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IL.] + + PARIS + ISIDORE LISEUX, ÉDITEUR + Rue Bonaparte, nº 25 + + 1885 + + + + +_Tiré à + +trois cent soixante-quinze exemplaires._ + +_Nº 204_ + + + + +AVANT-PROPOS + +DE L'ÉDITEUR + + +Les Amateurs qui veulent bien suivre mes publications se rappellent sans +doute les Adieux dont j'ai fait précéder la _Raffaella_, en Décembre +1884: «Le présent volume,» disais-je, «est peut-être le dernier de son +genre que je mette au jour...; le prochain sera un gros ouvrage de +Théologie.» + +J'étais sincère; j'avais débuté, en 1875, par une oeuvre Théologique, la +_Démonialité_, du P. Sinistrari: je voulais finir saintement, comme +j'avais commencé. + +Et j'ai tenu parole: j'ai donné, tout récemment, une réimpression des +_Divinités génératrices_ de Dulaure, croyant bien m'arrêter sur cette +oeuvre pie. + +Mais ne finit pas qui veut. Or, que faire quand la vie s'obstine et +qu'on n'a pas de goût pour le suicide? Éditer, éditer sans cesse. +Malheureusement, la matière se raréfie, et depuis que d'austères +censeurs, voyant un péril social dans des badinages poétiques du XVIe +siècle imprimés à cent cinquante exemplaires, m'ont traîné sur le banc +des assassins, je suis devenu fort timide. La Théologie elle-même ne me +rassure pas. Si j'essayais de l'Enseignement? Certes, c'est une noble +tâche que de façonner l'esprit de ses semblables, de les initier aux +élégances de cette littérature qui, suivant l'expression d'Ovide, +«_emollit mores, nec sinit esse feros_». Et pouvais-je mieux choisir, +pour inaugurer une nouvelle Bibliothèque d'Éducation, que l'_Aloisia_ de +Chorier, cette incomparable _Civilité juvénile_, ce chef-d'oeuvre Latin +d'un Français du grand siècle: un livre qui, si notre idiome devait +jamais disparaître, lui survivrait avec la langue immortelle dans +laquelle il est écrit? + +J'ai donc publié une édition Latine de l'_Aloisia_, plus correcte, je +puis l'affirmer, qu'aucune de ses devancières. + +Voici maintenant un second ouvrage, un _Dictionarium eroticum +Latino-Gallicum_, qui peut se rattacher au précédent. Il est aussi du +grand siècle, et tout à fait inédit. Son auteur, Pierre-Nicolas +Blondeau, n'est guères connu: du moins les Biographies Michaud et Didot +n'en font pas mention. Mais une Note[1] annexée au Manuscrit, de la main +d'un de ses possesseurs, Hyacinthe-Théodore Baron, ancien doyen de la +Faculté de Médecine de Paris et bibliophile distingué, nous apprend que +Nicolas Blondeau était avocat en Parlement, censeur des livres et +inspecteur de l'imprimerie établie à Trévoux, vers 1695, par le duc du +Maine, et qu'on lui devait le Dictionnaire classique Français-Latin, +connu sous le nom de _Boudot_. D'après d'autres renseignements, ce +dictionnaire de Boudot n'était que l'abrégé d'un grand Dictionnaire +manuscrit, en quatorze volumes in-4º, composé par Nicolas Blondeau et +qui n'a pas été imprimé. + + [1] Voir ci-après, p. XVII. + +Baron étant mort, en 1787, sa volumineuse bibliothèque, dont nous avons +sous les yeux le Catalogue[2] comprenant 6506 numéros, fut mise aux +enchères, et notre Manuscrit, + + _Nº 4495. Petri-Nicolai Blondeau Dictionarium Eroticum + Latino-Gallicum_, pet. in-4º. _Manuscrit, copie autographe mise au + net_, + +adjugé au prix de 34 livres 4 sous. + + [2] Catalogue de la bibliothèque de feu M. Baron, premier Médecin des + Camps et Armées du Roi en Italie et en Allemagne, ancien Doyen de la + Faculté de Médecine de Paris. _Paris_, _Née de la Rochelle_, 1788, + in-8º. + +Quel en fut l'acquéreur immédiat? On l'ignore: mais, deux ans plus tard, +il était préparé pour l'impression, revu, commenté et augmenté, pour +servir d'annexe à un Recueil de Priapées Latines dont voici le titre +projeté, de l'écriture du Commentateur: + + CARMINA ITHYPHALLICA + vel + EROTICA LATINA + + _Quibus accedit Dictionarium Eroticum Latino-Gallicum, continens voces + salaciores apud auctores optimae notae reperiundas, cum eorum + paraphrasi Gallica_ + + _Olim a Petro Nicolao Blondeau, advocato, confectum et in schedis + manuscriptis relictum, nunc revisum et auctum_ + + IN INSULA CYTHERAE + _Typis Amoris_ + 1790 + +On se proposait, en outre, d'en faire un tirage séparé, avec ce titre +spécial: + + DICTIONNAIRE ÉROTIQUE + LATIN-FRANÇAIS + + pour servir à l'intelligence de quelques auteurs de la belle + Latinité, et de Supplément au Dictionnaire dit de _Boudot_ + + A CYTHÈRE + _De l'Imprimerie de l'Amour_ + _L'an deuxième de la Liberté_ + 1791 + +Au verso d'un de ces titres sont de petites notes ou _memoranda_ du +Commentateur, indiquant les ouvrages qu'il devra consulter pour son +édition des _Carmina Ithyphallica_ ou Priapées Latines: + + _Priapeia._ + + _Excerpta ex Anthologia Latina._ + + _Excerpta ex Catullo, Tibullo, Propertio, Phaedro, Ovidio, Lucretio, + Horatio, Martiale, Juvenale._ + + _Pervigilium Veneris._ + + _Ausonii Cupido cruci affixus_; _Cento nuptialis._ + + _Ausonii Rosae idyllium._ + + Vérifier, dans _Baudii Amores_, les pièces anciennes qui peuvent me + convenir. + + Le _Delectus Epigrammatum Latinorum_ diffère-t-il de l'Anthologie de + Burmann? + + Pline le Jeune a écrit quelques vers libres, dont il cherche à + s'excuser dans deux de ses Lettres. Voyez, au 7e livre des Epîtres de + Pline, sa lettre à Pontius. Ausone en parle, mais ces poésies se sont + perdues. + + Apulée a écrit quelques Épigrammes libres, qui se sont perdues; il en + parle dans sa première Apologie de la Magie. + + On dit qu'il a existé des Lettres de Cicéron à Cerellia, qui respirent + tous les feux de l'amour. + + Le poème d'_Io_, par Laevius, ancien poète Latin, s'est perdu; il + avait aussi composé quelques livres sur l'Amour, nommés + _Erotopaegnia_, dont Barthius a adopté le titre pour ses compositions + du même genre. + + On trouve à la fin du _Meursius_ de Barbou des fragments de poésies + libres Latines; mais elles sont modernes. + + Voir _Poetae Latini minores_. + + Je ne prends aucun des vers qui font partie de la Satire de Pétrone, + pour ne pas démembrer cet ouvrage, qui peut se joindre un jour à + celui-ci. + +Avec ces données, il était facile de reconnaître, dans le Commentateur +anonyme de notre Manuscrit, l'auteur du Recueil de Priapées publié à +Paris en 1798, sous le titre d'_Erotopaegnion_[3]: c'est-à -dire François +Noël, professeur de belles-lettres avant la Révolution, et, de 1802 à +1841, date de sa mort, inspecteur général de l'Université. Et comme +j'avais sous la main plusieurs des innombrables autographes et +compilations manuscrites laissés par Noël, l'identité de l'écriture +n'était pas moins facile à constater. + + [3] _Erotopaegnion, sive Priapeia Veterum et Recentiorum, Veneri + jocosae sacrum. Lutetiae Parisiorum, Patris, 1798_, pet. in-8º. + +Jean-François Noël, né en 1755, mort en 1841, est assez connu: il +suffira d'en dire ce qui se rattache plus directement à notre sujet. +Comme la plupart des jeunes gens qui, sous l'ancien Régime, se +destinaient à l'enseignement, il était entré dans les Ordres, et il +occupait une chaire de professeur au collège Louis-le-Grand, lorsque la +Révolution lui ouvrit une voie nouvelle. D'abord chef de bureau au +Ministère des Relations extérieures, il obtint bientôt des postes +diplomatiques, débuta par une mission à Londres en 1792, fut +successivement ministre plénipotentiaire de la République à La Haye et à +Venise (1793 à 1796); puis, rappelé en France, devint membre de la +Commission de l'Instruction publique, commissaire général de police à +Lyon (1800), préfet du Haut-Rhin (1801), enfin inspecteur général de +l'Instruction publique (1802), place qu'il conserva jusqu'à sa mort. Ses +ouvrages, tous relatifs à l'Enseignement, témoignent d'une infatigable +fécondité: _Leçons de Littérature et de Morale, Françaises, Latines, +Latines modernes, Anglaises, Italiennes, Grecques, Allemandes_, +consistant, pour chaque langue, en deux volumes in-8º; _Leçons +Françaises de Philosophie et de Morale_; _Nouveau Dictionnaire des +Inventions et Découvertes_; _Dictionarium Latino-Gallicum_; +_Dictionnaire Français-Latin_; _Philologie Française, ou Dictionnaire +étymologique, critique, historique, anecdotique et littéraire_; +_Dictionnaire historique des personnages de l'Antiquité_; _Dictionnaire +de la Fable_; _Traduction de Catulle et Gallus_; _Abrégé de la Grammaire +Française_ (avec Chapsal), etc. + +Mais ces travaux officiels ne suffisaient pas à son activité. Humaniste +passionné, de la vieille école des Ménage et des La Monnoye, il occupait +ses loisirs à d'incessantes recherches dans des livres rares: anciens +conteurs Latins, Français ou étrangers, épigrammatistes, auteurs de +facéties, qu'il s'amusait à copier par extraits ou même in-extenso. +Outre son _Erotopaegnion_, il fut aussi l'éditeur anonyme des _Poggii +Facetiae_ parues à la même date (1798). Toutefois, ces deux publications +ne représentent qu'une minime partie de ses compilations manuscrites, +J'en possède, comme je l'ai dit plus haut, une notable quantité. C'est, +1º un volumineux Recueil intitulé: _Erycina ridens, seu recentiorum +Poetarum qui Latine cecinerunt Deliciae deliciarum_ (_Venetiae_, 1795): +_Erycina ridens_, en d'autres termes _Venus jocosa_, à laquelle son +_Erotopaegnion_ est dédié; 2º Le _Martial moderne, ou choix d'Épigrammes +tirées des Poètes Latins modernes, depuis la renaissance des lettres +jusqu'à nos jours_; sur le titre, _La Roche-Guyon_, 1827: La Roche-Guyon +est un village près de Mantes (Seine-et-Oise), où Noël avait +probablement sa résidence d'été; 3º _Le Perroquet_, recueil de pièces en +prose et en vers sur cet oiseau, en plusieurs parties: Latine, +Française, Anglaise, Italienne, Orientale; comment expliquer, chez Noël, +cet amour du perroquet, sinon par une sympathie de linguiste? 4º _Basia +variorum, libri IV_; recueil des meilleurs _Baisers_ de Jean Second et +autres imitateurs modernes de Catulle; 5º enfin, _Fabellae Milesiacae_, +ou _Fabellarum Milesiacarum libri, tum erotica et jocosa, tum heroica et +tragica continentes, e veteribus et recentioribus scriptoribus excerpti_ +(_Leropolis_, 1809); six gros volumes in-8º, dont le dernier porte la +date de 1840: Noël avait alors quatre-vingt-cinq ans. + +Il mourut, comme il a été dit, l'année suivante, et sa bibliothèque fut +aussitôt vendue par adjudication, sauf les Manuscrits, qu'il avait +réservés pour son fils, Charles Noël. Le Catalogue de vente[4], composé +de 1555 numéros, dont plusieurs réunissaient jusqu'à vingt ouvrages +différents, présentait, dans une assez petite proportion, ce qu'on est +convenu d'appeler des livres érotiques. Il fit scandale; la pudeur +officielle en fut alarmée, et cent soixante numéros furent «retirés par +ordre». On peut lire, en effet, sur un feuillet de garde de l'exemplaire +conservé à la Bibliothèque Nationale (_Collection Jullien_), les +curieuses annotations suivantes: + + _«Ce Catalogue est remarquable par le grand nombre de livres + licencieux qu'il contient..._ + + _»Et, par ce triste motif, fort cher et fort recherché.»_ + + [4] _Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Fr. + Noël, ancien conseiller de l'Université, inspecteur général des + études_, etc. Paris, Galliot, 1841, in-8º. + +Puis, d'une autre écriture: + + _«Sur 1555 numéros dont se compose ce singulier et unique Catalogue, + 160 ont été interdits comme contraires aux moeurs; on aurait pu en + trouver davantage.»_ + +Le premier annotateur n'était autre, probablement, que le digne +collectionneur Jullien: on sent le bibliophile tout aise de posséder un +article «fort cher et fort recherché», quitte à gémir sur le «triste +motif» de cette cherté. + +Quant à la seconde note, rédigée sans doute par un fonctionnaire de la +Bibliothèque, elle est digne d'un de nos magistrats, sévères gardiens de +la morale publique. «_On aurait pu en trouver davantage!_» Voyons donc +ce qu'il y avait de si effrayant dans ces cent soixante numéros retirés +par ordre: + +Pour ne rien dissimuler, oui, il y avait deux classiques du genre +proscrit: l'_Arétin Français_ et la _Justine_ en quatre volumes; mais la +grande majorité des autres numéros, c'était des livres comme ceux-ci: + + _Le Système de la Nature_, par d'Holbach; + _La Callipédie_ de Claude Quillet; + _Le Balai_; _la Chandelle d'Arras_; + _Les quatre heures de la Toilette des Dames_; + _La Nuit et le Moment_, par Crébillon fils; + _Opus macaronicum Merlini Coccaii_; + _Les Bigarrures et Touches_ de Tabourot des Accords; + _OEuvres de Tabarin_; + _Le Moyen de parvenir_; + _Aventures de Roquelaure_; + _L'Art de désopiler la rate_; + _Mémoires pour servir à la fête des Fous_, par Du Tilliot; + _Novelle dell' abbate Casti_; + _Traité des Eunuques_, par Ancillon; + _Collection d'ana_: _Scaligerana_, _Chevroeana_, etc. + +Voilà les monstruosités qu'il était défendu à un littérateur de +posséder, sous le règne du bon roi Louis-Philippe. + + * * * * * + +Revenons, en terminant, au Manuscrit qui fait l'objet de cette +publication. + +Noël y avait fondu ses notes et additions, voulant ne donner qu'un seul +texte; mais les idées comme le style du prêtre défroqué de 1791 +n'étaient pas sans disparate avec la manière de penser et d'écrire du +vieux Blondeau: aussi, ai-je préféré distinguer les deux auteurs, en +rejetant au bas des pages ce qui appartient à Noël. Quant au mérite et à +l'utilité de ce Dictionnaire spécial, je laisse à plus compétent que moi +le soin de l'apprécier: je ne puis donc que renvoyer le lecteur à +l'_Essai sur la langue érotique_, travail original et approfondi, qu'on +trouvera ci-après et qui n'est pas la moindre curiosité de ce volume. + +ISIDORE LISEUX. + +Paris, 30 Avril 1885. + +[Dans la version électronique, les entrées de François Noël sont +indiquées par la mention «(N)».] + + + + +NOTE + +D'HYACINTHE-THÉODORE BARON + +Premier Médecin des Camps et des Armées du Roi, + +Ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Paris. + + +Un homme de lettres de la fin du dernier siècle[5], composant un petit +Dictionnaire[6], qui a eu la plus grande vogue, avait mis à part les +mots licencieux qui se trouvent dans les différents auteurs Latins. Son +intention était d'en faire un petit Dictionnaire séparé, en y joignant +l'interprétation Française, et des périphrases pour expliquer la +signification des mots de la manière la moins déshonnête qu'il serait +possible; il l'avait intitulé: _Dictionarium vocum obscenarum quae apud +varios authores reperiuntur, ex universali meo decerptum_. + + [5] Me Pierre-Nicolas Blondeau, avocat en Parlement, censeur des + livres et inspecteur de l'Imprimerie que M. le duc du Maine avait + établie à Trévoux, sous l'autorité de M. de Malezieux, chancelier de + la principauté de Dombes. + + [6] Le Dictionnaire vulgairement appelé de _Boudot_, parce que ce + libraire avait acquis le manuscrit de Me Blondeau. + +Ce petit ouvrage manuscrit, de la propre main de l'auteur, a passé +successivement dans le cabinet de plusieurs de ses parents[7], sans +qu'il ait été jamais imprimé, et même sans qu'il en ait été tiré aucune +copie. On a jugé à propos d'en changer le titre, en y substituant le +suivant: _Dictionarium eroticum Latino-Gallicum, continens voces +salaciores apud optimae notae scriptores reperiundas; cum earum +interpretatione Gallica et honesta utcunque periphrasi_. + + [7] Me P.-N. Blondeau demeurait à Paris chez M. Philippe Baron, + apothicaire ordinaire du Roi, mon aïeul, dont il était cousin issu + de germain par Marguerite Blondeau, mère de M. Baron; c'est de cette + manière que le présent Manuscrit m'est parvenu par succession. + + + + +ESSAI + +Sur la Langue Érotique + +PAR LE TRADUCTEUR + +du _Manuel d'Érotologie_ de Forberg + + +Si l'on examine d'un peu près la langue érotique, les termes et +locutions dont elle se compose, tant chez les Anciens que chez les +Modernes, on s'aperçoit que les écrivains puisent les éléments de leur +vocabulaire à trois sources principales. + +Il y a d'abord le mot cru, le terme propre, qui peut maintenant nous +paraître assez malsonnant, mais qui certainement à l'origine ne devait +pas être obscène. L'homme donna un nom à ses parties génitales, à celles +de la femme, à l'acte amoureux, aux sécrétions qui en résultent, comme à +toutes les autres parties du corps, à toutes les autres actions et +sécrétions, sans choquer en rien la pudeur. Les Grecs et les Romains +employaient le mot cru, non seulement entre hommes et dans la +conversation familière, mais publiquement, dans les poèmes, dans les +livres, sur la scène. Aristophane disait le mot et exhibait la chose en +plein théâtre. Horace dit ingénument: _dum futuo_; il parle sans +périphrase des humides résultats d'un songe provoqué chez lui par +l'attente d'une servante d'auberge, dans son voyage à Brindes[8]; ses +invectives à Canidie sont intraduisibles en langage décent. Martial a +encore moins de sans-gêne qu'Horace: il se plaît à étaler en ce genre +des énormités et appelle cela parler Latin, user de la simplicité +Romaine[9]. + + [8] _Sat._, I, 5, v. 85. + + [9] _Qui scis Romana simplicitate loqui_ (XI, 21.) + +Un second élément est puisé dans la langue médicale. Le médecin ne peut +se contenter du mot populaire assigné à tel ou tel organe; le sérieux de +son art ne s'accommoderait pas d'un terme banal ou plaisant et qui fait +rire; de plus, l'anatomie lui a révélé la complexité de cet organe, qui +est un pour le vulgaire, mais qui pour lui se compose d'un certain +nombre de parties distinctes, jouant chacune leur rôle, et auxquelles il +assigne un nom particulier. Il se servira donc, soit de termes vagues, +par décence, comme _inguen_, _abdomen_, _uterus_, _pudenda_, +_muliebria_, _habitare_, _inire_, _coire_, etc.; soit, s'il a besoin +d'être précis, des termes techniques dont il enrichit la langue, et que +l'écrivain ou tout le monde peut employer à son tour, s'ils n'ont pas un +aspect scientifique par trop rébarbatif. + +Réduit à ces deux éléments premiers, le vocabulaire érotique serait +encore bien restreint, et la nécessité d'un glossaire spécial se ferait +à peine sentir. Mais ils n'ont, à vrai dire, que la moindre importance, +et le troisième élément, l'élément métaphorique, est de beaucoup la +source la plus abondante. Le peuple crée naturellement et +continuellement des métaphores, en matière érotique comme en toute autre +matière; les écrivains utilisent les locutions passées en usage, en +forgent d'autres, à l'infini, suivant leur tournure d'esprit ou leur +caprice, détournent le sens ordinaire des mots, parlent d'une chose pour +en faire entendre une autre, se servent d'équivoques s'ils ont peur +d'être trop bien compris, et créent ainsi, parallèlement à la langue +générale, une langue particulière, figurée, d'autant plus savoureuse et +d'autant plus riche qu'ils ont plus d'ingéniosité. Quelques-uns en ont +tant, que les seuls initiés comprennent la moitié de ce qu'ils ont voulu +dire et, pour l'autre moitié, en sont réduits aux conjectures. Sans les +anciens scoliastes qui nous avertissent que tel passage d'Aristophane +renferme une allusion obscène, on poursuivrait sans la voir; et les +savants disputent encore sur le sens qu'il faut donner à tel vers de +Perse, de Juvénal, d'Ausone, à telle phrase de Pétrone et d'Apulée. +C'est ici qu'un bon lexique n'est pas de trop, et, malgré quelques +essais estimables, il est encore à faire. + + * * * * * + +Mais avant de pénétrer plus intimement dans l'étude de la langue +érotique, pourquoi les écrivains, le peuple lui-même, ont-ils recours à +tant de métaphores, périphrases, ambages et circonlocutions, dès qu'il +est question des organes et des rapports sexuels? Si nous n'avons pas +honte d'être hommes, pourquoi n'oser parler qu'à mots couverts de ce qui +rend chez nous manifeste la virilité? La Nature a fait de l'union des +sexes la condition de notre existence et de la perpétuité de la race; +elle y a attaché, en vue de cette perpétuité, l'attrait le plus +puissant, la volupté la plus intense: pourquoi nous en cacher comme d'un +délit ou d'un crime? Pourquoi appeler honteuses ces parties sexuelles où +la Nature a concentré toute son industrie, et rougir de montrer ce dont +nous devrions être fiers? Même à ne considérer que l'acte brutal, il est +encore dans le voeu de la Nature, puisqu'elle nous en fait un besoin, et +la satisfaction d'un besoin ne peut avoir en elle-même rien de honteux. +Des moralistes ont vu, dans cette singulière pudeur, une hypocrisie +injustifiable. Écoutez Montaigne: «Qu'a fait l'action génitale aux +hommes, si naturelle, si nécessaire et si juste, pour n'en oser parler +sans vergongne, et pour l'exclure des propos sérieux et réglés? Nous +prononçons hardiment _tuer_, _desrober_, _trahir_, et _cela_, nous +n'oserions qu'entre les dents. Est-ce à dire que moins nous en exhalons +en paroles, d'autant nous avons loy d'en grossir la pensée? Car il est +bon que les mots qui sont le moins en usage, moins escripts et mieux +teus, soient les mieux sçeus et plus généralement cogneus.» Un autre +grand écrivain, moraliste à sa manière, maître Pietro Aretino, va bien +plus loin: «Quel mal y a-t-il à voir un homme grimper sur une femme? Les +bêtes doivent-elles donc être plus libres que nous? Il me semble, à moi, +que l'instrument à nous donné par la Nature pour sa propre conservation +devrait se porter au col en guise de pendant, et à la toque en guise de +médaillon, puisque c'est la veine d'où jaillissent les fleuves des +générations, et l'ambroisie que boit le monde, aux jours solennels. Il +vous a fait, vous qui êtes des premiers chirurgiens vivants[10]; il m'a +créé, moi qui suis meilleur que le pain; il a produit les Bembo, les +Molza, les Varchi, les Dolce, les Fra Sebastiano, les Sansovino, les +Titien, les Michel-Ange et, après eux, les Papes, les Empereurs, les +Rois; il a engendré les beaux enfants et les très belles dames, _cum +Santo Santorum_: on devrait donc lui prescrire des jours fériés, lui +consacrer des Vigiles et des Fêtes, et non le renfermer dans un morceau +de drap ou de soie. Les mains seraient bien mieux cachées, elles qui +jouent de l'argent, jurent à faux, prêtent à usure, vous font la figue, +déchirent, empoignent, flanquent des coups de poing, blessent et tuent. +Que vous semble de la bouche qui blasphème, crache à la figure, dévore, +enivre et vomit? Bref, les Légistes se feraient honneur s'ils ajoutaient +pour lui une glose à leur grimoire, et je crois qu'ils y viendront.» + + [10] Ce passage est extrait d'une lettre adressée à l'un des plus + célèbres médecins de l'époque, messer Battista Zatti, de Brescia. + +Ce sont des jeux d'esprit, des paradoxes. Diderot, qui reproduit à peu +près dans les mêmes termes la remarque de Montaigne, a du moins le +mérite de la franchise: il écrit en toutes lettres le dérivé Français du +Latin _futuo_[11]; mais Montaigne se sert pudiquement du mot «cela», +obéissant ainsi au préjugé qu'il blâme; et quant à maître Pietro +Aretino, il s'est donné pour tâche, dans ses étonnants _Ragionamenti_, +de traiter les sujets les plus lubriques sans employer une seule fois le +mot propre: le Diable n'y a rien perdu. Ce préjugé est si fort, si +anciennement enraciné, qu'on ne le détruira pas. On aura beau nous dire +que le membre viril a beaucoup plus de noblesse que le nez, la bouche ou +les mains, nous continuerons à ne pas l'exhiber; et quoique le +rapprochement sexuel soit dans le voeu de la Nature, nous ferons +toujours difficulté de nous y livrer en public. Les premiers couples +humains se cachaient dans les bois pour l'opérer: + + _Tunc Venus in sylvis jungebat corpora amantum_, + +dit Lucrèce, parlant de ces temps anciens où l'homme ne se nourrissait +encore que de glands. Cet instinct appartient à l'animal même. Un +naturaliste Anglais, le révérend Philips, attribue la disparition +presque complète aujourd'hui des éléphants, si communs autrefois qu'on +les recrutait par milliers pour les armées, à la pullulation des singes +qui viennent, au moment solennel, les troubler dans leurs solitudes; ils +cherchent en vain un fourré assez impénétrable pour se livrer aux +douceurs de l'hymen hors de la présence de ces importunes bêtes, et, +faute de le trouver, se résignent au célibat. En captivité, ils refusent +de s'accoupler, ainsi du reste que la plupart des animaux non +domestiques, ou ne s'y décident que si on les y amène par supercherie, à +force de ruse et de patience, ne voulant pas qu'un si profond mystère +ait des témoins profanes: à moins qu'on les croie convertis aux idées de +Malthus, et bien résolus à ne pas procréer de pauvres petits destinés à +devenir des malheureux. + + [11] «F..tez comme des ânes débâtés, mais permettez-moi de dire + f..tre.» + +L'homme, d'ailleurs, ne tient pas tant que cela à ressembler aux bêtes. +C'est bien assez qu'on lui dise à présent qu'il descend directement du +gorille, ou qu'il est son proche parent au moyen d'un ancêtre commun. +Précisément peut-être parce qu'il a une obscure conscience de cette +infime origine, il s'efforce d'étouffer ou d'atténuer chez lui le +gorille. Ses besoins naturels le rapprochent le plus de l'animal: il se +cachera donc pour les satisfaire, et il sera logique en cela, quoi qu'on +dise. Il ne se cache pas pour boire et pour manger, étant parvenu à s'en +acquitter proprement, avec décence, de façon à ne pas trop montrer +l'animal qui prend sa pâture; mais il va déposer à l'écart le résultat +de sa digestion. Voilà pourtant un besoin naturel, dont la satisfaction +est légitime; pourquoi le considérer comme immonde? + +Ce n'est pas la pruderie ou l'hypocrisie moderne qui a imaginé d'appeler +honteuses les parties sexuelles. Les Latins les appelaient _pudenda_, +les Grecs [Grec: aidoia], mot qui a le même sens. «Faire des choses +malhonnêtes» semble appartenir exclusivement à la langue de M. +Prudhomme: c'est une locution Grecque, [Grec: arrhêta] ou [Grec: aischra +poiein]. Les termes vagues, les périphrases: être, aller, dormir avec +une femme, cohabiter, avoir commerce, remplir le devoir, etc., sont +toutes des locutions Latines: _esse_, _dormire cum muliere_, _coire_, +_cognoscere mulierem_, _habitare_, _habere rem_, _officium fungi_, et +elles ont leurs similaires en Grec; connaître, dormir, dans le sens +érotique, remontent à une civilisation encore plus ancienne, puisqu'on +les trouve dans la Bible: Adam _connut_ Ève, sa femme, et Ruth _dormit_ +avec Booz. Les Latins, qui reculaient si peu devant la crudité des mots, +avaient en même temps des termes atténués d'une bien plus grande +délicatesse que nous-mêmes. + + * * * * * + +Les métaphores, si nombreuses, dans tous les idiomes, qu'elles +constituent à elles seules la principale richesse de la langue érotique, +ont dû être, à l'origine, imaginées dans le même but; mais il faut +convenir que ce but n'a pas toujours été atteint, ou qu'il a été bien +vite perdu de vue. De ces figures, les unes, aussi transparentes que +possible, ne sont que gracieuses ou plaisantes; d'autres, d'un sens plus +caché, forcent l'esprit à s'appesantir sur elles pour les comprendre; +d'autres enfin sont plus ordurières que ne pourrait l'être le mot +propre. Lorsque Martial, par exemple, dit _cacare mentulam_, pour rendre +la sensation du patient dans l'acte pédérastique, et Juvénal, _hesternae +occurrere coenae_, pour faire honte du rôle d'agent, ils sont +volontairement plus obscènes que s'ils disaient en propres termes +_paedicari_ et _paedicare_. Bayle, accusé d'obscénité pour n'avoir pas +adouci la crudité d'expression d'anciens textes qu'il était obligé de +donner, s'est défendu en condamnant sans distinction toutes les +périphrases et métaphores usitées dans le langage érotique, en +affirmant, avec le P. Bouhours, qu'elles sont plus dangereuses que des +ordures grossières. + +«Ces manières délicates que l'on se plaint que je n'ai pas employées,» +dit-il[12], «n'empêchent pas que l'objet ne s'aille peindre dans +l'imagination, et elles sont causes qu'il s'y peint sans exciter les +mouvements de la honte et du dépit. Ceux qui se servent de ces +enveloppes ne prétendent point qu'ils seroient inintelligibles, ils +savent bien que tout le monde entendra de quoi il s'agit, et il est fort +vrai que l'on entend parfaitement ce qu'ils veulent dire. La délicatesse +de leurs traits produit seulement ceci, que l'on s'approche de leurs +peintures avec d'autant plus de hardiesse que l'on ne craint pas de +rencontrer des nudités. La bienséance ne souffriroit pas que l'on y +jetât les yeux, si c'étoient des saletés toutes nues; mais quand elles +sont habillées d'une étoffe transparente, on ne se fait point un +scrupule de les parcourir de l'oeil depuis les pieds jusques à la tête, +toute honte mise à part, et sans se fâcher contre le peintre: et ainsi +l'objet s'insinue dans l'imagination plus aisément, et verse jusques au +coeur, et au-delà , ses malignes influences, avec plus de liberté que si +l'âme étoit saisie de honte et de colère. Joignez à cela que quand on ne +marque qu'à demi une obscénité, mais de telle sorte que le supplément +n'est pas malaisé à faire, ceux à qui on parle achèvent eux-mêmes le +portrait qui salit l'imagination. Ils ont donc plus de part à la +production de cette image, que si l'on se fût expliqué plus rondement. +Ils n'auroient été en ce dernier cas qu'un sujet passif, et par +conséquent la réception de l'image obscène eût été très innocente; mais +dans l'autre cas ils en sont l'un des principes actifs: ils ne sont donc +pas si innocents, et ils ont bien plus à craindre les suites +contagieuses de cet objet qui est en partie leur ouvrage. Ainsi ces +prétendus ménagements de la pudeur sont en effet un piège dangereux. Ils +engagent à méditer sur une matière sale, afin de trouver le supplément +de ce qui n'a pas été exprimé par des paroles précises. + + [12] _Éclaircissement sur les obscénités_ (Appendice au _Dictionnaire + critique_). + +»Ceci est encore plus fort contre les chercheurs de détours. S'ils +s'étoient servis du premier mot que les dictionnaires leur présentoient, +ils n'eussent fait que passer sur une matière sale, ils eussent gagné +promptement pays; mais les enveloppes qu'ils ont cherchées avec beaucoup +d'art, et les périodes qu'ils ont corrigées et abrégées, jusques à ce +qu'ils fussent contents de la finesse de leur pinceau, les ont retenus +des heures entières sur l'obscénité. Ils l'ont tournée de toutes sortes +de sens, ils ont serpenté autour, comme s'ils eussent eu quelque regret +de s'éloigner d'un lieu aimable. N'est-ce pas là _ad Sirenum scopulos +consenescere_, jeter l'ancre à la portée du chant des Sirènes? Si +quelque chose a pu rendre très pernicieux les _Contes_ de La Fontaine, +c'est qu'à l'égard des expressions ils ne contiennent presque rien qui +soit grossier. Il y a des gens d'esprit qui aiment fort la débauche. Ils +vous jureront que les satires de Juvénal sont cent fois plus propres à +dégoûter de l'impureté que les discours les plus modestes et les plus +chastes que l'on puisse faire contre ce vice. Ils vous jureront que +Pétrone est incomparablement moins dangereux dans ses ordures +grossières, que dans les délicatesses dont le comte de Rabutin les a +revêtues, et qu'après avoir lu les _Amours des Gaules_, on trouve la +galanterie incomparablement plus aimable qu'après avoir lu Pétrone.» + +Bayle semble bien avoir cause gagnée, avec de si bons arguments, et +cependant le procès est toujours en litige; malgré les immunités +réclamées en faveur du franc parler, du mot Latin ou Gaulois, par de si +bonnes raisons, les juges, comme le gros du public, inclineront toujours +à donner tort à ceux qui s'en servent, et à excuser ceux qui disent les +mêmes choses, ou de pires, en termes enveloppés et décents. Il est +curieux d'entendre un de nos contemporains soutenir la même thèse à sa +façon, avec beaucoup moins de solennité académique, mais sans plus de +succès: «La gauloiserie, les choses désignées par leur nom, la bonne +franquette d'un style en manches de chemise, la gueulée populacière des +termes propres, n'ont jamais dépravé personne. Cela n'offre pas plus de +dangers que le nu de la peinture et de la statuaire, lequel ne paraît +sale qu'aux chercheurs de saletés. Ce qui trouble l'imagination, ce qui +éveille les curiosités malsaines, ce qui peut corrompre, ce n'est pas le +marbre, c'est la feuille de vigne qu'on lui met, cette feuille de vigne +qui raccroche les regards, cette feuille de vigne qui rend honteux et +obscène ce que la Nature a fait sacré. Mon livre n'a point de feuille de +vigne, et je m'en flatte. Tel quel, avec ses violences, ses impudeurs, +son cynisme, il me paraît autrement moral que certains ouvrages +approuvés cependant par le bon goût, patronnés même par la vertu +bourgeoise, mais où le libertinage passe sa tête de serpent tentateur +entre les périodes fleuries, où l'odeur mondaine du _Lubin_ se marie à +des relents de marée, où la poudre de riz qu'on vous jette aux yeux a le +montant pimenté du diablotin: romans d'une corruption raffinée, d'une +pourriture élégante, qui cachent des moxas vésicants sous leur style +tempéré, aux fadeurs de cataplasmes. C'est cette _belle et honneste +dame_, fardée, maquillée, avec un livre de messe à la main, et dans ce +livre des photographies obscènes, baissant les yeux pour les mieux faire +en coulisse, serrant pudiquement les jambes pour jouer plus allègrement +de la croupe, et portant au coin de la lèvre, en guise de mouche, une +mouche cantharide. Mais, morbleu! ce n'est pas la mienne, cette +littérature. La mienne est une brave et gaillarde fille, qui parle gras, +je l'avoue, et qui gueule même, échevelée, un peu vive, haute en +couleur, dépoitraillée au grand air, salissant ses cottes hardies et ses +pieds délurés dans la glu noire de la boue des faubourgs ou dans l'or +chaud des fumiers paysans, avec des jurons souvent, des hoquets parfois, +des refrains d'argot, des gaîtés de femme du peuple, et tout cela pour +le plaisir de chanter, de rire, de vivre, sans arrière-pensée de luxure, +non comme une mijaurée libidineuse qui laisse voir un bout de peau afin +d'attiser les désirs d'un vieillard ou d'un galopin, mais bien comme une +belle et robuste créature qui n'a pas peur de montrer au soleil ses +tetons gonflés de sève et son ventre auguste où resplendit déjà +l'orgueil des maternités futures. Par la nudité chaste, par la gloire de +la Nature! si cela est immoral, eh bien! alors, vive l'immoralité![13]» +Un journaliste, M. Henry Fouquier, a cité à l'appui de ces conclusions +une anecdote qui serait bien piquante, si elle était vraie: «Un homme +d'esprit du commencement de ce siècle, membre de l'Institut, s'amusa à +écrire un livre érotique, un bijou d'ailleurs, intitulé: _Point de +lendemain_, et en fit deux versions. L'une à la façon des érotiques +brutaux, tels que Nerciat ou Restif; l'autre où l'on ne trouvait pas un +mot qui ne se pût dire devant des jeunes filles. Il fit lire ces deux +versions à une femme, lui demandant celle qu'elle préférait. La dame, +ingénument, avoua que l'ardeur amoureuse, éveillée en elle par la +version chaste en ses expressions, n'avait pu être calmée que par la +lecture ordurière.» L'historiette est jolie; mais il n'est pas sûr que +cette parodie obscène de _Point de lendemain_, la _Nuit merveilleuse_, +soit aussi de Vivant Denon. + + [13] Jean Richepin, _La Chanson des Gueux_. + +Quoi qu'il en soit, que la métaphore et la périphrase laissent plus à +entendre, bien souvent, que le mot propre, que la feuille de vigne +aggrave ou non la nudité, ces jeux de style, ces détours et ces +enveloppements ont pour eux une haute autorité, la Bible. Tout le monde +connaît le fameux Proverbe de Salomon: «Telle est la voie de la femme +adultère; elle mange et, s'essuyant la bouche, dit: Je n'ai pas fait de +mal.» _Talis est via mulieris adulterae, quae comedit, et tergens os +suum, dicit: Non operavi malum._ Le _Cantique des Cantiques_, cet +épithalame Juif d'une poésie sensuelle si épanouie et si parfumée, est +plein de ces figures: _Posuerunt me custodem in vineis, _et vineam[14] +meam_ non custodi_.--__Hortus_ conclusus, soror mea sponsa, _hortus_ +conclusus, _fons_ signatus.--Dilectus meus misit manum suam per +_foramen_, et venter meus intremuit ad tactum ejus... _Pessulum ostii_ +mei aperui dilecto meo, at ille _declinaverat_... Mane surgamus ad +_vineas_, videamus si floruit _vinea_, si _flores_ fructus parturiunt, +si floruerunt mala Punica: ibi dabo tibi mea ubera... _Vinea_ mea coram +me est_, etc. Sans compter bien d'autres endroits de la Bible où des +yeux perçants entrevoient des allégories plus cachées. Beverland, _De +peccato originali_, prétend que l'arbre du bien et du mal n'est pas +autre chose que le membre viril d'Adam: il se fonde sur ce qu'en Latin, +_arbor_, _truncus_, _ramus_, sont très souvent synonymes de _mentula_. +Il se demande également s'il ne faut pas voir un symbole du même genre +dans le serpent tentateur: _«Verum _Serpentem_ interpretatur sensibilem +carnis affectum, immo ipsum carnalis concupiscentiae genitale viri +membrum.»_ D'après Petrus Comestor, on croit, sans tenir compte du +langage figuré, que les Philistins, s'étant emparés de Samson, lui +firent tourner la meule (_molere_); mais il s'agit de toute autre chose: +le voyant si fort, ils l'obligèrent de coucher avec leurs femmes pour +avoir des enfants vigoureux. _«Hebraei tradunt,»_ dit-il, _«quod +Philistaei fecerunt eum dormire cum mulieribus robustis, ut ex eo prolem +robustam susciperent; nam _molere_ etiam est _subagitare_ vel _coire_.»_ +Ces rabbins ont peut-être raison. + + [14] Vigne, dans le sens de _pudendum muliebre_, n'est pas très + commun. La Fontaine qui, lisant Baruch, n'a pas dû négliger le + _Cantique des Cantiques_, en a fait son profit: + + Et dans la vigne du seigneur + Travaillant ainsi qu'on peut croire... + +Les métaphores les plus naturelles sont celles qui ont leurs termes +empruntés au labourage: les parties de la femme assimilées au champ, au +sillon qui va recevoir la semence: _campus_, _arvum muliebre_, _sulcus_; +celles de l'homme au soc de la charrue: + + _Atque in eo est Venus ut _muliebria_ censorat _arva_._ + + (Lucrèce, IV, 1095). + + _Ejicit enim _sulcum_ recta regione viaque + _Vomeris_._ + + (Id., IV, 1260.) + + _Arentque _sulcos_ in _arvo Venerio_._ + + (Apulée, [Grec: Anechom.], 14.) + + _Cur sit ager sterilis, cur uxor lactitet edam: + Quo fodiatur ager non habet, uxor habet._ + + (Martial, XVII, 101.) + +Ambroise Paré parle de même du «_cultiveur_ qui _entre dans le champ de +Nature humaine_,» et le vieux naïf médecin Jacques Duval (_Traité des +Hermaphrodits_, chap. VI), «de la première _culture_ qui se fait dans le +_champ naturel_» des filles. Brantôme a dit plus plaisamment: «Le cas +d'une femme est une _terre de marais_; on y enfonce jusqu'au ventre.» +Rabelais appelle le membre viril «le manche que l'on nomme le laboureur +de Nature,» et Maynard le dépeint: + + Roide, entrant tout ainsi que la pointe d'un _soc_ + Qui se plonge et se cache en toute _terre grasse_. + + (_Cabinet satyrique_.) + + Si pour cueillir tu veux donques semer, + Trouve autre champ et du mien te retire. + + (Clément Marot.) + +D'autres locutions Latines appartenant au même ordre d'idées: _Hortus +muliebris_, _hortus Cupidinis_ ou _Hesperidum_, _irrigare hortum_, etc., +ainsi que les noms de divers instruments et opérations de jardinage: +_ligo_, _raster_, _palus_, _falx_, bêche, hoyau, serpe, façonner, enter, +écussonner, abattre du bois, mettre la cognée dans la forêt, sont +également du style badin. Brantôme dit d'une femme mariée, qu'elle +s'était réservé «l'usage de sa forêt de mort-bois, ou de bois mort;» +Tallemant des Réaux appelle «grand abatteur de bois» un coureur de +femmes. Cueillir des fleurs, des fruits, des roses, dans le jardin de +Vénus, appartient à un jargon tout à fait suranné maintenant, mais nos +vieux poètes et conteurs aimaient assez _jardinet_ et _jardinier_: + + Ces larges reins, ce sadinet + Assis sur grosses, fermes cuisses, + Dedans un joly _jardinet_. + + (Villon, _Les regrets de la belle heaumière_.) + +«Le _jardinier_, voyant et trouvant le cabinet aussi avantageusement +ouvert, y logea petit à petit son _ferrement_» (Noël Du Fail). On trouve +aussi chez eux: _bêcher_, _biner_, _béquiller_, _planter son piquet_, +_planter le baliveau_, etc. _Orto_, _orticello_, dans ce sens, sont très +fréquents chez les érotiques Italiens; ils disent: _sarchiar l'orto_ +(sarcler le jardin), _ficar un porro nell'orto_ (planter un poireau dans +le jardin), _mettere il roncone nella siepe_ (mettre la serpette dans la +haie), _il piantone nel fosso_ (le plantoir dans la rigole), _la +pastinaccia_, _la carota_, _la radice_ (le panais, la carotte, le +radis), _lavorare il terreno_ (façonner le terrain), etc. + +Assimiler les rapports sexuels à une bataille, un duel, un combat, et +tirer les termes de comparaison de toutes les armes offensives et +défensives connues, doit être aussi très naturel, car ces sortes de +métaphores se rencontrent mot pour mot dans toutes les langues. Nous +trouvons en Latin: _Militare, depugnare in campe Venereo_; _committere +praelium, duellum_; _ponere castra_; _peragere tacito Marte_; _immergere +ensem, pugionem, mucronem_; _excipere pilum in parma sua_; _pilum +vibrare, torquere_; _arcum tendere_. Toutes les armes des Anciens y ont +passé, et non seulement la pique, le javelot, la flèche, l'épée, le +glaive, le poignard, mais jusqu'à la grosse artillerie: la baliste, le +bélier, la catapulte. Chez les Modernes, bien qu'on ne se serve plus de +pique depuis longtemps, le mot est resté, avec cette acception, dans un +certain nombre de locutions familières: _manier la pique_, _être passée +par les piques_ (ce que les Italiens appellent _recevoir un trente et +un_). _Braquemart_, depuis Rabelais: «De tant de _braquemarts_ enroidis +qui habitent par les brayettes claustrales,» a pris un sens érotique si +décidé, que beaucoup de gens n'oseraient l'employer dans son sens propre +d'épée courte et large, le _gladius_ des Romains, l'ancien briquet de +nos soldats. Il en est de même d'_allumelle_ (de _lamella_, petite +lame). _Poignard_ n'est plus usité; Regnier, La Fontaine, Grécourt s'en +sont servis: + + Mais Robin, las de la servir, + Craignant une nouvelle plainte, + Lui dit: «Hâte-toi de mourir, + Car mon _poignard_ n'a plus de pointe.» + + (Mathurin Regnier.) + + Lève sa cotte, et puis lui donne + D'un _poignard_ à travers le corps. + + (La Fontaine.) + + Heureuse la nymphe légère + Qui, trompant sa jalouse mère, + Peut saisir un _poignard_ si doux! + + (Grécourt.) + +Chez Brantôme et nos anciens conteurs, l'amour est toute une stratégie: +engager l'escarmouche, battre la chamade, être fort à l'escrime, mettre +l'épée à la main, reconnaître la forteresse, faire les approches, +dresser les machines, pointer les pièces, envoyer des volées de canon, +cheminer à la sape, allumer la mèche, bouter le feu à la mine, franchir +la contrescarpe, combler le fossé, livrer l'assaut, planter l'étendard +dans la brèche, se loger dans la place. A ces métaphores militaires il +convient d'ajouter celles que les Grecs et les Romains tiraient des +jeux, des luttes d'athlètes, des courses du cirque: _in agonem, in +palaestram descendere_; _conficere stadium_; _properare ad metas_; nos +conteurs, qui se souciaient peu de la palestre, leur ont substitué des +comparaisons empruntées aux joutes et aux tournois: courir la bague, +rompre une lance, mettre la lance en arrêt, envoyer la flèche dans le +but, mettre dans la quintaine; ou bien des termes de vénerie: le faucon +désencapuchonné, l'épervier au poing, etc. + +Le savant Gasp. Barthius n'a pas dédaigné de colliger, dans ses +_Animadversiones in Claudianum_, les métaphores tirées par les Anciens +des exercices équestres, et détournées par eux dans le sens érotique. +Nous regrettons de ne pas avoir sous la main son travail, pour en +enrichir le nôtre, et surtout pour nous ôter d'un doute. Nous +rencontrons bien, dans Nicolas Chorier, bon nombre de locutions telles +que: _subigere veredum_, _conscendere_, _insilire in equum_, _ex equo +desilire_, _equitare_, _admovere calcar_, etc., où le rôle de cavalier +est dévolu à l'homme, et celui de monture à la femme; mais nous +craignons fort que l'excellent auteur de l'_Aloisia_ n'ait attribué aux +Latins, sans y trop songer, une idée toute Française et moderne. +Pétrone, faisant passer Embasicaetas de la croupe d'Encolpe à celle +d'Ascylte, dit, il est vrai: _Equum cinaedus mutavit_, «le cinède +changea de cheval;» mais c'est une exception, ils sont là d'ailleurs +entre hommes; dans tous les exemples Latins et Grecs que nous suggère +notre mémoire, c'est toujours la femme qui est le cavalier. La figure +est ainsi plus régulière, car, pour être à cheval, il faut tenir sa +monture entre les jambes, ce qui est le fait de la femme, et non de +l'homme. Ovide recommande à celles qui ont des plis au ventre de monter +à cheval à rebours comme le Parthe, c'est-à -dire en tournant le dos: + + _Tu quoque, cui rugis uterum Lucina notavit, + Ut celer aversis utere Parthus equis._ + + (_Ars amatoria_, III, 785-6.) + +Horace dit de même: + + _Clunibus aut agitavit equum lasciva supinum._ + + (_Sat._, II, VII, 50.) + +Martial: + + _Masturbabantur Phrygii post ostia servi, + Hectoreo quoties sederat uxor equo._ + + (XI, 105.) + +Juvénal fait se chevaucher les femmes entre elles: + + _Inque vices equitant..._ + + (_Sat._ VI, 311.) + +Aristophane nous montre, au moins en deux endroits, que les choses se +passaient de même chez les Grecs: + + [Grec: Kame g' hê pornê chthes eiselthonta tês mesêmbrias, + hoti kelêtisai 'keleuon, oxythymêtheisa moi + êret' ei tên Hippiou kathistamai tyrannida.] + + (_Les Guêpes_, 500-2.) + + Comme j'entre chez une putain, sur le midi, + Et que j'exige qu'elle me chevauche, elle me demande furieuse + Si je veux rétablir la tyrannie d'Hippias. + + [Grec: Kai malist' osphrainomai tês Hippiou tyrannidos], + + Je flaire là -dessous la tyrannie d'Hippias, + +dit encore le choeur des vieillards dans _Lysistrata_, v. 618, lorsque +les femmes voulant s'emparer du gouvernement, il craint qu'elles ne +fassent la loi aux hommes et ne les chevauchent. Dans diverses pièces de +l'_Anthologie_, des courtisanes suspendent en _ex-voto_, devant l'autel +d'Aphrodite, des mors, des fouets, des éperons, pour la remercier de les +avoir fait allègrement caracoler sur leurs coursiers d'Étolie, _id est_ +sur de beaux et fringants jeunes hommes. + +Tout au contraire, chez les auteurs modernes, quand ils parlent de +chevaucher, cavalcader et caracoler, c'est de l'homme qu'il s'agit, et +la monture est la femme: + + Carmes chevaulchent nos voisines + Mais cela ne m'est que du meins. + + (Villon, _Petit Testament_.) + + Un médecin, toi sachant, + Va ta femme chevauchant. + + (Tabourot, sr des Accords.) + +«Ny plus ny moins que le manège d'un grand et beau coursier du règne est +bien cent fois plus agréable et plus plaisant que d'un petit bidet, et +donne bien plus de plaisir à son escuyer; mais aussi il faut bien que +cet escuyer soit bon et se tienne bien et montre bien plus de force et +d'adresse: de même se faut-il porter à l'endroit des grandes et hautes +femmes, car de cette taille elles sont sujettes d'aller d'un air plus +haut que les autres, et bien souvent font perdre l'estrier, voire +l'arçon, si l'on n'a bonne tenue, comme j'ay ouy conter à aucuns +cavalcadours qui les ont montées.» (Brantôme, _Dames galantes_, Disc. +I). Il dit encore d'une grande dame que c'était le cheval de Séjan, +«d'autant que tous ceux qui montoient sur elle mouroient, et ne vivoient +guères» (_ibid._), et il emploie souvent les termes fort irrévérencieux +de jument et de haquenée, pour dire une femme. + + La femme et le cheval doivent être semblables... + Tous deux se doivent rendre à l'homme obéissants, + Façonnés à l'espron et fiers en ornements, + Avoir le montoir doux, la descente bénigne. + + (_Cabinet satyrique_.) + +Par une singulière image, nos vieux poètes et conteurs ont aussi donné +le nom de bidet, de courtaut, de roussin, au membre viril, sans pour +cela qu'il soit question du rôle joué par l'homme dans les citations +ci-dessus d'Horace, d'Ovide, de Martial et d'Aristophane. P. Aretino dit +en ce sens: _Far stallare i cavalli_ (faire pisser les chevaux), _dar le +mosse a i cavalli_ (donner l'élan aux chevaux). L'Arioste s'est +plaisamment servi de cette figure dans la rencontre d'Angélique avec +l'Ermite: + + La voici étendue sur le dos dans le sable, + Livrée aux fantaisies du rapace vieillard. + + Il l'étreint et à son gré la caresse; + Elle dort et ne peut faire résistance. + Il lui baise tantôt le beau sein, tantôt la bouche, + Personne qui le voie en ce désert sauvage; + Mais à l'encontre son destrier trébuche, + Au désir ne répond pas le corps débile: + La bête est mal en point, étant trop chargée d'ans, + Et n'en vaudra pas mieux, tant plus il la fatigue. + + Il a beau essayer toutes voies et moyens, + Le paresseux roussin n'en saute pas davantage; + En vain il lui secoue la bride et le tourmente, + Il ne lui peut faire tenir la tête haute. + + (_Roland furieux_, VIII, st. XLVIII à L.)[15] + + [15] Arioste, Chants I à XV, trad d'Alcide Bonneau (Paris, Liseux, + 1881, 3 vol. pet. in-18). + +Est-ce Catulle qui a le premier imaginé la gentille allégorie de +l'oiseau et de la cage? En tous cas, il l'a fait si spirituellement, en +termes si enveloppés, que beaucoup d'érudits ont soutenu que le moineau +de Lesbie était un moineau véritable, et dit des injures à ceux qui +s'obstinaient à croire le contraire. M. Armand Barthet a écrit, sur la +délicieuse pièce de Catulle, une petite comédie dont Rachel interprétait +le principal rôle et où l'on voyait un vrai moineau dans une cage de fil +de fer, sans allégorie aucune. Le sens dans lequel les Latins +entendaient le «_passer deliciae meae puellae_», n'est pourtant pas +douteux, si Martial ne nous déçoit: + + _Issa est passere nequitior Catulli..._ + + Issa est plus lascive que le moineau de Catulle, + +nous dit-il (III, 110); et encore, s'adressant à Dyndimus, son Giton: + + _Da nunc basia, sed Catulliana; + Quae si tot fuerint quot ille dixit, + Donabo tibi passerem Catulli._ + + (XI, 7.) + + Donne-moi des baisers, mais Catulliens; + Et si tu m'en donnes autant qu'il le dit, + Je te ferai cadeau du moineau de Catulle. + +Ainsi compris, on voit quel serait le passereau qui faisait les délices +de Lesbie, qu'elle agaçait du bout du doigt, qui se réfugiait dans son +sein, qui ne pépiait que pour elle et qu'elle aimait plus que ses yeux, +car il était couleur de miel, _nam mellitus erat_[16]. Depuis, Italiens +et Français ont usé et abusé de l'oiseau et de la cage, mais les +Italiens encore plus que les Français. Boccace leur a donné l'exemple en +écrivant son joli conte du _Rossignol_; le _lusignuolo_ et la _gabbia_, +l'_uccello_, le _passerotto_ et la _passerina_, reviennent +continuellement dans l'Aretino; ceux qui connaissent Baffo savent seuls +à combien de sauces l'_osello_ peut s'accommoder. Parmi les Français, +sans oublier la chanson populaire: + + Ah! le bel _oiseau_, maman, + Qu'Alain a mis dans ma _cage_! + +contentons-nous d'en citer deux ou trois: + + Autant et plus que sa vie + Phyllis aime un passereau; + Ainsi la jeune Lesbie + Aima jadis son moineau. + + Mais de celui de Catulle + Se laissant aussi charmer, + Dans sa _cage_, sans scrupule + Elle eut soin de l'enfermer. + + (_Chaulieu._) + + Elle le prit dans sa main blanche, + Et puis dans sa _cage_ le mit. + + (_Regnard._) + + Lisette avait dans un endroit + Une _cage_ secrète; + Lucas l'entr'ouvrit, et tout droit + D'abord l'_oiseau_ s'y jette. + + (_Collé._) + + [16] Politien, Lampridius, Turnèbe, Vossius ont entendu dans le sens + érotique l'élégie de Catulle; Scaliger et Sannazar traitent + d'orduriers ceux qui ont la vue si longue. Volpi propose un moyen + terme: selon lui, le _moineau de Lesbie_, à force de passer de + bouche en bouche, a pu donner lieu à des allusions et équivoques + libertines auxquelles l'auteur n'avait pas songé. + +On en a fait de toutes les sortes de ces métaphores, et chaque écrivain +s'est piqué d'en inventer de nouvelles, de trouver les mots les plus +drôles. Rabelais dit: le baston à un bout, le baston de mariage, le +membre nerveux, caverneux, la vivificque cheville, maistre Jean Chouart, +maistre Jean Jeudy, l'anneau de Hans Carvel, le comment a nom, le +callibistris, la boursavit, sacquer, baudouiner, roussiner, jocqueter, +culleter, beluter[17], grimbetiletolleter, jouer du serre-croupière, +jouer des basses marches, sonner l'antiquaille, faire la bête à deux +dos[18], saigner entre les deux gros orteils, etc. L'Aretino: Habiller +ceux qui sont nus, embéguiner le poupard (de peur du froid), abreuver le +chien à l'écuelle, faire compter les solives du plafond, mettre le +fuseau dans la quenouille, le pilon dans le mortier, le cordon dans la +bague. Brantôme affectionne la pénillière, la devantière, moudre au +moulin, hausser le devant, rembourrer le bas, secouer le pellisson, et +donne aux femmes les allures des haquenées: le pas, l'entre-pas, le +trot, l'amble, le galop. Nos conteurs ont emprunté leurs métaphores à +des ordres d'idées si divers qu'on ne saurait les classer par groupes; +la plupart ont d'ailleurs vieilli à force d'être usitées. Notons +cependant les figures religieuses: Temple, autel, sanctuaire, +tabernacle, chapelle, cierge, bourdon de Saint Jacques, aspergés, +goupillon, carillonner, chanter l'_Introït_, aller à l'offrande. Les +Anciens avaient donné l'exemple; nous trouvons chez eux employés dans un +sens érotique: _ara voluptatis_, _adyta Cupidinis_, _Isiaca_ et _pygiaca +sacra_, _penetralia_, sans compter tous les attributs des divinités: la +conque de Vénus, le sceptre de Priape, la verge de Mercure, le Rameau +d'or, le thyrse de Bacchus, la massue d'Hercule. + + [17] Bluter, équivalent presque exact du Latin _crissare_, vanner. + + [18] Shakspeare lui a probablement emprunté cette plaisante métaphore: + _«Your daughter and the Moor are now making _the beast with two + backs_»_ (_Othello_); Coquillart s'en était déjà servi, et les + Latins disaient: faire la bête à quatre pattes, _quadrupedantem + agere_ (Plaute). + +Il y a bien de la forfanterie dans quelques-unes de ces ambitieuses +appellations, et une tendance manifeste à donner des proportions +colossales à ce qui souvent n'est que bien peu de chose, une paille, un +fétu. La massue d'Hercule! nous avons déjà rencontré: baliste, bélier, +catapulte; il y a encore: arbre, poutre, battant de cloche, mât, aviron, +timon, gouvernail, colonne (fréquent dans les Priapées, ainsi que +_malus_ et _arbor_), obélisque. Si c'était vrai à moitié, ou seulement +au quart, Anciens et Modernes n'auraient pas eu besoin de chercher pour +la partie adverse tant de termes désobligeants: _antrum muliebre_, +_fossa_, _caverna_, _lacus_, _barathrum_, l'antre de la Sibylle, +l'énorme solution de continuité, dit Rabelais[19], l'hiatus béant; +d'autres n'auraient pas dit que s'y aventurer c'est jeter l'ancre dans +une mer qui n'a ni fond ni rive, lancer le javelot à travers de vastes +portiques (N. Chorier), pisser dans le jardin par une fenêtre grande +ouverte. «Je l'ay ouy nommer sépulchre et monument au Père Anne de +Joyeuse, en un sermon qu'il fit dans l'église de S. Germain de +l'Auxerrois au temps de Carême de l'an 1607. Le sieur Le Veneur, vivant +évesque d'Évreux, l'appelait vallée de Josaphat, où se fait le viril +combat. Bocace au conte de la belle Alibec, l'appelle Enfer, symbolisant +à ce nom avec les Pères et plus dévots Théologiens Sainct Thomas, Sainct +Augustin et autres, qui l'ont nommé _portam Inferi_, _januam Diaboli_.» +(J. Duval, _Hermaphr._, chap. VIII.) + + [19] La Fontaine a trouvé moyen de mettre en vers cette hyperbole: + + ... mais quand il vit l'énorme + Solution de continuité... + + * * * * * + +Les Grecs et les Latins, pour parler des dépravations dont ils +rougissaient ou faisaient semblant de rougir, avaient des termes et des +locutions d'un sens plus caché que les simples métaphores. Pour +_irrumare_ et _irrumari_, ils avaient: [Grec: binein stomati, karizein +tê glôssê, molynai to stoma], _petere summa_ (gagner les hauteurs), +_capitibus non parcere_ (ne pas faire grâce aux têtes), _comprimere +linguam_ (comprimer la langue), _Harpocratem reddere_ (rendre un +Harpocrate), _tacere_ (se taire), et pour _paedicare_ ou _paedicari_: +_concidere_, _percidere_, _incurvare_, _conquiniscere_, demander le +_collarium_ ou l'_officium puerile_; sans compter bien d'autres termes +sur lesquels les commentateurs sont loin d'être d'accord: Chalcidiser, +Phéniciser, _Corinthiari_, Phicidiser, _Coa_ et _Nola_ (Cicéron), les +Clazomènes (Ausone), etc. Les Italiens, héritiers, s'il faut les en +croire[20], des goûts de leurs vieux ancêtres, ont aussi beaucoup de ces +sortes de locutions que les initiés savent comprendre: _Volger le +spalle_ (tourner le dos), _appoggiar la testa al muro_ (appuyer la tête +au mur), _scuotere il pesco_ (secouer le pêcher), _dar le mele_ (offrir +les pommes). Celles dans lesquelles ils opposent le commerce naturel à +l'acte contre nature sont curieuses: _il lesso e l'arrosto_ (le bouilli +et le rôti), _il piovoso e l'asciutto_ (le mouillé et le sec), _la capra +e il capretto_ (la chèvre et le chevreau), _le mele et il finocchio_ +(les pommes et le fenouil). Le _messale Culabriense_ et le _Culiseo_ +sont de bonnes inventions de maître Pierre Arétin. Bandello, tout évêque +d'Agen qu'il était, s'est servi de quelques-unes de ces locutions; il +dit: _andar in zoccoli per l'asciutto_ (aller en pantoufles par le +chemin sec), opposé à _andar in nave per il piovoso_ (aller en bateau +par où il pleut), et il nous fait à ce propos le bon conte d'un pécheur +endurci qui, arrivé à sa confession dernière, refuse absolument d'avouer +sa préférence pour l'_asciutto_. Le Moine, qui sait de quel pied a +cloché toute sa vie le mauvais garnement, veut lui faire dire à haute +voix qu'il a commis le péché contre nature, qu'il est infecté du vice +abominable; l'autre se récrie et dit qu'on l'accuse à tort. Enfin, sur +une objurgation plus directe, il avoue tout de suite, et comme le Moine +le reprend de l'obstination qu'il mettait à s'en défendre:--«Oh! oh! +révérend Père,» lui répond-il, «vous n'avez pas su m'interroger. +M'amuser avec de jeunes garçons m'est plus naturel à moi qu'il n'est +naturel à l'homme de boire et de manger, et vous me demandiez si je +péchais contre la Nature! Allez, allez, messer, vous ne savez pas ce que +c'est qu'un bon morceau[21].» Voilà comment périphrases et métaphores +peuvent quelquefois n'être pas bien comprises. + + [20] Baffo assure que s'il parle si souvent de _buggerar_, ce n'est + pas qu'il tienne à la chose, mais seulement pour ne pas faire tort à + son pays, enlever à ses compatriotes un avantage qui leur a valu + quelque réputation dans le monde. + + [21] _Nouvelles de Bandello_, tome I; Paris, Liseux, 1879, pet. in-18. + +Bon nombre de ces expressions figurées, à double sens, se confondent +avec l'équivoque, autre façon de se faire plus ou moins clairement +entendre, et qui est d'un fréquent usage dans la langue érotique. +Aristophane en a semé partout dans ses comédies, et elles sont souvent +si fines qu'elles passeraient inaperçues. Lysistrata s'étonne de ce que +les femmes de Salamine ne soient pas encore arrivées, et Calonice lui +répond qu'elles ont pourtant dû se mettre en bateau dès le matin: on +venait en barque de Salamine à Athènes. Mais «se mettre en bateau» +([Grec: kelêtizein]) veut dire aussi ce qu'Horace appelle _peccare +superne_ et _equum agitare supinum_. La «tyrannie d'Hippias», citée plus +haut, est un jeu de mots du même genre. Il équivoque encore sur le +_delta_, le _lambda_, et après lui Ausone s'est escrimé sur le _thêta_, +le _psi_, le _phi_, le _rho_, l'_iota_ majuscule, le _tau_: il n'a +oublié que l'_oméga_ souscrit. Cicéron faisait des équivoques érotiques +en plein prétoire, disant, par exemple, que si l'on cherchait Sextus +Claudius, on le trouverait chez la soeur de Publius, _occultantem se +capite demisso_ (_Pro domo_, 31); _demittere caput_ ne signifie, si l'on +veut, que baisser la tête, mais les fines oreilles entendaient _cunnum +lingere_. Il en a commis bien d'autres; il appelait _colei_, pour se +moquer d'eux, des témoins véritables, des témoins appelés à déposer en +justice. Dans notre langue l'équivoque est encore plus facile, beaucoup +plus de mots pouvant se prendre dans un double sens: aussi en +relèverait-on un grand nombre. Rabelais, Noël du Fail, H. Estienne, Th. +de Béze parlent du pays de Surie ou Suerie, qu'on peut entendre Syrie, +mais qui signifie tout bonnement la vérole, pour la guérison de laquelle +on faisait suer les pauvres malades jusqu'à dessiccation presque +complète. «En maintes compagnies, celuy n'est réputé vaillant champion +qui n'a fait cinq ou six voyages en Suerie» (H. Estienne, _Apologie pour +Hérodote_, chap. XII). J. Duval équivoque sur les poulains qui vous +mènent jusque-là , «poulains qui souvent sont assez forts» dit-il, «pour +porter un homme au pays de Surie» (_Hermaphr._, chap. VI); plus tard, on +a dit dans le même sens aller en Suède, et passer par la Bavière de ceux +que la vérole ou le traitement mercuriel faisait saliver, baver. On a +équivoqué sur la bague et le doigt, le doigt mouillé, le poisson et la +nasse, le pied et la chaussure, les fleurs blanches et les fleurs +rouges. + + C'est une bague qui circule + Et qui se met à tous les doigts, + +dit Bonnard d'une femme galante. + + La marquise a bien des appas, + Ses traits sont vifs, ses grâces franches, + Et les fleurs naissent sous ses pas, + Mais hélas! ce sont des fleurs blanches. + + (Maurepas.) + +Nos vieux poètes et chansonniers avaient un faible pour l'andouille, le +cervelas, le boudin, la saucisse, le jambon, le lardon et toutes sortes +de charcuteries: + + Item à l'orfèvre Du Boys + Donne cent clouz, queues et testes, + De gingembre Sarazinoys: + Non pas pour accoupler ses boytes, + Mais pour conjoindre culs et coettes, + Et couldre jambons et andoilles, + Tant que le laict en monte aux tettes, + Et le sang en dévalle aux coilles. + + (F. Villon, _Le Grand Testament_, CI.) + + De tout le gibier, Fauchon + N'aime rien que le cochon; + Surtout devant une andouille + Qu'aux Carmes on choisira, + Elle s'agenouille, nouille, + Elle s'agenouillera. + + (Collé.) + +Brillat-Savarin note l'exclamation d'une dame en voyant servir une +énorme mortadelle de Bologne.--«Quelle idée a-t-on de faire des +saucissons de cette taille? cela ne ressemble à rien.--Vous trouviez +donc que les autres ressemblaient à quelque chose?» lui demande à +l'oreille son voisin de table. Richelet, sciemment ou non[22], en a +commis une aussi grosse que la mortadelle de Brillat-Savarin: «LAPINE, +s. f. Femelle du lapin. Quelques-uns des plus habiles dans la langue +condamnent le mot de lapine, et prétendent qu'on doit dire femelle du +lapin, et non pas lapine. Néanmoins, comme lapine est dans la bouche de +plusieurs femmes qui parlent bien, je ne le condamnerais point, surtout +en parlant, et dans le style le plus simple.» L'équivoque remarquée dans +Corneille: + + Mais le désir s'accroît quand l'effet se recule, + + (_Polyeucte_, acte I, sc. 1.) + +est certainement involontaire; elle n'en est pas moins drôle. Il en est +de même de l'hémistiche reproché à Malherbe: + + ... qu'on survit à sa mort. + +Ceux qui voient ces indécences les ont dans l'esprit, remarque très bien +Quintilien; elles ne sont pas le fait de l'auteur. Sans grand renfort de +bésicles on en découvrirait de semblables chez tous. La grotte creuse où +Calypso retient si longtemps Ulysse (_Odyssée_, rhaps. I et V) n'a pas +été à l'abri du soupçon. L'antre des Nymphes, si curieusement décrit par +le bon Homère, qui ne sommeillait pas toujours (_Odyssée_, rhaps. XIII), +cet antre obscur, frais et sacré, ombragé d'un feuillage épais, où les +Naïades versent leurs urnes inépuisables, où les abeilles font leur +miel, où les Nymphes tissent des toiles de pourpre, et qui a deux +portes: l'une pour les hommes, l'autre pour les Dieux, a paru encore +bien plus équivoque à des malins qui y ont vu l'_antrum muliebre_ et la +_postica Venus_ de Pénélope[23]. + + [22] Ce qui ferait croire que Richelet y a mis de la malice, c'est + qu'il manque rarement dans son Dictionnaire l'occasion de médire des + femmes: + + «APARIER (S'). Le coq coche la poule, le moineau coche sa femelle + plusieurs fois sans reprendre haleine. Si les hommes avoient ce + destin à l'égard des femmes, ils en seroient adorés. + + »FEMME. La femme est un animal créé pour donner du plaisir, et + particulièrement pour en prendre et faire enrager ceux qui l'en + pensent empêcher. La femme est un animal intéressé. + + »FLON-FLON. + + Si ta femme est méchante, + Apprends-lui la chanson. + Voici comme on la chante, + Avec un bon bâton: + Flon, flon, flon. + + »LOUVE. Femme insatiable dans la débauche. La plupart des femmes + sont un peu louves.» + + [23] La Mothe Le Vayer, _Hexaméron rustique_. + +Les critiques Latins en voyaient chez Virgile, qui aurait dans ce vers: + + _Dextra mihi Deus, et telum quod missile libro_, + +formulé à mots couverts la devise du masturbateur, et ils lui +reprochaient d'avoir écrit: + + _Incipiunt agitata tumescere..._ + +ce qui prend un sens obscène si on sous-entend _genitalia_; ils avaient +la vue moins perçante qu'Ausone, qui, dans la dernière partie de son +_Cento nuptialis_, a détourné dans le sens érotique une cinquantaine de +vers ou d'hémistiches de l'_Énéide_ et des _Bucoliques_: + + _Perfidus alla petens, ramum qui veste latebat, + Sanguineis ebuli baccis minioque rubentem, + Nudato capite, et pedibus per mutua nexis, + Monstrum horrendum, informe, ingens, cui lumen ademptum, + Eripit a femore, et trepidanti fervidus instat. + Est in secessu, tenuis quo semita ducit, + Ignea rima micans, exhalat opaca mephitim; + Hic specus horrendum, talis sese halitus atris + Faucibus effundens nares contingit odore. + Huc juvenis nota fertur regione viarum, + Et super incumbens, nodis et cortice crudo, + Intorquet summis adnixus viribus hastam. + Haesit, virgineumque alte bibit acta cruorem. + Insonuere cavae, gemitumque dedere cavernae. + Illa manu moriens telum trahit, ossa sed inter + Altius ad vivum persedit vulnere mucro_, etc. + +L'équivoque est surtout plaisante quand elle est prolongée; l'adresse +consiste alors à trouver des développements tels, qu'ils conviennent à +deux sujets, l'un honnête et décent, qui est exprimé, l'autre érotique, +sous-entendu, et que les termes dont on se sert s'adaptent aussi +aisément à l'un qu'à l'autre. Les Italiens ont été nos maîtres dans +cette sorte de jeu d'esprit, auquel ils doivent toute une partie, et non +la moins curieuse, de leur littérature, ce qu'ils appellent le genre +Berniesque ou _alla Berniesca_, du nom de Francesco Berni qui y a +excellé; la plupart de leurs poètes du XVIe siècle, La Casa, Firenzuola, +Mauro, Dolce, Varchi, Molza s'y sont exercés avec succès. Une des plus +célèbres pièces est le _Capitolo del Forno_, de G. della Casa[24], dont +les équivoques sont d'autant plus compréhensibles, que le four, le pain, +la pâte, ont donné lieu chez tous les peuples à des plaisanteries qui +sont aussi vieilles que le monde. Hérodote nous dit qu'un oracle +reprochait à Périandre, tyran de Corinthe, d'avoir «mis son pain dans un +four froid», parole énigmatique à laquelle le vulgaire ne comprit rien, +mais qu'entendit parfaitement le prince, qui, ne pouvant se décider à se +séparer d'une femme qu'il aimait, avait eu commerce avec son cadavre. +«Emprunter un pain sur la fournée» est chez nous un vieux proverbe qui +se trouve dans les _Caquets de l'accouchée_. On en trouverait bien +d'autres exemples: «Comme n'estant, disent les boulengers, le pain +refaict et prest d'enfourner toutesfois et quantes que le four est +chaud, à quoy Nature, provide mesnagère et curieuse de la propagation +d'un si digne animal que l'homme, a tellement pourveu, que le four est +chaud et si bien disposé, quand la paste est faicte et le pain prest +d'enfourner, qu'il n'est bien reçeu seulement, mais, comme dit Galen au +livre de la _Semence_, il est aussi curieusement et avidement attiré, +que peut être l'air sucé du corps à l'usage des ventouses médicinales.» +(J. Duval, _Hermaphr._, chap. VI). La Casa nous décrit donc le four et +ses diverses constructions: le four à cuire le pain et le four à cuire +les friandises; il nous dit le soin que les boulangères en prennent, +comme elles le lavent matin et soir, y passent le torchon et l'éponge +toutes les fois qu'elles ont cuit, savent faire lever la pâte, diriger +la pelle en haussant la jambe, et, sans y mettre trop de bonne volonté, +on peut croire qu'il ne s'agit que des mystères de la boulangerie. F. +Berni a célébré dans le même goût la _Flûte_, l'_Anguille_, le _Pot de +chambre_ (_orinale_), Mauro la _Fève_ (les Italiens appellent fève ce +que nous appelons gland), Dolce le _Nez_, Molza les _Figues_, dans un +poème illustré d'un long et savant commentaire par Annibal Caro; Varchi +les _OEufs durs_, la _Ricotta_ (sorte de fromage), le _Fenouil_ «dont +les Italiens,» dit Ginguené, «font un grand usage dans leur cuisine,» +est-ce sérieusement? Franzesi les _Carottes_, les _Cure-dents_, la +_Castagna_ (châtaigne et nature de la femme); Lodovico Martelli la +_Balançoire_; le Bronzino, aussi bon poète que grand peintre, le +_Pinceau_, le _Ravanello_ (raifort ou radis noir), _le Campane_ (le +carillon des cloches et du battant); des anonymes _il mortaio_ (le +mortier et le pilon), _le Mele_ (pommes et fesses), _il pescare_ (pêcher +et cueillir des pêches dans le sens de: secouer le pêcher, indiqué plus +haut); le Lasca la _Saucisse_, le _Melon_ (_mellone_, melon et fessier), +etc. Au temps où la littérature Italienne était très étudiée en France, +quelques-uns de nos poètes, Motin, de Rosset, Rapin, Du Souhait, +Chauvet, ont spirituellement essayé de lutter contre ces maîtres avec le +_Jeu du toton_, le _Jeu de dames_, la _Douche_, les _Joueurs de paume_, +les _Fureteurs_ (chasseurs au furet), les _Batteurs d'amour_ (équivoque +avec les batteurs d'or), les _Pionniers d'amour_, la _Mascarade des +scieurs de bois_, les _Astrologues_, les _Sagittaires_, l'_Arracheur de +dents_, et autres pièces qu'on peut lire dans le _Cabinet satyrique_. + + [24] On a essayé, dans la 1re Série de la _Curiosité littéraire et + bibliographique_ (Paris, Liseux, 1880), d'en donner une traduction + littérale. + + * * * * * + +Une telle quantité de mots ayant été empruntés à la langue ordinaire et +détournés dans un sens érotique, on ne s'étonnera pas qu'il soit arrivé +à certains d'entre eux un accident tout naturel: que ce double sens soit +resté le seul où on les entende communément, et qu'on n'ose plus s'en +servir de peur de créer une équivoque. Le miracle, c'est que l'accident +ne soit pas arrivé à un plus grand nombre. Nul, par exemple, n'a +reproché aux jurisconsultes Romains d'employer au sens propre _testes_, +ni aux écrivains militaires, _vagina_, quoiqu'ils soient l'un et l'autre +d'un usage tout aussi fréquent dans la langue érotique: + + _Magnis _testibus_ ista res agetur._ + + (_Priapées_, XIV.) + + _AL. Mihi quoque assunt _testes_ qui illud, quod ego + dicam, assentiant. + AM. Qui _testes_? + AL. _Testes_. + AM. Quid _testiculare_?_ + + Plaute (_Amphitryon_.) + + _Conveniebatne in _vaginam_ tuam machaera militis?_ + + Plaute (_Pseudolus_.) + +Mais en revanche les grammairiens mettaient à l'index des mots que nous +n'aurions pas soupçonnés d'indécence. Quintilien défend qu'on se serve +des expressions de Salluste: _ductare exercitus_, _patrare bellum_[25]. +«Le vieil historien», dit-il, «les a employées honnêtement et en toute +bonne foi; maintenant elles feraient rire, ce dont j'accuse non +l'écrivain, mais le lecteur. On n'en doit pas moins les éviter: des mots +honnêtes sont perdus, par la faute de nos moeurs.» (_Inst. orat._, VIII, +3). Cicéron (_Orator_, XVIII) note d'obscénité _cum nobis_, sans que +nous voyions trop pourquoi (peut-être est-ce à cause d'une équivoque +avec _connubere_ ou _cunnus_) et dit qu'il faut séparer les deux mots +par _autem_: _cum autem nobis_. La Casa reproche de même à Dante d'avoir +employé _chiavare_ dans le sens propre: enfoncer un clou, une cheville, +_chiavare_ ne pouvant plus s'entendre depuis longtemps en Italien que de +la vivificque cheville dont parle Rabelais. Il en est de même chez nous +de bander; Malherbe commence ainsi une ode: + + Je veux bander... + +on n'oserait plus aujourd'hui. _Branler_, dans le sens de bouger, +remuer, _décharger_, dans celui de poser à terre un paquet, un fardeau, +ne peuvent plus se dire, à moins qu'on ne veuille de propos délibéré +faire une équivoque, comme dans l'épigramme de Vasselier où un +portefaix, causant un embarras de voitures au milieu d'une rue étroite, +est sommé de décharger par l'homme au carrosse: + + ... Je ne puis me branler, + Comment veux-tu que je décharge? + +répond avec beaucoup de présence d'esprit le pauvre diable. _Le faire_, +_le mettre_, sont dans le même cas. Les vers de Corneille: + + Dis-moi donc, lorsqu'Othon s'est offert à Camille, + A-t-il paru contraint? a-t-elle été facile? + Son hommage auprès d'elle a-t-il eu plein effet? + Comment l'a-t-elle pris, et comment l'a-t-il fait? + +seraient aujourd'hui insupportables à la scène. On dit encore _érection_ +en parlant de celle d'une statue, mais le temps n'est peut-être pas très +éloigné où l'on n'osera plus le dire. L'_instrument de paix_, _dresser +l'instrument_, sont des locutions encore usitées, dans le langage +diplomatique, pour signifier l'acte authentique d'un traité, d'une +convention: elles n'ont pas longtemps à vivre, mais on les remplacera +aisément. La perte du verbe actif _baiser_ est plus regrettable. Le sens +honnête du mot, donner un baiser, n'était pas, du temps de Molière, +aussi complètement oblitéré par l'autre sens, qu'il l'est à +présent.--«Baiserai-je?» demande ingénument Thomas Diafoirus à son père, +quand on lui présente sa future. «_Baiseuse_, s. f., celle qui baise +volontiers,» dit Richelet, probablement sans y entendre malice, +quoiqu'il soit assez sujet à caution, et qu'il vienne de définir +_baiser_: «avoir la dernière faveur d'une dame.» + + Viens, Margot, viens qu'on te baise, + +disait Béranger. Des deux verbes, _baiser_ et _embrasser_, ce serait +plutôt le dernier qui aurait dû devenir indécent, puisqu'il signifie +tenir entre ses bras; c'est le premier à qui est échu ce mauvais sort, +et on le remplace par _embrasser_, non sans faire gauchir la langue, car +il est absurde de dire _embrasser_ pour: donner un baiser, et encore +plus de dire: _embrasser sur la bouche_. Les mots deviennent obscènes ou +grossiers par le temps, par l'usage, sans qu'on puisse bien se rendre +compte du pourquoi, ni de l'époque à laquelle la métamorphose s'est +opérée. On trouve dans Richelet: «_Instrument_, parties naturelles de +l'homme. _Pine_, parties naturelles d'un petit garçon; ex.: Elle lui +prend la pine. _Queue_ (_pudenda hominis_); ex.: La queue lui pend au +petit bonhomme. _Trou du cul_; ex.: Se torcher le trou du cul.» Tous ces +mots sont maintenant bannis des Dictionnaires. Éloi Johanneau +(_Épigrammes contre Martial_, p. 50) dit que de son temps, le jour de +Pâques, à la porte de la cathédrale de Saintes, des femmes vendaient des +gâteaux en forme de Priapes, et criaient: «_A mes pines! qui veut de mes +pines?_» La police y mettrait aujourd'hui bon ordre. Le gendarme qui +arrêterait la délinquante serait sans doute bien embarrassé de dire +pourquoi _pine_ est obscène quand _pénis_ ne l'est pas, mais cela est. + + [25] Entendus dans le sens érotique, _ductare exercitus_ voudrait + dire: branler l'armée, et _patrare bellum_: décharger la guerre, + tropes violents qui n'étaient aucunement dans l'esprit de Salluste, + et dont pourtant Mirabeau a égalé sinon surpassé l'énergie: «Ce + d'Orléans est un Jeanfoutre qui toujours bande le crime et qui n'ose + le décharger.» + + * * * * * + +Les médecins sont en possession de l'immunité complète pour tous les +termes dont ils ont besoin dans l'exercice de leur art. Même dans les +livres qu'ils écrivent pour «l'instruction des gens du monde,» ils +disent librement: pénis, gland, verge, membre viril, vulve, vagin, +érection, sperme, et traitent non seulement de ce qui touche aux +rapports sexuels, mais de toutes les dépravations du sens génital: +pédérastie et Saphisme ou tribadisme, onanisme manuel, anal, vulvaire, +buccal, mammaire, axillaire, titillations uréthrales et clitoridiennes, +etc. Les termes techniques dont ils se servent sont d'ailleurs, sauf +quelques-uns, assez peu accessibles au vulgaire, par leur étymologie +savante, pour que beaucoup de gens fassent leur première connaissance +avec eux lorsqu'Éros les amène, l'oreille basse, dans le cabinet du +docteur. La vieille langue médicale avait plus de sans-façon, barbiers +et sages-femmes, pompeusement qualifiés de chirurgiens et d'obstétrices, +en ayant fourni une bonne moitié, sans que la Faculté y trouvât à +redire. Le jardin et verger de nature, le cabinet de Vénus, le cloître +virginal, le soc viril, le baume naturel, et autres expressions +métaphoriques, n'en étaient pas bannis comme à présent. Les appellations +affectées aux diverses parties de «l'ovale féminin» et de ses alentours: +les barres, les barboles, les landies, l'entreprend, le ponnant, le +guillocquet, le guillevart, les hallerons ou ailerons, la dame du +milieu, se rencontrent quelquefois dans Brantôme et les conteurs; elles +appartiennent par là à la langue érotique. Les anciens prédicateurs, et +surtout les casuistes, se sont également trouvés dans la nécessité de se +constituer un vocabulaire spécial qu'ils ont en partie inventé pour +leurs besoins, en partie emprunté soit aux Latins, soit à la langue +médicale de leur temps. Les casuistes disent _mollities_ pour +_masturbatio_, et distinguent dans ses effets la _distillatio_ de la +_seminatio_, la première étant simplement préparatoire à la seconde; +_fornicatio_, _concupiscentia_, _tactus impudici_, _copula carnalis_, +_delectatio Venerea, amorosa_ et _morosa_, _pollutio in ore_, _osculari +verenda_, appartiennent à cette langue des théologiens, ainsi que le +_vas debitum, legitimum, naturale_, opposé au _vas illegitimum, +innaturale, praeposterum_, la _copula naturalis_ à la _copula +Sodomitica_. L'expression _peccatum mutum_, dont ils se servent aussi, +fait penser au _tacere_, de Martial, _reddere Harpocratem_, de Catulle, +mais n'est pas chez eux synonyme d'irrumation; leur «péché muet» est la +Sodomie. Ils appellent le clitoris: douceur d'amour, _dulcedo amoris_, +et par incubes ou succubes n'entendent pas toujours ces êtres vaporeux +que l'on voit en rêve: ils désignent ainsi, à mots couverts, les +diverses positions que l'homme et la femme peuvent prendre dans le +congrès. Les vieux prédicateurs, parlant en public, avaient un langage +plus familier: Paillards, Sodomites, ribauds, maquereaux, ruffians; +paillarder, forniquer, faire l'oeuvre de chair, hanter les bourdeaux, +trousser les chambrières, payer des manches rouges à sa putain, être à +pot et à cuiller avec sa servante (ce que le populaire, en abrégeant, +traduisait par: être à pot et à cul), gagner sa dot de mariage à la +sueur de son corps, jetter ses enfants ès-rivières et retraits, etc., +sont les expressions dont se servent Maillard, Menot et Barlette en +reprochant leurs mauvaises moeurs à leurs contemporains[26]. + + [26] V. Henri Estienne, _Apologie pour Hérodote_, chap. VI; Dulaure, + _Des Divinités génératrices_, chap. XV. + +Les traducteurs Français des grands satiriques Latins auraient pu, eux +aussi, tenter d'enrichir notre langue érotique en y faisant passer les +hardiesses de Juvénal, de Perse, de Pétrone, de Martial surtout, dont le +vocabulaire est si opulent. Leurs essais n'ont été jusqu'à présent +qu'insuffisants ou ridicules. Trois traductions assez estimées de +Martial: celle de l'abbé de Marolles, une seconde attribuée sur le titre +à des «militaires», et qu'on croit être de Volland, la troisième de +Simon de Troyes et publiée par Auguis, ont été examinées à ce point de +vue par Éloi Johanneau[27]. On se ferait difficilement une idée de leur +niaiserie. L'abbé de Marolles traduit _Priapus_ par visage! + + _Gallo turpius est nihil Priapo_, + + (I, 36.) + +«Il n'y a rien de plus vilain que le _visage_ d'un prêtre de Cybèle.» Il +rend _futuere_, par «cajoler, se divertir, passer le temps, aimer, +entretenir, avoir une entrevue»; _fututor_ par «galant, effronté»; +_cunnus_ par «chaînon»; _fellare_ par «ne pas bien user de sa langue», +_arrigere_ par «se roidir dans les combats, désirer quelque faveur»; sa +manie de décence quand même le conduit tout droit à faire des +contre-sens d'écolier, comme lorsqu'il traduit _paedicare_ par «faire +l'amour»; ailleurs il dit que c'est «faire d'étranges choses», ce qui, +sans être meilleur, montre pourtant qu'il comprenait. Il a le privilège +des périphrases souvent plus lestes que le mot propre de l'original; il +traduit _mentula_ par «je ne sçay quoy qui fait aimer les hommes», et +ajoute en note: «Quelque lasciveté, sans doute»; ailleurs, c'est +«quelque chose que l'on porte». _Inguina_, c'est: «ce que je ne puis +nommer»; _canus cunnus_, «une vieille passion»; _vellere cunnum_, +«farder sa vieillesse»; _percidi_, équivalent de _paedicari_, «se faire +gratter». Il abuse de «quelque chose»; ce «quelque chose» rend les mots +les plus divers: _mentula_, c'est «quelque chose», _inguina_, «quelque +chose», qu'il s'agisse de l'homme (VII, 57) ou de la femme (III, 72), et +_culus_ est «quelque autre chose» (III, 71). _Paedicare_ étant «faire +d'étranges choses», _paedicari_, _irrumari_, c'est «faire quelque chose +de plus» ou «de pis;» mais quoi? l'abbé ne le dit pas, et encore +faudrait-il dire: se laisser faire. + + [27] _Épigrammes contre Martial, ou les mille et une drôleries, + sottises et platitudes de ses traducteurs_, par un ami de Martial + (Paris, 1835, in-8º). + +Les «militaires» ou Volland se sont dressé à l'avance une espèce de +Barême; ils traduisent constamment les mêmes mots Latins par les mêmes +mots Français auxquels ils donnent souvent un sens conventionnel: +_futuere_ par «aimer» et «forniquer»; entre femmes (VII, 69) c'est aussi +«forniquer»; _fututor_, par «amant, amateur»; _vulva_, _barathrum_, +_cunnus_, par «anneau»; _mentula_, _penis_, _columna_, _veretrum_, par +«béquille», s'inspirant sans doute de la chanson de Collé, _La béquille +du Père Barnaba_; _fellare_ et _lingere_ par «breloquer», d'où +_fellator_, «breloqueur», et _fellatrix_, «breloqueuse»; _irrumare_, qui +signifie une chose, et _percidere_, _irrumpere_ qui en signifient une +autre, par «se faire breloquer»: contre-sens énorme du moment qu'ils +prennent «breloquer» pour l'équivalent de _lingere_ et de _fellare_. Ce +mélange de breloques, de béquilles et d'anneaux, nous donne des +«breloqueurs et breloqueuses d'anneaux», une «béquille énervée», une +«béquille à poils», une «béquille en fureur», une béquille qui «apprend +une route inconnue», ailleurs, des «testicules de cerf remplacés par une +jeune béquille»; un «anneau qui parle», des anneaux «qui se +réjouissent». De temps à autre, ils veulent cependant varier un peu; ils +traduisent alors _paedicare_, tantôt par «faire des polissonneries», et +tantôt par «jouer le second rôle», ce qui montre combien peu ils savent +ce qu'ils disent; _fellator_ par «fripon», _paedico_ par «badin», et +continuellement confondent le rôle actif avec le rôle passif. + +Simon de Troyes, et son reviseur Auguis, n'entendaient pas beaucoup +mieux le Latin, car pour eux le _paedico_ est un Ganymède (VI, 33); ils +affectionnent les périphrases les plus pompeuses: _mentula_, organe des +plaisirs, frêle instrument des amours, intention directe; _cunnus_, +ceinture de Vénus; _colei_, les recoins les plus secrets du corps; +_paedicare_, se livrer à une débauche irrégulière, avoir des habitudes +vicieuses; _lingere_, faire d'impudiques caresses aux appas les plus +secrets d'une belle (douze mots pour un), et _irrumare_, demander à +avoir part aux bonnes grâces d'une belle (dix seulement). Encore ces +périphrases, toutes niaises qu'elles sont, feraient-elles croire qu'ils +comprennent; mais non: ils traduisent ailleurs le même verbe _irrumare_ +par: «avaler le plaisir avec sa bouche», c'est tout le contraire; et +_periclitari capite_, synonyme d'_irrumari_, par «perdre la tête». + +La seule bonne méthode de traduction que l'on doive, suivant nous, +appliquer aux érotiques Grecs et Latins, est celle qui s'impose comme +règle de dire à mots couverts seulement ce que l'auteur a dit à mots +couverts, de ne pas mettre de périphrases où il n'en a pas mis, de +rendre le mot propre par le mot propre, et les métaphores par des +métaphores semblables, tirées des mêmes termes de comparaison. Traduire +autrement sera toujours donner une idée fausse du goût personnel de +l'auteur, de ce qui constitue son style ou sa manière. Mais le mot +propre serait souvent bien plus obscène en Français qu'il n'était en +Latin; les dérivés populaires de _cunnus_, _colei_, _futuere_, les +équivalents de _paedico_, de _cinaedus_, sont absolument ignobles, et +les termes Latins ne l'étaient pas, du moins au même degré[28]. Pour +obvier à cette difficulté, rien n'empêche qu'on ne francise tous ceux +qu'on pourra, conformément au génie de la langue. Mentule, gluber, +vérètre, quelques autres encore, se trouvent dans Rabelais; irrumation, +fellation, dans La Mothe Le Vayer; l'abbé de Marolles a osé fellatrice; +pourquoi ne dirait-on pas fellateur, pédicon et pédiquer, fututeur, +drauque, cinède, cunnilinge, liguriteur, exolète, irrumer, etc? Ces +mots, nous objectera-t-on, ne seront compris que de ceux qui savent le +Latin, et le traducteur doit se faire entendre de tout le monde. Mais +n'en est-il pas de même de sesterce, modius, laticlave, pallium, atrium, +impluvium, vomitoire, vélite, belluaire, et de tant d'autres termes +francisés depuis longtemps par les archéologues? Les définitions vagues +qu'en fournissent les Dictionnaires: monnaie, mesure Romaine, partie du +vêtement, de l'édifice Romain, soldat, gladiateur, donnent-elles la +valeur précise du mot à celui qui ignore le Latin et les moeurs de +l'ancienne Rome? + + [28] «Il y a tout lieu de croire que beaucoup d'expressions dont la + malhonnêteté nous choque n'avaient pas la même portée chez les + Romains et n'étaient pas si brutales. Martial dit quelque part que + les jeunes filles peuvent le lire sans danger. Admettons que ce + propos soit une fanfaronnade Bilbilitaine, et réduisons l'innocence + de son recueil à ce qu'elle est en réalité: encore est-il vrai qu'on + ne se cachait pas pour le lire, que les gens de bon ton, comme on + dirait chez nous, gens qui ont d'autant plus de pruderie en paroles + qu'ils sont plus libres dans la conduite, avouaient publiquement + leur admiration pour Martial. J'ai sans doute bien mauvaise idée de + la Rome impériale, et je crois peu à la chasteté d'une ville où des + statues nues de Priape souillaient les palais, les temples, les + places publiques, les carrefours; où, dans les fêtes de Flore, on + voyait courir sur le soir, à travers les rues, non pas des + prostituées, mais des dames Romaines échevelées et nues; où les + femmes se baignaient pêle-mêle avec les hommes; où les comédiennes + se déshabillaient quand on leur avait crié du parterre: + Déshabillez-vous. Mais j'ai peine à croire qu'on pût s'y vanter + ouvertement de faire ses délices de Martial, si Martial eût été + aussi impur qu'il nous paraît aujourd'hui.» (Désiré Nisard, les + _Poètes Latins de la décadence_.) + +Le _Dictionnarium eroticum_ de Nicolas Blondeau ne fera pas faire de +grands progrès dans cette voie aux chercheurs de traduction exacte et +littérale. L'auteur, et François Noël qui l'a complété, sont tous les +deux des partisans à outrance de la périphrase, qui enveloppe le mot +comme une orange dans du papier, et de l'équivalent, qui n'équivaut +jamais, qui est toujours au-dessous, au-dessus ou à côté de l'expression +dont il s'agit de rendre l'énergie, la grâce ou la finesse. Il n'en est +pas moins curieux par le nombre, l'abondance de ces équivalents, de ces +périphrases patiemment colligées dans les auteurs ou plaisamment +imaginées, et dont quelques-unes sont de véritables trouvailles[29]. +Publié en son temps, il eût été le premier, ce qui est la meilleure +excuse de ses imperfections et de ses lacunes: la série des mots et +surtout des locutions érotiques est loin d'être complète dans les +volumineux Glossaires d'Henri Estienne, de Forcellini et de Du Cange, et +la difficulté de trouver l'acception spéciale au milieu d'une foule +d'autres, fait qu'on songe rarement à y avoir recours. Resté si +longtemps manuscrit, il a été devancé par un autre, bien connu des +amateurs, le _Glossarium eroticum linguae Latinae, sive theogoniae, +legum et morum nuptialium apud Romanos explanatio nova, auctore P. P._ +(_Parisiis_, 1826, in-8º), auquel on croit qu'Éloi Johanneau a +collaboré, mais dont l'auteur est resté incertain[30]. Ce recueil est +d'une utilité incontestable pour tous ceux qui veulent lire et +comprendre les érotiques ou satiriques Latins; il abonde en citations +qui éclaircissent les passages obscurs ou douteux, mais les explications +sont en Latin, ce qui laisse à celui de Blondeau et Noël une certaine +supériorité. La comparaison des deux ouvrages est instructive et montre +les difficultés d'un pareil genre de travail. Rien que dans la lettre A, +nous relevons chez Noël et Blondeau soixante-quinze mots ou locutions +qui ne se trouvent pas, au moins à cette place, dans le _Glossarium_ dit +de Pierrugues; en revanche, celui-ci en a deux cent vingt-huit négligés +par ses devanciers, et vingt-deux articles seulement sont communs aux +deux recueils. De plus, si on les collationne avec l'_Index_ du _Manuel +d'Érotologie_, on se convainc que près de la moitié des mots commentés +par Forberg ne se trouvent ni dans l'un ni dans l'autre. Une refonte +générale de ces trois ouvrages, sur un bon plan, donnerait un résultat +sinon parfait, du moins très satisfaisant. + + [29] Le suppositoire vivant, le gobet amoureux, le Calendrier naturel, + le combat de cinq contre un, le Manuel des solitaires, etc. + + [30] Quérard dit que les initiales P. P. cachent le chevalier P. + Pierrugues, ingénieur à Bordeaux, qui publia en la même année 1826 + un bon plan de cette ville. On lui attribue également, mais + peut-être à tort, les Notes de l'_Errotica Biblion_. C. de Katrix, + auteur d'un Avant-Propos placé en tête de ce dernier ouvrage, dit + avoir eu entre les mains un exemplaire du _Glossarium_ portant cette + mention: «_Ab Eligio Johanno constructum, auspicio et cura + (forsitan) baronis Schonen._ S. E.» + + * * * * * + +Il nous resterait, en terminant, à dire un mot de la langue érotique +contemporaine; mais quoique nous ayons des «naturalistes», qui ne +reculent pas devant les mots, et même des «pornographes», on serait +embarrassé de relever chez eux les éléments d'un vocabulaire original, +qui leur soit propre. Les plus timides ou les moins maladroits +s'essayent dans les réticences, les sous-entendus de Laclos et de +Crébillon fils; mais comme ils n'ont pas l'art exquis et la finesse de +ces maîtres, on devine l'intention qu'ils avaient de dire quelque chose, +plus qu'on ne voit clairement la scène qu'ils ont voulu décrire. +D'autres se sont fait avec des crudités du vieux Français, mélangées à +des trivialités de faubourg, à ce que Richepin appelle la gueulée +populacière, une langue hybride, bâtarde, assez écoeurante, et il en est +une pire encore, celle dont Alfred Delvau s'est constitué hardiment le +lexicographe dans son _Dictionnaire de la langue verte_, puis dans son +_Dictionnaire érotique moderne_. Nos pères avaient déjà , pour désigner +ces bonnes filles dont le métier est de faire plaisir aux hommes, un +nombre plus que suffisant d'appellations désobligeantes: carogne, catau, +catin, coureuse, créature, donzelle, drôlesse, gueuse, gourgandine, +poupée, putain; comme nous sommes plus riches! nous avons: allumeuse, +baladeuse, blanchisseuse de tuyaux de pipes, bouchère en chambre, +chahuteuse, chameau, chausson, crevette, éponge, gadoue, gaupe, gibier +de Saint-Lazare, gonzesse, gouge, gouine, grenouille, loupeuse, marmite, +menesse, morue, omnibus, paillasse, peau, pierreuse, punaise, rouchie, +rouleuse, rulière, sangsue, taupe, tireuse de vinaigre, tocandine, +toupie, traînée, vache, vadrouille ou vadrouilleuse, et vessie! Ce que +peuvent être les locutions imagées où ces termes choisis entrent en +combinaison avec d'autres de plus basse catégorie encore, on le conçoit +sans peine. Ni l'énergie ni le pittoresque ne leur manquent; mais à part +quelques bonnes et vertes Gauloiseries, ce vocabulaire est par trop +ordurier. Malgré toutes les raisons qu'on peut donner en faveur du +parler à la bonne franquette et contre la pruderie bégueule, nous +penchons à partager l'aversion de beaucoup de gens pour ces mots que +l'on nous dit être la langue de l'amour, et qui sentent mauvais, qui +font sur le papier comme des taches malpropres. Nous sommes volontiers +de l'avis de La Fontaine: + + L'Amour est nu, mais il n'est pas crotté. + + +Paris, Avril 1885. + + + + +DICTIONARIUM + +EROTICUM + +LATINO-GALLICUM + + + + +A + + +ABSOLVERE HOMINEM VENERI. _Cicero._ Priver un homme des marques de la +virilité; le décharger des soins que l'on rend à Vénus; l'exempter de +faire ses hommages à la déesse d'amour; le dispenser de servir les +dames; mettre un frein à ses désirs amoureux; donner des bornes à ses +galants exploits; retenir l'inclination qu'il peut avoir de faire +service aux belles; le délier des engagements qu'il peut avoir avec la +mère d'Amour; lui retrancher tout commerce galant. Ou, au contraire: +rendre un homme capable de servir Vénus; le perfectionner de manière que +ses soins soient toujours agréables; lui procurer tous les avantages +nécessaires pour faire recevoir ses hommages; le rendre parfait dans +l'art de faire service aux dames; le tourner de sorte qu'il plaise +partout; lui faire prendre un air à réussir près des belles; le mettre +en état de se rendre digne des regards de la mère d'Amour; en faire un +joli homme, un homme consommé dans l'art de la galanterie; rendre un +homme aimable et tout galant. Ou: absoudre un homme de tout ce que Vénus +lui fait faire; lui pardonner tout ce qu'il entreprend en faveur de ses +feux; excuser les fautes amoureuses d'un galant; avoir de l'indulgence +pour les erreurs où sa passion le plonge. + +ACERSECOMES, _ae_, m. _Juv._ Catamite. + +ADDUCTRIX, _icis_, f. Conciliatrice de volontés, médiatrice[31]. + + [31] Voyez AGABULA, LENO. + +(N) ADHINNIO, _is, ire_. Crier de joie en voyant une belle femme; se +sentir vivement ému par sa présence, et ne pouvoir modérer les +transports qu'elle excite. + +ADINEO, ADINIO, _is, ivi, itum, ire_. _Col._ Dormir à l'Hébraïque. + +ADVERSUS ET AVERSUS IMPUDICUS EST. _Cic._ A découvert ou en secret, il +est toujours débauché; qu'on le regarde ou qu'on ne le regarde pas, il +ne s'en livre pas moins à sa passion déréglée; qu'on puisse le savoir ou +l'ignorer, c'est tout un pour son tempérament amoureux; qu'il soit en +compagnie ou sans témoins, il faut que son dérèglement ait son cours; +qu'on le voie ou non, il donne tout au plaisir de ses sens. Ou: l'une et +l'autre Vénus le touchent également; de quelque côté qu'on le prenne, on +n'y trouvera que débauche; s'il aime l'action, il veut bien la souffrir. + +AEDOEICA ULCERA, n. Chancres aux parties naturelles. + +AEDOEICON, _i_, n. Le membre, la verge. + +AEDOEPALMUS, _i_, m. Priapisme, érection continuelle; maladie qui cause +une tension du v.. douloureuse et continue[32]. + + [32] Une tension douloureuse et continue dans la partie reproductive + de l'espèce humaine. + +AFFERRE CONSECUTIONEM VOLUPTATIS. _Cic._ Faire jouir de ses amours; +procurer le plaisir de la jouissance; mettre en possession de l'objet de +ses voeux; faire venir le moment heureux en amour; donner la facilité +d'exécuter ses desseins galants; faire naître l'occasion de satisfaire +ses désirs amoureux; mettre un amant au comble de la joie; faire +apercevoir que l'heure du berger sonne; mettre en état de donner dans le +but des amants; rendre un amant heureux; fournir les moyens de se +divertir. + +AGABULA, _ae_, m. f. Maquereau; maquerelle. + +AGAGULA, _ae_, m. f. Maquereau; maquerelle. + +AGAGULO, _onis_, m. Maquereau. + +AGERE LENONEM. _Cic._ Faire le métier de pourvoyeur de Vénus; se mêler +d'appareiller des amants; travailler à concilier les volontés en amour; +s'appliquer à l'union des amants; donner ses soins à rendre mutuelles +les inclinations amoureuses; être agent de change en amour; s'attacher à +rendre les amants contents; s'employer à faire réussir les passions +galantes; faire l'office d'appareilleur d'amour; faciliter les approches +intimes des amants; être conciliateur en amour. + +AGITO, _are_. _Hor._ Se prend aussi pour faire l'action que demande une +passion qui fait le plaisir et la peine de la plupart des hommes. + +AGNEON, _i_, n. Bordel, lieu où l'on trouve des filles de commodité; par +antiphrase, bon lieu[33]. + + [33] Ou, plutôt, mauvais lieu que le plaisir n'habite jamais, et où le + mal habite toujours. + +(N) AGO, _is, egi, actum, agere_. Agir; est le contraire de _pati_; +souffrir les agissants. C'est jouer avec ardeur au jeu d'amour. Il est +du style Sodomitique. + +AGULA, _ae_, f. Appareilleuse, maquerelle. + +ALECTRA, _ae_, f. Celle qui ne laisse pas de prendre les plaisirs de +l'amour, bien qu'elle soit sans mari; celle qui se console galamment de +la solitude du célibat ou de la viduité; celle qui se sert du remède +propre à guérir les chagrins où le célibat et le veuvage peuvent +plonger[34]. + + [34] Épicurienne qui laisse à qui les veut les peines et les tourments + du mariage, mais qui s'en procure les plaisirs. + +ALICARIAE, _arum_, f. _Plaut._ Filles de joie qui se tenaient devant les +boutiques des vendeurs de fromentée, attendant aventure. + +ALIENUS EST DIU VENERIS USUS EO QUI CONVALUIT. _Cels._ Celui qui relève +de maladie se doit interdire pour un temps l'usage de Vénus; les délices +de l'amour sont un mets dont les convalescents ne doivent point goûter; +au sortir d'une maladie, on doit être dispensé pour quelque temps du +service des belles; les plaisirs de l'amour ne sont point faits pour un +convalescent; il ne sied point du tout de faire le galant tant qu'on a +besoin de reprendre des forces; vouloir faire l'amour pendant une +convalescence, c'est chercher entre les bras de Vénus une rechute[35]. + + [35] Ou même la mort. Les vieillards sont comme les convalescents: + l'usage des plaisirs amoureux les tue ou les rend imbéciles. + +ALILARIA, _ae_, f. Garce suivant la Cour, putain de Cour[36]. + + [36] Comme les gens de Cour sont au-dessus des préjugés, c'est pour + cela qu'elles y abondent. + +ALLUDERE AD SCORTUM. _Ter._ Se jouer à une courtisane[37]. + + [37] Badiner, folâtrer avec une fille de joie. + +(N) ALUTA, _ae_, f. Peau inutile; boyau sans ressort et propre à être +livré au mégissier. _Aluta Priami_: vieil outil qui ne peut plus servir +qu'à exciter les sarcasmes des jeunes filles. Instrument fêté dans sa +jeunesse, et méprisé, comme tant d'autres choses, lorsqu'il se trouve +usé par le service ou la vieillesse. + +AMASCUS, _i_, m. _Plaut._ V. AMASIUS. + +AMASIA, _ae_, f. _Gell._ Celle qui aime, ou qui est aimée, maîtresse. +Ou: femme galante[38]. + + [38] Bonne amie à qui il ne manque que le contrat matrimonial pour + être une femme parfaite. + +AMASIO, _onis_, m. _Apul._ V. AMASIUS. + +AMASIOLA, _ae_, f. Une petite maîtresse, une jeune enfant qu'on aime. + +AMASIOLUS, AMASIUNCULUS, _i_, m. _Petr._ Un jeune amoureux, un petit +galant. Ou: un petit favori, un jeune mignon. + +AMASIUS, _ii_, m. _Plaut._ Un amoureux, un galant, le berger d'une +bergère, l'amant d'une belle. Ou: celui qui est porté à l'amour, qui est +enclin aux plaisirs de Vénus. Ou: un favori, un mignon, celui qui +souffre les caprices amoureux d'une passion déréglée. + +AMATIO, _onis_, f. _Plaut._ Amourachement, amourette; attachement +galant, inclination amoureuse. + +AMATOR, _oris_, m. _Ter._ Un amoureux, un galant, un passionné, un +amant[39]. + + [39] En Français, le mot _amateur_ équivaut à libertin: un friand de + jeunes tendrons. + +AMATORCULUS, _i_, m. _Plaut._ Diminutif d'_amator_. + +AMATORIA VOLUPTATE FRUI. _Cic._ Goûter les plus parfaites douceurs de +l'amour; jouir des plaisirs amoureux; satisfaire ses amoureux désirs; +s'enivrer des délices de l'amour. + +AMATRICULA, _ae_, f. V. AMASIOLA. + +AMATRIX, _icis_, f. _Plaut._ Amante, amoureuse, bergère, maîtresse. + +AMATUS, _us_, m. Ce qu'on aime, objet aimé, ses amours, son inclination. + +AMBULARE IN MASCULOS. _Sen._ Donner dans ses amours l'exclusion au beau +sexe; prendre un sexe pour l'autre dans ses divertissements amoureux; +faire un affront aux femmes et à la nature; se méprendre au sexe dans +ses amours; aimer ses pareils avec dérèglement. + +(N) AMICUS LAEVIS vel LEVIS. Ami jeune et sans barbe, qui chez les +Anciens tenait lieu d'une amie et en faisait les fonctions. + +AMISSI CORPORIS DAMNUM. _Phaed._ Le dommage que cause la perte de la +virilité, la perte de ce qui nous distingue et qui nous fait aimer des +femmes. + +(N) AMOR, _is_, m. L'Amour, le fils de Vénus; la passion d'aimer. Cette +passion n'est point obscène par elle-même, mais l'abus de l'amour le +devient. _Amor Socraticus_: l'amour Socratique, quoique portant le nom +d'un sage, doit être proscrit de la bonne compagnie et relégué dans les +collèges, les séminaires, les couvents et dans toutes les sociétés +composées d'hommes qui connaissent trop ou trop peu les femmes. La bonne +philosophie n'est point de contrarier la nature. L'amour Platonique est +au moins fondé sur la délicatesse, mais les femmes commencent à +l'abjurer comme inutile et ridicule. + +AMPHICAUSTIS, _is_, f. (dans les comiques). La partie sans laquelle les +femmes seraient bien malheureuses. + +AMPHIDAEUM, _i_, n. Les lèvres rebordées de la bouche inférieure, qui +engloutit la plus pure substance des hommes. + +(N) AMPLEXUS, _us_, m. Étreinte amoureuse, embrassement, baiser. + +ANAGRIPH, ind. Le plaisir amoureux pris avec une fille, ou avec une +veuve. + +ANAITIS, _idis_, f. Vénus Assyrienne, dans les temples de laquelle les +filles des meilleures maisons tiraient gloire d'avoir gagné leur mariage +en satisfaisant les désirs amoureux de tous ceux qui se présentaient, et +après ce galant noviciat trouvaient à se marier plus avantageusement, vu +leur grande expérience[40]. + + [40] Si les divinités des Assyriens avoient des temples en France, nos + jeunes filles n'auraient pas les pâles couleurs. + +ANAPHLASMUS, _i_, m. Le plaisir amoureux. + +ANAPHLYSTIUM, _ii_, n. Le mariage solitaire, le combat de cinq contre +un. + +ANAPHLYSTIUS, _ii_, m. Qui trouve une femme dans sa main. + +ANAPHRODISIA, _ae_, f. Apathie de la nature, insensibilité pour les +plaisirs de l'amour[41]. + + [41] Mort anticipée. + +ANAPHRODISUS, _a, um_. Qui est insensible aux plaisirs de Vénus; qui est +dans l'indolence à l'égard de l'amour; qui n'a aucun goût pour les +douceurs amoureuses; que les charmes de Vénus n'attirent point; qui +n'est ému d'aucuns désirs pour la beauté; que les délices de l'amour ne +tentent pas; qui n'est point touché des attraits de Vénus; qui n'a +aucune pente aux divertissements amoureux; qui ne se sent point; +insensible aux traits de l'Amour; sur qui les appas de Vénus ne font +point d'effet. + +ANCUBA, _ae_, f. Succube, qui est introduite dessous. + +ANCYRA, _ae_, f. V. MENTULA. + +ANDROGENIA, _ae_, f. L'union des corps qui perpétue le genre humain; la +liaison des deux sexes pour la propagation des hommes; le mélange des +corps et des esprits pour reproduire son semblable; ce qui donne +naissance à l'amour et ensuite aux hommes. + +ANDROGENUS, _a, um_. Qui s'étudie à la reproduction; qui prend soin de +la propagation humaine; qui fait ce qu'il peut pour perpétuer le genre +humain; qui travaille à se faire des successeurs; qui s'emploie à se +donner une postérité. + +(N) ANDROGYNUS, _i_, m. Androgyne. On appelle de ce nom l'être qui +réunit les deux sexes. Deux androgynes parfaits équivaudraient à quatre +personnes ordinaires; mais comme la Nature les crée presque tous +imparfaits, douze androgynes ne valent ni un homme ni une femme. + +ANDROPHYTIDES, _is_, _omn. gen._ Qui est propre à donner des habitants à +sa patrie; qui a tous les talents nécessaires pour peupler le monde; à +qui rien ne manque pour fournir des sujets à l'État; qui ne laissera pas +périr la race des hommes par sa faute; qui est en état de travailler à +la propagation du genre humain. + +ANDROSATHUS, _i_, m. Que l'Amour a libéralement fourni; avantageusement +pourvu des dons de l'Amour[42]; qui a de grandes parties pour Vénus; à +qui l'Amour a fait présent d'un sceptre magnifique; qui est avantagé de +la nature en faveur des dames; qui a un grand talent pour persuader en +amour; un substitut du dieu des jardins; un second Zagachrist. V. +MENTULATUS. + + [42] Qui a de grands moyens de plaire au beau sexe. + +(N) ANHELO, _as, are_. _Juv._ Montrer toute sa vigueur et se mettre hors +d'haleine; être sur le grabat pour avoir trop travaillé. + +ANITERGIUM, _ii_, n. Mouchoir de commodité, torchecul[43]. + + [43] Si ce mot n'est pas propre, au moins il est expressif. + +ANO FASCINUM INSERERE. _Petr._ Introduire un suppositoire vivant. + +ANTILLO, _as, are_. V. SCORTOR. + +ANULARE, _is_, n. La bague que l'on court en amour; l'anneau que l'amour +cherche à mettre à son doigt[44]. + + [44] Et qui est propre à tous les hommes. + +ANXITIA, _ae_, f. Fille de joie, garce[45]. + + [45] Coquine. + +APHRODISIA, _orum_, n. _Plaut._ Les plaisirs de Vénus, les jeux où Vénus +engage les amants, les combats amoureux, les victoires amoureuses, les +exercices d'amour. + +APHRODISIAS, _adis_, f. Ile dans le golfe Persique, où Vénus était +servie de la manière la plus tendre et la plus vigoureuse. + +APHRODISIASMUS, _i_, m. Le service de Vénus; l'usage des contentements +que Vénus peut procurer; le doux emploi auquel la mère d'Amour destine +les amants; le devoir amoureux. + +APHRODISIUM, _ii_, n. Les délices où Vénus invite; le plaisir sans +lequel on ne verrait point d'amants; les douceurs qu'offre la mère +d'Amour pour payer les maux que son fils fait souffrir. + +APHRODISIUS, _a, um_. Qui est tout à Vénus; qui s'est voué tout entier à +la mère d'Amour. + +APHRODITARIUM, _ii_, n. Médicament propre au service de Vénus. + +APOCOPUS, _i_, m. Eunuque; homme qui a souffert un retranchement +considérable; personnage de mauvais augure pour les dames; inhabile ou +impuissant; celui dont les forces ne lui permettent pas de servir sous +les enseignes d'Amour; auquel il n'est pas permis de lever l'étendard +amoureux; qui est dans l'impuissance de combattre amoureusement[46]. + + [46] Dont le lit est un lit de repos. + +APORAPHANIDOSIS, _is_, f. Peine des pauvres surpris en adultère à +Athènes, auxquels on fourrait un navet dans le cul après leur en avoir +arraché les poils; d'où est venu le proverbe: _Drôle à la fesse +tondue_[47]. + + [47] Le code criminel d'Athènes méritait aussi d'être réformé. + +AQUACULO, _as, are_. Maquereller, faire le maquerellage. V. AGERE +LENONEM. + +AQUARIOLUS, _i_, m. _Cic._ AQUARIUS, _ii_, m. _Juv._ Maquereau, +pourvoyeur d'amour[48]. Ou (_Apul._): cocu volontaire, mari commode. Ou +(_Fest._): suppôt de bordel, souteneur, mangeur de blanc. + + [48] Voy. BALLIO. + +AQUATICULUS, _i_, m. Le bas du ventre; l'endroit où sont les parties +destinées à la génération, qui, par l'abondance d'une chaleur humide qui +y règne, se couvre de poils; le pénil; la motte[49]. + + [49] L'aqueduc d'amour. + +ARARE FUNDUM ALIENUM. _Plaut._ Cultiver le champ d'autrui; travailler à +la tâche d'un autre; mettre en oeuvre le fonds de son voisin; prendre +soin des plaisirs de la femme de quelqu'un; se divertir aux dépens des +maris. + +ARCUM TENDERE. _Apul._ Se mettre en état de servir les belles; être en +amour sous les armes; se tenir prêt pour le combat amoureux; se disposer +à l'attaque amoureuse; diriger son intention au service des dames. + +ARDERE FELICITER. _Ovid._ Être heureux en amour; avoir du bonheur dans +ses amours; être vu de bon oeil par les dames; être bien reçu des +belles; être favorisé du beau sexe; ne point soupirer à crédit; ne +s'enflammer jamais seul; ne point brûler d'une passion infructueuse; +être homme à bonne fortune. + +ARGA, _ae_, f. Le vase amoureux. + +ARGENTARIAE ELECEBRAE. _Fest._ Filles de joie. + +ARIETINO, _as, are_. Beliner. + +(N) ARMA VIRILIA. Les armes propres à la joute amoureuse. + +ARRHENOCOETES, _ae_, m. Pédéraste, adonné à l'amour des mâles, +bougre[50], Sodomite[51]. + + [50] Bulgare. + + [51] Hérétique en amour. + +ARRIDET FORTUNAE HORA. _Petr._ Voici l'heure du berger; berger, ton +heure sonne; le moment heureux est venu. + +ARRIGERE AD VETULAS. _Mart._ Être fort galant près des vieilles; ne pas +mépriser les vieilles amoureuses[52]. + + [52] Heureux qui peut ainsi faire, car les jeunes doivent bien trouver + leur compte avec un tel homme. + + Le mot _arrigere_ s'emploie presque toujours avec un autre mot qui + détermine le genre d'action qu'il exprime. En langage lubrique, cela + veut dire: avoir la lance en arrêt pour attaquer les jeunes filles + et les jolies femmes. _Arrigere in aliquam_: avoir une intention, + des désirs de préférence pour une dame. _Arrigis? en propera_, dit + Pétrone à une jeune fille qui n'osait pas profiter d'une bonne + occasion. + +ARSENOCOETA, _ae_, m. V. ARRHENOCOETES. + +ARSENOTHETA, _ae_, m. Corrupteur de jeunes garçons[53]. + + [53] Homme dangereux, qui ne fait rien qu'à rebours du bon sens. + +ARTICULOS OMNES COMMODITATIS & SCIRE. _Plaut._ Connaître l'heure du +berger[54]. + + [54] Deviner le moment de la faiblesse des dames. + +(N) ARVA CONSERERE MULIEBRIA. Ensemencer les champs d'amour; rendre une +femme fertile. + +ARVUM GENITALE. _Virg._ ARVUM MULIEBRE. _Lucr._ Le champ que l'amour +fait cultiver; le jardin de Vénus; la patrie commune de tous les hommes; +le pays natal; le lieu de la naissance. + +ASINIS (AB) AD BOVES TRANSIRE. _Plaut._ Quitter la mandille pour devenir +fermier général; passer du régiment de l'arc-en-ciel dans la brigade de +la fortune; parvenir d'une condition médiocre à une fortune +considérable. + +ASOTIUM, _ii_, n. Endroit où l'on se divertit; lieu de plaisir; maison +de divertissement; maison libre; maison de liberté; maison où l'on se +réjouit. + +ASSILIO, _is, lii, lui, ultum, ire_. _Col._ Saillir; couvrir; faire +l'action naturelle; sauter sur les quatre quartiers[55]. + + [55] Cela se dit plutôt des animaux que des hommes. + +ASTYANASSA, _ae_, f. La suivante d'Hélène, qui composa un livre des +différentes manières d'androgyniser: ce que Philénis et Éléphantine +imitèrent depuis; et, de nos jours, Louise Sigée de Tolède, dame +Espagnole, et le magnifique Molza, Florentin. + +ATAURUS, _a, um_. Qui n'a point encore fait l'exercice de Vénus[56]. + + [56] Novice qui ne connaît rien aux plaisirs de l'amour. + +ATHYR, ATHYRI, ind. L'antre des Nymphes; la fontaine où l'on porte +l'eau; la boutique où l'Amour fait travailler en peau. + +ATTENUATUS AMORE. _Ovid._ Atténué par les fatigues de l'exercice +amoureux. + +ATTRECTARE UXOREM ALICUJUS. _Cic._ Manier, patiner, tâtonner la femme de +quelqu'un[57]. + + [57] La caresser. + +AVERSA VENUS. _Jul. Cap._ Amour désordonné, dérèglement en amour; injure +faite à Vénus et aux belles; la Vénus antistrophe; l'art subtil. + + + + +B + + +BABALUM, _i_, n. La pique du dieu gardien des jardins; le sceptre de +Cupidon. + +(N) BACCHANALIA. Bacchanales, ou les fêtes en l'honneur de Bacchus, dieu +de la vendange. D'abord elles furent décentes, mais elles offrirent +ensuite tous les désordres de la débauche la plus crapuleuse. On portait +en procession des membres virils couronnés par des matrones +respectables. Les Bacchantes couraient les rues toutes nues. Aujourd'hui +il n'y a de Bacchanales que dans de petits appartements consacrés à +cela, et ces fêtes se nomment, comme autrefois, orgies. + +BADAS, _ae_, m. Qui se laisse métamorphoser en fille; qu'on emploie pour +fille[58]. + + [58] Par une erreur bien volontaire. + +BAETA, _ae_, m. Qui se laisse prendre pour une jolie fille, et qu'on +traite de même. + +BALANUS, _i_, m. Le gland qu'on offre à Vénus; la tête du dieu Priape. + +BALLIO, _onis_. _Cic._ Conciliateur d'amourettes; pourvoyeur +d'amour[59]. + + [59] Négociant en jeunes filles. + +(N) BALNEA, _eorum_. Bains publics, endroits de rendez-vous et +préparatoires à la prostitution. Les Romains y allaient pour examiner +les hommes nus, et choisir en quelque sorte les jeunes gens les plus +propres à contenter leur goût singulier pour le péché contre nature. On +dit que, dans plusieurs de ces endroits, les hommes et les femmes se +baignaient pêle-mêle. Véritablement, les Romains ont poussé très loin ce +genre de mollesse, qui se retrouve en Asie. + +(N) BAPTAE, _arum_, m. Prêtres de Cotytto, dont il sera parlé plus bas. +C'étaient de francs vauriens et les plus débauchés des hommes. De tous +temps les prêtres ont été libertins plus ou moins ouvertement. + +(N) BASIATIO, _onis_, f. Baiser, l'action d'embrasser. Voy. OSCULUM. + +(N) BASIO, _as, are_. Baiser, donner des baisers, embrasser. + +BASSARA, _ae_, f. Fille de joie, courtisane. + +BATALUM, _i_, n. BATALUS, _i_, m. Le batail, ou le battant de la cloche +amoureuse. + +BATALUS, _i_, m. Qui souffre qu'on le fasse servir de femme; qui laisse +exiger de lui le plaisir que les femmes seules devraient donner. Ou: +Voy. PODEX. + +BETA, _ae_, f. Voy. BAETA. + +BILBIL, _ind._ BILBIS, _idis_, f. _Fest._ BILLIS, _is_, f. Le lait +d'amour répandu à terre[60]. + + [60] Esprit-de-vin évaporé contre l'intention de la Nature. + +(N) BONA DEA. Cérès, ou la Bonne Déesse. Ses mystères, inconnus aux +historiens et aux mythologistes, ne l'étaient pas à Juvénal. Si on l'en +croit, il s'y passait de son temps des choses qui offensent rudement la +pudeur. Cérès était la déesse de la terre et de la fécondité; une de ses +fêtes avait lieu au mois de Mai, si célèbre par la révolution qui se +fait dans la nature, qu'une chaleur nouvelle semble vivifier alors et +rappeler aux actes d'une régénération entière. Ce que dit Juvénal de la +licence de ces fêtes fait croire que, quoique dans les premiers temps de +leur institution à Rome elles eussent été chastes, néanmoins, par +analogie avec les propriétés du mois de Mai, il s'y serait introduit des +mystères très opposés à leur première institution. Les prêtres de tous +les pays ont le talent de régénérer, par des institutions commodes, la +religion lorsqu'elle se perd. Les mystères d'Isis, de Vénus, de Bacchus, +de Priape, n'étaient guère plus chastes. Clodius, à Rome, tenta le +premier de violer les mystères de la Bonne Déesse, qui se célébraient à +huis clos entre femmes, et, sous un déguisement féminin, s'introduisit +dans la maison de César pour mieux jouir de Pompeia, qu'il aimait. +Pompeia était la femme de César: elle ne pouvait mieux se venger de ses +infidélités qu'avec ce Clodius, l'un des plus beaux chevaliers de son +temps. + +Voy. Juvénal, sat. 6e, vers 313 et suiv.; Apulée, au liv. 8e de ses +_Transformations_. + +BIPENNA, _ae_, f. L'instrument avec lequel l'Amour taille sa besogne. + +BUBALIUM, _ii_, n. La bague qu'on court dans l'académie amoureuse. + +BUCHEIS, _idis_, f. Palma Christi, plante merveilleuse pour les +exercices d'amour. Elle croît en Syrie[61]. + + [61] Rien n'est plus dangereux que ces remèdes aphrodisiaques. Ils + conduisent à l'impuissance par le plus court chemin. + + + + +C + + +CADERE CREBRO. _Plaut._ Tomber souvent sur les bras d'une aimable +ennemie[62]. + + [62] C'est un plaisir qu'on n'a pas toujours le pouvoir de se procurer + et qui n'en est que plus piquant lorsqu'on l'éprouve. + +CADURCA, _orum_, n. Les bords de la fontaine d'amour; les lèvres de la +bouche amoureuse; ce qu'on appelle, aux vieilles, les babines. + +CADURCUM, _i_, n. Le cabinet de Vénus, la loge amoureuse[63]. + + [63] La chambrette des délices. + +CAPULUS, _i_, m. _Priap._ Le manche amoureux; la poignée d'amour. + +CARUNCULA, _ae_, f. Carnosité; excroissance de chair; chair glanduleuse +et spongieuse; caroncule, dont quatre forment une barricade au devant du +chemin couvert de la forteresse d'amour. Palissade sur laquelle niche +quelquefois cet oiseau rare qu'on appelle aux Indes oiseau de Paradis, +et en France pucelage. + +CASALBADIUM, _ii_, n. _Petr._ Fille de commodité, fille de joie. + +CASALVIUM, _ii_, n. Lieu, à Athènes, où l'on pouvait se fournir de +filles commodes. + +CASAURA, _ae_, f. Fille commode. + +CASAURIUM, _ii_, n. Bordel, lieu de plaisir. + +CASTRA CUPIDINIS. _Ovid._ Le camp de l'amour; le poste amoureux. + +(N) CASTRO, _as, are_. Ôter le sexe à un homme; le rendre neutre, +inhabile à la génération; le priver de ce qui attire les dames, de ce +lien qui joint un sexe à l'autre et des deux n'en fait qu'un. _Eunucho +committere juvenem_ exprime la même chose que _castrare_. + +CATADACTYLIUM, _ii_, n. La bague puérile, que courent certaines gens +d'un goût extraordinaire. + +(N) CATAMITUS, _i_, m. Favori de Jupiter, Ganymède; jeune garçon +substituant les filles. Notre mot Français _chattemite_, que l'on +interprète par ceux-ci: _patelin_, _rusé_, _hypocrite_, n'aurait-il pas +aussi quelque analogie avec celui-ci? Voy. CONCUBINUS, PULLUS. + +CATAPYGOS, _i_, m. Qui recherche la Vénus antistrophe. Ou: le doigt du +milieu auquel on met quelquefois une bague, mais qui n'en porte +jamais[64]. + + [64] Des religieux Asiatiques, par esprit de pénitence, se mettent au + gland un anneau assez lourd pour empêcher l'effet des désirs + charnels. + +CATAPYGOSINE, _es_, f. L'amour de Vénus antistrophe, l'exercice de l'art +subtil; la passion à laquelle les auteurs orientaux disent que la femme +de Loth s'était soumise. + +(N) CATIA MATRONA. Femme qui s'habille à la manière des courtisanes, qui +savent faire valoir tous leurs avantages corporels; femme leste, +élégante. + +CAUDA, _ae_, f. _Hor._ Ce qu'on appelle la queue dans les animaux qui +n'en ont point. + +CAULIS, _is_, m. CAULOS, _i_, m. La tige du genre animal. + +(N) CELLA, _ae_, f. La cellule des prêtresses de Vénus; la petite alcôve +où elles se retirent pour sacrifier à l'amour dans un lieu de +prostitution. + +CERCOLIPA, _ae_, m. _Catull._ Voy. PENIS. + +(N) CEVEO, _es, cevi, cevere_. _Juv._ Il a la même acception que le mot +_crissare, crisso_, cité plus bas. Cependant le verbe _cevere_ désigne +plus spécialement le mouvement des hommes pendant le plaisir à la +Grecque: _Ego te ceventem, Sexte, verebor._ _Juvenalis._ + +CHALAMYDES, _dum_, f. Celles qui, par humilité, veulent bien prendre sur +elles le fardeau du genre humain. + +(N) CHALCIDISSO, _as, are_. Mot tiré du Grec, qui exprime un genre de +fantaisie érotique qui consiste à se faire lécher ou sucer les parties +naturelles par des enfants. Les anciens habitants de la Chalcide +chérissaient cette singulière volupté. + +CHELIDON, _onis_, f. La caverne de Vénus; le gouffre où se précipitent +la plupart des hommes. + +CHIA, _ae_, f. _Mart._ (_Subaud._ FICUS). La figue que les Ganymèdes +donnent à entamer, que Martial dit être d'un goût piquant et qui excite: +au lieu que, dans les femmes, il dit qu'elle est fade et insipide, et la +nomme _marisca_, et prétend que c'est un second c... + +CHOEROS, _i_, m. La bauge où se vautrent les hommes les plus propres; le +bourbier où presque tous les hommes se plongent. + +CHRYSION, _ii_, n. Le Priape enfantin, une courte, une guigi, une +margot. + +(N) CICINNIA, _ae_, f. La patronne des mignons ou Ganymèdes. + +CIDARIUS, _ii_, m. Pédéraste; qui aime les jeunes garçons. + +CILLO, _onis_, m. _Sext. Pomp. Ict._ Qui se laisse assujettir à +l'ouvrage dont les femmes sont jalouses; qui usurpe l'emploi des femmes +dans la République d'Amour; qui souffre les caresses qui ne sont dues +qu'aux femmes[65]. + + [65] Et mérite par conséquent leur juste indignation. + +CINAEDIA, _ae_, f. CINAEDIUM, _ii_, n. La patience à se laisser +métamorphoser en femme. + +CINAEDOLOGUS, _i_, m. Qui s'entretient de ce que les Italiens appellent +l'art subtil; qui parle de l'amour déréglé pour les jeunes garçons. + +CINAEDOLOGI, _orum_, m. Vers qui traitent de l'art subtil des Italiens. + +CINAEDUS, _i_, m. _Catull._ Jeune garçon qui se livre à toutes les +caresses que l'on veut lui faire[66]. + + [66] Octave, qui depuis fut appelé Auguste, passe pour avoir joué ce + rôle auprès de César, qui, par reconnaissance, l'adopta. Les + Romains, avant que d'être abrutis par l'esclavage, lui firent un + jour sentir qu'ils savaient bien qu'il devait le trône à cette + complaisance, et applaudirent devant lui à ce vers d'une comédie que + l'on jouait: + + _Videsne ut cinaedus orbem digito temperet?_ + + Ce goût paraît être celui des grands rois, et c'est peut-être pour + cela que le grand Frédéric en était entiché de nos jours. + +CIPUS, _i_, m. Le terrain où se plante le piquet amoureux. + +CISTUS, _i_, m. _Plin._ La corbeille féminine; le panier où l'Amour met +ses oeufs[67]. + + [67] Heureux qui les casse! + +CLAVUS CUPIDINIS. _Plaut._ Le clou de Cupidon, qui entre par la +tête[68]. + + [68] Le passe-partout du jardin de Cypris. + +(N) CLAZOMENAE, _arum_, f. Les fesses: la partie chérie des hérétiques +en amour. Comme les habitants de la ville Grecque nommée Clazomène +étaient fort amateurs en ce genre, le nom de la ville est resté à +l'objet de leur amour. C'est comme nous appliquons le nom de _Normand_ à +quelqu'un que nous jugeons fin et cauteleux. + +CLINOPALE, _es_. _Suet._ L'exercice de la couchette; les tours de lit; +la lutte amoureuse sur un lit, de peur de se blesser en tombant[69]. + + [69] Les gens à tempérament regardent cet exercice comme aussi + nécessaire que celui de boire et de manger; et souvent ils ne + considèrent les femmes que comme un meuble de ménage. Cette idée + n'est point galante: en conséquence, il faut que les femmes fassent + payer à ces gens-là leur utilité. + +CLITORIAZO, _is, ire_. Clitoriser, se chatouiller le clitoris avec le +bout du doigt pour se faire rire; ou faire cette action sur une personne +dans la même intention. Badiner à l'endroit sensible; se jouer à la +partie chatouilleuse; folâtrer du bout du doigt avec le loquet du +cabinet d'amour[70]. + + [70] Gratter à la porte du palais d'amour. + +CLITORIS, _is_, f. CLITORIUM, _ii_, n. Le clitoris, petit corps très +sensible au haut de la partie naturelle de la femme; il a la figure du +membre de l'homme. Le loquet du cabinet d'amour; le Priape féminin. + +(N) CLIVUS, _i_, m. La double colline qui se trouve au bas du dos. Voy. +CLUNES. + +(N) CLUNES, _ium_, f. _Clunes agitare, movere._ _Priap._ S'agiter, se +remuer pendant le plaisir amoureux; faire sauter son homme. Ce qui suit +s'applique aux non-conformistes comme aux femmes: _clunibus fluctuare +crispatis_. + +COA, _ae_, f. Femme qui boit bien, et qui ne refuse pas d'autres +plaisirs[71]. + + [71] _Venus Coa_: femme débauchée, libertine à table. _In triclinio + Coa, in cubiculo Nola._ + +COEO, _is, ivi, itum, ire_. _Ovid._ Se choquer amoureusement; unir les +corps comme les coeurs; s'exercer au combat amoureux; faire l'action; +faire en compagnie le voyage amoureux. + +(N) COETUS, _us_, m. L'union charnelle des corps, légitime lorsque des +contrats l'ont sanctionnée; illégitime quand elle tient à la convention +du moment ou à la volonté passagère de deux individus. _Coitus_ et +_concubitus_ lui sont synonymes. + +COIRE FURTIM. _Ovid._ Dérober la connaissance d'un duel amoureux; +prendre à la dérobée le plaisir, qui est plus doux quand on le +dérobe[72]. + + [72] Si toutefois on dérobe un plaisir consenti par les deux personnes + intéressées à ce plaisir. + +COGNOSCO, _is, ovi, itum, ere_. _Ovid._ Connaître de la manière la plus +intime et la plus sensible, et par celui de tous les sens qui fait le +plus de plaisir[73]. + + [73] Connaître est alors synonyme avec posséder et jouir. + +COGNOSCERE AMORES SUOS. _Ovid._ Jouir de ses amours; connaître +actuellement quel est le plaisir qu'on peut tirer de ce qu'on aime. + +COLEATUS, _a, um_. _Pomp. Ict._ Qui a des témoins pour prouver son droit +en amour. + +COLEATA CUSPIS. _Pomp. Ict._ L'aiguille de l'horloge d'amour et ses +contrepoids; le dard, ou la flèche de Cupidon garnie de ses pennes. + +COLEPHIUM, _ii_, n. Pain qui avait la figure de ce que, par excellence, +l'on appelle le membre[74]. + + [74] _Coliphia_: c'était le pain dont se nourrissaient les athlètes. + On croit qu'il était de même sorte que la béquille du Père Barnaba, + et qu'on y glissait de la racine de satyrion pour augmenter les + forces dans la lutte amoureuse. + +COLES, _is_, m. _Cels._ La pique du dieu qui gardait les jardins; le +dard de Cupidon, la flèche de l'Amour[75]. + + [75] La clef de toutes les serrures féminines. + +COLEUS, _i_, m. _Cic._ Témoin en justice amoureuse; ce qui rend +témoignage de la virilité; témoin de la validité d'un mariage. + +COLUMBOR, _ari_, dép. _Sen._ Baiser à la pigeonne; pigeonner; donner et +recevoir des coups de langue qui n'offensent point[76]. + + [76] Ou, par périphrase, _humida dare oscula pugnantibus linguis_. + _Tibull._ S'embrasser de tout coeur. + +COLUMNA, _ae_, f. La colonne de l'architecture humaine. + +COMMITTERE OSCULA LINGUAE. _Ovid._ Commettre à la langue le soin de +l'assaisonnement des baisers; faire servir la langue à rendre les +baisers plus délicieux. + +COMPRESSA VIRGO. _Ter._ Fille qui a été vivement embrassée; fille qui a +souffert les plus tendres et les plus sensibles embrassements[77]. + + [77] _Comprimere patronam_, mettre une femme en presse. + +COMPRESSUS, _us_. _Ter._ L'accolade de Cupidon; une embrassade tendre, +vive et très sensible; le plus vif de tous les embrassements[78]. + + [78] L'étreinte la plus douce, le moment où deux corps ne font qu'un. + +EX COMPRESSU EJUS GRAVIDA FACTA EST. _Ter._ Cette fille est grosse de +son fait; il a engrossé cette fille. + +CONCHA, _ae_, f. _Plaut._ La coquille de Vénus. + +CONCILIATRIX, _icis_, f. _Cic._ Conciliatrice; celle qui s'insinue dans +les bonnes grâces, qui gagne les coeurs, ou pour soi-même, ou pour +d'autres. + +CONCILIATRIX ANCILLA. _Plaut._ Une suivante qui ménage les intrigues de +sa maîtresse; une fille qui entre dans le commerce amoureux de sa dame; +une confidente des galanteries de sa maîtresse; l'intendante des +plaisirs de sa dame[79]. + + [79] Duègne qui trahit son maître pour contenter sa maîtresse, et + _vice versa_. + +CONCILIUM GENITALE. _Lucr._ Conseil où l'on agite si l'on mettra un +homme au monde; assemblée où l'on traite plaisamment de la génération de +l'homme; accord mutuel de la nature; correspondance des natures. + +CONCIPERE EX ALIQUO. _Cic._ Concevoir du fait de quelqu'un; être grosse +des oeuvres d'une personne; s'être imprimé fortement les plus vives et +les plus sensibles expressions d'amour de quelqu'un. + +CONCUBINA, _ae_, f. _Cic._ Concubine; maîtresse; femme d'un homme qui +n'est pas marié; celle à qui un homme ne s'est pas engagé pour +toujours[80]. + + [80] Synonymes: _concuba, concubia, succuba, pellex_. + +CONCUBINATUS, _us_. _Plaut._ Concubinage; habitude de plaisir amoureux +avec une personne[81]. + + [81] Qui n'est point sa femme par contrat notarié. + +CONCUBINUS, _i_, m. _Catull._ Qui a une maîtresse; qui est en habitude +amoureuse avec une fille; qui a une concubine. Ou (_Quintil._): qui a +une patience féminine en amour; catamite[82]. + + [82] Ganymède. Voy. CATAMITUS, PULLUS. + +CONCUBITOR, _oris_, m. Qui couche avec un autre de quelque sexe que ce +soit, ou par compagnie, ou dans la vue du plaisir. + +CONCUBITUS, _us_, m. _Ovid._ Les caresses du lit; la tâche des amants; +le devoir amoureux; l'ouvrage d'amour[83]. + + [83] _Concubitus quaerere_: désirer, rechercher le plaisir amoureux. + +CONCUBITUM PETERE, PATI. _Ovid._ Rechercher, souffrir les caresses du +lit. + +(N) CONCUBO, _as, are_, CONCUMBO, _is, ubui, ubitum, umbere_. Coucher +avec quelqu'un, homme ou femme: ce mot n'est obscène qu'autant que, de +l'action très innocente de coucher deux, il résulte un plaisir qui n'est +pas innocent. + +CONFICERE VIRGINEM. _Ter._ Abattre la fermeté d'une fille; avoir les +gants d'une belle; humilier une pucelle[84]. + + [84] Forcer la garde du palais d'Amour. + +CONFUTUO, _is, ere_. _Catull._ Faire de compagnie ce qu'on appelle +f...... Ou: pondre au même nid qu'un autre[85]. + + [85] Posséder à deux les faveurs d'une belle. + +CONGENUO, _as, are_. _Varr._ Serrer les genoux pour être plus ferme en +lice. + +(N) CONGRESSUS, _us_, m. Combat de deux personnes sur un lit ou sur un +canapé. _Congressio_ exprime la même chose. + +CONISALUS, _i_, m. Les armes de Priape. + +CONJUGIUM, _ii_, n. _Virg._ L'action du mariage, le devoir conjugal. + +CONJUGIO ALTERIUS POTIRI. _Virg._ Faire un cocu; jouir de la femme d'un +autre; planter des cornes à quelqu'un. + +CONNATATIO, _onis_, f. V. CONNATIO. + +CONNATILIS, m. f. _le_, n. _is_, g. Qui travaille au même atelier +amoureux; qui entre de part dans une intrigue amoureuse; qui nage en +amour dans la même eau; qui fait société avec un autre pour un commerce +d'amour; qui vogue en amour sur la même mer. + +CONNATIO, _onis_, f. _Plaut._ Course dans la même lice amoureuse; +société en amour; jouissance par indivis; travail au même atelier +amoureux; intrigue amoureuse partagée de concert. Ou, autrement: partage +des faveurs d'une belle avec quelqu'un. + +CONNATO, _as, are_. _Plaut._ Partager un coeur avec un autre; être rival +heureux d'un amant bien traité; cultiver amoureusement avec quelqu'un le +même champ; travailler au même atelier d'amour, n'être pas seul qui ait +part aux faveurs d'une belle; goûter les douceurs d'amour au même +endroit qu'un autre; aimer sans jalousie en même lieu; être en société +d'amour avec quelqu'un; avoir un compagnon de jouissance. + +CONQUINIO, _is, ire_, CONQUINISCO, _is, ere_. _Plaut._ Offrir le présent +de Ganymède. Ou: baisser la tête et plier le corps, pour donner belle à +l'enfilade. + +(N) CONSTUPRO, _as, are_. Violer, faire violence à la pudeur; vouloir +donner par force du plaisir à des femmes qui n'en veulent pas avoir. + +CONSUESCERE ALICUI. _Ter._ ALIQUO ou & CUM ALIQUO. _Plaut._ Être l'un +avec l'autre dans la dernière privauté; avoir l'un pour l'autre une +amoureuse complaisance; se donner ensemble de telles libertés, qu'on ne +puisse se refuser rien; être familier au dernier point avec une +personne[86]. + + [86] Être bien d'accord ensemble. + +CONSUESCERE CUM MULIERE. _Cic._ Être en intrigue avec une belle; avoir +commerce ou des liaisons secrètes avec une personne; avoir une habitude; +avoir une inclination; avoir une maîtresse; faire galanterie avec une +belle. + +CONSUETIO, _onis_, f. _Plaut._ Commerce amoureux, galanterie; habitude +galante; intrigue; liaison d'amour. + +(N) CONTUBERNIUM, _ii_, n. Cohabitation qui dégénère quelquefois en +colibertinage, et tellement que ce mot, dans Suétone, veut dire +_concubitus_. _Vesticontubernium_ exprime la même chose. + +(N) CONTUS PEDALIS _vel_ SESQUIPEDALIS. La perche d'amour. Ce mot est +bien expliqué à l'article MENTULA. + +CONVENIO, _is, ire_. _Plin._ S'accorder dans le point qui fait la +liaison la plus étroite des deux sexes; ne faire qu'un tout amoureux de +deux moitiés séparées; en venir aux prises sous les étendards de +l'Amour; livrer le combat amoureux; s'assembler amoureusement. + +COPA, _ae_, f. _Virg._ Fille de plaisir; fille de joie; fille de +commodité; courtisane; fille commode. + +(N) COPULO, _as, are_. Se joindre deux à deux, corps à corps: s'unir +étroitement; jouir amoureusement. + +COROLLARIUM PUERILE. _Apul._ La bague que courent certains amoureux +dévoyés du chemin naturel; le soleil rouge-brun de Vénus antistrophe. + +CORONA, _ae_, f. La tête du dieu Priape. + +(N) COTYTTIA, _orum_, n. Les mystères de la déesse Cotytto, ou de +l'impudicité. Cette déesse n'était ci-devant qu'une danseuse, dont +l'extrême lubricité mérita des autels; ses prêtres s'appelaient +_Baptae_; ils dansaient en contrefaisant les femmes, et probablement +prenaient leur place quand ils trouvaient des amateurs. Eupolis fit une +comédie intitulée _Baptae_: Alcibiade, le Socratique Alcibiade, s'y +trouvant désigné, tua tout bonnement l'auteur pour l'empêcher de +critiquer les moeurs de ses contemporains. + +(N) COXA, _ae_, f. La cuisse touche de bien près au temple de Vénus, et +celui-ci est souvent désigné chez les poètes par tout ce qui l'avoisine. +_Laufella tollit pendentis praemia coxae_ (_Juven._): cela veut dire +qu'elle se présente de si bonne grâce au combat amoureux, qu'elle +remporte la victoire. + +CRISSANS, _tis_, _omn. gen._ _Juven._ Qui remue les fesses; qui joue du +croupion; qui tortille les fesses; qui remue le cul fort dru. + +CRISSATURA, _ae_, f. _Lucret._ Remuement de fesses: jeu du croupion; +mouvement de cul fort prompt; tortillement de fesses fort dru. + +CRISSO, _as, are_. Remuer les fesses; faire des mouvements de fesses +fort drus; jouer du croupion; tortiller le cul légèrement; faire des +tortillements de cul fort prompts. Ce verbe est particulier aux femmes +et à ceux qui en font l'office[87]. + + [87] On croit qu'il se prend plus particulièrement pour la posture + qu'adopte la femme quand elle se met sur l'homme pour ne pas avoir + le dessous; alors elle s'agite beaucoup mieux, et cela donne + l'explication du _lumbi fluctuantes_ de la 18e Priapée. + +(N) CROCOTULA, _ae_, f. _Movere lumbos in crocotula._ Habit léger pour +les femmes, et couleur de safran, peut-être par allusion à quelques +usages dans les orgies des Anciens autrement appelées fêtes nocturnes, +mystères, etc. Habits de combat qui ne mettent que peu d'obstacles à la +jouissance. Si l'on veut avoir des détails sur les habillements des +femmes voluptueuses de l'Antiquité, il faut consulter l'_Errotika +Biblion_, p. 94. + +(N) CRYPTA, _ae_, f. La grotte de Vénus. + +CTIR, ind. La fontaine des amoureux et le gazon qui l'environne[88]. + + [88] La carte des pays bas. + +CUCURBITA, _ae_, f. _Plaut._ Femme galante[89]. + + [89] Qui se livre aisément. + +CUCURBITARIUS, _ii_, m. Qui met en oeuvre la femme d'autrui, +principalement celle de son seigneur de fief, ou de son maître, ou +quelqu'une de leurs parentes. + +CUCURBITATIO, _onis_, f. La liberté qu'on prend de semer dans le jardin +secret d'autrui, etc. + +CUCURBITO, _as, are_. Planter dans le jardin de plaisir d'autrui, et +particulièrement de son seigneur de fief, ou de son maître; ou mettre en +oeuvre quelqu'une de leurs parentes. + +CULICES PATI. Se laisser Ganymédiser. + +(N) CULUS, _i_, m. Visage à deux parties, autrement dit postérieur; +objet du culte des hérétiques en amour. _Culus tritus_, autel trop +fréquenté, où les sacrifices sont banaux. Synonymes: _pars postica, +clunes_. + +CUNNAGIUM, _ii_, n. Le droit du seigneur en amour; droit de coucher, la +première nuit des noces, avec les femmes de ses vassaux, possédé +autrefois par les comtes chanoines de Lyon[90]. + + [90] Tout cela est aboli, en France, avec les droits de fiefs. + +CUNNATUS, _a, um_. Qui est pourvu de la partie qui fait presque tout le +mérite des femmes. + +CUNNILINGUS, _a, um_. _Priap._[91]. Qui lèche le plat dans lequel on +sert le mets amoureux; lèche-c.., épithète des petits chiens des dames, +qui, par là , deviennent souvent enragés[92]. + + [91] _Lingua maritus_ (_Martial._) + + [92] Il y a des hommes qui leur envient ce nom. On dit que les chiens + deviennent enragés à force de s'occuper de cet ouvrage: mais il faut + l'être pour les imiter. + +CUNNOSUS, _a, um_. Qui loge au large les pèlerins d'amour[93]. + + [93] Anneau trop grand pour le doigt. + +CUNNULUS, _i_, m. Ce qui ne se trouve que chez les petites filles, un +conin, un conichon. + +CUNNUS, _i_, m.[94] _Hor._ Le conduit de l'urine féminine; le vase +amoureux; le chemin couvert de l'amour; la coquille de Vénus; le pays +natal du genre humain; le but où visent les amants; l'endroit, chez les +femmes, qu'on dit, mais qu'on n'imprime pas; l'autel où l'on sacrifie à +l'Amour; le temple de Vénus; l'objet des peines et des plaisirs des +amants; le bel endroit; le carquois de Cupidon; la boutique où l'Amour +fait travailler en peau; le colombier de Vénus; le point d'honneur des +dames[95]; le centre des délices amoureuses; le champ de bataille +d'amour; le manège des coursiers de Cupidon; la nasse où se prennent les +anguilles amoureuses; la salle d'armes du dieu d'amour; la fontaine où +l'on porte l'eau; le réservoir de propagation; le four qui fait lever la +pâte; la cuve de la brasserie humaine; le marais d'amour où l'on enfonce +jusqu'au ventre; le trébuchet amoureux; le nid de l'oiseau d'amour; le +nord de l'aiguille amoureuse; le calendrier naturel; le puits d'amour; +la grotte de Vénus; l'embrasure des canons de Cupidon; le mortier +amoureux; le terroir où l'on plante l'herbe sensitive; le champ qu'on +aime à défricher; le terrier du lapin de Vénus; l'hôtellerie des +pèlerins amoureux; l'objet de la galanterie; le creux où l'on moule les +hommes; le cadran qui a souvent besoin d'aiguille; la manufacture de +Cupidon; le tronc où chacun s'empresse de mettre la pièce; le trône du +dieu des appas; le tribunal d'amour; le clocher où Vénus fait +carillonner; le fourreau propre à toutes lames; le chemin qui conduit au +plaisir; le receveur des droits de la mère d'Amour; le lieu de la +folâtrerie; le bureau de la confrérie de Vénus; le bassin où l'on met +les offrandes amoureuses; le peloton où Vénus fiche ses épingles; le +fourneau où l'on fixe le mercure d'amour; le camp où l'Amour fait +planter le piquet; le plus fort des objets de la tentation; le +manichordion de Vénus; le creuset où l'on met les hommes en fonte; le +palais de la galanterie; la galère qu'une seule rame met en mouvement; +la prairie des amours; le cabinet de Vénus; le jardin de plaisir; la +lice des coursiers d'Amour; le magasin des plaisirs amoureux; la niche +du dieu Priape; la foulerie d'Amour; l'abreuvoir des coursiers de +Cupidon; le tire-moelle amoureux[96]. + + [94] EPIGRAMMA JOANNIS SECUNDI + + _Dicite, grammatici, cur mascula nomina _cunnus_. + Et cur foemineum _mentula_ nomen habet? + Sic ego, sic aliquis senior de gente verenda + Rettulit, attollens longa supercilia: + Mentula foeminei gerit usque negotia sexus, + Inde genus merito vindicat illa sibi; + Indefessus agit res qui, sine fine, virorum, + Mascula non temere nomina _cunnus_ habet._ + + [95] Ce que les dames appellent «leur honneur», le «coeur» du + chevalier de Boufflers. + + [96] La partie qui distingue spécialement le sexe féminin. Nulle femme + sans c.., nul homme sans v... Synonymes Latins de ce bijou: _vagina, + fossa inguinis, sulcus, arvum muliebre, genitale, hortus Cupidinis, + pudendum muliebre, puta, selinon, prodigiosa Venus, meatum Veneris, + feminal, virginal, radius Veneris, scrobs virginalis, barathrum + foemineum, lanuvium, xanion, ulcus, rima, caverna, custon_. + + _Infelix, cui torpet hebes locus ille!..._ + + (Ovid.) + +CURRUCA, _ae_, m. Celui que nous appelons improprement _cocu_, à qui sa +femme donne un substitut[97]. + + [97] Qui n'est pas seul possesseur de son bien. + +CYANISSANS, _tis_, _omn. gen._ Qui a envie de travailler naturellement; +qui veut mettre en pratique le symbole de la fève qui a encore sa peau +(c'est la fève de marais, symbole qui a fait dire à Pythagore: _Abstine +a fabis_, abstenez-vous des fèves)[98]. + + [98] Axiome rejeté par les femmes, même les plus philosophes. + +(N) CYBELE, _es_. f. Cybèle, la mère des Dieux, la Bonne Déesse. Ses +mystères se célébraient dans le plus grand secret, mais il paraît que la +chasteté et la tempérance n'y présidèrent pas toujours, quoique les +femmes eussent été dans l'origine les seules initiées. P. Clodius fut le +premier qui entreprit de les violer en s'introduisant, sous l'habit +d'une danseuse, dans l'appartement de Pompeia, épouse de Jules César. La +chronique dit qu'il voulait abuser de cette femme. Les prêtres de cette +déesse se nommaient _Galli_, et avaient été privés de cette partie qui +nous rend hommes. Dans les temps de corruption, des hommes faisant +fonctions de femmes imitèrent entre eux ces mystères et, comme on peut +le croire, y introduisirent ce que la lubricité humaine a de plus +dégoûtant. + +CYDON, _onis_, m. Pédéraste, Gomorrhiste. + +CYLLO, _onis_, m. _Cic._ Qui a été amplement pourvu par l'Amour en +faveur des dames; personnage bien envitaillé. + +(N) CYNAEDUS. Voy. CINAEDUS. + +CYSONIPTES, _ae_, m. Baigneur qui a soin de tenir propre tout ce qui est +plus particulièrement dédié à l'amour. + +CYSOS, _i_, m. L'écrin du bijou d'amour; la gaine du poignard de +Cupidon. + +CYSTHOS, _i_, m. V. CYSOS. Ou: les fesses. Ou: le trou du cul. + + + + +D + + +(N) DECURRERE SPATIUM AMORIS. Faire la course au jardin d'amour; courir +la bague; jouir amoureusement. + +(N) DEGLUTIO, _is, ire_. Prendre à la bouche la flûte de Cupidon; la +recevoir, la presser avec les lèvres: + + _Deglutit, fellat, molitur per utramque cavernam._ + + (_Auson._) + +DEJICERE CAPUT. Baisser la tête en courbant les reins pour offrir mieux +la bague; présenter le cul en haut[99]. + + [99] Voyez la différence entre _dejicere caput_ et _demittere caput_, + au mot DEMITTERE. + +DELPHYS, _yos_, f. La coquille du limaçon d'amour. Ou: la matrice. + +DELTA, ind. Le triangle de la géométrie d'amour; l'entrée du jardin de +Vénus; l'ouverture de l'antre des Nymphes. + +DEMITTERE CAPUT. Faire près d'une femme l'office de petit chien; lécher +la baratte où l'on bat le beurre en amour[100]. + + [100] Voy. VORARE TENTA. + +(N) DEPRENSUS, DEPRENSA. Pris sur le fait: _Nihil est audacius, illis +deprensis (adde mulieribus.)_ _Juven._ + + _Quantum deprensi damna pudoris ement._ + + (_Auson._) + +DEPSO, _is, psui, psitum, ere_. _Cic._ Pétrir le levain amoureux; battre +le beurre d'amour. + +DESTUPRATRIX, _icis_, f. _Mart._ Une tribade. + +(N) DIFFUTUTUS, _a, um_. Épuisé par trop de jouissance. Voy. EXFUTUTUS. +_Virgo diffututa_, fille commode, qui se laisse caresser par tout le +monde. + +(N) DIGITUS IMPUDICUS, INFAMIS. C'est le substitut d'un très joli +instrument dont les dames aiment à jouer. Les Anciens paraissent avoir +employé ce doigt à plusieurs usages: tantôt à procurer du plaisir aux +femmes, tantôt à montrer aux hommes le désir d'une jouissance contre +nature. + +DINDYMUS, _i_, m. Le trou de la verge de l'homme. + +(N) DIOBOLARES, _ium_, f. Courtisanes pour le bas peuple; raccrocheuses; +salopes à deux sols; paillasses de corps-de-garde. + +(N) DISSAVIOR _vel_ DISSUAVIOR, _aris, ari_. Embrasser avec ardeur, avec +vivacité. + +DIVIDERE CUM ALIQUA. _Petr._ Partager avec une belle les plaisirs de +l'amour; diviser le terrain amoureux. + +DIVISOR, _oris_, m. _Cic._ Corrupteur de jeunes garçons. + +DIVOLTRES, _ium_, f. Garces à canailles; donneuses de bonsoir[101]. + + [101] Coureuses de nuit; chauves-souris. + +DO, _as, are_. _Dare solet._ _Mart._ Elle a coutume de s'en faire +donner[102]. + + [102] _Dare._ Ce verbe se prête à beaucoup d'obscénités; c'est un de + ces mots commodes dans les langues, que l'on prend en bonne ou + mauvaise part selon l'intention louable ou maligne de l'écrivain. + Donner, prêter, accorder, consentir, voilà ses acceptions dans le + langage amoureux. + +DARE OPERAM LIBERIS. _Cic._ S'étudier à faire des enfants; s'appliquer à +se faire des successeurs; s'employer à perpétuer sa race; travailler à +sa postérité. + +DORILLUS, _i_, m. Le jardin de Nature; le champ de Vénus; le clapier +d'amour. + +DRAUCUS, _i_, m. _Mart._ Pédéraste. + +DRILOPOTA, _ae_, m. Celui qui boit dans un vase qui représente le +laboureur de la Nature[103]. + + [103] _Vitreo bibit ille Priapo_ (_Juven._). + +DUCO, _is, xi, ctum, cere_. _Plaut._ Trouver une femme, ou un mari, dans +sa main[104]. + + [104] Faire jouer le prépuce sur le gland. + +DUCTO, _as, are_. _Ter._ Conduire au plaisir. + +DUCTARE AMICAM. _Plaut._ Conduire du bout du doigt sa maîtresse au +plaisir. + + + + +E + + +EMASCULATOR, _oris_, m. _Apul._ Pédéraste. Ou: qui effémine, qui rend +efféminé[105]. + + [105] Bourreau des facultés viriles; destructeur d'hommes. + +(N) EFFEMINO, _vel_ EFFOEMINO, _as, are_. Être sans force et sans +courage. Ce verbe a des rapports, au figuré, avec _ementulare_. +_Effeminatus culus._ _Priap._ Bijou Grec sans ressort, ou dont le +ressort est usé par le service. + +(N) ELECEBRAE, _arum_, f. Courtisanes, filles de joie. + +(N) ELEPHANTIS, _idis_. _Priap._ Jeune fille Grecque auteur d'ouvrages +galants dans le genre de ceux de l'Arétin, des _Élégances Latines_ du +faux Meursius, du _Portier des Chartreux_, et de tous les livres +lubriques à l'usage des modernes. Philænis et Cyrène, autres jeunes +filles Grecques, passent pour avoir composé de pareilles tablettes où +étaient peintes les postures libidineuses et leur explication. Elles +étaient autrefois, comme à présent, les leçons préparatoires pour la +jeunesse de l'un et l'autre sexe que les personnes d'un âge mûr ne +prenaient pas la peine d'instruire. De jeunes filles innocentes venaient +offrir en don ces tablettes au dieu Priape, pour lui demander la réalité +des peintures. On doit croire qu'elles traitaient fort mal leur +protecteur, lorsque le voeu n'était pas exaucé; Sotade, poète de +Mantinée, a composé un ouvrage intitulé _Cinaedica_; c'est Suidas qui +nous l'apprend. L'empereur Tibère avait orné les murs de sa chambre à +coucher, à Caprée, de ces peintures lubriques, et cette mode a été +adoptée par quelques vieux et invétérés libertins de son siècle et des +suivants. + +EMASCULATUS, _a, um_. Bardache, Ganymède, catamite. Ou: châtré; ou: +rendu efféminé. + +EMASCULO, _as, are_. _Apul._ Châtrer. Ou: efféminer, rendre efféminé. +Ou: métamorphoser un mâle en femelle; se servir d'un mâle aux usages +féminins. + +EMBOLUM, _i_, n. Ce qui est cause que l'écusson des filles est fait en +losange; le losange de la géométrie d'amour; l'entrée du palais de +Vénus. + +EMENTULO, _as, are_. Priver du sceptre amoureux[106]. + + [106] Retrancher la partie spécifique du sexe masculin. + +ENTESYPATHIA, _ae_, f. Ce qui se passe dans celui qui se laisse +Ganymédiser; ce que souffre un successeur de Ganymède. + +EPISIUM, _ii_, n. Ce qu'on recherche dans le sexe féminin, quoiqu'on lui +donne le nom de partie honteuse. + +(N) EQUITO, _as, are_. Faire la cavalcade; se frotter mutuellement +l'endroit sensible en remuant l'un sur l'autre; tribader: + + _Inque vices equitant, ac luna teste moventur._ + + (_Juven._) + +EQUUS HECTOREUS. _Mart._ La posture favorite du sexe; le cheval +d'Hector; l'amoureuse situation qu'Andromaque exigeait de la +complaisance d'Hector[107]. + + [107] Et dont toutes les femmes font usage dans le déduit. + +EREBINTHINUS, _a, um_. Qui concerne le bélier d'amour. + +EREBINTHUS, _i_, m. Bélier de Cupidon; la machine avec laquelle l'Amour +force les remparts amoureux. + +EROMENE, _es_, f. Maîtresse; inclination; bonne amie. + +EROMENUS, _i_, m. Mignon; favori; Ganymède. + +EROTIUM, _ii_, n. _Plaut._ Une petite maîtresse; un petit amour; une +jeune mignonne[108]. + + [108] Sunamite. + +(N) ERUCA, _ae_, f. _Herba salax_; c'est une herbe qui excite à l'amour. +Les personnes d'un tempérament paresseux en font usage. C'est, selon +Tournefort, la _roquette_. Les oignons et le satyrion, les artichauts, +font, à ce qu'on dit, le même effet; mais malheur à ceux qui en font +trop usage, car il est pernicieux. + +ESCHARA, ESCHARIA, _ae_, f. Les lèvres de la bouche d'en bas[109]. + + [109] V. ci-dessous EXSORBERE VIROS. + +EUGIUM, _ii_, n. _Laber. et Lucil._ Le clitoris. Ou: la membrane Hymen. +Ou: voy. CUNNUS. + +(N) EUNUCHUS, _i_, m. Triste sujet, homme nul, impropre au plaisir des +dames et, par conséquent, l'objet de leur antipathie. En Asie, ils sont +les gardiens de la vertu des belles; mais celui qui porte la clef de +leur trésor est toujours sûr de s'en rendre maître, malgré ces odieux +Argus. En France, et surtout en Italie, ils sont fort utiles aux +prélats, soit pour la musique de la cathédrale, soit pour un usage moins +canonique. + +Il y a cependant des eunuques à qui il reste l'image de la virilité, et +qui n'en ont perdu que les témoins: ceux-ci sont encore utiles au beau +sexe, qui s'en amuse sans danger pour la grossesse. Martial a dit: + + _Cur tantum eunuchos habeat tua Gellia quaeris, + Pannice? Vult futui Gellia, non parere._ + +EXERCINATES, _is_, _omn. gen._ Qui sait remuer les fesses; savant en +l'exercice des fesses; dressé au manège des fesses; qui sait jouer du +croupion. + +EXFORNICOR, _ari_. Pécher contre nature. + +EXFUTIO, _is, ui, utum, ire_. Énerver; effouter[110]. + + [110] Rendre nul, impuissant. + +EXFUTUTOR, _oris_, m. EXFUTUTRIX, _icis_, f. Qui énerve; qui effoute. + +EXFUTUTUS, _a, um_. _Catull._ Énervé; effouté[111]. + + [111] _Latera exfututa_: flancs mis à sec par trop de jouissance. + +EXIMEQUI, _orum_. m. Pourvoyeurs d'amour. + +(N) EXOLETUS, _a, um_. Usé, anéanti par les débauches. + +EXONIROTTICUS, _a, um_. A qui les pollutions nocturnes sont fréquentes; +qui répand d'ordinaire sa semence pendant la nuit. + +EXONIROGMUS, _i_, m. Écoulement de semence involontaire pendant le +sommeil. + +(N) EXPATRO, _as, are_. Faire la douce affaire. V. PATRO. + +EXPERTA PUELLA VIRUM. _Hor._ Fille qui sait ce que c'est qu'un homme; +fille qui connaît par expérience les plaisirs qu'un homme peut lui +procurer; fille qui s'est fait essayer; fille qui a combattu en champ +clos; fille qui s'est éprouvée avec un homme. + +EXPROCOR, _ari_. Demander la courtoisie. Ou: obtenir la dernière faveur. + +EXPUGNATOR PUDICITIAE. _Cic._ Un galant dangereux; un crocheteur de +pucelages; un forceur de remparts amoureux[112]. + + [112] Un dénicheur de vertu. + +EXPUGNARE PUDICITIAM PUELLAE. _Cic._ Forcer un jeune coeur à se rendre à +ses désirs galants; tirer les premières faveurs d'une jeune fille; venir +à bout d'une jeune personne; avoir les gants d'une belle; obliger un +jeune enfant à céder à ses galanteries; crocheter un pucelage; cueillir +les premiers fruits de l'amour. + +(N) EXSORBERE VIROS. Avaler des hommes (par métaphore.) C'est assez pour +les dames d'avaler la partie qui leur plaît davantage, et cela par la +voie ordinaire; car l'idée de l'extraordinaire fait vomir. + + + + +F + + +(N) FACILIS VIRIS. Complaisant avec les hommes; ne sachant pas les +refuser, quand même il s'agirait d'offenser la nature. + +FACIO, _is, ere_. _Plaut._ Faire ce qu'on appelle _faire_[113]. + + [113] Par excellence. C'est agir d'une manière agréable. + +FACTURIO, _is, ivi, itum, ire_. _Plaut._ Avoir envie de le faire; +souhaiter de travailler d'après nature[114]. + + [114] Désirer ardemment le déduit. + +FASCINOSUS, _a, um_. _Priap._ Bien fourni du charme viril; amplement +pourvu de ce qui charme les belles; qui a un grand persuasif en amour. + +FASCINUM, _i_, n. _Hor._ Le membre par excellence; le charme viril; le +laboureur naturel[115]. + + [115] L'instrument de la propagation humaine. + +FASCINUS, _i_, m. _Petr._ Petite figure du laboureur naturel qu'on +pendait au cou des enfants pour les préserver des charmes; le +contre-charme de Priape[116]. + + [116] Les Vestales sacrifiaient au culte du dieu _Fascinus_, et + peut-être s'en servaient-elles comme de correctif au voeu de + virginité qui leur interdisait tout commerce charnel avec les + hommes. Pauvre consolation, mais bien connue des Religieuses qu'on + vient de rendre à la société. Que de dévotes le dieu _Fascinus_ va + perdre! + +FELES VIRGINALIS ou VIRGINARIA, f. _Plaut._ Celui ou celle qui dérobe +des jeunes filles pour les dédier à Vénus[117]. + + [117] Corruptrice de jeunes filles. + +FELES PULLARIA, f. _Auson._ Qui enlève des petits garçons pour en faire +des Ganymèdes[118]. + + [118] Autre genre de corruption, mais contraire aux lois de la Nature. + +FELLATOR, _oris_, m. _Mart._ Suceur; qui boit des hommes; qui suce le +doigt qui est sans os. + +FELLATRIX, _icis_, f. Suceuse; qui emploie la bouche supérieure à +l'usage de l'inférieure; qui boit des hommes. + +FELLICANDUS, _a, um_. _Solin._ Qu'on donne à sucer; qu'on donne à teter. + +FELLICATIO, _onis_, f. Le sucement; l'action de teter le trayon +amoureux. + +FELLICO, _onis_, m. V. FELLATOR. + +FELLICO, _as, are_. _Solin._ Sucer, teter. + +FELLITO, _as, are_. _Solin._ Sucer souvent. + +FELLO, _as, are_. _Mart._ Sucer, teter. Ou: sucer le doigt qui n'a point +d'os; teter ce qui n'est pas fait pour être teté; prendre à la bouche le +trayon amoureux[119]. + + [119] Se dit des femmes qui consentent à cette vilenie. + +FEMINAL, _is_, n. L'endroit par où les femmes se distinguent[120]. + + [120] La partie spécifique du sexe féminin. + +FEMINALIA, _um_, n. _Suet._ Haut de chausses, caleçons, et tout ce qui +sert à couvrir les cuisses et les parties de la génération. + +(N) FEMEN, FEMINA, n. Se prend quelquefois pour _femur_ et _femora_. On +veut aussi que cela signifie le chemin de la création, ce qui ne serait +pas extraordinaire, vu la proximité. + +(N) FEMUR et FEMORA, n. Les cuisses, ou les grosses colonnes du temple +de Cypris; ou le temple lui-même. _Femori conserere femur, committere, +vel imponere_: jouir, confondre deux corps en un. + +(N) FESCENNINI VERSUS. Vers obscènes qui se chantaient aux noces. +Catulle, dans l'Epithalame de Julie et de Manlius, dit: + + _Nec diu taceat procax + Fescennina locutio._ + +Lorsqu'on veut dire des injures en vers, cela s'appelle _Fescennina +licentia_. + +(N) FIBULA, _ae_, f. Cadenas de chasteté; gaine où l'on renfermait les +instruments de la génération, soit pour les cacher par pudeur, soit pour +empêcher les jeunes gens d'en abuser, ou les chanteurs de perdre leur +voix. Les Juifs en faisaient assez d'usage: c'est ce que Martial appelle +_Judaeum pondus_. + +_Fibula_ indique aussi l'anneau de sagesse dont les Anciens se bridaient +le prépuce en le passant à travers des deux côtés de cette peau qui +couvre le gland. On le soudait lorsqu'on voulait le conserver longtemps; +mais je pense que le plus grand nombre ressemblaient aux anneaux qui +servent à enchaîner plusieurs clefs. _Fibulare_, _infibulare, fibulatio, +infibulatio_, dérivent de _fibula_. Quelques religieux Asiatiques ont +conservé l'infibulation par esprit de pénitence. _Theca_ est synonyme de +_fibula_. + +FLAGITATUS, _a, um_. _Fest._ Qui s'est laissé employer aux usages +amoureux; qu'on a mis en oeuvre en amour. + +FLAGITO, _as, are_. _Apul._ Employer aux usages amoureux; soumettre aux +désirs amoureux; mettre en oeuvre amoureusement. + +FLAGITARE ANCILLAM. _Ulp._ Mettre en oeuvre sa servante; employer +amoureusement sa servante. + +(N) FLAGITIUM, _ii_, n. Crime que les jeunes filles pardonnent à l'amant +chéri. Le viol est un attentat contre la pudeur: l'amour seul peut le +faire pardonner. + +FLOS, _oris_, m. _Catull._ Le pucelage. + +(N) FODERE JACENTEM. Sonder quelqu'un amoureusement. V. STUPRO. + + _Servus erit minus ille miser, qui foderit agrum, + Quam dominum..._ + + (_Juven._) + +FORNIX, _icis_, f. _Hor._ Maison de plaisir; bordel; lieu de +prostitution; maison de débauche. Ou (_Suet._): personne prostituée de +l'un ou de l'autre sexe; fille de commodité; ou: Ganymède. + +FORNIX BITHYNICUS. _Suet._ Jules César, galantisé dans sa jeunesse par +Nicodème, roi de Bithynie. + +(N) FOSSAE INGUINIS. Périphrase. V. CUNNUS. _Fossa notissima cinaedis_ +est le contraire de _cunnus_. + +FRANGO, _is, ere_. Ganymédiser. + +(N) FRICARE TERGA, FRICARE MEATUM VENERIS. Frotter, électriser la partie +amoureuse. Le frottement produit le feu: c'est ce qui rend les femmes si +endiablées, que plus on les frotte et plus elles veulent être frottées. + +FRICATRIX, _icis_, f. _Mart._ Frotteuse; celle qui fait une légère +friction sur quelque partie, soit pour le plaisir, soit pour la santé. + +FRICTRIA, _ae_, FRICTRIX, _icis_, f. Tribade; femme qui veut contrefaire +l'homme dans les fonctions d'amour[121]. + + [121] Mais un palliatif n'a jamais valu l'objet à remplacer. + +FRUTINAL, _is_, n. _Fest._ Temple dédié à Vénus qui procure la +jouissance. + +FRUTIS, _is_, f. _Solin._ Surnom de Vénus qui procure la jouissance. + +FULLO, _onis_, m. _Naev._ Pédérastie. Ou: pédéraste. + +FULLONIUS FRUCTUS. _Plaut._ Le gland de Cupidon. _Cras mihi potandus +fructus est fullonius._ _Plaut._ Je dois demain passer par les piques; +il faudra demain que je prenne le gobet amoureux. + +FURTIVA VENUS. _Ovid._ De furtives amours; un mariage clandestin; des +larcins amoureux; une amourette cachée; des plaisirs d'amour +dérobés[122]. + + [122] Paillardise secrète. + +FURTA VENUS SUA VULT CELARI. _Ovid._ Vénus pardonne les larcins qu'on +lui fait, pourvu qu'on s'en taise; la mère d'Amour impose silence sur +les faveurs qu'on lui dérobe; on ne doit point parler des larcins +amoureux[123]. + + [123] _Furta novare ignota Venere_: s'égayer, se ravigoter par une + jouissance nouvelle. + +FUTUITIO, _onis_, f. _Mart._ L'art de la génération; l'exercice de +Vénus; le combat amoureux; l'enfilade amoureuse; l'estocade d'amour; la +lutte amoureuse. + +FUTUO, _is, tui, tutum, ere_. _Mart._ Exercer l'art de la génération; +combattre amoureusement; faire l'exercice de Vénus; pousser une estocade +amoureuse; le faire; baiser; lutter amoureusement; courir dans la lice +amoureuse; empaler amoureusement; donner, et recevoir le plaisir +amoureux; goûter les délices d'amour; faire la joie; enfiler +amoureusement; travailler naturellement; sangler; exploiter[124]. + + [124] Et, selon Martial, tribader. + +FUTUTIO, _onis_, f. _Catull._ V. FUTUITIO. + +FUTUTOR, _oris_, m. FUTUTRIX, _icis_, f. _Mart._ Qui le fait; qui exerce +l'art de la génération; qui fait l'exercice de Vénus; qui court dans la +lice amoureuse; qui combat amoureusement; qui donne, et qui reçoit le +plaisir amoureux; qui goûte, et fait goûter les délices d'amour; qui +travaille naturellement; qui lutte amoureusement; qui baise[125]. + + [125] Martial appelle une tribade _fututor foemina_. + +FUTUTUS, _a, um_. _Mart._ Exercé amoureusement; employé à l'exercice de +Vénus; à qui on l'a fait; enfilé amoureusement; travaillé naturellement; +baisé; sanglé; exploité amoureusement[126]. + + [126] Caressé. + + + + +G + + +(N) GALLUS, _i_, m. En langage ordinaire, _gallus_ est un coq; mais en +style obscène, _gallus_ veut dire un chapon, un castrat, un chanteur à +voix claire, un prêtre de Cybèle. _Gallo turpius est nihil Priapo._ +_Mart._ + +(N) GANEO, _onis_, m. Libertin; pilier de mauvais lieux. + +(N) GANYMEDES, _is_, m. Fils de Tros, roi des Troyens. C'était un beau +garçon, et si beau, qu'il plut à Jupiter, qui tour à tour s'amusait avec +les hommes et avec les femmes. Or donc, Jupiter en fit son page, son +échanson, son mignon, son giton, et lui donna les grandes entrées à la +Cour céleste, afin de le voir plus souvent. Depuis ce temps, beaucoup de +potentats, de grands seigneurs, tant laïques qu'ecclésiastiques, ont +voulu avoir leur Ganymède. Cette fantaisie gagna les villes et les +faubourgs dans les pays civilisés; et, ce qu'il y a de singulier, c'est +que des sauvages ont eu le même goût. + +GENITALE, _is_, n. _Plin._ Le laboureur de nature; le coutre de la +charrue d'amour; l'instrument de la génération; l'outil de Cupidon[127]. + + [127] _Genitalia_ se dit pour les parties de la génération. + +GENITALE ARVUM. _Ovid._ V. ARVUM GENITALE. + +(N) GESTIO, _is, ire_. Exprimer ses désirs par des mouvements +involontaires, quoique très naturels. + +(N) GLANS, _dis_, f. Le gland; c'est la partie obscène de la partie +naturelle de l'homme, celle où réside la sensation la plus vive des +plaisirs Vénériens. + +GLOTTISMUS, _i_, m. Un baiser à la pigeonne. + +GLUBO, _is, ere_. _Varr._ V. FELLO. + +GNATHO, _onis_, m. _Cic._ Suceur; qui entreprend sur l'office d'une +espèce de bouche[128]. + + [128] Destinée par la Nature à cet usage. + +GNATHONICUS, _a, um_. _Ter._ De suceur, de teteur; de suceuse, de +teteuse; qui concerne ceux dont la bouche entreprend sur l'office d'une +espèce de bouche. + +GNATO, _as, are_, GNATURIO, _is, ire_. Travailler à se faire une +postérité; s'exercer à la multiplication de son espèce. + +GRAOSOBA, _ae_, m. Consolateur d'une vieille amoureuse: savetier en +amour; amoureux charitable qui ne dédaigne pas la vieillesse[129]. + + [129] Nos abbés, par prudence, se sont destinés à ce service: il y a + trop de danger avec les jeunes. + +GREGARIA VENUS. _Solin._ Une coureuse; une Vénus du tiers-ordre; une +raccrocheuse nocturne; une chauve-souris d'amour; une à tous venants +beau jeu; une femme du genre humain. Ou: inclination pour les maîtresses +du public; penchant pour celles qui ne refusent personne; attache pour +les publiques. + + + + +H + + +HABERE REM CUM ALIQUA, _Ter._ NOTITIAM & FOEMINAE. _Cic._ Avoir avec une +femme le commerce le plus particulier; connaître à fond une femme autant +qu'il se peut faire; avoir les plus étroites liaisons avec une belle; +prendre connaissance d'une belle personne de la manière la plus intime; +avoir affaire avec une femme[130]. + + [130] La posséder entièrement. + +HARPOCRATEM REDDERE. _Catull._ Empêcher de parler en mettant quelque +chose dans la bouche; engager une bouche au silence en l'occupant aux +fonctions d'une autre espèce de bouche; obliger à se taire en faisant +subir à la bouche la peine dont le gardien des jardins menace les +voleurs qui ont de la barbe; rendre muet en mettant le doigt amoureux à +la bouche; fermer la bouche en faisant prendre le gobet amoureux. + +(N) HASTA, _ae_, f. Pique d'amour; sceptre de Cythère. Voy. MENTULA: +c'est le mot propre; celui-ci n'est que figuré. + +(N) HEMITHEON, _is_, m. Hémithéon de Sybaris, auteur de livres +Sybaritiques cités par Martial et Lucien pour leur lubricité. + +(N) HERMAPHRODITUS, _a, um_. Hermaphrodite: être neutre, qui porte +souvent les marques spécifiques des deux sexes et qui n'est parfaitement +d'aucun. Cela s'appelle une curiosité d'histoire naturelle. En amour, +ces êtres ne sont bons que pour les personnes qui n'aiment pas les +routes ordinaires. + +HILLAS CAEDERE. _Laber._ Chercher une femme dans sa main[131]. + + [131] Tuer des hommes dans leur plus tendre enfance. + +(N) HIPPOMANES, _is_, n. C'est la liqueur qui sort de la vulve d'une +jument lorsqu'elle est en chaleur. Les sorcières et empoisonneuses s'en +servaient dans la composition de leurs drogues infernales. + +HIPPOPORNOS, _i_, f. Amoureuse d'un cheval: surnom de Cérès lorsque, +s'étant changée en cavale, Neptune, son frère, sous la figure d'un +cheval, l'engrossa. Surnom de Philyra, mère du centaure Chiron, +engrossée par Neptune sous la figure d'un cheval. Surnom de Méduse, que +Neptune, sous la figure d'un cheval, engrossa du cheval ailé +Pégase[132]. + + [132] Les dieux des Anciens avaient tous les vices, et il paraît que + Neptune était le patron de la bestialité. + +HIPPOS, _i_, m. Le coursier d'amour. + +(N) HIRQUITALLUS, _i_, m. _Fest._ Jeune garçon qui s'abandonne à l'amour +Socratique, qui souffre les caresses des hommes. + +HORTI HESPERIDUM. Les jardins de l'Amour[133]. + + [133] _Hortus Cupidinis_ dit la même chose au singulier. + +HUMIDUS LACUS. _Plaut._ Le lac où l'on pêche quelquefois de cuisants +souvenirs. + +HYSTERA, _ae_, f. La matrice; ou: le chemin qui conduit à la matrice, la +gaine. + +HYSTERICA, _ae_, f. Suffocation de matrice: maladie qui ordinairement se +guérit par l'introduction d'un pessaire vivant[134]. + + [134] Les médecins de cette maladie sont très faciles à trouver; c'est + pourquoi rarement les femmes en meurent. Les plus honnêtes, + cependant, sont celles qui l'éprouvent le plus souvent. + + + + +I + + +(N) ILLIC. Là ; à l'endroit. _Illic habere manum_: avoir la main à +l'endroit du plaisir. + +(N) ILLUD. Cela. Faire cela; se donner du plaisir plus ou moins +gracieux, plus ou moins hérétique. + +ILLUDERE CORPORI MULIERIS. _Quint. Curt._ Se divertir avec une femme; +tirer d'une femme tout le plaisir qu'on en peut prendre. Ou: Ganymédiser +une femme[135]. + + [135] S'amuser avec une femme par tous les bouts. + +ILLUDERE FOEMINARUM CAPITIBUS. _Suet._ Ôter aux femmes l'usage de la +parole d'une manière toute extraordinaire; priver les femmes de deux +plaisirs qui leur sont chers, en leur fermant la bouche d'une façon peu +séante, et laissant l'autre mâcher à vide. + +IMMEIERE VULVAE PATRICIAE. _Pers._ Pisser dans un pot de chambre de +qualité[136]. + + [136] Consacrer ses soins aux dames de qualité. Autrefois ces soins + menaient à la fortune les gens de lettres et les abbés. + +IMMINUERE VIRGINIS PUDICITIAM. _Plaut._ Dépuceler une fille; avoir le +pucelage d'une belle. Ou: apprivoiser une fille; accoutumer une belle +aux caresses; mettre amoureusement une belle sur le pied de ne pas +s'effaroucher; ébranler la retenue d'une jeune personne; écorner la +fermeté d'une jeune enfant[137]. + + [137] Faire une brèche à la pudeur. + +(N) IMPUDICUS, _a, um_. Paillard ou paillarde: reproche que l'on fait +aux gens qui aiment à goûter le plaisir amoureux. _Impudicum digitum +ostendere_: montrer le doigt impudique, que les Anciens appelaient le +doigt infâme. C'est le doigt du milieu qui, par sa longueur, fait le +mieux plaisir aux belles, ou sert à indiquer la secte des amoureux. + +(N) IMPURUS, _a, um_. Impudique; crapuleux libertin qui laisse souiller +son corps par des complaisances infâmes. + +(N) INACHIDOS LIMINA. Le portique du temple d'Isis, ou le temple même de +cette déesse, où se rendent tous ceux qui font des plaisirs de l'amour +leur occupation favorite. Voy. ISIACA SACRA. + +INAM CAEDERE. Jeter un homme à terre, étant cinq contre un; branler la +pique sans faire peur à personne; répandre un homme informe; se battre +amoureusement contre l'air. + +(N) INCESTARE SE INVICEM. _Suet._ Se livrer à qui mieux mieux à la +luxure; se souiller mutuellement par la plus sale lubricité; faire le +chapelet comme les colimaçons; s'enfiler réciproquement; se tenir comme +les hannetons. + +(N) INCESTUM, _i_, n. Toute copulation contraire aux lois de la nature +ou de la société est un inceste, ou manque de respect envers l'une ou +l'autre. _Cestum_ est la ceinture dont Vénus ornait les filles sages qui +se destinaient au mariage, et Vénus n'a jamais présidé aux mariages que +la chasteté réprouve: de là on a nommé incestueux les gens qui violaient +la chasteté. + +INCUBA, _ae_, f. Celle qui veut prendre le dessus dans la lutte +amoureuse; celle qui, dans le combat d'amour, se veut soumettre ce +qu'elle aime; celle qui veut primer dans les exercices +androgyniques[138]. + + [138] C'est de l'orgueil tout pur. Il faut espérer que les femmes + nobles y renonceront dorénavant, en admettant leurs inférieurs dans + leur lit; car on les accuse de conserver, même en amour, l'étiquette + du rang. + +INCUBITATUS, _a, um_. _Plaut._ A qui l'on a introduit un pessaire animé, +ou un suppositoire vivant. + +(N) INCLINARE MARITOS IPSOS. _Juv._ Courber les maris après avoir +renversé leurs femmes. Voy. INCURVO. + +INCURVO, _as, are_. _Mart._ Faire montrer le nord de l'aiguille animale; +le faire présenter beau[139]. + + [139] Faire ramasser des cerises aux jeunes gens. _Inclinare_ exprime + la même chose. _Inclinare discipulos_: habitude de collège dont il + faut se garder. + +INEO, _is, ire_. _Cic._ _Idem ac_ COEO. Prendre le plaisir amoureux; +jouir de ses amours; entrer dans le plus particulier de ce qu'on aime; +pénétrer dans l'intime de l'objet aimé. + +(N) INEQUITATIO, _onis_. f. L'une des postures amoureuses dont on donne +des leçons à Lampsaque: c'est celle où la femme se met à cheval sur son +amie pour tribader, ou, plus agréablement, sur son ami, pour en recevoir +ou lui donner plus de plaisir. Voy. EQUITO. + +INERRARE IN FILIOS. _Minut. Fel._ Se tromper en prenant amoureusement de +jeunes garçons pour des filles. + +INIRE ALIQUAM. _Suet._ Faire galanterie avec une belle; sonder +l'intérieur d'une jolie personne. + +INIRE CUBILE ALICUJUS. _Cic._ Se mêler de partager avec quelqu'un les +plaisirs de son lit; entrer dans les plaisirs secrets de la femme +d'autrui[140]. + + [140] Cocufier. + +INFAMIAM (AD) USQUE ORIS LIBIDINIBUS & FLAGRARE. _Suet._ Être si déréglé +dans ses plaisirs que d'en salir sa bouche ou celle d'autrui. + +INFAMIS DIGITUS[141]. _Pers._ Le doigt du milieu de la main (à cause de +certains usages auxquels il est préférablement employé). + + [141] _Vel impudicus._ + +INFORATIO, _onis_, f. L'action de mettre amoureusement en perce. + +INFORATOR, _oris_, m. _Apul._ Celui qui, par plaisir, perce un trou qui +est déjà tout fait[142]. + + [142] Enfonceur de porte ouverte. + +INFORATUS, _a, um_. Qu'on a mis amoureusement en perce. + +INFORO, _as, are_. _Plaut._ Percer amoureusement un trou qui est déjà +percé. + +(N) INGUEN, _inis_; INGUINA, _um_, n. Les parties naturelles de l'homme +et de la femme, et tout ce qui les avoisine, comme l'aine, le haut des +cuisses, le bas-ventre, etc. _Inguina recutita._ _Hor._ Les parties de +l'homme marquées de la circoncision, ou dont la peau du prépuce a été +coupée. + +INSCENSUS, _us_, m. _Apul._ La cavalcade d'amour; le manège amoureux; le +saut sur les quatre quartiers. + +INTERFEMINEUM, _i_, n. _Apul._ A l'égard des hommes: le périnée, +l'entrefesson. Ou, à l'égard des femmes: la situation d'où un des +moindres animaux, voulant éviter Scylla, tomberait en Charybde. Ou: le +détroit d'entre les deux colonnes de Vénus[143]. + + [143] Le pont du Diable qui sépare Charybde de Scylla. + +INTERNUCULUS, _i_, m. _Petr._ Un petit Ganymède. + +INTESTABILIS, m. f., _le_, n., INTESTATUS, _a, um_, INTESTIS, m. f., +_te_, n. _Plaut._ Léger de deux grains au trébuchet d'Amour; à qui on a +enlevé les témoins amoureux; qui manque de témoins pour prouver sa +galanterie; eunuque; châtré; chapon; chaponné. + +INVITARE IN AMPLEXUS, ATQUE IN CUBITUM. Demander la courtoisie; prier +d'amour (grâce que ce galant d'empereur Caligula demandait à la +Lune)[144]. + + [144] Jouer le rôle de Putiphar avec Joseph. + +IRRUMATIO, _onis_, f. _Catull._ L'action de faire teter à la bouche +supérieure ce qui n'est fait que pour l'inférieure. + +IRRUMATOR, _oris_, m. _Catull._ Celui qui fait prendre à la bouche d'en +haut ce qui n'est dû qu'à la bouche d'en bas; qui fait servir la bouche +supérieure à l'usage de l'inférieure; qui met à la bouche le gobet +amoureux[145]. + + [145] Cet expédient était nécessaire aux vieux libertins usés par la + jouissance, et, lorsqu'on voyait un vieillard rechercher les femmes, + _irrumatorem esse suspicabatur_ (Dussaulx, sur Juvénal, p. 399). On + appelait les femmes qui se livraient à cette lubricité, + _fellatrices_. Les hommes s'en mêlaient aussi: car de quoi ne se + mêlent-ils pas? Il paraît que ce badinage était fort usité en Italie + du temps des Romains: on en juge par le fréquent emploi du mot dans + les auteurs Latins. Les artistes Grecs ont reproduit cette action + dans leurs peintures: témoin le tableau de Parrhasius, dans lequel + Atalante se voit représentée à genoux devant Méléagre, qu'elle + caresse à la mode des Lesbiennes. + +IRRUMATUS, _a, um_. _Mart._ Dont la bouche a servi à l'usage de certaine +autre bouche; qui a pris avec la bouche le gobet amoureux; irrumé; à qui +l'on a fait teter le trayon amoureux. + +IRRUMO, _as, are_. _Mart._ Faire teter le trayon amoureux; employer la +bouche supérieure aux usages de l'inférieure; faire prendre avec la +bouche le gobet d'amour; donner à la bouche d'en haut ce qui n'est dû +qu'à la bouche d'en bas; faire servir la bouche de vase amoureux; +irrumer[146]. + + [146] Se dit des hommes qui usent entre eux de cette affreuse + jouissance. + +ISIACA SACRA. Le plus secret du mystère amoureux; le sacrifice d'amour; +les mystères de Vénus. + +ISICAE SACRARIA LUNAE. _Juv._ Les petits temples d'Isis, où quantité +d'aventures galantes se mettaient à fin[147]. + + [147] Les mystères de cette déesse devinrent ceux de l'amour et de la + débauche. Le culte en fut proscrit sous le consulat de Pison et de + Gabinius; mais Auguste le rétablit, pour amuser le peuple qu'il + voulait asservir. + +ITHYPHALLUS, _i_, m. Le Priape en belle humeur porté en procession, et +les poésies qu'on y chantait à sa louange, aux fêtes d'Osiris en Égypte, +et à celles de Bacchus et de Priape à Athènes. + + + + +J + + +(N) JACEO, _es, ere_. Être couché dans une posture favorable au plaisir. +_Briseis multum aversa jacebat_: Briséis, selon Martial, voyait très +fréquemment la feuille à l'envers; c'est qu'elle avait un héros pour +ami. + +(N) JUDAEUM PONDUS. Le paquet des trois pièces utiles à la génération. +Voy. FIBULA, PENSILIA, PONDUS. + + + + +K + + +(N) KALENDAE FOEMINEAE. Les Calendes de Mars, pendant lesquelles il y +avait, dans l'intérieur des maisons, des fêtes pour les domestiques du +genre féminin. Les maîtresses les servaient alors, comme les maîtres +servaient leurs esclaves mâles pendant les Saturnales. Ces fêtes étaient +appelées _Matronalia_. Les uns veulent qu'elles aient été instituées en +mémoire de la paix avec les Sabins à pareille époque, pour cause de +l'enlèvement des Sabines; d'autres disent que c'est en l'honneur de +Vénus. Il en est aussi qui assurent que les premiers jours du printemps +étaient comme des jours de fête pour les dames; qu'elles paraient leurs +appartements, et qu'alors elles recevaient des présents de leurs maris +ou de leurs galants. Juvénal reprend quelques hommes efféminés de son +siècle pour les imiter en cela (Sat. IX, vers 46 et suiv.). + + + + +L + + +LABDA, _ae_, m. f. _Varr._ Qui fait usurper à sa bouche l'emploi d'une +autre espèce de bouche; qui engloutit des hommes liquides; qui boit le +plaisir amoureux; qui dévore les hommes avant qu'ils puissent être vus. + +LABDACE, _es_, f. _Varr._ Le suçage du trayon amoureux; le sucement du +doigt qui est sans os; l'action de faire servir sa bouche aux usages +d'une autre espèce de bouche. + +(N) LABRA MORDERE. Pincer avec les dents les lèvres de sa mie. Ces +petits amusements ont lieu en attendant des plaisirs plus vifs. + +LACINATA MULIER. _Petr._ Femme qu'on a déchirée à force de vouloir lui +faire plaisir. + +LAECASTRA, _ae_, f. Une courtisane sous les armes; une fille commode en +équipage de conquête. + +LAECACITAS, _atis_, f. Maquerellage. Ou: paillardise. + +LAECATOR, _oris_, m. Pourvoyeur d'amour. Ou: paillard. + +LAECO, _as, are_. Faire un maquerellage. Ou: paillarder, faire la joie. + +(N) LAEVIS. Voy. LEVIS. + +(N) LAMBERE MEDIOS VIROS. Faire un métier de chien; Voy. DEMITTERE +CAPUT, PHOENICISSARE, TERERE INGUINA. C'est faire aux dames, avec la +langue, le même plaisir qu'elles font aux hommes avec la bouche. + +LAMPADIUM, _ii_, n. Sortes de filles de joie qui se tenaient la nuit +dans les rues avec une petite lampe à la main, afin que le marchand pût +voir si la marchandise lui plaisait. A Rome, il y a encore de petits +coquins qu'on trouve assis le soir dans les places et dans les rues, +avec une petite lumière, et qui crient de temps en temps: «_Chi me vuol +levar?_» + +(N) LAMPSACUM, _i_, n. Lampsaque, ville de Bithynie, célèbre par le +culte de Vénus, de Cupidon et de Cybèle. C'est à Lampsaque que le dieu +Priape, fils de Bacchus et de Vénus, fut élevé. Par reconnaissance, il +fit toutes sortes de niches aux habitants de cette ville, c'est-à -dire +aux maris des plus belles femmes, ce qui d'abord le fit chasser. Il +finit cependant par y être adoré, et son culte y devint public. + +LANDICA, _ae_, f. Voy. CUNNUS. + +LANGORES, _orum_, m. Débauchés aux femmes. + +LANGUS, _i_, m. Adonné aux femmes. Ou: bardache. + +LANUVINI, _orum_, m. _Cic._ Les témoins d'amour, vénérables par leur +barbe. + +LANUVIUM, _ii_, n. _Prop._ La foulerie d'Amour; le fouloir de Vénus; la +fouloire de Cupidon. + +(N) LASCIVIA, _ae_, f. Lubricité; recherche des moyens de varier, +augmenter, suspendre ou prolonger les plaisirs amoureux. _Improbitas +Venerea_, selon Juvénal. + +(N) LASCIVIRE. C'est prolonger la jouissance; user des plaisirs de +l'amour tantôt avec délicatesse, quelquefois avec assez d'emportement +pour se mettre hors de combat. + +LASTAURUS, _i_, m. Celui qu'en amour on appelle bien fourni; qui est +bien emmanché. Ou: qui a l'entrefesson velu. Ou: l'entrefesson, le +périnée. Ou: paillard, ribaud. + +(N) LATUS MOLLE. La croupe, les parties supérieures aux fesses; le +fessier lui-même. + + _Quantum et quale latus! quam juvenile femur!_ + + (_Ovid._) + +(N) LAXUS, _a, um_. Se dit des hommes et des femmes dont le vase +amoureux s'est élargi à force de servir. Il y a du remède avec +l'_onguent de la Comtesse_; mais les palliatifs ne rendent jamais à la +nature son vrai mérite. + +LECTAMBULUS, _i_, m. Qui essaie de diverses garnitures de lit sans se +fixer à pas une; un pirate d'amour; galant qui se divertit aux dépens +des maris; un amant qui vit sur le commun; un corsaire en amour; qui +court le bon bord en amour. + +LECTICARIOLA, _ae_, f. _Mart._ Une femme qui trouve du ragoût dans les +porteurs de chaise. + +LECTI FURTIVI FOEDERA. _Tib._ Les secrètes liaisons où les larcins +amoureux engagent; les tendres engagements que font prendre les vols que +l'on fait en amour. + +LEGAEGYNAECES, _cum_, f. Femmes âpres à la curée; gaillardes de grand +appétit[148]. + + [148] Femmes à tempérament. + +LENA, _ae_, f. _Plaut._ Appareilleuse; conciliatrice de volontés; +entremetteuse; médiatrice de plaisir; pourvoyeuse d'amour; maquerelle; +ministre de Vénus[149]. + + [149] Tante d'Opéra. _Lena juventa_, dans Ausone: la fraîcheur de + l'âge attire les hommages. + +LENO, _onis_, m. _Ter._ Marchand d'esclaves. Ou: ministre d'amour; +intendant des plaisirs amoureux; pourvoyeur d'amour; appareilleur de +Vénus; agent de change en amour; conciliateur de volontés amoureuses; +courtier de plaisirs; maquereau; médiateur de tendres unions[150]. + + [150] Accapareur de filles; marchand de chair humaine. + +LENO, _as, are_. _Vet. epigr._ Être marchand d'esclaves. Ou: fournir des +sujets de plaisirs amoureux; concilier les volontés en amour; être +ministre de Vénus; appareiller des amants; être courtier de plaisir; se +mêler de pourvoir aux besoins amoureux; être pourvoyeur de Cupidon; être +agent de change en amour; faire trafic de ce que recherchent les amants; +s'entremettre d'unir les coeurs et les corps; être médiateur de tendres +unions; faire commerce de marchandise amoureuse; négocier en faveur des +amants; battre la caisse pour enrôler sous les étendards de Vénus; +maquereller; prostituer. + +LENOCINAMENTUM, _i_, n. Voy. LENOCINIUM. + +LENOCINATOR, _oris_, m. Voy. LENO. + +LENOCINE, adv. _Lamprid._ En maquereau; à la manière des pourvoyeurs +d'amour; en courtier de Vénus; par maquerellage. + +LENOCINIUM, _ii_, n. _Cic._ Trafic d'esclaves. Ou: conciliation de +volontés en amour; intendance de plaisirs amoureux; trafic d'union de +coeurs et de corps; charge de pourvoyeur de Vénus; médiation entre les +amants; commerce de sujets de plaisirs amoureux; emploi d'appareilleur +d'amants; courtage de plaisir; négociation en faveur des amants; office +d'entremetteur d'amour; négoce de marchandise amoureuse; commerce de +prostitution. Ou (_Sueton._): coquetterie; air coquet; soin excessif de +se parer; afféterie; affectation dans la propreté; manière affétée. + +LENONICE, adv. Voy. LENOCINE. + +LENONIUS, _a, um_. _Plaut._ Qui concerne les marchands d'esclaves. Ou: +qui concerne les ministres des plaisirs amoureux. + +LEPUS, _oris_, m. _Ter._ Qui est, comme le lièvre, tantôt mâle, tantôt +femelle; qui se laisse Ganymédiser. Ou (_Ovid._): le lièvre qu'on fait +lever pour le mener au gîte. Ou (_Plaut._): Terme de caresse amoureuse. + +LESBIO, _as, are_. Aimer à la manière de Sapho; vouloir imiter les +hommes dans les caresses qu'on fait aux belles personnes de son sexe; +tribader[151]. + + [151] Gamahucher. Les Lesbiennes sont célèbres pour avoir rendu la + bouche le plus fréquent organe de la volupté. Elles employaient la + langue à se faire plaisir mutuellement, et elles affectaient la + blancheur aux lèvres. + +(N) LEVIS. Homme efféminé, qui prend soin de son corps comme une femme; +qui se fait épiler pour qu'on se méprenne à la douceur de sa peau, et +pour mieux jouer le rôle de femme. + +LIBIDINES IN ALIQUO FACERE. _Catull._ Soumettre quelqu'un au dérèglement +de ses passions[152]. + + [152] _Libido praepostera_: passion bizarre des non-conformistes. + +(N) LIBIDINOR, _aris, ari_. Polissonner; s'abandonner à la débauche. + +(N) LIBIDINOSUS, _a, um_. Débauché; libertin, tantôt impudique, et +tantôt voluptueux. + +(N) LIBIDO, _inis_, f. Passion; désir; volonté; fantaisie; débauche. + +LIGURIRE NATURAM CAPRIS. _Suet._ Employer sa langue à découvrir la +propreté de la nature de nos chèvres[153]. + + [153] Il est difficile de rendre proprement cette expression. Voy. + LESBIO, TERERE INGUINA. + +LIMARE CAPUT CUM ALIQUA. _Plaut._ Donner à une personne et en recevoir +coup sur coup des baisers affectueux; s'entrebaisotter. Ou: joindre de +près une belle; se frotter avec elle. + +(N) LINGERE CUNNUM. Voy. LIGURIRE et CUNNILINGUS. Fantaisie +ultramontaine et Florentine: les Français ont le coeur trop faible pour +s'y livrer aussi fréquemment que les Italiens. Selon Martial, Eryx, fils +de Vénus et de Butis, en est mort; mais les mythologistes prétendent +qu'Hercule l'a tué, ce qui est bien différent. + +(N) LINGUA MALA. Mauvaise langue, en terme ordinaire. Ici, cela veut +dire une langue impudique, lubrique. Voy. LAMBERE MEDIOS VIROS. + +(N) LINGUA MARITUS. _Martial._ Langue qui entreprend sur les droits d'un +mari, d'un amant. + +LONGANO, _onis_, m. _Varr._ L'intestin rectum, que les Italiens +appellent _budel gentile_. Pourquoi cela? je m'en rapporte. Le boyau +culier; le gros boyau[154]. + + [154] Le gentil boyau: instrument de fantaisie. + +LONGANON, _is_, m. _Veget._ LONGANUM, _i_, n. Voy. LONGANO. + +LUCUS HUMIDUS. _Plaut._ Le bosquet que l'Amour a soin d'arroser. + +LUDERE, EDERE, BIBERE. _Hor._ Boire, manger, dormir à l'Hébraïque. + +LUDERE IN UMBRA VOLUPTATIS. _Petr._ Se divertir en idée; goûter des +plaisirs en imagination; s'arrêter à des voluptés imaginaires. Ou: +préluder amoureusement; tâter le clavier amoureux. + +LUDERE CUM ALIQUA. _Petr._ Badiner avec une personne; se jouer avec une +belle; se divertir avec quelqu'une[155]. + + [155] Folâtrer, préluder, batifoler. + +(N) LUMBI, _orum_, m. Les reins: le levier d'amour; la puissance motrice +et génératrice; la source de la liqueur séminale. + +LUPA, _ae_, f. _Cic._ Courtisane; fille de joie; personne de commodité. + +LUPAL, LUPANAR, _is_, n. _Juv._ Lieu de plaisir; maison de commodité; +retraite de débauche; bordel. + +LUPANARIS, m. f., _re_, n. _Apul._ De maison de commodité; de bordel; +qui concerne les lieux de plaisir. + +LUPANARIUM, _ii_, n. _Ulp._ Voy. LUPANAR. + +LUPANARIUS, _ii_, m. _Lamprid._ Suppôt de bordel; un souteneur; un +mangeur de blanc. Ou: coureur d'aiguillette. + +LUPOR, _ari_, dép. _Accius._ Courir l'aiguillette; rechercher les belles +apprivoisées; mordre sur toute bête comme un chien d'amour affamé; en +vouloir jusqu'aux chèvres coiffées; ne mépriser pas en amour les restes +du genre humain; se plonger dans la débauche des femmes. + +LUSIZONOS, _i_, f. Celle qui a éprouvé ce que vaut un homme; personne +qui a fait expérience des talents amoureux d'un galant; fille qui a +expérimenté combien un homme peut être utile au sexe[156]. + + [156] Voy. LYZIZONA. + +LUSTRO, _onis_, m. _Catull._ Chercheur de bonnes fortunes aisées; +fureteur de lieux de plaisir; coureur d'aiguillette. + +LUSTROR, _ari_, dép. _Plaut._ Courir l'aiguillette; fureter les lieux de +plaisir; fréquenter les maisons de commodité. + +LUSTRUM, _i_, n. _Cic._ Lieu de plaisir; maison de commodité; bordel. + +(N) LUXURIA, _ae_, LUXURIES, _ei_, f. La luxure; la débauche; +l'impureté. + + _... Saevior armis + Luxuria incubuit, victumque ulciscitur orbem._ + + (_Juven._) + +Le péché de luxure a son agrément, lorsqu'il n'est pas poussé trop loin. + +LYZIZONA, _ae_, f. Fille devenue femme; celle qui a fait épreuve des +bons offices mutuels que les deux sexes peuvent se rendre. Voy. +LUSIZONOS. + + + + +M + + +MACROCAULUS, MACROCOLUS, _i_, m. Piquier dans le régiment de Vénus; +lancier en la milice d'Amour; un longue-queue. + +(N) MAENADES, _dum_, f. C'étaient des espèces de prêtresses de Bacchus +ou de Priape, qui, dans les fêtes de Cérès, ou de la Bonne Déesse, ou +d'Isis, contrefaisaient peut-être ensemble, par chasteté, les mystères +de l'amour, comme les philosophes Socratiques les contrefaisaient entre +eux, par sagesse. Il résultait de tout cela que de l'imitation on +voulait venir à la réalité, et que, sortant des mystères, les Ménades ou +les Bacchantes couraient après les hommes, _ululabant Priapum_, avec une +fureur qui écartait tout le monde. Aussi, ne trouvant personne à qui +parler, on assure qu'elles sollicitaient les animaux. + +(N) MALA, _orum_, n. _Priap._ Ce sont les petites pommes de l'arbre de +vie. Ève en fut gourmande, et ses descendantes ont conservé le même +appétit pour ce fruit. Voy. COLEUS, TESTES. + +(N) MAMMA, _ae_, f. La mamelle; le sein d'une femme; la pomme d'amour. +_Mamilla_ est le diminutif; le terme est plus joli, mais la chose vaut +mieux dans une belle et juste proportion. _Mamilla_ se prend aussi pour +la fraise ou le bouton qui couronne le sein d'une femme. _Mamma +inclinata_: pendard. + +(N) MANGO, _onis_, m. _Mart._ Un maquignon; un Mercure procureur +d'amourettes; intendant de sérail; directeur des menus plaisirs de la +cour de Cythère. + +(N) MANUS PULLARIA, PROTERVA. Main libertine ou officieuse, qui rend à +d'autres le service qu'on peut se rendre à soi-même. La jeune amie +d'Ovide ne lui refusait pas cet aimable service: + + _Hanc etiam mea non est dedignata puella + Leniter admota sollicitare manu._ + +La main d'une belle femme a produit des miracles, et rajeuni des +vieillards dont le coeur toutefois n'était pas mort: + + _Illius ad tactum Pylius juvenescere possit, + Tithonusque annis fortior esse suis._ + + (_Ovid._) + +MARISCA, _ae_, f. _Mart._ (_Subaud._ FICUS). Voy. CHIA[157]. + + [157] Tumeurs au fondement, par l'effet du libertinage contre nature. + +MASTRUPATOR, _oris_, m. _Mart._ Voy. MASTUPRATOR. + +MASTRUPOR, _ari_, dép. _Mart._ Voy. MASTUPROR. + +MASTRYLLIUM, _ii_, n. Voy. LUPANAR. + +MASTUPRATOR, _oris_, m. _Mart._ Assassin d'hommes informes; qui se passe +de femme parce qu'il a cinq doigts à chaque main; celui qui se conduit +par la main au plaisir; qui trouve une femme dans sa main; qui se joue à +soi-même[158]. (En cas que ce mot soit composé de _manus_ et de +_stupror_: car s'il est fait de _mas_ et de _stupror_, il signifie un +Ganymédiseur; un puériseur; celui qui emploie dans ses plaisirs un sexe +pour l'autre; qui métamorphose des garçons en filles; un bougre.) + + [158] Un Narcisse, un Hippolyte; tout homme épris des jouissances + solitaires: onanisme, et, pour les femmes, nymphomanie. + +MASTUPROR, _ari_, dép. _Mart._ Assassiner des hommes informes; se passer +de femme parce qu'on a cinq doigts à chaque main; trouver une femme dans +sa main; se jouer à soi-même; conduire au plaisir par la main (soi ou un +autre); clitoriser. Cette signification n'est qu'en cas que ce verbe +soit composé de _manus_ et de _stupror_: car, si on le dérive de _mas_ +et de _stupror_, il signifie Ganymédiser; puériser; métamorphoser des +garçons en filles; faire emploi d'un sexe pour l'autre dans ses +plaisirs[159]. + + [159] User du Manuel des Solitaires. + +MASTURBATOR, _oris_, m. _Mart._ Qui devient mari de sa main; ou: qui +conduit au plaisir par la main. Voy. MASTUPRATOR. + +MASTURBATUS, _a, um_. _Mart._ Qui est devenu le mari de sa main; qui a +été conduit au plaisir par la main; qui s'est amoureusement chatouillé +pour se faire rire; qui s'est joué soi-même; qui a trouvé une femme dans +sa main. Ou: clitorisé. + +MASTURBO, _are_, MASTURBOR, _ari_, dép. _Mart._ Voy. MASTUPROR. + +(N) MATRIMONIUM, _ii_, n. Honnête concubinage ordonné par des lois et +fondé sur des conventions entre hommes et femmes, qui presque toujours +s'en repentent. Les Anciens en usaient avec encore plus d'appareil que +les Modernes. Ils avaient une multitude de dieux, grands et petits, qui +présidaient à toutes les cérémonies du mariage. Quand la fille avait +engagé sa foi, les matrones la conduisaient au dieu Priape et la +faisaient asseoir sur le membre énorme de ce dieu: là , on ôtait la +ceinture de la jeune mariée, et l'on invoquait la déesse _Virginensis_. +Le dieu _Subigus_ soumettait la fille aux transports du mari. Le déesse +_Prema_ la contenait sous lui pour l'empêcher de remuer à contre-temps. +Enfin la déesse _Pertunda_, ou Perforatrice, ouvrait à l'homme le +sentier de la volupté. Dans les Indes, ce sont les prêtres qui se sont +emparés de cette fonction divine. D'autres dieux et déesses présidaient +aux travaux de l'enfantement; mais ici il ne s'agit que du plaisir, et +non de la peine qui le suit. + +MELLINA, _ae_, f. _Plaut._ Le cabaret où l'Amour enivre les hommes; le +lieu où l'on goûte ses douceurs. + +(N) MEMBROSUS, _a, um_. _Priap._ _Membrosior aequo Priapus_: bien fourni +de la pièce essentielle au jeu d'amour: puissant plus que l'homme n'a +coutume de l'être. + +(N) MEMBRUM, _i_, n. Il y a beaucoup d'épithètes à ce mot. Voy. MENTULA. + +MENTULA, _ae_, f. _Mart._ Le sceptre d'amour[160]; le bâton de +commandement dans la milice amoureuse; le flambeau de Cupidon; le +poisson de Vénus; l'arc-boutant de Nature; le coutre de la charrue +d'amour; le serpent tentateur; le pilon du mortier amoureux; la lardoire +et le lardon dont fait piquer sa viande Cupidon; le pinceau qui redonne +la couleur aux filles; le chalumeau dont l'Amour se sert pour enfler son +ballon; le hoyau des jardins de Vénus; le bourdon des pèlerins amoureux; +ce qui n'est qu'une ligne droite et fait pourtant les cornes aux cocus; +le ciseau des sculpteurs d'amour; le refouloir des canonniers de Vénus; +l'aiguillon de la volupté; le prototype des chevilles; la clef du +cabinet de la mère d'Amour; l'instrument que l'Amour emploie à faire un +étui pour les âmes; la quille, le mât et le gouvernail des vaisseaux +amoureux; la lame que Vénus aime bien au fourreau; le hochet des amours; +le plongeon de Vénus; le battant de la cloche amoureuse[161]. + + [160] Ce sceptre amoureux a plus d'une fois procuré le trône à des + mortels favorisés de la Nature: + + _Imperium nobis mentula sola dedit._ + + (_Priap._) + + [161] La plume de l'Amour. + + Voici les synonymes Latins de cette partie essentielle: _Pars + obscena, pars tegenda, tenta, penis, telum, columna, trabs, palus, + contus pedalis, fascinum pedale, coleata cuspis, sceptrum, seminale + membrum, ventris arma, vena tenta, hasta, Priapus, anguis, thyrsus, + pensilia, peculium, muto, nota virilis, virilis nervus, mutinus, + verpa, inguen, taurus, glans, babalum, psoleon, pyramis, clavus + Cupidinis, vir, sica, sicula vel parva sica, cauda turgens, aluta, + pipinna, iota longum_. + +MENTULATUS, _a, um_. _Plaut._ Qui est pourvu d'un grand persuasif en +amour; qui est avantageusement partagé en faveur des dames; qui est bien +fourni, doué par la Nature de magnifiques talents pour le service des +belles; qui a de quoi servir le sexe à bouche que veux-tu; qui a une +ample garniture amoureuse; que Nature a libéralement fourni à l'usage +des dames, bien entalenté pour le sexe. + +MERENDUM (AD) A LENONE COGI. _A. Gell._ Être forcé par un marchand +d'esclaves à s'attirer les caresses du public par sa complaisance. + +MERETRICATIO, _onis_, f. Voy. MERETRICIUM. + +MERETRICIE, adv. _Plaut._ En courtisane; en coquette outrée; à la +manière des filles de joie; d'un air de garce; en putain. + +MERETRICIUM, _ii_, n. _Suet._ Coquetterie outrée; profession de +courtisane; métier de fille de joie. + +MERETRICIUS, _a, um_. _Cic._ De coquette outrée; de fille de joie; de +courtisane; de fille de commodité; de putain. + +MERETRICOR, _ari_, dép. _Colum._ Fréquenter les maisons de commodité; +hanter les lieux de plaisir. + +MERETRICULA, _ae_, f. _Cic._ Diminutif de MERETRIX. + +MERETRIX, _icis_, f. Coquette outrée; courtisane; fille de commodité; +fille commode; fille de joie; garce; putain; débauchée; fille +d'amour[162]. + + [162] Synonymes: _alicaria, diobolaris, elecebra, schoenicula, + scortum_. + +MERITORIUS PUER. _Cic._ Jeune mignon qu'on entretient dans la vue de +s'en servir à sa fantaisie; un Ganymède. + +MERITORIA TABERNA. _Suet._ Maison de commodité. + +MERITORIA SCORTA. _Suet._ Personnes qui s'attirent les bonnes grâces par +des complaisances sans réserve. + +(N) MOBILIS, m. f., _e_, n. Cet adjectif est pris dans un sens assez +lubrique par Ovide au second livre des _Amours_, où il parle du mérite +des femmes et soutient que celle dont la démarche est hardie, agaçante, +doit procurer sur un lit la plus voluptueuse agitation: + + _Sive procax aliqua est, capior, quia rustica non est, + Spemque dat in molli mobilis esse thoro._ + +(N) MOECHA, _ae_, f. Femme mariée qui se livre aux désirs de tous les +hommes qui lui font la cour; femme adultère; impudique, infidèle. + +(N) MOECHISSO, _are_. Entretenir un commerce adultère; pondre dans le +nid d'autrui; cocufier son voisin, son ami, son parent. + +MOECHOCINAEDUS, _i_, m. _Lucil._ Le mignon du mari et de la femme; celui +qui rend à la femme ce que lui prête le mari; celui qui souffre du mari +les caresses qu'il fait à la femme. + +(N) MOECHOR, _ari_, dép. Violer le lit nuptial; déchirer le contrat de +mariage. + +(N) MOECHUS, _i_, m. Mari débauché, qui porte à la femme d'autrui ce qui +n'appartient qu'à la sienne; adultère. + + _Fundum alienum arat: incultum familiarem deserit._ + + (_Plaut._) + +_Semitarii moechi_: libertins, coureurs de filles dans les carrefours et +les places publiques. + +(N) MOLLES MARES. Hommes efféminés qui se prostituent à d'autres hommes; +Ganymèdes, etc. Le synonyme de _mollis_ serait le mot _facilis_. Voy. +PATHICUS. + +MOLO, _is, ere_. _Petr._ Moudre amoureusement[163]. + + [163] _Molitur per utramque cavernam_: moudre à tout vent; ne refuser + aucune proposition; entreprendre en tout sens. _Molitor_, dans + Ausone, se distingue de _moechus_ et _adulter_. + +MONETA, _ae_, f. Le lieu où se frappe la monnaie d'amour; la pièce avec +laquelle les femmes se font battre monnaie. + +(N) MORARI GAUDIA, _vel sustinere sese in gaudiis_. _Ovid._ Suspendre, +arrêter, prolonger le plaisir et la volupté d'une jouissance. C'est un +talent heureux, et auquel les amants délicats et bien constitués savent +se livrer. Ovide prétend qu'il faut avoir sept lustres, ou trente-cinq +ans, pour bien savourer le plaisir des sens; mais cela dépend d'une +constitution plus ou moins forte. + +(N) MORDERE LABELLA. _Catull._ Sorte de caresse amoureuse imitée des +oiseaux, qui se mordent bec en bec dans leurs transports érotiques. La +marque qui reste quelquefois de cette morsure ne fait pas plaisir aux +dames. + +MORIGERARI ORE ALICUI. _Suet._ Livrer sa bouche aux plaisirs de +quelqu'un; accommoder quelqu'un de sa bouche[164]. + + [164] _Tacere_, pris obscènement, veut dire la même chose. + +MORIGERARI SIBI CUM ALIQUA. _Plaut._ Se divertir avec une belle; se +donner du plaisir avec une personne; se satisfaire avec quelque belle; +trouver une personne complaisante à tout ce qu'on veut d'elle; ne se +refuser rien auprès d'une personne. + +(N) MORSIUNCULA, _ae_, f. Voy. NOTA MEMOR. + +(N) MOTUS IONICI. Mouvements gracieux perfectionnés par les filles +d'Ionie: + + _Motus doceri gaudet Ionicos + Matura virgo, et fingitur artubus._ + + (Horat., od. 6, l. III.) + +(N) MUGILIS, _is_, m. Muge ou mulet: c'est un poisson vorace que l'on +appliquait, à Athènes, au fondement d'un homme surpris en adultère. Ce +genre de supplice devait être cruel, en raison de la force de l'animal. +On épilait aussi le derrière de ces criminels avec de la cendre chaude, +ou on leur enfonçait un raifort dans le fondement. La jalousie conjugale +a inventé tous ces supplices, dont il est parlé dans Catulle et Juvénal. + +MULIEBRIA, _ium_, n. _Quintil._ Ce que les dames aiment à souffrir[165]. + + [165] Le plaisir des dames. + +MULIEBRIA PASSUS A CENTURIONE ADOLESCENS. _Quintil._ Jeune garçon qui a +souffert qu'un capitaine l'enrôlât au nombre des femmes. + +MULIEBRIA, _ium_, n. La principale, et peut-être l'unique chose qui fait +considérer les femmes dans le monde[166]. + + [166] La distinction spécifique du sexe. + +MULIEBRE BELLUM GERERE. _Cic._ Combattre une aimable ennemie; faire la +douce guerre. + +MULIERO, _are_. _Varr._ Employer en guise de femme: faire servir de +femme; métamorphoser en femme. + +(N) MUSAEUS, _i_, m. Auteur de livres lubriques. Voy. ELEPHANTIS. + +MUTINUS, _i_, m. Le dieu Priape, ou son arme. + +MUTO, _onis_, m. _Hor._ Le membre par excellence. + +MUTONIATUS, _a, um_. _Mart._ Voy. MENTULATUS. + +MUTONIUM, _ii_, n. Le coin des charpentiers naturels. + +MUTONUS, MUTUNUS, _i_, m. _Solin._ Voy. MUTINUS[167]. + + [167] _Mutona verba_: paroles obscènes en usage parmi les libertins. + +(N) MYSTAE, _arum_, m. Les prêtres de Priape et de Bacchus. On peut voir +par là combien leur ministère était utile et respectable. Les prêtres +ont été partout les ministres de la débauche et du mensonge. + + + + +N + + +(N) NASUTUS BENE, _vel bene mentulatus_. Bien fourni d'un instrument qui +fait plaisir aux dames; bien savant dans l'art de la luxure. + +(N) NATES MOVERE. Remuer les fesses: mouvement très naturel pendant la +durée du plaisir amoureux. _Pastas glande nates habere_: se livrer au +plaisir contre nature. + +(N) NATURA, _ae_, f. Se prend pour les parties naturelles des femmes +comme des hommes. + +NECESSARIA, _ae_, f. _Cic._ Amie intime; bonne amie; personne qui est de +moitié dans nos plaisirs. + +(N) NEQUITIA, _ae_, f. Petites folies amoureuses; badinages lascifs; +débauche; vie déréglée; fredaines de la jeunesse. Martial prétend que +les habitants de l'Égypte les connaissaient mieux que les autres peuples +du monde. Juvénal les appelle _lasciviam et improbitatem Veneream_. + +(N) NOLANI ORE MORIGERANTES. Fantaisie en amour à laquelle les habitants +de Nole étaient fort adonnés. Voy. les mots ILLUDERE FOEMINARUM +CAPITIBUS, et ORE MORIGERARI. Les Osques et les habitants de la campagne +de Rome connaissaient ce genre de volupté. Les Florentins en ont un +autre, et rendent aux femmes avec la langue le plaisir que celles-ci +cherchent à donner aux hommes avec la bouche. Ces sortes de voluptés +servent à diversifier une action qui deviendrait fastidieuse par son +uniformité. + +(N) NOTA MEMOR. _Hor._ Suçon amoureux. + +(N) NOTA VIRILIS. Caractère spécifique du sexe masculin. + +(N) NUPTIAE TURPES, SPONSAE TURPES. _Juv._ Mariage d'un homme avec un +homme. Les Romains avaient poussé jusque-là le dérèglement des passions. +Rome et Sodome depuis longtemps sont synonymes. En outre, les Romains +couchaient sans scrupule avec de jeunes esclaves fruits de leurs amours: +cela s'appelait _injustae nuptiae et illegitimae_. + + + + +O + + +(N) OBSCENA, _orum_, n. Tout ce qui est contre la pudeur et l'honnêteté +des moeurs est obscène et bon à cacher. _Obscena pars_, la partie +obscène et que les dames ne voient pas sans rougir. + +(N) OFFENDERE BUCCAM. La même chose que ORI ILLUDERE, MORIGERARI. + +OFFICIUM, _ii_, n. _Cic._ Ce que l'on appelle le devoir, le bon office +amoureux[168]. + + [168] Ovide ne veut pas que l'on fasse par devoir ce qu'on peut faire + par plaisir: à la bonne heure pour les maris! + +(N) OPUS JUVENILE. Travail d'amour, dont on se charge volontiers quand +on est jeune. Voy. CONCUBITUS. _Opus dulce_ (_Ovid._): la douce affaire, +l'occupation la plus gracieuse de la vie. + +ORTHOPHALLICUS, _a, um_. _Varr._ Qui se tient droit comme un Priape de +noce. + +ORTHOPHALLUS, _i_, m. Priape en belle humeur; un Priape de noce. + +(N) OS, _oris_, n. La bouche. Elle ne devient obscène que par l'abus +qu'on en fait en la prêtant aux plaisirs de l'amour. Voy. MORIGERARI +ORE. Martial prétend qu'avec la bouche on ressuscite le physique d'un +homme usé par la jouissance ordinaire: + + _Quid miseros frustra cunnos culosque lacessis? + Summa petas: illic mentula vivit anus._ + +(N) OSCULUM, _i_, n. Petite bouche qui donne grand appétit; préliminaire +du jeu d'amour; charmant badinage; baiser: le plus innocent, le plus +aimable des plaisirs amoureux. _Oscula delibare, dare, adfigere alicui_: +donner et prendre des baisers; cueillir des baisers sur une bouche +vermeille. _Jungere salivas oris_: s'embrasser étroitement. + + _Oscula cognosco cupidae; luctantia linguae_, + +dit Ovide; et c'était un grand maître, à qui tous les jeux d'amour +étaient si bien connus, qu'il en a pu donner la leçon à qui voudrait en +profiter. + + + + +P + + +PAEDERASTES, _ae_, m. Pédéraste; puériseur; qui aime à caresser les +jeunes garçons[169]. + + [169] Sodomite. + +PAEDERASTIA, _ae_, f. Pédérastie; amour désordonné pour les jeunes +garçons; l'art subtil des Italiens[170]. + + [170] Et des Grecs. + +PAEDEROS, _otis_, m. Voy. PAEDICO. + +PAEDICATIO, _onis_. Voy. PAEDERASTIA. + +PAEDICATOR, _oris_, m. _Suet._, PAEDICO, _onis_, m. _Catull._ Pédéraste; +puériseur; qui aime à caresser désordonnément les jeunes garçons; qui +exerce l'art subtil des Italiens; Gomorrhiste, bougre, +Ganymédiseur[171]. + + [171] Jupiter est le premier qui ait eu cette fantaisie à la cour + céleste, et Laïus, père d'OEdipe, l'a fait connaître sur terre. Il + enleva Chrysippe, fils de Pélops, à l'imitation de Jupiter, qui + avait fait enlever Ganymède; et le mauvais exemple a été imité par + toute la terre. + +PAEDICO, _are_. _Mart._ Puériser; exercer l'art subtil; +Ganymédiser[172]. + + [172] Faire l'amour à la Grecque. Il existe un distique Latin composé + par un ancien poète, où, dans les premières syllabes des quatre noms + propres qu'il contient, se trouve le mot _pedicare_ écrit par l'_e_ + simple: + + __Pe_nelopes primam _Di_donis prima sequatur, + Et primam _Ca_ni syllaba prima _Re_mi._ + + Voici un autre _rébus_ Latin faisant allusion au même mot: + + _Quum loquor, una mihi peccatur littera, nam _T_ + _P_ dico semper; blaesaque lingua mihi est._ + +PAEDISCA, _ae_, f. Servante qu'on emploie à tout; une domestique dont on +fait litière; servante caressée par son maître[173]. + + [173] Par conséquent, servante maîtresse. + +PAEDISCIUM, _ii_, n. Voy. LUPANAR. + +PAEDOMANES, _is_, m. Éperdument porté à l'amour des jeunes garçons; qui +aime les jeunes garçons à la folie. + +PAEDOMANIA, _ae_, f. Amour désordonné pour les jeunes garçons. + +PAEDOPHTHORIA, _ae_, f. Corruption de jeunes garçons. + +PAEDOPHTHORUS, _i_, m. Qui débauche les jeunes garçons; corrupteur de +jeunesse; puériseur. + +PAEDOPOEIA, _ae_, f. Génération des enfants. + +PAEDOPOEUS, _i_, m. Qui fait des enfants. + +PAEDURGIA, _ae_, f. Le travail qui fait des enfants; l'exercice de la +génération; la manière de faire des enfants. + +PAEDURGUS, _a, um_. Qui travaille à faire des enfants; qui s'exerce à la +génération; qui fait des enfants[174]. + + [174] Qui s'occupe de sa postérité. + +PALAESTRA, _ae_, f. _Cic._ Magasin de pourvoyeur d'amour; lieu de +plaisir; maison de commodité: académie d'Amour; collège de Vénus[175]. + + [175] Gymnase ou lieu d'exercice pour le libertinage. + +PALAESTRICA, _ae_, f. _Petr._ Femme qui donne des leçons de lutte; celle +qui forme aux exercices du corps et de l'esprit les personnes qu'elle +veut rendre agréables; maîtresse d'académie galante. + +PALPATIO, _onis_, f. _Plaut._ Patinage; patinement[176]. + + [176] Maniement. + +PALPATOR, _oris_, m. _Plaut._; PALPO, _onis_, m. _Pers._ Patineur. + +PALPATUS, _a, um_. Patiné[177]. + + [177] Touché, manié. + +PALPO, _are_. _Juv._; PALPOR, _ari_, dép. _Hor._ Patiner[178]. + + [178] Manier, toucher. + +PALPARI MULIERI. _Plaut._ Caresser une femme. Ou: Sonder le coeur d'une +femme. + +(N) PALUS RUBER. Un pieu; un pal plus humain que ceux dont on se sert en +Turquie. C'est un instrument dont le dieu des jardins est toujours armé. +Voy. MENTULA. + +(N) PANNUCEA MENTULA. Hochet dont les jeunes filles ne peuvent plus +faire usage; instrument hors de service, flétri, ridé. + +(N) PAPILLA, _ae_, f. Le mamelon; la fraise qui termine le sein d'une +femme; les mamelles. _Carpere papillas_, cueillir les pommes d'amour; +mettre la main sous le mouchoir des belles. + + _Forma papillarum quam fuit apta premi!_ + + (_Ovid._) + +(N) PARATUS, _a, um_. Prêt à faire plaisir aux dames. + +(N) PARCERE LATERI. _Juv._ Faire le paresseux; dormir auprès d'une +femme, au lieu de s'occuper à lui faire plaisir. + +(N) PATENS, _tis_, _omn. gen._ Ouvert. En amour il ne faut pas être trop +ouvert. + +PATHICUS, _i_, m. _Juv._; PATHICUS, _a, um_. _Juv._ Qui souffre qu'on le +Ganymédise; qu'on emploie à l'office amoureux de Ganymède[179]. + + [179] Synonymes: _mollis, facilis_. Sénèque nous apprend qu'on + connaissait un homme de cette espèce à la manière dont il se + grattait la tête: _uno digito scalpit caput_ était passé en proverbe + à cet égard. + +PATHICA PUELLA. _Priap._ Jeune fille qu'on Ganymédise; une jeune enfant +qu'on fait servir de Ganymède; fille dont on se sert comme d'un jeune +garçon qu'on emploie pour une fille. + +PATHICISSIMUS, _a, um_. _Mart._ Qui se souffre employer à tout ce que +peut demander une passion déréglée. + +PATIENTIAE MULIEBRIS LEGEM ACCIPERE. _Petr._ Supporter les fatigues où +le beau sexe s'expose lorsqu'il entre dans la milice amoureuse. + +PATI CONCUBITUS. _Ovid._ Souffrir les caresses du lit[180]. + + [180] Ne pas repousser le plaisir. _Pathicus_ en dérive. + +PATI TANGI. _Ovid._ Se laisser patiner; se souffrir manier; vouloir bien +être tâtonnée. + +PATRANS, _tis_, _omn. gen._ _Pers._ Qui fait ce qu'on appelle faire; qui +travaille à l'ouvrage naturel; qui fait l'action. + +PATRANS OCELLUS. _Pers._ Un oeil mourant de plaisir. + +PATRATIO, _onis_, f. _Cornut._ L'accomplissement de ce qu'on appelle +l'action; le travail amoureux; l'exercice de Vénus. + +PATRATOR, _oris_, m. _Tac._ Un faiseur; un artiste amoureux. + +PATRO, _are_. _Sall._ Ce qu'on appelle faire; se mettre à l'ouvrage +naturel; s'exercer au travail amoureux; faire l'action. + +(N) PECULIO, _are_. Entrer au petit magasin d'amour; jouir +amoureusement. + +PECULIUM, _ii_, n. _Petr._ Le magasin d'amour et sa marchandise. + +PECULIUM PROLATUM. _Petr._ Marchandise amoureuse étalée. + +PECULII MAJORIS HOMINES. _Lampr._ Les hommes les mieux fournis; les +substituts de Priape. + +(N) PELLEX, _icis_, f. Fille commode; concubine; femme entretenue; femme +galante dont la physionomie et les grâces attirent les hommes. + +(N) PELLICATUS, _us_, m. Concubinage. + +PENIS, _is_, m. _Cic._ La queue des animaux, tant raisonnables +qu'irraisonnables[181]. + + [181] Le battant de la cloche d'amour. Voy. MENTULA. _Agere inter + viscera penem._ _Juv._ S'amuser au jeu contre nature. + +PENI DEDITI ADOLESCENTES. _Cic._ Jeunes gens qui s'en prennent à +eux-mêmes quand la passion les presse[182]. + + [182] Disciples de Narcisse et d'Hippolyte. + +PENSILIA, _ium_, n. _Priap._ Le paquet d'amour; l'aiguille et les +contrepoids de l'horloge amoureuse[183]. + + [183] Les trois pendards masculins; les trois pièces. + +(N) PERAGERE VIRUM AUT MULIEREM. Jouir d'un homme ou d'une femme; se +prêter aux désirs amoureux. + +(N) PERCIDO, _ere_; PERCISUS, _a, um_; PRAECIDO, _ere_; & PRAECISUS. +C'est à peu près la même signification que _perforare_, mais il +s'applique aux hommes plutôt qu'aux femmes. _Puer percisus, virgo +perforata_, sont deux individus violés, chez qui l'on est entré de +force. + +PERDEPSO, _is, ere_. _Catull._ Pétrir vigoureusement dans le pétrin +naturel. + +(N) PERDUCO, _ere_. Conduire une femme contre sa volonté chez un +amateur; la tromper; la produire contre son intention. + +PERDUCTATIO, _onis_, f. Maquerellage. + +PERDUCTATOR, _oris_, m. Voy. PERDUCTOR. + +PERDUCTO, _are_. _Plaut._ Maquereller. + +PERDUCTOR, _oris_, m. _Cic._ Courtier d'amour; pourvoyeur de Vénus; +maquignon de plaisirs; appareilleur de coeurs; conciliateur de volontés +amoureuses. + +PERFICIO, _is, ere_. _Jul. Cap._ Achever une besogne qu'on voudrait +toujours recommencer. + +(N) PERFORO, _are_. Entrer de force; faire un trou plus grand qu'il +n'était; dépuceler; jouir amoureusement. Le dieu des jardins menaçait +les voleurs de tout sexe de leur faire subir cette peine: aussi était-il +souvent volé. + +PERIRE MULIEREM. Ces deux mots sont marqués dans le _Dictionnaire_ de +Danet pour être de Plaute. Ils n'en sont pas; mais ils se trouvent dans +le premier vers de l'argument acrostiche du _Truculentus_ de Plaute. Ces +arguments acrostiches des comédies de Plaute sont ordinairement +attribués à Priscien, qui aurait fait une faute dans cette construction, +s'il avait entendu se servir de _perire_ dans le sens ordinaire. Il a +prétendu rire, et, pour cadrer à son jeu, il a fait un verbe de _per_ et +de _ire_, aller au travers: pour peu qu'on y ait été en sa vie, on +entendra bien ce que signifie _perire mulierem_[184]. + + [184] Traverser le beau sexe. Voy. PERAGERE. + +PERMOLENDUS, _a, um_. _Plaut._ A qui il faut faire broyer le vermillon +de Vénus. + +PERMOLITOR, _oris_, m. _Plaut._ Qui moud et fait moudre amoureusement +sous soi. + +PERMOLO, _is, ere_. _Hor._ Moudre et faire moudre amoureusement sous +soi; broyer le vermillon de Vénus[185]. + + [185] _Permolere uxores alienas_: caresser la femme d'autrui; pondre + dans un nid qui n'est pas le sien; ensemencer un champ que d'autres + labourent. + +PERPELLO, _ere_. _Ter._ Faire tomber à la renverse sans risque de +blessure[186]. + + [186] Sur le dos, et comme il faut que tombe toute fille. + +PERPULIT MIHI PUDICITIAM PRIMUS. _Plaut._ Il m'a dépucelée; il a eu mon +pucelage; il a eu ma fleur; il est le premier qui m'ait entamée. + +PERTUNDA, _ae_. La déesse qui présidait à l'attaque d'un pucelage; la +présidente au premier assaut nuptial[187]. + + [187] _Pertundere tunicam tentigine_: sentir l'aiguillon d'amour. + +PHALLAGOGIA, _orum_, n. Les fêtes de Bacchus et de Priape. + +PHALLICA, _orum_, n. Les mystères de Bacchus et de Priape. + +PHALLICUS, _a, um_. Qui concerne le laboureur du champ de Nature; ou: +qui concerne le symbole de la fécondité de la Nature. + +PHALLICUM CARMEN. Hymne, poème, chanson à la louange de l'instrument de +la vie animale, qu'on chantait aux processions en l'honneur de Bacchus, +de Priape ou d'Osiris. + +PHALLOPHORI, _orum_, m. _Cic._ Ceux qui portaient la représentation du +dieu Priape, ou du laboureur naturel, à la procession des fêtes d'Osiris +en Égypte, et à celle des fêtes de Bacchus et de Priape à Athènes; ou: +ceux qui portaient ce symbole de fécondité pendu au col dans le temps de +la célébration de ces fêtes[188]. + + [188] Les chevaliers de l'ordre de Cupidon. On trouvera dans Apulée le + détail de ces fêtes et de ces cérémonies obscènes dont les prêtres + Phallophores avaient la direction. + +PHALLOPHORIA, _orum_, n. Procession en Égypte aux fêtes d'Osiris, et à +Athènes aux fêtes de Bacchus et de Priape, où le symbole de la fécondité +naturelle était porté en pompe au bout d'un bâton. + +PHALLOPOTES, _ae_, m. f. _Jul. Cap._ Qui boit dans un Priape de verre, +ou d'autre matière[189]. + + [189] On a vu plus haut que les Anciens avaient des pains de même + figure. + +PHALLOVITROBOLUS, _i_, m. _Jul. Cap._ Priape de verre qui sert de tasse. + +PHALLUS, _i_, m. Figure du laboureur naturel, faite de bois de figuier, +que portaient pendue au col ceux et celles qui célébraient en Égypte les +fêtes d'Osiris, et à Athènes celles de Bacchus et de Priape, et qu'on +portait aussi en pompe au bout d'un bâton aux processions qui se +faisaient alors[190]. + + [190] Le Phallus est encore adoré chez les Chrétiens par beaucoup de + filles recluses, de vierges timides et de veuves qui craignent les + suites des plaisirs amoureux. Le pessaire, le godemiché et le + Phallus des Anciens ne font qu'un. + +(N) PHICIDISSO, _are_. _Suet._ Employer de jeunes chiens à lécher les +testicules. Ce mot vient du Grec. + +(N) PHOENICISSO, _are_. L'une des hérésies des libertins. V. le mot +LIGURIRE NATURAM MULIEBREM, et celui DEMITTERE CAPUT; c'est la même +chose que _Lesbiare_. Les Phéniciens différaient des Lesbiens, en ce que +les premiers se rougissaient les lèvres pour mieux imiter l'entrée du +sanctuaire de l'amour: les Lesbiens, au contraire, n'y mettaient d'autre +fard que l'empreinte des libations amoureuses qui les rendaient +blanches: _demisso labra notata sero_ (_Catull._). Chaque peuple et +chaque individu a son goût favori en amour, et il n'y a rien dont un +homme usé de débauche ne s'avise pour ranimer la langueur de ses sens. +Mais autant de tentatives de ce genre, autant de pas faits vers la mort, +ou l'imbécillité, qui est un état plus affreux. + +PHORMISIUM, _ii_, n. Voy. CUNNUS. + +PHYSSIONUS, _a, um_. Pour qui la Nature a été prodigue, ou avare, selon +les besoins qu'en ont les deux sexes dans les plaisirs mutuels. + +(N) PIPINNA, _ae_, f. Joli diminutif d'un nom qui ne manque pas de +synonymes. Nous avons en Français le même nom, à peu de chose près. Voy. +MENTULA. + +(N) PODEX, _icis_, m. C'est le contraire de _cunnus_; mais il y a des +gens qui se plaisent à rapprocher les contraires, et pour qui tout est +bon, lorsqu'ils sont tourmentés du désir charnel. Une chose singulière, +c'est que chaque homme tient à la partie qu'il préfère avec beaucoup +d'obstination, et qu'il est presque impossible de convertir un hérétique +en amour. Synonyme: _luteum symplegadis antrum_. + +(N) POLLA, _ae_, f. _Mart._ Il paraît que les commentateurs et les +lexicographes Latins n'ont pas connu la signification de ce mot, qui +doit avoir de l'analogie avec MENTULA. + +(N) POLLUO, _ere_. Tacher son linge ou celui d'autrui; tuer des hommes +avant leur naissance; tromper la nature; abuser de sa main, de ses +doigts, ou de la bouche de quelques gens commodes; céder trop vite à ses +désirs; y succomber trop tôt. + +(N) POLYGITON, _onis_, m. Archibougre; archilibertin; dictateur en +crapule, en Sodomie. + +POMUM, _i_, n. Voy. COLEUS. + +PONDUS, _eris_, n. _Hor._ Le poids de la virilité; le paquet +d'amour[191]. + + [191] Voy. PENSILIA, JUDAEUM PONDUS. + +(N) POPPYSMA CUNNI. Le cliquetis des armes de Cupidon, lorsque le dard +remue dans le fourreau naturel. C'est, pour la bouche, le sifflement du +baiser, le bruit qu'on entend quand deux amants s'embrassent bien +tendrement. + +PORCA, _ae_, f. _Varr._ Le conin des petites filles (parce que c'est une +victime digne d'être immolée par celui qui aime, de même que les +nouveaux mariés immolaient un porc, et ceux qui concluaient une paix +immolaient une truie). + +(N) POSTICA PRAELIA. Combat Socratique, pendant lequel les combattants +ne se regardent jamais en face. + +(N) POTIOR, _iri_, dép. Jouir. C'est en amour le bien suprême et la +source du bonheur. + +POTUS, _i_, m. _Virg._ Catamite; Ganymède; bardache. + +(N) PRAEBERE SE. Accorder ses faveurs; se livrer; consentir aux désirs +de quelqu'un. Voy. DO. + +PRAECIDO, _ere_. _Mart._ Voy. PAEDICO. + +PRAECISUS, _a, um_. _Sen._ Voy. PATHICUS. + +(N) PRAEMIA COXAE TOLERE. Remporter le prix de la lubricité. + +PRAEPUTIO, _are_. Jouer du prépuce. Ou: se jouer du prépuce. + +PRAEPUTIUM, _ii_, n. _Juv._ Prépuce: la barrette de Priape; le capuce du +dieu des jardins; le bonnet du laboureur naturel. + +PRAEPUTIA DUCERE. _Juv._ Jouer du prépuce; se conduire au plaisir par la +main; s'en prendre à soi-même pour apaiser son ardeur. Ou: se jouer du +prépuce; conduire au plaisir par la main; coiffer et décoiffer Priape de +moment en moment[192]. + + [192] M. Dussaulx dit que c'est amortir ses désirs impatients. + +PREMA, _ae_, f. Une des divinités du lit nuptial qui présidait aux +saccades amoureuses; la déesse qui avait l'intendance sur l'ouvrage des +foulons amoureux; la déesse de Bourre-fort. + +PREMO, _ere_. Fouler amoureusement. + +PRIAPISCUS, _a, um_. Fait en manière de Priape. + +PRIAPISCUS, _i_, m. Le refouloir des tribades: un clitoris démesuré. + +PRIAPISMUS, _i_, m. Priapisme: maladie qui cause une tension douloureuse +et continuelle du membre génital. + +PRIAPOLITHUS, _i_, m. Sorte de caillou blanchâtre formé par la Nature en +figure de Priape, et dont le canal est représenté par une veine de +cristal très pur. Quelquefois on le trouve aussi garni de ses +contre-poids. Il y en a de droits, de courbés, et d'autres qui +paraissent comme rongés par des chancres; le gland y est marqué. Ces +sortes de cailloux se trouvent, dit Borel, près de Castres en Albigeois. +Il y en a aussi d'autres qui ont la figure du jardin de nature +animale[193]. + + [193] Une plante, dont j'ai oublié le nom, a la même forme. Ce sont + des jeux de la Nature, qui n'ont aucun mérite en comparaison de + l'original. + +PRIAPUS, _i_, m. _Ovid._ Priape, le dieu des jardins naturels et +artificiels. Ou (_Juven._): le laboureur naturel; le membre par +excellence[194]. + + [194] Le dépuceleur banal; le fléau des pucelages. Voici ses + synonymes: _Ruber hortorum deus, rigidus deus, salax deus, + ithyphallus, triphallus, ligneus hortorum custos, rari nemoris + custos_. _Ululare Priapum_: invoquer Priape. + +(N) PRIAPUS VITREUS. Verre à boire représentant la forme d'un Priape. + +(N) PROCAX FASCINUM. Un bel échantillon de virilité. + +(N) PRODUCO, _ere_. Produire dans le monde; annoncer une jeune fille que +l'on veut livrer pour de l'argent aux désirs des amateurs. C'est un +synonyme de PROSTITUERE. + +(N) PROPUDIUM FISSILE. La partie soi-disant honteuse des dames: car, +plus cette partie est jolie, moins elle doit craindre la honte. +_Propudium de viris dicitur, libidines de foeminis_ (_Plaut._): un +adjectif ajouté à un nom détermine son application à l'un ou l'autre +sexe; l'adjectif _fissile_, joint à _propudium_, fait ici connaître +qu'il s'agit d'un instrument féminin. + +PROSTERNO, _ere_. _Catull._ Prostituer; abandonner à tous venants; faire +litière. + +PROSTERNERE SORORES EXOLETIS SUIS. _Suet._ Prostituer ses soeurs à ses +mignons[195]. + + [195] C'est un joli métier, digne des empereurs Romains et des gens de + Cour, qui sacrifient tout à la fortune. + +PROSTIBILIS, m. f. _le_, n. _is_, gén. _Plaut._ Prostitué; abandonné à +tous venants. + +PROSTIBULA, _ae_, f. _Plaut._ Prostituée; abandonnée à tous venants. + +PROSTIBULATUS, _a, um_. Prostitué. + +PROSTIBULUM, _i_, n. _Plaut._ Lieu de prostitution. Ou: voy. +PROSTIBULA[196]. + + [196] _Prostibula_, mis comme pluriel de _prostibulum_, signifie la + même chose, mais en collection. Voy. LUPANAR. + +PROSTIBULUS, _a, um_. Prostitué. + +PROSTITUERE SE TOTO CORPORE. _Catull._ Abandonner son corps à toutes +sortes de lubricités; se livrer tout entier à la prostitution. + +PROSTITUTA, _ae_, f. _Sen._ Prostituée; abandonnée à tous venants. + +PROSTITUTUS, _a, um_. _Plin._ Prostitué; abandonné à tous. + +PROSTO, _are_. _Juv._ Se prostituer; s'abandonner à tous venants; être +toujours prêt à être mis en oeuvre; être prostitué; être abandonné à +tous[197]. + + [197] + + _... Nam quo non prostat foemina templo?_ + + (_Juven._) + + Voy. PROSTERNO, PROSTITUERE SE. Le _stare in carcere fornicis_ de + Juvénal exprime la même chose. + +PROSTARE IN LOCIS OCCULTIS. _Plaut._ S'exposer à tous venants en des +lieux secrets. + +PROSTRATUS, _a, um_. _Suet._ Prostitué, abandonné à tous; exposé au +premier venu. + +PROSTRATA REGI PUDICITIA. _Suet._ Pudicité prostituée au roi[198]. + + [198] Sacrifiée au rang. + +PROSTRO, _are_. Voy. PROSTITUO. + +(N) PRURIGO, _inis_, f.; PRURITUS, _us_, m. Sensation délicieuse et +parfois gênante, selon les tempéraments; chatouillement; érection. + +(N) PRURIO, _ire_. Chatouiller; exciter au jeu d'amour. + +PSOLE, _es_, f. Voy. MENTULA. + +(N) PSOTION, _onis_, m.; PSOTOENTA, _ae_, m. _Priap._ L'architecte du +genre humain. Ce mot vient du Grec. + +PTERYGOMATA, _um_, n. Les lèvres de la bouche perpendiculaire; les bords +du bassin amoureux. Ou: les nymphes; les dames des eaux du palais de +Vénus; les ailes, les ailerons que l'Amour applique quelquefois à son +caducée. + +PUBERALE, _is_, n. Le mont de Vénus; la motte; le pénil. + +PUBES, _is_, f. _Cic._ Le poil qui couvre le mont de Vénus[199]. Ou +(_Virg._): Voy. CUNNUS. + + [199] Ou qui se trouve à l'origine des parties génératives de l'homme. + +PUBES, _eris_, _omn. gen._ _Cic._ A qui le poil follet commence à +couvrir le mont de Vénus; qui entre en puberté. + +PUBIS, _is_, f. _Prud._ Voy. PUBES. + +PUDENDA, _orum_, n. Les parties de la pudeur[200]. + + [200] C'est un terme d'anatomie. + +PUDENDAGRA, _ae_, f. La vérole, le mal de Naples; ou: chancre aux +parties de la génération, etc.; maladie qui rend véritablement honteuses +les parties qu'elle attaque. + +PUDENDUM, _i_, n. La partie de la pudeur[201]. + + [201] Celle que l'on cache pour en doubler le prix lorsqu'on la + montre. + +(N) PUDOR, _oris_, m. La pudeur, le fard du beau sexe. _Pudorem pellere, +vel ponere_: oublier la pudeur. Il n'y a rien de plus agréable pour un +homme, que de causer cet oubli pour quelques instants. Elle revient chez +certaines femmes, mais il y en a qui s'en privent, par goût: ce ne sont +pas les plus aimables. + +PUELLA EXPERTA VIRUM. _Hor._ Fille qui a éprouvé ce que vaut un homme en +amour; belle qui a goûté des fruits de l'amour[202]. + + [202] Qui sait à quoi s'en tenir sur les mystères de la nature. + _Puella procax_ (_Ovid._): fille agaçante, et dont l'aimable + vivacité excite le désir du combat amoureux. + +PUELLASCO, _ere_. _Varr._ S'efféminer; prendre des airs de fille; +contrefaire la fillette; imiter les jeunes filles; faire la poulette; +faire la mignarde, la pouponne; se mignarder[203]. + + [203] _Quod non solum innubae fiunt communes, sed etiam veteres + puellascunt, et multi pueri puellascunt (Fragmentum ex M. T. + Varrone)._ + +PUELLITOR, _ari_, dép. _Laber._ Clitoriser; jouer du clitoris; badiner +au clitoris; folâtrer du bout du doigt avec une jeune fille; chatouiller +au bel endroit; jouer du bout du doigt à la manière des jeunes filles. + +PUER, _i_, m. _Mart._ Un jeune mignon; un Ganymède[204]. + + [204] Les jeunes esclaves mâles avaient souvent, chez les Anciens, le + bonheur de plaire à leurs maîtres par cette sorte de complaisance. + Les Grecs et les Romains menaient de front l'amour de la femme et de + l'homme; et ceux-ci avaient souvent la préférence sur les femmes, + quoique, pour plaire à leurs amants ou à leurs maris, elles se + prêtassent souvent à leurs sales fantaisies. + + _Divisit Natura mares: pars una puellis, + Una viris genita est..._ + + dit Martial. Je ne crois pas que Buffon, qui a mieux étudié que lui + la nature humaine, ait été de cet avis. + + _Pusio_ est synonyme de _puer_. Lisez le nº VI dans les _Monuments + de la vie privée des Césars_, pages 21 à 24. + +(N) PUERA, _ae_, f. Fille qui oublie son sexe et qui sert de Ganymède. + +PUERARIUS, _ii_, Voy. PAEDICO. + +PULLARIA, _ae_, f. _Plaut._ Main qui patine, qui farfouille[205]. + + [205] Qui chiffonne. + +PULLARIAM FACERE. _Petr._ Patiner; farfouiller. + +PULLARIUS, _ii_, PULLIPREMO, _onis_, Voy. PAEDICO. + +PULLUS, _i_, m. _Fest._ Mignon; Ganymède; bardache[206]. + + [206] Mon poulet: c'est le nom que l'on donnait à son mignon. + +(N) PUSIO, _onis_, m. Jeune garçon; jeune esclave mâle réservé pour la +couche du maître. Voy. PUER. + +PUTA, _ae_, f. _Hor._ La conque amoureuse[207]. + + [207] Virgile a dit _putus_ pour désigner un Giton. + +PUTILLA, _ae_, f. _Hor._ Un conichon; un conin; une coniche. + +PUTILLUS, _i_, m. _Plaut._ Une courte; une guigi; une margot; une gotte. + +(N) PYGAE, _arum_, f.; NATES, _ium_, f.; CLUNES, _ium_, f. Ce sont trois +synonymes pour dire la même chose. En Français: les fesses, ou les +coussins d'amour. + +PYGIACA SACRA. _Petr._ PYGIACA, _orum_, n. Le combat des fesses. Ou: les +fêtes de Vénus antistrophe; ou: ses mystères postérieurs; l'exercice de +l'art subtil. + +PYGISMA, _tis_, n. Voy. PAEDICATIO. + +PYGISTA, _ae_, m; PYGISTES, _ae_, m. Voy. PAEDICO. + +(N) PYRAMIS TENTA LIBIDINOSA NERVOS. La pique d'amour dans toute sa +raideur. + +PYTISMA, _tis_, n. _Juv._ Onction avec du crachat pour faire couler; +liniment avec du crachat pour faire glisser; enduit de crachat pour +faciliter l'introduction[208]. + + [208] Chez les jeunes filles trop étroites. Les femmes cessent trop + tôt d'avoir besoin de ce liniment. + + + + +Q + + +(N) QUADRUPUS, _odis_, m. f. L'androgyne; le genre humain faisant la +bête à quatre pieds, la bête à deux dos. + + + + +R + + +RADIUS, _ii_, m. Le rayon de la géométrie d'amour. + +(N) RAMUS, _i_, m. Le rameau pacificateur entre mari et femme, entre +amant et maîtresse; l'arbre de vie. Voy. HASTA, MENTULA. Ausone, dans +son _Cento nuptialis_, a plaisamment parodié le vers de Virgile en +disant de l'époux prêt à livrer le premier assaut: _aperit ramum qui +veste latebat_. + +(N) REN, _renis_, m. _Auson._ Il prend les reins pour la matrice, par +licence poétique: + + _Utere rene tuo: casta puella anus est._ + +C'est un précepte très humain, que celui qui prescrit de faire usage des +membres et des biens qu'on reçoit de la Nature; mais le mot, dans le +vers cité, est obscène par l'idée qu'il présente. + +(N) RESOLUTA FOEMINA. _Ovid._ Femme en attitude de combat. + +RESUPINANDUS, _a, um_. _Cels._ Qu'il faut coucher le ventre en haut; +qu'on doit renverser sur le dos; à qui l'on doit faire voir la feuille à +l'envers. + +RESUPINATUS, _a, um_. _Juv._ Voy. RESUPINUS. + +RESUPINO, _are_. _Liv._ Coucher le ventre en haut; renverser sur le dos. +Ou (_Juv._): faire voir la feuille à l'envers. + +RESUPINUS, _a, um_. _Ovid._ Couché le ventre en haut; renversé sur le +dos; à qui l'on fait voir la feuille à l'envers. Ou (_Quintil._): mou, +efféminé. + +RETRO AGERE ALIQUEM. _Plin._ Faire travailler quelqu'un du derrière; +Ganymédiser quelqu'un; aiguillonner quelqu'un postérieurement. + +(N) RIGIDUS DEUS. Priape, le dieu le plus ferme. _Rigere_ ou _arrigere_ +servent, dans le style licencieux, à exprimer le mouvement naturel qui +fait qu'un homme se trouve capable d'en créer un autre. + +(N) RUMPERE LATUS IN VENERE. Se fatiguer au jeu d'amour; ne pouvoir plus +remuer les reins. _Rumpi tentigine_, être en proie aux plus violents +désirs. + +(N) RUSTICUS, _a, um_. En style amoureux, c'est celui qui va trop vite +au fait, sans préliminaires ni consentement. + + + + +S + + +SACANDRUS, _i_, m. La partie qui mérite des saccades amoureuses. + +SAGITTATA OSCULA. _Plaut._ Des baisers à la pigeonne; baisers où les +coups de langue vont dru[209]. + + [209] Où les langues se dardent. + +(N) SALACITAS, _atis_. f. Extrême lubricité. + +SALAPUTIUM, _ii_, n. Voy. PUTILLUS. + +(N) SALAX, _acis_. De _salire_: celui que la Nature rend très habile au +jeu d'amour. _Salax deus_, Priape, dieu de l'impureté; _salax eruca_, la +roquette, herbe aphrodisiaque ou qui excite à l'amour. + +(N) SALIO, _ire_. Monter à l'assaut; couvrir la femelle (ce qui se dit +des animaux). _Vox saliente libidine_: cri que le plaisir arrache à qui +jouit passionnément. + +SALMACIDA SPOLIA. _Cic._ Une victoire amoureuse. + +SALTUS, _us_, m. _Plaut._ Le bocage amoureux; la garenne d'amour; le +bosquet de Vénus; le taillis où l'Amour va giboyer. + +SARABUS, _i_, m.; SARON, _i_, n. Voy. CUNNUS. + +(N) SAVIARI (_pro_ SUAVIARI). S'embrasser avec tendresse. + +SCATINIA LEX. Loi faite contre les professeurs de l'art subtil et contre +leurs disciples. + +(N) SCELERARE TEMPLA. Profaner, souiller les temples par des actes de +lubricité. + +SCHEMA, _ae_. f. _Suet._ Manière particulière d'embrasser +homocentriquement; la manière de faire cela. + +(N) SCEPTRUM, _i_, n. Le sceptre d'Amour; voy. MENTULA. + +(N) SCHOENICULA, _ae_, f. Courtisane; prostituée. + +(N) SCINDO, _ere_. Rompre et déchirer tous les obstacles qui s'opposent +à la jouissance; enlever un pucelage; forcer les barrières de la +volupté. + +SCORTATIO, _onis_. Voy. SCORTATUS. + +SCORTATOR, _oris_, m. _Cic._ Qui aime les filles de joie; putassier; +bordelier; coureur de garces. + +SCORTATUS, _us_, m. _Apul._ Inclination pour les filles de joie; ou: +l'exercice qu'on fait faire aux filles de commodité; ou: leur +fréquentation. + +SCORTILLUM, _i_, n. _Catull._; SCORTISCUM, _i_, n. Une jeune fille de +joie; une petite garce[210]. + + [210] Ou: une fille de joie pour le petit peuple. + +SCORTOR, _ari_. dép. _Ter._ Courir les filles de joie; fréquenter les +filles de commodité; hanter les maisons de plaisir; ou: mettre en +exercice les filles commodes; faire travailler les filles de Vénus. + +SCORTUM, _i_, n. _Cic._ Fille de joie; fille commune. Ou (_Suet._): un +Ganymède. + +SCORTUS, _i_, m. Voy. CINAEDUS. + +(N) SCROBS VIRGINALIS. La fossette naturelle chez les dames; le puits +d'amour. Voy. CUNNUS. + +SECUTULEIA, _ae_, f. _Petr._ Celle qui recherche les caresses de +l'homme; belle de haut appétit; personne âpre à la curée[211]. + + [211] Femme à tempérament. + +SELINON, _i_, n. Voy. CUNNUS. + +(N) SEMEN HUMANUM. La graine d'hommes; la liqueur générative dont +l'expansion est le but que la Nature se propose dans le déduit amoureux. + +(N) SEMINALE MEMBRUM. La gerbe d'amour. Voy. MENTULA. + +(N) SEMIVIR, _i_, m. Eunuque; prêtre de Cybèle. + +SICULA, _ae_, f. _Catull._ La dague amoureuse[212]. + + [212] _Parva sica._ + +(N) SIPHNIASSO, _are_. _Plin._ Fantaisie lubrique en usage parmi les +anciens habitants de Siphno, l'une des îles Cyclades. Érasme dit que +c'est _manum admovere postico_: aider les plaisirs du devant par ceux du +derrière. + +(N) SOCRATES; SOCRATICI DISCIPULI. Tous ces messieurs les Sages, en +fuyant la compagnie des femmes, en déclamant contre leurs défauts et +contre l'amour, ont donné pour la plupart dans des accès bien plus +répréhensibles. La nature ne perd jamais ses droits, et encore moins +qu'ailleurs dans des climats brûlants. + +(N) SOLLICITARE INGUINA. Réveiller le chat qui dort; irriter les désirs +charnels. + +(N) SOTADES, _is_, m. Sotadès, poète de Mantinée, le premier qui ait +écrit sur l'amour Grec ou l'amour malhonnête et contre nature. + +(N) SPADO, _onis_, m. Eunuque: homme qui n'est plus homme, et qui peut +servir de femme à ceux qui ne les cherchent pas où elles sont, ou les +prennent à rebours lorsqu'ils les trouvent. + +SPATALOCINAEDUS[213], _i_, m. _Petr._ Un joli Ganymède. + + [213] Ou: SPATHALOCINAEDUS. + +SPETLOMA, _atis_, n. Le bruit du concert amoureux. + +SPHINGA, _ae_, f. Voy. MERETRICULA. + +SPHINX, _gis_, f. Voy. MERETRIX. + +SPINTRIA, _ae_, m. _Suet._ Inventeur de nouvelles attitudes amoureuses; +qui trouve en amour des postures inusitées. Ou: Voy. PATHICUS. + +(N) SPONSA TURPIS. Une épouse qu'on ne peut avouer. Les Romains avaient +une sorte de mariage infâme et bien qualifié du nom _turpis_: deux +hommes se mariaient ensemble. Juvénal en parle en plusieurs endroits de +ses Satires, notamment dans la deuxième, vers 134 et suiv. + + _... Quid quaeris? nubit amicus, + Nec multos adhibet. Liceat modo vivere, fient, + Fient ista palam, cupient et in acta referri. + Interea tormentum ingens nubentibus haeret, + Quod nequeunt parere, et partu retinere maritos. + Sed melius, quod nil animis in corpora juris + Natura indulget: steriles moriuntur, et illis + Turgida non prodest condita pyxide Lyde, + Nec prodest agili palmas praebere Luperco._ + +Voyez le mariage de Gracchus avec un musicien, décrit dans la deuxième +Satire, vers 117. + +Néron épousa publiquement Sporus, son Ganymède; et le plaisant de +l'affaire, c'est qu'après l'avoir épousé comme homme, il voulut +décidément lui faire changer de sexe, et tenta pour cela le secours de +la chirurgie et des enfants d'Esculape. Le pauvre Sporus en demeura tout +mutilé: aussi, pourquoi se mariait-il à Néron? + +Martial a parlé de ces noces abominables. Elles se sont, à ce qu'on dit, +renouvelées sous Héliogabale, et sous notre ridicule Henri III, roi +Français de Sodomitique mémoire. + +On a dit plaisamment que Domitien, père de Néron, aurait agi prudemment +en épousant un homme. En effet il n'eût pas eu d'enfant, et la terre +n'eût pas été souillée par l'existence d'un monstre tel que Néron. + +(N) SPORUS, _i_, m. Non d'un eunuque. Voy. SPONSA TURPIS. + +SPURIA, _ae_, f.; SPURIUM, _ii_, n. La coquille des pèlerins d'amour. + +STRUTHEUM, _i_, n.; STRUTHEUS, _i_, m.; & STRUTHIUM, _ii_, n.; STRUTHOS, +_i_, m. L'oiseau d'amour; la racine amoureuse; le moineau de Vénus. + +STULTICEN, _inis_, m. Un poète folâtre; qui ne chante que des +folâtreries. + +STUPRATIO, _onis_, f. _Plaut._ Engagement où l'on met une belle de se +rendre à sa passion; la soumission à ses désirs amoureux qu'on exige de +la complaisance d'une personne; prise de possession de l'honneur d'une +jolie personne; la douce et agréable violence faite aux dames; prise de +corps amoureuse; l'effort auquel les dames succombent avec plaisir. + +STUPRATOR, _oris_, m. _Quintil._ Qui soumet une belle à ses désirs +amoureux; qui fait aux dames une agréable et douce violence; qui pousse +son inclination amoureuse aussi loin qu'elle peut aller; qui engage une +jolie personne à se rendre à sa passion; qui s'empare de ce que les +dames n'osent offrir; qui prend amoureusement possession de l'honneur +d'une belle; qui fait des efforts où les dames succombent avec plaisir; +qui exige la dernière complaisance des belles; qui pousse amoureusement +sa pointe jusqu'au bout; un abatteur de bois remuant; un Poliorcète en +amour. + +STUPRATUS, _a, um_. _Cic._ Qui a laissé prendre une amoureuse possession +de son honneur; qui s'est laissé aller à la passion amoureuse d'autrui; +pris amoureusement au corps; qui a donné les dernières marques de +complaisance en amour; qui a succombé aux efforts amoureux de quelqu'un; +qui s'est donné aux désirs amoureux d'autrui; qui s'est amoureusement +soumis aux inclinations de quelqu'un; dont on a exigé les dernières +faveurs; à qui l'on a fait une amoureuse et douce violence; qui a été +poussé amoureusement à bout; qui a été engagé à se rendre aux +sollicitations amoureuses; qui a souffert des secousses d'amour; qui a +été employé amoureusement hors de l'état de mariage. + +STUPRISEQUESTRA, _ae_, f. _Plaut._ Fille de joie. Ou: appareilleuse. + +STUPRO, _are_. _Plaut._ S'emparer de l'honneur d'une belle; engager une +personne à se rendre à sa passion; prendre amoureusement au corps; +s'attirer les dernières marques de complaisance en amour; soumettre à +ses inclinations amoureuses; faire une amoureuse et douce violence; +exiger les dernières faveurs; faire succomber sous ses efforts amoureux; +pousser amoureusement à bout; prendre une amoureuse possession; engager +à se rendre à ses sollicitations amoureuses; faire céder à ses +empressements amoureux; employer amoureusement hors de l'état de +mariage. + +STUPROSUS, _a, um_. _Val. Max._ Voy. STUPRATOR. + +STUPRUM, _i_, n. _Cic._ Prise de possession de l'honneur d'une fille ou +d'une femme; excès de familiarité amoureuse; l'effort où les dames +succombent avec plaisir; la douce et amoureuse violence faite aux +belles; amoureuse prise de corps; exaction des dernières faveurs; emploi +qu'on fait d'une belle hors de l'état de mariage. + +(N) SUAVIOR, _ari_, dép. S'embrasser, se baiser amoureusement. Voy. +SAVIOR. + +(N) SUAVIUM, _ii_, n. Baiser sur la bouche. Synonymes: _basium, +osculum_. Servius donne l'explication de ces trois mots: _basium_ est le +baiser qu'on donne à une épouse; _suavium_ est celui que l'on donne à +une maîtresse; _osculum_ est le baiser de paternité, ou que les pères et +mères donnent à leurs enfants: c'est aussi le baiser de paix et de +cérémonie. Il y a un gros livre sur les baisers, par Kempius. On peut le +lire lorsque l'on veut approfondir la matière en curieux et en savant: +pour ceux qui ne le sont pas, la chose vaut mieux que le mot. + +SUBACTIO, _onis_, f. _Cic._ L'action de fouler amoureusement; le travail +amoureux qu'on fait faire sous soi. + +SUBACTOR, _oris_, m. _Lampr._ Voy. FUTUTOR. Ou: Voy. PAEDICO. + +SUBACTRIX, _icis_, f. Voy. FRICTRIX. Voy. TRIBAS. + +SUBACTUS, _a, um_. Foulé amoureusement; repassé naturellement ou contre +nature. + +SUBACTUS, _us_, m. _Plin._ Voy. SUBACTIO. + +SUBADMOVERE MARI FOEMINAM. _Colum._ Mettre aux prises le mâle et la +femelle; engager les deux sexes au combat de Vénus. + +SUBAGITATIO, _onis_, f. _Plaut._ Le travail amoureux qu'on fait faire +sous soi; les mouvements qu'on cause à ce qu'on caresse amoureusement; +le branle qu'on donne à l'objet de ses plaisirs; les secousses +amoureuses. + +SUBAGITATOR, _oris_, m.; SUBAGITATRIX, _icis_, f. Qui met en mouvement +l'objet de ses désirs; qui fait travailler amoureusement sous soi; qui +met en branle ce qu'il aime. + +SUBAGITATUS, _a, um_. Qu'on a mis amoureusement en branle; mis en +mouvement amoureux; à qui l'on a donné des secousses amoureuses; qui +travaille amoureusement sous autrui. + +SUBAGITO, _are_. _Plaut._ Faire mouvoir amoureusement sous soi; mettre +en amoureux mouvement; mettre en branle ce qu'on aime; donner des +secousses amoureuses à l'objet de ses plaisirs. + +SUBALARIA NEGOTIA. Affaires amoureuses. + +SUBANS, _tis_, _omn. gen._ _Plin._ Qui refoule amoureusement. Ou: qui +est en amour; qui est en chaleur. + +SUBATIO, _onis_, f.; SUBATUS, _us_, m. _Plin._ Voy. SUBACTIO. Ou: la +chaleur des femelles; le désir du mâle[214]. + + [214] Ce qui se dit plus spécialement des animaux. + +SUBATUS, _a, um_. Qui a été amoureusement refoulé. Voy. SUBAGITATUS. + +SUBIGATRIX, _icis_. f. Voy. SUBIGITATRIX. + +SUBIGENDUS, _a, um_. _Col._ Qu'il faut refouler amoureusement; qu'on +doit faire travailler amoureusement sous soi. + +SUBIGITATRIX, _icis_. f. _Plaut._ Tribade, moderne Sapho. + +SUBIGITO, _are_. _Plaut._ SUBIGO, _ere_. _Cic. Suet._ Refouler +amoureusement; faire travailler amoureusement sous soi; refouler la +charge amoureuse[215]. + + [215] Cela se dit des hommes et des femmes: _Nicomedes Caesarem + subegit_. + +SUBIGUS, _i_, m. Le dieu qui présidait au renversement des belles[216]. + + [216] Aux premiers sacrifices à l'Amour. + +SUBO, _are_. _Plin._ Rechercher le mâle; être en amour; être en +chaleur[217]. Ou (_Hor._): Voy. SUBIGO. + + [217] Se remuer, s'agiter pendant le plaisir amoureux. Voy. SURIO. + +SUBANDO CUBILIA RUMPERE. _Hor._ Enfoncer le lit à force de faire +rage[218]. + + [218] Et de mouvoir le croupion. + +(N) SUBSIDERE MARIBUS. Se dit des femelles des animaux, qui s'arrêtent +et se tiennent fermes pour recevoir le mâle. + +SUBULA, _ae_, f. _Colum._ L'alène de Cupidon. + +SUBULO, _onis_, m. Voy. PAEDICO. + +SUBULO, _are_. Voy. PAEDICO. + +(N) SUBURRANA PUELLA. Fille publique; courtisane; raccrocheuse. La +Suburra est le quartier de Rome où logent toutes les filles publiques. +_Suburrana uxor, vel Summoeniana uxor_: une prostituée, une femme qui se +marie au premier venu pendant un quart d'heure. + +SUCCUBA, _ae_, f. _Ovid._ Concubine; maîtresse; celle dont on a les +faveurs. + +SUCCUBO, _are_. _Apul._ Se soumettre aux caresses amoureuses; travailler +amoureusement sous une personne. + +SUCCUBONEUS, _a, um_. _Titinn._; SUCCUBUS, _a, um_. _Prud._ Qui se +soumet aux caresses amoureuses; qui travaille amoureusement sous autrui. + +SUCCUMBO, _ere_. _Varr._ Voy. SUCCUBO. + +SUCCUMBERE ANTE NUPTIAS QUIBUS & VELLENT. _Varr._ Se soumettre, avant le +mariage, aux caresses de tous ses amants; en donner à tous ceux qui en +veulent avant d'être mariée; ne refuser personne avant ses noces. + +(N) SULCUS, _i_, m. Sillon charmant; fosse d'amour. + +SUPERCUNNUM, _i_. n. Les broussailles du mont de Vénus. + +(N) SURIO, _ire_. Ce mot exprime pour les hommes ce que _subare_ veut +dire des dames. + +(N) SUSTINERE SESE (_scilicet in gaudiis_). Savoir jouir; s'arrêter à +propos pour prolonger le plaisir que l'on peut donner à son amie dans +l'acte Vénérien. Voy. MORARI. + +(N) SYBARITICI LIBELLI. Catéchismes pour les libertins, dans lesquels la +gymnastique lubrique était enseignée avec la plus grande perfection. +Selon Lucien, ils ont pour auteur Hémithéon, natif de Sybaris. + +SYNCOETIUM, _ii_, n. Le paiement des plus vives caresses amoureuses; +l'honoraire en amour; le prix des dernières faveurs. + +SYNUSIA, _ae_, f. La plus intime liaison que puissent avoir ensemble les +deux sexes; la plus étroite union que puissent former deux personnes de +sexe différent. + + + + +T + + +(N) TABELLAE, _arum_, f. Tablettes ou billets doux écrits par des +amants. + +(N) TABELLAE VOTIVAE ET PICTAE. Tablettes où se trouvent peintes toutes +les postures inventées à Lampsaque. Les jeunes filles qui possédaient de +ces tablettes en faisaient hommage à Priape, afin qu'il leur accordât la +réalité. On ne voit pas de ces _ex-voto_ dans les églises Chrétiennes. +Properce a déclamé contre ces tablettes obscènes: + + _Quae manus obscenas depinxit prima tabellas + Et posuit casta turpia visa domo, + Illa puellarum ingenuos corrupit ocellos, + Nequitiaeque suae noluit esse rudes._ + + (_Propert._, II, 5, 19.) + +(N) TACEO, _ere_. Se taire est un acte très simple de sa volonté; mais +quand on se laisse mettre dans la bouche quelque chose d'humain qui +l'emplit, il y a bien force. En ce sens, _tacere_ est synonyme de +_morigerari_, et très obscène. Vossius dit que _tacere_ signifie la même +chose que _irrumari_. + +TAEDAE JURE COIRE. _Ovid._ User des droits de l'Hyménée en faveur du +plaisir; prendre l'ascendant amoureux que donne l'Hymen; se servir +amoureusement des libertés que donne le mariage. + +(N) TANGERE MULIEREM MANIBUS. Faire l'imposition des mains sur une +femme; aller à la découverte du bosquet de Cythère; y faire naître avec +les doigts mille sensations agréables, qui préparent une de ces crises +charmantes qui font perdre la vie pendant quelques minutes. + +TAUROPOLIA, _orum_, n. Le carquois de Cupidon. + +TAURUS, _i_, m. _Fest._ Le laboureur du champ de la Nature. + +(N) TENDO, _ere_. Dans le style lubrique, signifie l'érection causée par +les désirs charnels. _Tendere alutam_ (_Mart._) + +(N) TENER, _era, erum_. Jeune, délicat, agréable, joli, charmant: + + _... Sed tu sane tenerum et puerum te + Et pulchrum, et dignum cyatho coeloque putabas._ + + (_Juven._) + +TENTIGINOSUS, _a, um_. Qui bande toujours son imagination vers les +plaisirs de l'amour. + +TENTIGO, _inis_, f. _Mart._ L'érection, le désir de Vénus. Ou (_Juv._): +Priapisme volontaire, ou involontaire. + +TENTARE DIGITIS LOCA FOEMINARUM. _Colum._ Tâter si les poulettes ont +l'oeuf; mettre les doigts où il n'en faut qu'un bon. + +TENTUM, _i_. n. La tente de la plaie amoureuse. + +TERERE INGUINA. _Juv._ Se donner des branles amoureux[219]. + + [219] Sonder avec la langue l'antre de Cypris. Voy. PHOENICISSO, + LESBIO. + +(N) TESTES, _ium_, m. Les témoins du pouvoir génératif. + +(N) TESTICULI, _orum_, m. Les témoins et les assistants du jeu d'amour. +Ils sont presque toujours deux, et quelquefois trois. + +TESTICULO, _are_; TESTICULOR, _ari_, dép. _Fest._ Donner le mâle aux +femelles. + +(N) THALASSIO, _onis_, m. L'action qui est le premier but du mariage; le +dieu des noces; la chanson nuptiale ou épithalame. Martial a dit: +_Indicare thalassionem manibus libidinosis._ + +(N) THECA, _ae_, f. La boîte ou l'étui dans lequel on serrait toute la +marchandise qui sert à la génération. Il y en avait en métal ou en cuir. +Voy. FIBULA. + +(N) THORUS, _i_, m. Le lit ou le canapé où l'on se livre aux jouissances +de l'amour. + +(N) THYRSUS, _i_, m. Le thyrse d'amour. Voy. MENTULA. + +(N) TOLLERE PEDES. Faire des gambades sur un lit; mettre les gens plus à +leur aise en levant les pieds et les jambes en l'air pendant le combat +amoureux. + +(N) TRABES, _is_, f. Arc-boutant de la génération. Voy. MENTULA. + +(N) TRACTARE MENTULAM. Le beau Narcisse et le sauvage Hippolyte fuyaient +les femmes pour se livrer plus à leur aise à ce plaisir, qui n'en est +plus un lorsqu'il conduit à la mort. C'est l'Onanisme, dont Tissot a +montré tous les dangers. Chacun voit cela à sa manière, et de grands +capitaines assurent que l'Onanisme est nécessaire à la guerre. Moi je +prétends qu'il doit y être rare ou bien ménagé: sans quoi les dames +n'auraient plus de plaisir à recevoir les militaires en quartier +d'hiver, et ces messieurs dépeupleraient le monde de toutes les +manières. + +TRIBAS, _adis_, f. _Mart._ Tribade; moderne Sapho; femme qui entreprend +sur les fonctions viriles auprès de son sexe; clitoriseuse. + +TRIEMBOLUM, _i_. n. Le membre par excellence. + +TRIPHALLUS, _i_, m. _Tibull._ Surnom de Priape, à cause de sa grande +fourniture. Ou: un magnifique sceptre amoureux. + +(N) TRUSO, _are_. Presser vivement l'entrée du palais d'Amour; s'agiter +pour s'y introduire. Vient de _trudere_. + +TUTUNUS, _i_, m. Voy. PRIAPUS. + + + + +U + + +(N) ULCUS, _i_, m. Ulcère ou plaie, que toutes les femmes ont plus ou +moins grande et qu'elles font soigner par les hommes. Cette plaie, fort +heureusement, ne guérit jamais, malgré les visites fréquentes qu'ils y +font. + +(N) ULULARE PRIAPUM. Invoquer Priape; lui demander la réalité des +plaisirs que l'imagination sait peindre. + +UNICOLEUS, _a, um_; UNITESTIS, m. f., _te_, n. Qui n'a qu'un testicule; +qui n'a qu'un témoin amoureux[220]. + + [220] Le nombre n'y fait rien, mais la bonne qualité en fait le + mérite. + +UPUPA, _ae_, f. _Plaut._ Fille de joie; fille de plaisir; fille de +commodité; belle commode; courtisane; fille apprivoisée; fille de Vénus; +fille d'amour. + +UXORCULO, _are_. _Plaut._ Efféminer; rendre efféminé. + + + + +V + + +(N) VALEO, _ere_. Être vigoureux en amour. + +VANNO, _are_. _Lucil._ Jouer du croupion; remuer amoureusement les +fesses. + +(N) VASATUS BENE. Riche des dons de la Nature; bien pourvu de ce qui +fait plaisir aux dames. Voy. MUTONIATUS. + +VELITARI PRAELIIS VENERIS. _Apul._ S'entre-agacer amoureusement; faire +les approches amoureuses; escarmoucher amoureusement. Ou: tâcher de +n'avoir pas le dernier au combat d'amour. + +(N) VELLERE CUNNUM. Arracher la barbe au capucin; s'épiler dans un +endroit secret. C'est une petite coquetterie de femme qui veut passer +pour jeune encore et près de la puberté. Les femmes Turques se rasent en +cet endroit, ce qui rend le jeu plus plaisant. + +(N) VENA TENTA. Marteau d'Amour. Voy. MENTULA. + +VENEREAE RES. _Cic._ Les plaisirs de Vénus; les délices d'Amour; les +voluptés amoureuses. + +VENEREUM ARVUM. _Apul._ Le champ de Vénus; le terrain amoureux; le +territoire d'Amour. + +VENERIPETA, _ae_, m. f. Qui recherche les plaisirs de Vénus. + +VENERIS PER RES JUNGI. _Lucr._ Être unis par les liens les plus étroits +du corps; être joints par les liens d'amour. + +VENERIS MODUM IN ALIQUA SIBI FACERE. _Ovid._ S'acquérir le fonds des +bonnes grâces d'une aimable personne; être le tenant chez une belle; +trouver ses nécessités amoureuses chez une belle. + +VENEREM VENDERE. _Suet._ Vendre des plaisirs qui ne le sont +véritablement que lorsqu'ils sont donnés; faire trafic des faveurs +amoureuses[221]. + + [221] Voici le conseil d'Ovide sur ce point: + + _Parcite, formosae, pretium pro nocte pacisci; + Non habet eventus sordida praeda bonos._ + + Plaute nous donne le portrait du véritable amour dans une jeune + fille qui préfère un baiser de son amant à tous les honneurs et à + toutes les richesses de la terre. + +VENEREM IN ALIAM HABERE. _Apul._ Être sectatrice de Sapho; prendre des +plaisirs à la Lesbienne; vouloir passer pour homme près d'une personne +de son sexe; tribader; contrefaire les fonctions de l'homme auprès de +celles de son sexe. + +VENERIVAGUS, _a, um_. _Varr._ Aventurier d'Amour; qui court le bord en +amour; qui courtiserait jusqu'aux chèvres coiffées; coureur de belles +apprivoisées. + +(N) VENUS, _eris_, f. Vénus, la déesse de la beauté; la mère des Amours; +la fontaine des plaisirs. _Venus Coa_: Vénus libertine: _in triclinio +Coa, in cubiculo Nola_; voy. NOLANI. _Venus ebria_: Vénus crapuleuse. + + _... Quid enim Venus ebria curat? + Inguinis et capitis quae sint discrimina nescit._ + + (_Juven._) + +_Quieta Venus_: Vénus tranquille ou qui aime ses aises. Il y a un mot +plus énergique. + +VENUS FOEMINEA. _Ovid._ Le plus grand plaisir que l'on puisse prendre +avec les femmes; le plus doux plaisir que les belles peuvent causer; le +déduit. + +VENUS FURTIVA. _Ovid._ Les plaisirs que l'on dérobe en amour. + +VEPENIS, _is_, m. _Mart._ Une courte; une guigi; une margot. Ou: un +pauvre engin; un faible outil. + +VERETILLA, _ae_, f. Sorte de coquille de mer qui a une figure Priapique. + +VERETILLUM, _i_, n. _Apul._ Diminutif de _veretrum_. + +VERETILLUM ET VIRGINAL QUAERERE. _Apul._ S'escrimer en amour et d'estoc +et de taille; en vouloir amoureusement aux deux sexes; aimer les grandes +filles et les petits garçons; greffer (en amour) en fente et en écusson; +s'attaquer à Priape et à Vénus. + +VERETRUM, _i_, n. _Suet._ Voy. MENTULA. + +VERETRUM MULIEBRE. _Tert._ Le clitoris. + +VERPA, _ae_, f. _Catull._ Le sceptre humain[222]. Voy. MENTULA. + + [222] Ce mot s'adapte aux instruments naturels dont on a circoncis le + prépuce; c'est pourquoi les Juifs par excellence peuvent être + appelés _verpae, verpi_. Il paraît que les Romains se moquaient des + circoncis. + +VERPULENTUS, _a, um_. V. MENTULATUS. + +VERPUS, _i_, m. _Catull._ Le doigt du milieu du corps. Ou (_Juv._): un +circoncis. + +VERRETRUM, _i_, n. Voy. VERETRUM. + +(N) VESTA, _ae_, f. Déesse du feu, ou le feu lui-même. Comme le feu se +combine sous mille formes, son culte devait être varié. + +(N) VESTALIS, _is_, f. Prêtresse de Vesta. L'auteur de l'_Errotika +Biblion_ assure que le collège des Vestales peut être regardé comme le +plus fameux sérail de tribades qui ait jamais existé; que certaines +parties de leur culte les appelaient à des idées voluptueuses bien +difficiles à concilier avec le voeu de virginité qu'elles prononçaient. +Les Vestales, dit-il, sacrifiaient au dieu _Fascinus_; elles attachaient +l'image de ce dieu aux chars des triomphateurs (voy. FASCINUS); ainsi le +feu sacré qu'elles entretenaient était censé se propager dans l'Empire +par les voies véritablement vivifiantes. Il est certain que plusieurs +des mystères de la religion des Anciens n'étaient autres que les +mystères de la Nature, qui se célébraient en secret par les initiés. + +VIR, _i_, m. _Catull._ La partie qui fait l'homme; le sceptre de +Cupidon. + +VIRGINAL, _is_, n. _Solin._ Pucelage; membrane en quoi il consiste, et +que cependant plusieurs célèbres anatomistes disent n'avoir jamais +vue[223]. + + [223] Ce mot se prend aussi pour toute la partie indicative du sexe + féminin. + +VIRGINAL CONCRETUM. _Solin._ VIRGINAL INTACTUM. _Prud._ Pucelage en son +entier, qui n'est point entamé. + +VIRGINALE, _is_, n. Voy. VIRGINAL. + +VIRILE, _is_, n. _Ovid._ Le membre viril. + +VIRILIA, _ium_, n. _Plin._ Les parties qui marquent la virilité. + +VIRILIORES, _ium_, m. Ceux qui sont les mieux fournis pour l'amour; ceux +qui ont de plus grands talents pour le service des belles. + +VIRILITAS, _atis_, f. _Tac._ La virilité; les parties viriles; ce qui +fait homme l'homme. + +(N) VIROSUS, _a, um_. Passionné pour les hommes. Cela n'est point +obscène dans une femme. + +(N) VIRUS, _i_, n. Se prend, en bonne et en mauvaise part, pour la +liqueur qui s'écoule par l'excès du plaisir ou du mal d'amour. + +(N) VORARE TENTA. Prêter sa bouche à un usage obscène; sucer la flûte de +Cupidon; manger le père des hommes et détruire sa progéniture. _Se ipse +vorare demisso capite_: manger soi-même sa race; c'est le comble du +libertinage et de la folie. + +VULVA, _ae_, f. _Juv._ Le chemin qui conduit à la matrice; le canal qui +mène au plaisir amoureux; le conduit des délices d'amour; la galerie de +Vénus. Selon Pline: la matrice. + + + + +X + + +XANION, _ii_, n. La pièce avec laquelle les femmes se font valoir; ce +qui fait presque tout le mérite des femmes; la pièce avec quoi les dames +croient pouvoir rendre la monnaie de toutes choses[224]. + + [224] Et la rendent en effet. La base principale de leur triomphe sur + les hommes. + + + + +Z + + +ZONAM SOLVERE. _Catull._[225]. Dépuceler; avoir les gants d'une belle; +prendre les premières faveurs[226]. + + [225] Dénouer la ceinture d'une fille. + + [226] Catulle et Agathemerus l'appellent _zonula_: voyez celui-ci dans + son _Hymne à Priape_. Vossius nous dit que les jeunes filles + Romaines emprisonnaient leur virginité au moyen d'une ceinture faite + de cuir, de peau ou de métal, afin qu'elle fût moins fragile; et que + la partie qui touchait la peau était garnie d'une étoffe de laine. + On empêchait aussi par de semblables moyens les jeunes garçons + d'abuser de leur corps. Mais, avec le temps et l'adresse, toutes ces + précautions devenaient inutiles, et chaque partie reprenait les + fonctions qui leur sont naturelles. C'est pourquoi _zonam_ ou + _fibulam solvere_ signifient mettre les jeunes gens à leur aise, les + émanciper. + + +FIN + + +Paris.--Charles UNSINGER, imprimeur, 83, rue du Bac. + + + + + + + +End of the Project Gutenberg EBook of Dictionnaire érotique Latin-Français, by +Nicolas Blondeau and François Noël and Alcide Bonneau + +*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK 57865 *** diff --git a/57865-8.txt b/57865-8.txt deleted file mode 100644 index 150c772..0000000 --- a/57865-8.txt +++ /dev/null @@ -1,6280 +0,0 @@ -The Project Gutenberg EBook of Dictionnaire érotique Latin-Français, by -Nicolas Blondeau and François Noël and Alcide Bonneau - -This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with -almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or -re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included -with this eBook or online at www.gutenberg.org/license - - -Title: Dictionnaire érotique Latin-Français - -Author: Nicolas Blondeau - François Noël - Alcide Bonneau - -Release Date: September 8, 2018 [EBook #57865] - -Language: French - -Character set encoding: ISO-8859-1 - -*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK DICTIONNAIRE ÉROTIQUE *** - - - - -Produced by Laurent Vogel and the Online Distributed -Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was -produced from images generously made available by the -Digital Library at http://library.ibb.net/dlib/) - - - - - - - - - - - DICTIONNAIRE - ÉROTIQUE - LATIN-FRANÇAIS - - PAR - NICOLAS BLONDEAU - Avocat en Parlement, Censeur des livres et Inspecteur de - l'Imprimerie de Trévoux (XVIIe siècle) - - _Édité pour la première fois sur le Manuscrit original - avec des notes et additions de_ - FRANÇOIS NOËL - Inspecteur général de l'Université - - _Précédé d'un_ ESSAI SUR LA LANGUE ÉROTIQUE - Par le Traducteur du _Manuel d'Érotologie_ de Forberg - - [Marque d'imprimeur: SCIENTIA DUCE. IL.] - - PARIS - ISIDORE LISEUX, ÉDITEUR - Rue Bonaparte, nº 25 - - 1885 - - - - -_Tiré à - -trois cent soixante-quinze exemplaires._ - -_Nº 204_ - - - - -AVANT-PROPOS - -DE L'ÉDITEUR - - -Les Amateurs qui veulent bien suivre mes publications se rappellent sans -doute les Adieux dont j'ai fait précéder la _Raffaella_, en Décembre -1884: «Le présent volume,» disais-je, «est peut-être le dernier de son -genre que je mette au jour...; le prochain sera un gros ouvrage de -Théologie.» - -J'étais sincère; j'avais débuté, en 1875, par une oeuvre Théologique, la -_Démonialité_, du P. Sinistrari: je voulais finir saintement, comme -j'avais commencé. - -Et j'ai tenu parole: j'ai donné, tout récemment, une réimpression des -_Divinités génératrices_ de Dulaure, croyant bien m'arrêter sur cette -oeuvre pie. - -Mais ne finit pas qui veut. Or, que faire quand la vie s'obstine et -qu'on n'a pas de goût pour le suicide? Éditer, éditer sans cesse. -Malheureusement, la matière se raréfie, et depuis que d'austères -censeurs, voyant un péril social dans des badinages poétiques du XVIe -siècle imprimés à cent cinquante exemplaires, m'ont traîné sur le banc -des assassins, je suis devenu fort timide. La Théologie elle-même ne me -rassure pas. Si j'essayais de l'Enseignement? Certes, c'est une noble -tâche que de façonner l'esprit de ses semblables, de les initier aux -élégances de cette littérature qui, suivant l'expression d'Ovide, -«_emollit mores, nec sinit esse feros_». Et pouvais-je mieux choisir, -pour inaugurer une nouvelle Bibliothèque d'Éducation, que l'_Aloisia_ de -Chorier, cette incomparable _Civilité juvénile_, ce chef-d'oeuvre Latin -d'un Français du grand siècle: un livre qui, si notre idiome devait -jamais disparaître, lui survivrait avec la langue immortelle dans -laquelle il est écrit? - -J'ai donc publié une édition Latine de l'_Aloisia_, plus correcte, je -puis l'affirmer, qu'aucune de ses devancières. - -Voici maintenant un second ouvrage, un _Dictionarium eroticum -Latino-Gallicum_, qui peut se rattacher au précédent. Il est aussi du -grand siècle, et tout à fait inédit. Son auteur, Pierre-Nicolas -Blondeau, n'est guères connu: du moins les Biographies Michaud et Didot -n'en font pas mention. Mais une Note[1] annexée au Manuscrit, de la main -d'un de ses possesseurs, Hyacinthe-Théodore Baron, ancien doyen de la -Faculté de Médecine de Paris et bibliophile distingué, nous apprend que -Nicolas Blondeau était avocat en Parlement, censeur des livres et -inspecteur de l'imprimerie établie à Trévoux, vers 1695, par le duc du -Maine, et qu'on lui devait le Dictionnaire classique Français-Latin, -connu sous le nom de _Boudot_. D'après d'autres renseignements, ce -dictionnaire de Boudot n'était que l'abrégé d'un grand Dictionnaire -manuscrit, en quatorze volumes in-4º, composé par Nicolas Blondeau et -qui n'a pas été imprimé. - - [1] Voir ci-après, p. XVII. - -Baron étant mort, en 1787, sa volumineuse bibliothèque, dont nous avons -sous les yeux le Catalogue[2] comprenant 6506 numéros, fut mise aux -enchères, et notre Manuscrit, - - _Nº 4495. Petri-Nicolai Blondeau Dictionarium Eroticum - Latino-Gallicum_, pet. in-4º. _Manuscrit, copie autographe mise au - net_, - -adjugé au prix de 34 livres 4 sous. - - [2] Catalogue de la bibliothèque de feu M. Baron, premier Médecin des - Camps et Armées du Roi en Italie et en Allemagne, ancien Doyen de la - Faculté de Médecine de Paris. _Paris_, _Née de la Rochelle_, 1788, - in-8º. - -Quel en fut l'acquéreur immédiat? On l'ignore: mais, deux ans plus tard, -il était préparé pour l'impression, revu, commenté et augmenté, pour -servir d'annexe à un Recueil de Priapées Latines dont voici le titre -projeté, de l'écriture du Commentateur: - - CARMINA ITHYPHALLICA - vel - EROTICA LATINA - - _Quibus accedit Dictionarium Eroticum Latino-Gallicum, continens voces - salaciores apud auctores optimae notae reperiundas, cum eorum - paraphrasi Gallica_ - - _Olim a Petro Nicolao Blondeau, advocato, confectum et in schedis - manuscriptis relictum, nunc revisum et auctum_ - - IN INSULA CYTHERAE - _Typis Amoris_ - 1790 - -On se proposait, en outre, d'en faire un tirage séparé, avec ce titre -spécial: - - DICTIONNAIRE ÉROTIQUE - LATIN-FRANÇAIS - - pour servir à l'intelligence de quelques auteurs de la belle - Latinité, et de Supplément au Dictionnaire dit de _Boudot_ - - A CYTHÈRE - _De l'Imprimerie de l'Amour_ - _L'an deuxième de la Liberté_ - 1791 - -Au verso d'un de ces titres sont de petites notes ou _memoranda_ du -Commentateur, indiquant les ouvrages qu'il devra consulter pour son -édition des _Carmina Ithyphallica_ ou Priapées Latines: - - _Priapeia._ - - _Excerpta ex Anthologia Latina._ - - _Excerpta ex Catullo, Tibullo, Propertio, Phaedro, Ovidio, Lucretio, - Horatio, Martiale, Juvenale._ - - _Pervigilium Veneris._ - - _Ausonii Cupido cruci affixus_; _Cento nuptialis._ - - _Ausonii Rosae idyllium._ - - Vérifier, dans _Baudii Amores_, les pièces anciennes qui peuvent me - convenir. - - Le _Delectus Epigrammatum Latinorum_ diffère-t-il de l'Anthologie de - Burmann? - - Pline le Jeune a écrit quelques vers libres, dont il cherche à - s'excuser dans deux de ses Lettres. Voyez, au 7e livre des Epîtres de - Pline, sa lettre à Pontius. Ausone en parle, mais ces poésies se sont - perdues. - - Apulée a écrit quelques Épigrammes libres, qui se sont perdues; il en - parle dans sa première Apologie de la Magie. - - On dit qu'il a existé des Lettres de Cicéron à Cerellia, qui respirent - tous les feux de l'amour. - - Le poème d'_Io_, par Laevius, ancien poète Latin, s'est perdu; il - avait aussi composé quelques livres sur l'Amour, nommés - _Erotopaegnia_, dont Barthius a adopté le titre pour ses compositions - du même genre. - - On trouve à la fin du _Meursius_ de Barbou des fragments de poésies - libres Latines; mais elles sont modernes. - - Voir _Poetae Latini minores_. - - Je ne prends aucun des vers qui font partie de la Satire de Pétrone, - pour ne pas démembrer cet ouvrage, qui peut se joindre un jour à - celui-ci. - -Avec ces données, il était facile de reconnaître, dans le Commentateur -anonyme de notre Manuscrit, l'auteur du Recueil de Priapées publié à -Paris en 1798, sous le titre d'_Erotopaegnion_[3]: c'est-à-dire François -Noël, professeur de belles-lettres avant la Révolution, et, de 1802 à -1841, date de sa mort, inspecteur général de l'Université. Et comme -j'avais sous la main plusieurs des innombrables autographes et -compilations manuscrites laissés par Noël, l'identité de l'écriture -n'était pas moins facile à constater. - - [3] _Erotopaegnion, sive Priapeia Veterum et Recentiorum, Veneri - jocosae sacrum. Lutetiae Parisiorum, Patris, 1798_, pet. in-8º. - -Jean-François Noël, né en 1755, mort en 1841, est assez connu: il -suffira d'en dire ce qui se rattache plus directement à notre sujet. -Comme la plupart des jeunes gens qui, sous l'ancien Régime, se -destinaient à l'enseignement, il était entré dans les Ordres, et il -occupait une chaire de professeur au collège Louis-le-Grand, lorsque la -Révolution lui ouvrit une voie nouvelle. D'abord chef de bureau au -Ministère des Relations extérieures, il obtint bientôt des postes -diplomatiques, débuta par une mission à Londres en 1792, fut -successivement ministre plénipotentiaire de la République à La Haye et à -Venise (1793 à 1796); puis, rappelé en France, devint membre de la -Commission de l'Instruction publique, commissaire général de police à -Lyon (1800), préfet du Haut-Rhin (1801), enfin inspecteur général de -l'Instruction publique (1802), place qu'il conserva jusqu'à sa mort. Ses -ouvrages, tous relatifs à l'Enseignement, témoignent d'une infatigable -fécondité: _Leçons de Littérature et de Morale, Françaises, Latines, -Latines modernes, Anglaises, Italiennes, Grecques, Allemandes_, -consistant, pour chaque langue, en deux volumes in-8º; _Leçons -Françaises de Philosophie et de Morale_; _Nouveau Dictionnaire des -Inventions et Découvertes_; _Dictionarium Latino-Gallicum_; -_Dictionnaire Français-Latin_; _Philologie Française, ou Dictionnaire -étymologique, critique, historique, anecdotique et littéraire_; -_Dictionnaire historique des personnages de l'Antiquité_; _Dictionnaire -de la Fable_; _Traduction de Catulle et Gallus_; _Abrégé de la Grammaire -Française_ (avec Chapsal), etc. - -Mais ces travaux officiels ne suffisaient pas à son activité. Humaniste -passionné, de la vieille école des Ménage et des La Monnoye, il occupait -ses loisirs à d'incessantes recherches dans des livres rares: anciens -conteurs Latins, Français ou étrangers, épigrammatistes, auteurs de -facéties, qu'il s'amusait à copier par extraits ou même in-extenso. -Outre son _Erotopaegnion_, il fut aussi l'éditeur anonyme des _Poggii -Facetiae_ parues à la même date (1798). Toutefois, ces deux publications -ne représentent qu'une minime partie de ses compilations manuscrites, -J'en possède, comme je l'ai dit plus haut, une notable quantité. C'est, -1º un volumineux Recueil intitulé: _Erycina ridens, seu recentiorum -Poetarum qui Latine cecinerunt Deliciae deliciarum_ (_Venetiae_, 1795): -_Erycina ridens_, en d'autres termes _Venus jocosa_, à laquelle son -_Erotopaegnion_ est dédié; 2º Le _Martial moderne, ou choix d'Épigrammes -tirées des Poètes Latins modernes, depuis la renaissance des lettres -jusqu'à nos jours_; sur le titre, _La Roche-Guyon_, 1827: La Roche-Guyon -est un village près de Mantes (Seine-et-Oise), où Noël avait -probablement sa résidence d'été; 3º _Le Perroquet_, recueil de pièces en -prose et en vers sur cet oiseau, en plusieurs parties: Latine, -Française, Anglaise, Italienne, Orientale; comment expliquer, chez Noël, -cet amour du perroquet, sinon par une sympathie de linguiste? 4º _Basia -variorum, libri IV_; recueil des meilleurs _Baisers_ de Jean Second et -autres imitateurs modernes de Catulle; 5º enfin, _Fabellae Milesiacae_, -ou _Fabellarum Milesiacarum libri, tum erotica et jocosa, tum heroica et -tragica continentes, e veteribus et recentioribus scriptoribus excerpti_ -(_Leropolis_, 1809); six gros volumes in-8º, dont le dernier porte la -date de 1840: Noël avait alors quatre-vingt-cinq ans. - -Il mourut, comme il a été dit, l'année suivante, et sa bibliothèque fut -aussitôt vendue par adjudication, sauf les Manuscrits, qu'il avait -réservés pour son fils, Charles Noël. Le Catalogue de vente[4], composé -de 1555 numéros, dont plusieurs réunissaient jusqu'à vingt ouvrages -différents, présentait, dans une assez petite proportion, ce qu'on est -convenu d'appeler des livres érotiques. Il fit scandale; la pudeur -officielle en fut alarmée, et cent soixante numéros furent «retirés par -ordre». On peut lire, en effet, sur un feuillet de garde de l'exemplaire -conservé à la Bibliothèque Nationale (_Collection Jullien_), les -curieuses annotations suivantes: - - _«Ce Catalogue est remarquable par le grand nombre de livres - licencieux qu'il contient..._ - - _»Et, par ce triste motif, fort cher et fort recherché.»_ - - [4] _Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. Fr. - Noël, ancien conseiller de l'Université, inspecteur général des - études_, etc. Paris, Galliot, 1841, in-8º. - -Puis, d'une autre écriture: - - _«Sur 1555 numéros dont se compose ce singulier et unique Catalogue, - 160 ont été interdits comme contraires aux moeurs; on aurait pu en - trouver davantage.»_ - -Le premier annotateur n'était autre, probablement, que le digne -collectionneur Jullien: on sent le bibliophile tout aise de posséder un -article «fort cher et fort recherché», quitte à gémir sur le «triste -motif» de cette cherté. - -Quant à la seconde note, rédigée sans doute par un fonctionnaire de la -Bibliothèque, elle est digne d'un de nos magistrats, sévères gardiens de -la morale publique. «_On aurait pu en trouver davantage!_» Voyons donc -ce qu'il y avait de si effrayant dans ces cent soixante numéros retirés -par ordre: - -Pour ne rien dissimuler, oui, il y avait deux classiques du genre -proscrit: l'_Arétin Français_ et la _Justine_ en quatre volumes; mais la -grande majorité des autres numéros, c'était des livres comme ceux-ci: - - _Le Système de la Nature_, par d'Holbach; - _La Callipédie_ de Claude Quillet; - _Le Balai_; _la Chandelle d'Arras_; - _Les quatre heures de la Toilette des Dames_; - _La Nuit et le Moment_, par Crébillon fils; - _Opus macaronicum Merlini Coccaii_; - _Les Bigarrures et Touches_ de Tabourot des Accords; - _OEuvres de Tabarin_; - _Le Moyen de parvenir_; - _Aventures de Roquelaure_; - _L'Art de désopiler la rate_; - _Mémoires pour servir à la fête des Fous_, par Du Tilliot; - _Novelle dell' abbate Casti_; - _Traité des Eunuques_, par Ancillon; - _Collection d'ana_: _Scaligerana_, _Chevroeana_, etc. - -Voilà les monstruosités qu'il était défendu à un littérateur de -posséder, sous le règne du bon roi Louis-Philippe. - - * * * * * - -Revenons, en terminant, au Manuscrit qui fait l'objet de cette -publication. - -Noël y avait fondu ses notes et additions, voulant ne donner qu'un seul -texte; mais les idées comme le style du prêtre défroqué de 1791 -n'étaient pas sans disparate avec la manière de penser et d'écrire du -vieux Blondeau: aussi, ai-je préféré distinguer les deux auteurs, en -rejetant au bas des pages ce qui appartient à Noël. Quant au mérite et à -l'utilité de ce Dictionnaire spécial, je laisse à plus compétent que moi -le soin de l'apprécier: je ne puis donc que renvoyer le lecteur à -l'_Essai sur la langue érotique_, travail original et approfondi, qu'on -trouvera ci-après et qui n'est pas la moindre curiosité de ce volume. - -ISIDORE LISEUX. - -Paris, 30 Avril 1885. - -[Dans la version électronique, les entrées de François Noël sont -indiquées par la mention «(N)».] - - - - -NOTE - -D'HYACINTHE-THÉODORE BARON - -Premier Médecin des Camps et des Armées du Roi, - -Ancien Doyen de la Faculté de Médecine de Paris. - - -Un homme de lettres de la fin du dernier siècle[5], composant un petit -Dictionnaire[6], qui a eu la plus grande vogue, avait mis à part les -mots licencieux qui se trouvent dans les différents auteurs Latins. Son -intention était d'en faire un petit Dictionnaire séparé, en y joignant -l'interprétation Française, et des périphrases pour expliquer la -signification des mots de la manière la moins déshonnête qu'il serait -possible; il l'avait intitulé: _Dictionarium vocum obscenarum quae apud -varios authores reperiuntur, ex universali meo decerptum_. - - [5] Me Pierre-Nicolas Blondeau, avocat en Parlement, censeur des - livres et inspecteur de l'Imprimerie que M. le duc du Maine avait - établie à Trévoux, sous l'autorité de M. de Malezieux, chancelier de - la principauté de Dombes. - - [6] Le Dictionnaire vulgairement appelé de _Boudot_, parce que ce - libraire avait acquis le manuscrit de Me Blondeau. - -Ce petit ouvrage manuscrit, de la propre main de l'auteur, a passé -successivement dans le cabinet de plusieurs de ses parents[7], sans -qu'il ait été jamais imprimé, et même sans qu'il en ait été tiré aucune -copie. On a jugé à propos d'en changer le titre, en y substituant le -suivant: _Dictionarium eroticum Latino-Gallicum, continens voces -salaciores apud optimae notae scriptores reperiundas; cum earum -interpretatione Gallica et honesta utcunque periphrasi_. - - [7] Me P.-N. Blondeau demeurait à Paris chez M. Philippe Baron, - apothicaire ordinaire du Roi, mon aïeul, dont il était cousin issu - de germain par Marguerite Blondeau, mère de M. Baron; c'est de cette - manière que le présent Manuscrit m'est parvenu par succession. - - - - -ESSAI - -Sur la Langue Érotique - -PAR LE TRADUCTEUR - -du _Manuel d'Érotologie_ de Forberg - - -Si l'on examine d'un peu près la langue érotique, les termes et -locutions dont elle se compose, tant chez les Anciens que chez les -Modernes, on s'aperçoit que les écrivains puisent les éléments de leur -vocabulaire à trois sources principales. - -Il y a d'abord le mot cru, le terme propre, qui peut maintenant nous -paraître assez malsonnant, mais qui certainement à l'origine ne devait -pas être obscène. L'homme donna un nom à ses parties génitales, à celles -de la femme, à l'acte amoureux, aux sécrétions qui en résultent, comme à -toutes les autres parties du corps, à toutes les autres actions et -sécrétions, sans choquer en rien la pudeur. Les Grecs et les Romains -employaient le mot cru, non seulement entre hommes et dans la -conversation familière, mais publiquement, dans les poèmes, dans les -livres, sur la scène. Aristophane disait le mot et exhibait la chose en -plein théâtre. Horace dit ingénument: _dum futuo_; il parle sans -périphrase des humides résultats d'un songe provoqué chez lui par -l'attente d'une servante d'auberge, dans son voyage à Brindes[8]; ses -invectives à Canidie sont intraduisibles en langage décent. Martial a -encore moins de sans-gêne qu'Horace: il se plaît à étaler en ce genre -des énormités et appelle cela parler Latin, user de la simplicité -Romaine[9]. - - [8] _Sat._, I, 5, v. 85. - - [9] _Qui scis Romana simplicitate loqui_ (XI, 21.) - -Un second élément est puisé dans la langue médicale. Le médecin ne peut -se contenter du mot populaire assigné à tel ou tel organe; le sérieux de -son art ne s'accommoderait pas d'un terme banal ou plaisant et qui fait -rire; de plus, l'anatomie lui a révélé la complexité de cet organe, qui -est un pour le vulgaire, mais qui pour lui se compose d'un certain -nombre de parties distinctes, jouant chacune leur rôle, et auxquelles il -assigne un nom particulier. Il se servira donc, soit de termes vagues, -par décence, comme _inguen_, _abdomen_, _uterus_, _pudenda_, -_muliebria_, _habitare_, _inire_, _coire_, etc.; soit, s'il a besoin -d'être précis, des termes techniques dont il enrichit la langue, et que -l'écrivain ou tout le monde peut employer à son tour, s'ils n'ont pas un -aspect scientifique par trop rébarbatif. - -Réduit à ces deux éléments premiers, le vocabulaire érotique serait -encore bien restreint, et la nécessité d'un glossaire spécial se ferait -à peine sentir. Mais ils n'ont, à vrai dire, que la moindre importance, -et le troisième élément, l'élément métaphorique, est de beaucoup la -source la plus abondante. Le peuple crée naturellement et -continuellement des métaphores, en matière érotique comme en toute autre -matière; les écrivains utilisent les locutions passées en usage, en -forgent d'autres, à l'infini, suivant leur tournure d'esprit ou leur -caprice, détournent le sens ordinaire des mots, parlent d'une chose pour -en faire entendre une autre, se servent d'équivoques s'ils ont peur -d'être trop bien compris, et créent ainsi, parallèlement à la langue -générale, une langue particulière, figurée, d'autant plus savoureuse et -d'autant plus riche qu'ils ont plus d'ingéniosité. Quelques-uns en ont -tant, que les seuls initiés comprennent la moitié de ce qu'ils ont voulu -dire et, pour l'autre moitié, en sont réduits aux conjectures. Sans les -anciens scoliastes qui nous avertissent que tel passage d'Aristophane -renferme une allusion obscène, on poursuivrait sans la voir; et les -savants disputent encore sur le sens qu'il faut donner à tel vers de -Perse, de Juvénal, d'Ausone, à telle phrase de Pétrone et d'Apulée. -C'est ici qu'un bon lexique n'est pas de trop, et, malgré quelques -essais estimables, il est encore à faire. - - * * * * * - -Mais avant de pénétrer plus intimement dans l'étude de la langue -érotique, pourquoi les écrivains, le peuple lui-même, ont-ils recours à -tant de métaphores, périphrases, ambages et circonlocutions, dès qu'il -est question des organes et des rapports sexuels? Si nous n'avons pas -honte d'être hommes, pourquoi n'oser parler qu'à mots couverts de ce qui -rend chez nous manifeste la virilité? La Nature a fait de l'union des -sexes la condition de notre existence et de la perpétuité de la race; -elle y a attaché, en vue de cette perpétuité, l'attrait le plus -puissant, la volupté la plus intense: pourquoi nous en cacher comme d'un -délit ou d'un crime? Pourquoi appeler honteuses ces parties sexuelles où -la Nature a concentré toute son industrie, et rougir de montrer ce dont -nous devrions être fiers? Même à ne considérer que l'acte brutal, il est -encore dans le voeu de la Nature, puisqu'elle nous en fait un besoin, et -la satisfaction d'un besoin ne peut avoir en elle-même rien de honteux. -Des moralistes ont vu, dans cette singulière pudeur, une hypocrisie -injustifiable. Écoutez Montaigne: «Qu'a fait l'action génitale aux -hommes, si naturelle, si nécessaire et si juste, pour n'en oser parler -sans vergongne, et pour l'exclure des propos sérieux et réglés? Nous -prononçons hardiment _tuer_, _desrober_, _trahir_, et _cela_, nous -n'oserions qu'entre les dents. Est-ce à dire que moins nous en exhalons -en paroles, d'autant nous avons loy d'en grossir la pensée? Car il est -bon que les mots qui sont le moins en usage, moins escripts et mieux -teus, soient les mieux sçeus et plus généralement cogneus.» Un autre -grand écrivain, moraliste à sa manière, maître Pietro Aretino, va bien -plus loin: «Quel mal y a-t-il à voir un homme grimper sur une femme? Les -bêtes doivent-elles donc être plus libres que nous? Il me semble, à moi, -que l'instrument à nous donné par la Nature pour sa propre conservation -devrait se porter au col en guise de pendant, et à la toque en guise de -médaillon, puisque c'est la veine d'où jaillissent les fleuves des -générations, et l'ambroisie que boit le monde, aux jours solennels. Il -vous a fait, vous qui êtes des premiers chirurgiens vivants[10]; il m'a -créé, moi qui suis meilleur que le pain; il a produit les Bembo, les -Molza, les Varchi, les Dolce, les Fra Sebastiano, les Sansovino, les -Titien, les Michel-Ange et, après eux, les Papes, les Empereurs, les -Rois; il a engendré les beaux enfants et les très belles dames, _cum -Santo Santorum_: on devrait donc lui prescrire des jours fériés, lui -consacrer des Vigiles et des Fêtes, et non le renfermer dans un morceau -de drap ou de soie. Les mains seraient bien mieux cachées, elles qui -jouent de l'argent, jurent à faux, prêtent à usure, vous font la figue, -déchirent, empoignent, flanquent des coups de poing, blessent et tuent. -Que vous semble de la bouche qui blasphème, crache à la figure, dévore, -enivre et vomit? Bref, les Légistes se feraient honneur s'ils ajoutaient -pour lui une glose à leur grimoire, et je crois qu'ils y viendront.» - - [10] Ce passage est extrait d'une lettre adressée à l'un des plus - célèbres médecins de l'époque, messer Battista Zatti, de Brescia. - -Ce sont des jeux d'esprit, des paradoxes. Diderot, qui reproduit à peu -près dans les mêmes termes la remarque de Montaigne, a du moins le -mérite de la franchise: il écrit en toutes lettres le dérivé Français du -Latin _futuo_[11]; mais Montaigne se sert pudiquement du mot «cela», -obéissant ainsi au préjugé qu'il blâme; et quant à maître Pietro -Aretino, il s'est donné pour tâche, dans ses étonnants _Ragionamenti_, -de traiter les sujets les plus lubriques sans employer une seule fois le -mot propre: le Diable n'y a rien perdu. Ce préjugé est si fort, si -anciennement enraciné, qu'on ne le détruira pas. On aura beau nous dire -que le membre viril a beaucoup plus de noblesse que le nez, la bouche ou -les mains, nous continuerons à ne pas l'exhiber; et quoique le -rapprochement sexuel soit dans le voeu de la Nature, nous ferons -toujours difficulté de nous y livrer en public. Les premiers couples -humains se cachaient dans les bois pour l'opérer: - - _Tunc Venus in sylvis jungebat corpora amantum_, - -dit Lucrèce, parlant de ces temps anciens où l'homme ne se nourrissait -encore que de glands. Cet instinct appartient à l'animal même. Un -naturaliste Anglais, le révérend Philips, attribue la disparition -presque complète aujourd'hui des éléphants, si communs autrefois qu'on -les recrutait par milliers pour les armées, à la pullulation des singes -qui viennent, au moment solennel, les troubler dans leurs solitudes; ils -cherchent en vain un fourré assez impénétrable pour se livrer aux -douceurs de l'hymen hors de la présence de ces importunes bêtes, et, -faute de le trouver, se résignent au célibat. En captivité, ils refusent -de s'accoupler, ainsi du reste que la plupart des animaux non -domestiques, ou ne s'y décident que si on les y amène par supercherie, à -force de ruse et de patience, ne voulant pas qu'un si profond mystère -ait des témoins profanes: à moins qu'on les croie convertis aux idées de -Malthus, et bien résolus à ne pas procréer de pauvres petits destinés à -devenir des malheureux. - - [11] «F..tez comme des ânes débâtés, mais permettez-moi de dire - f..tre.» - -L'homme, d'ailleurs, ne tient pas tant que cela à ressembler aux bêtes. -C'est bien assez qu'on lui dise à présent qu'il descend directement du -gorille, ou qu'il est son proche parent au moyen d'un ancêtre commun. -Précisément peut-être parce qu'il a une obscure conscience de cette -infime origine, il s'efforce d'étouffer ou d'atténuer chez lui le -gorille. Ses besoins naturels le rapprochent le plus de l'animal: il se -cachera donc pour les satisfaire, et il sera logique en cela, quoi qu'on -dise. Il ne se cache pas pour boire et pour manger, étant parvenu à s'en -acquitter proprement, avec décence, de façon à ne pas trop montrer -l'animal qui prend sa pâture; mais il va déposer à l'écart le résultat -de sa digestion. Voilà pourtant un besoin naturel, dont la satisfaction -est légitime; pourquoi le considérer comme immonde? - -Ce n'est pas la pruderie ou l'hypocrisie moderne qui a imaginé d'appeler -honteuses les parties sexuelles. Les Latins les appelaient _pudenda_, -les Grecs [Grec: aidoia], mot qui a le même sens. «Faire des choses -malhonnêtes» semble appartenir exclusivement à la langue de M. -Prudhomme: c'est une locution Grecque, [Grec: arrhêta] ou [Grec: aischra -poiein]. Les termes vagues, les périphrases: être, aller, dormir avec -une femme, cohabiter, avoir commerce, remplir le devoir, etc., sont -toutes des locutions Latines: _esse_, _dormire cum muliere_, _coire_, -_cognoscere mulierem_, _habitare_, _habere rem_, _officium fungi_, et -elles ont leurs similaires en Grec; connaître, dormir, dans le sens -érotique, remontent à une civilisation encore plus ancienne, puisqu'on -les trouve dans la Bible: Adam _connut_ Ève, sa femme, et Ruth _dormit_ -avec Booz. Les Latins, qui reculaient si peu devant la crudité des mots, -avaient en même temps des termes atténués d'une bien plus grande -délicatesse que nous-mêmes. - - * * * * * - -Les métaphores, si nombreuses, dans tous les idiomes, qu'elles -constituent à elles seules la principale richesse de la langue érotique, -ont dû être, à l'origine, imaginées dans le même but; mais il faut -convenir que ce but n'a pas toujours été atteint, ou qu'il a été bien -vite perdu de vue. De ces figures, les unes, aussi transparentes que -possible, ne sont que gracieuses ou plaisantes; d'autres, d'un sens plus -caché, forcent l'esprit à s'appesantir sur elles pour les comprendre; -d'autres enfin sont plus ordurières que ne pourrait l'être le mot -propre. Lorsque Martial, par exemple, dit _cacare mentulam_, pour rendre -la sensation du patient dans l'acte pédérastique, et Juvénal, _hesternae -occurrere coenae_, pour faire honte du rôle d'agent, ils sont -volontairement plus obscènes que s'ils disaient en propres termes -_paedicari_ et _paedicare_. Bayle, accusé d'obscénité pour n'avoir pas -adouci la crudité d'expression d'anciens textes qu'il était obligé de -donner, s'est défendu en condamnant sans distinction toutes les -périphrases et métaphores usitées dans le langage érotique, en -affirmant, avec le P. Bouhours, qu'elles sont plus dangereuses que des -ordures grossières. - -«Ces manières délicates que l'on se plaint que je n'ai pas employées,» -dit-il[12], «n'empêchent pas que l'objet ne s'aille peindre dans -l'imagination, et elles sont causes qu'il s'y peint sans exciter les -mouvements de la honte et du dépit. Ceux qui se servent de ces -enveloppes ne prétendent point qu'ils seroient inintelligibles, ils -savent bien que tout le monde entendra de quoi il s'agit, et il est fort -vrai que l'on entend parfaitement ce qu'ils veulent dire. La délicatesse -de leurs traits produit seulement ceci, que l'on s'approche de leurs -peintures avec d'autant plus de hardiesse que l'on ne craint pas de -rencontrer des nudités. La bienséance ne souffriroit pas que l'on y -jetât les yeux, si c'étoient des saletés toutes nues; mais quand elles -sont habillées d'une étoffe transparente, on ne se fait point un -scrupule de les parcourir de l'oeil depuis les pieds jusques à la tête, -toute honte mise à part, et sans se fâcher contre le peintre: et ainsi -l'objet s'insinue dans l'imagination plus aisément, et verse jusques au -coeur, et au-delà, ses malignes influences, avec plus de liberté que si -l'âme étoit saisie de honte et de colère. Joignez à cela que quand on ne -marque qu'à demi une obscénité, mais de telle sorte que le supplément -n'est pas malaisé à faire, ceux à qui on parle achèvent eux-mêmes le -portrait qui salit l'imagination. Ils ont donc plus de part à la -production de cette image, que si l'on se fût expliqué plus rondement. -Ils n'auroient été en ce dernier cas qu'un sujet passif, et par -conséquent la réception de l'image obscène eût été très innocente; mais -dans l'autre cas ils en sont l'un des principes actifs: ils ne sont donc -pas si innocents, et ils ont bien plus à craindre les suites -contagieuses de cet objet qui est en partie leur ouvrage. Ainsi ces -prétendus ménagements de la pudeur sont en effet un piège dangereux. Ils -engagent à méditer sur une matière sale, afin de trouver le supplément -de ce qui n'a pas été exprimé par des paroles précises. - - [12] _Éclaircissement sur les obscénités_ (Appendice au _Dictionnaire - critique_). - -»Ceci est encore plus fort contre les chercheurs de détours. S'ils -s'étoient servis du premier mot que les dictionnaires leur présentoient, -ils n'eussent fait que passer sur une matière sale, ils eussent gagné -promptement pays; mais les enveloppes qu'ils ont cherchées avec beaucoup -d'art, et les périodes qu'ils ont corrigées et abrégées, jusques à ce -qu'ils fussent contents de la finesse de leur pinceau, les ont retenus -des heures entières sur l'obscénité. Ils l'ont tournée de toutes sortes -de sens, ils ont serpenté autour, comme s'ils eussent eu quelque regret -de s'éloigner d'un lieu aimable. N'est-ce pas là _ad Sirenum scopulos -consenescere_, jeter l'ancre à la portée du chant des Sirènes? Si -quelque chose a pu rendre très pernicieux les _Contes_ de La Fontaine, -c'est qu'à l'égard des expressions ils ne contiennent presque rien qui -soit grossier. Il y a des gens d'esprit qui aiment fort la débauche. Ils -vous jureront que les satires de Juvénal sont cent fois plus propres à -dégoûter de l'impureté que les discours les plus modestes et les plus -chastes que l'on puisse faire contre ce vice. Ils vous jureront que -Pétrone est incomparablement moins dangereux dans ses ordures -grossières, que dans les délicatesses dont le comte de Rabutin les a -revêtues, et qu'après avoir lu les _Amours des Gaules_, on trouve la -galanterie incomparablement plus aimable qu'après avoir lu Pétrone.» - -Bayle semble bien avoir cause gagnée, avec de si bons arguments, et -cependant le procès est toujours en litige; malgré les immunités -réclamées en faveur du franc parler, du mot Latin ou Gaulois, par de si -bonnes raisons, les juges, comme le gros du public, inclineront toujours -à donner tort à ceux qui s'en servent, et à excuser ceux qui disent les -mêmes choses, ou de pires, en termes enveloppés et décents. Il est -curieux d'entendre un de nos contemporains soutenir la même thèse à sa -façon, avec beaucoup moins de solennité académique, mais sans plus de -succès: «La gauloiserie, les choses désignées par leur nom, la bonne -franquette d'un style en manches de chemise, la gueulée populacière des -termes propres, n'ont jamais dépravé personne. Cela n'offre pas plus de -dangers que le nu de la peinture et de la statuaire, lequel ne paraît -sale qu'aux chercheurs de saletés. Ce qui trouble l'imagination, ce qui -éveille les curiosités malsaines, ce qui peut corrompre, ce n'est pas le -marbre, c'est la feuille de vigne qu'on lui met, cette feuille de vigne -qui raccroche les regards, cette feuille de vigne qui rend honteux et -obscène ce que la Nature a fait sacré. Mon livre n'a point de feuille de -vigne, et je m'en flatte. Tel quel, avec ses violences, ses impudeurs, -son cynisme, il me paraît autrement moral que certains ouvrages -approuvés cependant par le bon goût, patronnés même par la vertu -bourgeoise, mais où le libertinage passe sa tête de serpent tentateur -entre les périodes fleuries, où l'odeur mondaine du _Lubin_ se marie à -des relents de marée, où la poudre de riz qu'on vous jette aux yeux a le -montant pimenté du diablotin: romans d'une corruption raffinée, d'une -pourriture élégante, qui cachent des moxas vésicants sous leur style -tempéré, aux fadeurs de cataplasmes. C'est cette _belle et honneste -dame_, fardée, maquillée, avec un livre de messe à la main, et dans ce -livre des photographies obscènes, baissant les yeux pour les mieux faire -en coulisse, serrant pudiquement les jambes pour jouer plus allègrement -de la croupe, et portant au coin de la lèvre, en guise de mouche, une -mouche cantharide. Mais, morbleu! ce n'est pas la mienne, cette -littérature. La mienne est une brave et gaillarde fille, qui parle gras, -je l'avoue, et qui gueule même, échevelée, un peu vive, haute en -couleur, dépoitraillée au grand air, salissant ses cottes hardies et ses -pieds délurés dans la glu noire de la boue des faubourgs ou dans l'or -chaud des fumiers paysans, avec des jurons souvent, des hoquets parfois, -des refrains d'argot, des gaîtés de femme du peuple, et tout cela pour -le plaisir de chanter, de rire, de vivre, sans arrière-pensée de luxure, -non comme une mijaurée libidineuse qui laisse voir un bout de peau afin -d'attiser les désirs d'un vieillard ou d'un galopin, mais bien comme une -belle et robuste créature qui n'a pas peur de montrer au soleil ses -tetons gonflés de sève et son ventre auguste où resplendit déjà -l'orgueil des maternités futures. Par la nudité chaste, par la gloire de -la Nature! si cela est immoral, eh bien! alors, vive l'immoralité![13]» -Un journaliste, M. Henry Fouquier, a cité à l'appui de ces conclusions -une anecdote qui serait bien piquante, si elle était vraie: «Un homme -d'esprit du commencement de ce siècle, membre de l'Institut, s'amusa à -écrire un livre érotique, un bijou d'ailleurs, intitulé: _Point de -lendemain_, et en fit deux versions. L'une à la façon des érotiques -brutaux, tels que Nerciat ou Restif; l'autre où l'on ne trouvait pas un -mot qui ne se pût dire devant des jeunes filles. Il fit lire ces deux -versions à une femme, lui demandant celle qu'elle préférait. La dame, -ingénument, avoua que l'ardeur amoureuse, éveillée en elle par la -version chaste en ses expressions, n'avait pu être calmée que par la -lecture ordurière.» L'historiette est jolie; mais il n'est pas sûr que -cette parodie obscène de _Point de lendemain_, la _Nuit merveilleuse_, -soit aussi de Vivant Denon. - - [13] Jean Richepin, _La Chanson des Gueux_. - -Quoi qu'il en soit, que la métaphore et la périphrase laissent plus à -entendre, bien souvent, que le mot propre, que la feuille de vigne -aggrave ou non la nudité, ces jeux de style, ces détours et ces -enveloppements ont pour eux une haute autorité, la Bible. Tout le monde -connaît le fameux Proverbe de Salomon: «Telle est la voie de la femme -adultère; elle mange et, s'essuyant la bouche, dit: Je n'ai pas fait de -mal.» _Talis est via mulieris adulterae, quae comedit, et tergens os -suum, dicit: Non operavi malum._ Le _Cantique des Cantiques_, cet -épithalame Juif d'une poésie sensuelle si épanouie et si parfumée, est -plein de ces figures: _Posuerunt me custodem in vineis, _et vineam[14] -meam_ non custodi_.--__Hortus_ conclusus, soror mea sponsa, _hortus_ -conclusus, _fons_ signatus.--Dilectus meus misit manum suam per -_foramen_, et venter meus intremuit ad tactum ejus... _Pessulum ostii_ -mei aperui dilecto meo, at ille _declinaverat_... Mane surgamus ad -_vineas_, videamus si floruit _vinea_, si _flores_ fructus parturiunt, -si floruerunt mala Punica: ibi dabo tibi mea ubera... _Vinea_ mea coram -me est_, etc. Sans compter bien d'autres endroits de la Bible où des -yeux perçants entrevoient des allégories plus cachées. Beverland, _De -peccato originali_, prétend que l'arbre du bien et du mal n'est pas -autre chose que le membre viril d'Adam: il se fonde sur ce qu'en Latin, -_arbor_, _truncus_, _ramus_, sont très souvent synonymes de _mentula_. -Il se demande également s'il ne faut pas voir un symbole du même genre -dans le serpent tentateur: _«Verum _Serpentem_ interpretatur sensibilem -carnis affectum, immo ipsum carnalis concupiscentiae genitale viri -membrum.»_ D'après Petrus Comestor, on croit, sans tenir compte du -langage figuré, que les Philistins, s'étant emparés de Samson, lui -firent tourner la meule (_molere_); mais il s'agit de toute autre chose: -le voyant si fort, ils l'obligèrent de coucher avec leurs femmes pour -avoir des enfants vigoureux. _«Hebraei tradunt,»_ dit-il, _«quod -Philistaei fecerunt eum dormire cum mulieribus robustis, ut ex eo prolem -robustam susciperent; nam _molere_ etiam est _subagitare_ vel _coire_.»_ -Ces rabbins ont peut-être raison. - - [14] Vigne, dans le sens de _pudendum muliebre_, n'est pas très - commun. La Fontaine qui, lisant Baruch, n'a pas dû négliger le - _Cantique des Cantiques_, en a fait son profit: - - Et dans la vigne du seigneur - Travaillant ainsi qu'on peut croire... - -Les métaphores les plus naturelles sont celles qui ont leurs termes -empruntés au labourage: les parties de la femme assimilées au champ, au -sillon qui va recevoir la semence: _campus_, _arvum muliebre_, _sulcus_; -celles de l'homme au soc de la charrue: - - _Atque in eo est Venus ut _muliebria_ censorat _arva_._ - - (Lucrèce, IV, 1095). - - _Ejicit enim _sulcum_ recta regione viaque - _Vomeris_._ - - (Id., IV, 1260.) - - _Arentque _sulcos_ in _arvo Venerio_._ - - (Apulée, [Grec: Anechom.], 14.) - - _Cur sit ager sterilis, cur uxor lactitet edam: - Quo fodiatur ager non habet, uxor habet._ - - (Martial, XVII, 101.) - -Ambroise Paré parle de même du «_cultiveur_ qui _entre dans le champ de -Nature humaine_,» et le vieux naïf médecin Jacques Duval (_Traité des -Hermaphrodits_, chap. VI), «de la première _culture_ qui se fait dans le -_champ naturel_» des filles. Brantôme a dit plus plaisamment: «Le cas -d'une femme est une _terre de marais_; on y enfonce jusqu'au ventre.» -Rabelais appelle le membre viril «le manche que l'on nomme le laboureur -de Nature,» et Maynard le dépeint: - - Roide, entrant tout ainsi que la pointe d'un _soc_ - Qui se plonge et se cache en toute _terre grasse_. - - (_Cabinet satyrique_.) - - Si pour cueillir tu veux donques semer, - Trouve autre champ et du mien te retire. - - (Clément Marot.) - -D'autres locutions Latines appartenant au même ordre d'idées: _Hortus -muliebris_, _hortus Cupidinis_ ou _Hesperidum_, _irrigare hortum_, etc., -ainsi que les noms de divers instruments et opérations de jardinage: -_ligo_, _raster_, _palus_, _falx_, bêche, hoyau, serpe, façonner, enter, -écussonner, abattre du bois, mettre la cognée dans la forêt, sont -également du style badin. Brantôme dit d'une femme mariée, qu'elle -s'était réservé «l'usage de sa forêt de mort-bois, ou de bois mort;» -Tallemant des Réaux appelle «grand abatteur de bois» un coureur de -femmes. Cueillir des fleurs, des fruits, des roses, dans le jardin de -Vénus, appartient à un jargon tout à fait suranné maintenant, mais nos -vieux poètes et conteurs aimaient assez _jardinet_ et _jardinier_: - - Ces larges reins, ce sadinet - Assis sur grosses, fermes cuisses, - Dedans un joly _jardinet_. - - (Villon, _Les regrets de la belle heaumière_.) - -«Le _jardinier_, voyant et trouvant le cabinet aussi avantageusement -ouvert, y logea petit à petit son _ferrement_» (Noël Du Fail). On trouve -aussi chez eux: _bêcher_, _biner_, _béquiller_, _planter son piquet_, -_planter le baliveau_, etc. _Orto_, _orticello_, dans ce sens, sont très -fréquents chez les érotiques Italiens; ils disent: _sarchiar l'orto_ -(sarcler le jardin), _ficar un porro nell'orto_ (planter un poireau dans -le jardin), _mettere il roncone nella siepe_ (mettre la serpette dans la -haie), _il piantone nel fosso_ (le plantoir dans la rigole), _la -pastinaccia_, _la carota_, _la radice_ (le panais, la carotte, le -radis), _lavorare il terreno_ (façonner le terrain), etc. - -Assimiler les rapports sexuels à une bataille, un duel, un combat, et -tirer les termes de comparaison de toutes les armes offensives et -défensives connues, doit être aussi très naturel, car ces sortes de -métaphores se rencontrent mot pour mot dans toutes les langues. Nous -trouvons en Latin: _Militare, depugnare in campe Venereo_; _committere -praelium, duellum_; _ponere castra_; _peragere tacito Marte_; _immergere -ensem, pugionem, mucronem_; _excipere pilum in parma sua_; _pilum -vibrare, torquere_; _arcum tendere_. Toutes les armes des Anciens y ont -passé, et non seulement la pique, le javelot, la flèche, l'épée, le -glaive, le poignard, mais jusqu'à la grosse artillerie: la baliste, le -bélier, la catapulte. Chez les Modernes, bien qu'on ne se serve plus de -pique depuis longtemps, le mot est resté, avec cette acception, dans un -certain nombre de locutions familières: _manier la pique_, _être passée -par les piques_ (ce que les Italiens appellent _recevoir un trente et -un_). _Braquemart_, depuis Rabelais: «De tant de _braquemarts_ enroidis -qui habitent par les brayettes claustrales,» a pris un sens érotique si -décidé, que beaucoup de gens n'oseraient l'employer dans son sens propre -d'épée courte et large, le _gladius_ des Romains, l'ancien briquet de -nos soldats. Il en est de même d'_allumelle_ (de _lamella_, petite -lame). _Poignard_ n'est plus usité; Regnier, La Fontaine, Grécourt s'en -sont servis: - - Mais Robin, las de la servir, - Craignant une nouvelle plainte, - Lui dit: «Hâte-toi de mourir, - Car mon _poignard_ n'a plus de pointe.» - - (Mathurin Regnier.) - - Lève sa cotte, et puis lui donne - D'un _poignard_ à travers le corps. - - (La Fontaine.) - - Heureuse la nymphe légère - Qui, trompant sa jalouse mère, - Peut saisir un _poignard_ si doux! - - (Grécourt.) - -Chez Brantôme et nos anciens conteurs, l'amour est toute une stratégie: -engager l'escarmouche, battre la chamade, être fort à l'escrime, mettre -l'épée à la main, reconnaître la forteresse, faire les approches, -dresser les machines, pointer les pièces, envoyer des volées de canon, -cheminer à la sape, allumer la mèche, bouter le feu à la mine, franchir -la contrescarpe, combler le fossé, livrer l'assaut, planter l'étendard -dans la brèche, se loger dans la place. A ces métaphores militaires il -convient d'ajouter celles que les Grecs et les Romains tiraient des -jeux, des luttes d'athlètes, des courses du cirque: _in agonem, in -palaestram descendere_; _conficere stadium_; _properare ad metas_; nos -conteurs, qui se souciaient peu de la palestre, leur ont substitué des -comparaisons empruntées aux joutes et aux tournois: courir la bague, -rompre une lance, mettre la lance en arrêt, envoyer la flèche dans le -but, mettre dans la quintaine; ou bien des termes de vénerie: le faucon -désencapuchonné, l'épervier au poing, etc. - -Le savant Gasp. Barthius n'a pas dédaigné de colliger, dans ses -_Animadversiones in Claudianum_, les métaphores tirées par les Anciens -des exercices équestres, et détournées par eux dans le sens érotique. -Nous regrettons de ne pas avoir sous la main son travail, pour en -enrichir le nôtre, et surtout pour nous ôter d'un doute. Nous -rencontrons bien, dans Nicolas Chorier, bon nombre de locutions telles -que: _subigere veredum_, _conscendere_, _insilire in equum_, _ex equo -desilire_, _equitare_, _admovere calcar_, etc., où le rôle de cavalier -est dévolu à l'homme, et celui de monture à la femme; mais nous -craignons fort que l'excellent auteur de l'_Aloisia_ n'ait attribué aux -Latins, sans y trop songer, une idée toute Française et moderne. -Pétrone, faisant passer Embasicaetas de la croupe d'Encolpe à celle -d'Ascylte, dit, il est vrai: _Equum cinaedus mutavit_, «le cinède -changea de cheval;» mais c'est une exception, ils sont là d'ailleurs -entre hommes; dans tous les exemples Latins et Grecs que nous suggère -notre mémoire, c'est toujours la femme qui est le cavalier. La figure -est ainsi plus régulière, car, pour être à cheval, il faut tenir sa -monture entre les jambes, ce qui est le fait de la femme, et non de -l'homme. Ovide recommande à celles qui ont des plis au ventre de monter -à cheval à rebours comme le Parthe, c'est-à-dire en tournant le dos: - - _Tu quoque, cui rugis uterum Lucina notavit, - Ut celer aversis utere Parthus equis._ - - (_Ars amatoria_, III, 785-6.) - -Horace dit de même: - - _Clunibus aut agitavit equum lasciva supinum._ - - (_Sat._, II, VII, 50.) - -Martial: - - _Masturbabantur Phrygii post ostia servi, - Hectoreo quoties sederat uxor equo._ - - (XI, 105.) - -Juvénal fait se chevaucher les femmes entre elles: - - _Inque vices equitant..._ - - (_Sat._ VI, 311.) - -Aristophane nous montre, au moins en deux endroits, que les choses se -passaient de même chez les Grecs: - - [Grec: Kame g' hê pornê chthes eiselthonta tês mesêmbrias, - hoti kelêtisai 'keleuon, oxythymêtheisa moi - êret' ei tên Hippiou kathistamai tyrannida.] - - (_Les Guêpes_, 500-2.) - - Comme j'entre chez une putain, sur le midi, - Et que j'exige qu'elle me chevauche, elle me demande furieuse - Si je veux rétablir la tyrannie d'Hippias. - - [Grec: Kai malist' osphrainomai tês Hippiou tyrannidos], - - Je flaire là-dessous la tyrannie d'Hippias, - -dit encore le choeur des vieillards dans _Lysistrata_, v. 618, lorsque -les femmes voulant s'emparer du gouvernement, il craint qu'elles ne -fassent la loi aux hommes et ne les chevauchent. Dans diverses pièces de -l'_Anthologie_, des courtisanes suspendent en _ex-voto_, devant l'autel -d'Aphrodite, des mors, des fouets, des éperons, pour la remercier de les -avoir fait allègrement caracoler sur leurs coursiers d'Étolie, _id est_ -sur de beaux et fringants jeunes hommes. - -Tout au contraire, chez les auteurs modernes, quand ils parlent de -chevaucher, cavalcader et caracoler, c'est de l'homme qu'il s'agit, et -la monture est la femme: - - Carmes chevaulchent nos voisines - Mais cela ne m'est que du meins. - - (Villon, _Petit Testament_.) - - Un médecin, toi sachant, - Va ta femme chevauchant. - - (Tabourot, sr des Accords.) - -«Ny plus ny moins que le manège d'un grand et beau coursier du règne est -bien cent fois plus agréable et plus plaisant que d'un petit bidet, et -donne bien plus de plaisir à son escuyer; mais aussi il faut bien que -cet escuyer soit bon et se tienne bien et montre bien plus de force et -d'adresse: de même se faut-il porter à l'endroit des grandes et hautes -femmes, car de cette taille elles sont sujettes d'aller d'un air plus -haut que les autres, et bien souvent font perdre l'estrier, voire -l'arçon, si l'on n'a bonne tenue, comme j'ay ouy conter à aucuns -cavalcadours qui les ont montées.» (Brantôme, _Dames galantes_, Disc. -I). Il dit encore d'une grande dame que c'était le cheval de Séjan, -«d'autant que tous ceux qui montoient sur elle mouroient, et ne vivoient -guères» (_ibid._), et il emploie souvent les termes fort irrévérencieux -de jument et de haquenée, pour dire une femme. - - La femme et le cheval doivent être semblables... - Tous deux se doivent rendre à l'homme obéissants, - Façonnés à l'espron et fiers en ornements, - Avoir le montoir doux, la descente bénigne. - - (_Cabinet satyrique_.) - -Par une singulière image, nos vieux poètes et conteurs ont aussi donné -le nom de bidet, de courtaut, de roussin, au membre viril, sans pour -cela qu'il soit question du rôle joué par l'homme dans les citations -ci-dessus d'Horace, d'Ovide, de Martial et d'Aristophane. P. Aretino dit -en ce sens: _Far stallare i cavalli_ (faire pisser les chevaux), _dar le -mosse a i cavalli_ (donner l'élan aux chevaux). L'Arioste s'est -plaisamment servi de cette figure dans la rencontre d'Angélique avec -l'Ermite: - - La voici étendue sur le dos dans le sable, - Livrée aux fantaisies du rapace vieillard. - - Il l'étreint et à son gré la caresse; - Elle dort et ne peut faire résistance. - Il lui baise tantôt le beau sein, tantôt la bouche, - Personne qui le voie en ce désert sauvage; - Mais à l'encontre son destrier trébuche, - Au désir ne répond pas le corps débile: - La bête est mal en point, étant trop chargée d'ans, - Et n'en vaudra pas mieux, tant plus il la fatigue. - - Il a beau essayer toutes voies et moyens, - Le paresseux roussin n'en saute pas davantage; - En vain il lui secoue la bride et le tourmente, - Il ne lui peut faire tenir la tête haute. - - (_Roland furieux_, VIII, st. XLVIII à L.)[15] - - [15] Arioste, Chants I à XV, trad d'Alcide Bonneau (Paris, Liseux, - 1881, 3 vol. pet. in-18). - -Est-ce Catulle qui a le premier imaginé la gentille allégorie de -l'oiseau et de la cage? En tous cas, il l'a fait si spirituellement, en -termes si enveloppés, que beaucoup d'érudits ont soutenu que le moineau -de Lesbie était un moineau véritable, et dit des injures à ceux qui -s'obstinaient à croire le contraire. M. Armand Barthet a écrit, sur la -délicieuse pièce de Catulle, une petite comédie dont Rachel interprétait -le principal rôle et où l'on voyait un vrai moineau dans une cage de fil -de fer, sans allégorie aucune. Le sens dans lequel les Latins -entendaient le «_passer deliciae meae puellae_», n'est pourtant pas -douteux, si Martial ne nous déçoit: - - _Issa est passere nequitior Catulli..._ - - Issa est plus lascive que le moineau de Catulle, - -nous dit-il (III, 110); et encore, s'adressant à Dyndimus, son Giton: - - _Da nunc basia, sed Catulliana; - Quae si tot fuerint quot ille dixit, - Donabo tibi passerem Catulli._ - - (XI, 7.) - - Donne-moi des baisers, mais Catulliens; - Et si tu m'en donnes autant qu'il le dit, - Je te ferai cadeau du moineau de Catulle. - -Ainsi compris, on voit quel serait le passereau qui faisait les délices -de Lesbie, qu'elle agaçait du bout du doigt, qui se réfugiait dans son -sein, qui ne pépiait que pour elle et qu'elle aimait plus que ses yeux, -car il était couleur de miel, _nam mellitus erat_[16]. Depuis, Italiens -et Français ont usé et abusé de l'oiseau et de la cage, mais les -Italiens encore plus que les Français. Boccace leur a donné l'exemple en -écrivant son joli conte du _Rossignol_; le _lusignuolo_ et la _gabbia_, -l'_uccello_, le _passerotto_ et la _passerina_, reviennent -continuellement dans l'Aretino; ceux qui connaissent Baffo savent seuls -à combien de sauces l'_osello_ peut s'accommoder. Parmi les Français, -sans oublier la chanson populaire: - - Ah! le bel _oiseau_, maman, - Qu'Alain a mis dans ma _cage_! - -contentons-nous d'en citer deux ou trois: - - Autant et plus que sa vie - Phyllis aime un passereau; - Ainsi la jeune Lesbie - Aima jadis son moineau. - - Mais de celui de Catulle - Se laissant aussi charmer, - Dans sa _cage_, sans scrupule - Elle eut soin de l'enfermer. - - (_Chaulieu._) - - Elle le prit dans sa main blanche, - Et puis dans sa _cage_ le mit. - - (_Regnard._) - - Lisette avait dans un endroit - Une _cage_ secrète; - Lucas l'entr'ouvrit, et tout droit - D'abord l'_oiseau_ s'y jette. - - (_Collé._) - - [16] Politien, Lampridius, Turnèbe, Vossius ont entendu dans le sens - érotique l'élégie de Catulle; Scaliger et Sannazar traitent - d'orduriers ceux qui ont la vue si longue. Volpi propose un moyen - terme: selon lui, le _moineau de Lesbie_, à force de passer de - bouche en bouche, a pu donner lieu à des allusions et équivoques - libertines auxquelles l'auteur n'avait pas songé. - -On en a fait de toutes les sortes de ces métaphores, et chaque écrivain -s'est piqué d'en inventer de nouvelles, de trouver les mots les plus -drôles. Rabelais dit: le baston à un bout, le baston de mariage, le -membre nerveux, caverneux, la vivificque cheville, maistre Jean Chouart, -maistre Jean Jeudy, l'anneau de Hans Carvel, le comment a nom, le -callibistris, la boursavit, sacquer, baudouiner, roussiner, jocqueter, -culleter, beluter[17], grimbetiletolleter, jouer du serre-croupière, -jouer des basses marches, sonner l'antiquaille, faire la bête à deux -dos[18], saigner entre les deux gros orteils, etc. L'Aretino: Habiller -ceux qui sont nus, embéguiner le poupard (de peur du froid), abreuver le -chien à l'écuelle, faire compter les solives du plafond, mettre le -fuseau dans la quenouille, le pilon dans le mortier, le cordon dans la -bague. Brantôme affectionne la pénillière, la devantière, moudre au -moulin, hausser le devant, rembourrer le bas, secouer le pellisson, et -donne aux femmes les allures des haquenées: le pas, l'entre-pas, le -trot, l'amble, le galop. Nos conteurs ont emprunté leurs métaphores à -des ordres d'idées si divers qu'on ne saurait les classer par groupes; -la plupart ont d'ailleurs vieilli à force d'être usitées. Notons -cependant les figures religieuses: Temple, autel, sanctuaire, -tabernacle, chapelle, cierge, bourdon de Saint Jacques, aspergés, -goupillon, carillonner, chanter l'_Introït_, aller à l'offrande. Les -Anciens avaient donné l'exemple; nous trouvons chez eux employés dans un -sens érotique: _ara voluptatis_, _adyta Cupidinis_, _Isiaca_ et _pygiaca -sacra_, _penetralia_, sans compter tous les attributs des divinités: la -conque de Vénus, le sceptre de Priape, la verge de Mercure, le Rameau -d'or, le thyrse de Bacchus, la massue d'Hercule. - - [17] Bluter, équivalent presque exact du Latin _crissare_, vanner. - - [18] Shakspeare lui a probablement emprunté cette plaisante métaphore: - _«Your daughter and the Moor are now making _the beast with two - backs_»_ (_Othello_); Coquillart s'en était déjà servi, et les - Latins disaient: faire la bête à quatre pattes, _quadrupedantem - agere_ (Plaute). - -Il y a bien de la forfanterie dans quelques-unes de ces ambitieuses -appellations, et une tendance manifeste à donner des proportions -colossales à ce qui souvent n'est que bien peu de chose, une paille, un -fétu. La massue d'Hercule! nous avons déjà rencontré: baliste, bélier, -catapulte; il y a encore: arbre, poutre, battant de cloche, mât, aviron, -timon, gouvernail, colonne (fréquent dans les Priapées, ainsi que -_malus_ et _arbor_), obélisque. Si c'était vrai à moitié, ou seulement -au quart, Anciens et Modernes n'auraient pas eu besoin de chercher pour -la partie adverse tant de termes désobligeants: _antrum muliebre_, -_fossa_, _caverna_, _lacus_, _barathrum_, l'antre de la Sibylle, -l'énorme solution de continuité, dit Rabelais[19], l'hiatus béant; -d'autres n'auraient pas dit que s'y aventurer c'est jeter l'ancre dans -une mer qui n'a ni fond ni rive, lancer le javelot à travers de vastes -portiques (N. Chorier), pisser dans le jardin par une fenêtre grande -ouverte. «Je l'ay ouy nommer sépulchre et monument au Père Anne de -Joyeuse, en un sermon qu'il fit dans l'église de S. Germain de -l'Auxerrois au temps de Carême de l'an 1607. Le sieur Le Veneur, vivant -évesque d'Évreux, l'appelait vallée de Josaphat, où se fait le viril -combat. Bocace au conte de la belle Alibec, l'appelle Enfer, symbolisant -à ce nom avec les Pères et plus dévots Théologiens Sainct Thomas, Sainct -Augustin et autres, qui l'ont nommé _portam Inferi_, _januam Diaboli_.» -(J. Duval, _Hermaphr._, chap. VIII.) - - [19] La Fontaine a trouvé moyen de mettre en vers cette hyperbole: - - ... mais quand il vit l'énorme - Solution de continuité... - - * * * * * - -Les Grecs et les Latins, pour parler des dépravations dont ils -rougissaient ou faisaient semblant de rougir, avaient des termes et des -locutions d'un sens plus caché que les simples métaphores. Pour -_irrumare_ et _irrumari_, ils avaient: [Grec: binein stomati, karizein -tê glôssê, molynai to stoma], _petere summa_ (gagner les hauteurs), -_capitibus non parcere_ (ne pas faire grâce aux têtes), _comprimere -linguam_ (comprimer la langue), _Harpocratem reddere_ (rendre un -Harpocrate), _tacere_ (se taire), et pour _paedicare_ ou _paedicari_: -_concidere_, _percidere_, _incurvare_, _conquiniscere_, demander le -_collarium_ ou l'_officium puerile_; sans compter bien d'autres termes -sur lesquels les commentateurs sont loin d'être d'accord: Chalcidiser, -Phéniciser, _Corinthiari_, Phicidiser, _Coa_ et _Nola_ (Cicéron), les -Clazomènes (Ausone), etc. Les Italiens, héritiers, s'il faut les en -croire[20], des goûts de leurs vieux ancêtres, ont aussi beaucoup de ces -sortes de locutions que les initiés savent comprendre: _Volger le -spalle_ (tourner le dos), _appoggiar la testa al muro_ (appuyer la tête -au mur), _scuotere il pesco_ (secouer le pêcher), _dar le mele_ (offrir -les pommes). Celles dans lesquelles ils opposent le commerce naturel à -l'acte contre nature sont curieuses: _il lesso e l'arrosto_ (le bouilli -et le rôti), _il piovoso e l'asciutto_ (le mouillé et le sec), _la capra -e il capretto_ (la chèvre et le chevreau), _le mele et il finocchio_ -(les pommes et le fenouil). Le _messale Culabriense_ et le _Culiseo_ -sont de bonnes inventions de maître Pierre Arétin. Bandello, tout évêque -d'Agen qu'il était, s'est servi de quelques-unes de ces locutions; il -dit: _andar in zoccoli per l'asciutto_ (aller en pantoufles par le -chemin sec), opposé à _andar in nave per il piovoso_ (aller en bateau -par où il pleut), et il nous fait à ce propos le bon conte d'un pécheur -endurci qui, arrivé à sa confession dernière, refuse absolument d'avouer -sa préférence pour l'_asciutto_. Le Moine, qui sait de quel pied a -cloché toute sa vie le mauvais garnement, veut lui faire dire à haute -voix qu'il a commis le péché contre nature, qu'il est infecté du vice -abominable; l'autre se récrie et dit qu'on l'accuse à tort. Enfin, sur -une objurgation plus directe, il avoue tout de suite, et comme le Moine -le reprend de l'obstination qu'il mettait à s'en défendre:--«Oh! oh! -révérend Père,» lui répond-il, «vous n'avez pas su m'interroger. -M'amuser avec de jeunes garçons m'est plus naturel à moi qu'il n'est -naturel à l'homme de boire et de manger, et vous me demandiez si je -péchais contre la Nature! Allez, allez, messer, vous ne savez pas ce que -c'est qu'un bon morceau[21].» Voilà comment périphrases et métaphores -peuvent quelquefois n'être pas bien comprises. - - [20] Baffo assure que s'il parle si souvent de _buggerar_, ce n'est - pas qu'il tienne à la chose, mais seulement pour ne pas faire tort à - son pays, enlever à ses compatriotes un avantage qui leur a valu - quelque réputation dans le monde. - - [21] _Nouvelles de Bandello_, tome I; Paris, Liseux, 1879, pet. in-18. - -Bon nombre de ces expressions figurées, à double sens, se confondent -avec l'équivoque, autre façon de se faire plus ou moins clairement -entendre, et qui est d'un fréquent usage dans la langue érotique. -Aristophane en a semé partout dans ses comédies, et elles sont souvent -si fines qu'elles passeraient inaperçues. Lysistrata s'étonne de ce que -les femmes de Salamine ne soient pas encore arrivées, et Calonice lui -répond qu'elles ont pourtant dû se mettre en bateau dès le matin: on -venait en barque de Salamine à Athènes. Mais «se mettre en bateau» -([Grec: kelêtizein]) veut dire aussi ce qu'Horace appelle _peccare -superne_ et _equum agitare supinum_. La «tyrannie d'Hippias», citée plus -haut, est un jeu de mots du même genre. Il équivoque encore sur le -_delta_, le _lambda_, et après lui Ausone s'est escrimé sur le _thêta_, -le _psi_, le _phi_, le _rho_, l'_iota_ majuscule, le _tau_: il n'a -oublié que l'_oméga_ souscrit. Cicéron faisait des équivoques érotiques -en plein prétoire, disant, par exemple, que si l'on cherchait Sextus -Claudius, on le trouverait chez la soeur de Publius, _occultantem se -capite demisso_ (_Pro domo_, 31); _demittere caput_ ne signifie, si l'on -veut, que baisser la tête, mais les fines oreilles entendaient _cunnum -lingere_. Il en a commis bien d'autres; il appelait _colei_, pour se -moquer d'eux, des témoins véritables, des témoins appelés à déposer en -justice. Dans notre langue l'équivoque est encore plus facile, beaucoup -plus de mots pouvant se prendre dans un double sens: aussi en -relèverait-on un grand nombre. Rabelais, Noël du Fail, H. Estienne, Th. -de Béze parlent du pays de Surie ou Suerie, qu'on peut entendre Syrie, -mais qui signifie tout bonnement la vérole, pour la guérison de laquelle -on faisait suer les pauvres malades jusqu'à dessiccation presque -complète. «En maintes compagnies, celuy n'est réputé vaillant champion -qui n'a fait cinq ou six voyages en Suerie» (H. Estienne, _Apologie pour -Hérodote_, chap. XII). J. Duval équivoque sur les poulains qui vous -mènent jusque-là, «poulains qui souvent sont assez forts» dit-il, «pour -porter un homme au pays de Surie» (_Hermaphr._, chap. VI); plus tard, on -a dit dans le même sens aller en Suède, et passer par la Bavière de ceux -que la vérole ou le traitement mercuriel faisait saliver, baver. On a -équivoqué sur la bague et le doigt, le doigt mouillé, le poisson et la -nasse, le pied et la chaussure, les fleurs blanches et les fleurs -rouges. - - C'est une bague qui circule - Et qui se met à tous les doigts, - -dit Bonnard d'une femme galante. - - La marquise a bien des appas, - Ses traits sont vifs, ses grâces franches, - Et les fleurs naissent sous ses pas, - Mais hélas! ce sont des fleurs blanches. - - (Maurepas.) - -Nos vieux poètes et chansonniers avaient un faible pour l'andouille, le -cervelas, le boudin, la saucisse, le jambon, le lardon et toutes sortes -de charcuteries: - - Item à l'orfèvre Du Boys - Donne cent clouz, queues et testes, - De gingembre Sarazinoys: - Non pas pour accoupler ses boytes, - Mais pour conjoindre culs et coettes, - Et couldre jambons et andoilles, - Tant que le laict en monte aux tettes, - Et le sang en dévalle aux coilles. - - (F. Villon, _Le Grand Testament_, CI.) - - De tout le gibier, Fauchon - N'aime rien que le cochon; - Surtout devant une andouille - Qu'aux Carmes on choisira, - Elle s'agenouille, nouille, - Elle s'agenouillera. - - (Collé.) - -Brillat-Savarin note l'exclamation d'une dame en voyant servir une -énorme mortadelle de Bologne.--«Quelle idée a-t-on de faire des -saucissons de cette taille? cela ne ressemble à rien.--Vous trouviez -donc que les autres ressemblaient à quelque chose?» lui demande à -l'oreille son voisin de table. Richelet, sciemment ou non[22], en a -commis une aussi grosse que la mortadelle de Brillat-Savarin: «LAPINE, -s. f. Femelle du lapin. Quelques-uns des plus habiles dans la langue -condamnent le mot de lapine, et prétendent qu'on doit dire femelle du -lapin, et non pas lapine. Néanmoins, comme lapine est dans la bouche de -plusieurs femmes qui parlent bien, je ne le condamnerais point, surtout -en parlant, et dans le style le plus simple.» L'équivoque remarquée dans -Corneille: - - Mais le désir s'accroît quand l'effet se recule, - - (_Polyeucte_, acte I, sc. 1.) - -est certainement involontaire; elle n'en est pas moins drôle. Il en est -de même de l'hémistiche reproché à Malherbe: - - ... qu'on survit à sa mort. - -Ceux qui voient ces indécences les ont dans l'esprit, remarque très bien -Quintilien; elles ne sont pas le fait de l'auteur. Sans grand renfort de -bésicles on en découvrirait de semblables chez tous. La grotte creuse où -Calypso retient si longtemps Ulysse (_Odyssée_, rhaps. I et V) n'a pas -été à l'abri du soupçon. L'antre des Nymphes, si curieusement décrit par -le bon Homère, qui ne sommeillait pas toujours (_Odyssée_, rhaps. XIII), -cet antre obscur, frais et sacré, ombragé d'un feuillage épais, où les -Naïades versent leurs urnes inépuisables, où les abeilles font leur -miel, où les Nymphes tissent des toiles de pourpre, et qui a deux -portes: l'une pour les hommes, l'autre pour les Dieux, a paru encore -bien plus équivoque à des malins qui y ont vu l'_antrum muliebre_ et la -_postica Venus_ de Pénélope[23]. - - [22] Ce qui ferait croire que Richelet y a mis de la malice, c'est - qu'il manque rarement dans son Dictionnaire l'occasion de médire des - femmes: - - «APARIER (S'). Le coq coche la poule, le moineau coche sa femelle - plusieurs fois sans reprendre haleine. Si les hommes avoient ce - destin à l'égard des femmes, ils en seroient adorés. - - »FEMME. La femme est un animal créé pour donner du plaisir, et - particulièrement pour en prendre et faire enrager ceux qui l'en - pensent empêcher. La femme est un animal intéressé. - - »FLON-FLON. - - Si ta femme est méchante, - Apprends-lui la chanson. - Voici comme on la chante, - Avec un bon bâton: - Flon, flon, flon. - - »LOUVE. Femme insatiable dans la débauche. La plupart des femmes - sont un peu louves.» - - [23] La Mothe Le Vayer, _Hexaméron rustique_. - -Les critiques Latins en voyaient chez Virgile, qui aurait dans ce vers: - - _Dextra mihi Deus, et telum quod missile libro_, - -formulé à mots couverts la devise du masturbateur, et ils lui -reprochaient d'avoir écrit: - - _Incipiunt agitata tumescere..._ - -ce qui prend un sens obscène si on sous-entend _genitalia_; ils avaient -la vue moins perçante qu'Ausone, qui, dans la dernière partie de son -_Cento nuptialis_, a détourné dans le sens érotique une cinquantaine de -vers ou d'hémistiches de l'_Énéide_ et des _Bucoliques_: - - _Perfidus alla petens, ramum qui veste latebat, - Sanguineis ebuli baccis minioque rubentem, - Nudato capite, et pedibus per mutua nexis, - Monstrum horrendum, informe, ingens, cui lumen ademptum, - Eripit a femore, et trepidanti fervidus instat. - Est in secessu, tenuis quo semita ducit, - Ignea rima micans, exhalat opaca mephitim; - Hic specus horrendum, talis sese halitus atris - Faucibus effundens nares contingit odore. - Huc juvenis nota fertur regione viarum, - Et super incumbens, nodis et cortice crudo, - Intorquet summis adnixus viribus hastam. - Haesit, virgineumque alte bibit acta cruorem. - Insonuere cavae, gemitumque dedere cavernae. - Illa manu moriens telum trahit, ossa sed inter - Altius ad vivum persedit vulnere mucro_, etc. - -L'équivoque est surtout plaisante quand elle est prolongée; l'adresse -consiste alors à trouver des développements tels, qu'ils conviennent à -deux sujets, l'un honnête et décent, qui est exprimé, l'autre érotique, -sous-entendu, et que les termes dont on se sert s'adaptent aussi -aisément à l'un qu'à l'autre. Les Italiens ont été nos maîtres dans -cette sorte de jeu d'esprit, auquel ils doivent toute une partie, et non -la moins curieuse, de leur littérature, ce qu'ils appellent le genre -Berniesque ou _alla Berniesca_, du nom de Francesco Berni qui y a -excellé; la plupart de leurs poètes du XVIe siècle, La Casa, Firenzuola, -Mauro, Dolce, Varchi, Molza s'y sont exercés avec succès. Une des plus -célèbres pièces est le _Capitolo del Forno_, de G. della Casa[24], dont -les équivoques sont d'autant plus compréhensibles, que le four, le pain, -la pâte, ont donné lieu chez tous les peuples à des plaisanteries qui -sont aussi vieilles que le monde. Hérodote nous dit qu'un oracle -reprochait à Périandre, tyran de Corinthe, d'avoir «mis son pain dans un -four froid», parole énigmatique à laquelle le vulgaire ne comprit rien, -mais qu'entendit parfaitement le prince, qui, ne pouvant se décider à se -séparer d'une femme qu'il aimait, avait eu commerce avec son cadavre. -«Emprunter un pain sur la fournée» est chez nous un vieux proverbe qui -se trouve dans les _Caquets de l'accouchée_. On en trouverait bien -d'autres exemples: «Comme n'estant, disent les boulengers, le pain -refaict et prest d'enfourner toutesfois et quantes que le four est -chaud, à quoy Nature, provide mesnagère et curieuse de la propagation -d'un si digne animal que l'homme, a tellement pourveu, que le four est -chaud et si bien disposé, quand la paste est faicte et le pain prest -d'enfourner, qu'il n'est bien reçeu seulement, mais, comme dit Galen au -livre de la _Semence_, il est aussi curieusement et avidement attiré, -que peut être l'air sucé du corps à l'usage des ventouses médicinales.» -(J. Duval, _Hermaphr._, chap. VI). La Casa nous décrit donc le four et -ses diverses constructions: le four à cuire le pain et le four à cuire -les friandises; il nous dit le soin que les boulangères en prennent, -comme elles le lavent matin et soir, y passent le torchon et l'éponge -toutes les fois qu'elles ont cuit, savent faire lever la pâte, diriger -la pelle en haussant la jambe, et, sans y mettre trop de bonne volonté, -on peut croire qu'il ne s'agit que des mystères de la boulangerie. F. -Berni a célébré dans le même goût la _Flûte_, l'_Anguille_, le _Pot de -chambre_ (_orinale_), Mauro la _Fève_ (les Italiens appellent fève ce -que nous appelons gland), Dolce le _Nez_, Molza les _Figues_, dans un -poème illustré d'un long et savant commentaire par Annibal Caro; Varchi -les _OEufs durs_, la _Ricotta_ (sorte de fromage), le _Fenouil_ «dont -les Italiens,» dit Ginguené, «font un grand usage dans leur cuisine,» -est-ce sérieusement? Franzesi les _Carottes_, les _Cure-dents_, la -_Castagna_ (châtaigne et nature de la femme); Lodovico Martelli la -_Balançoire_; le Bronzino, aussi bon poète que grand peintre, le -_Pinceau_, le _Ravanello_ (raifort ou radis noir), _le Campane_ (le -carillon des cloches et du battant); des anonymes _il mortaio_ (le -mortier et le pilon), _le Mele_ (pommes et fesses), _il pescare_ (pêcher -et cueillir des pêches dans le sens de: secouer le pêcher, indiqué plus -haut); le Lasca la _Saucisse_, le _Melon_ (_mellone_, melon et fessier), -etc. Au temps où la littérature Italienne était très étudiée en France, -quelques-uns de nos poètes, Motin, de Rosset, Rapin, Du Souhait, -Chauvet, ont spirituellement essayé de lutter contre ces maîtres avec le -_Jeu du toton_, le _Jeu de dames_, la _Douche_, les _Joueurs de paume_, -les _Fureteurs_ (chasseurs au furet), les _Batteurs d'amour_ (équivoque -avec les batteurs d'or), les _Pionniers d'amour_, la _Mascarade des -scieurs de bois_, les _Astrologues_, les _Sagittaires_, l'_Arracheur de -dents_, et autres pièces qu'on peut lire dans le _Cabinet satyrique_. - - [24] On a essayé, dans la 1re Série de la _Curiosité littéraire et - bibliographique_ (Paris, Liseux, 1880), d'en donner une traduction - littérale. - - * * * * * - -Une telle quantité de mots ayant été empruntés à la langue ordinaire et -détournés dans un sens érotique, on ne s'étonnera pas qu'il soit arrivé -à certains d'entre eux un accident tout naturel: que ce double sens soit -resté le seul où on les entende communément, et qu'on n'ose plus s'en -servir de peur de créer une équivoque. Le miracle, c'est que l'accident -ne soit pas arrivé à un plus grand nombre. Nul, par exemple, n'a -reproché aux jurisconsultes Romains d'employer au sens propre _testes_, -ni aux écrivains militaires, _vagina_, quoiqu'ils soient l'un et l'autre -d'un usage tout aussi fréquent dans la langue érotique: - - _Magnis _testibus_ ista res agetur._ - - (_Priapées_, XIV.) - - _AL. Mihi quoque assunt _testes_ qui illud, quod ego - dicam, assentiant. - AM. Qui _testes_? - AL. _Testes_. - AM. Quid _testiculare_?_ - - Plaute (_Amphitryon_.) - - _Conveniebatne in _vaginam_ tuam machaera militis?_ - - Plaute (_Pseudolus_.) - -Mais en revanche les grammairiens mettaient à l'index des mots que nous -n'aurions pas soupçonnés d'indécence. Quintilien défend qu'on se serve -des expressions de Salluste: _ductare exercitus_, _patrare bellum_[25]. -«Le vieil historien», dit-il, «les a employées honnêtement et en toute -bonne foi; maintenant elles feraient rire, ce dont j'accuse non -l'écrivain, mais le lecteur. On n'en doit pas moins les éviter: des mots -honnêtes sont perdus, par la faute de nos moeurs.» (_Inst. orat._, VIII, -3). Cicéron (_Orator_, XVIII) note d'obscénité _cum nobis_, sans que -nous voyions trop pourquoi (peut-être est-ce à cause d'une équivoque -avec _connubere_ ou _cunnus_) et dit qu'il faut séparer les deux mots -par _autem_: _cum autem nobis_. La Casa reproche de même à Dante d'avoir -employé _chiavare_ dans le sens propre: enfoncer un clou, une cheville, -_chiavare_ ne pouvant plus s'entendre depuis longtemps en Italien que de -la vivificque cheville dont parle Rabelais. Il en est de même chez nous -de bander; Malherbe commence ainsi une ode: - - Je veux bander... - -on n'oserait plus aujourd'hui. _Branler_, dans le sens de bouger, -remuer, _décharger_, dans celui de poser à terre un paquet, un fardeau, -ne peuvent plus se dire, à moins qu'on ne veuille de propos délibéré -faire une équivoque, comme dans l'épigramme de Vasselier où un -portefaix, causant un embarras de voitures au milieu d'une rue étroite, -est sommé de décharger par l'homme au carrosse: - - ... Je ne puis me branler, - Comment veux-tu que je décharge? - -répond avec beaucoup de présence d'esprit le pauvre diable. _Le faire_, -_le mettre_, sont dans le même cas. Les vers de Corneille: - - Dis-moi donc, lorsqu'Othon s'est offert à Camille, - A-t-il paru contraint? a-t-elle été facile? - Son hommage auprès d'elle a-t-il eu plein effet? - Comment l'a-t-elle pris, et comment l'a-t-il fait? - -seraient aujourd'hui insupportables à la scène. On dit encore _érection_ -en parlant de celle d'une statue, mais le temps n'est peut-être pas très -éloigné où l'on n'osera plus le dire. L'_instrument de paix_, _dresser -l'instrument_, sont des locutions encore usitées, dans le langage -diplomatique, pour signifier l'acte authentique d'un traité, d'une -convention: elles n'ont pas longtemps à vivre, mais on les remplacera -aisément. La perte du verbe actif _baiser_ est plus regrettable. Le sens -honnête du mot, donner un baiser, n'était pas, du temps de Molière, -aussi complètement oblitéré par l'autre sens, qu'il l'est à -présent.--«Baiserai-je?» demande ingénument Thomas Diafoirus à son père, -quand on lui présente sa future. «_Baiseuse_, s. f., celle qui baise -volontiers,» dit Richelet, probablement sans y entendre malice, -quoiqu'il soit assez sujet à caution, et qu'il vienne de définir -_baiser_: «avoir la dernière faveur d'une dame.» - - Viens, Margot, viens qu'on te baise, - -disait Béranger. Des deux verbes, _baiser_ et _embrasser_, ce serait -plutôt le dernier qui aurait dû devenir indécent, puisqu'il signifie -tenir entre ses bras; c'est le premier à qui est échu ce mauvais sort, -et on le remplace par _embrasser_, non sans faire gauchir la langue, car -il est absurde de dire _embrasser_ pour: donner un baiser, et encore -plus de dire: _embrasser sur la bouche_. Les mots deviennent obscènes ou -grossiers par le temps, par l'usage, sans qu'on puisse bien se rendre -compte du pourquoi, ni de l'époque à laquelle la métamorphose s'est -opérée. On trouve dans Richelet: «_Instrument_, parties naturelles de -l'homme. _Pine_, parties naturelles d'un petit garçon; ex.: Elle lui -prend la pine. _Queue_ (_pudenda hominis_); ex.: La queue lui pend au -petit bonhomme. _Trou du cul_; ex.: Se torcher le trou du cul.» Tous ces -mots sont maintenant bannis des Dictionnaires. Éloi Johanneau -(_Épigrammes contre Martial_, p. 50) dit que de son temps, le jour de -Pâques, à la porte de la cathédrale de Saintes, des femmes vendaient des -gâteaux en forme de Priapes, et criaient: «_A mes pines! qui veut de mes -pines?_» La police y mettrait aujourd'hui bon ordre. Le gendarme qui -arrêterait la délinquante serait sans doute bien embarrassé de dire -pourquoi _pine_ est obscène quand _pénis_ ne l'est pas, mais cela est. - - [25] Entendus dans le sens érotique, _ductare exercitus_ voudrait - dire: branler l'armée, et _patrare bellum_: décharger la guerre, - tropes violents qui n'étaient aucunement dans l'esprit de Salluste, - et dont pourtant Mirabeau a égalé sinon surpassé l'énergie: «Ce - d'Orléans est un Jeanfoutre qui toujours bande le crime et qui n'ose - le décharger.» - - * * * * * - -Les médecins sont en possession de l'immunité complète pour tous les -termes dont ils ont besoin dans l'exercice de leur art. Même dans les -livres qu'ils écrivent pour «l'instruction des gens du monde,» ils -disent librement: pénis, gland, verge, membre viril, vulve, vagin, -érection, sperme, et traitent non seulement de ce qui touche aux -rapports sexuels, mais de toutes les dépravations du sens génital: -pédérastie et Saphisme ou tribadisme, onanisme manuel, anal, vulvaire, -buccal, mammaire, axillaire, titillations uréthrales et clitoridiennes, -etc. Les termes techniques dont ils se servent sont d'ailleurs, sauf -quelques-uns, assez peu accessibles au vulgaire, par leur étymologie -savante, pour que beaucoup de gens fassent leur première connaissance -avec eux lorsqu'Éros les amène, l'oreille basse, dans le cabinet du -docteur. La vieille langue médicale avait plus de sans-façon, barbiers -et sages-femmes, pompeusement qualifiés de chirurgiens et d'obstétrices, -en ayant fourni une bonne moitié, sans que la Faculté y trouvât à -redire. Le jardin et verger de nature, le cabinet de Vénus, le cloître -virginal, le soc viril, le baume naturel, et autres expressions -métaphoriques, n'en étaient pas bannis comme à présent. Les appellations -affectées aux diverses parties de «l'ovale féminin» et de ses alentours: -les barres, les barboles, les landies, l'entreprend, le ponnant, le -guillocquet, le guillevart, les hallerons ou ailerons, la dame du -milieu, se rencontrent quelquefois dans Brantôme et les conteurs; elles -appartiennent par là à la langue érotique. Les anciens prédicateurs, et -surtout les casuistes, se sont également trouvés dans la nécessité de se -constituer un vocabulaire spécial qu'ils ont en partie inventé pour -leurs besoins, en partie emprunté soit aux Latins, soit à la langue -médicale de leur temps. Les casuistes disent _mollities_ pour -_masturbatio_, et distinguent dans ses effets la _distillatio_ de la -_seminatio_, la première étant simplement préparatoire à la seconde; -_fornicatio_, _concupiscentia_, _tactus impudici_, _copula carnalis_, -_delectatio Venerea, amorosa_ et _morosa_, _pollutio in ore_, _osculari -verenda_, appartiennent à cette langue des théologiens, ainsi que le -_vas debitum, legitimum, naturale_, opposé au _vas illegitimum, -innaturale, praeposterum_, la _copula naturalis_ à la _copula -Sodomitica_. L'expression _peccatum mutum_, dont ils se servent aussi, -fait penser au _tacere_, de Martial, _reddere Harpocratem_, de Catulle, -mais n'est pas chez eux synonyme d'irrumation; leur «péché muet» est la -Sodomie. Ils appellent le clitoris: douceur d'amour, _dulcedo amoris_, -et par incubes ou succubes n'entendent pas toujours ces êtres vaporeux -que l'on voit en rêve: ils désignent ainsi, à mots couverts, les -diverses positions que l'homme et la femme peuvent prendre dans le -congrès. Les vieux prédicateurs, parlant en public, avaient un langage -plus familier: Paillards, Sodomites, ribauds, maquereaux, ruffians; -paillarder, forniquer, faire l'oeuvre de chair, hanter les bourdeaux, -trousser les chambrières, payer des manches rouges à sa putain, être à -pot et à cuiller avec sa servante (ce que le populaire, en abrégeant, -traduisait par: être à pot et à cul), gagner sa dot de mariage à la -sueur de son corps, jetter ses enfants ès-rivières et retraits, etc., -sont les expressions dont se servent Maillard, Menot et Barlette en -reprochant leurs mauvaises moeurs à leurs contemporains[26]. - - [26] V. Henri Estienne, _Apologie pour Hérodote_, chap. VI; Dulaure, - _Des Divinités génératrices_, chap. XV. - -Les traducteurs Français des grands satiriques Latins auraient pu, eux -aussi, tenter d'enrichir notre langue érotique en y faisant passer les -hardiesses de Juvénal, de Perse, de Pétrone, de Martial surtout, dont le -vocabulaire est si opulent. Leurs essais n'ont été jusqu'à présent -qu'insuffisants ou ridicules. Trois traductions assez estimées de -Martial: celle de l'abbé de Marolles, une seconde attribuée sur le titre -à des «militaires», et qu'on croit être de Volland, la troisième de -Simon de Troyes et publiée par Auguis, ont été examinées à ce point de -vue par Éloi Johanneau[27]. On se ferait difficilement une idée de leur -niaiserie. L'abbé de Marolles traduit _Priapus_ par visage! - - _Gallo turpius est nihil Priapo_, - - (I, 36.) - -«Il n'y a rien de plus vilain que le _visage_ d'un prêtre de Cybèle.» Il -rend _futuere_, par «cajoler, se divertir, passer le temps, aimer, -entretenir, avoir une entrevue»; _fututor_ par «galant, effronté»; -_cunnus_ par «chaînon»; _fellare_ par «ne pas bien user de sa langue», -_arrigere_ par «se roidir dans les combats, désirer quelque faveur»; sa -manie de décence quand même le conduit tout droit à faire des -contre-sens d'écolier, comme lorsqu'il traduit _paedicare_ par «faire -l'amour»; ailleurs il dit que c'est «faire d'étranges choses», ce qui, -sans être meilleur, montre pourtant qu'il comprenait. Il a le privilège -des périphrases souvent plus lestes que le mot propre de l'original; il -traduit _mentula_ par «je ne sçay quoy qui fait aimer les hommes», et -ajoute en note: «Quelque lasciveté, sans doute»; ailleurs, c'est -«quelque chose que l'on porte». _Inguina_, c'est: «ce que je ne puis -nommer»; _canus cunnus_, «une vieille passion»; _vellere cunnum_, -«farder sa vieillesse»; _percidi_, équivalent de _paedicari_, «se faire -gratter». Il abuse de «quelque chose»; ce «quelque chose» rend les mots -les plus divers: _mentula_, c'est «quelque chose», _inguina_, «quelque -chose», qu'il s'agisse de l'homme (VII, 57) ou de la femme (III, 72), et -_culus_ est «quelque autre chose» (III, 71). _Paedicare_ étant «faire -d'étranges choses», _paedicari_, _irrumari_, c'est «faire quelque chose -de plus» ou «de pis;» mais quoi? l'abbé ne le dit pas, et encore -faudrait-il dire: se laisser faire. - - [27] _Épigrammes contre Martial, ou les mille et une drôleries, - sottises et platitudes de ses traducteurs_, par un ami de Martial - (Paris, 1835, in-8º). - -Les «militaires» ou Volland se sont dressé à l'avance une espèce de -Barême; ils traduisent constamment les mêmes mots Latins par les mêmes -mots Français auxquels ils donnent souvent un sens conventionnel: -_futuere_ par «aimer» et «forniquer»; entre femmes (VII, 69) c'est aussi -«forniquer»; _fututor_, par «amant, amateur»; _vulva_, _barathrum_, -_cunnus_, par «anneau»; _mentula_, _penis_, _columna_, _veretrum_, par -«béquille», s'inspirant sans doute de la chanson de Collé, _La béquille -du Père Barnaba_; _fellare_ et _lingere_ par «breloquer», d'où -_fellator_, «breloqueur», et _fellatrix_, «breloqueuse»; _irrumare_, qui -signifie une chose, et _percidere_, _irrumpere_ qui en signifient une -autre, par «se faire breloquer»: contre-sens énorme du moment qu'ils -prennent «breloquer» pour l'équivalent de _lingere_ et de _fellare_. Ce -mélange de breloques, de béquilles et d'anneaux, nous donne des -«breloqueurs et breloqueuses d'anneaux», une «béquille énervée», une -«béquille à poils», une «béquille en fureur», une béquille qui «apprend -une route inconnue», ailleurs, des «testicules de cerf remplacés par une -jeune béquille»; un «anneau qui parle», des anneaux «qui se -réjouissent». De temps à autre, ils veulent cependant varier un peu; ils -traduisent alors _paedicare_, tantôt par «faire des polissonneries», et -tantôt par «jouer le second rôle», ce qui montre combien peu ils savent -ce qu'ils disent; _fellator_ par «fripon», _paedico_ par «badin», et -continuellement confondent le rôle actif avec le rôle passif. - -Simon de Troyes, et son reviseur Auguis, n'entendaient pas beaucoup -mieux le Latin, car pour eux le _paedico_ est un Ganymède (VI, 33); ils -affectionnent les périphrases les plus pompeuses: _mentula_, organe des -plaisirs, frêle instrument des amours, intention directe; _cunnus_, -ceinture de Vénus; _colei_, les recoins les plus secrets du corps; -_paedicare_, se livrer à une débauche irrégulière, avoir des habitudes -vicieuses; _lingere_, faire d'impudiques caresses aux appas les plus -secrets d'une belle (douze mots pour un), et _irrumare_, demander à -avoir part aux bonnes grâces d'une belle (dix seulement). Encore ces -périphrases, toutes niaises qu'elles sont, feraient-elles croire qu'ils -comprennent; mais non: ils traduisent ailleurs le même verbe _irrumare_ -par: «avaler le plaisir avec sa bouche», c'est tout le contraire; et -_periclitari capite_, synonyme d'_irrumari_, par «perdre la tête». - -La seule bonne méthode de traduction que l'on doive, suivant nous, -appliquer aux érotiques Grecs et Latins, est celle qui s'impose comme -règle de dire à mots couverts seulement ce que l'auteur a dit à mots -couverts, de ne pas mettre de périphrases où il n'en a pas mis, de -rendre le mot propre par le mot propre, et les métaphores par des -métaphores semblables, tirées des mêmes termes de comparaison. Traduire -autrement sera toujours donner une idée fausse du goût personnel de -l'auteur, de ce qui constitue son style ou sa manière. Mais le mot -propre serait souvent bien plus obscène en Français qu'il n'était en -Latin; les dérivés populaires de _cunnus_, _colei_, _futuere_, les -équivalents de _paedico_, de _cinaedus_, sont absolument ignobles, et -les termes Latins ne l'étaient pas, du moins au même degré[28]. Pour -obvier à cette difficulté, rien n'empêche qu'on ne francise tous ceux -qu'on pourra, conformément au génie de la langue. Mentule, gluber, -vérètre, quelques autres encore, se trouvent dans Rabelais; irrumation, -fellation, dans La Mothe Le Vayer; l'abbé de Marolles a osé fellatrice; -pourquoi ne dirait-on pas fellateur, pédicon et pédiquer, fututeur, -drauque, cinède, cunnilinge, liguriteur, exolète, irrumer, etc? Ces -mots, nous objectera-t-on, ne seront compris que de ceux qui savent le -Latin, et le traducteur doit se faire entendre de tout le monde. Mais -n'en est-il pas de même de sesterce, modius, laticlave, pallium, atrium, -impluvium, vomitoire, vélite, belluaire, et de tant d'autres termes -francisés depuis longtemps par les archéologues? Les définitions vagues -qu'en fournissent les Dictionnaires: monnaie, mesure Romaine, partie du -vêtement, de l'édifice Romain, soldat, gladiateur, donnent-elles la -valeur précise du mot à celui qui ignore le Latin et les moeurs de -l'ancienne Rome? - - [28] «Il y a tout lieu de croire que beaucoup d'expressions dont la - malhonnêteté nous choque n'avaient pas la même portée chez les - Romains et n'étaient pas si brutales. Martial dit quelque part que - les jeunes filles peuvent le lire sans danger. Admettons que ce - propos soit une fanfaronnade Bilbilitaine, et réduisons l'innocence - de son recueil à ce qu'elle est en réalité: encore est-il vrai qu'on - ne se cachait pas pour le lire, que les gens de bon ton, comme on - dirait chez nous, gens qui ont d'autant plus de pruderie en paroles - qu'ils sont plus libres dans la conduite, avouaient publiquement - leur admiration pour Martial. J'ai sans doute bien mauvaise idée de - la Rome impériale, et je crois peu à la chasteté d'une ville où des - statues nues de Priape souillaient les palais, les temples, les - places publiques, les carrefours; où, dans les fêtes de Flore, on - voyait courir sur le soir, à travers les rues, non pas des - prostituées, mais des dames Romaines échevelées et nues; où les - femmes se baignaient pêle-mêle avec les hommes; où les comédiennes - se déshabillaient quand on leur avait crié du parterre: - Déshabillez-vous. Mais j'ai peine à croire qu'on pût s'y vanter - ouvertement de faire ses délices de Martial, si Martial eût été - aussi impur qu'il nous paraît aujourd'hui.» (Désiré Nisard, les - _Poètes Latins de la décadence_.) - -Le _Dictionnarium eroticum_ de Nicolas Blondeau ne fera pas faire de -grands progrès dans cette voie aux chercheurs de traduction exacte et -littérale. L'auteur, et François Noël qui l'a complété, sont tous les -deux des partisans à outrance de la périphrase, qui enveloppe le mot -comme une orange dans du papier, et de l'équivalent, qui n'équivaut -jamais, qui est toujours au-dessous, au-dessus ou à côté de l'expression -dont il s'agit de rendre l'énergie, la grâce ou la finesse. Il n'en est -pas moins curieux par le nombre, l'abondance de ces équivalents, de ces -périphrases patiemment colligées dans les auteurs ou plaisamment -imaginées, et dont quelques-unes sont de véritables trouvailles[29]. -Publié en son temps, il eût été le premier, ce qui est la meilleure -excuse de ses imperfections et de ses lacunes: la série des mots et -surtout des locutions érotiques est loin d'être complète dans les -volumineux Glossaires d'Henri Estienne, de Forcellini et de Du Cange, et -la difficulté de trouver l'acception spéciale au milieu d'une foule -d'autres, fait qu'on songe rarement à y avoir recours. Resté si -longtemps manuscrit, il a été devancé par un autre, bien connu des -amateurs, le _Glossarium eroticum linguae Latinae, sive theogoniae, -legum et morum nuptialium apud Romanos explanatio nova, auctore P. P._ -(_Parisiis_, 1826, in-8º), auquel on croit qu'Éloi Johanneau a -collaboré, mais dont l'auteur est resté incertain[30]. Ce recueil est -d'une utilité incontestable pour tous ceux qui veulent lire et -comprendre les érotiques ou satiriques Latins; il abonde en citations -qui éclaircissent les passages obscurs ou douteux, mais les explications -sont en Latin, ce qui laisse à celui de Blondeau et Noël une certaine -supériorité. La comparaison des deux ouvrages est instructive et montre -les difficultés d'un pareil genre de travail. Rien que dans la lettre A, -nous relevons chez Noël et Blondeau soixante-quinze mots ou locutions -qui ne se trouvent pas, au moins à cette place, dans le _Glossarium_ dit -de Pierrugues; en revanche, celui-ci en a deux cent vingt-huit négligés -par ses devanciers, et vingt-deux articles seulement sont communs aux -deux recueils. De plus, si on les collationne avec l'_Index_ du _Manuel -d'Érotologie_, on se convainc que près de la moitié des mots commentés -par Forberg ne se trouvent ni dans l'un ni dans l'autre. Une refonte -générale de ces trois ouvrages, sur un bon plan, donnerait un résultat -sinon parfait, du moins très satisfaisant. - - [29] Le suppositoire vivant, le gobet amoureux, le Calendrier naturel, - le combat de cinq contre un, le Manuel des solitaires, etc. - - [30] Quérard dit que les initiales P. P. cachent le chevalier P. - Pierrugues, ingénieur à Bordeaux, qui publia en la même année 1826 - un bon plan de cette ville. On lui attribue également, mais - peut-être à tort, les Notes de l'_Errotica Biblion_. C. de Katrix, - auteur d'un Avant-Propos placé en tête de ce dernier ouvrage, dit - avoir eu entre les mains un exemplaire du _Glossarium_ portant cette - mention: «_Ab Eligio Johanno constructum, auspicio et cura - (forsitan) baronis Schonen._ S. E.» - - * * * * * - -Il nous resterait, en terminant, à dire un mot de la langue érotique -contemporaine; mais quoique nous ayons des «naturalistes», qui ne -reculent pas devant les mots, et même des «pornographes», on serait -embarrassé de relever chez eux les éléments d'un vocabulaire original, -qui leur soit propre. Les plus timides ou les moins maladroits -s'essayent dans les réticences, les sous-entendus de Laclos et de -Crébillon fils; mais comme ils n'ont pas l'art exquis et la finesse de -ces maîtres, on devine l'intention qu'ils avaient de dire quelque chose, -plus qu'on ne voit clairement la scène qu'ils ont voulu décrire. -D'autres se sont fait avec des crudités du vieux Français, mélangées à -des trivialités de faubourg, à ce que Richepin appelle la gueulée -populacière, une langue hybride, bâtarde, assez écoeurante, et il en est -une pire encore, celle dont Alfred Delvau s'est constitué hardiment le -lexicographe dans son _Dictionnaire de la langue verte_, puis dans son -_Dictionnaire érotique moderne_. Nos pères avaient déjà, pour désigner -ces bonnes filles dont le métier est de faire plaisir aux hommes, un -nombre plus que suffisant d'appellations désobligeantes: carogne, catau, -catin, coureuse, créature, donzelle, drôlesse, gueuse, gourgandine, -poupée, putain; comme nous sommes plus riches! nous avons: allumeuse, -baladeuse, blanchisseuse de tuyaux de pipes, bouchère en chambre, -chahuteuse, chameau, chausson, crevette, éponge, gadoue, gaupe, gibier -de Saint-Lazare, gonzesse, gouge, gouine, grenouille, loupeuse, marmite, -menesse, morue, omnibus, paillasse, peau, pierreuse, punaise, rouchie, -rouleuse, rulière, sangsue, taupe, tireuse de vinaigre, tocandine, -toupie, traînée, vache, vadrouille ou vadrouilleuse, et vessie! Ce que -peuvent être les locutions imagées où ces termes choisis entrent en -combinaison avec d'autres de plus basse catégorie encore, on le conçoit -sans peine. Ni l'énergie ni le pittoresque ne leur manquent; mais à part -quelques bonnes et vertes Gauloiseries, ce vocabulaire est par trop -ordurier. Malgré toutes les raisons qu'on peut donner en faveur du -parler à la bonne franquette et contre la pruderie bégueule, nous -penchons à partager l'aversion de beaucoup de gens pour ces mots que -l'on nous dit être la langue de l'amour, et qui sentent mauvais, qui -font sur le papier comme des taches malpropres. Nous sommes volontiers -de l'avis de La Fontaine: - - L'Amour est nu, mais il n'est pas crotté. - - -Paris, Avril 1885. - - - - -DICTIONARIUM - -EROTICUM - -LATINO-GALLICUM - - - - -A - - -ABSOLVERE HOMINEM VENERI. _Cicero._ Priver un homme des marques de la -virilité; le décharger des soins que l'on rend à Vénus; l'exempter de -faire ses hommages à la déesse d'amour; le dispenser de servir les -dames; mettre un frein à ses désirs amoureux; donner des bornes à ses -galants exploits; retenir l'inclination qu'il peut avoir de faire -service aux belles; le délier des engagements qu'il peut avoir avec la -mère d'Amour; lui retrancher tout commerce galant. Ou, au contraire: -rendre un homme capable de servir Vénus; le perfectionner de manière que -ses soins soient toujours agréables; lui procurer tous les avantages -nécessaires pour faire recevoir ses hommages; le rendre parfait dans -l'art de faire service aux dames; le tourner de sorte qu'il plaise -partout; lui faire prendre un air à réussir près des belles; le mettre -en état de se rendre digne des regards de la mère d'Amour; en faire un -joli homme, un homme consommé dans l'art de la galanterie; rendre un -homme aimable et tout galant. Ou: absoudre un homme de tout ce que Vénus -lui fait faire; lui pardonner tout ce qu'il entreprend en faveur de ses -feux; excuser les fautes amoureuses d'un galant; avoir de l'indulgence -pour les erreurs où sa passion le plonge. - -ACERSECOMES, _ae_, m. _Juv._ Catamite. - -ADDUCTRIX, _icis_, f. Conciliatrice de volontés, médiatrice[31]. - - [31] Voyez AGABULA, LENO. - -(N) ADHINNIO, _is, ire_. Crier de joie en voyant une belle femme; se -sentir vivement ému par sa présence, et ne pouvoir modérer les -transports qu'elle excite. - -ADINEO, ADINIO, _is, ivi, itum, ire_. _Col._ Dormir à l'Hébraïque. - -ADVERSUS ET AVERSUS IMPUDICUS EST. _Cic._ A découvert ou en secret, il -est toujours débauché; qu'on le regarde ou qu'on ne le regarde pas, il -ne s'en livre pas moins à sa passion déréglée; qu'on puisse le savoir ou -l'ignorer, c'est tout un pour son tempérament amoureux; qu'il soit en -compagnie ou sans témoins, il faut que son dérèglement ait son cours; -qu'on le voie ou non, il donne tout au plaisir de ses sens. Ou: l'une et -l'autre Vénus le touchent également; de quelque côté qu'on le prenne, on -n'y trouvera que débauche; s'il aime l'action, il veut bien la souffrir. - -AEDOEICA ULCERA, n. Chancres aux parties naturelles. - -AEDOEICON, _i_, n. Le membre, la verge. - -AEDOEPALMUS, _i_, m. Priapisme, érection continuelle; maladie qui cause -une tension du v.. douloureuse et continue[32]. - - [32] Une tension douloureuse et continue dans la partie reproductive - de l'espèce humaine. - -AFFERRE CONSECUTIONEM VOLUPTATIS. _Cic._ Faire jouir de ses amours; -procurer le plaisir de la jouissance; mettre en possession de l'objet de -ses voeux; faire venir le moment heureux en amour; donner la facilité -d'exécuter ses desseins galants; faire naître l'occasion de satisfaire -ses désirs amoureux; mettre un amant au comble de la joie; faire -apercevoir que l'heure du berger sonne; mettre en état de donner dans le -but des amants; rendre un amant heureux; fournir les moyens de se -divertir. - -AGABULA, _ae_, m. f. Maquereau; maquerelle. - -AGAGULA, _ae_, m. f. Maquereau; maquerelle. - -AGAGULO, _onis_, m. Maquereau. - -AGERE LENONEM. _Cic._ Faire le métier de pourvoyeur de Vénus; se mêler -d'appareiller des amants; travailler à concilier les volontés en amour; -s'appliquer à l'union des amants; donner ses soins à rendre mutuelles -les inclinations amoureuses; être agent de change en amour; s'attacher à -rendre les amants contents; s'employer à faire réussir les passions -galantes; faire l'office d'appareilleur d'amour; faciliter les approches -intimes des amants; être conciliateur en amour. - -AGITO, _are_. _Hor._ Se prend aussi pour faire l'action que demande une -passion qui fait le plaisir et la peine de la plupart des hommes. - -AGNEON, _i_, n. Bordel, lieu où l'on trouve des filles de commodité; par -antiphrase, bon lieu[33]. - - [33] Ou, plutôt, mauvais lieu que le plaisir n'habite jamais, et où le - mal habite toujours. - -(N) AGO, _is, egi, actum, agere_. Agir; est le contraire de _pati_; -souffrir les agissants. C'est jouer avec ardeur au jeu d'amour. Il est -du style Sodomitique. - -AGULA, _ae_, f. Appareilleuse, maquerelle. - -ALECTRA, _ae_, f. Celle qui ne laisse pas de prendre les plaisirs de -l'amour, bien qu'elle soit sans mari; celle qui se console galamment de -la solitude du célibat ou de la viduité; celle qui se sert du remède -propre à guérir les chagrins où le célibat et le veuvage peuvent -plonger[34]. - - [34] Épicurienne qui laisse à qui les veut les peines et les tourments - du mariage, mais qui s'en procure les plaisirs. - -ALICARIAE, _arum_, f. _Plaut._ Filles de joie qui se tenaient devant les -boutiques des vendeurs de fromentée, attendant aventure. - -ALIENUS EST DIU VENERIS USUS EO QUI CONVALUIT. _Cels._ Celui qui relève -de maladie se doit interdire pour un temps l'usage de Vénus; les délices -de l'amour sont un mets dont les convalescents ne doivent point goûter; -au sortir d'une maladie, on doit être dispensé pour quelque temps du -service des belles; les plaisirs de l'amour ne sont point faits pour un -convalescent; il ne sied point du tout de faire le galant tant qu'on a -besoin de reprendre des forces; vouloir faire l'amour pendant une -convalescence, c'est chercher entre les bras de Vénus une rechute[35]. - - [35] Ou même la mort. Les vieillards sont comme les convalescents: - l'usage des plaisirs amoureux les tue ou les rend imbéciles. - -ALILARIA, _ae_, f. Garce suivant la Cour, putain de Cour[36]. - - [36] Comme les gens de Cour sont au-dessus des préjugés, c'est pour - cela qu'elles y abondent. - -ALLUDERE AD SCORTUM. _Ter._ Se jouer à une courtisane[37]. - - [37] Badiner, folâtrer avec une fille de joie. - -(N) ALUTA, _ae_, f. Peau inutile; boyau sans ressort et propre à être -livré au mégissier. _Aluta Priami_: vieil outil qui ne peut plus servir -qu'à exciter les sarcasmes des jeunes filles. Instrument fêté dans sa -jeunesse, et méprisé, comme tant d'autres choses, lorsqu'il se trouve -usé par le service ou la vieillesse. - -AMASCUS, _i_, m. _Plaut._ V. AMASIUS. - -AMASIA, _ae_, f. _Gell._ Celle qui aime, ou qui est aimée, maîtresse. -Ou: femme galante[38]. - - [38] Bonne amie à qui il ne manque que le contrat matrimonial pour - être une femme parfaite. - -AMASIO, _onis_, m. _Apul._ V. AMASIUS. - -AMASIOLA, _ae_, f. Une petite maîtresse, une jeune enfant qu'on aime. - -AMASIOLUS, AMASIUNCULUS, _i_, m. _Petr._ Un jeune amoureux, un petit -galant. Ou: un petit favori, un jeune mignon. - -AMASIUS, _ii_, m. _Plaut._ Un amoureux, un galant, le berger d'une -bergère, l'amant d'une belle. Ou: celui qui est porté à l'amour, qui est -enclin aux plaisirs de Vénus. Ou: un favori, un mignon, celui qui -souffre les caprices amoureux d'une passion déréglée. - -AMATIO, _onis_, f. _Plaut._ Amourachement, amourette; attachement -galant, inclination amoureuse. - -AMATOR, _oris_, m. _Ter._ Un amoureux, un galant, un passionné, un -amant[39]. - - [39] En Français, le mot _amateur_ équivaut à libertin: un friand de - jeunes tendrons. - -AMATORCULUS, _i_, m. _Plaut._ Diminutif d'_amator_. - -AMATORIA VOLUPTATE FRUI. _Cic._ Goûter les plus parfaites douceurs de -l'amour; jouir des plaisirs amoureux; satisfaire ses amoureux désirs; -s'enivrer des délices de l'amour. - -AMATRICULA, _ae_, f. V. AMASIOLA. - -AMATRIX, _icis_, f. _Plaut._ Amante, amoureuse, bergère, maîtresse. - -AMATUS, _us_, m. Ce qu'on aime, objet aimé, ses amours, son inclination. - -AMBULARE IN MASCULOS. _Sen._ Donner dans ses amours l'exclusion au beau -sexe; prendre un sexe pour l'autre dans ses divertissements amoureux; -faire un affront aux femmes et à la nature; se méprendre au sexe dans -ses amours; aimer ses pareils avec dérèglement. - -(N) AMICUS LAEVIS vel LEVIS. Ami jeune et sans barbe, qui chez les -Anciens tenait lieu d'une amie et en faisait les fonctions. - -AMISSI CORPORIS DAMNUM. _Phaed._ Le dommage que cause la perte de la -virilité, la perte de ce qui nous distingue et qui nous fait aimer des -femmes. - -(N) AMOR, _is_, m. L'Amour, le fils de Vénus; la passion d'aimer. Cette -passion n'est point obscène par elle-même, mais l'abus de l'amour le -devient. _Amor Socraticus_: l'amour Socratique, quoique portant le nom -d'un sage, doit être proscrit de la bonne compagnie et relégué dans les -collèges, les séminaires, les couvents et dans toutes les sociétés -composées d'hommes qui connaissent trop ou trop peu les femmes. La bonne -philosophie n'est point de contrarier la nature. L'amour Platonique est -au moins fondé sur la délicatesse, mais les femmes commencent à -l'abjurer comme inutile et ridicule. - -AMPHICAUSTIS, _is_, f. (dans les comiques). La partie sans laquelle les -femmes seraient bien malheureuses. - -AMPHIDAEUM, _i_, n. Les lèvres rebordées de la bouche inférieure, qui -engloutit la plus pure substance des hommes. - -(N) AMPLEXUS, _us_, m. Étreinte amoureuse, embrassement, baiser. - -ANAGRIPH, ind. Le plaisir amoureux pris avec une fille, ou avec une -veuve. - -ANAITIS, _idis_, f. Vénus Assyrienne, dans les temples de laquelle les -filles des meilleures maisons tiraient gloire d'avoir gagné leur mariage -en satisfaisant les désirs amoureux de tous ceux qui se présentaient, et -après ce galant noviciat trouvaient à se marier plus avantageusement, vu -leur grande expérience[40]. - - [40] Si les divinités des Assyriens avoient des temples en France, nos - jeunes filles n'auraient pas les pâles couleurs. - -ANAPHLASMUS, _i_, m. Le plaisir amoureux. - -ANAPHLYSTIUM, _ii_, n. Le mariage solitaire, le combat de cinq contre -un. - -ANAPHLYSTIUS, _ii_, m. Qui trouve une femme dans sa main. - -ANAPHRODISIA, _ae_, f. Apathie de la nature, insensibilité pour les -plaisirs de l'amour[41]. - - [41] Mort anticipée. - -ANAPHRODISUS, _a, um_. Qui est insensible aux plaisirs de Vénus; qui est -dans l'indolence à l'égard de l'amour; qui n'a aucun goût pour les -douceurs amoureuses; que les charmes de Vénus n'attirent point; qui -n'est ému d'aucuns désirs pour la beauté; que les délices de l'amour ne -tentent pas; qui n'est point touché des attraits de Vénus; qui n'a -aucune pente aux divertissements amoureux; qui ne se sent point; -insensible aux traits de l'Amour; sur qui les appas de Vénus ne font -point d'effet. - -ANCUBA, _ae_, f. Succube, qui est introduite dessous. - -ANCYRA, _ae_, f. V. MENTULA. - -ANDROGENIA, _ae_, f. L'union des corps qui perpétue le genre humain; la -liaison des deux sexes pour la propagation des hommes; le mélange des -corps et des esprits pour reproduire son semblable; ce qui donne -naissance à l'amour et ensuite aux hommes. - -ANDROGENUS, _a, um_. Qui s'étudie à la reproduction; qui prend soin de -la propagation humaine; qui fait ce qu'il peut pour perpétuer le genre -humain; qui travaille à se faire des successeurs; qui s'emploie à se -donner une postérité. - -(N) ANDROGYNUS, _i_, m. Androgyne. On appelle de ce nom l'être qui -réunit les deux sexes. Deux androgynes parfaits équivaudraient à quatre -personnes ordinaires; mais comme la Nature les crée presque tous -imparfaits, douze androgynes ne valent ni un homme ni une femme. - -ANDROPHYTIDES, _is_, _omn. gen._ Qui est propre à donner des habitants à -sa patrie; qui a tous les talents nécessaires pour peupler le monde; à -qui rien ne manque pour fournir des sujets à l'État; qui ne laissera pas -périr la race des hommes par sa faute; qui est en état de travailler à -la propagation du genre humain. - -ANDROSATHUS, _i_, m. Que l'Amour a libéralement fourni; avantageusement -pourvu des dons de l'Amour[42]; qui a de grandes parties pour Vénus; à -qui l'Amour a fait présent d'un sceptre magnifique; qui est avantagé de -la nature en faveur des dames; qui a un grand talent pour persuader en -amour; un substitut du dieu des jardins; un second Zagachrist. V. -MENTULATUS. - - [42] Qui a de grands moyens de plaire au beau sexe. - -(N) ANHELO, _as, are_. _Juv._ Montrer toute sa vigueur et se mettre hors -d'haleine; être sur le grabat pour avoir trop travaillé. - -ANITERGIUM, _ii_, n. Mouchoir de commodité, torchecul[43]. - - [43] Si ce mot n'est pas propre, au moins il est expressif. - -ANO FASCINUM INSERERE. _Petr._ Introduire un suppositoire vivant. - -ANTILLO, _as, are_. V. SCORTOR. - -ANULARE, _is_, n. La bague que l'on court en amour; l'anneau que l'amour -cherche à mettre à son doigt[44]. - - [44] Et qui est propre à tous les hommes. - -ANXITIA, _ae_, f. Fille de joie, garce[45]. - - [45] Coquine. - -APHRODISIA, _orum_, n. _Plaut._ Les plaisirs de Vénus, les jeux où Vénus -engage les amants, les combats amoureux, les victoires amoureuses, les -exercices d'amour. - -APHRODISIAS, _adis_, f. Ile dans le golfe Persique, où Vénus était -servie de la manière la plus tendre et la plus vigoureuse. - -APHRODISIASMUS, _i_, m. Le service de Vénus; l'usage des contentements -que Vénus peut procurer; le doux emploi auquel la mère d'Amour destine -les amants; le devoir amoureux. - -APHRODISIUM, _ii_, n. Les délices où Vénus invite; le plaisir sans -lequel on ne verrait point d'amants; les douceurs qu'offre la mère -d'Amour pour payer les maux que son fils fait souffrir. - -APHRODISIUS, _a, um_. Qui est tout à Vénus; qui s'est voué tout entier à -la mère d'Amour. - -APHRODITARIUM, _ii_, n. Médicament propre au service de Vénus. - -APOCOPUS, _i_, m. Eunuque; homme qui a souffert un retranchement -considérable; personnage de mauvais augure pour les dames; inhabile ou -impuissant; celui dont les forces ne lui permettent pas de servir sous -les enseignes d'Amour; auquel il n'est pas permis de lever l'étendard -amoureux; qui est dans l'impuissance de combattre amoureusement[46]. - - [46] Dont le lit est un lit de repos. - -APORAPHANIDOSIS, _is_, f. Peine des pauvres surpris en adultère à -Athènes, auxquels on fourrait un navet dans le cul après leur en avoir -arraché les poils; d'où est venu le proverbe: _Drôle à la fesse -tondue_[47]. - - [47] Le code criminel d'Athènes méritait aussi d'être réformé. - -AQUACULO, _as, are_. Maquereller, faire le maquerellage. V. AGERE -LENONEM. - -AQUARIOLUS, _i_, m. _Cic._ AQUARIUS, _ii_, m. _Juv._ Maquereau, -pourvoyeur d'amour[48]. Ou (_Apul._): cocu volontaire, mari commode. Ou -(_Fest._): suppôt de bordel, souteneur, mangeur de blanc. - - [48] Voy. BALLIO. - -AQUATICULUS, _i_, m. Le bas du ventre; l'endroit où sont les parties -destinées à la génération, qui, par l'abondance d'une chaleur humide qui -y règne, se couvre de poils; le pénil; la motte[49]. - - [49] L'aqueduc d'amour. - -ARARE FUNDUM ALIENUM. _Plaut._ Cultiver le champ d'autrui; travailler à -la tâche d'un autre; mettre en oeuvre le fonds de son voisin; prendre -soin des plaisirs de la femme de quelqu'un; se divertir aux dépens des -maris. - -ARCUM TENDERE. _Apul._ Se mettre en état de servir les belles; être en -amour sous les armes; se tenir prêt pour le combat amoureux; se disposer -à l'attaque amoureuse; diriger son intention au service des dames. - -ARDERE FELICITER. _Ovid._ Être heureux en amour; avoir du bonheur dans -ses amours; être vu de bon oeil par les dames; être bien reçu des -belles; être favorisé du beau sexe; ne point soupirer à crédit; ne -s'enflammer jamais seul; ne point brûler d'une passion infructueuse; -être homme à bonne fortune. - -ARGA, _ae_, f. Le vase amoureux. - -ARGENTARIAE ELECEBRAE. _Fest._ Filles de joie. - -ARIETINO, _as, are_. Beliner. - -(N) ARMA VIRILIA. Les armes propres à la joute amoureuse. - -ARRHENOCOETES, _ae_, m. Pédéraste, adonné à l'amour des mâles, -bougre[50], Sodomite[51]. - - [50] Bulgare. - - [51] Hérétique en amour. - -ARRIDET FORTUNAE HORA. _Petr._ Voici l'heure du berger; berger, ton -heure sonne; le moment heureux est venu. - -ARRIGERE AD VETULAS. _Mart._ Être fort galant près des vieilles; ne pas -mépriser les vieilles amoureuses[52]. - - [52] Heureux qui peut ainsi faire, car les jeunes doivent bien trouver - leur compte avec un tel homme. - - Le mot _arrigere_ s'emploie presque toujours avec un autre mot qui - détermine le genre d'action qu'il exprime. En langage lubrique, cela - veut dire: avoir la lance en arrêt pour attaquer les jeunes filles - et les jolies femmes. _Arrigere in aliquam_: avoir une intention, - des désirs de préférence pour une dame. _Arrigis? en propera_, dit - Pétrone à une jeune fille qui n'osait pas profiter d'une bonne - occasion. - -ARSENOCOETA, _ae_, m. V. ARRHENOCOETES. - -ARSENOTHETA, _ae_, m. Corrupteur de jeunes garçons[53]. - - [53] Homme dangereux, qui ne fait rien qu'à rebours du bon sens. - -ARTICULOS OMNES COMMODITATIS & SCIRE. _Plaut._ Connaître l'heure du -berger[54]. - - [54] Deviner le moment de la faiblesse des dames. - -(N) ARVA CONSERERE MULIEBRIA. Ensemencer les champs d'amour; rendre une -femme fertile. - -ARVUM GENITALE. _Virg._ ARVUM MULIEBRE. _Lucr._ Le champ que l'amour -fait cultiver; le jardin de Vénus; la patrie commune de tous les hommes; -le pays natal; le lieu de la naissance. - -ASINIS (AB) AD BOVES TRANSIRE. _Plaut._ Quitter la mandille pour devenir -fermier général; passer du régiment de l'arc-en-ciel dans la brigade de -la fortune; parvenir d'une condition médiocre à une fortune -considérable. - -ASOTIUM, _ii_, n. Endroit où l'on se divertit; lieu de plaisir; maison -de divertissement; maison libre; maison de liberté; maison où l'on se -réjouit. - -ASSILIO, _is, lii, lui, ultum, ire_. _Col._ Saillir; couvrir; faire -l'action naturelle; sauter sur les quatre quartiers[55]. - - [55] Cela se dit plutôt des animaux que des hommes. - -ASTYANASSA, _ae_, f. La suivante d'Hélène, qui composa un livre des -différentes manières d'androgyniser: ce que Philénis et Éléphantine -imitèrent depuis; et, de nos jours, Louise Sigée de Tolède, dame -Espagnole, et le magnifique Molza, Florentin. - -ATAURUS, _a, um_. Qui n'a point encore fait l'exercice de Vénus[56]. - - [56] Novice qui ne connaît rien aux plaisirs de l'amour. - -ATHYR, ATHYRI, ind. L'antre des Nymphes; la fontaine où l'on porte -l'eau; la boutique où l'Amour fait travailler en peau. - -ATTENUATUS AMORE. _Ovid._ Atténué par les fatigues de l'exercice -amoureux. - -ATTRECTARE UXOREM ALICUJUS. _Cic._ Manier, patiner, tâtonner la femme de -quelqu'un[57]. - - [57] La caresser. - -AVERSA VENUS. _Jul. Cap._ Amour désordonné, dérèglement en amour; injure -faite à Vénus et aux belles; la Vénus antistrophe; l'art subtil. - - - - -B - - -BABALUM, _i_, n. La pique du dieu gardien des jardins; le sceptre de -Cupidon. - -(N) BACCHANALIA. Bacchanales, ou les fêtes en l'honneur de Bacchus, dieu -de la vendange. D'abord elles furent décentes, mais elles offrirent -ensuite tous les désordres de la débauche la plus crapuleuse. On portait -en procession des membres virils couronnés par des matrones -respectables. Les Bacchantes couraient les rues toutes nues. Aujourd'hui -il n'y a de Bacchanales que dans de petits appartements consacrés à -cela, et ces fêtes se nomment, comme autrefois, orgies. - -BADAS, _ae_, m. Qui se laisse métamorphoser en fille; qu'on emploie pour -fille[58]. - - [58] Par une erreur bien volontaire. - -BAETA, _ae_, m. Qui se laisse prendre pour une jolie fille, et qu'on -traite de même. - -BALANUS, _i_, m. Le gland qu'on offre à Vénus; la tête du dieu Priape. - -BALLIO, _onis_. _Cic._ Conciliateur d'amourettes; pourvoyeur -d'amour[59]. - - [59] Négociant en jeunes filles. - -(N) BALNEA, _eorum_. Bains publics, endroits de rendez-vous et -préparatoires à la prostitution. Les Romains y allaient pour examiner -les hommes nus, et choisir en quelque sorte les jeunes gens les plus -propres à contenter leur goût singulier pour le péché contre nature. On -dit que, dans plusieurs de ces endroits, les hommes et les femmes se -baignaient pêle-mêle. Véritablement, les Romains ont poussé très loin ce -genre de mollesse, qui se retrouve en Asie. - -(N) BAPTAE, _arum_, m. Prêtres de Cotytto, dont il sera parlé plus bas. -C'étaient de francs vauriens et les plus débauchés des hommes. De tous -temps les prêtres ont été libertins plus ou moins ouvertement. - -(N) BASIATIO, _onis_, f. Baiser, l'action d'embrasser. Voy. OSCULUM. - -(N) BASIO, _as, are_. Baiser, donner des baisers, embrasser. - -BASSARA, _ae_, f. Fille de joie, courtisane. - -BATALUM, _i_, n. BATALUS, _i_, m. Le batail, ou le battant de la cloche -amoureuse. - -BATALUS, _i_, m. Qui souffre qu'on le fasse servir de femme; qui laisse -exiger de lui le plaisir que les femmes seules devraient donner. Ou: -Voy. PODEX. - -BETA, _ae_, f. Voy. BAETA. - -BILBIL, _ind._ BILBIS, _idis_, f. _Fest._ BILLIS, _is_, f. Le lait -d'amour répandu à terre[60]. - - [60] Esprit-de-vin évaporé contre l'intention de la Nature. - -(N) BONA DEA. Cérès, ou la Bonne Déesse. Ses mystères, inconnus aux -historiens et aux mythologistes, ne l'étaient pas à Juvénal. Si on l'en -croit, il s'y passait de son temps des choses qui offensent rudement la -pudeur. Cérès était la déesse de la terre et de la fécondité; une de ses -fêtes avait lieu au mois de Mai, si célèbre par la révolution qui se -fait dans la nature, qu'une chaleur nouvelle semble vivifier alors et -rappeler aux actes d'une régénération entière. Ce que dit Juvénal de la -licence de ces fêtes fait croire que, quoique dans les premiers temps de -leur institution à Rome elles eussent été chastes, néanmoins, par -analogie avec les propriétés du mois de Mai, il s'y serait introduit des -mystères très opposés à leur première institution. Les prêtres de tous -les pays ont le talent de régénérer, par des institutions commodes, la -religion lorsqu'elle se perd. Les mystères d'Isis, de Vénus, de Bacchus, -de Priape, n'étaient guère plus chastes. Clodius, à Rome, tenta le -premier de violer les mystères de la Bonne Déesse, qui se célébraient à -huis clos entre femmes, et, sous un déguisement féminin, s'introduisit -dans la maison de César pour mieux jouir de Pompeia, qu'il aimait. -Pompeia était la femme de César: elle ne pouvait mieux se venger de ses -infidélités qu'avec ce Clodius, l'un des plus beaux chevaliers de son -temps. - -Voy. Juvénal, sat. 6e, vers 313 et suiv.; Apulée, au liv. 8e de ses -_Transformations_. - -BIPENNA, _ae_, f. L'instrument avec lequel l'Amour taille sa besogne. - -BUBALIUM, _ii_, n. La bague qu'on court dans l'académie amoureuse. - -BUCHEIS, _idis_, f. Palma Christi, plante merveilleuse pour les -exercices d'amour. Elle croît en Syrie[61]. - - [61] Rien n'est plus dangereux que ces remèdes aphrodisiaques. Ils - conduisent à l'impuissance par le plus court chemin. - - - - -C - - -CADERE CREBRO. _Plaut._ Tomber souvent sur les bras d'une aimable -ennemie[62]. - - [62] C'est un plaisir qu'on n'a pas toujours le pouvoir de se procurer - et qui n'en est que plus piquant lorsqu'on l'éprouve. - -CADURCA, _orum_, n. Les bords de la fontaine d'amour; les lèvres de la -bouche amoureuse; ce qu'on appelle, aux vieilles, les babines. - -CADURCUM, _i_, n. Le cabinet de Vénus, la loge amoureuse[63]. - - [63] La chambrette des délices. - -CAPULUS, _i_, m. _Priap._ Le manche amoureux; la poignée d'amour. - -CARUNCULA, _ae_, f. Carnosité; excroissance de chair; chair glanduleuse -et spongieuse; caroncule, dont quatre forment une barricade au devant du -chemin couvert de la forteresse d'amour. Palissade sur laquelle niche -quelquefois cet oiseau rare qu'on appelle aux Indes oiseau de Paradis, -et en France pucelage. - -CASALBADIUM, _ii_, n. _Petr._ Fille de commodité, fille de joie. - -CASALVIUM, _ii_, n. Lieu, à Athènes, où l'on pouvait se fournir de -filles commodes. - -CASAURA, _ae_, f. Fille commode. - -CASAURIUM, _ii_, n. Bordel, lieu de plaisir. - -CASTRA CUPIDINIS. _Ovid._ Le camp de l'amour; le poste amoureux. - -(N) CASTRO, _as, are_. Ôter le sexe à un homme; le rendre neutre, -inhabile à la génération; le priver de ce qui attire les dames, de ce -lien qui joint un sexe à l'autre et des deux n'en fait qu'un. _Eunucho -committere juvenem_ exprime la même chose que _castrare_. - -CATADACTYLIUM, _ii_, n. La bague puérile, que courent certaines gens -d'un goût extraordinaire. - -(N) CATAMITUS, _i_, m. Favori de Jupiter, Ganymède; jeune garçon -substituant les filles. Notre mot Français _chattemite_, que l'on -interprète par ceux-ci: _patelin_, _rusé_, _hypocrite_, n'aurait-il pas -aussi quelque analogie avec celui-ci? Voy. CONCUBINUS, PULLUS. - -CATAPYGOS, _i_, m. Qui recherche la Vénus antistrophe. Ou: le doigt du -milieu auquel on met quelquefois une bague, mais qui n'en porte -jamais[64]. - - [64] Des religieux Asiatiques, par esprit de pénitence, se mettent au - gland un anneau assez lourd pour empêcher l'effet des désirs - charnels. - -CATAPYGOSINE, _es_, f. L'amour de Vénus antistrophe, l'exercice de l'art -subtil; la passion à laquelle les auteurs orientaux disent que la femme -de Loth s'était soumise. - -(N) CATIA MATRONA. Femme qui s'habille à la manière des courtisanes, qui -savent faire valoir tous leurs avantages corporels; femme leste, -élégante. - -CAUDA, _ae_, f. _Hor._ Ce qu'on appelle la queue dans les animaux qui -n'en ont point. - -CAULIS, _is_, m. CAULOS, _i_, m. La tige du genre animal. - -(N) CELLA, _ae_, f. La cellule des prêtresses de Vénus; la petite alcôve -où elles se retirent pour sacrifier à l'amour dans un lieu de -prostitution. - -CERCOLIPA, _ae_, m. _Catull._ Voy. PENIS. - -(N) CEVEO, _es, cevi, cevere_. _Juv._ Il a la même acception que le mot -_crissare, crisso_, cité plus bas. Cependant le verbe _cevere_ désigne -plus spécialement le mouvement des hommes pendant le plaisir à la -Grecque: _Ego te ceventem, Sexte, verebor._ _Juvenalis._ - -CHALAMYDES, _dum_, f. Celles qui, par humilité, veulent bien prendre sur -elles le fardeau du genre humain. - -(N) CHALCIDISSO, _as, are_. Mot tiré du Grec, qui exprime un genre de -fantaisie érotique qui consiste à se faire lécher ou sucer les parties -naturelles par des enfants. Les anciens habitants de la Chalcide -chérissaient cette singulière volupté. - -CHELIDON, _onis_, f. La caverne de Vénus; le gouffre où se précipitent -la plupart des hommes. - -CHIA, _ae_, f. _Mart._ (_Subaud._ FICUS). La figue que les Ganymèdes -donnent à entamer, que Martial dit être d'un goût piquant et qui excite: -au lieu que, dans les femmes, il dit qu'elle est fade et insipide, et la -nomme _marisca_, et prétend que c'est un second c... - -CHOEROS, _i_, m. La bauge où se vautrent les hommes les plus propres; le -bourbier où presque tous les hommes se plongent. - -CHRYSION, _ii_, n. Le Priape enfantin, une courte, une guigi, une -margot. - -(N) CICINNIA, _ae_, f. La patronne des mignons ou Ganymèdes. - -CIDARIUS, _ii_, m. Pédéraste; qui aime les jeunes garçons. - -CILLO, _onis_, m. _Sext. Pomp. Ict._ Qui se laisse assujettir à -l'ouvrage dont les femmes sont jalouses; qui usurpe l'emploi des femmes -dans la République d'Amour; qui souffre les caresses qui ne sont dues -qu'aux femmes[65]. - - [65] Et mérite par conséquent leur juste indignation. - -CINAEDIA, _ae_, f. CINAEDIUM, _ii_, n. La patience à se laisser -métamorphoser en femme. - -CINAEDOLOGUS, _i_, m. Qui s'entretient de ce que les Italiens appellent -l'art subtil; qui parle de l'amour déréglé pour les jeunes garçons. - -CINAEDOLOGI, _orum_, m. Vers qui traitent de l'art subtil des Italiens. - -CINAEDUS, _i_, m. _Catull._ Jeune garçon qui se livre à toutes les -caresses que l'on veut lui faire[66]. - - [66] Octave, qui depuis fut appelé Auguste, passe pour avoir joué ce - rôle auprès de César, qui, par reconnaissance, l'adopta. Les - Romains, avant que d'être abrutis par l'esclavage, lui firent un - jour sentir qu'ils savaient bien qu'il devait le trône à cette - complaisance, et applaudirent devant lui à ce vers d'une comédie que - l'on jouait: - - _Videsne ut cinaedus orbem digito temperet?_ - - Ce goût paraît être celui des grands rois, et c'est peut-être pour - cela que le grand Frédéric en était entiché de nos jours. - -CIPUS, _i_, m. Le terrain où se plante le piquet amoureux. - -CISTUS, _i_, m. _Plin._ La corbeille féminine; le panier où l'Amour met -ses oeufs[67]. - - [67] Heureux qui les casse! - -CLAVUS CUPIDINIS. _Plaut._ Le clou de Cupidon, qui entre par la -tête[68]. - - [68] Le passe-partout du jardin de Cypris. - -(N) CLAZOMENAE, _arum_, f. Les fesses: la partie chérie des hérétiques -en amour. Comme les habitants de la ville Grecque nommée Clazomène -étaient fort amateurs en ce genre, le nom de la ville est resté à -l'objet de leur amour. C'est comme nous appliquons le nom de _Normand_ à -quelqu'un que nous jugeons fin et cauteleux. - -CLINOPALE, _es_. _Suet._ L'exercice de la couchette; les tours de lit; -la lutte amoureuse sur un lit, de peur de se blesser en tombant[69]. - - [69] Les gens à tempérament regardent cet exercice comme aussi - nécessaire que celui de boire et de manger; et souvent ils ne - considèrent les femmes que comme un meuble de ménage. Cette idée - n'est point galante: en conséquence, il faut que les femmes fassent - payer à ces gens-là leur utilité. - -CLITORIAZO, _is, ire_. Clitoriser, se chatouiller le clitoris avec le -bout du doigt pour se faire rire; ou faire cette action sur une personne -dans la même intention. Badiner à l'endroit sensible; se jouer à la -partie chatouilleuse; folâtrer du bout du doigt avec le loquet du -cabinet d'amour[70]. - - [70] Gratter à la porte du palais d'amour. - -CLITORIS, _is_, f. CLITORIUM, _ii_, n. Le clitoris, petit corps très -sensible au haut de la partie naturelle de la femme; il a la figure du -membre de l'homme. Le loquet du cabinet d'amour; le Priape féminin. - -(N) CLIVUS, _i_, m. La double colline qui se trouve au bas du dos. Voy. -CLUNES. - -(N) CLUNES, _ium_, f. _Clunes agitare, movere._ _Priap._ S'agiter, se -remuer pendant le plaisir amoureux; faire sauter son homme. Ce qui suit -s'applique aux non-conformistes comme aux femmes: _clunibus fluctuare -crispatis_. - -COA, _ae_, f. Femme qui boit bien, et qui ne refuse pas d'autres -plaisirs[71]. - - [71] _Venus Coa_: femme débauchée, libertine à table. _In triclinio - Coa, in cubiculo Nola._ - -COEO, _is, ivi, itum, ire_. _Ovid._ Se choquer amoureusement; unir les -corps comme les coeurs; s'exercer au combat amoureux; faire l'action; -faire en compagnie le voyage amoureux. - -(N) COETUS, _us_, m. L'union charnelle des corps, légitime lorsque des -contrats l'ont sanctionnée; illégitime quand elle tient à la convention -du moment ou à la volonté passagère de deux individus. _Coitus_ et -_concubitus_ lui sont synonymes. - -COIRE FURTIM. _Ovid._ Dérober la connaissance d'un duel amoureux; -prendre à la dérobée le plaisir, qui est plus doux quand on le -dérobe[72]. - - [72] Si toutefois on dérobe un plaisir consenti par les deux personnes - intéressées à ce plaisir. - -COGNOSCO, _is, ovi, itum, ere_. _Ovid._ Connaître de la manière la plus -intime et la plus sensible, et par celui de tous les sens qui fait le -plus de plaisir[73]. - - [73] Connaître est alors synonyme avec posséder et jouir. - -COGNOSCERE AMORES SUOS. _Ovid._ Jouir de ses amours; connaître -actuellement quel est le plaisir qu'on peut tirer de ce qu'on aime. - -COLEATUS, _a, um_. _Pomp. Ict._ Qui a des témoins pour prouver son droit -en amour. - -COLEATA CUSPIS. _Pomp. Ict._ L'aiguille de l'horloge d'amour et ses -contrepoids; le dard, ou la flèche de Cupidon garnie de ses pennes. - -COLEPHIUM, _ii_, n. Pain qui avait la figure de ce que, par excellence, -l'on appelle le membre[74]. - - [74] _Coliphia_: c'était le pain dont se nourrissaient les athlètes. - On croit qu'il était de même sorte que la béquille du Père Barnaba, - et qu'on y glissait de la racine de satyrion pour augmenter les - forces dans la lutte amoureuse. - -COLES, _is_, m. _Cels._ La pique du dieu qui gardait les jardins; le -dard de Cupidon, la flèche de l'Amour[75]. - - [75] La clef de toutes les serrures féminines. - -COLEUS, _i_, m. _Cic._ Témoin en justice amoureuse; ce qui rend -témoignage de la virilité; témoin de la validité d'un mariage. - -COLUMBOR, _ari_, dép. _Sen._ Baiser à la pigeonne; pigeonner; donner et -recevoir des coups de langue qui n'offensent point[76]. - - [76] Ou, par périphrase, _humida dare oscula pugnantibus linguis_. - _Tibull._ S'embrasser de tout coeur. - -COLUMNA, _ae_, f. La colonne de l'architecture humaine. - -COMMITTERE OSCULA LINGUAE. _Ovid._ Commettre à la langue le soin de -l'assaisonnement des baisers; faire servir la langue à rendre les -baisers plus délicieux. - -COMPRESSA VIRGO. _Ter._ Fille qui a été vivement embrassée; fille qui a -souffert les plus tendres et les plus sensibles embrassements[77]. - - [77] _Comprimere patronam_, mettre une femme en presse. - -COMPRESSUS, _us_. _Ter._ L'accolade de Cupidon; une embrassade tendre, -vive et très sensible; le plus vif de tous les embrassements[78]. - - [78] L'étreinte la plus douce, le moment où deux corps ne font qu'un. - -EX COMPRESSU EJUS GRAVIDA FACTA EST. _Ter._ Cette fille est grosse de -son fait; il a engrossé cette fille. - -CONCHA, _ae_, f. _Plaut._ La coquille de Vénus. - -CONCILIATRIX, _icis_, f. _Cic._ Conciliatrice; celle qui s'insinue dans -les bonnes grâces, qui gagne les coeurs, ou pour soi-même, ou pour -d'autres. - -CONCILIATRIX ANCILLA. _Plaut._ Une suivante qui ménage les intrigues de -sa maîtresse; une fille qui entre dans le commerce amoureux de sa dame; -une confidente des galanteries de sa maîtresse; l'intendante des -plaisirs de sa dame[79]. - - [79] Duègne qui trahit son maître pour contenter sa maîtresse, et - _vice versa_. - -CONCILIUM GENITALE. _Lucr._ Conseil où l'on agite si l'on mettra un -homme au monde; assemblée où l'on traite plaisamment de la génération de -l'homme; accord mutuel de la nature; correspondance des natures. - -CONCIPERE EX ALIQUO. _Cic._ Concevoir du fait de quelqu'un; être grosse -des oeuvres d'une personne; s'être imprimé fortement les plus vives et -les plus sensibles expressions d'amour de quelqu'un. - -CONCUBINA, _ae_, f. _Cic._ Concubine; maîtresse; femme d'un homme qui -n'est pas marié; celle à qui un homme ne s'est pas engagé pour -toujours[80]. - - [80] Synonymes: _concuba, concubia, succuba, pellex_. - -CONCUBINATUS, _us_. _Plaut._ Concubinage; habitude de plaisir amoureux -avec une personne[81]. - - [81] Qui n'est point sa femme par contrat notarié. - -CONCUBINUS, _i_, m. _Catull._ Qui a une maîtresse; qui est en habitude -amoureuse avec une fille; qui a une concubine. Ou (_Quintil._): qui a -une patience féminine en amour; catamite[82]. - - [82] Ganymède. Voy. CATAMITUS, PULLUS. - -CONCUBITOR, _oris_, m. Qui couche avec un autre de quelque sexe que ce -soit, ou par compagnie, ou dans la vue du plaisir. - -CONCUBITUS, _us_, m. _Ovid._ Les caresses du lit; la tâche des amants; -le devoir amoureux; l'ouvrage d'amour[83]. - - [83] _Concubitus quaerere_: désirer, rechercher le plaisir amoureux. - -CONCUBITUM PETERE, PATI. _Ovid._ Rechercher, souffrir les caresses du -lit. - -(N) CONCUBO, _as, are_, CONCUMBO, _is, ubui, ubitum, umbere_. Coucher -avec quelqu'un, homme ou femme: ce mot n'est obscène qu'autant que, de -l'action très innocente de coucher deux, il résulte un plaisir qui n'est -pas innocent. - -CONFICERE VIRGINEM. _Ter._ Abattre la fermeté d'une fille; avoir les -gants d'une belle; humilier une pucelle[84]. - - [84] Forcer la garde du palais d'Amour. - -CONFUTUO, _is, ere_. _Catull._ Faire de compagnie ce qu'on appelle -f...... Ou: pondre au même nid qu'un autre[85]. - - [85] Posséder à deux les faveurs d'une belle. - -CONGENUO, _as, are_. _Varr._ Serrer les genoux pour être plus ferme en -lice. - -(N) CONGRESSUS, _us_, m. Combat de deux personnes sur un lit ou sur un -canapé. _Congressio_ exprime la même chose. - -CONISALUS, _i_, m. Les armes de Priape. - -CONJUGIUM, _ii_, n. _Virg._ L'action du mariage, le devoir conjugal. - -CONJUGIO ALTERIUS POTIRI. _Virg._ Faire un cocu; jouir de la femme d'un -autre; planter des cornes à quelqu'un. - -CONNATATIO, _onis_, f. V. CONNATIO. - -CONNATILIS, m. f. _le_, n. _is_, g. Qui travaille au même atelier -amoureux; qui entre de part dans une intrigue amoureuse; qui nage en -amour dans la même eau; qui fait société avec un autre pour un commerce -d'amour; qui vogue en amour sur la même mer. - -CONNATIO, _onis_, f. _Plaut._ Course dans la même lice amoureuse; -société en amour; jouissance par indivis; travail au même atelier -amoureux; intrigue amoureuse partagée de concert. Ou, autrement: partage -des faveurs d'une belle avec quelqu'un. - -CONNATO, _as, are_. _Plaut._ Partager un coeur avec un autre; être rival -heureux d'un amant bien traité; cultiver amoureusement avec quelqu'un le -même champ; travailler au même atelier d'amour, n'être pas seul qui ait -part aux faveurs d'une belle; goûter les douceurs d'amour au même -endroit qu'un autre; aimer sans jalousie en même lieu; être en société -d'amour avec quelqu'un; avoir un compagnon de jouissance. - -CONQUINIO, _is, ire_, CONQUINISCO, _is, ere_. _Plaut._ Offrir le présent -de Ganymède. Ou: baisser la tête et plier le corps, pour donner belle à -l'enfilade. - -(N) CONSTUPRO, _as, are_. Violer, faire violence à la pudeur; vouloir -donner par force du plaisir à des femmes qui n'en veulent pas avoir. - -CONSUESCERE ALICUI. _Ter._ ALIQUO ou & CUM ALIQUO. _Plaut._ Être l'un -avec l'autre dans la dernière privauté; avoir l'un pour l'autre une -amoureuse complaisance; se donner ensemble de telles libertés, qu'on ne -puisse se refuser rien; être familier au dernier point avec une -personne[86]. - - [86] Être bien d'accord ensemble. - -CONSUESCERE CUM MULIERE. _Cic._ Être en intrigue avec une belle; avoir -commerce ou des liaisons secrètes avec une personne; avoir une habitude; -avoir une inclination; avoir une maîtresse; faire galanterie avec une -belle. - -CONSUETIO, _onis_, f. _Plaut._ Commerce amoureux, galanterie; habitude -galante; intrigue; liaison d'amour. - -(N) CONTUBERNIUM, _ii_, n. Cohabitation qui dégénère quelquefois en -colibertinage, et tellement que ce mot, dans Suétone, veut dire -_concubitus_. _Vesticontubernium_ exprime la même chose. - -(N) CONTUS PEDALIS _vel_ SESQUIPEDALIS. La perche d'amour. Ce mot est -bien expliqué à l'article MENTULA. - -CONVENIO, _is, ire_. _Plin._ S'accorder dans le point qui fait la -liaison la plus étroite des deux sexes; ne faire qu'un tout amoureux de -deux moitiés séparées; en venir aux prises sous les étendards de -l'Amour; livrer le combat amoureux; s'assembler amoureusement. - -COPA, _ae_, f. _Virg._ Fille de plaisir; fille de joie; fille de -commodité; courtisane; fille commode. - -(N) COPULO, _as, are_. Se joindre deux à deux, corps à corps: s'unir -étroitement; jouir amoureusement. - -COROLLARIUM PUERILE. _Apul._ La bague que courent certains amoureux -dévoyés du chemin naturel; le soleil rouge-brun de Vénus antistrophe. - -CORONA, _ae_, f. La tête du dieu Priape. - -(N) COTYTTIA, _orum_, n. Les mystères de la déesse Cotytto, ou de -l'impudicité. Cette déesse n'était ci-devant qu'une danseuse, dont -l'extrême lubricité mérita des autels; ses prêtres s'appelaient -_Baptae_; ils dansaient en contrefaisant les femmes, et probablement -prenaient leur place quand ils trouvaient des amateurs. Eupolis fit une -comédie intitulée _Baptae_: Alcibiade, le Socratique Alcibiade, s'y -trouvant désigné, tua tout bonnement l'auteur pour l'empêcher de -critiquer les moeurs de ses contemporains. - -(N) COXA, _ae_, f. La cuisse touche de bien près au temple de Vénus, et -celui-ci est souvent désigné chez les poètes par tout ce qui l'avoisine. -_Laufella tollit pendentis praemia coxae_ (_Juven._): cela veut dire -qu'elle se présente de si bonne grâce au combat amoureux, qu'elle -remporte la victoire. - -CRISSANS, _tis_, _omn. gen._ _Juven._ Qui remue les fesses; qui joue du -croupion; qui tortille les fesses; qui remue le cul fort dru. - -CRISSATURA, _ae_, f. _Lucret._ Remuement de fesses: jeu du croupion; -mouvement de cul fort prompt; tortillement de fesses fort dru. - -CRISSO, _as, are_. Remuer les fesses; faire des mouvements de fesses -fort drus; jouer du croupion; tortiller le cul légèrement; faire des -tortillements de cul fort prompts. Ce verbe est particulier aux femmes -et à ceux qui en font l'office[87]. - - [87] On croit qu'il se prend plus particulièrement pour la posture - qu'adopte la femme quand elle se met sur l'homme pour ne pas avoir - le dessous; alors elle s'agite beaucoup mieux, et cela donne - l'explication du _lumbi fluctuantes_ de la 18e Priapée. - -(N) CROCOTULA, _ae_, f. _Movere lumbos in crocotula._ Habit léger pour -les femmes, et couleur de safran, peut-être par allusion à quelques -usages dans les orgies des Anciens autrement appelées fêtes nocturnes, -mystères, etc. Habits de combat qui ne mettent que peu d'obstacles à la -jouissance. Si l'on veut avoir des détails sur les habillements des -femmes voluptueuses de l'Antiquité, il faut consulter l'_Errotika -Biblion_, p. 94. - -(N) CRYPTA, _ae_, f. La grotte de Vénus. - -CTIR, ind. La fontaine des amoureux et le gazon qui l'environne[88]. - - [88] La carte des pays bas. - -CUCURBITA, _ae_, f. _Plaut._ Femme galante[89]. - - [89] Qui se livre aisément. - -CUCURBITARIUS, _ii_, m. Qui met en oeuvre la femme d'autrui, -principalement celle de son seigneur de fief, ou de son maître, ou -quelqu'une de leurs parentes. - -CUCURBITATIO, _onis_, f. La liberté qu'on prend de semer dans le jardin -secret d'autrui, etc. - -CUCURBITO, _as, are_. Planter dans le jardin de plaisir d'autrui, et -particulièrement de son seigneur de fief, ou de son maître; ou mettre en -oeuvre quelqu'une de leurs parentes. - -CULICES PATI. Se laisser Ganymédiser. - -(N) CULUS, _i_, m. Visage à deux parties, autrement dit postérieur; -objet du culte des hérétiques en amour. _Culus tritus_, autel trop -fréquenté, où les sacrifices sont banaux. Synonymes: _pars postica, -clunes_. - -CUNNAGIUM, _ii_, n. Le droit du seigneur en amour; droit de coucher, la -première nuit des noces, avec les femmes de ses vassaux, possédé -autrefois par les comtes chanoines de Lyon[90]. - - [90] Tout cela est aboli, en France, avec les droits de fiefs. - -CUNNATUS, _a, um_. Qui est pourvu de la partie qui fait presque tout le -mérite des femmes. - -CUNNILINGUS, _a, um_. _Priap._[91]. Qui lèche le plat dans lequel on -sert le mets amoureux; lèche-c.., épithète des petits chiens des dames, -qui, par là, deviennent souvent enragés[92]. - - [91] _Lingua maritus_ (_Martial._) - - [92] Il y a des hommes qui leur envient ce nom. On dit que les chiens - deviennent enragés à force de s'occuper de cet ouvrage: mais il faut - l'être pour les imiter. - -CUNNOSUS, _a, um_. Qui loge au large les pèlerins d'amour[93]. - - [93] Anneau trop grand pour le doigt. - -CUNNULUS, _i_, m. Ce qui ne se trouve que chez les petites filles, un -conin, un conichon. - -CUNNUS, _i_, m.[94] _Hor._ Le conduit de l'urine féminine; le vase -amoureux; le chemin couvert de l'amour; la coquille de Vénus; le pays -natal du genre humain; le but où visent les amants; l'endroit, chez les -femmes, qu'on dit, mais qu'on n'imprime pas; l'autel où l'on sacrifie à -l'Amour; le temple de Vénus; l'objet des peines et des plaisirs des -amants; le bel endroit; le carquois de Cupidon; la boutique où l'Amour -fait travailler en peau; le colombier de Vénus; le point d'honneur des -dames[95]; le centre des délices amoureuses; le champ de bataille -d'amour; le manège des coursiers de Cupidon; la nasse où se prennent les -anguilles amoureuses; la salle d'armes du dieu d'amour; la fontaine où -l'on porte l'eau; le réservoir de propagation; le four qui fait lever la -pâte; la cuve de la brasserie humaine; le marais d'amour où l'on enfonce -jusqu'au ventre; le trébuchet amoureux; le nid de l'oiseau d'amour; le -nord de l'aiguille amoureuse; le calendrier naturel; le puits d'amour; -la grotte de Vénus; l'embrasure des canons de Cupidon; le mortier -amoureux; le terroir où l'on plante l'herbe sensitive; le champ qu'on -aime à défricher; le terrier du lapin de Vénus; l'hôtellerie des -pèlerins amoureux; l'objet de la galanterie; le creux où l'on moule les -hommes; le cadran qui a souvent besoin d'aiguille; la manufacture de -Cupidon; le tronc où chacun s'empresse de mettre la pièce; le trône du -dieu des appas; le tribunal d'amour; le clocher où Vénus fait -carillonner; le fourreau propre à toutes lames; le chemin qui conduit au -plaisir; le receveur des droits de la mère d'Amour; le lieu de la -folâtrerie; le bureau de la confrérie de Vénus; le bassin où l'on met -les offrandes amoureuses; le peloton où Vénus fiche ses épingles; le -fourneau où l'on fixe le mercure d'amour; le camp où l'Amour fait -planter le piquet; le plus fort des objets de la tentation; le -manichordion de Vénus; le creuset où l'on met les hommes en fonte; le -palais de la galanterie; la galère qu'une seule rame met en mouvement; -la prairie des amours; le cabinet de Vénus; le jardin de plaisir; la -lice des coursiers d'Amour; le magasin des plaisirs amoureux; la niche -du dieu Priape; la foulerie d'Amour; l'abreuvoir des coursiers de -Cupidon; le tire-moelle amoureux[96]. - - [94] EPIGRAMMA JOANNIS SECUNDI - - _Dicite, grammatici, cur mascula nomina _cunnus_. - Et cur foemineum _mentula_ nomen habet? - Sic ego, sic aliquis senior de gente verenda - Rettulit, attollens longa supercilia: - Mentula foeminei gerit usque negotia sexus, - Inde genus merito vindicat illa sibi; - Indefessus agit res qui, sine fine, virorum, - Mascula non temere nomina _cunnus_ habet._ - - [95] Ce que les dames appellent «leur honneur», le «coeur» du - chevalier de Boufflers. - - [96] La partie qui distingue spécialement le sexe féminin. Nulle femme - sans c.., nul homme sans v... Synonymes Latins de ce bijou: _vagina, - fossa inguinis, sulcus, arvum muliebre, genitale, hortus Cupidinis, - pudendum muliebre, puta, selinon, prodigiosa Venus, meatum Veneris, - feminal, virginal, radius Veneris, scrobs virginalis, barathrum - foemineum, lanuvium, xanion, ulcus, rima, caverna, custon_. - - _Infelix, cui torpet hebes locus ille!..._ - - (Ovid.) - -CURRUCA, _ae_, m. Celui que nous appelons improprement _cocu_, à qui sa -femme donne un substitut[97]. - - [97] Qui n'est pas seul possesseur de son bien. - -CYANISSANS, _tis_, _omn. gen._ Qui a envie de travailler naturellement; -qui veut mettre en pratique le symbole de la fève qui a encore sa peau -(c'est la fève de marais, symbole qui a fait dire à Pythagore: _Abstine -a fabis_, abstenez-vous des fèves)[98]. - - [98] Axiome rejeté par les femmes, même les plus philosophes. - -(N) CYBELE, _es_. f. Cybèle, la mère des Dieux, la Bonne Déesse. Ses -mystères se célébraient dans le plus grand secret, mais il paraît que la -chasteté et la tempérance n'y présidèrent pas toujours, quoique les -femmes eussent été dans l'origine les seules initiées. P. Clodius fut le -premier qui entreprit de les violer en s'introduisant, sous l'habit -d'une danseuse, dans l'appartement de Pompeia, épouse de Jules César. La -chronique dit qu'il voulait abuser de cette femme. Les prêtres de cette -déesse se nommaient _Galli_, et avaient été privés de cette partie qui -nous rend hommes. Dans les temps de corruption, des hommes faisant -fonctions de femmes imitèrent entre eux ces mystères et, comme on peut -le croire, y introduisirent ce que la lubricité humaine a de plus -dégoûtant. - -CYDON, _onis_, m. Pédéraste, Gomorrhiste. - -CYLLO, _onis_, m. _Cic._ Qui a été amplement pourvu par l'Amour en -faveur des dames; personnage bien envitaillé. - -(N) CYNAEDUS. Voy. CINAEDUS. - -CYSONIPTES, _ae_, m. Baigneur qui a soin de tenir propre tout ce qui est -plus particulièrement dédié à l'amour. - -CYSOS, _i_, m. L'écrin du bijou d'amour; la gaine du poignard de -Cupidon. - -CYSTHOS, _i_, m. V. CYSOS. Ou: les fesses. Ou: le trou du cul. - - - - -D - - -(N) DECURRERE SPATIUM AMORIS. Faire la course au jardin d'amour; courir -la bague; jouir amoureusement. - -(N) DEGLUTIO, _is, ire_. Prendre à la bouche la flûte de Cupidon; la -recevoir, la presser avec les lèvres: - - _Deglutit, fellat, molitur per utramque cavernam._ - - (_Auson._) - -DEJICERE CAPUT. Baisser la tête en courbant les reins pour offrir mieux -la bague; présenter le cul en haut[99]. - - [99] Voyez la différence entre _dejicere caput_ et _demittere caput_, - au mot DEMITTERE. - -DELPHYS, _yos_, f. La coquille du limaçon d'amour. Ou: la matrice. - -DELTA, ind. Le triangle de la géométrie d'amour; l'entrée du jardin de -Vénus; l'ouverture de l'antre des Nymphes. - -DEMITTERE CAPUT. Faire près d'une femme l'office de petit chien; lécher -la baratte où l'on bat le beurre en amour[100]. - - [100] Voy. VORARE TENTA. - -(N) DEPRENSUS, DEPRENSA. Pris sur le fait: _Nihil est audacius, illis -deprensis (adde mulieribus.)_ _Juven._ - - _Quantum deprensi damna pudoris ement._ - - (_Auson._) - -DEPSO, _is, psui, psitum, ere_. _Cic._ Pétrir le levain amoureux; battre -le beurre d'amour. - -DESTUPRATRIX, _icis_, f. _Mart._ Une tribade. - -(N) DIFFUTUTUS, _a, um_. Épuisé par trop de jouissance. Voy. EXFUTUTUS. -_Virgo diffututa_, fille commode, qui se laisse caresser par tout le -monde. - -(N) DIGITUS IMPUDICUS, INFAMIS. C'est le substitut d'un très joli -instrument dont les dames aiment à jouer. Les Anciens paraissent avoir -employé ce doigt à plusieurs usages: tantôt à procurer du plaisir aux -femmes, tantôt à montrer aux hommes le désir d'une jouissance contre -nature. - -DINDYMUS, _i_, m. Le trou de la verge de l'homme. - -(N) DIOBOLARES, _ium_, f. Courtisanes pour le bas peuple; raccrocheuses; -salopes à deux sols; paillasses de corps-de-garde. - -(N) DISSAVIOR _vel_ DISSUAVIOR, _aris, ari_. Embrasser avec ardeur, avec -vivacité. - -DIVIDERE CUM ALIQUA. _Petr._ Partager avec une belle les plaisirs de -l'amour; diviser le terrain amoureux. - -DIVISOR, _oris_, m. _Cic._ Corrupteur de jeunes garçons. - -DIVOLTRES, _ium_, f. Garces à canailles; donneuses de bonsoir[101]. - - [101] Coureuses de nuit; chauves-souris. - -DO, _as, are_. _Dare solet._ _Mart._ Elle a coutume de s'en faire -donner[102]. - - [102] _Dare._ Ce verbe se prête à beaucoup d'obscénités; c'est un de - ces mots commodes dans les langues, que l'on prend en bonne ou - mauvaise part selon l'intention louable ou maligne de l'écrivain. - Donner, prêter, accorder, consentir, voilà ses acceptions dans le - langage amoureux. - -DARE OPERAM LIBERIS. _Cic._ S'étudier à faire des enfants; s'appliquer à -se faire des successeurs; s'employer à perpétuer sa race; travailler à -sa postérité. - -DORILLUS, _i_, m. Le jardin de Nature; le champ de Vénus; le clapier -d'amour. - -DRAUCUS, _i_, m. _Mart._ Pédéraste. - -DRILOPOTA, _ae_, m. Celui qui boit dans un vase qui représente le -laboureur de la Nature[103]. - - [103] _Vitreo bibit ille Priapo_ (_Juven._). - -DUCO, _is, xi, ctum, cere_. _Plaut._ Trouver une femme, ou un mari, dans -sa main[104]. - - [104] Faire jouer le prépuce sur le gland. - -DUCTO, _as, are_. _Ter._ Conduire au plaisir. - -DUCTARE AMICAM. _Plaut._ Conduire du bout du doigt sa maîtresse au -plaisir. - - - - -E - - -EMASCULATOR, _oris_, m. _Apul._ Pédéraste. Ou: qui effémine, qui rend -efféminé[105]. - - [105] Bourreau des facultés viriles; destructeur d'hommes. - -(N) EFFEMINO, _vel_ EFFOEMINO, _as, are_. Être sans force et sans -courage. Ce verbe a des rapports, au figuré, avec _ementulare_. -_Effeminatus culus._ _Priap._ Bijou Grec sans ressort, ou dont le -ressort est usé par le service. - -(N) ELECEBRAE, _arum_, f. Courtisanes, filles de joie. - -(N) ELEPHANTIS, _idis_. _Priap._ Jeune fille Grecque auteur d'ouvrages -galants dans le genre de ceux de l'Arétin, des _Élégances Latines_ du -faux Meursius, du _Portier des Chartreux_, et de tous les livres -lubriques à l'usage des modernes. Philænis et Cyrène, autres jeunes -filles Grecques, passent pour avoir composé de pareilles tablettes où -étaient peintes les postures libidineuses et leur explication. Elles -étaient autrefois, comme à présent, les leçons préparatoires pour la -jeunesse de l'un et l'autre sexe que les personnes d'un âge mûr ne -prenaient pas la peine d'instruire. De jeunes filles innocentes venaient -offrir en don ces tablettes au dieu Priape, pour lui demander la réalité -des peintures. On doit croire qu'elles traitaient fort mal leur -protecteur, lorsque le voeu n'était pas exaucé; Sotade, poète de -Mantinée, a composé un ouvrage intitulé _Cinaedica_; c'est Suidas qui -nous l'apprend. L'empereur Tibère avait orné les murs de sa chambre à -coucher, à Caprée, de ces peintures lubriques, et cette mode a été -adoptée par quelques vieux et invétérés libertins de son siècle et des -suivants. - -EMASCULATUS, _a, um_. Bardache, Ganymède, catamite. Ou: châtré; ou: -rendu efféminé. - -EMASCULO, _as, are_. _Apul._ Châtrer. Ou: efféminer, rendre efféminé. -Ou: métamorphoser un mâle en femelle; se servir d'un mâle aux usages -féminins. - -EMBOLUM, _i_, n. Ce qui est cause que l'écusson des filles est fait en -losange; le losange de la géométrie d'amour; l'entrée du palais de -Vénus. - -EMENTULO, _as, are_. Priver du sceptre amoureux[106]. - - [106] Retrancher la partie spécifique du sexe masculin. - -ENTESYPATHIA, _ae_, f. Ce qui se passe dans celui qui se laisse -Ganymédiser; ce que souffre un successeur de Ganymède. - -EPISIUM, _ii_, n. Ce qu'on recherche dans le sexe féminin, quoiqu'on lui -donne le nom de partie honteuse. - -(N) EQUITO, _as, are_. Faire la cavalcade; se frotter mutuellement -l'endroit sensible en remuant l'un sur l'autre; tribader: - - _Inque vices equitant, ac luna teste moventur._ - - (_Juven._) - -EQUUS HECTOREUS. _Mart._ La posture favorite du sexe; le cheval -d'Hector; l'amoureuse situation qu'Andromaque exigeait de la -complaisance d'Hector[107]. - - [107] Et dont toutes les femmes font usage dans le déduit. - -EREBINTHINUS, _a, um_. Qui concerne le bélier d'amour. - -EREBINTHUS, _i_, m. Bélier de Cupidon; la machine avec laquelle l'Amour -force les remparts amoureux. - -EROMENE, _es_, f. Maîtresse; inclination; bonne amie. - -EROMENUS, _i_, m. Mignon; favori; Ganymède. - -EROTIUM, _ii_, n. _Plaut._ Une petite maîtresse; un petit amour; une -jeune mignonne[108]. - - [108] Sunamite. - -(N) ERUCA, _ae_, f. _Herba salax_; c'est une herbe qui excite à l'amour. -Les personnes d'un tempérament paresseux en font usage. C'est, selon -Tournefort, la _roquette_. Les oignons et le satyrion, les artichauts, -font, à ce qu'on dit, le même effet; mais malheur à ceux qui en font -trop usage, car il est pernicieux. - -ESCHARA, ESCHARIA, _ae_, f. Les lèvres de la bouche d'en bas[109]. - - [109] V. ci-dessous EXSORBERE VIROS. - -EUGIUM, _ii_, n. _Laber. et Lucil._ Le clitoris. Ou: la membrane Hymen. -Ou: voy. CUNNUS. - -(N) EUNUCHUS, _i_, m. Triste sujet, homme nul, impropre au plaisir des -dames et, par conséquent, l'objet de leur antipathie. En Asie, ils sont -les gardiens de la vertu des belles; mais celui qui porte la clef de -leur trésor est toujours sûr de s'en rendre maître, malgré ces odieux -Argus. En France, et surtout en Italie, ils sont fort utiles aux -prélats, soit pour la musique de la cathédrale, soit pour un usage moins -canonique. - -Il y a cependant des eunuques à qui il reste l'image de la virilité, et -qui n'en ont perdu que les témoins: ceux-ci sont encore utiles au beau -sexe, qui s'en amuse sans danger pour la grossesse. Martial a dit: - - _Cur tantum eunuchos habeat tua Gellia quaeris, - Pannice? Vult futui Gellia, non parere._ - -EXERCINATES, _is_, _omn. gen._ Qui sait remuer les fesses; savant en -l'exercice des fesses; dressé au manège des fesses; qui sait jouer du -croupion. - -EXFORNICOR, _ari_. Pécher contre nature. - -EXFUTIO, _is, ui, utum, ire_. Énerver; effouter[110]. - - [110] Rendre nul, impuissant. - -EXFUTUTOR, _oris_, m. EXFUTUTRIX, _icis_, f. Qui énerve; qui effoute. - -EXFUTUTUS, _a, um_. _Catull._ Énervé; effouté[111]. - - [111] _Latera exfututa_: flancs mis à sec par trop de jouissance. - -EXIMEQUI, _orum_. m. Pourvoyeurs d'amour. - -(N) EXOLETUS, _a, um_. Usé, anéanti par les débauches. - -EXONIROTTICUS, _a, um_. A qui les pollutions nocturnes sont fréquentes; -qui répand d'ordinaire sa semence pendant la nuit. - -EXONIROGMUS, _i_, m. Écoulement de semence involontaire pendant le -sommeil. - -(N) EXPATRO, _as, are_. Faire la douce affaire. V. PATRO. - -EXPERTA PUELLA VIRUM. _Hor._ Fille qui sait ce que c'est qu'un homme; -fille qui connaît par expérience les plaisirs qu'un homme peut lui -procurer; fille qui s'est fait essayer; fille qui a combattu en champ -clos; fille qui s'est éprouvée avec un homme. - -EXPROCOR, _ari_. Demander la courtoisie. Ou: obtenir la dernière faveur. - -EXPUGNATOR PUDICITIAE. _Cic._ Un galant dangereux; un crocheteur de -pucelages; un forceur de remparts amoureux[112]. - - [112] Un dénicheur de vertu. - -EXPUGNARE PUDICITIAM PUELLAE. _Cic._ Forcer un jeune coeur à se rendre à -ses désirs galants; tirer les premières faveurs d'une jeune fille; venir -à bout d'une jeune personne; avoir les gants d'une belle; obliger un -jeune enfant à céder à ses galanteries; crocheter un pucelage; cueillir -les premiers fruits de l'amour. - -(N) EXSORBERE VIROS. Avaler des hommes (par métaphore.) C'est assez pour -les dames d'avaler la partie qui leur plaît davantage, et cela par la -voie ordinaire; car l'idée de l'extraordinaire fait vomir. - - - - -F - - -(N) FACILIS VIRIS. Complaisant avec les hommes; ne sachant pas les -refuser, quand même il s'agirait d'offenser la nature. - -FACIO, _is, ere_. _Plaut._ Faire ce qu'on appelle _faire_[113]. - - [113] Par excellence. C'est agir d'une manière agréable. - -FACTURIO, _is, ivi, itum, ire_. _Plaut._ Avoir envie de le faire; -souhaiter de travailler d'après nature[114]. - - [114] Désirer ardemment le déduit. - -FASCINOSUS, _a, um_. _Priap._ Bien fourni du charme viril; amplement -pourvu de ce qui charme les belles; qui a un grand persuasif en amour. - -FASCINUM, _i_, n. _Hor._ Le membre par excellence; le charme viril; le -laboureur naturel[115]. - - [115] L'instrument de la propagation humaine. - -FASCINUS, _i_, m. _Petr._ Petite figure du laboureur naturel qu'on -pendait au cou des enfants pour les préserver des charmes; le -contre-charme de Priape[116]. - - [116] Les Vestales sacrifiaient au culte du dieu _Fascinus_, et - peut-être s'en servaient-elles comme de correctif au voeu de - virginité qui leur interdisait tout commerce charnel avec les - hommes. Pauvre consolation, mais bien connue des Religieuses qu'on - vient de rendre à la société. Que de dévotes le dieu _Fascinus_ va - perdre! - -FELES VIRGINALIS ou VIRGINARIA, f. _Plaut._ Celui ou celle qui dérobe -des jeunes filles pour les dédier à Vénus[117]. - - [117] Corruptrice de jeunes filles. - -FELES PULLARIA, f. _Auson._ Qui enlève des petits garçons pour en faire -des Ganymèdes[118]. - - [118] Autre genre de corruption, mais contraire aux lois de la Nature. - -FELLATOR, _oris_, m. _Mart._ Suceur; qui boit des hommes; qui suce le -doigt qui est sans os. - -FELLATRIX, _icis_, f. Suceuse; qui emploie la bouche supérieure à -l'usage de l'inférieure; qui boit des hommes. - -FELLICANDUS, _a, um_. _Solin._ Qu'on donne à sucer; qu'on donne à teter. - -FELLICATIO, _onis_, f. Le sucement; l'action de teter le trayon -amoureux. - -FELLICO, _onis_, m. V. FELLATOR. - -FELLICO, _as, are_. _Solin._ Sucer, teter. - -FELLITO, _as, are_. _Solin._ Sucer souvent. - -FELLO, _as, are_. _Mart._ Sucer, teter. Ou: sucer le doigt qui n'a point -d'os; teter ce qui n'est pas fait pour être teté; prendre à la bouche le -trayon amoureux[119]. - - [119] Se dit des femmes qui consentent à cette vilenie. - -FEMINAL, _is_, n. L'endroit par où les femmes se distinguent[120]. - - [120] La partie spécifique du sexe féminin. - -FEMINALIA, _um_, n. _Suet._ Haut de chausses, caleçons, et tout ce qui -sert à couvrir les cuisses et les parties de la génération. - -(N) FEMEN, FEMINA, n. Se prend quelquefois pour _femur_ et _femora_. On -veut aussi que cela signifie le chemin de la création, ce qui ne serait -pas extraordinaire, vu la proximité. - -(N) FEMUR et FEMORA, n. Les cuisses, ou les grosses colonnes du temple -de Cypris; ou le temple lui-même. _Femori conserere femur, committere, -vel imponere_: jouir, confondre deux corps en un. - -(N) FESCENNINI VERSUS. Vers obscènes qui se chantaient aux noces. -Catulle, dans l'Epithalame de Julie et de Manlius, dit: - - _Nec diu taceat procax - Fescennina locutio._ - -Lorsqu'on veut dire des injures en vers, cela s'appelle _Fescennina -licentia_. - -(N) FIBULA, _ae_, f. Cadenas de chasteté; gaine où l'on renfermait les -instruments de la génération, soit pour les cacher par pudeur, soit pour -empêcher les jeunes gens d'en abuser, ou les chanteurs de perdre leur -voix. Les Juifs en faisaient assez d'usage: c'est ce que Martial appelle -_Judaeum pondus_. - -_Fibula_ indique aussi l'anneau de sagesse dont les Anciens se bridaient -le prépuce en le passant à travers des deux côtés de cette peau qui -couvre le gland. On le soudait lorsqu'on voulait le conserver longtemps; -mais je pense que le plus grand nombre ressemblaient aux anneaux qui -servent à enchaîner plusieurs clefs. _Fibulare_, _infibulare, fibulatio, -infibulatio_, dérivent de _fibula_. Quelques religieux Asiatiques ont -conservé l'infibulation par esprit de pénitence. _Theca_ est synonyme de -_fibula_. - -FLAGITATUS, _a, um_. _Fest._ Qui s'est laissé employer aux usages -amoureux; qu'on a mis en oeuvre en amour. - -FLAGITO, _as, are_. _Apul._ Employer aux usages amoureux; soumettre aux -désirs amoureux; mettre en oeuvre amoureusement. - -FLAGITARE ANCILLAM. _Ulp._ Mettre en oeuvre sa servante; employer -amoureusement sa servante. - -(N) FLAGITIUM, _ii_, n. Crime que les jeunes filles pardonnent à l'amant -chéri. Le viol est un attentat contre la pudeur: l'amour seul peut le -faire pardonner. - -FLOS, _oris_, m. _Catull._ Le pucelage. - -(N) FODERE JACENTEM. Sonder quelqu'un amoureusement. V. STUPRO. - - _Servus erit minus ille miser, qui foderit agrum, - Quam dominum..._ - - (_Juven._) - -FORNIX, _icis_, f. _Hor._ Maison de plaisir; bordel; lieu de -prostitution; maison de débauche. Ou (_Suet._): personne prostituée de -l'un ou de l'autre sexe; fille de commodité; ou: Ganymède. - -FORNIX BITHYNICUS. _Suet._ Jules César, galantisé dans sa jeunesse par -Nicodème, roi de Bithynie. - -(N) FOSSAE INGUINIS. Périphrase. V. CUNNUS. _Fossa notissima cinaedis_ -est le contraire de _cunnus_. - -FRANGO, _is, ere_. Ganymédiser. - -(N) FRICARE TERGA, FRICARE MEATUM VENERIS. Frotter, électriser la partie -amoureuse. Le frottement produit le feu: c'est ce qui rend les femmes si -endiablées, que plus on les frotte et plus elles veulent être frottées. - -FRICATRIX, _icis_, f. _Mart._ Frotteuse; celle qui fait une légère -friction sur quelque partie, soit pour le plaisir, soit pour la santé. - -FRICTRIA, _ae_, FRICTRIX, _icis_, f. Tribade; femme qui veut contrefaire -l'homme dans les fonctions d'amour[121]. - - [121] Mais un palliatif n'a jamais valu l'objet à remplacer. - -FRUTINAL, _is_, n. _Fest._ Temple dédié à Vénus qui procure la -jouissance. - -FRUTIS, _is_, f. _Solin._ Surnom de Vénus qui procure la jouissance. - -FULLO, _onis_, m. _Naev._ Pédérastie. Ou: pédéraste. - -FULLONIUS FRUCTUS. _Plaut._ Le gland de Cupidon. _Cras mihi potandus -fructus est fullonius._ _Plaut._ Je dois demain passer par les piques; -il faudra demain que je prenne le gobet amoureux. - -FURTIVA VENUS. _Ovid._ De furtives amours; un mariage clandestin; des -larcins amoureux; une amourette cachée; des plaisirs d'amour -dérobés[122]. - - [122] Paillardise secrète. - -FURTA VENUS SUA VULT CELARI. _Ovid._ Vénus pardonne les larcins qu'on -lui fait, pourvu qu'on s'en taise; la mère d'Amour impose silence sur -les faveurs qu'on lui dérobe; on ne doit point parler des larcins -amoureux[123]. - - [123] _Furta novare ignota Venere_: s'égayer, se ravigoter par une - jouissance nouvelle. - -FUTUITIO, _onis_, f. _Mart._ L'art de la génération; l'exercice de -Vénus; le combat amoureux; l'enfilade amoureuse; l'estocade d'amour; la -lutte amoureuse. - -FUTUO, _is, tui, tutum, ere_. _Mart._ Exercer l'art de la génération; -combattre amoureusement; faire l'exercice de Vénus; pousser une estocade -amoureuse; le faire; baiser; lutter amoureusement; courir dans la lice -amoureuse; empaler amoureusement; donner, et recevoir le plaisir -amoureux; goûter les délices d'amour; faire la joie; enfiler -amoureusement; travailler naturellement; sangler; exploiter[124]. - - [124] Et, selon Martial, tribader. - -FUTUTIO, _onis_, f. _Catull._ V. FUTUITIO. - -FUTUTOR, _oris_, m. FUTUTRIX, _icis_, f. _Mart._ Qui le fait; qui exerce -l'art de la génération; qui fait l'exercice de Vénus; qui court dans la -lice amoureuse; qui combat amoureusement; qui donne, et qui reçoit le -plaisir amoureux; qui goûte, et fait goûter les délices d'amour; qui -travaille naturellement; qui lutte amoureusement; qui baise[125]. - - [125] Martial appelle une tribade _fututor foemina_. - -FUTUTUS, _a, um_. _Mart._ Exercé amoureusement; employé à l'exercice de -Vénus; à qui on l'a fait; enfilé amoureusement; travaillé naturellement; -baisé; sanglé; exploité amoureusement[126]. - - [126] Caressé. - - - - -G - - -(N) GALLUS, _i_, m. En langage ordinaire, _gallus_ est un coq; mais en -style obscène, _gallus_ veut dire un chapon, un castrat, un chanteur à -voix claire, un prêtre de Cybèle. _Gallo turpius est nihil Priapo._ -_Mart._ - -(N) GANEO, _onis_, m. Libertin; pilier de mauvais lieux. - -(N) GANYMEDES, _is_, m. Fils de Tros, roi des Troyens. C'était un beau -garçon, et si beau, qu'il plut à Jupiter, qui tour à tour s'amusait avec -les hommes et avec les femmes. Or donc, Jupiter en fit son page, son -échanson, son mignon, son giton, et lui donna les grandes entrées à la -Cour céleste, afin de le voir plus souvent. Depuis ce temps, beaucoup de -potentats, de grands seigneurs, tant laïques qu'ecclésiastiques, ont -voulu avoir leur Ganymède. Cette fantaisie gagna les villes et les -faubourgs dans les pays civilisés; et, ce qu'il y a de singulier, c'est -que des sauvages ont eu le même goût. - -GENITALE, _is_, n. _Plin._ Le laboureur de nature; le coutre de la -charrue d'amour; l'instrument de la génération; l'outil de Cupidon[127]. - - [127] _Genitalia_ se dit pour les parties de la génération. - -GENITALE ARVUM. _Ovid._ V. ARVUM GENITALE. - -(N) GESTIO, _is, ire_. Exprimer ses désirs par des mouvements -involontaires, quoique très naturels. - -(N) GLANS, _dis_, f. Le gland; c'est la partie obscène de la partie -naturelle de l'homme, celle où réside la sensation la plus vive des -plaisirs Vénériens. - -GLOTTISMUS, _i_, m. Un baiser à la pigeonne. - -GLUBO, _is, ere_. _Varr._ V. FELLO. - -GNATHO, _onis_, m. _Cic._ Suceur; qui entreprend sur l'office d'une -espèce de bouche[128]. - - [128] Destinée par la Nature à cet usage. - -GNATHONICUS, _a, um_. _Ter._ De suceur, de teteur; de suceuse, de -teteuse; qui concerne ceux dont la bouche entreprend sur l'office d'une -espèce de bouche. - -GNATO, _as, are_, GNATURIO, _is, ire_. Travailler à se faire une -postérité; s'exercer à la multiplication de son espèce. - -GRAOSOBA, _ae_, m. Consolateur d'une vieille amoureuse: savetier en -amour; amoureux charitable qui ne dédaigne pas la vieillesse[129]. - - [129] Nos abbés, par prudence, se sont destinés à ce service: il y a - trop de danger avec les jeunes. - -GREGARIA VENUS. _Solin._ Une coureuse; une Vénus du tiers-ordre; une -raccrocheuse nocturne; une chauve-souris d'amour; une à tous venants -beau jeu; une femme du genre humain. Ou: inclination pour les maîtresses -du public; penchant pour celles qui ne refusent personne; attache pour -les publiques. - - - - -H - - -HABERE REM CUM ALIQUA, _Ter._ NOTITIAM & FOEMINAE. _Cic._ Avoir avec une -femme le commerce le plus particulier; connaître à fond une femme autant -qu'il se peut faire; avoir les plus étroites liaisons avec une belle; -prendre connaissance d'une belle personne de la manière la plus intime; -avoir affaire avec une femme[130]. - - [130] La posséder entièrement. - -HARPOCRATEM REDDERE. _Catull._ Empêcher de parler en mettant quelque -chose dans la bouche; engager une bouche au silence en l'occupant aux -fonctions d'une autre espèce de bouche; obliger à se taire en faisant -subir à la bouche la peine dont le gardien des jardins menace les -voleurs qui ont de la barbe; rendre muet en mettant le doigt amoureux à -la bouche; fermer la bouche en faisant prendre le gobet amoureux. - -(N) HASTA, _ae_, f. Pique d'amour; sceptre de Cythère. Voy. MENTULA: -c'est le mot propre; celui-ci n'est que figuré. - -(N) HEMITHEON, _is_, m. Hémithéon de Sybaris, auteur de livres -Sybaritiques cités par Martial et Lucien pour leur lubricité. - -(N) HERMAPHRODITUS, _a, um_. Hermaphrodite: être neutre, qui porte -souvent les marques spécifiques des deux sexes et qui n'est parfaitement -d'aucun. Cela s'appelle une curiosité d'histoire naturelle. En amour, -ces êtres ne sont bons que pour les personnes qui n'aiment pas les -routes ordinaires. - -HILLAS CAEDERE. _Laber._ Chercher une femme dans sa main[131]. - - [131] Tuer des hommes dans leur plus tendre enfance. - -(N) HIPPOMANES, _is_, n. C'est la liqueur qui sort de la vulve d'une -jument lorsqu'elle est en chaleur. Les sorcières et empoisonneuses s'en -servaient dans la composition de leurs drogues infernales. - -HIPPOPORNOS, _i_, f. Amoureuse d'un cheval: surnom de Cérès lorsque, -s'étant changée en cavale, Neptune, son frère, sous la figure d'un -cheval, l'engrossa. Surnom de Philyra, mère du centaure Chiron, -engrossée par Neptune sous la figure d'un cheval. Surnom de Méduse, que -Neptune, sous la figure d'un cheval, engrossa du cheval ailé -Pégase[132]. - - [132] Les dieux des Anciens avaient tous les vices, et il paraît que - Neptune était le patron de la bestialité. - -HIPPOS, _i_, m. Le coursier d'amour. - -(N) HIRQUITALLUS, _i_, m. _Fest._ Jeune garçon qui s'abandonne à l'amour -Socratique, qui souffre les caresses des hommes. - -HORTI HESPERIDUM. Les jardins de l'Amour[133]. - - [133] _Hortus Cupidinis_ dit la même chose au singulier. - -HUMIDUS LACUS. _Plaut._ Le lac où l'on pêche quelquefois de cuisants -souvenirs. - -HYSTERA, _ae_, f. La matrice; ou: le chemin qui conduit à la matrice, la -gaine. - -HYSTERICA, _ae_, f. Suffocation de matrice: maladie qui ordinairement se -guérit par l'introduction d'un pessaire vivant[134]. - - [134] Les médecins de cette maladie sont très faciles à trouver; c'est - pourquoi rarement les femmes en meurent. Les plus honnêtes, - cependant, sont celles qui l'éprouvent le plus souvent. - - - - -I - - -(N) ILLIC. Là; à l'endroit. _Illic habere manum_: avoir la main à -l'endroit du plaisir. - -(N) ILLUD. Cela. Faire cela; se donner du plaisir plus ou moins -gracieux, plus ou moins hérétique. - -ILLUDERE CORPORI MULIERIS. _Quint. Curt._ Se divertir avec une femme; -tirer d'une femme tout le plaisir qu'on en peut prendre. Ou: Ganymédiser -une femme[135]. - - [135] S'amuser avec une femme par tous les bouts. - -ILLUDERE FOEMINARUM CAPITIBUS. _Suet._ Ôter aux femmes l'usage de la -parole d'une manière toute extraordinaire; priver les femmes de deux -plaisirs qui leur sont chers, en leur fermant la bouche d'une façon peu -séante, et laissant l'autre mâcher à vide. - -IMMEIERE VULVAE PATRICIAE. _Pers._ Pisser dans un pot de chambre de -qualité[136]. - - [136] Consacrer ses soins aux dames de qualité. Autrefois ces soins - menaient à la fortune les gens de lettres et les abbés. - -IMMINUERE VIRGINIS PUDICITIAM. _Plaut._ Dépuceler une fille; avoir le -pucelage d'une belle. Ou: apprivoiser une fille; accoutumer une belle -aux caresses; mettre amoureusement une belle sur le pied de ne pas -s'effaroucher; ébranler la retenue d'une jeune personne; écorner la -fermeté d'une jeune enfant[137]. - - [137] Faire une brèche à la pudeur. - -(N) IMPUDICUS, _a, um_. Paillard ou paillarde: reproche que l'on fait -aux gens qui aiment à goûter le plaisir amoureux. _Impudicum digitum -ostendere_: montrer le doigt impudique, que les Anciens appelaient le -doigt infâme. C'est le doigt du milieu qui, par sa longueur, fait le -mieux plaisir aux belles, ou sert à indiquer la secte des amoureux. - -(N) IMPURUS, _a, um_. Impudique; crapuleux libertin qui laisse souiller -son corps par des complaisances infâmes. - -(N) INACHIDOS LIMINA. Le portique du temple d'Isis, ou le temple même de -cette déesse, où se rendent tous ceux qui font des plaisirs de l'amour -leur occupation favorite. Voy. ISIACA SACRA. - -INAM CAEDERE. Jeter un homme à terre, étant cinq contre un; branler la -pique sans faire peur à personne; répandre un homme informe; se battre -amoureusement contre l'air. - -(N) INCESTARE SE INVICEM. _Suet._ Se livrer à qui mieux mieux à la -luxure; se souiller mutuellement par la plus sale lubricité; faire le -chapelet comme les colimaçons; s'enfiler réciproquement; se tenir comme -les hannetons. - -(N) INCESTUM, _i_, n. Toute copulation contraire aux lois de la nature -ou de la société est un inceste, ou manque de respect envers l'une ou -l'autre. _Cestum_ est la ceinture dont Vénus ornait les filles sages qui -se destinaient au mariage, et Vénus n'a jamais présidé aux mariages que -la chasteté réprouve: de là on a nommé incestueux les gens qui violaient -la chasteté. - -INCUBA, _ae_, f. Celle qui veut prendre le dessus dans la lutte -amoureuse; celle qui, dans le combat d'amour, se veut soumettre ce -qu'elle aime; celle qui veut primer dans les exercices -androgyniques[138]. - - [138] C'est de l'orgueil tout pur. Il faut espérer que les femmes - nobles y renonceront dorénavant, en admettant leurs inférieurs dans - leur lit; car on les accuse de conserver, même en amour, l'étiquette - du rang. - -INCUBITATUS, _a, um_. _Plaut._ A qui l'on a introduit un pessaire animé, -ou un suppositoire vivant. - -(N) INCLINARE MARITOS IPSOS. _Juv._ Courber les maris après avoir -renversé leurs femmes. Voy. INCURVO. - -INCURVO, _as, are_. _Mart._ Faire montrer le nord de l'aiguille animale; -le faire présenter beau[139]. - - [139] Faire ramasser des cerises aux jeunes gens. _Inclinare_ exprime - la même chose. _Inclinare discipulos_: habitude de collège dont il - faut se garder. - -INEO, _is, ire_. _Cic._ _Idem ac_ COEO. Prendre le plaisir amoureux; -jouir de ses amours; entrer dans le plus particulier de ce qu'on aime; -pénétrer dans l'intime de l'objet aimé. - -(N) INEQUITATIO, _onis_. f. L'une des postures amoureuses dont on donne -des leçons à Lampsaque: c'est celle où la femme se met à cheval sur son -amie pour tribader, ou, plus agréablement, sur son ami, pour en recevoir -ou lui donner plus de plaisir. Voy. EQUITO. - -INERRARE IN FILIOS. _Minut. Fel._ Se tromper en prenant amoureusement de -jeunes garçons pour des filles. - -INIRE ALIQUAM. _Suet._ Faire galanterie avec une belle; sonder -l'intérieur d'une jolie personne. - -INIRE CUBILE ALICUJUS. _Cic._ Se mêler de partager avec quelqu'un les -plaisirs de son lit; entrer dans les plaisirs secrets de la femme -d'autrui[140]. - - [140] Cocufier. - -INFAMIAM (AD) USQUE ORIS LIBIDINIBUS & FLAGRARE. _Suet._ Être si déréglé -dans ses plaisirs que d'en salir sa bouche ou celle d'autrui. - -INFAMIS DIGITUS[141]. _Pers._ Le doigt du milieu de la main (à cause de -certains usages auxquels il est préférablement employé). - - [141] _Vel impudicus._ - -INFORATIO, _onis_, f. L'action de mettre amoureusement en perce. - -INFORATOR, _oris_, m. _Apul._ Celui qui, par plaisir, perce un trou qui -est déjà tout fait[142]. - - [142] Enfonceur de porte ouverte. - -INFORATUS, _a, um_. Qu'on a mis amoureusement en perce. - -INFORO, _as, are_. _Plaut._ Percer amoureusement un trou qui est déjà -percé. - -(N) INGUEN, _inis_; INGUINA, _um_, n. Les parties naturelles de l'homme -et de la femme, et tout ce qui les avoisine, comme l'aine, le haut des -cuisses, le bas-ventre, etc. _Inguina recutita._ _Hor._ Les parties de -l'homme marquées de la circoncision, ou dont la peau du prépuce a été -coupée. - -INSCENSUS, _us_, m. _Apul._ La cavalcade d'amour; le manège amoureux; le -saut sur les quatre quartiers. - -INTERFEMINEUM, _i_, n. _Apul._ A l'égard des hommes: le périnée, -l'entrefesson. Ou, à l'égard des femmes: la situation d'où un des -moindres animaux, voulant éviter Scylla, tomberait en Charybde. Ou: le -détroit d'entre les deux colonnes de Vénus[143]. - - [143] Le pont du Diable qui sépare Charybde de Scylla. - -INTERNUCULUS, _i_, m. _Petr._ Un petit Ganymède. - -INTESTABILIS, m. f., _le_, n., INTESTATUS, _a, um_, INTESTIS, m. f., -_te_, n. _Plaut._ Léger de deux grains au trébuchet d'Amour; à qui on a -enlevé les témoins amoureux; qui manque de témoins pour prouver sa -galanterie; eunuque; châtré; chapon; chaponné. - -INVITARE IN AMPLEXUS, ATQUE IN CUBITUM. Demander la courtoisie; prier -d'amour (grâce que ce galant d'empereur Caligula demandait à la -Lune)[144]. - - [144] Jouer le rôle de Putiphar avec Joseph. - -IRRUMATIO, _onis_, f. _Catull._ L'action de faire teter à la bouche -supérieure ce qui n'est fait que pour l'inférieure. - -IRRUMATOR, _oris_, m. _Catull._ Celui qui fait prendre à la bouche d'en -haut ce qui n'est dû qu'à la bouche d'en bas; qui fait servir la bouche -supérieure à l'usage de l'inférieure; qui met à la bouche le gobet -amoureux[145]. - - [145] Cet expédient était nécessaire aux vieux libertins usés par la - jouissance, et, lorsqu'on voyait un vieillard rechercher les femmes, - _irrumatorem esse suspicabatur_ (Dussaulx, sur Juvénal, p. 399). On - appelait les femmes qui se livraient à cette lubricité, - _fellatrices_. Les hommes s'en mêlaient aussi: car de quoi ne se - mêlent-ils pas? Il paraît que ce badinage était fort usité en Italie - du temps des Romains: on en juge par le fréquent emploi du mot dans - les auteurs Latins. Les artistes Grecs ont reproduit cette action - dans leurs peintures: témoin le tableau de Parrhasius, dans lequel - Atalante se voit représentée à genoux devant Méléagre, qu'elle - caresse à la mode des Lesbiennes. - -IRRUMATUS, _a, um_. _Mart._ Dont la bouche a servi à l'usage de certaine -autre bouche; qui a pris avec la bouche le gobet amoureux; irrumé; à qui -l'on a fait teter le trayon amoureux. - -IRRUMO, _as, are_. _Mart._ Faire teter le trayon amoureux; employer la -bouche supérieure aux usages de l'inférieure; faire prendre avec la -bouche le gobet d'amour; donner à la bouche d'en haut ce qui n'est dû -qu'à la bouche d'en bas; faire servir la bouche de vase amoureux; -irrumer[146]. - - [146] Se dit des hommes qui usent entre eux de cette affreuse - jouissance. - -ISIACA SACRA. Le plus secret du mystère amoureux; le sacrifice d'amour; -les mystères de Vénus. - -ISICAE SACRARIA LUNAE. _Juv._ Les petits temples d'Isis, où quantité -d'aventures galantes se mettaient à fin[147]. - - [147] Les mystères de cette déesse devinrent ceux de l'amour et de la - débauche. Le culte en fut proscrit sous le consulat de Pison et de - Gabinius; mais Auguste le rétablit, pour amuser le peuple qu'il - voulait asservir. - -ITHYPHALLUS, _i_, m. Le Priape en belle humeur porté en procession, et -les poésies qu'on y chantait à sa louange, aux fêtes d'Osiris en Égypte, -et à celles de Bacchus et de Priape à Athènes. - - - - -J - - -(N) JACEO, _es, ere_. Être couché dans une posture favorable au plaisir. -_Briseis multum aversa jacebat_: Briséis, selon Martial, voyait très -fréquemment la feuille à l'envers; c'est qu'elle avait un héros pour -ami. - -(N) JUDAEUM PONDUS. Le paquet des trois pièces utiles à la génération. -Voy. FIBULA, PENSILIA, PONDUS. - - - - -K - - -(N) KALENDAE FOEMINEAE. Les Calendes de Mars, pendant lesquelles il y -avait, dans l'intérieur des maisons, des fêtes pour les domestiques du -genre féminin. Les maîtresses les servaient alors, comme les maîtres -servaient leurs esclaves mâles pendant les Saturnales. Ces fêtes étaient -appelées _Matronalia_. Les uns veulent qu'elles aient été instituées en -mémoire de la paix avec les Sabins à pareille époque, pour cause de -l'enlèvement des Sabines; d'autres disent que c'est en l'honneur de -Vénus. Il en est aussi qui assurent que les premiers jours du printemps -étaient comme des jours de fête pour les dames; qu'elles paraient leurs -appartements, et qu'alors elles recevaient des présents de leurs maris -ou de leurs galants. Juvénal reprend quelques hommes efféminés de son -siècle pour les imiter en cela (Sat. IX, vers 46 et suiv.). - - - - -L - - -LABDA, _ae_, m. f. _Varr._ Qui fait usurper à sa bouche l'emploi d'une -autre espèce de bouche; qui engloutit des hommes liquides; qui boit le -plaisir amoureux; qui dévore les hommes avant qu'ils puissent être vus. - -LABDACE, _es_, f. _Varr._ Le suçage du trayon amoureux; le sucement du -doigt qui est sans os; l'action de faire servir sa bouche aux usages -d'une autre espèce de bouche. - -(N) LABRA MORDERE. Pincer avec les dents les lèvres de sa mie. Ces -petits amusements ont lieu en attendant des plaisirs plus vifs. - -LACINATA MULIER. _Petr._ Femme qu'on a déchirée à force de vouloir lui -faire plaisir. - -LAECASTRA, _ae_, f. Une courtisane sous les armes; une fille commode en -équipage de conquête. - -LAECACITAS, _atis_, f. Maquerellage. Ou: paillardise. - -LAECATOR, _oris_, m. Pourvoyeur d'amour. Ou: paillard. - -LAECO, _as, are_. Faire un maquerellage. Ou: paillarder, faire la joie. - -(N) LAEVIS. Voy. LEVIS. - -(N) LAMBERE MEDIOS VIROS. Faire un métier de chien; Voy. DEMITTERE -CAPUT, PHOENICISSARE, TERERE INGUINA. C'est faire aux dames, avec la -langue, le même plaisir qu'elles font aux hommes avec la bouche. - -LAMPADIUM, _ii_, n. Sortes de filles de joie qui se tenaient la nuit -dans les rues avec une petite lampe à la main, afin que le marchand pût -voir si la marchandise lui plaisait. A Rome, il y a encore de petits -coquins qu'on trouve assis le soir dans les places et dans les rues, -avec une petite lumière, et qui crient de temps en temps: «_Chi me vuol -levar?_» - -(N) LAMPSACUM, _i_, n. Lampsaque, ville de Bithynie, célèbre par le -culte de Vénus, de Cupidon et de Cybèle. C'est à Lampsaque que le dieu -Priape, fils de Bacchus et de Vénus, fut élevé. Par reconnaissance, il -fit toutes sortes de niches aux habitants de cette ville, c'est-à-dire -aux maris des plus belles femmes, ce qui d'abord le fit chasser. Il -finit cependant par y être adoré, et son culte y devint public. - -LANDICA, _ae_, f. Voy. CUNNUS. - -LANGORES, _orum_, m. Débauchés aux femmes. - -LANGUS, _i_, m. Adonné aux femmes. Ou: bardache. - -LANUVINI, _orum_, m. _Cic._ Les témoins d'amour, vénérables par leur -barbe. - -LANUVIUM, _ii_, n. _Prop._ La foulerie d'Amour; le fouloir de Vénus; la -fouloire de Cupidon. - -(N) LASCIVIA, _ae_, f. Lubricité; recherche des moyens de varier, -augmenter, suspendre ou prolonger les plaisirs amoureux. _Improbitas -Venerea_, selon Juvénal. - -(N) LASCIVIRE. C'est prolonger la jouissance; user des plaisirs de -l'amour tantôt avec délicatesse, quelquefois avec assez d'emportement -pour se mettre hors de combat. - -LASTAURUS, _i_, m. Celui qu'en amour on appelle bien fourni; qui est -bien emmanché. Ou: qui a l'entrefesson velu. Ou: l'entrefesson, le -périnée. Ou: paillard, ribaud. - -(N) LATUS MOLLE. La croupe, les parties supérieures aux fesses; le -fessier lui-même. - - _Quantum et quale latus! quam juvenile femur!_ - - (_Ovid._) - -(N) LAXUS, _a, um_. Se dit des hommes et des femmes dont le vase -amoureux s'est élargi à force de servir. Il y a du remède avec -l'_onguent de la Comtesse_; mais les palliatifs ne rendent jamais à la -nature son vrai mérite. - -LECTAMBULUS, _i_, m. Qui essaie de diverses garnitures de lit sans se -fixer à pas une; un pirate d'amour; galant qui se divertit aux dépens -des maris; un amant qui vit sur le commun; un corsaire en amour; qui -court le bon bord en amour. - -LECTICARIOLA, _ae_, f. _Mart._ Une femme qui trouve du ragoût dans les -porteurs de chaise. - -LECTI FURTIVI FOEDERA. _Tib._ Les secrètes liaisons où les larcins -amoureux engagent; les tendres engagements que font prendre les vols que -l'on fait en amour. - -LEGAEGYNAECES, _cum_, f. Femmes âpres à la curée; gaillardes de grand -appétit[148]. - - [148] Femmes à tempérament. - -LENA, _ae_, f. _Plaut._ Appareilleuse; conciliatrice de volontés; -entremetteuse; médiatrice de plaisir; pourvoyeuse d'amour; maquerelle; -ministre de Vénus[149]. - - [149] Tante d'Opéra. _Lena juventa_, dans Ausone: la fraîcheur de - l'âge attire les hommages. - -LENO, _onis_, m. _Ter._ Marchand d'esclaves. Ou: ministre d'amour; -intendant des plaisirs amoureux; pourvoyeur d'amour; appareilleur de -Vénus; agent de change en amour; conciliateur de volontés amoureuses; -courtier de plaisirs; maquereau; médiateur de tendres unions[150]. - - [150] Accapareur de filles; marchand de chair humaine. - -LENO, _as, are_. _Vet. epigr._ Être marchand d'esclaves. Ou: fournir des -sujets de plaisirs amoureux; concilier les volontés en amour; être -ministre de Vénus; appareiller des amants; être courtier de plaisir; se -mêler de pourvoir aux besoins amoureux; être pourvoyeur de Cupidon; être -agent de change en amour; faire trafic de ce que recherchent les amants; -s'entremettre d'unir les coeurs et les corps; être médiateur de tendres -unions; faire commerce de marchandise amoureuse; négocier en faveur des -amants; battre la caisse pour enrôler sous les étendards de Vénus; -maquereller; prostituer. - -LENOCINAMENTUM, _i_, n. Voy. LENOCINIUM. - -LENOCINATOR, _oris_, m. Voy. LENO. - -LENOCINE, adv. _Lamprid._ En maquereau; à la manière des pourvoyeurs -d'amour; en courtier de Vénus; par maquerellage. - -LENOCINIUM, _ii_, n. _Cic._ Trafic d'esclaves. Ou: conciliation de -volontés en amour; intendance de plaisirs amoureux; trafic d'union de -coeurs et de corps; charge de pourvoyeur de Vénus; médiation entre les -amants; commerce de sujets de plaisirs amoureux; emploi d'appareilleur -d'amants; courtage de plaisir; négociation en faveur des amants; office -d'entremetteur d'amour; négoce de marchandise amoureuse; commerce de -prostitution. Ou (_Sueton._): coquetterie; air coquet; soin excessif de -se parer; afféterie; affectation dans la propreté; manière affétée. - -LENONICE, adv. Voy. LENOCINE. - -LENONIUS, _a, um_. _Plaut._ Qui concerne les marchands d'esclaves. Ou: -qui concerne les ministres des plaisirs amoureux. - -LEPUS, _oris_, m. _Ter._ Qui est, comme le lièvre, tantôt mâle, tantôt -femelle; qui se laisse Ganymédiser. Ou (_Ovid._): le lièvre qu'on fait -lever pour le mener au gîte. Ou (_Plaut._): Terme de caresse amoureuse. - -LESBIO, _as, are_. Aimer à la manière de Sapho; vouloir imiter les -hommes dans les caresses qu'on fait aux belles personnes de son sexe; -tribader[151]. - - [151] Gamahucher. Les Lesbiennes sont célèbres pour avoir rendu la - bouche le plus fréquent organe de la volupté. Elles employaient la - langue à se faire plaisir mutuellement, et elles affectaient la - blancheur aux lèvres. - -(N) LEVIS. Homme efféminé, qui prend soin de son corps comme une femme; -qui se fait épiler pour qu'on se méprenne à la douceur de sa peau, et -pour mieux jouer le rôle de femme. - -LIBIDINES IN ALIQUO FACERE. _Catull._ Soumettre quelqu'un au dérèglement -de ses passions[152]. - - [152] _Libido praepostera_: passion bizarre des non-conformistes. - -(N) LIBIDINOR, _aris, ari_. Polissonner; s'abandonner à la débauche. - -(N) LIBIDINOSUS, _a, um_. Débauché; libertin, tantôt impudique, et -tantôt voluptueux. - -(N) LIBIDO, _inis_, f. Passion; désir; volonté; fantaisie; débauche. - -LIGURIRE NATURAM CAPRIS. _Suet._ Employer sa langue à découvrir la -propreté de la nature de nos chèvres[153]. - - [153] Il est difficile de rendre proprement cette expression. Voy. - LESBIO, TERERE INGUINA. - -LIMARE CAPUT CUM ALIQUA. _Plaut._ Donner à une personne et en recevoir -coup sur coup des baisers affectueux; s'entrebaisotter. Ou: joindre de -près une belle; se frotter avec elle. - -(N) LINGERE CUNNUM. Voy. LIGURIRE et CUNNILINGUS. Fantaisie -ultramontaine et Florentine: les Français ont le coeur trop faible pour -s'y livrer aussi fréquemment que les Italiens. Selon Martial, Eryx, fils -de Vénus et de Butis, en est mort; mais les mythologistes prétendent -qu'Hercule l'a tué, ce qui est bien différent. - -(N) LINGUA MALA. Mauvaise langue, en terme ordinaire. Ici, cela veut -dire une langue impudique, lubrique. Voy. LAMBERE MEDIOS VIROS. - -(N) LINGUA MARITUS. _Martial._ Langue qui entreprend sur les droits d'un -mari, d'un amant. - -LONGANO, _onis_, m. _Varr._ L'intestin rectum, que les Italiens -appellent _budel gentile_. Pourquoi cela? je m'en rapporte. Le boyau -culier; le gros boyau[154]. - - [154] Le gentil boyau: instrument de fantaisie. - -LONGANON, _is_, m. _Veget._ LONGANUM, _i_, n. Voy. LONGANO. - -LUCUS HUMIDUS. _Plaut._ Le bosquet que l'Amour a soin d'arroser. - -LUDERE, EDERE, BIBERE. _Hor._ Boire, manger, dormir à l'Hébraïque. - -LUDERE IN UMBRA VOLUPTATIS. _Petr._ Se divertir en idée; goûter des -plaisirs en imagination; s'arrêter à des voluptés imaginaires. Ou: -préluder amoureusement; tâter le clavier amoureux. - -LUDERE CUM ALIQUA. _Petr._ Badiner avec une personne; se jouer avec une -belle; se divertir avec quelqu'une[155]. - - [155] Folâtrer, préluder, batifoler. - -(N) LUMBI, _orum_, m. Les reins: le levier d'amour; la puissance motrice -et génératrice; la source de la liqueur séminale. - -LUPA, _ae_, f. _Cic._ Courtisane; fille de joie; personne de commodité. - -LUPAL, LUPANAR, _is_, n. _Juv._ Lieu de plaisir; maison de commodité; -retraite de débauche; bordel. - -LUPANARIS, m. f., _re_, n. _Apul._ De maison de commodité; de bordel; -qui concerne les lieux de plaisir. - -LUPANARIUM, _ii_, n. _Ulp._ Voy. LUPANAR. - -LUPANARIUS, _ii_, m. _Lamprid._ Suppôt de bordel; un souteneur; un -mangeur de blanc. Ou: coureur d'aiguillette. - -LUPOR, _ari_, dép. _Accius._ Courir l'aiguillette; rechercher les belles -apprivoisées; mordre sur toute bête comme un chien d'amour affamé; en -vouloir jusqu'aux chèvres coiffées; ne mépriser pas en amour les restes -du genre humain; se plonger dans la débauche des femmes. - -LUSIZONOS, _i_, f. Celle qui a éprouvé ce que vaut un homme; personne -qui a fait expérience des talents amoureux d'un galant; fille qui a -expérimenté combien un homme peut être utile au sexe[156]. - - [156] Voy. LYZIZONA. - -LUSTRO, _onis_, m. _Catull._ Chercheur de bonnes fortunes aisées; -fureteur de lieux de plaisir; coureur d'aiguillette. - -LUSTROR, _ari_, dép. _Plaut._ Courir l'aiguillette; fureter les lieux de -plaisir; fréquenter les maisons de commodité. - -LUSTRUM, _i_, n. _Cic._ Lieu de plaisir; maison de commodité; bordel. - -(N) LUXURIA, _ae_, LUXURIES, _ei_, f. La luxure; la débauche; -l'impureté. - - _... Saevior armis - Luxuria incubuit, victumque ulciscitur orbem._ - - (_Juven._) - -Le péché de luxure a son agrément, lorsqu'il n'est pas poussé trop loin. - -LYZIZONA, _ae_, f. Fille devenue femme; celle qui a fait épreuve des -bons offices mutuels que les deux sexes peuvent se rendre. Voy. -LUSIZONOS. - - - - -M - - -MACROCAULUS, MACROCOLUS, _i_, m. Piquier dans le régiment de Vénus; -lancier en la milice d'Amour; un longue-queue. - -(N) MAENADES, _dum_, f. C'étaient des espèces de prêtresses de Bacchus -ou de Priape, qui, dans les fêtes de Cérès, ou de la Bonne Déesse, ou -d'Isis, contrefaisaient peut-être ensemble, par chasteté, les mystères -de l'amour, comme les philosophes Socratiques les contrefaisaient entre -eux, par sagesse. Il résultait de tout cela que de l'imitation on -voulait venir à la réalité, et que, sortant des mystères, les Ménades ou -les Bacchantes couraient après les hommes, _ululabant Priapum_, avec une -fureur qui écartait tout le monde. Aussi, ne trouvant personne à qui -parler, on assure qu'elles sollicitaient les animaux. - -(N) MALA, _orum_, n. _Priap._ Ce sont les petites pommes de l'arbre de -vie. Ève en fut gourmande, et ses descendantes ont conservé le même -appétit pour ce fruit. Voy. COLEUS, TESTES. - -(N) MAMMA, _ae_, f. La mamelle; le sein d'une femme; la pomme d'amour. -_Mamilla_ est le diminutif; le terme est plus joli, mais la chose vaut -mieux dans une belle et juste proportion. _Mamilla_ se prend aussi pour -la fraise ou le bouton qui couronne le sein d'une femme. _Mamma -inclinata_: pendard. - -(N) MANGO, _onis_, m. _Mart._ Un maquignon; un Mercure procureur -d'amourettes; intendant de sérail; directeur des menus plaisirs de la -cour de Cythère. - -(N) MANUS PULLARIA, PROTERVA. Main libertine ou officieuse, qui rend à -d'autres le service qu'on peut se rendre à soi-même. La jeune amie -d'Ovide ne lui refusait pas cet aimable service: - - _Hanc etiam mea non est dedignata puella - Leniter admota sollicitare manu._ - -La main d'une belle femme a produit des miracles, et rajeuni des -vieillards dont le coeur toutefois n'était pas mort: - - _Illius ad tactum Pylius juvenescere possit, - Tithonusque annis fortior esse suis._ - - (_Ovid._) - -MARISCA, _ae_, f. _Mart._ (_Subaud._ FICUS). Voy. CHIA[157]. - - [157] Tumeurs au fondement, par l'effet du libertinage contre nature. - -MASTRUPATOR, _oris_, m. _Mart._ Voy. MASTUPRATOR. - -MASTRUPOR, _ari_, dép. _Mart._ Voy. MASTUPROR. - -MASTRYLLIUM, _ii_, n. Voy. LUPANAR. - -MASTUPRATOR, _oris_, m. _Mart._ Assassin d'hommes informes; qui se passe -de femme parce qu'il a cinq doigts à chaque main; celui qui se conduit -par la main au plaisir; qui trouve une femme dans sa main; qui se joue à -soi-même[158]. (En cas que ce mot soit composé de _manus_ et de -_stupror_: car s'il est fait de _mas_ et de _stupror_, il signifie un -Ganymédiseur; un puériseur; celui qui emploie dans ses plaisirs un sexe -pour l'autre; qui métamorphose des garçons en filles; un bougre.) - - [158] Un Narcisse, un Hippolyte; tout homme épris des jouissances - solitaires: onanisme, et, pour les femmes, nymphomanie. - -MASTUPROR, _ari_, dép. _Mart._ Assassiner des hommes informes; se passer -de femme parce qu'on a cinq doigts à chaque main; trouver une femme dans -sa main; se jouer à soi-même; conduire au plaisir par la main (soi ou un -autre); clitoriser. Cette signification n'est qu'en cas que ce verbe -soit composé de _manus_ et de _stupror_: car, si on le dérive de _mas_ -et de _stupror_, il signifie Ganymédiser; puériser; métamorphoser des -garçons en filles; faire emploi d'un sexe pour l'autre dans ses -plaisirs[159]. - - [159] User du Manuel des Solitaires. - -MASTURBATOR, _oris_, m. _Mart._ Qui devient mari de sa main; ou: qui -conduit au plaisir par la main. Voy. MASTUPRATOR. - -MASTURBATUS, _a, um_. _Mart._ Qui est devenu le mari de sa main; qui a -été conduit au plaisir par la main; qui s'est amoureusement chatouillé -pour se faire rire; qui s'est joué soi-même; qui a trouvé une femme dans -sa main. Ou: clitorisé. - -MASTURBO, _are_, MASTURBOR, _ari_, dép. _Mart._ Voy. MASTUPROR. - -(N) MATRIMONIUM, _ii_, n. Honnête concubinage ordonné par des lois et -fondé sur des conventions entre hommes et femmes, qui presque toujours -s'en repentent. Les Anciens en usaient avec encore plus d'appareil que -les Modernes. Ils avaient une multitude de dieux, grands et petits, qui -présidaient à toutes les cérémonies du mariage. Quand la fille avait -engagé sa foi, les matrones la conduisaient au dieu Priape et la -faisaient asseoir sur le membre énorme de ce dieu: là, on ôtait la -ceinture de la jeune mariée, et l'on invoquait la déesse _Virginensis_. -Le dieu _Subigus_ soumettait la fille aux transports du mari. Le déesse -_Prema_ la contenait sous lui pour l'empêcher de remuer à contre-temps. -Enfin la déesse _Pertunda_, ou Perforatrice, ouvrait à l'homme le -sentier de la volupté. Dans les Indes, ce sont les prêtres qui se sont -emparés de cette fonction divine. D'autres dieux et déesses présidaient -aux travaux de l'enfantement; mais ici il ne s'agit que du plaisir, et -non de la peine qui le suit. - -MELLINA, _ae_, f. _Plaut._ Le cabaret où l'Amour enivre les hommes; le -lieu où l'on goûte ses douceurs. - -(N) MEMBROSUS, _a, um_. _Priap._ _Membrosior aequo Priapus_: bien fourni -de la pièce essentielle au jeu d'amour: puissant plus que l'homme n'a -coutume de l'être. - -(N) MEMBRUM, _i_, n. Il y a beaucoup d'épithètes à ce mot. Voy. MENTULA. - -MENTULA, _ae_, f. _Mart._ Le sceptre d'amour[160]; le bâton de -commandement dans la milice amoureuse; le flambeau de Cupidon; le -poisson de Vénus; l'arc-boutant de Nature; le coutre de la charrue -d'amour; le serpent tentateur; le pilon du mortier amoureux; la lardoire -et le lardon dont fait piquer sa viande Cupidon; le pinceau qui redonne -la couleur aux filles; le chalumeau dont l'Amour se sert pour enfler son -ballon; le hoyau des jardins de Vénus; le bourdon des pèlerins amoureux; -ce qui n'est qu'une ligne droite et fait pourtant les cornes aux cocus; -le ciseau des sculpteurs d'amour; le refouloir des canonniers de Vénus; -l'aiguillon de la volupté; le prototype des chevilles; la clef du -cabinet de la mère d'Amour; l'instrument que l'Amour emploie à faire un -étui pour les âmes; la quille, le mât et le gouvernail des vaisseaux -amoureux; la lame que Vénus aime bien au fourreau; le hochet des amours; -le plongeon de Vénus; le battant de la cloche amoureuse[161]. - - [160] Ce sceptre amoureux a plus d'une fois procuré le trône à des - mortels favorisés de la Nature: - - _Imperium nobis mentula sola dedit._ - - (_Priap._) - - [161] La plume de l'Amour. - - Voici les synonymes Latins de cette partie essentielle: _Pars - obscena, pars tegenda, tenta, penis, telum, columna, trabs, palus, - contus pedalis, fascinum pedale, coleata cuspis, sceptrum, seminale - membrum, ventris arma, vena tenta, hasta, Priapus, anguis, thyrsus, - pensilia, peculium, muto, nota virilis, virilis nervus, mutinus, - verpa, inguen, taurus, glans, babalum, psoleon, pyramis, clavus - Cupidinis, vir, sica, sicula vel parva sica, cauda turgens, aluta, - pipinna, iota longum_. - -MENTULATUS, _a, um_. _Plaut._ Qui est pourvu d'un grand persuasif en -amour; qui est avantageusement partagé en faveur des dames; qui est bien -fourni, doué par la Nature de magnifiques talents pour le service des -belles; qui a de quoi servir le sexe à bouche que veux-tu; qui a une -ample garniture amoureuse; que Nature a libéralement fourni à l'usage -des dames, bien entalenté pour le sexe. - -MERENDUM (AD) A LENONE COGI. _A. Gell._ Être forcé par un marchand -d'esclaves à s'attirer les caresses du public par sa complaisance. - -MERETRICATIO, _onis_, f. Voy. MERETRICIUM. - -MERETRICIE, adv. _Plaut._ En courtisane; en coquette outrée; à la -manière des filles de joie; d'un air de garce; en putain. - -MERETRICIUM, _ii_, n. _Suet._ Coquetterie outrée; profession de -courtisane; métier de fille de joie. - -MERETRICIUS, _a, um_. _Cic._ De coquette outrée; de fille de joie; de -courtisane; de fille de commodité; de putain. - -MERETRICOR, _ari_, dép. _Colum._ Fréquenter les maisons de commodité; -hanter les lieux de plaisir. - -MERETRICULA, _ae_, f. _Cic._ Diminutif de MERETRIX. - -MERETRIX, _icis_, f. Coquette outrée; courtisane; fille de commodité; -fille commode; fille de joie; garce; putain; débauchée; fille -d'amour[162]. - - [162] Synonymes: _alicaria, diobolaris, elecebra, schoenicula, - scortum_. - -MERITORIUS PUER. _Cic._ Jeune mignon qu'on entretient dans la vue de -s'en servir à sa fantaisie; un Ganymède. - -MERITORIA TABERNA. _Suet._ Maison de commodité. - -MERITORIA SCORTA. _Suet._ Personnes qui s'attirent les bonnes grâces par -des complaisances sans réserve. - -(N) MOBILIS, m. f., _e_, n. Cet adjectif est pris dans un sens assez -lubrique par Ovide au second livre des _Amours_, où il parle du mérite -des femmes et soutient que celle dont la démarche est hardie, agaçante, -doit procurer sur un lit la plus voluptueuse agitation: - - _Sive procax aliqua est, capior, quia rustica non est, - Spemque dat in molli mobilis esse thoro._ - -(N) MOECHA, _ae_, f. Femme mariée qui se livre aux désirs de tous les -hommes qui lui font la cour; femme adultère; impudique, infidèle. - -(N) MOECHISSO, _are_. Entretenir un commerce adultère; pondre dans le -nid d'autrui; cocufier son voisin, son ami, son parent. - -MOECHOCINAEDUS, _i_, m. _Lucil._ Le mignon du mari et de la femme; celui -qui rend à la femme ce que lui prête le mari; celui qui souffre du mari -les caresses qu'il fait à la femme. - -(N) MOECHOR, _ari_, dép. Violer le lit nuptial; déchirer le contrat de -mariage. - -(N) MOECHUS, _i_, m. Mari débauché, qui porte à la femme d'autrui ce qui -n'appartient qu'à la sienne; adultère. - - _Fundum alienum arat: incultum familiarem deserit._ - - (_Plaut._) - -_Semitarii moechi_: libertins, coureurs de filles dans les carrefours et -les places publiques. - -(N) MOLLES MARES. Hommes efféminés qui se prostituent à d'autres hommes; -Ganymèdes, etc. Le synonyme de _mollis_ serait le mot _facilis_. Voy. -PATHICUS. - -MOLO, _is, ere_. _Petr._ Moudre amoureusement[163]. - - [163] _Molitur per utramque cavernam_: moudre à tout vent; ne refuser - aucune proposition; entreprendre en tout sens. _Molitor_, dans - Ausone, se distingue de _moechus_ et _adulter_. - -MONETA, _ae_, f. Le lieu où se frappe la monnaie d'amour; la pièce avec -laquelle les femmes se font battre monnaie. - -(N) MORARI GAUDIA, _vel sustinere sese in gaudiis_. _Ovid._ Suspendre, -arrêter, prolonger le plaisir et la volupté d'une jouissance. C'est un -talent heureux, et auquel les amants délicats et bien constitués savent -se livrer. Ovide prétend qu'il faut avoir sept lustres, ou trente-cinq -ans, pour bien savourer le plaisir des sens; mais cela dépend d'une -constitution plus ou moins forte. - -(N) MORDERE LABELLA. _Catull._ Sorte de caresse amoureuse imitée des -oiseaux, qui se mordent bec en bec dans leurs transports érotiques. La -marque qui reste quelquefois de cette morsure ne fait pas plaisir aux -dames. - -MORIGERARI ORE ALICUI. _Suet._ Livrer sa bouche aux plaisirs de -quelqu'un; accommoder quelqu'un de sa bouche[164]. - - [164] _Tacere_, pris obscènement, veut dire la même chose. - -MORIGERARI SIBI CUM ALIQUA. _Plaut._ Se divertir avec une belle; se -donner du plaisir avec une personne; se satisfaire avec quelque belle; -trouver une personne complaisante à tout ce qu'on veut d'elle; ne se -refuser rien auprès d'une personne. - -(N) MORSIUNCULA, _ae_, f. Voy. NOTA MEMOR. - -(N) MOTUS IONICI. Mouvements gracieux perfectionnés par les filles -d'Ionie: - - _Motus doceri gaudet Ionicos - Matura virgo, et fingitur artubus._ - - (Horat., od. 6, l. III.) - -(N) MUGILIS, _is_, m. Muge ou mulet: c'est un poisson vorace que l'on -appliquait, à Athènes, au fondement d'un homme surpris en adultère. Ce -genre de supplice devait être cruel, en raison de la force de l'animal. -On épilait aussi le derrière de ces criminels avec de la cendre chaude, -ou on leur enfonçait un raifort dans le fondement. La jalousie conjugale -a inventé tous ces supplices, dont il est parlé dans Catulle et Juvénal. - -MULIEBRIA, _ium_, n. _Quintil._ Ce que les dames aiment à souffrir[165]. - - [165] Le plaisir des dames. - -MULIEBRIA PASSUS A CENTURIONE ADOLESCENS. _Quintil._ Jeune garçon qui a -souffert qu'un capitaine l'enrôlât au nombre des femmes. - -MULIEBRIA, _ium_, n. La principale, et peut-être l'unique chose qui fait -considérer les femmes dans le monde[166]. - - [166] La distinction spécifique du sexe. - -MULIEBRE BELLUM GERERE. _Cic._ Combattre une aimable ennemie; faire la -douce guerre. - -MULIERO, _are_. _Varr._ Employer en guise de femme: faire servir de -femme; métamorphoser en femme. - -(N) MUSAEUS, _i_, m. Auteur de livres lubriques. Voy. ELEPHANTIS. - -MUTINUS, _i_, m. Le dieu Priape, ou son arme. - -MUTO, _onis_, m. _Hor._ Le membre par excellence. - -MUTONIATUS, _a, um_. _Mart._ Voy. MENTULATUS. - -MUTONIUM, _ii_, n. Le coin des charpentiers naturels. - -MUTONUS, MUTUNUS, _i_, m. _Solin._ Voy. MUTINUS[167]. - - [167] _Mutona verba_: paroles obscènes en usage parmi les libertins. - -(N) MYSTAE, _arum_, m. Les prêtres de Priape et de Bacchus. On peut voir -par là combien leur ministère était utile et respectable. Les prêtres -ont été partout les ministres de la débauche et du mensonge. - - - - -N - - -(N) NASUTUS BENE, _vel bene mentulatus_. Bien fourni d'un instrument qui -fait plaisir aux dames; bien savant dans l'art de la luxure. - -(N) NATES MOVERE. Remuer les fesses: mouvement très naturel pendant la -durée du plaisir amoureux. _Pastas glande nates habere_: se livrer au -plaisir contre nature. - -(N) NATURA, _ae_, f. Se prend pour les parties naturelles des femmes -comme des hommes. - -NECESSARIA, _ae_, f. _Cic._ Amie intime; bonne amie; personne qui est de -moitié dans nos plaisirs. - -(N) NEQUITIA, _ae_, f. Petites folies amoureuses; badinages lascifs; -débauche; vie déréglée; fredaines de la jeunesse. Martial prétend que -les habitants de l'Égypte les connaissaient mieux que les autres peuples -du monde. Juvénal les appelle _lasciviam et improbitatem Veneream_. - -(N) NOLANI ORE MORIGERANTES. Fantaisie en amour à laquelle les habitants -de Nole étaient fort adonnés. Voy. les mots ILLUDERE FOEMINARUM -CAPITIBUS, et ORE MORIGERARI. Les Osques et les habitants de la campagne -de Rome connaissaient ce genre de volupté. Les Florentins en ont un -autre, et rendent aux femmes avec la langue le plaisir que celles-ci -cherchent à donner aux hommes avec la bouche. Ces sortes de voluptés -servent à diversifier une action qui deviendrait fastidieuse par son -uniformité. - -(N) NOTA MEMOR. _Hor._ Suçon amoureux. - -(N) NOTA VIRILIS. Caractère spécifique du sexe masculin. - -(N) NUPTIAE TURPES, SPONSAE TURPES. _Juv._ Mariage d'un homme avec un -homme. Les Romains avaient poussé jusque-là le dérèglement des passions. -Rome et Sodome depuis longtemps sont synonymes. En outre, les Romains -couchaient sans scrupule avec de jeunes esclaves fruits de leurs amours: -cela s'appelait _injustae nuptiae et illegitimae_. - - - - -O - - -(N) OBSCENA, _orum_, n. Tout ce qui est contre la pudeur et l'honnêteté -des moeurs est obscène et bon à cacher. _Obscena pars_, la partie -obscène et que les dames ne voient pas sans rougir. - -(N) OFFENDERE BUCCAM. La même chose que ORI ILLUDERE, MORIGERARI. - -OFFICIUM, _ii_, n. _Cic._ Ce que l'on appelle le devoir, le bon office -amoureux[168]. - - [168] Ovide ne veut pas que l'on fasse par devoir ce qu'on peut faire - par plaisir: à la bonne heure pour les maris! - -(N) OPUS JUVENILE. Travail d'amour, dont on se charge volontiers quand -on est jeune. Voy. CONCUBITUS. _Opus dulce_ (_Ovid._): la douce affaire, -l'occupation la plus gracieuse de la vie. - -ORTHOPHALLICUS, _a, um_. _Varr._ Qui se tient droit comme un Priape de -noce. - -ORTHOPHALLUS, _i_, m. Priape en belle humeur; un Priape de noce. - -(N) OS, _oris_, n. La bouche. Elle ne devient obscène que par l'abus -qu'on en fait en la prêtant aux plaisirs de l'amour. Voy. MORIGERARI -ORE. Martial prétend qu'avec la bouche on ressuscite le physique d'un -homme usé par la jouissance ordinaire: - - _Quid miseros frustra cunnos culosque lacessis? - Summa petas: illic mentula vivit anus._ - -(N) OSCULUM, _i_, n. Petite bouche qui donne grand appétit; préliminaire -du jeu d'amour; charmant badinage; baiser: le plus innocent, le plus -aimable des plaisirs amoureux. _Oscula delibare, dare, adfigere alicui_: -donner et prendre des baisers; cueillir des baisers sur une bouche -vermeille. _Jungere salivas oris_: s'embrasser étroitement. - - _Oscula cognosco cupidae; luctantia linguae_, - -dit Ovide; et c'était un grand maître, à qui tous les jeux d'amour -étaient si bien connus, qu'il en a pu donner la leçon à qui voudrait en -profiter. - - - - -P - - -PAEDERASTES, _ae_, m. Pédéraste; puériseur; qui aime à caresser les -jeunes garçons[169]. - - [169] Sodomite. - -PAEDERASTIA, _ae_, f. Pédérastie; amour désordonné pour les jeunes -garçons; l'art subtil des Italiens[170]. - - [170] Et des Grecs. - -PAEDEROS, _otis_, m. Voy. PAEDICO. - -PAEDICATIO, _onis_. Voy. PAEDERASTIA. - -PAEDICATOR, _oris_, m. _Suet._, PAEDICO, _onis_, m. _Catull._ Pédéraste; -puériseur; qui aime à caresser désordonnément les jeunes garçons; qui -exerce l'art subtil des Italiens; Gomorrhiste, bougre, -Ganymédiseur[171]. - - [171] Jupiter est le premier qui ait eu cette fantaisie à la cour - céleste, et Laïus, père d'OEdipe, l'a fait connaître sur terre. Il - enleva Chrysippe, fils de Pélops, à l'imitation de Jupiter, qui - avait fait enlever Ganymède; et le mauvais exemple a été imité par - toute la terre. - -PAEDICO, _are_. _Mart._ Puériser; exercer l'art subtil; -Ganymédiser[172]. - - [172] Faire l'amour à la Grecque. Il existe un distique Latin composé - par un ancien poète, où, dans les premières syllabes des quatre noms - propres qu'il contient, se trouve le mot _pedicare_ écrit par l'_e_ - simple: - - __Pe_nelopes primam _Di_donis prima sequatur, - Et primam _Ca_ni syllaba prima _Re_mi._ - - Voici un autre _rébus_ Latin faisant allusion au même mot: - - _Quum loquor, una mihi peccatur littera, nam _T_ - _P_ dico semper; blaesaque lingua mihi est._ - -PAEDISCA, _ae_, f. Servante qu'on emploie à tout; une domestique dont on -fait litière; servante caressée par son maître[173]. - - [173] Par conséquent, servante maîtresse. - -PAEDISCIUM, _ii_, n. Voy. LUPANAR. - -PAEDOMANES, _is_, m. Éperdument porté à l'amour des jeunes garçons; qui -aime les jeunes garçons à la folie. - -PAEDOMANIA, _ae_, f. Amour désordonné pour les jeunes garçons. - -PAEDOPHTHORIA, _ae_, f. Corruption de jeunes garçons. - -PAEDOPHTHORUS, _i_, m. Qui débauche les jeunes garçons; corrupteur de -jeunesse; puériseur. - -PAEDOPOEIA, _ae_, f. Génération des enfants. - -PAEDOPOEUS, _i_, m. Qui fait des enfants. - -PAEDURGIA, _ae_, f. Le travail qui fait des enfants; l'exercice de la -génération; la manière de faire des enfants. - -PAEDURGUS, _a, um_. Qui travaille à faire des enfants; qui s'exerce à la -génération; qui fait des enfants[174]. - - [174] Qui s'occupe de sa postérité. - -PALAESTRA, _ae_, f. _Cic._ Magasin de pourvoyeur d'amour; lieu de -plaisir; maison de commodité: académie d'Amour; collège de Vénus[175]. - - [175] Gymnase ou lieu d'exercice pour le libertinage. - -PALAESTRICA, _ae_, f. _Petr._ Femme qui donne des leçons de lutte; celle -qui forme aux exercices du corps et de l'esprit les personnes qu'elle -veut rendre agréables; maîtresse d'académie galante. - -PALPATIO, _onis_, f. _Plaut._ Patinage; patinement[176]. - - [176] Maniement. - -PALPATOR, _oris_, m. _Plaut._; PALPO, _onis_, m. _Pers._ Patineur. - -PALPATUS, _a, um_. Patiné[177]. - - [177] Touché, manié. - -PALPO, _are_. _Juv._; PALPOR, _ari_, dép. _Hor._ Patiner[178]. - - [178] Manier, toucher. - -PALPARI MULIERI. _Plaut._ Caresser une femme. Ou: Sonder le coeur d'une -femme. - -(N) PALUS RUBER. Un pieu; un pal plus humain que ceux dont on se sert en -Turquie. C'est un instrument dont le dieu des jardins est toujours armé. -Voy. MENTULA. - -(N) PANNUCEA MENTULA. Hochet dont les jeunes filles ne peuvent plus -faire usage; instrument hors de service, flétri, ridé. - -(N) PAPILLA, _ae_, f. Le mamelon; la fraise qui termine le sein d'une -femme; les mamelles. _Carpere papillas_, cueillir les pommes d'amour; -mettre la main sous le mouchoir des belles. - - _Forma papillarum quam fuit apta premi!_ - - (_Ovid._) - -(N) PARATUS, _a, um_. Prêt à faire plaisir aux dames. - -(N) PARCERE LATERI. _Juv._ Faire le paresseux; dormir auprès d'une -femme, au lieu de s'occuper à lui faire plaisir. - -(N) PATENS, _tis_, _omn. gen._ Ouvert. En amour il ne faut pas être trop -ouvert. - -PATHICUS, _i_, m. _Juv._; PATHICUS, _a, um_. _Juv._ Qui souffre qu'on le -Ganymédise; qu'on emploie à l'office amoureux de Ganymède[179]. - - [179] Synonymes: _mollis, facilis_. Sénèque nous apprend qu'on - connaissait un homme de cette espèce à la manière dont il se - grattait la tête: _uno digito scalpit caput_ était passé en proverbe - à cet égard. - -PATHICA PUELLA. _Priap._ Jeune fille qu'on Ganymédise; une jeune enfant -qu'on fait servir de Ganymède; fille dont on se sert comme d'un jeune -garçon qu'on emploie pour une fille. - -PATHICISSIMUS, _a, um_. _Mart._ Qui se souffre employer à tout ce que -peut demander une passion déréglée. - -PATIENTIAE MULIEBRIS LEGEM ACCIPERE. _Petr._ Supporter les fatigues où -le beau sexe s'expose lorsqu'il entre dans la milice amoureuse. - -PATI CONCUBITUS. _Ovid._ Souffrir les caresses du lit[180]. - - [180] Ne pas repousser le plaisir. _Pathicus_ en dérive. - -PATI TANGI. _Ovid._ Se laisser patiner; se souffrir manier; vouloir bien -être tâtonnée. - -PATRANS, _tis_, _omn. gen._ _Pers._ Qui fait ce qu'on appelle faire; qui -travaille à l'ouvrage naturel; qui fait l'action. - -PATRANS OCELLUS. _Pers._ Un oeil mourant de plaisir. - -PATRATIO, _onis_, f. _Cornut._ L'accomplissement de ce qu'on appelle -l'action; le travail amoureux; l'exercice de Vénus. - -PATRATOR, _oris_, m. _Tac._ Un faiseur; un artiste amoureux. - -PATRO, _are_. _Sall._ Ce qu'on appelle faire; se mettre à l'ouvrage -naturel; s'exercer au travail amoureux; faire l'action. - -(N) PECULIO, _are_. Entrer au petit magasin d'amour; jouir -amoureusement. - -PECULIUM, _ii_, n. _Petr._ Le magasin d'amour et sa marchandise. - -PECULIUM PROLATUM. _Petr._ Marchandise amoureuse étalée. - -PECULII MAJORIS HOMINES. _Lampr._ Les hommes les mieux fournis; les -substituts de Priape. - -(N) PELLEX, _icis_, f. Fille commode; concubine; femme entretenue; femme -galante dont la physionomie et les grâces attirent les hommes. - -(N) PELLICATUS, _us_, m. Concubinage. - -PENIS, _is_, m. _Cic._ La queue des animaux, tant raisonnables -qu'irraisonnables[181]. - - [181] Le battant de la cloche d'amour. Voy. MENTULA. _Agere inter - viscera penem._ _Juv._ S'amuser au jeu contre nature. - -PENI DEDITI ADOLESCENTES. _Cic._ Jeunes gens qui s'en prennent à -eux-mêmes quand la passion les presse[182]. - - [182] Disciples de Narcisse et d'Hippolyte. - -PENSILIA, _ium_, n. _Priap._ Le paquet d'amour; l'aiguille et les -contrepoids de l'horloge amoureuse[183]. - - [183] Les trois pendards masculins; les trois pièces. - -(N) PERAGERE VIRUM AUT MULIEREM. Jouir d'un homme ou d'une femme; se -prêter aux désirs amoureux. - -(N) PERCIDO, _ere_; PERCISUS, _a, um_; PRAECIDO, _ere_; & PRAECISUS. -C'est à peu près la même signification que _perforare_, mais il -s'applique aux hommes plutôt qu'aux femmes. _Puer percisus, virgo -perforata_, sont deux individus violés, chez qui l'on est entré de -force. - -PERDEPSO, _is, ere_. _Catull._ Pétrir vigoureusement dans le pétrin -naturel. - -(N) PERDUCO, _ere_. Conduire une femme contre sa volonté chez un -amateur; la tromper; la produire contre son intention. - -PERDUCTATIO, _onis_, f. Maquerellage. - -PERDUCTATOR, _oris_, m. Voy. PERDUCTOR. - -PERDUCTO, _are_. _Plaut._ Maquereller. - -PERDUCTOR, _oris_, m. _Cic._ Courtier d'amour; pourvoyeur de Vénus; -maquignon de plaisirs; appareilleur de coeurs; conciliateur de volontés -amoureuses. - -PERFICIO, _is, ere_. _Jul. Cap._ Achever une besogne qu'on voudrait -toujours recommencer. - -(N) PERFORO, _are_. Entrer de force; faire un trou plus grand qu'il -n'était; dépuceler; jouir amoureusement. Le dieu des jardins menaçait -les voleurs de tout sexe de leur faire subir cette peine: aussi était-il -souvent volé. - -PERIRE MULIEREM. Ces deux mots sont marqués dans le _Dictionnaire_ de -Danet pour être de Plaute. Ils n'en sont pas; mais ils se trouvent dans -le premier vers de l'argument acrostiche du _Truculentus_ de Plaute. Ces -arguments acrostiches des comédies de Plaute sont ordinairement -attribués à Priscien, qui aurait fait une faute dans cette construction, -s'il avait entendu se servir de _perire_ dans le sens ordinaire. Il a -prétendu rire, et, pour cadrer à son jeu, il a fait un verbe de _per_ et -de _ire_, aller au travers: pour peu qu'on y ait été en sa vie, on -entendra bien ce que signifie _perire mulierem_[184]. - - [184] Traverser le beau sexe. Voy. PERAGERE. - -PERMOLENDUS, _a, um_. _Plaut._ A qui il faut faire broyer le vermillon -de Vénus. - -PERMOLITOR, _oris_, m. _Plaut._ Qui moud et fait moudre amoureusement -sous soi. - -PERMOLO, _is, ere_. _Hor._ Moudre et faire moudre amoureusement sous -soi; broyer le vermillon de Vénus[185]. - - [185] _Permolere uxores alienas_: caresser la femme d'autrui; pondre - dans un nid qui n'est pas le sien; ensemencer un champ que d'autres - labourent. - -PERPELLO, _ere_. _Ter._ Faire tomber à la renverse sans risque de -blessure[186]. - - [186] Sur le dos, et comme il faut que tombe toute fille. - -PERPULIT MIHI PUDICITIAM PRIMUS. _Plaut._ Il m'a dépucelée; il a eu mon -pucelage; il a eu ma fleur; il est le premier qui m'ait entamée. - -PERTUNDA, _ae_. La déesse qui présidait à l'attaque d'un pucelage; la -présidente au premier assaut nuptial[187]. - - [187] _Pertundere tunicam tentigine_: sentir l'aiguillon d'amour. - -PHALLAGOGIA, _orum_, n. Les fêtes de Bacchus et de Priape. - -PHALLICA, _orum_, n. Les mystères de Bacchus et de Priape. - -PHALLICUS, _a, um_. Qui concerne le laboureur du champ de Nature; ou: -qui concerne le symbole de la fécondité de la Nature. - -PHALLICUM CARMEN. Hymne, poème, chanson à la louange de l'instrument de -la vie animale, qu'on chantait aux processions en l'honneur de Bacchus, -de Priape ou d'Osiris. - -PHALLOPHORI, _orum_, m. _Cic._ Ceux qui portaient la représentation du -dieu Priape, ou du laboureur naturel, à la procession des fêtes d'Osiris -en Égypte, et à celle des fêtes de Bacchus et de Priape à Athènes; ou: -ceux qui portaient ce symbole de fécondité pendu au col dans le temps de -la célébration de ces fêtes[188]. - - [188] Les chevaliers de l'ordre de Cupidon. On trouvera dans Apulée le - détail de ces fêtes et de ces cérémonies obscènes dont les prêtres - Phallophores avaient la direction. - -PHALLOPHORIA, _orum_, n. Procession en Égypte aux fêtes d'Osiris, et à -Athènes aux fêtes de Bacchus et de Priape, où le symbole de la fécondité -naturelle était porté en pompe au bout d'un bâton. - -PHALLOPOTES, _ae_, m. f. _Jul. Cap._ Qui boit dans un Priape de verre, -ou d'autre matière[189]. - - [189] On a vu plus haut que les Anciens avaient des pains de même - figure. - -PHALLOVITROBOLUS, _i_, m. _Jul. Cap._ Priape de verre qui sert de tasse. - -PHALLUS, _i_, m. Figure du laboureur naturel, faite de bois de figuier, -que portaient pendue au col ceux et celles qui célébraient en Égypte les -fêtes d'Osiris, et à Athènes celles de Bacchus et de Priape, et qu'on -portait aussi en pompe au bout d'un bâton aux processions qui se -faisaient alors[190]. - - [190] Le Phallus est encore adoré chez les Chrétiens par beaucoup de - filles recluses, de vierges timides et de veuves qui craignent les - suites des plaisirs amoureux. Le pessaire, le godemiché et le - Phallus des Anciens ne font qu'un. - -(N) PHICIDISSO, _are_. _Suet._ Employer de jeunes chiens à lécher les -testicules. Ce mot vient du Grec. - -(N) PHOENICISSO, _are_. L'une des hérésies des libertins. V. le mot -LIGURIRE NATURAM MULIEBREM, et celui DEMITTERE CAPUT; c'est la même -chose que _Lesbiare_. Les Phéniciens différaient des Lesbiens, en ce que -les premiers se rougissaient les lèvres pour mieux imiter l'entrée du -sanctuaire de l'amour: les Lesbiens, au contraire, n'y mettaient d'autre -fard que l'empreinte des libations amoureuses qui les rendaient -blanches: _demisso labra notata sero_ (_Catull._). Chaque peuple et -chaque individu a son goût favori en amour, et il n'y a rien dont un -homme usé de débauche ne s'avise pour ranimer la langueur de ses sens. -Mais autant de tentatives de ce genre, autant de pas faits vers la mort, -ou l'imbécillité, qui est un état plus affreux. - -PHORMISIUM, _ii_, n. Voy. CUNNUS. - -PHYSSIONUS, _a, um_. Pour qui la Nature a été prodigue, ou avare, selon -les besoins qu'en ont les deux sexes dans les plaisirs mutuels. - -(N) PIPINNA, _ae_, f. Joli diminutif d'un nom qui ne manque pas de -synonymes. Nous avons en Français le même nom, à peu de chose près. Voy. -MENTULA. - -(N) PODEX, _icis_, m. C'est le contraire de _cunnus_; mais il y a des -gens qui se plaisent à rapprocher les contraires, et pour qui tout est -bon, lorsqu'ils sont tourmentés du désir charnel. Une chose singulière, -c'est que chaque homme tient à la partie qu'il préfère avec beaucoup -d'obstination, et qu'il est presque impossible de convertir un hérétique -en amour. Synonyme: _luteum symplegadis antrum_. - -(N) POLLA, _ae_, f. _Mart._ Il paraît que les commentateurs et les -lexicographes Latins n'ont pas connu la signification de ce mot, qui -doit avoir de l'analogie avec MENTULA. - -(N) POLLUO, _ere_. Tacher son linge ou celui d'autrui; tuer des hommes -avant leur naissance; tromper la nature; abuser de sa main, de ses -doigts, ou de la bouche de quelques gens commodes; céder trop vite à ses -désirs; y succomber trop tôt. - -(N) POLYGITON, _onis_, m. Archibougre; archilibertin; dictateur en -crapule, en Sodomie. - -POMUM, _i_, n. Voy. COLEUS. - -PONDUS, _eris_, n. _Hor._ Le poids de la virilité; le paquet -d'amour[191]. - - [191] Voy. PENSILIA, JUDAEUM PONDUS. - -(N) POPPYSMA CUNNI. Le cliquetis des armes de Cupidon, lorsque le dard -remue dans le fourreau naturel. C'est, pour la bouche, le sifflement du -baiser, le bruit qu'on entend quand deux amants s'embrassent bien -tendrement. - -PORCA, _ae_, f. _Varr._ Le conin des petites filles (parce que c'est une -victime digne d'être immolée par celui qui aime, de même que les -nouveaux mariés immolaient un porc, et ceux qui concluaient une paix -immolaient une truie). - -(N) POSTICA PRAELIA. Combat Socratique, pendant lequel les combattants -ne se regardent jamais en face. - -(N) POTIOR, _iri_, dép. Jouir. C'est en amour le bien suprême et la -source du bonheur. - -POTUS, _i_, m. _Virg._ Catamite; Ganymède; bardache. - -(N) PRAEBERE SE. Accorder ses faveurs; se livrer; consentir aux désirs -de quelqu'un. Voy. DO. - -PRAECIDO, _ere_. _Mart._ Voy. PAEDICO. - -PRAECISUS, _a, um_. _Sen._ Voy. PATHICUS. - -(N) PRAEMIA COXAE TOLERE. Remporter le prix de la lubricité. - -PRAEPUTIO, _are_. Jouer du prépuce. Ou: se jouer du prépuce. - -PRAEPUTIUM, _ii_, n. _Juv._ Prépuce: la barrette de Priape; le capuce du -dieu des jardins; le bonnet du laboureur naturel. - -PRAEPUTIA DUCERE. _Juv._ Jouer du prépuce; se conduire au plaisir par la -main; s'en prendre à soi-même pour apaiser son ardeur. Ou: se jouer du -prépuce; conduire au plaisir par la main; coiffer et décoiffer Priape de -moment en moment[192]. - - [192] M. Dussaulx dit que c'est amortir ses désirs impatients. - -PREMA, _ae_, f. Une des divinités du lit nuptial qui présidait aux -saccades amoureuses; la déesse qui avait l'intendance sur l'ouvrage des -foulons amoureux; la déesse de Bourre-fort. - -PREMO, _ere_. Fouler amoureusement. - -PRIAPISCUS, _a, um_. Fait en manière de Priape. - -PRIAPISCUS, _i_, m. Le refouloir des tribades: un clitoris démesuré. - -PRIAPISMUS, _i_, m. Priapisme: maladie qui cause une tension douloureuse -et continuelle du membre génital. - -PRIAPOLITHUS, _i_, m. Sorte de caillou blanchâtre formé par la Nature en -figure de Priape, et dont le canal est représenté par une veine de -cristal très pur. Quelquefois on le trouve aussi garni de ses -contre-poids. Il y en a de droits, de courbés, et d'autres qui -paraissent comme rongés par des chancres; le gland y est marqué. Ces -sortes de cailloux se trouvent, dit Borel, près de Castres en Albigeois. -Il y en a aussi d'autres qui ont la figure du jardin de nature -animale[193]. - - [193] Une plante, dont j'ai oublié le nom, a la même forme. Ce sont - des jeux de la Nature, qui n'ont aucun mérite en comparaison de - l'original. - -PRIAPUS, _i_, m. _Ovid._ Priape, le dieu des jardins naturels et -artificiels. Ou (_Juven._): le laboureur naturel; le membre par -excellence[194]. - - [194] Le dépuceleur banal; le fléau des pucelages. Voici ses - synonymes: _Ruber hortorum deus, rigidus deus, salax deus, - ithyphallus, triphallus, ligneus hortorum custos, rari nemoris - custos_. _Ululare Priapum_: invoquer Priape. - -(N) PRIAPUS VITREUS. Verre à boire représentant la forme d'un Priape. - -(N) PROCAX FASCINUM. Un bel échantillon de virilité. - -(N) PRODUCO, _ere_. Produire dans le monde; annoncer une jeune fille que -l'on veut livrer pour de l'argent aux désirs des amateurs. C'est un -synonyme de PROSTITUERE. - -(N) PROPUDIUM FISSILE. La partie soi-disant honteuse des dames: car, -plus cette partie est jolie, moins elle doit craindre la honte. -_Propudium de viris dicitur, libidines de foeminis_ (_Plaut._): un -adjectif ajouté à un nom détermine son application à l'un ou l'autre -sexe; l'adjectif _fissile_, joint à _propudium_, fait ici connaître -qu'il s'agit d'un instrument féminin. - -PROSTERNO, _ere_. _Catull._ Prostituer; abandonner à tous venants; faire -litière. - -PROSTERNERE SORORES EXOLETIS SUIS. _Suet._ Prostituer ses soeurs à ses -mignons[195]. - - [195] C'est un joli métier, digne des empereurs Romains et des gens de - Cour, qui sacrifient tout à la fortune. - -PROSTIBILIS, m. f. _le_, n. _is_, gén. _Plaut._ Prostitué; abandonné à -tous venants. - -PROSTIBULA, _ae_, f. _Plaut._ Prostituée; abandonnée à tous venants. - -PROSTIBULATUS, _a, um_. Prostitué. - -PROSTIBULUM, _i_, n. _Plaut._ Lieu de prostitution. Ou: voy. -PROSTIBULA[196]. - - [196] _Prostibula_, mis comme pluriel de _prostibulum_, signifie la - même chose, mais en collection. Voy. LUPANAR. - -PROSTIBULUS, _a, um_. Prostitué. - -PROSTITUERE SE TOTO CORPORE. _Catull._ Abandonner son corps à toutes -sortes de lubricités; se livrer tout entier à la prostitution. - -PROSTITUTA, _ae_, f. _Sen._ Prostituée; abandonnée à tous venants. - -PROSTITUTUS, _a, um_. _Plin._ Prostitué; abandonné à tous. - -PROSTO, _are_. _Juv._ Se prostituer; s'abandonner à tous venants; être -toujours prêt à être mis en oeuvre; être prostitué; être abandonné à -tous[197]. - - [197] - - _... Nam quo non prostat foemina templo?_ - - (_Juven._) - - Voy. PROSTERNO, PROSTITUERE SE. Le _stare in carcere fornicis_ de - Juvénal exprime la même chose. - -PROSTARE IN LOCIS OCCULTIS. _Plaut._ S'exposer à tous venants en des -lieux secrets. - -PROSTRATUS, _a, um_. _Suet._ Prostitué, abandonné à tous; exposé au -premier venu. - -PROSTRATA REGI PUDICITIA. _Suet._ Pudicité prostituée au roi[198]. - - [198] Sacrifiée au rang. - -PROSTRO, _are_. Voy. PROSTITUO. - -(N) PRURIGO, _inis_, f.; PRURITUS, _us_, m. Sensation délicieuse et -parfois gênante, selon les tempéraments; chatouillement; érection. - -(N) PRURIO, _ire_. Chatouiller; exciter au jeu d'amour. - -PSOLE, _es_, f. Voy. MENTULA. - -(N) PSOTION, _onis_, m.; PSOTOENTA, _ae_, m. _Priap._ L'architecte du -genre humain. Ce mot vient du Grec. - -PTERYGOMATA, _um_, n. Les lèvres de la bouche perpendiculaire; les bords -du bassin amoureux. Ou: les nymphes; les dames des eaux du palais de -Vénus; les ailes, les ailerons que l'Amour applique quelquefois à son -caducée. - -PUBERALE, _is_, n. Le mont de Vénus; la motte; le pénil. - -PUBES, _is_, f. _Cic._ Le poil qui couvre le mont de Vénus[199]. Ou -(_Virg._): Voy. CUNNUS. - - [199] Ou qui se trouve à l'origine des parties génératives de l'homme. - -PUBES, _eris_, _omn. gen._ _Cic._ A qui le poil follet commence à -couvrir le mont de Vénus; qui entre en puberté. - -PUBIS, _is_, f. _Prud._ Voy. PUBES. - -PUDENDA, _orum_, n. Les parties de la pudeur[200]. - - [200] C'est un terme d'anatomie. - -PUDENDAGRA, _ae_, f. La vérole, le mal de Naples; ou: chancre aux -parties de la génération, etc.; maladie qui rend véritablement honteuses -les parties qu'elle attaque. - -PUDENDUM, _i_, n. La partie de la pudeur[201]. - - [201] Celle que l'on cache pour en doubler le prix lorsqu'on la - montre. - -(N) PUDOR, _oris_, m. La pudeur, le fard du beau sexe. _Pudorem pellere, -vel ponere_: oublier la pudeur. Il n'y a rien de plus agréable pour un -homme, que de causer cet oubli pour quelques instants. Elle revient chez -certaines femmes, mais il y en a qui s'en privent, par goût: ce ne sont -pas les plus aimables. - -PUELLA EXPERTA VIRUM. _Hor._ Fille qui a éprouvé ce que vaut un homme en -amour; belle qui a goûté des fruits de l'amour[202]. - - [202] Qui sait à quoi s'en tenir sur les mystères de la nature. - _Puella procax_ (_Ovid._): fille agaçante, et dont l'aimable - vivacité excite le désir du combat amoureux. - -PUELLASCO, _ere_. _Varr._ S'efféminer; prendre des airs de fille; -contrefaire la fillette; imiter les jeunes filles; faire la poulette; -faire la mignarde, la pouponne; se mignarder[203]. - - [203] _Quod non solum innubae fiunt communes, sed etiam veteres - puellascunt, et multi pueri puellascunt (Fragmentum ex M. T. - Varrone)._ - -PUELLITOR, _ari_, dép. _Laber._ Clitoriser; jouer du clitoris; badiner -au clitoris; folâtrer du bout du doigt avec une jeune fille; chatouiller -au bel endroit; jouer du bout du doigt à la manière des jeunes filles. - -PUER, _i_, m. _Mart._ Un jeune mignon; un Ganymède[204]. - - [204] Les jeunes esclaves mâles avaient souvent, chez les Anciens, le - bonheur de plaire à leurs maîtres par cette sorte de complaisance. - Les Grecs et les Romains menaient de front l'amour de la femme et de - l'homme; et ceux-ci avaient souvent la préférence sur les femmes, - quoique, pour plaire à leurs amants ou à leurs maris, elles se - prêtassent souvent à leurs sales fantaisies. - - _Divisit Natura mares: pars una puellis, - Una viris genita est..._ - - dit Martial. Je ne crois pas que Buffon, qui a mieux étudié que lui - la nature humaine, ait été de cet avis. - - _Pusio_ est synonyme de _puer_. Lisez le nº VI dans les _Monuments - de la vie privée des Césars_, pages 21 à 24. - -(N) PUERA, _ae_, f. Fille qui oublie son sexe et qui sert de Ganymède. - -PUERARIUS, _ii_, Voy. PAEDICO. - -PULLARIA, _ae_, f. _Plaut._ Main qui patine, qui farfouille[205]. - - [205] Qui chiffonne. - -PULLARIAM FACERE. _Petr._ Patiner; farfouiller. - -PULLARIUS, _ii_, PULLIPREMO, _onis_, Voy. PAEDICO. - -PULLUS, _i_, m. _Fest._ Mignon; Ganymède; bardache[206]. - - [206] Mon poulet: c'est le nom que l'on donnait à son mignon. - -(N) PUSIO, _onis_, m. Jeune garçon; jeune esclave mâle réservé pour la -couche du maître. Voy. PUER. - -PUTA, _ae_, f. _Hor._ La conque amoureuse[207]. - - [207] Virgile a dit _putus_ pour désigner un Giton. - -PUTILLA, _ae_, f. _Hor._ Un conichon; un conin; une coniche. - -PUTILLUS, _i_, m. _Plaut._ Une courte; une guigi; une margot; une gotte. - -(N) PYGAE, _arum_, f.; NATES, _ium_, f.; CLUNES, _ium_, f. Ce sont trois -synonymes pour dire la même chose. En Français: les fesses, ou les -coussins d'amour. - -PYGIACA SACRA. _Petr._ PYGIACA, _orum_, n. Le combat des fesses. Ou: les -fêtes de Vénus antistrophe; ou: ses mystères postérieurs; l'exercice de -l'art subtil. - -PYGISMA, _tis_, n. Voy. PAEDICATIO. - -PYGISTA, _ae_, m; PYGISTES, _ae_, m. Voy. PAEDICO. - -(N) PYRAMIS TENTA LIBIDINOSA NERVOS. La pique d'amour dans toute sa -raideur. - -PYTISMA, _tis_, n. _Juv._ Onction avec du crachat pour faire couler; -liniment avec du crachat pour faire glisser; enduit de crachat pour -faciliter l'introduction[208]. - - [208] Chez les jeunes filles trop étroites. Les femmes cessent trop - tôt d'avoir besoin de ce liniment. - - - - -Q - - -(N) QUADRUPUS, _odis_, m. f. L'androgyne; le genre humain faisant la -bête à quatre pieds, la bête à deux dos. - - - - -R - - -RADIUS, _ii_, m. Le rayon de la géométrie d'amour. - -(N) RAMUS, _i_, m. Le rameau pacificateur entre mari et femme, entre -amant et maîtresse; l'arbre de vie. Voy. HASTA, MENTULA. Ausone, dans -son _Cento nuptialis_, a plaisamment parodié le vers de Virgile en -disant de l'époux prêt à livrer le premier assaut: _aperit ramum qui -veste latebat_. - -(N) REN, _renis_, m. _Auson._ Il prend les reins pour la matrice, par -licence poétique: - - _Utere rene tuo: casta puella anus est._ - -C'est un précepte très humain, que celui qui prescrit de faire usage des -membres et des biens qu'on reçoit de la Nature; mais le mot, dans le -vers cité, est obscène par l'idée qu'il présente. - -(N) RESOLUTA FOEMINA. _Ovid._ Femme en attitude de combat. - -RESUPINANDUS, _a, um_. _Cels._ Qu'il faut coucher le ventre en haut; -qu'on doit renverser sur le dos; à qui l'on doit faire voir la feuille à -l'envers. - -RESUPINATUS, _a, um_. _Juv._ Voy. RESUPINUS. - -RESUPINO, _are_. _Liv._ Coucher le ventre en haut; renverser sur le dos. -Ou (_Juv._): faire voir la feuille à l'envers. - -RESUPINUS, _a, um_. _Ovid._ Couché le ventre en haut; renversé sur le -dos; à qui l'on fait voir la feuille à l'envers. Ou (_Quintil._): mou, -efféminé. - -RETRO AGERE ALIQUEM. _Plin._ Faire travailler quelqu'un du derrière; -Ganymédiser quelqu'un; aiguillonner quelqu'un postérieurement. - -(N) RIGIDUS DEUS. Priape, le dieu le plus ferme. _Rigere_ ou _arrigere_ -servent, dans le style licencieux, à exprimer le mouvement naturel qui -fait qu'un homme se trouve capable d'en créer un autre. - -(N) RUMPERE LATUS IN VENERE. Se fatiguer au jeu d'amour; ne pouvoir plus -remuer les reins. _Rumpi tentigine_, être en proie aux plus violents -désirs. - -(N) RUSTICUS, _a, um_. En style amoureux, c'est celui qui va trop vite -au fait, sans préliminaires ni consentement. - - - - -S - - -SACANDRUS, _i_, m. La partie qui mérite des saccades amoureuses. - -SAGITTATA OSCULA. _Plaut._ Des baisers à la pigeonne; baisers où les -coups de langue vont dru[209]. - - [209] Où les langues se dardent. - -(N) SALACITAS, _atis_. f. Extrême lubricité. - -SALAPUTIUM, _ii_, n. Voy. PUTILLUS. - -(N) SALAX, _acis_. De _salire_: celui que la Nature rend très habile au -jeu d'amour. _Salax deus_, Priape, dieu de l'impureté; _salax eruca_, la -roquette, herbe aphrodisiaque ou qui excite à l'amour. - -(N) SALIO, _ire_. Monter à l'assaut; couvrir la femelle (ce qui se dit -des animaux). _Vox saliente libidine_: cri que le plaisir arrache à qui -jouit passionnément. - -SALMACIDA SPOLIA. _Cic._ Une victoire amoureuse. - -SALTUS, _us_, m. _Plaut._ Le bocage amoureux; la garenne d'amour; le -bosquet de Vénus; le taillis où l'Amour va giboyer. - -SARABUS, _i_, m.; SARON, _i_, n. Voy. CUNNUS. - -(N) SAVIARI (_pro_ SUAVIARI). S'embrasser avec tendresse. - -SCATINIA LEX. Loi faite contre les professeurs de l'art subtil et contre -leurs disciples. - -(N) SCELERARE TEMPLA. Profaner, souiller les temples par des actes de -lubricité. - -SCHEMA, _ae_. f. _Suet._ Manière particulière d'embrasser -homocentriquement; la manière de faire cela. - -(N) SCEPTRUM, _i_, n. Le sceptre d'Amour; voy. MENTULA. - -(N) SCHOENICULA, _ae_, f. Courtisane; prostituée. - -(N) SCINDO, _ere_. Rompre et déchirer tous les obstacles qui s'opposent -à la jouissance; enlever un pucelage; forcer les barrières de la -volupté. - -SCORTATIO, _onis_. Voy. SCORTATUS. - -SCORTATOR, _oris_, m. _Cic._ Qui aime les filles de joie; putassier; -bordelier; coureur de garces. - -SCORTATUS, _us_, m. _Apul._ Inclination pour les filles de joie; ou: -l'exercice qu'on fait faire aux filles de commodité; ou: leur -fréquentation. - -SCORTILLUM, _i_, n. _Catull._; SCORTISCUM, _i_, n. Une jeune fille de -joie; une petite garce[210]. - - [210] Ou: une fille de joie pour le petit peuple. - -SCORTOR, _ari_. dép. _Ter._ Courir les filles de joie; fréquenter les -filles de commodité; hanter les maisons de plaisir; ou: mettre en -exercice les filles commodes; faire travailler les filles de Vénus. - -SCORTUM, _i_, n. _Cic._ Fille de joie; fille commune. Ou (_Suet._): un -Ganymède. - -SCORTUS, _i_, m. Voy. CINAEDUS. - -(N) SCROBS VIRGINALIS. La fossette naturelle chez les dames; le puits -d'amour. Voy. CUNNUS. - -SECUTULEIA, _ae_, f. _Petr._ Celle qui recherche les caresses de -l'homme; belle de haut appétit; personne âpre à la curée[211]. - - [211] Femme à tempérament. - -SELINON, _i_, n. Voy. CUNNUS. - -(N) SEMEN HUMANUM. La graine d'hommes; la liqueur générative dont -l'expansion est le but que la Nature se propose dans le déduit amoureux. - -(N) SEMINALE MEMBRUM. La gerbe d'amour. Voy. MENTULA. - -(N) SEMIVIR, _i_, m. Eunuque; prêtre de Cybèle. - -SICULA, _ae_, f. _Catull._ La dague amoureuse[212]. - - [212] _Parva sica._ - -(N) SIPHNIASSO, _are_. _Plin._ Fantaisie lubrique en usage parmi les -anciens habitants de Siphno, l'une des îles Cyclades. Érasme dit que -c'est _manum admovere postico_: aider les plaisirs du devant par ceux du -derrière. - -(N) SOCRATES; SOCRATICI DISCIPULI. Tous ces messieurs les Sages, en -fuyant la compagnie des femmes, en déclamant contre leurs défauts et -contre l'amour, ont donné pour la plupart dans des accès bien plus -répréhensibles. La nature ne perd jamais ses droits, et encore moins -qu'ailleurs dans des climats brûlants. - -(N) SOLLICITARE INGUINA. Réveiller le chat qui dort; irriter les désirs -charnels. - -(N) SOTADES, _is_, m. Sotadès, poète de Mantinée, le premier qui ait -écrit sur l'amour Grec ou l'amour malhonnête et contre nature. - -(N) SPADO, _onis_, m. Eunuque: homme qui n'est plus homme, et qui peut -servir de femme à ceux qui ne les cherchent pas où elles sont, ou les -prennent à rebours lorsqu'ils les trouvent. - -SPATALOCINAEDUS[213], _i_, m. _Petr._ Un joli Ganymède. - - [213] Ou: SPATHALOCINAEDUS. - -SPETLOMA, _atis_, n. Le bruit du concert amoureux. - -SPHINGA, _ae_, f. Voy. MERETRICULA. - -SPHINX, _gis_, f. Voy. MERETRIX. - -SPINTRIA, _ae_, m. _Suet._ Inventeur de nouvelles attitudes amoureuses; -qui trouve en amour des postures inusitées. Ou: Voy. PATHICUS. - -(N) SPONSA TURPIS. Une épouse qu'on ne peut avouer. Les Romains avaient -une sorte de mariage infâme et bien qualifié du nom _turpis_: deux -hommes se mariaient ensemble. Juvénal en parle en plusieurs endroits de -ses Satires, notamment dans la deuxième, vers 134 et suiv. - - _... Quid quaeris? nubit amicus, - Nec multos adhibet. Liceat modo vivere, fient, - Fient ista palam, cupient et in acta referri. - Interea tormentum ingens nubentibus haeret, - Quod nequeunt parere, et partu retinere maritos. - Sed melius, quod nil animis in corpora juris - Natura indulget: steriles moriuntur, et illis - Turgida non prodest condita pyxide Lyde, - Nec prodest agili palmas praebere Luperco._ - -Voyez le mariage de Gracchus avec un musicien, décrit dans la deuxième -Satire, vers 117. - -Néron épousa publiquement Sporus, son Ganymède; et le plaisant de -l'affaire, c'est qu'après l'avoir épousé comme homme, il voulut -décidément lui faire changer de sexe, et tenta pour cela le secours de -la chirurgie et des enfants d'Esculape. Le pauvre Sporus en demeura tout -mutilé: aussi, pourquoi se mariait-il à Néron? - -Martial a parlé de ces noces abominables. Elles se sont, à ce qu'on dit, -renouvelées sous Héliogabale, et sous notre ridicule Henri III, roi -Français de Sodomitique mémoire. - -On a dit plaisamment que Domitien, père de Néron, aurait agi prudemment -en épousant un homme. En effet il n'eût pas eu d'enfant, et la terre -n'eût pas été souillée par l'existence d'un monstre tel que Néron. - -(N) SPORUS, _i_, m. Non d'un eunuque. Voy. SPONSA TURPIS. - -SPURIA, _ae_, f.; SPURIUM, _ii_, n. La coquille des pèlerins d'amour. - -STRUTHEUM, _i_, n.; STRUTHEUS, _i_, m.; & STRUTHIUM, _ii_, n.; STRUTHOS, -_i_, m. L'oiseau d'amour; la racine amoureuse; le moineau de Vénus. - -STULTICEN, _inis_, m. Un poète folâtre; qui ne chante que des -folâtreries. - -STUPRATIO, _onis_, f. _Plaut._ Engagement où l'on met une belle de se -rendre à sa passion; la soumission à ses désirs amoureux qu'on exige de -la complaisance d'une personne; prise de possession de l'honneur d'une -jolie personne; la douce et agréable violence faite aux dames; prise de -corps amoureuse; l'effort auquel les dames succombent avec plaisir. - -STUPRATOR, _oris_, m. _Quintil._ Qui soumet une belle à ses désirs -amoureux; qui fait aux dames une agréable et douce violence; qui pousse -son inclination amoureuse aussi loin qu'elle peut aller; qui engage une -jolie personne à se rendre à sa passion; qui s'empare de ce que les -dames n'osent offrir; qui prend amoureusement possession de l'honneur -d'une belle; qui fait des efforts où les dames succombent avec plaisir; -qui exige la dernière complaisance des belles; qui pousse amoureusement -sa pointe jusqu'au bout; un abatteur de bois remuant; un Poliorcète en -amour. - -STUPRATUS, _a, um_. _Cic._ Qui a laissé prendre une amoureuse possession -de son honneur; qui s'est laissé aller à la passion amoureuse d'autrui; -pris amoureusement au corps; qui a donné les dernières marques de -complaisance en amour; qui a succombé aux efforts amoureux de quelqu'un; -qui s'est donné aux désirs amoureux d'autrui; qui s'est amoureusement -soumis aux inclinations de quelqu'un; dont on a exigé les dernières -faveurs; à qui l'on a fait une amoureuse et douce violence; qui a été -poussé amoureusement à bout; qui a été engagé à se rendre aux -sollicitations amoureuses; qui a souffert des secousses d'amour; qui a -été employé amoureusement hors de l'état de mariage. - -STUPRISEQUESTRA, _ae_, f. _Plaut._ Fille de joie. Ou: appareilleuse. - -STUPRO, _are_. _Plaut._ S'emparer de l'honneur d'une belle; engager une -personne à se rendre à sa passion; prendre amoureusement au corps; -s'attirer les dernières marques de complaisance en amour; soumettre à -ses inclinations amoureuses; faire une amoureuse et douce violence; -exiger les dernières faveurs; faire succomber sous ses efforts amoureux; -pousser amoureusement à bout; prendre une amoureuse possession; engager -à se rendre à ses sollicitations amoureuses; faire céder à ses -empressements amoureux; employer amoureusement hors de l'état de -mariage. - -STUPROSUS, _a, um_. _Val. Max._ Voy. STUPRATOR. - -STUPRUM, _i_, n. _Cic._ Prise de possession de l'honneur d'une fille ou -d'une femme; excès de familiarité amoureuse; l'effort où les dames -succombent avec plaisir; la douce et amoureuse violence faite aux -belles; amoureuse prise de corps; exaction des dernières faveurs; emploi -qu'on fait d'une belle hors de l'état de mariage. - -(N) SUAVIOR, _ari_, dép. S'embrasser, se baiser amoureusement. Voy. -SAVIOR. - -(N) SUAVIUM, _ii_, n. Baiser sur la bouche. Synonymes: _basium, -osculum_. Servius donne l'explication de ces trois mots: _basium_ est le -baiser qu'on donne à une épouse; _suavium_ est celui que l'on donne à -une maîtresse; _osculum_ est le baiser de paternité, ou que les pères et -mères donnent à leurs enfants: c'est aussi le baiser de paix et de -cérémonie. Il y a un gros livre sur les baisers, par Kempius. On peut le -lire lorsque l'on veut approfondir la matière en curieux et en savant: -pour ceux qui ne le sont pas, la chose vaut mieux que le mot. - -SUBACTIO, _onis_, f. _Cic._ L'action de fouler amoureusement; le travail -amoureux qu'on fait faire sous soi. - -SUBACTOR, _oris_, m. _Lampr._ Voy. FUTUTOR. Ou: Voy. PAEDICO. - -SUBACTRIX, _icis_, f. Voy. FRICTRIX. Voy. TRIBAS. - -SUBACTUS, _a, um_. Foulé amoureusement; repassé naturellement ou contre -nature. - -SUBACTUS, _us_, m. _Plin._ Voy. SUBACTIO. - -SUBADMOVERE MARI FOEMINAM. _Colum._ Mettre aux prises le mâle et la -femelle; engager les deux sexes au combat de Vénus. - -SUBAGITATIO, _onis_, f. _Plaut._ Le travail amoureux qu'on fait faire -sous soi; les mouvements qu'on cause à ce qu'on caresse amoureusement; -le branle qu'on donne à l'objet de ses plaisirs; les secousses -amoureuses. - -SUBAGITATOR, _oris_, m.; SUBAGITATRIX, _icis_, f. Qui met en mouvement -l'objet de ses désirs; qui fait travailler amoureusement sous soi; qui -met en branle ce qu'il aime. - -SUBAGITATUS, _a, um_. Qu'on a mis amoureusement en branle; mis en -mouvement amoureux; à qui l'on a donné des secousses amoureuses; qui -travaille amoureusement sous autrui. - -SUBAGITO, _are_. _Plaut._ Faire mouvoir amoureusement sous soi; mettre -en amoureux mouvement; mettre en branle ce qu'on aime; donner des -secousses amoureuses à l'objet de ses plaisirs. - -SUBALARIA NEGOTIA. Affaires amoureuses. - -SUBANS, _tis_, _omn. gen._ _Plin._ Qui refoule amoureusement. Ou: qui -est en amour; qui est en chaleur. - -SUBATIO, _onis_, f.; SUBATUS, _us_, m. _Plin._ Voy. SUBACTIO. Ou: la -chaleur des femelles; le désir du mâle[214]. - - [214] Ce qui se dit plus spécialement des animaux. - -SUBATUS, _a, um_. Qui a été amoureusement refoulé. Voy. SUBAGITATUS. - -SUBIGATRIX, _icis_. f. Voy. SUBIGITATRIX. - -SUBIGENDUS, _a, um_. _Col._ Qu'il faut refouler amoureusement; qu'on -doit faire travailler amoureusement sous soi. - -SUBIGITATRIX, _icis_. f. _Plaut._ Tribade, moderne Sapho. - -SUBIGITO, _are_. _Plaut._ SUBIGO, _ere_. _Cic. Suet._ Refouler -amoureusement; faire travailler amoureusement sous soi; refouler la -charge amoureuse[215]. - - [215] Cela se dit des hommes et des femmes: _Nicomedes Caesarem - subegit_. - -SUBIGUS, _i_, m. Le dieu qui présidait au renversement des belles[216]. - - [216] Aux premiers sacrifices à l'Amour. - -SUBO, _are_. _Plin._ Rechercher le mâle; être en amour; être en -chaleur[217]. Ou (_Hor._): Voy. SUBIGO. - - [217] Se remuer, s'agiter pendant le plaisir amoureux. Voy. SURIO. - -SUBANDO CUBILIA RUMPERE. _Hor._ Enfoncer le lit à force de faire -rage[218]. - - [218] Et de mouvoir le croupion. - -(N) SUBSIDERE MARIBUS. Se dit des femelles des animaux, qui s'arrêtent -et se tiennent fermes pour recevoir le mâle. - -SUBULA, _ae_, f. _Colum._ L'alène de Cupidon. - -SUBULO, _onis_, m. Voy. PAEDICO. - -SUBULO, _are_. Voy. PAEDICO. - -(N) SUBURRANA PUELLA. Fille publique; courtisane; raccrocheuse. La -Suburra est le quartier de Rome où logent toutes les filles publiques. -_Suburrana uxor, vel Summoeniana uxor_: une prostituée, une femme qui se -marie au premier venu pendant un quart d'heure. - -SUCCUBA, _ae_, f. _Ovid._ Concubine; maîtresse; celle dont on a les -faveurs. - -SUCCUBO, _are_. _Apul._ Se soumettre aux caresses amoureuses; travailler -amoureusement sous une personne. - -SUCCUBONEUS, _a, um_. _Titinn._; SUCCUBUS, _a, um_. _Prud._ Qui se -soumet aux caresses amoureuses; qui travaille amoureusement sous autrui. - -SUCCUMBO, _ere_. _Varr._ Voy. SUCCUBO. - -SUCCUMBERE ANTE NUPTIAS QUIBUS & VELLENT. _Varr._ Se soumettre, avant le -mariage, aux caresses de tous ses amants; en donner à tous ceux qui en -veulent avant d'être mariée; ne refuser personne avant ses noces. - -(N) SULCUS, _i_, m. Sillon charmant; fosse d'amour. - -SUPERCUNNUM, _i_. n. Les broussailles du mont de Vénus. - -(N) SURIO, _ire_. Ce mot exprime pour les hommes ce que _subare_ veut -dire des dames. - -(N) SUSTINERE SESE (_scilicet in gaudiis_). Savoir jouir; s'arrêter à -propos pour prolonger le plaisir que l'on peut donner à son amie dans -l'acte Vénérien. Voy. MORARI. - -(N) SYBARITICI LIBELLI. Catéchismes pour les libertins, dans lesquels la -gymnastique lubrique était enseignée avec la plus grande perfection. -Selon Lucien, ils ont pour auteur Hémithéon, natif de Sybaris. - -SYNCOETIUM, _ii_, n. Le paiement des plus vives caresses amoureuses; -l'honoraire en amour; le prix des dernières faveurs. - -SYNUSIA, _ae_, f. La plus intime liaison que puissent avoir ensemble les -deux sexes; la plus étroite union que puissent former deux personnes de -sexe différent. - - - - -T - - -(N) TABELLAE, _arum_, f. Tablettes ou billets doux écrits par des -amants. - -(N) TABELLAE VOTIVAE ET PICTAE. Tablettes où se trouvent peintes toutes -les postures inventées à Lampsaque. Les jeunes filles qui possédaient de -ces tablettes en faisaient hommage à Priape, afin qu'il leur accordât la -réalité. On ne voit pas de ces _ex-voto_ dans les églises Chrétiennes. -Properce a déclamé contre ces tablettes obscènes: - - _Quae manus obscenas depinxit prima tabellas - Et posuit casta turpia visa domo, - Illa puellarum ingenuos corrupit ocellos, - Nequitiaeque suae noluit esse rudes._ - - (_Propert._, II, 5, 19.) - -(N) TACEO, _ere_. Se taire est un acte très simple de sa volonté; mais -quand on se laisse mettre dans la bouche quelque chose d'humain qui -l'emplit, il y a bien force. En ce sens, _tacere_ est synonyme de -_morigerari_, et très obscène. Vossius dit que _tacere_ signifie la même -chose que _irrumari_. - -TAEDAE JURE COIRE. _Ovid._ User des droits de l'Hyménée en faveur du -plaisir; prendre l'ascendant amoureux que donne l'Hymen; se servir -amoureusement des libertés que donne le mariage. - -(N) TANGERE MULIEREM MANIBUS. Faire l'imposition des mains sur une -femme; aller à la découverte du bosquet de Cythère; y faire naître avec -les doigts mille sensations agréables, qui préparent une de ces crises -charmantes qui font perdre la vie pendant quelques minutes. - -TAUROPOLIA, _orum_, n. Le carquois de Cupidon. - -TAURUS, _i_, m. _Fest._ Le laboureur du champ de la Nature. - -(N) TENDO, _ere_. Dans le style lubrique, signifie l'érection causée par -les désirs charnels. _Tendere alutam_ (_Mart._) - -(N) TENER, _era, erum_. Jeune, délicat, agréable, joli, charmant: - - _... Sed tu sane tenerum et puerum te - Et pulchrum, et dignum cyatho coeloque putabas._ - - (_Juven._) - -TENTIGINOSUS, _a, um_. Qui bande toujours son imagination vers les -plaisirs de l'amour. - -TENTIGO, _inis_, f. _Mart._ L'érection, le désir de Vénus. Ou (_Juv._): -Priapisme volontaire, ou involontaire. - -TENTARE DIGITIS LOCA FOEMINARUM. _Colum._ Tâter si les poulettes ont -l'oeuf; mettre les doigts où il n'en faut qu'un bon. - -TENTUM, _i_. n. La tente de la plaie amoureuse. - -TERERE INGUINA. _Juv._ Se donner des branles amoureux[219]. - - [219] Sonder avec la langue l'antre de Cypris. Voy. PHOENICISSO, - LESBIO. - -(N) TESTES, _ium_, m. Les témoins du pouvoir génératif. - -(N) TESTICULI, _orum_, m. Les témoins et les assistants du jeu d'amour. -Ils sont presque toujours deux, et quelquefois trois. - -TESTICULO, _are_; TESTICULOR, _ari_, dép. _Fest._ Donner le mâle aux -femelles. - -(N) THALASSIO, _onis_, m. L'action qui est le premier but du mariage; le -dieu des noces; la chanson nuptiale ou épithalame. Martial a dit: -_Indicare thalassionem manibus libidinosis._ - -(N) THECA, _ae_, f. La boîte ou l'étui dans lequel on serrait toute la -marchandise qui sert à la génération. Il y en avait en métal ou en cuir. -Voy. FIBULA. - -(N) THORUS, _i_, m. Le lit ou le canapé où l'on se livre aux jouissances -de l'amour. - -(N) THYRSUS, _i_, m. Le thyrse d'amour. Voy. MENTULA. - -(N) TOLLERE PEDES. Faire des gambades sur un lit; mettre les gens plus à -leur aise en levant les pieds et les jambes en l'air pendant le combat -amoureux. - -(N) TRABES, _is_, f. Arc-boutant de la génération. Voy. MENTULA. - -(N) TRACTARE MENTULAM. Le beau Narcisse et le sauvage Hippolyte fuyaient -les femmes pour se livrer plus à leur aise à ce plaisir, qui n'en est -plus un lorsqu'il conduit à la mort. C'est l'Onanisme, dont Tissot a -montré tous les dangers. Chacun voit cela à sa manière, et de grands -capitaines assurent que l'Onanisme est nécessaire à la guerre. Moi je -prétends qu'il doit y être rare ou bien ménagé: sans quoi les dames -n'auraient plus de plaisir à recevoir les militaires en quartier -d'hiver, et ces messieurs dépeupleraient le monde de toutes les -manières. - -TRIBAS, _adis_, f. _Mart._ Tribade; moderne Sapho; femme qui entreprend -sur les fonctions viriles auprès de son sexe; clitoriseuse. - -TRIEMBOLUM, _i_. n. Le membre par excellence. - -TRIPHALLUS, _i_, m. _Tibull._ Surnom de Priape, à cause de sa grande -fourniture. Ou: un magnifique sceptre amoureux. - -(N) TRUSO, _are_. Presser vivement l'entrée du palais d'Amour; s'agiter -pour s'y introduire. Vient de _trudere_. - -TUTUNUS, _i_, m. Voy. PRIAPUS. - - - - -U - - -(N) ULCUS, _i_, m. Ulcère ou plaie, que toutes les femmes ont plus ou -moins grande et qu'elles font soigner par les hommes. Cette plaie, fort -heureusement, ne guérit jamais, malgré les visites fréquentes qu'ils y -font. - -(N) ULULARE PRIAPUM. Invoquer Priape; lui demander la réalité des -plaisirs que l'imagination sait peindre. - -UNICOLEUS, _a, um_; UNITESTIS, m. f., _te_, n. Qui n'a qu'un testicule; -qui n'a qu'un témoin amoureux[220]. - - [220] Le nombre n'y fait rien, mais la bonne qualité en fait le - mérite. - -UPUPA, _ae_, f. _Plaut._ Fille de joie; fille de plaisir; fille de -commodité; belle commode; courtisane; fille apprivoisée; fille de Vénus; -fille d'amour. - -UXORCULO, _are_. _Plaut._ Efféminer; rendre efféminé. - - - - -V - - -(N) VALEO, _ere_. Être vigoureux en amour. - -VANNO, _are_. _Lucil._ Jouer du croupion; remuer amoureusement les -fesses. - -(N) VASATUS BENE. Riche des dons de la Nature; bien pourvu de ce qui -fait plaisir aux dames. Voy. MUTONIATUS. - -VELITARI PRAELIIS VENERIS. _Apul._ S'entre-agacer amoureusement; faire -les approches amoureuses; escarmoucher amoureusement. Ou: tâcher de -n'avoir pas le dernier au combat d'amour. - -(N) VELLERE CUNNUM. Arracher la barbe au capucin; s'épiler dans un -endroit secret. C'est une petite coquetterie de femme qui veut passer -pour jeune encore et près de la puberté. Les femmes Turques se rasent en -cet endroit, ce qui rend le jeu plus plaisant. - -(N) VENA TENTA. Marteau d'Amour. Voy. MENTULA. - -VENEREAE RES. _Cic._ Les plaisirs de Vénus; les délices d'Amour; les -voluptés amoureuses. - -VENEREUM ARVUM. _Apul._ Le champ de Vénus; le terrain amoureux; le -territoire d'Amour. - -VENERIPETA, _ae_, m. f. Qui recherche les plaisirs de Vénus. - -VENERIS PER RES JUNGI. _Lucr._ Être unis par les liens les plus étroits -du corps; être joints par les liens d'amour. - -VENERIS MODUM IN ALIQUA SIBI FACERE. _Ovid._ S'acquérir le fonds des -bonnes grâces d'une aimable personne; être le tenant chez une belle; -trouver ses nécessités amoureuses chez une belle. - -VENEREM VENDERE. _Suet._ Vendre des plaisirs qui ne le sont -véritablement que lorsqu'ils sont donnés; faire trafic des faveurs -amoureuses[221]. - - [221] Voici le conseil d'Ovide sur ce point: - - _Parcite, formosae, pretium pro nocte pacisci; - Non habet eventus sordida praeda bonos._ - - Plaute nous donne le portrait du véritable amour dans une jeune - fille qui préfère un baiser de son amant à tous les honneurs et à - toutes les richesses de la terre. - -VENEREM IN ALIAM HABERE. _Apul._ Être sectatrice de Sapho; prendre des -plaisirs à la Lesbienne; vouloir passer pour homme près d'une personne -de son sexe; tribader; contrefaire les fonctions de l'homme auprès de -celles de son sexe. - -VENERIVAGUS, _a, um_. _Varr._ Aventurier d'Amour; qui court le bord en -amour; qui courtiserait jusqu'aux chèvres coiffées; coureur de belles -apprivoisées. - -(N) VENUS, _eris_, f. Vénus, la déesse de la beauté; la mère des Amours; -la fontaine des plaisirs. _Venus Coa_: Vénus libertine: _in triclinio -Coa, in cubiculo Nola_; voy. NOLANI. _Venus ebria_: Vénus crapuleuse. - - _... Quid enim Venus ebria curat? - Inguinis et capitis quae sint discrimina nescit._ - - (_Juven._) - -_Quieta Venus_: Vénus tranquille ou qui aime ses aises. Il y a un mot -plus énergique. - -VENUS FOEMINEA. _Ovid._ Le plus grand plaisir que l'on puisse prendre -avec les femmes; le plus doux plaisir que les belles peuvent causer; le -déduit. - -VENUS FURTIVA. _Ovid._ Les plaisirs que l'on dérobe en amour. - -VEPENIS, _is_, m. _Mart._ Une courte; une guigi; une margot. Ou: un -pauvre engin; un faible outil. - -VERETILLA, _ae_, f. Sorte de coquille de mer qui a une figure Priapique. - -VERETILLUM, _i_, n. _Apul._ Diminutif de _veretrum_. - -VERETILLUM ET VIRGINAL QUAERERE. _Apul._ S'escrimer en amour et d'estoc -et de taille; en vouloir amoureusement aux deux sexes; aimer les grandes -filles et les petits garçons; greffer (en amour) en fente et en écusson; -s'attaquer à Priape et à Vénus. - -VERETRUM, _i_, n. _Suet._ Voy. MENTULA. - -VERETRUM MULIEBRE. _Tert._ Le clitoris. - -VERPA, _ae_, f. _Catull._ Le sceptre humain[222]. Voy. MENTULA. - - [222] Ce mot s'adapte aux instruments naturels dont on a circoncis le - prépuce; c'est pourquoi les Juifs par excellence peuvent être - appelés _verpae, verpi_. Il paraît que les Romains se moquaient des - circoncis. - -VERPULENTUS, _a, um_. V. MENTULATUS. - -VERPUS, _i_, m. _Catull._ Le doigt du milieu du corps. Ou (_Juv._): un -circoncis. - -VERRETRUM, _i_, n. Voy. VERETRUM. - -(N) VESTA, _ae_, f. Déesse du feu, ou le feu lui-même. Comme le feu se -combine sous mille formes, son culte devait être varié. - -(N) VESTALIS, _is_, f. Prêtresse de Vesta. L'auteur de l'_Errotika -Biblion_ assure que le collège des Vestales peut être regardé comme le -plus fameux sérail de tribades qui ait jamais existé; que certaines -parties de leur culte les appelaient à des idées voluptueuses bien -difficiles à concilier avec le voeu de virginité qu'elles prononçaient. -Les Vestales, dit-il, sacrifiaient au dieu _Fascinus_; elles attachaient -l'image de ce dieu aux chars des triomphateurs (voy. FASCINUS); ainsi le -feu sacré qu'elles entretenaient était censé se propager dans l'Empire -par les voies véritablement vivifiantes. Il est certain que plusieurs -des mystères de la religion des Anciens n'étaient autres que les -mystères de la Nature, qui se célébraient en secret par les initiés. - -VIR, _i_, m. _Catull._ La partie qui fait l'homme; le sceptre de -Cupidon. - -VIRGINAL, _is_, n. _Solin._ Pucelage; membrane en quoi il consiste, et -que cependant plusieurs célèbres anatomistes disent n'avoir jamais -vue[223]. - - [223] Ce mot se prend aussi pour toute la partie indicative du sexe - féminin. - -VIRGINAL CONCRETUM. _Solin._ VIRGINAL INTACTUM. _Prud._ Pucelage en son -entier, qui n'est point entamé. - -VIRGINALE, _is_, n. Voy. VIRGINAL. - -VIRILE, _is_, n. _Ovid._ Le membre viril. - -VIRILIA, _ium_, n. _Plin._ Les parties qui marquent la virilité. - -VIRILIORES, _ium_, m. Ceux qui sont les mieux fournis pour l'amour; ceux -qui ont de plus grands talents pour le service des belles. - -VIRILITAS, _atis_, f. _Tac._ La virilité; les parties viriles; ce qui -fait homme l'homme. - -(N) VIROSUS, _a, um_. Passionné pour les hommes. Cela n'est point -obscène dans une femme. - -(N) VIRUS, _i_, n. Se prend, en bonne et en mauvaise part, pour la -liqueur qui s'écoule par l'excès du plaisir ou du mal d'amour. - -(N) VORARE TENTA. Prêter sa bouche à un usage obscène; sucer la flûte de -Cupidon; manger le père des hommes et détruire sa progéniture. _Se ipse -vorare demisso capite_: manger soi-même sa race; c'est le comble du -libertinage et de la folie. - -VULVA, _ae_, f. _Juv._ Le chemin qui conduit à la matrice; le canal qui -mène au plaisir amoureux; le conduit des délices d'amour; la galerie de -Vénus. Selon Pline: la matrice. - - - - -X - - -XANION, _ii_, n. La pièce avec laquelle les femmes se font valoir; ce -qui fait presque tout le mérite des femmes; la pièce avec quoi les dames -croient pouvoir rendre la monnaie de toutes choses[224]. - - [224] Et la rendent en effet. La base principale de leur triomphe sur - les hommes. - - - - -Z - - -ZONAM SOLVERE. _Catull._[225]. Dépuceler; avoir les gants d'une belle; -prendre les premières faveurs[226]. - - [225] Dénouer la ceinture d'une fille. - - [226] Catulle et Agathemerus l'appellent _zonula_: voyez celui-ci dans - son _Hymne à Priape_. Vossius nous dit que les jeunes filles - Romaines emprisonnaient leur virginité au moyen d'une ceinture faite - de cuir, de peau ou de métal, afin qu'elle fût moins fragile; et que - la partie qui touchait la peau était garnie d'une étoffe de laine. - On empêchait aussi par de semblables moyens les jeunes garçons - d'abuser de leur corps. Mais, avec le temps et l'adresse, toutes ces - précautions devenaient inutiles, et chaque partie reprenait les - fonctions qui leur sont naturelles. C'est pourquoi _zonam_ ou - _fibulam solvere_ signifient mettre les jeunes gens à leur aise, les - émanciper. - - -FIN - - -Paris.--Charles UNSINGER, imprimeur, 83, rue du Bac. - - - - - - - -End of the Project Gutenberg EBook of Dictionnaire érotique Latin-Français, by -Nicolas Blondeau and François Noël and Alcide Bonneau - -*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK DICTIONNAIRE ÉROTIQUE *** - -***** This file should be named 57865-8.txt or 57865-8.zip ***** -This and all associated files of various formats will be found in: - http://www.gutenberg.org/5/7/8/6/57865/ - -Produced by Laurent Vogel and the Online Distributed -Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was -produced from images generously made available by the -Digital Library at http://library.ibb.net/dlib/) - - -Updated editions will replace the previous one--the old editions -will be renamed. - -Creating the works from public domain print editions means that no -one owns a United States copyright in these works, so the Foundation -(and you!) can copy and distribute it in the United States without -permission and without paying copyright royalties. Special rules, -set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to -copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to -protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark. Project -Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you -charge for the eBooks, unless you receive specific permission. If you -do not charge anything for copies of this eBook, complying with the -rules is very easy. You may use this eBook for nearly any purpose -such as creation of derivative works, reports, performances and -research. They may be modified and printed and given away--you may do -practically ANYTHING with public domain eBooks. Redistribution is -subject to the trademark license, especially commercial -redistribution. - - - -*** START: FULL LICENSE *** - -THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE -PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK - -To protect the Project Gutenberg-tm mission of promoting the free -distribution of electronic works, by using or distributing this work -(or any other work associated in any way with the phrase "Project -Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full Project -Gutenberg-tm License (available with this file or online at -http://gutenberg.org/license). - - -Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg-tm -electronic works - -1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg-tm -electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to -and accept all the terms of this license and intellectual property -(trademark/copyright) agreement. 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Information about the Project Gutenberg Literary Archive -Foundation - -The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit -501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the -state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal -Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification -number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at -http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg -Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent -permitted by U.S. federal laws and your state's laws. - -The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S. -Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered -throughout numerous locations. Its business office is located at -809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email -business@pglaf.org. 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Thus, we do not necessarily -keep eBooks in compliance with any particular paper edition. - - -Most people start at our Web site which has the main PG search facility: - - http://www.gutenberg.org - -This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, -including how to make donations to the Project Gutenberg Literary -Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to -subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks. diff --git a/57865-h/57865-h.htm b/57865-h/57865-h.htm index b74c0f1..45b409c 100644 --- a/57865-h/57865-h.htm +++ b/57865-h/57865-h.htm @@ -83,45 +83,7 @@ a { text-decoration: none; } <body> -<pre> - -The Project Gutenberg EBook of Dictionnaire érotique Latin-Français, by -Nicolas Blondeau and François Noël and Alcide Bonneau - -This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with -almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or -re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included -with this eBook or online at www.gutenberg.org/license - - -Title: Dictionnaire érotique Latin-Français - -Author: Nicolas Blondeau - François Noël - Alcide Bonneau - -Release Date: September 8, 2018 [EBook #57865] - -Language: French - -Character set encoding: ISO-8859-1 - -*** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK DICTIONNAIRE ÉROTIQUE *** - - - - -Produced by Laurent Vogel and the Online Distributed -Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was -produced from images generously made available by the -Digital Library at http://library.ibb.net/dlib/) - - - - - - -</pre> +<div>*** START OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK 57865 ***</div> <h1><span class="large">DICTIONNAIRE</span><br/> ÉROTIQUE<br/> @@ -9766,381 +9728,7 @@ jeunes gens à leur aise, les émanciper.</p> -<pre> - - - - - -End of the Project Gutenberg EBook of Dictionnaire érotique Latin-Français, by -Nicolas Blondeau and François Noël and Alcide Bonneau - -*** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK DICTIONNAIRE ÉROTIQUE *** - -***** This file should be named 57865-h.htm or 57865-h.zip ***** -This and all associated files of various formats will be found in: - http://www.gutenberg.org/5/7/8/6/57865/ - -Produced by Laurent Vogel and the Online Distributed -Proofreading Team at http://www.pgdp.net (This file was -produced from images generously made available by the -Digital Library at http://library.ibb.net/dlib/) - - -Updated editions will replace the previous one--the old editions -will be renamed. - -Creating the works from public domain print editions means that no -one owns a United States copyright in these works, so the Foundation -(and you!) can copy and distribute it in the United States without -permission and without paying copyright royalties. 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Redistribution is -subject to the trademark license, especially commercial -redistribution. - - - -*** START: FULL LICENSE *** - -THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE -PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK - -To protect the Project Gutenberg-tm mission of promoting the free -distribution of electronic works, by using or distributing this work -(or any other work associated in any way with the phrase "Project -Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full Project -Gutenberg-tm License (available with this file or online at -http://gutenberg.org/license). - - -Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg-tm -electronic works - -1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg-tm -electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to -and accept all the terms of this license and intellectual property -(trademark/copyright) agreement. 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