; hanter les maisons de plaisir; ou: mettre en
-exercice les filles commodes; faire travailler les filles de Vénus.
-
-SCORTUM, _i_, n. _Cic._ Fille de joie; fille commune. Ou (_Suet._): un
-Ganymède.
-
-SCORTUS, _i_, m. Voy. CINAEDUS.
-
-(N) SCROBS VIRGINALIS. La fossette naturelle chez les dames; le puits
-d'amour. Voy. CUNNUS.
-
-SECUTULEIA, _ae_, f. _Petr._ Celle qui recherche les caresses de
-l'homme; belle de haut appétit; personne âpre à la curée[211].
-
- [211] Femme à tempérament.
-
-SELINON, _i_, n. Voy. CUNNUS.
-
-(N) SEMEN HUMANUM. La graine d'hommes; la liqueur générative dont
-l'expansion est le but que la Nature se propose dans le déduit amoureux.
-
-(N) SEMINALE MEMBRUM. La gerbe d'amour. Voy. MENTULA.
-
-(N) SEMIVIR, _i_, m. Eunuque; prêtre de Cybèle.
-
-SICULA, _ae_, f. _Catull._ La dague amoureuse[212].
-
- [212] _Parva sica._
-
-(N) SIPHNIASSO, _are_. _Plin._ Fantaisie lubrique en usage parmi les
-anciens habitants de Siphno, l'une des îles Cyclades. Érasme dit que
-c'est _manum admovere postico_: aider les plaisirs du devant par ceux du
-derrière.
-
-(N) SOCRATES; SOCRATICI DISCIPULI. Tous ces messieurs les Sages, en
-fuyant la compagnie des femmes, en déclamant contre leurs défauts et
-contre l'amour, ont donné pour la plupart dans des accès bien plus
-répréhensibles. La nature ne perd jamais ses droits, et encore moins
-qu'ailleurs dans des climats brûlants.
-
-(N) SOLLICITARE INGUINA. Réveiller le chat qui dort; irriter les désirs
-charnels.
-
-(N) SOTADES, _is_, m. Sotadès, poète de Mantinée, le premier qui ait
-écrit sur l'amour Grec ou l'amour malhonnête et contre nature.
-
-(N) SPADO, _onis_, m. Eunuque: homme qui n'est plus homme, et qui peut
-servir de femme à ceux qui ne les cherchent pas où elles sont, ou les
-prennent à rebours lorsqu'ils les trouvent.
-
-SPATALOCINAEDUS[213], _i_, m. _Petr._ Un joli Ganymède.
-
- [213] Ou: SPATHALOCINAEDUS.
-
-SPETLOMA, _atis_, n. Le bruit du concert amoureux.
-
-SPHINGA, _ae_, f. Voy. MERETRICULA.
-
-SPHINX, _gis_, f. Voy. MERETRIX.
-
-SPINTRIA, _ae_, m. _Suet._ Inventeur de nouvelles attitudes amoureuses;
-qui trouve en amour des postures inusitées. Ou: Voy. PATHICUS.
-
-(N) SPONSA TURPIS. Une épouse qu'on ne peut avouer. Les Romains avaient
-une sorte de mariage infâme et bien qualifié du nom _turpis_: deux
-hommes se mariaient ensemble. Juvénal en parle en plusieurs endroits de
-ses Satires, notamment dans la deuxième, vers 134 et suiv.
-
- _... Quid quaeris? nubit amicus,
- Nec multos adhibet. Liceat modo vivere, fient,
- Fient ista palam, cupient et in acta referri.
- Interea tormentum ingens nubentibus haeret,
- Quod nequeunt parere, et partu retinere maritos.
- Sed melius, quod nil animis in corpora juris
- Natura indulget: steriles moriuntur, et illis
- Turgida non prodest condita pyxide Lyde,
- Nec prodest agili palmas praebere Luperco._
-
-Voyez le mariage de Gracchus avec un musicien, décrit dans la deuxième
-Satire, vers 117.
-
-Néron épousa publiquement Sporus, son Ganymède; et le plaisant de
-l'affaire, c'est qu'après l'avoir épousé comme homme, il voulut
-décidément lui faire changer de sexe, et tenta pour cela le secours de
-la chirurgie et des enfants d'Esculape. Le pauvre Sporus en demeura tout
-mutilé: aussi, pourquoi se mariait-il à Néron?
-
-Martial a parlé de ces noces abominables. Elles se sont, à ce qu'on dit,
-renouvelées sous Héliogabale, et sous notre ridicule Henri III, roi
-Français de Sodomitique mémoire.
-
-On a dit plaisamment que Domitien, père de Néron, aurait agi prudemment
-en épousant un homme. En effet il n'eût pas eu d'enfant, et la terre
-n'eût pas été souillée par l'existence d'un monstre tel que Néron.
-
-(N) SPORUS, _i_, m. Non d'un eunuque. Voy. SPONSA TURPIS.
-
-SPURIA, _ae_, f.; SPURIUM, _ii_, n. La coquille des pèlerins d'amour.
-
-STRUTHEUM, _i_, n.; STRUTHEUS, _i_, m.; & STRUTHIUM, _ii_, n.; STRUTHOS,
-_i_, m. L'oiseau d'amour; la racine amoureuse; le moineau de Vénus.
-
-STULTICEN, _inis_, m. Un poète folâtre; qui ne chante que des
-folâtreries.
-
-STUPRATIO, _onis_, f. _Plaut._ Engagement où l'on met une belle de se
-rendre à sa passion; la soumission à ses désirs amoureux qu'on exige de
-la complaisance d'une personne; prise de possession de l'honneur d'une
-jolie personne; la douce et agréable violence faite aux dames; prise de
-corps amoureuse; l'effort auquel les dames succombent avec plaisir.
-
-STUPRATOR, _oris_, m. _Quintil._ Qui soumet une belle à ses désirs
-amoureux; qui fait aux dames une agréable et douce violence; qui pousse
-son inclination amoureuse aussi loin qu'elle peut aller; qui engage une
-jolie personne à se rendre à sa passion; qui s'empare de ce que les
-dames n'osent offrir; qui prend amoureusement possession de l'honneur
-d'une belle; qui fait des efforts où les dames succombent avec plaisir;
-qui exige la dernière complaisance des belles; qui pousse amoureusement
-sa pointe jusqu'au bout; un abatteur de bois remuant; un Poliorcète en
-amour.
-
-STUPRATUS, _a, um_. _Cic._ Qui a laissé prendre une amoureuse possession
-de son honneur; qui s'est laissé aller à la passion amoureuse d'autrui;
-pris amoureusement au corps; qui a donné les dernières marques de
-complaisance en amour; qui a succombé aux efforts amoureux de quelqu'un;
-qui s'est donné aux désirs amoureux d'autrui; qui s'est amoureusement
-soumis aux inclinations de quelqu'un; dont on a exigé les dernières
-faveurs; à qui l'on a fait une amoureuse et douce violence; qui a été
-poussé amoureusement à bout; qui a été engagé à se rendre aux
-sollicitations amoureuses; qui a souffert des secousses d'amour; qui a
-été employé amoureusement hors de l'état de mariage.
-
-STUPRISEQUESTRA, _ae_, f. _Plaut._ Fille de joie. Ou: appareilleuse.
-
-STUPRO, _are_. _Plaut._ S'emparer de l'honneur d'une belle; engager une
-personne à se rendre à sa passion; prendre amoureusement au corps;
-s'attirer les dernières marques de complaisance en amour; soumettre à
-ses inclinations amoureuses; faire une amoureuse et douce violence;
-exiger les dernières faveurs; faire succomber sous ses efforts amoureux;
-pousser amoureusement à bout; prendre une amoureuse possession; engager
-à se rendre à ses sollicitations amoureuses; faire céder à ses
-empressements amoureux; employer amoureusement hors de l'état de
-mariage.
-
-STUPROSUS, _a, um_. _Val. Max._ Voy. STUPRATOR.
-
-STUPRUM, _i_, n. _Cic._ Prise de possession de l'honneur d'une fille ou
-d'une femme; excès de familiarité amoureuse; l'effort où les dames
-succombent avec plaisir; la douce et amoureuse violence faite aux
-belles; amoureuse prise de corps; exaction des dernières faveurs; emploi
-qu'on fait d'une belle hors de l'état de mariage.
-
-(N) SUAVIOR, _ari_, dép. S'embrasser, se baiser amoureusement. Voy.
-SAVIOR.
-
-(N) SUAVIUM, _ii_, n. Baiser sur la bouche. Synonymes: _basium,
-osculum_. Servius donne l'explication de ces trois mots: _basium_ est le
-baiser qu'on donne à une épouse; _suavium_ est celui que l'on donne à
-une maîtresse; _osculum_ est le baiser de paternité, ou que les pères et
-mères donnent à leurs enfants: c'est aussi le baiser de paix et de
-cérémonie. Il y a un gros livre sur les baisers, par Kempius. On peut le
-lire lorsque l'on veut approfondir la matière en curieux et en savant:
-pour ceux qui ne le sont pas, la chose vaut mieux que le mot.
-
-SUBACTIO, _onis_, f. _Cic._ L'action de fouler amoureusement; le travail
-amoureux qu'on fait faire sous soi.
-
-SUBACTOR, _oris_, m. _Lampr._ Voy. FUTUTOR. Ou: Voy. PAEDICO.
-
-SUBACTRIX, _icis_, f. Voy. FRICTRIX. Voy. TRIBAS.
-
-SUBACTUS, _a, um_. Foulé amoureusement; repassé naturellement ou contre
-nature.
-
-SUBACTUS, _us_, m. _Plin._ Voy. SUBACTIO.
-
-SUBADMOVERE MARI FOEMINAM. _Colum._ Mettre aux prises le mâle et la
-femelle; engager les deux sexes au combat de Vénus.
-
-SUBAGITATIO, _onis_, f. _Plaut._ Le travail amoureux qu'on fait faire
-sous soi; les mouvements qu'on cause à ce qu'on caresse amoureusement;
-le branle qu'on donne à l'objet de ses plaisirs; les secousses
-amoureuses.
-
-SUBAGITATOR, _oris_, m.; SUBAGITATRIX, _icis_, f. Qui met en mouvement
-l'objet de ses désirs; qui fait travailler amoureusement sous soi; qui
-met en branle ce qu'il aime.
-
-SUBAGITATUS, _a, um_. Qu'on a mis amoureusement en branle; mis en
-mouvement amoureux; à qui l'on a donné des secousses amoureuses; qui
-travaille amoureusement sous autrui.
-
-SUBAGITO, _are_. _Plaut._ Faire mouvoir amoureusement sous soi; mettre
-en amoureux mouvement; mettre en branle ce qu'on aime; donner des
-secousses amoureuses à l'objet de ses plaisirs.
-
-SUBALARIA NEGOTIA. Affaires amoureuses.
-
-SUBANS, _tis_, _omn. gen._ _Plin._ Qui refoule amoureusement. Ou: qui
-est en amour; qui est en chaleur.
-
-SUBATIO, _onis_, f.; SUBATUS, _us_, m. _Plin._ Voy. SUBACTIO. Ou: la
-chaleur des femelles; le désir du mâle[214].
-
- [214] Ce qui se dit plus spécialement des animaux.
-
-SUBATUS, _a, um_. Qui a été amoureusement refoulé. Voy. SUBAGITATUS.
-
-SUBIGATRIX, _icis_. f. Voy. SUBIGITATRIX.
-
-SUBIGENDUS, _a, um_. _Col._ Qu'il faut refouler amoureusement; qu'on
-doit faire travailler amoureusement sous soi.
-
-SUBIGITATRIX, _icis_. f. _Plaut._ Tribade, moderne Sapho.
-
-SUBIGITO, _are_. _Plaut._ SUBIGO, _ere_. _Cic. Suet._ Refouler
-amoureusement; faire travailler amoureusement sous soi; refouler la
-charge amoureuse[215].
-
- [215] Cela se dit des hommes et des femmes: _Nicomedes Caesarem
- subegit_.
-
-SUBIGUS, _i_, m. Le dieu qui présidait au renversement des belles[216].
-
- [216] Aux premiers sacrifices à l'Amour.
-
-SUBO, _are_. _Plin._ Rechercher le mâle; être en amour; être en
-chaleur[217]. Ou (_Hor._): Voy. SUBIGO.
-
- [217] Se remuer, s'agiter pendant le plaisir amoureux. Voy. SURIO.
-
-SUBANDO CUBILIA RUMPERE. _Hor._ Enfoncer le lit à force de faire
-rage[218].
-
- [218] Et de mouvoir le croupion.
-
-(N) SUBSIDERE MARIBUS. Se dit des femelles des animaux, qui s'arrêtent
-et se tiennent fermes pour recevoir le mâle.
-
-SUBULA, _ae_, f. _Colum._ L'alène de Cupidon.
-
-SUBULO, _onis_, m. Voy. PAEDICO.
-
-SUBULO, _are_. Voy. PAEDICO.
-
-(N) SUBURRANA PUELLA. Fille publique; courtisane; raccrocheuse. La
-Suburra est le quartier de Rome où logent toutes les filles publiques.
-_Suburrana uxor, vel Summoeniana uxor_: une prostituée, une femme qui se
-marie au premier venu pendant un quart d'heure.
-
-SUCCUBA, _ae_, f. _Ovid._ Concubine; maîtresse; celle dont on a les
-faveurs.
-
-SUCCUBO, _are_. _Apul._ Se soumettre aux caresses amoureuses; travailler
-amoureusement sous une personne.
-
-SUCCUBONEUS, _a, um_. _Titinn._; SUCCUBUS, _a, um_. _Prud._ Qui se
-soumet aux caresses amoureuses; qui travaille amoureusement sous autrui.
-
-SUCCUMBO, _ere_. _Varr._ Voy. SUCCUBO.
-
-SUCCUMBERE ANTE NUPTIAS QUIBUS & VELLENT. _Varr._ Se soumettre, avant le
-mariage, aux caresses de tous ses amants; en donner à tous ceux qui en
-veulent avant d'être mariée; ne refuser personne avant ses noces.
-
-(N) SULCUS, _i_, m. Sillon charmant; fosse d'amour.
-
-SUPERCUNNUM, _i_. n. Les broussailles du mont de Vénus.
-
-(N) SURIO, _ire_. Ce mot exprime pour les hommes ce que _subare_ veut
-dire des dames.
-
-(N) SUSTINERE SESE (_scilicet in gaudiis_). Savoir jouir; s'arrêter à
-propos pour prolonger le plaisir que l'on peut donner à son amie dans
-l'acte Vénérien. Voy. MORARI.
-
-(N) SYBARITICI LIBELLI. Catéchismes pour les libertins, dans lesquels la
-gymnastique lubrique était enseignée avec la plus grande perfection.
-Selon Lucien, ils ont pour auteur Hémithéon, natif de Sybaris.
-
-SYNCOETIUM, _ii_, n. Le paiement des plus vives caresses amoureuses;
-l'honoraire en amour; le prix des dernières faveurs.
-
-SYNUSIA, _ae_, f. La plus intime liaison que puissent avoir ensemble les
-deux sexes; la plus étroite union que puissent former deux personnes de
-sexe différent.
-
-
-
-
-T
-
-
-(N) TABELLAE, _arum_, f. Tablettes ou billets doux écrits par des
-amants.
-
-(N) TABELLAE VOTIVAE ET PICTAE. Tablettes où se trouvent peintes toutes
-les postures inventées à Lampsaque. Les jeunes filles qui possédaient de
-ces tablettes en faisaient hommage à Priape, afin qu'il leur accordât la
-réalité. On ne voit pas de ces _ex-voto_ dans les églises Chrétiennes.
-Properce a déclamé contre ces tablettes obscènes:
-
- _Quae manus obscenas depinxit prima tabellas
- Et posuit casta turpia visa domo,
- Illa puellarum ingenuos corrupit ocellos,
- Nequitiaeque suae noluit esse rudes._
-
- (_Propert._, II, 5, 19.)
-
-(N) TACEO, _ere_. Se taire est un acte très simple de sa volonté; mais
-quand on se laisse mettre dans la bouche quelque chose d'humain qui
-l'emplit, il y a bien force. En ce sens, _tacere_ est synonyme de
-_morigerari_, et très obscène. Vossius dit que _tacere_ signifie la même
-chose que _irrumari_.
-
-TAEDAE JURE COIRE. _Ovid._ User des droits de l'Hyménée en faveur du
-plaisir; prendre l'ascendant amoureux que donne l'Hymen; se servir
-amoureusement des libertés que donne le mariage.
-
-(N) TANGERE MULIEREM MANIBUS. Faire l'imposition des mains sur une
-femme; aller à la découverte du bosquet de Cythère; y faire naître avec
-les doigts mille sensations agréables, qui préparent une de ces crises
-charmantes qui font perdre la vie pendant quelques minutes.
-
-TAUROPOLIA, _orum_, n. Le carquois de Cupidon.
-
-TAURUS, _i_, m. _Fest._ Le laboureur du champ de la Nature.
-
-(N) TENDO, _ere_. Dans le style lubrique, signifie l'érection causée par
-les désirs charnels. _Tendere alutam_ (_Mart._)
-
-(N) TENER, _era, erum_. Jeune, délicat, agréable, joli, charmant:
-
- _... Sed tu sane tenerum et puerum te
- Et pulchrum, et dignum cyatho coeloque putabas._
-
- (_Juven._)
-
-TENTIGINOSUS, _a, um_. Qui bande toujours son imagination vers les
-plaisirs de l'amour.
-
-TENTIGO, _inis_, f. _Mart._ L'érection, le désir de Vénus. Ou (_Juv._):
-Priapisme volontaire, ou involontaire.
-
-TENTARE DIGITIS LOCA FOEMINARUM. _Colum._ Tâter si les poulettes ont
-l'oeuf; mettre les doigts où il n'en faut qu'un bon.
-
-TENTUM, _i_. n. La tente de la plaie amoureuse.
-
-TERERE INGUINA. _Juv._ Se donner des branles amoureux[219].
-
- [219] Sonder avec la langue l'antre de Cypris. Voy. PHOENICISSO,
- LESBIO.
-
-(N) TESTES, _ium_, m. Les témoins du pouvoir génératif.
-
-(N) TESTICULI, _orum_, m. Les témoins et les assistants du jeu d'amour.
-Ils sont presque toujours deux, et quelquefois trois.
-
-TESTICULO, _are_; TESTICULOR, _ari_, dép. _Fest._ Donner le mâle aux
-femelles.
-
-(N) THALASSIO, _onis_, m. L'action qui est le premier but du mariage; le
-dieu des noces; la chanson nuptiale ou épithalame. Martial a dit:
-_Indicare thalassionem manibus libidinosis._
-
-(N) THECA, _ae_, f. La boîte ou l'étui dans lequel on serrait toute la
-marchandise qui sert à la génération. Il y en avait en métal ou en cuir.
-Voy. FIBULA.
-
-(N) THORUS, _i_, m. Le lit ou le canapé où l'on se livre aux jouissances
-de l'amour.
-
-(N) THYRSUS, _i_, m. Le thyrse d'amour. Voy. MENTULA.
-
-(N) TOLLERE PEDES. Faire des gambades sur un lit; mettre les gens plus à
-leur aise en levant les pieds et les jambes en l'air pendant le combat
-amoureux.
-
-(N) TRABES, _is_, f. Arc-boutant de la génération. Voy. MENTULA.
-
-(N) TRACTARE MENTULAM. Le beau Narcisse et le sauvage Hippolyte fuyaient
-les femmes pour se livrer plus à leur aise à ce plaisir, qui n'en est
-plus un lorsqu'il conduit à la mort. C'est l'Onanisme, dont Tissot a
-montré tous les dangers. Chacun voit cela à sa manière, et de grands
-capitaines assurent que l'Onanisme est nécessaire à la guerre. Moi je
-prétends qu'il doit y être rare ou bien ménagé: sans quoi les dames
-n'auraient plus de plaisir à recevoir les militaires en quartier
-d'hiver, et ces messieurs dépeupleraient le monde de toutes les
-manières.
-
-TRIBAS, _adis_, f. _Mart._ Tribade; moderne Sapho; femme qui entreprend
-sur les fonctions viriles auprès de son sexe; clitoriseuse.
-
-TRIEMBOLUM, _i_. n. Le membre par excellence.
-
-TRIPHALLUS, _i_, m. _Tibull._ Surnom de Priape, à cause de sa grande
-fourniture. Ou: un magnifique sceptre amoureux.
-
-(N) TRUSO, _are_. Presser vivement l'entrée du palais d'Amour; s'agiter
-pour s'y introduire. Vient de _trudere_.
-
-TUTUNUS, _i_, m. Voy. PRIAPUS.
-
-
-
-
-U
-
-
-(N) ULCUS, _i_, m. Ulcère ou plaie, que toutes les femmes ont plus ou
-moins grande et qu'elles font soigner par les hommes. Cette plaie, fort
-heureusement, ne guérit jamais, malgré les visites fréquentes qu'ils y
-font.
-
-(N) ULULARE PRIAPUM. Invoquer Priape; lui demander la réalité des
-plaisirs que l'imagination sait peindre.
-
-UNICOLEUS, _a, um_; UNITESTIS, m. f., _te_, n. Qui n'a qu'un testicule;
-qui n'a qu'un témoin amoureux[220].
-
- [220] Le nombre n'y fait rien, mais la bonne qualité en fait le
- mérite.
-
-UPUPA, _ae_, f. _Plaut._ Fille de joie; fille de plaisir; fille de
-commodité; belle commode; courtisane; fille apprivoisée; fille de Vénus;
-fille d'amour.
-
-UXORCULO, _are_. _Plaut._ Efféminer; rendre efféminé.
-
-
-
-
-V
-
-
-(N) VALEO, _ere_. Être vigoureux en amour.
-
-VANNO, _are_. _Lucil._ Jouer du croupion; remuer amoureusement les
-fesses.
-
-(N) VASATUS BENE. Riche des dons de la Nature; bien pourvu de ce qui
-fait plaisir aux dames. Voy. MUTONIATUS.
-
-VELITARI PRAELIIS VENERIS. _Apul._ S'entre-agacer amoureusement; faire
-les approches amoureuses; escarmoucher amoureusement. Ou: tâcher de
-n'avoir pas le dernier au combat d'amour.
-
-(N) VELLERE CUNNUM. Arracher la barbe au capucin; s'épiler dans un
-endroit secret. C'est une petite coquetterie de femme qui veut passer
-pour jeune encore et près de la puberté. Les femmes Turques se rasent en
-cet endroit, ce qui rend le jeu plus plaisant.
-
-(N) VENA TENTA. Marteau d'Amour. Voy. MENTULA.
-
-VENEREAE RES. _Cic._ Les plaisirs de Vénus; les délices d'Amour; les
-voluptés amoureuses.
-
-VENEREUM ARVUM. _Apul._ Le champ de Vénus; le terrain amoureux; le
-territoire d'Amour.
-
-VENERIPETA, _ae_, m. f. Qui recherche les plaisirs de Vénus.
-
-VENERIS PER RES JUNGI. _Lucr._ Être unis par les liens les plus étroits
-du corps; être joints par les liens d'amour.
-
-VENERIS MODUM IN ALIQUA SIBI FACERE. _Ovid._ S'acquérir le fonds des
-bonnes grâces d'une aimable personne; être le tenant chez une belle;
-trouver ses nécessités amoureuses chez une belle.
-
-VENEREM VENDERE. _Suet._ Vendre des plaisirs qui ne le sont
-véritablement que lorsqu'ils sont donnés; faire trafic des faveurs
-amoureuses[221].
-
- [221] Voici le conseil d'Ovide sur ce point:
-
- _Parcite, formosae, pretium pro nocte pacisci;
- Non habet eventus sordida praeda bonos._
-
- Plaute nous donne le portrait du véritable amour dans une jeune
- fille qui préfère un baiser de son amant à tous les honneurs et à
- toutes les richesses de la terre.
-
-VENEREM IN ALIAM HABERE. _Apul._ Être sectatrice de Sapho; prendre des
-plaisirs à la Lesbienne; vouloir passer pour homme près d'une personne
-de son sexe; tribader; contrefaire les fonctions de l'homme auprès de
-celles de son sexe.
-
-VENERIVAGUS, _a, um_. _Varr._ Aventurier d'Amour; qui court le bord en
-amour; qui courtiserait jusqu'aux chèvres coiffées; coureur de belles
-apprivoisées.
-
-(N) VENUS, _eris_, f. Vénus, la déesse de la beauté; la mère des Amours;
-la fontaine des plaisirs. _Venus Coa_: Vénus libertine: _in triclinio
-Coa, in cubiculo Nola_; voy. NOLANI. _Venus ebria_: Vénus crapuleuse.
-
- _... Quid enim Venus ebria curat?
- Inguinis et capitis quae sint discrimina nescit._
-
- (_Juven._)
-
-_Quieta Venus_: Vénus tranquille ou qui aime ses aises. Il y a un mot
-plus énergique.
-
-VENUS FOEMINEA. _Ovid._ Le plus grand plaisir que l'on puisse prendre
-avec les femmes; le plus doux plaisir que les belles peuvent causer; le
-déduit.
-
-VENUS FURTIVA. _Ovid._ Les plaisirs que l'on dérobe en amour.
-
-VEPENIS, _is_, m. _Mart._ Une courte; une guigi; une margot. Ou: un
-pauvre engin; un faible outil.
-
-VERETILLA, _ae_, f. Sorte de coquille de mer qui a une figure Priapique.
-
-VERETILLUM, _i_, n. _Apul._ Diminutif de _veretrum_.
-
-VERETILLUM ET VIRGINAL QUAERERE. _Apul._ S'escrimer en amour et d'estoc
-et de taille; en vouloir amoureusement aux deux sexes; aimer les grandes
-filles et les petits garçons; greffer (en amour) en fente et en écusson;
-s'attaquer à Priape et à Vénus.
-
-VERETRUM, _i_, n. _Suet._ Voy. MENTULA.
-
-VERETRUM MULIEBRE. _Tert._ Le clitoris.
-
-VERPA, _ae_, f. _Catull._ Le sceptre humain[222]. Voy. MENTULA.
-
- [222] Ce mot s'adapte aux instruments naturels dont on a circoncis le
- prépuce; c'est pourquoi les Juifs par excellence peuvent être
- appelés _verpae, verpi_. Il paraît que les Romains se moquaient des
- circoncis.
-
-VERPULENTUS, _a, um_. V. MENTULATUS.
-
-VERPUS, _i_, m. _Catull._ Le doigt du milieu du corps. Ou (_Juv._): un
-circoncis.
-
-VERRETRUM, _i_, n. Voy. VERETRUM.
-
-(N) VESTA, _ae_, f. Déesse du feu, ou le feu lui-même. Comme le feu se
-combine sous mille formes, son culte devait être varié.
-
-(N) VESTALIS, _is_, f. Prêtresse de Vesta. L'auteur de l'_Errotika
-Biblion_ assure que le collège des Vestales peut être regardé comme le
-plus fameux sérail de tribades qui ait jamais existé; que certaines
-parties de leur culte les appelaient à des idées voluptueuses bien
-difficiles à concilier avec le voeu de virginité qu'elles prononçaient.
-Les Vestales, dit-il, sacrifiaient au dieu _Fascinus_; elles attachaient
-l'image de ce dieu aux chars des triomphateurs (voy. FASCINUS); ainsi le
-feu sacré qu'elles entretenaient était censé se propager dans l'Empire
-par les voies véritablement vivifiantes. Il est certain que plusieurs
-des mystères de la religion des Anciens n'étaient autres que les
-mystères de la Nature, qui se célébraient en secret par les initiés.
-
-VIR, _i_, m. _Catull._ La partie qui fait l'homme; le sceptre de
-Cupidon.
-
-VIRGINAL, _is_, n. _Solin._ Pucelage; membrane en quoi il consiste, et
-que cependant plusieurs célèbres anatomistes disent n'avoir jamais
-vue[223].
-
- [223] Ce mot se prend aussi pour toute la partie indicative du sexe
- féminin.
-
-VIRGINAL CONCRETUM. _Solin._ VIRGINAL INTACTUM. _Prud._ Pucelage en son
-entier, qui n'est point entamé.
-
-VIRGINALE, _is_, n. Voy. VIRGINAL.
-
-VIRILE, _is_, n. _Ovid._ Le membre viril.
-
-VIRILIA, _ium_, n. _Plin._ Les parties qui marquent la virilité.
-
-VIRILIORES, _ium_, m. Ceux qui sont les mieux fournis pour l'amour; ceux
-qui ont de plus grands talents pour le service des belles.
-
-VIRILITAS, _atis_, f. _Tac._ La virilité; les parties viriles; ce qui
-fait homme l'homme.
-
-(N) VIROSUS, _a, um_. Passionné pour les hommes. Cela n'est point
-obscène dans une femme.
-
-(N) VIRUS, _i_, n. Se prend, en bonne et en mauvaise part, pour la
-liqueur qui s'écoule par l'excès du plaisir ou du mal d'amour.
-
-(N) VORARE TENTA. Prêter sa bouche à un usage obscène; sucer la flûte de
-Cupidon; manger le père des hommes et détruire sa progéniture. _Se ipse
-vorare demisso capite_: manger soi-même sa race; c'est le comble du
-libertinage et de la folie.
-
-VULVA, _ae_, f. _Juv._ Le chemin qui conduit à la matrice; le canal qui
-mène au plaisir amoureux; le conduit des délices d'amour; la galerie de
-Vénus. Selon Pline: la matrice.
-
-
-
-
-X
-
-
-XANION, _ii_, n. La pièce avec laquelle les femmes se font valoir; ce
-qui fait presque tout le mérite des femmes; la pièce avec quoi les dames
-croient pouvoir rendre la monnaie de toutes choses[224].
-
- [224] Et la rendent en effet. La base principale de leur triomphe sur
- les hommes.
-
-
-
-
-Z
-
-
-ZONAM SOLVERE. _Catull._[225]. Dépuceler; avoir les gants d'une belle;
-prendre les premières faveurs[226].
-
- [225] Dénouer la ceinture d'une fille.
-
- [226] Catulle et Agathemerus l'appellent _zonula_: voyez celui-ci dans
- son _Hymne à Priape_. Vossius nous dit que les jeunes filles
- Romaines emprisonnaient leur virginité au moyen d'une ceinture faite
- de cuir, de peau ou de métal, afin qu'elle fût moins fragile; et que
- la partie qui touchait la peau était garnie d'une étoffe de laine.
- On empêchait aussi par de semblables moyens les jeunes garçons
- d'abuser de leur corps. Mais, avec le temps et l'adresse, toutes ces
- précautions devenaient inutiles, et chaque partie reprenait les
- fonctions qui leur sont naturelles. C'est pourquoi _zonam_ ou
- _fibulam solvere_ signifient mettre les jeunes gens à leur aise, les
- émanciper.
-
-
-FIN
-
-
-Paris.--Charles UNSINGER, imprimeur, 83, rue du Bac.
-
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-
-
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-End of the Project Gutenberg EBook of Dictionnaire érotique Latin-Français, by
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+++ b/57865-h/57865-h.htm
@@ -83,45 +83,7 @@ a { text-decoration: none; }
<body>
-<pre>
-
-The Project Gutenberg EBook of Dictionnaire érotique Latin-Français, by
-Nicolas Blondeau and François Noël and Alcide Bonneau
-
-This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with
-almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or
-re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included
-with this eBook or online at www.gutenberg.org/license
-
-
-Title: Dictionnaire érotique Latin-Français
-
-Author: Nicolas Blondeau
- François Noël
- Alcide Bonneau
-
-Release Date: September 8, 2018 [EBook #57865]
-
-Language: French
-
-Character set encoding: ISO-8859-1
-
-*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK DICTIONNAIRE ÉROTIQUE ***
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-Produced by Laurent Vogel and the Online Distributed
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-
-
-
-
-</pre>
+<div>*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK 57865 ***</div>
<h1><span class="large">DICTIONNAIRE</span><br/>
ÉROTIQUE<br/>
@@ -9766,381 +9728,7 @@ jeunes gens à leur aise, les émanciper.</p>
-<pre>
-
-
-
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-
-End of the Project Gutenberg EBook of Dictionnaire érotique Latin-Français, by
-Nicolas Blondeau and François Noël and Alcide Bonneau
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-*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK DICTIONNAIRE ÉROTIQUE ***
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-
-
-Section 2. Information about the Mission of Project Gutenberg-tm
-
-Project Gutenberg-tm is synonymous with the free distribution of
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-including obsolete, old, middle-aged and new computers. It exists
-because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from
-people in all walks of life.
-
-Volunteers and financial support to provide volunteers with the
-assistance they need, are critical to reaching Project Gutenberg-tm's
-goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will
-remain freely available for generations to come. In 2001, the Project
-Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure
-and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations.
-To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation
-and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4
-and the Foundation web page at http://www.pglaf.org.
-
-
-Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive
-Foundation
-
-The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit
-501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the
-state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal
-Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification
-number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at
-http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg
-Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent
-permitted by U.S. federal laws and your state's laws.
-
-The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S.
-Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered
-throughout numerous locations. Its business office is located at
-809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email
-business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact
-information can be found at the Foundation's web site and official
-page at http://pglaf.org
-
-For additional contact information:
- Dr. Gregory B. Newby
- Chief Executive and Director
- gbnewby@pglaf.org
-
-
-Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg
-Literary Archive Foundation
-
-Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide
-spread public support and donations to carry out its mission of
-increasing the number of public domain and licensed works that can be
-freely distributed in machine readable form accessible by the widest
-array of equipment including outdated equipment. Many small donations
-($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt
-status with the IRS.
-
-The Foundation is committed to complying with the laws regulating
-charities and charitable donations in all 50 states of the United
-States. Compliance requirements are not uniform and it takes a
-considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up
-with these requirements. We do not solicit donations in locations
-where we have not received written confirmation of compliance. To
-SEND DONATIONS or determine the status of compliance for any
-particular state visit http://pglaf.org
-
-While we cannot and do not solicit contributions from states where we
-have not met the solicitation requirements, we know of no prohibition
-against accepting unsolicited donations from donors in such states who
-approach us with offers to donate.
-
-International donations are gratefully accepted, but we cannot make
-any statements concerning tax treatment of donations received from
-outside the United States. U.S. laws alone swamp our small staff.
-
-Please check the Project Gutenberg Web pages for current donation
-methods and addresses. Donations are accepted in a number of other
-ways including checks, online payments and credit card donations.
-To donate, please visit: http://pglaf.org/donate
-
-
-Section 5. General Information About Project Gutenberg-tm electronic
-works.
-
-Professor Michael S. Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm
-concept of a library of electronic works that could be freely shared
-with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project
-Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support.
-
-
-Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed
-editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S.
-unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily
-keep eBooks in compliance with any particular paper edition.
-
-
-Most people start at our Web site which has the main PG search facility:
-
- http://www.gutenberg.org
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-This Web site includes information about Project Gutenberg-tm,
-including how to make donations to the Project Gutenberg Literary
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+<div>*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK 57865 ***</div>
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